COMMUNIQUÉ
La migraine, un handicap
Automobile L’étonnante stratégie européenne
de Toyota dans l’électrique
Mobilisation générale
pour l’emploi
l A l’heure où le taux de chômage remonte légèrement, Elisabeth
Borne réunit ses ministres pour aller vers le plein-emploi.
l Des mesures d’urgence à l’étude.
l Ajustements du Code du travail, nouveau plan de mobilisation
afin de faciliter les recrutements… le tour d’horizon est large.
// PAGE 2 ET L’ÉDITORIAL D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 16
Un chantier de construction dans le Vercors. Photos François Henry/RÉA et Toyota
analyses
SUR
Le retour redouté
d’un Donald Trump 2.0
Par Solveig Godeluck
DOMINIQUE SEUX
DANS ’ÉDITO ÉCO Il avait quitté la Maison-Blanche
À 7H45 avec pertes et fracas après
DU LUNDI AU VENDREDI l’invraisemblable assaut du
Capitole en 2021. Depuis, Donald
Trump prépare discrètement
son retour malgré son inculpa-
tion dans quatre procès au pé-
M 00104 -1204 - F:3,40 nal. Loin d’être affaibli, le candi-
dat pour la présidentielle améri-
caine de 2024 est, pour l’instant,
favori dans les sondages. A un an
du scrutin et alors que le contex-
ISSN0153.4831 116e ANNÉE
NUMÉRO 24099 38 PAGES te géopolitique et la société ont
Antilles-Réunion 4,50 €. Belgique 4,00 €. changé, son retour fait craindre
Espagne 4,90 €. Luxembourg 4,20 €. un mandat encore plus radical
Maroc 42 DH. Suisse 6,40 FS. Tunisie 9 TND. que le précédent. Surtout
depuis l’embrasement récent
au Proche-Orient… // PAGE 11
// P. 20
L’enjeu existentiel
de l’Ukraine
Par Dominique Moïsi
De l’atome à l’intelli-
gence artificielle
Par Philippe Chalmin
Climat : le pari du
transport maritime
Par Ludovic Subran
Cerveau : questionner
les crânes
Par Yann Verdo
// PAGES 11, 12, 14
invisible à l’impact sous-estimé
Voir Cahier 1
LUNDI 4 DÉCEMBRE 2023
Bourse La composition du CAC 40
est sur le point d’évoluer // P. 28
COP28 : premières
promesses sur
le nucléaire
ENVIRONNEMENT Les annonces se
succèdent à la COP28 qui s’est ouverte
à Dubaï. Les 140 chefs d’Etat présents
ce week-end aux Emirats arabes unis
ont rivalisé d’initiatives volontaires.
Les Emirats arabes unis ont annoncé
la création d’un fonds privé consacré
à la lutte contre le changement clima-
tique, doté de 30 milliards de dollars,
afin d’investir dans les revouvelables.
Les Etats-Unis ont promis une enve-
loppe, publique cette fois, de 3 mil-
liards pour le Fonds vert pour le cli-
mat. Sur le nucléaire, une vingtaine
de pays, dont la France, se sont enga-
gés à tripler les investissements d’ici
Giuseppe cacace/AFP
à 2050. Mais la question du poids des
énergies fossiles, principal émetteur
de CO2 dans l’atmosphère, en revan-
che, continue de diviser les pays.
// PAGE 6 ET L’ENQUÊTE PAGE 15
Crédit immobilier :
les pistes de Bercy
CRÉDIT Le ministre de l’Econo-
mie et des Finances, Bruno Le
Maire, veut relancer la machine
du crédit immobilier, grippée
avec la hausse brutale des taux. Il
va proposer lors d’une réunion
prévue ce lundi avec le gouver-
neur de la Banque de France, au
sein du Haut Conseil de stabilité
financière, d’aménager les règles
Ludovic Marin/AFP
d’octroi de crédit, afin d’augmen-
ter la capacité d’endettement des
emprunteurs lorsqu’ils font des
travaux d’efficacité énergétique.
// PAGE 17
Et si l’innovaion technologique
pouvait améliorer l’expérience
collaborateur ?
Les produits de
seconde main,
nouveaux
phénomènes de
consommation
DISTRIBUTION Les vêtements ou
les smartphones ne sont plus les
seuls à laisser une belle place à
l’occasion. Du jouet au meuble,
Serviceplan - Crédit photo : iStock
tous les secteurs investissent le ter-
rain, avec des offres venant aussi
bien des enseignes que des indus-
Les soluions cloud RH de Cegid ofrent de nouvelles
triels eux-mêmes. Vinted, qui fête
ses dix ans en France, est devenu le opporunités pour améliorer l’expérience de travail,
premier site textile marchand du pour une performance durable de l’entreprise.
pays. L’Hexagone est largement en www.cegid.com
tête du mouvement en Europe,
indique son PDG dans une inter-
view aux « Echos ». Les friperies
prennent leur revanche sur les dis-
tributeurs de vêtements neufs. Et, à
Noël, les produits ayant déjà servi Together, make more possible
devraient garnir le pied du sapin.
// PAGES 18-19

FRANCE
Plein-emploi : le gouvernement
à la recherche de pistes de réformes
l Elisabeth Borne réunit ses principaux ministres concernés alors que le taux de chômage remonte légèrement.
l Très en verve, Bruno Le Maire avance de nouvelles pistes, pour les jeunes notamment.
SOCIAL
Alain Ruello
Officiellement, il ne s’agit que d’une
réunion de travail. Elle prend pour-
tant une allure de mini-mobili-
sation alors que le taux de chô-
mage frémit dans le mauvais sens.
Elisabeth Borne réunit ce lundi
après-midi ses principaux minis-
tres concernés pour étudier des
aménagements – voire de nouvelles
réformes – du marché du travail
à même de sécuriser ce qui reste
l’objectif cardinal du quinquennat :
atteindre le plein-emploi d’ici
à 2027.
« Nous nous battons pour le plein-
emploi et évidemment, on ne va rien
lâcher », confie la Première minis-
tre, bien décidée à ne pas attendre
mi-mars et la fin, normalement,
de la négociation des partenaires
sociaux sur le maintien en emploi
des seniors pour agir dans les
champs qui relèvent de l’Etat.
Charge donc aux ministres du
Travail, Olivier Dussopt, de l’Econo-
mie, Bruno Le Maire, de l’Enseigne-
ment et de la Formation profession-
nels, Carole Grandjean, et des PME,
Olivia Grégoire, de venir chargés
d’idées. Thomas Cazeneuve, grand
maître des Comptes publics, sera
également présent pour s’assurer
que la facture ne dérape pas. A
moins qu’elle soit compensée par
des économies ailleurs.
Droit à temps partiel
pour les fins de carrière
Ajustements du Code du travail,
nouveau plan de mobilisation pour
réduire les difficultés de recrute-
ment, voire nouvelle réforme
d’ampleur… le tour d’horizon sem-
ble large. A ce stade, la seule piste
confirmée à Matignon porte sur la
rupture conventionnelle soupçon-
née, parce qu’elle donne droit à
indemnisation par Pôle emploi, de
En Allemagne, une transformation massive
de l’emploi des seniors
En dix ans, le taux d’emploi
des 55-64 ans est passé
de 64 % à 73 %. Un chiffre
supérieur de 16 points
à celui de France.
Emmanuel Grasland
— Correspondant à Berlin
En Allemagne, plus d’un million de
retraités ont une activité profes-
sionnelle. Et leur nombre ne cesse
de croître chaque année. Selon le
ministère allemand du Travail, le
pays compte aujourd’hui 1,12 mil-
lion personnes de plus de 67 ans au
travail. Un chiffre en hausse de
56.000 depuis un an. Alors que le
gouvernement vient de relancer le
débat sur l’emploi des seniors en
favoriser la bougeotte des salariés
d’un employeur à l’autre.
Décidé à occuper le devant de la
scène, Bruno Le Maire a déjà
dévoilé une partie de ce qu’il juge
opportun de faire, promettant un
« plan global » et consultant tous
azimuts pour cela. Cela passe
notamment par l’instauration d’un
nouveau droit à temps partiel pour
tous les salariés en fin de carrière, et
ainsi « éviter des sorties trop brutales
de l’emploi ». Il faut mettre fin à
« l’hypocrisie du système social qui
dégage les plus de 55 ans pour faire de
la place aux jeunes », plaide-t-il.
Différent de la retraite progres-
sive, ce nouveau droit pourrait pren-
dre la forme d’un contrat de travail
à, par exemple, quatre cinquièmes
(80 % du temps), tout en étant payé
90 % de son salaire et en cotisant à
100 % pour la retraite. L’idée à tout
pour plaire à la CFDT, et elle a des
chances de se retrouver dans le
champ de la négociation sur les
seniors entre syndicats et patronat.
Une disposition restée
confidentielle
Décidément très en verve, le minis-
tre de l’Economie et des Finances a
remis une pièce dans la machine
dimanche à l’occasion d’une inter-
view au « Parisien ». La cible ? Les
jeunes cette fois-ci. Il faut, a-t-il
déclaré, « nous attaquer en priorité
absolue aux centaines de milliers
d’emplois non pourvus dans les sec-
teurs en tension. Les chaudronniers,
couvreurs, soudeurs, les métiers de
bouche, la restauration, l’hôtellerie…
Nous pourrions par exemple valori-
ser le compte personnel de formation
d’un jeune qui s’engagerait dans l’un
de ces secteurs. »
Abonder le compte personnel de
formation (CPF) pour couvrir la
totalité du coût de la formation, c’est
possible depuis la loi pour la liberté
de choisir son avenir profession-
nel de 2018. Quel que soit le contri-
buteur, Etat, régions, entreprises…
France, force est de constater que
l’Allemagne se distingue de ses voi-
sins sur ce sujet.
Depuis dix ans, la part des
seniors dans la population active a
connu une augmentation massive
outre-Rhin. Entre 2013 et 2022, le
taux d’emploi des 55-64 ans est
passé de 64 % à 73 %. Un chiffre
supérieur de 11 points à la moyenne
européenne et de 16 points à celui
de France !
Le bouleversement est encore
plus important lorsque l’on se res-
treint au périmètre des 60-64 ans.
La proportion d’actifs s’y est envolée
de 47 % en 2012, à 63 % l’an dernier.
Même tendance au-delà de 65 ans.
En Allemagne, 19 % des personnes
âgées de 65 à 69 ans avaient une
A ce stade, la seule piste confirmée à Matignon porte sur la rupture conventionnelle qui est soupçonnée de favoriser la bougeotte
des salariés car donnant droit à indemnisation par Pôle emploi. Photo Romuald Meigneux/Sipa
Et quel que soit l’âge du titulaire
du compte. Sauf que cette disposi-
tion reste confidentielle. Peut-être
Bruno Le Maire a-t-il en tête d’y
consacrer un budget spécifique et
de le faire savoir grâce à une campa-
gne de communication massive ?
Autre mesure portée au débat
public sans attendre de la présenter
à Elisabeth Borne ce lundi : la réduc-
tion du délai de recours d’un salarié
contre son employeur en cas de
licenciement, actuellement de
activité professionnelle en 2022,
soit six points de plus qu’en 2012. En
France, ils étaient 9,9 % dans ce cas
selon Eurostat.
A quoi tient ce bond en avant du
nombre de seniors allemands en
activité ? Le facteur clé, ce sont bien
évidemment les réformes du mar-
ché du travail de l’Agenda 2010 et
l’allongement progressif de l’âge du
départ à la retraite depuis dix ans.
En 2029, il faudra avoir 67 ans pour
bénéficier en Allemagne d’un taux
plein lors de son départ à la retraite.
« Mini-jobs » à 520 euros
Confrontés à un départ massif des
baby-boomers d’ici à dix ans et à
1,8 million d’emplois inoccupés, les
employeurs allemands sont aux
petits soins pour leurs seniors. Ils
ont tendance à leur proposer de res-
ter, là où les entreprises françaises
les perçoivent comme trop chers et
pas assez adaptés au numérique.
Pour l’office fédéral des statisti-
ques Destatis, le haut niveau d’édu-
cation des salariés allemands expli-
que aussi ce fort taux d’activité. « Les
diplômes supérieurs vont souvent de
pair avec une participation plus lon-
gue à la vie active », analyse l’institu-
tion. En 2022, les 60-64 ans avec ce
profil avaient un taux d’activité de
74 % sensiblement plus élevé que
ceux des personnes peu diplômés.
douze mois. « Il est important que
les salariés puissent être protégés,
mais ce délai est trop long. Dans tous
les autres pays développés, c’est deux
mois. Cela me semble un bon délai »,
a ajouté Bruno Le Maire. Sans préci-
ser toutefois le pourcentage de
recours devant les Prud’hommes
qui ont lieu au-delà de deux mois.
Lire l’éditorial
( d’Etienne Lefebvre
Page 16
Il y a enfin le niveau des pensions.
Outre-Rhin, le montant est basé sur
les revenus gagnés pendant les
45 années d’activités, alors qu’il
dép end des 25 meilleures en
France. Cette année, le montant
mensuel d’une retraite s’élevait à
1.543 euros par mois en Allemagne.
Pour la majorité des 65 ans et plus
qui travaillent, cette activité consti-
tue souvent un revenu d’appoint. Il
s’agit en général d’un « mini-job »,
limité à 520 euros par mois pour
43 heures d’activité mensuelle.
Mais dans 40 % des cas, cela consti-
tue tout de même la principale
source de subsistance.
Jusqu’où ira ce recours de plus en
plus grand aux seniors outre-
Rhin ? Aujourd’hui, l’Allemagne
compte 13.000 personnes âgées de
85 ans et plus en activité… Parmi
elles, 446 sont conducteurs profes-
sionnels. De quoi vous inciter à
regarder qui est au volant, quand
vous montez dans un bus. n
19 %
DES ALLEMANDS
de 65 à 69 ans avaient gardé
une activité professionnelle
en 2022.
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
Plus d’un fonctionnaire
sur trois a au moins 50 ans
La structure par âge
des effectifs de la fonction
publique décuple l’enjeu
de la négociation sur
les conditions de travail.
Leïla de Comarmond
Lors de la réforme des retraites, le
débat s’est concentré sur les fonc-
tionnaires en catégorie active qui
partent avant l’âge légal. Mais il
est une autre facette qui a été peu
soulignée : le poids des seniors
parmi les agents publics.
Selon le rapport annuel sur
l’état de la fonction publique
de 2023 – auquel « Les Echos »
ont eu accès –, 2.052.000 agents
sur les 5,7 millions ont 50 ans et
plus, soit 36 % du total en 2021.
C’est bien plus que dans le privé,
où ils représentent 31 % des sala-
riés, a calculé le ministère de la
Fonction publique à partir des
données de l’Insee sur 2021.
« Dans la fonction publique, sur la
même période et avec la même
source, la part de ces agents est en
moyenne supérieure de 6 points à
celle relevée dans le secteur privé »,
constate le rapport qui évalue la
proportion d’agents d’au moins
50 ans en 2014 à 34 % dans le
public et de 28 % dans le privé.
La déformation de la pyramide
des âges a été importante sur les
dix dernières années, souligne le
rapport annuel : en dix ans, le
poids des seniors a augmenté de
27,9 %. Cette évolution est à met-
tre en relation avec la hausse de
l’âge légal de la retraite de deux
ans, en 2010. Elle est aussi liée à la
garantie de l’emploi des fonction-
naires titulaires. La proportion de
quinquagénaires et sexagénaires
chez les contractuels est d’ailleurs
plus faible : 23 % avaient plus
50 ans au moins, contre 42 % des
titulaires en 2021.
02
Le poids des seniors appelés à
rester durablement en emploi
dans leur administration, que
va encore renforcer la dernière
réforme des retraites, rend
d’autant plus aiguë la question
des conditions de travail. Un dos-
sier que le ministre de la Transfor-
mation et de la Fonction publi-
ques, Stanislas Guerini, doit
ouvrir avec les syndicats dans le
cadre de l’agenda social.
La part de sexagénaires
a doublé en dix ans
La territoriale est la plus
concernée. C’est là que la progres-
sion du poids des 50 ans et plus
a été la plus forte : elle a gagné
9 points pour atteindre 43 %. C’est
d’autant plus un sujet que les
emplois de catégorie C, plus péni-
bles, y sont surreprésentés. Mais
les collectivités locales ne sont
pas les seules concernées, car la
catégorie C est aussi surreprésen-
tée chez les agents âgés de l’Etat et
des hôpitaux. En moyenne, un
fonctionnaire de catégorie C sur
deux a passé le cap des 50 ans.
Le rapport fait aussi un focus
sur les effectifs de 60 ans et plus
avant le relèvement de deux ans
de l’âge légal de la retraite à
64 ans. Elle montre que si la pro-
portion de 60 ans et plus reste fai-
ble dans la fonction publique – un
agent sur onze –, elle a plus que
doublé en dix ans. Ils représen-
taient 4 % des fonctionnaires
en 2011 et 9 % en 2021. C’est au sein
des collectivités locales que cette
part est la plus forte, à 10 %, et dans
la fonction publique hospitalière
qu’elle est la plus faible, à 6 %. Avec
le relèvement de l’âge légal de la
retraite à 64 ans, le poids des sexa-
génaires va augmenter, ce qui va
renforcer l’enjeu de travailler sur
les conditions de maintien dans
l’emploi des salariés âgés. n
03 Les Echos Lundi 4 décembre 2023
La France échappe
aux foudres de S&P
mais reste sous
surveillance
FINANCES
PUBLIQUES
L’agence américaine
de notation a main-
tenu vendredi la note
« AA » de la dette
française.
Renaud Honoré
La date avait été cochée depuis long-
temps dans le calendrier du gouver-
nement. Quand on interrogeait
un des ténors de l’exécutif sur la
menace pesant sur la notation de la
dette française, il répondait avant
l’annonce : « Nous avons fait le maxi-
mum, on peut dire qu’on a mouillé la
chemise pour être épargné. »
Vendredi soir, les membres du
gouvernement et de la majorité ont
dû souffler un bon coup en appre-
nant que l’agence de notation
S&P Global – la plus influente du
secteur – maintenait le niveau AA
pour la note française. Mais il va fal-
loir vite reprendre sa respiration,
car la décision s’accompagne de
commentaires montrant l’ampleur
de la tâche pour éviter les foudres
l’an prochain.
Pour le moment, le ministre de
l’Economie, Bruno Le Maire – qui
jouait une partie de son capital poli-
tique pour la suite du quinquennat
avec cette décision –, a préféré profi-
ter de l’instant présent et d’une
annonce qui conforte sa stratégie
budgétaire. Ce maintien de la note
est « cohérent avec les choix du gou-
vernement en matière de finances
publiques ». « Un signal positif », a
renchéri Jean-René Cazeneuve, le
rapporteur général du budget
(Renaissance) à l’Assemblée. « Plus
que jamais, nous restons déterminés
à réduire les dépenses publiques et à
accélérer le désendettement de la
France », a ajouté le ministre de
l’Economie sur X.
Crédits gelés
Cette réduction des dépenses publi-
ques se fera toutefois à un rythme
lent, l’exécutif ne prévoyant pas de
ramener le déficit sous la barre des
3 % du PIB avant 2027. « On peut cri-
tiquer cette stratégie, mais le plus
important aux yeux des investisseurs
comme de nos partenaires, c’est
d’avoir respecté nos engagements
avec un déficit à 4,9 % cette année et
4,4 % l’an prochain. Cette parole
tenue, c’est notre crédibilité », assure
un conseiller ministériel. Dans son
FRANCE
avis, S&P semble donner quitus à
Bercy sur ce point. Le maintien de la
note de la dette française est notam-
ment justifié par le fait que l’agence
de notation anticipe « une diminu-
tion de la dette publique en pourcen-
tage du PIB à partir de 2025, quoique
très progressivement ». Autre argu-
ment, « la répercussion de la hausse
des coûts d’emprunt due aux taux
d’intérêt élevés sera progressive ».
Pour convaincre que la situation
était bien sous contrôle, le gouver-
nement a dû multiplier les gestes
cet automne. Bruno Le Maire a pris Le maintien de la note est « cohérent avec les choix du gouvernement en matière de finances
le temps de rencontrer les experts publiques », a jugé Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie. Photo Eric Tschaen/RÉA
de S&P pour énumérer les mesures
prises ces dernières semaines, finances publiques 2023-2027. Fin d’autant que les taux d’emprunt de pour amener à une réduction de
notamment le gel de crédits pour novembre, la Première ministre, la France, après avoir flambé à la l’endettement ». Autre facteur
5 milliards d’euros cette année pour Elisabeth Borne, a aussi mis tout rentrée jusqu’à 3,5 %, ont connu ces d’inquiétude : « une fragmentation
tenir l’objectif d’un déficit à 4,9 % du son poids politique pour lancer très dernières semaines un léger reflux politique accrue », qui complique-
PIB, ainsi que le milliard d’écono- tôt une revue des dépenses qui doit en dessous de 3 %. rait la mise en œuvre des politiques.
mies en plus trouvé durant l’exa- contribuer à trouver 12 milliards Pour autant, le plus difficile est Bercy devra gérer au cordeau les
men parlementaire pour le budget d’économies pour le budget 2025. devant l’exécutif. La note de S&P finances publiques dans les pro-
2024. Le ministre a également mul- reste sous « perspective négative », et chains mois, alors que les objectifs
tiplié les déclarations ces dernières Reflux des taux d’emprunt ce feuilleton sur la dette française annoncés – un déficit public à 4,4 %
semaines pour relancer les réfor- Finalement, avec cette décision de devrait vite revenir. Rappelant « le et une croissance de 1,4 % – sont sou-
mes en faveur du plein-emploi. S&P qui intervient un peu plus d’un faible historique en matière de réduc- vent jugés optimistes.
Matignon peut estimer aussi mois après celle similaire prise tion des déficits », l’agence pointe les S&P prévoit d’ailleurs un déficit
avoir mis la main à la pâte pour par l’agence Moody’s, le gouverne- « incertitudes » autour de la situa- de 4,6 % l’an prochain. Bruno
convaincre les agences de notation. ment peut donc s’estimer satisfait tion budgétaire française. La note Le Maire a assuré qu’il était prêt à
Il y a d’abord eu la décision de recou- d’avoir traversé sans trop de casse pourrait être dégradée dans l’année dégainer des mesures d’économies
rir au 49.3 pour arracher l’adoption un automne budgétaire qui s’an- à venir « si nous estimons que le défi- pour tenir coûte que coûte cet objec-
de la loi de programmation des nonçait pourtant périlleux. Et ce, cit ne baissera pas suffisamment tif de déficit à 4,4 %. n
FRANCE
en bref
La CGT dénonce
une « maltraitance
généralisée » dans
les Ehpad Emera
SOCIAL La CGT annonce avoir
été alertée sur des « violences
physiques » et des « manque-
ments » dans plusieurs Ehpad
privés du grou pe Emera et
réclame une saisine de l’Igas
(Inspection générale des affai-
res sociales), dans une lettre au
gouvernement consultée par
l’AFP samedi. « Il apparaît que
le groupe Emera entretient un
système de maltraitance généra-
lisée qui s’opère chaque jour
auprès de leurs [...] résidents et
[...] salariés », écrit la secrétaire
générale de la centrale, Sophie
Binet, dans la lettre.
Le gouvernement
inquiet de la
hausse du coût des
mutuelles santé
SANTÉ Les complémentaires
santé « ne peuvent pas faire du
patient la variable d’ajustement
de leur modèle économique », a
déclaré le ministre de la Santé,
Aurélien Rousseau, dimanche
sur France 3 après avoir été
interpellé sur l’augmentation
attendue des tarifs des mutuel-
les santé l’an prochain. Pour le
ministre, avoir des hausses de
prix de plus de 8 % n’est « pas
acceptable ». La question du
prix des couvertures santé va
être évoquée lors d’une réu-
nion entre l’exécutif et les com-
plémentaires « dans quelques
jours ».
E
Z À C
E
D
S
N
O
P O
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R S
L’exécutif sous pression
face à la menace terroriste
l Une attaque au couteau a fait un mort à Paris, ce week-end, dans un quartier très touristique.
l Elle soulève des questions de sécurité, à quelques mois de la tenue des JO dans la capitale.
SÉCURITÉ
Solenn Poullennec
Le gouvernement est plus que
jamais sous pression pour contrer
la menace terroriste et assurer la
sécurité dans la capitale à quelques
mois de l’organisation des Jeux
Olympiques, après l’attaque mor-
telle survenue samedi soir à Paris.
En milieu de soirée, à quelques
pas de la tour Eiffel, un homme a tué
à coups de couteau un touriste ger-
mano-philippin avant de blesser au
marteau deux autres personnes,
puis d’être interpellé. Les deux bles-
sés, un Français et une Britannique,
sont traumatisés mais « en bonne
santé », a affirmé dimanche sur
France 3 le ministre de la Santé,
Aurélien Rousseau. Le gouverne-
ment a annoncé, dimanche après-
midi, l’organisation d’une réunion
sur la sécurité le même jour. Celle-ci
devait rassembler autour de la Pre-
mière ministre, Elisabeth Borne, les
ministres de l’Intérieur, Gérald Dar-
manin, de la Justice, Eric Dupond-
Moretti, et Aurélien Rousseau.
L’attaque intervient dans le
contexte du conflit entre Israël et le
Hamas et moins de deux mois
après celle d’Arras (Pas-de-Calais)
qui a coûté la vie à un professeur le
13 octobre. Celle-ci a conduit au
Votre don est vital
pour sauver des vies.
don.sosmediterranee.org
Deux touristes passent devant le lieu où un Allemand a été tué, samedi soir à Paris, en bas du pont de
Bir Hakeim, par un jeune Français fiché pour radicalisation islamiste. Photo Christophe Ena/AP
relèvement du plan Vigipirate au
niveau maximal « urgence atten-
tat ». Le Parquet antiterroriste
(Pnat) a ouvert une enquête. L’atta-
quant aurait évoqué la guerre à
Gaza et la position de la France vis-
sem
à-vis d’Israël, a expliqué Gérald
Darmanin.
Agé de 26 ans, Armand Rajab-
pour-Miyandoab, né en France de
parents réfugiés iraniens résidant
en Essonne, est fiché pour radicali-
sation islamiste, selon l’AFP. Il avait
déjà été interpellé par le renseigne-
ment intérieur (DGSI) en 2016 pour
un projet d’attaque du quartier
d’affaires de La Défense à Paris.
Suivi psychiatrique
Alors étudiant en biologie, il avait
formé le projet de rejoindre le
groupe Etat islamique en zone
irako-syrienne et entretenait des
contacts avec « trois terroristes réci-
divistes », d’après le tribunal de qui
l’a jugé en 2018. Il a écopé de cinq
LE GRAND RENDEZ-VOUS // EUROPE 1 - CNEWS - « LES ÉCHOS »
Face au terrorisme, les pouvoirs
publics « ont déjà cédé »
Invité du Grand Rendez-
vous Europe 1 - CNews -
« Les Echos », l’essayiste
Laurent Obertone fustige
l’impuissance de l’exécutif
et de la classe politique
soumis au « chantage
à l’extrême droite ».
Yann Verdo
« Nous ne céderons rien face au terro-
risme. Jamais », a déclaré, non sans
emphase, la Première ministre Eli-
sabeth Borne juste après l’attentat
ayant fait un mort et deux blessés
près de la Tour Eiffel, samedi soir à
Paris. « Nous avons déjà cédé », lui
rétorque, grinçant, l’essayiste Lau-
rent Obertone, invité dimanche au
micro du Grand Rendez-vous
Europe 1 – CNews – « Les Echos ».
Pour Laurent Obertone, qui s’est
fait connaître il y a dix ans avec la
publication de son premier livre,
« La France Orange mécanique », ce
nouvel attentat illustre l’impuis-
sance de l’exécutif et l’aveuglement
de la classe politique face à la
menace du terrorisme islamiste. Et
ce, malgré « le bon travail » selon lui
des services de renseignement, qui
avaient su repérer la dangerosité de
cet individu de 26 ans, Français
d’origine iranienne, fiché S pour
islamisme (il avait déjà été con-
damné à de la prison pour un projet
d’attentat terroriste) et atteint de
troubles psychiatriques.
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
ans de prison dans ce dossier, dont
un avec sursis, et était sorti de
détention en 2020, selon l’AFP. Trois
membres de son entourage sont en
garde à vue, a précisé le Parquet
national antiterroriste.
L’attaquant faisait par ailleurs
l’objet d’un suivi psychiatrique, a
expliqué le gouvernement. « Je pro-
pose de ne pas donner de significa-
tion politique générale aux actions
insupportables d’une personne qui
est manifestement déséquilibrée, a
réagi sur LCI Manuel Bompard, le
coordinateur de la France insou-
mise. Je ne pense pas que toutes les
personnes qui s’émeuvent de la situa-
tion au Proche-Orient se sentent soli-
daires de l’acte d’un déséquilibré
comme celui-ci. » « Il est temps de réa-
Laurent Obertone. Photo Eric
Frotier De Bagneux/Capa Pictures
« La France a des yeux pour voir,
mais les rapports des services de ren-
seignement finissent sur le bureau du
ministre de l’Intérieur où ils sont mis
au panier », regrette-t-il. « On délivre
des titres de séjour à des milliers de
personnes atteintes de troubles psy-
chiatriques, et que, faute de lits à
l’hôpital, on renvoie à la rue en se con-
tentant de leur prescrire des médica-
ments », a-t-il poursuivi sans don-
ner de sources à cette estimation.
Une classe politique réduite au
silence selon lui par « l’éternel chan-
tage à l’extrême droite qui fait que
personne n’ose rien dire de peur
d’être accusé de “faire le jeu de” », des
mesurettes cosmétiques – comme
04
« Je propose
de ne pas donner
de signification
politique générale
aux actions
insupportables
d’une personne qui
est manifestement
déséquilibrée. »
MANUEL BOMPARD
Coordinateur de la France
insoumise
liser les conséquences de l’effondre-
ment du système psychiatrique », a
déclaré, de son côté, le chef de file de
LFI, Jean-Luc Mélenchon sur X (ex-
Twitter). Et de s’insurger contre ce
« meurtre et des blessures au motif
délirant de religion ».
L’extrême droite monte
au créneau
L’extrême droite n’a cependant pas
tardé, dimanche, à accuser le gou-
vernement de « faiblesse ». « Je pense
qu’il faut aujourd’hui un tournant
sécuritaire pénal et migratoire dans
notre société, au risque de courir à de
graves troubles dans les mois qui
viennent », a attaqué le président du
Rassemblement National, Jordan
Bardella, voulant « rouvrir le débat
sur la rétention de sûreté ».
« Encore la mort sur notre sol.
Encore ce cri d’“Allah Akbar”. Encore
un fiché S. Encore des familles bri-
sées. Aujourd’hui, marcher sous la
tour Eiffel, dans le cœur de Paris, c’est
prendre le risque de mourir. Qu’ont-
ils fait de notre pays ? », a réagi sur X,
l’ancien candidat d’extrême droite à
la présidentielle Eric Zemmour. n
les stages de déradicalisation – qui
« font sourire tout le monde », un
Code pénal « non appliqué »… Il
serait temps de « changer de logi-
ciel », estime Laurent Obertone.
Traiter le problème
à la racine
Ce qui veut notamment dire, pour
lui, cesser de privilégier systémati-
quement les alternatives à l’empri-
sonnement et augmenter les capa-
cités du système pénitentiaire. Il est
vrai, reconnaît-il, que les prisons
n’ont jamais compté autant de déte-
nus (75.000, contre 55.000 en 1992),
mais, ajoute-t-il, cette hausse
demeure bien modeste si on la
compare au fait que, dans le même
laps de temps, « le nombre de vio-
lences aux personnes a été multiplié
par six ».
« Nous en sommes encore à penser
que construire une prison est le signe
d’un échec », se désole-t-il alors que,
selon lui, l’échec réside plutôt dans
les milliards d’euros investis dans la
politique de la ville ou la réinser-
tion. Des montants qu’il qualifie
de « pure perte ». A plus courte
échéance, estime Laurent Ober-
tone, « l’expulsion de notre territoire
de tous les criminels et délinquants
récidivistes étrangers qui y résident »
constituerait un premier signal fort
que l’Etat, détenteur du monopole
de la violence légitime, est enfin
décidé de traiter le problème « à
la racine ». n
05 Les Echos Lundi 4 décembre 2023 FRANCE

Immigration : RN et entreprises : le concours de « pragmatisme »

comment les députés Le Rassemblement national lance une offensive à l’encontre des chefs d’entreprise en faisant miroiter
des adaptations discrètes de son programme.

ont adouci le texte oici un écho qui veut cela. Il a participé la semaine le RN, il vous répondra

des sénateurs V dire beaucoup. Marine

qui ne souhaitent pas un droit auto-
PARLEMENT matique », se félicite-t-on au gouver-
nement. Les députés LR, qui ont
Si les LR ont dénoncé voté contre cette proposition, ont
un « détricotage », dénoncé le franchissement d’une
certaines mesures nouvelle « ligne rouge ». « Vous créez
votées au Sénat ont un droit opposable, nous sommes
été maintenues. frontalement opposés à cette disposi-
tion », a dénoncé la députée LR
Annie Genevard.
Grégoire Poussielgue
Le Pen et Henri Proglio
ont déjeuné ensemble chez
Laurent, a écrit « Le Canard
enchaîné » la semaine dernière.
C’est la table du Tout-Paris,
le signe qu’un grand patron ne
se cache plus, s’est-on félicité
au RN. C’était à son invitation,
et pour parler d’énergie,
a minimisé l’ancien dirigeant
d’EDF. La première
instrumentalise, le second
doit se justifier. Il n’empêche :
quelque chose est-il en train
de bouger dans la relation
LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE
de Cécile
Cornudet
Philippe Olivier, conseiller au
RN. Mais avec les autres, petits,
grands patrons, branches
professionnelles, tout est
ouvert, a identifié le RN.
L’offensive est lancée.
Marine Le Pen déjeune.
Ses proches, Jean-Philippe
dernière à une soirée-débat
à HEC. Jeudi, il était au Salon
de la CPME à la Station F,
à Paris. Accueil chaleureux
et paroles toutes de charme,
pour vendre un programme
« pragmatique », « en faveur
du business et de
l’entrepreneuriat ». La réalité
ne saute pas aux yeux ?
Ces rencontres servent à cela,
à écouter et à identifier
les points les plus irritants
du programme pour apporter
discrètement les corrections
qui s’imposent. Fiscalité,
immanquablement : moi non,
mais les autres oui. Ils bougent
non par adhésion, mais par
anticipation. Puisque les
sondages mettent le RN si haut,
autant le prévenir des mesures
qui ne passeraient pas.
Ils bougent par pragmatisme.
Deux éléments auraient, mine
de rien, changé le regard sur
le RN. Ses 89 députés
depuis 2020 : « Quand on a une
idée à faire passer, pourquoi les
considérerait-on comme des élus
de seconde zone », glisse
un consultant ? La victoire de

De très longues heures de débat, des

centaines d’amendements et une
•ETQUOTAS MIGRATOIRES
DÉBAT ANNUEL
jusqu’ici étanche entre le RN
et le monde patronal ?
Tanguy et Sébastien Chenu,
décrochent des rendez-vous.
normes, tout serait sur la table,
pour peu que Marine Le Pen
Giorgia Meloni en Italie aurait
fait le reste. Marine Le Pen ne
SUR L’IMMIGRATION Côté RN, on en est persuadé et Ce dernier s’est entretenu n’apparaisse pas se renier. s’en réclame jamais mais nul

Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »

tension forte qui s’est manifestée,
jeudi en fin de journée, par une alter-
cation entre le député La France
insoumise (LFI) Ugo Bernalicis et le
président (Renaissance) de la com-
mission des Lois de l’Assemblée,
Sacha Houlié… La commission de
Lois a adopté dans la nuit de ven-
dredi à samedi le projet de loi immi-
gration, essentiellement grâce aux
voix de la majorité présidentielle et
du groupe indépendant Liot. Plu-
sieurs mesures votées au Sénat ont
été supprimées, ce qui promet des
débats passionnés en séance plé-
nière au Palais-Bourbon, à partir du
11 décembre. Le gouvernement
espère le soutien ou au moins l’abs-
tention d’une partie des députés Les
Républicains (LR), mais ceux-ci
sont restés sur une ligne ferme tout
au long des débats en commission.
Passage en revue des principales
mesures votées en commission :
Les députés ont supprimé la mise il faut pousser son avantage. Michel-Edouard Leclerc Le RN, qui se désespérait besoin. Les patrons regardent
en place de quotas migratoires « Beaucoup de murs sont et Dominique Schelcher. de séduire les retraités, est par-dessus les Alpes et
votée par le Sénat. Les LR ont tombés », veut ainsi croire Les élus sur le terrain sont persuadé qu’il a trouvé la façon finissent par penser qu’extrême
dénoncé cette suppression. « Nous Sébastien Chenu, le porte- de toutes les fêtes et rencontres d’y parvenir : s’allier les milieux droite et économie peuvent
proposons des objectifs chiffrés qui parole. Pas avec le Medef, trop de patrons locaux. d’affaires pour enfin cheminer ensemble. Même un
permettent d’être indicatifs », a emblématique pour que « Ils s’ancrent méthodiquement ; les rassurer. proche d’Emmanuel Macron
plaidé Gérald Darmanin, ce qui l’un comme l’autre camp aient ils font ce que faisaient Avec quels effets concrets ? s’en inquiète. « Il y a une “hype”
revient à des quotas non contrai- intérêt à bouger. Pas « avec les anciens partis », se désole Difficile à dire, tant la question Meloni en ce moment, y compris
gnants. Les députés ont supprimé Total et Amazon qui n’ont pas un macroniste. Et Jordan reste taboue. Demandez à un chez les nôtres. »
l’obligation, également votée par le besoin de nous », écarte Bardella est la vitrine de tout patron s’il considère autrement ccornudet@lesechos.fr
Sénat, d’un débat annuel au Parle-
ment sur l’immigration. Il restera à
l’initiative du gouvernement.
• DEMANDEURS D’ASILE
Les députés ont rétabli une disposi-
tion permettant, pour ceux qui
bénéficient d’un fort taux de protec-
tion (Afghanistan, Syrie) de tra-
vailler avant le délai actuel de six
mois. Les députés de la majorité
estiment que c’est une mesure favo-
risant leur intégration.

• AIDE MÉDICALE D’ÉTAT • ÉTUDIANTS ÉTRANGERS

Supprimée par la majorité sénato-
riale au profit d’une aide médicale
d’urgence, l’aide médicale d’Etat
(AME) a été rétablie par la commis-
sion des Lois. Le débat n’est toutefois
pas clos puisqu’un rapport sur
l’AME, commandé par le gouverne-
ment à Patrick Stefanini et Claude
Evin, doit être rendu public ce lundi.
L’exécutif n’exclut pas de faire évo-
luer le dispositif à l’avenir par
exemple en étendant le champ des
demandes d’accord préalable à
l’Assurance Maladie pour le rem-
boursement de certains soins.
Dans l’immédiat cependant, le
gouvernement estime que le débat
sur l’AME n’a pas sa place dans la loi
immigration, toute disposition la
réformant étant sûre « à 90 % »
d’être censurée par le Conseil consti-
tutionnel. Pour Gérald Darmanin, le
ministre de l’Intérieur, c’est un
« cavalier législatif évident ».
Les élus LR et RN, qui ont voté
contre le rétablissement de l’AME,
n’ont pas caché leur déception.
« Comme nous l’avions annoncé, la
majorité gouvernementale détricote
tout le travail de la droite sénatoriale.
La loi du gouvernement redevient un
petit texte au rabais qui continuera
d’inciter l’immigration de masse », a
estimé le député des Alpes-Mariti-
mes et président de LR, Eric Ciotti.
•DESRÉGULARISATION
TRAVAILLEURS DANS
LES MÉTIERS EN TENSION
Principal point de crispation entre la
droite et la majorité à l’Assemblée
nationale, la question de la régulari-
sation des travailleurs sans papier
dans les métiers en tension a fait
l’objet d’une nouvelle rédaction par
la commission des Lois. La régulari-
sation au « cas par cas », votée par la
majorité sénatoriale, n’est plus.
A sa place, le rapporteur général
du projet de loi, Florent Boudié, a fait
adopter un amendement prévoyant
un principe de régularisation pour
ceux remplissant les critères, avec
veto possible du préfet en cas de
trouble à l’ordre public, de polyga-
mie ou de non-respect des valeurs
républicaines. Le demandeur devra
justifier d’une durée de huit mois de
travail au cours des vingt-quatre
derniers mois, mais pourra se
passer de l’intervention de son
employeur, indispensable actuelle-
ment dans le cadre de la circulaire
Valls. « Cela permet de rassurer ceux
Les députés ont approuvé une véri-
fication, votée au Sénat, du carac-
tère « réel et sérieux » des étudiants
bénéficiant d’un titre de séjour. Ils se
sont, en revanche, prononcés con-
tre le dépôt d’une caution pour
bénéficier d’un titre de séjour étu-
diant, voté au Sénat.
• EXPULSIONS
Si les députés ont supprimé le délit
de séjour irrégulier voté par le Sénat,
ils ont approuvé les principales
mesures du volet « fermeté » du pro-
jet de loi, permettant notamment de
faciliter les expulsions. Les protec-
tions, comme l’arrivée en France
avant l’âge de 13 ans, pourront être
levées en cas de condamnation pour
des crimes ou délits punis de dix ans
d’emprisonnement ou de cinq ans
en cas de récidive. Le Sénat avait fixé
ces limites à respectivement cinq et
trois ans. Olivier Marleix, le prési-
dent du groupe LR à l’Assemblée
nationale, a dénoncé « un petit détri-
cotage supplémentaire » du projet
de loi issu du Sénat. La création d’un
« fichier national des mineurs non
accompagnés délinquants », votée
par le Sénat, a été retirée du texte par
des amendements du camp prési-
dentiel et de la gauche.
A l’initiative du groupe LIOT, sou-
tenu par la majorité, l’interdiction
de placer des mineurs en centre de
rétention administrative (CRA)
concernera tous les moins de 18 ans,
alors que cette mesure concernait
seulement les moins de 16 ans dans
le texte de loi initial. Concernant les
obligations de quitter le territoire
(OQTF), les députés ont adopté l’ar-
ticle visant à réduire les protec-
tions contre les décisions lorsque
« l’étranger a commis des faits consti-
tuant une menace grave pour l’ordre
public ou la sûreté de l’Etat », à
l’exception des mineurs.
• REGROUPEMENT FAMILIAL
Les conditions pour en bénéficier
ont été durcies, avec l’obligation
pour le demandeur de bénéficier
d’une assurance maladie et de res-
sources régulières. Les autres
mesures de durcissement votées
par le Sénat ont été supprimées.
a
Immigration de travail : ce que
réclament les entreprises
lesechos.fr

MONDE
Energies renouvelables et nucléaire
ont les faveurs de la COP28
l Les 140 chefs d’Etat présents à la session d’ouverture de la Conférence de Dubaï ont rivalisé d’initiatives.
l Le sujet de la sortie des énergies fossiles, en revanche, continue de diviser.
ENVIRONNEMENT
Marie Bellan
C’est une pluie de milliards qui s’est
déversée sur la COP28 depuis son
ouverture, jeudi 30 novembre. En
quelques jours, les Emirats arabes
unis ont annoncé la création d’un
fonds privé consacré à la lutte
contre le changement climatique
doté de 30 milliards de dollars, les
Etats-Unis ont, eux, promis une
enveloppe, publique cette fois, de
3 milliards pour le Fonds vert pour
le climat. Quant à la France, elle
a ouvert le bal, vendredi dernier,
avec l’annonce d’un versement de
100 millions d’euros pour le tout
nouveau fonds « pertes et domma-
ges » que les parties à la COP28
venaient d’entériner la veille.
Fonds publics, fonds privés,
promesses de dotations : tous ces
financements ont de quoi donner le
tournis, même s’ils sont encore lar-
gement insuffisants au regard des
besoins des pays émergents. Ils ont
malgré tout été accueillis avec
l’enthousiasme qu’il se doit par la
communauté internationale. Mais
attention ! « la multiplication des
fonds et des mécanismes de finance-
ment pose aussi question et risque de
complexifier le paysage », s’inquiète
Lola Vallejo, directrice du pro-
gramme climat de l’Institut du
développement durable et des rela-
tions internationales.
Le même vertige peut saisir face à
la multiplicité des initiatives annon-
cées ce week-end à Dubaï. Plus
d’une centaine de pays, emmenés
par l’Union européenne, ont fait
part de leur volonté de tripler les
investissements dans les énergies
renouvelables d’ici à 2030, et de
doubler leurs efforts financiers
pour améliorer l’efficacité énergéti-
que d’ici à 2030 également.
La France, ainsi qu’une vingtaine
d’autres pays, a signé un engage-
ment pour tripler les investisse-
ments dans le nucléaire d’ici à 2050.
Un point largement soutenu par
Emmanuel Macron qui s’est félicité
que l’énergie nucléaire soit pour la
première fois mentionnée en tant
que telle comme solution à la lutte
contre le réchauffement climatique
lors d’une COP.
Tout cela ferait presque oublier
un grand absent : les énergies fossi-
La France s’attaque au financement du charbon
Emmanuel Macron a tenu
une conférence de presse,
samedi à Dubaï, et a rappelé
les objectifs de la France
sur les énergies renouvela-
bles et le nucléaire.
Après l’ouverture de la session plé-
nière de la COP28, Emmanuel
Macron a poursuivi ses déclarations
samedi lors d’une conférence de
presse. L’occasion de rappeler les
engagements de la France dans la
finance climat, et le versement de
100 millions d’euros pour le fonds
« pertes et dommages », tout juste
lancé. Les parties ont en effet adopté
dès jeudi un accord sur la création
de ce fonds, très attendu par les pays
du Sud, et dont les financements doi-
vent servir à réparer les dégâts cau-
sés par le changement climatique.
Sur ce volet des réparations, le
chef de l’Etat a plaidé pour que les
apports financiers des pays dévelop-
pés (l’Allemagne a promis 100 mil-
lions de dollars, les Emirats arabes
unis également) soient fléchés prio-
Les leaders mondiaux lors de la photo de famille du sommet sur le climat, vendredi dernier. présidé par Sultan Al Jaber (au centre en bas). Photo Giuseppe Cacace/AFP
les. Le sujet n’a pas été totalement
esquivé puisque la France a annon-
cé vouloir mettre en place un méca-
nisme de financement pour dissua-
der les banques privées de soutenir
tout nouveau projet de mines de
charbon dans le monde.
Charte de décarbonation
Les Etats-Unis, pour leur part, ont
pris une initiative forte sur le
méthane, cet autre gaz à effet de
serre qui est le plus gros contribu-
teur au réchauffement climatique
après le CO2. La future réglementa-
tion qui doit entrer en vigueur aux
Etats-Unis permettra d’éviter
l’émission de 58 millions de tonnes
de méthane entre 2024 et 2038,
grâce notamment à un meilleur
contrôle des fuites de méthane lors
de l’exploitation gazière ou pétro-
lière, et en éliminant le torchage du
gaz sur de nouvelles exploitations.
ritairement vers les pays les plus
pauvres. « Les vulnérabilités sont
très différentes selon les pays », a tenu
à rappeler le président français, sou-
cieux de ne pas verser des aides
publiques à des pays qui n’en
auraient pas forcément besoin.
Approche pays par pays
Pour éviter cet écueil, Emmanuel
Macron a défendu une approche
pays par pays, citant le versement de
1,2 milliard d’euros de la France à
destination du Bangladesh, auquel
s’ajouteront 1,5 milliard de la part du
Fonds monétaire international.
Afin de donner davantage de
marge de manœuvre financière au
fonds pertes et dommages, le chef de
l’Etat a confirmé la mise en place
d’une task force chargée de définir
les contours d’une taxation finan-
cière internationale. « Plusieurs pis-
tes sont sur la table », a-t-il indiqué,
sans en préciser la teneur. Cette taxe
pourrait aboutir d’ici à la COP30,
prévue au Brésil. Autre point fort de
son intervention devant la presse : la
Les pays du Golfe, attendus sur le
sujet des énergies fossiles, ont voulu
faire bonne figure en annonçant
une autre initiative, purement
volontaire là encore : une « charte
de décarbonation du pétrole et du
gaz » par laquelle 50 groupes pétro-
liers, dont la compagnie saou-
dienne Aramco et l’émiratie Adnoc,
s’engagent à décarboner leurs opé-
rations de production d’ici à 2050.
Ces 50 groupes pétroliers repré-
sentent 40 % de la production mon-
diale. Mais leur engagement ne
concerne que les émissions produi-
tes lors de l’extraction et de la pro-
duction du pétrole et du gaz, et nul-
lement des émissions liées à la
consommation de ces mêmes éner-
gies fossiles, qui représente l’écra-
sante majorité du bilan carbone du
secteur. Cet engagement a minima
est symbolique des injonctions
contradictoires auxquelles les pays
nécessité de sortir au plus vite des
énergies fossiles, et du charbon en
particulier. « Cinq cents GW de nou-
velles capacités de charbon sont en
cours de planification », avait rappelé
Emmanuel Macron la veille, lors de
son discours en ouverture de la COP.
Le président propose
la mise en place
de taux d’intérêt
différents selon que
les prêts soutiennent
des projets « bruns »
ou « verts ».
« Les centrales existantes, qui se
concentrent largement en Asie au-
jourd’hui, émettront à elles seules suf-
fisamment de CO2 pour que nous
excédions la cible de 1,5 °C », avait-il
aussi regretté. Citant la France en
modèle, dont les deux dernières cen-
trales à charbon fermeront d’ici à
2027. Pour aider les pays émergents
à sortir du charbon, Emmanuel
du Golfe sont soumis. Dans une
vidéo diffusée par « Le Guardian »,
dimanche, et tournée il y a tout juste
quinze jours dans un événement
public, Sultan Al Jaber, le président
de la COP 28, a tenu des propos que
ne manqueront pas de lui repro-
cher les ONG présentes à la COP :
« Aucune étude scientifique, aucun
scénario, ne dit que la sortie des éner-
gies fossiles nous permettra d’attein-
dre +1,5 °C […]. Une réduction et une
sortie des énergies fossiles sont, selon
moi, inévitables. C’est essentiel. Mais
il faut être sérieux et pragmatique. »
Avant d’ajouter : « Montrez-moi la
feuille de route d’une sortie des éner-
gies fossiles qui soit compatible avec
le développement socio-économique
sans renvoyer le monde à l’âge des
cavernes. »
Lire l’enquête
( Page 15
Macron a rappelé l’importance des
partenariats JETP (« Just Energy
Transition Partnerships »), dont la
France soutient le principe et sou-
haite le développement. Ces aides
publiques sont toutefois insuffisan-
tes pour tourner rapidement la page
du charbon au niveau mondial.
Pour encourager l’arrêt du finan-
cement de nouvelles centrales à
charbon par les banques privées, le
président a suggéré la mise en place
de taux d’intérêt différents selon
que les prêts soutiennent des projets
« bruns » ou « verts ». L’idée d’un
« gold standard », sorte de « classifi-
cation financière de ces types d’inves-
tissement », selon le président, doit
être piloté et mis en place par la Ban-
que mondiale. La veille, le chef de
l’Etat avait insisté sur la nécessaire
« transformation de l’architecture
financière mondiale ». Appelant à
« intégrer dans les règles de l’OMC
nos règles climatiques », notamment
« les subventions à l’industrie verte »
et « la tarification du carbone ».
— M. B.
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
Les Emirats lancent
un fonds privé géant de
30 milliards de dollars
Le fonds pour le climat
annoncé par le président
émirati sera dirigé par
Sultan Al Jaber, président
de la COP28 et patron de
la compagnie pétrolière
nationale des Emirats.
Anne Feitz
Soucieux de montrer leur bonne
volonté, les Emirats arabes unis
ont sorti leur carnet de chèques
dès le début de la COP28. « Je suis
heureux d’annoncer la création
d’un fonds doté de 30 milliards de
dollars consacré aux solutions pour
le climat », a déclaré le président
des Emirats arabes unis, Moham-
med ben Zayed al Nahyane, en
ouvrant vendredi dernier le som-
met des dirigeants mondiaux de la
28e conférence des Nations unies
sur le climat, à Dubaï.
Juste après l’accord surprise
obtenu sur la création du fonds
« pertes et dommages », qui doit
financer les réparations des
dégâts climatiques dans les pays
les plus vulnérables, les Emirats
avaient déjà indiqué qu’ils y
contri bueraient à hauteur de
100 millions de dollars.
Il s’agit cette fois d’un fonds
de financements privé qui sera
consacré aux « solutions permet-
tant de lutter contre le changement
climatique ». Baptisé « Altérra », il
sera présidé par Sultan Al Jaber,
président de la COP28 et patron de
la compagnie pétrolière nationale
des Emirats (Adnoc), qui espère
lever à terme 250 milliards de dol-
lars. En attendant, le premier ver-
sement sera réparti entre deux
fonds : 25 milliards de dollars
seront fléchés vers « Altérra Acce-
leration », consacré aux investis-
06
sements climatiques « à fort
potentiel pour accélérer la transi-
tion ». Les 5 milliards de dollars
restants seront alloués à « Altérra
Transformation », dont le but est
d’encourager les investissements
« vers les pays du Sud où les in-
vestissements traditionnels ont
fait défaut en raison des risques
plus élevés perçus dans ces zones
géographiques ».
Gestionnaires d’actifs
Les Emirats n’ont pas caché qu’ils
chercheraient, lors de cette COP, à
impliquer largement le secteur
privé par des engagements volon-
taires. BlackRock, le plus gros
gestionnaire d’actifs au monde, a
annoncé qu’il confierait dans ce
cadre à Altérra la gestion de 2 mil-
liards de dollars, répartis dans un
fonds de dette privée et un fonds
d’infrastructures. Altérra compte
aussi parmi ses partenaires le ges-
tionnaire d’actifs canadien Brook-
field et l’américain TPG. Les Emi-
rats entendent faciliter l’accès des
pays du Sud aux financements
privés pour leurs investissements
climatiques, alors que les besoins
sont estimés à 2.400 milliards de
dollars par an.
« Est-ce que ces financements
seront plus avantageux que les
conditions actuellement proposées
par les marchés financiers ? Cette
question reste ouverte, mais elle est
critique pour répondre aux besoins
des pays en développement. Et elle
participe aussi à un éparpillement
des structures, pas toujours sim-
ples à suivre pour les bénéficiaires
potentiels », a toutefois mis en
garde Lola Vallejo, directrice du
programme climat de l’Institut du
développement durable et des
relations internationales. n
07 Les Echos Lundi 4 décembre 2023 MONDE

