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Module (2) : Introduction au Droit

Chapitre (1) : Notion de droit, Branches du droit et sources du droit (droit objectif)
INTRODUCTION

Le droit et l'activité économique sont interdépendants. Le droit agit sur l'économie et


réciproquement. L'activité économique repose sur de grands principes juridiques qui
garantissent le bon fonctionnement de l’économie de marché, lequel nécessite le respect des
libertés publiques et l'ordre public.

Les évolutions politiques et économiques de la fin du 20° siècle tendent à instituer


l'économie de marché comme régime dominant de l'économie mondiale.

L'économie de marché repose sur deux grands piliers : la propriété privée et la liberté
contractuelle. Ils sont quasiment supprimés en économie planifiée.

L'économie de marché prône le minimum d'intervention de l'Etat, ce qui cède la place à


la régulation de l'activité économique via le droit en protégeant les libertés économiques
fondamentales.

Le droit doit se limiter à veiller au respect des conditions nécessaires au bon


fonctionnement du marché : protection de la propriété privée, liberté contractuelle, concurrence
loyale... En effet, « Nul ne peut se faire justice lui-même » et la protection des droits reconnus à
chaque membre de la collectivité suppose la mise en place par l’Etat d’une autorité
indépendante à savoir le pouvoir judiciaire dont l’intervention peut être sollicitée par toute
personne dont les droits ont été lésés.

I- Notion de droit, finalité et caractères de la règle de droit (du droit


objectif):
1. Notion de droit

Le droit est une notion polysémique qui peut recevoir plusieurs définitions. Il peut-être
défini comme étant, un ensemble de règles de conduite destinées à organiser la vie en
société, et qui ont vocation à s'appliquer à toutes les personnes qui forment le corps
social. Ces règles qui sont formulées de manière générale et impersonnelle, concernent
chacun et ne désignent personne en particulier.

Le mot « Droit » correspond, dans ce premier sens, à ce que les juristes appellent le «
Droit objectif ». The law.

Dans son second sens, le Droit désigne « les facultés, les pouvoirs et les prérogatives
individuelles que les personnes ont vocation à puiser dans le corps de règles qui
constitue le Droit objectif ». On parle alors de « droits subjectifs ». Rights.

Exemple :

Le code de la famille (droit objectif) reconnaît au père le droit d’exercer son autorité
parentale sur ses enfants (droit subjectif) de même le droit civil (droit objectif)
reconnaît aux personnes le droit de propriété (droit subjectif).

"Le droit marocain reconnaît le droit de vote à toute personne majeure"

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Dans ce chapitre, on se limitera à l’étude du droit objectif. Ainsi, on va parler des caractères
du droit objectif, son contenu, ses sources et ses branches.

Le droit objectif est l'ensemble des règles de conduite sociale qui régissent les
rapports entre les personnes et qui bénéficient de la contrainte étatique, c'est-à-dire que
l’Etat en garantie le respect. Il s'articule autour de la notion de règle de droit qu'il
convient de définir avant d'envisager ses sources et ses diverses classifications c’est à
dire les branches du droit.

La règle de droit est une règle de conduite qui régit les rapports entre les
personnes.

Toutefois, la vie en société est encadrée également par d’autres règles qui ne sont pas
juridiques ou ne sont pas considérées comme telles mais qui ont vocation à régir les
rapports entre les individus. Il s'agit principalement de la règle morale et la règle
religieuse. Cependant, la règle de droit s’en distingue aussi bien par sa finalité que par
ses caractères spécifiques.

2. La finalité de la règle de droit :

La règle de droit a pour objet d'organiser la société et les relations qui s'établissent entre les
personnes qui la composent. Pour atteindre cette finalité sociale, la règle de droit va parfois
contredire des règles morales ou religieuses.

