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INSTITUT SUPERIEUR DE MANAGEMENT

Ecole de Management

INTRODUCTION AU DROIT

M. Thibaut BASSENE

2023- 2024
INTRODUCTION
Le droit constitue un phénomène social, il correspond au fait que la société établit des
règles destinées à régir son fonctionnement et par voie de conséquence à organiser les
relations économiques ou non des personnes qui la composent.
Le droit peut se définir comme « l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des
membres d’une même société. »[Larousse]
Cet ensemble de règles constitue le droit positif [appelé aussi droit objectif] qui
présente un certain caractère impératif, contraignant.
Dans chaque société politique, les règles et les institutions du droit positif se
développent suivant les caractères propres de cette société. Il existe un droit interne,
propre à chaque pays, appelé ainsi parce qu’il n’a de force obligatoire qu’à l’intérieur
des frontières de ce pays. La nécessité de résoudre les relations entre les citoyens de
pays différents, ou entre États a conduit à l’institution de règles de droit international.
Le droit se caractérise par la grande diversité des règles qu’il édicte : on distingue ainsi
un grand nombre de branches du droit. L’habitude a été prise de regrouper ces branches
en droit public et droit privé.
Les sources du droit positif sont multiples. Au Sénégal, la plus importante est
constituée par la loi complétée par les règlements, la doctrine, la jurisprudence, les
conventions par exemple. Le droit objectif reconnaît aux individus des prérogatives : ce
sont les droits individuels ou droits subjectifs. Pour un sujet de droit déterminé, les
actes juridiques et les faits juridiques sont à l’origine de ces droits.
Nous analyserons successivement le droit Objectif (Première partie) et les droits
subjectifs (Deuxième partie).

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PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF

Compétences attendues Savoirs associés

 Distinguer la règle de droit • Les finalités du droit


des autres règles de la vie
• Les caractères de la règle de
sociale.
droit.
• Les autres règles sociales :
 Identifier les branches du
droit applicables à une morale et éthique.
situation donnée • Les branches du droit

Le droit objectif, le « grand droit » comme le qualifie le doyen Carbonnier peut être défini
comme «l’ensemble de règles de conduite socialement édictées et sanctionnées, qui
s’imposent aux membres de la société » c’est-à-dire les règles régissant la vie en société,
sanctionnées par la puissance publique. On parle de Droit objectif (au singulier, avec une
majuscule à “Droit”), car on envisage les règles de droit indépendamment de leur destinataire,
de manière objective. Par exemple, lorsque vous dîtes « le Droit Sénégalais est complexe »,
vous faites référence au Droit objectif.

Ici, on entend par Droit, l’ensemble des règles sociales qui gouvernent les rapports des
individus entre eux ou avec la puissance publique et s’imposent à eux, au besoin, par le
moyen de la contrainte étatique.

Le Droit est alors défini ici, par son objet qui est l’élaboration des règles régissant la conduite
des hommes vivant en société.

CHAPITER I/ LA RÈGLE DE DROIT

Le droit est ainsi une règle de conduite en société, au même titre que les mœurs, la
religion ou la morale. Il faut différencier ces règles de droit des autres règles de
conduite qui, elles, ne sont pas du droit. C’est l’identification de la règle de droit.
Plusieurs éléments permettent de différencier le droit des autres règles de conduite en
société.

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SECTION I : LES CARACTÈRES DE LA REGLE DE DROIT

Pour définir la règle de droit, il faut préciser ses caractères. Cinq caractères de la règle
de droit nous semblent essentiels, sa généralité, sa force obligatoire, sa permanence, son
caractère coercitif et son caractère extérieur.

§1/ LE CARACTÈRE GÉNÉRAL ET ABSTRAIT

Dire que la règle de droit est générale signifie qu’elle est applicable à tous sans viser
nommément les individus. On dit alors que la règle de droit a un caractère impersonnel
ou qu’elle a un caractère objectif. Elle vise une catégorie ouverte de personnes (les
propriétaires, les commerçants, les enfants…), abstraction faite de la personnalité de
ceux auxquels elle s’applique en fait.

Son application est générale dans l’espace, donc la règle de droit s’applique de la même
manière sur tout le territoire. Ce caractère général permet d’assurer une égalité entre les
individus, la loi étant la même pour tous. Exemples la loi « doit être la même pour
tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ». Art 6 DUHC.
Le caractère général de la règle de droit se manifeste par l’utilisation d’adjectifs ou de
pronoms indéfinis : « Chacun a droit au respect de sa vie privée »
« Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs… »
§ 2/ CARACTÈRE OBLIGATOIRE

La règle de droit est obligatoire. Les personnes auxquelles elle s’applique sont tenues
de s’y conformer. Ce caractère n’est pas uniforme, des tempéraments apparaissent
autour d’une distinction entre règles impératives et règles supplétives.
Les règles supplétives sont des règles qui ne s’appliquent que si les sujets de droit
n’ont pas exprimé une volonté contraire. Elles suppléent l’absence de volonté
particulière exprimée. Elles s’appliquent à défaut d’autre disposition choisie. Elles
apparaissent simplement facultatives dans la mesure où les particuliers peuvent en
écarter l’application.

Les règles impératives sont les règles auxquelles les individus ne pourront jamais

déroger.

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Elles s’imposent de façon absolue. Elles s’appliquent à tous et en toutes circonstances.
Il n’est pas possible d’en écarter l’application par des conventions contraires. Ainsi,
l’article 6 du Code civil précise qu’« on ne peut déroger, par des conventions
particulières, aux lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes mœurs » ;
Exemples. En matière de mariage, par exemple, le choix du régime matrimonial est
laissé à l’appréciation des époux, mais l’inceste et la bigamie sont interdits pour tous.

§ 3/ CARACTÈRE PERMANENT

Le caractère permanent ne signifie pas que la règle de droit est éternelle. Elle a un
commencement et une fin.
Le caractère permanent de la règle de droit signifie que celle-ci est applicable de façon
constante durant son existence. La règle de droit s’applique chaque fois que les
conditions qu’elle prévoit sont réunies.
§ 4/ CARACTÈRE COERCITIF OU CONTRAIGNANT

Ce caractère signifie que la règle de droit, est une règle de conduite à l’observation de laquelle
la société peut nous contraindre: manifestation d’une contrainte sociale. La règle de droit doit
être respectée. Sa violation est source sanctions.
Mais, selon les règles, la sanction varie : de ce point de vue, la règle de droit se caractérise
par le fait que son non-respect est sanctionné par l’État, ce qui inclut le recours à l’Autorité
judiciaire et à la force publique.
La sanction peut être soit civile, soit pénale, soit les deux à la fois ;
La sanction civile a pour objet :
 de contraindre une personne à s’exécuter (ex. : le versement d’une pension
alimentaire) ;
 de mettre fin à un acte pris en violation de la loi (ex. : l’achat d’une maison par un
mineur non émancipé) ;
 d’obliger une personne à réparer le préjudice qu’elle a causé (ex. : l’indemnisation
d’une victime d’accident de la circulation).
La sanction pénale, elle, a pour objet la punition de celui qui a un comportement nuisible
pour la société. Ainsi, le vol est puni d'un emprisonnement de cinq ans à dix ans et d'une
amende de 50 000 francs à 500 000 de francs.
§ 5 / CARACTERE EXTERIEUR

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La règle de droit est extérieure à la volonté individuelle des personnes qui y sont soumises.
Parce qu’elle vise à organiser la société et à régir les relations qui s’établissent entre ses
membres, la règle de droit ne peut qu’être extérieure à la personne. Elle n’est pas une
contrainte ou une consigne qui procède de la volonté de chacun. Elle est, un ordre ou une
suggestion, selon le cas, qui est adressé à chacun des membres du corps en dehors de sa
volonté.
SECTION II : LA FINALITE SOCIALE DE LA REGLE DE DROIT

Différence de finalité du droit, de la morale et de la religion


Droit, morale et religion ont des finalités distinctes. Tandis que le droit vise à organiser la
société et les relations qui s’y établissent entre les personnes qui la composent, la morale et la
religion concernent essentiellement l’individu.
La règle morale tend à la perfection de la personne et à l’épanouissement de sa conscience. La
règle religieuse veille au salut de l’être humain dans une rencontre de l’amour avec Dieu.

Le droit comme la morale impose la bonne foi, d’agir avec un comportement loyal.
Cependant la morale dirige l’action de chaque individu qui doit être en accord avec ses actes. Le
droit impose des comportements aux individus sous contrainte dans le respect mutuel.
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En cas de non-respect du droit, les individus recourent à des sanctions formalisées. Les sanctions
sont prononcées principalement par des juridictions
b) Synthèse sur la distinction entre le droit et les autres règles de conduite
Droit Morale Religion Bienséance Sociologie du
Droit
Finalité
Organiser et Régir la vie en Veiller sur la Organiser Analyser des
protéger société destinée la phénomènes
la société et (perfectionnement et le salut de vie en juridiques considérés
la vie des intérieur) l’homme société comme des faits
individus sociaux
Sanctions
Sanctions par Auto-sanctions Sanctions par les Aucune Aucune
l’État (regrets, remords) autorités sanction sanction
religieuses et par
Dieu.

SECTION III : LES GRANDES DIVISIONS DU DROIT

Le droit intervient dans des domaines extrêmement variés, ce qui engendre un nombre
conséquent de règles. Il régit à la fois les rapports des individus entre eux mais aussi les
relations des individus avec l’État, ce qui a conduit à la distinction droit privé et droit public
(summa divisio). De plus, chaque État ayant une législation qui lui est propre, la distinction
droit national et droit international s’est avérée nécessaire.

§1 / DISTINCTION ENTRE DROIT PUBLIC ET DROIT PRIVÉ

La distinction entre droit public et droit privé est la plus importante.


Étendue de la distinction.
Le droit privé et le droit public se distinguent par leur objet et leur finalité :
▪ d’une part, le droit public concerne l’organisation et le fonctionnement des
pouvoirs publics et leurs rapports avec les particuliers, tandis que le droit privé
régit les rapports des particuliers entre eux ;

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▪ d’autre part, le droit public est impératif, s’impose aux individus et vise l’intérêt
général, alors que le droit privé, plus libéral, leur laisse une certaine liberté et
assure en priorité des intérêts individuels.
On verra cependant qu’il existe quelques disciplines mixtes parmi lesquelles il faut
citer notamment le droit pénal.

1- Le droit public

a- Définition
C’est le droit des relations au sein de l'État (Administration) et entre l'État et les
particuliers. Il encadre les relations qui se situent dans le cadre de l'organisation et des
activités que les personnes publiques entretiennent entre elles d'une part, et avec les
particuliers d'autre part. Il s’agit non d’une relation horizontale, mais d’une relation
verticale entre les gouvernants et les gouvernés.
Au Sénégal, les personnes publiques sont l’Etat, les collectivités locales (départements,
communes et Villes) et les établissements publics.
b- Les caractéristiques du droit public :
▪ Une finalité visant la satisfaction de l’intérêt général.
▪ Un caractère impératif, dans la mesure où les individus ne sont pas libres de
déroger aux règles de droit public. C’est parce qu’il vise la satisfaction de
l'intérêt général que les parties ne disposent pas de la même marge de
manœuvre que pour le droit privé.
▪ Un caractère inégalitaire, dans la mesure où le droit public il attribue aux
pouvoirs publics des prérogatives de puissance publique, exorbitantes du
droit commun.
c- composition des branches du droit public
Le droit public se divise en plusieurs branches :
 Le droit constitutionnel détermine les règles d'organisation et de
fonctionnement de l'Etat et des pouvoirs publics. La substance de ce droit est
contenue dans la Constitution et les textes qui s'y rattachent.

