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Règle de droit

norme juridiquement obligatoire

La règle de droit ou norme juridique est « la norme


juridiquement obligatoire, quelle que soit sa source (règle
légale, coutumière), son degré de généralité (règle générale,
règle spéciale), sa portée (règle absolue, rigide,
souple...) »[1].

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(juin 2020).

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Caractères

Caractères généraux d'une règle

Règle générale et impersonnelle

La règle de droit est considérée comme générale car elle


est appliquée sur tout le territoire national et pour tous les
faits qui s’y produisent. On la qualifie d'impersonnelle car
elle vaut pour toutes les personnes qui se trouvent ou se
trouveront dans une décision objectivement déterminée, et
elle définit alors la conduite à tenir dans cette situation.
Dans ce sens, elle n’est pas faite pour régler des cas
particuliers connus a priori : elle est formulée en termes
généraux et ne s'applique aux cas particuliers qu'a
posteriori, après comparaison (par exemple par un juge)
entre la situation particulière et les termes généraux de la
loi.

Le caractère impersonnel et général de la règle de droit


n'est pas absolu, car si la règle de droit définit toujours une
situation précise, elle ne concerne toujours qu’un nombre
limité de personnes (par exemple, les lois définissant les
droits et devoirs des propriétaires fonciers valent
potentiellement pour tous les individus, mais ne
concernent, dans les faits, que les individus bénéficiant d'un
patrimoine foncier).

Ces caractères ne sont pas propres à la règle de droit.


Toute mesure qui prétend s’appliquer à un certain nombre
d’individus doit nécessairement être générale et
impersonnelle. Si une mesure ne concerne qu’une personne
déterminée, ce n’est plus une règle, c’est un décret ou une
sentence. Les règles morales et religieuses sont aussi
générales et impersonnelles.

Règle à finalité sociale

Le but de la règle de droit est d'organiser la vie sociale :


c'est pour la règle de droit que cette caractéristique est la
plus prononcée. Pour la règle morale, la finalité serait plutôt
celle de l'épanouissement de la conscience de l’individu, de
son perfectionnement ; la règle religieuse, elle, veillerait au
salut de l’âme.

Pour atteindre cette finalité sociale, la règle de droit va


parfois contredire des règles morales ou religieuses
(divorce, prescription, avortement...).
Ce critère n’est pas caractéristique de la règle de droit. Le
droit n’a pas qu’une finalité sociale, et parfois, il vient même
ériger une règle morale en règle de droit. Les autres règles
de conduite ont aussi une dimension sociale (même
secondaire). Les règles religieuse et morale n’ignorent pas
le fait social, elles tiennent compte des devoirs de chacun
à l’égard des autres membres de la société. Il existe aussi
une morale « sociale » (menant à un comportement de bon
citoyen).

Règle extérieure

La règle de droit ne dépend pas de la volonté de celui qui y


est soumis. Ce n’est pas une contrainte que l’on s’impose
spontanément, mais c’est un ordre ou une suggestion
imposée à chaque membre du corps social.

Ce caractère extérieur est, selon Kant, ce qui permet de


distinguer la règle de droit de la règle morale. En effet, la
règle morale est interne à la personne et est le produit de la
conscience : c’est le sujet lui-même qui se l’impose.

Mais la règle de droit n’est pas la seule à avoir une source


extérieure à la volonté de l’Homme. Il en est de même pour
la religion. Il ne s’agit pas d’un caractère unique.

Caractère spécifique de la règle de droit : la


coercition étatique

On entend par coercition étatique une contrainte émanant


de l’État. Ce qui est spécifique à la règle de droit, c’est donc
d’être rendue obligatoire et sanctionnée par l’État.

En effet, si toute règle de conduite humaine comporte une


sanction [non neutre], seule la règle de droit comporte une
sanction émanant de l’État. Ainsi, même si une règle de
droit est à l’origine une règle morale [non neutre], elle ne
devient une règle de droit que lorsqu’elle est rendue
obligatoire et sanctionnée par l’État.

