MARDI 16 JANVIER 2024

Voiture électrique Enquête sur Crédit La loi Lemoine a dopé la concurrence

le grand blues des garagistes // P. 16 sur le marché de l’assurance-emprunteurs // P. 26

Le monde agricole
craint la puissance
de l’Ukraine
AGRICULTURE La candidature de
l’Ukraine pour adhérer à l’UE inquiète
les agriculteurs français. La fin des
droits de douane et de quotas pour
l’entrée de ses produits en Europe
depuis mai 2022 déstabilise certains
marchés. Vendredi à Bruxelles, six

L’Allemagne
organisations agricoles ont appelé à les
encadrer. Même si le monde agricole ne
conteste pas l’aide à l’effort de guerre,
l’impact immédiat n’est pas fait pour
rassurer dans la perspective d’une inté-
gration. En France, premier pays agri-

en plein doute
cole européen, la grogne monte dans la
filière poulets, celle des œufs et chez les
betteraviers. La structure de produc-
tion ukrainienne, avec des exploitations
d’un millier d’hectares en moyenne, est
bien plus compétitive. // PAGES 14-15

AFP
ET L’ENQUÊTE PAGE 11

Un Forum de Davos
à nouveau sous
le signe des crises
FORUM Le 54e Forum économique
mondial ouvre ce mardi avec
comme mot d’ordre « rebâtir la
confiance ». Un objectif salutaire
alors que les crises n’ont cessé de
s’enchaîner ces dernières années :
Covid, rupture des chaînes d’appro-
visionnement, guerre en Ukraine,
crise énergétique, inflation, hausse
Fabrice Coffrini/AFP

des taux… et brusque résurgence du

conflit israélo-palestinien. Les
entreprises se sentent pourtant
plus résilientes mais ont encore du
mal à s’adapter à l’IA. // PAGE 6
Krisztian Bocsi/Bloomberg et Shutterstock

l Le PIB s’est replié de 0,3 % en 2023, une exception au sein du G7.

l L’industrie souffre du coût de l’énergie, les exportations reculent.
l Les économistes redoutent une nouvelle année blanche.
l La colère des agriculteurs gagne d’autres professions.
// PAGE 4 ET L’ANALYSE PAGE 7 LE LEADER EN AFFRÈTEMENT
DE JETS PRIVÉS

analyses Macron prend

Présidentielle : les sept
OFFRE obstacles de Trump
PUBLIQUE D’ACHAT
initiée par Par Jean-Marc Vittori
le groupe PAREDES
Les sondages le présentent déjà
comme le grand vainqueur de la
Retrouvez-nous en page 17 présidentielle américaine. Mais
dans une longue campagne, nul
n’est invulnérable et même si
Donald Trump est en bonne po-
la parole
pour tenter
de clarifier
son « acte II »
Bannir les PC portables
de l’université POLITIQUE C’est ce qu’il avait
appelé avant les fêtes son « rendez-
par Julien Damon vous avec la nation » : Emmanuel
Macron tiendra ce mardi soir une
Redéployons conférence de presse, un exercice
des usines en ville ! auquel le président de la Républi- PA R I S
que s’est rarement livré. Plein-em- GENÈVE

M 00104 -116 - F:3,60 sition face à son adversaire Joe

Biden, il reste encore 300 jours
d’incertitude avant le scrutin.
Pour Jean-Marc Vittori, sept rai-
sons pourraient empêcher Do-
nald Trump de retrouver le pou-
ISSN0153.4831 116 ANNÉE
e
par Louis de Lillers
ploi, pouvoir d’achat, santé, école : WHY LO N D R E S
l’occasion pour le chef de l’Etat de DUBAI
Start-up : mobiliser donner son explication politique NOT ? * ZURICH
l’épargne privée pour cette nouvelle étape du quin- MADRID
quennat après le remaniement, lui L U N A J E T S .C O M RIGA
par André Lévy-Lang qui a insisté lors de ses vœux pour +33 1 89 16 40 70 MONACO

NUMÉRO 24128 30 PAGES
Antilles-Réunion 4,70 €. Belgique 4,20 €.
Espagne 5,10 €. Luxembourg 4,40 €.
Maroc 44 DH. Suisse 6,60 FS. Tunisie 9,8 TND.
voir. Parmi elles, les procédures
judiciaires à son encontre, les
possibles ingérences de Vladi-
mir Poutine, l’accélération des
salaires ou encore Donald
Trump lui-même… // PAGE 8
aller plus loin sur le « réarmement
IA : la chasse économique, le réarmement de l’Etat
LunaJets France SAS est un broker de vols charter et, en tant que tel, organise le transport
aérien en réservant des aéronefs auprès d’exploitants d’aéronefs tiers, agissant comme
aux hallucinations et des services publics et le réarme- mandataire, au nom et pour le compte de ses clients. L’entreprise agit seulement en qualité
ment civique ». // PAGE 3
d’intermédiaire, n’exploite pas elle-même des aéronefs, n’est pas un transporteur contractuel
ou indirect et ne fournit pas de services de transport aérien. * Pourquoi pas?
par Jacques Henno ET L’ÉDITORIAL DE JEAN-
// PAGES 8 À 10 FRANCIS PÉCRESSE PAGE 12

FRANCE
A l’Education nationale, la polémique
Oudéa-Castéra remobilise les syndicats
l L’ex-ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, avait soigné le dialogue social avec les syndicats,
dans un ministère réputé comme explosif.
l Les débuts d’Amélie Oudéa-Castéra ont tout fait voler en éclats.
ÉDUCATION
Marie-Christine Corbier
Dans les salles des profs, c’est
devenu « le » sujet de discussion.
Avec beaucoup de colère et parfois
des insultes. La nouvelle ministre
de l’Education nationale « fait l’una-
nimité contre elle », confiait lundi
Guislaine David, secrétaire géné-
rale du SNUipp-FSU, principal syn-
dicat du primaire, après sa rencon-
tre avec Amélie Oudéa-Castéra qui
reçoit les syndicats à tour de rôle
jusque mardi.
La polémique qu’elle a déclen-
chée, sur fond de transfert de ses
enfants vers le prestigieux établis-
sement privé catholique Stanislas
et de dénigrement de l’école publi-
que pour le justifier, permet de fait
aux syndicats de remobiliser leurs
troupes, alors que Gabriel Attal sur-
veillait ses relations avec eux
comme le lait sur le feu.
Coup de projecteur
« En termes de communication, il
avait réussi à obtenir une certaine
popularité auprès du grand public,
même si les enseignants qui tiennent
leur classe à bout de bras n’étaient
pas dupes », confie Guislaine David.
« Les échanges avec Gabriel Attal
étaient sincères, et cela ne relevait pas
seulement de la communication »,
souligne Bruno Bobkiewicz, à la
tête du principal syndicat de chefs
d’établissement, le SNPDEN.
Les échanges tendus des syndi-
cats avec Amélie Oudéa-Castéra
redonnent de la visibilité à l’appel à
la grève du 1er février sur les salaires
et les conditions de travail, lancé
discrètement mi-décembre par les
syndicats FSU, FO, CGT et SUD.
La polémique met un coup de
projecteur sur le manque de profes-
seurs : « Après les 155 postes l’année
Les professeurs de classes préparatoires
s’inquiètent pour l’avenir de la filière
Les associations d’ensei-
gnants de classes prépa-
ratoires appelaient
à la grève, lundi,
en réaction à l’annonce
de plusieurs mesures
de fermeture.
C’est « une remise en cause du
modèle des classes préparatoires aux
grandes écoles (CPGE) », protestent
les six associations d’enseignants
représentatives de la filière qui
appelaient à manifester et à faire
grève lundi. A Paris, 1.500 person-
nes ont manifesté entre la place de
la Sorbonne et le ministère de l’Edu-
cation nationale, selon le SNALC,
qui s’était joint à l’appel à la grève
avec la FSU, FO et la CGT.
L’étincelle est partie de l’académie
de Paris, avec l’annonce de la ferme-
ture de 4 classes préparatoires, le
mois dernier, dans les lycées Jac-
ques-Decour, Pierre-Gilles de Gen-
nes, Lamartine et Chaptal. « Une
autre classe a été très fortement mena-
cée sans raison à Rennes », selon les
associations de professeurs.
« Cette mobilisation doit être forte
pour faire échouer ces projets de fer-
meture qui […] en susciteront
d’autres », avaient alerté les ensei-
gnants. Pourquoi fermer une classe
préparatoire pleine, avec 47 élèves
et 38 % de boursiers, qui joue le rôle
d’ascenseur social, s’interrogeait le
dernière, ce sont 125 suppressions de
postes qui sont annoncées pour la
rentrée prochaine », selon la FSU à
Paris, qui lançait le week-end der-
nier : « Non, Madame la ministre, le
remplacement ne va pas s’améliorer
dans les écoles parisiennes. »
La mobilisation s’élargira-t-elle à
d’autres syndicats ? Au SNALC, où
le syndicat n’est pas favorable à « des
grèves perlées », Jean-Rémi Girard
n’exclut rien, « si la ministre s’obs-
tine », « tout dépendra des décisions
internes ». Pour sa rencontre à venir
avec Amélie Oudéa-Castéra, son
syndicat compte bien mettre sur la
Les échanges tendus
des syndicats
avec Amélie Oudéa-
Castéra redonnent
de la visibilité
à l’appel à la grève
du 1er février
sur les salaires et les
conditions de travail.
table les sujets de rémunération et
de conditions de travail. « On vit une
crise historique de recrutement, indi-
que-t-il. Il faut des professeurs, des
accompagnants pour les élèves en
situation de handicap et il faut que
l’Education nationale soit un minis-
tère attractif et pas répulsif. »
« Un dialogue de sourds »
Au SNES-FSU, Sophie Vénétitay
regrette que, lors de la rencontre de
lundi, la ministre ait « apporté des
éléments de réponse qui n’en étaient
pas, alors qu’il aurait fallu donner
des gages pour se projeter dans le dia-
logue social ». « Nous n’étions pas
dans un dialogue social, mais dans
un dialogue de sourds », a regretté
Guislaine David, en expliquant que
mois dernier Alain Joyeux, prési-
dent de l’Association des profes-
seurs de classes préparatoires éco-
nomiques et commerciales, dans le
média spécialisé « News Tank ».
« Si on ferme des classes pleines,
alors personne n’est à l’abri, tout est
possible », redoute-t-il.
De son côté, le rectorat de Paris
avance qu’environ 1.500 places sont
vacantes dans la filière, et qu’il pré-
fère réfléchir à de nouvelles classes
préparatoires, destinées notam-
ment à des bacheliers profession-
nels. Comme ces ouvertures de
classes sont financées à moyens
constants, il en ferme d’autres.
Le rectorat a aussi lancé une
expérimentation de classe prépara-
toire avec le lycée Henri-IV et l’uni-
versité PSL pour former de futurs
professeurs des écoles à bac+3,
dans le sillage de la réforme à venir
du concours enseignant. Pourquoi
pas, mais cela n’a rien à voir avec le
modèle actuel des classes prépara-
toires, s’inquiètent les enseignants
grévistes.
Le ministère de l’Education natio-
nale n’a pas communiqué de chif-
fres de participation. Mais derrière
la mobilisation se pose la question
de l’avenir de la filière. Si les effectifs
de certaines classes évoluent à la
hausse, le ministère de l’Enseigne-
ment supérieur faisait néanmoins
état d’un effectif global en baisse de
la rencontre avait été « écourtée »
pour cette raison.
Les représentants de parents,
eux aussi, attendent des réponses.
Le porte-parole de la fédération
Peep, Laurent Zameczkowski, a
reconnu que de nombreux parents
faisaient le même choix que la
ministre par « lassitude », face aux
défauts de remplacements. « Mais
elle n’est plus une parent d’élèves
lambda, a-t-il ajouté. C’est à elle de
faire en sorte que des parents n’aient
plus envie de mettre leurs enfants
dans le privé pour ce motif. » Après
2,6 % à la rentrée 2022 par rapport à
la situation un an auparavant.
C’est ce qui a conduit l’Inspection
générale de l’éducation, du sport et
de la jeunesse à rédiger un rapport
pour faire un état des lieux de la
filière – une première. Transmis aux
ministres de l’Education nationale
et de l’Enseignement supérieur, il n’a
pas encore été rendu public.
« Pas de projet masqué »
« Avant, quand on était un très bon
élève, on faisait une classe prépara-
toire, il y avait une forme d’évidence »,
explique l’un des auteurs, Olivier
Sidokpohou. Mais la concurrence
de l’enseignement supérieur privé,
des bachelors des grandes écoles,
des filières sélectives de l’université
et l’attrait de l’international ont
changé la donne. Pour autant, « il
n’y a pas de projet masqué ni d’objec-
tif caché, personne n’a l’intention de
toucher au modèle », confie Caroline
Pascal, à la tête de l’inspection géné-
r a l e , t o u t e n é vo q u a n t « d e s
réflexions sur le modèle » des classes
préparatoires.
« C’est un système d’excellence
qu’il convient de défendre, il faut voir
quels sont les leviers pour réactiver
l’attractivité de ces classes. On ne
défendra pas les classes préparatoires
en niant le contexte qui les entoure,
ajoute-t-elle, il faut voir comment
permettre à cette filière de continuer à
les révélations de « Libération » sur
l’absence de problématique de rem-
placement dans l’école publique du
6e arrondissement que fréquentait
son fils en 2009, les oppositions – de
Fabien Roussel (PCF) à Jean-Phi-
lippe Tanguy (RN) en passant par
Olivier Faure (PS) ou Sandrine
Rousseau (Les Ecologistes) – ont
appelé à la démission de la ministre.
De quoi un peu plus mettre la
pression sur le Premier ministre
G a b r i e l At t a l , a f f a i b l i s u r l e
domaine où il avait construit sa légi-
timité. n
exister. On n’est pas en train de tuer
une filière, mais de la maintenir, en
tenant compte d’une forme de désaf-
fection des élèves. »
Des évolutions font grincer des
dents, comme la multiplication des
cycles pluridisciplinaires d’études
supérieures (CPES), à mi-chemin
entre la classe préparatoire et l’uni-
versité. « C’est normal qu’il y ait de
l’innovation et de nouvelles offres,
sans qu’il y ait de plan anti-CPGE »,
glisse Olivier Sidokpohou.
L’étincelle est partie
de l’académie de
Paris, avec l’annonce
de la fermeture de
4 classes prépas,
le mois dernier.
Comme piste d’évolution, cer-
tains évoquent aussi la possibilité
d’en faire des filières à capacité limi-
tée, comme pour les études de
médecine. Autrement dit, s’il y a
48 places, d’utiliser toute la liste des
candidats pour remplir les classes,
sans appliquer les règles de sélecti-
vité qui limitent aujourd’hui les
effectifs de certaines classes en deçà
des 48 élèves. Un sujet extrêmement
sensible pour les enseignants.
— M.-C. C.
Mardi 16 janvier 2024 Les Echos
Le monde enseignant s’insurge
de la ministre de l’Education,
Oudéa-Castéra : pourquoi
la polémique pique
Les maladresses de la ministre de l’Education torpillent
les premiers pas de Gabriel Attal. Sa démission fait débat.
LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE
de Cécile
Cornudet
l y a deux types de
I polémiques. Celles qui
glissent, trop politiciennes
et gratuites. Et celles qui
piquent, parce qu’elles tombent
particulièrement mal ou sont
révélatrices. Celle qui atteint
Amélie Oudéa-Castéra est de
ces dernières, sur le sujet
pourtant éculé de la
scolarisation dans le privé des
enfants des ministres de
l’Education nationale. On a la
liberté de choix, non ?
Pourquoi ne pas le dire comme
cela ? Oui mais voilà, elle ne l’a
pas dit comme cela.
Avant son déplacement de
vendredi dans un collège des
Yvelines, la nouvelle ministre
répète avec Gabriel Attal. La
question peut être posée, voilà
comment répondre. Mais
devant le micro, elle improvise
et met en cause « le paquet
d’heures non remplacées » dans
le public, soit l’un des volets que
le Premier ministre avait tenté
de régler lorsqu’il était à sa place.
Par ses maladresses, voire
ses libertés avec la vérité, la
ministre alimente malgré elle
l’ombre planant sur Gabriel
Attal depuis sa nomination
à Matignon. Mais pourquoi
donc a-t-il quitté l’Education
nationale où il réussissait si
le sujet est la priorité du
quinquennat ? Dimanche
au marché de Caen, l’une
des premières habitantes
croisées l’interpelle : « Je suis
02
contre les déclarations
Amélie Oudéa-Castéra.
Photo Mathilde Mazars/RÉA
extrêmement déçue que vous
soyez parti. »
Puisque les premiers pas de sa
ministre l’abîment, décision est
prise de la coacher de très près.
Dimanche, le Premier ministre
lui demande de s’excuser, elle
s’exécute. Lundi, la question se
pose : faut-il maintenir le
déplacement prévu avec
Gérald Darmanin sur les JO ?
Oui mais à une seule condition,
qu’elle botte en touche en cas
de questions. Las, elle répond,
mince filet de voix, appelant à
la fin des « attaques
personnelles ». L’opposition
repart de plus belle, et
demande la démission.
La solution est poussée par
certains. Si Emmanuel Macron
refusait de se dédire, le coaching
se poursuivrait. La ministre
doit se concentrer sur le
dialogue social, un nouveau
responsable de la communi-
cation est recherché, ainsi que
de solides ministres délégués.
Quant au chef de l’Etat, qui sait
qu’il va être questionné lors
de sa conférence de presse,
il prépare des réponses
au problème des heures non
remplacées qu’elle a soulevé.
Lui bien avant elle d’ailleurs.
En nommant Rachida Dati à
la Culture, Emmanuel Macron
voulait mettre en avant une
femme venue d’en bas, preuve
« qu’en France tout est
possible ». En stigmatisant
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
l’école tranquille de la rue
Littré, dans le
6e arrondissement de Paris, son
autre ministre réveille le procès
en déconnexion du pouvoir
macroniste. Avec cette question
pour le président : comment
remettre dans l’axe une fusée
qui part mal ?
ccornudet@lesechos.fr
03 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
Macron attendu pour
clarifier son nouvel « acte II »
l Le chef de l’Etat tiendra ce mardi soir une conférence de presse à l’Elysée.
l L’occasion de donner son explication politique et ses orientations
pour cette nouvelle phase du quinquennat.
POLITIQUE
Isabelle Ficek
Avant les fêtes, Emmanuel Macron
avait promis un mystérieux « ren-
dez-vous avec la nation ». Le voici.
Ce mardi, à 20 h 15, un horaire assez
inhabituel mais destiné à toucher
directement le maximum de Fran-
çais, le chef de l’Etat tiendra à l’Ely-
sée une conférence de presse pour
tenter d’expliciter à nouveau son
cap, alors que d’aucuns autour de
lui estiment que la campagne prési-
dentielle ou plutôt la non-campa-
gne, ne l’a pas vraiment permis.
« La conférence de presse s’inscrit
dans le cadre du rendez-vous avec la
nation commencé par les vœux du
31 décembre et qui s’est poursuivi
avec la nomination du Premier
ministre Gabriel Attal et de son gou-
vernement », a souligné la prési-
dence de la République.
Des marges limitées
C’est, avec cet exercice auquel le chef
de l’Etat s’est rarement prêté, une
manière de solenniser ce rendez-
vous. Une tentative, aussi, de tour-
ner la page d’un début de quinquen-
nat difficile, avec des textes qui ont
pu crisper les Français – la réforme
des retraites – ou bousculer sa majo-
rité – la loi immigration. Hors cam-
pagne présidentielle, sa dernière
grande conférence de presse dans
ce format, remonte à avril 2019,
après la crise des « gilets jaunes ».
Ce sera en tout cas l’occasion
pour Emmanuel Macron de livrer
son explication politique du rema-
niement et de clarifier la feuille de
route qu’il entend donner à ce nou-
vel « acte II ». Une feuille de route
que Gabriel Attal devra décliner
dans sa déclaration de politique
générale la semaine prochaine.
Certes, lors de ses traditionnels
vœux aux Français, Emmanuel
Macron a assuré qu’il tient le même
cap depuis 2017, celui de « libérer,
protéger, unir ». Certes, le chef de
l’Etat a évoqué de premiers résul-
tats tout en disant comprendre « les
impatiences ». Promettant de faire
« plus vite », il a martelé la nécessité
Darmanin évoque déjà son départ de Beauvau
Moins d’une semaine après
la nomination du gouverne-
ment de Gabriel Attal,
Gérald Darmanin estime
qu’après les Jeux Olympi-
ques « un cycle au ministère
de l’Intérieur sera atteint ».
Grégoire Poussielgue
Depuis sa nomination à Matignon il
y a une semaine et l’annonce de son
gouvernement dans la foulée,
Gabriel Attal n’a de cesse d’afficher
un ton offensif. Il veut un exécutif
dans « l’action », des « résultats » et
des ministres « engagés à 200 % ».
Mais il est un membre de son
équipe resserrée qui se projette déjà
dans l’étape d’après, anticipant
même son départ du gouverne-
ment et le prochain remaniement :
Gérald Darmanin. « [Ma] mission
est de réussir les Jeux Olympi-
ques. Après, un cycle au ministère
de l’Intérieur sera atteint », a lâché
dans les colonnes du « Figaro » le
locataire de la place Beauvau.
Lundi, il est allé en Seine-Saint-De-
nis pour un nouveau déplacement
consacré à la sécurité des JO.
Après les Jeux Olympiques – du
26 juillet au 11 août – et les Jeux Para-
lympiques – du 28 août au 8 septem-
bre –, le ministre de l’Intérieur envi-
Emmanuel Macron s’est rarement livré au format de la grande conférence de presse depuis 2017.
selon lui de poursuivre « le réarme-
ment économique, le réarmement de
l’Etat et de nos services publics », « le
réarmement civique ».
Promesse du plein-emploi
A lui de préciser ce qu’il entend
concrètement par là, lui qui a redit
être conscient du « retour de la peur
de la guerre, du déclassement, de la
perte de contrôle » mais veut croire,
réfutant un « faux optimisme », que
de ce « contexte de crises, peut naître
le meilleur ». Le tout, dans un con-
texte où les marges de manœuvre
sont limitées, étant donné les ten-
sions sur les finances publiques.
Emmanuel Macron pourrait
profiter de cette conférence de
presse pour faire des annonces sur
les principaux sujets de préoccupa-
tions des Français, parmi lesquels le
pouvoir d’achat, la santé, l’école.
Face au nouveau gouvernement
vendredi, il a demandé aux minis-
sage clairement son départ du
gouvernement. Il aura alors passé
plus de quatre ans place Beauvau,
un ministère usant – soit le plus
long bail depuis Raymond Marcel-
lin entre 1968 et 1974 (sous les prési-
dences de Charles de Gaulle et de
Georges Pompidou) –, et sept ans et
demi comme ministre des gouver-
nements d’Emmanuel Macron, où
il avait commencé aux Comptes
publics entre 2017 et 2020.
« Rester maître
de son destin »
A Beauvau, Gérald Darmanin a
mené plusieurs projets de loi
importants comme la loi contre le
séparatisme (en 2021), une loi de
programmation pour son ministère
votée fin 2022 et la loi immigration,
votée dans la douleur en décembre
et à l’origine des remous politiques
du début de l’année.
Ses anciens camarades de LR et
le Rassemblement national (RN) ne
manquent jamais l’occasion de
p ointer un mauvais bilan en
matière de lutte contre l’insécurité
et sur l’immigration et critiquent un
ministre qui ferait essentiellement
de la communication.
Ce n’est pas la première fois qu’il
évoque cette échéance, mais le faire
à peine une semaine après
tres d’être « révolutionnaires » plu-
tôt que « gestionnaires ». A la fin de
l’année, il avait, devant un parterre
de chefs d’entreprise, lâché un
retentissant « Réveillez-vous ! » au
sujet de l’emploi et reconnu, au-delà
des négociations prévues à l’agenda
des partenaires sociaux, qu’il fau-
drait aller plus loin pour tenir la
promesse de plein-emploi à la fin
du quinquennat. Plus loin pour
aller chercher certains publics, plus
loin, conseillent des proches, pour
« casser les rentes » de certaines pro-
fessions, plus loin sur la simplifica-
tion et plus loin sur l’attractivité.
Si Emmanuel Macron a toujours
dit que le travail, et le travail qui
paie, est la meilleure réponse sur le
pouvoir d’achat, il est attendu sur le
sujet et plus particulièrement sur
les « classes moyennes », que lui
comme son Premier ministre ont
beaucoup mis en avant. Mais le
calendrier et les modalités de la pro-
l’annonce du nouveau gouverne-
ment n’est pas anodin. Gérald Dar-
manin, qui visait Matignon en
juillet dernier, affiche son indépen-
dance et met en avant son calen-
drier personnel, au risque de
brouiller le message que Gabriel
Attal tente de construire pour son
nouveau gouvernement.
Un « électrochoc fait pour
gagner les européennes »
« On pourrait comprendre que
Gérald Darmanin n’ait pas apprécié
la nomination de Gabriel Attal à
Matignon. Donc il est normal qu’il
affirme vouloir rester maître de son
destin, qu’il ne veut pas mettre entre
les mains d’un Premier ministre dont
il pourrait contester la légitimité »,
analyse la politologue Chloé Morin.
Gérald Darmanin n’en est pas à
son coup d’essai. Déjà, sous Elisa-
beth Borne, il s’affirmait. Après
avoir fait sa rentrée politique per-
sonnelle dans son fief de Tourcoing
en août dernier, il a lancé en novem-
bre les « Rencontres de Beauvau »,
pour échanger avec les élus locaux.
Pour l’instant, il n’y a eu qu’une réu-
nion, mais son cabinet en promet
de prochaines.
Par ailleurs, le ministre de l’Inté-
rieur évoque tout haut ce que beau-
coup pensent tout bas : le premier
AFP
messe du chef de l’Etat, faite au len-
demain de la crise des retraites,
d’une baisse d’impôts de 2 milliards
d’euros pour les classes moyennes,
sont suspendus à des jours
meilleurs. Sur le front des prix,
l’arbitrage sur ceux de l’électricité
en fonction du niveau de relève-
ment des taxes au 1er février – « pas
plus de 10 % », a rappelé Bruno
Le Maire lundi – est très attendu.
Sur la santé et l’école, deux « chan-
tiers majeurs », avait-il dit lors de sa
campagne, Emmanuel Macron
rencontre aussi l’impatience des
Français et risque de devoir s’expli-
quer après les mauvais débuts de sa
nouvelle ministre de l’Education
nationale, Amélie Oudéa-Castéra,
déjà fragilisée. Parmi les dossiers
sur lesquels il est attendu, les suites
qu’il entend donner sur l’Aide médi-
cale d’Etat ou encore sa stratégie sur
les soins palliatifs et le délicat sujet
de la fin de vie. n
gouvernement Attal est un « élec-
trochoc fait pour gagner les élections
européennes » avec une capacité à
se projeter au-delà limitée. « Ce gou-
vernement sera jugé sur les élections
européennes du 9 juin », confirme
un cadre de la majorité.
Pour l’instant, la majorité est loin
d’une victoire. Selon un sondage
Elabe paru dans « La Tribune
Dimanche », la liste Renaissance-
Modem-Horizons est à plus de
10 points derrière celle du RN menée
par Jordan Bardella. Lors de ses
vœux à la presse lundi, ce dernier a
rappelé la nécessaire mobilisation
de l’électorat RN pour ces élections,
dont il veut faire le « rendez-vous
avec la Nation » de l’année 2024.
De son côté, Renaissance doit
trouver un accord avec ses parte-
naires pour trouver une nouvelle
tête de liste après la nomination de
Stéphane Séjourné au ministère de
l’Europe et des Affaires étrangères.
Mais entre la loi immigration qui a
fracturé la majorité, un nouveau
gouvernement qui fait la part belle à
la droite et la nomination surprise
de Rachida Dati à la Culture sans
oublier la polémique autour de la
nouvelle ministre de l’Education,
Amélie Oudéa-Castéra, la campa-
gne ne démarre pas sous les
meilleurs auspices. n
Médicaments :
des signes positifs
sur le front
des pénuries
SANTÉ
L’Agence nationale
de sécurité
du médicament
et des produits
de santé a prié
les industriels de
libérer leurs stocks.
La situation reste
tendue dans le cas
de l’amoxicilline
pédiatrique.
Solenn Poullennec
Un léger mieux sur le front de la
disponibilité des médicaments.
Alors que de nombreux Fran-
çais peinent souvent à trouver
en pharmacie les produits pres-
crits par leur médecin, des
acteurs de la filière pharmaceu-
tique veulent croire que la stra-
tégie mise en place à la fin
d’année dernière pour résorber
certaines difficultés porte de
premiers fruits.
Pour faire face à la difficulté
d’accès à certains produits,
notamment à l’antibiotique
phare qu’est l’amoxicilline,
le gouvernement et l’Agence
nationale de la sécurité du
médicament et des produits de
santé (ANSM) se sont efforcés
d’agir sur plusieurs fronts
à l’approche de l’hiver et de
ses épidémies.
En novembre, les acteurs de
la filière ont ainsi signé, avec
l’ANSM une charte. Son objec-
tif : faire en sorte que les médi-
caments soient répartis de
façon aussi « équitable » que
possible sur le territoire, en évi-
tant que les pharmacies com-
mandent plus que nécessaire et
s’approvisionnent largement en
direct auprès des laboratoires,
plutôt que via les grossistes-ré-
partiteurs, chargés de la distri-
bution de la grande majorité des
médicaments remboursables.
En décembre, alors que la
situation « continuait de se
d é g ra d e r e n p h a r m a c i e » ,
notamment pour la forme
d’amoxicilline buvable pres-
crite aux enfants, l’ANSM a
demandé aux industriels qu’ils
mettent « immédiatement » à la
disposition des grossistes-
répartiteurs « la majeure par-
tie » de leurs stocks.
« Une amélioration
incontestable »
Résultat : début janvier, les indi-
cateurs sur la disponibilité en
pharmacie de plusieurs formes
d’amoxicilline étaient au vert
sur le site de l’ANSM tandis que
ceux sur les formes pédiatri-
ques, plus problématiques
étaient en orange, et non dans le
rouge comme vu en décembre
pour l’une des deux formes sur-
veillées de près.
Plusieurs acteurs de la
chaîne font par ailleurs état
d’améliorations après un point
sur la situation réalisé avec
l’ANSM en fin de semaine der-
nière. La charte « fonctionne », a
ainsi assuré le président de
l’Union des syndicats de phar-
maciens d’officine, Pierre-Oli-
vier Variot, cité par « Le Quoti-
dien du pharmacien ». Et celui-
ci d’assurer que les officines
« ne commandent plus que ce
dont elles ont besoin ».
Les grossistes-répartiteurs
détectent aussi des signaux
positifs. « Sur l’amoxicilline, il y
a une amélioration incontestable
sur certaines références entre
aujourd’hui et avant Noël »,
explique Emmanuel Déchin,
FRANCE
délégué général de la Chambre
syndicale de la répartition
pharmaceutique (CSRP). « Les
grossistes ont très clairement
senti une amélioration des
niveaux d’approvisionnement »,
après que l’ANSM a demandé
aux industriels de « libérer leurs
stocks », assure-t-il.
« La mise en place de cette
action de coordination a porté
ses fruits pour réapprovisionner
progressivement les pharmacies
de la majorité des formes
d’amoxicilline », déclare Tho-
mas Borel, directeur des affai-
res scientifiques au LEEM,
organisation représentant les
laboratoires. « Les volumes dis-
tribués par les laboratoires en
direction des grossistes ont aug-
menté », note Sébastien Trin-
quard au Gemme, représentant
les fabricants de génériques.
Un plan déjà reporté
deux fois
Les problèmes d’approvision-
nements sont cependant loin
d’être résolus. Plusieurs acteurs
soulignent que les tensions ne
s’expliquent pas seulement par
des problèmes de répartition
mais aussi par des problèmes
d e p r o d u c t i o n . L’a c c è s à
l’amoxicilline pour les enfants
continue aussi d’être probléma-
tique. « En termes de disponibi-
lité, c’est mieux que cela n’a été
mais cela reste difficile », souli-
gne Emmanuel Déchin, pour la
Chambre syndicale des grossis-
tes répartiteurs.
En novembre,
les acteurs
de la filière
ont signé
une charte
avec l’ANSM.
Son objectif :
faire en sorte que
les médicaments
soient répartis
de façon aussi
« équitable »
que possible
sur le territoire.
« La situation est toujours très
tendue », assure à ce propos
Philippe Besset, de la Fédéra-
tion des syndicats pharmaceu-
tiques de France (FSPF). « On
est vendredi, il me reste trois boî-
tes, je vais les utiliser dans la
journée et je suis de garde ce
week-end », expliquait-il la
semaine dernière.
Témoin de l’inquiétude per-
sistante de la profession, le syn-
dicat des pharmaciens des Bou-
ches-du-Rhône invite depuis le
début de l’année les patients à
signer une pétition pour inter-
peller le président de la Répu-
blique sur les pro blèmes de
pénuries. « On a constaté depuis
des mois l’exaspération face aux
ruptures de stocks et le stress des
gens », indique Valérie Ollier,
présidente de l’organisation à
l’origine de cette mobilisation.
La disponibilité des médica-
ments est aussi très liée à l’évo-
lution des épidémies. Une
chose est sûre, les acteurs de la
chaîne du médicament aime-
raient changer moins souvent
de ministre. Prévue en décem-
bre, la présentation de la feuille
de route de lutte contre la pénu-
rie a été reportée juste avant la
démission du ministre de la
Santé, Aurélien Rousseau. Elle
ava i t d é j à é t é a n n u l é e a u
moment du remaniement de
l’été dernier. n

