MERCREDI 15 FÉVRIER 2023
Audiovisuel TF1 dévoile sa nouvelle Vins et spiritueux Nouveau record
feuille de route stratégique
// P. 22 ET L’ÉDITORIAL DE DAVID BARROUX PAGE 14
Made in USA :
les effets massifs
du plan Biden
Pete Marovich/NYT-Redux-REA et Christophe Chevalin
l Entrées en vigueur début janvier, les subventions du plan Biden
ont déjà provoqué une vague de projets industriels.
l En mettant près de 400 milliards de dollars sur la table, la Maison-
Blanche accélère vivement la décarbonation des usines américaines.
l Ford annonce un investissement de 3,5 milliards dans une usine
de batteries dans le Michigan et licencie 3.800 personnes en Europe.
// PAGE 16
Emploi : le taux
de chômage
SUR
au plus bas
depuis 2008
en France
DOMINIQUE SEUX
DANS ’ÉDITO ÉCO SOCIAL Le marché du travail reste
À 7H45 solide en France, même si l’activité
DU LUNDI AU VENDREDI a beaucoup ralenti. En témoigne le
taux de chômage : il est ressorti à
7,2 % de la population active au
quatrième trimestre de l’an der-
nier (– 0,1 point sur trois mois), soit
45.000 personnes de moins pour
un total de 2,2 millions de person-
nes, a indiqué l’Insee mardi. A ce
niveau, il est inférieur de 0,3 point
par rapport à fin 2021 et de 1 point
par rapport à fin 2019, avant le
ISSN0153.4831 115e ANNÉE
NUMÉRO 23899 36 PAGES Covid. Il revient même au niveau
Antilles-Réunion 4,50 €. Belgique 4,00 €. du premier trimestre 2008. Le taux
Espagne 4,90 €. Luxembourg 4,20 €. d’emploi est très élevé malgré le
Maroc 42 DH. Suisse 6,40 FS. Tunisie 9 TND. très faible nombre de postes sup-
plémentaires créés en fin d’année
dernière. // PAGE 2
Espace :
l’Europe va
se doter de sa
constellation
de satellites
SPATIAL Les eurodéputés ont voté
à la quasi-unanimité pour le lance-
ment d’une nouvelle constellation
de satellites destinés à sécuriser les
communications gouvernemen-
tales et à fournir Internet partout en
Europe. L’unanimité pour cons-
truire une sorte de « Starlink » euro-
péen montre à quel point le thème
de la souveraineté préoccupe
désormais les Européens. Un appel
d’offres sera lancé « d’ici un mois » à
l’attention de l’industrie spatiale,
avec pour objectif de lancer de pre-
miers services dès 2024 et d’attein-
dre un fonctionnement complet en
2027, a indiqué le commissaire
européen chargé de l’Espace,
Thierry Breton. // PAGE 17
à l’export malgré les vents contraires
// P. 18
Les priorités
de la patronne
du gendarme
de la banque et
de l’assurance
FINANCE Arrivée en décembre
dernier à la tête de l’ACPR, le gen-
darme français du secteur ban-
caire et des compagnies d’assu-
rance, Nathalie Aufauvre estime
« plutôt bienvenu » le ralentisse-
ment qui s’est amorcé dans le crédit
aux ménages et salue la décision
des assureurs-vie de fortement
remonter la rémunération des
fonds en euros. Parmi ses points de
vigilance, les tensions sur la liqui-
dité, le risque cyber ou encore la
gestion du risque climatique. Aux
banques qui craignent la concur-
rence d’un euro numérique conçu
par la banque centrale, elle
demande de « ne pas se tromper
d’adversaire ». // PAGE 28
La France reste
en tête des impôts
de production
FISCALITÉ L’Hexagone garde un
handicap par rapport à ses voi-
sins. C’est ce qui ressort du
deuxième baromètre de l’Institut
Montaigne et Mazars comparant
le poids des impôts de production
dans onze pays d’Europe. Ces
taxes hétéroclites, qui pèsent sur
les entreprises avant même la
réalisation de tout profit, ont rap-
porté 95 milliards de recettes en
2021, ce qui place la France en
deuxième position derrière la
Suède. Elles représentent 3,8 %
du PIB, contre 0,7 % outre-Rhin.
Shutterstock
Leur baisse est pourtant notable,
grâce à la politique de l’offre du
gouvernement. // PAGE 3
analyses
Pour l’Amérique,
la Chine redevient
l’ennemi numéro un
Par Sylvie Bermann De la ville
intelligente
La Chine, qui était quelque peu
sortie des radars du fait de la à la ville zéro
guerre en Ukraine, du « zéro Par Julien Damon
Covid » et du marasme économi-
que consécutif, revient sur le PSG : le Qatar
devant de la scène. Un ballon
chinois, espion peut-être – mais rêve-t-il trop grand ?
la réalité est que, depuis long- Par Yann Duvert
temps, tout le monde espionne
tout le monde –, qui ne faisait
courir aucun danger militaire, La nature est plus
est devenu un objet de politique forte que nous
intérieure. Et la reprise des ten- Par Gaspard Koenig
sions montre que, pour les Etats-
Unis, la guerre en Ukraine est
une distraction au sens pasca- La tentation protec-
lien du terme et que la confron- tionniste, jusqu’où ?
tation existentielle est bien
Par Christian de Boissieu
celle qui les oppose à la Chine.
// PAGE 10 // PAGES 9 À 12
Retraites : Borne
fait un nouveau
geste vers LR
Bertrand Guay/AFP
SOCIAL Lors de la séance de la soirée. La cheffe du gouverne-
questions d’actualité au gouver- ment a, par ailleurs, fait une nou-
nement, mardi à l’Assemblée, la velle ouverture envers LR pour
Première ministre, Elisabeth ceux qui, dans ce dispositif carriè-
Borne, a confirmé l’extension du res longues, ont commencé à tra-
dispositif carrières longues à vailler à 17 ans et ne devront, in
ceux qui ont commencé à tra- fine, cotiser que 43 ans et non
vailler entre 20 et 21 ans. Un 44 ans. Une annonce sur laquelle
amendement du gouvernement le groupe LR demande des préci-
en ce sens devait être déposé dans sions. // PAGES 4-5
FRANCE
Le taux de chômage toujours en légère
baisse malgré une croissance atone
l Le taux de chômage a reculé de 0,1 point au quatrième trimestre, à 7,2 % de la population active, a annoncé l’Insee.
l Il est de 1 point inférieur à celui enregistré avant la crise du Covid, fin 2019.
SOCIAL
Alain Ruello
@AlainRuello
Quasi stable au troisième trimes-
tre 2022, le taux de chômage
mesuré par l’Insee l’est resté au
quatrième. Il est ressorti à 7,2 % de la
population active sur la période
octobre à décembre, en baisse de
0,1 point, pour concerner 2,2 mil-
lions de personnes (–45.000). C’est
légèrement mieux que ce que l’ins-
titut statistique national prévoyait
mi-décembre (7,3 %), malgré une
croissance du PIB atone.
A ce niveau, le taux de chômage
est inférieur de 0,3 point à son
niveau de la fin 2021 et de 1 point à
celui d’avant la crise sanitaire à
fin 2019. « Il s’agit de son plus bas
niveau depuis le premier trimes-
tre 2008, si l’on excepte la baisse ponc-
tuelle en “trompe-l’œil” du deuxième
trimestre 2020, pendant le premier
confinement » au début la pandémie
de Covid, souligne l’Insee.
Halo stable
En parallèle, le halo du chômage,
qui regroupe les personnes souhai-
tant travailler sans satisfaire aux
critères du BIT parce qu’elles ne
sont pas disponibles par exemple,
est resté stable pour concerner
1,9 million de personnes (+38.000).
La publication du taux de chô-
mage suit de quelques jours celle
des chiffres, encore provisoires, de
l’emploi salarié privé au quatrième
trimestre, marqué par un tasse-
ment notable à défaut d’être totale-
ment surprenant. Après avoir pro-
gressé de 120.000 de juillet à
septembre, les effectifs ont fait du
surplace sur les trois derniers mois
de l’année, progressant en net d’à
peine 3.000 postes.
En moyenne, le taux d’emploi des
15-64 ans est stable à 68,3 % (57,3 %
pour les 55-64 ans), et demeure à
Apprentissage : un jeune sur quatre rompt
son contrat avant la fin
Si le nombre d’apprentis va
de record en record, le taux
de rupture des contrats
demeure très élevé, alerte
le baromètre de l’alter-
nance de la fondation
Adecco, du cabinet Quintet
Conseil et de l’association
Walt publié mardi.
Avec environ 830.000 nouveaux
contrats attendus en 2022, l’appren-
tissage a battu un nouveau record.
La médaille a son revers : si rien
n’indique qu’il se soit détérioré, le
taux de rupture des contrats reste
trop élevé et va devenir de plus en
plus un problème si l’objectif du
gouvernement de 1 million de nou-
veaux apprentis par an d’ici à la fin
du quinquennat est atteint. Dans la
deuxième version de leur baromè-
tre de l’alternance publiée ce mardi,
la fondation Adecco, le cabinet
Quintet Conseil et l’association
Walt, estiment ce taux à 24 %. En
clair, un apprenti sur quatre a
rompu son engagement avant la fin
de sa formation. Et nombre d’entre
eux avant la fin de la période d’essai.
La dernière estimation officielle
du ministère du Travail date de 2019
et ressortait plus haut, à 29 %. Mais la
légère décrue mesurée par le baro-
mètre est en partie en trompe-l’œil.
Pour le président de l’Association
son plus haut niveau depuis que
l’Insee le mesure (1975). Signe que
l’envolée depuis la sortie du dernier
confinement au printemps 2021 est
allée de pair avec qualité, les taux
d’emploi à temps complet ou en CDI
sont à des niveaux très élevés.
Même si la prudence est de mise
tant les grands fondamentaux éco-
68,3 %
LE TAUX D’EMPLOI
DES 15-64 ANS
est stable et demeure
à son plus haut niveau depuis
que l’Insee le mesure (1975).
nationale des apprentis de France
(Anaf), Aurélien Cadiou, elle tient au
poids relatif devenu majoritaire des
élèves de l’enseignement supérieur
pour lequel les taux de rupture sont
beaucoup plus faibles. « Il faut regar-
der par niveau et par secteur. Au
niveau bac ou infra, on peut atteindre
des taux de 45 % à 50 % », pointe-t-il.
Toutefois, tempère le président
de la Fédération nationale des
directeurs de CFA (Fnadir), Pascal
Picault, ce taux de rupture est un
taux brut : beaucoup de jeunes qui
rompent leur contrat en signent un
autre dans la foulée, d’autant que la
réforme leur permet de rester dans
l’établissement six mois.
Ecart « abyssal »
En attendant que le ministère
relance une étude sur le sujet, cha-
cun en convient : le taux de rupture
est trop élevé. Il y a urgence à le jugu-
ler au risque sinon de voir
200.000 jeunes par an démarrer
leur vie professionnelle par un
échec. « La montée en puissance du
nombre d’apprentis exige un vérita-
ble effort en faveur du maintien de la
qualité des apprentissages », a souli-
gné la ministre déléguée de l’Ensei-
gnement et de la Formation profes-
sionnels, Carole Grandjean, lors des
récentes universités de la formation
organisées par Centre Inffo.
nomiques ont été bouleversés
depuis la sortie du troisième confi-
nement au printemps 2021, c’est
peut-être le signe d’un réajus -
tement entre l’évolution des créa-
tions d’emplois et celle du PIB. Avec,
si cela se confirme, une remontée
ou l’arrêt de la baisse de la produc-
tivité.
L’objectif du plein-emploi
maintenu
A ce stade, le gouvernement main-
tient son objectif d’atteindre le
plein-emploi d’ici à la fin du quin-
quennat, soit une diminution du
taux de chômage d’environ 2 points
par rapport à aujourd’hui. Outre les
effets positifs de la conjoncture, il
mise sur quatre leviers pour y arri-
Le baromètre Adecco, Quintet,
Walt aide à cerner les causes des rup-
tures. Pour les employeurs, ce sont
plus fréquemment les alternants qui
n’ont pas donné satisfaction, soit
dans la réalisation des tâches (58 %),
soit par leur comportement (54 %).
Pour les apprentis, c’est plutôt qu’ils
ne souhaitaient plus rester (28 %),
que cela s’est mal passé (22 %) ou
qu’ils avaient trouvé un emploi
ailleurs (16 %). Le baromètre fait res-
sortir des recrutements encore trop
basés sur le CV, au détriment des
tests, des entretiens ou des mises en
« La montée
en puissance
du nombre
d’apprentis exige
un véritable effort
en faveur
du maintien
de la qualité des
apprentissages. »
CAROLE GRANDJEAN
Ministre déléguée
chargée de l’Enseignement
et de la Formation
professionnels
ver : la poursuite du développe-
ment de l’apprentissage, la refonte
des lycées professionnels, la
réforme de l’assurance-chômage et
la création de France travail.
Derrière ce projet, il y a la volonté
du gouvernement de mieux coor-
donner l’ensemble des acteurs,
publics ou non, de l’emploi – Pôle
emploi, missions locales, collectivi-
tés locales ou associations – sous
une bannière commune. Alors
qu’une expérimentation a démarré
pour les bénéficiaires du RSA, un
rapport de « préfiguration » de
cette future organisation a été
remis fin janvier au ministre du Tra-
vail, Olivier Dussopt. L’entrée en
vigueur de France travail est prévue
à partir du 1er janvier 2024. n
situation. Une fois choisi, l’apprenti
n’est bien souvent pas ou mal inté-
gré. « Il existe vraisemblablement des
différences entre ce que les entreprises
considèrent comme parcours d’inté-
gration et ce que les alternants souhai-
teraient », souligne le baromètre.
Pire, « l’écart abyssal » entre les deux
avis ne diminue pas.
Manque de médiateurs
Mauvaise orientation au départ qui
influe sur la motivation du jeune,
manque d’accompagnement de
l’employeur : l’Anaf fait le même
constat dans les cas pour lesquels
elle est sollicitée. A cela s’ajoute le
manque de médiateurs de l’appren-
tissage. « Ils sont méconnus et inter-
viennent souvent trop tard », regrette
Aurélien Cadiou. Pour Pascal
Picault, 8 ruptures sur 10, voire la
totalité au niveau bac ou infra, trou-
vent leur origine dans un défaut de
posture du jeune en entreprise qui
découvre un nouveau monde pour
lequel il n’a pas toujours été préparé.
Quand il y met un premier pied, le
maître d’apprentissage – quand il y
en a un – doit souvent s’en occuper
sur son temps de travail sans avoir
été formé. « Il va falloir rentrer dans
le vif du sujet : le nombre de contrats
est tel qu’on ne peut plus faire
l’impasse », alerte le président de la
Fnadir. — A. R.
Mercredi 15 février 2023 Les Echos
L’intérim commence
à marquer le pas
En 2022, l’emploi intéri-
maire a augmenté de 5,1 %
par rapport à 2021,
mais la hausse a ralenti
en fin d’année.
Martine Robert
@martiRD
Encore une forte hausse. L’emploi
intérimaire l’an dernier a aug-
menté de 5,1 % par rapport à 2021,
dépassant de 2,6 % son niveau
d’avant la crise du Covid fin 2019.
Une décélération s’observe tou-
tefois sur le dernier trimestre,
observe Prism’emploi, la fédéra-
tion de l’intérim, sur fond d’incer-
titudes géopolitiques et économi-
ques (guerre en Ukraine, inflation,
réforme des retraites, pénuries de
matières premières ou de person-
nels…) En décembre 2022, la
majorité des secteurs d’activité
sont restés en hausse par rapport
à décembre 2021, parmi lesquels le
commerce (+3,9 %), l’indus-
trie(+3,4 %) et les services (+2 %)
dans les services. Le BTP, lui, est en
recul de 4,7 % et le transport-logis-
tique stagne à 0,1 %.
3 % de l’emploi salarié
Les employés et ouvriers qualifiés
sont les deux catégories contri-
buant au développement de
l’emploi intérimaire (+3 %),
qui représente environ 3 % de
l’emploi salarié en France avec
784.900 équivalents temps plein.
Les recrutements de cadres et
professions intermédiaires bais-
sent, eux, pour le troisième mois
consécutif. Sur le plan géographi-
que, les bassins d’emplois les plus
dynamiques sur le dernier mois
de 2022 se situent en Occitanie
(+4,9 %), en Bourgogne-Franche-
Comté (+6,3 %) et en Centre-Val de
Loire (+7,5 %). Ils se contractent en
Nouvelle-Aquitaine, dans les
Hauts-de-France et en Outre-mer.
Concernant le CDI intérimaire,
il représente 6,3 % des effectifs de
travailleurs temporaires, un
« chiffre qui stagne depuis deux
ans », regrette Isabelle Eynaud-
Chevalier, déléguée générale de
02
Prism’emploi. Il garantit pourtant
une rémunération entre deux
missions et constitue un trem-
plin. « 40 % des CDI intérimaires
sont ensuite embauchés en CDI par
l’entreprise utilisatrice et 17 % en
CDI par une autre entreprise »,
poursuit-elle, déplorant qu’il soit
menacé par des contrats moins
avantageux comme le CDI à des
fins d’employabilité.
La convention cadre passée
entre Pôle emploi et Prism’emploi
est désormais déployée sur pres-
que tout le territoire, précise la
déléguée générale, se félicitant
également de l’intensification du
partenariat avec les missions
locales qui a permis à 30.000 jeu-
nes de bénéficier de l’intérim.
Pousser les seniors
Dans le cadre du débat sur la
réforme des retraites,
Prism’emploi propose de suppri-
mer tout motif de recours en cas
d’emploi d’intérimaires de plus de
55 ans, afin de développer l’emploi
des seniors. « Actuellement il n’y a
que deux motifs de recours à l’inté-
rim, le remplacement d’un salarié
absent ou l’accroissement tempo-
raire d’activité », rappelle Isabelle
Eynaud-Chevalier. « Nous souhai-
tons que les motifs de recours exis-
tants soient complétés par un motif
lié à l’âge de la personne, pour inté-
grer des populations vulnérables
comme c’est déjà le cas depuis 2018
pour les personnes handicapées. »
La part des salariés de plus de
50 ans est deux fois inférieure
dans l’intérim que sur le marché
du travail en général. Elle repré-
sente néanmoins 12,5 % des intéri-
maires, ce qui n’est pas négligea-
ble, surtout au vu des pénuries de
compétences.
En outre, les seniors travaillent
en moyenne 661 heures par an
contre 500 heures pour l’ensem-
ble de la population intérimaire,
selon Prism’emploi. Les plus de
55 ans, confrontés à des problé-
matiques d’aidants (s’occuper de
ses petits-enfants ou de parents en
fin de vie), sont intéressés par ces
formes d’emploi plus souples. n
03 Les Echos Mercredi 15 février 2023 FRANCE

en bref
Lyon va assouplir
la mise en place
de sa ZFE
ENVIRONNEMENT Le prési-
dent écologiste de la Métro-
pole de Lyon, Bruno Bernard,
a annoncé mardi « l’assou-
plissement » du calendrier de
la mise en place de la zone à
faible émission (ZFE) de
l’agglomération et « la remise
à plat » de son projet d’exten-
sion. Comme prévu initiale-
ment « l’interdiction des véhi-
cules particuliers Crit’Air 4 et
3 sera effective au 1 er janvier
2024 et 1 er janvier 2025. En
revanche, les Crit’Air 2, qui
étaient normalement exclus

Les impôts de production

du périmètre central au 1er jan-
vier 2026, pourront encore
rouler jusqu’au 1 e r janvier
2028 », a expliqué l’élu.

restent plus élevés en France La fonction

pour la deuxième année par l’Insti-
FISCALITÉ tut Montaigne et le cabinet de fisca-
lité Mazars. Les conclusions de
L’Institut Montaigne cette étude, que « Les Echos » ont
et Mazars publient obtenues en exclusivité, se basent
la deuxième édition sur des comparaisons détaillées de
de leur baromètre des la situation fiscale de onze pays
impôts de production européens. Elles reflètent mieux
en Europe. la réalité économique que les don-
nées Eurostat.
Pour mémoire, les impôts de pro-
Malgré sa baisse,
duction sont dus quelle que soit la
cet ensemble de taxes rentabilité de l’entreprise. Ils for-
hétéroclite pèse ment un ensemble hétéroclite de
toujours plus sur prélèvements sur la valeur ajoutée,
les entreprises le chiffre d’affaires, le foncier bâti,
en France qu’ailleurs
les salaires, etc. Alors que différents
rapports économiques ont démon-
tré qu’ils grevaient la compétitivité
de la France, le gouvernement a
décidé de les réduire de 10 milliards
lors du premier quinquennat
d’Emmanuel Macron.
Ecart avec l’Allemagne
Ainsi, malgré la crise du Covid et la
pression sur les finances publiques,
la cotisation sur la valeur ajoutée
des entreprises (CVAE) et la cotisa-
tion foncière des entreprises (CFE)
ont été réduites de moitié en 2021.
Résultat, le produit de ces impôts
est passé de 4,4 % à 3,8 % du PIB
Il n’en demeure pas moins qu’en
termes de classement, la France
occupe toujours le deuxième rang
derrière la Suède (9,9 %). « Le
niveau est nettement supérieur à la
médiane calculée sur les onze pays,
qui atteint près de 1,7 % », pointent
les auteurs du rapport.
L’Italie arrive derrière la France,
avec un niveau d’impôts de produc-
tion de 2,8 % du PIB. L’Allemagne
(0,7 %) et les Pays-Bas (0,4 %) sont
nettement plus compétitifs. En
valeur absolue, la France se classe
première : les impôts de production
ont représenté 95 milliards d’euros
en 2021. Ils ont baissé de 5 milliards
en un an. Pour comparaison, l’Alle-
magne, elle, n’a prélevé que 25 mil-
liards de taxes sur son tissu produc-
tif.
L’ H ex a g o n e va s a n s d o u t e
réduire l’écart avec son voisin au
cours des prochaines années. Une
nouvelle baisse de la fiscalité sur les
facteurs de production des entre-
prises est en effet prévue : la CVAE
sera supprimée en deux temps, sur
2023 et 2024, pour un total d’envi-
ron 8 milliards d’euros. Cet allége-
ment est l’un des piliers de la
« reconquête industrielle » que le
ministre de l’Economie, Bruno
Le Maire, appelle de ses vœux. n
publique peine
à attirer les
jeunes diplômés
EMPLOI En 2020, seul un
jeune diplômé sur dix (11 %)
travaillait dans la fonction
publique et une large majo-
rité (55 %) n’envisageait pas de
l’intégrer au cours de sa car-
rière, selon une étude de
l’administration parue mardi
qui semble confirmer les
p r o b l è m e s d ’a t t r a c t i v i t é
des employeurs publics.
L’enquête se penche sur la
situation en 2020 de
764.000 jeunes qui ont
obtenu leur diplôme de fin
d’études en 2017.

sur le continent.
Isabelle Couet
@icouet
La France compte toujours parmi
les champions d’Europe des impôts
de production. C’est ce qui ressort
des données Eurostat pour 2021,
3,8 %
DU PIB
La France occupe toujours
le deuxième rang derrière
la Suède, mais elle se classe
première en valeur absolue,
avec 95 milliards d’euros.
dans l’Hexagone, selon le baromè-
tre Montaigne-Mazars.
La France est, avec les Pays-Bas,
le pays qui a connu la baisse la plus
marquée. « Ces chiffres témoignent
d’une nette amélioration du poids de
Vendredi avec Les Echos
la fiscalité sur la production des
entreprises françaises et, ainsi, d’une
amélioration potentielle de notre
compétitivité », souligne l’Institut

Assurance-vie
mais aussi du baromètre établi Montaigne.

« LuxLeaks » : le statut Est-elle toujours un bon

de lanceur d’alerte reconnu placement ?
à l’un des auteurs des fuites Dossier spécial
sociétés multinationales et l’admi- leurs effets dommageables. La Cour
JUSTICE nistration fiscale luxembourgeoise », indique vouloir, avec sa décision,
décrit la CEDH. « confirmer et consolider les princi-
La Cour européenne pes qui se dégagent de sa jurispru-
des droits de l’homme Secret professionnel dence en matière de protection des
a rendu, mardi, une A la suite de ces révélations, une lanceurs d’alerte ».
décision importante enquête interne de PwC a fait appa- Ses lignes directrices sont les sui-
en lien avec le scandale raître que Raphaël Halet, qui tra- vantes : l’information divulguée
En partenariat
avec

fiscal qui a ébranlé
le Luxembourg il y a
quelques années.
C’est une décision qui fait grand
bruit chez les magistrats financiers
français. La Cour européenne des
droits de l’homme (CEDH) vient de
reconnaître le statut de lanceur
d’alerte à Raphaël Halet, l’un des
Français à l’origine des fuites de
documents dans l’affaire dite des
« LuxLeaks ». La Grande Chambre
de la CEDH, dont les arrêts sont
définitifs, a condamné, mardi, le
Luxembourg à lui verser des dom-
mages et intérêts. Les juges ont
estimé qu’il y avait eu « violation de
la liberté d’expression d’un lanceur
d’alerte en raison de sa condamna-
tion pénale ».
vaillait pour le cabinet d’audit, avait
divulgué une partie des documents
confidentiels – obtenus sur son lieu
de travail – alors qu’ils étaient proté-
gés par le secret professionnel.
Dans son arrêt
rendu mardi, la Cour
estime que l’intérêt
public des révélations
l’emporte
sur leurs effets
dommageables.
La firme a déposé plainte contre
son employé et obtenu une con-
damnation : le Français, par ailleurs
licencié, a dû payer une amende de
1.000 euros. Raphaël Halet a alors
PATRIMOINE
était « authentique », l’informateur
« de bonne foi » (il n’a agi ni pour
s’enrichir ni pour nuire à son entre-
prise) et la transmission aux
médias se justifiait au vu de l’intérêt
public et du fait que ces « activités
habituelles de l’entreprise n’ont en
soi rien d’illégal ».
Débat sur l’évitement fiscal
La Cour insiste enfin sur la portée LES NOUVEAUX
RENDEMENTS
de l’affaire. Les documents ont per-
mis d’apporter un « éclairage nou-
veau, dont il convient de ne pas mino-
rer l’importance dans le contexte DE L’ASSURANCE-VIE
d’un débat sur l’évitement fiscal, la
défiscalisation et l’évasion fiscale, en
fournissant des renseignements à la
fois sur le montant des bénéfices
déclarés par les multinationales
concernées, sur les choix politiques
opérés au Luxembourg en matière de
istock

