MERCREDI 29 NOVEMBRE 2023
Mode Face aux critiques, Shein lance Art Pourquoi les artistes français restent
son opération séduction à Wall Street
La révolution
ChatGPT gagne
les entreprises
l Un an seulement après la sortie du logiciel,
les entreprises testent de nombreux usages concrets.
l Microsoft, allié à OpenAI, est le fournisseur
le plus visible. l OpenAI doit tourner la page
de sa crise de gouvernance. l Interview du chercheur
iStock et Richard A. Brooks/AFP
Edouard Grave sur l’état de la recherche en IA.
// PAGES 24-25 ET L’ÉDITORIAL DE DAVID BARROUX PAGE 14
analyses
Pourquoi il faut relever
le prix de l’essence
Par Jean-Marc Daniel
La réponse de 1973 au premier
choc pétrolier unissait un appel
à une sobriété plus ou moins
imposée et un recours accru à
une nouvelle forme d’énergie.
Cinquante ans plus tard, la
France se pose plus que jamais la
M 00104 -1129 - F:3,40 question de l’emploi du pétrole.
La lutte contre le réchauffement
climatique réclame l’effort de
tous et nécessite la mise en place
d’une taxe carbone. Concernant
ISSN0153.4831 116e ANNÉE
NUMÉRO 24096 40 PAGES le carburant pour les automo-
Antilles-Réunion 4,50 €. Belgique 4,00 €. biles, et contrairement aux
Espagne 4,90 €. Luxembourg 4,20 €. apparences, les pouvoirs publics
Maroc 42 DH. Suisse 6,40 FS. Tunisie 9 TND. n’ont jamais vraiment cherché à
utiliser son prix pour en dissua-
der la consommation. // PAGE 10
// P. 22 sous-cotés sur le marché // P. 20
Réseau électrique :
la gigantesque facture
des renouvelables
EUROPE La Commission euro-
péenne a dévoilé mardi un plan
d’action visant à moderniser ses
réseaux électriques en vue du
déploiement des énergies renouve-
lables. 584 milliards d’euros d’inves-
tissements seront nécessaires d’ici à
2030. Les réseaux devront notam-
ment s’adapter à la part croissante
des renouvelables dans le mix éner-
gétique, être plus « intelligents » et se
protéger contre d’éventuelles cyber-
attaques. Comparés aux autres sour-
ces d’énergies, le solaire et l’éolien
conduisent à un système plus décen-
tralisé, qui nécessite des adaptations.
Il faudra aussi adapter les réseaux
gaziers au biométhane, à l’hydrogène
et au CO2. Dans cette perspective, le
Shutterstock
projet de gazoduc sous-marin entre
la France et l’Espagne a été validé.
// PAGE 16 ET L’ENQUÊTE PAGE 13
Budget : Scholz tente
de rassurer l’Allemagne
EUROPE Olaf Scholz monte au
front pour tenter de rassurer les
ménages et les entreprises alleman-
des. Le chancelier s’est exprimé
mardi devant le Bundestag, pour la
première fois depuis l’arrêt de la
Cour constitutionnelle qui a déclen-
ché une crise budgétaire sans pré-
cédent outre-Rhin. Il a promis que
Lisi Niesner/Reuters
la vie quotidienne des Allemands
ne serait pas affectée (retraites, allo-
cations...). Sans toutefois dévoiler
de stratégie claire pour le budget
de 2024. // PAGE 6
Et si l’innovaion technologique
vous permetait de faire face
aux complexités réglementaires
de la paie ?
Le gendarme
bancaire
européen tire
le bilan de cinq
ans d’action
La guerre de la transi-
tion énergétique BANQUE Au terme de ses cinq ans
de mandat, l’Italien Andrea Enria,
par Jean-Marc Vittori
Serviceplan - Crédit photo : iStock.
superviseur en chef des banques Aujourd’hui les soluions cloud RH de Cegid ofrent
de la zone euro, s’apprête à passer de nouvelles opporunités pour améliorer l’expérience
IA : protéger le droit la main à l’Allemande Claudia de travail. L’objecif ? Une performance durable
d’auteur Buch. Dans un entretien à quatre de l’entreprise.
par Gaspard Koenig quotidiens européens, dont « Les www.cegid.com
Echos », il revient sur son action,
mais pointe aussi les enjeux à
Travail : le choc venir, entre crise de l’immobilier,
des préférences euro numérique et montée en
puissance de la finance non ban-
par Claudia Senik
caire, qu’il appelle à réguler de
façon plus serrée. Critiqué par le
Mesurer la diversité secteur pour une surveillance
en entreprise jugée trop intrusive, le gendarme
bancaire assure ne pas vouloir se
par Saïd Hammouche
Together, make more possible
« substituer aux dirigeants des
// PAGES 9 À 11 banques ». // PAGE 28

FRANCE
Elisabeth Borne cherche à se rendre
incontournable à la tête de la majorité
l La Première ministre a entamé mardi une série de « réunions de travail » avec les députés de la majorité
pour préparer l’agenda du premier semestre 2024.
l Mais les interrogations sur la suite du quinquennat demeurent nombreuses.
POLITIQUE
Isabelle Ficek
Recevoir les parlementaires de la
majorité pour des réunions de tra-
vail, voilà qui n’a rien d’inhabituel
quand on est cheffe de la majorité.
Ce qui l’est un peu moins, c’est de le
faire savoir.
La Première ministre a entamé,
mardi soir et jusqu’au 5 décembre,
une nouvelle série de consultations,
ont indiqué les équipes de Mati-
gnon. Elisabeth Borne accueille
tour à tour les députés des groupes
de la majorité pour des « réunions
de travail », afin « d’échanger et
d’évoquer avec eux les priorités du
premier semestre 2024 ».
Dans cette chorégraphie organi-
sée, c’est le premier groupe de la
majorité, Renaissance, qui ouvre le
bal avec deux sessions – ces mardi et
mercredi soir – suivi du groupe
Modem puis Horizons. Il s’agit de
« partager avec eux et d’enrichir
l’agenda parlementaire », ajoute son
entourage. En clair, tenter de remo-
biliser et de donner du souffle pour
la suite.
Mettre en musique l’agenda
Cela n’a rien d’un hasard alors que se
profile la fin de la longue litanie des
49.3 sur le budget, éprouvante pour
la cheffe du gouvernement et démo-
ralisante pour ses troupes, « qui ont
l’impression de tourner à vide »,
grince un conseiller de l’exécutif.
Cela n’a rien d’un hasard alors
qu’arrive le 11 décembre en séance à
l’Assemblée l’examen périlleux du
projet de loi immigration, considéré,
glisse un autre, « comme le premier
vrai grand texte » de cette fin d’année
venant clore une première phase du
quinquennat.
Son entourage dément mais cela
n’a rien, non plus, d’un hasard alors
que les rumeurs de remaniement,
régulières, reviennent comme sou-
vent lorsque les troupes s’interro-
gent et que les poids lourds du gou-
vernement, Gérald Darmanin ou
Bruno Le Maire, sont à l’offensive
sur leurs dossiers et pas seulement.
Elisabeth Borne aussi fait de la poli-
tique. Et puis, cela colle avec la
volonté d’Emmanuel Macron, qui a
Le groupe d’Edouard Philippe cultive sa différence
au sein de la majorité
Le groupe Horizons à
l’Assemblée s’est dit « globa-
lement » satisfait du texte
immigration considérable-
ment durci par le Sénat.
Se distinguer, sans pour autant vrai-
ment franchir de lignes rouges.
C’est la stratégie d’Edouard Phi-
lippe. C’est aussi celle de son groupe
Horizons à l’Assemblée, qui après
une première année plutôt discrète,
a bien l’intention de cultiver sa diffé-
rence dans l’Hémicycle. A droite,
comme l’a souvent revendiqué
l’ancien Premier ministre, mais
dans la majorité présidentielle.
C’est en tout cas avec ce position-
nement que le groupe aborde le
projet de loi immigration. Son pré-
sident, Laurent Marcangeli, a
assuré lors d’une conférence de
presse, avant l’arrivée du texte en
commission des Lois lundi, que
« globalement », le texte issu du
Sénat, considérablement durci,
« convient au groupe Horizons ». Il a
même ajouté que lors de son pas-
Alors qu’Emmanuel Macron a martelé mardi avoir « un cap clair », Elisabeth Borne veut faire taire la petite musique sur un quinquennat sans vision. Photo Ludovic Marin/AFP
martelé mardi avoir « un cap clair »
et s’y « tenir depuis six ans », de faire
taire au plus vite cette petite musi-
que, y compris dans la majorité, sur
un quinquennat sans vision, après
une présidentielle sans campagne.
« C’est plutôt rassurant que la Pre-
mière ministre travaille sur la suite »,
balaie ainsi un proche du chef de
l’Etat. « Il était temps, elle a entendu le
message sur le fait que tout le monde
est un peu perdu dans la majorité »,
réagit un député Renaissance. « Vu le
format, je ne suis pas convaincu, je ne
vois pas ce qui va en sortir », boude un
autre. D’autres au contraire, voient
ce moment bienvenu pour ne pas
dire nécessaire, dans une période
d’actualités difficiles, qui tendent le
climat, relève le député Renaissance
Charles Sitzenstuhl. « C’est vrai que
l’on n’y voit pas clair sur le pro-
gramme de travail pour 2024. Et 2024
ne peut pas se résumer politiquement
à la campagne des européennes et
sage à la Chambre haute – où Hori-
zons a des sénateurs et des compli-
ces ou alliés comme le président du
groupe UDI Hervé Marseille –, le
texte « a été amélioré de manière
substantielle ». Il avait alors posé ses
lignes rouges, refusant la réintro-
duction de l’article 3 sur la régulari-
sation des travailleurs sans papiers
sur les métiers en tension.
Cela n’a pas manqué de faire grin-
cer quelques dents au Modem ou à
Renaissance. Mais cela pousse
aussi, si les députés de la majorité
veulent aller au vote, à trouver des
compromis. Et des compromis qui
penchent plutôt à droite. C’est-à-
dire là où le ministre de l’Intérieur
Gérald Darmanin espère gagner
une majorité.
Cela n’a pas empêché Horizons de
« donner des garanties sur le vote du
texte », assure un acteur du dossier et
de signer sans ciller l’amendement
proposé par le rapporteur général
Florent Boudié (Renaissance) qui
réécrit l’article du Sénat sur la régu-
larisation des travailleurs sans
aux JO. Il faut qu’on ait un agenda
législatif des réformes, nous sommes
dans l’expectative », poursuit-il.
Problème de gouvernance
Mettre en musique ce programme,
faire remonter les propositions, du
Parlement mais aussi de son équipe,
c’est bien ce à quoi s’attelle Elisabeth
Borne, comme avec les ministres du
Travail, Olivier Dussopt, et de l’Eco-
nomie, Bruno Le Maire, pour de
nouvelles mesures pour le plein-em-
ploi. « Elle se raccroche aux branches
sur l’emploi après l’alerte du prési-
dent », persifle une source au gou-
vernement. Elle fait ce travail tout en
tentant d’imprimer sa marque et de
faire exister des sujets qui sont, répè-
te-t-elle constamment, des réponses
« aux préoccupations des Français ».
C’était le cas mardi, quand elle a
demandé à ses ministres de l’Inté-
rieur et de la Justice, Gérald Darma-
nin et Eric Dupond-Moretti, de lui
papiers. Mais, cohérent avec ses
déclarations sur le texte du Palais-
Bourbon, le groupe ne propose que
11 amendements, qui souvent préci-
sent encore des restrictions intro-
duites à la Chambre haute.
Le groupe ne propose
que 11 amendements,
qui souvent précisent
des restrictions
introduites au Sénat.
Signe, encore, qu’Horizons tient à
ce positionnement, c’est en son nom
et pas en celui du groupe que le por-
te-parole Frédéric Valletoux, ex-pré-
sident de la Fédération hospitalière
française, défend un amendement
qui revient sur la transformation de
l’aide médicale d’Etat (AME) en aide
médicale d’urgence (AMU).
Si Laurent Marcangeli a assuré
que ce texte immigration est « indis-
pensable », il a aussi prévenu qu’il ne
suffirait pas. Manière de suggérer
faire des propositions pour « lutter
efficacement contre les bandes »…
Elle a, ces derniers jours, fait des
annonces sur le logement, la biodi-
versité, les violences sexistes dans
les transports… Et quand certains
l’auraient bien vu tête de liste pour
les élections européennes – quittant
donc Matignon –, Elisabeth Borne a
répliqué depuis Strasbourg, que ce
n’est pas son projet.
Emmanuel Macron aura-t-il, lui,
un autre projet pour son dispositif
politique ? « Il continue de penser
qu’il suffit de remettre du charbon
dans la machine… Cela ne suffira pas,
avance un ministre. Il y a un pro-
blème de gouvernance et Elisabeth
Borne, qui travaille comme une folle,
n’y est pour rien. Les choses change-
ront s’il assume qu’il ne gouverne
plus, donne les orientations et laisse
ses ministres s’occuper des vis et des
boulons. Mais cela fait bientôt sept
ans qu’il fait le contraire. » n
qu’il faudra, un jour, aller plus loin
ou proposer d’autres mesures.
Vote de la résolution
sur l’Algérie
Cela tombe bien. En juin dernier,
Edouard Philippe relançait l’idée de
revenir sur l’accord franco-algérien
du 27 décembre 1968, qui crée un
statut particulier pour les ressortis-
sants algériens en matière de circu-
lation, de séjour et d’emploi en
France. Or le groupe LR, lors de sa
niche parlementaire du 7 décembre,
propose justement une résolution
qui dénonce cet accord. Laurent
Marcangeli a assuré que son groupe
la voterait, puisque Edouard Phi-
lippe le propose. Et tant pis si Gérald
Darmanin a, la semaine dernière, en
réunion devant les groupes de la
majorité, « emplafonné la résolu-
tion », dixit un participant. Tant pis
si l’Elysée voit d’un très mauvais œil
ce vote annoncé. Cela peut aider
Horizons à séduire à droite et dans
l’électorat LR. Bref, semer des petits
cailloux pour la suite. — I. F.
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos
Immigration : LR
tente de mettre
l’exécutif en difficulté
Avec sa « niche parlemen-
taire » qui sera examinée
le 7 décembre, le groupe
Les Républicains espère
faire entendre sa voix
sur l’immigration.
Il remet sur la table
la question des accords
de 1968 avec l’Algérie
qui divise la majorité.
Jacques Paugam
et Grégoire Poussielgue
Un sujet polémique en guise de
préambule. Ce n’est probable-
ment pas dû au hasard si le pre-
mier texte que Les Républicains
(LR) souhaitent examiner lors de
leur « niche parlementaire » le
7 décembre aborde les accords
franco-algériens de 1968.
Sur ce sujet, la droite entend
prendre en défaut le gouverne-
ment à propos d’accords qui faci-
litent la durée de séjour et la circu-
lation des ressortissants
algériens en France, via une pro-
position de résolution qui n’a
aucune valeur contraignante.
« Arrêtons la naïveté à propos de
l’Algérie sur la partie migratoire »,
résume-t-on au sein du groupe
LR où l’on se fait fort de mettre en
lumière le cadre d’exception dont
bénéficie l’Algérie, en « aucun cas
justifié ».
Probabilité proche de zéro
La probabilité de voir cette propo-
sition de résolution aboutir est
proche de zéro. Le gouvernement
n’y est pas favorable, tout comme
les deux principales composan-
tes de la majorité, les groupes
Renaissance et Modem. Seul
le parti d’Edouard Philippe, Hori-
zons, semble disposé à le voter.
L’exécutif ne veut pas tendre les
relations avec l’Algérie, qui con-
naîtraient actuellement un léger
mieux après une période très dif-
02
ficile. Au sein du gouvernement
comme chez Renaissance et le
Modem, on estime que le
moment est très mal choisi pour
voter une telle résolution. Et on
insiste aussi, dans l’entourage
d’Emmanuel Macron, sur le fait
que la dénonciation de ces
accords ne se traduirait pas forcé-
ment par une restriction des flux
migratoires en provenance de
l’Algérie. « Une fausse bonne
idée », y insiste-t-on.
En coulisse, le chef de file des
députés LR, Olivier Marleix, se
réjouit de créer des remous jus-
que dans la majorité. Car son
groupe apparaît lui-même en dif-
ficulté face au texte sur l’immi-
gration du gouvernement adopté
au Sénat en première lecture.
Révision
de la Constitution
La « niche parlementaire » sera
aussi l’occasion de remettre sur la
table la demande de révision de
Constitution que réclame la
droite et qui est mise en avant
pour ne pas voter le projet de loi
sur l’immigration. Cette réforme
constitutionnelle visant à per-
mettre un référendum sur
l’immigration apparaît en
deuxième position dans l’ordre de
passage de la « niche ».
Pas plus que la proposition de
résolution sur l’Algérie, elle n’a de
chance d’aboutir. La majorité
relative à l’Assemblée nationale
est contre, tout comme la gauche.
De plus, Emmanuel Macron,
lors de la deuxième édition des
Rencontres de Saint-Denis, n’a
pu qu’acter l’impossibilité de
trouver un accord entre les diffé-
rents partis sur la question de
l’élargissement du champ du
référendum, à commencer par
l’immigration. Les Républicains
avaient décidé de boycotter cette
réunion. n
03 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023 FRANCE

Macron conforte l’éolien Des Français

moins inquiets
en mer et rassure les pêcheurs sur l’inflation
dont le premier appel d’offres, sur que les prix vont accélérer dans
ENVIRONNEMENT une tranche de 10 GW, sera lancé CONJONCTURE les prochains mois.
dès 2025, a confirmé le président. Même s’ils ont toujours le
Dans un discours La France compte à ce stade 8 GW La confiance des moral en berne, les Français
prononcé à Nantes, de parcs offshore installés ou en ménages a grimpé sont un peu plus optimistes sur
le président de la projet. de 3 points en no- l’évolution de leur situation
République a confirmé La question de la localisation de vembre pour s’élever financière et estiment que leur
mardi le lancement ces 50 parcs aussi bien en Méditer- à 87, selon l’Insee. niveau de vie va s’améliorer
d’un premier appel ranée que dans l’Atlantique, la Man- en 2024. Aussi recommencent-
d’offres sur l’éolien en che et la mer du Nord, n’a pas ils à envisager des achats impor-
mer de 10GW dès 2025. encore été tranchée. C’est l’objet du Nathalie Silbert tants tout en restant prudents
débat qui vient de s’ouvrir et qui – cet indicateur gagne 4 points
devrait durer jusqu’au 26 avril pour L’assagissement de l’inflation mais demeure « nettement »
Marie Bellan aboutir sur des cartes précises met-il un peu de baume au en dessous de sa moyenne de
d’implantation. cœur des Français ? En novem- longue période.
« Nos océans, une réserve absolue de bre, l’indicateur de la confiance
trésors et d’opportunités. » C’est ce Prolongation des aides des m énag es a grimp é de Le chômage inquiète
qu’Emmanuel Macron a fait valoir aux pêcheurs 3 points pour s’élever à 87, un Alors que l’activité économique
en 2019 à Montpellier dans un dis- Face au mécontentement des niveau qu’il n’avait plus atteint ralentit et que les défaillances
cours qui se voulait fondateur. pêcheurs qui subissent des hausses depuis avril 2022, selon d’entreprise augmentent, les

Mardi, c’est à Nantes, pour de nou-
velles Assises de la mer, que le chef
de l’Etat a présenté la stratégie de la
France sur le maritime, une straté-
gie très attendue par les acteurs éco-
nomiques du secteur.
Pêcheurs, armateurs, construc-
teurs navals, élus locaux et associa-
tions : ces Assises ont vocation à
s’adresser à tous et englobent un
large éventail de sujets, qui vont de
l’éolien en mer à la modernisation
des flottes de pêche en passant par
la protection des océans.
Côté éolien offshore, le président
de la République a rappelé les objec-
tifs qu’il avait fixés lors du discours
de Belfort de 2022 : atteindre une
puissance de 40 GW d’ici à 2050
(soit les deux tiers de la puissance
nucléaire installée en France
aujourd’hui) grâce à l’installation
d’une cinquantaine de parcs éoliens
de carburant importantes, le chef
de l’Etat a aussi annoncé une pro-
longation des aides – 20 centimes
par litre de carburant – jusqu’en
juin 2024.
Enfin, le produit de la taxe sur
l’éolien, dont 35 % sont affectés au
secteur de la pêche, notamment
pour moderniser la flotte et les
moteurs (verdissement du carbu-
rant maritime), devrait passer de
400 à 700 millions d’ici à 2035, du
fait de l’augmentation du parc.
L’Etat est confiant dans le déve-
loppement de l’éolien en mer, dont
les industriels subissent pourtant de
nombreux revers ces derniers mois.
La hausse des taux d’intérêt, combi-
née aux difficultés sur les chaînes
d’approvisionnement de l’éolien,
rend l’équation financière des futurs
projets de plus en plus fragile, au
point que certains industriels se
L’implantation de la cinquantaine de parcs éoliens qui doivent
être installés en mer d’ici à 2050 n’est pas encore tranchée.
retirent de certains appels d’offres à
l’étranger.
Le chef de l’Etat a aussi annoncé
le lancement d’un fonds de près de
1,5 milliard, combinant fonds privés
(CMA CGM a déjà promis 200 mil-
lions) et fonds publics (l’Etat s’y
engage pour 500 millions) qui sera
consacré à la modernisation du
transport maritime et notamment à
sa décarbonation (électrification
des infrastructures portuaires,
développement des carburants
durables ou encore amélioration
des systèmes de propulsion des
bateaux pour une meilleure effica-
cité énergétique). Plus largement,
Shutterstock
l’enquête de l’Insee publiée
mardi. Il reste toujours « bien
au-dessous de sa moyenne de
longue période », souligne tou-
tefois l’Institut statistique.
Il faudra patienter jusqu’à
l’ensemble du secteur maritime doit jeudi pour savoir si le rythme des
bénéficier de 800 millions d’euros hausses de prix a continué de
issus de France 2030. Un budget qui ralentir ces dernières semaines.
doit servir à couvrir à la fois les En octobre, l’inflation en France
enjeux de recherche, d’innovation est tombée à 4 % sur un an, con-
et de formation pour la filière. tre 4,9 % un mois plus tôt. Même
Le président de la République a si les prix demeurent élevés, la
enfin évoqué la protection des mers valse des étiquettes dans l’ali-
et la lutte contre la pêche illicite. La mentation a enfin été stoppée.
France doit en effet accueillir Aujourd’hui, les Français
en 2025 la Conférence des Nations semblent prêts à croire le mes-
unies sur les océans à Nice. sage répété en boucle par le
Dans un futur plus proche, ministre de l’Economie, Bruno
Emmanuel Macron doit se rendre à Le Maire : « Nous sommes en
la COP28 ce vendredi, où il devrait train de sortir de la crise infla-
également évoquer ce sujet avec ses tionniste. » Ils sont en tout cas
homologues présents à Dubaï. n moins nombreux à considérer
Français, qui épargnent déjà
près de 19 % de leurs revenus,
pensent surtout à remplir
davantage leur bas de laine. Ce
qui n’est pas de bon augure
pour la consommation, pilier
traditionnel de la croissance.
Mais un autre facteur mine
désormais le moral des ména-
ges. Face au rebond du taux de
chômage cet été, de 7,2 % à
7,4 %, le doute s’installe quant à
l’évolution du marché du tra-
vail. Les craintes concernant
l’évolution du chômage, qui
avaient quasiment disparu en
sortie de la pandémie de Covid,
repartent fortement à la hausse
en novembre (+8 points). Alors
que les chefs d’entreprise sem-
blent moins prêts à recruter, ce
sentiment risque d’être conforté
au cours des prochains mois. n

C O M M U N I C AT I O N P U B L I C I TA I R E

UN FONDS DÉFENSIF
DNCA INVEST POUR INVESTIR DANS
DES MARCHÉS FLUCTUANTS.
A L P H A
B O N D S
Une solution d’investissement réactive pour diversifier
votre patrimoine.

Un large éventail de stratégies obligataires pour s’adapter

à des marchés changeants.

Une gestion flexible et internationale.

Parlez-en à votre Conseiller Financier et retrouvez plus d’informations

concernant DNCA Invest Alpha Bonds sur dnca-investments.com

RÉACTIF | MULTI-STRATÉGIES | GLOBAL

Risque lié à la gestion discrétionnaire, risque de
taux, risque de crédit, risque actions, risque lié aux
Risque le plus faible Risque le plus élevé investissements dans des titres spéculatifs, risque en
perte de capital, risque lié à la détention d’obligations
1 2 3 4 5 6 7
convertibles, échangeables ou remboursables, risque
lié à l’investissement dans des produits dérivés,
risque de liquidité, risque lié aux investissements
Rendement potentiel + faible Rendement potentiel + élevé dans les pays émergents, risque d’investir dans des
obligations convertibles contingentes, risque de
contrepartie, risque de durabilité.

Source : DNCA Finance au 29/09/2023. Ce document promotionnel est un outil de présentation simplifié et ne constitue ni une ofre de souscription ni un conseil en investissement. Ce document ne peut être reproduit, difusé, communiqué, en tout
ou partie, sans autorisation préalable de la société de gestion. L’accès aux produits et services présentés peut faire l’objet de restrictions à l’égard de certaines personnes ou de certains pays. Le traitement fiscal dépend de la situation de chacun. Le
DICI et le prospectus doivent être remis au souscripteur préalablement à chaque souscription. Pour une information complète sur les orientations stratégiques et l’ensemble des frais, nous vous remercions de prendre connaissance du prospectus,
des DICI et des autres informations réglementaires accessibles sur notre site www.dnca-investments.com ou gratuitement sur simple demande au siège de la société de gestion. DNCA Finance peut recevoir ou payer une rémunération ou
une rétrocession en relation avec le compartiment présenté. Compartiment de DNCA INVEST Société d’investissement à capital variable (SICAV) de droit luxembourgeois ayant la forme d’une Société Anonyme – domiciliée au 60 Av. J.F. Kennedy -
L-1855 Luxembourg. Elle est agréée par la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) et soumise aux dispositions du Chapitre 15 de la Loi du 17 décembre 2010. DNCA Finance - 19, place Vendôme - 75001 Paris - tel.: +33 (0)1 58 62 55 00
dnca-investments.com. Société de gestion agréée par l’Autorité des Marchés Financiers sous le numéro GP 00-030 en date du 18 août 2000. Conseiller en investissement non indépendant au sens de la Directive MIFID II.
 FRANCE Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 04

Politiques cherchent
bouffée d’air Les vapoteuses dans le viseur
Comment remettre de l’action et de l’espérance
dans l’action publique ? Les politiques s’inquiètent
de la sinistrose ambiante. Brainstorming en cours.
du gouvernement
creuser le sillon libéral
LE FAIT qui, pense-t-elle, marquera
l L’exécutif a annoncé mardi la généralisation du « paquet neutre ».
DU JOUR sa différence. l Au grand dam des industriels et buralistes qui défendent la cigarette
POLITIQUE A Nantes, Emmanuel Macron
de Cécile
lance un appel d’offres électronique comme un outil pour sortir du tabac.
Cornudet pour construire une dizaine
de parcs éoliens offshore. dardisation ne concerne pas les Français fumaient quotidienne- tre » prochain, même si le directeur
Progrès, décarbonation, SANTÉ PUBLIQUE cigares, cigarillos, le tabac à chauf- ment. Seulement 5,5 % des 18-75 général de la Santé s’est montré pru-
réindustrialisation, voilà fer, à chicha ou les vapoteuses. ans utilisaient chaque jour une dent ce mardi. Les organisations
’aime la mer. » Mardi, qui redonne le sourire, mais Solenn Poullennec Annoncée après l’interdiction vapoteuse, selon l’agence Santé antitabac, industriels et des buralis-

J Emmanuel Macron
est à Nantes
aux Assises de l’économie de
la mer, trop content de n’avoir
qui n’est pas facile à décliner
chaque jour. Les finances
publiques limitent les marges
de manœuvre, Standard
Les boutiques de cigarettes électro-
niques pourraient bientôt devenir
beaucoup moins colorées. Le prin-
des cigarettes électroniques jeta-
bles (puffs) discutée cette semaine à
l’Assemblée, la généralisation du
paquet neutre aux vapoteuses est
publique France, même si cette part
augmente depuis 2016.

Limiter les arômes

à parler ni de la guerre à Gaza
et de son importation dans
le pays, ni du drame de Crépol
et du chômage qui ne baisse
plus. Il prend une bouffée
d’air. Et se livre à l’une de
ces leçons d’optimisme qu’il
affectionne. « Quand on écoute
l’actualité, on se demande s’il
faut désespérer et s’il y a un cap.
Oui il y a un cap, il a toujours
été le même : regarder notre
avenir sans défaitisme et se dire
qu’il n’y a aucune fatalité. »
Vous trouvez le climat
ambiant pesant et coupez
les infos de plus en plus
souvent ? Les politiques
de tout bord l’ont noté et s’en
inquiètent. Il ne faudrait pas
que le fil soit définitivement
rompu. « Etre un responsable
politique, c’est voir comment
susciter de l’espérance »,
rappelle Xavier Bertrand.
Le Rassemblement national
surfe sur les sujets régaliens,
mais cherche à mettre
du sourire dans ses propos.
« Vivement le 9 juin ! »
clame Jordan Bardella
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
& Poor’s menace de dégrader
la France. Même les JO sont
devenus source d’inquiétudes
techniques et politiques.
Il faut trouver autre chose.
C’est l’objet du grand
brainstorming interne
qu’ont lancé le président
et sa Première ministre
pour alimenter la feuille
de route de 2024.
« La boussole d’Emmanuel
Macron, c’est de maintenir
l’unité du pays », dit
un de ses conseillers.
Mais son intérêt est aussi
« de cliver », contredit
un proche, de créer
de la controverse
pour mobiliser l’électorat
aux européennes, et de lancer
des projets audacieux,
c’est-à-dire polémiques, pour
montrer qu’il n’a rien perdu
de son pouvoir d’agir. Baisser
la durée d’indemnisation
des chômeurs seniors,
et revoir les ruptures
conventionnelles : les deux
dernières idées en date vont
crisper, à n’en point douter.
cipe du « paquet neutre » va être
étendu « à tous les produits du tabac
et du vapotage », a annoncé ce
mardi le gouvernement en présen-
tant son nouveau plan national de
lutte contre le tabac. « Vous voyez
bien aujourd’hui [que pour] une par-
tie [des dispositifs de vapotage] on a
l’impression d’acheter un produit de
luxe ou un produit très smart, a souli-
gné le ministre de la Santé, Aurélien
Rousseau. L’idée c’est de présenter ça
sous paquet neutre pour qu’il n’y ait
aucune dimension marketing. »
Depuis 2016, les industriels sont
obligés de commercialiser toutes
les cigarettes et le tabac à rouler
dans le même paquet. Un embal-
lage sombre, barré d’avertisse-
ments sanitaires et de photos peu
ragoûtantes sur les effets du tabac
sur la santé. Pour l’heure, cette stan-
saluée par les associations anti-
tabac. « Il n’y a quasiment aucun
pays dans le monde qui a mis cela en
place, à part Israël », rappelle Amé-
lie Eschenbrenner du Comité natio-
nal contre le tabagisme. « On évite
de transformer en Disneyland les
boutiques de “vape” et [qu’elles
soient] trop attirantes pour les plus
jeunes. C’est une bonne chose, réagit
L o ï c Jo s s e r a n , p r é s i d e n t d e
l’Alliance contre le tabac. Quand
vous avez des arômes Carambar avec
des flacons qui ressemblent à des
Carambar, c’est absolument scanda-
leux. »
« Ce n’est pas cela qui va changer le
visage du tabagisme en France »,
relativise cependant Loïc Josseran,
qui espérait l’annonce d’une forte
hausse des taxes sur le tabac.
En 2022, près d’un quart des adultes
Sans surprise, l’extension du paquet
neutre hérisse les industriels du
tabac et de la vape. Ceux-ci défen-
dent la cigarette électronique
comme un moyen de sortie du taba-
gisme. « L’Etat choisit de mettre sur
le même plan vapotage et tabac, et
crée volontairement une confusion
entre les deux », déplore France
Vapotage, une organisation rassem-
blant les fabricants de cigarettes
électroniques. Les buralistes sont
aussi sceptiques. Le paquet neutre
« n’a pas eu l’effet escompté sur la
consommation de tabac », estime
Philippe Coy, président de la Confé-
dération nationale des buralistes.
« Le seul impact que cela a eu, c’est de
nous fatiguer les yeux », grince-t-il.
Le ministre de la Santé a promis
d’avancer vers la généralisation du
paquet neutre « au premier trimes-
tes préviennent dans tous les cas
qu’il paraît difficile d’avancer très
vite sur le sujet. La multiplicité des
formats de vapoteuses promet de
compliquer la donne.
Le gouvernement a par ailleurs
promis d’engager « très prochaine-
ment » une concertation pour
« limiter les arômes autorisés dans
les produits du vapotage ». Le minis-
tère de la Santé reconnaît cepen-
dant qu’il est compliqué d’interve-
nir sur les arômes, aujourd’hui très
nombreux. Celui-ci redoute d’éta-
blir une liste d’arômes interdits qui
serait rapidement contournée.
« Si aujourd’hui vous supprimez
les arômes, le seul référentiel que
vous laissez au consommateur, c’est
le goût du tabac », tacle Philippe Coy.
Dans le camp des associations anti-
tabac, certaines plaidaient juste-
ment pour une interdiction de
l’ensemble des saveurs à l’exception
de celle du tabac afin d’éviter la
confusion des genres. n

sur son affiche de campagne Unir ou oser ? Telle est donc

pour les européennes, tout
en inondant les réseaux
sociaux de selfies ensoleillés
avec les militants.
Même Marion Maréchal,
de Reconquête, attend
le moment de répit dans le flot
de nouvelles inquiétantes
pour parler d’économie et
la question pour la nouvelle
étape. A moins qu’Emmanuel
Macron ne tente de concilier
les deux. Mais le risque est
connu désormais : faire
tousser sans vraiment
satisfaire. La preuve
par le plan antitabac.
ccornudet@lesechos.fr

en bref

En 2022, seulement 5,5 % des 18-75 ans utilisaient chaque jour une vapoteuse, selon Santé publique France. Photo iStock

La hausse promise des prix du tabac peine à convaincre

AFP

Vacances scolaires : revoir le calendrier

« pas dans les plans immédiats » d’Attal Le ministre de la Santé,
Aurélien Rousseau,
ENSEIGNEMENT Le ministre de l’Education nationale, Gabriel a annoncé mardi
Attal, a indiqué mardi sur France 2 que le passage de trois à deux une hausse du tarif
zones de vacances, étudié par une commission sur le calendrier du paquet de cigarettes
scolaire, ne faisait « pas partie de ses plans immédiats ». « Je à 12 euros en 2025.
regarderai évidemment le rapport qui m’est remis et la proposi-
tion qui m’est faite. Moi, ma priorité aujourd’hui, quand on parle La volonté affichée par l’exécutif de
des vacances, c’est comment faire en sorte que des élèves en diffi- frapper les fumeurs au portefeuille
culté qui ont beaucoup de retard sur le français et les mathémati- peine à convaincre. Jugée insuffi-
ques puissent faire des stages de réussite, peut-être faire leur ren- sante pour faire baisser le taba-
trée plus tôt que les autres », a-t-il ajouté. gisme par les associations de lutte
antitabac, elle semble aussi diviser
Bercy et le ministère de la Santé.
Présentant son plan de lutte
contre le tabac (2023-2027) mardi, le
gouvernement a promis de porter le
prix du paquet d’un peu plus de
11 euros aujourd’hui à 12 euros
SUR en 2025 et 13 euros « au cours de
l’année 2026 ». « C’est la mesure la
plus efficace contre le tabac », a
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX déclaré le ministre de la Santé, Auré-
lien Rousseau. « Nous allons égale-
DANS L’ÉDITO ÉCO ment poursuivre le rapprochement
À 7H45 de la fiscalité de l’ensemble des pro-
DU LUNDI AU VENDREDI duits du tabac avec ou sans combus-
tion », a indiqué le ministre. « C’est
un maquis de fiscalité entre le tabac à
rouler, le tabac en cigarettes […] tous
les dispositifs liés au tabac doivent
avoir la même progression. »
Les associations de lutte contre le
tabagisme attendaient des hausses
du prix des cigarettes beaucoup
plus marquées. « C’est désespé-
rant », lâche Loïc Josseran, le prési-
dent de l’Alliance contre le tabac,
qui souhaiterait voir le prix du
paquet passer à 16 euros en 2027.
Avec un prix à « 13 euros en 2027, on
va gagner 1,50 euro en quatre ans »,
s’agace-t-il.
Une augmentation
déjà anticipée
Le gouvernement ayant déjà décidé
en 2022 de faire progresser les prix
en fonction de l’inflation de l’année
passée, les spécialistes du secteur
s’attendent à une hausse des prix du
tabac de l’ordre de 40 à 50 centimes
au 1er janvier. De quoi pousser déjà le
prix de certains paquets à 12 euros.
Autrement dit, pour les associa-
tions, le ministère de la Santé com-
munique sur une hausse qui est
non seulement insuffisante mais
déjà anticipée. « Ce sera une aug-
mentation mécanique qui suit l’infla-
tion, comme déjà prévu », relève
Amélie Eschenbrenner du Comité
national contre le tabagisme.
Les associations
attendaient plus,
sachant qu’ils vont
déjà progresser
avec l’inflation.
Du côté des industriels, ces
annonces ne sont pas lues comme
un durcissement de la stratégie fis-
cale. « Le 12 euros en 2025 devrait
déjà avoir lieu, ne serait-ce que grâce à
l’inflation de 2024 », assure Romain
Laroche, dirigeant du fabricant
Seita. Même son de cloche chez les
buralistes. « On va arriver à 12 euros
en 2025, en laissant la fiscalité
actuelle agir, même si je ne suis pas
prévisionniste ni économiste »,
assure Philippe Coy de la Confédé-
ration nationale des buralistes.
Le ministère de la Santé promet
pourtant un tour de vis. « Dans le
b u d ge t d e l a S é c u r i t é s o c i a l e
pour 2025, il y aura une hausse due à
l’inflation et une mesure de hausse
volontariste pour atteindre un
paquet à 12 euros », indique le cabi-
net d’Aurélien Rousseau. A Bercy
pourtant, on ne projette aucune
hausse de la fiscalité en 2024
pour 2025. « D’après nos calculs, on
arrivera à 13 euros en 2027 avec
l’inflation », explique-t-on au minis-
tère des Comptes publics. « S’il y a
un reflux de l’inflation, on verra
l’année prochaine. »
L’exécutif semble écartelé entre la
volonté de durcir sa politique anti-
tabac et la crainte qu’elle soit mal
acceptée. « Il y a toutes les chances
[qu’un durcissement] soit unique-
ment compris comme une mesure
pour taper sur le pouvoir d’achat », a
défendu Aurélien Rousseau, inter-
rogé sur l’opportunité de faire bon-
dir les prix dès l’an prochain. — S. P.
PAR NATURE, LA FINANCE
ET LE CLIMAT N’ONT PAS
GRAND-CHOSE À VOIR.
VRAIMENT ?

Aujourd’hui, les professionnels de la finance doivent

combiner expertise financière et économie durable.
Notre MSc in Climate Change & Sustainable
Finance, en partenariat avec MINES Paris-PSL,
est destiné à former une nouvelle génération
de professionnels de la finance, dotés
des compétences et de l’engagement
nécessaires pour réussir la transition
vers une économie à faible
émission de carbone.

*Agissez sur le monde.

 Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 06
MONDE

Crise budgétaire allemande :

Olaf Scholz cherche à rassurer le pays
l Le chancelier allemand a martelé que la crise budgétaire n’impacterait pas le quotidien de ses concitoyens.
l Mais il n’a pas dévoilé de stratégie claire pour le budget 2024. L’opposition a durci ses attaques.
EUROPE
Emmanuel Grasland
— Correspondant à Berlin
« You’ll never walk alone » (« Vous ne
serez jamais seuls »). Le slogan avait
bien marché voilà un an, en pleine
crise de l’énergie. Moins cette année.
Alors qu’il est au plus bas dans les
sondages, le chancelier Olaf Scholz
est monté au front mardi pour ten-
ter de rassurer les ménages et les
entreprises allemandes. C’était la
première fois qu’il s’exprimait lon-
guement depuis le début de la crise
budgétaire, déclenchée le 15 novem-
bre par un arrêt de la Cour constitu-
tionnelle de Karlsruhe.
« L’Etat continuera d’assumer ses
engagements », a martelé le diri-
geant, lors d’une session parlemen-
taire dédiée à la crise budgétaire.
« L’arrêt de la Cour constitutionnelle
fédérale ne change rien à votre vie
quotidienne – que vous receviez des
allocations familiales, une retraite ou
une aide au logement. »
Au risque de se démentir, le chan-
celier a confirmé la fin du méca-
nisme plafonnant les prix de l’éner-
gie à compter du 31 décembre 2023,
et non plus au 31 mars 2024 comme
prévu initialement. Il a expliqué
que les réserves de gaz de l’Allema-
gne étaient pleines, que les prix évo-
luaient sous les prix plafonds fixés
par le gouvernement et que l’Etat
avait les moyens de réagir rapide-
ment à une hausse éventuelle.
celier a expliqué que reporter son
adoption allait permettre au gou-
vernement « d’explorer les marges de
manœuvre existantes dans le budget,
de fixer des priorités et bien sûr… de
limiter les dépenses ». Mais il n’a pas
évoqué de calendrier et ne s’est pas
prononcé sur une levée, ou non, du
« frein à l’endettement » en 2024.
De quoi susciter des angoisses
chez nombre d’entreprises. Les
fonds spéciaux extrabudgétaires
étaient en effet censés financer une
série de projets allant de la cons-
truction d’usines de batteries ou de
semi-conducteurs au verdissement
de la sidérurgie, en passant par la
modernisation du réseau ferro-
viaire ou la construction d’un
réseau d’hydrogène. « Cette incerti-
tude a des conséquences importantes
et c’est ce qui me soucie le plus »,
estime Marcel Fratzscher, le prési-
dent de l’Institut d’économie DIW.
Le discours d’Olaf Scholz au Bun-
destag a été suivi d’une violente
charge du leader de la droite Frie-
drich Merz, qui a ciblé le chancelier
avec des attaques quasi personnel-
les. Il a jugé que le chancelier se
contentait de réponses techniques
alors que le problème était politique
et qu’il n’était pas à la hauteur de la
situation. « Vous n’êtes pas taillé pour
le poste, vous êtes un plombier du
pouvoir », s’est exclamé le dirigeant.
Ce qui n’a pas dû plaire à beaucoup
de plombiers allemands. n Le chancelier allemand, Olaf Scholz, devant les députés, au Bundestag à Berlin mardi. Photo Lisi Niesner/Reuters

« Une nouvelle réalité »

Olaf Scholz a reconnu que l’arrêt de
la Cour de Karlsruhe avait créé une
« nouvelle réalité » pour le gouverne-
ment fédéral et les Länder, en remet-
tant en cause le recours à des fonds
spéciaux extrabudgétaires. Mais il a
martelé que « ce serait une erreur
grave, impardonnable, que de négli-
ger la modernisation de notre pays ».
Olaf Scholz a rappelé les mesures
prises à la suite de l’arrêt historique
de la Cour. Pour conserver un bud-
get en accord avec la Constitution, le
gouvernement a adopté lundi un
projet de loi budgétaire rectificatif,
qui va faire passer le déficit prévu
en 2023 de 45,6 milliards à 70,6 mil-
liards d’euros. Une décision qui
impose de déclarer à nouveau une
situation de crise, afin de lever une
règle dite du « frein à l’endette-
ment », qui limite le déficit budgé-
taire annuel à 0,35 % du PIB.
Olaf Scholz est en revanche resté
très flou sur le budget 2024. Le chan-
La Cour de Karlsruhe, un pilier de la démocratie outre-Rhin
La Cour constitutionnelle
fédérale fait partie
des organismes suscitant
le plus de confiance
auprès de la population
allemande. Tour d’horizon
d’une institution qui
a ébranlé le gouvernement.
C’est dans la salle du haut, sous un
aigle en bois de 600 kg, qu’a été
rendu, voilà deux semaines, l’arrêt
fatidique. Celui qui a mis à terre le
budget 2023 du gouvernement
allemand et remis en question le
recours aux centaines de milliards
d’euros des fonds spéciaux. Un
séisme budgétaire dont l’Allema-
gne n’a pas encore fini de mesurer
l’impact, alors qu’elle entend enga-
ger une vaste modernisation de
son économie.
Installés au cœur de Karlsruhe
(Bade-Wurtemberg) non loin du
château local, les cinq parallélépi-
pèdes de verre qui hébergent la
Cour constitutionnelle fédérale
sont loin d’être glamour. Ils se veu-
lent quand même les symboles de
la transparence de la justice et de la
démocratie allemande.
Des inconnus
pour les Allemands
La Cour de Karlsruhe a été créée
en 1951 sur le modèle de la Cour
suprême américaine. Ultrapuis-
sante, elle veille au respect de la loi
fondamentale, peut déchoir le pré-
sident fédéral, annuler des lois et
trancher entre les différents orga-
nes de l’Etat.
Sa décision est sans appel et
toutes les autres structures sont
tenues de respecter sa juris -
prudence. Outre-Rhin, c’est peut-
être l’institution qui incarne le plus
les leçons tirées de l’échec de la
république de Weimar, dans
l’entre-deux-guerres.
Répartis en deux collèges,
dédiés l’un aux violations des
droits des individus et l’autre aux
litiges entre organes de l’Etat, les
16 juges de la Cour sont nommés
pour une période de douze ans,
sans possibilité de reconduction.
Une façon de garantir leur indé-
pendance. Si elle s’est inspirée de
son homologue américaine, la
Cour constitutionnelle allemande
ne confère en aucun cas la même
notoriété à ses membres. Habillés
de robes de satin rouge, les seize
juges restent la plupart du temps
inconnus de la population alle-
mande.
Leur nomination ne donne pas
lieu aux auditions et au battage
médiatique observé outre-Atlanti-
que. Pour être effective, elle doit
être validée à la majorité des deux
tiers par les deux chambres du Par-
lement, Bundestag et Bundesrat.
Répercussions politiques
Cela n’empêche pas la Cour de
Karlsruhe d’être l’organisme
public suscitant la plus grande
confiance auprès de la population
allemande, avec environ 60 %
d’opinions positives. Dans le
langage courant, « j’irai jusqu’à
Karlsruhe » est devenu synonyme
d’obtenir justice outre-Rhin.
Dans les faits, le pari est loin
d’être gagné. En 2022, la Cour cons-
titutionnelle a jugé 4.647 plaintes
mais seuls 57 plaignants ont
obtenu satisfaction, selon le rap-
port annuel. La Cour en reçoit envi-
ron 10.000 chaque année – tout
citoyen peut la saisir – mais seule la
moitié est jugée recevable.
Les arrêts de la Cour de Karls-
ruhe ont eu des répercussions poli-
tiques dès sa naissance. En 1951, le
chancelier Konrad Adenauer s’est
dit surpris par un arrêt qui l’empê-
chait de mettre en place une chaîne
de télévision d’Etat.
Voilà trois ans, les juges de
Karlsruhe se sont également
montrés très critiques vis-à-vis
des rachats de dette souveraine
menés par la Banque centrale
européenne et ils ont demandé à la
banque de les justifier auprès du
Parlement.
En mars 2021, les juges avaient
exigé du président allemand,
Frank-Walter Steinmeier, une sus-
pension de la ratification du plan
de relance européen de 750 mil-
liards d’euros, afin de se prononcer
auparavant sur une plainte ciblant
le mécanisme de dette commune
du plan. Une étape juridique qui n’a
pas empêché la promulgation du
plan au final. — E. G.

