HP vous aide à optimiser

votre informatique
HP Dragonfly

MERCREDI 17 JANVIER 2024

Enquête Faux espions chez Renault : Assurance-vie La bataille fait rage

le procès d’une incroyable affaire // P. 13 sur les taux des fonds en euros // P. 27

Travail, entreprises :
Macron annonce
l’acte II des réformes

La fin de

Ludovic Marin/AFP
l’exception POLITIQUE Revenir à l’esprit
de 2017 en prenant des risques.
marché du travail pour aller vers le
plein-emploi. Le projet de loi en pré-

française
Dans sa conférence de presse mardi
soir, Emmanuel Macron a fixé un
cap réformiste pour tenter de relan-
cer son deuxième mandat, et ren-
dre la France « plus forte » et « plus
juste ». Le chef de l’Etat a annoncé
une loi Macron II pour lever les blo-
cages qui persistent dans l’écono-
l Le nombre de naissances a chuté de 6,6 % mie, et s’attaquer aux rentes. Et il a
promis un acte II de la réforme du
l’an dernier. l « L’exception démographique
française est morte et enterrée », juge l’économiste
Maxime Sbaihi. l Un défi pour le financement
de la Sécurité sociale. l Le gouvernement Fret : Air France et
va réformer le congé parental.
// PAGES 2-3, 11 ET L’ÉDITORIAL DE LUCIE ROBEQUAIN PAGE 14
CMA CGM divorcent
AÉRIEN L’alliance dans le transport
aérien de marchandises entre Air
2,03 France-KLM et CMA CGM explose
à peine un an après son décollage.
2,0 Les deux group es ont décidé
1,90 « d’opérer de manière indépen-
dante » à compter du 31 mars. Un
1,9 1,83
iStock et Mustafa Yalcin/Anadolu via AFP
paration sur la fonction publique
devra marquer une rupture vers la
rémunération au mérite, et il y aura
bien en 2025 une nouvelle mesure
en faveur du pouvoir d’achat des
classes moyennes. En revanche,
la franchise non remboursée de
50 centimes par boîte de médica-
ment va doubler afin de « responsa-
biliser » les patients. // PAGE 4
des obstacles à ce partenariat s’est
dressé aux Etats-Unis, les autorités
ayant refusé tout élargissement du
club à des membres de l’alliance
Skyteam comme Delta. La question
d’un nouvel allié pour l’armateur
marseillais va se poser. // PAGE 16

1,8

1,73
HP vous aide à optimiser
Le taux de fécondité continue de reculer 1,7
votre informatique
En nombre d’enfants par femme en âge de procréer 1,68
*Provisoire 1,6
PC portable HP Dragonfly équipé de la
1995 2000 2005 2010 2015 2020 2023* plateforme Intel vPro®

analyses Les investisseurs

SUR Le Royaume-Uni vers
une alternance historique
Par Ingrid Feuerstein
DOMINIQUE SEUX A mesure qu’approchent les lé-
DANS ’ÉDITO ÉCO gislatives au Royaume-Uni, les
À 7H45 chances d’un retour des tra-
DU LUNDI AU VENDREDI vaillistes à Downing Street
s’accroissent. La question n’est
pas de savoir si le Labour sera
en tête, mais plutôt si sa victoi-
M 00104 -117 - F:3,60 re sera aussi écrasante que cel-
le de Tony Blair en 1997, et s’il
disposera d’une confortable
majorité au Parlement. Celle-
ci n’est toutefois pas assurée à
cause d’un redécoupage défa-
ISSN0153.4831 116e ANNÉE
NUMÉRO 24129 32 PAGES vorable au Labour. Surtout, les
Antilles-Réunion 4,70 €. Belgique 4,20 €. travaillistes devront apporter
Espagne 5,10 €. Luxembourg 4,40 €.
Maroc 44 DH. Suisse 6,60 FS. Tunisie 9,8 TND.
des réponses aux ressorts du
populisme au-delà des pro-
messes sans lendemain du
Brexit. // PAGE 9
redoutent la fin
du conte de fées
sur les marchés
financiers
BOURSE De « Boucles d’or » à
Le gouvernement « Alice au pays des merveilles », les
et les trois transitions professionnels de l’investissement
ne manquent pas d’imagination
Par Jean-Hervé Lorenzi pour décrire l’environnement
actuel sur les marchés. Ils parient
Bonne année à tous sur une chute de l’inflation sans
les silencieux heurts pour l’économie, qui per-
mettrait aux banques centrales de
ParAlexis Karklins-Marchay réduire agressivement leurs taux.
Mais la réalité est rarement aussi
Déshabillage paradoxal belle que les contes de fées. De plus
en plus d’investisseurs estiment
Par Marie Eloy
que les marchés se bercent d’illu- avec
sions et mettent en garde face au
Retourner l’Etat risque d’un réveil brutal alors que
les Bourses mondiales marquent
Par Gaspard Koenig le pas après leur embellie de la fin
// PAGES 9 À 12 d’année dernière. // PAGE 28
 02
FRANCE Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos

Les naissances continuent de décliner da

mais l’espérance de vie se redresse
l L’an dernier, seuls 678.000 bébés ont vu le jour en France, soit 48.000 de moins qu’en 2022 et une chute de 20 % par rappo
l En revanche l’espérance de vie à la naissance des hommes atteint pour la première fois 80 ans.
DÉMOGRAPHIE
Nathalie Silbert
Une natalité en berne et une France
vieillissante : les chiffres du bilan
démographique de l’année 2023
dévoilé mardi par l’Insee ont
confirmé la nouvelle équation du
pays. Au 1er janvier 2024, la popula-
tion française s’élevait à 68,4 mil-
lions d’habitants, un chiffre en
hausse de 0,3 %, comme en 2022.
Mais l’Hexagone passe désor-
mais sous la barre des 700.000 nais-
sances, soit un chiffre inédit
depuis 1946. L’an dernier, seuls
678.000 bébés ont vu le jour, soit
48.000 de moins qu’en 2022, elle-
même déjà marquée par un recul
historique de la natalité. En compa-
raison avec 2010, année où celle-ci
avait atteint son dernier pic, la
France enregistre « 150.000 nais-
sances en moins », a souligné Sylvie
Le Minez, responsable de l’unité des
études démographiques et sociales
à l’Insee. Ce qui correspond à une
chute de près de 20 %.
Renouvellement
des générations
En hausse depuis la pandémie
en 2020, la mortalité est, elle, en
recul de 6,5 %, avec 631.000 décès,
soit 44.000 de moins qu’en 2022 où
grippes et canicules s’étaient égale-
ment révélées meurtrières. Elle
reste néanmoins plus élevée
qu’avant la crise sanitaire.
La bonne nouvelle est que l’espé-
rance de vie à la naissance se
redresse. Pour la première fois, elle
se situe à 80 ans pour les hommes et
atteint 85,7 ans pour les femmes.
L’espérance de vie à 60 ans aug-
mente elle aussi fortement et
dépasse son niveau de 2019, à
27,9 ans pour les femmes et
23,7 ans pour les hommes. Reflet du
vieillissement du pays, les plus de
75 ans représentent désormais plus
de 10 % de la population française.
En conséquence, l’excédent natu-
rel – c’est-à-dire le surplus de nais-
sances par rapport aux décès – se
situe à 47.000, son niveau le plus
faible depuis l’après-guerre. De son
côté, le solde migratoire est estimé
provisoirement à 183.000 person-
nes en 2023, par rapport à 161.000
un an plus tôt.
Un hiver démographique mena-
ce-t-il la France ? Ce n’est pas l’avis
de Laurent Toulemon, directeur de
recherche à l’Institut national d’étu-
des démographiques (Ined). « Par-
ler d’hiver démographique est exces-
sif, estime l’expert. La France reste le
pays d’Europe où la fécondité est la
plus élevée. Elle n’est pas dans une
situation comparable à celle de l’Ita-
lie ou de l’Espagne par exemple où le
recul des naissances est nettement
plus marqué et entraîne une baisse de
la population. »
L’affaiblissement de la dynami-
que démographique se confirme
néanmoins dans l’Hexagone.
L’accentuation de la crise de la
maternité que connaît la France est
directement liée à la chute régulière
de la fécondité. En 2023, l’indicateur
est tombé à 1,68 enfant par femme
en âge de procréer, contre 1,8 enfant
un an plus tôt. Un niveau« faible »,
qui n’assure plus le renouvellement
des générations mais qui a déjà été
observé en 1993.
« La politique familiale
s’est affaiblie »
« La situation serait différente si le
taux de fécondité en France chutait à
1,5, car c’est un seuil où les migrations
ne peuvent plus compenser le déficit
du solde naturel, sauf augmentation
considérable des flux d’immigration.
La diminution de la population
devient alors probable », observe
Laurent Toulemon.
L’Insee relève que les femmes les
plus fécondes ont désormais entre
30 à 34 ans. Avant 30 ans, la fécon-
dité baisse en revanche à tous les
âges. « Cela pourrait renvoyer au
contexte de forte inflation, mais il y a
sans doute énormément d’autres fac-
teurs en jeu », estime Sylvie Le
Minez. « En France, la politique
familiale s’est affaiblie, pointe de son
côté Laurent Toulemon. Il fut un
temps où elle faisait régulièrement
l’objet de mesures. En revanche
aujourd’hui, il n’y a plus vraiment
d’objectif nataliste. »
Cette baisse de la natalité mar-
que-t-elle le début d’une nouvelle
ère ? A ce stade, rien ne permet
d’affirmer que le taux de fécondité
va continuer de chuter, répondent
les démographes. Si tel était le cas,
ce serait un nouveau défi économi-
que à relever pour la France.
Lire l’éditorial
( de Lucie Robequain
Page 14

« La France est dans L’effondrement de la natalité touche

un mauvais scénario » de nombreux pays
elon l’économiste Maxime MAXIME SBAIHI va se réduire, car les bébés Le vieillissement Kim Jong-un ont chacun demandé en 2022 contre un peu moins

S Sbaihi, auteur du « Grand

Vieillissement », « l’excep-
tion démographique française est
morte et enterrée ». Entre baisse des
Economiste

enfants ont vécu depuis quinze ans

d’aujourd’hui sont les actifs de
demain. Cela laisse augurer une
forte pression sur nos finances
publiques dans les prochaines
de la population
des pays riches s’accélère,
particulièrement
en Europe et en Asie.
à leur population de réagir.

•QUIL’ITALIE, PAYS EUROPÉEN

naissances et vieillissement de la
population, l’évolution actuelle fait
à terme peser des risques sur notre
modèle social.
Les naissances en France
ont chuté de près de 7 %
en 2023. Cela marque-t-il
une nouvelle étape ?
L’exception démographique fran-
çaise est morte et enterrée. Notre
pays est rattrapé par le mouvement
mondial de baisse des naissances. A
l’exception d’un mini-rebond post-
Covid en 2021, la natalité recule
depuis 2011 et la tendance est en
train de s’accélérer. Aussi bien le
nombre d’enfants par femme en
âge de procréer que le nombre de
femmes en âge de procréer baisse.
Même si l’indice de fécondité
remontait, cela ne garantirait pas
davantage de naissances, car nous
payons le prix de décennies passées
en dessous du seuil de renouvelle-
ment des générations de 2,1 enfants
par femme.
Selon vous, la politique
familiale est-elle en cause
ou cela trahit-il un problème
de confiance dans l’avenir ?
Il est compliqué de trancher ce
point. La politique familiale en
France garde une tradition nata-
liste, même si la réforme de 2014,
qui a remis en cause l’universalité
des aides, semble avoir joué négati-
vement. En revanche, il est clair que
les générations en âge de faire des
un enchaînement de trois crises
économiques majeures qui ont
plombé la croissance économique.
Les jeunes en ont été les premières
victimes. Sur le plan économique,
les temps sont de plus en plus diffi-
ciles pour ceux qui veulent avoir des
enfants. Je pense notamment à la
propriété immobilière qui est deve-
nue quasiment inaccessible pour
les nouvelles générations. Partout
en Europe, le logement est devenu
un frein à la natalité. Si on ne réo-
riente pas les moyens publics vers la
jeunesse, on risque de perpétuer la
tendance démographique actuelle.
Quelles sont les conséquences
des évolutions démographi-
ques actuelles en termes
d’équipements publics ?
La baisse continue des naissances
se ressent déjà dans l’Education
nationale. D’ici 2027, la France va
perdre 500.000 élèves dans le pre-
mier et le second degré ! La baisse
des naissances accentue le vieillis-
sement inédit de notre population.
Dans un département comme la
Dordogne, on ferme des écoles et on
ouvre des Ehpad.
Quel va être l’effet
sur les finances publiques ?
La France est dans un mauvais scé-
nario. D’un côté, elle a une popula-
tion qui vieillit comme jamais avec
des besoins croissants de prise en
charge par la Sécurité sociale. De
l’autre, sa capacité de financement
années, du fait de l’augmentation
des dépenses de retraite et de santé.
On le constate déjà. Notre modèle
social fonctionnant par la démo-
graphie, plus la base de la pyramide
des âges maigrit, plus il est à risque.
Le nombre de jeunes
qui arrivent sur le marché
du travail est en baisse.
Cela peut-il justifier
le recours à la population
immigrée ?
Ce qui est sûr c’est que la France va
devoir choisir : ou bien elle accepte
le déclin de sa population active, ce
sera le cas dès 2036 si on en croit les
projections de l’Insee. Ou bien elle
va devoir aller chercher des bras et
des cerveaux à l’étranger pour com-
penser. Avec une natalité réduite,
une productivité en berne et des
taux d’emploi à des niveaux déjà
élevés, sauf pour les seniors, la
marge de manœuvre est réduite et
l’équation se complique.
— Propos recueillis par N. S.
« Même si l’indice
de fécondité
remontait,
cela ne garantirait
pas davantage
de naissances. »
Les Etats-Unis font
exception, avec un rebond
du solde naturel.
Le service Monde
Les pays développés connaissent
un hiver démographique. Ni la ten-
dance ni l’expression ne sont nou-
velles, mais le mouvement s’accé-
lère depuis le début du Covid. La
natalité n’a pas retrouvé son niveau
d’avant la pandémie. Le Vieux
Continent porte de mieux en mieux
son nom, posant un problème de
financement de l’Etat-providence
aux pays qui l’ont inventé. Du Nord
au Sud, les femmes ont moins
d’enfants qu’avant. Le nombre de
petits Grecs nés en 2022 est au plus
bas depuis quatre-vingt-dix ans.
Mais l’Europe n’est pas la seule
concernée. De nombreux pays
émergents le sont aussi. L’Améri-
que latine, le Moyen-Orient et l’Asie
sont touchés. En Colombie, le taux
de fécondité est tombé à 1,85 enfant
par femme en 2022. En Thaïlande,
le nombre de naissances est désor-
mais inférieur à celui des décès et a
chuté de 30 % en dix ans.
Les autocraties ne sont pas en
reste. Les Chinoises n’ont eu, en
moyenne, que 1,1 enfant en 2022. En
Iran, le nombre d’enfants par
femme a reculé à 1,7. En Corée du
Nord, il serait passé sous le seuil de
renouvellement des générations,
de 2,1 enfants par femme. Tant et si
bien que l’ayatollah Khamenei et
VIEILLIT LE PLUS VITE
En 2022, le nombre des naissances
est passé sous la barre symbolique
des 400.000 en Italie pour s’établir
à 393.000, le chiffre le plus bas
depuis 1861, date de l’unification du
pays. Selon les chiffres provisoires
de 2023, celles-ci dépasseront diffi-
cilement les 380.000. Avec le taux
de fécondité le plus bas d’Europe
– 1,24 enfant par femme – cette ten-
dance sera extrêmement difficile à
enrayer. Selon l’Istat, un quart des
femmes nées dans les années 1990
n’aura jamais d’enfants. Le nombre
annuel de nouveau-nés s’est effon-
dré de 30 % en une décennie.
•DEL’IMMIGRATION, BOUÉE
SAUVETAGE ALLEMANDE
L’année 2022 a été une rupture pour
l’Allemagne. Alors que le pays avait
vu son taux de natalité remonter de
1,38 enfant par femme en 2000, à
1,58 en 2021 grâce à une politique
familiale plus offensive et à la cons-
truction de crèches dans les gran-
des villes, ce taux a baissé pour
atteindre 1,46 enfant par femme
en 2022. C’est le niveau le plus bas
depuis 2013. Et il est encore plus fai-
ble si on se limite aux femmes de
nationalité allemande (1,36).
Le pays a recensé un peu plus de
738.000 nouveau-nés en 2022, soit
7,1 % de moins qu’en 2021. Les pre-
miers chiffres de 2023 confirment
la tendance, avec 7,4 % de naissan-
ces en moins entre janvier et sep-
tembre 2023. L’Allemagne comp-
tait 84,3 millions d’habitants
de 70 millions au début des
années 1950. Sans l’arrivée de la
main-d’œuvre étrangère, la popu-
lation aurait baissé dès 1972.
• LE TALON
D’ACHILLE RUSSE
Mortalité en baisse mais natalité
défaillante : tel est le bilan démo-
graphique mitigé de Vladimir Pou-
tine après un quart de siècle au
pouvoir. Les politiques de santé, de
lutte contre l’alcoolisme et le tabac
ont porté leurs fruits : chaque
année, 250.000 Russes meurent à
cause du tabac, près de 200.000
décèdent à cause de la vodka.
En 2005, ces chiffres étaient deux
fois plus élevés.
L’espérance de vie est d’ailleurs
en passe d’atteindre un record :
presque 74 ans. Mais malgré les
politiques natalistes, la fertilité
diminue et la Russie traverse les
effets du creux démographique
des années 1990 avec, par ricochet,
une nouvelle chute des naissances
de 4 % par an. Avec 144 millions
d’habitants aujourd’hui, la Russie
est moins peuplée qu’en 2000, lors-
que Poutine est arrivé au Kremlin.
•DELELADÉPEUPLEMENT
CORÉE DU SUD
Avec un taux de fécondité en chute
libre et désormais proche du
0,7 enfant par femme à la fin
de 2023, la Corée du Sud se prépare
à voir sa population perdre au
moins quinze millions d’habitants
au fil des cinquante prochaines
années. Selon les dernières projec-
tions de l’institut public Statistics
Korea, le pays ne comptera plus
 03 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024 FRANCE

France Relance :
100 milliards
ns l’Hexagone d’euros dépensés
et des résultats
à confirmer
rt à 2010.
CONJONCTURE
Le grand plan
d’investissement
lancé après la crise
sanitaire a rapide-
ment porté
ses fruits en termes
de PIB ou d’emplois,
selon le rapport
final de France
Stratégie.
Sébastien Dumoulin
Les 100 milliards d’euros de
France Relance ont-ils dyna-
misé l’économie tricolore ?
Ce plan d’investissement
d ’u n e a m p l e u r i n é d i t e
– dévoilé par Jean Castex en
septembre 2020, après le pre-
mier confinement – s’est offi-
ciellement clos il y a un an.
L’évaluation finale du dispositif
vient d’être remise mardi par
France Stratégie, un centre de
réflexion rattaché à Matignon.
S’appuyant sur des travaux uni-
versitaires, il en dresse un bilan
plutôt positif à court terme,
mais beaucoup plus flou sur le
temps long.
L’évaluation est difficile, car
France Relance a constitué un
guichet public aux entrées mul-
tiples : subventions, aides à
l’emploi ou à l’investissement,
baisses d’impôts… Le rapport
note toutefois que les montants
promis ont été au rendez-vous
sur les trois grandes composan-
tes du plan : écologie (30 mil-
liards d’euros), compétitivité
(34 milliards) et cohésion
(36 milliards). Fin 2023, la qua-
catifs » sur l’emploi. Rien
qu’en 2022, l’OFCE estime le
surcroît de postes créés grâce
au plan à 350.000. Certains dis-
positifs ont été particulière-
ment efficients – comme le sou-
tien à l’apprentissage. En
extrapolant des résultats de
l’Institut des politiques publi-
ques, le rapport estime que
200.000 contrats d’apprentis
supplémentaires ont été signés
sur la période 2021-2022. « Avec
un coût moyen de 20.000 euros
par emploi créé, ce qui est la
borne basse des politiques de
l’emploi en France », souligne
Xavier Jaravel, président du
comité d’évaluation du plan
France Relance.
Comme dans ses précédents
rapports d’étape, France Straté-
gie bute davantage sur les
objectifs à long terme du plan :
améliorer la compétitivité de
l’économie française et la pré-
parer aux enjeux d’avenir,
notamment la décarbonation.
Sur ce point, une évaluation
globale est encore en cours.
Mais en se penchant sur cer-
tains dispositifs phares, les éco-
nomistes relèvent des indica-
teurs positifs. MaPrimeRénov'
par exemple a très vite rencon-
tré le succès et bénéficié très
majoritairement à des ména-
ges modestes qui n’auraient pas
sauté le pas de la rénovation
énergétique sans les aides.
Productivité en berne
D’autres mesures ont cepen-
dant des effets trop modestes
au regard des enjeux, comme la
rénovation énergétique des
bâtiments publics, ou sont
jugées très chères au vu des
résultats, comme le bonus

Un défi pour le financement si-totalité de l’enveloppe avait

été allouée, et près des trois
quarts de la somme effective-
automobile. Ce dernier a cer-
tes dopé les ventes de véhicules
électriques, mais pour un coût

de la Sécurité sociale ment dépensés. France Straté-

que 36 millions d’habitants
en 2072 contre 51,6 millions actuel-
lement. Du fait de la faiblesse du
nombre de naissances, près de
48 % des habitants du pays auront
alors 65 ans ou plus. Ce ratio n’était,
l’an dernier, que de 17,4 %.
• L’EXCEPTION AMÉRICAINE
Aux Etats-Unis, le solde naturel a
commencé à rebondir depuis 2022,
et cette tendance s’est accélérée
en 2023, avec la fin du Covid.
L’accroissement de la population
dû à l’écart entre les naissances et
les décès s’est en effet élevé à
531.400 en 2023, selon les premiè-
res estimations. Il reste en revan-
che moitié moindre qu’en 2018 et
en 2019. Près de 3,66 millions de
bébés pourraient être nés l’année
dernière, un score en léger recul
par rapport à 2022 (3,68 millions),
mais en nette hausse par rapport
à 2021 (3,58 millions).
En dépit du boom économique
et de l’optimisme retrouvé dans le
pays, la natalité américaine n’a pas
retrouvé sa vitalité d’avant crise,
Le Haut Conseil du finance-
ment de la protection
sociale a alerté mardi sur
la « rupture » intervenue
en 2024 sur le redresse-
ment des comptes
de la Sécurité sociale.
Solenn Poullennec
Le recul des naissances et l’aug-
mentation de l’espérance de vie ont
de quoi donner des sueurs froides
au nouveau gouvernement. Ces
tendances, confirmées par l’Insee
mardi, promettent de grever encore
les comptes de la Sécurité sociale à
l’heure où des experts préviennent
qu’ils sont déjà en train de déraper
de façon très préoccupante.
L’année 2024 marque une « rup-
ture » dans le redressement des
comptes de la Sécurité sociale, a
souligné le Haut Conseil du finance-
ment de la protection sociale, à
l’occasion de la publication ce
mardi d’un « état des lieux ».
Pour le Haut Conseil, le coup
d’arrêt à la réduction des déficits
en 2024 est « très notable et préoccu-
pant ». Car contrairement à ce qui a
été observé jusqu’à aujourd’hui, il
ne vient pas s’expliquer par un choc
exogène comme une crise écono-
mique ou sanitaire.
« Le choc auquel on va faire face,
c’est le vieillissement de la popula-
tion », souligne Dominique Libault,
le président du Haut Conseil. « La
France a géré à peu près la première
phase de l’impact du vieillissement
sur les comptes sociaux », poursuit-il
Le gouvernement
a certes promis
de réaliser
des économies
pour limiter
les dérapages.
Mais celles-ci restent
souligne Dominique Libault.
L’horizon pourrait encore s’assom-
brir si la croissance s’avérait moins
importante que prévu et en cas de
dérapages des dépenses.
« Arbitrages complexes »
Pour tenir ses objectifs, l’exécutif a
déjà promis, dans la loi de program-
mation des finances publiques, de
réaliser quelque 6 milliards d’euros
d’économies dès 2025 sur les
dépenses de la Sécurité sociale. A ce
stade, cependant, ces économies
« restent à documenter », ne man-
que pas de préciser le Haut Conseil.
Le gouvernement a lancé des
revues de dépenses pour tenter de
les identifier. Il marche cependant
sur des œufs. Car les professionnels
de santé n’ont de cesse d’alerter sur
le manque de moyens et le fait que
les Français sont inquiets de leur
accès aux soins. « Les pouvoirs
publics vont être devant des arbitra-
ges complexes », prévient Domini-
gie pointe aussi sa bonne répar-
tition sur le territoire, avec un
accent marqué sur les zones
industrielles.
Des avancées dans
la décarbonation
Satisfecit de taille : les objectifs à
court terme ont été remplis. Le
vaste plan de relance devait per-
mettre à l’économie française
de retrouver en deux ans son
niveau d’avant-crise. Ce fut le
cas dès la fin 2021, alors que,
sans France Relance, il aurait
fallu attendre 2023, selon
l’OFCE. Ce coup de fouet à
la croissance s’est toutefois
concentré sur les années 2021
(+1,2 point de PIB) et 2022 (+1,4
point de PIB) avant de rapide-
ment s’estomper (0,5 point
en 2023 et 0,2 en 2025).
Autre point positif, France
Relance a eu des effets « signifi-
de 600 euros la tonne de CO2
économisée – neuf fois supé-
rieur au rendement de MaPri-
meRénov’par exemple. L’amé-
lioration de la compétitivité
grâce à France Relance est aussi
un point d’interrogation
majeur – faute de recul suffisant
ou de données disponibles. Le
rapport ne statue notamment
pas sur l’effet de la baisse des
impôts de production, qui
représente tout de même 20 %
des sommes engagées.
En dépit de ces largesses,
« l’économie française se caracté-
rise par une évolution préoccu-
pante de sa productivité » depuis
la fin de la crise Covid, souligne
France Stratégie. En clair : le
plan de relance n’a peut-être pas
démérité, mais il n’a pas suffi.
Reste à espérer que son succes-
s e u r, Fr a n c e 2 0 3 0 ( l a n c é
début 2022 avec 54 milliards),
transformera l’essai. n

lorsqu’il naissait 3,8 millions
d’enfants par an. En réalité, le nom-
bre de naissances est en déclin
depuis les années 2010 aux Etats-
Unis, car la transition démographi-
que est à l’œuvre. C’est d’ailleurs
l’un des sujets d’inquiétude d’Elon
Musk, le patron de Tesla et le pro-
priétaire de X, qui a dix enfants et
qui se lamente publiquement du
déclin de la natalité.
L’afflux d’immigrants a jusqu’à
présent permis la poursuite de
l’expansion démographique des
Etats-Unis, qui comptent 335 mil-
lions d’habitants. n
Le choc du vieillissement
de la population
Après la crise du Covid, qui a vu le
déficit de la « Sécu » se creuser
comme jamais (à -40 milliards
d’euros), le rebond de l’activité éco-
nomique, la bonne tenue de
l’emploi et l’augmentation des salai-
res sur fond d’inflation ont permis
de résorber le déficit (à un peu
moins de -9 milliards d’euros à la fin
de 2023). Toutefois, malgré la
réforme des retraites, le déficit
devrait à nouveau se creuser dans
les prochaines années. Il devrait
dépasser 17 milliards d’euros
en 2027, selon le dernier budget.
à documenter
et promettent
d’être compliquées
à réaliser.
en référence aux modifications du
système de retraite. « Le deuxième
choc, plus tardif, c’est celui auquel on
a à faire face dans cette décennie et les
années suivantes », prévient-il.
Qui dit vieillissement de la popu-
lation dit généralement augmenta-
tion des dépenses de santé. Or, déjà,
« la dynamique des ressources par
rapport à celle des dépenses ne per-
met plus d’envisager le retour à
l’équilibre de la Sécurité sociale »,
que Libault. Déjà cette année, l’exé-
cutif avait prévu pour boucler son
budget de dégager 800 millions
d’euros en doublant le niveau des
franchises payées par les patients
sur les médicaments les consulta-
tions médicales.
Cette décision, pourtant large-
ment débattue et d’ampleur bien
moindre que les 6 milliards d’éco-
nomies annoncées, n’a pas été actée
sous Elisabeth Borne. Le tout nou-
veau gouvernement de Gabriel
Attal ne s’est pas encore prononcé
sur ce sujet. Au contraire, ce dernier
a surtout communiqué sur les
dépenses supplémentaires (32 mil-
liards) prévus d’ici à cinq ans pour le
système de santé en général. n
en bref
Européennes : Bellamy, tête de liste
d’une droite en manque de souffle
POLITIQUE Le patron des Républicains, Eric Ciotti, a donné
lundi un coup d’accélérateur à la campagne des élections euro-
péennes en lançant le sortant et conservateur François-Xavier
Bellamy comme tête de liste, pour essayer de démontrer que le
parti « tient le cap », malgré le récent débauchage de Rachida
Dati. Celui-ci, qui avait réalisé un score de 8,5 % au précédent
scrutin de 2019, a pour mission de résister au Rassemblement
national, qui convoite ses électeurs, et de sauver sa famille poli-
tique d’une nouvelle défaite électorale. En dessous de 5 % des
suffrages, LR ne bénéficierait d’aucun élu au Parlement euro-
péen, une première pour cette famille politique.
FRANCE
Macron veut lancer l’acte II des réformes
l Lors de sa conférence de presse, mardi soir, le chef de l’Etat a annoncé une loi Macron II ainsi qu’une deuxième
étape de la réforme du marché du travail.
l Pour relancer la natalité, il prévoit la création d’un congé naissance de 6 mois pour les deux parents, mieux rémunéré.
l Dans la fonction publique, il veut renforcer la rémunération au mérite. Pour les médicaments, la franchise va doubler.
POLITIQUE
Isabelle Ficek
Contre l’idée d’un deuxième quin-
quennat enlisé, Emmanuel Macron
a voulu mardi soir lors de sa confé-
rence de presse, convaincre d’un
retour au macronisme des débuts, à
ce qui avait marqué les premiers
mois de son premier mandat, avec
des réformes économiques et socia-
les risquées, lancées tambour bat-
tant jusqu’à la crise des « gilets jau-
nes ». Lors de son propos liminaire,
le chef de l’Etat a estimé que c’est
cette action menée depuis six ans et
demi qui a permis d’avoir « des for-
ces retrouvées ». « Nous sommes
mieux armés, mais où allons-
nous ? » a-t-il lancé.
Lui qui cherche depuis sa réélec-
tion la martingale pour accélérer,
lui qui a aussi souligné combien les
crises se conjuguent, s’est dit
« convaincu que nous avons tous les
atouts pour réussir et que nos en-
fants vivront mieux demain que nous
aujourd’hui. » « En quelques mois
peut se jouer le destin de plusieurs
générations », a-t-il lancé, justifiant
la constitution d’un gouvernement
resserré, plus jeune aussi, par la
volonté d’aller plus vite pour « ren-
dre la France plus forte et plus juste ».
« Fléau » de l’infertilité
Cette France plus forte, elle passe
pour lui par ce qu’il a appelé lors de
ses vœux un « réarmement économi-
que .» « La France sera plus forte si
elle produit davantage », a-t-il mar-
telé. Alors qu’il a mis au cœur de sa
campagne présidentielle l’objectif
du plein-emploi en 2027, Emma-
nuel Macron a annoncé, pour conti-
nuer de lever les blocages et les
freins à l’innovation, une loi Macron
2 pour la croissance, pour « lutter
contre les rentes », pour la simplifica-
tion. Soit un texte qui devrait donc
être plus large que ce qui était prévu
jusqu’à présent sur la simplification.
Délais, normes, seuils, « situations
établies » : tout est sur la table.
Autre volet majeur, Emmanuel
Macron souhaite lancer un acte II
de la réforme du marché du travail
lancé en 2017 pour atteindre le
plein-emploi et tenter, donc, de
dépasser ce « plateau », sur lequel
butte, p our l’instant, le taux
d’emploi. A la clé aussi, des mesures
logement et transports, a-t-il sug-
géré. « Le cœur de la bataille budgé-
Gabriel Attal dévoile des premiers jalons
face à des oppositions très remontées
Le nouveau Premier minis-
tre prononcera sa déclara-
tion de politique générale le
30 janvier, après la décision
du Conseil constitutionnel
sur la loi immigration.
Grégoire Poussielgue
Une semaine après sa nomination,
Gabriel Attal, le nouveau Premier
ministre, met en place sa feuille de
route dans une ambiance parle-
mentaire déjà survoltée. La date
était en suspens, elle a été arrêtée : le
nouveau locataire de Matignon
prononcera sa déclaration de politi-
que générale à l’Assemblée natio-
nale le 30 janvier, soit avec une
semaine de décalage par rapport à
la date initialement envisagée.
L’exécutif entend attendre la déci-
sion, très attendue, du Conseil cons-
titutionnel sur la loi immigration,
qui doit être rendue le 25 janvier.
Comme Elisabeth Borne, Gabriel
Attal ne devrait pas solliciter un
vote de confiance de l’Assemblée
nationale, comme l’a révélé « Le
Parisien ». S’il rompt lui aussi avec
taire, c’est la bataille pour l’activité et
la création d’emplois et de richesse »,
a-t-il insisté.
Alors que le nombre de naissan-
ces a chuté l’an dernier en France, le
président de la République, qui jus-
qu’ici s’était peu penché sur le sujet
de la natalité, veut inverser la ten-
dance. Deux mesures sont prévues,
dont la première avait été déflorée
par Aurore Bergé lorsqu’elle était
ministre des Solidarités : Emma-
nuel Macron a annoncé la création
d’un « congé de naissance », de six
mois, pour les deux parents, « s’ils le
souhaitent ». Il doit remplacer le
congé parental de trois ans mais
aussi être « mieux rémunéré ». De
quoi, espère-t-il, lever les blocages
économiques à l’arrivée d’un
enfant. Autre mesure, il souhaite
lancer un grand plan de lutte contre
ce « fléau » de l’infertilité.
Une « France plus juste », Emma-
nuel Macron estime aussi que cela
passe par « l’école, l’école, l’école »,
misant sur l’amplification de ce qui
a été fait depuis 2017 et commencé
par le Premier ministre Gabriel
Attal au ministère de l’Education
nationale, et ce, malgré les débuts
très difficiles de la nouvelle ministre
Amélie Oudéa-Castéra.
Cela passe aussi, a assumé le chef
de l’Etat, par une meilleure recon-
naissance du « mérite » et du « tra-
vail ». Alors qu’Emmanuel Macron
et son Premier ministre n’ont eu de
cesse ces derniers mois de mettre
en avant les classes moyennes, « ces
Français qui gagnent trop pour rece-
voir des aides, mais pas assez pour
vivre correctement », pointent-ils
régulièrement, le président de la
République a promis que le gouver-
nement prendrait pour eux une
mesure spécifique, qui entrera en
vigueur en 2025. Elle leur permet-
trait de voir leurs revenus augmen-
ter immédiatement sur leur
compte en banque, dès lors qu’ils
travaillent une heure de plus. Bref,
« Le cœur de la
bataille budgétaire,
c’est la bataille
pour l’activité
et la création
d’emplois et
de richesse. »
EMMANUEL MACRON
une tradition parlementaire établie
depuis 1993, il prend en compte la
situation de majorité relative dont il
hérite : Les Républicains (LR) et la
gauche ont déclaré ne pas vouloir
voter la confiance, tandis que les
députés Rassemblement national
(RN) laissaient planer le doute sur
leurs intentions. Trop risqué.
Avancer « vite et fort »
« Si Elisabeth Borne n’a pas posé la
question de la confiance, c’est parce
que je lui avais dit que mon groupe ne
la voterait pas. Rien n’a changé
depuis », rappelle Olivier Marleix, le
patron des députés LR. Gabriel Attal
devra de toute façon affronter une
motion de censure qui sera déposée
par la gauche, mais elle n’aura
aucune chance de passer compte
tenu de l’opposition de LR et du RN.
Au lendemain de la réunion orga-
nisée par Emmanuel Macron à l’Ely-
sée avec les parlementaires, Gabriel
Attal a profité de la rentrée parle-
mentaire pour prendre le pouls de
sa majorité. Il fallait endosser son
nouveau rôle de chef du camp prési-
dentiel et rassurer les parlementai-
Mardi soir, Emmanuel Macron a cherché à convaincre d’un retour au macronisme des débuts, à ce qui avait marqué les premiers mois
de son premier mandat, avec des réformes économiques et sociales risquées. Photo Ludovic Marin/AFP
un sujet délicat sur lequel plan-
chent déjà les économistes Antoine
Bozio et Etienne Wasmer via leur
mission sur l’articulation entre
salaires et aides socio-fiscales. Un
sujet sur lequel l’attente est grande
alors qu’Emmanuel Macron a pro-
mis, après la crise des retraites, une
baisse d’impôts de 2 milliards
d’euros pour eux.
Plus sensible encore, le chef de
l’Etat a indiqué que la future loi fonc-
tion publique – que doit porter Sta-
nislas Guerini a insisté Emmanuel
Macron auprès de la majorité – doit
permettre d’ajouter au principe
d’une rémunération à l’ancienneté
un volet important consacré à la
rémunération au mérite. Sur les ser-
vices publics, pour lesquels il a
reconnu ne pas avoir fait assez,
Emmanuel Macron a assuré vouloir
des mesures radicales sur les dou-
blons et le millefeuille administratif.
Il est vrai que dès le prochain budget,
l’Etat doit trouver 12 milliards
d’euros d’économies. Enfin, pour
res, pour certains – à l’aile gauche de
la majorité et chez les macronistes
« historiques », au Modem et à Hori-
zons – échaudés par la composition
du nouveau gouvernement. « Je
veux que ça avance vite et fort », leur
a-t-il promis en évoquant des chan-
tiers comme le pouvoir d’achat,
l’école, la santé ou encore la sécurité.
« L’ambiance n’était pas hostile »,
assure un participant.
Polémique Oudéa-Castéra
La polémique visant la ministre de
l’Education, Amélie Oudéa-Cas-
téra, qu’elle n’arrive pas à éteindre,
vient toutefois polluer la rentrée du
nouveau gouvernement. Le soutien
à celle qui est aussi restée ministre
des Sports est mesuré au sein de la
majorité. « Elle est ministre, à elle de
gérer cette situation. On attend sur-
tout ses propositions pour l’école
publique », lance un ancien mem-
bre du gouvernement depuis les
Quatre Colonnes.
Pour sa première séance de ques-
tions au gouvernement, Gabriel
Attal a été très attaqué par les oppo-
sitions. Mathilde Panot, la prési-
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos 04
lutter contre les déserts médicaux,
qui sont l’une des premières préoc- Plus rien à perdre
cupations des Français, le chef de
l’Etat a demandé la régularisation
des médecins étrangers, sans les- Libérer, oser, produire plus, aller vite. Un air de fin
quels le système de soins ne tiendrait de règne ? Non de début, veut impulser le président
pas. Sur les médicaments, il a tran- en multipliant les annonces.
ché, la franchise va doubler. « Je n’ai
pas l’impression que c’est un crime, il Macron II, une nouvelle
faut responsabiliser. » LE FAIT réforme du marché du travail,
Lui qui avait aussi parlé de « réar- DU JOUR un congé de naissance de
mement civique » veut le faire passer POLITIQUE 6 mois pour les deux parents
par la lutte contre les écrans pour de Cécile mieux payé, la généralisation
« reprendre le contrôle », par l’école Cornudet en 2026 de la tenue unique
et la culture, par l’uniforme. La à l’école : à elles seules ces cinq
« tenue unique qui efface les inégali- réformes, dans des domaines
tés entre les familles » sera expéri- différents, ont de quoi
mentée dans 100 établissements et bousculer et ancrer
sera généralisée en 2026 si l’essai est mmanuel Macron le macronisme à droite.
concluant, a-t-il confirmé.
Bref, un Emmanuel Macron qui
voulait se montrer prêt à assumer
des « mesures radicales », incitant le
E n’aime rien tant que
faire mentir la
« science » dite politique.
Un candidat à la présidentielle
Entre l’« unité de la Nation »
et la disruption façon 2017,
il préfère la seconde.
Certaines dispositions sont
gouvernement à « l’audace, l’effica- ne peut sortir de nulle part ? plus anecdotiques, comme
cité, l’action ». Place, désormais, au Lui si en 2017. Un président le théâtre au collège, ou moins
plus difficile : leur mise en œuvre ne peut être réélu hors période abouties, comme
effective. n de cohabitation ? Lui si la diminution du millefeuille
en 2022. L’impossibilité territorial et la généralisation
de se représenter libère du service national universel.
les ambitions et finit par
immobiliser le président
en place ? Non, c’est tout
D’autres ouvrent des champs
nouveaux, la lutte contre
les écrans notamment, sujet
le contraire. Un an et demi
après sa réélection,
d’angoisse des parents mais
non traité jusqu’ici. Selon
Emmanuel Macron tente un sondage OpinionWay
dente du groupe La France insou- d’inverser le paradigme et de commandé par Chloé Morin,
mise (LFI) a évoqué un « effondre- montrer que cette situation 73 % des parents
ment » après la composition du nou- au contraire le libère. Plus rien applaudiraient à l’interdiction
ve a u g o u ve r n e m e n t , O l i v i e r à perdre, il peut tout tenter. des téléphones portables
Marleix s’est faussement posé la Au nom de l’intérêt des dans les lieux accueillant
question de savoir si sa « nomination générations futures, dit-il. les enfants.
allait changer quelque chose ». La démonstration s’étaye Emmanuel Macron cherche
Gabriel Attal a dû se montrer de plusieurs manières. des mesures qui ne passent
offensif. « Je préfère travailler avec Décider vite, rajeunir ses pas forcément par la loi, avait-
Rachida Dati et Catherine Vautrin équipes, les resserrer aussi. il expliqué la veille aux élus.
qu’avec Jean-Luc Mélenchon comme C’était la phase changement C’est le cas de l’histoire de l’art
vous », a-t-il répliqué au président de gouvernement. Continuer au collège, du plan de lutte
des députés socialistes Boris Val- à surprendre, ensuite, être contre l’infertilité, des
laud, qui avait dénoncé une « coha- audacieux, voire explosif. opérations « place nette »
bitation assumée avec la droite dure ». C’était l’objet de sa conférence contre la drogue. Mais
Avant sa déclaration de politique de presse mardi soir. dans les faits, beaucoup
générale, Gabriel Attal entend ren- Si l’exécutif a beaucoup des dispositions de Macron
contrer les responsables des partis dit que le plus dur avait été fait « régénéré » – c’est son terme
représentés au Parlement, en plus en 2023 avec les lois retraites de 2024 – nécessiteront d’être
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
des leaders syndicaux et patronaux. et immigration, le cocktail adoptées au Parlement
Il entend se « nourrir » de leurs pro- présenté pour les prochains par une majorité.
positions mais le ton a été donné dès mois laisse augurer Quid de l’absence de majorité
la premier jour au Palais-Bourbon : de plusieurs batailles à venir. absolue ? La donne est
Gabriel Attal devra s’attendre à une Si tant est bien sûr, que le détail inchangée. Gabriel Attal
Assemblée aussi bouillonnante que des mesures soit aussi Premier ministre ne décide
celle qu’a connue Elisabeth Borne. ambitieuses qu’affiché. pas, la cause est entendue,
« Le président a fixé un cap, on doit Introduire le critère du mérite mais il ne chômera pas.
entrer dans le concret », s’impatien- dans la Fonction publique C’est lui qui devra faire avaler
tait déjà le président du groupe à côté de l’ancienneté, la lutte le cocktail.
Modem, Jean-Paul Mattei. n contre les rentes dans une loi ccornudet@lesechos.fr