L’a f f a i r e r e m o n t e a u x a n -
nées 2012-2014 : des déclarations et
rescrits fiscaux établis par la firme
d’audit PwC se sont retrouvés expo-
sés au grand jour dans plusieurs
médias. « Ces publications mettaient
en lumière une pratique, sur une
période s’étendant de 2002 à 2012,
d’accords fiscaux très avantageux
passés entre PwC pour le compte de
invoqué devant la justice une « ingé-
rence disproportionnée dans son
droit à la liberté d’expression », mais
a perdu en première instance
devant la CEDH, en mai 2021. Il a
alors porté l’affaire devant la
Grande Chambre de la Cour.
Dans l’arrêt rendu ce 14 février,
cette dernière estime que l’intérêt
public des révélations l’emporte sur
fiscalité des entreprises, ainsi que sur
leurs incidences en termes d’équité et
de justice fiscale, à l’échelle euro-
péenne et, en particulier en France ».
Pour mémoire, en 2017, à la suite
des « LuxLeaks » et avec le
concours de la Commission euro-
péenne, le Grand-Duché a changé
ses règles, afin de lutter contre les
montages fiscaux abusifs. — I. Co.
FRANCE
Retraites : Borne fait une nouvelle
ouverture vers Les Républicains
l La Première ministre a annoncé mardi à l’Assemblée nationale que ceux qui ont commencé à travailler à 17 ans
dans le dispositif carrières longues pourront partir dès 60 ans.
l Une « avancée » saluée par les députés LR, qui demandent toutefois des précisions au gouvernement.
SOCIAL
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
« Les discussions continuent avec le
gouvernement sur les carrières lon-
gues », avait assuré mardi matin le
président du groupe LR à l’Assem-
blée, Olivier Marleix. Il avait indi-
qué qu’il restait « un dernier point de
crispation pour certains » sur les
carrières longues, citant notam-
ment le député LR Aurélien Pradié.
Un point de crispation sur ceux qui,
ayant commencé à travailler tôt,
devront cotiser 44 ans et non 43 ans.
La Première ministre, Elisabeth
Borne, avait déjà fait une première
concession à LR juste avant l’arrivée
du texte au Palais-Bourbon. Mardi,
alors que les spéculations allaient
bon train pour savoir si l’Assemblée
arriverait à examiner et à voter
avant vendredi minuit l’article 7 qui
recule l’âge de départ de 62 à 64 ans,
la cheffe du gouvernement a fait une
nouvelle ouverture à l’attention du
groupe LR.
Amendement
du gouvernement
La députée LR Véronique Louwa-
gie, qui l’interrogeait sur une
« meilleure prise en compte de la spé-
cificité des carrières longues afin que
personne ne pâtisse de la réforme »,
lui a demandé : « Pouvez-vous nous
assurer qu’aucune personne engagée
dans les carrières longues ne tra-
vaillera plus longtemps que 43
ans ? » Elisabeth Borne lui a en par-
tie donné satisfaction.
La Première ministre a d’abord
rappelé avoir bougé sur les carriè-
res longues en étendant ce disposi-
tif « à ceux qui ont commencé à tra-
vailler entre 20 et 21 ans, avec une
durée de cotisation, un âge anticipé
de départ et la nécessité d’avoir tra-
vaillé 4 ou 5 trimestres, avant la fin de
l’année civile de 21 ans ». De quoi per-
mettre à ceux-ci de ne pas avoir une
durée de cotisation de 44 ans mais
de 43 ans, avec un départ à 63 ans.
Quelque 30.000 personnes
devraient être concernées, avait
indiqué Matignon, évoquant alors
LR adopte une position « claire » sur la réforme
Très isolé, le député
Aurélien Pradié, qui était
présent au bureau politique
des Républicains mardi
matin, n’a pas participé
au scrutin.
Jacques Paugam
@jacques_paugam
Le bureau politique de LR mardi
matin promettait d’être tendu. Il
s’est finalement soldé par un vote
qui entérine, du moins sur le papier,
la position de la droite sur la
réforme des retraites. Une ligne
« claire », s’est félicité Olivier Mar-
leix, chef de file des députés de
droite. A une majorité écrasante
– 61 voix « pour » et 8 abstentions,
dont celle de Xavier Bertrand –, le
parti accepte de soutenir « une
réforme du système de retraite, por-
tant à terme l’âge légal de départ
à 64 ans et le nombre d’annuités
requises à 43 ans, adaptée à la réalité
du pays ». Le vice-président exécu-
tif, Aurélien Pradié, qui refusait
jusqu’alors de voter la réforme en
l’état, était présent mais n’a pas par-
ticipé au scrutin.
Sa mise à l’écart des instances
dirigeantes en cas de vote contre la
réforme avait été évoquée, diman-
un coût de 600 millions d’euros. Eli-
sabeth Borne a ajouté qu’un amen-
dement du gouvernement en ce
sens serait déposé mardi. L’accès au
dispositif de carrières longues et
conditionné à un débat d’activité
avant 16 ans, avant 18 ans ou avant
20 ans. Cet amendement crée une
4e borne d’âge pour les assurés
ayant travaillé avant 21 ans.
Lorsqu’Elisabeth Borne avait fait
cette annonce dans un entretien au
JDD, le secrétaire général de la
CFDT, Laurent Berger, avait immé-
diatement interrogé la logique de le
faire pour les 20-21 ans mais pas
pour les 16-18 ans. Olivier Marleix
avait posé, lui aussi, la même ques-
tion. De fait, les règles prévues dans
le texte initial imposent comme
condition pour cette tranche d’âge
d’avoir cotisé un an de plus que la
durée légale de 43 ans pour pouvoir
partir jusqu’à quatre ans avant légal.
La Première ministre
avait déjà fait une
première concession
à LR juste avant
l’arrivée du texte
au Palais-Bourbon.
Mardi, Elisabeth Borne a assuré,
sur la durée de cotisation de 43 ans,
qu’il en sera de même « pour les per-
sonnes qui ont commencé à travailler
à 17 ans et dont l’âge de départ anticipé
est [donc] fixé à 60 ans ». A Mati-
gnon, on explique que ceux qui ont
commencé à travailler à 17 ans ne
devront donc pas partir à 61 ans
mais bien à 60 ans, avec 43 annuités.
En revanche, ceux qui ont com-
mencé à travailler entre 16 ans et
17 ans devront, eux, travailler entre
43 et 44 annuités avant d’atteindre
60 ans et pouvoir partir. Ce qui était
déjà prévu avec la réforme Touraine,
souligne Matignon. Rien n’est
cependant écrit à ce stade : « Chaque
groupe politique sera associé à la
rédaction du décret », a assuré le
ministre du Travail Olivier Dussopt.
Lorsque la Première ministre
avait fait la première concession de
l’extension à 21 ans, une des sources
che, par le patron de sénateurs LR,
Bruno Retailleau, dans un entretien
au JDD. A priori, le sujet n’était plus
à l’ordre du jour, rapporte un parti-
cipant, même si « Aurélien Pradié
est apparu dans une position très
minoritaire ». « Tout le monde pen-
sait que le président des Républi-
cains, Éric Ciotti, bluffait et qu’il n’y
aurait pas de vote », s’amuse un
cadre en coulisse, qui juge le député
du Lot « affaibli ».
Désaccords sur
les carrières longues
Au sortir du bureau politique,
les visages des députés « absten-
tionnistes », pour la plupart des
soutiens de ce dernier, paraissaient
fermés. « Chacun a compris ce
matin que dans le combat que je
menais, il y avait une sincérité, une
constance, et que les Français avaient
aussi, peut-être, besoin de compren-
dre que la droite pouvait les défendre
vraiment, jusqu’au bout », a fait
valoir Aurélien Pradié.
La droite est toujours divisée sur
la question des carrières longues.
Une partie du groupe à l’Assemblée,
menée par son chef de file Olivier
Marleix, milite pour que soit res-
pecté le principe de quatre à cinq tri-
mestres cotisés avant l’âge de prise
La Première ministre, Elisabeth Borne, mardi à l’Assemblée nationale. Photo Bertrand Guay/AFP
de financement évoquées avait été
la hausse des prélèvements sociaux
sur les ruptures conventionnelles
(environ 250 millions d’euros).
Mardi, la Première ministre a glissé
être attachée aux principes des car-
rières longues, tels que fixés par la
réforme portée en 2003 par… Fran-
çois Fillon. De quoi, donc, essayer
de sécuriser le plus possible le vote
des députés LR, quelle que soit la
suite des événements dans l’hémi-
cycle d’ici à vendredi.
« Une avancée notoire »
« C’est une avancée notoire puisque la
Première ministre a réaffirmé ce
qu’elle avait dit sur les carrières lon-
gues pour les 20-21 ans et elle a indi-
qué également une avancée pour les 17
ans qui actuellement pouvaient par-
en compte, pour bénéficier d’un
départ à la retraite avant l’âge légal.
Aurélien Pradié pense, lui, qu’un
seul trimestre suffirait et insiste sur
la prise en compte des annuités.
« J’assume d’engager un bras de fer
avec le gouvernement. Et si, au final,
nous obtenons gain de cause sur ce
sujet, je suis sûr que nous aurons un
prochain bureau politique, où nous
nous dirons que c’est pas mal de se
battre », a-t-il réaffirmé.
S’il n’est pas fait mention du nom-
bre exact de trimestres envisagés, le
communiqué final précise que
seront éligibles les personnes « qui
bénéficient d’une carrière longue
d é f i n i e p a r l a ré f o r m e F i l l o n
de 2003 », soit plus d’un trimestre.
Reste que la position adoptée en
« Chacun
a compris ce matin
que dans le combat
que je menais,
il y avait
une sincérité. »
AURÉLIEN PRADIÉ
Vice-président exécutif
du mouvement
Mercredi 15 février 2023 Les Echos 04
tir à 60 ans mais avec la nouvelle
réforme ne pouvaient partir qu’à 61 Esprit collectif, es-tu là ?
ans. Finalement, ils ne cotiseront que
43 années », a réagi Véronique
Louwagie sur LCP. Elle a assuré Si les manifestants sont heureux de renouer avec un
qu’un « grand nombre des députés LR collectif qui n’existait plus, les arguments pour un
sont satisfaits de la réponse de la Pre- système de retraite solidaire ne fonctionnent plus.
mière ministre », en dépit des inter-
rogations et des demandes qui sub- Au moins cela parle. Que
sistent chez certains comme le LE FAIT signifie la solidarité dans une
député du Lot Aurélien Pradié, DU JOUR société qui prône l’individu
notamment sur ceux qui ont com- POLITIQUE « mobile et autonome » ?
mencé à travailler à 16 ans. de Cécile
Rien. « C’est une coquille
Véronique Louwagie a dit espé- Cornudet vide », note un conseiller.
rer que l’examen puisse atteindre Où est le simulateur ? A quel
l’article 8 sur les carrières longues âge partirai-je ? Comment
T
pour demander des précisions au montrer que mon métier est
ministre du Travail sur « les moins rois ans après pénible ? Le discours général
de 16 ans » – la borne 14-16 ans, qui le Covid, quel collectif sur l’utilité ou non d’une
concerne peu de monde – et « la est-on devenu ? C’était réforme ne porte plus, seule
catégorie des 18 ans. » n le temps où l’on remplissait ma situation m’intéresse.
le frigo de la voisine et Parmi les bizarreries du
applaudissait les soignants débat, on a ainsi vu naître une
aux fenêtres. Dans
les mobilisations contre
la réforme des retraites, cette
forme de nostalgie pour
la réforme à points de 2019,
y compris par Edouard
trace est encore là, veut croire Philippe qui semblait moins
bureau politique ne reflète pas for- Laurent Berger, le patron de convaincu à l’époque.
cément la réalité du groupe à la CFDT. « On sent une forme Quant aux jeunes dans
l’Assemblée, beaucoup plus par- de regain d’envie d’engagement les manifestations, que
tagé sur la réforme. Au point que collectif », dit-il à propos de ce disent-ils ? De toute façon,
certains à LR fustigent le « manque qu’il appelle le « premier je n’aurai pas de retraite.
de courage d’une partie de nos collè- conflit post-Covid ». Rien n’a progressé. Ils se
gues, qui ont peur de ne pas être réé- Mais c’était aussi le temps du tourneraient même de plus
lus et se cherchent des excuses pour repli sur soi, du masque et du en plus vers la capitalisation :
ne pas voter ». télétravail. Or leur marque est au moins je pourrai partir
Soucieuse de sécuriser le soutien aussi profonde que à l’âge que je veux.
des députés LR et de lever les derniè- l’inefficacité des arguments En privé, le président peut
res réticences parmi eux, Elisabeth puisés au registre de le déplorer et en « vouloir
Borne a encore fait un geste en leur la solidarité pour défendre aux syndicats qui n’ont pas
direction mardi. Interpellée par la réforme des retraites. défendu l’idée de contrat
l’élue LR Véronique Louwagie au Lors de ses vœux pour 2023, intergénérationnel ». Mais
Palais-Bourbon, la Première minis- Emmanuel Macron donne pour l’avenir, cela peut être
tre a accepté de plafonner à 43 ans sa philosophie. « L’unité du une voie pour reprendre
(et non plus 44) la durée de cotisa- pays se fera par le travail et la main, veut croire Stéphane
tion pour toutes les carrières lon- l’engagement de tous », dit-il. Séjourné, le patron de
gues, quand l’âge requis est atteint. Son gouvernement embraye. Renaissance. « La moitié
« C’est fini l’époque où l’on tirait les Il faut sauver le système par des opposants à la réforme
oreilles aux petits nouveaux, plaisan- répartition et même « assurer veulent en fait un système plus
tait à moitié dans la matinée aux jeunes qu’ils auront une libéral », avance-t-il : laissez-
Raphaël Schellenberger, député du retraite », dit Brigitte Macron. nous cotiser, choisir notre
Dessin Kim Roselier pour « Les Echos »
Haut-Rhin et soutien d’Aurélien Quelques semaines plus tard, temps de travail, nos fins de
Pradié. Au vu de la position adoptée, plus personne ne parle carrières. Un problème ?
nos éléments sont adoptés, se félici- collectif ou solidarité Non, une aubaine pour
tait-il. Maintenant, charge au Sénat intergénérationnelle. renouer avec
de respecter ce communiqué. Je crois L’argument ne fonctionne l’individualisation et
que Bruno Retailleau est très attaché pas, ont intégré les ministres, l’émancipation par le travail
à l’unité de notre famille politique. » qui préfèrent comme Gabriel chères à Emmanuel Macron.
A la tête de la majorité sénatoriale, Attal être prosaïque : Les prochaines réformes
ce dernier s’est félicité sur Twitter de réformer pour éviter seront « post-Covid », promis.
la position adoptée mardi par LR. n de baisser les pensions. ccornudet@lesechos.fr
05 Les Echos Mercredi 15 février 2023 FRANCE

« Nous sommes entrés Cliniques et

hôpitaux réclament
dans une spirale infernale » une revalorisation
Propos recueillis par
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
CHLOÉ MORIN
Politologue
Notre culture politique, étrangère
au compromis, y est pour beau-
coup. Elle est confortée par des ins-
sement. Nos institutions ne sont
plus adaptées, mais notre drame est
qu’au-delà de ce constat unanime, il
de leurs tarifs
et spécialiste

A
l’occasion de la sortie de
son livre « On aura tout
essayé… »*, fruit d’entre-
tiens avec une trentaine de person-
nalités, la politologue et spécialiste
de l’opinion Chloé Morin revient
sur les blocages politiques qu’illus-
tre parfaitement la réforme des
retraites.
Vous avez rencontré
une multitude de
personnalités pour l’écriture
de votre livre, qu’est-ce
qui vous a le plus marqué ?
La gravité de mes interlocuteurs.
J’ai rencontré plus d’une trentaine
de personnes, responsables politi-
ques de tous bords, syndicalistes ou
chefs d’entreprise, et je retiens une
inquiétude générale. Tous font part
de leur difficulté à comprendre le
moment particulier que nous
vivons. Ils pressentent le pire, mais
ne sont pas certains de pouvoir l’évi-
ter. Je précise que j’ai mené mes
entretiens avant la réforme des
retraites : elle a ajouté de la crispa-
tion, mais le climat de crise que je
décris n’est pas conjoncturel, il est
bien structurel. La protestation
contre la réforme des retraites n’est
que le symptôme de notre malaise
général, le reflet de notre incapacité
croissante à décider ensemble.
Emmanuel Macron invoque la légi-
timité de sa campagne et de son
programme, ses opposants lui
rétorquent qu’il a seulement été élu
pour faire barrage à Marine Le Pen :
tout se passe comme si nos institu-
tions ne fabriquaient plus la force
politique nécessaire pour réformer.
On pense évidemment à la
réforme des retraites. Est-ce
un bon exemple ?
C’est un excellent exemple : le débat
est impossible, le compromis entre
partisans et opposants impensable.
Tout cela renvoie à un imaginaire
politique très conflictuel : on tient
les positions, on résiste, on avance
ou on recule… Nous raisonnons de
de l’opinion
manière binaire, en gagnant/per-
dant, « tout ou rien ». Et nul doute
que l’issue sera nécessairement
décryptée comme la victoire d’un
camp aux dépens de l’autre. Une
réforme qui serait le fruit du dialo-
gue et ferait l’objet d’un consensus
large, une réforme sans drame et
sans larmes, ce ne serait pas une
vraie réforme ! Dès le départ, il y a
eu une incapacité à s’accorder sur
un diagnostic partagé. Chacun
retient ce qu’il veut du rapport du
COR. Même quand nous nous
dotons d’autorités indépendantes
pour établir des diagnostics, il n’en
émerge pas une vérité unique. Dès
lors, comment nouer un dialogue
fructueux ?
La France est-elle devenue
ingouvernable ?
Nous sommes engagés dans une
spirale infernale : la défiance popu-
laire décourage les meilleurs de
rentrer en politique, et la faillite de
ceux qui restent vient à son tour
nourrir la défiance de l’opinion. Col-
lectivement, nous nous embour-
bons dans le déclassement, nous
fonçons dans le mur de la crise cli-
matique à toute vitesse, mais nous
préférons détourner le regard et
pointer du doigt les prétendus
responsables.
L’immense majorité des Fran-
çais, selon un sondage réalisé spé-
cialement pour cet ouvrage, juge
que les politiques sont les premiers
responsables des maux du pays.
76 %, en hausse de 10 points entre
octobre 2022 et ce début d’année !
Très loin devant les plus riches
(30 %), les médias (18 %), les syndi-
cats ou encore les étrangers. Poin-
ter du doigt nos élus est une facilité,
car la responsabilité du désastre cli-
matique et social est largement
partagée.
Où sont principalement
les blocages ?
titutions qui n’incitent pas nos gou-
vernants à véritablement partager
le pouvoir. Mais nous devrions éga-
lement nous interroger sur l’indis-
pensable réforme de l’Etat, sans
cesse évoquée et toujours reportée.
Au fond, nous traversons deux
crises parallèles : une crise de
l’action publique, avec un Etat trop
lourd, des services publics délabrés,
inadaptés aux enjeux du XXIe siècle.
Et puis une crise de la décision
publique : nos institutions ne per-
mettent plus de dégager des com-
promis majoritaires durables.
Le lien est-il rompu
entre la classe politique
et les citoyens ? Pourquoi ?
Les politiques ont de nombreux
torts. Je pointe dans le livre l’effon-
drement culturel d’une bonne par-
tie de la classe politique. Laurent
Berger en parle très bien, par exem-
ple. Mais je crois aussi qu’ils sont
des boucs émissaires très prati-
ques, qui nous évitent de nous inter-
roger sur nos propres responsabili-
tés de citoyens.
Est-ce que ce ne sont pas tout
simplement les institutions
qui sont caduques ?
C’est le constat que fait l’immense
majorité de ceux que j’ai interrogés.
Tous pressentent une forme d’épui-
« Les responsables
politiques pensent
beaucoup leur pro-
jet, mais sont très
peu précis sur leur
mise en œuvre. »
Photo Serge Picard/Agence VU
n’y aura hélas jamais d’unanimité
pour les réformer.
Quid de la responsabilité
des corps intermédiaires,
syndicats et médias ?
Les élus et les syndicats sont enfer-
més dans un face-à-face, où les pre-
miers reprochent aux seconds
d’être irresponsables, et les seconds
rétorquent que la faute revient aux
politiques, qui ne font jamais
confiance aux syndicats. Nous ne
parvenons plus à sortir de ce cercle
vicieux, même si certains savent
heureusement prendre leurs res-
ponsabilités et sortir des postures
confortables mais stériles. Ce que je
trouve frappant, c’est que l’intégra-
lité de la classe politique interrogée
m’a dit que les corps intermédiaires
étaient essentiels à notre vitalité
démocratique. Mais rares sont ceux
qui ont des propositions concrètes
et structurantes pour changer la
donne en la matière.
Si on descend d’un étage, ne
s’agit-il pas d’un trop-plein
de règles administratives
et de normes ?
Oui. On vit une embolie de l’appa-
reil d’Etat, une trop grande com-
plexité des normes qui régissent la
vie des Français. Le citoyen français
a l’impression d’être sans cesse har-
celé, mais c’est aussi le cas de nos
élus ! Ces derniers ont l’impression
d’avoir perdu le pouvoir et de s’épui-
ser pour changer les choses, ne
serait-ce qu’à la marge.
Globalement, les responsables
politiques pensent beaucoup leur
projet, mais sont très peu précis sur
leur mise en œuvre. On se dit tou-
jours que « l’intendance suivra »
mais, comme l’avait dit Jean Castex
à son arrivée à Matignon, ce n’est
plus le cas. Par exemple, sur les thè-
mes de la sécurité ou de l’immigra-
tion, on accumule les lois sans
jamais se demander si celles qui
existent sont efficaces.
* Fayard, 400 pages, 20,90 euros.
SANTÉ
Les hôpitaux privés
alertent sur une
« inflation excep-
tionnelle » de leurs
coûts et demandent
une « campagne de
financement spécifi-
que et inédite ».
Les hôpitaux publics
demandent, eux,
des hausses
supérieures à celles
des cliniques.
Myriam Chauvot
et Solenn Poullennec
@SolennMorgan
Les hôpitaux engagent le bras
de fer. Mardi, la Fédération de
l’hospitalisation privée (FHP) a
appelé à une hausse « significa-
tive » des tarifs hospitaliers
pour soutenir ses établisse-
ments confrontés à une « infla-
tion exceptionnelle ». Afin que
les hôpitaux privés et cliniques
ne soient pas « rapidement con-
frontés aux plus graves difficul-
tés financières », la FHP réclame
notamment une augmentation
de 4,7 % des tarifs de ses actes de
médecine-chirurgie-obstétri-
que. Pour mémoire, les tarifs
hospitaliers avaient augmenté
de 0,7 % en 2022. Et le budget de
la Sécurité sociale 2023 table
sur une augmentation globale
des dépenses de santé (hors
Covid) de 3,5 %.
La revendication de la FHP
intervient alors que les pou-
voirs publics doivent fixer l’évo-
lution des tarifs hospitaliers
dans les prochaines semaines.
Les hôpitaux privés, qui sont
financés en fonction des actes
réalisés et qui attendent donc
impatiemment de connaître
l’évolution des tarifs chaque
file, selon la FHP. « 70 % des éta-
blissements privés ont un résultat
bénéficiaire inférieur à 3 % de
leur chiffre d’affaires et 30 % sont
déficitaires. Faute de revalorisa-
tion immédiate des actes, certains
n’auront pas la trésorerie pour
tenir jusqu’à un rattrapage de fin
d’année », prévient Lamine
Gharbi, président de la Fédéra-
tion. Celui-ci n’hésite pas à agiter
le spectre de fermetures ou
regroupements au détriment
du « maillage » du territoire.
Dans la négociation en cours
avec les pouvoirs publics, les
hôpitaux publics ne sont pas
en reste. « Nous considérons que
les tarifs devraient augmenter
plus fortement dans le secteur
public que dans le secteur privé
pour compenser les plus fortes
c o n t ra i n t e s d e s h ô p i t a u x
publics », explique-t-on à la
Fédération hospitalière de
France (FHF) qui les repré-
sente. La FHF fait notamment
valoir que les hôpitaux publics
ont été en première ligne pour
gérer les épidémies, ce qui a for-
tement perturbé leur activité.
Nouvelle rallonge
pour l’hôpital public
Hôpitaux publics et privés
s’entendent, en revanche, sur
un point. L’enveloppe budgé-
taire qui leur est allouée
pour 2023 ne permet pas de
couvrir tous les coûts liés à
l’inflation. La FHF estime qu’il
manque encore 600 à 700 mil-
lions d’euros, tandis que la FHP
réclame 500 millions d’euros.
Confronté à la crise du système
de santé, le gouvernement a
pourtant plusieurs fois revu en
hausse l’enveloppe consacrée
aux établissements de santé
lors des discussions budgétai-
res de la fin d’année dernière.
La réforme des retraites en
cours de discussion doit par
ailleurs acter une nouvelle ral-
longe de 600 millions d’euros
pour l’hôpital public. Celle-ci se

Laurent Berger tire les premières leçons année, comptent y voir plus
clair à la mi-mars.
veut financer la revalorisation
du travail de nuit décidée l’été
dernier en urgence pour aider

du conflit social
Le leader de la CFDT pandémie passée, on revienne au
a participé lundi à un débat “business as usual”, que les salariés
organisé par le cabinet des Ehpad, les caristes, les chauffeurs
de conseil Syndex. routiers retournent à leur anony-
mat », a expliqué Laurent Berger. A
Leïla de Comarmond ses yeux, « c’est ça qui est en train de
@leiladeco se jouer ». « Avant le Covid, ils avaient
le sentiment d’être invisibles, détaille-
Laurent Berger y voit un « mouve-
ment de dignité du monde du tra-
vail ». « Gagner [la bataille des retrai-
tes], ce serait l’idéal mais, avec ce
mouvement de dignité du monde du
travail, quelque part, on a déjà pris
notre part de bénéfice », a estimé le
leader de la CFDT, qui rappelle
Laurent Berger, qui appelle cepen-
dant à se méfier des « solutions mira-
cles » comme la semaine de quatre
jours. Laurent Berger s’est aussi féli-
cité de sentir dans les cortèges « une
forme de regain d’envie d’engage-
ment collectif ». « A nous [les syndi-
cats] de le faire fructifier », « pour
Facture d’énergie
Pour convaincre les pouvoirs
publics de mieux payer les éta-
blissements privés, leur fédéra-
tion fait valoir que leurs coûts
devraient déraper de 5,3 %
en 2023. Non seulement les éta-
blissements devraient voir leur
facture d’énergie flamber, mais
ils devraient aussi concéder
d’importantes hausses de prix à
leurs fournisseurs pour la res-
tauration, la blanchisserie, le
les hôpitaux à faire face aux
pénuries de personnel.
Ce nouveau coup de pouce a
irrité fortement les hôpitaux
privés qui aimeraient bénéfi-
cier d’une partie de cette enve-
loppe, à hauteur de 90 millions
d’euros. « Je ne vois pas pour-
quoi il y aurait des différences de
reconnaissance entre les salariés
du public et du privé », défend
Lamine Gharbi. n

« Vous êtes en train de me demander
les enseignements d’un conflit qui est
en cours. C’est difficile, j’avoue que
je me suis plus concentré sur sa
conduite. » Le secrétaire général de
la CFDT a tout de même tenté de se
livrer à l’exercice lundi soir, à Scien-
ces Po, lors d’une table ronde orga-
nisée par le cabinet de conseil aux
CSE Syndex. Laurent Berger a pré-
cisé ce qu’il entendait par « premier
conflit post-Covid ». Cette mobilisa-
tion rassemble « le monde du travail
dans sa grande diversité et sa géogra-
phie particulière », a-t-il pointé. Une
géographie qui explique d’ailleurs
la présence de tous les leaders syn-
dicaux à Albi, dans le Tarn, pour la
journée d’action de jeudi.
L’un des points forts du mouve-
ment, selon lui, est que nombre de
gens manifestent pour la première
fois. Il a noté que les « travailleurs de
deuxième ligne » étaient venus « très
nombreux » samedi dernier, « le
cœur léger » car ils n’ont pas perdu
de salaire. Cette fois-ci, ils « n’ont pas
envie d’une grève par procuration, de
confier à d’autres leur devenir. Ils
veulent participer », a-t-il insisté. « Le
risque pour ces travailleurs de
deuxième ligne était qu’une fois la
t-il. Puis, on les a applaudis et on leur
a promis une reconnaissance sala-
riale, mais aussi une meilleure qua-
lité de vie et de meilleures conditions
de travail. Et là, on leur dit : “Vous
allez travailler deux ans de plus.” »
De quoi parlent donc ces salariés
et les autres dans le conflit ? « De
leur travail », a-t-il souligné, reve-
nant sur le lien que fait la CFDT
depuis le début de la mobilisation
entre ce sujet et le mouvement
contre la réforme. « Quand on parle
retraite, les Français parlent travail »,
a acquiescé le politologue Jérôme
Fourquet, qui participait également
au débat.
La « France
des préfectures »
C’est la « France des préfectures »,
« la France qui se lève tôt, c’est la
France qui a commencé à travailler
tôt et n’a pas forcément fait de lon-
gues études qui est la plus remontée,
la plus mobilisée sur l’allongement
de l’âge de la retraite », celle des sala-
riés « de la logistique, de l’aide à la
personne, du commerce, du BTP », a
souligné le directeur du départe-
ment opinion publique et stratégie
d’entreprise de l’Ifop.
qu’au moment des « gilets jaunes »,
certains jugeaient les syndicats
« déconnectés ».
Se méfier des « solutions
miracles »
Son organisation, comme la CGT,
s’est emparée de la thématique du
travail depuis plusieurs années. Elle
défend l’idée d’instaurer dans les
entreprises une obligation de négo-
cier sur les conditions de travail, a
rappelé le leader syndical. Mais il a
aussi alerté sur « le risque de tomber
avec le télétravail dans le même piège
que les 35 heures ». « Ceux qui les ont
payées très cher en termes de condi-
tions de travail, ce sont les métiers les
plus intenses qui ne pouvaient pas
être au forfait jour dans certaines
entreprises », estime -t-il.
Aujourd’hui, les travailleurs de
seconde ligne « ne se reconnaissent
pas dans les discours sur le travail qui
se focalisent sur le télétravail ».
Seuls 30 % des salariés peuvent
travailler à distance, a rappelé
Jérôme Fourquet. S’occuper de
l’organisation du travail de ceux qui
travaillent dans leur entreprise cinq
jours par semaine doit être un des
enjeux de la négociation, a insisté
cela, il va falloir qu’on innove », a
reconnu le leader de la CFDT, qui
connaît un pic d’adhésions.
Attention à l’atterrissage, a averti
Jérôme Fourquet. « Laurent Berger
a dit que le film [du conflit] n’était pas
fini. Tout dépendra de si la lutte a
payé ou si la réforme est passée, esti-
me-t-il. Cela changera évidemment
les perspectives en matière d’engage-
ment. » Pour lui, « si aujourd’hui les
organisations syndicales rassem-
blées arrivent à montrer qu’elles
pèsent encore et qu’elles peuvent, sur
un enjeu aussi central pour les Fran-
çais, pour les salariés, obtenir des
résultats, ça modifiera sans doute
dans la durée l’image qu’on se fait
d’elles et de leur utilité. » n
« [Les “travailleurs
de deuxième
ligne”] n’ont pas
envie d’une grève
par procuration. »
LAURENT BERGER
Secrétaire général
de la CFDT
4,7 %
nettoyage, etc.
Le gouvernement a prolongé
– en l’aménageant – le filet de
sécurité mis en place pour aider
les établissements publics et pri-
vés à supporter le choc du Covid LA HAUSSE
qui réduit leurs autres activités des tarifs sur les actes
(la garantie de financement). de médecine-chirurgie-
Cependant, il sera difficile pour obstétrique que prône
les hôpitaux et cliniques la Fédération de
d’encaisser l’inflation qui se pro- l’hospitalisation privée.
Les médecins mobilisés pour
améliorer leur rémunération
Des médecins ont défilé, mardi à Paris, à l’appel
des syndicats de praticiens libéraux pour obtenir
de meilleures conditions de travail et une aug-
mentation de leur rémunération. Le cortège a
rassemblé 4.500 personnes, selon la préfecture
de police, plus de 10.000 personnes d’après
les organisateurs. Cette manifestation intervient
dans la dernière ligne droite des négociations
entre l’Assurance-maladie et les syndicats sur
la convention qui détermine le prix des consulta-
tions. Les libéraux ont été soutenus par l’Ordre
des médecins et des syndicats hospitaliers qui
protestent avec eux contre une proposition de loi
de la majorité permettant un « accès direct » à
des infirmiers, kinés et orthophonistes.
MONDE Mercredi 15 février 2023 Les Echos 06