Espagne : plan de sauvetage géant pour un parc naturel menacé

EUROPE
L’Etat et la région
d’Andalousie déblo-
quent 1,4 milliard
d’euros pour la recon-
version de l’économie
locale du parc national
de Doñana, menacé
d’assèchement.
Cécile Thibaud
— Correspondante à Madrid
Fini la tolérance face à l’irrigation
illégale. Le ministère espagnol de la
Transition écologique et le gouver-
nement régional andalou sont arri-
vés à un accord, lundi, pour garan-
tir la protection du parc national de
Doñana, situé à l’embouchure du
fleuve Guadalquivir.
Ils annoncent ensemble un plan
de 1,4 milliard d’euros pour défen-
dre cet écosystème de lagunes et de
marais, lieu d’escale des oiseaux
migrateurs entre l’Europe et l’Afri-
que. Le site naturel est menacé
d’assèchement par l’expansion sans
contrôle de cultures intensives de
fraises et autres fruits rouges, irri-
guées avec de l’eau volée.
Les deux administrations se sont
entendues pour limiter les exploita-
tions proches du parc, et fermer cel-
les qui fonctionnent avec des capta-
ges clandestins qui assèchent la
nappe phréatique. Le gouverne-
ment favorisera la reconversion des
localités proches, et aidera les agri-
culteurs à réorienter leurs activités
vers des cultures non irriguées.
Le plan, financé à parts égales
entre la région et l’Etat, va permet-
tre aux propriétaires des terrains
concernés de recevoir au total jus-
qu’à 100.000 euros, à raison de
10.000 euros par an durant 10 ans,
pour chaque hectare qu’ils destine-
ront à la reforestation ou à la rena-
turalisation des sols. Les subven-
t i o n s p o u r r o n t a l l e r j u s q u’à
2.500 euros annuels pendant cinq
ans, par hectare reconverti vers des
cultures sans arrosage comme la
vigne, l’olivier ou les amandiers.
Les fraises de la sécheresse
« Il n’y a pas d’amnistie pour l’irriga-
tion illégale, il y a une amnistie pour
Doñana », a affirmé la ministre de la
Transition écologique, Teresa
Ribera, en présentant le plan. Elle
espère que le pacte permettra de
sauver les lagunes du parc, classées
réserve de la biosphère et inscrit au
patrimoine de l’Unesco. De leur côté,
les producteurs calculent que cela
aidera à améliorer l’image de leurs
fruits auprès des consommateurs
européens, après avoir souffert au
printemps dernier de l’appel au boy-
cott lancé en Allemagne contre les
« fraises de la sécheresse ».
C’est la fin de deux ans de bras de
fer entre Madrid et la région. Accep-
ter de freiner la culture intensive de
fruits rouges n’a pas été évident, car
il s’agit de l’activité agricole princi-
pale dans cette région qui est la pre-
mière exportatrice de fraises en
Europe, avec une production de
300.000 tonnes par an.
Pendant qu’à Madrid, le gouver-
nement socialiste essayait laborieu-
sement de faire la chasse aux capta-
ges d’eau illégaux, à Séville, au sein
du gouvernement régional dirigé
par le Parti populaire (droite), on
promettait au contraire aux agri-
culteurs la légalisation et l’exten-
Madrid espère que
le pacte permettra de
sauver les lagunes du
parc, classées réserve
de la biosphère.
sion de leurs activités. Les heurts
entre les administrations avaient
été l’un des grands enjeux des muni-
cipales de mai dernier, et tandis que
la ministre de la Transition écologi-
que alertait de l’assèchement du
parc, les élus locaux critiquaient au
contraire un « fanatisme écologiste ».
Les associations de défense de
l’environnement, qui dénonçaient
depuis des années la permissivité
des autorités locales, saluent un
accord qui va permettre de sceller
« la paix sociale et environnemen-
tale ». Mais elles critiquent le fait
que les agriculteurs pirates pour-
ront eux aussi bénéficier des aides.
« C’est une bonne nouvelle que les
administrations travaillent enfin de
façon coordonnée pour trouver une
solution au conflit économique et
social local, et pour la conservation de
Doñana », apprécie l’activiste Felipe
Fuentelsaz, coordinateur local du
WWF. « Mais si les aides à la reconver-
sion des terres sont reçues par les agri-
culteurs qui sont dans l’illégalité, nous
ne sommes pas d’accord, avertit-il.
Nous estimons qu’ils n’ont pas droit à
ces fonds publics. » n
07 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023
L’Otan gagnée
par la morosité
l A Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des
pays de l’Otan ont partagé leur déception face à la Turquie
qui tarde à ratifier l’entrée de la Suède dans l’Alliance.
l Le secrétaire général, Jens Stoltenberg, a réaffirmé
le soutien à l’Ukraine, mais des tensions apparaissent.
CONFLIT UKRAINIEN
Anne Bauer
Frustration. Ce mot résume l’état
d’esprit de plusieurs ministres des
Affaires étrangères réunis mardi à
Bruxelles pour une nouvelle réu-
nion de deux jours de l’Otan. Sur
l’agenda, cette réunion aurait dû
être une fête. Il était prévu de célé-
brer l’adhésion de la Suède à
l’Alliance atlantique. Mais ni la Tur-
quie ni la Hongrie n’ont encore rati-
fié cette arrivée.
Les ministres avaient aussi
l’espoir de féliciter l’Ukraine pour
les succès de sa contre-offensive,
engagée en juin dernier. Mais le
front s’est stabilisé, sans percée
significative et le conflit s’enlise à
l’approche de l’hiver, ce qui compli-
que le soutien à Kiev. Si on ajoute la
guerre déclenchée par le Hamas en
Israël et la montée des violences
dans les Balkans, on peut parler
d’une réunion morose.
Plusieurs ministres ont mani-
festé leur impatience vis-à-vis de
la Turquie. « L’adhésion de la Suède
à l’Otan a été promise il y a dix-
Mark Rutte en pole position
pour le poste de secrétaire général
Le Premier ministre
des Pays-Bas semble cocher
toutes les cases pour
remplacer Jens Stoltenberg
à l’automne prochain.
L’Otan va fêter ses soixante-quinze
ans l’an prochain à Washington.
Son secrétaire général, Jens Stol-
tenberg, ancien Premier ministre
de Norvège, fêtera lui sa dixième
année à la tête de l’Alliance atlanti-
que. Après deux mandats de quatre
ans, et faute de consensus sur son
successeur, le Norvégien a été
reconduit par deux fois pour un an
à son poste.
La première prolongation était
évidente : la Russie venait d’envahir
l’Ukraine et les Etats n’avaient pas le
temps de mener des tractations sur
sa succession. L’été dernier en
revanche, lors du sommet de Vil-
nius, aucun candidat ne faisait
l’unanimité. Cette fois, un homme
semble réunir les qualités requises
pour emporter le job. Il s’agit de
Mark Rutte, Premier ministre des
Pays-Bas depuis 2010, qui doit quit-
ter son poste dès que le nouveau
Parlement issu des élections du
22 novembre aura désigné le futur
chef du gouvernement néerlandais.
Le soutien de Macron
Le dirigeant de 56 ans fait plus que
remplir la première condition pour
devenir le premier porte-parole de
l’Alliance euroatlantique, à savoir
avoir été un chef d’Etat, Premier
ministre ou président. Avec plus de
13 ans à la tête de la cinquième éco-
nomie européenne, Mark Rutte n’a
plus de gages à donner sur sa capa-
cité de résistance et de compromis.
A l’Otan, le poste de secrétaire
général ne peut aussi qu’échoir à un
« petit » Etat, suffisamment « neu-
tre » pour rechercher le consensus
entre les 31 Etats membres de
l’Alliance. Certaines candidatures
s’annulent par nature. Inimagina-
ble de nommer un secrétaire géné-
ral grec ou turc.
L’été dernier, le ministre de la
Défense britannique, Ben Wallace,
sept mois à Madrid », a ainsi rappelé
la ministre française des Affaires
étrangères, Catherine Colonna. « Le
problème est qu’il y va de la force
et de la crédibilité de notre Alliance,
29 pays ont ratifié l’arrivée de la
Suède, il ne faut pas perdre un jour
de plus. »
Un premier Conseil
Otan-Ukraine
La Finlande, entrée dans l’Alliance
en mars dernier, a exprimé son
étonnement et sa déception, tandis
que le secrétaire d’Etat américain
Antony Blinken a rencontré son
homologue turc Hakan Fidan.
De fait, le Parlement turc a bien
entamé l’examen du sujet à la mi-no-
vembre. Mais sa commission des
Affaires étrangères a posé une nou-
velle exigence, en demandant une
feuille de route écrite de la lutte anti-
terroriste suédoise.
Le secrétaire général de l’Al -
liance, Jens Stoltenberg, a donc rap-
pelé que « la Suède avait tenu les pro-
messes faites à Madrid » en 2022,
notamment en levant son embargo
sur les ventes d’armes à la Turquie,
en acceptant de coopérer dans
la lutte antiterroriste et même
avait exprimé son intérêt, mais
l’homme n’avait pas l’expérience
souhaitée et était disqualifié par le
Brexit. Une candidature française
serait difficile, du fait de la position
particulière de la France comme
puissance nucléaire dotée. A
l’inverse, « les Pays-Bas ont toujours
été un allié proche, constructif et
robuste », résume un porte-parole
du gouvernement américain.
Mark Rutte réunit donc deux
conditions sine qua non : jouer dans
la cour des grands et être d’un pays
dont les positions sont alignées sur
celles des Etats-Unis. Pour Emma-
nuel Macron, qui l’apprécie beau-
coup, le Néerlandais remplit une
troisième condition essentielle :
appartenir à l’Union européenne.
Mark Rutte joue dans
la cour des grands
et est issu d’un pays
dont les positions
sont alignées sur
celles des Etats-Unis.
Il serait capable de travailler en
harmonie avec les instances euro-
péennes, à l’heure où ces dernières
montent en puissance sur les ques-
tions de défense et de sécurité. « De
nombreux Etats membres estiment
que c’est important, pour effacer les
querelles de clocher et les jalousies
entre la bureaucratie de l’Otan et celle
de l’UE », commente un diplomate.
La France souhaiterait que cette
désignation intervienne vite, avant
le grand mercato des postes euro-
péens qui s’ouvrira après les élec-
tions européennes de juin pro-
chain. Les Etats-Unis seraient sur la
même longueur d’onde. La désigna-
tion du secrétaire général de l’Otan
répondant à un processus diploma-
tique informel, il faut aussi « plaire »
pour obtenir le consensus. Or au
Conseil européen à Bruxelles,
Mark Rutte est devenu quasiment
le doyen à la table des chefs de
gouvernement.
MONDE
en admettant de classer le PKK
kurde comme une organisation
terroriste.
L’essentiel des discussions sur
l’Ukraine a lieu ce mercredi en pré-
sence du ministre des Affaires
étrangères ukrainien, Dmytro Kou-
leba, pour un premier Conseil Otan-
Ukraine, conformément aux déci-
sions prises cet été à Vilnius.
Quasiment tous les ministres se
sont prononcés pour un soutien
sans faille à Kiev.
Néanmoins, les atermoiements
du Congrès américain sur une
nouvelle tranche d’aide à Kiev jet-
tent une ombre à cette unanimité
de façade. Les parlementaires
américains souhaitent évaluer les
besoins d’Israël avant tout vote sur Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, à gauche, et le secrétaire général de l’Otan,
l’Ukraine. Jens Stoltenberg, mardi à Bruxelles. Photo Yves Herman/Reuters
Selon Washington, l’Europe a
déjà déboursé 100 milliards de dol- européenne, Josep Borrell, ne fait de porter leur aide à respective- depuis la Russie, Jens Stoltenberg a
lars d’aide à l’Ukraine et les Etats- pas non plus l’unanimité. « Nous ment 8 et 2 milliards d’euros. « Plus dénoncé la manière dont Moscou
Unis 70 milliards, dont 40 milliards réaffirmerons notre soutien à l’Ukraine sera forte sur le champ de utilise tous les outils pour faire pres-
d’aide militaire. Des montants qui l’Ukraine, un soutien qui doit s’exer- bataille, plus elle le sera à la table sion sur ses voisins. Histoire d’éviter
parlent d’eux-mêmes pour expli- cer dans la durée, évidemment », a de négociations », a rappelé Jens toute escalade, il a précisé que la
quer les tensions autour de l’aide à promis Catherine Colonna. Stoltenberg. Finlande n’avait pas demandé
apporter pour 2024 à Kiev. Les Alliés restent « engagés », a Alors que la Finlande a annoncé d’aide à l’Otan, et que la gestion des
A Bruxelles, le versement d’une rassuré le secrétaire général en se qu’elle fermait son dernier point de frontières était du ressort des Etats,
aide de 20 milliards d’euros suggé- félicitant des récentes annonces fai- passage avec la Russie pour se avec l’aide de l’agence européenne
rée par le patron de la diplomatie tes par l’Allemagne et les Pays-Bas défendre de l’envoi de migrants Frontex. n
Ce libéral protestant, ennemi du
bling-bling et expert du compro-
mis, dirige un pays dont l’armée de
terre est très proche de l’armée alle-
mande ; son armée de l’air dotée
d’avions F-35 et F-16 coopère de
manière étroite avec les Améri-
cains, et sa marine est sœur de la
belge. Vis-à-vis de l’Ukraine, Mark
Rutte a été le premier à plaider pour
donner des F-16 à Kiev. Avant d’être
adoubé, il devra toutefois se faire
mieux connaître aux Etats-Unis,
notamment auprès du Congrès. Un
groupe de parlementaires améri-
cains conservateurs a déjà menacé
de bloquer la candidature de tout
pays qui n’investirait pas assez dans
la défense.
Un budget militaire
encore insuffisant
Traditionnellement, les Pays-
Bas étaient loin de remplir l’obliga-
tion de consacrer 2 % de leur PIB à
leur armée. Mais le royaume a
adopté en juillet dernier un plan de
hausse des dépenses qui le mettra
dans les clous l’an prochain, avec
une augmentation de 6 milliards
d’euros prévue entre 2022 et 2026 de
son budget de défense. Avec un bud-
get de 19,5 milliards d’euros en 2024,
les Pays-Bas atteindront le seuil de
2 % de PIB, contre 1,70 % en 2023.
Parmi les autres candidats décla-
rés, la Première ministre d’Estonie,
Kaja Kallas, s’est positionnée. La
volonté de nommer pour la pre-
mière fois une femme à la tête de
l’Otan pourrait lui sourire. Mais en
dépit de son charisme, ses positions
très fortes contre la Russie pour-
raient être un handicap. Difficile
d’imaginer le leader d’un Etat balte
négocier un jour une sortie de crise
avec la Russie.
Enfin, l’option Ursula von der
Leyen ne semble plus être sur la
table. L’Allemagne préférerait que la
présidente de la Commission euro-
péenne puisse faire un second man-
dat, si le résultat des élections euro-
péennes le permet. Quoi qu’il en soit,
le mandat de Jens Stoltenberg court
jusqu’au 30 septembre. — A. B.
MONDE
Israël : polémique autour
des colonies de Cisjordanie
l Le gouvernement de Netanyahou leur a alloué des crédits supplémentaires.
l La décision divise dans le pays et s’attire de vives critiques venues d’Europe.
PROCHE-ORIENT
Pascal Brunel
— Correspondant à Tel-Aviv
Mis sous le boisseau depuis le début
de la guerre à Gaza le 7 octobre, le
dossier explosif des colonies israé-
liennes en Cisjordanie a brusque-
ment refait surface. Le gouverne-
ment de Benyamin Netanyahou a
débloqué 105 millions de dollars en
faveur des implantations dans les-
quelles vivent un demi-million
d’Israéliens, suscitant l’ire de cer-
tains ministres, mais aussi de Josep
Borrell, le « ministre » des Affaires
étrangères de l’Union européenne.
Aux commandes du ministère
des Finances, Bezalel Smotrich,
chef d’un parti d’extrême droite
partisan d’une colonisation à tout
va en Cisjordanie, a obtenu cette ral-
longe lors des discussions sur
le budget de guerre amendé, adopté
lundi par le gouvernement.
Selon le ministre, cette manne va
servir non pas à construire de nou-
veaux logements, mais à financer
des « impératifs de sécurité et des
infrastructures » pour faire face « à
Le budget initial approuvé au printemps prévoyait déjà 941 millions de dollars pour le réseau routier en Cisjordanie. Photo AFP
Israël ralentit l’acheminement de l’aide humanitaire
Les volumes livrés
par camions depuis l’Egypte
sont insuffisants face
aux besoins de la popula-
tion. Les contrôles israé-
liens drastiques ralentis-
sent leur acheminement.
Justine Babin
— Envoyée spéciale
à Al Arish (Egypte)
Sous une grande tente, dans la cour
de l’hôpital public d’Al Arish, des
proches des plus de 350 Palesti-
niens malades ou blessés évacués
vers l’Egypte viennent chercher un
peu de réconfort autour d’un café
ou d’un thé chaud.
Dans cette ville égyptienne à
moins d’une heure de route de la
bande de Gaza, Hind Riati veille sa
nièce de dix ans, victime d’une
hémorragie crânienne à la suite de
l’effondrement de leur immeuble
de cinq étages dans la ville de Rafah,
à la frontière égyptienne. La fillette
et sa tante ont obtenu le feu vert des
autorités égyptiennes cinq jours
deux millions de nazis en Judée-
Samarie [Cisjordanie, NDLR] qui
nous haïssent comme les nazis du
Hamas-Daesh ». Il a ainsi fait allu-
sion à un récent sondage selon
lequel les trois quarts des Palesti-
niens soutiennent l’incursion san-
glante du Hamas dans le sud
d’Israël, qui a fait 1.200 morts.
Parmi les projets qui vont être
financés figurent la construction et
la réfection de routes réservées aux
colons contournant les localités
palestiniennes, ainsi que l’entraîne-
ment et l’armement « d’unités
d’intervention rapide » composées
de civils mobilisés pour assurer la
garde des implantations.
Installations « sauvages »
Des Israéliens installés en Cisjorda-
nie réclament à cor et à cri ce genre
de renforts au vu des massacres
commis dans les localités autour de
la bande de Gaza par des comman-
dos du Hamas, dont l’exemple
pourrait être suivi en Cisjordanie.
Le budget initial approuvé au prin-
temps avait porté la marque de
Bezalel Smotrich et prévoyait déjà
941 millions de dollars pour le
réseau routier dans cette région.
plus tôt pour quitter l’enclave pales-
tinienne ravagée.
Conformément aux déclarations
de l’ONU décrivant sur place sur
une situation humanitaire « catas-
trophique », Hind Riati décrit des
conditions de vie devenues extrê-
mement difficiles sur place : « Les
gens dorment souvent dans la rue. Il
n’y a pas d’infrastructures, de fioul,
d’électricité, d’eau potable… » Rafah
est pourtant la ville la plus au sud de
la bande de Gaza, une zone vers
laquelle l’armée israélienne a
poussé les populations civiles à fuir
pour éviter les frappes aériennes de
Tsahal. C’est aussi la zone desservie
par les rares convois d’aide humani-
taire envoyés depuis l’Egypte via le
poste-frontière de Rafah depuis le
début du conflit, seul point de pas-
sage avec l’enclave non directement
contrôlé par Israël.
Bien que les volumes acheminés
aient plus que doublé depuis le
début de la trêve, cette aide est large-
ment insuffisante pour subvenir
aux besoins de la population. Quel-
que 200 camions sont entrés quoti-
Mieux encore : le ministre, qui a
également la haute main sur l’admi-
nistration de l’armée israélienne
chargée des affaires civiles, a aussi
débloqué des fonds en faveur de
colonies « sauvages », créées par
des petits groupes extrémistes sans
autorisation, et parfois sur des ter-
rains privés appartenant à des
Palestiniens. Autrement dit, le gou-
vernement finance des opérations
qui sont illégales, même du point de
vue israélien. La communauté
internationale ne fait pas de distinc-
tion et estime que toutes les colonies
enfreignent le droit international.
Au sein du gouvernement, cinq
ministres centristes qui ont rejoint
le cabinet depuis le début de la
guerre ont voté contre les largesses
de Bezalel Smotrich. La polémique
a aussi porté sur le refus du ministre
des Finances d’annuler des rallon-
ges accordées notamment au sys-
tème scolaire des ultraorthodoxes,
ou de rogner le train de vie d’un cer-
tain nombre de ministères créés
uniquement pour satisfaire des
membres de la majorité.
Mais c’est sur le front interna-
tional que les dégâts sont les plus
importants. Josep Borrell, au nom
diennement depuis vendredi, selon
les autorités égyptiennes, l’ONU et
l’ONG Sinai for Human Rights, con-
tre moins de 80 les jours précé-
dents. A titre de comparaison, envi-
r o n 5 0 0 vé h i c u l e s e n t r a i e n t
quotidiennement dans l’enclave
sous blocus avant la guerre.
Goulot d’étranglement
Pourtant, l’afflux d’aide à l’aéroport
d’Al Arish, transformé en hub
humanitaire sous la coordination
du Croissant-Rouge égyptien, ne
ta rit pa s. Les E t ats-Unis o n t
annoncé l’atterrissage de trois avi-
ons militaires chargés d’aide médi-
cale et alimentaire ainsi que d’équi-
pements pour l’hiver à partir de
mardi. Sur les bords du tarmac, des
200
CAMIONS PAR JOUR
sont entrés à Gaza
depuis vendredi.
de l’Union européenne, s’est déclaré
« consterné d’apprendre qu’en pleine
guerre, Israël a accordé de nouveaux
fonds à la construction de nouvelles
colonies illégales ». Et d’ajouter :
« La colonisation constitue une grave
violation de droits internationaux
de l’homme. »
Les Américains soutiennent eux
aussi une solution à deux Etats qui
devient de moins en moins crédible
au fur et à mesure que la colonisa-
tion progresse. Autre sujet qui
fâche : Joe Biden a dénoncé depuis
le début de la guerre les violences
commises par des colons extrémis-
tes à l’encontre de la population
palestinienne. Josep Borrell a été
encore plus loin en accusant « la
police et les militaires israéliens de
protéger souvent » ces colons,
auteurs d’exactions.
Bref, la colonisation est un sujet
hautement clivant qui risque d’iso-
ler Israël, alors que ce pays sollicite
un soutien sans faille de l’étranger
pour la poursuite de la guerre dans
la bande de Gaza. Apparemment,
Benyamin Netanyahou n’en a cure
et préfère satisfaire ses alliés, dont
le soutien lui est vital pour conser-
ver une majorité. n
cartons de nourriture sèche, mate-
las et tentes envoyés par le Qatar et
l’Arabie saoudite s’accumulent.
Mais l’acheminent de ces biens
risque de prendre du temps. En
cause notamment, la lenteur des
contrôles imposés par les autorités
israéliennes au point de passage de
Owga-Nitzana, à 50 km au sud de
Rafah, obligeant les conducteurs à
faire un crochet et créant un goulot
d’étranglement. « Les fouilles peu-
vent prendre de quelques heures à
plusieurs jours », affirme un chauf-
feur de camion devant le point de
passage de Rafah qui attend depuis
cinq jours. Une file de camions à
l’arrêt dans la même situation
s’étend sur plusieurs kilomètres,
entre Al Arish et Rafah.
En déplacement dimanche dans
la bande de Gaza, Lolwah Al Khater,
secrétaire d’Etat pour la coopéra-
tion internationale du Qatar, parmi
les principaux médiateurs de
l’accord de trêve, a appelé à « mettre
davantage de pression sur la partie
israélienne » pour accélérer le pas-
sage de l’aide. n
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos
Le rôle de l’Etat
dans les pays
émergents bien
plus fort qu’estimé
CONJONCTURE
L’influence de l’Etat
dans l’économie
ne se limite pas
aux seules entrepri-
ses publiques.
Il est plus large
et plus diffus,
selon la Banque
mondiale.
Richard Hiault
Mesurer le rôle et le poids de
l’Etat dans une économie uni-
quement à travers le nombre
d’entreprises publiques y opé-
rant est trop réducteur. C’est ce
qu’avance la Banque mondiale
dans une étude publiée mardi.
L’institution multilatérale s’est
intéressée à un cercle plus large
d’entreprises où l’Etat détient
au moins 10 % du capital.
Ce que la Banque définit
comme « les affaires de l’Etat »
révèle un tout autre visage. A
partir d’une base de données
couvrant 91 pays et quelque
76.000 entreprises, elle estime
que le nombre d’entreprises
identifiées comme appartenant
à l’État est quatre fois plus
important que les estimations
précédentes. Encore faut-il
nuancer ce constat. La Chine
n’est pas couverte par l’analyse,
faute de données suffisantes.
Bien que parcellaire, le seul
chiffre mentionné dans le rap-
port émane de l’OCDE qui
recense plus de 55.000 entre-
prises d’Etat chinoises contre
près de 3.500 pour les 39 pays
membres de l’Organisation. Ce
qui donne une idée des limites
de l’analyse.
A cette réserve près, et sur la
base des 91 pays en développe-
ment et émergents étudiés, il
ressort que les affaires de l’Etat
génèrent des revenus dont le
montant équivaut à 17 % du PIB
en moyenne. La présence publi-
que est réelle sur les marchés
concurrentiels, tels que l’indus-
trie manufacturière, l’hôtelle-
rie, l’immobilier et la vente au
d é t a i l . Au B r é s i l , e n C ô t e
d’Ivoire ou au Sénégal, plus de
30 % du chiffre d’affaires total
des entreprises où l’Etat est pré-
sent dans le capital proviennent
des seules activités manufactu-
rières. « Les résultats montrent
qu’au fil du temps, l’empreinte de
l’Etat est devenue beaucoup plus
vaste qu’on ne le pensait aupara-
vant, mais aussi beaucoup plus
diffuse », souligne l’étude.
Un frein à la croissance
et à la concurrence
« Ce résultat contredit la percep-
tion classique, basée sur les défi-
nitions traditionnelles des entre-
prises publiques, selon laquelle
Feu vert de Bruxelles à la quatrième
tranche du plan de relance de l’Italie
EUROPE La Commission européenne a donné mardi son feu
vert au paiement à l’Italie de la quatrième tranche de son plan de
relance, soit 16,5 milliards d’euros, estimant que les objectifs en
matière de réformes et d’investissements ont été atteints. Les
principaux investissements couverts par cette tranche sont liés
à la numérisation, au développement de l’industrie spatiale, à
l’hydrogène vert, aux transports, à la recherche, à l’éducation et
aux politiques sociales. Une fois la quatrième tranche débour-
sée, l’Italie aura empoché 101,9 milliards d’euros, soit plus de la
moitié des fonds totaux du plan.
08
la participation de l’Etat est
concentrée dans les monopoles
naturels et les industries de
réseau (telles que l’énergie, les
télécommunications et les trans-
ports) ou dans le secteur finan-
cier », souligne la Banque. Dans
les faits, les marchés concur-
rentiels représentent près de
70 % des affaires de l’Etat.
Un peu plus de la moitié de
ces entreprises particulières
opèrent sur des marchés où le
rôle de l’État ne se justifie guère,
comme la culture du riz, l’éle-
vage de bovins laitiers, la fabri-
cation de ciment ou la fonte
d’acier et de fer. Une chose est
sûre pour la Banque : ces entre-
prises sous influence publique
sont généralement moins
dynamiques que leurs homolo-
gues privées comparables. Elles
réduisent l’entrée de nouvelles
entreprises sur leurs marchés,
affaiblissant ainsi la concur-
rence et la croissance à long
terme. En revanche, elles ver-
sent des salaires nettement plus
élevés que les entreprises pri-
vées similaires.
L’influence des fonds
souverains
Ces entreprises où la présence
plus ou moins forte de l’Etat est
avérée opèrent à l’étranger. La
Banque en recense plus de
7.200 menant des opérations
au-delà de leurs frontières par
l’intermédiaire de filiales ou de
sociétés indirectement déte-
nues. Environ 40 % de ces entre-
prises sont originaires d’Italie.
Les principales destinations des
investissements étrangers sont
les Etats-Unis, le Royaume-Uni,
le Brésil et l’Espagne.
La présence
publique est réelle
sur les marchés
concurrentiels,
tels que l’industrie
manufacturière,
l’hôtellerie,
l’immobilier
et la vente
au détail.
Surtout, la Banque mondiale
souligne l’influence grandis-
sante des fonds souverains
dans le domaine. « Le nombre
médian de filiales détenues par
ces fonds a au moins doublé en
dix ans, passant de 20 à 45 filia-
les en utilisant le seuil de partici-
pation de l’État de 50 %, et de 89 à
277 filiales au niveau du seuil de
10 %. » L’essentiel de cette aug-
mentation vient de Singapour
et de la Chine, la Malaisie et les
Emirats arabes unis. En 2010,
les fonds souverains possé-
daient 446 entreprises liées à
l’Etat. Le chiffre s’élevait à envi-
ron 2.600 en 2020. n
en bref
09 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023
Pourquoi la transition énergétique
sera une vraie guerre
Jean-Marc Vittori
A quoi ressemblera la transition
écologique ? Agnès Pannier-Runa-
cher, évoque une transformation
« d’une ampleur comparable à celle
de la première révolution indus-
trielle ». La ministre de la transition
Pour réussir énergétique a raison. Sur le plan
la transition technique, nous allons devoir bou-
énergétique, leverser nos façons de produire,
renouveler nos équipements, vivre
il va falloir investir autrement. Mais sur le plan écono-
des sommes mique et financier, la révolution
industrielle n’est pas la bonne réfé-
colossales rence. La bonne référence, c’est la
dans des dépenses guerre. Car il va falloir investir mas-
non productives. sivement. Avec une particularité :
cet effort, qui se chiffre en dizaines
Non comme de milliers de milliards d’euros ou
dans une révolution de dollars à l’échelle de la planète,
ne servira pas à produire plus.
industrielle,
mais comme Pas d’espoir de gain
dans une guerre. économique
L’effort aura un autre objectif. Il ser-
vira à produire mieux, plus propre-
ment, mais sans engendrer des
recettes supplémentaires qui per-
mettent de rentabiliser le capital
investi. Le modèle économique ne
peut donc pas être celui des révolu-
LA
CHRONIQUE
de Claudia Senik
Travail : des jeunes plus responsables
et plus individualistes
ourquoi est-il si difficile
P d’attirer et de retenir les jeu-
nes dans l’entreprise ? Quel-
les sont les attentes des nouvelles
générations vis-à-vis du travail ?
Les études sur le sujet pointent vers
un nouveau rapport à l’avenir, un
attachement à l’autonomie et une
réappropriation de la gestion de
son temps. Ces attitudes ont été
accentuées par la crise sanitaire.
Elles conduisent à une redéfinition
du sens du travail, dans une appro-
che à la fois plus responsable et plus
individualiste.
Le retour dans l’entreprise, après
la pause du Covid, n’a pas été un
retour « à la normale ». La pause
de 2020 a été l’occasion d’une prise
de recul pendant laquelle de nom-
breux salariés ont refait leur calcul
coût-avantage, ont fait l’expérience
de l’auto-organisation et ont choisi
de ne pas reprendre leur poste anté-
tions industrielles, mues par la
recherche d’efficacité.
En revanche, c’est ce qui se passe
dans une guerre. Les pouvoirs
publics investissent des montants
massifs pour acheter ou fabriquer
des canons, des chars, des avions
sans en espérer le moindre gain
économique. Le but, c’est de gagner
la guerre. Economiquement et
financièrement, la transition éner-
gétique et écologique sera donc une
guerre. Il faut en tirer les consé-
quences, en regardant ce qui s’est
passé lors des conflits du passé.
Lutte contre les dérives
bureaucratiques
La conséquence la plus évidente,
c’est que l’Etat prend la main. Le
marché ne sait pas organiser la
guerre. C’est pour cette raison que la
notion de « planification écologi-
que » a surgi. Seul l’Etat peut impul-
ser l’action, la coordonner… et pré-
lever des masses d’argent. Avec
comme seule promesse une espé-
rance de victoire. Ce qui pose immé-
diatement une question d’efficacité.
L’Etat n’est pas très bon dans l’orga-
nisation des circuits productifs.
L’URSS s’en est effondrée. Et avant
rieur. Les attentes des travailleurs
ont changé. Il ne s’agit pas seule-
ment d’un accroissement du pou-
voir de négociation des salariés dû à
la conjoncture économique, mais
plutôt de ce que les économistes
appelleraient un choc de préféren-
ces. Et celui-ci concerne particuliè-
rement les générations les plus jeu-
nes.
Paradoxalement, même si la
crise sanitaire avait peu de relations
avec la crise climatique, elle a, par
analogie, accentué la sensibilité aux
r i s q u es g loba ux , s i b i en qu e
l’inquiétude environnementale est
aujourd’hui vive et quasi-générale.
Pour les jeunes générations, ceci
est synonyme de perte d’avenir et
facteur de colère et d’anxiété, et
appelle en retour des formes d’éco-
action comme remède. C’est pour-
quoi il leur importe de voir leur
entreprise engagée de manière cré-
cet effondrement, pendant la Pre-
mière Guerre mondiale, Georges
Clemenceau était obsédé par la
lutte contre les dérives bureaucrati-
ques. Tout comme Winston Chur-
chill pendant la Seconde, au point
de choisir un chef d’entreprise pour
créer un ministère de la production
d’aéronefs (secteur hautement stra-
tégique) et court- circuiter la
machine administrative.
« Profiteurs de guerre »
Ensuite, il faut de l’argent. Et là, tous
les moyens sont bons. Le premier
est l’emprunt, avec des appels insis-
tants au peuple. « Pour la France,
versez votre or », proclame une affi-
che célèbre de 1915 montrant un
coq belliqueux sortant d’une pièce
de monnaie en menaçant un sol-
dat… Les programmes d’emprunts
ont souvent financé plus de la moi-
tié de l’effort de guerre. Avec parfois
de fortes incitations pour les rendre
pratiquement obligatoires.
Le deuxième moyen pour ali-
menter la machine de guerre est
l’impôt, souvent au nom de l’équité.
En France, un impôt sur les bénéfi-
ces a été prélevé pour la première
fois en 1916, sous la forme d’une taxe
dible dans la préservation de l’envi-
ronnement. L’incertitude à l’égard
de l’avenir les pousse également à
exiger un sens immédiat à leur tra-
vail, qui ne peut plus être considéré
comme un sacrifice de leur temps.
L’incertitude à l’égard
de l’avenir les pousse
à exiger un sens
immédiat à leur
travail.
L’autre choc de préférences issu
de cette crise vient de l’expérience
du télétravail. Si pour la majorité
des salariés, le retour intégral au
bureau est inenvisageable, pour
une partie des jeunes, le travail,
même en entreprise, ne doit même
plus être associé à une localisation
géographique.
sur les gains exceptionnels engran-
gés par les « profiteurs de guerre ».
Aux Etats-Unis, Franklin Roosevelt
a porté le taux d’impôt sur les reve-
nus les plus élevés à 94 % en 1944
(après avoir échoué deux ans plus
tôt à faire voter une taxation à 100 %
au-delà de 25.000 dollars).
Taux d’intérêt plafonnés
Le troisième moyen est la création
monétaire. La planche à billets
tourne facilement en temps de
guerre, quitte à engendrer par la
suite de fortes poussées inflation-
nistes. En France, la création moné-
taire a financé le dixième des
dépenses induites par le conflit
de 1914-1918. Aux Etats-Unis, le Con-
grès a voté en 1942 une loi autori-
sant la Réserve fédérale à acheter
des obligations au Trésor. Ce qui a
permis à la banque centrale de pla-
fonner les taux d’intérêt, en acqué-
rant des titres publics dès que le
loyer de l’argent dépassait 0,4 % à
court terme ou 2,5 % à long terme.
L’économie de la transition n’est
cependant pas une économie de
guerre jusqu’au bout. Si la victoire a
ici une valeur inestimable (elle per-
m e t t r a l a s u r v i e d e l ’e s p è c e
Cette distanciation du bureau,
fruit de la numérisation croissante
du travail, reflète une très forte
demande d’autonomie dans l’usage
de son temps, mais aussi un dépla-
cement de tout espace de socialisa-
tion hors des murs de l’entreprise,
donc hors du collectif de travail.
Cette nouvelle délimitation de la
place du travail dans l’existence ne
signifie pas nécessairement que le
travail est devenu moins important.
Au contraire, c’est peut-être parce
que les jeunes se sont réapproprié le
travail qu’ils entendent l’agencer
plus librement dans le temps et
dans l’espace. Il s’agit aussi certaine-
ment d’une attitude plus individua-
liste dans le travail. Car parallèle-
ment à la reprise en main de son
temps, l’autre grande attente des
jeunes générations s’exprime à tra-
vers la notion d’impact. Loin
d’accepter de se fondre dans une
IDÉES
Pascal Garnier pour « Les Echos »
humaine), elle ne rapportera pas
d’argent. Contrairement ce qui s’est
passé jusqu’à la Seconde Guerre
mondiale.
Pas de trésor cette fois-ci
En 1918, l’Allemagne a été condam-
née à payer de lourdes réparations à
la France. La France a dû verser des
sommes colossales à ses vain-
queurs en 1815 et 1871. Dans les guer-
res du Moyen Age, le camp victo-
rieux s’emparait d’un trésor et
soumettait de nouvelles popula-
tions à l’impôt. Rien de tel cette
fois-ci.
Mais ce n’est pas une raison suffi-
sante pour renoncer. Car en termes
économiques, la transition sera à
peine une guéguerre. En 1944, les
dépenses militaires constituaient
45 % du PIB américain. Les investis-
sements supplémentaires requis
pour la transition énergétique, eux,
sont évalués pour la France à près
de 70 milliards d’euros par an dans
le rapport piloté par Selma Mah-
fouz et Jean Pisani-Ferry. Même en
supposant qu’il faudra investir
deux fois plus, la facture dépasse-
rait à peine 5 % du PIB. Pas besoin
d’un Roosevelt pour y arriver. n
grande organisation aux objectifs
lointains, les jeunes générations
exigent de pouvoir identifier le
débouché précis de leur travail.
C’est ainsi qu’« avoir un travail à
impact » ne signifie pas seulement
s’assurer des conséquences de
l’activité de l’entreprise sur le
monde, mais aussi la possibilité
d’évaluer les résultats de son propre
travail. Autrement dit, il s’agit de
travailler « en mode projet ».
Dans un monde où l’avenir est
devenu beaucoup plus incertain,
mieux maîtriser son temps et iden-
tifier les conséquences immédiates
de son travail est peut-être une
manière de reprendre le contrôle de
sa vie.
Claudia Senik est membre
du Cercle des économistes,
professeure à Sorbonne
Université et PSE.
IDÉES
analyses
Chroniques et
intelligence artificielle
L’intelligence artificielle redéfinit-elle l’écriture de
chroniques économiques ? Elle peut aider, voire rem-
placer les chroniqueurs. Cela doit inquiéter les lecteurs.
LA
CHRONIQUE
de Julien Damon
ans un monde où l’intelligence artifi-
D cielle (IA) prend de plus en plus de
place dans notre quotidien, la ques-
tion de savoir si elle peut écrire des chroni-
ques économiques pertinentes et de qualité se
pose naturellement. L’IA a fait d’énormes pro-
grès en matière de traitement du langage
naturel, mais peut-elle réellement capturer la
complexité et la nuance nécessaires pour
analyser les tendances et fournir des com-
mentaires avisés ?
D’une part, l’IA dispose de capacités
impressionnantes pour la collecte et l’analyse
de données. Grâce à des algorithmes sophisti-
qués et à l’apprentissage automatique, elle
peut explorer d’énormes ensembles de don-
nées, identifier des modèles et générer des
rapports détaillés en un temps record. De
plus, elle peut agréger des informations pro-
venant de sources diverses et fournir une ana-
lyse quantitative approfondie.
Cependant, la rédaction de chroniques éco-
nomiques va au-delà de la simple compila-
tion de données chiffrées. Elle implique une
compréhension approfondie du contexte, des
interactions sociales, politiques et internatio-
nales, ainsi qu’une capacité à formuler des
idées claires et à présenter des arguments
convaincants.
La « perspective humaine »
Les chroniqueurs humains apportent une
perspective unique à leurs analyses. Ils ont la
capacité de contextualiser les données,
d’expliquer les implications pour le grand
public et d’intégrer des éléments qualitatifs
dans leurs réflexions. Leur expérience et leur
intuition jouent un rôle crucial dans la formu-
lation d’opinions éclairées et dans la création
de contenus accessibles à un large éventail de
lecteurs.
L’IA peut certes produire des articles, mais
ces derniers peuvent manquer de la subtilité,
du discernement et de l’authenticité que les
lecteurs recherchent souvent. Les chroniques
économiques nécessitent une analyse con-
LE LIVRE
DU JOUR
Dans l’intimité
de l’Olympia
LE PROPOS L’Olympia fête ses 130 ans
cette année. Ouvert le 11 avril 1893, « le
premier vrai music-hall de Paris »
proposait à l’origine de la danse, du
cirque et de l’acrobatie avant d’être
converti en cinéma familial dans les
années 1930. C’est, vingt ans plus tard,
sous la houlette de Bruno Coquatrix et
avec l’appui de Charles Trenet que
l’Olympia se transforma en la salle de
concerts que nous connaissons, si
bien chantée par Etienne Daho dans «
Boulevard des Capucines ». Dotée
d’une capacité pouvant aller jusqu’à
2.800 places, elle accueille 250 à 300
concerts par an. Une affiche
renouvelée quasiment tous les soirs
contrairement aux résidences de
longue durée courantes jusqu’en 2015.
La clé : accueillir plus d’artistes,
renouveler et rajeunir le public.
L’INTÉRÊT Ce beau livre
somptueusement illustré regorge
d’affiches d’époque et de magnifiques
photos intimes (Jacques Brel en
peignoir dans sa loge, Miles Davis en
compagnie de Juliette Gréco dans la
sienne) et collectives (Johnny devant
ses fans, Lana Del Rey en compagnie
de ses danseurs lors du concert-
textuelle, une réflexion critique et une capa-
cité à anticiper les implications futures des
tendances, des aspects qui restent difficiles à
reproduire pour les algorithmes.
Bien que l’IA puisse contribuer à la rédac-
tion de certaines parties des chroniques en
fournissant des données et des analyses, la
qualité rédactionnelle et l’expertise humaine
restent indispensables pour créer des textes
impactants et stimulants. L’association entre
l’IA et le travail des experts humains ouvre de
nouvelles perspectives et peut améliorer la
qualité globale des analyses économiques
présentées au public.
3.000 signes en quelques secondes
Stop ! Tout le début de ce texte, jusqu’au mot
« stop », a été proposé par le célèbre agent
conversationnel ChatGPT. Celui-ci n’aura mis
que quelques secondes à produire quelque
3.000 signes sur le sujet : « L’intelligence arti-
ficielle peut-elle écrire des chroniques écono-
miques ? » Le résultat est-il si bluffant ? C’est
au lecteur de le dire.
Le chroniqueur malhonnête
se dit qu’il n’aura même plus
à plagier ou picorer ailleurs.
Une machine fera le travail
pour lui.
Le chroniqueur soucieux de sa plume
pense certainement qu’il aurait pu stylistique-
ment mieux faire, que les mots auraient pu
être mieux choisis, les développements
moins creux. Le chroniqueur pressé se dit que
désormais il pourra gagner un temps consi-
dérable.
Le chroniqueur malhonnête (même s’il ne
se sait pas forcément ainsi) se dit qu’il n’aura
même plus à plagier ou picorer ailleurs. Une
machine fera le travail pour lui. En tout cas,
une IA générative bien promptée (c’est-à-dire
bien interrogée) peut assurément changer la
vision qu’ont les observateurs les plus dubita-
tifs à l’égard des annonces, triomphantes ou
alarmistes, sur la révolution en cours.
Question à 100 euros : les dernières phrases
de cette chronique ont-elles ou non été écrites
par ChatGPT ?
Julien Damon est sociologue.
événement de juillet dernier).
Les témoignages de producteurs,
d’artistes, de spectateurs et de
techniciens multiplient les
perspectives sur ce lieu unique non
seulement par la richesse de son
histoire mais aussi par sa localisation,
sa configuration, son acoustique, sa
lumière, la flexibilité de son plateau
technique. D’Eddy de Pretto racontant
son premier rendez-vous raté avec la
salle de légende à Bernard Lavilliers
rendant hommage aux fantômes de
James Brown et Jimi Hendrix qui
hantent les lieux, un ouvrage collector
pour les amateurs de concerts.
— Isabelle Lesniak
« L’Olympia, scène de légendes »,
sous la direction de Laurent de Cerner.
Editions Le Cherche Midi,
240 pages, 38 euros.
Pourquoi il faut augmenter
le prix de l’essence
Le réchauffement climatique exige de réintroduire l’esprit de sobriété
de Pierre Messmer en le renforçant par un coût du carbone élevé.
LA
CHRONIQUE
de Jean-Marc
Daniel
l’automne 1973, le pétrole, dont
A le bas prix avait largement con-
tribué à maintenir la croissan-
ce à des niveaux élevés pendant la pé-
riode dite des « trente glorieuses »,
devient soudain une denrée rare et chè-
re. Ce changement brutal, désormais
désigné sous le nom de « premier choc
pétrolier », provoque une réaction des
dirigeants des pays développés.
En France, dans un premier temps,
c’est le Premier ministre qui est associé
à cette réaction. Il s’agit de Pierre Mess-
mer. Ce gaulliste historique a été nom-
mé à Matignon en juillet 1972. Le 30 no-
vembre 1973, il détaille à la télévision la
réponse du gouvernement. Celle-ci re-
pose sur des mesures à long terme et
d’autres à effet immédiat.
A long terme, Pierre Messmer, qui
fait le constat que le premier consom-
mateur de pétrole en France en ce début
des années 1970 est EDF, annonce l’ac-
célération du programme déjà engagé
de construction de centrales nucléai-
res ; à court terme, après avoir écarté
l’option des dimanches sans automobi-
les, il indique que « les courses automo-
biles et les rallyes seront jusqu’à nouvel
ordre suspendus ».
Puis il fait une liste de décisions plus
significatives visant à économiser
l’énergie : « limitation de la vitesse à 90
kilomètres à l’heure sur toutes les routes
de France et à 120 kilomètres à l’heure sur
les autoroutes » ; « interdiction entre
10 heures du soir et 7 heures du matin de
la publicité lumineuse, l’éclairage des vi-
trines des magasins et les illuminations
des monuments publics sauf le samedi
soir et pendant la période des fêtes » ; « in-
terdiction tous les jours, de 10 heures du
soir à 7 heures du matin, de l’éclairage des
immeubles et en particulier des tours à
usage de bureaux lorsque ces bureaux
sont inoccupés ».
En outre, l’ORTF, l’organisme qui
gère alors l’audiovisuel public, va devoir
« interrompre ses émissions chaque soir
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos
à 11 heures du soir, sauf le samedi et pen-
dant la période des fêtes. » La réponse
de 1973 unissait donc un appel à une so-
briété plus ou moins imposée et un re-
cours accru à une nouvelle forme
d’énergie. Cinquante ans plus tard, la
France se pose plus que jamais le pro-
blème de l’emploi du pétrole, mais pour
une raison désormais plus structurelle
puisqu’il s’agit des enjeux climatiques.
Depuis 1973, ces enjeux sont devenus
centraux, y compris pour les économis-
tes. C’est ainsi qu’en 2018, le prix Nobel
d’économie a été attribué à William
Nordhaus pour ses travaux sur les con-
séquences du changement climatique
sur la croissance et sur la politique à
mener pour y faire face.
Nordhaus fait d’abord l’apologie du
nucléaire. Selon ses calculs, les réserves
d’uranium représentent au moins 1.000
fois le pouvoir énergétique de la totalité
des réserves fossiles connues. Ensuite, il
stigmatise un pessimisme excessif qui
finit par être contre-productif, car il dé-
crédibilise, aux yeux de l’opinion publi-
que, toute démarche de lutte contre le
réchauffement climatique.
En 1974, une heure
de SMIC permettait
d’acheter 3 litres
d’essence.
Aujourd’hui,
c’est presque 6 litres.
Enfin, il considère que pédagogie et
détermination sont les conditions sine
qua non du succès. Diminuer les émis-
sions de gaz à effet de serre conduira
dans un premier temps à un ralentisse-
ment de la croissance, c’est-à-dire à une
perte de PIB potentiel. Cependant, dans
la mesure où cette action réduit les
dommages climatiques à venir et donc
améliore le bien-être futur, elle est justi-
fiée et sera comprise. Cette action doit
s’incarner concrètement dans une aug-
mentation du prix du carbone obtenue
au travers d’une taxe.
En 2013, Nordhaus développe ses
idées dans son livre « Le Casino climati-
que ». On y trouve ce texte : « Une décou-
verte majeure réalisée grâce à la modéli-
sation d’évaluation intégrée consiste en ce
10
Kermalo/REA
que les politiques de réduction des émis-
sions doivent être mises en œuvre sans at-
tendre. Les politiques les plus efficaces
sont celles qui nivellent les coûts différen-
tiels ou marginaux de la réduction des
émissions dans tous les secteurs et pays.
Des politiques efficaces doivent bénéficier
de la plus grande “participation” possi-
ble ; c’est-à-dire qu’un maximum de pays
et de secteurs doivent être au plus tôt de la
partie. Le comportement du “passager
clandestin” doit être découragé. En outre,
une politique efficace se renforce progres-
sivement – aussi bien pour accorder aux
individus le temps de s’adapter à un mon-
de où le prix du carbone est élevé que pour
serrer de plus en plus la vis aux émissions
carbonées. »
En clair, cela veut dire que la lutte
contre le réchauffement climatique ré-
clame un effort de tous (pas de « passa-
ger clandestin »…) et nécessite la mise
en place d’une taxe carbone. C’est-à-dire
qu’à la parcimonie énergétique et aux
centrales nucléaires de Pierre Mess-
mer, il convient d’ajouter un relèvement
du prix du carbone. Or, concernant le
carburant pour les automobiles, le
moins que l’on puisse dire est que les
pouvoirs publics n’ont jamais vraiment
cherché à utiliser son prix pour en dis-
suader la consommation.
En 1974, le choc pétrolier a porté le
prix du litre à 1,85 franc, soit une hausse
sur un an de 9,5 % alors que le taux d’in-
flation était à l’époque de 7,5 %. En 1974,
une heure de SMIC permettait d’acheter
3 litres d’essence, comme en 1970, le
choc pétrolier ayant ainsi été plus que
contenu dans les prix payés par les
automobilistes. Et aujourd’hui, c’est
presque l’achat de 6 litres que permet
une heure de SMIC…
L’incitation à consommer du pétrole
dans les transports, loin d’avoir été ré-
duite, a été multipliée par deux. De nos
jours, c’est aux alentours de 4 euros le li-
tre que l’on reviendrait à la possibilité
d’acheter 3 litres avec une heure de
SMIC.
Le réchauffement climatique exige
de réintroduire l’esprit de sobriété de
Pierre Messmer en le renforçant par un
coût du carbone élevé ; ce qui doit en
particulier conduire à accepter une sen-
sible augmentation du prix de l’essence !
Jean-Marc Daniel est professeur
émérite à l’ESCP Business School.
 11 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023
Publiez vos contributions
sur le Cercle des Echos :
lesechos.fr/idees-debats/cercle
LE POINT
DE VUE
de Philippe d’Ornano
lors que le débat sur la compa-
A raison entre la taxation du capi-
tal et du travail porte en France
une forte charge émotionnelle, une
étude Fipeco compare la fiscalité des
hauts revenus salariaux et celle des
actionnaires d’entreprise. Pour les pre-
miers sont comptabilisés l’impôt sur le
revenu mais aussi les charges salariales
et patronales, considérées comme une
taxation du salarié. L’impôt est alors de
64,2 %. La taxation du revenu du capital,
elle, additionne la part de création de
valeur imposée dans l’entreprise (18,8 %)
et celle payée lors de la distribution (flat
tax et contribution aux hauts revenus,
soit 32,4 %) pour un total de 51,2 %.
La première conclusion que l’on peut
tirer de l’étude Fipeco est que les hauts
revenus du capital et du travail sont
fortement taxés en France, ce qui va à
l’encontre de déclarations récentes
d’économistes. Ce d’autant plus que le
calcul ne prend pas en compte l’ensem-
ble de la cascade fiscale : TVA sur la
consommation, fiscalité de la transmis-
sion sur l’épargne. Cela donne, dans les
deux cas de hauts revenus étudiés, des
impositions totales qui se situent entre
70 et 80 %. En revanche, l’analyse com-
parative de Fipeco comprend deux
biais méthodologiques qui faussent la
comparaison et aboutissent au résultat
inverse de la réalité.
Le premier biais est que l’étude ne
prend pas en compte les impôts de
production payés par l’entreprise. Or, est
publié depuis deux ans un indicateur
global de taxes de production, qui les
LE POINT
DE VUE
de Saïd Hammouche
e 17 novembre 2021, Elisabeth
L Moreno, alors ministre de l’Éga-
lité entre les femmes et les hom-
mes, de la Diversité et de l’Egalité des
chances, annonçait une petite « révolu-
tion » avec la présentation du premier
index « Diversité et inclusion ». Deux
ans après son lancement, force est de
constater que l’espoir suscité par cette
audace peine à trouver une traduction
concrète dans les entreprises. A ce jour,
seule une poignée de pionnières s’en est
saisie. Parmi elles : Adecco, BNP Paribas
ou L’Oréal, présentes le 28 novembre au
3e Sommet de l’inclusion économique à
Bercy afin de témoigner de l’intérêt
d’une mesure pour réussir sa stratégie
diversité et inclusion.
Il est vrai que la mesure de la diversité
des origines, singulièrement des origi-
nes socioculturelles, continue de porter
des stigmates. On dit qu’elle est illé-
gale mais il n’y a rien de plus faux : il est
aujourd’hui tout à fait possible d’avoir
une photographie de son organisation
en restant dans les clous de la loi, à condi-
tion de prendre quelques précautions :
respect strict des règles en matière
d’anonymat, de volontariat et de confi-
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
dentialité des données récoltées. Serait-
elle alors compliquée ? Sur tous les critè-
res énoncés par la loi du 23 mars 2006
sur les discriminations, on peut presque
tout mesurer. La place des personnes en
situation de handicap par exemple mais
aussi l’appartenance syndicale, la situa-
tion de famille, la pyramide des âges.
Mais comment appréhende-t-on la
diversité culturelle ou ethnique ? Là
Fiscalité du capital
et du travail :
même combat !
chiffre à 80 milliards d’euros en 2022
contre 63 milliards d’impôt sur les
sociétés. Corrigé de ce gros oubli, la fis-
calité du capital dépasse celle du travail.
Le deuxième biais résulte du postulat
que les charges sociales sont des impôts
en partie payés par l’entreprise pour le
compte des salariés. Or, il s’agit d’assu-
rances qui couvrent des risques identi-
fiés (retraite, chômage, maladie) et
ouvrent des droits dont ne bénéficient
pas les revenus du capital. Il est donc
impropre de les considérer comme des
L’enjeu est la
réindustrialisation,
la revitalisation de
nos territoires et
le plein-emploi.
impôts et de les inclure dans la compa-
raison. Ces corrections faites, la fiscalité
du capital est donc nettement plus
taxée, même si la fiscalité des hauts
revenus du travail l’est aussi beaucoup.
Le débat est utilement enrichi dans
l’étude Fipeco par une comparaison
européenne. Outre les écarts d’imposi-
tion qui subsistent sur la distribution
des dividendes, le fort niveau de taxa-
tion des entreprises, en ajoutant les
impôts de production, pèse plus encore
en défaveur de la France.
Il est aussi important d’analyser les
enjeux et les impacts de cette fiscalité,
notamment sur les dynamiques de
réinvestissement et le financement de
Osons mesurer
la diversité ethnique et
sociale en entreprise !
encore, des outils performants et com-
plets existent pour permettre aux
managers d’en savoir plus. Tant pour
mesurer la diversité des collaborateurs,
leur niveau ressenti d’inclusion que
pour diagnostiquer les processus RH et
les pratiques internes. Qu’en est-il de sa
dangerosité ? Mesurer la diversité
socioculturelle ne serait ni plus ni moins
que le début d’un engrenage conduisant
aux statistiques et autres « comptages
ethniques ». Soyons clairs : le terme de
« statistiques ethniques » ne nous con-
Si le thermomètre ne fait
pas tomber la fièvre, il
permet néanmoins de la
mesurer et de prescrire
le traitement adéquat.
vient pas. Et surtout, la querelle séman-
tique ne doit pas cacher l’essentiel : cer-
ner les discriminations liées à tous types
de différences, dans le temps, afin de
mesurer l’impact social des politiques
développées, et ainsi voir les disposi-
tions qui amènent du progrès, et déter-
miner les poches de résistance. Car c’est
bien là la seule et unique cause qui nous
anime : favoriser l’égalité de traitement
afin d’optimiser le fonctionnement du
marché du travail et permettre à ceux
qui en sont mécaniquement exclus d’y
trouver une place à la hauteur de leurs
compétences et de leur potentiel. C’est
parfois surprenant d’entendre encore
dans la bouche de certains décideurs
l’écosystème des start-up et des PME,
mais aussi sur les transmissions d’entre-
prise en France. Le résultat de notre
pays reste l’un des plus mauvais : 20 %
de transmissions d’entreprise en
France, contre 56 % pour l’Allemagne et
70 % pour l’Italie. Et une ETI sur deux va
être confrontée à la transmission dans
les sept prochaines années. L’enjeu est
la réindustrialisation, la revitalisation
de nos territoires et le plein-emploi.
Ce débat est vital pour notre écono-
mie. Certains contestent la politique
menée depuis une dizaine d’années de
réalignement progressif de la fiscalité
des entreprises sur l’environnement
européen. Or, cette politique donne des
résultats sur l’emploi, l’investissement
et même – surtout – sur la recette fiscale,
en nette progression. On tente de
démontrer que les « riches » ne paie-
raient pas d’impôt, que les revenus du
capital seraient moins taxés que les
revenus du travail. Ces affirmations
fausses construisent les prémices d’un
raisonnement visant à revenir à une
politique fiscale déjà expérimentée et
qui a désindustrialisé le pays et provo-
qué un chômage de masse. Il est donc
important d’être précis dans l’analyse,
non seulement pour ne pas prendre des
décisions économiques erronées, mais
aussi pour accélérer la stratégie nou-
velle qui donne de premiers résultats
probants.
Philippe d’Ornano est coprésident
du Mouvement des entreprises de
taille intermédiaire (Meti).
que « le fait d’employer un thermomètre
ne fait pas tomber la fièvre ». Détrompez-
vous : si le thermomètre ne fait pas tom-
ber la fièvre, il permet néanmoins de la
mesurer et de prescrire le traitement
adéquat… A l’heure où notre perfor-
mance économique et notre cohésion
sociale montrent quelques signes de fai-
blesse, nous devrions tous l’avoir en tête.
Le paradoxe est flagrant. D’un côté,
des entreprises confrontées à des diffi-
cultés criantes de recrutement. Si les
derniers chiffres officiels témoignent
d’un tassement des postes vacants et
d’un « refroidissement » du marché du
travail, nombreuses sont les organisa-
tions à voir « le manque de compéten-
ces » comme un frein à leur adaptation
aux réalités d’une économie globalisée
et en constante mutation. De l’autre, un
taux d’emploi dans les quartiers popu-
laires de 20 points inférieurs à la
moyenne nationale. Et des descendants
d’immigrés toujours plus diplômés
mais davantage au chômage que leurs
propres parents… Mesurer la diversité
en entreprise, c’est faire d’une pierre
deux coups, en répondant à ces deux
défis à la fois.
Saïd Hammouche est président
de la Fondation Mozaïk.
Retrouvez plus d’informations
sur www.lesechosstart.fr
Protéger le droit d’auteur
à l’ère de l’IA
LIBRE
PROPOS
par Gaspard
Koenig
e même scénario se répète encore et
L toujours dès qu’il s’agit d’« Intelligence
Artificielle » (comme on appelle très
exagérément les techniques d’apprentissage
machine). On affole le grand public avec des
leurres sur les promesses et les risques d’une
superintelligence devenue maîtresse du
monde, tandis que les problèmes économi-
ques et sociaux bien réels que posent ces
technologies sont largement ignorés.
L’arbre cache la forêt. Ainsi, depuis une
semaine, on ne parle que des pérégrinations
de Sam Altman sur fond de rumeurs autour
de « l’IA générale » et de luttes internes entre
« accélérationistes » et partisans d’un mora-
toire. Tout grisé de vertige métaphysique, on
ne s’intéresse que modérément au règle-
ment européen sur l’IA en cours de négocia-
tion entre le Parlement européen et les Etats
membres. Or, ce projet de texte unique au
monde, qui entend moduler l’intensité de la
régulation en fonction des risques causés
par telle ou telle catégorie d’IA, fait l’objet
d’une âpre résistance de la part des trois
Etats fondateurs de l’Union – France, Alle-
magne et Italie – qui craignent d’étouffer
l’industrie numérique européenne.
S’agissant en particulier des « modèles de
fondation » sur lesquels sont fondées les IA
génératives comme ChatGPT, les Etats
s’opposent à des obligations de transpa-
rence qui permettraient d’identifier les
données utilisées pour l’entraînement de la
machine et donc, pour les créateurs de con-
tenu, de réclamer des droits d’auteur.
Ceux-ci ont récemment protesté dans une
tribune réunissant soixante-dix organismes
du secteur culturel, en rappelant que
« l’intelligence artificielle générative n’existe
que si elle peut se nourrir » et en réclamant
une juste rémunération des ayants droit. Ils
voudraient éclairer la « boîte noire » de
l’apprentissage machine, ce qui restrein-
drait ses performances. Le gouvernement
français, tout fier de ses start-up d’IA,
répond qu’il ne faut pas brider l’innovation.
Ce sujet en apparence technique est au
cœur des préoccupations des artistes, qu’on
a vu émerger lors de la grève des scénaristes
aux Etats-Unis. En Allemagne, pays tradi-
tionnellement scrupuleux sur les questions
de vie privée, certains auteurs refusent
désormais dans leurs contrats que leurs
textes fassent l’objet d’éditions électroni-
ques, afin de limiter les risques d’éparpille-
ment de leurs œuvres sur la toile. Pour ma
part, je verrais d’un mauvais œil que mon
roman « Humus » alimente des histoires de
vers de terre, contes pour enfants avec
épigés souriants ou livres pour adultes
IDÉES
opinions
iStock
gorgés de sexualité lombricienne, sans avoir
un mot à dire ni un euro à toucher.
Le droit de propriété, si décrié sur le plan
théorique pour des raisons sociales ou éco-
logiques, s’impose ainsi dans la pratique,
comme au XVIIIe siècle avec le droit d’auteur
ou au XIXe avec les brevets. Je plaide depuis
de longues années pour une patrimonialisa-
tion des données personnelles, qui bénéfi-
cieraient alors des protections inhérentes à
l’usus-fructus-abusus : dans cette hypo-
thèse, tous ces débats n’auraient pas lieu
d’être ; personne ne pourrait utiliser des
data sans retourner aux producteurs pri-
maires leur part de la valeur générée. Ce n’est
pas une affaire de vénalité mais de justice.
Surtout, le trilogue en cours à Bruxelles
doit répondre à une question fondamentale
pour les valeurs européennes : qu’est-ce que
l’innovation ? Est-ce d’écrire un livre, de
composer une chanson, de publier un article
de recherche, ou d’optimiser un algorithme
pour produire des copies en série ? Si l’on
estime que l’IA représente un cerveau
humain en mieux, ce que nous incite à
croire des métaphores piégeuses comme les
« réseaux de neurones », alors en effet la
création algorithmique peut être comparée
à aux œuvres humaines, qui après tout
incorporent elles-mêmes en permanence
des influences extérieures.
Qu’est-ce que l’innovation ?
Est-ce d’écrire un livre,
de composer une chanson,
de publier un article de
recherche, ou d’optimiser
un algorithme pour
produire des copies
en série ?
Il faut résister à cette croyance issue de la
science-fiction en lisant des neurobiolo-
gistes comme Antonio Damasio, qui souli-
gne les caractéristiques éminemment biolo-
giques de l’intelligence humaine, ou des
épistémologues comme Giuseppe Longo,
pour qui l’informatique n’est qu’une
représentation discontinue (« discrète ») et
donc du monde, incapable de saisir la
complexité du réel et plus encore du vivant.
L’IA n’imite pas le processus créatif humain,
elle en corrèle les résultats. Innover est le
privilège d’un individu singulier, capable de
projeter dans le monde une signification
nouvelle.
Si le gouvernement prend l’innovation au
sérieux, s’il veut donner à l’Europe un rôle
unique dans la géopolitique technologique
qui se dessine, il doit cesser d’écouter les
sirènes du business et prendre au sérieux
cette figure centrale de l’humanisme euro-
péen : le créateur.
Gaspard Koenig est philosophe.
 IDÉES
cinéma
DRAME // La réalisatrice de « Suzanne » offre à Anaïs Demoustier et à Vincent Lacoste
deux grands rôles romanesques, un couple d’égarés dans la France de l’après-guerre.
Le brillant mélo de Katell Quillévéré
Avec ce film émouvant et maîtrisé, Katell Quillévéré confirme toutes les promesses nées de ses fictions antérieures. Photo Roger Arpajou
Olivier De Bruyn
a diversité et l’audace sont décidé-
L ment de mise cette année dans un
cinéma français auquel on repro-
che régulièrement (et souvent à tort) son
manque d’originalité. Le cinéma de
genre est particulièrement à l’honneur
depuis quelques mois.
Après les vertigineux films de procès
signés Justine Triet (« Anatomie d’une
chute ») et Cédric Kahn (« Le Procès
Goldman ») et après la remarquable fic-
tion fantastique de Thomas Cailley (« Le
Règne animal »), une autre cinéaste,
Katell Quillévéré, exerce ses talents dans
les codes du mélodrame. Si le titre de son
film, « Le Temps d’aimer », renvoie
avant tout à l’expérience vécue durant
deux décennies par ses personnages, il
fait aussi référence à un chef-d’œuvre du
maître du mélo hollywoodien, Douglas
Sirk : « Le Temps d’aimer et le Temps de
mourir » (1958). En 1947, dans une petite
ville de la côte bretonne, Madeleine
La farce économique de Craig Gillespie
Le réalisateur de « Moi,
Tonya » et « Cruella » revient
sur un scandale boursier du
début de la décennie. Autour
d’une histoire intéressante, son
film reproduit une recette déjà
usée par le cinéma américain.
Au début des années 2010, dans le sillage
de la crise des subprimes, on a vu se des-
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
siner, sinon un nouveau genre, du moins
une tendance du cinéma : la farce éco-
nomique. Par le passé, les pros de la
finance ont été mis en scène comme des
requins dans « Wall Street » (1987) d’Oli-
ver Stone, voire comme des psychopa-
thes dans « American Psycho » (2000)
de Mary Harron. « Le Loup de Wall
Street » de Martin Scorsese en 2013 et
« The Big Short » d’Adam McKay deux
élève seule son fils de FILM FRANÇAIS teauroux, où le couple,
3 ans et travaille Le Temps d’aimer pendant quelques mois,
comme serveuse dans de Katell Quillévéré, gère un bar de nuit, le
un hôtel-restaurant. En
ces lieux où personne
ne la connaît, la jeune
femme tente de
avec Anaïs Demoustier,
Vincent Lacoste,
Paul Beaurepaire. 2 h 05.
film dépeint un destin
qui prend un malin plai-
sir à s’acharner sur les
personnages. Un destin,
reconstruire sa vie, elle qui a été tondue à mais aussi et surtout les cruelles réalités
la Libération pour avoir couché avec un d’une époque, puisque l’homosexualité
soldat allemand dont elle est tombée – faut-il le rappeler ? – était considérée
enceinte. L’héroïne rencontre bientôt comme un délit durant les Trente Glo-
François, un jeune Parisien bien né qui, rieuses et que l’émancipation féminine, à
lui aussi, dissimule un douloureux cette période, ne relevait en aucun cas de
secret : son homosexualité. Malgré leurs l’évidence.
différences, ils se plaisent et entament
une histoire d’amour singulière et Lyrisme échevelé
intense. Une histoire que le film, ample L’attachement aux figures du cinéma de
et romanesque, retrace jusque dans les genre, ici, ne rime jamais avec petit jeu
années 1960, quand Madeleine et Fran- formaliste et fétichisme chichiteux. Avec
çois, devenu prof de fac, habitent dans sa caméra portée à l’épaule, Katell
les quartiers huppés de Paris. Quillévéré, au plus près de ses protago-
Il convient de ne rien raconter des nistes, examine leurs zones d’ombre,
nombreux rebondissements offerts par leurs désirs brûlants et transgressifs et,
le scénario de ce mélodrame assumé. De surtout, interroge avec une sensibilité
la Bretagne à Paris en passant par Châ- aiguë ce qui constitue un couple et le fait
ans plus tard ont redis- FILM AMÉRICAIN sans l’intervention ino-
tribué les cartes. Désor- Dumb Money pinée d’un Zorro des
mais, Hollywood repré- de Craig Gillespie, marchés qui agit sous
sente essentiellement la avec Paul Dano, Seth Rogen, le pseudo de Roaring
population des salles de Pete Davidson. 1 h 44. Kitty. Depuis sa cave, le
marché comme une youtubeur Keith Gill
bande de guignols pathétiques. « Dumb incite ses nombreux abonnés à miser
Money » s’inscrit dans ce mouvement. sur GameStop, dans un pied de nez au
Son scénario revient sur l’affaire destin des cours de Bourse. Sous son
GameStop, qui secoua les marchés au influence, l’action GameStop jaillit de
début des années 2020. sa tombe. Cette résurrection va pulvéri-
ser les espoirs d’experts qui pariaient
Viralité sur sa mort.
Chaîne de distribution de jeux vidéo, Réalisateur de « Cruella » (2021),
GameStop a tout d’une entreprise sans Craig Gillespie est aussi le producteur
avenir à l’heure du triomphe des jeux en de « Pam & Tommy », série diffusée en
ligne. Tandis que le cours de l’action France sur Disney + qui évoquait les
s’effrite, des hyènes de la finance comp- déboires de la pin-up Pamela Ander-
tent bien gratter encore quelques mil- son, de son mari, le rockeur Tommy
lions sur sa carcasse. C’était compter Lee, et de leur sextape qui avait fait
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos
Suivez toute l’actualité photo
sur notre compte Instagram
@lesechosphotos
perdurer, malgré les épreuves, les
malentendus, les douleurs. Grand film
sur l’acceptation de l’autre et sur la quête
identitaire, « Le Temps d’aimer » relève
haut la main ses ambitieux paris. Le film
parvient à la fois à nous entraîner dans
son lyrisme échevelé et à observer avec
minutie les contradictions qui hantent
ses héros, remarquablement interprétés
par deux des plus brillants acteurs fran-
çais d’aujourd’hui : Anaïs Demoustier et
Vincent Lacoste.
Avec ce film émouvant et maîtrisé,
Katell Quillévéré confirme toutes les
promesses nées de ses fictions antérieu-
res, notamment « Suzanne » (2013), sur
les relations entre un père et ses deux
filles, et « Le Monde de demain » (2022),
sa série sur les débuts du groupe de rap
NTM. La cinéaste change une nouvelle
fois de registre avec « Le Temps
d’aimer », mais reste fidèle à l’essentiel :
son étonnante capacité à sonder le
tumulte des âmes et à honorer la beauté
du partage. n
le tour d’Internet en 1995. « Dumb
Money » prolonge en quelque sorte ce
projet. Gillespie s’intéresse en effet
moins ici aux mécanismes de la Bourse
qu’à la viralité de l’information sur les
réseaux sociaux et ses conséquences
dans la réalité.
Mettre en scène ce monde virtuel
constitue l’un des défis du cinéma con-
temporain mais Gillespie ne fait que
reprendre les tics de cinéastes qui l’ont
précédé dans cet exercice, en bombar-
dant de façon frénétique le spectateur
d’informations et de plaisanteries. Au
final, « Dumb Money » n’exprime pas
d’idées bien originales sur son époque.
Il ne ressemble qu’à ces séquences de
shows culinaires où un chef tranche
une courgette à la vitesse de l’éclair tan-
dis que sa saveur nous échappe. — A. G.
12
Sagesse
de la chasse d’eau
LA
CHRONIQUE
d’Adrien Gombeaud
’anné 2023 aura été un grand cru Wenders.
L Après « Anselm », son puissant
documentaire sur l’artiste Anselm Kiefer
et un prix Lumière au Festival de Lyon, voici donc
« Perfect Days », son film de fiction japonais. Toute
la journée, son héros, Hirayama, sillonne Tokyo
pour ripoliner les toilettes publiques. Wenders
le suit à travers la ville : un parc où il s’arrête
déjeuner, un bain public, une librairie où il achète
des romans d’occasion, un bistro… Autour de
lui, les gens vont et viennent. Un jeune amoureux
a désespérément besoin d’argent. Sa nièce,
fugueuse, frappe à sa porte. Hirayama, lui,
restera une énigme. Instruit et raffiné, comment
a-t-il pu choisir un métier d’agent d’entretien des
cabinets ? Dans son « Eloge de l’ombre », écrite il y
a quatre-vingt-dix ans, Junichirô Tanizaki parlait
longuement des toilettes du Japon : « L’endroit le
mieux fait pour goûter la poignante mélancolie des
choses en chacune des quatre saisons, et les poètes de
haïkaï ont dû trouver là des thèmes innombrables.
Aussi n’est-il pas impossible de dire que c’est dans la
construction des lieux d’aisances que l’architecture
japonaise atteint aux sommets du raffinement. »
Wim Wenders, avant les JO de Tokyo et juste après
le Covid-19, avait justement été invité par la ville
à visiter ces toilettes, réalisées par de célèbres
architectes, dans le but de leur consacrer
un documentaire. D’abord décontenancé par
la proposition, l’auteur des « Ailes du désir »
a préféré la fiction pour signer l’un de ses films les
plus originaux. Si Hirayama exerce une profession
inhabituelle pour un héros de cinéma, il évoque
quelques figures familières des films nippons,
ces « ronins », samouraïs sans maître qui errent
le long des routes en quête d’aventures. Figure
anachronique, Hirayama prend des photos avec
un appareil à pellicule, lit des romans imprimés,
observe la fuite du jour à travers les branches d’un
arbre… dans cette capitale livrée au rythme
effréné de la modernité, il semble être le dernier
à s’attacher au temps qui passe et à la valeur de ce
qui disparaît. Au cours de ses trajets, il écoute des
classiques rock sur des cassettes, dont « Perfect
Day » de Lou Reed, qui donne son titre au film
et lui imprime son tempo si particulier. Tranquille,
lyrique. Si cette chanson peut s’interpréter de
multiples façons, elle est la description d’une
journée « parfaite » de fin de semaine. Et « Perfect
Days » ressemble à ce dimanche cotonneux dans
lequel on se sent bien. Il nous rappelle surtout
cette fonction du cinéma : éveiller à l’évidente
beauté des mouvements de ce monde.
« Perfect Days » de Wim Wenders, avec Koji Yakusho
et Arisa Nakano. 2 h 03.
A voir aussi
FILM FRANÇAIS
La Tresse
de Laetitia Colombani,
avec Kim Raver, Fotini
Peluso, Mia Maelzer. 1 h 59.
Elle a triomphé en librairie en 2017 avec son premier
roman : « La Tresse », vendu à 2 millions d’exemplai-
res en France, et traduit dans le monde entier. Forte
de ce succès d’édition exceptionnel, Lætitia Colom-
bani, déjà réalisatrice de deux films (« A la folie, pas
du tout » et « Mes stars et moi »), adapte aujourd’hui
son best-seller pour le grand écran. Comme dans
son livre, elle y entremêle les histoires de trois fem-
mes en guerre, réunies secrètement par une mysté-
rieuse histoire de cheveux : une Indienne d’une caste
inférieure vivant dans la pauvreté, une Canadienne
épuisée par son travail d’avocate et souffrant d’une
grave maladie, et une jeune Italienne prisonnière
des traditions familiales et inconsolable après le
décès de son père… Avec ces héroïnes confrontées à
la violence de l’existence, Lætitia Colombani honore
la lutte des femmes partout dans le monde et, mal-
gré les (énormes) ficelles de son scénario, parvient
par instants à émouvoir le spectateur. —O. D. B.
13 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023
enquête
A Grand’Maison, à Vaujany (Isère), EDF peut en moins de quinze minutes produire 1.800 mégawattheures d’électricité, soit l’équivalent de deux réacteurs nucléaires. Photo Jeff Pachoud/AFP
Paul Turban
u haut du centre de contrôle, on se
D croirait dans un cockpit. En contre-
bas, une vaste étendue d’eau de
132 millions de mètres cubes, retenue par
13 millions de mètres cubes de roches
et autres matériaux, comme de l’argile,
entassés sur 630 mètres : la retenue de
Grand’Maison, à une heure de route de Gre-
noble. Sous le voile bleu immobile, entre
deux montagnes, se cache un véritable
monstre, enfoui dans la roche.
A la demande du gestionnaire du réseau
de transport d’électricité français (RTE),
EDF peut en moins de quinze minutes pro-
duire 1.800 mégawattheures d’électricité,
soit l’équivalent de deux réacteurs nucléai-
res. A cette pleine puissance, 217 m3 d’eau
sont injectés chaque seconde dans un
réseau de canalisation creusé dans la mon-
tagne. Après une course folle de 7 km au
cœur du massif, elle fait une chute de 1 km,
avant d’actionner 12 turbines, au niveau de
la retenue du Verney.
Mais le cycle de l’eau à Grand’Maison ne
s’arrête pas là. Ce barrage est une STEP, une
station de transfert d’énergie par pom-
page. Huit de ses turbines sont réversibles.
Ainsi, quand il y a un surplus d’électricité sur
le réseau, elles se transforment en pompes
et remontent l’eau depuis la retenue infé-
rieure jusqu’à la retenue supérieure. C’est
notamment le cas la nuit et le week-end.
L’installation fonctionne ainsi en circuit
quasi fermé, sur des cycles hebdomadaires.
Flou juridique
Même si ce barrage est en service depuis
trente-cinq ans, lui et les autres STEP sont un
élément clé de l’avenir énergétique français,
puisqu’ils sont aujourd’hui les seuls moyens
de stocker durablement et à grande échelle
de l’électricité. Des batteries XXL en somme.
Et pourtant, il est difficile aujourd’hui en
France d’augmenter les capacités. Ce n’est
pas la volonté qui manque, ni du côté des
énergéticiens, ni même du côté de l’Etat.
Mais le secteur est pieds et poings liés par
une incertitude juridique sur fond d’inadé-
quation entre la législation française et la
réglementation européenne.
Pour bien comprendre, retour en 1919.
EDF n’existe pas et, au lendemain de la Pre-
mière Guerre mondiale, l’idée d’un marché
unique européen est bien loin. La France se
dote de sa première loi sur l’hydroélectricité,
toujours en vigueur aujourd’hui. Elle stipule
que « nul ne peut disposer de l’énergie des
marées, des lacs et des cours d’eau […], sans
une concession ou une autorisation de l’Etat ».
Dès lors, toutes les grosses installations
qui fleurissent sur le territoire sont concé-
dées aux exploitants pour une durée d’envi-
ron quatre-vingts ans. Lorsque les conces-
sions arrivent à échéance, à la fin des
années 1990, le législateur ne sait que faire.
Aussi, il décide de passer transitoirement les
barrages sous un régime de « délais glis-
sants », qui permet de prolonger les conces-
sions sans fixer de terme ni les remettre en
concurrence. Sauf que ce statu quo est jugé
incompatible avec la législation européenne
apparue entre-temps, avec l’approbation de
Les barrages français
en eaux troubles
ÉNERGIE // Le parc hydroélectrique français est le deuxième plus important
d’Europe et un atout pour la transition énergétique. Pourtant, l’incertitude
réglementaire empêche les opérateurs d’exploiter au mieux ses potentialités.
la France. La directive sur les concessions
prévoit que, à leur terme, celles-ci doivent
soit être remises en concurrence, soit passer
dans une quasi-régie publique, qui permet à
l’Etat de déléguer la gestion d’un service
public à une entreprise privée tout en en gar-
dant un contrôle strict. En 2015, puis en 2019,
la France est mise en demeure par la Com-
mission européenne de se mettre en confor-
mité avec le droit européen.
La situation est d’autant plus problémati-
que que la réglementation prévoit que,
même pour une concession non échue, un
gros investissement augmentant fortement
la puissance d’un barrage entraîne automa-
tiquement sa remise en concurrence. Evi-
demment, cela freine la prise d’initiatives
majeures par les opérateurs, trop inquiets
de perdre des équipements.
Aujourd’hui, l’Etat a trois possibilités. La
première, la remise en concurrence, est
écartée a priori, au nom de la souveraineté
énergétique de la France. Elle pose aussi de
nombreuses questions, notamment sur
l’avenir des barrages les moins rentables.
Pour EDF, reste donc la quasi-régie publi-
que, dans le cadre du régime de concession,
ou le passage sous un régime d’autorisation.
EDF a mis un coup
de pied dans la fourmilière
en début d’année,
en proposant de passer
d’un régime de concession
à celui d’autorisation.
Concrètement,
cela signifierait transférer
la propriété des actifs
à l’énergéticien.
La deuxième possibilité, la quasi-régie
publique, n’a plus la cote. Le « projet Her-
cule », plan de réorganisation du groupe
présenté en 2020, a provoqué une levée de
boucliers et a finalement été abandonné. En
séparant de façon hermétique les actifs
hydroélectriques de la gouvernance d’EDF,
cette hypothèse était vue par les syndicats et
une partie de la classe politique comme la
première étape d’un démantèlement.
Aussi, l’énergéticien a mis un coup de
pied dans la fourmilière en début d’année,
en proposant de passer d’un régime de
concession à celui d’autorisation.
Concrètement, cela signifierait transfé-
rer la propriété des actifs à EDF, l’Etat fixant
les conditions précises de l’opération et de
l’exploitation future. « L’objectif pour EDF
n’est pas de faire un hold-up mais bien de per-
mettre le développement de capacités et de
STEP supplémentaires », indiquait Emma-
nuelle Verger, directrice d’EDF Hydro, en
septembre dernier. « Et tout cela se ferait
avec des dispositifs pour permettre à l’Etat de
garder la main », assurait-elle. Cette solution
a désormais également la faveur du minis-
tère de la Transition énergétique. Entendue
par la commission des affaires économi-
ques du Sénat le 15 novembre, la ministre
Agnès Pannier-Runacher a affirmé être
« sur la même ligne qu’EDF » et avoir
« envoyé une note à la Commission euro-
péenne » pour annoncer cette préférence.
Paris et Bruxelles devraient dans cette
hypothèse se mettre d’accord pour que le
transfert des actifs hydrauliques de l’Etat
aux entreprises gestionnaires ne soit pas
assimilé à une aide d’Etat dissimulée, donc
illégale au vu du droit européen. Un exercice
d’autant plus difficile qu’EDF est en position
largement dominante sur le marché.
Chez les concurrents de l’énergéticien
français, on ne manque pas de rappeler que
la solution trouvée, quelle qu’elle soit, doit
être « équitable » et s’adresser à l’ensemble
des acteurs. « Ce qui serait choquant, c’est
que le nouveau système ne protège qu’EDF de
la remise en concurrence », explicitent-ils.
Le passage sous régime d’autorisation
« doit être porté pour l’ensemble du secteur »,
a rassuré Agnès Pannier-Runacher la
semaine dernière.
Pour les installations de grandes tailles, la
France compte à l’heure actuelle, outre
EDF, essentiellement deux autres opéra-
teurs hydroélectriques : la Compagnie
nationale du Rhône (CNR) – détenue pour
moitié (49,97 %) par Engie et pour un tiers
(33,2 %) par la Caisse des Dépôts –, et la
Société Hydro-Electrique du Midi (SHEM),
détenue à 100 % par Engie.
Grandes ambitions
Pour EDF, une solution doit être trouvée
rapidement si la France veut tenir ses objec-
tifs de transition énergétique. « Sur les pre-
miers projets qui pourraient être lancés, on a
déjà bien avancé les études de faisabilité »,
assure Emmanuel Verger. Exemple
concret : à Grand’Maison, trois des turbines
non réversibles ont été modernisées et la
quatrième doit l’être en 2025, permettant
un gain de puissance de 10 % par turbine.
Un progrès notable mais suffisamment
modeste pour ne pas entraîner une remise
en concurrence de la concession.
Sur le point des STEP, une autre question
est également en suspens : la rentabilité. Ces
installations sont très coûteuses et leur
développement ne pourra se faire que dans
un cadre plus rémunérateur, qui dédomma-
gerait le service rendu de stockage d’énergie.
« On a su le faire sur l’effacement [coupure
temporaire d’électricité par un site volon-
taire lors de pics de consommation, NDLR],
on saura le faire sur le stockage », assure le
ministère de la Transition énergétique.
L’enjeu est crucial pour l’avenir énergétique
du pays, dans la perspective d’un abandon
prochain des énergies fossiles. Pour passer
les pics de consommation, il est nécessaire
d’avoir des outils pilotables, disponibles à la
demande. On peut pour cela recourir aux
centrales thermiques polluantes – gaz ou
charbon – ou aux barrages. L’énergie
hydraulique fournit un peu plus d’un
dixième de la production électrique fran-
çaise. Et les STEP ont un avantage supplé-
mentaire : elles permettent de lisser les pics
de production, et donc d’éviter de perdre de
l’énergie faute de demande.
Le gouvernement a pour ambition d’aug-
menter les capacités françaises en hydroé-
lectricité de 2,8 gigawatts d’ici à 2035, dont
1,7 GW de STEP. Peu de nouveaux projets de
barrages existent, car les capacités offertes
par la nature en France sont déjà largement
exploitées. On peut toutefois citer un projet
de la CNR sur le fleuve, entre Saint-Romain-
de-Jalionas (Isère) et Loyettes (Ain), très
contesté localement.
Interrogé le 24 novembre sur France
Info, Luc Rémont, président-directeur
général d’EDF, a également jugé « possible,
dans des proportions limitées », et « souhai-
table » de construire de nouveaux ouvrages.
« Nous avons toujours des idées », a-t-il indi-
qué, même s’il a reconnu que cela nécessite-
rait « beaucoup de concertations à l’échelle
locale », face aux conséquences sociales et
environnementales. Il existe surtout des
capacités d’augmentation de puissance de
l’existant, avec un renouvellement des équi-
pements, des rehaussements de barrage…
A Montézic (Aveyron), par exemple, EDF a
pour projet de construire une extension de
460 MW attenante à la STEP existante. Au
total, l’entreprise, qui gère près de 80 % du
parc hydroélectrique, affirme être en
mesure « d’augmenter la puissance installée
de son parc existant de 2 GW sous dix ans, et
d’au moins 2 GW supplémentaires après
2035, soit une augmentation de 15 % à 20 %
de la puissance installée » de son parc.
Reste une inconnue : quelle sera l’inci-
dence du changement climatique sur les
installations hydroélectriques ? « En 2050,
on n’a pas de certitude quant à la diminution
des débits moyens annuels du Rhône », expli-
que, par exemple, Pierre Guiollot, directeur
finance et stratégie de la branche énergies
renouvelables d’Engie. « Mais la manière
dont les volumes se répartissent dans l’année
va changer », avec davantage d’eau en hiver
et moins en été, précise-t-il. Cela va forcé-
ment affecter le profil de la production dans
le temps, alors que la plupart des ouvrages
sur le fleuve sont « au fil de l’eau », sans
capacité substantielle de stockage.
Pour les barrages avec réserve d’eau, ces
variations peuvent être un peu plus facile-
ment gérées grâce aux retenues. Mais la
question des quantités d’eau relâchées par
les opérateurs, notamment en été, pourrait
devenir un sujet de tensions avec les autori-
tés locales et les autres acteurs économi-
ques en cas de multiplication et d’aggrava-
tion des sécheresses. Sans compter qu’au-
delà de 2050 les scénarios restent imprécis
et sont très dépendants des politiques que
les gouvernements auront su – ou non –
mettre en œuvre. n
 « Premières neiges » par Hélène Banc pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Affaires Fourniret : VIH : le nombre de Attaque meurtrière Ukraine : soupçons

