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Union-Discipline-Travail

DROIT CIVIL
BTS1 / L1

ENSEIGNANT
M. SIN-SIN Canussus
Consultant – Formateur
Expert en Stratégies RH et Performance Organisationnelle
Psychologue du Travail et des Organisations
Juriste Privatiste
07 69 22 03 40 / sinsincanussus@gmail.com

Année Académique 2023-2024


PREMIÈRE PARTIE

LE CADRE DE LA VIE JURIDIQUE

La vie juridique est un concept qui fait référence à l’ensemble des règles et des normes
qui régissent les relations entre les individus au sein d’une société.

Elle englobe toutes les activités juridiques, qu’elles soient liées au droit civil, au droit
pénal, au droit administratif, au droit des affaires, ou à tout autre domaine du droit.

Le cadre de la vie juridique est donc vaste et complexe, car il implique la compréhension
et l’application de nombreuses règles et principes juridiques. Il est essentiel pour garantir
le bon fonctionnement d’une société et pour assurer la protection des droits et des libertés
des individus.

La vie juridique ne concerne pas seulement les individus, elle concerne également les
entreprises, les organisations, les institutions étatiques. Chacun doit se conformer aux lois
et aux règlements en vigueur, et assumer la responsabilité de ses actes.

Notre étude consistera à explorer plus en détail, les différents domaines du droit et les
aspects spécifiques de la vie juridique en Côte d’Ivoire.

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GÉNÉRALE

LEÇON 1 : LA NOTION DE DROIT

Objectif pédagogique : Identifier les caractères de la règle de droit.

1- Définition de la règle de Droit


Le mot « Droit » a plusieurs sens. Il existe d’une part, une définition objective et
d’autre part, une définition subjective.

1-1- La définition objective du Droit


Le Droit objectif est appréhendé comme l'ensemble des règles juridiques régissant
la vie en société établies par l’autorité publique ou la puissance publique et dont le respect
est garanti par elle. C’est ce droit « le Droit objectif" ou "Droit positif" ou encore "Droit en
vigueur".
1-2- La définition subjective du Droit
On entend par droit, l’ensemble des prérogatives ou des pouvoirs attribué à une
personne par le Droit objectif et qui lui permet de jouir d’une chose ou d’exiger d’autrui
une prestation. C’est dans ce cadre qu’on parle alors des "droits subjectifs".

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2- Les caractères du Droit objectif
La règle de droit a plusieurs caractères : un caractère général et impersonnel ou
abstrait, un caractère obligatoire, un caractère coercitif, un caractère permanent et le
caractère étatique.
2-1- Le caractère général et impersonnel
Selon ce caractère, la règle juridique s’applique de la même façon à tous les
individus, ce qui permet d’assurer l’égalité entre les citoyens peu importe leur statut ou
leur situation sociale.
2-2- Le caractère obligatoire
Le caractère obligatoire du droit signifie que la règle de droit s’impose à tous. C’est
de ce caractère qu’est né l’adage « nul n’est au-dessus de la loi ».
2-3- Le caractère coercitif
Le caractère coercitif signifie que le non-respect de la règle de droit comporte une
sanction juridique qui peut être civile (dommages et intérêt) ou pénale (emprisonnement,
amende) ou les deux à la fois.
2-4- Le caractère permanent
Cela signifie que la règle de droit existe et s’applique tant qu’elle n’a pas été abolie,
abrogée par l’autorité qui l’a édictée.
Le non usage, la non-application, en fait, de la règle de droit c’est-à-dire la désuétude
n’est pas une cause d’abrogation de la loi.
2-5- Le caractère Étatique
Le caractère étatique signifie que seul l’Etat a le pouvoir de créer la règle de droit
et par conséquent, lui seul a le monopole d’en sanctionner la violation.

LEÇON 2 : LA RÈGLE DE DROIT ET LES AUTRES RÈGLES SOCIALES

Objectif pédagogique : Distinguer la règle de droit des autres règles sociales.

1- Distinction Droit et morale

1-1- La source du Droit et de la morale


Les préceptes de la morale résultent de la révélation divine, de la conscience
(individuelle ou collective) tandis que les règles de droit sont issues de la volonté de
certaines autorités légalement investies.
1-2- Le but du Droit et de la morale
La règle de morale précise ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire. Elle définit
un idéal de conduite tant vis-à-vis d’autrui que de soi-même. Le droit, quant à lui, vise à
établir l’ordre et la paix sociale ; il ne recherche pas la perfection.
1-3- La sanction du Droit et de la morale
Tandis que les violations de la morale seraient sanctionnées au niveau interne,
celui de la conscience, les sanctions des violations du droit auraient une origine externe
et se relieraient à l’autorité contraignante des pouvoirs publics.

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2- Distinction Droit et religion
La religion est un ensemble de croyances ou de dogmes et de pratiques culturelles
qui constituent les rapports de l’homme avec la puissance divine. En tant que telle, elle
est se différencie du droit au niveau de son contenu et de sa sanction.
2-1- Le contenu du Droit et de la religion
La religion concerne la relation de l’être avec son Dieu alors que le droit est relatif
à l’organisation de la vie en société.
2-2- La sanction du Droit et de la religion
La sanction de la règle religieuse est fonction de la nature des relations de l’être
avec la divinité, tandis que les règles de droit apportent dans leur sillage la sanction du
groupe social c’est-à-dire la sanction infligée par l’autorité publique investie.

3- Distinction Droit et justice


Le droit se distingue de la justice par sa finalité et sa sanction.
3-1- La finalité du Droit et de la justice
La justice recherche l’égalité alors que le droit se préoccupe de l’ordre, de la
sécurité et de la paix sociale. Ainsi, si une vente est passée à un prix trop bas, la justice
milite soit en faveur de la nullité de la vente, soit dans le sens du paiement d’un
supplément de prix alors que le droit pour des motifs de sécurité des transactions incline
pour le maintien de la vente.
3-2- La sanction du Droit et de la justice
La sanction d’une violation d’une règle de droit est automatique et réalisée par les
autorités publiques par contre l’injustice n’est pas sanctionnée si ce n’est la réprobation
sociale qui s’enclenche (« il est méchant » ; « il est mauvais »).

LEÇON 3 : LES BRANCHES DU DROIT

Objectif pédagogique : Identifier les branches du droit.

Deux distinctions combinées forment le cadre le plus général : celles du droit


international et du droit national qui se retrouvent partagées entre un droit public et un
droit privé.

1- Le droit public
C’est la branche du droit qui s’intéresse à l’Etat et à l’administration ainsi qu’à leurs
rapports avec les citoyens. Il se subdivise en droit nation public et en droit international
public.
1-1- Le droit national public
Le droit national ou interne est ainsi appelé parce que c’est le droit en vigueur dans
un Etat déterminé, réglementant les rapports sociaux (États et ses démembrements avec
les citoyens) qui se produisent à l’intérieur de cet Etat, sans qu’un élément relevant d’un
autre Etat intervienne dans ces relations. Les disciplines du droit public sont :

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• Le droit constitutionnel : C’est l’ensemble des règles relatives à l’organisation
et au fonctionnement des institutions politiques de l’Etat.
• Le droit administratif : C’est l’ensemble des règles précisant l’organisation et
le fonctionnement des administrations et leurs relations avec les particuliers.
• Le droit financier : C’est le droit qui régit les ressources et les dépenses de l'Etat
et des personnes morales publiques : il comprend le droit le droit fiscal (il
élabore les règles relatives à la détermination et au recouvrement de l’impôt)
et le droit budgétaire (il détermine les ressources et les dépenses de l’Etat qui
constituent son budget).
• Le droit pénal : Il a pour principal objet de définir les comportements
constitutifs d'infractions, et de fixer les sanctions applicables à leurs auteurs.
1-2- Le droit international public
Ce sont les règles définissant les rapports entre les États, le fonctionnement des
institutions internationales, les relations des États avec ces institutions.

2- Le droit privé
Le droit privé est l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des particuliers
entre eux ou avec les collectivités privées, telles que les sociétés, les associations. On
distingue le droit national privé et le droit international privé. 2-1- Le droit national privé
Le droit national privé s’applique dans les rapports entre particuliers à l’intérieur de
l’Etat. Il se compose de plusieurs disciplines mais il comprend principalement le droit
civil et le droit commercial :
• Le droit civil : C’est l’ensemble des règles relatives aux rapports de droit privé
c’est-à-dire des droits que les particuliers peuvent exercer dans leurs rapports
entre eux et des obligations réciproques pesant sur eux.
Le droit civil est le droit commun, c’est-à-dire que c’est le droit qui s’appliquer à tous les
rapports de droit privé sauf si un droit spécial a été prévu pour un type de rapport
déterminée. C’est du droit civil que partent toutes les autres branches du droit.
• Le droit commercial : C’est l’ensemble des règles juridiques applicables aux
actes de commerce, aux commerçants ainsi que les opérations qu’ils effectuent
dans l’exercice de leur activité professionnelle.
• Le droit social : il regroupe le droit du travail et le droit de la sécurité sociale.
Le droit du travail est l'ensemble des règles qui régissent les relations privées
de travail entre employeurs et employés. Le droit de la sécurité sociale protège
les travailleurs contre les risques du travail tels les accidents du travail,
maladies professionnelles et non professionnelles, la maternité, la vieillesse
2-2- Le droit international privé
Ce sont les règles définissant les relations des personnes privées impliquées dans
des relations juridiques internationales. Par exemple, le mariage entre deux personnes de
nationalité différentes est régi par le droit international public.

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3- Les disciplines mixtes
Certaines disciplines combinent à la fois, les règles du droit public et du droit privé.
Elles sont dites "disciplines mixtes". C’est le cas du droit social parce qu’il régit les
rapports entre personnes privé (droit privé) mais est influencé par des mesures d’ordre
étatiques, notamment, par l’intermédiaire de l’administration du travail (droit public).
De même une partie de la doctrine rattache le droit pénal au droit privé car il
concerne les particuliers à qui les peines sont applicables mais relève du droit public parce
que les infractions ainsi que les sanctions qui en découlent sont prévues et mis en œuvre
par l’Etat.

CHAPITRE 2 : LES SOURCES DU DROIT

Les règles du droit positif émanent d'autorités diverses. Certaines autorités


élaborent directement les règles dont elles imposent l'observation : Ce sont des sources
directes des règles de droit. Les autres n'ont pas ce pouvoir et se bornent à favoriser la
compréhension et l’évolution du droit : Ce sont les sources indirectes du droit.

LEÇON 1 : LES SOURCES DIRECTES DU DROIT

Objectif pédagogique : Identifier les sources directes du droit.

1- Les sources nationales


Les sources nationales sont composées de la Constitution, la loi, les règlements.
1-1- La constitution
C’est la norme suprême qui se trouve au sommet de la hiérarchie des lois. Elle est
l’ensemble des règles écrites ou coutumières qui déterminent la forme de l’Etat, la
dévolution, et l’exercice du pouvoir.
La constitution ou loi fondamentale organise le fonctionnement des institutions et
la répartition des pouvoirs et affirme les grandes libertés et les grands principes qui
fondent notre système juridique. Elle apparaît comme la norme suprême à laquelle
doivent se référer toutes les autres règles juridiques ;
En côte d’ivoire, depuis les indépendances, il y a eu trois constitutions : celle du 26
Mars 1959, celle du 1er Août 2000 et celle de 08 Novembre 2016 qui fonde la troisième
république. Les deux dernières ont été adoptées après l’organisation d’un référendum
(procédé de la démocratie semi-directe par lequel le peuple collabore à l’élaboration de
la loi, qui ne devient parfaite qu’avec son consentement).
1-2- La loi
1-2-1- La loi organique
C’est une catégorie juridique bien définie. Elle a pour objectif de fixer les modalités
d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics. C’est une loi qui réglemente
les différentes institutions et structures prévues ou qualifiées comme telles par la
constitution.

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1-2-2- La loi ordinaire
C’est l’acte voté par le parlement (Assemblée Nationale et Sénat) selon la
procédure législative. (Art 85 Nouvelle Constitution). C’est la source essentielle du droit.
Plusieurs étapes sont à distinguer depuis le moment où un texte est soumis au Parlement
jusqu’au jour où Il devient une règle de droit obligatoire.
• Étape 1 : L’initiative des lois
Elle appartient aux termes de la constitution concurremment au Parlement (on parle de
proposition de loi) et au Président de la République et au gouvernement qui forment
l’exécutif (on parle de projet de loi).

• Étape 2 : L’étude en commission spécialisée


Le projet ou la proposition de loi est déposé(e) par son initiateur sur le bureau du
Parlement (Assemblée Nationale et Sénat) auprès des commissions spécialisées des deux
chambres du parlement pour discussion et ensuite en assemblée plénière en vue de son
adoption.
Par suite, soit elles rejettent ou adoptent le projet ou la proposition de loi. En cas
d’adoption d’un texte unique, les Présidents des deux chambres sont saisis aux fins de
convoquer une assemblée plénière (assemblée qui regroupe l’ensemble des députés et
sénateurs composant le Parlement) pour le vote de la loi.
• Étape 3 : Le vote de la loi
Le vote de la loi se passe devant l’ensemble du Parlement (Députés et Sénateurs) qui
disposent du pouvoir d’amendement après une seconde lecture. Quand le texte est voté
par ceux-ci, on parle d’adoption.
En cas de désaccord une commission mixte paritaire sera désignée pour proposer un texte
au Président de la République pour approbation des deux chambres. Si le désaccord
persiste entre les deux chambres pour l’adoption du texte, le Président de la République
demandera alors à l’Assemblée Nationale de statuer définitivement sur le texte.
Après l’adoption de la loi on passe à l’étape de la mise en vigueur qui comprend
la promulgation et la publication de la loi au Journal Officiel de la République de Côte
d’Ivoire (J.O.R.C.I)
• Étape 4 : La promulgation de la loi
La loi votée n’a pas encore tous les caractères des règles juridiques, il lui manque celui
d’être obligatoire. Ce caractère obligatoire résulte de la promulgation de la loi par le
Président de la République. La promulgation est l’acte par lequel le Président de la
République constate l’existence de la loi nouvelle et la revêt de force exécutoire). On
dit encore que la promulgation donne force exécutoire à la loi.
Le délai de promulgation de la loi par le Président de la République est de 30 jours à
compter de la transmission de la loi définitivement adoptée. Ce délai est réduit à 5
jours en cas d’urgence. Une loi non promulguée par le Président de la République jusqu’à
l’expiration des délais prévus (30 jours en période normale et 5 jours en cas d’urgence)

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est déclarée exécutoire par le Conseil Constitutionnel, saisi par le Président de l’une des
deux chambres du Parlement si celle-ci (loi) est conforme à la Constitution.
• Étape 5 : La publication de la loi
Pour être appliquée, la loi doit être portée à la connaissance de tous. Cela se réalise par le
biais du Journal Officiel de la République de Côte d’Ivoire. Elle entre en vigueur Trois (3)
jours francs à compter de sa date de publication. Passée la publication, il est fait
application de l’adage « nul n’est censé ignorer la loi ».

1-2-3- L’abolition de la loi


C’est le retrait de la loi pour l’avenir sans remettre en cause les situations
antérieures à l’abolition. On dit dans ce cas que la loi est abrogée. C’est l’abrogation de
la loi. Cette loi ne s’appliquera plus dorénavant.
1-3- Les règlements administratifs
Les règlements administratifs sont constitués par un ensemble d’actes qui
permettent aux autorités dont ils émanent de transmettre des informations à leurs
subordonnés. Ce sont :
• Les décrets
C’est une décision exécutoire à portée générale ou individuelle prise par le Président de
République en Côte d’Ivoire.
• Les ordonnances
Les ordonnances sont des mesures qui sont normalement du domaine de la loi que le
gouvernement peut prendre, après autorisation du parlement, pour une application
rapide de sa politique. L’autorisation de l’Assemblée Nationale est contenue dans une loi
qu’on appelle loi d’habilitation.
• Les arrêtés
Ce sont des décisions exécutoires à portée générale ou individuelle émanant d’un
ministre (arrêté ministériel) ou de plusieurs ministres (arrêté interministériel) ou d’autres
autorités administratives (arrêté préfectoral, arrêté municipal...).

