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INSTITUT SUPERIEUR DE MANAGEMENT

Ecole de Management

INTRODUCTION AU DROIT

M. Thibaut BASSENE

2023- 2024
INTRODUCTION
Le droit constitue un phénomène social, il correspond au fait que la société établit des
règles destinées à régir son fonctionnement et par voie de conséquence à organiser les
relations économiques ou non des personnes qui la composent.
Le droit peut se définir comme « l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des
membres d’une même société. »[Larousse]
Cet ensemble de règles constitue le droit positif [appelé aussi droit objectif] qui présente
un certain caractère impératif, contraignant.
Dans chaque société politique, les règles et les institutions du droit positif se développent
suivant les caractères propres de cette société. Il existe un droit interne, propre à chaque
pays, appelé ainsi parce qu’il n’a de force obligatoire qu’à l’intérieur des frontières de ce
pays. La nécessité de résoudre les relations entre les citoyens de pays différents, ou entre
États a conduit à l’institution de règles de droit international.
Le droit se caractérise par la grande diversité des règles qu’il édicte : on distingue ainsi
un grand nombre de branches du droit. L’habitude a été prise de regrouper ces branches
en droit public et droit privé.
Les sources du droit positif sont multiples. Au Sénégal, la plus importante est constituée
par la loi complétée par les règlements, la doctrine, la jurisprudence, les conventions par
exemple. Le droit objectif reconnaît aux individus des prérogatives : ce sont les droits
individuels ou droits subjectifs. Pour un sujet de droit déterminé, les actes juridiques et
les faits juridiques sont à l’origine de ces droits.
Nous analyserons successivement le droit Objectif (Première partie) et les droits
subjectifs (Deuxième partie).

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PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF

Compétences attendues Savoirs associés

 Distinguer la règle de droit • Les finalités du droit


des autres règles de la vie • Les caractères de la règle de
sociale.
droit.
• Les autres règles sociales :
 Identifier les branches du
droit applicables à une morale et éthique.
situation donnée • Les branches du droit

Le droit objectif, le « grand droit » comme le qualifie le doyen Carbonnier peut être défini
comme «l’ensemble de règles de conduite socialement édictées et sanctionnées, qui s’imposent
aux membres de la société » c’est-à-dire les règles régissant la vie en société, sanctionnées par
la puissance publique. On parle de Droit objectif (au singulier, avec une majuscule à “Droit”),
car on envisage les règles de droit indépendamment de leur destinataire, de manière objective.
Par exemple, lorsque vous dîtes « le Droit Sénégalais est complexe », vous faites référence au
Droit objectif.

Ici, on entend par Droit, l’ensemble des règles sociales qui gouvernent les rapports des individus
entre eux ou avec la puissance publique et s’imposent à eux, au besoin, par le moyen de la
contrainte étatique.

Le Droit est alors défini ici, par son objet qui est l’élaboration des règles régissant la conduite
des hommes vivant en société.

CHAPITER I/ LA RÈGLE DE DROIT

Le droit est ainsi une règle de conduite en société, au même titre que les mœurs, la
religion ou la morale. Il faut différencier ces règles de droit des autres règles de conduite
qui, elles, ne sont pas du droit. C’est l’identification de la règle de droit. Plusieurs
éléments permettent de différencier le droit des autres règles de conduite en société.

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SECTION I : LES CARACTÈRES DE LA REGLE DE DROIT

Pour définir la règle de droit, il faut préciser ses caractères. Cinq caractères de la règle de
droit nous semblent essentiels, sa généralité, sa force obligatoire, sa permanence, son
caractère coercitif et son caractère extérieur.

§1/ LE CARACTÈRE GÉNÉRAL ET ABSTRAIT

Dire que la règle de droit est générale signifie qu’elle est applicable à tous sans viser
nommément les individus. On dit alors que la règle de droit a un caractère impersonnel
ou qu’elle a un caractère objectif. Elle vise une catégorie ouverte de personnes (les
propriétaires, les commerçants, les enfants…), abstraction faite de la personnalité de ceux
auxquels elle s’applique en fait.