A- La règle de droit et la règle morale :

La Morale peut être définie comme "la maîtrise des entraînements instinctifs et passionnels et la
poursuite d'un idéal de perfection individuel plus ou moins élevé". Elle se confond alors avec la
conscience ou la morale sociale, l'idéal auquel elle se réfère n'étant plus la personne humaine,
mais un homme social.

Le Droit et la Morale tendent par contre vers des finalités qui s’opposent. La règle morale se
préoccupe des devoirs de l'homme à l'égard des autres hommes et de lui-même et a pour but le
perfectionnement de la personne et l'épanouissement de la conscience tandis que le Droit vise
avant tout à faire respecter un certain ordre collectif. « Le voleur peut devenir propriétaire
de la chose volée si aucune action n'a été engagée contre lui dans un certain délai ».

En effet, la nature des sanctions de la règle de droit et de la règle morale n'est pas la même.
Alors que le Droit comporte des sanctions concrètes, prévisibles et organisées par les
pouvoirs publics, la morale n’est sanctionnée que par le tribunal de la conscience (le for
intérieur) ou la pression sociale.

B- La règle de droit et la règle religieuse :

La règle religieuse, d'essence divine, se démarque par rapport à la règle de droit qui est une
œuvre humaine.

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La règle religieuse organise principalement les rapports de l'homme avec Dieu et veille au
salut éternel de l'âme de l'être humain. Ainsi, le droit ne réprime pas le péché en tant que tel
(ex le mensonge) du moins tant qu’il ne trouble pas l’ordre social. En outre, la religion prétend
régir les pensées au même titre que les actes alors que le droit ne s’intéresse qu’aux
comportements extérieurs.

Pourtant, la règle religieuse peut se confondre avec la règle de droit notamment lorsque
l'Etat n'est pas laïc. Ainsi, l'inspiration du droit marocain par les commandements de l'islam,
notamment le rite malékite, est indéniable.

3. Les caractères du droit objectif ou de la règle de droit :

Comme on a dit, le droit objectif est l’ensemble des règles juridiques. A la différence des
règles de la nature qui sont universelles et immuables, les règles juridiques peuvent varier dans
le temps et l’espace.

La règle de droit est l’une des règles sociales qui régissent la vie des hommes en société.
Ainsi en est-il par exemple des règles religieuses ou morales qui prescrivent nos devoirs envers
nous-mêmes, envers Dieu et envers nos semblables ; des règles relatives aux mœurs, telles que
la courtoisie, la bienveillance, la politesse…

Ce qui caractérise la règle de droit et la différencie des autres règles de conduite sociale,
c’est la contrainte ou la sanction. Cette contrainte est organisée par l’Etat en vue d’assurer
l’ordre, la sécurité, la paix sociale, la justice et le bien commun.

Alors que le respect des autres règles de conduite sociale, est laissé à la conscience
individuelle (honte, remords) ou la pression sociale spontanée (exclusion du groupe), la règle de
droit est dotée de sanctions particulières organisées par l’Etat.

C’est pourquoi on dit que la règle de droit est une règle de conduite sociale dont le
respect est assuré par l’autorité publique.

Une règle de droit possède quatre caractères principaux qui la différencient des autres
règles de conduite sociale.

A. La règle de droit a un caractère obligatoire :

La règle de droit est obligatoire pour toutes les personnes auxquelles elle s’applique.
Ainsi, on dit généralement que la règle de droit : permet, ordonne, défend ou punit.

Exemple :

- Le conducteur d’un véhicule automobile n’a pas le droit de circuler à gauche de la


chaussée, ni brûler un feu rouge : obligation (ordre) + punition (en cas de non
respect).
- Les contribuables ont le devoir et l’obligation de payer les impôts aux échéances
prévues.
- Le médecin n’a qu’une obligation de moyen, c'est-à-dire qu’il ne garantit pas la
guérison mais doit juste déployer tous ses moyens pour aider le patient.