• Les circulaires
Ce sont des instructions de service écrites adressées par une autorité supérieure à des
agents subordonnés en vertu de son pouvoir hiérarchique.

2- Les sources internationales


Ces sources sont composées des traités ou conventions internationales et le droit
communautaire.
2-1- Les traités ou conventions internationales
Les traités sont des accords conclus entre deux ou plusieurs pays dans des
domaines très variés (commerce, industrie, droits de l’homme …). Lorsqu’ils comportent
des clauses contraires à la constitution, l’autorisation de ratification ne peut intervenir
qu’après la révision de celle-ci. Enfin, dès sa publication, les traités régulièrement ratifiés

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ont une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, de leur application par l’autre
partie.

2-2- Les sources communautaires


Il s’agit des droits communautaires UEMOA et OHADA.
• Le droit communautaire UEMOA
En vue d’une intégration économique, huit (8) pays de l’Afrique occidentale
française ont créé par un Traité en date du 10 janvier 1994 à Dakar l’UEMOA (Union
Économique et Monétaire Ouest Africaine).
• Le droit OHADA
L’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires)
est créée par le Traité de Port Louis (Iles Maurice) du 17 octobre 1993 et regroupe
actuellement dix-sept (17) États africains.
L’OHADA s’est fixée un but spécifique la réalisation de l’intégration juridique en Afrique
: il s’agit de doter les États parties d’un droit des affaires simple, moderne et adapté.
Depuis la révision du traité au Québec en octobre 2008, l’Organisation comprend
cinq institutions à savoir :
- La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement (organe suprême, compétente
pour toutes questions relatives au traité OHADA) ;
- Le Conseil des Ministres (organe législatif),
- Le Secrétariat Permanent (l’exécutif), le siège est à Yaoundé (Cameroun)
- L’École Régionale Supérieure de la Magistrature dite ERSUMA (chargée d’assurer
la formation et le perfectionnement des magistrats, des auxiliaires de justice et de
tous autres juristes des États membres en droit OHADA et en droit des affaires d’une
façon générale) à Porto-Novo (Bénin) ;
- La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage dite CCJA (organe judiciaire), le siège
à Abidjan (Côte d’Ivoire).

LEÇON 2 : LES SOURCES INDIRECTES DU DROIT

Objectif pédagogique : Identifier les sources indirectes du droit.

1- La coutume
L’expression coutume désigne l’ensemble des règles qui se dégagent des faits et
des pratiques dans un milieu social en dehors de toute intervention du législateur. La
coutume est donc une règle de droit non écrite qui comprend deux éléments :
Un élément matériel : C’est une pratique, un usage prolongé et répété. D’où l’adage
« une fois n’est pas coutume
Un élément psychologique : C’est la croyance au caractère obligatoire de ce
comportement C’est la conviction que la pratique doit être suivie.
La coutume une source du droit lorsque la loi renvoie à elle. Il en est ainsi en
matière du foncier rural où nous assistons à des renvois à la coutume pour la

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détermination de la propriété de terres rurales. La coutume peut suppléer la loi lorsque
celle-ci n’existe pas dans un domaine donné. Mais la coutume ne peut jamais remplacer
la loi.
Exemple de coutume : en se mariant, la femme prend l’usage du nom de son mari.

2- La jurisprudence
On appelle jurisprudence l’ensemble des décisions concordantes rendues par les
tribunaux et les cours sur un point de droit déterminé.
Pour rappel, le rôle du juge consiste essentiellement en l’application de la loi. Mais dans
l’hypothèse où la loi est obscure, incomplète ou muette que va-t-il faire ? Puisque la loi
fait obligation au juge de se prononcer dans chaque litige qui lui est soumis sous peine
d’être poursuivi pour déni de justice (c’est un délit pénal qui consiste à manquer à son
devoir de dire le droit par le juge), ce dernier va se référer aux décisions rendues
antérieurement dans des cas identiques. En le faisant, on dit que le juge fait œuvre de
jurisprudence.
3- La doctrine
Traditionnellement, on entend par doctrine les opinions émises sur le droit par des
personnes qui ont pour fonction de l’étudier (Professeurs, magistrats, avocats...). Elle se
retrouve dans les livres ou les commentaires d’arrêt. La doctrine est juste une source
d’inspiration pour le législateur dans la création des normes juridiques.

ÉVALUATION DES ACQUIS N°01

1) Après avoir défini la notion de Droit, quelle différence faites-vous entre le droit
objectif et les droits subjectifs ?
2) Quels sont les différents caractères de la règle de droit ?
3) De quel caractère découle « l’adage nul n’est au-dessus de la loi ?
4) Quelles sont les différentes étapes de la procédure législative ou de la procédure
d’élaboration de la loi ?
5) Établissez la classification des règlements administratifs dans l’ordre croissant en
précisant de quelles autorités ils émanent ou proviennent
6) Qu’est-ce qu’un traité international et à quelle(s) condition(s) un tel traité peut-il
avoir une autorité supérieure à la loi ?
7) À quel genre d’intégration concourent les droits communautaires OHADA et
UEMOA ?
8) Que signifie les sigles suivants :
- ERSUMA
- OHADA
- CCJA

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CAS PRATIQUE

Suite au décès de nombreux citoyens dû la consommation d’alcool dans une localité du


sud de la côte d’ivoire limitrophe du Ghana, le Président de la République a pris un décret
interdisant la vente d’alcool sur cette partie du territoire. Le maire d’une des communes
concernées estimant que cette mesure entrainera une conséquence grave sur les recettes
de la municipalité et ne permettra pas à sa commune d’atteindre ses objectifs par rapport
à tous les chantiers ouverts prend un arrêté pour permettre la continuité de cette activité.
1) Pensez-vous que l’attitude du Maire est conforme à la légalité ? Justifiez votre
réponse
2) Expliquez comment s’établit la hiérarchie des règlements administratifs.

CHAPITRE 3 : L’ORGANISATION JUDICIAIRE DE LA CÔTE D’IVOIRE

LEÇON 1 : LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE L’ORGANISATION


JUDICIAIRE

Objectif pédagogique : Maitriser les principes fondamentaux de l’organisation


judiciaire.

L’organisation judiciaire Ivoirienne repose sur un certain nombre de principes


dont nous retiendrons quelques-uns. Il s’agit des principes de l’unité juridictionnelle, de
la collégialité, du double degré de juridiction et de l’indépendance.

1- Le principe de l’unité juridictionnelle


Celui-ci signifie qu’en Côte d’Ivoire les mêmes magistrats sont compétents pour
connaître de toutes les affaires soit civile, commerciale, administrative ou fiscale. Ainsi,
tant au 1er degré qu’au 2edegré, les mêmes magistrats connaissent de toutes les affaires.
Ils sont donc juges de droit commun.

NB : Le principe de l’unité juridictionnelle ne sera plus absolu lorsque l’institution


de la dualité juridictionnelle sera effective à travers la mise en place effectives de toutes
les autres juridictions de l’ordre administratif (tribunaux administratifs notamment).

2- Le principe de la collégialité
Selon ce principe, les jugements des tribunaux de première instance sont rendus
par des magistrats délibérant en nombre impair d’au moins trois (03) juges. De même, les
sections détachées siègeront de façon collégiale en matière délictuelle lorsque l’intérêt du
litige excède 50.000.000 FCFA et aussi, en cas d’infraction contre la sûreté de l’Etat.

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3- Le principe du double degré de juridiction
C’est le double examen successif d’un litige par les juridictions. Ce principe signifie
qu’une décision rendue par un premier juge (premier degré c’est-à-dire par les tribunaux
de Première instance et leurs sections détachées) peut être contestée devant un autre juge
(au second degré c’est-à-dire les cours d’appel) qui juge l’affaire à nouveau en fait et en
droit. Cependant, il faut préciser que les jugements rendus par le tribunal de police
(compétent pour les contraventions) et les arrêts de la cour d’assises échappent à ce
principe.

4- Le principe de l’indépendance
La Constitution ivoirienne érige l’Institution judiciaire en pouvoir indépendant
des autres pouvoirs que sont l’exécutif et le législatif. Le Président de la République est
le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Les magistrats du siège ne sont
soumis, dans l’exercice de leurs fonctions, qu’à l’autorité de la loi. Ils sont inamovibles.
Ils ne peuvent pas être mutés sans leur accord, sauf nécessités de service.
5- Le principe de l’égalité des citoyens devant la justice
Ce principe signifie que devant la justice, tous les hommes sont égaux. Il en découle
que la justice doit traiter de la même façon, des individus qui sont dans la même situation.

6- Le principe de la gratuité des services de la justice


Ce principe ne signifie pas que l’accès aux services de la justice est gratuit. Il
signifie plutôt que les parties à un procès ne paient aucune rémunération au juge.

LEÇON 2 : LES PRINCIPALES JURIDICTIONS : LES JURIDICTIONS


INFERIEURES

Objectif pédagogique : Identifier les juridictions inférieures


Les juridictions inférieures sont constituées par les juridictions du premier degré
et du second degré.

1- Les juridictions du premier degré


Ce sont celles qui connaissent en premier lieu des litiges. Il s’agit des tribunaux de
première Instance et des sections détachées (avec leurs formations spéciales). A côté des
tribunaux de première instance, nous avons le tribunal du commerce.
1-1- Les tribunaux de première instance et les sections détachées
Appelés encore siège de tribunal de première instance, ils sont au nombre de 11,
répartis entre les plus grandes villes du pays : Abidjan-Plateau, Abidjan-Yopougon,
Bouaké, Daloa, Man, Korhogo, Abengourou, Bouaflé, Gagnoa, Divo, San-Pedro
Les sections détachées sont rattachées à des tribunaux de première instance.
Toutefois, ces juridictions sont autonomes et ne se chevauchent pas en matière civile,
administrative et pénale. Ces juridictions sont indépendantes et équivalentes sur le plan

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de la compétence d’attribution. Elles ont le même pouvoir de juger. Ainsi, on ne fait pas
appel des décisions des sections de tribunaux devant les tribunaux de première section.
Les tribunaux de première instance statuent en formation collégiale. Et en ce qui
concerne les sections détachées, elles continuent en principe de siéger avec un seul juge.
Toutefois, elles doivent siéger en formation collégiale de trois (3) magistrats au moins
dans les cas suivants :
- En matière civile, commerciale et administrative lorsque l’intérêt du litige
dépasse 50 millions de FCFA ;
- En matière délictuelle et obligatoirement en présence du Ministère public
(parquet) lorsque l’intérêt du litige excède 50 millions de FCFA ou lorsqu’il s’agit
d’infractions contre la sûreté de l’Etat, la défense nationale, la sécurité publique
ainsi que celle passible de la peine de l’emprisonnement à perpétuité. - En
matière de faillite et de liquidation judiciaire.

Les tribunaux de première instance et leurs sections détachées ont des formations
spéciales. Ce sont :

1-1-1- Le tribunal du travail


Le tribunal du travail siège en formation collégiale. Son président est, en principe
le président du TPI ou de la section détachée de la localité concernée, sauf s’il désigne un
magistrat à cet effet. Les autres membres de ce collège de juges sont les deux (2) assesseurs
représentant respectivement les employeurs et les travailleurs. Il faut relever que, pour
chaque affaire, le Président du tribunal désigne autant que possible les assesseurs
employeurs et travailleurs appartenant à la catégorie professionnelle intéressée.
Sur le plan de la compétence : « les tribunaux du travail connaissent des différends
individuels pouvant s’élever à l’occasion du contrat de travail ou d’apprentissage, y
compris les accidents du travail et les maladies professionnelles entre employeurs ou
apprentis et leurs employeurs ou maitres ». Ces tribunaux sont également compétents
pour se prononcer sur tous les différends individuels relatifs à la validité et l’exécution
des conventions collectives et règlements en tenant lieu. Leur compétence s’étend aussi
aux litiges entre employeurs ou apprentis à l’occasion des contrats de travail ou
d’apprentissage.
1-1-2- Les juridictions répressives
Il y a le tribunal criminel qui est compétent pour juger en premier ressort les
individus renvoyés devant lui par l'arrêt de renvoi rendu par la chambre d’instruction, le
tribunal correctionnel qui est compétent pour connaitre des délits. Et le tribunal de
simple police qui lui, connait des contraventions.
Sont des contraventions, les infractions que la loi punit d’une peine de un jour au
moins à deux mois au plus d’emprisonnement, et d’une peine d’amende inférieure ou
égale à 360 000 FCFA ou l’une de ces deux peines seulement.

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1-2- Le Tribunal de Commerce
Le tribunal du commerce est une juridiction autonome de premier degré. Les
litiges attribués au Tribunal de Commerce sont ceux relatifs aux relations entre
commerçants et entre commerçants et non commerçants. Le Tribunal de Commerce gère
aussi le Registre de Commerce et de Crédit Mobilier (RCCM). Il est composé de juges
professionnels (magistrats de carrière) et de juges consulaires (opérateurs économiques
choisis sur une liste d’aptitude établie par la Chambre de Commerce et d’Industrie)
Il convient de noter que le Tribunal de Commerce est une innovation dans
l’organisation judiciaire ivoirienne et que seul le Tribunal de Commerce d’Abidjan est
créé par le décret N° 2012-628 du 6 juillet 2012 portant création du Tribunal de
Commerce d’Abidjan et fixant son ressort territorial.

2- Les juridictions de second degré


Au niveau du second degré, il y a essentiellement les Cours d’appel. Au sein de la Cour
d’appel, existe la Cour d’Assises, juridiction répressive ayant une compétence spécifique.
Il existe désormais, une Cour d’Appel de commerce.

2-1- La Cour d’Appel


Les cours d’appel connaissent des recours exercés contre les décisions rendues par
les tribunaux de première instance et leurs sections détachées. Il existe trois cours d’appel
situées à Abidjan, Bouaké et à Daloa.
Le ressort de la Cour d’appel d’Abidjan couvre les tribunaux de première
instance d’Abidjan-Plateau, Yopougon et d’Abengourou ainsi que leurs sections
détachées. Celui de la Cour d’appel de Bouaké englobe des TPI de Bouaké et de
Korhogo et leurs sections détachées. Quant à la Cour d’appel de Daloa, elle couvre les
TPI de Daloa, Man, Gagnoa et de Bouaflé ainsi que leurs sections détachées.
Elles regroupent les magistrats du siège que sont le Premier Président, les
Présidents de chambres et les conseillers, ainsi que les magistrats du ministère public ou
Parquet Général, comprenant le Procureur Général, les Avocats Généraux et les substituts
du Procureur Général.

2-2- La chambre criminelle de la cour d’appel


La chambre criminelle est la juridiction investie de la compétence de juger les
individus poursuivis pour infractions qualifiées crimes. (Exemple : Assassinat). Elle
connait des recours contre les jugements rendus par le tribunal criminel. La Chambre
criminelle de la Cour d'Appel est composée d'un président et de deux conseillers. Elle est
présidée par le premier président ou par un président de chambre à la Cour d'Appel. Les
conseillers sont choisis parmi les conseillers de la Cour d'Appel.
2-3- La Cour d’Appel de commerce
Avec l’existence du tribunal de commerce, il a été institué par décret N° 2017-501
du 02 août 2017, une Cour d’Appel de commerce appelée à connaitre des litiges
commerciaux au second degré. Cette Cour connait des appels dirigés contre les jugements

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rendus en premier ressort (lorsque le taux du litige excède 10 000 000 F CFA), par le
tribunal de commerce. Sa compétence territoriale est prévue à l’annexe du décret
N° 2017-501 du 02 août 2017 portant création de la Cour d’Appel de commerce d’Abidjan.