Son application est générale dans l’espace, donc la règle de droit s’applique de la même
manière sur tout le territoire. Ce caractère général permet d’assurer une égalité entre les
individus, la loi étant la même pour tous. Exemples la loi « doit être la même pour tous,
soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ». Art 6 DUHC.
Le caractère général de la règle de droit se manifeste par l’utilisation d’adjectifs ou de
pronoms indéfinis : « Chacun a droit au respect de sa vie privée »
« Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs… »
§ 2/ CARACTÈRE OBLIGATOIRE

La règle de droit est obligatoire. Les personnes auxquelles elle s’applique sont tenues de
s’y conformer. Ce caractère n’est pas uniforme, des tempéraments apparaissent autour
d’une distinction entre règles impératives et règles supplétives.
Les règles supplétives sont des règles qui ne s’appliquent que si les sujets de droit n’ont
pas exprimé une volonté contraire. Elles suppléent l’absence de volonté particulière
exprimée. Elles s’appliquent à défaut d’autre disposition choisie. Elles apparaissent
simplement facultatives dans la mesure où les particuliers peuvent en écarter
l’application.
Les règles impératives sont les règles auxquelles les individus ne pourront jamais
déroger.
Elles s’imposent de façon absolue. Elles s’appliquent à tous et en toutes circonstances.
Il n’est pas possible d’en écarter l’application par des conventions contraires. Ainsi,

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l’article 6 du Code civil précise qu’« on ne peut déroger, par des conventions
particulières, aux lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes mœurs » ;
Exemples. En matière de mariage, par exemple, le choix du régime matrimonial est
laissé à l’appréciation des époux, mais l’inceste et la bigamie sont interdits pour tous.

§ 3/ CARACTÈRE PERMANENT

Le caractère permanent ne signifie pas que la règle de droit est éternelle. Elle a un
commencement et une fin.
Le caractère permanent de la règle de droit signifie que celle-ci est applicable de façon
constante durant son existence. La règle de droit s’applique chaque fois que les
conditions qu’elle prévoit sont réunies.
§ 4/ CARACTÈRE COERCITIF OU CONTRAIGNANT

Ce caractère signifie que la règle de droit, est une règle de conduite à l’observation de laquelle
la société peut nous contraindre: manifestation d’une contrainte sociale. La règle de droit doit
être respectée. Sa violation est source sanctions.
Mais, selon les règles, la sanction varie : de ce point de vue, la règle de droit se caractérise par
le fait que son non-respect est sanctionné par l’État, ce qui inclut le recours à l’Autorité
judiciaire et à la force publique.
La sanction peut être soit civile, soit pénale, soit les deux à la fois ;
La sanction civile a pour objet :
 de contraindre une personne à s’exécuter (ex. : le versement d’une pension
alimentaire) ;
 de mettre fin à un acte pris en violation de la loi (ex. : l’achat d’une maison par un
mineur non émancipé) ;
 d’obliger une personne à réparer le préjudice qu’elle a causé (ex. : l’indemnisation
d’une victime d’accident de la circulation).
La sanction pénale, elle, a pour objet la punition de celui qui a un comportement nuisible
pour la société. Ainsi, le vol est puni d'un emprisonnement de cinq ans à dix ans et d'une
amende de 50 000 francs à 500 000 de francs.
§ 5 / CARACTERE EXTERIEUR

La règle de droit est extérieure à la volonté individuelle des personnes qui y sont soumises.
Parce qu’elle vise à organiser la société et à régir les relations qui s’établissent entre ses
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membres, la règle de droit ne peut qu’être extérieure à la personne. Elle n’est pas une contrainte
ou une consigne qui procède de la volonté de chacun. Elle est, un ordre ou une suggestion, selon
le cas, qui est adressé à chacun des membres du corps en dehors de sa volonté.
SECTION II : LA FINALITE SOCIALE DE LA REGLE DE DROIT

Différence de finalité du droit, de la morale et de la religion


Droit, morale et religion ont des finalités distinctes. Tandis que le droit vise à organiser la
société et les relations qui s’y établissent entre les personnes qui la composent, la morale et la
religion concernent essentiellement l’individu.
La règle morale tend à la perfection de la personne et à l’épanouissement de sa conscience. La
règle religieuse veille au salut de l’être humain dans une rencontre de l’amour avec Dieu.