les regrets dépistages en hausse au Burkina Faso sur une tentative
L’ÉDITORIAL de Monique Olivier de nouveau en 2022 AFRIQUE – Au moins d’empoisonnement
DES « ÉCHOS »
' JUSTICE – « Je regrette tout
ce qu’il s’est passé », a indiqué ' SANTÉ – Le nombre de
dépistages du VIH a conti-
' 40 civils ont été tués dans
une attaque djihadiste ' CONFLIT – L’épouse du chef
du renseignement militaire
mardi d’une voix mal assu- nué de progresser en 2022, massive contre une base militaire ukrainien Kyrylo Boudanov
La leçon ChatGPT rée Monique Olivier, l’ex-épouse
du tueur en série Michel Fourniret,
dépassant le niveau de 2019, avant
le Covid-19, un résultat « encoura-
dimanche à Djibo, dans le nord du
pays. Des soldats ont aussi été tués.
pourrait avoir été empoisonnée
délibérément. Des analyses ont
au premier jour de son procès geant quant à la dynamique de L’attaque a été menée par plu- révélé qu’elle avait dans son orga-
Un dirigeant d’entreprise averti en vaut deux. Un an devant la cour d’assises des Hauts- l’épidémie », a relevé mardi Santé sieurs centaines d’hommes armés nisme des traces de métaux lourds
après l’irruption dans notre quotidien de ChatGPT de-Seine pour complicité dans les Publique France. En 2021, le dépis- qui ont tenté en vain de pénétrer qui ne sont pas utilisés dans la vie
et environ un quart de siècle après la naissance de enlèvements et meurtres d’Estelle tage était reparti à la hausse mais dans la base. Les assaillants sont courante. Une enquête sur
l’Internet sous sa forme grand public, les entreprises Mouzin, Joanna Parrish et Marie- n’avait pas encore rattrapé le venus massivement à bord de une possible tentative d’assassinat
ont compris qu’il convenait de prendre très au sérieux Angèle Domèce. Au président, qui retard lié au Covid, ce qui repré- motos et de pickups. Djibo, proche est en cours. Selon toute vraisem-
toutes les ruptures technologiques. lui a demandé en préambule si elle sentait une perte de chance pour de la zone dite des trois frontières blance, le poison a été livré avec
Pas question de minimiser leur potentiel voulait bien répondre aux ques- certains malades. Le nombre entre Niger, Burkina Faso et Mali la nourriture, a indiqué
et de laisser émerger des concurrents qui à l’image tions, sa cliente avait auparavant de personnes ayant découvert leur où sévissent les groupes djihadis- une source au sein des forces de
d’Amazon, Uber, Spotify ou Airbnb, ont su profiter répondu : « Je vais faire de mon séropositivité VIH en 2022 a été tes, est assiégée par ces derniers l’ordre. Après des soins la victime
d’innovations comme le Web et les smartphones mieux », d’une voix faible. estimé entre 4.200 et 5.700. depuis plus d’un an. se sentait mieux.
pour bousculer des acteurs historiques trop
prisonniers de leurs habitudes, de leurs certitudes
comme de leurs rentes. LA PHOTO DU JOUR
Mieux vaut monter à bord d’un wagon qui démarre
et n’ira peut-être nulle part que de devoir sauter
avec retard dans un train déjà lancé. Pas étonnant
dans ces conditions qu’il n’ait fallu attendre
que deux mois et demi pour que la base
des utilisateurs réguliers
de ChatGPT franchisse la barre
des 100 millions, quand il avait
fallu attendre 70 mois
pour Uber, 55 pour Spotify,
30 pour Instagram et 9 pour
TikTok.
L’intelligence artificielle
générative à la sauce OpenAI
Par David a beau être encore loin
Barroux de la perfection, dans bien
des entreprises, la priorité
Il n’a fallu est d’apprendre au moins
à se familiariser avec un outil
attendre progressant rapidement.
que deux Car aussi bien en matière
mois d’automatisation que
et demi de créativité, l’intelligence
artificielle sera une redoutable
pour que machine dont la promesse
la base des est de nous faire réaliser
utilisateurs de véritables avancées
en termes de productivité.
réguliers Dans un premier temps,
de ChatGPT l’IA sera sans doute cantonnée
franchisse à des tâches à relativement
faible valeur ajoutée ou
la barre des répétitives. Dans un second
100 millions. temps, la puissance de ses
algorithmes et la profondeur de
ses bases de données
permettront immanquablement de monter en
compétences.
La route de l’IA s’annonce sinueuse et la révolution
qu’elle va enfanter ne va pas bouleverser totalement
le quotidien de toutes les entreprises dès demain.
Mais tous les patrons connaissent désormais la loi
d’Amara (du nom du scientifique et futurologue LES MINEURS INDIENS PIÉGÉS DANS UN TUNNEL ENFIN SAUVÉS Engagées dans une véritable course contre la montre, les équipes de secours indiennes ont sauvé
américain Roy Amara) : « En matière d’innovation, mardi les 41 ouvriers piégés depuis 17 jours dans le tunnel effondré de Silkyara. Après des revers répétés, des ingénieurs militaires et des mineurs ont travaillé
on surestime souvent les impacts à court terme manuellement à percer la roche et les décombres pour dégager le tronçon final et atteindre les hommes emprisonnés. Accueillis par des représentants de l’Etat, ils
et on sous-estime ceux à long terme. » Pas question ont été drapés de guirlandes de fleurs couleur orange en guise de célébration. Photo Department of Information and Public Relation (DIPR) Uttarakhand/AFP
donc de se laisser surprendre.

Lire nos informations

( Pages 24-25
6 JEUDI VENDREDI SAMEDI DIMANCHE
3/5 0/4 -2/1 0/3 1/4
6 18/20 12/19 10/19 14/20 16/20
6
7 5 1/4 -2/0 -4/0 -4/-2 -5/-2 -4/-2
3
1/5 -1/1 -4/0 -4/1 -1/2
8 7 3/5 1/3
4 JEUDI 22/29 21/28 19/28 19/28 20/29
7 4 2/5
6 -2/3 -2/1 -5/-2 -7/-2 -4/0
7 20/25 22/27 17/23 16/23 17/24
7 3 15/16 11/15 14/18 16/19 16/19
7 5 10/11 9/14
7 1/4 -1/3 -1/2 -2/1 -2/2
7 11/15 12/14 6/9 2/9 0/7

Suivez les start-up

-2/1 1/9 3/6 3/5 5/9 -1/5
6 5
5 -9/-4 -5/0 -9/-5 -10/-7 -10/-8
1/4 -1/1
-2/2 -1/7 3/8 4/9 8/10

qui innovent. 7 6 VENDREDI

7 2/3 24/29 24/30 24/30 24/32 26/34
11/14 11/14 10/14 11/14 11/14

Abonnez vos équipes

9 12/21 9/11 4/9 3/11 3/14
7/9 10/11
15 24/31 25/31 24/31 24/29 24/30
17 11 10 20/23 18/27 19/25 19/24 18/21

au temps d’avance. 14
11 16
-3/2 6/15
-5/-1
6/16
0/5
4/11
2/4
4/13
-1/2
4/15
3/5
-1/5 -6/-2
SAMEDI -3/4 -1/1 0/1 -6/-3 -7/-2
Découvrez nos ofres Entreprises : -4/3
15

abo-entreprises.lesechos.fr
1/6 4/7
 CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT)

n 7.250,13 points
-0,2114 % J 35.505,72 points
0,4875 % J 1,1009 $
0,4929 % J 2.025,65 $
0,5934 % J
DEVISES EUR/GBP 0,8661 EUR/JPY 162,215 EUR/CHF 0,9647 GBP/USD 1,2712 USD/JPY 147,366 USD/CHF 0,8763 TAUX €STER 3,903 EURIBOR 3 MOIS 3,951 OAT 10 ANS 3,0625 T-BONDS 10 ANS 4,4661
82,06 $
2,4725 %
Mercredi 29 novembre 2023
www.lesechos.fr

Immobilier : le gouvernement proche Alimentation :

la chute des
ventes inquiète
de réformer le DPE des petites surfaces les industriels
ENVIRONNEMENT INFLATION

Elsa Dicharry Marie-Josée Cougard

Les professionnels s’accordent sur le cons-
tat : le diagnostic de performance énergéti-
que (DPE), qui attribue aux logements une
étiquette de A à G, selon qu’ils sont plus ou
moins énergivores et émetteurs de gaz à effet
de serre, tend à pénaliser les logements de
petite surface. Le gouvernement réfléchit à
un moyen de rééquilibrer la balance, notam-
ment pour éviter une sortie importante de
ces logements destinés aux étudiants et aux
jeunes actifs du marché de la location. Car
dès 2025, les logements classés G au titre du
DPE seront interdits à la relocation. Il en sera
de même pour les F en 2028.
Les appartements de moins de 30 mètres
carrés sont à plus de 31 % classés F ou G, et
donc considérés comme des passoires ther-
miques, selon les chiffres de l’Observatoire
national de la rénovation énergétique
(ONRE) arrêtés au 1er janvier 2023. A compa-
rer à moins de 16 % pour l’ensemble du parc
de logements. L’explication est simple :
« Rapportée au nombre de mètres carrés, la
surface déperditive d’un petit logement est
supérieure à celle d’un grand logement »,
explique Jean-Christophe Protais, le prési-
dent de Sidiane, fédération de diagnos-
tiqueurs immobiliers. Pour le dire autre-
ment, « la surface en contact avec l’extérieur
est plus importante ».
En outre, « les équipements installés tels
que les systèmes de production d’eau chaude
sanitaire ou les chaudières sont souvent surdi-
mensionnés par rapport au besoin réel et leur
efficacité dégradée », poursuit l’expert.
Certains professionnels – comme Yannick
Ainouche, le président de la CDI Fnaim, ou
Hassad Mouheb, président de Fed Experts,
autres fédérations du secteur – poussent
l’idée d’appliquer un coefficient de modula-
tion ou de pondération aux petites surfaces.
« Vous ne touchez pas au modèle de calcul et
cela leur permettra de gagner automatique-
Les appartements de moins de 30 mètres carrés sont à plus de 31 % classés F ou G, et donc considérés
comme des passoires thermiques. Photo Riccardo Milani/Hans Lucas/Reuters
ment une classe dans le DPE », explique Has-
sad Mouheb. Après des débats intenses, cette
solution aurait, selon eux, retenu l’attention
de l’exécutif. « Cela fait partie des possibilités,
mais rien n’est encore acté », indique-t-on du
côté du ministère du Logement.
« Donner une image fiable
de l’état du bâti »
Avant de trancher, le gouvernement attend
début janvier les recommandations sur le
sujet du Conseil national de l’habitat (CNH).
Selon nos informations, celui-ci est aussi
favorable à un tel coefficient « pour éviter des
classements disproportionnés ».
Ce qui n’empêche pas que les experts
soient divisés sur le sujet. « Il est important
d’avoir un indicateur qui correspond à la réa-
lité. Ce ne serait pas sérieux de trafiquer les
notes », estime Jean-Christophe Protais. « Le
DPE doit donner une image fiable de l’état du
bâti, il ne faut pas tricher sur ce diagnostic »,
estime aussi Pierre Maillard, le PDG d’Hellio,
acteur de l’efficacité énergétique.
Pour eux, rien n’empêche en revanche le
gouvernement de prendre une décision poli-
tique. Et de déterminer que le seuil d’exclu-
sion de la location des petites surfaces sera
supérieur. Ou que leurs propriétaires pour-
ront bénéficier d’aides publiques plus
importantes pour les rénover, ou d’un laps de
temps supplémentaire.
« On a déjà modifié le mode de calcul, les
logiciels, on est en train de perdre les gens
parce qu’ils ne savent pas si leur DPE est
encore ou non valable. Il ne faut pas en rajou-
ter », appuie encore Pierre Maillard.
Une nouvelle réunion entre les profes-
sionnels du secteur et la DHUP, la Direction
de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages,
rattachée au ministère de la Transition éco-
logique, doit avoir lieu le 7 décembre pro-
chain. Le débat devrait être tranché début
2024.
4
À NOTER
Une réflexion est aussi en cours
concernant les biens immobiliers
construits avant 1948.
Les Français ont le pied lourd sur le
frein quand ils font leurs courses. Ils ont
les yeux rivés sur les prix et cela se res-
sent sur les volumes d’achats en super-
marchés, en recul de 4,5 % de janvier à
septembre alors qu’en dehors de l’ali-
mentation, les autres biens de consom-
mation ne voient leurs volumes reculer
que de 2 %. La relation à l’alimentation
est en effet très spécifique. « L’inflation
alimentaire, c’est l’inflation du quoti-
dien », explique Jean-Philippe André, le
président de l’Association nationale des
industries alimentaires (Ania).
Les grandes marques souffrent plus
de la grande sobriété des consomma-
teurs que les marques de distributeurs
(MDD). La part de marché de ces der-
nières est désormais de 34,4 % du total
du marché alimentaire (contre 32,8 %
en 2019). Même si celles-ci ont beau-
coup plus augmenté leurs prix (+25 %
entre juin 2019 et octobre 2023) contre
+19 % pour les grandes marques, les
marques distributeurs demeurent
meilleur marché. Cela se joue à quel-
ques centimes. Mais une différence de
10 à 15 centimes sur un paquet de pâtes
suffit à provoquer l’arbitrage en faveur
de la MDD, précise un industriel.
La moitié des industriels
du secteur pensent
que leurs marges
vont encore diminuer.
Le recul des volumes est ce qui nour-
rit le plus d’inquiétude chez les indus-
triels, alors qu’ils négocient leurs tarifs
avec les distributeurs, dont certains
réclament des baisses de 30 % sur cer-
tains produits. « La baisse des volumes
est un vrai cercle vicieux car elle provoque
une baisse de la production industrielle

Riyad l’emporte Le crédit aux

Michelin réduit drastiquement qui, elle, majore les coûts fixes de l’entre-
prise », explique Jean-Philippe André.

sur Busan pour
recevoir l’Exposition
universelle de 2030
CULTURE Après la Coupe du monde de
football en 2034 et les Jeux asiatiques
d’hiver en 2029, Riyad peut se targuer d’une
troisième vitrine d’envergure pour faire
évoluer son image : l’Exposition universelle
dont la durée – sur six mois contre trois
semaines pour les Jeux Olympiques –
engendre des retombées économiques très
importantes. Elle l’emporte par 119 voix des
Etats-membres contre 29 pour Busan et 17
pour Rome, avec visiblement l’adhésion des
pays africains qui ont été très courtisés ces
dernières semaines. // PAGE 20
entreprises recule
pour la première fois
en huit ans
FINANCEMENT Les hausses de taux de la
Banque centrale européenne se transmet-
tent de plus en plus à l’économie. En octo-
bre, l’activité de prêt aux entreprises euro-
péennes a reculé, en rythme annuel, pour la
première fois depuis 2015. Pour l’instant, la
baisse est minime (–0,3 %) et traduit plus
une diminution de la demande liée au ren-
chérissement du coût du crédit qu’un pro-
blème d’offre de la part des banques. Mais le
phénomène pourrait s’amplifier l’an pro-
chain, quand les tours de vis de la BCE
feront pleinement effet. // PAGE 29
la voilure en Allemagne
AUTOMOBILE
Lionel Steinmann
Michelin va donner un gros coup de rabot
à ses activités en Allemagne. Le géant
français du pneu a annoncé, mardi, qu’il
allait supprimer 1.530 emplois dans le
pays, ce qui va passer notamment par la
fermeture progressive de deux usines, à
Karlsruhe et Trèves.
Le groupe avait évoqué cette perspec-
tive le mois dernier, à la suite de fuites
dans la presse française et allemande. Il
justifie aujourd’hui cette décision par « la
concurrence croissante des pneus poids
lourd à bas prix, et à une dégradation de la
compétitivité de nos activités allemandes à
destination de nos marchés européens et à
ces fermetures une provision de 425 mil-
lions d’euros dans ses comptes 2023.
La décision du pneumaticien français
va sans doute nourrir le débat qui anime
la classe politique et les milieux d’affai-
res outre-Rhin sur le déclin de la compé-
titivité allemande. La hausse des prix de
l’énergie depuis le début de la guerre en
Ukraine perturbe le made in Germany,
et les entreprises tournées vers l’export
souffrent de l’agressivité commerciale
chinoise, en particulier dans l’auto-
mobile.
Le coût de l’énergie
Les syndicats, de leur côté, sont vent
debout. « La coupe prévue est injustifiée.
Michelin veut seulement maximiser son
profit et laisse tomber des employés haute-
ment engagés et qualifiés », a déploré le
Bonne nouvelle pour les clients, la
valse des étiquettes, qui s’est traduite au
plus fort de l’inflation par un pic à 15,9 %
en mars dernier, est en voie d’apaise-
ment. L’augmentation a été divisée par
deux en six mois pour se limiter
aujourd’hui à une progression de 7,7 %
en rythme annuel glissant, selon l’Ania.
Le reflux entamé devrait se poursuivre
et cantonner les hausses dans une four-
chette de 2 à 4 % en 2024.
« Ce n’est plus l’alimentation qui nour-
rit l’inflation, mais les services », ajoute
l’ancien président de Haribo France.
L’alimentation ne compte plus que
pour 30 % de l’inflation totale en
France. Et, avec 14 % des dépenses des
ménages, c’est le deuxième poste, loin
derrière le logement (28 %).
Dans ce décor, la moitié des indus-
triels pensent que leurs marges vont
diminuer encore. Leurs coûts de pro-
duction se sont encore alourdis en 2023

= LES ENTREPRISES CITÉES l’export ».

Les deux sites concernés vont progres-
sivement cesser leur production. La pro-
syndicat IG BCE dans une déclaration
relayée par l’AFP.
« L’Europe est devenue non compétitive
des hausses des matières premières
agricoles (+12 %), des emballages
(5,4 %), du transport (+7,6 %), des frais
Adionics 23 Casino 19 Intermarché 19 Otego 27
Airbus 18 Coca-Cola 24 IRobot 19 Pernod Ricard 40 duction de pneus et semi-finis va égale- à cause du coût de l’énergie, prévenait, en de personnel (+6,5 %), selon les chiffres
Alstom 18, 40 EasyJet 18, 40 Kering 40 Publicis 40 ment s’arrêter à Hombourg. Dans le début d’année, le président du groupe Flo- de l’Ania. Le choc énergétique a été par-
Amazon 19, 25 FenêtréA 26 Kyutai 25 Randstad 24 même temps, le centre de service clients rent Menegaux. Auparavant, ce poste ticulièrement fort avec une augmenta-
Anthropic 24, 25 First Quantum Minerals 31 Lhyfe 27 Ryanair 18, 40 va être délocalisé en Pologne. représentait 11 % du coût de revient en tion de 60 % en moyenne depuis le
Atos 40 Fonderie de Bretagne 27 Lidl 19 Safran 40 Au total, près d’un tiers des 5.000 moyenne. Il pèse aujourd’hui plus de 22 %. début de l’année. L’industrie agroali-
Auchan 19 Google 24, 25 Lloyds 30 Shein 22
employés de Michelin en Allemagne sont […] Nous, industriels, pouvons absorber mentaire sait aussi qu’elle n’échappera
AXA 24 GRTgaz 16 Michelin 40 Uniqlo 22
Barclays 30 H&M 22 Microsoft 24 visés. Les suppressions de postes vont cela durant quelques mois, mais si ces pas aux investissements abyssaux de la
BNP Paribas 30 Helvet Immo 30 Onepoint 24 AVIS FINANCIER être échelonnées jusqu’à la fin 2025. le niveaux de coût devaient perdurer, nous décarbonation, pour certains segments
Braincube 27 Inditex 22 OpenAI 25, 24 Frey 19 groupe indique qu’il passera à la suite de aurions un gros problème. » n comme l’amidon, le sucre ou le lait. n

ENTREPRISES
L’UE va devoir investir 584 milliards
d’euros dans ses réseaux électriques
l La Commission européenne a dévoilé, mardi, un plan d’action visant à moderniser ses réseaux électriques en vue
du déploiement des énergies renouvelables dans le cadre de la transition énergétique.
l Elle entend accélérer les projets d’intérêt commun, bénéficiant déjà de fonds européens et de procédures rapides.
Le réseau électrique de l’UE est l’un des plus interconnectés au monde. Sa modernisation est indispensable pour pouvoir gérer l’afflux d’électricité considérable que vont générer les énergies renouvelables.
ÉNERGIE
Fabienne Schmitt
— Bureau de Bruxelles
La somme est colossale : l’UE va
avoir besoin de 584 milliards
d’euros d’investissements pour
moderniser ses réseaux électriques
d’ici à 2030 et elle s’emploie aujour-
d’hui à trouver les moyens de les
financer. D’où le plan d’action
dévoilé mardi par la Commission
européenne. Il s’agit de préparer les
réseaux de transport et de distribu-
tion d’électricité à accueillir la part
croissante des énergies renouvela-
bles (l’éolien, le solaire, l’hydrauli-
que…) – l’UE s’est fixé pour objectif
de porter cette part à 42,5 % dans sa
consommation énergétique glo-
bale d’ici 2030, contre environ 22 %
actuellement.
Mobilité propre, chauffage, cli-
matisation, électrification de
l’industrie, production d’hydro-
gène vert… vont générer un afflux
d’électricité considérable qu’il va
falloir gérer par un doublement de
la capacité des réseaux. Or, 40 % de
ces infrastructures ont plus de qua-
rante ans. Essentielles à la transi-
tion énergétique, ces autoroutes
européennes à électrons devront
intégrer plus de capacité, être plus
« intelligents » et protégés contre
d’éventuelles cyberattaques.
Des millions de panneaux
solaires sur les toits
« Les réseaux devront s’adapter à un
système plus numérisé, décentralisé
et flexible avec des millions de pan-
neaux solaires sur les toits, de pom-
pes à chaleur et de communautés
énergétiques locales partageant leurs
ressources, davantage d’énergies
renouvelables offshore, de véhicules
électriques à recharger et des besoins
croissants de production d’hydro-
gène », résume la Commission.
Pour autant, elle n’envisage pas la
création d’un fonds dédié aux
réseaux. Elle compte, avant tout
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 16
Shutterstock
accélérer les projets d’intérêt com-
mun, bénéficiant de fonds euro-
péens et de procédures rapides.
taliers « peuvent réduire les coûts de
production de 9 milliards par an jus-
qu’en 2040 ».
Bruxelles donne le feu vert à BarMar,
En particulier, les réseaux trans-
frontaliers doivent permettre de La dernière pièce du puzzle
gazoduc reliant la France et l’Espagne
transporter de grandes quantités La Commission promet d’engager
d’énergie renouvelable. Pour un dialogue avec investisseurs, Parmi les 166 projets REN et Terega. La demande est là, sions d’investissement dès les pro-
ceux-ci, l’UE veut introduire des agences de crédit, institutions transfrontaliers sélection- mais les industriels veulent un chains mois. Ce pourrait être le
incitations réglementaires, notam- financières, autorités de régula- nés mardi, la Commission hydrogène compétitif et une sécu- cas, par exemple, pour mosaHYc,
ment sur le partage des coûts entre tion… « afin d’éliminer les obstacles européenne a autorisé, rité d’approvisionnement. Et pour une portion de réseau de gaz natu-
Etats membres pour les projets au financement, notamment au entre autres, le possible cela, il va falloir des infrastructures rel reconvertie pour l’hydrogène
offshore. moyen de prêts, de fonds propres et financement du gazoduc massives. » entre la Moselle et la Sarre.
L’exécutif bruxellois a d’ailleurs de garanties ». Elle compte aussi sous-marin entre la France Le projet est encore loin de voir Plusieurs dossiers d’électroly-
publié, le même jour, sa première faire appel à de nouveaux instru- et l’Espagne. le jour : l’objectif affiché est une seurs français ont aussi reçu le
liste de deux types de 166 projets ments de financement, en particu- mise en service pour 2030. Et sept soutien de l’Union européenne,
transfrontaliers : ceux d’intérêts lier de la part de la Banque euro- Nicolas Rauline ans pour un chantier de cette comme le projet CarlHYng, dans
communs et ceux d’intérêts mu- péenne d’investissement. ampleur semble être le strict mini- la Moselle, développé par Verso
tuels, dédiés au pacte vert, qui doit L’initiative intervient alors que C’est une avancée majeure pour mum… Mais le consortium va Energy et Siemens Energy, ou le
conduire à la neutralité carbone de l’UE a révisé, en 2021, son cadre un vieux serpent de mer. Parmi les désormais pouvoir lancer les éta- projet HyGreen d’Engie dans le
l’UE à l’horizon 2050. Ils doivent réglementaire dédié aux réseaux 166 projets d’intérêt commun pes techniques et candidater aux Luberon.
contribuer à doubler la capacité du transeuropéens d’énergie visant à (PIC) et d’intérêt mutuel (PIM) différents financements euro-
réseau de l’UE, l’un des plus inter- moderniser, décarboner et inter- adoptés par la Commission euro- péens. Un marché du CO2
connectés au monde, d’ici 2030. connecter les infrastructures éner- péenne mardi, figure BarMar Avec ces projets et d’autres de
Bruxelles prône également gétiques transfrontières des Etats (pour Barcelone-Marseille), ce grande ampleur, comme celui de
d’améliorer la planification à long membres. gazoduc sous-marin qui doit Cette liaison relier l’Allemagne à la Norvège par
terme des réseaux pour accueillir Une réforme du marché de l’élec- relier l’Espagne et la France. doit transporter un pipeline d’hydrogène, ou celui
les énergies renouvelables, ou tricité est aussi en cours, ainsi Cette liaison doit transporter en reliant l’Ukraine à plusieurs pays
encore d’inciter à mieux les utiliser qu’une loi visant à booster la fabri- priorité de l’hydrogène vert d’Es-
en priorité d’Europe centrale et à l’Allema-
grâce à plus de transparence et une cation, en Europe, de technologies pagne ou du Maghreb (jusqu’à de l’hydrogène vert gne, la Commission dessine le
amélioration des tarifs pour des vertes, largement subventionnées. deux millions de tonnes par an, venant d’Espagne squelette d’un futur réseau
réseaux plus intelligents. « Sans ces investissements, la transi- soit 10 % de la consommation esti- ou du Maghreb. d’infrastructures gazières qui
« Les investissements dans les ré- tion énergétique n’ira pas très loin. mée de l’Europe en 2030), mais prendrait le relais des réseaux
seaux généreront des bénéfices im- Pour l’accélérer, la mise en place aussi d’autres gaz renouvelables électriques, notamment pour
portants, notamment la réduction d’une infrastructure adéquate est la voire du gaz naturel en quantité Car les projets d’intérêt com- décarboner certaines industries et
des coûts de l’énergie et des émissions dernière pièce du puzzle », a estimé limitée. Elle a pris le relais de Mid- mun, dédiés aux infrastructures et remédier à l’intermittence des
de gaz à effet de serre », précise l’UE, Kadri Simson, commissaire euro- Cat, projet décrié qui devait relier aux interconnexions, permettent énergies renouvelables.
estimant que les projets transfron- péenne à l’Energie. n les deux pays par les Pyrénées. aux candidats retenus de bénéfi- Enfin, après plusieurs années
cier de financements européens, à d’hésitation sur le sujet, l’Europe
« Un pas dans la bonne la différence des IPCEI, qui autori- semble aussi se diriger vers un vrai
Sénat : une commission d’enquête direction » sent les Etats membres à financer marché de la capture et du stoc-
BarMar, ou H2Med, sera prolongé des projets au-delà des limites kage de carbone.
sur le prix de l’électricité se lance vers l’Allemagne et l’Europe du habituellement fixées pour les Plusieurs projets sélectionnés, à
Nord, afin de relier les zones de aides d’Etat. L’enveloppe finale Rotterdam et Anvers notamment,
Alors qu’EDF et le gouvernement viennent de se mettre production aux zones de consom- n’est pas encore connue mais elle pourraient faciliter l’envoi du CO2
d’accord sur les modalités de régulation du prix de vente mation, en particulier les grands devrait être substantielle (pour vers les sites de la mer du Nord,
de l’électricité nucléaire après 2026, le Sénat veut faire industriels de la Ruhr et du construire la seule canalisation de comme Northern Lights ; un autre
toute la lumière sur les conséquences d’une telle déci- Benelux. « C’est un pas dans la BarMar, on évoque une somme de connecte les sites industriels alle-
sion sur les consommateurs. « Les ambitions du gouver- bonne direction, l’Europe reconnaît plus de 2 milliards d’euros). mands de la Ruhr aux ports de la
nement sont-elles suffisantes ? EDF aura-t-il les moyens l’intérêt d’avoir des zones de mar- Le calendrier des projets rete- mer du Nord. Pycasso, porté par le
de supporter les évolutions souhaitées et à quel prix pour ché interconnectées en matière nus n’est pas toujours aussi loin- deuxième transporteur français
les consommateurs ? », interroge le sénateur de l’Essonne d’hydrogène, explique Geoffroy tain que celui de BarMar. GRTgaz, Terega, a également été labellisé. Il
Vincent Delahaye (Union centriste). Il a pris l’initiative Anger, responsable du développe- présent dans une dizaine d’initia- prévoit de transporter et de stoc-
de lancer cette commission d’enquête ; celle-ci doit ment hydrogène chez GRTgaz, le tives choisies par l’Europe, dont ker, à terme, jusqu’à 5 millions de
encore être validée par la conférence des présidents transporteur français impliqué cinq en tant qu’opérateur princi- tonnes de CO 2 par an entre la
le 13 décembre au Sénat. dans le projet, aux côtés d’Enagas, pal, prévoit de prendre des déci- France et l’Espagne. n
Choisissez ce que
vos ados peuvent
voir sur YouTube.