L’Otan demande aux membres de l’Allia

de passer en « économie de guerre »
l Réunis mardi et mercredi à Bruxelles, les ministres de la Défense de l’Otan
explorent les moyens d’accélérer la livraison des nouvelles armes promises.
l Ils doivent aussi relancer les lignes de production de munitions.
CRISE UKRAINIENNE
Anne Bauer
@annebauerbrux
Des munitions plutôt que des avi-
ons ? C’est peu ou prou l’objet essen-
tiel du rendez-vous des ministres de
la Défense de l’Otan réunis mardi et
mercredi à Bruxelles. Comme l’a
souligné le secrétaire général de
l’Otan, Jens Stoltenberg, « la priorité,
l’urgence, est de fournir aux Ukrai-
niens les armements qui leur ont été
promis pour maintenir leur capacité
de se défendre ». Avant d’entamer un
débat sur la livraison d’avions,
encore serait-il intéressant que les
chars promis arrivent à bon port. Et
que les munitions suivent…
A la veille des réunions du groupe
de Ramstein et de l’Otan, Jens Stol-
tenberg a tiré la sonnette d’alarme :
« Le rythme actuel d’utilisation de
munitions par l’Ukraine est beau-
coup plus élevé que notre rythme
actuel de production, a-t-il averti.
Cela épuise nos stocks et met nos
industries de défense sous pression. »
Les ministres de la Défense sont
donc appelés à faire des proposi-
tions sur la relance de la production.
Lors du sommet européen jeudi à
Bruxelles, la Première ministre
estonienne, Kaja Kallas, avait sug-
géré que les pays membres du bloc
recourent à un mécanisme simi-
laire à celui utilisé pour l’achat de
vaccins afin de pousser l’industrie
de défense à produire davantage.
Course de vitesse
Car une course de vitesse est enga-
gée, dans la crainte d’une grande
offensive du Kremlin, alors que
l’armée russe est en train de regéné-
rer ses troupes et de se réarmer.
Selon les militaires français, les tirs
d’obus qui ont atteint jusqu’à 50.000
coups par jour au début de l’offen-
sive, soit quasiment la production
annuelle du fabricant français Nex-
ter, sont en forte baisse côté russe, en
chute de 75 % mais encore davan-
tage côté ukrainien. Faute de stocks.
L’industrie européenne n’est pas
calibrée pour un tel conflit. La
France qui souhaite par exemple
fournir encore 12 canons Caesar à
l’Ukraine en sus des 18 déjà livrés
vient ainsi de passer un accord avec
l’Australie pour la fabrication des
obus de 155 mm, faute d’avoir des
capacités de production suffisante.
Même aux Etats-Unis, les stocks
s’effondrent. Les industriels ont
ainsi déclaré qu’il leur faudrait 6 ans
pour compenser les dons d’obus de
155 mm qui alimentent les Himars,
et qu’il leur faudrait au moins 6 ans
et demi pour remplacer le stock de
Javelin donnés à l’Ukraine ou de 4 à 7
ans pour reconstituer le stock d’obus
à guidage de précision Excalibur…
Pour l’Otan, le conflit
entre à présent
dans « une guerre
d’usure et une
bataille logistique ».
Le président Zelensky réclame
toujours plus d’armes et notamment
des avions de chasse. « Avant de par-
ler d’avions et de chars, essayons
d’assurer au mieux le service après-
vente des matériels qu’on leur a déjà
livrés », confirme l’entourage du
ministre de la Défense français,
Sébastien Lecornu.
« Nous allons fournir aux Ukrai-
niens les moyens de tenir et d’avancer
pendant la contre-offensive de prin-
temps », a promis le secrétaire amé-
ricain à la Défense, Lloyd Austin, en
citant l’artillerie, la défense antiaé-
rienne et les blindés. « Tout le monde
comprend que la question de la
défense aérienne et la question du
réapprovisionnement en munitions
sont beaucoup plus importantes en
ce moment que la discussion sur les
avions de combat », a renchéri le
ministre allemand de la Défense,
B oris Pistorius. Ce dernier a
annoncé que l’industrie allemande
allait relancer une ligne de produc-
tion de munitions pour les chars de
défense antiaérienne Gepard.
L’urgence aujourd’hui est de faire
le point sur l’industrie d’armement.
Le conflit entre à présent dans « une
guerre d’usure et une bataille logisti-
que », a résumé Jens Stoltenberg.
C’est pourquoi lors de la réunion en
format Otan, le débat portera sur la
nécessité de fixer de nouveaux seuils
de dépense pour la défense. Les pays
de l’Otan pourraient convenir dès
cet été d’y consacrer au moins 2 % de
leur PIB, le seuil de 2 % devant deve-
nir un plancher et non pas un objec-
tif comme il avait été convenu il y a
dix ans. Ce sera l’un des enjeux du
sommet de Vilnius l’été prochain
avec l’entrée toujours bloquée par la
Turquie de la Finlande et de la Suède
dans l’Otan, Ankara s’étant déclaré
d’accord avec l’arrivée de la Finlande
mais pas de la Suède. n
( Lire l’enquête
Page 13
Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a tiré la sonnette d’alarme
par l’Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de productio

La Moldavie redoute un coup d’Etat A Munich, les Occidentaux espèrent ral

diligenté par Moscou
Cette petite ex-république
soviétique a fermé son
espace aérien durant
quelques heures, mardi,
au lendemain d’une mise
en garde de sa présidente
pro-occidentale selon
laquelle Moscou prépare-
rait un coup d’Etat.
Yves Bourdillon
@yvesbourdillon
Fermeture pour trois heures de
l’espace aérien, match de coupe
d’Europe à huis clos. L’ambiance
s’est brusquement tendue mardi
après-midi en Moldavie, après que
sa présidente pro-occidentale,
Maia Sandu, a averti du risque d’un
coup d’Etat fomenté par le Kremlin.
La présidente de cette ancienne
république soviétique coincée
entre Roumanie et Ukraine a mis en
garde, lundi soir, contre un projet
« d’attaques d’édifices étatiques et de
prises d’otages par des saboteurs » en
se fondant sur des documents
interceptés par Kiev et confirmés
par les services de renseignements
moldaves.
Des manifestations
antigouvernementales
« L’objectif est de renverser l’ordre
constitutionnel et de remplacer le
pouvoir légitime à Chisinau », a
ajouté la cheffe d’Etat, élue en
décembre 2020 sur une plate-
forme pro-occidentale et de lutte
contre la corruption endémique.
D’après elle, le Kremlin compte
sur « l’implication de forces inter-
nes » comme le parti de l’oligarque
prorusse Ilan Sor, mais aussi de
possibles ressortissants russes,
bélarusses, serbes et monténégrins.
Précisément, des milliers de sup-
porters serbes étaient attendus à
Chisinau, ce jeudi soir, pour un
match de coupe d’Europe des clubs
de football, mais la Moldavie a
signifié mardi aux instances euro-
péennes que cette rencontre se tien-
drait à huis clos de crainte que les-
dits supporters provoquent des
troubles.
Parallèlement, les autorités n’ont
pas donné de raisons, mardi après-
« L’objectif
[de Moscou]
est de renverser
l’ordre
constitutionnel
et de remplacer
le pouvoir légitime
à Chisinau. »
MAIA SANDU
Présidente de Moldavie
midi, à la fermeture de l’espace
aérien qui pourrait être liée à la pré-
sence d’un objet volant non identi-
fié, sur fond de psychose de ballons
espions depuis que Washington en
a abattu un, chinois, il y a dix jours
dans le Montana.
Une demande d’adhésion
à l’Otan n’est plus exclue
Ilan Sor est en fuite après avoir été
condamné pour le détournement
de 1 milliard de dollars des banques
moldaves en 2014. Son parti a plani-
fié des manifestations antigouver-
nementales ce dimanche dans la
capitale moldave. Manifestations
qui se dérouleront certainement
sous haute tension et haute sur-
veillance policière.
La Moldavie a déposé sa candida-
ture à l’entrée dans l’Union euro-
péenne l’été dernier, en réaction à
l’invasion de l’Ukraine. Elle ne cher-
chait toutefois pas à adhérer à
l’Otan, afin de préserver ses rela-
tions avec une Russie fournissant la
quasi-totalité de son gaz et de son
électricité. Ce qui n’a pas dissuadé
Moscou de diviser par deux ses
livraisons de gaz, provoquant une
inflation de 28 % fin 2022 et donc
une forte grogne de la population.
Du coup, Maia Sandu n’exclut
plus une demande d’adhésion à
l’Alliance atlantique. Chisinau doit
aussi composer avec la menace de
soldats russes et d’un important
stock russe de munitions dans la
région séparatiste prorusse de
Transnistrie. Afin de faire face à la
crise économique et sociale et, sur-
tout, aux menaces sécuritaires, la
présidente a demandé vendredi
dernier à son Premier ministre,
Natalia Gavrilita, de laisser la place
à son conseiller sécurité, Dorin
Recean.
Le Kremlin pourrait être tenté de
déstabiliser la Moldavie pour qu’un
foyer d’agitation détourne l’atten-
tion des Européens de l’Ukraine.
Moscou a démenti, lundi soir, avoir
de telles intentions. n
La 59e Conférence sur la
sécurité de Munich débute
vendredi dans la capitale
bavaroise. L’avenir de
l’ordre international sera
au centre des débats.
Ninon Renaud
@NinonRenaud
— Correspondante à Berlin
« La paix par le dialogue. » La
devise de la Conférence sur la
sécurité de Munich a rarement été
mise à si rude l’épreuve. Quasi-
ment un an après l’invasion russe
en Ukraine, près de 150 chefs
d’Etat et de gouvernement se
retrouvent vendredi dans la capi-
tale bavaroise pour trois jours
d’échanges. Objectif : convaincre
les pays émergents de choisir leur
camp, entre les régimes autoritai-
res de Moscou et Pékin et l’ordre
libéral international.
Le président Emmanuel
Macron, le chancelier Olaf Scholz,
la présidente de la Commission,
Ursula von der Leyen, la vice-prési-
Les Vingt-Sept ajoutent la Russie à leur list
Outre la Russie, les îles
Vierges britanniques,
le Costa Rica, les îles
Marshall ont également
été inclus dans cette liste
comprenant désormais
seize entités.
Fabienne Schmitt
@FabienneSchmitt
— Bureau de Bruxelles
Réunis mardi, les ministres des
Finances de l’Union européenne
ont décidé d’ajouter la Russie à la
liste noire des paradis fiscaux, esti-
mant qu’elle n’avait pas satisfait
aux exigences sur la transparence
et l’équité fiscale. D’autres pays, les
îles Vierges britanniques, le Costa
Rica et les îles Marshall ont aussi
dente américaine, Kamala Harris,
seront présents. Un « nombre
record » de représentants de l’Amé-
rique latine, dont le ministre brési-
lien des Affaires étrangères, sont
aussi attendus, précise Christoph
Heusgen, le président de la Confé-
rence sur la sécurité de Munich.
La moitié de la population
mondiale à convaincre
Le fait qu’aucun représentant russe
n’ait été invité pourrait donner le
sentiment à ces pays non encore
alignés que le dialogue est biaisé.
Christoph Heusgen s’en défend,
soulignant que le ministre chinois
des Affaires étrangères sera là avec
une délégation. Mais Vladimir
Poutine refuse de bouger d’un iota
en maintenant sa violation de
l’intégrité d’un Etat souverain.
« Est-on pour les principes du
droit international et la Charte des
Nations unies ou accepte-t-on qu’ils
soient piétinés ? On ne peut rester
neutre, c’est un concept du siècle der-
nier ! » a ajouté jeudi l’ancien
ambassadeur devant l’association
été ajoutés à la liste, portant à un
total de seize le nombre de juridic-
tions concernées.
La Commission européenne
aurait également fait pression
pour inscrire le Qatar, selon
Bloomberg, mais les Etats mem-
bres auraient refusé de l’ajouter
pour le moment, Doha ayant pro-
posé une législation répondant
aux préoccupations de l’Union
européenne.
« La liste des paradis fiscaux de
l’UE n’est toujours pas à la hauteur,
regrette Quentin Parrinello, porte-
parole d’Oxfam France sur les
enjeux de justice fiscale. Non seule-
ment elle a rayé de la liste les pays où
le taux d’imposition des sociétés est
nul, comme les Bermudes et les îles
Caïmans, mais elle continue de ne
de la presse étrangère à Berlin. Des
propos fort peu diplomatiques,
alors que les 35 pays qui se sont
abstenus ou ont refusé en octobre
dernier de condamner Moscou à
l’ONU représentent près de la moi-
tié de la population mondiale.
Aucun pays d’Afrique ni d’Améri-
que latine n’a rejoint la coalition qui
impose des sanctions à la Russie.
A leurs yeux, l’Occident a sou-
vent été un simple spectateur des
conflits meurtriers dans leurs pro-
pres régions. La guerre en Ukraine
est celle de l’Europe. Nombre de
pays ont perdu foi dans la légiti-
mité de ces règles adaptables au
gré des intérêts géopolitiques, sou-
ligne le rapport des organisateurs
de la Conférence de Munich pré-
senté lundi. Un sentiment que le
ministre russe des Affaires étran-
gères, Sergueï Lavrov, a eu tout le
loisir de nourrir durant sa tournée
africaine la semaine passée.
Que l’Europe et les Etats-Unis
aient tardé à s’inquiéter des consé-
quences de la guerre en Ukraine
pour la sécurité alimentaire des
pas tenir compte des paradis fis-
caux européens, comme le Luxem-
bourg, qui est pourtant l’un des
paradis fiscaux les plus important
au monde. »
Dixième paquet de
sanctions contre Moscou
La décision intervient alors que les
Vingt-Sept planchent sur un
dixième paquet de sanctions éco-
nomiques contre la Russie, lié à
l’invasion de l’Ukraine. Il inclurait
des sanctions contre quatre ban-
ques russes dont la plus grande
banque privée de Russie, Alfa
Bank, fondée par le milliardaire
russo-israélien Mikhail Fridman,
croit savoir le site Politico.
Il pourrait aussi interdire aux
ressortissants russes de siéger aux
 07 Les Echos Mercredi 15 février 2023
ance
e, mardi à Bruxelles : « Le rythme actuel d’utilisation de munitions
on. » Photo Johanna Geron/Reuters
llier les pays du Sud
pays du Sud, comme elle a tardé à
se préoccuper de leur approvi-
sionnement en vaccins anti-Co-
vid, a conforté leurs frustrations.
Le fait que l’ordre libéral soit défié
en interne, comme l’a montré
l’attaque du Capitole Outre-Atlan-
tique, accentue la défiance.
Aucun pays d’Afrique
ni d’Amérique latine
n’a rejoint la coalition
qui impose des
sanctions à la Russie.
Bonne nouvelle cependant : ni
l’Inde ni le Brésil ne plébiscitent la
vision autocrate de la Russie ou de
la Chine. Seules 3 % des personnes
interrogées au Brésil souhaite-
raient vivre selon leurs règles,
contre 51 % sous un système amé-
ricain. En Inde, ils sont respective-
ment 8 % et 21 % à se prononcer
pour les règles russes et chinoises,
contre 34 % pour les américaines.
te noire des paradis fiscaux
conseils d’administration d’entre-
prises d’infrastructures critiques
dans l’UE, telles que les réseaux
électriques ou les fournisseurs
de gaz. La liste des personnes et
entités ciblées par les sanctions
devrait aussi s’allonger intégrant
des chefs militaires russes, ou
encore des journalistes travaillant
pour les médias et la propagande
d’Etat russes tels que Russia
Today.
Des interdictions commercia-
les supplémentaires sur les
importations dans l’Union euro-
péenne d’asphalte et de caout-
chouc sont aussi envisagées, ainsi
que sur les exportations vers la
Russie de marchandises de l’UE,
notamment des camions ou
engins de chantier. Ce nouveau
Dans les douze pays du G7 et des
BRICS couverts par l’indice, 50 %
ou plus des personnes interrogées
déclarent nécessaire d’avoir des
règles internationales qui s’appli-
quent à tous. L’enjeu est donc de
faire passer l’ordre libéral du sta-
tut de système par défaut à celui
du plus désirable.
Cela passe par une intégration
des préoccupations des pays du
Sud et une plus grande participa-
tion de ces derniers aux décisions.
Cela requiert aussi une vision
claire qui fait défaut. En France, en
Allemagne et en Italie, les trois
pays européens couverts par
l’indice, seules 15 % des personnes
interrogées pensent que l’UE sait
comment elle veut faire évoluer
l’ordre libéral. Et 25 % pensent
qu’elle n’a aucune vision.
L’intitulé du rapport de la Con-
férence, « Re : vision », résume le
défi : isoler le mouvement de révi-
sionnisme autoritaire de la Russie
et de la Chine ne suffira pas. Pour
s’imposer, l’ordre libéral interna-
tional doit aussi être revisité. n
paquet de sanctions doit être dis-
cuté mercredi par les ambassa-
deurs des Etats membres de
l’Union européenne. n
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
« Il faut dépoutiniser
profondément l’Europe
occidentale », un épisode
de « La Story », le podcast
d’actualité des « Echos ».
Etats-Unis : revers en janvier
dans la lutte contre l’inflation
l L’indice des prix à la consommation a crû de 0,5 % en janvier.
l L’inflation poursuit sa décrue sur douze mois, mais moins vite que prévu.
l Cela va de pair avec la résistance de l’emploi en janvier.
CONJONCTURE
Solveig Godeluck
@Solwii
— Bureau de New York
Il ne suffit pas que l’inflation dimi-
nue pour crier victoire. Il faudrait,
aussi, qu’elle recule avec constance,
pour débarrasser le plancher vite
fait. Ce n’est pas ce qui s’est passé en
janvier aux Etats-Unis. Selon le
ministère du Travail, l’indice des
prix à la consommation sur douze
mois s’est établi à 6,4 % en janvier : à
peine moins que les 6,5 % de
décembre, une vraie déception
pour les marchés.
Chez les prévisionnistes, le con-
sensus tournait autour de 6,2 %. Cela
aurait marqué un léger ralentisse-
ment du rythme de la désinflation,
mais un ralentissement ordonné et
tolérable. Après une phase de baisse
rapide de la croissance des prix des
biens, il est plus difficile et plus long
de comprimer les hausses de coûts
dans les services.
Durant le mois de janvier, et en
comparaison du même mois de
l’année précédente, les prix ont crû
de 0,5 %. La saison des fêtes avait
pourtant été très raisonnable, avec
des hausses ramenées à 0,1 % en
décembre et 0,2 % en novembre.
Le coût de l’énergie
et du logement
Mais les gains de la fin 2022 étaient
fragiles, car ils reposaient en grande
partie sur la baisse des prix à la
pompe. L’administration Biden,
qui cherche à ménager les auto-
mobilistes, a beaucoup puisé dans
les réserves pétrolières fédérales,
mais cela ne suffit pas à contrôler
des prix erratiques depuis la guerre
en Ukraine. L’index des prix de
l’énergie a crû de 2 % en janvier,
alors qu’en décembre, il avait baissé
de 3,1 %.
L’inflation hors énergie et hors
alimentation a également été
vigoureuse, à 5,6 % contre 5,4 % à
5,5 % attendus. La majeure partie
de cette hausse est due au logement.
Le passage à vide de Donald Trump enhardit
ses rivaux pour la présidentielle
Donald Trump a déclaré
sa candidature pour
l’élection présidentielle de
2024, mais il a perdu
en influence. L’une de
ses alliées, Nikki Haley,
va se présenter contre lui.
On est conservateur ou on ne l’est
pas. Pour le parti républicain aux
Etats-Unis, il n’est pas question de
changer l’ordre des Etats dans le
calendrier des primaires à la prési-
dentielle de 2024, contrairement à
ce qu’ont décidé les démocrates. Le
petit New Hampshire et l’Iowa
demeurent donc les premiers sur la
liste. Le défilé habituel des candi-
dats potentiels y a déjà commencé,
dans un climat de rivalités aiguisées
par l’affaiblissement politique de
l’ex-président Donald Trump.
L’ex-ambassadrice des Etats-Unis
à l’ONU Nikki Haley, qui avait été
nommée à ce poste par Donald
Trump, a prévu une tournée dans les
deux Etats. L’ancienne gouverneur
de Caroline du Sud a déclaré sa can-
didature dans une vidéo, appelant à
un « nouvelle génération de lea-
dership ». Elle devrait arriver dans
l’Iowa le 20, pour le « Presidents
Day », et séjourner trois jours dans
cet Etat rural du Midwest.
En progression de 0,7 % en janvier,
il ne mollit pas, et pénalise les
ménages qui ont du mal à louer ou à
acheter.
Sept mois de recul
de l’inflation
Ce sursaut de l’inflation va obliger le
président de la Réserve fédérale,
Jerome Powell, le général en chef de
la lutte contre l’inflation, à afficher
une plus grande fermeté encore.
Les acteurs économiques qui crient
grâce devant la hausse des taux ne
sont pas près de voir la politique
monétaire s’assouplir.
Ce n’est pas le premier revers
dans cette guerre. En 2021, la Fed
avait pris trop à la légère les anti-
cipations inflationnistes. Elle en a
payé le prix en 2022. Il a fallu atten-
dre le mois de septembre pour que
les prix refluent résolument.
L’ambitieuse fille d’immigrés
pendjabis avait pourtant juré de ne
pas se présenter contre Donald
Trump, pour l’instant seul candidat
officiel à la présidentielle de 2024.
Mais c’était avant que la popularité
du leader populiste soit entachée
par l’échec de ses poulains aux élec-
tions de mi-mandat, en novembre.
« Les républicains ont perdu le vote
populaire sur sept des huit derniè-
res élections présidentielles. Il faut
que cela change », a déclaré mardi
Nikki Haley dans une vidéo.
Révolution conservatrice
Elle ne sera pas seule dans l’Iowa.
Elle devrait y croiser l’ex-vice prési-
dent Mike Pence, qui vient de
publier un livre-témoignage de ses
années Trump et envisage de se pré-
senter en 2024. Egalement attendus
à DesMoines et alentours : le séna-
teur républicain de Caroline du Sud
Tim Scott, l’ex-gouverneur de
l’Arkansas Asa Hutchinson et
même un investisseur activiste,
Vivek Ramaswamy, qui s’est fait un
nom en apostrophant les dirigeants
trop « woke » à son goût (militan-
tisme pour la diversité raciale ou
des genres). On peut s’attendre à ce
que le gouverneur de Virginie
Glenn Youngkin, qui n’a pas caché
L’inflation en rythme annuel dimi-
nue depuis sept mois, après le pic de
9,1 % en juin.
L’inflation n’est pas la seule à faire
de la résistance. En janvier, la « job
« L’inflation
alimentaire à
l’épicerie a encore
baissé le mois
dernier. Les prix
de l’essence se
situent 1,60 dollar
sous leur pic
de l’an dernier. »
JOE BIDEN
Président des Etats-Unis
son ambition, vienne également
tester la température.
Deux pointures ne se sont pas
encore annoncées dans l’Iowa :
Donald Trump et son plus féroce
rival, Ron DeSantis. Le gouverneur
de Floride, réélu dans un fauteuil en
Portant l’espoir
d’un renouveau
conservateur,
le gouverneur
de Floride, Ron
DeSantis, est en pole
position dans les
sondages, mais sa
cote s’est affaissée.
novembre, campe en meneur de la
révolution conservatrice pro-ar-
mes, anti-avortement. Son étoile
brille plus fort que celle de l’ex-prési-
dent. Dans une bataille républicaine
ouverte, chacun des deux récolterait
33 % des voix, selon un sondage
Monmouth publié la semaine der-
nière. En duel, 53 % choisiraient Ron
DeSantis, et 40 % Donald Trump.
L’écart entre les deux s’est toute-
fois réduit depuis le choc des élec-
MONDE
machine » américaine n’a pas sem-
blé affectée par les efforts de la
Réserve fédérale pour refroidir
l’économie : le taux de chômage a
encore baissé, à 3,4 %. Contre toute
attente, la vitalité de l’emploi et
la rareté des travailleurs n’ont pas
fait exploser les salaires. La modé-
ration salariale est le vrai rempart
de la Fed.
Le président américain, Joe
Biden, lui, n’a retenu que la bonne
nouvelle, la poursuite de la baisse
des prix : « L’inflation alimentaire
à l’épicerie a encore baissé le mois
dernier. Les prix de l’essence
se situent 1,60 dollar sous leur pic
de l’an dernier. Et les salaires réels
des travailleurs américains sont
en hausse sur les sept derniers
mois », le tout « alors que le chô-
mage reste à son plus bas niveau
depuis 1969 ». n
tions de mi-mandat. L’ex-président
demeure une valeur sûre pour
l’Amérique profonde, alors que son
jeune rival est encore un inconnu
qui doit faire ses preuves.
Si le soutien populaire pour
Donald Trump demeure fort, ses
plus riches donateurs se détour-
nent de lui. De gros calibres ont
annoncé qu’ils ne miseraient pas
sur lui en 2024 : Miriam Adelson
(avec son mari, ils avaient donné
218 millions), le fondateur du hedge
fund Citadel, Kenneth Griffin
(67 millions), le fondateur du fonds
Blackstone Steve Schwarzman
(35 millions), un autre gérant de
hedge fund, Robert Mercer (19 mil-
lions), les milliardaires Ronald Lau-
der, Thomas Peterffy, Charles Koch.
Il y a donc des dizaines de mil-
lions de dollars à redistribuer entre
candidats conservateurs. Cela
aiguise forcément les appétits. Les
rivalités au sein du parti républi-
cain contrastent avec l’actuel
consensus et la discipline des
démocrates autour de leur prési-
dent, Joe Biden. Ce dernier a pro-
noncé un discours conquérant sur
l’état de l’Union, le 7 février, faisant
oublier son âge avancé (80 ans). Un
premier jalon pour une probable
candidature en 2024. — S. G.
MONDE
La croissance japonaise parmi
les moins dynamiques d’Asie
CONJONCTURE
L’an dernier, le PIB
nippon n’a progressé
que de 1,1 %, contre
2,1 % en 2021.
L’inflation, les inquié-
tudes des entreprises
et le ralentissement
mondial devraient
encore peser sur
l’activité en 2023.
Yann Rousseau
@yannsan
— Correspondant à Tokyo
Malgré un léger rebond d’activité
au quatrième trimestre, le Japon a
vu sa croissance fortement ralentir
en 2022, au moment où la plupart
des autres grandes économies
d’Asie profitaient, à l’exception de la
Chine, de l’essoufflement de la pan-
démie de Covid pour rebondir.
Selon les statistiques diffusées
mardi par le gouvernement, le pro-
duit intérieur brut (PIB) de la troi-
sième économie mondiale n’a pro-
gressé sur l’ensemble de l’année que
de 1,1 %, soit un rythme de progres-
sion deux fois inférieur à celui de
2,1 % mesuré en 2021.
Ces derniers jours, les pays voi-
sins, qui ont, eux aussi, rouvert
leurs frontières aux étrangers au fil
de 2022 après s’être « barricadés »
pendant deux ans pour freiner la
progression du coronavirus, ont
dévoilé des taux de croissance plus
dynamiques. Sur 2022, le PIB sud-
coréen a ainsi progressé de 2,6 %,
malgré une contraction au qua-
trième trimestre. A Taïwan, la
croissance a été mesurée à 2,4 %,
quand Singapour a annoncé que
son économie avait crû de 3,6 %.
Fragiles moteurs
de la croissance
Si ces données portent sur des
nations vivant des cycles économi-
ques distincts, elles ont un impact
symbolique fort au Japon, où les
analystes comparent régulière-
ment l’évolution des PIB par habi-
tant. En 2022, le Japon a ainsi été
débordé, en « richesses produites »
par habitant, par Taïwan et il est
maintenant sur le point de se faire
dépasser par la Corée du Sud. Dans
leurs « pires » scénarios, les
conjoncturistes nippons esti-
maient que ce rattrapage n’aurait
lieu que vers la fin de la décennie.
Dans ses statistiques, le gouver-
nement montre que les différents
moteurs de la croissance restent
fragiles. Alors que le Covid-19 a
encore fait plus de 10.000 morts en
janvier et que l’inflation accélère
Plus d’enfants américains scolarisés chez eux depuis le Covid
AMÉRIQUE
DU NORD
Les écoles publiques
américaines ont perdu
1,2 million d’élèves
entre 2019 et 2021,
selon une étude
de l’université
de Stanford.
Dans le même temps,
la scolarisation
à domicile s’est
développée.
Sophie Amsili
@samsili
On sait que la pandémie de Covid,
en provoquant la fermeture les éco-
les, a entraîné un retard scolaire
Le Japon n’a réussi à générer que 0,2 % de croissance sur le quatrième trimestre 2022. Photo P. Fong/AFP
(4 %), les familles continuent
de contenir leurs sorties et leurs
dépenses. Sur le quatrième trimes-
tre, la consommation privée, qui
représente 60 % du PIB, n’a ainsi
progressé que de 0,5 % après avoir
stagné à l’automne.
Sur le quatrième
trimestre, la
consommation
privée, qui représente
60 % du PIB, n’a
progressé que
de 0,5 % après avoir
stagné à l’automne.
Toujours inquiètes, les entrepri-
ses ont limité leurs nouveaux pro-
jets sur la période avec des investis-
sements en baisse de 0,5 %, en
rythme trimestriel. « Cela reflète
probablement une approche atten-
tiste dans un contexte d’incertitude
quant à la demande étrangère, ainsi
que des retards de production ou
d’expédition dans le secteur des
machines du fait des perturbations
de la chaîne d’approvisionnement
liées à la pandémie en Chine », sug-
chez de nombreux élèves dans le
monde, en particulier dans les
milieux et les pays les plus défavori-
sés. On en sait moins, en revanche,
sur le nombre d’enfants qui n’ont
jamais repris le chemin de l’école
depuis le déclenchement de la crise
sanitaire.
Une étude menée par un cher-
cheur de l’université de Stanford et
parue il y a quelques jours livre une
des premières estimations sur ces
enfants déscolarisés aux Etats-
Unis. L’auteur, l’économiste Tho-
mas S. Dee, constate que les écoles
publiques américaines comptaient
1,2 million d’élèves de moins à la
rentrée 2021 que deux ans plus tôt,
soit une baisse de 2,5 %.
Attendre l’âge minimum
obligatoire
Que sont devenus ces enfants ?
L’étude s’appuie sur les données de
21 Etats et de la capitale Washington
gère Yuriko Tanaka, chez Goldman
Sachs. Au total, le Japon n’a réussi à
générer que 0,2 % de croissance sur
le quatrième trimestre.
Décortiquant ces chiffres, les
analystes craignent que ces inquié-
tudes des acteurs économiques ne
pèsent sur l’activité en ce début
de 2023. « Nous estimons que le PIB
va progresser au premier trimestre
de 2023 mais modestement », pré-
vient l’analyste. « Le chemin du
Japon vers la reprise va rester semé
d’embûches », résume Stefan
Angrick de chez Moody’s Analytics,
à Tokyo.
Il note que la suppression des res-
trictions mises en place contre le
Covid, le retour des touristes étran-
gers et la baisse annoncée de l’infla-
tion, au cours des prochains trimes-
tres, devraient encourager la
consommation dans le pays. Mais il
remarque que le Japon vit toujours
sous la menace d’une détérioration
de la conjoncture internationale.
« La faiblesse du dynamisme à
l’étranger va peser sur les exporta-
tions japonaises », pointe l’écono-
miste qui s’inquiète aussi de la
baisse probable du pouvoir d’achat
des travailleurs.
En pleine période de négocia-
tions salariales, le gouvernement
– les seuls à avoir compilé suffisam-
ment d’informations sur le sujet –
qui représentent un échantillon
représentatif de la population sco-
laire américaine.
Principal enseignement : un
quart de ces enfants étudient désor-
mais à la maison. Une pratique qui a
bondi : +30 % d’enfants concernés
entre la rentrée 2019 et celle de 2021,
alors même que la plupart des éco-
les américaines reprenaient un
fonctionnement normal. Une plus
petite proportion des enfants « per-
dus » (14 %) a intégré un établisse-
ment privé.
Une autre partie de la baisse de
fréquentation des écoles publiques
(25 %) s’explique simplement par
des changements démographi-
ques. Le taux de fécondité recule en
effet depuis des années outre-Atlan-
tique. Depuis les années 1970, il s’est
quasiment toujours maintenu sous
le seuil de renouvellement des
conservateur de Fumio Kishida et
la Banque du Japon (BoJ) ne ces-
sent de demander aux entreprises
d’accorder des hausses de revenus à
leurs employés pour les aider à
affronter la poussée des prix à la
consommation. Mais les directions
rechignent à lâcher des augmenta-
tions qu’elles ne pourraient pas
annuler en cas de détérioration de
leurs activités.
Changement de
gouverneur en vue à la BoJ
Guettant le résultat de ce bras de fer,
la Banque du Japon hésite, pour
l’instant, à revoir sa politique moné-
taire toujours ultra-accommo-
dante, axée sur le maintien de ses
principaux taux proches de zéro.
Mardi, le gouvernement japonais a
formellement présenté au Parle-
ment son candidat pour le poste de
gouverneur de la banque centrale.
Economiste de formation et
ancien membre du conseil de la
politique monétaire de l’institution,
Kazuo Ueda, 71 ans, remplacera
l’actuel gouverneur Haruhiko
Kuroda au mois d’avril prochain.
Très discret sur ses intentions,
il n’a, pour l’instant, annoncé
aucun changement drastique de
politique. n
Les chiffres clés
71
SEMAINES
La période pendant laquelle
les écoles ont fermé aux
Etats-Unis du fait de la crise
sanitaire (contre douze
en France).
-2,5 %
LA BAISSE DU NOMBRE
D’ÉLÈVES
scolarisés dans les écoles
publiques américaines
à la rentrée 2021 par
rapport à celle de 2019.
Mercredi 15 février 2023 Les Echos
L’Iran courtise
la Chine
BILATÉRAL
Le président
iranien, Ebrahim
Raïssi, a entamé une
tournée en Chine.
Son but, rendre
rendre opérationnel
l’accord stratégique
signé entre les deux
pays il y a deux ans.
Yves Bourdillon
@yvesbourdillon
Le président iranien Ebrahim
Raïssi a entamé ce mardi une
visite d’Etat de trois jours en
Chine, la première de ce niveau
pour un président iranien
depuis vingt-trois ans, afin de
renforcer la coopération entre
les deux pays.
Une coopération illustrée
par l’accord « stratégique »
signé entre les deux pays
en 2021, qui prévoit des investis-
sements chinois vertigineux, de
400 milliards de dollars sur une
période de vingt-cinq ans, en
échange de pétrole à prix
réduit.
Le poids des sanctions
américaines
Mais cet accord n’est pas vrai-
ment entré en vigueur, puis-
qu’une société chinoise tra-
vaillant en Iran se voit presque
automatiquement exclue du
très lucratif marché américain,
suite aux sanctions prises par
l ’a d m i n i s t r a t i o n Tr u m p
en 2018. Sanctions consécutives
à la dénonciation de Washing-
ton du traité JCPoA par lequel
les Etats-Unis, la Russie, la
Chine, le Royaume-Uni, l’Alle-
magne et la France s’enga-
geaient à une réintégration éco-
nomique et diplomatique de
l’Iran en échange d’un gel véri-
fiable de son programme
nucléaire soupçonné de visées
militaires.
Le régime islamiste marche
sur des œufs car nombre d’Ira-
niens jugent l’accord de coopé-
ration déséquilibré. Il est en
outre confronté à une révolte
populaire depuis la mort, il y a
cinq mois, de Mahsa Amini,
une jeune femme de 22 ans
arrêtée pour ne pas avoir porté
correctement le voile islamique
obligatoire depuis 1980.
Le numéro un chinois, Xi
Jinping, n’a pas donné d’indica-
tions sur les moyens de régler
ces sujets, mardi après-midi,
lors de son allocution de bienve-
nue au président iranien. « Face
à la situation complexe entraînée
générations, fixé à 2,1 enfants par
femme aux Etats-Unis.
Reste une part non négligeable
de jeunes Américains, environ un
tiers d’entre eux, dont on a perdu la
trace. Absentéisme ? Enseigne-
ment à domicile non déclaré ? Une
autre hypothèse tient la corde : la
proportion de ces enfants « per-
dus » grimpe dans les Etats où le
« kindergarten », l’équivalent de
l’école maternelle, n’est pas obliga-
toire. Les familles repousseraient
donc la scolarité jusqu’à l’âge
auquel elle devient obligatoire, qui
varie entre cinq et huit ans selon
les Etats.
Les pays pauvres
plus touchés
Les enfants scolarisés à domicile
bénéficient-ils d’un bon environne-
ment pour apprendre ? La baisse de
fréquentation des écoles publiques
a-t-elle aggravé la ségrégation
08
par les évolutions du monde, de
l’époque et de l’histoire, la Chine
et l’Iran se soutiennent mutuelle-
ment, affichent leur solidarité et
leur coopération », s’est-il
contenté d’indiquer. Quel-
ques documents de coopéra-
tion dans les domaines de l’agri-
culture, du commerce, du
tourisme et de l’environne-
ment. Mais rien n’est prévu
dans les secteurs clés des
hydrocarbures et des hautes
technologies.
Pékin écartelé entre
politique et économie
« Finaliser les mécanismes opé-
rationnels de l’accord de coopé-
ra tion signé en 2021 » fait
d’ailleurs partie des principaux
objectifs du voyage du chef de
l’Etat iranien et numéro deux
du régime islamiste derrière
l’ayatollah Khamenei. Il s’agit
notamment de trouver un
moyen de se passer des dollars,
auxquels Téhéran n’a pas accès,
pour le commerce bilatéral, via
des paiements en yuan, rial ou
roubles.
Car jusqu’ici, les échanges
entre les deux pays se réalisent
très majoritairement sous
forme de troc, explique Clé-
ment Therme, chercheur asso-
cié à l’institut universitaire
européen de Florence. Ainsi
s’explique la présente du nou-
veau gouverneur de la banque
centrale iranienne dans la délé-
gation.
Il est vrai que Pékin n’est pas
prêt à risquer ses relations éco-
nomiques avec les Etats-Unis,
son premier client et fournis-
seur, pour faire des affaires avec
Téhéran. « L’Iran a besoin de la
Chine, mais l’inverse est beau-
coup moins vrai », résume Clé-
ment Therme. Si la Chine est le
premier client et le deuxième
fournisseur de l’Iran, ce dernier
n’est que le vingt-cinquième
partenaire commercial de la
Chine. Celle-ci n’a investi que
162 millions de dollars en Iran
l’an dernier.
« Téhéran est aux yeux de
Pékin simplement un partenaire
parmi d’autres au Moyen-
Orient, en sus des Emirats arabes
unis, d’Israël ou de l’Arabie saou-
dite, avec lesquels la Chine a de
bonnes relations », ajoute le
chercheur. L’Iran, de son côté
figure, avec la Syrie, parmi les
rares alliés de la Russie, à qui
elle fournit des drones de com-
b a t , d e p u i s l ’ i nv a s i o n d e
l’Ukraine, alors que le régime
chinois reste prudemment
neutre sur ce dossier. Ce qui
rend finalement peu probable
la constitution de l’axe Moscou-
Téhéran-Pékin rêvé par le
Kremlin et les mollahs. n
sociale et ethnique ? Les consé-
quences de ces déscolarisations
méritent d’être étudiées, souligne
l’auteur.
Aucune étude internationale ne
permet à ce jour de comparer ce
phénomène à d’autres pays. La
France serait vraisemblablement
moins concernée car les écoles ont
moins fermé que dans la plupart
des autres pays, y compris les Etats-
Unis (respectivement 12 et 71 semai-
nes, selon l’Unesco), et l’école y est
obligatoire dès trois ans.
Les précédentes études souli-
gnaient surtout les inquiétudes
dans les pays pauvres ou en déve-
loppement : de nombreux garçons
se sont mis à travailler pendant la
crise sanitaire et des jeunes filles
ont été mariées et sont devenues
mères. Ainsi, d’après l’Unicef, en
Ouganda, où les écoles sont restées
fermées deux ans, un enfant sur dix
n’est pas retourné à l’école. n
09 Les Echos Mercredi 15 février 2023 IDÉES