 Le droit administratif est le droit de l'action administrative. Il


règlemente l'organisation et le fonctionnement des collectivités publiques (Etat,
régions, départements, communes) et des services publics, ainsi que leurs
rapports avec les particuliers.
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 le droit des finances publiques, est le droit qui est applicable au budget
de l'Etat et des personnes publiques, et fixe les règles de comptabilité publique.
2- Le droit privé
a- Définition
Le droit privé est le droit des relations entre les personnes privées (personnes physiques
et personnes morales de droit privé) par opposition aux personnes publiques. Il régit les
relations entre les particuliers (vie privée et familiale, vie professionnelle, relations
contractuelles…). On parle de relation horizontale.

b- Les caractéristiques du droit privé


Les caractéristiques du droit privé sont les suivantes :
▪ Une finalité visant la satisfaction de l’intérêt privé.
▪ Un caractère libéral, le droit privé mettant l’accent sur la volonté des individus
avec la prédominance de règles supplétives de volonté.
▪ Un caractère égalitaire, les rapports entre les individus étant gouvernés par le
principe d’égalité, sauf exception.
c- composition des branches du droit privé
Le droit privé était au départ uniquement composé du droit civil (civis = citoyen),
qui régissait autrefois tous les rapports entre les particuliers, sans distinction et
sans restriction. Mais l'évolution des rapports sociaux a rendu nécessaire
l'élaboration de règles spéciales, qui ont plus ou moins pris leur autonomie.
Ainsi par exemple le droit commercial, ou le droit du travail.

a. Le droit commercial est l'ensemble des règles applicables entre


commerçants, qu'ils soient des personnes physiques (faites de chair et de
sang) ou morales (sociétés, associations), ainsi qu'aux actes de
commerce (principalement les actes d'achat pour revendre). Le droit
commercial a donné naissance à plusieurs corps de règles, qui peuvent
être considérés comme des subdivisions : droit bancaire, droit des
assurances, droit des transports...

b. Le droit du travail regroupe les règles relatives aux rapports existant


entre employeurs et employés à l'occasion d'un contrat de travail salarié.

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c. Le droit civil continue d'être la branche maîtresse du droit privé : il
s'applique dès lors qu'aucune règle spéciale n'a vocation à s'appliquer.
C'est pour cela que l'on dit que le droit civil est le droit commun par
opposition aux droits spéciaux.

3- Les disciplines mixtes


La distinction droit public / droit privé n'est pas absolue, et les disciplines sont de
plus en plus difficiles à classer. Certaines disciplines empruntent à la fois au droit
privé et au droit public.

 le droit fiscal, qui détermine les règles applicables à la détermination et


à la perception de l'impôt, existe pour la satisfaction de l'intérêt général
(donner à l'Etat un budget lui permettant de fonctionner), mais dépend
fortement des règles du droit privé (notamment des règles du droit des
sociétés).
 le droit pénal, qui a pour objet de réprimer les atteintes portées à l'ordre
public, à la sécurité publique et à la santé publique, est a priori organisé
pour la protection de l'intérêt public. Il est constitué de lois impératives, et
s'apparente en cela au droit public. Mais la plupart du temps les infractions
constatées sont des atteintes portées à des particuliers (vol, meurtre, abus de
confiance, etc.).

 le droit judiciaire privé, ou procédure civile, est une discipline mixte.


Le droit judiciaire privé permet d'assurer la sanction des intérêts privés par
le service public de la justice, et peut dans cette mesure être considéré
comme une discipline mixte.

§ 2/ DROIT INTERNATIONAL ET DROIT INTERNE

1.Le droit national - ou interne est l’ensemble des règles en vigueur dans un pays
déterminé, ayant des sources, et des sanctions propres à cet Etat, et réglementant les
rapports sociaux qui se produisent à l’intérieur de cet Etat sans qu’un élément relevant
d’un autre Etat n’intervienne dans ces relations.

2. Le droit international est celui qui régit les relations sociales internationales, soit entre
les Etats, soit entre les individus. Il comprend plusieurs branches :
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a) Le droit international public
Le droit international public réglemente les rapports des Etats entre eux, ainsi que
l'organisation et le fonctionnement des organisations internationales.
b) Le droit international privé
Le droit international privé réglemente les rapports entre particuliers, dès lors que ces rapports
comportent un élément étranger (on parle d'élément d'extranéité).
Lorsque les deux personnes sont de nationalités différentes (ex : mariage d'un Français avec
une Japonaise) ou que le fait générateur du rapport se produit dans un pays étranger (ex :
accident de la circulation causé en Gambie par un Français).
c) le droit communautaire
Le droit communautaire, ainsi appelé en référence à la Communauté économique européenne
- CEE) est le corps de règles qui s'applique à l'Union Européenne (U.E). Instituées à l'origine
par le Traité de Rome du 25 mars 1957, ces règles ont pour vocation de créer entre les Etats
membres un marché homogène, dont les agents seront soumis à un traitement identique.
Le droit communautaire est un ensemble de dispositions contenues dans les différents traités
constitutifs d'une organisation internationale d'intégration et dans les textes élaborés par les
institutions communautaires.
Le droit de communautaire a la particularité de relever à la fois du droit international - en ce
qu'il établit des relations entre Etats et du droit interne parce que certaines règles ont vocation
à être appliquées dans chacun des Etats membres, et peuvent être sanctionnées par les
juridictions internes.
b) Le droit international privé.
Le droit international privé réglemente les rapports entre particuliers, dès lors que ces
rapports comportent un élément étranger (on parle d'élément d'extranéité).
Lorsque les deux personnes sont de nationalités différentes (ex : mariage d'un Français
avec une Japonaise) ou que le fait générateur du rapport se produit dans un pays
étranger (ex : accident de la circulation causé en Gambie par un Français).
c) le droit communautaire.
Le droit communautaire, ainsi appelé en référence à la Communauté économique
européenne - CEE) est le corps de règles qui s'applique à l'Union Européenne (U.E).
Instituées à l'origine par le Traité de Rome du 25 mars 1957, ces règles ont pour
vocation de créer entre les Etats membres un marché homogène, dont les agents seront
soumis à un traitement identique.

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Le droit communautaire est un ensemble de dispositions contenues dans les différents
traités constitutifs d'une organisation internationale d'intégration et dans les textes
élaborés par les institutions communautaires.
Le droit de communautaire a la particularité de relever à la fois du droit international -
en ce qu'il établit des relations entre Etats et du droit interne parce que certaines règles
ont vocation à être appliquées dans chacun des Etats membres, et peuvent être
sanctionnées par les juridictions internes.

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CHAPITRE II : LES SOURCES DE LA REGLE DE DROIT

Compétences attendues Savoirs associés

• Identifier et distinguer les • Les sources nationales du droit


différentes sources du droit ; • Le principe de hiérarchie des normes
• Repérer un confit de normes et • Le rôle des pouvoirs législatif et
expliciter sa résolution dans une exécutif dans l’initiative d’une loi
situation donnée ; ordinaire
• Différencier les principales • Les prérogatives du pouvoir exécutif
catégories de loi ; dans le processus du vote de la loi.
• Schématiser les étapes du
processus de l’élaboration d’une
loi ordinaire

Les sources du droit sont nombreuses. Elles désignent les modes de formation des
règles juridiques au sein d’une société donnée. Or une grande incertitude entoure cette
notion. En effet, les auteurs proposent plusieurs définitions des sources et plusieurs
manières de les classer.
Certains auteurs font une distinction entre sources écrites et sources non écrites.
D’autres retiennent la distinction entre sources directes (loi et coutume) et sources
indirectes ou d’interprétation (jurisprudence, doctrine, pratique). D’autres encore
opposent les sources formelles et les sources informelles.
Pour notre part, nous distinguerons deux catégories :
 les sources principales, issues du pouvoir de l'Etat ;
 les autres sources du droit.
SECTION I : LES SOURCES PRINCIPALES DU DROIT /SOURCES DIRECTES
Nous présenterons d’abord les sources supra-législatives et ensuite, nous examinerons les
sources législatives.
§1/ Les sources supra-législatives
A/ La Constitution

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La Constitution se trouve au sommet de la pyramide des normes.
C’est le texte fondamental, la norme suprême, dont le principal objet est de réglementer
l’organisation et le fonctionnement des institutions sénégalaises.
Elle se définit comme l'ensemble des règles écrites qui concerne les institutions de
l'Etat et qui régissent les rapports entre ces diverses institutions. C'est la Constitution
qui fixe les règles relatives au Président de la République, au Gouvernement et au
Parlement.
B/ Les traités et accords internationaux

Les traités internationaux sont des conventions négociées entre différents Etats dans le
but de s’engager les uns envers les autres ou à l'égard de leurs ressortissants, dans les
domaines qu’ils définissent.

§2 Les sources législatives

A/ Les lois
a) Définition
D’abord, dans un sens formel, la loi est définie non par son contenu, mais par son
origine : la loi est le texte qui émane des autorités disposant du pouvoir législatif, par
opposition aux règles et actes émanant du pouvoir exécutif. Au Sénégal, la loi est donc
le texte qui est adopté par le Parlement ou L’Assemblée Nationale.
Dans un sens matériel, la loi est définie par son contenu, c’est-à-dire que c’est une règle de
droit écrite, générale et abstraite, permanente et obligatoire, de portée normative.
b) Les différents types de lois par ordre d’importance
 Les lois organiques
Les lois organiques complètent la Constitution. Elles ont notamment pour objet de fixer les
modalités d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics.
 Les lois référendaires
Elles sont prévues par l’article 103 de la Constitution : sur proposition du
Gouvernement ou sur proposition de l’assemblée Nationale, le Président de la
République peut soumettre au référendum populaire tout projet de loi portant la
révision de la Constitution.
 Les lois ordinaires

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Ce sont celles qui correspondent à la définition stricte de la loi (dans son sens formel). Elles
portent sur des domaines précisément définis par la Constitution.

 Les ordonnances
Les ordonnances sont des actes de l’exécutif portant sur des matières qui sont
normalement de la compétence du législatif.

c) L’élaboration de la loi
L'initiative d'élaborer une loi peut venir du Gouvernement (qui dépose un projet de loi), ou
d'un député (qui dépose une proposition de loi). Les projets et les propositions sont déposés
sur le bureau de l'Assemblée nationale, pour examen.

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En effet, pour que le texte soit définitivement adopté, il doit être voté dans les mêmes termes
par l’assemblée. Une fois votée, la loi doit être promulguée (signée) par le Président de la
République. Elle ne devient réellement applicable qu'après avoir été publiée au Journal
officiel.

Une fois publiée au Journal Officiel, la loi bénéficie d’une présomption de connaissance
énoncée dans l’adage traditionnel, « nul n’est censé ignorer la loi ».

B/ Les règlements

Le règlement se définit comme une règle de droit établie par le pouvoir exécutif, donc
par une autorité gouvernementale ou administrative. Les règlements peuvent prendre la
forme de décrets, ou d'arrêtés.
a) Le décret
Il existe deux types de décrets :
Les décrets sont individuels lorsqu'ils concernent une ou plusieurs personnes
nominativement désignées (par ex. nomination d'un fonctionnaire) Il manque à ces
textes le caractère de généralité et d’abstraction qui font les règles de droit.
Certains décrets formulent au contraire des dispositions générales. On les appelle des
décrets réglementaires, qui peuvent être considérées comme des lois, au sens matériel
du terme, puisqu'ils présentent les caractères de généralité et d'abstraction requis.

b) Les arrêtés
Les arrêtés sont des dispositions à caractère général et permanent prises par certaines
autorités administratives (autre que le Président de la République et le Premier ministre).
Ils ont pour objet de prévoir les mesures d’application concrète des lois et des décrets
auxquels ils sont subordonnés. On distingue :
 les arrêtés ministériels, ou interministériels, pris par un ou plusieurs ministres ;
 les arrêtés des présidents des conseils départementaux, ainsi que les arrêtés des
préfets et sous-préfets (arrêtés préfectoraux) ;
 les arrêtés municipaux, pris par les maires.
SECTION II : LES AUTRES SOURCES DU DROIT : LES SOURCES INDIRECTES

Les sources indirectes du droit sont la coutume, la doctrine et la jurisprudence

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§1 /La jurisprudence

La jurisprudence désigne l'ensemble des décisions prises par les tribunaux et les cours. Elle
est donc issue du pouvoir judiciaire.