Avec l’expérience supervisée, les jeunes internautes devenus trop grands pour YouTube
Kids peuvent commencer à découvrir YouTube sous la supervision d’un parent. Vous
pouvez encadrer leur activité sur Internet en utilisant quelques commandes simples
pour modiier leurs paramètres de contenu, bloquer cetaines chaînes et choisir
les fonctionnalités auxquelles ils ont accès, par exemple. Pour activer l’expérience
supervisée ou d’autres fonctionnalités de sécurité spécialement conçues pour protéger
les enfants et les adolescents sur Internet, rendez-vous sur families.google

Nous rendons Internet plus sûr pour les enfants et les adolescents.
ENTREPRISES
EasyJet anticipe une croissance
plus rapide que ses rivaux low cost
AÉRIEN
La compagnie low cost
européenne a publié
son premier profit
annuel depuis trois ans
et table sur une pour-
suite de la croissance
du trafic en 2024.
Bruno Trévidic
Le chapitre du Covid est définitive-
ment refermé chez easyJet. Après
trois exercices déficitaires d’affilée,
la compagnie low cost paneuro-
péenne a pu annoncer, mardi, un
bénéfice annuel avant impôts de
455 millions de livres (524,7 millions
d’euros) pour l’exercice 2022-2023
clos le 30 septembre. Un résultat qui
fait suite aux profits record en -
grangés cet été, sur fond de forte
demande et de hausses des tarifs.
Bien que le trafic n’ait pas encore
tout à fait retrouvé son niveau de
2019, le chiffre d’affaires annuel a
augmenté de 42 % sur un an, à
8,172 milliards de livres (9,42 mil-
liards d’euros), pour un nombre de
passagers en hausse de 19 %, à
82,8 millions. Le revenu par siège a
progressé de 21 %, à 92 euros.
Des suppléments lucratifs
Les recettes complémentaires,
tirées des suppléments tarifaires et
de la vente de prestations touristi-
ques, ont tiré la croissance du chiffre
d’affaires et des profits. A elles seu-
les, les ventes de forfaits easyJet Holi-
days ont généré 2,95 milliards de
livres de revenus et 122 millions de
livres de bénéfices. Cette offre de
voyage à forfait, pour l’heure limitée
au marché britannique, devrait être
Piloter un hélicoptère avec une tablette,
la dernière trouvaille d’Airbus
AÉRIEN
Airbus UpNext, une
entité du groupe
dédiée aux projets
innovants, a testé avec
succès un système
permettant de com-
mander depuis une
simple tablette tactile,
toutes les phases d’un
vol en hélicoptère.
LE CLUB
DÉBATS
TRANSFORMATION
DIGITALE
Julien Largilliere
Chief Technology Oficer
VEOLIA
IA : Enjeux et perspectives
Mardi 5 décembre 2023 à 18h00
Evénement co-organisé avec :
EasyJet prévoit d’augmenter son offre de 9 % en 2024, avec 80 nouvelles lignes. Photo Action Press/Sipa
prochainement étendue aux mar-
chés français et allemand.
Quant aux suppléments tarifaires
en tout genre (bagages, choix du
siège…), ils représentent en
moyenne 23,5 livres par siège, con-
tre 19,4 livres en 2022. Une progres-
sion favorisée par l’introduction de
la tarification dynamique, qui per-
met à easyJet de faire varier le prix
des suppléments en fonction de la
demande, à l’instar du prix des
billets.
Le marché français, où easyJet est
numéro deux derrière Air France,
n’est pas en reste, avec 24 millions de
passagers sur l’exercice 2022-2023,
Piloter un hélicoptère du bout d’un
doigt sur une tablette tactile, c’est
désormais possible. Airbus vient de
tester avec succès un système per-
mettant de commander toutes les
phases d’un vol en hélicoptère, du
décollage à l’atterrissage, au moyen
d’un simple écran tactile, sans avoir
à toucher au manche ni au palon-
nier. Lancé en juillet 2020, ce pro-
gramme de démonstrateur techno-
logique, baptisé Vertex, a mobilisé
pendant trois ans une équipe d’ingé-
nieurs d’Airbus UpNext, une entité
du groupe spécialement dédiée aux
Maxime Havez
Chief Data Oficier
CRÉDIT MUTUEL ARKÉA
contre 22,3 millions sur l’exercice
précédent. « Nous ne sommes pas
encore revenus au niveau de 2019
(26,6 millions de passagers), mais sur
Orly et Nice, nous sommes déjà au-
delà, avec respectivement 3,4 et
4,6 millions de passagers », indique le
directeur France, Bertrand Godinot.
Toutefois, la profitabilité des lignes
françaises de la compagnie reste
pénalisée par des coûts et des taxes
plus élevées qu’ailleurs.
Malgré l’attaque en Israël, dont
l’impact s’est déjà estompé selon le
directeur général, Johan Lundgren,
les vents porteurs ne semblent pas
près de retomber. Le revenu par
projets les plus innovants. Il s’est
achevé le 30 novembre dernier,
après une dizaine de vols d’essais
entre l’aéroport de Marseille Mari-
gnane, base d’Airbus Helicopters, et
celui d’Aix-en-Provence, à 20 kilo-
mètres de là.
« L’objectif était de démontrer la
faisabilité d’un vol automatisé en
toute sécurité, en hélicoptère, dans
un environnement urbain, explique
Alexandre Gierczynski, chargé
du projet Vertex. Les résultats obte-
nus sont au-delà de nos attentes »,
assure-t-il.
Guillaume Avrin
Coordonnateur national pour
l’intelligence artificielle
DIRECTION GÉNÉRALE DES
ENTREPRISES
Informations et inscriptions
leclub-lesechos-debats.fr
siège reste orienté à la hausse cet
hiver (+12 % en octobre), de même
que le niveau des réservations pour
les vacances de Pâques et pour l’été
2024. Les ventes de forfaits pour l’été
prochain sont déjà en hausse de
35 %, indique easyJet, qui s’est fixé
pour objectif de moyen terme un
bénéfice de plus d’un milliard de
livres.
Portée par ces vents favorables, la
compagnie prévoit d’augmenter son
offre de 9 % sur l’exercice en cours, et
même de 11 % au premier semestre,
en ajoutant 80 nouvelles lignes à son
réseau. Le marché français sera l’un
des principaux moteurs de cette
Installé sur un hélicoptère ordi-
naire, le système repose sur trois
capteurs Lidar, de la télédétection
par laser et deux caméras, l’une
diurne et l’autre nocturne, dont les
informations sont traitées par l’ordi-
nateur de bord. Capables de scanner
et cartographier le terrain environ-
nant en temps réel, ces capteurs per-
mettent à l’appareil de s’orienter
avec une précision suffisante pour
pouvoir voler à très basse altitude,
entre des immeubles par exemple.
« L’appareil est conçu pour pou-
voir naviguer dans un corridor de
2 mètres de large à une hauteur cons-
tante de 2 mètres », souligne Alexan-
dre Gierczynski. Il peut voler de nuit
comme de jour et si un obstacle est
détecté, il passera en vol stationnaire
tant que le pilote, qui reste maître de
la machine, n’a pas validé le change-
ment de trajectoire proposé. « En cas
d’urgence, l’appareil peut aussi opérer
un atterrissage d’urgence sur simple
commande », précise le responsable
du projet Vertex.
Vers des taxis volants
sans pilote
Cependant, l’innovation la plus sur-
prenante est la possibilité de com-
mander l’appareil au moyen d’une
tablette munie de mini-joysticks ou
d’un écran tactile. D’une simple
pression du doigt sur la carte à
l’écran, le pilote peut ainsi choisir la
piste d’envol et d’arrivée, ainsi que les
points d’étape de sa route aérienne.
Une pression sur une icône permet
de faire décoller l’appareil jusqu’à
son point d’envol. Une nouvelle pres-
sion sur l’écran lance le vol propre-
ment dit.
De quoi améliorer significative-
ment la sécurité des vols en hélicop-
tère, en allégeant la tâche des pilo-
tes. Même les changements de
fréquences radio, qui accaparent
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos
croissance. « Notre offre augmentera
davantage que la moyenne du réseau,
avec 15 % de capacité supplémentaire
sur le premier semestre », souligne
Bertrand Godinot. Outre la reprise
des déplacements professionnels
sur les lignes intérieures, easyJet
mise sur l’augmentation de la clien-
tèle des stations de sport d’hiver
françaises, qui représente à elle
seule, un million de passagers cet
hiver, pour remplir ses vols dans
l’Hexagone.
Toutes les compagnies européen-
nes bénéficient de cette météo favo-
rable. Mais easyJet espère en profi-
ter davantage que ses concurrents,
freinés par le manque d’avions dis-
ponibles. C’est le cas de Ryanair, qui
peste régulièrement contre les
retards de livraisons de Boeing, mais
aussi de Wizz Air, dont un quart de la
flotte sera cloué au sol en 2024, du
fait des problèmes sur les moteurs
Pratt & Whitney de ses Airbus A320.
« Aucune compagnie ne sera en
mesure d’augmenter son offre autant
que nous l’été prochain », assure
Johan Lundgren, qui prévoit
d’ouvrir 80 nouvelles lignes cette
année. Et pour conserver durable-
ment cet avantage, easyJet a déjà
annoncé être en pourparlers avec
Airbus pour une nouvelle méga
commande.
La compagnie, qui opère déjà 336
Airbus de la famille A320 et qui doit
en recevoir 158 autres d’ici à 2029,
espère pouvoir finaliser avant la fin
de l’année l’achat de 157 Airbus sup-
plémentaires (56 A320 et 101 A321),
livrables entre 2029 et 2034. Une
moitié servira à la croissance et
l’autre, au remplacement des avions
plus anciens.
Lire « Crible »
( Page 40
une bonne part de l’attention d’un
pilote en vol, sont ainsi automatisés.
Cela pourrait aussi, à plus long
terme, permettre aux futurs taxis
volants et autres aéronefs électri-
ques à décollage vertical d’être opé-
rés par le premier venu, sans pilote
à son bord.
Pour espérer pouvoir atteindre
un jour la rentabilité, les taxis
volants devront en effet pouvoir
voler sans pilote, de manière totale-
ment automatisée, le passager
ayant seulement à entrer sa desti-
nation sur un écran tactile. Avec, au
besoin, la possibilité d’appuyer sur
une icône pour demander un atter-
rissage d’urgence.
Des capteurs
permettent
à l’appareil de
s’orienter avec une
précision suffisante
pour pouvoir voler
à très basse altitude,
entre des immeubles
par exemple.
Mais bien que technologique-
ment envisageable, cette perspec-
tive n’est pas pour demain. Si Airbus
a l’objectif en tête, la priorité reste
d’améliorer la sécurité et le travail
des pilotes d’hélicoptère.
Pour l’heure, Airbus n’avance
aucune date pour une première ins-
tallation de tout ou partie de ces
applications dans un hélicoptère ou
un avion-taxi. « C’est à l’étude tant
chez Airbus Helicopters que chez
CityAirbus [l’entité chargée des pro-
jets de taxis volants, NDLR], mais
rien n’est encore décidé », indique le
responsable du programme Vertex.
— B. T.
18
Métro de
Lille : les élus
attaquent
Alstom
TRANSPORT
Constatant l’échec
d’essais validant
le nouveau pilote
automatique du
métro, qui aurait
déjà dû être mis
en service, la MEL
veut aller en justice.
Alstom conteste
les propos
de la collectivité.
Nicole Buyse
— Correspondante à Lille
La coupe est pleine pour
Damien Castelain, le président
de la Métropole européenne de
Lille (MEL). Ulcérée par « le
nouvel échec des essais pour vali-
der le nouveau pilote automati-
que » du métro lillois, la collecti-
vité a décidé de couper court à
la médiation engagée avec Als-
tom en décembre 2022.
La métropole va déposer un
recours en référé auprès du tri-
bunal administratif de Lille à
l’encontre du constructeur fer-
roviaire français. Le projet de
modernisation et du double-
ment de la capacité du réseau
nordiste accuse « désormais un
retard prévisible d’au moins dix
ans », dénonce la collectivité.
Le projet accuse
« désormais un
retard prévisible
d’au moins
dix ans », selon
la collectivité.
L’objectif est de contraindre
le constructeur ferroviaire
français à « remplir intégrale-
ment ses obligations aux termes
du marché de modernisation du
métro de Lille et à indemniser les
préjudices subis, y compris en
termes environnementaux »,
indique l’institution dans son
communiqué. Des préjudices
« exponentiels avec le temps »,
tempête-t-elle.
Alstom s’est dit « surpris par
l’annonce de la MEL de se retirer
de la médiation ». Surtout, le
constructeur « conteste les pro-
pos tenus au sujet de l’avancée du
projet et estime avoir fait la
démonstration du fonctionne-
ment de son système de métro
automatique lors des derniers
essais à Lille ».
Les élus affirment qu’« Als-
tom a de nouveau échoué à quali-
fier le nouveau pilote automati-
que en septembre » dernier
« avec la persistance de 65 ano-
malies bloquantes ».
Le group e, qui traverse
actuellement une mauvaise
passe, poursuit en indiquant
qu’il fera valoir ses droits dans
le cadre de la nouvelle procé-
dure juridique annoncée.
Premier métro
automatique au monde
Le contrat d’un montant de
266 millions d’euros (hors taxe),
signé en 2012 entre la collecti-
vité et l’industriel, consistait à
implanter un nouveau pilote
automatique sur ce réseau
inauguré en 1983 et 27 nouvelles
rames de 52 mètres chacune.
Devant les retards constatés
dès 2018, une première média-
tion en 2019 avait abouti à une
renégociation. Alstom, con-
fronté à de grosses difficultés
techniques sur le chantier,
s’était alors engagé à achever les
travaux en avril 2023. En raison
de la crise sanitaire, la mise en
service a été reportée en juillet,
puis en décembre 2023. n
19 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023 ENTREPRISES

Les magasins Casino attisent

toutes les convoitises
DISTRIBUTION
Les candidats à la
reprise des supers
et hypers Casino
sont appelés à déposer
ce mercredi leur
lettre d’intention.
Philippe Bertrand
C’est ce mercredi que les candidats
au rachat de tout ou partie du parc
de supermarchés et hypermarchés
Casino doivent remettre leur lettre
d’intention. C’est tout au moins la
date indicative, non contraignante,
donnée aux repreneurs potentiels.
Lundi, confirmant une informa-
tion des « Echos », le distributeur,
encore dirigé par Jean-Charles
Naouri pour quelques mois, a
confirmé avoir reçu des marques
d’intérêt pour ces magasins en perte
qui auront siphonné 2 milliards de
trésorerie en 2023.
Lidl et Intermarché
dans la course
Tous les acteurs du marché de la dis-
tribution alimentaire sont sur les
dents. Selon nos informations, l’alle-
mand Lidl, dont la part de marché
patine et qui nourrit encore de gran-
des ambitions en matière de déve-
loppement sur le marché français,
est dans les starting-blocks. « La Let-
tre » l’a également indiqué. Inter-
marché est déjà bien placé dans la
course. Le groupement des Mous-
quetaires a déjà racheté 61 maga-
sins à Casino et a payé 140 millions
d’euros pour une option sur deux
lots supplémen taires, l’un de
72 points de vente, l’autre de 62.
Intermarché, qui fait centrale
d’achat commune avec Casino,
court après la part de marché et sou-
haite passer de 16 % à 20 % pour
rivaliser avec Leclerc et Carrefour.
Les Mousquetaires sont princi-
palement intéressés par les quelque
300 Casino Supermarché, moins
par les 52 hypers Géant rebaptisés
« Hyper Frais ». A l’inverse, Auchan
est un spécialiste des grands for-
mats. Les hypers Casino du Sud-Est,
comme à Saint-Tropez, restent per-
formants. Carrefour regarderait le
dossier, mais seulement pour une
sélection de points de vente. Le
groupe dirigé par Alexandre Bom-
pard vient de racheter Cora et ses
supermarchés Match.
Périmètre à débattre
La cession de l’intégralité du parc de
supers et hypers Casino n’est plus un
tabou. Une source indique cepen-
dant que, du côté de chez Casino, le
périmètre en vente n’est pas encore
acté et rappelle que Jean-Charles
Naouri se bat depuis avril pour
préserver l’intégralité de l’entreprise
qu’il a rachetée à la famille Guichard,
et notamment du siège historique
de Saint-Etienne, qui emploie
2.000 personnes. Le PDG de Casino
ne serait pas tout à fait prêt à céder à
ce que certains appellent « l’ultima-
tum de Kretinsky ». Selon nos infor-
mations, le consortium mené par
Daniel Kretinsky, qui a signé un
accord de reprise de tout le groupe
au prix de l’injection de 1,2 milliard
d’euros, après l’écrasement de 5 mil-
liards de dette, songerait à transférer
dans le Forez une partie des équipes
de Monoprix et Franprix basées en
région parisienne. « Tout sera fait
pour que Casino ne soit pas le
nouveau Manufrance », résume un
proche du dossier.
L’équation Casino contient une
autre inconnue. Les enseignes
Casino, ce sont aussi 7.000 magasins
de proximité aux enseignes Petit
Casino, Vival, Spar et Sherpa. Cer-
tains repreneurs potentiels pour-
raient être intéressés, en sus des
supers et des hypers, par ce réseau
qui, lui, se porte bien. La vente des
supers et hypers Casino ne remet
pas en cause l’accord ferme signé en
octobre par Daniel Kretinsky et ses
associés, Fimalac et le fonds Attes-
tor. La cession de magasins défici-
taires est prévue par le contrat. La
remise en cause du « lock up agree-
ment » mettrait à terre la procédure
de sauvegarde engagée et ouvrirait
la boîte de Pandore. Il faut aller vite
pour rassurer les parties prenantes.
Les acteurs du dossier ne s’inquiè-
tent pas de la liquidité des enseignes
Casino, qui resterait « bonne ».
Les fournisseurs et surtout les
assureurs crédit doivent suivre. Les
banques françaises se sont engagées
à assurer le financement opération-
nel du groupe dans le cadre du plan
de sauvegarde. Les autres piliers du
groupe, Monoprix et Franprix, sont
solides, même si, selon deux sour-
ces, la rentabilité de Monoprix
aurait baissé. Mais l’enseigne iconi-
que de centre-ville serait, selon les
observateurs, au cœur du projet
Kretinsky. Les magasins Casino sont
valorisés à hauteur d’environ la moi-
tié de leur chiffre d’affaires. A titre
indicatif, Intermarché a déboursé
200 millions d’euros pour son pre-
mier lot de 61 magasins.
Aucun des groupes concernés n’a Casino met en vente les derniers supers et hypermarchés
répondu à nos questions. n à son enseigne. Photo Lydie Lecarpentier/RÉA

Bruxelles pointe
les risques de rachat
d’iRobot par Amazon
E-COMMERCE
L’exécutif européen a
communiqué au géant
de l’e-commerce ses
inquiétudes à propos
de cette acquisition
à 1,65 milliard
de dollars.
Florian Maussion
Le rachat d’iRobot se complique
pour Amazon. Le géant de l’e-com-
merce américain avait annoncé
l’acquisition, pour 1,65 milliard de
dollars, du pionnier de la robotique
grand public, connu pour les
robots aspirateurs de la marque
Roomba. Mais un grain de sable
pourrait gripper la mécanique de
l’opération.
Alors que le régulateur britan-
nique de la concurrence a donné
son feu vert en juin, la Commission
européenne a pris le contre-pied le
mois suivant en annonçant l’ouver-
ture d’une enquête approfondie.
Celle-ci visait notamment à vérifier
que le rachat d’iRobot par Amazon
n’allait pas empêcher les concur-
rents de l’entreprise d’accéder au
marché.
« Amazon’s Choice »
Et les premiers éléments de
réponse apportés lundi par la Com-
mission européenne dans sa com-
munication des griefs, une étape
clé de la procédure, ne vont pas
dans le sens de la firme de Seattle.
L’exécutif européen dit avoir
informé Amazon de ses « inquié-
tudes » sur le fait que la firme
« puisse limiter la compétition sur le
marché communautaire des robots
aspirateurs ou les marchés natio-
naux des Etats membres, en entra-
vant la capacité des concurrents à
rivaliser efficacement ». L’exécutif
européen a notamment souligné
qu’Amazon pourrait limiter l’accès
ou la visibilité des autres marques
de robots aspirateurs. Il pourrait
aussi les dénigrer en appliquant
sur les produits iRobot un label
« Amazon’s Choice » (« le choix
d’Amazon ») ou en mettant en
avant une compatibilité avec son
assistant personnel Alexa.
Chute de l’action
Des inquiétudes renforcées par le
fait que « la marketplace d’Amazon
est un canal de vente particulière-
ment important pour ce type d’appa-
reils ». La Commission conclut
qu’« Amazon pourrait être incité à
exclure les concurrents d’iRobot, car
cela pourrait lui être économique-
ment profitable ».
Cette communication des griefs
n’est pas une décision, et l’enquête
ouverte en juillet va se poursuivre.
Un p orte -parole d’Amazon a
déclaré auprès de l’agence Bloom-
berg que la firme s’efforçait de
répondre aux préoccupations de la
Commission.
Après avoir bondi de plus de
30 % à Wall Street vendredi sur
fond de rumeurs d’un feu vert
imminent de l’exécutif commu-
nautaire au projet de rachat,
l’action iRobot a chuté de 17 % dans
la foulée de la publication. Le titre
qui s’échangeait à 42,70 dollars
avant le week-end n’en valait plus
que 34,35 à la clôture lundi soir. n
« [La plateforme]
pourrait être
incitée à exclure
les concurrents
d’iRobot, car cela
pourrait lui être
économiquement
profitable. »
COMMISSION
EUROPÉENNE
ENTREPRISES
Pourquoi les artistes français restent
sous-cotés sur le marché de l’art
l Moins montrés dans leurs musées que leurs homologues anglais, allemands ou américains,
les artistes de l’Hexagone manquent de visibilité et de rayonnement.
l Ce qui rend frileuses les galeries tricolores, générant une forme de cercle vicieux.
MARCHÉ DE L'ART
Martine Robert
Le Paris de l’art rayonne, mais quid
de ses artistes ? Au début des
années 2000, les créatifs et leurs
marchands se lamentaient déjà des
difficultés de la scène tricolore à
obtenir du succès à l’international.
La situation n’a guère évolué.
L’étude que dévoile aujourd’hui
le « Quotidien de l’art » avec Arte
Generali et Wondeur AI, menée
à partir d’une base de plus de
100.000 artistes contemporains
exposés depuis les années 1980
dans les quatre pays les plus actifs
(Etats-Unis, Royaume-Uni, Allema-
gne, France), montre le statu quo.
« Rares sont les Français qui, à
l’image de Claire Tabouret [qui vit à
Los Angeles, NDLR], voient leurs
œuvres régulièrement dépasser les
100.000 euros aux enchères. Lorsque
c’est le cas pour Kader Attia, Sophie
Calle ou Jean-Michel Othoniel, cela
relève de l’exception », observe
Nathalie Moureau.
Pour cette étude, cette écono-
miste a confronté le classement
Artprice des résultats de ventes aux
enchères au palmarès des artistes
ayant eu le plus d’expositions, en
distinguant les stars (les 4 % les plus
montrés internationalement), les
« établis » (les 12 % suivants) et ceux
émergents ou à faible visibilité.
Dans le Top 500 Artprice des
artistes nés après 1945, on trouve
seulement 2 % de Français contre
26 % d’Américains, 7 % de Britanni-
ques et 5 % d’Allemands.
Dans le classement des stars les
plus exposées (4.500), c’est un peu
mieux, la scène française repré-
sente 6 % au niveau mondial, contre
9 % pour la britannique, 14 % pour
l’allemande et 33 % pour l’améri-
caine. Mais quasiment aucun des
noms d’artistes tricolores ne se
retrouve à la fois dans les deux hit-
parades, une bizarrerie que l’on ne
constate pas pour les autres scènes
étudiées.
Le rôle des musées
Cela ne surprend pas le galeriste
Georges-Philippe Vallois. « En
France, il existe un décalage entre le
marché et la valeur artistique telle
que les expositions institutionnelles
la traduisent, explique le spécialiste.
Les artistes hexagonaux les plus visi-
bles sur le marché sont souvent peu
montrés dans les musées. On peut
louer l’indépendance de nos institu-
tions vis-à-vis de la financiarisation
de l’art, ou déplorer cette inadéqua-
tion pénalisante. »
Nathalie Moureau a réalisé éga-
lement un focus sur les expositions
individuelles des 12.000 artistes
présentés par les 100 premières ins-
titutions françaises ces vingt der-
nières années : on voit que les
« Seuls 52 %
des expositions
de l’Hexagone
concernent
la scène française,
tandis qu’aux
Etats-Unis, 77 %
se centrent sur des
artistes américains
et en Allemagne,
70 % sur
des Allemands. »
NATHALIE MOUREAU
Economiste
Rares sont les Français qui, à l’image de Claire Tabouret, voient leurs œuvres régulièrement dépasser les 100.000 euros aux enchères.
« stars » en raflent 70 % et les « éta-
blis » 25 %. On apprend que 30 % des
expositions monographiques orga-
nisées par le Top 100 des institu-
tions tricolores ont été alimentées
par un noyau de 10 galeries, pour la
plupart ayant des localisations
internationales. « Une grande part
de ce type d’exposition étant occupée
par des artistes issus de quelques
galeries internationales majeures
qui les mécènent, les talents français
sont aussi moins exposés dans nos
musées comparativement à leurs
homologues étrangers dans leur
pays, alors que cette reconnaissance
est une valorisation de poids », pour-
suit Georges-Philippe Vallois, citant
le solo show de Jeff Koons soutenu
par Gagosian en 2014 à Pompidou.
Le Centre Pompidou est pointé
du doigt depuis des années par les
professionnels : du fait de sa renom-
Union sacrée pour mieux valoriser
les artistes tricolores
Galeristes et maisons de
vente cherchent la parade
pour mieux valoriser
les artistes français
contemporains sur la
scène internationale.
C’est l’union sacrée. Face à la sous-
valorisation persistante des artis-
tes français sur le marché interna-
tional de l’art, notamment du fait
de l’insuffisante visibilité au sein
du navire amiral, Beaubourg,
l’écosystème tricolore multiplie les
initiatives. « Nous compensons en
collaborant avec des musées non
dédiés à l’art contemporain mais
néanmoins reconnus. C’est le cas
pour Loris Gréaud au Petit Palais,
Sophie Calle au musée Picasso, Phi-
lippe Cognée au musée Bourdelle, et
l’an prochain pour Carole Benza-
ken au musée Marmottan… » énu-
mère la galeriste Nathalie Obadia.
Idem pour les maisons de ven-
tes. « Nous essayons avec des ventes
thématiques dédiées à des courants
mée, ses choix impactent les gale-
ries et les maisons de vente. Des
artistes aussi reconnus que Bernar
Venet, Fabrice Hyber, Philippe
Cognée, Laure Prouvost, ou encore
Camille Henrot n’ont jamais eu
d’expositions monographiques
à Pompidou.
« César a dû attendre plus de vingt
ans après sa mort pour avoir une
rétrospective à Beaubourg alors que
l’Américain Julian Schnabel y avait
une exposition à moins de 30 ans. Le
décalage de traitement entre le mou-
vement français des nouveaux
réalistes et le pop art américain est
édifiant, avec des conséquences en
termes de visibilité mondiale et donc
de prix. Idem pour la figuration libre
française comparée à la même scène
américaine : Basquiat, Keith
Haring… », déplore le commissaire-
priseur Arnaud Cornette de Saint-
français, comme celles sur les nou-
veaux réalistes, sur la figuration
libre, sur la scène des années 1980,
d’apporter de la visibilité à la scène
hexagonale, avec souvent de bons
résultats », souligne Arnaud Cor-
nette de Saint-Cyr, à la tête de Bon-
h a m s C o r n e t t e d e S a i n t Cy r
France. « Nous avons également ini-
tié une série de ventes autour de la
scène artistique française actuelle,
avec le galeriste Stéphane Corréard,
là aussi payante », ajoute-t-il.
Second marché
Une union sacrée pour un écosys-
tème plus fort, prônée lors de la
convention du Symev (syndicat
des maisons de vente) qui s’est
tenue mi-novembre, par le prési-
dent de Drouot, Alexandre
Giquello. « Car moins nos artistes
contemporains sont valorisés
aujourd’hui dans nos musées,
moins ils émergeront demain aussi
sur le second marché, à la revente »,
expliquait-il.
Cyr, rappelant l’absence de musée
majeur consacré à l’art français à
Paris comme l’est le Whitney à
New York.
Faible préférence
nationale
De manière générale, « l’Hexagone
est largement plus ouvert sur l’exté-
rieur que les autres pays : seuls 52 %
des expositions concernent sa propre
scène tandis qu’aux Etats-Unis, 77 %
se centrent sur des artistes améri-
cains et en Allemagne, 70 % sur des
Allemands », pointe Nathalie Mou-
reau. Pour autant, « cette faible pré-
férence nationale n’est pas l’apana-
ge des musées et centres d’art, elle
se vérifie aussi chez les galeries »,
assure-t-elle.
A peine un peu plus d’un artiste
sur deux exposé dans les galeries
hexagonales est français, alors que
Même volonté de la part de
Guillaume Piens, directeur de Art
Paris. « C’est l’un des objectifs assu-
més de la foire, en dédiant
depuis 2018 chaque année un focus
à la scène hexagonale », rappelle-
t-il, insistant aussi sur le rôle que
peuvent jouer les grands collec-
tionneurs tricolores.
Conquête du monde
Une vingtaine de galeries tricolo-
res ont par ailleurs essaimé en
Europe, en Amérique ou en Asie,
comme à New York pour Perrotin,
Georges-Philippe et Nathalie Val-
lois, 1900-2000, RX, Carpenters,
Ceysson & Bénétière, Templon,
Lelong. Pour Georges-Philippe
Vallois, « être à New York c’est
apporter de la visibilité à nos artis-
tes, aller au-devant des collection-
neurs, et contrôler davantage leur
marché ». Sa seconde exposition
consacrée à Niki de Saint Phalle a
été un succès. « Nous avons d’abord
montré des artistes américains,
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 20
L’Arabie
saoudite
décroche
l’Exposition
universelle
ÉVÉNEMENT
En attendant
le Mondial de foot
en 2034 et après
les Jeux asiatiques
d’hiver en 2029,
Riyad peut se
targuer d’une troi-
sième vitrine d’en-
vergure pour faire
évoluer son image.
Cent dix-neuf voix contre 29, la
victoire est sans appel. Les
pétrodollars de l’Arabie saou-
dite l’ont emporté sur la K-pop
et la high-tech coréennes.
Riyad, donnée favorite, a volé la
vedette à Busan et organisera
l’exposition universelle 2030.
Un seul tour de vote aura suffi
pour recueillir au moins les
deux tiers des voix nécessaires
des 180 Etats-membres réunis
par le Bureau international des
expositions au palais des con-
grès d’Issy-les-Moulineaux,
mardi.
Jusqu’au bout, les deux pays
n’auront pas ménagé leur peine
pour l’emporter, alors que
R o m e s ’e s t m o b i l i s é e d e
manière plus tiède et qu’Odessa
s’était depuis longtemps retirée
du jeu. Car l’Exposition univer-
selle s’étale sur six mois, et ses
retombées économiques sont
Loïc Venance / AFP
beaucoup plus conséquentes
que celles des Jeux Olympiques
organisés sur trois semaines.
Celle de Dubaï, en 2021, a tota-
lisé 24 millions de visites.
Si Riyad n’a pas affiché le plus
important budget pour cet évé-
la proportion d’artistes nationaux nement (8 milliards d’euros),
est de 72 % pour les galeries alle- face à Rome (10 milliards) et
mandes, de 62 % pour les britanni- Busan (6 milliards), elle a en
ques et de 81 % pour les américai- revanche courtisé fortement les
nes. Pour Georges-Philippe Vallois, 54 pays africains, promettant
c’est le serpent qui se mord la queue. de leur distribuer une manne
« Si les artistes étrangers sont davan- de près de 25 milliards de dol-
tage montrés par les galeries d’autres lars avant 2030, quand la Corée
pays, c’est aussi parce que leurs prix proposait une contribution de
étant souvent plus importants, ils 520 millions de dollars pour
permettent d’atteindre plus facile- aider les pays en voie de déve-
ment le seuil de rentabilité », com- loppement à construire leur
mente-t-il. pavillon d’exposition.
Le phénomène s’observe aussi
dans les foires internationales les Démonstration
plus prestigieuses comme Art Basel de puissance
et ses déclinaisons à Miami, Hong Et comme le chanterait Abba,
Kong et Paris, où la présence d’artis- « The winner takes it all » , puis-
tes français est faible alors que les que l’Arabie saoudite a d’ores et
collectionneurs, conservateurs et déjà raflé la Coupe du monde de
commissaires d’exposition y font football en 2034 et les Jeux asia-
leur marché et les galeristes étran- tiques d’hiver en 2029. Et le
gers leur repérage. n prince Mohammed ben Sal-
mane rêvait de faire coïncider
l’Exposition universelle à Riyad
avec son projet « Horizon
2030 » d’une Arabie futuriste et
écoresponsable : c’est chose
faite. Culturellement, le pays
creuse son sillon depuis plu-
sieurs années déjà. Riyad s’est
doté d’un festival d’art contem-
allemands, japonais, africains, porain très ambitieux. Le terri-
réputés, pour nous faire connaître et toire d’AlUla avec sa cité naba-
nous présenterons à l’avenir les téenne d’Hegra, a de grandes
Français Claude Viallat, François ambitions touristiques.
Rouan, Philippe Cognée », confie Il y a quelques jours l’agence
Daniel Templon, qui a ouvert en française pour le développe-
septembre 2022 une galerie dont le ment d’AlUla (AFALULA) a
coût de fonctionnement lui revient signé un partenariat majeur
à 1 million d’euros par an. Pas ques- entre le Centre Pompidou et la
tion de se louper, mais le mar- Commission Royale p our
chand sera déjà à l’équilibre cette AlUla (RCU) dans le cadre de la
année. création d’un musée d’art con-
Cette mobilisation tous azimuts temporain. Emmanuel Macron
est d’autant plus cruciale que le – comme Jack Lang – , avaient
rayonnement retrouvé de Paris d’ailleurs annoncé depuis long-
avec le Brexit, la rénovation de ses temps leur soutien à la candida-
musées, la multiplication de ses ture de Riyad.
fondations et de ses centres d’art L’Arabie saoudite fait ainsi
privés, l’éviction de la Fiac par Art une nouvelle démonstration de
Basel, attire de plus en plus de sa puissance énergétique,
méga galeries étrangères avec financière, géop olitique,
leurs artistes blockbusters. « C’est balayant d’un revers de main les
le grand marché mondial qui arrive nombreuses objections liées au
à Paris et risque d’accaparer les col- non-respect des droits de
lectionneurs les plus fortunés », pré- l’homme comme à son modèle
vient François Blanc, fondateur de environnemental peu durable.
l’agence Communic’Art. — M. R. — M. R.
 COMMUNIQUÉ

Lettre ouverte à Philippe Petitcolin,

futur président du Conseil d’administration d’Alstom
Monsieur le Président,

Alors que vous vous apprêtez à prendre vos fonctions de président du conseil d’administration
d’Alstom, le fleuron industriel français de la construction ferroviaire, je souhaite, en tant que président de
la Métropole Européenne de Lille, appeler votre attention sur la situation critique dans laquelle se trouve
notre collectivité en raison des défaillances et des retards accumulés par Alstom depuis dix ans dans la
modernisation du métro de Lille.

En 2012, face à l’augmentation croissante des déplacements urbains et périurbains et à la nécessi-

té de mettre en place des solutions de mobilité modernes, efficaces et décarbonées, la Métropole
Européenne de Lille a conclu avec Alstom pour un montant de 266 millions d’euros un contrat
portant sur la mise en place d’un nouveau pilotage automatique et sur l’acquisition de 27 nouvelles rames.
L’objectif était clair : augmenter de 50 % de la capacité de la ligne 1 et de 30 % de la ligne 2 de notre
métro. Le calendrier, accepté par Alstom, était tout aussi limpide : les travaux devaient être achevés à la
fin de l’année 2016.

Comment imaginer alors, Monsieur le Président, qu’en novembre 2023, soit plus de dix ans après la
signature de ce contrat, la Métropole Européenne de Lille soit obligée de saisir la justice pour que le
groupe dont vous prenez la présidence remplisse enfin ses obligations !

Comment imaginer alors, Monsieur le Président, que la Métropole Européenne de Lille se retrouve
aujourd’hui avec un métro saturé, un service public des transports dégradé et un risque croissant
pour les déplacements des usagers alors que notre territoire doit accueillir des épreuves des Jeux
Olympiques l’été prochain !

Comment imaginer alors, Monsieur le Président, que la Métropole Européenne de Lille qui a multiplié
les alertes auprès des dirigeants d’Alstom depuis les premiers retards constatés en 2016, qui a
respecté tous ses engagements, qui a facilité le déroulement des essais, qui a accepté les demandes de
report et de médiation, soit méprisée par les équipes d’Alstom au point qu’elles ne daignent pas même
répondre à nos demandes concernant la date de mise en service du pilote automatique et des nouvelles
rames de la ligne 1 !

Pour l’ensemble de ces raisons et alors qu’une nouvelle médiation vient d’échouer, je me vois dans
l’obligation de saisir la justice pour obtenir qu’Alstom respecte enfin ses engagements et indemnise notre
métropole et ses habitants pour l’ensemble des préjudices subis.

Notre pays ne se résume plus à Paris et au désert français. Les métropoles françaises ne comptent pas
moins que les métropoles internationales. Alstom, qui a construit son développement sur la confiance
que lui ont témoignée de très nombreuses collectivités françaises, qui bénéficie d’aides considérables
de l’État, ne peut pas continuer à s’enfermer dans une attitude qui conjugue l’absence de professionna-
lisme, le silence et le mépris.

Je suis persuadé, Monsieur le Président, que vous comprendrez le sens de ma démarche qui est celle
d’un responsable politique qui ne peut accepter qu’une entreprise qui se présente comme « un parte-
naire majeur des agglomérations » menace, par ses défaillances systémiques, la continuité du service
public des transports et compromet la transition écologique de notre métropole.

Dans l’attente de vous recevoir très rapidement à Lille, je vous prie de bien vouloir croire, Monsieur le
Président, à l’assurance de ma parfaite considération.

Damien Castelain
Président de la Métropole Européenne de Lille
ENTREPRISES
Shein se rapproche
d’une cotation en
Bourse à New York
l L’enseigne d’ultra fast fashion a relancé son projet
d’introduction en Bourse et envisagerait une cotation
l’an prochain.
l Shein s’est développé avec une mode à tout petit prix
et grâce à la puissance des réseaux sociaux.
court et un mode de distribution en
MODE ligne, tourné exclusivement vers les
marchés internationaux. L’ensei-
gne s’est ainsi développée en profi-
Véronique Le Billon tant des coûts du travail en Chine,
— Bureau de New York de la puissance des réseaux sociaux
et de la collecte des données, qui
Shein a toujours des envies de Wall permet d’affiner les préférences des
Street. L’enseigne d’ultra fast clients pour dessiner les futurs
fashion a déposé une demande modèles.
confidentielle auprès des autorités Et pour asseoir sa notoriété,
boursières en vue d’une cotation à Shein a ouvert quelques boutiques
New York, ont indiqué plusieurs éphémères, comme à New York
médias américains lundi soir, – les Etats-Unis sont son premier
confirmant une information de marché – ou Paris.
« Shanghai Securities News ». Une
introduction en Bourse pourrait Amazon de la mode
intervenir l’an prochain, si le pro- La recette fonctionne : le chiffre
cessus suit bien son cours. d’affaires a atteint 22,7 milliards de
Lancée en Chine il y a une quin- dollars l’an dernier – dont 800 mil-
zaine d’années par Xu Yangtian, lions de résultat net, selon le « Wall
Shein (prononcez « Chi-ine ») pro- Street Journal » –, doublant H&M et
pose une mode à tout petit prix et ses quelque 20 milliards d’euros de
renouvelée en permanence . La ventes. Le groupe, qui revendique
marque crée des modèles, les fait 11.000 employés et 5.400 fabricants
d’abord produire en toutes petites sous contrat, a commencé à inter-
séries par des sous-traitants, et nationaliser sa production, en
commande de nouveaux exemplai- Turquie ou au Brésil.
res si l’article est très demandé. Il a aussi créé des centres de dis-
Un circuit de production ultra- tributions dans ses grands pays de
CROISIÈRE & MUSIQUE
Au fil du Danube entre Bucarest et Munich
Du 18 au 29 mai 2024
Un programme musical à bord,
tout au long du voyage
Les visites des plus belles
capitales d’Europe centrale :
Vienne, Bratislava, Budapest,
Belgrade et Bucarest Des conférences à bord
animées par Antoine Pecqueur,
Des conférences par un journaliste, musicien,
spécialiste de la destination présentateur Mezzo.
Renseignements et réservations au 01 58 36 08 39
www.rivagesdumonde.fr/croisieres-partenaires/mezzo
consommation, et donne désor-
mais accès, dans certains pays, à des
vendeurs tiers sur sa plateforme
d’achat en ligne – un pas vers un
Amazon de la mode.
Avec une cotation en Bourse,
Shein pourra mesurer sa puis-
sance : l’enseigne aujourd’hui ins-
tallée à Singapour (comme son fon-
dateur) misait ces derniers mois sur
une valorisation de 90 milliards de
dollars, selon l’agence financière
Bloomberg.
De Sequoia Capital China à Gene-
ral Atlantic en passant par Tiger
Global Management et le fonds
souverain des Emirats arabes unis
Mubadala, plusieurs fonds ont déjà
renforcé leur participation ou sont
entrés au capital de l’entreprise en
mars dernier.
Lobbyistes à Washington
Ce dernier tour de table valorisait
Shein à quelque 64 milliards de dol-
lars, avec la perspective d’une cota-
tion aux Etats-Unis dès cette année.
Le marché des IPO est toutefois
resté modeste cette année, dans un
contexte de taux d’intérêt élevés,
Deux concerts :
Musikverein à Vienne
Opéra de Budapest
& politique chinoise du « zéro Covid »
Un plateau artistique
d’exception à bord
Pour asseoir sa notoriété, Shein a ouvert quelques boutiques éphémères, comme à New York
– les Etats-Unis sont son premier marché – ou Paris. Photo Cooper Neill/NYT-Redux-RÉA
qui freinent les investissements.
Shein avait aussi tenté de se coter à
Wall Street en 2020, avant de
renoncer, sur fond de pandémie et
de tensions politiques entre la
Chine et les Etats-Unis.
Les critiques abondent sur le
modèle économique de Shein. La
production vertigineuse de pièces
de prêt-à-p orter est accusée
d’entretenir des conditions de
travail dégradées pour les ouvriè-
res en Chine. Aux Etats-Unis, le
sénateur républicain de Floride
Uniqlo, Zara, H&M : la fast fashion
est en vogue en Bourse
Les champions de la mode
éphémère affichent des
performances éclatantes
en Bourse cette année.
La montée en puissance
de Shein pourrait toutefois
leur faire de l’ombre.
Bastien Bouchaud
La fast fashion séduit plus que
jamais les investisseurs. Les cham-
pions du secteur avaient souffert de
la perte du marché russe due à la
guerre en Ukraine et à l’impact de la
sur les chaînes d’approvisionne-
ment. Ils tirent désormais les fruits
de leur capacité d’adaptation avec
des profits en forte hausse cette
année.
Le suédois H&M affiche la plus
forte progression en Bourse parmi
les grands noms de la mode éphé-
mère. Son cours s’est envolé de près
de 55 % cette année, ce qui en a fait
la locomotive de la Bourse de Stoc-
kholm. Il faut dire qu’il avait parti-
culièrement souffert l’an dernier de
la hausse des coûts des matières
premières. La chute de ses marges
avait fait fuir les investisseurs, mais
leur amélioration constante au
cours de cette année a permis de les
rassurer. Sur les neuf premiers
mois de l’année, ses profits opéra-
tionnels ont bondi de 61 % à plus de
10 milliards de couronnes (près de
900 millions d’euros).
Profits en forte hausse
Le japonais Fast Retailing, la mai-
son mère d’Uniqlo, évolue égale-
ment à son plus haut niveau bour-
sier, après avoir gagné plus de 40 %
à Tokyo cette année. Uniqlo réalise
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos
Marco Rubio, coauteur d’un texte
sur le travail forcé des Ouïghours
en Chine, a mis la pression sur
l’enseigne.
« Shein engage des lobbyistes à
Washington pour protéger les failles
commerciales qui lui permettent
d’éviter de rendre des comptes. Per-
sonne ne doit être dupe des efforts
déployés par Shein pour brouiller les
pistes », a-t-il écrit à ses collègues
sénateurs.
Les Etats-Unis sont devenus
scrupuleux sur les conditions de
désormais plus de la moitié de ses
ventes à l’international, et a profité
cette année de la dépréciation du
yen. Le groupe, très présent en
Chine, a également bénéficié du
rebond de la consommation dans le
pays après la fin des confinements,
ce qui lui a permis d’enregistrer des
profits opérationnels records de
plus de 380 milliards de yens
(2,3 milliards d’euros) sur son
année fiscale close en août. Uniqlo
« est entré dans une nouvelle phase
de croissance et continue d’étendre sa
base de clients », s’est félicité Takeshi
Okazaki, le directeur financier du
groupe.
Le leader du secteur, l’espagnol
Inditex, qui détient notamment
Zara, a pour sa part établi un nou-
veau record à la Bourse de Madrid
vendredi. Il a grimpé de près de
50 % depuis le début de l’année, tiré
par « un cercle vertueux de gains de
parts de marché à des niveaux de
marge remarquables », estime Geof-
froy de Mendez de Bank of Ame-
rica. Avec des profits nets en hausse
de 40 % à 2,5 milliards d’euros au
premier semestre, Inditex affiche
un trésor de guerre de plus de
10 milliards d’euros.
Respect
de l’environnement
Le groupe espagnol est le mieux
placé pour résister au rouleau com-
presseur Shein, selon les analystes
d’UBS. Ils mettent notamment en
avant la popularité croissante de
Zara sur les réseaux sociaux. La
marque phare d’Inditex a large-
ment dépassé H&M en nombre
d’abonnés sur Instagram, et rat-
trape rapidement son retard face à
Shein sur TikTok, deux canaux de
22
travail, estimant, au-delà de la
question des droits de l’homme,
que cela crée une concurrence
déloyale.
Au moment où d’autres mar-
ques de fast fashion tentent de lever
le pied sur la consommation effré-
née, Shein est aussi accusé d’encou-
rager un mode de consommation
désastreux pour l’environnement.
Le groupe tente désormais d’y
répondre, avec la publication d’un
bilan annuel et l’affichage d’objec-
tifs de décarbonation. n
plus en plus essentiels pour toucher
les nouvelles générations de clients.
La concurrence du groupe chi-
nois représente la principale
menace pour les grandes enseignes
de la fast fashion. Shein dispose
n o t a m m e n t d ’u n e l o n g u e u r
d’avance sur l’utilisation de l’intelli-
gence artificielle pour capter
l’émergence des dernières modes et
développer de nouveaux modèles.
Pour se démarquer, alors qu’il leur
est difficile de lui faire concurrence
sur les prix de ventes, H&M et Indi-
tex ont parié sur la montée en
gamme avec leurs marques respec-
tives COS et Massimo Dutti.
La montée en puissance de
« Shein pourrait bien être en train de
modifier l’équilibre de la mode éphé-
mère », selon Pierre-Yves Gauthier
d’AlphaValue. Pour tirer leur épin-
gle du jeu, les pionniers de la fast
fashion peuvent jouer sur leur plus
grand respect de l’environnement
et des normes sociales chez leurs
fournisseurs, ce qui a forcément un
coût. Mais pour garder les investis-
seurs sous le charme, les grandes
enseignes devront trouver le moyen
de protéger leurs parts de marché
tout en maintenant leurs marges,
un exercice toujours compliqué.
« L’industrie européenne doit se pré-
parer à une tempête », met en garde
l’analyste. n
10
MILLIARDS D’EUROS
Le trésor de guerre d’Inditex,
qui détient, entre autres,
la marque Zara.
23 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023
Adionics
veut rendre
l’extraction
de lithium
durable
CLEANTECH
La jeune pousse
a levé 25 millions
d’euros et fait entrer
un géant chilien
à son capital.
Adrien Lelièvre
et Etienne Goetz
Le XXe siècle a été le siècle du
pétrole. Le XXIe siècle sera-t-il
celui du lithium, ce métal indis-
pensable à la fabrication des
batteries qui alimentent les
voitures électriques ? Cela sem-
ble bien parti puisque l’extrac-
tion de « l’or blanc » accélère et
se concentre dans deux gran-
des zones géographiques : Aus-
tralie et Amérique du Sud. Mais
cette activité polluante suscite
des contestations croissantes
des populations locales qui ne
veulent pas en subir les nui-
sances environnementales. El-
les réclament également un
meilleur partage des richesses.
Adionics veut apporter une
solution à ces problèmes. Née
en 2012, cette start-up est spécia-
lisée dans l’extraction du lithium
à partir de saumures. Dans le dé-
tail, Adionics a développé un
procédé pour capter le métal
blanc avec un liquide innovant
baptisé Flionex. Elle assure que
son rendement est « souvent su-
périeur à 95 % », observe Gabriel
Toffani, le dirigeant argentin de
la start-up. Adionics affirme par
ailleurs que sa technologie est
beaucoup moins gourmande
en ressources. « Nous utilisons
dix à quinze fois moins d’eau
douce que d’autres procédés DLE
(Direct Lithium Extraction). Et
une fois que nous avons retiré le
lithium, nous rendons la totalité
de l’eau à la nature. »
Trois pilotes industriels
La start-up a accéléré depuis
2021 en lançant trois pilotes in-
dustriels. Le plus gros, installé à
Calais, produit l’équivalent de
250 tonnes par an. « Avec ces pi-
lotes, nous prouvons aux mi-
niers que nos procédés fonction-
nent », se réjouit le dirigeant. La
prochaine étape est de passer
au stade industriel. Pour cela, la
jeune pousse a bouclé une levée
de fonds de 25 millions d’euros
auprès de PSIM, Supernova, Cé-
leste Management et Ovive, ain-
si que le groupe chilien SQM.
« C’est le premier producteur de
lithium à partir de saumure,
avec 220.000 tonnes par an »,
rappelle le patron. La start-up a
déjà fait des « essais poussés »
avec son partenaire financier,
mais indique ne pas avoir signé
un contrat avec lui.
Le marché des DLE est en
pleine effervescence. Début
2024, le groupe français Eramet
va, par exemple, commencer à
extraire du lithium à partir des
saumures de Centenario, l’un
des « salars » les plus attractifs
en Argentine. Cette course de vi-
tesse implique d’avoir les reins
solides pour produire des volu-
mes significatifs et proposer des
prix compétitifs aux géants des
mines. Les besoins en lithium
ne cessent de grandir et pour-
raient atteindre 3,8 millions de
tonnes par an en 2035, contre
1 million aujourd’hui. « Si on ne
se dépêche pas à produire plus, la
demande va être beaucoup plus
forte que l’offre », alerte Gabriel
Toffani. A son échelle, Adionics
veut réduire le risque qu’un tel
scénario se produise. n
START-UP
La ruée des jeunes pousses
vers le reporting ESG
ÉCOSYSTÈME
Les logiciels
de mise en conformité
extra-financière
se multiplient
dans la French Tech.
Le secteur
se développe
dans un contexte
où la réglementation
est motrice
de changement
pour les entreprises
et les financiers.
Camille Wong
Dès 2024, ce sont environ 50.000 en-
treprises européennes qui devraient
être concernées par la future directi-
ve CSRD (Corporate Sustainability
Reporting Directive), qui révolu-
tionne le reporting extra-financier.
Un marché paneuropéen qui inclut
à la fois les entreprises mais aussi les
financiers, soumis, eux, au règle-
ment SFDR (Sustainable Finance
Disclosure Regulation). De quoi sus-
citer l’appétit des start-up, qui se
ruent vers le secteur, avec leurs spé-
cificités : collecte et/ou analyse de La directive européenne CSRD va être applicable pour les grandes entreprises dès 2024. Photo Shutterstock
données (climat, biodiversité, égali-
té femme homme, risques…), diffé- « La technologie est, par exemple, tamment accompagné par DS Avo- total de bilan. Ce sera ensuite au tour
rentes cibles (grands groupes, PME, utile pour les grandes entreprises et « En plus cats. L’entrepreneur vient de lancer des PME cotées en Bourse. Les socié-
gestionnaires de fonds…). les fonds qui ont des dizaines ou des un simulateur destiné à savoir si une tés non éligibles mais qui sont pres-
C’est le cas par exemple de Weefin, centaines de lignes d’investissement. Il
de la France, vous société va être éligible à la CSRD. tataires de services ou fournisseurs
une jeune pousse fondée par des an- faut créer l’information et la consoli- avez des solutions « C’est un texte très nouveau et difficile auprès de grands comptes (eux-mê-
ciens de la banque et de la finance, der. Mais pour réussir cela, il faut être au Royaume-Uni, à comprendre. Ensuite, beaucoup mes soumis au reporting extra-fi-
qui vient de lever 7 millions d’euros mature et j’ai du mal à imaginer cette en Allemagne, d’entreprises découvrent qu’elles sont nancier) seront aussi, par extension,
avec Iris et Ring Capital. « L’ESG n’a maturité pour des start-up qui ont un soumises à la réglementation », pour- évaluées sur des critères extra-fi-
aucun intérêt si c’est seulement pour an d’existence », tacle de son côté en Belgique… suit le patron, qui cible les PME et les nanciers. « Celles pour qui les enjeux
cocher des cases. Elle doit être utile en Yannick Grandjean. Plutôt que de C’est vraiment ETI. La directive européenne CSRD de durabilité ne font pas partie des
permettant de transformer l’entre- confronter les cabinets de conseils, la guerre. » va être applicable pour les grandes priorités prennent vraiment le risque
prise et d’améliorer les pratiques », certains acteurs comme SustainSoft entreprises dès 2024. Le seuil va en- que, demain, elles ne puissent plus ré-
YANNICK GRANDJEAN
avance Grégoire Hug, qui a fondé décident de travailler avec eux. suite être abaissé l’année suivante pondre à des appels d’offres », avait
fondateur de Sisra
Weefin en 2018. Son angle ? S’atta- « Nous développons l’outil, mais la aux entreprises européennes qui alerté dans « Les Echos » Marianne
quer aux institutions financières partie conseil est assurée par nos par- remplissent deux critères : 250 sala- Tordeux Bitker, directrice des affai-
(banques, assurances, fonds…) qui tenaires », glisse Jules Pigassou, le riés, 40 millions d’euros de chiffre res publiques de France Digitale, le
agrègent un volume considérable cofondateur de la société, qui est no- d’affaires ou 20 millions d’euros au lobby des start-up. n
et hétérogène de données.
« C’est un Far West »
« Le timing est bon, et le choix vertical.
Les logiciels très horizontaux ont plus
difficilement une croissance rapide,
lobal
avec une course aux moyens, une ogène renouvelable
concurrence rude et des prix tirés vers
le bas », estime Gil Doukhan, associé pour décarboner rie
chez Iris. Et il y a de quoi : Blackrock et les mobilité ropéennes ir gy
ou Bloomberg pour la finance, les
cabinets de conseil traditionnels, les
gros acteurs de la tech comme Ten-
naxia (racheté par Marlin Equity Normandie
Grand
Partners), les start-up récentes Ile de Est
(Greenscope, Apiday, Fingreen AI, France
Sustainsoft…) mais aussi des plus
matures comme Sweep, financée à
hauteur de 100 millions de dollars, Objectif couvrir 20% des
qui a lancé il y a quelques mois un besoins en hydrogène
module spécial CSRD. « C’est un Far renouvelable français
West. En plus de la France, vous avez
des solutions au Royaume-Uni, en Al- Bordeaux
AURA
lemagne, en Belgique… Les grands Islande PACA
groupes du secteur s’y mettent aussi.
C’est vraiment la guerre, et cela va être Occitanie
un bain de sang », prédit Yannick
Grandjean, fondateur de Sisra (qui
e
édite reporting 21), société de conseil e unité
et logiciel dans le secteur revendue de productio 840 MW
l’année dernière à Cority (logiciel).
« Le marché a explosé ces deux
dernières années, mais ce ne sera pas
“winner takes all” [le gagnant
remporte tout, NDLR]. Il y a trop de
cas d’usage, le sujet va beaucoup se
verticaliser », estime de son côté Brésil
Louis Frank, le fondateur de Fin-
green AI. Un phénomène en miroir
de leurs cousins, les logiciels de
comptabilité carbone à destination
des entreprises qui se verticalisent ECEM HYD’OCC
de plus en plus (mode, alimentaire,
construction…). Fingreen AI, elle,
e re phase (20 MW
cible les acteurs financiers privés de ande unité
(capital-risque, private equity, fa- d’h de production d’hydrogène
mily offices) en intégrant l’ESG
dans les décisions et le suivi de leurs
2,24 GW cha renouvelable e
investissements.
 Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 24
HIGH-TECH&MEDIAS

ChatGPT : l’an un
de la révolution de l’IA
pour les entreprises
l Nombre de sociétés s’essayent à l’intelligence artificielle générative.
l Mais les nouvelles technologies n’ont pas bouleversé les organisations
– pas encore, du moins.
INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE
Florian Dèbes
et Marina Alcaraz
ChatGPT, un succès en accéléré
auprès du grand public – mais quid
des entreprises ? Présenté à son lan-
cement il y a un an presque jour
pour jour comme porteur d’une
véritable révolution du travail – avec
la disparition de nombreuses pro-
fessions en conséquence –, le chat-
bot devenu célèbre pour ses capa-
cités à répondre à des questions
complexes en imitant à l’écrit le rai-
sonnement des humains a fait son
entrée dans les entreprises. Mais
pas encore de manière massive.
« Un grand groupe multinational
comme ceux du CAC 40 peut espérer
gagner en dix ans 1 milliard de dollars
annuel en productivité grâce à l’intel-
ligence artificielle générative, à raison
de 100 millions de dollars par an »,
estime Sylvain Duranton, le patron
de BCG X, l’entité tech installée à
Paris du cabinet de conseil améri-
cain. Mais, dans un contexte macro-
économique difficile, tous n’ont pas
cédé à cette douce musique. Cet été,
le groupe de consulting reconnais-
sait lui-même que 50 % des mem-
bres de comités exécutifs dans le
monde décourageaient activement
l’utilisation du chatbot.
Au milieu du gué
Après divers entretiens menés par
« Les Echos », les entreprises fran-
çaises semblent au milieu du gué.
Au doigt mouillé, les experts consi-
dèrent qu’environ 15 % des entrepri-
ses se sont penchées sur les oppor-
tunités de l’IA générative. Mais tous
les grands groupes ont regardé de
plus ou moins près, pour leurs fonc-
tions marketing mais aussi commu-
nication, RH, comptabilité et même
stratégie… Les consultants et les
cabinets d’avocats ont eux aussi
commencé à faire de l’IA un outil
de productivité.
Les salariés enthousiastes
De nombreux grands noms de
l’industrie et des services français
n’hésitent plus à s’y frotter, d’AXA à
Société Générale, de La Poste à
Randstad, de Coca-Cola à Carrefour,
en passant par L’Oréal. « Les princi-
paux cas d’usage sont la génération de
contenus, la synthèse de documents,
la réponse à des appels d’offres, la
recherche d’informations en langage
naturel dans des bases de données, des
agents augmentés pour un meilleur
service client ainsi que des sujets
d’accessibilité », résume Nicolas
Gaudemet, associé chez Onepoint.
Une sorte d’assistant omniscient
donc pour « des tâches augmentées »,
comme le décrit Marcin Detyniecki,
responsable de l’IA chez AXA.
« Il y a eu un
engouement
certain puis
énormément
de questions
sur l’emploi et la
sécurité, c’est alors
que beaucoup
de démons
ont ressurgi. »
CORINE DE BILBAO
Présidente pour la France
de Microsoft
L’adoption de ces nouveaux outils
n’a pas été aisée. Il y a un an, Chat-
GPT avait d’abord créé la stupeur
chez les dirigeants. « C’est très vite
devenu un sujet de directeur géné-
ral », se souvient Aimé Lachapelle,
fondateur d’Emerton Data, un autre
cabinet de conseils.
Les patrons passent alors des
heures en « réunion d’idéation »,
tout aussi inquiets qu’emballés. Cer-
taines tâches aujourd’hui externali-
sées pourront être réinternalisées
pour moins cher. D’autres fonctions
deviendront inutiles à l’avenir.
Pendant ce temps, des salariés ne
se posent pas ces questions et adop-
tent ChatGPT sans attendre l’autori-
sation de leur hiérarchie. Selon une
toute récente étude de Salesforce,
la moitié des employés français
(49 %) ont même eu recours à des
outils que leur entreprise a expli-
citement interdits.
« Pris de court »
« Il y a eu un engouement certain
puis énormément de questions sur
l’emploi et la sécurité, c’est alors que
beaucoup de démons ont ressurgi »,
raconte Corine de Bilbao, la prési-
dente pour la France de Microsoft, le
premier partenaire d’OpenAI. A la
fin de l’hiver dernier, les dirigeants
français – qui, durant la décennie
passée, avaient déjà pris davantage
de temps que leurs concurrents
anglo-saxons pour se mettre au
« cloud computing » (l’informati-
que tout en ligne) –, jugent urgent
d’attendre avant de se lancer. Des
épisodes de fuites de données via le
chatbot les confortent dans leur
prudence. Le prix des logiciels et
une régulation en devenir les
effraient aussi.
Mais les attentes de certains sala-
riés précurseurs convainquent tout
de même certains d’essayer. « Pour
être franc, nous avons été un peu pris
de court », reconnaissait il y a quel-
ques semaines Vincent Arcin, le
directeur du numérique de Chanel
pour l’Europe. Dans de nombreuses
entreprises, des dizaines voire par-
fois des centaines de collaborateurs
sont équipés et missionnés en grou-
pes de travail. « L’utilisation de l’IA
n’est pas nouvelle, notamment dans
les entreprises. Mais ChatGPT a eu la
capacité de la démocratiser, de la sor-
tir des services informatiques »,
résume Frédéric Josué, consultant
spécialisé sur les innovations tech-
nologies, président de 18M.
« Ces derniers mois, c’était comme
au début des années 2000 quand les
dirigeants se demandaient s’il fallait
donner un accès Internet à chaque
collaborateur », relativise Sylvain
Duranton. Finalement, l’expert du
BCG voit arriver de nombreux pro-
jets, y compris en France. En quête
de productivité, beaucoup d’entre-
prises commencent par acheter des
logiciels dopés à l’intelligence artifi-
cielle générative, comme Copilot
de Microsoft ou Duet AI de Google.
La période est porteuse pour les
cabinets de conseil. Car il faudra de
l’accompagnement et de la forma-
tion : plus de la moitié des gains de
productivité identifiés nécessitent
selon le BCG d’aller plus loin. Notam-
ment en réorganisant entièrement
certaines fonctions, par exemple les
La date
call centers ou les services informa-
tiques. Après des mois de tests, ces
projets devraient aboutir cou-
OpenAI doit r
rant 2024 et pourraient alors pous-
ser à la porte ou à la reconversion
professionnelle nombre de salariés.
2022
Le robot conversationnel
Le licenciement temporaire
de Sam Altman a mis à nu
ChatGPT a été lancé il y a les divisions au sein de la
Lire l’éditorial presque un an, le 30 novembre. start-up. Pour survivre, elle
( de David Barroux
Page 14
devra clarifier sa stratégie
et éventuellement abandon-
ner l’idéalisme scientifique
au profit de choix commer-

Les usages concrets de la technologie se multiplient ciaux plus pragmatiques.