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B. La règle de droit a un caractère général :

Une règle de droit est générale, c'est-à-dire qu’elle s’applique de la même façon à tous les
individus dans une société donnée. Elle impersonnelle et ne tient pas compte des
particularismes individuels. C’est pourquoi on dit qu’elle a un caractère objectif.

Ce caractère est reconnu par la constitution pour éliminer toute discrimination


personnelle. Mais il ne faut pas comprendre par égalité qu’il y a uniformité. Par exemple, pour le
droit de vote, il est octroyé aux uns et refusé aux autres en fonction de l’âge (18 ans).

Autre exemple en droit fiscal, la base d’imposition est le foyer fiscal. Un célibataire
représente un foyer fiscal de la même manière qu’un couple marié avec enfants. La loi fiscale
(règle de droit) impose les mêmes taux à tous, mais ne prend pas en considération la différence
qui existe entre les dépenses des deux foyers en réalité. Il y’a donc égalité de traitement, mais
d’uniformité en réalité.

C. La règle de droit a un caractère permanent :

Une règle de droit n’est pas éternelle, elle a un commencement et une fin (si elle est
abrogée ou modifiée par une autre loi).

La permanence d’une règle de droit, signifie son applicabilité constante durant toute son
existence. C'est-à-dire son application chaque fois que les conditions qu’elle prévoit, sont
remplies.

D. La règle de droit a un caractère coercitif :

Pour pouvoir assurer son but, assurer la sécurité, la règle de droit doit être obligatoire et
être assortie de sanctions exécutées par l’autorité publique.

On distingue entre plusieurs types de sanctions :

✓ Les sanctions civiles, lorsqu’elles concernent les rapports des individus entre eux.
✓ Les sanctions administratives, lorsqu’elles concernent les rapports des individus
avec l’administration.
✓ Les sanctions pénales, lorsque l’infraction met en jeu les rapports des individus
avec la société.

Parfois, une infraction peut avoir des sanctions civiles et pénales en même temps. Par
exemple, un conducteur qui blesse un piéton en brulant le feu rouge. Il sera pénalisé pour avoir
violé les dispositions du code de la route. Ainsi, il sera condamné à verser des dommages et
intérêts pour la victime (sanctions civiles) en plus de la sanction pénale (non respect de la loi).

Après avoir présenté les caractères du droit objectif, qu’en est-il maintenant de ses
branches ?

II- Les branches du droit objectif :

La complexité et la diversité croissante des rapports sociaux inscrit inexorablement le droit


dans un mouvement de spécialisation qui ne cesse de s'amplifier.

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Le droit se divise alors en de multiples disciplines qui peuvent toutefois être regroupées au
sein d’une distinction binaire entre le droit privé et le droit public. Ces deux branches se
distinguent autant par leur l'objet que par leur finalité.

L'objet : Le droit privé a pour objet de réglementer les rapports entre les particuliers (mariage,
héritage, contrats) alors que le droit public organise l'Etat et les collectivités publiques et leurs
relations avec les personnes privées.

La finalité : Le droit privé recherche autant que possible la satisfaction individuelle. Le droit
public recherche la satisfaction de l'intérêt général et organise le gouvernement de l'Etat et ses
services. Il est essentiellement impératif et les particuliers ne peuvent y déroger.

1- LES BRANCHES DU DROIT PRIVE

Le droit privé est l’ensemble des règles juridiques qui gouvernent les rapports entre personnes
privées. Il regroupe une multitude de disciplines au centre desquelles figure le droit civil.

A - LE DROIT CIVIL

C'est le droit commun privé normalement applicable à tous les rapports du droit privé. Il
comprend le droit des personnes (état et capacité), le droit des biens (propriété et droits
réels principaux), le droit de la famille (couple et enfants), le droit des obligations, le droit
des contrats spéciaux, le droit des régimes matrimoniaux, le droit des successions, le droit
des libéralités et le droit des sûretés.