Dans la mesure où les lois et les règlements sont parfois « obscurs », le juge ne trouve
pas forcément dans les textes la solution aux problèmes concrets qui se posent à lui lors
d'un procès, il se fondera alors sur les décisions de justice qui ont été rendues
antérieurement.

Le rôle de la jurisprudence consiste donc à interpréter les lois et à combler les éventuelles
lacunes de celles-ci, elle est bien ainsi source du droit.

§ 2/ Les coutumes et usages

La coutume et les usages sont des règles de droit non écrites, qui se forment par la
pratique et la répétition des mêmes comportements. Pour être reconnue en tant qu'usage
ou coutume, la règle doit être à la fois ancienne, constante et notoire, c'est-à-dire
connue par tous.

Exemple de coutume : la femme utilise le nom de son mari.

§ 3/ La doctrine

La doctrine est l'ensemble des travaux et des études effectués par les juristes dans leurs
revues ou leurs ouvrages, sur différents problèmes de droit.

Elle est aussi constituée de l'enseignement dans les facultés de droit. La doctrine influence
plus ou moins le législateur ou le juge, et permet au droit d'évoluer.

CHAPITRE III: APPLICATION DE LA LOI

La loi n’est pas destinée à demeurer lettre morte. Une fois ses conditions d’application
réunies, elle est applicable à tous et a force obligatoire pour tous. « Nul n’est censé
ignorer la loi. » Nul ne pourra invoquer son ignorance pour en éviter l’application telle
que prévue dans le temps et dans l’espace.

SECTION 1/ LES CONDITIONS GENERALES D’APPLICATION DE LA LOI

La loi est obligatoire à compter de son entrée en vigueur et jusqu’à son abrogation.

§1/L’entrée en vigueur de la loi

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Une fois adoptée, selon une procédure prévue par la Constitution, la loi doit être
promulguée et portée à la connaissance du public pour entrer en vigueur.

A. L’adoption de la loi
L'initiative d'élaborer une loi peut venir du Gouvernement (qui dépose un projet de loi),
ou d'un député (qui dépose une proposition de loi). Les projets et les propositions sont
déposés sur le bureau de l'Assemblée nationale, pour examen.

En effet, pour que le texte soit définitivement adopté, il doit être voté dans les mêmes
termes par l’assemblée. Une fois votée, la loi doit être promulguée par le Président de
la République.

B. La promulgation de la loi
La promulgation constitue l’acte par lequel le Président de la République authentifie
l’existence et la régularité de la loi et par lequel il ordonne que la loi soit exécutée. La
promulgation confère à la loi un numéro d’ordre, composé du millésime et du rang de
la loi dans l’année (par exemple, la loi nº 1964-46 du 17 Juin 1964 relative au domaine
national est la 46ème de l’année 1964). Elle lui confère aussi sa date, qui n’est pas celle
de son entrée en vigueur.

C. La publication
La publication de la loi Bien que rendue exécutoire par sa promulgation, une loi,
comme tout texte réglementaire, ne devient obligatoire pour les particuliers qu’après sa
publication au journal officiel (J.O). Cette formalité est destinée à rendre le texte
opposable aux citoyens. À partir du moment où le texte est accessible à tous, plus
personne ne peut alléguer de son ignorance pour s’en voir écarter l’application.
Réciproquement, à défaut de publication, le texte ne peut pas s’appliquer.

§ 2/ L’abrogation de la loi

La loi a vocation à durer indéfiniment. Mais elle peut cesser d’exister prématurément
par le jeu de l’abrogation. L’abrogation est la technique normale qui met fin à
l’application d’une loi ou d’un règlement qui cessera de produire des effets pour
l’avenir.

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L’abrogation d’un texte peut être expresse ou tacite. L’abrogation expresse est la plus
simple puisque c’est celle qui figure en toutes lettres dans un texte nouveau, qui peut
prévoir ou non de nouvelles dispositions de remplacement. L’abrogation est tacite
quand un texte se trouve simplement contredit par un nouveau. Elle peut être partielle
puisque ne disparaîtront pour l’avenir que les dispositions anciennes qui sont
incompatibles avec les nouvelles.

SECTION II / L’APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS ET DANS


L’ESPACE

La loi bien que permanente n’est pas perpétuelle. Elle change en fonction des besoins
du groupe social. La succession des lois dans le temps pose alors la question de savoir
quelle est la loi applicable à une situation juridique lorsque cette situation peut être
soumise à plusieurs lois, des lois nouvelles abrogeant des lois anciennes. Deux
préoccupations s’opposent pour résoudre ces conflits. Le besoin de sécurité exige que
l’on restreigne au maximum le domaine d’application de la loi nouvelle pour assurer
aux individus une stabilité dans le traitement juridique de leurs activités. Le besoin de
justice, à l’opposé, exige une application la plus rapide et la plus large possible de la loi
nouvelle qui a été adoptée, par principe, pour apporter des améliorations par rapport à
la loi ancienne. Le législateur a la possibilité de choisir lui-même entre ces deux
impératifs en insérant des dispositions transitoires dans les lois, fixant leur date d’entrée
en application.

En l’absence de telles dispositions, la loi, la doctrine et la jurisprudence ont posé les


principes de l’application de la loi dans le temps.

§1/ Le principe de non-rétroactivité de la loi

A/ Sens du principe
Ce principe signifie que la loi nouvelle ne peut régir les faits et actes juridiques qui se
sont passés avant sa promulgation, en vue de modifier ou effacer les effets juridiques
produits sous l’empire de la loi ancienne. N’ayant point d’effet rétroactif, la loi ne peut
s’appliquer à des faits ou actes antérieurs à sa promulgation. Par exemple pour
déterminer la responsabilité de l’auteur d’un accident de la circulation, la loi applicable
est celle en vigueur le jour de l’accident, et non une loi postérieure qui aurait été
adoptée postérieurement et serait en vigueur le jour du procès. La loi ne peut
bouleverser les droits acquis et les situations établies.

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Le principe de la non-rétroactivité s’applique non seulement aux situations juridiques
dont les effets sont éteints, mais également aux situations juridiques qui ont produit une
partie de leurs effets avant l’entrée en vigueur de la loi nouvelle et qui continuent à
produire leurs effets après cette entrée en vigueur.

B/ Exception au principe

Le principe comporte trois exceptions : il s’agit des lois rétroactives par le législateur, des lois
pénales plus douces et les lois interprétatives.

• Les lois déclarées expressément rétroactives par le législateur sont rares.


Elles sont édictées en vue de faire face à des situations exceptionnelles. Elles
doivent résulter d’une volonté expresse du législateur.

• Les lois interprétatives (qui précisent le sens ambigu ou obscure d’une


loi) rétroagissant au jour où la loi ancienne est entrée en vigueur. Elles doivent
résulter d’une volonté expresse du législateur.

• Les lois pénales plus douces sont celles qui suppriment une
incrimination ou réduisent le taux d’une peine. Lorsqu’un jugement de
condamnation n’est pas encore définitif. La jurisprudence n’hésite pas à
appliquer la loi nouvelle d’incrimination ou de pénalité plus douce.

§ 2/Le principe de l’effet immédiat

A. signification
La loi nouvelle a vocation à s’appliquer immédiatement aux situations juridiques en cours au
moment de son entrée en vigueur, c’est-à-dire à toutes les situations nées précédemment et
non encore terminées. Tout ce qui a été accompli sous l’empire de la loi ancienne reste
valable, mais dès que la loi nouvelle entre en vigueur, la situation juridique en cours doit y
être soumise immédiatement et entièrement, que ce soit pour sa constitution ou ses effets.
Toutefois, deux situations doivent être distinguées.

M. Thibaut BASSENE 21
La jurisprudence établit une distinction entre les situations légales et les situations
contractuelles :

▪ s’il s’agit d’une situation légale, le principe retenu est que la loi nouvelle
s’appliquera immédiatement et ne régira que les effets futurs sans modifier les
effets passés ;
▪ s’il s’agit d’une situation contractuelle, le besoin de sécurité des parties qui ont
contracté en considération des lois en vigueur, s’oppose à ce que l’environnement
du contrat soit modifié et conduit à la survie de la loi ancienne. Les effets des
contrats conclus antérieurement échappent à la nouvelle loi. Il en est ainsi parce
que le contrat est un accord de volonté entre deux personnes. C’est la volonté qui
crée la situation juridique. Le contrat est conclu parce que les parties avaient voulu
sa conclusion et les effets qu’il produit. Les parties sont censées voulu se
soumettre à la loi en vigueur au moment de la conclusion du contrat. Les parties
au contrat ont prévu les effets de leur accord de volonté en fonction d’une loi
précise. Elles ne sauraient prévoir une modification ultérieure de la législation.
L’application immédiate de loi irait en l’encontre de la volonté des parties.
Donc, le principe de l’application immédiate de la loi nouvelle ne s’applique
qu’aux situations extracontractuelles.
B. Exceptions de l'application immédiate
Il existe cependant quelques limites à cette exception ;

• une première limite concerne les contrats que le législateur entend


expressément soumettre à la nouvelle loi. Cette hypothèse est fréquente
aujourd’hui et constitue une marque du dirigisme contractuel.

• Une deuxième limite provient des lois d’ordre public. Cette limite est
apportée par la jurisprudence qui décide très souvent qu’une loi nouvelle ayant
comme fondement un intérêt social particulièrement impérieux, s’applique aux
effets postérieurs du contrat en cours.

SECTION III : APPLICATION DE LA LOI DANS L’ESPACE

Appliquera-t-on la loi sénégalaise à un Camerounais qui travaille pour une société


espagnole dans un établissement au Sénégal ? Lorsque les législations de deux ou

M. Thibaut BASSENE 22
plusieurs États ont cumulativement vocation à régir une question de droit privé donnée,
apparaît un conflit de lois, que l’internationalisation des rapports humains multiplie.

La résolution de ces conflits de lois est une des fonctions majeures du droit
international privé, matière complexe, qui ne peut être présentée ici que très
schématiquement.
Parfois, le conflit de lois peut être désamorcé par l’existence d’une règle de droit
international privé matérielle, qui fournira directement une solution au problème posé.
Par exemple, les difficultés soulevées par une vente internationale de marchandises
pourront être directement tranchées par la Convention de Vienne du 11 avril 1980.
Le plus souvent, le conflit de lois ne peut être évité et le droit international privé le
résout en désignant une loi applicable (règle de conflit).

M. Thibaut BASSENE 23
DEUXIEME PARTIE : LES DROITS SUBJECTIFS

Les « droits subjectifs » désignent les prérogatives particulières dont une personne (appelée un
« sujet») peut se prévaloir sur un bien ou sur une autre personne. Ils sont souvent précédés de
la formule « avoir le droit de » ou « avoir le droit à ». Ils ne naissent pas ex nihilo (à partir de
rien). Ils sont possibles lorsqu’une règle de droit objectif vise l’individu qui s’en prévaut et la
situation dans laquelle il se trouve.

Ces droits ont plusieurs sources (chapitre 2), et plusieurs titulaires peuvent les exercer. Ils sont
nombreux alors il convient, dans un premier temps, d’exposer leur classification (chapitre 1)

CHAPITRE I : CLASSIFICATION DES DROITS SUBJECTIFS

Les droits subjectifs sont classiquement répartis en deux catégories :

 ceux qui ont une réelle valeur économique, évaluables en argent, tel le droit de
propriété, que l’on appelle droits patrimoniaux (section 1) ;
 ceux qui n’ont pas de valeur économique, non évaluables en argent, tels les
droits à l’image, à l’honneur, à la vie, à la liberté, qualifiés de droits
extrapatrimoniaux (section 2).
SECTION I: / LES DROITS PATRIMONIAUX

§I : DEFINITION

Les droits patrimoniaux sont les droits subjectifs ayant une valeur pécuniaire. Ils constituent
l’actif du patrimoine d’une personne.