MONDE
Le délaissement du canal de Suez
fragilise l’Egypte
l Les revenus du canal ont chuté de 40 % début 2024, conséquence des attaques des rebelles houthis en mer Rouge.
l Un inquiétant manque à gagner pour l’économie égyptienne en crise de liquidités.
MOYEN-ORIENT
Justine Babin
— Correspondante au Caire
Mauvaise nouvelle pour l’Egypte.
Les frappes américaines et britan-
niques contre des positions des
rebelles houthis au Yémen, ven-
dredi et samedi, n’ont pas décou-
ragé les attaques contre les navires
en mer Rouge. Au contraire : le por-
te-conteneurs « Gibraltar Eagle »,
transportant un cargo de marchan-
dises en acier en direction du canal
de Suez, a été frappé lundi par un
missile balistique de la milice pro-
iranienne.
Aucun blessé ni dommage signi-
ficatif n’a été signalé par son pro-
priétaire et opérateur, l’entreprise
américaine Eagle Bulk Shipping,
qui a toutefois déclaré son intention
de « quitter la zone » à l’agence
Associated Press. Deux autres tirs
– l’un manqué et l’autre intercepté –
ont également été rapportés par le
United States Central Command,
responsable des opérations militai-
res américaines au Moyen-Orient.
Le cap de Bonne-Espérance,
une solution de repli
De nouveaux incidents qui ne ras-
surent guère les transporteurs
maritimes internationaux. Depuis
les premiers assauts de novembre,
beaucoup préfèrent éviter en partie
le canal contrôlé par l’Egypte, via
lequel transite habituellement 12 %
du commerce mondial. Le groupe
armé pro-iranien avait initialement
déclaré son intention de cibler les
navires en relation avec Israël, en
soutien aux Palestiniens de Gaza.
Mais des bateaux sans lien avec
l’Etat hébreu ont également été
ciblés.
Le trafic du canal s’est ainsi par-
tiellement détourné vers le cap sud-
africain de Bonne-Espérance. Au
cours des onze premiers jours
de 2024, il a ainsi baissé de 30 %, a
déclaré le président de l’Autorité du
L’Iran frappe au Kurdistan irakien
dans une escalade contrôlée
Téhéran a tiré des missiles
sur le nord de l’Irak en
riposte à divers attentats
et assassinats ciblés l’ayant
visé. Mais le régime iranien
prend soin de ne pas
accroître le risque du
déclenchement d’une
guerre régionale.
Yves Bourdillon
L’Iran a annoncé mardi matin avoir
tiré dans la nuit des missiles balisti-
ques vers le Kurdistan irakien pour
détruire « un quartier général » d’où
aurait opéré Israël ainsi que des « ter-
roristes », selon un communiqué.
Téhéran a affirmé riposter ainsi à
diverses attaques récentes de
« l’entité sioniste », c’est-à-dire Israël,
et de son ennemi américain : un
attentat, au demeurant revendiqué
par Daech (que Téhéran affirme
être une « créature » de Washing-
ton) a fait une centaine de morts
début janvier autour du mausolée
du général Qassem Soleimani,
architecte des opérations militaires
iraniennes au Moyen-Orient, tué il y
a quatre ans par une frappe améri-
caine en Irak.
En outre, Israël a éliminé à Bey-
routh le 2 janvier Saleh al-Arouri,
Près de 12 % du commerce mondial transite habituellement par le canal de Suez, contrôlé par l’Egypte. Photo Reuters
canal de Suez (SCA). En consé-
quence, les revenus de l’autorité,
principalement tirés des droits de
transit, ont plongé de 40 % sur la
même période. Un manque à
9,4
MILLIARDS DE DOLLARS
Les revenus tirés des droits
de transit du canal de Suez,
au cours de l’année fiscale
2022-2023. Ils représentent
la troisième source de revenus
de l’Egypte.
numéro deux du Hamas allié à
Téhéran. Fin décembre, Téhéran
avait aussi accusé Israël d’avoir
assassiné en Syrie Razi Moussavi,
un important commandant de la
Force Qods, la branche des opéra-
tions étrangères des Gardiens de la
Révolution.
Une riposte mesurée
« Il s’agit pour l’Iran de riposter mili-
tairement à ses déconvenues récen-
tes », explique un spécialiste de la
région, « sans prendre le risque de
déclencher pour autant de guerre
régionale, puisque le Kurdistan ira-
kien n’est pas un Etat reconnu par la
communauté internationale. Il s’agit
aussi de frapper un des nombreux
lieux de la région, avec les Emirats
arabes unis ou l’Azerbaïdjan, à par-
tir desquels l’appareil sécuritaire
israélien pénètre l’Iran, qui subit un
syndrome d’encerclement. Ce raid
constitue une escalade contrôlée et
participe du narratif des autorités
comme quoi ils ne se laissent pas
marcher sur les pieds. »
Le raid aurait fait quatre morts
au domicile d’un magnat local
de l’immobilier, Peshraw Dizayee.
Il a été vivement condamné par
Bagdad, qui essaye p ourtant
d’entretenir de bonnes relations
gagner préoccupant pour l’Egypte
alors que la crise sécuritaire se pro-
longe. Les revenus du canal repré-
sentent sa troisième source de reve-
nus, derrière les envois de fonds de
la diaspora et le tourisme. Au cours
de l’année fiscale 2022-2023, ils
avaient atteint un record de 9,4 mil-
liards de dollars.
La crise survient à un moment
critique pour l’économie égyp-
tienne, étranglée par un manque de
liquidités en dollars. Depuis le
début de la guerre en Ukraine, la
livre égyptienne s’est dépréciée de
plus de 70 % par rapport au billet
vert sur le marché noir. Le FMI a
consenti à l’octroi d’un nouveau
avec son puissant voisin perse et
chiite, tout en restant partenaire
des Etats-Unis.
Des groupes armés pro-Iran
enchaînent les attaques contre
les soldats américains et les troupes
de la coalition internationale anti-
djihadiste déployés en Irak et en
Syrie. Washington a dénoncé mardi
« une série de frappes imprudentes et
imprécises » et la France a condamné
des « violations inadmissibles » de la
souveraineté de l’Irak. Les Gardiens
de la Révolution ont aussi annoncé
avoir frappé un site en Syrie.
Des groupes armés
pro-Iran enchaînent
les attaques contre les
troupes de la coalition
internationale anti-
djihadiste déployés
en Irak et en Syrie.
Ces raids s’expliquent aussi par
un contexte régional incandescent,
faisant craindre un risque d’embra-
sement. Israël, qui a toutefois
annoncé ce mardi matin la fin des
opérations de combat les plus
intenses dans la bande de Gaza, est
plan d’aide financière au Caire.
Mais le retard dans le train de réfor-
mes reporte le versement de la
deuxième échéance.
Aucun haut responsable n’a
encore détaillé comment le pays
espérait reprendre le dessus. Sou-
cieuse de se tenir à distance du con-
flit dans la bande de Gaza voisine,
l’Egypte n’a par ailleurs pas sou-
haité participer à la coalition mili-
taire « Gardiens de la Prospérité »
lancée en décembre à l’initiative des
Etats-Unis pour contrer les atta-
ques houthies.
Lire nos informations
( Pages 16 et 29
en guerre avec le Hamas depuis les
attentats du 7 octobre.
Et les rebelles houthis au Yémen,
armés par l’Iran, ont mené ces deux
derniers mois une trentaine de tirs
de missiles sur des cargos dans le
détroit de Bab al-Mandeb par lequel
transite 8 % du pétrole mondial.
Dont encore un, lundi, qui a touché
un cargo sous pavillon américain,
sans faire de dégâts notables.
En riposte, les flottes américaine
et britannique ont visé la semaine
dernière, pour la première fois, des
cibles houthies sur le sol yéménite.
Craignant une confrontation
directe, l’Iran a d’ailleurs retiré de la
zone le navire qu’il avait déployé
afin de communiquer du rensei-
gnement aux Houthis.
Téhéran avait déjà visé en 2022 le
Kurdistan irakien, qu’il accuse aussi
de servir de base arrière aux cadres
de la révolte contre le port obliga-
toire du foulard islamique pour les
femmes. Si l’Irak criminalise tout
contact avec Israël, des politiciens et
hommes d’affaires du Kurdistan ont
par le passé été accusés d’entretenir
des contacts politiques informels ou
liens économiques discrets avec ce
pays. Mais le Kurdistan, de facto
indépendant au sein de l’Irak,
dément tout rapport avec Israël. n
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos
Les attaques en mer
Rouge perturbent
le commerce mondial
Nullement dissuadés
par les raids américains,
les rebelles yéménites
houthis soutenus par
l’Iran continuent leurs
attaques contre des cargos
au sortir de la mer Rouge.
C’est une artère cruciale du com-
merce maritime mondial qui
s’obstrue. Le détroit de Bab al-
Mandeb, au débouché de la mer
Rouge, par lequel transitent quo-
tidiennement 80 cargos et pétro-
liers entre l’Europe et l’Asie, n’en
voit passer plus qu’une fraction
depuis quelques jours.
C’est la conséquence des raids
contre les navires marchands
perpétrés depuis deux mois par
les Houthis – ces rebelles yéméni-
tes armés par l’Iran qui se sont
« invités » dans le conflit entre
Israël et leurs alliés du Hamas.
Ceux-ci ont encore frappé un vra-
quier grec, mardi. Ils ont revendi-
qué cette attaque, tout comme
celle, lundi, contre un navire mar-
ché américain.
Les dégâts étaient toutefois
mineurs dans les deux cas. La
marine américaine a affirmé
avoir détruit mardi après-midi
quatre missiles des Houthis sur le
sol yéménite. Le territoire du
Yémen, dont une bonne partie est
sous le contrôle des Houthis, a été
frappé pour la première fois le
week-end dernier par les marines
américaine et britannique.
Si cet objectif « fait l’objet d’un
large consensus à Londres et
Washington », selon Alistair Burt,
ancien ministre britannique des
Affaires étrangères, elle « consti-
tue un risque d’escalade et d’expan-
sion du conflit », a estimé mardi le
Premier ministre qatari, Moham-
med Ben Abdulrahman Al Thani.
Même si les vingt-huit raids des
Houthis menés depuis fin novem-
06
bre n’ont provoqué que deux
incendies jugulés rapidement sur
des navires marchands, cette
menace est suffisante pour
convaincre nombre d’armateurs
de contourner l’Afrique, ce qui
rallonge le trajet d’une dizaine de
jours.
La flotte américaine déployée
dans le sud de la mer Rouge a
d’ailleurs demandé le week-end
dernier aux navires marchands
d’éviter la zone. La compagnie
pétrolière BP a annoncé mardi
qu’elle appliquait immédiate-
ment cette recommandation.
Washington estime que près de
2.000 cargos et pétroliers ont
changé d’itinéraire depuis début
janvier.
Une dissuasion encore
peu évidente
De quoi perturber et renchérir les
chaînes d’approvisionnement
mondialisées et donc alimenter
l’inflation. Le prix du baril de
brent n’a augmenté, lui, que de
0,45 %, à 78,50 dollars. Un prix qui
demeure inférieur de 10 % au
niveau d’il y a un an.
Si les ripostes anglo-américai-
nes ont dégradé les capacités
militaires des Houthis, elles n’ont
pas eu l’effet dissuasif escompté.
Embarrasser les Etats-Unis « est
de nature à conférer un certain
prestige régional aux Houthis, qui
offrent en outre à l’Iran un levier
supplémentaire de déstabilisation
régionale », souligne Farea al-
Muslimi, expert du think tank
Chatham House,
Comme preuve de ses alléga-
tions sur une implication de l’Iran
dans les attaques des Houthis,
l’armée américaine a affirmé
mardi avoir saisi des pièces de
missiles de fabrication iranienne
à destination des Houthis sur un
navire en mer d’Arabie. — Y. B.
07 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024
Au Forum de Davos,
la Chine se raconte
en pays ouvert
MULTILATÉRAL
Le Premier ministre
chinois Li Qiang a
proposé au Forum
économique mondial
de renforcer
les coopérations
internationales.
Un discours accueilli
avec scepticisme.
Nicolas Barré
et Jean-Marc Vittori
— Envoyés spéciaux à Davos
Devant des centaines d’hommes
d’affaires méfiants face à la main-
mise croissante de Pékin sur l’éco-
nomie chinoise, le Premier minis-
tre Li Qiang a tenté de rassurer
mardi au Forum de Davos. La Chine
reste « fermement décidée » à ouvrir
son économie, à « faire tomber les
restrictions dans le domaine indus-
triel et à garantir un traitement égal
aux entreprises étrangères ». Il a
aussi expliqué que Pékin était prêt à
assouplir sa politique d’offre sur les
marchés publics.
Mais même dans sa bouche, ce
discours d’ouverture trouve vite ses
limites. Il s’est dit prêt à écouter les
entreprises étrangères… « quand
leurs inquiétudes sont raisonna-
*
Accessible via
bles ». Aux investisseurs occiden-
taux qui hésitent de plus en plus à
placer leurs capitaux en Chine, il a
répondu que le marché chinois
n’était pas un risque mais une
opportunité, faisant miroiter le
doublement de la classe moyenne,
qui passerait de 400 à 800 millions
de personnes dans la prochaine
décennie. Il a aussi glissé que la
croissance avait finalement atteint
5,2 % en 2023, dépassant l’objectif
de 5 % affiché par le pouvoir.
Cinq domaines
de coopération
Il y a sept ans, le président chinois,
Xi Jinping, était déjà venu à Davos
présenter la Chine comme le défen-
seur du libre-échange face à une
Amérique alors sur le point d’être
présidée par Donald Trump. Li
Qiang a continué dans cette voie en
« Toute disruption
peut entraîner
l’arrêt de la
circulation
sanguine
mondiale. »
LI QIANG
Premier ministre chinois
MONDE
l’élargissant. Pour rebâtir la
confiance (thème du forum cette
année), il propose de renforcer
la coopération internationale dans
cinq domaines : coordination des
politiques macroéconomiques,
collaboration industrielle pour
consolider les chaînes d’approvi-
sionnement, coopération scientifi-
que et technique, dialogue renforcé
sur les politiques environnementa-
les, et entraide accrue Nord-Sud et
Sud-Sud.
Ce qui n’a pas empêché Li Qiang
d’adresser quelques piques à
l’Europe, notamment sur le
contrôle des investissements chi-
nois et le mécanisme d’ajustement
carbone aux frontières. « Toute
disruption peut entraîner l’arrêt de la
circulation sanguine mondiale »,
a-t-il prévenu.
Pour Bruxelles, il faut
dérisquer les économies
Prenant la parole dans la foulée, la
présidente de la Commission euro-
péenne, Ursula von der Leyen, a dit
à sa manière que les choses
n’étaient pas simples entre l’Europe Pour Li Qiang, le Premier ministre chinois (ici au Forum de Davos mardi), Pékin reste « fermement
et la Chine. Il ne faut pas découpler décidé » à ouvrir son économie. Photo Anadolu via AFP
les économies, mais les dérisquer,
a-t-elle affirmé. plusieurs mois des restrictions que de mettre fin aux dépendances la complexité du monde actuel vient
« Depuis dix à quinze ans, la Chine Pékin entend imposer sur les expor- excessives, en évoquant l’action aussi de son interdépendance alors
a systématiquement réduit sa dépen- tations chinoises de germanium et résolue des Européens pour s’affran- que les pays sont de plus en plus
dance à l’égard des autres pays, tandis de gallium, deux métaux essentiels à chir du pétrole et du gaz russe après rivaux. La reconstruction de la
que l’Europe accroissait sa dépen- la fabrication des semi-conducteurs. l’invasion de l’Ukraine. Pour Jake confiance ressemble moins à un
dance », constate Ursula von der La présidente de la Commission Sullivan, le conseiller à la sécurité long fleuve tranquille qu’à un âpre
Leyen. Bruxelles s’inquiète depuis européenne a insisté sur la nécessité du président américain Joe Biden, débat. n
MONDE Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos 08

Le Brésil améliore
ses performances
économiques
AMÉRIQUE
DU SUD
Un an après
les soubresauts
de l’ère Bolsonaro,
la tension est
retombée d’un cran.
L’excédent
commercial frôle
les 100 milliards de
dollars, le chômage
recule et la crois-
sance a atteint 3 %
l’an dernier.
Thierry Ogier
— Correspondant à São Paulo
Au tableau de bord de l’écono-
mie brésilienne, les grands indi-
cateurs sont au vert. L’excédent
commercial frôle les 100 mil-
liards de dollars. Le chômage
recule. L’inflation affiche un
taux de 4,6 % en ligne avec la
cible officielle pour la première
fois depuis 2020. Cerise sur le
gâteau : la croissance a atteint
3 %. Belle performance pour un
pays en proie à une forte insta-
bilité politique à la suite des
émeutes du 8 janvier 2023, qua-
lifiées de tentative de coup
d’Etat par les partisans du prési-
dent Luiz Inacio Lula da Silva.
Un an plus tard, l’ancien pré-
sident Jair Bolsonaro, battu à la
présidentielle d’octobre 2022, a
été mis hors jeu (il est inéligible
pour huit ans), et une dizaine
de manifestants qui avaient
saccagé le siège des trois pou-
voirs (présidence, Congrès,
Cour suprême) en exigeant une
« intervention militaire » ont
ments se reproduisent ».
Certes, les grands meneurs
de cette tentative de coup de
force n’ont toujours pas été
identifiés et le rôle de l’armée
dans cette rébellion n’a toujours
pas été éclairci. Les enquêtes en
cours pourraient exacerber la
polarisation politique.
Mais pour l’instant, la ten-
sion est retombée d’un cran. Un
soulagement pour les milieux
d’affaires après une série de cri-
ses à répétition depuis près de
dix ans. « La diminution de la
fréquence des nouvelles fracas-
santes contribue fortement à
améliorer le climat du point de
vue des investissements », es-
time Gustavo Arruda, chef éco-
nomiste de BNP Paribas en
Amérique latine.
Le gouvernement
a marqué des
points sur le front
des réformes,
fiscales
notamment,
susceptibles de
changer la donne
pour les milieux
d’affaires.
« On peut, et on doit dans cer-
tains cas, exprimer des critiques
envers la politique budgétaire, la
croissance des dépenses publi-
ques, la décision d’augmenter les
impôts au lieu de réduire les
dépenses. Mais la diminution
des grandes polémiques macros
et politiques que l’on commence
à voir est fondamentale », a-t-il
affirmé lors d’un webinaire de
la Chambre de commerce Fran-
Le patronat allemand
en pleine crise de confiance
de la guerre en Ukraine, « il lui man- futur » : « Nous ne pouvons pas
ALLEMAGNE que un plan à long terme, notam- exclure qu’il y ait des conflits au « Il manque
ment pour les 5 ou 10 % de la produc- niveau régional ou local, là où [au gouvernement]
Alors que l’économie tion les plus compliqués à décar- les transformations ont lieu », a-t-il
est « au point mort », boner », regrette-t-il. Le patronat convenu après l’évocation de plans
un plan à long
le président de la allemand s’inquiète du manque de sociaux chez Volkswagen, BASF et terme, notamment
fédération industrielle consensus sur les mesures à pren- Continental par exemple. pour les 5 ou 10 %
allemande, dre pour concilier les centrales à La crise de confiance entre les
de la production
Siegfried Russwurm, gaz et l’hydrogène à titre transitoire. entreprises et le gouvernement
s’inquiète du manque En attendant, les entreprises rechi- avait déjà été dénoncée par le prési- les plus
de cohésion politique gnent à investir et « l’Allemagne dent de la Chambre de commerce et compliqués
face au « désespoir » reste dépendante du charbon ». d’industrie allemande (DIHK), à décarboner. »
Peter Adrian, en septembre dernier,
de la population Une société en crise lorsqu’il avait appelé les politiques à SIEGFRIED RUSSWURM
et aux incertitudes permanente « une action déterminée et à accélé-
Président de la fédération
des entreprises. industrielle allemande (BDI)
Cette transformation industrielle rer les procédures ».
n’a pas encore conduit à un mouve- Cette crise se reflète également
ment social dans les entreprises dans l’opinion publique : 48 % de la
Nathalie Steiwer comme dans l’agriculture, notam- population active s’inquiète pour la
— Correspondante à Berlin ment parce que les départs à la cohésion de la société, révélait la une crise permanente qui les épuise,
retraite d’une population vieillis- Fondation Hans Böckler dans un eux et la société », note Bettina
Les entreprises et les citoyens alle- sante permettent de réduire les sondage publié l’été dernier. Une Kohlrausch, directrice scientifique
mands sont en pleine crise de effectifs sans tension. Ce n’est toute- bonne partie des gens perçoivent de l’institut de recherche en science
confiance face à la complexité poli- fois pas « une garantie pour le les trois années écoulées « comme sociale WSI à Düsseldorf. n
tique, a déploré le président de la
fédération industrielle allemande
(BDI) Siegfried Russwurm. Alors
que l’économie allemande est « au
point mort » avec une croissance de
l’ordre de 0,3 % attendue par le BDI
en 2024, « nous ne voyons pas de
chance de rebond rapide », a-t-il
expliqué mardi devant la presse.
Ses craintes portent surtout sur le
contexte politique, à la veille d’une
série d’élections qui pourraient por-
ter au pouvoir le parti d’extrême
droite, l’AfD, dans plusieurs régions
de l’est de l’Allemagne.
Après avoir alerté à plusieurs
reprises sur les « risques économi-
ques » associés, Siegfried Russ-
wurm a appelé les partis démocra-
tiques à « plus d’unité non seulement
pour poser les bases de la modernisa-
tion du pays mais aussi pour proté-
ger la démocratie et la liberté ». Il
appelle aussi « tous les électeurs à
réfléchir au type de société dans
laquelle ils veulent vivre ».

Ernd Von Jutrczenka/DPA/AFP

été condamnés à de lourdes
peines de prison.
« Plus jamais ça ! »
« Plus jamais ça ! » s’est exclamé
Luis Roberto Barroso, prési-
dent de la Cour suprême, lors de
la cérémonie marquant le pre-
mier anniversaire de la tenta-
tive de coup de force. Avant de
garantir : « Nous avons définiti-
vement enterré le putschisme
pour éviter que de tels événe-
ce-Brésil la semaine dernière.
Le gouvernement a égale-
ment marqué des points sur le
front des réformes, fiscales
notamment, susceptibles de
changer la donne pour les
milieux d’affaires. « Le gouver-
nement planche aussi sur des
mesures favorisant la décarbo-
nisation. Nous pensons que cela
devrait attirer des volumes crois-
sants d’investissements étran-
gers dans les années à venir. » n
Après la grande manifestation
d’agriculteurs et de routiers lundi à
Berlin, le représentant de l’indus-
trie allemande a relevé une « colère
et un véritable désespoir » de la
population, liés aux divergences
dans la coalition, qui brouille sa
ligne politique.
Si le gouvernement a « très bien Siegfried Russwurm a appelé les partis démocratiques à « plus d’unité non seulement pour poser
réagi » face à la crise après le début les bases de la modernisation du pays, mais aussi pour protéger la démocratie et la liberté ».

Donald Trump, vainqueur facile

en bref et magnanime de la primaire dans l’Iowa
côté 7,7 % des voix. Cette victoire ful- au profit de Donald Trump pourrait cain, avec une primaire qui ne fait
ÉTATS-UNIS gurante de Donald Trump dans renforcer à la marge ses positions. que commencer et qui doit s’étaler
Les routiers polonais mettent fin l’Iowa fait de lui le « net favori de jusqu’en juin. La partie s’annonce
L’ancien président l’autre camp à ce stade », a réagi Joe New Hampshire
au blocage de la frontière ukrainienne a remporté largement
pourtant encore plus difficile après
Biden, lui-même candidat à sa réé- et Caroline du Sud cette première soirée électorale.
EUROPE Les transporteurs polonais, qui bloquent depuis le caucus de cet Etat lection, sur le réseau social X. Ce résultat ne diffère guère des son- Alors que Ron DeSantis a misé
novembre la frontière avec l’Ukraine pour dénoncer la concur- rural, le premier à Donald Trump, dont l’objectif dages publiés ces dernières semai- une large part de ses ressources sur
rence qu’ils jugent déloyale de la part de Kiev, vont suspendre voter pour la primaire était d’obtenir le plus grand écart nes, malgré la vague de froid à –20 °C l’Iowa, Nikki Haley espère de son
leur mouvement, a annoncé mardi le ministre polonais des républicaine. possible sur ses concurrents, a qui faisait craindre l’abstention côté améliorer sa performance dans
Infrastructures. « Les protestations vont cesser jusqu’au réussi son pari et délivré un discours d’une partie des électeurs de cet Etat le New Hampshire, le 23 janvier.
1er mars », a-t-il dit. De son côté, le ministre ukrainien des Infras- inhabituellement positif et magna- rural et conservateur. La participa- Viendront ensuite le Nevada et la
Ron DeSantis prend
tructures, Oleksandre Koubrakov, s’est dit prêt à des négocia- nime en fin de soirée depuis son QG tion a toutefois été limitée, avec seu- Caroline du Sud, où l’ancienne gou-
tions avec la Pologne. Mais, a-t-il prévenu, « nous continuerons
la deuxième place. de campagne – pour mieux souli- lement 110.300 votes, soit moins de verneure de l’Etat espère faire la dif-
à défendre l’accord sur la libéralisation du fret [qui permet aux gner sa victoire et appeler déjà impli- 15 % du nombre d’inscrits avec l’éti- férence, malgré des sondages nette-
camionneurs ukrainiens d’être exemptés de permis d’entrée Véronique Le Billon citement au rassemblement quette républicaine en janvier, ment favorables à Donald Trump.
dans l’UE depuis début 2022, ndlr], car il s’agit d’une condition — Bureau de New York derrière son nom pour la selon les chiffres du secré-
ICA
pour la survie de notre économie ». En novembre, les représen- bataille présidentielle
d e n ove m b r e . « Je
ER 2 tariat d’Etat de l’Iowa. Dépouillement en direct
024

tants de transporteurs d’Europe centrale avaient demandé La politique américaine ressemble Ron DeSantis Pour couper court à la défiance
AM