B - LE DROIT DES AFFAIRES

Il a pour vocation de réglementer la vie des affaires. Il regroupe plusieurs disciplines.

a) Le droit commercial : c’est l'ensemble des règles de droit privé applicables aux
commerçants et aux actes de commerce;

b) Le droit des sociétés : ensemble de règles régissant la formation, le fonctionnement et


la dissolution des sociétés;

c) Le droit de la concurrence : ensemble de règles régissant les rapports entre agents


économiques dans leurs activités de recherche et de conservation d’une clientèle dans
un cadre concurrentiel;

d) Le droit bancaire : ensemble des règles applicables aux opérations de banque et aux
personnes qui les accomplissent à titre professionnel;

e) Le droit de la propriété intellectuelle : ensemble de règles relatives à la propriété


littéraire et artistique et à la propriété industrielle.

C - LE DROIT SOCIAL

Il se divise principalement en deux disciplines.

a) Le droit du travail : ensemble des règles qui régissent les relations individuelles de
travail (les rapports entre l’employeur et les salariés) et les relations collectives de

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travail (les rapports entre les employeurs et les syndicats et représentants du
personnel);

b) Le droit de la sécurité sociale : ensemble des règles qui organisent la protection des
individus contre les risques sociaux (maladie, maternité, invalidité, accident du travail,
maladie professionnelle).

D - LE DROIT JUDICIAIRE PRIVE

Cette discipline réglemente, d’une part, le déroulement procédural des instances civiles (la
procédure civile) et, d’autre part, l’organisation et la compétence des différentes juridictions
civiles (tribunal de première instance, cour d'appel, cour suprême...).

E - LE DROIT PENAL :

Entendu au sens large, le droit pénal a pour objet l’étude du phénomène criminel révélé par
des agissements de nature à créer un trouble pour la société. Il se divise en plusieurs matières
dont :

a) Le droit pénal général : il définit les éléments constitutifs des infractions et détermine
les sanctions applicables.

b) La procédure pénale : elle est constituée par l’ensemble des règles organisant le
déroulement du procès pénal (de la phase policière au jugement).

c) La criminologie : elle permet l’étude du phénomène criminel dans sa réalité sociale et


individuelle (étude des causes et des conséquences de la criminalité).

F - LE DROIT INTERNATIONAL PRIVE

Le droit international privé est l’ensemble des règles juridiques qui régissent les rapports
d’ordre privé (droit des personnes, droit de la famille, droit des successions, droit des contrats,
droits des sociétés etc.) à caractère international c'est-à-dire que les parties sont de nationalités
différentes, résident dans des pays différents ou sont liées par des engagements pris dans un
pays autre que leur pays de résidence.

Il répond principalement aux questions suivantes: quel droit national est applicable (ex
divorce entre un français et une marocaine installés en Espagne)? Quel tribunal est
compétent? A quelles conditions une décision rendue dans un Etat peut-elle être reconnue et
exécutée dans un autre Etat? Généralement ces questions sont réglées par des traités
internationaux.

2- LES BRANCHES DU DROIT PUBLIC

Le droit public regroupe l’ensemble des dispositions réglementant d’une part la constitution,
le fonctionnement et l’organisation des institutions publiques et, d’autre part, les rapports entre
la puissance publique et les personnes privées.

A - LE DROIT CONSTITUTIONNEL

Il regroupe l'ensemble des règles qui président à l'organisation politique de l'Etat et à son
fonctionnement ainsi que celui de l’ensemble des institutions publiques. C’est le droit

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constitutionnel qui permet de déterminer la nature du régime politique d’un Etat (Monarchie
constitutionnelle, présidentiel, régime parlementaire …).

B - LE DROIT ADMINISTRATIF

Il a pour objet principal d'organiser les rapports que les autorités administratives (Etat,
régions, collectivités et communes) entretiennent avec les particuliers. Il établit les règles
applicables aux rapports entre l’administration et les personnes privées.