Le droit comme la morale impose la bonne foi, d’agir avec un comportement loyal.
Cependant la morale dirige l’action de chaque individu qui doit être en accord avec ses actes. Le
droit impose des comportements aux individus sous contrainte dans le respect mutuel.
En cas de non-respect du droit, les individus recourent à des sanctions formalisées. Les sanctions
sont prononcées principalement par des juridictions

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b) Synthèse sur la distinction entre le droit et les autres règles de conduite
Droit Morale Religion Bienséance Sociologie du
droit
Finalité
Organiser et Régir la vie en Veiller sur la Organiser Analyser des
protéger société destinée la phénomènes
la société et (perfectionnement et le salut de vie en juridiques considérés
la vie des intérieur) l’homme société comme des faits
individus sociaux
Sanctions
Sanctions par Auto-sanctions Sanctions par les Aucune Aucune
l’État (regrets, remords) autorités sanction sanction
religieuses et par
Dieu.

SECTION III : LES GRANDES DIVISIONS DU DROIT

Le droit intervient dans des domaines extrêmement variés, ce qui engendre un nombre
conséquent de règles. Il régit à la fois les rapports des individus entre eux mais aussi les
relations des individus avec l’État, ce qui a conduit à la distinction droit privé et droit public
(summa divisio). De plus, chaque État ayant une législation qui lui est propre, la distinction
droit national et droit international s’est avérée nécessaire.

§1 / DISTINCTION ENTRE DROIT PUBLIC ET DROIT PRIVÉ

La distinction entre droit public et droit privé est la plus importante.


Étendue de la distinction.
Le droit privé et le droit public se distinguent par leur objet et leur finalité :
 d’une part, le droit public concerne l’organisation et le fonctionnement des
pouvoirs publics et leurs rapports avec les particuliers, tandis que le droit privé
régit les rapports des particuliers entre eux ;
 d’autre part, le droit public est impératif, s’impose aux individus et vise l’intérêt
général, alors que le droit privé, plus libéral, leur laisse une certaine liberté et
assure en priorité des intérêts individuels.

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On verra cependant qu’il existe quelques disciplines mixtes parmi lesquelles il faut citer
notamment le droit pénal.

1- Le droit public

a- Définition
C’est le droit des relations au sein de l'État (Administration) et entre l'État et les
particuliers. Il encadre les relations qui se situent dans le cadre de l'organisation et des
activités que les personnes publiques entretiennent entre elles d'une part, et avec les
particuliers d'autre part. Il s’agit non d’une relation horizontale, mais d’une relation
verticale entre les gouvernants et les gouvernés.
Au Sénégal, les personnes publiques sont l’Etat, les collectivités locales (départements,
communes et Villes) et les établissements publics.
b- Les caractéristiques du droit public :
 Une finalité visant la satisfaction de l’intérêt général.
 Un caractère impératif, dans la mesure où les individus ne sont pas libres de
déroger aux règles de droit public. C’est parce qu’il vise la satisfaction de
l'intérêt général que les parties ne disposent pas de la même marge de
manœuvre que pour le droit privé.
 Un caractère inégalitaire, dans la mesure où le droit public il attribue aux
pouvoirs publics des prérogatives de puissance publique, exorbitantes du droit
commun.
c- composition des branches du droit public
Le droit public se divise en plusieurs branches :
 Le droit constitutionnel détermine les règles d'organisation et de
fonctionnement de l'Etat et des pouvoirs publics. La substance de ce droit est
contenue dans la Constitution et les textes qui s'y rattachent.

 Le droit administratif est le droit de l'action administrative. Il règlemente


l'organisation et le fonctionnement des collectivités publiques (Etat, régions,
départements, communes) et des services publics, ainsi que leurs rapports avec
les particuliers.

 le droit des finances publiques, est le droit qui est applicable au budget
de l'Etat et des personnes publiques, et fixe les règles de comptabilité publique.