La pénurie de munitions
freine les artilleurs ukrainiens
l Dans l’est du pays, où la Russie multiplie les offensives ces derniers mois,
les soldats manquent d’obus pour leurs mortiers et leurs canons.
l Les alliés occidentaux peinent à produire les munitions nécessaires à l’Ukraine.
CONFLIT
UKRAINIEN
Guillaume Ptak
— Correspondant à Kiev
Lorsqu’on lui demande combien
d’obus de mortiers il tire par jour,
« Fritz », 24 ans, esquisse un faible
sourire : « Il serait plus facile de vous
dire combien d’obus on tire par
mois. ». Depuis plusieurs semaines,
ce soldat de la 56e brigade de l’armée
ukrainienne manie un mortier de
120 mm près de Tchassiv Yar, dans
l’oblast de Donetsk. Mais en dépit
des violents combats qui font rage
dans la région, « Fritz » et ses cama-
rades passent l’essentiel de leur
temps sous terre, à l’abri du froid, de
la boue et des bombardements rus-
ses. Une oisiveté relative, imposée
par la pénurie de munitions, qui
pèse sur le moral de l’équipage.
« Grâce à Starlink, on peut regar-
der des séries, aller sur Instagram ou
parler avec nos proches, explique l’un
des soldats. Il n’y a pas grand-chose
d’autre à faire. » Interrompant notre
conversation, les coordonnées d’une
nouvelle cible parviennent par radio
à « Argent », l’officier chargé de
l’unité. Les soldats se précipitent
alors hors du sous-bois et gravissent
péniblement le talus menant vers
une route verglacée. De l’autre côté
de la chaussée est positionné un
mortier de 120 mm, camouflé par
des branches. Sous le regard attentif
de leur officier, « Fritz » découvre
l’arme et règle la mire, tandis qu’un
autre soldat prépare les munitions.
Un carnet dans une main et son talk-
ie-walkie dans l’autre, « Argent »
communique à l’équipage les coor-
données de leur cible. L’un des sol-
dats fait alors glisser l’obus dans le
canon du mortier. « Feu », s’écrie-t-il,
avant de se boucher les oreilles. Tous
attendent la déflagration assourdis-
sante du tir. Celle-ci ne viendra pas :
sans perdre un instant, l’équipage se
saisit du mortier et fait glisser l’obus
hors du canon, haletant sous l’effort.
Malgré cet échec initial, « Fritz » et
ses camarades parviendront à tirer
sept obus au total. Une « bonne jour-
née », selon « Argent ».
Alors que Moscou a repris l’initia-
tive sur le front ces derniers mois et
multiplie les opérations dans l’est de
l’Ukraine, les artilleurs ukrainiens
font face à une pénurie de muni-
tions, qui ne se limite pas aux obus
de mortier. « Lorsque nous combat-
tions dans la région de Lyssytchansk,
nous pouvions tirer jusqu’à 300 ou
400 obus par jour, explique Andrii,
capitaine d’une unité d’artillerie de
la 57e brigade motorisée, entre deux
bouffées de cigarette. Désormais,
nous en tirons entre 20 et 40. »
Livraisons trop lentes
Mettant en œuvre des canons auto-
portés 2S1 Gvozdika de fabrication
soviétique, Andrii et ses artilleurs
sont positionnés dans un sous-bois
près de Koupiansk, dans l’oblast de
Kharkiv. Libérée lors de la contre-
offensive de septembre 2022, la
région est rapidement devenue le
théâtre de violents combats, alors
que les forces russes redoublent
d’efforts pour reprendre cet axe stra-
tégique. Les canons 2S1 y sont un élé-
ment essentiel du dispositif défensif
ukrainien, mais les obus de 122 mm
se font rares. « Le rythme des livrai-
sons est trop lent pour que nous puis-
sions opérer de manière efficace, et
nous sommes obligés de prioriser cer-
taines cibles, au détriment d’autres »,
concède Andrii.
Une situation qui ne devrait pas
s’améliorer tout de suite, alors que
les alliés de l’Ukraine peinent à
atteindre leurs objectifs en matière
de production de munitions : le
14 novembre dernier, le ministre de
la Défense allemand Boris Pistorius
a ainsi reconnu que l’Union euro-
péenne ne serait pas en mesure
de tenir son engagement pour
mars 2024 : « Il est raisonnable de
penser que le million d’obus ne sera
pas atteint », a-t-il ainsi déclaré en
amont d’une réunion des ministres Des soldats ukrainiens de la 28e brigade mécanisée sur la ligne de
de la Défense de l’UE à Bruxelles. n front près de Bakhmout, dans la région de Donetsk, en juin. Photo AFP

Ouverture dans la crise

entre Kiev et Varsovie
Les chauffeurs de poids
lourds polonais bloquent
la frontière avec l’Ukraine
pour protester contre la
concurrence jugée déloyale
des routiers ukrainiens.
Vincent Collen
Enfin une avancée dans la crise des
camions entre l’Ukraine et la Polo-
gne. Kiev et Varsovie ouvrent ce
lundi une voie supplémentaire
pour les camions vides venant
d’Ukraine et allant en Pologne, en
espérant que cette décision aidera à
débloquer la frontière, paralysée
par un mouvement de protestation
de routiers polonais.
Depuis plus de trois semaines, la
frontière entre les deux pays est le
théâtre de scènes de chaos. Des cen-
taines de chauffeurs de poids
lourds polonais bloquent les princi-
paux points de passage, pour pro-
tester contre la concurrence jugée
déloyale des routiers ukrainiens. Ils
ont été rejoints par des agriculteurs
qui manifestent contre la chute des
prix provoquée, selon eux, par les
importations de céréales ukrai-
niennes.
Les files d’attente ont atteint jus-
qu’à 40 km à certains postes fron-
tière, forçant les conducteurs de
camions à attendre pendant des
jours, voire des semaines, dans des
températures glaciales, avant de
pouvoir passer. Deux chauffeurs
ukrainiens sont même décédés.
Bruxelles hausse le ton
Pour les routiers comme pour les
agriculteurs, ce sont les mesures
prises par l’Union européenne
au lendemain de l’invasion de
l’Ukraine par la Russie, en février
2022, qui sont critiquées. Pour sou-
tenir Kiev, les Vingt-Sept avaient
alors assoupli les règles en vigueur,
afin de favoriser le libre-échange
entre l’Ukraine et l’UE.
Ces mesures exceptionnelles
avaient été acceptées par les Etats
membres à l’époque, mais leurs
conséquences suscitent mainte-
nant de fortes réactions dans plu-
sieurs pays d’Europe orientale. Ven-
dredi dernier, la fédération des
transporteurs routiers de Slovaquie
a annoncé qu’elle allait bloquer, elle
aussi, le point de passage entre la
Slovaquie et l’Ukraine.
Au-delà du mouvement de ces
derniers jours, des pays d’Europe
orientale veulent remettre en ques-
tion la libre concurrence avec
l’Ukraine. « La Pologne n’avait pas
vraiment réalisé que, derrière les
consi dérations géopolitiques, se
cachaient des problèmes économi-
ques et sociaux, explique Florent
Parmentier, secrétaire général du
Cevipof. C’est cette contradiction qui
apparaît au grand jour aujourd’hui. »
L’adhésion de
l’Ukraine à l’Union
eruopéenne, promise
par les Vingt-Sept,
ne sera pas facile.
Kiev a saisi l’UE, demandant à
Bruxelles d’imposer aux Polonais le
respect de la réglementation. Les
ministres des Transports des Vingt-
Sept doivent aborder cette question
explosive lors d’une réunion ce
lundi et mardi dans la capitale belge.
La situation à la frontière ukraino-
polonaise « est totalement inaccep-
table », selon la commissaire euro-
péenne aux Transports, Adina
Valean. « L’ensemble de l’UE, sans
parler de l’Ukraine, un pays actuelle-
ment en guerre, ne peut être pris en
otage par le blocage de nos frontières
extérieures », a-t-elle dit, dénonçant
« le manque d’implication » des auto-
rités polonaises pour trouver une
solution au blocage.
Ces conflits démontrent que
l’adhésion de l’Ukraine à l’UE
ne sera pas facile. Une première
évaluation a montré que l’impact
financier sur la politique agricole
c o m m u n e s e r a i t m a s s i f, c a r
l’Ukraine est l’un des premiers pro-
ducteurs mondiaux. « Les négocia-
tions seront compliquées, y compris
avec des pays comme la Pologne qui,
en principe, sont très favorables à
l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, pour
des raisons géopolitiques », prévient
Lukas Macek, de l’Institut Jacques-
Delors. n
MONDE Lundi 4 décembre 2023 Les Echos 08

L’armée israélienne s’attaque

au sud de bande de Gaza
PROCHE-ORIENT
Israël a lancé une
offensive dans le sud
du territoire palesti-
nien après l’échec des
négociations avec le
Hamas sur la prolon-
gation d’une trêve et
la libération d’otages.
Pascal Brunel
— Correspondant à Tel Aviv
Après la ville de Gaza, c’est désor-
mais au tour de la localité de Khan
Younès, dans le sud de la bande de
Gaza, d’être le symbole de la guerre
en devenant la cible de l’offensive
israélienne. L’aviation s’est livrée à
un pilonnage massif depuis la fin de
la trêve, vendredi, dans ce secteur
qui avait été jusqu’à présent relative-
ment épargné.
Benyamin Netanyahou a claire-
ment annoncé la couleur. « Une
campagne terrestre est le seul moyen
de remporter la guerre à Gaza. Nous
allons gagner cette guerre et atteindre
tous nos objectifs », a prévenu le Pre-
mier ministre israélien. En d’autres
termes, le seul moyen, selon lui,
d’éradiquer le pouvoir du Hamas et
d’obtenir la libération des 139 otages
encore détenus par les islamistes est
d’exercer le maximum de pression
militaire sur le Hamas.
Sur le terrain, selon des sources
palestiniennes, l’attaque terrestre
israélienne a commencé. Le porte-
parole de l’armée de l’Etat hébreu
est resté un plus vague. Mais Tsahal
a diffusé un message en arabe sur
les réseaux sociaux appelant les
habitants de certains quartiers de
Khan Younès à quitter les lieux pour
leur sécurité afin de se réfugier près
de la frontière avec l’Egypte.
La traque du chef du Hamas
La motivation des militaires d’aller
de l’avant est d’autant plus forte que
Yahya Sinwar, le chef du Hamas, le
cerveau de la sanglante infiltration
du 7 octobre dans le sud d’Israël qui
a fait 1.200 morts, aurait fui le nord
pour se cacher avec d’autres respon-
sables de la branche armée de
l’organisation islamiste à Khan You-
nès. Résultat : Tsahal a frappé
très fort d’entrée de jeu avec plus
400 raids, qui ont déjà fait au moins
200 morts, selon des responsables
palestiniens.
Des commentateurs restent tou-
tefois sceptiques sur l’efficacité de ce
que l’un d’entre eux qualifie de « tac-
tique du marteau », et d’ajou-
ter « nous sommes loin, très loin de la
victoire ». Nahum Barnea, éditoria-
liste influent du quotidien « Yediot
Aharonot » constate, désabusé :
« Tsahal va entrer à Khan Younès,
sans disposer d’un plan pour le jour
d’après. L’opération est peut-être une
vengeance justifiée, mais elle ne
constitue pas à elle seule une straté-
gie. » Cette question du « jour
d’après » taraude aussi les Améri-
cains, les Européens, les pays du
Golfe – notamment le Qatar, acteur
clé dans la libération des premiers
contingents d’otage et la première
trêve, qui a tenu une semaine.
Pour le moment, Benyamin Neta-
nyahou a préféré ne pas dévoiler ses
projets à long terme. Il s’est contenté
d’énumérer les trois objectifs de la
guerre : libérer les otages, éradiquer
une fois pour toutes le pouvoir du
Hamas et s’assurer que la bande de
Gaza ne servira plus à mener des
attaques contre le territoire israé-
lien. Il a aussi exclu que l’Autorité
palestinienne présidée par Mah-
moud Abbas, qui contrôle 42 % de la
Cisjordanie n’administre la bande
de Gaza une fois les islamistes mis
hors de combat.
Des proches du Premier ministre
ont toutefois commencé à tâter le
terrain en évoquant la possible créa-
tion d’une « zone tampon » d’envi-
ron 1 km de large tout le long de la
frontière avec la bande de Gaza qui
s’étendrait du côté palestinien. Cette
zone serait interdite d’accès sous
peine de mort et permettrait, selon
des responsables militaires, d’éloi-
gner les batteries de roquettes du
Hamas et, surtout, d’éviter que Tsa-
hal soit de nouveau pris par surprise
comme lors du fiasco du 7 octobre.
Mais cette solution réduirait à la
portion congrue la surface de la
bande de Gaza, déjà très étroite. La
partie la plus large entre le territoire
israélien et la côte Méditerranéenne
n’est que 12 km, avec une population
de 2,2 millions d’habitants, ce qui en
fait une des régions les plus densé-
ment peuplées au monde. Les Etats-
Unis ont d’ores et déjà mis leur veto à
ce plan. « Nous ne soutenons pas une
diminution des limites géographi-
ques de la bande de Gaza qui doit res-
ter une terre palestinienne », a
déclaré John Kirby, porte-parole du
Conseil de sécurité nationale de la Depuis vendredi, Tsahal a mené plus de 400 raids sur Khan
Maison-Blanche. n Younès qui ont fait au moins 200 morts. Photo John McDougall/AFP

Choc diplomatique
entre Madrid et Tel Aviv
Le gouvernement israélien
a rappelé son ambassadrice
en Espagne pour consulta-
tions pour protestater
contre les critiques
de Pedro Sanchez.
Cécile Thibaud
— Correspondante à Madrid
Le ton monte entre Madrid et Tel
Aviv. Le ministre des Affaires étran-
gères israélien a rappelé jeudi der-
nier son ambassadrice en Espagne
pour consultation, en protestation
contre les déclarations « scan -
daleuses » du Premier ministre
Pedro Sanchez, critique vis-à-vis de
l’intervention militaire à Gaza. C’est
le second choc diplomatique entre
les deux pays en une semaine. Jeudi,
lors d’une interview télévisée, Pedro
Sanchez avait assuré que le nombre
élevé de morts le conduisait à avoir
« des doutes sérieux sur le respect par
Israël du droit international humani-
taire ». Dans la foulée, le Premier
ministre israélien, Benyamin Neta-
nyahou, avait convoqué l’ambassa-
drice espagnole à Tel Aviv pour
réprimandes, et le ministre des
Affaires étrangères, Eli Cohen, avait
annoncé le rappel de l’ambassa-
drice d’Israël à Madrid. « Après les
déclarations scandaleuses du prési-
dent du gouvernement espagnol, qui
a répété une fois de plus des accusa-
tions infondées, j’ai décidé de rappeler
notre ambassadrice », avait-il indi-
qué sur le réseau social X.
« Israël agit et continuera d’agir en
accord avec le droit international et
continuera la guerre jusqu’à ce que
tous les otages nous soient rendus et
jusqu’à ce que le Hamas soit éliminé
de Gaza », a-t-il affirmé, rappelant
que l’organisation terroriste est « la
seule responsable du massacre du
7 octobre et de la situation actuelle ».
Discrétion habituelle
Depuis le début du conflit, l’Espagne
a adopté une position plus critique
que ses voisins européens vis-à-vis
d’Israël, soulignant la nécessité de
respecter le droit international,
comme l’avait fait le secrétaire géné-
ral de l’Onu Antonio Guterres.
Le premier voyage de Pedro San-
chez après sa réélection avait été
vers Israël et l’Egypte, les 23 et
24 novembre derniers. Il avait alors
rencontré Benyamin Netanyahou à
Jérusalem et le représentant de
l’Autorité palestinienne Mahmoud
Abbas à Ramallah, et s’était rendu
au poste frontière de Rafah. « Israël a
le droit à l’autodéfense face aux atta-
ques, mais permettez-moi d’être clair,
Israël doit respecter aussi le droit
international humanitaire », avait
dit Pedro Sanchez au Premier
ministre israélien, appelant à « tra-
vailler dès à présent à la mise en
œuvre de la solution à deux Etats ».
Un ton qui tranche avec la discré-
tion habituelle de l’Espagne sur le
terrain international. Mais la dis-
tance de Madrid vis-à-vis de la stra-
tégie israélienne n’est pas nouvelle.
Longtemps isolée par les démocra-
ties occidentales durant l’époque
franquiste, l’Espagne s’était tournée
vers le Sud pour nouer des liens avec
le Maghreb et le monde arabe.
Le premier voyage de
Pedro Sanchez après
sa réélection a été
vers Israël et l’Egypte,
les 23 et 24 novembre.
Ce n’est qu’en 1986, lors de l’adhé-
sion à l’Europe, que Madrid avait
établi des relations officielles avec
Israël. Et les sensibilités pro-palesti-
niennes restent fortes dans l’opi-
nion publique. Pour preuve, en 2014
sous le gouvernement conservateur
de Mariano Rajoy, le Parlement
avait voté une résolution appelant à
reconnaître l’Etat palestinien, qui
avait été soutenue par toutes les for-
mations, même si non suivie d’effet.
Près de dix ans après, Pedro San-
chez veut réaffirmer la position de
l’Espagne et se démarquer de la pru-
dence du reste de l’UE. A Madrid,
nombre d’observateurs considèrent
toutefois que ses déclarations cor-
respondent surtout à des questions
de politique intérieure. La polémi-
que pourrait en effet permettre au
leader socialiste de dévier l’atten-
tion de la très contestée loi d’amnis-
tie des indépendantistes catalans. Et
de renouer avec la sensibilité des
électeurs de gauche. n
09 Les Echos Lundi 4 décembre 2023
A Dubaï, Emmanuel Macron
hausse le ton envers Israël
Le président français a
estimé qu’Israël ne devait
pas chercher à détruire
entièrement l’organisation
djihadiste alors qu’il
jugeait pourtant récem-
ment légitime l’objectif
d’éliminer le Hamas.
Yves Bourdillon
La reprise du conflit entre Israël et
le Hamas a torpillé les espoirs du
président français de surfer sur la
dynamique de la trêve pour présen-
ter, lors de sa participation à la
COP28 de Dubaï, sa conception du
« jour d’après » la fin de la guerre.
Un jour d’après (débouchant
notamment sur la solution à deux
Etats déjà au frigo depuis quasi-
ment deux décennies et encore plus
depuis l’attaque du Hamas le 7 octo-
bre), renvoyé aux calendes grec-
ques par la reprise des bombarde-
ments, au moment où l’avion
présidentiel atterrissait à Dubaï,
vendredi matin.
Par conséquent, le format d’une
présentation du plan du président
français aux principaux dirigeants
arabes autour de lui, qui aurait
donné de l’ampleur à son message,
n’a pas paru idoine à ces derniers.
D’autant plus que leurs opinions
publiques jugent en ce moment que
les leaders occidentaux pratiquent
un deux poids deux mesures entre
Palestiniens et Israéliens.
Entretiens bilatéraux
Surtout, le prince héritier saoudien,
Mohammed ben Salmane, de facto
dirigeant du premier exportateur
mondial de pétrole et gardien des
lieux saints de l’islam, n’est finale-
ment pas venu aux Emirats voisins.
Emmanuel Macron a donc dû se
contenter d’une succession d’entre-
tiens bilatéraux avec le président
égyptien, Abdel Fattah Al Sissi,
celui des Emirats arabes unis,
Mohammed ben Zayed, le roi de
Jordanie, Abdallah II, et le Premier
ministre libanais Najib Mikati. Il a
aussi rencontré à Dubaï le prési-
dent israélien, Isaac Herzog. Le pré-
sident français a d’ailleurs nette-
ment haussé le ton vis-à-vis d’Israël
après ce dernier entretien. Alors
qu’il jugeait récemment légitime
que l’armée israélienne « élimine le
Hamas », il a estimé samedi que « la
destruction totale du Hamas »
entraînerait « dix ans de guerre ». Et
ajouté que les autorités israéliennes
devaient « préciser leur objectif et
l’état final recherché : la destruction
totale du Hamas, qu’est-ce que c’est et
est-ce que quelqu’un pense que c’est
possible ? »
Il a aussi déclaré que la bonne
réponse face au terrorisme « n’est
pas de supprimer l’intégralité d’un
territoire ou de bombarder l’intégra-
lité des capacités civiles », et qu’il n’y a
« pas de sécurité durable pour Israël
dans la région, si sa sécurité se fait au
prix des vies palestiniennes et donc
du ressentiment de toutes les opi-
nions publiques dans la région ».
Les positions du président fran-
çais demeurent difficiles à accepter,
voire à décrypter, au Proche-Orient,
comme l’ont illustré ses critiques de
l’opération militaire israélienne,
mal reçues à Jérusalem, ou son
appel à ce que la coalition anti-
Daech se transforme en coalition
anti-Hamas, peu appréciée dans les
capitales arabes.
Cinq otages français
Après cette tournée climato-diplo-
matique où le premier terme du
libellé l’a donc largement emporté
sur le deuxième, Emmanuel
Macron a aussi fait escale au Qatar,
samedi soir, pour un dîner avec
l’émir Tamim b en Hamad Al
Thani. Le Qatar est le seul média-
teur accepté par le Hamas comme
par Israël pour ce qui concerne les
trêves, libérations d’otages et four-
niture d’aide humanitaire.
Si cette dernière a, paradoxale-
ment, repris samedi malgré les
raids, avec l’entrée de dizaines de
camions depuis le poste frontière
égyptien de Rafah, les libérations
d’otages ne sont plus à l’ordre jour,
du moins tant qu’Israël ou le Hamas
A Dubaï, vendredi, Emmanuel Macron a plaidé pour
une « nouvelle trêve qui conduise à un cessez-le-feu durable ».
jugent préférable de continuer les
combats.
Emmanuel Macron a plaidé
pour une « nouvelle trê ve qui
conduise à un cessez-le-feu durable »
et a évoqué la question de la libéra-
tion des quelque 140 otages encore
aux mains du Hamas, dont cinq de
nationalité française. Quatre bina-
tionaux franco-israéliens ont déjà
été libérés. Au total, les ressortis-
sants d’une vingtaine de pays sont
entre les mains de l’organisation dji-
hadiste. n
Calvino se rapproche
de la présidence de la BEI
EUROPE
Le ministre belge
des Finances propose
à ses homologues
de se prononcer sur
le nom de l’Espagnole
pour prendre la tête
de la Banque euro-
péenne d’investisse-
ment, le 8 décembre.
Karl De Meyer
— Bureau de Bruxelles
Après des mois de tractations en
coulisses, il semble que Nadia Cal-
vino soit tout près d’obtenir la prési-
dence de la Banque européenne
d’Investissement (BEI), qu’elle
convoite depuis l’été. Le ministre
des Finances belge, Vincent Van
Peteghem, en tant que président
tournant du Conseil des gouver-
neurs de la banque des Etats mem-
bres, a adressé jeudi 30 novembre
une lettre à ses homologues pour
leur proposer de désigner la minis-
tre espagnole de l’Economie. Il leur
demande de lui adresser leurs éven-
tuelles objections d’ici ce lundi
4 décembre.
Dans les milieux européens, on
en déduit que l’argentier belge
estime pouvoir réunir sur elle à la
fois 18 des Etats membres de l’UE et
68 % du capital de la banque, au
cours du conseil Ecofin du 8 décem-
bre. Le mandat de Werner Hoyer,
actuel président de l’institution,
expire à la fin de l’année.
Appui d’Olaf Scholz
A la clôture de la procédure de can-
didature, il y avait quatre autres pré-
tendants : deux vice-présidents
actuels de la BEI ; Daniele Franco,
ancien ministre des Finances ita-
lien ; et surtout la Danoise Mar-
grethe Vestager, vice-présidente
exécutive de la Commission.
Si le chancelier allemand Olaf
Scholz s’est publiquement déclaré
en faveur de l’Espagnole, le gouver-
nement français n’a jamais affiché
sa position. Selon nos informations,
Paris pourrait « ne pas s’opposer » à
la désignation de Nadia Calvino lors
du vote. Bercy n’a pas souhaité faire
MONDE
Giuseppe Cacace/AFP
« [Il n’y a] pas
de sécurité durable
pour Israël dans
la région, si sa
sécurité se fait
au prix des vies
palestiniennes. »
EMMANUEL MACRON
de commentaires aux « Echos ».
Depuis l’été, Nadia Calvino fait
figure de favorite, bénéficiant de
l’appui très démonstratif du Pre-
mier ministre Pedro Sanchez, qui,
en 2018, a nommé à l’Economie
cette eurocrate respectée pour ras-
surer les marchés, lorsqu’il est
arrivé au pouvoir.
La BEI, la plus grande banque
multilatérale du monde, finance de
nombreux projets d’infrastructu-
res, dans l’UE et de plus en plus hors
de l’UE. Par exemple en Ukraine où
elle aide à la reconstruction. La ban-
que du plateau du Kirchberg, à
Luxembourg, contribue aussi à
contrer l’influence que la Chine
exerce à travers son programme
des nouvelles routes de la soie.
Nouvelles missions
La Banque des Etats membres a
pris ces dernières années une nou-
velle dimension puisqu’elle joue un
rôle majeur dans le déploiement du
Pacte Vert européen. Certains Etats
membres aimeraient la voir à l’ave-
nir entrer sur de nouveaux territoi-
res de financement, par exemple les
nouvelles technologies de produc-
tion d’énergie nucléaire, l’extrac-
tion de minéraux « propre », voire
l’industrie de défense.
Dès jeudi 30 novembre, Pedro
Sanchez a donné la nomination de
Nadia Calviño comme acquise, esti-
mant qu’il s’agissait là d’une « bonne
nouvelle » pour l’Espagne. Cette
désignation va être « très impor-
tante pour l’Espagne parce qu’une
grande partie des ressources écono-
miques provenant des fonds euro-
péens », dont profite l’Espagne, sont
« liées à des institutions financières
telles que la BEI », a estimé le socia-
liste dans un entretien à la télévi-
sion publique RTVE.
Plusieurs Etats membres, parti-
culièrement ceux qui avancent des
ressortissants comme candidats,
contestent toutefois la méthode du
ministre des Finances belge qui ne
propose qu’un nom. Ils lui repro-
chent de vouloir passer en force. Si la
nomination de Nadia Calvino est
confirmée, se posera la question de
l’avenir de Margrethe Vestager :
reviendra-t-elle à la Commission ?
Retrouverait-elle alors son porte-
feuille de la Concurrence, confié à
Didier Reynders ? n
MONDE Lundi 4 décembre 2023 Les Echos 10

Turbulences attendues en Argentine,
à six jours de l’investiture de Javier Milei
AMÉRIQUE LATINE
Le futur président
argentin peaufine
la composition de son
gouvernement dans un
équilibre délicat entre
fidélité à sa campagne
et gouvernance.
Anaïs Dubois
— Correspondante à Buenos Aires
Comme les passagers d’un vol tran-
satlantique, les Argentins guettent le
moindre signal annonçant l’immi-
nence d’une forte zone de turbulen-
ces, inévitable. Depuis le 19 novem-
bre, jour de l’élection sans appel du
candidat libertarien Javier Milei à la
présidence de l’Argentine avec 56 %
des voix, les yeux sont rivés sur la
composition de son futur gouverne-
ment, dont les noms tombent au
compte-gouttes, chacun y cher-
chant le moindre indice sur l’orien-
tation que prendra son mandat.
Une seule certitude, le plan « tron-
çonneuse » sur les dépenses publi-
ques, annoncé pendant la campa-
gne, est toujours d’actualité. Le futur
président a prévenu lors d’une inter-
view, le 21 novembre dernier : « Les
six prochains mois vont être très
durs. » Javier Milei le répète à qui
veut l’entendre depuis son élection :
« Il n’y a pas d’argent. » Il envisage
une réduction du déficit budgétaire
équivalent à 5 % du PIB. Dans les der-
niers jours, il a averti que le pays
devrait passer par une période de
Javier Milei en discussion au Congrès, à Buenos Aires, le 29 novembre dernier. Photo Reuters
récession et de forte inflation combi-
nées. Un scénario qualifié dans la
foulée de « catastrophe sociale » par
l’ex-présidente et vice-présidente
sortante Cristina Kirchner.
Sur le plan international, Javier
Milei a déjà fait un court déplace-
ment, le 27 novembre, aux Etats-
Unis, où des membres de sa déléga-
tion ont pu rencontrer les équipes
du Fonds monétaire international et
où il a réaffirmé son alignement avec
les Etats-Unis, Israël et l’Occident.
Par ailleurs, sa future ministre des
Affaires étrangères, Diana Mon-
dino, a annoncé que l’Argentine
n’allait pas intégrer les BRICS,
comme cela était prévu pour 2024.
Pas de dollarisation
immédiate
Petit à petit, dans un contexte où le
libertarien doit trouver l’équilibre
entre tenir le cap de sa campagne
anti « caste politique », qui lui a
assuré le soutien populaire, et l’exi-
gence de créer des alliances au-delà
de son camp politique, minoritaire
dans les deux chambres, le
brouillard se lève sans vraiment
éclaircir l’horizon. Confirmé offi-
ciellement jeudi dernier, c’est Luis
Caputo, qui l’a accompagné lors de
son déplacement à New York et
Washington, qui prendra les rênes
du ministère de l’Economie. Sa
nomination fait s’éloigner le spectre
d’une dollarisation immédiate de
l’économie, le financier de 58 ans
s’étant montré sceptique sur l’adop-
tion du billet vert à court terme. Luis
Caputo, qui a fait l’essentiel de sa
carrière dans le secteur privé, a été
ministre des Finances puis prési-
dent éphémère de la banque cen-
en bref
La pression
chinoise s’accroît
sur les Philippines
trale pendant le gouvernement de ASIE Selon les Philippines,
Mauricio Macri (2015-2019). La can- une « nuée » de plus de
didate Patricia Bullrich, arrivée 135 bateaux chinois s’est
troisième lors du premier tour, sera déployée autour d’un récif
quant à elle ministre de la Sécurité, qu’elles revendiquent, jugeant
poste qu’elle avait déjà occupé au cette présence massive « alar-
sein du même gouvernement. mante ». Les bateaux chinois
Ces choix de personnalités issues sont « éparpillés » autour du
de la droite traditionnelle à des pos- récif Whitsun, que les Philip-
tes clés ne font pas l’unanimité pines appellent « récif Julian
auprès des électeurs de Milei. Felipe », à environ 320 km à
Conscient qu’il aura besoin de leur l’ouest de l’île de Palawan,
soutien pour faire passer ses réfor- selon les garde-côtes philip-
mes, le futur président a limité à pins. Ces derniers, qui avaient
deux portefeuilles l’ouverture de déjà repéré 111 navires de ce
son gouvernement aux autres for- qu’ils appellent « la milice
ces politiques. maritime chinoise » dans le
Il devrait donc aligner, dans un secteur le 13 novembre.
gouvernement réduit à 8 ministè-
res, contre 18 actuellement, une
multitude d’experts et de membres L’élection d’Andry
de son parti, La Libertad Avanza. Rajoelina validée
Les ministères de la Santé, de l’Edu-
cation, du Travail et de l’Energie, à Madagascar
entre autres, seront relégués au
rang de secrétariat d’Etat. A six AFRIQUE DE L’EST La Haute
jours de son investiture, Javier Milei Cour constitutionnelle de
a annoncé l’introduction, dès le Madagascar a définitivement
11 décembre, d’un paquet de réfor- validé, vendredi dernier, la
mes au Congrès, destinées à mettre victoire du président sortant,
son plan en marche. Tandis que les Andry Rajoelina au premier
marchés réagissent de façon posi- tour de l’élection présiden-
tive, une partie des députés semble tielle du 16 novembre, dont la
disposés à lui accorder leur soutien, régularité est contestée par
nécessaire, du moins au début de l’opposition. La plus haute
son mandat. La patience devrait juridiction de l’île de l’océan
être le maître mot de ces prochains Indien a aussi rejeté des
mois. Tant celle du futur chef de recours de l’opposition récla-
l’Etat pour construire des majorités mant l’annulation du scrutin.
indispensables s’il veut éviter de Andry Rajoelina, qui a déjà
gouverner par décrets, que celle été au pouvoir entre 2009 et
d’une population déjà invitée à se 2013, peut commencer un
serrer davantage la ceinture. n second mandat.

COMMUNIQUÉ

La migraine, un handicap invisible constamment dans l’angoisse de la crise suivante, qui

peut arriver à tout moment. Car même lorsque le trai-
tement de crise est efficace, il peut mettre 1 à 2 heures
à l’impact sous-estimé avant d’agir… sans compter ensuite le temps de récu-
pération où vous restez fatigué voire nauséeux.
En fonction des facteurs déclenchants que vous
Lorsque l’on n’est pas concerné, avez identifiés, vous adoptez des conduites d’évi-
tement, avec par exemple moins d’interactions so-
la migraine peut sembler une ciales, moins de sorties, peu d’exposition au soleil,
pathologie banale, semblable etc. Vous vous autorisez donc moins de moments
à n’importe quels maux de tête. festifs, vous voyez moins vos amis ou alors de façon
plus brève… Bref, vous profitez moins et tout cela al-
Pourtant, lorsqu’elle est chronique, tère beaucoup la qualité de vie. Cela peut aussi être
la migraine a d’importantes compliqué quand vous avez des enfants et que vous
répercussions sur la vie devez vous occuper d’eux, en particulier pour les
personnelle et professionnelle femmes qui sont plus touchées par les migraines.
Enfin, la migraine est souvent associée à un terrain
des patients. anxieux voire à des troubles anxio-dépressifs du fait
Le Dr Christian Lucas, médecin des gènes impliqués, qui sont les mêmes. Il peut
neurologue, président de la Société donc y avoir un risque en termes de santé mentale,
française d’étude des migraines et indépendamment des conséquences de la maladie.
céphalées, et chef de service du Quid de la vie professionnelle,
Centre de la douleur au CHU de et de l’impact économique ?
Lille, nous éclaire sur le sujet. Le coût direct pour le système de santé est relati-
vement faible. Ce qui coûte cher, ce sont les pertes
de temps de travail liées aux migraines chroniques.
Que recouvre exactement le terme Cette pathologie touchant 1 à 1,5 millions de per-
ILYA LUKICHEV

de « migraine » ? sonnes en France, le coût global a été chiffré par

La migraine a une définition scientifique précise :
c’est une maladie neurologique d’origine génétique,
pour laquelle on a identifié 180 gènes de prédispo-
sition. Elle se traduit par un cerveau hyperexcitable,
avec des neurones très sensibles aux variations
liées par exemple au stress, au sommeil, à l’alimen-
tation, ou aux fluctuations hormonales. C’est ce der-
nier facteur qui explique que, parmi les 8 à 10 mil-
lions de Français concernés, il y a environ 3 fois plus
de femmes « migraineuses » que d’hommes.
La migraine elle-même se caractérise par une dou-
leur pulsatile, souvent unilatérale, d’intensité modé-
rée à sévère et qui augmente en cas d’effort. Elle
est souvent associée à une sensibilité exacerbée
à la lumière et aux bruits, ainsi qu’à des nausées.
Sans traitement, les crises peuvent durer de 4 à
72 heures, avec un patient qui en ressort souvent
très fatigué.
Quelles réponses existe-t-il aujourd’hui
au niveau médical ?
Nous disposons de traitements efficaces sur les
crises. Le problème se situe au niveau des migraines
chroniques : alors que 20 à 25 % des patients de-
vraient pouvoir bénéficier d’un traitement de fond,
ils ne sont que 5 % environ à y avoir accès. Cela
alors même que des innovations récentes comme
les anticorps monoclonaux, hélas non-remboursés
aujourd’hui en France, s’avèrent très efficaces. Il
faut pouvoir prendre le temps d’une consultation
dédiée avec son médecin généraliste, qui reste l’in-
terlocuteur de référence pour la migraine. En cas
d’échec thérapeutique, c’est au spécialiste du cer-
veau qu’est le neurologue qu’il faut s’adresser.
La migraine impacte-t-elle beaucoup
la vie des patients ?
Lorsqu’on est un « petit » migraineux qui a une crise
tous les 6 mois, les conséquences sont minimes. En
revanche, si vous faites partie des 1 à 2 % d’adultes
sujets aux migraines chroniques, c’est-à-dire plus
de 15 jours par mois avec des maux de tête dont au
moins 8 pics migraineux, là c’est autre chose : on
considère qu’il s’agit de la 2e pathologie la plus im-
pactante en termes de qualité de vie, qui s’en trouve
considérablement dégradée.
Comment cela se traduit-il
concrètement ?
Si vous avez des migraines fréquentes, vous vivez
l’étude IBMS à près de 4 milliards d’euros par an en
2012. Cela s’explique d’abord par l’absentéisme et
les arrêts maladie que cela génère. Mais il y a aussi
en miroir une tendance au « présentéisme », avec
des salariés qui préfèrent -on peut le comprendre-
sauver les apparences et venir travailler même lors-
qu’ils n’en sont pas réellement capables. Pour une
entreprise, cela revient au même.
Il y a donc un vrai besoin de sensibilisation face au
handicap invisible que constitue cette maladie. Il
faut continuer à informer sur sa réalité, et sur le ca-
ractère aussi fluctuant et qu’imprévisible des crises,
pour mieux accompagner les migraineux dans tous
les aspects de leur vie. S’ils sont mieux compris et
mieux soignés, c’est l’ensemble de notre société qui
y gagnera.
11 Les Echos Lundi 4 décembre 2023
Pourquoi un deuxième mandat Trump
serait encore plus radical
Solveig Godeluck
— Bureau de New York
Javier Milei en Argentine, Geert
Wilders aux Pays-Bas… et pourquoi
pas un deuxième mandat Trump
aux Etats-Unis ? Si l’élection prési-
dentielle américaine de 2024 avait
L’ex-président lieu maintenant, Donald Trump
devance Joe Biden l’emporterait avec une courte majo-
dans les sondages. rité sur Joe Biden.
La valeur prédictive des sonda-
Même si le populisme ges est mince à un an de la date du
fait désormais scrutin. Mais le simple fait que les
deux candidats soient proches
partie du paysage, témoigne du formidable come-
sa réélection serait back de l’ex-président, parti en 2021
tout sauf banale. après une insurrection ratée visant
à le maintenir au pouvoir.
Le parti et la société Même si les institutions démo-
ont changé. L’enjeu cratiques et sociales américaines
ont tenu bon durant son premier
est plus dramatique mandat, cela ne veut pas dire
pour lui comme qu’elles sont immunisées en cas de
pour le pays. retour du dirigeant populiste. Ce ne
sont plus les mêmes qui le feraient
roi une deuxième fois. Il s’est radi-
calisé. Le contexte géopolitique et
économique a changé, si bien
qu’après les expériences parfois
LA
CHRONIQUE
de Philippe Chalmin
De l’atome à l’intelligence artificielle
our un béotien, la révolu-
P tion de palais qui vient
d’embraser l’une des entre-
prises les plus avancées au monde
dans le domaine de l’intelligence
artificielle a eu quelque chose
de fascinant. Alors que le film
« Oppenheimer », succès de cet été,
rappelait les doutes et les dilemmes
moraux qui avaient pu être ceux
des pères de la bombe atomique, il
est manifeste que les scientifiques
au cœur de la révolution que sem-
ble devoir être l’intelligence artifi-
cielle se posent les mêmes ques-
tions, entretiennent les mêmes
doutes, cherchent à édifier les
mêmes barrières.
On connaît le cas de conscience
de ceux qui furent les pères de la
bombe, dépassés par leur invention
même si – a posteriori – on peut
estimer que son utilisation permit
de mettre fin plus rapidement au
conflit avec le Japon et que, par la
suite, elle contribua à l’équilibre des
intéressantes de Trump I er , les
aventures de Trump II pourraient
s’avérer périlleuses.
De 2017 à 2021, le président a ren-
contré de la résistance au sein du
Grand Old Party. Horrifiés par ses
transgressions, les hiérarques
républicains ont tenté d’endiguer le
virus trumpiste de façon sourde. A
la Maison-Blanche, ils se sont féli-
cité qu’il y ait « des adultes dans la
pièce » pour empêcher que soient
prises des décisions politiques
hasardeuses, notamment en politi-
que étrangère.
Un Parti républicain
purifié
Puis le virus a contaminé tout
l’organisme, après le sac du Capi-
tole par les partisans de Donald
Trump, le 6 janvier 2021. En quel-
ques mois, les parlementaires qui
avaient craint pour leur vie sont
revenus manger dans sa main. Ils
ont besoin de sa popularité pour
lever des fonds. Ils ne veulent pas
être excommuniés comme les
conservateurs bon teint qui ont
voté l’impeachment contre lui
forces, évitant même dans une cer-
taine mesure une troisième guerre
mondiale. Mais la menace
nucléaire continue de peser sur
l’humanité au fil de sa prolifération.
Suppléer l’homme
A première vue, le problème posé
par l’intelligence artificielle est
d’une autre nature, mais poussé au
bout de sa logique, il est tout aussi
existentiel pour l’humanité. Certes,
l’intelligence artificielle peut sup-
pléer l’homme dans nombre de
tâches secondaires et répétitives.
Elle p eut être destructrice
d’emplois, mais aussi en susciter
d’autres, plus épanouissants. Le
problème est au-delà, au moment
où la « machine » (appelons-la
ainsi) n’aurait plus besoin de l’intel-
ligence humaine : le vieux mythe de
Frankenstein revu par Stanley
Kubrick. Il semble bien qu’à l’image
d’Oppenheimer et de ses collègues,
quelques scientifiques de la Silicon
– sèchement éliminés aux élec-
tions de mi-mandat, en 2022.
C’est donc un Parti républicain
purifié qui s’apprête à soutenir
Donald Trump. A la Chambre, le
leader charismatique tire les ficel-
les, avec un Speaker à sa solde. Et un
seul des quinze candidats républi-
cains pour 2024 a questionné le
danger démocratique posé par un
candidat qui continue à dire que
l’élection de 2020 lui a été volée.
Quant aux Américains, ils sont
nombreux à attendre le retour du
héros. Les discours apocalyptiques
et conspirationnistes ont porté
leurs fruits : 23 % des Américains
pensent que « les vrais patriotes
peuvent recourir à la violence »,
pour « sauver notre pays » (sondage
Public Religion Research Institute).
Ils étaient 15 % il y a deux ans. Près
d’un sur sept croient que Joe Biden a
« volé » l’élection de 2020.
De son côté, Donald Trump sem-
ble plus disposé que jamais à la vio-
lence, symbolique et politique. Il
traite ses opposants de « vermine »,
dit que les migrants « empoisonnent
le sang de notre pays », et parle de
Valley commencent à avoir des dou-
tes sur leur création. C’est en tout
cas l’une des clés de lecture de
« l’affaire OpenAI ».
Il semble bien
qu’à l’image
d’Oppenheimer
et de ses collègues,
quelques
scientifiques
de la Silicon Valley
commencent
à avoir des doutes
sur leur création.
A l’origine, OpenAI est une struc-
ture hybride, contrôlée par une
association à but non lucratif dont
l’objet est de rendre l’intelligence
artificielle accessible et de la mettre
au service du bonheur de l’huma-
faire exécuter pour trahison son
ancien commandant en chef, le
général Mark Milley.
Il a d’ailleurs demandé à son
équipe de monter des procédures
judiciaires contre Milley et deux
autres « traîtres », l’ex-procureur
Bill Barr et l’ex-secrétaire général de
la Maison-Blanche John Kelly. S’il
devient président, a-t-il déclaré, il
compte poursuivre Joe Biden et son
fils Hunter, et plus généralement,
tout rival politique qui lui ferait de
l’ombre. Sa campagne est placée
sous le signe du « châtiment » :
après la purge du parti, il veut épu-
rer l’administration qui lui a résisté
pendant son premier mandat.
Inculpé dans quatre procès
Certes, le matamore ne fait pas tou-
jours ce qu’il a dit. Mais la nou-
veauté, c’est que Donald Trump est
inculpé dans quatre procès au
pénal. Alors qu’il avait tout à gagner
d’une victoire inespérée en 2016, il a
tout à perdre s’il rate son coup
en 2024. A contrario, s’il parvient à
se faire élire, il pourrait se gracier
lui-même, puisque la Constitution
nité (on est là d’ailleurs dans la mou-
vance du courant de l’altruisme
effectif, très présent dans les
milieux de la Silicon Valley).
Mais en même temps, OpenAI
est une société commerciale, valori-
sée 90 milliards de dollars, qui a
développé le célèbre ChatGPT. A la
tête d’OpenAI, on trouve un remar-
quable entrepreneur, Sam Altman.
Science et finance
C’est lui qui va polariser les pas-
sions. Dans la course lancée à
l’innovation, il a manifestement
voulu aller plus vite que les scientifi-
ques de son équipe sans respecter le
temps nécessaire aux études
d’impact. C’est ce qui explique la
décision brutale du conseil de s’en
séparer (avec la voix décisive du
directeur scientifique, le véritable
« savant » d’Open AI).
On connaît la suite : en quelques
heures, investisseurs et financiers
de la « vallée », Microsoft (action-
IDÉES
Dominique Boll
ne l’interdit pas. Un bon début pour
un drame shakespearien.
Il y a tout de même un scénario
où le sang n’est pas versé et où les
institutions résistent. Le retour du
populiste ne serait pas bénin pour
autant, car le monde post-Covid a
changé. L’Amérique mène une
guerre par procuration en Ukraine.
Comme Donald Trump ne veut plus
la financer, les dictateurs vont
se sentir pousser des ailes et les
alliés de l’Amérique vont chercher
d’autres protecteurs.
Il ne faudrait pas non plus que le
président laisse tomber une allu-
mette dans deux régions prêtes à
s’embraser, le Proche-Orient et la
mer de Chine.
Sur le plan économique, Donald
Trump a eu du succès avec ses bais-
ses d’impôts et ses taxes douaniè-
res. Il compte donc augmenter la
mise. Mais la donne a changé avec
les taux élevés, qui appellent une
certaine modération budgétaire, et
avec l’inflation, que le protection-
nisme favorise. Les recettes qui ont
fonctionné une fois ne marcheront
pas à tous les coups. n
naire de la partie commerciale à
49 %), employés aussi, qui ris-
quaient d’y perdre leurs options,
tous se sont mobilisés et en quaran-
te-huit heures ont renversé la situa-
tion. Sam Altman est à nouveau aux
commandes et le conseil a été purgé
de ses membres contestataires.
On retrouve là, au fond, non
pas le conflit entre science et
conscience, mais celui poussé à
l’extrême entre science et finance.
Les quelques garde-fous mis en
place autour de l’intelligence artifi-
cielle ont été insuffisants. L’hubris
des cavaliers de la Silicon Valley
les a fait exploser. Et la question
demeure lancinante : que peut vrai-
ment attendre l’humanité de l’intel-
ligence artificielle ? Une nouvelle
arme atomique ?
Philippe Chalmin est professeur
d’histoire économique à
l’université Paris Dauphine et
président fondateur de Cyclope.
IDÉES
analyses
Verdir le commerce
mondial, un
conteneur à la fois
Pour réduire ses émissions, le transport maritime
devra investir au moins 23 milliards de dollars par an
d’ici au milieu du siècle.
LA
CHRONIQUE
de Ludovic Subran
lors que la COP28 s’ouvre à Dubaï, il
A faut rappeler que le commerce inter-
national est un outil puissant pour
lutter contre le changement climatique, en dif-
fusant dans le monde entier des biens et des
technologies vertes. Tout un sujet pour l’OMC :
libéraliser le commerce vert en mettant les
barrières douanières au tapis (5,4 % en
moyenne aujourd’hui) et en luttant contre le
protectionnisme vert qui s’intensifie. Mais c’est
loin des considérations de politiques publi-
ques que se joue l’essentiel : il ne peut y avoir de
commerce vert sans transport maritime vert.
Les porte-conteneurs transportent près de
11 milliards de tonnes de marchandises chaque
année, soit 85 % du commerce mondial, et ce
chiffre devrait tripler d’ici à 2050. Alors que le
transport maritime n’est responsable que d’en-
viron 3 % des émissions mondiales de gaz à ef-
fet de serre, cette part pourrait atteindre 17 % au
milieu du siècle si aucune mesure n’est prise.
L’Organisation maritime internationale a
fixé un objectif ambitieux pour la réduction
des émissions de gaz à effet de serre, visant à
atteindre l’objectif zéro d’ici à 2050. Parallèle-
ment, 13 des 30 plus grandes compagnies ma-
ritimes se sont engagées à atteindre zéro
émission nette entre 2040 et 2060. Bien que
les compagnies asiatiques représentent la
moitié du tonnage mondial des navires, les
européennes ont davantage progressé dans la
définition d’objectifs de décarbonisation et de
renouvellement de la flotte. Elles sont proba-
blement les mieux placées pour répondre à la
demande croissante de transports propres et,
par conséquent, pour exercer un plus grand
pouvoir de tarification du carbone sur les pa-
quebots, à la traîne dans la transition.
La décarbonisation du secteur est une cour-
se contre la montre qui nécessite des investis-
sements massifs pour acheter de nouveaux
navires équipés de technologies de pointe et de
moteurs de nouvelle génération et pour instal-
ler des épurateurs. Les dépenses d’investisse-
ment du secteur ont bondi en 2021 et 2022, sti-
LE LIVRE
DU JOUR
L’addiction énergétique
de l’humanité
LE PROPOS La Terre se réchauffe
inexorablement. Seule solution :
réduire notre addiction à l’énergie
en changeant nos modes de vie,
par nous-même ou sous la contrainte,
prévient Stéphane Sarrade, directeur
de recherche dans la chimie verte
au CEA. Cette sobriété imposée passe
aussi par un engagement fort
des instances politiques pour
une décarbonation de nos sources
d’énergie. Deux défis immenses
à surmonter en peu de temps
si l’on veut espérer atteindre l’objectif
« zéro émission nette d’ici à 2050 ».
L’INTÉRÊT Revenant des milliers
d’années en arrière, l’auteur décrit
méticuleusement la manière dont
Homo sapiens est devenu, par
la maîtrise du feu, du vent, de l’eau
et du soleil, « Homo energeticus »,
un être accro à l’énergie qui domine
désormais les autres espèces.
Insatiable, l’homme s’est ensuite
tourné vers d’autres matières
premières : le charbon, le pétrole, puis
les métaux rares pour assouvir sa soif
mulées par les bénéfices records tirés de la
montée des prix du fret. Elles devraient conti-
nuer à augmenter de 12 % et 9 % en 2023
et 2024, alors que la moyenne historique sur
dix ans n’est que de 3 %. Mais le vieillissement
de la flotte et le coût des nouveaux navires
(deux fois plus élevé que celui des anciens) né-
cessiteront encore plus d’investissements.
En supposant que la moitié des porte-
conteneurs existants devront être renouvelés
ou modernisés, le secteur du transport mariti-
me devra investir au moins 23 milliards de
dollars par an pour atteindre ses objectifs cli-
matiques. En 2022, année exceptionnelle pour
le secteur, les 30 plus grandes compagnies ont
enregistré un flux de trésorerie disponible
d’environ 165 milliards de dollars, ce qui signi-
fie qu’elles devraient être en mesure d’assurer
la transition jusqu’en 2030 sans financement
extérieur. Mais après cela, la décarbonisation
nécessitera un financement colossal.
Décarboner le commerce
mondial : titanesque
ou « Titanic » ?
Le secteur doit aussi accélérer son abandon
des combustibles fossiles (94 % du carburant
utilisé). Le passage à des émissions nettes nul-
les dépendra de l’augmentation de l’utilisa-
tion de carburants alternatifs, comme les bio-
carburants, le méthanol et l’hydrogène. Si
plus de 100 projets d’infrastructure sont déjà
en cours pour l’intégration de l’ammoniac et
de l’hydrogène, des avancées techniques et un
soutien politique restent nécessaires.
L’infrastructure est la dernière pièce du
puzzle. La création de couloirs de navigation
écologiques est en cours sur des itinéraires
très fréquentés, et les ports sont transformés
en centres énergétiquespour promouvoir les
technologies à zéro émission. Mais il reste un
long chemin à parcourir pour que les ports du
monde entier disposent de suffisamment
d’électricité pour les navires de passagers et les
porte-conteneurs amarrés, tout en répondant
à la demande de gaz décarbonés (bio-GNL et
gaz électronique). Alors, décarboner le com-
merce mondial : titanesque ou « Titanic » ?
Ludovic Subran est
chef économiste du groupe Allianz.
de nouvelles technologies. Ce énième
pillage des ressources de la Terre le
transformera bientôt – si ce n’est déjà
fait – en « Homo numericus ». Sans
(trop) faire culpabiliser ses lecteurs, et
avec des exemples tirés de sa propre
expérience de père et de scientifique,
il appelle à la déconsommation plutôt
que la décroissance et rappelle
que la solution – une accélération
de la convergence entre renouvelables
et nucléaire – est à portée de main.
LA CITATION « Homo energeticus sera
responsable de ce qu’il n’aura pas
essayé d’empêcher. » —Hayat Gazzane
« Homo Energeticus. Pour une
transition bas carbone », de Stéphane
Sarrade. Editions HumenSciences,
204 pages, 17 euros.
L’enjeu existentiel de l’Ukraine
Comment faire passer l’idée que les enjeux de l’apparent statu quo en
Ukraine sont déterminants pour l’équilibre de l’Europe, voire du monde ?
LE REGARD
SUR LE MONDE
de Dominique
Moïsi
’aide à l’Ukraine a une importance
L existentielle pour l’Europe » : s’ex-
primant devant le Bundestag, il y
a quelques jours, le chancelier d’Allema-
gne, Olaf Scholz, ne pouvait être plus
clair. Son propos nécessaire, indispensa-
ble même, sera-t-il suffisant ? En Ukrai-
ne, la guerre menace d’être longue, com-
me l’a admis dans un entretien avec
« The Economist », il y a quelques semai-
nes, le charismatique chef des armées, le
général Valeri Zaloujny. Sa comparaison
avec la Première Guerre mondiale,
pourtant légitime, a fortement déplu au
président Volodymyr Zelensky.
C’est que le temps de la guerre, lors-
qu’il devient long, n’est pas celui des mé-
dias et encore moins celui des émo-
tions. A l’heure des chaînes d’informa-
tion en continu qui jouent sur le
tempérament zappeur de leur public,
comment faire passer l’idée que ce qui
est important n’est pas nécessairement
spectaculaire ? Et que les enjeux de l’ap-
parent statu quo en Ukraine sont déter-
minants pour l’équilibre de l’Europe,
voire du monde ?
Comment faire passer ce message à
des consommateurs d’information de
plus en plus lassés, blasés et passifs ? A
tort, l’Ukraine ne fait pas le poids face
aux développements qui interviennent
chaque jour, sinon chaque heure au
Moyen-Orient. C’est qu’après s’être at-
tendus à une victoire rapide de la Russie,
puis avoir espéré une contre-attaque dé-
cisive de l’Ukraine, les alliés de Kiev sont
confrontés désormais à un troisième
scénario. Alors que les lignes de front ne
bougent plus guère et que l’hiver s’ins-
talle, le conflit est devenu une guerre
d’usure. Et face à cette évolution qui, ré-
trospectivement, devrait être considé-
rée comme un grand succès pour
l’Ukraine – le petit David a su résister de-
puis bientôt deux ans au géant Goliath –
un dangereux consensus s’instille dans
les pensées de nombreux hommes poli-
tiques et stratèges occidentaux. Et ce,
des deux côtés de l’Atlantique. On pour-
rait le résumer ainsi : une guerre d’usure
ne peut jouer qu’en faveur de la Russie.
Les raisons de ce consensus sont tout
aussi démographiques, stratégiques
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
que politiques. La Russie a beau avoir
près de trois fois plus de pertes que
l’Ukraine (300.000 d’un côté, 100.000 de
l’autre) le prix de la vie n’est pas le même
des deux côtés. Et les capacités de mobi-
lisation de Moscou sont plus grandes
que celles de Kiev. La population russe
n’est-elle pas aujourd’hui – avec le dé-
part de près d’un quart d’Ukrainiens au
début de la guerre – trois fois supérieure
à celle de l’Ukraine ?
Il est un moment où la quantité finit
par l’emporter sur la qualité, surtout si
cette dernière ne fait pas rapidement la
différence. C’est au moins ce que pen-
sent les prophètes de la résignation, qui
poussent à une négociation qui ne
pourrait que renforcer les ambitions du
Kremlin au-delà même de l’Ukraine.
Les Ukrainiens,
« occidentalisés » par
essence donc plus faibles,
finiront par se diviser.
On peut penser
exactement l’inverse.
Au critère démographique et quanti-
tatif, il convient d’ajouter une réflexion
psychologique qui me paraît au moins
partiellement fausse : l’idée implicite
que le mental russe finira par l’emporter
sur celui des Ukrainiens. Les Russes
sont habitués aux souffrances et aux sa-
crifices. Mobilisés derrière une réécritu-
re de l’histoire qui met en avant la gran-
deur de leur empire, ils ne s’arrêteront
qu’une fois leurs objectifs atteints. Les
Ukrainiens, « occidentalisés » par essen-
ce donc plus faibles, finiront par se divi-
ser. Ils ne maintiendront pas leur unité.
On peut penser exactement l’inverse.
Les Ukrainiens se battent pour la sur-
vie de leur pays, en tant qu’Etat démocra-
tique européen. Les Russes se battent
pour Poutine. Partagent-ils vraiment sa
nostalgie de la grandeur et de l’empire ?
Les études sur l’état de l’opinion en Rus-
sie mettent davantage l’accent sur l’apa-
thie que sur le ralliement enthousiaste.
Pour espérer atteindre le début du com-
mencement de ses objectifs – surtout
après l’arrivée des armes les plus sophis-
tiquées promises à Kiev par ses alliés – le
pouvoir russe devra demander de
lourds sacrifices à sa population : pre-
nant ainsi le risque qu’elle sorte de son
apathie. Il y a bien sûr aussi, des considé-
rations politiques qui expliquent la rési-
12
Une unité anti-aérienne ukrainienne près de Kiev, jeudi 30 novembre. Photo Gleb Garanich/Reuters
gnation grandissante, sinon le pessimis-
me ambiant des alliés de Kiev.
Des deux côtés de l’Atlantique, à com-
mencer, bien entendu, par les Etats-Unis,
la montée en puissance des populismes
semble jouer en faveur de Moscou. Il y a
certes l’exception italienne : une droite
ultraconservatrice pro-Otan et antirus-
se. Mais elle pèse de peu de poids face au
tremblement de terre que constituerait
l’éventuelle réélection de Donald Trump
aux Etats-Unis. Il est très probable que
Poutine considère Trump comme son
arme ultime. Mais là encore, son scéna-
rio préféré est loin d’être garanti. On peut
même penser qu’en Amérique, dans le
camp républicain, le temps ne joue plus
en faveur de Donald Trump, mais en fa-
veur de sa rivale, nettement plus compé-
tente (ce n’est pas difficile) et plus antirus-
se, Nikki Haley.
Pour ne pas tomber dans le piège
qu’ils se tendraient à eux-mêmes, dans
leur résignation pessimiste, les soutiens
de Kiev ne doivent pas se tromper sur la
signification de la victoire. La guerre
étant par essence incertaine ; on ne sau-
rait exclure complètement une percée
décisive de Kiev. Mais l’essentiel est
ailleurs. En dépit de pertes toujours plus
importantes du côté russe, Kiev conti-
nue de faire jeu égal avec Moscou. Plus
important encore, la Crimée – conquise
presque sans coup férir en 2014 – n’est
plus parfaitement contrôlée par les
Russes. Pour répondre au défi d’aujour-
d’hui, il convient de faire appel au
concept d’hier et revenir soixante-seize
ans en arrière, précisément en 1947.
C’est l’année où fût publié l’article signé
Monsieur X (George Kennan) « Les
sources de la conduite soviétique ».
Kennan mettait en avant le concept de
« containment » au sens essentielle-
ment géopolitique et global du ter-
me. Endiguer l’URSS ne pouvait avec le
temps que produire l’effondrement sur
elle-même de cette dernière. De maniè-
re plus limitée – mais la Russie l’est bien
moins que ne l’était l’URSS –, notre ob-
jectif aujourd’hui est de contenir sur le
terrain, militaire d’abord, politique et
idéologique ensuite, les avancées rus-
ses. Ne pas perdre face à la Russie, un
adversaire beaucoup plus considérable
qu’elle, c’est, pour l’Ukraine, gagner.
Notre impératif moral et stratégique
peut se résumer ainsi : ne pas douter de
l’Ukraine, ne pas douter de nous-mê-
mes, ne pas douter enfin du caractère
existentiel, pour nous, de cette guerre.
Dominique Moïsi est géopolitologue.
 13 Les Echos Lundi 4 décembre 2023 IDÉES