Conséquences de ce caractère spécifique

Caractère obligatoire

La règle de droit étant destinée à organiser la société et les


rapports entre ses membres, il est nécessaire qu’elle soit
respectée et donc elle doit être imposée, rendue
obligatoire.
Toute règle de droit est obligatoire, mais ce caractère
obligatoire est susceptible de ne pas être respecté. Il
convient de distinguer ainsi les règles de droit impératives
des règles de droit supplétives.

Les règles de droit impératives sont celles qui ordonnent


ou interdisent une conduite sans que le sujet puisse s’y
soustraire. Elles sont souvent liées à l’ordre public. Par
exemple, les époux ont, du fait du mariage, des obligations
entre eux qui sont passées par des règles impératives.

Les règles de droit supplétives sont aussi obligatoires,


mais peuvent être écartées par les sujets de droit. En effet,
elles ne s’appliquent que si les sujets de droit n’ont pas
exprimé de volonté particulière pour l’organisation de la
situation. Elles viennent alors suppléer l’absence de volonté
exprimée : ce sont des règles de droit applicables par
défaut. Par exemple : l’article 1609 du Code civil français
prévoit donc que lorsqu’une chose est vendue, elle doit être
livrée à l’acheteur à l’endroit où elle se trouvait au moment
du contrat. Les parties sont toutefois autorisées à prévoir
un autre lieu de livraison.

Sanction de la règle de droit


La règle de droit est toujours assortie d’une sanction
émanant de l’État. Cette sanction peut prendre des formes
variées. On en distingue plusieurs, qui peuvent parfois se
cumuler.

Le premier type de sanction peut constituer en l’exécution


contrainte de la règle de droit. L’autorité chargée de faire
respecter la règle en demande directement l’exécution en
ayant recours si nécessaire à la force publique. Le
créancier qui n’est pas payé par son débiteur, une fois qu’il
a obtenu le jugement condamnant le débiteur à payer, peut,
avec ce jugement, ce titre exécutoire, aller voir un huissier
qui contraindra le débiteur à payer en ayant, par exemple,
recours à une saisie sur un compte bancaire ou une saisie
immobilière. Le locataire qui ne paie pas ses loyers peut
être expulsé.

Une autre catégorie de sanction peut être qualifiée de


réparatrice. Elles visent à réparer les conséquences du non-
respect de la règle de droit. Ainsi, lorsqu’on ne peut pas ou
plus obtenir l’exécution d’une obligation, on la remplace par
le paiement d’une somme d’argent (dommages et intérêts)
correspondant au préjudice causé par l’inexécution de
l’obligation. On peut aussi parler de l’annulation de l’acte
juridique. Lorsqu’un acte juridique comme un contrat a été
conclu sans respecter la règle de droit applicable à la
conclusion du contrat, la meilleure manière de réparer ce
non-respect de la règle de droit est d’anéantir ce contrat
par le jeu d’une action d’annulation.

Les sanctions punitives relèvent essentiellement du droit


pénal. Cependant, le droit pénal n’est pas le seul qui
propose des sanctions punitives en cas de manquement à
la règle de droit. Exceptionnellement, le droit civil peut
aussi le faire. Par exemple, l’article 792 du Code civil
français prévoit une sanction civile pour le recel
successoral, c'est-à-dire le fait pour un héritier de s’être
approprié clandestinement un bien de la succession. Il n’a
alors plus de droit sur ce bien.

Fondements de l'obéissance au droit

Les philosophes du droit s’interrogent toujours sur les


fondements du caractère obligatoire de la règle de droit :
qu’est-ce qui fonde l'obéissance volontaire et libre au
droit ? Les réponses apportées à cette question peuvent
être distinguées en deux familles différentes.
Droit naturel

Article détaillé : Droit naturel.

Certains auteurs considèrent que le fondement de


l'obéissance à la règle de droit est le droit naturel, c'est-à-
dire l’ensemble des règles idéales de conduite humaine,
auquel le droit positif doit être soumis.

Si la règle de droit est conforme au droit naturel, elle doit


être considérée comme obligatoire parce qu'elle est
légitime, et non simplement parce que l'État possède une
puissance factuelle de coercition. Dans le cas contraire,
elle est injuste et on doit y désobéir.