Les caractères des droits patrimoniaux


M. Thibaut BASSENE 24
Cette valeur pécuniaire confère aux droits patrimoniaux plusieurs caractéristiques :

 la cessibilité (entre vifs) : on peut les vendre, les échanger, les donner ;

 la transmissibilité (pour cause de mort) : ils passeront dans l'héritage du


défunt ;

 la prescriptible : on peut les perdre si on ne les utilise pas pendant un


certain temps (prescription extinctive) ou les acquérir par un usage prolongé
(prescription acquisitive);

 la saisissable : le créancier du titulaire peut les faire vendre et se payer


sur leur prix.

§ II : - CLASSIFICATION DES DROITS PATRIMONIAUX D’APRES LEUR OBJET

Les droits patrimoniaux, évaluables en argent, font partie du patrimoine d’une personne. Ils
apparaissent avec la naissance et disparaissent avec le décès. On distingue les droits réels, qui
portent sur une chose (jus in re), les droits personnels, qui s’exercent contre une personne (jus
ad perdonam) et les droits intellectuels qui portent sur une œuvre immatérielle.

A) Les droits personnels

On les appelle aussi droits de créance ou obligation. Un droit personnel établit une
relation entre deux personnes : c’est un droit exercé par une personne, appelée
créancier, à l’encontre d’une autre personne, appelée débiteur. Le créancier a un droit
de créance, qui constitue une obligation pour le débiteur.

M. Thibaut BASSENE 25
Le créancier a le droit d’exiger du débiteur l’exécution d’une prestation. Ce droit personnel ne
concerne pas un bien, comme les droits réels, mais une prestation, laquelle peut prendre de
nombreuses formes, selon ce qui est convenu par les parties ou imposé au débiteur.
Longtemps, le Code civil a distingué les obligations de donner, faire ou ne pas faire.
Les obligations se divisent en trois grandes catégories, selon la prestation promise par le
débiteur :

• L’obligation de donner : le débiteur s’engage à transmettre la propriété


d’un bien lui appartenant. Ex : le vendeur, le donateur, celui qui cède une
créance

• L’obligation de faire : le débiteur s’engage à accomplir une certaine


prestation. Ex : Le débiteur qui s'engage à peindre un tableau, à dessiner les
plans d’une maison, à livrer une marchandise, à soigner un patient…

• L’obligation de ne pas faire : le débiteur s’interdit de faire quelque


chose.

Ex : Le vendeur d’un fonds de commerce s’engage à ne pas ouvrir dans la même


ville un établissement concurrent.

M. Thibaut BASSENE 26
Caractères des droits personnels
 Contrairement aux droits réels, les droits personnels sont illimités. Dès lors
qu’elles ne sont pas contraires à l’ordre public, toutes sortes d’obligations
peuvent unir deux personnes. En principe, elles résultent de la conclusion d’un
acte juridique (d’un contrat) ou de la réalisation d’un fait juridique (de la
responsabilité civile).
 Alors que les droits réels sont opposables à tous, les droits personnels ont un
effet relatif, c’est-à-dire limité au créancier et au débiteur. Seul ce dernier est
engagé. Le créancier d’un droit personnel n’a pas de véritable garantie. Le droit
personnel ne confère pas de droit de suite ou de droit de préférence. Le
créancier dispose seulement d’un droit de gage général contre le patrimoine de
son débiteur.
B). Les droits réels

Un droit réel établit une relation entre une personne et une chose. Il donne à son
titulaire un pouvoir direct et absolu sur cette chose. Les droits réels sont les droits
qu’une personne peut avoir sur une chose (res, réi : la chose), directement, sans avoir
besoin d’autrui. Ils sont opposables à tous : leur titulaire peut exiger de quiconque le

M. Thibaut BASSENE 27
respect de son droit, sous condition, souvent, de l’accomplissement de formalités de

publicité. Ils sont susceptibles d’abandon : leur titulaire peut y renoncer.

Il existe plusieurs droits réels, d’importance inégale, certains sont dits principaux,
d’autres accessoires.
 Les principales classifications des droits réels

Les droits réels peuvent être classés de différentes façons. La summa divisio dépend de
la nature mobilière ou immobilière de la chose sur laquelle porte le droit ; mais on peut
également classer les droits réels en droits principaux et droits accessoires.

1. Les droits réels principaux


Les droits réels principaux donnent à leurs titulaires le pouvoir de tirer de la chose tout ou
partie de son utilité économique. On en distingue deux catégories : le droit de propriété et
les droits démembrés de propriété.

Le droit de propriété
Selon l’article 544 du Code civil, « La propriété est le droit de jouir et de disposer des
choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par
les lois ou par les règlements. »

Parmi les droits réels principaux, le droit de propriété est le plus important :
c’est le droit le plus complet qu’une personne puisse exercer sur une chose. Il
donne à son titulaire trois pouvoirs :

 L’usus, ou droit d’user de la chose

 Le fructus, ou droit de percevoir les fruits de la chose ;

En droit, les fruits sont tout ce e que la chose produit, avec ou sans altération, périodiquement
ou non, tels des fruits naturels (les récoltes) ou des fruits civils (les loyers) ou des fruits
industriels, provenant du travail (les pierres d’une carrière)

 L’abusus, ou droit de disposer de la chose.

M. Thibaut BASSENE 28
Qu’il s’agisse d’aliénation, de transformation ou de destruction.

Les droits démembrés de la propriété


Les démembrements du droit de propriété (ou droit réels que l’on a sur la chose d’autrui)
confèrent à leur titulaire une partie seulement des prérogatives attachées au droit de
propriété.
On parle de « droits démembrés » de la propriété lorsqu’une personne ne détient pas les
trois attributs de la propriété : l’usus, le fructus et l’abusus. Il s’agit de l’usufruit, de la
servitude, de l’emphytéose.

▪ L'usufruit : l’usufruitier a sur la chose l’usus et le fructus, c'est-à-dire qu'il peut


utiliser la chose et en percevoir les fruits (mais pas les produits). L’abusus reste
au nu-propriétaire : l'usufruitier ne peut pas détruire ou vendre la chose.
Cela suppose une décomposition (un démembrement) du droit de propriété entre
deux personnes :
– l’usufruitier, qui bénéficie de l’usus et du fructus ;
– le nu-propriétaire, qui dispose de l’abusus.

▪ Une servitude est un droit réel sur un immeuble, appelé le « fonds servant », au
profit d’un autre immeuble, nommé le« fonds dominant ».
Les servitudes sont donc des droits qu’une personne possède sur le bien d’une autre
personne: droit de passage sur le terrain du voisin par exemple, droit de vue, droit
d’écoulement des eaux.

M. Thibaut BASSENE 29
▪ L’emphytéose ou bail emphytéotique correspond à un bail de longue durée (18 à
99 ans). Le locataire dispose d’une importante stabilité, suscitant les initiatives et les
investissements, ainsi que des droits si importants qu’il est presque considéré comme
propriétaire.

2. Les droits réels accessoires

On les appelle ainsi parce qu’ils sont l’accessoire d’une créance, dont ils garantissent
l'exécution. Le créancier, qui souhaite se garantir contre l’insolvabilité de son débiteur, peut
obtenir une sûreté qui lui permettra, en cas de non-paiement, de faire vendre la chose et de se
payer sur son prix. Ils ne portent pas sur la matérialité de la chose, mais sur sa valeur même :
ils sont accessoires à un droit personnel ou à un droit de créance.
Les garanties réelles peuvent porter :
– sur un bien meuble, ce sont le gage pour les meubles corporels et le nantissement pour les
meubles incorporels, tel un fonds de commerce ;
– sur un bien immeuble, il s’agit de l’hypothèque.

 Les traits caractéristiques des droits réels

D’abord, les droits réels sont en nombre limité, ils sont déterminés par la loi.
Ensuite, le droit s’exerçant directement sur la chose, est absolu dans la mesure où il peut être
opposé à toute autre personne. Il est opposable erga omnes.
En troisième lieu, le droit réel comporte le droit de suite et le droit de préférence.
Le droit de suite est le droit pour le titulaire d’un droit réel sur une chose d’exercer son droit
sur cette chose en quelque main qu’elle se trouve.

M. Thibaut BASSENE 30
Le droit de préférence, signifie que le titulaire d’un droit réel « prévaut » sur le titulaire d’un
droit personnel. Il est, par exemple, payé avant les autres sur le prix de vente de la chose, en
cas de vente forcée.

M. Thibaut BASSENE 31
C). Les droits intellectuels

Un droit intellectuel établit une relation entre une personne et une œuvre de l’esprit. Une
œuvre de l’esprit est une création originale, qui est source de droits d’auteur quand il s’agit
d’une création littéraire ou artistique, ou source de brevets d’invention quand il s’agit d’une
création industrielle.
Les droits intellectuels sont des droits patrimoniaux dans la mesure où ils ont une valeur
pécuniaire et peuvent être vendus. Mais ils ont également un caractère extrapatrimonial : un
auteur, en vertu de son droit moral sur son œuvre, peut s’opposer, par exemple, à toute
modification de celle-ci.

A retenir !
On classe les droits patrimoniaux en trois catégories.

Les droits personnels, appelés également droits de créance, lient deux personnes : ils obligent
une personne, appelée le débiteur, à exécuter une prestation pour une autre personne, appelée
le créancier.

Les droits intellectuels lient une personne à une œuvre de l’esprit : droits d’auteur et brevets
d’invention sont des droits patrimoniaux car ils ont une valeur pécuniaire et peuvent être vendus.

Les droits réels lient une personne à une chose. On distingue droits réels principaux et droits
réels accessoires. Les droits réels principaux permettent l’utilisation de la chose : droit de
propriété et ses démembrements, l’usufruit et les servitudes. Les droits réels accessoires sont
des sûretés créées pour garantir le paiement d’une créance : hypothèque sur un immeuble, gage
sur un meuble.

M. Thibaut BASSENE 32
§III : CLASSIFICATION DES CHOSES OBJET DES DROITS SUBJECTIFS
Plusieurs classifications sont possibles

A ) La distinction entre meubles et immeubles

Les choses mobilières ou meubles sont des biens susceptibles d’être déplacés d’un lieu à un
autre.
Au contraire les choses immobilières sont les biens qui ont une situation fixe.
La distinction entre choses mobilières et immobilières est fondamentale il convient donc d’en
préciser l’intérêt avant d’étudier successivement les immeubles et les meubles..
1/Les immeubles

Il existe trois catégories d’immeuble : les immeubles par nature, les immeubles par
destination, et les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent.

 Les immeubles par nature sont le sol et tout ce qui est fixe au sol,
c’est-à-dire les végétaux (récoltes, arbres, fruits non encore cueillis) les
constructions adhérentes au sol

(à savoir donc les bâtiments, les canalisations d’eau, de gaz et


d’électricité.)

 Les immeubles par destination

Les immeubles par destination sont les choses mobilières que la loi considère
fictivement comme des immeubles en raison du lien qui les unit à un immeuble dont ils
constituent l’accessoire. Ainsi en est-il par exemple du tracteur servant à l’exploitation
d’une terre. Cette fiction a pour but de soumettre ces biens aux mêmes règles que
l’immeuble auquel ils sont attachés.

 Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent

Ce sont les droits réels démembrés de la propriété (usufruit, servitude, etc.), les actions
en justice réclamant un droit réel su l’immeuble, la revendication d’un immeuble en
justice, les droits réels accessoires portant sur immeuble, notamment l’hypothèque.