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LE POINT
DE VUE Travail : le numérique Les vaudevilles grinçants
de Bertrand Martinot
pour intégrer, de Nanni Moretti au TNP
et Florence Oulès

pas pour contrôler Philippe Chevilley

Quand il a surgi du fond de

e métavers vous fait-il rêver ? Moi,
outils et finalité. Il faut aussi évoquer la
personnes handicapées, et il nous sem-
THÉÂTRE
Diari d’Amore
de Nanni Moretti.
scène, à la fin de la repré- Villeurbanne, TNP
sentation, le public lui a tnp-villeurbanne.com
réservé une chaude ova- Jusqu’au 7 décembre en
tion. La première mise en VO surtitrée en français.
affolée sonne à la porte. Elle
vient de quitter son mari
violent pour trouver refuge
auprès de Cesare, dont elle
est follement éprise. Flami-
nia, assistée de sa sœur, est
contrainte de gérer la situa-

L non. » La formule de l’écono-

miste Pierre Veltz est éloquente,
nul doute qu’elle est partagée par la qua-
si-totalité des Français. Au point qu’on a
progression inquiétante du sentiment
d’intensification du travail, et la forte
proportion de salariés déclarant une
charge psychique anormalement éle-
ble doublement pertinent.
D’une part, les personnes handica-
pées représentent un vivier indispensa-
ble face aux tensions de recrutement.
scène de théâtre de Nanni
Moretti dans l’écrin emblé-
matique du TNP de Villeur-
banne, tout de même, ça se
Durée 1 h 30. Puis en
tournée : Châteauvallon,
Marseille, La Criée,
Amiens, Paris, L’Athénée.
tion sous l’œil ahuri d’une
domestique au grand cœur.

dû inventer un mot : le « techno-pessi-
misme ». Les progrès numériques sont
anxiogènes, non pour leurs applica-
tions en science ou en médecine, évi-
demment, mais dans notre quotidien, et
dans un domaine en particulier : les
conditions de travail. Il faut dire que
depuis une vingtaine d’années, les outils
numériques pour guider, contrôler et
piloter le travail humain ont parfois été
développés sans discernement.
En effet, ils ont été le bras armé du
management gestionnaire, qui a très
largement gagné les services : process et
timing pour chaque situation de travail,
reporting de tous les actes effectués,
benchmarks en temps réel, etc. Un
exemple : des femmes de ménage équi-
pées de tablettes leur indiquant le temps
à passer dans chaque pièce, selon sa
superficie et différents paramètres. En
cas d’aléa, par exemple un café renversé,
la tablette doit être utilisée pour le pren-
dre en photo et le codifier. En sus, à diffé-
rents endroits du lieu, des bornes,
connectées au progiciel de la société de
ménage, invitent tout un chacun à noter
la propreté constatée.
Non seulement cet usage du numéri-
que n’a pas généré les gains de producti-
vité escomptés, mais il a une large res-
ponsabilité dans la crise de sens qui
touche de nombreux métiers : il a
contribué à « rétrécir » la nature du tra-
vail, en créant une confusion entre
vée, phénomènes mis en évidence par
l’étude « Les Français au travail : au-delà
des idées reçues », réalisée par l’Institut
Montaigne.
Les outils numériques
au service de l’emploi
des travailleurs
handicapés permettent
de les intégrer.
Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec
l’eau du bain. Nous citions Pierre Veltz,
son appel est le suivant : « Le numérique
reste un outil extraordinaire […] mais
nous devons reprendre la maîtrise de cette
révolution et la réorienter vers des buts
communs, qui méritent nos rêves et nos
efforts. » Certaines entreprises ont com-
mencé : face aux tensions de recrute-
ment, elles interrogent l’attractivité de
leurs métiers et revoient ce type d’outil
pour redonner plus de place à l’autono-
mie et à l’intelligence humaine. Cela
semble salutaire.
Nous voulons y asso cier cette
réflexion : s’il est des outils numériques
qui font fuir les talents, il en est au
contraire qui permettent de les intégrer.
Il s’agit de ceux au service de l’emploi des
travailleurs handicapés. C’est le thème
qui était proposé cette année pour la
Semaine européenne pour l’emploi des
Or, trop d’entreprises ignorent l’amp-
leur des possibilités pour permettre
l’accessibilité de leurs métiers, et les
aides financières dont elles peuvent
bénéficier. Des personnes aveugles,
grâce à un logiciel adapté, sont déve-
loppeurs Web. Des personnes avec un
handicap cognitif, grâce à un logiciel
leur donnant des consignes de façon
imagée, sont préparateurs logistiques
ou employés de restauration. Les exem-
ples sont désormais nombreux.
D’autre part, les aménagements
numériques mis en place pour les tra-
vailleurs handicapés peuvent profiter à
tous – ce qui ne va faire que s’accroître,
avec l’allongement de la durée du travail
et le vieillissement de la population
active. L’essor spectaculaire du télétra-
vail peut ainsi faire réfléchir : il concerne
à présent un tiers des salariés, qui le plé-
biscitent, dans toutes les enquêtes, pour
le gain de qualité de vie et d’autonomie.
Or, bien avant les confinements, il était
une revendication de longue date des
associations de personnes handicapées.
Les entreprises qui avaient investi pour
la qualité de vie de leurs travailleurs à
mobilité réduite se sont retrouvées plus
agiles lors de la crise.
Bertrand Martinot est expert associé
à l’Institut Montaigne ; Florence
Oulès est ancienne chef de mission
Inclusion à la Région Ile-de-France.
fête ! Même si le cinéaste
italien ne révolutionne pas l’art dramatique
avec ses « Diari d’Amore » – créés en Italie –,
il fait souffler un petit vent drolatique et
acide sur le grand plateau de la salle Roger
Planchon. Il permet au public lyonnais de
(re)découvrir deux courtes pièces incisives
de l’autrice de la Péninsule, Natalia Ginz-
burg (1916-1991).
« Dialogo » (1970) est un vaudeville ner-
veux qui met en scène un couple de petits
bourgeois étriqués confrontés à leur faillite
sentimentale. Alors qu’ils devisent sur leurs
problèmes quotidiens (chômage, argent,
absences de la bonne), la femme (Marta)
révèle à son mari (Francesco) qu’elle a une
liaison avec son voisin et qu’elle envisage de
s’installer avec lui. Mais la crise conjugale va
vite tourner court…
« Fragola e Panna » (1966) est d’une veine
plus dramatique. Cesare et Flaminia, deux
grands bourgeois qui n’ont plus de rapports
conjugaux depuis des lustres et vivent dans
une grande maison isolée à la campagne.
Un jour d’hiver, alors que l’homme est parti
à Londres pour affaires, une jeune femme
Fibre intime
Nanni Moretti ne recher-
che pas les grands effets : il cultive la fibre
intime. Le décor stylisé reprend les codes
du boulevard chic : un lit pour la première
pièce ; deux canapés d’un vert profond
pour la seconde, avec une fausse neige qui
tombe derrière un mur cloison translucide.
Tout repose sur le jeu d’un quintette de
comédiens et de comédiennes affûtés. Les
pièces s’enchaînent sans entracte. Elles sont
jouées vite, avec de courtes respirations.
« Dialogo » fait rire ; « Fragola e Panna »
glace le sang.
La vanité d’une société arrogante et
superficielle est exposée en une succession
de gros plans éloquents. Le propos fémi-
niste de l’autrice, sa critique d’une bourgeoi-
sie machiste et corsetée sont mis en relief
avec clarté. Le metteur en scène aurait
certes pu pousser davantage les feux de
l’absurde et de la satire. Immense cinéaste,
Nanni Moretti s’avère un dramaturge
simplement honnête. On passe néanmoins
un moment plaisant, emporté par la verve
subversive de Natalia Ginzburg et de ses
interprètes. n

LE POINT
DE VUE Pour la création
de Brigitte Klinkert
et Nils Schmid d’un passe culture
franco-allemand Alessia Giuliani (Marta) et Valerio Binasco (Francesco),
un couple qui va à vau-l’eau dans « Dialogo ». Photo Alberto Novelli

lors que l’année 2023 marque la
A 60e année du traité de l’Elysée,
l’importance de la culture et de
la jeunesse dans la relation franco-alle-
mande ne doit pas être sous-estimée.
Signé le 22 janvier 1963 par le président
français Charles de Gaulle et le chance-
lier allemand Konrad Adenauer, le
traité de l’Elysée a joué un rôle crucial
dans le rapprochement culturel entre
la France et l’Allemagne. Véritable
tournant dans les relations franco-alle-
mandes, ce texte historique a jeté les
bases d’un partenariat dynamique, favo-
risant les échanges linguistiques, éduca-
tifs et culturels entre les deux pays, avec,
pour exemple le plus concret, la créa-
tion de l’Office franco-allemand de la
jeunesse (Ofaj).
Grâce à l’Ofaj, de nombreux pro-
grammes d’échange ont été créés, per-
mettant aux jeunes Français et Alle-
mands de se rencontrer, de mieux se
comprendre et de développer un senti-
ment de fraternité. Ce rapprochement
culturel a grandement contribué à la
consolidation de l’Union européenne et
à la construction d’une Europe pacifi-
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
En tant que coprésidents du bureau
de cette Assemblée parlementaire uni-
que au monde, nous avons à cœur de
réaliser des avancées concrètes. Dans
cette perspective, nous avons formulé
des propositions pour développer
l’apprentissage de la langue du voisin,
notamment pour élargir les offres pen-
dant la formation professionnelle et
tout au long de la vie active. Nous exami-
nerons ces propositions avec le minis-
tre de l’Education nationale, Gabriel
Attal, et la ministre présidente de Sarre,
Anke Rehlinger.
Il est essentiel
de donner une nouvelle
impulsion pour susciter
l’enthousiasme
des jeunes à l’égard
de nos deux pays.
A l’occasion du 60e anniversaire du
traité de l’Elysée, il est essentiel de don-
ner une nouvelle impulsion pour susci-
la mise en place d’un passe culture
franco-allemand pour les jeunes de
18 ans. A l’initiative du président
Emmanuel Macron, la France dispose
depuis plusieurs années d’une applica-
tion mobile permettant aux jeunes de
bénéficier d’un crédit pour des activités
culturelles telles que l’achat de livres, de
billets de concerts et de cinéma.
Depuis cet été, le gouvernement fédé-
ral propose un service similaire. Alors,
pourquoi ne pas permettre à une Fran-
çaise d’assister à un concert d’Apache
207 en Allemagne, ou à un Allemand de
découvrir le dernier film de François
Ozon à Paris ? Le principe est simple :
les crédits seraient également valables
dans le pays voisin, et les applications
PassCulture et KulturPass seraient
adaptées en conséquence.
Emmanuel Macron, Olaf Scholz,
Rima Abdul-Malak et Claudia Roth,
nous vous appelons à prendre les
devants pour concrétiser ces proposi-
tions ambitieuses et renforcer encore
davantage les liens culturels entre nos
deux pays. Le 60e anniversaire du traité
de l’Elysée offre une occasion unique de
Les solitaires de la Baltique
Ouvrir « Une clarté dans le
lointain », c’est plonger
ROMAN ALLEMAND pour une tournée. Elle ne
donnera jamais suite à cette
Une clarté
dans un monde flottant, où dans le lointain offre insolite…
le banal, le quotidien flirtent de Judith Herman, traduit La nouvelle vie de notre
à chaque instant avec l’inat- par Dominique Autrand. héroïne s’annonce aussi
tendu, où l’existence se dilue Editions Albin Michel, énigmatique que l’an -
dans une brume tour à tour 204 pages, 19,90 euros. cienne. Sa tribu d’adoption
grise et colorée. Le roman est composée d’êtres fêlés.
de Judith Herman distille un charme équi- Son frère apathique, est enamouré d’une
voque qui tient à son atmosphère mais aussi punkette à cran – toute une partie de son
à sa façon de nous surprendre à chaque ins- enfance elle a été enfermée par sa mère
tant. L’intrigue est simple en apparence. dans une caisse qui n’avait rien de magique.
Une quinquagénaire a décidé de prendre Sa voisine Mimi, artiste excentrique et
la tangente alors qu’elle vient de se séparer hyperactive, tond sa pelouse dans le plus
de son mari et que sa fille Ann, devenue simple appareil. Le frère de celle-ci, Arild,
adulte, vole de ses propres ailes. Elle part éleveur de cochons viril et taiseux, se remet
s’installer dans une maison isolée, au bord difficilement d’une rupture sentimentale ; il
de la Baltique, non loin de son frère qui tient deviendra son amant plus ou moins secret.
un café et qui l’emploie comme serveuse. Tous semblent issus du limon liquide des
polders qui les entourent.
Limon liquide Judith Hermann nous rend peu à peu
Plutôt que nous immerger d’emblée dans le attachante cette petite communauté, à
nouvel univers de la narratrice, l’écrivaine peine plus bizarre au fonds que son ex-
allemande nous ramène à un épisode trou- mari, Otis, le collectionneur fou, et sa fille,
blant de son passé, avant son mariage. Tout Ann, qui erre sur les mers dans un bateau à

que et prospère, où la diversité cultu-
relle est valorisée et célébrée.
En 2019, nous avons fait un pas sup-
plémentaire pour le rapprochement
entre nos deux pays avec la signature du
traité d’Aix-la-Chapelle, tout en appro-
fondissant la dimension parlementaire
de notre relation bilatérale en créant
l’Assemblée parlementaire franco-
allemande (Apfa).
ter l’enthousiasme des jeunes Alle-
mands et Français à l’égard de nos deux
pays. Si le succès du billet de train pour
les jeunes a marqué un excellent départ,
il est primordial de poursuivre dans
cette voie en créant un passe franco-al-
lemand Interrail, qui serait ouvert, bien
entendu, à d’autres partenaires euro-
péens. Toutefois, nous aspirons à
aller encore plus loin : nous proposons
faire un pas en avant vers une coopéra-
tion franco-allemande renouvelée et
dynamique. Ne laissons pas passer cette
opportunité historique !
Brigitte Klinkert et Nils Schmid
sont députés
et coprésidents du bureau
de l’Assemblée parlementaire
franco-allemande.
juste licenciée de l’usine de cigarettes où elle
travaillait, la jeune femme au chômage est
repérée un soir dans une station-service en
bas de chez elle par un vieux magicien qui
cherche une assistante pour son tour « La
femme coupée en deux ». Elle accepte de se
rendre chez lui quelques jours plus tard
pour faire un essai et se love sans peine dans
la boîte truquée. Le prestidigitateur lui pro-
pose alors de l’accompagner à Singapour
la destination mystérieuse. Un drame à la
fin du livre va brutalement obliger nos soli-
taires de la Baltique à sortir de leur errance
somnambule. Le réveil ne sera-t-il que
passager ? La fin du livre, en suspens, le
laisse à penser. Comme ces paysages où la
terre se confond avec le ciel et la mer, l’exis-
tence est condamnée au flou, à l’évanes-
cence. Et la clarté est vouée à rester dans le
lointain. — Ph. C.
 IDÉES
sciences
A l’école
des non-savoirs
quantiques
LA
CHRONIQUE
de Charles Antoine
C omment vous y prendriez-vous pour
expliquer à votre entourage ce qu’est
un atome ? Ou bien le phénomène
d’interférences ? Des « mots » pour lesquels
vous avez sûrement des connaissances qui vous
semblent suffisamment solides ou assez intuitives,
construites à partir de tout ce que vous avez vu, lu ou
appris au cours de votre parcours ou de vos études.
Et pourtant, il y a de fortes chances que vous soyez
victime d’un biais cognitif très connu : l’illusion
de connaissance, ou penser mieux comprendre
le monde qu’on ne le comprend vraiment. Car non,
et contrairement à l’image que vous avez
spontanément en tête, un atome n’est « pas » un
mini-système solaire miniature où le soleil jouerait
le rôle du noyau et les planètes ceux des électrons.
De même, le phénomène d’interférences n’a
absolument rien à voir avec la notion de brouillage,
comme son acception commune le laisserait
penser. C’est même tout l’inverse ! Demandez aux
start-up de la deuxième révolution quantique : elles
vous diront qu’au contraire les interférences sont
quelque chose de très structuré. Elles parlent même
de brouillage d’interférences, c’est dire ! Et cette
illusion de savoir est partout (essayez donc, par
exemple, de dessiner un vélo « réellement »
fonctionnel, comme aime à le souligner le
neuroscientifique Albert Moukheiber), même si
elle est la plus frappante – et problématique – dans
le champ de la science moderne. Et ce même pour
les spécialistes, qui n’auront pas deux explications
semblables pour vous dire ce qu’est un atome ou
une superposition quantique ! Mais rassurez-vous,
votre cerveau n’est pas le seul responsable dans
cette affaire de non-savoirs et de biais cognitifs. Le
problème de fond réside davantage dans la question
de la transmission de ces sciences particulières où
l’on perd toute possibilité de visualisation directe ou
indirecte. Et on en revient à la question centrale de
toute transmission : quel(s) langage(s) utiliser pour
transmettre l’indicible complexité du monde ?
Comment donner à voir ce qui ne peut être vu,
rendre perceptible ce qui ne peut l’être, rendre
intelligible ce qui est hors de portée du langage
commun ? Et au-delà de la rédhibitoire complexité
ou abstraction mathématique, comment parler de
l’inconnu et, même, de l’inconnaissable ? Un abîme
de perplexité pour certains, un questionnement
fécond et créateur pour d’autres. Comme pour
l’architecte et penseur Ruedi Baur et sa fameuse
« école du non-savoir » qui repose sur la conviction
que de nouveaux horizons de compréhension
s’ouvriront par l’invention de nouveaux langages,
en particulier ceux mêlant les arts, le design et les
sciences. Un thème au cœur du festival « Des
savants sur les planches » qui aura lieu du 12 au
17 décembre à Paris, au théâtre de La Reine Blanche.
Avec, le samedi 16 décembre, le spectacle
« equiQuanto » que j’ai créé avec l’artiste Paul
Kichilov. Pour une transmission artistique
des non-savoirs quantiques via un spectacle
équestre dessiné en direct. Tentés par l’aventure ?
Charles Antoine est chercheur au Laboratoire
de physique théorique de la matière condensée
et maître de conférences à l’université
Pierre-et-Marie-Curie.
SUR LE WEB
ZOOM HD110067, une beauté
mathématique dans l’univers
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
Les satellites TESS et Cheops ont mis le doigt
sur un système de six exoplanètes toutes liées
entre elles par une « chaîne de résonance ».
a A lire sur lesechos.fr/idees-debats/
sciences-prospective
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pour mieux comprendre le monde.
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PALÉONEUROLOGIE // Une étude française souligne la fragilité de certaines conclusions trop
hâtives quant aux cerveaux des hommes préhistoriques, reconstitués à partir des fossiles crâniens.
Evolution du cerveau :
comment questionner les crânes ?
Yann Verdo
lan Turing, qui était plutôt bien
A doté en la matière, l’appelait, non
sans dérision, le « petit tas de por-
ridge tiède » : notre cerveau, à mesure qu’il a
grossi et changé de forme, est sans conteste
l’organe de notre corps ayant le plus puis-
samment contribué à nous sortir des arbres
d’abord, des cavernes ensuite, pour nous
permettre de nous disséminer – pour le
meilleur et pour le pire… – sur à peu près
tous les écosystèmes de la planète, et même
jusqu’à la Lune. Mais que savons-nous de
ces 7 millions d’années d’évolution séparant
celui de notre plus lointain ancêtre, Tou-
maï, avec son modeste volume de 370 cm3
(soit un peu moins que le cerveau moyen
d’un chimpanzé actuel), de celui de sapiens,
près de quatre fois plus gros ? Eh bien, à part
que cette évolution n’a été ni linéaire ni
continue, relativement peu de chose. Enco-
re ce « peu »-là est-il sujet à caution, à en ju-
ger par la récente étude publiée dans le
« Journal of Anatomy » par l’un des
meilleurs spécialistes français de la ques-
tion, le paléoanthropologue Antoine Bal-
zeau, initiateur du projet PaleoBrain.
Contrairement au crâne qui les abrite, le
cerveau et ses tissus mous ne se conservent
pas. Faute de « cerveaux fossiles », les pa-
léoanthropologues en sont donc réduits à
Broca, une aire clé
Située dans la 3e circonvolution frontale de l’hémisphère
dominant (gauche, chez la plupart d’entre nous), l’aire
de Broca est responsable du traitement du langage.
L’asymétrie que l’on observe, au niveau de cette zone,
entre les hémisphères gauche (où elle apparaît
plus renflée et saillante) et droit est donc interprétée
par les paléoneurologues comme un indice en faveur
d’une capacité langagière de l’espèce étudiée.
Mais quand cette mystérieuse asymétrie est-elle
apparue ? Probablement il y a très longtemps, avant
même la séparation de la lignée humaine d’avec elle
conduisant aux chimpanzés, plaide Antoine Balzeau,
qui a révélé dans une précédente étude publiée dans
« Journal of Human Evolution » qu’on l’observe aussi,
quoique de façon moins marquée, chez ces derniers.
Pour qu’éclose le langage, l’essentiel était donc en place,
cérébralement parlant, depuis le très lointain Toumaï…
Avec Homo erectus, apparu il y a deux millions d’années en Afrique avant de disséminer
dans tout l’Ancien Monde, le cerveau humain franchit une étape décisive. Photo Shutterstock
Petits humains,
petits cerveaux
Si, d’une espèce à l’autre,
la taille du cerveau
va en augmentant,
cette tendance a connu
de notables exceptions :
l Ainsi, « l’homme
de Florès », qui a vécu
au moins entre 800.000
et 50.000 ans
en Indonésie, avait
un endocrâne de 430 cm³.
l Sur l’île voisine
de Luzon, des humains
dénommés Homo
luzonensis et datés
d’il y a environ
50.000 ans avaient aussi
une toute petite stature.
l Enfin, Homo naledi,
qui vivait voici environ
300.000 ans en Afrique
du Sud, est une autre
originalité, avec ses 500
à 600 cm³ de cerveau.
Tous ces humains ont été
contemporains d’autres
dotés de cerveaux
bien plus volumineux.
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
des conjectures. Celles-ci se fondent pour
l’essentiel sur le fait que, du vivant d’un
individu, la surface externe du cerveau im-
prime diverses traces sur la surface interne
du crâne : traces du système veineux (sinus,
réseau méningé…) mais aussi et surtout tra-
ces de la structure cérébrale (limites entre
les lobes, zones anatomiques…).
Les paléoanthropologues moulent donc
la surface interne des crânes fossiles pour
obtenir ce qu’ils appellent des endocrânes.
C’est sur ces derniers que repose à peu près
toute la paléoneurologie (étude de l’évolu-
tion du cerveau), discipline fondée durant
l’entre-deux-guerres par la paléontologue
américaine Tilly Edinger (1897-1967), que
Stephen Jay Gould considérait comme
« l’une des scientifiques les plus remarqua-
bles du XXe siècle ». Mais dans quelle mesure
les reconstitutions ainsi obtenues consti-
tuent-elles des répliques fidèles des
cerveaux disparus ? En particulier, les re-
liefs et les dépressions de l’endocrâne cor-
respondent-ils bien aux circonvolutions et
aux sillons cérébraux ? La question est
d’importance, car si la taille du cerveau
(donnée par le volume endocrânien) comp-
te, sa structure, son architecture, ne comp-
tent pas moins.
Un flottement problématique
Rares sont les chercheurs, sur tous les
continents, à savoir interpréter les marques
laissées sur les parois internes des crânes ex-
humés de terre : une vingtaine peut-être.
Parmi eux, 14 ont accepté de se prêter au pe-
tit exercice que leur a soumis Antoine Bal-
zeau. Il s’agissait de reconstituer, à partir de
l’endocrâne d’un Homo sapiens (obtenu
grâce à une IRM de son crâne), la structure
putative de son cerveau. Mais cette fois, vous
l’aurez compris, une seconde IRM, du cer-
veau lui-même, faisait qu’il était possible de
confronter les conclusions des chercheurs à
la réalité. Histoire de ne pas se mettre au-
dessus du lot, l’auteur de l’étude de « Journal
of Anatomy » s’est lui-même livré à l’exerci-
ce, « à l’aveugle » comme ses collègues. Et les
résultats ont été pour le moins édifiants…
« Nous ne nous attendions pas à mettre en
évidence un tel taux d’erreur. Une fois sur
deux environ, la conclusion à laquelle l’un de
nous était parvenu se révélait inexacte. Nous
prenions un sillon pour un autre, nous ne le
14
placions pas tout à fait au bon endroit »,
constate, mi-désolé, mi-amusé, le cher-
cheur du CNRS en poste au Muséum natio-
nal d’histoire naturelle (et par ailleurs chro-
niqueur régulier dans ces colonnes). Un
flottement pour le moins problématique :
confondre le sillon central avec le sillon pré-
central, par exemple, comme cela est arrivé
à bon nombre des participants, revient à
échafauder des conclusions qui n’ont pas
lieu d’être sur le gyrus (ou circonvolution) si-
tué entre les deux – en l’occurrence le gyrus
précentral, qui joue un rôle clé dans la mo-
tricité. Attention donc aux affirmations du
type « le cerveau de telle espèce d’hominine
montre qu’il était tout à fait capable de mar-
cher comme vous et moi »…
L’étude de « Journal of Anatomy » ne vise
pas qu’à détruire à coups de marteau le peu
d’acquis à quoi se résume encore la paléo-
neurologie. Le double IRM (du crâne et du
cerveau) ayant été effectué sur 65 volon-
taires, l’analyse des données permettra, à
terme, d’établir sur la base de ce large
échantillon d’Homo sapiens un atlas précis
des correspondances endocrâne-cerveau,
au moins s’agissant de notre espèce. Mais ce
même atlas constituera aussi un très bon
« proxy » pour la plupart des espèces
d’Homo aujourd’hui éteintes, à l’exception
sans doute de la première d’entre elles,
Homo habilis, pour laquelle le trop petit
nombre de fossiles crâniens bien conservés
réduit à peau de chagrin ce que nous savons
de la structure de leur cerveau (dont le volu-
me tournait autour de 650 cm3).
Les paléoanthropologues
moulent la surface interne
des crânes fossiles
pour obtenir ce qu’ils
appellent des endocrânes.
C’est sur ces derniers
que repose à peu près
toute la paléoneurologie.
En matière d’évolution cérébrale, un
tournant survient avec l’avènement du
successeur d’Homo habilis, Homo erectus,
apparu il y a quelque 2 millions d’années en
Afrique. Homo erectus, c’est l’espèce des
grandes premières. Première à avoir une
taille (typiquement, 1,65 m pour un adulte
mâle) et surtout une silhouette sinon identi-
ques, du moins comparables à la nôtre, avec
des bras plus courts et des jambes plus
longues qu’habilis ou les australopithèques.
Première à faire usage de ces longues jambes
pour quitter le berceau africain et essaimer
jusqu’au Caucase, en Chine et en Asie du
sud-est (des fossiles d’erectus ont été trouvés
sur l’île de Java). Première à faire faire à l’hu-
manité deux sauts culturels décisifs, avec
l’invention du biface (cet outil phare de la
culture lithique de l’acheuléen, remarqua-
ble par sa double symétrie bifaciale et bila-
térale) et la domestication du feu. Première
aussi – et ce n’est sans doute pas un hasard –
dont le cerveau franchit la barre symboli-
que des 1.000 cm3. Un Rubicon cérébral.
Quelles que soient les incertitudes et les
zones d’ombre de la paléoneurologie, il pa-
raît clair qu’avec Homo erectus entre en
scène un cerveau dont la structure – et
probablement aussi les capacités – se rap-
prochent davantage de l’homme moderne
que du chimpanzé. Une structure et des ca-
pacités que reprendront, chacun à sa ma-
nière, le très gros (1.600 cm3) cerveau de
Néandertal et celui, à peine plus petit mais
de forme beaucoup plus globulaire, de sa-
piens : à l’époque où ces deux humanités
coexistaient, l’encéphale de sapiens affi-
chait un volume moyen de 1.500 cm3. La va-
leur de 1.350 cm3 observée actuellement
montre que l’encéphale de notre espèce est
allé rétrécissant au cours des trente derniers
millénaires. Pour quelle raison, c’est ce que
la paléoneurologie ne dit pas… n
15 Les Echos Lundi 4 décembre 2023
enquête
Une électricité mondiale
encore très carbonée
COP28 // L’Union européenne et les Etats-Unis pourraient plaider pour l’élimination progressive des énergies fossiles. Le cas de la
production d’électricité, premier émetteur de CO2 dans le monde, montre que tous les pays ne devront pas fournir les mêmes efforts.
Romane Roussel et Jules Grandin
’est un des principaux objectifs dé-
C fendus par le président émirati de la
COP28. Dans sa lettre aux partici-
pants de l’événement, Sultan Al Jaber appel-
le à tripler la capacité mondiale des énergies
renouvelables d’ici à 2030. Pour parvenir à
contenir le réchauffement climatique, le dé-
veloppement des énergies « propres » ne
sera pas suffisant, a toutefois rappelé le
20 novembre dernier le secrétaire général
de l’ONU, Antonio Guterres, appelant à « ar-
racher les racines empoisonnées de la crise cli-
matique : les énergies fossiles ». La Chine, pre-
mier pays émetteur d’émissions de gaz à
effets de serre, développe de manière spec-
taculaire ses énergies renouvelables tout en
continuant à recourir massivement au
charbon. Un antagonisme auquel s’étaient
déjà opposés l’Union européenne et les
Etats-Unis lors de la COP26 en Ecosse.
Le sommet avait abouti à un texte men-
tionnant pour la première fois l’objectif
d’une baisse de l’usage de ce combustible,
mais n’appelant pas à une réelle sortie des
énergies fossiles, gaz et pétrole compris. Ce
manque d’ambition s’explique par la diffi-
culté à trouver un consensus entre des pays
aux mix électriques très divers. Les émis-
sions de carbone générées par la produc-
tion d’électricité dessinent ainsi une géogra-
phie mondiale complexe.
La Chine et l’Inde en tête des pays
les plus pollueurs
Sur le cartogramme ci-dessus, chaque pays
est représenté par un cercle, dont la surface
est proportionnelle à ses émissions de CO2.
On constate que la Chine et l’Inde caraco-
lent en tête des pays les plus pollueurs. Mais
pour comparer les pays en faisant abstrac-
tion de leur taille, mieux vaut privilégier
l’indice d’intensité carbone, aussi appelé
« facteur d’émission ».
Représenté ici par un dégradé de cou-
leurs, il indique combien de grammes de
CO2 sont émis dans l’atmosphère lors de la
production d’un kilowattheure d’énergie.
Ainsi, certains pays ne sont pas parmi les
plus pollueurs en valeur absolue, mais la
majorité de l’électricité qu’ils produisent est
carbonée : c’est par exemple le cas du Maroc
ou de Cuba.
Plus globalement, ce cartogramme met
en évidence la responsabilité des pays
membres du G20, qui étaient à l’origine de
78 % des émissions de gaz à effet de serre
en 2021 selon le Programme de l’ONU pour
l’environnement (PNUE).
C’est également sur eux que se portent les
espoirs d’un changement radical, a souli-
gné la directrice exécutive, Inger Andersen :
« On compte 193 pays dans le monde et ce ne
sont pas ce que font les 173 autres qui feront la
différence. »
Ce déséquilibre sera au cœur d’autres dis-
cussions majeures lors de la COP28, qui de-
vront aborder le dédommagement financier
des pays qui subissent de plein fouet les
conséquences du réchauffement climatique
par ceux qui en sont le plus responsables.
Lire nos informations
( Page 6
 « La COP28» par Julie Jup pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Nouvelles Les fonctionnaires L’armée russe Tentative de coup

manifestations d’Alsace en défense augmente d’Etat en Guinée
L’ÉDITORIAL
DES « ÉCHOS »
pour les Palestiniens des jours fériés ses effectifs de 15 % AFRIQUE – Le président

' FRANCE – Des milliers

' SOCIAL – Des agents publics
' DÉFENSE – Le président ' bissau-guinéen a dénoncé

Dette et emploi, de soutiens au peuple pales-

tinien sont descendus dans
disent « non à la suppression
des jours fériés et chômés
russe, Vladimir Poutine,
a signé un décret ordonnant
une « tentative de coup
d’Etat » qui aura « de lourdes

même combat la rue samedi à Paris avec

des slogans réclamant un « cessez-
spécifiques à l’Alsace et
à la Moselle » dans une pétition
d’augmenter de 15 % le nombre de
soldats que compte l’armée russe,
conséquences » après des affron-
tements entre des éléments
le-feu permanent » dans le conflit de l’Institut du droit local alsacien- qui a expliqué cette hausse par de la Garde nationale, retranchés
La France a échappé à une dégradation de sa notation entre Israël et le Hamas et dénon- mosellan consultée dimanche « l’augmentation des menaces » dans une caserne du sud
financière, mais elle reste sous la menace, l’agence çant un « génocide » des Palesti- par l’AFP et signée par plus de liées au conflit en Ukraine. de la capitale Bissau, et les forces
S&P Global Ratings ayant maintenu, vendredi soir, niens. Dans la capitale, la manifes- 3.500 personnes. Les fonctionnai- L’armée devra compter 2,2 mil- spéciales de la garde présiden-
sa perspective négative. Le soulagement est légitime. tation a réuni 7.000 personnes, res déplorent les nouvelles règles lions de membres, dont 1,32 mil- tielle. Au moins deux personnes
Il faudra néanmoins tirer les leçons de cette décision, selon la Préfecture de police, d’harmonisation du temps de lion de soldats, selon ce décret ont été tuées lors de ces combats.
et ne pas s’imaginer que Paris s’en sortira toujours autant que le 19 novembre travail (1.607 heures par an), alors publié par le gouvernement. Le calme est revenu vendredi en
à si bon compte et que la dette française ne serait pas mais moins que le 4 (19.000) qu’en vertu du droit alsacien-mo- Le précédent décret, datant milieu de matinée avec l’annonce
un problème. et le 11 novembre (16.000). sellan, le vendredi avant Pâques d’août 2022, fixait le nombre de de la capture ou la reddition du
Le gouvernement va d’abord devoir tenir Une quarantaine de rassemble- et le lendemain de Noël s’ajoutent membres prévus à 2 millions, dont commandant de la Garde natio-
les engagements pris ces dernières semaines pour ments étaient organisés en France. aux jours fériés nationaux. 1,15 million de militaires. nale, le colonel Victor Tchongo.
échapper à une dégradation. Bercy a assuré que
les objectifs de déficit seraient respectés coûte que
coûte, en 2023 comme en 2024, ce qui n’est en rien LA PHOTO DU JOUR
acquis. Des promesses d’économies sur les dépenses
ont surtout été faites, avec le lancement de nombreux
audits concernant aussi bien l’Etat que la Sécurité
sociale ou les collectivités locales. La Première
ministre Elisabeth Borne, en apportant son appui
au ministère des Finances dans
cette démarche, donne du crédit
à ce chantier. Mais il va falloir
s’attaquer à des missions
budgétaires de grande ampleur,
alors que la première revue
de dépenses cette année a déçu.
L’un des meilleurs arguments
Par Etienne du gouvernement auprès
Lefebvre des investisseurs reste
la réforme des retraites
La France (près du quart des dépenses
publiques) votée cette année.
doit Autre atout de l’exécutif :
s’attaquer la résistance de l’économie,
à l’efficience et en particulier de l’emploi.
La chasse aux mauvaises
de ses dépenses ne doit donc pas
dépenses occulter la quête du plein-
et de son emploi, tout aussi indispen-
sable pour financer le modèle
modèle social. Les bons résultats
social. obtenus depuis 2017 pourraient
laisser croire que l’essentiel
a été fait pour déverrouiller le marché du travail. Les
difficultés persistantes des entreprises pour recruter
dans de nombreux secteurs alors que le chômage
remonte légèrement et reste supérieur à 7 % viennent
rappeler que le plus dur reste à faire. Surtout avec
une conjoncture beaucoup moins favorable.
Dans ce domaine, le logiciel macronien reste
tout à fait adapté. Il s’agit toujours d’apporter plus
de flexibilité et de fluidité à l’économie (le énième plan
de simplification en préparation pour les entreprises
est la preuve de l’inefficacité des précédents), tout
en renforçant les moyens d’adaptation des salariés
et des employeurs. Au vu des résultats décevants
des dispositifs de reconversion professionnelle PLUIE DE MINIMA POUR LES FRANÇAIS AU MARATHON DE VALENCE Cinq Français et quatre Françaises ont réalisé dimanche les minima olympiques lors du
et de la qualité encore très perfectible des formations marathon de Valence, en Espagne, remporté par l’Ethiopien Sisay Lemma et sa compatriote Worknesh Degefa. Chez les Françaises, Mekdes Woldu (photo) a long-
tout au long de la vie, on peut considérer que temps été sur les bases du record de France détenu depuis 2010 par Christelle Daunay, mais a échoué à quelques secondes en terminant en 2 h 24’ 44”. Premier
la recherche d’une meilleure efficacité de la dépense Français dimanche, Mehdi Frère a battu de plus de trois minutes son record personnel pour boucler les 42,195 km en 2 h 05’ 43”. Photo Stadion Actu/MaxPPP
peut parfaitement aller de pair avec une politique
de l’emploi plus offensive.

Lire nos informations

( Pages 2 et 3 4
0/1
MARDI
3/3
MERCREDI
3/6
JEUDI
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VENDREDI
6/8
6 15/16 12/17 13/16 10/15 8/11
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5
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5 MARDI 19/29 19/30 18/29 17/28 18/27
11 2 3/7
8 -3/0 3/5 3/4 0/4 2/4
9 19/23 17/24 20/22 16/23 16/24
11 1 10/11 10/14 10/12 10/12 7/9
12 6 5/5 7/11
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Ne ratez rien de l’actualité

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de votre secteur. 9 8 MERCREDI

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11/16 12/17 11/15 11/14 8/12

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5/10 3/10
 CAC 40
J 7.346,15 points
0,4839 % J 36.134,72 points
DEVISES EUR/GBP 0,8573 EUR/JPY 159,761 EUR/CHF 0,9473 GBP/USD 1,2687 USD/JPY 146,895 USD/CHF 0,8706 TAUX €STER 3,891 EURIBOR 3 MOIS 3,964 OAT 10 ANS 2,9852 T-BONDS 10 ANS 4,3519
Les pistes de Bercy pour relancer
le crédit immobilier
CRÉDIT
Romain Gueugneau
Les autorités continuent de chercher les
moyens de relancer le crédit immobilier, en
chute libre depuis plus d’un an et la brusque
remontée des taux. Dans une interview
accordée au « Parisien » dimanche, le minis-
tre de l’Economie et des Finances, Bruno Le
Maire, a annoncé que « de nouvelles mesures
pour assouplir davantage les conditions
d’octroi des crédits » allaient être étudiées ce
lundi, lors de la réunion du Haut Conseil de
stabilité financière, qu’il préside.
Le locataire de Bercy en aurait déjà discuté
avec le gouverneur de la Banque de France,
qui siège également au sein du Conseil. Plus
tôt dans la semaine, les courtiers avaient à
nouveau appelé à des aménagements sur les
normes HCSF, qui limitent la durée d’un prêt
à 25 ans et le taux d’endettement pour un
emprunteur à 35 %.
Allonger la durée du prêt
Parmi les pistes à l’étude figure notamment
la possibilité d’allonger la durée du crédit
pour les emprunteurs qui prévoient
d’importants travaux de rénovation. L’idée,
évoquée par Bercy dans « Le Parisien »,
serait de porter « jusqu’à 27 ans » la durée du
crédit accordé par les banques, si le montant
des travaux est équivalent à « au moins 10 %
du crédit total ». « Cela permettrait d’augmen-
ter la capacité d’endettement des emprun-
teurs », considèrent les équipes du ministre.
Le courtier Pretto avait fait une proposition
similaire un peu plus tôt dans l’année, en
suggérant d’« aménager les normes HCSF
pour les biens de haute performance énergéti-
que ou les projets d’acquisition incluant des
travaux de rénovation énergétique ».
Autre mesure qui sera étudiée ce lundi :
l’arrêt de la prise en compte du prêt relais
dans le calcul du taux d’endettement. Ce type
de crédit est accordé dans le cadre d’un projet
Les « doughnuts »
Krispy Kreme
font une arrivée en
France en fanfare
RESTAURATION Le premier magasin de
l’enseigne d’origine américaine ouvre ses
portes le 6 décembre à Paris. Le concept est
déployé dans l’Hexagone par une joint-ven-
ture entre Wagram Finances, qui en a les
deux tiers, et JAB Holding, le propriétaire de
la marque. Pour le lancement, 100.000
« doughnuts » ont été distribués. La montée
en puissance devrait être rapide. Dix empla-
cements ont déjà été signés pour des kios-
ques. Et l’objectif est aussi d’être présent
dans la grande distribution avec des pro-
duits livrés tous les jours. // PAGE 22
= LES ENTREPRISES CITÉES
Accor 28 FC Sochaux-Montbéliard
Auchan 38 33
Backacia 26 Holophane 27
Biocoop 33 Jacquet 26
BNP Paribas 30 King’Okaz 18
BPCE 31 Krispy Kreme Doughnuts
Canal+ 25 22
Casino 38 Label Emmaüs 33
Combat 24 La Nef 33
Eiffage 28 LumApps 23
Enercoop 33 Mobicoop 33
DOW JONES
0,5113 % n 1,0881 $
-0,0918 %
Bruno Le Maire souhaite notamment mettre en œuvre des procédures à l’amiable en cas de refus de prêt par les banques.
d’achat-revente de logement, en permettant
de disposer des fonds pour acheter un nou-
veau bien en attendant de céder l’ancien.
D’une durée plutôt courte, mais relative-
ment onéreux, ses conditions d’octroi se sont
durcies ces derniers mois.
Dernière piste à l’étude au sein du gouver-
nement, selon « Le Parisien » : la possibilité
pour les banques de déroger aux critères
d’octroi fixés par le HCSF (25 ans pour un
prêt, 35 % de taux d’endettement) pour 20 %
des dossiers, sur trois trimestres glissants et
Les banques
confrontées à la
crise de l’immobilier
commercial
FINANCE Après la faillite du promoteur
autrichien Signa, les grandes banques euro-
péennes font leurs comptes. Les établisse-
ments régionaux allemands, le suisse Julius
Baer, l’autrichienne Raiffeisen ou la filiale
locale d’UniCredit sont les plus exposées.
Mais les françaises BNP Paribas et Natixis
(Groupe BPCE) ne sont pas épargnées, avec
quelques millions d’euros d’exposition
selon nos informations. La Banque centrale
européenne suit le dossier de près, et le sec-
teur de l’immobilier commercial, fragilisé
par la brusque hausse des taux. // PAGE 30
Mousquetaires-Intermarché Signa 30
38 Société Générale 30, 38
Natixis 30, 31 Teach on Mars 23
Nerco 27 Telegraph 25
Peugeot Invest 30 Total 29
Pierre et Vacances - Center Toyota 20
Parcs 22 Viaplay 25
Radio Nova 24 Vinted 18, 19
Raiffeisen 30 Visiomed 29
Renault 20 Vivendi 28
SC Bastia 33 Worldline 28, 38
EURO/DOLLAR ONCE D’OR
J 2.045,4 $
0,4888 %
non plus sur un seul. Cette mesure avait déjà
été introduite lors d’une précédente réunion
du Haut Conseil, plus tôt dans l’année. Mais
des précisions pourraient être apportées sur
sa mise en application.
Face à la forte baisse de la production,
retombée au niveau de 2015 avec 9,2 mil-
liards d’euros en septembre, le gouverneur
de la Banque de France, opposé à un relâche-
ment général des règles d’octroi, s’est dit
ouvert récemment à « de nouveaux ajuste-
ments techniques, sous réserve qu’ils n’entraî-
La France autorise
les premières recherches de
réserves d’hydrogène « blanc »
ÉNERGIE
Dans la grande famille des hydrogènes,
celui dit « blanc » suscite de nombreux
espoirs. Et la France veut accélérer le
pas. Elle vient d’autoriser, pour la pre-
mière fois, un projet de recherche de cet
hydrogène naturel, un gaz présent dans
le sous-sol.
Ce permis, annoncé dimanche dans le
« Journal officiel », concerne les Pyré-
nées-Atlantiques et a été attribué à la
société TBH2 Aquitaine pour cinq ans. Il
porte sur des recherches de « mines
d’hydrogène natif, hélium et substances
connexes dit “Sauve Terre H2” », selon
l’arrêté signé par la ministre de la Transi-
tion énergétique et le ministre délégué
à l’Industrie. Il concerne une zone de
225 kilomètres carrés.
Forage dans deux ou trois ans
minimum
C’est le premier à être donné sur les six
demandes de permis qui ont été dépo-
sées, a indiqué le ministère de la Transi-
tion énergétique à l’AFP. Selon le fonda-
teur de TBH2 Aquitaine, interrogé par
PÉTROLE (BRENT)
n
81,16 $
-2,0398 %
Lundi 4 décembre 2023
www.lesechos.fr
Tom Nicholson/Sipa
nent pas de hausse du risque de surendette-
ment ». Il souhaite également mieux contrô-
ler les refus des banques aux ménages, en
mettant en œuvre « une procédure amia-
ble » entre les emprunteurs et les banques.
Un vœu partagé par le ministre de l’Econo-
mie. « Cette procédure doit permettre d’aider à
comprendre pourquoi le prêt a été refusé et,
éventuellement, si la situation de l’emprun-
teur le permet, conduire à une révision de la
situation », a déclaré Bruno Le Maire, dans
« Le Parisien ». n
l’agence, les travaux d’exploration peu-
vent commencer, notamment par des
études sismiques. Le forage n’intervien-
dra que dans deux ou trois ans, avec la
nécessité de nouvelles autorisations.
Dans le même département, une autre
demande de permis a été déposée en
mars par 45-8 Energy et Storengy (filiale
d’Engie), pour une surface un tout petit
peu plus grande.
Une aide à la décarbonation
Au mois de juin, de l’hydrogène blanc
avait été découvert de manière fortuite
dans le sous-sol lorrain, dans un forage de
la Française de l’énergie, en Moselle.
L’hydrogène blanc fait partie des sour-
ces d’énergie pouvant aider à la décarbo-
nation de l’industrie et des transports. S’il
n’en est qu’aux prémices, il s’ajoute à
l’hydrogène dit « vert », utilisant des
énergies renouvelables comme source.
Même si, aujourd’hui, l’hydrogène gris,
issu d’énergies fossiles, reste plus que
dominant.
En avril 2022, le Code minier français a
été amendé sur de nombreux points, dont
l’ajout de l’hydrogène naturel à la liste des
ressources minières. — Cl. B.
Jeux d’argent :
les chiffres
préoccupants
du marché illégal
JEUX
Yann Duvert
Par nature, une offre illégale est difficile
à mesurer, y compris sur Internet. Mais
les difficultés pour la contenir, et les
enjeux de santé publique qui en décou-
lent, ont poussé l’Autorité nationale des
jeux à se pencher sur la question. Et le
constat est sans appel. Le produit brut
des jeux (PBJ) de l’offre illégale en ligne
« se situerait entre 748 millions et 1,5 mil-
liard d’euros », selon une étude com-
mandée au cabinet PwC. Ce qui repré-
senterait 5 à 11 % du marché global des
jeux d’argent (offres légales et illégales
confondues) et de 20 à 34 % du PBJ du
marché des jeux en ligne. Dans la four-
chette haute, il atteindrait même le PBJ
des paris sportifs légaux (1,4 milliard).
Parmi les 9,5 millions de Français
ayant joué en ligne à un jeu d’argent ou
de hasard, près d’un tiers ont déclaré
avoir consommé une offre illégale au
moins une fois par mois en 2023. Ce qui
porterait leur nombre à « environ 3 mil-
lions ». La moitié d’entre eux en sont
d’ailleurs tout à fait conscients, souligne
l’étude. Pour rappel, toute offre de jeu
d’argent et de hasard est interdite en
France, sauf si elle est proposée par l’un
des 18 opérateurs agréés par l’ANJ.
Sans réelle surprise, la
montée en puissance du
casino en ligne (jeux de
dés, roulette, blackjack),
se confirme.
Sans réelle surprise, la montée en
puissance du casino en ligne (jeux de
dés, roulette, blackjack), se confirme.
Hors machines à sous, il attire plus de la
moitié (54 %) des consommateurs
d’offre illégale, soit plus de 1,5 million de
joueurs. Ces derniers misent en
moyenne de plus grosses sommes
(53 euros en moyenne, contre 42 euros
tous types de jeux confondus).
Pratiques de jeu
problématiques
Le sujet agite la filière des jeux d’argent,
au moment où l’environnement régle-
mentaire évolue pour faire une place
aux Jonum (pour Jeux à objets numéri-
ques monétisables). Et l’idée d’une léga-
lisation fait peu à peu son chemin. Les
casinotiers poussent depuis plusieurs
années le projet Jade (pour Jeu à dis-
tance expérimental), qui permettrait
aux seuls exploitants d’un établisse-
ment terrestre de proposer une offre de
casino en ligne. D’autres acteurs esti-
ment qu’une simple régulation sur le
modèle des autres types de jeu permet-
trait de capter l’offre illégale – du moins
en partie.
Le régulateur, de son côté, pèse le
pour et le contre. Certes, l’offre illégale
« présente des risques majeurs en
matière de santé publique et d’addiction
au jeu », reconnaît l’étude. « La part de
joueurs ayant des pratiques de jeu problé-
matiques est trois fois plus importante
parmi les consommateurs d’offre illégale
de jeux d’argent et de hasard en ligne
(66 %) que parmi les consommateurs
d’offre légale (22 %). » Mais les exemples
d’ouverture du marché à l’étranger
(Suède, Espagne, Italie, Belgique) ne
semblent pas vraiment concluants,
avec un marché illégal qui continue de
prospérer en parallèle de l’offre légale. n