Il existe différentes conceptions du droit naturel.

Pour Aristote et plus généralement les théoriciens du droit


naturel classique (Platon, les stoïciens), le droit naturel (ce
qui est juste) est le principe supérieur de justice inscrit dans
la nature des choses et conforme au bon ordre de la nature
et de la cité. Pour saint Thomas d'Aquin, le droit naturel est
inspiré par Dieu. Enfin, certains auteurs (appartenant à
l'école du droit naturel moderne) considèrent que le droit
naturel doit se déduire de la nature de l’Homme (Grotius),
qu'ils définissent soit par sa puissance et son désir
(Hobbes), soit par son aspiration au bien-être (Locke), soit
par la dignité qui caractérise la personne (Kant).

Positivisme

Article détaillé : Positivisme.

Une seconde école s’oppose aux théories du droit naturel.


On les appelle les théories positivistes. Ces auteurs nient
l’existence d’un droit naturel. Pour eux, il n’existe que le
droit objectif, positif. Pour certains d’entre eux, c’est
uniquement l’autorité de l’État qui confère à la règle de droit
son caractère obligatoire – on parle alors de positivisme
étatique ou juridique. Pour les autres, la règle de droit et
son caractère coercitif sont des moyens de défense
sociale – positivisme idéologique.

Marxisme

Article détaillé : Marxisme.

Pour la théorie marxiste, la règle de droit est un moyen


d’oppression de la classe dominante, et c’est pourquoi elle
est coercitive. Elle a vocation à disparaître quand
disparaîtra la lutte des classes.

Hiérarchie des règles de droit selon les


juridictions

Les situations normatives sont assez différentes entre les


États-Unis (système juridique de common law) et l'Europe
continentale (système juridique de droit civil). Dans les
deux systèmes juridiques, la Constitution se trouve au plus
haut niveau.

Dans l'Union européenne, depuis les années 1990, le droit


communautaire modifie en profondeur les droits nationaux
des différents États-membres, les directives et règlements
ainsi que les traités internationaux s'interposant entre les
constitutions et les lois (ou codes), avec la hiérarchie des
normes.

Histoire

La notion de règle de droit est ancienne ; elle est par


exemple déjà abordée par L. Charonda, Le Caron dans les
années 1500s :

« Car telle est la règle de droit qu'en


l’interprétation douteuse, & obscure de
quelque Loy ou edit faut avoir recours au droit
commun, & regarder quelle est sa vraye
intelligence: mêmement quand il est question
d'un édit particulier, qui n'est estimé que pour
privilège, & semble être introduit contre la
raison du droit commun & partant le convient
restreindre, à fin que son interprétation ne soit
vicieuse & apporte trop grand prejudice &
dommage, contre la vraye fin de la Loy qui est
établie pour l'utilité des hommes, & pour
conserver les Citoyens en très-bon etat de
Republique. »
— Responses du droict françois, confirmées
par les arrests des cours souveraines de la
France, et rapportées aux lois romaines,
reveues, corrigées, & grandement
augmentées et départies par nouvel ordre en
sept livres. Plus les annotations sur le tiltre
des censives et droits seigneuriaux, de la
Coustume réformée de Paris, L. Charonda, Le
Caron, Paris, 1596

Notes et références

1. Gérard Cornu (dir.) et Association Henri Capitant,


Vocabulaire juridique, Paris, Presses universitaires de
France, coll. « Quadridge », 2005, 7e éd., 970 p. [détail
des éditions] (ISBN 978-2-13-055097-6,
OCLC 469313788 (https://worldcat.org/fr/title/469313788)
), « Règle », p. 774.

Voir aussi

Liens externes

La loi dans l'éthique chrétienne - Michel Van de Kerchove,


Chapitre II. Le problème des fondements éthiques de la
norme juridique et la crise du principe de légalité (https://
books.openedition.org/pusl/8417?lang=fr) [archive]
Université Saint-Louis - Bruxelles

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