à l’UE de mettre fin à un accord de transport avec l’Ukraine parfois à une soirée au cinéma : à
qui, selon eux, a conduit à une concurrence déloyale de la part Council Bluffs (Iowa), l’un des
de ce pays. bureaux de vote collectait les bulle-
tins de vote… dans de grands pots de
pop-corn. Il n’y a toutefois pas eu de
suspense sur cette première séance
de la primaire républicaine : les
médias américains ont donné
Donald Trump vainqueur de l’élec-
tion moins d’une demi-heure après
le début du dépouillement des bul-
letins de vote, lundi soir.
Sur la quasi-totalité de ces bulle-
tins, l’ancien président a engrangé
51 % des voix, contre 21,2 % pour le
gouverneur de Floride Ron DeSan-
tis et 19,1 % pour l’ex-gouverneure
de Caroline du Sud, Nikki Haley.
Vivek Ramaswamy a obtenu de son
pense qu’il est temps
maintenant pour tout
le monde, pour notre
pays, de s’unir […]. Ce
serait tellement bien qu’on
puisse tous être ensemble »,
a-t-il d’abord lancé en évoquant
les démocrates, avant de saluer et de
féliciter ses concurrents.
« On a eu un bon temps ensemble »,
a-t-il assuré à l’adresse de Ron
DeSantis et Nikki Haley, après avoir
pourtant moqué et affublé de sur-
noms ses deux principaux concur-
rents pendant toute la campagne. Il
a aussi félicité Vivek Ramaswamy,
dont le positionnement radical est
proche de son électorat, et dont le
désistement annoncé en fin de soirée
pourra au moins se
féliciter d’avoir décro-
ché la deuxième place,
en dépit, ces dernières
semaines, d’une dynami-
que plus favorable à l’an-
cienne ambassadrice aux Nations
unies, Nikki Haley. Le gouverneur
de Floride était toutefois beaucoup
plus financé, avec notamment une
armée de petites mains pour frap-
per aux portes et passer des coups
de téléphone aux électeurs, contrai-
rement à sa concurrente qui n’a
déployé de plus grands moyens
qu’en fin de campagne.
Ron DeSantis et Nikki Haley vont
vouloir convaincre que la partie
n’est encore pas jouée côté républi-
d’une partie du camp républicain
sur la transparence du processus
électoral, les caméras de CNN ont
filmé en direct, lundi soir, le
dépouillement de bulletins de vote
dans plusieurs bureaux de vote.
L’équipe de campagne du gouver-
neur de Floride a néanmoins criti-
qué les médias pour avoir donné le
résultat aussi tôt dans la soirée,
avant même que tous les électeurs
aient inscrit le nom de leur choix
sur leur bulletin.
Le résultat de la primaire démo-
crate dans l’Iowa ne sera connu, de
son côté, que le 5 mars, mais il est
sans suspense, le président sortant
Joe Biden se représentant sans
réelle concurrence. n
09 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024
Royaume-Uni : pourquoi l’alternance
politique en vue s’annonce historique
Ingrid Feuerstein
— Correspondante à Londres
L’année électorale hors-norme
dans le monde que sera 2024 pour-
rait presque éclipser les élections lé-
gislatives au Royaume-Uni. Ce
scrutin ne réunira pas un milliard
A mesure d’électeurs comme en Inde, n’aura
qu’approchent pas l’incidence de l’élection au Par-
lement européen sur notre quoti-
les élections dien et ne changera pas la face du
législatives monde comme l’élection américai-
au Royaume-Uni, ne. Pourtant, une alternance histo-
rique se prépare chez notre voisin,
les chances comme le pays en connaît une fois
d’un retour tous les quinze ans.
Si les sondages disent juste, les
des travaillistes travaillistes de Keir Starmer de-
à Downing Street vraient l’emporter largement face
s’accroissent. aux conservateurs lors du prochain
renouvellement de la Chambre des
Rarement les attentes communes. Aujourd’hui, la ques-
vis-à-vis d’un futur tion n’est pas de savoir si le Labour
sera en tête, mais plutôt si sa victoi-
gouvernement ont été re sera aussi écrasante que celle de
aussi fortes. Tour Tony Blair en 1997.
d’horizon des enjeux Retournement improbable
de cette élection Certes, ce ne sont que des sondages,
qui pourrait changer et six ou neuf mois, c’est long en po-
litique. Mais chaque jour qui passe,
la face du pays. le retournement de situation espéré
par les conservateurs semble de
moins en moins probable.
LA CHRONIQUE
DU CERCLE
DES ÉCONOMISTES
par Jean-Hervé Lorenzi
Le gouvernement face aux trois transitions
ouvenez-vous de cette cita-
S tion de Camus dans « Le My-
the de Sisyphe » : « C’est qu’en
vérité, le chemin importe peu, la vo-
lonté d’arriver suffit à tout. » La vie
gouvernementale est un éternel re-
commencement. Chacun sait que
l’on a quatre montagnes à gravir
pour l’avenir de notre pays, le systè-
me éducatif, le système de santé, la
dette et la réindustrialisation.
Tout gouvernement affirme dans
les toutes premières minutes de son
arrivée que ces dossiers vont être
traités en priorité avec l’énergie et
les moyens qui permettront d’obte-
nir des résultats. Derrière ce dis-
cours obligé manque l’objectif, à sa-
voir réussir ce défi inimaginable de
réussir trois transitions simulta-
nées, dont on va voir que chacune
d’entre elles suppose des approches
totalement disruptives. Réussir
l’une d’entre elles serait déjà un suc-
Le scénario d’une remontée
spectaculaire, comme celle de John
Major en 1992, n’est pas totalement
à exclure. Sur le front économique,
l’horizon est moins sombre pour le
Royaume-Uni qu’il y a un an et l’in-
flation commence à être tenue sous
contrôle. Rishi Sunak table ainsi sur
une amélioration de la conjoncture
économique pour incarner une va-
leur sûre face au Labour. Tout ceci
laisse penser que le Premier minis-
tre attendra autant que possible
pour annoncer l’élection, soit en oc-
tobre ou en novembre 2024.
Mais il faudrait vraiment un évé-
nement majeur et inattendu pour
qu’il puisse réellement inverser la
vapeur. Pour l’instant, toutes ses oc-
casions de le faire ont échoué. En
octobre, lors de la conférence du
parti à Manchester, son discours,
dans lequel il a tenté de se poser
comme le candidat du change-
ment, est tombé à plat. La seule cho-
se que l’opinion a retenue, c’est l’an-
nulation de la ligne de TGV vers…
Manchester justement.
Même chose lors du budget en
novembre. Les baisses d’impôts an-
noncées à cette occasion n’ont pas
relancé sa dynamique dans les son-
dages. Encore moins la nomination
de David Cameron aux Affaires
étrangères, éclipsée par le débat sur
cès. La convergence des trois sup-
pose une intelligence des situations
exceptionnelle. Les trois transi-
tions, c’est tout d’abord la démogra-
phie, c’est-à-dire les retraites et la
dépendance. La transition énergéti-
que, elle, suppose une transforma-
tion radicale des modes de consom-
mation et de production, fondée sur
la décarbonation et la sobriété.
Quant à la transition numérique,
elle recouvre la recherche, les coo-
pérations européennes et la forma-
tion des milliers d’ingénieurs et
techniciens.
Si on réussissait ces trois transi-
tions, l’objectif du plein-emploi se-
rait vraisemblablement atteint et
nos déséquilibres majeurs en ma-
tière de commerce extérieur et de
déficit budgétaires seraient large-
ment réduits. Cela suppose d’après
les calculs du Cercle des économis-
tes d’avoir un taux d’investissement
l’immigration, dans lequel le Pre-
mier ministre s’est embourbé avec
sa politique de renvoi des deman-
deurs d’asile vers le Rwanda.
« Boulevard » pour le Labour
Tout ceci ouvre un « boulevard »
aux travaillistes pour leur retour à
Downing Street. Leur avance dans
les sondages se maintient depuis
dix-huit mois entre 17 et 20 points.
Dans le dernier baromètre Ipsos,
près de 69 % des Britanniques se di-
sent insatisfaits de la politique de
Rishi Sunak, un score en constante
augmentation depuis sa nomina-
tion en novembre 2022. Il est en des-
sous du niveau de popularité de
Theresa May et Boris Johnson lors-
qu’ils ont démissionné. C’est dire.
Seule Liz Truss a fait pire que lui
parmi les neuf Premiers ministres
qu’a connus le Royaume-Uni de-
puis les années 1980.
Cela peut paraître paradoxal
dans ce contexte, mais le Labour
n’est pas assuré de gouverner avec
une large majorité. Tout d’abord, les
sondages montrent que leur avance
tient davantage à un rejet du pou-
voir conservateur qu’à un enthou-
siasme pour la personnalité du tra-
vailliste Keir Starmer. Ensuite, le
redécoupage des circonscriptions
électorales, qui entrera en vigueur
de 24 % du PIB, soit 2 points de plus
qu’aujourd’hui, afin de retrouver
une croissance moyenne, proche
de celle de la France entre 1994
et 2008.
Il n’y a pas de grande
flemme en France,
mais le manque d’une
organisation du
travail plus
épanouissante.
Mais dire que cela est possible ne
signifie en rien penser que c’est faci-
le. Le premier sujet est de construi-
re à nouveau un affectio societatis
entre les Français et le travail. Beau-
coup d’entre nous, surtout les
moins qualifiés, ont le sentiment
d’avoir un travail mal considéré,
lors des prochaines élections, sera
défavorable au Labour. D’où le fait
qu’une large avance dans les inten-
tions de vote ne se traduira pas né-
cessairement par une majorité for-
te de sièges à Westminster.
Un autre élément à prendre en
considération est la bataille qui va
se jouer en Ecosse entre les tra-
vaillistes et les indépendantistes du
SNP. Après s’être fait balayer dans
les années 2010 par le Scottish Na-
tional Party, le Labour compte bien
regagner les sièges perdus au nord
du mur d’Hadrien. Faute de quoi,
Keir Starmer sera contraint de
nouer une coalition avec les libé-
raux-démocrates pour constituer
un gouvernement majoritaire, une
configuration inhabituelle dans la
politique britannique.
Une campagne au centre
L’une des particularités de ce scru-
tin par rapport au reste de l’Europe
est qu’il ne devrait pas amener de
vague d’extrême droite. C’est tout à
fait notable dans le pays où le vote
populiste a eu la conséquence la
plus irréversible : le Brexit.
Bien sûr, l’ombre de Nigel Farage
plane toujours sur la politique bri-
t anni q u e. L’ex- brex i t e ur est
d’ailleurs revenu sous les projec-
teurs en participant à une émission
mal payé et dont ils ne peuvent en
aucun cas s’extraire. La véritable ré-
volution consiste à donner une
vraie possibilité de progression tout
au long de la vie et à modifier pro-
fondément des systèmes hiérarchi-
ques qui fossilisent notre environ-
nement de travail. On le voit, on
touche autant au qualitatif qu’au
quantitatif, car il n’y a pas de grande
flemme en France, mais le manque
d’une organisation du travail plus
épanouissante.
Le problème du financement des
investissements est tout aussi im-
portant. L’épargne française n’est
pas suffisamment consacrée au fi-
nancement de l’économie françai-
se. Cela s’est très largement renforcé
avec le vieillissement de la popula-
tion, sachant qu’une très large par-
tie de l’épargne financière des Fran-
çais est détenue par les retraités,
statistiquement averses au risque.
IDÉES
Pascal Garnier pour « Les Echos »
de téléréalité le mettant en scène
dans la jungle australienne. Et le
parti Reform UK, héritier de l’Ukip,
est le premier à avoir lancé sa cam-
pagne, en annonçant qu’il présente-
rait des candidats dans toutes les
circonscriptions.
Même si une percée des ultracon-
servateurs s’annonce, la campagne
devrait se jouer au centre. Keir Star-
mer, depuis son élection à la tête du
Labour il y a quatre ans, a mené un
travail de fond pour recentrer la li-
gne du parti, adoptant une ligne
« pro business » destinée à labourer
sur les terres du centre droit. Le thè-
me de l’immigration sera probable-
ment un terrain d’affrontement,
mais peut-être pas le principal : dans
les préoccupations des électeurs,
l’économie arrive en premier, et la
santé figure aussi en bonne place.
Sur tous ces sujets, les travaillis-
tes devront apporter des réponses
aux ressorts du populisme au-delà
des promesses sans lendemain du
Brexit : craintes du déclassement,
déséquilibres régionaux, crises des
services publics… Comme si, après
avoir été la vitrine du populisme, la
Grande-Bretagne devenait le labo-
ratoire de « l’après-populisme ». Ra-
rement les attentes n’ont été aussi
fortes vis-à-vis d’un futur gouverne-
ment. n
Si l’on veut donc financer ces trois
transitions qui chacune, à terme
rapproché, représente un montant
annuel entre 50 milliards et 100 mil-
liards d’euros, il faut à la fois se battre
pour qu’un véritable marché des ca-
pitaux en Europe existe enfin, et sur-
tout mobiliser notre épargne. Ce
dernier objectif ne sera atteint que si
un certain nombre d’investisse-
ments à vocation longue et rentabili-
té incertaine sont pour partie garan-
tis. Rappelons-le, le financement de
l’énorme programme nucléaire d’il
y a quarante ans fut financé par de
l’épargne privée garantie. Tout cela
conduit à centrer le discours politi-
que sur deux logiques disruptives,
l’une sur le travail, l’autre sur l’utili-
sation de l’épargne.
Jean-Hervé Lorenzi est
fondateur du Cercle
des économistes.
IDÉES
analyses
Le déshabillage
paradoxal de l’humanité
Devant l’ampleur, la complexité et la multitude des crises,
notre conscience semble se résigner, comme si nous
nous laissions endormir dans l’espoir de moins souffrir.
LA
CHRONIQUE
de Marie Eloy
onnaissez-vous le déshabillage para-
C doxal ? Ce comportement délirant
survient chez les personnes victimes
d’hypothermie. Comme anesthésiées et dro-
guées par le froid, elles perdent leur lucidité et
se mettent à enlever leurs vêtements, accélé-
rant ainsi leur engourdissement progressif
jusqu’à la mort. Ce phénomène paraît
insensé ? Il ressemble pourtant étrangement
à ce que nous sommes en train de vivre.
Habitués que nous sommes au flot inces-
sant de mauvaises nouvelles, notre jugement
semble altéré et notre capacité d’agir, étouf-
fée. Nous nous laissons engourdir par la fata-
lité, acculturés aux scénarios du pire. La crise
climatique ? La fonte des glaciers ? L’effon-
drement de la biodiversité ? La montée des
extrémismes ? Les inégalités ? Les guerres ?
Les massacres ? Nous constatons ces drames.
Nous en mesurons les conséquences.
Pour chacun d’eux, nous devrions nous
indigner, être horrifiés, prendre des mesures
radicales, nous transformer, agir ! Pourtant,
nous réagissons à peine. Comme si, devant
l’ampleur, la complexité et la multitude des
crises, notre conscience s’était résignée, se
laissant endormir progressivement dans
l’espoir de moins souffrir. Pire encore, nous
nous livrons, nous aussi, à ce phénomène de
déshabillage paradoxal.
Alors que 2023 a été l’année la plus chaude
de l’histoire et que nous devons réduire drasti-
quement notre empreinte carbone, les géants
pétroliers ont engrangé des bénéfices records,
et Airbus n’a jamais autant vendu d’avions.
Alors que le temps devrait être à l’union et à
la sagesse pour répondre aux défis environne-
mentaux qui menacent l’humanité, les extrê-
mes progressent, et les conflits s’intensifient.
En vingt ans, les décès dus aux combats ont
quadruplé, dans une relative indifférence.
Plus d’un tiers des Français se prononcent
pour diminuer ou stopper l’aide aux Ukrai-
niens, et Gaza est entrée dans notre routine
d’infos. Le Burkina Faso, la Somalie, le Soudan,
le Yémen, la RDC… restent largement ignorés.
En parallèle, l’ONU alerte que « le monde
laisse tomber les femmes et les filles », principa-
LE LIVRE
DU JOUR
Compagnon
de la Libération à 16 ans
LE PROPOS Il y a les Compagnons de
la Libération connus ou médiatiques,
comme Hubert Germain, Pierre
Messmer ou Jacques Chaban-Delmas.
Et ceux, plus nombreux, dont le nom
ne parle pas forcément à grand
monde. Et pourtant. Lazare
Pytkowicz fait partie de ceux-là.
Le 16 juillet 1942, il est pris avec ses
parents, Perla et Jankiel, et sa sœur
Fanny dans la rafle du Vél’ d’Hiv’. Il n’a
que 14 ans, mais un instinct de survie
hors norme. Il réussit à s’échapper
seul et, comme une évidence, s’engage
en résistance. Arrêté à plusieurs
reprises, à chaque fois, il s’évade,
faisant preuve d’un sang-froid
et d’un courage sans bornes.
A 16 ans à peine, il est nommé dans
le prestigieux ordre de la Libération,
devenant ainsi le plus jeune
Compagnon. « Petit Louis » – son
surnom – raconte l’histoire de ce fils
de juifs polonais réfugiés en France
devenu un héros national français.
Un livre pour se souvenir. Un livre
d’hommage à un grand homme.
les victimes de ces crises mais aussi part
essentielle des solutions, et appelle à renfor-
cer l’égalité, fondement des 17 objectifs de
développement durable.
Oscillant entre résignation, sentiment
d’impuissance, découragement, peur du
changement et déni, nous ôtons ainsi à
l’humanité des chances de survie au lieu de
tout mettre en œuvre pour les renforcer.
Dans les situations désespérées, la méde-
cine d’urgence enseigne de ne jamais aban-
donner, car l’espoir demeure toujours. Face à
l’urgence, nous devrions nous accrocher plus
que jamais à cette conviction. Si nous vivions
à l’échelle d’un village, chacun se retrousserait
aussitôt les manches pour préserver son
habitabilité et la paix.
A l’échelle mondiale, la complexité est évi-
demment incomparable. Cependant, nous
avons démontré notre capacité à nous trans-
former radicalement lors des premiers mois
du Covid-19. La moindre chance mérite donc
que nous y mettions toutes nos forces.
Si nous vivions à l’échelle
d’un village, chacun se
retrousserait aussitôt les
manches pour préserver
son habitabilité et la paix.
Le positivisme, souvent considéré avec
condescendance comme une forme de naï-
veté, a été un puissant moteur de résilience et
de cohésion à travers l’histoire. Il y a un siècle,
par exemple, l’équipage de « L’Endurance »,
piégé dans les glaces de l’Antarctique, sem-
blait condamné.
Au lieu de céder au désespoir, le capitaine
Ernest Shackleton, faisant preuve d’un lea-
dership exceptionnel, galvanise ses troupes,
les fait quitter le navire et réaliser une série
d’exploits qui sauveront tous les membres de
l’expédition. Avec un optimisme contagieux,
il encourage l’équipage à protéger les plus fai-
bles et à rester concentré sur la survie.
Dans des conditions extrêmes, sans céder à
l’engourdissement, il a cultivé l’unité, le sens
du collectif et l’entraide, transformant ainsi
une lutte désespérée en une histoire de survie
hors du commun. La question est : sommes-
nous prêts à faire de même ?
Marie Eloy est présidente des réseaux
Bouge ta boîte, Bouge ton groupe
et Femmes des territoires.
L’AUTEUR Jean-Christophe Notin
est historien, auteur de nombreux
livres sur la guerre et la Résistance.
LA CITATION « Dix minutes de marche
plus tard, une maison à trois étages,
une cour, direction le premier. Sous
la porte, un rai de lumière distrait
l’obscurité du couloir. Louis frappe.
Un pas lourd derrière. La porte s’ouvre :
la Milice ! Il ne manquait plus qu’elle.
Ainsi Louis aura-t-il le privilège rare,
et finalement flatteur, d’être passé
entre les mains de toutes les forces de
répression à l’œuvre sous l’Occupation.
Avec, à chaque fois, une trahison. »
—Marianne Bliman
« Petit Louis », de Jean-Christophe
Notin. Editions Grasset, 224 p., 20 euros.
Bonne année
à tous les silencieux !
Loin des caméras, des concitoyens sont trop souvent oubliés alors qu’ils
sont très largement majoritaires dans notre pays : il faut rendre hommage
à tous ces silencieux, avant tout indispensables.
LA
CHRONIQUE
d’Alexis Karklins-
Marchay
n ce mois de janvier, permettez-
E moi de souhaiter une très bonne
année à ces concitoyens que
nous oublions trop souvent alors qu’ils
sont pourtant très largement majoritai-
res dans notre pays : les silencieux.
Ceux que nous entendons peu parce
qu’il s’agit de femmes et d’hommes qui
restent loin des micros ou des caméras.
Qui mènent tranquillement leur exis-
tence sans répandre mensonges,
calomnies ou médiocrité sur les
réseaux sociaux. Qui ne déversent ni
méchanceté, ni récriminations, ni
discours victimaires, ni certitudes
péremptoires. Qui travaillent dans la
discrétion. Qui font heureusement
« tourner » notre nation dans une
période difficile, sans rien réclamer, si
ce n’est de la considération et du respect.
Le miel et les bourdons
A ceux-là, je dédie ces paroles de saint
François de Sales. Non pas le génial apo-
cryphe « le bruit ne fait pas de bien, le
bien ne fait pas de bruit », qui lui est sou-
vent prêté à tort, mais ses propres mots
pleins de justesse dans l’« Introduction
à la vie dévote » : « Les bourdons, qui font
beaucoup plus de bruit et sont beaucoup
plus empressés que les abeilles, ne font
que de la cire et jamais de miel. »
Heureuse année à toutes nos
« abeilles » donc, à commencer par nos
soignants, qui évoluent dans des condi-
tions dégradées, qui enchaînent les
heures avec des patients toujours plus
irascibles et des formalités administra-
tives qui épuiseraient Sisyphe.
Heureuse année aux enseignants
qui, malgré des rémunérations insuffi-
santes et un système démotivant, se bat-
tent quotidiennement, non seulement
pour transmettre les savoirs à nos
enfants en dépit de parents qui se
croient fréquemment plus sachants,
mais aussi pour tenter de partager les
valeurs de la république alors que
l’auto-instruction des plus jeunes tend à
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos
se faire sur TikTok ou Instagram. Heu-
reuse année à nos agriculteurs et nos
pêcheurs qui nous nourrissent chaque
jour, malgré une concurrence étran-
gère parfois inéquitable et désormais
sous la pression constante, incantatoire
et méprisante de « philosophes de
salon » qui les culpabilisent, voire les
intimident. Alors que nous sommes
réputés pour avoir l’une des nourritures
les plus saines du monde…
Heureuse année à nos artisans et
commerçants, qui continuent d’animer
le centre de nos villes et nos villages,
malgré l’insécurité urbaine, l’incivisme
patent et le développement inéluctable
du commerce en ligne que nous encou-
rageons, nous les consommateurs
impatients.
Heureuse année
à toutes nos « abeilles »
[…], à commencer
par nos soignants,
qui évoluent dans
des conditions
dégradées, qui
enchaînent les heures
avec des patients
toujours plus irascibles
et des formalités
administratives qui
épuiseraient Sisyphe.
Heureuse année à ces femmes et ces
hommes aux métiers de services exi-
geants, dans nos magasins, nos
bureaux, nos restaurants ou dans nos
rues. Ceux que l’on qualifie parfois
« d’invisibles », non pas parce que leurs
tâches seraient inutiles, bien au
contraire, mais parce que nous ne prê-
tons pas suffisamment attention à eux.
Heureuse année à nos entrepre-
neurs, qui continuent d’investir, de
prendre des risques, de former, d’inno-
ver et de composer avec une bureaucra-
tie désespérante, dans un pays qui tend
à les considérer comme des vaches à
traire plutôt que comme le cheval qui
tire le char, pour reprendre la formule
de Churchill. Heureuse année à nos
chercheurs, ingénieurs, industriels,
10
Vincent Jarousseau/Hans Lucas
salariés engagés et militants sincères
qui, loin des prophètes de malheur, apô-
tres de la décroissance ou écervelés
adeptes des pots de peinture, s’efforcent
d’inventer des solutions concrètes, de
mettre au point des produits plus écolo-
giques, ou encore de transformer les
modèles économiques pour nous per-
mettre de relever au plus vite le défi
environnemental majeur qui se pré-
sente à nous.
Heureuse année à nos forces de police
qui ont le pénible devoir de maintenir
l’ordre dans une société décidément vio-
lente, ainsi qu’à nos forces armées qui
continuent de défendre, ici et ailleurs,
une certaine idée de la France.
Bien commun
Plus généralement, heureuse année à
ces anonymes qui œuvrent pour le bien
commun, qu’ils soient élus, membres
d’associations, fonctionnaires ou en
entreprise, éducateurs ou simples
citoyens impliqués dans la cité. A ceux
qui conservent cette modestie et ces
nobles pensées dont le sage hindou
Swami Ramdas faisait le secret de la vie
heureuse. A ceux qui recherchent les
compromis, évitent les conflits et les
provocations, prennent soin des autres
comme ils aimeraient que l’on prenne
soin d’eux-mêmes. A ceux qui privilé-
gient l’enthousiasme à la complainte,
l’écoute à l’assertion, la tolérance au
fanatisme, le sens des responsabilités à
la culture de l’excuse, le silence actif au
bruit stérile.
Alors que 2024 se présente sous des
auspices plus inquiétants que rassu-
rants, avec des incertitudes économi-
ques et des régimes autocratiques tou-
j o u r s p l u s h o s t i l e s , j e vo u d r a i s
remercier ces femmes et ces hommes
de l’ombre, en partageant cette convic-
tion du grand humaniste que fut Her-
mann Hesse dans son roman « Sidd-
hartha » : « La tendresse est plus forte
que la dureté, l’eau est plus forte que le
rocher, l’amour est plus fort que la vio-
lence. » Lucidement, sans naïveté, mais
avec espoir dans une époque si agitée,
essayons individuellement de nous ins-
pirer de ces paroles magnifiques.
Alexis Karklins-Marchay
est essayiste, auteur de
« Pour un libéralisme humaniste ».
 11 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024
Publiez vos contributions
sur le Cercle des Echos :
lesechos.fr/idees-debats/cercle
LE POINT
DE VUE
de Gérard-François Dumont,
Jacques de Larosière
et Alix Pany
es chiffres de l’Insee publiés ces
L jours-ci confirment que la fécon-
dité en France continue de dimi-
nuer, atteignant en France métropoli-
taine (hors DOM) un plus bas historique
de 1,64 enfant par femme en 2023, con-
tre près de 2 en 2014. Au-delà de la don-
née brute, ce chiffre, bien en deçà du
seuil de remplacement des générations
(2,1 enfants par femme), est lourd de
sens pour notre économie. A commen-
cer par la fragilisation à long terme de
notre modèle social : la dénatalité dimi-
nue la population active, qui finance no-
tamment les retraites. A l’inverse, l’es-
pérance de vie augmentant, le nombre
de bénéficiaires de pensions ne cesse de
s’accroître. Pour le seul régime général,
le rapport démographique entre coti-
sants et retraités est passé de 3 en 1976 à
moins de 1,4 depuis 2012. Le haut-com-
missaire au Plan, François Bayrou, le
rappelait récemment : « La France a
sans doute plus besoin encore que ses voi-
sins d’une démographie dynamique car
son modèle social repose, pour beaucoup,
sur la solidarité entre les générations. »
Dans les effets de court terme, l’arri-
vée d’un enfant a un impact économique
dès avant sa naissance : hausse moyen-
ne de 490 euros des dépenses du ména-
ge par mois, soit environ 20 % de ses dé-
penses, parmi lesquelles 239 euros pour
la consommation. La France a long-
temps été considérée comme un exem-
ple au sein de l’Union européenne, avec
une fécondité restée 20 % supérieure à
la moyenne, et une population active
continuant à croître quand celle de l’Al-
lemagne diminuait. Lors de la recompo-
LE POINT
DE VUE
de Jonathan Curiel
es Français ne seraient pas inté-
L ressés par l’entrepreneuriat ?
Les jeunes générations ne regar-
deraient plus la télévision ? Pourtant,
selon les sondages, la moitié des moins
de 30 ans souhaitent créer ou reprendre
une entreprise. Le manque de finance-
ment au démarrage de l’activité consti-
tue la principale difficulté à surmonter
pour la moitié des jeunes interrogés, qui
ne savent pas par où commencer, selon
une enquête OpinionWay [filiale du
Groupe Les Echos-Le Parisien, NDLR]
réalisée fin 2023.
A l’aube de sa quatrième saison,
l’émission « Qui veut être mon asso-
cié ? », sur M6, mettant en avant des
entrepreneurs en recherche de fonds
pour développer leur projet face à des
investisseurs, vient battre en brèche les
préjugés sur la télévision, les jeunes et
l’esprit entrepreneurial en France.
Lors de sa diffusion, qui a rassemblé
la saison dernière environ 2 millions de
téléspectateurs, « Qui veut être mon
associé ? » était le programme avec la
plus forte proportion de 15-34 ans de la
télévision française en première partie
de soirée, et totalisait 35 millions de
vidéos vues sur les réseaux sociaux.
Depuis 2021, 178 entrepreneurs
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
venant de toute la France ont présenté
leurs projets, 100 ont été financés à
hauteur de 22 millions d’euros, par des
investisseurs qui, singularité du pro-
gramme, y mettent leur propre argent.
Une émission de télévision parlant
de valorisations, de taux de marge, de
négociations sur des pourcentages de
capital pouvait laisser sceptique… Les
études qualitatives indiquaient bien
La chute de la natalité
est un problème grave
sition du Parlement européen post-
Brexit, la France a gagné cinq sièges
quand l’Allemagne n’en gagnait aucun.
La natalité française était le résultat d’un
équilibre entre une politique d’universa-
lité de la contraception, donc de la possi-
bilité pour chaque femme ou chaque
couple de choisir de ne pas avoir d’en-
fant ou d’enfant supplémentaire, insti-
tuée par l’Etat au fil des lois (1967, 1975,
1983), et, en contrepoint, une politique
familiale transpartisane dont les acquis
étaient globalement maintenus au fil
des alternances politiques : universalité
des allocations familiales, quotient fa-
milial, lisibilité des moyens des commu-
nes pouvant déployer des politiques fa-
miliales municipales pérennes…
Pour inverser
la tendance, la clé réside
dans la confiance
des familles.
Cette balance s’est largement désé-
quilibrée au milieu des années 2010 : fin
de l’universalité des allocations familia-
les (2015), baisse continue du quotient
familial, politique malthusienne du lo-
gement (attestée par une baisse très im-
portante des mises en chantier), baisse
de l’indemnisation du congé parental
couplé avec de fortes contraintes, dimi-
nution ou gel des dotations des collecti-
vités territoriales entraînant la chute
des investissements dans les systèmes
de garde des enfants, etc. Ces multiples
décisions ont inévitablement eu un im-
pact sur la capacité à accueillir et élever
M6 et le pari inspirant
de l’entrepreneuriat
sur petit écran
que la chaîne se heurterait à un mur ;
que les Français n’aimaient pas le busi-
ness, rejetaient les chiffres, abhor-
raient les investisseurs fortunés, et
toute notion, même allusive, à l’argent.
Bref, chronique d’un échec annoncé.
La saison dernière,
« Qui veut être
mon associé ? »
était le programme
de première partie
de soirée réunissant
le plus de 15-34 ans.
A rebours du
déclinisme ambiant,
ce programme renvoie
l’image d’une France
pleine de talents.
La résonance de ce programme est
donc particulièrement encourageante
et charrie des messages sociétaux qui
nous semblent intéressants. A rebours
du déclinisme ambiant, il renvoie
l’image d’une France pleine de talents.
On y apprécie les bonnes idées, les pro-
positions d’objets ou de services intelli-
gents, le recours au made in France, les
projets engagés, écoresponsables.
Ces projets permettent aux téléspec-
tateurs de s’identifier et génèrent des
vocations. Envie de se lancer dans
l’entrepreneuriat, d’ouvrir un com-
merce, de lancer une appli, de dévelop-
de nouveaux enfants, affectant le pou-
voir d’achat, la possibilité d’avoir un lo-
gement plus grand et la conciliation en-
tre vie professionnelle et familiale.
Par un jeu de vases communicants, la
disparition progressive des politiques
familiales a poussé à un transfert des so-
lidarités des cellules familiales vers la
société, via des politiques sociales lour-
des pour les budgets publics. En 1973, les
dépenses de prestations sociales repré-
sentaient 18,3 % du PIB, contre 31,6 %
aujourd’hui. Si les effets de la chute de la
natalité sont sensibles sur l’économie,
les causes en sont claires, et en consé-
quence les solutions le sont tout autant.
Le désir exprimé d’enfant des Fran-
çaises est bien au-dessus de l’indice de
fécondité : près de 2,3 enfants (étude
Kantar 2023). Pour inverser la tendance,
la clé réside donc dans la confiance des
familles. Pour la regagner, le gouverne-
ment doit s’engager à les accompagner
sur le long terme pour permettre de ré-
pondre à ce désir d’enfants. Un engage-
ment public raisonné pourra permettre
de répondre à ces enjeux majeurs, au
premier rang desquels se trouve la sau-
vegarde de notre modèle social.
Gérard-François Dumont est
professeur émérite, président
de la revue « Population & Avenir ».
Jacques de Larosière est ancien
gouverneur de la Banque de France.
Alix Pany est directrice solidarités
du Fonds du bien commun.
Lire nos informations
( Pages 2 et 3
per un produit et de rejoindre le mil-
lion d’entreprises créées chaque
année. L’envie d’entreprendre souffle
bien en France.
Comme l’émission « Top Chef » a pu
démocratiser la cuisine et familiariser
les Français avec des termes autrefois
inconnus comme le siphon, la ganache
et la sucrosité, « Qui veut être mon
associé ? » contribue à démocratiser
l’entrepreneuriat et les familiarise avec
l’EBIT (« earnings before interests and
taxes »), les BSPCE (bons de souscrip-
tion de parts de créateur d’entreprise),
les ressources humaines, etc.
Grace à l’expertise des investisseurs
également entrepreneurs, la demande
de conseils pour monter son entre-
prise, et être aidé dans son développe-
ment personnel, est forte. Chaque can-
didat vient avec son parcours de vie en
bandoulière. L’adrénaline est au plus
haut avant de passer le portique pour
présenter le projet d’une vie aux inves-
tisseurs ; les larmes fréquentes après
un échec ou un succès, annonciateur
du décollage définitif d’un projet.
Enfin, le suivi est important : des
années après, le programme revient
sur l’évolution des candidats et la situa-
tion concrète de leur entreprise. La
télévision ne fait pas que montrer une
poignée de mains, elle doit donner des
preuves ensuite.
Jonathan Curiel est directeur
général adjoint des programmes
du Groupe M6.
Lire le portrait
( Page 31
Action des Jeunes Agriculteurs pour contester la politique agricole gouverne-
mentale, à Tréméloir (Côtes-d’Armor), en novembre 2023. Photo Hervé Ronne/RÉA
Retourner l’Etat
LIBRE
PROPOS
par Gaspard
Koenig
epuis plusieurs mois, on découvre
D partout en France des panneaux
retournés à l’entrée des villes. J’en ai
vu pour la première fois près de Pontarlier
(Doubs), en novembre, et j’en ai encore
aperçu récemment dans l’Orne.
La presse nationale n’y a consacré que
des entrefilets ironiques, mais la presse
locale s’empare régulièrement du sujet. Il
n’est pas anodin de voir tous les jours le nom
de sa commune à l’envers, comme si la terre
et le ciel s’étaient inversés, que la pesanteur
était suspendue ou que notre alphabet avait
soudain changé de sens.
La réalité est plus modeste. Le syndicat
des Jeunes Agriculteurs a lancé une cam-
pagne de protestation contre « l’asphyxie
administrative ». Ces gaillards savent dévis-
ser un panneau la nuit. Leur mot d’ordre,
parfois griffonné à côté de leur forfait : « On
marche sur la tête. » Le soutien, ou tout au
moins la bienveillance de la plupart des
maires, formellement chargé de la signali-
sation routière, montre à quel point cette
impression est partagée par l’ensemble de
la population.
« On marche sur la tête » représente une
revendication politique bien singulière. Il
ne s’agit pas de réclamer davantage de
financement ni de refaire le monde, mais
d’exiger une loi intelligible et cohérente.
C’est peut-être la première fois que la
bureaucratisation croissante du pays, pro-
duit conjugué de l’inflation normative, de la
recentralisation administrative et de la
numérisation des procédures, alimente
une révolte à la fois discrète et généralisée.
Ces panneaux auraient pu être retournés
par les chercheurs du CNRS pétitionnant
contre leurs logiciels d’ordres de mission ;
par les contribuables perdus dans les nou-
velles déclarations de biens immobiliers ;
par les réparateurs de vêtements décou-
vrant les modalités du dernier crédit
d’impôt en fonction de la longueur des bra-
guettes ; par les écrivains s’arrachant sur les
cheveux sur les méandres byzantins du sta-
tut d’artiste-auteur (êtes-vous dispensé de
précompte ? inscrit au régime du BNC ?) ;
par les motards désormais soumis au
contrôle technique de leur véhicule ; par les
candides de la rénovation énergétique
cherchant à bénéficier de MaPrimeRénov’ ;
par les bénéficiaires du RSA découvrant
IDÉES
opinions
les modalités kafkaïennes du nouveau
« contrat d’engagement réciproque »… Le
bon sens semble ainsi en passe de devenir,
pour paraphraser Descartes, le désir politi-
que le mieux partagé. Il impliquerait de lais-
ser toute leur place au jugement individuel
et à la responsabilité locale. Ce serait une
révolution considérable dans la conception
française de l’Etat, substituant à notre légi-
centrisme obsessionnel la confiance dans
les acteurs de terrain, dans leur capacité
d’initiative, d’adaptation et de compromis.
La ritournelle de la simplification refait
d’ailleurs surface. Le Premier ministre,
reprenant un souhait de début d’année
exprimé par son président, s’est engagé lors
de la passation de pouvoir à entreprendre
une « simplification drastique de la vie de nos
entreprises et de nos entrepreneurs ». Mais
est-ce une si bonne nouvelle ?
Tout d’abord, on peut se demander pour-
quoi la simplicité serait réservée aux entre-
preneurs, les autres étant donc priés de
poursuivre leur errance dans le labyrinthe
bureaucratique. La complexité normative
génère de formidables injustices, les insi-
ders bénéficiant des conseils de multiples
intermédiaires parasites, et les outsiders se
trouvant démunis face à la violence admi-
nistrative. La simplification doit commen-
cer par les plus fragiles pour être légitime
socialement et politiquement.
Paravent
Ensuite, la simplification risque de devenir
le paravent du déni écologique. Les Jeunes
Agriculteurs, encouragés par la FNSEA,
visent en fait, à travers leur sympathique
mouvement, à contester les obligations de
jachère ou la réduction des produits phy-
tosanitaires. De même, les organisations
patronales cherchent à profiter de la future
loi de simplification Pacte 2 pour assouplir
les normes environnementales. C’est là
confondre la complexité et la contrainte. On
ne saurait s’affranchir de la seconde au nom
de la lutte contre la première. Une loi simple
n’est pas laxiste, tout au contraire. En fixant
dans le domaine agroécologique un cadre
clair et strict, sans exception ni atermoie-
ment, le gouvernement donnerait enfin un
sens à sa politique agricole.
Enfin, il est à parier que, faute de réflexion
systémique, cette entreprise de simplifica-
tion se termine, comme toutes celles qui
l’ont précédée, par quelques avantages
accordés aux meilleurs lobbyistes sans la
moindre inflexion dans notre paradigme
administratif. Ce ne sont pas seulement les
panneaux de signalisation qu’il faut retour-
ner. C’est l’Etat lui-même.
Gaspard Koenig est philosophe.
 IDÉES
cinéma
SCIENCE-FICTION // La célèbre créature japonaise fait son retour au cinéma. A travers le terrifiant
reptile, Takashi Yamazaki signe un conte pacifiste, spectaculaire et monstrueusement humain.
Godzilla, 70 ans et toutes ses dents !
Sans contourner la technologie moderne ou bouder le spectaculaire, le réalisateur retrouve la jolie patine ludique des « Godzilla » d’antan. Photo Toho Co Ltd
Adrien Gombeaud
odzilla ne vieillit pas. En 2024,
G la superstar des monstres japo-
nais fête ses 70 ans. Toujours
vert, le revoici sur les écrans pour une
37e équipée destructrice dans les rues
de Tokyo. Au dernier jour de la Seconde
Guerre mondiale, un kamikaze se pose
sur un îlot du Pacifique en prétendant
subir un ennui mécanique. En réalité,
son avion n’a rien : Koichi Shikishima
n’a pas osé aller au bout de sa mission
pour offrir sa vie à l’empereur du Japon
et à une guerre perdue. La nuit, un énor-
me monstre jaillit de l’océan : c’est God-
zilla. Une fois de plus, le jeune pilote té-
tanisé n’ose pas tirer. Impuissant, il
regarde mourir ses frères d’armes entre
les mâchoires et les griffes du reptile.
Quelques semaines plus tard, démo-
bilisé, Koichi retrouve sa ville de Tokyo
défaite et ravagée par les bombes. Le
jour, il est poursuivi par sa culpabilité. La
nuit, l’ombre de Godzilla vient le hanter.
Yorgos Lanthimos ou le cinéma automédicamenté
Le dernier film du metteur en
scène grec, adapté d’un curieux
roman écossais, brille par ses
trouvailles et idées loufoques
mais finit par s’égarer dans
l’autocomplaisance.
Au bout des années 2000, le monde ob-
servait l’économie grecque s’effondrer.
Paradoxalement, cette période tragi-
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
que s’est accompagnée d’une curiosité
envers les récits venus de ce vieux pays.
C’est alors que l’étrange cinéma de Yor-
gos Lanthimos a jailli sur la scène inter-
nationale. « Canine » (2009) puis
« Alps » (2011) lui ont permis d’accéder à
des productions de plus grande am-
pleur comme « The Lobster » (2015),
« Mise à mort du cerf sacré » (2017) et
« La Favorite » (2018). Récompensé par
Petit à petit, la vie re- FILM JAPONAIS sous les petons d’un ga-
prend néanmoins. Godzilla Minus One min hilare.
Bientôt, il partage sa pe- de Takashi Yamazaki. Comme tous les
tite maison de bois avec
une femme et une or-
pheline. Mais Godzilla
revient pointer son bec
Avec Ryunosuke Kamiki,
Minami Hamabe, Yuki
Yamada. 2 h 05.
En salle du 17 au 31 janvier.
monstres mythiques du
cinéma, Godzilla s’enri-
chit de son énigme. Qui
est-il exactement ? On
baveux à l’horizon de la l’a volontiers vu comme
capitale… un symbole de l’enfer nucléaire envoyé
sur l’archipel à Hiroshima et Nagasaki
Kamikaze en août 1945. « Minus One » comporte
Après que de récentes réécritures hol- encore des images documentaires des
lywoodiennes ont noyé le vénérable essais américains sur les îles Bikini qui,
monstre nippon dans un fatras numéri- en 1946, vont réveiller la fureur de la
que gluant, « Minus One » le ramène à sa bête. Mais le Godzilla des années 2020 se
tradition artisanale. Sans contourner les fait plus largement le spectre de l’après-
technologies modernes ou bouder le guerre et d’un syndrome post-traumati-
spectaculaire, le réalisateur Takashi Ya- que obsédant. Surtout, sa sauvagerie et
mazaki retrouve cette jolie patine ludi- sa puissance mettent en valeur la gran-
que des « Godzilla » d’antan. Le métro deur des humains. Yamazaki signe là un
aérien ressemble à un train électrique, hommage aux bombardés, aux irradiés,
les porte-avions sont des maquettes qui aux ensevelis, aux orphelins… à tous
sentent bon la colle fraîche, et tout ce pe- ceux qui souffrent des guerres et des ca-
tit monde se laisse piétiner par le mons- tastrophes. La puissance de Godzilla
tre géant, tels des châteaux de sables nous raconte un archipel fragile mais
un lion d’or au Festival FILM AMÉRICAIN ralité de ce monde, en-
de Venise, « Pauvres Pauvres Créatures tre « Candide » de Vol-
Créatures » est à ce jour de Yorgos Lanthimos. taire et « Forrest
son projet le plus ambi- Avec Emma Stone, Mark Gump » de Zemeckis.
tieux. Ruffalo, Willem Dafoe. Ce scénario s’inspire
A la fin du XIXe siècle 2 h 21. d’un drôle de roman
dans une Grande-Bre- écossais d’Alasdair
tagne gothique à souhait, le professeur Gray publié en 1992 et réédité pour la
Godwing Baxter ressuscite une jeune sortie du film (Editions Métailié). Le tex-
femme suicidée en lui greffant le cer- te déborde de dessins, lettres manuscri-
veau du bébé qu’elle portait. Enfant au tes et autres schémas anatomiques
corps d’adulte, Bella Baxter va se lancer mystérieux. A l’écran, Lanthimos va
dans l’apprentissage de la vie, rencon- tenter de reproduire cette exubérance.
trer des hommes plus ou moins fré- On bascule du noir et blanc à la couleur
quentables avant d’échouer dans un tandis que l’objectif fisheye donne le
bordel parisien. sentiment de suivre une partie du film à
travers un cul de bouteille.
Cul de bouteille En toile de fond, « Pauvres Créatu-
« Pauvres Créatures » reprend le sché- res » empile des décors ahurissants, des
ma de l’innocent qui découvre l’immo- accessoires gargouillants de labos
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aussi l’ingéniosité de ses habitants. Le
film dresse un monument à une popula-
tion qui se protège des bombes incen-
diaires, des ravages des tsunamis et des
tremblements de terre, mais aussi de la
folie de ses propres dirigeants.
« Ce pays a traité la vie à vil prix », dé-
clare l’un des personnages. Le scénario
dénonce la propagande qui incitait la
jeunesse au sacrifice dans des avions
conçus pour ne jamais revenir. En cela
« Godzilla Minus One » raconte aussi
notre époque. Car si le mot « kamika-
ze » reste japonais, le principe de l’atten-
tat suicide existe ailleurs aujourd’hui.
D’autres insensés, d’autres sectes, pous-
sent des endoctrinés vers les vertiges de
la mort. « Godzilla Minus One », dans
les codes du cinéma populaire, n’est ja-
mais aussi émouvant que lorsqu’il ré-
pond aux illuminés qu’il existe d’autres
façons de s’accomplir que de se tuer. Et
les rugissements du monstre portent
l’écho de l’évidence : il est glorieux de
choisir la vie. n
scientifiques fantasmés et un curieux
bestiaire imaginaire. Au premier plan
filent les fulgurances d’Emma Stone. De
dissections en scènes de sexe, pantin-lo-
lita, l’actrice « La La Land » fonce tête
baissée dans toutes ses séquences.
Cependant, à y regarder de plus près,
ce foisonnement est presque écume.
Car même s’il se présente scindé en cha-
pitres, le film épaissit plus qu’il ne pro-
gresse. Yorgos Lanthimos s’est surtout
contenté de doubler chacun de ses
brillants tableaux, tout en priant ses ac-
teurs de répéter plusieurs fois le même
numéro. Le metteur en scène paraît
ainsi se nourrir au buffet de son propre
film ou, tel un narcisse ivre de son ta-
lent, s’en aller s’égarer dans les reflets
sans fin de ses quelques bonnes idées.
— A. G.
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos 12
L’engrenage
de l’horreur
LA
CHRONIQUE
d’Olivier De Bruyn
a Seconde Guerre mondiale et l’horreur du
L nazisme obsèdent les cinéastes en ce début
d’année. En attendant la sortie de « La Zone
d’intérêt », le film controversé de Jonathan Glazer
(d’après l’ouvrage du même nom de Martin Amis)
qui met en scène la luxueuse demeure du
commandant du camp d’Auschwitz où ce dernier vit
paisiblement avec ses proches à deux pas des fours
crématoires, une autre fiction évoque les années
noires et une abjection terriblement ordinaire.
Dans « Stella, une vie allemande », Kilian Riedhof
évoque le parcours de Stella Goldschlag, décédée
en 1994 à l’âge de 72 ans. Au début de la décennie
1940, cette jeune Juive allemande vit à Berlin avec ses
parents et, malgré le contexte de l’époque, tente par
tous les moyens de continuer à mener son existence
de jeune femme libre et presque insouciante.
Passionnée par le jazz et le chant, l’héroïne s’amuse
avec des garçons et des filles qui ne jurent que par la
musique et rêvent de s’exiler pour les Etats-Unis où,
ils n’en doutent pas, ils connaîtront le succès et la
gloire. La séduisante Stella, dont la beauté attire les
regards de tous les hommes, n’assouvira pas ses
fantasmes d’échappée belle, mais sera confrontée
aux réalités épouvantables de son temps.
A Berlin où, forcée et contrainte, elle est restée avec
ses parents, la jeune femme travaille dans une usine
d’armement dans des conditions inhumaines.
Comme ses « collègues » juifs, elle doit respecter des
cadences infernales et obéir à des consignes
avilissantes. Pour échapper au pire, Stella accepte
l’inacceptable : collaborer avec les Nazis et dénoncer
des Juifs qui vivent dans la clandestinité à Berlin.
Piégée dans un engrenage terrifiant, l’héroïne, pour
éviter la déportation et une mort certaine, s’acquitte
de sa tâche avec une redoutable efficacité jusqu’en
mars 1945, avant d’être arrêtée en octobre de la
même année par l’armée soviétique. Elle retournera
en Allemagne une décennie plus tard.
Kilian Riedhof, auteur en 2022 de « Vous n’aurez pas
ma haine », adaptation peu convaincante du récit
autobiographique d’Antoine Leiris sur les attentats
du 13 novembre 2015 à Paris, retrace l’itinéraire
glaçant de Stella Goldschlag avec une rigueur
scénaristique qui compense les maladresses d’une
mise en scène manquant parfois de sobriété.
Incarné remarquablement par Paula Beer
(applaudie dans « Frantz » de François Ozon et
récemment dans « Le Ciel rouge » de Christian
Petzold), « Stella, une vie allemande », malgré ses
faiblesses, a l’incontestable mérite de dresser le
portrait implacable et dérangeant d’une femme hors
du commun. Terriblement hors du commun.
« Stella, une vie allemande », de Kilian Riedhof. Avec
Paula Beer, Jannis Niewöhner, Katja Riemann. 2 heures.
A éviter
FILM FRANÇAIS
La Tête froide
de Stéphane Marchetti.
Avec Florence Loiret Caille,
Saabo Balde, Jonathan
Couziné. 1 h 32.
Marie, la quarantaine, survit avec les faibles moyens
du bord dans un coin perdu des Alpes et s’adonne au
trafic de cigarettes entre la France et l’Italie grâce à la
complicité de son amant, policier de son état. Les
activités illégales et les trafics de l’héroïne précaire
changent de dimension quand elle rencontre Sou-
leymane, un jeune réfugié prêt à tout pour retrouver
sa petite sœur et changer de vie… Dans sa première
fiction, Stéphane Marchetti, jusqu’alors connu pour
ses documentaires, s’attaque à un genre – « le film de
migrants » – qui attire légitimement les cinéastes
préoccupés par l’actualité désolante du monde.
Hélas, « La Tête froide », malgré ses nobles inten-
tions et la prestation de l’excellente Florence Loiret
Caille dans le rôle principal, souffre de ses nombreu-
ses invraisemblances et n’atteint pas les sommets
des meilleurs films consacrés aux réfugiés, comme
« Welcome », de Philippe Lioret (2009) ou « Tori et
Lokita », des frères Dardenne (2022). —O. D. B.
13 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024
enquête
Valérie de Senneville
’est une affaire à peine croyable de
C mercenaires à la petite semaine et
de pieds nickelés de l’espionnage.
Elle pourrait prêter à rire si elle n’avait dés-
tabilisé pendant des mois l’un des fleurons
de l’industrie française et laminé la carrière
de hauts cadres dirigeants emportés par la
vague : ce mercredi 17 janvier s’ouvre, qua-
torze ans après les faits, le procès de la ro-
cambolesque histoire « d’espionnage »
chez Renault.
Sur le banc des prévenus, trois personnes
(un des mis en cause est décédé) soupçon-
nées d’avoir participé à des degrés divers à
ce scénario aux allures de polar. Parmi elles,
Dominique Gevrey, 65 ans, un ex-militaire
qui fut capitaine de la Direction de la protec-
tion et de la sécurité de la défense (DSPD) re-
converti dans la sécurité privée et recruté
par Renault au sein de la prestigieuse direc-
tion de protection du groupe (DPG), le seul à
être poursuivi pour « escroquerie » et « ten-
tative d’escroquerie ».
Manœuvres frauduleuses
Il faudra au tribunal une certaine patience
pour démêler l’intrigue et comprendre
comment cette fine équipe a pu blouser Re-
nault sur la base d’une simple lettre anony-
me, d’une source fantôme et de rapports
d’enquête fictifs. L’audience doit se poursui-
vre jusqu’au 26 janvier.
La justice soupçonne en effet Dominique
Gevrey d’avoir employé des « manœuvres
frauduleuses » et d’avoir « trompé » Re-
nault pour lui soutirer des fonds à hauteur
de 318.640 euros sur la base de fausses fac-
tures en règlement de prestations « inexis-
tantes », selon l’ordonnance de renvoi des
juges d’instruction rendue en 2017. « On a
fabriqué un costume trop grand à mon client
en montant un dossier sur mesure pour le
mettre en cause », s’insurge Jean-Paul
Baduel, l’avocat de l’ex-barbouze du secret-
défense. Aux côtés de Dominique Gevrey,
Michel Luc, un ex-militaire lui aussi,
consultant dans la sécurité, expert en filatu-
re en tous genres. C’est lui qui aurait émis les
fausses factures adressées à Renault et re-
mis des espèces et des virements à Domini-
que Gevrey.
Tout commence par une lettre anonyme
tapée à la machine, avec certaines phrases
surlignées et écrites en gras, adressée le
17 août 2010 à quatre hauts dirigeants du
constructeur, dont Rémi Pagnie, le direc-
teur de la protection du groupe. Elle dénon-
ce l’acceptation de pots-de-vin par des sala-
riés occupant des postes clés en échange
d’informations sensibles.
« En cette période de crise, il est inadmissi-
ble que des personnes ayant des responsabili-
tés profitent de leur position pour détourner
de l’argent et accepter des pots-de-vin », dé-
nonce le corbeau, qui jette en pâture le nom
de Michel Balthazard, directeur de projets
et prestations chez Renault, qui aurait été
vu « négocier un pot-de-vin ». Il met aussi en
cause « un petit jeune qui a vite compris com-
ment ça marche pour remplir son compte en
banque », Matthieu Tenenbaum, directeur
de programme adjoint du véhicule électri-
que. De graves accusations sur des salariés
modèles. Michel Balthazard a fait toute sa
carrière chez Renault et fait partie du comi-
té de direction.
Machine folle
L’auteur de la lettre concluait : « Bien sûr je
n’ai aucune preuve, bien sûr c’est de la déla-
tion, mais je m’en moque. Je ne supporte pas
de voir des gens correctement payés voler en-
core de l’argent, ce qui forcément se fait par re-
bond au détriment de Renault et de tout le
personnel. » On ne sait toujours pas, encore
aujourd’hui, malgré les investigations, qui a
écrit cette lettre.
Une machine folle se met alors en mar-
che au sein de Renault, en dehors même des
règles d’enquête interne du groupe. L’en-
quête paranoïde se fait en vase clos. En de-
hors des destinataires de la lettre, seuls le di-
recteur juridique du groupe, Christian
Husson, et le directeur général, Patrick
Pélata, sont dans la confidence. Et Carlos
Ghosn, bien sûr, qui donne l’ordre dès le
6 septembre de faire la lumière sur ce qui
s’apparente à une grave affaire d’espionna-
ge industriel.
Le constructeur prend l’affaire au sé-
rieux, car les soupçons d’espionnage con-
cernent des informations économiques et
techniques sur les équipements de voitures
électriques. Un enjeu stratégique pour le
groupe. Quelques mois plus tôt, Carlos
Faux espions
chez Renault : le procès
de l’incroyable affaire
JUSTICE // A partir de ce mercredi et jusqu’au 26 janvier se tient à Paris
l’épilogue judiciaire d’un dossier digne d’un polar, où se croisent l’une des plus
grandes entreprises françaises, de faux espions et de vrais barbouzes. Récit.
Goshn avait présenté au Salon de l’automo-
bile de Francfort quatre modèles de véhicu-
le électrique.
L’opération secrète « dossier Galilée » est
lancée. Michel Balthazard est surnommé le
« Roi mage », son adjoint Bertrand Rochet-
te « Saint-Pierre » et Matthieu Tenenbaum
le « Père Noël ». L’affaire est confiée à deux
membres de la DPG, Dominique Gevrey et
Marc Tixador, ancien policier renvoyé éga-
lement aujourd’hui devant le tribunal pour
complicité et recel de détournement de
données à caractère personnel. « Il a été dès
l’origine mis hors de cause dans le cadre de
l’escroquerie à laquelle il n’a participé ni de
« Pas la peine de me
la jouer commissaire
Moulin et le suspect qui
nie tout. Nous savons
ce que tu as fait. »
CHRISTIAN HUSSON
À L’UN DES CADRES EN 2011
Ex-directeur juridique de Renault
près ni de loin », tient à préciser son avocate,
Fanny Colin.
Dominique Gevrey affirme avoir un in-
formateur secret surnommé « le Belge » qui
aurait accès en toute discrétion à des infor-
mations bancaires. En moins d’un mois,
l’ex-militaire communique à la direction
des « notes blanches » censées mettre en
évidence « des flux financiers importants et
anormaux » sur des comptes ouverts dans
des pays étrangers. De quoi corroborer les
soupçons qui entourent Michel Balthazard,
Matthieu Tenenbaum et Bertrand Rochet-
te. Mais toujours sans preuve tangible ni re-
levé de compte ou de virement.
Les dirigeants de Renault veulent en sa-
voir plus. Qui les paie ? et pourquoi ? Domi-
nique Gevrey repart en Belgique consulter
sa « source » dont il ne révèle toujours pas
l’identité et revient avec une information qui
fait l’effet d’une bombe parmi les dirigeants :
les virements vers les comptes au Lichtens-
tein et à Zurich des trois cadres provien-
draient de sociétés chinoises via des sociétés
écrans : les plans de la première voiture
électrique française seraient donc vendus à
la Chine ! Carlos Ghosn veut agir et vite. En
décembre, la décision est prise de se séparer
des cadres sans autre forme de preuve.
Marc Tixador essaie bien de prévenir « at-
tention ce ne sont pas des preuves », Patrick
Pélata raconte aujourd’hui lui aussi qu’il a
tenté d’avertir Carlos Ghosn : « Je lui ai dit
qu’il fallait peut-être d’abord avertir la DCRI,
mais il s’était emporté. Il faut savoir qu’à
l’époque les relations étaient extrêmement
tendues avec le ministère de l’Industrie :
“Mais non ! m’a-t-il dit, Ces c… ils vont faire
fuiter l’information et de toute façon la
confiance est rompue avec les trois cadres.” »
Espionnage industriel
A l’époque il ne s’agit pas de contrarier le
magnat. La direction va donc mettre en pla-
ce un scénario abracadabrantesque pour
confondre et mettre à pied les trois cadres :
trois bureaux sont « sonorisés » c’est-à-dire
que les propos sont enregistrés en toute illé-
galité et les trois seront interrogés en même
temps par Patrick Pélata, Jean-Yves Cou-
driou, directeur des cadres supérieurs, et
Christian Husson, le directeur juridique. Un
autre bureau sert à centraliser les déclara-
tions afin que les autres interrogatoires
puissent rebondir sur les éventuels aveux
de l’un d’entre eux. Les trois cadres sont
Le groupe Renault,
partie civile dans ce dossier,
n’a jamais été mis en cause,
mais l’image de son PDG,
Carlos Ghosn, avait été
sérieusement écornée.
Photo Mustafa Yalcin/Anadolu via AFP
convoqués le 3 janvier 2011, cinq mois à pei-
ne après la réception de la lettre anonyme.
« Patrick Pelata m’a parlé de relations à
l’étranger, il m’a demandé si j’avais donné des
documents à Michel Balthazard, avait racon-
té aux “Echos” Bertrand Rochette, en 2011.
Pendant l’entretien, il évoque aussi la Chine.
Je réponds que j’ai beaucoup travaillé avec
Daimler, récemment, mais pas avec la Chi-
ne. » Les ex-salariés décrivent tous le même
scénario : l’annonce d’une faute « lourde »,
de faits « graves », la pression plus ou moins
forte pour qu’ils « collaborent ».
« Pas la peine de me la jouer commissaire
Moulin et le suspect qui nie tout. Nous savons
ce que tu as fait », assène Christian Husson à
un Matthieu Tenenbaum sidéré. Les trois
hommes n’auront qu’une demi-heure, en-
suite, accompagnés de deux membres de la
sécurité, pour récupérer quelques affaires.
La mise à pied sera immédiate « à titre
conservatoire ».
Bras de fer Ghosn-Sarkozy
A partir de là tout va très vite. Le lendemain,
l’AFP publie la première dépêche et Renault
se voit contraint de confirmer ces mises à
pied. La DCRI et le gouvernement, action-
naire de Renault à hauteur de 15 %, sont en-
fin mis au courant. Le 5 janvier, le ministre
de l’Industrie de l’époque, Eric Besson, parle
de « guerre économique » et la presse s’em-
pare de la « piste chinoise » au point de dé-
clencher un incident diplomatique avec Pé-
kin. A l’Elysée, Nicolas Sarkozy est furieux
et un bras de fer s’engage entre Ghosn et le
président de la République.
On ne sait toujours pas,
encore aujourd’hui, malgré
les investigations, qui a
écrit la lettre anonyme
adressée le 17 août 2010
au constructeur.
Le 13 janvier, Renault porte plainte pour
des faits d’« espionnage industriel, de cor-
ruption, d’abus de confiance, de vol et recel,
commis en bande organisée ». Les avocats
de Balthazard et de Tenenbaum portent
plainte de leur côté pour « dénonciation ca-
lomnieuse ».
Et déjà, les premières interrogations
pointent : qui est « le Belge » dont Domini-
que Gevrey refuse toujours de communi-
quer l’identité ? Où sont les preuves ? Au
point que Carlos Ghosn est contraint de s’in-
viter sur le plateau du JT de TF1 pour dire ses
« certitudes » concernant la culpabilité des
trois cadres.
Management « borderline »
Il faudra moins d’un mois, cependant, à la
DCRI et au parquet de Paris pour prouver
que Michel Balthazard, Matthieu Tenne-
baum et Bertrand Rochette n’ont jamais eu
de compte à l’étranger. Carlos Ghosn repart
sur le plateau de TF1 présenter ses « excu-
ses ». Incarcéré en mars 2011, Dominique
Gevrey révélera enfin sa source : Pascal
Baudrey, un adjudant de l’armée belge. In-
terrogé, ce dernier niera toute implication
dans cette affaire.
En moins de six mois, la tempête aura
emporté les trois cadres. Elle coûtera leur
poste à Rémi Pagnie, Patrick Pélata, Chris-
tian Husson et d’autres hauts dirigeants.
Elle aura aussi révélé les méthodes de ma-
nagement « borderline » de Renault à l’épo-
que. Un autre cadre, Philippe Clogenson, di-
recteur marketing client, révélera avoir
aussi été licencié pour faute grave sur la
base de dénonciations. Un autre, Antonio
Do Rego, a dû quitter précipitamment le
groupe sur la même base de fausses accusa-
tions. Le groupe Renault, partie civile dans
ce dossier, n’a jamais été mis en cause, mais
l’image de son PDG Carlos Ghosn a été sé-
rieusement écornée.
Michel Balthazard, Matthieu Tenne-
baum et Bertrand Rochette ont été indem-
nisés par le constructeur. La clause est te-
nue secrète, mais le chiffre de 9 millions
d’euros pour les trois a été avancé. Matthieu
Tennebaum et Philippe Clogenson ont
même été réintégrés. Certains seront sur le
banc des parties civiles. Michel Balthazard,
lui, ne viendra pas : « Ni l’argent reçu dans le
cadre de sa négociation avec Renault, ni les
plates excuses de Carlos Ghosn, ni le présent
procès où il devait être partie civile ne pour-
ront réparer le préjudice immense qu’il a subi,
et dont il veut désormais tourner la page », ré-
sume son avocat, Pierre-Olivier Sur. n
 « Service après-vente » par Mélody Denturck pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Cyclone Belal Féminicide : Samire Danemark : fin de Hausse des entrées

à La Réunion : Lymani condamné l’adoption étrangère irrégulières dans l’UE
L’ÉDITORIAL trois morts au total à 30 ans de réclusion SCANDINAVIE – Il ne sera EUROPE – Le nombre
DES « ÉCHOS »
' CATASTROPHE – Les corps
de deux autres sans domi- ' CRIME – Samire Lymani,
un homme de 41 ans, a été
' plus possible pour les
Danois d’adopter à l’étran-
' d’entrées irrégulières dans
l’Union européenne a aug-
Le choix de la vieillesse cile fixe ont été retrouvés
à La Réunion après le passage
condamné mardi à Montpel-
lier à 30 années de réclusion cri-
ger. L’unique agence du pays,
Danish International Adoption,
menté en 2023 de 17 % par rapport
à l’année précédente, atteignant
dévastateur lundi du cyclone minelle pour avoir tué sa compa- « entame une liquidation contrôlée le niveau le plus élevé depuis 2016,
La France est en train de perdre l’un de ses plus Belal, portant à trois le nombre de gne Aurélie Vaquier, retrouvée de ses activités », a-t-elle écrit dans a annoncé mardi l’Agence euro-
grands atouts : sa jeunesse. Historiquement plus morts sur l’île française de l’océan ensevelie en avril 2021 sous une un communiqué. Cette décision péenne de surveillance des fron-
féconde que le reste de l’Europe, elle vieillit à vue Indien, a annoncé mardi Gérald dalle de béton au domicile du intervient à la suite de l’annonce tières, Frontex. Cette dernière
d’œil et comptera bientôt plus de retraités que Darmanin. L’alerte rouge impo- couple dans l’Hérault. Après du ministère des Affaires sociales a indiqué qu’il s’agissait d’une
d’enfants. A la fin de la décennie, les plus de 65 ans sant aux habitants de La Réunion 4 heures de délibéré, le jury a de suspendre les adoptions en « hausse significative du nombre
seront ainsi plus nombreux que les moins de 20 ans. de rester chez eux en raison du reconnu cet ex-militaire et chauf- provenance des six pays avec d’entrées irrégulières des frontières
Triste symbole d’un pays qui renonce à préparer le cyclone a été levée mardi matin. feur routier, qui niait farouche- lesquels l’agence travaillait : l’Afri- en 2023, le plus élevé depuis 2016 »,
futur et dépense toujours plus pour les personnes Il a ensuite balayé Maurice ment les faits, « coupable » du que du Sud, les Philippines, l’Inde, précisant que le nombre d’entrées
âgées, au détriment des nouvelles générations. avec des pluies diluviennes meurtre d’Aurélie Vaquier, et l’a la Thaïlande, Taïwan et la Répu- enregistrées s’était élevé à
En 30 ans, les dépenses de retraites ont augmenté et des vents violents, faisant condamné conformément au blique tchèque, après la publica- 380.000 dont 41 % via la route
de 10 % quand celles pour les familles ont chuté au moins un mort sur cette île. réquisitoire de l’avocat général. tion de rapports d’irrégularités. méditerranéenne centrale.
de 22 %, relevait le site Fipeco le mois dernier.
Malgré la réforme du congé parental annoncée
mardi, Emmanuel Macron ne semble guère avoir pris LA PHOTO DU JOUR
la mesure des choses. Il avait promis 30.000 places
de crèches supplémentaires et n’en a finalement pas
réalisé la moitié. A défaut, il propose d’indemniser
les parents qui ne trouvent pas de mode de garde. Les
Etats efficaces sont ceux qui rendent la vie plus facile
aux parents, pas ceux qui
multiplient les chèques.
Au plus bas depuis la
Seconde Guerre mondiale,
la faible natalité traduit
évidemment bien d’autres
choses, dont une aspiration
croissante au bonheur
individuel et une moindre
Par Lucie confiance en l’avenir. Des
Robequain caractéristiques qui dépassent
de très loin les frontières de
La France a la France. Il n’est pas exclu
fait le choix qu’au-delà de ces tendances
longues, la natalité ait
collectif de particulièrement souffert de
dépenser l’inflation des derniers mois :
bien plus en les femmes n’auraient alors
fait que reporter leur projet
faveur des d’enfant, avancent les
retraités, au démographes, ce qui pourrait
détriment se traduire par un léger sursaut
au cours des années suivantes.
de sa C’était tout l’objectif
jeunesse. d’Emmanuel Macron que
de restaurer la confiance
mardi soir et de rétablir
l’image d’un pays qui avance. Il n’est évidemment pas
question de défendre une politique nataliste au nom
de l’intérêt national, comme le fait le Premier ministre
hongrois, Viktor Orban. Le pouvoir des gouvernants
sur le désir d’enfants est d’ailleurs tout relatif : ce n’est
pas pour son pays qu’on fait des enfants, ni pour la
planète qu’on refuse d’en faire.
Il n’est pourtant pas inutile, face aux contre-vérités
qui prospèrent, de rappeler quelques évidences.
La première est que l’immigration reste, c’est un fait, le
moteur de notre puissance démographique. La seconde
est que la pauvreté explose chez les jeunes, pas chez les RETOUR DE LA NEIGE À NEW YORK APRÈS PLUS DE 700 JOURS Une tempête arctique s’est abattue mardi sur une grande partie des Etats-Unis, mettant fin à une
vieux, ce qui explique en partie le report du premier « sécheresse de neige » de près de deux ans à New York et plongeant une grande partie de l’Ouest dans un froid glacial. La température la plus basse du pays mardi
enfant. L’importance des retraites ou de la fin de vie ne matin était de -38 degrés dans la petite ville de Briggsdale dans le Colorado. Photo Andrew Kelly/Reuters
doit pas nous faire oublier les énergies de demain.