C - LE DROIT DES FINANCES PUBLIQUES

Il détermine les modes d’utilisation de l’ensemble des ressources de l’Etat et des collectivités
locales (ressources et dépenses de l'Etat et des collectivités publiques).

D - LE DROIT FISCAL

C'est l'ensemble des règles qui déterminent le mode de calcul et de recouvrement des différents
impôts et taxes que l'Etat peut réclamer aux particuliers et aux entreprises.

E - LE DROIT INTERNATIONAL PUBLIC

Il étudie les rapports entre les Etats et les organisations internationales. Elle inclut notamment
le droit des traités (conventions internationales, accord internationaux…).

III- Les sources du droit objectif :

Par sources de droit on entend les sources formelles de la règle du droit. Ces sources
diffèrent selon les systèmes juridiques (anglo-saxon, romano germanique, musulman) et selon
chaque régime étatique. Quelles sont, alors, les sources actuelles de la règle de droit
marocain?

Pour le droit marocain, imprégné du système romanogermanique caractérisé par le droit


écrit, la règle de droit est issue de deux catégories de sources : les sources traditionnelles, les
sources modernes et interprétatives.

1 - Les sources traditionnelles de la règle de droit :

A- Le droit religieux (le droit musulman)

Le Maroc a fait de l’Islam sa religion officielle. Les sources du droit musulman sont nombreuses.
Les plus importantes qui ne font pas l’objet de divergences doctrinales sont de deux ordres :

 les sources originelles (le Coran et la Sunna) :

❖ Le Coran est la parole de Dieu révélée au prophète Muhammad ( ‫ )صلى هللا عليه وسلم‬dont le
texte écrit nous a été rapporté par des témoignages multiples. Les dispositions coraniques
peuvent être distinguées selon leur degré de généralité, leur sens et leur caractère
obligatoire.

❖ La Sunna signifie la conduite du Prophète constituée par ses paroles (hadiths), ses pratiques
(la manière de prier ou de faire le pèlerinage) et ses approbations tacites ou expresses.

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 les sources dérivées (l’Idjmaa et le quiyas) :

❖ L’Idjmaa signifie l’accord unanime des Ulémas d’une même époque sur l’une des
questions de la religion ou plus généralement sur une question déterminée.
❖ Le Qiyas ou raisonnement par analogie est une méthode selon laquelle une règle
posée par un texte (verset coranique, hadith, solution d’Idjmaa) se trouve appliquée à
des cas non compris dans ses termes mais commandés par la même raison.

B- Le droit séculier

Le Maroc gare encore de nombreuses traces juridiques qui s’inspirent des conventions
internationales conclues soit à propos du Maroc soit avec lui. D’autres règles constituent de
véritables emprunts à la législation française. Ceci s’explique par la nécessité de maintenir un
corps juridique suffisant pour assurer une continuité dans le fonctionnement des institutions
après l’indépendance.

C- La coutume :

La coutume est l'une des sources les plus importantes de la règle de droit. La coutume est une
règle de conduite « qui découle d'une pratique ancienne, d'un usage qui s'est prolongé dans
le temps et qui devient à certaines conditions une règle de droit». Pour qu’il y ait coutume,
il faut que deux éléments soient réunis :

➢ l’élément matériel : Cet élément, suppose l’existence d’un comportement suivi d’une
manière habituelle. L’usage doit être assez ancien est relever d’une mise en œuvre
répétée. (Le fait, pour une femme mariée de portée le nom de son mari).
➢ l’élément psychologique : En fonction de cet élément, l’usage doit être perçu (ressenti)
comme un comportement obligatoire par l'opinion commune. C’est l'opinio juris seu
necessitatis. C’est-à-dire que ceux qui se conforment à l'usage doivent avoir la
conviction qu’il s’agit d'une règle contraignante. (Consiste dans le fait que les citoyens
aient la conviction qu’ils agissent conformément au droit).