M. Thibaut BASSENE 33
2/ les meubles
Tout ce qui n’est pas « immeuble « est meuble, mais les meubles comportent des catégories
différentes
-il existe d’abord des meubles par nature. Ce sont des choses mobilières corporelles qui
peuvent se transporter d’un endroit à un autre : animaux ou choses inanimées, voiture par
exemple.
-il existe ensuite des meubles par détermination de la loi. Ce sont les droits de
créances (somme d’argent, meubles divers ou prestations de services.), les valeurs
mobilières, c’est-à-dire les actions dans les sociétés (lest titres représentant les parts
dans une société.) et les emprunts émis par certaines sociétés et certaines collectivités
publiques et que l’on désigne sous le nom d’obligation.
Sont également des meubles par détermination de la loi : les droits « intellectuels » ou
de clientèle (fonds de commerce, droits d’auteurs, etc…), les offices ministériels, c’est-
à-dire les charges des notaires, des avocats, des huissiers de justice, etc.). Enfin, toute
action en justice relative à un bien mobilier.

B) Intérêt de la distinction des choses mobilières et des choses immobilières.


Ces intérêts sont considérables. Les uns sont liés à la différence de nature physique des
meubles et des immeubles, les autres sont déduits de la différence de valeur
économique entre deux catégories de biens.

• Les intérêts liés à la différence de nature physique des meubles et des


immeubles

M. Thibaut BASSENE 34
Les immeubles ont un caractère de fixité, contrairement aux meubles. Il s’en suit un certains
nombres de conséquences.

D’abord les opérations concernant les immeubles doivent faire l’objet d’une publicité
parce que les tiers doivent être informés. Pour les meubles au contraire il n’y a pas de
publicité en principe.

Une deuxième conséquence a trait aux sûretés réelles. Elle concerne la différence entre
le gage et l’hypothèque. Le débiteur qui consent une hypothèque sur un immeuble en
conserve la possession, il continue par exemple d’habiter la maison hypothéquée.

Il en est autrement du gage qui est une sûreté mobilière. Dans cette hypothèse, le
débiteur qui consent un gage doit remettre l’objet entre les mains du créancier gagiste
ou d’un tiers représentant ce dernier.

Une troisième conséquence concerne la possession. En matière immobilière la


possession est distincte de la propriété. Ainsi le fait qu’une personne possède une
maison ne signifie pas nécessairement qu’elle en est propriétaire.

Au contraire en matière de meuble, la possession, même instantanée vaut titre.


Une quatrième conséquence est relative à la compétence des juridictions. Les actions en
justice relatives aux meubles et celles concernant les immeubles ne sont pas soumises
aux mêmes règles de compétence judiciaire (en matière d’immeuble le tribunal
compétent est celui dans le ressort duquel se trouve l’immeuble, en matière de meuble
les solutions sont différentes.

 Les intérêts liés à différence économique des deux catégories de biens


Les biens immeubles ont pendant longtemps été considéré comme ayant une valeur
économique supérieure à celle des meubles. Cette idée se traduisant par l’adage « res
mobilis res vilis » Partant de cette idée, le législateur a entouré les immeubles de règle
plus protectrices que les meubles afin d’assurer leur conservation dans la famille.

Il est ainsi, tout d’abord en matière de capacité et de pouvoir. La loi est généralement
moins sévère pour les opérations relatives aux meubles que pour celles concernant les

M. Thibaut BASSENE 35
immeubles. Il s’en suit que les pouvoirs attribués au gérant du bien d’autrui sont plus
étendus en matière mobilière qu’en matière immobilière.

SECTION II : LES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX

Ce sont des droits directement et fortement attachés à une personne et qui, comme le
nom l'indique, se situent en dehors du patrimoine de cette personne. Ils ne peuvent pas
être perçus comme ayant, directement du moins, une valeur pécuniaire, et ne peuvent
pas faire l'objet de commerce.
§1 : Les caractères des droits extrapatrimoniaux

Contrairement aux droits patrimoniaux, les droits extrapatrimoniaux sont incessibles :


ils ne peuvent pas être vendus. Par exemple, le droit à l'honneur, le droit à la vie, le
droit d'être éligible à une assemblée politique, le droit au nom ne peuvent pas être
vendu.

Les droits extrapatrimoniaux sont intransmissibles : en cas de décès, ils ne peuvent pas
être transmis aux héritiers. Ils sont insaisissables, c'est-à-dire que le créancier d'une
personne ne peut pas saisir les droits extrapatrimoniaux de celle-ci. Ils sont
imprescriptibles : ils n'ont pas de limite dans le temps.

§ 2 : CLASSIFICATION DES DROITS EXTRPATRIMONIAUX

Les droits subjectifs extrapatrimoniaux, très nombreux, se répartissent en deux


groupes. On distingue classiquement les droits subjectifs extrapatrimoniaux publics ou
de droit public et les droits subjectifs extrapatrimoniaux privés ou de droit privé.

A) Les droits extrapatrimoniaux publics


Les droits publics extrapatrimoniaux sont reconnus à toute personne dans ses rapports
avec l’État et opposables aux personnes privées. Ils concernent notamment les droits
politiques et les libertés publiques.

Les droits politiques


Les droits politiques sont les droits qui permettent à une personne de participer à l’exercice du
pouvoir. Il s’agit notamment du droit de vote, du droit de se présenter à une élection le droit à
l’égalité civique et politique…

M. Thibaut BASSENE 36
Les libertés publiques ou droits économiques et sociaux
Les droits relevant des libertés publiques se décomposent en droits individuels et droits
collectifs.
Les droits individuels incluent le droit à la liberté d’opinion, le droit à la liberté d’aller et
venir, la liberté de penser (ou de pensée), de conscience, d’expression, de croyance, la liberté
de réunion, d’association, de communication, de la presse, de l’enseignement, du culte.
Les droits collectifs comprennent notamment le droit syndical, le droit de grève.
B) Les droits extrapatrimoniaux privés
Les droits privés extrapatrimoniaux sont reconnus à toute personne dans ses rapports avec les
autres individus et opposables à l’État. On distingue souvent les droits familiaux et les droits
de la personnalité.
Les droits de la personnalité
Les droits de la personnalité sont les droits extrapatrimoniaux que la loi reconnaît à tout
être humain pour préserver son intégrité (droit de « rester intact »). Ils se composent
des droits à l’intégrité physique et des droits à l’intégrité morale.

Les droits à l’intégrité physique

Les droits à l’intégrité physique protègent le corps humain. Il s’agit d’une protection
contre les coups et blessures provenant d’autres personnes, ou provenant de la personne
elle-même (interdiction de la vente d’organes, par exemple). Dans l’intérêt de la
personne, ces droits à l’intégrité physique peuvent connaître quelques limitations :
opération chirurgicale, autopsie, par exemple.

Les droits à l’intégrité morale

Les droits à l’intégrité morale préservent des attributs de la personne qui ne sont pas
corporels.
Ces droits regroupent le droit au nom, le droit à l’honneur (droit de s’opposer aux injures, aux
diffamations publiques), le droit au respect de la vie privée, le droit à l’image.

Le droit au respect de la vie privée inclut le droit au respect du domicile (l’article 9
du Code civil garantit l’inviolabilité du domicile), au respect du secret de la correspondance,

M. Thibaut BASSENE 37
du secret professionnel. Le droit au respect de la vie privée permet à une personne de
s’opposer à la divulgation publique de ses données privées.

Le droit à l’image est le droit de s’opposer à la publication de son image :


toute personne, qu’elle soit connue ou non, dispose sur son image et sur l’utilisation qui
en est faite d’un droit exclusif, elle peut donc s’opposer à la diffusion et à la
reproduction de son image.
Ce caractère exclusif du droit à l’image peut être limité pour favoriser la liberté de la
presse et le droit à l’information : les personnages publics ou célèbres peuvent voir leur
image diffusée, dans l’exercice de leur fonction ou de leur activité professionnelle, dans
un but d’information ou de travail historique. L’autorisation n’est alors pas nécessaire,
mais la dignité humaine doit bien sûr être respectée.
Le droit à l’honneur implique le droit à la dignité et à la réputation. La dignité
vise surtout les malades. La réputation concerne la diffamation, la possibilité de
poursuivre celui qui a tenu, intentionnellement, des propos mensongers, afin d’obtenir
une réparation civile.
Les droits de la famille
Les droits de la famille sont les droits de l’individu dans le cadre de sa famille. Il s’agit
des droits liés au mariage : droit de se marier, fidélité et assistance au conjoint, droit au
divorce, droit de succession…
Les droits de la famille comportent également les droits entre parents et enfants : droit
d’entretien et d’éducation, droit d’autorité parentale, droit de filiation…

Les droits de la famille sont ceux dont un individu est titulaire parce qu’il appartient à une
famille : droits liés au mariage, droits règlementant les relations parents-enfants.

NB : Certains droits, à la fois patrimoniaux et extrapatrimoniaux, sont appelés mixtes ou


intellectuels, car ils émanent de l’esprit de l’homme.

Les droits patrimoniaux dits intellectuels sont les droits qui attachent une personne à une
œuvre de l’esprit. Les droits intellectuels sont des droits patrimoniaux dans la mesure où ils
ont une valeur pécuniaire et peuvent être vendus.

Mais ils ont également un caractère extrapatrimonial, faisant ainsi partie des droits de la
personnalité. En effet, le droit d’auteur vise également à protéger la personnalité de l’auteur.

M. Thibaut BASSENE 38
Celui-ci a un droit de divulgation sur son œuvre : il peut décider quand l’œuvre est terminée et
peut être divulguée au public. Il a un droit de paternité : cela se traduit en général par la
mention de l’auteur lors de l’exploitation de l’œuvre. Il a droit à l’intégrité de son œuvre : il
peut s’opposer à toutes modifications, déformations ou mutilations de son œuvre.

CHAPITRE II : RÉGIME DES DROITS SUBJECTIFS

Il s’agit de déterminer en premier lieu quelles circonstances sont à l’origine de


l’attribution de tel ou tel droit subjectif à une personne déterminée et en second lieu
d’exposer comment cette personne peut établir qu’elle est titulaire de ce droit.

SECTIONI I : SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS

Le droit objectif n’est qu’un aspect du phénomène juridique. Ensemble des règles qui
régissent la vie des hommes en société, il est destiné à s’appliquer à ceux-ci. Les droits
subjectifs sont les prérogatives reconnues aux sujets de droit par le droit objectif et
sanctionnées par lui.

Certaines circonstances ou certains comportements peuvent provoquer l’attribution de


droits subjectifs. Le critère qui permet de distinguer les sources en deux grandes
catégories est la volonté humaine. Ainsi les droits subjectifs découlent de la volonté
d’une ou plusieurs personnes qui créent une situation juridique : ce sont les actes

M. Thibaut BASSENE 39
juridiques. Ils peuvent également provenir de simples événements ou circonstances
indépendants de la volonté de créer une situation juridique.

§I : Les actes juridiques

Le Code civil dispose que « Les actes juridiques sont des manifestations de volonté destinées
à produire des effets de droit. Ils peuvent être conventionnels ou unilatéraux. Ils obéissent, en
tant que de raison, pour leur validité et leurs effets, aux règles qui gouvernent les contrats. »

Les actes juridiques sont nombreux. Le Code civil et la pratique opèrent plusieurs distinctions,
fondées sur la réciprocité des prestations, le but poursuivi par les parties, les conditions de
formation du contrat, la personne du contractant...ainsi, nous pouvons distinguer :

 Les actes unilatéraux et multilatéraux ;


 Les actes à titre onéreux et à titre gratuit ;
 Les actes conservatoires, d’administration et de disposition ;
 Les actes consensuels et les actes solennels ;
 Les actes conclus intuitu personae et les actes non conclus intuitu personae…
A) Les actes unilatéraux et multilatéraux
Dans les actes unilatéraux, seule une partie s’oblige envers une autre. En cas de donation,
par exemple, le donateur s’engage à transférer la propriété d’un bien, tandis que le donataire
(le bénéficiaire) n’a aucune obligation. Il convient de distinguer le contrat unilatéral, dans
lequel les deux parties donnent leur consentement (donation), et l’acte unilatéral, pour lequel
la volonté d’une seule partie suffit pour produire des effets juridiques (testament).