NB : Les tribunaux de première instance et leurs sections détachées et la cour d’appel


sont des juridictions de droit commun parce qu’ils ont une compétence générale pour
statuer sur tous types de litiges, dans toutes matières, sauf lorsqu'une compétence
spéciale est expressément attribuée à une autre juridiction.

LEÇON 3 : LES PRINCIPALES JURIDICTIONS : LES JURIDICTIONS


SUPÉRIEURES

Objectif pédagogique : Identifier les juridictions supérieures.


Il s’agit de la Cour de cassation, du conseil d’Etat, de la Cour des Comptes, du
Conseil Constitutionnel, de la haute Cour de justice et la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage qui est devenue depuis l’avènement du droit OHADA une juridiction
suprême dans les États membres de l’organisation.

1- La Cour de cassation

La Cour de Cassation est la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire. Elle statue
souverainement sur les recours en cassation contre les décisions rendues en dernier
ressort par les Cours et Tribunaux de l’ordre judiciaire.

2- Le Conseil d’Etat

Le Conseil d’Etat est la plus haute juridiction de l’ordre administratif. Il statue


souverainement sur les décisions rendues en dernier ressort par les Tribunaux
administratifs et par les juridictions administratives spécialisées en matière de
contentieux administratif. Le Conseil d’Etat connaît en premier et en dernier ressort des
recours en annulation des actes des autorités administratives centrales et des organismes
ayant une compétence nationale.

Il exerce en outre une fonction consultative. À ce titre, il peut être sollicité par le Président
de la République, pour avis, sur toute question de nature administrative.

3- La Cour des Comptes

La Cour des Comptes est l’Institution suprême de contrôle des finances publiques. Elle a
des attributions juridictionnelles, de contrôle et de consultation.
La Cour des comptes contrôle la gestion des comptes des services de l’Etat, des
Établissements publics nationaux, des collectivités territoriales, des Autorités
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administratives indépendantes et de tout organisme bénéficiant du concours financier de
l’Etat ou d’une autre personne morale de droit public ainsi que de tout organisme
bénéficiant du concours financier des entreprises publiques et de leurs filiales.

4- Le Conseil Constitutionnel

Composée de personnalités connues pour leur compétence en matière juridique ou


administrative et désignées par le Président de la République, cette juridiction est juge de
la constitutionnalité des lois et est l’organe régulateur du fonctionnement des pouvoirs
publics. Il contrôle la régularité des opérations de référendum et en proclame les résultats.
Il statue sur l’éligibilité des candidats aux élections présidentielle et législative, sur
les contestations relatives à ces élections et proclame les résultats définitifs des élections
présidentielles.

5- La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA)


La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA est la juridiction de
cassation des Etats membres, dès lors qu’il s’agit d’un litige soulevant des questions
relatives à l’application des Actes uniformes. Elle assure l’unité d’interprétation et
d’application des Actes uniformes. La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage a son
siège à Abidjan.

6- La Haute Cour de Justice


Cette juridiction non permanente connaît des actes accomplis par le Président de
République en cas de haute trahison, et des faits qualifiés crimes ou délits commis par le
vice-Président et les membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. La
Haute Cour de Justice est composée de membres élus en leur sein en nombre égal par
l'Assemblée nationale et par le Sénat, dès la première session de la législature. Elle est
présidée par le Président de la Cour de cassation.

CHAPITRE 4 : LA PROCÉDURE CIVILE

LEÇON 1 : LES PRINCIPES DE LA PROCÉDURE CIVILE

Objectif pédagogique : Maitriser les principes de la procédure civile.

Il s’agit d’étudier les règles de compétence ainsi que le déroulement du procès.


1- Les règles de compétence
La compétence est l’étendue du pouvoir de juger qui appartient à chaque
juridiction. Nous avons la compétence d’attribution et la compétence territoriale.
1-1- La compétence d’attribution
La compétence d’attribution, c’est la compétence d’une juridiction en fonction
de la nature des affaires, parfois aussi de leur importance pécuniaire. Ainsi, les TPI et

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leurs sections détachées, connaissent de toutes affaires civiles, commerciales,
administratives et fiscales pour lesquelles compétence n’est pas attribuée expressément à
une autre juridiction en raison de la nature de l’affaire.
Ces juridictions statuent en toute matière en 1er ressort sur toutes les demandes
dont l’intérêt du litige est supérieur à 500.000 FCFA ou est indéterminé, ainsi que sur
celles relatives à l’état des personnes, celles mettant en cause une personne publique et
celles statuant sur la compétence.
Par contre quand l’intérêt du litige est inférieur à 500.000 FCFA, ils statuent en
premier et dernier ressort.

1-2- La compétence territoriale


La compétence territoriale précise quelle est la juridiction, parmi l’ensemble des
juridictions réparties sur le territoire, qui devra connaître de l’affaire.
En matière civile, le tribunal territorialement compétent est en principe celui du
domicile du défendeur et, en l’absence de domicile, celui de sa résidence. Mais ce
principe admet des limites :
- Si le défendeur est Ivoirien établi à l’étranger ou est un étranger n’ayant en
Côte d’ivoire ni domicile ni résidence connue, le tribunal compétent est celui
du domicile du demandeur.
- En ce qui concerne les immeubles, le tribunal compétent est celui du lieu de
situation de l’immeuble litigieux.

- Pour les litiges qui naissent d’un contrat ou d’un accident, le tribunal
compétent est celui du lieu du contrat, de l’accident ;

- En matière commerciale, le tribunal compétent est soit celui du domicile du


défendeur, soit celui où la promesse a été faite et la marchandise a été livrée,
soit celui dans le ressort duquel le paiement a été ou devait être effectué.
- En matière fiscale, celui du lieu de l’établissement de l’impôt.

2- Le déroulement du procès
Il déroule en quatre phases : l’exercice de l’action en justice, les modes de saisine
du tribunal, l’audience et le jugement.

2-1- L’action en justice


L’action en justice est le pouvoir légal de saisir les juridictions. Toute personne
physique ou morale peut agir devant les juridictions en vue d’obtenir la reconnaissance,
la protection ou la sanction de son droit. Toutefois, l’action en justice n’est recevable que
si le demandeur :
- Justifie d’un intérêt légitime juridiquement protégé, direct et personnel (c’est à-dire
fondé sur un droit et seul l’individu dont les intérêts sont en cause peut agir);

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- A la qualité pour agir en justice (c’est-à-dire le titre juridique qui permet à une
personne d’invoquer en justice le droit dont elle demande la sanction);
- Possède la capacité pour agir en justice (c’est-à-dire être capable juridiquement).

NB : En principe, une action en justice suppose un demandeur qui est celui qui prend
l’initiative du procès et un défendeur qui est la personne contre laquelle le procès est
engagé. Quand l’action est portée devant la Cour d’appel, il s’agit de l’appelant et de
l’intimé. Si c’est devant la Cour suprême, ce sont le demandeur au pourvoi et le
défendeur au pourvoi.
2-2- Les modes de saisine de la juridiction
Pour qu’il y ait procès, il faut une demande introductive d’instance qui est l’acte
par lequel une personne exerçant une action en justice prend l’initiative de saisir une
juridiction.
Il y a trois modes d’introduction de la demande en justice. Ce sont :
- L’assignation : C’est l’acte d’huissier de justice adressé par le demandeur au
défendeur pour l’inviter à comparaître devant une juridiction de l’ordre
judiciaire.
- La requête : C’est une demande orale ou écrite présentée au greffe de la
juridiction compétente pour connaître de l’affaire par le demandeur en
personne ou par son représentant ou mandataire.
- La comparution volontaire : C’est lorsque les parties se présentent
volontairement devant la juridiction compétente pour être jugées.
2-3- L’audience et la décision de la juridiction
Lorsque l’instance est introduite, l’affaire est inscrite au répertoire général c’est-à
dire sur un registre où sont inscrites chronologiquement toutes les affaires portées devant
cette juridiction. On dit que l’affaire est enrôlée. Le demandeur devra en même temps
consigner une somme d’argent au greffe de la juridiction pour garantir le paiement des
frais. Un dossier est alors ouvert. Le jour de l’audience, les parties en conflit sont admises
à plaider soit par elles-mêmes ou par l’intermédiaire de leurs avocats.
Si la juridiction s’estime suffisamment éclairée, le président clos les débats et
l’affaire est mise en délibéré. Il lui appartient désormais de rendre sa décision en
indiquant les raisons qui l’ont déterminé. La décision rendue peut prendre plusieurs
dénominations en fonction du degré de juridiction. Ainsi, si la décision vient des TPI et
leurs sections détachées, on parle de jugement, si elle émane des Cours d’appel et de la
Cour de cassation et du conseil d’Etat, elle est dite arrêt.

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LEÇON 2 : LES VOIES DE RECOURS

Objectif pédagogique : Maitriser les voies de recours.

Il faut distinguer les voies de recours ordinaires et les voies de recours


extraordinaires

1- Les voies de recours ordinaires

1-1- L’opposition
C’est la voie de recours par laquelle une partie condamnée par défaut sollicite de
la juridiction qui a statué, la rétractation, après débats contradictoire, de la décision
rendue. Le délai est de 15 jours à compter de la signification de la décision.
NB : Signifier une décision c’est la porter à la connaissance de l’autre partie ou des
parties en conflit.
1-2- L’appel
C’est la voie de recours par laquelle une partie sollicite de la cour d’appel la
reformation de la décision rendue par la juridiction de première instance. L’appel
s’applique à toutes les décisions rendues en premier ressort, contradictoirement ou par
défaut.
Le délai pour interjeter appel est d’un (1) mois à partir de la signification de la
décision de première instance. L’appel a un effet suspensif, c’est-à-dire qu’il suspend
l’exécution de la décision pour laquelle on interjette appel, sauf dans le cas d’une
exécution provisoire.

2- Les voies de recours extraordinaires

2-1- L’interprétation et la rectification


La décision dont les termes sont obscurs ou ambigus peut être interprétée par le
juge qui l’a rendue, à condition qu’elle présente un intérêt pour la partie qui l’a sollicitée
et qu’il ne soit porté atteinte à l’autorité de la chose jugée.
Quant à la rectification, elle concerne les décisions contenant des fautes
d’orthographe, des omissions ou des erreurs matérielles.
2-2- La tierce opposition
C’est une voie de recours par laquelle une personne autre que les parties engagées
dans l’instance, peut attaquer une décision qui lui cause préjudice et demander à la
juridiction qui l’a rendue d’en supprimer les effets en ce qui la concerne personnellement.
2-3- La demande en révision
C’est la voie de recours ouverte aux parties contre les décisions rendues en dernier
ressort, non susceptibles d’opposition, dans le but de les faire rétracter par les juges qui
les ont rendues. Cette demande n’est possible que dans des cas limitativement énumérés
par la loi (manœuvres mensongères ou dissimulations frauduleuses pratiquées
sciemment...).

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Le délai est 2 mois à compter de la découverte du dol, ou du jour où le faux a été
déclaré, ou du jour où la pièce a été recouvrée.
2-4- Le pourvoi en cassation
C’est le recours contre une décision en dernier ressort porté devant la Cour de
cassation ou le conseil d’Etat fondé sur la violation de la loi.
Peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation, les décisions juridictionnelles de
dernier ressort. Cela veut dire que de façon générale, ce sont les décisions des cours
d’appel qui sont concernées, mais qu’exceptionnellement les décisions de premier degré
de juridiction (tribunal statuant en premier et dernier ressort sur les demandes dont
l’intérêt du litige n’excède pas 500 000frs). C’est l’exception du principe du double degré de
juridiction qui s'exprime à travers l'appel (interjeter appel), c'est à dire qu'une juridiction
du 2ème degré va reprendre l'affaire dans toutes ses dimensions.

LEÇON 3 : LE PERSONNEL JUDICIAIRE

Objectif pédagogique : Connaitre le personnel judiciaire.


Ce sont les magistrats et les auxiliaires de justice qui seront étudiés ici.

1- Les magistrats
Ce sont les représentants de l’autorité publique auxquels la loi confère le pouvoir
de rendre la justice ou de requérir l’application de la loi. On distingue deux catégories de
magistrats.
1-1- Les magistrats du « siège » ou les juges
Ils rendent la justice en tranchant les litiges portés devant eux par les citoyens ou
en punissant de peines d’amende ou d’emprisonnement les individus traduits devant eux
pour avoir enfreint à la loi. Ils rendent la justice « assis » d’où le nom de magistrature «
assise ».
1-2- Les magistrats du « ministère public » ou le parquet
Ceux-ci forment ce qu’on appelle la magistrature « débout » parce qu’ils requièrent
la justice débout, c’est-à-dire qu’ils se lèvent pour s’adresser au tribunal. Ce sont des
agents du pouvoir exécutif et, en tant que tels, subordonnés à leurs supérieurs
hiérarchiques dont le premier est le garde des sceaux.

Remarques : Les magistrats du « siège » sont inamovibles c’est-à-dire qu’ils ne peuvent


être destitués, suspendus, ou déplacés que dans les conditions prévues par la loi ; ils n’ont
pas d’ordre à recevoir du gouvernement. Les magistrats du parquet font partie du corps
judiciaire mais ne jouissent pas de la prérogative de l’inamovibilité. Ce sont des agents
du pouvoir central qui doivent se plier aux injonctions de leurs supérieurs hiérarchiques,
à peine de sanctions disciplinaires.

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2- Les auxiliaires de justice
Les auxiliaires de justice sont des personnes dont la mission est facilitée la marche
de l’instance et la bonne administration de la justice.
Ce sont :
• Le greffier : C’est fonctionnaire chargé de donner l’authenticité aux actes du
juge. Ses fonctions principales sont entre autres l’assistance au juge dans tous
les actes de son ministère, la conservation des minutes des jugements et des
procès-verbaux et la délivrance des expéditions aux justiciables, la détention
de certains registres
• L’avocat : C’est un juriste assermenté qui fait profession d’aider de ses conseils
les justiciables et de plaider pour eux devant les tribunaux et cours ainsi que
devant les organisations juridictionnelles ou disciplinaires.
• Commissaires de justice : C’est un officier ministériel qui est chargé des
significations, de dresser procès-verbal des constatations qu’il a faites et de
l’exécution forcée des décisions de justice, de faire l’inventaire, l’estimation et
de procéder à la vente publique de meubles.
Le titre de commissaire de justice résulte de la fusion des professions
d’huissier de justice et de commissaire-priseur.
• Le notaire : C’est un officier ministériel chargé de conférer l’authenticité aux
actes instrumentaires (actes juridiques, contrats) et de conseiller les
particuliers.
• L’expert : C’est une personne ressource a laquelle le juge à recours à titre
d’information. Il est dressé chaque année une liste d’experts par la cour
d’appel pris dans diverses spécialités (agriculture, mécanique, traduction des
diverses langues, chirurgie...).

ÉVALUATION DES ACQUIS N°02

1) Quels sont les principes fondamentaux de l’organisation judiciaire ?