D- l’usage :

Les usages sont des règles professionnelles ou locales qui s’imposent par le caractère répété et la
croyance en leur caractère obligatoire. Les usages conventionnels sont les règles suivies par les
professionnels, dans leurs relations contractuelles. Ils sont très nombreux en droit commercial
et en droit du travail.

La coutume et les usages sont issus de la pratique et ne sont pas des règles écrites. En
conséquence, avec le développement des textes écrits, ils ne représentent plus qu’une source
secondaire du droit. Une coutume ou un usage peuvent d’ailleurs disparaitre s’ils ne sont
plus appliqués ou si une loi ou encore une convention collective en droit du travail y mettent
un terme. A l’inverse, certaines conventions collectives ont intégré les usages pour mieux
assurer leur pérennité. L’écrit est en effet une preuve en cas de litige, il permet également
d’unifier le droit.

L’article 475 du DOC dispose que « la coutume et l’usage ne sauraient prévaloir contre la loi
lorsqu’elle est formelle ».

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2- les sources modernes de la règle de droit :

A. La Constitution : la loi suprême :

La constitution est le texte fondamental qui fixe l'ossature organisationnelle et


fonctionnelle de l'Etat. Elle détermine la forme de l'Etat (Monarchie constitutionnelle), la
forme du régime politique (le régime parlementaire, les rapports entre le Roi, le parlement et le
gouvernement…) et les droits fondamentaux (droit au travail, liberté d'opinion, droits
politiques…).

La réalisation de la constitution se fait en concertation avec les différents partis politiques et


toute autre partie concernée par son application (syndicats, société civile…). A partir de
l’indépendance, le Maroc a connu six constitutions depuis l’indépendance : 1962, 1970, 1972,
1992, 1996 et 2011 actuellement en vigueur. Cette évolution était faite pour suivre l’évolution
de la société marocaine et l’évolution de ses besoins et de ses revendications. La révision de la
constitution peut être faite à l’initiative du Roi, de la Chambre des Représentants et de la
Chambre des Conseillers.

Etant la loi suprême, toutes les autres lois doivent respecter les principes de la
constitution et ne pas entrer en contradiction avec ses propos.

B. La loi :

La loi est en droit marocain, d’une importance beaucoup plus grande que la coutume. Elle
se définit par ses caractères essentiels : elle est obligatoire, générale dans son application,
permanent et émane de l’autorité publique. Au sens strict, la loi est tout texte voté par le
parlement. Il exprime la volonté du peuple. Elle ne fléchit que devant la constitution et les
traités internationaux signés par le Maroc.

La loi peut être supplétive ou impérative. Elle est impérative lorsqu’on ne peut y déroger
par des conventions particulières. Elle concerne l’ordre public et donc elle est obligatoirement
appliquée. Or, une loi peut être supplétive, c'est-à-dire qu’elle dépend de la volonté des parties
concernées. Par exemple, le code de la famille marocain fixe l’âge de mariage pour la fille à 18
ans révolus, mais le juge peut autoriser son mariage si elle n’a pas atteint cet âge à condition
d’avoir l’acceptation des parents et de la fille concernée.

C’est le Parlement qui est compétent pour élaborer des lois suivant une procédure bien
déterminée qu’on peut présenter ainsi :

✓ La proposition de loi d’un représentant parlementaire ou le projet de loi proposé


par un ministre, sont déposés auprès du Parlement.
✓ Deux commissions, une de la chambre des représentants et une autre de la
chambre des conseillés, étudient lesdits projets et propositions de lois et se mettent d’accord sur
une rédaction définitives.
✓ Après l’accord des deux commissions, la loi passe au vote dans le Parlement.
✓ Si le résultat du vote est positif, la loi est adoptée par le Parlement et doit être
promulguée. La promulgation de la loi est l’acte au moyen duquel sa majesté le Roi rend la loi
exécutoire.

