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Première partie 

: Le droit objectif
Le droit objectif, comme il a déjà été mentionné, est l’ensemble des règles juridiques qui régit les
rapports des hommes entre eux. L’attention doit donc être focalisée sur cette notion de règle
juridique (chapitre 1). Mais, cela ne saurait suffire pour appréhender toutes les dimensions du droit
objectif. Aussi, faut-il s’interroger sur ses divisions (chapitre 2), sur ses sources (chapitre 3) ainsi que
sur son application dans le temps et dans l’espace (chapitre 4).

Chapitre 1 : La règle de droit


L’analyse de la règle de droit impose le recensement de ses différents caractères afin de déterminer
son critère d’identification (section 1) et pouvoir la distinguer des autres règles de conduite sociale
(section 2). Une fois la règle juridique identifiée, nous nous interrogerons sur son but (section 3).

Section 1 : Les caractères essentiels de la règle de droit


La règle de droit présente plusieurs caractères :

-Elle est générale et abstraite

La règle de droit s’adresse à tout le monde sans viser une personne en particulier, car elle a vocation
à s’appliquer aux situations juridiques et non aux personnes qui se trouvent dans ces situations.
Autrement dit, la norme juridique s’applique de façon objective indépendamment des personnes
visées par son commandement.

Ce caractère général est une manifestation de l’application du principe de l’égalité de tous devant la
loi.

-Elle est obligatoire  :

La règle de droit s’impose car elle édicte de véritables commandements. Mais, il existe des degrés
dans cette force obligatoire. En effet, il faut distinguer entre loi impérative et loi supplétive.

La loi impérative ou d’ordre public s’impose de façon absolue à tous les individus, et personne ne
peut y déroger. C’est le cas de la majorité des dispositions légales de droit public et de droit pénal
(exemple : le meurtre, le vol, le viol tombent sous le coup de la répression).

Les règles impératives sont en définitive des dispositions qui traduisent des principes fondamentaux
ou des valeurs que notre société considère comme étant sacrés.

Quant aux règles supplétives, elles ne s’imposent pas de façon absolue car les particuliers peuvent les
écarter en manifestant une volonté en ce sens. Autrement dit, le législateur pose une règle tout en
laissant les particuliers libres de l’observer ou de l’écarter.

Les règles supplétives sont fréquentes en droit des contrats. On peut donner comme exemple la
vente portant sur un objet mobilier. L’article 502 du DOC précise à ce propos que la livraison se fait
au lieu où la chose vendue se trouvait au moment de la conclusion du contrat, c’est-à-dire
généralement au magasin du vendeur, s’il n’en a été autrement convenu. Cela veut dire que les
parties restent libres d’opter en faveur d’un autre lieu de livraison tel que le domicile de l’acheteur.
Toutefois, si les parties n’ont pas manifesté une volonté contraire, la livraison doit se faire au lieu fixé
par l’article 502 du DOC, c’est-à-dire au magasin du vendeur.
Comment savoir si on est en présence d’une loi impérative ou simplement supplétive ?

Dans plusieurs cas, le législateur nous renseigne lui-même sur la nature de la règle de droit : quand il
utilise la mention « toute stipulation contraire est sans effet » ou « toute disposition contraire est
réputée non écrite » ou encore « cette règle est d’ordre public », la règle est impérative.

Exemple : l’article 77 du DOC (précité) : « Tout fait quelconque de l’homme qui, sans l’autorité de la
loi, cause sciemment et volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à
réparer ledit dommage, lorsqu’il est établi que ce fait en est la cause directe.

Toute stipulation contraire est sans effet ».

En revanche, lorsque le législateur utilise la mention « ….s’il n’en a été autrement convenu » ou
encore « à défaut de convention contraire », on comprend que la règle est supplétive.

Exemple : l’article 734 du DOC : « le commettant ou maître est tenu de payer le prix selon ce qui est
dit au contrat ou établi par l’usage du lieu ; à défaut de convention ou d’usage, le prix n’est dû
qu’après l’accomplissement des services ou de l’ouvrage qui font l’objet du contrat ».