Leïla Marchand

Synthétiser des échanges,

transcrire des réunions ou
des entretiens, répondre à
des appels d’offres, recher-
cher dans des documents,
concevoir des produits… L’IA
inspire les collaborateurs
et permet d’aller plus vite.
cloud…). Selon le spécialiste, « la
plupart des grands groupes réfléchis-
sent à utiliser l’IA générative dans
leur process, mais tout le monde n’est
pas prêt : il faut avoir les niveaux de
sécurité adéquats, le cloud, les équi-
pes nécessaires, etc. ».
cela décharge le consultant de la prise
de notes », reprend le manager. Il
voit l’IA comme un excellent « assis-
tant » qui pourra aussi suggérer des
questions.
Randstad, qui a déjà un chatbot
sur son site à destination des candi-
dats, ambitionne de le rendre
d’embauche ? « Il n’y a pas de raison
qu’un jour, cela ne se fasse pas »,
conclut Christophe Montagnon.
• ONEPOINT
L’IA À TOUT FAIRE
Rien de tel pour convaincre ses
clients que de s’y essayer soi-même.
•L’IACOCA-COLA
DANS LE MARKETING
Le fabricant américain de soda a
rapidement vu le potentiel de
l’intelligence artificielle généra-
tive appliquée au marketing. Sa
dernière saveur en date, qui a été
baptisée « Y3000 » – une référence
Avec le retour de Sam Altman à la
tête d’OpenAI, quelques jours
après son éviction aussi inattendue
que brutale, il pourrait sembler
naturel que la start-up reprenne
simplement ses affaires là où elle
les avait laissées. Il n’en est rien.
Un an après le lancement de

• AXA
L’IA POUR OPTIMISER
LA FORCE DE TRAVAIL
AXA a voulu prendre à bras-le-
corps l’IA générative. Au cours de
l’été, l’assureur a déployé AXA
Secure GPT, désormais accessible à
32.000 collaborateurs, et, dans les
prochains mois, 100.000 personnes
dans le monde.
L’outil permet de résumer des
contenus mais aussi des échanges
(si un dossier change de main, par
exemple). Il permet, entre autres,
d’analyser le « feedback » des utili-
sateurs sur les réseaux sociaux.
« Tout cela permet à nos collabora-
teurs de refocaliser leurs efforts sur
les tâches à plus forte valeur ajou-
tée », explique Marcin Detyniecki,
responsable de l’IA chez AXA.
Le groupe travaille sur d’autres
cas d’usage : le tri des mails ou
encore l’analyse des contrats, très
utile dans ce secteur. AXA investit
au total 1,2 milliard d’euros dans la
digitalisation (déploiement de l’IA,
• RANDSTAD
L’IA APPLIQUÉE
AU RECRUTEMENT
Dans l’univers du recrutement, les
outils d’IA sont de plus en plus utili-
sés. Le cabinet Randstad, spécia-
liste en ressources humaines et
connu dans l’intérim, se sert de l’IA
générative notamment pour écrire
les fiches de poste.
Le consultant renseigne diffé-
rents champs (type de poste, région,
dates, etc.) et le robot propose diffé-
rentes offres (que le consultant
valide ou modifie en interagissant
avec le robot). « Avant, écrire une
offre prenait une vingtaine de minu-
tes, maintenant c’est environ cinq »,
se félicite Christophe Montagnon,
chief digital officer de la société.
Une « grande majorité » des
consultants utilisent cette facilité.
Par ailleurs, l’entreprise travaille
sur d’autres usages de l’IA pour
répondre aux appels d’offres ou
retranscrire des entretiens
d’embauche pour 2024. « On a une
garantie d’exhaustivité avec l’IA et
encore plus performant avec l’IA
générative pour lui permettre de
répondre à des questions person-
nalisées sur les fiches de paie ou les
congés en langage naturel. « A par-
tir du moment où elle a toute la docu-
mentation, l’IA peut répondre à
tout. » Et, dans le futur, un robot
pour réaliser les entretiens
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
La révolution ChatGPT
Qui sortira gagnant de la
bataille de l’IA ? et OpenAI : la
folle semaine de Sam Altman
dans « La Story », le podcast
d’actualité des « Echos ».
Onepoint a d’abord conçu un outil
d’IA pour lui-même, qu’il déploie
chez ses clients. Le cabinet de
conseil a mis en place une IA pour
3.500 collaborateurs, baptisée
« Neo » (en référence au film
« Matrix »), depuis quelques mois.
Neo permet de synthétiser des
textes, d’analyser des contrats (véri-
fier qu’il y a telle ou telle clause…),
d’écrire les entretiens de nouveaux
candidats à l’embauche (à partir
d’un enregistrement audio ou de
notes prises à la volée), d’aller cher-
cher des documents dans la base de
données de l’entreprise et de « dis-
cuter » avec ces documents (poser
des questions en langage naturel à
des dossiers et retrouver des répon-
ses), d’analyser des tableaux, etc.
« On gagne du temps et on monte
en qualité : nos recherches sont plus
complètes », explique Nicolas Gau-
demet, associé chargé de l’IA chez
Onepoint. Il a estimé à environ 15 %
le gain de productivité sur une jour-
née – pour une personne sachant se
servir de l’outil.
à la lointaine année 3000 –, a été
concoctée avec l’aide de l’intelli-
gence artificielle. « Designée »
façon science-fiction, sa nouvelle
canette a été commercialisée
en édition limitée à la rentrée,
avec pour but de séduire les nou-
velles générations.
La marque a poussé le concept
plus loin en y apposant un QR code
amenant vers un site Web basé
sur le générateur d’images Stable
Diffusion et convertisseur de
photos en images futuristes.
Au printemps, le géant de la bois-
son avait déjà annoncé une colla-
boration avec OpenAI et Bain &
Company en créant une campagne
marketing d’un nouveau genre :
une plateforme combinant les
capacités de GPT-4 et de Dall-E invi-
tant les artistes à créer des œuvres
d’art à partir d’archives de Coca-
Cola. Plus de 120.000 images ont été
générées, dont 300 projetées sur
des panneaux d’affichage à Times
Square, à New York.
— M. A. et Le. M.
ChatGPT, le robot conversationnel
qui a fait sa renommée mondiale,
la société se retrouve face à une
crise de gouvernance, voire à une
crise existentielle qui couvait
depuis des années. La première
tâche du nouveau conseil d’admi-
nistration – dont la composition
exacte n’est pas fixée – sera d’éclair-
cir la feuille de route de l’entre-
prise : contrôler les progrès de l’IA
– potentiellement dangereuse
pour l’humanité – ou accélérer
son développement commercial ?
Car lorsqu’elle a été cofondée
en 2015 par une dizaine de « cer-
veaux » spécialistes de l’informati-
que ou d’entrepreneurs tel qu’Elon
Musk, la société se présentait
comme un « laboratoire » de l’IA,
indépendant des Big Tech. « Notre
objectif est de faire progresser l’intel-
ligence numérique de la manière la
plus susceptible de bénéficier à
l’humanité dans son ensemble, sans
être contraint par la nécessité de
générer un rendement financier »,
pouvait-on lire à l’époque sur le
 25 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023 HIGH-TECH & MEDIAS

Microsoft leader dans l’intelligence

artificielle pour les sociétés
Sa nouvelle suite Copilot
est déjà testée par
600 géants mondiaux.
Mais cela reste généraliste
face à de nouveaux modèles
d’IA hyperspécialisés.
Raphaël Balenieri
« On a découvert le traitement de
texte avec Word, les slides avec Power-
Point, le calcul avec Excel, la visio avec
Teams. Est-ce que Microsoft arrivera
à faire de même pour l’intelligence
artificielle ? » Pour Stéphane Distin-
guin, associé chez EY Fabernovel, la
question est surtout rhétorique.
Un an après le phénomène Chat-
GPT, le robot d’IA générative d’Ope-
nAI dans lequel Microsoft a investi
plus de 10 milliards de dollars, le
géant de l’informatique est selon lui
« parmi les mieux placés pour popu-
lariser l’IA dans les entreprises ».
Avec sa nouvelle offre Copilot 365,
lancée début novembre, le groupe
américain a marqué un point
important. Le géant a intégré l’IA
dans la suite logicielle (Word,
Teams, Excel, etc.) la plus utilisée au
monde pour 30 euros supplémen-
taires par utilisateur et par mois.
Le dilemme « make
or buy »
Certes, l’offre est réservée aux gran-
des entreprises qui payent déjà pour
les licences les plus complètes.
600 poids lourds, dont Orange,
Honda, Pfizer ou KPMG, expéri-
mentent les premiers cas d’usages :
rédaction automatique de mails,
comptes rendus de réunions, analy-
ses de tableur Excel… Mais à terme,
Fabernovel s’attend à ce que la moi-
tié des salariés, dans les entreprises
qui ont les licences les plus récentes,
utilisent ces fonctionnalités.
Les experts considèrent qu’environ 15 % Et pour cause. « Microsoft Copi-
Shutterstock
aujourd’hui. Mais il a un prix.
30 euros par salarié et par mois, dans
une banque ou un assureur qui a typi-
quement 100.000 collaborateurs, cela
fait 36 millions d’euros », rappelle
Aimé Lachapelle, associé chez
Emerton Data.
« Face à ce coût, les entreprises doi-
vent trancher : acheter une suite logi-
cielle toute faite, ou recourir à des
modèles d’IA générative disponibles
en open source [comme ceux de
Facebook ou du français Mistral AI,
NDLR] qui, en plus, nécessitent peu
d’intégration. Elles sont dans un
dilemme “make or buy” », poursuit-il
Si Microsoft a pris le plus d’avance
et de visibilité dans l’IA générative
grâce à son investissement dans
OpenAI et à son énorme base client
historique, Meta (avec ses modèles
en open source Llama) ou Google
(avec Bard) ne sont pas en reste. Les
deux géants ciblent aussi les entre-
prises. Amazon, lui, a promis
d’investir jusqu’à 4 milliards de
dollars dans Anthropic, une
start-up de San Francisco, grande
rivale d’OpenAI.
Depuis septembre, Claude, le
modèle d’Anthropic, est même dis-
ponible d’office pour tous les clients
d’Amazon Web Services. A cela
s’ajoute enfin l’offre payante pour les
RETROUVEZ AUSSI
NOTRE VIDÉO
Flashez ce QR code
pour visionner notre vidéo
D’Alan Turing à ChatGPT :
entreprises d’OpenAI, donnant
accès à un traitement deux fois plus
rapide et à de meilleures garanties
de sécurité, lancée cet été.
« En plus de Microsoft Copilot,
nous testons les solutions d’OpenAI et
d’autres start-up. Il faut absolument
comparer les solutions pour voir ce
qui est plus mature et robuste »,
témoigne Aliette Mousnier-Lom-
pré, la PDG d’Orange Business. Il
faut ajouter que le départ précipité
de Sam Altman, même s’il a été bien
géré par Microsoft, a montré que le
géant américain n’est pas totale-
ment maître à bord.
Des modèles très spécialisés
Pour les usages encore plus spécifi-
ques, le marché est encore plus
ouvert. De nombreuses start-up
entraînent des modèles d’IA en
open source avec les données de
leurs clients. C’est le cas, par exem-
ple, du français LightOn ou d’Insta-
Deep, une start-up franco-tuni-
sienne rachetée par BioNTech pour
635 millions d’euros.
« C’est là que l’apport de l’IA
devient différenciant et augmente la
compétitivité, par opposition aux
modèles généralistes entraînés sur
des données publiques », assure
Karim Beguir, PDG et fondateur
d’InstaDeep. « Mais cela nécessite
d’innover main dans la main avec le
client, alors que les géants américains
veulent plutôt vendre des solutions à
grande échelle. »
Reste enfin le marché de l’IA pré-
dictive, celle qui permet d’anticiper
les pannes ou de tester les vaccins
qui marchent, par exemple. Sur ce
marché préexistant aux derniè-
res avancées de l’IA générative, la
compétition est rude depuis long-
temps entre champions du cloud et
start-up spécialisée par secteur
d’activité. IA prédictive et IA généra-

des entreprises se sont penchées lot 365 est extrêmement facile et l’histoire de l’intelligence tive étant appelées à se compléter
sur les opportunités de l’IA générative. rapide à activer. C’est le modèle le artificielle en 7 dates clés chez les clients, la bataille risque
plus performant sur le marché d’ailleurs de s’intensifier. n

ésoudre ses contradictions « Rendre les IA plus factuelles reste

site Internet de la société, qui pro-
mettait de rendre tous ses résultats
publics et accessibles à tous.
Malgré sa bonne volonté, la
start-up s’est rapidement retrou-
vée face à une équation impossi-
ble : allier son statut d’organisation
à but non lucratif et sa très coû-
teuse activité. Selon Bloomberg,
certains de ses 770 employés
gagnent jusqu’à 800.000 dollars
par an, tandis que les coûts
d’infrastructure de ChatGPT se
situent entre 500.000 et 1 million
de dollars par jour.
Un virage commercial
à marche forcée
Passage à un statut d’organisation
à but lucratif « plafonnée » en 2019,
partenariat avec Microsoft, com-
mercialisation de son premier
produit avec l’API de GPT-3
en 2020… Progressivement, sans
jamais le dire franchement, Open-
AI a entamé un virage commercial
qui a culminé ces derniers mois
avec l’annonce d’un « GPT Store »
où seront mis en vente des chat-
bots personnalisés.
Grisé par le succès mondial de
ChatGPT – adopté par plus de
100 millions d’utilisateurs et infusé
dans toute la gamme de produit de
Microsoft, de Teams à Office en
passant par le moteur de recher-
che Bing –, Sam Altman envisa-
geait même depuis plusieurs
semaines de créer le smartphone
du futur, dopé à l’IA, et réfléchissait
à produire ses propres puces spé-
cialisées, capables de concurren-
cer celles de Nvidia. Avec une valo-
risation sur le point de passer à
90 milliards de dollars, l’entrepre-
neur se sentait pousser des ailes
face aux géants de la tech. Le
court à cette folle course. Même si
les détails n’ont pas été rendus
publics, Ilya Sutskever, directeur
scientifique et membre du conseil,
aurait joué un rôle décisif dans son
éviction. Ce génie de l’IA était
connu pour être très attaché à
un développement contrôlé de la
technologie, « aligné » sur « les
intérêts pour l’humanité ».
Ce « coup d’Etat manqué » aura
finalement accéléré ce qu’il cher-
chait à empêcher. Sam Altman
désormais réintégré à son poste de
PDG, le camp du « business » sem-
ble l’avoir emporté sur celui de
la science. Le nouveau conseil
d’administration ne compte plus
Ilya Sutskever parmi ses membres,
ni d’autres comme Helen Toner,
partisane d’un développement
prudent de la technologie.
Le nouveau président, Bret Tay-
lor, ancien co-PDG de Salesforce,
est un habitué des conseils d’admi-
nistration, de même que Larry
Summers, ancien secrétaire au
Trésor américain, qui siégera au
nouveau board. Leurs opinions
sur la place à accorder à la sécurité
dans l’IA ne sont pas connues,
mais ils devraient être plus récep-
tifs que leurs prédécesseurs aux
ambitions de Sam Altman.
D’autant que celui-ci ressort ren-
forcé de cette séquence, auréolé
par le soutien d’une majorité de ses
employés, qui ont menacé de
démissionner s’il ne revenait pas.
Le chantier pour développer
GPT-5, la nouvelle génération de
son modèle de langage, devrait
reprendre à plein régime. D’autant
plus que Microsoft, dont la straté-
gie d’IA repose sur la technologie
de la start-up, devrait également
être représenté au nouveau
une vraie question scientifique à régler »
Depuis la sortie de ChatGPT
il y a un an, la recherche en IA
générative a-t-elle progressé ?
Malheureusement, de plus en plus
de grands acteurs de la discipline, et
notamment les grandes entrepri-
ses américaines, publient de moins
en moins. C’est donc devenu diffi-
cile de savoir où ils en sont. La der-
nière grande publication impor-
tante date de 2020, avec la sortie de
GPT-3, lancé par OpenAI – même si
la recherche publiée en 2022 pour
rendre ce grand modèle de lan-
gage (LLM) accessible via le robot
conversationnel ChatGPT est éga-
lement intéressante. Cela étant dit,
mon ressenti et celui de beaucoup
de mes confrères est que les LLM
sous-jacents aux robots comme
ChatGPT se sont beaucoup amélio-
rés depuis un an.
Ce type d’IA arrive-t-elle
au bout de son potentiel ?
Non. Augmenter la taille du
modèle, en particulier celle du jeu
de données d’entraînement, mar-
che toujours très bien. Ce n’est
d’ailleurs pas si facile de concevoir
l’architecture qui le permet. Ainsi,
il y a des rumeurs selon lesquelles
GPT-4 n’est pas un seul modèle
mais un mix de 16 modèles sollici-
tés en fonction des requêtes (un
pour le code informatique, un
autre pour les langues…).
Quelles sont les avancées
étudiées en ce moment ?
Une des directions de recherche
qui nous intéresse beaucoup à
Kyutai est l’utilisation d’outils pour
augmenter les LLM. Par exemple,
EDOUARD GRAVE
Chercheur
chez Kyutai
dits de « retrieval » qui permettent
de solliciter les bonnes sources
pour générer des réponses préci-
ses : savoir quand mobiliser ce
module, s’assurer de la pertinence
des documents consultés, prendre
en compte des événements de
l’actualité (le président d’un pays a
été remplacé, par exemple), citer
ses sources… Rendre les modèles
plus factuels et limiter les « halluci-
nations » est une vraie question
scientifique pas du tout réglée.
Un autre grand sujet sur la table
est de donner aux LLM la capacité
dite de « planning ». Aujourd’hui,
ils ne font que prédire le mot sui-
vant, sans réellement construire
une démonstration comme un
humain poserait ses idées en déter-
minant le plan d’un texte. Enfin, je
pourrais citer la recherche sur
l’entraînement « multimodal » des
LLM. Il s’agit là de leur faire maîtri-
ser tous les médias (texte, image,
vidéo, sons…) pour qu’ils les utili-
sent et les interprètent ensemble
dans leurs réponses à des requêtes.
Certains cherchent à créer
synthétiquement des données
d’entraînement des modèles.
Qu’en pensez-vous ?
L’entraînement des LLM a néces-
sité jusqu’à maintenant beaucoup
d’interventions humaines pour
que le LLM apprenne quel type de
réponses est le plus attendu pour
DR
coup cherchent des astuces pour
aller plus vite. Des chercheurs aca-
démiques mais aussi des sociétés
comme Anthropic utilisent des
LLM tels que Claude ou ChatGPT
pour entraîner les modèles et les
ajuster. On pourrait penser que
cela démultiplie les risques
d’erreurs. Mais sur des raisonne-
ments logiques (des problèmes
mathématiques, par exemple),
c’est facile à vérifier. Et on s’aperçoit
que le modèle, qui a absorbé beau-
coup de forums de discussions
avec des débats sur la Toile, est
capable de se corriger lui-même.
Est-on loin de l’intelligence
artificielle générale (AGI) ?
Je ne sais pas si les LLM peuvent
être améliorés pour atteindre ce
degré d’intelligence. Certains cher-
chent à donner la capacité à des IA,
« Certains cherchent
à donner la capacité
à des IA d’avoir
des représentations
abstraites, les mots
venant dans
un second temps. »
quelles qu’elles soient, d’avoir des
représentations abstraites, les mots
venant dans un second temps. Mais
il n’y a pas eu de percées dans ce
domaine, que je sache. Cela dit,
l’AGI englobe beaucoup de choses.
D’une certaine manière, les LLM
sont déjà une forme d’IA, disons,
généraliste. On est très loin en
revanche d’un système plus intel-
ligent que les humains sur tous les
sujets. Ce sont des modèles com-
plexes mais pour la quasi-totalité
de leurs capacités, on peut avoir
une idée des données sur laquelle
ils s’appuient pour donner tel ou
tel résultat.
Face aux géants américains et
chinois, que peuvent apporter
des challengers français tels
Kyutai, dans la recherche, ou
Mistral AI dans les affaires ?
Dans des entreprises comme
OpenAI, il y a de fortes tensions
entre la recherche et la division
produit. Chez Kyutai, nous serons
dédiés à la recherche, c’est une des
raisons pour lesquelles je suis là.
Quant aux grandes entreprises
américaines de l’IA, elles tra-
vaillent beaucoup sur la mise à la
plus grande échelle (« scaling »)
possible de leur modèle. Il y a plein
d’autres sujets, et pas seulement
sur le plan scientifique. Ainsi, des
organisations comme OpenAI ne
regarderont pas, ou à la marge, des
modèles que l’on personnalisera
sur son ordinateur ou son smart-
phone. Beaucoup d’entreprises ne
voudront en outre pas des clouds et
des infrastructures des Gafa.

conseil d’administration a coupé conseil d’administration. n nous travaillons sur des modules chaque type de requêtes. Beau- Propos recueillis par Fl. D. et N. M.

PME&REGIONS
Ces PME qui créent des logements
pour attirer les salariés
l Face aux difficultés pour se loger, des petites entreprises construisent des immeubles ou achètent des biens.
l Mais ces solutions se révèlent coûteuses et très complexes à gérer sur le plan juridique.
EMPLOI
Guillaume Roussange
— Correspondant à Rennes
Lancer une campagne de recrute-
ment, sélectionner le profil ad hoc,
s’accorder sur la rémunération et,
finalement, recevoir un message du
candidat renonçant au poste « faute
d’avoir pu trouver un logement à un
prix abordable ». Cette année, Soco-
more, le spécialiste breton des pro-
duits chimiques innovants, a vécu
deux fois cette mésaventure. « Tou-
tes les catégories socioprofessionnel-
les sont désormais concernées, les
services d’Action Logement ne les ac-
compagnant plus sur le sujet », dé-
plore le groupe aux 100 millions
d’euros de chiffre d’affaires.
Face à cette situation, son prési-
dent, Frédéric Lescure, a pris le tau-
reau par les cornes. Et lancé l’étude
d’un montage juridique permettant
la construction d’un bâtiment de 15
à 20 logements réservés aux futurs
collaborateurs – stagiaires, alter-
nants, agents de maîtrise ou cadres
– pour des durées de 12 à 24 mois
maximum. Le projet, qui devrait
coûter 3 millions d’euros, pourrait
être porté par un pool bancaire et
Socopolis, la société codétenue par
Socomore et 208 de ses salariés,
déjà propriétaire du siège, à Vannes.
« Le process étant très long, le lance-
ment de la construction devrait s’éta-
blir fin 2025 pour une livraison
en 2027 », indique le groupe.
L’exemple de Socomore illustre
les préoccupations croissantes des
PME et ETI autour de la question du
logement, sur fond de chômage his-
toriquement bas et de marché de la
construction en berne. « Ces initiati-
ves se multiplient dans des secteurs
dynamiques sur le plan économique,
mais où le marché immobilier est
tendu », analyse Annaïg Le Meur, la
députée Renaissance du Finistère,
auteure d’un récent rapport sur le
lien emploi-logement. « C’est le cas à
Quimper, où Entech, un spécialiste
des énergies renouvelables, réfléchit à
des solutions d’hébergement de ses
salariés », explique-t-elle.
Alors que toutes sont contraintes
de jouer des coudes face à la pénu-
Quand les collectivités locales louent aux entreprises
Face aux tensions
sur le marché locatif,
des intercommunalités et
des communes investissent
dans des logements
à destination des salariés.
Laurent Thévenin
Trois chambres, dont deux gran-
des, dans un mobil-home haut de
gamme d’environ 40 m2. Face à l’in-
suffisance de l’offre locative sur son
territoire, la communauté de
communes de Loudéac, dans les
Côtes-d’Armor, a décidé d’investir
dans des « résidences relais mobi-
les » qu’elle louera à des entreprises
qui les sous-loueront à leurs sala-
riés. La première – construite par
une entreprise du cru, Louisiane –
sera mise en service début 2024.
La collectivité locale vient de lan-
cer un marché public pour en com-
mander quatre et prévoit d’en avoir
dix dans les deux ans à venir. Avec
ce nouveau « service aux entrepri-
ses », la communauté de commu-
nes pourra désormais « répondre
très vite aux besoins au plus près des
zones d’activité », met en avant Xa-
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 26
rie de main-d’œuvre, certaines
PME cumulent les « handicaps ».
En particulier, celles spécialisées
dans l’industrie et implantées en
dehors des grandes aggloméra-
tions. Parmi elles : Axon Câble, ins-
tallée à Montmirail, un petit bourg
de la Marne à une demi-heure de
Château-Thierry et à une heure de
Reims. Pour y attirer ses salariés, le
fabricant de matériels électroni-
ques pour l’aéronautique et le spa-
tial a acquis des pavillons, dès les
années 1980. L’expérience a fait ses
preuves, le groupe, qui totalise
850 salariés en France et 100 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires,
étant parvenu à croître fortement
malgré cette implantation rurale.
Comme lui, d’autres PME ont dû
se décider à jouer les aménageurs.
A l’image de l’outilleur Catoire-
Semi installé à Martizay, à 50 kilo-
mètres de Châteauroux, dans l’In-
dre, qui s’est résolu à investir
Lourdel Lionel / Hemis / AFP
200.000 euros dans un corps de fer-
me. Là encore, l’objectif était d’offrir
une solution d’hébergement à bas
coût aux jeunes en formation. Dans
l’espoir de les retenir.
Une stratégie pragmatique
Pour les entreprises, ces solutions Dès les années 1980, Axon Câble, installée à Montmirail, dans la Marne, a acquis des pavillons pour attirer la main-d’œuvre.
font figure de grand bond en arriè-
re. Tout au long du XXe siècle, elles
n’ont eu de cesse de se désengager
de la gestion directe de l’habitat des
salariés, symbole de la révolution
Le tout dans des délais très courts,
inconciliables avec le temps des col-
lectivités. Et parfois même avec
dalités d’attribution du bien, la ges-
tion des litiges… « Le risque est de
renforcer la dépendance du salarié.
Le breton FenêtréA
industrielle. « L’extinction du pater-
nalisme, mais aussi la volonté de di-
leurs capacités financières, notam-
ment à la campagne. « Ces solutions
Les entreprises en ont conscience et
c’est pourquoi ces solutions sont
bâtit son lotissement
minuer les charges immobilières, ex- d’hébergement « maison » ne peu- souvent temporaires et leur gestion
pliquent ce retrait », analyse Jules- vent pas se généraliser. Elles font pe- confiée à un tiers », note Annaïg Le fabricant de fenêtres, triel contrarié, l’ETI familiale, qui
Mathieu Meunier, chercheur en ser un risque sur les entreprises », es- Le Meur. portes et volets va emploie 550 personnes et réalise
urbanisme à l’université Paris-Est time Annaïg Le Meur. Pour l’élue, d’autres leviers exis- construire quarante 90 millions de chiffre d’affaires, a
Créteil. tent pour réduire les tensions, com- maisons pour les louer décidé de créer son propre lotisse-
Pas question donc pour les PME D’autres leviers me des primes d’accession à la pro- aux collaborateurs ment. Un projet « collectif et soli-
bâtisseuses d’inventer la version 2.0 « C’est en effet très délicat, admet Ca- priété, des prêts subventionnés, des d’une nouvelle usine. daire », selon l’expression du PDG,
du coron nordiste ou du « Familis- roline Hilliet Le Branchu, patronne cautions « employeurs », ou les ré- puisque porté par une foncière as-
tère », la « cité idéale » de l’indus- de la conserverie La Belle-Iloise et sidences hôtelières à vocation so- Sans logement, pas de salariés ; sociant des salariés actionnaires.
triel Godin à Guise (Aisne). Leur présidente du club des ETI de Breta- ciale, utiles pour loger les tra- sans salariés, pas d’usine. CQFD. Son objet : permettre la création
stratégie se veut avant tout pragma- gne. Compte tenu des prix, construi- vailleurs saisonniers. Reste à les Un scenario inacceptable pour de quarante maisons, de trois à
tique et vise à répondre à l’urgence re dans certaines zones n’est pas coordonner et à les actionner rapi- Dominique Lamballe, le PDG de cinq pièces. Toutes seront louées –
du moment. Pour elles, les disposi- compatible avec une logique indus- dement. Selon une étude publiée en FenêtréA, bien décidé à aider les en priorité et pour dix ans maxi-
tifs mis en place par Action Loge- trielle. De même, il faut assurer la octobre par la plateforme de recru- recrues de sa prochaine usine à se mum – aux opérateurs de Fenê-
ment (héritier du 1 % patronal versé gestion du bien, alors que nous ne tement Hellowork, la crise du loge- loger. Le fabricant breton de fenê- tréA. « Selon un calendrier défini,
par les entreprises) sont trop loin- sommes pas des bailleurs sociaux », ment pourrait diminuer de moitié tres, portes et volets en alumi- nous mettrons une maison en vente
tains. Nichées dans les territoires, poursuit-elle. A ces difficultés la mobilité interrégionale des sala- nium ou PVC, investit quelque chaque trimestre. Ainsi, dans dix
elles connaissent une croissance ra- s’ajoutent des questions juridiques riés. Et, par ricochet, conduire les 30 millions d’euros dans une se- ans le projet s’éteindra de lui-mê-
pide et doivent satisfaire des be- concernant l’articulation entre le entreprises à renoncer à de nou- conde unité de production d’une me. Nous n’avons pas vocation à
soins en main-d’œuvre importants. contrat de travail et le bail, les mo- veaux recrutements. n surface de 11.000 m2, dont le dé- jouer les promoteurs », poursuit le
marrage est prévu en 2026. chef d’entreprise.
« Notre crainte était que les 60 à Le prix de vente sera conforme
100 nouveaux collaborateurs né-
cessaires à son lancement ne par-
viennent pas à se loger localement.
à la moyenne locale – 1.950 euros
du m2, terrain compris – afin de ne
pas impacter le secteur. « Ce chan-
L’expérience nous a appris qu’au- tier, qui représente quelques mil-
vier Hamon, son président (centre dans un ancien hôtel qu’elle a trans- ser les emprunts, précise l’élu. Autre delà de 25 kilomètres de distance, le lions d’euros, ne rentre pas dans les
droit). Originale, cette initiative res- formées en studios pour les louer à projet qui devrait voir le jour prix du gasoil et la fatigue finissent cases. Il faut donc une bonne dose
te un cas isolé. « L’aide au logement des entreprises. « On essaye de leur en 2024, la mairie envisage d’acqué- par avoir raison de leur motiva- d’énergie pour convaincre les ban-
des salariés est un sujet encore émer- donner un coup de main au prix le rir des mobil-homes dans un cam- tion », explique le dirigeant. La lo- ques et financeurs », déplore Do-
gent », relevait Intercommunalités moins cher possible », explique le ping pour y héberger des alternants. calisation du groupe n’arrange minique Lamballe. Qui souhaite
de France dans la dernière édition maire, Jean-Philippe Mas (sans éti- A Mayenne, la sous-préfecture rien à l’affaire. Comme le siège his- faire de cette expérience un exem-
de son enquête quinquennale sur quette), qui affirme vouloir faire feu du département éponyme, la com- torique, les nouveaux ateliers se- ple, sur le plan environnemental
l’action économique des intercom- de tout bois pour permettre la créa- munauté de communes vient ront situés à Beignon, commune notamment, duplicable à d’autres
munalités. tion de logements. Plus gros em- d’inaugurer une « maison des alter- d’un peu moins de 2.000 habi- entreprises de la région. « Nous
ployeur local, Somfy, le spécialiste nants » de 12 studios tout équipés tants à l’est du Morbihan. sommes prêts à partager nos ré-
Une « résidence relais » de l’automatisation des ouvertures non loin du centre-ville. De quoi, flexions, notamment sur le monta-
à Loudéac, en Bretagne et des fermetures des bâtiments, a selon elle, faciliter l’installation des « Collectif et solidaire » ge juridique, assez complexe, du
Loudéac Communauté, elle, n’en pris la moitié de ces logements, in- alternants et des apprentis, et donc Bordé au nord par la forêt de Bro- dossier », assure-t-il. Avec sa nou-
est pas à son coup d’essai. De- dique l’édile. de sécuriser leur recrutement. céliande, un obstacle naturel, le velle usine, FenêtréA ambitionne
puis 2007, elle propose déjà aux en- « Ils ont souvent de petits budgets. bourg subit, sur son flanc est, la de tripler sa production. — G. R.
treprises 23 logements (des T1 et des Là, toutes charges comprises, nous poussée de la métropole rennaise,
T1 bis) dans une « résidence relais » En Haute-Savoie, sommes sur des loyers de 250 à à une quarantaine de kilomè-
à Loudéac, avec des baux renouve- la mairie de Cluses 350 euros par mois », indique Jean- tres. L’installation de nouvelles
« Au-delà
lables allant de quelques semaines a racheté Pierre Le Scornet, son président (di- populations, des cadres notam- de 25 kilomètres
à plusieurs mois, et l’idée qu’elle ser-
16 chambres vers gauche), précisant que le projet ment, exacerbe les tensions sur le de distance,
ve de « tremplin » vers un logement a été « coconstruit » avec les entre- marché locatif, déjà aggravées par
durable. La formule a du succès, le dans un ancien hôtel prises. Entre l’acquisition du bâti- la décision de l’école de Saint-Cyr à
le prix du gasoil
taux de remplissage flirtant avec les qu’elle a transformées ment et son aménagement, il a coû- Coëtquidan d’obliger certains de et la fatigue
90 %. A tel point qu’une seconde ré-
en studios. té environ un million d’euros, aidé à ses élèves à habiter dans le parc finissent
sidence de 6 logements vient hauteur de 300.000 euros par l’Etat. privé. « Cette mesure a déstabilisé par décourager
d’ouvrir ses portes à Saint-Caradec, En 2022, seuls 18 % des 301 terri- le marché local. La commune n’a
moyennant un investissement d’en- Portée par la société d’économie toires interrogés dans l’enquête pas les moyens d’investir à la hau- nos salariés. »
viron un million d’euros. mixte de la ville et cofinancée par le d’Intercommunalités de France teur des besoins. Chaque année, DOMINIQUE LAMBALLE
La ville de Cluses, en Haute-Sa- département, l’opération s’est élevée avaient développé une offre de loge- 200 dossiers de logement restent en PDG de FenêtréA
voie, s’est aussi emparée du sujet. à un peu plus d’un million d’euros – ments à destination des stagiaires et souffrance », déplore le dirigeant.
Elle a déjà racheté 16 chambres les loyers permettant de rembour- des alternants. n Pour ne pas voir son projet indus-
 27 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023
Otego protège les
œuvres d’art avec une
bâche de survie légère
/ INNOVATEURS
Stéphane Frachet
— Correspondant à Lyon
Les innovations ne sortent pas
forcément des laboratoires.
Chez Otego, « tous les collabora-
teurs ont l’esprit ouvert aux évo-
lutions », insiste Thierry Mosa,
président de cette PME lyonnai-
se employant une centaine de
personnes qui est issue de la
scission des activités en France
de l’américain Dickson, un gé-
ant du textile d’ameublement.
Spécialisée dans les textiles
techniques pour la protection
industrielle, l’entreprise a mis
au point une couverture fine, lé-
gère et antifeu afin de protéger
les œuvres d’art, les tableaux, le
mobilier et les statues lors des
incendies. L’idée est arrivée par
les commerciaux, qui ont re-
marqué que les plans de sauve-
garde des biens culturels évo-
luaient après l’incendie de la
cathédrale Notre-Dame à Paris,
en avril 2019.
Constituée de fibre de verre et
d’un revêtement aluminisé, cet-
te bâche, semblable aux couver-
tures de survie, retarde l’action
du feu et des suies. Baptisée « Fi-
reguard », elle crée aussi une
barrière à l’eau et à la chaleur.
« Elle est dérivée d’un produit que
nous vendons aux pompiers, une
bâche qu’ils utilisent pour se pro-
téger des feux de forêt, par exem-
ple », explique Thierry Mosa. La
déclinaison pour les soldats du
feu affiche un poids d’environ
700 g/m2. Le laboratoire de R&D
d’Otego, qui occupe une quin-
Il a dit
Otego
« Un brevet,
ça reste cher
et compliqué
pour une PME. »
THIERRY MOSA
président d’Otego
La Fonderie de Bretagne
s’accroche pour sortir de l’ornière
BRETAGNE
Un an après sa reprise
par le fonds allemand
Callista, la FDB pour-
suit son plan
de redressement
qui doit lui permettre
de se diversifier.
Guillaume Roussange
— Correspondant à Rennes
Un an après sa reprise par le fond de
retournement allemand Callista, la
Fonderie de Bretagne (FDB) située à
Caudan (Morbihan), recueille les pre-
miers résultats de son plan de trans-
formation. « Nous sommes sur la voie
du redressement », assure son direc-
teur général, Jérôme Dupont, même
si l’usine n’est pas rentable. Sous pa-
villon Renault, elle pouvait perdre
jusqu’à 20 millions d’euros par an.
Nommé DRH en mai 2022 pour ac-
compagner le rachat, celui-ci a tout
de suite cru au potentiel industriel du
site. Au point de postuler à sa direc-
tion pour conduire le programme
d’investissement de 32 millions d’eu-
ros financé par le constructeur auto-
mobile et destiné à pérenniser l’entre-
zaine de personnes, l’a allégé à
100 g/m². « Cela permet une mise
en œuvre rapide lors du sinistre,
et son encombrement est très ré-
duit », résume-t-il.
L’entreprise, située à Dag-
neux (Ain), n’a pas déposé de
brevet pour protéger Fireguard.
« Un brevet, ça reste cher et com-
pliqué pour une PME. Comme
nous mettons au point nos ma-
chines et nos formulations, cela
nous apporte une protection »,
argumente Thierry Mosa, dont
la société consacre chaque an-
née 10 % de son chiffre d’affaires
à la R&D, soit de 2 à 3 millions
d’euros. Otego a commencé à
commercialiser sa bâche au-
près des musées, des monu-
ments et des bibliothèques pour
un prix de vente moyen de
1.000 euros. Le Louvre, la Biblio-
thèque nationale de France
(BNF), ainsi que les musées des
Arts et Métiers et Jacquemart-
André à Paris en sont équipés.
A l’étranger, Fireguard a trou-
vé preneur en Suisse, en Suède et
des contacts sont en cours en Ita-
lie. « La maîtrise des risques s’est
renforcée dans les lieux culturels,
d’autant que les facteurs augmen-
tent : ils accueillent désormais des
événements, par exemple », si-
gnale Thierry Mosa.
Proche de Lyon, Otego est is-
sue de la tradition des soyeux
lyonnais. Fondée après la deu-
xième guerre mondiale, la so-
ciété Plastique Textile Lyonnais
(ex-PTL) a repris son indépen-
dance à sa sortie du groupe
Dickson en 2018, puis de Glen
Raven deux ans plus tard. La
PME est désormais aux mains
de ses managers, soutenus par
le fonds Geneo, le family office
Eximium et Bpifrance. Elle for-
mule des polymères et enduit
des tissus qui donnent des texti-
les techniques de protection uti-
lisés par les pompiers, les acié-
ries et les fonderies ou les techni-
ciens de l’aéronautique. Son
chiffre d’affaires de 25 millions
d’euros est réalisé à 90 % hors de
France. « Nous suivons les clients
de l’industrie lourde là où ils se
trouvent », témoigne Thierry
Mosa, qui équipe les métallur-
gistes chinois, indiens et améri-
cains. Il a l’intention d’assurer la
même destinée à sa couverture
antifeu d’œuvres d’art. n
p r i s e , d o n t l ’ave n i r s e m b l a i t
compromis. Première étape : la créa-
tion d’une nouvelle direction com-
merciale, supprimée depuis 2009. En
dix mois, elle a permis de récolter une
quarantaine de « contacts commer-
ciaux utiles, dont sept en négociations
avancées », détaille le dirigeant.
Climat « très positif »
La dépendance historique de la fon-
derie envers l’automobile, aux mar-
ges faibles, expliquait largement ses
difficultés. Le nouvel actionnaire
cherche donc à la positionner sur
d’autres spécialités, aux cycles diffé-
rents, afin de faire tourner à plein ré-
gime l’outil de production. Quatre
secteurs sont visés en priorité : les
engins de TP, poids lourds et maté-
riels agricoles, l’énergie et les infras-
tructures, l’automobile, et les mar-
chés dits « d’opportunité » tels que
les pompes ou le mobilier urbain.
Cette diversification impose une
modernisation des process. Sur ce
point, FDB veut aller vite. Fin 2025,
l’usine devrait avoir renouvelé ses
fours de fusion moyennant près de
15 millions d’euros d’investissement.
Soit presque la moitié environ de
l’enveloppe accordée par Renault.
Le solde sera consacré à la modifi-
cation de la fin de chaîne, par exem-
La première usine pilote de Lhyfe à Bouin, en Vendée. Photo OHE/William Jezequel
Hydrogène : le port de Nantes
Saint-Nazaire retient Lhyfe
PAYS DE LA LOIRE
La société nantaise
a été préférée
au consortium mené
par EDF pour installer
une grosse capacité
d’électrolyse
et d’e-carburants sur
le domaine portuaire.
Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes
Pas un mois ne se passe sans que
Lhyfe n’annonce un nouveau projet
industriel. L’entreprise nantaise, dé-
sormais forte de 200 salariés, rem-
porte cette fois un projet de très
grande envergure. Le port de Nan-
tes Saint-Nazaire vient de lui confier
l’installation, d’ici 2028, à Montoir-
ple à l’amélioration des finitions. « Si
Renault a massivement investi dans la
ligne [100 millions en dix ans, NDLR],
certaines parties du process restaient à
moderniser. C’est ce qui va nous per-
mettre de gagner en compétitivité », as-
sure Jérôme Dupont.
En parallèle, FDB a enclenché un
plan d’économie drastique. En parti-
culier sur le plan des dépenses éner-
gétiques, poste stratégique pour le
site qui consomme 50 GWh d’électri-
cité, l’équivalent d’une ville de 25.000
habitants. En jouant sur l’utilisation
des fours, ou en installant des comp-
teurs individuels, il a déjà réduit sa
consommation de 8 % cette année.
« Cette baisse devrait atteindre 30 %
d’ici à cinq ans », annonce le directeur
général. Avec cette stratégie, Jérôme
Dupont croit possible « un retour à
l’équilibre dès 2026 et un Ebitda de 8 %
en 2028. Les signaux sont au vert ». Le
climat social interne est redevenu
« très positif », estime-t-il.
Les bons résultats de l’usine y
sont pour beaucoup : son volume
d’affaires devrait atteindre 46,6 mil-
lions d’euros en 2023, contre 35 mil-
lions environ un an plus tôt. Trente
recrutements ont eu lieu cette an-
née, permettant de maintenir les ef-
fectifs à 300 salariés, conformé-
ment à la promesse de Callista. n
de-Bretagne, d’« une activité de pro-
duction industrielle et de distribution
d’hydrogène renouvelable et/ou bas
carbone et d’e-carburants dérivés ». Il
s’agira d’une installation de 250 mé-
gawatts en électrolyse permettant
une production annuelle de 30.000
tonnes par an soit « une capacité de
production de 85 tonnes maximum
par jour », fait savoir Lhyfe.
EDF maintient son projet
L’usine prendra place au nord du
terminal multivrac du port et à l’ar-
rière du terminal charbonnier où
une zone de 12 hectares a été réser-
vée. Le montant de l’investissement
n’est pas mentionné mais la direc-
tion du port évoquait récemment
un projet « de plusieurs centaines de
millions d’euros ». A titre de compa-
raison, Lhyfe vient d’annoncer un
projet de 15 mégawatts en Espagne
chiffré à 28 millions d’euros.
Braincube réunit 83 millions
pour l’international
AUVERGNE
-RHÔNE-ALPES
L’entreprise d’Issoire
veut quadrupler
son activité en 10 ans.
Françoise Sigot
— Correspondante à Lyon
Après une première levée de fonds
de 12 millions d’euros en 2018, au-
près d’IRIS Capital et de Next47,
Braincube boucle un tour de table
de 83 millions d’euros avec Scot-
tish Equity Partners et Bpifrance.
Cet éditeur de logiciels installé à Is-
soire, dans le Puy-de-Dôme, esti-
me avoir désormais les moyens
d’accélérer son développement à
l’international, où il réalise déjà les
trois quarts de son activité. Lau-
rent Laporte, le président et cofon-
dateur de Braincube, vise 100 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires à
un horizon de dix ans, contre envi-
ron 25 millions aujourd’hui.
Croissances externes
Pour y parvenir, celui dont les algo-
rithmes aident les industriels à
trouver le bon paramétrage des
machines pour produire mieux et
« La mise en œuvre du projet est
subordonnée à l’octroi d’autorisa-
tions d’exploitation et de permis de
construire, ainsi qu’à des décisions
d’investissement financier », précise
cependant Lhyfe, qui ne donne pas
d’autres précisions sur le finance-
ment du projet et la source d’éner-
gie qui alimentera l’électrolyseur. Si
l’entreprise fait habituellement
tourner ses sites avec des éoliennes,
l’unité portuaire de Montoir de-
vrait être branchée au réseau élec-
trique, la mention « renouvelable
et/ou bas carbone » signifiant que
l’électricité d’origine nucléaire en-
tre en jeu.
Deux autres concurrents postu-
laient pour l’installation de cette
usine sur le domaine portuaire à la
suite de l’appel à manifestation d’in-
térêt lancé fin 2022. C’est le cas
d’EDF qui doit désormais trouver
un autre terrain localement pour
plus en consommant moins de
matières et d’énergie a déjà posé
plusieurs jalons. « Nous avons signé
récemment des partenariats avec
Microsoft et Aveva [leader mondial
des logiciels pour les industriels,
NDLR] avec qui nous allons instal-
ler une équipe dédiée à la vente indi-
recte », annonce Laurent Laporte.
Il estime que la vente indirecte
pourrait générer environ 40 % des
revenus dans quelques années.
Braincube regarde également
des acquisitions. D’abord en direc-
tion de solutions novatrices dans
l’univers de l’industrie du 4.0, c’est-
à-dire d’une automatisation maxi-
male de la production grâce à l’IA.
« Nous pourrions être un agréga-
teur de technologies 4.0 », envisage
le président de l’entreprise, fondée
en 2008. En rajoutant des briques
venues d’ailleurs à ses propres so-
lutions, Braincube pourrait encore
optimiser les process industriels.
« Nous avons déjà aidé nos clients
à réaliser plus de 10 milliards de dol-
lars d’économies et à réduire leurs
émissions de carbone de 2,5 millions
de tonnes », assure laurent Lapor-
te. Les solutions qu’il propose re-
posent sur le sur-mesure en par-
tant de la collecte des données de
production d’une entreprise, puis
PME & REGIONS
son projet Take Kair, qu’elle main-
tient. Le consortium, incluant le ci-
mentier Holcim, l’IFP Energies
nouvelles et Axens, envisage un in-
vestissement d’environ 700 mil-
lions d’euros dans ce projet, égale-
ment d’une puissance de 250
mégawatts pour produire 50.000
tonnes de e-kérosène ou e-SAF, un
carburant de synthèse, à base d’hy-
drogène, pour l’aéronautique. Air
France-KLM sera le premier client
de cette usine.
Pour le port de Nantes-Saint-Na-
zaire, dont le trafic est constitué au
trois-quarts d’énergie fossile (pétro-
le, gaz et charbon), ces projets s’ins-
crivent dans une stratégie globale
de décarbonation. Ils sont la pierre
angulaire du programme de « zone
industrielle bas carbone », portée
par le port avec plusieurs gros in-
dustriels de l’estuaire de la Loire et
des collectivités. n
de leur retraitement afin d’arriver
au scénario idéal de production.
L’international étant une des
priorités, l’éditeur de logiciels n’ex-
clut pas des croissances externes
lui permettant d’accélérer son dé-
veloppement commercial dans
des pays où il a des ambitions, sans
les définir. Aujourd’hui, Braincube
est présent dans une quarantaine
de pays avec des cessions de
licences, le modèle économique
sur lequel l’entreprise auvergnate a
misé dès le départ de son aventure.
Les Etats-Unis sont son premier
marché, devant la France. Ces am-
bitions passeront par le triple-
ment des effectifs de l’entreprise.
Braincube compte aujourd’hui
plus de 250 employés, dont les
deux tiers en France et un tiers en
Europe, aux Etats-Unis et au Bré-
sil. Dans dix ans, cette répartition
géographique devrait s’inverser. n
40 %
DES REVENUS
La part de la vente indirecte
espérée par Braincube
d’ici à quelques années.