ENTREPRISES
Comment la seconde main est passée du
de mode à la tendance lourde
l Sur Internet, Vinted dépasse
désormais tous les vendeurs
de vêtements neufs.
l Les produits d’occasion
sont commercialisés par de plus
en plus de marques dans tous les
secteurs : jouets, high-tech, luxe...
CONSOMMATION
Philippe Bertrand,
Clotilde Briard
et Virginie Jacoberger-Lavoué
La seconde main a pris une dimen-
sion inédite dans la vie des mar-
ques, des enseignes et des Français.
Elle concerne désormais tous les
secteurs, personne ne voulant pas-
ser à côté de ce mode d’achat
devenu plus courant.
Sa place dans les ventes monte en
puissance. Le phénomène de mode
un peu écolo devient une vraie ten-
dance de consommation, comme le
prouve le fait que Vinted est désor-
mais le premier site marchand tex-
tile dans le classement Médiamé-
trie, devant les discounters chinois
Shein, Temu et Aliexpress et loin
devant Zara, qui ne figure même
pas dans le Top 20.
De plus en plus
d’acteurs qui,
longtemps, n’ont juré
que par le neuf
ajoutent les objets
de seconde main
ou reconditionnés
à leur offre.
Du site de meubles et décoration
Made in design, doté aujourd’hui
d’un onglet seconde vie, au spécia-
liste de l’art de la table Christofle,
qui propose sa « collection vintage »
constituée de pièces anciennes res-
taurées, de plus en plus d’acteurs
qui, longtemps, n’ont juré que par le
neuf l’ajoutent à leur offre. La mar-
que de puériculture Babymoov a
récemment mis en place un pro-
gramme de rachat de ses produits
pour proposer du reconditionné
aux jeunes parents que la caution
de la griffe peut rassurer.
Ceux qui avaient déjà lancé le
mouvement accélèrent. Comme
Greenweez, site de vente de pro-
duits bio et marketplace écorespon-
sable. Il étend son offre de produits
de seconde main en ajoutant
l’ameublement et la mode aux
jouets et produits high-tech recon-
La grande revanche des friperies
L’inflation comprimant
le pouvoir d’achat, la chasse
aux bonnes affaires
et aux petits prix profite
aux enseignes vintage
bien établies et aux
magasins éphémères.
C’est la chasse aux bonnes affaires.
Même un vendredi de Black Friday,
les friperies parisiennes du quartier
des Halles accueillent une clientèle
d’habitués, des « modeuses » à la
pointe des tendances. Comme si les
vêtements d’occasion étaient deve-
nus, plus qu’un endroit où faire de
bonnes affaires, un « hot spot » pour
influenceurs.
« Le profil de la clientèle a changé »,
constate un expert de l’Institut fran-
ditionnés qu’il proposait déjà. Dans
la téléphonie mobile, d’ailleurs, déjà
21 % des smartphones vendus en
général sont reconditionnés ou
d’occasion selon le baromètre
Recommerce. Le monde du jouet
intègre le phénomène de manière
croissante, accompagnant autant
les attentes des consommateurs
que les obligations réglementaires.
Selon une étude menée par Cir-
cana pour Ecomaison, en 2022,
4,7 % du marché du jouet relevait de
la seconde main. Les différents scé-
narios feraient grimper le chiffre
entre 9 et 15 % à l’horizon 2030. Et la
France est plus avancée en la
matière que bon nombre de ses voi-
sins européens.
Dans les enseignes spécialisées
qui pratiquent le reconditionné, les
ventes atteignent plutôt, pour l’ins-
tant, 1 % du chiffre d’affaires global
en moyenne. Dans la dizaine de
magasins King’Okaz ouverts par
King Jouet, avec une offre combi-
nant occasion et produits neufs,
environ 30 % des volumes sont réali-
sés avec des références ayant déjà
servi. « Les gens viennent, au départ, y
apporter les jeux dont ils ne veulent
plus, pas forcément pour acheter de
seconde main. Une fois sur place, ils
se laissent tenter », constate Philippe
Gueydon, PDG de King Jouet. Celui
qui est aussi le coprésident de la
Fédération des commerces spécia-
listes du secteur note cependant que
ce n’est pas, aujourd’hui, une activité
rentable pour les acteurs tradition-
nels. Même si elle a son rôle à jouer
pour répondre aux attentes des
consommateurs.
Clientèle élargie
Dans les secteurs où les produits
d ’o c c a s i o n é t a i e n t d é j à b i e n
implantés, ce segment continue à
progresser. « En mode, le marché de
la seconde main a augmenté de 25 %
depuis la pandémie », précise
Laurence-Anne Parent, directeur
associé d’Advancy. Sur l’habille-
ment et le textile, la revente pesait
11 % en valeur en 2022 et 40 % en
volume, soit « deux vêtements sur
cinq achetés ».
Selon Roland Berger, le marché
de la seconde main de la mode se
concentre pour moitié en Europe,
les Etats-Unis ne représenteraient
que 25 % des ventes et l’Asie 15 %. La
çais de la mode. « Il y a deux catégo-
ries de clients de friperies, ceux qui
sont à l’affût de petits prix et ceux qui
recherchent le bon rapport qualité
prix sur une pièce à la mode tout en
étant dans une logique de déconsom-
mation », poursuit-il. Les magasins
de fripes situés vers la rue Rivoli
attirent aussi les touristes.
Après la pandémie, dans un
contexte d’arbitrages de consom-
mation, on a vu fleurir, au-delà des
traditionnels dépôts-ventes, des
pop-up stores consacrés à la fripe
dans les quartiers à la mode.
Certains misent sur les prix bas
avec parfois des articles à partir
0,95 euro ! D’autres ont un ancrage
mode, se concentrant parfois sur
une ou deux décennies dans des
Les grands magasins parisiens du boulevard Haussmann ont ouvert des espaces dédiés. Celui du Printemps, mise sur les vêtements et accessoires
taille du marché français est d’envi-
ron 8 % soit 8 milliards euros. « Les
arbitrages sont défavorables à la
mode dans un contexte d’inflation »,
pointe Gildas Minvielle, directeur
de l’observatoire économique de
l’Institut français de la mode (IFM).
La cible de clients s’est élargie après la
pandémie. Plus de 70 % des clients de
la seconde main assument être à la
recherche de petits prix. »
« Beaucoup d’enseignes se sont
mobilisées pour intégrer la seconde
main », note Yohann Petiot, direc-
teur général d’Alliance du com-
merce. Chez SMCP, Sandro, en 2021,
et Maje, en 2022, ont développé des
plateformes web pour la revente.
« On peut parler de cercle ver-
tueux », estime sa directrice géné-
rale, Isabelle Guichot. Les bons
d’achat obtenus s’élèvent en
moyenne à 70 euros. SMCP pense
avoir trouvé le bon modèle. Le
groupe envisage également l’ouver-
ture d’une boutique de seconde
main pour sa marque de mode
masculine Fursac. Les grands
magasins parisiens du boulevard
Haussmann ont déjà donné le ton
espaces éphémères exigus. Alors
que 621 établissements de com-
merce de la personne (habillement,
chaussures, bijoux) ont disparu
entre 2020 et 2023 à Paris, les solde-
ries ont gagné du terrain : sur la
même période, la capitale aurait vu
apparaître plus de 67 nouvelles fri-
peries, selon une étude de l’APUR.
Le commerce physique suit la dyna-
mique de la seconde main en ligne.
La fripe au kilo
Retro, rue de Turbigo (2e arrondis-
sement), magasin ouvert en 2020
en pleine pandémie, est l’une des
plus grandes friperies de Paris (plus
de 120 m2 répartis sur deux étages).
Quelque 10.000 produits, une offre
très étendue pour l’homme, la
Les chiffres clés
4,7 %
La part de la seconde main
sur le marché du jouet en
2022. Elle devrait atteindre
9 à 15 % à l’horizon 2030.
11 %
Le poids de la revente dans
l’habillement et le textile
en 2022. En volume, cela
représentait 40 %.
45
MILLIARDS D’EUROS
Le poids du marché du luxe
de seconde main en 2023.
femme, l’enfant. Le travail sur la
sélection des pièces a fait la réputa-
tion du lieu. « Le panier moyen est de
50 euros » détaille-t-on sur place.
Les manteaux grimpent à 150 euros
mais certains petits accessoires
sont proposés à 2 euros.
« Je m’y rends une à deux fois par
semaine pour jeter un coup d’œil aux
nouveautés. J’achète généralement
des vêtements, pas de souliers, car ils
sont trop chers », explique Jessica,
24 ans, assistante dans un labora-
toire médical. Outre la recherche
du bas prix, elle avance, comme
beaucoup de jeunes, l’envie de
moins consommer. « Je suis fière
qu’avoir supprimé les marques de
fast fashion », confie-t-elle. Sur les
portants, la veste de costume
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
avec des espaces dédiés au Prin-
temps, qui mise sur les vêtements et
accessoires de mode haut de
gamme, et aux Galeries Lafayette.
Toutefois, il n’est pas certain que la
revente puisse offrir un second
souffle aux enseignes de l’habille-
ment distancées par la fast fashion.
Rediv, ex-Patatam, diversifié dans
la collecte et la revente d’articles
d’habillement et de livres, et appor-
tant ses services à Kiabi, Auchan, La
Redo ute o u C arrefour, vi en t
d’annoncer son placement en
redressement judiciaire.
Horlogerie et joaillerie
en tête du luxe
De son côté, le marché du luxe de
seconde main devrait atteindre
cette année « 45 milliards d’euros, en
croissance de 4,6 % », estime Joëlle
de Montgolfier, directrice du pôle
luxe chez Bain & Co. « L’horlogerie et
la joaillerie représentent 80 % de ce
marché », rappelle l’experte.
Dans le secteur, ce mode d’achat
pourrait atteindre d’ici à 2030, 20 %
des revenus des entreprises, selon le
cabinet qui relève qu’en 2025, « les
homme est proposée à 30 euros. A
côté de son magasin de la rue Tur-
bigo, Retro a loué un espace à la
conciergerie de seconde main
Chenge, positionnée sur les créa-
teurs de mode et le luxe (Ami, Jac-
quemus, Fendi, Gucci…). Le maga-
sin éphémère connaît un tel succès
qu’il devrait devenir une adresse
fixe en 2024.
On est loin des friperies qui pro-
posent des vêtements au kilo. Cel-
les-ci ne sont néanmoins pas tou-
jours les plus accessibles. Dans les
enseignes KiloShop, le tarif au kilo
varie entre 20 et 60 euros. C’est bien
au-delà des prix proposés dans les
ventes solidaires. Mais Emmaüs
souffre de la concurrence de la
seconde main d’enseignes et des
18
clients de la revente représenteront la
moitié de ceux du luxe », réalisant
alors 40 % des achats contre 33 %
aujourd’hui. Signe des temps, Rolex
a lancé une campagne de publicité
pour lancer le label Rolex Certified
Pre-Owned pour garantir l’authen-
ticité des montres d’occasion ven-
dues par la marque.
A l’échelle mondiale, « la seconde
main représente autour de 100 mil-
liards d’euros, dont 33 % pour le
luxe » précise Yann Kretz, principal
partner chez Roland Berger. Direc-
trice générale de Collector Square,
spécialiste de la revente de luxe
(maroquinerie, joaillerie..), Osanna
Orlowski, se réjouit de voir que
l’augmentation des prix pratiqués
par les maisons de luxe « oriente les
clients vers la seconde main ». Au
sujet du commerce en ligne et pour
illustrer la généralisation du phéno-
mène, Marc Lolivier rappelle que
les études de la Fevad, la fédération
de l’e-commerce dont il est le délé-
gué général, indiquent que plus
d’un cyberacheteur sur deux et
deux tiers des jeunes avaient déjà
acheté un article d’occasion. n
plateformes comme Vinted. La
concurrence est vive entre fripe-
ries.— V. J.-L
NEWSLETTER
CARBONE ZÉRO
Impossible aujourd’hui de ne
plus se sentir concerné par la
transition écologique ! Chaque
semaine, nos journalistes
vous concoctent une sélection
d’articles pour vous aider à tout
comprendre de son impact sur
l’économie et les entreprises.
 19 Les Echos Lundi 4 décembre 2023
phénomène
de mode haut de gamme. Photo Riccardo Milani/Hans Lucas/AFP
Des cadeaux en bonne
place sous le sapin
Les intensions d’achats de
présents d’occasion pour
Noël montent en puissance,
avec un fort appétit des
plus jeunes générations.
S’il fallait une preuve que les
cadeaux de seconde main sont
entrés dans les mœurs, il suffirait
de visionner la dernière publicité
d’Orange. Dans une atmosphère
de préparatifs des fêtes de fin
d’année, une vendeuse répond
aux interrogations d’un homme
accompagné de sa fillette. Hési-
tant sur les modèles recondition-
nés, il est rassuré par la jeune
femme lui précisant que les télé-
phones sont vidés, révisés et tes-
tés. Avant de glisser à la petite fille :
« C’est le Père Noël qui s’en occupe ».
Les études sur les intentions
d’achat des Français confirment
la tendance. 38 % d’entre eux
comptent opter pour des cadeaux
d’occasion, selon l’enquête Noël
sous inflation de la Fevad avec
Toluna Harris Interactive. Parmi
ces consommateurs qui l’envisa-
gent, 19 % ont l’intention de faire
toutes leurs emplettes en seconde
main, soit 6 points de plus
qu’en 2022. Et 38 % y songent pour
la plus grande partie de leurs
courses.
Mais pas de raz-de-marée en
vue non plus. Il reste des tabous à
faire tomber. Le Sofinscope, baro-
mètre OpinionWay pour Sofinco,
relève ainsi que plus de Français
demandent des produits recondi-
tionnés et autres objets ayant déjà
eu une vie que de personnes
comptant en offrir, avec des écarts
allant de 5 à 8 points. Comme s’ils
avaient peur de décevoir ou de
passer pour pingres aux yeux de
leurs proches. Parmi les inten-
tions d’achat, les jeux qui ont servi
restent en tête de liste avec les
livres et autres produits culturels.
Mais ils devraient être un peu
moins nombreux que l’an dernier.
A l’inverse, sur ce créneau, les
vêtements montent en puissance,
comme les accessoires de mode
ou la décoration. Tout est égale-
ment une question d’âge, la caté-
gorie socioprofessionnelle
n’intervenant visiblement pas
vraiment dans l’équation. Alors
que les plus de 65 ans ne sont que
10 % à prévoir de mettre des objets
d’occasion dans leur hotte, les 25 à
34 ans sont 39 %, selon l’étude Opi-
nion Way x Greenweez.
Le prix, premier critère
« Les moins de 40 ans n’ont pas de
problème à offrir ce type de pro-
duits car ils font déjà partie de leur
quotidien à travers les téléphones
reconditionnés ou le prêt-à-por-
ter », juge Romain Roy, le PDG de
la plateforme de vente en ligne de
produits bio et éco-responsables
Greenweez. Tous âges confondus,
les motivations sont diverses.
Acheter moins cher reste le critère
numéro un pour 28 % des person-
nes interrogées par 4media
Group pour le groupe Momox.
Offrir des présents plus respec-
tueux de l’environnement vient
ensuite, avec 20 % des répondants.
La seconde main est également
perçue comme un gage d’origina-
lité pour un quart des sondés.
EBay observe, en outre, dans
un sondage réalisé par Kantar,
que les enjeux environnemen-
taux donnent aux plus de 45 ans
bien plus d’appétit que l’an der-
nier pour ce type de présents.
Cette montée en puissance de
l’occasion se traduit aussi dans les
chèques-cadeaux. La plateforme
d’avantages salariés Glady cons-
tate une hausse de 11 % de leurs
usages depuis le début de l’année
sur les sites spécialisés dans la
Vinted
seconde main. — Cl. B.
Vinted : la recette du nouveau roi
de l’habillement en ligne
C’est le numéro 1 de la vente
en ligne d’article de mode.
L’application spécialiste de
la seconde main cartonne
depuis dix ans dans
l’Hexagone. Un marché très
favorable pour la marque,
qui voit grand dans un
secteur ultra-concurrentiel.
Joséphine Boone
C’est une petite révolution dans le
monde de la mode en ligne. Au troi-
sième trimestre 2023, Vinted a été le
site spécialiste de mode le plus visité
en France chaque mois, loin devant
les chinois Shein et Temu ou les plus
classiques Zalando et La Redoute.
L’application lituanienne cartonne
dans l’Hexagone. Depuis son arri-
vée chez nous il y a dix ans, elle est
devenue une référence en matière
de seconde main. La France est
aujourd’hui son premier marché
avec 23 millions d’inscrits, même si
le Royaume-Uni et l’Italie raccro-
chent petit à petit.
« Tu ne le portes plus ? Vends-le ! »
résume le slogan. Vinted a opté pour
une version ultra-simplifiée de
l’achat de seconde main. Comman-
der un article met peu ou prou
autant de temps que sur n’importe
quelle autre plateforme d’e-com-
merce. « C’est comme si on achetait
sur Amazon », revendique le direc-
teur général de la marque, Thomas
Plantenga.
La société créée en 2008 affiche
une croissance de son chiffre d’affai-
res de 51 % en 2022, à 370 millions
d ’e u r o s , a v e c p r è s d e 2 . 0 0 0
employés. La croissance devrait être
comparable en 2023, assure la
direction. Les revenus sont tirés de
la « protection acheteur » payée par
les clients pour chaque transaction,
et par les suppléments déboursés
par les vendeurs pour booster la
visibilité de leurs articles. Pourquoi
un tel succès ? Si l’appli avait déjà ses
habitués avant 2020, les télécharge-
« La France est largement en tête
du mouvement en Europe »
Comment se fait-il que la
France soit un tel succès
pour Vinted ?
La France a toujours été un bon
marché pour Vinted. Les Français
aiment la mode, cela fait partie de
leur culture. Evidemment, l’appli-
cation offre certains avantages sur
le volet du pouvoir d’achat, mais
également d’un point de vue du cli-
mat, sujet auquel les Français sont
également sensibles. Et notre entre-
prise entre pleinement dans cette
démarche. La Grande-Bretagne et
l’Italie essaient de rattraper le mar-
ché tricolore mais la France est
encore largement en tête du mou-
vement de la seconde main en
Europe. Si nous avons réussi ici,
c’est aussi parce que l’écosystème
Il a dit
« Si nous avons
réussi ici, c’est aussi
parce que l’écosys-
tème entrepreneu-
rial français a contri-
bué à notre succès,
avec des entreprises
comme MangoPay
ou Mondial Relay. »
ments se sont accélérés avec la pan-
démie de Covid, alors que les maga-
sins d’habillement sont restés fer-
més durant plusieurs mois. Mais,
surtout, le prix, véritablement inté-
ressant dans la seconde main, est un
avantage comparatif déterminant
dans un contexte inflationniste où
les acheteurs sont à la recherche des
bonnes affaires.
Consommation de crise
« On est en train de voir s’installer un
mode de consommation de crise,
explique Gildas Minvielle, directeur
de l’observatoire économique de
l’Institut français de la mode (IFM).
Avec le choc de l’inflation, les ménages
font des arbitrages et sacrifient l’achat
de vêtements neufs », ajoute-t-il. En
témoigne la profonde crise que tra-
verse le secteur de l’habillement
milieu de gamme. Cette tendance
sert d’accélérateur pour Vinted. En
L’entreprise née en Lituanie affichait une croissance de 51 % en 2022. Photo Kermalo/RÉA
THOMAS
PLANTENGA
PDG de Vinted
entrepreneurial français a contri-
bué à notre succès, avec des entre-
prises comme MangoPay ou Mon-
dial Relay. Cela nous a aidés à créer
un environnement favorable pour
notre business model.
Pensez-vous à une future IPO ?
Il y a quelques mois, il y a eu un buzz
quand j’ai dit que nous étions théo-
riquement prêts pour une intro-
duction en Bourse. Mais nous
n’avons pas prévu de le faire dans
l’immédiat. Nous sommes prêts,
nous sommes une société mature et
avons mis en place tous les proces-
sus pour continuer notre évolution.
Nous sommes pour le moment
dans une phase d’innovation. Notre
situation financière est solide, mal-
gré le contexte macroéconomique
difficile, car nous sommes indépen-
dants des marchés financiers et de
tout autre acteur.
Sur Vinted, de plus en plus
de vêtements d’ultra fast
fashion sont vendus. Cela
correspond-il encore à votre
modèle d’engagement
environnemental ?
Vinted en tant qu’entreprise n’a pas
la possibilité de choisir ce qui est
vendu en Europe et ce qu’achètent
les consommateurs. En revanche,
nous pouvons agir pour que les vête-
ments soient utilisés le plus long-
ENTREPRISES
particulier sur certains types d’arti- qualité (très) médiocre se multi-
cles : près de la moitié (44 %) des plient à des prix dérisoires, loin de
vêtements bébé achetés en ligne le l’idéal durable d’origine.
sont sur Vinted, d’après Kantar. Et Heureusement pour Vinted, le
au-delà des bonnes affaires, ceux fait d’acheter des vêtements déjà
qui vendent leurs habits peuvent portés n’est plus tabou. « C’est devenu
amasser un petit pécule chaque une démarche dans l’air du temps, en
mois. Même si la qualité de la pro- accord avec des modes de consomma-
tection clients est encore régulière- tion plus durables, atteste Gildas
ment critiquée par les utilisateurs. Minvielle. On ne cache pas le fait que
Si l’appli cartonne, le secteur n’en l’on chine sur Vinted ». Si la plate-
reste pas moins concurrentiel. Cer- forme accueille désormais bien plus
t a i n e s p l a t e f o r m e s ve n d e n t de diversité d’articles, la direction
aujourd’hui des habits neufs à des affirme rester concentrée sur la
prix autrefois inimaginables. Sur le mode. L’objectif serait de gagner des
site Shein, on trouve des tee-shirts parts de marché par rapport à
ou autres robes à moins de 10 euros, d’autres acteurs, comme Lebon-
comme sur le site du nouveau venu coin ou Vestiaire Collective, le spé-
du secteur de l’ultra fast fashion, cialiste du luxe. D’après l’Institut
Temu. De quoi se demander pour- français de la mode, le marché de la
quoi les ménages continueraient à mode seconde main a représenté
acheter de la seconde main. C’est 6 milliards en 2022 en France. Con-
aussi une des critiques adressées à tre un total de 26 milliards pour
l’appli : les ventes de produits de l’ensemble de l’habillement. n
temps possible, avant d’être recyclés sommes en train de travailler. En ce
ou définitivement jetés. Notre but, qui concerne la livraison, nous
c’est que quelqu’un achète un article essayons beaucoup de choses. En
de seconde main à la place d’un pro- France, par exemple, on nous disait
duit neuf. Sur Vinted, 39 % des que le système des casiers ne fonc-
achats remplacent un achat neuf, tionnerait pas, mais aujourd’hui,
soit plus d’un article sur 3. nous avons plus de 1.000 casiers sur
le territoire français et nous som-
Quels sont les projets à venir mes contents du résultat. Je pense
pour Vinted ? que le marché de la livraison va
Nous continuons à innover sur plu- devoir se tourner vers des solutions
sieurs sujets, comme celui des paie- plus écologiques s’il veut être
ments, par exemple. C’est l’un des pérenne.
gros chantiers sur lesquels nous — Propos recueillis par J. B.
ANNLEGALECH
annonces judiciaires & légales
RAPPEL - MAIRIE DE VILLENEUVE – SAINT - GEORGES
Arrêté du Maire présumant bien vacant et sans maître la parcelle située au
2 Chemin des Pêcheurs à Villeneuve – Saint – Georges et cadastrée section
AS parcelle n° 88 pour une superficie de 184 m² :
Vu l’arrêté municipal N°70 en date du 06/07/2023 relatif à la parcelle suivante sise
Villeneuve – Saint – Georges :
- AS 88 située au 2 Chemin des Pêcheurs superficie 184 m².
Au cas où les propriétaires ne se seront pas fait connaître dans un délai de 6 mois,
à dater de l’accomplissement de la dernière des mesures de publicité prévues
dans l’arrêté précité, l’immeuble susvisé sera considéré comme bien vacant et
sans maître, le Conseil Municipal pourra l’incorporer dans le domaine privé de la
commune.
Les frais afférents à ladite procédure seraient imputés au propriétaire ou à ses
ayants droits au cas où ils se feraient connaître. De même, ils acquitteraient toutes
les charges et dépenses afférentes à la conservation du bien.
EP 23-378 / contact@publilegal.fr
La ligne de référence est de 40 signes
en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75,78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
ENTREPRISES Lundi 4 décembre 2023 Les Echos 20

Voiture électrique : l’étonnante stratégie

de Toyota dans l’Union européenne
l Le constructeur japonais ne commercialise qu’un seul modèle 100 % à batteries.
l Il compte sur ses motorisations hybrides pour gagner du temps, au risque de voir la concurrence prendre le large…
AUTOMOBILE
Guillaume Guichard
Pour Toyota, la révolution électri-
que peut attendre. Le constructeur
japonais a précisé la semaine der-
nière à Bruxelles son offensive dans
l’électrique en Europe, sans pour
autant appuyer sur l’accélérateur.
« Nous nous sentons plus prêts
qu’avant pour prendre la place qui
est la nôtre sur le marché de l’électri-
que », martèle Andrea Carlucci,
vice-président de Toyota Motor
Europe. Longtemps rétif à dévelop-
per une gamme tout électrique, le
numéro un mondial du secteur
n’aura pas de gamme complète de
voitures à batteries avant 2026.
Pour faire patienter clients et
observateurs, il a présenté deux
nouveaux concepts aux lignes ten-
dues et aux angles acérés. Le pre-
mier, le plus éloigné du design final,
est un crossover sport (un croise-
ment entre un SUV et une berline) et
ne sera commercialisé qu’en 2025.
La deuxième des deux futures
voitures dévoilées lundi en Europe,
un SUV citadin de segment B,
devrait faire son entrée sur le mar-
ché l’année prochaine. Ce véhicule
viendra rejoindre dans les conces-
sions la seule voiture électrique de
la marque. A savoir le bZ4x, com-
mercialisé depuis septembre en
France et importé du Japon.
Pas de modèle pas cher
permettre. Grâce à ses modèles
hybrides à succès, il fait davantage
que remplir les objectifs de diminu-
tion des émissions de CO2 imposés
aux constructeurs par l’UE. Son
mix est « électrifié » – comprendre
surtout hybride – à hauteur de 71 %.
Il vise 75 % en 2024.
Malgré le peu d’enthousiasme de
la direction de Toyota ces dernières
années sur les véhicules 100 % élec-
triques, les équipes de R&D du
géant automobile planchaient dis-
crètement sur des ruptures tech-
nologiques présentées comme
majeures. Un domaine que peu de
concurrents ont investigué eux-mê-
mes, se reposant plutôt sur des
fournisseurs, ou au mieux sur des
coentreprises avec des spécialistes.
Des batteries innovantes
Toyota vise une industrialisation de
ses nouvelles technologies, dévoi-
lées cet été, à horizon 2026. Celles-ci
seraient plus denses et moins chè-
res. Cette performance laisse scepti-
ques les spécialistes ès batteries de
Brass North America, interrogés
par les analystes d’UBS.
Mieux, Toyota assure être main-
tenant très proche du Graal des
fabricants de batterie, la batterie
solide. Manifestement en avance
sur le sujet, le japonais n’inondera
pas le marché avec cette technolo-
gie permettant davantage d’autono-
mie et des temps de recharge deux à
trois fois plus rapide. Le groupe
anticipe une production de « plu-
sieurs dizaines de milliers de voitu-

Toyota est le seul grand construc-
teur à forte présence en Europe à ne
pas avoir de gamme plus large. Stel-
lantis en compte 13, Volkswagen
Group plus d’une dizaine égale-
ment, Renault une demi-dizaine à
partir de l’année prochaine. Le
constructeur japonais ne semble
pas non plus à ce stade miser sur un
véhicule électrique à moins de
25.000 euros, qui focalise l’atten-
tion de ses concurrents.
« Nous ne sommes pas dans cette
course, a reconnu Andrea Carlucci.
Mais nous devons nous en préoccu-
per. » Certes, un jour, le japonais
devrait commercialiser une cita-
dine Yaris électrique. « Ce sera tout
naturel à un moment donné », a
reconnu le dirigeant. Probablement
en 2026, pour compléter sa future
gamme de six véhicules à batterie.
En attendant, Toyota renvoie les
clients qui veulent des voitures plus
accessibles vers les motorisations
essence voire hybride. Une autre
façon de justifier la stratégie multi-
énergie du groupe. Si le japonais
prend le temps, c’est qu’il peut se le
res » à horizon 2028. Soit quelques
dixièmes du marché global de la
voiture électrique. n
Des coupe-files à 150 euros pour recevoir en priorité la future R5
Les acheteurs de ce passe
pourront passer
commande avant
le grand public.
Une initiative marketing
inédite pour la marque
au losange. Décryptage.
Lionel Steinmann
Renault ne semble pas douter de
l’engouement pour sa future R5
électrique. Alors que la voiture
arrive dans les concessions à
l’automne 2024, le constructeur a
mis en vente depuis jeudi, au prix
de 150 euros, un coupe-file qui per-
mettra de passer commande en
avance, et d’être parmi les premiers
à recevoir son véhicule.
Le Toyota Urban SUV Concept. Le numéro un mondial du secteur n’aura pas de gamme complète de voitures à batteries avant 2026.
Ce « R5 R Pass » ressemble
d’autant plus à un acte de foi pour le
client que le modèle n’a pas encore
été dévoilé, tout comme son prix :
le constructeur s’est jusqu’ici
contenté d’indiquer que le tarif de
l’entrée de gamme serait d’« envi-
ron 25.000 euros ». Pour être fixé, il
faudra attendre le 26 février lors du
Salon automobile de Genève.
Dix jours d’avance
Disponible dans sept pays euro-
péens, le passe donnera droit à une
R5 miniature lorsque celle-ci aura
été présentée au public, et à l’accès
« à des contenus et des événements
autour de la Renault 5 en avant-
première », indique le communi-
qué. Les bénéficiaires pourront
surtout passer commande dix
jours avant le grand public. Et
seront ainsi parmi les premiers à
récupérer leur voiture « grâce à la
priorisation de la production ».
50 euros seront
reversés à
une association.
La vente de coupe-files est une
pratique fréquente dans les parcs
d’attractions, pas dans l’indus-
trie automobile. Pour Renault,
« c’est une première », confirme le
constructeur. Dans le secteur, les
formules pour « happy few » pas-
sent plutôt par la production d’une
série limitée. « Lorsqu’un modèle
suscite une forte attente, il arrive que
la marque sorte en amont une ver-
sion spéciale à quelques centaines
d’exemplaires, avec une décora-
tion ou des accessoires exclusifs,
confirme Jean-Pierre Diernaz,
directeur de la stratégie chez Motor
K. C’est une pratique assez classique
dans le premium allemand. »
Entretenir la ferveur
« Avec cette initiative, Renault suit la
même logique, poursuit-il, tout en
évitant le risque de se retrouver avec
des modèles spéciaux invendus sur
les bras. C’est assez malin. »
A 150 euros le passe, Renault ne
vise pas à générer des bénéfices,
d’autant que la marque précise que
Toyota
50 euros seront reversés à une
association. L’objectif est plutôt
d’entretenir la ferveur et la fierté
des clients les plus déterminés, qui
se comporteront ensuite comme
des ambassadeurs du modèle.
« Cela vise à entretenir l’aspect ico-
nique de ce modèle », analyse Jean-
Pierre Diernaz.
Ce spécialiste du marketing
automobile ne doute pas du succès
de la démarche, mais seulement
en France, là où la dimension patri-
moniale, voire patriotique, de
l’ancienne R5, est la plus marquée.
En parallèle, Renault va sortir les
grands moyens sur le plan publici-
taire, avec d’ores et déjà une cam-
pagne de teasing pour préparer le
lancement. n

Le Japon et l’Europe réussissent un pas crucial vers la fusion nucléaire

ÉNERGIE
Le plus grand réacteur
expérimental à fusion
nucléaire du monde
a été inauguré,
vendredi, au nord
de Tokyo.
Yann Rousseau
— Envoyé spécial à Naka
Dans une machine haute de cinq
étages, sorte de sphère autour d’un
tore géant, les chercheurs japonais
et européens viennent de réussir à
générer, pour la première fois et
pendant dix secondes le plasma
– un nuage de gaz ionisé – nécessaire
à la production, dans le futur, d’une
énergie par fusion nucléaire. A une
température de plus de 15 millions
de degrés Celsius. « Ce qui se passe ici
aujourd’hui va avoir demain un
impact sur la création de l’énergie de
fusion pour l’humanité », s’est
enthousiasmé Marc Lachaise, le
directeur de Fusion for Energy, venu
assister, vendredi, à l’Institut natio-
nal japonais pour la science et la
technologie quantiques (QST) d’Iba-
raki, à l’inauguration de ce réacteur
expérimental baptisé « JT-60SA ».
Si plusieurs nations ont déjà
réussi à créer du plasma, aucune
n’avait encore réussi à en produire
dans d’aussi grandes quantités.
« Nous avons réussi à générer un
volume record de 160 m3 , insiste
Satoru Higashijima, l’un des cadres
du QST. C’est un record et nous allons
aller encore plus loin. »
La génération de ce plasma doit
permettre d’affiner les technologies
utilisées dans Iter, le réacteur de
fusion expérimental, deux fois plus
grand, en cours de construction à
Cadarache, en France, dans le cadre
d’un projet de coopération interna-
tionale regroupant l’UE et le Japon,
mais aussi la Chine, la Corée du Sud
ou encore les Etats-Unis.
Graal de la transition
énergétique
« Le JT-60SA n’a pas vocation à pro-
duire de l’énergie, mais à produire du
plasma et à apprendre à le contrô-
ler », insiste Sam Davis, l’un des
chefs du projet, détaché sur place
par l’organisation européenne
Fusion for Energy. « Les connaissan-
ces que nous accumulons ici vont
servir au développement d’Iter puis
de son successeur Demo », détaille le
chercheur. La machine Demo utili-
sera, à l’horizon 2050, la chaleur
phénoménale que permet la fusion
pour produire de la vapeur puis de
l’électricité, grâce à des turbines et à
des alternateurs classiques. Tous
ces développements doivent per-
mettre d’enfin maîtriser la fusion
nucléaire, ce Graal de la transition
énergétique promettant une élec-
tricité décarbonée, très abondante,
sans matière fissile et peu généra-
trice de déchets nucléaires. Au QST,
les scientifiques planchent sur cette
technologie depuis des décennies
avec l’espoir d’arriver à recréer arti-
ficiellement la réaction physique
qui se déroule au cœur du soleil.
Alors que les réacteurs actuels
produisent de l’énergie par fission
nucléaire – en cassant des noyaux
d ’a t o m e s l o u r d s – , l a f u s i o n
nucléaire vise, elle, à récupérer la
gigantesque énergie dégagée lors-
que des noyaux légers se percutent
à très grande vitesse et fusionnent,
dans un phénomène similaire à
celui qui crée la lumière et la cha-
leur des étoiles.
Pour obtenir cette réaction,
les chercheurs du JT-60SA font
« chauffer » au sein de leur machine
géante, baptisée un « tokamak », de
l’hydrogène et du deutérium (un
isotope stable de l’hydrogène) pour
créer un plasma qu’il confine et sta-
bilise en lui imposant des champs
magnétiques très puissants.
De nombreux obstacles
Ces champs sont générés par une
vingtaine de bobines supraconduc-
trices géantes, dont la moitié ont été
produites à Belfort par GE Power,
sous la responsabilité du CEA. Au
sein d’Iter, le plasma sera, pour plus
d’efficacité, composé de deutérium
et de tritium, un isotope plus coû-
teux, plus radioactif et quasi inexis-
tant dans la nature.
Si la performance du QST est célé-
brée par l’industrie comme un pro-
grès historique, il ne marque qu’une
étape sur le chemin de la fusion
nucléaire et arrive très en retard sur
les plans initiaux des scientifiques.
Le JT-60SA aurait dû être mis en
service en 2016. Mais il a accumulé
des problèmes de conception,
d’approvisionnement en combusti-
ble avant d’être retardé par le grand
séisme de 2011 sur la côte nord-est
du Japon, dont il est proche. Suite à
des essais en 2021, les équipes ont
aussi dû revoir la sécurité de l’ali-
mentation des bobines magnéti-
ques supraconductrices.
Tous les autres grands projets de
réacteurs à fusion développés dans
le monde, soit par des agences gou-
vernementales, soit par des entre-
prises privées, se heurtent à des obs-
tacles techniques similaires. Prévu
à l’origine pour 2025, le premier
plasma du réacteur Iter ne devrait
ainsi pas être généré avant le début
des années 2030. n
 Pafois, moins
de YouTube,
c’est mieux.

Sur YouTube, une notiication est envoyée toutes les 75 minutes pour rappeler aux ados
qu’il est temps de faire une pause. Ils reçoivent aussi un rappel à 22h, pour leur signaler
que le moment est venu d’aller se coucher. Ces rappels sont activés par défaut pour les
utilisateurs de 13 à 17 ans ain de les aider à comprendre, petit à petit, que pafois, moins
de YouTube, c’est mieux. Pour mieux gérer le temps qu’ils passent sur Internet et trouver
d’autres fonctionnalités de sécurité spécialement conçues pour protéger les enfants et
les adolescents, rendez-vous sur families.google

Nous rendons Internet plus sûr pour les enfants et les adolescents.
ENTREPRISES
Le plan des « doughnuts » Krispy
Kreme pour croquer la France
ALIMENTATION
Avec la distribution
de 100.000 produits
et une campagne
rythmée de publicité,
l’enseigne d’origine
américaine a préparé
le terrain.
Le 6 décembre,
elle ouvre son
premier magasin
dans l’Hexagone.
Clotilde Briard
De nombreux Franciliens ont déjà
pu goûter les gâteaux de Krispy
Kreme avant même l’ouverture de
la première boutique de l’enseigne
d’origine américaine présente dans
plus de 35 pays. Pas moins de
100.000 doughnuts – orthographe
que préfère l’entreprise à donuts
pour se démarquer de la concur-
rence –, ont ainsi été distribués
durant dix jours dans les rues. Avec,
à la clé, de longues queues dépas-
sant les attentes des organisateurs.
Pour l’arrivée de ce premier point
de vente dans l’Hexagone, le terrain
a été savamment préparé par la
joint-venture dont Wagram Finan-
ces, qui a pour enseigne phare
Columbus Café, est actionnaire
aux deux tiers, le reste appartenant
à JAB Holding, le propriétaire de
Krispy Kreme. Car si les Français
ayant vécu outre-Atlantique, y
ayant souvent voyagé ou grands
amateurs de séries américaines,
connaissent bien la marque, elle
a encore besoin de gagner en
notoriété.
Faire vivre une expérience
« Dans un pays de gourmandise
comme le nôtre, il y a de la place pour
ce morceau de la pop culture améri-
caine. Le produit est dans l’air du
temps », estime Alexandre Mai-
zoué, directeur général de Krispy
Kreme Doughnuts France.
Le vaisseau amiral de la marque,
qui emploie une centaine de per-
sonnes, entrera en ser vice le
6 décembre au cœur de Paris,
au Westfield Forum des Halles,
sous la canopée, c’est-à-dire avec un
accès par l’extérieur facilitant
l’achat d’impulsion. Il prévoit la
production sur place de 3.500 dou-
zaines pour la première journée
d’exploitation.
Le Haut-commissariat au plan préconise la relance de l’aquaculture
AQUACULTURE
Poissons et produits
de la mer sont très
dépendants des impor-
tations. Ce qui creuse
le déficit commercial.
Le Haut-commissariat
au plan, présidé par
François Bayrou,
estime que le dévelop-
pement de fermes
aquacoles est
une solution.
Dominique Chapuis
Saumon fumé, crevettes, coquilla-
ges seront en vedette sur les tables
des fêtes en fin d’année. Pourtant,
excepté les huîtres et les moules, la
majorité des produits de la mer sont
importés. Et pour certains d’Asie
avec une production dans des condi-
tions sanitaires difficiles à contrôler.
Aujourd’hui quatre poissons
d’élevage sur cinq consommés en
France viennent de l’étranger, selon
Fin 2024, les produits de Krispy Kreme devraient être disponibles dans une soixantaine de lieux.
« Le magasin est traité comme un
concept-store, mettant en valeur
le doughnut comme sa fabrica-
tion devant le client. La marque pro-
pose une expérience à part avec la
possibilité de le manger chaud »,
détaille Alexandre Maizoué. A des
moments clés, le panneau « Hot
Now » s’illumine, indiquant au pas-
sant qu’ils sont en préparation. Une
trentaine de places assises est aussi
prévue avec de petites touches évo-
quant les brasseries parisiennes.
Comme le précise le dirigeant, la
marque se veut « glocale », c’est-à-
dire à la fois globale et locale.
Miser sur le clin d’œil
Même clin d’œil franco-américain
dans la campagne de publicité, con-
fiée à l’agence Buzzman, à qui l’on
doit notamment les communica-
tions de Burger King. Les affiches
jouent avec les friandises hexa-
gonales phares. Et proclament :
le Comité interprofessionnel des
produits de l’aquaculture. Le sau-
mon dont les Français sont les pre-
miers amateurs en Europe est
importé à 95 %.
Résultat, avec la pêche, le secteur
affiche le second plus grand déficit
de notre balance commerciale, un
trou qui ne cesse de se creuser, car
la consommation, elle, progresse.
« Il a atteint 5,7 milliards d’euros
en 2022, et 5,6 milliards sur les douze
derniers mois », précise François
Bayrou, Haut-commissaire au plan.
Un secteur « stratégique »
L’institution vient de publier un rap-
port sur « le développement de
l’aquaculture, un enjeu de souverai-
neté alimentaire ». Un secteur « stra-
tégique » selon, elle, dans lequel la
France « a la capacité de produire à
des coûts concurrentiels et dans des
conditions satisfaisantes au niveau
environnemental ». Pour la daurade,
le saumon, les crevettes et le thon
(l’indice sashimi), qui sont les prin-
cipaux produits importés, le déficit
en volume atteint près de 400.000
tonnes par an.
A ce jour, l’aquaculture française
(un peu plus de 190.000 tonnes
« Pain au chocolat ou chocolatine ?
Fin du débat » au-dessus d’une
boîte de douze pièces ou « Le
meilleur croissant de Paris », avec,
en gros plan, un doughnut en partie
croqué, ce qui lui donne la forme de
la viennoiserie.
Une campagne qui avait un volet
affichage sauvage dans les rues de
Paris, ce qui a suscité l’ire de la Mai-
rie. « Il faut frapper fort d’emblée. La
tonalité de la campagne montre à quel
point il s’agit d’une marque un peu dif-
férente, avec laquelle on peut s’amu-
ser », défend Georges Mohammed-
Chérif, président et directeur de la
Création de Buzzman.
L’arrivée de la griffe correspond à
un moment où le doughnut (ou
donut) monte en puissance en
France. « La pause sucrée est, au
départ, très anglo-saxonne. Mais, en
Europe, elle se fait plus présente
auprès des nouvelles générations. Et
la pâtisserie à l’américaine a pris de
toutes filières confondues) ne
couvre à elle seule que 8,7 % des
besoins nationaux. Concernant
l’élevage de poissons marins, avec
une vingtaine d’entreprises, sa
production ne dépasse pas celle de
la plus grande ferme de daurades
aquacoles en Grèce. Une goutte
d’eau.
« Si on ne veut pas épuiser les espè-
ces dans les océans surexploités, et
préserver la biodiversité, il faut réflé-
chir à une démarche de production
respectueuse du milieu », estime
François Bayrou. Problème, à côté
des parcs à huîtres et autres exploi-
tations conchylicoles inscrites his-
toriquement dans le paysage, les
projets de fermes aquacoles ren-
contrent de nombreuses opposi-
tions sur le terrain.
80 %
DES POISSONS D’ÉLEVAGE
consommés en France viennent
de l’étranger, selon le Comité
interprofessionnel des produits
de l’aquaculture.
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
Pierre & Vacances
– Center Parcs
continue de
remonter la pente
TOURISME
Le groupe français
a enregistré un
chiffre d’affaires
en forte hausse
lors de son exercice
2023.
Seule une déprécia-
tion de ses résiden-
ces Senioriales,
qu’il s’apprête à
vendre, l’empêche
d’atteindre
la rentabilité.
Yann Duvert
L’objectif d’un retour à une ren-
tabilité durable, fixé par la
direction de Pierre et Vacances -
Center Parcs, semble désor-
mais à portée de main. Le
groupe français, qui a présenté
vendredi les résultats de son
exercice 2023 (clôt le 30 sep-
tembre), est toujours porté par
la vigueur du tourisme et voit
son plan de redressement por-
ter ses fruits.
Il a enregistré un chiffre
Krispy Kreme d’affaires global de 1,91 milliard
d’euros, en hausse de 8,2 %
par rapport à 2022. Cette pro-
gression est tirée par ses activi-
tés touristiques (hébergement
l’importance, dans les boutiques spé- et activités annexes, comme
cialisées comme dans les boulange- la restauration), dont les reve-
ries », remarque Nicolas Nouchi, nus ont grimpé de 12,8 %
créateur de la société de conseil à 1,74 milliard d’euros. Ses
Strateg’eat. autres acti vités (opérations
Une fois le « flagship » rodé, immobilières, Senioriales) ont
Krispy Kreme entend bien se enregistré une baisse de 23,3 %
déployer rapidement, d’abord en à 173 millions d’euros.
Ile-de-France. En février démar-
rera la livraison. Dix emplacements Center Parcs et Adagio
de kiosques sont aussi déjà signés, en pleine forme
notamment dans des gares et cen- Particulièrement observé, son
tres commerciaux. Et en mars-avril Ebitda ajusté ressort à 137,1 mil-
un atelier de fabrication sera lancé à lions d’euros. Soit une hausse
Créteil. de 30 % si l’on exclut certains
Des discussions ont également éléments non récurrents comp-
lieu avec les distributeurs pour une tabilisés l’an passé, comme cer-
présence en magasin avec un arri- taines subventions gouverne-
vage quotidien. Fin 2024, les pro- mentales.
duits de Krispy Kreme devraient Son résultat net est quant à
être disponibles, tout confondu, lui négatif (–20,6 millions),
dans une soixantaine de lieux. mais celui-ci est lesté par des
A terme, Krispy Kreme espère dis- « charges opérationnelles non
poser, en France, de 500 points récurrentes », à hauteur de
d’accès. n 59 millions. En l’occurrence
Tr o i s d ’e n t r e e u x d a n s l e s Pour assurer cette reconquête de
Côtes-d’Armor, au Verdon-sur-Mer l’aquaculture, le Haut-commissa-
en Gironde, et à Boulogne-sur-Mer, riat au plan estime que la France
proposant d’élever entre 8.000 à devrait profiter de sa présence
10.000 tonnes de saumons par an, outre-mer, en utilisant, par exem-
sont aujourd’hui bloqués. L’exten- ple, les plates-formes de forage pour
sion d’une exploitation dans installer des fermes au large, avec
les Alpes-Maritimes malgré un avis une température des eaux adaptées.
défavorable de l’enquête publique Alléger le cadre réglementaire
vient, elle, d’obtenir l’autorisation complexe fait aussi parti des recom-
de doubler sa production de bars et mandations pour encourager les
de daurades (1.200 tonnes). initiatives, ainsi que développer la
recherche et l’innovation pour la
Riverains et écologistes, mise en place de solutions techni-
dénoncent des mégafermes ques afin de rendre les élevages plus
Les opposants, riverains comme
écologistes, dénoncent des méga-
fermes, et s’inquiètent du prélève-
ment dans les nappes phréatiques à
l’heure du dérèglement climatique,
ainsi que de la pollution pouvant
être engendrée par ces installations.
« Nous ne sommes pas consomma-
teurs d’eau, assure Michel Berthom- Découvrez nos services en ligne
mier, président du Cipa, le Comité
interprofessionnel des produits de
l’aquaculture. L’intégralité de l’eau
que nous utilisons est restituée au
pour le dépôt de vos annonces
légales
milieu. » Un dialogue de sourds lié à
la méconnaissance de la filière annonces.lesechosleparisien.fr
selon les professionnels, dont les
pratiques ont évolué.
22
une dépréciation de ses rési-
dences Senioriales, dont la
cession est désormais officielle-
ment engagée. « Retraité de
cet élément, le résultat net aurait
été largement bénéficiaire »,
indique un communiqué.
De leur côté, les marques du
groupe ont connu une année
contrastée, bien que globale-
m e n t p o s i t i ve . Vé r i t a b l e
moteur, Center Parcs a de nou-
veau réalisé un excellent exer-
cice, avec un chiffre d’affaires en
hausse de 13,1 % et un Ebitda
ajusté de 138 millions d’euros.
Le tout sous l’effet combiné
de la hausse des prix (+5,2 %) et
du nombre de nuits vendues
(+7,5 %). Son taux d’occupation
a, lui, augmenté de 1,2 point,
à 76,6 %.
Le bilan est plus mitigé pour
Pierre & Vacances, dont la
progression (+3,4 %) est essen-
tiellement portée par l’augmen-
tation des prix (+6,6 % en
moyenne). Le nombre de nuits
vendues (–3 %) comme le taux
d’occupation (–1,5 point) sont
en baisse.
« En avance sur sa feuille
de route »
Sa marque d’apparthôtels
Adagio, codétenue avec Accor,
a, en revanche, affiché une très
bonne forme, avec des revenus
en hausse de 29,1 %. La nette
augmentation du prix moyen
(+23,7 %) ne l’a pas enrayée,
puisque son taux d’occupation
a progressé de 3,2 points.
Un peu plus d’un an après sa
restructuration financière et
capitalistique, Pierre & Vacan-
ces – Center Parcs semble donc
bel et bien engagé sur la voie du
redressement.
« Le groupe est en avance sur
sa feuille de route », s’est réjoui
son directeur général, Franck
Gervais, cité dans le communi-
qué de l’entreprise. Celle-ci
comprend une transformation
en profondeur de son offre,
notamment par le biais de réno-
vations, accompagnée de
mesures de réductions de
coûts. Elle doit permettre
au leader européen des résiden-
ces de loisirs, au bord du gouf-
fre il y a un peu plus d’un an,
de reprendre sa marche en
avant. n
respectueux de l’environnement.
« Une vingtaine de fermes salmonico-
les de 1.000 tonnes pourraient
réduire de 15 % nos importations de
saumon de l’Atlantique », indique le
rapport, un investissement entre
500 à 700 millions d’euros.
Un récent rapport de la Cour des
comptes européenne montre que
malgré un fonds de 1,2 milliard
pour la pêche et l’aquaculture
sur 2014-2020, renouvelé, les pro-
jets sont au point mort et l’argent n’a
pas été dépensé. L’UE pèse moins de
1 % du secteur au niveau mondial. n
01 87 39 70 08
23 Les Echos Lundi 4 décembre 2023
LumApps se lance
dans la formation
sur mobile avec
Teach on Mars
EDTECH
La plateforme
d’intranet ajoute
un module de
formation continue
en reprenant un
pionnier de l’e-lear-
ning sur mobile.
Stéphane Frachet
— Correspondant à Lyon
Plus de 5 millions d’employés
d’Airbus, Veolia, Publicis, RATP
lisent leurs mails, valident des
bons de commande, calent des
réunions sur Zoom ou Teams,
et posent leurs congés grâce à
LumApps, un éditeur lyonnais
né en 2015 et qui emploie
aujourd’hui 300 personnes.
Grâce à ses intranets intégrés
en mode SaaS (« software as a
service »), autrement dit sur
abonnement, la start-up centra-
lise les applications métiers
existantes de plus de 500 clients
en France et dans le monde : les
ressources humaines, les mes-
sageries, les outils de visioconfé-
rence, l’ERP… Il manquait la
formation continue. C’est chose
faite avec l’annonce de l’acquisi-
tion de Teach on Mars, une
application pour mobile qui dis-
pense des formations courtes.
« C’est notre quatrième acqui-
sition et la plus importante. Cette
nouvelle brique d’e-learning
rejoint la centaine d’applications
métiers nécessaires à la vie d’un
collaborateur en entreprise »,
« L’intégration
de cette brique
formation
sera terminée
sous neuf
à douze mois,
ce qui fera
de LumApps
la solution
la plus complète
du marché. »
SÉBASTIEN RICARD
Directeur général
et cofondateur de LumApps
A Slush, start-up et investisseurs ne connaissent pas la crise
ÉCOSYSTÈME
Le célèbre événement
tech européen a attiré
à Helsinki près
de 13.000 participants
dont 3.000 inves-
tisseurs.
Charlie Perreau
Le froid n’a pas rebuté les start-up et
investisseurs de se retrouver à
Slush, célèbre événement tech
européen. La crise de financement
non plus. Si les levées de fonds se
tarissent depuis près de dix-
huit mois un peu partout dans le
monde, l’ambiance n’est pourtant
pas morose à ce raout annuel qui a
pris place comme chaque année à
Helsinki. « Slush est ma conférence
résume Sébastien Ricard, direc-
teur général et cofondateur de
LumApps, qui a repris le
tableau de bord HeyAxel en
février 2022 puis l’assistant
numérique Vizir il y a un an.
Le montant de l’opération
n’est pas révélé. La start-up a
levé 100 millions depuis sa créa-
tion en 2015 auprès de Goldman
Sachs, Eurazeo, Bpifrance et Iris
Capital, et elle est « désormais
rentable », assure son dirigeant.
La jeune pousse, qui a réalisé
33 millions d’euros de chiffre
d’affaires en 2022, dont la moitié
aux Etats-Unis, vise les 100 mil-
lions d’ici à trois ans.
LumApps acquiert 100 % des
parts de Teach on Mars sur ses
fonds propres, sans recourir à
une nouvelle levée de fonds. De
son côté, la start-up de Sophia
Antipolis (Alpes-Maritimes)
avait augmenté son capital
en 2017 et 2019 en levant 9 mil-
lions d’euros. En revanche, les
trois fondateurs de l’applica-
tion, Vincent Desnot, Tanguy
Deleplanque et Quentin
Dérunes, restent associés de
LumApps. « Je crois à une com-
munauté d’entrepreneurs. Nous
conservons la majorité des droits
de vote », précise Sébastien
Ricard, qui envisage d’autres
croissances externes.
Un supplément d’âme
Alimenté par 70 collabora-
teurs répartis à Nice, Milan
et Londres, Teach on Mars
apporte à LumApps un supplé-
ment d’âme dans la marque
employeur, ce graal de l’adhé-
sion du salarié à son entreprise,
grâce à des formations ludiques
de 2 à 5 minutes qu’il consulte
où et quand il veut sur son
smartphone. La solution a
séduit LVMH (propriétaire des
« Echos »), Clarins, Auchan
et Leclerc entre autres.
L’enjeu est d’autant plus fort
que la crise du Covid-19 et le télé-
travail ont bouleversé notre rap-
port au travail et à l’entreprise.
« L’intégration de cette brique
formation sera terminée sous
neuf à douze mois, ce qui fera de
LumApps la solution la plus
complète du marché », défend
Sébastien Ricard, qui se posi-
tionne ainsi face aux autres
acteurs du marché tels que
Workplace, de Faceb o ok,
l’anglais Unily ou le français
Talkspirit. n
tech préférée », a lancé sur scène
Luciana Lixandru, associé chez
Sequoia Capital, un prestigieux
fonds de capital-risque américain
qui a ouvert un bureau à Londres
courant 2020.
Un autre prestigieux fonds de la
Silicon Valley a aussi fait le déplace-
ment : Benchmark. Créé en 1995, il a
investi dans de gros noms de la tech
comme Uber, Snap, eBay, Discord,
Dropbox ou encore X (ex-Twitter).
En France, il est entré au capital du
réseau social Zenly et de la licorne
Sorare. Quatre associés étaient pré-
sents sur la scène de Slush, une pre-
mière. L’occasion pour eux de reve-
nir sur la baisse des valorisations
des derniers mois mais surtout sur
leur optimisme pour le futur. « On
vit une période excitante. On peut lit-
téralement parler à son ordinateur »,
s’est réjoui Miles Grimshaw, un des
associés, en référence à ChatGPT.
Maritime : les greentechs
au défi de la décarbonation
IMPACT
Wakeo, une solution
logicielle de suivi des
flux de transport, vient
de lever 18 millions.
La pépite développe
des produits qui aident
à réduire l’empreinte
carbone.
Adrien Lelièvre
Le transport maritime est à l’origine
de 3 % des émissions mondiales de
CO2, sans compter les autres formes
de pollutions associées à cette acti-
vité (rejet de substances chimiques,
déchets, eaux usées, etc.). Un chif-
fre qui pourrait atteindre 17 %
en 2050 si rien n’est fait d’ici là,
estime l’Organisation maritime
internationale (OMI).
A son échelle, Wakeo veut appor-
ter sa pierre à l’édifice. La jeune
pousse a développé un logiciel qui
apporte de la visibilité sur les flux
de transport intercontinentaux,
dont le fret maritime représente
80 % des échanges. L’objectif est
d’aider les entreprises à maîtriser
leur supply chain et à réagir vite en
cas d’imprévu. « Nous traquons des
expéditions dans 180 pays », explique
Julien Cote, son patron. La start-up
prend aussi part à la transition envi-
ronnementale. « Nous avons un
produit qui permet de mesurer
l’empreinte carbone de chacune des
expéditions de nos clients », poursuit
Julien Cote. De quoi faire du repor-
ting en temps réel avec de la donnée
fiable. Wakeo aide également à
mieux remplir les conteneurs et à
optimiser les choix d’itinéraires
afin de diminuer les émissions de
CO2 par kilomètre parcouru.
Le sujet devient de plus en plus
pressant alors que le transport
maritime doit atteindre la neutralité
carbone à horizon 2050. Le défi est
d’autant plus complexe que les flux
de marchandises sont multimo-
daux. En amont et en aval du fret
maritime, ils sont transportés par la
route, l’aérien ou le rail…
Propulsion vélique
Pour poursuivre sur sa lancée,
Wakeo vient de boucler un tour de
table de 18 millions d’euros mené
par le fonds corporate du groupe
norvégien Statkraft. « C’est l’un des
plus gros groupes européens dans les
énergies renouvelables », rappelle
Julien Cote. Promus Ventures,
360 Capital, 50 Partners et Techstars
ont également participé à l’opéra-
tion. La start-up, qui compte des
L’intelligence artificielle met clai-
rement l’ambiance dans l’écosys-
tème des start-up et à Slush. Les
pépites de l’IA sont présentes en
force, qu’elles développent des
infrastructures (comme la française
Mistral AI) ou des applications sec-
torielles (santé, construction, trans-
port…). « On démarre notre série A,
donc être à Slush, c’est plutôt pas
mal », sourit Geoffrey Guilly, cofon-
dateur de AItenders, une société qui
aide les entreprises à répondre à des
appels d’offres grâce à de l’IA.
Une fenêtre de tir à saisir
Les start-up qui officient dans la
transition énergétique, que ce soit
dans le transport, la construction
ou encore l’énergie, font aussi le
show à Slush. Rien de surprenant
puisqu’un quart des montants levés
par les jeunes pousses européennes
depuis le début de l’année est issu
Le transport maritime est à l’origine de 3 % des émissions mondiales de CO2. Photo Shutterstock
grands groupes parmi ses clients
(Uniqlo, Michelin, Corteva, Forvia,
Berger Logistik et AT & L), assure
avoir fait « près de 100 % de crois-
sance sur les douze derniers mois »
mais ne communique pas sur son
chiffre d’affaires. Elle veut continuer
à améliorer ses solutions pour « ren-
dre la supply chain plus résiliente et
durable », glisse Julien Cote.
Les logiciels, aussi performants
soient-ils, ne suffiront pas à décar-
boner le transport maritime. Il va
aussi falloir s’attaquer au hardware.
Ces dernières années, plusieurs
start-up françaises de propulsion
vélique ont vu le jour.
Ayro, qui a levé 19 millions d’euros
cette année, est la locomotive du sec-
teur. Cette jeune pousse conçoit des
ailes rigides et automatisées qui
viennent coiffer les cargos afin de
réduire leur consommation de car-
burant. La jeune pousse a équipé un
navire d’ArianeGroup (Canopée)
avec des ailes de 37 mètres de haut.
Ce dernier a traversé l’Atlantique
pour rejoindre la base de Kourou
en Guyane. « Dans le transport, le sec-
teur maritime est le seul qui peut utili-
ser une énergie renouvelable, à savoir
le vent, pour se décarboner », observe
Emmanuel Schalit (ex-Dashlane)
qui a pris la direction d’Ayro en 2023.
En outre, la technologie a l’avantage
d’être disponible dès maintenant.
C’est pourquoi le patron est opti-
miste pour l’avenir de sa start-up.
du secteur de la greentech/clean-
tech, d’après le rapport annuel du
fonds de capital-risque Atomico,
dévoilé il y a quelques jours et pré-
senté officiellement à Slush.
C’est donc une bonne fenêtre de
tir pour des start-up considérées
jusqu’ici comme moins tendance
par les fonds de capital-risque. « Les
investisseurs regardent de plus en
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START-UP
Levée de fonds, décryptages,
chiffres clés… Pour ne rien rater
de l’actualité de la French Tech
et des start-up, abonnez-vous
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(du lundi au vendredi).
START-UP
« Il va falloir équiper 10.000 bateaux
d’ici à 2030 », se projette Emmanuel
Schalit, qui participe en ce moment
à la COP 28 à Dubaï.
Aile gonflable et rétractable
Spin-off de Michelin, Wisamo déve-
loppe une aile gonflable et rétracta-
ble qui promet, elle aussi, une baisse
de la consommation de carburant.
La société a testé un prototype sur
un bateau de plaisance mais tra-
vaille sur un projet bien plus ambi-
tieux pour les cargos. « On va com-
mencer les premiers assemblages à
Michelin au printemps 2024 », a
récemment confié Gildas Queme-
neur, le responsable du projet, à
Actu Morbihan. La voile sera ensuite
testée sur une plateforme d’essai à
terre entre Vannes et Nantes.
La propulsion vélique implique
d’avoir un outil industriel capable de
produire en série. Cette année, Com-
puted Wing Sail a lancé le chantier
d’une usine à Saint-Nazaire pour
produire, dès 2024, des ailes rigides
longues de 36 mètres.
Le choix du site n’est jamais le
fruit du hasard. « Il faut que l’usine
soit tout près de l’endroit où les navi-
res accostent », rappelle Emmanuel
Schalit. C’est pourquoi Ayro a choisi
un site d’assemblage à Caen. Il a fallu
une demi-journée à sa start-up pour
installer les quatre ailes sur Cano-
pée. Pour d’autres navires, Ayro
pourrait en installer huit ou dix.
plus notre secteur, y compris des
généralistes », se réjouit Julien Villa-
longue, directeur de Leonard, plate-
forme d’innovation de Vinci, qui a
amené dans ses bagages plusieurs
start-up issues du secteur de la
construction.
Saunas, DJ sets
et terrains de padel
Parmi elles, la britannique IPG
Energy et son générateur « vert » – il
n’émet pas de CO2 – qui vise à rem-
placer le générateur diesel dans les
industries difficiles à décarboniser,
telles que la construction, l’exploita-
tion minière ou encore la recharge
des véhicules électriques. « C’est en
investissant dans la deeptech et le
hardware qu’on va réussir à décarbo-
ner l’économie. Oui, c’est risqué,
mais un gros risque peut donner lieu
à une grosse récompense », souligne
Toby Gill, PDG d’IPG Energy.
Malgré ses belles promesses,
l’industrie de la propulsion véli-
que n’en est qu’à ses débuts et reste
risquée. La start-up Airseas, qui
développe des kites géants et auto-
matisés pour tracter les navires, l’a
appris à ses dépens. Il lui faut bou-
cler en urgence une levée de fonds
« de quelques dizaines de millions
d’euros » sur laquelle elle travaille
depuis des mois, admet son fonda-
teur, Vincent Bernatets. Faute de
recapitalisation, elle pourrait être
vendue à l’étranger.
Les grands du maritime obser-
vent ces projets avec intérêt.
En 2023, le groupe CMA CGM a
lancé, en partenariat avec Bpi-
france, un appel à projets de
200 millions d’euros destiné
aux start-up afin d’accélérer la
décarbonation de la filière mari-
time. De quoi inciter de nouveaux
entrepreneurs à se jeter à l’eau.
4
À NOTER
Cinq des plus gros transporteurs
maritimes mondiaux ainsi
que la France, la Corée du Sud
et le Danemark, ont adopté une
déclaration commune, vendredi
à la COP28 à Dubaï, pour pro-
mouvoir l’adoption d’un « cadre
réglementaire solide » d’ici
à 2027 favorisant la transition
écologique du secteur.
Toby Gill, comme les 5.000 autres
fondateurs ou dirigeants de
start-up, ont pu rencontrer près
de 3.000 investisseurs qui étaient
sur place. « Je n’ai jamais vu autant
de fonds au mètre carré », observe
Philippe Deljurie, cofondateur
de Time2Scale, société qui pro-
pose des experts à temps partiel à
des start-up.
Il n’y a pas uniquement des fonds
de capital-risque à rencontrer. Les
fonds de corporate venture (CVC),
les branches capital-risque des gran-
des entreprises étaient aussi bien
présents, comme celles de Saint-
Gobain, Safran ou encore ADP. Et
pas uniquement dans les allées de
la conférence. Ils se retrouvent dans
des saunas, sur des terrains de padel
ou lors de soirées hautes en couleur.
Cocktails, DJ sets, karaoké spécial
drag-queen… On ne lésine pas sur le
budget, crise ou pas. n