Lire nos informations

( Pages 2-3
0 JEUDI VENDREDI SAMEDI DIMANCHE
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14 -1/1 -4/1 -5/2 -2/4 4/10
14 11/13 9/13 9/11 5/10 2/10
-6/-2 2/3 1/7 1/6 0/5 -3/5
12 13
-13/-9 -18/-11 -6/-1 -11/-8 -12/-9

« Start-up »
13 -3/3 -5/-1
-8/-5 -7/-2 -3/-2 -9/-6 -8/-3
13 14 VENDREDI
16 -4/1 27/38 27/34 26/33 25/31 24/27
12/13 10/14 12/14 11/14 12/14
Le point quotidien dédié à l’économie 14
1/4
9/19 9/11 9/12 5/8 5/6
4/7
nds,
des start-up : levée de fonds 20 14 13
12 25/27
21/27
24/29
22/29
24/26
18/27
23/26
21/25
23/29
21/26
dirigeants, tendances... -7/-2 0/11 2/13 6/12 5/7 5/10
15 17 -16/-10
0 -10/-6 -11/-10 -15/-9 -12/-5
12 -4/3 -7/-2
SAMEDI 0/7 1/7 -6/-1 -8/-2 -10/0
16 -5/2
lesechos.fr/newsletters
-2/6 4/9
 CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT)

n 7.398, points
-0,1846 % n 37.400,39 points
-0,5123 % n 1,087 $
-0,7288 % n 2.038,15 $
-0,5732 % n
DEVISES EUR/GBP 0,8598 EUR/JPY 160,01 EUR/CHF 0,9367 GBP/USD 1,2641 USD/JPY 147,2095 USD/CHF 0,8617 TAUX €STER 3,902 EURIBOR 3 MOIS 3,928 OAT 10 ANS 2,7832 T-BONDS 10 ANS 3,9537
78,56 $
-0,1017 %
Mercredi 17 janvier 2024
www.lesechos.fr

La France redevient le premier Cyberattaques :

les entreprises
appelées à ne pas
exportateur d’électricité en Europe « redémarrer
trop vite »
ÉNERGIE
CYBERSÉCURITÉ
Sharon Wajsbrot
Leïla Marchand
Ce n’est pas formellement un record mais
après une année 2022 catastrophique sur le Un matin, sans prévenir, c’est la pani-
plan de la production nucléaire et marquée que. Serveurs, PC… Plus rien ne fonc-
par un record d’importations d’électricité tionne dans l’entreprise, paralysée par
en France, c’est un basculement remarqué. un rançongiciel. Face à ce scénario, de
En 2023, selon les données de S&P Global plus en plus courant, il est tentant de
Commodity Insights, la France est redeve- chercher à redémarrer la machine le
nue le premier exportateur d’électricité en plus rapidement possible. Grave erreur,
Europe. Avec un total de 50,1 TWh d’exports répond l’Agence nationale de la sécurité
nets en 2023, la France se place loin devant des systèmes d’information (Anssi).
la Suède et la Norvège qui, avec leurs nom- « C’est un peu comme lorsque les
breux barrages hydroélectriques trustent plombs ont sauté. On se rend souvent
habituellement la tête du classement. Ces compte qu’il ne suffit pas de remettre les
deux pays affichent respectivement un total plombs. Le problème est ailleurs »,
de 28,6 TWh nets d’exports et de 17,3 TWh. résume Emmanuel Naëgelen, directeur
L’Espagne, qui a bénéficié en 2023 de la général adjoint de l’agence gouverne-
croissance de ses installations éoliennes et mentale. Après avoir multiplié les inter-
solaires mais aussi du prolongement de ventions ces dernières années auprès
l’« exception ibérique » négocié avec la des victimes de cyberattaques, en parti-
Commission européenne pour plafonner le culier dans les hôpitaux, l’Anssi publie
prix du gaz utilisé dans la production d’élec- ce mardi une série de trois guides expli-
tricité, se place juste derrière avec 13,9 TWh quant comment piloter une « remédia-

Loïc Venance / AFP

d’exports nets d’électricité.
L’éolien atteint des records
Cette bonne performance, la France la doit
au retour de la production nucléaire mais
pas seulement. En 2023, EDF est parvenu à
redémarrer de nombreux réacteurs
pour porter sa production nucléaire à
320,4 TWh, contre un plancher historique
de 279 TWh atteint en 2022. Mais les éner-
gies renouvelables continuent aussi de croî-
tre. Fin décembre, lorsque la France a battu
son record d’exports d’électricité sur une
seule journée, la production éolienne natio-
nale atteignait plus de 17.000 MW. Du
jamais-vu.
Au total, sur l’ensemble de l’année, les
panneaux solaires et les éoliennes françai-
ses ont produit 21,5 TWh et 50,4 TWh
d’électricité, selon les chiffres provisoires de
En 2023, la France affiche un total de 50,1 TWh d’exports nets d’électricité, contre 16,2 TWh d’imports nets en 2022.
RTE. C’est respectivement 14 % et 23 % de
plus que l’an passé. Et pour l’éolien, cela lui
permet de faire jeu égal avec la production
hydroélectrique.
To u t c e l a d a n s u n c o n t ex t e o u l a
demande d’électricité reste fortement
déprimée et où les pays voisins de la France
– l’Allemagne et la Belgique – réduisent,
voire abandonnent leurs capacités de pro-
duction nucléaire. De quoi provoquer un
appel d’air pour ce surplus d’électrons pro-
duits en France vers l’étranger. Pour preuve :
pour la première fois depuis 2002, l’Allema-
gne affiche une balance commerciale défi-
citaire en matière d’électricité puisqu’elle
réalise 10 TWh d’imports nets en 2023.
Pour S&P Global Ratings, ce phénomène
risque de s’accentuer compte tenu de la
déprime de la demande d’électricité.
L’agence de notation s’attend à une crois-
sance des exportations d’électricité françai-
ses de 6 à 8 TWh supplémentaires en 2024
et 2025. Une bonne nouvelle en trom-
pe-l’œil puisqu’elle révèle aussi un surplus
de production qui pourrait, à terme, dépri-
mer les prix et décourager les investisse-
ments dans les centrales renouvelables ou
nucléaires attendus pour décarboner la
production de courant en Europe.
« En 2030, nous tablons sur un prix de
l’électricité qui se rapprocherait de la four-
chette 50 à 60 euros le MWh, hors inflation,
compte tenu de l’excédent d’offre qui se pro-
file. Les exportations françaises, déjà en 2023
à 51 TWh, devraient alors plus que doubler
pour dépasser les 100 TWh », pointe Emma-
nuel Dubois-Pelerin, directeur senior Utili-
ties pour la zone EMEA chez S&P Global
Ratings. n
tion », c’est-à-dire la remise en état d’un
système d’information.
« Une question de semaines »
« En entreprise, la gestion de crise est géné-
ralement bien maîtrisée. Il y a des disposi-
tifs bien huilés en cas d’incendie, de rappel
produit… Mais la remédiation l’est
moins », a constaté Gérôme Billois, asso-
cié au cabinet Wavestone et spécialiste
des questions cyber, qui salue cette ini-
tiative de l’Anssi. Les cyberattaques ne
sont pas nouvelles mais celles qui ont
commencé à frapper les organisations à
partir de 2017 sont inédites par leur
ampleur. « Avant, les dégâts étaient bien
plus limités. Désormais, le système
d’information est soit complètement
détruit, soit vérolé en profondeur. »
Tout l’enjeu désormais est de faire
entendre aux dirigeants cette nouvelle
donne, souligne l’Anssi, qui destine un
de ses trois guides aux décideurs. « Leur

La Poste prête Les prix du gaz au

Apple, incontestable numéro un première question après une cyberatta-
que est encore de demander combien

à « sortir » de son
opérateur télécoms
La Poste Mobile
TÉLÉCOMMUNICATIONS Changement en
perspective à La Poste Mobile, l’opérateur
télécoms lancé en 2011 par La Poste (51 % du
capital) et SFR (49 %). Selon nos informa-
tions, le groupe public cherche à vendre
tout ou partie de ses parts dans ce qui est
devenu, en treize ans, le cinquième opéra-
teur télécoms mobile français, avec plus de
2,3 millions de clients, soit 4 % du marché
tricolore. L’opérateur garderait dans tous
les cas son identité et continuerait d’être dis-
tribué dans les quelque 7.000 bureaux de
poste. // PAGE 21
plus bas en Europe
malgré le froid et les
tensions mondiales
M AT I È R E S P R E M I È R E S L e p r i x d u
megawattheure est passé sous les 30 euros
au maché de Rotterdam, qui fait référence en
Europe, malgré la vague de froid et les ten-
sions géopolitiques, confirmant la tendance
engagée depuis plusieurs mois. Les stocks
sont toujours bien remplis, à près de 80 % en
moyenne en Europe, et la demande reste
inférieure à ce qu’elle était avant la crise. Mais
il faudra attendre la mise sur le marché de
nouvelles capacités de GNL aux Etats-Unis et
au Qatar, dans deux ans, pour que les ten-
sions sur les prix disparaissent. // PAGE 29
mondial du smartphone
TÉLÉPHONIE
Nicolas Madelaine
Alors que Samsung doit présenter ce mer-
credi sa nouvelle gamme Galaxy S24, le
cabinet de recherche américain IDC a
annoncé mardi que, selon ses calculs, le
règne de douze ans du groupe coréen à la
tête du classement des plus gros vendeurs
mondiaux de smartphones en volume
vient de se terminer… au profit d’Apple, le
fabricant des iPhone.
Le groupe américain, qui était déjà lea-
der en revenus et en profits générés par ce
type d’appareils, a vendu, en 2023,
234,6 millions d’appareils, contre
226,6 millions pour Samsung, selon IDC,
dont l’étude est reprise par le « Financial
général de 3,2 %, à 1,17 milliard d’unités
livrées. Même si, selon Canalys, le marché
s’est repris au quatrième trimestre, avec
une hausse de 8 % en volume, après 7 tri-
mestres de repli.
Apple a bénéficié de la sortie de l’iPhone
15 en septembre. De nombreux proprié-
taires d’iPhone 12 ont visiblement été ten-
tés de passer au nouveau modèle, trois ans
après. Apple s’impose comme le roi du
haut de gamme, un segment pesant 20 %
du total et davantage à l’abri d’une con-
joncture économique difficile notam-
ment en Chine sur une bonne partie de
l’année.
De l’IA dans les appareils
La société américaine n’est à ce propos pas
à l’abri des vents contraires. Elle vient
d’annoncer, fait rare, une réduction de jus-
d’heures il faudra pour se rétablir. Et là, il
faut leur expliquer que ce sera une ques-
tion de semaines… Et que cela va coûter
très cher », glisse Emmanuel Naëgelen.
« Entre 5 et 10 millions »
Le coût d’une remédiation « dans une
grande entreprise type CAC 40 » atteint
« facilement entre 5 et 10 millions
d’euros », a pu constater Gérôme Billois.
Et rechigner à investir sérieusement
dans ce processus ne fera qu’augmenter
la facture. Bien caché dans le système
d’information, ou prêt à revenir par la
même faille à la moindre occasion,
l’assaillant doit être traqué et éliminé
pour éviter à l’entreprise de tomber
« dans un cycle de remédiation/compro-
mission pouvant durer des mois, voire des
années », écrit l’agence.
Pour l’Anssi, il vaut mieux voir dans
cet incident l’opportunité de repartir
avec un système informatique amélioré

= LES ENTREPRISES CITÉES Times ». La société de Tim Cook est la

seule de grande taille à afficher une pro-
gression – de 3,7 % – de ses volumes de ven-
qu’à 500 yuans (65 euros) de ses iPhone en
Chine, soit une baisse de 5 %. Apple est loin
d’y avoir vendu autant d’iPhone 15 que de
et plus résilient. Mais le mieux reste de
s’y préparer. « Nous avons pu travailler
avec une banque et réduire son délai de
AG2R La Mondiale 27 Disney 22 Lebara 21 Sixt 18
Air France-KLM 16 Euro-Information Telecom Luko 27 Spirit AeroSystems 16 tes. Samsung subit de son côté un repli de ses précédents modèles. Le groupe fait remédiation de onze à trois jours, en inves-
Ansys 21 21 Lyca 21 Stellantis 18 13,6 %. Il s’est repositionné sur le plus face notamment aux appareils d’Huawei tissant par exemple dans du matériel et de
Baidu 28 Française des Jeux 19 Morgan Stanley 29 Synopsys 21 haut de gamme mais s’est fait fortement et de Xiaomi. Certaines sociétés et agences la formation d’équipe », note Gérôme
BodyCAP 24 Free 21 Omea 21 Universal 22 concurrencer par des fabricants chinois gouvernementales dissuadent leurs sala- Billois. Une voie encore peu empruntée :
Boeing 16 Goldman Sachs 29 Orange 21 Volubile.ai 31 dans les appareils moins onéreux. riés d’acheter des appareils Apple. selon une enquête de Palo Alto
Bouygues Telecom 21 Hemarina 25 PRG Retail Group 19 Warner Bros. Discovery 22
Butagaz 18
IDC fait remarquer que l’accession au Le marché devrait être animé à partir Networks/IDC Research, en Europe, à
King Jouet 19 Roche 18 Wewise 18
CMA CGM 16 Kuehne + Nagel 16 Routhiau 17 sommet du podium par Apple intervient de 2024 par l’arrivée de fonctions d’intelli- peine 28 % des responsables cybersécu-
DB Schenker 16 La Poste Mobile 21 Sewan 21 lors de la pire année du marché du smart- gence artificielle dans les appareils eux- rité testent régulièrement leurs plans de
DHL 16 LDC 17 SFR 21 phone en une décennie, avec un repli mêmes. Le match va se poursuivre… n rétablissement en cas de cyberattaque. n
 16
ENTREPRISES Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos

Pourquoi Air France-KLM et CMA

CGM divorcent un an après leur union
l Fin du partenariat dans le fret aérien dès la fin mars, sortie du logisticien marseillais du conseil d’administration
d’Air France et probablement du capital dès la fin février 2025…
l L’histoire entre les deux groupes tourne court pour différentes raisons.

TRANSPORT
Denis Fainsilber
et Enrique Moreira

L’alliance entre Air France-KLM et

CMA CGM dans le cargo aérien
n’aura pas tenu plus d’un an. Même
si la formulation reste ambiguë,
c’est bien un véritable divorce entre
les deux groupes tricolores qui se
profile à l’horizon. Entre la fin de
leur partenariat dans le fret aérien,
la sortie du logisticien marseillais
du conseil d’administration de la
compagnie aérienne et son possible
retrait du capital dès la fin
février 2025… l’affaire semble
entendue, à l’amiable.
Moins de deux ans après la publi-
cation des bans, Air France-KLM et
CMA CGM ont annoncé, mardi
matin dans un communiqué com-
mun, la fin de leur coopération
commerciale. Une décision justi-
fiée par « un environnement régle-
mentaire contraint sur certains mar-
chés importants » n’ayant pas
permis au partenariat de « fonction-
ner de manière optimale ».