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2- Le droit privé
a- Définition
Le droit privé est le droit des relations entre les personnes privées (personnes physiques
et personnes morales de droit privé) par opposition aux personnes publiques. Il régit les
relations entre les particuliers (vie privée et familiale, vie professionnelle, relations
contractuelles…). On parle de relation horizontale.

b- Les caractéristiques du droit privé


Les caractéristiques du droit privé sont les suivantes :
 Une finalité visant la satisfaction de l’intérêt privé.
 Un caractère libéral, le droit privé mettant l’accent sur la volonté des individus
avec la prédominance de règles supplétives de volonté.
 Un caractère égalitaire, les rapports entre les individus étant gouvernés par le
principe d’égalité, sauf exception.
c- composition des branches du droit privé
Le droit privé était au départ uniquement composé du droit civil (civis = citoyen),
qui régissait autrefois tous les rapports entre les particuliers, sans distinction et
sans restriction. Mais l'évolution des rapports sociaux a rendu nécessaire
l'élaboration de règles spéciales, qui ont plus ou moins pris leur autonomie. Ainsi
par exemple le droit commercial, ou le droit du travail.

a. Le droit commercial est l'ensemble des règles applicables entre


commerçants, qu'ils soient des personnes physiques (faites de chair et de
sang) ou morales (sociétés, associations), ainsi qu'aux actes de commerce
(principalement les actes d'achat pour revendre). Le droit commercial a
donné naissance à plusieurs corps de règles, qui peuvent être considérés
comme des subdivisions : droit bancaire, droit des assurances, droit des
transports...

b. Le droit du travail regroupe les règles relatives aux rapports existant


entre employeurs et employés à l'occasion d'un contrat de travail salarié.

c. Le droit civil continue d'être la branche maîtresse du droit privé : il


s'applique dès lors qu'aucune règle spéciale n'a vocation à s'appliquer.

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C'est pour cela que l'on dit que le droit civil est le droit commun par
opposition aux droits spéciaux.

3- Les disciplines mixtes


La distinction droit public / droit privé n'est pas absolue, et les disciplines sont de
plus en plus difficiles à classer. Certaines disciplines empruntent à la fois au droit
privé et au droit public.

 le droit fiscal, qui détermine les règles applicables à la détermination et à


la perception de l'impôt, existe pour la satisfaction de l'intérêt général (donner
à l'Etat un budget lui permettant de fonctionner), mais dépend fortement des
règles du droit privé (notamment des règles du droit des sociétés).
 le droit pénal, qui a pour objet de réprimer les atteintes portées à l'ordre
public, à la sécurité publique et à la santé publique, est a priori organisé pour
la protection de l'intérêt public. Il est constitué de lois impératives, et
s'apparente en cela au droit public. Mais la plupart du temps les infractions
constatées sont des atteintes portées à des particuliers (vol, meurtre, abus de
confiance, etc.).

 le droit judiciaire privé, ou procédure civile, est une discipline mixte. Le


droit judiciaire privé permet d'assurer la sanction des intérêts privés par le
service public de la justice, et peut dans cette mesure être considéré comme
une discipline mixte.

§ 2/ DROIT INTERNATIONAL ET DROIT INTERNE

1.Le droit national - ou interne est l’ensemble des règles en vigueur dans un pays
déterminé, ayant des sources, et des sanctions propres à cet Etat, et réglementant les
rapports sociaux qui se produisent à l’intérieur de cet Etat sans qu’un élément relevant
d’un autre Etat n’intervienne dans ces relations.

2. Le droit international est celui qui régit les relations sociales internationales, soit entre les
Etats, soit entre les individus. Il comprend plusieurs branches :
a) Le droit international public
Le droit international public réglemente les rapports des Etats entre eux, ainsi que
l'organisation et le fonctionnement des organisations internationales.
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b) Le droit international privé.
Le droit international privé réglemente les rapports entre particuliers, dès lors que ces rapports
comportent un élément étranger (on parle d'élément d'extranéité).
Lorsque les deux personnes sont de nationalités différentes (ex : mariage d'un Français
avec une Japonaise) ou que le fait générateur du rapport se produit dans un pays étranger
(ex : accident de la circulation causé en Gambie par un Français).
c) le droit communautaire.
Le droit communautaire, ainsi appelé en référence à la Communauté économique
européenne - CEE) est le corps de règles qui s'applique à l'Union Européenne (U.E).
Instituées à l'origine par le Traité de Rome du 25 mars 1957, ces règles ont pour vocation
de créer entre les Etats membres un marché homogène, dont les agents seront soumis à
un traitement identique.
Le droit communautaire est un ensemble de dispositions contenues dans les différents
traités constitutifs d'une organisation internationale d'intégration et dans les textes
élaborés par les institutions communautaires.
Le droit de communautaire a la particularité de relever à la fois du droit international -
en ce qu'il établit des relations entre Etats et du droit interne parce que certaines règles
ont vocation à être appliquées dans chacun des Etats membres, et peuvent être
sanctionnées par les juridictions internes.