analyses

Pascal Garnier pour « Les Echos »

Parc des princes : le Qatar rêve-t-il
trop grand pour le PSG ?
Le Paris
Saint-Germain
menace de quitter
l’enceinte
dans laquelle il évolue
depuis toujours
si la Ville de Paris
refuse de le lui céder.
La tension monte
entre la ville et le
club, mais cette partie
de poker menteur
pourrait s’avérer
dangereuse.
Yann Duvert
@YannDuvert
Un peu plus de dix ans après son
rachat par Qatar Sports Investment
(QSI), le PSG a changé de dimen-
sion, et rivalise désormais avec les
plus grands d’Europe. Devenu une
marque internationale, son chiffre
d’affaires a bondi pour dépasser les
600 millions d’euros, et à en croire
ses dirigeants, sa valorisation pour-
rait bientôt dépasser les 4 milliards
d’euros. En clair, le club de la capi-
tale a enfin les moyens de ses ambi-
tions. Mais il est visiblement tombé
sur un os, qui l’empêche pour l’ins-
tant de « rêver plus grand ».
Après avoir rationalisé au maxi-
mum ses recettes de billetterie, jus-
qu’à en faire le champion d’Europe
dans ce domaine, le constat est sans
appel : les 48.000 places du Parc des
Princes ne suffisent plus. A l’image
du huitième de finale face au
Bayern Munich mardi, les matchs
se jouent à guichets fermés, et la
place manque pour répondre à la
demande.
Surtout, la volonté des dirigeants
de développer les hospitalités, plus
rentables, se heurte aux parois de ce
bijou architectural imaginé par
Roger Tallibert.
Depuis plusieurs années, un pro-
jet d’agrandissement est dans les
cartons, pour porter sa capacité à
60.000 places. Sur le principe, la
maire de Paris Anne Hidalgo y est
favorable. Seulement voilà : pour
financer les travaux, qu’il évalue à
500 millions d’euros, le PSG sou-
haite devenir propriétaire de
« son » stade. Une option qui, après
avoir fait l’objet de discussions entre
le club et la municipalité, a finale-
ment été écartée par l’édile.
Les raisons de ce refus peuvent
s’expliquer par le prix proposé, jugé
dérisoire par la municipalité :
autour de 40 millions d’euros, pour
un bien qu’il est difficile d’estimer
mais dont la valeur est sans doute
nettement supérieure. Le club justi-
fie cette proposition par les som-
mes colossales qu’il entend investir
pour sa rénovation. Mais c’est plus
certainement l’opposition (proba-
ble) du Conseil de Paris, seul habi-
lité à prendre la décision finale, qui
a fait pencher la balance.
L’attitude d’Anne Hidalgo
agace Doha
Ce revirement de situation a provo-
qué une soudaine montée des ten-
sions, avant et pendant la Coupe du
monde au Qatar, sans doute nour-
rie par la prise de position de la Mai-
rie vis-à-vis de l’évènement. Son
refus d’installer des écrans géants
pour retransmettre la compétition
a particulièrement agacé du côté de
Doha. Au PSG, le discours s’est sou-
dainement radicalisé. Générale-
ment discret dans les médias, son
président Nasser al-Khelaïfi a mul-
tiplié les prises de parole, expli-
quant à l’envi que le club pourrait
quitter le Parc des Princes s’il en
était « chassé ». Avec plusieurs
options, allant d’un déménagement
au Stade de France à la construction
d’un nouveau stade.
Se délocaliser dans le 93 aurait
l’avantage de disposer d’un stade
d’une capacité de 80.000 places.
Mais il faudrait alors transformer
l’enceinte dyonisienne en véritable
« stade de football », engager des
coûteux travaux de rénovation, et
convaincre les supporters, résolu-
ment hostiles à cette éventualité. Se
pose aussi le problème de la sécu-
rité, que l’on a vu défaillante lors de
la dernière finale de Ligue des
champions, et qui engendrera des
coûts supplémentaires. En outre,
l’image de marque du club souffri-
rait de ne plus être associée à la
capitale. Enfin, et alors que la con-
cession actuelle prend fin en 2025,
l’enceinte semble enfin avoir trouvé
son modèle économique sans club
résident – avec les spectacles et les
matchs des équipes de France de
football et de rugby – ce qui pourrait
inciter l’Etat à privilégier le statu
quo.
A Poissy, où le club va bientôt ins-
taller son nouveau centre d’entraî-
nement, la construction d’un nou-
veau stade a également été évoquée.
Sans vraiment convaincre, tant il
paraît compliqué de déplacer des
dizaines de milliers de personnes
via les infrastructures de transport
existantes.
Pas de plan B
pour la mairie
Reste l’hypothèse de l’hippodrome
de Saint-Cloud, qu’il faudrait
détruire et remplacer par un stade
flambant neuf. Les dirigeants se
sont renseignés sur le dossier et
pourraient bénéficier des bonnes
relations entre France Galop, pro-
priétaire des lieux, et le Qatar, parte-
naire du Prix de l’Arc de Triomphe.
Mais là aussi, les problèmes sont
nombreux : outre le coût exorbitant
de l’opération, les probables
recours des associations de rive-
rains pourraient la retarder de plu-
sieurs années. Et aux dernières
nouvelles, France Galop n’est pas
vendeur… Face à ce qui ressemble à
une impasse, le PSG a-t-il agité des
menaces en l’air ? C’est ce que sem-
ble croire la Mairie de Paris, qui
l’appelle à revenir à la table des
négociations. Elle entend faciliter
les travaux d’agrandissement du
Parc des Princes, qui resteraient à la
charge du PSG, tout en lui garantis-
sant un loyer modéré. « Il n’y a pas
de plan B, car le club va rester au Parc
des Princes », a balayé Emmanuel
Grégoire, premier adjoint à la
maire de Paris, lors d’un point
presse le 17 janvier dernier.
Une forme d’assurance qui pour-
rait s’avérer dangereuse à plusieurs
titres. D’abord parce que les pro-
priétaires actuels du PSG disposent
d’une puissance financière incom-
parable, et que leurs choix défient
parfois la logique. S’ils décidaient
effectivement de quitter le Parc des
Princes, la mairie se retrouverait
alors avec un stade sur les bras, sans
club résident, et qu’il faudrait en
plus rénover. Ensuite parce que QSI
pourrait choisir purement et sim-
plement de quitter… le PSG. En
Angleterre, Manchester United et
Liverpool sont à vendre… et sont
propriétaires de leurs stades res-
pectifs. n

La tentation protectionniste : jusqu’où ?