HIGH-TECH&MEDIAS
Combat mise sur le live et lance
un Hellfest du rap à Dijon
MUSIQUE
Le groupe de médias
contrôlé par Matthieu
Pigasse investit le
hip-hop avec le festival
Golden Coast.
Martine Robert
et Stéphane Loignon
Et de trois ! Après sa prise de partici-
pation à 50/50 avec AEG dans Rock
en Seine en 2017, et le déploiement
avec Super ! du festival « Les
Inrocks » qui va passer l’an prochain
de deux à cinq jours et essaimer à
Toulouse, Lille, et Lyon, le groupe de
médias Combat du banquier d’affai-
res Matthieu Pigasse se lance dans
un nouvel événement live 100 % rap.
Organisé les 13 et 14 septembre
2024, ce festival a été baptisé « Gol-
den Coast », en référence au dépar-
tement de la Côte d’Or qui l’accueille,
sur la base aérienne 102 au sud de
Dijon, et à la rivalité « East Coast,
West Coast » qui a nourri l’histoire
du hip-hop aux Etats-Unis.
« L’ambition de ce festival est de
réparer une anomalie : le rap est
depuis plusieurs années la musique
la plus écoutée en France, mais il n’y
avait pas de festival référent dans ce
domaine », soulignent Emmanuel
Hoog, le directeur général de Com-
bat, et Mathieu Levieille, le directeur
général délégué. Pour cela, le
groupe s’est associé cette fois avec
les sociétés Live Affair et Play Two
(dont Believe est actionnaire) et avec
Please Please de Christian Allex, un
programmateur reconnu, passé par
Les Eurockéennes, aujourd’hui aux
manettes du Cabaret Vert, par
ailleurs organisateur des soirées
ANTDT au Zénith de Dijon et du fes-
tival La Magnifique Society à Reims.
« Nous mettons en commun nos for-
ces complémentaires et nous partons
dans l’aventure avec un public déjà
fidèle, et sur un site incroyable, à
une heure trente de TGV de Lyon et de
Paris », souligne Emmanuel Hoog.
Le département et l’intercommuna-
lité l’ont aussi assuré de leur soutien.
Festival transgénérationnel
La programmation n’a pas été révé-
lée mais « a vocation à accueillir les
figures actuelles les plus importantes
du rap français, certains des plus gros
vendeurs de disques », dévoile
Mathieu Levieille. Le festival se veut
La transformation de Radio Nova fait des vagues
mais l’audience progresse
RADIO
Après des changements
houleux, Radio Nova
a affiché une forte
progression de son
audience lors des
derniers sondages
Médiamétrie.
Un récent post Instagram de Radio
Nova résume l’ambivalence de la
situation au sein de la station fon-
dée par Jean-François Bizot en 1981.
« +25 % d’audience cumulée : selon
les derniers sondages Médiamétrie,
Radio Nova est la radio qui a le plus
progressé en un an ! » se félicite la
station reprise par le banquier
d’affaires Matthieu Pigasse en 2015
et intégrée dans son groupe Com-
bat. Les commentaires des inter-
nautes sont moins enthousiastes.
Le rap est depuis plusieurs années le style musical le plus écouté sur les plateformes de streaming. Photo Shutterstock
aussi transgénérationnel et non pas
réservé aux 15-20 ans – les plus
importants auditeurs de ces genres
musicaux. « Aujourd’hui, même les
CSP + en écoutent. Ce sera un événe-
ment écologique et rassembleur »,
poursuit Emmanuel Hoog. Pour
autant, ses ambitions sont plutôt
d’attirer dans un premier temps
quelques dizaines de milliers de fes-
tivaliers, contre 150.000 fans pour la
dernière édition de Rock en Seine.
Dans le calendrier chargé des fes-
tivals d’été, le choix a été fait de ne
pas chercher à concurrencer les
événements existants, mais plutôt
d’attendre la fin des épreuves olym-
piques et de profiter de la rentrée
universitaire pour capter l’impor-
tant vivier des étudiants de retour à
Dijon. « Ce sera facilement accessible
à vélo en un quart d’heure de la ville.
On mise sur le côté expérientiel pour
séduire, avec une scénographie gran-
« Elle est où la bonne musique
d’avant ? » demande l’un. « Rendez-
nous notre radio ! » lâche un autre.
La transformation de Nova
déroute certains fidèles, mais les
résultats d’audience sur les mois de
septembre et octobre viennent
interrompre son déclin. Le nombre
d’auditeurs quotidiens grimpe à
339.000, contre 271.000 un an plus
tôt, et la durée d’écoute s’accroît
de 23 %, selon Médiamétrie. La
meilleure rentrée depuis cinq ans,
selon Nova, alors que les audiences
avaient chuté avec la crise du Covid.
« Si tout allait bien, on n’aurait pas
changé », justifie Emmanuel Hoog,
le directeur général de Combat.
Programmation musicale
Après le départ de l’ex-directrice
générale, Mélanie Mallet, un rem-
plaçant, Jean-François Latour, a été
nommé fin juin. Cet ancien direc-
teur d’antenne de RTL2, RTL, Nos-
diose », pointe encore le directeur de
Combat qui rêve à terme d’une sorte
de Hellfest du rap en Bourgogne.
Pour Combat, le lancement de ce
festival témoigne de la volonté du
groupe, également présent dans
les médias avec Radio Nova et
« Les Inrocks », d’accélérer dans le
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
Spectacles, théâtre, concerts :
mauvaises fréquentations
dans « La Story », le podcast
d’actualité des « Echos ».
talgie et Oüi FM a chamboulé les
habitudes de la radio et mis en
œuvre un plan d’économie annoncé
avant son arrivée.
Selon « Le Monde », la radio
accumulerait 4,9 millions d’euros
de pertes d’exploitation depuis 2018
(non confirmées par Combat). Nova
a procédé à trois licenciements éco-
nomiques et quatre départs en fin
de contrat, ramenant l’effectif à une
vingtaine de salariés (hors régie).
« Nous réembaucherons en fonction
des audiences », indique Emmanuel
Hoog. A l’antenne, la part de la musi-
que a été renforcée, au détriment
des émissions et des chroniques.
« Il fallait remettre une colonne verté-
brale musicale qui recrée un confort
d’écoute pour l’auditeur », relate
Emmanuel Hoog. Quatre heures
d’antenne restent consacrées à
l’information et l’actualité.
Enfin, la programmation musi-
cale (ce que Nova appelle le « Grand
live, sa priorité stratégique.
Aujourd’hui, la radio, le magazine et
le live pèsent chacun un tiers envi-
ron du chiffre d’affaires du groupe
axé autour de la musique.
Le live, priorité stratégique
Nova est en pleine transformation.
« Les Inrocks » ont déjà opéré leur
mue, avec un passage en mensuel
en 2021 et un recentrage sur l’actua-
lité culturelle, qui ont permis de
redresser la diffusion (+5,6 %
en 2022-2023 par rapport à 2021-
2022, selon l’ACPM), de faire revenir
les annonceurs – notamment du
luxe – et de ramener les comptes à
l’équilibre. Mais c’est le live qui
constitue « le territoire de développe-
ment du groupe en chiffre d’affaires et
en résultat », précise Emmanuel
Hoog. Il pourrait représenter selon
lui à terme 50 % des revenus
de Combat. « Nous organisons envi-
Mix ») a aussi connu des évolutions,
avec plus de hip-hop selon Emma-
nuel Hoog, mais aussi de la variété
française, de la pop et du rock. Des
choix qui ont déconcerté une partie
des aficionados.
Changement de direction
« Le grand mix s’était resserré. Des
musiques comme le hip-hop dont
Nova était un berceau n’existaient
plus dans la playlist », justifie Emma-
nuel Hoog. La singularité de la sta-
tion reste entière, selon lui. « Yacast
nous crédite dans la plus grande diver-
sité de titres joués dans notre playlist
et d’un taux de recoupement de 4 %
avec l’ensemble des autres radios
musicales, comme avant l’été. »
Après cinq mois houleux, Jean-
François Latour a quitté son poste
début novembre. L’ex-directeur de la
stratégie éditoriale de Deezer, Frédé-
ric Antelme, a été nommé directeur
de la station. « Jean-François Latour
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
ron 80 à 100 représentations par an,
entre les soirées Nova au Badaboum,
Les Inrocks Super Club à La Boule
Noire, Rock en Seine et Les Inrocks
Festival. Et nous opérons aussi les
Nuits du Sud à Vence », rappelle-t-il.
A côté de Rock en Seine, dont le
succès ne se dément pas, le festival
des « Inrocks » fait peau neuve l’an
prochain dans un nouveau lieu, le
Centquatre, à Paris, avec « The
Libertines » comme têtes d’affiche
et un positionnement en amont de
la saison des festivals, fin février, en
même temps que la Fashion Week
parisienne.
Pour se développer dans le live, le
recours à des acquisitions n’est pas
exclu. « Nous sommes attentifs aux
opportunités de marché », com-
mente sobrement Emmanuel
Hoog, alors que Vivendi a récem-
ment mis en vente ses activités de
billetterie et de festivals.
poursuit sa mission d’expertise
auprès de Frédéric Antelme qui rem-
plit pleinement aujourd’hui toutes les
fonctions managériales du pôle son de
Combat, composé de Radio Nova et du
Studio Nova, conformément au plan
initial de reconquête de nos audien-
ces », note Emmanuel Hoog.
Certaines décisions de program-
mation ont été revues. Fini Texas ou
Lenny Kravitz… « Si les choix de
l’ancien directeur avaient été bons, ils
n’auraient pas été changés et lui serait
resté », estime un collaborateur his-
torique qui suit de très près la radio.
A ses yeux, la programmation est à
nouveau « plus proche du Nova his-
torique, même s’il y a encore un peu
de variété française ». Le nouveau
dirigeant a plusieurs chantiers sur
la table : apaiser l’atmosphère en
interne, poursuivre la transforma-
tion de la radio sans la dénaturer et
confirmer le rebond des audiences
sur les prochaines vagues. — S. Lo.
24
Meta intente
une action
en justice
contre la FTC
RÉSEAUX
SOCIAUX
La maison mère de
Facebook refuse que
l’autorité américaine
de la concurrence
lui impose de nou-
velles obligations en
matière de protec-
tion de la vie privée.
Le bras de fer se poursuit entre
Meta et la Federal Trade Com-
mission (FTC). L’entreprise de
Mark Zuckerberg a intenté mer-
credi une action en justice
contre l’autorité américaine
de la concurrence, qui prévoit
de modifier les termes d’un
accord conclu en 2020 sur la
protection de la vie privée.
Le géant de la Silicon Valley
(dénommé Facebook à l’époque
où l’accord a été conclu) estime
que certains aspects de la struc-
ture de l’autorité américaine
de la concurrence violent la
Constitution des Etats-Unis, ce
qui rendrait illégale la pro -
cédure engagée. La situation
revient à être tranchée par « une
procédure illégitime menée par
un décideur illégitime », écrit
Meta dans une plainte déposée
auprès d’un tribunal fédéral de
Washington, estimant que la
FTC était à la fois procureur et
juge dans l’affaire.
L’accord de 2020 oblige Face-
book à payer une amende de
5 milliards de dollars, à étendre
les mesures de protection de la
vie privée des enfants et à
demander à un tiers indépen-
dant d’évaluer l’efficacité de ses
efforts. Des mesures que
n’aurait pas respectées Meta,
selon l’autorité américaine.
« Facebook a violé à plusieurs
re p r i s e s s e s p ro m e s s e s e n
matière de protection de la vie
privée », avait déclaré Samuel
Levine, le directeur du cabinet
de la protection des consomma-
teurs au sein de la FTC.
Meta estime que
certains aspects
de la structure
de la FTC violent
la Constitution
des Etats-Unis.
Face à ces manquements,
l’agence fédérale a proposé,
en mai, des modifications de
l’accord. Ces changements com-
prennent l’interdiction pour
Meta de tirer profit des données
recueillies, notamment par le
biais de produits de réalité vir-
tuelle, auprès d’utilisateurs âgés
de moins de 18 ans. Une autre
modification proposée interdit
au groupe de lancer de nou-
veaux produits ou services sans
qu’un évaluateur ne confirme
par écrit que la nouveauté est
totalement conforme avec la
protection de la vie privée.
Le groupe de Mark Zucker-
berg a demandé à la justice
d’empêcher l’autorité de la
concurrence de procéder à ces
modifications. « Meta demande
avec respect à ce tribunal de
déclarer que certains aspects fon-
damentaux de la structure de
l’autorité sont contraires à la
Constitution des Etats-Unis »,
écrit le groupe dans sa requête.
Selon l’action en justice inten-
tée par Meta, la FTC cherche à
imposer de vastes restrictions
sur la manière dont les entrepri-
ses utilisent leur propriété intel-
lectuelle. — Sa. D., avec AFP
25 Les Echos Lundi 4 décembre 2023 HIGH-TECH & MEDIAS

Canal+ au secours du streamer

nordique Viaplay
STREAMING
L’opérateur de strea-
ming suédois, dans
une situation délicate,
annonce sa recapitali-
sation, à laquelle
Canal+ participe.
Stéphane Loignon
et Nicolas Madelaine
En difficulté, l’opérateur de strea-
ming suédois Viaplay, parfois décrit
comme un potentiel Netflix euro-
péen, a annoncé vendredi une res-
tructuration capitalistique qui fait
cours de Bourse de Viaplay, ne sou-
haite pas dire combien elle détien-
dra à l’issue de la recapitalisation, ni
combien elle investira, ni si elle
demandera un siège au conseil, ni si
elle veut racheter certaines des acti-
vités internationales de Viaplay ou
mettre en œuvre des synergies.
De nombreux atouts
D’après nos informations, le groupe
français estime qu’après restructu-
ration, la plateforme a de nombreux
atouts : une position de leader de
marché en Scandinavie ; une posi-
tion intéressante aux Pays-Bas et un
savoir-faire dans la création de
séries originales scandinaves qui
s’exportent bien. Elle va modifier
Après sa montée au capital
dans l’opérateur sud-africain
Multichoice, puis son investis -
sement dans la plateforme hong-
kongaise Viu, en juin, avant son
entrée chez Viaplay un mois plus
tard, le groupe Canal+ ne fait pas
mystère de sa volonté de s’étendre
à l’international. Cette stratégie
lui permet d’atteindre une forme
de taille critique, afin d’être en
mesure de mutualiser des investis-
sements dans des contenus origi-
naux, des achats de droits ou le
développement d’outils technolo-
giques comme MyCanal.
Viaplay, qui comptait 7,3 millions
d’abonnés fin 2022, est disponible
en accès direct au consommateur
également présent dans les droits
sportifs comme Canal+, traverse
une période de turbulences depuis
quelques mois. Début juin, le
groupe, confronté à un environne-
ment économique plus difficile que
prévu, a révisé à la baisse ses objec-
tifs de 2023 et annoncé le départ de
son ex-président, Anders Jensen,
remplacé par Jorgen Madsen Lin-
demann, nommé CEO par intérim.
Peu après, Viaplay a dévoilé une
nouvelle stratégie, marquée par
un recentrage sur les marchés
nordiques et les Pays-Bas et une
politique de réductions de coûts.
Le groupe a réduit de 30 % ses effec-
tifs depuis juillet.
Malgré cela, sa situation finan-

à nouveau chuter (une baisse de
plus de 80 % à l’ouverture) le cours
de Bourse du groupe, dont Canal+
est premier actionnaire. L’opération
prévoit une injection de capital de
4 milliards de couronnes suédoises,
soit 350 millions d’euros environ. La
société va déprécier 2 milliards de
couronnes de dettes et renégocier
les termes d’un endettement totali-
sant 14,6 milliards de couronnes
(1,3 milliard d’euros).
Canal+, comme un autre action-
naire dénommé PPF, va « soutenir »
l’augmentation de capital, explique
le communiqué. Mais la filiale de
Vivendi, qui a annoncé une prise de
participation de 12 % en juillet der-
nier après un effondrement du
son partenariat avec la Formule 1
aux Pays-Bas, vendre des contenus
à des tiers, vendre ses activités
au Royaume-Uni, céder Paprika
Studios, et sortira des pays Baltes et
de Pologne d’ici l’été 2025. La reca-
pitalisation doit obtenir l’aval des
actionnaires en assemblée générale
extraordinaire le 10 janvier.
7,3
MILLIONS
Le nombre d’abonnés
que comptait Viaplay fin 2022.
dans tous les pays nordiques et bal-
tes, en Pologne, aux Pays-Bas,
au Royaume-Uni ainsi qu’aux Etats-
Unis et au Canada. Après une phase
de croissance de ses abonnés et
d’expansion internationale, ce
« Netflix à l’européenne » spécialisé
dans le « Nordic Noir », ces films
et séries policières scandinaves,
Jeppe Gustafsson/Sipa
cière restait délicate. En incluant les
revenus associés et les pertes liées
aux « éléments affectant la compa-
raison » (en particulier des dépré-
ciations et provisions), le résultat
opérationnel sur les neuf premiers
mois de 2023 aboutit à une perte Viaplay est disponible en accès direct au consommateur
de 650 millions d’euros environ. dans tous les pays nordiques et baltes, en Pologne, aux Pays-Bas,
Il y avait urgence à agir. n au Royaume-Uni ainsi qu’aux Etats-Unis et au Canada.

Londres inquiet du
passage du « Telegraph »
sous pavillon émirati
PRESSE
La ministre britanni-
que de la Culture va
déclencher une enquête
dite d’« intérêt public »
sur le montage avec
un fonds d’Abu Dhabi.
Beaucoup de candidats
voulaient reprendre le
quotidien conservateur
auprès de la famille
Barclay.
Ingrid Feuerstein
— Correspondante à Londres
7H/9H
LA MATINALE
retour temporaire du titre dans les
mains de la famille Barclay. AVEC
La vente du quotidien conserva-
teur et de sa publication sœur,
« The Spectator », prendrait fin
DAVID ABIKER
avant que Goldman Sachs n’ait pu
aller au bout de l’enchère lancée le
mois dernier, alors même que le
titre suscitait toutes les convoitises.
Parmi ceux ayant exprimé des
marques d’intérêt figurent la société
DMGT de Lord Rothermere, pro-
priétaire du « Daily Mail », le groupe
National World de David Montgo-
mery, ainsi que Paul Marshall, un
grand donateur de la campagne
pour le Brexit et investisseur dans la
chaîne GB News, qui s’associerait au
milliardaire américain Ken Griffin.
Les noms de Daniel Kretinsky et de

En Grande-Bretagne, la tension
monte autour de la vente du « Daily
Telegraph ». Le feuilleton qui agite
la sphère politico-médiatique
londonienne depuis le début de
l’automne a connu un nouveau
rebondissement, alors que le gou-
vernement appuie sur le frein d’un
montage prévoyant la reprise en
main du titre par un fonds d’Abu
Dhabi. La ministre britannique de la
Culture, Lucy Frazer, a annoncé
qu’elle allait déclencher une
enquête dite d’« intérêt public »
(« Public Interest Intervention
Notice »), une procédure prévue
dans le droit de la presse britanni-
que afin de préserver la pluralité des
médias. Le régulateur, l’Ofcom, peut
conduire à la mise en place de
garanties éditoriales pour le jour-
nal, voire au blocage de l’opération.
Cette vigilance cible le montage
prévu entre la famille Barclay,
actionnaire du journal depuis 2004,
et le fonds Redbird IMI, contrôlé à
75 % par Abu Dhabi. Le fonds émi-
rati, avec à sa tête l’ancien patron de
CNN, Jeff Zucker, a proposé à la
famille de reprendre sa dette de
1,1 milliard de livres vis-à-vis de la
banque Lloyds, raison pour laquelle
les Barclay avaient été obligés de
mettre en vente le journal. Red-
bird IMI, en convertissant cette
dette en capital, prendrait ensuite le
contrôle du « Telegraph » après un
l’allemand Axel Springer avaient
également circulé sur ce dossier.
INFO . ÉCO . CULTURE . MUSIQUE
Audit sur les financements
L’intervention du gouvernement
arrive au moment où la famille Bar-
clay était en train de boucler son
L’ART DE BIEN
montage avec Redbird IMI. Elle
avait jusqu’à vendredi pour avancer
COMMENCER LA JOURNÉE.
les fonds lui permettant de se main-
tenir à bord du « Telegraph ».
Pendant ce temps, Lloyds doit
mener un audit sur la provenance
de ces fonds pour s’assurer qu’ils
respectent bien les critères de lutte
contre le blanchiment. Une audi-
ence doit se tenir ce lundi dans un
tribunal des îles vierges britanni-
ques, où est domicilié le holding des
Barclay, au cours de laquelle Lloyds
doit confirmer si sa dette a été effec-
tivement remboursée ou non.
Cette opération a soulevé une
vague d’indignation dans la classe
politique britannique, face à la pers-
pective de voir la « bible des Tories »
passer sous pavillon émirati. Une
première dans les 168 ans d’histoire
de ce titre parfois surnommé le
« Torygraph ». Une poignée de
députés Conservateurs ont égale-
ment écrit au gouvernement pour
lui demander d’exercer les pouvoirs
prévus dans une récente loi sur la
sécurité nationale qui permet au
gouvernement de bloquer une opé-
ration en cas de risque d’ingérence
d’une puissance étrangère. n

PME&REGIONS
Comment les villes apprennent
à se reconstruire avec le réemploi
l Face aux défis écologiques, l’utilisation de matériaux de seconde main monte sur les chantiers.
l Cet élan, pris par de plus en plus de collectivités et d’acteurs de la construction, porte ses premiers fruits.
BÂTIMENT
Françoise Sigot
— Correspondante à Lyon
Portes, cloisons, luminaires, sani-
taires, gravats… Dans l’Hexagone,
selon le ministère de la Transition
écologique, le gisement de déchets
de construction s’élève à plus de
40 millions de tonnes par an. Cer-
tains n’ont d’autres choix que de fi-
nir leur vie en décharge, mais
d’autres peuvent trouver leur place
dans des projets de construction.
Comme à Villeurbanne, en ban-
lieue lyonnaise, où la réhabilitation
d’un ensemble immobilier jadis oc-
cupé par l’IUFM a permis de réutili-
ser 19 % des 10.000 tonnes de maté-
riaux déconstruits.
Ainsi, des chutes de carreaux dé-
montés dans les étages pavent le
hall, des contreplaqués récupérés
séparent les caves, d’anciens radia-
teurs en fonte réchauffent les habi-
tants et les rambardes qui servaient
Jacquet revalorise les matériaux
de l’Hôtel-Dieu à Clermont-Ferrand
A la tête du marché
de maçonnerie du chantier
de la future grande
bibliothèque de la métro-
pole, la société Jacquet
Construction démonte
et remonte les vieilles
pierres pour les remettre
au cœur du projet.
Sur le chantier de l’ancien Hôtel-
Dieu de Clermont-Ferrand, qui doit
accueillir en 2025 la grande biblio-
thèque de la métropole (un investis-
sement de 84 millions d’euros, tout
compris), les tailleurs de pierre et
maçons prennent soin de préserver
le travail de leurs homologues du
XVIIIe siècle.
« Nous avons pu démonter les dal-
les de marbre qui pavaient des salles,
mais aussi la pierre positionnée sous
ces dalles », décrit Etienne Thiriet,
directeur régional Auvergne et Cen-
tre de Jacquet. La mission exige de
la patience et un savoir-faire adapté.
« Nous travaillons essentiellement
sur des chantiers de restauration
donc nous formons nos équipes au
démontage des matériaux anciens »,
indique-t-il.
L’entreprise du Rhône, qui affiche
un chiffre d’affaires de 20 millions
autrefois de rampes d’escaliers inté-
rieures sécurisent l’accès extérieur
aux bâtiments. Pour faciliter le
réemploi, les matériaux en bon état
démontés sur place ont été stockés
sur le chantier, permettant aux
équipes de maîtrise d’œuvre de ve-
nir se servir. Cette organisation se
double d’une action volontariste du
groupement d’intérêt économique
La Ville Autrement, porteur du pro-
jet, qui a d’emblée inscrit le réem-
ploi au cœur de son action.
Ce schéma est loin d’être majori-
taire. En 2021, à peine 1 % des dé-
chets de construction était réutilisé,
selon une étude de l’Ademe, l’agen-
ce nationale de l’environnement.
Mais il se développe. Non seule-
ment de jeunes pousses émergent,
comme Backacia ou Mobius, mais
les acteurs du BTP se mettent au
diapason, voyant les exigences des
maîtres d’ouvrage de plus en plus
fortes. Les mastodontes Eiffage,
Bouygues Immobilier ou Icade ont
tous, aujourd’hui, un pied dans le
réemploi.
d’euros avec 200 salariés, veille sur
ses pièces anciennes comme sur un
trésor. « Souvent, sur nos chantiers,
les matériaux neufs ne remplacent
pas les anciens », constate le direc-
teur régional. Un souci d’esthétique,
mais aussi de disponibilité.
« Certaines carrières de pierre ont
totalement disparu, donc il faut
conserver les anciens blocs », pour-
suit-il. Au-delà du cachet, le réem-
ploi est par ailleurs souvent une so-
lution intéressante sur le plan
financier. « Le surcoût du démontage
est compensé par la valeur du maté-
riau », assure Etienne Thiriet.
Sur des pièces moins nobles, la
seconde main fait également son
chemin en trouvant des débouchés
« Le surcoût
du démontage
est compensé
par la valeur
des pièces. »
ÉTIENNE THIRIET
Directeur régional Auvergne
et Centre de Jacquet
Les collectivités locales jouent un
rôle moteur et sont de plus en plus
nombreuses à pousser à la réutilisa-
tion de matériaux anciens dans
leurs projets urbains. A commen-
cer par les deux plus grandes villes
de l’Hexagone. La Métropole de
Lyon comme Paris Métropole
Aménagement, l’aménageur de la
capitale et du Grand Paris, insèrent
dans leurs appels d’offres des clau-
ses incitant au réemploi.
Diagnostic obligatoire
La loi antigaspillage de 2020, dite loi
Agec a insufflé un nouvel état d’es-
prit. Elle s’est notamment traduite,
le 1er juillet dernier, par la mise en
place d’un diagnostic PEMD (pro-
duit, équipement, matériau, dé-
chet) visant à limiter la production
de déchet dans le BTP. « Chez les ac-
teurs de la construction, la prise de
conscience est encore incitée », analy-
se Aymeric Meunier, le responsable
de R-Use. Ce bureau d’études spé-
cialiste du réemploi de matériaux
de construction vient d’achever une
porteurs de modèles économiques
de plus en plus proches de l’équili-
bre. « Les dalles de la salle des pas per-
dus de l’Hôtel-Dieu de Clermont-Fer-
rand sont désormais en vente à la
“matériauthèque” de l’association
Métabatik au prix de 35 euros le mè-
tre carré », annonce Mélanie Ville-
net-Hamel, cheffe du projet de la
grande bibliothèque à la métropole.
Exigence du marché public
Les pierres de pavage seront repo-
sées sur le sol de la future bibliothè-
que par les équipes de Jacquet. Une
exigence inscrite dans le marché
public de ce futur édifice métro-
politain, qui demande aux entrepri-
ses intervenant sur le chantier de
privilégier les matériaux de secon-
de main.
Cette première expérience en ma-
tière de réemploi pousse d’ailleurs la
métropole à aller plus loin. Le
« schéma de promotion des achats
socialement et écologiquement res-
ponsables » de la métropole, qui se
met progressivement en place, pré-
voit notamment de travailler systé-
matiquement avec un expert chargé
d’évaluer les gisements de réemploi
sur les chantiers de rénovation por-
tés par la collectivité. — F. Si.
mission auprès de l’aménageur de
l’île de Nantes, en Loire-Atlantique,
pour l’accompagner dans la mise en
place d’une stratégie de réemploi.
Plaine Commune, un établisse-
ment territorial regroupant neuf
villes de Seine-Saint-Denis, est très
tôt monté au créneau. « On s’est at-
taqué au sujet en 2013 avec une étude
du métabolisme urbain » [la maniè-
re dont la ville se transforme,
NDLR], retrace Justine Emringer,
cheffe de projet métabolisme ur-
bain de l’intercommunalité.
Son premier plan d’action arrive
en 2017 avec des clauses incitant au
réemploi dans les marchés de tra-
vaux. Puis, en 2019, une charte si-
gnée par une trentaine de promo-
teurs, bailleurs et collectivités
enfonce le clou avec des objectifs
chiffrés : 1 % du montant des const-
ructions, rénovations et réhabilita-
tions consacré à l’achat de produits
issus du réemploi ; généralisation
du recours à du béton de construc-
tion incorporant au moins 5 % de
matériaux recyclés issus de la dé-
La start-up Backacia se relance
en réduisant ses frais
Avec le renfort
de nouveaux actionnaires,
la start-up pionnière
de la valorisation
des déchets de chantier
repart de l’avant.
Mais elle a dû renoncer
à un entrepôt permettant
de stocker les produits
de seconde main.
L’aventure a commencé sur les
chapeaux de roues en 2017, mais,
cinq ans plus tard, le pionnier de
la valorisation des déchets de
chantier Backacia a dû se résou-
dre à faire marche arrière. « Nous
avions loué un entrepôt pour stoc-
ker les produits de seconde main
que nous proposions à la vente et
pour permettre à nos clients de ve-
nir choisir et se servir. Mais le coût
d’un tel site ne nous a pas permis
d’équilibrer nos comptes », retrace
Adèle Vanhecke, cofondatrice de
la société parisienne, aujourd’hui
directrice du développement.
Placée en redressement judiciai-
re fin 2021, l’entreprise repart avec
l’appui de nouveaux actionnaires,
mais sans site de stockage.
« Notre priorité est de stabiliser
notre modèle économique, avant
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
construction. « S’il n’y a pas de por-
tage politique, le réemploi ne prend
pas », souligne Justine Emringer.
Alors, tous les quinze jours, Plaine
Commune diffuse une newsletter
répertoriant l’offre de matériaux de
seconde main partout en France.
Elle prépare un « book » de retours
d’expériences de chantiers con-
duits en privilégiant le réemploi.
Les premiers résultats commen-
cent à tomber : « Sur plus de 80 pro-
jets intégrés à notre démarche, le taux
de valorisation dépasse 90 %. »
« Massifier l’offre »
« Pour dynamiser le réemploi, le be-
soin le plus fort est de structurer une
offre autour de la demande, qui évo-
lue assez fortement en faveur du
réemploi. Les deux principaux en-
jeux portent sur la garantie et les mo-
dèles économiques », résume Sylvain
Laurenceau, directeur économie et
ressources du Centre scientifique et
technique du bâtiment (CSTB). Se-
lon une enquête réalisée l’été der-
nier par le vendeur en ligne de maté-
d’envisager de réinvestir dans un
site de stockage », explique la di-
rectrice du développement. En at-
tendant, les clients de Backacia
sont invités à aller faire leurs em-
plettes directement sur les chan-
tiers où les matériaux sont dé-
construits et mis de côté pour être
revendus.
Beaucoup de clients
tiquent encore
sur la garantie
de ces produits.
Le lien entre l’offre et la deman-
de reste assuré par la plateforme
Internet de l’entreprise, qui mon-
te en puissance. « Nous avons noté
une forte accélération après le
Covid. Pour autant, la majorité de
nos clients restent des acteurs très
engagés dans la transition écologi-
que. Tous les acteurs de la construc-
tion n’ont pas encore le réflexe
des matériaux de réemploi », re-
connaît Adèle Vanhecke.
Pour parvenir à imposer ses
faux plafonds, revêtements de
sols, luminaires et sanitaires de
26
riaux de seconde main Cycle Up,
un tiers des professionnels de la
construction aimerait avoir des as-
surances et des garanties pour les
produits de seconde main.
Le problème est aussi que les ma-
tériaux récupérés coûtent, dans
bien des cas, plus chers que le neuf,
en raison du nécessaire traitement
des produits. « Le réemploi peut être
plus rentable que le neuf », plaide Ay-
meric Meunier, de R-Use. Pour le-
ver les freins, le CSTB achève le dé-
veloppement, pour le compte des
pouvoirs publics, d’une plateforme
numérique répertoriant l’offre et la
demande.
Sylvain Laurenceau voit dans la
multiplication des acteurs du re-
conditionnement un signe fort de la
montée en puissance de la pratique
du réemploi. « Ces dix dernières an-
nées, nous avons motivé la demande
et structuré l’action publique. Il faut
maintenant massifier et structurer
l’offre », prévient-il. Une étape déci-
sive pour soutenir la demande
croissante. n
A Villeurbanne,
les poutres d’un ancien
lycée ont été revendues
et réemployées.
Photo Antoine Boureau/
Hans Lucas via AFP
seconde main, les sept salariés de
Backacia (350.000 euros de chif-
fre d’affaires cette année) s’em-
ploient à porter la bonne parole
auprès des acteurs de la construc-
tion et de la déconstruction en mi-
sant sur la prestation de diagnos-
tic PEMD (produits, équipe -
ments, matériaux et déchets),
l’autre corde de son arc.
« Sensibiliser »
« Ce diagnostic, obligatoire de-
puis 2022, permet de définir les pro-
duits pouvant être réutilisés. C’est
aussi un moyen de sensibiliser au
réemploi », affirme la directrice du
développement. Les prix des ma-
tériaux, inférieurs de 20 % à 80 %
de ceux du neuf, sont à ses yeux un
argument décisif.
En revanche, beaucoup de
clients tiquent encore sur la ga-
rantie de ces produits et la dispo-
nibilité impossible à garantir,
puisque dépendante de ce qui
sera déconstruit. Face à ces freins,
Backacia, qui réalise les trois
quarts de son activité avec le con-
seil et le diagnostic (et le solde avec
sa marketplace), n’envisage pas
une inversion de cette tendance à
court terme. — F. Si.
27 Les Echos Lundi 4 décembre 2023 PME & REGIONS

QPerfect simule
un ordinateur
quantique
/ INNOVATEURS
Bénédicte Weiss
— Correspondante à Strasbourg
Un « facilitateur de la révolution
quantique ». C’est le rôle ambi-
tieux que Sébastien Buffechoux,
PDG de QPerfect, prête à sa tou-
te jeune société basée à Stras-
bourg. Elle ne développe pas un
calculateur quantique en tant
que tel, mais un environnement
numérique, baptisé « Mimiq »,
qui tourne sur un système infor-
matique classique pour simuler
le fonctionnement d’un ordina-
teur quantique « idéal », sans
bruit parasite ni bug.
Son but est de contribuer au
développement de machines
Mimiq s’affiche plus perfor-
mant que ce qui existe actuelle-
ment sur le marché. In fine, il
s’agit pour les entreprises qui
s’intéressent à l’informatique
quantique pour leur métier de
prendre de l’avance pour être
prêtes le jour J. Le champ des
applications s’annonce très lar-
ge, allant de l’optimisation des
tournées de livraison au milieu
financier en passant par la dé-
couverte de nouvelles molé-
cules thérapeutiques.
Du côté des développeurs
d’ordinateurs, en particulier
des couches logicielles néces-
saires à leur fonctionnement,
Mimiq est envisagé comme une
« fabrique à jumeaux numé -
riques ». Le principe : simuler la
construction d’un ordinateur

Holophane/Franck Martin
efficientes, caractérisées par
leur rapidité et leur capacité à
résoudre des problèmes très
complexes, et de logiciels appli-
catifs. « L’informatique quanti-
que a la maturité des ordinateurs
de la fin des années 1940 », rap-
Le 30 novembre, le tribunal de commerce d’Evreux a acté la liquidation de l’entreprise centenaire située aux Andelys (Eure). pelle le dirigeant. « Tout doit en-
core être inventé, des algorithmes
avec une nouvelle logique et le
quantique bloc par bloc, algo-
rithme par algorithme, pour
tester chaque paramètre et ses
performances plus rapidement
qu’avec une machine réelle. De
quoi réduire le coût et le temps
de développement des futurs
ordinateurs quantiques.
« Fabrique à jumeaux

Faute de repreneur, la verrerie

matériel avec une physique diffé- numériques »
rente. Rien que la technologie la La solution Mimiq découle d’un
plus efficace reste à identifier. » besoin interne du Centre euro-
Pour aider les développeurs péen des sciences quantiques, à

Holophane fermera début 2024

période d’observation. Fabricant de
NORMANDIE pièces en verre pressé pour l’éclai-
rage automobile (lentilles et anti-
En redressement brouillard), l’entreprise née en 1921
judiciaire depuis était en redressement judiciaire de-
un an, l’entreprise puis un an. Son propriétaire, le
normande spécialisée fonds d’investissement AIAC (Ame-
dans les phares rican Industrial Acquisition Corpo-
automobiles n’a pas ration), avait mis l’entreprise, alors
reçu la dernière offre en cessation de paiements, en vente
qu’elle attendait. mais le processus avait échoué.
Les principales difficultés sont
venues de ses marchés. Passant de
Philippe Legueltel l’éclairage halogène aux ampoules
lions en 2022. « Il n’y avait plus de
suspense depuis la carence de l’offre.
On a tout essayé, en étudiant tous les
projets et en restant le plus profes-
sionnel possible. Nous allons conti-
nuer de nous battre jusqu’au bout
pour les salariés comme nous nous y
étions engagés », déclare Fabien Car-
pentier, directeur de l’usine.
La fermeture
de l’usine, le 2 janvier,
laissera 208 salariés
d’applications, Mimiq propose Strasbourg, dont est issu le spin-
un environnement simulant off QPerfect. Quatre brevets ont
« ce que pourra être un ordina- été déposés, pour un coût de
teur quantique dans deux ou trois développement difficile à chif-
ans », expose Guido Masella, frer, selon Sébastien Buffe-
directeur technique. Son utilisa- choux. « L’équipe fondatrice a
lions d’euros pour aider au renou- tion doit faciliter le développe- plus de quarante ans d’antério-
veau de l’entreprise. ment d’algorithmes qui pour- rité de recherche académique sur
Au total, depuis des mois, quatre ront fonctionner sur des machi- le sujet », rappelle-t-il.
dossiers de reprise ont été étudiés. nes quantiques réelles quand La partie consacrée aux logi-
Le dernier en date provenait du Nor- celles-ci seront assez précises. ciels applicatifs est commercia-
mand Adrien Tourres (holding lisée depuis peu sur le cloud.
Tourres & Cie), propriétaire des ver- Elle adresse autant les services
reries Waltersperger (Seine-Mari- dédiés au sein d’entreprises de
time) et La Rochère (Haute-Saône), Il a dit divers secteurs que les déve-
qui n’est donc pas allé jusqu’au bout. loppeurs tiers et la recherche
« C’est son choix, même si c’est une académique. Les développe-
grande surprise pour nous », déplore ments se poursuivent pour la
Jocelyn Le Corff, directeur financier. partie « fabrique à jumeaux nu-
La fin de l’entreprise va impliquer mériques ».
QPerfect

— Correspondant à Caen
Ils auront tout tenté. En vain. Les
salariés et les dirigeants d’Holopha-
ne, un des derniers verriers français,
n’auront pas, finalement, réussi à
trouver de repreneur pour leur en-
treprise. Le dernier candidat n’ayant
pas déposé son offre, le tribunal de
commerce d’Evreux a donc acté la
liquidation de l’entreprise centenai-
re normande, située aux Andelys
(Eure), mais a prolongé d’un mois sa
LED, ses clients – des équipemen-
tiers de l’automobile – ont alors favo-
risé le plastique par rapport au
verre. Elles ont été amplifiées par la
crise énergétique avec une flambée
de ses factures d’électricité et de gaz,
notamment celles de son four de
grosse capacité (80 tonnes), qui ve-
nait d’être modernisé pour un mon-
tant de 2,2 millions d’euros. Réalisé à
90 % à l’export, son chiffre d’affaires,
qui était de 39 millions d’euros
en 2019, était ainsi tombé à 26,5 mil-
sans emploi.
La mobilisation a été générale de-
puis l’apparition des difficultés.
L’Etat, par l’intermédiaire du Ciri
(Comité interministériel de restruc-
turation industrielle de Bercy), les
collectivités locales et la CCI ont
œuvré pour son sauvetage, mais
aussi des entreprises privées nor-
mandes qui, à un moment, avaient
même réuni un peu plus de 2 mil-
le licenciement des 208 salariés. « A La jeune entreprise, qui
un mois des fêtes de fin d’année, les re- compte aujourd’hui 10 person-
présentants du personnel ont deman- nes et dont les statuts ont été dé-
dé et obtenu que le mois de décembre
soit payé aux salariés par Holo -
« L’informatique posés en mai 2023, est en quête
de partenariats avec des déve-
phane », indique Alain Lecompte, quantique a loppeurs d’ordinateurs quan-
directeur des ressources humaines. la maturité tiques. Elle compte ajouter des
En accord avec le tribunal de com- des ordinateurs fonctionnalités et des compo-
merce, le plan de sauvegarde de sants propres à ces machines
l’emploi, la cellule de reclassement
de la fin des pour les mimer de plus en plus
et l’envoi des lettres de licenciement années 1940. » précisément et affiner l’envi-
ne seront alors activés qu’à partir du SÉBASTIEN BUFFECHOUX ronnement de travail des utili-
mardi 2 janvier 2024. n PDG de QPerfect sateurs de Mimiq. n

Bureaux d’études : Nerco

se renforce avec Energimotique
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
L’entreprise lyonnaise
acquiert le spécialiste
francilien de la gestion
technique du bâtiment
tertiaire, la logistique, les rési -
dences services ou encore les com-
plexes touristiques.
Avec le soutien de son action-
naire minoritaire Siparex, l’entre-
prise présidée par Philippe Nouvel
vient de reprendre Energimotique,
un bureau d’études des Hauts-de-
ments, une compétence très recher- tise sur le diagnostic préalable de MARDI 5 DÉCEMBRE 2023
chée par les investisseurs immo - l’existant. « C’est un segment très
biliers et les foncières qui cherchent à porteur que nous devions sous-trai-
certifier leurs actifs », explique ter au paravant », précise Jean -
sur les différents
Jean-Marie Mussat, directeur Marie Mussat. régimes de plan
général de Nerco, qui emploie
A R DS de restructuration
REG ISÉS
160 salariés, dont 80 ingénieurs. Une vingtaine de postes
L’entreprise devrait terminer à pourvoir nouvellement introduits

dans un contexte de
transition énergétique
en immobilier
d’entreprise.
Stéphane Frachet
— Correspondant à Lyon
Le réglage au degré près des
bureaux de Cœur Défense, la ges-
tion des énergies de la boutique
Apple Store des Champs-Elysées…
Telles sont quelques-unes des réali-
sations de Nerco, un groupe fami-
lial lyonnais spécialisé dans l’ingé-
nierie CVC (chauffage, ventilation,
climatisation) et l’électricité pour le
Seine, spécialiste de l’immotique.
Ce néologisme propre à l’univers du
bâtiment mêle immobilier et domo-
tique, et par extension l’efficacité
énergétique et la gestion intelli-
gente du froid et du chaud.
Une compétence
très recherchée
Le montant de l’opération reste
confidentiel. La famille Nouvel
conserve la majorité des parts ;
Siparex est minoritaire, et des
managers, dont le cédant Alexis
Tinnirello, complètent le tour de
table. « Energimotique a pris une
avance dans la qualification des
performances énergétiques des bâti-
l’année avec un chiffre d’affaires
d’environ 44 millions d’euros.
Ce rapprochement intervient
dans un contexte d’augmentation
du prix de l’énergie, qui pousse les
acteurs de l’immobilier à rénover
leurs biens. Dans le même temps, le
décret tertiaire incite les proprié-
taires d’actifs à réduire de 40 % leur
consommation d’ici à 2030, et de
50 % avant 2040. « Selon le décret
BACS, les surfaces supérieures à
1.500 m² doivent aussi installer une
GTB (gestion technique du bâti-
ment) qui implique un pilotage obli-
gatoire avant 2025 », ajoute le diri-
geant. Dans ce cadre, Energimo-
tique apporte à Nerco son exper-
CRO
Après cet audit, les équipes de au sein de l’UE.
Nerco peuvent concevoir et réaliser
une nouvelle installation, puis assu- Focus sur l’Allemagne,
rer sa maintenance. Depuis la l’Espagne, la France
reprise de Climanet, en 2022, le et les Pays-Bas.
bureau d’études s’appuie en effet
sur ses propres techniciens implan- Paris, 6e
tés à Paris, Lyon, Marseille, Nice
et Annecy. Colloque international En coopération
Le nouvel ensemble emploie organisé par : avec :
désormais 200 salariés, dont la
moitié d’ingénieurs et chefs de pro-
jet, ainsi qu’une soixantaine de tech-
niciens. Une vingtaine de postes
sont ouverts. Energimotique va per-
mettre à Nerco d’approcher les
50 millions d’euros de chiffre Inscription, tarif présentiel ou distanciel : invitation@are.fr
d’affaires. n

