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La récente affaire Mila, du nom de cette adolescente qui a déclaré en parlant de la religion
musulmane : « votre religion c’est de la merde. Votre Dieu je lui mets un doigt dans le cul, merci, au
revoir », avait suscité une réaction du ministre de la justice qui avait estimé que l’insulte contre une
religion constituait une atteinte à la liberté de conscience, avant de rectifier qu’on a le droit de
critiquer la religion. Cela nous montre bien la difficulté de l’ordre juridique à jongler entre liberté
d’expression, liberté de religion et laïcité.
Cet ordre juridique pose la règle de droit, c’est-à-dire une règle de conduite dans les rapports
sociaux, qui est générale, abstraite et obligatoire, et dont la sanction est assurée par l’autorité
publique. Il existe également d’autres règles régissant certaines parties de la société, comme par
exemple les règles morales qui sont des maximes de conduites dictées par la conscience, qui tendent
à rendre l’homme meilleur en tant qu’individu. Ou encore, les règles religieuses qui sont des normes
fixées par un code divin et qui dictent les comportements à adopter pour se conformer au dogme de
la religion visée. Il est parfois compliqué de distinguer ces différentes règles, c’est-à-dire de les
différencier, au sein de la société. Le droit essaye en tout cas aujourd’hui de s’en écarter pour être le
plus objectif possible.
Mais cela n’a pas toujours été le cas car jusqu’en 1905 en France, la séparation de l’Eglise et
de l’Etat n’était pas dictée par la loi. En effet, les sociétés anciennes apportaient beaucoup de place à
la religion et à la morale qui était souvent dictée par la religion. Sous l’Ancien Régime (entre autres
jusqu’en 1792), l’Eglise possède des liens très forts avec l’Etat, et guide grandement sa politique, le
Roi étant considéré comme le messager de Dieu sur Terre. Le droit est donc guidé par la religion et la
morale à cette époque avec par exemple, une interdiction du divorce car le mariage est un sacrement
dans l’Eglise catholique. Et l’influence de la religion sur les sociétés, même laïques, est toujours
présente, notamment aux Etats-Unis où le droit à l’avortement n’est plus garanti par la Cour Suprême
depuis le 24 juin 2022.
Dès lors, en quoi peut-on distinguer la règle de droit des règles morales et religieuses, même
si celles-ci conservent une influence sur la règle de droit ?
Après avoir étudié la distinction de la règle de droit et des règles morales (I), nous étudierons
la distinction de la règle de droit et des règles religieuses (II).
Après avoir montré que les sources et contenus de ces deux types de règles sont différents (A),
nous analyserons que leur sanction est aussi différente (B).
o Ex : Si lors d’une vente, un produit est acheté beaucoup moins cher que sa valeur,
alors la morale aurait tendance à demander une annulation de la vente, ou une
compensation supplémentaire au vendeur. Mais le droit considère que la sécurité des
Hommes est plus importante donc met en place une prescription extinctive qui dicte
qu’au bout d’un certain délai, le créancier ne peut plus réclamer sa dette.
La règle de droit s’oppose parfois entièrement à la morale en mettant en place des règles
immorales.
o Ex : D’après l’article 2272 du Code Civil, un voleur devient propriétaire après 30 ans
de possession.
Mais on constate des relations ambigües car parfois, le droit s’inspire de la morale.
o Ex : article 371 du code civil : « L’enfant, à tout âge, doit honneur et respect à ses
père et mère ».
B. La sanction est différente
La règle morale est sanctionnée dans le for interne de l’individu.
o Ex : culpabilité
La règle morale est sanctionnée par les avis extérieurs.
o Ex : Harcèlement physique ou médiatique.
Alors que la règle de droit est sanctionnée par l’autorité Etatique.
o Ex : peine de prison
Mais désormais, la société tend à sanctionner elle-même la règle de droit car on a une justice
trop lente. Cela crée donc des mouvements qui se lient à la morale.
o Ex : Mouvements médiatiques qui tendent à la « cancel culture ». En ayant comme
doctrine que l’oubli d’une personne de la société est la sanction la plus dure. On a
observé cela par le mouvement #MeToo.
Après avoir détaillé le principe de la laïcité (A), nous montrerons qu’il existe des entraves à celle-ci
(B).
A. Le principe de laïcité
Le principe de laïcité prend naissance avec la loi du 9 décembre 1905 qui sépare l’Eglise de
l’Etat. Elle est ensuite consacrée dans le premier article de la Constitution de 1958. La laïcité
accepte toutes les religions et met en place une séparation de l’espace politique et de
l’espace religieux.
Neutralité envers les religions. On a donc une égalité des citoyens peu importe leurs
croyances religieuses.
o Ex : en France, la loi prime sur les préceptes religieux
Tolérance envers les religions qui garantit le libre exercice des cultes. La liberté de religion est
une liberté fondamentale consacrée par la DDHC et la CEDH. L’article 9 de la CEDH garantit un
pluralisme religieux.
o Ex : aux Etats-Unis, la liberté religieuse passe avant l’égalité. Pour eux, l’interdiction
du port de signes ostentatoires est une violation de la liberté religieuse.
Le droit protège les croyances et s’adapte à elles. Il essaye de faire en sorte que les préceptes
religieux puissent être exécutés sans perturber la vie en société.
o Ex : prévoir dans les cantines qu’il y ait un menu de substitution pour les musulmans
lorsqu’il y a du porc au menu principal.