LA CHRONIQUE
DU CERCLE
DES ÉCONOMISTES
de Christian de Boissieu

L a première édition des Ren-

contres économiques de
Washington, à l’initiative du
Cercle des économistes et de l’am-
bassade de France aux Etats-Unis, a
eu lieu fin janvier. L’évolution de la
mondialisation et les défis de la coo-
pération internationale ont été au
cœur des débats. Vers une « dé-
mondialisation » ? s’est-on interro-
gé. Une bonne part du processus de
mondialisation est irréversible
comme le sont les nouvelles tech-
nologies impliquées. Il s’agit plutôt
d’une tendance à la fragmentation
qui touche le commerce mondial,
mais aussi, dans une moindre me-
sure, les flux financiers.
C’est dans ce contexte qu’est lancé
le débat sur l’Inflation Reduction
Act (IRA). Avec ce texte, les Améri-
cains ont déjà provoqué des réac-
tions en chaîne de la part de leurs
principaux partenaires commer-
ciaux. Le signal donné par l’IRA
comporte au moins un aspect posi-
tif : les Américains prennent enfin
au sérieux la lutte contre le change-
ment climatique !
Même si l’Europe n’était pas la
principale cible de cette loi (c’est la
Chine), elle n’en est pas moins direc-
tement affectée par ses conséquen-
ces, à savoir l’attractivité renforcée
du territoire américain. Plusieurs
annonces significatives ont déjà été
faites dans ce sens par des firmes
européennes.
L’Europe, moins naïve que sou-
vent, réagit par une extension des
aides d’Etat. La stratégie est claire :
riposter aux subventions américai-
nes et aux distorsions de concur-
rence associées par des subven-
tions européennes et d’autres
distorsions. Avec en toile de fond un
réel défi : à trop jouer de ces aides,
l’Europe ne va-t-elle pas remettre
en cause son marché unique ? Plu-
sieurs pays membres sont d’ailleurs
fort réticents face à l’extension de
telles aides, car ils y voient des avan-
tages pour les grands pays (Allema-
gne et France tout spécialement).
Il faut repenser le rôle
de l’OMC, aujourd’hui
impuissante face
aux initiatives
protectionnistes.
Le clivage entre petits et grands
pays reste un facteur actif de désu-
nion. La Chine de son côté réagit à
sa façon même si, à court terme, il
lui faut d’abord se préoccuper des
conséquences sanitaires de sa réou-
verture. Le scénario non coopératif
qui prévaut est loin d’être achevé. Et
Adam Posen, le président du Peter-
son Institute à Washington, fait
preuve d’un zeste d’idéalisme lors-
qu’il suggère aux Européens de lan-
cer « une action contre les Etats-Unis
devant l’OMC ». Il serait grand
temps de repenser le fonctionne-
ment et les pouvoirs de l’OMC,
aujourd’hui impuissante face aux
initiatives protectionnistes.
On a souvent tendance à aborder
la question commerciale en focali-
sant sur les Etats-Unis, la Chine et
l’Europe. Pourtant, les pays émer-
gents ou en développement sont di-
rectement exposés aux effets de
l’IRA et aux ripostes des autres
pays. Seule la faiblesse persistante
de la gouvernance mondiale, en
particulier du G20, évite d’aborder
cette question qui fâche… La dé-
marche commerciale américaine,
distinguant les pays-amis («
friendshoring ») et les autres, classe
l’Afrique et nombre d’autres pays
du Sud dans les autres… Or, les pays
du Sud ont déjà encaissé les effets
du resserrement monétaire dans
les pays avancés : fuites de capitaux,
attaques contre les monnaies,
hausses induites des taux d’intérêt,
etc. Les Rencontres de Washington
ont d’ailleurs évoqué un sujet abor-
dé par le Cercle des économistes de-
puis deux ans : la redistribution
d’une part des DTS nouvellement
crées, des pays avancés vers les pays
du Sud. Pour l’instant, l’Afrique at-
tend, la France pousse, le Sénat
américain bloque (il n’est pas le
seul…). Un enjeu essentiel qui va
bien au-delà des aspects financiers,
un résultat encore partiel.
Christian de Boissieu est
professeur émérite à l’université
Paris-I et vice-président
du Cercle des économistes.
IDÉES
analyses
De la ville intelligente
à la ville zéro ?
La communication urbaine est passée, en peu
de temps, de l’exaltation exubérante des technologies
à la valorisation des « zéro déchet » et « zéro carbone ».
LA
CHRONIQUE
de Julien Damon
L
es villes se disent volontiers intelligen-
tes et résilientes, agréables et aimables,
intenses et compactes, durables et at-
tractives, apaisées et augmentées, amènes et
commodes. Tels sont en tout cas les souhaits
des équipes municipales qui annoncent les
projets, des experts qui les baptisent de jolis
termes et des habitants qui voudraient vivre
les choses.
Les spécialistes de la ville et les élus aiment
les épithètes qui claquent et les expressions
qui détonnent. A l’échelle globale, le monde
des métropoles, dont celles de l’Hexagone, a
connu une poussée de fièvre et de faveur pour
la « smart city ». La locution a été habillement
traduite en « ville intelligente ». L’ensemble
ne devait toutefois pas sonner assez bien car
le « smart » est revenu en force pour tout ha-
biller, jusqu’au ridicule.
Durant la décennie pré-Covid, il n’y a pro-
bablement pas eu une semaine sans son col-
loque sur le smart urbain, pas eu une ville
sans son document stratégique relatif à l’ex-
ploitation de ses données (« data » en français
contemporain), pas eu un cabinet de conseil
sans ses experts du smart, pas eu un titre de la
presse sans évoquer la révolution urbaine en
cours.
Le manège enchanté de la donnée
Du passé, le smart faisait table rase. De l’ave-
nir, la ville intelligente traçait les contours ra-
dieux. Ainsi qualifiée et parée de toutes les
vertus, la métropole futée devenait l’alpha et
l’oméga d’une vie quotidienne optimisée et
apaisée, d’une régulation économique effi-
ciente et moderne. Intelligente, élégante et ha-
bile (pour prendre quelques autres traduc-
tions de smart), la zone urbaine apportait un
bonheur nouveau, contenu dans les applica-
tions de nos smartphones et dans les centra-
les de commande informatique qui devaient
prendre le pouvoir sur toute la bureaucratie.
Quelques esprits chagrins disaient craindre le
Big Brother urbain, mais la tendance était au
manège enchanté de la donnée.
LE LIVRE
DU JOUR
Aux racines du manga
LE PROPOS Bien au-delà du Japon,
le manga est devenu un phénomène
si populaire ces dernières années que
certains de ses termes, comme le
fameux « otaku », est presque passé
dans le vocabulaire courant, y
compris en français. Huit ans se sont
écoulés depuis la première édition
d’un lexique franco-japonais consacré
à l’univers de ce genre littéraire
florissant. Entre-temps, le marché a
tellement explosé, et les termes
afférents se sont tellement multipliés,
qu’une réédition de l’ouvrage de
référence s’imposait. Voici qui est fait,
dans l’intérêt des néophytes comme
des fans, des débutants comme des
japonisants à l’aise dans la langue
mais pas forcément dans le
vocabulaire spécifique du manga.
Deux cents pages très vivantes et
joliment illustrées pour faire la
différence entre le « dokusha »
(le lecteur ordinaire), « l’otaku »
(le passionné) et le « manga yomi »
(le véritable dévoreur).
L’INTÉRÊT A travers les mots et
expressions, le lecteur s’initie à
l’univers économique et la culture du
manga, par exemple en découvrant
Le Covid, entre autres phénomènes, a ba-
layé l’intelligence de la ville et le smart de tous
les propos de bistrots savants. Ce smart qui
faisait tendance il y a seulement quelques an-
nées semble bien désuet désormais.
Il serait stupide de dire que rien ne s’est véri-
tablement transformé. Des mutations ont été
enclenchées. Nos smartphones (dont person-
ne ne dit pompeusement qu’ils sont des télé-
phones intelligents) continuent à modifier nos
existences urbaines. En disposer il y a quinze
ans était un signe de richesse. Ne pas en avoir
aujourd’hui est un signe de pauvreté. Sommes-
nous pour autant plus intelligents ? A voir.
Ce smart qui faisait
tendance il y a seulement
quelques années
semble bien désuet.
C’est le « zéro » qui compte
désormais, le « zéro
artificialisation nette »
(ZAN) donnant le « la ».
La ville intelligente a décliné dans les textes,
tandis que ce qu’elle cherchait à désigner s’est
étendu. Les nouveaux mots de la ville post-
Covid, dans une période de relatif désamour
métropolitain, ne s’accolent plus au smart.
C’est le zéro qui compte. En matière d’aména-
gement et d’urbanisme, les objectifs et les si-
gles pullulent. Le « zéro artificialisation nette »
(ZAN) donne le « la ». Les villes veulent, décar-
bonation oblige, atteindre des ambitions de
zéro émission nette. Plus qu’intelligentes, elles
se veulent zéro déchet et zéro carbone. Dans
une forme extrême, la préoccupation écologi-
que conduit à la croissance zéro.
Si le monde urbain ne bascule pas explicite-
ment de la ville intelligente à la ville zéro, ce
sont bien les visées de réduction qui préva-
lent. Et ces objectifs de tempérance peuvent
être enthousiasmants. Il faut simplement
souhaiter qu’ils ne soient pas un unique effet
de mode. Conjuguer efficacité et sobriété
constitue certainement une belle ambition
urbaine. Sans grandiloquence inutile.
Julien Damon est sociologue,
enseignant à Sciences Po et à HEC.
l’activité quotidienne du « mangaka »
(l’auteur) depuis ses sources
d’inspiration jusqu’à la production, la
commercialisation et la promotion de
son œuvre. Cette profession exigeante,
longtemps décriée, est désormais si
reconnue que les enfants japonais la
citent volontiers comme futur métier
de prédilection. L’ouvrage se révèle
très instructif sur les mutations du
genre. Depuis la pandémie, 60 % des
ventes se font en ligne, poussant les
« shoten » (librairies traditionnelles)
à revoir leurs manières d’exposer et
de conseiller le lecteur pour survivre.
—Isabelle Lesniak
« Le Japonais du manga »,
de Shima Kadokura et Misato
Raillard. Editions Assimil, 2e édition,
208 pages 14,90 euros.
Pour l’Amérique, la Chine
redevient l’ennemi numéro un
Même si la guerre d’Ukraine continue, le ballon « espion » chinois
a fait revenir au premier plan la seule rivalité qui soit existentielle pour
les Américains : celle qui les oppose à Pékin. Car la Chine est de retour.
LA
CHRONIQUE
de Sylvie
Bermann
U
n ballon vole dans la strato-
sphère et l’Amérique est en
émoi. La Chine, qui était plus ou
moins sortie des radars du fait de la
guerre en Ukraine, du confinement
rigoureux de la politique « zéro Covid »
et du marasme économique consécutif,
revient sur le devant de la scène. La dra-
maturgie des tirs d’avions de chasse
américains contre des objets volants
non identifiés en quelques jours oblige
même la porte-parole de la Maison-
Blanche à déclarer officiellement qu’il
ne s’agit pas d’extraterrestres…
Un ballon espion chinois, peut-être,
mais la réalité est que tout le monde – du
moins ceux qui en ont les moyens –
espionne tout le monde. Tout le temps.
La seule loi du genre est de ne pas se faire
prendre. Les grandes oreilles américai-
nes couvrent la planète et visent même
les alliés, France et Allemagne compri-
ses, qui oublient vite et se contentent de
vagues excuses.
Le ballon,
objet de politique intérieure
L’affaire Snowden avait défrayé la chro-
nique en 2013. Cet informaticien de la
NSA avait coupé l’herbe sous le pied des
Américains, qui s’apprêtaient à dévoiler
un centre d’espionnage chinois à Shan-
ghai, en révélant l’ampleur de l’espion-
nage américain. Les Etats-Unis ont
décidé de relancer leur programme de
ballons espions, car ces derniers ont
l’avantage de rester stationnaires plus
longtemps que les satellites au-dessus
d’une cible et de capter des télécommu-
nications. Il n’y a, au demeurant, pas de
réglementation proscrivant le recours à
des ballons espions dans la stratosphère
au-delà de 20 kilomètres d’altitude, en
surplomb des couloirs aériens qu’ils ne
menacent pas. On apprend d’ailleurs
que des ballons avaient déjà survolé les
Etats-Unis du temps de Donald Trump…
Mercredi 15 février 2023 Les Echos
Ce ballon ne faisait courir aucun dan-
ger militaire aux Etats-Unis comme Joe
Biden l’a reconnu, mais il est devenu un
objet de politique intérieure et, depuis
que Donald Trump a ciblé la Chine
comme ennemi numéro un durant sa
campagne électorale, et accusé Joe
Biden de faiblesse vis-à-vis de Pékin, le
jeu consiste à savoir qui du Parti démo-
crate ou républicain est le plus « anti-
chinois ». Le nouveau président répu-
blicain de la Chambre, Kevin McCarthy,
entend suivre les traces de Nancy Pelosi
à Taïwan : son voyage fortement média-
tisé avait fourni aux autorités chinoises
le prétexte d’un exercice militaire gran-
deur nature en direction de l’île.
Quel que soit le degré
de sincérité de ses
statistiques, la Chine
est sortie du Covid
avec moins de décès
que les Etats-Unis (plus
d’un million de morts).
L’attention se porte aussi davantage
sur le rebond de la croissance chinoise,
évaluée par les prévisions du FMI à
5,3 % en 2023. A chaque crise majeure
depuis les débuts de sa prodigieuse
modernisation, les Cassandre expli-
quent pourquoi la Chine est finie. Les
difficultés structurelles sont certes
nombreuses : vieillissement de la popu-
lation, inégalités sociales, disparités
régionales, crise immobilière, contrôle
envahissant du Parti communiste qui
pénalise les entrepreneurs privés et le
secteur de la tech, ce dernier étant
d’ailleurs le plus affecté à cause du blo-
cus technologique américain.
Ces problèmes ne sont pas insur-
montables. Même les pénuries de
main-d’œuvre peuvent être compen-
sées à l’avenir par la robotisation et
l’intelligence artificielle. La sortie du
« zéro Covid » n’a pas été la catastrophe
annoncée. La contamination par Omi-
cron a certes été fulgurante car, contrai-
rement à son habitude, la Chine n’a pas
procédé de façon progressive. Ce choix
drastique n’a pu être critiqué en Chine
10
Récupération du ballon de surveillance chinois au large de Myrtle Beach, en Caroline du Sud, le 5 février. Photo US Navy via Sipa USA/Sipa
dès lors qu’il répondait aux aspirations
exprimées par les manifestants chinois.
Il a en outre permis de couper court aux
critiques visant directement Xi Jinping
et le Parti communiste.
Temps fort, la célébration des fêtes du
Nouvel An, qui voit la transhumance de
centaines de millions de Chinois et un
regain de consommation, a pu se
dérouler normalement. Des entrepre-
neurs français en Chine ont constaté
que si 90 % de leur personnel était
tombé malade dès les premiers jours,
90 % ont pu revenir guéris deux semai-
nes plus tard. Et, quel que soit le degré
de sincérité des statistiques chinoises, le
nombre des décès n’a pas l’ampleur
atteinte aux Etats-Unis, avec plus d’un
million de morts.
La guerre d’Ukraine,
une « distraction »
Les Chinois sortent de nouveau de leurs
frontières et reprennent les échanges
diplomatiques au plus haut niveau
pour renforcer le cercle de leurs parte-
naires. La rencontre en décembre der-
nier à Riyad avec le prince héritier
d’Arabie saoudite et l’organisation du
premier sommet avec les pays du Golfe
a marqué les esprits, de même que la
visite à Pékin du président iranien
Raïssi. Un déplacement à Moscou sera
préparé prochainement par Wang Yi,
principal responsable du Parti chargé
de la politique étrangère.
La reprise des tensions dit plus que
jamais que, pour les Etats-Unis, la
guerre en Ukraine est une distraction
au sens pascalien du terme et que la
confrontation existentielle est bien celle
qui les oppose à la Chine. Le sinologue
Kevin Rudd, ancien Premier ministre
australien, vient de publier un livre inti-
tulé « The Avoidable War ». La guerre
est évitable, certes… Encore faudrait-il
reprendre la diplomatie et les échanges
humains gelés pendant le Covid. On
peut être en rivalité et néanmoins se
parler dans un souci de « déconflic-
tion ». Aucun des deux pays n’aurait à
gagner à un conflit. L’Europe non plus.
Sylvie Bermann est ancienne
ambassadrice à Pékin, Londres
et Moscou.
 11 Les Echos Mercredi 15 février 2023
Publiez vos contributions
sur le Cercle des Echos :
lesechos.fr/idees-debats/cercle
LE POINT
DE VUE
de Bruno Bensasson
L ’électricité est singulière : bien de
première nécessité, présente
partout, visible nulle part, sou-
mise à des variations de l’offre et la de-
mande, impossible à substituer, difficile
à stocker, pas si facile à transporter.
Ajoutez que les Etats membres de l’UE
ont voulu conserver la maîtrise et donc
la diversité de leur mix énergétique :
c’est une difficulté pour commercer se-
lon les uns, une raison de le faire pour
les autres. Dans ce contexte, concevoir
un marché électrique efficace relève du
casse-tête. Economistes et industriels
en débattent depuis des décennies.
En 1946, deux étudiants qui rêvaient
d’aller dans une université américaine
durent partager une bourse. Le tirage
au sort désigna Gérard Debreu, qui re-
çut en 1983 le prix d’économie en hom-
mage à Alfred Nobel pour ses travaux
sur les marchés complets. L’autre s’ap-
pelait Marcel Boiteux, il rejoignit EDF,
fonda le service des études économi-
ques générales et conçut la tarification
au coût marginal de l’électricité, avant
d’en devenir l’emblématique directeur
général puis le président. Les théories
de nos anciens pourraient bien receler
les réponses à nos questions actuelles.
Aujourd’hui, entreprises et ménages
aspirent naturellement à des prix con-
tenus, nationaux et stables, alors que la
réalité physique du système s’avère con-
tinentale et volatile. Continentale, parce
que depuis trente ans, nous avons cons-
truit un marché européen, développé
des lignes de transport et places de mar-
ché pour échanger l’électricité. Si bien
LE POINT
DE VUE
de Sébastien Cochard
A
lors que les années 2000 ont été
marquées par un krach sou-
vent qualifié de « rampant », le
risque de la période actuelle se concen-
tre sur le non coté. Si le Nasdaq a perdu
près de 30 % depuis le début 2022, la va-
lorisation des sociétés détenues par des
fonds de capital-investissement a aug-
menté de plus de 3 % au cours des douze
derniers mois. Le capital-investisse-
ment a même battu son propre record
en 2021, dépassant la barre des
1.100 milliards investis. Conséquence :
un énorme fossé, en valeur et en volu-
me, s’est creusé entre les sociétés tech-
nologiques cotées en Bourse et leurs ho-
mologues non cotées. Ce qui laisse les
capitaux-risqueurs résolument opti-
mistes en dépit du contexte…
Toutefois, la tendance pourrait s’in-
verser en 2023. La possibilité d’une ex-
plosion de la bulle du non coté est réelle,
car tous les ingrédients sont en train
d’être réunis. Outre la hausse des taux,
on observe une survalorisation des en-
treprises, une croissance déconnectée
du business plan, un début de restric-
tion des liquidités, la montée d’une cer-
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
taine frilosité chez les investisseurs sur
fond de contexte économique inédit pa-
tiné d’inflation et de crise énergétique.
De surcroît, le temps des beaux dis-
cours est en train de s’achever, avec des
interrogations autour d’annonces de ré-
sultats en baisse par plusieurs cham-
pions de la tech ou encore le moindre
nombre de nouvelles licornes. La situa-
tion est néanmoins différente de celle
Marché de l’électricité :
retrouver le temps long
qu’aux congestions près, les prix natio-
naux convergent comme pour tout pro-
duit transportable – blé, acier ou pétro-
le. Volatile, car non seulement la
demande varie avec la conjoncture éco-
nomique et météorologique, mais l’of-
fre aussi, au gré des aléas géopolitiques,
industriels et climatiques. 2022 en fit
une parfaite démonstration.
Les fournisseurs
devraient proposer des
offres associant stabilité
à long terme et efficacité
à court terme.
Comment améliorer les choses ? Cer-
tainement pas en refermant la France
sur elle-même, car elle n’est pas une île.
Pas non plus en niant l’intérêt économi-
que d’un marché de gros de court ter-
me, qui envoie des signaux pertinents
pour optimiser les choix de production
et de consommation, selon une appro-
che marginaliste. Mais d’abord en dis-
tinguant les choses : le marché de gros,
où échangent producteurs, fournis-
seurs et traders, n’est pas le marché de
détail, qui sert les clients finaux. Ensui-
te, en reconnaissant les failles d’une
doctrine qui a pensé que les marchés
devaient se limiter au court terme, con-
tre la théorie économique des marchés
concurrentiels elle-même.
L’électricité est en effet un secteur du
temps long. Il faut de la visibilité. C’est le
Comment prévenir
l’implosion silencieuse
des start-up non cotées
de 2000-2002. Cette période était mar-
quée par une tendance spéculative
nourrie de fascination pour la « nouvel-
le économie ». On parlait de 4e révolu-
tion industrielle. L’argent coulait à flots,
dopé par un excédent d’épargne finan-
cière et des taux bas ; quant aux investis-
seurs, tétanisés l’idée de manquer une
occasion, ils oubliaient l’analyse des
fondamentaux lors des phases prélimi-
naires. Les valorisations se sont alors
envolées et l’indice Nasdaq a culminé à
plus de 5.000 points (soit une multipli-
cation par cinq de 1995 à 2000).
L’inaction peut entraîner
des faillites en cascade.
Le revirement a eu lieu quand la Fed
a remonté subitement ses taux d’intérêt
à long terme, et que les marchés ont pris
conscience des dérives en termes de va-
lorisation. Le 10 mars 2000, le Nasdaq
avait atteint son plus haut à 5.048
p oints. S eize mois plus tard, en
juillet 2002, l’indice avait perdu 74 % à
1.328 points ! L’éclatement de la bulle en
mars 2000 et le krach du Nasdaq
s’étaient étendus à l’ensemble des Bour-
ses en provoquant une récession écono-
mique généralisée.
Ce qui s’est passé au début des an-
nées 2000 est une goutte d’eau par rap-
port à la situation de 2023. L’ensemble
des profits réalisés entre 1995 et 2000
par les quelque 4.000 sociétés du Nas-
daq a été littéralement effacé par le
but des contrats de long terme (dits PPA)
que de convenir d’un prix déterminé à
dix, quinze ou vingt ans. Apparus
d’abord aux Etats-Unis, ils sont en plein
essor en France. La raison est simple : de-
vant des prix de court terme élevés et vo-
latils, sécuriser son approvisionnement
sur plusieurs années devient intéres-
sant. Signés à l’origine avec les seuls pou-
voirs publics, au terme d’appels d’offres
instruits par la Commission de régula-
tion de l’énergie (CRE), ils sont de plus en
plus signés avec des fournisseurs ou des
consommateurs privés. S’ils concernent
l’éolien et le solaire, ils pourraient s’éten-
dre à d’autres sources d’énergie.
Le prix de ces contrats révèle la va-
leur de l’électricité à long terme à un en-
droit donné, qui a de bonnes raisons de
converger vers le coût complet de pro-
duction, taxes comprises. En les combi-
nant avec des contrats de plus court ter-
me, les fournisseurs devraient pouvoir
proposer aux clients des offres asso-
ciant stabilité d’un signal de long terme,
pour une bonne part de la consomma-
tion, et efficacité d’un signal de court
terme (l’heure, le jour où le mois à ve-
nir), pour ce qui reste d’incertitudes du
système. Le prix du gaz naturel jouerait
à la marge, juste le nécessaire. Avec un
peu d’imagination et des outils finan-
ciers, on devrait même pouvoir les
ouvrir à la maille européenne. Le bébé
dans un bain renouvelé.
Bruno Bensasson est membre
du comité exécutif d’EDF chargé
du pôle énergies renouvelables
krach – 150 milliards de dollars en fu-
mée. En 2021, les fonds ont investi
284 milliards d’euros dans des sociétés
technologiques, soit presque deux fois
plus en un an que de profits boursiers
cumulés en cinq ans sur le Nasdaq… Un
véritable changement d’échelle. Une
prudence relative s’installe du côté des
fonds depuis début 2022 : ils regardent
de plus près les fondamentaux des can-
didats (adéquation produit-marché,
seuil de rentabilité, évolution du CA,
cash burn, expériences des fondateurs
et des équipes dans le secteur…).
Autre point sensible : le manque d’ex-
périence des dirigeants de start-up
créées dans les années 2020. C’est bien
souvent leur première création et, con-
trairement à leurs homologues des an-
nées 2000, ils n’ont pas d’expérience
dans le secteur. La clé pour ces start-up
est l’anticipation. Il appartient aux fonds
d’investissement et aux dirigeants des
entreprises de travailler sur des plans de
restructuration et de retournement
pragmatiques. L’aide d’entrepreneurs
expérimentés et aguerris pourrait s’avé-
rer utile dans cette étape cruciale.
Il est donc urgent d’agir et de regar-
der l’avenir avec lucidité. Sinon, comme
en 2000, l’inaction peut entraîner des
faillites en cascade, des destructions
d’emplois et des pertes abyssales pour
de nombreux investisseurs, et à une
tout autre échelle qu’en 2001.
Sébastien Cochard est operating
partner chez I&S Adviser.
La nature
est plus forte que nous
LIBRE
PROPOS
par Gaspard Koenig
Q
uelques mois après le tremblement
de terre de Lisbonne de novem-
bre 1755, qui anéantit la quasi-tota-
lité de la capitale portugaise, Voltaire publia
un long poème, méditant sur les consé-
quences métaphysiques de ce désastre ab-
solu. « Lisbonne est abîmée, et l’on danse à Pa-
ris », ironise-t-il en ouverture. Aujourd’hui,
la Turquie est dévastée, et l’on manifeste à
Paris. Un événement de cette ampleur, dont
l’onde sismique a été ressentie dans le mon-
de entier, mériterait pourtant davantage
que le sinistre décompte quotidien des victi-
mes (plus de 35.000 aux dernières nouvel-
les). Le destin de l’Anatolie, berceau de nos
langues indo-européennes, carrefour des
cultures où se succédèrent Hittites, Ro-
mains et musulmans, est aussi le nôtre.
Voltaire décrit un spectacle semblable à
celui que les réseaux sociaux nous ren-
voient aujourd’hui : « Ces femmes, ces en-
fants, l’un sur l’autre entassés sous ces mar-
bres rompus, ces membres dispersés ; cent
mille infortunés que la terre dévore, qui san-
glants, déchirés, et palpitants encore, enterrés
sous leurs toits, terminent sans secours dans
l’horreur des tourments leurs lamentables
jours. » Près de trois siècles plus tard, le bé-
ton a remplacé les marbres, mais l’humani-
té semble toujours aussi démunie face aux
forces telluriques. Nous vaquons sur la ter-
re comme sur un radeau de fortune, tou-
jours sous la menace d’une lame de fond.
Pièges de la post-rationalisation
Ce constat d’impuissance est adressé par
Voltaire aux optimistes, leibniziens et
autres crédules de la nécessité divine, à tous
ceux qui justifient l’ordonnancement du
monde par la sagesse d’un Dieu créateur.
« Vous criez tout est bien, d’une voix lamenta-
ble : l’univers vous dément, et votre propre
cœur, cent fois de votre esprit a réfuté l’er-
reur. » Contre les pièges de la post-rationali-
sation, Voltaire nous conseille de laisser li-
bre cours à notre légitime détresse. Il ne faut
pas avoir honte de trouver parfois l’existen-
ce humaine douloureuse, injuste, absurde.
Aujourd’hui, le mythe du progrès perpé-
tuel s’est substitué à celui de l’omniscience
absolue. Dans le rôle des optimistes senten-
cieux, les techno-béats ont remplacé les
théo-béats. Ils nous répètent que tout ira
bien, qu’ils s’apprêtent à sauver le monde. Ils
IDÉES
opinions
Yasin Akgul/AFP
prétendent éliminer la mort ou arraisonner
la nature, comme dans le projet babélien de
Neom, cette ville de verre haute de 500 m et
longue de 170 km de long, en plein désert
saoudien. Pour corriger leurs propres ex-
cès, ils imaginent pire encore, des fantas-
mes de géo-ingénierie aux conséquences
imprévisibles. Jusqu’à ce qu’un tremble-
ment de terre, une comète ou l’extinction
massive des espèces vivantes leur rappel-
lent ce que nous sommes : « Un faible com-
posé de nerfs et d’ossements » qui devrait ap-
prendre à vivre avec le cosmos plutôt que de
vouloir le maîtriser.
Un double respect de la nature
La catastrophe actuelle nous offre une
deuxième leçon, plus politique. Dans les
premiers jours, l’Etat central a disparu. Que
s’est-il passé ? Les survivants se sont-ils en-
tretués, comme dans les films de catastro-
phe américains ? Tout le contraire. On ne
cesse de lire des témoignages d’efforts héroï-
ques et de dévouements hors du commun.
Des voisins qui creusent à main nue, des
sauveteurs qui travaillent jusqu’à l’épuise-
ment, des villes plongées dans le silence
pour entendre les appels des rescapés. Dans
une récente tribune au « Financial Times »,
la romancière turque Elif Shafak explique
que, face à la faillite des autorités, la société
civile s’est organisée elle-même, notam-
ment à travers des ONG comme Akut ou
Ahbap. Des équipes de sauvetage affluent
du monde entier. Elif Shafak s’émeut de cette
« immense vague de solidarité et d’empathie ».
Ces phénomènes de coopération sponta-
née ne devraient pas surprendre les lec-
teurs du livre de Rebecca Solnit, « A Paradi-
se Built in Hell ». L’anthropologue passe en
revue des catastrophes naturelles de gran-
de ampleur, comme les tremblements de
terre de San Francisco et de Mexico, l’explo-
sion de Halifax ou les inondations de la
Nouvelle-Orléans. Elle montre comment se
forment, au milieu du chaos, des commu-
nautés soudées qui transcendent l’indivi-
dualisme des sociétés modernes. L’être hu-
main retrouve alors sa peau d’animal social,
par-delà les hiérarchies et les institutions.
Comme une fissure dans notre mode de
gouvernance trop bureaucratique, un es-
poir né du désespoir.
Le tremblement de terre d’Anatolie nous
intime un double respect de la nature : natu-
re autour de nous, plus forte que nos cons-
tructions de béton ; nature humaine en
nous, plus aimable que nos constructions
d’Etat-nation. Comme le recommandait
Voltaire après Lisbonne, il est temps d’écou-
ter « la voix de la nature ».
Gaspard Koenig est philosophe
et essayiste.
 IDÉES
cinéma
DRAME // Le furieux cinéaste russe dresse le portrait d’Antonina Milioukova, l’épouse malheureuse
du compositeur Piotr Tchaïkovski. Malgré ses excès, ce film fiévreux est une nouvelle réussite.
La folle partition de Serebrennikov
Odin Biron et Alyona Mikhailova incarnent Tchaïkovski et son épouse Antonina, aveuglée par sa passion amoureuse déraisonnable. Photo Bac Films
Olivier De Bruyn
@OlivierBruyn
S
a double carrière de metteur en
scène au théâtre et au cinéma
suscite le vertige et sa frénésie
créatrice ne semble devoir connaître
aucun répit. On découvrira ainsi pro-
chainement sur les écrans « Limonov »,
sa libre adaptation du livre d’Emmanuel
Carrère consacré au sulfureux écrivain
et homme politique russe Edouard
Limonov. Et l’été prochain, il entamera
le tournage d’une autre adaptation qui
promet beaucoup, celle de « La Dispari-
tion de Josef Mengele », le roman d’Oli-
vier Guez. En attendant ces deux
échéances, l’infatigable Kirill Serebren-
nikov, opposant farouche au régime de
Vladimir Poutine et désormais installé à
Berlin, investit les salles de cinéma avec
« La Femme de Tchaïkovski ».
Dans ce nouveau film, présenté en
mai dernier en compétition au Festival
de Cannes, le metteur en scène du
Comme un cauchemar éveillé
Dans son premier film,
Steve Achiepo met en scène
les activités sinistres
des marchands de sommeil
et leurs conséquences dramati-
ques. Un thriller social intense.
Il souhaitait se tenir à l’écart des activi-
tés délictueuses, mais sa rechute est
sévère… Djo, un ancien taulard, vit avec
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
les modestes moyens du bord dans un
petit appartement de banlieue pari-
sienne occupé par sa mère et par plu-
sieurs membres de sa famille. En ces
lieux surpeuplés où il héberge sa fille en
bas âge une semaine sur deux, Djo voit
un jour débarquer l’une de ses tantes et
ses deux enfants qui viennent de fuir la
Côte d’Ivoire. Il se démène pour trouver
d’urgence un logement d’accueil pour
magistral « Leto » (sur FILM RUSSE time d’une relation toxi-
l’agitation rock dans la La Femme que, sombre peu à peu
de Tchaïkovski
Russie communiste dans la folie.
des années 1980) s’inté- de Kirill Serebrennikov. Pour raconter cette
resse à une sommité Avec Odin Lund Biron, histoire d’attachement
culturelle de la Russie Alyona Mikhailova. 2 h 23. névrotique et de servi-
du XIX e siècle : Piotr tude volontaire qui fait
Ilitch Tchaïkovski. Le compositeur, plus d’une fois penser à l’univers mal-
reconnu et célébré par ses contempo- sain de Rainer Werner Fassbinder, Kirill
rains, est affligé par des dettes et vit avec Serebrennikov, fidèle à lui-même, refuse
une obsession : dissimuler aux yeux de toute forme de classicisme et met en
la bonne société son homosexualité et scène une fiction inclassable de 2 h 23
son existence dissolue. où les visions intérieures et les cauche-
Pour donner le change, le musicien mars des personnages s’incarnent sur
bouscule son tempérament associable l’écran et troublent en permanence la
et décide de se marier par intérêt avec chronologie et le réalisme du récit.
Antonina Milioukova, une jeune fille
qui ne jurait jusqu’alors que par la reli- Lyrisme halluciné
gion et qui promet à Tchaïkovski une Au gré de plans séquences impression-
dot non négligeable. Ignorée par son nants qui rendent compte des névroses
époux, l’héroïne, aveuglée par sa pas- qui hantent et épuisent ses protagonis-
sion amoureuse déraisonnable, accepte tes, Serebrennikov filme (entre autres)
toutes les humiliations, refuse de recon- un mort qui abandonne son linceul
naître la cruelle réalité (le mépris, voire pour insulter sa veuve, des anges grima-
la haine, que lui voue son mari) et, vic- çants qui prennent la pose pour une
ces réfugiés et parvient FILM FRANÇAIS Les scènes d’intro-
péniblement à ses fins Le Marchand de sable duction de « Marchand
en dénichant un local de Steve Achiepo. de sable », dans l’appar-
improbable qui sert Avec Moussa Mansaly, tement bruyant de la
bientôt d’abri à d’autres Aïssa Maïga, Ophélie Bau. mère de Djo, peuvent
migrants et déshérités. 1 h 46. laisser penser que le
film va arpenter les ter-
Haletant ritoires de la chronique intimiste. Il n’en
Sans vraiment s’en apercevoir, ce est rien. Dans ce premier film déran-
« héros » si discutable, qui travaillait geant, le néophyte Steve Achiepo privi-
jusqu’alors comme livreur, trouve un légie la voie du thriller social pour
nouvel « emploi » : manipulé par de décrire les faits et gestes d’un antihéros
redoutables mafieux, il devient mar- ordinaire (remarquablement incarné
chand de sommeil. Ses magouilles par Moussa Mansaly) et pour radiogra-
s’enchaînent à un rythme de plus en phier le fonctionnement des réseaux
plus régulier, ses rémunérations aug- criminels qui exploitent les miséreux.
mentent et Djo se retrouve bientôt pris Avec son protagoniste naïf, une ma-
au piège d’un terrifiant engrenage qui rionnette idéale dans les mains des
l’entraînera peut-être à commettre et à mentors de l’économie parallèle (dont
endurer le pire. l’inquiétant Yvan, campé par Benoît
Suivez toute l’actualité photo
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séance photo dérisoire, des mâles dénu-
dés et concupiscents prêts à toutes les
orgies, des mendiants victimes du cho-
léra qui jurent avoir rencontré l’esprit
divin. On en passe. Comme dans « La
Fièvre de Petrov », sa fiction précédente
sur un personnage quasi dément errant
dans une Russie en déliquescence, le
cinéaste semble parfois enivré par sa
propre virtuosité, au risque de perdre
de vue les enjeux de son récit et de s’abî-
mer dans la performance. Avec ses
audaces formelles et son lyrisme hallu-
ciné, ce film envoûtant n’en demeure
pas moins une œuvre rare dont on ne
peut qu’admirer la poésie indomptable.
Kirill Serebrennikov, tout comme le
regretté Fassbinder, tourne beaucoup,
tourne vite, tourne trop, peut-être, et
s’égare parfois dans d’inutiles suren-
chères. Mais son inspiration et son
regard si singuliers bousculent les aca-
démismes qui sclérosent tant de films.
Ce biopic qui n’en est pas vraiment un le
démontre encore avec éloquence. n
Magimel), Steve Achiepo entraîne le
spectateur dans un récit haletant et tire
le meilleur parti de décors urbains
interlopes où croupissent les victimes
de ces marchands de sommeil qui ne
reculent devant aucune ignominie.
Influencé par une tradition féconde
du film noir américain et par les fictions
de Jacques Audiard (en premier lieu
« De battre mon cœur s’est arrêté »),
Steve Achiepo, malgré d’inutiles sur-
enchères dans la dernière partie du
film, entremêle habilement efficacité
du cinéma de genre et description
implacable de réalités sociales acca-
blantes. Ce « Marchand de sable », qui
ne suscite aucun assoupissement,
révèle un nouveau venu prometteur
dans la production française.
— O. D. B.
Mercredi 15 février 2023 Les Echos 12
Fusée faite main
LA
CHRONIQUE
d’Adrien Gombeaud
J ’arrive. » Ainsi, sur cette réplique lapidaire
s’achève « L’Astronaute ». Comédien depuis
une vingtaine d’années, Nicolas Giraud est
discrètement passé derrière la caméra en 2018 avec
le drame « Du soleil dans mes yeux ». Plus
ambitieux, son second long-métrage sera sans doute
aussi plus remarqué, tant il s’écarte des balises
habituelles du cinéma français.
Jim Desforges, la quarantaine mélancolique, mène
une brillante carrière d’ingénieur chez
ArianeGroup. Cependant, sa réussite cache mal une
immense frustration : toute sa vie, il a rêvé de
voyager dans l’espace et de voir la Terre depuis les
étoiles. Des années après, déçu de ne pas avoir été
l’un des rares élus de l’Agence spatiale européenne, il
décide de fabriquer sa propre fusée pour réaliser le
premier vol spatial amateur de l’histoire. Entouré
d’un copain et de sa grand-mère, il parvient à rallier à
son ambition Alexandre Ribbot, un astronaute
solitaire à la retraite ainsi qu’une jeune
mathématicienne un peu fantasque. Petit à petit,
dans la plus complète clandestinité, ce projet fou
prend forme et la date du lancement approche.
Nicolas Giraud aurait pu faire de Jim Desforges l’un
de ces nombreux grands illuminés mégalos du
cinéma. La poésie de « L’Astronaute » est ailleurs :
Giraud interprète lui-même son héros et le prend
tout à fait au sérieux. Avec lui on se met à douter : est-
il vraiment inenvisageable de construire une fusée,
comme on construit une cabane ou un bateau ? Et si
la volonté ne connaissait aucune frontière ? Ce rêve
d’étoiles contient bien sûr sa part d’autoportrait et
l’on devine dans cette fusée bricolée une métaphore
du film lui-même. Il est à ce titre remarquable que
Giraud ait confié le rôle de Ribbot à Mathieu
Kassovitz, un autre cinéaste-acteur. Néanmoins,
chacun lira dans le destin de Jim Desforges le reflet
de ses propres envies refoulées, le souvenir de
renoncements devenus des regrets au fil des ans.
Malheureusement, ce curieux scénario s’encombre
de trop de digressions sentimentales pour
convaincre pleinement. C’est dans l’action, dans
cette façon d’expliquer très rationnellement
comment assembler une fusée et la faire décoller,
que « L’Astronaute » trouve son originalité.
Voilà pourquoi, avec ses décors de cour de ferme et
sa lumière glaciale, le film refuse la carte du
merveilleux. Ainsi offre-t-il une réponse au genre
fantastique qui domine les écrans. Quand le cinéma
s’entête à inventer des mondes parallèles en images
digitales plaquées sur fond vert, Nicolas Giraud nous
rappelle que la science-fiction peut se construire
autrement, et que l’impossible se combat aussi à la
clé à molette et au fer à souder.
« L’Astronaute », de Nicolas Giraud. Avec Nicolas
Giraud, Mathieu Kassovitz, Ayumi Roux. 1 h 50.
En bref
FILM AMÉRICAIN
Ant-Man et la Guêpe :
Quantumania
de Peyton Reed.
Avec Paul Rudd, Michael
Douglas, Michelle Pfeiffer.
2 h 05.
Ant-Man (l’homme-fourmi) est un second couteau
du panthéon Marvel. C’est justement sa discrétion
qui le rend sympathique dans ce monde de gros mus-
cles et d’exploits tonitruants. « Quantumania », le
troisième film qui le met en scène, installe dans ses
premières minutes une petite musique sympathi-
que. Dans les décors d’un San Francisco fantasmé, la
fourmi prend la grosse tête. Le projet va hélas vite
déraper comme un diamant sur un disque rayé…
Propulsés dans un univers parallèle sans intérêt, Ant-
Man et sa famille luttent contre le grand méchant
Kang, dont on ne comprend rien des ambitions. Tout
au long de leur aventure, les héros martèlent la sem-
piternelle formule du cinéma américain : « Rentrons
à la maison. » De l’autre côté de l’écran, on les com-
prend. On pourra néanmoins faire un détour par le
Forum des Images à Paris qui, sur le thème des
« mondes parallèles » et autour des travaux de Pierre
Bayard, propose actuellement une rétrospective de
films autrement plus étranges et stimulants. —A. G.
13 Les Echos Mercredi 15 février 2023
enquête
En septembre dernier, les dégats de l’invasion russe étaient estimés à 326 milliards de dollars. Photo NurPhoto via AFP
Guillaume Ptak
@guillaume_ptak
— Correspondant en Ukraine
A près presque un an de guerre, la
facture ne cesse de s’alourdir pour
l’Ukraine : en septembre dernier, le
Premier ministre ukrainien, Denys
Chmyhal, estimait que l’invasion russe avait
causé 326 milliards de dollars de dégâts. La
situation s’est aggravée avec la destruction
de villes entières comme Bakhmout, et le
bombardement systématique des infras-
tructures énergétiques du pays. Pour finan-
cer la reconstruction à venir, le gouverne-
ment ukrainien s’emploie à identifier et à
saisir les actifs russes, en Ukraine et à
l’étranger, et ceux qui appartiennent aux
personnes ayant collaboré avec l’occupant.
Des sanctions et « mesures restrictives »
ont été instaurées à l’encontre de 2.507 per-
sonnes physiques et 1.374 personnes mora-
les, pour la plupart citoyens ou entités juri-
diques russes. « Sachant que cette guerre ne
sera pas de courte durée, attendre son achève-
ment et la conclusion d’hypothétiques procès
internationaux pour traduire la Russie, en
tant qu’Etat, en justice, n’est pas une option,
raisonne l’avocat Julian Khorunzhyi, asso-
cié au sein du cabinet ukrainien Ario Law
Firm. L’une des solutions pourrait être la sai-
sie et l’expropriation des biens des résidents
russes, dont le produit de la vente serait versé
au fonds de reconstruction. »
Pas de confiscation
sans infraction
L’identification et la saisie d’actifs russes et
bélarusses en Ukraine reposent actuelle-
ment sur trois mécanismes, le plus com-
mun étant celui résultant d’une décision de
justice. Le Code pénal ukrainien définit plu-
sieurs infractions pour lesquelles la saisie
des actifs est prévue, telles que la collabora-
tion avec la Russie. Si une personne est
reconnue coupable, les biens lui apparte-
nant tels que sa part dans l’indivision, de
l’argent, des titres et autres objets de valeur,
y compris ceux qui se trouvent sur des
comptes bancaires, peuvent alors être sai-
sis. Cependant, la confiscation de ces actifs
n’est possible que s’il est établi que leur pro-
priétaire est coupable d’avoir commis une
telle infraction pénale.
Le fonctionnement actuel de ces procé-
dures laisse à désirer, selon Julian Khorun-
zhyi : « Si une telle procédure de blocage des
avoirs doit être appliquée, il serait logique de
saisir les biens meubles et immeubles et les
droits des sociétés, et d’en interdire unique-
ment l’aliénation, pas l’utilisation, explique-
t-il. Or, dans notre pays, tout est bloqué, avec
interdiction d’utiliser les biens mobiliers et les
En Ukraine, la confiscation
très aléatoire des actifs russes
EUROPE // Le gouvernement ukrainien souhaite nationaliser les actifs russes en Ukraine
et à l’étranger pour renflouer les caisses. Mais les obstacles juridiques sont nombreux.
comptes bancaires, même pour payer les
salaires. »
La procédure de saisie des actifs telle
qu’elle existe actuellement pourrait donc
potentiellement mener des entreprises sai-
nes à la faillite, ce qui entraînerait une
réduction des recettes fiscales pour l’Etat, et
une augmentation du taux de chômage qui
atteint déjà 35 %. « L’Ukraine risque de per-
dre des entreprises fonctionnant efficace-
ment, confirme Julian Khorunzhyi. Si
aucune sanction n’est imposée aux proprié-
taires de ces entreprises, ou si les tribunaux
refusent de confisquer leurs actifs, nous rece-
vrons des millions de demandes d’indemnisa-
tion. »
Peu de liens directs avec la Russie
Les deux autres mécanismes relèvent du
domaine juridique. Le premier ne s’appli-
que qu’aux sociétés dont le fondateur, le
propriétaire, le bénéficiaire ou un membre
est la Russie. C’est notamment le cas de la
banque Prominvestbank, dont les actions
étaient directement détenues par des insti-
tutions financières publiques russes, et
dont la licence a été révoquée dès le
25 février par la banque nationale, entraî-
nant sa liquidation. Cependant, comme le
rappelle Julian Khorunzhyi, le nombre de
structures ayant un lien aussi direct avec la
Russie est limité.
Le deuxième est défini par la loi ukrai-
nienne sur les sanctions qui, contrairement
au mécanisme précédent, prévoit la saisie et
la confiscation d’actifs tant pour les citoyens
russes que pour les citoyens ukrainiens
ayant collaboré avec la Russie. La loi vise
explicitement les personnes ayant « directe-
ment pris la décision d’envahir l’Ukraine » ;
celles ayant fourni « des équipements mili-
taires et des armes » à la Russie ; les person-
nes faisant de « l’agitation publique pour la
guerre » ; et enfin, les personnes ayant
« transféré leur argent à divers fonds pour
soutenir la guerre contre l’Ukraine. » C’est
dans le cadre de cette loi que l’Ukraine a
sanctionné en octobre dernier 3.800 rési-
dents russes, dont le propriétaire du club de
football anglais Chelsea FC Roman Abra-
movitch et l’animateur de télévision Vladi-
mir Soloviev.
Malgré ces récentes évolutions législati-
ves, l’identification et la saisie des actifs rus-
ses se heurtent à plusieurs problèmes. « Le
principal problème dans l’application des
sanctions économiques est que le nombre
officiel de citoyens russes dans les structures
de propriétés d’entreprises contrôlées par la
Russie est relativement faible, explique
Vadym Syrota, économiste et spécialiste du
secteur bancaire ukrainien. Le volume réel
des investissements russes dans le pays est
deux fois supérieur aux statistiques officiel-
les, selon le Centre de Stratégie économique
[un think tank ukrainien]. »
Selon le site Opendatabot, près de 17.000
entreprises enregistrées en Ukraine
seraient ainsi la propriété de citoyens rus-
ses et bélarusses, mais le nombre réel de ces
entreprises pourrait être bien supérieur :
d’après une étude réalisée en 2019 par le
Centre anticorruption ukrainien, près de
27 % des entreprises enregistrées en
Ukraine, soit 455.503 d’entre elles n’avaient
pas déclaré leur bénéficiaire final. Selon
Vadym Syrota, cette opacité est due au man-
que de volonté des précédents gouverne-
ments de lutter contre l’influence russe, et à
la vénalité des oligarques ukrainiens :
« Selon moi, les élites politiques ukrainiennes
n’étaient pas intéressées par la création d’un
système de contrôle pour protéger l’Ukraine
de l’influence des capitaux russes, explique-
t-il. Elles pensaient faire des affaires, mais les
élites russes font de la géopolitique. »
Transferts de propriété
« Définir la structure de propriété des actifs
individuels, c’est très compliqué, particulière-
ment lorsque des sociétés offshore sont impli-
quées », confirme Artiom Sytnyk, directeur
de l’Agence nationale de lutte contre la cor-
ruption (NAZK). Créée en 2016, l’agence est
chargée d’élaborer et de mettre en œuvre
une politique de lutte contre la corruption.
Elle est particulièrement active dans le
processus d’identification des actifs russes
en Ukraine : en conjonction avec le bureau
du procureur général, le ministère des
Affaires étrangères et les services de police,
elle a créé un portail en ligne permettant
aux citoyens ukrainiens de dénoncer les
actifs de personnes impliquées dans l’inva-
sion russe, avec une récompense à la clé. Le
communiqué de presse annonçant la mise
en place de ce service cite comme exemples
de biens pouvant faire l’objet d’une dénon-
ciation un « appartement au Royaume-Uni »,
des « lingots d’or en Suisse » ou encore des
« yachts amarrés dans les pays de l’UE ».
Tout cela illustre le second problème
auquel se heurte toute tentative de financer
la reconstruction de l’Ukraine grâce aux
actifs russes : la part des actifs détenus
directement par la Russie, ou par des pro-
ches du régime de Vladimir Poutine en
Ukraine ne représente qu’une fraction du
total des actifs russes à l’étranger. Une
grande partie se trouverait en réalité dans
d e s p a r a d i s f i s c a u x . Po u r l a s e u l e
année 2022, les banques chypriotes
auraient ainsi enregistré quelque 5,6 mil-
liards d’euros de dépôts russes. L’identifica-
tion de ces actifs est d’autant plus compli-
quée qu’à la veille de l’invasion, nombre
d’oligarques ont transféré la propriété des
actifs à leurs enfants ou d’autres membres
de leurs familles, comme le révèle un récent
rapport du FinCen (Financial Crimes Enfor-
cement Network), une agence gouverne-
mentale américaine chargée de la lutte con-
tre les crimes financiers.
« Aucune possibilité »
de récupérer les actifs
En septembre dernier, Denys Chmyhal esti-
mait que les pays occidentaux étaient néan-
moins parvenus à geler entre 300 et
500 milliards de dollars d’avoirs russes.
« Nous discutons également de la possibilité
de modifier la législation nationale de nos
partenaires afin de permettre la confiscation
des biens [russes] en faveur de l’Ukraine,
expliquait alors le Premier ministre.
L’agresseur doit payer son prix et ses riches-
ses doivent devenir la principale source de
notre reconstruction. » Selon Artiom Sytnyk
de l’Agence nationale de lutte contre la cor-
ruption, il n’existerait ainsi pour le moment
« aucune possibilité » de récupérer ces actifs
et d’utiliser le produit de leur vente pour
financer la reconstruction de l’Ukraine.
« L’agresseur doit payer
son prix et ses richesses
doivent devenir
la principale source de
notre reconstruction. »
DENYS CHMYHAL
Premier ministre ukrainien
De nouvelles dispositions législatives
adoptées par certains partenaires de
l’Ukraine pourraient changer la donne :
ainsi, un amendement au budget 2023 voté
le 22 décembre dernier par le sénat améri-
cain prévoit d’autoriser « le transfert du pro-
duit de certains biens confisqués » pour aider
l’Ukraine « à se remettre des préjudices cau-
sés par l’agression russe en cours ».
Selon le sénateur républicain Lindsay
Graham, auteur de l’amendement, celui-ci
permettra « au ministère de la Justice, par
l’intermédiaire du secrétaire d’Etat, de trans-
férer les revenus des actifs saisis des oligar-
ques ou d’autres organisations sanctionnées
du peuple ukrainien ». Une décision qui
pourrait faire des émules : ainsi, le gouver-
nement estonien a-t-il annoncé la semaine
dernière son intention de saisir quelque
21,4 millions de dollars d’actifs russes dans
le pays, et de les livrer à l’Ukraine dans le
cadre sanctions européennes. n
 « Ode à l’amour » par Christopher Brown pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Pierre Palmade Décès de l’arrangeur Un premier convoi Ballons abattus :