Dans les actes multilatéraux (ou synallagmatiques), les parties ont des obligations
réciproques (chacun est à la fois créancier et débiteur) et inter dépendantes. Ainsi, lors d’une
vente, le vendeur s’engage à transférer la propriété de la chose et l’acquéreur à payer le prix.
L’obligation de l’un est justifiée par l’obligation de l’autre.

En droit public, l’Administration peut prendre des actes unilatéraux, telles des nominations
de fonctionnaires ou des réquisitions de biens, ou conclure des actes multilatéraux, tels les
marchés publics ou les ventes d’immeuble de l’État.

M. Thibaut BASSENE 40
En droit privé, les actes unilatéraux sont les testaments (actes patrimoniaux) ou les
reconnaissances d’enfant (actes extrapatrimoniaux). Les actes bilatéraux sont la vente ou
l’échange.

B) les actes à titre onéreux et à titre gratuit


Dans les actes à titre onéreux, chaque contractant reçoit de l’autre un avantage en
contrepartie de celui qu’il procure. Ainsi, en cas de vente, d’échange ou de louage, les
avantages perçus par chaque partie sont équivalents.

Dans les actes à titre gratuit ou de bienfaisance, l’une des parties procure à l’autre un
avantage sans attendre ni recevoir de contrepartie. Elle est animée d’une intention libérale.
L’exemple classique est celui de la donation ou du service gratuit. Entrent également dans
cette catégorie de contrat le prêt d’argent sans intérêt, le mandat non salarié...

C) Les actes consensuels et les actes solennels


Les actes consensuels se forment par le seul échange des consentements, quel qu’en soit le
mode d’expression. Ainsi, l’article 1583 du Code civil prévoit que la vente est parfaite entre
les parties, et la propriété acquise par le vendeur, dès qu’il y a accord sur la chose et le prix,
même si la chose n’est pas encore livrée ou le prix pas encore payé. L’échange des
consentements suffit. Les actes solennels sont subordonnés, outre au consentement des
parties, à des formes déterminées par la loi : exigence d’un acte authentique, d’un acte sous
signature privée avec mentions légales et/ou manuscrites (al. 2).Une donation, par exemple,
doit être rédigée par acte notarié. Ces formalités sont exigées ad validitatem ou ad
solemnitatem. Leur non-respect aboutit, en principe, à la nullité absolue du contrat. L’objectif
est de protéger certaines parties, en attirant leur attention sur le contenu de la convention.

§ II. Les faits juridiques

Les faits juridiques sont des événements dont découlent des conséquences juridiques
(création, transmission ou extinction d’un droit subjectif), qui n’ont pas été
recherchées. Le Code civil dispose que « Les faits juridiques sont des agissements ou
des événements auxquels la loi attache des effets de droit. » Contrairement aux actes
juridiques, les conséquences juridiques sont indépendantes de la volonté humaine. La
notion de fait juridique recouvre des événements très divers. On distingue généralement

M. Thibaut BASSENE 41
les faits juridiques qui proviennent d’événements naturels des comportements humains.
De manière classique, nous pouvons distinguer les faits involontaires et volontaires.

A. Les faits juridiques involontaires


▪ Evénements naturels
Certains événements naturels, tels la foudre, un tremblement de terre ou une inondation,
peuvent être qualifiés de force majeure (imprévisible et irrésistible) et avoir des
conséquences juridiques. Le débiteur d’une obligation qui fait valoir qu’il a été
empêché d’exécuter à cause d’un tel événement peut voir sa responsabilité écartée.

▪ Événements de la vie
Certains événements, dits « de la vie », ont des conséquences juridiques. Il s’agit :

 de la naissance, première étape commune à tous ; elle permet d’acquérir la


personnalité juridique ;
 de la majorité, fixée à 18 ans ; elle marque la fin de la minorité et donc de la
protection, civile et pénale, liée à l’âge, et le début de la pleine capacité ;
 du décès, dernier événement de la vie commun à tous ; il marque la fin de la
personnalité juridique, la rupture du mariage... et la transmission du patrimoine.
▪ Écoulement du temps
L’écoulement du temps, événement naturel, emporte des conséquences juridiques : il
s’agit de la prescription. On distingue deux types de prescriptions :

La prescription acquisitive, l’écoulement du temps permet d’acquérir un droit. Le


possesseur d’une chose, par exemple, en acquiert la propriété au bout d’un certain
temps.
Seul le droit civil est concerné. Le délai de prescription varie de 5 ans à30 ans selon,
notamment, la bonne ou mauvaise foi du possesseur.
La prescription extinctive, l’écoulement du temps fait perdre un droit. Le titulaire
d’un droit ou d’une action en justice qui ne l’a pas exercé(e) pendant un certain temps
ne peut plus agir. Son inaction prolongée lui a fait perdre son droit. L’objectif est de
sanctionner la négligence du créancier qui n’a pas réclamé le paiement au débiteur,
qu’il s’agisse d’un particulier, du fisc... D’une part, plus le temps passe, plus il est
difficile de rassembler des preuves. D’autre part, celui qui ne réclame pas l’exécution
de son droit ne semble pas en avoir besoin. Contrairement à la prescription acquisitive,
M. Thibaut BASSENE 42
la prescription extinctive concerne plusieurs branches du droit. En droit civil, le délai
de prescription est en principe de 5 ans (10 ans pour les dommages corporels). En droit
commercial, il est également, en principe, de 5 ans. En droit pénal, il varie selon le type
d’infraction : 10 ans pour les crimes, 3 ans pour les délits, 1 an pour les contraventions.

B. les faits juridiques volontaires


Les faits juridiques volontaires sont les comportements, volontaires, de l’homme qui
font naître un droit subjectif, sans que la conséquence juridique que la loi y attache ait
été spécialement recherchée. Il s’agit de la responsabilité civile, des quasi-contrats et
de la possession.

1- La responsabilité civile
La responsabilité est l’obligation de répondre de ses actes. En droit, la responsabilité est
la sanction juridique d’un comportement dommageable. Il est d’usage de distinguer les
responsabilités administrative, pénale et civile et plus précisément, au sein de cette
dernière, les responsabilités contractuelle et extracontractuelle. La responsabilité civile
suppose la réunion de trois conditions : un dommage, un fait générateur et un lien de
causalité entre eux.

Responsabilité Responsabilité Responsabilité Civile


administrative pénale

Réparer les Sanctionner la Responsabilité Responsabilité


dommages commission extracontractuell contractuelle
causés par d’une e Réparer les Réparer les
l’Administratio infraction: dommages dommages
n –contravention causés à autrui : causés à autrui:
– délit –par son fait –par
– crime personnel l’inexécution
(responsabilité –par la
du fait mauvaise
personnel) exécution
– par le fait d’une
d’une personne obligation
dont on doit issue d’un
répondre contrat
(responsabilité
du fait d’autrui)
– par le fait
d’une chose que
l’on a sous sa
M. Thibaut BASSENE 43
garde
(responsabilité)

2- Les quasi-contrats
Les obligations peuvent résulter d’un acte ou d’un fait juridique, selon qu’elles ont été
recherchées ou pas. On distingue :

– les faits dont il résulte des obligations non recherchées : ce sont des délits (s’ils ont
été intentionnels) ou des quasi-délits (s’ils n’ont pas été intentionnels)

-les actes (toujours intentionnels) dont il résulte des obligations recherchées par les
parties : il s’agit des contrats ;

– les actes dont il résulte des obligations non recherchées par les parties : ce sont des
quasi-contrats.

« Les quasi-contrats sont des faits purement volontaires dont il résulte un engagement
de celui qui en profite sans y avoir droit, et parfois un engagement de leur auteur envers
autrui. » Contrairement aux contrats, il n’y a pas d’accord de volonté entre les parties.
Contrairement aux délits ou aux quasi-délits, les faits à l’origine de l’obligation sont
licites.

Le Code civil envisage trois types de quasi-contrats, cette liste n’étant pas exhaustive :
la gestion d’affaires, le paiement de l’indu et l’enrichissement injustifié.

▪ La gestion d’affaires
Il y a gestion d’affaires lorsqu’une personne (le gérant) accomplit un acte dans l’intérêt
d’une autre (le géré ou « maître de l’affaire »), sans que celle-ci l’en ait chargée et sans
y avoir été tenue par la loi ou une décision judiciaire. Il en est ainsi, par exemple,
lorsqu’une personne procède à des réparations nécessaires sur la maison de son voisin
absent.

▪ La restitution de l’indu

M. Thibaut BASSENE 44
Cela signifie que celui qui a reçu ce qui ne lui était pas dû (l’accipiens, le payé) doit le
restituer à celui qui a payé à tort (le solvens, le payeur). Il en est par exemple ainsi
lorsqu’un héritier paye une facture du défunt, alors que celui-ci l’avait déjà réglée.

▪ L’enrichissement injustifié
« En dehors des cas de gestion d’affaires et de paiement de l’indu, celui qui bénéficie
d’un enrichissement injustifié au détriment d’autrui doit, à celui qui s’en trouve
appauvri, une indemnité égale à la moindre des deux valeurs de l’enrichissement et de
l’appauvrissement. »(art 1030 C.CIV).

3- La possession
La possession est le fait d’exercer les prérogatives d’un droit (de propriété) ou d’un état
(d’enfant), que la personne soit ou non titulaire de ce droit ou de cet état. La loi accorde à
celui qui exerce, en fait, un droit ou un état, la protection de la situation de fait dont il jouit.
Deux domaines sont concernés : le droit des biens et le droit de la famille.

▪ En droit des biens


En droit des biens, la possession a pour effet de permettre d’acquérir la propriété. La durée
varie, selon qu’il s’agit d’un bien meuble ou immeuble et selon que le possesseur est de bonne
ou de mauvaise foi, la bonne foi étant présumée :

-si le possesseur est de bonne foi, l’acquisition de la propriété est instantanée pour les biens
meubles, et peut intervenir au bout de 10 ans pour les biens immeubles ;

- si le possesseur est de mauvaise foi, l’acquisition de la propriété intervient au bout de 5 ans


pour les meubles et 30 ans pour les immeubles.

▪ En droit de la famille
Elle permet de tenir compte d’un lien affectif, solide et connu de l’entourage, qui a pu se créer
entre une personne et un enfant. Elle s’attache ainsi à la filiation sociologique, vécue. Elle
atténue le principe selon lequel le lien de filiation doit reposer sur un lien biologique,
puisqu’elle ne coïncide pas nécessairement avec la vérité biologique. Elle permet de prouver
la filiation (C. civ. art. 317), voire de la rendre inattaquable, lorsqu’elle est conforme au titre
de l’enfant : acte de naissance ou reconnaissance (C. civ. art. 333).

M. Thibaut BASSENE 45
SECTION 2. LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS

La mise en œuvre des droits subjectifs suppose que leur existence soit établie. Il faut
apporter la preuve du droit qu’on invoque. Il ne suffit pas qu’un sujet de droit invoque
l’existence d’un droit subjectif pour qu’il soit considéré comme titulaire de ce droit. Il
faut encore qu’il soit en mesure de prouver l’existence de son droit. Cela signifie qu’«
avoir un droit et ne pas pouvoir le prouver revient à ne pas avoir de droit ». Selon la
formule de Ihering : « la preuve est la rançon des droits ».

La preuve est un procédé qui permet d’établir qu’un acte ou un fait juridique
existe. Un individu peut être amené à rapporter des preuves dans deux cas : d’une part,
en dehors de tout procès, c’est la preuve extra contentieuse, d’autre part lors d’un
procès, c’est la preuve contentieuse. Dans ce dernier cas il faudra se demander qui doit
faire la preuve et comment apporter cette preuve.