FINANCE&MARCHES
« Nous ne voulons pas nous substituer
aux dirigeants des banques », assure la BCE
l Andrea Enria, le patron de la supervision des banques de la zone euro, tire sa révérence à la fin de l’année.
l Dans un entretien à quatre quotidiens européens, il revient sur cinq années d’action, mais pointe aussi les enjeux
à venir, entre crise de l’immobilier, euro numérique et montée en puissance de la finance non bancaire.
Propos recueillis par
Edouard Lederer
Les banques se plaignent d’une
supervision trop intrusive
de la BCE. Est-ce une approche
que vous revendiquez ?
Après la crise bancaire du prin-
temps aux Etats-Unis, la Fed et la
FDIC [le régulateur des dépôts aux
Etats-Unis, NDLR] ont expliqué que
certains manquements dans les
systèmes de contrôle internes
avaient été identifiés bien avant la
chute finale de SVB et de Signature
Bank. Cela m’a conduit à réfléchir.
Je me suis demandé « Avons-nous
repéré un problème sans y remé-
dier assez vite ? ». Ma perception est
que nous avons été efficaces dans
certains cas, en fixant des cibles
claires en termes de capital, ou de
créances douteuses. Mais les
domaines où il est le plus difficile de
résoudre les problèmes sont ceux
de la gouvernance et de la viabilité
du modèle économique.
D’un côté, nous ne voulons pas
nous substituer aux dirigeants des
banques. De l’autre, il y a aussi un
moment où nous devons nous
demander si nous ne sommes pas
trop mesurés ou trop timides. Dans
le cas de Credit Suisse [qui n’est pas
supervisé par la BCE, NDLR], par
exemple, il est clair que la banque
avait identifié des lacunes majeu-
res, et qu’elle n’a pas été en mesure
d’y remédier jusqu’au jour où elle a
fait faillite. Je pense donc qu’en tant
que superviseur, nous avons le
devoir d’intervenir. Et bien sûr,
nous devons respecter la ligne
étroite qui consiste à pousser la
direction et les conseils d’adminis-
tration à agir plutôt que d’assumer
nous-mêmes la responsabilité.
Mais ne faut-il pas
dans certains cas laisser
une banque disparaître ?
J’ai une obligation légale. Si un éta-
blissement présente des faiblesses
qui pourraient compromettre la
gestion sûre et prudente de la ban-
que et, en fin de compte, sa stabilité,
c’est mon mandat numéro un, je
dois intervenir. Cela dit, je suis tota-
lement opposé à l’idée que nous
devrions vivre dans un monde où il
n’y aurait aucune faillite. A un cer-
tain moment, si je me rends compte
qu’une banque n’est pas en mesure
de remédier aux problèmes, je dois
être suffisamment fort dans mon
escalade pour finalement pousser
l’établissement à rendre sa licence
et à quitter le marché. Et je dois le
faire de la manière la plus harmo-
nieuse possible.
Les banques françaises profi-
tent peu de la hausse des taux
jusqu’à présent, en raison de la
prédominance des prêts à taux
fixe. Est-ce un problème ?
« Je suis un
superviseur
bancaire. Je ne
demande pas
à superviser moi-
même les acteurs
non bancaires
de la finance. Mais
oui, le superviseur
prudentiel
pourrait bien sûr
assumer cette
responsabilité. »
ANDREA ENRIA
Président du Conseil
de surveillance
prudentielle
de la BCE
Tant les prêts à taux variable que les
prêts à taux fixe peuvent constituer
une solution commerciale viable
pour les banques. Bien sûr, lorsque
vous avez une prédominance de
prêts à taux fixe, il est clair que pen-
dant une période de hausse des
taux d’intérêt, le risque de taux
devient plus important. Il est égale-
ment vrai que pendant la période
de taux faibles voire négatifs, les
intérêts fixes sur les actifs ont en fait
constitué un élément de couver-
ture.
C’était donc un élément positif.
D’une manière générale, l’essentiel
est de gérer correctement le risque
de taux. Les banques françaises
sont aussi touchées par la législa-
tion sur le taux d’usure et le rôle
joué par le Livret A dans la rémuné-
ration des dépôts. Mais je com-
prends que ce processus est en train
de s’achever et nous ne verrons plus
d’effets négatifs additionnels.
Trouvez-vous légitime que
certains Etats taxent les profits
« exceptionnels » des banques ?
Les superviseurs n’interviennent
pas dans les décisions en matière de
fiscalité. Ce que nous faisons en tant
qu’autorité technique, c’est de met-
tre en lumière certaines questions.
Le premier point est la perception,
assez répandue, selon laquelle les
banques réalisent des profits énor-
mes et disproportionnés. Il est vrai
que la rentabilité s’est considérable-
ment améliorée, mais si vous regar-
dez la rentabilité des fonds propres
des banques européennes (autour
de 10 % à juin 2023), elle reste tou-
jours inférieure au coût des capi-
taux propres (autour de 13,2 %).
Le deuxième point est que les
hausses d’impôts sont générale-
ment qualifiées de temporaires…
alors qu’elles ont tendance à rester
en place plus longtemps. Cela peut
peser sur la rentabilité, et cela se
reflète dans la perception des ban-
ques par les marchés. Enfin, ces
interventions ciblent parfois les
marges d’intérêt plutôt que les
bénéfices nets, ce qui signifie
qu’elles ne prennent pas en compte
les provisions et les coûts des ban-
ques. Or ces deux postes vont selon
nous augmenter ces prochains
temps. Ces taxes pourraient donc,
dans une certaine mesure, créer de
mauvaises incitations pour les ban-
ques en termes de provisions.
Faut-il s’inquiéter de la dégra-
dation du secteur de l’immobi-
lier commercial ?
C’est un domaine d’attention pour
nous depuis 2018. Nous avons effec-
tué beaucoup d’examens ciblés et
d’inspections sur place. Nous avons
déjà constaté une correction à la
baisse des prix, et nous nous atten-
dons à ce que cela se poursuive.
Nous nous concentrons à présent
sur le risque de refinancement, car
nous avons vu que de nombreux
contrats sont des prêts « in fine »
(« bullet » ou « balloon »), où le rem-
boursement se fait vers l’échéance
du prêt. Et bien sûr, aujourd’hui, le
refinancement devient un défi,
entre des prix qui baissent et des
taux d’intérêt plus élevés. C’est donc
à ce moment-là que le risque de cré-
dit pourrait se matérialiser.
Faut-il surveiller de façon
plus resserrée les acteurs
non bancaires de la finance ?
Le Conseil de stabilité financière du
G20 étudie actuellement cette ques-
« Je voudrais davantage qu’un JP Morgan européen »
Vous avez toujours encouragé
à plus de consolidation
pour le secteur bancaire en
Europe. Parfois en vain. Pour-
quoi une telle insistance ?
Lorsque je suis arrivé il y a cinq ans,
le secteur se plaignait d’avoir
besoin de consolider mais de ne
pouvoir le faire en raison d’exigen-
ces en capitaux supplémentaires
de la BCE en cas de consolidation.
Mon premier rôle a été de dissiper
cette perception erronée. J’ai égale-
ment dit que dans une situation de
faibles taux d’intérêt et de faible
rentabilité, les fusions permet-
taient de recentrer les modèles
économiques. Finalement, les ban-
ques n’ont pas opéré beaucoup de
rapprochements, ou alors au
niveau national. En revanche, nous
avons assisté à de nombreuses
acquisitions de lignes d’activités.
Cela a permis à certains de vendre
des métiers qu’ils ne jugeaient pas
tion et la BCE a affirmé haut et fort
que le moment était venu. L’expan-
sion de ce secteur a été considéra-
ble, passant de 25.000 milliards
d’euros en 2009 à 51.000 milliards
d’euros en 2023. Il est désormais
plus gros que le secteur bancaire.
Nous avons parfois tendance à
tout regrouper sous l’appellation
« institutions financières non ban-
caires », mais les entités peuvent
être très différentes, certaines étant
relativement sûres, d’autres moins.
Il pourrait y avoir beaucoup de con-
centration dans les expositions, des
déséquilibres de liquidités, et des
effets de levier excessifs. Tout cela, à
mon avis, nécessiterait une certaine
extension de l’environnement
réglementaire.
La BCE pourrait-elle
s’en occuper ?
Je suis un superviseur bancaire. Je
ne demande pas à superviser moi-
même ces acteurs. Mais oui, le
superviseur prudentiel pourrait
bien sûr assumer cette responsabi-
lité. Quelle que soit l’autorité qui
s’en charge, elle doit développer son
expertise, car il s’agit d’animaux dif-
férents des banques. Nous ne
devrions donc pas nous attendre à
les superviser de la même manière
que les banques.
rentables et à d’autres de les rache-
ter pour gagner en envergure. Il
s’agit donc, à mon avis, d’un élé-
ment important d’amélioration de
la viabilité des modèles de nos ban-
ques. En ce qui concerne l’aspect
transfrontalier, je vois l’avantage de
construire des banques plus diver-
sifiées à travers l’Union : si un choc
frappe un Etat membre, elles peu-
vent compenser les pertes avec les
bénéfices qu’elles réalisent dans un
autre pays. Par ailleurs, en cas de
crise, lorsque vous essayez de trou-
ver un acquéreur pour la banque
en faillite, vous vous trouvez face à
un ensemble beaucoup plus large
de banques susceptibles d’être
intéressées.
Il nous manque donc toujours
une sorte de « JP Morgan
européen » ?
Je voudrais davantage qu’un
JP Morgan européen. J’aimerais
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos
Angela Morant/ECB
Les banques craignent
le projet d’euro digital.
Que leur répondez-vous ?
Les banques sont préoccupées,
mais elles sont engagées dans le
projet de l’euro numérique. Et je
pense qu’il y a plusieurs éléments
importants : le calibrage des limites
de détention par les particuliers, les
aspects de rémunération des ban-
ques pour leurs services, et la défi-
nition du rôle qu’elles joueront en
amont dans la distribution d’un
euro numérique aux clients. Si ces
trois éléments sont définis de
manière appropriée, les banques
ne doivent pas s’inquiéter.
L’émergence des « big tech »
présente-t-elle un risque
pour le secteur ?
Les grandes entreprises technologi-
ques pourraient obtenir une licence
bancaire, et si elles le faisaient, elles
auraient une forte capacité à com-
biner un énorme ensemble d’infor-
mations à l’échelle mondiale. Pour
l’instant, elles ne se montrent pas
intéressées, Peut-être parce qu’elles
ne veulent pas être supervisées. Si
cela devait se produire, cela pose-
rait évidemment un problème en
termes de structure du marché.
Ou alors, elles pourraient,
comme elles le font actuellement,
que davantage de banques dispo-
sant d’un portefeuille plus diversi-
fié soient présentes dans différen-
tes parties de l’union bancaire.
D’ailleurs, les banques qui se sont
relocalisées après le Brexit ont
généralement adopté une perspec-
tive européenne. Elles ont fusionné
toutes les filiales au sein de la
société mère. Elles se ramifient
désormais à travers le marché uni-
que, et elles peuvent développer ou
contracter leurs activités dans cha-
que Etat membre, sans aucune
contrainte locale.
Les banques européennes ne
sont pas toujours bien perçues
en Bourse. Y avez-vous aussi
contribué au moment
du Covid avec la suspension
des dividendes ?
La réponse honnête est « oui ». Je
pense que la perception des inves-
tisseurs à cette intervention a été
28
« Les grandes
entreprises
technologiques
essaient d’agir
à différents points
de la chaîne
de valeur de la
banque sans
prendre de licence.
Nous ne savons pas
comment traiter
cette question du
point de vue de la
réglementation. »
développer la banque en tant que
service, ce qui, à mon avis, constitue
le véritable défi. Elles essaient d’agir
à différents points de la chaîne de
valeur de la banque sans prendre de
licence. Et nous ne savons pas com-
ment traiter cette question du point
de vue de la réglementation ou de la
supervision pour le moment.
Claudia Buch va vous succéder
à la tête de la supervision.
Quels sont les dossiers
que vous trouvez prioritaires
à son arrivée ?
Claudia devra bien sûr décider des
combats qu’elle souhaite mener et
des principaux objectifs de son
mandat. Nous avons lancé une dis-
cussion, à laquelle elle a également
participé en tant que membre du
conseil de surveillance, sur la révi-
sion de notre processus de contrôle
et d’évaluation prudentiels. Par
ailleurs, je pense que la fonction la
plus importante que vous exercez
dans ce rôle est de donner con-
fiance et de soutenir les équipes de
supervision.
Etre superviseur, c’est vraiment
un travail difficile. Il faut remettre
les banques en question. Vous
devez parfois faire face à une forte
pression. Et vous devez être sûr de
pouvoir appliquer une supervision
rigoureuse et d’avoir toujours le
soutien de la direction générale de
l’organisation. C’est le conseil le plus
important que je puisse lui donner.
Cet entretien a été mené conjointement
par Edouard Lederer (« Les Echos »),
Yasmin Osman (« Handelsblatt »),
Andres Stumpf Guirao (« Expansion »),
et Isabella Bufacchi (« Il Sole 24 Ore »).
négative. En pratique, je pense que
c’est injuste parce que nous avons
fait exactement la même chose que
d’autres juridictions, mais qui
étaient parvenues à le faire en
recourant à la persuasion morale.
Les banques ont alors publié un
communiqué de presse indiquant
qu’elles avaient volontairement
suspendu leurs distributions. Alors
que nous avons dû activer notre
machine administrative pour y
parvenir. A l’époque, nos banques
étaient un peu plus réticentes à le
faire de leur propre chef. Mais j’ai
clairement dit qu’après la pandé-
mie, nous reviendrions à l’évalua-
tion habituelle des processus indi-
viduels, banque par banque, de la
trajectoire des capitaux et des plans
de distribution, et c’est ce que nous
avons fait. Les banques distribuent
beaucoup d’argent par le biais de
rachats et de dividendes ordinaires.
— Propos recueillis par E. Le.
29 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023 FINANCE & MARCHES

en bref
Le crédit aux entreprises ralentit
pour la première fois en huit ans Un nouveau tour
de vis de la Fed
serait possible
POLITIQUE MONÉTAIRE Il
faudra peut-être procéder à
BANQUE CENTRALE une nouvelle hausse de taux
outre-Atlantique pour mater
Les prêts aux sociétés l’inflation. C’est l’opinion
non financières de la d ’u n e g o u ve r n e u r e d e l a
zone euro ont reculé Réserve fédérale américaine,
de 0,3 % sur 12 mois Michelle B owman. Si elle
en octobre. reconnaît des progrès signifi-
catifs dans la lutte contre la
C’est un signe que la hausse des prix, elle s’inquiète
de « la robustesse du marché
politique monétaire
du travail et de l’activité écono-
de la Banque centrale mique ». Les marchés misent à
européenne se trans- l’inverse sur une baisse des
met de façon efficace, taux dès mai 2024. Les chiffres
mais les principaux de l’inflation américaine pour
effets restent à venir. octobre seront publiés jeudi.

Guillaume Benoit UBS veut

s’inspirer de
C’est un phénomène que l’on n’avait
pas connu depuis huit ans en zone
Morgan Stanley

Michael Probst /Ap /Sipa

euro. En octobre, les prêts aux
entreprises ont enregistré une
baisse, selon une étude semestrielle
réalisée par la Banque centrale
européenne. Certes, celle-ci est
minime, 0,3 % sur 12 mois glissants.
Mais elle ramène les observateurs
à 2015, dernière fois qu’une diminu-
tion s’était produite. Face au recul
des crédits, la BCE avait alors dû
adopter des mesures non conven-
tionnelles.
Pour relancer le financement de
l’économie, et écarter le risque de
déflation, l’institut de Francfort
avait mis en place ses premiers
TLTRO (Targeted longer-term refi-
nancing operations), des prêts
accordés aux banques à des condi-
tions très avantageuses. Et, quel-
ques mois plus tard, elle avait com-
mencé à acheter des obligations sur
le marché.
Refroidir l’économie
La Banque centrale européenne a relevé ses taux directeurs de 450 points de base en dix réunions, faisant bondir le coût du crédit.
base en dix réunions de politique
monétaire, avant d’opter pour une
pause le 26 octobre dernier. L’objec-
tif est de refroidir l’économie afin de
mater les pressions inflationnis-
tes. La contraction récente de la
demande de crédit est le signe que
la transmission de ce resserrement
inédit est particulièrement forte.
« La baisse de la demande de prêts
tant des ménages que des entreprises
est en grande partie le fait de taux
d’intérêt plus élevés, souligne Bert
Colijn chez ING. Cela confirme que
la politique monétaire est très effi-
cace pour réduire l’appétit des
emprunteurs. » De fait, l’enquête de
coûts, tant en termes de taux que de
frais annexes, ont significativement
augmenté.
Pas encore de « credit
crunch »
« Il n’y a pas de “credit crunch” – une
fermeture des robinets bancaires –, ce
qui est plutôt rassurant, souligne un
bon connaisseur des banques centra-
les. L’activité de prêts avait tendance
à stagner ces derniers mois, et la
baisse de la demande concerne sur-
tout des financements de court
terme, liés par exemple à la gestion
des stocks. » Il s’agit donc d’une
poursuite de la tendance mesurée
taux met généralement au moins 18
mois à se faire ressentir. Le premier
tour de vis datant de juillet 2022, ce
n’est donc que le début de la trans-
mission de la politique monétaire.
« La Banque centrale européenne
veut faire en sorte que les ajuste-
ments s’effectuent de manière con-
trôlée, mais il est vrai qu’une grande
partie de l’impact ne se fera sentir
qu’en 2024 », avertit Bert Colijn.
Autre préoccupation, la tendance
BANQUE Le président du con-
seil d’UBS, Colm Kelleher,
réfléchit déjà à la succession
de Sergio Ermotti, le direc-
teur général de la banque.
Agé de 63 ans, il a été appelé à
ce poste, qu’il a déjà occupé de
2011 à 2020, pour gérer l’inté-
n’est pas uniforme dans l’ensemble gration de Credit Suisse. Son
de la zone euro, souligne l’écono- mandat n’a pas de terme pré-
miste d’ING. Pour l’instant, le ralen- cis. Mais pour sa succession,
tissement du crédit frappe les entre- Colm Kelleher veut suivre le
prises en Italie, en Espagne et au schéma adopté par Morgan
Portugal. En Europe du Nord, en Stanley, qui s’est choisi cette
revanche, on constate simplement année un nouveau patron
une stagnation, voire une légère parmi trois candidats inter-
hausse. Si cet écart Nord Sud devait nes. « C’est une validation de la
se creuser l’an prochain, la BCE se culture de l’entreprise », consi-
t r o u ve r a i t f a c e à u n s é r i e u x dère le président d’UBS, inter-
dilemme. n rogé lors d’une conférence.

Huit ans plus tard, la situation est
inversée. Confrontée à une inflation
galopante, la BCE a remonté ses
taux directeurs de 450 points de
la BCE montre que les entreprises
qui le souhaitaient n’ont pas eu de
difficultés à obtenir des finance-
ments bancaires. Mais que les
Le marché français
par les dernières enquêtes sur
la distribution du crédit menées par
la BCE. Mais la situation pourrait
s’aggraver. L’effet des hausses de

Les entreprises préoccupées par

l’identification de leurs actionnaires
RÉGLEMENTATION
En 2022, 862 entrepri-
ses européennes
ont demandé à leurs
intermédiaires le nom
de leurs actionnaires,
contre 625 l’année
précédente.
Laurence Boisseau
Connaître ses actionnaires est une
préoccupation croissante pour les
entreprises cotées. En 2022, elles ont
été 862 à émettre des demandes
d’identification des détenteurs de
leurs titres, contre 625 l’année
d’avant. Parmi elles, surtout des
grands groupes (45 %) avec une
capitalisation boursière de plus de
1 milliard d’euros, selon une étude
menée par Euronext Corporate Ser-
vices, une filiale d’Euronext qui pro-
pose des services en lien avec les
relations investisseurs, et par le bri-
tannique Proximity.
Les PME et ETI cotées sont égale-
ment intéressées par ces données.
Le nombre de petites entreprises
(dont la capitalisation boursière est
inférieure à 500 millions d’euros)
qui ont tenu à identifier leurs action-
naires a augmenté de 137 %
entre 2021 et 2022.
Cet intérêt pour la base actionna-
riale est facilité par la mise en œuvre
de la directive européenne SRD 2
(Shareholder Rights Directive)
votée en 2017 et qui a été transposée
récemment dans les Etats mem-
bres. Ce texte, qui a mis fin au mono-
pole des dépositaires centraux, a
pour objectif de favoriser le dialogue
entre les sociétés et les investisseurs.
L’étude réalisée par Euronext
Corporate Services auprès de
5.000 sociétés cotées en Europe
démontre que la réglementation a
favorisé les sollicitations.
Récupérer ce type de données est
aujourd’hui plus rapide que par le
passé (cela prend un jour ouvrable
contre 9 jours autrefois), plus
exploitable et coûte bien moins
cher. La directive a permis d’identi-
fier les investisseurs de manière très
précise. Les entreprises connaissent
désormais le nom des détenteurs
finaux (même s’il s’agit de particu-
liers), leur adresse postale et le cas
échéant électronique, le type
d’actions détenues et leur nombre.
Cet intérêt pour la
base actionnariale est
facilité par la mise en
œuvre de la directive
européenne SRD 2,
votée en 2017.
En France, avant que la directive
européenne n’entre en vigueur, il
était possible, depuis 1987, de con-
naître les détenteurs des titres d’une
société. Il suffisait de demander un
TPI (Titre au Porteur Identifiable)
– l’équivalent d’une photographie de
l’actionnariat – au dépositaire cen-
tral, Euroclear. Mais seuls les noms
des intermédiaires financiers appa-
raissaient. Quant aux investisseurs
étrangers, l’information n’était pas
disponible. Ce service d’identifica-
tion des actionnaires pouvait être
de l’électricité
facturé entre 20.000 et 30.000 euros.
Le coût était variable en fonction du
nombre de lignes d’actionnaires
demandé. Aujourd’hui, c’est un for-
fait, qui s’avère 10 fois moins cher.
Hors de France, ce service n’était
auparavant pas beaucoup sollicité
par les entreprises. C’est la directive
qui a déclenché cet intérêt. En Alle-
magne, le gouvernement a fait le
choix de transposer SRD 2 unique-
ment pour les sociétés cotées sur
des marchés réglementés. Ce qui
réduit la possibilité pour les petites
entreprises d’identifier leurs action-
naires. 61 % des grandes capitalisa-
tions se sont enquises de leurs inves-
tisseurs en 2022, avec une moyenne
de 4,3 demandes par société. Cela
place l’Allemagne en tête des pays
ayant la plus forte sollicitation sur ce
sujet. En 2022, un grand groupe a été
jusqu’à faire 46 demandes de regis-
t r e s d ’a c t i o n n a i r e s . U n c a s
extrême. Au Portugal, 100 % des
grandes entreprises cotées ont Flambée des prix de l’électricité, réforme de l’ARENH
recours à ce service.
Quand les entreprises ont-elles
et relance du nucléaire, électricité verte...
besoin de connaître leurs actionnai- Quelle sera l’évolution du marché ?
res ? Un peu tout au long de l’année.
« Mais il y a, de leur part, un regain
d’intérêt en décembre, juste avant la
publication de leurs résultats
Le 7 décembre
annuels, pour préparer leurs roads-
hows annuels », indique Mathieu
Caron, directeur des activités de
marché primaire et membre du Consultez le programme
comité exécutif du groupe Euro- et inscrivez-vous
next. En dehors de cette période, les
raisons sont multiples. « L’entre-
prise veut préparer son assemblée
générale, lever des fonds, se défendre
face à un activiste, ou encore prévenir
toute évolution possible de son capi-
tal », explique-t-il . n
FINANCE & MARCHES
Affaire Helvet Immo : la filiale
de BNP Paribas perd en appel
BANQUE
La Cour d’appel de
Paris vient de condam-
ner à nouveau, mardi,
BNP Paribas Personal
Finance pour « prati-
que commerciale
trompeuse » et recel
de ce délit.
Valérie de Senneville
La justice n’en démord pas : oui,
BNP Paribas Personal Finance était
responsable du risque de change
subi par ses clients dans l’affaire
Helvet Immo. Oui, la filiale de la
banque spécialisée dans le crédit à
la consommation est donc bien
coupable de « pratique commerciale
trompeuse » et du recel de ce délit.
Depuis 2020, les décisions de justice s’accumulent contre Mardi, la Cour d’appel de Paris a
BNP Paribas Personal Finance. Photo Shutterstock condamné une nouvelle fois la
Écoutez « Elles ont osé »
le podcast des
Echos Entrepreneurs.
Elisabeth Moreno
Présidente de la Fondation Femmes@numérique
Portraits de femmes
qui font bouger les lignes.
Podcast animé par Marie Eloy, Entrepreneure et Fondatrice de Bouge ta Boite,
Bouge ton Groupe, Femmes des Territoires.
Découvrez les épisodes sur :
entrepreneurs.lesechos.fr
société à l’amende maximale de
187.500 euros et à indemniser les
victimes, qui avaient contracté des
emprunts libellés en francs suisses
et remboursables en euros. Cela
représente près de 200 millions
d’euros en montant actualisé. De
plus, la cour ordonne la publication
de la décision dans un délai d’un
mois dans « Le Figaro », « Le
Monde », « Les Echos » et « Libéra-
tion ».
« Immense victoire »
pour les consommateurs
« C’est une immense victoire pour les
emprunteurs, se réjouit Charles
Constantin Vallet, qui représente
1.300 parties civiles. Elle ouvre la
voie à la résolution judiciaire de près
de 40.000 prêts toxiques en ce que les
banques françaises – ici par BNP
PPF pour 2.500 prêts, mais aussi le
Crédit Mutuel pour 35.000 – ont
exposé les consommateurs à un
risque de change illimité. » La ban-
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos
que mutualiste a aussi commercia-
lisé des prêts en francs suisses et
fait l’objet d’une autre action judi-
ciaire, selon l’avocat, qui représente
une partie des plaignants.
La banque devra
s’acquitter de
l’amende maximale
de 187.500 euros.
De 2008 à 2009, BNP Paribas Per-
sonal Finance, alors présidé par
François Villeroy de Galhau, avait
accordé ce type de prêts pour envi-
ron 800 millions d’euros. Les
emprunteurs, qui n’avaient pas
anticipé le risque de change, ont vu
la note flamber à partir de 2011, lors-
que l’euro s’est affaibli fortement
face au franc suisse. Beaucoup doi-
vent ainsi rembourser un capital
supérieur au montant emprunté.
« Nous contestons le bien-fondé de
la décision », a déclaré Dan Bengui-
gui, l’un des avocats de la banque,
précisant qu’il allait examiner
l’arrêt en profondeur avant de déci-
der d’un éventuel pourvoi. Dans
l’intervalle, « BNP Paribas Personal
Finance reste à l’écoute de ses clients
pour leur proposer des solutions
individualisées et adaptées à leur
Vague de suppressions
d’emplois en vue dans
les banques britanniques
BANQUE
Barclays et Lloyds
pourraient annoncer
des restructurations
impliquant plusieurs
milliers de suppres-
sions d’emplois.
Ingrid Feuerstein
— Correspondante à Londres
C’est l’heure des grandes manœu-
vres dans les banques britanniques.
Coup sur coup, Barclays et Lloyds,
deux des quatre grands établisse-
ments financiers du pays, pour-
raient annoncer des restructu -
rations impliquant plusieurs
milliers de suppressions d’emplois.
Aucune des deux banques n’a
officiellement confirmé l’ampleur
de ces projets, mais le « Guardian »
croit savoir que 2.500 postes
seraient concernés chez Lloyds,
principalement dans le manage-
ment intermédiaire.
Les consultations seraient immi-
nentes pour cette restructuration,
qui toucherait près d’un poste sur
vingt. La banque anticiperait ainsi
un contexte de taux d’intérêt moins
favorable qu’aujourd’hui. La hausse
récente des taux lui a permis d’aug-
menter ses marges entre les taux
qu’elle pratique pour les emprun-
teurs et les épargnants.
Pression sur les marges
Les derniers résultats trimestriels
ont d’ailleurs dépassé les attentes,
avec un bénéfice avant impôts en
hausse, à 1,9 milliard de livres. Mais
cet environnement est en train de
changer, compte tenu de la pause
récemment annoncée par la
Banque d’Angleterre, face au ralen-
tissement de l’inflation. Ainsi, la
pression sur les marges risque de
s’accroître.
Sans confirmer les suppressions
d’emplois, un porte-parole de
Lloyds a évoqué une réorganisation
pour « faire évoluer » le modèle de la
banque. « Nous sommes en train de
réaliser la plus grande transfor -
mation dans les services financiers
30
situation », précise l’avocat. L’arrêt
de la Cour d’appel de Paris est la
suite logique des décisions qui
s’accumulent contre BNP Paribas
Personal Finance. Le 26 février
2020, la filiale avait été condamnée
en première instance à 187.500 eu-
ros d’amende et à payer immédiate-
ment 140 millions d’euros de dom-
mages-intérêts, malgré son appel.
Reconnaissance de douze
ans de bataille des clients
Puis, coup sur coup, après la justice
européenne, c’est la Cour de cassa-
tion qui avait tranché au civil en
mars 2022 en faveur des clients,
affirmant que la filiale de la banque
aurait dû fournir « aux emprun-
teurs des informations suffisantes et
exactes leur permettant de compren-
dre le fonctionnement concret du
mécanisme financier en cause et
d’évaluer ainsi le risque ».
Cela fait douze ans que les clients
de BNP Paribas bataillent. Beau-
coup doivent encore un capital
supérieur au montant emprunté,
alors même qu’ils payent depuis
plus de dix ans. Dans ses réquisi-
tions, l’avocat général avait fustigé
« une situation choquante » où
« plus de 2.500 personnes [ont eu]
une vie gâchée et une banque qui s’est
enrichie sur le dos de ses clients. » n
britanniques pour revoir comment
nos équipes opérationnelles et tech-
nologiques travaillent ensemble de
manière efficace », a déclaré la ban-
que. A terme, les créations d’em-
plois pourraient ainsi compenser
les pertes.
Chez Barclays, les suppressions
d’emplois s’inscriraient dans le
cadre des annonces attendues lors
de la publication des résultats
annuels en février, au cours de
laquelle la banque doit présenter sa
nouvelle stratégie.
Son PDG, C. S. Venkatakrishnan,
est attendu par les investisseurs
sur un plan stratégique destiné à
redresser la valorisation boursière
de Barclays, jugée à la traîne. Selon
Reuters, la banque travaille à un
plan de réduction de coûts de 1 mil-
liard de livres sur plusieurs
années. Cela reviendrait à suppri-
mer 1.500 à 2.000 emplois, soit 2 %
des effectifs.
Le projet stratégique
de Barclays inclurait
aussi l’arrêt des
relations avec les
clients les moins
profitables.
Pour l’instant, Barclays n’a pas
commenté l’information. Lors de la
dernière publication de ses résul-
tats trimestriels, la banque a indi-
qué « évaluer toutes les actions pour
réduire ses coûts, afin de soutenir sa
rentabilité future ». Selon le « Finan-
cial Times », le projet stratégique,
baptisé « Minerva », inclurait égale-
ment l’arrêt des relations avec plu-
sieurs milliers de clients parmi les
moins profitables dans la banque
d’investissement.
« La valorisation de Barclays
stagne. Cet écart nous paraît injus-
tifié, compte tenu de la situation en
fonds propres et des retours générés
par la banque d’investissement. Nous
pensons donc que la prochaine
restructuration contribuera à l’effi-
cacité des activités au Royaume-
Uni », indiquent les analystes de
Jefferies dans une note. n
31 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023
Les cours du cuivre pourraient
s’envoler en 2024
l Après avoir fortement baissé, le cuivre et l’aluminium devraient reprendre
de la hauteur l’année prochaine, selon Goldman Sachs.
l L’inversion de la tendance n’interviendrait qu’à partir du deuxième semestre.
MÉTAUX
Etienne Goetz
Et si le cuivre remontait à
10.000 dollars la tonne ? Difficile à
croire après une année passée à
peine à 8.000 dollars. C’est pour-
tant la conviction des analystes de
Goldman Sachs dans leur note de
prévisions pour les métaux, intitu-
lée « Vers des jours meilleurs ».
Selon eux, l’aluminium, l’autre
grand métal non ferreux, doit lui
aussi reprendre un peu de hauteur.
Mais d’autres métaux comme le
nickel ou le lithium resteront sous
pression en 2024.
L’explication ? L’année 2023 a été
caractérisée par des excédents liés
au ralentissement de la produc-
tion manufacturière. Ces surplus
ont été d’autant plus forts que les
entreprises ont massivement dés-
tocké, ce qui a mécaniquement
réduit la demande en métaux pri-
maires. L’indice de la Bourse des
métaux de Londres a ainsi reculé
de 9,2 % depuis le début de l’année.
Fin du déstockage
En 2024, les experts de la banque
américaine estiment que l’écart
entre l’offre et la demande va pro-
gressivement se resserrer pour
certains métaux. En Chine, la
demande devrait se montrer solide
grâce aux mesures de soutien au
secteur immobilier, d’autant que
les industriels ont des stocks relati-
vement minces. En Occident, la
demande devrait se stabiliser avec
la fin du cycle de déstockage qui
devrait inter venir en milieu
d’année. Enfin, l’offre ne sera pas
toujours au rendez-vous, prévien-
nent les analystes.
Une autre tendance de fond sou-
tient la demande métallique aussi
bien en Chine, qu’en Europe et aux
Etats-Unis. La transition énergéti-
que, intensive en métaux, consti-
tue une base de consommation
non négligeable. Dans l’ex-empire
du Milieu, elle est alimentée par les
projets solaires, mais aussi par les
L’exploitation du métal rouge de plus en plus
menacée au Panama
La Cour suprême
du Panama a déclaré
inconstitutionnel le contrat
qui autorise le groupe
First Quantum à poursuivre
l’exploitation de l’une
des plus grandes mines
de cuivre au monde.
« Nous avons décidé à l’unanimité de
déclarer inconstitutionnelle toute la
loi 406 ». Le verdict de la Cour
suprême du Panama est sans appel
et risque de porter un coup fatal à
l’exploitation de l’une des plus gran-
des mines de cuivre au monde, à
l’origine d’environ 1 % de la produc-
tion mondiale de métal rouge.
La loi 406, sur laquelle 9 juges ont
délibéré pendant quatre jours, régit
le contrat signé en août dernier
entre le gouvernement du Panama
et la compagnie canadienne First
Quantum Minerals (FQM). Ce con-
trat remplaçait l’accord de conces-
sion initial, déclaré inconstitution-
nel en 2017 pour avoir été conclu
sans appel d’offres public ni consul-
tation populaire.
Le 20 octobre dernier, le Parle-
ment a, lui aussi, approuvé ce con-
trat. Il renouvelle les autorisations
de FQM pour une durée de vingt
ans avec une option pour vingt ans
supplémentaires. En échange,
FQM est censé reverser au minium
Le cuivre va remonter à 10.000 dollars la tonne d’ici à fin 2024, selon les prévisions de Goldman Sachs.
plans de production de voitures
électriques et l’expansion du
réseau électrique. Dans les pays
développés, les ventes de véhicules
électriques devraient progresser
de 35 % sur un an et l’installation de
panneaux solaires photovoltaï-
ques de 15 %.
Pic de production
en 2025-2026
Dans ce contexte, les cours du cui-
vre devraient se redresser, mais le
mouvement ne commencera qu’à
partir du deuxième semestre 2024
au moment où la demande mon-
diale va accélérer. Ils devraient
atteindre les 10.000 dollars la
tonne après avoir stagné autour de
8.500 dollars sur les six premiers
mois de l’année. Et ils ne s’arrête-
375 millions de dollars par an au
Panama. Sans cette loi, la compa-
gnie minière est obligée de cesser
toute extraction minière.
Du jamais-vu
depuis la chute de Noriega
M a i s l e vo t e d u P a r l e m e n t a
embrasé le pays. Il connaît les mani-
festations les plus importantes
depuis la chute de l’ancien dictateur
Manuel Antonio Noriega. Des rou-
tes ont été bloquées ainsi que les
infrastructures portuaires, obli-
geant FQM à suspendre ses activi-
tés. Des salariés de la compagnie
minière ont même été agressés. Au
total, les dégâts sur le tourisme,
l’agriculture et le commerce sont
estimés à 1,7 milliard de dollars par
les associations professionnelles.
La population et une partie de la
classe politique jugent les condi-
tions trop avantageuses pour FQM.
Des citoyens estiment également
que le contrat n’a pas fait l’objet d’un
débat public suffisant. Les défen-
seurs de l’environnement en ont
profité pour dénoncer la pollution
liée à l’extraction minière. La
vedette Leonardo DiCaprio avait
apporté son soutien aux opposants.
Plus globalement, cette affaire
menace toute activité extractive au
Panama. Le pays abrite certes des
g i s e m e n t s exc e p t i o n n e l s d e
ront sans doute pas là puisque la
production minière mondiale va
passer un pic puis redescendre
dès 2025-2026, rappellent les ana-
lystes.
Du côté de l’aluminium, le man-
que de métal va s’aggraver et
le déficit est attendu à 1,2 million
de tonnes en 2024, contre
784.000 tonnes dans une précé-
dente estimation. En conséquence,
le prix de la tonne devrait s’appré-
cier à 2.600 dollars, contre
2.200 dollars aujourd’hui.
Surplus de lithium
Les métaux des batteries de voitu-
res électriques vont, à l’inverse,
rester sous pression, nuance Gold-
man Sachs. Le surplus d’offre sur le
marché du nickel de classe 1, celui
métaux, mais il paraît improbable
qu’ils soient un jour exploités.
Début novembre, sous la pression
d’une opinion publique remontée
contre le secteur minier, le parle-
ment a adopté à une écrasante
majorité une loi interdisant tout
nouveau projet minier et toute
extension de mine.
5 % du PIB
Le renouvellement de la concession
minière de FQM cet automne a pris
une tournure d’autant plus politi-
que, que le Panama s’apprête à
retourner aux urnes en mai 2024.
Le candidat Ricardo Martinelli,
ancien président et homme d’affai-
res millionnaire, pense qu’il faut
renégocier le contrat pour obtenir
plus de royalties et une participa-
tion dans le projet. Pour le Panama,
la fermeture de cette mine aura des
1%
DE LA PRODUCTION
MONDIALE DE CUIVRE
Le site FQM au Panama
constitue l’une des plus grandes
mines de métal rouge
au monde. Il génère
quelque 50.000 emplois.
Shutterstock
qui est recherché par les construc-
teurs automobiles, va nettement
augmenter sous l’effet d’une
hausse de la production en Chine
et en Indonésie. Les équipes de la
banque américaine ont ainsi révisé
à la baisse leurs prévisions de prix
pour le nickel.
Le lithium devrait connaître une
trajectoire comparable. Avec de
nouvelles capacités de production
en Australie et la mise en route de
mines détenues par des Chinois en
Afrique, les économistes de Gold-
man tablent sur un surplus de
200.000 tonnes en 2024. En consé-
quence, ils ne seraient pas étonnés
de voir les prix du lithium descen-
dre à 15.000 dollars la tonne après
avoir déjà perdu près de 80 %
en 2023. n
conséquences significatives. FQM
rappelle que le site génère quelque
50.000 emplois et contribue à hau-
teur de 5 % du PIB. Si le contrat est
révoqué, le Panama risque de per-
dre sa notation de qualité « Investis-
sement », regroupant les emprun-
teurs les plus solides, avait averti JP
Morgan un peu plus tôt dans le
mois.
Arbitrage
Dès ce week-end, le groupe FQM a
fait savoir qu’il allait recourir à
l’arbitrage international. Cette
affaire au Panama ravive les mau-
vais souvenirs de son expérience en
République démocratique du
Congo (RDC). Le groupe a quitté le
pays en 2012 après avoir lancé une
procédure d’arbitrage liée à des
annulations de permis miniers.
A la Bourse de Toronto, le titre
FQM a perdu plus de 8 % à l’ouver-
ture avant de limiter ses pertes à
2 %. Depuis le début des manifesta-
tions et des blocages, la capitalisa-
tion boursière de la compagnie à
fondu de 7,6 milliards de dollars
pour tomber à 6,35 milliards. A la
Bourse des métaux de Londres, les
cours du cuivre ont bondi dans la
foulée de l’annonce. L’arrêt de la
production au Panama pèserait en
effet sur l’offre mondiale.
— E. Go.
FINANCE & MARCHES
L’once d’or dépasse
les 2.000 dollars,
son plus haut
depuis mai
que aux Etats-Unis a par ailleurs
MATIÈRES entraîné un affaiblissement du
PREMIÈRES dollar, ce qui a également béné-
ficié à l’or.
Le métal jaune L’évolution de la conjoncture
est principalement économique américaine
soutenu par la s’ajoute aux vives tensions inter-
perspective de la fin nationales, dont le métal jaune
de la hausse des taux tire profit grâce à son statut de
aux Etats-Unis et par valeur refuge. C’est en effet
les tensions liées « d’abord la guerre entre Israël et
à la guerre entre le Hamas qui a enclenché cette
hausse », rappelle Marion Bales-
Israël et le Hamas. tier. Les tensions géopolitiques
créent toujours un regain d’inté-
Rachel Cotte rêt pour l’or et les métaux pré-
cieux en général. »
Porté par les espoirs de fin de Alors que son cours avait
hausse des taux et un contexte plongé début octobre, il a en
géopolitique incertain, l’or effet rebondi dans la foulée de
poursuit son ascension. Le l’attaque du Hamas du 7 octo-
cours du métal jaune évoluait bre, gagnant environ 7 % sur le
autour des 2.020 dollars mardi, mois. L’influence du conflit sur
son plus haut niveau depuis le l’or est plus limitée désormais,
mois de mai. Et il se rapproche alors que le Hamas a procédé à
de son record historique la libération de plusieurs dizai-
d’août 2020, à 2.075 dollars. nes d’otages et qu’Israël a
La demande est principale- accepté de prolonger la trêve.
ment stimulée ce mois-ci par la
perspective de fin du resserre-
ment monétaire aux Etats-Unis. Son cours est
Les dernières données améri- également tiré par
caines en matière d’inflation ont la demande des
en effet nourri les attentes d’un
assouplissement de la politique
banques centrales,
monétaire de la Réserve fédé- qui le plébiscitent.
rale américaine (Fed) plus
rapide que prévu. Néanmoins, selon Ewa Man-
L’inflation sous-jacente they, stratège en matières pre-
– excluant les prix très volatils de mières chez ING citée par le
l’énergie et de l’alimentation –, « Financial Times », « bien que le
particulièrement surveillée par risque de conflit au Moyen-
l’institution, est tombée à 4 % en Orient semble être contenu pour
octobre. « Il y a eu un change- l’instant, il continuera à soutenir
ment de ton de la banque centrale le prix de l’or ».
américaine et une acceptation du Son cours est également tiré
fait que la croissance et l’inflation par la demande des banques
ont ralenti, donc les marchés centrales, qui le plébiscitent,
anticipent la fin de la hausse des entre autres, dans un souci de
taux », souligne Marion Bales- diversification de leurs investis-
tier, gérante matières premières sements. Les instituts monétai-
chez Ofi Invest. res en ont ainsi acheté 1.136 ton-
nes l’année dernière – un record
Valeur refuge – et 800 tonnes au cours des
Les rendements réels des bons trois premiers trimestres
du Trésor ont commencé à de 2023, selon le Conseil mon-
refluer ces dernières semaines, dial de l’or.
ce qui a soutenu le cours de l’or. De nombreux voyants sont
La baisse des taux réels, c’est-à- positifs pour le métal jaune,
dire le rendement des obliga- dont l’ascension pourrait se
tions amputé de l’inflation, lui poursuivre. « Nous avons ten-
est traditionnellement favora- dance à penser qu’il va franchir
ble, car les emprunts d’Etat
(autre actif sans risque) devien-
nent alors moins attrayants aux
ses plus hauts récents et montera
encore plus haut. On a un con-
texte financier qui redevient favo-
yeux des investisseurs. Le ralen-
tissement de l’activité économi-
rable à l’or et aux métaux pré-
cieux », note Marion Balestier. n
RECHERCHE DE CANDIDATS INVESTISSEURS
OU REPRENEURS D’UN GROUPE
D’AGENCES IMMOBILIERES
Activité du groupe : Agences immobilières spécialisées «investisseurs»
par ciblage de clients à fortes capacités d’investissements
Société 1 : holding
- CA 31/12/20222 (12 mois) : 379 K€
- 4 salariés
- siège : Paris
Société 2 : société d’agence immobilière (détenue à 99,68% par S1)
- Activité : Agence immobilière
Maître Franck
MICHEL
- CA 31/12/2022 (12 mois) : 3 271 K€
- 6 salariés
90, boulevard - Siège : Paris
Flandrin
75116 PARIS Société 3 : société d’agence immobilière (détenue à 100% par S1)
- Activité : Agence immobilière
- CA 31/12/2022 (12 mois) : 1 198 K€
CONTACT :
- 4 salariés
Sarah RENAULT
Tél: 01.53.64.92.92 - Siège : Paris
paris@ajassocies.fr Société 4 : société d’agence immobilière (détenue à 75,60% par S1)
- Activité : Agence immobilière
www.ajadataroom.fr
Réf. à rappeler :
27547
- CA 31/12/2022 (12 mois) : 925 K€
- 3 salariés
- Siège : Lyon
Actifs à céder : Fonds de commerce, droit au bail, carnet de commandes...
Jugements de redressement judiciaire : 23 novembre 2023
La date limite de dépôt des offres est fixée au
4 décembre 2023 à 10h00
Une data room électronique hébergée sur notre site www.ajadataroom.fr
sera accessible après acceptation d’un engagement de confidentialité.
Franck MICHEL -Alain MIROITE - Nicolas DESHAYES - Christophe BIDAN - Serge PREVILLE - Lesly MIROITE -
Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON
Blois-Bobigny-Cayenne-Chartres-Colmar-Créteil-Evreux-Evry-Fort de France-Gosier-Laval-Le Mans-Lille-Marseille-Melun-Mulhouse
Nantes-Orléans-Paris-Poitiers-Rennes-Rouen-Saint MartinTours-Versailles
FINANCE & MARCHES Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 32

séAncE du 28 - 11 - 2023 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 7250,13 (-0,21 %) neXt 20 : 10696,22 (-0,32 %)