L’ÉDITORIAL
a « honte », Alain Goraguer d’aide entre en Syrie les Américains
selon sa sœur calment le jeu
DES « ÉCHOS »
' '
CULTURE – Homme de PROCHE-ORIENT – Un

' '
FAIT DIVERS – L’humoriste l’ombre, le compositeur et premier convoi d’aide de ÉTATS-UNIS – Washington
La revanche Pierre Palmade, hospitalisé
après un grave accident
pianiste de jazz Alain Gora-
guer, qui a été l’arrangeur musical
11 camions est entré mardi
vers les zones rebelles du nord de
n’a toujours « pas d’indica-
tion » que les trois objets

du petit écran de la route sous l’emprise de la

cocaïne vendredi, a « honte » et
de plusieurs grands de la chanson
française, comme Serge Gains-
la Syrie via la Turquie, huit jours
après le séisme que l’Organisation
volants abattus récemment soient
d’origine chinoise ou aient eu des
« assumera toutes les conséquences bourg ou Jean Ferrat, est décédé mondiale de la santé a qualifié de fonctions d’espionnage, selon un
Ce n’est pas parce que nous sommes tous mortels de ses actes », a déclaré sa sœur lundi soir à Paris à 91 ans. Curieux la « pire catastrophe naturelle dans porte-parole de la Maison-Blan-
que nous allons tous mourir tout de suite. Cette vérité dans un communiqué. de toutes sortes de musiques, avec la région de l’OMS Europe en un che. Ces « objets » – à distinguer
valant aussi bien pour les humains que pour « Il se réveille peu à peu et réalise une prédilection pour le jazz, siècle ». La Syrie a ouvert, pour une du ballon chinois détruit le
les entreprises, l’heure est venue pour les champions l’horreur de ce qui s’est passé, de il a marqué de son empreinte des période initiale de trois mois, deux 4 février et dont Washington
de l’audiovisuel tricolore de changer de discours. ce qu’il a causé. Il est catastrophé, chansons aussi célèbres que « La nouveaux points de passage avec affirme qu’il espionnait son terri-
TF1 et M6, qui affirmaient l’an dernier qu’ils étaient il a honte, a-t-elle déclaré. montagne » de Jean Ferrat, « Le la Turquie pour accélérer l’arrivée toire – « pourraient être des ballons
condamnés à disparaître rapidement si on ne Il assumera toutes les conséquences métèque » de Georges Moustaki de l’aide humanitaire. Le bilan avec des fonctions commerciales ou
les laissait pas fusionner, reconnaissent désormais de ses actes avec la conscience ou « Poupée de cire, poupée de du tremblement de terre dans scientifiques inoffensives ». Il fau-
que même si elle est de plus en plus concurrencée, terrible qu’il ne pourra jamais son », interprétée par France Gall les deux pays dépasse désormais dra attendre l’analyse des débris
la télévision gratuite est loin d’être morte. réparer le mal qu’il a fait. » et grand prix de l’Eurovision 1965. les 35.600 morts. pour le savoir avec certitude.
D’abord parce que même si elle risque d’aller moins
bien demain, la télévision d’aujourd’hui ne va pas
si mal. Média préféré des Français, regardée plus LA PHOTO DU JOUR
de trois heures trente par jour par des millions d’entre
eux, la télévision reste une industrie encore très
rentable. TF1 et M6 ont dégagé à eux deux presque
trois milliards d’euros de résultat opérationnel sur
les cinq dernières années. Certes, l’audience s’érode, se
fragmente et vieillit et les jeunes
passent de plus en plus de
temps sur les réseaux sociaux
et les offres de streaming.
Le combat avec Amazon Prime
Video, Netflix, Disney ou
YouTube s’annonce bien sûr
inégal. Capables d’amortir leurs
Par David investissements technologiques
Barroux et dans les contenus sur une
base mondiale et bien moins
Média encadrés sur le terrain
réglementaire que les acteurs
préféré des français, les géants du
Français, numérique sont des adversaires
la télévision redoutables captant à la fois
du temps d’attention comme
reste une des recettes publicitaires.
industrie Mais nos champions du PAF
encore très disposent de plusieurs atouts.
Même si leur force de frappe
rentable. financière est limitée, ils ont
la capacité d’investir plus que
Hollywood dans des contenus français. Or, ici comme
ailleurs, même si les contenus américains brillent,
il existe une vraie prime aux contenus locaux.
Disposant de fréquences hertziennes et proposant
un accès gratuit, TF1 et M6 sont aussi, avec France
Télévisions, les seuls à pouvoir toucher chaque jour
autant de millions de foyers français. Et ce sont bien les
succès qu’ils construisent sur leurs chaînes en direct
qui, en différé, génèrent ensuite le plus d’audience
sur leurs plateformes de télévision de rattrapage.
Avec le boom du replay, nos géants ont une bien plus
grande capacité à amortir et à monétiser des contenus
moins périssables qu’avant. Surtout, si la
réglementation, aujourd’hui contraignante, était
amenée à évoluer. Les chaînes gratuites de plus en plus SURSIS POUR L’IMMEUBLE « LE SIGNAL » Evacué il y a neuf ans car inhabitable, « Le Signal », longue bâtisse de béton de quatre étages érigée sur la dune littorale de
consommées via des apps et des box pourraient alors Soulac-sur-Mer, en Gironde, est devenu l’emblème de l’érosion maritime en France. Et ses anciens habitants, les premiers réfugiés climatiques de l’Hexagone. Alors
profiter de l’essor de la publicité personnalisée. que les travaux de démolition ont débuté le 6 février, la panne d’une pelle mécanique a sonné le coup d’arrêt du chantier alors que les deux tiers du bâtiment ont déjà
Une réclame 2.0 qui aurait même potentiellement plus disparu. Le délai de réparation de l’appareil n’est pas encore déterminé. Photo Thibaud Moritz/AFP
de valeur dans les univers sûrs et mesurables de TF1
et de M6 que dans ceux de Facebook et de TikTok,
qui inquiètent de plus en plus les annonceurs.

( Lire nos informations

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dirigeants, tendances... 9/12 0/6 -1/7 0/10 0/13 4/16
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CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT) Mercredi 15 février 2023
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0,0724 % -1,1897 % -0,0298 % 0,4122 % -0,443 %

DEVISES EUR/GBP 0,882 EUR/JPY 142,615 EUR/CHF 0,9891 GBP/USD 1,2156 USD/JPY 133,0615 USD/CHF 0,9226 TAUX €STER 2,4 EURIBOR 3 MOIS 2,654 OAT 10 ANS 2,8114 T-BONDS 10 ANS 3,6834

Subway confirme sa mise en vente Les plaintes

RESTAURATION
Clotilde Briard
@ClotildeBriard
Il aura fallu attendre un mois pour que
Subway finisse par confirmer qu’il pré-
voyait d’être cédé. Habitué à rester plutôt
discret, actionnariat privé oblige, le groupe
américain de restauration a indiqué que ses
actionnaires envisageaient de mettre en
vente l’entreprise de restauration.
Le « Wall Street Journal » avait révélé mi-
janvier que la chaîne de sandwichs s’était
entourée de conseils pour explorer la piste
d’une cession. Avec en ligne de mire une
valorisation à plus de 10 milliards de dollars,
selon le quotidien d’outre-Atlantique.
Reprise des grandes manœuvres
Cette somme montre qu’après une longue
période de Covid et de fermeture des éta-
blissements à travers le monde ayant pesé
sur le marché, l’heure est à nouveau aux
grandes manœuvres dans le secteur.
Le processus n’en est visiblement qu’à ses
débuts. Et Subway, conseillé par JP Morgan,
a bien indiqué qu’il ne ferait strictement
aucun commentaire avant la vente. Il a éga-
lement précisé que celle-ci pourrait égale-
ment ne pas avoir lieu. Quant aux éventuels
acheteurs, aucun nom n’a pour l’instant fil-
tré, ni parmi les acteurs du secteur ni parmi
les fonds d’investissement.
En attendant, les dirigeants comptent
bien poursuivre la transformation, néces-
saire, qui est engagée aux Etats-Unis. Cette
dernière inclut des innovations en termes
de menus, une modernisation des restau-
rants en cours et une amélioration de
l’expérience globale des clients.
Subway, dont l’histoire remonte à 1965,
compte environ 37.000 établissements
dans une centaine de pays. Aux Etats-Unis,
même si la société a procédé à des fermetu-
res en plusieurs phases, elle reste la chaîne
disposant du plus grand nombre de points
de vente, devant McDonald’s.
Elle y avait réalisé un chiffre d’affaires de
9,4 milliards de dollars en 2021 avec 21.000
Aux Etats-Unis, le réseau a entrepris un grand plan de rénovation. Photo Brandon Bell/Getty Images via AFP
établissements. En 2022, elle a annoncé y
avoir fait croître ses ventes de 7,8 %. Ses per-
formances à travers le monde sont toutefois
meilleures, son chiffre d’affaires global,
non communiqué, s’est accru l’an dernier
de 9,2 %.
Nouveau souffle
En France, où le réseau existe depuis une
vingtaine d’années, Subway totalise quel-
que 400 restaurants et a fait le choix,
récemment, de gérer en interne son
déploiement.
La chaîne de Milford dans le Connecticut
a longtemps été dirigée par la famille de ses
fondateurs. John Chidsey, son dirigeant
actuel et le premier venu de l’extérieur, a
pris les commandes fin 2019. Et apporté un
nouveau souffle. Il a restructuré les activités
tout en revisitant, outre-Atlantique, les res-
taurants et les produits. Un lifting tous azi-
muts qui a porté ses fruits en termes
d’image comme de vente.
Si la vente devenait effective au niveau
indiqué, elle se rapprocherait de la dernière
opération américaine d’ampleur dans le
secteur, la reprise en 2020 par Inspire
Brands de Dunkin’Brands Group, célèbre
pour ses donuts. Elle s’était chiffrée à
11,3 milliards de dollars. n
liées à la fibre
ont encore
progressé
en 2022
TÉLÉCOMS
Florian Dèbes
@FL_Debes
De moins en moins de litiges, mais de
plus en plus de dossiers complexes. A
lire le rapport annuel de la Médiation des
communications électroniques, les
fâcheries entre consommateurs et opé-
rateurs télécoms se sont résumées
en 2022 à ces deux tendances très para-
doxales.
Côté face, la médiatrice (qui tranche
en dernier recours les litiges entre les
abonnés et leurs opérateurs) a constaté
une baisse de 30 % en un an du nombre
de dossiers recevables, à 4.297. En
hausse dans la foulée des confinements,
ce chiffre retrouve la trajectoire descen-
dante qu’il connaissait avant la pandé-
mie de Covid-19. « C’est le signe que les
opérateurs télécoms s’occupent mieux des
réclamations de leurs clients, c’est aussi le
signe d’un ralentissement dans les raccor-
dements à la fibre », note la médiatrice,
Valérie Alvarez.
Côté pile, le passage de l’ADSL à la
fibre en métropole a cette année encore
posé un nombre accru de difficultés
pour les nouveaux abonnés. Les plaintes
liées à des problèmes techniques sur ces
deux technologies fixes ont ainsi bondi
pour représenter 27 % des dossiers trai-
tés par la médiatrice, contre 19 % en 2021.
Il y a quelques années, ces problèmes
techniques ne représentaient qu’un
volume anecdotique en comparaison
des litiges contractuels.
Le mobile reste
la première cause
de litige entre clients
et opérateurs.

Surtout, les problèmes liés à la fibre

La commande La course au lithium L’Opep relève sa prévision optique continuent de croître. Elle repré-
sente désormais 36 % des saisines contre

géante d’Air India
fait les affaires
de fleurons français
AÉRONAUTIQUE Avec plus de 500 appa-
reils au total, la commande record d’Air
India a de quoi justifier des cris de victoire
aussi bien chez Airbus que chez Boeing.
A première vue, le plus gros engagement
d’achat jamais réalisé par une compagnie
aérienne semble réparti à parts égales entre
les deux avionneurs : 250 appareils plus un
nombre indéterminé d’options pour Airbus,
et 220 avions plus 70 options pour Boeing.
Cependant, à y regarder de plus près, les
véritables gagnants du match sont bien Air-
bus et l’aéronautique française. // PAGE 17
géothermal
dans le bassin
rhénan s’accélère
MATIÈRES PREMIÈRES En Alsace, le minis-
tre délégué à l’Industrie, Roland Lescure, a
visité un site pilote d’extraction de lithium
à partir des saumures géothermales du
bassin rhénan. Eramet et Electricité
de Strasbourg visent la production de
10.000 tonnes d’ici à la fin de la décennie.
De l’autre côté du Rhin, en Allemagne,
Vulcan a revu à la hausse ses objectifs de
production. La start-up envisage d’extraire
24.000 tonnes par an avec des procédés
similaires. Cette feuille de route apparaît
particulièrement ambitieuse. // PAGE 27
de demande de pétrole
MATIÈRES PREMIÈRES
Le redémarrage de l’économie chinoise,
dans le sillage de l’assouplissement des
mesures anti-Covid, dope la demande
mondiale de pétrole. Dans son rapport
mensuel publié mardi, l’Organisation des
pays exportateurs de pétrole (Opep) a
relevé sa prévision pour 2023. Un petit
événement : cela faisait en effet plusieurs
mois que l’organisation n’avait pas été
amenée à effectuer la moindre révision à
la hausse. La demande mondiale de
pétrole augmentera cette année de
2,32 millions de barils par jour (bpj),
estime l’Opep, soit une hausse de 2,3 % sur
un an. C’est 100.000 bpj de plus que ce qui
était attendu en janvier.
Autant de facteurs de nature à soutenir
les cours du pétrole, relativement stables
depuis la fin de l’an dernier. Le rapport
indique que la production de pétrole brut
de l’Opep en janvier a diminué de 49.000
bpj, à 28,88 millions de bpj.
Tensions géopolitiques
L’organisation mentionne toutefois les
risques d’un ralentissement économique
lié à une inflation élevée et aux nouvelles
augmentations des taux d’intérêt. « Les
risques de baisse sont apparents et peuvent
inclure de nouvelles tensions géopolitiques
en Europe de l’Est, les défis intérieurs
actuels de la Chine dans le contexte de la
pandémie et les retombées potentielles du
secteur immobilier chinois toujours fra-
gile », déclare également l’Opep.
30 % en 2021, 25 % en 2020… Inéligibili-
tés à la fibre découvertes sur le tard, dys-
fonctionnements ou débranchements
sauvages : autant de problèmes qui ont
continué en 2022 d’agacer les clients des
opérateurs. « Des consommateurs peu-
vent être déconnectés vingt fois en un mois,
d’autres sont restés un ou deux mois sans
service », illustre la médiatrice, qui
pointe la complexité de ces dossiers
impliquant une multitude d’acteurs.
L’ADSL, pour sa part, a concentré 21 %
des litiges, en baisse de 6 points par rap-
port à 2021. Une baisse logique puisque
de moins en moins de Français sont
abonnés à cette technologie, dont la dis-
parition est programmée à l’horizon
2030. Des clients se plaignent de défaut
de services et surtout d’une lenteur dans
le rétablissement du signal après une
panne. « On sent une moindre réactivité
des opérateurs », relève Valérie Alvarez.
Au global, le mobile reste la première

= LES ENTREPRISES CITÉES « La clé de la croissance de la demande de

pétrole en 2023 sera le revirement de la
Chine sur ses restrictions de mobilité et
Fin 2022, la demande mondiale de
pétrole a d’ores et déjà retrouvé et même
dépassé son niveau d’avant la pandémie.
cause de litige entre clients et opérateurs
(39 %). Mais la tendance est à la baisse.
« Les abonnés mobiles optent de moins en
Airbus 17 Eramet 27 Orange 35 Veolia 20
Air India 17 F2A 26 Palantir Technologies 23 Verkor 20 l’effet que cela aura sur le pays, la région et le Au dernier trimestre 2022, la demande moins pour des forfaits avec engagements,
Amazon 17, 19 Ford 16 Panasonic 16 Vodafone 22 monde », écrit l’Opep dans le rapport. Elle estimée par le cartel a repassé la barre des cela diminue la conflictualité », assure la
ArcelorMittal 35 Helion Hydrogen Power 26 Piedmont Lithium 16 Vulcan Energy 27 prévoit désormais que la demande chi- 100 millions de bpj, à 101,17 millions de médiatrice. Les tensions liées à des haus-
Beyond Green 26 ION Group 29 Safran 17 Zefir 24 noise augmentera de 590.000 bpj en 2023, bpj. Le cabinet d’analyse sur l’énergie Rys- ses de prix impromptues subsistent.
Binance 30 Liberty Global 22 SGT 26 contre 510.000 bpj estimé en janvier. tad estime que les émissions de carbone Mais en ces temps d’inflation, Valérie
BMW 20 LVMH 18 Solvay 20
AVIS FINANCIERS L’Opep est également optimiste sur les liées aux énergies fossiles (pétrole, gaz et Alvarez n’a pour l’instant pas enregistré
Boeing 17 M6 22, 35 SpaceX 17
Carrefour 19 Mecaware 20 Tesla 16 L’Oréal 36 perspectives économiques et a augmenté charbon) continueront d’augmenter jus- une croissance de ces plaintes alors que
Electricité Mirakl 24 TF1 22, 35 PVL 17 sa prévision de croissance mondiale pour que vers 2025, avant de commencer à les opérateurs ne cachent pas leur
de Strasbourg 27 Newen 22 Thales 35 TF1 19 2023 à 2,6 % contre 2,5 % le mois dernier. baisser ensuite. — S. Ro. volonté de relever leurs tarifs. n
ENTREPRISES Mercredi 15 février 2023 Les Echos 16