MONDE
Trois ans après le Covid, l’économie
allemande recule à nouveau
l Le produit intérieur brut s’est contracté de 0,3 % l’an dernier. L’industrie pâtit de prix de l’énergie trop élevés.
l Les exportations ont diminué et la consommation des ménages n’a pas pris le relais.
EUROPE
Emmanuel Grasland
— Correspondant à Berlin
Il n’y a pas eu de miracle. Comme
attendu, l’économie allemande
s’est contractée en 2023, avec une
baisse du produit intérieur brut
de 0,3 %. Le recul a tout de même
été moins important que le pré-
voyaient le gouvernement (-0,4 %)
et le FMI (-0,5 %). Le pays a réussi,
de justesse, à éviter la récession
(définie par deux trimestres dans
le rouge de suite), avec un recul
de 0,3 % du PIB au quatrième
trimestre.
L’Allemagne est néanmoins le
seul pays du G7 et des grandes
nations de l’Union européenne à
voir son économie reculer en 2023.
Sa progression depuis 2019, der-
nière année avant le Covid, est fai-
ble (+0,7 %). « Cette situation rap-
pelle les années qui ont suivi
l’éclatement de la bulle boursière au
début des années 2000 », estime
Jorg Krämer, chef économiste à la
Commerzbank.
En 2023, l’Allemagne a pâti du
ralentissement de deux moteurs
essentiels : les exportations et la
demande intérieure. « La crise
énergétique et les tensions géopoliti-
Le « ras-le-bol » des agriculteurs met le gouvernement sous pression
Une manifestation monstre
lundi à Berlin a démontré la
force des agriculteurs face
au gouvernement allemand.
Nathalie Steiwer
— Correspondante à Berlin
ques ont inquiété les producteurs,
les investisseurs et les consomma-
teurs. Le commerce mondial
a perdu de son dynamisme, avec
des conséquences négatives pour
l’économie d’exportation alle-
mande », a expliqué la présidente
de l’Office fédéral de statistiques,
Ruth Brand.
Pénalisées par le redémarrage
en demi-teinte de la Chine et l’essor
de l’industrie automobile locale,
les exportations ont reculé de 1,8 %
l’an dernier. Les ménages n’ont pas
vraiment pris le relais. Ils ont
acheté moins de produits alimen-
taires, de vêtements, d’électromé-
nager ou de meubles et se sont
serré la ceinture sur l’énergie et le
logement.
Bonus écologique
Séduits par le bonus écologique
sur les voitures électriques et le for-
fait à 49 euros pour le train, les
Allemands ont en revanche aug-
menté leurs dépenses dans les
transports. A défaut de consom-
mer, ils ont aussi cherché à se dis-
traire et se cultiver, avec des dépen-
ses en hausse de 1,3 % dans ce
domaine.
Bilan des courses ? Alors que
les salariés ont vu leur rémunéra-
tion bondir de 6,7 % en 2023,
la consommation des ménages
Ils sont arrivés sur leurs tracteurs
dans la nuit, klaxonnant à minuit
dans les rues assoupies de Berlin.
Lundi matin, agriculteurs, artisans,
routiers et restaurateurs étaient
plus de 8.500 selon la police, à pro-
tester contre le gouvernement
allemands a baissé de 0,8 %,
en données corrigées des varia-
tions de prix.
Surtout, elle est restée inférieure
à son niveau de 2019 tandis que le
taux d’épargne augmentait. « Cette
situation s’explique probablement
par le niveau élevé des prix et une
inflation qui devrait s’élever à 5,9 %
en 2023 », a estimé Michael Kuhn,
chef de groupe au sein de l’Office
fédéral des statistiques.
Le secteur des services
à la rescousse
D’un point de vue sectoriel, c’est le
secteur des services qui a soutenu
l’activité économique tandis que
l’industrie était plombée par la
faiblesse de la demande mondiale
et des prix de l’énergie élevés. La
production industrielle a reculé de
2 % l’an dernier (hors construc-
tion) tandis que l’industrie manu-
facturière limitait la baisse à 0,4 %
grâce notamment aux ventes de
véhicules électriques.
En revanche, la baisse d’activité
des secteurs à forte consomma-
tion d’énergie, comme la chimie ou
la métallurgie, a été forte, avec une
production en baisse de près de
20 % par rapport à 2021.
A contrario de ce qui se passe en
France, cette situation économi-
que n’a pas empêché l’Etat alle-
devant la porte de Brandebourg, au
cœur de la capitale.
Se réchauffant les mains au-des-
sus d’un barbecue, Steffen Gerber
essuie les dernières traces de fati-
gue d’un revers de manche. Il a
quitté son exploitation céréalière de
Basse-Saxe, au nord de l’Allemagne
la veille à 11 heures du matin. La fin
de l’exonération fiscale sur le diesel
et sur les véhicules agricoles qui a
déclenché le mouvement n’est pour
lui que « la goutte d’eau qui fait
déborder le vase ».
Bien sûr, le gouvernement a
reculé devant les premiers mouve-
ments, en échelonnant jus-
qu’en 2026 la suppression de l’exo-
nération qui doit rapporter
920 millions au budget de l’Etat,
« mais la hausse arrivera quand
même ». A raison de 20 euros par
hectare environ, la taxe sur le diesel
mand de serrer les boulons, avec
un déficit budgétaire d’à peine
2,0 % sur 2023, « soit un niveau net-
tement inférieur à celui des trois
années précédentes », a souligné
Ruth Brand.
Alors que des milliers d’agricul-
teurs et de transporteurs routiers
manifestaient lundi à Berlin,
appréhender l’évolution de l’éco-
nomie en 2024 s’avère maintenant
compliqué. Si la plupart des insti-
tuts économiques tablent sur un
retour de la croissance , la situa-
tion géopolitique mondiale,
l’impact de la crise budgétaire alle-
mande et la montée des tensions
sociales et politiques outre-Rhin
suscitent des inquiétudes.
« Les premiers retours de notre
enquête conjoncturelle indiquent
que la performance économique
devrait faire du surplace en 2024 »,
a indiqué lundi la chambre
allemande du commerce et de
l’industrie.
A terme, c’est sans doute la
situation géopolitique mondiale
et la capacité du gouvernement
à rassurer les consommateurs et
les entreprises qui décideront,
cette année, du rebond ou non de
l’économie.
Lire l’analyse
( Page 7
représenterait encore 60.000 euros
par an, pour son exploitation de
3.000 hectares, calcule-t-il.
Les Verts dans le viseur
Comme lui, Linus Habdank, jeune
agriculteur d’une exploitation por-
cine près d’Ulm, pointe aussi la
bureaucratie, les règles européen-
nes sur les nitrates. Plus loin, Chris-
tina est venue manifester au nom
des restaurateurs, qui doivent préle-
ver désormais 19 % de TVA, après
une exception de 7 % ces dernières
années. « On en a tous ras-le-bol »,
résume Dirk Engelhardt, porte-pa-
role de la fédération des transpor-
teurs routiers.
Ce « ras-le-bol » contre le gouver-
nement de coalition entre les socia-
listes, les Verts et les libéraux s’affi-
che sur les pancartes tout au long
du cortège de tracteurs et de mani-
Mardi 16 janvier 2024 Les Echos
La chute des seigneurs
de la chimie
Secteur phare de l’industrie
allemande, la chimie
affronte une crise
structurelle sans précédent.
La production a chuté
de 11 % en 2023, après
une baisse de 10 % l’année
précédente.
Outre-Rhin, c’est sans doute la
filière confrontée à la plus forte
remise en question. Troisième sec-
teur industriel du pays après l’auto-
mobile et la machine-outil, la chi-
mie allemande affronte une crise
structurelle sans précédent depuis
la guerre en Ukraine. La fin de
l’approvisionnement en gaz russe
et l’évolution des prix de l’énergie
ont déstabilisé son modèle.
En l’espace de deux ans, la pro-
duction a chuté de 21 % selon les
chiffres de la Fédération des indus-
tries chimiques (VCI). L’an dernier,
les capacités de production de la
branche ont été utilisées à hauteur
de 77 % en moyenne, alors qu’un
taux de 82 % est nécessaire pour
avoir une activité rentable.
« Nous nous trouvons au milieu
d’une longue et profonde dépression.
Et on ne sait pas encore combien de
temps cela prendra pour en sortir », a
estimé le président de la Fédération
de l’industrie chimique, Markus
Steilemann, lors du bilan de fin
d’année.
La première chimie
d’Europe
Plus de la moitié des acteurs du sec-
teur ont vu leurs profits reculer l’an
dernier ou sont passés dans le
rouge, alors même que l’exercice
2022 avait été très difficile. « Plus
cette situation durera, plus nous
devrons nous attendre à ce que
d’autres installations soient fer-
mées », a averti Markus Steilemann.
Depuis la guerre en Ukraine, BASF
a vu son cours chuter de plus de
30 %, Bayer de 37 % et Lanxess de
près de 50 %.
Alors que la France a perdu son
rang en la matière avec la dispari-
tion de Rhône-Poulenc, l’Allema-
gne détient la première chimie
européenne. Outre-Rhin, ses diri-
geants ont longtemps été considé-
rés comme des « seigneurs de
l’industrie ».
festants. « Ils n’ont jamais rien semé,
rien récolté, mais ils savent tout
mieux que les autres », les « Verts ont
beaucoup de moral et surtout une
double morale ».
Les partis de
la coalition ne
recueillent plus
qu’entre 5 et 15 % des
intentions de vote.
« Il est clair que les paysans n’inté-
ressent pas le gouvernement parce
que nous ne sommes pas ses élec-
teurs », assure Steffen Gerber, en
espérant la progression des conser-
vateurs de la CDU lors des élections
européennes de juin et régionales
de septembre prochain. « Nous
sommes très calmes, en France vous
04
Qu’en sera-t-il demain ? Un redé-
marrage du secteur n’est pas
attendu dans les mois à venir. La
filière prévoit une production sta-
ble cette année. Un tiers des chimis-
tes interrogés par la fédération
espère une reprise au second
semestre et 45 % à partir de 2025…
ou après.
Confrontés à des coûts de pro-
duction plus élevés, les chimistes
allemands regardent ailleurs : 27 %
des sociétés prévoient de réduire
leurs investissements en Allema-
gne et un quart de délocaliser des
productions.
Une approche
plus anglo-saxonne
Ces virages stratégiques sont visi-
bles chez des grands groupes. Le
chimiste de spécialités Lanxess a
décidé de focaliser ses investisse-
ments sur les Etats-Unis, où le coût
des matières premières et de l’éner-
gie est moins élevé qu’en Europe,
tandis que Covestro discute d’une
reprise par le pétrolier émirati
Adnoc pour plus de 11 milliards
d’euros.
La mutation est aussi culturelle.
La direction de BASF a annoncé
qu’elle allait désormais gérer le pôle
phytosanitaire, les matériaux pour
batteries et les revêtements (pein-
ture) comme des entreprises indé-
pendantes. Un changement de
paradigme pour le plus gros chi-
miste de la planète.
Jusqu’à présent, BASF avait tou-
jours cherché à imbriquer le plus
possible ses activités, afin d’optimi-
ser les processus industriels et
l ’u t i l i s a t i o n d e s r e s s o u r c e s .
Aujourd’hui, les perspectives du
« site Allemagne » incitent à une
approche plus anglo-saxonne, où
l’on cherche au contraire à décou-
per les métiers, afin de jongler avec,
en les valorisant au mieux.
Confrontée à une chimie améri-
caine dopée au gaz de schiste et à la
concurrence d’un Proche-Orient
désireux de remonter la chaîne de
valeur, pour aller du pétrole au plas-
tique, la chimie allemande avait
misé sur la montée en puissance du
gazoduc Nord-Stream pour défen-
dre sa compétitivité. Poutine a brisé
cette stratégie, condamnant le sec-
teur à se réinventer. — E. G.
seriez plus virulents », note Lukas
Bidman, un jeune exploitant du
Bade Württemberg, en évoquant
les « gilets jaunes » et les litres de
lisier déversés devant les mairies
françaises.
Le ministre des Finances, Chris-
tian Lindner, ne compte pas céder
sur la fiscalité du diesel mais il
« entend » le mécontentement accu-
mulé « depuis des décennies ». Il est
« temps de parler », a-t-il proposé. Le
temps lui est toutefois compté alors
que les partis de gouvernement ne
recueillent plus qu’entre 5 et 15 % des
intentions de vote. Avec de tels sco-
res, le SPD, les Verts et le FDP sont
obligés de continuer à gouverner
ensemble. Dans l’opposition, la CDU
et son alliée bavaroise de la CSU, très
représentées dans le monde rural,
espèrent en revanche encore une
dissolution et des élections en juin. n
05 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
Les systèmes de santé
des pays riches en
situation d’urgence
SANTÉ
Face à des dépenses de
santé qui progressent
plus vite que la crois-
sance, les gouverne-
ments vont devoir
rivaliser d’ingéniosité
vu leur endettement.
L’OCDE sonne l’alarme
une nouvelle fois.
Richard Hiault
Le 2 janvier, aux urgences du CHU
de Nantes, une patiente est décédée
sur un brancard. En raison de
l’attente d’une prise en charge. Ce
drame est révélateur des tensions
actuelles dans le système de santé
national. Manque de moyens, par-
fois manque de personnel, stress et
« burn-out » liés au Covid, les rai-
sons sont multiples. Si, la semaine
dernière, Gabriel Attal a promis
« 32 milliards d’euros supplémentai-
res » pour le système de santé dans
les cinq ans à venir, il ne s’agit en réa-
lité que des financements déjà pro-
grammés.
Surtout, les problèmes de finan-
cement ne se limitent pas à la
France. Le phénomène est plus
général au sein des pays riches. Le
sujet sera sans doute sur la table
Les pénuries
de main-d’œuvre risquent
de persister dans le monde
CONJONCTURE
Vieillissement de la
population, manque
de compétence techni-
que, évolution des
comportements par
rapport au travail : les
raisons d’une probable
persistance des pénu-
ries de main-d’œuvre
sont multiples.
Les pénuries de main-d’œuvre ris-
quent de s’enraciner dans le pay-
sage économique mondial. Le
vieillissement de la population, les
changements technologiques, les
défis climatiques et les modifica-
tions de comportement des salariés
face au travail sont autant de fac-
teurs à l’origine d’un possible man-
que de compétence à l’avenir.
En publiant mercredi son rapport
annuel sur l’emploi et les questions
sociales dans le monde, l’Organisa-
tion International du travail (OIT)
s’alarme de cette tendance probable.
A l’échelle mondiale, selon les récen-
tes enquêtes, le document indique
que 77 % des chefs d’entreprise
éprouvent des difficultés à recruter
des candidats possédant les compé-
tences appropriées. Dix ans aupara-
vant, seuls 35 % d’entre eux faisaient
état de telles difficultés. Les exem-
ples ne manquent pas.
La chambre de commerce des
Etats-Unis notait ainsi des pénuries
importantes dans les transports, les
soins de santé et l’assistance sociale,
ainsi que les services d’héberge-
ment et de restauration. « Les Etats-
Unis souffrent historiquement d’un
sous-investissement dans les compé-
tences des salariés, à la différence des
autres pays développés », a observé
lors d’un forum ministériel orga-
nisé le 22 janvier au siège de l’Orga-
nisation de coopération et de déve-
loppement économiques (OCDE).
Cette dernière vient de nouveau de
tirer la sonnette d’alarme sur l’état
des systèmes de santé dans ses pays
membres.
Un cinquième des recettes
budgétaires
« Au niveau mondial, nous sommes
face à une bombe à retardement au
regard des financements », confirme
Chris James, l’un des économistes
chargé de la santé à l’Organisation.
« Le problème n’est pas nouveau
mais les pressions budgétaires
s’accentuent en raison notamment
du vieillissement de la population, de
la hausse du nombre de retraités ou
encore du changement climatique »,
a averti, jeudi dernier lors d’un
webinaire Jo De Cock, le président
du réseau des hauts responsables
du budget et de la santé de l’OCDE.
Un chiffre résume les défis à
venir : la croissance des dépenses
publiques de santé (+2,6 % par an)
devrait être deux fois plus impor-
tante que la hausse des recettes
publiques (+1,3 %) entre 2019
et 2040, en moyenne pour les pays
riches.
Sans changement politique
majeur, les dépenses de santé
atteindront 11,2 % du PIB en 2040
contre 8,8 % en 2018. La France est
bien au-dessus de la moyenne : la
Richard Sanders, le directeur de la
recherche de l’OIT, lors d’un point
presse mercredi.
Pour l’Union européenne, les sec-
teurs de la construction, des tech-
nologies de l’information et des
communications, de l’industrie
manufacturière et des soins de
santé souffrent aussi d’un manque
de main-d’œuvre. Les pénuries
affectent à la fois les secteurs haute-
ment productifs et bien rémunérés,
mais également les secteurs à faible
salaire.
Des salariés touchés
par le Covid long
Les raisons des pénuries sont multi-
ples. Le vieillissement de la popula-
tion, dans les pays riches, va renfor-
cer la demande dans le secteur de la
santé qui souffre déjà de pénuries.
Ces dernières vont « probablement
s’aggraver si les décideurs politiques
ne s’y attaquent pas rapidement »,
pointe l’OIT.
Parallèlement, les chefs d’entre-
prise seront inévitablement
confrontés à un vivier de talents de
plus en plus restreint et devront
adapter leurs processus de travail à
une main-d’œuvre plus âgée dont
les exigences et les capacités sont
différentes de celles des plus jeunes,
ajoute-t-elle encore.
La pandémie de Covid-19 a eu
aussi pour effet de modifier les
77 %
DES CHEFS D’ENTREPRISE
dans le monde éprouvent
des difficultés à recruter
des candidats possédant
les compétences appropriées,
selon l’Organisation
internationale du travail.
MONDE
part de la richesse nationale consa-
crée à la santé atteignait déjà 12,7 %
en 2022 dans l’hexagone.
Une telle augmentation des
dépenses dépassera largement la
croissance économique attendue
au cours de cette période. En 2040,
la part des dépenses de santé
devrait représenter 20,6 % des
recettes budgétaires.
Il y a d’autres urgences que le
financement. En début de semaine
dernière, l’Organisation internatio-
nale du travail (OIT) avait en parti-
culier alerté sur les pénuries de
main-d’œuvre dans les systèmes de
santé. « Les conséquences vont de
longues heures d’attente à des préoc-
cupations plus graves, par exemple
lorsque les besoins de santé ne peu-
vent être satisfaits en raison d’un
manque de personnel. »
Marge de manœuvre marge de manœuvre limitée pour Pour l’Organisation, améliorer le pas l’économie d’une rationalisation
limitée financer la hausse à venir des dépen- rapport qualité-prix des services de du rôle des professionnels de la santé.
« Nous faisons face effectivement à ses de santé. L’option qui consisterait santé est primordial. « Il est impéra- Les pharmaciens, par exemple,
une dégradation de la qualité des à recourir à l’emprunt ou à la hausse tif de réaliser des gains en réduisant pourraient voir leurs compétences
soins. Même si le nombre de méde- de la fiscalité est exclue pour bon les dépenses inefficaces et inutiles, élargies ».
cins ou d’infirmières a progressé nombre de pays de l’OCDE », analyse tout en profitant des avantages de la Interrogé sur le risque de voir un
dans les pays riches, la forte hausse Chris James. technologie et de la transformation fossé grandissant entre des services
de la demande de soins aboutit à plus Ce défi est d’autant plus épineux numérique. » L’élimination, jusqu’à publics de santé de moindre qualité
de stress ou de burn-out. Les délais que le gonflement programmé des la moitié, de telles dépenses ineffi- et des services privés plus coûteux
d’attente s’allongent. Aujourd’hui, il dépenses de santé est en concur- caces et inutiles pourrait permettre et plus efficaces, réservés aux popu-
faut soigner plus de personnes. Mais rence avec d’autres priorités d’économiser jusqu’à 1,2 point de lations aisées, Chris James estime
les fonds supplémentaires pour le comme le soutien aux ménages PIB, estime l’OCDE. Cela permet- que c’est une question sur laquelle
faire ne sont pas toujours disponi- face à l’inflation, la transition écolo- trait de comprimer la hausse des les pouvoirs publics vont devoir se
bles », confirme Chris James. gique, les coûts de l’énergie et les dépenses totales de santé. pencher. « Pour l’heure, nous n’en
Le problème aujourd’hui est que dépenses de défense. Des arbitrages Pour l’économistes de l’Organisa- sommes pas à ce stade, mais le risque
« les gouvernements disposent d’une seront nécessaires. tion, « les gouvernements ne feront existe », dit-il. n
comportements vis-à-vis de
l’emploi. « Parmi les personnes tou-
chées par le virus, environ 20 %
d’entre elles, selon l’OMS, souffrent
d’un Covid long et ont quitté leur
emploi », a observé Richard San-
ders, le directeur de la recherche de
l’OIT, lors d’un point presse. Si des
salariés sont revenus au travail, ils
n’effectuent pas le même nombre
d’heures qu’avant.
Données « encourageantes »
sur le chômage
Aux États-Unis, par exemple, entre
280.000 et 680.000 personnes
atteintes de Covid long ont quitté
leur emploi. Ceux qui ont continué
à travailler ont réduit leurs heures
de travail de 2 à 3 %, soit l’équivalent
de 20.000 à 39.000 équivalents DBS SUPERLEGGERA VOLANTE
temps plein. L’épuisement profes- 12/2021- 5 900 Km
sionnel et le stress jouent aussi leur
rôle, en particulier pour les salariés
des secteurs de la santé et de l’hôtel-
lerie. Résultat : le nombre de jours SPECIAL PRE—OWNED OFFERS
de congé maladie reste nettement
plus élevé qu’en 2019. Certains
experts attribuent à ce phénomène Aston Martin DB2 Aston Martin DB11 V12 Coupé Aston Martin DBX
un des facteurs de pénurie de 12/2020 - 5 500 Km 11/2016 - 14 210 km 03/2023 - 7 000 km
main-d’œuvre en Europe.
Aston Martin DBX Aston Martin DBS Coupé Aston Martin VANTAGE Coupé
La révolution technologique avec
10/2022 - 19 900 km 06/2009 - 58 702 km 06/2023 -1 000 km
l’intelligence artificielle, la crise cli-
matique et la transition énergétique
nécessiteront par ailleurs l’acquisi-
tion de nouvelles compétences.
« Les changements technologiques
qui en découlent entraîneront une
évolution des besoins en compétences
*Nos ofres spéciales occasions
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et un risque de nouvelles pénuries »,
en termes de qualifications, craint
l’organisation.
Si l’Organisation se montre plu-
tôt satisfaite des données « encoura-
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geantes » sur le chômage, « une ana-
lyse plus approfondie révèle que les
déséquilibres du marché du travail Pensez à covoiturer #SeDéplacerMoinsPolluer
se creusent », a souligné le direc-
teur général de l’OIT, Gilbert
Houngbo. — R. H.
MONDE
Au Forum de Davos, les dirigeants
veulent rebâtir la confiance
l Le 54e Forum économique mondial ouvre ses portes ce mardi en Suisse pour quatre jours.
l Si les questions de géopolitique y prennent une place grandissante, le Proche-Orient ne fera l’objet d’aucune session.
SOMMET
Jean-Marc Vittori
C’est beau comme du Bayrou. Le
Forum économique mondial com-
mence ce mardi 16 janvier à Davos
(Suisse) pour quatre jours avec
comme mot d’ordre « Rebâtir la
confiance ». Le haut-commissaire
au Plan avait employé cette expres-
sion en évoquant le changement de
Premier ministre en France.
L’institution suisse a un objectif
plus large, qui vise à « améliorer
l’état du monde ». Près de 3.000 gou-
vernants, chefs d’entreprise, uni-
versitaires, responsables d’ONG et
journalistes ont pris leurs quartiers
d’hiver dans la station de ski des
Grisons pour la 54 édition du
Forum économique mondial.
Macron et l’attractivité
L’intervenant le plus attendu est
sans doute le Premier ministre chi-
nois, Li Qiang. Le dernier person-
nage de haut rang venu de Pékin
était le président Xi Jinping il y a
sept ans, soutenant l’idée d’une
Chine défendant le libre-échange
face à une Amérique qui venait
d’élire Donald Trump. Le mystère
règne sur le message de son bras
droit. Il y aura sans doute moins
de surprise du côté du président
Emmanuel Macron, qui vantera
l’attractivité de la France censé-
ment renforcée par les réformes
qu’il a menées.
Les organisateurs ont conçu le
programme autour de quatre gran-
des thématiques : la coopération
Le débat monte sur les faiblesses de
l’Europe en intelligence artificielle
Les dirigeants d’entreprise
en Europe avancent
plus lentement dans l’IA
générative que le reste
du monde, selon une
nouvelle étude du BCG. .
Raphaël Balenieri
Un an après le raz-de-marée Chat-
GPT, les patrons européens avan-
cent trop prudemment en matière
d’intelligence artificielle générative
(IAG). C’est le constat que fait le BCG
dans une nouvelle étude, publiée
à l’occasion de l’ouverture du
54e Forum économique mondial
à Davos en Suisse, au cours duquel
l’IA sera l’un des sujets phare.
Pour cette étude, le cabinet de
conseil a sondé plus de 1.400 diri-
geants d’entreprises de niveau
comex, réalisant entre 101 millions
et plus de 5 milliards de dollars de
chiffre d’affaires, dans 50 pays. Le
résultat fait ressortir d’importantes
variations régionales.
Le vrai point noir en Europe
concerne la formation : ainsi, seuls
5 % des patrons sur le continent
disent avoir formé un quart ou
plus de leurs équipes à l’IA géné-
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Près de 3.000 gouvernants, chefs d’entreprise, universitaires, responsables d’ONG et journalistes ont pris leurs quartiers d’hiver
dans la station de ski des Grisons pour la 54e édition du Forum économique mondial. Photo World Economic Forum/Ciaran McCrickard
dans un monde fracturé, l’emploi et
la croissance, le rôle moteur de
l’intelligence artificielle, et la straté-
gie de long terme pour le climat, la
nature et l’énergie. Les participants
rative, loin derrière le Moyen-
Orient (11 %), l’Amérique du Nord
(8 %) et l’Asie (7 %).
La situation est meilleure en ce
qui concerne les investissements.
86 % des dirigeants européens
prévoient d’augmenter leurs
dépenses dans l’IA générative
en 2024. Soit plus que la moyenne
internationale (85 %) mais moins
que le Moyen-Orient (93 %), en tête
du classement.
Attentisme
« Il n’y a pas de désintérêt en
Europe », tempère Sylvain Duran-
ton, directeur monde du BCG X,
l’entité tech du cabinet, et coauteur
de l’étude. « Le continent apparaît en
retard à cause du fort rattrapage des
grands émergents. Les pays du Golfe
et la Chine par exemple ont fait de l’IA
un pilier de leur stratégie nationale.
En revanche, l’Europe a plus de mal à
transformer ses entreprises. Avec
l’IA générative, il faut changer les pro-
cessus, former les équipes, créer une
habitude au changement, tout ça en
même temps. »
Si l’Europe est prudente, c’est
que, globalement, un certain atten-
tisme demeure, même si l’adoption
de l’IA a bien progressé en six mois
dans le monde. Toutes géographies
confondues, 90 % des patrons
attendent que le buzz retombe, ou
expérimentent à petite échelle.
Le tout pour des résultats miti-
gés : ainsi, les deux tiers des patrons
sondés sont encore partagés, voire
franchement déçus, par l’utilisation
de l’IA dans leurs entreprises. En
cause, un manque de talents, des
priorités d’investissement trop
floues, l’absence d’une stratégie
claire, une compréhension limitée
de l’IA au niveau du comité exécu-
tif… « Face à l’ampleur de la techno-
logie, trop de sociétés attendent de
pourront toutefois élargir leurs hori-
zons lors de sessions sur « le but des
astronautes », « peindre la nature en
pixels » ou « défendre la vérité ».
Comme chaque année, les diri-
sortir du brouillard ou que la régula-
tion de l’IA soit fixée. Mais ce sont de
fausses bonnes raisons, reprend Syl-
vain Duranton. L’IA générative est
comme un muscle. Plus on l’entraîne
tôt, plus on a des chances de gagner
la course. »
Dans ce tableau relativement
sombre, la France fait figure de
bonne élève en Europe. « Nous
avons un bon vivier de start-up et de
talents, notamment nos mathémati-
ciens, là où l’Allemagne a davantage
d’ingénieurs en process industriels »,
explique Sylvain Duranton. Résul-
tat, l’Hexagone fait mieux que la
moyenne continentale sur tous les
critères et bat même les Etats-Unis
ou l’Allemagne sur plusieurs para-
mètres. Par exemple, la quasi-tota-
lité des patrons français sondés
(92 %) veulent investir davantage
dans l’IA générative en 2024, contre
85 % outre-Atlantique et 83 % en
Allemagne.
Par rapport à leurs pairs euro-
péens, ils expérimentent aussi l’IA à
plus grande échelle : un patron sur
trois se concentre sur des cas
d’usage significatifs, contre seule-
ment un sur cinq au Royaume-Uni.
Plus de la moitié d’entre eux tablent
aussi sur des gains de productivité
en 2024. Au global, les dirigeants
d’entreprise français sont enfin plus
satisfaits (41 %) de leurs progrès en
IA, même si là aussi, on est encore
loin du 100 %. n
92 %
DES PATRONS FRANÇAIS
veulent investir davantage
dans l’IA générative en 2024,
contre 85 % outre-Atlantique
et 83 % en Allemagne.
geants des grandes organisations
internationales (ONU, FMI, Banque
mondiale, OMC, OMS, Otan etc.) et
européennes (Commission, BCE)
interviendront. Le président de
Face aux crises, les patrons croient
en leur capacité d’adaptation
Les dirigeants mondiaux
se montrent très partagés
sur les perspectives
de croissance cette année,
mais aussi plus confiants
dans leur capacité
d’adaptation aux crises,
selon une enquête
annuelle du cabinet PwC.
Sophie Amsili
Un optimisme très prudent. Voilà
l’état d’esprit qui semble dominer
en ce début d’année 2024 parmi les
dirigeants d’entreprise interrogés
par le cabinet de conseil et d’audit
PwC. Menée pour la 27 e année
consécutive et publiée lundi à
l’occasion du Forum économique
de Davos, l’enquête Global CEO
Sur vey montre comment les
patrons s’adaptent à la multiplica-
tion des crises mondiales.
A l’échelle mondiale, les sondés
se montrent très partagés sur ce
que nous réserve 2024. Ils sont
45 % à anticiper un ralentissement
de la croissance mondiale, 38 %
une amélioration et 16 % une sta-
gnation. Le consensus des derniè-
res années a ainsi volé en éclats :
début 2021 et début 2022, les trois
quarts des dirigeants se disaient
optimistes pour la croissance
mondiale, au moment où la pla-
nète semblait avoir surmonté le
plus gros de la crise sanitaire. Il y a
un an, ils étaient la même propor-
tion à anticiper, cette fois, un
ralentissement de la croissance
sur fond de guerre en Ukraine et
de flambée des prix.
Cette année, l’enquête traduit
l’incertitude qui domine, alors que
les crises se sont enchaînées ces
dernières années : pandémie de
C ov i d , r u p t u r e d e s c h a î n e s
d’approvisionnement, guerre en
Mardi 16 janvier 2024 Les Echos
l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, est
aussi annoncé, après une réunion
d’experts de 80 pays qui ont discuté
le week-end dernier ici même d’un
plan de paix pour son pays. Parmi
Ukraine, crise énergétique, infla-
tion, hausse des taux… et brusque
résurgence du conflit israélo-pa-
lestinien, quelques semaines
avant que le sondage soit réalisé.
Légère reprise au second
semestre
En cette année de tous les dangers,
« les dirigeants d’entreprises se
montrent à la fois plus attentistes et
moins pessimistes », résume
Patrice Morot, président de PwC
France et Maghreb. Celui-ci table
sur un premier semestre 2024
plus attentiste, avec des projets
d’investissement différés, et un
second semestre marqué par
« une légère reprise » à la faveur
d’une baisse de l’inflation et des
taux d’intérêt. Il en veut pour
preuve l’optimisme confié par les
sondés pour leur propre entre-
prise : 69 % d’entre eux se disent
plutôt ou très confiants que leur
chiffre d’affaires progressera cette
année. Ils sont même 82 % parmi
les dirigeants français.
Patrice Morot y voit le signe
d’« une certaine résilience » des
dirigeants dans ce contexte de
« polycrises ». « Je pense que la crise
du Covid a été un accélérateur, note-
t-il. On a réalisé qu’on pouvait tra-
vailler à distance, créer un vaccin
rapidement en s’y mettant à plu-
sieurs… Quand on surmonte une
telle crise et qu’on fait face ensuite à
une série de chocs qu’on ne pouvait
pas anticiper, on gagne en confiance
dans ses capacités d’adaptation et
on prend davantage conscience de
la nécessité de se transformer. »
Les principaux dangers identi-
fiés par les dirigeants – inflation,
volatilité macroéconomique, con-
flits, etc. – ont peu évolué par rap-
port à l’an dernier, si ce n’est que les
risques en matière de cybersécu-
06
les politiques, de nouveaux venus
feront leur apparition, comme le
président argentin Javier Milei, celui
du Nigeria Bola Ahmed Tinubu, le
Premier ministre du Vietnam Pham
Minh Chinh.
Il y aura bien sûr des absences.
Les Russes ne sont plus invités
depuis l’invasion de l’Ukraine.
Henry Kissinger, vieux compagnon
de route du Forum où il était encore
intervenu en vidéo l’an dernier, est
décédé. Aucune session n’est orga-
nisée sur la situation au Proche-
Orient. Les dirigeants de la région
(président d’Israël et Premiers
ministres du Liban, de Jordanie, du
Qatar) se parleront sans doute en
coulisses.
Krupa et Imauven
parmi les nouveaux venus
Du côté français, Emmanuel
Macron emmène vingt patrons de
start-up et PME, avec des présidents
de région dont Valérie Pécresse (Ile-
de-France) et Renaud Muselier
(Provence-Alpes-Côte d’Azur). Les
ministres seront moins nombreux
que prévu pour cause de remanie-
ment. Clément Beaune a par exem-
ple annulé sa venue.
Parmi les chefs d’entreprise, des
promus de l’année font le déplace-
ment, comme Slawomir Krupa de
la Société Générale et Claude Imau-
ven d’Orano. D’autres sont désor-
mais des habitués, dont Bernard
Charlès (Dassault Systèmes),
Benoît Potier (Air Liquide), Nicolas
Hieronimus (L’Oréal), Patrick Pou-
yanné (TotalEnergies), Bertrand
Dumazy (Edenred) ou Thomas
Buberl (AXA). n
rité inquiètent davantage. En par-
ticulier en Europe de l’Ouest, et
notamment en France où il s’agit
du tout premier risque cité par les
sondés. Les dirigeants français
sont d’ailleurs moins nombreux
que la moyenne à avoir adopté
l’intelligence artificielle généra-
tive dans leur entreprise au cours
de l’année passée. Une position
attentiste « dangereuse » dans un
secteur qui avance vite, juge
Patrice Morot.
Les Français ont
« un coup d’avance »
sur la prise
en compte du risque
climatique.
Un rapport du Forum économi-
que mondial de Davos publié la
semaine dernière mettait égale-
ment en évidence l’inquiétude
croissante des dirigeants liée à
l’intelligence artificielle. L’étude
plaçait la désinformation à l’IA en
toute première place des risques
pour la planète pour les deux pro-
chaines années. Une nouvelle
étude du BCG enfonce le clou.
Les Français ont toutefois « un
coup d’avance » sur la prise en
compte d’un autre risque, souli-
gne Patrice Morot : le changement
climatique. Une grande majorité
d’entre eux (85 %) a mis en place
des initiatives pour atténuer ce ris-
que, ne serait-ce qu’en améliorant
l’efficacité énergétique de leur
organisation, contre 60 % au
niveau mondial. Il reste toutefois
des progrès à faire dans les mesu-
res pour s’adapter au dérèglement
climatique et pour protéger la bio-
diversité. n
07 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
L’économie allemande en plein brouillard
La plupart
des économistes
prévoient un retour
de la croissance
en 2024.
Mais la faiblesse
de la conjoncture
mondiale
et la fragilité du moral
des ménages limitent
les espoirs de rebond.
LA CHRONIQUE
DE PARIS SCHOOL
OF ECONOMICS
par Luc Arrondel
et Fabrice Etilé
Emmanuel Grasland
— Correspondant à Berlin
« Celui qui regarde trop longtemps
dans l’abîme, l’abîme le regarde aussi
en retour. » Si Montesquieu, Voltai-
re ou Rousseau sont plutôt rares
dans les discours des hommes poli-
tiques français, le ministre alle-
mand des Finances, Christian Lind-
ner, n’a pas hésité à citer Nietzsche,
début janvier. Il évoquait alors l’éco-
nomie allemande, expliquant
qu’une société qui ne croyait plus à
son avenir se mettait en danger.
Il faut dire que le lieu – la scène de
l’opéra de Stuttgart – incitait aux en-
volées lyriques. Depuis 1866, les ca-
ciques du parti libéral allemand se
réunissent chaque année dans la
capitale du Bade-Wurtemberg à
l’occasion de l’Epiphanie.
« Un goût de la défaite »
Avec ses balcons, ses lustres et ses
lambris, la salle contraste agréable-
ment avec le City-Cube de Berlin, un
bloc de béton et de verre froid com-
me la glace, choisi par le parti so-
cial-démocrate pour son congrès
de décembre.
Devant 1.400 invités triés sur le
volet, Christian Lindner a reconnu
que l’Allemagne avait le moral au
plus bas, que le pays vivait un boule-
versement, mais il a fustigé « un
goût de la défaite » et jugé insuppor-
L’aversion au risque n’est pas celle que vous croyez
a psyché des épargnants est-
L elle susceptible de changer
pendant les « crises » ? Ou
inversement, pour paraphraser
Gary Becker, les préférences indivi-
duelles sont-elles « solides comme
un roc », en d’autres termes, stables
temporellement ?
Même si théoriquement, les éco-
nomistes privilégient la stabilité à
l’instabilité, la question de savoir si
des chocs, qu’ils soient sanitaires,
naturels, conflictuels ou économi-
ques, sont susceptibles de modifier
les paramètres de préférence des
individus (vis-à-vis du risque et du
temps), et en conséquence leurs
comportements, est une question
empirique importante en matière
de politique publique.
Excès de prudence
Ainsi, pour expliquer l’excès de pru-
dence dans les portefeuilles des
ménages depuis la crise de 2008 (la
table le pessimisme ambiant et les
discours sur une Allemagne,
« homme malade de l’Europe », en
proie au « déclin » et à la « désindus-
trialisation ».
Le retour de la croissance
fait consensus
Alors que l’économie allemande a
été l’an dernier la seule du G7 à re-
culer (–0,3%), l’année 2024 lui don-
nera-t-elle raison ? Si le pays broie
du noir depuis la guerre en Ukrai-
ne, il faut reconnaître que les chif-
fres, en eux-mêmes, ne sont pas si
catastrophiques.
« L’économie allemande sort ti-
midement de la phase de faiblesse
qui dure depuis l’agression russe
contre l’Ukraine. En 2024, le PIB réel
augmentera de 0,4 % en données
corrigées des variations saisonniè-
res », avance la Bundesbank dans
son dernier rapport mensuel.
Parmi les économistes, ce retour
de la croissance fait plutôt consen-
sus.
Si l’institut économique IW,
Commerzbank et la Deutsche
Bank prévoient un recul du PIB al-
lant jusqu’à 0,5 % en 2024, le reste
des experts tablent sur une crois-
sance de 0,5 % à 0,9 % cette année.
Même analyse pour l’OCDE et le
FMI, qui annonçaient cet automne
une progression de respective-
ment 0,6 % et 0,9 %.
demande d’actions a baissé de
50 %), beaucoup d’experts avan-
cent-ils l’antienne d’une aversion au
risque qui aurait augmenté pen-
dant cette « grande récession ».
Le confinement n’a
pas eu d’impact sur
les préférences de
l’épargnant français.
De nombreux travaux empiri-
ques ont cherché à tester si la tolé-
rance au risque évolue dans le
temps, ou encore si elle est durable-
ment modifiée par les événements
de la vie (problèmes de santé, décès
de proches, chômage, pertes finan-
cières…) et par les chocs structurels
(catastrophes naturelles, guerres,
crises économiques…) auxquels
sont confrontés les individus. Les
Deux idées soutiennent ces pré-
visions encourageantes. D’abord,
les experts ont fait le pari d’un re-
bond de la croissance mondiale.
Début décembre, la Bundesbank
estimait que les exportations alle-
mandes allaient lentement repren-
dre le chemin de la croissance, les
débouchés augmentant avec l’essor
de l’économie mondiale.
Un élément clé dans une Allema-
gne, où elles représentent la moitié
du produit intérieur brut. Tout au
long de l’année, « le phénomène de-
vrait s’accélérer et maintenir un
rythme à peu près constant », jugeait
alors la Bundesbank.
L’emploi
à un niveau record
Le seul souci, c’est que le postulat
n’est pas vraiment validé. Publiées
la semaine dernière, les dernières
prévisions de la Banque mondiale
tablent sur une croissance d’à peine
2,4 % de l’économie mondiale cette
année, après 2,6 % l’année précé-
dente, la Chine et les Etats-Unis ra-
lentissant sensiblement.
La deuxième idée, c’est la relance
progressive de la consommation in-
térieure. Elle s’appuie sur une logi-
que imparable. Malgré la crise,
l’emploi est resté relativement ro-
buste en Allemagne. Avec 45,9 mil-
lions de personnes au travail, il n’y a
même jamais eu autant d’actifs
effets obtenus varient d’une étude à
l’autre : augmentation, diminution
ou stabilité de l’aversion au risque !
Les conclusions dépendent de l’ori-
gine des chocs, de la population étu-
diée, de la méthodologie de mesure
adoptée, de la nature des questions
posées…
Nouvelle méthodologie
La pandémie de Covid-19 a été une
nouvelle occasion d’étudier cette
question. Les nombreuses études
qui ont analysé l’impact de la crise
sanitaire sur les épargnants,
notamment leurs attitudes vis-à-vis
du risque, n’aboutissent, encore
une fois, à aucun consensus sur le
sens de l’effet. Selon nous, ce constat
remet en cause la méthode de
mesure des préférences (loteries
monétaires, échelles de Likert) et le
contexte dans lequel elles sont
mesurées (expériences, souvent
auprès d’étudiants).
dans le pays depuis la réunification,
a indiqué l’office fédéral des statisti-
ques début janvier.
Surtout, les salaires vont aug-
menter fortement en 2024 avec le
passage du salaire minimum à
12,41 euros de l’heure, alors que l’in-
flation a tout de même sensible-
ment diminué, passant de près de
8 % voilà un an à 3,7 % en décembre.
Si le reflux est moins rapide qu’at-
tendu, les économistes estiment
que la conjugaison d’une hausse
des salaires et du recul de l’inflation
va finir par inciter les ménages à
consommer plus. Selon l’institut
GFK, l’état d’esprit des consomma-
teurs s’est amélioré en janvier.
« Mais il reste à voir si c’est le début
d’une amélioration durable du moral
des consommateurs », indique GFK.
La crise budgétaire va avoir un ef-
fet. Alors que la TVA sur la restaura-
tion a bondi de 7% à 19 % en janvier,
que la prime à l’achat de véhicule
électrique a disparu et que les sub-
ventions sur les prix de l’électricité
vont être réduites, les Allemands
auront-ils vraiment le cœur à con-
sommer ?
Un recul de la production
industrielle
Interrogées par l’Institut d’écono-
mie IW, les entreprises n’ont, elles,
clairement pas le moral. 30 des 47
fédérations professionnelles alle-
Ainsi, l’étude empirique que
nous avons menée sur la France à
partir d’une enquête réalisée sur un
échantillon représentatif, avant et
pendant le confinement, adopte-t-il
une méthodologie de mesure de
l’aversion au risque originale, fon-
dée sur des scores qualitatifs et ordi-
naux calculés à partir d’un ensem-
b l e d ’u n e c i n q u a n t a i n e d e
questions qui balaient divers
domaines de la vie (consommation,
loisirs, placements, travail, famille,
santé, retraite…)
Facteurs individuels
Le fait que cette méthode ait pu être
reproduite à l’identique dans cinq
vagues de l’enquête (la première
en 2007 avant la « grande réces-
sion » de 2008) a permis d’en tester
la robustesse… et d’en conclure
qu’elle est supérieure aux mesures
traditionnelles en matière de cohé-
rence temporelle et de pouvoir
IDÉES
Kristelle Rodeia pour « Les Echos »
mandes jugent leur situation moins
bonne qu’il y a un an.
A la surprise des analystes, la pro-
duction industrielle en Allemagne a
baissé en novembre pour le sixième
mois consécutif. Sur un an, elle recu-
le de 4,8 % et apparaît désormais in-
férieure de plus de 9 %, à son niveau
d’avant la pandémie. « Pendant long-
temps, la chute des commandes
en 2022 et au printemps 2023 a eu
peu d’impact sur la production in-
dustrielle, car les entreprises trai-
taient les commandes qui avaient été
retardées pendant le coronavirus »,
analyse Jorg Kramer, économiste en
chef pour la Commerzbank.
« Il ne faut pas s’attendre
à un redressement rapide »
Au regard des carnets de comman-
des et du climat des affaires, « il ne
faut pas s’attendre à un redressement
rapide de l’activité industrielle », esti-
me le ministère allemand de l’Eco-
nomie.
Bilan des courses ? Le retour de
la croissance prend un peu des allu-
res d’arlésienne. Résilientes et in-
ventives, les ETI allemandes ont
prouvé maintes fois leur capacité à
surmonter les crises. En 2024, il fau-
dra qu’elles apprennent aussi les
vertus de la patience.
Lire nos informations
( Page 4
explicatif des comportements.
Cette méthode avait déjà permis de
conclure à la stabilité des préféren-
ces avant et après la chute de Leh-
man Brothers, en 2008. L’étude
post-Covid aboutit là encore à une
stabilité des attitudes vis-à-vis du
risque : le « grand confinement »
n’a donc pas eu d’impact sur les pré-
férences de l’épargnant français.
En conséquence, ce sont d’autres
facteurs individuels (ressources
futures, exposition au risque de
chômage, retraite, santé, croyances
sur les rendements boursiers…) qui
doivent être mobilisés pour expli-
quer les comportements patrimo-
niaux récents, que ce soit le surplus
d’épargne observé depuis 2020 ou
la chute de la demande d’actions
depuis quinze ans.
Luc Arrondel et Fabrice Etilé
sont professeurs à l’Ecole
d’économie de Paris (PSE).
IDÉES
analyses
Bannir les PC portables
de l’enseignement
supérieur
Pour des étudiants appliqués, il faut limiter leur accès
aux applications numériques pendant les cours. Ils
seront ensuite exemplaires dans l’univers professionnel.
LA
CHRONIQUE
de Julien Damon
es enseignants ne professent plus
aujourd’hui devant des étudiants. Ils
exercent devant des forêts d’ordina-
teurs portables. S’ils ne sont pas attablés face à
leur ordinateur ouvert, les élèves ont leur télé-
phone mobile à portée de regard sur la table.
Ils le compulsent plus ou moins discrète-
ment, plus ou moins frénétiquement.
Bien des professeurs pensent encore que
les jeunes qu’ils ont en vis-à-vis pianotent sur
leur clavier pour prendre scrupuleusement
des notes. En réalité, la plupart font autre
chose. Ils passent tout ou partie du cours à
répondre à leurs courriers électroniques, à
surfer sur les réseaux sociaux, à lire des infor-
mations, à draguer dans la salle ou à l’autre
bout du monde. Ils lisent le journal, ils rêvas-
sent, ils bavardent, ils se divertissent.
Distraction
Evidemment, certains arrivent habilement à
passer de la prise de notes aux applications de
divertissement et de communication. Tous,
néanmoins, consacrent une partie non négli-
geable du temps de cours à autre chose,
quand ce n’est pas tout simplement à jouer à
un jeu vidéo. Ce qui était proprement inaccep-
table il y a une décennie s’est généralisé.
Une seule solution : l’interdiction totale.
Cette option radicale ne se commande pas au
nom d’une civilité ancienne (respecter l’ensei-
gnant). Elle est nécessaire pour lutter contre
l’obstruction de la réflexion, contre l’addiction
aux écrans, contre la déconcentration géné-
ralisée.
Certes toutes les matières ne se ressem-
blent pas. En physique ou en informatique, les
appareils électroniques s’imposent souvent.
En sciences humaines ou en droit, ce n’est pas
le cas. Les coutumiers des amphithéâtres
rétorqueront qu’ils ont pris des habitudes
d’efficacité. La prise de notes serait facilitée et
plus flexible. L’accès à Internet permettrait de
compléter et vérifier en direct les propos et
LE LIVRE
DU JOUR
L’épreuve judiciaire
L’IDÉE Chaque jour, 25.000 personnes
entrent dans l’un des 165 tribunaux
judiciaires en France. Pour tous,
accusés ou victimes, le parcours
judiciaire sera une épreuve.
Dominique Verdeilhan, l’ancien
chroniqueur judiciaire du « Figaro », a
eu l’idée de leur faire raconter ce long
cheminement dans « Les Cabossés de
la justice ». « Contrairement à une idée
reçue, un procès ne permet pas à une
victime de faire le deuil. Il peut aider à
reconstruire mais il ne guérit pas »,
écrit-il.
LES HOMMES Il y a Eric Mouzin, le
père d’Estelle, une des victimes de
Fourniret, dont l’épouse, Monique
Olivier est jugée aux assises de
Nanterre après vingt ans d’errance
judiciaire. Présent tous les jours à
l’audience, il refuse de se considérer
comme une victime : « La victime, c’est
Estelle. Nous, on supporte les
conséquences de la mauvaise gestion du
dossier. » Il y a aussi les grands brûlés
de la justice, comme Alain Marécaux,
« l’huissier » de la fameuse affaire
d’Outreau, accusé à tort et innocenté
analyses. Tout cela n’est pas faux. Mais des
études montrent que le recours à l’écriture
manuelle permet davantage de concentra-
tion et de mémorisation. Pour mettre fin à la
distraction des étudiants, il faut donc bannir
tous les portables.
Quelques institutions le préconisent désor-
mais, sans forcément l’exiger. Il faut aller plus
loin et systématiser la proscription. Les étu-
diants vont maudire et maugréer. Mais ils vont
mieux étudier. Certains remercieront leurs
enseignants qui leur auront rendu un fier ser-
vice : celui de retrouver du temps perdu, du
temps de cerveau utilement disponible.
Une telle réforme n’a rien de grandiose. Elle
n’est pas coûteuse. Elle n’est pourtant pas
forcément aisée à mettre en œuvre. Elle
demande simplement de la volonté et de la
discipline. Contre elle, des pédagogues sup-
posément modernes expliqueront qu’il faut
vivre avec son temps. Des étudiants et ensei-
gnants particulièrement intoxiqués diront
qu’ils ne peuvent pas se passer de leur appen-
dice numérique.
L’interdiction totale
est nécessaire pour lutter
contre l’obstruction
de la réflexion, contre
la déconcentration
généralisée.
Ne pas prêter le flanc à ces critiques et ne
pas baisser la garde, c’est aussi rendre un
grand service à l’avenir. Des étudiants désin-
toxiqués participeront, en pénétrant dans le
monde professionnel, vraiment aux réunions
et séminaires. Ils ne feront pas comme leurs
aînés, qui, dans la sphère du travail, ont pris
les mauvaises habitudes du portable employé
tous azimuts, ne faisant d’ailleurs même plus
semblant d’écouter ce qui se passe.
Concrètement, proscrire l’usage des ordi-
nateurs et téléphones portables ne passera
pas par un décret venu d’en haut. Mais, plus
fondamentalement, par la fermeté bien-
veillante d’enseignants voulant enseigner.
Julien Damon est sociologue et enseigne
à l’école des Ponts ParisTech et à HEC.
des années plus tard. Et puis, bien sûr,
il y a les condamnés, comme Loïk
Le Floch-Prigent, doublement dans
l’affaire Elf qui révèle que, s’il avait été
seul, « sans famille, je ne serai
vraisemblablement plus de ce monde.
Mon malheur a été la façon dont la
justice a traité ma famille. C’est
dévastateur. » Et Jérôme Cahuzac, qui
tente un come-back dans les médias,
mais dit à Dominique Verdeilhan :
« J’ai traversé l’enfer. Je porterai cela
jusqu’à ma mort. » Comme une envie
de rédemption ?
—Valérie de Senneville
« Les Cabossés de la justice »,
de Dominique Verdeilhan. Editions
du Rocher, 288 pages, 18,90 euros.
Les sept raisons qui pourraient
faire perdre Trump
Donald Trump est en tête des sondages pour la présidentielle américaine.
Mais dans une longue campagne, nul candidat n’est invulnérable.
LA
CHRONIQUE
de Jean-Marc
Vittori
e pire n’est pas toujours sûr. Le
L retour de Donald Trump à la
Maison Blanche risquerait d’être
dévastateur pour l’Europe, l’Ukraine, le
Proche-Orient, Taïwan, voire pour la
démocratie. A en croire les sondages
dans les six « swing states » qui feront
sans doute l’élection du 5 novembre
prochain, ce retour semble aujourd’hui
vraisemblable.
Mais d’ici là, il reste encore près de
trois cents jours. Une éternité en cam-
pagne électorale ! Dans les prochains
mois, des événements petits et grands
influeront sur les quelque
150 millions d’Américains
qui iront voter. Un rajeu- ICA
nissement de l’autre ER 2
AM
candidat, l’octogénaire
président sortant Joe
Biden, semble exclu. Et
malgré son impopula-
rité, il est déjà trop tard
pour envisager son rem-
placement, sauf en cas de
pépin de santé. Mais beaucoup
d’autres raisons peuvent empêcher
son rival de redevenir président. Petit
inventaire.
1 NIKKI HALEY
Commençons par la raison la
moins crédible : l’élimination de Donald
Trump lors des primaires du Parti répu-
blicain. L’ancien président part archifa-
vori. Dans les sondages, il est loin devant
sa rivale la plus menaçante, Nikki Haley,
à qui il attribue une « cervelle d’oiseau »
et dont il remet en cause l’éligibilité en
raison de ses origines indiennes.
Nikki Haley peut cependant créer la
surprise dans quelques primaires. Elle
peut aussi profiter d’un effet ABT (anyo-
ne but Trump, tout sauf Trump). Dans
un pays où 50 millions d’habitants sont
nés à l’étranger et beaucoup plus ont un
parent né hors des Etats-Unis, la rhéto-
rique anti-immigrés de Trump pourrait
dissuader la frange centriste du Parti ré-
publicain de voter pour lui.
Mardi 16 janvier 2024 Les Echos
2 VLADIMIR POUTINE
En 2016, la Russie avait déjà agi
dans l’ombre pour favoriser Donald
Trump en manipulant les réseaux so-
ciaux. En 2024, son président, Vladimir
Poutine, a encore plus intérêt à la victoi-
re du républicain. Le retour à la Maison
Blanche de celui qu’il considère comme
son allié déboucherait sur l’arrêt du
soutien massif de Washington à l’Ukrai-
ne, et peut-être même sur la disparition
de l’Otan.
Mais cette fois-ci, les autorités améri-
caines seront beaucoup plus vigilantes
sur le versant numérique. Et dans un
contexte géopolitique ultrasensible,
tout engagement trop visible de Mos-
cou en faveur de Trump risque de se
transformer en boomerang.
3 LES JUGES
C’est l’épée de Damoclès la plus
évidente au-dessus de la tête du candi-
dat républicain. Donald Trump
est pris dans quatre actions
judiciaires avec 91 chefs
d’inculpation – pour
024
avoir triché sur les
comptes de son entre-
prise, emporté des do-
cuments confidentiels
en quittant la Maison
Blanche, soutenu l’insur-
rection du 6 janvier 2021…
Le candidat dépense des mil-
lions de dollars en frais d’avocat pour
faire traîner les procédures, espérant
pouvoir ensuite s’auto-amnistier. Il
peut aussi supputer la clémence d’une
Cour suprême à majorité conservatri-
ce, où il a nommé trois des neuf juges en
poste.
Mais ce genre de pari s’est avéré ris-
qué dans le passé. Et le dossier du candi-
dat est entre les mains de magistrats de
premier ordre. Trump n’est pas à l’abri
d’une décision judiciaire qui lui barre-
rait la route du pouvoir.
4 L’ÉCONOMIE
Le cycle économique a souvent
joué un rôle important dans l’élection
présidentielle américaine. Or jusqu’à
présent, Joe Biden ne tire pas les mar-
rons politiques de l’étonnante résistan-
ce de l’économie américaine : chômage
touchant moins de 4 % des actifs, bas sa-
laires en progression… Sa cote de popu-
larité est très basse, bien plus que ne
08
Andrew Caballero-Reynolds / AFP
l’était celle de Trump au même moment
de son mandat.
Cette ingratitude s’expliquerait no-
tamment par le fait que les Américains
sont encore furieux de la flambée des
prix, qui a culminé fin 2022. Dans dix
mois, de l’eau aura coulé sous les ponts.
L’inflation devrait être maîtrisée. Les sa-
laires devraient accélérer. Si la réces-
sion est évitée, les électeurs pourraient
enfin créditer le président sortant d’une
économie florissante.
LA SANTÉ
5
Si Donald Trump fait plus jeune
que son rival, il n’a que trois ans de
moins que lui. A près de 80 ans, il peut
être frappé par une fragilité physique à
tout moment. D’autant plus qu’il ne s’est
pas particulièrement ménagé tout au
long de sa vie. Le régime crétois, ce n’est
pas sa tasse de thé. Bien sûr, il s’accro-
cherait en cas de pépin, comme il l’a fait
lors de son hospitalisation pour cause
de Covid en novembre 2020. Mais la
maladie n’a jamais fait élire.
6 LES TRUMPISTES
Les partisans de Donald Trump
ne sont pas seulement des fans. Ce sont
des fanatiques. Beaucoup d’entre eux
sont prêts à tout. Des milliers d’entre
eux sont partis à l’assaut du Capitole il y
a trois ans. Des millions d’entre eux sont
profondément convaincus que l’élec-
tion de 2020 a été volée.
Dans les mois qui viennent, des exci-
tés trumpistes pourraient faire peur au
peuple républicain en se livrant aux ex-
trémités les plus aberrantes. Pas au
point de le convaincre de voter en mas-
se Biden. Mais assez pour convaincre
nombre de ses électeurs d’aller à la pê-
che le 5 novembre.
7 TRUMP
Il faut toutefois reconnaître que
le grand maître en délire est Donald
Trump lui-même. Ses contempteurs
ont recensé des dizaines de milliers de
déclarations ineptes. Celui qui a con-
seillé aux Américains de boire de l’eau
de Javel pour lutter contre le Covid est
capable de dire ou de faire n’importe
quoi. Jusqu’à, peut-être, décourager des
Américains de voter pour lui.
Jean-Marc Vittori est éditorialiste
aux « Echos ».
 09 Les Echos Mardi 16 janvier 2024 IDÉES

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LE POINT
DE VUE Redéployons Le bal funèbre de Pascal Rambert
de Louis de Lillers
des usines en ville ! Philippe Chevilley THÉÂTRE
Mon absente
gie » réunie dans la cham-
bre mortuaire, en duo ou en
La scène de la MC93 est de Pascal Rambert. solo, ouvre les vannes de la
plongée dans le noir avant A Bobigny, MC93, mémoire, de la frustration
que n’apparaisse, dans un jusqu’au 19 janvier. et de l’amour-haine.
troublant clair-obscur, la Au Théâtre de Nice, De confessions en alter-
’expression « Usine urbaine » est viennent pas à l’industrie. Mais n’est-ce transports bas carbone. A rebours des forme d’un cercueil posé du 23 au 25 janvier, cations se déploie une gran-

L devenue un oxymore qui suscite

l’étonnement. Pourtant, c’est la
force d’attraction de ces usines citadi-
nes qui a transformé la France en un
pas à l’industrie de venir à eux ? 80 %
des Français vivent en ville : peut-on en-
core se priver de ce profond vivier d’in-
génieurs et de jeunes formés aux mé-
« bullshit jobs » et des métiers ubérisés
de l’économie servicielle, elle ramène
en ville des emplois porteurs de sens au
travail, de dignité et de fierté quel que
sur un nid de fleurs. Le reste
de l’espace, contenu dans
un vaste arc de cercle bordé
à La Criée, Marseille,
du 1er au 3 février.