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CHAPITRE II : LES SOURCES DE LA REGLE DE DROIT

Compétences attendues Savoirs associés

• Identifier et distinguer les • Les sources nationales du droit


différentes sources du droit ; • Le principe de hiérarchie des normes
• Repérer un confit de normes et • Le rôle des pouvoirs législatif et
expliciter sa résolution dans une exécutif dans l’initiative d’une loi
situation donnée ; ordinaire
• Différencier les principales • Les prérogatives du pouvoir exécutif
catégories de loi ; dans le processus du vote de la loi.
• Schématiser les étapes du processus
de l’élaboration d’une loi ordinaire

Les sources du droit sont nombreuses. Elles désignent les modes de formation des règles
juridiques au sein d’une société donnée. Or une grande incertitude entoure cette notion.
En effet, les auteurs proposent plusieurs définitions des sources et plusieurs manières de
les classer.
Certains auteurs font une distinction entre sources écrites et sources non écrites. D’autres
retiennent la distinction entre sources directes (loi et coutume) et sources indirectes ou
d’interprétation (jurisprudence, doctrine, pratique). D’autres encore opposent les sources
formelles et les sources informelles.
Pour notre part, nous distinguerons deux catégories :
 les sources principales, issues du pouvoir de l'Etat ;
 les autres sources du droit.
SECTION I : LES SOURCES PRINCIPALES DU DROIT /SOURCES DIRECTES
Nous présenterons d’abord les sources supra-législatives et ensuite, nous examinerons les
sources législatives.
§1/ Les sources supra-législatives
A/ La Constitution
La Constitution se trouve au sommet de la pyramide des normes.

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C’est le texte fondamental, la norme suprême, dont le principal objet est de réglementer
l’organisation et le fonctionnement des institutions sénégalaises.
Elle se définit comme l'ensemble des règles écrites qui concerne les institutions de l'Etat
et qui régissent les rapports entre ces diverses institutions. C'est la Constitution qui fixe
les règles relatives au Président de la République, au Gouvernement et au Parlement.
B/ Les traités et accords internationaux

Les traités internationaux sont des conventions négociées entre différents Etats dans le
but de s’engager les uns envers les autres ou à l'égard de leurs ressortissants, dans les
domaines qu’ils définissent.

§2 Les sources législatives

A/ Les lois
a) Définition
D’abord, dans un sens formel, la loi est définie non par son contenu, mais par son origine
: la loi est le texte qui émane des autorités disposant du pouvoir législatif, par opposition
aux règles et actes émanant du pouvoir exécutif. Au Sénégal, la loi est donc le texte qui
est adopté par le Parlement ou L’Assemblée Nationale.
Dans un sens matériel, la loi est définie par son contenu, c’est-à-dire que c’est une règle de
droit écrite, générale et abstraite, permanente et obligatoire, de portée normative.
b) Les différents types de lois par ordre d’importance
 Les lois organiques
Les lois organiques complètent la Constitution. Elles ont notamment pour objet de fixer les
modalités d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics.
 Les lois référendaires
Elles sont prévues par l’article 103 de la Constitution : sur proposition du Gouvernement
ou sur proposition de l’assemblée Nationale, le Président de la République peut
soumettre au référendum populaire tout projet de loi portant la révision de la
Constitution.
 Les lois ordinaires
Ce sont celles qui correspondent à la définition stricte de la loi (dans son sens formel). Elles
portent sur des domaines précisément définis par la Constitution.

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 Les ordonnances
Les ordonnances sont des actes de l’exécutif portant sur des matières qui sont normalement
de la compétence du législatif.

c) L’élaboration de la loi
L'initiative d'élaborer une loi peut venir du Gouvernement (qui dépose un projet de loi), ou
d'un député (qui dépose une proposition de loi). Les projets et les propositions sont déposés
sur le bureau de l'Assemblée nationale, pour examen.

