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Thème 5 : Analyser les relations entre Etats et religions

Chapitre introductif : Etats et religions aujourd’hui


Dans le monde contemporain, la place des religions dans l’organisation des Etats est très
variable. Les constitutions, bien qu’elles affirment souvent la liberté de conscience et la
liberté religieuse, apportent des nuances qui témoignent de ces différences. Plusieurs
critères peuvent être pris en compte pour mesurer la plus ou moins grande visibilité des
religions dans la vie publique.

I- Des relations de nature différentes entre Etats et religions

- Une première catégorie de pays ont une religion officielle.


Religion officielle : Religion adoptée par l’Etat comme celle du pays, de manière exclusive par rapport
aux autres religions qui ne sont que tolérées. On parle aussi de religion d’Etat ou d’Eglise établie.
Ce sont des pays où les structures politiques y sont intimement liées au pouvoir
religieux, bien que, à l’exception des théocraties, le pouvoir ne soit pas directement
dans les mains du pouvoir religieux.
Théocratie : Forme de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par ceux qui sont investis de
l’autorité religieuse ou par un souverain considéré comme le représentant de Dieu sur terre.
Il ne s’agit pas toujours de monarchies comme le montre l’exemple de la république
islamique d’Iran. La moitié de ces pays sont musulmans, mais avec des exceptions
notables comme Monaco, Le Vatican, la République dominicaine ou Israël. Certains
distinguent clairement le pouvoir temporel du pouvoir spirituel. Toutefois, ils ont
souvent conservé une religion d’Etat, comme au Royaume- Uni où, depuis le XVIe
siècle, la reine est le gouverneur suprême de l’Eglise anglicane et où 26 sièges sont
réservés à des évêques au Parlement.
Pouvoir spirituel : Pouvoir reconnu à l’Eglise qui s’étend à tout ce qui concerne la foi et la conscience.
Pouvoir Temporel : Gouvernement civil d’un Etat qui concerne les affaires humaines et l’ordre social.
On parle aussi de pouvoir séculier.

- Certains pays ont adopté le système de séparation des Eglises et de l’Etat selon diverses modalités. Il
existe des pays qui appliquent une stricte séparation comme la France, et qui sont alors classés dans la
centaine de pays dits indifférents sur le plan religieux.
Enfin, une dizaine de pays pratiquent un athéisme d’Etat qui peut s’expliquer par la forte influence
passée ou présente du communisme, incompatible avec toute religion. Il s’agit notamment de la Corée
du Nord, de la Chine, du Turkménistan ou du Vietnam.

II- Des degrés variables de libertés de conscience religieuse

- L’appartenance ou non à une religion ayant souvent été un motif de discrimination,


de répression, voire d’extermination de populations, l’ONU, au lendemain de la
Seconde Guerre, s’est attachée à mentionner dans l’article 18 de la » Déclaration
universelle des droits de l’homme » de 1948 : « Toute personne a droit à la liberté de
pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de
religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction
seule ou en commun, tant en public qu’en privé ».
- La liberté de pratiquer une religion, surtout lorsqu’elle est très minoritaire, demeure
difficile dans certains Etats. L’athéisme déclaré de la Chine ne signifie pas que celle- ci
est indifférente à la question religieuse. Les groupes religieux y sont considérés
comme de potentiels opposants politiques, à l’image des Ouïghours dans l’ouest du
pays. Le contexte international, avec la menace terroriste islamiste, encourage les
amalgames et légitime des actions de répression en Chine, qui voit là une
opportunité d’affirmer sa puissance jusqu’aux marges de son territoire.
Islamisme : Idéologie se réclamant de l’Islam et visant à établir la Charia (loi coutumière) et des
principes tirés du Coran sur un territoire donné, qu’il s’agit de conquérir, de libérer, au besoin par une
forme de guerre sainte appelée Djihad.
Cependant l’athéisme peut aussi faire face à des violences d’Etat. En Turquie,
pourtant de tradition laïque, des organisations athées sont limitées dans leur action.
Les athées et les apostats peuvent être déshérités, voire menacés de peine de mort
en Arabie Saoudite.
Apostat : Individu qui a abandonné sa religion. Par analogie celui qui trahit une cause, qui renonce à
ses valeurs.
De même dans les démocraties occidentales, la liberté de conscience peut être
menacée. Par exemple une juge New- Yorkaise, Carolyn Walker- Diallo qui a prêté
serment sur le Coran lors de son investiture en 2015, a dû faire face à des
manifestations d’hostilités envers l’islam et les musulmans sur les réseaux sociaux.

- La religion étant un enjeu politique, de nombreux Etats instables ou fragiles ne


parviennent pas à installer des relations pacifiées entre communautés religieuses.
Par exemple, les affrontements entre sunnites et chiites sont caractéristiques deces
tensions en Irak.

- Issu des Lumières et des révolutions de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècles, le
principe de laïcité s’appuie sur plusieurs valeurs fondamentales telles que la liberté
de croire ou de ne pas croire, dans le limite du respect de l’ordre public, le libre
exercice des cultes, la séparation de l’Etat et des religions et le non financement des
cultes par les pouvoirs publics.

Le Portugal, le Mexique et l’Uruguay reconnaissent ce principe. Plus que son


inscription dans la constitution, c’est l’exercice réel de la laïcité qu’il faut prendre en
compte. Au Mexique, la laïcité n’est pas un principe constitutionnel, mais l’Etat
n’exerce son autorité sur les manifestations religieuses que pour assurer le respect
des lois et le maintien de l’ordre public. A l’inverse en Russie, où la laïcité est inscrite
dans la Constitution, la liberté de conscience et d’expression est remise en cause par
l’adoption d’une loi anti- blasphème en 2013.

Blasphème : parole ou discours considéré comme outrageant à l’égard de la divinité et de la religion.

- La laïcité connaît des applications différentes liées à l’intensité ou à l’absence de lutte


entre pouvoir politique et pouvoir religieux. Alors qu’en France, la loi de 1905 sur la
séparation de l’Etat et de l’Eglise fut en grande partie dirigée contre l’influence de
l’Eglise catholique, aux Etats- Unis, la sécularisation s’est effectuée sans affrontement
entre sphères publique et religieuse.
Sécularisation : Processus de perte d’influence de la religion dans les sociétés modernes et de baisse
des pratiques religieuses ;
Il existe ainsi des adaptations du principe au service d’une même volonté de
conserver à la fois une situation apaisée qui puisse prendre en compte le « retour du
religieux », et une indépendance des pouvoirs publics par rapport à toute pression
religieuse. Dans les pays d’Afrique francophone, marqués par l’héritage colonial, la
laïcité peut constituer un rempart contre des formes de radicalisation. Cette laïcité
est pourtant souvent considérée avec méfiance par ses adversaires, voire comme une
« nouvelle religion d’Etat ».

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