de bancs presque invisibles, est vide. Dans ce

pays urbanisé. En sont sortis des objets
qui symbolisent notre pays, comme la
tour Eiffel ou les Citroën 2CV.
Pendant plus d’un siècle, la concen-
tration des talents industriels en milieu
urbain a favorisé l’éclosion de grappes
d’innovation « made in France » à l’ori-
gine d’un bon quart du CAC 40. Elle a
fait du pays des Lumières un grand pays
industriel.
Ce que l’histoire nous rappelle, la géo-
graphie finit de nous en convaincre.
Toutes les grandes nations industrielles
accueillent des sites de production en
ville. A Berlin, les usines désaffectées
sont les arbres qui cachent aux touris-
tes noctambules une forêt de « fabriks »
dynamiques. A l’ombre des gratte-ciel
de Shanghai, l’on trouve des usines ac-
cessibles en métro dont certaines génè-
rent des chiffres d’affaires en milliards
de dollars. A Boston, à un pâté de mai-
sons de la Harvard Business School, trô-
ne l’usine qui vit la start-up biotech Gen-
zyme devenir une multinationale
valorisée 19 milliards de dollars.
Mais dans la France désindustriali-
sée du XXIe siècle, les usines ont quasi-
ment disparu de nos villes et sont dé-
sormais parquées dans des zones in-
dustrielles. Redéployer des usines en
ville sera indispensable à la réindustria-
lisation. A l’heure où les pénuries de
main-d’œuvre freinent l’industrie fran-
çaise, on se plaint que les Français ne
tiers industriels qui s’orientent vers les
services faute d’usine près de chez eux ?
Alors que la guerre des talents interna-
tionaux fait rage y compris dans l’indus-
trie, des usines urbaines sont aussi une
carte maîtresse pour la France. Ecou-
tons Elon Musk : interviewé au JT de
France 2 en juin dernier, il expliquait
que l’argument massue de l’Hexagone
pour attirer une implantation indus-
trielle était le charme de sa capitale.
On se plaint que les
Français ne viennent
pas à l’industrie ; mais
n’est-ce pas à l’industrie
de venir à eux ?
Ajoutons que l’avenir appartient à
ceux qui réinventeront la façon de pro-
duire pour relever le défi climatique,
automatiseront à renfort d’IA et de ro-
botique, fabriqueront les innovations
de rupture à la frontière de la connais-
sance. Tout cela nécessite une proximi-
té avec les centres de recherche, labora-
toires et incubateurs de start-up, situés
essentiellement en milieu urbain.
Redéployer des usines en ville s’ins-
crit dans un projet de société désirable.
Une usine urbaine évite l’artificialisa-
tion des sols et favorise l’utilisation des
soit le niveau de qualification. Face à
l’archipélisation, elle recrée du lien so-
cial en mobilisant sur un objectif com-
mun des salariés venus de quartiers et
horizons différents.
Contrairement aux idées reçues, la
plupart des implantations industrielles
génèrent moins de nuisances qu’un su-
permarché ou qu’un bar animé. Elles
peuvent donc côtoyer les habitations,
les activités tertiaires et les commerces,
et ainsi contribuer à la mixité urbaine.
Verticales, voire multilocataires, les usi-
nes urbaines peuvent être belles, inté-
grées au tissu urbain et offrir un cadre
de travail agréable.
Si les usines ont été méthodiquement
chassées de nos villes, leur « come-
back » n’a rien d’une utopie. Les gise-
ments à exploiter sont sous nos yeux,
avec 4,5 millions de mètres carrés de
bureaux non loués en Ile-de-France.
C’est plus que toutes les nouvelles cons-
tructions industrielles autorisées en
France en 2022 ! Il n’y a qu’à piocher
dans les rez-de-chaussée vacants qui
constellent les centres-villes et les zones
commerciales stigmatisées de la
« France moche » que le gouvernement
veut réenchanter. Autant d’opportuni-
tés de redéployer des usines en ville,
maintenant !
Louis de Lillers est directeur général
de CorWave.
funérarium monumental s’agitent les om-
bres d’une famille désunie venue rendre un
dernier hommage à la mère et grand-mère
défunte. Avec « Mon absente », pièce écrite
pour les acteurs associés ces dernières an-
nées au Théâtre national de Strasbourg, Pas-
cal Rambert signe un grand geste théâtral à
la distribution imposante. Les onze enfants
et proches sont incarnés par Stanislas Nor-
dey, l’ex-directeur du TNS, par ses fidèles
compagnons de route et par de jeunes pous-
ses issues de l’école de Strasbourg.
Epopée humaine
Si la disparition de Véronique Nordey en 2017
a inspiré le titre de la pièce, la figure de mère
défunte imaginée par Pascal Rambert n’a
rien à voir avec l’actrice, si ce n’est ses racines
africaines. L’Absente est une grande écrivai-
ne féministe qui a eu plusieurs compagnons
et enfants en France et en Afrique de l’Ouest.
Tout à la fois libérale et tyrannique, elle a éle-
vé ses enfants, entre deux continents, à la va-
comme-je-te-pousse et dans le plus grand
dénuement. Aujourd’hui la « famille élar-
de épopée humaine, à la fois
singulière et universelle. Le
funérarium devient théâtre
du monde où se rejoue le drame des familles
déchirées, la tragédie des guerres (en Afri-
que) et la révolution des mœurs (le fils tra-
vesti, la petite fille lesbienne). Habillés de lu-
mières sublimes, les comédiens rivalisent
d’intensité : Audrey Bonnet, folle et sainte
qui parle aux oiseaux ; Claude Duparfait,
prof réac stressé étouffé par sa bile ; Laurent
Sauvage, rebelle à cran ; Stanislas Nordey,
malade solitaire et sa fille, Océane Cairaty,
douce et magnétique ; Vincent Dissez, le
garçon en robe… tous nous surprennent et
nous bouleversent au détour d’une phrase
fêlée ou d’une danse désespérée.
Deux heures durant, Pascal Rambert or-
chestre un envoûtant bal funèbre, un brin
trop bavard sans doute, mais souvent fulgu-
rant. Avec cette belle idée de ponctuer les
dialogues de sonneries de portables, de brefs
appels et de textos, comme autant de fuga-
ces échappatoires au deuil qui les anéantit.
Brandis derrière les rideaux en fond de scè-
ne, les téléphones allumés sont les étoiles
trompeuses d’une nuit virtuelle, vouée à ag-
graver la solitude des vivants, leur sensation
de manque et leur absence au monde. n

LE POINT
DE VUE Start-up :
d’André Lévy-Lang
comment mobiliser
l’épargne privée ? Laurent Sauvage, Stanislas Nordey, Audrey Bonnet et Claire Toubin
autour du cercueil de leur mère et grand-mère. Photo Jean-Louis Fernandez

e 57 e Consumer Electronics
L Show (CES) de Las Vegas a réuni
du 8 au 12 janvier plus de 130.000
visiteurs professionnels et 4.000 expo-
sants, venus du monde entier, dans plus
de 20 hectares de halls d’exposition. Le
hall baptisé Eureka rassemblait les
stands de 1.200 start-up. La France était
représentée par environ 200 start-up,
un peu moins cependant que l’an der-
nier. Et aussi par L’Oréal dont le patron a
fait le discours d’ouverture du CES sur le
thème « technologie et beauté ».
Nous pouvons être fiers des start-up
françaises qui étaient au CES, tant de la
très grande diversité des domaines
abordés que de leur créativité étonnan-
te et de la qualité des technologies dé-
veloppées. Mais la question essentielle
est comment financer le développe-
ment des meilleures d’entre elles pour
qu’elles restent installées et pilotées en
France même si leur avenir est interna-
tional ?
Les soutiens publics (Business Fran-
ce, la BPI, les Régions) et privés (incuba-
teurs d’entreprises et incubateurs aca-
démiques) fonctionnent bien déjà pour
la création, pour le premier démarrage
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
Il faut donc mobiliser l’épargne pri-
vée malgré l’aversion au risque et l’exi-
gence de liquidité des Français, par
ailleurs collectivement épargnants con-
vaincus. Il faut pour cela accepter le ris-
que de la transformation financière,
c’est-à-dire financer des projets longs et
risqués avec des ressources relative-
ment liquides. C’est le rôle du crédit
bancaire, mais les banques ne sont pas
outillées pour prendre ce genre de ris-
que et elles ne le font qu’à la marge.
On pourrait utiliser
une (très petite) partie
des fonds placés
en Livrets A
et centralisés
par la Caisse des Dépôts
pour financer
des start-up en phase 2
de développement.
Les assureurs font de la transforma-
tion financière avec leurs « fonds
fonds euros. Mais les assureurs ne sont
pas non plus outillés pour ce type d’in-
terventions, sauf là encore à la marge.
Cela suggère une solution iconoclas-
te, mais qui mériterait d’être étudiée :
utiliser une (très petite) partie des fonds
placés en Livrets A et centralisés par la
Caisse des Dépôts pour financer des
start-up en phase 2 de développement.
Après tout, un pays aussi endetté que la
France doit investir dans l’innovation
pour que nos petits-enfants aient les
moyens de payer les intérêts de la dette
tout en sauvegardant notre modèle so-
cial, et les start-up sont une source es-
sentielle d’innovation dans tous les do-
maines. Il suffit d’examiner la liste des
200 qui étaient à Las Vegas pour en être
convaincu. On constate aussi par cette
liste que les régions sont efficaces dans
leur soutien aux start-up.
Cela suggère de faire une expérience
de décentralisation contrôlée pour la
gestion de ces fonds. Cette expérience
suppose de régler de nombreux problè-
mes, réglementaires, peut-être législa-
tifs, et surtout d’organisation et de con-
trôle, avec une structure financière et
une gouvernance spécifiques pour con-
La troublante « Melody »
de Martin Suter
Pas d’éléphant rose comme ROMAN SUISSE pare son mariage avec soin.
dans son précédent roman, Melody Mais, à quelques jours du
« Elephant » (2017), mais de Martin Suter. mariage, elle s’évanouit
un autre mirage, celui Traduit de l’allemand sans laisser de traces…
d’une femme fascinante et par Olivier Mannoni.
mystérieuse : l’écrivain Editions Phébus, Jeu de pistes
suisse sexagénaire Martin 368 pages, 23 euros. Entre deux repas fins – bien
Suter signe avec « Melody » arrosés – concoctés par la
un nouvel opus plein de malice. Moins cuisinière italienne Mariella, Tom pousse
alambiquée en apparence qu’à l’accoutu- ses feux avec Laura, la nièce du patriarche.
mée, son intrigue, hautement sentimentale, Il suit, fasciné, le jeu de pistes sentimental
nous offre une étourdissante réflexion sur qui a conduit l’amoureux transi de la Suisse
les rapports entre vérité et fiction, jeux de au Maroc, en Grèce et jusqu’à Singapour.
pouvoir et fantasmes amoureux. Une quête apparemment sans succès pour
Tom, jeune juriste zurichois surdiplômé retrouver sa dame qui rebondit lorsque
mais sans emploi, est contraint de trouver Tom et Laura prennent le relais.
coûte que coûte un travail après le suicide Des personnages fantasques, dominés
de son père ruiné. Il répond à l’annonce d’un par une troublante héroïne virtuelle, un ro-
vieil homme en fin de vie, Stotz, qui cherche mantisme mâtiné d’un rien d’érotisme et de
un secrétaire pour mettre de l’ordre dans fantastique, une évocation pleine d’ironie
ses archives. Un ordre censé mettre en va- de la fabrication des hommes de pouvoir :
leur la vie et la carrière d’un homme d’in- « Melody » est une joyeuse symphonie litté-
fluence qui fut militaire, éminence grise du raire. Avec ses coups de théâtre en cascade,
monde politique et économique… et folle- la fin du roman est digne d’une enquête à la

et pour la communication des start-up.
Mais lever les 10 à 50 millions d’euros
nécessaires pour l’étape suivante, le dé-
veloppement industriel et commercial,
reste, en France, une « traversée du dé-
sert ». Sauf exceptions, ni les fonds d’in-
vestissement ni les « family offices »
n’interviennent à ce stade, en tout cas
pas à la mesure des besoins et des op-
portunités.
euros », dont le capital est garanti, mais
que les clients peuvent retirer à tout mo-
ment. L’argent est placé pour l’essentiel
en obligations et, pour une faible part,
en placements plus rentables et plus ris-
qués. Le capital investi par leurs clients
est garanti par leurs fonds propres. Heu-
reusement, le taux du Livret A n’a pas
suivi l’inflation, ce qui a évité des trans-
ferts massifs de l’épargne placée en
cilier responsabilité, compétences et
absence de conflits d’intérêts politiques
ou financiers. Mais l’enjeu est vital pour
l’avenir faute de quoi nous aurons une
fois de plus eu des idées dont le reste du
monde saura profiter plus que nous.
André Lévy-Lang est président
et fondateur de l’Institut
Louis-Bachelier.
ment amoureux toute sa vie d’une femme
disparue.
Installé à demeure chez son patron, Tom
va découvrir par bribes, au gré de confiden-
ces au coin du feu, sa « love affair » avec Me-
lody, de son vrai nom Tarana, jeune libraire
rencontrée dans les années 1980. Malgré le
rejet total de ses parents marocains qui lui
avaient choisi un fiancé dans leur pays d’ori-
gine, Melody accepte d’épouser Stotz et pré-
Agatha Christie.
Martin Suter, jusqu’à la dernière page,
nous mène en bateau à travers le personna-
ge équivoque de Stotz. Au-delà de sa partie
de poker menteur, il met en relief notre pro-
pension à bonifier nos souvenirs pour faire
coïncider la réalité passée avec nos désirs
présents. Chaque être humain est un con-
teur qui s’invente des histoires pour s’aider à
vivre et à mourir. — Ph. C.
 IDÉES
prospective
Epicuriens
au temps
des algorithmes
LA
CHRONIQUE
d’Aurélie Jean
e 31 décembre dernier, des dizaines de
L milliers de personnes se sont réunies sur
les Champs-Elysées pour assister
ensemble au compte à rebours du passage à la
nouvelle année. Bien plus surprenant est cette
image, maintes fois commentée, de ces mêmes
personnes tenant à bout de bras leur téléphone
portable pour immortaliser le moment en
direct sur leur réseau social favori.
Par ces technologies à l’ère algorithmique, nous
serions alors comme arrachés au temps présent
dans lequel nous devrions trouver notre
harmonie et le bonheur qui l’accompagne. En ce
début d’année, redevenir épicurien serait la
résolution à prendre. Selon la philosophie
épicurienne, on accède au bonheur par une
certaine discrimination des désirs et par un
rapport privilégié au temps qui passe. Cela
suppose de vivre le présent dans son moment,
en ne regrettant pas le passé et en ne se
réjouissant pas d’un futur fantasmé. Par l’usage
de technologies algorithmiques toujours plus
sophistiquées qui nous orientent, nous guident
et nous assistent, nous tendons parfois à nous
perdre dans cette ligne temporelle dans laquelle
nous sommes comme absorbés par l’échelle de
temps du calcul algorithmique, par définition
instantané. Surfer sur les réseaux sociaux serait
ainsi comme naviguer dans un casino où tout
est fait pour nous faire perdre la notion du
temps. A cela, il faut ajouter l’envie permanente
d’y publier des moments de vie et raconter une
histoire qui nous parle et qui parlent aux autres,
quitte à nous faire perdre le moment présent,
qui est pourtant le seul que nous maîtrisons.
Dans son livre « Seuls ensemble »,
l’anthropologue américaine Sherry Turkle
explique comment les technologies
numériques, formidables pour connecter
l’humanité, nous ont paradoxalement isolés les
uns des autres. Tout en donnant l’impression
d’être ensemble. Ce rapport spatial déformé aux
autres est à mettre en parallèle avec celui
temporel, en nous déconnectant là encore du
temps présent. C’est ce qui s’est précisément
passé ce 31 décembre sur les Champs-Elysées
lorsque les gens étaient déconnectés du temps
présent et des autres… seuls ensemble. Le
modèle économique des plateformes
numériques, fondé principalement – voire
uniquement – sur l’économie de l’attention et
donc sur la rétention, en est la principale
origine. Le comprendre, c’est reprendre la main
sur notre rapport au présent et espérer
optimiser notre bonheur. On aurait pu ajouter
la notion de bonheur différé, si chère à Platon et
qui s’efface chaque jour un peu plus avec ces
technologies qui nous encouragent à vouloir
tout, tout de suite. Bien évidemment,
l’algorithme n’est pas le coupable, mais l’outil.
Seuls nous, utilisateurs, et ceux qui possèdent,
conçoivent et vendent ces technologies
algorithmiques, sommes responsables et a
fortiori coupables. C’est une évidence, Epicure,
mais aussi Platon, peuvent nous aider à
retrouver cette harmonie avec le temps et ainsi
nous retrouver tous ensemble.
Aurélie Jean est docteure ès sciences
et entrepreneure.
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
SUR LE WEB
L’INVENTION La réalité virtuelle
au secours de la santé mentale
des astronautes
Les agences spatiales envisagent des casques de
réalité virtuelle pour préserver la santé mentale
des équipages pour les futurs voyages spatiaux.
a A lire sur lesechos.fr/idees-debats/
sciences-prospective
INFORMATIQUE // Par nature, les modèles de langage comme ChatGPT produisent nécessairement
des erreurs. Les entreprises et les chercheurs tentent de minimiser et d’encadrer le risque.
IA : la chasse aux hallucinations est lancée
Jacques Henno
e test est très simple. Demandez
L « une recette avec de la farine et des
cailloux » à ChatGPT et il vous répon-
dra que « l’utilisation de cailloux dans la cui-
sine n’est pas recommandée ». Mais d’autres
IA génératives sont plus imaginatives :
« Voici une recette de cailloux au chocolat. Fri-
re les cailloux dans l’huile chaude jusqu’à ce
qu’ils soient dorés. Egoutter les cailloux sur du
papier absorbant », indiquera ainsi Bard, de
Google. LLaMa, de Meta, vous orientera de
son côté vers des « farinatas aux cailloux »,
très facile à préparer avec « 500 g de farine »
et « deux tasses de cailloux ». Certains ex-
perts font remarquer que la question étant
piégée, les IA génératives étaient incitées à
répondre à côté de la plaque, ou, selon le ter-
me consacré, à « halluciner ». « Une grande
partie des hallucinations proviennent de la fa-
çon dont les utilisateurs formulent leurs ques-
tions plutôt que du fonctionnement intrinsè-
que des IA génératives », estime Philippe
Limantour, directeur technologies et cyber-
sécurité chez Microsoft France.
Pour autant, d’autres spécialistes rappel-
lent surtout qu’une IA générative « halluci-
ne » par essence. C’est littéralement induit
dans leur fonctionnement. « Les IA générati-
ves sont basées sur les LLM, des modèles de
langages probabilistes, qui, à partir des mots
dans votre question, calculent la réponse la
plus probable, mot après mot », explique
Nick Frosst, cofondateur de Cohere, un spé-
cialiste canadien des LLM. Mais la réponse
la plus probable n’est pas forcément la plus
judicieuse ou la plus exacte. Sauf à aimer la
soupe aux cailloux…
Quels responsables ?
Plus d’un an après la mise sur le marché de
ChatGPT, les « IA Gen » (génératives) conti-
nuent ainsi de divaguer. Lors du lancement,
le 6 décembre, de Gemini, la version la plus
aboutie de son IA, Google reconnaissait que
des hallucinations demeuraient et évoquait
« un problème de recherche toujours non ré-
solu ». Une technologie est ainsi en train
d’être déployée alors qu’elle manque de fia-
bilité. Mais dans quelles proportions ? Les
taux d’hallucination sont loin d’être négli-
geables, répond Vectara, qui teste les grands
Lors du lancement de son IA Gemini, Google reconnaissait que des hallucinations demeuraient
et évoquait « un problème de recherche toujours non résolu ». Photo Shutterstock
Mardi 16 janvier 2024 Les Echos 10
Ingrédients acteurs du marché. Cette entreprise califor- keting », témoigne Fabien Fouissard,
nienne estime ainsi que les taux d’halluci- responsable IA et blockchain de Fujitsu
d’une IA Gen nation vont de 3 % pour ChatGPT à 27,2 % France. Il est aussi possible d’entraîner des
•deUne base
données
pour Google Palm 2 Chat, en passant par
9,4 % pour Mistral 7B.
Les professionnels, à qui l’on vend la « ré-
volution » de l’IA, doivent donc se montrer
modèles plus petits directement sur des
sources documentaires spécialisées. On
parle alors de « Small Language Models »
qui « se révèlent aussi performants que leurs
pour s’entraîner
Une des plus connues prudents dans leur utilisation. « Nous grands frères, les LLM », explique Xavier
est The Pile, gratuite n’avons pas d’hallucination, car nous obli- Vasques, d’IBM France.
et constituée de 886 Go geons ChatGPT à se limiter à de toutes petites
de textes en anglais
puisés sur Internet.
• Un LLM pour
bases documentaires, comme les fiches des
produits que nous proposons sur notre site,
pour qu’il en améliore la catégorisation, le ti-
tre… témoigne Isabelle Serot, directrice de
Apprendre à « prompter »
Les entreprises misent aussi sur un enca-
drement accru des conditions d’utilisation
des algorithmes. « Beaucoup se dotent d’un
générer des mots
Le « Large Language la data chez Cdiscount. Mais, à terme, nous corpus de recommandations », constate Fa-
Model » est un réseau voudrions disposer, pour nos collaborateurs, brice Asvazadourian, directeur général de
de neurones spécialisé puis nos clients, de robots conversationnels Sopra Steria Next, cabinet de conseil en
dans le traitement généralistes. » Qui sera alors responsable transformation numérique. « Les collabora-
automatique des erreurs entraînant des pertes ? Pas les teurs doivent apprendre à “prompter” : si
des langues. Grâce éditeurs, prévient d’emblée Microsoft Fran- vous demandez à une IA de vous lister six rai-
à des corrélations ce : « L’utilisateur doit cliquer deux fois : sons de démissionner, elle va se forcer à en
statistiques, pour accepter la proposition que lui font nos trouver six, même si, objectivement il n’y en a
l’algorithme génère applications d’IA, puis pour la copier-coller. que quatre », explique-t-il.
du texte en fonction du C’est à lui d’estimer que cette réponse est bon-
contexte dans lequel ne dans le contexte qui l’intéresse. »
il a été entraîné et
Une technologie est en
des questions posées. Les petits valent les grands train d’être déployée alors
• Un transformer
pour les assembler
Entreprises et universitaires recherchent
des solutions pour contenir les risques. Il est
qu’elle manque de fiabilité.
C’est un LLM capable en particulier possible de nettoyer les don-
de reconnaître nées d’entraînement de l’IA. « Les LLM de Enfin, un suivi de l’évolution du taux d’er-
l’importance des liens grande taille vont avoir un effet parasite de reurs doit être mis en place. « Un des outils
statistiques des mots mémorisation dû à la répétition : ils vont don- utilisés est le Forecast Quality Assessment :
entre eux. Dans « le ner plus de poids aux informations souvent on demande à l’IA de réaliser une prévision
chat a poursuivi le rat, répétées ou associées dans sa base d’entraîne- pour un événement particulier, comme la
puis il l’a mangé », le ment et finiront ainsi par affirmer que la capi- météo ou un cours de Bourse. On voit vite si la
Transformer analyse tale du Canada est Toronto, une erreur fré- réponse est déviante », détaille Jérôme Tho-
statistiquement quente sur le web », constate Xavier Vasques, mas de Dynatrace France, un spécialiste des
qu’« il » se rapporte chargé de la R&D pour IBM France. L’entre- systèmes informatiques.
au chat et non au rat. prise affirme avoir elle-même supprimé Mais certains réfléchissent déjà aux suc-
• Des petites mains
pour la pousser
deux tiers des informations de sa base d’en-
traînement, en retirant les doublons, les pro-
cesseurs des IA Gen basées sur des LLM.
Lors d’une intervention organisée en no-
Le RLHF, un processus pos haineux, les textes sous copyright, etc. vembre, à New York, par le réseau d’affaires
d’apprentissage Autre piste d’amélioration : « Demander Frenchfounders, on voit Yann LeCun, un
par renforcement aux IA Gen d’interroger également des bases des pères de l’IA moderne, s’emporter :
à partir de rétroactions de connaissance spécialisées dans tel ou tel « Les LLM, ça craint ! Il faut les faire entraîner
humaines, nécessitent domaine, ce que l’on appelle le RAG, la géné- par des humains et pourtant ils continuent à
que des milliers ration augmentée de récupération », décrit faire des erreurs ; l’IA générative est moins in-
de petites mains, (très Thierry Poibeau, directeur de recherche au telligente qu’un chat ! » Pour lui, les LLM et
mal) payées à l’heure, CNRS. « Nous avons recouru au RAG pour les IA Gen ne constituent qu’une étape :
posent des questions un client qui voulait une IA générative s’ap- « L’avenir de l’IA, ce ne sont pas les LLM, ce
à l’IA et évaluent puyant sur sa documentation et ses commu- sera autre chose, une IA capable d’apprendre
ses réponses. nications pour générer des contenus en mar- en regardant des vidéos. » n
ChatGPT,
le « monstre »
aux 1.000 milliards
de paramètres
« ChatGPT n’a pas de mauvaises
intentions, comme Frankenstein,
mais il a échappé à ses créateurs
dans le sens où ne nous compre-
nons pas toujours comment il
fonctionne et sommes déconcertés
par ses performances », lance
Hugues Bersini, directeur du
laboratoire d’IA de l’université
libre de Bruxelles (ULB), qui
soumet régulièrement au chatbot
d’OpenAI les questions qu’il pose
à ses étudiants. « Ce sont des pro-
blèmes de logique qui demandent
de fortes capacités de raisonne-
ment et, waouh !, ChatGPT y arrive
très bien, alors que cet algorithme
est juste censé produire du texte en
devinant le mot suivant. D’une
façon générale, il fait de moins en
moins d’erreurs, d’hallucination »,
poursuit Hugues Bersini. Bref,
ChatGPT fonctionnerait très
bien, mais même les scientifiques
ont du mal à expliquer pourquoi.
« C’est la première fois dans l’his-
toire des sciences que l’on a mis au
point un monstre avec des milliers
de couches de neurones et mille
milliards de paramètres, et on ne
sait pas vraiment comment il
fonctionne, s’émeut le chercheur
belge. Nous avons un devoir de
comprendre, ne serait-ce que pour
nous assurer qu’un jour, il ne parte
pas en vrille. »
11 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
enquête
Le pont de Crimée enjambe le détroit de Kertch qui relie la mer Noire et la mer d’Azov et relie la péninsule au territoire russe. Photo Malgavko Sergei/TASS/Abaca
Benjamin Quénelle
— Envoyé spécial à Kertch et Sébastopol
e pont symbolise ses espoirs passés
C et ses tourments actuels. Venu de sa
Sibérie natale, Piotr Popov s’est ins-
tallé en Crimée en 2018, quatre ans après
l’annexion par la Russie de la péninsule.
« Et… une semaine avant l’ouverture du
pont ! » sourit-il, un œil sur le « pont Pouti-
ne », le plus long d’Europe. L’immense
structure de 19 kilomètres avait été inaugu-
rée cette année-là par le chef du Kremlin
pour relier la Russie à la Crimée.
A deux reprises au moins en près de deux
ans d’« opération militaire spéciale » russe
en Ukraine, le 8 octobre 2022 puis le
17 juillet 2023, il a été visé par les représailles
de Kiev. Mais, malgré les menaces d’atta-
ques par missiles ou drones marins, malgré
les risques de camions piégés, Piotr Popov
roule sur ce pont deux fois par jour dans sa
voiture, tôt le matin et en début de soirée.
« Parfois, j’accélère pour aller plus vite et
oublier qu’il y a un risque. Dans mon entrepri-
se, nous sommes quelque 200 employés à fai-
re ces allers-retours quotidiens sur le pont, en-
tre travail et maison. L’un de mes collègues est
passé cinq minutes avant l’une des explosions.
Mais j’essaie de ne pas penser à la guerre »,
confie Piotr. Les contrôles supplémentaires
à l’entrée ont rallongé le temps du trajet, dé-
sormais quelque cinquante minutes.
Et, promesse faite à sa femme, il l’appelle
chaque matin dès qu’il franchit le pont.
Pour la rassurer. « Nous avons confiance en
nos services de sécurité pour nous protéger.
Mais, chaque jour, j’ai peur », souffle celle-ci.
Tel est désormais le quotidien de ce couple.
Piotr et Anna ne cachent pas leur malaise
sur « l’opération spéciale » ni leurs doutes
sur les objectifs officiels du Kremlin de « dé-
nazification » de l’Ukraine. Ils n’envisagent
cependant pas un retour de la famille en Si-
bérie. Ni de la Crimée sous le giron de Kiev.
Le front n’est pas loin
A Kertch, le long de la route principale, les
« Z » sont omniprésents, lettre symbole du
soutien de la population à l’offensive du
Kremlin en Ukraine. Le cortège de camions
militaires rappelle que le front n’est pas loin.
En 2023, le FSB (service fédéral de sécurité
russe) a annoncé avoir arrêté en Crimée 18
« agents et complices » des services spéciaux
ukrainiens, possibles relais pour des atta-
ques et des sabotages, sur des lignes ferro-
viaires ou des gazoducs.
En ce début 2024, l’armée russe affirme
avoir déjà repoussé une nouvelle « tentative
d’attaque » de drones sur la péninsule. Kiev
vient d’y revendiquer la destruction d’un dé-
pôt de munitions et d’un poste de comman-
dement. Dès le 1er janvier, Volodymyr Ze-
lensky, le président ukrainien, a prévenu
dans un entretien à « The Economist » : « La
Crimée et la mer Noire seront le nouveau cen-
tre de gravité de la guerre. » Il veut isoler la
La Crimée continue de
croire en son destin russe
LA GUERRE EN UKRAINE // Kiev a repris ses attaques sur la péninsule annexée
par Moscou il y a dix ans. Sur place, beaucoup d’habitants se refusent
à envisager un retour dans le giron ukrainien. Les voix dissidentes sont rares.
péninsule, l’une des bases arrière de l’armée
de Moscou, et dégrader ses capacités mili-
taires. Loin du conflit, Piotr Popov, sa fem-
me et leurs trois enfants, qui ont préféré être
cités sous une fausse identité, avaient été at-
tirés par le chaud soleil de Crimée. Mais sur-
tout par « une exceptionnelle opportunité »
de travail. Depuis plus de quatre ans, cet in-
génieur spécialisé en technologies d’auto-
matisation participe à la modernisation et
l’expansion d’une infrastructure portuaire
près d’Anapa, sur la rive russe de la mer Noi-
re. La famille s’est installée en face, à Kertch.
« La vie reprend son cours »
Dans cette cité riche en histoire, première
ville de Crimée au pied du « pont Poutine »,
les prix immobiliers sont bien moins élevés.
Après le début de l’offensive russe en Ukrai-
ne, ils ont certes baissé et, par peur, quelques
familles ont préféré quitter la péninsule.
Mais le marché immobilier est de nouveau
en croissance, avec une hausse de quelque
30 % des prix au total en cinq ans à Kertch.
« Comme la circulation sur le pont, la vie re-
prend son cours normal », assure Piotr. « La
mentalité a changé : la population a confiance,
car elle sent que la Crimée fait pleinement par-
tie de la Russie. Moscou a apporté ici une for-
me de sérénité. Et tous ces investissements… »
Lorsqu’en 2018, en bateau, sa famille est
arrivée pour la première fois à Kertch, la vil-
le et toute la Crimée étaient mornes. « On
avait l’impression de revenir trente ans en ar-
rière, dans une cité soviétique. En une décen-
nie, Moscou a métamorphosé la Crimée : ce
pont, ces routes, ces hôpitaux et écoles… Et, à
Kertch, il y a désormais plein de cafés et res-
taurants ! » se réjouit Piotr. « Pour les en-
fants, la vie est devenue plus agréable. Les
« Quand je suis venu
en 2016, la Crimée
était en ruine. Poutine,
lui, a tout construit. »
VITALII SHVETSOV
Entrepreneur
parcs ont été aménagés, les aires de jeux refai-
tes à neuf. Et notre fille va dans une très bonne
école musicale ! » ajoute son épouse.
Depuis sa terrasse au bord de l’eau, lui
aussi face au « pont Poutine », Vitalii Shvet-
sov se montre pareillement enthousiaste.
« En dix ans, tout s’est modernisé grâce au
Kremlin. Et, enfin, on vit bien ! Quand je suis
venu en 2016, la Crimée était en ruine. Il n’y
avait pas de gaz. L’électricité ne fonctionnait
pas tout le temps. Les Ukrainiens n’avaient
rien investi. Poutine, lui, a tout construit »,
lance cet entrepreneur et père de famille,
solide gaillard de 46 ans venu du fond de
l’Oural pour réaliser ici son vieux rêve :
« Construire une maison sur la mer ! » De-
puis, il a lancé une affaire de BTP active dans
toute la péninsule. Il bâtit des maisons pour
les officiers s’installant ici. Fervent partisan
de l’offensive russe contre « les fascistes de
Kiev », Vitalii n’a pas peur « des agressions
ukrainiennes », défie-t-il. De sa terrasse, il
compte les navires commerciaux passant
sous le pont. « Certains, sans drapeau appa-
rent, sont européens et même ukrainiens. Bu-
siness is business ! » ironise-t-il face à la mer.
« Autour de nous, tout a changé. Et c’est
bien. Mais on se sent mal. Car ce n’est plus
chez nous », murmure cependant Ludmila.
C’est une voix rare sur la péninsule. Cette
grande mère rencontrée à Kertch se dit
« Ukrainienne de Crimée ». De sa voix douce
et discrète, elle glisse qu’elle « voudrait que
cela redevienne l’Ukraine ici ». Elle préfère
parler peu et anonymement. En 2014, après
l’annexion, elle aurait pu partir à l’étranger.
Mais ses racines la retiennent. « Nous som-
mes en minorité à nous opposer à Moscou.
Les temps sont, hélas, à la répression », re-
grette-t-elle. En face de Ludmila, au-dessus
des eaux : toujours ce « pont Poutine » avec
ses impressionnantes doubles voies, routiè-
res et ferroviaires.
Régulièrement, elle a entendu, et même
vu, missiles et drones siffler dans l’air près
de chez elle. « C’est la guerre ! Mais il ne faut
surtout pas détruire ce pont car c’est utile
pour les approvisionnements, rappelle Lud-
mila de son ton calme. Et c’est important
pour les échanges futurs entre nos deux peu-
ples frères, quand la paix reviendra. »
Pour le moment, la menace est toujours
là, à Kertch comme sur le reste de la Crimée.
Parmi les cibles principales de Kiev : le
« pont Poutine » mais aussi, à l’autre bout de
la péninsule, Sébastopol. Une partie de la
flotte navale russe a été contrainte de partir
après plusieurs attaques ukrainiennes.
La flotte russe contrainte au repli
Kiev a aussi visé Feodossïa, l’autre grand
port de la péninsule, et Novorossisk où, en
Russie même, plusieurs bateaux militaires
se sont pourtant réfugiés. « Aucun port de
Crimée n’est plus sûr pour les navires de guer-
re russes, prévient à Moscou Rouslan
Poukhov, directeur du Centre pour les ana-
lyses de stratégies et de technologies (Cast),
laboratoire d’idées spécialisé dans les ques-
tions militaires. Paradoxalement, les Ukrai-
niens avec leurs ressources navales limitées
ont pu contraindre une partie de la flotte rus-
se de la mer Noire de se replier : leurs drones
hybrides (aériens et sous-marins) ont permis
de tenir une guerre asymétrique tout en dé-
fendant leurs lignes pour éviter une opération
navale russe sur Odessa. »
Mais en Crimée, loin de toute panique, la
population l’assure : « Nous nous adaptons.
Nous n’avons pas peur et il n’est pas question
d’un retour de la Crimée à l’Ukraine. » A
Kertch comme à Sébastopol, ces formules
de résilience sont omniprésentes dans la
bouche des habitants. « Ici, nous participons
à la défense de l’Europe contre la nouvelle me-
nace fasciste ! » prévient Alexeï Krasnokuts-
ky. Chargé de la sécurité de la ville à Sébasto-
pol, il fustige « ces missiles français et anglais
donnés à Kiev et tombant sur nos têtes ». Il
pointe du doigt la mer. « Vous voyez ces deux
navires militaires qui viennent d’être dé-
ployés près de la côte ? A l’aube, des drones
marins ukrainiens ont été interceptés. Nous
nous défendons ! »
Puis, il montre en face de lui, l’un des
chantiers pharaoniques du Kremlin, à
l’image de ses projets de modernisation de
la Crimée et de son installation à jamais sur
la péninsule : un immense et haut complexe
culturel sur 50 hectares avec futurs musée,
académie de ballet et opéra construit en for-
me de… vague. « Nous construisons sans ces-
se ! » s’enthousiasme Alexeï Krasnokutsky.
En une décennie, la Crimée s’est transfor-
mée en un vaste chantier, politique et de BTP.
Les autorités locales sont inépuisables en
statistiques. Depuis 2014, alors que la popu-
lation de Sébastopol est passée de 390.000 à
550.000 habitants, plus de 120 nouvelles ins-
tallations y ont été construites, dont une
vingtaine d’établissements d’enseignement
et une trentaine d’infrastructures de santé.
Quelque 650 kilomètres de routes ont été ré-
parés. « Comme si on rattrapait les retards :
on construit en un an ce qu’on ferait ailleurs en
cinq ans ! » se félicite-t-on dans les bureaux
d’une de ces grandes sociétés immobilières
qui, sur l’ensemble de la Crimée, a bâti à elle
seule 500.000 m2 d’appartements déjà en
dix ans, avec 100.000 m2 supplémentaires
prévus désormais chaque année.
A Kertch
comme à Sébastopol,
cette formule de résilience,
omniprésente,
dans la bouche des
habitants : « Nous n’avons
pas peur et il n’est pas
question d’un retour
de la Crimée à l’Ukraine. »
« Bien sûr, les attaques ukrainiennes sont
une menace. Ce n’est pas la guerre. C’est du
terrorisme. Mais nous n’avons pas peur ! »
insiste Nikolaï Delov, un juriste de 37 ans,
venu de Moscou en Crimée dès 2014 pour
aider les entreprises dans leur transition du
droit ukrainien au droit russe.
Dix ans après, il multiplie avec d’autres
les allers-retours vers le Donbass, les « nou-
veaux territoires » occupés par la Russie,
voisins de la Crimée. « Juristes, experts-
comptables, architectes… Là-bas, ils ont be-
soin de nous pour se reconstruire à leur
tour », explique-t-il. A ses yeux, comme
pour de nombreux habitants de la péninsu-
le, il n’y a pas de doute : après la Crimée,
Moscou transformera le Donbass. n
 « Service après-vente » par Mélody Denturck pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Dakar-2024 : mort Infanticide dans Un cargo touché par Nouveau président

L’ÉDITORIAL du motard espagnol l’Eure : des directeurs un missile houthi au Guatemala
DES « ÉCHOS » Carles Falcon d’école mis en cause MER ROUGE – Le porte- AMÉRIQUE CENTRALE –

Le double défi ' RALLYE – Le motard espa-

gnol Carles Falcon est mort ' FAIT DIVERS – Deux direc-
teurs d’école de Conches-en-
' conteneurs américain « M/V
Gibraltar Eagle » a été tou-
' Bernardo Arévalo, ex-diplo-
mate et sociologue de 65 ans,

de Macron lundi à l’âge de 45 ans, une

semaine après la chute qui l’avait
Ouche (Eure) ont été mis en
examen pour ne pas avoir dénoncé
ché par un missile de croisière tiré
par les rebelles houthis du Yémen,
a été investi à la tête du Guatemala
dans la nuit de dimanche à lundi
laissé dans un état grave lors de la les mauvais traitements dont soutenus par l’Iran. Le navire après sa victoire en août aux élec-
Le patron, c’est lui. En organisant ce mardi soir, une deuxième étape du Dakar-2024, étaient victimes un frère et sa touché au large d’Aden se dirigeait tions. Il a dû surmonter de multi-
conférence de presse à un horaire de grande écoute, a annoncé son équipe TwinTrail sœur, âgée de trois ans et décédée vers le canal de Suez. Le comman- ples embûches semées par une
une semaine pile après la désignation de Gabriel Attal Racing Team. Transporté en fin septembre après des violences dement central américain (Cent- élite politique et économique
à Matignon, Emmanuel Macron ne pouvait mieux urgence à l’hôpital de Ryad diman- présumées de sa mère et son com) a précisé que l’attaque n’a considérée comme corrompue.
signifier qu’il tient toujours les rênes du pouvoir. che dernier, il avait été rapatrié en beau-père. Fin septembre, la mère fait ni blessé ni dommage signifi- Le parquet a multiplié les recours
Certes, la sensation provoquée par la désignation Espagne et souffrait notamment et le beau-père de la fillette avaient catif. L’armée américaine a indi- judiciaires : annulation des élec-
du plus jeune Premier ministre de la Ve République, d’une fracture de la vertèbre C2 et déjà été mis en examen pour qué par ailleurs avoir « abattu, tions, suspension de son parti
rendu populaire par sa capacité à prendre à bras-le- d’un oedème cérébral. Ingénieur meurtre sur mineur et incarcérés un peu plus tôt dans la journée, politique et levée de son immunité
corps les problèmes de l’Education nationale, est une de formation, Carles Falcon était pour ces faits. L’enfant était décé- un missile balistique antinavire tiré d’élu. Bernardo Arévalo a dénoncé
bénédiction : après des mois de bras de fer sur le recul engagé sur le Dakar dans la caté- dée après son arrivée au CHU de en direction des voies de navigation un « lent coup d’Etat » visant à
de l’âge de la retraite et le durcissement des conditions gorie sans assistance mécanique. Rouen le 24 septembre. du sud de la mer Rouge ». contrecarrer le résultat des urnes.
d’immigration, ce remaniement a le mérite, assez
inédit, de rendre à nouveau le chef de l’Etat audible
par les Français. LA PHOTO DU JOUR
Le président use donc de cette faculté, en abuse
presque. Tenue avant même le discours de politique
générale que Gabriel Attal doit prononcer devant
l’Assemblée nationale, cette intervention n’est pas sans
rappeler le discours présidentiel du 3 juillet 2017
devant le Congrès, réuni à la veille de la déclaration
d’Edouard Philippe. Comment
mieux suggérer une conception
très sarkozyenne de la fonction
de Premier ministre ? A
l’époque cependant, le discours
solennel du chef de l’Etat avait
été jugé bien trop général et
institutionnel, déconnecté des
Par Jean-
préoccupations quotidiennes.
Francis Voir la France de trop haut,
Pécresse ou de trop près. C’est l’éternel
reproche adressé à ce
Le chef de président, qui a toujours eu
l’Etat, qui du mal à concilier la vision et
s’exprime l’action. C’est à ce même double
ce mardi défi qu’il est à nouveau
confronté, avec plus d’exigence
soir devant même tant Gabriel Attal
la nation, ressemble à la dernière carte
doit d’un quinquennat compliqué
par l’absence de majorité
concilier absolue. Pour ce qui est de la
la vision vision, elle devrait être plus
et l’action. claire maintenant que le
gouvernement penche à droite.
C’est a priori de bon augure pour les comptes publics et
l’investissement des entreprises alors que l’économie
française doit financer les dizaines de milliards d’euros
nécessaires à trois transitions majeures : celle vers
l’énergie décarbonée, celle du vieillissement
démographique et celle de l’intelligence artificielle.
De ce « rendez-vous avec la nation », les Français
attendront cependant, d’abord, des réponses
concrètes et immédiates, trop immédiates, sur le
pouvoir d’achat, qui les obsède non sans raison avec
5 % d’inflation. Dans ce domaine, après la longue
parenthèse des chèques sans provision, l’exécutif n’a LA RÉUNION SOUS LE CHOC DU CYCLONE BELAL Un décès a été confirmé sur l’île de la Réunion, après le passage depuis lundi matin du cyclone Belal, qui se révèle
plus guère à offrir que des baisses modérées d’impôt, toutefois moins « cataclysmique » que prévu. Après avoir frappé l’île par le nord et l’ouest, provoquant de fortes pluies et des rafales de vent très violentes, le mur de
lesquelles passent toujours plus inaperçues que les l’œil du cyclone a finalement dévié sa course sans rentrer à l’intérieur des terres. Le territoire ultra-marin de 870.000 habitants est repassé en cours de journée en
hausses… Les hausses de salaire, c’est dans les alerte rouge, une façon de permettre aux équipes de secours de sortir, mais la population est restée confinée. Photo via Reuters
entreprises, au cas par cas, que cela se joue. Moins
l’Etat s’en mêle, mieux elles s’en portent.

Lire nos informations

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« Les titres de 18h »

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 CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT)

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Mardi 16 janvier 2024
www.lesechos.fr

Champagne : les ventes en recul Climat :

une coalition de
27 investisseurs
après une année record en 2022 met la pression
sur Shell
BOISSONS
GOUVERNANCE
Marie-Josée Cougard
Laurence Boisseau
Les années se suivent et ne se ressemblent
pas. Après une année 2022 qui a battu un C’est la septième fois que le collectif
record à 326 millions de bouteilles, les expé- d’actionnaires Follow This dépose une
ditions de champagne ont fortement ralenti résolution à l’assemblée générale (AG)
cette année, selon les professionnels du sec- de Shell qui sera soumise au vote des
teur. Les volumes ont baissé de 8,2 %. La ten- actionnaires. Son but ? Convaincre le
dance ne concerne pas uniquement la groupe pétrolier de changer de cap sur
France. Elle touche tous les pays. sa stratégie climat. D’habitude, ces acti-
Le chiffre d’affaires, en revanche, est vistes écologistes agissent seul, en leur

« L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération »

demeuré stable à 6 milliards d’euros. En
clair, la hausse des prix a compensé la chute
des volumes. Pour l’Union des maisons de
champagne (UMC), cette augmentation des
prix traduit surtout la volonté de la région
de privilégier le haut de gamme.
Cuvées spéciales
« La demande est toujours plus forte pour les
cuvées spéciales, les rosés, les champagnes de
prestige et les millésimes », explique David
Chatillon, président l’UMC. Selon lui, « la
commercialisation ne pouvait pas continuer
au rythme effréné de 2022. Ce n’était pas tena-
ble, car nous n’avions pas le nombre de bou-
teilles pour honorer la demande ».
A vrai dire la région, qui a été la première
surprise de voir s’envoler les commandes
en 2021 après les premières vagues de
Covid, a manqué de champagne – toute la
profession avait pris la décision de limiter
les rendements de 33 % au moment du con-
finement en 2020 par crainte d’une crise.
Une autre explication à la stabilité du
chiffre d’affaires malgré le recul des expédi-
tions tient à la part prédominante des mar-
chés étrangers dans l’activité. En 2023, elle
ressort à 58 %, contre 45 % il y a dix ans.
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il
se confirme chaque année. Les maisons de
champagne n’en ont jamais fait un secret :
l’exportation est nettement plus rentable, si
bien qu’elle est devenue une priorité pour la
Le chiffre d’affaires du secteur du champagne est néanmoins demeuré stable, à 6 milliards d’euros en 2023. Photo iStock
majorité des acteurs de la région. Corollaire
direct de cette situation, les ventes en gran-
des surfaces en France, où l’offre inclut
aussi beaucoup de bouteilles à prix plus
modiques, continuent de baisser. Elles ne
représentent plus aujourd’hui que 10 % de la
totalité du marché mondial.
Les consommateurs ont fait des arbitra-
ges dans leurs dépenses. Et si l’on en juge
par les chiffres fournis par les panélistes tels
que Circana, le champagne a fait partie des
produits qui en ont le plus pâti.
Une baisse attendue
« L’inflation a touché tout le monde, contrai-
rement à ce que l’on entend souvent. Même les
classes aisées l’ont subie », affirme David
Chatillon. A cela il faut encore ajouter le
surstockage constaté chez les importateurs
il y a deux ans, qui pèse aujourd’hui sur les
nom propre. Mais, cette fois-ci, ils se
sont alliés avec une coalition d’investis-
seurs engagés pour avoir plus de poids
sur la direction du groupe anglo-néer-
landais.
Follow This s’est donc coordonné
avec 27 investisseurs institutionnels de
7 pays (France, Belgique, Suisse, Suède,
Etats-Unis et Pays-Bas). Parmi eux, les
français Amundi, Candriam, Grou-
pama AM, EDRAM, le belge Degroof
Petercam AM, les fonds de pension bri-
tanniques Pension Protection Fund, ou
encore Greater Manchester Pension
Fund. Ensemble, ils gèrent 3.900 mil-
liards d’euros et détiennent 5 % du capi-
tal du géant des hydrocarbures.
Les investisseurs sont
convaincus que Shell
n’a pas amélioré ses
commandes. La crainte était alors de objectifs climatiques,
manquer. voire a fait machine
En fin de compte, les Champenois se veu- arrière sur certains.
lent optimistes pour la suite en raison du
niveau du chiffre d’affaires de 2023. « La
baisse des volumes n’est pas une surprise. Elle « Cette mesure extraordinaire montre
était attendue », explique David Chatillon. à quel point ces investisseurs sont déter-
La Champagne garde confiance « même si la minés à s’attaquer à la crise climatique à
région est sensible au contexte géopolitique et la source », explique Mark Van Baal, fon-
à l’évolution de l’économie mondiale ». n dateur du collectif en 2015, qui est con-
vaincu que l’industrie des combustibles
fossiles doit changer. En 2023, 20 % des
actionnaires de Shell avaient voté en

Chatbot, fiche Mobilisation Vinci Immobilier, faveur de la résolution de Follow This.