2) Qu’est-ce qu’une juridiction ?
3) Qu’est-ce que le déni de justice ?
4) Pourquoi dit-on qu’on ne peut faire appel d’une décision rendue par les sections
détachées de tribunaux devant les tribunaux de première instance, 5) Que signifie le
principe de la collégialité ?
6) De quel principe découle la règle selon laquelle « les magistrats sont juges de droit
commun » ?
7) Quelles sont les conditions d’exercice de l’action en justice ?
8) Quels sont les modes de saisine de la juridiction ?

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9) Le principe de l’inamovibilité est un principe absolu applicable à tous les
magistrats ?
10) Quelles sont les décisions qui peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation ?

CHAPITRE 5 : LES ACTEURS DE LA VIE JURIDIQUE

La vie juridique est animée par des personnes qu’on appelle des sujets de droit. Ils
sont aptes à avoir des droits et à supporter des obligations. On dit qu’ils ont la
personnalité juridique. On distingue les personnes physiques (leur existence,
identification et capacité) et les personnes morales.

LEÇON 1 : L’EXISTENCE DES PERSONNES PHYSIQUES

Objectif pédagogique : Connaitre le début et la fin de l’existence des personnes


physiques.
L’attribution de la personnalité juridique aux êtres humains pose la question du
point de départ et de la fin de cette personnalité. Mais il y a souvent des cas où cette
existence est mise en doute.

1- Le début de la personnalité juridique


La personnalité juridique est acquise dès la naissance de l’être humain, Cependant,
dans certains cas particuliers, elle remonte à la conception.

1-1- L’acquisition de principe de la personnalité juridique


C’est à la naissance que l’être est doté de la personnalité juridique. Aussi pour avoir
la personnalité juridique, il faut naître vivant. Le mort-né, c’est-à-dire celui qui était déjà
mort dans le sein de sa mère ou qui est mort pendant l’accouchement n’a jamais vécu
d’une vie propre, n’a pas la personnalité juridique et il est censé ne l’avoir jamais eue.

1-2- L’acquisition exceptionnelle de la personnalité juridique


La personnalité juridique peut aussi commencer avec la conception de l’homme.
C’est la règle dite « infans conceptus ». Cette règle signifie que l’enfant simplement conçu
sera considéré comme déjà né chaque fois qu’il y va de son intérêt. Elle permet de corriger
l’exclusion de l’enfant simplement conçu de la succession. Cet adage permet aussi de
conclure un contrat d’assurance sur la vie au profit d’un enfant à naitre.
Ainsi, l’enfant s’il acquiert de la sorte des droits et non des obligations aura la
personnalité juridique à condition de naître vivant et viable. La conception est présumée
avoir eu lieu à un moment quelconque de la période qui s’étend du trois centième (300ème)
jour aux cent quatre-vingtième jours (180ème), inclusivement, avant la date de la naissance
suivant ce qui est demandé dans l’intérêt de l’enfant.

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2- La fin de la personnalité juridique
Elle est marquée par la mort de la personne physique. Toutefois, il y a des cas de
prolongement fictif de la personnalité juridique même après la mort.

2-1- La fin de la personnalité juridique par le constat de la mort physique


Il s’agit de la mort biologique de l’individu. Elle peut se définir comme l’arrêt
complet et irréversible des fonctions vitales de l’homme. Ainsi, est considéré comme mort
un homme qui ne respire plus et dont le sang est arrêté, ne circule plus.
La mort doit être constatée et portée à la connaissance de l’officier d’Etat civil qui
dressera un acte de décès.

2-2- La survie de la personnalité juridique après la mort physique


• Le testament : C’est un acte juridique unilatéral par lequel une personne, le
testateur, exprime ses dernières volontés et dispose de ses biens pour le temps
qui suit sa mort.
• Les décorations à titre posthume : Ce sont des insignes ou honneurs conférés
au défunt. Par ce mécanisme, on prolonge la personnalité du défunt après sa
mort.

3- Les doutes sur l’existence de la personne physique : l’absence et la disparition


La fin de la personnalité juridique peut intervenir aussi dans les hypothèses où il
existe une incertitude sur la vie ou la mort de l’individu. Ce sont les situations d’absence
et de disparition.
3-1- L’absence
Dans le langage usuel, l’absence est le fait de ne pas être présent en un lieu dans
lequel on devrait normalement se trouver à un moment donné. Ainsi, on dit d’une
personne qu’elle est absente quand elle est sortie de chez elle ou qu’elle n’est pas présente
au cours. Il s’agit en réalité de la non-présence.
L’absence est donc la situation d’une personne qui a cessé de paraître au lieu de
son domicile ou de sa résidence sans que l’on ait eu de ses nouvelles alors qu’aucun
évènement particulier ne fait présumer le décès et que l’on ignore s’il est encore en vie ou
déjà mort.
Exemple : Un frère parti étudier en Belgique depuis 10 à 15 sans qu’on ait des nouvelles
de lui.

3-1-1- Les effets de l’absence quant aux personnes


L’absence met en péril de nombreux intérêts : les intérêts du conjoint de l’absent,
les intérêts des enfants et ceux des tiers. Quel est le sort du mariage de l’absent ? Quelle
est la situation juridique de ses enfants ? Ces questions nous amènent à envisager, d’une
part, les effets de l’absence en ce qui concerne son mariage et d’autre part, les effets de
l’absence sur la situation juridique des enfants.
- Effets de l’absence sur le mariage : Le mariage prend fin après la déclaration
judiciaire de l’absence. (Art. 103 de la loi 2019-570 relative au mariage).
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- Les effets de l’absence sur la situation juridique des enfants : Les enfants qui
viendront à naître pendant l’absence seront considérés comme des enfants
légitimes de l’absent s’ils naissent moins de 300 jours depuis le départ de l’absent.
Au-delà de cette période, il n’est plus présumé être le père des enfants nés durant
son absence.

3-1-2- Les effets de l’absence quant aux biens :


Concernant les biens laissés par l’absent, il faut distinguer trois périodes que sont :
1 période : La période de la présomption d’absence
ère

Elle va durer 10 ans si l’absent a laissé un mandataire et 4 ans s’il est parti sans
laisser un mandataire. Quoiqu’il en soit au cours de cette période, la loi organise
uniquement des mesures d’administration provisoire. La seule chose que peuvent faire
les héritiers présomptifs, c’est de demander au tribunal de désigner un administrateur
provisoire.

2ème période : La déclaration d’absence avec l’envoi en possession provisoire


Cette période s’ouvre 4 ans après les dernières nouvelles reçues de l’absent (qui
n’a pas laissé un mandataire) ou 10 ans après (quand il avait laissé un mandataire).
Elle commence avec la déclaration d’absence. Les héritiers peuvent demander au
tribunal de rendre un jugement déclaratif d’absence qui a pour conséquence l’envoi en
possession provisoire. Il s’agit de procéder à une répartition provisoire des biens
appartenant à l’absent. Toutefois, chaque héritier présomptif ne sera qu’un dépositaire.
Cela veut dire qu’il ne pourra pas les vendre ni les modifier ; il n’a que l’administration
et la jouissance des biens pour lesquels il a été envoyé en possession provisoire.

3ème période : La période de l’envoi en possession définitive


Elle intervient judiciairement soit après trente (30) ans de l’envoi en possession
provisoire, soit 100 ans après la naissance de l’absent.
Cette étape de la procédure consolide les droits des personnes intéressées et
permet de partager définitivement les biens de l’absent. L’absence prend fin lorsque le
décès de l’absent est prouvé. Par contre, si l’absent reparait, il recouvrera ses biens dans
l’état où ils se trouvent.

3-2- La disparition
C’est la situation d’une personne qui a disparu dans des circonstances de nature à
mettre sa vie en danger sans que son corps n’ait été retrouvé. Elle se distingue de l’absence
par ses éléments caractéristiques et par son régime juridique proche de celui d’une
personne décédée.
Exemple : ZOKOU part suivre la coupe du monde en Allemagne. L’avion qu’il a pris
explose en plein vol sans qu’on ne retrouve son corps.
Ici aussi, le droit s’intéresse à la procédure de déclaration de décès et au retour
éventuel du disparu.

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3-2-1- La procédure de déclaration du décès
C’est une procédure judiciaire c’est-à-dire devant le tribunal. Le Procureur de la
République ou toutes personnes intéressées (le conjoint, les héritiers, les créanciers…)
pourront demander au tribunal de déclarer judiciairement le décès du disparu. Il sera
alors rendu un jugement déclaratif de décès.
3-2-2- Le retour du disparu
Si le disparu revient, le jugement déclaratif de décès est annulé. Ainsi, la
personnalité juridique du disparu sera rétablie. Dès lors la loi précise qu’il pourra
reprendre ses biens mais dans l’état où ils se trouvent. Si la liquidation des biens a eu lieu,
elle est maintenue.

LEÇON 2 : L’IDENTIFICATION DES PERSONNES PHYSIQUES : LE NOM

Objectif pédagogique : Maitriser les modes d’identification des personnes physiques.


L’identification des personnes physiques s’opère principalement par quatre
moyens que sont le nom, le domicile, les actes de l’état civil et la nationalité. Voyons celui
du nom.

1- Le nom
Le nom est l’appellation ou le vocable qui sert à désigner une personne physique
dans la vie sociale. Cette appellation se décompose en plusieurs éléments que sont le nom
patronymique et les accessoires du nom. 1-1- Le nom patronymique
Le nom patronymique d’un individu est celui de la famille à laquelle il est rattaché.
C’est pourquoi, on parle invariablement de nom de famille. Le nom présente trois intérêts
qui sont :
- Un intérêt Étatique : c’est une institution de police civile, c’est-à-dire une
institution purement administrative ;
- Un intérêt familial : c’est la propriété d’une famille, c’est-à-dire qu’il unit les
membres de la famille ;
- Un intérêt individuel : c’est une partie essentielle de la personne, de l’individu. En
effet, celui-ci peut changer de personnalité ou d’état s’il change de nom.
De tout ce qui précède, il ressort que le nom est un droit lié à la personne et qui est
en tant que tel protégé. Aussi peut-on s’opposer à son usurpation, à son emploi à titre
littéraire, artistique ou commercial.

1-2- Les modes d’acquisition du nom patronymique :


1-2-1- L’attribution du nom par la filiation
L’enfant légitime, c’est-à-dire né dans les liens du mariage porte le nom du père.
La loi permet aussi au père de l’enfant légitime de faire ajouter le nom de jeune fille de la
mère, son épouse, à son patronyme attribué à l’enfant. Mais dans cette hypothèse, l’enfant
légitime portera un nom patronyme double : le nom de son père auquel on ajoute le nom
de jeune fille de sa mère.

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L’enfant naturel, né avant le mariage, porte le nom du parent à l’égard duquel la
filiation a été établie en premier.
L’enfant adultérin par le père Aux termes de l’article 22 alinéa 1er de la loi relative
à la filiation : La reconnaissance par le père, de l’enfant né de ses relations hors mariage
doit être précédée de l’information donnée à l’épouse du projet de reconnaissance. L’acte
de reconnaissance doit à peine de nullité, contenir la mention de l’information donnée à
l’épouse par acte de commissaire de justice .
L’enfant adultérin par la mère portera le nom, sauf jugement de désaveu de
paternité, du mari de sa mère.
En cas d’adoption simple, l’adopté gardera son patronyme auquel sera ajouté celui
de l’adoptant. Et en cas d’adoption plénière, le nom de l’adopté est remplacé par le nom
de l’adoptant.

1-2-2- L’attribution du nom par une autorité administrative


Le nom patronymique de l’enfant trouvé est attribué à l’enfant par l’officier d’état
civil à qui la naissance ou la découverte de l’enfant a été déclarée.

1-3- Le changement de nom


Le changement de nom est en principe interdit à cause du principe de
l’immutabilité du nom. Mais ce principe connaît des dérogations.
1-3-1- Le changement de nom par voie de conséquence
Il y a changement de nom parce qu’il y a changement d’état civil qui peut résulter
soit de l’adoption, soit du mariage. En réalité, l’épouse ne perd pas son nom originaire,
elle dispose simplement, par le mariage de l’usage du nom du mari.
1-3-2- Le changement de nom à titre principal
II est admis dans des cas limités. Ce sont le changement de nom par substitution
de nom de l’un des ascendants au sien propre et le changement de nom par relèvement
du nom de son ascendant par adjonction au sien propre.

2- La protection du nom
Les situations dans lesquelles la protection du nom est demandée en justice
apparaissent dans deux hypothèses :
2-1- L’usurpation de nom
C’est le fait pour quelqu’un de porter le nom d’autrui. L’action en usurpation du
nom revient à tous les membres de la famille quand bien même ceux-ci ne porteraient pas
ce patronyme.
2-2- L’utilisation abusive du nom
Dans ce cadre, quelqu’un va user du nom d’autrui sans vouloir se l’attribuer. Par
exemple, on va utiliser le nom d’autrui dans un contexte commercial ou dans la création
littéraire, pour désigner un personnage imaginaire.

3- Les accessoires du nom


Il s’agit en principal du ou des prénoms et des autres accessoires du nom.

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3-1- Le ou les prénoms
C’est un accessoire du nom qui le suit et qui sert à différencier chacun des membres
d’une même famille. Il est nécessaire et obligatoire. Aussi, la loi offre aux géniteurs le
droit de choisir librement le prénom mais ceux-ci doivent se limiter au calendrier, aux
usages et à la tradition. Le prénom est immuable. Mais, la loi autorise le changement de
prénom si celui que l’on porte est banal, répandu ou ridicule. En outre, les adoptants
peuvent demander la modification du prénom de l’adopté. Enfin, le prénom est protégé
lorsqu’il est associé à un patronyme.
3-2- Le surnom
C’est une appellation que l’entourage donne à une personne de manière constante
et publique. Il n’est pas choisi mais imposé par son milieu. Il n’a aucune valeur juridique.
3-3- Le pseudonyme
C’est un nom volontaire choisi par une personne pour exercer, sous un masque,
une activité professionnelle, généralement littéraire ou artistique. Le pseudonyme est
protégé contre les usurpateurs mais ne saurait remplacer le nom.

LEÇON 3 : L’IDENTIFICATION DES PERSONNES PHYSIQUES : LE DOMICILE,


LES ACTES DE L’ÉTAT CIVIL ET LA NATIONALITÉ

Objectif pédagogique : Maitriser les modes d’identification des personnes physiques.


1- Le domicile
C’est le lieu du principal établissement. C’est en quelque sorte le centre des intérêts
de la personne. Le domicile traduit le rattachement des personnes à un certain lieu
géographique. Il est le lieu où la personne est considérée comme située légalement.
1-1- Les fonctions du domicile
Le domicile a une double fonction. Il permet d’une part, de situer l’individu à
l’intérieur d’une circonscription territoriale. Aussi, est-il pris en compte pour déterminer
la compétence territoriale des tribunaux (pour saisir la justice) et pour connaître le lieu de
célébration et d’accomplissement de certains actes juridiques (la célébration du mariage,
la demande d’adoption).
D’autre part, il est le lieu présomptif de la présence permanente de la personne
c’est-à-dire le lieu où l’on est sensé trouver la personne. Par conséquent, il permet la
signification des actes de procédure et l’exécution des obligations.

1-2- La détermination du domicile


On a le domicile volontaire et le domicile légal. Le domicile volontaire c’est celui
qui est librement fixé par l’individu. Par contre, le domicile légal est le domicile que la
loi attribue d’office à certaines personnes. On a les domiciles de fonction (magistrats du
siège, les notaires, les préfets...) et les domiciles de dépendance (les mineurs, les majeurs
incapables, les domestiques qui vivent chez leur employeur.).