CaC larGe 60 : 7809,98 (-0,22 %)
CaC all-tradaBle : 5413,34 (0,35 %)
Date De ProroGation : 22 DécemBre
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 173,84 174,36 + 0,33 + 31,69 l'oréal (OR) R a 431,5 430,7 - 0,52 + 29,11 GensiGHt (SIGHT) g B 0,538 0,52 - 0,38 - 84,53 roBertet s.a. (RBT) B 776 758 - 1,43 - 9,44
499492 174,74 + 8,81 174,74 251664 431,5 +10,28 442,6 123635 0,56 +16,99 3,796 283 776 - 1,56 928
FR0000120073 15/05/23 2,95 523.743.727 173,72 + 23,71 133,34 1,69 FR0000120321 26/04/23 6 535.997.107 424,55 + 22,12 334,3 1,39 FR0013183985 65.309.073 0,513 - 85,67 0,38 FR0000039091 29/06/23 8,5 2.167.745 758 - 11,03 753 1,12
airBus GrouP (AIR) R a 133,66 134,56 + 0,72 + 21,2 3,4 micHelin (ML) a 29,77 30,11 + 1,01 + 15,87 GerarD Perrier (PERR) B 100 98,8 - 1,2 + 9,29 ruBis (RUI) G a 22,06 22,16 + 0,09 - 9,92
892232 134,92 + 7,68 138,76 39,63 1245514 30,11 + 8,5 30,68 304 100 + 9,78 113 DiV 2 28/07/17 99641 22,18 +11,69 27,14
NL0000235190 25/04/23 1,53 790.459.434 133,42 + 25,34 111,68 1,34 FR001400AJ45 17/05/23 1,25 178.530.450 29,61 + 12,35 25,6 14,95 FR0000061459 19/06/23 2,15 3.973.148 97 + 17,62 84 2,18 FR0013269123 13/06/23 1,92 103.195.172 21,88 - 8,62 19,63 8,66
alstom (ALO) R a 12,2 11,92 - 2,42 - 47,77 oranGe (ORA) R a 11,22 11,304 + 0,59 + 21,8 GetlinK (GET) LR a 16,64 16,64 - 0,27 + 11,12
2169536 12,225 - 1,24 28,41 4905308 11,36 + 2,67 11,874 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 199,9 199,25 - 1,02 - 34,13
397110 16,69 +12,09 17,255 DiV 6 10/05/16 40307 201,2 +20,36 358,8
FR0010220475 17/07/23 0,25 384.291.068 11,865 - 51,41 11,03 2,1 FR0000133308 05/06/23 0,4 2.660.056.599 11,178 + 14,38 9,289 3,54 FR0010533075 30/05/23 0,5 550.000.000 16,59 + 4,16 14,2 3,01
arcelormittal (MT) R a 22,46 22,54 + 0,22 - 8,28 PernoD-ricarD (RI) R a 160,55 158,05 - 2,65 - 13,99 FR0013154002 30/03/23 1,44 92.180.190 197,9 - 39,82 160,55 0,72
2305056 22,63 + 6,98 30,515 654017 160,55 - 4,21 218 Gl eVents (GLO) g B 18,12 18,24 + 0,66 + 12,18
8645 18,46 +18,29 23,8 saVencia (BH) B 53,8 53,8 - 7,88
LU1598757687 13/11/23 0,17 852.809.772 22,34 - 10,52 19,912 FR0000120693 24/11/23 2,64 255.631.733 156,55 - 15,21 156,35 1,67 339 53,8 - 3,93 64
FR0000066672 03/07/23 0,35 29.982.787 17,82 + 19,84 15,18 1,92
aXa (CS) R a 28,32 28,48 + 0,42 + 9,31 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 74,66 75,58 + 1,07 + 27,2 FR0000120107 15/05/23 1,3 14.032.930 53,4 - 2,89 51,4 2,42
1774095 28,62 + 3,73 30,34 467463 75,58 + 4,42 77,94 Graines Voltz (GRVO) c 29 29,1 + 0,35 - 61,2
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.255.151.383 28,3 + 5,09 24,6 5,97 FR0000130577 03/07/23 2,9 268.723.468 74,48 + 19,14 59,48 3,84 16381 29,9 +23,04 79 scor (SCR) G a 28,83 29,01 + 0,49 + 34,99
FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 28,7 - 62,5 20,6 200095 29,46 + 7,4 31,42
BnP PariBas (BNP) R a 56,15 56,48 + 0,11 + 6,07 renault (RNO) R a 34,75 35,025 + 0,37 + 11,99 FR0010411983 30/05/23 1,4 179.362.195 28,77 + 58,52 19,015 4,83
1237697 56,48 + 3,31 67,02 512567 35,125 + 7,95 43,96 GrouPe crit (CEN) g B 71,2 69,6 - 2,25 + 14,1
FR0000131104 22/05/23 3,9 1.147.477.409 55,97 + 6,97 47,02 6,91 FR0000131906 17/05/23 0,25 295.722.284 34,63 + 4,9 31,185 0,71 1142 71,2 +11,18 83,4 seB (SK) G a 103 103,3 - 0,48 + 32,01
BouYGues (EN) R a 34,87 34,94 + 0,17 + 24,61 saFran (SAF) R a 159,66 161,2 + 0,89 + 37,87 FR0000036675 05/07/23 3,5 11.250.000 69,6 + 12,62 60,8 5,03 39042 103,3 +11,14 109,9
397200 34,96 +10,85 35,03 597418 161,8 + 9,91 162,38 GrouPe GorGé (GOE) g B 17,38 17,38 - 0,34 - 13,01 FR0000121709 31/05/23 2,45 55.337.770 101,8 + 37,73 78,85 2,37
FR0000120503 03/05/23 1,8 381.511.167 34,7 + 17,96 28,16 5,15 FR0000073272 30/05/23 1,35 427.260.541 159,52 + 39,81 116,6 0,84 5568 17,52 + 5,72 21,6 secHe enVironnement (SCHP) g B 109,4 109 + 21,38
caP-Gemini (CAP) R a 181,25 182,6 + 0,77 + 17,09 saint-GoBain (SGO) R a 57,77 58,51 + 0,85 + 28,17 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 17,12 - 13,1 15,62 1298 109,4 +15,96 122,6
256739 182,8 +13,63 189,75 805477 58,51 +13,74 62,14 Gtt (GTT) G a 123,2 123,9 + 0,32 + 24,15 FR0000039109 07/07/23 1,1 7.857.732 107,2 + 14,38 85,7 1,01
FR0000125338 30/05/23 3,25 173.582.113 181,15 + 2,56 152,25 1,78 FR0000125007 12/06/23 2 506.419.267 57,7 + 32,35 45,895 3,42 54208 124,3 + 3,6 124,5
FR0011726835 12/06/23 1,55 37.078.357 122,5 + 5,72 87,75 1,25 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 7,24 7,17 - 0,14 - 33,24
carreFour (CA) R a 17,355 17,395 - 0,06 + 11,22 sanoFi (SAN) R a 86,69 85,76 - 1 - 4,54 1663 7,24 +36,31 16
1107303 17,4 + 5,74 19,19 2129845 86,8 + 5,3 105,18 GuerBet (GBT) g B 19,04 18,8 - 2,08 + 10,85
FR0000120172 06/06/23 0,56 708.790.816 17,185 + 5,26 15,325 3,22 FR0000120578 30/05/23 3,56 1.264.790.183 85,51 - 2,42 80,6 4,15 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 7,17 - 36,55 5,23 5,58
9525 19,2 +11,51 23,2
creDit aGricole (ACA) R a 11,7 11,746 + 0,12 + 19,48 scHneiDer electric (SU) R a 165 166,04 + 0,21 + 27,02 FR0000032526 29/06/23 0,5 12.641.115 18,64 + 12,44 15,48 2,66 ses-imaGotaG (SESL) G B 95 95,5 + 1,38 - 21,72
3137465 11,75 + 5,16 12,034 706174 166,1 +16,06 167,98 Guillemot (GUI) g c 6,88 6,77 - 1,6 - 47,19 21121 95,8 +12,35 173,8
FR0000045072 30/05/23 1,05 3.052.737.991 11,684 + 22 9,54 8,94 FR0000121972 09/05/23 3,15 572.835.884 164,2 + 17,69 131,72 1,9 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.958.658 92,9 - 25,27 66
4056 6,88 +18,15 14,08
Danone (BN) R a 58,87 59,05 - 0,05 + 19,95 société Générale (GLE) R a 22,34 22,515 + 0,11 - 4,11 FR0000066722 07/06/23 0,25 15.087.480 6,74 - 45,05 5,5 3,69 sHoWroomPriVé (SRP) g B1 1,01 + 1 - 39,95
985311 59,05 + 7,03 61,88 1437061 22,515 + 8,64 28,385 13460 1,012 - 0,2 1,845
FR0000120644 09/05/23 2 677.773.128 58,58 + 17,42 48,3 3,39 FR0000130809 30/05/23 1,7 802.979.942 22,335 - 6,23 19,326 7,55 icaDe (ICAD) G a 33,68 33,54 - 0,06 - 16,65
58433 33,68 +12,78 51,35 FR0013006558 118.902.909 1 - 35,91 0,984
Dassault sYstemes (DSY) R a 42,485 42,82 + 0,42 + 27,84 stellantis nV (STLAP) a 18,64 18,724 - 0,05 + 41,1 FR0000035081 04/07/23 2,17 76.234.545 33,02 - 16,53 28
700125 42,875 +13,1 43,175 1338998 18,724 + 8,08 19,204 sii (SII) g c 48 47,9 - 0,42 + 5,62
FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 42,3 + 20,53 33,095 0,49 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.143.878.015 18,574 + 28,67 13,362 7,16 iD loGistic (IDL) a 282 286,5 + 1,6 + 6,9 17760 48,6 + 9,36 57,8
eDenreD (EDEN) R a 50,44 49,83 - 1,21 - 2,06 stmicroeletronics (STMPA) Ra 41,36 41,84 + 0,53 + 26,81 0,23 2051 286,5 +11,7 312 FR0000074122 27/09/23 0,5 20.000.000 47 + 1,27 43,15 1,04
322239 50,44 - 0,04 62,4 1029080 41,985 +11,45 50,46 184,11 FR0010929125 6.173.328 280 + 7,1 225 soitec (SOI) LG a 160,85 160,7 - 0,5 + 5,14
FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 49,72 - 6,05 47,74 2,01 NL0000226223 18/09/23 0,05 911.281.920 41,33 + 15,1 33,165 0,14 imerYs (NK) G a 25,84 25,68 - 0,77 - 29,33 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 28837 161,2 +15,9 182,3
enGie (ENGI) R a 15,86 15,918 + 0,52 + 18,9 1,21 telePerFormance (RCF) R a 130,15 128,95 - 0,81 - 42,1 58557 25,84 + 4,82 43,22 FR0013227113 35.712.302 159,4 + 3,61 120,35
2407714 15,97 + 6,67 15,97 13,20 119421 130,5 +25,87 275,4 FR0000120859 15/05/23 3,85 84.940.955 25,44 - 32,14 23,2 14,99
solocal GrouP (PAJ) B 0,095 0,092 - 6,15 - 84,98
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 15,824 + 10,76 12,426 8,8 FR0000051807 21/04/23 3,85 64.143.054 127,75 - 40,22 96,62 2,99 inFotel (INF) g c 45,5 45,6 + 0,22 - 17,39 1062679 0,097 +14,5 0,734
essilorluXottica (EL) R a 176,84 176,58 - 0,24 + 4,36 tHales (HO) R a 137,05 138,35 + 0,66 + 15,97 511 45,8 + 8,57 59,8 FR00140006O9 129.505.837 0,082 - 86,17 0,07
316131 176,84 + 5,09 188,4 194159 138,7 - 1,91 145,7 FR0000071797 19/05/23 2 6.890.558 45,3 - 15,56 40,1 4,39
FR0000121667 22/05/23 3,23 453.597.315 174,82 + 0,42 155,15 1,83 FR0000121329 23/05/23 2,24 210.210.140 136,85 + 13,03 112,4 1,62 innate PHarma (IPH) g B 2,31 2,28 - 0,22 - 30,7 soDeXo (SW) LR a 100,7 101 + 0,3 + 12,87
euroFins scient. (ERF) R a 52,66 52,62 - 0,75 - 21,53 totalenerGies (TTE) R a 62,74 63,19 + 0,53 + 7,74 31609 2,33 - 1,51 3,8 147778 101,2 - 0,3 104,3
224158 52,74 +13,7 72,12 3167271 63,47 + 0,3 64,8 FR0010331421 80.645.333 2,28 + 6,54 2,11 FR0000121220 23/12/22 2,4 147.454.887 100,05 + 10,99 80,58 2,38
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 52,26 - 22,96 44,83 1,9 FR0000120271 20/09/23 0,74 2.412.251.835 62,7 + 9,44 50,55 1,17 interParFums (ITP) G a 49,2 48,55 - 1,52 - 3,95 solutions 30 (ALS30) a 2,188 2,258 + 2,54 + 32,36
Hermes intl (RMS) R a 1937 1911,8 - 2,01 + 32,3 uniBail-r/WFD (URW) a 55,18 55,26 - 0,18 + 13,63 51408 49,2 +14,91 68,182 464504 2,26 +47,2 3,414
52562 1937,4 + 9,32 2050,5 299410 55,6 +23,79 63,07 FR0004024222 11/05/23 1,05 69.196.570 47,95 - 1,1 41,7 2,16 FR0013379484 107.127.984 2,16 + 24,07 1,467
FR0000052292 25/04/23 9,5 105.569.412 1898 + 27,79 1450 0,5 FR0013326246 24/03/20 5,4 139.041.391 54,64 + 6,11 41,66
inVentiVa (IVA) g B4 3,845 - 2,9 - 14,08 soPra steria GP (SOP) G a 188,3 189,4 + 0,37 + 34,14
KerinG (KER) R a 399,2 394,05 - 2,58 - 17,13 Veolia enV. (VIE) R a 28,26 28,43 + 0,64 + 18,46 31910 4,01 + 9,54 5,99 18308 189,4 +18,97 208
226177 402,55 + 2,75 603,6 983010 28,48 +11,1 30,13 FR0013233012 51.752.807 3,845 - 6,9 1,88 FR0000050809 29/05/23 4,3 20.547.701 185,9 + 30,26 141,9 2,27
FR0000121485 02/05/23 9,5 123.420.778 391,5 - 27,72 376,7 2,41 FR0000124141 09/05/23 1,12 715.383.875 28,22 + 15,48 24,33 3,94
iPsen (IPN) G a 102,9 102,6 - 0,49 + 2,09 smcP (SMCP) g B 3,46 3,5 - 0,29 - 46,07
l.V.m.H. (MC) R a 683 684,5 - 1,84 + 0,68 Vinci (DG) R a 110,26 111,12 + 0,53 + 19,11 52057 103,1 - 7,48 130,7
478189 687 + 3,49 904,6 703897 111,12 + 8,94 112,4 113862 3,5 + 1,74 9,1
FR0000121014 25/04/23 7 502.048.400 676,2 - 2,03 655 1,02 FR0000125486 14/11/23 1,05 597.277.680 110,08 + 14,81 93,4 0,95 FR0010259150 02/06/23 1,2 83.814.526 101,9 - 6,13 94,85 1,17 FR0013214145 75.591.187 3,375 - 47,92 2,93
leGranD (LR) R a 88,6 88,76 + 0,02 + 18,63 WorlDline (WLN) G a 13,4 13,435 - 0,96 - 63,22 iPsos (IPS) G a 49,2 49,38 - 0,36 - 15,59 sPie (SPIE) G a 26,06 26,82 + 3 + 10,1
279471 88,76 + 9,28 93,22 1146762 13,495 +15,67 44,77 49987 49,38 + 9,49 62,4 172274 26,88 + 9,74 29,88
FR0010307819 02/06/23 1,9 264.031.292 88,18 + 12,35 74,64 2,14 FR0011981968 282.974.981 13,105 - 70,96 9,01 FR0000073298 03/07/23 1,35 43.203.225 48,38 - 8,39 40,02 2,73
FR0012757854 20/09/23 0,22 164.582.511 26 + 13,55 22,8 0,82
JacQuet metals (JCQ) g B 18,18 18,46 + 1,21 + 10,41
10159 18,66 +23,23 20,05 steF (STF) g B 105,8 105 - 0,57 + 15,89
FR0000033904 05/07/23 1 22.497.209 18,18 + 12,15 14,68 5,42 980 106 + 3,55 113,8
FR0000064271 03/05/23 4 13.000.000 105 + 24,56 91 3,81
JcDecauX (DEC) G a 17,18 17,3 + 0,88 - 2,37
88488 17,33 +16,5 23,2 sWorD GrouP (SWP) g B 37,6 38,35 + 2 - 2,66
FR0000077919 21/05/19 0,58 213.161.658 16,96 + 1,7 14,35 6603 38,9 +24,51 48,95
srD Valeurs françaises KauFman & BroaD (KOF) g B 27,4 27,9 + 2,01 + 1,64 FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 37,6 - 6,58 29,6 4,43
10193 27,9 +10,5 30,8 sYnerGie (SDG) g B 31 30,9 - 0,32 + 3
FR0004007813 09/05/23 2,4 19.862.022 27,35 + 11,82 22,05 8,6 1104 31 + 3,69 34,75
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA KlePierre (LI) LR a 22,9 22,97 + 0,04 + 6,69 FR0000032658 29/06/23 0,8 24.362.000 30,6 + 4,57 28,5 2,59
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 430201 23,06 + 2,36 25,28
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT telePerFormance (RCF) R a 130,15 128,95 - 0,81 - 42,1
FR0000121964 07/07/23 0,88 286.861.172 22,77 + 3,38 19,33 119421 130,5 +25,87 275,4
aB science (AB) g B 2,825 2,77 - 2,47 - 60,93 casino (CO) G a 0,682 0,64 - 6,16 - 93,44 laGarDère (MMB) G a 18,56 18,32 - 1,29 - 8,58 FR0000051807 21/04/23 3,85 64.143.054 127,75 - 40,22 96,62 2,99
74620 2,93 +20,96 7,49 1175188 0,696 -33,33 12,17 17074 18,56 - 1,61 24,15
FR0010557264 50.895.783 2,75 - 67,18 2,18 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 0,625 - 94,23 0,625 FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 18,22 - 3,78 18,16 7,1 teract (TRACT) B 2,62 2,6 - 0,76 - 56,67
aBc arBitraGe (ABCA) g B 5,02 5,02 - 22,17 catana GrouP (CATG) g c 6,15 6,1 - 1,14 + 3,57 2034 2,62 -13,91 7,48
lDc (LOUP) a 143 139,5 - 2,11 + 29,77 FR001400BMH7 73.394.562 2,59 - 55,63 2,59
11482 5,04 + 3,72 6,64 16610 6,16 + 7,21 7,72 1553 143 +15,77 147
FR0004040608 10/10/23 0,1 59.608.879 5 - 23,01 4,65 1,99 FR0010193052 01/03/23 0,15 30.706.178 6,1 + 17,99 5,25 2,46 FR0013204336 28/08/23 2,7 17.635.433 139,5 + 30,37 104 1,94 tF1 (TFI) G a 6,86 6,905 - 0,5 - 3,49
aBiVaX (ABVX) g B 9,24 9,21 - 0,43 + 49,03 ceGeDim (CGM) B 19,32 19,5 + 0,52 + 33,93 66987 6,93 + 3,37 8,71
lna santé (LNA) g B 19,86 19,18 - 2,84 - 35,2
58203 9,34 + 4,9 19,7 3443 19,6 +10,8 23,55 5266 19,86 - 2,64 34 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 6,82 - 2,81 6,185 7,24
FR0012333284 62.657.085 8,82 + 21,99 5,6 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 19,3 + 27,45 14,82 FR0004170017 06/07/23 0,5 10.709.416 19,06 - 29,61 19 2,61 tFF GrouP (TFF) G B 41,9 41,8 - 0,24 + 2,7
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 1,298 1,24 - 4,47 - 27,99 cGG (CGG) G B 0,618 0,62 + 0,49 + 2,61 lectra (LSS) g B 28,6 28,75 + 0,52 - 18,32 1123 42 - 0,48 45,1
85667 1,298 - 3,13 2,485 3195749 0,625 - 4,38 0,963 8339 28,85 +21,05 41,3 FR0013295789 08/11/23 0,6 21.680.000 41,8 + 13,59 37,7 1,44
FR0012616852 32.339.843 1,23 - 31,94 1,05 FR0013181864 713.676.258 0,616 - 6,4 0,599 FR0000065484 03/05/23 0,48 38.017.826 28,4 - 16,3 19,92 1,67 tHermaDor GrouPe (THEP) B 78,6 78 + 0,65 - 9,51
accor (AC) LR a 31,63 31,66 - 0,19 + 35,59 cHarGeurs (CRI) g c 8,52 8,72 - 0,57 - 38,07 lHYFe (LHYFE) B 4,815 4,785 + 1,49 - 44,68 3343 78,6 +21,12 101,6
435498 31,76 + 6,13 35,47 51804 8,78 +23,16 16,09 31199 4,87 +53,61 9,08 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 77,2 - 12,85 63 2,67
FR0000120404 23/05/23 1,05 264.930.578 31,4 + 28,13 23,39 3,32 FR0000130692 02/05/23 0,54 24.862.314 8,49 - 31,01 6,29 6,19 FR0014009YQ1 47.908.148 4,74 - 45,75 2,825 tiKeHau caPital (TKO) g a 19,9 19,86 - 0,6 - 18,1
aDocia (ADOC) g B 7,8 8,02 + 2,17 +102,02 cHristian Dior (CDI) a 674 664,5 - 2,28 - 2,42 lineData serVices (LIN) g B 52,8 52,8 + 14,53 eX D s 03/07/17 18260 20,05 + 1,85 27
98296 8,35 + 7,51 16,16 eX D oP 08/06/17 6911 674 + 4,4 872 63 53 + 1,93 60,4 FR0013230612 18/05/23 0,7 175.193.044 19,8 - 20,08 19,32 3,53
FR0011184241 14.025.682 7,73 +143,4 2,745 FR0000130403 25/04/23 7 180.507.516 656,5 - 3,7 621,5 1,05 FR0004156297 05/07/23 1,75 4.960.807 52,8 + 14,53 43,3 3,31
aéroPorts De Paris (ADP) R a 113 113,5 + 0,09 - 9,35 claranoVa se (CLA) g B 1,394 1,38 - 1,29 - 49,78 transGène (TNG) g c 1,446 1,426 - 1,38 - 13,99
lisi (FII) g a 22 22 + 13,05 8760 1,446 + 2,15 2,55
113336 114,2 + 9,03 147,7 11215 1,404 + 0,15 2,954 4861 22,05 + 5,77 27
FR0010340141 05/06/23 3,13 98.960.602 112,6 - 22,66 100 2,76 FR0013426004 57.206.910 1,374 - 47,92 1,226 FR0005175080 100.852.742 1,422 - 24,55 1,334
FR0000050353 17/04/23 0,15 46.538.313 21,95 + 7,32 18,46 0,68
air France-Klm (AF) L 11,418 11,4 - 0,71 - 7,39 clariane (CLARI) G a 2,278 2,312 + 1,05 - 77,15 lumiBirD (LBIRD) g c 12,48 12,82 + 2,72 - 22,58 triGano (TRI) G a 142,2 141,8 - 0,28 + 11,13
1138964 11,498 + 3,22 18,62 1421300 2,358 -37,72 10,97 2484 12,82 - 5,74 19,22 13396 142,6 +13,99 143,2
FR001400J770 257.053.613 11,282 - 10,24 10,166 FR0010386334 21/06/23 0,25 106.828.536 2,172 - 77,11 2,172 10,81 FR0000038242 22.466.882 12,48 - 24,59 12,2 FR0005691656 23/05/23 1,75 19.336.269 139,9 + 26,83 109,6 1,23
aKWel (AKW) g B 15,22 15,2 - 0,65 - 12,64 coFace (COFA) G a 11,09 11,02 - 0,72 - 9,23 m6-métroPole tV (MMT) G a 12,5 12,3 - 1,36 - 19,87 uBisoFt entertainment (UBI) LRa 27,35 26,78 - 8,97 + 1,4
1125 15,3 + 3,4 18,24 211899 11,14 - 2,48 14,44 29633 12,5 + 7,42 16 1248798 27,55 - 1,47 31,6
FR0000053027 08/06/23 0,3 26.741.040 15,2 - 6,75 12,8 1,97 FR0010667147 22/05/23 1,52 150.179.792 10,99 - 5,41 10,89 13,79 FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 12,22 - 6,68 11,25 8,13 FR0000054470 127.416.314 26,45 + 1,55 18,06
alD (ALD) G a 6,12 6,14 - 0,89 - 42,94 colas (RE) a 175 175 + 49,57 maisons Du monDe (MDM) g B 4,556 4,546 - 1,13 - 61,31 Valeo (FR) LR a 13,03 13,11 - 0,04 - 21,5
435439 6,195 + 0,08 13,06 12874 175 + 0,57 175 100626 4,64 - 4,17 13,36 854440 13,14 + 8,21 22,23
FR0013258662 31/05/23 1,06 816.960.428 6,095 - 44,08 5,985 17,26 FR0000121634 02/05/23 7,35 32.654.499 175 + 52,84 112,5 4,2 FR0013153541 05/07/23 0,3 39.189.288 4,442 - 61,99 4,442 6,6 FR0013176526 29/05/23 0,38 244.633.504 12,925 - 25,09 11,53 2,9
alPes (cie Des ) (CDA) g B 14,46 14,26 - 0,28 - 0,83 coViVio (COV) G a 44,12 43,64 - 1,49 - 21,3 manitou (MTU) g B 21,15 21,1 - 0,24 - 14,92 Vallourec reG (VK) G B 13,3 13,495 + 1,96 + 9,98
24020 14,46 +11,06 15,5 103711 44,26 +14,6 66,6 748 21,25 + 8,99 28,1 978568 13,565 +20,81 15,06
FR0000053324 14/03/23 0,83 50.533.135 14,06 + 4,39 11,8 5,82 FR0000064578 24/04/23 3,75 101.006.389 43,2 - 23,17 36,26 FR0000038606 30/05/23 0,63 39.668.399 21 - 1,86 19,2 2,99 FR0013506730 229.240.471 13,3 + 30,26 9,546
altarea (ALTA) G a 70,6 69,9 - 1,55 - 44,61 coViVio Hotels (COVH) a 16,4 16,45 + 11,15 maurel et Prom (MAU) g B 6,85 6,93 + 1,17 + 72,6
6108 71,2 + 1,9 132 1151 16,45 + 1,86 18,3 ValneVa (VLA) G B 5,168 5,232 + 0,93 - 15,94
320284 6,96 +28,1 6,96 296995 5,282 + 0,58 7,846
FR0000033219 12/06/23 5 20.736.822 69,5 - 49,27 67 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 16,3 + 8,22 14,5 FR0000051070 03/07/23 0,23 201.261.570 6,83 + 70,06 3,115 3,32
FR0004056851 138.896.600 5,13 - 19,66 3,95
altareit (AREIT) B 442 442 - 29,28 Dassault aV. (AM) a 184,8 185,3 + 1,04 + 17,13 mcPHY enerGY (MCPHY) g B 3,596 3,508 - 2,56 - 71,27
1 442 - 1,78 640 25092 185,9 - 0,48 192 47854 3,596 - 0,9 14,9 Verallia (VRLA) g a 31,96 31,86 - 0,13 + 0,57
FR0000039216 1.750.487 442 - 28,71 420 FR0014004L86 19/05/23 3 80.802.366 183 + 23,53 148,7 1,62 FR0011742329 27.959.095 3,472 - 73,17 3,342 80744 32,02 + 3,98 44,86
alten (ATE) G a 123,8 125,1 + 0,81 + 7,11 Dassault sYstemes (DSY) R a 42,485 42,82 + 0,42 + 27,84 FR0013447729 08/05/23 1,4 122.289.183 31,62 + 8,81 29,56 4,39
meDincell (MEDCL) B 6,25 6,2 + 0,32
16641 125,1 +15,3 161,2 700125 42,875 +13,1 43,175 25031 6,25 + 5,98 10,5 VerimatriX (VMX) g B 0,405 0,396 - 2,22 - 48,97
FR0000071946 04/07/23 1,5 35.122.301 123,1 + 3,05 105 1,2 FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 42,3 + 20,53 33,095 0,49 FR0004065605 28.718.045 6,11 + 4,2 5,25 25430 0,405 - 6,82 0,94
amunDi (AMUN) G a 55,3 55,2 - 0,63 + 4,15 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 1,54 1,51 - 0,72 - 52 mercialYs (MERY) G B 8,605 8,63 + 0,41 - 11,67 FR0010291245 85.535.147 0,396 - 35,92 0,38
eX-Ds 15/03/17 95023 55,4 +13,39 64,75 80964 1,54 -28,91 4,3 173084 8,665 + 8,21 10,79 VetoQuinol (VETO) B 92,8 94,7 + 4,07 + 8,11
FR0004125920 22/05/23 4,1 204.647.634 54,75 + 4,25 48,22 7,43 FR0010417345 96.288.553 1,487 - 46,91 1,487 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 8,51 - 9,3 7,415 5127 94,9 +20,18 98,6
antin inFra Partners (ANTIN) G a 11,71 11,72 + 0,17 - 42,27 Deezer sa (DEEZR) 2 2,46 2,48 + 0,41 - 15,04 mersen (MRN) G B 32,8 33,35 + 1,06 - 11,66 FR0004186856 02/06/23 0,8 11.881.902 91,8 + 7,98 76,3 0,85
22221 11,99 + 7,62 23,3 550 2,48 + 1,43 3,19 26459 33,35 + 9,7 45,95 Vicat (VCT) g a 31,65 32 + 1,11 + 36,46
FR0014005AL0 14/11/23 0,32 179.193.288 11,71 - 46,97 10,12 2,73 FR001400AYG6 117.053.914 2,46 - 26,84 1,19 FR0000039620 04/07/23 1,25 24.418.312 32,55 - 9,5 29,85 3,75 24043 32 +12,68 33,4
aramis (ARAMI) a 4,44 4,67 + 5,06 + 11,19 DericHeBourG (DBG) g B 4,802 4,898 + 1,62 - 11,27 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 0,46 0,458 - 1,72 - 62,19 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 31,55 + 34,45 23,75 5,16
25598 4,675 +50,16 5,84 189134 4,902 +18,54 6,85 33193 0,47 +92,23 1,421
FR0014003U94 82.856.671 4,32 - 1,06 2,558 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 4,766 - 4,05 3,936 6,53 VirBac (VIRP) G a 281 286,5 + 0,7 + 25,66
FR0004177046 50.919.133 0,45 - 72,77 0,22
1672 287,5 + 6,11 314
arGan (ARG) a 77,4 77 + 1,58 Dms (DGM) g c 1,05 1,05 + 0,96 + 3,96 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B + 1,38 + 12,21 FR0000031577 26/06/23 1,32 8.458.000 281 + 14,6 228 0,46
28864 79,9 +21,07 88,7 732 1,05 +13,88 1,6 + 7,3 8500
FR0010481960 30/03/23 3 23.079.697 76,9 - 2,16 61,4 FR0012202497 16.120.556 1,02 + 0,48 0,794 FR0000076986 20/06/23 28 182.871 + 30,09 6050 2800 ViVenDi (VIV) LR a 8,758 8,742 - 0,59 - 1,93
arKema (AKE) LR a 92,46 93,04 + 0,35 + 10,92 eDenreD (EDEN) R a 50,44 49,83 - 1,21 - 2,06 729831 8,776 + 4,74 10,22
nacon (NACON) B 1,748 1,69 + 1,93 - 35 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 8,714 + 1,02 7,99 2,86
107100 93,38 + 9,74 99,8 322239 50,44 - 0,04 62,4 121895 1,748 +37,4 2,925
FR0010313833 15/05/23 3,4 75.043.514 92,3 + 10,32 78,5 3,65 FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 49,72 - 6,05 47,74 2,01 FR0013482791 87.851.694 1,69 - 23,18 1,13 Voltalia (VLTSA) G a 8,88 8,91 - 0,11 - 47,77
artmarKet.com (PRC) g c 5,38 5,33 - 2,56 - 24,93 eiFFaGe (FGR) LR a 90,8 91,38 + 0,37 - 0,59 nanoBiotiX (NANO) g B 5,23 4,995 - 4,49 + 37,98 45599 9 +11,65 18,26
4594 5,41 - 1,48 8,12 212025 91,38 + 9,62 107,9 75253 5,23 -14,47 10,4 FR0011995588 131.318.716 8,81 - 47,65 7,42
FR0000074783 6.651.515 5,25 - 32,87 5,06 FR0000130452 15/05/23 3,6 98.000.000 90,6 - 3,14 82,18 3,94 FR0011341205 13/05/19 46.232.072 4,95 + 33,2 1,612 WaVestone (WAVE) g B 46,8 47 + 0,75 + 8,92
assYstem (ASY) B 43,9 42,7 - 2,51 + 5,17 eKinoPs (EKI) g B 4,83 4,905 + 0,62 - 41,61 neoen (NEOEN) G a 26,6 26,88 + 1,05 - 28,53 5072 47 +13,39 55
oPa 24/11/17 4345 43,9 + 8,1 49,6 21643 5,02 +26,42 9,41 149692 26,98 +11,17 38,07 FR0013357621 02/08/23 0,38 20.196.492 45,95 + 6,46 40,7 0,81
FR0000074148 05/07/23 1 15.668.216 42,3 + 7,56 37,2 2,34 FR0011466069 25.727.618 4,83 - 29,93 3,84 FR0011675362 17/05/23 0,13 152.122.449 26,18 - 28,57 23,04 0,47 WenDel (MF) G a 78 77,75 - 0,77 - 10,84
atos se (ATO) a 6,09 5,848 - 6,58 - 35,11 elior (ELIOR) G B 2,43 2,534 + 4,19 - 23,21 neurones (NRO) B 38,4 38,35 - 0,13 - 2,29 64639 78,45 +13,17 109,2
2085264 6,116 - 1,65 15,76 755310 2,554 +55,56 4,186 1034 38,4 +11,16 44 FR0000121204 19/06/23 3,2 44.430.554 76,95 - 10,68 67,45 4,12
FR0000051732 14/05/21 0,9 111.439.307 5,652 - 44,01 3,971 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 2,398 - 8,78 1,509 FR0004050250 14/06/23 1,1 24.278.716 38,25 + 0,26 33,45 2,87
WorlDline (WLN) G a 13,4 13,435 - 0,96 - 63,22
auBaY (AUB) g c 35,7 35,85 + 0,42 - 26,46 elis (ELIS) G a 17,7 17,75 - 0,28 + 28,44 neXans (NEX) G a 70,85 71,65 + 0,7 - 15,16 1146762 13,495 +15,67 44,77
10754 36 +15,83 53,2 179386 17,79 +15,26 19,13 64060 72,1 + 8,23 102,9
FR0000063737 08/11/23 0,5 13.304.296 35,2 - 28,3 28,6 1,4 FR0012435121 30/05/23 0,41 234.000.047 17,58 + 41,32 13,8 2,31 FR0011981968 282.974.981 13,105 - 70,96 9,01
FR0000044448 15/05/23 2,1 43.753.380 70,8 - 20,03 62,5 2,93
aVenir telecom (AVT) c 0,116 0,117 - 0,51 + 58,54 eramet (ERA) G B 71,3 70,8 - 1,05 - 15,56 Xilam animation (XIL) g c 4,24 4,3 + 1,42 - 87,45
neXitY (NXI) G a 14,18 14,19 - 0,28 - 45,55
10973 0,12 + 4,65 0,435 49644 71,35 +14,66 114,5 65614 14,2 +13,07 28,54 5297 4,3 - 2,71 35,6
FR001400CFI7 0,116 - 3,31 0,069 FR0000131757 26/05/23 3,5 28.755.047 70 - 5,79 57,85 4,94 FR0010112524 24/05/23 2,5 56.129.724 13,98 - 40,43 11,33 17,62 FR0004034072 4.911.500 4,22 - 86,56 3,41
aXWaY soFtWare (AXW) g B 23,6 23,7 + 0,42 + 42,34 esi GrouP (ESI) g c 154 153,5 +107,99 oDet (cie De l') (ODET) a 1394 1358 - 1,02 - 2,3
920 23,7 + 4,87 24,2 471 154 + 3,02 154,5 195 1394 + 4,46 1650
FR0011040500 05/06/23 0,4 21.633.597 23,6 + 46,3 16,5 1,69 FR0004110310 6.094.431 153,5 +110,27 72 FR0000062234 20/06/23 3,6 6.585.990 1352 + 6,09 1258 0,27 Autres Valeurs de la Zone euro
Bains mer monaco (BAIN) B 101 101 + 19,95 esso (ES) g c 54 53,85 + 0,09 + 14,09 orPéa (ORP) G a 0,22 0,234 + 10,95 - 96,21
16 101 - 3,81 115 3709 54,65 - 4,86 63,9 13487442 0,27 -77,86 8,934 euroneXt (ENX) LR a 76 75,35 + 0,53 + 8,95
MC0000031187 10/10/23 1,2 24.516.661 101 + 19,95 83 1,19 FR0000120669 10/07/23 2 12.854.578 53,75 + 8,79 41,06 3,71 FR0000184798 09/07/21 0,9 64.693.851 0,165 - 96,54 0,155 230909 76,25 +15,3 78,76
NL0006294274 23/05/23 1,89 107.106.294 75,05 + 5,27 60,65 2,95
BalYo (BALYO) g c 0,827 0,838 + 1,58 +106,4 eurazeo (RF) G a 62 62,85 + 0,88 + 8,18 ose immuno (OSE) g c 4,145 4,03 - 0,98 - 39,63
3941 0,84 - 0,71 0,87 106635 63,1 +20,63 69,7 68336 4,16 - 5,84 7,31 noKia (NOKIA) R a 3,227 3,211 - 1,91 - 25,98 0,3
FR0013258399 34.356.767 0,767 + 99,52 0,4 FR0000121121 28/04/23 2,2 79.224.529 61,9 + 3,46 50,35 3,5 FR0012127173 21.651.101 4,01 - 40,82 2,705 85972 3,232 + 3,71 4,7 10,84
BastiDe le conFort (BLC) g c 23 23,8 + 3,25 - 35,33 eutelsat com. (ETL) G a 3,75 3,762 - 0,42 - 45,95 oVH (OVH) g a 8,45 8,4 - 0,71 - 47,43 FI0009000681 23/10/23 0,02 5.691.797.576 3,203 - 29,91 2,92 0,93
4044 24 +12,8 38 487880 3,776 -12,8 7,265 92107 8,45 +20,69 16,365 ses (SESG) LR 5,4 5,4 - 0,46 - 11,33
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.352.928 22,8 - 31,41 19,84 FR0010221234 17/11/22 0,93 475.178.378 3,602 - 52,59 3,602 FR0014005HJ9 188.532.591 8,2 - 39,22 5,86 466803 5,45 - 4,59 7,4
BelieVe (BLV) G a 10,26 10,32 + 0,19 + 6,45 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 17,98 18,04 + 0,22 - 0,22 PeuGeot inVest (PEUG) g a 95,2 94,9 - 0,21 + 6,63 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 5,32 - 21,14 4,694 9,26
5848 10,32 +15,96 12,76 41396 18,12 +19,63 21,15 4557 95,4 + 6,15 112,4 X-FaB silicon (XFAB) g a 9,9 10,01 + 0,45 + 51,32
FR0014003FE9 96.932.615 10,14 - 7,69 7,7 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 17,72 + 9,73 15 FR0000064784 19/05/23 1 24.922.589 94,4 + 8,21 88,9 3 87293 10,02 +10,91 11,62
Bénéteau (BEN) G B 11,24 11,32 + 0,18 - 19,94 FDJ (FDJ) G a 32,94 33,1 + 0,18 - 11,92 PHarmaGest int. (PHA) g a 60,3 59,7 - 0,83 - 20,08 BE0974310428 130.781.669 9,82 + 62,37 6,625
52244 11,36 + 0,18 17,44 101583 33,14 + 8,67 40,99 8089 60,5 -13,23 85,8
FR0000035164 21/06/23 0,42 82.789.840 11,22 + 6,99 10,8 3,71 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 32,64 - 11,59 28,2 4,14 FR0012882389 03/07/23 1,15 15.174.125 59,1 - 21,96 55 1,93
Bic (BB) G a 62,8
27461
62,45
62,95
- 0,48 - 2,35
+ 7,67 69,15
FermentalG (FALG) g c 0,27
139198
0,27
0,273
+ 1,51 - 82,3
+ 4,46 1,708
Pierre & Vacances (VAC) g c 1,494
210040
1,472
1,494
- 1,47 + 36,55
+27,56 1,894
VAleurs Zone internationale
FR0000120966 29/05/23 2,56 43.952.226 62 - 1,73 51,15 4,1 FR0011271600 41.290.430 0,266 - 83,8 0,209 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.433.323 1,448 + 76,29 1,028 General electric (GNE) a 108 108,5 - 0,46 + 43,52
BiGBen int. (BIG) g c 3,53 3,5 + 0,58 - 45,05 PHaXiam tX (PHXM) c 4,18 4,21 + 14,78 Plastic omnium (POM) G a 11,19 11,28 + 0,8 - 16,94 59 108,5 + 7,96 111,5
18435 3,54 +47,06 7,81 2750 4,285 - 6,55 53,9 146516 11,3 + 8,67 20,1 US3696043013 USD 25/09/23 0,07 1.092.668.140 108 + 32,97 63,1
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.538.970 3,425 - 52,25 2,275 8,57 FR0011471135 60.751.054 4,16 - 34,83 2,6 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 11,06 - 24,35 10,03 3,46
scHlumBerGer (SLB) a 48,15 48,05 + 0,35 - 2,83 3,45
BiomérieuX (BIM) G a 98,56 98,98 + 0,32 + 1,08 Fnac DartY (FNAC) G a 25,8 25,9 + 0,7 - 24,8 PoXel (POXEL) g c 0,359 0,357 - 0,42 - 62,02 2631 48,34 - 9,08 58,1
58945 98,98 +11,82 102,6 26795 26,1 +27,71 40,28 13415 0,359 + 0,56 1,08 AN8068571086 USD 05/09/23 0,25 1.439.269.870 47,53 - 1,03 39,535
FR0013280286 06/06/23 0,85 118.361.220 97,56 + 1,1 84,54 0,86 FR0011476928 13/06/23 1,4 27.778.578 25,4 - 27,41 17,51 5,41 FR0012432516 36.061.332 0,353 - 70,15 0,345
total enerGies GaBon (EC) a 161,6 156,2 - 2,25 - 1,14
Boiron (BOI) g a 39,64 39,74 + 0,25 - 21,62 Foncière lYonnaise (FLY) a 66,6 66 - 0,9 - 21,8 QuaDient (QDT) g B 19,3 19,36 + 40,6
5370 39,84 + 0,1 56,5 155 66,6 + 1,85 85 18680 19,4 - 3,2 21,3 730 161,6 + 1,17 190
FR0000061129 18/10/23 10,36 17.545.408 39,64 - 12,66 36,75 26,07 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 65,2 - 21,62 60,4 FR0000120560 03/08/23 0,6 34.468.912 19,28 + 28,3 13,82 3,1 GA0000121459 07/06/23 20,8 4.500.000 155,6 - 0,51 143,4 13,32
Bolloré (BOL) G a 5,365 5,39 + 0,09 + 3,26 ForVia (FRVIA) LR a 16,995 17,22 + 1,03 + 21,87 rallYe (RAL) a 0,2 0,18 - 2,7 - 93,28
574291 5,395 + 6,73 6,37 641541 17,22 +11,42 25,4 4761192 0,21 +426,32 3,1
FR0000039299 05/09/23 0,02 2.951.174.374 5,36 + 2,67 4,93 0,37 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 16,915 + 11,13 14,4 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 0,165 - 94,22 0,025
BonDuelle (BON) g B 10,36 10,52 + 1,15 - 21,38 Gecina (GFC) LR a 101 100,2 - 0,99 + 5,31 ramsaY GDs (GDS) a 20,2 20,2 + 10,38
11800 10,52 + 4,16 14,5 96892 101,2 +11,09 114,2 2 20,2 + 0,5 22,4
FR0000063935 03/01/23 0,3 32.630.114 10,3 - 14,33 9,73 2,85 FR0010040865 03/07/23 2,65 76.623.192 98,85 + 5,47 88 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 20,2 + 0,5 17,95
Bureau Veritas (BVI) LR a 22,4 22,49 - 0,09 - 8,61 GenFit (GNFT) G B 2,975 2,995 + 0,34 - 24,52 rémY cointreau (RCO) LR a 111,2 110,05 - 2,31 - 30,17
388528 22,52 + 5,24 27,27 114102 3,025 - 0,83 4,92 103727 111,65 + 5,26 180,5
FR0006174348 04/07/23 0,77 453.745.520 22,35 - 12,22 20,67 3,42 FR0004163111 49.834.983 2,975 - 15,44 2,84 FR0000130395 28/09/23 3 51.237.853 108,8 - 31,6 102,5 2,73
carmila (CARM) g c 14,6 14,54 + 0,14 + 9 Genomic Vision (GV) g c /031123 - 95,01 reXel (RXL) LR a 21,4 21,64 + 0,79 + 17,35
27595 14,6 +10,32 15,92 -10 0,054 432282 21,64 +14,44 24,95
FR0010828137 15/05/23 1,17 142.441.073 14,24 + 4,01 12,64 FR0011799907 385.886.117 - 96,85 0,001 FR0010451203 09/05/23 1,2 304.263.241 21,21 + 17,42 18,08 5,55
33 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023 FINANCE & MARCHES

carnet
PORTRAIT ENTREPRISES de commerce d’Amiens, a débuté trice adjointe de l’Europe et des
en marketing dans le secteur du affaires internationales à l’IHEDN.
par Bruno Askenazi CRÉDIT MUTUEL retail. Elle fut chargée de marke- Cheffe du bureau du département
Eliana de Abreu ting et relations clients dans l’école changement climatique au minis-

Olivier Fécherolle, devient directrice générale

de Crédit Mutuel Asset
de langues Oise à Londres avant
de retrouver la France comme
tère de l’Europe et des Affaires
étrangères dès 2011, elle avait été
Management. chargée de communication au nommée, en 2016, responsable du
retour à l’école sein d’Awin. En 2019, elle avait département des relations inter-
Eliana de Abreu, 46 ans, est titu- rejoint Birdeo en tant que respon- nationales à l’Inserm.
laire du magistère banque, sable communication.
Olivier Fécherolle connaît les chiffres de l’Institut Mon- finance, assurance de Paris-Dau-
taigne : sur les 945.000 emplois disponibles dans les phine et d’une double licence de JLL +
DR

métiers du numérique en 2022, 85.000 n’étaient pas mathématiques appliquées et Marie-Laure Leclercq Ils sont nés
pourvus. Voilà de quoi conforter le nouveau directeur d’économie de la même univer- de Sousa
général de Wild Code School sur l’utilité de sa mission. similaires en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suède, pour sité. C’est en 2002 qu’elle a rejoint est nommée CEO de JLL un 29 novembre
Sous sa responsabilité, six « campus » à Paris, Lyon, Nan- constituer le consortium Future Group. Sa philosophie ? Crédit Mutuel Asset Management France, Belgique, Luxembourg
tes, Bordeaux, Lille et Toulouse, où sont formées 1.500 Bâtir un horizon économique désirable pour tous. comme gérante obligataire. Pro- et Europe du sud (Espagne,
personnes par an. Des adultes en reconversion prêts à
apprendre, en cinq mois intensifs, un métier dans, au
Sa vision de l’éducation au numérique comme une
voie d’insertion sociale est peut-être née il y a trente ans.
mue directrice de la gestion taux
dès 2018, elle était, depuis deux
Italie, Portugal). •deLaetitia Mendes, fondatrice
Geneticancer, dirigeante
choix, le développement Web, la data et l’IA, le design Pendant son service militaire, ce fils d’un cadre hospita- ans, directrice des gestions. Marie-Laure Leclercq de Sousa, 48 chez Naf Naf, 42 ans.
produit ou encore les infrastructures-cybersécurité.
Sur la feuille de route du quinquagénaire, aux com-
lier et d’une aide-soignante gère alors une association,
organisant des cours d’informatique dans les prisons. HEINEKEN
ans, diplômée de l’Institut de droit
et d’économie appliqués à l’immo-
•économiste,
Susan Athey,
53 ans.
mandes depuis septembre, la priorité sera de faire
décoller les contrats avec de grandes entreprises sou-
Lui-même en donne à la maison d’arrêt de Nanterre. Gautier Ohl
est promu directeur
bilier (ICH), est, depuis 2020, direc-
trice France leasing markets advi-
•deJean-Paul Bailly, ancien PDG
La Poste et de la RATP, 77 ans.
cieuses de réorienter leurs salariés vers le numérique.
« Même si le modèle de bootcamp pour candidats indivi-
L’aventure Keljob
Après ses diplômes de l’ESC Reims (devenue Neoma
des ressources humaines
d’Heineken France. A ce titre,
sory. Depuis l’an dernier, elle pilote
aussi l’agence bureaux pour la ré-
•universitaire,
Olivier Beaud,
65 ans.
duels reste central, le BtoB a deux avantages : il touche un
nombre important de personnes et, quant au finance-
Business School) et de l’IAE Paris, il évolue dans le
management des ressources humaines. Et lorsqu’un de
il rejoindra l’équipe de direction. gion Emea. Débutant chez JLL en
1999, elle est devenue, dès 2014, di-
•basketteur,
Shannon Brown,
38 ans.
ment, un frein pour beaucoup, c’est l’employeur qui
paye », déroule Olivier Fécherolle de sa voix feutrée.
ses clients évoque un projet de plateforme Web
d’emploi, il trouve l’idée géniale : en 2000, il cofonde le
Gautier Ohl, 35 ans, diplômé de
l’EM Strasbourg, officie au sein de
rectrice du département agence
France et membre du comité de di-
•ce,Catherine Chabaud, navigatri-
députée européenne, 61 ans.
Négocier avec des entreprises, il sait faire, lui qui fut
huit ans chargé du développement commercial des sys-
job board Keljob. Acquisition clients, structuration d’un
site web… tout était à défricher. Il apprend en avançant.
l’entreprise depuis plus de douze
ans. Il fut chargé de mission RH
rection France. Elle préside, par
ailleurs, la FNAIM Entreprises.
•deJean-Yves Charlier, CEO
Broad Horizon Group, 60 ans.
tèmes d’information RH d’Oracle pour l’Europe de « C’était dingue et quelque peu épuisant », raconte-t-il. sur divers sites avant de rejoindre • Joel Coen, cinéaste, 69 ans.
l’Ouest. Selon Karine Picard, sa manager d’alors, qui a
depuis rejoint l’éditeur de logiciels ServiceNow, « ce n’est
Après son introduction en Bourse, l’entreprise est
rachetée par « Le Figaro » en 2006.
le siège à Rueil-Malmaison.
En 2020, il a pris la direction des
INSTITUT •femme
Valérie Debord,
politique, 52 ans.
pas seulement quelqu’un d’une grande rigueur. Il a aussi
cet esprit libre de startupeur qui vous pousse à bousculer
Deux ans plus tard, le dirigeant rejoint Viadeo, le
réseau social professionnel, à l’époque, très prometteur.
ressources humaines de la brasse-
rie de Marseille. Il a notamment
INSTITUT PASTEUR
Odette Tomescu-Hatto
•deAntoine Derville, PDG
Colliers International, 62 ans.
vos méthodes ou votre organisation ». Recruté comme directeur des opérations, il se voit con-
fier ensuite la stratégie pour mener différentes acquisi-
eu la responsabilité de l’accompa-
gnement des équipes des brasse-
sera directrice des affaires
internationales, membre des
•chef,
Fabrice Desvignes,
51 ans.
Des cours dans les prisons
Faire bouger les lignes, le nouveau patron de Wild Code
tions, plusieurs levées de fonds et une introduction en
Bourse. En désaccord avec le maintien des investisse-
ries et le pilotage des relations
sociales pour l’entreprise.
comités de direction et exécutif
de l’Institut Pasteur dès janvier.
•d’équitation,
Rodrigo Pessoa, champion
51 ans.
School souhaiterait aussi le faire en matière de diversité.
« Avec 28 % de femmes parmi nos étudiants, on est déjà au-
ments en Chine, « un puit sans fond qui absorbait tous les
revenus réalisés en France », il démissionne en 2015 pour BIRDEO Odette Tomescu-Hatto, 50 ans,
•pédiatre
Anne Postel-Vinay, médecin-
et mécène, 69 ans.
dessus de la moyenne. Mais j’aimerais aller plus loin, par
exemple en nous rapprochant de fondations d’entreprise
rebondir chez Oracle. Un environnement de groupe
international où ce pratiquant de vélo sur route était à
Héloïse Belmont
est promue directrice
titulaire d’un master of sciences de
l’université de Montréal et d’une
•deTamara Ralph, co-fondatrice
Ralph & Russo, 42 ans.
ou en créant un système de bourses pour des femmes qui
n’ont pas assez d’argent pour financer leur formation »,
son aise. Mais le projet à impact social de Wild Code
School, porteur de plus d’autonomie et de diversité de
communication et RSE. licence en affaires publiques de
l’université de Bucarest, est doc-
•écrivain
Jean-Philippe Toussaint,
et réalisateur, 66 ans.
résume-t-il. Ce qui n’empêche pas Olivier Fécherolle missions, l’a emballé. Et ce père de trois grands enfants Héloïse Belmont, 33 ans, titulaire teure en science politique/rela-
d’avoir des ambitions européennes. Fin 2022, l’établisse-
ment s’est rapproché de trois organismes de formation
de conclure en souriant : « Reprendre le contrôle de son
destin en apprenant un nouveau métier, ça me parle. » n
d’un master en marketing et com-
munication de l’Ecole supérieure
tions internationales de l’IEP de
Paris. Depuis 2018, elle est direc- , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

actions actions actions

euronext hors srd Françaises euronext hors srd suite Françaises euronext hors srd suite Françaises changes cours au comptant
var. var.
28-11-2023 cours veille année
isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol 1 euro en devise bce en % en %

Fr0000076887 a.s.t. Groupe g C 0,738 0,74 0,702 0,71 - 4,31 14974 Fr0011271600 FermentalG g C 0,27 0,273 0,266 0,27 + 1,51 139198 Fr0000121691 nrj Group B 6,98 7 6,86 6,98 + 0,29 6405 DOLLAR US 1,1009 0,49 2,86
Fr0012616852 abionyX pharma g B 1,298 1,298 1,23 1,24 - 4,47 85667 Fr0011665280 FiGeac aero g C 3,99 4,01 3,96 3,97 - 0,75 1981 Fr0000052680 oeneo g B 13,45 13,6 13,35 13,35 4003 LIVRE STERLING 0,8661 -0,13 -2,14
FRANC SUISSE 0,9647 0,01 -2,51
Fr0000064602 acanthe dev. C 0,348 0,352 0,342 0,348 + 1,75 12714 Fr0014005sb3 Forsee power sa B 2,67 2,7 2,65 2,7 + 1,12 15699 Fr0010428771 ol Groupe g C 1,98 2 1,98 1,995 + 0,76 2048 COURONNE DANOISE 7,4557 -0,01 0,26
Fr0012821890 aduX g C 1,125 1,125 1,1 1,125 2320 Fr0013030152 Francaise enerGie g C 45,4 45,8 43,8 45,8 + 0,88 22518 Fr0000075392 orapi g C 6,46 6,46 6,42 6,44 1750 COURONNE NORV. 11,6879 0,29 11,36
COURONNE SUEDOISE 11,3591 -0,55 1,78
Fr0013333077 aFFluent medical B 1,3 1,3 1,3 1,3 + 1,56 5497 Fr0000065971 Graines voltZ C 29 29,9 28,7 29,1 + 0,35 16381 Fr0010609206 oreGe C 0,508 0,508 0,5 0,5 - 1,96 2531
DOLLAR CANADIEN 1,4928 0,06 2,91
Fr0000062465 alan allman C 10 10 9,6 9,6 -4 1239 Fr0012612646 Groupe partouche B 19,8 20 19,8 19,9 + 0,76 744 Fr0012127173 ose immuno g C 4,145 4,16 4,01 4,03 - 0,98 68336 YEN JAPONAIS 162,215 -0,38 15,54
Fr0011992700 ateme g B 6,6 7,24 6,58 7 + 7,69 4100 Fr0004155000 Groupe sFpi g C 1,56 1,568 1,558 1,558 - 0,13 9353 Fr0010263202 pareF g C 48 48 47,8 48 + 0,42 572 DOLLAR AUSTRALIEN 1,6518 -0,42 5,14
ROUBLE RUSSE 97,15 -0,46 23,08
Fr001400cFi7 avenir telecom C 0,116 0,12 0,116 0,117 - 0,51 10973 Fr0000066722 Guillemot g C 6,88 6,88 6,74 6,77 - 1,6 4056 Fr0004038263 parrot B 2,37 2,37 2,26 2,28 - 5,39 4073 ROUPIE INDIENNE 91,754 0,46 3,34
Fr0013258399 balyo g C 0,827 0,84 0,767 0,838 + 1,58 3941 Fr0000066755 haulotte Group g B 2,49 2,51 2,45 2,46 - 1,6 4128 Fr0011471135 phaXiam tX C 4,18 4,285 4,16 4,21 2750 FORINT HONGROIS 377,3815 -0,54 -5,59
ZLOTY POLONAIS 4,326 -0,56 -7,96
Fr0004023208 bassac B 41,1 41,1 39,6 40 855 Fr0000054231 hiGh co. g C 4,26 4,27 4,21 4,21 - 0,94 4216 Fr0013252186 plastiQues du val g C 2,69 2,7 2,68 2,68 4822
DOLLAR HONG-KONG 8,5838 0,57 2,67
Fr0000035370 bastide conF.med. g C 23 24 22,8 23,8 + 3,25 4044 Fr0000065278 hopscotch Groupe g 15,95 16,85 15,7 16,85 + 5,64 1289 Fr0012432516 poXel g C 0,359 0,359 0,353 0,357 - 0,42 13415 WON SUD COREEN 1416,71 -0,41 4,88
Fr0000039299 bollore G A 5,365 5,395 5,36 5,39 + 0,09 574291 Fr0014003vy4 hydroGÞne France G B 11,5 11,7 11,3 11,3 - 1,74 2353 Fr0012613610 prodways Group g C 0,95 0,959 0,948 0,95 15857 PESO MEXICAIN 18,8638 0,29 -9,73
REAL 5,3558 -0,17 -5,54
Fr0000074254 bourse direct C 5,88 5,9 5,76 5,88 + 2,44 6033 Fr0000033243 immo. dassault B 48 48 47,8 47,9 - 0,21 600 Fr0000054199 s.t. dupont C 0,095 0,095 0,095 0,095 1123 DOLLAR SINGAPOUR 1,465 0,00 1,88
Fr0010151589 caFom C 9,18 9,2 9,02 9,2 + 0,22 531 Fr0013233012 inventiva g B 4 4,01 3,845 3,845 - 2,9 31910 Fr0006239109 scbsm g C 8,95 8,95 8,95 8,95 + 1,13 1866 LIVRE TURQUE 31,8136 0,44 58,67
RENMIBI YUAN 7,8119 0,45 5,60
Fr0012969095 capelli g 4,3 4,3 4,1 4,27 - 2,96 1939 Fr0000032278 latecoere g C 0,015 0,017 0,015 0,016 + 3,97 7746532 Fr0000039109 seche environnem. g B 109,4 109,4 107,2 109 1298
Fr0010193979 cbo territoria C 3,67 3,69 3,67 3,67 - 0,54 7170 Fr0006864484 laurent-perrier B 122 122 118 118 - 0,84 548 Fr0011950682 serGeFerrari Gp g C 7,24 7,24 7,17 7,17 - 0,14 1663
Fr0000053506 ceGedim B 19,32 19,6 19,3 19,5 + 0,52 3443 Fr0014009yQ1 lhyFe B 4,815 4,87 4,74 4,785 + 1,49 31199 Fr0000074122 sii g C 48 48,6 47 47,9 - 0,42 17760
taux marchés monétaires et eurodevises
marchés monétaires
Fr0013426004 claranova se g B 1,394 1,404 1,374 1,38 - 1,29 11215 Fr0012634822 maat pharma C 6,8 7,06 6,64 7,06 + 3,82 771 Fr00140006o9 solocal Group B 0,095 0,097 0,082 0,092 - 6,15 1062679 28-11-2023 jour 1 mois 3 mois 6 mois 1 an

Fr0004031763 coheris g C 4,96 5 4,84 5 - 3,85 2626 Fr0010609263 mauna kea tech g C 0,436 0,436 0,422 0,427 - 1,84 77442 Fr0011289040 sQli g C 41,8 43 41,6 42,8 + 0,94 575 Zone euro 3,95/3,65 4,08/3,78 4,07/3,77 4,13/3,83 4,03/3,73

Fr0010483768 crcam brie pic. cc B 17,65 17,65 17,522 17,56 - 0,51 1730 Fr0000051070 maurel et prom g B 6,85 6,96 6,83 6,93 + 1,17 320284 Fr0004188670 tarkett G B 9,22 9,34 9,02 9,16 + 0,22 9871 ecarts de tauX avec l’allemaGne
28-11-2023 6 mois 2 ans 5 ans 7 ans 10 ans
Fr0010461053 crcam lanGued cci C 49,015 50 49,015 49,4 + 0,8 622 Fr0000060873 mbws g C 2,57 2,59 2,53 2,59 9151 Fr001400bmh7 teract B 2,62 2,62 2,59 2,6 - 0,76 2034
allemaGne 98,29 3,08 2,47 2,43 2,55
Fr0000185514 crcam nord Fr. B 13,1 13,252 13,086 13,086+ 0,74 2571 Fr0004065605 medincell B 6,25 6,25 6,11 6,2 25031 Fr0000033003 touaX g C 5,72 5,72 5,7 5,7 - 0,35 590 portuGal 0 0,05 0,41 0,60 0,83
Fr0000045528 crcam paris idF B 69,87 71,95 67,8 67,85 - 2,91 4024 Fr0010298620 memscap g C 5,74 5,78 5,44 5,44 - 4,56 28206 Fr0000036816 tour eiFFel g B 12,85 12,9 12,05 12,4 - 3,5 5027 France 0,10 0,14 0,35 0,43 0,51
espaGne 0,04 0,23 0,77 0,94 1,00
Fr001400ayG6 deeZer 2 2,46 2,48 2,46 2,48 + 0,41 550 Fr00140085w6 mrm C 19,7 19,7 19,7 19,7 + 0,51 628 Fr0000035784 transit.everGreen G C 2,6 2,6 2,56 2,56 - 1,54 2042 italie 0,01 0,48 3,65 1,47 1,64
Fr0000062978 dekuple g C 28,5 30,5 28,4 29,4 + 3,16 1468 Fr001400ie67 myhotelmatch 0,865 0,865 0,86 0,86 - 0,61 2817 Fr0000050049 viel et cie C 8,1 8,1 8,08 8,08 - 0,98 4208
Fr0012202497 diaGnostic medicalg C 1,05 1,05 1,02 1,05 + 0,96 732 Fr0013482791 nacon sas B 1,748 1,748 1,69 1,69 + 1,93 121895 Fr0000062796 vranken - pommery C 15,75 15,75 15,45 15,55 + 0,32 1269
Fr0000054678 euro ressources C 3,49 3,52 3,49 3,51 - 0,28 19137 Fr0004050250 neurones B 38,4 38,4 38,25 38,35 - 0,13 1034 Fr0012532810 waGa enerGy B 22,8 23,15 22,7 22,85 - 0,65 2067
certificat/fonds investir 10
INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 155,25 -0,16
Fr0000075343 euromedis Groupe C 4,77 4,77 4,64 4,64 - 2,73 3249 Fr0012650166 nhoa g C 0,722 0,722 0,68 0,72 + 1,12 10717 Fr0004034072 Xilam animation g C 4,24 4,3 4,22 4,3 + 1,42 5297
INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 115,88 0,24

sicav/fcp
classiFication

classiFication

classiFication

classiFication

val. unit date dernier val. unit date dernier val. unit date dernier val. unit date dernier
désiGnation hors Frais de la dividende net désiGnation hors Frais de la dividende net désiGnation hors Frais de la dividende net désiGnation hors Frais de la dividende net
code isin des valeurs en euros** valor. en euros** code isin des valeurs en euros** valor. en euros** code isin des valeurs en euros** valor. en euros** code isin des valeurs en euros** valor. en euros**
mont. date mont. date mont. date mont. date

Banque Cantonale de
Mirabaud Asset Management Genève (France) SA
Tél. 058 200 60 01 Tél. 04 72 07 31 50
www.mirabaud.com
marketing@mirabaud-am.com
bcgef.fr/fonds

A la recherche d’une LU0704154292 ram (l) sF em mkt eQ 229,32 27/11 LU0375630729 ram (l) sF us sust eQ 352,18 27/11 LU2004923152 swiss all caps (chF) eur a 133,97 27/11
gestion active de conviction ? LU2004923749 swiss small & mid caps (chF) eur a 114,42 27/11
LU0375629556 ram (l) sF european eQ 524,23 27/11 LU0419186167 ram (l) tF Gb bd tot ret 141,42 27/11
LU2404427101 eu all caps a 86,78 27/11
LU1048876350 ram (l) sF Gb stb income eQ 155,91 27/11 LU0935723782 ram (l) tF ii asia bd tot ret 147,28 27/11 LU2404427523 world QualiliFe stocks a 72,62 27/11
Retrouvez plus de détails LU1626130816 silk road Zone stocks a 108,06 27/11
sur notre site internet : LU0705071701 ram (l) sF l/s european eQ 151,8 27/11
LU0851564038 balanced (eur) a 130,29 27/11
www.mirabaud-am.com LU0851564384 dynamic (eur) a 159,52 27/11

@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à
vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

DIRECTEUR DES RÉDACTIONS Muriel Jasor (Leadership et Management) EDITORIALISTES PUBLICITÉ SERVICE IMPRESSION
Nicolas Barré Christine Kerdellant (Idées et débats) Cécile Cornudet, Sabine Delanglade, Les Echos Le Parisien Médias ABONNEMENTS L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi-Print (Gallargues).
DIRECTEUR DES DÉVELOPPEMENTS Arnaud Le Gal (Les Echos Entrepreneurs Eric Le Boucher, Jean-Francis Pécresse, Tél. : 01 87 39 78 00. LES ECHOS Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 100%.
Les Echos sont une publication du ÉDITORIAUX DU PÔLE LES ECHOS et opérations spéciales) Jean-Marc Vittori, PRÉSIDENTE Corinne Mrejen 45, av. du Général Leclerc, Ce journal est imprimé sur du papier porteur
PRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH) Henri Gibier Etienne Lefebvre (France et international) Laurent Flallo, Sylvie Ramadier (Le Crible) DIRECTEUR GÉNÉRAL 60643 Chantilly Cedex. de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002.
PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL Pierre Louette DIRECTEURS DÉLÉGUÉS Clémence Lemaistre (Information digitale) ÉDITRICE Marie Van de Voorde-Leclerq Philippe Pignol Tél. : 01 70 37 61 36 Eutrophisation : Ptot 0.01kg/tonne de papier
DIRECTRICE GÉNÉRALE PÔLE LES ECHOS Bérénice Lajouanie DE LA RÉDACTION Lucie Robequain (France, International ÉDITRICE ADJOINTE Adéline Léger DIRECTRICE PUBLICITÉ du lundi au vendredi de 9 h Membre de l’ACPM OJD CPPAP : 0426 C 83015.
DIRECTEUR DÉLÉGUÉ Bernard Villeneuve Dominique Seux et François Vidal et Enquête) DIRECTRICE DU MARKETING Emmanuelle Denis à 18 h. Abonnement France Toute reproduction, même partielle, est interdite
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION RÉDACTEURS EN CHEF Marie-Christine Sonkin (Patrimoine) ET DES REVENUS CLIENTS métropolitaine : 732 € TTC. sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)
& PRÉSIDENT DE LA SAS LES ECHOS Pierre Louette David Barroux (Entreprises) DIRECTEUR DE CRÉATION Lise Benamou DÉLÉGUÉ À LA PROTECTION Ce numéro comporte
Edité par Les Echos, SAS au capital de 794.240 euros RCS 582 071 437 Julie Chauveau (Entreprises) Fabien Laborde DIRECTEUR STRATÉGIE DES DONNÉES PERSONNELLES un 3e cahier de 10 pages
10, boulevard de Grenelle, CS10817, 75738 Paris Cedex 15 Alexandre Counis (Finance et Marchés) DIRECTRICE ARTISTIQUE ET COMMUNICATION Xavier Genovesi « Les Echos Entreprises
Tél. : 01 87 39 70 00. www.lesechos.fr Daniel Fortin (Les Echos Week-end) Marion Moulin Fabrice Février dpo@lesechosleparisien.fr & Collectivités »
 Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 34

ÉCONOMIE DURABLE
ENJEUX Sur fond d’instabilité géopolitique, et alors que l’emballement des catastrophes naturelles rend plus tangible que jamais
la crise climatique, la création d’une économie décarbonée accélère. Zoom sur des modèles innovants, à l’occasion de la COP28.