Atteindre la majorité des votes

personnalisée… L’IA
générative à l’assaut
de l’e-commerce
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Les sites de
e-commerce s’emparent du phénomène
ChatGPT. En plus de s’adapter aux nou-
veaux usages, les distributeurs et commer-
çants en ligne y voient l’opportunité de valo-
riser leur « or noir » : un gigantesque stock
de données et métadonnées clients. Signe
de cette tendance, Google Cloud vient de
dévoiler plusieurs outils d’IA générative
destinés à moderniser les achats en ligne.
Les distributeurs et les e-commerçants, de
Walmart à Amazon en passant par L’Oréal,
ne l’avaient pas attendu. // PAGE 19
générale pour
l’Union des marchés
de capitaux
EUROPE Que ce soit au niveau européen,
gouvernemental ou à celui des lobbies
représentant les institutions financières, les
dirigeants politiques et les professionnels
semblent bien décidés à ressusciter le projet
d’Union des marchés de capitaux. Lancé il y
a près de dix ans sans avoir enregistré à ce
stade de résultats probants, il vise à doter
l’Europe de sources de financement plus
stables et plus abondantes. Bruno Le Maire
a initié un processus novateur pour cons-
truire au plus vite un « supermarché euro-
péen du financement. » // PAGE 24
premier grand promoteur
à lancer un plan social
IMMOBILIER
Elsa Dicharry
Alors que les ventes de logements neufs
dégringolent un peu plus mois après
mois, la crainte était vive de voir les
grands promoteurs entreprendre des
licenciements. Vinci Immobilier vient de
lancer le mouvement.
Un plan de sauvegarde pour l’emploi a
été présenté aux partenaires sociaux de
l’entreprise. « Il démarre par un plan de
départs volontaires. Un effort particulier
est fait pour proposer des mobilités inter-
Mais c’est à l’AG de TotalEnergies, le
26 mai 2023, que sa résolution en faveur
du climat a récolté le plus de voix, soit
30,4 % des votes pour. Et ce alors que la
direction du groupe français s’y était
opposée. Déjà à l’époque, Follow This
plémentaire est donc désormais fran- s’était coordonné avec un groupe
chie. Mais c’est bien toute une profession d’investisseurs représentant près de
qui souffre. Les chiffres pour 2023 ne 1,5 % de l’actionnariat de l’énergéticien.
seront connus qu’en février, mais la Il espère ainsi, par cette stratégie
Fédération des promoteurs immobiliers d’alliance, bientôt atteindre la majorité
(FPI) a déjà fait savoir qu’elle s’attendait à des votes.
des ventes en baisse de moitié par rap- La résolution pour l’AG de Shell a été
port à 2022. Ce qui a fait dire à son prési- rédigée de la manière suivante : « Les
dent, Pascal Boulanger, que le secteur actionnaires soutiennent l’entreprise
était « au bord du précipice ». pour aligner ses objectifs de réduction des
A fin novembre sur un an (dernier émissions à moyen terme (y compris cel-
chiffre connu), le nombre de mises en les qui sont liées à l’ensemble des produits
chantier de logements était en baisse de utilisés par ses clients au niveau mondial,
19,6 %, à 294.700 unités, selon le minis- dites de “scope 3” »), avec celui de l’accord
tère de la Transition écologique. de Paris sur le climat. A savoir limiter le
réchauffement planétaire à +1,5 °C par

= LES ENTREPRISES CITÉES nes au sein du groupe », indique-t-on chez

Vinci, confirmant une information de
Batiactu.
Défaillances d’entreprises
en hausse
Dans ce contexte, le nombre de défail-
rapport à l’ère préindustrielle ».
Les investisseurs sont convaincus
que Shell n’a pas amélioré ses objectifs
Abondia 23 Campari 24 Microsoft 19 Westfield 30
Adeunis 23 Capgemini 30 Mubadala 25 Unikalo 23 Le groupe refuse de communiquer lances d’entreprises monte en flèche. climatiques, voire a fait machine
Amazon 19 Carrefour 19 Netflix 19 Uni Santé 23 sur le nombre d’emplois concernés. Selon le cabinet Altares, 122 promoteurs arrière sur certains. Shell n’est pas la
Amazon Web Services 16 Electra 21 Onclusive 20 Valeo 16 ont mis la clef sous la porte en 2023, à seule cible du collectif Follow This. Cha-
Ardian 25 Google Cloud 19 OpenAI 19 Volkswagen 16 Gel des embauches comparer à 96 en 2022. Soit la plus mau- que année, ce dernier s’attaque à toutes
Atos 20, 30 Kinéis 17 Orange 30 Vulkam 21 Jusqu’à présent, les poids lourds de vaise performance depuis 2016. les majors pétrolières pour les faire
Avangard 14 KPMG 17 Pernod Ricard 22 Walmart 19
la promotion immobilière s’étaient Les constructeurs de maisons ne avancer sur les rails de la transition,
AXA 25 Label Capital 18 Rio Tinto 26
BlackRock 30 Lidl 19 Schwarz 19 contentés de geler les embauches et de sont pas mieux lotis. Ils ont totalisé comme BP, Chevron ou encore Exxon-
Blackstone 30 L’Oréal 30 Tech Foundations 20 AVIS FINANCIERS ne pas remplacer les départs de salariés. 867 défaillances l’année dernière, après Mobil. Il réfléchit à adopter la même
Bpifrance 21 MHP 14 Unibail-Rodamco- Paredes-Orapi 1, 17 Chez Vinci Immobilier, une étape sup- 624 en 2022 et 579 en 2021. n stratégie chez d’autres groupes. n
 Mardi 16 janvier 2024 Les Echos 14
ENTREPRISES

La puissance agricole de l’Ukraine

inquiète les producteurs français
l La grogne monte dans les filières poulets, œufs et celle des betteraviers.
l Même si chacun soutient l’aide à Kiev, la suppression des droits de douane pour les produits agricoles
ukrainiens depuis plus d’un an déstabilise les marchés.
AGRICULTURE

Dominique Chapuis

La perspective d’une future adhé-

sion de l’Ukraine à l’Union euro-
péenne inquiète les agriculteurs
français comme européens. Six
organisations agricoles ont déjà
appelé vendredi Bruxelles à res-
treindre les importations des pro-
duits du pays. Car les effets de sa
puissance se font sentir dès
aujourd’hui. Même si le monde
agricole ne conteste pas l’aide à
l’effort de guerre accordé au pays
par l’Europe, avec des droits de
douanes minorés, l’impact immé-
diat comme sur les poulets, n’est pas
fait pour rassurer dans la perspec-
tive d’une intégration.
Le sujet est délicat. « Si l’entrée de
l’Ukraine est un facteur de stabilité et
de paix mondiale, il faudra aussi trai-
ter la question agricole, afin de voir
comment, dans dix à quinze ans, ren-
dre cette adhésion envisageable »,
estime Dominique Chargé, prési-
dent de la Coopération Agricole.