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1-3- Les caractères du domicile
La loi reconnaît trois caractères au domicile qui sont :
- Le caractère obligatoire du domicile : Cela signifie que toute personne doit
avoir nécessairement un domicile.
- Le caractère unique du domicile : Cela signifie que toute personne n’a qu’un
seul domicile.
- Le caractère fixe du domicile : Cela signifie qu’on ne peut pas changer de
domicile par une simple manifestation de volonté. Il faut, en plus, un
déplacement réel, concret, du principal établissement.

Remarques : Il convient de distinguer le domicile de certaines expressions voisines telles


que la résidence et l’habitation qui sont des notions qui rendent plus compte de la réalité
tandis que le domicile est souvent fictif. La résidence est le lieu où la personne vit de façon
normale, quotidienne. L’habitation est le lieu d’un séjour bref et occasionnel.

2- Les actes de l’état civil


On appelle état civil, l’organisation officielle relative aux actes, aux personnes qui
les établissent, à la manière de les rédiger, de les rectifier, d’en donner communication.
L’officier de l’état civil est normalement le maire. C’est lui qui établit les actes c’est-à-dire
enregistre les naissances, les mariages et les décès.

3- La nationalité
La nationalité est le lien politique et juridique existant entre un individu et un Etat.
Ce lien est imposé par l’Etat à l’individu et l’Etat est souverain pour déterminer les
éléments de la nationalité qui permettront de distinguer, parmi les individus, les
nationaux et les étrangers.

3-1- La nationalité d’origine


Toute personne possède une nationalité dès sa naissance. La nationalité d’origine
est donc celle qui est acquise à ce moment et selon les circonstances de la naissance. En
Côte d’Ivoire, la loi a retenu la nationalité d’origine fondée sur la filiation.
En effet, la nationalité ivoirienne est attribuée d’office à l’enfant né d’un parent
ivoirien. Peu importe que la naissance ait lieu en Côte d’ivoire ou à l’étranger. Peu
importe aussi que l’enfant soit né dans le mariage ou hors mariage, dès lors que sa
filiation est établie à l’égard du parent ivoirien. De même, l’enfant qui a fait l’objet d’une
adoption acquiert la nationalité ivoirienne si l’un au moins des adoptants est de
nationalité ivoirienne.

3-2- L’acquisition de la nationalité


La nationalité peut être acquise de plein droit par la femme étrangère qui épouse
un ivoirien. Mais cette femme a la faculté de déclarer antérieurement à la célébration du
mariage qu’elle refuse la qualité d’ivoirienne.
L’homme de nationalité étrangère qui épouse une ivoirienne peut acquérir la
nationalité au moins deux années après la célébration du mariage et à condition d’en faire
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la demande. Toutefois, il n’acquiert pas la nationalité ivoirienne si son mariage est déclaré
nul par une décision de justice. En outre, en cas de dissolution du lien matrimonial par
décès ou par divorce, l’époux devenu ivoirien par le mariage conserve la nationalité
ivoirienne, si le décès ou le divorce intervient après la dixième année de mariage. II va de
même en cas de divorce par consentement mutuel.
La nationalité ivoirienne peut être aussi acquise par des étrangers à la suite d’une
décision de l’autorité publique, cette décision pouvant résulter soit d’une naturalisation,
soit d’une réintégration. La naturalisation ivoirienne est accordée par décret après
enquête.

3-3- La perte de la nationalité


Toute personne qui a la nationalité ivoirienne peut se voir retirer cette nationalité
ou demander à la perdre. Il y a cinq cas de perte de la nationalité :
- L’ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère ou qui
déclare reconnaître une telle nationalité perd la nationalité ivoirienne ;
- L’Ivoirien, même mineur, qui par l’effet d’une loi étrangère, possède de plein
droit une double nationalité, peut être autorisé par décret à perdre la qualité
d’ivoirien ;
- La femme ivoirienne qui épouse un étranger peut déclarer avant la célébration
du mariage qu’elle répudie sa nationalité.
- L’Ivoirien qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut
d’office, par décret, perdre la nationalité ivoirienne, s’il a également la nationalité
de ce pays étranger ;
- L’ivoirien qui exerce une fonction élective ou gouvernementale dans un pays
étranger ou qui occupe un emploi ou un service pour l’exercice duquel la qualité
de national du pays étranger est exigée, perd la nationalité ivoirienne.

3-4- La déchéance de la nationalité


L’individu qui a acquis la qualité d’Ivoirien peut, par décret, être déchu de la
nationalité ivoirienne s’il est condamné pour un acte qualifié crime ou délit soit contre la
sûreté de l’Etat, soit contre les institutions de l’Etat ou s’il s’est livré au profit d’un Etat
étranger à des actes incompatibles avec la qualité d’ivoirien.
La déchéance n’est encourue que si les faits reprochés à l’intéressé se sont produits
dans un délai de 10 ans à compter de la date de l’acquisition de la nationalité ivoirienne.
NB : Celui qui ne possède aucune nationalité est appelé apatride.

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ÉVALUATION DES ACQUIS N°03

1) Que signifie la notion de personnalité juridique ?


2) Quel est le principe de l’acquisition de la personnalité juridique ?
3) « Il est dit que le principe de l’acquisition de la personnalité juridique par la
naissance est absolu ». Cette assertion est-elle fondée ? justifiez !
4) Que signifie la notion « infans conceptus » ?
5) Établissez la différence entre les notions suivantes :
a- La non-présence / b- L’absence / c- La disparition
6) Au bout de combien de temps l’épouse d’un absent peut-elle se remarier ?
7) De quels pouvoirs disposent les héritiers sur les biens de leur parent absent
pendant la phase de l’envoi en possession provisoire ?
8) La disparition peut-elle s’assimiler à la l’absence ? Qu’est-ce qui différencient ces
deux notions ?
9) Au bout de combien de temps l’épouse du disparu peut-elle contracter mariage ?
10) Quels sont les moyens d’identification de la personne physique ?
11) Quels sont les différents modes d’attribution du nom ?
12) Quelle différence faites-vous entre le statut d’un enfant :
Naturel / Légitime /Adultérin
13) Quel est le mode de protection du nom ?
14) Qu’est-ce qu’une action en désaveu de paternité ?
15) Quelle différence faites-vous entre le domicile, la résidence et l’habitation ?
16) Combien de types de domiciles existe-il ? Et quels sont les caractères du domicile
?
17) Qu’est-ce que la nationalité ? Comment est-elle attribuée ? Comment s’acquiert-
elle ?
18) Qu’est-ce que la naturalisation ?

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LEÇON 4 : LA CAPACITE JURIDIQUE DES PERSONNES PHYSIQUES

Objectif pédagogique : Maitriser les règles de la capacité juridique des personnes


physiques.
La capacité juridique se définit comme l’aptitude à détenir des droits ou des
obligations, et à les exercer. Aussi, distingue-t-on deux degrés dans la capacité juridique
: la capacité de jouissance (aptitude à avoir des droits et des obligations) et la capacité
d’exercice (le pouvoir de mettre en œuvre soi-même ses droits et ses obligations).
La capacité juridique est donc la règle. Mais, certaines personnes sont pourtant
privées de la faculté d’exercer les droits et les obligations dont elles sont titulaires. On les
appelle les incapables.

1- Les généralités sur les incapables


Il faut indiquer les incapacités qui existent et les remèdes éventuels à ces
incapacités.

1-1- La classification des incapacités


Nous avons les incapacités de jouissance et les incapacités d’exercice.
1-1-1- Les incapacités de jouissance
Il y a incapacité de jouissance lorsqu’un individu est privé d’un droit. Autrefois, il
existait des incapacités générales de jouissance (c’est-à-dire qui privaient des personnes
de tous les droits). C’était le cas des esclaves. Mais aujourd’hui, il n’y a que des incapacités
spéciales de jouissance (c’est-à-dire certains individus sont privés de certains droits
seulement).
1-1-2- Les incapacités d’exercice
Il y a incapacité d’exercice quand un individu est titulaire d’un droit, mais la loi
pose des restrictions à l’exercice par lui, dudit droit. Ces incapacités sont des incapacités
générales.
1-2- Les remèdes aux incapacités
Il s’agit des mesures à prendre pour les incapables ainsi que les actes que
l’incapable peut être amené à faire.
1-2-1- Les mesures de protection
En ce qui concerne les incapables, il existe deux mesures de protection que sont les
mesures préventives et les mesures curatives
Pour les mesures préventives, il y a d’une part, le mécanisme de la représentation
qui convient au mineur et au majeur interdit judiciaire et d’autre part, le mécanisme
d’assistance qui correspond au cas du faible d’esprit.
Pour les mesures répressives, il y a la nullité est relative c’est-à-dire que seul
l’incapable ou son représentant peuvent l’invoquer. C’est une mesure de protection de
l’incapable.
Par contre, il y a la nullité est absolue c’est-à-dire qu’elle peut être demandée par tout
intéressé.il s’agit donc d’une mesure de sanction.

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1-2-2- Les actes autorisés
Il y a des actes que l’incapable peut être amené à faire. Ce sont :
- Les actes conservatoires qu’il peut faire seul (ce sont des actes nécessaires et urgents
qui tendent à empêcher les biens de sortir du patrimoine de l’incapable).
- Les actes d’administration (ce sont des actes de pure gestion du patrimoine qui ne
portent pas atteinte à l’intégrité et à la consistance du patrimoine).
- Les actes de disposition (ce sont des actes qui consistent à aliéner des éléments du
patrimoine) qui sont graves et qu’il ne peut accomplir seul.
2- L’incapacité du mineur
Le mineur est défini par la loi comme la personne qui n’a pas encore atteint l’âge
de dix-huit (18) ans accomplis. Il faut voir à présent sa condition et sa protection.

2-1- La condition juridique du mineur


On a le mineur non émancipé et le mineur émancipé.
2-1-1- Le mineur non émancipé
Selon la loi, ce dernier est incapable de contracter. C’est son représentant qui doit
agir à sa place. Il suit de là que le mineur non émancipé est frappé d’une incapacité
générale d’exercice qui concerne tous les actes juridiques et les actions en justice. Mais, il
y a des exceptions qui sont relatives aux faits juridiques tel qu’un accident, des coups et
blessures…, pour lesquels le mineur devra en répondre et les actes de la vie courante
(actes conservatoires et actes d’administration).
2-1-2- Le mineur émancipé
L’émancipation est l’état du mineur qui est affranchi de l’autorité parentale ou de
la tutelle. Il a, en principe, la pleine capacité d’exercice et se trouve de ce fait assimilé à
un majeur. L’émancipation du mineur peut résulter de deux actes juridiques : le mariage
ou la déclaration.
Le mineur peut être émancipé par ses père et mère ou parents adoptifs, lorsqu’il
aura atteint l’âge de 16 ans révolus.
L’émancipation s’opère par la déclaration conjointe des parents ou de l’un d’eux en cas
de désaccord. Cette déclaration est reçue par le juge des tutelles.

Comme effets de l’émancipation, le mineur émancipé acquiert la capacité


juridique. Il peut donc accomplir tous les actes de la vie civile sans assistance, ni
représentation sauf dans les cas suivants :
- L’adoption : le mineur émancipé doit obtenir l’autorisation de ses pères et
mères avant de se faire adopter.
- Les activités commerciales : l’exercice d’une activité commerciale est soumis à
l’autorisation des père et mère, ou par celui qui exerce l’autorité parentale ou
par le conseil de famille.

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2-2- La protection du mineur
Il y a le système normal qui est celui où le mineur a au moins l’un de ses deux
parents. Dans ce cas, il s’agit de l’autorité parentale et de l’administration légale.
Il y a le système exceptionnel qui est l’hypothèse où le mineur n’a plus de père et
mère ou quand ces derniers sont dans l’impossibilité de manifester leurs droits. Il s’agit
dès lors de la tutelle.
2-2-1- L’autorité parentale et l’administration légale
L’autorité parentale est l’ensemble des droits et obligations reconnus aux père et
mère sur la personne et les biens de leur enfant mineur et ayant pour finalité l’intérêt de
celui-ci.
L’administration légale emporte pour celui des parents qui exerce l’autorité
parentale pouvoir d’administration sur les biens de ses enfants et disposition de leurs
revenus.
Ce pouvoir est exercé en commun par le père et la mère. Les attributs de la
puissance paternelle sont relatifs à la personne de l’enfant mineur (le droit de consentir
au mariage, à l’adoption, le droit de garde et de surveillance, le droit à l’entretien et à
l’éducation, l’obligation de répondre des dommages causés par son enfant) et au bien du
mineur (il s’agit notamment du droit d’administrer les biens de l’enfant et du droit de
disposer des revenus de l’enfant).
2-2-2- La tutelle
C’est une institution permettant de protéger par voie de représentation certains
mineurs. La tutelle s’ouvre de plein droit quand il y a décès, absence, éloignement ou
déchéance des droits de la puissance paternelle des père et mère. Elle peut s’ouvrir aussi
par intervention du juge des tutelles s’il estime que le mode de protection normale ne
protège pas l’enfant. La tutelle prend fin avec le décès, la majorité ou l’émancipation
du mineur.

3- Incapacité du majeur
Pour les majeurs, la règle est la capacité juridique. Dès lors, quelles pourraient être
les causes de l’incapacité du majeur ? De façon globale, c’est l’altération de la volonté qui
justifie son incapacité d’exercice. Certains parmi ces incapables sont protégés d’autres
non.

3-1- Les incapables majeurs non protégés


Ce sont les majeurs qui présentent momentanément des déficiences. L’altération
de leur faculté mentale est un peu brève pour qu’il soit nécessaire de mettre en place un
système de protection. Dans ce cas la protection est occasionnelle et diffère selon qu’il
s’agit de faits ou d’actes juridiques.
3-1-1- Les actes juridiques passés par un majeur non protégé
En principe, le majeur aliéné demeure capable tant que son incapacité n’a pas été
déclarée par le juge. Toutefois, s’il est rapporté la preuve de l’aliénation de celui-ci, l’acte
accompli sera frappé de nullité.

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3-1-2- Les faits juridiques (dommages causés par un majeur non protégé)
En principe, vu l’aliénation mentale due à l’inconscience totale de l’acte posé,
l’aliéné mental ne peut être responsable. En effet, les conditions de la responsabilité
délictuelle notamment la faute qui comprend un élément matériel et un élément
intentionnel font défaut.
Toutefois, la jurisprudence retient la responsabilité de l’aliéné lorsque l’acte illicite
a été commis dans un intervalle de lucidité et surtout quand il y a usage de stupéfiants,
d’alcool...
Enfin, on pourra engager la responsabilité de celui qui a la garde de l’aliéné si celui-
ci s’est rendu coupable d’un défaut de surveillance.
3-2- Les incapables majeurs protégés
Ce sont les interdits judiciaires, les aliénés internés et les prodigues et les faibles
d’esprit.
3-2-1- Les interdits judiciaires
Ce sont les majeurs qui sont dans un état habituel d’imbécillité, de fureur ou de
démence. L’interdiction est prononcée grâce à l’action introduite par les parents, le
conjoint ou par le procureur de la république. L’interdiction a pour effet de mettre en
place un régime de protection de l’interdit qui est la tutelle. C’est le tuteur qui représente
l’aliéné dans l’accomplissement des actes juridiques.
3-2-2- Les aliénés internés
Ce sont les personnes qui sont enfermées dans un établissement psychiatrique.
Frappées d’une incapacité générale d’exercice, elles seront représentées par un tuteur
pour l’accomplissement de tout acte juridique.
3-2-3- Les prodigues et les faibles d’esprit
Les prodigues sont des personnes qui se livrent à des dépenses inconsidérées
inspirées par la passion et non la raison risquant de compromettre leur patrimoine.
Les faibles d’esprit sont des personnes dont les facultés mentales sont affaiblies
sans qu’il y ait perte totale et habituelle de sa raison.
Toutes ces personnes bénéficient d’un conseil judiciaire pour la conclusion de
certains actes juridiques notamment ceux plus importants (vente, emprunt...) : elles font
l’objet d’une mesure d’assistance et non de représentation.