FINANCE&MARCHES
Les candidats se bousculent pour
accéder au CAC 40
l La composition de l’indice phare de la Bourse de Paris
est appelée à évoluer ce jeudi.
l Alors que Worldline et, dans une moindre mesure,
Alstom sont menacés de relégation, l’incertitude plane
sur leurs remplaçants potentiels.
BOURSE
Bastien Bouchaud
Le profil du CAC 40 pourrait être
bien différent le mois prochain. La
revue trimestrielle de la composi-
tion de l’indice phare de la Bourse
de Paris, ce jeudi, a toutes les chan-
ces de réserver quelques surprises.
Si les candidats à la sortie sont bien
identifiés, les professionnels de
l’investissement sont beaucoup
plus circonspects sur les valeurs qui
pourraient faire leur entrée dans
l’indice parisien.
Après leur mauvaise passe en
Bourse ces derniers mois, deux
membres sont menacés d’exclu-
sion. Le destin de Worldline semble
scellé. Le spécialiste français des
paiements, entré dans le CAC 40 en
mars 2020, a perdu la moitié de sa
valeur depuis la dernière revue de
l’indice en septembre dernier. Avec
une capitalisation de 4 milliards
d’euros, il se classe aujourd’hui en
72e position au sein du SBF 120.
Alstom en sursis
Le constructeur des TGV, Alstom, a
suivi une trajectoire boursière
similaire, et sa capitalisation de
4,4 milliards d’euros n’est pas
beaucoup plus élevée que celle de
Worldline. Il pourrait toutefois
rester dans l’indice parisien. Car si
la capitalisation boursière est un
critère important pour déterminer
la composition du CAC 40, elle est
loin d’être le seul.
Le conseil scientifique du CAC 40
s’intéresse également aux volumes
échangés sur chaque titre, ce qui
joue généralement en faveur des
sociétés déjà présentes dans l’indice.
Il ajuste par ailleurs la capitalisation
boursière par la taille du flottant,
c’est-à-dire la proportion d’actions
effectivement en circulation. Sont
notamment exclus de ce calcul les
titres détenus par des actionnaires
engagés dans la gouvernance de
l’entreprise.
C’est la raison pour laquelle Her-
mès, par exemple, a mis si long-
temps à intégrer l’indice parisien.
La maison de luxe a rejoint le
CAC 40 en juin 2018 seulement,
alors qu’elle affichait déjà une
capitalisation de 60 milliards
d’euros, ce qui la classait parmi les
10 plus grandes entreprises cotées
françaises. Mais comme les deux
La chambre de compensation d’Euronext monte en puissance
BOURSE
L’opérateur boursier
utilise désormais
Euronext Clearing
pour les transactions
au comptant.
Euronext Clearing vient de franchir
une étape majeure de son dévelop-
pement. La filiale de l’opérateur
boursier paneuropéen compense
depuis la semaine dernière les
transactions au comptant des
Bourses de Paris, Dublin, Amster-
dam et Lisbonne. Elle s’occupait
déjà, depuis le 6 novembre, de la
tiers du capital sont entre les
mains de la famille fondatrice, qui
contrôle toujours le groupe, son
flottant est réduit.
Sodexo tient la corde
Ces deux facteurs – la capitalisation
ajustée du flottant et les volumes
échangés – ont un poids équivalent
dans le classement regardé par le
conseil scientifique. Ce dernier a
été établi à partir des données à la
clôture du 17 novembre. En théorie,
les 40 premiers sont retenus pour
former l’indice parisien. Mais pour
éviter des changements trop fré-
quents, une « zone tampon » donne
la priorité aux membres actuels
tant qu’ils se maintiennent parmi
les 45 premiers. Ce qui pourrait
sauver Alstom, en 45 e position
selon plusieurs gérants, mais pas
Worldline.
Un doute subsiste néanmoins car
le conseil scientifique peut « excep-
tionnellement dévier des résultats du
classement », notamment pour des
questions de représentativité et
pour limiter la fréquence des chan-
gements de l’indice. Ces facteurs
peuvent jouer pour déterminer les
sortants, mais aussi les prétendants
à l’entrée dans le CAC 40. Et les
candidats crédibles ne manquent
pas.
Les deux mieux placés sur les
critères quantitatifs sont Sodexo et
Solvay, avec des capitalisations
respectives de 14 milliards et de
11 milliards d’euros. Mais tous deux
ont engagé des processus de scis-
sion. Le géant de la restauration
collective Sodexo veut coter sa
branche titres-restaurants, modeste
en termes de chiffre d’affaires mais
très rentable et en pleine crois-
sance. Le chimiste franco-belge
Solvay compte, pour sa part, se
scinder entre chimie de spécialité, à
plus forte croissance et aux marges
plus élevées, et ses activités histori-
ques de chimie essentielle.
Des candidats
au coude-à-coude
Le projet de Solvay est toutefois
bien plus avancé, avec une assem-
blée générale prévue le 8 décembre
pour entériner sa scission, ce qui a
toutes les chances de disqualifier le
chimiste. « Sodexo tient la corde, il
affiche une capitalisation et une
liquidité plus élevée, et il n’a pas
encore fixé de calendrier pour son
spin-off ni publié de prospectus »,
compensation des transactions à
Bruxelles et auparavant à Milan.
« Cette réalisation est une nouvelle
étape vers l’établissement d’Euronext
en tant qu’infrastructure de marché
principale en Europe pour fournir
un accès incomparable aux marchés
financiers européens unifiés et être la
colonne vertébrale de l’union des
marchés de capitaux », s’est félicité le
président d’Euronext, Stéphane
Boujnah.
Avec cette dernière extension,
Euronext Clearing représente
désormais la contrepartie centrale
pour l’ensemble des marchés au
comptant d’Euronext, qui traitent
environ 25 % des transactions de ce
type en Europe. Sont concernés les
estime un gérant. Sodexo pourrait
donc retrouver le CAC 40 après en
avoir été déjà membre entre 2016
et 2020 et auparavant entre 1998
et 2005.
Si le projet de scission devait lui
coûter sa place, ou en cas de double
sortie dans l’indice parisien, trois
autres candidats sont sur les rangs :
Vivendi, Eiffage et Accor. Vivendi et
Eiffage sont au coude-à-coude sur
les critères quantitatifs. Mais le
premier est sorti en juin dernier
seulement de l’indice parisien : son
retour marquerait donc un retour-
nement de fortune inédit par sa
vitesse. Quant au second, il pourrait
être pénalisé par la présence dans
l’indice de Bouygues et de Vinci,
deux poids lourds des concessions
et de la construction. Accor pour-
rait donc tirer son épingle du jeu.
Son cours a fortement progressé
en 2023 avec des gains de près de
38 %, porté par le rebond spectacu-
laire du tourisme ces deux derniè-
res années. Un retour d’Accor dans
le CAC 40 marquerait une belle
revanche pour l’hôtelier, exclu de
l’indice parisien en pleine crise du
Covid en septembre 2020. Il avait
alors été remplacé par… Alstom. n
Alstom et Worldline en pleine crise de crédibilité
Les deux sociétés affichent
les plus fortes baisses de
l’année parmi les membres
du CAC 40.
Les jours de Worldline dans le
CAC 40 sont peut-être comptés,
mais le spécialiste des paiements
restera dans les annales de l’indice
phare de la Bourse de Paris. Depuis
sa création, aucune autre des
valeurs qui le composent
n’avait enregistré une déroute
aussi brutale que celle subie le
25 octobre dernier. Avec des pertes
de plus de 59 % sur cette seule
séance, Worldline a éclipsé le
précédent record, qui tenait depuis
25 ans. Il avait été établi par Alcatel,
le 17 septembre 1998, avec une
chute de plus de 38 %. Le 5 octobre
dernier, Alstom s’en était déjà
approché. L’action du construc-
teur ferroviaire s’était en effet
effondrée de 37,5 %. Deux plon-
geons historiques en l’espace de
quelques semaines.
achats et ventes d’actions, mais
aussi de fonds indiciels cotés (ETF),
de produits structurés, de warrants
et d’obligations. Soit 150.000 pro-
duits au total et environ 2 millions
de transactions chaque jour, pour
52 membres compensateurs.
Stratégie d’internalisation
Pour l’opérateur boursier paneuro-
péen, c’est une avancée majeure
dans sa stratégie de développement
établie dans la foulée de l’acquisi-
tion de Borsa Italiana en 2021. En
plus de la Bourse de Milan, Euronext
a alors récupéré dans son escarcelle
la chambre de compensation
CC & G, depuis renommée Euro-
next Clearing. Cette pièce clé dans la
Sodexo est sur les rangs pour remonter dans le CAC 40. Mais son projet de scission pourrait lui
coûter sa place. Photo Fred Marvaux/RÉA
On peut y voir un symptôme de
la nervosité des investisseurs en
des temps incertains, et de la baisse
de la liquidité sur les marchés
financiers. Mais c’est surtout le
signe « d’une perte de confiance
dans le management de ces entre-
prises », estime le directeur des
investissements d’un grand gérant
parisien. Qu’il s’agisse d’Alstom ou
de Worldline, la sanction boursière
a été à la hauteur de la désillusion
des investisseurs.
Capitulation
Les professionnels de l’investisse-
ment sont en effet en contact régu-
lier avec les cadres dirigeants des
grandes entreprises au sein des-
quelles ils investissent, ce qui leur
donne l’occasion de les interroger
sur les sujets sensibles et de jauger
leur niveau d’optimisme ou de pes-
simisme par rapport aux attentes
des analystes. Dans les deux cas,
« le management s’était montré plu-
tôt rassurant dans les semaines qui
tuyauterie des marchés financiers
joue un rôle essentiel pour sécuri-
ser les transactions. En s’interca-
lant entre les acheteurs et les ven-
deurs de titres, une chambre de
compensation permet de limiter
l’effet du défaut d’un acteur de
marché sur la stabilité financière.
Avec sa propre chambre de com-
pensation, Euronext peut progres-
sivement s’émanciper de sa dépen-
dance à LCH SA, une filiale de son
concurrent britannique le London
Stock Exchange Group. La dernière
étape de cette stratégie d’internali-
sation concernera la compensation
des dérivés cotés et des matières
premières, prévue au troisième tri-
mestre 2024. A la clé, ce sont des
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos 28
précédaient », souligne un gestion- Les dirigeants d’Alstom et de
naire d’actifs, ce qui a contribué à la Worldline ont bien tenté d’étouffer
violence de la réaction boursière. l’incendie en détaillant leur
Alors qu’Alstom prévoyait une vision stratégique pour sortir de
génération de cash « significative- l’ornière, mais le mal était fait.
ment positive » sur l’année, le cons- L’effondrement brutal de leur
tructeur ferroviaire a finalement cours a marqué la « capitulation »
dû reconnaître le 4 octobre une des investisseurs soit, dans le
détérioration rapide de sa tréso- jargon boursier, l’abandon de leurs
rerie au cours du premier semestre positions à n’importe quel prix,
de son exercice décalé. Quant à aussi faible soit-il. « La crédibilité
Worldline, « la direction avait parti- peut prendre des années à se cons-
cipé à des conférences en septembre truire, mais tout peut s’effondrer en
sans rien laisser paraître de ses diffi- une publication », résume un
cultés », explique-t-il. gérant. — B. B
L’intérêt supposé de Crédit
Agricole fait grimper Worldline
Le titre Worldline a pris 5,8 %, vendredi, après avoir
progressé de plus de 11 % en séance. Selon Bloomberg,
Crédit Agricole réfléchirait à monter au capital du
spécialiste du paiement, avec qui il travaille déjà à la
mise en place d’une co-entreprise portant sur le marché
français. Contacté, Crédit Agricole n’a pas commenté.
revenus supplémentaires pour d’entrée unique sur les marchés de
l’opérateur boursier, mais aussi une capitaux européens, de la pré-cota-
plus grande flexibilité pour propo- tion au post-marché », se réjouit
ser de nouveaux services et pro- Anthony Attia, le responsable du
duits à ses clients, notamment post-marché chez Euronext. — B. B.
autour de ses indices. C’est aussi
une nouvelle corde à son arc, qui lui
permet d’asseoir sa position cen- « Euronext est
trale parmi les opérateurs d’infras- un point d’entrée
tructures de marché européen.
C’est ainsi l’occasion de se démar-
unique sur
quer de ses concurrents avec son les marchés
positionnement très européen de capitaux
alors que des débats s’engagent sur européens. »
les prochaines étapes pour appro-
fondir l’union des marchés de capi- ANTHONY ATTIA
taux. « Désormais présent sur
Responsable du post-marché
chez Euronext
l’ensemble de la chaîne de valeur des
transactions, Euronext est un point
29 Les Echos Lundi 4 décembre 2023
Normes ESG : un accord pour
éviter le double reporting
RÉGLEMENTATION
L’Efrag, chargé par
Bruxelles d’élaborer le
langage commun aux
entreprises européen-
nes pour le reporting
extra-financier, vient
de signer un accord
de coopération étroite
avec la GRI (Global
Reporting Initiative),
un normalisateur
mondial.
Laurence Boisseau
Un nouveau pas de franchi pour la
convergence internationale des
rapports de durabilité. L’Efrag,
l’organisme chargé par Bruxelles
d’élaborer le langage commun aux
entreprises européennes pour le
reporting extra-financier, a signé,
jeudi soir, un accord de coopération
avec la GRI (Global Reporting Ini-
tiative), un normalisateur mondial.
« Cet accord va éviter aux entreprises
de doublonner leur communication
publique sur les sujets ESG [Environ-
nement Social Gouvernance] », se
félicite Eelco van der Enden, direc-
teur général de GRI.
Aujourd’hui, 14.000 entreprises
dans le monde – dont beaucoup en
Asie-Pacifique – utilisent de manière
volontaire ou parfois obligatoire
(comme à Taïwan) les normes de
GRI pour reporter leurs données
extra-financières. Créée en 1997
aux Etats-Unis, dans la lignée du
PNUE (Programme environnement
des Nations unies), cette fondation a
développé un référentiel pour
mesurer les impacts négatifs ou
positifs de l’entreprise sur son envi-
ronnement (matérialité d’impact).
Une différence de taille
« En Europe, la directive CSRD, qui
entrera en vigueur en 2024, va mar-
quer un tournant décisif pour les
sociétés dans la gestion de leurs
données ESG », explique Patrick de
Cambourg, président du SRB (Sus-
tainability Reporting Board) de
L’AMF sanctionne Visiomed et ses anciens
dirigeants pour manipulation de marché
RÉGULATION
Le juge de l’AMF a
prononcé une sanction
de 200.000 euros
contre Visiomed,
société dédiée à l’inno-
vation médicale, et de
1 million contre Eric
Sebban et Olivier Hua.
Visiomed a tourné la page. Après
avoir traversé des difficultés impor-
tantes, la société dédiée à l’innova-
tion médicale a réussi à retrouver
une croissance soutenue et une
certaine rentabilité. Elle est néan-
moins rattrapée par le gendarme
des marchés financiers. Et ce même
si les faits qui lui sont reprochés
datent d’il y a plusieurs années et
concernent une ancienne direction,
les actuels dirigeants étant arrivés
en avril 2022.
Le juge de l’Autorité des marchés
financiers (AMF) vient de pronon-
cer une sanction pécuniaire de
200.000 euros contre la société
pour des faits commis entre octo-
bre 2017 et mai 2019. Il a retenu que
Visiomed avait diffusé à 13 reprises,
sur cette période, des informations
fausses ou trompeuses : sur son
chiffre d’affaires 2017, sur le succès
de son offre de téléconsultation
VisioCheck et sur les conditions de
En Europe, 50.000 entreprises devront faire part de leurs données
ESG selon le langage édicté par l’Efrag. Photo Shutterstock
l’Efrag. Dès 2025, 11.000 entreprises
européennes (des grands groupes
cotés, des banques ou des compa-
gnies d’assurance), puis 50.000
entreprises en 2026, devront appli-
quer, de manière contraignante, les
normes qui ont été développées par
l’Efrag à partir de 2020, les ESRS
(European Sustainability Repor-
ting Standards).
Le groupe de travail de l’Efrag sur
la durabilité s’est largement inspiré
des normes développées par le GRI.
Avec une différence de taille. Le
socle des ESRS repose sur l’analyse
de la double matérialité : la maté-
rialité à impact et la matérialité
financière (impact du changement
climatique sur les performances
financières de l’entreprise).
Par le passé, les deux normalisa-
teurs s’étaient déjà entendus pour
assurer le plus haut degré possible
mise en œuvre de deux contrats de
financement par recours aux obli-
gations convertibles en actions
nouvelles avec bons de souscrip-
tion d’actions (OCABSA). L’AMF a
considéré que ces informations
fausses ou trompeuses donnaient
aux investisseurs une image du
développement de Visiomed et de
ses perspectives plus favorable
qu’elle ne l’était réellement.
Ont également été condamnés,
bien plus durement que la société,
deux dirigeants présents à l’époque
des faits. La Commission des
sanctions de l’AMF a considéré que
presque tous les manquements
commis par Visiomed étaient
imputables à Eric Sebban, fonda-
teur et PDG du groupe avant juin
2018 et de février à juin 2019, et à
Olivier Hua, PDG entre juin 2018 et
février 2019. Eric Sebban écope
d’une amende de 650.000 euros et
Olivier Hua, de 350.000 euros.
100.000 euros d’amende
pour Negma
Enfin, la Commission a retenu que
la société Negma, qui avait conclu
avec Visiomed l’un des deux
contrats de financement par
émission d’OCABSA, n’avait pas
notifié ou publié à 10 reprises, entre
mai et juillet 2019, des franchisse-
ments à la hausse et à la baisse de
seuils de positions courtes nettes
sur le titre Visiomed. La société
d’homogénéité entre les normes
respectives. Mais le nouvel accord
approuvé mercredi va aider les
entreprises à naviguer entre les
normes GRI et les ESRS pour assu-
rer la compatibilité de leur repor-
ting sur la partie relevant de la
matérialité à impact. Pas besoin de
faire deux fois le travail, il leur suf-
fira de regarder la table d’interopé-
rabilité pour savoir quelle norme
correspond à quelle autre. « S’il y a
quelques ajustements à faire, car
certains sujets de durabilité n’ont pas
été repris par l’Union européenne, ils
sont mineurs. L’équivalence est pres-
que totale », explique Eelco van der
Enden.
Travail en amont de
la préparation des normes
Les deux parties vont aller bien plus
loin maintenant dans leur collabo-
financière devra, de ce fait, régler
100.000 euros au Trésor Public.
Lors de l’audience publique
devant le juge de l’AMF, le 13 octo-
bre, Negma n’avait pas contesté les
faits. Elle avait cependant regretté
de ne pas avoir pu entrer en voie de
composition administrative (équi-
valent d’une transaction négociée)
avec l’AMF. « Il ne faut pas se tromper
de débat », avait plaidé l’avocate
de Negma.
L’AMF a
considéré que des
informations fausses
ou trompeuses
donnaient aux
investisseurs
une image du
développement de
Visiomed et de ses
perspectives plus
favorable qu’elle ne
l’était réellement.
La société, créée en 2013 par Elaf
Gassam, propose un mode de
financement – souvent de la der-
nière chance – pour les start-up, les
OCABSA, très coûteux et dilutif. A
maintes reprises, déjà, l’AMF a
alerté sur ce type de produits, qui
provoque en général un plongeon
ration. Dorénavant, cette dernière
va se situer en amont de la prépara-
tion des normes. D’abord, les deux
organismes vont travailler conjoin-
tement au développement des nor-
mes sectorielles qui devront être
livrées par l’Efrag à la Commission
européenne dès 2026. Ces dernières
vont concerner les secteurs consi-
dérés à haut risque pour l’environ-
nement comme l’agriculture, les
industries pétrolières et minières
ou encore le textile. Puis GRI et
Efrag développeront les normes
pour les entreprises non euro-
péennes qui devront se conformer
à CSRD pour 2028.
Pour les normes destinées aux
PME (livrables par l’Efrag en
juin 2024), la collaboration sera
moindre car l’Efrag a déjà entamé
sa réflexion. Mais les deux normali-
sateurs vont œuvrer à une forte
interopérabilité entre les deux sys-
tèmes. L’accord prévoit aussi qu’à
l’avenir, GRI aide à former les entre-
prises à l’utilisation des normes
ESRS et les futurs auditeurs à la
certification de ces données ESG.
Les deux entités auront un pro-
gramme de travail commun avec
un calendrier précis.
Cette coopération aura-t-elle des
répercussions sur les travaux de
l’ISSB (International Sustainability
Standards Board) présidé par
Emmanuel Faber ? Pas forcément.
L’organisation, le pendant pour le
reporting durable de l’IASB (Inter-
national Accounting Standards
Board) qui a créé les normes comp-
tables IFRS pour les comptes con-
solidés, a pour objectif de déve-
lopper un référentiel mondial en
matière de publication d’informa-
tions de durabilité. Pour l’instant, il
a publié deux normes climatiques,
en juin dernier. Par ailleurs, en août
dernier, l’Efrag a posé avec l’ISSB le
principe d’interopérabilité sur les
normes climatiques. Un outil a été
développé pour que les entreprises
s’y repèrent mais il n’est pas encore
efficace. Entre l’ISSB et le GRI, un
accord de coopération a été signé en
mars 2022 pour tenter d’accélérer le
développement de normes de repor-
ting de RSE au niveau mondial. n
du cours de Bourse. Cette décision
de la Commission des sanctions
de l’AMF peut faire l’objet d’un
recours. — L. Boi.
LE CLUB
DÉBATS
TRANSFORMATION
DIGITALE
Julien Largilliere
Chief Technology Oficer
VEOLIA
IA : Enjeux et perspectives
Mardi 5 décembre 2023 à 18h00
Evénement co-organisé avec :
FINANCE & MARCHES
Rachat de Direct
Energie par Total :
forte peine requise
pour délit d’initié
RÉGULATION
L’Autorité des
marchés financiers
a réclamé vendredi
au total 1,115 million
d’euros d’amende
pour douze hommes
soupçonnés de délit
d’initié dans le
cadre du rachat de
Direct Energie par
Total en avril 2018.
C’est une affaire atypique que la
Commission des sanctions de
l’Autorité des marchés finan-
ciers (AMF) va juger. Pas sur le
fond, car elle a l’habitude de
traiter des délits d’initié, mais
sur le nombre de personnes
mises en cause.
Vendredi matin, douze indi-
vidus étaient convoqués par le
juge de l’AMF, place de la
Bourse à Paris. Presque tous
sont espagnols et originaires de
Saragosse ou y résident. Plu-
sieurs familles ont été identi-
fiées. Une affaire qui rappelle
les producteurs d’oranges de
Valence qui avaient acquis des
titres Eiffage en 2010, alors
même que l’espagnol Sacyr
tentait de prendre le contrôle de
la société française.
Mettre en lumière d’éven-
tuels réseaux d’initiés à l’inter-
national n’est jamais simple
pour le gendarme boursier. La
transmission de l’information
privilégiée étant quasiment
impossible à prouver, l’AMF ne
peut que fonder ses accusa-
tions sur la base de faisceaux
d’indices.
Achats de titres
atypiques
L’affaire remonte à 2018. Le
6 avril, lors d’un déjeuner, le
PDG de Total, Patrick Pouyanné,
trouve un accord de principe
avec Jacques Veyrat, principal
actionnaire de Direct Energie
(via sa société Impala) pour
racheter un bloc de contrôle du
fournisseur d’énergie. Le
18 avril, l’accord devient public.
Le prix proposé est de 42 euros
par action, avec une prime
significative de 30 % sur le cours
de clôture du 17 avril.
Entre le 10 et le 17 avril, l’AMF
repère des achats atypiques de
milliers de titres, presque tous
par des investisseurs espagnols.
Les actions ont toutes été reven-
Maxime Havez
Chief Data Oficier
CRÉDIT MUTUEL ARKÉA
dues le jour de l’annonce de
l’OPA. Jamais aucun de ces indi-
vidus n’avait acquis des titres
Direct Energie par le passé. Et la
majorité avait le même chargé
de clientèle.
Le Collège de l’AMF a requis,
au total, 1,115 million d’euros
contre les douze hommes soup-
çonnés de délit d’initié. Ils sont
accusés d’avoir utilisé l’infor-
mation privilégiée relative au
rachat de Direct Energie par
Total. Les amendes requises
par le représentant du Collège
vont de 10.000 à 230.000 euros,
suivant la personne incriminée.
Premier mis en cause, Sergio
Val Allue, directeur financier
adjoint d’Engie au moment des
faits. Le Collège de l’AMF
l’accuse d’avoir, grâce à ses fonc-
tions, obtenu cette information
privilégiée auprès de dirigeants
de haut niveau d’Engie (Engie
avait réfléchi au rachat de
Direct Energie) puis de l’avoir
transmise à son père, Francisco
Javier Val Aznar, résidant à
Saragosse. Ce dernier a acheté
environ 7.000 actions Direct
Energie, au même moment,
pour son propre compte, celui
d’un autre de ses fils et sa
société. Le Collège de l’AMF a
requis une sanction de
200.000 euros contre Sergio Val
Allue et de 230.000 euros
contre son père.
D’autres espagnols ont fait de
même, au même moment. Le
directeur commercial de la
banque Renta 4, Amir Manuel
Chabbar Boudet, a acheté des
titres Direct Energie. Son frère
aussi, tout comme son père. Et
d’autres amis ou des clients de
la banque.
Précédents
emblématiques
La dernière fois que la Commis-
sion des sanctions a condamné
plusieurs individus pour délit
d’initié, c’était en février 2023.
Elle avait alors infligé à dix per-
sonnes physiques et morales
des sanctions comprises entre
5.000 euros et 1 million d’euros,
dans le cadre du rachat des
actifs de la foncière Terreïs par
Swiss Life en 2019.
Autre affaire emblématique,
celle du rachat de Net2S par BT.
En 2012, la Commission des
sanctions avait infligé 6,17 mil-
lions d’euros d’amende à sept
personnes accusées d’avoir
transmis ou utilisé une infor-
mation privilégiée. — L. Boi.
Guillaume Avrin
Coordonnateur national pour
l’intelligence artificielle
DIRECTION GÉNÉRALE DES
ENTREPRISES
Informations et inscriptions
leclub-lesechos-debats.fr
FINANCE & MARCHES Lundi 4 décembre 2023 Les Echos 30

Les banques font leurs comptes après

la faillite du promoteur autrichien Signa
l L’autrichienne Raiffeisen, l’italienne UniCredit et la suisse Julius Baer seraient exposées à plus de 600 millions d’euros.
l Les banques françaises Natixis (Groupe BPCE) et BNP Paribas, de quelques millions d’euros, selon nos informations.

filiales Signa Prime et Signa Develo-

BANQUE
Thibaut Madelin
avec Edouard Lederer
Quelques jours après la faillite du
promoteur autrichien Signa, les
banques font leurs comptes et se
préparent à la réunion des créan-
ciers convoquée le 19 décembre par
l’administrateur judiciaire. Au total,
quelque 120 établissements seraient
exposés à l’empire immobilier de
luxe et sa myriade de filiales, selon le
« Financial Times ».
Si les banques du monde germa-
nique sont de très loin les plus expo-
sées, avec des montants de plusieurs
centaines de millions d’euros pour
certaines, les établissements fran-
çais ne sont pas totalement épar-
gnés. Natixis, la filiale de BPCE,
aurait une exposition actuelle de
l’ordre de 25 millions d’euros, selon
nos informations. A l’origine : un
prêt de 754 millions arrangé en
décembre 2019 avec Bank of China et
Raiffeisen Bank International pour
Signa Prime Selection, une filiale du
promoteur immobilier.
« L’exposition de Natixis CIB à
Signa s’est fortement réduite ces
dernières années pour atteindre
aujourd’hui un montant très limité et
couvert par la valeur des actifs en
garantie », a réagi, samedi, un porte-
parole de l’organe central des Ban-
ques Populaires et des Caisses
d’Epargne.
Pour les créanciers,
les analystes de
JP Morgan estiment
à quelque 13 milliards
d’euros la dette de
cet empire opaque.
BNP Paribas n’a pas souhaité
commenter un article du quotidien
autrichien « Der Standard » citant le
nom de la banque française parmi
les créanciers de Signa. Selon nos
informations, l’exposition serait éga-
lement de l’ordre de quelques mil-
lions d’euros. Une porte-parole a
refusé de commenter.
Si Natixis et BNP Paribas ont
accepté de financer René Benko, le
bouillonnant fondateur de Signa, ils
ne sont pas les seuls. C’est aussi le cas
de Peugeot Invest, le holding de la
dynastie industrielle, qui a investi
plus de 300 millions d’euros dans ses
pment et déjà réduit la valorisation
de ses participations à 183 millions.
Pour les créanciers, les analystes
de JP Morgan estiment à quelque
13 milliards d’euros la dette de cet
empire opaque, qui possède notam-
ment le Chrysler Building à New
York, les grands magasins KaDeWe
à Berlin ou encore Selfridges au
Royaume-Uni.
Selon Bloomberg, UniCredit a
prêté environ 600 millions d’euros à
des entités du magnat autrichien,
essentiellement à travers sa filiale
Bank Austria. Selon des sources pro-
ches de la banque, ces prêts sont
adossés à des sûretés. De son côté, la
banque privée suisse Julius Baer a
fait état, sans nommer formelle-
ment Signa, d’une exposition de
606 millions de francs suisses
(628 millions d’euros).
La BCE suit le dossier
La banque autrichienne Raiffeisen
serait exposée à hauteur de 755 mil-
lions d’euros, selon Reuters. Son
ancien patron Karl Sevelda siège au
conseil de Signa Development, aux
côtés de Robert Peugeot. Mais les
banques régionales allemandes A Hambourg, le chantier de l’Elbtower, haute de 245 mètres, réalisé par une filiale de Signa, est désormais à l’arrêt. Photo Axel Heimken/AFP
BayernLB et Helaba, contrôlées elles
aussi par les caisses d’épargne,
auraient également prêté chacune
plusieurs centaines de millions
d’euros au groupe, selon l’agence de
Le lien entre établissements bancaires
presse. Credit Suisse, qui a été
racheté cette année par UBS, serait
et dette souveraine inquiète à nouveau
lui aussi exposé.
La Banque centrale européenne En cas de crise sur les S&P Global Ratings, qui a main- totaux », soulignent les auteurs de les investisseurs, un Etat peut
suit le dossier de près, et le secteur finances publiques, le tenu vendredi soir la note de la la note. décider de lancer une cure d’aus-
de l’immobilier commercial au secteur financier peut se France, tout en la laissant sous Il existe de fortes différences térité. Or une cure trop efficace
sens large. « Même si la taille rela- trouver touché à son tour. perspective négative, il pourrait d’un pays à l’autre, cette part peut provoquer une récession
tivement limitée des portefeuilles Un cercle vicieux qui, revenir sur le devant de la scène. dépassant les 10 % en Italie, au Por- dans le pays et affecter, à ce
immobiliers commerciaux des ban- douze ans après la crise « La faiblesse de la croissance tugal ou en Grèce, ainsi que dans moment-là, le niveau d’activité
ques implique qu’il est peu probable de la zone euro, pourrait économique et les différences plusieurs pays d’Europe centrale des banques.
qu’ils conduisent à eux seuls à une se reproduire, selon potentielles dans la rapidité et (notamment Hongrie, Pologne). Autant de scénarios qui se sont
crise systémique, ils pourraient jouer une étude de S&P Global. l’ampleur des politiques budgétai- Elle est comprise entre 5 % et 10 % pour partie réalisés lors de la crise
un rôle amplificateur important en res dans l’UE signifient que le lien en France, en Espagne et en Belgi- de 2011. Mais il n’est pas dit que
cas de tensions plus larges sur les Les marchés financiers l’avaient entre les banques et les Etats souve- que. En Allemagne, elle reste infé- l’histoire va se répéter. Notam-
marchés », a indiqué la BCE dans remisé aux oubliettes depuis une rains, c’est-à-dire la relation com- rieure à 5 %. ment en raison des paratonnerres
son dernier rapport sur la stabilité dizaine d’années. Mais il pourrait plexe entre les banques et leur Etat mis en place lors de cet épisode : la
financière. en ressortir ces prochains mois, en d’origine, pourrait revenir sur le Paratonnerres solidarité de la zone euro a été ren-
Une concentration importante raison de la hausse des taux. Ce devant de la scène pour les marchés Le danger peut surgir de plu- forcée (notamment via le Méca-
sur un emprunteur immobilier en mauvais souvenir, c’est le cercle l’année prochaine », prévient-elle sieurs façons. Si le risque souve- nisme européen de stabilité, ou
difficulté soulève des inquiétudes vicieux qui entraîne la défiance dans une étude publiée mardi rain d’un pays s’envole, cela MES) pour voler au secours d’un
quant à la gestion du risque de pour une banque lorsque les finan- dernier. plombe la valeur de ses titres de Etat qui rencontrerait une crise
concentration, a pointé l’agence de ces publiques de son pays d’origine L’exposition des banques à la dette déjà émis et, par ricochet, le de liquidité.
notation DBRS la semaine dernière. se dégradent. dette de leur pays a plutôt diminué bilan d’une banque qui en détient. Quant aux banques, elles sont
Cela « met également en évidence les Résumé en anglais sous un ces dernières années, mais elle Mais ce n’est pas le seul risque : de désormais supervisées directe-
risques pour les banques de manière lapidaire « doom loop », c’est le reste importante. « Les banques de façon un peu mimétique, lors- ment par la BCE (plutôt que par
plus générale, alors que les entrepri- scénario qui a mis sous terrible l’UE ont une exposition directe qu’un pays emprunte plus cher, leurs autorités nationales), une
ses fortement endettées font face à pression les banques italiennes, significative à leur dette souveraine les banques du pays se retrou- mesure présentée à l’époque
des coûts d’endettement plus élevés irlandaises ou espagnoles lors de domestique, qui représente environ vent, elles aussi, à emprunter plus comme une façon de couper le
dans un environnement économique la crise de la zone euro en 2011. 2.300 milliards d’euros à fin juillet, cher pour se refinancer. Autre cordon entre le secteur financier
difficile ». n S e l o n l ’a g e n c e d e n o t a t i o n soit autour 5 % des actifs bancaires scénario possible : pour rassurer et son pays d’origine. — E. Le.

La BCE relève ses exigences de fonds propres pour Société Générale

Romain Gueugneau
BANQUE
Le verdict est tombé, et ce n’est pas
Le superviseur a forcément une bonne nouvelle
augmenté les exigen- pour Société Générale. La Banque
ces réglementaires centrale européenne (BCE) a notifié
en capital pour la au groupe les nouvelles exigences
banque française. réglementaires en matière de fonds
propres qui seront applicables l’an
Diffusez vos enquêtes publiques
dans Les Echos
annonces.lesechosleparisien.fr
01 87 39 70 08
prochain. Et celles-ci augmentent
nettement par rapport à ce qui était
requis jusqu’alors.
Dans un communiqué publié
j e u d i s o i r, S o c i é t é G é n é r a l e
annonce que « les exigences mini-
males applicables au groupe sur base
consolidée s’établiront au 1er janvier
2024 à 10,22 % pour le ratio CET1 »,
contre 9,36 % en 2023. Ce ratio est
un élément clé pour jauger la soli-
dité financière d’une banque, car il
traduit le niveau de réserves de
sécurité prévues au cas où la ban-
que serait en difficulté.
Examen de santé
« Avec un ratio CET1 de 13,3 % au
30 septembre 2023, le groupe bénéfi-
cie d’une marge de manœuvre pro-
forma confortable de plus de 300
points de base au-dessus de l’exigence
réglementaire. De même, le ratio de
levier s’établissait à 4,17 % au 30 sep-
tembre 2023, largement supérieur à
l’exigence de 3,6 % », a tenu à préciser
Société Générale dans son commu-
niqué. Le ratio de levier rapporte les
fonds propres au total des actifs.
Goldman Sachs
conseille désormais à
ses clients de vendre
l’action de la banque.
Si le groupe dépasse déjà les exi-
gences réglementaires, les consé-
quences de ce relèvement de la part
du superviseur ne sont pas négli-
geables. Les investisseurs pour-
raient attendre une meilleure ren-
tabilité des fonds propres, qui
s’élevait à 5% sur les neuf premiers
mois de l’année. A la Bourse de
Paris, l’action reculait de plus de 1 %,
vendredi matin, dans un marché
orienté à la hausse.
Les notifications de la BCE sont
communiquées chaque année à
cette période. Elles découlent de
l’exercice des SREP, l’examen de
santé des banques effectué tous les
ans par le superviseur qui porte sur
différentes catégories : qualité du
portefeuille, de la gouvernance,
modèle de rentabilité, etc.
Difficile de savoir à ce stade ce qui
justifie la décision de la BCE. Mais
Société Générale a vu ses résultats
diminuer cette année, notamment
parce que la hausse des taux per-
turbe l’activité en banque de détail.
La banque a également revu à la
baisse ses objectifs de croissance et
de rentabilité à l’horizon 2026, lors
de la présentation de son plan stra-
tégique, tout en insistant sur la
nécessité de renforcer son capital.
Pas de quoi faire rêver les inves-
tisseurs. Les analystes, qui misaient
beaucoup sur le nouveau directeur
général, Slawomir Krupa, en fonc-
tion depuis mai, pour relancer le
cours de Bourse, commencent
à revoir leurs ambitions à la
baisse. Vendredi, la banque Gold-
man Sachs a abaissé sa recomman-
dation sur Société Générale, et
conseille désormais à ses clients de
vendre l’action.
A contre-courant
Dans une note sur le secteur ban-
caire européen, publiée jeudi, ses
experts regrettent l’absence de cata-
lyseurs pour le titre, compte tenu de
« la flexibilité limitée du capital,
d’une rentabilité des fonds propres
(ROTE) plus faible que ses pairs et des
risques de baisse des prévisions de
dividendes ». « Nous nous attendons
à ce que l’action sous-performe par
rapport au reste du secteur durant les
douze prochains mois », ajoutent-ils.
Depuis le début de l’année,
l’action Société Générale recule de
3 %. L’indice des principales valeurs
bancaires de la zone euro pro-
gresse, quant à lui, de 19 %.
Lire « Crible »
( Page 38
31 Les Echos Lundi 4 décembre 2023
BPCE en quête d’options
pour faire grandir sa
filiale de gestion d’actifs
l Le groupe bancaire étudie diverses alternatives pour
l’avenir de sa filiale Natixis Investment Managers.
l Il pourrait faire entrer un acteur externe dans le capital
pour accélérer son développement.
BANQUE
Romain Gueugneau
avec Anne Drif
et Amélie Laurin
Quel avenir pour la filiale de gestion
d’actifs de Natixis chez BPCE ? La
question se pose au sein du groupe
bancaire, contrôlé par les réseaux
Banque Populaire et Caisse d’Epar-
gne. Selon l’agence Bloomberg,
BPCE étudie divers scénarios pour
sa filiale Natixis Investment Mana-
gers (NIM). Parmi les options à
l’étude figurerait notamment la ces-
sion d’une participation au capital,
majoritaire ou minoritaire, à un
acteur externe.
Interrogé par « Les Echos », un
porte-parole du groupe n’a pas sou-
haité commenter l’avenir de NIM en
particulier. « Un plan stratégique est
en cours de conception au sein du
groupe BPCE. Il doit être présenté mi-
2024. Dans ce cadre-là, tous les
métiers sont passés en revue, afin de
voir comment les aider à se dévelop-
per. La gestion d’actifs en fait partie »,
a-t-il déclaré. Selon une source pro-
che, le groupe BPCE a des ambitions
de croissance importantes dans la
Natixis Investment
Managers prépare une
réorganisation d’ampleur
Selon nos informations,
le pôle de gestion d’actifs
de la banque BPCE prévoit
de regrouper plus
de 200 salariés dans
une nouvelle filiale.
Le futur de Natixis Investment
Managers (IM) se prépare à tous les
niveaux. Chez sa maison mère
BPCE, qui envisage plusieurs scéna-
rios, y compris l’ouverture du capital
pour faire croître son pôle de gestion
d’actifs aux 1.100 milliards d’euros
d’encours, comme l’a révélé Bloom-
berg vendredi. Mais aussi au niveau
de Natixis IM même. Le holding, qui
regroupe une vingtaine de marques
de gestion à travers le monde, envi-
sage de regrouper ses métiers trans-
verses dans une nouvelle filiale, ont
appris « Les Echos » de sources
concordantes. Interrogé, BPCE n’a
pas souhaité faire de commentaires.
Le projet de la direction touche les
systèmes d’information, le repor-
ting de fonds ou encore la gestion
des bases de données. Il a été pré-
senté aux partenaires sociaux le
17 novembre. Il concerne 213 sala-
riés en CDI en France, précise un
document interne. Ces collabora-
teurs seraient transférés dans une
nouvelle « société regroupant les opé-
rations et la plateforme technologi-
que » de trois entités : Natixis IM, sa
branche Natixis IM International
et Ostrum.
Cette dernière, qui est la princi-
pale filiale française de gestion
d’actifs de Natixis IM, serait la plus
touchée par la réorganisation, avec
le transfert de 156 CDI. A fin 2022,
elle comptait 365 salariés en CDI et
en CDD. « On sent la direction très
pressée. Nous craignons désormais
que cette réorganisation s’inscrive
dans un projet plus grand, et soit le
prélude à une fusion avec un autre
acteur », déclare un élu du person-
nel. Le projet est soumis pour
consultation aux instances repré-
FINANCE & MARCHES
gestion d’actifs, où il espère com- Harris Associates (Chicago), avec
bler une partie de l’écart avec les d’importants encours, donnant à la
géants américains du secteur. Diffi- filiale de BPCE un vrai accent amé-
cile néanmoins de croître rapide- ricain. La question de l’avenir de
ment et de façon importante sans Natixis IM au sein de BPCE revient
un appui extérieur. de façon régulière.
Il y a deux ans, Nicolas Namias,
Modèle multiboutiques alors patron de Natixis, n’excluait
Natixis IM est aujourd’hui le pas un éventuel projet d’introduc-
deuxième acteur dans la gestion tion en Bourse de l’activité de ges- Natixis IM est aujourd’hui le deuxième acteur dans la gestion d’actifs en Europe. Photo Xavier Popy/RÉA
d ’a c t i f s e n E u r o p e , d e r r i è r e tion d’actifs s’il permettait « de sou-
Amundi, et le dix-huitième dans le tenir un projet stratégique d’amp- menées avec AXA pour un éventuel Dans un contexte de hausse des une pression croissante sur leurs
m o n d e , ave c u n p e u p l u s d e leur ». A l’époque, le groupe BPCE rapprochement avec la filiale de taux, de nombreux experts misent rémunérations ainsi que sur les
1.100 milliards d’euros sous gestion venait de retirer Natixis de la cote gestion d’actifs de l’assureur fran- actuellement sur une consolidation coûts. BPCE espère, depuis déjà plu-
(à fin septembre). Dirigée depuis après le rachat des minoritaires. En çais (AXA IM). Mais le projet n’était dans le secteur, alors que les socié- sieurs années, être via sa filiale l’un
deux ans et demi par Tim Ryan, un 2017, des discussions avaient été finalement pas allé à son terme. tés de gestion doivent faire face à des moteurs de ce mouvement. n
expert du secteur passé par AXA,
AllianceBernstein et Generali, la
filiale s’est développée en misant
sur un modèle multiboutiques,
avec une vingtaine de sociétés de
gestion affiliées, comme Mirova et
Écoutez «Les Grandes
DNCA, et aussi H2O, dont elle cher-
che à se séparer après le scandale
des fonds illiquides, mais possède
encore un peu moins d’un quart
du capital.
Histoires de l’éco»,
Contrôlées par Natixis IM, cel-
les-ci conservent néanmoins une
vraie indépendance dans leur stra-
tégie de gestion. Une partie d’entre
le nouveau podcast
elles sont basées outre-Atlantique,
comme Loomis Sayles (Boston) et
des Echos
Voyagez
sentatives du personnel, en vue
d’une décision finale mi-janvier.
« C’est plutôt une décision intelligente,
dans l’histoire
estime de son côté une source pro-
che du groupe. Il s’agit de séparer
l’informatique et le middle office
d’Ostrum du reste des équipes. »
Les fonctions support d’Ostrum
travaillent déjà pour plusieurs
autres filiales du groupe, notam-
pour mieux
comprendre
ment Mirova, spécialisée dans
l’investissement dit « durable ».
« Cette initiative va dans le sens d’une
l’économie
amélioration de la productivité »,
commente une autre source proche
de la direction.
Ostrum, qui est la
principale filiale
d’aujourd’hui.
française de gestion
d’actifs de Natixis IM,
serait la plus touchée.
L’actuel Ostrum est né en 2020 de
la fusion des gestions axées sur
Découvrez les épisodes sur :
l’assurance-vie – et peu rentables –
de Natixis et de La Banque Postale.
Le rapprochement de ces activités
lesechos.fr/podcasts
devait préfigurer d’autres opéra-
tions. L’ambition de grandir a été
Et sur toutes les plateformes de podcast
souvent formulée pour Natixis IM.
Après le retrait de cote de la banque
Natixis, Nicolas Namias, le patron
de BPCE, n’excluait pas une intro-
duction en Bourse pour le pôle de
gestion d’actifs. Le projet a finale-
ment été mis en sommeil, alors que
l’image de Natixis IM était par
ailleurs pénalisée par le scandale
des fonds illiquides de sa filiale
H2O AM.
Le holding n’a pas non plus effec-
tué de mouvement stratégique
majeur (fusion, acquisition…) sous
la houlette de Tim Ryan, son di-
recteur général depuis le prin-
temps 2021. Au point que plusieurs
sources internes s’interrogent sur
son bilan, voire son avenir au sein
du groupe. — A. L. avec R. G.
FINANCE & MARCHES Lundi 4 décembre 2023 Les Echos 32

séAncE du 01 - 12 - 2023 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 7346,15 (0,48 %) neXt 20 : 10848,92 (0,65 %)