Un colosse de l’Est
« L’Ukraine, à elle seule, correspond
quasiment aux capacités de produc-
tion des 10 derniers pays intégrés »,
poursuit le responsable. Selon un
rapport du centre Jacques Delors,
en 2021, sa surface agricole utile,
dont dépendent en partie les aides
de la PAC, était supérieure à celle de
l’Allemagne et de la Pologne réu-
nies. Elle atteint 41 millions d’hecta-
res, contre près de 28 millions pour
la France, premier producteur
européen. Sa structure de produc-
tion est aussi plus compétitive, avec
des exploitations d’un millier d’hec-
tares en moyenne, contre 69 hecta-
res dans l’Hexagone. « 200 fermes
sont à la tête de plus de 10.000 hecta-
res », note Dominique Chargé. Des
entreprises géantes qui trustent
certains secteurs.
Les effets du colosse de l’Est sont
déjà perceptibles. Et la grogne
monte. Pour soutenir l’Ukraine,
l’Europe a décidé, en mai 2022, de
faciliter l’entrée de ses produits
notamment agricoles : fini les
droits de douanes et les quotas. Une
suspension prolongée d’un an en
juin dernier. Un pas de trop, selon la
filière volailles, celle des œufs et les
betteraviers, impactés de plein
fouet, avec une hausse des importa-
tions confirmée par différents rap-
ports de la Commission euro-
péenne sur les conséquences de ces
mesures de solidarité.
Un poulet deux fois
moins cher
Aujourd’hui, un poulet sur deux
consommés en France est importé,
surtout du Brésil et de Thaïlande.
En Europe, c’est plus du quart, et de
plus en plus d’Ukraine. Sur le pre-
mier semestre, ces importations
ont bondi de 108 %, selon l’interpro-
fession Anvol, soit « jusqu’à 25.000
tonnes de viandes importées par
mois ». Et un prix de revient, sans
les taxes, deux fois inférieur pour
une volaille standard à celui d’un
poulet tricolore. De quoi séduire les
restaurants, les cantines et les
industriels des plats préparés.
Un seul groupe en profite, MHP,
un géant de 2,6 milliards d’euros,
coté à Londres, qui intervient aussi
sur le marché des céréales et de
l’huile. Trop, c’est trop, pour les éle-
veurs, qui ont demandé au ministre
de l’Agriculture d’activer la clause
de sauvegarde pour stopper ces
entrées.
Même inquiétude des produc-
teurs d’œufs, un secteur dont la
France est parmi les leaders en
Europe. A cause de la grippe aviaire,
qui a causé la disparition de mil-
lions de poules pondeuses, les
importations d’œufs ont grimpé
pour répondre à une demande
record. Le taux d’autosuffisance tri-
colore de 103 % en 2021 est passé à
95,4 % en 2023.
Les industriels sont partis en
quête d’œufs à bas coûts, notam-
ment de Pologne. Mais l’Ukraine est
en embuscade. Même si elles res-
tent modestes, les importations
d’œufs du pays en Europe ont ainsi
bondi de 136 % sur les huit premiers
mois de 2023, L’Ukraine devenant le
premier fournisseur de l’UE. Le
numéro un du secteur, Avangard
(3 milliards d’œufs par an), a com-
mencé à ouvrir des bureaux de
vente en France. Une concurrence
déloyale, selon l’Interprofession
(CNPO), ces produits ne respectant
« ni les mêmes normes environne-
mentales et sociales, ni la même
réglementation sur le bien-être ani-
mal que les œufs français ». Le CNPO
réclame du coup qu’ils subissent un
contrôle sanitaire identique à celui
de la production française.
Un afflux de sucre
Les betteraviers ne sont pas en
reste. Pour cette campagne, les
autorités ukrainiennes devraient
vendre plus de 30 fois le quota
annuel de sucre (20.000 tonnes).
Après un flux de 300.000 tonnes
sur le marché unique en 2022/2023,
près de 650.000 tonnes sont atten-
dues pour 2023/2024. Ce qui fait
chuter les prix.
« Même si l’Europe est déficitaire,
il ne faut pas déstabiliser le marché
avec des conditions de production
différentes », relève Franck Sander,
président de la Confédération géné-
rale des planteurs de betterave
(CGB). Des pesticides interdits sur
le Vieux Continent, comme les néo-
nicotinoïdes, sont autorisés en
Ukraine. « Nous sommes très
inquiets, car l’Ukraine va continuer à
augmenter ses surfaces », poursuit
le planteur. Et demain, des usines de
production de sucre pourraient se
délocaliser vers ce puissant voisin,
redoute la filière.
Le ministère de l’Agriculture se
dit « vigilant » sur les effets de cette
libéralisation. « Le soutien de la
France à l’Ukraine est sans conteste,
mais nous ne sommes pas naïfs.
Nous surveillons de près ces évolu-
tions », indique-t-on au cabinet. Le
ministre, Marc Fesneau, alerte
depuis des mois le commissaire
européen à l’Agriculture. Il s’est
rendu en novembre à Kiev, où le
sujet a été évoqué avec son homolo-
gue ukrainien. La Commission con-
trôle aussi l’impact de ces mesures
sur le beurre, le blé ou le maïs. « Elle
seule peut décider de la mise en place
d’une clause de sauvegarde », rap-
pelle le cabinet.
Le Copa-Cogeca, qui réunit les
syndicats agricoles majoritaires de
l’UE, a proposé de mettre en place
des « seuils d’importation » basés
sur la moyenne des années 2021
et 2022, au-delà desquels les volu-
mes supplémentaires pourraient
transiter dans l’UE avant d’être
exportés vers des pays tiers. n
« Le soutien de la
France à l’Ukraine
est sans conteste,
mais nous ne
sommes pas
naïfs. »
MINISTÈRE
DE L’AGRICULTURE
Kiev a défendu avec succès
son corridor céréalier en mer Noire
Les frappes ukrainiennes
menées à partir de l’été
2023 contre les navires et
les infrastructures russes
en Crimée ont permis
au pays de continuer
à exporter ses céréales,
malgré l’opposition
de Moscou. La flotte
russe se retire de plus
en plus à l’Est.
Anne Bauer
A ceux qui se désespèrent du statu
quo en Ukraine, le secrétaire géné-
ral de l’Otan, Jens Stoltenberg, ne
cesse de rappeler que l’Ukraine a,
au contraire, emporté de grandes
victoires depuis le début de l’atta-
que russe, dont les pertes infligées à
la marine russe en mer Noire.
L’embargo russe sur le commerce
maritime en provenance d’Ukraine
n’a en tout cas pas porté ses
fruits. En dépit des menaces, Kiev a
fait transiter 15 millions de tonnes
de marchandises grâce à son corri-
dor dans la mer Noire entre la mi-
septembre et la fin 2023. Alors que
la récolte de céréales de 2023 était
supérieure aux prévisions, l’accès à
la mer est essentiel pour l’économie
ukrainienne.
Depuis l’invasion russe, les
exportations ukrainiennes de
céréales sont prises en otage. Avec
des hauts et des bas. De février
2022 à juin, la flotte russe a bloqué
les ports ukrainiens de la mer
Noire, jusqu’à la conclusion de
l’accord entre l’ONU, la Turquie et
la Russie pour maintenir un corri-
dor humanitaire maritime sûr,
pour permettre au blé ukrainien
d’être livré à ses pays clients. Plus
de 1.000 navires chargés de céréa-
les et autres denrées alimentaires
ont ainsi quitté les trois ports
ukrainiens de Tchernomorsk,
d’Odessa et de Ioujny/Pivdenny. Le
17 juillet 2023, la Russie dénonçait
l’accord.
A cet instant, les ennuis de
la flotte russe ont réellement
démarré. Missiles, drones aé -
riens, drones navals… les forces
ukrainiennes ont lancé avec
succès une série de frappes au
cours de l’été et de l’automne 2023,
qui a obligé la Russie à retirer sa
flotte de Crimée et à limiter ses
mouvements en mer Noire. Dix
ans après avoir envahi la Crimée,
Vladimir Poutine cherche un
nouveau port d’attaque pour la
flotte russe de Crimée. Potentielle-
ment en Abkhazie, près de la côte
géorgienne.
La flotte de Crimée
obligée de déménager
Les frappes ukrainiennes contre
la flotte russe de la mer Noire ont
obligé la marine russe à éloigner
certains de ses navires de Sébasto-
pol, sa base historique en Crimée.
Fin décembre, un missile mettait à
mal un navire russe dans le port de
l’est de la Crimée de Feodossia. Au
total, selon la comptabilité tenue
par Oryx, la Russie a perdu quel-
que 20 navires, dont une frégate de
combat et un sous-marin. Un par-
tie de ces succès a été facilitée par
la livraison à Kiev de missiles de
croisière Storm Shadow britanni-
ques et de missiles Scalp français.
Les raids ont en tout cas permis
à l’activité maritime de continuer
13
MILLIONS DE TONNES
de denrées alimentaires ont
été exportées par la voie
maritime depuis la suspension
par la Russie, en juillet 2023,
de l’accord céréalier censé
garantir la sécurité des
exportations de grains
transitant par les ports
ukrainiens.
et de maintenir le corridor entre
Odessa en Ukraine et le détroit du
Bosphore. Le 24 octobre, après
l’attaque réussie du quartier géné-
ral du siège des forces navales rus-
ses à Sébastopol, le président Volo-
dymyr Zelensky estimait que la
flotte russe, essentiellement
repliée à Novorossisk, n’était plus
apte à opérer dans la partie ouest
de la mer Noire. Depuis
juillet 2023, l’Ukraine a donc
encore exporté 13 millions de ton-
nes de denrées alimentaires par la
voie maritime. Selon les données
européennes, 403 navires ont
emprunté le corridor depuis l’été.
L’horizon n’est pas pour autant
dégagé et serein. Si Kiev a bien
défendu son accès à la mer, il faut
aussi lutter désormais contre les
mines dérivantes en mer Noire,
qui s’éloignent désormais des
côtes ukrainiennes. Le 11 janvier
dernier à Istanbul, la Turquie a
signé avec la Roumanie et la Bul-
garie un accord pour chasser
ensemble les mines dérivantes en
mer Noire. n
15 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
Stoppée par la guerre avec la Russie, la réforme du secteur redémarre
Le début de l’invasion russe
a fortement touché le
secteur agricole ukrainien,
pilier de l’économie du
pays, et relégué à l’arrière-
plan l’adoption de réformes
vitales, relancées
maintenant par le projet
d’intégration européenne.
Guillaume Ptak
— Correspondant à Kiev
Balloté de toutes parts, que restera-
t-il du « grenier à blé de l’Europe » ?
Le surnom, acquis au début du
XVIIIe siècle en raison des terres
exceptionnellement fertiles du pays
et de ses exportations de céréales
vers le reste de l’Europe a été mis à
mal par l’invasion russe et les des-
tructions qu’elle a occasionnées.
Voilà qu’elle doit maintenant encais-
ser les secousses venues cette fois de
l’Ouest, entre contestations des agri-
culteurs européens et pressions des
normes de Bruxelles.
L’ensemble du secteur agricole a
été touché par presque deux ans de
conflit dur, sans exception, explique
Oleg Khomenko, directeur général
de l’association Ukrainian Agricul-
tural Business Club. « L’occupation
temporaire d’une partie des territoi-
res ukrainiens et la contamination
des terres agricoles par des mines et
obus non détonnés ont grandement
affecté la production agricole du
pays. » Selon lui, environ 2,6 millions
d’hectares de terre, principalement
dans le sud et l’est de l’Ukraine
seraient actuellement inutilisables,
entraînant une chute drastique de la
production de céréales par rapport
aux années précédentes. Celle-ci est
#MORE
Ready for more in 2024?*
*Plus de régions. Plus de pays. Plus de business.
Êtes-vous prêts pour bien plus en 2024 ?
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
ainsi passée de 86 millions de tonnes
en 2021, à seulement 53,9 millions de
tonnes en 2022. La destruction systé-
matique d’infrastructures de stoc-
kage et de transport, de produits
finis et la perte de têtes de bétails à la
suite de bombardements ou de com-
bats pèsent également très lourd sur
le secteur, alors que celui-ci consti-
tue l’un des piliers de l’économie
ukrainienne.
17 % des emplois passés
A la faveur de l’augmentation
constante des exportations vers les
pays d’Asie, d’Afrique et du Moyen-
Orient, le secteur agricole ukrainien
bénéficiait pourtant d’une forte
croissance avant la guerre : avant le
24 février 2022, les produits agrico-
les représentaient ainsi 45 % des
recettes totales des exportations
ukrainiennes. Fort d’une croissance
annuelle de 5 à 6 %, l’agriculture con-
tribuait à hauteur de 10,9 % au PIB de
l’Ukraine, et fournissait 17 % des
emplois du pays.
« Si l’on ajoute à cela la tendance à
la baisse des prix mondiaux pour tous
les types de céréales et d’oléagineux,
les agriculteurs ukrainiens cultivent
leurs produits, en particulier les céréa-
les, à perte », déplore Oleg Kho-
menko. Selon lui, seule la culture du
soja était encore rentable sur l’année
écoulée, les productions de blé,
d’orge, de maïs et de tournesol étant
toutes déficitaires. « Le soja reste ren-
table grâce à la transformation et à la
demande de produits transformés »,
explique-t-il.
Le secteur agricole ukrainien a
également pâti du blocus maritime
russe en mer Noire, puis de la fin de
l’accord céréalier censé garantir la
FÉV.
2024
PARIS EXPO
PORTE DE
VERSAILLES
La production de céréales est passée de 86 millions de tonnes
en 2021, à seulement 53,9 millions de tonnes en 2022.
sécurité des exportations de grains
transitant par les ports ukrainiens
d’Odessa, de Pivdenny et de Tcher-
nomorsk. Celui-ci avait permis
d’exporter environ 33 millions de
tonnes de céréales et autres produits
agricoles jusqu’à sa suspension par
la Russie, en juillet 2023.
Mais, à la faveur d’opérations mili-
taires en mer Noire et de la destruc-
tion de plusieurs navires de guerre
russes, l’Ukraine est parvenue à
contourner le blocus maritime, et
aurait, selon le gouvernement ukrai-
nien, exporté 13 millions de tonnes
de produits agricoles depuis la fin de
l’accord. « Grâce au travail de l’armée
et aux opérations qu’elle a menées en
REGIONS
COUNTRIES
BUSINESS
principaux conglomérats de l’agro-
industrie, spécialisés principale-
ment dans la production de céréales
et d’oléagineux destinés à l’exporta-
tion, contribuent ainsi à plus de la
moitié de la production agricole
intérieure brute de l’Ukraine et
monopolisent l’essentiel des sub-
ventions de l’Etat.
Une réforme agraire visant à lever
un moratoire sur la vente des terres
agricoles (en vigueur depuis 2001),
censée stimuler les investissements
et générer des recettes budgétaires
supplémentaires, suscite l’inquié-
Oleksandr Lapin/Ukrinform/Sipa
tude des petits propriétaires ter-
riens, et une pétition proposant que
les limites précédentes soient main-
tenues jusqu’à la fin de la guerre a
rapidement obtenu 25.000 signatu-
res, obligeant le gouvernement de
Volodymyr Zelensky à l’examiner.
« La guerre nous a forcé à réévaluer
des problèmes structurels, que nous
devons résoudre désormais dans un
contexte bien plus difficile », concède
Olha Trofymtseva.
mer Noire, nous sommes parvenus à D’autres problématiques existan-
relancer nos exportations et à les sta- tes, telles que le manque de person-
biliser, explique Olha Trofymtseva, nel, ont également été aggravées par
docteure en sciences agronomiques la guerre : « Ce problème a toujours
et ancienne ministre par intérim de existé, en particulier dans les zones
la politique agricole et de l’alimenta- rurales, mais il s’est aggravé depuis le
tion. Même si évidemment, la situa- début de la guerre, car de nombreux
tion est bien plus difficile qu’elle ne hommes sont actuellement au front »,
l’était avant l’invasion russe. » confirme Oleg Khomenko.
L’invasion russe a également Pour Olha Trofymtseva, l’invasion
retardé l’adoption de réformes vita- constitue cependant une occasion
les pour libéraliser le marché ukrai- de mettre en adéquation le secteur
nien et exacerbé les tensions sous- agricole du pays avec les normes
jacentes du secteur, caractérisé par européennes, et ainsi, à terme, de
une cohabitation entre de grands moderniser l’agriculture ukrai-
groupes agroalimentaires et de peti- nienne. « Le processus d’intégration
tes exploitations familiales. Contrô- européenne a permis l’adoption de la
lant 53,9 % des terres arables, les loi sur les OGM, l’un des récents chan-
ENTREPRISES
« Le processus
d’intégration
européenne a
permis l’adoption
de la loi
sur les OGM,
l’un des récents
changements les
plus importants
dans la législation
ukrainienne. »
OLEG KHOMENKO
Directeur général de
l’association Ukrainian
Agricultural Business Club
gements les plus importants dans la
législation ukrainienne, ainsi que
l’adoption de règlements sur la protec-
tion des droits relatifs aux variétés
végétales et à la production de semen-
ces », explique Siouzana Grygo-
renko, directrice exécutive de l’Asso-
ciation des semences d’Ukraine.
Et ce n’est là qu’une petite partie
des récentes évolutions législatives.
Le secteur agricole ukrainien ne
reste pas inactif. Si la guerre, avec son
cortège de destructions, a mis à mal
l’agriculture ukrainienne, elle cons-
titue également une occasion sans
précédent de réformer le secteur et
de l’intégrer plus avant dans le mar-
ché européen : « l’intégration des
agriculteurs ukrainiens dans l’écono-
mie européenne n’est pas souhaitable
uniquement pour l’Ukraine, mais
rendra l’Europe dans son entier plus
forte et plus résiliente », assure
Olha Trofymtseva. n
ENTREPRISES
Le recours à l’IA
progresse chez les
constructeurs auto
AUTOMOBILE
Au CES de Las
Vegas, construc-
teurs et équipemen-
tiers ont rivalisé
d’annonces
sur utilisation
de ChatGPT et
de ses semblables.
Yann Rousseau
— A Las Vegas (Etats-Unis)
Après une longue journée de
travail, le conducteur baille ou
plisse les yeux. La caméra, pla-
cée dans son tableau de bord,
reconnaît un début d’endor-
missement et repère, grâce à la
géolocalisation, que le véhicule
n’est plus qu’à dix minutes de
route de la maison. « Grâce à
l’intelligence artificielle, la voi-
ture prend alors la parole pour
proposer un triple expresso au
conducteur et activer, d’elle-
même, la machine à café connec-
tée à son domicile pour que la
boisson soit chaude à son arri-
vée », explique, ravie, Wendy
Bauer, la responsable des activi-
tés automobile chez Amazon
Web Services (AWS) qui déve-
loppe cette solution avec Bosch.
Au CES de Las Vegas, le grand
Salon américain de la tech qui
s’est tenu la semaine dernière,
équipementiers et construc-
teurs ont rivalisé de proposi-
tions pour intégrer de l’intelli-
gence artificielle générative à
l’expérience des conducteurs et
de leurs passagers. Mais leurs
offres mêlent encore les servi-
ces pertinents aux applications
plus futiles.
« Créer une connexion
presque humaine »
Proposant de générer un dialo-
gue naturel et riche entre le
véhicule et ses occupants,
Volks wagen a annoncé qu’il
allait intégrer dès cette année
ChatGPT à l’assistant vocal IDA
de ses voitures. La nouvelle
solution, développée avec
Cerence, sera installée dans les
nouvelles générations de Golf,
de Tiguan ainsi que dans le
modèle électrique ID.7. « L’idée
est de créer une connexion pres-
que humaine avec sa voiture »,
assure Axel Heinrich, le patron
de l’innovation du constructeur
allemand.
Installé à bord de l’une de ses
berlines, il explique, par exem-
ple, qu’il doit soudain trouver
une pharmacie et parle à voix
haute dans l’habitacle. « Bon-
jour IDA, j’ai besoin de médica-
ments », lance-t-il. L’assistant lui
suggère immédiatement les
officines les plus proches et affi-
che, sur l’écran du tableau de
bord, les itinéraires les plus
rapides.
« Contrairement aux assis-
tants classiques, nous n’avons
pas besoin, avec ChatGPT, de
prononcer lentement des mots-
clés faciles à comprendre »,
insiste Maik Rhode, le respon-
sable des solutions électroni-
ques du constructeur. « Ces
L L M ( L a n g u a ge L e a r n i n g
Publiez ou consultez
de nombreuses offres de reprise
d’entreprise dans Les Echos
Machines) comprennent des
ordres peu précis ou de simples
suggestions et s’améliorent en
apprenant des échanges quoti-
diens dans les habitacles », pré-
cise l’ingénieur.
Théoriquement, la voiture va
pouvoir activer le toit ouvrant
après avoir entendu le conduc-
teur lui demander de « lui mon-
trer les étoiles ». Le passager
peut aussi demander, à voix
haute, l’histoire de l’imposant
château se trouvant sur une col-
line à droite de la route.
Doper la consommation
de services
« Il y a toutefois des considéra-
tions légales de protection des
données personnelles », remar-
que Axel Heinrich. ChatGPT
n’accède ainsi à aucune donnée
du véhicule et ne doit pas savoir
qui dialogue avec lui. Avec cette
offre, le groupe allemand
espère encourager ses clients à
recourir plus régulièrement au
gigantesque potentiel de leur
assistant vocal. Volkswagen ne
partage pas de statistiques pré-
cises sur ce taux d’utilisation
mais les constructeurs esti-
ment généralement qu’à peine
un tiers des conducteurs se sert
aujourd’hui régulièrement de
leur assistant vocal. « Avec Chat-
GPT, le nombre d’utilisateurs
devrait augmenter », espère le
cadre de Volkswagen, qui mise
sur une envolée dans la foulée
des services proposés à l’inté-
rieur de l’habitacle.
« Une révolution est en cours »,
reconnaît Geoffrey Bouquot, le
directeur exécutif de l’innova-
tion chez Valeo. « Mais ces appli-
cations ne sont que la partie
émergée de l’iceberg », explique
le cadre qui voit l’intelligence
artificielle plutôt comme un
facilitateur de développement.
Le groupe utilise ainsi des LLM
pour décortiquer des brevets,
analyser les milliers de pages de
contraintes remises par les
clients ou encore de coder des
programmes.
Les algorithmes aident aussi
depuis des années Valeo à amé-
liorer ses systèmes de percep-
tion. Le groupe français a
d’ailleurs annoncé, à Las Vegas,
un nouveau partenariat avec la
société Applied Intuition, des-
tiné à améliorer les performan-
ces de son dernier lidar.
Pour aider cet appareil à
mieux détecter, identifier et
catégoriser les objets, à l’arrêt
comme en mouvement, autour
des voitures, Applied Intuition
va l’entraîner, virtuellement,
dans des simulateurs de situa-
tion dont les données viendront
s’ajouter à celles captées dans
le réel. « Le potentiel de l’intelli-
gence artificielle générative est
gigantesque », insiste Benoist
Fleury, le responsable du mar-
keting des produits dédiés à
l’automatisation des véhicules
chez Valeo. « Mais il est crucial
de proposer des solutions matu-
res afin de ne pas décevoir les
utilisateurs », détaille-t-il avant
de pointer la pertinence de
l’IA sur ces enjeux de sécurité
plutôt que sur les commandes
de café. n
annonces.lesechosleparisien.fr
01 87 39 70 08
Les voitures électriques nécessitant moins d’heures d’entretien, l’Observatoire des métiers des services de l’automobile estime
que d’ici à 2035, entre 1.500 et 3.000 postes devraient être perdus dans les garages chaque année. Photo iStock
Voiture électrique :
le grand blues des garagistes
AUTOMOBILE
L’objectif d’aller vers
un parc automobile
100 % électrique
à horizon 2050 va
considérablement
transformer le métier
des garages
automobiles.
Si le cœur n’y est pas
toujours, les ateliers se
forment et s’adaptent
à la nouvelle donne.
Enrique Moreira
« De toute façon, ce choix technologi-
que est avant tout un choix politi-
que. » Benoît Davy coupe court au
débat qui s’installe dans sa classe de
Carquefou, près de Nantes, ce mer-
credi matin. Ce formateur du
GNFA, l’organisme de formation
spécialisé dans les services de
l’automobile, connaît la rengaine.
Les garagistes qui viennent se for-
mer à l’entretien des véhicules élec-
triques ne veulent pas entendre
parler de voiture à batterie. Du
moins pas au départ. Une façon
plus ou moins subtile de faire com-
prendre à ses élèves qu’ils n’échap-
peront pas à l’électrification du parc
automobile. Qu’ils travaillent dans
un garage indépendant, dans un
réseau multimarques ou pour un
concessionnaire, leur métier est
appelé à se transformer considéra-
blement.
Rapidement, les stagiaires venus
obtenir une habilitation leur per-
mettant d’opérer sur des véhicules à
batterie admettent qu’ils n’ont « pas
le choix », comme le dit Julien, tech-
nicien chez un concessionnaire
multimarque en Charente-Mari-
time. Car la falaise du tout électri-
que pointe à l’horizon et avec elle
une nette diminution des emplois
dans le secteur.
Un million de voitures
100 % électriques
Entre 1.500 et 3.000 postes par an
devraient être perdus d’ici à 2035,
selon une étude de l’Observatoire
des métiers des services de l’auto-
mobile de l’Anfa, l’organisme de
branche, publiée l’an dernier. Et
pour cause, les voitures électriques
nécessitent moins d’heures d’entre-
tien – exit la vidange, les change-
ments de plaquettes de frein ou
autre joints de culasse… –, et le
volume d’activité des garages
devrait drastiquement diminuer à
mesure que le parc va se transfor-
mer. Plus d’un million de voitures
100 % électriques roulent déjà sur
les routes françaises.
Pour rappel, selon l’Acoss,
157.000 personnes travaillaient
dans l’entretien-réparation de véhi-
cules en France en 2022, note le
cabinet Xerfi dans une analyse
publiée en juillet dernier. « La situa-
tion ne sera pas vécue de la même
manière par les concessionnaires de
grandes marques, les réseaux multi-
marques ou les garagistes de quar-
tiers », note Jocelyn Gombault, res-
ponsable de projets à l’Observatoire
de l’Anfa. A court terme, les conces-
sionnaires adossés à des construc-
teurs seront les plus affectés par ces
diminutions d’emplois. Les véhicu-
les électriques neufs étant générale-
ment vendus avec des packs entre-
tiens, leur volume d’activité devrait
rapidement diminuer. « Ces pertes
seront cependant amorties par des
départs à la retraite non remplacés,
entrevoit Jocelyn Gombault.
Aujourd’hui on est plutôt autour de
1.800 postes en moins par an pour
2.000 départs. »
A contrario, les garagistes de
quartier n’ont pas trop de soucis à
se faire dans l’immédiat. « Leur pro-
blématique actuelle, c’est plutôt
de maîtriser le flux des diesels », cons-
tate le chargé de projet à l’Anfa. Les
mécaniciens réparateurs profitent
de l’allongement de la durée de vie
des véhicules thermiques. L’Obser-
vatoire enregistre encore 700.000
changements de courroie de distri-
bution réalisés par des MRA, contre
200.000 par des concessionnaires
de grandes marques.
Un métier différent
Les petits garages comme les
réseaux multimarques spécialisés
dans l’entretien des véhicules
(Midas, Speedy, Norauto…) ont
cependant des raisons de s’inquié-
ter. « Le chiffre d’affaires de l’après-
vente automobile va se contracter de
près de 47 milliards d’euros en 2019 à
42 milliards en 2036 », note Xerfi,
sous l’effet de la baisse du volume
d’activité.
Le métier de mécanicien est donc
appelé à se transformer rapide-
ment. « Sur les voitures électriques,
on n’a rien à faire à part du pneu. Si
Michelin évolue, on est mort », tem-
pête Julien, alors que son groupe de
techniciens en formation part en
pause déjeuner. A table, les discus-
Mardi 16 janvier 2024 Les Echos
sions reviennent très vite vers la
véritable passion des stagiaires : les
moteurs thermiques.
« Il y a moins d’entretien à réaliser
sur les véhicules électriques. Mais
pas forcément moins de mainte-
nance », tempère Stéphane Brizard,
responsable produits de formation
au GNFA. Pour lui, il y aura toujours
du travail dans les ateliers, ne
serait-ce que sur les trains roulants,
le système de chauffage ou encore
la connectivité.
« Un jeune qui entre aujourd’hui
en formation automobile par pas-
sion pour les moteurs thermiques
doit bien comprendre qu’il n’aura
que 40 ans en 2050 », quand tout le
parc automobile doit passer à l’élec-
trique, abonde Jocelyn Gombault.
Le besoin se fait déjà sentir chez les
concessionnaires adossés à des
grandes marques. « Parfois, les
clients arrivent et en savent plus que
nous sur leur véhicule électrique »,
déplore Nicolas, technicien pour
une grande marque japonaise.
Formations spécifiques
L’organisme qui forme 40.000 per-
sonnes par an, a vu croître forte-
ment les demandes de formation
spécifique à l’électrique ces trois
dernières années. Les concession-
naires en tête. Mais les réseaux mul-
timarques et certains garagistes de
quartier commencent aussi à se
pencher sérieusement sur la ques-
tion. Chez Norauto France (groupe
Mobivia), par exemple, on revendi-
que « 100 % de collaborateurs déjà
formés au niveau averti », le premier
échelon d’habilitation, affirme Sté-
phane Derville, directeur projets
innovation.
Pascal Brethomé, président
régional du syndicat professionnel
« Un jeune qui
entre aujourd’hui
en formation
automobile
par passion
pour les moteurs
thermiques doit
bien comprendre
qu’il n’aura que
40 ans en 2050. »
JOCELYN GOMBAULT
Responsable de projets
à l’Observatoire de l’Anfa
16
Mobilians, explique, lui, avoir
changé de stratégie de recrutement
pour s’adapter à la révolution élec-
trique. « Avant je prenais toujours
deux apprentis tous les ans, mainte-
nant je préfère recruter une personne
plus âgée pour la former aux nou-
veaux usages », détaille-t-il. Ce
patron d’un garage en Vendée,
comptant plusieurs baies (là où
rentrent les voitures), a même
rejoint un réseau multimarques
afin de profiter de son circuit
interne de formation. « Comme ça,
quand j’ouvrirai ma baie dédiée à
l’électrique, j’aurais déjà quelqu’un
pour s’occuper des véhicules », ajoute
le dirigeant.
Des investissements
conséquents
Ouvrir dans son garage un pont
dédié à l’électrique n’est toutefois
pas donné à tous les garagistes.
D’abord, il faut de la place ; ces véhi-
cules doivent être traités dans un
espace spécifique de l’atelier.
Ensuite, il faut des équipements
adéquats, comme des gants et des
outils isolants, des valises de dia-
gnostics, etc.
« C’est un investissement de
50.000 euros minimum », affirme
Pascal Brethomé. A cela, vient
s’ajouter le coût de la formation, les
abonnements aux logiciels pour
la maintenance des équipements,
ou encore l’installation de bornes
de recharge… Xerfi prend pour
exemple le Groupe Schumacher,
propriétaire d’une cinquantaine
d’ateliers en région parisienne,
qui a annoncé entre 70.000 et
100.000 euros d’investissement par
centre pour s’équiper.
« Beaucoup de garagistes de bourg
vont simplement attendre la retraite
et vendre », reconnaît Pascal Bre-
thomé. D’autres vont investir et se
transformer. « C’est un défi mais,
dans l’ensemble, les garages se sont
toujours adaptés », estime-t-il. Dans
les réseaux de concessionnaires, les
investissements ne bénéficient pas
nécessairement à tous les gara-
ges. Nicolas et Julien en témoi-
gnent : « Les gros ateliers ont tous les
outils et les petits garages éloignés
doivent leur emprunter. »
Pour l’heure, la formation conti-
nue au GNFA. Puissance, tension,
résistance, capacité… on dirait plus
un cours de technologie sur l’élec-
tricité que de mécanique. De méca-
nicien à électrotechnicien, il n’y a
pas que les moteurs qui sont en
train de changer avec les véhicules
électriques. n
17 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
Satellites : la
nanoconstellation
Kinéis sera lancée
cette année
SPATIAL
Le premier lot
de cinq astronefs
sera mis en orbite
en juin.
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
Quatre ans après avoir levé
100 millions d’euros pour sa
constellation, la jeune société
Kinéis à Toulouse, détenue
majoritairement par CLS et le
CNES, dévoile aujourd’hui la
fenêtre de tir de ses 25 nanosa-
tellites dédiés à la mission
Argos de suivi des océans et des
animaux et à l’Internet des
objets (IOT).
Les cinq premiers astronefs
de 30 kg et de 25 centimètres
sur 50 seront lancés entre le
10 juin et le 10 juillet par une
fusée Electron de Rocket Lab en
Nouvelle-Zélande, pour être
placés en orbite basse à 650
kilomètres de la Terre. Le
deuxième lot de cinq satellites
partira trois mois plus tard sur
une orbite différente.
Les cinq lancements s’éche-
lonneront jusqu’au début de
2025 et coûteront 25 millions
d’euros, soit un quart du coût de
la constellation. Les fonds ont
été apportés par CLS, le CNES,
Bpifrance, Thales, BNP Paribas,
Hemeria, Celad, Ethics
Group, etc.
Made in France
La construction de Kinéis a per-
mis de constituer la filière fran-
çaise des nanosatellites bon
marché (New Space). La plate-
forme du satellite est construite
par la PME Hemeria à Toulouse
avec le soutien du CNES. Les
équipements sont réalisés par
Thales Alenia Space et Syrlinks
(Safran), les antennes par le
toulousain Comat, etc. Seules
les 20 stations de réception au
sol dans le monde sont fournies
par l’américain Orbital Sys-
tems, avec des logiciels de
Kinéis.
Le projet a pris un an de
retard à cause de la multitude
d’intervenants et de la pénurie
de composants. « Mais c’est
quand même une prouesse de
fabriquer une constellation en
quatre ans », souligne Alexan-
dre Tisserant, président de
Kinéis. Le premier satellite a été
construit fin 2023 et les autres
seront assemblés en série chez
Hemeria. Le premier lot de cinq
astronefs sera envoyé fin mars
en Nouvelle-Zélande.
Quand la constellation
entrera en activité en 2025,
Kinéis, qui opère déjà neuf
satellites pour Argos, bénéfi-
ciera d’un temps de latence de
10 à 15 minutes au lieu de 2 à
4 heures. Le système communi-
quera dans les deux sens et
réduira le coût de l’IOT spatial.
Bruno Le Maire favorable à une hausse
du tarif réglementé de l’électricité
ÉNERGIE Interrogé lors de son déplacement dans la centrale
nucléaire de Gravelines (Nord), le ministre de l’Economie, des
Finances et désormais de l’Energie a plaidé pour une hausse du
tarif réglementé de l’électricité de 10 % au maximum, au
1er février prochain. Formellement, la décision n’est pas encore
officielle. « Nous allons discuter avec le Premier ministre et le pré-
sident de la République du chiffre définitif qui sera retenu », a
déclaré le ministre.
« Nous diviserons le prix par dix,
dit Alexandre Tisserant. Les
balises coûteront une centaine
d’euros au lieu d’un millier et la
connectivité, quelques euros par
mois par balise, contre plusieurs
dizaines d’euros aujourd’hui. »
La constellation pourra
connecter 2 millions d’objets
connectés contre 20.000 bali-
ses Argos aujourd’hui. Elle opé-
rera aussi le signal AIS de locali-
sation des bateaux.
Logistique
et agriculture
La fabrication de balises en
grande quantité réduira leur
prix, d’autant que Kinéis a
conçu des modules électroni-
ques simples et petits (3 centi-
mètres). « Nous avons mis le
plus de complexité possible dans
les satellites pour en avoir le
moins possible dans les balises »,
dit Alexandre Tisserant. Une
centaine de clients potentiels
testent la connectivité pour sui-
vre les conteneurs, les pylônes
électriques, les feux de forêt, les
silos à grains, etc. Dryad, fabri-
cant allemand de balises de
réseaux terrestres contre le feu
de forêt, veut couvrir la Califor-
nie avec Kinéis. Dans l’agricul-
ture, des marchands de balises
d’objets connectés suivront les
animaux d’élevage en Australie
et en Asie centrale, ou encore
l’humidité et la température
des silos à grains en Amérique
du Sud.
Dans la logistique, Europorte
(Eurotunnel) veut suivre la
localisation de ses wagons de
fret en Europe. Dans l’énergie,
Norsk Hydro met des capteurs
sur les pylônes pour localiser les
défauts des lignes électriques.
Le faible coût de la connexion
permettra à CLS d’équiper les
pirogues de pêche artisanale en
Afrique pour surveiller les
zones de pêche. Kinéis, qui a
réalisé un chiffre d’affaires de
8 millions d’euros en 2022 avec
60 salariés, veut dépasser
20 millions en 2026 grâce à la
constellation et 100 millions
dans huit ans. « Les études
confirment un potentiel d’une
dizaine de millions de balises
dans huit ans et nous visons un
tiers de ce marché », dit Alexan-
dre Tisserant. n
« Les balises
coûteront une
centaine d’euros
au lieu d’un
millier et la
connectivité,
quelques euros
par mois par
balise. »
ALEXANDRE TISSERANT
Président de Kinéis
à suivre
ENTREPRISES
Pour KPMG, la facturation
horaire n’est plus pertinente
CONSEIL
Le cabinet publie
des comptes annuels
dynamiques mais
déplore un effritement
de la marge du secteur
à cause des investisse-
ments numériques
difficiles à valoriser
financièrement.
Matthieu Quiret
L’explosion des besoins numériques
et l’inflation vont-elles faire voler en
éclat le modèle traditionnel d’affaires
des cabinets de conseil et d’audit ? La
facturation horaire des consultants
organise depuis des décennies la
relation contractuelle entre les cabi-
nets et leur client. Mais Marie Guille-
mot, la directrice du directoire de
KPMG en France tire la sonnette
d’alarme à l’occasion de la publica-
tion, ce mardi, de ses résultats
annuels.« Nos facturations n’intè-
grent pas les énormes investissements
informatiques que nous sommes en
train de faire sur le big data et l’IA et qui Le niveau de prix du marché ne suffirait pas à compenser l’inflation des salaires des deux dernières
sont comptabilisés en charges. En cinq années dans le secteur. Photo Shutterstock
ans, on a consacré 5 milliards au
niveau mondial dans le développe- gers. Les autres entités KPMG affi- rotation des mandats de commis- ce que les premiers contrats d’audit
ment des outils mais aussi beaucoup chent des taux de croissance de 8 %, saires aux comptes ces deux derniè- extra-financiers attendus en ce
en formation », affirme-t-elle. très gonflés par des effets prix, res années pour récupérer quelques début d’année représentent un sur-
La dirigeante explique que les quand KPMG France a dû se conten- beaux clients comme AXA ou croît d’activité de 20 à 30 % par rap-
prestations ne sont plus aujourd’hui ter de 3,4 %. Le cabinet cherche Société Générale. KPMG se renforce port au mandat financier classique.
uniquement des interventions maintenant sur certaines missions aussi dans l’accompagnement des Mais dans trois ans, Marie Guille-
humaines mais de plus en plus des de conseil très technologiques à ne ETI, en hausse de 12,9 %, et dont il mot anticipe carrément un double-
résultats d’analyses de données, des plus négocier un taux horaire mais revendique un quart du marché. Il ment de la valeur du mandat.
simulations, etc. Pour Marie Guille- un montant global. est principalement tiré par la numé- Pour 2024, la dirigeante se veut
mot, c’est une problématique sensi- risation accélérée des entreprises quand même prudente et ne pense
ble du secteur. Les cabinets réprou- Plusieurs moteurs allumés intermédiaires qui ont compris tous pas rééditer une croissance aussi
vent à publier leurs bénéfices mais Malgré ce contexte mouvant, la les gains potentiels. forte qu’en 2023. Les économies
elle concède qu’en quelques années, patronne du cabinet ne se plaint pas L’obligation du reporting extra-fi- engagées par le système bancaire,
les marges ont fondu d’un point. des résultats 2023 bouclés en sep- nancier début 2025 au niveau euro- client principal du conseil, vont
Cette fragilisation du modèle doit tembre. Toutes activités confon- péen (CSRD) occupe aussi de plus en notamment laisser des traces.
aussi à l’inflation. « Nous avons dues, elles décrochent 7 % de crois- plus d’auditeurs. Les entreprises de Pour autant, le cabinet continue
connu deux exercices avec 5 % de sance à 1,47 milliard d’euros. Sur le plus de 40 millions d’euros de chiffre d’embaucher au même rythme
hausse de la masse salariale, laquelle conseil, c’est même une progression d’affaires devront publier jusqu’à annuel mesuré de plus de 7 % par
représente 75 % de nos coûts », souli- de 14 % à 482 millions d’euros quand 1.100 indicateurs environnemen- an. En 2023, 2.700 recrutements ont
gne-t-elle. le secteur s’attendait plus à une taux ou sociaux et les faire certifier eu lieu. « On évite le stop-and-go
Or KPMG comme les autres cabi- dizaine de pourcents. par leur commissaire aux comptes même si cette prudence peut nous
nets en France déplorent n’avoir pas Plusieurs moteurs expliquent ces actuel ou une autre structure. Les limiter comme en 2022 quand nous
pu répercuter toute cette inflation, bons chiffres d’activité. La partie trois premières années, l’exercice avions refusé 120 missions de conseils
contrairement à ses collègues étran- audit a profité de la forte période de sera progressif et KPMG s’attend à en transaction. » n
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Il vous est rappelé que vous demeurez libres d’apporter ou non vos actions à l’Offre.
La note d’information de Groupe PAREDES visée en date du 21 décembre 2024 par l’AMF (n°23-522), la note en réponse de ORAPI visée en date du 21 décembre 2024 par l’AMF (n°23-523) ainsi que les
documents « Informations relatives aux caractéristiques, notamment juridiques, financières et comptables » de Groupe PAREDES et d’ORAPI, déposés le 21 décembre 2024, sont disponibles sur les sites internet
de l’AMF (www.amf-france.org), et d’ORAPI (https://orapi.com/fr) et peuvent être obtenus sans frais auprès de Groupe PAREDES (1 rue Georges Besse, 69740 Genas), de BNP Paribas (16 boulevard des Italiens,
75009 Paris), de Crédit Industriel et Commercial (6 avenue de Provence, 75009 Paris) et d’ORAPI (25 rue de l’Industrie, 69200 Vénissieux).
ENTREPRISES
Chaque représentation de « Starmania », ici à La Seine Musicale
de Boulogne-Billancourt, a vu ses dépenses énergétiques croître
de 500 à 1.000 euros selon les salles. Photo Sipa
Inflation, JO, guerre des talents :
les trois défis du spectacle vivant
CULTURE
Si le public a fait son
retour en force dans
les salles l’an dernier,
le secteur reste soumis
à de fortes contraintes
financières.
Martine Robert
C’est la grand-messe du spectacle.
Les 17 et 18 janvier, les vingtièmes
« B i s » d e Na n t e s r é u n i s s e n t
15.000 professionnels du spectacle
– venus débattre autour de la taxe
streaming, de la nouvelle ministre
de la culture Rachida Dati ou, plus
sérieusement, des défis de 2024,
après la forte reprise observée en
2023. « Le public est devenu volatil, il
n’existe quasiment plus d’artistes-
repères qui garantissent des salles
pleines. Compliqué pour amortir
des spectacles sur longue durée ! »
constate Aurélien Binder, directeur
de Fimalac Entertainment. « Les
réservations très en amont ne concer-
nent plus que les très grands noms »,
confirme Olivier Haber, directeur
général de STS Evénements qui
exploite La Seine Musicale à Boulo-
gne-Billancourt.
L’inflation des coûts (transport,
hébergement, salaires, cachets,
prestations techniques, sécurité) en
revanche est bien prévisible. « Cha-
que représentation de “Starmania” a
vu ses dépenses énergétiques croître
de 500 à 1.000 euros selon les salles.
Sur 80 à 100 représentations, l’im-
pact est énorme ! » pointe le patron
de Fimalac Entertainment, qui pro-
duit la comédie musicale. Dans le
privé, difficile de répercuter cela sur
les billets. « En France, les prix sont
inférieurs aux autres pays européens.
Cela s’explique par le poids du secteur
subventionné. Les tarifs sont régulés
par l’offre publique : au-dessus de
30-40 euros, il est difficile de vendre
des places », souligne-t-il.
Mardi 16 janvier 2024 Les Echos
Du côté des théâtres parisiens, la
paralysie qui risque de s’emparer de
la capitale durant les JO inquiète.
« L’été à Paris, la moitié des théâtres
privés restent ouverts et réalisent le
quart de leur chiffre d’affaires annuel
avec les touristes, les Parisiens sans
enfants, les retraités et célibataires qui
partent en décalé. L’autre moitié
ferme pour travaux. Dans les deux
cas, ils seront pénalisés », déplore
Caroline Verdu, présidente du Syn-
dicat national des théâtres privés.
Les conséquences s’étendent jus-
qu’au Off d’Avignon où 100 lieux sur
140 ouvriront plus tard qu’à l’habi-
tude, concurrence des Jeux oblige.
Avec une semaine de visibilité en
moins, des compagnies habituées
du festival sont dissuadées d’y venir.
Aberration
Dans le secteur subventionné,
d’autres problèmes émergent, avec
la feuille de route de l’ex-ministre de
la Culture : « Mieux produire, mieux
diffuser ». Cela fait suite à un rapport
de la Cour des comptes pointant le
faible nombre moyen de représen-
tations d’un spectacle : 3,7 dans un
centre dramatique national et 2,3
dans une scène nationale. Dans la
danse, « c’est pire avec 700 spectacles
créés par an, dont le quart joué une
fois et 2,3 % dépassant une durée de
vie de cinq ans », selon Pierre Lun-
gheretti, directeur délégué du Théâ-
tre de Chaillot.
Une aberration. « Ce fonctionne-
ment “Kleenex” n’est souhaitable
pour personne. Il faut davantage
mutualiser, se concerter sur les tour-
nées. Mais nous craignons que la
diversité en pâtisse », confie Vincent
Roche Lecca, coprésident du Syndi-
cat national des scènes publiques.
De toutes les façons, les théâtres
publics n’ont guère le choix, étant
étranglés par l’inflation et la baisse
Label Capital, nouveau
fonds d’investissement
centré sur le bien-être
BEAUTÉ
A l’initiative du lance-
ment de Label Capital,
la cofondatrice
de Fimalac, Véronique
Morali, espère lever
100 millions d’euros.
Virginie Jacoberger-Lavoué
Si la beauté n’est pas éternelle, elle
représente un vaste marché de plus
de 450 milliards d’euros dans le
monde. C’est pour en tirer parti que
Véronique Morali, la cofondatrice
de Fimalac, lance Label Capital, un
fonds d’investissement opérant
spécifiquement dans le secteur « du
bien-être et du mieux vivre ». La dota-
tion globale devrait atteindre
100 millions d’euros d’ici à la
fin 2024, après une levée de fonds
déjà effective de la moitié de ce
montant. « Dans ces deux secteurs,
nous devrions soutenir d’ici à la fin de
l’année une quinzaine d’entreprises
de la distribution, profitables ou sur
le point de l’être et dotées d’un haut
potentiel de développement. Les
investissements seront pour chacune
de 2 à 5 millions d’euros », explique
Véronique Morali.
« Le secteur de la beauté comme
celui du bien-être ont le vent en
poupe, l’engagement de nouveaux
investisseurs y est perceptible depuis
la fin de la pandémie mais notre posi-
tionnement est spécifique. En France,
il s’agit du premier fonds d’investisse-
ment en “early stage” pour des
acteurs du bien-être présents dans le
retail », détaille la spécialiste de
l’investissement Eléonore Oudéa,
18
des subventions des collectivités.
« Nous observons une fonte de 25 %
du nombre de spectacles proposés.
Deux régions viennent encore d’an-
noncer des diminutions de leur bud-
get culture. Il y a un risque que le mil-
le-feuille de financements croisés des
collectivités s’écroule », s’inquiète
Vincent Roche Lecca. Ces menaces
touchent aussi les scènes de musi-
ques actuelles subventionnées.
Cirque et ensembles
Les esthétiques les plus fragiles sont
très stressées. « Le budget du cirque
contemporain est déjà très modeste,
16 millions, formation comprise, soit
à peine plus que le budget de 13 mil-
lions de l’Odéon ! La tentation est
forte d’aller vers des productions
moins risquées, au détriment de l’in-
ventivité », regrette Gwenola David,
directrice générale d’Artcena, le
Centre national des arts du cirque,
de la rue et du théâtre. De même,
Louis Presset, délégué général de la
Févis, qui fédère 192 ensembles
vocaux et instrumentaux indépen-
dants, observe que ses adhérents
ont vu en 2023 « leur chiffre d’affaires
chuter de 20 % malgré le même nom-
bre de concerts donnés, car on leur
impose des formats réduits avec des
concerts à 800 kilomètres où la nuit
précédente n’est plus payée » !
Christopher Miles, directeur
général de la création artistique au
ministère de la Culture, reconnaît
une concentration des propositions
autour de ce qui est le plus popu-
laire. « Il va falloir trouver des moyens
de relance », commente-t-il, misant
sur la dotation de 9 millions du plan
« Mieux produire, mieux diffuser »,
les 3,5 millions dégagés pour les
SMAC, les 2 millions pour les festi-
vals, la nouvelle taxe streaming de
18 millions environ, et un sursaut
des collectivités. n
cofondatrice de Label Capital après
des passages chez Kima Ventures et
LOV Group Invest, comme Gaspard
de Sarnez, passé notamment par
le BCG.
« Nous ciblons le secteur du
“consumer healthcare”, notamment
dans la médecine préventive et la lon-
gévité, ainsi que celui de la beauté.
Par ailleurs, nous n’excluons pas
l’alimentaire où de jeunes entrepri-
ses innovent », précise Véronique
Morali.
Esthétique
et soins dentaires
Label Capital a déjà levé 50 millions
d’euros auprès d’acteurs institu-
tionnels et de family offices. Son
comité d’experts compte Elisabeth
Sandager (L’Oréal) et Alain Rou-
bach (Léon de Bruxelles). Le fonds a
également mené deux opérations.
Il a fait partie du tour de table
d’Innerskin fin 2023, à hauteur de
5 millions d’euros opérés. Cette
chaîne de soins esthétiques et der-
matologiques souhaite renfor-
cer son réseau « en France et à
l’international ».
Label Capital a aussi injecté
trois millions d’euros à Paris Dental
Studio, spécialiste des soins dentai-
res esthétiques qui produit en
France ses « aligneurs » et prévoit
l’ouverture de 3 à 5 cliniques
en 2024. n
50
MILLIONS D’EUROS
Les fonds d’ores et déjà levés
par Label Capital.
19 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
L’IA générative à l’assaut de l’e-commerce
l Google lance des outils pour
permettre aux détaillants de s’emparer
du potentiel de l’IA générative.
l Mais les distributeurs et les e-com-
merçants ne l’avaient pas attendu
pour transformer leurs plateformes.
INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE
Leïla Marchand
Tous les pans d’Internet s’emparent
du phénomène ChatGPT, à com-
mencer par les sites d’e-commerce.
En plus de s’adapter aux nouveaux
usages, les distributeurs et commer-
çants en ligne y voient l’opportunité
de valoriser leur « or noir » : un
gigantesque stock de données et
métadonnées clients.
Signe de cette tendance, Google
Cloud vient de dévoiler plusieurs
outils d’IA générative destinés
à moderniser les achats en ligne.
Alors que viennent de débuter les
soldes d’hiver en France, le géant de
la tech a notamment présenté une
solution « pour aider les commer-
çants à tirer parti des agents virtuels
de nouvelle génération sur leurs sites
Web et applications mobiles »,
peut-on lire dans un communiqué.
En pratique, cela veut dire que l’on
verra bientôt fleurir sur les bouti-
ques en ligne des chatbots « intelli-
gents » avec qui il sera possible
d’échanger en langage naturel.
Engouement du secteur
Cela changera des anciens chatbots,
avec qui « la conversation se résu-
mait à lui demander le numéro du
call center, afin de pouvoir parler avec
un humain », se moque gentiment
David Galley, associé de BCG X,
l’entité tech du Boston Consulting
Group. Par exemple, « si un client
cherche une robe pour un mariage,
l’agent virtuel peut converser avec lui
et lui proposer des options de produits
personnalisés en fonction de ses cou-
leurs préférées, du type de lieu de céré-
monie, de la météo, des accessoires
assortis et de son budget », explicite
le communiqué de Google.
« C’est une annonce qui illustre
l’engouement du secteur. Google se
saisit des cas d’usage les plus promet-
teurs et les propose sur étagère, sur sa
plateforme. Mais dans la vente en
ligne, tout le monde y va », poursuit
l’expert, qui a suivi les nombreuses
Le roi du discount Lidl devient fournisseur de cloud
La maison mère de Lidl,
le groupe Schwarz,
veut devenir un champion
national du cloud en visant
les PME allemandes.
Nathalie Steiwer
— Correspondante à Berlin
L’homme qui a été élu « visionnaire
de l’année 2023 » par le quotidien
économique allemand « Handels-
blatt » est justement très peu visible.
Dieter Schwarz, qui a transformé
Lidl en champion mondial du hard-
discount, est un homme d’une
extrême discrétion. Il n’existe pres-
que aucune photo de lui.
Son nom est pourtant sur toutes
les lèvres lorsqu’il est question
d’innovation en Allemagne. Vision-
naire, l’octogénaire a poussé à la
création d’un centre européen pour
l’intelligence artificielle dans sa ville
natale de Heilbronn, au sud de
l’Allemagne, dans lequel sa fonda-
tion Schwarz investit 2 milliards.
C’est aussi grâce à sa fondation
qu’un nouveau campus destiné à
former quelque 5.000 spécialistes
informatiques d’ici à 2025 est en
train de sortir de terre, à quelques
kilomètres de Heilbronn. Un vivier
annonces ces derniers mois. Envi-
ron 87 % des détaillants dans le
monde ont déjà mis en œuvre l’IA
sous une forme ou une autre, selon
une étude parrainée par Microsoft.
Ce dernier, grand rival de Google, a
d’ailleurs fait des annonces d’outils
similaires dans la foulée.
Un an après le lancement de Chat-
GPT, la fameuse interface mise au
point par OpenAI, nombre d’entre-
prises cherchent comment mettre à
profit l’IA générative avec leurs pro-
pres données. « On entre dans une
ère où, plutôt que d’utiliser de lourdes
et coûteuses IA comme celles d’Ope-
nAI, on va plutôt assembler différents
modèles pour construire une solution
répondant à un besoin précis et avec
de la donnée propriétaire », souligne
David Galley. « FNAC-Darty envisage
ainsi de créer un assistant nourri de
toute la documentation technique de
ses produits, note le spécialiste. Cela
permettra, par exemple, de lui dire :
“j’ai une famille, trois mètres de recul
dans mon salon, un budget de
1.000 euros. Fais-moi une recomman-
dation de téléviseur”. »
Dans une rare apparition au CES,
le salon tech de Las Vegas, la chaîne
américaine de supermarchés Wal-
mart a aussi présenté de nouvelles
fonctionnalités de recherche liées à
l’IA. « Par exemple, au lieu de recher-
cher des articles comme du soda et des
chips, un acheteur pourra obtenir des
recommandations de produits liés à
des événements spécifiques comme
une soirée de match de foot », a expli-
qué le PDG lors d’une conférence.
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
Qui sortira gagnant
de la bataille de l’IA ?
dans « La Story », le podcast
d’actualité des « Echos ».
dans lequel le groupe Schwarz
compte se fournir pour devenir
un champion national du cloud.
En suivant la même logique
qui a poussé Amazon à louer, avec
AWS, les capacités de stockages
constituées pour ses activités
d’e-commerce, la branche IT du
groupe Schwarz commercialise
sous le nom de « Stackit » les servi-
ces de cloud créés au départ pour
gérer les données de ses propres
magasins Lidl. Avec ses 20.000 ser-
veurs utilisés pour les 13.700 sites
Lidl et Kaufland dans une trentaine
de pays, le groupe Schwarz fournit
déjà à Stackit une base solide. « Nous
sommes notre client le plus criti-
que, commente Christian Müller le
coprésident de Schwarz Digits, la
branche informatique du groupe.
Ce n’est que lorsque les solutions
informatiques pour notre propre
infrastructure informatique fonc-
tionnent de manière stable et créent
une réelle valeur ajoutée que nous les
proposons à l’extérieur. »
Les services de stockage en colo-
cation et de plateforme « as a ser-
vice » proposés depuis mars 2022
mettent l’accent sur un cloud
« 1 0 0 % m a d e i n G e r m a ny » ,
conforme aux normes européen-
HIGH-TECH&MEDIAS
De même, le leader européen de
la mode Zalando est en phase de test
depuis quelques mois d’un « fashion
assistant » capable de faire des
recommandations d’assortiments
de vêtements. Dans le secteur très
concurrentiel de la beauté, L’Oréal a
aussi profité du CES pour présenter
son « Beauty Genius », un conseiller
beauté personnel. Alors que les
consommateurs sont « dépassés par
le nombre de choix disponibles »,
la société mise sur ce « moteur
d’IA personnalisé », censé fournir un
diagnostic de peau et permettre de
tester virtuellement les produits.
Des descriptions
automatiques d’articles
Mais ce n’est pas tout. Les sites
d’e-commerce vont aussi changer
de visage grâce aux capacités de
génération de texte et de photo de
l’IA. « On aura des mises à jour
régulières des illustrations ou des
fiches techniques », précise David
Galley. Un produit pourra même
être accolé à un texte personna-
lisé en fonction de l’internaute et
de son historique d’achat. « Si vous
nes de cybersécurité et de protec-
tion des données. La marque Lidl
elle-même, associée au commerce
de détail, a été volontairement écar-
tée mais « j’espère que nous aurons
l’esprit discount » dans le sens de
« l’agilité et de la rapidité qui peuvent
séduire les responsables informati-
ques des PME », expliquait Gerd
Chrzanowski, membre du direc-
toire du groupe Schwarz, dans une
interview au « Handelsblatt ».
Rassurer les PME
allemandes
Le groupe Schwarz a déjà accéléré
sa croissance externe par l’acquisi-
tion du spécialiste du développe-
ment Camao IDC puis de la start-up
israélienne XM Cyber cofondée
par un ex-directeur du Mossad et
spécialiste de la cybersécurité. Avec
cette dernière acquisition, « nous
pouvons percevoir notre propre
informatique à travers les yeux d’un
agresseur potentiel et identifier les
failles avant que quelqu’un d’autre ne
le fasse », explique Christian Müller.
En mettant l’accent sur le stoc-
kage des données en Europe et la
notoriété du groupe en Allemagne,
Stackit espère convaincre les PME,
le fameux Mittelstand allemand, et
avez acheté une enceinte connectée
d’une certaine marque, le produit
précisera qu’il est compatible avec
cette enceinte », poursuit l’expert.
La plupart des descriptions d’arti-
cle devraient d’ailleurs bientôt être
générées par IA. Le géant du com-
merce électronique Amazon a
annoncé une fonctionnalité, utili-
sant un LLM (un grand modèle de
langage), pour permettre à ses four-
nisseurs de générer automatique-
ment une présentation complète
d’un produit à partir de quelques
mots-clés. Une solution désormais
aussi proposée par Google Cloud.
Mais à l’avenir, l’internaute lui-
même sera « augmenté », met en
garde David Galley. « Les retailers
doivent faire attention car le consom-
mateur pourra aussi faire sa propre
étude de marché, grâce à de nouveaux
outils comparatifs accessibles à
tous. » Dans le futur, une ère pourrait
même s’ouvrir où les agents IA
seront presque entièrement autono-
mes, sortes d’« alter ego de nous-
mêmes », prédit l’expert, et capables
de gérer nos courses en ligne et de
déclencher des commandes. n
les services sociaux et sanitaires
soumis à des normes de sécurités
plus strictes. Selon un sondage
publié par Bitkom, l’association des
industries de l’informatique, les
deux tiers des entreprises alleman-
des n’investissent pas davantage
dans le cloud parce qu’elles crai-
gnent pour la sécurité de leurs don-
nées à l’étranger. Stackit se présente
comme une alternative aux géants
du cloud (les « hyperscalers ») asia-
tiques et américains.
De son côté le groupe Schwarz
mise sur la diversification en inves-
tissant 8 milliards par an, sur un
chiffre d’affaires de 154 milliards,
dans « des projets stratégique et
d’avenir, dont la numérisation », sou-
ligne Gerd Chrzanowski. Avec
4.500 collaborateurs, Schwarz Digit
emploie plus de personnels infor-
matiques que Zalando, le champion
allemand de l’e-commerce.
Pour l’heure, toutefois, le démar-
rage est lent. Le groupe ne commu-
nique pas le nombre de ses clients
qui seraient une centaine selon la
presse spécialisée. Le marché a
encore du potentiel : 69 % des entre-
prises interrogées par Bitkom ont
l’intention d’investir dans des solu-
tions cloud en 2024 au plus tard. n
Google Cloud a dévoilé plusieurs outils
d’IA générative destinés à moderniser
les achats en ligne. Photo Shutterstock
Carrefour et Netflix
lancent un programme
d’abonnement commun
Dans deux grandes villes,
les clients de Carrefour
peuvent souscrire
un abonnement leur
donnant droit à 10 % de
réduction sur les produits
Carrefour et à la formule
Netflix avec publicité.
Stéphane Loignon
Deux géants de la distribution – de
produits certes très différents –
s’associent. Le numéro deux fran-
çais de la grande distribution, Car-
refour, et le leader mondial du
streaming vidéo, Netflix, annon-
cent le lancement à partir de
mardi d’un programme d’abon-
nement commun, baptisé « Car-
refour Plus », dans deux zones
pilotes, les agglomérations de
Bordeaux et de Rouen.
Dans les 108 magasins partici-
pants, le service donnera accès à
10 % de remise sur tous les pro-
duits Carrefour – 6.000 produits
du quotidien aux rayons alimen-
taire et hygiène-beauté – et à
l’abonnement Netflix standard
avec publicité, le tout pour
5,99 euros mensuels, sans enga-
gement. Soit le coût normal de
souscription en direct de cette for-
mule basique chez Netflix. La
livraison à domicile sera gratuite à
partir de 60 euros d’achat.
Inédit pour Netflix
Les deux acteurs ne commentent
pas les modalités financières de
l’accord, mais chacun y voit son
intérêt. Netflix, qui compte plus de
10 millions de clients en France,
veut continuer à s’étendre. « Nous
essayons de continuer à trouver des
moyens de rencontrer de nouveaux
publics », a indiqué Laurent
Uguen, le directeur commercial
de Netflix en France, en souli-
gnant que Carrefour, notamment
par son réseau de magasins, est
« très ancré dans la vie quotidienne
des Français ». D’où ce partenariat,
inédit pour Netflix à l’échelle mon-
diale. « C’est la première fois que
nous faisons un partenariat
d’abonnement avec un acteur de la
grande distribution », confirme-
t-il. Les deux marques s’étaient
déjà associées pour commerciali-
ser des produits dérivés de séries,
comme « Stranger Things ».
Du côté de Carrefour, l’associa-
tion doit permettre d’offrir un ser-
vice supplémentaire aux clients,
dans une optique de fidélisation.
« Il y a de fortes tensions sur le pou-
voir d’achat, c’est une manière
innovante pour nous d’offrir un
divertissement en plus de remises
sur l’alimentaire », a résumé Caro-
line Dassié, la directrice exécutive
global marketing, clients et mar-
ques de Carrefour. « Une fois abon-
nés chez nous, les clients vont moins
faire leurs courses dans d’autres
enseignes », ajoute-t-elle, alors que
des programmes d’abonnement –
sans service SVoD inclus – exis-
tent déjà chez Carrefour. Ce type
d’offre doit permettre d’augmen-
t e r d ’u n o u d e u x p a s s a g e s
par mois la fréquence de venue
des clients, avec à la clé une aug-
mentation des dépenses moyen-
nes. C’est aussi un moyen de met-
tre en avant les produits sous
marque distributeur sur lesquels
les marges sont supérieures.
Le partenariat
pourrait s’étendre
à toute la France
en cas de succès.
Les deux zones test ont été choi-
sies par Carrefour, notamment
car tous les profils de clients et de
magasins y sont représentés, des
hypermarchés aux magasins de
proximité en passant par les
supermarchés, sans oublier les
services de livraison. Avec cette
offre, Carrefour espère convain-
cre environ 3 % de ses clients des
zones concernées. Si le bilan est
jugé satisfaisant à la rentrée pro-
chaine, les deux marques pour-
raient déployer fin 2024 le pro-
gramme à l’échelle nationale.
Ce genre de partenariat, qui rap-
pelle l’offre d’Amazon Prime asso-
ciant livraison et service vidéo,
existe déjà aux Etats-Unis, où Wal-
mart a lancé à l’été 2022 son pro-
gramme Walmart+ incluant
l’abonnement à Paramount+. n
HIGH-TECH & MEDIAS
Alors que la crise s’aggrave,
Atos nomme un nouveau dirigeant
INFORMATIQUE
A la veille de réunions
décisives, le groupe
informatique nomme
à la direction générale
son directeur finan-
cier, Paul Saleh, à la
place d’Yves Bernaert.
En Bourse, le titre, qui
a perdu environ 40 %
de sa valeur depuis
le 1er janvier, a cédé
jusqu’à plus de 15 %
Leïla Marchand
Enième remaniement à la tête
d’Atos. En proie à une crise pro-
fonde, l’ex-fleuron de l’informatique
français a annoncé lundi la nomina-
tion de son directeur financier, Paul
Saleh, au poste de directeur général.
Peu après l’ouverture de la Bourse,
le titre, qui a perdu environ 40 % de
sa valeur depuis le 1 er janvier, a
cédé jusqu’à plus de 15 % (environ
4 euros), avant de clôturer en baisse
d’environ 12 %.
Paul Saleh remplace l’éphémère
Yves Bernaert, arrivé en octobre, qui
quitte le groupe. Après plus de
trente ans dans le conseil chez
Accenture, le dirigeant de cinquan-
te-cinq ans manquait d’expérience
dans l’informatique, convenaient
plusieurs observateurs du secteur,
ce qui expliquait d’ailleurs la nomi-
nation récente de Carlo d’Asaro
Biondo en tant que « general mana-
ger » en soutien à son poste. Pour sa
part, dans le communiqué, l’inté-
ressé explique son départ « en rai-
son d’une différence de point de vue
sur la gouvernance pour ajuster et
exécuter la stratégie ».
Onclusive : le plan de remplacement de
personnels par l’intelligence artificielle contesté
COMMUNICATION
La société spécialisée
dans la communica-
tion et la veille médias
a présenté un PSE
visant à remplacer
plus de la moitié
de ses salariés.
PROSECCO BOTTEGA IL VINO DEI POETI
Trévise, Italie
accompagnés de touches florales qui se mélent dans un équilibre fin, délicat, gourmand et frais.
Ce remaniement intervient au moment où le projet de cession de la branche infogérance d’Atos,
Tech Foundations, au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky est sérieusement compromis.
Ce remaniement intervient au
moment où le projet de cession de la
branche infogérance d’Atos, Tech
Foundations, au milliardaire tchè-
que Daniel Kretinsky est sérieuse-
ment compromis, comme le rap-
portait vendredi « Les Echos ». Des
réunions décisives doivent avoir lieu
prochainement entre les deux par-
ties ainsi qu’avec les banques.
L’américain Paul Saleh, soixante-
sept ans, aura « pour priorités le refi-
nancement des dettes financières du
groupe et les négociations en cours ou
Lundi 15 janvier, Onclusive France,
installé à Courbevoie (Hauts-de-
Seine), a présenté à son CSE un nou-
veau plan de sauvegarde de l’emploi
(PSE). Annoncé en septembre, il
prévoyait de remplacer plus de la
moitié des 383 employés de l’entre-
prise. Si la société mettait alors en
avant l’apport de l’IA, elle la présente
aujourd’hui comme une part « mar-
ginale » du plan de modernisation.
Vin mousseux Brut qui o!re des notes dominantes d’agrumes et de fruits du verger
à venir, concernant notamment la
cession de l’activité Tech Foundations
à EPEI [le fonds de Daniel Kretinsky,
NDLR] et l’activité Big Data & Secu-
rity [BDS] à Airbus », précise le com-
muniqué. Une phase de « due dili-
gence » a en effet été ouverte avec
Airbus pour le rachat de la partie
cybersécurité, pour laquelle l’avion-
neur européen propose une valeur
d’entreprise entre 1,5 milliard et
1,8 milliard d’euros.
Avec ces projets de cessions, le
groupe créé en 1997 cherche à obte-
Après un report en octobre, ce
plan social prévoit toujours la sup-
pression de 218 p ostes (dont
neuf vacants). 52 autres devraient
être créés (contre 23 prévus en sep-
tembre). Un plan social motivé
selon ce spécialiste de la communi-
cation et de l’analyse des médias par
« un durcissement significatif de son
environnement concurrentiel et une
évolution technologique sans précé-
Mardi 16 janvier 2024 Les Echos
ses, notamment dans le secteur des
technologies », fait valoir le président
d’Atos, Jean-Pierre Mustier, cité
dans le communiqué. Il est selon lui
« la bonne personne pour diriger
Atos pendant cette période de trans-
formation, alors que nous prenons
des mesures décisives et rigoureuses
pour assurer la viabilité à long terme
de notre entreprise, dans l’intérêt de
nos 105.000 employés, de nos clients
et de nos investisseurs ».
Pas de procédure
de conciliation en cours
Pour le remplacer au poste de direc-
teur financier, la société a nommé
Jacques-François de Prest, qui était
jusqu’ici directeur financier et de la
performance chez Mobivia et a fait
carrière dans le secteur des télé-
communications, notamment à des
postes de direction financière chez
Vodafone et Millicom.
Cherchant à rassurer, Atos a
confirmé par ailleurs ses objectifs
financiers « en termes de chiffre
d’affaires et de marge opération-
Pascal Sittler/RÉA
nelle ». Le flux de trésorerie dispo-
nible devrait être légèrement
inférieur à son objectif d’environ
–100 millions d’euros pour le second
semestre 2023, a-t-il précisé.
Dimanche, « Le Figaro » rappor-
tait que Jean-Pierre Mustier envisa-
geait de demander au tribunal de
nir des liquidités, alors qu’il est commerce de nommer Hélène
confronté à d’importantes diffi- Bourbouloux, un mandataire ad
cultés financières : l’entreprise hoc, pour l’assister dans les négocia-
doit rembourser ou refinancer tions de refinancement avec les ban-
3,65 milliards d’euros d’emprunts ques du groupe. A ce sujet, Atos indi-
et obligations venant à échéance que n’avoir à ce jour « pas déposé de
d’ici fin 2025. demande de désignation d’un man-
dataire ad hoc ou d’ouverture d’une
« Une grande expérience en procédure de conciliation », malgré
matière de redressement » la situation difficile dans laquelle
Paul Saleh « est un dirigeant che- l’entreprise se trouve.
vronné, doté d’une grande expérience
en matière de finance, de redresse- Lire « Crible »
ment et de restructuration d’entrepri- ( Page 30
dent ». La société évoque d’« impor- de justifier un PSE par une rentabilité
tants déficits constatés en 2023 ». Son artificiellement basse. »
chiffre d’affaires se serait en effet Onclusive dément quant à lui ces
replié de 6,9 % en un an. accusations et assure que ces frais de
Cependant, l’explication ne groupe « n’ont aucun lien avec STG et
convainc pas les syndicats, qui constituent des frais internes propres
dénoncent une comptabilité trom- à Onclusive ». La société assure qu’ils
peuse. Un rapport confidentiel du correspondent aux coûts relatifs à
cabinet comptable Livingstone « la création de la structure du groupe
Expert CSE, commandé par les Onclusive et les entités juridiques »,
représentants du personnel et que « aux services de transition depuis
« Les Echos » ont pu consulter, évo- Kantar » ainsi qu’aux « coûts
que une « extraction de la valeur d’exploitation essentiels au fonction-
générée » par l’entreprise française nement de l’entreprise ». Elle donne
vers d’autres entités du fonds pour exemples des frais de ressour-
d’investissement américain Sym- ces humaines, finances et marke-
phony Technology Group (STG). ting ou liés à différents logiciels et
Celui-ci avait acquis début 2022 outils en soutien de RIF mais assu-
l’activité de surveillance et d’analyse rés par d’autres entités.
des médias de Kantar, devenue Selon nos informations, les syndi-
Reputational Intelligence France cats du groupe auraient engagé un
SAS (RIF) et exploitée sous la mar- cabinet d’avocat spécialisé en intelli-
que Onclusive. gence artificielle dans l’optique de
démontrer une baisse de qualité de
Des facturations contestées service en cas de suppression
par les syndicats d’autant d’emplois, remplacés par
Ainsi, le cabinet d’expert-comptable des logiciels selon eux encore trop
montre qu’en 2022, RIF a « perdu » peu testés en interne. Avec pour
12,2 millions d’euros de son bilan, objectif de diminuer l’impact de ce
facturés par d’autres entités du PSE. — L. D. V. (avec agences)
groupe dans le Delaware (Etats-
Unis), au Royaume-Uni et à Jersey.
Des facturations contestées par les
syndicats, et qui représentent 20 %
du chiffre d’affaires 2022 de RIF
(61,137 millions d’euros). Pour
Livingstone, ces transactions ont
pour effet d’amoindrir la rentabilité
apparente de l’entreprise, qui passe
ainsi de 13,3 à 1,1 million d’euros de ÉCOUTEZ NOTRE
résultat d’exploitation. « La majorité PODCAST LA STORY
des bénéfices sont envoyés à l’étranger IA, peur sur l’emploi ?
alors que plusieurs de nos clients sont dans « La Story », le podcast
des institutions publiques », assène d’actualité des « Echos ».
une source syndicale. « Cela permet
20
Selon le FMI,
l’IA touchera
60 % des
emplois dans
les économies
avancées
INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE
Le développement
de l’IA peut susciter
des « inquiétudes »,
mais aussi offrir
une « formidable
opportunité », selon
la directrice géné-
rale de l’institution.
Qui dit innovation de rupture dit
« inquiétudes » mais aussi « for-
midable opportunité ». Ainsi la
directrice du Fonds monétaire
international (FMI), Kristalina
Georgieva, résume-t-elle les
conséquences du développe-
ment de l’intelligence artificielle
(IA) sur l’économie mondiale.
La patronne du FMI s’expri-
mait auprès de l’AFP après
la publication par son institu-
tion d’un rapport consacré
aux conséquences de l’IA sur
l’emploi et l’économie mon-
diale. Selon ce rapport, l’IA
touchera 60 % des emplois
dans les économies avancées,
mais pourrait surtout entraî-
ner un décrochage encore
plus marqué des pays les plus
vulnérables.
La crainte du FMI
est que l’IA creuse
le fossé entre
les pays avancés
et les autres, qui
ne bénéficieraient
pas autant des
innovations à venir.
« Dans le monde, 40 % des
emplois seront touchés. Et plus
vous occupez un emploi qualifié,
plus ce sera le cas. Ainsi pour
les économies avancées, et cer-
tains pays émergents, 60 % des
emplois seront concernés », a
déclaré Kristalina Georgieva,
rappelant que cet effet pou-
vait aussi se traduire par « une
hausse de vos revenus ».
Un effet négatif pour
les classes moyennes
L’IA pourrait en effet accélérer
les inégalités salariales, avec un
effet négatif tout particulier sur
les classes moyennes, alors que
les salariés disposant d’ores et
déjà de hauts revenus pour-
raient voir leur salaire « aug-
menter plus qu’à proportion » du
gain de productivité que l’IA
leur permettrait d’assurer. « Il
est certain qu’il y aura un effet
mais il peut être différent, que
cela entraîne la disparition de
votre emploi ou au contraire son
amélioration. Dès lors, que faire
de ceux qui sont touchés et com-
ment partager les gains de pro-
ductivité, que peut-on faire pour
être mieux préparés ? » s’est
interrogée la patronne du FMI.
La crainte du FMI est avant
tout de voir l’IA renforcer le
fossé entre les pays avancés et
les autres, qui ne bénéficie-
raient pas autant des innova-
tions à venir. « Nous devons aller
vite, leur permettre de profiter
des opportunités offertes par l’IA.
La vraie question sera de mettre
de côté les craintes liées à l’IA
pour se concentrer sur la façon
d’en tirer le meilleur avantage
pour tous », a-t-elle insisté.
D’autant plus que, dans un
contexte de ralentissement du
rythme de la croissance mon-
diale, « nous avons terriblement
besoin » de facteurs capables
de relancer la productivité,
prévient Kristalina Georgieva.
— P. T. (avec AFP)
21 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
Electra opère dans huit pays et a déployé près de 1.000 points de charge au total. Photo Adrien Nowak/Hans Lucas via AFP
Recharge électrique : Electra
lève 304 millions d’euros
MOBILITÉ
« Pure player » de la
recharge ultrarapide,
la start-up a fait entrer
le fonds néerlandais
PGGM et Bpifrance
à son capital.
Elle veut continuer à
se déployer dans toute
l’Europe pour faciliter
l’adoption du véhicule
électrique.
Adrien Lelièvre
Electra repasse par la station de
recharge financière. La start-up
française a bouclé un tour de table
de 304 millions d’euros mené par
le fonds de pension néerlandais
PGGM. Ce financement intervient
quelques semaines à peine après
qu’Electra a annoncé avoir amassé
27 millions sous forme de dette.
Avec sa nouvelle opération,
Electra signe la plus grosse levée
de fonds dans l’histoire de la
recharge électrique en France, et
l’une des principales en Europe
depuis l’émergence du véhicule à
batterie. En 2022, Zeplug avait
Vulkam réunit 34 millions pour industrialiser ses métaux
MÉTALLURGIE
La start-up grenobloise
développe un procédé
breveté de fabrication
d’alliages métalliques
aux propriétés
améliorées.
Florian Espalieu
— Correspondant à Grenoble
Rien de moins qu’une « métallurgie
du XXIe siècle », promet Vulkam.
La start-up grenobloise annonce
une levée de fonds de 34 millions
d’euros. Le tour de table inclut une
amassé 240 millions et, l’an dernier,
Driveco avait réuni 250 millions
d’euros auprès d’APG, un autre
fonds de pension néerlandais.
« Dans l’environnement actuel,
aller chercher plus de 300 millions en
equity ce n’est pas évident », insiste
Aurélien de Meaux, le dirigeant
d’Electra, dans une allusion au
refroidissement du marché du capi-
tal-risque qui touche au premier
chef les start-up qui ont de gros
besoins de financements.
Un business gourmand
en capital
C’est le cas d’Electra, dont le modèle
économique suppose de déployer
d’abord beaucoup de capex et qui a
besoin de plusieurs années avant
d’espérer atteindre la rentabilité.
L’entrepreneur assure avoir tra-
vaillé sur ce financement « depuis
six mois ». Une période pendant
laquelle Augustin Derville, un des
cofondateurs d’Electra, est parti
pour créer une jeune pousse dans
le stockage stationnaire (Eclipse),
dans laquelle Aurélien de Meaux
a investi.
Electra ne communique ni sur
ses revenus en 2023, ni sur sa valori-
sation. « Nous ne sommes pas une
licorne, mais nous ne sommes pas
loin », esquive Aurélien de Meaux.
augmentation de capital de 14 mil-
lions d’euros, auprès du fonds SPI
(Société de projets industriels, géré
par Bpifrance) dans le cadre de
France 2030, et de ses investisseurs
historiques, auxquels se greffent
le fonds Inco Ventures, le groupe
SEB et la financière privée Vertech.
Des prêts bancaires d’un montant
de 20 millions d’euros, dont 6 mil-
lions de Bpifrance, complètent le
financement. Une enveloppe de
15 millions d’euros est consacrée
au projet industriel de Vulkam :
une unité de production pilote de
3.000 mètres carrés en cours de
construction au Versoud (Isère),
à une dizaine de kilomètres de
Grenoble, doit être opérationnelle
Outre PGGM, Bpifrance (grâce à
son fonds Large Venture) est entré
au capital de la start-up.
Un signe de la volonté du bras
armé financier de l’Etat de faire
émerger un leader européen dans
un secteur de la recharge très
concurrentiel. Plusieurs investis-
seurs historiques ont également
remis au pot (Eurazeo, Rive Private
Investment, SNCF et Serena).
Né en 2021, Electra a fait de la
vitesse l’un de ses maîtres mot. La
société membre du Next40 a choisi
d’emblée de miser sur la recharge
ultrarapide et de mettre l’accent sur
l’expérience utilisateur. Son appli
permet, par exemple, de réserver un
point de charge à l’avance. La
start-up recueille d’excellentes
notes sur Chargemap, le site qui
référence les stations de recharge
« Electra va faire
partie des acteurs
qui consolident,
pas de ceux qui
seront achetés. »
AURÉLIEN DE MEAUX
Cofondateur d’Electra
en 2025. Le reste des fonds sera
utilisé à parts quasi-égales entre
recherche et développement, recru-
tement et frais généraux.
Une meilleure résistance
à l’abrasion
L’entreprise compte actuellement
une trentaine de personnes et pré-
voit d’engranger des premiers reve-
nus en 2024, avant la pleine pro-
duction de la première ligne. Sa
technologie est issue de trente ans
de recherches au CNRS et protégée
par neuf brevets. « Nous dévelop-
pons des alliages métalliques d’un
genre nouveau, nommés “Vulkal-
loys” », détaille Sébastien Gravier,
président de la société. « En modi-
électrique (4,5 sur 5). Un détail loin
d’être anodin puisque les points de
recharge défectueux font partie des
freins qui ralentissent l’adoption du
véhicule électrique en France.
La pépite déploie ses stations
dans les milieux urbains densé-
ment peuplés, les zones commer-
ciales et les autoroutes. Elle a conclu
de nombreux partenariats stratégi-
ques avec des grands groupes (Vinci
Autoroutes, Stellantis, AccorInvest,
Louvre Hotels Groupe, l’Aéroport
Toulouse Blagnac, G7, Bolt, Groupe
Chopard, Hertz…), qui veulent facili-
ter la recharge pour leurs clients.
Si l’Hexagone est son marché
principal, Electra opère dans
huit pays et a déployé près de
1.000 points de charge au total. La
jeune pousse en vise 15.000 à hori-
zon 2030. Ces derniers mois, la
start-up a, par exemple, mis l’accent
sur la région DACH (Allemagne,
Autriche et Suisse). « L’idée, c’est
vraiment d’avoir un réseau interna-
tional », observe le dirigeant. Cela
passera par des nouveaux recrute-
ments – la société compte 180 sala-
riés – et, si des occasions intéressan-
tes se présentent, des acquisitions.
« Electra va faire partie des acteurs
qui consolident, pas de ceux qui
seront achetés », se projette Aurélien
de Meaux. n
fiant l’organisation atomique, nous
conférons à ces métaux dits “amor-
phes” des propriétés physiques ou
mécaniques améliorées. »
A l’instar des autres classes de
matériaux minéraux et organi-
ques,les atomes de métal sont natu-
rellement organisés de manière
ordonnée, tandis que ceux des Vulk-
alloys sont arrangés de manière
aléatoire, à l’image du verre ou du
plastique. Cette structure désorga-
nisée offre une meilleure dureté
ou résistance à l’abrasion, compa-
rables à celles des céramiques, sans
présenter leur fragilité.
Le dirigeant vante ainsi des allia-
ges avec « une résistance mécanique
trois fois supérieure à celle du titane et
START-UP
Bpifrance veut aider
grands groupes
et jeunes pousses
à collaborer
ÉCOSYSTÈME
L’établissement
dévoile
un programme qui
s’adresse à la direc-
tion des achats des
sociétés du CAC ë40
et du SBF 120.
Charlie Perreau
En dix ans, la banque publique
d’investissement est devenue
une actrice du financement
incontournable dans la French
Tech. Désormais, Bpifrance
veut s’attaquer à une autre pro-
blématique bien connue des
start-up françaises : la collabo-
ration avec les grands groupes.
En juin 2023, le gouvernement
a fixé l’objectif de doubler la
commande publique et privée
auprès des jeunes pousses trico-
lores d’ici à 2027 et, pour ce
faire, a lancé l’initiative « Je
choisis la French Tech ».
C’est pourquoi l’établisse-
ment dévoile un programme
qui s’adresse aux directions
des achats des grandes entre-
prises. « On a beaucoup parlé des
directeurs d’innovation, qui ont
des budgets limités pour faire
des POC [preuves de concept,
NDLR] mais pas assez des direc-
teurs des achats, alors que ce sont
eux qui ont des moyens signifi-
catifs », souligne Paul-François
Fournier, directeur exécutif
innovation de Bpifrance.
Baptisé « DAPI » (Directions
achats pour l’innovation),
ce programme, qui dure
douze mois, mêle un accompa-
gnement individualisé et des
ateliers thématiques. Le tout
élaboré par Roland Berger et
Kedge Business School, qui « a
le master achat et innovation le
plus abouti », estime Bpifrance.
Des secteurs plus
en retard que d’autres
Huit grands groupes, qui paient
pour ce programme, font partie
de la première promotion :
Aéro ports de Paris, Airbus,
GRTGaz, L’Oréal, Schneider
Electric, SPIE, La Poste, Société
Générale. « Des discussions sont
en cours avec d’autres entrepri-
ses », glisse Paul-François Four-
nier. Les « élèves » n’ont pas tous
le même niveau sur le sujet.
« Certaines sont déjà très matu-
res », précise Benoît Roblin,
directeur Bpifrance Le Hub.
Mais en général, les grands
groupes sont assez en retard sur
une capacité de déformation élasti-
que deux fois supérieure à celle des
aciers à ressort. »
Production
par thermomoulage
Autre avantage : la production
– également brevetée – par thermo-
moulage, avec une précision de
quelques micromètres. Cette tech-
nique proche de l’injection plasti-
que ou de la fonderie sous pression
permet une fabrication réduisant
d’un facteur 10 le besoin d’usinage,
et donc la quantité de déchets ainsi
que celle de matière première
nécessaire en amont. Une économie
que Sébastien Gravier estime à plus
d’un tiers du coût.
le sujet de ce qu’on appelle com-
munément l’« open innova-
tion ». « Plein d’entreprises
découvrent seulement ce nou-
veau monde aujourd’hui, comme
les industriels ou les acteurs du
spatial », explique Paul-Fran-
çois Fournier.
Dans un livre blanc que Bpi-
france vient de publier, seules
8 % des directions achats font
figurer cette année la veille mar-
ché et technologique dans leur
Top 5 des priorités.
Le succès mitigé
de l’« open innovation »
« Il faut leur donner des outils et
les acculturer pour leur faire
comprendre que quand le four-
nisseur d’une start-up a un bon de
commande, il ne doit pas lui met-
tre 90 jours dans la vue », observe
Paul Jeannest, directeur général
de RaiseLab, acteur spécialisé
dans l’open innovation. Les
délais de paiement ne sont pas
l’unique raison du blocage.
Le programme,
qui dure
douze mois, mêle
accompagnement
individualisé
et ateliers
thématiques.
« Les grands groupes français
mondialisés privilégient souvent
les start-up internationales plu-
tôt que nationales », estime
Alain Garnier, PDG de James-
pot, plateforme collaborative
pour entreprise. « Un grand
groupe automobile français ne
voulait pas imposer notre solu-
tion en dehors de la France. Il n’a
donc pas déployé notre solution
dans sa filiale au Royaume-Uni
ou aux Etats-Unis car il considère
qu’il faut respecter le local »,
poursuit l’entrepreneur.
Plus globalement, l’open
innovation n’a pas vraiment fait
ses preuves ces dernières
années. Les directions d’innova-
tion ont davantage été perçues
comme des postes de dépenses
sans retour sur investissement.
De leur côté, les start-up, par
manque de moyens ou d’expé-
rience, arrivent rarement à
frapper à la bonne porte au sein
d’un grand groupe. « Avec ce
nouveau programme, on doit
démontrer que ça marche. Si c’est
le cas, nous lancerons une autre
promotion avec, pourquoi pas,
des ETI », souligne Paul-Fran-
çois Fournier. n
Si les applications visées sont lar-
ges et pourraient à un horizon loin-
tain concurrencer la métallurgie
classique, Vulkam entend d’abord
se concentrer sur le médical et l’hor-
logerie : des pièces de petites tailles à
forte valeur ajoutée, avant la montée
en volume. La start-up est associée
dans des projets avec la société de
décolletage Baud Industries de la
vallée de l’Arve (Haute-Savoie) dont
certains clients sont dans le secteur
du luxe. Vulkam est aussi positionné
sur des projets dans l’aéronautique.
L’entreprise se fixe comme objec-
tif la production de 2 millions de piè-
ces dès 2025 puis 4 millions en 2026,
avec un chiffre d’affaires de 25 mil-
lions d’euros à cet horizon. n
 Mardi 16 janvier 2024 Les Echos 22
PME&REGIONS