ÉVALUATION DES ACQUIS N°05


1) Définir les notions suivantes :
- La capacité juridique
- La capacité de jouissance
- La capacité d’exercice
2) Qu’est-ce que l’incapacité de jouissance ? Cette incapacité est-elle spéciale ou
générale ?
3) Qui peut être considéré comme mineur non émancipé ? Comme mineur émancipé
?

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4) Quelle est la différence entre un interdit judiciaire et un interdit légal ?
5) Quel est l’objet de l’interdiction judiciaire et les conséquences qui en résultent ?

LEÇON 5 : LES PERSONNES MORALES

Objectif pédagogique : Identifier les personnes morales.


À côté des personnes physiques qui animent la vie juridique, il existe des
groupements qu’on appelle personnes morales.

1- Définition de la personne morale


C’est un groupement de personnes ou de biens ayant la personnalité juridique, et
étant par conséquent, titulaire de droits et d’obligations. Il convient de préciser que la
personnalité juridique de la personne morale est appelée personnalité morale ou
personnalité civile. On distingue les personnes morales de la sorte : celles de droit public
et celles de droit privé.

1-1- Les personnes morales de droit public


Elles relèvent du droit public. Au niveau international, on a l’Etat. Mais en dehors
de l'Etat il y a aussi les organisations internationales, les sociétés internationales créées
par des traités qui leur donnent la personnalité morale.
Au niveau national, ces personnes morales ont soit une base territoriale (les
circonscriptions territoriales telles que le département, la commune) soit une base
fonctionnelle (les sociétés d’Etat, les sociétés d’économie mixte...).

1-2- Personnes morales de droit privé


Des particuliers se regroupent et donnent naissance à des personnes morales dites
de droit privé. II y a deux sortes de personnes morales de droit privé. Ce sont les
groupements d’individus et les groupements de biens.
Les groupements d’individus sont des groupements constituent la catégorie la
plus importante des personnes morales de droit privé. Certaines personnes morales de
droit privé ont un but lucratif (les sociétés commerciales, les groupements d’intérêt
économique et les sociétés civiles) et d’autres n’ont pas de but lucratif (les syndicats, les
associations déclarées et les associations reconnues d’utilité publique).
Les groupements de biens, quant à eux, existent sous une seule forme : la
fondation. La fondation est une masse de biens qui est affectée, à perpétuité, à une œuvre
d’intérêt général.
2- Traitement juridique des personnes morales 2-1- La personnalité et la capacité
des personnes morales
Le groupement est considéré comme ayant une personnalité juridique distincte de
celle des divers membres qui le composent. Néanmoins, pour accomplir les droits et

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assumer les obligations, le groupement est représenté par une personne physique qui
agira en leur nom selon ses statuts.

2-2- La naissance et la fin des personnes morales


Tout comme les personnes physiques, les personnes morales naissent et meurent.
Elles naissent en règle générale par contrat ou par déclaration. Et, elles meurent
généralement à l’expiration du temps pour lequel elles ont été constituées, par la
réalisation de leur objet social, par la dissolution anticipée décidée par les membres...

2-3- L’identification des personnes morales


À l’image des personnes physiques, les groupements doivent pouvoir être
identifiés. Aussi, ont-ils presque toujours une désignation ou une dénomination sociale
comme les personnes physiques ont un nom.
Ensuite, il est indispensable de situer les intérêts d’une personne morale en un lieu
déterminé, qui joue pour elle le rôle d’un domicile. Il s’agit du siège social qui doit
correspondre au centre de l’activité juridique, financière et administrative de la personne
morale.
Enfin, la personne morale a une nationalité qui est déterminée soit par la
nationalité du pays dans lequel elle a son siège social, soit par la nationalité des personnes
physiques qui la contrôle.

CHAPITRE 6 : LES DROITS ET LES BIENS


Toute personne possède des droits et des biens. C’est la conséquence qui découle
de la personnalité juridique. Envisageons donc ces droits à travers le patrimoine et ses
composantes (les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux) avant d’étudier les
biens qui le composent.

LEÇON 1 : LE PATRIMOINE

Objectif pédagogique : Connaitre le patrimoine.


La notion de patrimoine doit être précisée tant à travers sa définition et sa
composition, qu’à travers ses caractères.

1- Définition et composition du patrimoine


Le patrimoine est l’ensemble des biens et des obligations d’une personne ayant une
valeur pécuniaire. Tout patrimoine est nécessairement composé de deux éléments que
sont l’actif qui comprend tous les biens de la personne c’est-à-dire les biens corporels et
les biens incorporels présents et futurs et le passif qui englobe toutes les dettes,
généralement toutes les obligations ou charges d’une personne.

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2- Les caractères du patrimoine
Le patrimoine est une émanation de la personne c’est-à-dire que toute personne
possède un patrimoine, toute personne ne peut avoir qu’un seul patrimoine, ce
patrimoine forme un tout. Le patrimoine a :
- Un caractère nécessaire : Toute personne possède un patrimoine même si elle ne
possède encore aucun bien car le patrimoine est composé de biens présents et aussi
des biens à venir.
- Un caractère unique : Toute personne ne peut avoir qu’un seul patrimoine. C’est
ainsi que le commerçant ne peut avoir deux patrimoines : un patrimoine commercial
et un patrimoine affecté à sa vie privée. Il s’agit, en réalité, de deux fractions de son
patrimoine.
- Un caractère universel : Cela signifie qu’un lien étroit unit l’actif et le passif exigible
qui constituent le patrimoine. Dès lors, la personne répond de chacune de ses dettes
sur l’ensemble des valeurs qui forment l’actif.
Aussi, les biens composant le patrimoine sont saisissables (ils peuvent être saisis,
mais pas dans leur totalité puisque la saisie portera sur l'ensemble des biens qui le
compose sauf les créances alimentaires qui sont protégées ainsi que les salaires surtout
en cas de licenciement). Ces biens sont aussi transmissibles, mais seulement à cause de
mort (personne physique), ou en cas d'absorption (personne morale).

LEÇON 2 : LES DROITS PATRIMONIAUX

Objectif pédagogique : Identifier les droits patrimoniaux.


Les droits patrimoniaux sont des droits évaluables en argent. Ils font partie du
patrimoine d’une personne. Ce sont des droits cessibles, transmissibles, saisissables et
prescriptibles. D’une part, nous avons les droits réels et d’autre part, les droits personnels.

1- Les droits réels


Ce sont les droits qu’une personne a sur une chose. Ils se composent de droits réels
principaux et de droits réels accessoires.

1-1- Les droits réels principaux 1-1-1- Le droit de propriété


C’est le droit le plus absolu qu’une personne peut avoir sur une chose. C’est un
droit complet qui confère à son titulaire :
- L’usus ou droit d’usage : C’est le droit de se servir de la chose et de choisir
l’usage qu’on entend en faire, c’est aussi le droit de ne pas s’en servir.
- Le fructus : C’est le droit de jouir de la chose et d’en percevoir les fruits et les
produits.
- L’abusus : C’est le droit de disposer de la chose (jeter, casser, vendre, donner…).
Le propriétaire d’une chose peut donc utiliser la chose, en percevoir les revenus et
en disposer.

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1-1-2- Les démembrements du droit de propriété
Les attributs du droit de propriété peuvent se trouver dissociés entre plusieurs
titulaires. La propriété se trouve alors démembrée. On peut relever l'existence de
l'usufruit, la servitude, l'emphytéose.
- L'usufruit et la nue-propriété : L'usufruit est un démembrement du droit la
propriété qui confère à son titulaire l'usus et le fructus sur la chose, tandis que
le droit d'aliéner la chose, l'abusus, se trouve entre les mains d'une autre
personne, le nu-propriétaire.
L'usufruit est un droit nécessairement viager, c'est-à-dire qu'il s'éteint à la mort de son
titulaire et ne se transmet pas.
- Les servitudes : c’est une charge imposée à un immeuble (le fonds servant) au
profit d’un autre immeuble (le fonds dominant) appartenant à un propriétaire
différent.
La servitude consiste dans le droit du propriétaire d'un fonds de se servir de certaines
utilités du fonds voisin. Ainsi, par exemple, il existe des droits de passage, des droits de
puiser de l'eau. La servitude est attachée à un fonds, quel que soit le propriétaire. Même
en cas de ventes successives, la servitude reste attachée.
- L’emphytéose : C'est le droit qu'a le locataire sur la chose qui a été louée pour
une durée qui varie de 18 à 99 ans.
L'emphytéose devrait conférer comme à tout locataire, un droit personnel. La loi a décidé
qu'il s'agissait d'un droit réel étant donné la longueur du bail.

1-2- Les droits réels accessoires


Pour garantir l'exécution de sa créance, le créancier exige parfois d'avoir, en plus
du droit de gage général sur le patrimoine de son débiteur, un droit direct sur une ou
plusieurs choses appartenant à son débiteur. C'est un droit réel car il porte directement
sur la chose mais il est accessoire, parce qu'il est l'accessoire d'une créance. Ce sont des
sûretés réelles, en ce qu'elles assurent l'exécution de la créance en exerçant un pouvoir
sur une chose.

1-2-1- Les différents types de sûretés réelles


Ces sûretés réelles sont de trois ordres. Il s’agit du gage, du nantissement et de
l'hypothèque.
Le gage est une sûreté mobilière c’est à-dire qui porte sur des biens meubles
corporels (un ordinateur par exemple). Il entraine dépossession c’est-à-dire que le
propriétaire du bien gagé remet le bien à son créancier.
Le nantissement lui, est aussi une sureté mobilière mais contrairement au gage,
lui porte sur des biens meubles incorporels (le fonds de commerce par exemple) et
n’entraine pas dépossession (il reste toujours entre les mains du débiteur).
Quant à l’hypothèque, c’est une sûreté immobilière car portant sur un immeuble
(un terrain nu, un bâtiment). Il n’entraine pas non plus une dépossession du bien
hypothéqué.

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1-2-2- Les effets des sûretés réelles
Les sûretés réelles permettent de renforcer les droits du créancier. Ils confèrent au
créancier, les droits suivants :
- Un droit de suite : droit de suivre la chose (et non pas leur débiteur) en quelques
mains qu’elle se trouve.
- Un droit de préférence : les créanciers bénéficiant de ces droits, seront payés
avant les autres créanciers sur le prix de vente de la chose.

2- Les droits personnels ou droits de créances


C’est un pouvoir juridique qu’à une personne d’exiger d’une autre personne un
service consistant à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose. En d’autres termes,
c’est le droit qui permet à une personne appelée « créancier » d’exiger d’une autre
personne, « le débiteur », l’exécution d’une certaine prestation.

LEÇON 3 : LES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX

Objectif pédagogique : Identifier les droits extrapatrimoniaux.


Les droits extrapatrimoniaux sont des droits qui ne sont pas directement
évaluables en argent. Ils ne peuvent, par conséquent, faire partie du patrimoine. On
distingue les droits publics de la personnalité ou droits de l’homme des droits privés de
la personnalité, chacun ayant un régime juridique. Cependant, il existe des droits qui ont
à la fois, un caractère patrimonial et extrapatrimonial : ils sont dits droits mixtes.

1- Les droits publics de la personnalité ou droits de l’homme


Les droits de l’homme constituent un ensemble de droits élémentaires et de libertés
fondamentales que tout individu porte en lui. Ces droits, inaliénables et imprescriptibles
s’imposent à l’Etat qui se doit de les proclamer et en assurer le respect. Exemple : droit à
la vie, liberté d’aller et venir, liberté d’expression, liberté d’association etc….

2- Les droits privés de la personnalité


Ces droits interviennent essentiellement dans les rapports entre particuliers. Il
s’agit du droit à l’intégrité physique (principe de l’indisponibilité du corps humain,
principe de l’inviolabilité du corps humain) et du droit à l’intégrité morale (respect de la
vie privée, droit à l’image, droit à l’honneur, droit à la voix, droit au nom…)

3- Le régime juridique des droits de la personnalité


Étant attachés à la personne et donc hors du commerce juridique, les droits de la
personnalité ont pour caractère d’être imprescriptible (c’est-à-dire le fait de ne pas les
exercer ne les fait pas disparaitre), d’être incessible (c’est-à-dire qu’ils ne peuvent être
cédés dans le cadre d’un contrat) et d’être insaisissable (c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas
être saisis par les créanciers).

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Aussi, ces droits sont protégés par des sanctions civiles (dommages et intérêts) en
faveur de la victime et des sanctions pénales (amendes et/ou emprisonnement)
prononcées contre l’auteur des violations.

4- Les droits mixtes


Ils se composent essentiellement de droits intellectuels. Les droits intellectuels
désignent un ensemble de droits exclusifs accordés sur les créations intellectuelles. Ces
droits se subdivisent en deux branches.
Nous avons d’une part, les droits de la propriété industrielle, qui comprend les
brevets d’inventions, les marques de fabrique, les dessins et modèles industriels et les
indications géographiques.
D’autre part, il y a les droits de la propriété littéraire et artistique qui se
composent des droits d’auteurs et droits voisins : droits des artistes interprètes sur leur
interprétation, des droits des producteurs de phonogrammes, des droits de producteurs
de vidéogrammes etc…).

LEÇON 4 : LES BIENS

Objectif pédagogique : Connaitre les biens.


Notre vie quotidienne est peuplée de différents biens que nous avons du mal à
distinguer. Aussi, convient-il après avoir précisé la notion de bien, d’en donner la
classification.

1- Définition
Les biens désignent toutes choses susceptibles d’appropriation privée et les droits
portant sur ces choses.

2- Classification des biens


Nous avons une classification principale qui oppose les biens immeubles des biens
meubles et des classifications secondaires qui font la distinction entre les biens corporels
et les biens incorporels ; les choses consomptibles et les choses non consomptibles ; et
enfin les choses fongibles et les choses non fongibles.

2-1- La classification principale


2-1-1- Les biens immeubles
On distingue :
Les biens immeubles par nature : Ils comprennent les fonds de terre (terrains,
arbres et fruits non encore coupés et cueillis, récoltes non séparées du sol, matériaux non
encore extraits d’une carrière...) et les bâtiments et constructions (maisons, ponts, digues,
pylônes et lignes aériennes électriques...).
Les biens immeubles par destination: Ils comprennent les immeubles par
destination économique (ce sont les meubles accessoires nécessaires aux immeubles pour

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leur exploitation tels que les machines agricoles, les tracteurs destinés à une exploitation
agricole, le matériel d’un restaurant ou d’un hôtel...) et les immeubles par destination
ornementale (il s’agit des meubles accessoires à un immeuble qui ont une destination
d’agrément tels que les statues placées dans une niche, les tableaux qui tiennent à des
panneaux, des glaces fixées à des boiseries).
NB : Pour qu’un meuble devienne un immeuble par destination, le propriétaire du
meuble doit être aussi propriétaire de l’immeuble.
Les biens immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent : il s’agit des droits réels
qui portent sur un immeuble tel que l’hypothèque portant sur une maison, la servitude
de passage...

2-1-2- Les biens meubles


On distingue :
Les biens meubles par nature : ce sont les animaux et les corps qui peuvent se
transporter d’un lieu à un autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, soit qu’ils ne
puissent changer de place que par l’effet d’une force étrangère. Ce sont par exemple un
bœuf, un chien, un navire, une chaise, un avion...
Les biens meubles par anticipation : ce sont des biens immeubles par nature qui
deviennent des biens meubles à cause de leur future destination. C’est le cas de la vente
de récoltes sur pied a pour objet les récoltes détachées du sol et constitue ainsi une vente
de meubles par anticipation.
Les biens meubles par détermination de la loi : ce sont les droits portant sur une
chose mobilière par nature (le gage portant sur une voiture) ou des droits détachés de
tout support matériel mais que la loi considère comme des meubles (des parts sociales,
des droits intellectuels...)