Le problème
nord-américain
De source proche, c’est surtout
l’accès à l’important marché nord-
américain qui posait problème.
Comme Air France est déjà allié à
Delta Air Lines et d’autres compa-
gnies mondiales dans Skyteam, les
nouveaux partages de capacités
franco-français semblaient poser
des problèmes outre-Atlantique
aux autorités antitrust, surtout si le
deal devait s’élargir à Delta.
Par ailleurs, les moyens des uns
et des autres ont évolué depuis la
crise. Air France a nettement
amplifié ses vols de passagers
depuis un an, avec des soutes à rem-
plir pour maximiser les revenus des
lignes. Le rythme de développe-
ment des moyens pour le fret a donc
changé.
De son côté, CMA CGM compte
désormais six avions en propre, et
en attend six autres – de tous nou-
veaux Airbus A350 cargo qui rem-
placeront des A330 de moindre
capacité.
Lorsque ce « partenariat stratégi-
que » avait été révélé, en mai 2022
(pour devenir effectif en avril 2023),
l’attelage semblait cohérent. Il
reliait un logisticien sorti les poches
pleines du Covid-19, grâce au ren-
chérissement hors norme des tarifs
du fret, à un groupe aérien très affai-
bli par la fermeture des frontières
pendant la pandémie.
Les deux groupes misaient
alors sur une demande croissante
de marchandises transportées
par avion alors que les chaînes
d’approvisionnement étaient blo-
quées à la suite de la pandémie de
Covid-19. L’accord prévoyait ainsi
une exploitation commune par les
deux sociétés des appareils « tout
cargo » de leurs compagnies res-
pectives. De plus, le groupe dirigé
par Rodolphe Saadé était monté
au capital d’Air France-KLM à
hauteur de 9 %, à la faveur d’une
augmentation de capital. De quoi
faire de CMA CGM le troisième
actionnaire d’Air France-KLM,
après l’Etat français (28,6 %) et
l’Etat néerlandais (9,3 %).
Dans leur communiqué, Air
France-KLM et CMA CGM préci-
sent « mettre fin aux accords exis-
tants le 31 mars 2024 ». Date à partir
de laquelle « chaque groupe opére-
rait de manière indépendante ».
« Les deux groupes restent détermi-
Dans leur communiqué, Air France-KLM et CMA CGM précisent « mettre fin aux accords existants le 31 mars 2024 ». Photo Laurent Grandguillot/RÉA
nés à travailler en collaboration, afin
que les clients du cargo puissent con-
tinuer à bénéficier de leurs réseaux
respectifs », ont-ils assuré.
Une nouvelle alliance
pour l’armateur
Au-delà de cette clause de style, cer-
tains experts s’attendent déjà à ce
que CMA CGM reprenne ses billes
et s’allie à un autre transporteur
aérien. Malgré son réseau de 160
agences dans le monde, qui vendent
les prestations dans le maritime et
sa présence dans la logistique qui va
bientôt s’élargir aux ex-activités du
groupe Bolloré, le groupe mar-
seillais semble trop petit pour peser
face aux grandes flottes spécialisées
comme celles d’UPS, Cargolux,
DHL, Atlas Air, China Airlines, etc.
Barré sur le marché américain,
CMA CGM vole principalement au
départ de Roissy-CDG vers Hong
Kong, Shanghai, ainsi que Mumbai,
Abu Dhabi et Le Caire.
Préfigurant un divorce net à
moyen terme, les deux entreprises
« ont convenu que CMA CGM quitte-
rait le conseil d’administration d’Air
France-KLM le 31 mars 2024 ».
L’entrée de Rodolphe Saadé au con-
seil avait été entérinée fin mai 2022
en assemblée générale.
De plus, les accords de 2022 pré-
voyaient que CMA CGM resterait
au capital d’Air France-KLM au
moins jusqu’au 15 juin 2025 et
devrait même conserver la moitié
d e s e s a c t i o n s j u s q u’à l a m i -
juin 2028. Finalement, la sortie
totale de l’armateur du groupe
aérien est désormais possible dès le
28 février 2025, et « sans période de
conservation additionnelle », selon
les nouveaux accords de divorce.
Lire « Crible »
( Page 32
Attaques en mer Rouge : la logistique mondiale
à la recherche du bon plan B
Les frappes des Houthis
contre les bateaux des
armateurs obligent les
spécialistes de la logistique
à se détourner de ce
carrefour du commerce
mondial. Reste à trouver
la bonne alternative…
Plus un jour ne se passe en mer
Rouge sans qu’un navire de com-
merce ne soit visé ou touché par des
drones ou missiles tirés par les
rebelles Houthis. Face à cette situa-
tion qui s’enlise – et à l’escalade des
coûts entre l’Asie et l’Europe, voire
jusqu’en Amérique du Nord –,
transporteurs et expéditeurs de
marchandises sont plus que jamais
à la recherche d’un plan B. Près de
80 % des porte-conteneurs qui
devaient normalement transiter
par le canal de Suez sont désormais
déroutés vers le cap de Bonne-Es-
pérance en Afrique du Sud. Cette
formule de sécurité augmente les
temps de trajet de 10 à 15 jours mini-
mum, ajoutant au moins 9.000 km,
et un tel voyage coûte au moins un
million de dollars de plus en carbu-
rant. Les chargeurs, eux, ne peu-
vent plus compter comme avant
sur des départs quotidiens au
départ des grands ports chinois,
relève une source professionnelle.
Dans un climat de « provisoire
qui dure », deux formules alternati-
ves de transport font l’objet d’un
certain intérêt, sachant qu’elles ne
capteront toujours qu’une part
minime des transports.
La première est le « Sea + Air »,
proposé par tous les grands organi-
sateurs de transport comme DSV,
DB Schenker ou DHL. Face aux
coûts imposants du transport
aérien sur les lignes Asie-Europe, il
s’agit de couper la poire en deux
pour parer au danger houthi : la
marchandise est d’abord embar-
quée sur un navire entre Asie et
Moyen-Orient, puis monte dans
une soute d’avion jusqu’à l’arrivée
en Europe. Un moyen de transport
coûteux et réservé à de petits volu-
mes, mais qui épargne de très longs
délais d’acheminement.
Regain d’attractivité
de l’avion
« Il y a 25 ou 30 % de demande sup-
plémentaire pour ce type d’achemi-
nement », explique-t-on au siège du
géant suisse Kuehne + Nagel.
« Nous proposons ce produit depuis
cinq ou six ans, pendant la pandémie
mondiale, c’était la star de notre cata-
logue et l’avons maintenu. C’est un
produit limité, mais parfait pour la
situation actuelle, particulièrement
pertinent pour les secteurs qui ris-
quent de manquer d’un composant,
comme l’automobile. »
Le groupe helvétique débarque
la marchandise dans le port de
Jebel Ali proche de Dubaï, puis elle
monte dans les soutes des avions
d’Emirates. Des fleurs en prove-
nance du Kenya sont récemment
arrivées ainsi aux Pays-Bas. « Bien
sûr que ce type de service va faire
l’objet d’un regain d’attractivité »,
ajoute Jérôme de Ricqlès, l’expert
maritime de la plateforme d’achat
de transport Upply, liée à Geodis.
« Il y a des segments où c’est perti-
nent, comme les composants pour le
secteur automobile, mais aussi des
industries comme la beauté, la phar-
macie, etc. Surtout que le prix de
transport d’un conteneur en mari-
time au départ de Chine qui était d’à
peine 2.000 dollars fin décembre a
grimpé à 3.500 dollars début janvier,
puis 5.000 à 6.000 dollars pour la
seconde quinzaine de janvier. »
Pour éviter des ruptures de ses
chaînes d’assemblage en compo-
sants critiques, comme celles de
Tesla à Berlin ou Volvo Cars en Bel-
gique, Stellantis vient d’indiquer
avoir recours au mode aérien
« pour des solutions limitées ».
Le train China
Railway Express, qui
emprunte plusieurs
corridors entre
Chine et Europe, est
complet pour janvier.
Autre plan B, celui de la « route
de la Soie », les trains qui relient la
Chine à l’Europe, au prix de multi-
ples changements de locomotives
et de wagons. Depuis l’invasion de
l’Ukraine par la Russie, de nom-
breux chargeurs s’étaient détour-
nés de cette solution via Moscou,
pour des questions éthiques et de
risques d’ordre géopolitique. Mais
depuis les événements en mer
Rouge, le retour de balancier est en
train de se produire, pour ces lignes
aboutissant soit en Pologne, soit en
Allemagne (Duisbourg, Ludwigs-
hafen), selon des professionnels.
Après un creux de demande très
marqué en 2022-2023, le train
China Railway Express, qui
emprunte plusieurs corridors
entre Chine et Europe, est ainsi
complet pour janvier, et les tarifs
sont entre 10 % et 20 % plus élevés
qu’en décembre, selon un trader de
fret chinois. La route ferroviaire
alternative, qui passe par le
Kazakhstan et la mer Caspienne
puis la Turquie pour éviter la Rus-
sie, retrouve donc en frontal son
concurrent d’origine.
Malgré les paquets de sanctions
prises par les Européens à l’encon-
tre de la Russie, le transport de fret
ferroviaire par le corridor nord
(Chine-Moscou-Pologne) n’a jamais
été complètement banni. Mais il
était tombé très bas (sauf pour le
commerce sino-russe), tant que les
taux de fret maritime étaient retom-
bés aux alentours de 1.000 dollars
du conteneur, en deçà des prix de
revient des grands armateurs.
« Un train embarque 150 conte-
neurs, ce ne sera jamais une logique
de substitution des navires », qui
transportent souvent 20.000 « boî-
tes, commente Jérôme de Ricqlès.
C’est plutôt dans une logique de ges-
tion du risque chez les clients, qui a
déjà fait ses preuves. » Selon lui, le
point mort économique des routes
d e l a S o i e s e r a i t d ’e n v i r o n
8.000 dollars le conteneur, et la
Chine ne subventionne plus ces
lignes comme à leur phase de lan-
cement, le financement se dérou-
lant désormais au coût réel.
— D. F.
17 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024
737 MAX 9 : Boeing
prend des mesures
sans attendre le
résultat des enquêtes
l Boeing va renforcer les contrôles de la qualité du travail
sur ses sites et chez son principal fournisseur d’aérostruc-
tures, Spirit AeroSystems, placé sous étroite surveillance.
l La baisse de qualité des avions pourrait être liée
à l’arrivée massive de jeunes employés sans expérience.
AÉRONAUTIQUE
Bruno Trévidic
Boeing n’attend pas le résultat des
enquêtes en cours du NTSB et de la
FAA sur l’accident du MAX 9
d’Alaska Airlines pour commencer
à agir. Après avoir reconnu sa res-
ponsabilité dans ce qui ressemble
fort à une nouvelle défaillance
grave de maîtrise de la qualité de ses
avions, l’avionneur a dévoilé lundi
les premières mesures correctives.
Dans un courrier adressé à
l’ensemble des employés de la bran-
che aviation civile, le directeur
général de Boeing Commercial Air-
planes (BCA), Stan Deal, a notam-
ment annoncé un nouvel effort de
formation et de sensibilisation à la
qualité, mais aussi et surtout, une
augmentation des inspections sur
l’ensemble du processus de produc-
tion, chez Boeing comme chez son
principal fournisseur d’aérostruc-
tures, Spirit AeroSystems.
« Ces vérifications fourniront un
Le calvaire sans fin de David Calhoun
Les ventes de l’avionneur
américain se sont redres-
sées après la catastrophe
industrielle du 737 MAX
il y a quatre ans. Mais
l’accident d’Alaska Airlines
ternit la fin de mandat
du PDG David Calhoun,
un spécialiste de la perfor-
mance opérationnelle.
Solveig Godeluck
— Bureau de New York
Il triture ses lunettes, pliant et
dépliant les branches, et il parle bas,
la gorge nouée. Face aux employés
de l’usine d’assemblage près de
Seattle, David Calhoun, le PDG de
Boeing, a vécu un moment difficile
la semaine dernière. Un pan de la
carlingue d’un Boeing 737 MAX
opéré par Alaska Airlines s’est
décroché en plein vol, le 5 janvier. Il
n’y a pas eu de morts, mais après
l’incident, d’autres compagnies
aériennes ont inspecté leurs avions
et trouvé des boulons mal vissés.
L’administration américaine a
Les volailles de Loué se mettent au bœuf
AGROALIMENTAIRE
Le groupe LDC, leader
français connu pour
les volailles de Loué,
s’offre une diversifica-
tion dans la viande
bovine.
Il est en négociations
exclusives pour faire
l’acquisition du groupe
Routhiau, dont c’est
une des spécialités
niveau de contrôle supplémentaire
en plus des milliers d’inspections
effectuées aujourd’hui sur chaque
avion 737, explique le patron de
BCA. Depuis 2019, nous avons aug-
menté de 20 % le nombre d’inspec-
teurs qualité des avions commer-
ciaux et nous prévoyons d’investir
davantage dans la fonction qualité. »
« Ces vérifications
fourniront un
niveau de contrôle
supplémentaire
en plus des milliers
d’inspections
effectuées
aujourd’hui sur
chaque avion 737. »
STAN DEAL
Directeur général de Boeing
Commercial Airplanes
décidé de clouer au sol les 171 exem-
plaires en service du 737 MAX 9.
La priorité est de « reconnaître
nos erreurs », a déclaré le dirigeant
de 66 ans. Invoquant ses enfants et
ses petits-enfants qui auraient pu
être assis dans cet avion à côté du
hublot arraché, le PDG en pull
zippé et sans cravate s’est dit « cho-
qué jusqu’aux tréfonds ».
Il a déclaré que désormais, la
flotte « appartenait » au directeur
de la sécurité et qu’aucun avion ne
pourrait voler sans son feu vert
exprès. Il a aussi promis « 100 % de
transparence », notamment avec les
régulateurs du transport (NTSB) et
de l’air (FAA).
Dans l’œil du cyclone
Ce nouvel accident est particulière-
ment cruel pour David Calhoun,
qui prépare sa succession – il vient
d’élever l’une de ses cadres, Stepha-
nie Pope, au rang de numéro deux.
Sa fin de parcours risque d’être
aussi éprouvante que le début.
David Calhoun a été nommé
début 2020 pour tourner la page des
Marie-Josée Cougard
La volaille, qui se met au bœuf…
voilà qui n’est pas courant. LDC, le
numéro un français de la volaille,
connu pour les poulets de Loué, est
entré en négociations exclusives
avec le groupe familial Routhiau en
vue de faire son acquisition à 100 %.
L’opération n’est pas très grosse.
Elle vaut surtout par l’entrée de LDC
dans un segment de l’industrie de la
viande qui n’était pas le sien : le
bœuf en l’occurrence. Et plus parti-
culièrement le carpaccio de bœuf,
qui est une des spécialités de Rou-
thiau, dont la gamme de produits
Boeing va également recourir à
un prestataire extérieur pour con-
duire un audit de ses processus de
maîtrise de la qualité, annonce
Dan Steal. Par ailleurs, les clients
qui le souhaitent pourront mener
leurs propres tournées d’inspec-
tion de ses usines, précise le patron
de BCA.
L’avionneur va également ren-
forcer la supervision de Spirit Aero-
Systems à Wichita, dans le Kansas,
où sont fabriqués et partiellement
équipés les tronçons de fuselage de
tous ses monocouloirs moyen-
courriers. C’est probablement là
que s’est produit le défaut de mon-
tage à l’origine de l’accident, ainsi
que d’autres précédemment.
« Nous avons déployé une équipe
pour travailler aux côtés de Spirit
AeroSystems, afin de compléter les
coéquipiers existants sur le terrain,
souligne Dan Steal. Notre équipe ins-
pecte actuellement l’installation par
Spirit de l’obturateur de porte d’éva-
cuation et l’approuve avant que la
section du fuselage puisse être expé-
diée à Boeing. Nous inspectons égale-
déboires du 737 MAX. Les débuts de
ce modèle ont été catastrophiques,
avec deux crashes dus à un défaut
de conception, qui ont fait 346
morts et ont coûté son poste à son
prédécesseur, Dennis Muilenburg.
Quand David Calhoun a pris les
manettes, Boeing était en zone de
fortes turbulences, secoué comme
jamais ou presque. Des clients en
fuite. Un régulateur furieux d’avoir
été mal informé. Le Congrès récla-
mant des comptes. Et la consterna-
tion de l’opinion, après les révéla-
tions sur une culture d’entreprise
où l’on moquait ouvertement les
superviseurs, traités de « singes ».
David Calhoun a été administra-
teur du groupe pendant dix ans
avant de le diriger. Ce comptable de
formation a passé plus d’un quart
de siècle chez General Electric à
l’époque du légendaire Jack Welch :
une école de l’excellence opération-
nelle, avec une gestion des coûts
serrée.
Le dirigeant a perfectionné ce
talent acquis dans l’industrie en
devenant un spécialiste du private
inclut aussi de la charcuterie de
volaille (émincés, confits de décou-
pes, volailles farcies), des produits
de traiteur frais et surgelé, ainsi que
des recettes asiatiques. Routhiau
fournit la distribution, les enseignes
spécialisées dans le surgelé et le
food service en France ainsi qu’à
l’étranger.
Trois usines
L’entreprise familiale, qui emploie
360 personnes, réalise un chiffre
d’affaires de 72 millions d’euros et
dégage un Ebitda de 5,5 millions
d’euros. Avec cette opération, LDC
dit « enrichir son portefeuille de pro-
Les inspections vont se multiplier sur la chaîne d’assemblage des Boeing 737 de Renton,
ainsi que chez Spirit AeroSystems, dans le Kansas. Photo Ellen M. Banner/Ap/Sipa
ment plus de 50 autres points du pro-
cessus de construction de Spirit et
évaluons leurs plans de construction
par rapport aux spécifications
techniques. »
Reprise en main rapide
Cette mise sous surveillance renfor-
cée de Spirit fait suite à la décou-
verte d’autres problèmes de mon-
tage sur une douzaine d’autres
equity chez Blackstone, où il est
entré au comité de direction. Le
conseil de Boeing l’a aussi choisi
p our ses connexions dans la
finance et le business, utiles pour
rétablir la confiance. Le dirigeant
vient d’ailleurs de déplacer le siège
social de Chicago à Arlington, en
Virginie, dans la banlieue de
Washington, plus près du Capitole
et de l’administration.
Le redressement amorcé
Les ennuis se sont multipliés dès sa
prise de poste. La crise du Covid a
mis un coup d’arrêt au trafic aérien
mondial en 2020. En raison de
défauts de fabrication, les livraisons
du 787 Dreamliner ont été inter-
rompues en avril 2021 pendant plus
d’un an. De nouvelles défaillances
ont été détectées dans la structure
du 737 MAX, imputables à un four-
nisseur, Spirit. Et la branche
défense accumule les pertes,
encore 1,66 milliard sur les neuf
premiers mois de 2023. A Wall
Street, le titre est 40 % plus bas qu’en
2019, il y a cinq ans.
duits, qui lui apporteront des syner-
gies en matière de logistique et
d’achats ». Au-delà des bénéfices
immédiats, LDC voit dans cette
acquisition l’entrée dans son péri-
mètre d’« un groupe partageant la
même culture de la performance et
un outil industriel de qualité ».
Routhiau détient trois usines,
dont une en Vendée à Saint-Ful-
gent à proximité de la Société
Arrivé (Maître Coq) qui appartient
à LDC. Les deux autres usines sont
à Chanverrie (Vendée) pour ce qui
concerne Tendance Créative et à
Châteaugiron (Isère) pour les Trois
d’Asie.
Boeing 737 de United Airlines et
Alaska Airlines, dont au moins un
aurait pu produire les mêmes effets
que sur le vol AS1282. Ces découver-
tes ont renforcé le sentiment d’un
problème général de qualité du tra-
vail et de manque de contrôle chez
Boeing et Spirit, nécessitant une
reprise en main rapide.
Certains observateurs attribuent
cette baisse de qualité à l’arrivée
En dépit de ces avanies, Boeing a
commencé à se redresser sous
David Calhoun. Le groupe, qui
publiera ses résultats annuels le
31 janvier, a vu son chiffre d’affaires
progresser de 20 % sur les neuf pre-
miers mois de 2023, à 55,8 milliards
de dollars. Il a aussi divisé par deux
sa perte nette à 2,2 milliards et réaf-
firmé son objectif de cash-flow
positif en 2023.
Quand le vol Alaska Airlines a fait
la une des journaux, le carnet de
commandes était plein, avec un
mois de décembre record : 370
commandes passées, dont 301 pour
le 737 MAX.
Mais le groupe n’a pas réglé le
problème des pertes de compéten-
ces industrielles. L’incident du
5 janvier semble avoir pour origine
un défaut du processus industriel,
et non un problème de conception.
Pour les analystes de Bank of
America, « cela pose la question du
contrôle qualité de la rampe de livrai-
son du 737 et de l’impact d’une
main-d’œuvre manquant d’expé-
rience, à la fois chez Boeing et chez ses
L’opération, qui concerne 100 %
des actifs et la reprise intégrale du
personnel, attend le feu vert des
autorités de la Concurrence. LDC a
réalisé un chiffre d’affaires de
5,8 milliards d’euros en 2022-2023
(dont 65 % avec la volaille et 14 %
avec son pôle traiteur) avec 102 sites
et 23.400 collaborateurs.
Le groupe coté en Bourse a des
activités en France, mais aussi en
Hongrie, en Pologne, en Belgique
et au Royaume-Uni. Il mène une
politique de croissance externe
très active, qui a contribué au dou-
blement de son chiffre d’affaires en
dix ans. n
ENTREPRISES
massive de jeunes employés sans
expérience, après la vague de
départs en retraite lors du Covid. Le
groupe a fait partir environ 10 % de
ses effectifs durant cette crise. Mais
contrairement aux crises précé-
dentes, la plupart des employés
débarqués n’ont pas pu être réem-
bauchés à la reprise et l’avionneur a
parfois peiné à trouver les nouvelles
recrues nécessaires. n
fournisseurs ». Depuis 2016, note la
banque dans une étude de 2021, le
groupe peine à recruter des ingé-
nieurs de haut niveau – ils sont atti-
rés par SpaceX et diverses start-up.
Le scénario fou
de la découpe
Toutefois, estime Bank of America,
« à ce stade, en raison de la nature
duopolistique de l’industrie, cela ne
devrait pas nuire aux commandes de
la gamme 737 MAX ». En effet, Air-
bus n’est pas capable de produire
suffisamment pour se substituer à
Boeing.
Le lobbyiste de l’antitrust Matt
Stoller appelle carrément le dépar-
tement de la Défense à prendre le
contrôle de Boeing. L’avionneur tire
40 % de ses revenus en direct du gou-
vernement, mais n’est pas un « four-
nisseur responsable », avance-t-il. Le
Pentagone désignerait un nouveau
conseil composé principalement
d’ingénieurs. Puis la firme serait
découpée en plusieurs groupes
civils ou militaires, afin de remettre
en mouvement la concurrence. n
Les chiffres clés
5,8
MILLIARDS D’EUROS
Le chiffre d’affaires de Loué
en 2022-2023.
102
SITES
en France, Hongrie, Pologne,
Belgique et au Royaume-Uni.
ENTREPRISES
Butagaz essaie
de s’inventer
une vie au-delà
des bonbonnes
ÉNERGIE
Le groupe spécialisé
dans la distribution
de gaz en bouteille
propose depuis peu
des offres clé en
main aux profes-
sionnels souhaitant
décarboner et
contrôler leur
consommation
d’énergie.
Nicolas Rauline
On peut avoir 90 ans et conti-
nuer à se réinventer. Butagaz
vient de lancer une nouvelle
marque, Wewise, qui regroupe
ses offres d’énergies renouvela-
bles et d’efficacité énergétique
pour les professionnels et près
de 300 salariés en France.
Depuis son rachat par l’Irlan-
dais DCC en 2015, Butagaz a
racheté plusieurs sociétés et
s’est positionné comme un opé-
rateur multi-énergies. Il a ainsi
mis la main sur Solewa, dans le
Grand Ouest, Soltea dans le
Pays basque, Sys ENR en région
parisienne, et O’SiToiT, qui
opère en Bourgogne et Rhône-
Alpes. Ce qui lui permet un
maillage presque exhaustif sur
l’ensemble du territoire.
« Cette nouvelle marque va
porter nos ambitions sur ce seg-
ment et matérialiser notre leit-
motiv d’incarner une décarbona-
tion positive, et non punitive. Il
s’agit d’aider nos clients à se
décarboner tout en leur faisant
reprendre le contrôle de leur fac-
ture d’énergie », affirme Emma-
nuel Trivin, président du groupe
Butagaz.
Doubler d’ici à 2030
Wewise propose ainsi des offres
clé en main, de l’audit à l’exécu-
tion en passant par l’ingénierie,
et vise en priorité les ETI qui veu-
lent produire, au moins en par-
tie, leur énergie. La marque
adopte son diagnostic au besoin
du client. « Cela ne s’arrête pas à
la pose de panneaux photovoltaï-
ques. Cela peut aller jusqu’au
conseil pour la recherche de véhi-
cules électriques, de batteries, de
solutions d’efficacité énergéti-
que », explique Emmanuel Tri-
vin. Wewise devrait aussi être
capable de proposer des solu-
Lafarge : mise en examen validée pour
complicité de crimes contre l’humanité
CIMENT La Cour de cassation a validé la mise en examen pour
complicité de crimes contre l’humanité de Lafarge, qui avait
maintenu une cimenterie en Syrie jusqu’en 2014 malgré la pré-
sence de jihadistes. Lafarge, depuis absorbé par Holcim, est
soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014 plusieurs millions
d’euros à des groupes jihadistes, dont Daech.
Diffusez vos publications
judiciaires dans Les Echos
tions à des entreprises présentes
à l’international, grâce à son
intégration dans DCC Energy.
Le groupe irlandais est présent
au Royaume-Uni, en Allema-
gne, en Autriche, dans les pays
scandinaves et aux Pays-Bas.
Ses différentes entités vont pro-
poser le même type de solu-
tions, également sous la marque
Wewise.
Les différentes offres renou-
velables de Butagaz ont déjà
équipé 2.500 clients et plusieurs
dizaines de milliers de sites en
panneaux photovoltaïques.
L’activité a doublé en volume, en
moyenne, depuis son intégra-
tion au groupe et pèse entre près
de 100 millions d’euros en ter-
mes de chiffre d’affaires, soit
entre 5 et 10 % de l’activité du
groupe. L’objectif est de doubler
en taille et en rentabilité d’ici à
2030. A cette date, Wewise
espère conquérir entre 10 et
20 % de parts de marché sur la
fourniture de services énergéti-
ques en Europe.
Compenser la baisse
du gaz en bouteille
« C’est l’un des deux principaux
vecteurs de croissance pour DCC
Energy, avec les molécules ver-
tes », ajoute Emmanuel Trivin.
Dans ce domaine, Butagaz a
commencé à intégrer des offres
de gaz renouvelable pour ses
clients, porté par une demande
en progression.
« La crise a fait ressortir la
volatilité des énergies fossiles et
fait augmenter la valeur d’éner-
gies locales, peut-être plus chères
mais aussi plus stables », note
Emmanuel Trivin, qui estime
que Butagaz doit pouvoir pré-
senter 15 % de molécules vertes
dans l’ensemble de ses activités
en 2030. Butagaz espère ainsi
compenser la baisse de son acti-
vité historique, la vente des
fameuses bouteilles bleues de
propane et de butane, qui conti-
nuent néanmoins d’équiper un
quart des ménages français.
En revanche, il a réduit ses
ambitions dans la commercia-
lisation d’offres d’électricité
pour les particuliers, dans
laquelle il s’était lancé en 2017,
visant alors un million de
clients. Dans ce domaine, un
accord de marque a été réalisé
avec Ekwateur, les offres étant
toujours commercialisées sous
la marque Butagaz. n
à suivre
annonces.lesechosleparisien.fr
01 87 39 70 08
La quasi-totalité des 14 marques vendues par Stellantis sont concernées, de Peugeot à Fiat en passant par Citroën, Jeep, Alfa Romeo,
Opel et même Maserati. Photo Mario Fourmy/Sipa
Stellantis signe un méga
contrat avec le loueur Sixt
AUTOMOBILE
Le constructeur va
fournir jusqu’à 250.000
véhicules sur trois ans
au loueur de voitures.
Un témoignage
de la volonté
du constructeur de
regonfler ses volumes.
Lionel Steinmann
Après avoir cédé du terrain à la
concurrence, Stellantis est décidé à
actionner tous les leviers pour
prendre des parts de marché. Le
constructeur franco-italo-améri-
cain a annoncé ce mardi la signa-
ture d’un accord avec Sixt pour
fournir « jusqu’à 250.000 voitures »
au loueur de voitures.
Les livraisons auront lieu à la fois
en Europe et en Amérique du Nord.
Elles débuteront dès le premier tri-
mestre 2024, et s’échelonneront
jusqu’en 2026, annoncent les deux
groupes dans un communiqué
commun. De surcroît, « des com-
Cancer : Roche innove avec un traitement
plus rapide et facile à prendre
SANTÉ
L’anti-cancéreux
vedette Tecentriq de
Roche, pris par 38.000
patients en Europe
via une perfusion de
30 à 60 minutes en
hôpital, sera bientôt
disponible en version
injection sous-cutanée.
Myriam Chauvot
L’oncologie est actuellement le
domaine où la science progresse le
plus vite, et les avancées ne sont pas
seulement thérapeutiques. Les
modes d’administration des traite-
ments du cancer s’allègent. Et avec
eux, leur poids psychologique.
Cette autre forme d’avancée a été
illustrée mardi par une nouvelle
formulation du Tecentriq, un anti-
cancéreux vedette du laboratoire
pharmaceutique suisse Roche.
Jusqu’à présent, il est administré
par perfusion en 30 à 60 minutes.
L’Europe vient d’approuver une
mandes spécifiques » peuvent être
convenues de manière flexible
entre les deux entreprises « en fonc-
tion des besoins de la flotte et de la
demande ».
Plus que Tesla et BYD
Le volume annoncé excède nette-
ment les contrats du même type
annoncés ces dernières années. A
l’automne 2021, Hertz avait fait état
d’une commande de 100.000 Tesla
(une initiative qu’il a depuis regret-
tée). Et en octobre 2022, Sixt avait
(déjà) fait parler de lui en signant
avec le Chinois BYD pour 100.000
voitures.
La quasi-totalité des 14 marques
vendues par Stellantis sont concer-
nées, de Peugeot à Fiat en passant
par Citroën, Jeep, Alfa Romeo, Opel
et même Maserati. Il s’agira de cita-
dines, de berlines et de SUV, mais
aussi de véhicules utilitaires. La
proportion de motorisations 100 %
électriques n’est pas précisée.
Pour les constructeurs, le secteur
de la location de voitures courte
durée constitue un débouché
important. Il a représenté 8,25 %
des immatriculations l’an dernier
en France selon les chiffres de AAA
nouvelle version administrable en
seulement sept minutes via une
simple injection sous-cutanée. C’est
une première pour ce type d’immu-
nothérapie, souligne Roche.
Libérer des ressources
Le Tecentriq, baptisé « Tecentriq
SC » en version sous-cutanée, est un
médicament récent, en forte crois-
sance (en particulier en France),
mais il n’est pas nouveau.
« L’an dernier, plus de 38.000 per-
sonnes en Europe ont reçu du Tecen-
triq pour traiter différents types de
cancers, du poumon, du foie, de la ves-
sie et du sein », rappelle Roche. Il fait
partie des immunothérapies agis-
sant sur certains récepteurs pré-
sents à la surface des cellules cancé-
reuses (les PD1/PD-L1). Une famille
de traitements très employée, à
laquelle appartient également le
Keytruda, l’anticancéreux de Merck
MSD devenu l’an dernier le médica-
ment le plus vendu au monde (en
valeur).
Cette toute première immuno-
thérapie PD-L1 sous-cutanée réduit
de 80 % le temps d’administration
mais pas seulement. Cela rend le
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos
Data, soit près de 146.000 voitures.
Il ne s’agit toutefois pas du canal de
vente qu’ils préfèrent.
Certes, mettre une Renault Clio
ou une Peugeot 3008 dans les
mains d’un cadre en déplacement
ou d’une famille en vacances repré-
sente une belle opportunité de faire
découvrir un modèle, et de gagner
des clients. Mais les loueurs inter-
nationaux achètent en gros, avec
des lots se chiffrant en milliers
d’exemplaires, et ils exigent en con-
trepartie de gros rabais.
Soigner les volumes
plus que les marges
Ils choisissent aussi le plus souvent
des versions d’entrée de gamme,
avec très peu d’options. Les ventes
au loueur sont donc pour une mar-
que l’occasion d’augmenter ses
volumes, mais la marge à l’unité est
bien plus faible qui si l’acheteur
était un client particulier.
Cela a poussé les constructeurs à
mettre Avis & Co au régime sec lors-
que la pénurie de semi-conduc-
teurs a bridé leurs capacités de pro-
duction en 2021 et 2022, pour
privilégier les livraisons aux ména-
ges et aux entreprises.
traitement administrable à domi-
cile, comme certaines chimiothéra-
pies. « Donner le Tecentriq en sous-
cutané donnera plus de flexibilité aux
patients, mais aidera également à
libérer des ressources médicales dans
des systèmes de santé contraints »,
commente Roche. Avec un profil
d’efficacité thérapeutique que le
L’immunothérapie
sous cutanée réduit
de 80 % le temps
d’administration.
Cela permet le
traitement à domicile,
comme certaines
chimiothérapies.
laboratoire assure similaire à la ver-
sion intraveineuse, « Tecentriq SC
peut être administré par un soignant
hors de l’hôpital, dans un centre de
soins de proximité ou à domicile selon
les réglementations nationales. Roche
discute avec plusieurs acteurs en
Europe pour fournir Tecentriq SC
18
Ces goulots d’étranglement ayant
disparu, le marché est revenu à la
normale, et les loueurs sont de nou-
veau courtisés quand il s’agit d’assu-
rer du volume. C’est assurément le
but recherché par Stellantis avec ce
méga contrat. En France, les
loueurs représentaient déjà 11,67 %
des immatriculations du groupe
l’an dernier selon AAA Data, soit
trois points et demi de plus que la
moyenne du marché.
Le communiqué évoque égale-
ment des coopérations possibles
entre Sixt et Mobilisight, la filiale de
Stellantis spécialisée dans la ges-
tion des données générées par les
voitures connectées. Cela n’a pas
empêché les marchés d’accueillir
froidement l’accord, l’action Stel-
lantis affichant un recul de 1,25 % à
la clôture. n
11,67 %
DES IMMATRICULATIONS
du groupe Stellantis en France,
en 2023, ont été assurées par
les loueurs.
dans le cadre d’initiatives de traite-
ment à domicile », précise-t-il.
C’est une réponse à la pénurie de
soignants, donc, à la condition que le
prix – qui reste à négocier avec les
autorités de santé nationales – ne
soit pas prohibitif pour les systèmes
de santé.
De son prix dépendra leur adhé-
sion. S’ils adhèrent, cela dopera
encore les ventes de Tecentriq. Déjà,
sa forte croissance aide à compen-
ser la fin de vie de l’ancienne généra-
tion d’anticancéreux vedettes de
Roche comme l’herceptin, dont les
ventes ont chuté de 19 % en 2022 et
l’avastin (-28 %). Chacun n’a généré
que 2,1 milliards de francs suisses
(2,2 milliards d’euros) en 2022,
tandis que les ventes de Tecentriq
ont bondi de 14 % à 3,7 milliards de
francs suisses (3,9 milliards
d’euros).
C’est certes loin des 20 milliards
de dollars générés en 2022 par le
Keytruda. Et ce n’est pas suffisant
pour enrayer le déclin (-1 % en 2022)
du pôle oncologie de Roche, qui était
jadis la star du domaine. Mais cela
permet de tenir en attendant une
percée thérapeutique. n
19 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024
Le made in France attire de
moins en moins les entreprises
ACHATS
Alors que les approvi-
sionnements se nor-
malisent, le « fabriqué
en France » est jugé
trop cher par les
responsables des
achats en entreprise.
Le critère de prove-
nance est nettement
moins important dans
le choix des responsa-
bles révèle une étude.
La crise de l’approvisionnement
passée, l’intérêt des entreprises
pour les achats à l’échelle nationale
se réduit. Selon l’étude annuelle du
cabinet AgileBuyer et du Conseil
national des achats (CNA), réalisée
fin 2023, le made in France comme
critère d’attribution d’une com-
mande par les directions des achats
des entreprises est passé de 61 %
en 2022 et 65 % en 2023 à 47 %
pour 2024. Il retombe ainsi au
même niveau qu’en 2021.
Le made in France agirait ainsi
comme une « valeur refuge », estime
Olivier Wajnsztok, directeur asso-
cié d’AgileBuyer, et « la normalisa-
tion » des approvisionnements,
malgré notamment la poursuite de
la guerre en Ukraine, fait diminuer
son intérêt comme « solution anti-
rupture d’approvisionnement ».
Moins de la moitié (49 %) des direc-
tions achats anticipent des difficul-
tés de livraisons avec leurs fournis-
seurs stratégiques, contre 71 % l’an
dernier. Mais le made in France
reste cependant un critère impor-
tant pour les commandes dans le
luxe et la mode (71 %).
Réduire la dépendance
à la Chine
Son coût est pointé du doigt : pour
22 % des répondants, il est trop élevé
(17 % en 2023). Or, la réduction des
coûts est redevenue une priorité
pour les trois quarts (77 %) des
directions achats. « La négociation
est l’arme numéro 1 pour 59 %
d’entre elles, mais des leviers intelli-
gents sont également cités, comme
l’ajustement des spécifications ou la
prise en compte du TCO [coût total
de possession, NDLR] », note
l’étude.
Une autre problématique
majeure des directions des achats
est de sortir de la dépendance à la
Chine, en raison des craintes liées
au contexte géopolitique actuel. La
moitié (51 %) des entreprises veu-
lent réduire cette dépendance, sans
pour autant se passer de la Chine.
Le secteur le plus concerné est de
loin celui de l’informatique et des
Le brûlot des casinos contre la Française des Jeux
JEUX
Dans une lettre au
vitriol adressée au
Premier ministre,
la filière mène une
attaque en règle
contre le géant fran-
çais des jeux d’argent
et de hasard, qui irait
contre ses intérêts.
Yann Duvert
Rien ne va plus entre les casinos et
la FDJ. Les experts de la roulette et
des machines à sous ont envoyé
lundi un courrier au vitriol au nou-
veau Premier ministre Gabriel
Attal, un réquisitoire en règle
contre le géant français des jeux
d’argent et de hasard.
Le made in France reste un critère important pour les commandes dans le luxe et la mode (71 %).
télécoms (88 %). Plus générale-
ment, 70 % des entreprises pensent
que les crises géopolitiques auront
des conséquences sur leur stratégie
d’achats en 2024. C’est le cas pour
100 % des répondants de la commu-
nication et des médias, 96 % de ceux
de l’automobile, 87 % des entrepri-
ses du secteur pharmacie-santé-
cosmétologie et 86 % de celles de la
défense.
Crainte de situations de
cartels entre fournisseurs
Parmi les risques redoutés, plus de
la moitié (56 %) des directions des
achats craignent de faire face à des
situations de cartels entre leurs
fournisseurs d’une même famille
Une fois n’est pas coutume, tous
les poids lourds de la profession y
ont apposé leur signature : Joy Des-
seigne Barrière et Alexandre Bar-
rière, désormais aux commandes
du groupe familial, mais aussi
Fabrice Paire (Partouche), Laurent
Lassiaz (Joa), Romain Tranchant
(Groupe Tranchant), ainsi que les
syndicats de la profession et les casi-
nos indépendants.
« Distorsion
de concurrence »
Ils y dénoncent des « distorsions
majeures de concurrence : l’accès
sans pièce d’identité, la facilité de
proposer de nouveaux jeux, l’ab -
sence de contrôle dans les points
de vente à la différence des casinos
ou encore l’utilisation du même
compte client FDJ pour les jeux sous
monopole et les jeux du champ
concurrentiel ».
47 %
DES DIRECTIONS
DES ACHATS
des entreprises considèrent
le made in France comme
un critère d’attribution
d’une commande en 2024,
contre 61 % en 2022
et 65 % en 2023.
Sur ce dernier point, le groupe
dirigé par Stéphane Pallez a
annoncé son intention de séparer
ces deux entités. Et il tient à réaffir-
mer auprès des « Echos » « la prio-
rité donnée à la prévention du jeu
excessif et du jeu des mineurs, dans le
réseau physique de distribution ainsi
qu’en ligne ».
Les signataires fustigent égale-
m e n t l a « po litique agressive
d’expansion de la FDJ », en référence
aux nombreuses opérations réali-
sées ces dernières années : rachat
de ZeTurf, de l’opérateur de la lote-
rie irlandaise PLI, de Sporting
Group (spécialisé dans les techno-
logies de paris sportifs) ou de
L’Addition et d’Aleda (services de
paiement).
Selon eux, la FDJ utiliserait son
avantage monopolistique pour
s’imposer sur des marchés où la
concurrence joue à plein. La Com-
King Jouet : la
famille Gueydon
reprend les rênes
BIENS DE
CONSOMMATION
La famille Gueydon
a repris la majorité
du capital de son
enseigne, dans
l’optique d’un
changement
de génération.
Philippe Bertrand
L’aventure familiale se poursui-
vra. La société de distribution
de jouets que la famille Guey-
don a fondée en 1950 à Voiron,
dans l’Isère (sur la base d’une
e n t r e p r i s e d o n t l ’o r i g i n e
remonte à 1875), organise le
passage de témoin à une nou-
velle génération. Le directeur
général Philippe Gueydon
annonce ce mercredi que sa
famille a repris la majorité du
capital de King Jouet la chaîne
aux 380 magasins en France, en
Belgique, au Luxembourg en
Suisse et au Maroc.
L’italien PRG Retail Group,
auquel le distributeur s’était
adossé en 2011 en raison de diffi-
cultés financières, a réduit sa
participation de 51 % des
actions à 7 %. La famille Guey-
don passe de 49 % à 70 %. Le
solde est détenu par trois fonds
d’investissement français : BNP
Paribas Développement, Gari-
baldi Participations (filiale de
BPAURA) et C2AD (filiale du
CASRA).
100 millions d’euros
Le montant précis de la transac-
Jean Claude Moschetti/REA
tion n’est pas révélé, mais elle
s’est effectuée sur la base d’une
valeur d’entreprise de 100 mil-
lions d’euros, soit 25 % du chif-
fre d’affaires 2022 (410 millions
d’euros). La vente a été conclue
en décembre. Elle est rendue
publique dans la perspective du
Salon du jouet de Nuremberg,
d’achats. Plus des deux tiers (67 %) rendez-vous mondial du sec-
affirment avoir « fait face à des situa- teur. « Je suis âgé de 61 ans et je
tions de monopole » l’an dernier. prépare la transmission à ma
La complexité d’une situation de fille Coralie Gueydon, aujour-
cartel « est qu’elle est difficile à éta- d’hui responsable RSE, et à mon
blir, donc difficile à contrer. C’est un gendre Noam Bouyakoub, actuel
poison silencieux », relève Olivier responsable communication et
marketing digital », explique
Wajnsztok.
L’entente illicite, rappelle l’étude, Philippe Gueydon.
est une pratique concertée entre L’opération se double de la
plusieurs entreprises pour fausser création d’une coentreprise
le libre jeu de la concurrence sur un avec PRG Retail Group. L’entre-
marché. Le secteur le plus touché, prise italienne possède les chaî-
selon l’étude, est celui de l’immobi- nes de magasins pour bébés
lier et du BTP (à 81 %), suivi de l’éner- Prénatal et Bimbostore (ensei-
gie-environnement (à 71 %), de gne italienne), les points de
l’aéronautique-défense et de l’auto- vente de jouets Toys Center, tou-
mobile (à égalité à 70 %). jours en Italie et des Toys R Us
— P. T. (avec AFP) de la péninsule ibérique
mission européenne doit prochai- casino en ligne. « Des informations
nement se prononcer sur la valeur récentes faisant état d’un possible
de ce monopole – la FDJ a versé projet d’ouverture de casinos en ligne
380 millions d’euros à l’Etat pour le sur le marché français réservée à un
conserver pendant 25 ans. nouveau monopole de la FDJ inquiè-
« Si Bruxelles estime finalement tent fortement la profession des casi-
que ce montant devait atteindre un nos », indique le courrier.
milliard d’euros, alors cela voudrait En cause, un article de Gaming
dire que la FDJ a pu utiliser plus de and co, une newsletter spécialisée
600 millions pour réaliser ses opéra- dans les jeux et paris sportifs, fai-
tions avec des fonds dont elle n’aurait sant état de discussions entre le
pas dû disposer », grince l’un des gouvernement et la FDJ pour une
casinotiers signataires. expérimentation du casino en ligne
Une critique « injustifiée » selon la qui lui serait exclusivement réser-
Française des Jeux, qui rappelle que vée. De quoi mettre en ébullition les
ses activités de monopole « ont été acteurs de la filière, qui fourbissent
confirmées par la représentation leurs armes en attendant une hypo-
nationale en 2019 et la loi Pacte ». thétique légalisation.
Ce scénario semble pourtant
Projet d’ouverture improbable, selon plusieurs sour-
de casinos en ligne ces. De son côté, « la FDJ dément for-
Mais au-delà des rancœurs récur- mellement les déclarations fantaisis-
rentes, la principale inquiétude tes concernant un possible “nouveau
concerne le brûlant dossier du monopole” dévolu au groupe en
ENTREPRISES
racheté lors de la faillite du
géant américain. Elle est déte-
nue par le fonds italien Artsana,
également propriétaire de la
gamme de puériculture Chicco.
King Jouet et PRG Retail
Group continueront d’acheter
en commun auprès des grands
fournisseurs de jeux et jouets.
« L’objectif est de continuer à
offrir une dimension internatio-
nale à nos relations avec les four-
nisseurs, sur tous les territoires
européens où nos enseignes sont
aujourd’hui présentes », résume
Amedeo Giustini, directeur
général du groupe italien.
Philippe Gueydon prépare sa
succession après avoir fait
grimper une marche à son
enseigne avec le rachat de
90 magasins Maxi Toys en
France en 2022. Le parc est
aujourd’hui unifié sous l’ensei-
gne King Jouet qui talonne
désormais Amazon sur le mar-
ché français.
Le dirigeant a pris le train de
la seconde main avec dix points
de vente dédiés, un train pas si
petit. « Les études prouvent que
la seconde main qui représente
environ 7 % du marché avec une
progression de 20 % en 2023
fonctionne lorsque l’on met en
rayon un produit d’occasion à
côté d’un produit neuf et que l’on
laisse le choix au consomma-
teur », explique-t-il. Ce constat
pousse à l’installation de rayons
de seconde main dans tous les
magasins.
Dans le même domaine de la
RSE, King Jouet tente de déve-
lopper ses approvisionnements
en Europe qui représentent
aujourd’hui 40 % des volumes
(10 % pour la seule France, avec
notamment les jeux de société).
L’approvisionnement en Asie
s’avère dépendant du coût du
transport maritime, lequel est
en train de doubler à nouveau
en raison des attaques des
rebelles houtis en mer Rouge.
Marché en baisse
Reste à naviguer sur un marché
un peu tourmenté qui a baissé
de 5 % en 2023 selon le panéliste
Circana. Les prix des jouets
sont stables depuis 2022,
mais l’inflation alimentaire a
poussé les consommateurs à
des arbitrages.
King Jouet s’en sort bien avec
un fléchissement de ses ventes
de 1,6 % seulement. Mais les
marges du métier restent min-
ces (le résultat net a été de
10 millions en 2022). « Il faut
piloter au plus près », reconnaît
Philippe Gueydon, qui ne man-
quera pas de transmettre la
consigne à ses héritiers. n
matière de casinos en ligne ». « Cette
allégation est dénuée de tout fonde-
ment, indique-t-elle. FDJ n’a pas de
projet en ce sens et les pouvoirs
publics n’ont pas manifesté leur
intention d’autoriser les jeux de
casino en ligne en France. »
Le coup d’après
En réalité, l’initiative des casino-
tiers, qui a peu de chances de
rebattre les cartes de la filière,
pourrait avoir pour but principal
d’interpeller les pouvoirs publics
à quelques mois de la fin de l’ex-
périmentation des cercles de jeux
parisiens.
Celle-ci devra faire l’objet d’un
débat au Parlement, qui pourrait
être l’occasion de faire entendre
quelques revendications portées
par les auteurs du courrier, qui
demandent à être reçus par le Pre-
mier ministre. n
ENTREPRISES
à suivre
Contrefaçon :
Uniqlo attaque
Shein en justice
MODE L’e n s e i g n e U n i q l o
détenue par Fast Retailing
poursuit la marque de fast-
fashion Shein au Japon, accu-
sant le détaillant chinois
d’avoir copié le modèle d’un
sac best-seller, le Round Mini
Shoulder vendu 10 dollars,
une banane en velours colo-
rée. Confronté aux assauts du
remuant cybermarchand chi-
nois lancé dans une offensive
mondiale avec des prix très
bas, le géant japonais de la
mode souhaite que les entités
qui exploitent la marque
Shein doivent immédiate-
ment cesser la vente de « pro-
duits d’imitation » et compen-
ser les dommages.
Batterie :
Northvolt lève
4,6 milliards
AUTOMOBILE Le fabricant
suédois de batteries pour voi-
tures électriques a annoncé
mardi avoir levé cette somme
pour agrandir sa « giga-
usine » dans le nord de la
Suède. Cet emprunt géant,
obtenu auprès de 23 banques
et de la banque européenne
d’investissement, permettra
de financer le premier site du
fabricant actuellement en
construction à Skelleftea. Elle
servira aussi à étendre son
usine de recyclage, dont la
mise en service est presque
achevée et qui traite déjà ses
premiers matériaux.
INFO . ÉCO . CULTURE . MUSIQUE
L’ART DE BIEN
COMMENCER LA JOURNÉE.
Jacquemus, le « chouchou » de la mode
qui veut grandir
LUXE
Quinze années après la
création de la marque
par Simon Porte,
Jacquemus, la maison
de mode française
tente de passer un cap
en structurant
ses opérations.
Virginie Jacoberger-Lavoué
« Le chouchou. » L’intitulé de la der-
nière collection de Jacquemus,
maison fondée en 2009 par le Fran-
çais Simon Porte Jacquemus alors
âgé de 19 ans, en dit long sur le statut
que le styliste entend conserver
dans la mode.
La maison de prêt-à-porter de ce
styliste autodidacte originaire des
B o uches- du-Rhône, qui fête
aujourd’hui ses quinze ans, est la
griffe qui monte ces dernières
années. Désormais établie et pros-
père, elle vient de s’engager dans
une année charnière qui, si tout se
passe bien, doit l’emmener dans
une dimension supérieure.
Alors que les ventes du luxe se
normalisent après deux années de
folle croissance, la marque détenue
par son fondateur « devrait attein-
dre un chiffre d’affaires de 280 mil-
lions d’euros en 2023 », estime Yann
Kretz, chez Roland Berger. La mar-
que, régulièrement courtisée par
les grands groupes de son secteur,
avait franchi le cap des 100 millions
d’euros en 2021, passant de 60 sala-
Le styliste Simon Porte Jacquemus développe sa maison de mode en s’autofinançant. Photo Lewis Joly / AP / Sipa
riés en 2019, à 300 aujourd’hui.
« L’objectif est d’atteindre 500 mil-
lions d’euros en 2025 », pointe un
proche de l’entreprise.
Hautes turbulences
en interne
En interne, la cadence provoque
parfois quelques crispations. Le
directeur général Bastien Daguzan,
7H/9H
LA MATINALE
AVEC
DAVID ABIKER
39 ans, à peine promu PDG, a quitté
le 21 décembre l’entreprise. « Bas-
tien a été la force motrice de l’entre-
prise », a remercié Simon Porte Jac-
quemus, qui assure les fonctions de
PDG en intérim. Les raisons du
désaccord ne sont pas connues.
Dans son entourage, on indique
que le styliste fondateur – qui s’auto-
finance depuis le départ et s’avère
de nouveau le seul maître à bord
depuis qu’il a mis fin en 2022 à la
parenthèse Puig qui a disposé pen-
dant quelques mois de 10 % du capi-
tal –, souhaiterait continuer à tenir
la barre en renforçant sa garde rap-
prochée. Mélissa Ait-Ouakli (ex-
LVMH) vient d’être embauchée
comme directrice commerciale.
« L’enseigne a atteint une taille cri-
tique qui exige un manager expéri-
menté, un homme des chiffres », note
un expert du secteur.
Le succès du Chiquito
Jacquemus, qui profite de la créati-
vité de son fondateur-styliste, a fait
son trou avec des collections mini-
malistes et des prix relativement
mesurés pour une marque de créa-
teur qui ont fait son succès auprès
d’une jeune clientèle. A ceci s’ajoute
une communication bien huilée
sur les réseaux sociaux, servis par
des défilés dans des champs de
La contrefaçon coûte
16 milliards par an
à l’industrie européenne
COMMERCE
Les secteurs de l’ha-
billement, des cosméti-
ques et du jouet
sont les plus touchés
en Europe révèle
une étude de l’EUIPO.
La contrefaçon nuit à l’industrie et
l’emploi quand ce n’est pas sur la
santé lorsqu’il s’agit de faux médica-
ments. L’Union européenne pour la
propriété intellectuelle (EUIPO)
vient même de mettre un chiffre sur
cet impact dans une étude publiée
mardi sur la période 2018-2021.
« Les produits de contrefaçon coûtent
chaque année 16 milliards d’euros et
près de 200.000 emplois aux secteurs
de l’habillement, des cosmétiques et
du jouet en Europe », affirme l’orga-
nisme. Et c’est la France qui appa-
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos
lavande en Provence ou des dunes
de sel en Camargue.
En termes de produit, le succès
de Jacquemus relève avant tout des
sacs. La maroquinerie, catégorie à
fortes marges, représenterait plus
de 50 % des ventes de l’entreprise.
Cet hiver, ils ne sont pas soldés sur la
boutique en ligne. Son sac star, c’est
le minuscule Le chiquito, quelques
centimètres carrés de cuir, qui est
vendu à partir de 550 euros. On ne
compte plus les déclinaisons de ce
sac lilliputien, très recherché sur
« Jacquemus
a un modèle “asset-
light“ à l’opposé
des marques
de luxe qui
investissent
dans l’immobilier
dans des lieux
stratégiques.
Ce modèle a atteint
ses limites. »
YANN KRETZ
Roland Berger
raît comme l’un des pays les plus
affectés « avec l’Allemagne, l’Italie,
l’Espagne et l’Autriche ». L’EUIPO
chiffre la perte d’emplois en raison
de cette économie parallèle à
200.000 en Europe « dont 14.000 en
France ».
Les cosmétiques français
ciblés
Dans les cosmétiques, l’industrie
française en tête de la production
est sans surprise la plus touchée
avec une perte de ventes de plus de
« 800 millions d’euros par an ». Les
pertes du secteur à l’échelle euro-
péenne s’élèvent à 3 milliards
d’euros, à comparer au manque à
gagner du secteur du jouet, de
l’ordre de 1 milliard d’euros, soit
8,7 % de son chiffre d’affaires.
« Appliquer des ratios similaires à
ceux des pays de l’UE à d’autres mar-
chés comme les Etats-Unis, premier
marché des cosmétiques français
20
Vinted, inventé par Simon Porte
Jacquemus, qui fut en 2011, à 22 ans,
le plus jeune créateur invité à parti-
ciper à une semaine de la mode à
Paris. « Ce sac est un phénomène,
mais Jacquemus aura à l’avenir
besoin d’un nouveau modèle à succès
pour faire décoller les ventes »,
estime un spécialiste de la mode.
Nouvelles boutiques
La maison doit aussi travailler son
réseau de distribution. « Jacquemus
a un modèle “asset-light“ à l’opposé
des marques de luxe qui investissent
dans l’immobilier dans des lieux
stratégiques. Ce modèle a atteint ses
limites », juge Yann Kretz. L’ensei-
gne doit passer par d’autres inves-
tissements coûteux « pour se don-
ner les moyens de ses ambitions »,
abonde un autre expert.
Jusqu’à présent, le projet d’ouver-
ture le plus abouti d’une seconde
boutique après celle de l’avenue
Montaigne à Paris concernait un
emplacement sur New Bond Street
à Londres. Il devait voir le jour
en 2023… D’ici à trois ans, des
ouvertures de magasins sont désor-
mais envisagées aux Etats-Unis et
au Moyen-Orient. En attendant,
Jacquemus fait parler de lui avec
des boutiques éphémères à Séoul,
Saint-Tropez ou Courchevel. n
hors zone Europe, offre un sombre
tableau », avance un spécialiste.
Impact sur l’emploi
A l’échelle européenne, le secteur
de l’habillement est le plus touché,
avec un manque à gagner annuel de
12 milliards d’euros, soit 5,2 % de son
chiffre d’affaires.
L’impact de la contrefaçon
d’habillement en France est un peu
moins élevé ; « de l’ordre de 4,5 % du
chiffre d’affaires », précise un
expert. Cela correspond néan-
moins à une perte commerciale de
1,7 milliard d’euros et, selon le calcul
de L’EUIPO, la perte d’emplois en
raison de ce manque à gagner,
s’élève à plus de « 1.800 postes » dans
le seul secteur de l’habillement
(vêtements et chaussures) en
France. En termes d’emplois, c’est
de loin le secteur le plus impacté
dans notre pays.
— V. J.-L.
21
Les Echos Mercredi 17 janvier 2024
La Poste prête à « sortir » de son
opérateur télécoms La Poste Mobile
l Le groupe public, qui détient 51 %
de l’opérateur aux 2 millions
de clients, cherche à vendre ses parts.
l La Poste Mobile est le dernier grand
opérateur virtuel du pays.
TÉLÉCOMS
Raphaël Balenieri
Changement en perspective à
La Poste Mobile, l’opérateur télé-
coms lancé en 2011 par La Poste
(51 % du capital) et SFR (49 %). Selon
nos informations, le groupe public
cherche à vendre tout ou partie de
ses parts dans ce qui est devenu, en
treize ans, le cinquième opérateur
télécoms mobile français, avec plus
de 2,3 millions de clients, soit 4 %
du marché tricolore.
Contactée, La Poste « confirme
avoir entamé une réflexion sur l’évo-
lution du capital de La Poste Mobile
ayant pour objectif de valoriser la
réussite de la marque, leader du mar-
ché français des opérateurs virtuels,
et d’accélérer son développement ».
En revanche, « si cette évolution se
confirme », l’opérateur gardera
dans tous les cas son identité et
continuera d’être distribué dans les
quelque 7.000 bureaux de poste.
La vente, censée être bouclée d’ici
l’été, est suivie de très près dans le
petit monde des télécoms tricolores.
« C’est le dernier grand MVNO [les
opérateurs sans réseau en propre,
NDLR] du marché français », expli-
que une source. Et le dossier a une
connotation politique : « En cas de
vente, le ministre des Télécoms devra
autoriser l’opération, car cela
équivaudrait à une privatisation »,
indique une autre personne proche
du dossier.
Une diversification réussie
Pour le groupe dirigé par Philippe
Wahl, détenu à 66 % par la Caisse
des Dépôts, il s’agit surtout de récol-
ter les fruits d’une diversification
réussie. Depuis son lancement,
La Poste Mobile, qui loue le réseau
de SFR, a enregistré une jolie crois-
sance de 8 % chaque année, supé-
rieure à celle du marché. Sa recette :
des forfaits généreux en données et
à prix modeste, la quasi-totalité des
ventes se faisant sur des forfaits
autour de 11 euros comprenant jus-
qu’à 60 gigas de données.
Certes, La Poste Mobile a mis des
années avant de devenir rentable,
en 2022. En 2024, son Ebitda devrait
atteindre 48 millions d’euros, pour
un chiffre d’affaires de 336 millions
d’euros. Le groupe ne donne pas de
chiffre sur la valorisation attendue.
En appliquant un multiple entre 4
et 5, les parts de La Poste pourraient
toutefois être valorisées entre 600 et
750 millions d’euros, selon certains
acteurs du secteur.
IA : Synopsys annonce racheter Ansys pour 35 milliards de dollars
LOGICIELS
Le groupe Synopsys est
spécialisé dans le déve-
loppement de logiciels
professionnels.
Il est entré en négocia-
tions exclusives en vue
d’acquérir le spécialiste
de la simulation
numérique Ansys.
Leïla Marchand
Dans tous les cas, la vente ne
pourra pas se faire sans l’aval de
SFR. L’opérateur coactionnaire dis-
pose d’un droit d’agrément sur le
futur acheteur qui lui donne un
pouvoir de véto. SFR dispose aussi
d’un droit de préemption : s’il le sou-
haite, il pourra acheter les parts de
La Poste en priorité.
A ce stade, SFR reste très discret
sur ses intentions. Mais le dossier
est alléchant : en montant au capi-
tal, l’opérateur de Patrick Drahi
pourrait consolider les 2 millions de
clients dans ses comptes, et afficher
une croissance faciale de son parc.
De quoi envoyer un signal positif
au marché, alors que SFR continue
de perdre des abonnés sur le mobile
(–118.000 au troisième trimestre, à
20,4 millions). Reste que pour
remonter la pente, SFR a aussi
promis de dégager davantage de
valeur. Le but n’est plus la crois-
sance d’abonnés à tout prix, mais
de migrer les clients actuels vers
des forfaits plus chers. Un rachat de
La Poste Mobile serait-il compatible
avec cette stratégie ?
La vente ne pourra
pas se faire
sans l’aval de SFR,
qui est coactionnaire.
Bouygues Telecom (15,4 millions
de clients mobiles) serait lui aussi en
pole position. Début 2021, l’opéra-
teur avait dépensé plus de 500 mil-
lions pour racheter Euro-Informa-
tion Telecom (Auchan Telecom,
NRJ Mobile, Cdiscount Mobile,
Crédit Mutuel Mobile et CIC Mobile,
soit 2 millions de clients au total) au
groupe bancaire CIC. Un rachat qui
lui avait permis de doubler Free
pour devenir le troisième opérateur
mobile en nombre d’abonnés. En
revanche, un rachat par Free sem-
ble moins probable. Après son arri-
vée en Italie et en Pologne, le groupe
de Xavier Niel cible plutôt les « gros
poissons » tel Vodafone Italia pour
devenir un grand opérateur paneu-
ropéen. A priori et sauf retourne-
ment, Orange est lui aussi moins
pressenti sur ce dossier. Le premier
opérateur français (35,5 millions de
clients mobiles) est bien positionné
sur le segment des offres low cost
avec Sosh, sa marque numérique. Et
il souhaite plutôt réserver ses acqui-
sitions pour se renforcer dans les
réseaux et les infrastructures.
Contactés, Orange, SFR, Bouy-
gues Telecom et Free n’ont pas sou-
haité faire de commentaires. n
Ce sont deux noms inconnus du
grand public. Et pourtant, l’opéra-
tion qu’ils s’apprêtent à boucler les
place au niveau des plus importan-
tes dans le secteur de la tech, compa-
rable au rachat de Red Hat par IBM
(pour 34 milliards de dollars)
en 2018 ou de Slack par Salesforce
(27 milliards) en 2020. La société
Synopsys a annoncé mardi dans un
communiqué être entrée en négo-
ciations exclusives en vue d’acqué-
rir Ansys, pour environ 35 milliards
de dollars en espèces et en actions.
A travers cette opération, Synop-
sys espère élargir sa clientèle et sa
HIGH-TECH&MEDIAS
La Poste Mobile comptait fin décembre 2023 plus de 2,3 millions de clients, ce qui en fait le cinquième opérateur mobile français.
Pourquoi les opérateurs sans antennes raccrochent
Avant La Poste Mobile, des
noms bien connus comme
NRJ Mobile ou Virgin
Mobile se sont vendus à
Bouygues Telecom ou SFR.
Les opérateurs tradition-
nels n’ont plus d’intérêt à
faire subsister un modèle
qui rogne leurs marges.
Florian Dèbes
NRJ Mobile, Virgin Mobile, Carre-
four Mobile, CIC Mobile et bientôt
La Poste Mobile qui vient d’être mis
en vente… Sur les dix dernières
années, de nombreuses marques
de téléphonie bien connues des
Français depuis les années 2000 et
l’âge d’or des télécoms ont suivi la
même tendance : se vendre pour
rentrer dans le giron d’un gros opé-
rateur. Par nature dépendants de
leurs réseaux, ces opérateurs sans
antennes placent notamment leur
destin entre les mains de Bouygues
Telecom et SFR.
Tous n’ont pas totalement dis-
paru. Leurs nouveaux propriétai-
res ont parfois préféré conserver
gamme de produits, mais égale-
ment devenir incontournable sur le
marché en fort développement de
l’intelligence artificielle (IA) en pro-
posant des outils permettant son
développement. Les deux sociétés
ont d’ailleurs vu le cours de leurs
actions bondir considérablement
au cours des douze derniers mois,
dans un contexte de boom de l’IA.
Allier outils de conception
et portefeuille de simulation
Basé à Sunnyvale, en Californie, et
fondé en 1986, Synopsys est l’une des
rares entreprises à fabriquer des
ANALYSE
un nom quand il a su s’imposer.
« Mais c’est clairement une activité
déclinante », relève Sylvain Cheval-
lier, consultant télécoms pour le
cabinet B earingPoint. Alors
qu’elles ont pu totaliser presque
10 % des abonnés français, les der-
nières marques existantes ne ser-
vent plus que 7,3 % du marché,
selon l’Arcep. Les consommateurs
ne s’en détournent pas. Le nombre
d’abonnés a même légèrement
augmenté en 2023 alors qu’aucun
rachat ne s’est finalisé sur la
période. Mais le modèle change
pour ne plus devenir qu’une mar-
que dans le portefeuille des opéra-
teurs traditionnels.
Ainsi, Virgin Mobile et sa mai-
son mère Omea, créée par Geof-
froy Roux de Bézieux, s’étaient ven-
dus en 2014 à Numericable avant le
rachat de celui-ci par SFR. Plus
récemment, l’opérateur au carré
rouge avait mis la main en 2022 sur
Afone (le propriétaire à 50 % de
Réglo Mobile, la marque des maga-
logiciels utilisés pour la conception
de semi-conducteurs. Ses clients
sont les grands fabricants de puces
tels que STMicroelectronics, Intel,
AMD et Nvidia.
Pour sa part, Ansys, créé en 1970
en Pennsylvanie, fabrique des logi-
ciels de simulation utilisés par les
ingénieurs de divers secteurs,
n o t a m m e n t l ’a é r o s p a t i a l , l a
défense, l’automobile et l’énergie.
L’entreprise est en concurrence avec
Autodesk et Dassault Systèmes,
selon Reuters. Avec ses solutions, il
est notamment possible de lancer
des simulations avant un projet afin
sins E. Leclerc). De son côté, Bou-
ygues Telecom a déboursé plus de
500 millions d’euros en 2021 pour
racheter EI Telecom et ses mar-
ques NRJ Mobile, Auchan Tele-
com, Cdiscount Mobile, CIC
Mobile ou Crédit Mutuel Mobile.
Pour toutes ces marques, l’irrup-
tion de Free a été un tournant. En
enclenchant une baisse drastique
du prix moyen du marché, l’opéra-
teur de Xavier Niel a fait exploser
l’équilibre économique des opéra-
teurs virtuels, aussi appelés
« MVNO ». Au tarif fixé par les opé-
rateurs pour des minutes ou des
gigaoctets de communications
achetés en gros, difficile de les
revendre moins cher que Free.
Les exceptions Lebara
et Lyca
Dans le même temps, les opéra-
teurs confrontés à la stagnation du
marché ne voyaient plus l’intérêt
de rogner leur marge pour des
sociétés qui jusqu’ici leur servaient
de produit d’appel à la conquête
des nouveaux utilisateurs de télé-
phones mobiles.
d’en réduire les risques et les coûts
de fabrication, et de commercialiser
plus rapidement les produits.
Côté finances, Synopsys a généré
plus de 5 milliards de dollars de
revenus au cours de l’exercice clos le
31 octobre et les analystes prévoient
une augmentation de 13 % de ses
7
MILLIARDS DE DOLLARS
Le chiffre d’affaires cumulé
des deux entreprises.
Nurphoto via AFP
« Sur mobile, ceux qui contrôlent
les prix sont les gros opérateurs »,
rappelle Alexis de Goriainoff, le
PDG de Sewan, un opérateur télé-
coms qui réalise son chiffre d’affai-
res (192 millions d’euros en 2023)
exclusivement auprès de profes-
sionnels. Lui-même opérateur vir-
tuel en ce qui concerne ses offres
mobiles pour les PME, il distingue
le marché grand public très com-
pétitif et le marché des entreprises
où il est possible de valoriser des
services additionnels, comme la
gestion de flottes de smartphones
ou une offre multiréseaux.
« Les MVNO qui subsistent sont
ceux qui ont autre chose à offrir que
des prix bas, soit un positionnement
différent, soit un réseau de distribu-
tion très granulaire », relève Syl-
vain Chevallier pour BearingPoint.
La Poste Mobile s’appuie par
exemple bien évidemment sur les
bureaux postaux. Lebara et Lyca
séduisent respectivement les
consommateurs ayant gardé
des attaches familiales à l’étran-
ger (Afrique de l’Ouest, Maghreb)
et les étudiants. n
revenus au cours de l’exercice 2024,
tandis qu’Ansys devrait générer plus
de 2 milliards de dollars de revenus
en 2023, les analystes tablant sur
une augmentation de 10 % pour
cette période.
Synopsys propose concrètement
aux actionnaires d’Ansys de rache-
ter leurs parts au prix de 197 dollars
par action ainsi que 0,345 action de
Synopsys pour chaque titre d’Ansys
détenu. Au total, cela représente
390 dollars par titre, selon des cal-
culs réalisés par la presse améri-
caine. L’opération devrait être finali-
sée au premier semestre 2025. n
HIGH-TECH & MEDIAS
Le CNC plutôt rassurant sur la distribution
de films en France, malgré des disparités
l Malgré des situations très diverses
selon la taille des acteurs,
le secteur s’est plutôt bien relevé
de la crise sanitaire, selon
le Centre national du cinéma.
l Il demeure toutefois
très concentré et certains
indépendants sont en difficulté.
CINÉMA
Stéphane Loignon
Souvent présenté comme le maillon
le plus fragile du cinéma en France,
le secteur de la distribution de films
tient bon, à en croire le premier
observatoire de la distribution ciné-
matographique établi par le Centre
national du cinéma (CNC). Ce pano-
rama inédit, qui sera renouvelé cha-
que année, ne constate « pas de
dégradation » de la santé financière
post-crise des distributeurs français
candidats aux aides du CNC.
L’observatoire s’est en particulier
penché sur 26 distributeurs indé-
pendants, pour lesquels les données
financières étaient disponibles
de 2013 à 2022. Sur cet échantillon,
le chiffre d’affaires 2022, en hausse
de 18,4 % par rapport à 2021, est seu-
lement inférieur de 4,4 % à la
moyenne 2017-2019. Les moindres
recettes de la salle ont été en partie
compensées par la hausse des ven-
FESTIVAL
CINEMA
4€
LA PLACE
AVEC LE PASS
TÉLÉRAMA
LES
MEILLEURS
FILMS
DE 2023
DES
AVANT-
PREMIÈRES
ET LE COUP
DE CŒUR
DES
− 26 ANS
PLUS
D’INFOS
tes TV et vidéo. Les effectifs de ces
PME ont augmenté, à 11 équivalents
temps plein en moyenne en 2022,
contre 9 en 2017.
Probablement en raison des
aides exceptionnelles dont elles ont
bénéficié, en 2021, la moitié de ces
sociétés ont publié un résultat net
excédentaire – plus qu’en 2017, 2018
et 2019. En revanche, environ 23 %
d’entre elles se trouvaient en déficit,
nettement plus que la moyenne
2017-2019 (15 % environ). Preuve
que tout n’est pas rose, loin de là. « Il
existe une très grande hétérogénéité
des situations », note Cécile Lacoue,
directrice des études, des statisti-
ques et de la prospective au CNC.
Concentration du marché
Si, au global, sur l’ensemble des
films d’initiative française sortis
en 2022, les encaissements en salle
ont dépassé les investissements
(avec un taux de couverture de
107,1 %), « ça ne veut pas dire que c’est
positif pour l’ensemble des acteurs »,
avertit Hugues Quattrone, le délé-
Avec
l’AFCAE
gué général du DIRE (Distributeurs
indépendants réunis européens).
Ainsi, seuls 14,6 % des distribu-
teurs ont couvert leurs frais par les
entrées en salle en 2022. Les mon-
tants des investissements ont par
ailleurs baissé, hors crise sanitaire.
A 104 millions d’euros investis dans
les films d’initiative française
en 2022, les mandats sont au plus
bas en dix ans (sauf 2020 et 2021),
Et
BNPParibas
17–23
JANVIER
DANS LES
SALLES
ART ET ESSAI
tout en se répartissant sur plus de
films. Le mandat moyen s’établit à
368.000 euros en 2022, contre plus
de 1 million d’euros en 2013.
Le marché est très concentré.
En 2022, les 30 premiers distribu-
teurs ont assuré 58 % des premières
sorties des films en 2022 et capté
97,4 % des recettes. Comme en 2021,
les trois premiers du classement
– Disney, Universal et Warner Bros.
97,4 %
DES RECETTES
ont été captées en 2022 par
les 30 premiers distributeurs,
qui ont assuré 58 %
des premières sorties des films.
Porté par l’animation, le cinéma
français a rebondi à l’export en 2023
Grâce au carton de « Mira-
culous » et aux succès
de films familiaux comme
le dernier « Astérix »,
le cinéma français a vu
sa fréquentation en salle
à l’international grimper de
38,5 % en 2023, par rapport
à 2022, selon Unifrance.
Sans retrouver son niveau
d’avant la crise sanitaire.
Les super-héros amis des enfants,
Ladybug et Chat Noir, ont réussi
leur mission. Avec 7,15 millions
d’entrées à l’international, le dessin
animé « Miraculous : le film » a lar-
gement contribué au rebond du
cinéma français à l’export.
Selon les données provisoires
d’Unifrance, l’institution chargée
de la promotion du cinéma français
dans le monde, les films français
ont cumulé 37,4 millions d’entrées
en salle hors de nos frontières
en 2023, pour 234 millions d’euros
de recettes. Soit une fréquentation
en hausse de 38,5 % par rapport
à 2022.
Plus de 220 films français inédits
ont été diffusés au cinéma à l’inter-
national, dont sept ont dépassé le
million d’entrées, précise Uni-
france. Le Top 10 des plus grands
succès à l’étranger se partage entre
animation – « Miraculous » (pre-
mière place), « Pattie et la colère de
Poséidon » (troisième), « Les As de
la jungle 2 » (dixième) –, grosses
productions familiales – « Astérix
et Obélix : L’Empire du Milieu »
(deuxième), « Les Trois Mousque-
taires : D’Artagnan » (cinquième) –
et films d’auteur, comme « Anato-
mie d’une chute » (sixième) ou
« Jeanne du Barry » (quatrième).
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos
Discovery – ont même trusté plus de
42 % des encaissements. Sixième du
classement derrière les cinq majors
américaines, Studiocanal est le pre-
mier distributeur français en 2022
(5,9 % des encaissements), devant
Pathé et UGC (5,1 % chacun).
« Les films de la diversité
ont plus de mal à sortir »
Dans ce secteur où quelques gros
succès compensent des échecs plus
nombreux, sortir un nombre
important de films permet de limi-
ter le risque. Les plus petits sont
donc les plus exposés. « Certaines
sociétés sont aujourd’hui en difficulté
et il risque d’y en avoir d’autres »,
avertit Eric Ollagnier, coprésident
du Syndicat des distributeurs indé-
pendant (SDI).
Libérée de la barrière de la lan-
gue par un doublage systématique,
« l’animation, qui touche un public
familial, est venue remplacer, dans
les résultats internationaux, les films
d’action en langue anglaise mais pro-
duits en France, absents l’an passé »
remarque Gilles Renouard, le
directeur du cinéma d’Unifrance.
C’est avant tout en Europe – Oural
inclus – que le septième art français
a rencontré son public. Le conti-
nent a capté près des quatre cin-
quièmes des entrées, contre près
de la moitié en moyenne dans
les années 2010. La Russie est le
premier marché à l’export pour
le cinéma français – devant l’Alle-
magne – avec plus de 7 millions
d’entrées, en grande partie grâce
à « Miraculous », sorti dans
1.877 cinémas sur le territoire.
Décalages des sorties
de blockbusters
La plus grande combinaison jamais
réservée à un film français et le plus
important succès tricolore sur ce
marché, avec 3,53 millions de billets
vendus, précise Unifrance. Le der-
nier « Astérix » a, lui, rencontré un
franc succès en Pologne, tandis que
« Une belle course », avec Dany
Boon, est devenu un phénomène
au Danemark.
Malgré ces réussites, les entrées
des films français à l’export restent
inférieures de 18,5 % au niveau
de 2019. Principale cause, « le redé-
marrage plus lent qu’en France des
autres marchés après la crise sani-
taire », rappelle Daniela Elstner, la
directrice générale d’Unifrance. Les
chiffres définitifs de l’institution,
livrés à l’automne, sont aussi tou-
jours légèrement supérieurs à ces
22
Le cogérant de la société de distri-
bution Jour2Fête déplore la ten-
dance, depuis le Covid, à sortir des
grosses productions sur un nombre
d’écrans toujours plus grand. « Les
films de la diversité ont beaucoup
plus de mal à sortir, certains de nos
films ne marchent pas car nous
n’arrivons plus à les exposer dans de
bonnes conditions », regrette-t-il. Mi-
décembre, le président du CNC,
Dominique Boutonnat, a confié à
l’ex-président de Radio France Jean-
Paul Cluzel la mission d’établir un
état des lieux du secteur de la distri-
bution, d’examiner les dispositifs de
soutien – 53 millions d’euros d’aides
ont été versés en 2022 – et la manière
« d’accompagner le risque » pris par
les distributeurs. Ses conclusions
sont attendues en mai. n
données provisoires, ajoute-t-elle.
Avec « Largo Winch : le Prix de
l’argent », « Emmanuelle » et les
biopics « Saint-Ex » et « Monsieur
Aznavour » comme fers de lance
en 2024, l’exercice s’annonce pro-
metteur. Même si les décalages de
sorties de blockbusters liés aux grè-
ves à Hollywood risquent de retar-
der partout le retour à la normale
des entrées en salle. « On ne rattra-
pera peut-être pas 2019 cette année,
mais on espère être un peu plus pro-
ches », indique Gilles Renouard.
Même si Unifrance ne dispose
pas de données sur le succès des
productions françaises sur les
plateformes de streaming vidéo
(SVoD), l’organisme se félicite que
la France soit la plus présente
parmi les pays européens non
anglophones, avec 4,6 % de films et
unitaires majoritaires français au
sein de leur offre, selon les données
d’Ampere Analysis. Seuls les Etats-
Unis, l’Inde et le Royaume-Uni font
mieux. Environ des 2,5 % des séries
sont françaises, ce qui fait de la
France le septième pays le mieux
représenté sur ces services, selon la
même source. — S. Lo.
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
Clap de fin pour les salles
de cinéma ? dans « La Story », le
podcast d’actualité des « Echos ».
© Fred STUCIN/Pasco &co/M6