C’est la loi qui prévoit les règles d’administration de la preuve, et répond aux questions
principales : qui doit prouver quoi et comment ?

§ I : LA CHARGE DE LA PREUVE

Il s’agit de déterminer quelle partie au procès doit prouver les faits invoqués. On distingue
deux types de procédure : la procédure inquisitoire et la procédure accusatoire. Dans la
première (en matière administrative ou pénale au stade de l’instruction), le juge a la maîtrise
du procès et recherche lui-même les preuves (« à charge et à décharge »), alors que dans la
seconde c’est aux parties qu’il incombe de réunir les preuves à l’intention du juge.
Il y a trois personnes dans un procès :
– le demandeur, qui intente l’action en justice ;
– le défendeur, qui est assigné ;
– le juge, qui doit indiquer si la demande du premier est fondée.
La question qui se pose est de savoir à qui la charge de la preuve est attribuée.
A- Principe
Selon l’article 1353 du Code civil, « Celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la
prouver. Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a
produit l’extinction de son obligation.». La charge de la preuve incombe au demandeur en
vertu de l’adage « Probatio actori incumbit ». Celui qui se prétend titulaire d’un droit doit le

M. Thibaut BASSENE 46
prouver (actori incumbit probatio). « Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit
justifier le paiement ou le fait qui a produit l’extinction de son obligation » (al. 2) : celui qui
prétend avoir exécuté son obligation et être libéré doit prouver cette exécution (reus in
excipiendo fit actor).

Exemple : La personne qui a commandé un colis et n’a pas été livrée doit seulement prouver
qu’elle a passé commande (d’où l’importance du bon de commande). Elle n’a pas à démontrer
l’absence de livraison. C’est au contraire au livreur de prouver qu’il a correctement acheminé
le colis (d’où l’importance du bon de livraison).

B- Exception : les présomptions légales


Il arrive parfois que l’existence d’un fait ou d’un acte juridique soit difficile à
démontrer. La loi dispense alors la partie d’en apporter une preuve directe et va déduire
l’existence de ce fait d’un autre fait, plus facile à prouver. Elle va tenir un fait pour
prouver, parce que d’autres faits le rendent vraisemblable. Cela s’appelle une «
présomption légale » (une déduction, dans le langage courant), reposant sur un calcul
de probabilité, en dehors de tout examen des circonstances particulières de l’affaire. Il
existe des présomptions simples, des présomptions irréfragables et des présomptions
mixtes. Elles sont limitativement énumérées par la loi et lient le juge.
▪ Présomption légale simple (ou « relative », ou juris tantum).
Une présomption est simple lorsqu’elle peut être combattue par tous les moyens.
En principe, l’enfant d’une femme mariée a pour père le mari. Or, en pratique, il est
très difficile de prouver l’existence de relations intimes entre les conjoints au moment
de la conception et l’existence de relations uniquement avec le mari. Le Code civil a
donc prévu, à l’article 312, une présomption de paternité. Le mari d’une femme qui
vient d’accoucher bénéficie d’une présomption pour dire qu’il est le père. Il n’a pas
besoin d’en rapporter la preuve. Cependant, parfois, il n’est pas le père. La loi lui
permet donc de rapporter toutes preuves contraires pour démontrer que le père est un
tiers (emprisonnement ou voyage à l’étranger du mari pendant la période de
conception, stérilité...).
▪ Présomption légale irréfragable (ou « absolue », ou juris,ou de jure).
La présomption est irréfragable lorsque la preuve contraire ne peut pas être rapportée.
Cela constitue une sorte de fiction, souvent justifiée par des intérêts de paix publique.
L’autorité que la loi accorde à la chose jugée est une présomption irréfragable.
▪ Présomption légale mixte ou semi-irréfragable.
M. Thibaut BASSENE 47
La présomption est mixte lorsque la loi limite les moyens par lesquels elle peut être
renversée ou l’objet sur lequel elle peut être renversée .D’origine jurisprudentielle, ces
présomptions sont désormais consacrées par le Code civil.

§ II. LES DIFFERENTS MODES DE PREUVE

Il nous faudra présenter les différents modes de preuve puis, ces différents modes de preuve
ne pouvant avoir la même force probante, envisager leur admissibilité.

Il en existe cinq, prévus par la loi : les preuves littérales, les aveux, les serments, les
témoignages et les présomptions (art 12 COCC). En pratique, on distingue :
– les preuves parfaites, considérées comme fiables (écrit, aveu judiciaire, serment décisoire),
qui lient le juge;
– les preuves imparfaites, plus « aléatoires » (témoignage, aveu extrajudiciaire, présomption
de fait, serment supplétoire), qui laissent au juge son pouvoir d’appréciation.
A/ Les preuves parfaites

Ce sont celles à qui on attribue la force probante la plus grande. Elles peuvent exister avant le
procès ou être constituées lors du procès.

a) Les preuves littérales

Les preuves littérales sont des écrits qui émanent des parties au procès et qui sont destinés à
servir de preuve. Il s’agit de preuves « préconstituées », ce qui tend à leur donner une valeur
objective.

1. Acte authentique

L'acte authentique est un acte dressé par un officier public compétent, selon les formalités
requises par la loi.

Il s’agit des officiers ministériels, les notaires, les huissiers de justice, les greffiers, les
commissaires-priseurs, les consuls et les officiers d’état civil.

Trois conditions doivent être réunies pour qu'un écrit soit qualifié d'acte authentique :

M. Thibaut BASSENE 48
- L'écrit doit être dressé par un officier public, c'est-à-dire principalement les
notaires, ainsi que les officiers d'état civil, les huissiers de justice et, à l'étranger, les
consuls.
- L'officier public doit être compétent. On distingue la compétence d'attribution et la
compétence territoriale, qui sont toutes deux fixées par la loi. Ainsi les notaires ont
une compétence d'attribution générale pour établir les actes et conventions qui
intéressent les particuliers, et leur compétence territoriale est nationale. En
revanche, les officiers d'état civil (les maires, ou leurs adjoints, sur délégation) ont
une compétence limitée à la rédaction d'actes d'état civil dans le ressort de leur
commune.
- Plusieurs formalités doivent être respectées. Ainsi, l'acte doit être écrit en langue
française, sans que soient laissés d'interligne vacant ni de blanc ; il doit être daté et
signé par le notaire et par les parties.
2. Actes sous seing privé

L'acte sous signature privée est un acte établi par les parties elles-mêmes, sous leur seule
signature et sans intervention d'un officier d'état public.

Une seule condition est exigée d’une manière générale : la signature manuscrite des
parties. Si l’acte sous seing privé est un contrat synallagmatique (contrat qui fait naître
des obligations réciproques) il doit être dressé en autant d’originaux qu’il y a de parties
qui ont des intérêts distincts. Peu importe la langue, le support... La signature peut être
apposée sur une feuille de papier libre (dactylographiée ou manuscrite), au stylo ou au
crayon. À l’exception du testament, les actes sous signature privée peuvent être
valables même s’ils ne sont pas datés.

3. Écrit sous forme électronique


La définition générale de l’écrit retenue par l’article 1316 du Code civil dans sa
rédaction issue de la loi du 13 mars 2000 permet l’admission de l’écrit sous forme
électronique comme moyen de preuve.

Pour être reconnu comme mode de preuve au même titre que l’écrit sur support papier,
l’article précise que l’écrit sous forme électronique doit remplir deux conditions. Il faut
d’abord que la personne dont il émane puisse être dûment identifiée. Il faut ensuite
qu’il soit établi et conservé dans des conditions de nature à en garantir l’intégrité.
M. Thibaut BASSENE 49
4. Les autres écrits
Dans un système de preuve libre, certains écrits peuvent être invoqués comme preuve
alors même qu'ils n'ont pas été établis à des fins probatoires.
Tous les écrits sont concernés, qu'ils soient signés ou non signés, et notamment : les
lettres missives (courrier, courriel), qui peuvent être produites par le destinataire si
l'expéditeur ne s'y oppose pas. Elles peuvent selon les cas tenir lieu d'aveu
extrajudiciaire (si elles contiennent une reconnaissance du droit qui est contesté par son
auteur) ou de commencement de preuve par écrit, ou, à défaut, de simple indice ;
Les registres ou papiers domestiques : notes personnelles et livres de comptes tenus par
les particuliers ;
Les livres de commerce tenus par les commerçants, etc.
b) L’aveu judiciaire
L’aveu est judiciaire lorsque la personne contre laquelle on prétend avoir un droit (ou
son représentant spécialement mandaté) avoue l’existence de ce droit au cours du
procès. Il doit s’agir de l’instance au cours de laquelle est débattu le fait litigieux et
d’une personne capable de disposer du droit litigieux. L’aveu peut être écrit ou verbal.
Il est :
– indivisible, si une personne avoue avoir emprunté de l’argent mais déclare avoir
remboursé, le créancier ne peut pas se prévaloir de l’aveu de l’emprunt et non du
remboursement ;
– irrévocable, celui qui avoue ne peut revenir sur son aveu, à moins de prouver qu’il a
été la suite d’une erreur de fait (et non de droit). Ainsi, celui qui avoue devoir de
l’argent parce qu’il a oublié de payer, et retrouve la quittance, peut revenir sur son
aveu.
c) le serment décisoire
Le serment décisoire est celui qui est déféré par un plaideur à son adversaire, sur un fait
dont dépend l'issue du litige.
L'hypothèse est la suivante : un des plaideurs, à cours d'argument, offre de renoncer à
sa prétention si l'autre partie affirme sous serment que les faits sur lesquels elle se
fonde personnellement sont vrais. Cette offre porte le nom de délation de serment.
Si celui à qui le serment a été déféré accepte et jure, il gagne le procès (la seule
sanction possible serait alors d'engager une procédure pénale pour faux serment.

M. Thibaut BASSENE 50
Mais il peut également refuser de jurer, et référer le serment à celui qui le lui avait
déféré, en lui offrant d'abandonner sa propre prétention si l'adversaire affirme que la
sienne est fondée.
Si le premier jure, il gagne le procès.
S'il refuse, on considère que c'est un aveu tacite, et il perd.
Exemple : une personne doit 1 0 000 000 à une autre et ne la rembourse pas. Le
créancier ne peut prouver l’acte. Il demande au débiteur de prêter serment. Ce dernier
a trois possibilités :
– soit il jure qu’il ne doit rien et il gagne le procès, dès lors que le serment décisoire
est une preuve légale qui lie le juge.
– soit il ne dit rien et, le silence étant une preuve contre lui, il est obligatoirement
condamné ;
– soit il défère le serment (il demande au créancier de jurer qu’il lui doit quelque
chose) ; le créancier doit alors jurer qu’il est bien le créancier pour obtenir gain de
cause, et le débiteur perd son procès. À défaut, c’est le débiteur qui gagne le procès.
B) les preuves imparfaites
a) Les témoignages
Un témoignage est la relation faite, par un tiers à un litige, de faits dont il a eu
personnellement connaissance. La déclaration peut être écrite ou orale.
La preuve testimoniale se distingue donc de la preuve dite par commune renommée, les
gens témoignent de ce qu'ils ont su par ouï-dire ou par la rumeur publique.
Le témoignage ne constitue pas une preuve légale, mais morale. Sa force probante est
laissée à l’appréciation du juge. Ce dernier peut le rejeter s’il n’est pas convaincu.