2-2- Les classifications secondaires


2-2-1- Les biens corporels et les biens incorporels
Les biens corporels sont les choses ou objets matériels servant à l’usage de
l’homme. Il peut s’agir de biens meubles ou immeubles. Quant aux biens incorporels, ils
n’ont pas d’existence physique. Ce sont des droits qui portent sur une chose. Il s’agit des
droits patrimoniaux.
2-2-2- Les choses consomptibles et les choses non consomptibles
Les choses consomptibles sont celles qui se détruisent par le premier usage. C’est
le cas des denrées alimentaires. Les choses non consomptibles, elles, peuvent faire l’objet
d’un usage prolongé sans être détruit. C’est le cas de la voiture, de la maison.
2-2-3- Les choses fongibles et les choses non fongibles
Les choses fongibles, encore appelées les choses de genre sont des choses qui sont
interchangeables. Elles n’ont pas d’individualité propre. Elles sont envisagées dans leur
genre, leur espèce. C’est le cas des voitures neuves de mêmes marques et de même série.
Les choses non fongibles ou corps certains sont celles qui ne sont pas interchangeables.
Elles sont uniques en leur genre et en leur espèce. Par exemple, le stade Felix Houphouët
Boigny, la Tour Eifel…

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ÉVALUATION DES ACQUIS N°06

1) Qu’est-ce que le patrimoine et de quoi est-il composé ?


2) Quels sont les caractères du patrimoine ?
3) Dans quel cas le patrimoine d’une personne peut-il faire l’objet de transmission ?
4) À quelle condition un bien meuble devient-il immeuble par destination ?
5) Quelle est la différence entre un bien meuble et un bien immeuble ?
6) Qu’est-ce ce qui différencient les droits patrimoniaux et les droits
extrapatrimoniaux ?

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DEUXIÈME PARTIE

LE DROITS DES OBLIGATIONS

CHAPITRE 1 : LA CLASSIFICATION ET LES SOURCES DES


OBLIGATIONS

Chaque jour, chacun se trouve contraint à répondre à des obligations qu’il a


voulues ou non. Aussi, convient-il d’étudier les obligations tout en définissant et classant
les différentes obligations auxquelles nous sommes appelés à faire face.

LEÇON 1 : LA NOTION ET LES CARACTÈRES DES OBLIGATIONS

Objectif pédagogique : Maitriser les obligations.


1- La notion d’obligation
L’obligation est un lien de droit unissant deux personnes et en vertu duquel l’une
(le créancier) est en droit d’exiger de l’autre (le débiteur) une prestation ou une
abstention. Du point de vue passif, l’obligation présente une dette pour le débiteur. Mais
du point de vue actif, elle confère au créancier un droit de créance. Les sujets de
l’obligation sont donc le créancier et le débiteur.

2- Les caractères de l’obligation


L’obligation juridique telle que définie ci-dessus présente les caractères suivants :
- Le caractère obligatoire : Le débiteur est obligé d’exécuter l’obligation souscrite.
S’il ne l’exécute pas spontanément, le créancier peut l’y contraindre en exerçant
une action en justice.
- Le caractère personnel : L’obligation est personnelle à celui qui l’a souscrite.
- Le caractère patrimonial : L’obligation a un caractère patrimonial en ce sens
qu’elle est évaluable en argent.

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LEÇON 2 : LA CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS

Objectif pédagogique : Classer les différentes obligations.


Les obligations sont classées selon leur objet, leur origine et leur portée.
1- La classification selon leur nature
1-1- L’obligation naturelle
C’est celle dont l’inexécution n’est pas juridiquement sanctionnée. Elle n’entraine
seulement qu’une contrainte morale. Par exemple, refuser de donner de l’argent à un frère
ou un ami dans le besoin.
1-2- L’obligation juridique
C’est celle dont l’inexécution est sanctionnée par le droit. Par exemple, verser une
pension alimentaire.

2- La classification selon l’objet


Elle est indiquée le code civil qui a été empruntée au droit romain.

2-1- L’obligation de donner


Donner signifie transférer la propriété d’une chose. C’est l’obligation par laquelle
le débiteur s’engage à transférer au créancier la propriété d’une chose lui appartenant.
C’est le cas de l’obligation de celui qui vend ou qui fait don de sa chose à autrui.
Exemple : le vendeur de chaussure qui remet la chaussure achetée à son client.

2-2- L’obligation de faire


C’est celle par laquelle le débiteur s’engage à accomplir un fait positif, à exécuter
une prestation quelconque.
Exemple : le couturier qui s’engage à réaliser la couture d’une tenue.
2-3- L’obligation de ne pas faire
C’est l’obligation qui consiste pour le débiteur à s’abstenir de faire quelque chose.
Exemple : le médecin qui doit s’abstenir de divulguer des informations confidentielles
concernant ses patients.

2- La classification selon leur origine


Cette classification est relative aux :
3-1- Obligations contractuelles
Elles naissent des actes juridiques c’est-à-dire la volonté des personnes qui
s’obligent et plus exactement l’accord des volontés. Par exemple, dans le contrat de vente,
le vendeur assume l’obligation de livrer la chose, l’acheteur, celle de payer le prix.
3-2- Obligations délictuelles et celles quasi délictuelles
Ce sont celles nées de faits juridiques qui sont des événements auxquels la loi
attache des effets de droit indépendamment de la volonté des personnes. Par exemple,
des coups et blessures volontaires, un accident de route.

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3-3- La gestion d’affaires
C’est le fait pour une personne, le gérant, d’accomplir des actes d’administration
dans l’intérêt d’un tiers, le géré ou maître de l’affaire, sans que ce dernier l’en ait chargé.
Par exemple, le directeur d’une clinique qui a reçu un enfant blessé qu’il fallait
immédiatement opérer a accompli un acte de gestion d’affaire qui le rend créancier des
parents.
3-4- L’enrichissement sans cause
C’est une source d’obligation qui met en application l’idée selon laquelle nul ne
doit s’enrichir injustement et sans cause légitime aux dépens d’autrui. Par exemple, une
personne fait faire des travaux d’embellissement par erreur dans un appartement voisin
au sien. Le propriétaire de l’appartement voisin s’est enrichi sans cause légitime et
devient donc débiteur à concurrence de son enrichissement.

4- La classification selon leur portée


Il s’agit d’une classification admise par la jurisprudence et qui a été mise en
évidence par la doctrine.
4-1- Les obligations de moyens
Encore appelée obligation de prudence et de diligence, l’obligation de moyen est
celle par laquelle le débiteur n’est tenu à rien de plus que mettre au service du créancier
les moyens dont il dispose, de se montrer prudent et diligent, de faire de son mieux. Par
exemple, le médecin ne promet pas la guérison au patient. Il s’est seulement obligé à
mettre en œuvre tous les moyens en son pouvoir, à donner des soins consciencieux et
attentifs pour essayer d’obtenir la guérison.
4-2- Les obligations de résultat
C’est celle qui a pour objet un résultat défini, déterminé qui a été promis par le
débiteur au créancier. Par exemple, le transporteur s’engage à déposer sain et sauf le
passager à destination.

LEÇON 3 : LES SOURCES DES OBLIGATIONS

Objectif pédagogique : Connaitre la source des obligations.

En dehors des sources légales, il existe deux sources fondamentales des obligations
: les actes juridiques et les faits juridiques. À côté de ces deux sources, nous avons aussi
les délits et les quasi-délits.

1- Les actes juridiques et les faits juridiques

1-1- Les actes juridiques


La notion d’acte juridique déborde en principe celle du contrat. Le contrat n’est en
effet qu’une catégorie particulière d’acte juridique mais en pratique le contrat est le type
d’acte juridique le plus répandu. L’acte juridique est une manifestation de volonté
destinée à produire des effets de droit. Qu’est-ce donc que le contrat ?

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Le contrat est défini comme une convention par laquelle une ou plusieurs
personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire
quelque chose.
Le contrat se distingue de la convention qui est un accord de volonté destiné à
provoquer un effet de droit quelconque à savoir créer, modifier, transférer, ou éteindre
une obligation.
L’objet de la convention est donc plus large et englobe celui du contrat. Le contrat n’est
en réalité qu’une convention dont l’objet se limite à la seule création d’obligation.

1-2- Les faits juridiques


Les faits juridiques sont des évènements qui créent des effets de droit, sans que
cela soit voulu. Par exemple le décès d’une personne crée des droits (recueillir les biens
du défunt) et des obligations (payer ses dettes) pour les héritiers. C’est le cas si un
automobiliste blesse un piéton dans un accident de la circulation et voit ses torts
reconnus, il doit indemniser la victime. Un évènement imprévu (accident de la
circulation) crée une situation juridique (droit à indemnisation de la victime).
Les faits juridiques se distinguent donc des actes juridiques qui ont pour base la
volonté. Cette volonté doit émaner d’une personne capable et elle ne doit pas être
entachée de vices. Alors que cela est bien différent en matière de faits juridiques où la
volonté ne joue aucun rôle.
Cependant, en dépit de son caractère involontaire, toute personne (capable ou incapable)
engage sa responsabilité civile délictuelle ou quasi-délictuelle lorsque son fait cause un
préjudice à autrui.

3- Les délits et les quasi-délits


2-1- Les délits
Ce sont tous faits illicites de l’homme commis avec intention de nuire, qui causent
un dommage à autrui et qui obligent sont auteur à le réparer. C’est le cas quand on détruit
volontairement le d’autrui.
2-2- Les quasi-délits
Ils sont presqu’un délit. Ici, les faits commis sont illicites mais l’auteur ne l’ai a pas
commis avec intention de nuire à autrui. Cependant, il est obligé à réparer le dommage
qui en est résulté. Par exemple, les blessures causées involontairement au cours d’un
accident.

ÉVALUATION DES ACQUIS N°06

1. Quelle est la nomenclature des obligations ?


2. Quelles dissemblances faites-vous entre les faits juridiques et les actes
juridiques ?
3. Comparez les délits des quasi-délits

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TROISIÈME PARTIE

LES CONTRATS ET LA RESPONSABILITÉ CIVILE


DÉLICTUELLE

CHAPITRE 1 : LES CONTRATS

LEÇON 1 : LA CLASSIFICATION DES CONTRATS

Objectif pédagogique : Classer les différents contrats.


Puisque les contrats sont nombreux, ils seront classés en catégories. Pour cela, ils
seront rangés autour de certains critères dégagés par rapport à un intérêt bien précis.

1- La classification selon les conditions de formation


Selon cette classification on a :
Le contrat consensuel : Il naît du seul consentement des parties sans forme
particulière. Exemple : la vente.
Le contrat solennel : C’est un contrat dont la validité est soumise à une formalité,
souvent un écrit.
Exemple : la donation entre vif.
Le contrat réel : Il naît à partir de la remise de la chose à son destinataire Exemple
: contrat de dépôt, le prêt, le gage.
Le contrat de gré à gré : Le contenu de ce contrat est librement prévu et discuté par
les parties.
Exemple : le bail, le louage, le contrat de travail.
Le contrat d’adhésion : Le contenu de ce contrat est prévu d’avance par l’une des
parties, l’autre ne peut que l’accepter ou le refuser.
Exemple : L’abonnement à l’eau, au téléphone, à l’électricité en Côte d’Ivoire.
2- La classification selon le contenu
Il s’agit des obligations engendrées par les contrats. Ce sont les contrats suivants :
Le contrat synallagmatique : Il fait naître des obligations réciproques entre les
parties.
Exemple : la vente, le contrat d’assurance.
Le contrat unilatéral : Il ne fait naître des obligations que pour l’une des parties.
Exemple : le prêt.
Le contrat à titre onéreux : Chacune des parties tire un avantage.
Exemple : la vente, le louage.
Le contrat à titre gratuit : L’une des parties ne tire aucun avantage du contrat.
Exemple : la donation.

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Le contrat commutatif : Les obligations sont certaines et connues dès sa
conclusion.
Exemple : la vente, le contrat de transport.
Le contrat aléatoire : La naissance de certaines obligations n’est pas sûre et dépend
d’événements aléatoires.
Exemple : le pari.

2- La classification selon leur durée


Ce sont :
Le contrat instantané : C’est le contrat dont l’exécution est mise en œuvre par une
seule prestation sur simple échange des consentements. Exemple : la vente.
Le contrat à exécution successive : L’exécution de ce contrat s’échelonne dans le
temps.
Exemple : le contrat de travail.
Contrat à durée déterminée : la durée du contrat est connue dès sa conclusion.
Contrat à durée indéterminée : chacune des parties pourra mettre un terme au
contrat quand elle le jugera opportun.

LEÇON 2 : LES CONDITIONS DE FORMATION ET DE VALIDITÉ DES CONTRATS

Objectif pédagogique : Maitriser les conditions de formation et de validité des contrats.

L’art. 1108 du Code civil énumère les conditions générales de validité du contrat
que sont le consentement, la capacité de contracter, l’objet et la cause.
Cependant, en cas de non-respect de ces conditions, le contrat peut être frappé
d’une sanction.

1- Les conditions prévues par le code civil


1-1- Le consentement
Le consentement doit exister et ne doit pas être affecté d’un vice. Le consentement,
c’est l’accord de volonté des parties contractantes. Chacune des deux parties doit
manifester sa volonté et le contrat naît de la rencontre de ces volontés. Le contrat résulte
de la rencontre d’une offre suivie d’une acceptation. Aussi convient-il de voir
successivement l’offre et l’acceptation ainsi que les vices pouvant affecter le
consentement.

1-1-1 L’offre
L’offre est encore appelée pollicitation. C’est une déclaration unilatérale de volonté
adressée par une personne à une autre, et par laquelle l’offrant ou le pollicitant propose
à autrui la conclusion d’un contrat. Celle-ci doit être ferme, non équivoque, précise et
complète.
En outre, l’offre doit être faite dans une certaine forme pour produire des effets.

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Les formes de l’offre : L’offre expresse est formulée soit oralement soit par écrit
soit encore visuellement. L’offre tacite est la résultante d’une attitude ou d’un acte de
l’offrant par lequel se manifeste indirectement sa volonté d’offrir.
Exemple : des marchandises disposées dans une vitrine, un vendeur de journaux vous
tendant un journal.
Les effets de l’offre : Si le pollicitant avait fixé un délai d’acceptation, il devra
maintenir son offre jusqu’à l’expiration du délai. S’il n’avait pas fixé de délai, l’offre devra
être maintenue pendant un délai raisonnable qui est fixé par les tribunaux suivant les
usages et les circonstances.

1-1-2- L’acceptation
C’est la manifestation de volonté par laquelle une personne donne son accord à
une offre de contracter qui lui est faite. En outre, pour que le contrat se forme, il faut que
l’acceptant et l’offrant aient le même champ contractuel.
Les conditions de l’acceptation : L’acceptation expresse est celle donnée par écrit
ou verbalement. L’acceptation tacite est celle qui résulte le plus souvent de l’exécution
spontanée du contrat proposé.
Les effets de l’acceptation : Lorsque l’acceptation est claire et sans réserve et non
équivoque, elle entraîne l’irrévocabilité de l’offre et la conclusion du contrat.

