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Objectif
Les clés du thème La liberté de religion est reconnue par les institutions internationales.
1 . Des relations juridiques différentes C’est d’abord un droit collectif. Celui de pouvoir s’organiser et de
pratiquer une religion. C’est aussi un droit individuel. Ainsi la liberté
entre États et religions P. 272-273
de religion est-elle associée à la liberté de croyance et de conscience.
Objectif Elle implique la liberté de croire, de ne pas croire, de changer de
religion. Le respect de ce droit est une condition de la démocratie.
Le dossier permet de construire une typologie des relations juri-
Source de conflits, c’est un enjeu géopolitique mondial.
diques entre État et religion : religion d’État, religion reconnue ou
favorisée, séparation juridique, etc. Le statut constitutionnel de la
religion n’est pas le seul critère à prendre en compte. Ainsi, on
constate qu’au Mexique, le droit définissait la laïcité avant sa
constitutionnalisation.
D’autre part la laïcité prend plusieurs formes à l’échelle mondiale.
AXE 1
cessus de sécularisation hérité de la philosophie des lumières et du
libéralisme politique. Les droits pénal et civil se sont progressivement
éloignés des normes religieuses. Les systèmes démocratiques y
reconnaissent partout une liberté de conscience et de religion. Ainsi,
l’Europe forme une communauté de valeurs garanties par les ins- Pouvoir et religion :
titutions européennes (CEDH, Conseil de l’Europe, UE).
des liens historiques P. 280-281
Des pistes pour vous aider
1. En France, la laïcité est héritière de la philosophie des Lumières
Réponses aux questions
et de la Révolution française. Elle a été instaurée en plusieurs étapes 1. Les deux documents représentent deux figures du religieux issues
qui reconnaissent la liberté de pratique et de croyance individuelle de périodes et d’aires géographiques différentes. Dans le cas de la
dans un contexte de sécularisation de la société française. L’École civilisation égyptienne, la stèle fait référence au culte monothéiste
joue un rôle fondamental dans la mise en œuvre de ce principe. d’Aton imposé durant le règne du pharaon Aménophis iv e au
Ainsi, la laïcité de l’école publique a précédé celle de l’État. La Laïcité xive siècle av. J.-C. Dans le cas du Japon, il s’agit d’une réinterpré-
est définie comme un principe politique de liberté. Elle sépare tation du culte de la déesse Amaterasu à l’origine du shintoïsme.
strictement le droit public de la croyance privée. Elle reconnaît Dans les deux cas, la divinité apparaît sous la forme d’un disque
l’égalité de tous. Elle est une condition de l’organisation d’une solaire, illuminant de ses rayons la terre et les hommes en signe de
société fondée sur la fraternité. C’est donc un des fondements du toute puissance.
régime républicain. 2. Dans les deux cas, le souverain est représenté en relation directe
2. La sécularisation est définie comme un processus de diminution avec la divinité, la tête illuminée par ses rayons. Pharaon et empereur
de l’influence du religieux sur la société, la vie des individus et lèvent les bras en signe de soumission et de dévotion. Inspirés par
FOCUS
JALON 2
Empereur et calife : la mise en scène
Empereurs byzantins et califes : l’origine du pouvoir P. 288-289
religieuse des pouvoirs politiques P. 286-287
Comparer des lieux de pouvoir
Mettre des documents en relation 1. Fondée par Constantin, Constantinople est la ville aménagée par
1. La miniature illustrant le document 3 présente clairement l’origine les empereurs et concentre pouvoir et richesse de l’Empire byzantin.
divine des pouvoirs de l’empereur byzantin. Il est saint, auréolé et Les principaux monuments sont des lieux de pouvoir qui inscrivent
couronné par le Christ. La sacralité de la personne impériale est l’autorité temporelle dans l’espace urbain : palais impériaux, mau-
renforcée par le rituel de proskynèse qui le distingue parmi les solée de Constantin, hippodrome (lieux des principales cérémonies
hommes. Ce pouvoir fondé par une autorité spirituelle est ren- publiques en l’honneur du Basileus). La dimension spirituelle est
forcé par l’autorité temporelle de l’empereur. Il est tout puissant, incarnée par les nombreuses églises, dont la plus importante est la
« autocrator ». Ainsi, l’autorité impériale associe-t-elle à la fois un basilique Sainte Sophie où se déroulent les cérémonies du couron-
nement impérial et dont les icônes rappellent le magistère spirituel
pouvoir politique et un magistère religieux, comme en témoigne
de l’Empereur.
la cérémonie du couronnement par le patriarche de Constantinople
2. Le pouvoir est mis en scène lors de cérémonies qui distinguent
décrite dans le document 2.
et séparent la personne du souverain. Le document 2 décrit une
2. Le Basileus dispose d’un pouvoir politique absolu, dont les dif-
ambassade étrangère dans une annexe du palais impérial où était
férentes composantes peuvent être relevées : pouvoir militaire,
aménagée une mécanique destinée à impressionner les visiteurs.
autorité politique, justice. Il est le successeur de l’Empire romain.