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✓ Après ces étapes, la loi doit être publiée dans le bulletin officiel et la loi prend
exécution sauf si son application est conditionnée par l’adoption de certaines décisions
ultérieures.

Remarque :

❖ On distingue entre plusieurs types de lois :


o Les lois constitutionnelles : qui sont contenues dans la constitution.
o Les lois organiques : votées par le Parlement, elles sont des mesures législatives
d’application de la constitution.
o Les lois ordinaires ou parlementaires : proposées par le Parlement ou le
Gouvernement pour gérer la vie courante dans ses différents volets.
o Les lois référendaires : qui résultent de l’approbation par référendum d’un projet de
loi proposé par sa majesté le Roi.

❖ La loi est, en général, appliquée à toutes les personnes sur le territoire national. Elle a un
effet immédiat et non rétroactif (c'est-à-dire qu’elle n’annule pas ce qui a été régi par une loi
ancienne).

C. Les règlements

Les règlements relèvent du pouvoir exécutif et des autorités administratives. Il porte sur trois
niveaux :

✓ Dahir : émane du Roi;


✓ Les décrets : Un décret est un acte administratif ou une décision signée par le chef du
gouvernement et/ou les ministres compétents. Ils se situent en dessous des lois mais
supérieurs aux arrêtés.
✓ Les arrêtés : ce sont des actes émanant d’une autorité administrative autre que le chef
du gouvernement. Il peut s’agir des ministres, des préfets, des maires, des présidents de
conseil régionaux….

Les règlements se repartissent en deux catégories :

• Les règlements autonomes : Il s'agit des décrets et arrêtés pris dans les matières qui
ne sont pas du domaine de la loi, c'est-à-dire dans le domaine réservé aux règlements.

• Les règlements pris pour l'exécution des lois : Le pouvoir exécutif est chargé
d'assurer l'exécution des lois adoptées par le parlement. Pour ce faire, il doit déterminer
les mesures et les détails de cette application par le biais du règlement. Ce règlement
intervient alors pour la mise en application de la loi.

3- Les sources interprétatives de la règle de droit :

A- La jurisprudence :

C’est l’ensemble des décisions rendues par les juridictions nationales (Tribunaux et
Cours d’appel). En effet, les tribunaux ont pour missions de :

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✓ Appliquer la loi, ce qui ne pose pas de difficultés particulières.
✓ Interpréter la loi.
✓ Suppléer la loi : en cas d’insuffisance, les juges peuvent recourir aux précédents, à
l’équité pour définir une décision dans une circonstance qui n’est régie par
aucune loi en vigueur.

Dans les pays du Common Law la jurisprudence constitue une véritable source du droit,
lorsque toutes ou une majorité des décisions qui se sont succédées interprètent de la même
manière les règles du droit.

A l’opposé de cette conception, le droit marocain ne reconnaît pas la jurisprudence comme


source directe du droit.

- D’une part, le juge est lié par la loi, il a vocation non pas de créer la règle de droit, mais
d’appliquer, et éventuellement d’interpréter une règle conçue et élaborée par le
législateur.

- D’autre part, contrairement aux juges anglo-saxons, un juge marocain n'est pas lié par les
décisions qu'ont pu rendre ses collègues, il n'y a pas de précédents judiciaires.

B- La doctrine :

La doctrine représente l’ensemble des opinions émises (écrits, commentaires, théories…) sur
le droit positif par les juristes (professeurs de droit, avocats, notaires, juges etc.)

La doctrine n'est pas une source directe du droit, mais elle est importante pour analyser et
comprendre la norme juridique. Ses critiques peuvent également inspirer le législateur et la
jurisprudence.
Hiérarchie des sources de droit au Maroc

Constitution

Les traités internationaux


Loi formelle

Dahirs et décrets du Roi

Les décrets du chef du gouvernement

Arrêtés ministérielles

Arrêtés des Walis et gouverneurs

Circulaires et instructions des


administrations

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