1-1-3- Les vices du consentement


Aux termes de l’art. 1109 du Code civil, il y a 3 vices du consentement : l’erreur, le
dol, la violence. A ces vices de consentement, on associe la lésion qui n’en est pas un en
réalité.
L’erreur : commettre une erreur, c’est avoir une opinion contraire à la réalité.
Le dol : on appelle dol les manœuvres frauduleuses, tromperies, mensonges,
réticences, dont une personne use pour en tromper une autre à l’occasion d’un contrat.
La violence : c’est la contrainte exercée sur la volonté d’une personne pour la forcer
à contracter en la menaçant d’un mal considérable.
La lésion : c’est le déséquilibre économique entre les prestations des parties au
contrat.

1-2- La capacité des parties


Pour contracter valablement, il est nécessaire d’avoir la capacité exigée pour
accomplir l’acte envisagé. Il s’agit de vérifier la capacité de jouissance et la capacité
d’exercice.
La capacité de jouissance est la possibilité d’être titulaire de droits.
La capacité d’exercice est la faculté d’exercer par soi-même librement les droits
dont on est titulaire
Le principe est celui de la capacité car toute personne peut contracter, si elle n’en
est pas déclarée incapable par la loi. L’incapacité d’exercice frappe certaines personnes
(mineurs, majeurs incapables) qui ne peuvent, sans représentation ou assistance, mettre
en œuvre les droits dont ils sont titulaires.

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1-3- L’objet
L’objet, c’est l’engagement du débiteur. C’est une chose qu’une partie s’oblige à
donner, à faire ou à ne pas faire. L’objet doit présenter un certain nombre de qualité ; il
doit exister, être déterminé ou déterminable et être licite.

1-4- La cause
Toute obligation doit avoir une cause. Il faut cependant distinguer la cause de
l’obligation ou cause objective de la cause du contrat ou cause subjective.
La cause de l’obligation ou cause objective est la raison pour laquelle le
cocontractant assume son obligation.
La cause du contrat ou cause subjective sont les mobiles concrets qui ont animé
chacune des parties. Ces mobiles doivent être licites et conformes aux bonnes mœurs.

2- Les sanctions de l’inobservation des conditions de validité des contrats


L’absence d’une condition de validité est sanctionnée par la nullité du contrat.
D’une part, nous avons la nullité relative qui est celle édictée afin de protéger l’une des
parties contractantes.
Exemple : nullité pour incapacité, nullité pour vice du consentement.
D’autre part, il y a la nullité absolue qui sanctionne les atteintes à l’intérêt général.
Exemple : nullité pour objet ou cause illicite.
Lorsque la nullité est prononcée par le juge, elle a un effet rétroactif c’est-à- dire
que le contrat est anéanti dès l’instant même où il a été conclu.
Il faut, en outre, distinguer la nullité de certaines expressions telles que
l’inopposabilité (elle sanctionne l’inobservation des conditions de publicité du contrat),
la résolution (elle sanctionne l’inexécution ou la mauvaise exécution du contrat), la
résiliation (elle supprime pour l’avenir un contrat successif en raison de l’inexécution par
l’une des parties de ses obligations), l’inexistence (elle qualifie l’absence d’un élément
essentiel de l’acte pour qu’il soit efficace. Par exemple, le consentement).

LEÇON 3 : LES EFFETS DES CONTRATS

Objectif pédagogique : Connaitre les effets des contrats.


Il s’agit de voir les effets des contrats entre les parties et à l’égard des personnes
autres que les parties.

1- Les effets des contrats entre les parties


Le principe de la force obligatoire des contrats est l’un des aspects de celui plus
général de l’autonomie de la volonté. Ce principe a en outre un fondement moral. Il est
commandé par la nécessité d’assurer la sécurité des transactions. Selon l’article 1134 du
code civil : « Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites. ». Le contrat s’impose donc aux parties qui l’ont signé, au juge et au législateur.

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Aux parties : Le contrat a force de loi. Les parties étant liées par le contrat, elles ne
peuvent être déliées que par un nouvel accord. Le droit de résiliation unilatérale ne peut
être exercé que dans des cas exceptionnels.
Au juge : En cas de litige, il ne peut modifier le contrat dont les clauses sont claires,
même s’il est déséquilibré.
Au législateur : Une nouvelle loi n’est pas rétroactive, sauf exceptions. Elle ne
s’applique pas aux contrats en cours.

2- Les effets des contrats à l’égard des personnes autres que les parties
Les tiers n’ont pas signé le contrat. Celui-ci n’a pas d’effet sur eux. Il peut
seulement leur être opposable et servir de preuve à leur encontre. On dit alors que le
contrat a un effet relatif vis-à-vis des tiers.
Les contrats passés n’ont donc aucun effet direct ou indirect à l’égard des
personnes totalement étrangères aux parties qui forment le groupe des tiers. Cependant,
le contrat peut avoir des effets sur certains tiers particuliers.
Ce sont :
Les héritiers : ils continuent la personne du défunt et deviennent titulaires de ses
droits et débiteurs de ses obligations.
Les créanciers chirographaires : Ils subissent indirectement les effets des contrats
passés par leur débiteur. Ces contrats leur profitent ou leur nuisent dans la mesure où ils
ont pour conséquence un accroissement ou une diminution de son patrimoine.
Les ayants-cause à titre particulier : Ils reçoivent de leur auteur le droit tel qu’il
existait dans son patrimoine ; ce droit est par suite affecté par les contrats passés par lui
antérieurement à la transmission et qui l’intéresseraient directement.

3- La stipulation pour autrui


Les parties ont la possibilité de créer des droits au profit des tiers en incluant dans
le contrat une stipulation pour autrui. Par cette institution et sans aucune intervention de
sa part, un tiers devient créancier de l’une d’elles appelée promettant, à la suite d’un
engagement inclus dans le contrat qu’elle a conclu avec l’autre qui est le stipulant.
Les principales applications de la stipulation pour autrui se rencontrent dans le
contrat d’assurance sur la vie et le contrat de transport. Par exemple, une personne vend
un ordinateur pour 300.000 FCFA. Elle désire donner à un ami une somme de 100.000
FCFA. À cet effet, il est stipulé que l’acquéreur prend l’engagement de verser à cette
personne la somme de 100.000 FCFA par paiements successifs, aux échéances fixées.
Ainsi, sans être intervenu dans le contrat et peut-être à son insu, l’ami, personne étrangère
aux parties, devient créancier de cette somme. Dès le moment même de la conclusion du
contrat, un droit de créance vient de naître à son profit, en vertu d’une stipulation
contenue dans le contrat de vente. L’acheteur qui est son débiteur est appelé le promettant
; le vendeur grâce auquel il est devenu créancier est le stipulant ; lui-même enfin qui
bénéficie de la stipulation est appelé le tiers bénéficiaire.

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LEÇON 4 : L’INEXÉCUTION DES CONTRATS ET LA RESPONSABILITÉ
CONTRACTUELLE

Objectif pédagogique : Connaitre les conséquences liées à l’inexécution des contrats.


Lorsqu’une des parties à un contrat ne respecte pas ses engagements, elle est tenue,
selon les principes de la responsabilité civile, de réparer le dommage qu’elle a causé à
l’autre partie. C’est la responsabilité contractuelle.

1- Les cas d’inexécution du contrat


Il y a inexécution d’un contrat dans les hypothèses suivantes :
- en cas d’inexécution d’une obligation de faire ou de donner
; - en cas de violation d’une obligation de ne pas faire ;
- en cas de retard dans l’exécution d’une obligation.
L’inexécution doit être établie par le contractant subissant les conséquences de
l’inexécution c’est-à-dire le créancier. La preuve de la seule absence du résultat promis
(obligation de résultats) ou celle de l’insuffisance des moyens mis en œuvre (obligation
de moyen) suffit.

2- Les conséquences de l’inexécution d’un contrat : la responsabilité contractuelle


L’inexécution ou le retard dans l’exécution d’une obligation résultant d’un contrat
met en jeu la responsabilité contractuelle du débiteur. On parle de responsabilité
contractuelle à deux conditions que sont l’existence d’un contrat entre l’auteur et la
victime du dommage et le manquement à une obligation qui doit résulter du contrat.
Aussi, dès que les éléments constitutifs de la responsabilité contractuelle sont réunis, cela
entraîne une obligation de réparer le dommage qui en résulte.

2-1- Les éléments de la responsabilité contractuelle


La responsabilité n’existe que si celui qui est poursuivi comme responsable a causé
un préjudice ou un dommage. II faut, en outre qu’il puisse être reproché au débiteur de
ne pas avoir exécuté son obligation, c’est la faute. II est enfin nécessaire que le préjudice
soit la conséquence directe de cette faute. En clair, préjudice, faute du débiteur et lien de
causalité entre la faute et le préjudice, sont les trois éléments constitutifs de la
responsabilité contractuelle.

2-2- L’obligation de réparer le préjudice


La réparation est constituée par les dommages et intérêts compensatoires
(préjudice résultant d’une inexécution) et par les dommages et intérêts moratoires
(préjudice résultant du retard dans l’exécution). Les dommages et intérêts sont fixés par
le juge ou par les parties quand elles insèrent une clause pénale dans leur accord et
quelque fois par la loi.
En dehors des clauses pénales, les parties peuvent en principe établir des
conventions de non responsabilité et de limitation de responsabilité. La condamnation à

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verser des dommages et intérêts peut être écartée en cas de force majeure ou d’une autre
cause d’exonération.

CHAPITRE 2 : LA RESPONSABILITÉ CIVILE DÉLICTUELLE

LEÇON 1 : LA NOTION DE RESPONSABILITÉ CIVILE DÉLICTUELLE

Objectif pédagogique : Connaitre les notions de la responsabilité civile.


1- La définition de la responsabilité civile délictuelle
Au plan du droit, la responsabilité se définit comme l’obligation de réparer le
dommage causé à autrui. À cet égard, il y a lieu de distinguer entre la responsabilité
pénale et la responsabilité civile, et entre la responsabilité civile contractuelle et la
responsabilité civile délictuelle.

2- La distinction des différents types de responsabilité


Nous avons :
La responsabilité pénale : c’est celle qui est engagée lorsqu’une personne a
commis une infraction aux lois. Les sanctions consistent en une amende ou une peine de
prison.
La responsabilité civile : quand elle est établie, oblige à réparer les dommages
causés à autrui par le versement d’une somme d’argent équivalent au préjudice subi. Il
arrive que quelqu’un commette à la fois une faute pénale et une faute civile. Il encourt les
deux sanctions, pénale et civile, et doit rendre des comptes à la société et à la victime.
La responsabilité civile contractuelle suppose un dommage subi par un
contractant du fait de l’inexécution d’une obligation contractuelle. Au contraire, la
responsabilité civile délictuelle sanctionne les dommages nés en dehors de l’exécution
d’un contrat.

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LEÇON 2 : LES DIFFÉRENTS CAS DE responsabilité CIVILE DÉLICTUELLE

Objectif pédagogique : Identifier les différents cas de responsabilité civile.


Selon l’article 1384 du code civil, « on est responsable non seulement du dommage
que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des
personnes dont on doit répondre ou des choses que l’on a sous la garde. » Ce texte fait
apparaître trois cas de responsabilité civile délictuelle et quasi-délictuelle.

1- La responsabilité civile délictuelle du fait personnel


Cette responsabilité a pour siège les articles 1382 et 1383 du code civil. Aux termes
de l’article 1382 du code civil : « Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un
dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. »
L’article 1383 du code civil quant à lui stipule que : « chacun est responsable du
dommage qu’il a causé, non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par
imprudence. »
La faute délictuelle ou quasi délictuelle se présente comme un manquement à une
règle de conduite selon laquelle chacun doit se comporter en homme prudent et diligent.
Cette faute peut être commise même dans l’exercice d’un droit ; elle peut aussi consister
dans une abstention comme un acte. Par exemple, un employeur peut rompre un contrat
à durée indéterminée le liant à un ouvrier, mais s’il le fait sans motif, il engage sa
responsabilité.
Pour que la responsabilité soit retenue, trois éléments doivent être réunis que sont
une faute qui peut être intentionnelle (délit) ou non intentionnelle (quasi-délit), un
dommage (ou préjudice) et un lien de causalité entre la faute et le dommage.

2- La responsabilité civile délictuelle du fait d’autrui


Les parents répondent du fait de leur enfant mineur non émancipé, habitant avec
eux. La victime du dommage causé par l’enfant n’a pas à prouver une faute de la part des
parents.
En effet, l’article 1384 a édicté à leur égard une présomption de faute : « On est
responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore
de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ». Cette présomption
tombe devant la preuve contraire par laquelle les parents montreront qu’ils n’ont commis
aucune faute de surveillance et ont donné une bonne éducation à leur enfant.
Les artisans répondent du fait de leurs apprentis en ce qui concerne le dommage
causé par ces derniers pendant le temps où ils sont sous leur surveillance. Comme les
parents, ils sont présumés en faute et la présomption tombe devant la preuve de l’absence
de faute.
Les commettants sont responsables du fait de leurs préposés. La victime doit
apporter la preuve d’un préjudice causé par le préposé dans l’exercice de ses fonctions et
celle d’une faute commise par ce dernier. Le commettant ne peut échapper à sa
responsabilité même en apportant la preuve qu’il n’a pas commis de faute.

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3- La responsabilité du fait des choses, des animaux et des bâtiments
La responsabilité du fait des choses et des animaux pèse sur le gardien. Cela est
tiré de l’article 1384 qui dispose qu’on est responsable du dommage causé par le fait « des
choses que l’on a sous sa garde ». Le gardien est celui qui a un pouvoir de commandement
correspondant à l’usage, au contrôle, à la direction de la chose ou de l’animal.
La victime n’a à prouver que le préjudice subi est dû à l’intervention de la chose.
Le gardien ne peut échapper à sa responsabilité qu’en apportant la preuve d’une cause
étrangère imprévisible et insurmontable.
La responsabilité du fait des bâtiments est tirée de l’article 1386 qui indique que «
Le propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu’elle
est arrivée par une suite du défaut d’entretien ou par le vice de sa construction ». La mise
en œuvre n’exige pas de la victime la preuve d’une faute du propriétaire de l’immeuble,
mais seulement que celle-ci établisse que la ruine de cet immeuble a eu pour cause le vice
de construction ou le défaut d’entretien.
Le propriétaire pourra s’exonérer de sa responsabilité de plein droit que s’il prouve
que ce dommage est dû à une cause étrangère qui ne peut lui être imputée.

ÉVALUATION DES ACQUIS N°07

1) Qu’est-ce qu’une obligation ?


2) Quelle est la différence entre une obligation légale et une obligation morale ?
3) Quels sont les caractères de l’obligation ?
4) Quels sont les différents types d’obligations ?
5) Quelle est la différence entre une obligation de moyen et une obligation de résultat
?
6) Quels sont les différents types de contrats :
- Selon les conditions de formation
- Selon le contenu
- Selon la durée
7) Énumérez les conditions de formation et les conditions de validité des contrats ?
8) Quels sont les éléments qui concourent à la formation du consentement ?
9) Quels sont les vices du consentement 10) Définissez les notions suivantes :
- Le dol
- La violence
- L’erreur
11) Définissez les expressions suivantes :
- La gestion d’affaires
- L’enrichissement sans cause
- L’obligation contractuelle
- La lésion

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12) Qu’est-ce qu’une obligation de donner ?
13) Qu’est-ce que l’action en nullité ? Et quelle est la différence entre la nullité relative
et la nullité absolue ?
14) Définir les notions suivantes :
- L’inopposabilité
- La résolution
- La résiliation
15) Quel est le principe qui énonce l’effet relatif des contrats ? ce principe est-il absolu
? Dans la négative, énoncez la règle qui fonde l’exception !

« Ubi societas ibi jus »

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