CE SOIR À 21:10

PME&REGIONS
Tony Estanguet : « Le “JO bashing”, c’est
l A six mois de l’événement, « principal moment universel », le président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques
l « On ne sait pas organiser des JO sans des entreprises engagées », souligne l’ancien champion olympique de canoë, saluant
ÉVÉNEMENT
Propos recueillis par
Yann Duvert,
Marion Kindermans
et Alexandre Rousset
Depuis 2015, il est le capitaine des
Jeux, celui qui œuvre pour assurer
la réussite de cet événement gigan-
tesque, qui se déroulera cet été en
France. Et les embûches sont nom-
breuses. Transport, sécurité, polé-
mique sur les épreuves de surf à
Tahiti, inquiétude sur la cérémonie
d’ouverture sur la Seine, immixtion
des conflits géopolitiques… : les dos-
siers minés ne manquent pas. Les
traits tirés mais la fougue et l’en-
thousiasme chevillés au corps, Tony
Estanguet, lui-même triple médaillé
d’or en canoë (dans trois Jeux diffé-
rents), fait le point à un peu plus de
six mois des compétitions.
Comprenez-vous
le « JO bashing » actuel ?
Il y a un peu de défiance depuis le
début, c’est vrai. Des gens nous ont
expliqué qu’on n’avait aucune
chance de gagner face à Los Ange-
les, puis qu’on n’arriverait jamais à
financer le projet avec des milliards
d’euros d’argent public englou-
tis, etc. Il y aura toujours des gens
pour râler, cela a toujours existé
lors des Jeux ou d’autres événe-
ments et cela durera sans doute jus-
qu’à la cérémonie d’ouverture, voire
de clôture. Ce n’est pas spécifique à
la France, en tout cas c’est ce que
m’ont dit mes prédécesseurs.
Quels conseils vous
ont-ils donnés ?
Ils m’ont dit : « Tu verras, la dernière
année, c’est un peu le réveil de beau-
coup de gens qui utilisent les Jeux
pour faire parler de leur cause ou de
leurs sujets, pour avoir une attention
plus forte sur leurs préoccupa-
tions. » Et effectivement, nous y
sommes. Finalement, le « JO
bashing » est un peu inévitable,
mais ça ne nous empêche pas
d’avancer. C’est presque sain : j’ai
été sportif de haut niveau et cer-
tains ne croyaient pas en mes chan-
ces de gagner. Ça vous titille un peu,
ça touche votre ego et vous n’avez
pas envie de leur donner raison.
Certaines personnalités
politiques émettent des doutes
sur la réussite des JO.
Anne Hidalgo, la maire
de Paris, a estimé
que tout ne serait pas prêt…
Les chiffres
de la semaine
122
MAGISTRATS
Eric Dupond-Moretti,
le garde des Sceaux,
a annoncé des effectifs
renforcés à la justice
pour traiter des menaces
terroristes, fraudes,
arnaques aux faux billets,
contrefaçons ou questions
de dopage pendant les Jeux.
294
GREFFIERS
Outre ces 122 magistrats,
294 greffiers seront affectés
aux Jeux Olympiques
(dont 60 magistrats
et 185 greffiers à la cour
d’appel de Paris).
Chacun est dans son rôle, mais tout
le monde a envie que ça marche.
Tout le monde joue gros aussi… On
est dans un pays où on dit les choses
mais quand des décisions doivent
être prises, elles le sont. Dans les
coulisses, ça frotte, ça bataille, mais
la force de ce projet c’est d’aligner les
planètes entre les collectivités loca-
les, l’Etat, les acteurs du mouve-
ment sportif, les entreprises qui
financent et la société civile. Tout le
monde n’a pas les mêmes intérêts,
ni les mêmes priorités. Je n’ai pas à
regretter un manque d’implication
de qui que ce soit.
On ne sent pas encore
d’engouement populaire.
Cela vous inquiète-t-il ?
Quand on ouvre la billetterie, les
gens se jettent sur les places. On a
déjà vendu plus de 8 millions de
billets. Sur le programme des volon-
taires, on a reçu des centaines de
milliers de candidatures en quatre
semaines. Pour le « Marathon pour
tous », des gens nous harcèlent
pour avoir un dossard. Concernant
le relais de la flamme, on a 11.000
spots et plus de 100.000 candidatu-
res. Quand je vois ça, je me dis que
les gens sont prêts, qu’ils ont envie
de prendre part à l’événement. On
fera le bilan à la fin mais je ne suis
vraiment pas inquiet à ce sujet.
Depuis le remaniement,
la ministre des Sports,
Amélie Oudéa-Castéra,
doit aussi gérer l’Education.
Comment avez-vous réagi
à cette annonce ?
Je l’ai immédiatement félicitée. Le
chef de l’Etat a reconnu ses qualités
et je lui souhaite de réussir. Jus-
qu’ici, la ministre a toujours fait de
l’excellent travail. Elle est extrême-
ment mobilisée sur les Jeux et je ne
sens pas chez elle de volonté de
s’éloigner du dossier. Elle aura for-
cément un petit peu moins de
temps à m’accorder, mais ce qui
nous intéresse, c’est aussi ce qu’il va
se passer après les Jeux. Et cette
passerelle avec l’Education natio-
nale pourra servir à promouvoir la
place du sport à l’école. Si elle arrive
à faire ça, ce serait aussi servir la
cause de l’héritage de ces Jeux.
L’ex-basketteuse Emilie Gomis
a été démise de ses fonctions
d’ambassadrice des Jeux
après un post sur le conflit
israélo-palestinien.
Comment gérer la situation
géopolitique qui pèse
sur l’évènement ?
Ce qu’il reste à faire à six mois des JO de Paris
A l’approche des Jeux
de 2024, la pression monte
pour que l’événement soit
une réussite. Les trans-
ports et la sécurité
inquiètent les Français.
A J-190 de la cérémonie d’ouvertu-
re des Jeux Olympiques – comme
l’égrène l’horloge sur la page d’ac-
cueil de Paris 2024 –, les cases des
chantiers à terminer se cochent les
uns après les autres. Mais il en res-
te de très délicats à gérer pour réus-
sir ce défi, le premier depuis un siè-
cle pour la France, qui se déroulera
du 26 juillet au 11 août pour les Jeux
Olympiques et du 28 août au 8 sep-
tembre pour les Paralympiques.
Emmanuel Macron l’a rappelé il
y a quelques jours dans une vidéo
sur X (ex-Twitter). Gants de boxe
sur l’épaule, le chef de l’Etat a pro-
mis que ces Jeux seront « les plus
décarbonés de l’histoire », des « Jeux
paritaires avec autant de sportifs
que de sportives » et « des délégations
TONY ESTANGUET
Président du Comité
d’organisation
des Jeux Olympiques
et Paralympiques
Le contexte international est très
tendu. Mais ce n’est pas nouveau, il
l’est depuis assez longtemps mainte-
nant. Le monde du sport doit faire
avec, continuer à porter son mes-
sage. Les Jeux restent le principal
moment universel, celui où plus de
200 pays partagent un moment col-
lectif fort. Alors, oui, les Jeux de Paris
se dérouleront dans un climat parti-
culier au niveau international. Mais
cela ne remet pas en question la mis-
sion première des Jeux, au con-
traire : plus que jamais, notre enjeu
est de préserver ce moment-là. Il y a
une attente internationale très forte
pour insuffler un moment festif,
parler de sport, arrêter de parler du
de sportifs olympiques et paralym-
piques d’exception ». Un événement
écologique, inclusif, pour tous, qui
ne se déroulera pas seulement
dans la capitale mais – a-t-il souli-
gné – « partout sur le territoire fran-
çais » avec « plus de 70 collectivités
territoriales ». Comme si le chef de
l’Etat tentait de faire émerger un
enthousiasme pour ces « Jeux à la
française », alors que l’engouement
populaire fait encore défaut.
« Sur un fil »
En coulisse, du côté de ceux qui
font les JO depuis huit ans, les cho-
ses avancent. Coté chantiers, les in-
frastructures sont achevées à 84 %,
« sans alerte particulière » selon la
Solideo, qui pilote la livraison des
64 ouvrages olympiques. La pisci-
ne olympique de Saint-Denis, l’un
des deux sites sportifs avec l’Arena
de Paris porte de la Chapelle
construits pour l’occasion, sera li-
vrée en mars. Les bassins sont
aujourd’hui à l’état de test. Le villa-
reste. Même s’il n’y a pas de baguette
magique puisque la situation inter-
nationale ne va pas changer en
quinze jours de compétition…
Quelle est votre position sur
la participation des athlètes
russes et biélorusses ?
Ma position est personnelle, car ce
n’est pas le comité d’organisation
d’un pays qui décide quel pays parti-
cipe ou non aux Jeux, qui a la possi-
bilité d’influer sur ce sujet. Pour que
les Jeux restent le plus grand
moment universel, il est sain que ce
soit, comme c’est le cas, une organi-
sation internationale, telle que le
Comité international olympique ou
le Comité international paralympi-
ques, qui décide quel pays est éligi-
ble à participer.
Je suis plutôt favorable à ce qu’on
garde cet espace d’accueil d’un
maximum de nations et d’athlètes.
Des sanctions très dures ont été
imposées aux athlètes Russes : pas
ge olympique, site pharaonique
qui accueillera les 14.500 athlètes
sur l’Ile-Saint-Denis, à Saint-Ouen
et Saint-Denis, est dans sa dernière
ligne droite. Son inauguration est
prévue le 29 février.
74 % des Français
sont inquiets
des transports,
et 65 % redoutent
le risque sécuritaire
Le village des médias, lui, est
achevé depuis la fin décembre.
Seuls trois projets « secondaires »
sont plus ardus, avec un calendrier
devenu très serré : le Grand Palais,
la partie du village olympique sur
l’Ile-Saint-Denis où trois immeu-
bles ont du retard (4 % des loge-
ments), et la piscine de Colombes.
Au total, 30.000 personnes auront
travaillé sur les chantiers des JO de-
puis 2017. Le budget est globale-
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos
de drapeau, pas d’hymne, pas d’offi-
ciels, pas de sport d’équipe, une
délégation de plusieurs centaines
d’athlètes qui tombe à une dizaine.
Sanctionner aux Jeux des athlètes
qui n’ont aucun lien avec ce qui est
train de se passer et qui continuent
à participer à des compétitions par-
tout ailleurs n’aurait pas de sens.
Quelles sont à ce jour
les retombées économiques
des Jeux ?
Sur les 2,7 milliards d’euros de mar-
chés, nous en avons attribué 90 %
à 2.200 prestataires. 90 % sont des
entreprises françaises, les trois
quarts sont des TPE-PME. Ces
structures plus petites permettent
d’apporter de l’innovation.
Dès la phase de candidature,
nous nous sommes engagés sur
une ambition environnementale et
sociale, pour répondre aux princi-
pales critiques sur le côté déme-
suré, un peu déplacé de ce genre
ment dans les clous. La facture de
8,8 milliards d’euros se partage en-
tre 4,4 milliards pour la Solideo
(dont 1,7 milliard de subventions
publiques), et près de 4,4 milliards
pour Paris 2024, presque intégrale-
ment financé par le privé (billette-
rie, partenariats, Comité interna-
tional olympique) sauf pour
l’événement paralympique. Outre
quelques rallonges depuis 2017, la
facture de Paris 2024 s’est accrue de
400 millions d’euros l’an dernier,
dont la moitié pour cause d’infla-
tion. Mais sans commune mesure
avec les dérapages budgétaires des
précédentes éditions olympiques,
comme à Londres en 2012 où la fac-
ture avait triplé. « Nous sommes sur
un fil », a néanmoins reconnu Paris
2024, l’organisateur des Jeux, lors
de son dernier conseil d’adminis-
tration, fin décembre.
Contexte géopolitique
Mais à mesure que l’échéance ap-
proche, l’inquiétude grandit sur
24
d’événement. Nous avons réfléchi
sur un concept de charte sociale
portée par les organisations syndi-
cales, dont la présence est une pre-
mière dans l’organisation de Jeux
olympiques. Nous avons sourcé
25.000 entreprises françaises posi-
tionnées dans les secteurs où Paris
2024 allait lancer des marchés. En
termes d’emplois, au total 181.000
personnes auront travaillé directe-
ment pour les Jeux entre 2019
et 2024. L’argent investi, et notam-
ment l’argent public, sera très large-
ment dépassé en termes de retom-
bées pour l’économie française.
Où en est-on des recrute-
ments ? Pour les entreprises,
c’est un casse-tête…
Les emplois de la construction sont
derrière nous, on est dans la phase
organisation et cet été, nous serons
dans la phase tourisme. Nous déve-
loppons des initiatives, des forums
de l’emploi. Les Jeux offrent de
certains dossiers. Le sprint final
sera scruté à la loupe. Selon le der-
nier sondage Odoxa pour RTL et
Winamax publié début janvier,
58 % des Français comptent suivre
les Jeux. Mais 74 % sont inquiets
des transports, qui risquent la sur-
charge, et 65 % redoutent le risque
sécuritaire, dans un contexte géo-
politique qui s’est tendu depuis la
guerre en Ukraine et le conflit is-
raélo-palestinien.
La tenue inédite d’une cérémo-
nie d’ouverture hors d’un stade, sur
la Seine, charrie son lot de risques.
Et ce malgré les efforts d’apaise-
ment de la ministre de la Jeunesse,
des Sports, des JO et désormais de
l’Education, Amélie Oudéa-Casté-
ra ne ména g ean t p as s es ef-
forts pour assurer que « oui, nous
serons prêts ». Plus de 15 millions de
visiteurs sont attendus dans la ca-
pitale pour un événement qui sera
regardé par 4 milliards de téléspec-
tateurs, la moitié de la population
mondiale. — M. K.
 25 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024 PME & REGIONS

Hemarina teste son

presque sain »
de Paris se livre sur l’avancée des chantiers et les polémiques du moment.
la « remarquable » mobilisation du monde économique.
nombreuses opportunités
d’emplois dans différents secteurs
d’activité. Il y a des gens qui recher-
chent, il n’y a donc pas de raison
qu’on n’y arrive pas. Cela reste une
formidable opportunité de contri-
buer à la réussite des Jeux, de vivre
une expérience inédite en lien avec
cet événement qui va marquer l’his-
toire de ce pays quoi qu’il arrive.
A ce jour les indicateurs sont ras-
surants. Concernant la sécurité pri-
vée, qui est une filière sous tension
indépendamment des Jeux, nous
avons déjà sécurisé 70 % de nos
besoins en nombre d’entreprises. Il
y a encore quelques mois, les gens
n’y croyaient pas. On avance petit à
petit peut-être, mais à 200 jours
d’un événement, ça ne sert à rien
d’être prêt ! S’il y a quelque chose
que j’ai retenu quand j’étais athlète,
c’est qu’il faut être prêt le jour J, ça ne
sert à rien d’être prêt trop tôt. On se
rapproche de l’objectif.
Les entreprises s’engagent-
elles suffisamment ? Comment
jugez-vous leur mobilisation ?
Je l’ai trouvée remarquable. Que ce
soit en tant que partenaires ou four-
nisseurs, elles ont envie de faire par-
tie de l’aventure. 74 entreprises par-
tenaires font les Jeux avec nous.
Indép endamment du chiffre
d’affaires généré directement, les
Jeux sont une occasion de rayonne-
ment, de recrutement. Car la mar-
que employeur bénéficie d’un
impact très intéressant, avec une
capacité interne de motivation des
collaborateurs.
Pour elles, c’est clé aujourd’hui.
Tony Estanguet Elles sont en concurrence les unes
lors de son entretien avec avec les autres, elles ont besoin de
« S’il y a quelque
chose que j’ai
retenu quand
j’étais athlète, c’est
qu’il faut être prêt
le jour J. Ça ne sert
à rien d’être prêt
trop tôt. »
tion, la cybersécurité, la technolo-
gie, le sport, ce sont les entreprises
qui organisent les Jeux avec nous,
qui gagnent des marchés et appor-
tent des solutions.
Mais pour certains groupes,
comme LVMH, le contrat a été
signé très tard…
A un an des jeux, signer avec LVMH
[propriétaire des « Echos », NDLR],
c’est largement dans les temps. On
n’avait pas besoin de signer ce con-
trat en amont. Il y a des entreprises
qui nous ont rejoints dès la pre-
mière heure car on avait besoin de
travailler avec elles dès le début. Je
pense à Orange, avec qui le travail a
commencé il y a plusieurs années
pour mettre en place des infrastruc-
tures lourdes. Ou alors EDF, Enedis,
car il fallait s’assurer de l’énergie
dont on va avoir besoin, ce qui
nécessitait d’énormes chantiers.
Même chose pour les transports.
On procède par priorité avec un
seul objectif : que le 26 juillet 2024,
les Jeux puissent commencer dans
les meilleures conditions. Nous
aurions peut-être pu avoir plus
d’entreprises plus tôt mais ça
pansement issu du ver
marin sur un grand brûlé
/ INNOVATEURS
Guillaume Roussange
— Correspondant à Rennes
L’expérimentation récemment
Le budget est dans les clous menée au CHU de Nantes susci-
mais pouvez-vous garantir te un nouvel espoir pour les
qu’il n’y aura aucun euro grands brûlés. Il y a quelques se-
supplémentaire d’argent maines, l’hôpital a traité un pa-
public ? tient, victime de l’explosion
Il peut toujours y avoir des impré- d’un bidon d’essence, grâce au
vus de dernière minute. Des retards pansement HEMHealing de la
sur la fin qui nécessitent d’augmen- société Hemarina, installée à
ter de manière significative les bud- Morlaix, dans le Finistère. Une
gets. C’est ce que nous voulons évi- première pour la biotech bre-
ter. Aujourd’hui, on n’a pas d’alerte tonne, dont la technologie a
particulière parce que les infras- permis de sauver cet homme
tructures ne sont pas en retard. touché aux deuxième et troisiè-
Mais on doit rester très vigilant. me degrés sur 85 % du corps.
C’est pour cette raison que nous Face à la gravité de ce cas, le
nous sommes efforcés de garder professeur Pierre Perrot, chef
une réserve pour aléas d’une cen- du service chirurgie plastique
taine de millions d’euros. et reconstructrice au CHU, a ob-
Des surcoûts se sont imposés à tenu l’autorisation exception-
nous comme à toutes les organisa- nelle de l’Agence nationale de
tions dans ce pays, nous avons dû sécurité du médicament et des
redéployer des programmes pour produits de santé (ANSM) de
contenir ces augmentations. recourir à ce dispositif basé sur
Entre 2015, quand on a imaginé ce la molécule M101, qui est une
projet, et aujourd’hui, le budget a hémoglobine extracellulaire de
augmenté de 15 %, ce qui est moins l’Arenicola marina, un ver de
que le seul niveau de l’inflation. Or vase courant sur les plages du
on a ajouté des cérémonies en ville, littoral. Associé au sein d’un gel
de nouveaux sports… On a su pilo- à de l’acide hyaluronique, ce
ter budgétairement ce projet pour biopolymère naturel agit com-
rester sous contrôle, à l’équilibre. me un « transporteur d’oxygè-
En 2023, la facture a augmenté de ne » ultrarapide, qui accélère la
0,4 % [le budget s’élève à 4,397 mil- cicatrisation tout en limitant le
liards d’euros, NDLR], il n’y a pas risque infectieux.
d’inquiétude particulière mais on
reste très prudent. Résultat « spectaculaire »
« L’hémoglobine de ce ver est 250
Concernant les transports, fois plus petite qu’un globule rou-
la majorité des lignes ge, mais peut délivrer 40 fois plus
promises, dont le Grand
Paris Express, ne sera pas
prête à temps. Il a dit
C’est un problème ?
Le Grand Paris Express avait été
décidé cinq ans avant que Paris
Matthieu Le Gall
d’oxygène que celle des hu-
mains », explique Franck Zal,
président d’Hemarina. Selon le
CHU nantais, l’application de ce
pansement sur le thorax, l’ab-
domen et le dos du patient s’est
révélée « spectaculaire ». La ci-
catrisation s’est en effet opérée
en cinq semaines et, trois mois
seulement après son admissi-
on, le patient a pu être transféré
dans un centre de rééducation
spécialisé. Jusque-là, la solu-
tion de la biotech avait été testée
sur une dizaine de personnes,
moins gravement touchées.
Projet d’usine à Morlaix
Le succès de l’expérimentation
nantaise laisse espérer à Franck
Zal une industrialisation rapide
de sa technologie, développée
grâce à différentes levées de
fonds d’un montant total de
30 millions d’euros. L’entrepri-
se, qui dispose d’un site à Tours,
attend en effet depuis deux ou
trois ans de pouvoir construire
une usine à Morlaix. Le projet,
estimé à une vingtaine de mil-
lions d’euros, devrait générer
une centaine d’emplois, selon le
dirigeant.
« C’est un dossier très lourd. On
veut accélérer, car nous croulons
sous les demandes », insiste ce
docteur en biologie, qui a com-
plété sa formation sur les bancs
de Rennes School of Business.
Hemarina, qui a réalisé 1 million
d’euros environ de chiffre d’af-
faires en 2023, compte obtenir
le marquage CE de son panse-
ment dans les prochains mois. Il
pourra ainsi être prescrit aux
brûlés, mais aussi aux patients
atteints d’escarres ou d’artérites
des membres inférieurs.
A noter que la société a égale-
ment développé un autre pro-
duit, baptisé Hemo2Life, un ad-
ditif aux solutions de préser-

« Les Echos », à Saint-Denis.
Photo Photo Denis Allard/Leextra
pour « Les Echos »
FOCUS
faire la différence sur leur secteur
d’activité. On ne sait pas organiser
des Jeux olympiques sans des
entreprises engagées. Dans tous les
secteurs d’activité, que ce soit le
transport, la sécurité, la restaura-
n’aurait rien changé aux résultats à
la fin. Paris 2024 a sécurisé plus de
97 % sur le revenu des partenaires à
200 jours des Jeux. Mais on n’est pas
encore à 100 %. Alors, oui, il reste
des partenaires à aller chercher.
soit désigné pour les Jeux. On s’est vation de greffons utilisé lors des
greffé sur cette carte pour mettre transplantations rénales. Cette
des sites de compétition à côté des innovation, protégée par plus de
gares. Et quand nous avons su que soixante brevets, a valu à l’entre-
certaines lignes étaient retardées, prise bretonne de se voir attri-
nous avons déplacé certains sites « On veut buer le prix du « dispositif médi-
au fur et à mesure. Ce ne sont pas accélérer, cal de l’année » lors de l’édition
les Jeux qui ont eu un impact sur 2023 du prix Galien. L’aventure
la définition du Grand Paris
car nous croulons des quinze années de recherche
Express. sous les demandes. » d’Hemarina a fait l’objet d’un
FRANCK ZAL ouvrage à paraître ce 18 janvier

Le normand BodyCAP va contrôler L’offre de transports

va-t-elle être consolidée ?
Sur la période des Jeux Olympiques
Président d’Hemarina aux éditions Les Arènes. n

la température des athlètes [du 26 juillet au 11 août, NDLR],

l’offre de transports en Ile-de-

Déjà utilisé lors de grands

événements sportifs,
le dispositif permet
d’optimiser la préparation
aux efforts en condition
de fortes chaleurs.
Philippe Legueltel
— Correspondant à Caen
Le dispositif est léger et transpa-
rent pour le sportif. Avec une sim-
ple gélule à avaler et un petit boîtier
fixé à son bras, le coup de chaud ou
l’hyperthermie d’effort de l’athlète
va pouvoir être évité lors de com-
pétitions. Le procédé, mis au point
par la PME BodyCAP, créée en 2011
et installée à Hérouville-Saint-
Clair, près de Caen, permet de sui-
« L’idée est de travailler en amont
pour mieux comprendre le profil
individuel des sportifs, proposer des
solutions d’entraînement permet-
tant que l’organisme s’habitue à la
chaleur, les aider à se préparer afin
d’optimiser leurs conditions de per-
formances le jour J », explique
Sébastien Moussay (photo), PDG
de BodyCAP. L’ancien universi-
taire, passionné de sport,
va enfin mettre en
pratique, à domi-
cile, sa techno -
logie. Cette der-
nière, vendue à
75.000 exem -
plaires ces cinq
dernières
a n n é e s (d o n t
rera à une tablette ou sur le cloud.
« Nous mettons à disposition des
solutions techniques, mais ce n’est
pas nous qui prenons la décision
d’arrêter ou non l’athlète », poursuit
le dirigeant, qui travaille en parte-
nariat avec Orange.
Idéalement, le programme de
suivi doit être enclenché trois mois
avant l’échéance. Convaincue de
l’utilité du dispositif,
l’équipe de France de
triathlon a pu tra-
vailler en prépa-
ration des JO de
Tokyo, adaptant
les tenues et
les protocoles
d’acclimatation
à la chaleur selon
France baisse généralement de
30 %. Sur cette fréquence d’été, on
va juste augmenter le trafic de 15 %.
à suivre
Globalement, il y aura moins de
passagers à transporter qu’un jour
de semaine le reste de l’année. La
difficulté, c’est surtout la concentra-
tion de visiteurs au même endroit,
au même moment. Voilà pourquoi
on va affiner l’offre de manière très
précise.
Plus on avance, plus on a de don-
nées. Avec la billetterie et les réser-
vations de logements, on arrive à
voir où seront les gens, où ils vont
aller et à quel moment. Et on adapte
l’offre en fonction.
La sécurité est au cœur
des inquiétudes, en particulier
pour la cérémonie
Garnier Studios

vre en temps réel et à distance la
température centrale de l’athlète.
Le programme « Beat the Heat »
(combattre la chaleur), visant la
sensibilisation des athlètes aux ris-
ques liés à la chaleur, a été proposé
par le Comité international olym-
pique et les fédérations sportives
internationales à l’occasion de
grands rendez-vous sportifs
comme des championnats du
monde ou les JO de Tokyo, en 2021.
Pour les Jeux de Paris, les pro-
grammes « Live Atlhete » et
« Paralive » seront ouverts à tous
les sportifs et permettront d’identi-
fier, par des contrôles réguliers, les
aprim-caen
90 % à l’interna-
tional) pour des
usages sportifs et mili-
taires, vient de se voir au-
toriser l’accès au marché médical
américain. La PME, qui emploie
15 salariés et a réalisé un chiffre
d’affaires de 2,2 millions d’euros en
2023, espère obtenir cette année le
marquage européen CE.
Capsule à avaler
De petite taille, la capsule, remplie
de composants électroniques, est à
avaler. Associée à une montre
connectée, elle va mesurer la
vitesse du sportif, sa position GPS,
les sportifs.
Déjà, la PME nor-
mande avait équipé
l’astronaute Thomas Pes-
quet lors de son premier voyage
dans la Station spatiale internatio-
nale en 2016. « C’est une innovation
au service du sport mais aussi de la
santé. Cela m’oblige à prendre soin
de mon corps. Cette capsule permet
le dépassement de soi mais pas au
détriment de sa vie », explique
Moëz El Assine, chef de projet
innovation Jeux Paralympiques
pour Orange Events mais aussi
athlète de haut niveau. Médaillé
paralympique en escrime en fau-
d’ouverture. Pour être clair,
y a-t-il un plan B ?
Nous sommes alignés avec le prési-
dent de la République. Bien évidem-
ment, notre projet de cérémonie
d’ouverture doit intégrer de nom-
breuses alternatives possibles, afin
de s’adapter au contexte jusqu’au
bout. Ce sont des ajustements, qui
se feront sur notre projet sur la
Seine. Il n’y a pas de travaux sur un
autre projet artistique.
Notre plan intègre depuis le
début – et jusqu’à la fin – des mesu-
res d’adaptation, en intégrant des
risques de sécurité, mais aussi
météorologiques. En clair, il y a seu-
Gustave Rideau muscle ses capacités
dans les mobile homes
PAYS DE LA LOIRE Après les vérandas, Gustave Rideau investit
sur les mobile homes, un secteur où, malgré l’inflation, la
demande ne faiblit pas. Après un an de travaux et un investisse-
ment de 10 millions, le constructeur vendéen de vérandas, per-
golas et abris de piscine (250 millions de chiffre d’affaires
en 2022 avec 1.100 salariés) s’est doté d’une troisième usine, à
Venansault, pour assurer la montée en charge de sa production.
Le nouveau site de 13.500 m2 va permettre de doper les capacités
de 4.500 à 6.000 mobile homes pour la saison 2025 (qui va de

plus sensibles à la chaleur et d’anti- sa fréquence cardiaque et sa teuil aux JO d’Athènes, le double lement un plan A, mais celui-ci septembre 2024 à juillet 2025). Il se concentre d’abord sur la
ciper les risques en cas de fortes température puis transmettre ces champion du monde se prépare intègre toute une série d’options gamme Otello, des mobile homes haut de gamme destinés au
températures importantes. données au boîtier qui les transfé- activement pour les JO de Paris. n alternatives. n marché du résidentiel. Lire l’intégralité de l’article sur lesechos.fr

START-UP
Travail hybride :
les outils des
grandes entreprises
Plus que jamais, les outils informatiques doivent
s’adapter aux nouveaux besoins des équipes pour une
collaboration fluide et sans couture à tous les niveaux
des grandes organisations.
P
artenaire privilégié des grandes
entreprises dans toutes leurs
stratégies de transformation,
HP les accompagne également
dans la mise en œuvre du travail
hybride. Convaincu que celui-ci peut monter
en puissance sans compromettre la cyber-
sécurité des organisations, le constructeur
propose des solutions technologiques sécu-
risées et flexibles qui apportent aux colla-
borateurs l’autonomie et les performances
qu’ils appellent de leurs vœux.
La sécurité, un prérequis
incontournable
— Ces dernières années, le développement
sans précédent du télétravail est allé de pair
avecceluidesvisioconférences.Conséquence:
une utilisation quotidienne des caméras et des
micros des ordinateurs. Dans le même temps,
le recours massif aux applications hébergées
dans le cloud ou encore l’utilisation de réseaux
WiFi domestiques ont multiplié les points
d’entrée pour les cyberattaques. Celles-ci ne
cessent d’ailleurs de croître : le cabinet Asterès
estime que près de 350 000 attaques ont ciblé
les entreprises françaises en 2022.
Pour protéger les entreprises, HP propose
des ordinateurs puissants et sûrs, à l’image
de la gamme HP EliteBook, équipée de HP
Wolf Security. Cette suite de solutions de
sécurité intuitives imaginée spécialement
pour les professionnels garantit une protec-
tion renforcée à tous les niveaux du système
d’exploitation. En cas de PC volé ou égaré,
HP Wolf Connect permet de le localiser, de
le verrouiller et d’effacer ses données à dis-
tance, même s’il est éteint.
La sécurité est également intégrée au cœur
des systèmes d’impression dernière généra-
tion. Démonstration avec la gamme HP
LaserJet Managed E800. Capable de protéger
l’ensemble des données lors de l’impression,
de la numérisation et de l’envoi, cette impri-
mante bénéficie de mises à jour constantes
pour prévenir les malwares émergents. En
outre, son système d’auto-réparation détecte
les anomalies et les supprime en temps réel.
Avec cette suite d’outils de surveillance et
de protection intégrée aux solutions HP, la
résilience du matériel informatique n’est
plus un vain mot.
Flexibilité et efficacité en tous lieux
— L’espace de travail est en pleine mutation,
comme en témoigne la révolution dulex oice
(« bureau flexible »). Avec ce nouveau mode
d’organisation, les collaborateurs peuvent
COMMUNIQUÉ
choisir le lieu de travail qui convient le mieux
aux tâches à effectuer ou tout simplement à
leur humeur du moment : bureaux partagés,
espaces de coworking, lieux de réunion infor-
melle ou bien le domicile. Pour garantir une
efficacité optimale en toute circonstance, les
outils de travail deviennent plus intuitifs et
plus collaboratifs. Particulièrement adaptés
aux besoins des travailleurs nomades, les
PC HP EliteBook sont dotés de la plateforme
Intel vPro®, pour accompagner les usagers
dansleurstâcheslesplusexigeantes.Ilsoffrent
un compromis parfait entre performance et
portabilité avec des fonctionnalités inédites
comme la réduction des bruits environnants
pour des visioconférences plus agréables. À
la clé, une expérience de travail sans couture
et une fluidification de la collaboration au
sein des équipes.
Pour créer un environnement de travail
hybride à la fois agile et flexible, HP déploie
également une suite de solutions dans le
cloud. L’ambition est claire : garantir aux
collaborateurs une expérience optimale et
sécurisée, quels que soient leurs lieux de
travail et le type d’appareils utilisé, à l’instar
de deux nouvelles séries d’imprimantes A4
et A3, HP LaserJet Managed E700 et E800.
Flexibles, performantes et durables, elles
font le plein d’innovations intelligentes :
correction et diminution automatique des
risques de bourrage papier, allumage et
impression rapide grâce au processeur qua-
dricœur HP. Atout supplémentaire : leur
interface unique pour scanner, modifier,
signer et envoyer via le cloud les documents
vers plusieurs destinations (dossiers réseaux,
e-mails, etc.) simplifie à l’extrême les tâches
relatives à la gestion et à la dématérialisation.
Les bénéfices d’une gestion
proactive du parc informatique
— Pour les grandes entreprises, la gestion
du parc IT représente une tâche complexe.
Elle n’en est pas moins indispensable pour
optimiser les performances et le bon fonc-
tionnement de l’organisation. De la mainte-
nance à la mise à jour des équipements, le
service HP Proactive Insights propose une
approche holistique et proactive, conçue
pour accompagner les départements IT dans
leurs missions quotidiennes. Les tableaux
de bord intégrés permettent de superviser
l’ensemble du parc, d’anticiper les problèmes
des appareils et d’élaborer des recomman-
dations pour en limiter les désagréments.
L’accès simplifié aux fonctionnalités de
diagnostic et de résolution des problèmes
courants, couplé à des outils de mesure de la
satisfaction des utilisateurs, assurent une ex-
périence numérique sans couture. Gains de
productivité, durée de vie des appareils pro-
longée… HP Proactive Insights permet enfin
de maîtriser les coûts, ce qui maximise les
performancesàtouslesniveauxdel’entreprise.
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos
French Tech :
avec la crise,
les salaires
des fondateurs
se stabilisent
ÉCOSYSTÈME
D’après une étude
du collectif The Galion
Project auprès
de ses membres,
le salaire brut médian
d’un fondateur s’est
élevé à 120.000 euros
en 2023, soit le même
montant qu’en 2021.
Charlie Perreau
La crise qui s’est abattue sur la tech
depuis dix-huit mois se ressent de
toutes parts. Même sur le niveau de
rémunération des patrons. D’après
une étude du collectif The Galion
Project réalisée auprès de ses mem-
bres, le salaire médian d’un fonda-
teur qui a la fonction de PDG s’élève
à 120.000 euros brut, soit le même
montant qu’en 2021. Ceux qui se si-
tuent dans le 25e centile gagnent
85.000 euros brut et ceux dans le
75e, 150.000 euros brut. Notons que
les membres du Galion sont des
start-up qui ont levé au moins 3 mil-
lions d’euros auprès de fonds de ca-
pital-risque, et ne représentent
donc pas la majorité de l’écosystè-
me français. Les fondateurs qui
exercent une autre fonction (direc-
teur technique, directeur produit…)
sont payés 12 % de moins que les
PDG. Cet écart était de 20 % en 2021.
« Voir une augmentation des salaires
des c-level [les membres du comité
de direction, NDLR] est très positif,
cela montre la maturité des profils
qui rejoignent les start-up et scale-
up », se réjouit Agathe Wautier, co-
fondatrice de The Galion Project.
Des bonus et des BSPCE
Comme l’a révélé une récente étude
de Figures pour « Les Echos », les
salaires des membres des comités
de direction ont majoritairement
augmenté en 2023. A titre de com-
paraison, un directeur commercial
dans une start-up française en
« early stage » gagne 120.000 euros
par mois, et un directeur financier,
125.000 euros. Un fondateur ne tou-
che pas uniquement un salaire, qui
est d’ailleurs fixé par son conseil
d’administration. Parmi les répon-
dants, 38 % indiquent compléter ce
fixe par un bonus de performance,
contre près de la moitié en 2021. Le
revenu médian total (salaire + va-
riable) s’élève ainsi à 130.000 euros
(95.000 pour le 25 e centile et
190.000 euros pour le 75e centile).
« Ceux qui ont pu maintenir ce va-
riable sont légèrement mieux lotis »,
soulignent les auteurs de l’étude.
Autre élément à prendre en comp-
te : les actions et les BPSCE, sorte de
stock-options très répandus dans la
tech, sont pratiqués par 37 % des ré-
NEWSLETTER
START-UP
Levée de fonds, décryptages,
chiffres clés… Pour ne rien rater
de l’actualité de la French Tech
et des start-up, abonnez-vous
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(du lundi au vendredi).
26
pondants. Les salaires des fonda-
teurs varient en fonction des mon-
tants levés. Pour une jeune pousse
qui a collecté moins de 5 millions
d’euros, le salaire médian brut est
de 84.000 euros, 120.000 euros en-
tre 5 et 19 millions levés et
250.000 euros pour plus de 100 mil-
lions collectés. L’étude montre que
depuis deux ans, les salaires restent
stables pour les levées de moins de
50 millions d’euros et que pour cel-
les qui sont supérieures, ils sont
quasiment tous en hausse.
« Cela démontre que dans une con-
joncture plus difficile, ce sont les plus
fragiles qui perdent le plus en pouvoir
de négociation », observe les auteurs
de l’étude. « Notre étude sert de réfé-
rence au marché et permet aux fon-
dateurs de négocier avec les VC
[fonds de capital-risque, NDLR] qui
ne sont pas très généreux », ajoute
Agathe Wautier.
L’écart entre hommes
et femmes augmente
Les patrons des plus petites start-up
ont été le plus touchés par la crise de
la tech. Pour les jeunes pousses de
moins de 20 salariés, on note une
baisse de la médiane de 5 % en deux
ans, tandis que pour celles de plus de
100 salariés, la médiane enregistre
une augmentation de près de 15 %.
Les différences sont aussi visibles
entre les start-up rentables et non
rentables. Le salaire médian des fon-
dateurs du premier groupe est de
150.000 euros, contre 100.000 euros
pour le second groupe.
Les fondateurs qui
ont une autre fonction
sont payés 12 % de
moins que les PDG.
Il y a une chose que la crise n’a pas
changée : l’égalité salariale entre
fondateur et fondatrice. En 2023, il
s’élevait à 41 % contre 33 % en 2021.
L’année passée, le salaire médian
d’une fondatrice est de 85.000 euros.
Cet écart n’est pas étonnant puis-
que les femmes lèvent moins de
fonds que les hommes, en raison
notamment des biais conscients et
conscients des investisseurs. Parmi
les répondantes, la moitié a levé
moins de 5 millions d’euros. Donc,
si on regarde uniquement les start-
up qui ont levé moins de 5 millions
d’euros, l’écart salarial est de 20 %,
avec une médiane à 75.000 pour les
femmes, et 90.000 euros pour les
hommes. Encore des biais cons-
cients et inconscients ?
4
MÉTHODOLOGIE
L’échantillon de l’étude se base
sur 215 répondants membres
du Galion ayant tous levé des
fonds. Ce panel est représenté
par 37 femmes et 178 hommes.
Notons également que 79 %
d’entre eux sont PDG.
L’échantillon a été réparti
selon trois seuils :
– 25e centile : 25 % des gens sont
moins payés, 75 % sont mieux
payés.
– 50e centile : il s’agit de la
rémunération médiane.
– 75e centile : 75 % des gens sont
moins payés, 25 % sont mieux
payés.
27
FINANCE&MARCHES
Les Echos Mercredi 17 janvier 2024

Assurance-vie : les taux font le grand écart

l Face à la forte décollecte sur les fonds en euros, deux camps se font face : ceux qui offrent des rendements 2023
supérieurs aux 3 % du Livret A et les autres.
l Référence historique, l’Afer a dévoilé une hausse modérée, à 2,22 %.

marché, et La Mondiale (sur cer-

ÉPARGNE
Amélie Laurin
Nouvelle déception chez l’Afer et
Gaipare. Après l’annonce de rende-
ments en forte hausse la semaine
dernière pour les fonds en euros de
plusieurs grands noms de l’assu-
rance-vie, les deux associations
d’épargnants ont dévoilé mardi des
taux en faible augmentation et,
comme l’an dernier, nettement en
deçà de la moyenne du marché.
Chez Gaipare, dont le contrat est
géré par Allianz, le rendement
annuel passe seulement de 2,20 %
en 2022 à 2,30 % au titre de 2023. A
l’Afer, il passe de 2,01 % à 2,22 %.
Dans le passé, l’association d’épar-
gnants partenaire d’Abeille Assu-
rances donnait pourtant le « la » lors
de son annonce de janvier, en dévoi-
lant l’un des meilleurs taux du mar-
ché. C’était avant l’acquisition de
l’ex-Aviva France par la Macif.
tains contrats) servent un taux de
base de 2 %, et MMA de 2,25 %.
Deuxième acteur du marché fran-
çais, CNP a annoncé mardi soir des
taux plancher compris entre 2,15 %
et 2,50 %. Même si des « bonus »
accordés aux porteurs d’unités de
compte (UC) ou de contrats euro-
croissance peuvent faire grimper la
rémunération annuelle de certains
contrats, l’écart se creuse entre les
moins-disants et les plus offensifs,
comme Corum EuroLife, l’un des
derniers nés du marché.
Ce fonds en euros assuré par
SwissLife affiche un rendement
annualisé de 4,45 %, en extrapolant
sur une année la performance du
second semestre 2023. Pour attein-
dre ce niveau de rémunération,
l’assureur a investi dans des obliga-
tions d’Etat et d’entreprises récen-
tes, donc bien rémunérées grâce à la
hausse des taux d’intérêt. Les fonds
en euros historiques sont, eux,
encore en partie englués dans leurs

La référence du Livret A
Aujourd’hui, d’autres lui volent la
vedette, en particulier la MACSF à
3,10 %, Garance à 3,50 %, La France
Mutualiste à 3,70 %, ou encore
Corum EuroLife à 4,45 %. Signe de
la bataille qui fait rage sur le mar-
ché, Société Générale Assurances
signe de son côté une remontée
spectaculaire en passant d’un taux
minimal de 1,60 % à 2,85 %. MAAF
et GMF approchent aussi ce niveau,
à 2,8 %.
On n’est plus très loin des 3 % du
Livret A. Depuis l’an dernier, le pro-
duit phare de l’épargne réglemen-
tée est en effet devenu la nouvelle
référence du marché de l’assuran-
ce-vie, en rapportant désormais
plus que les fonds en euros. Une
première depuis 1982. Ces derniers
ont certes servi un rendement
moyen en hausse pour la première
fois depuis trente ans, mais il a seu-
lement atteint 1,91 % en 2022, selon
l’ACPR, le régulateur du secteur.
Pour 2023, le cabinet Facts &
Figures table sur une moyenne de
2,50 % pour ce produit cœur de
l’assurance-vie. Gaipare et l’Afer ne
sont pas les seuls à faire moins bien.
AXA, qui a réduit la voilure sur ce
investissements passés, à l’ère des
taux très bas. Outre la gestion finan-
cière, le niveau de réserves est
l’autre facteur différenciant entre
les acteurs. Cette provision pour
participation aux bénéfices (PPB)
est censée parer aux coups durs.
Typiquement, la remontée rapide
des taux d’intérêt démarrée
en 2022, qui déstabilise le modèle
des fonds en euros confrontés à une
forte décollecte (plus de 25 milliards
d’euros l’an dernier à fin novembre).
Réserves
Certains assureurs fourmis, notam-
ment les bancassureurs, ont accu-
mulé les réserves et pourront les
distribuer pendant encore cinq ou
six ans pour gonfler leurs rende-
ments. D’autres plus cigales,
comme l’Afer, ont distribué le fruit
des investissements au fil de l’eau.
L’Afer a ainsi puisé 115 millions
d’euros dans sa PPB pour gonfler
son taux 2023, et il lui reste 219 mil-
lions de provisions, selon les chif-
fres dévoilés mardi par son prési-
dent Gérard Beckerman.
« On a refusé de jouer avec la PPB,
qui est un régulateur », a-t-il déclaré
au cours d’un point presse. Celle-ci
représente 0,54 % des encours du
fonds en euros contre 0,80 % à
fin 2022, et 5,4 % à l’échelle du mar-
Dans le passé, l’Afer, l’association d’épargnants partenaire d’Abeille Assurances donnait pourtant le « la » lors de son annonce de janvier.
Interrogations sur l’avenir de Bruno Angles
à la tête d’AG2R La Mondiale
Des organisations syndica-
les réclament le départ
du directeur général
du premier groupe
de protection sociale.
Le Medef est, selon
plusieurs sources,
en position d’arbitre.
A. L.
et Leïla de Comarmond
Le dossier agite le monde des affai-
res, de la CGT au Medef. Bruno
Angles, directeur général d’AG2R
La Mondiale, serait poussé vers la
sortie par des organisations syndi-
cales qui contestent sa gestion du
premier groupe français de pro-
tection sociale, présent à la fois
dans la retraite complémentaire
assuré par Jean-Marc Robinet,
68 ans, directeur général adjoint
du groupe. « Nous sommes encore
dans le temps de la réflexion »,
temporise un membre de la gou-
vernance.
Lettre des leaders
syndicaux
Pourtant, AG2R « dément » ferme-
ment un éventuel départ de son
patron, nommé au printemps
2022 pour redresser les comptes.
Le groupe paritaire et mutualiste,
longtemps dirigé par André
Renaudin, a perdu 400 millions
d’euros en dix ans dans son entité
de prévoyance. Mardi, Bruno
Angles a déclaré son intention de
rester lors d’un séminaire réunis-
sant 200 cadres de l’entreprise,
ensuite par le directeur général.
Pour calmer les esprits, l’ancien
patron de Credit Suisse à Paris a
essayé, selon plusieurs sources,
d’arrondir les angles avec les parte-
naires sociaux que ce banquier,
peu rompu aux arcanes du parita-
risme, avait froissés en serrant les
cordons de la bourse. Mais ces
efforts n’ont visiblement pas suffi.
« Bruno Angles a eu du mal à
comprendre les rapports de force
avec les partenaires sociaux,
affirme un bon connaisseur du
groupe. Il a été nommé pour net-
toyer les écuries d’Augias. Ça a été
violent ». « Il a voulu mettre fin à des
conflits d’intérêts dans les œuvres
sociales du groupe », poursuit une
deuxième source. Une version
contestée par d’autres. « Il a taillé
dans des dépenses indispensables,
Joël Saget/AFP
Angles – comme la CGT. La CFTC,
elle, continue à soutenir le diri-
geant. Le Medef se retrouve en
position d’arbitre.
Le Medef
est « très prudent »
Mais au sein du camp patronal, « il
y a autant d’avis que de dirigeants »,
assure une source. Si Geoffroy
Roux de Bézieux défendait Bruno
Angles, la position de son succes-
seur Patrick Martin n’est pas claire
aux yeux de beaucoup. « Le Medef
est très prudent, affirme l’un de ses
représentants. Pousser Bruno
Angles vers la sortie créerait un pré-
cédent fou ! »
Depuis l’éviction de Guillaume
Sarkozy de Malakoff Humanis en
2015, jamais les patrons n’ont lâché

4,45 %
Le rendement annualisé affiché
par Corum EuroLife, l’un des
derniers nés du marché, assuré
par SwissLife. C’est l’un des
contrats les plus offensifs.
ché à cette date. Lundi, l’ACPR, le
gendarme du secteur, a appelé les
assureurs à puiser dans leurs réser-
ves pour augmenter le rendement
servi sur les fonds en euros au capi-
tal garanti par les compagnies.
Cette redistribution doit permettre
de retenir les épargnants et d’éviter
une accélération des rachats qui
pourrait déstabiliser le système. n
(Agirc-Arrco), la santé-prévoyance
et l’assurance-vie.
Le dirigeant aurait même évo-
qué sa démission à quelques pro-
ches en interne, vont jusqu’à souf-
fler plusieurs sources, dans le
camp syndical comme parmi les
patrons du secteur de l’assurance,
après un article du site Tripalio.
Certains prédisent déjà un intérim
selon nos informations.
Alors pourquoi tant de bruit ?
L’affaire a démarré l’été dernier,
lorsque les patrons nationaux de la
CGT, la CFDT, la CFE-CGC et FO
ont adressé une lettre cinglante à
Bruno Angles, contestant sa ges-
tion et l’accusant de vouloir trans-
former le groupe en société ano-
nyme (SA). Un scénario démenti
comme la prévention en matière de
santé au travail et l’ambiance en
interne est devenue très difficile »,
tacle une troisième source.
La situation a continué à se
dégrader, en particulier avec Fran-
çois Hommeril, président de la
CFE-CGC, qui demande claire-
ment la démission de Bruno
le dirigeant d’un groupe de protec-
tion sociale. Preuve de la sensibi-
lité du sujet, une réunion d’admi-
nistrateurs salariés et patronaux
d’AG2R La Mondiale a été annulée
la semaine dernière. Pour ne pas
donner l’impression de fomenter
un coup, selon une source ; dans
l’attente d’un « deal » avec le patro-
nat, selon une autre. n