CaC larGe 60 : 7913,85 (0,49 %)
CaC all-tradaBle : 5456,57 (0,51 %)
Date De ProroGation : 22 DécemBre
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 174,26 173,2 - 0,35 + 30,82 l'oréal (OR) R a 434,4 436,15 + 1,18 + 30,74 GensiGHt (SIGHT) g B 0,496 0,487 - 3,66 - 85,53 roBertet s.a. (RBT) B 777 755 - 1,31 - 9,8
655171 175,24 + 6,35 175,24 261151 436,8 + 9,86 442,6 36637 0,51 +12,62 3,796 199 777 - 3,21 928
FR0000120073 15/05/23 2,95 523.743.727 172,76 + 24,14 133,34 1,7 FR0000120321 26/04/23 6 535.997.107 433,65 + 21,69 334,3 1,38 FR0013183985 65.309.073 0,486 - 86,19 0,38 FR0000039091 29/06/23 8,5 2.167.745 755 - 9,25 753 1,13
airBus GrouP (AIR) R a 137,12 138,08 + 1,38 + 24,37 3,4 micHelin (ML) a 30,88 31,05 + 0,78 + 19,49 GerarD Perrier (PERR) B 100 100 + 10,62 ruBis (RUI) G a 22,32 22,54 + 1,08 - 8,37
1030736 138,3 + 7,93 138,76 40,67 895837 31,07 +11,21 31,07 550 100 +13,64 113 DiV 2 28/07/17 121555 22,58 + 8,99 27,14
NL0000235190 25/04/23 1,53 790.459.434 136,92 + 25,37 111,68 1,3 FR001400AJ45 17/05/23 1,25 178.530.450 30,77 + 14,83 25,6 14,49 FR0000061459 19/06/23 2,15 3.973.148 99,8 + 19,33 84 2,15 FR0013269123 13/06/23 1,92 103.195.172 22,28 - 6,2 19,63 8,52
alstom (ALO) R a 11,45 11,81 + 3,87 - 48,25 oranGe (ORA) R a 11,35 11,382 + 0,69 + 22,64 GetlinK (GET) LR a 16,85 16,97 + 1,19 + 13,32
2800642 11,81 - 7,37 28,41 5366638 11,414 + 1,75 11,874 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 206 202 - 2,13 - 33,22
623156 16,99 +10,88 17,255 DiV 6 10/05/16 59487 206,9 +12,13 358,8
FR0010220475 17/07/23 0,25 384.291.068 11,38 - 52,32 11,03 2,12 FR0000133308 05/06/23 0,4 2.660.056.599 11,312 + 16,61 9,289 3,51 FR0010533075 30/05/23 0,5 550.000.000 16,765 + 4,05 14,2 2,95
arcelormittal (MT) R a 23,24 23,475 + 1,67 - 4,48 PernoD-ricarD (RI) R a 158,9 158,15 - 0,25 - 13,93 FR0013154002 30/03/23 1,44 92.180.190 199,2 - 41,09 160,55 0,71
2708033 23,515 +13,27 30,515 418589 159,35 - 5,92 218 Gl eVents (GLO) g B 18,94 18,78 - 1,88 + 15,5
6416 19,14 +16,65 23,8 saVencia (BH) B 54 53,6 - 0,74 - 8,22
LU1598757687 13/11/23 0,17 852.809.772 23,15 - 7,78 19,912 FR0000120693 24/11/23 2,64 255.631.733 156,2 - 16,76 154,65 1,67 311 54 - 2,55 64
FR0000066672 03/07/23 0,35 29.982.787 18,6 + 21,47 15,18 1,86
aXa (CS) R a 28,905 28,895 + 1,05 + 10,9 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 77,76 78,22 + 0,83 + 31,64 FR0000120107 15/05/23 1,3 14.032.930 53,6 - 3,77 51,4 2,43
2544369 29,16 + 2,16 30,34 552215 78,22 + 9,4 78,34 Graines Voltz (GRVO) c 29,75 29,3 - 1,51 - 60,93
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.269.288.350 28,875 + 5,55 24,6 5,88 FR0000130577 03/07/23 2,9 268.723.468 76,56 + 23,38 59,48 3,71 559 29,75 +17,43 79 scor (SCR) G a 29,2 28,84 - 0,31 + 34,2
FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 29,2 - 63,65 20,6 227519 29,26 - 1,27 31,42
BnP PariBas (BNP) R a 58,06 57,8 + 0,05 + 8,54 renault (RNO) R a 36,19 36,245 + 0,71 + 15,89 FR0010411983 30/05/23 1,4 179.362.195 28,74 + 53,28 19,015 4,85
1337401 58,24 + 6,25 67,02 535574 36,27 + 9,8 43,96 GrouPe crit (CEN) g B 68,4 68,8 + 0,59 + 12,79
FR0000131104 22/05/23 3,9 1.147.477.409 57,56 + 9,82 47,02 6,75 FR0000131906 17/05/23 0,25 295.722.284 35,875 + 3,59 31,185 0,69 64 68,8 +10,61 83,4 seB (SK) G a 104,5 106 + 1,44 + 35,46
BouYGues (EN) R a 35 35,05 + 0,4 + 25 saFran (SAF) R a 162,88 163,14 + 1,32 + 39,53 FR0000036675 05/07/23 3,5 11.250.000 68,4 + 11,69 60,8 5,09 36909 106 +12,59 109,9
488327 35,14 + 6,05 35,29 737160 164,28 + 8,92 164,28 GrouPe GorGé (GOE) g B 17,74 17,68 - 0,11 - 11,51 FR0000121709 31/05/23 2,45 55.337.770 104,4 + 35,55 78,85 2,31
FR0000120503 03/05/23 1,8 381.511.167 34,9 + 17,58 28,16 5,14 FR0000073272 30/05/23 1,35 427.260.541 161,92 + 39,99 116,6 0,83 1801 17,76 + 6,89 21,6 secHe enVironnement (SCHP) g B 105,4 107 + 1,52 + 19,15
caP-Gemini (CAP) R a 187,65 187 - 0,53 + 19,91 saint-GoBain (SGO) R a 59,35 59,83 + 0,03 + 31,06 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 17,62 - 12,69 15,62 4387 107,6 +11,11 122,6
374918 188,85 +11,54 190,15 1025794 60,34 +16,15 62,14 Gtt (GTT) G a 124 126 + 1,94 + 26,25 FR0000039109 07/07/23 1,1 7.857.732 105,4 + 22,99 85,7 1,03
FR0000125338 30/05/23 3,25 173.582.113 186,25 + 4,7 152,25 1,74 FR0000125007 12/06/23 2 506.419.267 59,34 + 32,99 45,895 3,34 43973 126 + 4,13 126
FR0011726835 12/06/23 1,55 37.078.357 123,5 + 7,23 87,75 1,23 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 7,41 7,48 + 0,95 - 30,35
carreFour (CA) R a 17,48 17,295 - 0,58 + 10,58 sanoFi (SAN) R a 86,15 85,78 + 0,37 - 4,52 3231 7,5 +27,43 16
994923 17,5 + 2,34 19,19 1286317 86,48 - 1,23 105,18 GuerBet (GBT) g B 19,02 18,52 - 2,63 + 9,2
FR0000120172 06/06/23 0,56 708.790.816 17,28 + 3,91 15,325 3,24 FR0000120578 30/05/23 3,56 1.264.790.183 85,29 - 1,91 80,6 4,15 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 7,41 - 33,69 5,23 5,35
11477 19,06 + 7,42 23,2
creDit aGricole (ACA) R a 12,03 12,066 + 0,37 + 22,73 scHneiDer electric (SU) R a 169,26 169,8 + 0,7 + 29,9 FR0000032526 29/06/23 0,5 12.641.115 18,16 + 10,24 15,48 2,7 ses-imaGotaG (SESL) G B 103,4 104 + 0,78 - 14,75
4856729 12,088 + 5,68 12,088 602576 170,54 +16,93 170,54 Guillemot (GUI) g c 6,9 6,9 - 46,18 22477 104,2 + 7,66 173,8
FR0000045072 30/05/23 1,05 3.052.737.991 11,992 + 26,98 9,54 8,7 FR0000121972 09/05/23 3,15 572.835.884 168,94 + 20,32 131,72 1,86 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.958.658 102 - 20,85 66
2545 6,94 +22,12 14,08
Danone (BN) R a 59,27 58,59 - 0,64 + 19,01 société Générale (GLE) R a 22,76 22,9 - 0,76 - 2,47 FR0000066722 07/06/23 0,25 15.087.480 6,86 - 42,4 5,5 3,62 sHoWroomPriVé (SRP) g B 1,02 1,02 + 0,2 - 39,36
1181404 59,44 + 2,48 61,88 3371471 22,99 + 7,92 28,385 18084 1,02 - 2,86 1,845
FR0000120644 09/05/23 2 677.773.128 58,38 + 15,27 48,3 3,41 FR0000130809 30/05/23 1,7 802.979.942 22,575 - 1,99 19,326 7,42 icaDe (ICAD) G a 33,46 33,86 + 1,74 - 15,85
139207 33,86 + 9,3 51,35 FR0013006558 118.902.909 1,01 - 38,18 0,984
Dassault sYstemes (DSY) R a 42,98 43,305 + 0,79 + 29,29 stellantis nV (STLAP) a 19,992 20,09 + 0,92 + 51,39 FR0000035081 04/07/23 2,17 76.234.545 32,82 - 14,37 28
1016945 43,36 +11,04 43,37 2309318 20,12 +12,03 20,165 sii (SII) g c 50,4 51,7 + 3,19 + 14
FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 42,965 + 18,09 33,095 0,49 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.143.878.015 19,81 + 34,78 13,362 6,67 iD loGistic (IDL) a 290,5 292 + 0,69 + 8,96 18989 52,3 +17,23 57,8
eDenreD (EDEN) R a 50,3 50,9 + 1,8 + 0,04 stmicroeletronics (STMPA) Ra 43,43 43,73 + 0,63 + 32,54 0,23 2027 292 +13,62 312 FR0000074122 27/09/23 0,5 20.000.000 50,4 + 12,88 43,15 0,97
508194 50,92 + 2,11 62,4 1081775 44,18 +21,02 50,46 192,43 FR0010929125 6.173.328 287,5 + 7,16 225 soitec (SOI) LG a 164,05 161,7 - 2,85 + 5,79
FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 50,28 - 3,63 47,74 1,97 NL0000226223 18/09/23 0,05 911.281.920 43,4 + 18,56 33,165 0,14 imerYs (NK) G a 26,86 26,76 + 0,15 - 26,36 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 109788 165,3 +13,67 182,3
enGie (ENGI) R a 15,978 16,046 + 0,8 + 19,85 1,21 telePerFormance (RCF) R a 129,5 128 - 0,43 - 42,52 69982 26,98 + 7,38 43,22 FR0013227113 35.712.302 160,05 + 0,72 120,35
2608612 16,046 + 4,51 16,046 13,31 130990 130,15 +15,16 275,4 FR0000120859 15/05/23 3,85 84.940.955 26,22 - 29,39 23,2 14,39
solocal GrouP (PAJ) B 0,083 0,082 - 2,14 - 86,52
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 15,93 + 10,77 12,426 8,73 FR0000051807 21/04/23 3,85 64.143.054 126,35 - 42,13 96,62 3,01 inFotel (INF) g c 48,6 49 + 1,87 - 11,23 124014 0,085 + 6,75 0,734
essilorluXottica (EL) R a 175,58 178,12 + 1,71 + 5,27 tHales (HO) R a 138,25 139,15 + 1,61 + 16,64 2354 49,4 +12,9 59,8 FR00140006O9 129.505.837 0,082 - 87,69 0,07
401073 178,88 + 3,91 188,4 169018 139,7 + 0,58 145,7 FR0000071797 19/05/23 2 6.890.558 48,1 - 8,92 40,1 4,08
FR0000121667 22/05/23 3,23 453.597.315 175,36 + 0,07 155,15 1,81 FR0000121329 23/05/23 2,24 210.210.140 138,2 + 14,1 112,4 1,61 innate PHarma (IPH) g B 2,35 2,255 - 3,63 - 31,46 soDeXo (SW) LR a 98,82 98,86 + 0,47 + 10,48
euroFins scient. (ERF) R a 53,48 53,84 + 0,9 - 19,71 totalenerGies (TTE) R a 62,71 62,36 + 0,16 + 6,33 78819 2,36 + 3,92 3,8 139846 99,42 - 2,12 104,3
330643 53,86 +11,24 72,12 2970446 62,8 -2 64,8 FR0010331421 80.645.333 2,25 + 2,04 2,11 FR0000121220 23/12/22 2,4 147.454.887 98,2 + 7,22 80,58 2,43
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 52,66 - 21,24 44,83 1,86 FR0000120271 20/09/23 0,74 2.412.251.835 62,05 + 5,21 50,55 1,19 interParFums (ITP) G a 49,4 50 + 1,42 - 1,08 solutions 30 (ALS30) a 2,354 2,368 + 0,68 + 38,8
Hermes intl (RMS) R a 1909,2 1915,2 + 0,58 + 32,54 uniBail-r/WFD (URW) a 58,74 59,98 + 2,74 + 23,34 48714 50,2 +10,5 68,182 407643 2,414 +45,54 3,414
44098 1923,6 + 7,97 2050,5 541471 59,98 +27,32 63,07 FR0004024222 11/05/23 1,05 69.196.570 49,15 + 1,1 41,7 2,1 FR0013379484 107.127.984 2,322 + 24,89 1,467
FR0000052292 25/04/23 9,5 105.569.412 1906 + 24,97 1450 0,5 FR0013326246 24/03/20 5,4 139.041.391 58,3 + 17,29 41,66
inVentiVa (IVA) g B 3,795 3,875 + 2,11 - 13,41 soPra steria GP (SOP) G a 189,7 191,1 + 1,06 + 35,34
KerinG (KER) R a 392,85 392,9 - 0,2 - 17,37 Veolia enV. (VIE) R a 29 28,96 + 0,17 + 20,67 23323 3,885 + 9,77 5,99 25162 191,1 +12,02 208
215906 397,45 + 2,85 603,6 1170543 29,13 +10,53 30,13 FR0013233012 51.752.807 3,725 - 6,96 1,88 FR0000050809 29/05/23 4,3 20.547.701 188,4 + 27,91 141,9 2,25
FR0000121485 02/05/23 9,5 123.420.778 390,6 - 30,72 376,7 2,42 FR0000124141 09/05/23 1,12 715.383.875 28,83 + 17,25 24,33 3,87
iPsen (IPN) G a 104 102,6 - 0,87 + 2,09 smcP (SMCP) g B 3,5 3,465 - 0,29 - 46,61
l.V.m.H. (MC) R a 690 699,2 - 0,5 + 2,84 Vinci (DG) R a 113,22 113,32 + 0,91 + 21,47 88128 105,6 - 9,12 130,7
384902 705,1 + 3,54 904,6 698583 113,6 + 7,56 113,6 131978 3,565 + 2,67 9,1
FR0000121014 25/04/23 7 502.048.400 689,2 - 3,02 655 1 FR0000125486 14/11/23 1,05 597.277.680 112,82 + 15,33 93,4 0,93 FR0010259150 02/06/23 1,2 83.814.526 102,4 - 4,29 94,85 1,17 FR0013214145 75.591.187 3,42 - 49,56 2,93
leGranD (LR) R a 88,7 89,42 + 1,13 + 19,51 WorlDline (WLN) G a 14,38 15,07 + 5,87 - 58,75 iPsos (IPS) G a 49,56 50,6 + 2,39 - 13,5 sPie (SPIE) G a 26,98 27,26 + 1,57 + 11,9
353442 89,66 + 9,18 93,22 4535488 15,885 +22,12 44,77 19141 50,6 +11,75 62,4 215801 27,44 + 8,69 29,88
FR0010307819 02/06/23 1,9 264.031.292 88,48 + 12,28 74,64 2,13 FR0011981968 282.974.981 14,345 - 66,89 9,01 FR0000073298 03/07/23 1,35 43.203.225 49,36 - 8,33 40,02 2,67
FR0012757854 20/09/23 0,22 164.582.511 26,96 + 14,15 22,8 0,81
JacQuet metals (JCQ) g B 18,34 18,32 + 0,22 + 9,57
9241 18,4 +16,39 20,05 steF (STF) g B 105 105 + 15,89
FR0000033904 05/07/23 1 22.497.209 18,06 + 11,44 14,68 5,46 784 105,2 + 3,14 113,8
FR0000064271 03/05/23 4 13.000.000 104,2 + 21,67 91 3,81
JcDecauX (DEC) G a 17,5 17,86 + 2,12 + 0,79
88596 17,88 +19,39 23,2 sWorD GrouP (SWP) g B 37,2 37,15 - 0,13 - 5,71
FR0000077919 21/05/19 0,58 213.161.658 17,48 + 1,59 14,35 7528 37,5 + 5,99 48,95
srD Valeurs françaises KauFman & BroaD (KOF) g B 28,4 28,35 + 3,28 FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 36,6 - 7,82 29,6 4,58
13181 28,55 +12,95 30,8 sYnerGie (SDG) g B 30,6 30,75 + 0,99 + 2,5
FR0004007813 09/05/23 2,4 19.862.022 28,15 + 6,98 22,05 8,47 345 30,75 + 4,24 34,75
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA KlePierre (LI) LR a 23,16 23,4 + 1,3 + 8,69 FR0000032658 29/06/23 0,8 24.362.000 30,5 - 2,23 28,5 2,6
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 593857 23,45 + 0,69 25,28
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT telePerFormance (RCF) R a 129,5 128 - 0,43 - 42,52
FR0000121964 07/07/23 0,88 286.861.172 23,03 + 6,51 19,33 130990 130,15 +15,16 275,4
aB science (AB) g B 2,71 2,65 - 2,21 - 62,62 casino (CO) G a 0,64 0,596 - 8,31 - 93,89 laGarDère (MMB) G a 18,22 18,16 + 0,33 - 9,38 FR0000051807 21/04/23 3,85 64.143.054 126,35 - 42,13 96,62 3,01
46763 2,71 +11,11 7,49 1212146 0,64 -33,33 12,17 26368 18,22 - 3,09 24,15
FR0010557264 50.895.783 2,615 - 69,87 2,18 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 0,582 - 94,53 0,582 FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 18 - 8,05 17,64 7,16 teract (TRACT) B 2,57 2,56 - 0,39 - 57,33
aBc arBitraGe (ABCA) g B 5,07 5,05 - 0,39 - 21,71 catana GrouP (CATG) g c 6,25 6,42 + 2,56 + 9 1033 2,57 - 8,9 7,48
lDc (LOUP) a 140 140 + 30,23 FR001400BMH7 73.394.562 2,56 - 56,25 2,54
17617 5,09 + 6,99 6,64 31139 6,43 +11,85 7,72 1054 142 + 9,38 147
FR0004040608 10/10/23 0,1 59.608.879 5,04 - 25,84 4,65 1,98 FR0010193052 01/03/23 0,15 30.706.178 6,25 + 18,23 5,25 2,34 FR0013204336 28/08/23 2,7 17.635.433 140 + 35,27 104 1,93 tF1 (TFI) G a 7,1 7,075 - 1,12
aBiVaX (ABVX) g B 9,18 9,45 + 3,17 + 52,91 ceGeDim (CGM) B 19,22 18,98 - 0,52 + 30,36 82518 7,1 + 7,03 8,71
lna santé (LNA) g B 19,2 18,94 - 2,27 - 36,01
18388 9,46 + 4,3 19,7 4445 19,34 +10,99 23,55 7354 19,3 -10,45 34 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 6,925 - 3,61 6,185 7,07
FR0012333284 62.657.085 9,07 + 30,34 5,6 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 18,74 + 24,05 14,82 FR0004170017 06/07/23 0,5 10.709.416 18,8 - 30,37 18,8 2,64 tFF GrouP (TFF) G B 42,7 42,2 - 1,17 + 3,69
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 1,304 1,31 + 0,92 - 23,93 cGG (CGG) G B 0,62 0,62 + 0,1 + 2,48 lectra (LSS) g B 28,15 28,4 + 0,89 - 19,32 2275 42,9 + 1,2 45,1
218724 1,39 - 4,1 2,485 8431483 0,622 - 6,74 0,963 8564 28,8 +14,06 41,3 FR0013295789 08/11/23 0,6 21.680.000 42,2 + 14,05 37,7 1,42
FR0012616852 32.339.843 1,28 - 30,1 1,05 FR0013181864 713.676.258 0,606 - 6,46 0,599 FR0000065484 03/05/23 0,48 38.017.826 28,15 - 18,62 19,92 1,69 tHermaDor GrouPe (THEP) B 78 78 + 1,96 - 9,51
accor (AC) LR a 31,89 32,46 + 2,04 + 39,01 cHarGeurs (CRI) g c 8,7 8,53 - 0,58 - 39,42 lHYFe (LHYFE) B 5,11 5,1 + 0,99 - 41,04 4969 78,6 +13,7 101,6
886018 32,46 + 7,52 35,47 59917 8,7 +13,28 16,09 48846 5,2 +61,39 9,08 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 77,5 - 12,36 63 2,67
FR0000120404 23/05/23 1,05 264.930.578 31,83 + 28,91 23,39 3,24 FR0000130692 02/05/23 0,54 24.862.314 8,4 - 33,67 6,29 6,33 FR0014009YQ1 47.908.148 5,05 - 42,2 2,825 tiKeHau caPital (TKO) g a 20,15 20,2 + 1 - 16,7
aDocia (ADOC) g B 8,27 8,33 - 0,83 +109,82 cHristian Dior (CDI) a 676,5 676 - 0,07 - 0,73 lineData serVices (LIN) g B 52,4 54,4 + 2,64 + 18 eX D s 03/07/17 14068 20,2 + 3,7 27
206934 8,6 + 0,6 16,16 eX D oP 08/06/17 3363 680,5 + 3,76 872 1393 54,4 + 5,02 60,4 FR0013230612 18/05/23 0,7 175.193.044 19,98 - 20,16 19,32 3,47
FR0011184241 14.025.682 8 +156,7 2,745 FR0000130403 25/04/23 7 180.507.516 668 - 5,45 621,5 1,04 FR0004156297 05/07/23 1,75 4.960.807 52,4 + 20,09 43,3 3,22
aéroPorts De Paris (ADP) R a 113 113,8 + 0,62 - 9,11 claranoVa se (CLA) g B 1,55 1,516 + 2,43 - 44,83 transGène (TNG) g c 1,466 1,45 - 0,41 - 12,55
lisi (FII) g a 22,4 22,2 - 0,89 + 14,08 6493 1,466 - 4,48 2,55
157124 114,3 + 8,38 147,7 67815 1,55 +13,13 2,954 12104 22,4 - 0,45 27
FR0010340141 05/06/23 3,13 98.960.602 112,9 - 23,65 100 2,75 FR0013426004 57.206.910 1,472 - 45,47 1,226 FR0005175080 100.852.742 1,44 - 21,2 1,334
FR0000050353 17/04/23 0,15 46.538.313 22,2 + 9,36 18,46 0,68
air France-Klm (AF) L 11,7 11,98 + 2,99 - 2,68 clariane (CLARI) G a 2,204 2,19 + 1,3 - 78,36 lumiBirD (LBIRD) g c 13,08 13,12 + 0,31 - 20,77 triGano (TRI) G a 141,6 140,1 - 1,06 + 9,8
1553520 12,024 +11,5 18,62 879699 2,23 -39,4 10,97 3985 13,2 - 3,95 19,22 21101 142,3 +12,35 147,3
FR001400J770 257.053.613 11,7 - 6,73 10,166 FR0010386334 21/06/23 0,25 106.828.536 2,12 - 77,23 2,12 11,42 FR0000038242 22.466.882 12,9 - 21,44 12,2 FR0005691656 23/05/23 1,75 19.336.269 139,3 + 14,55 109,6 1,25
aKWel (AKW) g B 15,5 15,6 + 0,65 - 10,34 coFace (COFA) G a 11,22 11,17 + 0,18 - 7,99 m6-métroPole tV (MMT) G a 12,6 12,59 + 0,48 - 17,98 uBisoFt entertainment (UBI) LRa 25,7 25,9 - 0,88 - 1,93
23152 15,66 + 9,55 18,24 171277 11,25 - 3,04 14,44 77071 12,6 + 6,42 16 498481 26,04 - 4,39 31,6
FR0000053027 08/06/23 0,3 26.741.040 15,18 - 6,92 12,8 1,92 FR0010667147 22/05/23 1,52 150.179.792 11,17 - 4,69 10,89 13,61 FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 12,27 - 8,7 11,25 7,94 FR0000054470 127.416.314 25,28 - 5,99 18,06
alD (ALD) G a 6,35 6,37 + 0,87 - 40,8 colas (RE) a 175 175 + 49,57 maisons Du monDe (MDM) g B 4,7 4,652 - 0,56 - 60,41 Valeo (FR) LR a 13,31 13,14 - 1,05 - 21,32
396857 6,405 + 1,27 13,06 17047 175 + 0,57 175 100128 4,78 - 4,28 13,36 1641361 13,345 + 2,5 22,23
FR0013258662 31/05/23 1,06 816.960.428 6,295 - 32,59 5,985 16,64 FR0000121634 02/05/23 7,35 32.654.499 175 + 52,17 112,5 4,2 FR0013153541 05/07/23 0,3 39.189.288 4,386 - 60,68 4,386 6,45 FR0013176526 29/05/23 0,38 244.633.504 13,005 - 25,64 11,53 2,89
alPes (cie Des ) (CDA) g B 14,1 14,28 + 1,28 - 0,7 coViVio (COV) G a 44,8 45,86 + 2,32 - 17,29 manitou (MTU) g B 21,4 21,3 + 0,47 - 14,11 Vallourec reG (VK) G B 13,74 13,99 + 3,59 + 14,02
23887 14,3 + 7,85 15,5 110405 45,9 +12,07 66,6 3710 21,4 + 5,97 28,1 1040542 13,99 +20,6 15,06
FR0000053324 14/03/23 0,83 50.533.135 14,06 + 0,71 11,8 5,81 FR0000064578 24/04/23 3,75 101.006.389 44,56 - 17,29 36,26 FR0000038606 30/05/23 0,63 39.668.399 20,9 - 2,52 19,2 2,96 FR0013506730 229.240.471 13,655 + 25,36 9,546
altarea (ALTA) G a 68,7 70 + 2,04 - 44,53 coViVio Hotels (COVH) a 16,45 16,5 + 1,23 + 11,49 maurel et Prom (MAU) g B 6,47 6,485 + 0,86 + 61,52
12073 70,1 + 0,29 132 639 16,5 + 1,85 18,3 ValneVa (VLA) G B 5,31 5,192 - 2,22 - 16,58
474966 6,485 +13,47 6,96 317828 5,32 - 5,94 7,846
FR0000033219 12/06/23 5 20.736.822 67,8 - 49,28 67 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 16,3 + 7,84 14,5 FR0000051070 03/07/23 0,23 201.261.570 6,22 + 56,27 3,115 3,55
FR0004056851 138.896.600 5,11 - 23,29 3,95
altareit (AREIT) B 442 442 - 29,28 Dassault aV. (AM) a 183,1 184,1 + 0,93 + 16,37 mcPHY enerGY (MCPHY) g B 3,622 3,616 + 1,29 - 70,38
1 442 + 0,45 640 30892 185,8 - 1,71 192 82921 3,71 - 4,59 14,9 Verallia (VRLA) g a 32,7 32,7 + 0,06 + 3,22
FR0000039216 1.750.487 442 - 28,71 420 FR0014004L86 19/05/23 3 80.802.366 182,7 + 21,6 148,7 1,63 FR0011742329 27.959.095 3,552 - 74,28 3,342 163926 32,88 + 5,35 44,86
alten (ATE) G a 125,6 126,6 + 0,88 + 8,39 Dassault sYstemes (DSY) R a 42,98 43,305 + 0,79 + 29,29 FR0013447729 08/05/23 1,4 122.289.183 32,12 + 9,66 29,56 4,28
meDincell (MEDCL) B 6,14 6,13 - 0,16 - 0,81
20540 127,1 +12,83 161,2 1016945 43,36 +11,04 43,37 28699 6,2 +11,45 10,5 VerimatriX (VMX) g B 0,4 0,405 - 0,61 - 47,81
FR0000071946 04/07/23 1,5 35.122.301 125,2 + 2,93 105 1,19 FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 42,965 + 18,09 33,095 0,49 FR0004065605 28.718.045 6,11 - 0,49 5,25 12640 0,407 + 1,12 0,94
amunDi (AMUN) G a 56,65 56,5 + 6,6 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 1,477 1,407 - 4,16 - 55,28 mercialYs (MERY) G B 8,95 9,01 - 0,61 - 7,78 FR0010291245 85.535.147 0,396 - 36,52 0,38
eX-Ds 15/03/17 120425 56,9 +13,5 64,75 101875 1,478 -31,3 4,3 207222 9,015 +12 10,79 VetoQuinol (VETO) B 95,5 95,6 + 0,11 + 9,13
FR0004125920 22/05/23 4,1 204.647.634 56,15 + 4,24 48,22 7,26 FR0010417345 96.431.770 1,395 - 48,95 1,395 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 8,785 - 2,91 7,415 1820 96 +22,25 98,6
antin inFra Partners (ANTIN) G a 12 12,25 + 2,51 - 39,66 Deezer sa (DEEZR) 2 2,48 2,475 - 0,2 - 15,21 mersen (MRN) G B 33,55 33,5 + 0,15 - 11,26 FR0004186856 02/06/23 0,8 11.881.902 94,9 + 12,21 76,3 0,84
22684 12,25 + 9,28 23,3 2183 2,48 + 1,43 3,19 20051 33,7 + 8,06 45,95 Vicat (VCT) g a 33,1 33,75 + 2,43 + 43,92
FR0014005AL0 14/11/23 0,32 179.193.288 11,89 - 47,06 10,12 2,61 FR001400AYG6 117.053.914 2,47 - 26,73 1,19 FR0000039620 04/07/23 1,25 24.418.312 33,1 - 9,46 29,85 3,73 36469 33,95 +14,8 33,95
aramis (ARAMI) a 4,25 4,3 + 0,12 + 2,38 DericHeBourG (DBG) g B 4,818 4,834 + 1,26 - 12,43 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 0,44 0,43 + 0,23 - 64,46 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 33,05 + 46,1 23,75 4,89
11422 4,34 +26,47 5,84 106463 4,846 +18,42 6,85 49072 0,449 -42,51 1,421
FR0014003U94 82.856.671 4,25 - 8,9 2,558 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 4,79 - 5,95 3,936 6,62 VirBac (VIRP) G a 288 287 + 0,18 + 25,88
FR0004177046 50.919.133 0,422 - 75,91 0,22
1666 288 + 6,3 314
arGan (ARG) a 77,7 77,7 - 0,26 + 2,51 Dms (DGM) g c 1,01 1,035 - 0,48 + 2,48 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B 7300 7250 - 1,36 + 10,69 FR0000031577 26/06/23 1,32 8.458.000 285 + 15,26 228 0,46
8190 78,2 +18,81 88,7 1910 1,045 + 8,72 1,6 21 7350 + 3,57 8500
FR0010481960 30/03/23 3 23.079.697 76,4 + 0,13 61,4 FR0012202497 16.120.556 1,01 0,794 FR0000076986 20/06/23 28 182.871 7150 + 28,32 6050 0,39 ViVenDi (VIV) LR a 8,702 8,708 + 0,25 - 2,31
arKema (AKE) LR a 93,54 93,04 - 0,24 + 10,92 eDenreD (EDEN) R a 50,3 50,9 + 1,8 + 0,04 1839119 8,738 + 2,76 10,22
nacon (NACON) B 1,68 1,59 - 5,47 - 38,85 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 8,616 - 2,2 7,99 2,87
103060 94,08 + 6,26 99,8 508194 50,92 + 2,11 62,4 129770 1,68 +10,42 2,925
FR0010313833 15/05/23 3,4 75.043.514 92,6 + 10,5 78,5 3,65 FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 50,28 - 3,63 47,74 1,97 FR0013482791 87.851.694 1,54 - 46,64 1,13 Voltalia (VLTSA) G a 9,69 9,65 - 0,21 - 43,43
artmarKet.com (PRC) g c 5,44 5,37 - 1,29 - 24,37 eiFFaGe (FGR) LR a 93,42 93,88 + 0,95 + 2,13 nanoBiotiX (NANO) g B 5,1 5,12 + 2,2 + 41,44 71177 9,94 +21,69 18,26
1316 5,44 + 1,13 8,12 154818 94,02 + 8,83 107,9 61348 5,2 -11,57 10,4 FR0011995588 131.318.716 9,45 - 46,86 7,42
FR0000074783 6.651.515 5,31 - 36,07 5,06 FR0000130452 15/05/23 3,6 98.000.000 93,04 - 1,28 82,18 3,84 FR0011341205 13/05/19 46.232.072 4,96 + 33,68 1,612 WaVestone (WAVE) g B 47,8 47,35 - 0,63 + 9,73
assYstem (ASY) B 42,6 42,9 + 0,7 + 5,67 eKinoPs (EKI) g B 4,7 4,705 + 0,32 - 43,99 neoen (NEOEN) G a 28,1 27,62 - 1,43 - 26,56 4310 47,8 +12,87 55
oPa 24/11/17 1146 43,1 +12,89 49,6 10568 4,76 + 2,06 9,41 116989 28,24 +11,64 38,07 FR0013357621 02/08/23 0,38 20.196.492 47,1 + 6,88 40,7 0,8
FR0000074148 05/07/23 1 15.668.216 42,6 + 11,43 37,2 2,33 FR0011466069 25.727.618 4,67 - 34,65 3,84 FR0011675362 17/05/23 0,13 152.122.449 27,48 - 29,18 23,04 0,45 WenDel (MF) G a 77,65 78,25 + 0,77 - 10,26
atos se (ATO) a 5,83 5,89 + 0,72 - 34,64 elior (ELIOR) G B 2,37 2,33 - 0,85 - 29,39 neurones (NRO) B 40,3 40,85 + 1,11 + 4,08 59873 78,3 + 9,44 109,2
1394800 6,198 - 6,15 15,76 548308 2,39 +31,42 4,186 4736 40,85 +18,58 44 FR0000121204 19/06/23 3,2 44.430.554 77,4 - 12,67 67,45 4,09
FR0000051732 14/05/21 0,9 111.439.307 5,788 - 43,15 3,971 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 2,322 - 18,65 1,509 FR0004050250 14/06/23 1,1 24.278.716 40,3 + 7,22 33,45 2,69
WorlDline (WLN) G a 14,38 15,07 + 5,87 - 58,75
auBaY (AUB) g c 36,25 37,25 + 2,76 - 23,59 elis (ELIS) G a 17,67 17,76 + 0,45 + 28,51 neXans (NEX) G a 72,1 72,75 + 0,9 - 13,85 4535488 15,885 +22,12 44,77
5288 37,35 +16,04 53,2 206120 17,88 +14,43 19,13 76592 73,15 +13,41 102,9
FR0000063737 08/11/23 0,5 13.304.296 36,25 - 23,2 28,6 1,34 FR0012435121 30/05/23 0,41 234.000.047 17,56 + 40,73 13,8 2,31 FR0011981968 282.974.981 14,345 - 66,89 9,01
FR0000044448 15/05/23 2,1 43.753.380 71,8 - 13,34 62,5 2,89
aVenir telecom (AVT) c 0,122 0,114 - 2,89 + 55,01 eramet (ERA) G B 70,9 72,65 + 2,9 - 13,36 Xilam animation (XIL) g c 4,47 4,33 - 1,81 - 87,36
neXitY (NXI) G a 13,88 14,09 + 1,66 - 45,93
303550 0,122 -23,73 0,435 47940 72,95 +11,51 114,5 76840 14,09 + 6,26 28,54 9418 4,47 + 4,34 35,6
FR001400CFI7 0,113 - 6,76 0,069 FR0000131757 26/05/23 3,5 28.755.047 70,9 - 9,3 57,85 4,82 FR0010112524 24/05/23 2,5 56.129.724 13,76 - 42,25 11,33 17,74 FR0004034072 4.911.500 4,3 - 86,8 3,41
aXWaY soFtWare (AXW) g B 23,9 24,1 + 0,42 + 44,74 esi GrouP (ESI) g c 154 154 +108,67 oDet (cie De l') (ODET) a 1368 1388 + 1,17 - 0,14
497 24,1 + 5,24 24,2 4703 154,5 + 3,36 154,5 379 1396 + 5,95 1650
FR0011040500 05/06/23 0,4 21.633.597 23,8 + 51,57 16,5 1,66 FR0004110310 6.094.431 154 +113,89 72 FR0000062234 20/06/23 3,6 6.585.990 1366 + 7,26 1258 0,26 Autres Valeurs de la Zone euro
Bains mer monaco (BAIN) B 103,5 102,5 + 0,49 + 21,73 esso (ES) g c 54,1 53,9 + 0,37 + 14,19 orPéa (ORP) G a 0,019 0,016 - 9,89 - 99,73
505 104 - 1,91 115 1201 54,1 - 7,71 63,9 358637396 0,019 -98,17 8,934 euroneXt (ENX) LR a 76,4 76,8 + 0,79 + 11,05
MC0000031187 10/10/23 1,2 24.516.661 102 + 23,79 83 1,17 FR0000120669 10/07/23 2 12.854.578 53,15 + 5,27 41,06 3,71 FR0000184798 09/07/21 0,9 64.693.851 0,016 - 99,76 0,016 167745 76,85 +14,97 78,76
NL0006294274 23/05/23 1,89 107.106.294 76,2 + 4,01 60,65 2,89
BalYo (BALYO) g c 0,8 0,823 + 2,88 +102,71 eurazeo (RF) G a 69,1 70,15 + 1,89 + 20,74 ose immuno (OSE) g c 3,885 3,91 - 0,38 - 41,42
472 0,827 - 2,83 0,87 167416 70,3 +30,63 71,3 45096 4,05 - 8,86 7,31 noKia (NOKIA) R a 3,202 3,22 + 0,27 - 25,77 0,3
FR0013258399 34.356.767 0,8 + 92,51 0,4 FR0000121121 28/04/23 2,2 79.224.529 68,9 + 15,66 50,35 3,14 FR0012127173 21.651.101 3,88 - 46,11 2,705 43857 3,22 + 4,06 4,7 10,87
BastiDe le conFort (BLC) g c 24,7 24,6 + 0,41 - 33,15 eutelsat com. (ETL) G a 3,8 3,882 + 2,48 - 44,22 oVH (OVH) g a 8,85 8,55 - 3,06 - 46,5 FI0009000681 23/10/23 0,02 5.613.496.565 3,158 - 32,61 2,92 0,93
1567 24,8 +18,84 38 639953 3,908 - 5,5 7,265 67075 8,85 +32,05 16,365 ses (SESG) LR 5,465 5,465 + 0,18 - 10,26
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.352.928 24,55 - 33,24 19,84 FR0010221234 17/11/22 0,93 475.178.378 3,78 - 49,91 3,602 FR0014005HJ9 188.532.591 8,535 - 36,57 5,86 437597 5,5 + 2,25 7,4
BelieVe (BLV) G a 10,14 10,38 + 1,77 + 7,07 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 17,5 17,58 + 1,15 - 2,77 PeuGeot inVest (PEUG) g a 98,3 99,1 + 1,23 + 11,35 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 5,39 - 19,49 4,694 9,15
30082 10,4 + 7,34 12,76 15608 17,84 +14,16 21,15 5161 99,6 + 7,6 112,4 X-FaB silicon (XFAB) g a 10,56 10,38 - 1,43 + 56,92
FR0014003FE9 96.932.615 9,76 - 7,24 7,7 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 17,38 + 3,41 15 FR0000064784 19/05/23 1 24.922.589 98 + 11,47 88,9 2,88 103959 10,68 +24,61 11,62
Bénéteau (BEN) G B 11,34 11,3 + 0,53 - 20,08 FDJ (FDJ) G a 33,18 33,16 - 0,12 - 11,76 PHarmaGest int. (PHA) g a 58,9 57,8 - 1,87 - 22,62 BE0974310428 130.781.669 10,23 + 60,81 6,625
67393 11,34 + 0,36 17,44 133930 33,24 + 8,94 40,99 4867 59,8 -11,08 85,8
FR0000035164 21/06/23 0,42 82.789.840 11,14 + 2,73 10,8 3,72 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 32,76 - 12,58 28,2 4,13 FR0012882389 03/07/23 1,15 15.174.125 57,8 - 24,54 55 1,99
Bic (BB) G a 61,75
16862
62,05
62,25
+ 0,49 - 2,97
+ 4,11 69,15
FermentalG (FALG) g c 0,25
140947
0,249
0,257
+ 0,61 - 83,68
+ 8,04 1,708
Pierre & Vacances (VAC) g c 1,372
1946254
1,452
1,458
+ 5,52 + 34,69
+18,63 1,894
VAleurs Zone internationale
FR0000120966 29/05/23 2,56 43.952.226 61,75 - 1,19 51,15 4,13 FR0011271600 41.290.430 0,249 - 84,52 0,209 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.433.323 1,25 + 64,63 1,028 General electric (GNE) a 111 112,5 + 2,27 + 48,81
BiGBen int. (BIG) g c 3,53 3,17 - 9,56 - 50,24 PHaXiam tX (PHXM) c 4,11 4,245 + 1,8 + 15,73 Plastic omnium (POM) G a 11,46 11,51 + 0,97 - 15,24 365 113 +12,5 113
52114 3,53 + 8,75 7,81 8880 4,345 - 8,12 53,9 129418 11,55 + 5,5 20,1 US3696043013 USD 25/09/23 0,07 1.092.668.140 111 + 37,87 63,1
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.538.970 3,14 - 55,73 2,275 9,46 FR0011471135 60.751.054 4,11 - 32,51 2,6 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 11,29 - 21,43 10,03 3,39
scHlumBerGer (SLB) a 48,305 48,63 + 2,73 - 1,66 3,45
BiomérieuX (BIM) G a 99,02 100,85 + 2,12 + 2,99 Fnac DartY (FNAC) G a 26,36 26,24 - 0,38 - 23,81 PoXel (POXEL) g c 0,36 0,362 - 61,49 5699 48,64 - 8,9 58,1
70808 100,85 +10,63 102,6 25134 26,44 +19,16 40,28 25012 0,363 - 0,82 1,08 AN8068571086 USD 05/09/23 0,25 1.439.269.870 47,53 - 1,86 39,535
FR0013280286 06/06/23 0,85 118.361.220 98,76 + 3,46 84,54 0,84 FR0011476928 13/06/23 1,4 27.778.578 25,98 - 25,71 17,51 5,34 FR0012432516 36.061.332 0,355 - 70,66 0,345
total enerGies GaBon (EC) a 160 158,2 - 1,37 + 0,13
Boiron (BOI) g a 41 40,5 - 1,36 - 20,12 Foncière lYonnaise (FLY) a 65,2 65 - 22,99 QuaDient (QDT) g B 18,7 18,98 + 2,15 + 37,84
4592 41 + 0,37 56,5 214 65,2 + 0,31 85 39687 19,02 - 4,43 21,3 297 160 + 0,64 190
FR0000061129 18/10/23 10,36 17.545.408 40,34 - 11,18 36,75 25,58 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 65 - 23,53 60,4 FR0000120560 03/08/23 0,6 34.468.912 18,48 + 27,73 13,82 3,16 GA0000121459 07/06/23 20,8 4.500.000 157 - 2,35 143,4 13,15
Bolloré (BOL) G a 5,27 5,4 + 2,96 + 3,45 ForVia (FRVIA) LR a 18,05 18,43 + 2,19 + 30,43 rallYe (RAL) a 0,189 0,175 + 1,04 - 93,47
2517757 5,405 + 4,85 6,37 890176 18,43 +14,12 25,4 1460746 0,209 +374,25 3,1
FR0000039299 05/09/23 0,02 2.951.174.374 5,255 - 1,1 4,93 0,37 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 18,02 + 17,95 14,4 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 0,174 - 94,25 0,025
BonDuelle (BON) g B 10,5 10,64 + 1,33 - 20,48 Gecina (GFC) LR a 101,9 104,1 + 2,46 + 9,41 ramsaY GDs (GDS) a 20,3 20 - 0,99 + 9,29
4226 10,66 + 5,35 14,5 96426 104,1 +10,74 114,2 150 20,4 + 1,52 22,4
FR0000063935 03/01/23 0,3 32.630.114 10,46 - 15,15 9,73 2,82 FR0010040865 03/07/23 2,65 76.623.192 101,2 + 10,1 88 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 20 - 1,48 17,95
Bureau Veritas (BVI) LR a 22,23 22,21 - 9,75 GenFit (GNFT) G B 3,01 2,985 - 1,97 - 24,77 rémY cointreau (RCO) LR a 108,3 107,4 - 1,69 - 31,85
1229303 22,38 + 2,35 27,27 148084 3,03 - 0,67 4,92 171067 109,25 - 2,32 180,5
FR0006174348 04/07/23 0,77 453.745.520 22,14 - 12,18 20,67 3,47 FR0004163111 49.834.983 2,98 - 12,82 2,84 FR0000130395 28/09/23 3 51.237.853 106,25 - 34,63 102,5 2,79
carmila (CARM) g c 14,26 14,54 + 2,25 + 9 Genomic Vision (GV) g c /031123 - 95,01 reXel (RXL) LR a 22,14 22,39 + 1,18 + 21,42
20456 14,54 +10,49 15,92 +12,5 0,054 649467 22,64 +16,46 24,95
FR0010828137 15/05/23 1,17 142.441.073 14,26 + 6,6 12,64 FR0011799907 385.886.117 - 96,9 0,001 FR0010451203 09/05/23 1,2 304.263.241 22,14 + 26,5 18,08 5,36
33 Les Echos Lundi 4 décembre 2023 FINANCE & MARCHES

carnet
PORTRAIT François-Marc Durand, 65 ans, di-

par Julie Le Bolzer

ENTREPRISES
plômé en mathématiques de l’ENS
Paris-Saclay, ancien élève de l’EN-
+
AFP
Anne Guérin SAE, est membre de l’Institut des
Ils sont nés
un 4 décembre
Bastien Sibille porte deviendra directrice générale
de l’AFP début janvier.
actuaires français. Il préside La-
zard Frères Gestion depuis 2012 et

le chant des coops Anne Guérin, 55 ans, est diplômée

dirige la société depuis 2001. Aupa-
ravant, il avait été directeur général
•footballeuse,
Nataša Andonova,
30 ans.
de l’ESCP Europe. Elle a effectué
l’essentiel de sa carrière au service
de Groupama AM puis directeur
général finance de Groupama.
•dePatrick Abadie, fondateur
Delville Management, 49 ans.
Bastien Sibille ne se départ pas d’un naturel posé… même
lorsque son emploi du temps suscite le tournis. En no-
du développement des entreprises
françaises au sein du groupe Bpi- François de Saint-Pierre, 62 ans,
•ex-ministre
Jean-Michel Blanquer,
de l’Education
DR

vembre, mois de l’économie sociale et sociale, le prési- france. Elle en était la directrice diplômé de l’IEP de Paris, titulaire nationale, 59 ans.
dent de l’alliance des « Licoornes », association de coopé-
ratives engagées dans la transition écologique, a, lui président d’Alter Kapitae, il vise « 5.000 soutiens dans 6
exécutive jusqu’en juillet dernier. d’une maîtrise de droit des affaires
et d’une maîtrise de droit public,
•perchiste,
Sergueï Bubka,
60 ans.
aussi, donné de la voix. Il y a dix jours, ce Parisien de 44 mois, pas pour former une force politique, mais une force BRISTOL MYERS SQUIBB est membre de la Sfaf. Il est res- • Jeff Bridges, acteur, 74 ans.
ans est intervenu aux Journées de l’économie autrement,
à Dijon. Et la semaine dernière, il était à Montpellier pour
d’action ».
Cette volonté de changement ne surprend pas de la
Rachel Sabattier
devient directrice compliance
ponsable de l’activité de gestion
privée de Lazard Frères Gestion
•député
Aymeric Caron, ex-journaliste,
de Paris, 52 ans.
les Rencontres internationales de l’innovation sociale.
Avec, partout, le même message : les sociétés coopé-
part d’un enfant du sérail. Aîné de trois garçons, il est le
fils d’Hugues Sibille, figure de l’économie sociale, an-
de Bristol Myers Squibb France.
A ce titre, elle intègre le comité
depuis 2009. Il a d’abord officié
chez Oddo et Oppenheim Pierson
•générale
Chiara Corazza, ex-directrice
du Women’s Forum,
ratives sont des acteurs de toutes les transitions et « des cien vice-président du Crédit Coopératif et aujourd’hui exécutif France. Mélendes. Entré chez Lazard Frè- représentante de la France au G20
illustrations du lien entre pensée et action », glisse cet président du Labo de l’ESS. De sa mère, qui fut rédactri- res Gestion en 1993, il fut directeur Empower, 64 ans.
adepte de la thèse d’Hannah Arendt. A eux seuls, les
membres des Licoornes montrent que « même sur des
ce en chef de journaux pour enfants au sein du Groupe
Bayard, et qui « recevait des cartons d’ouvrages quand elle
Rachel Sabattier, 50 ans, diplômée
d’Audencia, a d’abord été respon-
de la recherche et de la gestion ac-
tions dès 1998.
•comédien,
Jean-Pierre Darroussin,
70 ans.
marchés qui semblaient verrouillés, une proposition éco-
nomique solide et vertueuse est possible ». Lancée
tenait la chronique livres de “Je bouquine” », il tient le goût
de la lecture. Et de l’écriture, comme en atteste « Être ra-
sable de mission en audit et con-
seil au cabinet Salustro Reydel, Daphné Behaghel, 48 ans, titulaire
•producteur,
Maxime Delauney,
42 ans.
en 2020, cette alliance regroupe à ce jour treize sociétés
coopératives d’intérêt collectif (SCIC), de tous secteurs.
dical. Dialogue entre deux générations pour transfor-
mer l’économie », rédigé à quatre mains avec son père
puis auditeur interne au sein du
groupe Bolloré. A partir de 2004,
d’un DEA de droit privé et d’un
magistère de droit des activités
•général
Thomas Grenon, directeur
du Laboratoire national
Parmi elles, Enercoop dans l’énergie, Biocoop dans la (éditions Les Petits Matins, 2022). « Son envie de changer elle a œuvré chez GSK comme res- économiques de l’université de de métrologie et d’essais, 60 ans.
distribution, La Nef dans la banque, Label Emmaüs
dans le réemploi ou encore Mobicoop, cofondée par
le monde n’est pas négociable et il l’incarne sous la forme
d’une radicalité entrepreneuriale », juge Jérôme Saddier,
ponsable audit et projets, deve-
nant compliance officer dès 2010
Paris-I, dispose du CAPA. D’abord
juriste, elle fut dix ans avocate à la
•35Rémy
ans.
Grosso, rugbyman,

Bastien Sibille, dans la mobilité. le président du Crédit coopératif. Pour sa part, Laurent
Berger, ancien secrétaire général de la CFDT, qui a re-
et, quatre ans plus tard, ethics &
compliance officer pour la France,
Cour, puis a travaillé chez Oddo
BHF comme global head of legal
•ministre,
Christian Jacob, ancien
ex-député, ex-président
4 millions de consommateurs joint le Crédit mutuel, estime que « sa force de conviction le Maghreb et l’Afrique francopho- asset management. Depuis 2018, des Républicains, 64 ans.
« Nous représentons 129.000 sociétaires et 4,1 millions de et sa capacité d’entraînement viennent du fait qu’il est ta- ne au sein de GSK Santé Grand Pu- elle était directrice juridique de la • Jay Z, rappeur, 54 ans.
consommateurs », précise l’entrepreneur.
Son ambition est « à moyen terme, de permettre aux ci-
lentueux, courageux et aussi agréable ».
L’intéressé, lui, emprunte les mots de Jean Monnet :
blic (Haleon aujourd’hui). Depuis
2019, elle était directrice ethics &
Banque Privée Saint-Germain. •PDG
Alexandra Mathiolon,
de Serfim, 34 ans.
toyens et collectivités de changer l’ensemble de leurs habi-
tudes de consommation au profit de la transition écologi-
« Je ne suis ni optimiste ni pessimiste, mais déterminé. »
De quoi en faire un entrepreneur. Diplômé de Science
compliance France d’Astellas. FOODLES
Juliette Delannoy
•fondateur
Alain-Emmanuel Raynal,
de Miyu Productions,
que », explique-t-il, en ajoutant que « la progression des Po Paris et titulaire d’un doctorat en sciences politiques LAZARD devient responsable RSE. 42 ans.
coopératives est importante, mais méconnue ». Et de citer
les clubs de foot SC Bastia et le FC Sochaux-Montbé-
de l’université de Montréal, il a cofondé, avec son père,
l’association internationale du logiciel libre. Avant de
François-Marc Durand
François de Saint-Pierre Juliette Delannoy, 26 ans, ingé-
•deNathalie Rykiel, créatrice
mode, 68 ans.
liard, devenus des SCIC. Il cherche par ailleurs à rallier,
au sein d’un mouvement citoyen, « le plus grand nombre
créer Talcod puis Mobicoop, spécialiste du covoiturage,
qui réalise 1,6 million d’euros de chiffre d’affaires.
Daphné Behaghel
sont nommés respectivement
nieure agronome de formation, a
débuté sur des sujets d’économie
•femme
Perla Servan-Schreiber,
de presse, 80 ans.
de dirigeantes et de dirigeants », en vue de collecter un
milliard d’euros pour financer les organisations de
Pas de quoi le détourner de sa routine quotidienne :
« Jouer une heure de piano par jour. » Ses compositeurs
président, vice-président et
secrétaire générale de la
circulaire dans le secteur du BTP
avant de rejoindre Transgourmet
•femme
Elsa Schalck, avocate,
politique, 36 ans.
transformation écologique et sociale.
Déjà rejoint par 1.200 personnes, dont Claire Thoury,
du moment ? Debussy, Ravel, Séverac… « Je joue aussi,
pour mes deux enfants, les musiques des films du studio
Compagnie Financière Lazard
Frères (CFLF). Ils sont
comme chargée de projet RSE. •68Yojiro
ans.
Takita, réalisateur,

présidente du Mouvement associatif, Jean-Michel Ri-

card, cofondateur de Siel Bleu, ou encore Gabriel Malek,
d’animation Ghibli, comme “Princesse Mononoké”. »
Une histoire résolument écologiste. n
membres du comité de
direction générale de CFLF. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr
•34Nafessa
ans.
Williams, actrice,

actions actions actions

euronext hors srd Françaises euronext hors srd suite Françaises euronext hors srd suite Françaises changes cours au comptant
var. var.
01-12-2023 cours veille année
isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol 1 euro en devise bce en % en %

Fr0000076887 a.s.t. Groupe g C 0,722 0,75 0,7 0,72 + 1,41 10326 Fr0011271600 FermentalG g C 0,25 0,257 0,249 0,249 + 0,61 140947 Fr0000121691 nrj Group B 7 7 6,96 7 + 0,29 8066 DOLLAR US 1,0881 -0,09 1,66
Fr0012616852 abionyX pharma g B 1,304 1,39 1,28 1,31 + 0,92 218724 Fr0011665280 FiGeac aero g C 4 4,07 3,95 4,07 + 1,75 4510 Fr0000052680 oeneo g B 13,35 13,35 12,85 12,95 - 2,63 5953 LIVRE STERLING 0,8573 -0,59 -3,13
FRANC SUISSE 0,9473 -0,64 -4,26
Fr0000064602 acanthe dev. C 0,358 0,368 0,358 0,368 + 1,66 84177 Fr0014005sb3 Forsee poWer sa B 2,71 2,73 2,7 2,73 + 1,49 8817 Fr0010428771 ol Groupe g C 2 2,08 1,98 2,07 + 4,55 11056 COURONNE DANOISE 7,4556 0,00 0,26
Fr0000076861 acteos g C 1,275 1,275 1,24 1,275 - 0,39 974 Fr0013030152 Francaise enerGie g C 48,35 48,35 45,15 47,5 - 0,52 25941 Fr0000075392 orapi g C 6,44 6,44 6,42 6,44 3350 COURONNE NORV. 11,6062 -1,32 10,58
COURONNE SUEDOISE 11,2905 -1,37 1,16
Fr0013333077 aFFluent medical B 1,27 1,28 1,27 1,27 + 0,79 4294 Fr0004010338 Groupe jaj C 1,42 1,42 1,42 1,42 8613 Fr0010609206 oreGe C 0,42 0,448 0,398 0,44 + 1,38 30067
DOLLAR CANADIEN 1,4674 -0,61 1,16
Fr0000062465 alan allman C 9,6 9,6 9,4 9,4 - 2,08 1004 Fr0004155000 Groupe sFpi g C 1,548 1,556 1,514 1,532 - 1,03 14951 Fr0012127173 ose immuno g C 3,885 4,05 3,88 3,91 - 0,38 45096 YEN JAPONAIS 159,761 -0,99 13,80
Fr0000053837 altamir B 23,6 24 23,2 24 + 1,7 6062 Fr0000066722 Guillemot g C 6,9 6,94 6,86 6,9 2545 Fr0004038263 parrot B 2,24 2,33 2,24 2,29 2010 DOLLAR AUSTRALIEN 1,632 -1,00 3,88
ROUBLE RUSSE 98,4958 0,53 24,79
Fr0012789667 amplitude g C 3,18 3,34 3,14 3,34 + 5,03 3221 Fr0000066755 haulotte Group g B 2,51 2,54 2,5 2,5 3801 Fr0011027135 patrimoine et comm B 18,5 18,75 18,2 18,75 + 0,81 1985 ROUPIE INDIENNE 90,5785 -0,22 2,01
Fr001400jWr8 arverne Group B 9,279 9,279 9,108 9,194 - 0,91 839 Fr0000054231 hiGh co. g C 4,08 4,14 4,02 4,04 - 1,7 21854 Fr0011471135 phaXiam tX C 4,11 4,345 4,11 4,245 + 1,8 8880 FORINT HONGROIS 379,0095 -0,42 -5,18
ZLOTY POLONAIS 4,321 -0,71 -8,06
Fr0011992700 ateme g B 6,8 6,8 6,6 6,6 - 3,23 2191 Fr0012821916 hipay Group g C 5,8 6,38 5,8 6,38 + 6,33 5716 Fr0013252186 plastiques du val g C 2,64 2,68 2,64 2,68 + 1,13 2474
DOLLAR HONG-KONG 8,5013 -0,01 1,68
Fr0000039232 aurea g C 5,06 5,1 4,95 4,95 - 2,17 2376 Fr0014003vy4 hydroGÞne France G B 11,26 11,38 11 11,2 3811 Fr0012432516 poXel g C 0,36 0,363 0,355 0,362 25012 WON SUD COREEN 1410,55 -0,40 4,42
Fr001400cFi7 avenir telecom C 0,122 0,122 0,113 0,114 - 2,89 303550 Fr0000051393 idi B 65 65,4 64,4 65,4 + 0,62 1116 Fr0004052561 proactis C 0,084 0,084 0,084 0,084 10000 PESO MEXICAIN 18,7019 -1,23 -10,50
REAL 5,3094 -0,99 -6,36
Fr0000035370 bastide conF.med. g C 24,7 24,8 24,55 24,6 + 0,41 1567 Fr0000033243 immo. dassault B 47,9 48,6 47,6 47,6 - 0,83 895 Fr0012613610 prodWays Group g C 0,96 0,976 0,958 0,975 + 2,85 25796 DOLLAR SINGAPOUR 1,4515 -0,37 0,95
Fr0000039299 bollore G A 5,27 5,405 5,255 5,4 + 2,96 2517757 Fr0000071797 inFotel g C 48,6 49,4 48,1 49 + 1,87 2354 Fr0013344173 roche bobois sa G B 45 46,7 44,1 46,3 + 2,89 1474 LIVRE TURQUE 31,4455 -0,08 56,83
RENMIBI YUAN 7,716 -0,07 4,30
Fr0000074254 bourse direct C 5,82 5,82 5,56 5,68 - 2,41 15811 Fr0013233012 inventiva g B 3,795 3,885 3,725 3,875 + 2,11 23323 Fr0000054199 s.t. dupont C 0,095 0,095 0,087 0,095 4253
Fr0010151589 caFom C 8,96 9,14 8,82 9,14 + 3,16 1638 Fr0012872141 jacques boGart g C 6,62 6,96 6,5 6,8 - 1,16 1130 Fr0000039109 seche environnem. g B 105,4 107,6 105,4 107 + 1,52 4387
Fr0012969095 capelli g 4,24 4,35 4,1 4,16 - 4,81 3056 Fr0000066607 lacroiX Group g C 28 28,8 27,6 28,6 +4 1628 Fr0011950682 serGeFerrari Gp g C 7,41 7,5 7,41 7,48 + 0,95 3231
taux marchés monétaires et eurodevises
marchés monétaires
Fr0010193979 cbo territoria C 3,7 3,7 3,68 3,68 - 0,54 1686 Fr0000032278 latecoere g C 0,016 0,016 0,015 0,015 - 2,55 5873910 Fr0000074122 sii g C 50,4 52,3 50,4 51,7 + 3,19 18989 01-12-2023 jour 1 mois 3 mois 6 mois 1 an

Fr0000053506 ceGedim B 19,22 19,34 18,74 18,98 - 0,52 4445 Fr0014009yq1 lhyFe B 5,11 5,2 5,05 5,1 + 0,99 48846 Fr0000078321 soditech C 1,5 1,5 1,5 1,5 - 9,09 1668 Zone euro 3,78/3,48 4,02/3,72 4,07/3,77 4,07/3,77 3,87/3,57

Fr0000037475 cFi C 0,63 0,63 0,585 0,585 - 7,14 2500 Fr0012634822 maat pharma C 7,4 7,4 6,3 6,5 - 4,41 8444 Fr00140006o9 solocal Group B 0,083 0,085 0,082 0,082 - 2,14 124014 ecarts de tauX avec l’allemaGne
01-12-2023 6 mois 2 ans 5 ans 7 ans 10 ans
Fr0013426004 claranova se g B 1,55 1,55 1,472 1,516 + 2,43 67815 Fr0010609263 mauna Kea tech g C 0,419 0,419 0,411 0,418 - 0,24 73850 Fr0004188670 tarKett G B 9,1 9,34 8,9 9,34 + 2,86 2880
allemaGne 98,35 2,92 2,34 2,32 2,45
Fr0010483768 crcam brie pic. cc B 17,35 17,36 17,304 17,304 - 0,27 3885 Fr0000051070 maurel et prom g B 6,47 6,485 6,22 6,485+ 0,86 474966 Fr001400i939 technicolor crea. B 1,614 1,63 1,614 1,62 - 0,61 1414 portuGal 0 0,02 0,42 0,60 0,80
Fr0000185514 crcam nord Fr. B 13,126 13,286 13,11 13,17 + 0,31 3584 Fr0000060873 mbWs g C 2,58 2,6 2,53 2,6 + 1,17 19773 Fr001400bmh7 teract B 2,57 2,57 2,56 2,56 - 0,39 1033 France 0,10 0,20 0,38 0,44 0,54
espaGne -0,20 0,12 0,67 0,84 1,02
Fr001400ayG6 deeZer 2 2,48 2,48 2,47 2,475 - 0,2 2183 Fr0004065605 medincell B 6,14 6,2 6,11 6,13 - 0,16 28699 Fr0000033003 touaX g C 5,46 5,52 5,34 5,34 - 2,2 2099 italie -0,21 0,46 3,50 1,49 1,66
Fr0013283108 delta plus Group g B 73,7 73,7 72,6 73 + 0,69 1431 Fr0010298620 memscap g C 5,26 5,5 5,26 5,32 + 0,76 15888 Fr0000074197 union tech.inFor. g C 0,52 0,54 0,52 0,54 + 3,85 2301
Fr0012202497 diaGnostic medicalg C 1,01 1,045 1,01 1,035 - 0,48 1910 Fr0013482791 nacon sas B 1,68 1,68 1,54 1,59 - 5,47 129770 Fr0000050049 viel et cie C 8 8,24 8 8,24 + 2,49 3016
Fr0000054678 euro ressources C 3,48 3,5 3,48 3,48 - 0,29 3801 Fr0004050250 neurones B 40,3 40,85 40,3 40,85 + 1,11 4736 Fr0012532810 WaGa enerGy B 22,35 22,35 22,05 22,05 - 1,34 2999
certificat/fonds investir 10
INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 158,25 0,82
Fr0000075343 euromedis Groupe C 4,75 4,77 4,73 4,77 - 0,21 2344 Fr0012650166 nhoa g C 0,7 0,718 0,684 0,692 - 1,14 60207 Fr0004034072 Xilam animation g C 4,47 4,47 4,3 4,33 - 1,81 9418
INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 115,93 0,28

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@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à
vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

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 Lundi 4 décembre 2023 Les Echos 34

FINANCE-GESTION
ENJEUX Les fonds publics soutenant le renouveau de l’industrie française commencent à porter leurs fruits. Mais cette dynamique
prometteuse est encore fragile. Pour atteindre les objectifs, une montée en puissance des investissements privés est indispensable.