3. Fondée par Al-Mansur en 762, Bagdad est l’espace du pouvoir.
Le pouvoir temporel étant légitimé par la religion, il contrôle l’église.
La ville ronde d’origine est progressivement abandonnée par les
L’Empereur nomme le patriarche et se doit de faire respecter les
califes qui se font construire de nouveaux palais sur les rives du
principes fondamentaux de l’orthodoxie chrétienne.
Tigre. La ville s’étend et devient polycentrique. Les califes aménagent
3. Le calife est l’autorité politique. Ainsi les deux documents mettent
l’espace urbain en construisant palais et mosquée pour inscrire leur
en évidence un pouvoir militaire à la tête de la communauté isla-
pouvoir. À l’intérieur des grandes mosquées, les califes disposent
mique. Les pouvoirs du calife abbasside sont toutefois limités par
d’un espace séparé : la Maksoura contient le Mihrab indiquant la
l’ampleur du territoire qu’il a sous son contrôle. Des chefs militaires,
direction de la Mecque, et le Minbar, la chaire d’où le Calife s’adresse
les émirs, gouvernent les provinces au nom du calife. Au cours du
aux fidèles lors des grandes prières.
ixe siècle, les terres d’Islam se divisent en plusieurs califats concur-
4. Le cérémonial qui entoure la personne du calife le distingue des
rents, reconnaissant les autorités politiques réelles.
fidèles et des visiteurs par plusieurs procédés qui peuvent être mis
4. L’origine du pouvoir du calife est théocratique. Il « succède à
en évidence dans les documents : vêtements, distance, dissimulation
l’apôtre de Dieu ». L’autorité politique est donc fondée sur des
derrière un voile, somptuosité de la décoration, etc. La mise en
arguments spirituels qui justifient qu’il se place à la tête du peuple
scène du pouvoir exprime la supériorité, le caractère unique, sacré
des croyants.
et l’autorité du calife.
BILAN
BILAN
La question de synthèse permet de comparer le pouvoir politique
La question de synthèse permet de comparer la mise en scène des
et le magistère religieux des empereurs byzantins et des califes. On
deux pouvoirs. Le pouvoir s’exprime dans l’espace urbain par la
pourra relever une même origine et légitimation du pouvoir qui
construction de monuments qui associent palais et lieux de culte.
confère aux deux personnages une autorité sur la hiérarchie reli-
Les cérémonies sacrées et profanes renforcent la distinction et
gieuse. Toutefois, empereurs et califes doivent composer avec un
l’autorité. Si les cérémonies ne font que rarement référence à la
clergé qui peut remettre en cause leur autorité spirituelle (exemple
religion, elles contribuent à entretenir le pouvoir.
de la crise iconoclaste à Byzance). Si le pouvoir temporel semble
absolu dans les deux cas, le pouvoir politique et militaire de l’Empe-
Pour aller plus loin
reur se renforce dans le cadre des conquêtes militaires de la dynastie
La capitale est le lieu de la mise en scène du pouvoir, ainsi elle
byzantine macédonienne. En terres d’Islam en revanche, le calife
symbolise le lien entre pouvoir politique et religieux. Constantinople
voit son pouvoir politique limité par des pouvoirs locaux qui prennent
est une ville unique, image de Rome et nouvelle Rome, identifiée
le titre califal.
à l’histoire de l’Empire de sa fondation à sa chute en 1453. Dans le
cas des terres d’Islam, les califes fondent des villes qui inscrivent
Pour aller plus loin
leur autorité sur les territoires conquis et se concurrencent à partir
Le pouvoir religieux confère un magistère qui distingue les autorités
de l’éclatement du califat abbasside au xe siècle, comme le montre
politiques du reste des hommes. Empereurs et califes sont des
la carte de la page 286.
intermédiaires pour accéder à Dieu ou interpréter sa parole. Contes-
ter le pouvoir politique reviendrait alors à contester la religion. La
proclamation du Califat de Cordoue témoigne de ce que le pouvoir