Dry January : ces petites entreprises qui

s’engouffrent dans la vogue du sans-alcool
l Les TPE-PME tentent de se faire une place sur le marché en forte croissante des bières, vins, spiritueux sans alcool.
l Elles y sont présentes de la production à la distribution de boissons.

d’Edmond Bières. Implantée à Saint-

BOISSONS
Marie Delumeau
Le produit a été conçu comme un
clin d’œil au célèbre calendrier de
l’avent. Pour le début de l’an-
née 2024, l’entreprise nantaise
Gueule de joie a lancé son premier
« calendrier de l’après »… avec des
bières artisanales sans alcool dans
chacune des 24 cases. Pour l’une des
pionnières de la vente de boissons
non alcoolisées avec un site comp-
tant plus de 250 références, c’est un
moyen de surfer sur la vague du Dry
January (« janvier sobre »).
Ce défi importé du Royaume-Uni
consistant à évaluer son rapport à
l’alcool en arrêtant sa consomma-
tion pendant un mois est une
échéance importante pour la TPE
de 4 salariés créée en 2019. « Le Dry
January a clairement un impact sur
notre activité. C’est toujours notre
meilleur mois car c’est une période où
les consommateurs sont prêts à dé-
couvrir une nouvelle façon de boire »,
assure Jean-Philippe Braud, fonda-
teur de Gueule de joie, qui réalise un
demi-million de chiffres d’affaires et
s’est associé en 2023 avec le réseau
de 280 caves bar V and B.
Montée en puissance
Mais au-delà du phénomène « Dry
January », le sans-alcool est en plein
essor. Selon une étude publiée par le
cabinet britannique IWSR fin 2023,
le marché mondial du « no/low »
(pas ou peu d’alcool) représente plus
de 13 milliards de dollars, contre
8 milliards en 2018. De 2023 à 2026,
le taux de croissance annuel moyen
de la catégorie des boissons sans al-
cool devrait s’élever à 7 %. La France
fait partie du Top 10 des marchés du
sans-alcool, selon IWSR.
Un créneau déjà investi par les ac-
teurs historiques, à commencer par
Pernod Ricard. Le poids lourd des
spiritueux avait lancé dès 1982 Paci-
fic, une boisson anisée sans alcool.
Les grands brasseurs s’y sont égale-
ment mis, de Kronenbourg, qui a re-
lancé la marque historique de bière
sans alcool Tourtel en 2015 pour
créer une gamme fruitée, à Heine-
ken, qui a commercialisé en 2017 la
« Heineken 0,0 % ».
De plus en plus de petits acteurs
tentent maintenant de se faire une
place à côté de ses géants, à l’image
Julien-Molin-Molette (Loire), la TPE
qui compte 2 employés propose des
bières blondes, blanches, ambrées
et IPA en version non alcoolisée.
« Nos produits ont les mêmes ingré-
dients qu’une bière classique – malt,
houblon, eau et levure – sauf que nous
coupons la fermentation à peine com-
mencée, avant que l’alcool n’arrive »,
précise Emilie Yana, sa cofondatri-
ce. La marque, présente dans plus
de 500 points de vente, est depuis
peu distribuée dans des magasins
La Vie Claire de la région Auvergne-
Rhône-Alpes.
Un créneau déjà
investi par les acteurs
historiques, comme
Pernod Ricard.
« Même si la présence des grands
groupes de la boisson est essentielle
pour faire connaître le sans-alcool et
le rendre accessible, le marché peut
aussi compter sur ces plus petits ac-
teurs, qui proposent peut-être des pro-
duits plus créatifs », estime Jean-Phi-
lippe Braud.
Parmi les innovations figurent les
apéritifs sans alcool et bio d’Osco,
une entreprise parisienne créée
en 2021. Dans ses bouteilles, elle pro-
pose un assemblage de plantes du
sud de la France, de gentiane et de
verjus, une boisson réalisée à partir
de raisin récolté avant maturité. Cet
apéritif commercialisé en épiceries
fines a été primé par plusieurs prix
en France et à l’international, dont
celui du « Meilleur spiritueux de
l’année » de Vinexpo 2022, la grand- De 2023 à 2026, le taux de croissance annuel moyen de la catégorie des boissons sans alcool devrait s’élever à 7 %. Photo iStock
messe du vin. « C’est la première fois
qu’un produit sans alcool gagnait face
à des boissons alcoolisées », souligne
Laura Falque, cofondatrice d’Osco.
tion. Après avoir produit 100.000
bouteilles en 2023, Ousia prévoit de
doubler ses volumes en 2024.
no/low. Parmi les initiateurs du
mouvement figure la PME norman-
de Moderato, qui produisait à son
Strasbourg rejoint le
« De plus en plus acceptés »
A Paris aussi, Ousia s’est positionnée
Le vin sans alcool représente éga-
lement un marché important, cons-
lancement en 2020 des vins à 5°,
avant de se consacrer aux vins sans
combat de la sobriété
sur le segment des prêts-à-boire – tituant par exemple environ la moi- alcool, qu’elle obtient après un pro-
des cocktails en bouteille ou canette tié des ventes chez Gueule de joie. cessus de désalcoolisation à partir La capitale alsacienne me la Fédération française d’ad-
–, un concept qui séduit particulière- Les PME sont aussi actives sur ce de vins de Gascogne et de Bordeaux. emboîte le pas cette année dictologie – et quelques collectivi-
ment les Etats-Unis. « Nous avons segment avec en tête de proue deux L’entreprise avait levé 1,5 million à la dizaine de municipali- tés locales, mais pas par la puis-
travaillé six mois en recherche et déve- entreprises de l’Hérault : Pierre Cha- d’euros en janvier 2023. « D’année en tés déjà impliquées. Une sance publique, accusée de céder
loppement avant notre lancement vin, créée en 2010, et Le Petit Béret, année, nous sommes de plus en plus démarche dans la suite de aux lobbies de l’alcool.
en 2021 », explique Guillaume Vi- lancée en 2015, qui affichent respec- acceptés par le marché et des profes- ses actions de prévention Dans une région alsacienne
lain, son dirigeant. L’entreprise pro- tivement 18 millions et 3 millions sionnels, affirme Fabien Marchand- en matière de santé. produisant beaucoup de vins et de
pose notamment une gamme de d’euros de chiffre d’affaires. Ce sec- Cassagne, son dirigeant. Nous consi- bières et dont la gastronomie est
cocktails classiques non alcoolisés teur encore naissant est en train de dérons que nous sommes intégrés à la Bénédicte Weiss intimement liée à ces boissons,
(spritz, Moscow mule, mojito…) à se fédérer, avec la formation en filière viticole, nous ne sommes pas du — Correspondante à Strasbourg Alexandre Feltz indique avoir es-
destination de la grande distribu- juillet dernier d’un collectif du vin tout en opposition. » n suyé des retours négatifs du mon-
La ville de Strasbourg milite à son de viticole. « Nous expliquons aux
tour pour le mois sans alcool. En vignerons que cela ne se fait pas con-

JNPR plante des genévriers en Normandie 2024, la municipalité écologiste

La jeune entreprise
normande a imaginé une
gamme de spiritueux sans
alcool et sans sucre pour
réaliser des cocktails.
Si la matière première, la
baie de genièvre, est encore
importée d’Europe de l’Est
ou des Balkans, elle relance
doucement sa production
en France.
Philippe Legueltel
— Correspondant à Caen
Pas d’alcool ni de sucre. La jeune en-
treprise normande JNPR espère se
démarquer pour installer ses spiri-
tueux pour cocktail sur les étagères
des bars et dans les rayons des cavis-
tes et épiceries. « Je voulais trouver
des alternatives pour l’apéritif. Lors
d’un voyage aux Etats-Unis, j‘avais
constaté une offre beaucoup plus va-
riée de boissons. Or, en France, quand
on ne veut pas boire d’alcool, le choix
est très limité et très sucré », souligne
Valérie de Sutter, fondatrice en 2020.
Installée à Saint-Martin-de-l’If, au
nord de Rouen (Seine-Maritime), la
jeune entreprise a trouvé son nom
dans le genièvre, « juniper » en an-
glais, l’ingrédient principal du gin
devenu, depuis, la base de la collec-
tion JNPR. « Nous n’avons pas de
voyelles dans notre nom comme nous
n’avons pas d’alcool dans nos bou-
teilles », sourit la dirigeante, qui pro-
pose une gamme de trois produits
différents pour réaliser des cocktails
(genièvre et épices, gingembre et
poivre ou genièvre et verveine).
Des recettes avec
un barman réputé
Si la matière première, la baie de ge-
nièvre, est encore importée d’Euro-
pe de l’Est ou des Balkans, JNPR re-
lance doucement une production
en Normandie. Après 60 premiers
genévriers plantés dès 2020, 500
nouveaux arbustes l’ont été en
2023, tandis que 500 autres de-
vraient l’être d’ici à 2025. Avant de
se lancer, elle imagine ses futures
recettes avec Flavio Angiolillo, un
barman réputé. Un travail de prépa-
ration et de recherches à partir
d’épices et de plantes traditionnelle-
ment utilisées dans les spiritueux
classiques est engagé. « Mon idée
était d’avoir une boisson qui peut
procurer les mêmes émotions que
l’alcool, sans ses effets », observe Va-
lérie de Sutter. Pour tenter de plaire
aux barmans, la gamme JNPR a été
complétée par deux nouvelles bois-
sons (des bitters), des incontourna-
bles de la mixologie développés en
collaboration avec eux, toujours
sans alcool et sans sucre.
Apparue pendant le Covid et ne
pouvant démarcher, la marque, a
pris pied sur Internet sous le slogan
« Réinventons l’apéritif ». « La crise
sanitaire a changé la donne. Les mo-
ments d’apéritifs ont été multipliés et
il a fallu trouver des alternatives. Le
sujet santé l’a emporté », se souvient
la fondatrice. Aujourd’hui, près de
900 bars et épiceries sont devenus
clients et 120.000 bouteilles ont été
vendues en 2023, dont 70 % en ligne
– la jeune entreprise ne communi-
quant pas sur son chiffre d’affaires.
Les temps évoluent. Décembre et
sa succession de rendez-vous festifs
auront été le meilleur mois de l’an-
née 2023 pour l’entreprise norman-
de. « Il y a un vrai changement de
mentalité, avec autant d’hommes que
de femmes qui achètent nos produits,
même s’il faut encore convaincre »,
sourit la dirigeante. Signe des temps,
les établissements du groupe L’Ex-
périmental, réputés pour ses bars
parisiens à cocktails, vont d’ailleurs
mettre à leurs cartes les JNPR. n
900
BARS ET ÉPICERIES
sont devenus clients et 120.000
bouteilles ont été vendues
en 2023, dont 70 % en ligne.
vient soutenir le Dry January
(« janvier sobre »), un défi qui s’est
installé en France depuis 2020.
« L’idée est de proposer à la popula-
tion de s’interroger sur son rapport
à l’alcool, de la même façon qu’en
période de bonnes résolutions cer-
tains se lancent le défi de faire plus
de sport », précise Alexandre Feltz,
adjoint à la maire chargé de la san-
té publique et environnementale.
Sans toutefois pousser au sevrage,
« qui, lui dépend d’un suivi médi-
cal », explique celui qui est méde-
cin généraliste et addictologue de
profession.
L’adhésion au mouvement ne
s’est décidée qu’en novembre. D’où
un soutien qui se limite cette an-
née à la diffusion du message por-
té par l’opération, sur les réseaux
sociaux et auprès des agents de la
collectivité. Un travail sera ensuite
conduit pour l’amplifier.
Strasbourg vient rejoindre la di-
zaine de villes déjà engagées dans
le Dry January, comme Brest,
Marseille ou Paris. Un program-
me qui reste porté par des associa-
tions ou des organisations – com-
tre eux. Réinterroger la place de l’al-
cool ne veut pas dire tout faire sans
alcool », assure-t-il, glissant ache-
ter lui-même « des vins en circuit
court, bio, qui ne sont donc que des
vins d’Alsace ».
L’élu préfère lier le Dry January
à une réduction des risques (d’ac-
cidents, de cancers, de maladies
cardiovasculaires…) plutôt qu’à
un discours abolitionniste, qui se-
rait de toute façon inefficace selon
lui. C’est la même logique qu’a déjà
suivie la capitale alsacienne en
ouvrant en 2016 une « salle de con-
sommation à moindre risque »
pour les usagers majeurs de dro-
gues afin d’encadrer l’hygiène des
prises et limiter les risques d’over-
dose comme de contamination au
VIH. Plus récemment, cette politi-
que publique de prévention s’est
traduite par la mise sur pied d’une
« ordonnance verte » pour rédui-
re l’exposition aux perturbateurs
endocriniens des femmes encein-
tes et des très jeunes enfants.
Strasbourg s’est encore affiché en
pointe, inventant le « sport santé
sur ordonnance », qui sera ensuite
repris dans une loi en 2016. n
 23 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
Uni Santé veut
bousculer le secteur
des mutuelles
pour les seniors
/ INNOVATEURS
Paul Molga
— Correspondant à Marseille
En cette période d’inflation, Uni
Santé a trouvé le moyen de re-
donner du pouvoir d’achat aux
résidents en Ehpad. La société
de courtage marseillaise vient
de concevoir une complémen-
taire santé qui promet une éco-
nomie de 50 %, à prestations
égales, par rapport à une mu-
tuelle senior classique. Exemple
à l’appui : un couple nonagénai-
re, pris récemment en charge,
vient de dégager dans le budget
annuel du ménage une envelop-
pe annuelle de 4.216 euros.
Pour y parvenir, Uni Santé a
fait le tri dans les prestations
couvertes. « Beaucoup sont inu-
tiles car déjà prises en charge
dans la facture des établisse-
ments de retraite médicalisés »,
explique son directeur général,
Paul Delanglade. Les soins in-
firmiers ou les traitements
lourds contre le diabète figu-
rent, par exemple, dans cette
catégorie. Mais ils entrent en li-
gne de compte dans le calcul
des grilles de tarifs des mutuel-
les traditionnelles.
Il en est de même pour les
soins prodigués dans le cadre
d’une hospitalisation à domici-
le. « Plus de 90 % des structures
HAD sont conventionnées pour
la prise en charge des patients
hors murs et assurent un large
Il a dit
DR
« Beaucoup
[de prestations]
sont inutiles
car déjà prises
en charge. »
PAUL DELANGLADE
Directeur général
d’Uni Santé
Conditionnement : Loyez-Woessen
cible le fromage
HAUTS-
DE-FRANCE
Le leader du condi-
tionnement du beurre
en marque distribu-
teur, rebaptisé Abon-
dia, ouvre son capital
et entend dupliquer
son modèle dans
l’univers du fromage.
Olivier Ducuing
— Correspondant à Lille
Le numéro un français du condi-
tionnement du beurre appuie sur
l’accélérateur. Loyez-Woessen, re-
baptisé Abondia, vient de finaliser
une réorganisation de son capital.
Le fonds Sénevé Capital, entré
comme actionnaire majoritaire
en 2017, le demeure et accompa-
gne l’opération, ainsi qu’Uni-
grains, entré au tour de table
en 2021. L’opération signe l’arrivée
de BNP Paribas Développement
mais aussi du management, qui
prend 10 % des parts.
Situé à Phalempin, près de Lille,
Loyez-Woessen a connu des an-
panel de soins comme le nursing
lourd, les traitements intravei-
neux, la rééducation orthopédi-
que ou la surveillance post-chi-
miothérapie. Inutile de les
intégrer », plaide-t-il.
Remboursement
intégral
Cette couverture, baptisée Azur
Mutuelle, se concentre sur les
compléments souvent mal pris
en charge : cures thermales,
soins dentaires et optiques,
aides auditives ou prestations
de médecine douce, avec des
forfaits de 69 à 158 euros par
mois. L’entreprise cite l’exemple
d’une chambre particulière à
l’hôpital à 40 euros la nuit, inté-
gralement remboursée. Idem
pour un appareillage auditif
payé en moyenne 950 euros.
Pour développer ce service ex-
clusif, Uni Santé s’est associée à
l’Union mutualiste générale de
prévoyance, un groupe imma-
triculé à Paris spécialisé dans la
couverture des seniors.
L’entreprise est ambitieuse.
D’autant qu’avec le désengage-
ment de l’Etat sur les soins den-
taires, dont le taux de rembour-
sement par la Sécurité sociale
est passé de 70 à 60 % en octo-
bre, les mutuelles prévoient de
revaloriser leurs tarifs autour
de 5 % cette année. « Notre cou-
verture annule l’effet de cette
hausse », défend Paul Delangla-
de. Son objectif est de conclure
10.000 contrats en 2024, lui as-
surant une commission de
1,8 million d’euros. A terme, l’en-
treprise vise 5 à 10 % du marché
des 550.000 lits en Ehpad, soit
un chiffre d’affaires potentiel
d’environ 20 millions d’euros.
Il faut dire que la situation des
retraités est de plus en plus pré-
caire, et la majorité redoute une
baisse de leur pouvoir d’achat
dans les années à venir : 7 sur 10
selon une étude de Silver Allian-
ce réalisée l’an passé. En moyen-
ne, un foyer de retraités dispose
d’un revenu net mensuel de
2.400 euros, soit le tarif moyen
d ’u n e c h a m b r e e n E h p a d
(2.347 euros). Raison pour la-
quelle 67 % d’entre eux n’arri-
vent pas à financer seuls leur vie
en résidence, et encore moins
leur complémentaire santé. n
nées intenses depuis 2017. A l’épo-
que, l’entreprise conditionnait
10.000 tonnes de beurre. Entre le
développement interne et le ra-
chat en 2021 des Etablissements
Charrier, en Loire-Atlantique, son
volume a été porté à 37.000 tonnes
de beurre conditionné. Le groupe,
qui a investi 15 millions d’euros
dans son outil de production ces
quatre dernières années, revendi-
que 30 % de parts du marché fran-
çais sous marque distributeurs.
Cap sur l’international
Abondia réalise déjà un chiffre
d’affaires de 210 millions d’euros,
dont plus de 90 % sous marques
distributeurs. Mais les dirigeants
sont convaincus d’un potentiel de
croissance encore significatif sur
le marché français, les Français
étant les premiers consomma-
teurs de beurre en Europe, à rai-
son de 9 kg par an et par habitant.
Le groupe vise aussi l’export, jus-
que-là résiduel. Avec un objectif
prioritaire affiché sur les Etats-
Unis, l’Asie et le Moyen-Orient, no-
tamment, avec l’atout du made in
France. Hasard du calendrier, un
autre acteur français et nordiste du
beurre, Briois, sort lui aussi des
En 2023, Unikalo, premier fabricant indépendant industriel pour le bâtiment, a vendu 100 tonnes de peintures recyclées. Photo Circouleur
Unikalo rachète Circouleur pour
développer les peintures recyclées
NOUVELLE-
AQUITAINE
L’entreprise pionnière
de la peinture recyclée
va poursuivre
le développement
de cette filière
dans le giron
d’un grand fabricant.
Frank Niedercorn
— Correspondant à Bordeaux
Produire de la peinture neuve à par-
tir de pots récupérés dans les dé-
chetteries. C’est la raison d’être de
Circouleur, une start-up de Blan-
quefort, au nord de Bordeaux, qui a
donné naissance à une filière pro-
metteuse. Encore fragile sur le plan
financier, la jeune entreprise née
en 2017, qui avait levé 1,2 million
d’euros en 2022, a été contrainte à la
liquidation. Ses actifs ainsi que la
frontières avec l’acquisition ces
dernières semaines de deux entre-
prises belges, Cabay et Agral.
Surtout, Abondia annonce l’ex-
tension de ses activités au domai-
ne du fromage (râpé et en tran-
ches, notamment emmental,
cheddar ou edam) « dès 2024 ».
« Notre dénominateur commun est
que nous souhaitons apporter aux
grandes surfaces un complément à
une offre insuffisante », précise
Pascal Jallet, directeur général,
qui assure n’avoir pas choisi entre
développement interne ou acqui-
sition. « Nous connaissons déjà
l’activité et les clients. Et si c’est en
interne, nous le ferons dans nos lo-
caux, sans besoin de construire une
usine », confirme Jean de Sampi-
gny, associé fondateur de Sénevé
Capital. Abondia vise 5 à 7 % du
marché français du fromage râpé
et de la tranchette. n
30 %
LA PART DU MARCHÉ
du beurre en France
renvendiquée par le groupe.
quinzaine d’employés ont été repris
à la barre du tribunal de commerce
par SCSO Unikalo, le premier fabri-
cant indépendant industriel pour le
bâtiment et dont le siège est à Méri-
gnac (Gironde).
« Nous étions proches géographi-
quement mais surtout au plan des
valeurs. L’essentiel est que le recycla-
ge de peintures continue de se déve-
lopper », souligne Maïlys Grau, in-
génieur chimiste et fondatrice de
Circouleur. Chez Unikalo, l’un des
premiers à avoir une gamme pro-
duite à partir de composants natu-
rels, on regardait déjà ce marché.
« Nous avions l’intention de créer
une gamme à partir de nos peintures
invendues. L’expertise de Circouleur
nous donne l’occasion d’aller et plus
vite et plus loin, en passant directe-
ment au recyclage », précise Tho-
mas Pestourie, le PDG d’Unikalo.
L’enjeu est important puisque, se-
lon l’Ademe, au moins 28 millions
de litres de peinture sont incinérés
chaque année. « Soit à peu près le vo-
Objets connectés : Adeunis racheté
par le groupe espagnol Flexitron
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
L’entreprise implantée
en Isère, spécialisée
dans les solutions
connectées pour
le bâtiment, est
reprise par Webdyn,
filiale française
du groupe installé
à Madrid.
Florian Espalieu
— Correspondant à Grenoble
Pas de changement de cap, mais
une remise sur les rails. L’entreprise
Adeunis située à Crolles (Isère), qui
compte une trentaine de salariés et
est spécialisée dans les solutions
connectées pour la gestion « intelli-
gente » du bâtiment (« smart buil-
ding »), vient d’être acquise par la
société Webdyn. Seule filiale fran-
çaise du groupe espagnol Flexitron,
cette dernière devient majoritaire
en prenant 53 % du capital de la pre-
mière – des actions auparavant dé-
tenues par les fonds Capital Export
et TempoCap. Le montant de la
lume de notre propre production »,
note Thomas Pestourie. Circouleur
a vu son activité décoller depuis
deux ans grâce à un partenariat
avec Sarp Industries, filiale de Veo-
lia et numéro un français du traite-
ment des déchets de peinture. Ceux-
ci étaient ensuite traités, mélangés
puis teintés à l’aide de pigments
chez un sous-traitant. L’an dernier,
la start-up a ainsi vendu 100 tonnes
de peintures recyclées, proposées
dans un nuancier de 14 couleurs.
Bilan carbone
des bâtiments
Circouleur a séduit des grands du
secteur (Bouygues Construction,
Eiffage, Vinci…) et décroché quel-
ques belles références comme le vil-
lage olympique des Jeux de Paris, la
future piscine à Saint-Denis ou
l’Opéra de Paris. « La demande est
en forte croissance car, pour un coût
équivalent, la peinture recyclée offre
une empreinte carbone très basse et
même inférieure à la peinture bio-
transaction, subordonné au pro-
chain chiffre d’affaires publié fin
mars, ne dépasse pas le demi-mil-
lion d’euros.
Les revenus de l’exercice précé-
dent étaient de 6,2 millions d’euros,
mais Adeunis a été fragilisée par le
contexte économique général.
« L’accélération en sortie de Covid,
par effet de rattrapage, a conduit à un
chiffre d’affaires artificiellement gon-
flé », retrace l’ancien PDG, Jean-Luc
Baudouin, désormais directeur gé-
néral adjoint. « Dans le même temps,
nous avons subi des difficultés d’ap-
provisionnement en composants :
avec seize mois de délai de livraisons
contre trois précédemment, nous
étions en retard par rapport à la de-
mande, et l’inflation s’est encore
ajoutée. » D’autant qu’Adeunis
s’adresse au secteur particulière-
ment touché du bâtiment, « même
si nous travaillons plutôt pour l’exis-
tant que le neuf », complète-t-il.
« Stopper les pertes »
Le dirigeant se veut optimiste.
« Nous avions un problème de conti-
nuité mais nos fondamentaux sont
solides, puisque nous traitons des
problématiques énergétiques qui de-
meurent », défend-il. Avec un hori-
PME & REGIONS
sourcée. Cela permet d’améliorer le
bilan carbone des bâtiments et de ré-
pondre plus facilement aux exigen-
ces de la réglementation », note
Maïlys Grau.
L’enjeu est désormais de faire
croître une activité dont le modèle
économique est spécifique, carac-
térisé par une absence de coûts liés
aux achats de matières premières
mais des coûts élevés de main-
d’œuvre. « En étant adossé à un gros
acteur de la filière, nous devrions
nous développer plus rapidement et
faire des économies d’échelle », note
Maïlys Grau.
Unikalo est en effet un poids
lourd du secteur. Le groupe, qui em-
ploie 1.250 salariés, a enregistré un
chiffre d’affaires de 156 millions
d’euros en 2023, et du double si l’on
intègre l’activité du réseau de
125 magasins détenus en propre.
L’industriel a pu changer de dimen-
sion il y a deux ans en doublant sa
capacité de production grâce au ra-
chat de l’usine d’un concurrent. n
zon de trésorerie n’excédant pas
janvier 2024, des fonds supplémen-
taires étaient néanmoins nécessai-
res. Outre sa prise de participation
majoritaire, Webdyn apporte
700.000 euros sous forme de prêts.
Installé à Madrid, comptant
250 personnes et réalisant 50 mil-
lions de chiffre d’affaires annuel,
le groupe Flexitron auquel elle ap-
partient n’est pas totalement incon-
nu pour l’entreprise : sa filiale
Matrix distribue déjà ses produits.
Et le président de Webdyn, Hervé
Bibollet, qui a travaillé pendant
trois ans pour Adeunis, retrouve le
conseil d’administration qu’il prési-
dera désormais.
Si les solutions de Webdyn, des
passerelles entre réseaux (« ga-
teways »), pourraient être complé-
mentaires des terminaux d’Adeu-
nis, la recherche de synergie n’est
pas encore à l’ordre du jour. « Notre
premier jalon est de stopper les pertes
dans les six mois qui viennent pour
revenir à une structure viable, tran-
che Jean-Luc Baudouin. Ensuite, il
faudra consolider nos positions, en
poursuivant le développement com-
mercial à l’international. » Pour
cela, l’entreprise s’appuiera sur ses
produits cellulaires lancés cet été. n

FINANCE&MARCHES
Union des marchés de capitaux : l’Europe
et la France sonnent la mobilisation générale
l Que ce soit au niveau européen, gouvernemental ou à celui des lobbies représentant les institutions financières,
les dirigeants politiques et les professionnels semblent bien décidés à ressusciter le projet d’UMC.
l Lancé il y a près de dix ans, il vise à doter l’Europe de sources de financement plus stables et plus abondantes.
BOURSE
Sophie Rolland
L’année 2024 marquera-t-elle un
tournant dans le développement des
marchés financiers de la zone euro ?
S’il est évidemment trop tôt pour en
juger, en revanche, une chose appa-
raît clairement : « l’Union des mar-
chés de capitaux » (UMC), un ser-
pent de mer bruxellois depuis près
de dix ans, est aujourd’hui revenu à
l’agenda des décideurs politiques.
Mi-novembre, dans un discours
au Congrès bancaire européen, la
présidente de la Banque centrale
européenne Christine Lagarde
expliquait que l’UMC était « un projet
indispensable dans lequel nous
n’avons pas avancé jusqu’ici ». Un
message relayé dans une tribune
publiée dans « Les Echos » fin
décembre par les dirigeants des ins-
titutions de l’UE, dont la présidente
de la Commission Ursula von der
Leyen et Christine Lagarde.
Le 8 janvier, c’est le ministre de
l’Economie français Bruno Le Maire
qui appelait à « constituer une vérita-
ble équipe d’Europe de l’épargne et de
l’investissement » en mobilisant un
groupe resserré d’Etats membres,
pour plus d’efficacité. Un comité
chargé d’identifier des actions
concrètes et structurantes pour
« nourrir le plan d’action européen » a
été mis en place à cette occasion.
Le calendrier n’est pas innocent.
Une nouvelle Commission sera élue
par le Parlement après les européen-
nes de juin prochain. « Les priorités
de la nouvelle Commission seront
fixées à partir du troisième et du qua-
trième trimestres, il faut que le déve-
loppement de marchés financiers plus
profonds et plus intégrés en fasse par-
tie », explique Stéphane Giordano,
président de l’Association des mar-
chés financiers (Amafi).
L’UMC n’a pas produit
les effets escomptés
En dépit d’un premier plan d’action
en 2015 et d’un deuxième en 2020,
l’UMC n’a pas produit les effets
escomptés. La fragmentation et le
manque de profondeur des mar-
chés européens privent toujours les
entreprises de capitaux, que les plus
dynamiques d’entre elles sont ten-
tées d’aller chercher aux Etats-Unis.
La part des marchés dans le finance-
ment de l’économie reste limitée. En
zone euro, les acteurs privés se
financent à 83 % par des prêts ban-
caires et à 17 % par le marché. En
comparaison, aux Etats-Unis, la pro-
portion des prêts bancaires est de
Campari lance la saison 2024 des levées sur les marchés actions
BOURSE
Le groupe italien
de spiritueux a récolté
1,2 milliard sur les
marchés en vendant
des actions nouvelles et
en émettant des obliga-
tions convertibles.
Laurence Boisseau
C’est la toute première opération de
l’année sur les marchés actions en
Europe. Et elle est d’envergure.
Mercredi 10 janvier, l’italien Cam-
pari a fait appel à des investisseurs
41 % et celle du marché de 59 %.
Autre faiblesse soulignée par
l’Amafi dans un rapport recensant
ses propositions pour la nouvelle
Commission, le marché boursier
américain est plus de deux fois plus
important que les marchés eu -
ropéens en valeur de marché
(38.000 milliards de dollars, contre
17.000 milliards de dollars) et il est
plus de deux fois plus important par
rapport au PIB (165 % contre 79 %).
Résultat : la part de l’Europe dans
l’activité boursière mondiale et dans
les introductions en Bourse est net-
tement inférieure à sa part du PIB.
« Le nombre de sociétés cotées en
Europe a chuté de 17 % au cours de la
dernière décennie (soit une perte de
près de 1.300 sociétés), alors qu’il a
légèrement augmenté aux Etats-
Unis », affirme l’Amafi.
Le constat est particulièrement
cruel au moment où, comme le
signalait Christine Lagarde en
novembre, « l’Europe est aux prises
avec une série de défis communs, les
“trois D”, pour démondialisation,
démographie et décarbonation ».
Dans la zone euro, un déclin continu
de la population en âge de travailler
(15 à 64 ans) devrait s’amorcer
dès 2025. La Commission estime
que la transition écologique coûtera
en moyenne 620 milliards par an
jusqu’en 2030 et que 125 milliards
d’euros supplémentaires seront
nécessaires chaque année pour la
transition numérique. Or les ban-
ques n’ont pas des bilans suffisants
Les 5 propositions
du secteur financier
•nationales
Encourager les initiatives
visant à développer
les marchés domestiques, plutôt
que l’uniformisation à tout prix.
• Favoriser les coopérations
entre Etats volontaires,
car les pays dotés d’institutions
financières fortes partagent
les mêmes enjeux.
• Prendre en compte, dans
l’élaboration des textes, leur
impact sur la compétitivité des
institutions financières de l’UE.
• Réformer l’AEMF (Autorité
européenne des marchés
financiers) pour qu’elle acquière
à terme un pouvoir
de supervision direct.
• Développer des véhicules
d’investissement alternatifs,
susceptibles de transformer une
part significative de l’épargne
européenne en capital.
• Redynamiser le marché
européen de la titrisation.
pour financer l’acquisition de l’his-
torique maison de cognac Courvoi-
sier réalisée en décembre. Il a
récolté 1,2 milliard d’euros en quel-
ques heures, après la clôture de la
Bourse de Milan. Et ce via une aug-
mentation de capital pour 650 mil-
lions d’euros, ainsi qu’une émission
d’obligations convertibles en
actions d’un montant de 550 mil-
lions. L’opération a été un succès :
l’offre a dépassé plusieurs fois la
demande et les investisseurs qui
ont répondu à l’appel de l’industriel
sont surtout des fonds internatio-
naux ou des hedge funds.
Pour les banques qui ont placé
les titres et les obligations converti-
bles (Crédit Agricole, Goldman
pour répondre à ces gigantesques
besoins.
Repli des capitaux
étrangers en temps de crise
« Il est essentiel que les Etats membres
et les entreprises de l’UE […] aient accès
à des pools de financement impor-
tants et stables au sein de l’Union et ne
deviennent pas trop dépendants de
sources de financement externes »,
explique l’Amafi. Ces sources peu-
vent en effet rapidement se tarir en
période de crise. Les investisseurs et
les institutions financières doivent
alors rapatrier leurs ressources sur
leur marché domestique. En
avril 2020, au plus fort de la crise
Covid, les banques non européennes
avaient ainsi drastiquement réduit
leur participation aux marchés des
prêts syndiqués européens, précisé-
ment au moment où les besoins
étaient les plus importants.
L’épargne européenne pourrait
être mieux mobilisée. « Une grande
partie de l’épargne de l’UE est investie
dans des entreprises de pays tiers.
L’UE est un investisseur net pour le
reste du monde », souligne l’Amafi.
En outre, les ménages se dirigent
spontanément vers les comptes à
terme ou les obligations souveraines
via l’assurance-vie. « Il faudrait créer
des outils incitatifs pour l’allocation
vers des actifs plus risqués et à long
terme, notamment dans le cadre de
l’épargne retraite et de dispositifs de
transmission », défend Stéphane
Giordano. n
Sachs, Bank of America, Medio-
banca et Intesa), cette réussite est
de bon augure pour 2024. L’an der-
nier avait enregistré un repli du
marché primaire en Europe, avec
116 milliards d’euros levés seule-
ment, contre 130 milliards un an
plus tôt.
Certains produits avaient mal-
gré tout suscité plus d’appétit que
d’autres. Ainsi, les fonds récoltés
via les obligations convertibles ou
échangeables avaient progressé de
près de 100 %. Schneider Electric,
Cellnex, ENI, Rheinmetall, Wendel,
Delivery Hero avaient eu recours à
ces instruments. Les cessions de
blocs s’étaient également bien
tenues (+31 %), tandis que les intro-
Bercy rêve d’un supermarché
européen du financement
Bruno Le Maire veut
notamment que les
entreprises innovantes
du Vieux Continent aient
un accès aussi facile au
financement que leurs
homologues européennes.
Guillaume Benoit
C’est l’un de ses plus anciens che-
vaux de bataille. Le 8 janvier, Bruno
Le Maire a réaffirmé son intention
de relancer l’Union des marchés de
capitaux en Europe. Pour ce faire,
le ministre de l’Economie et des
Finances a annoncé la création
d’un comité d’expert, emmené par
l’ancien gouverneur de la Banque
de France Christian Noyer et
chargé de mener une réflexion pra-
tique sur le sujet.
Alors que l’Europe affiche un
taux d’épargne près de quatre fois
supérieur à celui des Etats-Unis, les
entreprises – et notamment les
entreprises innovantes – peinent à
profiter de cette manne. Elles se
tournent alors souvent vers le terri-
toire américain, où l’accès aux
capitaux est bien plus facile. « Pour
ne pas décrocher encore face aux
Américains, il faut construire un
véritable supermarché européen du
ductions en Bourse et les augmen-
tations de capital avec DPS (Droit
Préférentiel de Souscription)
avaient chuté.
Fort appétit pour les
obligations convertibles
Cette année, l’engouement pour les
obligations convertibles, produits
hybrides, à mi-chemin entre les
obligations et les actions (car elles
sont assorties d’une option d’achat)
devrait continuer à être aussi fort
que l’an passé. Elles assurent en
effet aux investisseurs un coupon
important car les taux restent
encore élevés. Et la possibilité
de transformer le titre de dette
en action si le cours de Bourse affi-
Mardi 16 janvier 2024 Les Echos
Christian Noyer, gouverneur honoraire de la Banque
de France, présidera le comité d’experts chargé de faire
des recommandations pour l’approfondissement de l’UMC.
financement », souligne-t-on au
cabinet de Bruno Le Maire. Quitte
à dépasser le simple cadre des mar-
chés et y englober les financements
bancaires.
Le locataire de Bercy estime que
Paris est bien placé pour jouer un
rôle moteur dans ce projet. Notam-
ment parce que la France a montré
sa capacité à mener des réformes
ambitieuses à la fois des marchés et
des financements, que ce soit sur le
plan réglementaire ou fiscal.
Ce projet pourrait
ne rassembler au
départ qu’un nombre
restreint de pays.
Pour éviter un nouvel enlise-
ment, c’est une méthode de travail
originale qui a été choisie. Dans un
premier temps, le groupe d’experts
autour de Christian Noyer va dres-
ser un état des lieux au niveau
européen. Et ils feront part de leurs
conclusions début mai. « L’idée
n’est pas qu’ils arrivent avec un cata-
logue détaillé de mesures techniques,
mais qu’ils déterminent quelques
grands piliers, les objectifs qui servi-
che une bonne performance est
appréciée. En outre, « de nombreu-
ses obligations convertibles vont
arriver à échéance dans les deux pro-
chaines années. Les investisseurs
vont récupérer plus de 30 milliards
d’euros de cash », note Benoît Bout,
responsable mondial des obliga-
tions convertibles pour Crédit
Agricole CIB.
Du côté des entreprises émettri-
ces, ce produit a aussi la cote
actuellement car il permet de se
financer à des conditions favora-
bles. Il offre une économie souvent
supérieure à 2 % par an sur les cou-
pons que servent les obligations
classiques (sans option d’achat), ce
qui réduit fortement les charges
24
Bloomberg
ront de guide aux futurs travaux »,
explique-t-on à Bercy. Ce projet ser-
vira de base dans un deuxième
temps aux discussions menées de
façon très ouverte avec les parte-
naires européens.
Si ce processus a vocation à
s’appliquer à l’ensemble de l’Union
européenne, il pourrait ne rassem-
bler au départ qu’un nombre res-
treint de pays. L’objectif est d’être
plus efficace et d’éviter de tomber
immédiatement dans le jeu des
négociations à 27 qui conduisent
bien souvent à ne retenir que le
plus petit dénominateur commun,
selon Bercy. Seraient concernés
bien évidemment l’Allemagne, et
tous les Etats possédant d’impor-
tants marchés financiers (Pays-
Bas, Italie, Espagne…). Mais aussi
ceux qui souhaitent redévelopper
ces activités.
Il ne devrait pas y avoir de sujets
tabous. Y compris un allègement
des contraintes réglementaires
pesant sur les banques et les assu-
reurs. « Les négociations sur la régle-
mentation Solvabilité 2, en décem-
bre, ont permis de dégager chez les
assureurs français 10 milliards
d’euros de capacité de financement
en plus à destination des entrepri-
ses », se félicite-t-on à Bercy. n
financières. Les entreprises
devraient donc envisager de recou-
rir aux obligations convertibles
pour leurs futurs besoins. « L’acti-
vité de fusions-acquisitions devrait
reprendre cette année et les besoins
en financement suivre », anticipe
Benoît Bout.
Pour ce qui est des augmenta-
tions de capital, déjà quelques
grands groupes ont annoncé qu’ils
auraient besoin de reconstituer
leurs capitaux propres. Ainsi,
Clariane (nouveau nom du groupe
Korian, spécialisé dans les Ehpad)
et Alstom ont déjà annoncé
qu’ils procéderaient sans doute à
des augmentations de capital
en 2024. n
25 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
Le superviseur prône une hausse
des taux de l’assurance-vie
l L’ACPR appelle les compagnies d’assurance à puiser dans leurs réserves
pour mieux rémunérer les fonds en euros.
l Le superviseur surveille le risque de rachats sur ces produits,
fragilisés par la hausse rapide des taux d’intérêt.
ASSURANCE
Amélie Laurin
Les épargnants doivent en avoir
pour leur argent. C’est en substance
le message passé lundi par le gen-
darme français du secteur de l’assu-
rance. L’Autorité de contrôle pru-
dentiel et de résolution (ACPR)
souhaite que les compagnies rever-
sent progressivement à leurs
clients les réserves accumulées au
fil des ans, pour mieux rémunérer
les traditionnels fonds en euros.
L’ACPR « étudiera les évolutions
de la rémunération servie au titre de
2023 » en assurance-vie, « notam-
ment la redistribution progressive de
la provision pour participation aux
bénéfices (PPB) constituée ces derniè-
res années afin de maintenir une
rémunération attractive pour les
épargnants », précise le programme
de travail du régulateur pour 2024.
5,4 % de réserves
Shutterstock
A fin 2022, la PPB représentait 5,4 %
des 1.165 milliards d’euros d’encours
des contrats d’assurance-vie indivi-
duels, selon l’ACPR. Après des
années de hausse, cette manne est
restée stable par rapport à 2021, car
les assureurs ont commencé à y pui-
ser pour relever la rémunération de
leurs fonds en euros. L’objectif :
juguler les retraits de capitaux des
clients, face à la remontée des taux
d’intérêt et à l’inflation.
Après trente années de baisse
quasi ininterrompue des rende-
ments de ces portefeuilles essentiel-
lement obligataires, pénalisés par
les taux d’intérêt très bas, la perfor-
mance moyenne des fonds en euros
L’exposition des banques à l’immobilier
commercial dans le viseur
Les risques liés à l’immobi-
lier commercial, mais aussi
les erreurs dans les
stratégies de couverture
sont dans le viseur du
superviseur français du
secteur bancaire, l’ACPR.
Edouard Lederer avec T. M.
Des risques placés sous surveillance
rapprochée. Le gendarme bancaire
français (ACPR), qui présentait
lundi ses priorités de travail pour
2024, a annoncé son intention
« d’analyser avec attention » l’exposi-
tion des établissements aux secteurs
d’activité qui sont « identifiés comme
vulnérables ».
L’Autorité pointe l’immobilier
commercial, alors que les détenteurs
de bureaux ou de centres commer-
ciaux pourraient rencontrer ces pro-
chains mois des difficultés de refi-
nancement. En France, le secteur n’a
pas encore connu de craquement
majeur, mais ce n’est pas le cas outre-
Rhin, avec la faillite retentissante du
promoteur immobilier Signa.
Mouvements mal anticipés
Comme régulièrement ces derniers
trimestres, « la finance à effet de
levier » est aussi pointée du doigt,
ainsi que les risques liés à des mou-
vements brusques ou mal anticipés
sur les taux d’intérêt. Ces derniers
mois, les banques – notamment
Société Générale ou La Banque Pos-
tale – ont pu voir leurs stratégies de
couverture prises à contre-pied,
occasionnant des pertes.
« L’Autorité mènera une évalua-
tion de la qualité des actifs des ban-
ques, de leurs pratiques de provision-
L’ACPR reste attentive « au risque de rachat par les assurés des unités
de compte ayant pour sous-jacent des parts de fonds immobiliers ».
est ainsi passée de 1,28 % en 2021 à
1,91 % en 2022, selon l’ACPR. Et le
mouvement se poursuit. Le cabinet
Facts & Figures prédit 2,50 % en
moyenne au titre de 2023.
Certains acteurs ont déjà dévoilé
des rendements 2023 qui appro-
chent les 3 % du Livret A, comme
Société Générale Assurances, Maaf
ou GMF. MACSFet La France
Mutualiste vont au-delà, à respecti-
vement 3,10 % et 3,70 % pour tous
nement et du risque de crédit »,
résume l’institution, qui se penchera
aussi sur les risques liés aux mouve-
ments brusques sur les matières
premières. Les interrogations du
superviseur sur la qualité des actifs
bancaires interviennent alors que
les nuages s’accumulent sur l’écono-
mie. « On a une normalisation de
l’ampleur des défaillances d’entrepri-
ses. On est toujours en dessous des
niveaux pré-Covid mais on a malgré
tout une progression de ce nombre
donc c’est un facteur à surveiller »,
précisait fin décembre François
Haas, directeur général adjoint, res-
ponsable de la stabilité financière et
des opérations à la Banque de
France.
Ce dernier notait aussi une petite
progression des risques de crédit
dits de « niveau 2 ». Ces derniers cor-
respondent à des incidents de rem-
boursement, sans que le prêt con-
cerné soit pour autant déjà en
défaut. « C’est un des indicateurs que
les superviseurs regardent comme
étant un des indicateurs avancés. C’est
un des facteurs d’attention que l’on a,
mais rien qui ne sorte de l’ordinaire
dans la période que l’on connaît
aujourd’hui », nuançait-il.
Dans une récente note, l’agence
Scope se montre, elle aussi, plutôt
confiante. Si en 2024, la production
de nouveaux prêts devrait rester
ralentie, « nous ne prévoyons pas de
hausse sensible du chômage dans
notre scénario central », écrit l’agence
de notation. Cette dernière salue
également le prolongement de trois
ans de l’accord de place sur le rem-
boursement des prêts garantis par
l’Etat (PGE), massivement distri-
bués pendant la crise sanitaire.
leurs adhérents. D’autres en sont
loin, comme AXA, où le taux de base
remonte seulement à 2 %.
Marges de manœuvre
Les politiques commerciales diffè-
rent selon l’accent mis ou non sur
d’autres supports, comme les unités
de compte (UC) ou l’eurocroissance
assortis de « bonus » de perfor-
mance. Les marges de manœuvre
sont aussi très diverses, sachant que
Les priorités de l’ACPR s’inscri-
vent plus largement dans le disposi-
tif européen de surveillance des ban-
ques, assuré par la Banque centrale
européenne (BCE) et l’Autorité ban-
caire européenne (ABE). « La qualité
des actifs demeure robuste, alors
que les incertitudes économiques
n’ont pas encore affecté les ménages
et les entreprises », déclarait cette
dernière la semaine dernière.
Comme l’ACPR, elle observe cepen-
dant « certains signaux avancés de
détérioration », notamment dans le
domaine immobilier.
Dans son dernier discours
comme patron de la supervision
bancaire au sein de la BCE, avant de
passer la main à Claudia Buch,
Andrea Enria notait que « la qualité
des actifs bancaires de la zone euro
pourrait se détériorer en raison de ris-
ques géopolitiques potentiels », ou en
raison du niveau de l’inflation et du
durcissement des conditions de
financement jouant sur la capacité
des emprunteurs à réaménager leur
dette. n
« La qualité
des actifs
bancaires de la
zone euro pourrait
se détériorer en
raison de risques
géopolitiques
potentiels. »
ANDREA ENRIA
Patron de la supervision
bancaire au sein
de la BCE
FINANCE & MARCHES
Mubadala et Ardian
coupent les ponts
avec Indexia
ques. A l’automne, ils auraient
ASSURANCE
ainsi exigé de Sadri Fegaier de
revoir la gouvernance et
En rupture avec demandé plus de droits, selon
l’homme d’affaires des sources. Sans que l’homme
Sadri Fegaier qui d’affaires ne transige.
s’apprête à compa- « Nous confirmons avoir mis
raître en justice, un terme au mandat de nos repré-
les bancassureurs disposent d’une l’ensemble des sentants au conseil de surveillance
PPB de 6,4 % en moyenne, contre actionnaires mino- d’Indexia en raison de divergences
3,9 % pour les assureurs tradition- ritaires du courtier avec la direction portant sur la
nels, selon l’ACPR. en assurance gouvernance, la gestion et la straté-
Société Générale Assurances met gie de la société », réagit un porte-
ainsi en avant la « qualité » de son
ont démissionné parole d’Ardian, qui comptait
allocation d’actifs et les réserves du conseil deux membres à ce conseil.
« dans lesquelles nous avons puisé à de surveillance. Mubadala confirme également
hauteur de 130 points de base avoir démissionné de son siège
[1,30 point de pourcentage, NDLR], Anne Drif et A. L. d’observateur au conseil. Le
car le rendement de notre portefeuille fonds souverain d’Abu Dhabi
d’actifs est resté assez stable en Cette fois, c’est la rupture. avait repris les parts de Bpifrance
2023 », indique Philippe Perret, le L’homme d’affaires et fondateur à l’automne. Moins pour se con-
directeur général. d’Indexia (ex-SFAM) Sadri solider (sa part a crû de 4,4 % à
Pour l’ACPR, l’utilisation de la Fegaier perd ses derniers sou- 9 %) que pour libérer la banque
PPB est un enjeu de stabilité finan- tiens, à l’approche de sa compa- publique, embarrassée par
cière. La collecte de l’assurance-vie a rution fin mai pour pratiques l’accumulation des contentieux.
reculé l’an dernier à 3,4 milliards commerciales trompeuses dans
d’euros à fin novembre, selon la le procès en correctionnelle du Une valorisation
fédération France Assureurs. Les courtier en assurances affinitai- de 1,7 milliard d’euros
fonds en euros ont poursuivi leur res. Amende de la répression des Conséquence de cette décision
décrue avec 25,4 milliards de fraudes (DGCCRF), enquête du collective, Sadri Fegaier, l’action-
retraits nets sur onze mois. gendarme financier (ACPR), des naire de contrôle avec plus de
Cette année encore, l’ACPR « sur- assureurs qui coupent les ponts 70 % du capital, reste seul à la
veillera l’évolution des rachats en et des milliers de clients qui s’esti- gouvernance. Tous les action-
assurance-vie, contenus en 2023, et ment victimes d’une vente forcée naires minoritaires ont quitté le
ses effets sur la solvabilité et la liqui- ou de l’augmentation incontrôla- conseil. Un arbitrage de taille :
dité des organismes ». Des sorties ble de leur prime d’assurance : la en 2018, en entrant au capital
trop brutales contraindraient en coupe est pleine pour les action- aux côtés de l’homme d’affaires,
effet les compagnies à vendre, à naires minoritaires. ils avaient valorisé l’ex-SFAM
perte, des obligations anciennes Après Bpifrance en octobre, pas moins de 1,7 milliard
toujours en portefeuille, en particu- c ’e s t a u t o u r d ’ A r d i a n , l e d’euros. Interrogé sur ces mises
lier de la dette de l’Etat français. deuxième actionnaire d’Indexia en retrait, Indexia n’a pas réagi
Le superviseur reste aussi attentif avec 17 % du capital, du fonds dans l’immédiat.
« au risque de rachat par les assurés souverain Mubadala (9 %) et du D’après des sources, l’un des
des UC ayant pour sous-jacent des fonds Andera (0,3 %) de tourner principaux créanciers
parts de fonds immobiliers ». En cas le dos à l’homme d’affaires. Selon d’Indexia, le fonds ICG, s’inter-
de problème de liquidité, les compa- nos informations, ils ont démis- roge aussi sérieusement sur son
gnies mettent la main au porte- sionné collectivement du conseil exposition au courtier. Il avait
feuille. « Nous appliquons la régle- de surveillance, lors de la der- repris cet automne les parts
mentation et les conditions prévues nière réunion de l’organe le 9 jan- d’Indexia dans FNAC-Darty,
dans les contrats, en assurant les vier. Le constat d’échec est auprès duquel le courtier distri-
rachats de nos clients », indique Phi- devenu évident au printemps buait ses assurances pour ordi-
lippe Perret, pour qui le risque dernier. Les actionnaires ont eu nateurs et autres téléphones.
immobilier reste néanmoins « très visiblement de plus en plus de Une opération destinée à alléger
maîtrisable ». n mal à être informés des prati- la dette du groupe. n
ANNLEGALECH
annonces judiciaires & légales
Modiicaion n°3 du PLU
de la Commune de Savigny-sur-Orge
AVIS D’OUVERTURE D’ENQUETE PUBLIQUE
Par arrêté n°A2024-899 en date du 09/01/2024, Monsieur le Président de l’Etablissement Public Territorial Grand-Orly Seine Bièvre a
ordonné l’ouverture de l’enquête publique sur le projet de Modificaion n°3 du PLU de la Commune de Savigny-sur-Orge.
A cet effet, Monsieur Nicolas POLINI, a été désigné par le Tribunal Administraif de Versailles comme commissaire-enquêteur itulaire, et
Monsieur Bernard ALEXANDRE comme suppléant le 29/12/2023.
La modiicaion a pour objet :
Viser un urbanisme maîtrisé et des projets vertueux :
- Créer des secteurs de mixité sociale (art. L.151-15 du Code de l’Urbanisme) dans lesquels un pourcentage adapté est affecté à des
catégories de logements,
- Revoir précisément les limites des zones, et notamment la zone UG en foncion de l’existant et des mutaions envisagées
(maîtriser la densité et l’intégraion avec la zone pavillonnaire),
- Revoir l’ensemble des OAP comme de véritables secteurs de projets,
- Repenser l’axe structurant (RD25) comme un vrai boulevard urbain,
- Renforcer les exigences environnementales au sein des projets,
- Accompagner le développement de l’habitat par du commerce de proximité et des équipements.
- Renforcer le paysage et la nature en ville :
- Luter contre les divisions parcellaires,
- Favoriser la désimperméabilisaion des sols (coefficient biotope, surfaces de pleine terre, etc.),
- Ideniier et protéger le patrimoine végétal et les espaces naturels,
- Favoriser le vivre ensemble et répondre à la diversité des besoins :
- Modiier certaines disposiions règlementaires (aspects des clôtures, piscines, hauteurs des construcions, densités, le
staionnement),
- Permetre la réalisaion de nouveaux équipements, la réhabilitaion ou la créaion de logements sur des emprises publiques
(logements étudiants, sociaux, etc.),
- Préserver le patrimoine bâi et historique de la commune.
L’enquête se déroulera à la Mairie de Savigny-sur-Orge du 5 février à 8h30 au 13 mars 2024 à 11h30 inclus
aux jours et horaires habituels d’ouverture du service urbanisme à l’Hôtel de Ville, soit les :
- mardi et vendredi de 8h30 à 12h et de 13h00 à 17h 30
- le jeudi de 9h30 à 19h
- et les lundi, mercredi et samedi de 8h30 à 12h
sauf le 13 mars jusqu’à 11h30, heure de clôture de l’enquête
où chacun pourra prendre connaissance du dossier et soit consigner ses observaions sur le registre d’enquête, soit les adresser par écrit
en Mairie, 48 avenue Charles de Gaulle, 91600 SAVIGNY-SUR-ORGE, ainsi qu’à l’adresse
enquetepubliqueplu@savigny.org, le tout à l’atenion du Commissaire Enquêteur.
Le dossier sera également consultable et téléchargeable sur le site de la commune (www.savigny.org).
Toute informaion pourra être obtenue auprès du service de l’urbanisme au 01 69 54 41 25.
Le commissaire enquêteur recevra en Mairie :
le lundi 5 février 2024 de 9h00 à 12h00,
le jeudi 22 février 2024 de 16h00 à 19h00,
le samedi 2 mars 2024 de 9h00 à 12h00,
le mercredi 13 mars 2024 de 8h30 à 11h30,
A l’expiraion du délai d’enquête, le registre d’enquête et les documents annexés seront transmis au commissaire enquêteur et clos par
lui. Celui-ci rend son rapport relatant le déroulement de l’enquête et ses conclusions moivées dans un délai de trente jours à compter
de la fin de l’enquête. Le rapport et les conclusions moivées sont rendues publics par voie dématérialisée sur le site Internet de la
commune et sur le lieu où ils peuvent être consultés sur support papier.
A l’issue de l’enquête publique, ce projet, éventuellement modifié pour tenir compte des avis qui ont été joints au dossier, des
observaions du public et du rapport du commissaire enquêteur, est approuvé par délibéraion de l’autorité compétente pour prendre la
décision, le Conseil Territorial du Grand Orly Seine Bièvre, organe délibérant
La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
FINANCE & MARCHES Mardi 16 janvier 2024 Les Echos 26