IRA : le plan Biden provoque une marée

de projets industriels outre-Atlantique
l Les subventions massives de l’Inflation Reduction Act sont entrées en vigueur en janvier.
l Les industriels ont répondu présent en multipliant les projets d’usines.
l Le budget des aides à la production de batteries pourrait grandement excéder les projections.
INDUSTRIE
Solveig Godeluck
@Solwii
— Bureau de New York
Ces subventions font grimacer les
Européens et enchantent les Amé-
ricains. Les 370 à 400 milliards de
dollars de crédits d’impôts, prêts
bonifiés et aides pour les industries
« vertes » prévus dans l’Inflation
Reduction Act (IRA) peuvent être
réclamés par les industriels depuis
janvier, à condition qu’ils produi-
sent aux Etats-Unis. Le président
démocrate Joe Biden dépense sans
compter pour faire revenir les usi-
nes dans son pays et réduire la
dépendance aux sous-traitants chi-
nois. Vu l’enthousiasme des entre-
prises, et l’étendue des aides qui
couvrent l’investissement, la pro-
duction et la consommation, il ne
paraît pas impossible que le coût
final pour l’Etat fédéral soit même
plus élevé que prévu.
Les groupes ont eu le temps de
voir venir l’IRA. L’initiative avait été
promue auprès du Congrès
dès 2020 sous l’appellation « Build
Back Better ». Comme les finance-
ments se concentrent sur les indus-
tries propres en pleine phase de
décollage, les sociétés n’ont pas
attendu pour annoncer des projets.
Ainsi, en 2022, les investisse-
ments dans les usines de véhicules
électriques, de batteries et de recy-
clage de batteries ont atteint 73 mil-
liards de dollars, trois fois plus que
« Avant l’IRA,
les Etats-Unis
n’exploitaient pas
leurs ressources
minières.
Maintenant,
nous avons
une incitation
économique pour
ne plus dépendre
de la Chine. »
NICK NIGRO
Fondateur d’Atlas
Public Policy
l’année précédente, et plus que les
55 milliards investis depuis sept
ans, selon Atlas Public Policy, une
association professionnelle repré-
sentant le secteur de l’automobile, à
Washington.
« Nous sommes le plus grand mar-
ché du monde, ce qui signifie que
pour rester compétitifs, les construc-
teurs automobiles doivent vendre
aux Etats-Unis et construire ici. Et ça
va durer longtemps, car les crédits
d’impôts sont prévus pour dix ans ! »
se félicite Nick Nigro, le fondateur
d’Atlas Public Policy, pour qui l’IRA
a été « un succès dès le premier jour ».
Dans le seul secteur du véhicule
électrique, depuis le vote de la loi en
août, les projets ont fleuri. Le site
d’information spécialisé Protocol
les a recensés. Tesla et Panasonic,
qui avaient déjà annoncé une usine
de batteries de 4 milliards en juillet
dans le Kansas, devraient égale-
ment créer un site équivalent en
Oklahoma – aux dépens de l’Alle-
magne, selon le « Wall Street Jour-
nal ». Honda et LG Energy vont bâtir
une usine de batteries de 4,4 mil-
liards dans l’Ohio.
Ford a dévoilé en septembre un
« méga-campus » de R&D et
d’assemblage de véhicules électri-
ques dans le Tennessee, plus deux
usines de batteries avec SK Indus-
tries dans le Kentucky, pour un total
de 11,4 milliards et vient d’annoncer
un nouvel investissement de
3,5 milliards dans son Michigan
natal en partenariat avec un indus-
triel chinois. BMW a déclaré en
octobre vouloir investir 1,7 milliard
dans ses usines de Caroline du Sud.
136 milliards de dollars
sur dix ans
Même l’industrie minière va profi-
ter de l’IRA, qui conditionne l’obten-
tion du niveau maximal de subven-
tions au choix de composants issus
d’Amérique du Nord dans les batte-
ries électriques. Ainsi, Piedmont
Lithium va investir 600 millions
dans un deuxième site d’extraction
dans le Tennessee, qui devrait être
le plus grand des Etats-Unis. « Avant
l’IRA, les Etats-Unis n’exploitaient
pas leurs ressources minières. Main-
tenant, nous avons une incitation
économique pour ne plus dépendre
de la Chine », applaudit Nick Nigro.
Après les aides à l’investisse-
ment, ce sont celles à la production
Le président Biden, lors de l’inauguration, en 2021, d’une nouvelle usine General Motors dédiée
à la production de véhicules électriques, dont le Hummer. Photo Mandel Ngan/AFP
qui vont coûter le plus cher. Elles
couvrent environ le tiers de la
dépense pour fabriquer un
gigawattheure d’électricité, et
devraient rapporter 1 milliard de
dollars à Tesla dès 2023.
Selon une étude Benchmark
Mineral Intelligence pour « Axios »,
le coût des subventions sur les bat-
teries électriques pourrait atteindre
136 milliards sur dix ans, contre une
estimation initiale de 30,6 milliards
des services budgétaires du
Congrès, incluant la production de
panneaux solaires et d’éoliennes.
Les crédits d’impôts, les aides et les
prêts bonifiés de l’IRA sont limités
dans le temps, sur dix ans, mais ils
ne sont pas plafonnés.
Opportunités
Enfin, il y a les subventions à la
consommation, les fameux
7.500 dollars de rabais par véhicule
qui font si peur aux Européens et
aux Asiatiques. Il n’est pas encore
possible d’en mesurer l’impact.
Mais les constructeurs se position-
nent pour en profiter. Ils ont baissé
leurs prix pour que leurs modèles
soient éligibles au crédit d’impôt. Ils
ont également fait pression à
Washington pour assouplir les
règles. Début février, l’administra-
tion a ainsi révisé la catégorie des
SUV électriques subventionnés jus-
qu’à un prix de 80.000 dollars afin
d’y inclure les crossovers tels que
Model Y (Tesla), Mustang Mach-E
(Ford), Cadillac Lyriq (GM). Tesla,
qui venait d’abaisser le prix de son
Model Y pour passer sous le plafond
d’éligibilité (55.000 dollars pour les
voitures classiques), en a profité
pour remonter ses tarifs.
La décennie s’annonce riche en
opportunités pour les construc-
teurs américains. n
Ford investit
aux Etats-Unis
et supprime
des postes
en Europe
Le constructeur
automobile a annoncé
mardi 3.800 suppres-
sions de postes en
Europe. La veille, il
dévoilait un gros projet
d’usine de batteries
dans le Michigan.
Troublante coïncidence. Ford a
dévoilé mardi un plan de sup-
pression de 3.800 postes en
Europe au cours des trois pro-
chaines années. Le lendemain
de l’annonce d’un investisse-
ment de 3,5 milliards de dollars
dans la construction d’une
usine de batteries électriques
dans le Michigan avec l’aide
d’un partenaire chinois.
Voilà de quoi entretenir les
craintes que l’Inflation Reduc-
tion Act (IRA) de Joe Biden
n’entraîne une marée d’inves-
tissements vers les Etats-Unis
au détriment de l’Europe.
L e p l a n d ’é c o n o m i e d u
constructeur américain por-
tera surtout sur 3.600 postes en
Allemagne et au Royaume-Uni,
dans les équipes de recherche
et développement (R&D) de
produits. Les départs s’effectue-
ront sur la base du volontariat,
a précisé Ford.
Le constructeur souhaite
créer une « structure de coûts
plus compétitive » en Europe, où
il rencontre des difficultés, a-t-il
indiqué lors d’une conférence
de presse. Il va réduire le nom-
bre de modèles conçus pour
l’Europe en se concentrant à
l’avenir sur les véhicules électri-
ques et sur ses ventes très profi-
tables d’utilitaires. Les équipes
de conception de véhicules vont
ainsi être divisées par deux.
Economies d’échelle
A contrario, Ford mise sur les
batteries électriques made in
America, mais sponsorisées
par la Chine. Une usine de batte-
ries électriques dans le Michi-
gan se fera avec l’aide d’un par-
tenaire chinois, Contemporary
Amperex Technology (CATL).
Ford créera une nouvelle filiale
entièrement sous son contrôle
mais utilisant les connaissan-

L’Amérique vise plus de 1 million de voitures électriques en 2023
Le nouveau crédit d’impôt croissance de plus de 25 %. « Nous
décrié par l’Europe devrait avons prévu que les ventes de véhicu-
soutenir les ventes cette les électriques dépasseront le million
année. La part de marché d’unités en 2023 pour la toute pre-
de Tesla recule doucement mière fois », indique un porte-
avec l’arrivée de nouveaux parole de la société d’études Cox
modèles, à 58 % au dernier Automotive.
trimestre. La part de marché de Tesla recule
progressivement, à 58 % au dernier
Véronique Le Billon trimestre, mais le constructeur a
@VLeBillon encore capté près des deux-tiers des
— Bureau de New York ventes électriques (64,5 %) sur
l’ensemble de l’année 2022. Ford le
En janvier, Ford a écoulé plus de suit de très loin, avec 7,6 % de part de
5.200 voitures électriques, avec ses marché sur l’électrique, selon les
désormais trois modèles – la chiffres du Kelley Blue Book. Et GM
Mach-E sportive, la fourgonnette arrive derrière, avec notamment la
utilitaire E-Transit et le pick-up Chevy Bolt de Chevrolet.
F-150 Lightning. De quoi afficher « A mesure que d’autres modèles
importants « rafraîchissements »
de modèles sont prévus en 2023,
selon Cox. Avec 13,8 millions de voi-
tures neuves vendues l’an dernier,
le marché global était encore
contraint par des chaînes d’appro-
visionnement grippées, gonflant
artificiellement la part de l’électri-
que. Mais le marché des voitures à
batterie devrait continuer à être
plus dynamique que le marché
global, estime Cox.
En vigueur depuis le début
d’année, le nouveau crédit d’impôt
de 7.500 dollars, qui impose un
assemblage en Amérique du Nord
– au grand dam des Européens –,
devrait soutenir le marché. Au-delà
des modèles déjà qualifiés pour
recevoir le bonus fiscal, l’adminis-
tration vient d’ailleurs de donner
un coup de pouce à deux autres
modèles phare (la Model Y de Tesla
et la Cadillac Lyriq de GM).
« Les nouveaux crédits d’impôt
sont un élément positif net pour le
marché, mais nous pensons aussi
que les ventes augmenteraient sans
les crédits d’impôt », juge Cox Auto-
motive. Ils vont surtout « redistri-
buer les cartes entre les ménages qui
peuvent en profiter ou pas », juge
Bertrand Rakoto, consultant chez
Ducker à Detroit : le crédit d’impôt
est désormais plafonné en fonction
des revenus des ménages. Des critè-
res supplémentaires sur le contenu
baissé leurs prix mais ils les avaient
beaucoup montés. Cela crée un effet
de yoyo qui peut entraîner de l’atten-
tisme chez les acheteurs », pointe-t-il.
D’autant qu’en parallèle, « l’admi-
nistration n’a pas cherché à pénaliser
le prix des voitures thermiques
comme en Europe ».
Nombreuses contraintes
Pour accélérer la croissance du
marché électrique, « il y a encore de
nombreuses contraintes », rappelle
Bertrand Rakoto. « Les voitures sont
encore lourdes et les temps de
recharge longs. Il faut aussi que le
prix des matériaux baisse et que le
réseau de recharge se développe. Et
enfin produire de l’électricité propre
ces et services fournis par son
associé. CATL est aujourd’hui le
plus grand fabricant mondial
de batteries lithium-ion (30 %
du marché), au coude-à-coude
avec le sud-coréen LG Energy
Solution.
Pour bénéficier des aides
fédérales de l’IRA qui incitent à
investir aux Etats-Unis, Ford
comme certains de ses concur-
rents ont choisi de s’allier dans
des coentreprises à des parte-
naires, notamment sud-
coréens ou japonais.
L’usine présentée lundi
sera située dans la ville de
Marshall, et doit être opération-
nelle en 2026. L’installation
devrait créer 2.500 emplois,
et produire suffisamment de
b a t t e r i e s p o u r a l i me n t e r
400.000 véhicules électriques

des ventes deux fois plus importan-
tes qu’en janvier l’an dernier pour le
constructeur de Dearborn (Michi-
gan). Après 810.000 ventes et une
croissance de 66 % l’an dernier, le
marché de la voiture électrique ne
doublera pas cette année aux Etats-
Unis, mais il pourrait afficher une
seront lancés en 2023 et au-delà, les
taux de pénétration devraient s’accé-
lérer », estime dans une note John
Murphy, analyste à Bank of Ame-
rica. Il mise sur une part de marché
de 7 % cette année, contre 5,8 % (en
hausse de 2,6 points sur un an) l’an
dernier. Quelque 27 lancements ou
810.000
UNITÉS
Les ventes de voitures
électriques aux Etats-Unis
l’an dernier (+66 %).
local de la batterie et les minéraux
critiques utilisés doivent en outre
entrer en vigueur en mars, qui
pourraient réduire le nombre de
véhicules éligibles.
La politique tarifaire des
constructeurs pourrait aussi créer
de la confusion. « Tesla et Ford ont
en quantité suffisante », analyse-t-il.
Il mise sur 20 à 25 % de voitures neu-
ves purement électriques à la fin de
la décennie, quand la Maison-Blan-
che a promis 50 % de voitures neu-
ves à « zéro émission » (y compris
hybrides rechargeables et pile à
combustible) à l’horizon 2030. n
par an. Elle fabriquera des bat-
teries à base de lithium, fer et
phosphate (LFP), différentes
des batteries utilisées actuelle-
ment par le groupe à base de
nickel, cobalt et manganèse
(NCM).
— S. T. avec agences
17 Les Echos Mercredi 15 février 2023 ENTREPRISES

L’Europe lance sa constellation de satellites

pour ne pas rester dans les mains de Starlink
ESPACE
L’Union européenne
va lancer ses premiers
appels à projet dès
ce printemps pour
la construction d’une
nouvelle constellation
souveraine de
satellites, Iris.

Un sujet qui a obtenu

aujourd’hui la quasi-
unanimité des députés
européens.

Anne Bauer
@annebauerbrux

C’est oui. A la quasi-unanimité. Les

députés européens ont voté mardi
matin en faveur de la future constel-
lation de satellites Iris2, qui doit
doter les pays de l’Union euro-
péenne de leur propre réseau de
satellites de distribution de haut
débit, tant pour des usages militai-
res et gouvernementaux que pour
des usages grand public.

« A l’instar du réseau européen
Galileo de satellites de navigation qui
était la réponse européenne au GPS
américain, le réseau Iris2 sera l’alter-
native à Starlink, la constellation
d’Elon Musk, pour doter l’Union
d’un réseau souverain », se réjouit
Christophe Grudler, rapporteur du
projet pour le parlement européen,
qui salue « un grand jour pour
l’autonomie stratégique euro-
péenne ». Le projet a été voté à 603
voix, avec seulement 39 absten-
tions et 6 votes contre.
La constellation Iris2 doit doter les pays de l’Union européenne de leur propre réseau de satellites de distribution de haut débit, tant pour des usages civils que militaires.
réserve son propre réseau paraît
assez évident.
Ainsi, le troisième grand pro-
gramme de satellites de l’Union
européenne, après la constellation
de navigation Galileo et d’observa-
tions Copernicus, doit permettre de
meilleures télécommunications
pour les services de secours lors de
catastrophes, les forces armées, ou
encore les représentations diplo-
et de leurs exploitants avant la fin
avril, avant de désigner les offres éli-
gibles et d’instruire les dossiers
pour passer des contrats à la fin de
l’année.
Seuls les Européens sont appelés
à concourir, l’idée étant qu’ils se
regroupent en consortium entre
opérateurs de satellites comme
Eutelsat, Hispasat, SES et construc-
teurs (Airbus, Thales, OHB). La
Commission exige de laisser une
place importante aux PME et
start-up et l’Agence spatiale euro-
péenne gérera aux premières loges
l’appel d’offres.
La Commission européenne dis-
pose d’ici à 2027 d’un budget de
2,4 milliards d’euros pour cette
nouvelle infrastructure spatiale,
haut débit sans cryptage, son finan-
cement correspondant à la distri-
bution de haut débit crypté pour les
armées et les gouvernements.
Imposer un nouveau
standard environnemental
C’est donc aux opérateurs privés de
trouver les bonnes fréquences pour
le service civil quand les services
d’Etat, notamment les services de
iStock
lation Kuiper développée par Ama-
zon, malgré les oppositions de Star-
link et de Viasat.
Pour l’Europe, il s’agit de rester
dans la course spatiale, alors même
que le conflit en Ukraine montre à
quel point les Européens sont en
retard sur le renseignement d’ori-
gine spatiale par rapport aux Etats-
Unis. Les députés européens ont
toutefois ajouté leur touche : ils veu-

Autonomie stratégique
A l’heure où SpaceX annonce sa
volonté de restreindre l’usage de
Starlink en Ukraine aux seules
communications afin d’exclure
l’utilisation par les Ukrainiens du
débit pour le pilotage des drones,
l’unanimité du vote reflète bien la
volonté partagée par quasiment
tous les partis politiques d’augmen-
ter la souveraineté européenne. Si
demain, l’Europe a besoin de com-
munications sécurisées, avoir en
matiques à l’étranger, en tout point
du globe. Le réseau devra aussi
fournir une connexion Internet de
qualité aux zones peu couvertes par
les réseaux terrestres de l’Union.
Consortiums européens
Grâce à ce vote, qui confirme
l’accord p olitique obtenu en
novembre dernier, la Commission
européenne espère pouvoir lancer
les premiers appels à intérêts
auprès des industriels des satellites
2,4
MILLIARDS D’EUROS
Le budget dont dispose
la Commission européenne
d’ici à 2027 pour cette nouvelle
infrastructure spatiale, auquel
s’ajoutent 642 millions d’euros
apportés par l’Agence spatiale
européenne.
auquel s’ajoute un montant de
642 millions d’euros apporté par
l’Agence spatiale européenne pour
les trois années à venir.
Comme le service de connecti-
vité offert doit être à la fois civil et
militaire, la Commission euro-
péenne mise sur un partenariat
public privé et espère que les candi-
dats prendront une part du finance-
ment en charge pour opérer les ser-
vices « commerciaux » de la
constellation, soit la distribution de
défense, mettront à disposition cer-
tains de leurs droits de fréquence
propres pour la partie militaire.
Selon Christophe Grudler, cette
constellation civilo-militaire
devrait pouvoir envoyer ses pre-
miers satellites dans l’espace d’ici à
la fin 2024, un calendrier qui paraît
optimiste au vu de la complexité du
projet. Mais le temps presse. La FCC
aux Etats-Unis vient de donner son
feu vert au lancement des quelque
3.000 satellites de la future constel-
lent une constellation exemplaire
au niveau environnemental, tant
du point de vue de la pollution
visuelle, que de la gestion des débris
ou des émissions de carbone.
Reste à savoir si les industriels
pourront relever le défi à un coût
raisonnable. In fine, il est estimé
qu’il faudra investir quelque 6 mil-
liards pour un service disponible
en 2027, ce qui devrait obliger
les opérateurs européens à se
regrouper. n

Airbus et Safran, les vrais

gagnants du match Air India
AÉRONAUTIQUE
La compagnie
indienne a partagé
en deux sa commande
record de quelque
500 appareils.
Mais les industriels
français s’en sortent
mieux que Boeing...
Bruno Trévidic
@BrunoTrevidic
Avec plus de 500 appareils au total,
la commande record d’Air India a de
quoi justifier des cris de victoire
aussi bien chez Airbus que chez
Boeing. A première vue, le plus gros
engagement d’achat jamais réalisé
par une compagnie aérienne sem-
ble réparti à parts égales entre les
deux avionneurs : 250 appareils plus
un nombre indéterminé d’options
pour Airbus, et 220 avions plus
70 options pour Boeing.
Cependant, à y regarder de plus
près, le véritable gagnant du match
est bien Airbus et l’aéronautique
française, comme l’a d’ailleurs souli-
même salué cette victoire commer-
ciale, lors d’une conférence de
presse virtuelle, avec le Premier
ministre indien Narendra Modi et le
PDG d’Airbus, Guillaume Faury.
Percée des long-courriers
L’avionneur européen a l’avantage
aux points – avec 30 avions de plus,
hors option – ainsi qu’en valeur, avec
un contrat total estimé à plus de
36 milliards de dollars, contre
34 milliards pour Boeing. Surtout,
en réussissant à placer 40 A350 chez
Air India, Airbus signe une nouvelle
percée commerciale sur le marché
indien. « Ces 40 A350 sont notre prin-
cipal motif de satisfaction, souligne le
directeur commercial d’Airbus,
Christian Scherer. Nous avions déjà
une très forte part de marché en Inde
sur le segment des monocouloirs,
mais nous n’avions, jusqu’à ce jour,
aucun gros-porteur long-courrier en
Inde ».
Quant à Safran, sa coentreprise
CFM International est en passe de
gagner sur les deux tableaux. Le
motoriste, qui produit avec GE les
moteurs de tous les Boeing 737 ainsi
que ceux de la majorité des Airbus
A320, remporte au passage une
commande ferme historique de
Les premiers Airbus A350 made
in Toulouse devraient être livrés dès
la fin de l’année, une fois la lettre
d’intention transformée en com-
mande ferme, « ce qui devrait pren-
dre encore quelques semaines », a
indiqué Christian Scherer. Airbus
avait en effet six A350-900 disponi-
bles à la suite de l’annulation de la
commande d’Aeroflot. Ces six pre-
miers A350-900 seront suivis, d’ici à
un an et demi, par des A350-1000, la
version allongée du biréacteur long-
courrier d’Airbus.
« Petite frustration »
Autre motif de satisfaction : les
210 moyen-courriers de la gamme
A320 également commandés par
Air India – 140 A320 et 71 A321 – iront
à la nouvelle filiale low cost, Air India
Expres. Or la croissance du marché
est bien davantage tirée par les vols
low cost que par l’offre classique.
Airbus aurait même pu vendre
davantage d’A320 si ses capacités de
production n’étaient pas limitées.
« Si j’ai une petite frustration, c’est de
ne pas avoir pu leur offrir autant
d’A320 qu’ils l’auraient voulu »,
reconnaît Christian Scherer.
Pour l’heure, Airbus ne prévoit
pas d’installer une chaîne d’assem-
Chiffre d
d’affaires
affaires du 1er trimestre :
189,6 M€ (+18,0%)
Reprise confirmée de l’activité
En M€ 2021- 2022- Perspectives confortées
Variation
Données non auditées 2022 2023 La production automobile mondiale devrait confirmer son
rebond en 2023, sans pour autant retrouver totalement ses
1er trimestre 160,8 189,6 +18,0% niveaux d’avant crise. Dans ce contexte, et tout en faisant
preuve de prudence vis à vis des estimations sectorielles,
Le Groupe Plastivaloire réalise un début d’exercice le Groupe Plastivaloire maintient son objectif d’un chiffre
dynamique avec un chiffre d’affaires au 1er trimestre d’affaires sur l’exercice 2022-2023 autour de 730 M€.
(oct. – déc. 2022) de 189,6 M€ en hausse de +18,0%
Face au renchérissement de l’énergie en 2023 et de ses
(+17,6% à tcc). Plastivaloire retrouve comme attendu
ses niveaux de production d’avant crise dans un
coûts de production, Plastivaloire continue de mettre
contexte de reprise de la production automobile
en œuvre des mesures d’adaptation comprenant des
négociations de prix avec les clients et une gestion
mondiale notamment en Europe.
rigoureuse de ses charges. Plastivaloire vise ainsi une
L’essentiel de la croissance est ainsi porté par le marge d’EBITDA en légère amélioration par rapport à
segment « Automobile » (pièces et outillages) qui 2021-2022, cependant toujours nettement en deçà des
enregistre un chiffre d’affaires trimestriel de 153,3 M€ performances d’avant crise.
(+21,3%). Cette progression démontre la capacité de
Le Groupe poursuit également de manière constructive
Plastivaloire à profiter de la reprise du secteur grâce
ses discussions avec ses partenaires bancaires afin de
à son positionnement sur des programmes diversifiés
disposer de lignes de financements complémentaires
et porteurs. Le secteur « Industries » poursuit sa
pour accompagner son développement et le lancement
croissance sous l’effet d’une dynamique solide sur le
de nouveaux programmes tout en préservant sa
segment « Produits Grand Public » et réalise un chiffre
trésorerie disponible.
d’affaires de 36,3 M€ (+5,8%). Les secteurs Automobile
et Industries représentent respectivement 80,9% et À moyen terme, Plastivaloire dispose d’une bonne
19,1% du chiffre d’affaires trimestriel. visibilité sur son activité grâce aux prises de commandes
engrangées sur le dernier exercice et sur le début
Par zone géographique, l’Europe1 confirme son rebond
de l’exercice en cours. Le Groupe est confiant sur sa
entamé au 2nd semestre 2021-2022 et enregistre un
capacité à revenir progressivement à ses niveaux
chiffre d’affaires de 165,0 M€ (+19,9% ; +21,7% à tcc),
normatifs de performance économique, une fois le
retrouvant le niveau d’avant crise. La zone Amérique
contexte inflationniste normalisé.
(États-Unis – Mexique) bénéficie d’un effet positif
de change du fait de la parité euro/dollar. Le chiffre
Retrouvez le communiqué intégral sur le site du Groupe
d’affaires y ressort à 24,6 M€ (+6,3% ; -7,0% à tcc).
1
incluant l’activité en Tunisie