En effet, pour que le texte soit définitivement adopté, il doit être voté dans les mêmes termes
par l’assemblée. Une fois votée, la loi doit être promulguée (signée) par le Président de la
République. Elle ne devient réellement applicable qu'après avoir été publiée au Journal
officiel.

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Une fois publiée au Journal Officiel, la loi bénéficie d’une présomption de connaissance
énoncée dans l’adage traditionnel, « nul n’est censé ignorer la loi ».

B/ Les règlements

Le règlement se définit comme une règle de droit établie par le pouvoir exécutif, donc
par une autorité gouvernementale ou administrative. Les règlements peuvent prendre la
forme de décrets, ou d'arrêtés.
a) Le décret
Il existe deux types de décrets :
Les décrets sont individuels lorsqu'ils concernent une ou plusieurs personnes
nominativement désignées (par ex. nomination d'un fonctionnaire) Il manque à ces textes
le caractère de généralité et d’abstraction qui font les règles de droit.
Certains décrets formulent au contraire des dispositions générales. On les appelle des
décrets réglementaires, qui peuvent être considérées comme des lois, au sens matériel
du terme, puisqu'ils présentent les caractères de généralité et d'abstraction requis.

b) Les arrêtés
Les arrêtés sont des dispositions à caractère général et permanent prises par certaines
autorités administratives (autre que le Président de la République et le Premier ministre).
Ils ont pour objet de prévoir les mesures d’application concrète des lois et des décrets
auxquels ils sont subordonnés. On distingue :
 les arrêtés ministériels, ou interministériels, pris par un ou plusieurs ministres ;
 les arrêtés des présidents des conseils départementaux, ainsi que les arrêtés des
préfets et sous-préfets (arrêtés préfectoraux) ;
 les arrêtés municipaux, pris par les maires.
SECTION II : LES AUTRES SOURCES DU DROIT : LES SOURCES INDIRECTES

Les sources indirectes du droit sont la coutume, la doctrine et la jurisprudence

§1 /La jurisprudence

La jurisprudence désigne l'ensemble des décisions prises par les tribunaux et les cours. Elle
est donc issue du pouvoir judiciaire.

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Dans la mesure où les lois et les règlements sont parfois « obscurs », le juge ne trouve
pas forcément dans les textes la solution aux problèmes concrets qui se posent à lui lors
d'un procès, il se fondera alors sur les décisions de justice qui ont été rendues
antérieurement.

Le rôle de la jurisprudence consiste donc à interpréter les lois et à combler les éventuelles
lacunes de celles-ci, elle est bien ainsi source du droit.

§ 2/ Les coutumes et usages

La coutume et les usages sont des règles de droit non écrites, qui se forment par la
pratique et la répétition des mêmes comportements. Pour être reconnue en tant qu'usage
ou coutume, la règle doit être à la fois ancienne, constante et notoire, c'est-à-dire connue
par tous.

Exemple de coutume : la femme utilise le nom de son mari.

§ 3/ La doctrine

La doctrine est l'ensemble des travaux et des études effectués par les juristes dans leurs
revues ou leurs ouvrages, sur différents problèmes de droit.

Elle est aussi constituée de l'enseignement dans les facultés de droit. La doctrine influence
plus ou moins le législateur ou le juge, et permet au droit d'évoluer.

CHAPITRE III: APPLICATION DE LA LOI

La loi n’est pas destinée à demeurer lettre morte. Une fois ses conditions d’application
réunies, elle est applicable à tous et a force obligatoire pour tous. « Nul n’est censé
ignorer la loi. » Nul ne pourra invoquer son ignorance pour en éviter l’application telle
que prévue dans le temps et dans l’espace.

SECTION 1/ LES CONDITIONS GENERALES D’APPLICATION DE LA LOI

La loi est obligatoire à compter de son entrée en vigueur et jusqu’à son abrogation.

§1/L’entrée en vigueur de la loi

Une fois adoptée, selon une procédure prévue par la Constitution, la loi doit être
promulguée et portée à la connaissance du public pour entrer en vigueur.

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A. L’adoption de la loi
L'initiative d'élaborer une loi peut venir du Gouvernement (qui dépose un projet de loi),
ou d'un député (qui dépose une proposition de loi). Les projets et les propositions sont
déposés sur le bureau de l'Assemblée nationale, pour examen.