Cinq offres de reprise pour la start-up Luko

ASSURANCE
Allianz et le jeune
courtier Leocare font
partie de la liste des
entreprises en lice
pour mettre la main
sur l’insurtech spécia-
lisée dans l’habitation.
Charlie Perreau
Luko voit (enfin) la lumière au bout
du tunnel. A la suite de son place-
ment en redressement judiciaire en
novembre 2023, la start-up fran-
çaise spécialisée dans l’assurance
habitation a reçu cinq offres de
reprise, a révélé L’Argus de l’assu-
rance. Le groupe allemand Allianz,
qui s’était déjà positionné fin 2023,
est toujours intéressé.
Il est rejoint par Magnolia, spé-
cialiste de l’assurance-emprun-
teurs, les deux start-up françaises
Leocare et Lovys et la jeune pousse
britannique Laka, positionnée sur
l’assurance vélo, qui a racheté il y a
quelques semaines son concurrent
français Cylantro. Des offres amé-
liorées seront présentées au tribu-
nal de commerce de Bobigny ce
mercredi et la décision sera rendue
d’ici à la fin du mois. Allianz, Leo-
care et Magnolia proposent de
reprendre l’intégralité des contrats.
Selon nos informations, l’offre
d’Allianz reprendrait le plus de sala-
riés (environ 90 % de la centaine
d’employés).
La décision du tribunal de com-
merce de Bobigny marquera la fin
d’une histoire pleine de rebondisse-
ments. Tout s’est accéléré en 2023,
quand Luko n’est pas parvenu à
lever des fonds dans un contexte de
raréfaction des financements dans
la tech. En juin de cette même
année, une procédure de sauve-
garde avait été déclenchée en raison
d’une dette de 45 millions d’euros,
dont 12 millions dus aux actionnai-
res d’Unkle, spécialiste de la garan-
tie des loyers impayés, que Luko a
racheté en 2022 (revendu depuis au
courtier grossiste Solly Azar). Cette
même année, la start-up avait aussi
acquis son concurrent allemand
Coya, qui détenait un agrément
d’assureur (alors que Luko n’était
que courtier). Mais elle a finale-
ment cédé son portefeuille de
clients allemands à l’insurtech
Gatesafe en octobre 2023.
Le britannique Admiral, qui
détient la marque L’Olivier en
France, était entré en négociations
pour reprendre l’insurtech fran-
çaise à hauteur de 14 millions
d’euros. Mais quelques mois plus
tard, le groupe a résilié son offre en
raison de plusieurs éléments, dont
l’existence d’un potentiel redresse-
ment fiscal d’un montant de
840.000 euros à la suite d’un audit
de TVA. En novembre, Allianz, via
sa filiale Allianz Direct, s’est posi-
tionné pour racheter Luko pour
8 millions d’euros. Le différentiel de
6 millions résultait de nouvelles
pertes « qu’Allianz consentirait à
reprendre pour son propre compte »,
comme précisé dans un jugement.
En France, Luko
revendique 230.000
contrats qui couvrent
361.000 assurés.
Ce rachat aurait été une belle
occasion pour l’assureur de se faire
une place sur le marché français de
l’assurance en ligne, où Allianz veut
se relancer en 2024, d’abord dans
l’assurance voyage. Mais la fin du
plan de sauvegarde de Luko a empê-
ché l’opération de se faire. Autre
rebondissement : Luko Cover,
l’entité qui détient la plateforme
technologique et le portefeuille
d’assurances de la start-up, a, à son
tour, été placée en redressement
judiciaire en fin d’année. Dans la
foulée, Allianz est revenu à la charge
avec une offre symbolique
de 4 euros. Le redressement judi-
ciaire a finalement été repoussé de
plusieurs semaines. La start-up
indique qu’une « continuité opéra-
tionnelle » est assurée malgré les
procédures. A ce jour, elle revendi-
que 230.000 contrats en France, qui
couvrent près de 361.000 assu-
rés. Depuis sa création en 2016,
Luko a levé plus de 70 millions
d’euros, dont 50 millions fin 2020. n
FINANCE & MARCHES
En Bourse,
la fin du conte
de fées fait
craindre le pire
l Une poursuite de la déflation et un
pivot des banques centrales restent
le scénario privilégié par les marchés.
l Mais de nombreux professionnels
s’attendent à un début d’année chaoti-
que pour les Bourses mondiales.
BOURSE
Bastien Bouchaud
De « Boucles d’Or » à « Alice au pays
des merveilles », les professionnels
de l’investissement ne manquent
pas d’imagination pour décrire
l’environnement actuel. A en croire
le consensus, l’inflation va ralentir,
le chômage va rester contenu, l’éco-
nomie va tenir, les profits vont con-
tinuer à croître et les banques cen-
trales vont réduire agressivement
leurs taux, offrant une bouffée d’air
frais aux Bourses mondiales.
Mais la réalité est rarement aussi
belle que les contes de fées. De plus
en plus d’investisseurs estiment
que les marchés se bercent d’illu-
sions et mettent en garde face au ris-
que d’un réveil brutal. « Les investis-
seurs sont aujourd’hui en flagrant
déni de réalité », estime Charles-
Henri Kerkhove de Fidelity. « A l’évi-
dence, leurs fêtes ont été chargées et
ils n’ont pas encore décroché de la fée-
rie de Noël », cingle-t-il.
Risque
de récession
L’optimisme est certainement de
mise chez les gérants. Près de huit
professionnels sur dix interrogés
par Bank of America en janvier
s’attendent à un atterrissage en
douceur de l’économie américaine,
un record. Et ils sont plus de 40 % à
penser qu’une récession est évita-
ble. Leurs attentes en termes de
croissance sont au plus haut depuis
un an, et en termes de profits au
plus haut depuis deux ans.
« Les marchés ont clairement
acheté le scénario du meilleur des
mondes », estime Julien-Pierre
Nouen de Lazard Frères Gestion.
Après l’embellie de fin d’année, « les
primes de risque sont très basses, ce
qui laisse peu de marge de sécurité en
cas de déception », ajoute-t-il, prédi-
sant un début d’année mouve-
menté pour les Bourses mondiales.
Les grands indices boursiers ont
d’ailleurs déjà marqué le pas depuis
début janvier, stables voire en
légère baisse à Wall Street, et en
Valorisations : les sociétés cotées japonaises résistent
à la pression du Tokyo Stock Exchange
BOURSE
Depuis l’an dernier, le
Tokyo Stock Exchange
presse les entreprises
cotées de lui communi-
quer leurs plans
pour doper la valeur
de leurs actions.
Yann Rousseau
— Correspondant à Tokyo
Afin de doper ses indices, la Bourse
de Tokyo expliquait, depuis des
mois, qu’elle comptait mettre en
avant les entreprises cherchant à
recul d’environ 2 % en Europe. « Le
scénario magique d’un atterrissage
en douceur est fortement improba-
ble », abonde Benoit Peloille de
Natixis Wealth Management. « C’est
un grand classique, c’est quand on est
le plus convaincu d’y échapper que
l’on tombe finalement en récession »,
met-il en garde. Même modérée,
une récession pourrait entraîner
une chute de 15 % du S&P 500 et de
plus de 20 % du CAC 40, estime-t-il.
Dégradation de l’emploi
« La contradiction évidente tient à
l’idée d’un ralentissement imma-
culé », observe Andrew Lapthorne
de Société Générale, « où les taux
d’intérêt déclinent à mesure que
l’inflation revient à son niveau cible
et où la rentabilité des entreprises
croît à un rythme à deux chiffres ». Ce
qui signifierait que « les hausses de
taux d’intérêt déjà effectuées ne
pèsent ni sur la demande, ni sur les
bilans ». Or, historiquement, « la
baisse des taux va de pair avec une
chute des profits », rappelle-t-il.
Le moteur de recherche chinois Baidu plombé en Bourse
par ses liens supposés avec l’armée
Le cours du « Google »
chinois a sombré de plus
de 11 % à Hong Kong lundi.
Les investisseurs redou-
tent la mise en place de
nouvelles sanctions par le
gouvernement américain.
La sanction est sévère pour Baidu.
Le moteur de recherche chinois a
plongé de 11,5 % lundi à la Bourse
de Hong Kong, sa chute la plus
importante en plus d’un an. En
cause, un article du « South China
Morning Post » (SCMP), le princi-
pal quotidien économique de la
place financière chinoise, évo-
quant l’utilisation de son pro-
gramme d’intelligence artificielle
(IA) générative, Ernie, par un insti-
tut de recherche affilié à l’armée
chinoise.
doper la valeur de leurs actions. Son
outil : une liste, publiée régulière-
ment, qui rassemble les sociétés
soucieuses de renforcer la rentabi-
lité pour leurs actionnaires et, en
creux, pointe celles qui ne font pas
les efforts nécessaires. En ce
début 2024, une majorité des grou-
pes cotés semblent toutefois tentés
de résister à cette tactique de pres-
sion basée sur le « name and
shame ». Le Tokyo Stock Exchange
(TSE) a mis en ligne, cette semaine,
un premier tableau recensant les
entreprises lui ayant communiqué
des plans pour officiellement « met-
tre en place une gestion consciente du
coût du capital et du prix de l’action ».
Seuls 660 des 1.656 groupes de la
Autrement dit, « soit la croissance
s’améliore, ce qui va raviver les crain-
tes inflationnistes, soit l’économie se
détériore, ce qui ramènera le risque
de récession au premier plan »,
détaille Mathieu Savary de BCA
Research. Un rebond de l’activité,
retardant l’assouplissement moné-
taire tant attendu serait un moindre
mal pour les marchés bour-
siers. Les professionnels redoutent
plutôt une dégradation de l’écono-
mie. Les marchés européens pour-
raient alors chuter de 20 % à 25 %,
selon lui.
Les effets du resserrement
monétaire prennent en effet du
temps à se diffuser dans l’économie,
rappellent les professionnels.
« Quand le marché du travail ralen-
tit, ce n’est pas un phénomène
linéaire, cela peut arriver brutale-
Les protestations de Baidu, qui
assure n’avoir aucun partenariat
avec cet institut, n’ont pas suffi à
renverser la tendance en Bourse.
« Les investisseurs étrangers ont
actuellement une tolérance zéro
pour la moindre contrariété tou-
chant les sociétés chinoises », expli-
que Xiadong Bao, gérant chez
Edmond de Rothschild AM.
« Même s’il ne s’agit pas d’un
partenariat, l’utilisation de ses ser-
vices par un affilié de l’armée chi-
noise ravive les craintes de voir le
groupe être placé sur une liste noire
par le gouvernement américain »,
estime-t-il.
La réaction de marché a effacé
plus de 4,5 milliards de dollars de
capitalisation pour Baidu. Le
moteur de recherche est perçu
comme le leader de l’IA générative
section « prime » du marché lui ont
remis un plan d’amélioration, ce qui
représente un ratio de 40 %. Et seule-
ment 11,5 % des sociétés cotées sur la
section « standard », où s’échangent
les titres des plus petites entreprises,
ont fait cet effort.
Des plans non contraignants
Ces plans, qui peuvent envisager des
rachats d’actions, des fermetures
d’activités déficitaires, une réduc-
tion des réseaux de participations
croisées, ou encore la promotion de
femmes au sein de la direction ou du
conseil d’administration, ne sont
que de simples communications de
projets et n’engagent aucunement
les sociétés à prendre ensuite la
ment », prévient Frederik Ducrozet
de Pictet Wealth. Il pointe notam-
ment la chute de l’indice ISM sur
l’emploi américain en décembre,
qui a enregistré sa plus forte baisse
sur un mois en dehors de la pandé-
mie de Covid.
Saison des résultats
Mais la situation reste « difficile à
lire », estime-t-il, alors que d’autres
indicateurs restent bien orientés.
La saison des résultats annuels qui
s’ouvre aux Etats-Unis et démar-
rera fin janvier en Europe pourrait
permettre de dissiper les doutes des
investisseurs, ou au contraire de
renforcer leurs craintes vis-à-vis de
la dynamique économique.
Les analystes ont revu en baisse
leurs espoirs pour les entreprises
européennes ces derniers mois,
en Chine avec son programme
Ernie, présenté comme une alter-
native à ChatGPT. Il revendique
plus de 100 millions d’utilisateurs
depuis son lancement public en
août. Dont des chercheurs affiliés
à l’Armée populaire de libération
(PLA), à en croire le SCMP, qui cite
un article de recherche publié
dans une revue militaire chinoise,
inaccessible hors de Chine.
100
MILLIONS
Le nombre d’utilisateurs
revendiqué par Ernie,
le programme d’IA générative
de Baidu.
moindre initiative concrète. Aucune
sanction n’est prévue pour les grou-
pes qui ne communiquent pas de
plan, ou ne les appliquent pas.
Si les statistiques du TSE indi-
quent tout de même une légère pro-
gression par rapport aux promesses
de plan d’amélioration communi-
quées en juillet 2023, avant la
« menace » des listes, par les entre-
prises (20 % dans le « prime » et 4 %
dans le « standard »), elles montrent
une résistance ou un désintérêt de
centaines de sociétés. Plusieurs
grands noms du marché « prime »
n’ont d’ailleurs pas pris la peine de
soumettre un quelconque plan au
Tokyo Stock Exchange. Les géants
Toyota, SoftBank, Nintendo ou
Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos
mais ils pourraient encore être
déçus, selon Bank of America. Une
diminution de 16 % des profits sur
un an est attendue, avec un décro-
chage particulièrement fort de
l’énergie et de l’industrie. Le secteur
d u l u xe , l ’u n d e s p r i n c i p a u x
moteurs de la Bourse de Paris
notamment, pourrait également
souffrir jusqu’au milieu de l’année.
Aux Etats-Unis, les publications
des géants de la tech seront déter-
minantes. En dehors de Tesla, les
bénéfices des « Sept Magnifiques »
sont prévus en hausse de 56 % sur
un an. Le reste du marché devrait
voir ses profits reculer de 6 % en
moyenne, selon Bank of America.
Mais au-delà des résultats, les
investisseurs seront à l’affût des
perspectives données pour l’année
à venir. n
Début 2021, lors des derniers
jours de Donald Trump à la Mai-
son-Blanche, Baidu avait échappé
de peu à un placement sur une liste
noire interdisant aux investisseurs
américains de détenir ses titres,
tout comme Alibaba et Tencent,
deux autres géants chinois de la
tech. A l’époque, l’administration
américaine, en particulier le
département d’Etat et le Penta-
gone, évoquaient déjà les liens
potentiels de ces groupes avec
l’armée chinoise.
Tensions géopolitiques
Les difficultés de Baidu en Bourse
montrent que les tensions géopoli-
tiques continuent de préoccuper
les investisseurs. Mais elles reflè-
tent également les perspectives
décevantes de l’économie chinoise,
encore Fast Retailing (propriétaire
d’Uniqlo) n’apparaissent ainsi pas
dans la liste diffusée par l’opérateur
de la Bourse de Tokyo. « Soit ils esti-
ment que l’opération du TSE est futile,
soit ils pensent que leurs performan-
ces parlent déjà d’elles-mêmes »,
explique un directeur financier.
Depuis un an, la Bourse de Tokyo
et plusieurs de ses titres vedettes affi-
chent une performance solide, por-
tée notamment par la faiblesse du
yen. L’indice Nikkei 225 a ainsi gagné
26 % sur les douze derniers mois, et
enregistré une forte hausse depuis
début 2024. S’il a perdu 0,8 % mardi,
sa progression, depuis le 1er janvier,
atteint toujours 7 %. S’ils ne s’inquiè-
tent pas du peu d’intérêt des grandes
28
400 milliards
d’euros de
dividendes
en Europe
Les versements de dividen-
des ont atteint 407 mil-
liards d’euros parmi les
entreprises de l’indice
MSCI Europe en 2023,
selon l’étude annuelle
d’AllianzGI, et ils devraient
encore croître de 6,5 %
cette année à 433 milliards.
La croissance devrait se
poursuivre en 2025, selon
le gérant, qui s’appuie sur
les estimations de marché,
et toucher les 460 milliards
d’euros cette année-là.
insuffisantes pour les inciter à
s’exposer plus que nécessaire aux
actions chinoises. Sur les deux pre-
mières semaines de janvier, avant
même la publication de l’article du
SCMP et la victoire du candidat pro
indépendance à Taïwan, les inves-
tisseurs étrangers avaient ainsi
déjà vendu pour 7,9 milliards de
yuans (1,1 milliard de dollars)
d’actions chinoises.
La fuite des capitaux étrangers
est à mettre en regard de la perfor-
mance décourageante des mar-
chés chinois. Après avoir enchaîné
trois années de pertes, une série
noire inédite depuis le début des
années 2000, l’indice MSCI China a
entamé 2024 en chute de 4,3 %, ce
qui marque son début d’année le
plus compliqué depuis 2016.
— B. B.
multinationales nippones pour les
initiatives du Tokyo Stock Exchange,
les analystes estiment que la publi-
cation mensuelle de cette liste de
bons élèves pourrait pousser, à
moyen terme, les entreprises les
plus conservatrices à réagir.
Ils espèrent notamment un effort
des centaines de groupes de la place
dont la capitalisation boursière
reste inférieure à la valeur de leurs
actifs (ratio Price To Book ou PBR
en dessous de 1). « Nous pensons que
cette liste du TSE va devenir un sujet
de discussion important entre les
investisseurs et le management de
certains groupes », pointent, dans
leur dernière note, les experts de
Goldman Sachs à Tokyo. n
29 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024
Les prix du gaz très bas malgré
les tensions en mer Rouge
MATIÈRES
PREMIÈRES
Le prix du mégawat-
theure continue
sa chute sur le marché
de Rotterdam.
Les stocks sont tou-
jours bien remplis et la
demande est en berne.
Nicolas Rauline
La vague de froid qui touche
l’Europe depuis quelques jours n’a
eu aucune conséquence sur les prix
de gros du gaz. Au contraire, le TTF
de Rotterdam, principal indice du
marché européen, n’a jamais été
aussi bas depuis le début de la crise
de l’énergie. Lundi, il est passé sous
la barre des 30 euros le mégawat-
theure, pour une livraison à un
mois. Bien loin du pic de 350 euros
de l’été 2022, quand la Russie avait
arrêté ses approvisionnements par
gazoduc, mais aussi très nettement
sous la moyenne des derniers mois,
entre 40 et 50 euros le MWh.
Si les prix restent aussi bas, c’est
d’abord parce que le niveau des
stocks demeure élevé. En Europe,
ils sont aujourd’hui pleins à près de
80 % en moyenne, avec des pointes
à 96 % au Portugal, près de 84 % en
Allemagne et encore près de 72 % en
France. Il y a deux ans, à la même
période, les stocks européens
étaient sous les 50 %. « Il n’y a
aujourd’hui aucune inquiétude sur
la capacité de l’Europe à remplir ses
stocks correctement pour le début de
la saison hivernale 2024-2025 », sou-
ligne Laurent Néry, responsable de
l’analyse des marchés chez Engie
Gems.
La demande européenne de -
meure aussi en deçà des niveaux
historiques. « La demande de gaz à
travers l’Union européenne est restée
bien en dessous des niveaux d’avant-
guerre en 2023 et en dessous de
l’année 2022, qui était déjà une année
déprimée », a indiqué dans une note
Adnan Dhanani, analyste chez RBC
Europe. Le contexte économique
mondial et la hausse des taux d’inté-
rêt ont fait pression sur les prix à la
baisse, mais une reprise est envisa-
geable au deuxième semestre et
pourrait inverser la tendance. Tou-
L’année compliquée de Goldman Sachs
se solde par une chute des profits
BANQUE
Le résultat net a fondu
d’un quart en 2023,
à 8,5 milliards de
dollars, soit la plus
mauvaise performance
depuis 2019.
La banque d’affaires
espère rebondir
en 2024, tout comme
sa rivale Morgan
Stanley.
Romain Gueugneau
C’est une année compliquée qui
vient de s’achever pour Goldman
Sachs. Les résultats financiers
publiés mardi en témoignent :
en 2023, la prestigieuse banque
d’affaires new-yorkaise a encaissé
ses plus faibles profits depuis 2019.
Malgré un rebond au dernier tri-
mestre, le bénéfice net est retombé
à 8,52 milliards de dollars, soit une
chute de 24 % par rapport à 2022, et
L’Europe a massivement importé du GNL (ici à Fos-sur-Mer) depuis le début de la crise de l’énergie.
tefois, « le principal risque pour les
prix pour l’année 2024 est de nature
géopolitique », prévient Laurent
Néry. « Il est très difficile de prévoir ce
qui va se passer et il y a beaucoup
d’échéances électorales. »
Une baisse plus prononcée
à terme ?
Aujourd’hui, ce sont ainsi les événe-
ments dans la mer Rouge qui bra-
quent l’attention. La plupart des
producteurs de gaz naturel liquéfié
(GNL) évitent désormais la région,
ce qui allonge les délais de livraison
et en théorie alourdit les coûts. Le
Qatar et la Russie, les derniers à fré-
quenter cette route, ont fini, eux
aussi, par détourner leurs métha-
niers vers l’Afrique en ce début de
semaine. « Le GNL va être affecté. Il
existe des routes alternatives, mais
elles sont moins efficaces », a lancé le
Premier ministre qatari Moham-
med ben Abderrahmane Al-Thani.
Le conflit n’a toutefois pas encore
eu d’effet sur les marchés, les prix
demeurant orientés à la baisse. « Ce
une division par près de 3 par rap-
port au record de 2021. Les revenus
s’établissent à 46,25 milliards, en
légère baisse de 2 %.
L’exercice 2023 a été marqué par
de nombreuses déconvenues pour
Goldman Sachs. L’établissement
américain paye le prix de sa récente
politique de diversification. Le pari
de la banque de détail, avec de coû-
teux investissements dans la filiale
Marcus et le partenariat dans les
cartes de crédit avec Apple, n’a pas
porté ses fruits.
Nombreuses déconvenues
Goldman Sachs s’est également
résigné à revendre, en fin d’année, la
fintech Greensky, spécialisée dans
les projets de rénovation, avec une
importante moins-value à la clé. La
banque a aussi fait le ménage dans
ses effectifs, en licenciant plus de
3.000 personnes l’an dernier.
« C’était une année consacrée à
l’exécution. Avec ce que nous avons
réalisé en 2023, associé à une straté-
gie claire et simplifiée, nous dispo-
sons d’une plateforme beaucoup
plus solide pour 2024 », a déclaré
David Solomon, le directeur géné-
n’est pas un problème d’offre, on n’a
pas perdu de volumes, résume Lau-
rent Néry. Les bateaux qataris qui
partaient vers l’Europe ont pu être
remplacés par des bateaux améri-
cains ou nigérians et inversement.
Cela amène plus de complexité logis-
tique mais on peut la résoudre à
moindre coût. » A condition que le
conflit avec les rebelles houthis ne
s’éternise pas.
A terme, l’arrivée sur le marché
de nouvelles quantités de GNL,
« Le principal
risque pour
les prix pour
l’année 2024
est de nature
géopolitique. »
LAURENT NÉRY
Responsable de l’analyse
des marchés chez Engie Gems
ral de la banque, déterminé à tour-
ner la page après avoir essuyé de
nombreuses critiques l’an dernier,
en interne comme en externe, sur
ses choix stratégiques et son style
de management.
Le patron de Goldman Sachs
espère prolonger la dynamique
positive entrevue en fin d’année. Au
quatrième trimestre, le bénéfice net
a grimpé de 51 % à 2 milliards de dol-
lars. L’activité est repartie à la
hausse, tirée par les bons résultats
de l’activité trading actions, alors
que les marchés ont terminé
l’année au plus haut.
La division de gestion d’actifs et
de gestion de fortune a en outre réa-
lisé sa meilleure performance tri-
mestrielle depuis deux ans. Mais
l’activité phare du groupe, la ban-
que d’investissement, demeure
compliquée, à l’issue d’une année
où les opérations de fusion-acquisi-
tion sont restées limitées.
Nouvelle ère
Chez la rivale Morgan Stanley, le
constat est à peu près le même
après une année 2023 difficile en
termes de performances financiè-
FINANCE & MARCHES
Montant record
pour le nouveau
green bond français
MARCHÉ
OBLIGATAIRE
Bercy a levé
mardi 8 milliards
d’euros pour son
obligation verte
à échéance 2049.
C’est un record
tant en termes
de montant que de
demande, laquelle a
dépassé 98 milliards
d’euros.
Guillaume Benoit
Carton plein pour le nouveau
green bond français. Bercy a
levé 8 milliards d’euros sur les
marchés pour son Obligation
assimilable du Trésor (OAT)
verte qui arrivera à échéance en
juin 2049. Un record pour
Clément Mahoudeau/AFP
l’Agence France Trésor (AFT)
– chargée de placer la dette de
l’Etat sur les marchés – pour
une t el l e o p éra t i o n. Tout
comme la demande.
« Les ordres des investisseurs
ont dépassé 98 milliards d’euros,
un montant inédit pour une
émission de dette française », se
grâce aux projets américains et félicite Antoine Deruennes,
qataris surtout, pourrait définitive- directeur général de l’AFT. cet
ment renvoyer les prix vers leur engouement a permis de
niveau d’avant-crise, entre 15 et réduire de deux points de base
20 euros le mégawattheure. le rendement offert aux inves-
Cette année, ce sont 15 milliards tisseurs. Il s’est finalement éta-
de mètres cubes supplémentaires bli à 3,2 %. Ce succès est de bon
qui devraient être livrés, soit un peu aloi pour la France, qui doit exé-
moins de 3 % du marché mondial cuter cette année le plus gros
du GNL. Mais l’impact devrait être programme de financement de
plus important en 2025 (environ son histoire, à 285 milliards
35 milliards de mètres cubes de d’euros.
plus), puis en 2026 (50 milliards) et
2027 (60 milliards). « A partir de la Investisseurs stables
fin de 2026, on aura recréé une marge Autre motif de satisfaction
suffisante pour servir l’Europe et pour l’AFT, les ordres sont
l’Asie sans risque de compétition beaucoup provenus d’investis-
forte sur les prix, ajoute Laurent seurs stables, comme les ban-
Néry. Mais des incertitudes subsis- ques centrales, les fonds de
tent sur l’évolution de la demande. » pension, les assureurs ou les
Les Français n’ont pas encore vu les banques, avec une bonne diver-
effets de la baisse des prix de gros sification géographique. « Nous
sur leur facture, mais cette dernière avons bénéficié de la confiance
devrait au moins stabiliser l’infla- dans la dette de la France, de
tion dans les mois qui viennent. l’appétit pour les obligations ver-
tes et pour les longues maturi-
Lire nos informations tés », analyse Antoine Deruen-
( Page 6 nes. Par ailleurs, comme il
s’agissait d’une opération
exceptionnelle – il ne s’agit que
de la quatrième obligation verte
émise par la France – elle s’est
déroulée par syndication. Un
groupe de banques a placé
directement les titres auprès
res, et des attentes fortes pour ce
millésime 2024, avec la prise de
fonction du nouveau patron Ted
Pick. « En 2023, le groupe a réalisé
une solide performance malgré un
contexte de marché mitigé et plu-
sieurs vents contraires. Nous débu-
tons l’année 2024 avec stratégie claire
et cohérente et une équipe de direc-
tion unifiée », a commenté le succes-
seur de James Gorman.
Les résultats publiés mardi par la
firme de Wall Street font état d’une
baisse de 17 % du bénéfice net
annuel, à 9,1 milliards de dollars,
Bloomberg
pour des revenus en légère hausse
(+1 %), à 54,1 milliards. Sur la fin de
l’année, l’activité a été tirée, à l’instar
de Goldman Sachs, par les bonnes
performances en gestion de for- UBS soulagé par l’abandon
tune. Au quatrième trimestre, les d’une enquête sur Credit Suisse
comptes ont été plombés par le pré-
lèvement spécial de la FDIC, le régu- BANQUE Soulagement pour UBS qui, en reprenant Credit
lateur américain, pour éponger le Suisse, a hérité de nombreux litiges. Les autorités helvétiques
coût du sauvetage des banques ont abandonné une enquête touchant à la manière dont ce der-
régionales au printemps dernier. nier a géré le cas d’un banquier ayant escroqué ses riches
Une addition à 535 millions de dol- clients. Dix-huit mois après avoir trouvé des raisons d’inculper
lars pour Morgan Stanley. Credit Suisse, le procureur financier genevois a informé les par-
ties que son enquête n’avait pas permis de trouver des preuves
Lire « Crible »
( Page 32
« d’actes de blanchiment d’argent » de la part de ce banquier ou
de tiers au sein de l’entreprise.
des investisseurs sur le marché.
La plupart des émissions d’OAT
se déroulent sous forme d’adju-
dications, un système où les
banques achètent les titres lors
d’enchères et le replacent
ensuite auprès de leurs clients.
Et les opérations par syndica-
tion attirent généralement plus
d’acheteurs.
Appétit pour la dette
européenne
La France a bénéficié du très
fort appétit des investisseurs
pour la dette européenne.
Depuis le début de l’année, la
demande a dépassé 1.000 mil-
liards d’euros, toutes catégories
d’émetteurs confondues. Du
jamais-vu en si peu de temps,
selon Bloomberg. Les investis-
seurs cherchent à figer les ren-
dements avantageux offerts
actuellement par le marché
obligataire, avant que ces der-
niers ne redescendent dans le
sillage des futures baisses des
taux directeurs de la Banque
centrale européenne.
Les placements de dette sou-
veraine par syndication repré-
sentent la plus grande part du
total, 550 milliards d’euros avec
l’opération de mardi. Aux
près de 100 milliards d’euros
d’ordres reçus par l’AFT pour
l’OAT verte s’ajoutent par exem-
ple 155 milliards pour l’Italie,
138 milliards pour l’Espagne ou
72 milliards pour la Belgique.
« Cette opération de la France est
la première émission souveraine
verte de l’année, ce qui contribue
aussi à son grand succès », souli-
gne François Planque, chez
Bank of America, qui a accom-
pagné l’AFT pour cette opéra-
tion avec BNP Paribas, Crédit
Agricole CIB, JP Morgan et
Société Générale.
De fait, Paris conforte son sta-
tut de leader en termes d’obliga-
tions vertes d’Etat. Les trois
OAT vertes existantes (deux
obligations classiques et une
indexée sur l’inflation euro-
p éenne) totalisaient déjà
61,9 milliards d’euros contre
56 milliards pour l’Allemagne
et 52,2 milliards pour le Royau-
me-Uni. Avec le nouveau green
bond, le montant tutoie les
70 milliards d’euros. L’AFT
ayant identifié 15 milliards
d’euros de dépenses éligibles –
qui servent de base aux émis-
sions de green bonds – dans le
budget de l’Etat, elle pourra
encore réaliser jusqu’à 7 mil-
liards de nouvelles émissions
dans l’année. n
en bref
FINANCE & MARCHES Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos 30

séAncE du 16 - 01 - 2024 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 7398 (-0,18 %) neXt 20 : 11066,71 (-0,94 %)