b) Les présomptions judiciaires


Les présomptions judiciaires, également appelées« présomptions de fait » ou «
présomptions de l’homme », sont les conséquences que le magistrat tire d’un fait connu
à un fait inconnu. Il ne s’agit pas d’une dispense ou d’un renversement de la charge de
la preuve, mais d’un mode indirect de preuve. En d’autres termes à partir de
circonstances établies, le juge va présumer l’existence de faits inconnus. Par exemple
les traces de freinage sur la route, le compteur de vitesse bloqué… peuvent permettre
de présumer la vitesse d’un véhicule.
Les présomptions judiciaires se distinguent des présomptions légales pour lesquelles la
loi dispense une partie de prouver ce qu’elle devrait normalement démontrer.
M. Thibaut BASSENE 51
L’absence de protestation ou réserve de la part du titulaire du compte bancaire, après
la réception du relevé de compte mentionnant un virement, par exemple, fait présumer
que ce virement a été opéré avec son accord.
c) L’aveu extrajudiciaire
L’aveu extrajudiciaire intervient en dehors de tout procès ou au cours d’un procès
différent de celui qui oppose actuellement les plaideurs. S’il est fait par écrit, il est
assimilé à une preuve écrite (acte sous signature privée ou authentique). S’il est verbal,
il est assimilé à un témoignage. Il n’a pas la même sue force probante que l’aveu écrit,
dès lors que celui qui avoue un fait oralement peut agir sans mesurer ses paroles. Ainsi,
l’aveu extrajudiciaire verbal n’est recevable que dans les cas où les témoignages sont
recevables.
La force se probante de l’aveu extrajudiciaire est laissée à l’appréciation du juge.
d) Le serment supplétoire
Le serment supplétoire est « celui qui est déféré d’office par le juge à l’une ou à l’autre
des parties». Il permet au juge de compléter son information lorsqu’il n’est pas
convaincu par les preuves produites. Utile à une époque où le rôle du juge dans
l’administration des preuves était purement passif, le serment supplétoire tombe en
désuétude aujourd’hui, le juge préférant ordonner une enquête ou une expertise.
La partie à qui le serment a été déféré ne peut que jurer ou refuser de jurer : elle ne peut
référer le serment à son adversaire. La force probante du serment supplétoire est
moindre que celle du serment décisoire : qu’il ait été prêté ou refusé, il est
souverainement apprécié par les juges qui ne sont pas liés.

M. Thibaut BASSENE 52
§ IV. L'admissibilité des modes de preuves

Les droits subjectifs ont deux sources : les actes juridiques et les faits juridiques. Cette
distinction se retrouve à propos de l’admissibilité de la preuve.

- En ce qui concerne la preuve des actes juridiques, le système de la preuve légale


règne. L’admissibilité des preuves et leurs effets sont prévus par la loi de façon
précise. L’acte juridique résultant d’une manifestation délibérée de volonté, il est en
effet possible d’exiger des parties qu’elles en pré constituent la preuve par la rédaction
d’un écrit en la forme authentique ou sous signature privée. C’est pourquoi, la preuve
des actes juridiques se fait essentiellement par preuve écrite ;
A) L’exigence de la preuve écrite
L’exigence de la preuve des actes juridiques par écrit est formulée par l’article 14 du
COCC :« Il doit être passé acte devant notaire ou sous signatures privées de toute convention
dont l'objet excède 20.000 francs. » La loi impose non seulement que la preuve d’un acte
juridique soit écrite, mais n’admet sa preuve contraire que si elle est elle-même écrite.

B) Les exceptions à l’exigence de la preuve écrite

M. Thibaut BASSENE 53
Cette exigence de la preuve écrite a toujours connu quelques exceptions. es exceptions sont
prévues aux articles 15 et 16 du COCC. Ainsi la preuve de l’acte juridique par écrit n’est pas
exigée :

– En cas d’impossibilité matérielle ou morale de se procurer un écrit. Si le demandeur n’a


pas pu se pré-constituer une preuve écrite, pour des raisons matérielles ou morales, il en est
dispensé.
-En cas d’existence d’un commencement de preuve par écrit (art 16 COCC)
En cas de perte de l’original par force majeure.
-Preuve entre commerçants
L’article 1341, alinéa 2, du Code civil dispose que : la règle de la preuve des actes juridiques
par écrit s’applique « sans préjudice de ce qui est prescrit dans les lois relatives au commerce
». Or, l’article L. 110-3 du Code du commerce dispose qu’à l’égard des commerçants, les
actes de commerce peuvent se prouver par tout moyen. On justifie généralement cette
exception par la nécessaire rapidité des relations commerciales qu’heurterait l’exigence d’un
écrit. Quant aux actes mixtes, passés entre un commerçant et un non commerçant, il faut
distinguer. Si la preuve contre le commerçant est libre, la preuve apportée par le commerçant
contre son adversaire est soumise au droit civil.
C) La preuve des faits juridiques
Par opposition, la preuve des faits juridiques est laissée au système de la preuve libre. Ne
pouvant être prévue par les parties, leur preuve ne peut être préparée et se fera effectivement
par tous moyens et rarement écrits. En particulier les délits ou quasi-délits source de
responsabilité civile se prouvent librement. Notamment, le principe selon lequel « nul ne peut
se constituer une preuve à lui-même » ne vaut que pour la preuve des actes juridiques et ne
s’applique donc pas aux faits juridiques. En revanche, le système de la liberté de la preuve est
écarté par la loi pour certains faits. Il en est ainsi de l’état des personnes (la naissance, le
mariage, le décès...), qui se prouve par les actes de l’état civil, et de la filiation dont la preuve
est spécialement réglementée.

ACTE JURIDIQUE FAIT JURIDIQUE


PRINCIPE Modes de preuve littérale ou par Modes de preuve libre ou par
écrit tout moyen
 Écrit authentique • Témoignage
 Écrit sous seing • Présomption de fait

M. Thibaut BASSENE 54
privé • Écrit non signés
 Écrit électronique • Aveu
• Serment

EXCEPTIO Modes de preuve libre ou par tout Modes de preuve littérale ou par
N moyen pour écrit pour
 Contrats commerciaux  Naissance
 Impossibilité  Mort
matérielle ou morale
de se procurer un écrit
 Commencement de
preuve par écrit
 Écrit perdu par cas de
force majeur

Partie III : Les sujets de droit


Qu’est-ce qu’une personne pour le droit ? Qu’entend-on par « personnalité juridique » ?
A quoi sert la personnalité juridique ?
La personnalité juridique est une notion abstraite. Elle est reconnue à toute personne
juridique. C’est pourquoi il est important de définir ce que le droit français considère
comme une personne, puis d’étudier ce que recouvre la notion de personnalité
juridique, et son utilité.
Section I : Les différentes catégories de personnes juridiques.

§1. Les deux catégories de personnes juridiques

M. Thibaut BASSENE 55
Les personnes sont des sujets de droit, et en droit, le mot « personne » a un sens plus
large que dans le langage courant. On distingue ainsi deux catégories de personnes : les
personnes physiques et les personnes morales.

a. Les personnes physiques

Une personne physique est un être humain vivant, sans distinction de sexe, de race, et
de religion, conformément au préambule de la Constitution.

b. Les personnes morales

Une personne morale est un groupement d’individus réunis dans un intérêt commun.
Par exemple, trois amis se sont associés pour créer une société de services
informatiques. Cette société est une personne morale.
On distingue deux sortes de personnes morales :
• les personnes morales de droit public ;
• les personnes morales de droit privé.
Les personnes morales de droit public regroupent les collectivités publiques (l’Etat, les
régions, les départements, les communes), les établissements publics (universités,
hôpitaux…).
Les personnes morales de droit privé sont créées par la volonté de certains individus.
Cela peut être une société, une association, un syndicat…
Parmi les personnes morales de droit privé, on fait encore une distinction entre
personne morale de droit privé à but lucratif, et personne morale de droit privé à but
non lucratif.
La personne morale de droit privé à but lucratif a pour objectif de faire des bénéfices. Il
s’agit notamment des sociétés (Société Anonyme, Société à Responsabilité Limitée,
Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée…).

La personne morale de droit privé à but non lucratif poursuit un but autre que la
recherche de bénéfices : les syndicats ont pour but de défendre les intérêts d’un groupe
d’individus ; les associations peuvent avoir des buts très divers (pratique d’un sport, but
humanitaire, artistique, etc.).

§2. La personnalité juridique

M. Thibaut BASSENE 56
a. Définition de la personnalité juridique

A partir du moment où elles existent, les personnes sont dotées de la personnalité


juridique, qui consiste à pouvoir avoir des droits (droit de propriété, droit de vote, droit
d’agir en justice…), mais aussi à respecter des obligations (respect du droit du
travail…).

La personnalité juridique se définit donc comme l’aptitude à être titulaire de droits et à


être soumis à des obligations.

b. Intérêt de la personnalité juridique

Pour la personne physique, la personnalité juridique permet de reconnaître à l’être


humain des droits qui vont le protéger, lui et ses biens.
La personnalité juridique de la personne morale permet à un groupe d’individus
d’organiser la mise en commun de moyens financiers, humains, techniques, pour créer,
produire, générer de l’activité économique et sociale.
L’existence d’une personnalité propre offre ainsi à ce groupement la possibilité de faire
pour son propre compte des actes juridiques. La personne morale a un patrimoine
(ensemble de ses biens et de ses dettes), distinct de celui des personnes qui l’ont créée.
d. Début et fin de la personnalité juridique de la personne physique

La personnalité juridique débute à la naissance de l’enfant, à condition :


• qu’il soit né vivant (un enfant mort-né n’a pas la personnalité juridique) ;
• qu’il soit né viable (un enfant né vivant, mais à qui il manque des organes nécessaires
à sa survie n’a pas la personnalité juridique).
Exceptionnellement, un enfant conçu mais pas encore né peut avoir la personnalité
juridique si c’est dans son intérêt, pour recevoir un héritage, par exemple. La
personnalité juridique n’est confirmée que s’il naît vivant et viable.
Tout homme conserve sa personnalité juridique jusqu’à sa mort. La personnalité
juridique prend donc fin au décès de la personne, décès constaté médicalement et
déclaré en mairie.
En cas de disparition lors d’un événement catastrophique (naufrage, tempête…), le
décès est déclaré par un jugement.

M. Thibaut BASSENE 57
Lorsqu’une personne disparaît, et qu’on ne sait pas si elle est vivante ou morte, un
jugement peut déclarer l’absence au bout de dix ans, ce qui aura les mêmes effets que le
décès.
d. Début et fin de la personnalité juridique de la personne morale

Pour une personne morale, la naissance prend la forme d’une déclaration à l’autorité
publique.
La personnalité juridique d’une société débute avec l’immatriculation de celle-ci au
Registre du Commerce et des Sociétés (R.C.S.).
Pour qu’une association acquiert la personnalité juridique, sa création doit faire l’objet
d’une déclaration à la Préfecture. Cette association n’aura la personnalité juridique que
le jour de la parution au Journal officiel de la déclaration de sa création.

Un syndicat dispose de la personnalité juridique à partir du dépôt de ses statuts à la


mairie.
Une personne morale peut disparaître (on parle de dissolution), pour plusieurs raisons :
• dissolution légale (les statuts de la personne morale prévoyaient un terme (une fin) qui
est arrivé ;
• dissolution volontaire (les participants (associés d’une société, membres d’une
association) décident de mettre fin à la personne morale ;
• dissolution judiciaire (un tribunal prononce la liquidation judiciaire, à cause
d’infractions commises, ou plus fréquemment à cause de difficultés économiques).
La fin de la personnalité juridique correspond à la radiation du Registre du Commerce
et des Sociétés pour les sociétés, à une déclaration à la Préfecture pour les associations.

A retenir

En droit, on distingue deux catégories de personnes juridiques, les personnes physiques


que sont les individus, et les personnes morales, groupements d’individus réunis dans un
A retenir
intérêt commun.
La personnalité juridique se définit comme l’aptitude, pour une personne, à être titulaire de
droits, et à être soumise à des obligations. M. Thibaut BASSENE 58
Toute personne, à partir du moment où elle existe, à la personnalité juridique. Tout
individu peut ainsi faire reconnaître ses droits et protéger ses biens, et la personnalité

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