En effet, pour que le texte soit définitivement adopté, il doit être voté dans les mêmes
termes par l’assemblée. Une fois votée, la loi doit être promulguée par le Président de la
République.

B. La promulgation de la loi
La promulgation constitue l’acte par lequel le Président de la République authentifie
l’existence et la régularité de la loi et par lequel il ordonne que la loi soit exécutée. La
promulgation confère à la loi un numéro d’ordre, composé du millésime et du rang de la
loi dans l’année (par exemple, la loi nº 1964-46 du 17 Juin 1964 relative au domaine
national est la 46ème de l’année 1964). Elle lui confère aussi sa date, qui n’est pas celle
de son entrée en vigueur.

C. La publication
La publication de la loi Bien que rendue exécutoire par sa promulgation, une loi, comme
tout texte réglementaire, ne devient obligatoire pour les particuliers qu’après sa
publication au journal officiel (J.O). Cette formalité est destinée à rendre le texte
opposable aux citoyens. À partir du moment où le texte est accessible à tous, plus
personne ne peut alléguer de son ignorance pour s’en voir écarter l’application.
Réciproquement, à défaut de publication, le texte ne peut pas s’appliquer.

§ 2/ L’abrogation de la loi

La loi a vocation à durer indéfiniment. Mais elle peut cesser d’exister prématurément par
le jeu de l’abrogation. L’abrogation est la technique normale qui met fin à l’application
d’une loi ou d’un règlement qui cessera de produire des effets pour l’avenir.

L’abrogation d’un texte peut être expresse ou tacite. L’abrogation expresse est la plus
simple puisque c’est celle qui figure en toutes lettres dans un texte nouveau, qui peut
prévoir ou non de nouvelles dispositions de remplacement. L’abrogation est tacite quand
un texte se trouve simplement contredit par un nouveau. Elle peut être partielle puisque
ne disparaîtront pour l’avenir que les dispositions anciennes qui sont incompatibles avec
les nouvelles.

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SECTION II / L’APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS ET DANS
L’ESPACE

La loi bien que permanente n’est pas perpétuelle. Elle change en fonction des besoins du
groupe social. La succession des lois dans le temps pose alors la question de savoir quelle
est la loi applicable à une situation juridique lorsque cette situation peut être soumise à
plusieurs lois, des lois nouvelles abrogeant des lois anciennes. Deux préoccupations
s’opposent pour résoudre ces conflits. Le besoin de sécurité exige que l’on restreigne au
maximum le domaine d’application de la loi nouvelle pour assurer aux individus une
stabilité dans le traitement juridique de leurs activités. Le besoin de justice, à l’opposé,
exige une application la plus rapide et la plus large possible de la loi nouvelle qui a été
adoptée, par principe, pour apporter des améliorations par rapport à la loi ancienne. Le
législateur a la possibilité de choisir lui-même entre ces deux impératifs en insérant des
dispositions transitoires dans les lois, fixant leur date d’entrée en application.

En l’absence de telles dispositions, la loi, la doctrine et la jurisprudence ont posé les


principes de l’application de la loi dans le temps.

§1/ Le principe de non-rétroactivité de la loi

A/ Sens du principe
Ce principe signifie que la loi nouvelle ne peut régir les faits et actes juridiques qui se
sont passés avant sa promulgation, en vue de modifier ou effacer les effets juridiques
produits sous l’empire de la loi ancienne. N’ayant point d’effet rétroactif, la loi ne peut
s’appliquer à des faits ou actes antérieurs à sa promulgation. Par exemple pour déterminer
la responsabilité de l’auteur d’un accident de la circulation, la loi applicable est celle en
vigueur le jour de l’accident, et non une loi postérieure qui aurait été adoptée
postérieurement et serait en vigueur le jour du procès. La loi ne peut bouleverser les
droits acquis et les situations établies.
Le principe de la non-rétroactivité s’applique non seulement aux situations juridiques
dont les effets sont éteints, mais également aux situations juridiques qui ont produit une
partie de leurs effets avant l’entrée en vigueur de la loi nouvelle et qui continuent à
produire leurs effets après cette entrée en vigueur.