Les nouveaux accélérateurs

de la transition écologique
Julie Le Bolzer

C rues meurtrières, feux

incontrôlables, sécheres-
ses inédites… Les records
alarmistes se succèdent, faisant
de 2023 l’année de tous les extrê-
mes climatiques. A ces preuves cri-
antes de la fragilité du monde,
s’ajoute une fournaise géopoliti-
que, comme si l’ensemble des
voyants s’accordait, en vue de
mettre l’économie au diapason de
pratiques plus tenables. « La France
a compris que deux décennies de
désindustrialisation l’ont rendue
dépendante, et donc vulnérable, en
lui faisant perdre sa souveraineté sur
des sujets stratégiques, d’où un mou-
vement de réindustrialisation qui
constitue une occasion de décarbo-
nation », observe Thierry Vincent,
le directeur du MBA en manage-
ment de la transition énergétique
de Vinci Executive Education.
Recyclage
et compostabilité
Ainsi, malgré un contexte de ten-
sion budgétaire, qui impose aux
acteurs tant publics que privés de
jouer les équilibristes, une dynami-
que générale illustre la volonté de
produire et de consommer de façon
plus responsable, plus durable,
plus sobre, plus frugale, moins
énergivore… « Pour un industriel
comme Groupe Atlantic, leader du
secteur HVAC [chauffage, rafraî-
chissement et ventilation, NDLR],
c’est-à-dire des produits consom-
mant de l’énergie tout au long de leur
cycle de vie, les principaux leviers de
décarbonation sont le recours aux
énergies renouvelables dans notre
mix produits, et l’incitation à la
sobriété énergétique, en développe-
ment des solutions connectées qui
favorisent une utilisation raisonnée
de nos équipements par les clients »,
détaille Isabelle Savidan, la direc-
trice RSE de ce groupe français, qui
Pour les industriels, comme Groupe Atlantic, la décarbonation passe par l’efficacité énergétique, l’économie circulaire
ou encore la réparabilité de leurs produits. Groupe Atlantic
emploie 13.000 collaborateurs et a
réalisé 3,2 milliards d’euros de chif-
fre d’affaires en 2022.
Et Isabelle Savidan d’ajouter que
groupe Atlantic, qui va investir
150 millions dans une usine de
pompes à chaleur en Saône-et-
Loire, ainsi que 120 millions d’euros
supplémentaires, sur trois ans,
dans la recherche et le développe-
ment de solutions thermodynami-
ques, accélère également sur les
fronts des matériaux recyclés, de la
compostabilité des emballages ou
encore de la réparabilité de ses pro-
duits. Elles aussi contraintes, sous
la pression du législateur et de leurs
parties prenantes, de s’engager
dans la transition écologique, les
PME ne sont pas en reste.
Approche systémique
« Même si elles ne disposent pas tou-
jours des moyens, ni des compéten-
ces, elles ont envie et conscience qu’il
faut chercher la durabilité », constate
Flore Vallet, enseignante-cher-
cheuse à l’ESILV. Ses travaux por-
tent sur « la création d’outils pluri-
disciplinaires de conception pour la
soutenabilité », destinés à accompa-
gner les organisations, dont les
PME, sur la voie du changement. A
l’instar de la chaire Anthropolis sur
la mobilité du futur, à Paris-Saclay,
qui met l’intelligence collective au
service d’une création de valeur ter-
ritoriale à moindre impact environ-
nemental.
« La réflexion doit être protéi-
forme, car la neutralité carbone
impose une approche systémique et
l’activation de tous les leviers : préser-
vation des ressources, efficacité éner-
gétique, matières premières alterna-
tives, écoconception, économie
circulaire, stockage du CO2, etc. »,
énumère Hervé Kleczewski, le
« La neutralité
carbone
impose une
approche
systémique et
l’activation de
tous les leviers :
écoconception,
stockage du CO2... »
HERVÉ KLECZEWSKI
Cofondateur de Waoup
cofondateur de Waoup, un start-up
studio lyonnais à l’origine d’une
dizaine de jeunes pousses, qui
prône l’agrégation des expertises.
« La plupart de ces briques existent,
mais elles doivent être assemblées, et
une entreprise ne peut pas tout faire
toute seule », dit-il.
Bien que l’impulsion étatique soit
non négligeable, l’innovation tech-
nologique ou structurelle s’articule
le plus souvent à l’échelle des terri-
toires, comme l’illustre justement
le programme gouvernemental
« Territoires d’industrie ». Une stra-
tégie nationale en faveur de la réin-
dustrialisation, qui s’inscrit dans la
droite ligne du projet de loi sur
l’industrie verte. Si les collectivités
représentent des maillons essen-
tiels de l’équation, c’est notamment
« parce qu’il faut des délais d’instruc-
tion des dossiers raccourcis et du fon-
cier prêt à accueillir ces projets »,
résume Thierry Vincent. « C’est la
condition pour que la réindustriali-
sation décarbonée ne soit pas un vœu
pieux, mais une réalité concrète per-
mettant à la France de reprendre une
main souveraine sur son destin »,
conclut-il. n

AU-DELÀ DE LA DIPLOMATIE, LES LIGNES DE FORCES ATTENDUES DE LA COP28

Photos : Shutterstock

La bascule hors des énergies fossiles
Prévue pour être au centre des débats de la COP28 de Dubaï,
aux Emirats arabes unis, l’élimination progressive des combustibles
fossiles au profit des énergies renouvelables constitue un gage de
réduction substantielle des émissions de dioxyde de carbone pour
atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Reste que nombre
d’Etats tardent à mettre clairement à l’index le charbon, le pétrole
et le gaz, à l’image des Vingt-Sept de l’Union européenne,
où aucune date de sortie n’a encore été arrêtée.
Des financements publics additionnels
Comme à chaque édition de la COP, la question des financements
promet de truster les discussions. D’autant que plus de 2.000 mil-
liards de dollars seraient nécessaires, chaque année, d’ici à 2030,
pour accompagner les pays du Sud sur la voie de la réduction de
leurs émissions de gaz à effet de serre. Des financements à la fois
privés et publics qui, selon certains, devraient prendre la forme de
subventions ou de prêts concessionnels, à l’heure où l’aide
multilatérale se révèle hors de portée pour de nombreux pays.
Une refonte de l’architecture financière globale
Figurant, elle aussi, parmi les enjeux cruciaux de la transition
écologique, l’architecture de financement du développement
mondial doit être repensée. Telle qu’elle est aujourd’hui,
elle contribue davantage à creuser la dette de certains états,
entravant ainsi leur capacité à investir pour le climat.
Pour preuve, 93 % des pays considérés comme vulnérables face
aux changements climatiques sont, à ce jour, en situation de suren-
dettement, une incitation à l’exploitation des énergies fossiles.
35 Les Echos Mercredi 29 novembre 2023
Dunkerque joue la carte de l’économie
circulaire industrielle
STRATÉGIES L’agglomération portuaire se veut un laboratoire de nouveaux modèles
industriels. La voie de l’écologie industrielle, permettant d’utiliser les déchets
des uns comme ressource pour les autres, apparaît comme une démarche vertueuse.
Olivier Ducuing
— Correspondant à Lille
es laitiers (coproduits des
D hauts fourneaux) d’Arce-
lorMittal transformés en
ciment vert chez son voisin Eco-
cem, avec 40 fois moins d’émis-
sions de CO2 ; la chaleur fatale de la
distillerie Ryssen Alcools utilisée
pour alimenter le site IndaChlor de
production d’acide chlorhydrique ;
ou encore un réseau de chaleur
urbain nourri par les calories
industrielles des usines pour
chauffer plus de 16.000 logements.
Voici trois exemples d’économie
circulaire industrielle déployés
depuis plusieurs années déjà dans
le territoire de Dunkerque.
Un mouvement qui s’accélère
aujourd’hui dans une logique de
décarbonation affichée comme
une véritable stratégie. « Notre force
est d’avoir parié avant les autres sur
un nouveau modèle industriel. Cette
longueur d’avance nous permet
aujourd’hui de projeter notre terri-
toire sur les vingt à trente ans qui
viennent », se réjouit Patrice Ver-
griete, toujours président de la
La gigafactory Verkor,
en cours d’implantation,
très énergivore,
s’est montrée sensible
au potentiel de l’écosys-
tème dunkerquois.
Photo Verkor
En Anjou, l’industrie investit
pour consommer moins d’eau
Ce territoire, bien que
traversé par la Loire, est lui
aussi touché par la raréfac-
tion de la ressource.
Accompagnés par l’Agence
de l’eau, les industriels
investissent pour s’en
prémunir.
Emmanuel Guimard
— Correspondant à Rennes
B aigné par la Loire et ses
affluents, le Maine-et-Loire
est loin d’être un territoire
steppique. Pourtant, le départe-
ment n’échappe pas aux effets du
dérèglement climatique et, de ce
fait, à la disponibilité de l’eau en été.
Déjà, certaines zones comme le sud-
ouest du département, le choletais
et les Mauges, s’avèrent inadaptées
pour recevoir de nouvelles activités
industrielles fortement consomma-
trices d’eau. « D’où l’urgence à agir »,
mentionne Morgan Priol, à la tête de
la délégation Maine Loire Océan de
l’agence Loire-Bretagne, qui mène
un travail d’études et de diagnostic
pour aider les industriels à bien con-
naître leurs circuits de consomma-
tion tout en soutenant leurs travaux
communauté urbaine de Dunker-
que et actuel chargé du Logement
auprès du ministère de la Transi-
tion écologique et de la Cohésion
des Territoires.
Faciliter les synergies
interentreprises
L’une des initiatives pionnières fut
celle d’Ecopal : cette association est
née en 2001 sur les zones d’activité
de Petite et Grande-Synthe, autour
d’un modèle d’écologie industrielle
territoriale. En plus de vingt ans, la
structure, qui se présente comme
facilitatrice de synergies interen-
treprises, est passée de 17 à 100
membres, de toutes tailles, et a
élargi peu à peu son champ d’acti-
vité né principalement dans la
mutualisation des collectes de cer-
tains déchets (papier, carton,
déchets toxiques, etc.).
Ecopal vient, par exemple, de
lancer une étude pour créer une
filière locale de valorisation des
équipements de protection indivi-
duelle (EPI). Elle a aussi porté une
étude de faisabilité pour la valorisa-
tion des déchets de la plateforme de
transformation des produits de la
d’amélioration. « Cela peut être
l’amélioration des process, notam-
ment les postes de refroidissement, le
lavage et les usages plus tertiaires »,
précise la dirigeante. Certains indus-
triels vont jusqu’à la réutilisation de
l’eau. Depuis 2019, l’Agence de l’eau a
ainsi financé 15 dossiers d’études
pour 700.000 euros d’aides et
1,3 million d’euros de travaux éligi-
bles dans les usines du département.
Pasquier, France
Champignon, Michelin
Dans le Maine-et-Loire, l’agence
cible en priorité les 120 industriels
consommant entre 15.000 et
100.000 mètres cubes d’eau par an
et les 15 sites allant au-delà des
100.000 mètres carrés. Des entre-
prises comme France Champi-
gnon, Brioche Pasquier ou Miche-
lin ont ainsi bénéficié de cet appui.
L’usine Michelin de Cholet, qui con-
somme 200.000 mètres cubes par
an, s’est ainsi dotée d’un système de
traitement des eaux usées conte-
nant des résidus huileux.
D’autres investissements sont
prévus et l’industriel envisage à
terme de réduire sa consommation
d’un tiers. L’agence de l’eau agit
mer de Boulogne (Capécure), avec
ses 150 entreprises et leurs milliers
de tonnes de déchets, des coquilles
Saint-Jacques aux filets de pêche en
passant par les emballages et les
palettes.
L’agence d’urbanisme Flandres-
Dunkerque (Agur), de son côté, a
réalisé une « toile industrielle »
numérique, outil évolutif d’enver-
gure permettant de visualiser ins-
tantanément les flux interentrepri-
ses du territoire. Elle est déclinée en
matière d’énergie, de déchets, d’eau
ou encore pour les batteries. Ce dis-
positif d’intelligence économique
est du reste en cours d’implantation
en Sambre-Avesnois, mais suscite
aussi un grand intérêt en France et à
l’international.
La gigafactory Verkor, en cours
d’implantation, très énergivore,
s’est montrée très sensible au
potentiel de l’écosystème dunker-
quois. « La chaleur fatale produite
par les industriels situés autour de la
zone Grandes Industries pourrait
représenter plus de 50 % des besoins
en énergie totaux de l’usine Verkor »,
souligne le dossier de concertation
préalable de ce projet majeur.
également avec la Dreal et la CCI
régionale des Pays de la Loire sur
la gestion intégrée des eaux
pluviales, ce qui passe par une
moindre imperméabilisation des
sites industriels.
Le prélèvement de l’industrie est
évalué à près de 5,5 millions de
mètres cubes par an dans le Maine-
et-Loire, l’essentiel venant des
réseaux d’eau potable. A l’échelle de
la région Pays de la Loire, cette con-
sommation s’élève à 40 millions de
mètres cubes du fait des très gros
consommateurs que sont les indus-
triels de l’énergie et de la chimie de
l’estuaire de la Loire. Cinq d’entre
eux vont au-delà du million de
mètres cubes.
Pour autant, l’industrie dans son
ensemble n’utilise que 8 % des
500 millions de mètres cubes préle-
vés chaque année dans la région, les
besoins de la population et l’agricul-
ture étant autrement plus considé-
rables ce qui pose aux syndicats
gestionnaires des réseaux d’eau
potable la question cruciale de
l’arbitrage.
A l’échelle des Pays de la Loire,
l’agence a ainsi financé 90 dossiers
d’études et 50 dossiers de travaux
« Dunkerque est très spécialisée
sur les flux énergétiques, mais nous
poussons aussi l’approvisionne-
ment des entreprises en ressources et
en matières. L’écologie industrielle,
c’est aussi la mutualisation d’exper-
tise, de moyens humains, et même de
foncier, en particulier avec le zéro
artificialisation nette », pointe
Marie Tison, coordinatrice du pôle
économie circulaire à l’Ademe.
Pour elle, le défi est d’autant plus
nécessaire que le territoire est le
premier émetteur de gaz à effet de
serre en France. « Il y a urgence et
nécessité que les entreprises du Dun-
kerquois engagent une réflexion
écologique avec de nouveaux modè-
les de process. »
L’expérience dunkerquoise
pourrait essaimer rapidement.
Le conseil régional des Hauts-de-
France et l’Ademe viennent de
lancer à la mi-octobre une anima-
tion régionale autour de l’écologie
industrielle territoriale, avec 20 ter-
ritoires de la région engagés dans
la démarche, parmi lesquels les
agglomérations de Douai, Beau-
vais, Boulogne-sur-Mer ou même
la Métropole de Lille (MEL). n
ayant représenté 8,3 millions
d’euros d’investissement. Une telle
somme est finalement modeste au
regard de la globalité des investisse-
ments industriels. L’enjeu est pour-
tant vital. Le faible niveau de la
Loire conjugué au phénomène de
grandes marées provoque dans le
fleuve un bouchon vaseux qui
perturbe l’alimentation en eau
potable. Celle de Nantes a été très
sérieusement menacée au cours de
l’été 2022. n
Sur le Web
• SOBRIÉTÉ
Eco-Tech ceram aide les PME
à économiser l’énergie.
• INDUSTRIE
Energies : l’angle mort
de la décarbonation.
• TECHNOLOGIE
Quand un parapétrolier
français se met au recyclage
des vêtements.
• CLIMAT
L’inquiétant surplace des bilans
carbone des entreprises.
« L’enjeu est de passer
de l’usage unique
à l’usage multiple »
Directeur général de
Citeo, l’éco-organisme
français créé en 1992 pour
opérer le recyclage des
emballages ménagers et
des papiers, Jean Hornain
décrypte les opportunités
et les défis de l’économie
circulaire, notamment en
matière de réduction, de
réemploi et de recyclage.
Propos recueillis par
Julie Le Bolzer
En quoi l’économie circulaire
constitue-t-elle un accéléra-
teur de décarbonation ?
L’activité de Citeo, qui porte pour
l’essentiel sur le recyclage des
emballages ménagers et des
papiers, permet, à elle seule, d’en
recycler 72 %. Cela correspond à
une économie de 2,2 millions de
tonnes de CO2 par an, l’équivalent
des émissions d’un million de voi-
tures circulant durant une année.
Sans oublier que le recyclage per-
met des économies de ressources
naturelles, telles que le sable, le
bois, le pétrole ou l’eau.
Ce, tout en soutenant notre éco-
nomie et notre souveraineté,
puisqu’il s’agit de favoriser le
recours à du plastique recyclé en
Europe, voire à l’échelle des terri-
toires, plutôt que de s’approvi-
sionner en plastique vierge du
bout du monde. Outre ces
impacts directs en termes de car-
bone et de ressources, il est aussi
question de protéger la biodiver-
sité contre la pollution plastique
par exemple.
La prise de conscience de
la puissance du levier circu-
laire est-elle généralisée ?
Le sujet est devenu central dans
les grands groupes, où il a quitté le
cadre de la politique RSE pour
être intégré à la stratégie. Dans les
TPE et PME, qui figurent en nom-
bre parmi les 50.000 entreprises
accompagnées par Citeo, les
questions d’écoconception ou de
recours à des matériaux recyclés
sont parfois un peu lointaines,
mais la conscientisation se géné-
ralise.
L’enjeu est de poursuivre la
création de filières, comme cela a
été fait dans le verre, le carton,
l’acier, l’aluminium, les résines
plastiques… De manière qu’il y ait
une solution de recyclage pour
100 % des emballages mis sur le
marché. Sachant qu’une accéléra-
tion est également nécessaire sur
les fronts de la réduction et du
réemploi, afin de passer de l’usage
unique à l’usage multiple.
Quels sont les besoins des
organisations sur cette voie ?
Dans les plus grandes entrepri-
ses, nous observons le besoin de
comprendre l’ensemble de la
chaîne, depuis la vente et la mise
du produit entre les mains du
consommateur, jusqu’au geste de
tri dans le bac dédié, puis le traite-
ment opéré dans le centre de tri et
chez le recycleur. Cela permet
« Les
entreprises
ont besoin
de solutions
concrètes et
opérationnelles
répondant
à leurs propres
contraintes,
notamment
sur le
volet sanitaire. »
JEAN HORNAIN
Directeur général de Citeo
Citeo
JEAN HORNAIN
Directeur général
de Citeo
d’identifier les solutions optima-
les pour le recyclage.
Par exemple, même si fabri-
qués en matières recyclables, cer-
tains emballages sont difficiles à
capter dans les centres de tri, du
fait qu’ils sont friables ou trop
petits. De manière générale, les
entreprises ont besoin de solu-
tions concrètes et opérationnelles
répondant à leurs propres con-
traintes, notamment sur le volet
sanitaire. Les alternatives doivent
conserver les mêmes propriétés
de protection.
Les incitations financières
ont-elles un effet vertueux ?
Nous avons notamment adopté
l’écomodulation, grâce à un sys-
tème de bonus-malus, qui incite
effectivement à l’écoconception.
Par exemple, si un metteur sur le
marché se détourne du PVC au
profit de produits fabriqués en
polyéthylène ou en polypropy-
lène, plus faciles à recycler, sa
contribution à Citeo sera réduite.
De même pour ceux qui privi-
légient les bouteilles avec bou-
chon attaché, plutôt que désolida-
risé du contenant. Sachant que
nous déployons des dispositifs
d’accompagnement, par exemple
le programme LESS qui, comme
son nom l’indique, guide les
entreprises sur le chemin de la
réduction. L’objectif : réduire les
emballages au strict minimum
nécessaire pour le transport et la
protection des produits.
Quels sont les principaux
défis à relever pour changer
d’échelle ?
Pour accélérer le mouvement du
réemploi auprès de nos conci-
toyens, il est impératif de conti-
nuer à développer les systèmes de
consigne, en se concentrant sur
l’expérience de l’usager qu’il faut
inciter à adopter des nouvelles
habitudes, en rapportant les con-
tenants. Dans le même temps, il
faut continuer à mettre l’accent
sur la fin de l’usage unique, de
manière à ce que, d’ici à 2025 ou
2026, 100 % des emballages plasti-
ques disposent d’une filière de
recyclage. Autre défi : changer de
braquet du côté de la collecte, à
l’heure où nous plafonnons à
60 % de bouteilles en plastique
collectées.
Difficile à dépasser, ce taux doit
néanmoins bondir à 90 % d’ici
à 2030, d’où une nécessaire sim-
plification du tri, sur laquelle
nous travaillons avec les collecti-
vités. Par ailleurs, il nous semble
essentiel de développer l’éduca-
tion à l’écocitoyenneté, comme
nous le faisons déjà en classes de
maternelle et de primaire. Enfin,
une harmonisation au niveau
européen est indispensable, tant
sur les objectifs, que sur la com-
munication et la législation. Cela
dans les meilleurs délais, car nous
n’avons pas trente ans devant
nous. n

Un procédé de fossilisation accélérée permet de traiter le plastique, le plâtre, par exemple, pour en faire des pierres. Photo Néolithe
Le français Néolithe recycle
les déchets industriels
SOLUTIONS La start-up du Maine-et-Loire a mis au point un procédé pour transformer
les déchets industriels non recyclables en granulats minéraux utilisables dans le BTP.
Etienne Thierry-Aymé
même pas trente ans,
A Nicolas Cruaud vient de se
voir décerner le prix Ivy
2023 du meilleur jeune dirigeant de
la tech. Président de la start-up
industrielle Néolithe, fondée
en 2019, à Chalonnes-sur-Loire
(Maine-et-Loire), avec son père Wil-
liam et deux associés, il passe désor-
mais le plus clair de son temps à
assurer la promotion du pc
Fruit de « cette fossilisation accé-
lérée » : un nouveau matériau,
l’« anthropocite », des granulats
minéraux utilisables notamment
dans les travaux publics, comme
sous-couches routières, ou dans les
bétons pour le BTP. Avec environ
1 tonne de déchets traités pour envi-
ron 1 tonne de granulats produits…
De quoi permettre à Néolithe
d’avoir déjà bouclé trois levées de
fonds pour un montant total de
23 millions d’euros.
Une réussite industrielle qui
devrait employer rapidement, sur
ses trois sites, tous en Anjou pour le
moment, environ 200 salariés,
entre 500 à 1.000 personnes prévus
d’ici à quatre ans. Nicolas Cruaud se
consacre aussi à une activité de
Des pistes pour décarboner l’agriculture
Selon un rapport,
le secteur agricole dispose
de plusieurs pistes
pour parvenir à réduire
ses émissions de CO2
d’ici à 2030. Parmi celles-ci,
la réduction des cheptels.
Julie Le Bolzer
Deuxième source, après les trans-
ports, des émissions de gaz à effet de
serre de la France, l’agriculture con-
centre, à elle seule, 19 % du total
national. Autant dire que sa contri-
bution se révèle essentielle pour
atteindre les ambitions françaises
et europ éennes, formalisées
notamment dans la stratégie natio-
nale bas-carbone ou encore le Pacte
vert pour l’Europe.
D’autant que ce secteur dispose
d’un double levier d’action, « d’une
part, en diminuant ses émissions,
d ’ a u t re p a r t , e n a u g m e n t a n t
ses capacités d’absorption de
carbone par les sols agricoles »,
rappelle Jean-François Soussana,
vice-président, chargé de la politi-
que internationale, de l’Institut
national de recherche pour l’agri-
culture, l’alimentation et l’environ-
nement (Inrae). A la demande du
ministère de l’Agriculture et de la
lobbying auprès des pouvoirs
publics, pour « ne pas attendre vingt
ou trente ans avant que notre solu-
tion soit adoptée et déployée à grande
échelle », dit-il. Parmi les bonnes
fées qui se sont déjà penchées sur
son berceau, l’Ademe, la commu-
nauté de communes, le départe-
ment, la région Pays de la Loire, Bpi-
france… « Il y a un vrai engouement
des acteurs publics, admet Nicolas
Cruaud. Décarbonation, réindustri-
alisation… Le tout en région, nous
cochons beaucoup de cases. »
Néolithe vient, en outre, de con-
clure un partenariat avec le Cerema
pour établir des règles communes
dans la production de ses nouveaux
granulats, préfigurant ainsi une
nouvelle filière industrielle. « Nous
prospectons également en Europe,
notamment en Allemagne, en Suisse
ou encore en Belgique », poursuit le
chef d’entreprise.
De nous rappeler rapidement les
avantages environnementaux de
son procédé. « Lors de la fossilisa-
tion, il n’y a pas de combustion. Nous
consommons juste un peu d’électri-
cité. Notre bilan carbone total est
donc négatif, assure-t-il. Nous
séquestrons ainsi, et sur le long
terme, beaucoup plus de carbone que
Souveraineté alimentaire, l’Inrae a
proposé des hypothèses de travail
pour les trajectoires permettant de
réduire les émissions nettes du sec-
teur agricole de 26 % d’ici à 2030, et
de 50 % à l’horizon 2050. Sachant
qu’« une mise en cohérence entre les
pratiques agricoles et alimentaires
est indispensable », souligne Jean-
François Soussana.
La combinaison de leviers
déjà connus
Les hypothèses avancées par
l’Inrae ont concerné diverses thé-
matiques : baisse du recours aux
énergies fossiles, accélération de la
méthanisation (ou production de
bioénergies à partir de déchets
agricoles), réduction des cheptels,
évolution de l’alimentation des
bovins, diminution des rende-
ments sous l’impact du change-
ment climatique ou encore fertili-
sation azotée raisonnée. « Sans
oublier d’intégrer une transition des
régimes alimentaires au sein de la
population française », insiste Jean-
François Soussana. Autant de cho-
ses qui « ne constituent pas des rup-
tures majeures, mais impliquent la
mise en œuvre de combinaisons de
leviers déjà connus », dixit Thierry
Caquet, le directeur scientifique
nous n’en émettons, aux environs de
300 kg de CO2 à la tonne. »
Déchets industriels et bientôt
déchets ménagers, qui représen-
tent environ chacun une moitié des
déchets non réutilisables, si « la fos-
silisation accélérée » était demain
généralisée, ce procédé pourrait
« réduire l’empreinte carbone de la
France de 7 %, pour seulement 0,3 %
de consommation électrique en
plus », révèle Nicolas Cruaud. Le
potentiel est donc énorme pour
décarboner nos économies…
Mettre au point des normes
« Il y a quatre ans, on est arrivés avec
un concept et un produit novateur,
développe Nicolas Cruaud. Il a donc
fallu élaborer, avec les ministères et
les normalisateurs, des normes
dédiées pour que tous les acteurs,
ceux notamment qui viendront après
nous, respectent les mêmes règles, et
soient irréprochables d’un point de
vue environnemental », souligne
le président de Néolithe, glissant
avoir « encore quelques années
d’avance… » face à la concurrence,
avec un processus de production
bien maîtrisé sur son site d’Avrillé,
dans l’agglomération d’Angers. Et,
comme objectif de production de
« environnement » d’Inrae, poin-
tant néanmoins que « leur déploie-
ment à grande échelle passe par une
démonstration de leur généricité ».
« Le principal défi est d’embarquer
dans cette transition l’ensemble des
agriculteurs, c’est-à-dire des produc-
teurs ayant des exploitations,
besoins et enjeux différents », dit-il,
en pointant un contexte qui pour-
rait se révéler favorable : alors que
la moitié des agriculteurs français
partiront à la retraite dans les dix
ans à venir, il y a là l’opportunité
d’accompagner les nouveaux
projets vers des pratiques plus
durables.
Reste que ces hypothèses portent
sur la faisabilité technique et agro-
nomique de la transition, « pas sur le
volet politique, telle la PAC qui est
compliquée à réformer », note
Christophe Gouel, directeur de
recherche à l’unité Paris-Saclay
Applied Economics, lui aussi coau-
teur du rapport commandé par le
ministère. Et cet économiste
d’ajouter qu’il est également néces-
saire de prendre en compte le rôle
du commerce international, car « il
ne faudrait pas remplacer une pro-
duction française plus vertueuse,
mais aussi plus coûteuse du fait des
contraintes environnementales, par
« passer de quelques milliers à quel-
ques millions de tonnes dans quel-
ques années », projette Nicolas Cru-
aud. « Nous sommes en pleine phase
de réplication et de déploiement com-
mercial », souligne-t-il. L’idée est de
« dupliquer nos fossilisateurs, par-
tout en France au plus près de nos cli-
ents industriels, ceux qui collectent et
tri les déchets en amont, afin de
répondre directement à leurs
besoins », poursuit-il.
« Comme un centre d’enfouisse-
ment ou un incinérateur, nous pro-
posons à nos clients une prestation de
traitement, avec qui plus est des prix
très compétitifs, une différenciation
écologique, et des contrats de long
terme, ce qui les sécurisent », détaille-
t-il. L’espoir avoué de Nicolas Cru-
aud étant qu’un jour, « il n’y ait plus
aucun site d’enfouissement en
France, et que le jour où le dernier des
incinérateurs tombe en panne, il soit
remplacé par un fossilisateur. »
Quid des débouchés ? « La filière
du BTP et des travaux publics est le
parfait exécutoire pour nos granu-
lats, avec des centaines de millions de
tonnes consommées chaque année.
Les quantités et les besoins sont
astronomiques ! » conclut Nicolas
Cruaud. n
des importations plus sales, ce qui
nécessite des outils politiques qui
n’ont pas encore été pensés ».
Par ailleurs, bien qu’elle ne soit
pas abordée dans ce rapport, la
rémunération du « carbon far-
ming », ou stockage du carbone
dans les sols agricoles, offre, elle
aussi, des opportunités. « Sous
réserve d’un cadre transparent et
harmonisé à l’échelle européenne
pour le suivi du stockage de carbone
et des émissions, et des expérimenta-
tions, notamment avec la contribu-
tion du secteur privé », conclut Jean-
François Soussana. n
Sur le Web
• RECYCLAGE
Chez Septodont, l’anesthésie
dentaire à l’heure de
l’écoconception.
• ÉNERGIE
Hydrogène renouvelable :
l’Europe peut-elle faire
la course en tête ?
• EXPERT
Isabelle Moretti : « Les ressources
en hydrogène naturel sont bien
supérieures à la consommation
actuelle. »
Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos
Attirer les talents
« verts », un défi pour
les entreprises
Ingénieurs, scientifiques…
Les employeurs doivent
se doter de profils
capables de mener
à bien leur transition
énergétique et adapter
leur organisation
aux nouveaux enjeux.
ur le front des ressources
S humaines, certains
signaux semblent au vert
quant à la capacité des organisa-
tions à se doter des compétences
nécessaires à la décarbonation.
Ici, l’édition 2023 de l’indice mon-
dial de compétitivité de l’Insead
place la France dans le Top 20 des
pays les plus aptes à « produire »
des talents. Là, le VTE vert, ou
volontariat territorial en entre-
prise porté par le ministère du
Travail, consiste en une aide de
l’Etat permettant aux TPE, PME et
ETI de recruter un jeune diplômé
accompagnant leur transition
écologique et énergétique.
Reste que la bascule vers de
nouveaux modèles suppose
l’acquisition et la mobilisation
d’expertises, si nombreuses et si
diversifiées, que les recruteurs ne
semblent pas au bout de leur
peine. Sur le seul volet de la transi-
tion énergétique, un rapport
mondial du Boston Consulting
Group fait état de 7 millions de
travailleurs manquant à l’appel
d’ici à 2030, dont 130.000 dans
l’Hexagone.
« La guerre des talents se fait déjà
féroce et toutes les organisations
redoublent d’efforts pour attirer
les ingénieurs et les profils scientifi-
ques », observe Marie-Christine
Bert, la directrice des relations
internationales et des partena-
riats avec les entreprises de
l’Ecole des Ponts ParisTech, éta-
blissement sous tutelle du minis-
tère de la Transition écologique.
Des programmes
pour fidéliser
Et d’expliquer que « sur le marché
du travail, le rapport de force est
inversé en faveur de ces profils,
désormais plus armés pour impo-
ser leur vue, voire pour quitter un
employeur si la dissonance est trop
forte entre les ambitions environ-
nementales affichées et les prati-
ques du quotidien ». L’heure est
donc à la transparence et aux dis-
positifs de fidélisation, à l’instar
« des programmes de formation ou
de rotation sur différents métiers,
qui sont regardés de près par les
étudiants lorsque les recruteurs
viennent leur présenter leur orga-
nisation ».
Chez Citwell, cabinet de conseil
en chaîne d’approvisionnement
et en opérations industrielles,
Anaïs Leblanc, associée,
confirme des « besoins en compé-
tences sur l’ensemble de la chaîne,
en amont et en aval ». Certains
sujets, tels que le carbone, l’analyse
du cycle de vie ou l’écoconception,
sont nouveaux pour la plupart des
organisations », pointe-t-elle.
Néanmoins, d’autres difficultés
commencent à apparaître.
« D’une part, au-delà des expertises
techniques, il s’agit d’adopter une
approche systémique, même si l’on
exerce un métier dans les achats,
dans la production, dans le sto-
ckage ou dans le transport. D’autre
part, l’enjeu pour les organisations
est de pouvoir s’appuyer sur des
collaborateurs conscients qu’être
en mesure de régler un problème
Les entreprises redoublent d’efforts pour attirer les talents.
36
« Certains
sujets, tels
que le carbone,
l’analyse du cycle
de vie ou
l’écoconception,
sont nouveaux
pour la plupart
des entreprises. »
ANAÏS LEBLANC
Cabinet Citwell
ne suffit plus : dorénavant, il faut
savoir s’adapter en permanence et,
sur ce point, les entreprises ne sont
pas prêtes », observe Anaïs Leb-
lanc.
Au-delà de la formation ini-
tiale, où l’offre de cursus dédiés à
la transition ne cesse de s’étoffer,
la formation continue et l’« execu-
tive education » prennent égale-
ment la voie de la décarbonation.
« De plus en plus de formations
diplômantes et certifiantes,
comme les mastères spécialisés en
immobilier et bâtiment durable, ou
en construction numérique, per-
mettent à des profils plus seniors de
développer leurs compétences sur
ces nouveaux enjeux », rappelle
Marie-Christine Bert. Sachant
que de plus en plus de groupes, de
tout secteur, créent leur propre
académie ou centre de formation
en interne.
Des dispositifs qui montrent
parfois leur limite, « par exemple
lorsque la stratégie durable change
d’échelle et que l’organisation doit
faire monter en compétences un
grand nombre de collaborateurs »,
souligne Anaïs Leblanc, qui alerte
aussi sur la nécessité d’accompa-
gner l’ensemble des parties pre-
nantes. « Changer de modèle, par
exemple en favorisant la location
ou la réparation des produits sup-
pose de s’assurer qu’il y a, par
ailleurs, suffisamment de répara-
teurs, de diagnostiqueurs, etc. »,
dit-elle.
Enfin, hormis la montée en
compétences et l’attractivité de la
marque employeur, un autre défi
s’invite sur le chemin de la décar-
bonation. « L’innovation et la
créativité nécessitent parfois un
management à part et, si certaines
organisations montent des équipes
de “ninjas” ou de “pirates” dont le
rôle est de penser “out of the box”,
cela ne fonctionne que si la direc-
tion générale y croit », conclut
Anaïs Leblanc. — J. L. B.
Sur le Web
• ENTREPRISE
La marque employeur,
l’affaire de tous ?
• CLIMAT
Ils ont décidé de quitter leur job
pour sauver la planète.
• LIVRE
Hubert de Boisredon (Armor),
cet industriel qui ne croit
plus à la croissance.
• ÉTUDE
Elabe-Unédic : les employeurs
face à l’éco-anxiété des actifs.
•Lemonaid
RECRUTEMENT
& ChariTea :
sodas éthiques et candidatures
spontanées.
Shutterstock
 pesticide.

La coccinelle est un véritable

pesticide naturel.
C’est pourquoi nous avons besoin
de solutions fondées sur des actifs réels
qui permettent de créer des habitats
diversiiés, ofrant des environnements
naturels dans lesquels les espèces
qui luttent contre les ravageurs
peuvent prospérer.
Pour obtenir des cultures plus résilientes,
des rendements plus élevés et un plus fort
retour sur investissement.
Investir dans la Nature en vaut la peine.
Découvrez plus sur LombardOdier.com

* Savoir tout repenser.

Lombard Odier (Europe) S.A. - Succursale en France, 8 rue Royale - 75008 Paris RCS Paris 803 905 157 - Etablissement de crédit de droit luxembourgeois sous la surveillance de la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) – supervisé
par la CSSF au Luxembourg et sa succursale en France par l’ACPR et l’AMF. Tout investissement est exposé à une diversité de risques. Veuillez vérifier avec votre conseiller en investissement avant d’effectuer une quelconque transaction. Ceci est
une communication publicitaire. Veuillez vous référer au prospectus et/ou document d’informations clés de l’OPCVM LO Funds avant de prendre toute décision finale d’investissement. ©2023 Lombard Odier
 Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 38

ACCOMPAGNEMENT L’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 suppose une transformation profonde du système énergétique
que des infrastructures et des modèles d’affaires. Des mutations qui ont un coût, mais qui ne concentrent pas
les investissements nécessaires.

Financer la décarbonation : la longue

quête de leviers d’accélérations
Julie Le Bolzer Il souligne, par ailleurs, un locales ou de collectifs citoyens, soit
important déséquilibre entre les plus de 33 millions d’euros engagés
ans surprise, les défis envi- liquidités allouées à l’adaptation de à ce jour dans 117 projets. « Il s’agit de

S ronnementaux occupent
une place de choix dans tous
les débats sur l’orientations des
budgets prioritaires des plus hautes
institutions. Depuis les banques
centrales, jusqu’à l’Organisation
mondiale du commerce, en passant
par l’ONU. Car, comme le souligne
le rapport de France Stratégie sur
« Les incidences économiques de
l’action pour le climat », publié au
printemps 2023, « la décarbonation
va appeler un effort d’investissement
de grande ampleur dans les dix ans à
venir ». L’une des raisons ? L’infla-
tion constitue l’un des effets directs
de la transition, qui conduit notam-
ment à une volatilité accrue des prix
énergétiques mondiaux.
Répartition
déséquilibrée
« Le problème est que, à l’heure
actuelle, les besoins sont bien supé-
rieurs aux montants investis »,
pointe Dejan Glavas, professeur en
finance durable à l’Essca, en citant
les résultats du rapport 2023 de Cli-
mate Policy Initiative. Ce groupe de
recherche sur les investissements
liés au climat estime qu’entre
8.000 milliards et 9.000 milliards de
dollars devraient être injectés cha-
que année, d’ici à 2030, dans le
financement de la réduction des
émissions de gaz à effet de serre,
ainsi que dans l’adaptation au chan-
gement climatique. « Or nous attei-
gnons à ce jour 1.265 milliards de dol-
l a r s , s o i t e n v i ro n 1 % d u P I B
mondial », rappelle Dejan Glavas.
l’économie et celles fléchées vers la
baisse des émissions, qui concentre
le plus gros des fonds. En revanche,
la répartition est davantage symé-
trique entre investisseurs publics
(banques de développement, entre-
prises publiques d’énergie, fonds
multilatéraux…) et privés (institu-
tions financières en tête, suivies par
les entreprises), contribuant cha-
cun pour moitié aux efforts réalisés
aujourd’hui.
Malgré l’inflation galopante,
l’investissement ne semble pas fai-
blir du côté des particuliers, « de
plus en plus enclins à financer la
transition écologique », selon Eric
Blain, le président de la société de
conseil financier Chloé in the sky,
spécialiste des placements bas car-
bone. Il estime que « les épargnants
veulent du concret et ne plus investir
dans “des boîtes noires” comme cer-
tains “fonds verts”, dont la composi-
tion est opaque : il faut donc de la
pédagogie ciblée ». D’où la création,
par Chloé in the sky, d’un espace
adhérent « fournissant aux épar-
gnants des informations techniques
et inédites, mais digestes, sur les réali-
tés de ce monde sous tension ».
Si la transition revêt un enjeu glo-
bal, les solutions de financement se
construisent aussi à l’échelle des
territoires, comme le montre Ener-
gie Partagée, un mouvement natio-
nal de l’énergie citoyenne lancé
en 2010. A la fois association et
fonds d’investissement, l’organisa-
La transition revêt un enjeu global et les solutions de financement se construisent aussi à l’échelle tion soutient des initiatives d’éner-
des territoires. Shutterstock gies renouvelables de collectivités
placements en action, avec un objec-
tif de rentabilité d’environ 4 % par
an : nos 7.500 actionnaires citoyens
ne sont donc pas tous des militants,
Malgré l’inflation
galopante,
l’investissement
ne semble pas
faiblir du côté
des particuliers.
mais pour la plupart des épargnants
qui attendent un retour sur investis-
sement, tout en cherchant à faire
bénéficier les territoires des retom-
bées économiques générées par ces
projets de transition énergétique »,
explique Marc Mossalgue, porte-
parole d’Energie Partagée.
Mais bien que la finance climat
se structure, les risques ne man-
quent pas. Ainsi, Dejan Glavas
évoque-t-il notamment « un désé-
quilibre Nord-Sud, déjà très marqué,
avec l’Asie-Pacifique, l’Europe et
l’Amérique du Nord qui se partagent
plus de 1.000 milliards de dollars
d’investissements, contre 49 mil-
liards de dollars pour tout le conti-
nent africain ». Et de conclure
qu’« il est clé de mettre en place les
incitations financières, comme les
taxes ou marchés carbone, pour
encourager la finance climat, tout en
veillant à avoir assez de projets éligi-
bles pour éviter le risque d’une bulle
financière ». n

1AVIS D’EXPERT
Face au défi climatique,
les assureurs s’engagent dans « Intéressons-nous aux problèmes
et aux solutions plutôt qu’à la vision
la transition écologique des “effondristes” »

Les assureurs sont en pre-
mière ligne du financement
de la transition écologique
en tant qu’investisseurs de
long terme, et doivent con-
tinuer à jouer un rôle cen-
tral dans l’accompagne-
ment des entreprises par
l’amélioration de leur con-
naissance des risques.
Mallory Lalanne
Les dégâts causés par les catastro-
phes naturelles augmentent depuis
quarante ans et semblent peser
lourd pour la France. Tous périls
confondus, le coût moyen annuel
est estimé à un peu plus d’un mil-
liard d’euros dans les années 1980, à
3,6 milliards d’euros d’indemnisa-
tion sur la période 2011-2021.
« En 2022, nous avons même atteint
10,6 milliards d’euros d’indemnisa-
tions liés aux aléas climatiques. Nous
sommes confrontés tous les jours à
des événements à la fois de plus en
plus fréquents et sévères », affirme
Elena Canale, chargée de la direc-
tion développement durable au
sein de France Assureurs.
clé lorsqu’ils procèdent à l’analyse des
risques, dès lors qu’ils peuvent décider
de garantir une société qui n’intègre
pas une politique de lutte contre le
dérèglement climatique, ou dont
l’activité n’est pas durablement enga-
gée dans l’économie décarbonée »,
estime Safine Hadri, associée du
cabinet Kennedys, spécialisée en
droit des assurances, de l’environne-
ment et de la responsabilité civile.
141 milliards d’euros
de placements verts
Les assureurs s’emploient, par
ailleurs, au travers du cadre légal et
réglementaire – CSRD, directive Sol-
vabilité 2 – qui les astreint, à orienter
leurs investissements de long terme
vers des projets contribuant à la
transition écologique – dits « investis-
sements responsables » – liés à la
durabilité. Fin 2021, les placements
verts des assureurs s’élevaient à
« Les assureurs
sont
les premiers
investisseurs
141 milliards d’euros, contre 50 mil-
liards en 2017. « Les assureurs sont les
premiers investisseurs institutionnels
d’Europe. Ces milliards d’euros per-
mettent de financer des projets de
transition portés par des entreprises,
ou encore de l’immobilier vert qui a
obtenu des certifications environne-
mentales, des obligations d’Etat et des
projets d’infrastructures vertes »,
précise Elena Canale.
Dans cet objectif d’investissement
responsable, des assureurs ont
aussi fait le choix des green bonds,
qui sont des emprunts obligataires
dont l’objectif est de financer des
projets contribuant à la transition
écologique. La différence avec les
obligations classiques tient aux
engagements pris par l’émetteur sur
l’usage précis des fonds récoltés qui
doit porter sur des projets ayant un
effet favorable sur l’environnement.
« Nous devons approfondir notre
connaissance des risques et des
impacts, identifier d’autres indica-
teurs qui vont nous permettre de
mieux accompagner les entreprises
dans leur prise de conscience de ces
risques naturels », estime Elena
Canale. Les assureurs entendent
Partisan de
la « solutiologie »,
Jacques Lecomte préconise
une « action conjuguée »
pour faire face aux défis
climatiques.
Convaincu que l’alerte émanant
des climatologues et autres scien-
tifiques est « indispensable », le
docteur en psychologie Jacques
Lecomte déplore, en revanche,
« les sources scientifiques détour-
nées et les discours apocalyptiques,
qui se révèlent le plus souvent
contreproductifs ». Dans son nou-
vel essai, « Rien n’est joué* », ce
membre du conseil scientifique
de la Fondation pour la nature et
l’homme décrypte les leviers
accélérant la prise de conscience
et les engagements comporte-
mentaux face aux enjeux sociaux
et environnementaux.
« Plutôt qu’à la vision des “effon-
dristes”, qui génère inquiétude et
paralysie, intéressons-nous aux
problèmes et aux solutions envisa-
geables à l’heure actuelle », prône
ce partisan de la « solutiologie »,
en rappelant que « l’Humanité a
gagnant de la gouvernance », ou
action conjuguée des pouvoirs
publics (« depuis la mairie rurale
jusqu’à l’ONU »), du marché, de la
science et de la société civile, « qua-
tre forces qui ont tendance, au
mieux à s’ignorer, au pire à se com-
battre ». « A l’inverse, si ces person-
nes se mettent autour de la même
table et sortent de leur posture res-
pective pour comprendre les
contraintes de l’autre, il y a des
résultats », assure-t-il, en évoquant
également la progressive résorp-
tion du trou de la couche d’ozone.
Les financements,
une question essentielle
Là encore, le scientifique égyptien
Mostafa Kamal Tolba, le dirigeant,
de 1975 à 1992, du programme des
Sur le Web
•Laurent
EXPERT
Philippe Caisse/Pasco
Jacques Lecomte
Docteur en psychologie
Nations unies pour l’Environne-
ment (UNEP), invitait à la négocia-
tion et à la médiation.
« Si c’est aux grands de ce monde
de se positionner sur ces sujets, c’est
notamment parce que la question
des financements est essentielle : or
les pays les plus développés doivent
mettre la main à la poche », pointe
Jacques Lecomte, soulignant éga-
lement la nécessaire évolution
réglementaire. Néanmoins, il
observe qu’une législation con-
traignante n’a pas nécessairement
d’effet positif.
« Institué en 1987, le Programme

• ANALYSE
Lascols : « Il reste encore
des défis à relever. »

Les initiatives pédagogiques

Parce qu’ils en supportent une
partie du coût financier et sociétal,
les assureurs deviennent malgré
eux des experts du risque climati-
que. Ils jouent un rôle central dans
l’accompagnement des entreprises
vers la transition écologique en les
aidant à développer une stratégie à
long terme de résilience aux risques
climatiques et en sélectionnant au
quotidien les risques pris en charge.
« C’est également par le biais de la
sélection des risques qu’ils peuvent
agir. En clair, les assureurs ont un rôle
institutionnels aussi encourager des comporte-
d’Europe. Ces ments plus vertueux en actionnant
milliards d’euros lors de réparation des réseaux
d’artisans locaux.
permettent de Autre enjeudans les années à
financer des projets venir : la profession veut agir sur la
de transition. » prévention en améliorant le recours
ELENA CANALE
aux plans intercommunaux de sau-
vegarde. Des outils mis en place par
Chargée de la direction l’Etat pour planifier les actions des
développement durable au sein collectivités de la gestion du risque
de France Assureurs
en cas d’évènements majeurs natu-
rels, technologiques ou sanitaires
qui restent très peu utilisés. n
déjà réussi, par le passé, à atténuer,
voire à régler, des problèmes envi-
ronnementaux ». Et de citer le cas
de la dépollution des eaux du
Rhin, entamée voilà deux décen-
nies, « grâce aux appels à la discus-
sion, à la négociation et à la média-
tion de Neelie Kroes, ministre
néerlandaise des Transports, à
l’intention des associations, des
gouvernements et des industriels
rhénans ».
Il y a là une illustration de ce que
Jacques Lecomte appelle « le carré
se multiplient autour
de la finance durable.
• DÉCRYPTAGE
Les sociétés de gestion
à la conquête de l’épargnant
responsable.
• BOURSE
Les fonds de pension de plus
en plus friands d’ETF.
• FINANCE
Le label Finansol veut garder
sa longueur d’avance.
d’action pour le Rhin, premier
accord européen basé sur la coopé-
ration et non sur la contrainte
légale, a été plus efficace que les
législations antérieures : c’est un
“gentlemen’s agreement”, au cours
duquel la démarche a consisté à se
parler et à essayer de trouver des
points de convergence plutôt que de
traîner l’adversaire au tribunal »,
résume-t-il. Et de conclure que la
législation et le financement cons-
tituent des piliers de la transition,
« au même titre que l’acceptabilité
sociale du changement ».
— J. L. B.
* « Rien n’est joué. La science contre
les théories de l’effondrement »,
par Jacques Lecomte, éditions Les
Arènes, 2023.
 Mercredi 29 novembre 2023 Les Echos 40

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat et PSR 2023 : 500,2 milliards d’euros (prévisions PLF 2023) // PIB 2022 : 2.642 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.666 euros/mois à partir du 01-01-2023 // SMIC horaire : 11,52 euros à partir du 01-05-2023
// Capitalisation boursière de Paris : 2.425,61 milliards d’euros (au 20-07-2023)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 117,65 au 16-07-2023 // Taux de chômage (BIT) : 6,9 % au 1er trimestre 2023
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.956,8 milliards d’euros (3e trimestre 2022)

crible
La possibilité d’une île
L’économie japonaise change de dynamique pour la première fois en trente ans. Service à bord
L’année 2024 sera-t-elle celle du EasyJet émet un signal de confiance sur sa
Japon ? Guy de Tonquedec et trajectoire financière, au bon moment.
Olivier Vietti, respectivement
responsable de la gestion « actions
japonaises » et gérant obligataire
spécialisé dans les dettes
souveraines chez Lazard Frères
Gestion, observent en tout cas un
changement des dynamiques
économiques susceptible de mettre
fin à une exception insulaire de plus
de trente ans qui a maintenu les
taux directeurs sous les 1 % et
empêché la Bourse de Tokyo de
retrouver son pic de décembre 1989.
Le retour de l’inflation change les
comportements des
consommateurs, tandis que
« l’activisme » des autorités
boursières pour inciter les
entreprises à retrouver une
capitalisation au moins égale à
leurs fonds propres devraient
favoriser les fusions-acquisitions et
les rachats d’actions. Avec la
possible revalorisation du yen
comme soleil levant pour un
investisseur européen.

L’odeur du sapin
Une restructuration de la dette d’Atos
semble difficilement évitable.
Rassurer les passagers allergiques à l’avion fait partie des tâches de
Le Père Noël visitera-t-il Atos avant la fin de l’année ? Il faut l’espérer, l’équipage. De même, le conseil d’administration doit tranquilliser des
puisque la direction du groupe de services informatiques semble investisseurs effrayés par la valeur boursière détruite sur longue
la dernière à croire à son existence. Elle ne peut en effet compter sur période par nombre de compagnies aériennes. EasyJet n’a donc pas
les deux lutins de la bonne affaire pour lui faire des cadeaux. L’un, Daniel tardé à leur prodiguer le bon signal de confiance (+5 % pour l’action), en
Kretinsky, a les poches pleines mais est très regardant sur le renflouement plus de chiffres annuels et de perspectives plutôt bien en ligne avec leurs
d’un paquebot de 47.000 salariés ressemblant de plus en plus au Titanic. espérances. La compagnie low cost va en effet reprendre la distribution
La remise de 150 millions d’euros, selon BFM Business, qu’il accorderait au d’un dividende, au titre de l’exercice écoulé clos fin septembre. Le « pay
chèque fait par Atos pour qu’il reprenne Tech Foundations compenserait à out » de 10 % du résultat, comme le taux de 20 % envisagé pour l’année
peine sa non-participation à l’augmentation de capital de l’autre partie, en cours, restent modestes, comparés au palier de 50 % en vigueur
Eviden. Son double inversé, David Layani, est disposé à toutes les acrobaties avant la pandémie, qui avait suspendu le service des actionnaires. Le
pour décupler son entreprise, Onepoint, mais il dépend financièrement nombre de passagers transportés n’a pas retrouvé le record de 2018-
du bon vouloir de fonds, comme Carlyle. Les 5 milliards d’euros 2019, ni le bénéfice net, il est vrai. Et les dépenses d’investissements vont
d’endettement brut, dont 2,2 milliards de prêts bancaires et de billets progresser, selon le plan de croissance. La firme britannique est
de trésorerie, commencent en outre à dégager une odeur de sapin. néanmoins sortie du rouge. Et sa trésorerie nette affiche, elle aussi, une
La dégradation d’un cran de la note par l’agence Standard & Poor’s s’est jauge positive – 41 millions de livres au lieu de 670 millions de dette nette
accompagnée d’une sérieuse mise en garde sur la liquidité du groupe à un an plus tôt –, de quoi couvrir la sortie de cash programmée. Son
compter de janvier 2024 en l’absence d’un refinancement. grand rival irlandais Ryanair ne lui laisse d’ailleurs aucun répit. La
Atos l’a repoussée en quatre lignes de communiqué d’un vide vertigineux. maturité aidant, il vient de se convertir au dividende régulier, sans se
La restructuration de la dette ne semble pas à l’ordre du jour. contenter de rachats d’actions ou de coupon exceptionnel. Et en mettant
Le Père Noël n’existerait-il que pour les banques ? un peu plus de pression (25 % de pay out) dans l’altimètre.

La Bourse de Paris cède 0,21 %

EN VUE

Jérôme Cahuzac
uand on a accumulé les cas- lègues, et même à tous les Français

Q seroles, il y a une certaine

La Bourse de Paris a terminé en
modeste recul de 0,21 %. L’indice
CAC 40 a terminé à 7.250,13 points.
L’indice phare des actions françai-
ses progresse de 11,6 % depuis le
début de l’année.
Dans le reste de l’Europe, la
Bourse de Francfort a fini en pro-
gression de 0,15 %. A Londres,
l’indice Footsie a terminé autour de
l’équilibre (–0,03 %). Les marchés
attendent fébrilement la publica-
tion, jeudi, des chiffres de l’inflation
en Europe et aux Etats-Unis. Ces sta-
tistiques alimenteront le débat sur la
fin prochaine des hausses de taux
des deux côtés de l’Atlantique.
Aux Etats-Unis, Wall Street évo-
luait en modeste progression en
début de journée. L’indice Dow
Jones gagnait 0,4 % alors que le mar-
ché des valeurs technologiques du
Nasdaq progressait de 0,2 %. Selon
le Conference Board, la confiance
des consommateurs américains
s’est redressée en novembre après
trois baisses mensuelles consécuti-
ves. Les ménages redoutent toute-
fois une récession en 2024.
Du côté des valeurs, Publicis
(+1,07 %), Michelin (+1,01 %) et
Safran (+0,89 %) ont occupé le
podium des trois plus fortes pro-
gressions de l’indice CAC 40. A
l’inverse, Pernod Ricard (–2,65 %),
Ke r i n g ( – 2 , 5 8 % ) e t A l s t o m
(–2,42 %) ont enregistré les baisses
les plus importantes.
logique à fréquenter les
marchés. Mais quand même, les
habitants de Monsempron-Libos,
commune du Lot-et-Garonne répu-
tée pour ses étals de poissons frais
ou de fruits et légumes parmi les
mieux garnis du Sud-Ouest, ne
s’attendaient certainement pas à y
croiser ce grand septuagénaire en
doudoune qui fut député-maire de
Villeneuve-sur-Lot, leur voisine,
puis ministre délégué au Budget,
avant d’être obligé par des révéla-
tions de presse d’avouer avoir fraudé
le fisc. Ce qui lui a valu d’écoper de
quatre ans de prison, dont deux avec
sursis.
C’était il y a plus de dix ans mainte-
nant, au début de l’ère de François
Hollande, à qui Jérôme Cahuzac
avait osé mentir les yeux dans les
yeux, comme à tous ses amis et col-
en jurant devant l’Assemblée natio-
nale qu’il n’avait jamais détenu de
compte en Suisse. Un scandale qui
restera dans les annales de la Répu-
blique. Exilé en Corse, où ce chirur-
gien avait trouvé un emploi de
médecin généraliste à l’hôpital de
Bonifacio, le politicien déchu
revient dans l’actualité au moment
où s’achèvent ses cinq ans d’inéligi-
bilité. Contraint si longtemps au
silence, le voilà qui parle beaucoup,
accablant ses ex-amis socialistes,
dont l’alliance contre nature avec la
Nupes lui paraît encore plus grave
moralement que ses errements
autour d’une déclaration d’impôts.
S’il se veut toujours homme de gau-
che, sa stratégie d’aujourd’hui c’est
celle de l’union nationale contre le
RN. Pour le moment, il risque plutôt
de la réussir contre son éventuel
retour en politique. n