Assurance-emprunteurs : la loi En Guinée,

Lemoine a ouvert le marché
ASSURANCE
Le Comité consultatif
du secteur financier
(CCSF) dresse un bilan
« très positif »
de la mise en œuvre de
ce texte, censé élargir
davantage le marché
de l’assurance-
emprunteurs, long-
temps resté la chasse
gardée des banques.
Romain Gueugneau
Mission accomplie, ou presque. Un
an et demi après l’adoption de la loi
Lemoine, qui permet à ceux qui
souscrivent un prêt à l’habitat de
changer leur contrat d’assurance
décès ou invalidité à tout moment,
le Comité consultatif du secteur
financier (CCSF) estime qu’elle « a
renforcé la concurrence et la substi-
tution sur le marché de l’assurance-
emprunteurs ». « C’est un vrai suc-
cès », affirme le CCSF dans un
communiqué publié lundi.
L’organisme de concertation du
secteur financier, qui réunit les
autorités, les banques et les assu-
rances ainsi que les associations de
consommateurs, vient de remettre
au Parlement un rapport qui
mesure les conséquences de cette
loi. Selon les études menées, les
demandes de substitution ont ainsi
augmenté « de plus de 80 % »
entre 2021 et le premier semes-
tre 2023.
Encouragés par la nouvelle loi,
les emprunteurs n’ont pas hésité à
changer de contrat et à faire jouer
la concurrence. Ce qui a profité
aux acteurs alternatifs externes,
comme les assureurs et les cour-
tiers en assurance. La part de mar-
ché des contrats alternatifs exter-
nes est passée de 15,3 % à fin 2021 à
16,1 % à fin mai 2023, avec une accé-
lération très nette sur les premiers
mois de 2023, relève le CCSF.
« Le rapport montre les effets
directs recherchés par le législateur :
une plus forte demande de résiliation
et la poursuite de la baisse des condi-
tions tarifaires pour les segments de
clients les plus jeunes et les plus favo-
Selon les études menées, les demandes de substitution ont augmenté « de plus de 80 % » entre 2021
et le premier semestre 2023. Photo iStock
risés », a commenté la Fédération
bancaire française (FBF).
Economies
de 5.000 à 25.000 euros
Le bilan positif réalisé par le CCSF
contraste avec les critiques récur-
rentes de différents professionnels
du secteur, qui dénoncent un mar-
ché encore très fermé malgré la loi.
L’an dernier, l’Association pour la
promotion de la concurrence en
assurance des emprunteurs
(Apcade) a lancé son propre obser-
vatoire sur le sujet. Si elle a d’abord
constaté un bond du nombre de
changements de contrat, le phéno-
mène se serait ensuite tassé. La
faute, selon elle, aux banques qui ne
joueraient pas toujours le jeu, alors
qu’un changement de contrat pour-
rait faire économiser entre 5.000 et
25.000 euros par assuré.
Dans son rapport, le CCSF
observe toutefois des « difficultés
persistantes » sur les demandes de
substitution, notamment en ce qui
concerne les délais de traitement
pour ces opérations, qui peuvent
être plus longs que prévu. La DGC-
CRF avait elle-même adressé des
avertissements l’an dernier à cer-
tains établissements.
Le CCSF regrette également que
l’amélioration du processus de rési-
liation d’assurance n’ait pas bénéfi-
cié à tous : ce sont principalement
les profils les plus aisés qui en ont
profité à ce stade (58 % des substitu-
tions, pour 27 % des crédits).
Questionnaire médical
Attendue sur le sujet du question-
naire médical, également supprimé
par la loi Lemoine pour tout mon-
tant de crédit assuré inférieur ou
égal à 200.000 euros, l’instance de
concertation juge là aussi que la
nouvelle législation a eu les effets
escomptés. « Cette mesure n’a globa-
lement pas freiné la tendance à la
baisse des tarifs », observe le CCSF,
même si une hausse préventive des
tarifs avait été d’abord observée
chez les acteurs alternatifs.
Dans les faits, la suppression du
questionnaire de santé, jusqu’alors
demandé à tout emprunteur,
s’applique à un nombre limité de
dossiers. Seulement 23 % des
contrats de crédits étaient concer-
nés dans l’analyse menée par le
CCSF. La mesure est en effet appli-
cable seulement si l’assuré a moins
de 60 ans à l’issue de son crédit. Ce
qui réduit de manière significative
le périmètre d’application, compte
tenu de l’allongement de la durée
moyenne des prêts. n
Rio Tinto s’apprête
enfin à exploiter
le fer de Simandou
MATIÈRES
PREMIÈRES
Après des décennies
d’hésitations et une
kyrielle d’affaires,
le géant Rio Tinto
s’apprête à exploiter
la montagne Siman-
dou, au sud-est
de la Guinée.
Il s’agit du plus
grand gisement de
fer encore inexploité
au monde.
Etienne Goetz
On croyait la saga sans fin. Il
aura fallu près de trente ans,
marqués par des affaires de cor-
ruption et des revirements à
n’en plus finir, pour que le gise-
ment de la montagne Siman-
dou en Guinée soit enfin ex-
ploité. Sauf nouveau coup de
théâtre, les différentes compa-
gnies disposant des droits
miniers, dont le géant Rio
Tinto, devraient donner les pre-
miers coups de pioche en 2024.
Il s’agit d’un des plus grands
projets miniers au monde qui
a nécessité au total près de
20 milliards de dollars
( 1 8 , 2 6 m i l l i a r d s d ’e u r o s)
d’investissement pour son
développement, comprenant la
construction des mines ainsi
que des infrastructures ferro-
viaires et portuaires pour ache-
miner le minerai vers les ports
d’exportation.
Trop cher pour une seule
compagnie minière, le projet a
été développé par Rio Tinto, le
gouvernement guinéen et au
moins sept autres sociétés, dont
cinq sont chinoises. Concrète-
ment, Rio Tinto va investir plus
de 6 milliards de dollars pour
construire une mine, baptisée
« Simfer », au sud-est du pays,
en partenariat avec un consor-
tium emmené par Chinalco, le
plus grand producteur d’alumi-
nium au monde. Le groupe
sur des bateaux ayant besoin
d’un fort tirant d’eau. Ce projet a
été marqué par une série de
scandales de corruption, de
revirements sur fond d’instabi-
lité politique et de coup d’Etat.
L’une des principales péripéties
a notamment concerné Rio
Tinto.
Le géant coté à Londres avait
sécurisé des droits sur le gise-
ment dès 1997. Mais Lansana
Conté, qui a régné sur le pays
pendant un demi-siècle, avait
retiré les droits pour les réattri-
buer au magnat des mines Beny
Steinmetz, un homme d’affai-
res franco-israélien ayant fait
fortune dans les mines de
diamants.
Or cette opération a été enta-
chée d’irrégularités. Pour récu-
pérer les droits de Rio Tinto,
Beny Steinmetz aurait versé des
pots-de-vin à la quatrième
épouse du dirigeant africain.
Le président suivant, Alpha
Condé, arri vé au p ou vo i r
en 2008, avait remis à plat tous
les droits miniers et repris ceux
de Beny Steinmetz pour les ren-
dre à Rio Tinto. L’homme
d’affaires a été condamné par la
justice suisse pour corruption
d’agent étranger à trois ans de
prison dont dix-huit mois
ferme. Rio Tinto a lui aussi été
sous le coup d’une enquête des
autorités britanniques pour
corruption.
Du « caviar » pour
la décarbonation
Dans le monde de la mine, le
projet de Simandou n’a rien de
comparable. D’abord, les quan-
tités dans le sous-sol sont colos-
sales. A terme, la production du
gisement pourrait atteindre
60 millions de tonnes par an,
soit 5 % du minerai échangé
sur le marché international.
La qualité de la roche extraite
est également exceptionnelle.
Dans les colonnes du « Finan-
cial Times », Bold Baatar, l’un
des responsables du projet
chez Rio Tinto, parle de « caviar
du fer ». La teneur du gisement
est particulièrement élevée,
avec 65 % de fer dans le mine-

Le taux du Livret d’épargne populaire anglo-australien détiendra

53 % des droits.
rai. Un atout majeur à l’heure
de la productivité et de la
décarbonation.
Plus la teneur est élevée,

va tomber de 6 % à 5 % au 1er février

ration sera plus de deux points au-
ÉPARGNE dessus de l’inflation », a souligné
Bruno Le Maire dans le quotidien
Le taux du LEP, régional « La Voix du Nord », où il
qui avait été fixé à 6 % répondait aux lecteurs du journal.
depuis le 1er août,
va diminuer à partir Favoriser l’épargne
du 1er février afin des classes populaires
de suivre le ralentisse- Avec la formule de calcul du LEP,
ment de la hausse qui intègre le niveau de l’inflation, la
des prix à la consom- rémunération aurait dû, sur le
mation. papier, tomber à 4,4 %. Mais Fran-
çois Villeroy de Galhau a proposé
de « fixer son taux à 5 % afin de don-
Marion Heilmann ner un gain supplémentaire de pou-
avec E. Le. voir d’achat aux ménages modestes
redescendre à 5,6 % comme l’indi-
quait la formule de calcul. Une
manière de favoriser l’épargne des
classes populaires tout en évitant
d’alourdir les bilans des banques au
détriment du logement social et au
profit de classes plus aisées.
En effet, une grande partie de la
collecte du Livret A vient de ména-
ges aisés. Ainsi en 2022, alors que
l’encours moyen d’un Livret A était
de 6.351 euros, 5,3 millions de
« Avec une
comptes atteignaient le plafond
réglementaire de 22.950 euros, ce
qui représentait 36 % de l’encours
total. Et en 2023, le Livret A a encore
réalisé une collecte impression-
nante, notamment en drainant une
partie des fonds en euros de l’assu-
rance-vie. A l’inverse, le LEP est
réser vé aux ménages dont le
revenu fiscal de référence ne
dépasse pas 22.419 euros pour un
célibataire et 33.393 pour un cou-
ple, en métropole.
Ce placement a regagné en popu-
larité après avoir longtemps été
relativement méconnu par les
Logistique
Une deuxième mine (WCS), un
peu plus au centre du pays, sera
construite par le plus grand
producteur d’acier, le chinois
Baowu (49 %), et le consortium
emmené par la société basée à
Singapour Winning Internatio-
nal Group (51 %).
Toutes les parties prenantes
financent une ligne de chemin
de fer de 550 km pour rejoindre
la côte à quelques encâblures
de la capitale Conakry. Les
groupes vont également cons-
truire un port en haute mer
pour le chargement du minerai
moins l’extraction de minerai et
sa transformation sont en effet
énergivores. De plus, l’une des
pistes les plus prometteuses
pour réduire les émissions de
carbone de l’acier (5 % à 8 % des
émissions de CO2 mondiales)
consiste à réduire le fer non pas
avec du charbon de coke – une
réaction chimique qui produit
énormément de gaz à effet de
serre – mais avec de l’hydro-
gène, qui rejette simplement de
l’eau. Or ce procédé industriel
n’est possible qu’avec du mine-
rai de haute qualité. n

Le Livret d’épargne populaire (LEP)

va devenir moins avantageux. A
partir du 1er février, sa rémunéra-
tion sera abaissée de 6 % à 5 %, a
confirmé lundi le ministère de
l’Economie, qui a suivi la proposi-
tion de la Banque de France. Son
taux restera toutefois supérieur au
niveau de l’inflation, qui s’est établie
à 3,6 % hors tabac en décembre,
comme l’avait laissé entendre le
gouverneur de la Banque de France,
François Villeroy de Galhau, sur
France 2 il y a quelques jours.
« Avec une inflation qui va passer
sous les 3 %, vous aurez un Livret
d’épargne populaire dont la rémuné-
et de maintenir la capacité d’attrait
de cet instrument auprès des 8 mil-
lions de Français éligibles non-déten-
teurs de LEP », a précisé l’institution,
lundi, dans un communiqué.
La rémunération du LEP entame
donc sa baisse, après avoir explosé
depuis la mi-2022. En effet, le taux
de ce produit réservé aux classes les
moins favorisées est passé de 1 % en
janvier 2022, à 2,2 % en février, puis
à 4,6 % au 1er août avant d’atteindre
un pic à 6,1 % au 1er février 2023.
Ensuite, alors que le taux du
Livret A était gelé à 3 % au 1er août
pour dix-huit mois, la Banque de
France a proposé de maintenir le
taux du LEP à 6 % au lieu de le faire
inflation qui va
passer sous les 3 %,
publics qui y étaient éligibles.
Entre la pression de l’inflation
sur les finances des ménages, la
en bref
vous aurez un remontée fulgurante de son taux,
Livret d’épargne et l’incitation des pouvoirs publics
populaire dont à s’intéresser à ce produit d’épar- Le prix du gaz naturel européen tombe
la rémunération gne, son taux de détention est passé sous les 30 euros par mégawattheure
de 37 % fin 2021 à 52 % en mai
sera plus de deux dernier. ÉNERGIE La vague de froid qui a touché l’Europe n’a pas suffi à
points au-dessus Ceci a fait exploser sa collecte, qui relancer durablement les cours du gaz naturel. Le tarif des
de l’inflation. » atteignait déjà les 18,7 milliards contrats à terme livrables pour le mois prochain du TTF néer-
d’euros sur les onze premiers mois landais, la référence en Europe, a chuté de près de 6,5 %, lundi,
BRUNO LE MAIRE de l’année 2023. Ce succès a égale- pour terminer sous les 30 euros par mégawattheure. La
Ministre de l’Economie
et des Finances ment été favorisé par le relèvement demande industrielle en berne et des niveaux de réserve impor-
du plafond du LEP, de 7.700 à tants pèsent sur les cours du gaz naturel. Il s’agit de son prix le
10.000 euros en octobre dernier, et plus faible depuis août dernier, loin des pics enregistrés dans la
elle représente déjà plus du dou- foulée de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, même s’il reste
blede celle de 2022. n bien supérieur aux cours qui prévalaient auparavant.
27 Les Echos Mardi 16 janvier 2024
GESTION D’ACTIFS
La baisse des valorisations de l’immobilier et l’atonie du capital-investissement ont pesé l’an passé
sur la valorisation des encours des institutionnels français. Ces derniers ont notamment privilégié le monétaire.
Les investisseurs institutionnels
ralentissent dans le non-coté
Caroline Mignon
e non-coté n’a plus la cote !
L
Comme anticipé l’an dernier,
la part des actifs privés dans
les portefeuilles des institutionnels
a atteint un plafond à 15,6 % de leurs
encours. C’est l’un des enseigne-
ments principaux que tire le cabi-
net Indefi du dernier opus de son
baromètre institutionnel, qui prend
chaque année le pouls de près de
200 investisseurs français (assu-
reurs, mutuelles, régimes de retrai-
tes et de prévoyance, banques,
Caisse des Dépôts et Consigna-
tions, etc.).
Avec la hausse en flèche des ren-
dements obligataires, les actifs dits
« privés » ont vu s’effriter la prime
d’illiquidité qui les rendait si
attrayants durant les années de
taux zéro. A cette concurrence iné-
dite depuis des années se sont ajou-
tés la baisse des valorisations de
l’immobilier et l’attentisme dans le
capital-investissement. « La hausse
des taux et l’incertitude géopolitique
ont ralenti l’an dernier tout nouveau
projet de LBO [Leveraged Buy-Out,
endettement pour acquérir une
entreprise, NDLR] », explique
Karim Boussetta, chez Moonfare,
spécialisé dans le capital-investisse-
ment auprès des particuliers.
Les infrastructures
ont le vent en poupe
Les perspectives pour ces deux
classes d’actifs sont maussades,
tandis qu’elles sont plus favorables
pour la dette privée, qui profite de
rendements attrayants. En revan-
che, les infrastructures, outil privi-
légié de financement de la transi-
tion énergétique, continuent
d’avoir le vent en poupe : leurs
encours ont doublé en trois ans.
« De nombreux institutionnels sont
encore en dessous de leurs objec-
tifs », note Agnès Lossi, directrice
associée chez Indefi.
Une des classes d’actifs gagnante
de l’année, au côté des obligations
de bonne qualité en euros, est sans
Les obligations risquées suscitent de nouveau l’intérêt
L’amélioration
des perspectives
conjoncturelles
et la possible baisse
des taux devraient pousser
les institutionnels
vers ces classes d’actifs
qui offrent un meilleur
rendement.
Les classes obligataires risquées
ont été délaissées l’an dernier. Dans
son baromètre institutionnel 2024,
le cabinet Indefi note une baisse de
la dette à haut rendement dans les
encours gérés par les institution-
nels français.
« Le différentiel de rendement avec
les obligations de qualité n’est plus
jugé suffisant pour porter un risque
de crédit supérieur et croissant en
raison des incertitudes économi-
ques », explique Agnès Lossi, direc-
trice associée du cabinet Indefi, qui
souligne la hausse du risque de
défaut, notamment sur les émet-
teurs américains. Pourquoi, en
« Les
investisseurs
institutionnels
veulent profiter
d’un rendement
élevé et être en
mesure d’honorer
leurs engagements
au passif. »
AGNÈS LOSSI
Directrice associée chez Indefi
effet, se brûler les ailes avec des
titres risqués alors que les rende-
ments sont déjà suffisants sur les
obligations des Etats les plus sûrs ?
Les obligations émergentes ont
pâti, de surcroît, du coût élevé des
couvertures de change, de réces-
sions et d’une aggravation des ten-
sions géopolitiques.
Mais ce trou d’air pour l’obliga-
taire risqué ne devrait pas perdurer.
Selon une étude de Aeon Invest-
ments, 84 % des investisseurs insti-
tutionnels spécialisés dans l’obliga-
taire ont l’intention de prendre plus
de risque en 2024, et un sur dix avec
beaucoup de vigueur, tandis que 1 %
seulement se montre prudent.
Premier élément de motivation :
bien que délaissées l’an dernier, les
obligations risquées constituent les
classes d’actifs qui affichent les
meilleures performances en 2023,
ce qui n’a sans doute pas échappé
aux institutionnels. « Ainsi, les titres
à haut rendement européens et amé-
ricains ont respectivement gagné
conteste le monétaire, en hausse de
10 % sur la période, qui offre aux
institutions une position d’attente
rémunératrice particulièrement
confortable. Les allocations ont été
stimulées par l’agressivité des
offres bancaires et ont bénéficié
d’un environnement incertain, peu
propice aux prises de risque.
Les liquidités placées
à plus long terme
« Les institutionnels souhaitent à la
fois profiter d’un rendement élevé,
supérieur à 4 %, et être en mesure
d’honorer leurs engagements au
passif, en particulier pour l’assuran-
12 % et 13 %, et la dette des pays émer-
gents 10,3 % ! » relève Marion Le
Morhedec, responsable mondial de
l’obligataire chez AXA IM. De leur
côté, les titres de crédit européen
« investment grade », bien notés,
ont gagné 8 %.
Des investisseurs qui vont
se montrer plus audacieux
Même si la performance passée ne
présage pas des futures, les investis-
seurs ne souhaitent sûrement pas
essuyer un nouveau revers cette
année. D’autant que la baisse des
taux des banques centrales qui se
profile est le premier moteur de
performance des obligations, dont
la valeur varie en sens inverse des
taux. Une année propice à la classe
d’actifs en général, donc, et qui
démarre sous de meilleurs auspices
que 2023.
En début d’année, les prévision-
nistes tablaient alors sur une réces-
sion de part et d’autre de l’Atlanti-
que. Aujourd’hui, c’est plutôt le
ce-vie, en décollecte nette, et pour faire
face à une sinistralité en hausse »,
explique Agnès Lossi.
Les liquidités étaient rémunérées
l’an dernier à des taux tellement éle-
vés que nul ne voyait l’intérêt de les
placer à plus long terme et prendre
plus de risque. En fin d’année toute-
fois, les investisseurs se sont posi-
tionnés sur des titres à plus long
terme, susceptibles de profiter de la
baisse des taux des banques centra-
les anticipées pour 2024-2025 (la
valeur des obligations évolue en
sens inverse des taux). Autre ten-
dance importante : les « zinzins » se
modernisent. Traditionnellement
scénario d’un atterrissage en dou-
ceur qui se profile. Le risque de
défaut ayant reculé, il semble donc
judicieux d’investir dans des obliga-
tions à haut rendement, dont la
notation est inférieure à BBB.
« Si la baisse des taux observée en
décembre se confirme, les institu-
tionnels vont très probablement à
nouveau se tourner vers des classes
d’actifs qui offrent un meilleur ren-
dement », ajoute Loïc Fery, prési-
dent fondateur de Chenavari,
société spécialiste de la dette non
cotée, qui devrait, selon lui, égale-
ment profiter du mouvement. Les
investisseurs vont donc devoir se
84 %
Des investisseurs institutionnels
spécialisés dans l’obligataire
ont l’intention de prendre plus
de risque en 2024
Décollecte
massive dans
l’assurance-vie
La stabilité des encours
des investisseurs
institutionnels l’an
dernier, à 2.533 milliards
d’euros à fin septembre,
masque une réalité bien
plus compliquée.
Dans l’assurance-vie,
qui regroupe deux tiers
des encours des institu-
tionnels, la décollecte
du fonds en euros s’est
prolongée avec un reflux
de 28 milliards d’euros
sur douze mois. L’effet
à la fois d’un rendement
moins attrayant et
de la concurrence
à marche forcée
des produits bancaires.
Les livrets d’épargne
réglementée, centralisés
pour partie à la Caisse des
Dépôts et Consignations,
ont enregistré une collecte
nette record
de 47 milliards d’euros.
A cela s’ajoute le succès
des dépôts à terme
proposés par les banques
régionales. « En Italie,
la décollecte pour les fonds
en euros a été plus
sanglante encore, avec
la concurrence des bons
du Trésor émis par l’Etat
à grande échelle »,
note Agnès Lossi.
très ancrés dans la gestion active, les
institutionnels français se tournent
peu à peu vers la gestion indicielle.
Cela ne concerne pour l’instant que
15 % de leurs allocations en actions.
Mais pour les sociétés de gestion,
c’est un marché important : les stra-
tégies indicielles comptent désor-
mais pour 40 % des volumes délé-
gués à des prestataires tiers. n
montrer plus audacieux, en allant
chercher des titres à plus long
terme, ou de moindre qualité.
Les institutionnels devraient
aussi avoir plus d’appétit pour la
dette des pays émergents. « Tout en
restant sur des maturités courtes de
trois ou quatre ans pour limiter le ris-
que, il est possible de capter des ren-
dements élevés », estime Marion Le
Morhedec. Avec une précaution
toutefois : il faudra piloter habile-
ment le risque politique en cette
année riche en élections.
« Nous identifions des risques
principalement en Afrique du Sud et
en Roumanie, au deuxième et qua-
trième trimestres. Cependant, dans
certains pays comme en Argentine et
au Nigéria, les élections ont fait naître
des espoirs de réformes, laissant ces
marchés frontières en bonne position
pour 2024 », ajoute la spécialiste de
l’obligataire. La réélection de
Donald Trump, apôtre du protec-
tionnisme, pourrait aussi défavori-
ser certains émergents. — C. M.
LA PERSONNALITÉ
DR
Daniel Roy
rejoint
le cabinet de
conseil Indefi
Son actualité
Plusieurs ingrédients
devraient contribuer
à la résurgence des fusions-ac-
quisitions dans le secteur
de la gestion d’actifs en 2024 :
la baisse attendue des coûts
de financement, les difficultés
actuelles des acteurs et
la nécessité pour eux
de se regrouper ou de
se spécialiser. La société de
conseil en stratégie Indefi
s’est donc armée d’un expert
en la matière en recrutant
Daniel Roy, en tant que
conseiller stratégique (senior
advisor). Il contribuera
notamment à renforcer l’offre
de services du cabinet
« dans le cadre d’opérations
de croissance externe et de
partenariats stratégiques »
Son parcours
Diplômé de Sciences Po Paris
et d’un doctorat en économie
de l’Université Paris-Sorbonne,
Daniel Roy, 67 ans, était
précédemment responsable
des fusions-acquisitions
et directeur du développement
chez Generali Asset & Wealth
Management. Il a également
exercé en tant que
président-directeur général
de La Banque Postale Asset
Management, d’HSBC Private
Bank France, de Natixis Asset
Management et en tant
que directeur du département
de gestion d’actifs de CDC Ixis.
Sa société
Fondé en 2007, Indefi
est un cabinet de conseil
en stratégie pour l’industrie
de la gestion d’actifs.
Présente en Europe et aux
Etats-Unis, la société compte
85 consultants et couvre
à la fois les marchés cotés
et non cotés (immobilier,
infrastructures et dette
privée). Elle est signataire
des principes
pour l’investissement
responsable (PRI).
— C. M.
SUR LE WEB
Retrouvez notre
page gestion
d’actifs tous
les mardis
et sur le site
lesechos.fr
FINANCE & MARCHES Mardi 16 janvier 2024 Les Echos 28

séAncE du 15 - 01 - 2024 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 7411,68 (-0,72 %) neXt 20 : 11172,11 (-0,08 %)