CaC larGe 60 : 7975,5 (-0,22 %)
CaC all-tradaBle : 5497,96 (-0,24 %)
Date De ProroGation : 26 JanVier
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 174,48 175,58 + 0,06 - 0,31 l'oréal (OR) R a 422,05 424,8 + 0,14 - 5,74 GerarD Perrier (PERR) B 101 100 - 0,99 + 0,2 ruBis (RUI) G a 23,64 23,44 - 1,01 + 4,18
444633 175,74 - 0,23 177,82 265251 426,45 - 4,87 454,05 1498 101 + 1,83 101 DiV 2 28/07/17 122760 23,84 + 3,9 23,84
FR0000120073 15/05/23 2,95 524.516.778 173,68 + 21,74 169,36 1,68 FR0000120321 26/04/23 6 534.725.475 420,6 + 12,54 420,6 1,41 FR0000061459 19/06/23 2,15 3.973.148 100 + 4,17 98,6 2,15 FR0013269123 13/06/23 1,92 103.195.172 23,44 - 10,12 22,5 8,19
airBus GrouP (AIR) R a 147,6 147,66 - 0,24 + 5,64 3,4 micHelin (ML) a 30,58 30,52 - 1,1 - 5,98 GetlinK (GET) LR a 16,735 16,495 - 1,7 - 0,42 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 226 226,4 - 2,25 - 5,47
701781 148,58 + 5,83 149,3 43,49 1418839 30,73 - 5,39 32,83 525665 16,735 - 3,2 16,78
NL0000235190 25/04/23 1,53 790.459.434 146,7 + 28,04 136,62 1,22 FR001400AJ45 17/05/23 1,25 178.530.450 30,35 + 2,61 30,35 DiV 6 10/05/16 69461 227,5 - 2,03 252
FR0010533075 30/05/23 0,5 550.000.000 16,495 + 10,33 16,015 3,03 FR0013154002 30/03/23 1,44 92.180.190 218,6 - 29,93 218,6 0,64
alstom (ALO) R a 11,67 11,44 - 3,54 - 6,08 oranGe (ORA) R a 11,05 11,092 + 0,84 + 7,65 Gl eVents (GLO) g B 19,36 19,44 - 0,1 - 0,92
3052509 11,67 - 5,06 12,51 4336617 11,092 + 5,04 11,092 14961 19,5 - 0,31 20,45 saVencia (BH) B 54,4 54,6 + 0,37 - 0,73
FR0010220475 17/07/23 0,25 384.291.068 11,235 - 55,92 10,66 2,19 FR0000133308 04/12/23 0,3 2.660.056.599 10,974 + 14,35 10,352 2,71 FR0000066672 03/07/23 0,35 29.982.787 19,2 + 4,97 19,2 1,8 323 54,6 + 1,87 55
arcelormittal (MT) R a 24,16 24,185 - 0,98 - 5,8 PernoD-ricarD (RI) R a 145,8 147,4 + 0,41 - 7,73 FR0000120107 15/05/23 1,3 14.032.930 54,4 - 12,08 53,6 2,38
2103929 24,43 - 3,1 26,11 395329 147,55 - 9,6 160,55 Graines Voltz (GRVO) c 29,3 29,1 - 2,35 - 0,34
1114 29,3 - 1,02 30 scor (SCR) G a 27,51 27,37 - 1,12 + 3,44
LU1598757687 13/11/23 0,17 852.809.772 24,02 - 15,24 24,02 FR0000120693 24/11/23 2,64 255.631.733 145,15 - 24,49 143,35 1,79
FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 29,1 - 61,61 29,1 274842 27,57 + 4,55 28
aXa (CS) R a 29,275 29,61 + 0,65 + 0,41 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 86,52 86,82 + 1,59 + 3,36 FR0010411983 30/05/23 1,4 179.362.195 27,16 + 20,15 25,66 5,12
2651318 29,61 + 1,51 30,1 528021 86,82 + 4,1 86,82 GrouPe crit (CEN) g B 75,2 75,4 + 0,27 - 4,07
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.270.188.806 29,12 + 5,56 29,12 5,74 FR0000130577 03/07/23 2,9 268.723.468 85,82 + 36,98 83,16 3,34 1350 75,4 + 3,57 79,2 seB (SK) G a 109 108,9 - 0,91 - 3,63
FR0000036675 05/07/23 3,5 11.250.000 75 + 11,54 74,6 4,64 50892 109,7 - 2,16 114,3
BnP PariBas (BNP) R a 60,45 60,75 - 0,61 - 2,94 renault (RNO) R a 34,53 34,46 - 0,53 - 6,63
1726074 60,95 - 3,71 63,82 721730 34,8 -12,26 37,75 GrouPe GorGé (GOE) g B 19,48 19,46 + 0,83 FR0000121709 31/05/23 2,45 55.337.770 108,1 + 15,18 108,1 2,25
FR0000131104 22/05/23 3,9 1.147.477.409 60,24 + 2 60,24 6,42 FR0000131906 17/05/23 0,25 295.722.284 33,975 - 7,65 33,975 0,73 3229 19,58 + 4,4 19,58 secHe enVironnement (SCHP) g B 114 113,4 - 1,39 + 3,09
BouYGues (EN) R a 35,46 35,42 - 0,14 + 3,81 saFran (SAF) R a 167,08 167,9 - 0,37 + 5,29 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 19,3 - 1,32 18,62
3297 115 + 9,88 115
614064 35,73 - 0,23 35,97 354817 168,36 + 4,83 169,78 Gtt (GTT) G a 129 130 + 0,62 + 8,42 FR0000039109 07/07/23 1,1 7.857.732 112,6 + 16,79 105,8 0,97
FR0000120503 03/05/23 1,8 382.273.297 35,28 + 17,44 34,24 5,08 FR0000073272 30/05/23 1,35 427.260.541 165,94 + 32,52 156,68 0,8 51798 130,5 + 9,89 131,7
FR0011726835 12/12/23 1,85 37.078.357 128,1 + 28,46 119,9 1,42 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 7,74 7,7 - 0,52 - 4,47
caP-Gemini (CAP) R a 193,65 193,25 - 0,72 + 2,38 saint-GoBain (SGO) R a 62,74 62,7 - 1,23 - 5,94
257213 193,9 - 1,35 195,45 723955 62,98 - 5,87 67,05 GuerBet (GBT) g B 17,78 18,28 + 2,81 - 6,26 1574 7,75 + 7,24 8,2
FR0000125338 30/05/23 3,25 172.608.113 192,3 + 11,87 181,95 1,68 FR0000125007 12/06/23 2 506.438.012 62,43 + 16,24 61,81 3,19 14037 18,28 - 4,29 19,76 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 7,65 - 36,26 7,54 5,2
carreFour (CA) R a 16,565 16,45 - 1,08 - 0,69 sanoFi (SAN) R a 94,74 95,21 + 0,9 + 6,07 FR0000032526 29/06/23 0,5 12.641.115 17,78 + 7,66 17,02 2,74 ses-imaGotaG (VU) G B 123,6 122,2 - 1,13 - 10,01
1438524 16,61 + 1,01 16,865 1051486 95,49 + 8,56 96,5 Guillemot (GUI) g c 6,1 6,07 - 0,98 - 10,6 9506 123,8 + 1,16 135,8
FR0000120172 06/06/23 0,56 708.790.816 16,45 - 5,05 16,305 3,4 FR0000120578 30/05/23 3,56 1.264.797.546 94,08 + 3,66 89,88 3,74 4271 6,13 -10,74 6,95 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.958.658 121 - 4,68 120,4
creDit aGricole (ACA) R a 13,16 13,222 + 0,05 + 2,88 scHneiDer electric (SU) R a 174,52 176,4 + 0,32 - 2,96 FR0000066722 07/06/23 0,25 15.087.480 6,06 - 55,04 6,06 4,12 sHoWroomPriVé (SRP) g B 0,998 1 - 6,19
3426727 13,254 + 2,24 13,366 521651 176,6 - 2,62 181,98 icaDe (ICAD) G a 34,62 34,6 - 0,58 - 2,64
FR0000045072 30/05/23 1,05 3.052.737.991 13,102 + 24,67 12,89 7,94 FR0000121972 09/05/23 3,15 572.835.884 173,46 + 19,72 171,1 1,79 34583 1 - 2,15 1,17
132733 35 - 0,17 35,9 FR0013006558 118.902.909 0,965 - 41,42 0,965
Danone (BN) R a 61,19 61,78 + 0,37 + 5,28 société Générale (GLE) R a 23,17 23,2 - 0,62 - 3,43 FR0000035081 04/07/23 2,17 76.234.545 34,2 - 23,28 33,78
1024314 61,89 + 6,55 61,89 2128009 23,245 - 5,02 24,85 sii (SII) g c 69,7 69,7 - 0,14 - 0,14
FR0000120644 09/05/23 2 677.773.128 60,99 + 23,24 58,8 3,24 FR0000130809 30/05/23 1,7 802.979.942 22,965 - 6,41 22,965 7,33 iD loGistic (IDL) a 313 310 - 1,12 + 1,31 55401 69,8 69,8
5544 314,5 + 2,65 314,5 FR0000074122 27/09/23 0,5 20.000.000 69,7 + 56,98 69,5 0,72
Dassault sYstemes (DSY) R a 44,745 45,755 + 2,72 + 3,44 stellantis nV (STLAP) a 19,99 19,912 - 1,18 - 5,83 FR0010929125 6.173.328 306,5 + 9,15 298
1607432 45,79 + 3,31 45,79 2734654 19,99 - 7,52 21,495 soitec (SOI) LG a 138,15 139,85 + 0,04 - 13,57
FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 44,635 + 28,8 41,45 0,46 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.143.878.015 19,646 + 39,05 19,646 6,73 imerYs (NK) G a 26,02 25,74 - 1,83 - 9,62
85587 26,18 - 6,67 28,68 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 93026 140,15 -16,03 164,1
eDenreD (EDEN) R a 56,5 57,22 + 0,85 + 5,69 stmicroeletronics (STMPA) Ra 39,32 39,82 + 0,48 - 11,99 0,23 FR0000120859 15/05/23 3,85 84.940.955 25,58 - 32,19 25,58 14,96 FR0013227113 35.712.302 136,65 - 7,84 136,65
634881 57,24 + 6,16 57,24 1140182 39,94 -14,94 45,815 175,22
FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 56,28 + 15,78 53,28 1,75 NL0000226223 11/12/23 0,05 911.281.920 39,105 + 4,87 39,105 0,15 inFotel (INF) g c 50,2 50,2 - 5,28 solocal GrouP (PAJ) B 0,086 0,086 - 0,12 - 1,82
enGie (ENGI) R a 16,07 15,758 - 1,94 - 1,01 1,21 telePerFormance (RCF) R a 135 132 - 2,87 - 0,04 273 50,4 - 5,64 53 68590 0,087 - 2,49 0,089
4478288 16,084 - 2,81 16,64 13,07 149141 135,15 + 7,62 140,45 FR0000071797 19/05/23 2 6.890.558 50,2 - 12,85 49,8 3,98 FR00140006O9 129.505.837 0,084 - 87,37 0,084
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 15,676 + 19,43 15,676 8,88 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 131,55 - 47,28 125,35 2,92 innate PHarma (IPH) g B 2,475 2,5 + 0,4 - 4,58 soDeXo (SW) LR a 104,8 105,4 + 0,33 + 5,8
essilorluXottica (EL) R a 173,34 176,58 - 0,37 - 2,76 tHales (HO) R a 138,7 138,8 + 0,04 + 3,62 106382 2,53 + 5,04 2,8 181351 105,4 + 6,68 105,4
504999 177,78 - 4,68 186,24 172880 139,75 + 2,89 142,3 FR0010331421 80.860.563 2,39 - 31,69 2,39 FR0000121220 20/12/23 3,1 147.454.887 104,25 + 18,56 99,94 2,94
FR0000121667 22/05/23 3,23 453.833.920 172,82 + 1,63 172,82 1,83 FR0000121329 05/12/23 0,8 210.210.140 138,05 + 20,02 132,9 0,58 interParFums (ITP) G a 46,8 46,3 - 1,59 - 8,13 solutions 30 (ALS30) a 2,532 2,58 + 1,26 - 3,23
euroFins scient. (ERF) R a 56,86 56,98 - 0,28 - 3,39 totalenerGies (TTE) R a 59,5 59,58 - 0,6 - 3,28 31755 47,25 - 7,77 50,9
281780 57,3 - 1,76 60,12 3483825 60,09 - 3,33 63 FR0004024222 11/05/23 1,05 69.196.570 46,15 - 16,78 46,15 2,27 421877 2,62 + 2,95 2,822
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 56,5 - 12,2 56,3 1,76 FR0000120271 02/01/24 0,74 2.412.251.835 59,22 + 0,34 59,22 1,24 FR0013379484 107.127.984 2,52 + 20,45 2,438
inVentiVa (IVA) g B 3,64 3,53 - 3,02 - 13,8
Hermes intl (RMS) R a 1821 1825,4 - 0,44 - 4,87 uniBail-r/WFD (URW) a 66,56 66,86 - 0,77 - 0,09 31415 3,64 - 9,49 4,44 soPra steria GP (SOP) G a 192,5 194,1 - 0,1 - 1,87
35665 1827 - 9,79 1928 270850 67,4 + 0,54 68,1 FR0013233012 52.115.807 3,52 - 37,63 3,505 17631 194,7 - 0,56 199,1
FR0000052292 25/04/23 9,5 105.569.412 1812,4 + 12,06 1808,2 0,52 FR0013326246 24/03/20 5,4 139.041.391 66,4 + 16,72 64,3 FR0000050809 29/05/23 4,3 20.547.701 191,5 + 27,7 187 2,22
iPsen (IPN) G a 103,8 104,7 + 0,58 - 2,97
KerinG (KER) R a 358,3 358,7 - 1,04 - 10,1 Veolia enV. (VIE) R a 29 28,92 - 0,65 + 1,26 75902 104,9 110,6 smcP (SMCP) g B 2,97 2,84 - 4,7 - 16,96
208448 360,5 -14,16 401,3 1173083 29,02 - 2,72 29,38 FR0010259150 02/06/23 1,2 83.814.526 103 + 0,87 102,5 1,15 324361 2,97 -14,2 3,555
FR0000121485 15/01/24 4,5 123.420.778 356,3 - 36,01 354,15 1,26 FR0000124141 09/05/23 1,12 725.411.667 28,59 + 5,28 28,19 3,87
iPsos (IPS) G a 59,5 58,8 - 1,09 + 3,61 FR0013214145 75.591.187 2,825 - 60,56 2,825
l.V.m.H. (MC) R a 664,2 666,3 - 0,43 - 9,17 Vinci (DG) R a 116,44 116,68 - 0,46 + 2,62 19903 59,5 + 7,5 59,9
302644 667 -10,97 740,5 524674 117,06 + 0,95 117,82 sPie (SPIE) G a 29,22 28,96 - 1,23 + 2,33
FR0000121014 04/12/23 5,5 502.048.400 661,1 - 15,95 647,6 0,83 FR0000125486 14/11/23 1,05 589.048.647 116 + 15,41 112,46 0,9 FR0000073298 03/07/23 1,35 43.203.225 58,55 - 3,61 55,55 2,3 227381 29,42 + 1,9 29,6
leGranD (LR) R a 90,56 90,12 - 1,23 - 4,23 ViVenDi (VIV) R a 9,95 9,87 - 0,9 + 2 JacQuet metals (JCQ) g B 17,82 17,94 + 0,67 - 8,47 FR0012757854 20/09/23 0,22 166.468.112 28,92 + 16,03 27,32 0,76
321116 90,56 -7 94,5 1791415 10,02 + 2,81 10,03 8726 18,02 - 3,76 19,66
FR0000033904 05/07/23 1 22.497.209 17,64 + 1,36 17,64 5,57 steF (STF) g B 117 116,8 + 0,52 + 2,28
FR0010307819 02/06/23 1,9 264.031.292 89,82 + 9,88 88,44 2,11 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,842 + 2,24 9,634 2,53 17833 117 + 6,38 120
JcDecauX (DEC) G a 17,88 17,91 - 0,28 - 1,59 FR0000064271 03/05/23 4 13.000.000 116 + 21,67 112,6 3,43
129737 18,07 + 1,88 18,44
FR0000077919 21/05/19 0,58 213.161.658 17,78 - 15,04 17,42 sWorD GrouP (SWP) g B 37,5 37,05 - 1,72 - 7,03
KauFman & BroaD (KOF) g B 29,3 29,1 - 1,69 - 3,32 10882 37,5 - 6,56 40
11419 29,45 - 3,8 30,5 FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 36,75 - 11,58 36,75 4,59
FR0004007813 09/05/23 2,4 19.862.022 29 - 3,32 29 8,25
srD Valeurs françaises KlePierre (LI) LR a 24,2 24,2 - 0,29 - 1,94
sYnerGie (SDG) g B 34,3
239
34,2
34,35
- 0,29
+11,76
- 2,84
35,25
407736 24,38 - 0,82 24,96 FR0000032658 29/06/23 0,8 24.362.000 34,2 + 5,23 33,6 2,34
FR0000121964 07/07/23 0,88 286.861.172 24,07 + 7,51 23,99 telePerFormance (RCF) R a 135 132 - 2,87 - 0,04
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA laGarDère (MMB) G a 18,18 18,24 - 0,76
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 149141 135,15 + 7,62 140,45
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT 3379 18,26 + 1,22 18,56 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 131,55 - 47,28 125,35 2,92
FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 18,14 - 12,31 18,06 7,13
aB science (AB) g B 3,58 3,415 - 0,29 - 3,94 casino (CO) G a 0,54 0,526 - 0,94 - 32,93 teract (TRACT) B 1,415 1,38 - 2,82 - 26,2
lDc (LOUP) a 135 134 - 0,74 - 4,29
153558 3,66 - 8,45 3,825 531172 0,54 -32,89 0,792 623 135,5 - 2,9 141 5693 1,415 -35,81 1,885
FR0010557264 51.066.569 3,415 - 51,59 3,345 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 0,516 - 95,54 0,516 FR0013204336 28/08/23 2,7 17.635.433 133,5 + 21,82 133,5 2,02 FR001400BMH7 73.394.562 1,38 - 77,74 1,38
aBc arBitraGe (ABCA) g B 4,79 4,7 - 2,49- 2,19 catana GrouP (CATG) g c 5,4 5,44 + 4,62 - 4,9 lna santé (LNA) g B 18,8 19,14 + 1,38 - 4,78 tF1 (TFI) G a 7,34 7,325 - 0,48 + 2,66
32469 4,815 - 5,15 4,87 179551 5,59 - 8,72 5,92 1028 19,2 + 7,29 20,7 85000 7,35 + 2,38 7,585
FR0004040608 05/12/23 0,1 59.608.879 4,7 - 27,8 4,62 2,13 FR0010193052 01/03/23 0,15 30.706.178 5,22 - 14,47 4,86 2,76 FR0004170017 06/07/23 0,5 10.709.416 18,8 - 37,76 18,6 2,61 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 7,27 + 0,34 7,105 6,83
aBiVaX (ABVX) g B 9,98 10,22 + 2,2 + 4,07 ceGeDim (CGM) B 17,8 17,84 - 0,11 - 0,11 lectra (LSS) g B 30,7 30,3 - 0,33 - 3,04 tFF GrouP (TFF) G B 44,9 44,6 - 0,67 - 0,67
19547 10,26 + 4,29 10,38 338 17,86 - 0,45 17,94 5318 30,7 - 1,78 31,75 659 45 + 7,21 47,5
FR0012333284 62.905.868 9,87 + 46,21 9,35 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 17,8 - 2,94 17,5 FR0000065484 03/05/23 0,48 38.017.826 30,2 - 25,55 28,6 1,58 FR0013295789 08/11/23 0,6 21.680.000 44,6 + 5,94 43,1 1,35
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 1,278 1,266 - 0,78 - 1,71 cGG (CGG) G B 0,51 0,505 - 1,18 - 15,59 lHYFe (LHYFE) B 4,89 4,95 + 1,54 - 1,79
15952 1,278 - 1,86 1,316 8612089 0,517 -15,05 0,616 tHermaDor GrouPe (THEP) B 81,2 81,1 - 0,37 - 4,02
4015 4,965 - 1,79 5,2 3008 81,2 + 1,38 85,2
FR0012616852 32.459.012 1,252 - 34,34 1,214 FR0013181864 713.676.258 0,502 - 34,56 0,502 FR0014009YQ1 47.908.148 4,875 - 41,76 4,82 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 80 - 12,13 80 2,57
accor (AC) LR a 35,17 35,3 - 0,11
+ 2,02 cHarGeurs (CRI) g c 11,82 11,82 + 1,2 lineData serVices (LIN) g B 58,8 58,8 + 5,76
601104 35,55 + 1,88 35,59 44673 11,84 + 1,03 11,88 22 58,8 + 7,69 62,4 tiKeHau caPital (TKO) g a 20,9 20,35 - 2,63 - 1,21
FR0000120404 23/05/23 1,05 252.289.352 35,04 + 27,71 33,69 2,98 FR0000130692 02/05/23 0,54 24.862.314 11,8 - 23,1 11,68 4,57 FR0004156297 05/07/23 1,75 4.960.807 58,8 + 25,11 55,6 2,98 eX D s 03/07/17 22550 20,9 + 4,57 20,9
aDocia (ADOC) g B 9,71 9,89 - 0,7 - 14,3 cHristian Dior (CDI) a 633 633,5 - 0,55 - 10,46 FR0013230612 18/05/23 0,7 175.193.044 20,1 - 20,04 19,82 3,44
lisi (FII) g a 22,95 23,35 + 1,3 - 1,06
44682 10,04 +14,87 12,4 eX D oP 08/06/17 4280 635 -11,71 712 14618 23,5 - 1,06 23,85 transGène (TNG) g c 1,374 1,368 - 0,58 - 0,15
FR0011184241 14.025.682 9,62 +138,89 9,41 FR0000130403 04/12/23 5,5 180.507.516 630 - 18,52 629 0,87 FR0000050353 17/04/23 0,15 46.538.313 22,95 + 16,75 22,65 0,64 7762 1,374 - 3,53 1,396
aéroPorts De Paris (ADP) R a 117,4 116,7 - 0,93- 0,43 claranoVa se (CLA) g B 2,065 2,045 - 0,49 - 3,76 lumiBirD (LBIRD) g c 11,66 11,48 - 0,52 - 5,75 FR0005175080 100.852.742 1,36 - 33,75 1,35
43047 117,5 - 0,34118,7 34932 2,07 + 6,96 2,2 2416 11,66 + 0,7 12,48 triGano (TRI) G a 142,4 142,1 - 0,63 - 4,18
FR0010340141 05/06/23 3,13 98.960.602 116 - 13,43113,9 2,68 FR0013426004 57.206.910 2,02 - 28,25 1,994 FR0000038242 22.466.882 11,42 - 38,94 11,4 15104 143,5 + 0,28 149,6
air France-Klm (AF) L 11,85 11,72 - 2,56- 13,77 clariane (CLARI) G a 2,186 2,13 - 2,11 - 11,4 m6-métroPole tV (MMT) G a 13 13 + 0,46 + 0,46 FR0005691656 23/05/23 1,75 19.336.269 140,7 + 14,32 137,6 1,23
2119676 11,86 -13,16 13,828 300127 2,21 -11,1 2,682 24259 13,03 + 4,17 13,22
FR001400J770 262.769.869 11,436 - 24,07 11,436 FR0010386334 21/06/23 0,25 106.828.536 2,112 - 79,26 2,112 11,74 uBisoFt entertainment (UBI) LRa 22,15 20,82 - 7,26 - 9,91
FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 12,89 - 16,67 12,66 7,69
765862 22,15 -12,96 23,73
aKWel (AKW) g B 16,3 16,26 - 0,25
+ 0,62 coFace (COFA) G a 12,48 12,53 + 0,48 + 5,83 maisons Du monDe (MDM) g B 4,896 4,804 - 3,15 - 15,27
881 16,34 + 4,77 16,46 191551 12,53 + 8,96 12,54 FR0000054470 127.427.965 20,64 + 2,97 20,64
38803 4,92 - 6,54 5,73
FR0000053027 08/06/23 0,3 26.741.040 16,2 - 6,55 15,1 1,85 FR0010667147 22/05/23 1,52 150.179.792 12,32 - 1,03 11,53 12,13 FR0013153541 05/07/23 0,3 39.189.288 4,77 - 62,5 4,77 6,25 Valeo (FR) LR a 12,77 12,48 - 2,88 - 10,31
alD (ALD) G a 5,78 5,685 - 2,4 - 11,79 coViVio (COV) G a 46,24 46,36 + 0,87 - 4,77 manitou (MTU) g B 22,05 21,85 - 0,46 - 5,82 971056 12,85 -11,52 14,75
693004 5,82 -12,4 6,69 93296 46,76 - 3,82 48,88 11194 22,05 - 7,22 23,35 FR0013176526 29/05/23 0,38 244.633.504 12,34 - 37,4 12,34 3,05
FR0013258662 31/05/23 1,06 816.960.428 5,645 - 49,78 5,645 18,65 FR0000064578 24/04/23 3,75 101.006.389 46 - 26,06 45,54 FR0000038606 30/05/23 0,63 39.668.399 21,55 - 20,4 21,55 2,88 Vallourec reG (VK) G B 12,95 13,2 + 1,58 - 5,88
alPes (cie Des ) (CDA) g B 14,84 14,7 - 1,08
+ 4,11 coViVio Hotels (COVH) a 16,4 16,4 maurel et Prom (MAU) g B 5,3 5,375 + 0,84 - 11,74 1251156 13,45 - 0,38 14,59
13498 14,84 + 4,55 14,96 813 16,45 + 0,92 16,5 209913 5,45 - 9,13 5,995 FR0013506730 229.877.070 12,81 + 5,81 12,785
FR0000053324 14/03/23 0,83 50.533.135 14,7 + 1,52 13,92 5,65 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 16,35 + 7,89 16,2 FR0000051070 03/07/23 0,23 201.261.570 5,26 + 44,3 5,115 4,28 ValneVa (VLA) G B 4,34 4,254 - 2,68 - 9,87
altarea (ALTA) G a 84,4 82,9 - 1,43
+ 3,63 Dassault aV. (AM) a 176,9 176,2 - 0,73 - 1,67 mcPHY enerGY (MCPHY) g B 3,14 3,084 - 1,85 - 8,38 229293 4,367 -14,54 4,996
2967 84,4 +11,88 84,7 76833 178,8 - 0,23 189,8 50648 3,14 - 6,72 3,436 FR0004056851 138.896.600 4,23 - 40,92 4,223
FR0000033219 12/06/23 5 20.736.822 81,8 - 36,81 79,1 FR0014004L86 19/05/23 3 80.802.366 175,3 + 15,84 171 1,7 FR0011742329 27.997.800 3,046 - 77,92 3
altareit (AREIT) B 454 454 - 0,44
+ 0,89 Dassault sYstemes (DSY) R a 44,745 45,755 + 2,72 + 3,44 Verallia (VRLA) g a 32,36 31,94 - 0,37 - 8,38
meDincell (MEDCL) B8 8,19 + 0,25 + 13,75 157005 32,38 - 5,84 35,56
1 454 + 1,34
456 1607432 45,79 + 3,31 45,79 146558 8,43 +19,04 8,43
FR0000039216 1.750.487 454 - 27,36
450 FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 44,635 + 28,8 41,45 0,46 FR0013447729 08/05/23 1,4 122.289.183 31,68 - 2,2 31,68 4,38
FR0004065605 28.718.045 7,85 + 1,11 6,91
alten (ATE) G a 130,4 130,1 - 0,54 - 3,34 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 1,76 1,718 - 4,02 - 7,08 mercialYs (MERY) G B 10,26 10,44 + 1,36 + 4,98 VerimatriX (VMX) g B 0,429 0,42 + 0,36 - 8,3
19808 130,8 - 2,47
136,2 46579 1,77 + 1,12 1,896 259941 10,53 +12,8 10,53 18261 0,429 + 8,39 0,464
FR0000071946 04/07/23 1,5 35.122.301 129,7 - 1,29
126,6 1,15 FR0010417345 96.431.770 1,713 - 43,82 1,632 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 10,26 + 1,46 9,825 FR0010291245 85.535.147 0,413 - 50,35 0,411
amunDi (AMUN) G a 62,45 62,75 - 0,4 + 1,87 Deezer sa (DEEZR) 2 2,3 2,22 - 3,06 + 4,47 mersen (MRN) G B 32,2 31,6 - 2,92 - 10,23 VetoQuinol (VETO) B 104,4 101,8 - 2,68 - 0,59
eX-Ds 15/03/17 99671 62,95 + 0,8 63,55 17500 2,3 - 5,93 2,4 50196 32,55 - 9,2 35,5 1496 104,6 +10,05 105,2
FR0004125920 22/05/23 4,1 204.647.634 62,2 + 2,28 59,85 6,53 FR001400AYG6 117.054.347 2,22 - 13,99 2,1 FR0000039620 04/07/23 1,25 24.418.312 31,45 - 22,26 31,45 3,96 FR0004186856 02/06/23 0,8 11.881.902 101,4 + 5,27 97,5 0,79
antin inFra Partners (ANTIN) G a 13,64 13,32 - 2,35 - 3,34 DericHeBourG (DBG) g B 4,976 4,936 - 1,48 - 2,83 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 0,385 0,38 - 1,17 - 2,06 Vicat (VCT) g a 34,35 34,3 + 4,41
41812 14,02 + 8,2 14,02 155685 5,005 + 1,36 5,16 16020 0,4 + 4,11 0,444 19895 34,4 + 0,29 34,65
FR0014005AL0 14/11/23 0,32 179.193.288 13,21 - 42,49 12,07 2,4 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 4,918 - 21,53 4,884 6,48 FR0004177046 50.919.133 0,38 - 71,62 0,33 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 34,15 + 38,59 32,4 4,81
aramis (ARAMI) a 3,84 3,895 + 0,91 - 10,46 Dms (DGM) g c 1,17 1,3 + 10,17 + 14,54 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B 7400 7400 - 0,67 - 3,27
2034 3,895 - 6,59 4,35 146017 1,37 +15,04 1,37 VirBac (VIRP) G a 347,5 347 - 0,86 - 3,48
1 7400 7750
FR0014003U94 82.856.671 3,84 - 8,14 3,84 FR0012202497 16.120.556 1,17 + 1,56 1,095 FR0000076986 20/06/23 28 182.871 7400 - 8,64 7300 0,38 3347 349 +13,4 364,5
FR0000031577 26/06/23 1,32 8.458.000 345,5 + 35,02 343 0,38
arGan (ARG) a 84,4 84,4 - 0,35- 0,94 eDenreD (EDEN) R a 56,5 57,22 + 0,85 + 5,69 nacon (NACON) B 1,626 1,598 - 2,32 - 4,2
8565 85,1 + 1,93 85,5 634881 57,24 + 6,16 57,24 6433 1,636 + 0,25 1,79 ViVenDi (VIV) R a 9,95 9,87 - 0,9 + 2
FR0010481960 30/03/23 3 23.079.697 83,7 + 4,58 82,6 FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 56,28 + 15,78 53,28 1,75 FR0013482791 87.851.694 1,598 - 35,95 1,582 1791415 10,02 + 2,81 10,03
arKema (AKE) LR a 98,32 98,24 - 0,22- 4,62 eiFFaGe (FGR) LR a 98,02 98,08 - 0,41 + 1,09 nanoBiotiX (NANO) g B 7,12 7,19 + 0,98 + 8,28 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,842 + 2,24 9,634 2,53
152571 100,2 - 1,35
103,75 201902 98,64 + 1,41 99,08 82721 7,2 +32,66 7,48 Voltalia (VLTSA) G a 8,52 8,27 - 4,28 - 20,63
FR0010313833 15/05/23 3,4 75.043.514 97,58 + 5,95 96,36 3,46 FR0000130452 15/05/23 3,6 98.000.000 97,74 + 2,38 95,88 3,67 FR0011341205 13/05/19 47.133.328 6,99 + 79,75 6,42 91025 8,55 -15,18 10,54
artmarKet.com (PRC) g c 4,91 4,9 - 1,9 - 3,35 eKinoPs (EKI) g B 5,03 5,05 + 0,2 - 13,82 neoen (NEOEN) G a 27,16 26,68 - 2,2 - 11,89 FR0011995588 131.318.716 8,22 - 53,75 8,22
2375 4,97 - 5,95 5,23 5680 5,09 - 2,88 5,94 122504 27,3 - 9,56 30,38 WaVestone (WAVE) g B 59,9 60,7 + 0,33 + 3,41
FR0000074783 6.651.515 4,79 - 37,9 4,71 FR0011466069 25.727.618 4,96 - 41,69 4,74 FR0011675362 17/05/23 0,13 152.122.449 26,48 - 25,85 26,48 0,47 7671 60,7 + 8,39 62
assYstem (ASY) B 48,9 47,6 - 2,66 - 3,84 elior (ELIOR) G B 2,618 2,59 - 1,6 - 11,66 neurones (NRO) B 43,65 43,95 + 0,69 + 0,46 FR0013357621 02/08/23 0,38 24.906.332 59,2 + 29,7 56,7 0,63
oPa 24/11/17 16267 48,9 + 1,49 52,2 429650 2,652 - 5,54 2,964 8625 44,85 - 1,12 44,85
FR0000074148 05/07/23 1 15.668.216 47,5 + 9,17 47,1 2,1 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 2,56 - 35,25 2,56 FR0004050250 14/06/23 1,1 24.278.716 43,5 + 16,12 42,3 2,5 WenDel (MF) G a 80,1 79,9 - 1,42 - 0,93
atos se (ATO) a 4,099 3,969 - 3,85
- 43,7 elis (ELIS) G a 19,58 19,56 - 0,61 + 3,55 48206 80,3 - 2,74 82,2
neXans (NEX) G a 83,4 84,2 + 0,6 + 6,25 FR0000121204 19/06/23 3,2 44.430.554 79,3 - 17,8 78,8 4,01
3277781 4,393 -49,48 7,83 284740 19,65 + 3,66 19,73 61256 84,5 + 8,65 85,25
FR0000051732 14/05/21 0,9 111.439.307 3,927 - 70,16 3,927 FR0012435121 30/05/23 0,41 234.000.047 19,49 + 25,87 18,08 2,1 FR0000044448 15/05/23 2,1 43.753.380 83,2 - 10,71 72,1 2,49 WorlDline (WLN) LG a 13,255 13,115 - 1,24 - 16,31
auBaY (AUB) g c 40,2 40 - 0,5 - 3,96 eramet (ERA) G B 62,2 62,35 - 0,8 - 12,8 neXitY (NXI) G a 16,16 15,09 - 7,48 - 10,45 1289561 13,4 -15,25 15,96
5735 40,3 - 2,79 42,3 38464 63 -14,3 72,85 254804 16,17 + 1,82 17,19 FR0011981968 282.974.981 13,075 - 68,17 13,04
FR0000063737 08/11/23 0,5 13.064.446 39,85 - 23,95 38,7 1,25 FR0000131757 26/05/23 3,5 28.755.047 61,6 - 29,11 61,6 5,61 FR0010112524 24/05/23 2,5 56.129.724 15,09 - 46,64 15,09 16,57 Xilam animation (XIL) g c 4,24 4,51 + 9,47 + 13,89
aVenir telecom (AVT) c 0,178 0,158 - 10,23
+ 37,87 esi GrouP (ESI) g c /080124 oDet (cie De l') (ODET) a 1430 1420 - 0,7 - 2,34 29849 4,66 +21,24 4,66
4716475 0,198 +37,63 0,198 155 96 1432 - 1,25 1468 FR0004034072 4.911.500 4,06 - 86,81 3,75
FR001400CFI7 0,15 + 21,54 0,112 FR0004110310 6.094.431 +106,99 154 FR0000062234 20/06/23 3,6 6.585.990 1412 - 5,71 1404 0,25
aXWaY soFtWare (AXW) g B 27,5 27,6 + 4,55 esso (ES) g c 51,15 50 - 2,34 - 8,84 orPéa (ORP) G a 0,015 0,014 - 2,06 - 15,38
FR0011040500
215
05/06/23 0,4 21.633.597
27,6
27,5
+ 2,99 27,7
+ 60 25,8 1,45 FR0000120669
9957
10/07/23 2 12.854.578
51,15
50
- 3,01
+ 11,86
57
50 4 FR0000184798
52348274
09/07/21 0,9 129.866.915.696 0,014
0,015 - 3,38
- 99,81
0,018
0,014
Autres Valeurs de la Zone euro
Bains mer monaco (BAIN) B 103 102 eurazeo (RF) G a 71,4 71,7 - 0,14 - 0,21 ose immuno (OSE) g c 3,8 3,73 - 1,58 - 12,85 euroneXt (ENX) LR a 78,9 78,2 - 1,57 - 0,57
141 103 - 1,45 104 62026 72,2 + 1,85 72,25 63340 3,88 - 9,69 4,48 128373 78,95 + 0,39 79,45
MC0000031187 10/10/23 1,2 24.516.661 101,5 + 17,24 101 1,18 FR0000121121 28/04/23 2,2 76.081.874 70,75 + 11,08 69,35 3,07 FR0012127173 21.651.101 3,73 - 44,25 3,7 NL0006294274 23/05/23 1,89 107.106.294 78 + 4,85 76,35 2,84
BalYo (BALYO) g c 0,822 0,819 - 0,37 - 1,21 eutelsat com. (ETL) G a 4,31 4,276 - 1,48 + 0,61 oVH (OVH) g a 8,75 9,44 + 6,25 + 9,58 noKia (NOKIA) R a 3,208 3,226 - 0,71 + 5,29 0,3
1089 0,822 - 0,61 0,839 239026 4,366 + 4,34 4,528 150510 9,5 + 8,88 9,5
FR0013258399 34.356.767 0,801 + 79,61 0,75 FR0010221234 17/11/22 0,93 475.178.378 4,228 - 39,69 4,17 67577 3,268 + 6,91 3,296 10,90
FR0014005HJ9 188.532.591 8,63 - 37,07 8,075
FI0009000681 23/10/23 0,02 5.613.496.565 3,2 - 30,98 3,012 0,93
BastiDe le conFort (BLC) g c 26,75 24,85 - 7,1 - 7,28 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 19,08 18,72 - 1,89 - 3,6 PeuGeot inVest (PEUG) g a 100,4 99,6 - 1,19 - 1,78
14127 26,75 - 6,23 28 33989 19,08 - 1,89 19,66 3875 100,6 - 2,54 104 ses (SESG) LR 6 6,04 + 1,34
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.352.928 24,1 - 29,9 24,1 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 18,7 - 3,41 18,38 FR0000064784 19/05/23 1 24.922.589 98,9 + 6,07 98,9 2,86 265268 6,05 +12,9 6,175
BelieVe (BLV) G a 9,85 9,7 - 3,96 - 7,62 FDJ (FDJ) G a 33,1 33,6 + 1,21 + 2,31 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 5,985 - 10,62 5,78 8,28
PHarmaGest int. (PHA) g a 57,4 56,8 - 1,05 - 7,04
52859 10,04 - 7,97 10,62 148998 33,68 + 0,54 33,8 3904 57,4 - 2,91 61,1 X-FaB silicon (XFAB) g a 9,19 9,185 - 0,43 - 9,77
FR0014003FE9 97.086.350 9,58 - 18,49 8,79 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 33,08 - 15,02 32,28 4,08 FR0012882389 03/07/23 1,15 15.174.125 56,1 - 30,82 56,1 2,03 50537 9,22 -11,6 10,3
Bénéteau (BEN) G B 11,4 11,34 - 1,22 - 9,13 FermentalG (FALG) g c 0,282 0,274 - 1,44 - 9,27 Pierre & Vacances (VAC) g c 1,512 1,5 - 1,19 - 3,35 BE0974310428 130.781.669 9,15 + 22,79 9,1
49398 11,48 - 1,39 12,6 54291 0,282 + 3,01 0,312 140848 1,52 - 8,54 1,588
FR0000035164 21/06/23 0,42 82.789.840 11,34 - 23,58 11,3 3,7 FR0011271600 41.290.430 0,274 - 83,44 0,272 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.433.323 1,482 + 18,3 1,462
Bic (BB) G a 64,9 64,3 - 1,08 + 2,31 PHaXiam tX (PHXM) c 4,15 4,2 + 0,72 - 8,7 Plastic omnium (POM) G a 11,1 10,9 - 2,33 - 9,17 VAleurs Zone internationale
19039 65,1 + 4,21 65,2 2658 4,225 -11,67 4,7 109849 11,1 -11,95 12,4
FR0000120966 29/05/23 2,56 42.270.689 64,1 + 1,66 62,25 3,98 FR0011471135 60.751.054 4,15 - 21,86 4,12 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 10,87 - 30,08 10,87 3,58 General electric (GNE) a 117 117,5 - 1,26 + 2,17
BiGBen int. (BIG) g c 3,44 3,35 - 3,46 - 3,18 Fnac DartY (FNAC) G a 26,4 25,96 - 1,67 - 5,6 PoXel (POXEL) g c 0,47 0,454 + 3,77 - 17,6 234 119 + 5,38 119
8722 3,44 + 3,88 3,88 25416 26,5 - 4,98 28,18 77689 0,47 +38,41 0,605 US3696043013 USD 27/12/23 0,06 1.092.668.140 117 + 57,51 112,5
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.538.970 3,33 - 53,86 3,17 FR0011476928 13/06/23 1,4 27.778.578 25,9 - 30,22 25,9 5,39 FR0012432516 38.653.711 0,438 - 54,55 0,422 scHlumBerGer (SLB) a 44,715 45,29 + 0,42 - 3,72 3,45
BiomérieuX (BIM) G a 98,74 99,58 + 0,4 - 1,01 Foncière lYonnaise (FLY) a 67,2 68,2 + 1,79 + 1,79 QuaDient (QDT) g B 19,08 19,06 - 0,63 - 0,83 5205 46,1 - 5,2 48,64
73436 100,1 + 0,02 101,7 76 68,2 + 2,4 70,4 41051 19,56 - 1,55 19,74 AN8068571086 USD 05/12/23 0,25 1.439.269.870 44,615 - 14,55 44,05
FR0013280286 06/06/23 0,85 118.361.220 98,26 - 1,36 97,46 0,85 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 67,2 - 14,75 67 FR0000120560 03/08/23 0,6 34.468.912 19 + 23,69 18,86 3,15
total enerGies GaBon (EC) a 154,8 153,8 - 0,9 - 2,04
Boiron (BOI) g a 41 41,02 - 1,11 + 1,99 ForVia (FRVIA) LR a 19,235 18,49 - 4,52 - 9,45 rallYe (RAL) a 0,135 0,113 - 17,52 - 15,04 485 155 - 2,41 159,8
21705 41,32 + 1,58 42,6 1068972 19,26 -11,95 21,17 835887 0,135 -21,09 0,169
FR0000061129 18/10/23 10,36 17.545.408 40,96 - 15,68 39,76 25,26 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 18,355 + 1,87 18,355 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 0,11 - 96,12 0,092 GA0000121459 07/06/23 20,8 4.500.000 153,4 - 2,66 153,4 13,52
Bolloré (BOL) G a 5,7 5,72 + 1,15 Gecina (GFC) LR a 105,6 105,5 + 0,1 - 4,18 ramsaY GDs (GDS) a 19,2 19,2 + 1,05
741729 5,775 + 3,44 5,81 85270 106,1 - 3,74 111,1 1 19,2 + 2,95 19,9
FR0000039299 05/09/23 0,02 2.951.174.374 5,675 + 5,93 5,62 0,35 FR0010040865 03/07/23 2,65 76.670.861 104,6 - 3,21 104,6 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 19,2 + 6,67 18,9
BonDuelle (BON) g B 10,4 10,4 - 0,19 - 4,94 GenFit (GNFT) G B 3,32 3,27 - 2,1 - 7,63 rémY cointreau (RCO) LR a 92,86 93,04 - 0,24 - 19,1
5552 10,52 - 2,99 10,94 162136 3,36 -10,41 3,87 114956 94,06 -18,74 114,9
FR0000063935 02/01/24 0,25 32.630.114 10,36 - 27,78 10,36 2,4 FR0004163111 49.834.983 3,265 - 13,45 3,265 FR0000130395 28/09/23 3 51.252.969 91,38 - 47,14 91,38 3,22
Bureau Veritas (BVI) LR a 23,4 23,51 - 0,04 + 2,8 Genomic Vision (GV) g c /031123 reXel (RXL) LR a 23,8 23,72 - 0,92 - 4,24
735275 23,51 + 5,52 23,7 482633 23,83 - 5,8 25,23
FR0006174348 04/07/23 0,77 453.745.520 23,33 - 11,62 22,52 3,28 FR0011799907 385.886.117 - 94,67 FR0010451203 09/05/23 1,2 300.720.235 23,56 + 14,81 23,36 5,06
carmila (CARM) g c 16,04 16,28 + 1,37 + 4,49 GensiGHt (SIGHT) g B 0,442 0,439 - 2,44 - 4,57 roBertet s.a. (RBT) B 780 775 - 1,02 - 6,63
31994 16,28 + 4,76 16,4 45089 0,442 - 7,68 0,492 181 781 + 0,78 830
FR0010828137 15/05/23 1,17 142.441.073 16,04 + 16,95 15,5 FR0013183985 65.309.073 0,435 - 88,04 0,435 FR0000039091 29/06/23 8,5 2.167.745 774 - 11,63 774 1,1
31 Les Echos Mercredi 17 janvier 2024 FINANCE & MARCHES

carnet
PORTRAIT DISPARITION
par Audrey Guettier
ENTREPRISES
+
Nicolas Jaeger, GRTGAZ
Sandrine Meunier
Ils sont nés
un 17 janvier
Stéphanie Delestre directeur général devient directrice générale,
membre du comité exécutif de

Fred Stucin / Pasco And Co / M6

GRTgaz.
passe devant la caméra délégué d’Iliad •président
David Abenhaim,
Sandrine Meunier, 52 ans, docteu- de Pharmabest, 64 ans.

Nouvelle saison, nouveau jury. L’entrepreneure à succès Nicolas Jaeger, directeur général
re en chimie de l’université Blaise
Pascal de Clermont-Ferrand, a in-
•philosophe,
Alain Badiou,
87 ans.
Stéphanie Delestre fait son entrée dans la quatrième sai-
son de l’émission « Qui veut être mon associé ? », diffusée
délégué d’Iliad, la maison mère de
Free, est mort brutalement lundi
tégré GRTgaz en 2013. Elle devint
notamment directrice adjointe à
•humoriste,
Jim Carrey, acteur,
producteur, 62 ans.
dès ce mercredi sur M6. A l’écran, des porteurs de projets
seront face à sept investisseurs pour tenter d’obtenir des
15 janvier, à l’âge de 45 ans, a an-
noncé le groupe de Xavier Niel
la direction du système d’informa-
tion en 2018 puis, en 2019, directri-
•deGuillaume Clavel, cofondateur
MisterGoodDeal, 68 ans.
conseils ou des fonds. Stéphanie Delestre, qui a créé la
plateforme d’intérim Qapa, avalée en 2021 par Adecco,
rage à deux mains, traverse le Rhin et rejoint, en tant que
directrice des opérations (COO), la dizaine de salariés de
mardi. Entré en 2007 chez Iliad
comme responsable des relations
ce R&D chargée du centre RICE.
Depuis 2021, elle était directrice
•CEO
Stéphane Corteel,
du groupe Snef, 52 ans.
rejoint donc l’équipe, avec la femme d’affaires Kelly Mas-
sol et le basketteur Tony Parker. Dans les coulisses des
Qype, au siège de Hambourg. « Stéphanie Delestre a la
niaque commerciale et le sens du deal. Un point important
investisseurs après une première
expérience au Crédit Agricole, ce
des opérations de GRTgaz. •acteur,
Francois Damiens,
51 ans.
médias de 1993 à 2007, la quinquagénaire passe enfin
côté plateau. Connue pour son franc-parler et son éner-
au démarrage d’un projet, décrit Philippe Collombel. Elle
a aussi un bon sens du contact et sait emmener les gens. ».
financier formé à l’Edhec avait gra-
vi les échelons jusqu’à devenir di-
TENZING
Kazem Tabrizi
•duXavier Desmaison, président
groupe Antidox, 46 ans.
gie inépuisable, Stéphanie Delestre ne cache pas son en-
thousiasme. « Je suis une grande fan de l’émission, avoue-
recteur financier en 2018, puis di-
recteur général délégué de -
prend la direction générale
du cabinet de conseil Tenzing,
•journaliste,
Jamy Gourmaud,
60 ans.
t-elle. Je veux démocratiser l’entrepreneuriat. »
Originaire de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne,
Deal à 65 millions d’euros
Bientôt, Qype est rachetée par son concurrent Yelp, et
puis 2021, ce qui faisait de lui le
numéro 2 de l’équipe dirigeante. A
dont il est l’un des fondateurs. •danseur,
Bruno Hamard,
directeur général
cette fille d’une secrétaire et d’un ingénieur n’oublie pas Stéphanie Delestre, de retour à Vitry-sur-Seine, doit se ce poste, ce grand blond à l’allure Kazem Tabrizi, 44 ans, est titulaire de l’Opéra de Dijon, 59 ans.
ses racines. « Je retourne très régulièrement dans ma cité
pour voir ma mère », confie-t-elle. Très jeune, elle tra-
reconvertir. « Je me suis inscrite à Pôle emploi », se rappel-
le-t-elle. Une expérience dont elle se servira pour entre-
athlétique, père de trois enfants,
avait été moteur dans l’internatio-
d’un MBA de Rennes School of bu-
siness. Au cours de sa carrière, il
•compositeur,
Françoise Hardy, auteur,
interprète, 80 ans.
vaille en tant que vendeuse en librairie puis au Go Sport
voisin. Mais la future entrepreneure aime la littérature,
prendre. D’autant que son entourage la pousse à fonder
sa propre société. Ce sera Qapa. Née en 2011, la start-up
nalisation d’Iliad, successivement
en Italie puis en Pologne ces der-
fut directeur au sein du cabinet
Weave durant près de dix ans. C’est
•essayiste
Michelle Obama, avocate,
et ex-première dame
l’histoire et la philosophie, et passe par la Sorbonne veut digitaliser les agences d’intérim. Finis les allers et re- nières années, l’opérateur deve- en 2016 qu’il a cofondé Tenzing. des Etats-Unis, 60 ans.
avant d’enchaîner sur l’ESCP Business School. « A la Sor-
bonne, j’ai appris à analyser et à l’ESCP à synthétiser », af-
tours pour les candidats. Désormais tout se fait en ligne
de la contractualisation à la paie. Pendant la crise sanitai-
nant peu à peu paneuropéen. Le
groupe a exprimé sa « sidération » SNCF
•etJake Paul, acteur
boxeur, 27 ans.
fiche-t-elle fièrement. Un stage chez TF1 lui ouvre les
portes des médias. Puis, pendant quinze ans chez Euros-
re, l’entreprise sera la seule sur le marché à fournir des
contrats temporaires pour répondre à la demande de la
et sa « peine infinie » à l’annonce de
cette mort. « C’était en toutes cho-
Raphaël Poli
est le directeur général adjoint
•cofondateur
Denis Payre, investisseur,
des sociétés
port, elle se rode au marketing, à la finance, à la compta- grande distribution et des entrepôts de logistique. En ses, une force qui va, qui dévorait la de SNCF Gares & Connexions. Business Objects et Kiala
bilité et à la gestion. « Le groupe Bouygues m’a formée à septembre 2021, Stéphanie Delestre vend son entreprise vie et qui bousculait tout sur son et de Croissance Plus, 61 ans.
l’entrepreneuriat », ajoute cette patronne, curieuse dans
l’âme. Au début des années 2000, après l’éclatement de
à Adecco pour une coquette somme. Au moins 65 mil-
lions d’euros. Elle quittera la direction dix mois plus tard.
passage par son énergie et sa créati-
vité, toujours avec gentillesse et droi-
Raphaël Poli, 49 ans, ancien élève
de l’ENA, conserve ses fonctions
•photographe,
Philip Plisson,
77 ans.
la bulle Internet, elle s’attelle au développement des pre-
miers sites de la chaîne sportive. « J’ai plongé et j’ai géré
Pour couper, elle a trouvé une solution : s’occuper les
mains. « Quand je bricole, je jardine ou je peins, mon cer-
ture. Il était heureux et libre chez
Free et au sein du Groupe iliad. Tou-
de président de SNCF Retail &
Connexions. Il a d’abord oeuvré au
•pianiste,
Anne Queffélec,
76 ans.
tous les sites Internet à l’international », se rappelle-t-elle. veau se concentre et va au rythme de mes doigts », sourit-
elle. C’est à Andernos-les-Bains, près du bassin d’Arca-
tes nos pensées vont aujourd’hui à
sa famille et ses proches », écrivent
sein de services de l’Etat, de collec-
tivités locales et de cabinets minis-
•comédienne,
Mathilde Seigner,
56 ans.
Le sens du deal chon, qu’elle trouve le temps de se poser. Mais au bout de Xavier Niel, président du conseil tériels. En 2014, il a rejoint SNCF en • Sylvie Testud, actrice, 53 ans.
Stéphanie Delestre, qui n’a pas sa langue dans sa poche,
croise alors Philippe Collombel, actuel managing par-
sept mois, Stéphanie Delestre récidive. Elle crée, avec
des anciens de Qapa, Volubile.ai. La start-up, qui a l’am-
d’administration d’Iliad et Thomas
Reynaud, directeur général du
tant que directeur de la stratégie et
de la transformation. En 2021, il
•sommelier,
Franck Thomas,
52 ans.
tner au sein du fonds Partech. L’investisseur l’encourage bition de réinventer la relation client grâce à l’IA généra- groupe. Nicolas Jaeger était égale- avait été nommé directeur général
à se lancer dans l’aventure des start-up. Il a à cœur de dé- tive, est officiellement lancée cette semaine. Décidé- ment membre du conseil d’admi- de SNCF Retail & Connexions,
velopper Qype, qui deviendra le leader européen des avis
en ligne sur les endroits de proximité. Elle prend son cou-
ment, l’entrepreneure n’a pas dit son dernier mot. Les
candidats seront prévenus. n
nistration de Millicom et de Play en
Pologne. — Raphaël Balenieri
membre du comité exécutif de
SNCF Gares & Connexions. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

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isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol valeur isin clôt % var.
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INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 119,92 1,42
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1 euro en devise bce en % en %
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Fr0013258399 balyo g C 0,822 0,822 0,801 0,819 - 0,37 1089 Fr001400ie67 myhotelmatch C 0,976 0,976 0,936 0,949 - 1,95 5838 FRANC SUISSE 0,9367 -0,05 0,84 www.mirabaud.com
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Fr0004023208 bassac B 48,4 48,5 46,5 47,9 - 2,05 7733 Fr0013482791 nacon sas B 1,626 1,636 1,598 1,598 - 2,32 6433 COURONNE DANOISE 7,4581 0,02 0,03
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Fr0010483768 crcam brie pic. cc B 17,318 17,37 17,316 17,316 1969 Fr0010263202 pareF g C 45,2 45,8 45,2 45,2 634 DOLLAR HONG-KONG 8,5053 -0,71 -1,48
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Fr0000045346 crcam sud rhone C 117,48 117,48 117,1 117,1 - 0,34 619 Fr0011471135 phaXiam tX C 4,15 4,225 4,15 4,2 + 0,72 2658 PESO MEXICAIN 18,6645 0,80 -0,36 désiGnation hors Frais de la dividende net
code isin des valeurs en euros** valor. en euros**
Fr001400ayG6 deeZer 2 2,3 2,3 2,22 2,22 - 3,06 17500 Fr0013252186 plastiQues du val g C 3,48 3,48 3,37 3,44 - 1,15 14249 REAL 5,3442 0,35 -0,24 mont. date

Fr0012202497 diaGnostic medicalg C 1,17 1,37 1,17 1,3 + 10,17 146017 Fr0012432516 poXel g C 0,47 0,47 0,438 0,454 + 3,77 77689 DOLLAR SINGAPOUR 1,4594 -0,05 0,04
Fr0000054678 euro ressources C 3,52 3,59 3,52 3,54 - 1,39 12334 Fr0012613610 prodWays Group g C 0,869 0,88 0,868 0,868 - 0,23 4293 LIVRE TURQUE 32,722 -0,70 0,65
Banque Cantonale de
Fr0011271600 FermentalG g C 0,282 0,282 0,274 0,274 - 1,44 54291 Fr0013344173 roche bobois sa G B 45,6 45,8 42,2 43,5 - 4,81 2976 RENMIBI YUAN 7,7448 -0,49 -0,83
Genève (France) SA
Tél. 04 72 07 31 50
Fr0011665280 FiGeac aero g C 5,72 5,76 5,18 5,76 + 1,05 26665 Fr0000054199 s.t. dupont C 0,093 0,094 0,09 0,094+ 4,22 5794
Fr0014005sb3 Forsee poWer sa B 2,55 2,565 2,54 2,54 - 1,17 17067 Fr0006239109 scbsm g C 9,2 9,2 9,15 9,15 - 0,54 1022 taux marchés monétaires et eurodevises bcgef.fr/fonds
Fr0013030152 Francaise enerGie g C 53 53,6 51,5 51,5 - 2,46 13570 Fr0000039109 seche environnem. g B 114 115 112,6 113,4 - 1,39 3297 marchés monétaires
16-01-2024 jour 1 mois 3 mois 6 mois 1 an
Fr0010588079 Frey B 27 27,2 27 27,2 + 1,49 974 Fr0011950682 serGeFerrari Gp g C 7,74 7,75 7,65 7,7 - 0,52 1574 LU2004923152 sWiss all caps (chF) eur a 142,01 15/01
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Fr0000061459 Gerard perrier B 101 101 100 100 - 0,99 1498 Fr0000074122 sii g C 69,7 69,8 69,7 69,7 - 0,14 55401
ecarts de tauX avec l’allemaGne
LU2004923749 sWiss small & mid caps (chF) eur a 118,33 15/01
Fr0000065971 Graines voltZ C 29,3 29,3 29,1 29,1 - 2,35 1114 Fr0000078321 soditech C 1,4 1,48 1,4 1,48 + 1,37 1700 16-01-2024 6 mois 2 ans 5 ans 7 ans 10 ans
LU2404427101 eu all caps a 87,77 15/01
Fr0012612646 Groupe partouche B 19,6 20,2 19,45 20,2 + 3,06 2142 Fr00140006o9 solocal Group B 0,086 0,087 0,084 0,086 - 0,12 68590 allemaGne 98,78 2,58 2,08 2,13 2,19
Fr0004155000 Groupe sFpi g C 1,94 1,942 1,92 1,938 13278 Fr001400bmh7 teract B 1,415 1,415 1,38 1,38 - 2,82 5693
LU2404427523 World QualiliFe stocKs a 76,78 15/01
portuGal 0 0,11 0,35 0,50 0,74
Fr0000066722 Guillemot g C 6,1 6,13 6,06 6,07 - 0,98 4271 Fr0000066482 tipiaK C 85,5 85,5 85,5 85,5 1679 France -0,17 0,15 0,36 0,38 0,59
LU1626130816 silK road Zone stocKs a 109,2 15/01
Fr0000066755 haulotte Group g B 2,47 2,47 2,42 2,42 - 1,22 1042 Fr0000033003 touaX g C 5,18 5,24 5,16 5,24 - 1,13 15250 espaGne -0,49 0,37 0,62 0,70 0,95 LU0851564038 balanced (eur) a 133,71 15/01
Fr0000054231 hiGh co. g C 3,85 3,87 3,84 3,85 + 0,79 45692 Fr0000036816 tour eiFFel g B 14,2 14,75 14,2 14,45 + 1,76 1567 italie -0,57 0,40 3,11 1,28 1,54 LU0851564384 dynamic (eur) a 164,84 15/01

@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à
vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

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Nicolas Barré Christine Kerdellant (Idées et débats) Cécile Cornudet, Sabine Delanglade, Les Echos Le Parisien Médias ABONNEMENTS L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi-Print (Gallargues).
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PRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH) Henri Gibier Etienne Lefebvre (France et international) Laurent Flallo, Sylvie Ramadier (Le Crible) DIRECTEUR GÉNÉRAL 60643 Chantilly Cedex. de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002.
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& PRÉSIDENT DE LA SAS LES ECHOS Pierre Louette David Barroux (Entreprises) DIRECTEUR DE CRÉATION Lise Benamou DÉLÉGUÉ À LA PROTECTION Ce numéro comporte
Edité par Les Echos, SAS au capital de 794.240 euros RCS 582 071 437 Julie Chauveau (Entreprises) Fabien Laborde DIRECTEUR STRATÉGIE DES DONNÉES PERSONNELLES un 3e cahier de 10 pages
10, boulevard de Grenelle, CS10817, 75738 Paris Cedex 15 Alexandre Counis (Finance et Marchés) DIRECTRICE ARTISTIQUE ET COMMUNICATION Xavier Genovesi « Les Echos Entreprises
Tél. : 01 87 39 70 00. www.lesechos.fr Daniel Fortin (Les Echos Week-end) Marion Moulin Fabrice Février dpo@lesechosleparisien.fr & Collectivités »
 Mercredi 17 janvier 2024 Les Echos 32

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2024 : 511,6 milliards d’euros (prévisions PLF 2024) // PIB 2023 : 2.818,1 milliards d’euros (prévisions
PLF2024) // Plafond Sécurité sociale : 3.864 euros/mois à partir du 01-01-2024 // SMIC horaire : 11,65 euros (brut par heure)
à partir du 01-01-2024 // Capitalisation boursière de Paris : 2.416,97 milliards d’euros (au 08-01-2024)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 118,23 au 16-12-2023 // Taux de chômage (BIT) : 7,4 % au 3e trimestre 2023
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 3.088,2 milliards d’euros (3e trimestre 2023)

crible
Aux quatre vents
La percée du renouvelable dans le mix électrique est une victoire à la Pyrrhus. Course relancée
Pour la première fois, l’éolien et le Goldman Sachs tient mieux la comparai-
solaire ont constitué, ensemble son des résultats face à Morgan Stanley.
l’an dernier, la première source
d’électricité dans l’Union
européenne, selon le cabinet
Ember. Hourra ? Comme le relève
UBS, les bonnes nouvelles ne
manquent pas dans l’évolution du
mix et de la consommation
électrique en 2023 : progression
de 10 % de la production
renouvelable, baisse du recours
au charbon après deux ans de
hausse, retour de l’Allemagne à
l’importation nette grâce à la
disponibilité de la flotte nucléaire
française, émissions de CO2 à un
plus bas historique. Mais elles
tiennent aussi au recul, de 4 % l’an
dernier, de la demande. Celle-ci
est inférieure de 6 % à l’avant-
Covid. Mi-2023, l’Agence
internationale de l’énergie en
pointait la raison principale : les
fermetures d’usines. Une chose
part aux quatre vents : la
compétitivité industrielle de
l’Europe.

Un mariage à l’eau
L’alliance avec Air France-KLM ne sera pas
une bonne affaire financière pour CMA CGM.
La meilleure nouvelle de 2024, c’est pouvoir se dire que 2023 est
Quand on est de Marseille, on est condamné à ne plus croire à rien, terminée. Cette prévision paresseuse n’est plus autant d’actualité
assure une blague du cru. Rodolphe Saadé, le patron du géant maritime depuis le grand rallye boursier des derniers mois. Mais Wall Street
CMA CGM, n’a donc sans doute pas été surpris de voir son alliance avec veut bien y croire pour Goldman Sachs. Le patron, David Solomon, a
Air France-KLM torpillée par l’Oncle Sam. Comme on dit sur la Canebière, en effet publié un bénéfice trimestriel meilleur que prévu (de 30 %,
il suffit d’une sardine pour bloquer le port. Or, le gendarme américain selon les données Bloomberg), là où il y a un an il devait faire passer la
de l’antitrust, qui a froncé les sourcils devant ce nouveau poids lourd pilule du plus gros loupé depuis 2011 (40 % en dessous). Ses traders
du fret aérien, une fois pris en compte le « troisième » du couple, actions ont brillé sans éclipser les progrès de fonds réalisés dans la
Delta Air Lines, ne pouvait être considéré comme du menu fretin. gestion d’actifs, ni les effets bénéfiques du recentrage hors des
L’achat de la logistique de Bolloré, également implantée sur ce marché, activités de détail. Son nouvel homologue à la direction générale de
a peut-être aussi changé la donne, du point de vue de l’armateur, Morgan Stanley, Ted Pick, qui vient de succéder à James Gorman,
pour ce mariage stratégique de l’air et de l’eau. L’aventure ne sera avait donc le rôle moins facile pour défendre sa publication, plutôt en
probablement pas, à terme, une bonne affaire financière pour CMA CGM. dessous des attentes des pronostiqueurs (d’environ 20 %). Les deux
Le groupe est actuellement en moins-value potentielle d’une centaine vieilles firmes de Wall Street, qui ont subi des charges exceptionnelles
de millions d’euros sur son entrée, à hauteur de 9 %, au tour de table en 2023, espèrent une reprise des fusions et acquisitions. Mais la
de l’empennage tricolore, qui lui avait coûté moins de 400 millions il y a perspective de marge de Morgan Stanley pour sa gestion de fortune
dix-neuf mois. Si le cours de Bourse est à l’étiage du prix de l’augmentation en 2024 – le point fort de son « equity story » – a un peu déçu ses
de capital, CMA avait aussi tiré les marrons du feu de Delta et China supporters. Ses objectifs de moyen terme sont cependant maintenus.
Eastern, en achetant leurs droits de souscription. Le gagnant de l’opération Et sa cote boursière reste supérieure à celle de Goldman Sachs
reste l’Etat, premier actionnaire de la compagnie aérienne, qui a recyclé (1,6 fois et 1,2 fois l’actif net), le reflet des rentabilités. Il faudra quand
une partie des avantages fiscaux accordés aux « cargo-dollars ». même davantage la défendre.

La Bourse de Paris cède du terrain

EN VUE

Tony Parker
l a changé de terrain, passant de celui devenu français à 14 ans. Guidé par une

I de basket à celui des affaires, mais pas

A la B ourse de Paris, l’indice
CAC 40 a clôturé en repli de 0,18 %
à 7.398 points mardi. Le Footsie
britannique a reculé de 0,48 % et
le DAX allemand de 0,30 %.
Les investisseurs ont été quelque
peu déçus par les commentaires
prudents des responsables de ban-
que centrales sur le calendrier de la
baisse des taux. Depuis le Forum
économique de Davos, le gouver-
neur de la Banque de France, Fran-
çois Villeroy de Galhau, a déclaré
que la BCE pourrait commencer à
réduire ses taux dans le courant
de l’année. Mais, la veille, l’autri-
chien Robert Holzmann avait averti
qu’une détente monétaire n’était
pas garantie en 2024 au vu de l’infla-
tion et des risques géopolitiques.
Quant au président de la Bundes-
bank, Joachim Nagel, il a jugé que
les débats sur la question étaient
pour le moment prématurés.
Christopher Waller, l’un des gou-
verneurs de la Fed américaine,
a déclaré que les baisses de taux
aux Etats-Unis cette année devaient
se faire prudemment.
Du côté des valeurs, Alstom, lan-
terne rouge de l’indice, a perdu
3,54 %, tandis que Dassault Systè-
mes (+2,72 %) signe la meilleure
performance. Deutsche Bank a
conseillé d’acheter les actions
de l’éditeur de logiciels 3D.
Société Générale a, de son côté,
reculé de 0,62 %.
de position. A 41 ans, Tony Parker
reste un meneur de jeu dans l’âme.
Reconverti serial chef d’entreprise, on le
retrouvera ce mercredi distribuant non
plus les passes décisives mais les conseils,
et peut-être les chèques, en tant que nou-
velle recrue de l’émission « Qui veut être
mon associé ? », sur M6, où des entrepre-
neurs vendent leurs projets à des busi-
ness angels. Lui-même n’a pas eu besoin
de faire un crochet par la télé pour se lan-
cer. Richissime au terme d’une carrière
exceptionnelle qui l’a emmené jusqu’au
« hall of fame » de la NBA, William
Anthony Parker II, de son vrai nom,
s’offre en 2014 un « rêve de gosse » en
rachetant et en prenant la présidence de
l’ASVEL, le club de basket de Villeur-
banne. Le premier d’une très longue série
d’investissements pour ce fils d’un bas-
ketteur américain et d’une mannequin
néerlandaise, élevé en Normandie et
ambition revendiquée et marchant à la
« passion », « TP » (prononcez TiPi, à
l’américaine) semble se balader dans sa
seconde carrière comme dans un parc
d’attractions géant, lançant ici une mar-
que de vêtements, là une équipe de poker,
producteur de cinéma un jour, patron
d’une société de gestion du patrimoine
pour ex-sportifs le lendemain. En quête
perpétuelle de hauteur, il investit dans la
station de ski de Villard-de-Lans, et sou-
cieux de faire la course en tête, il s’offre
une écurie hippique. Puisqu’il faut bien
arroser les victoires de son pur-sang féti-
che, Mangoustine, il a aussi investi dans
des vignobles. Retraité mais plus qu’actif,
pour le meilleur, comme ses académies
de basket dans les quartiers défavorisés,
et pour le pire, quand il produit son pro-
pre album de rap. « Sans la musique, je
suis comme un Hummer sans jantes », y
chante-t-il. On le rassure, cela devrait
quand même continuer à rouler pour lui.