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B/ Exception au principe

Le principe comporte trois exceptions : il s’agit des lois rétroactives par le législateur, des lois
pénales plus douces et les lois interprétatives.

• Les lois déclarées expressément rétroactives par le législateur sont rares.


Elles sont édictées en vue de faire face à des situations exceptionnelles. Elles
doivent résulter d’une volonté expresse du législateur.

• Les lois interprétatives (qui précisent le sens ambigu ou obscure d’une loi)
rétroagissant au jour où la loi ancienne est entrée en vigueur. Elles doivent
résulter d’une volonté expresse du législateur.

• Les lois pénales plus douces sont celles qui suppriment une incrimination
ou réduisent le taux d’une peine. Lorsqu’un jugement de condamnation n’est pas
encore définitif. La jurisprudence n’hésite pas à appliquer la loi nouvelle
d’incrimination ou de pénalité plus douce.

§ 2/Le principe de l’effet immédiat

A. signification
La loi nouvelle a vocation à s’appliquer immédiatement aux situations juridiques en cours au
moment de son entrée en vigueur, c’est-à-dire à toutes les situations nées précédemment et non
encore terminées. Tout ce qui a été accompli sous l’empire de la loi ancienne reste valable, mais
dès que la loi nouvelle entre en vigueur, la situation juridique en cours doit y être soumise
immédiatement et entièrement, que ce soit pour sa constitution ou ses effets. Toutefois, deux
situations doivent être distinguées.

La jurisprudence établit une distinction entre les situations légales et les situations
contractuelles :

 s’il s’agit d’une situation légale, le principe retenu est que la loi nouvelle
s’appliquera immédiatement et ne régira que les effets futurs sans modifier les effets
passés ;
 s’il s’agit d’une situation contractuelle, le besoin de sécurité des parties qui ont
contracté en considération des lois en vigueur, s’oppose à ce que l’environnement

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du contrat soit modifié et conduit à la survie de la loi ancienne. Les effets des
contrats conclus antérieurement échappent à la nouvelle loi. Il en est ainsi parce
que le contrat est un accord de volonté entre deux personnes. C’est la volonté qui
crée la situation juridique. Le contrat est conclu parce que les parties avaient voulu
sa conclusion et les effets qu’il produit. Les parties sont censées voulu se soumettre
à la loi en vigueur au moment de la conclusion du contrat. Les parties au contrat ont
prévu les effets de leur accord de volonté en fonction d’une loi précise. Elles ne
sauraient prévoir une modification ultérieure de la législation. L’application
immédiate de loi irait en l’encontre de la volonté des parties.
Donc, le principe de l’application immédiate de la loi nouvelle ne s’applique qu’aux
situations extracontractuelles.
B. Exceptions de l'application immédiate
Il existe cependant quelques limites à cette exception ;

• une première limite concerne les contrats que le législateur entend


expressément soumettre à la nouvelle loi. Cette hypothèse est fréquente
aujourd’hui et constitue une marque du dirigisme contractuel.

• Une deuxième limite provient des lois d’ordre public. Cette limite est
apportée par la jurisprudence qui décide très souvent qu’une loi nouvelle ayant
comme fondement un intérêt social particulièrement impérieux, s’applique aux
effets postérieurs du contrat en cours.

SECTION III : APPLICATION DE LA LOI DANS L’ESPACE

Appliquera-t-on la loi sénégalaise à un Camerounais qui travaille pour une société


espagnole dans un établissement au Sénégal ? Lorsque les législations de deux ou
plusieurs États ont cumulativement vocation à régir une question de droit privé donnée,
apparaît un conflit de lois, que l’internationalisation des rapports humains multiplie.

La résolution de ces conflits de lois est une des fonctions majeures du droit international
privé, matière complexe, qui ne peut être présentée ici que très schématiquement.
Parfois, le conflit de lois peut être désamorcé par l’existence d’une règle de droit
international privé matérielle, qui fournira directement une solution au problème posé.

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Par exemple, les difficultés soulevées par une vente internationale de marchandises
pourront être directement tranchées par la Convention de Vienne du 11 avril 1980.
Le plus souvent, le conflit de lois ne peut être évité et le droit international privé le résout
en désignant une loi applicable (règle de conflit).

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