CaC larGe 60 : 7993,36 (-0,68 %)
CaC all-tradaBle : 5511,22 (-0,67 %)
Date De ProroGation : 26 JanVier
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 176,28 175,48 - 0,09 - 0,36 l'oréal (OR) R a 440 424,2 - 4,76 - 5,87 GerarD Perrier (PERR) B 101 101 + 1,2 ruBis (RUI) G a 23,62 23,68 + 0,25 + 5,24
283221 176,32 - 0,28 177,82 304876 442,55 - 5,01 454,05 208 101 + 2,85 101 DiV 2 28/07/17 104265 23,7 + 4,96 23,82
FR0000120073 15/05/23 2,95 524.516.778 174,92 + 23,4 169,36 1,68 FR0000120321 26/04/23 6 534.725.475 424,2 + 13,45 424,2 1,41 FR0000061459 19/06/23 2,15 3.973.148 100 + 5,43 98,6 2,13 FR0013269123 13/06/23 1,92 103.195.172 23,5 - 8,32 22,5 8,11
airBus GrouP (AIR) R a 149 148,02 - 0,79 + 5,89 3,4 micHelin (ML) a 30,95 30,86 - 0,29 - 4,93 GetlinK (GET) LR a 16,675 16,78 + 0,63 + 1,3 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 232 231,6 - 0,73 - 3,3
642180 149,3 + 6,09 149,3 43,60 895540 31,04 - 4,34 32,83 466605 16,78 - 1,53 16,78
NL0000235190 25/04/23 1,53 790.459.434 147,96 + 26,69 136,62 1,22 FR001400AJ45 17/05/23 1,25 178.530.450 30,7 + 5,31 30,7 DiV 6 10/05/16 30094 233,9 + 0,22 252
FR0010533075 30/05/23 0,5 550.000.000 16,64 + 11,68 16,015 2,98 FR0013154002 30/03/23 1,44 92.180.190 230,5 - 27,35 229,9 0,62
alstom (ALO) R a 11,72 11,86 + 0,51 - 2,63 oranGe (ORA) R a 10,79 11 + 2,16 + 6,75 Gl eVents (GLO) g B 20 19,46 - 2,31 - 0,82
1591395 12,1 - 1,58 12,51 5175212 11,026 + 4,17 11,026 10486 20 - 0,21 20,45 saVencia (BH) B 54,8 54,4 - 0,73 - 1,09
FR0010220475 17/07/23 0,25 384.291.068 11,59 - 53,94 10,66 2,11 FR0000133308 04/12/23 0,3 2.660.056.599 10,786 + 10,9 10,352 2,73 FR0000066672 03/07/23 0,35 29.982.787 19,32 + 5,65 19,32 1,8 362 54,8 + 1,49 55
arcelormittal (MT) R a 24,405 24,425 + 0,21 - 4,87 PernoD-ricarD (RI) R a 147,8 146,8 - 0,68 - 8,11 FR0000120107 15/05/23 1,3 14.032.930 54,4 - 10,82 53,6 2,39
1674942 24,72 - 2,14 26,11 272135 148 - 9,97 160,55 Graines Voltz (GRVO) c 29,3 29,8 + 1,88 + 2,05
578 29,8 + 1,36 30 scor (SCR) G a 27,87 27,68 - 0,32 + 4,61
LU1598757687 13/11/23 0,17 852.809.772 24,38 - 14,43 24,215 FR0000120693 24/11/23 2,64 255.631.733 145,6 - 24,29 143,35 1,8
FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 29,2 - 60,58 29,1 343532 28 + 5,73 28
aXa (CS) R a 29,51 29,42 - 0,24 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 85,68 85,46 + 0,07 + 1,74 FR0010411983 30/05/23 1,4 179.362.195 27,49 + 21,14 25,66 5,06
1671589 29,625 + 0,86 30,1 208441 85,88 + 2,47 85,88 GrouPe crit (CEN) g B 75 75,2 + 0,8 - 4,33
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.270.188.806 29,27 + 5,79 29,175 5,78 FR0000130577 03/07/23 2,9 268.723.468 85,16 + 36,65 83,16 3,39 372 75,2 + 3,3 79,2 seB (SK) G a 110,3 109,9 - 0,18 - 2,74
FR0000036675 05/07/23 3,5 11.250.000 75 + 11,57 74,6 4,65 30931 110,5 - 1,26 114,3
BnP PariBas (BNP) R a 60,97 61,12 + 0,48 - 2,35 renault (RNO) R a 34,58 34,645 + 0,41 - 6,12
1328875 61,38 - 3,12 63,82 760733 34,765 -11,79 37,75 GrouPe GorGé (GOE) g B 19,06 19,46 + 1,89 + 0,83 FR0000121709 31/05/23 2,45 55.337.770 108,9 + 20,84 108,2 2,23
FR0000131104 22/05/23 3,9 1.147.477.409 60,6 + 2,1 60,4 6,38 FR0000131906 17/05/23 0,25 295.722.284 34,065 - 6,71 34,065 0,72 7638 19,58 + 4,4 19,58 secHe enVironnement (SCHP) g B 111,6 115 + 3,05 + 4,55
BouYGues (EN) R a 35,58 35,47 - 0,84 + 3,96 saFran (SAF) R a 168,66 168,52 + 0,01 + 5,68 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 19,06 - 2,21 18,62
3413 115 +11,43 115
674608 35,62 - 0,08 35,97 320792 169,06 + 5,22 169,78 Gtt (GTT) G a 131,4 129,2 - 0,62 + 7,76 FR0000039109 07/07/23 1,1 7.857.732 111,6 + 22,86 105,8 0,96
FR0000120503 03/05/23 1,8 382.273.297 35,01 + 18,35 34,24 5,08 FR0000073272 30/05/23 1,35 427.260.541 167,42 + 33,18 156,68 0,8 47047 131,7 + 9,21 131,7
FR0011726835 12/12/23 1,85 37.078.357 129,2 + 24,71 119,9 1,43 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 7,93 7,74 - 2,52 - 3,97
caP-Gemini (CAP) R a 192,9 194,65 + 1,25 + 3,13 saint-GoBain (SGO) R a 63,64 63,48 - 0,16 - 4,77
324147 195,45 - 0,64 195,45 470152 63,85 - 4,7 67,05 GuerBet (GBT) g B 17,74 17,78 + 0,34 - 8,82 2423 7,93 + 7,8 8,2
FR0000125338 30/05/23 3,25 172.608.113 192,9 + 13,9 181,95 1,67 FR0000125007 12/06/23 2 506.438.012 63,07 + 19,21 61,81 3,15 27396 17,86 - 6,91 19,76 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 7,74 - 33,04 7,54 5,17
carreFour (CA) R a 16,52 16,63 + 0,88 + 0,39 sanoFi (SAN) R a 95,45 94,36 - 1,35 + 5,12 FR0000032526 29/06/23 0,5 12.641.115 17,02 + 4,59 17,02 2,81 ses-imaGotaG (VU) G B 122,8 123,6 + 1,31 - 8,98
988867 16,685 + 2,12 16,865 965318 95,53 + 7,59 96,5 Guillemot (GUI) g c 6,18 6,13 + 0,99 - 9,72 12429 125,6 + 2,32 135,8
FR0000120172 06/06/23 0,56 708.790.816 16,47 + 0,39 16,305 3,37 FR0000120578 30/05/23 3,56 1.264.797.546 94,2 + 3,49 89,88 3,77 10177 6,18 - 9,85 6,95 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.958.658 120,4 - 1,59 120,4
creDit aGricole (ACA) R a 13,16 13,216 + 0,75 + 2,83 scHneiDer electric (SU) R a 177,48 175,84 - 1,45 - 3,27 FR0000066722 07/06/23 0,25 15.087.480 6,08 - 54,93 6,06 4,08 sHoWroomPriVé (SRP) g B1 1 + 0,4 - 6,19
3183616 13,256 + 2,2 13,366 502603 177,74 - 2,93 181,98 icaDe (ICAD) G a 34,9 34,8 + 0,06 - 2,08
FR0000045072 30/05/23 1,05 3.052.737.991 13,102 + 26,01 12,89 7,95 FR0000121972 09/05/23 3,15 572.835.884 175,36 + 18,51 171,1 1,79 26054 1,01 - 2,15 1,17
97147 35,44 + 0,4 35,9 FR0013006558 118.902.909 0,99 - 42,43 0,99
Danone (BN) R a 61,75 61,55 + 1,1 + 4,89 société Générale (GLE) R a 23,42 23,345 - 0,41 - 2,83 FR0000035081 04/07/23 2,17 76.234.545 34,64 - 21,62 33,78
819188 61,87 + 6,16 61,87 1844368 23,5 - 4,42 24,85 sii (SII) g c 69,7 69,8
FR0000120644 09/05/23 2 677.773.128 61,33 + 23,79 58,8 3,25 FR0000130809 30/05/23 1,7 802.979.942 23,175 - 5,49 23,175 7,28 iD loGistic (IDL) a 308 313,5 + 2,12 + 2,45 21428 69,8 + 0,14 69,8
5543 313,5 + 3,81 313,5 FR0000074122 27/09/23 0,5 20.000.000 69,7 + 58,64 69,5 0,72
Dassault sYstemes (DSY) R a 44,625 44,545 - 0,59 + 0,7 stellantis nV (STLAP) a 20,41 20,15 - 1,49 - 4,71 FR0010929125 6.173.328 307 + 10,78 298
492349 44,685 + 0,58 44,81 1836818 20,41 - 6,41 21,495 soitec (SOI) LG a 147 139,8 - 5,12 - 13,6
FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 44,36 + 25,14 41,45 0,47 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.143.878.015 20,12 + 41,7 20,12 6,65 imerYs (NK) G a 26,98 26,22 - 2,67 - 7,94
83417 26,98 - 4,93 28,68 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 88157 147,3 -16,06 164,1
eDenreD (EDEN) R a 56,24 56,74 + 0,82 + 4,8 stmicroeletronics (STMPA) Ra 39,7 39,63 - 0,23 - 12,41 0,23 FR0000120859 15/05/23 3,85 84.940.955 26,02 - 31,07 26,02 14,68 FR0013227113 35.712.302 139,65 - 8,9 139,65
495881 56,74 + 5,27 56,74 1101020 39,93 -15,35 45,815 174,39
FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 56,12 + 15,51 53,28 1,76 NL0000226223 11/12/23 0,05 911.281.920 39,465 + 4,69 39,465 0,15 inFotel (INF) g c 50,2 50,2 - 5,28 solocal GrouP (PAJ) B 0,088 0,086 + 0,12 - 1,71
enGie (ENGI) R a 16,288 16,07 - 0,77 + 0,95 1,21 telePerFormance (RCF) R a 139,45 135,9 - 2,62 + 2,92 1783 51 - 5,64 53 144226 0,088 - 2,37 0,089
4748073 16,374 - 0,89 16,64 13,33 212229 140,45 +10,8 140,45 FR0000071797 19/05/23 2 6.890.558 50,2 - 11,93 49,8 3,98 FR00140006O9 129.505.837 0,084 - 87,17 0,084
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 16,07 + 20,61 15,708 8,71 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 135,55 - 44,64 125,35 2,83 innate PHarma (IPH) g B 2,51 2,49 - 2,35 - 4,96 soDeXo (SW) LR a 104 105,05 + 1,4 + 5,45
essilorluXottica (EL) R a 183,82 177,24 - 4,04 - 2,4 tHales (HO) R a 142 138,75 - 2,19 + 3,58 62312 2,56 + 4,62 2,8 153991 105,3 + 6,33 105,3
590584 184,12 - 4,32 186,24 146725 142,3 + 2,85 142,3 FR0010331421 80.860.563 2,475 - 25,54 2,465 FR0000121220 20/12/23 3,1 147.454.887 104 + 18,57 99,94 2,95
FR0000121667 22/05/23 3,23 453.833.920 176,12 + 1,95 176,12 1,82 FR0000121329 05/12/23 0,8 210.210.140 138,75 + 22,95 132,9 0,58 interParFums (ITP) G a 46,95 47,05 + 0,21 - 6,65 solutions 30 (ALS30) a 2,55 2,548 + 1,92 - 4,43
euroFins scient. (ERF) R a 57,5 57,14 - 0,63 - 3,12 totalenerGies (TTE) R a 60,5 59,94 - 0,33 - 2,69 24133 47,2 - 6,27 50,9
154675 57,72 - 1,48 60,12 2068080 60,7 - 2,74 63 FR0004024222 11/05/23 1,05 69.196.570 46,6 - 14,31 46,15 2,23 569626 2,644 + 1,68 2,822
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 57,14 - 11,36 56,3 1,75 FR0000120271 02/01/24 0,74 2.412.251.835 59,66 + 0,35 59,36 1,24 FR0013379484 107.127.984 2,542 + 18,84 2,438
inVentiVa (IVA) g B 3,73 3,64 - 2,93 - 11,11
Hermes intl (RMS) R a 1843 1833,4 - 0,19 - 4,45 uniBail-r/WFD (URW) a 66,72 67,38 + 1,35 + 0,69 51705 3,73 - 6,67 4,44 soPra steria GP (SOP) G a 195,8 194,3 - 0,92 - 1,77
30208 1850,2 - 9,39 1928 335033 67,74 + 1,32 68,1 FR0013233012 52.115.807 3,505 - 30,8 3,505 17487 196,7 - 0,46 199,1
FR0000052292 25/04/23 9,5 105.569.412 1828,4 + 11,05 1808,2 0,52 FR0013326246 24/03/20 5,4 139.041.391 66,4 + 18,71 64,3 FR0000050809 29/05/23 4,3 20.547.701 194,2 + 28,93 187 2,21
iPsen (IPN) G a 103 104,1 + 1,36 - 3,52
KerinG (KER) R a 363,35 362,45 + 0,07 - 9,16 Veolia enV. (VIE) R a 29,35 29,11 - 0,48 + 1,93 78658 105,2 - 0,57 110,6 smcP (SMCP) g B 3,095 2,98 - 3,09 - 12,87
169431 366,6 -13,26 401,3 1030560 29,38 - 2,09 29,38 FR0010259150 02/06/23 1,2 83.814.526 102,8 + 1,86 102,5 1,15 106620 3,1 - 9,97 3,555
FR0000121485 15/01/24 4,5 123.420.778 358 - 35,69 354,15 1,24 FR0000124141 09/05/23 1,12 725.411.667 28,98 + 8,38 28,19 3,85
iPsos (IPS) G a 59,35 59,45 - 0,42 + 4,76 FR0013214145 75.591.187 2,975 - 58,29 2,975
l.V.m.H. (MC) R a 671,9 669,2 - 0,1 - 8,78 Vinci (DG) R a 116,6 117,22 + 0,46 + 3,1 33239 59,9 + 8,68 59,9
237797 676 -10,58 740,5 588149 117,4 + 1,42 117,82 sPie (SPIE) G a 29,4 29,32 - 0,41 + 3,6
FR0000121014 04/12/23 5,5 502.048.400 665,9 - 14,78 647,6 0,82 FR0000125486 14/11/23 1,05 589.048.647 115,8 + 15,62 112,46 0,9 FR0000073298 03/07/23 1,35 43.203.225 59,25 - 1,57 55,55 2,27 159115 29,5 + 3,17 29,6
leGranD (LR) R a 91,32 91,24 - 0,2 - 3,04 ViVenDi (VIV) R a 9,932 9,96 + 0,32 + 2,94 JacQuet metals (JCQ) g B 18 17,82 - 1 - 9,08 FR0012757854 20/09/23 0,22 166.468.112 29,12 + 18,9 27,32 0,75
201982 91,64 - 5,84 94,5 1206521 9,966 + 3,75 10,03 6868 18,1 - 4,4 19,66
FR0000033904 05/07/23 1 22.497.209 17,78 + 1,6 17,78 5,61 steF (STF) g B 116 116,2 + 0,35 + 1,75
FR0010307819 02/06/23 1,9 264.031.292 90,82 + 11,84 88,44 2,08 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,876 + 4,05 9,634 2,51 746 116,2 + 5,83 120
JcDecauX (DEC) G a 18,06 17,96 - 0,55 - 1,32 FR0000064271 03/05/23 4 13.000.000 115,6 + 23,62 112,6 3,44
73003 18,23 + 2,16 18,44
FR0000077919 21/05/19 0,58 213.161.658 17,74 - 12,82 17,42 sWorD GrouP (SWP) g B 37,7 37,7 - 0,13 - 5,4
KauFman & BroaD (KOF) g B 29,9 29,6 - 1 - 1,66 2605 37,75 - 4,92 40
5808 29,9 - 2,15 30,5 FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 37,3 - 5,99 36,95 4,51
FR0004007813 09/05/23 2,4 19.862.022 29,6 - 2,47 29,15 8,11
srD Valeurs françaises KlePierre (LI) LR a 24,2 24,27 + 0,46 - 1,66
sYnerGie (SDG) g B 34,85
343
34,3
34,85
- 1,58
+12,09
- 2,56
35,25
325153 24,46 - 0,53 24,96 FR0000032658 29/06/23 0,8 24.362.000 34,2 + 5,38 33,6 2,33
FR0000121964 07/07/23 0,88 286.861.172 24,18 + 6,82 23,99 telePerFormance (RCF) R a 139,45 135,9 - 2,62 + 2,92
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA laGarDère (MMB) G a 18,12 18,24 + 0,77 - 0,76
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 212229 140,45 +10,8 140,45
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT 1976 18,24 + 1,22 18,56 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 135,55 - 44,64 125,35 2,83
FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 18,12 - 11,2 18,06 7,13
aB science (AB) g B 3,47 3,425 + 0,29 - 3,66 casino (CO) G a 0,578 0,531 - 8,22 - 32,29 teract (TRACT) B 1,43 1,42 - 0,7 - 24,06
lDc (LOUP) a 138 135 - 1,1 - 3,57
32519 3,495 - 8,18 3,825 1147839 0,581 -32,25 0,792 1013 138 - 2,17 141 2204 1,44 -33,95 1,885
FR0010557264 51.066.569 3,405 - 51,76 3,345 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 0,527 - 95,37 0,527 FR0013204336 28/08/23 2,7 17.635.433 134,5 + 23,29 134,5 2 FR001400BMH7 73.394.562 1,41 - 76,95 1,41
aBc arBitraGe (ABCA) g B 4,82 4,82 + 0,21 + 0,31 catana GrouP (CATG) g c 5,1 5,2 + 2,36 - 9,09 lna santé (LNA) g B 19 18,88 - 1,26 - 6,07 tF1 (TFI) G a 7,41 7,36 - 0,68 + 3,15
14624 4,825 - 2,72 4,87 75135 5,28 -12,75 5,92 688 19,06 + 5,83 20,7 31386 7,43 + 2,87 7,585
FR0004040608 05/12/23 0,1 59.608.879 4,78 - 25,85 4,62 2,08 FR0010193052 01/03/23 0,15 30.706.178 5,08 - 16,53 4,86 2,89 FR0004170017 06/07/23 0,5 10.709.416 18,7 - 37,07 18,6 2,65 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 7,32 + 2,94 7,105 6,79
aBiVaX (ABVX) g B 9,9 10 + 1,83 ceGeDim (CGM) B 17,9 17,86 + 2,06 lectra (LSS) g B 30,8 30,4 - 1,78 - 2,72 tFF GrouP (TFF) G B 44,7 44,9 + 1,58
24966 10 + 2,04 10,38 909 17,9 - 0,33 17,94 6507 30,8 - 1,46 31,75 2581 44,9 + 7,93 47,5
FR0012333284 62.905.868 9,66 + 43,88 9,35 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 17,78 + 5,06 17,5 FR0000065484 03/05/23 0,48 38.017.826 30,15 - 23,9 28,6 1,58 FR0013295789 08/11/23 0,6 21.680.000 44,5 + 4,91 43,1 1,34
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 1,28 1,276 - 0,78 - 0,93 cGG (CGG) G B 0,541 0,511 - 4,49 - 14,58 lHYFe (LHYFE) B 4,905 4,875 + 0,72 - 3,27
59826 1,294 - 1,09 1,316 11518138 0,544 -14,04 0,616 tHermaDor GrouPe (THEP) B 82,8 81,4 - 1,21 - 3,67
5171 4,905 - 3,27 5,2 976 82,8 + 1,75 85,2
FR0012616852 32.459.012 1,226 - 33,82 1,214 FR0013181864 713.676.258 0,51 - 27,09 0,51 FR0014009YQ1 47.908.148 4,86 - 41,9 4,82 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 81,2 - 11,14 80,5 2,56
accor (AC) LR a 35,16 35,34 + 0,86 + 2,14 cHarGeurs (CRI) g c 11,8 11,82 + 1,2 lineData serVices (LIN) g B 59 58,8 - 0,68 + 5,76
581549 35,59 + 1,99 35,59 87207 11,86 + 1,03 11,88 103 59 + 7,69 62,4 tiKeHau caPital (TKO) g a 20,15 20,9 + 5,03 + 1,46
FR0000120404 23/05/23 1,05 252.289.352 35,16 + 25,85 33,69 2,97 FR0000130692 02/05/23 0,54 24.862.314 11,8 - 22,13 11,68 4,57 FR0004156297 05/07/23 1,75 4.960.807 58,8 + 24,84 55,6 2,98 eX D s 03/07/17 32971 20,9 + 7,4 20,9
aDocia (ADOC) g B 9,85 9,96 + 0,4 - 13,69 cHristian Dior (CDI) a 637,5 637 + 0,08 - 9,96 FR0013230612 18/05/23 0,7 175.193.044 19,92 - 17,06 19,82 3,35
lisi (FII) g a 23,2 23,05 - 0,86 - 2,33
89768 10,2 +15,68 12,4 eX D oP 08/06/17 5571 642 -11,22 712 4572 23,2 - 2,33 23,85 transGène (TNG) g c 1,36 1,376 + 0,73 + 0,44
FR0011184241 14.025.682 9,6 +138,85 9,41 FR0000130403 04/12/23 5,5 180.507.516 634,5 - 17,75 629 0,86 FR0000050353 17/04/23 0,15 46.538.313 22,95 + 10,82 22,65 0,65 32562 1,376 - 2,96 1,396
aéroPorts De Paris (ADP) R a 118 117,8 + 0,51 claranoVa se (CLA) g B 2,05 2,055 - 0,24 - 3,29 lumiBirD (LBIRD) g c 11,84 11,54 - 4,31 - 5,25 FR0005175080 100.852.742 1,36 - 33,37 1,35
33363 118,7 + 0,6 118,7 51663 2,1 + 7,48 2,2 5029 11,84 + 1,23 12,48 triGano (TRI) G a 143,9 143 + 0,49 - 3,57
FR0010340141 05/06/23 3,13 98.960.602 117,3 - 13,03 113,9 2,66 FR0013426004 57.206.910 2,045 - 28,45 1,994 FR0000038242 22.466.882 11,4 - 38,75 11,4 12594 143,9 + 0,92 149,6
air France-Klm (AF) L 11,998 12,028 + 0,43 - 11,51 clariane (CLARI) G a 2,22 2,176 - 2,07 - 9,48 m6-métroPole tV (MMT) G a 13,05 12,94 - 0,61 FR0005691656 23/05/23 1,75 19.336.269 141,7 + 14,4 137,6 1,22
1738297 12,182 -10,88 13,828 450469 2,264 - 9,18 2,682 27345 13,1 + 3,69 13,22
FR001400J770 262.769.869 11,834 - 20 11,834 FR0010386334 21/06/23 0,25 106.828.536 2,164 - 78,79 2,164 11,49 uBisoFt entertainment (UBI) LRa 21,9 22,45 + 1,91 - 2,86
FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 12,93 - 17,26 12,66 7,73
481811 22,52 - 6,15 23,73
aKWel (AKW) g B 16,04 16,3 + 1,49 + 0,87 coFace (COFA) G a 12,48 12,47 + 0,16 + 5,32 maisons Du monDe (MDM) g B 5,065 4,96 - 1,1 - 12,52
3241 16,46 + 5,03 16,46 162034 12,54 + 8,43 12,54 FR0000054470 127.427.965 21,9 + 7,98 21,39
44712 5,065 - 3,5 5,73
FR0000053027 08/06/23 0,3 26.741.040 16,04 - 9,44 15,1 1,84 FR0010667147 22/05/23 1,52 150.179.792 12,4 - 0,4 11,53 12,19 FR0013153541 05/07/23 0,3 39.189.288 4,85 - 60,63 4,85 6,05 Valeo (FR) LR a 12,74 12,85 + 0,55 - 7,65
alD (ALD) G a 5,84 5,825 - 0,26 - 9,62 coViVio (COV) G a 46,1 45,96 - 0,61 - 5,59 manitou (MTU) g B 22,5 21,95 - 3,3 - 5,39 607410 13,06 - 8,9 14,75
482188 5,905 -10,25 6,69 68970 46,76 - 4,65 48,88 10282 22,7 - 6,79 23,35 FR0013176526 29/05/23 0,38 244.633.504 12,615 - 35,69 12,615 2,96
FR0013258662 31/05/23 1,06 816.960.428 5,79 - 48,54 5,79 18,2 FR0000064578 24/04/23 3,75 101.006.389 45,8 - 25,81 45,54 FR0000038606 30/05/23 0,63 39.668.399 21,95 - 15,74 21,9 2,87 Vallourec reG (VK) G B 13,175 12,995 - 1,07 - 7,34
alPes (cie Des ) (CDA) g B 14,8 14,86 + 0,41 + 5,24 coViVio Hotels (COVH) a 16,5 16,4 - 0,61 maurel et Prom (MAU) g B 5,255 5,33 + 2,11 - 12,48 790173 13,22 - 1,92 14,59
19288 14,9 + 5,69 14,96 7715 16,5 + 0,92 16,5 169130 5,34 - 9,89 5,995 FR0013506730 229.877.070 12,785 + 5,91 12,785
FR0000053324 14/03/23 0,83 50.533.135 14,8 + 0,68 13,92 5,59 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 16,4 + 7,89 16,2 FR0000051070 03/07/23 0,23 201.261.570 5,235 + 44,84 5,115 4,32 ValneVa (VLA) G B 4,364 4,371 - 0,11 - 7,39
altarea (ALTA) G a 84,3 84,1 - 0,24 + 5,13 Dassault aV. (AM) a 178,5 177,5 - 6,43 - 0,95 mcPHY enerGY (MCPHY) g B 3,078 3,142 + 3,15 - 6,65 384734 4,411 -12,19 4,996
2732 84,7 +13,5 84,7 102276 183,2 + 0,51 189,8 56354 3,192 - 4,96 3,436 FR0004056851 138.896.600 4,223 - 35,72 4,223
FR0000033219 12/06/23 5 20.736.822 83,4 - 35,01 79,1 FR0014004L86 19/05/23 3 80.802.366 171 + 16,7 171 1,69 FR0011742329 27.997.800 3 - 78,6 3
altareit (AREIT) B 454 456 + 0,44 + 1,33 Dassault sYstemes (DSY) R a 44,625 44,545 - 0,59 + 0,7 Verallia (VRLA) g a 32,3 32,06 - 1,78 - 8,03
meDincell (MEDCL) B 7,86 8,17 + 5,56 + 13,47 157297 32,54 - 5,48 35,56
3 456 + 1,79 456 492349 44,685 + 0,58 44,81 88776 8,26 +18,75 8,26
FR0000039216 1.750.487 454 - 27,04 450 FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 44,36 + 25,14 41,45 0,47 FR0013447729 08/05/23 1,4 122.289.183 31,9 - 1,41 31,9 4,37
FR0004065605 28.718.045 7,74 - 2,04 6,91
alten (ATE) G a 132,4 130,8 - 1,13 - 2,82 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 1,681 1,79 + 4,13 - 3,19 mercialYs (MERY) G B 10,36 10,3 - 1,25 + 3,57 VerimatriX (VMX) g B 0,425 0,419 - 1,41 - 8,62
23061 133,4 - 1,95 136,2 183702 1,79 + 5,36 1,896 170363 10,43 +11,29 10,46 17459 0,43 +8 0,464
FR0000071946 04/07/23 1,5 35.122.301 130,7 + 0,69 126,6 1,15 FR0010417345 96.431.770 1,632 - 41,31 1,632 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 10,21 + 1,38 9,825 FR0010291245 85.535.147 0,415 - 49,7 0,411
amunDi (AMUN) G a 63,1 63 + 0,32 + 2,27 Deezer sa (DEEZR) 2 2,31 2,29 - 0,44 + 7,76 mersen (MRN) G B 33,05 32,55 - 1,66 - 7,53 VetoQuinol (VETO) B 104,2 104,6 + 0,38 + 2,15
eX-Ds 15/03/17 88270 63,25 + 1,2 63,55 503 2,31 - 2,97 2,4 26859 33,2 - 6,47 35,5 820 104,6 +13,08 105,2
FR0004125920 22/05/23 4,1 204.647.634 62,4 + 4,91 59,85 6,51 FR001400AYG6 117.054.347 2,29 - 13,91 2,1 FR0000039620 04/07/23 1,25 24.418.312 32,55 - 19,23 32,55 3,84 FR0004186856 02/06/23 0,8 11.881.902 102,6 + 7,06 97,5 0,77
antin inFra Partners (ANTIN) G a 13,07 13,64 + 4,92 - 1,02 DericHeBourG (DBG) g B 5,08 5,01 - 0,69 - 1,38 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 0,388 0,385 + 0,13 - 0,9 Vicat (VCT) g a 34,35 34,3 - 0,29 + 4,41
63946 13,64 +10,8 13,89 90264 5,08 + 2,87 5,16 89671 0,396 + 5,34 0,444 13010 34,45 + 0,29 34,65
FR0014005AL0 14/11/23 0,32 179.193.288 12,77 - 38,94 12,07 2,35 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 5,005 - 20,1 4,884 6,39 FR0004177046 50.919.133 0,38 - 70,17 0,33 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 34,2 + 38,31 32,4 4,81
aramis (ARAMI) a 3,95 3,86 - 1,53 - 11,26 Dms (DGM) g c 1,18 1,18 + 0,86 + 3,96 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B + 2,06 - 2,61
8591 3,95 - 7,43 4,35 3705 1,18 + 4,42 1,18 VirBac (VIRP) G a 353 350 - 0,85 - 2,64
+ 0,68 7750
FR0014003U94 82.856.671 3,84 - 9,77 3,84 FR0012202497 16.120.556 1,18 - 14,49 1,095 FR0000076986 20/06/23 28 182.871 - 7,45 7300 2800 2943 355 +14,38 364,5
FR0000031577 26/06/23 1,32 8.458.000 349 + 38,34 343 0,38
arGan (ARG) a 84,8 84,7 - 0,59 eDenreD (EDEN) R a 56,24 56,74 + 0,82 + 4,8 nacon (NACON) B 1,67 1,636 + 0,49 - 1,92
9178 85,4 + 2,29 85,5 495881 56,74 + 5,27 56,74 42770 1,67 + 2,63 1,79 ViVenDi (VIV) R a 9,932 9,96 + 0,32 + 2,94
FR0010481960 30/03/23 3 23.079.697 83,8 + 6,14 82,6 FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 56,12 + 15,51 53,28 1,76 FR0013482791 87.851.694 1,6 - 34,43 1,582 1206521 9,966 + 3,75 10,03
arKema (AKE) LR a 97,74 98,46 + 1,13 - 4,41 eiFFaGe (FGR) LR a 98,24 98,48 + 0,14 + 1,5 nanoBiotiX (NANO) g B 7,02 7,12 + 1,57 + 7,23 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,876 + 4,05 9,634 2,51
116136 98,58 - 1,12 103,75 142781 98,7 + 1,82 99,08 101587 7,13 +31,37 7,48 Voltalia (VLTSA) G a 8,7 8,64 - 0,35 - 17,08
FR0010313833 15/05/23 3,4 75.043.514 97,38 + 7,16 96,36 3,45 FR0000130452 15/05/23 3,6 98.000.000 97,88 + 3,64 95,88 3,66 FR0011341205 13/05/19 47.133.328 6,8 + 89,36 6,42 42913 8,81 -11,38 10,54
artmarKet.com (PRC) g c 4,81 4,995 + 1,94 - 1,48 eKinoPs (EKI) g B 5,2 5,04 - 3,08 - 13,99 neoen (NEOEN) G a 27,9 27,28 - 1,8 - 9,91 FR0011995588 131.318.716 8,52 - 51,68 8,52
6456 4,995 - 4,13 5,23 29069 5,2 - 3,08 5,94 148105 28,2 - 7,53 30,38 WaVestone (WAVE) g B 60,6 60,5 - 0,17 + 3,07
FR0000074783 6.651.515 4,75 - 32,59 4,71 FR0011466069 25.727.618 4,945 - 40,64 4,74 FR0011675362 17/05/23 0,13 152.122.449 27,22 - 24,87 27,22 0,46 8146 60,9 + 8,04 62
assYstem (ASY) B 48,9 48,9 + 0,62 - 1,21 elior (ELIOR) G B 2,666 2,632 - 0,98 - 10,23 neurones (NRO) B 43,7 43,65 + 0,35 - 0,23 FR0013357621 02/08/23 0,38 24.906.332 59,8 + 35,04 56,7 0,63
oPa 24/11/17 1931 49,1 + 4,26 52,2 287247 2,666 - 4,01 2,964 3273 43,8 - 1,8 43,95
FR0000074148 05/07/23 1 15.668.216 48,5 + 13,19 47,1 2,05 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 2,596 - 33,57 2,568 FR0004050250 14/06/23 1,1 24.278.716 43,2 + 13,67 42,3 2,52 WenDel (MF) G a 81,8 81,05 - 0,92 + 0,5
atos se (ATO) a 4,3 4,128 - 15,13 - 41,45 elis (ELIS) G a 19,51 19,68 + 0,87 + 4,18 35774 81,9 - 1,34 82,2
neXans (NEX) G a 83,85 83,7 - 0,36 + 5,62 FR0000121204 19/06/23 3,2 44.430.554 81,05 - 15,48 78,8 3,95
4606086 4,48 -47,45 7,83 184310 19,73 + 4,29 19,73 87144 85,25 +8 85,25
FR0000051732 14/05/21 0,9 111.439.307 3,993 - 68,22 3,993 FR0012435121 30/05/23 0,41 234.000.047 19,51 + 27,3 18,08 2,08 FR0000044448 15/05/23 2,1 43.753.380 83,5 - 10 72,1 2,51 WorlDline (WLN) LG a 13,445 13,28 - 2,53 - 15,25
auBaY (AUB) g c 39,7 40,2 + 1,26 - 3,48 eramet (ERA) G B 64,2 62,85 - 2,33 - 12,1 neXitY (NXI) G a 16,75 16,31 - 2,57 - 3,2 1659863 13,55 -14,18 15,96
6471 40,2 - 2,31 42,3 33793 64,4 -13,61 72,85 165422 16,83 +10,05 17,19 FR0011981968 282.974.981 13,04 - 68,12 13,04
FR0000063737 08/11/23 0,5 13.064.446 39,55 - 22,24 38,7 1,24 FR0000131757 26/05/23 3,5 28.755.047 62,75 - 29,58 62,75 5,57 FR0010112524 24/05/23 2,5 56.129.724 16,31 - 41,16 16,24 15,33 Xilam animation (XIL) g c 3,96 4,12 + 6,46 + 4,04
aVenir telecom (AVT) c 0,15 0,176 + 19,08 + 53,58 esi GrouP (ESI) g c /080124 oDet (cie De l') (ODET) a 1430 1430 + 0,99 - 1,65 18614 4,18 +10,75 4,25
3183808 0,184 +53,31 0,184 155 143 1442 - 0,56 1468 FR0004034072 4.911.500 3,82 - 87,95 3,75
FR001400CFI7 0,148 + 82,38 0,112 FR0004110310 6.094.431 +108,11 154 FR0000062234 20/06/23 3,6 6.585.990 1424 - 3,64 1404 0,25
aXWaY soFtWare (AXW) g B 27,7 27,6 + 4,55 esso (ES) g c 51,95 51,2 - 1,44 - 6,65 orPéa (ORP) G a 0,015 0,015 - 0,68 - 13,61
FR0011040500
1180
05/06/23 0,4 21.633.597
27,7
27,4
+ 2,99 27,7
+ 61,4 25,8 1,45 FR0000120669
4113
10/07/23 2 12.854.578
51,95
51,1
- 0,68
+ 14,03
57
51,05 3,91 FR0000184798
133842234 0,015
09/07/21 0,9 129.866.915.696 0,014
- 1,35
- 99,8
0,018
0,014
Autres Valeurs de la Zone euro
Bains mer monaco (BAIN) B 102,5 102 eurazeo (RF) G a 71,8 71,8 + 0,14 - 0,07 ose immuno (OSE) g c 4,07 3,79 - 6,65 - 11,45 euroneXt (ENX) LR a 78,95 79,45 + 0,51 + 1,02
233 102,5 - 1,45 104 56288 72,1 + 1,99 72,25 199411 4,07 - 8,23 4,48 77969 79,45 + 1,99 79,45
MC0000031187 10/10/23 1,2 24.516.661 101 + 18,6 101 1,18 FR0000121121 28/04/23 2,2 76.081.874 71,45 + 12,98 69,35 3,06 FR0012127173 21.651.101 3,7 - 40,87 3,7 NL0006294274 23/05/23 1,89 107.106.294 78,4 + 6,67 76,35 2,79
BalYo (BALYO) g c 0,821 0,822 + 0,24 - 0,84 eutelsat com. (ETL) G a 4,33 4,34 - 0,14 + 2,12 oVH (OVH) g a 8,975 8,885 + 0,4 + 3,13 noKia (NOKIA) R a 3,216 3,249 + 0,9 + 6,04 0,3
10143 0,824 - 0,24 0,839 261274 4,4 + 5,91 4,528 114458 8,975 + 2,48 9,095
FR0013258399 34.356.767 0,801 + 78,11 0,75 FR0010221234 17/11/22 0,93 475.178.378 4,316 - 38,57 4,17 65394 3,249 + 7,67 3,296 10,97
FR0014005HJ9 188.532.591 8,75 - 40,77 8,075
FI0009000681 23/10/23 0,02 5.613.496.565 3,209 - 30,01 3,012 0,92
BastiDe le conFort (BLC) g c 27,3 26,75 - 1,84 - 0,19 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 19,08 19,08 - 2,05 - 1,75 PeuGeot inVest (PEUG) g a 101,6 100,8 - 0,59 - 0,59
1671 27,3 + 0,94 28 20726 19,1 19,66 8594 101,8 - 1,37 104 ses (SESG) LR 6,02 6,04 - 0,08 + 1,34
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.352.928 26,75 - 24,01 26,6 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 18,82 - 0,63 18,38 FR0000064784 19/05/23 1 24.922.589 100,4 + 9,68 100 2,83 323992 6,1 +12,9 6,175
BelieVe (BLV) G a 9,01 10,1 + 12,6 - 3,81 FDJ (FDJ) G a 33 33,2 + 0,85 + 1,1 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 5,995 - 8,48 5,78 8,28
PHarmaGest int. (PHA) g a 57,1 57,4 + 0,7 - 6,06
157404 10,2 - 4,17 10,62 113513 33,3 - 0,66 33,8 4665 57,6 - 1,88 61,1 X-FaB silicon (XFAB) g a 9,345 9,225 - 1,23 - 9,38
FR0014003FE9 97.086.350 9,01 - 14,7 8,79 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 32,96 - 16,5 32,28 4,13 FR0012882389 03/07/23 1,15 15.174.125 56,7 - 30,59 56,7 2 45872 9,39 -11,21 10,3
Bénéteau (BEN) G B 11,48 11,48 - 8,01 FermentalG (FALG) g c 0,28 0,278 - 0,71 - 7,95 Pierre & Vacances (VAC) g c 1,548 1,518 - 2,07 - 2,19 BE0974310428 130.781.669 9,215 + 21,78 9,1
44139 11,5 - 0,17 12,6 48298 0,284 + 4,51 0,312 163482 1,564 - 7,44 1,588
FR0000035164 21/06/23 0,42 82.789.840 11,3 - 21,26 11,3 3,66 FR0011271600 41.290.430 0,274 - 82,63 0,272 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.433.323 1,5 + 26,5 1,462
Bic (BB) G a 65 65 + 0,08 + 3,42 PHaXiam tX (PHXM) c 4,23 4,17 - 1,19 - 9,35 Plastic omnium (POM) G a 11,23 11,16 - 0,89 - 7 VAleurs Zone internationale
14457 65,2 + 5,35 65,2 1355 4,23 -12,3 4,7 128460 11,29 - 9,85 12,4
FR0000120966 29/05/23 2,56 42.270.689 64,45 + 2,93 62,25 3,94 FR0011471135 60.751.054 4,15 - 15,42 4,12 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 11,1 - 28,46 11,1 3,5 General electric (GNE) a 119 119 + 1,28 + 3,48
BiGBen int. (BIG) g c 3,435 3,47 + 0,73 + 0,29 Fnac DartY (FNAC) G a 26,8 26,4 - 2,44 - 4 PoXel (POXEL) g c 0,468 0,438 - 6,62 - 20,6 317 119 + 6,73 119
40227 3,47 + 7,6 3,88 37198 26,8 - 3,37 28,18 94716 0,476 +33,38 0,605 US3696043013 USD 27/12/23 0,06 1.092.668.140 117,5 + 60,81 112,5
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.538.970 3,17 - 51,4 3,17 FR0011476928 13/06/23 1,4 27.778.578 26 - 27,75 26 5,3 FR0012432516 38.653.711 0,422 - 56,03 0,422 scHlumBerGer (SLB) a 45,02 45,1 + 0,18 - 4,12 3,45
BiomérieuX (BIM) G a 100,55 99,18 - 1,36 - 1,41 Foncière lYonnaise (FLY) a 67,4 67 - 1,47 QuaDient (QDT) g B 19,42 19,18 - 1,64 - 0,21 3464 45,385 - 5,6 48,64
31086 100,55 - 0,38 101,7 129 67,8 + 0,6 70,4 23881 19,56 - 0,93 19,74 AN8068571086 USD 05/12/23 0,25 1.439.269.870 45 - 15,54 44,05
FR0013280286 06/06/23 0,85 118.361.220 98,74 - 2,62 97,46 0,86 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 67 - 16,25 67 FR0000120560 03/08/23 0,6 34.468.912 19,14 + 24,22 18,86 3,13
total enerGies GaBon (EC) a 156 155,2 - 0,13 - 1,15
Boiron (BOI) g a 41,42 41,48 - 1,57 + 3,13 ForVia (FRVIA) LR a 19,37 19,365 - 0,72 - 5,17 rallYe (RAL) a 0,152 0,137 - 2,56 + 3,01 126 156 - 1,52 159,8
17785 41,5 + 2,72 42,6 456064 19,485 - 7,79 21,17 716690 0,152 - 4,33 0,169
FR0000061129 18/10/23 10,36 17.545.408 40,8 - 16,46 39,76 24,98 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 19,05 + 6,96 19,02 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 0,132 - 95,27 0,092 GA0000121459 07/06/23 20,8 4.500.000 154,2 - 0,19 154 13,4
Bolloré (BOL) G a 5,7 5,72 + 0,26 + 1,15 Gecina (GFC) LR a 105,7 105,4 - 0,47 - 4,27 ramsaY GDs (GDS) a 19,2 19,2 + 1,05
296849 5,74 + 3,44 5,81 75475 107,1 - 3,83 111,1 22 19,2 + 2,95 19,9
FR0000039299 05/09/23 0,02 2.951.174.374 5,695 + 6,62 5,62 0,35 FR0010040865 03/07/23 2,65 76.670.861 105,1 - 2,5 104,6 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 19,2 + 5,21 18,9
BonDuelle (BON) g B 10,54 10,42 - 1,51 - 4,75 GenFit (GNFT) G B 3,38 3,34 - 1,04 - 5,65 rémY cointreau (RCO) LR a 93,9 93,26 - 1,56 - 18,9
11413 10,68 - 2,8 10,94 130213 3,38 - 8,49 3,87 88653 94,58 -18,55 114,9
FR0000063935 02/01/24 0,25 32.630.114 10,38 - 26,1 10,38 2,4 FR0004163111 49.834.983 3,31 - 9,68 3,31 FR0000130395 28/09/23 3 51.252.969 91,98 - 46,37 91,98 3,22
Bureau Veritas (BVI) LR a 23,49 23,52 + 0,17 + 2,84 Genomic Vision (GV) g c /031123 reXel (RXL) LR a 23,89 23,94 + 0,59 - 3,35
459435 23,7 + 5,57 23,7 524195 24,17 - 4,92 25,23
FR0006174348 04/07/23 0,77 453.745.520 23,41 - 10,91 22,52 3,27 FR0011799907 385.886.117 - 94,75 FR0010451203 09/05/23 1,2 300.720.235 23,65 + 16,44 23,36 5,01
carmila (CARM) g c 16,32 16,06 - 1,71 + 3,08 GensiGHt (SIGHT) g B 0,47 0,45 - 4,15 - 2,17 roBertet s.a. (RBT) B 790 783 - 0,51 - 5,66
29168 16,4 + 3,35 16,4 59667 0,47 - 5,36 0,492 315 790 + 1,82 830
FR0010828137 15/05/23 1,17 142.441.073 16,02 + 17,23 15,5 FR0013183985 65.309.073 0,441 - 87,86 0,441 FR0000039091 29/06/23 8,5 2.167.745 779 - 8,21 779 1,09
29 Les Echos Mardi 16 janvier 2024 FINANCE & MARCHES

carnet
PORTRAIT ENTREPRISES VOLKSWAGEN DESS marketing et d’une maîtrise
Anthony Perier de sciences de gestion, est associé
par Julie Le Bolzer ICADE est nommé directeur chez Ekkio Capital et président de
Charles-Emmanuel Kuhne performance réseau de la la PFA depuis 2017. Il préside éga-
Christelle de Robillard
Yan Ropert-Coudert, marque Volkswagen en France. lement Odyssey International

Kozue Shiomi/Institut polaire français

deviennent respectivement depuis 2020. Elu député en 2002, il
directeur général d’Icade Anthony Perier, 47 ans, a passé a assumé, entre 2007 et 2012,
en pôle position Promotion et directrice dix-huit ans au sein des filiales diverses fonctions gouvernemen-
financière d’Icade. A ce titre, Mercedes-Benz France. C’est en tales, devenant secrétaire d’Etat à
ils siègent au comité exécutif 2018 qu’il a rejoint Volkswagen l’Industrie et à la Consommation
Le cyclone Belal qui ravage l’île de la Réunion sonne du groupe Icade. Group France pour prendre en mais aussi porte-parole du gou-
comme un énième témoignage de la crise climatique. Or charge le département commerce vernement ou ministre de l’Edu-
c’est à des milliers de kilomètres, en Arctique et en Antarc- Charles-Emmanuel Kuhne, véhicules d’occasion du groupe. cation nationale, de la Jeunesse et
tique, que se cristallisent les dérèglements qui déferlent 44 ans, diplômé de l’ESTP, a Depuis 2019, il assurait la direc- de la Vie associative.
ensuite en cascade sur le reste de la planète. « Les pôles ne d’abord officié chez Bouygues tion du commerce de la marque
sont pas seulement des sentinelles du climat, ils en sont le Construction. Dès 2011, il fut secré- Skoda.
moteur », décoche Yan Ropert-Coudert, 52 ans, le direc-
teur de l’Institut polaire français Paul-Émile-Victor (Ipev).
rité dans une base scientifique, au cours duquel fut déplo-
rée l’ouverture des portes, vers l’intérieur, non conforme
taire général de Sodéarif puis
devint directeur de projets au sein
+
Créé en 1992 et doté d’un budget annuel de 21 millions aux règles d’évacuation en cas d’incendie. « Il a fallu expli- de cette même entité. Trois ans
MISTRAL AI
Blanche Savary
Ils sont nés
d’euros (dont les deux tiers sous forme de subventions du quer qu’une ouverture vers l’extérieur est incompatible avec plus tard, il a intégré l’équipe Nou- de Beauregard un 16 janvier
ministère de l’Enseignement supérieur), ce groupe d’inté- les congères, formées par l’amas de neige », glisse-t-il. Fils velle-Aquitaine de Bouygues rejoint Mistral AI en tant
rêt public est le bras armé de la recherche française dans unique d’une ancienne interprète aux Nations unies, ce Immobilier pour y être directeur que general counsel.
les pôles et les régions subpolaires. « Nous fournissons les Lyonnais d’origine dit avoir été « élevé en plusieurs lan- des opérations, puis directeur • Sade Adu, chanteuse, 65 ans.
moyens logistiques aux expéditions scientifiques », résume
celui qui, après avoir participé à plusieurs missions en Arc-
gues ». Puis, son diplôme en écologie et environnement
sous le bras, il a mené, dans le cadre de son volontariat au
d’agence et enfin directeur grande
région sud-ouest. En 2020, il a pris
Blanche Savary de Beauregard,
37 ans, titulaire d’un master 2 droit
•ex-directeur
Olivier Biancarelli,
général de Tractebel,
tique et en Antarctique, foulera à nouveau la calotte gla- service civique, un hivernage sur l’île Crozet. C’est là, sur ce la direction générale déléguée, des affaires et fiscalités de l’univer- dirigeant chez Griboire, 53 ans.
ciaire en février prochain. confetti rocailleux cerné par les orques, au sud de l’océan
Indien, qu’il a rencontré Akiko Kato, chercheuse japo-
chargé du Grand Arc Atlantique
pour le groupe Quartus avant
sité de Paris-I, avocate, a officié
chez Cleary Gottlieb Steen &
•comédien,
Richard Bohringer,
82 ans.
100 missions polaires par an
Et cet expert des manchots et des prédateurs marins de
naise devenue son épouse et la mère de ses deux filles. d’être directeur de l’aménagement
et de la promotion de Nhood Servi-
Hamilton puis chez Skadden
Arps. En 2018, elle a rejoint Ledger
•réalisateur,
John Carpenter,
76 ans.
préciser que l’Ipev permet chaque année le déploiement
de 300 chercheurs et d’une centaine de projets dans des
Traité de l’Antarctique
Ensemble, ils ont travaillé dix ans au sein de l’Institut
ces France. En 2022, il était devenu
directeur général adjoint ouest et
en tant que directrice fiscale avant
d’être nommée, un an plus tard,
•teurAlexandre Cotigny, ex-direc-
général de Wl France, 62 ans.
territoires aussi reculés que l’île Spitzberg, au nord, et la
terre Adélie, au sud. « Ces études sur le terrain sont menées
polaire japonais, avant de rejoindre en France, le CNRS.
C’est au titre de directeur de recherche en écologie
sud-ouest d’Icade Promotion. head of M&A, tax & customs. A
partir de 2021, elle a travaillé pour
•ex-député
Daniel Fasquelle, juriste,
du Pas-de-Calais, maire
par des universités, et des organismes comme le CNRS, l’Ifre- marine au CNRS que Yan Rupert-Coudert, par ailleurs Christelle de Robillard, 39 ans, DNA Script notamment pour y du Touquet-Paris-Plage, 61 ans.
mer ou encore Météo France », détaille-t-il, en soulignant
que « toutes les disciplines sont représentées, de la biologie et
membre de la délégation française du Traité de l’Antarc-
tique, a pris la tête de l’Ipev en 2022. « Il est très organisé et
diplômée de l’Essec, titulaire d’un
master 2 en sciences politiques de
effectuer la Série C et monter
l’équipe juridique et propriété
•journaliste,
Alain Genestar,
74 ans.
la climatologie à l’astrophysique et l’archéologie ». Des
entreprises concourent, elles aussi, à la réussite de ces
bon communicant… des qualités essentielles à ce poste »,
jauge Akiko Kato. Lui se revendique « chercheur avant
Paris-Dauphine, a débuté au
ministère de l’Economie et des
intellectuelle. •deOlivier Gerolami, ex-PDG
« Sud-Ouest », 64 ans.
campagnes. A l’image de Marck & Balsan, PME française
qui équipe de pied en cap les expéditionnaires, avec bot-
tout » et il se réjouit que le premier sommet international
consacré aux pôles et glaciers, qui s’est tenu à Paris en
Finances. Elle a intégré la direc-
tion du contrôle de gestion du
ORGANISATION •deGuillaume Lambert, directeur
l’Agence des communications
PROFESSIONNELLE
tes, parkas et autres sous-vêtements adaptés à des tempé- novembre, ait créé « un engouement général du côté du groupe ADP en 2014. L’année sui- mobiles opérationnelles
ratures pouvant dévisser jusqu’à moins 70 degrés. grand public, mais aussi des entreprises ». Avec à la clé, la vante, elle a pris la responsabilité PFA de sécurité et de secours, 53 ans.
« L’innovation du secteur privé s’illustre également lors du
“raid”, le convoi terrestre qui consiste à rallier la station
promesse par la France d’investir un milliard d’euros
dans la recherche polaire d’ici à 2030. Pour l’heure, son
du département pilotage finan-
cier du groupe avant d’être direc-
Luc Chatel
a été reconduit à la présidence
• Kate Moss, mannequin,
50 ans.
Concordia depuis celle de Dumont d’Urville, avec des carava-
nes capables de rouler des milliers de kilomètres sur la glace
objectif est d’étoffer les effectifs de l’Ipev, qui compte déjà
50 permanents, répartis entre le siège de Brest et les sta-
trice financière de l’aéroport
Paris-Orly dès 2017. Quatre ans
de la Plateforme de la filière
automobile et mobilités
• Jean Van Hamme, auteur
de BD, 85 ans.
et de passer les crevasses », raconte-t-il. Néanmoins, cette tions polaires. Encore amené à se déplacer aux confins plus tard, elle avait pris la direc- pour une durée de trois ans.
organisation au cordeau n’échappe pas à quelques incon-
gruités administratives. Comme lors d’un audit de sécu-
du monde, il confie que son « nouveau sport est le jardi-
nage ». Ou l’art de se mettre au vert après l’océan blanc. n
tion des finances, de la gestion et
de la stratégie du groupe ADP. Luc Chatel, 59 ans, titulaire d’un , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

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Tél. 04 72 07 31 50
Fr0010588079 Frey B 26,6 26,8 26,6 26,8 + 0,75 1737 Fr0013344173 roche bobois sa G B 45 46,6 44,7 45,7 + 2,93 1056
Fr0004155000 Groupe sFpi g C 1,948 1,948 1,932 1,938 - 0,51 5916 Fr0000054199 s.t. dupont C 0,094 0,094 0,09 0,09 - 4,26 14100 taux marchés monétaires et eurodevises bcgef.fr/fonds
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ecarts de tauX avec l’allemaGne
LU2004923749 swiss small & mid caps (chF) eur a 119,04 11/01
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Fr0014003vy4 hydroGÞne France G B 11,1 11,32 11 11,24 + 2,18 2492 Fr0000036816 tour eiFFel g B 13,9 14,3 13,8 14,2 + 2,9 1637 France -0,17 0,13 0,36 0,39 0,58
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@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à
vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

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Tél. : 01 87 39 70 00. www.lesechos.fr Daniel Fortin (Les Echos Week-end) Marion Moulin Fabrice Février dpo@lesechosleparisien.fr « Les Echos Sociétés »
 Mardi 16 janvier 2024 Les Echos 30

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2024 : 511,6 milliards d’euros (prévisions PLF 2024) // PIB 2023 : 2.818,1 milliards d’euros (prévisions
PLF2024) // Plafond Sécurité sociale : 3.864 euros/mois à partir du 01-01-2024 // SMIC horaire : 11,65 euros (brut par heure)
à partir du 01-01-2024 // Capitalisation boursière de Paris : 2.416,97 milliards d’euros (au 08-01-2024)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 118,23 au 16-12-2023 // Taux de chômage (BIT) : 7,4 % au 3e trimestre 2023
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 3.088,2 milliards d’euros (3e trimestre 2023)

crible
Réserves et cuvée
Les réserves de change des pays émergents n’ont pas fini d’être scrutées. Le langage des gestes
Les élections à Taïwan ont rappelé Les porteurs obligataires d’Atos anticipent
les tensions géopolitiques dans une restructuration financière.
une zone cruciale du commerce
mondial. Les stratèges de marchés
de Pictet n’en négligent pas pour
autant les fondamentaux
macroéconomiques. Si la reprise
chinoise s’annonce encore
poussive, une croissance au-
dessus du potentiel pour les pays
émergents est néanmoins crédible
à leurs yeux. Et un grand nombre
de pays disposent de bases solides
pour affronter l’année 2024, au vu
des réserves de change, en mois
d’importations. Taïwan
et la Russie dominent
ce classement dont les lanternes
rouges sont la Hongrie
et la Turquie. Leur position s’est
améliorée depuis six mois, là où
un reflux s’est manifesté au Pérou,
en Inde, en Indonésie et en
Argentine. Malgré les risques,
l’allocation obligataire
de la banque suisse range des
titres émergents en devise locale
dans ses préférences.

Bis non repetita

BlackRock a trouvé un relais de croissance
avec GIP.
Il est difficile d’être et d’avoir été. Pour doubler la taille de BlackRock,
comme le fit en 2009 le rachat de BGI à Barclays, il faudrait trouver un Les actes en disent parfois plus longs que les paroles. La nomination
opérateur à son échelle – 10.000 milliards de dollars sous gestion. Ce n’est par Atos d’un nouveau directeur général – le cinquième en un peu plus
pas le cas, succès oblige. La multiplication par trois de son activité dans les de quatre ans, depuis le départ de Thierry Breton – signe plus
infrastructures – à 150 milliards de dollars – n’a donc pas changé la face de qu’une désespérante continuité du changement. Le choix de l’actuel
son cours boursier (+0,88 %), même s’il s’agit bien d’un deal directeur financier du groupe de services informatiques, Paul Saleh,
« transformant » à long terme pour cette classe d’actifs, à la croissance atténue aussi fortement le démenti d’une procédure de conciliation,
supérieure à la moyenne. Ce mariage du savoir-faire de la cible et du carnet lui-même nuancé par la réaffirmation que l’entreprise se réserve
d’adresses de l’acquéreur signale l’ambition renouvelée de devenir une le droit d’y recourir ! Ironie de l’histoire, l’ex-argentier de DXC devra
« one stop shop » pour les actifs non cotés. Il y a du pain sur la planche, vu donc restructurer les 5 milliards d’euros d’endettement brut
les capacités des géants du capital-investissement, à commencer par du français qui caressa le projet d’une OPA sur l’américain.
Blackstone, dont BlackRock est issu. Le patron du roi des fonds indiciels, En trois mois et demi, le président d’Atos, Jean-Pierre Mustier,
Larry Fink, a néanmoins surpris son monde en ne mettant que quelque a certes recréé les options ignorées par son prédécesseur, Bertrand
mois pour faire affaire avec Bayo Ogunlesi, un ancien de First Boston lui Meunier, en suscitant trois offres, en plus de la proposition léonine de
aussi. Il pose une nouvelle pierre pour les vingt ans qui viennent, là où Wall Daniel Kretinsky. Mais le cash brûlé l’an dernier (autour de 1,1 milliard
Street spéculait sur sa succession. Et il le fait sans compromettre son profil d’euros) le rend dépendant des banques, à l’origine de la moitié de ses
financier de court terme, même si le prix est jugé élevé. Car les deux patrons financements. L’autre moitié, les porteurs obligataires, anticipe la suite
s’accordent aussi pour dire que l’action BlackRock est sous-évaluée. Les (–35 % lundi pour la souche de novembre prochain). A 460 millions
12,5 milliards de dollars peuvent donc se payer en cash à hauteur d’un quart d’euros, la capitalisation boursière d’Atos semble en revanche bien
seulement. Et le reste, en actions, dont une partie sur cinq ans, et en optimiste au regard des précédents d’Orpea (99,96 % de dilution des
fonction des performances. actionnaires existants) et de Casino (99,7 %).

La Bourse de Paris cède 0,72 %

EN VUE

Borge Brende
ttention, révélations. A 58 ans, le blème », a-t-il confié au quotidien suisse « Le

A conservateur Borge Brende, admi-

La Bourse de Paris a débuté la
semaine sur une note prudente.
Elle a terminé en recul de 0,72 %.
L’indice CAC 40 a clôturé à 7.411,68
points. Il cède 1,7 % depuis le début
de l’année.
En Europe, la Bourse de Franc-
fort a terminé sur une baisse de
0,46 % après l’annonce d’un recul
de 0,3 % du produit intérieur brut
(PIB) de l’Allemagne en 2023. Outre-
Atlantique, Wall Street était fermée.
Les taux sont repartis à la hausse,
dans la zone euro. Le rendement de
l’obligation assimilable du Trésor
(OAT) à 10 ans s’est établi à 2,74 %,
en hausse de 7 points de base.
Durant le week-end, le chef éco-
européenne (BCE), Philip Lane, a
estimé qu’une baisse trop rapide
des taux pourrait alimenter une
nouvelle vague d’inflation. La BCE
se réunit le 25 janvier, 5 jours avant
son homologue américaine de la
Réserve Fédérale (Fed). La publica-
tion cette semaine des ventes au
détail aux Etats-Unis en décembre
donnera une indication de l’orien-
tation de la consommation.
Du côté des valeurs françaises,
Orange (+2,15 %), Unibail-Ro-
damco-Westfield (+ 1,35 %) et
Capgemini (+1,25 %) ont occupé le
podium des trois plus fortes pro-
gressions du CAC 40. A l’inverse,
L’Oréal a enregistré la plus impor-
rateur de Nelson Mandela, ne serait
pas que l’ex-ministre des Affaires étrangères
de Norvège et l’honorable président depuis
2017 du Forum économique mondial. Ce
serait aussi et surtout, lit-on en cherchant un
peu sur Internet, un des grands marionnet-
tistes du complot mondial, qui a fait « massa-
crer des millions de chats » et « provoqué le
Covid » pour lancer le « great reset » mondial.
C’est peut-être aussi un extraterrestre, cli-
quez sur le pouce vert pour en savoir plus…
Forcément, voir tous ses petits secrets ainsi
révélés énerve le patron du Forum de
Davos, en Suisse, qui s’est ouvert lundi.
Alors que 2024 sera une année électorale
dans la moitié du monde, il a fait de la lutte
contre la désinformation et la manipulation
en ligne son cheval de bataille pour la 54e
édition de ce rendez-vous de l’élite économi-
que et politique mondiale.
« Beaucoup d’individus s’informent prin-
cipalement via les réseaux sociaux ; s’ils pen-
sent que tout y est vrai, nous avons un pro-
Temps ». Tirant la sonnette d’alarme pour
la survie des démocraties, il plaide pour que
les 120 pays représentés (les Russes ne sont
pas conviés) sèment les graines de règles
mondiales pour encadrer les réseaux et l’IA.
« Excité et anxieux », il espère que face aux
risques géopolitiques, climatiques et tech-
nologiques, le Forum participera à « rebâtir
la confiance ». Mais, réaliste, il ne la respire
pas lui-même, quand il concède que le monde
est « en récession politique ». Ce diplômé en
histoire, droit et économie, un temps
médiateur dans les pourparlers entre le
gouvernement colombien et les Farc, veut
toutefois croire que même dans ce paysage
« polarisé » et « fragmenté », « il existe tou-
jours des espaces dans lesquels des intérêts
communs existent. » Fidèle au poste, il
défend mordicus la formule Davos, « cataly-
seur de nouvelles manières de penser ». Ce
réseau social là, il le maîtrise.
Lire nos informations
( Page 6

nomiste de la Banque centrale tante baisse, plongeant de 4,76 %.