Entreprises industrielles : l’art

de trouver les moyens de la relance
Catherine Moal commandes plus compliqué à rem-
plir que ces deux dernières années.
lexandre Saubot, président ETI, PME de croissance et deeptech

A de France Industrie, parta-

geait récemment le sou-
hait de son organisation profes-
sionnelle : « Tout projet industriel
sont pourtant face à un mur d’inves-
tissements majeurs, que ce soit
dans la transition verte, énergéti-
que et numérique, l’innovation de
qui veut se faire en France, il faut qu’il rupture, l’internationalisation, les
puisse se faire. La volonté collective gains de productivité, les exten-
existe, l’attractivité est revenue… » Et sions capacitaires… « Avec l’agence
de rappeler l’importance d’une col- de notation de crédit Inbonis, nous
laboration étroite entre le monde avons chiffré à 26 milliards d’euros,
économique et les pouvoirs publics d’ici à 2030, de CapEx supplémentai-
pour y parvenir, puisque « l’indus- res rien que pour la transformation
trie est une activité du temps long et environnementale pour 11.000 entre-
des investissements ». prises », précise Alexandre Montay.
Pour preuve, les 54 milliards Le délégué général du Meti pré-
d’euros du plan France 2030, dont le cise que l’évolution très forte et
bilan, deux ans après son lance- rapide des taux d’intérêt pose pro-
ment, se révèle positif. Pour accélé- blème, car elle change la nature des
rer, le gouvernement a installé dans projets et ses conditions d’amortis-
chaque département un sous-pré- sement. Résultat : « 15 % des ETI
fet référent chargé de suivre les pro- industrielles ont recalibré leurs pro-

jets industriels en lien avec les col-
lectivités. L’objectif est d’investir
massivement dans les technologies
innovantes et de soutenir la transi-
tion écologique.
Le public donne l’impulsion
France 2030 a permis d’accompa-
gner jusqu’à plus de 4.370 projets,
pour un total de 21 milliards d’euros
engagés et 40.000 emplois directs
créés ou maintenus. « D’ici à la fin de
l’année, nous aurons atteint la moitié
de nos objectifs, notamment en
matière d’accompagnement de la
décarbonation, se félicite Bruno
Bonnell, secrétaire général pour
l’investissement. S’il est équilibré
entre les acteurs dits émergents, les
grosses structures et les centres de
recherche, nous avons surtout un
effet de levier. Car pour un euro
d’argent public investi dans l’indus-
trie, 1,9 euro d’argent privé l’accom-
pagne. » Il insiste également sur les
enjeux de compétences dans de
France 2030 a été lancé en 2021 par Emmanuel Macron. Depuis plus de 4.000 projets sont accompagnés dans le cadre de ce plan.
nombreux secteurs industriels
(nucléaire, biotech, spatial…), indis-
pensables pour réussir cette muta-
tion. « Après une première enveloppe
de 800 millions d’euros consacrée à
la formation, nous venons d’ouvrir la
deuxième relève de l’appel à manifes-
tation d’intérêt pour 700 millions. »
Objectif d’ici à 2030 : atteindre le
million de personnes formées à ces
métiers d’avenir. Cet effort gouver-
nemental se diffuse à l’échelle des
collectivités territoriales, comme
en Ile-de-France, deuxième région
industrielle avec 8 % de l’emploi sur
le territoire. Récemment, la prési-
dente de région Valérie Pécresse
(LR) annonçait son souhait de lan-
cer début 2024 un fonds souverain
régional de 250 millions d’euros
pour les cinq prochaines années.
Depuis juin 2023, la région accorde
une prime de 2.000 euros à tous les
demandeurs d’emploi qui accep-
tent de se former aux métiers de
l’industrie. De même, Auvergne-
Rhône-Alpes, première région
industrielle de France, lançait, dès
mars 2021, son fonds souverain
public-privé de plus de 100 millions
d’euros sur dix ans. La cible : les
TPME et ETI régionales, non cotées,
du secteur industriel. Au-delà, la
région accompagne près d’une
vingtaine de fonds d’investisse-
ment, regroupés dans la structure
Auvergne-Rhône-Alpes Investisse-
ment, dans laquelle elle a injecté un
total de 104 millions d’euros, pour
un effet de levier de plus de 5 mil-
liards d’euros. Le dispositif a permis
de soutenir plus de 250 entreprises.
Mais aussi de maintenir ou créer
environ 15.000 emplois.
Cette dynamique est largement
saluée par Audrey-Laure Bergen-
thal, porte-parole des start-up
industrielles au sein de l’alliance
Jean-Philippe ksiazek/AFP
Start Industrie, ou encore d’Alexan-
dre Montay, délégué général du
Meti, le mouvement des ETI. Tous
deux relèvent cependant les diffi-
cultés de bon nombre de leurs
membres depuis quelques mois.
Un mur d’investissements
D’un côté, les deeptechs souffrent
de la chute des levées de fonds qui
les pousseraient à se tourner vers la
dette, et des modèles de croissance
qui prévoient une rentabilité plus
rapide. De l’autre, les ETI subissent
un choc de coûts lié aux effets de la
crise énergétique et à un carnet de
jets d’investissements. » Les effets de
cette baisse d’investissements pro-
ductifs ne se font pas encore sentir.
« On ne voit pas de net ralentisse-
ment », rassure Olivier Redoulès,
directeur des études de Rexecode.
« Des capacités de production dispa-
raissent quand d’autres naissent.
Reste qu’on ne sait pas à quelle vitesse
et à quelle gradualité dans le temps va
se renouveler le tissu productif. »
L’économiste appelle donc l’Etat à
« avoir de la cohérence et de la crédibi-
lité dans l’incitation à investir, autant
en matière fiscale que réglemen-
taire… »
L’industrie reste un choix auda-
cieux pour les entrepreneurs,
comme pour les financiers. « Il faut
vraiment démontrer l’importance
d’être en avance de phase et non mou-
tonnier. Notre objectif est de rassurer
et restaurer la confiance chez les
investisseurs privés. Il faut investir
dans les nouvelles technologies »,
conclut Bruno Bonnell. n

TROIS EMBLÈMES DE LA NOUVELLE DYNAMIQUE INDUSTRIELLE FRANÇAISE

Francois Henry / REA
Patrick Allard / REA

AFP

CARBIOS : PREMIÈRE USINE APRÈS DOUZE ANS DE R&D
La biotech Carbios, créée en 2011, passera à la phase industrielle
d’ici à 2026, après une augmentation de capital de 141 millions
d’euros en 2022. Objectif : construire une unité de référence mon-
diale de recyclage des plastiques sur le site d’Indorama Ventures à
Longlaville (Meurthe-et-Moselle), le leader mondial thaïlandais de la
production de PET recyclé pour le marché des bouteilles.
Cette étape-clé permettra à Carbios de réaliser ses premiers reve-
nus significatifs, après douze ans de R&D… En mai 2023, la PME
installée près de Clermont-Ferrand a obtenu une aide globale de
54 millions d’euros de l’Etat (via le fonds France 2030) et de la
région Grand Est pour ce projet, qui devrait générer 150 emplois
directs et indirects.
VERKOR : MEILLEURE LEVÉE DE FONDS FRANÇAISE
La jeune pousse de Grenoble, fondée en 2020, a réuni plus de deux
milliards d’euros (dont 850 millions auprès d’investisseurs privés)
en vue de construire à Dunkerque (Nord) la gigafactory de batteries
bas carbone qui approvisionnera divers constructeurs automobiles
européens. A ces fonds s’ajoute une subvention publique d’environ
650 millions d’euros, ainsi qu’un prêt de 600 millions d’euros de la
Banque européenne d’investissement. Bénéficiant du soutien de
l’Institut d’innovation et de technologie européen InnoEnergy, et de
nombreux groupes industriels (Schneider Electric, Renault…),
Verkor a inauguré cette année une ligne pilote de production, inno-
vation qui sera intégrée à la gigafactory prévue pour 2025. L’usine
devrait créer 1.200 emplois directs.
SOITEC INAUGURE UN SITE DE MICROÉLECTRONIQUE
La nouvelle usine de Soitec, société créée en 1992 par des cher-
cheurs issus du CEA-Leti, a été inaugurée en septembre à Bernin
(Isère). Soitec est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux dans la
conception et la production de matériaux semi-conducteurs inno-
vants. Cette usine est dédiée à la production des substrats
SmartSiC pour les nouvelles générations de véhicules électriques.
Sa construction avait été lancée en mars 2022. Elle a nécessité un
investissement de près de 400 millions d’euros, et devrait créer, à
terme, plus de 400 emplois directs et 800 emplois indirects, en
France. Elle s’inscrit dans la continuité du plan Nano 2022, qui a
déjà donné lieu à cinq milliards d’euros d’investissements, et en
cohérence avec le Chips Act européen.
35 Les Echos Lundi 4 décembre 2023
« Cash is King : avoir des fonds propres,
c’est désormais le nerf de la guerre »
ENTRETIEN Le financement des entreprises industrielles est une des priorités de Bertrand Rambaud. Le président de France Invest
analyse les conséquences de la remontée des taux sur cet écosystème.
Propos recueillis par
Yves Vilaginés
e financement des entrepri-
L ses industrielles est une
des priorités de Bertrand
Rambaud. Le président de France
Invest analyse les conséquences de
la remontée des taux sur cet
écosystème.
Le bilan du premier semes-
tre 2023 met en lumière un
recul de 26 % des investisse-
ments. Quelle analyse
en faites-vous ?
Dans un environnement global,
mouvant et plus incertain, une
période nouvelle s’ouvre. En
France, l’environnement financier
est en forte évolution. Après dix ans
de croissance de nos métiers, dans
un contexte de taux bas, la remon-
tée des taux depuis un an redistri-
bue les cartes. Elle génère un coût
plus élevé de la ressource et une
moindre liquidité. Le ralentisse-
ment de l’industrie du capital inves-
tissement touche la France comme
le reste du monde. Certes, les opéra-
tions de petite taille et intermédiai-
res, small and mid cap, sont tou-
jours bien financées. Mais au-delà,
elles sont plus complexes et plus
longues à monter. On entre dans un
espace-temps plus long.
La remontée des taux pousse-t-
elle les investisseurs institu-
tionnels vers des placements
Capital-investissement : les
levées de fonds retrouvent
leur niveau pré-Covid
Le capital-risque résiste
mieux à la baisse des mon-
tants investis. Certains
secteurs sont aussi épar-
gnés, comme la deeptech et
la transition environne-
mentale. Après un début
d’année en recul, la fin de
2023 s’annonce meilleure.
Salomé Ferraris
e capital-investissement
L reprend des couleurs au troi-
sième trimestre 2023, après
un début d’année très morose. « De
manière générale, l’activité est relati-
vement soutenue depuis la mi-octo-
bre », se réjouit Thierry Dartus,
associé Transaction Advisory Ser-
vices chez Grand Thornton. La ten-
dance est confirmée par le baromè-
tre des levées de fonds In Extensio
Innovation Croissance, ESSEC
Business School et France Angels.
Les levées de fonds du troisième
trimestre s’élèvent à 2,3 milliards
d’euros, en recul de seulement 10 %
par rapport à 2022. À titre de com-
paraison, les collectes avaient été
divisées par deux en valeur au pre-
mier semestre 2023, passant de 17
milliards d’euros en 2022 à huit mil-
liards d’euros cette année, selon
l’étude France Invest et Grant
Thornton. « L’activité reste en retrait
par rapport à 2021 et 2022. Mais la
comparaison repose sur deux années
à la croissance exceptionnelle et
quasi hors normes », tempère
l’expert. « Si l’on compare 2023 à
2019, année de référence pré-pandé-
mie, les levées de fonds ont retrouvé
des moyennes de long terme », relati-
vise Thierry Dartus.
L’innovation résiste
Le manque de visibilité sur les taux
d’intérêt et les incertitudes écono-
miques « continueront de peser sur
moins risqués ?
On peut se dire que les placements
monétaires et obligataires sont
moins risqués et plus attractifs.
Mais nos perspectives de rende-
ment sont toujours plus élevées. J’ai
la conviction que les taux vont rapi-
dement se stabiliser et que nous
allons vers un nouvel équilibre.
Quand on investit dans l’innovation
par exemple, la surperformance à
plus long terme compense la prise
de risque.
La France bénéficie d’une magni-
fique dynamique entrepreneuriale
et les fonds ont un rôle d’accompa-
gnement à jouer. Les jeunes ont tou-
jours fortement envie d’entrepren-
dre et c’est rassurant. Beaucoup de
cadres expérimentés de grands
groupes veulent aussi vivre une
expérience entrepreneuriale dans
des PME et ETI, aider des entrepri-
ses familiales à grandir, à lever les
freins à l’international.
« J’ai la
conviction
que les taux vont
rapidement se
stabiliser et que
nous allons vers un
nouvel équilibre. »
l’activité du capital-risque sur la fin
d’année 2023 ». Mais Thierry Dar-
tus reste confiant. « Les fonds ont de
l’argent et continuent à prendre des
risques. La preuve : le segment du
capital-innovation est celui qui
résiste le mieux à la baisse généralisée
de l’activité. »
Sur les six premiers mois de
2023, plus de 1,5 milliard d’euros ont
été investis dans le capital-risque.
Soit une hausse de 21 % par rapport
aux moyennes historiques. Plus de
630 entreprises bénéficient de cet
accompagnement en 2023 (+ 11 %).
Les financements concernent prin-
cipalement les technologies de rup-
ture (deeptech), notamment l’IA, et
certains secteurs stratégiques
comme la cleantech, la santé et
l’énergie. Si le flux d’opérations pro-
gresse de 7 % en France, les mon-
tants collectés sont loin d’atteindre
les niveaux de 2022. « L’inflation et
la crise énergétique ont refroidi les
fonds internationaux qui investis-
sent lourdement en France. Améri-
Le financement de l’amorçage est particulièrement attractif : il a
augmenté de 29 % sur les neuf premiers mois de 2023. DR
Bertrand Rambaud,
ancien de Siparex
Groupe, est président
de France Invest
depuis juin 2023. DR
Avec ce ralentissement,
les entreprises auront-elles
plus de mal à se financer ?
Non, je ne le pense pas, car les réser-
ves de financement sont encore
abondantes. Les opérations conti-
nuent, et pourraient s’accélérer si
l’environnement financier retrouve
de la stabilité. En revanche, l’ana-
lyse des projets est plus sélective et
prend plus de temps.
Quant aux valorisations, on
constate des clivages plus marqués.
Certains actifs sont pénalisés. La
correction a été forte sur l’innova-
cains et Asiatiques se sont concentrés
sur leur marché domestique », ana-
lyse Thierry Dartus.
Poids des petites levées
« Ce sont les levées de moins de 100
millions d’euros et, donc, les petites et
moyennes sociétés cotées, qui ont
drainé le marché », constate l’expert.
Elles pèsent, à elles seules, 45 % des
investissements selon l’étude
France Invest. Le financement de
l’amorçage est particulièrement
attractif. Il augmente de 29 % sur les
neuf premiers mois de 2023. Un
signal positif pour les entrepre-
neurs souhaitant lancer leur entre-
prise. Seule ombre au tableau : la
proportion décroissante de refi-
nancements. « Les opérations pri-
maires se font plus rares. Elles repré-
sentent 40 % des montants investis
au premier semestre 2023, contre 50
% les années précédentes », chiffre
Thierry Dartus. Les nouvelles opé-
rations sont concentrées sur les
entreprises intermédiaires (ETI). n
tion, de 20 à 30 %. A l’inverse, la
transmission n’a pas connu de sou-
bresauts. C’est d’ailleurs un marché
important en France. Et les fonds
peuvent aider à la transformation
de dirigeants en entrepreneurs.
C’est une réponse à la nécessaire
souveraineté des entreprises. Des
opérations qu’on ne finance pas
seulement avec de la dette.
De même, les entreprises qui ont
adressé les problématiques de la
transition énergétique restent
attractives… Actuellement, selon
une étude KMPG [aux Etats-Unis
Écoutez « Elles ont osé »
le podcast des
Echos Entrepreneurs.
Elisabeth Moreno
Portraits de femmes
qui font bouger les lignes.
Découvrez les épisodes sur :
entrepreneurs.lesechos.fr
FINANCE-GESTION
selon l’étude US 2023 Due Diligence
study, NDLR], 53 % des transactions
qui ne se concluent pas échouent
pour non-respect de critères
d’investissement responsable, en
particulier liés au respect de l’envi-
ronnement.
Comment les entreprises
doivent-elles aborder
cette période ?
Cash is king. Quand les taux étaient
proches de zéro, inférieurs à l’infla-
tion, on leur disait : « pourquoi
n’avez-vous pas de dettes ? »
Aujourd’hui, c’est l’inverse, on
demande : « pourquoi n’avez-vous
pas de cash ? » Avoir des fonds pro-
pres, c’est désormais le nerf de la
guerre. Quand la ressource est plus
chère et que les taux d’intérêt rede-
viennent positifs, il faut se concen-
trer sur les priorités et son activité.
On a la chance d’avoir des patrons
d’entreprise, de PME et d’ETI, bons
gestionnaires. Même dans l’innova-
tion, les jeunes qui ont créé dans
une période d’euphorie de l’argent
pas cher, se sont ajustés.
Les investisseurs privés
peuvent-ils jouer un rôle dans
la réindustrialisation ?
Premier constat : nos membres
consacrent un quart de leurs inves-
tissements dans les entreprises
industrielles et les ser vices à
l’industrie. Nous devons renforcer
nos positions, aider ces entreprises
en croissance à devenir des cham-
pions européens et mondiaux.
La réindustrialisation mais éga-
lement la décarbonation de l’indus-
trie vont nécessiter beaucoup de
capitaux. Et cela ne se fera pas seu-
lement avec des fonds publics. Bpi-
france est un bel exemple d’inter-
vention dans l’économie. Des
régions ont aussi créé des véhicules
d’investissement. Cet apport du
public donne un levier pour aller
chercher des fonds privés. Mais il
faudra aussi des fonds propres. Les
deux sont très complémentaires. n
FINANCE-GESTION
La longue marche des dirigeants d’entreprises
DÉCRYPTAGE Le contexte est favorable à la relocalisation industrielle. Mais malgré le regain actuel, il n’est toujours pas simple
d’installer une usine en France : cela requiert un travail de pédagogie auprès des différents investisseurs, et en particulier des banques.
Stéphane Frachet
— Correspondant à Lyon
lutôt que d’un parcours du
P combattant, Pierre-Emma-
nuel Martin préfère parler
de « slots, d’étapes à franchir et de
conditions à réunir ». Le patron de
l’énergéticien lyonnais Terre et Lac
se retrousse les manches pour faire
sortir de terre la gigafactory de sa
start-up industrielle Carbon, qui
produira des panneaux solaires sur
une friche de Fos-sur-Mer (Bou-
ches-du-Rhône). le montant estimé
de l’investissement (1,6 milliard
d’euros) est inhabituel. C’est un
euphémisme, d’autant que Terre et
Lac, créée en 2009, reste une PME
de moins de 100 personnes. Le pro-
jet Carbon a beau figurer parmi les
dossiers stratégiques de l’Etat et
avoir reçu un accueil plus
qu’enthousiaste de la région Sud, il
n’est pas encore financé. Carbon
pâtit aussi des difficultés de l’indus-
triel français Photowatt, qui a tenté
de maintenir une production de cel-
lules photovoltaïques en France.
« C’était une production de dentelle
en comparaison des chaines automa-
tisées que nous voulons mettre en
place », argumente Pierre-Emma-
nuel Martin, qui travaille à tisser un
écosystème autour de son projet,
dont la transformation de l’indis-
pensable silicium.
Frilosité des banques
Pour son projet de gigafactory, Car-
bon prévoit de mobiliser des finan-
cements bancaires pour la moitié
du budget d’investissement, des
subventions des pouvoirs publics
pour un quart (Union européenne
AGROALIMENTAIRE
Mousline : comment le n°1 français de la purée
en flocons a quitté Nestlé
Philippe Fardel écrit une
nouvelle page de la mar-
que mythique, Mousline.
Cet ancien de Nestlé
a piloté la vente à un fonds
d’investissement. Avant
de devenir président de
la PME, n°1 française de
la purée en flocons.
Frédéric Brillet
« Mousline était une belle endormie
que l’on a entrepris de réveiller »,
raconte son nouveau président
Philippe Fardel. Le conte de fées
débute en 2021 quand Nestlé, son
propriétaire à l’époque, annonce
son intention de s’en séparer dans
le cadre d’une revue stratégique de
ses activités. La multinationale
suisse entend se focaliser sur des
marques mondiales en forte crois-
sance, afin de soutenir son cours
de Bourse.
Mousline ne coche aucune des
conditions fixées son actionnaire
d’alors. Bien qu’elle pèse 70 % du
marché français de la purée de
pomme de terre déshydratée et
réalise 25 % de ses ventes à l’inter-
national (au Portugal, en Espagne
et en Grèce pour l’essentiel), la
marque demeure trop locale – et
pas assez rentable. Philippe Fardel
était alors cadre dirigeant de
Nestlé Waters, la division eau
minérale du géant suisse. Il se voit
proposer de conduire l’opération
de vente, avec la possibilité de par-
tir dans de bonnes conditions chez
Mousline si l’occasion se présente
de poursuivre l’aventure avec le
repreneur. « A l’issue de cette mis-
sion, je savais que j’allais pouvoir
finir tranquillement ma carrière
chez Nestlé ou devenir patron de
PME ». Auparavant, il lui faut trou-
ver un acheteur. L’équipe de vente
de Nestlé, épaulée par PwC Suisse,
contacte des fonds d’investisse-
comprise) et des fonds propres par
augmentation de capital pour
le dernier quart. « Les banquiers
sont dans l’expectative. Et l’investis-
sement privé a perdu l’habitude de
financer l’industrie », témoigne
Pierre-Emmanuel Martin, qui
espère tout de même boucler une
première tranche de 100 millions
d’euros en capital-risque d’ici à
fin 2024.
Ce climat de méfiance, ou plutôt
de prudence des banquiers,
n’étonne pas Christophe Desru-
maux, du fonds d’investissement
Demeter, qui dispose d’1,2 milliard
d’euros en gestion dans des start-up
Le projet industriel
Carbon a beau figurer
parmi les dossiers
stratégiques de l’Etat,
et avoir reçu
un accueil plus
qu’enthousiaste de
la région Sud, il n’est
pas encore financé.
industrielles. « Pendant quinze ans,
personne n’a voulu faire d’usine,
l’environnement financier s’est
adapté », explique-t-il. Demeter
détient une participation chez le
grenoblois Verkor, qui va déployer
sa gigafactory de batteries électri-
ques pour l’automobile à Dunker-
que.A l’instar de Carbon, une autre
start-up industrielle lyonnaise,
Elyse Energy, fait appel aux finance-
ments privés. Ses projets de réin-
dustrialiser des carburants verts, et
ment et des groupes agroalimen-
taires susceptibles d’être intéres-
sés par la reprise. Les finalistes
passent au crible les comptes de
Mousline afin de mieux cerner la
valeur et le potentiel de cette PME,
qui emploie quelque 200 salariés,
dont 150 dans son usine de la
Somme.
C’e s t f i n a l e m e n t l e f o n d s
d’investissement FnB Private
Equity qui devient actionnaire
majoritaire dans le cadre d’un
LBO. Turenne Groupe s’associe à
cette reprise avec son fonds Nov
Relance Impact, lancé par France
Assureurs et la Caisse des Dépôts.
Philippe Fardel est tenté de postu-
ler à la présidentce de Mousline
pour plusieurs raisons : FnB est
spécialisé dans les prises de parti-
cipation dans les PME agroali-
mentaires et parle le même lan-
gage que lui. C’est aussi une société
à mission qui mise sur la RSE,
l’ancrage local et le développe-
ment des PME avant leur revente.
« Connaissant Nestlé, Philippe avait
les compétences pour effectuer effi-
cacement le détourage ou “carving
out” consistant à transférer les
tâches auparavant assumées par
Mousline est devenue une PME indépendante après sa vente
par Nestlé. AFP
ainsi de contribuer à la souverai-
neté énergétique du pays, se heur-
tent à une réalité : « Malgré une
demande forte des transporteurs
aériens et maritimes, malgré une
volonté politique, les défis sont
encore nombreux », admet Pascal
Penicaud, président et cofondateur
d’Elyse.
R&D et compétitivité
L’entreprise prévoit d’ouvrir des
usines sur les plateformes chimi-
ques des Roches-Roussillon (Isère)
pour 700 millions d’euros, et de de
Lacq (Pyrénées-Atlantiques) pour
deux milliards d’euros. Les fonds
Mirova et Hy24 ont validé leur
engagement pour EM-Rhône, au
sud de Lyon ; Avril et Teréga ont
signé pour Lacq. « Concernant EM-
Rhône, nous aurons une première
prise de décision en 2025 », assure
Pascal Penicaud, qui espère livrer
les premiers litres de e-méthanol
en 2028. Si ces projets industriels
ambitieux bousculent les finan-
ciers, c’est aussi que les obstacles
qui se dressent devant eux sont
nombreux., estime Pierre-Emma-
nuel Martin.
Nées à Lyon, ces start-up ont dû
chercher des points de chute hors
de leur région d’origine. Comme
c’est aussi le cas du grenoblois
Verkor qui s’installera à Dunker-
que, ou encore des microbatteries
d’Iten qui seront assemblées à Cha-
lon-sur-Saône. « Nous n’avons mal-
heureusement plus la place pour
accueillir des gigafactories dans nos
zones d’activités », reconnait Ber-
t r a n d Fo u c h e r, d i r e c t e u r d e
l’Agence de développement écono-
mique de la région de Lyon (Aderly).
Nestlé à Mousline », reconnaissent
Valérie Lutt et Olivier Marchand,
les deux dirigeants du fonds.
Relancer la publicité télé
Pour être nommé Président de
Mousline SAS, Philippe Fardel
devait s’associer au pari des fonds
d’investissement qui ont
emprunté pour racheter la PME et
lui donner les moyens de ses
ambitions. Il a dû puiser dans sa
bourse personnelle pour devenir
actionnaire, tout comme les cinq
autres membres de son comité
exécutif. Ainsi les intérêts des
cadres dirigeants ont-ils été ali-
gnés sur ceux des investisseurs et
leur sort associé, pour le meilleur
comme pour le pire. Le pari sem-
ble bien engagé. « La marque com-
munique à nouveau en télévision,
développe des promotions dans les
grandes surfaces. Elle trouve de
nouveaux clients dans la restaura-
tion collective et chez des fabricants
de soupe à la pomme de terre », énu-
mère Philippe Fardel. Mousline a
aussi renforcé ses relations avec
les agriculteurs du Nord et prévoit
de s’ouvrir à l’actionnariat salarié
en 2024. n
Carbon projette la création d’une usine de production de panneaux photovoltaïques
dans les Bouches-du-Rhône. Photo Carbon
Autre obstacle : la consultation
citoyenne. Ainsi, la concertation
préalable du projet Carbon vient de
s’achever, mais ce n’est que le début
d’un long processus. Trop long pour
Pascal Penicaud qui, pour son pro-
jet EM-Rhône, vient d’entamer une
concertation devant la Commis-
sion nationale du débat public
(CNDP). « Le projet similaire au
nôtre du suédois Liquid Wind va
mettre douze mois pour sortir de
CONSTRUCTION NAVALE
Grand Large Yachting fait monter à bord
de nouveaux investisseurs
Leader mondial de la cons-
truction de voiliers de
grande croisière, le groupe
normand Grand Large
Yachting fait entrer trois
nouveaux fonds d’investis-
sement pour poursuivre
la dynamique de sa
croissance.
Philippe Legueltel
— Correspondant à Caen
Avec l’arrivée de trois nouveaux
fonds d’investissement à son capi-
tal en cette fin d’année 2023,
Grand Large Yachting (GLY),
groupe spécialisé dans la cons-
truction de voiliers haut de
gamme, perpétue une tradition
d’ouverture née dès son origine
en 2003 à Cherbourg-en-Cotentin
(Manche), cofondé par Stéphan
Constance et Xavier Desmarest,
deux copains rencontrés sur les
bancs de leur école d’ingénieur.
Depuis, ils ont été rejoints par
Benoit Lebizay.
Pour son vingtième anniver-
saire, le groupe normand
(aujourd’hui constitué de 940
salariés) a bien changé. Il devrait
réaliser cette année un chiffre
d’affaires de près de 123 millions
d’euros, dont 80 % à l’export, grâce
à la vente annuelle d’une centaine
de bateaux de grande croisière,
monocoques et catamarans sous
ses multiples marques, et grâce à
l’acquisition de chantiers succes-
sifs.
Une relation de confiance
avec les investisseurs
Présente depuis 2019, la société de
gestion Pechel Industries Parte-
naires a accompagné la crois-
sance du groupe, jusqu’à son
départ et l’arrivée de Raise Invest,
en septembre 2023. « Sans Pechel,
nous n’aurions pas triplé notre chif-
Lundi 4 décembre 2023 Les Echos
terre. Il nous en faudra 36 ! », com-
pare l’entrepreneur. Enfin, les diri-
geants des start-up industrielles se
rejoignent pour clamer que la réin-
dustrialisation doit passer par un
effort accru de R&D. « En France, la
dépense de R&D plafonne à 2,1 % du
PIB, alors que l’Europe préconise 3 %
», insiste Alexandre Bounouh,
directeur du CEA List à Grenoble et
président du réseau des Instituts
Carnot, un des principaux réseaux
fre d’affaires en cinq ans », se féli-
cite Stéphan Constance.
Après chaque augmentation
de capital, les deux fondateurs
sont restés majoritaires. C’est
encore le cas avec l’entrée de
Raise, puisque le tandem d’ori-
gine détient toujours 50,1 % des
droits de vote. Le récent tour de
table s’est aussi ouvert, en
novembre 2023, à deux fonds
régionaux, implantés dans les
territoires de GLY : Epopée Ges-
tion (pour le Grand Ouest) et Ixo
Private Equity (pour le sud de la
France).
« La dimension financière est
primordiale. On renforce le tour
de table avec des personnes qui
injectent de l’argent pour financer
la croissance de l’entreprise. Le
plus important pour nous est le
futur, c’est-à-dire d’avoir autour
de la table quelqu’un qui possède
des capacités financières que
Après chaque
augmentation de
capital, les deux
fondateurs sont
restés majoritaires.
l’entreprise n’a pas pour agir le
moment venu. Soit pour de la
croissance externe si des opportu-
nités surviennent, soit pour des
transformations fortes, comme
devenir le leader du nautisme
durable », explique le créateur de
GLY. Or les opportunités ont été
nombreuses, avec pas moins de
sept rachats de chantiers navals
depuis 2007.
Mais au-delà des sommes
investies, la relation humaine
reste essentielle aux yeux des
dirigeants de Grand Large
Yachting. « On sélectionne des
fonds actifs, on leur demande de
36
de la recherche partenariale entre
public et privé.
Or sans R&D aujourd’hui, pas
d’avantage compétitif demain. « La
moyenne du poids des industriels
dans la recherche partenariale est
autour de 72 % dans les pays de
l’OCDE. En France, nous accusons
un retard, puisque nous sommes à
60 % », poursuit Alexandre Bou-
nouh, qui appelle les entreprises à
s’engager un peu plus. n
participer à la vie de l’entreprise.
Nous sommes totalement trans-
parents avec eux. Il s’agit d’une
vraie relation de confiance. On se
parle au minimum une fois par
semaine. Les fonds sont à notre
board, ils nous suivent en perma-
nence et peuvent se mobiliser, et
vite, si besoin », apprécie le chef
d’entreprise.
Plusieurs marques
de bateau
La vision commune est partagée.
« Nous n’achetons pas des entre-
prises, nous nous associons à des
entrepreneurs qui ont déjà
démontré leur savoir-faire. Il est
important pour nous d’être ali-
gnés avec l’équipe dirigeante »,
confirme Mathieu Blanc, codiri-
geant de Raise Invest, dont le tic-
ket d’entrée chez GLY se situerait
entre 30 et 40 millions d’euros.
Stéphan Constance n’oublie
pas les autres apports des ges-
tionnaires de fonds. « Ils décen-
trent notre vision grâce à leurs
connaissances de dizaines d’entre-
prises, apportent leurs carnets
d’adresses si nécessaire, et, enfin,
leur culture financière indéniable
engendre un meilleur modèle de
pilotage et de gouvernance. »
Soutenu par ses fonds et son
pool bancaire (Société Générale,
Groupe BPCE, BNP Paribas, Ban-
que CIC), Grand Large Yachting
compte aujourd’hui six marques
complémentaires (Outremer,
Gunboat, Allures Yachting, Gar-
cia Yachts, RM Yachts) après la
dernière acquisition à la barre du
tribunal de commerce, en sep-
tembre 2023, du chantier Mar-
saudon Composites, installé à
Lorient (Morbihan). GLY pro-
pose également une gamme de
services et d’accompagnement
personnalisés à ses clients pro-
priétaires. n
37 Les Echos Lundi 4 décembre 2023 FINANCE-GESTION

L’écosystème robotique made in France

face au défi de l’émergence de leaders mondiaux
INNOVATION L’équipement en robots progresse dans tous les secteurs. Mais la France compte peu de fabricants.
La mobilisation des acteurs publics et privés réussira-t-elle à transformer les nombreuses start-up en leaders mondiaux ?

Catherine Moal on assiste à une pénurie mondiale fonds privés. « C’est un environne-
des personnels de soins. La technolo- ment que nous avons du mal à appré-
l’heure de la réindustriali- gie va permettre aux praticiens d’opé- hender, dans une période où les inves-

A sation et de la transition
écologique, la robotique
permet de gagner en compétitivité.
Dans l’industrie, l’agriculture, le
médical, le BTP, la logistique, la
défense… l’équipement en machi-
nes intelligentes constitue un enjeu
de performance, soutenu par le
gouvernement à l’échelle nationale
(avec le Plan France 2030) et régio-
nale. En termes de densité roboti-
que, notre pays se classe seulement
à la 9ème place européenne, avec 194
robots pour 10.000 salariés en 2021.
Elle reste derrière l’Allemagne ou
l’Italie, selon la Fédération interna-
tionale de robotique (IFR). Mais
depuis la crise sanitaire, les installa-
tions de rob ots progressent.
L’objectif est d’améliorer la qualité,
de baisser la pénibilité ou de pallier
le manque de main-d’œuvre. « Tou-
tes les entreprises qui ont un quelcon-
que projet industriel se posent la
question des bons outils. Et la roboti-
que en fait partie, au même titre que
l’intelligence artificielle ou la data »,
estime Renaud Heitz, cofondateur
de la licorne lilloise Exotec, leader
dans l’équipement robotique en
entrepôts logistiques.
Encourager la filière
De même dans le secteur médical,
où « ces technologies sont en plein
développement », complète Bertin
Nahum, à la tête de la scale-up de
Montpellier Quantum Surgical.
Son robot Epione assiste les chirur-
giens dans le traitement du cancer
du foie. « Ces outils répondent aux
challenges de la médecine et de la chi-
rurgie modernes. D’un côté, le nom-
bre de patients explose et de l’autre,
rer mieux et plus efficacement ».
Si la France devient un pays plus
utilisateur de ces outils robotiques,
« il faut aussi que l’on soit produc-
teur », estiment les deux dirigeants,
pour que la filière soit créatrice
d’emplois. C’est également l’avis de
Philippe Roussel, délégué général
de la Fédération Française des Clus-
ters (FFC) de la Robotique. Robotics
Place, l’un des huit membres de la
FFC, organisait en octobre le Collo-
que Technologique Susan Calvin,
Depuis la crise
sanitaire,
les installations de
robots progressent.
en parallèle du salon Siane à Tou-
louse. Lors de cette première édi-
tion, vingt scientifiques et experts
présentaient des technologies inno-
vantes et des projets de recherche.
Cet écosystème veut permettre
aux start-up et aux investisseurs de
gagner du temps pour créer les
pépites de demain. Malgré quel-
ques succès (dont Exotec, Quan-
tum, Naïo Technologies, Soben,
Balyo, Sitia, Capsix Robotics, eCen-
tial Robotics, MS-Innov, Niryo…),
ces réussites sont encore trop rares,
même si des clusters émergent
(autour de Lille dans la logistique, à
Grenoble et Montpellier dans la
chirurgie). En France, le finance-
ment est plus problématique que
dans d’autres pays. Pour la phase de
démarrage, il est facile de trouver
des fonds publics ; mais cela se
corse quand il s’agit de lever des
tisseurs sont plus frileux dans le
hardware. Mais aussi du fait des con-
traintes technologiques et réglemen-
taires », reconnaît Philippe Roussel.
Une réalité que vit Romaric
Gomart, à l’initiative de la start-up
PaintUP, créée fin 2015 pour roboti-
ser le nettoyage et la peinture
de grandes surfaces de façades.
Après cinq ans de R&D et des
premiers clients convaincus, il met
aujourd’hui en pause son activité
pour se tourner vers les robots
d ’a s s a i n i s s e m e n t e n m i l i e u
nucléaire avec un grand du secteur.
Un vivier de talents
La robotique elle-même évolue vite,
avec l’intégration des technologies
d’intelligence artificielle. « Les
outils deviennent de plus en plus
modulables, faciles à adapter et à
adopter. Un robot est un outil mini-
maliste, qui doit pouvoir évoluer
dans le temps et ce, à un prix aborda-
ble », explique Renaud Heitz. Selon
GlobalData, le marché mondial de
la robotique, toutes applications
confondues, devrait atteindre
218 milliards de dollars à l’horizon
2030 – soit quasiment trois fois plus
qu’actuellement. « Certes, aux Etats-
Unis, il y a des fonds. Mais, en France,
nous disposons d’un vivier de talents
plus important et de nombreuses for-
mations techniques », se félicite Ber-
tin Nahum. Robotique Made in
France et sans frontières, alors ?
« Le financement étant devenu inter-
national, si la technologie est bonne
et que l’on arrive à en démontrer
l’usage, on intéresse les investis-
seurs », conclut Renaud Heitz. Et La start-up Exotec, installée à Lille, s’est imposée dans l’équipement robotique des entrepôts
Exotec en est un bel exemple. n logistiques. Pierre Vassal/Haytham-rea

DEEPTECH LOGISTIQUE

Associer fonds publics et privés : la stratégie
gagnante de Robocath
Pour développer son outil
d’aide à la chirurgie
cardiaque, la start-up
a démultiplié les sources
de financement.
Salomé Ferraris
La paperasse encombre le bureau
de Philippe Bencteux, président-
fondateur de Robocath. « Nous
candidatons pour France2030 et le
concours i-Lab », annonce fière-
ment le dirigeant. « Ce sont des
dossiers longs et touffus. Il faut
démontrer que notre solution tech-
nologique a un intérêt pour les
patients et les industriels. » Robo-
cath, start-up fondée à Rouen
en 2009, emploie 75 salariés et a
réalisé 1,6 million d’euros de chif-
fre d’affaires en 2021. Sa solution
d’assistance robotisée R-One
réduit l’exposition aux rayons X
des cardiologues et p ermet
« d’augmenter » leur geste lors
d’interventions d’angioplastie
(dilatation des artères et pose de
stents).
50 millions d’euros levés
Pour Robocath, comme pour
toute start-up de la deeptech,
l’argent est le nerf de la guerre.
« J’ai financé l’entreprise sur mes
fonds propres, mais c’est rapide-
ment devenu insuffisant. Pour que
des innovations de rupture voient le
jour, il y a un continuum de finance-
ments à mettre en place : des fonds
publics, puis des levées de fonds pri-
vées plus conséquentes », rappelle
Philippe Bencteux, neuroradiolo-
gue de profession. Le problème ?
Ces technologies à haut risque
coûtent cher et ne sont rentables
Robocath conçoit une solution d’aide aux actes chirurgicaux
cardiaques. DR
qu’à long terme. Robocath a
néanmoins réussi à séduire les
financeurs. Depuis sa création, la
start-up a levé près de 50 millions
d ’e u r o s . L’e n t r e p r i s e e s t
aujourd’hui détenue à 60 % par
des investisseurs français et à
40 % par des étrangers, dont
l’industriel chinois MicroPort.
Pour réussir à décrocher ces
fonds, il a fallu un important tra-
vail de communication. « Il faut
savoir convaincre les investisseurs
avec une simple maquette en tôle
et en plastique », plaisante Phi-
lippe Bencteux. « On a la chance
d’avoir des arguments solides : le
marché est considérable. » Robo-
cath a intégré un incubateur et
s’est entouré d’experts pour
bénéficier de conseils, d’un sup-
port technique, de locaux…
« Nous sommes hébergés à la pépi-
nière dédiée à la santé Seine Biopo-
lis. Cela nous permet d’accélérer le
développement de notre technolo-
gie. » Pari réussi : « Nous avons
obtenu une homologation CE
en 2019. » Philippe Bencteux con-
seille aussi de se tourner vers les
fonds spécialisés dans le finance-
ment d’entreprises en amorçage.
« Contrairement aux fonds classi-
ques, ils sont habitués à prendre de
plus gros risques. » L’entreprise
diversifie ses financements et
mobilise aussi bien les acteurs-
publics (Bpifrance, Ademe,
Union européenne), que privés
(business angels, banques..).
Robocath, dont 80% dépenses
sont liées à la R&D bénéficie
ainsi du crédit d’impôt recherche
(CIR) et Innovation (CII). n
Boa Concept finance sa croissance externe
et son internationalisation grâce à la Bourse
Spécialiste des convoyeurs
intelligents pour
la logistique, l’entreprise
n’aurait pas pu concevoir
son dernier robot sans
le soutien de fonds
d’investissement
et une entrée en Bourse.
Stéphane Frachet
La tablette durcie aux bords épais
affiche une interface « ultrasim-
ple », montre Philippe Cognet,
directeur général de Roboptic. La
start-up de robotique est entrée
dans le giron de Boa Concept
fin 2022. Grâce à un système de
caméras et de capteurs, le robot
plonge vers un bac, freine et pré-
lève délicatement une passoire
emballée dans un sachet plasti-
que, pour la déposer dans un colis
à expédier. « Une brique d’intelli-
gence artificielle renseigne les
modules pour éviter les collisions »,
précise Philippe Cognet.
Un robot de picking
intelligent
Imaginée à Saint-Etienne,
cette solution automatisée de pic-
king (une étape de la logistique
encore très manuelle) a séduit
l’entreprise iséroise Mathon, qui
fabrique des ustensiles de cuisine.
« Transporter et déplacer jus-
qu’à 800 poêles et casseroles par
heure est un facteur de TMS [Trou-
bles musculosquelettiques,
NDLR] pour les préparateurs de
commande. Ils peuvent se consa-
crer à des tâches plus utiles et
moins traumatisantes », résume
Philippe Cognet, qui a fondé la
jeune pousse avec son épouse
Bérangère en 2016. Bon an mal an,
Roboptic a traversé sa vallée de la
mort, en atteignant six salariés et
quelques centaines de milliers
d’euros de ventes. « Le temps de
concrétiser les contrats, de recruter,
de déployer les solutions, notre tré-
sorerie se consommait trop vite »,
témoigne Philippe Cognet.
Retour d’expérience
Le duo doit une fière chandelle à
son nouvel actionnaire, Boa Con-
cept, un spécialiste de l’intralogis-
tique crée par un autre couple :
Chantal Ledoux et Jean-Lucien
Rascle, qui ont mis au point des
convoyeurs intelligents pour les
entrepôts des logisticiens. « Il
nous manquait une compétence
robotique, et nous avons eu vent des
difficultés de Roboptic. Le hasard a
voulu que nous soyons dans la
même ville », raconte Chantal
Ledoux, dirigeante de Boa Con-
cept, qui emploie 90 personnes et
a réalisé 20 millions d’euros de
chiffre d’affaires. La société sté-
phanoise n’est pas beaucoup plus
vieille. Mais elle est allée beau-
coup plus vite en bénéficiant de
l’expérience de Jean-Lucien Ras-
cle et Chantal Ledoux. Les deux
i n g é n i e u r s d e M i n e s S a i n t-
Etienne ont créé en 1990 (puis
revendu au groupe Legris Indus-
trie) l’entreprise Logarithme,
devenu a-SIS, un éditeur de logi-
ciels de gestion de la supply chain.
Au lancement de leur nouvelle
société, en 2012, les deux associés
font d’emblée appel à des fonds
d ’ i nve s t i s s e m e n t : l e f o n d s
d’amorçage Rhône-Alpes Créa-
tion géré par Kreaxi, puis Rhône
Dauphiné Développement et
Somudimec. D’abord un, puis
deux millions d’euros permettent
de « passer de l’idée au produit »,
selon Chantal Ledoux. Boa Concept
ouvre alors une usine en 2016. Elle
est financée par les premières ven-
tes et des emprunts, sans pour
autant céder à l’intégration com-
plète du process. « Nous avons juste
internalisé l’assemblage final. Nous
ne pouvions pas investir dans des
machines trop onéreuses, comme cel-
les du travail de la tôle. Heureuse-
ment, le bassin industriel est encore
riche de sous-traitants », détaille
Chantal Ledoux. En 2020, le Covid
retarde l’introduction en Bourse,
qui se fera en 2021.
Plus de 140 clients
Le duo n’a pas hésité pas à se diluer
pour lever suffisamment d’argent,
en l’occurrence 12 millions d’euros.
Chantal Ledoux et Jean-Lucien
Rascle ne détiennent plus que 25 %
du capital, laissant près de 70 % au
flottant. Le reliquat est entre les
mains des investisseurs historiques
et des salariés.
« Comme ça marchait bien, les
fonds n’étaient pas pressés de sortir,
mais nous avions besoin d’anticiper
notre internationalisation », se sou-
vient Chantal Ledoux. Dans la fou-
lée, Boa Concept a remporté un con-
trat majeur de dix millions d’euros,
pour équiper une plateforme de
90.000 m 2 . Geodis, Oscaro, SOS
Accessoire : les automates et les
convoyeurs de Boa Concept ont
séduit plus de 140 clients. Fort d’une
trésorerie de dix millions d’euros, la
jeune pousse stéphanoise ambi-
tionne de devenir un groupe, en
s’attaquant au marché européen
puis américain. n
 Lundi 4 décembre 2023 Les Echos 38

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat et PSR 2023 : 500,2 milliards d’euros (prévisions PLF 2023) // PIB 2022 : 2.642 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.666 euros/mois à partir du 01-01-2023 // SMIC horaire : 11,52 euros à partir du 01-05-2023
// Capitalisation boursière de Paris : 2.425,61 milliards d’euros (au 20-07-2023)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 117,65 au 16-07-2023 // Taux de chômage (BIT) : 6,9 % au 1er trimestre 2023
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.956,8 milliards d’euros (3e trimestre 2022)

crible
Un billet encore vert
Les stratèges financiers férus de géopolitique ne détrônent pas le dollar. Régime minceur
Le dollar a perdu un peu Le revers de Pfizer dans l’obésité est
de sa superbe, vu les nouvelles sanctionné par Wall Street.
anticipations de taux d’intérêt.
Son rôle de première monnaie
mondiale n’est pas près
de disparaître pour autant,
faute d’alternatives, souligne
la banque bâloise J. Safra Sarasin
dans sa note hebdomadaire,
malgré les ambitions des BRICS
et l’irritation provoquée par
l’arme de pression monétaire
(« weaponisation »).
Près de la moitié des paiements
réalisés par le réseau bancaire
international Swift sont ainsi
exprimés en « USD ».
Le graphique retraçant la part
des différents pays depuis dix ans
frappe surtout par le reflux récent
de l’euro. L’étalon des Etats-Unis
reste vert pour son âge, en restant,
et de loin, la plus importante
devise de réserve des banques
centrales, fort de 58,9 % du total
(71,1 % en 2000), là où l’Oncle Sam
ne pèse plus qu’un quart du PIB
mondial (30 % il y a vingt ans).

Arcanes et gâteries
Société Générale fait face aux exigences
accrues de la BCE.
La Bourse a de plus en plus tendance à punir les entreprises par là
Pas facile de donner l’impression d’être gêné aux entournures dans où elles n’ont pas péché. Wall Street n’avait guère nourri d’espoirs
une famille à l’aise. C’est la situation de Société Générale, en particulier face à l’égard de la pilule coupe-faim de Pfizer. L’estimation de son potentiel
à BNP Paribas ou UniCredit, deux concurrents auxquels la Bourse l’aurait de ventes ne dépassait guère 1,1 milliard de dollars. Mais à l’annonce
bien uni, autrefois. La BCE vient d’augmenter son exigence de fonds d’un revers des essais contre l’obésité, les réflexes pavloviens des
propres (« CET1 » obligatoire), davantage que pour son compatriote investisseurs ont repris le dessus en défalquant 8 fois plus de sa
(0,86 point de pourcentage des encours risqués de plus, contre 0,46 point). capitalisation boursière (-5,12 % vendredi). Ils n’attribuent pas plus
Sa marge sur ce minimum obligatoire reste confortable, mais moins de crédit à la poursuite des tests de ce représentant de la future
brillante (3,02 et 3,46 points respectivement), et moins gironde génération d’hormone GLP-1 en prise orale, mais dans sa version une
qu’il y a un an, en attendant la photo précise de la fin de l’exercice. Le patron fois par jour au lieu de deux. La nervosité des actionnaires de Pfizer est
Slawomir Krupa avait heureusement préparé le terrain avec son plan certes compréhensible au fur et à mesure que se rapproche la fameuse
stratégique – accueilli fraîchement car ces arcanes prudentiels encadrent « falaise des brevets ». Elle verra expirer 17 milliards de dollars
les gâteries aux actionnaires. Quant au concurrent de Milan, le conseil de de revenus annuels d’ici à 2030. Son patron, Albert Bourla, estime
stabilité financière (FSB) vient de le sortir de sa liste des banques néanmoins être préparé à ce régime minceur forcé grâce aux
systémiques mondiales. La Banque d’Italie lui conservera une surcharge lancements de sa R&D, qui devrait compenser l’évaporation du chiffre
de capital. Et son objectif de ratio de capital est similaire à celle de l’enseigne d’affaires. Les acquisitions, comme Seagen, devront assurer
rouge et noire. Mais les analystes financiers, qui lui calculaient 10 milliards la croissance. La recette a réussi à AbbVie, qui y a recouru, notamment
d’euros de capitaux excédentaires à dépenser ou à redistribuer, seront avec l’achat du fabricant du Botox, pour surmonter la chute
confortés. Le magot pèse presque un quart de sa capitalisation boursière. de l’anti-arthritique l’Humira, probablement de 35 % cette année.
Et une bonne moitié de celle de Société Générale, dont la décote boursière Mais de Pfizer, les Saint-Thomas de la Bourse ne veulent qu’une chose :
reflète la patience demandée pour la voir redresser sa rentabilité. plus de « biscuits ».

La Bourse de Paris finit dans le vert

EN VUE

Olivier Dussopt
l a beau se réveiller tous les matins à taire de la majorité. Il tourne au régime pro-

I 5 h 15 pour enchaîner pompes et abdo-

Vendredi, le CAC 40 a terminé à
7.346,15 points, en progression de
0,48 %. L’indice a poursuivi son
mouvement de hausse qui l’a fait
grimper de 6,2 % en novembre, son
deuxième mois de l’année après le
gain de 9,4 % enregistré en janvier.
Les investisseurs ont apprécié les
chiffres finaux de l’indice PMI de la
zone euro, qui a montré que l’acti-
vité manufacturière s’était contrac-
tée en novembre. Aux Etats-Unis,
l’activité manufacturière a conservé
une tendance négative, enchaînant
un treizième mois de contraction
d’affilée
Du côté des valeurs, Société
Générale a perdu 0,7 %, pénalisé
par un conseil de vente de Goldman
Sachs, contre « neutre » auparavant.
Le broker a abaissé aussi son objec-
tif de cours de 31 à 22,25 euros.
Worldline a grimpé de 5,8 % en
réaction à des informations de
l’agence Bloomberg selon lesquelles
le groupe bancaire Crédit Agricole
envisage de venir au secours du spé-
cialiste des paiements électroni-
ques en prenant une participation à
son capital. En dehors du CAC 40,
Casino a perdu 8,31 %. Les Mous-
quetaires-Intermarché et Auchan
ont confirmé être intéressés par la
reprise de l’ensemble des supermar-
chés et hypermarchés Casino. Les
organisations syndicales de Casino
ont annoncé un préavis de grève à
compter du 5 décembre.
minaux, ce n’est pas la grande forme
pour Olivier Dussopt. Son imposant collè-
gue Eric Dupond-Moretti désormais
acquitté, le ministre du Travail, qui n’a
jamais aimé les projecteurs, voit les feux de
l’actualité juridico-politique se braquer sur
sa mine renfrognée. Plus que la muscula-
tion, c’est le tribunal correctionnel de Paris
qui l’a fait suer toute la semaine en l’accusant
de favoritisme dans l’attribution d’un mar-
ché public, en 2009, comme député-maire,
alors au PS, d’Annonay (Ardèche). Il a des
airs de Droopy mais surtout une tête d’inno-
cent, a plaidé son avocat, pour qui « ce gar-
çon, c’est du cristal, il est incapable de dissimu-
ler ». Verdict le 17 janvier.
Les critiques à son égard aussi se font cris-
tallines. En début d’année, la ministre Agnès
Pannier-Runacher avait qualifié de « dur à
cuire » ce fils d’ouvrier qui a, dit-il, « brûlé tous
ses vaisseaux » pour rallier Macron dès 2017.
Il est désormais « brûlé vif intérieurement »,
tacle dans « Les Echos » un ténor parlemen-
téiné à base de steak tartare mais c’est lui qui
s’est fait hacher menu lors de la réforme des
retraites. Soumis au supplice par les Insou-
mis et outragé par leurs outrances, il n’aura
jamais réussi dans la bronca parlementaire
à faire entendre, au propre comme au figuré,
sa petite voix. Les syndicats le jugent
« rincé », le patronat dit qu’il a « peur de son
ombre », ses ex-camarades socialistes qu’il
s’est « renié ». Heureusement qu’il lui reste
ses amis de droite, Gérald Darmanin, auprès
duquel il doit incarner le volet « social » de la
loi immigration, et Edouard Philippe, qui le
trouve « solidaire, loyal, travailleur. »
Cet été, Borne voulait l’envoyer pointer à
Pôle emploi, Macron a dit non. Sa loyauté l’a
sauvé, mais voilà, cet écorché vif, taiseux de
nature est quasi inaudible au moment où
l’Elysée veut remettre l’accélérateur sur le
plein-emploi. Toujours prompt à aider un
collègue aphone, Bruno Le Maire donne
déjà de la voix à sa place sur l’emploi des
séniors. Faire des pompes n’empêche pas de
se faire pomper l’air. n