Si le texte ne comporte pas de telles mentions, c’est au juge qu’il revient de dire si la règle en cause
est impérative ou supplétive.

-Elle est coercitive

La règle de droit est sanctionnée par l’autorité publique, et ce dans le but d’assurer la pérennité et la
permanence du droit. En effet, dépourvue de toute sanction, la règle de droit ne serait rien d’autre
qu’un conseil, une indication ou un renseignement.

Section 2 : Les caractères des autres règles de conduite sociale


-La règle morale :

La règle morale est une norme établissant une opposition entre le bien et le mal. C’est une règle
individuelle fondée sur les principes de justice et de charité.

Aujourd’hui, la distinction entre droit et morale est clairement affirmée et ce à plusieurs points de
vue :

Au niveau des sources : les sources du droit et de la morale ne sont pas les mêmes. Les règles de la
morale sont issues de la révélation divine, de la conscience individuelle ou de l’éthique sociale, alors
que les règles de droit sont issues de la volonté des gouvernants.

Au niveau de la finalité : la règle morale précise ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire, et ceci
en référence à une visée fondamentale ce l’homme. Elle définit un idéal de conduite tant vis-à-vis
d’autrui que de soi- même. Elle a donc pour but le perfectionnement intérieur de l’homme.

Quant au droit, il a pour but d’assurer l’ordre social, il ne régit la conduite des hommes qu’en tant
qu’ils vivent en société.

Au niveau des sanctions : les sanctions du droit et de la morale ne sont pas les mêmes. Alors que le
droit est sanctionné de manière externe par les pouvoirs publics, la sanction de la règle morale est
interne : l’homme face à sa conscience.

-Les règles religieuses


Il s’agit des commandements imposés par la religion. Elles présentent des ressemblances avec les
règles de droit : aussi bien le droit que la religion condamnent le meurtre, le vol ou encore le faux
témoignage.

La différence se situe au niveau de la sanction. C’est ainsi que la violation d’un commandement
religieux met en cause la relation de l’homme avec dieu. La sanction est donc interne. Par contre, la
violation d’une règle de droit déclenche une sanction mise en œuvre par les pouvoirs publics. La
sanction est donc externe.

Section 3 : Les buts de la règle de droit


La règle de droit se propose un double but :

-Organiser la société et l’améliorer constamment : la règle de droit a pour objectif de faciliter la vie
en société et plus fondamentalement de l’organiser, de la réguler. L’organisation touche les trois
niveaux : économique, politique et sociale. Cela est tout à fait logique dans la mesure où tout
progrès, toute réforme d’ordre économique politique ou sociale passe nécessairement par
l’intervention soit de textes législatifs soit de textes réglementaires.

Pour assurer l’organisation économique, le législateur va doter la vie économique de règles qui vont
permettre le fonctionnement le plus harmonieux (exemple respect de la liberté contractuelle).

L’organisation politique consiste à doter la société de règles de droit pour assurer le gouvernement
des hommes (exemple règles relatives aux élections).

L’organisation sociale consiste à organiser les rapports sociaux. En effet, le progrès ne peut se réaliser
si on laisse ces rapports sociaux soumis au règne de la force. Les règles juridiques permettent
d’assurer un ordre social (exemple règles encadrant le mariage, le divorce).

-Le droit ne s’intéresse pas uniquement aux intérêts de la société et au développement économique
et social du pays. Il se préoccupe également des intérêts de l’individu en tant que tel.

Il s’agit de le défendre dans ses rapports avec les autres individus. C’est ainsi que la règle de droit
assure la sécurité des personnes en les protégeant dans leurs diverses activités comme elle assure la
sécurité de leurs biens privés. Ces rapports qui se nouent entre particuliers forment l’objet principal
du droit privé.

Le droit se propose aussi de défendre l’individu dans ses rapports avec l’Etat. C’est l’objet principal
d’une autre branche de droit : le droit public.

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