gné Emmanuel Macron. Signe de 800 moteurs Leap pour les futurs blage d’A320 en Inde, comme il l’a Nombre d’actions : 22 125 600 - Euronext Paris, Compartiment B – ISIN : FR0013252186 - PVL - Reuters : PLVP.PA - Bloomberg : PVL.FP
l’importance accordée à ce contrat, A320 et Boeing 737 d’Air India, et un déjà fait en Chine et aux Etats-
le président de la République a lui- contrat d’entretien. Unis. n
ENTREPRISES
Vins et spiritueux : nouveau record
à l’export malgré les vents contraires
l Les exportations de vins et
spiritueux ont progressé de près de
11 % à 17,2 milliards d’euros en 2022,
selon la fédération FEVS.
l Un nouveau record malgré
l’inflation et la guerre en Ukraine.
VINS
Marie-Josée Cougard
@CougardMarie
Record battu. Les exportations de
vins et spiritueux ont bondi de 11 % à
17,2 milliards d’euros en 2022, selon
la Fédération nationale des vins et
spiritueux (FEVS). César Giron, son
président, y voit « la résilience d’un
secteur dans un environnement par-
ticulièrement complexe, du fait du
contexte géopolitique ».
Le dynamisme du commerce
hors Union Européenne, qui repré-
sente les trois quarts des exporta-
tions, explique ce nouveau record.
Les vins pèsent deux fois plus lourd
que les spiritueux (5,4 milliards)
dans ce score avec des expéditions
de 11,6 milliards d’euros (+10,2 %). Ils
ont plus que compensé les pertes de
volumes (–6,6 %), mais la part due à
l’inflation dans la hausse de la
valeur exportée n’a pas été précisée.
Le champagne fait figure de
grand gagnant dans ce bilan mon-
dial. Il est le seul vin à avoir pro-
gressé en volume (+8,5 %) et en
valeur (+20 %). « Les Etats-Unis ont
particulièrement performé. Les
Américains ont changé leurs habitu-
des de consommation et se sont mis à
boire du champagne à la maison
hors célébration, ce qui tire les ventes
vers le haut », a commenté Maxime
Toubart, le président des vignerons.
Les Etats-Unis avant tout
« Le Japon [troisième marché du
champagne, NDLR] a redémarré
plus tardivement que nos autres
clients mais il est revenu très fort. »
D’une manière générale, depuis la
fin du Covid, les consommateurs se
sont mis à boire du champagne « de
façon nettement plus informelle ».
Le cognac reste de loin le leader
avec 72 % des exportations de spiri-
tueux en valeur devant la vodka
française, mais il a fléchi en volume
« Le marché
chinois va repartir
en 2023 tout
comme les ventes
en duty free. »
CÉSAR GIRON
Président de la FEVS
L’électroménager a tiré son épingle du jeu en 2022
BIENS DE
CONSOMMATION
Le marché de l’électro-
ménager en France a
connu un petit coup
d’arrêt avec un recul
de 2,1 % en valeur en
2022.
Mais il reste en hausse
de 12,3 % par rapport
à 2019, avant le Covid.
Clotilde Briard
@ClotildeBriard
Les secteurs qui ont profité en 2020
et 2021 des nouveaux comporte-
ments liés à la crise sanitaire en ont
(–3,7 %). Le chiffre d’affaires en
Chine s’est maintenu malgré le con-
finement local. En revanche, les
exportations vers Hong Kong, pla-
teforme de réexportation vers
l’Asie, ont baissé de 2 %.
Pour l’ensemble des vins et spiri-
tueux, les Etats-Unis restent en tête
du classement à l’export avec 14 mil-
liards d’euros, en hausse de 14 %
malgré des volumes en retrait de
5 %. Les taxes Trump suspendues
par le président Joe Biden pèsent
encore sur l’activité vin, qui n’a pas
retrouvé son niveau antérieur au
conflit né du litige entre Boeing et
Airbus, indique César Giron.
« Le marché chinois va repartir
en 2023 tout comme les ventes en
duty free, un des très gros postes
d’activité pour le cognac », ajoute le
président de la FEVS. Le reste de
l’Asie est en forte hausse. « Après une
année de transition en 2021, les expor-
tations s’accélèrent dans de nom-
breux pays de la zone alimentant des
hausses de 31 % en Corée du Sud et de
21 % au Japon », a-t-il indiqué. Si bien
que le chiffre d’affaires en Asie a
atteint « un nouveau plus haut histo-
rique », à près de 4 milliards d’euros.
Le Brexit sans effet
« Le Brexit n’a pas freiné l’appétence
des Britanniques pour les vins et spi-
ritueux français », selon la FEVS. Les
ventes au Royaume-Uni ont fait un
bond de 7 % à 1,7 milliard d’euros.
Un chiffre à apprécier au regard
d’une inflation de 10 %. Côté vin, les
performances, affectées par de fai-
bles disponibilités à la suite du gel
de 2021, sont moindres. Les volu-
mes à destination de ce très gros
marché ont reculé de 7 %. L’Allema-
gne a pour la première fois passé le
seuil du milliard d’euros. L’Espagne
(+30 %) et l’Italie (+26 %), grâce
notamment au tourisme, ont forte-
ment augmenté leurs importations
de vins et spiritueux français. En
revanche, les expéditions à la Rus-
sie ont été divisées par deux depuis
la guerre en Ukraine.
Le continent africain, où l’Afrique
du Sud tient lieu de locomotive,
importe quant à elle de plus en plus
de vins et spiritueux français.
L’Océanie enregistre une sixième
année consécutive de hausse. Quant
aux Emirats arabes unis, ils ont fait
« un bond spectaculaire de 80 % à
173 millions d’euros, repassant ainsi
bien au-dessus du niveau antérieur
au Covid », selon la FEVS. n
souvent connu le contrecoup l’an
dernier. Mais le marché de l’électro-
ménager, qui avait vu ses ventes
décoller au cœur de la pandémie,
n’a finalement pas si mal tiré son
épingle du jeu en 2022.
Son chiffre d’affaires a certes
reculé de 2,1 %, à 9,7 milliards
d’euros, selon l’étude Gfk Market
Intelligence pour le Gifam, qui
regroupe les fabricants. Il a notam-
ment été affecté par la baisse du
nombre de déménagements, occa-
sion forte d’achat. Mais il reste en
hausse de 12,3 % par rapport à 2019,
année de référence d’avant le Covid.
« 2022 se présente comme une
année de rééquilibrage. Il n’y a pas eu
d’effet de soufflé qui retombe », se
félicite Véronique Denise, prési-
dente du Gifam et, par ailleurs, pré-
sidente de Beko France.
Les taxes Trump, suspendues par le président Joe Biden, pèsent encore sur l’exportation de vin français aux USA.
Champagne : Ruinart remanie
son siège historique à Reims
La plus ancienne maison
de champagne a dévoilé,
mardi, le projet de
transformation de
son siège. L’objectif est
de doubler le nombre
de touristes accueillis
sur le site.
Guillaume Roussange
@RoussangeG
A l’aube de son 300e anniversaire,
Ruinart, la plus ancienne maison
de champagne, propriété de
LV M H ( p r o p r i é t a i r e d e s
« Echos »), va remanier en profon-
deur son siège historique à Reims.
Objectif : moderniser l’image de la
maison, mais aussi mettre en
œuvre un véritable projet œnotou-
ristique. « Nous souhaitons doubler
le nombre de visiteurs accueillis sur
le site, soit 50.000 d’ici à 2029, contre
26.000 actuellement », explique
Frédéric Dufour, le président de
Ruinart. « Nous sommes l’une des
dernières maisons à avoir gardé, en
Tous les pans du marché ne sont
pas logés à la même enseigne. Le
gros électroménager a bien mieux
résisté, avec une valeur quasiment
stable de 6 milliards d’euros
(–0,4 %). Le nombre d’appareils
commercialisés est néanmoins
passé en un an de 16,6 millions à
15,6 millions.
Recherche de technologie
Les prix moyens ont augmenté de
7 %, dont seulement 4 % sont impu-
tables à l’inflation, le reste s’expli-
quant par l’arrivée de nouveautés et
des achats plus premium.
Les gagnants de l’an dernier sont
les réfrigérateurs, avec une recher-
che de technologie et de gros volu-
mes, les lave-linge de grande capa-
cité mais aussi les plaques de
cuisson avec hotte intégrée dont les
proximité immédiate du centre-
ville, l’ensemble de nos installations
viticoles. Cette spécificité nous per-
met de partager notre univers avec
le public », poursuit-il.
Pour atteindre son objectif, Rui-
nart s’est attaché les services d’un
des architectes les plus en vue : Sou
Fujimoto. Au sein de son atelier
parisien, ouvert en 2015, le Japo-
nais s’est notamment fait remar-
quer avec « L’arbre blanc » de
Montpellier, un ensemble de
113 logements considéré comme
une prouesse architecturale. A
Reims, l’architecte a conçu le
pavillon « Nicolas Ruinart », du
nom du fondateur de la maison, un
espace de 1.400 m2 qui constituera
la nouvelle entrée sur le site.
Parcours immersif
Le bâtiment au toit incurvé, ins-
piré de la forme des bouteilles,
mêlera une charpente en bois et
des murs en pierre calcaire, large-
ment ouverts sur le parc et les bâti-
ments historiques. Labellisé
ventes connaissent une croissance
record de 60 %.
Parmi les facteurs porteurs
figure la place croissante prise par
l’encastrable avec la montée en
puissance des cuisines tout équi-
pées. « Ces produits disposent encore
d’un énorme réservoir d’acheteurs »,
estime Véronique Denise. L’Hexa-
gone est, il est vrai, en retard par
rapport à des pays comme l’Allema-
gne ou l’Italie. Ces produits conti-
nuent à progresser, ce qui explique
les positions que les fabricants veu-
lent prendre sur cet univers, à l’ins-
tar d’Haier qui investit massive-
ment en Europe pour développer ce
type d’appareils.
Les marques distributeurs opè-
rent, de leur côté, un rattrapage.
Elles représentent 22 % du chiffre
d’affaires du gros électroménager
Mercredi 15 février 2023 Les Echos
Haute Qualité Environnementale
« niveau exceptionnel », l’édifice
comprendra des espaces de res-
tauration et de dégustation, des
salons, une boutique… « Le
pavillon s’inscrira dans un véritable
parcours immersif dans notre parc
de 7.000 m2 », souligne Frédéric
Dufour. Au total, 5.000 m2 d’espa-
ces boisés et classés vont être réa-
ménagés et agrémentés d’une
dizaine d’œuvres d’art.
« Plusieurs dizaines
de millions »
Le projet pèse « plusieurs dizaines
de millions d’euros », explique le
dirigeant. Pour mémoire, le chan-
tier de Sou Fujimoto à Montpel-
lier a coûté un peu plus de 20 mil-
lions. Livré en 2024 après deux
ans de travaux, le siège moder-
nisé devrait entraîner la création
de nouveaux emplois. Au cours
des deux dernières années, Rui-
nart a doublé les effectifs de son
service « hospitalité », qui
emploie désormais douze perma-
après avoir pâti, en 2021, des problè-
mes d’approvisionnement. Leur
niveau est au-dessus de 2019, l’infla-
tion poussant les consommateurs à
faire des arbitrages sur les prix.
Le petit électroménager est, lui,
en repli de 4,8 %, à 3,7 milliards. Il
voit revenir les promotions qui
avaient un peu déserté face à certai-
nes difficultés d’approvisionne-
ment. Les créneaux qui souffrent le
plus sont la préparation culinaire,
en recul de plus de 21 %, et la cuis-
son. Les Français, qui s’étaient
remis aux fourneaux, s’étaient
beaucoup équipés.
Explosion des ventilateurs
et radiateurs
A l’inverse, tout ce qui touche au
confort domestique et thermique a
le vent en poupe, avec une hausse de
18
Carlos Barria/Reuters. L’abus d’alcool nuit gravement à la santé. A consommer avec modération.
nents, auxquels s’ajoutent des
intérimaires pendant la haute
saison touristique.
Avec ce projet, Ruinart entend
participer au développement de
l’œnotourisme en Champagne.
Depuis 2015 et l’inscription du ter-
roir au patrimoine mondial de
l’Unesco, la région tente de refaire
son retard en la matière, notam-
ment vis-à-vis du Bordelais ou de
la Bourgogne.
De nombreuses maisons ont
étoffé leur offre. Récemment, les
champagnes Gosset ont ainsi
ouvert leur parc classé au public,
tandis que Perrier-Jouët a ouvert
un bar à champagnes et que Tait-
tinger a créé une visite immersive
de la demeure des Comtes de
Champagne, le temps de rénover
intégralement son siège. Là
encore, l’objectif est d’attirer
davantage de visiteurs. Selon les
observateurs, les retombées de
l’œnotourisme en Champagne
dépassent les 600 millions
d’euros. n
près de 40 %. Les canicules ont
induit une explosion des achats de
ventilateurs (+82 %) et les nouvelles
attitudes face aux prix de l’énergie
ont aussi dynamisé les radiateurs
d’appoint. Autres segments por-
teurs : la beauté, avec plus de ventes
de sèche-cheveux ou de lisseurs
pour cause de retour des sorties
mais aussi les aspirateurs robots.
Pour 2023, GfK prévoit un recul
de 2 % du marché des petits appa-
reils tandis qu’il anticipe une crois-
sance du chiffre d’affaires de 1 %
pour le gros électroménager. Parmi
les tendances qui devraient se con-
firmer figure la réparabilité et
l’attention accrue à la consomma-
tion énergétique. Les appareils les
moins gourmands (classés A, B ou
C) ont déjà vu leurs ventes s’accroî-
tre de 43 % entre 2021 et 2022. n
19 Les Echos Mercredi 15 février 2023
à suivre
Débrayages aux
Galeries Lafayette
DISTRIBUTION Des débra -
yages ont été observés mardi
par des salariés de 26 maga-
sins Galeries Lafayette, qui
dénoncent un manque de
transparence sur la situation
financière de leur maison
mère détenue par l’homme
d’affaires Michel Ohayon,
dont plusieurs enseignes sont
en grande difficulté. Les
représentants du personnel
ont exercé leur droit d’alerte
en décembre, afin d’obtenir
des informations sur sa
situation. Muriel Scanzi, délé-
guée centrale CFDT du
groupe affirme : « On ne reçoit
plus les marchandises de cer-
taines marques vendues dans
les Galeries Lafayette, et on
pense que c’est parce que les
prestataires ne sont pas
payés. »
Coca-Cola, hausse
des prix et
des volumes
A G R O A L I M E N TA I R E L e
géant américain des sodas
Coca-Cola est en forme. Il a
enregistré un chiffre d’affai-
res en hausse de 11 % en 2022,
à 43 milliards de dollars. Son
résultat opérationnel pro-
gresse, lui, de 6 %, à près de
11 milliards. Le groupe
d’Atlanta (Géorgie) a bénéfi-
cié de la hausse des prix de ses
produits. Ses volumes sont
aussi en progression de 5 %
sur l’exercice. Ses jus, ses pro-
duits laitiers et ses boissons à
base de plantes ont connu un
recul de 7 % sur le dernier tri-
mestre, pénalisés par l’arrêt
de son activité en Russie. Pour
2023, Coca-Cola s’attend à
une croissance de ses ventes
comprise entre 7 % et 8 %.
Lait : des éleveurs
quittent Danone
pour Savencia
AGROALIMENTAIRE Plus de
160 éleveurs du Sud-Ouest,
qui travaillaient jusque-là
avec Danone, vont désormais
vendre leur lait à une filiale de
Savencia, un groupe connu
pour Caprice des Dieux ou le
Ro quefort AOP Papill on.
Danone avait annoncé fin
2021 son projet de convertir
son usine de yaourts de Ville-
comtal-sur-Arros (Gers) pour
y produire des boissons végé-
tales à base d’avoine de la mar-
que Alpro. L’organisation de
producteurs a du coup signé
un partenariat avec la Froma-
gerie des Chaumes, de Juran-
çon (Pyrénées-Atlantiques), à
qui elle livrera 50 millions de
litres de lait par an pour fabri-
quer du Saint Albray.
Sodiaal annonce
le départ de son
directeur général
AGROALIMENTAIRE Le pre-
mier groupe coopératif laitier
Sodiaa, connu pour les mar-
ques Yoplait et Candia, va
changer de directeur. Jorge
Boucas a « souhaité mettre fin
à ses fonctions de directeur
général le 28 février pour se
consacrer à un nouveau projet
p ro fe s s i o n n e l » , i n d i q u e
l ’e n t r e p r i s e . L e c o n s e i l
d’administration confie l’ani-
mation du comex à Marie-
Ange Mathieu, directrice
administrative et financière,
et Frédéric Chausson, direc-
teur des relations extérieures.
Ils exerceront le mandat qui
leur est confié pour une
période de transition en lien
étroit avec Damien Lacombe,
le président de Sodiaal jusqu’à
la nomination d’un directeur.
Carrefour affiche une nouvelle hausse
de ses résultats
DISTRIBUTION
Le distributeur a
gagné des parts de
marché en France
et tient ses prix grâce
à ses économies
de coûts.
Le PDG, Alexandre
Bompard, s’efforce
de doper le cours
de Bourse.
Philippe Bertrand
@Bertra1Philippe
Alexandre Bompard veut avoir les
investisseurs à l’usure. Le PDG de
Carrefour mise sur la répétition des
bons résultats et de la politique
d’allocation du capital, pour faire
grimper un cours de Bourse qui a
du mal à franchir de façon pérenne
la barre des 20 euros (il cotait un
peu plus de 16 euros mardi), même
s’il a fait mieux que le CAC 40 en
2022.
Le résultat opérationnel du
groupe a gagné 8 % (à 2,37 milliards
d’euros), et celui de la maison mère
française, un marché très concur-
rentiel, 10 % (à 834 millions). Le
résultat net part du groupe pro-
gresse, lui, de 8 % également, à
1,2 milliard. Le cash-flow libre aug-
mente de 35 millions, à 1,26 mil-
liard. « Alors que, dans notre secteur,
il y a eu de nombreux avertissements
sur résultat, nos chiffres confirment
la solidité de notre modèle »,
commente Alexandre Bompard.
Mise en avant de
ses marques propres
En conséquence, Carrefour pro-
pose un dividende lui aussi en
hausse de 8 %, à 0,56 euro par
action et confirme un plan de
rachat d’actions de 800 millions qui
sera effectué dans l’année. Les gros
investisseurs comme BlackRock
reviennent au capital.
Confiant, le dirigeant fait des pré-
visions pour la première fois depuis
longtemps et annonce une « crois-
sance » de son résultat opération-
nel courant pour 2023. Alexandre
Bompard croit à la poursuite de
Amazon ne renonce pas aux magasins physiques
E-COMMERCE
Alors que le géant de
l’e-commerce semblait
vouloir réduire
la voilure dans le
développement de
ses épiceries en dur,
son directeur général,
Andy Jassy, souligne
que les ambitions
sont intactes.
Amazon veut toujours se faire une
place dans le secteur de l’épicerie
en dur. Dans une interview au
« Financial Times », Andy Jassy,
directeur exécutif du géant améri-
cain de l’e-commerce, a fait part de
sa volonté de « frapper fort » en
doublant ses dépenses en la
matière. Un discours qui tranche
avec les prises de position récentes
de l’entreprise concernant ses
magasins physiques.
Amazon s’est lancé dans l’aven-
ture en 2017 en rachetant la chaîne
de supermarchés américaine
Whole Foods pour 13,7 milliards de
dollars, sa plus grosse acquisition à
ce jour. Il a ensuite développé, à
partir de 2020, une offre propre,
avec l’ouverture de ses premiers
magasins Amazon Fresh et Ama-
zon Go – sur le concept du « sans-
Les hypermarchés français ont connu un regain d’intérêt des consommateurs qui y cherchent des prix et des « promos ».
Photo Eric Tschaen/RÉA
l’inflation dans l’alimentation (elle a
dépassé les 13 % en ce début
d’année). Il sait que, lors des négo-
ciations commerciales qui s’achè-
veront le 1er mars, plusieurs de ses
gros fournisseurs ont demandé
« des augmentations à deux chiffres
avec parfois un 2 devant ». Cela pèse
sur le pouvoir d’achat des clients et
sur les coûts des magasins. Les
volumes de vente baissent.
Mais l’inflation pousse aussi les
chiffres d’affaires de façon méca-
nique, et Carrefour lutte contre
l’inflation avec, outre de multiples
opérations de promotion, la mise
en avant de ses marques propres.
Les « MDD » sont passées de 31 %
des ventes à 33 %. L’objectif de 40 %
fixé par le plan stratégique 2026 est
en ligne de mire.
Les hypermarchés français ont
connu un regain d’intérêt des
consommateurs qui y cherchent
caisses » – aux Etats-Unis et au
Royaume-Uni.
Mais la formule, qui se voulait
innovante avec la mise à disposi-
tion des clients de son assistant
vocal Alexa et le développement
d’un chariot connecté, n’a toujours
pas décollé – le Covid étant aussi
passé par là. Selon Forbes, il n’exis-
tait, au début de cette année 2023,
que 38 Amazon Fresh aux Etats-
Unis et 43 Amazon Go, dont 15 au
Royaume-Uni, alors qu’il prévoyait
d’en ouvrir des milliers dès les
premières années.
Gel des nouvelles ouvertures
Face à ces difficultés, le géant de
l’e-commerce a semblé vouloir
réduire la voilure. L’épicerie en
dur fait ainsi partie des secteurs
concernés par le plan de suppres-
sion de 18.000 postes annoncés le
mois dernier. Et, au moment de
présenter ses résultats 2022, début
février, le géant de l’e-commerce a
annoncé, en creux, la fermeture de
plusieurs unités ainsi que le gel des
nouvelles ouvertures.
« Nous affinons continuellement
le format de nos magasins pour trou-
ver celui qui répondra le mieux aux
attentes des clients, déclarait alors le
directeur financier de l’entreprise,
Brian Olsavsky. Nous révisons régu-
lièrement notre portefeuille de
magasins et décidons d’en fermer
des prix et des « promos ». Dans a gagné 9 % à taux de change
l’Hexagone, l’enseigne a gagné constant, à 914 millions d’euros. Le
0,3 point, selon Nielsen, et 0,4 point, pays de Lula pèse plus lourd que la
selon Kantar, en volume. Les hypers France dans le résultat du groupe.
en déclin sont relancés par la loca- Le réseau Big (les anciens Wal-
tion-gérance, et les autres retrou- mart) est en cours d’intégration.
vent l’esprit du discount avec des Une première série de 59 points de
palettes et une politique de dévelop- vente a été convertie aux enseignes
pement des arrivages de « bonnes Carrefour (essentiellement en
affaires » en rayon, ce qui ne se fai- Atacadao). L’opération augmente
sait pas depuis des années. Les éco- le chiffre d’affaires, mais pas encore
nomies de coûts réalisées, supé- le résultat, selon Alexandre Bom-
rieures à un milliard d’euros, pard, en raison du coût de ces
permettent cette politique d’inves- conversions.
tissement dans les prix. Les résultats 2022 de Carrefour
bénéficient aussi du traitement de
Intégration des anciens deux foyers de pertes récurrentes.
Walmart au Brésil L’Italie revient à l’équilibre grâce à
Le Brésil, deuxième pilier de Carre- la mise en franchise de nombreux
four dans le monde, a vu son chiffre magasins. L’Argentine (avec une
d’affaires croître de 12,2 % en com- croissance des ventes de 84 % en
parable en 2022. Les cash and carry comparable grâce à l’hyperinfla-
Atacadao confirment leur succès. tion) retrouve 3 % de marge opéra-
Le résultat opérationnel de la filiale tionnelle. En revanche, les profits
certains à faible potentiel de crois- obtenir une part de marché significa-
sance. » En parallèle, Amazon tive dans le périssable, vous avez
annonçait une provision de besoin de magasins physiques ».
720 millions de dollars sur le L’interview donnée au « FT » mardi
quatrième trimestre 2022 pour semble appuyer cette position et
compenser l’impact de ces ferme- refaire le point sur les ambitions
tures, notamment sur ses actifs d’Amazon en la matière.
immobiliers.
Trouver la bonne formule
L’épicerie reste
Selon lui, les faibles résultats
engrangés jusqu’ici sont d’abord
« un domaine liés à une conjoncture défavorable.
stratégique » « Souvenez-vous que beaucoup de
ces magasins ont été ouverts au cœur
pour le groupe. de la pandémie de Covid [NDLR, le
premier Amazon Fresh l’a été à Los
Andy Jassy, lui, avait toutefois Angeles en septembre 2020]. Nous
rappelé que l’épicerie restait « un n’avons pas vraiment eu de norma-
domaine important et stratégique », lité », a-t-il déploré. « Ce n’est que le
soulignant le fait que « si vous voulez début, a-t-il par ailleurs martelé.
L’Assemblée Générale Mixte de la société TELEVISION FRANCAISE 1 – TF1 se tiendra
le vendredi 14 avril 2023 à 9h30, au 1 quai du Point du jour, 92100 Boulogne-Billancourt
(accueil et émargement de 8h30 à 10h15).
L’avis de réunion comportant l’ordre du jour, le texte des projets de résolutions présentées par le Conseil d’administration,
ainsi que les modalités de participation à cette Assemblée Générale a été publié au BALO le 15 février 2023.
Les informations relatives à cette Assemblée Générale sont disponibles sur le site internet de la Société :
www.groupe-tf1.fr, rubrique Investisseurs / Assemblée Générale.
Relations actionnaires individuels : relationsactionnaires@tf1.fr
ENTREPRISES
sont affectés en Espagne par l’explo-
sion du coût de l’énergie. En Belgi-
que, la concurrence est rude et la
croissance des ventes est restée
légèrement négative, malgré un
redressement progressif. Ces deux
filiales provoquent une baisse de
100 millions du résultat opération-
nel du pôle Europe hors France, à
606 millions.
Pour autant, le PDG de Carrefour,
après la vente de Taïwan, estime
avoir désormais la bonne géogra-
phie pour son groupe. n
800
MILLIONS D’EUROS
Montant du plan de rachat
d’actions qui sera effectué
dans l’année par le groupe.
Nous espérons que 2023 nous
permettra de trouver le bon format
et de frapper fort. Historiquement,
nous faisons beaucoup d’expérimen-
tations et nous le faisons vite. Et,
quand nous trouvons la formule qui
nous convient, nous doublons les
dépenses. C’est ce que nous espérons
faire là. »
Il n’y a pas que dans le domaine
de l’épicerie qu’Amazon a peiné à se
faire une place sur le pavé. En
mars 2022, l’entreprise a annoncé la
fermeture de ses librairies Amazon
Books et de ses magasins 4-Star, qui
proposaient les articles les mieux
notés par les clients de sa plate-
forme en ligne. Le premier d’entre
eux avait ouvert à New York, en
2018. — F. M.
ENTREPRISES
BMW, constructeur
le plus pénalisé par la
nouvelle taxe au poids
l Instauré début 2022, le malus a touché quelque
30.000 véhicules, soit moins de 2 % du marché.
l Les grands SUV diesel sont les principaux
contributeurs.
AUTOMOBILE
Lionel Steinmann
@lionelSteinmann
Réduire la consommation de car-
burant et du même coup les émis-
sions de CO2 : c’est avec cet objectif
qu’a été instauré l’an dernier, après
un sérieux bras de fer entre le
ministère de la Transition écologi-
que et Bercy, un malus sur les voitu-
res neuves jugées trop lourdes.
Comme le montre la première
année d’application, la proportion
de véhicules concernés est très fai-
ble, et son impact se concentre sur
certaines marques.
Entrée en vigueur au 1 e r jan-
vier 2022, la « taxe sur la masse en
ordre de marche » est une mesure
inspirée par la Convention
citoyenne pour le climat. Elle
concerne les véhicules particuliers
dont le poids dépasse 1,8 tonne, à
l’exception des voitures 100 % élec-
triques et hybrides rechargeables,
qui ne sont pas concernées.
10 euros par kilo au-dessus
du seuil
Le chiffre de 1.800 kg incluant le
conducteur, dont le poids est fixé
par convention à 75 kg, le plafond à
ne pas dépasser à vide est donc de
1.725 kg. Selon les statistiques de la
société C-Ways, 27.945 voitures
excédant cette limite ont été imma-
triculées en 2022. Les acheteurs ont
donc dû acquitter une pénalité de
10 euros par kg au-dessus du seuil, à
moins qu’ils aient pu justifier d’une
exonération pour familles nom-
breuses.
A première vue, la mesure a un
intérêt limité, puisqu’elle n’a
concerné que 1,68 % des immatricu-
lations de 2022. Mais son impact
varie grandement selon les
constructeurs. Chez BMW, la mar-
que la plus pénalisée avec 6.900 voi-
tures au-dessus de la limite, pas
moins de 15,2 % des véhicules ven-
dus en France l’an dernier tom-
baient sous le coup du malus.
Les principaux modèles concer-
nés sont des versions de la Série 4 et
les SUV de milieu de gamme X4 et
X5, pointe C-Ways. La marque con-
firme, tout en affirmant que
l’impact pour le porte-monnaie du
client est assez faible.
« Certaines versions avec un haut
niveau d’équipement et un moteur
six cylindres dépassent le seuil pour
La France accélère pour recycler les batteries de voiture électrique
AUTOMOBILE
Le plan France 2030
apporte son soutien à
deux projets de récu-
pération des maté-
riaux des batteries.
L’un est porté par deux
poids lourds indus-
triels, Veolia et Solvay,
l’autre par deux
start-up, Verkor
et Mecaware.
Christophe Palierse
@cpalierse
une poignée de kilos », avance un
porte-parole. Pour une Série 4 die-
sel avec 286 chevaux sous le capot
par exemple, le poids avec conduc-
teur est de 1.855 kilos, ce qui débou-
che sur un malus de 550 euros. Pas
vraiment dissuasif pour l’acheteur,
quand le prix catalogue est déjà à
63.650 euros.
Le premium allemand,
mais pas seulement
Réputés pour leurs véhicules plus
lourds que la moyenne, les autres
ténors du premium allemand Mer-
cedes (avec 3.433 voitures tou-
chées) et Audi (2.937) se classent
sans surprise troisième et qua-
trième des marques les plus impac-
tées par le malus. Le GLC de Merce-
des affiche deux tonnes ou plus sur
la balance, et le Q5 d’Audi, autre
SUV, un peu plus de 1.800 kilos dans
sa configuration la plus simple.
Plus surprenante est la deuxième
place de Renault, qui a compté l’an
dernier 3.828 véhicules poten -
tiellement malussés. Le modèle
concerné est le Trafic, le fourgon du
Losange, un véhicule utilitaire dont
la déclinaison pour les particuliers,
dotée de 8 ou 9 places, tombe
dans le champ de la taxe. Lorsque
l’acquéreur est une personne
morale, il bénéficie d’une franchise
de 400 kg sur les modèles dotés de
8 places ou plus, mais cela ne suffit
pas, sur certaines motorisations,
pour esquiver un malus de quel-
ques dizaines d’euros.
Une influence
sur le marché
A l’origine, le malus au poids devait
être une arme anti-SUV, avec un
seuil très bas (1,4 tonne). Mais Bercy
a obtenu que le seuil soit relevé pour
ne pas pénaliser la production auto-
mobile française. Le nombre de
« Certaines
versions avec
un haut niveau
d’équipement
et un moteur
six cylindres
dépassent le seuil
pour une poignée
de kilos. »
BMW
La France cherche à stimuler la
filière désormais stratégique du
recyclage de batteries électriques
usées et de la récupération de maté-
riaux rares. Le gouvernement a
annoncé lundi le soutien à deux
programmes industriels à hauteur
de 30 millions, à l’issue de l’appel
à projets « Recyclage, Recyclabi-
lité et Réincorporation des maté-
riaux », lancé en octobre 2021 dans
le cadre du plan d’investissement
France 2030.
L’un de ces projets est porté par
Veolia et le spécialiste belge des
matériaux et des produits chimi-
ques Solvay. L’autre programme
réunit deux « jeunes pousses »,
Verkor, entreprise grenobloise qui
se lance dans la production de bat-
véhicules touchés est donc faible, et
la prolifération des SUV, qui repré-
sentent désormais la moitié des
ventes, n’a pas été freiné.
La taxe a tout de même une
influence sur le marché : certaines
marques ont retiré de leur gamme
en France des modèles dont la
pénalité devenait dissuasive,
comme Volvo avec la version diesel
de son XC90. Plus largement, les
constructeurs sont encouragés à
faire migrer leurs clients vers leur
offre à batterie, exonérée de taxe. Ce
que fait entre autres BMW, dont la
version hybride rechargeable. Une
évolution vertueuse… si les clients
prennent vraiment la peine d’utili-
ser le mode électrique. n
Camions, bus, autocars : le plan anti-CO2 de l’UE
La Commission
européenne a revu ses
ambitions à la baisse sur
les camions en décrétant
un objectif de réduction
de 90 % des émissions
de CO2 en 2040, au lieu
de 100 %.
Fabienne Schmitt
@FabienneSchmitt
— Bureau de Bruxelles
Après les voitures, les camions et
les bus. La Commission euro-
péenne a dévoilé mardi les mesu-
res qu’elle compte prendre pour
réduire les émissions de CO2 des
véhicules lourds. Une proposition
législative qui s’inscrit dans la stra-
tégie « Green Deal » de l’Europe sur
l’électrification de la mobilité.
Le nouveau cadre révise les
objectifs actuels de réduction de
CO2 pour aligner le transport rou-
tier sur les objectifs européens de
neutralité climatique. Il s’ajoute
aux nouvelles normes Euro 7 anti-
pollution des véhicules, définies
par Bruxelles en novembre et
applicables en juillet 2027 pour les
poids lourds.
L’UE a déjà décrété, il y a quel-
ques mois, la fin de la vente de véhi-
cules neufs à moteur thermique à
horizon 2035. Une décision histo-
rique consécutive à l’objectif de
réduction de 100 % des émissions
de CO2 des voitures neuves à cette
date. Seules les voitures électri-
ques, à batterie ou à hydrogène
terie, et Mecaware, start-up lyon-
naise versée dans le recyclage des
batteries.
Le tandem Veolia/Solvay s’est
constitué dans l’optique de réaliser
une première unité de traitement
de batteries avec un volume de
10.000 tonnes par an en 2023, mais
vise une capacité de 30.000 tonnes
par an en 2028. Dans un premier
temps, leur projet passe par la mise
en place d’un démonstrateur dont
le financement bénéficie du con-
cours de France 2030.
Démonstrateur
Ce démonstrateur repose sur le
savoir-faire de Veolia pour le
démontage des batteries et la récu-
pération de matériaux ainsi que
Chez BMW, la marque la plus pénalisée avec 6.900 voitures au-dessus de la limite de poids
(sur 27.945 en tout), pas moins de 15,2 % des véhicules vendus en France l’an dernier tombaient
sous le coup du malus. Photo BMW
seront autorisées. Alors que, coïn-
cidence de calendrier, le Parle-
ment européen a définitivement
voté mardi ce texte en plénière, la
Commission vise désormais les
camions, bus et autocars.
Le secteur est responsable
d’environ un quart des émissions
de carbone du transport routier de
l’UE. Mais pour ceux-ci, néan-
moins, elle a dû revoir ses ambi-
tions à la baisse faute de consensus
en son sein.
Il n’y aura donc pas d’objectif
« zéro émission » pour les nou-
veaux camions en 2040, comme
envisagé un temps, mais un objec-
tif de -90 % à terme. La baisse sera
graduelle avec -45 % en 2030 au
lieu des -30 % du règlement actuel,
puis -65 % en 2035.
Des bus diesel et à essence
interdits en 2030
La loi cible tous les constructeurs
européens, parmi lesquels le sué-
dois Volvo, l’Italien Iveco, l’alle-
mand MAN ou encore le néerlan-
dais DAF Trucks.
Si les camions ont plus de temps
que les voitures, avec une date
fixée à 2040, soit cinq ans plus tard,
c’est parce que la transformation
industrielle du secteur est moins
avancée, notamment pour des
questions technologiques s’agis-
sant ici de gros moteurs. La part de
marché des camions zéro émis-
sion est extrêmement basse
aujourd’hui (de l’ordre de 1 à 2 %),
alors qu’elle est plus élevée dans les
dans le domaine du raffinage par
hydrométallurgie, le traitement des
métaux par voie liquide. Solvay
doit, pour sa part, apporter une tou-
che finale et précieuse en termes de
purification du traitement des
métaux.
Veolia, qui travaille sur le recy-
clage des batteries électriques
depuis une dizaine d’années, pré-
cise que ce démonstrateur est en
cours de réalisation à Amnéville
(Moselle) et doit être achevé « vers la
fin de l’année ».
Le groupe dispose d’une unité de
démontage de batteries à proxi-
mité, située à Dieuze (Moselle) dont
Renault est un client historique.
« Nous accueillerons les batteries de
tous les constructeurs », précise Veo-
Mercredi 15 février 2023 Les Echos
voitures. Même si elle est moins
ambitieuse que prévu, la proposi-
tion de la Commission représente
donc un changement radical pour
cette branche d’activité.
« J’ai cherché un équilibre entre
les différents intérêts », a justifié
Frans Timmermans, commissaire
pour la Politique d’action sur le
climat, justifiant les 90 %. « On
parle de moyens de transport très
lourds ayant besoin de beaucoup
d’énergie, surtout dans le froid et les
régions montagnardes où on doit
quand même avoir des moteurs
thermiques. »
Si les camions ont
plus de temps que
les voitures, avec
une date fixée à 2040,
soit cinq ans plus
tard, c’est parce que
la transformation
industrielle
du secteur est
moins avancée.
A l’inverse, les bus urbains sont
plus avancés. Une grande partie
des appels d’offres des collectivités
locales intègre aujourd’hui des bus
zéro émission, qu’ils soient hydro-
gènes ou électriques. L’ambition
européenne a donc été d’aller
beaucoup plus vite avec un objectif
de nouveaux bus à 100 % zéro
lia à propos de son démonstrateur.
L’unité de traitement envisagée à
horizon 2028 pourrait être réalisée
sur le site du démonstrateur ou
ailleurs.
Une opération industrielle
à 1,5 milliard d’euros
Le projet Mecaware/Verkor relève
d’une autre problématique indus-
trielle. Il consiste à récupérer et à
recycler les rebuts de la production
de l’usine de batteries électriques
que Verkor doit ouvrir à Dunkerque
en 2025 (une opération industrielle
chiffrée à 1,5 milliard d’euros). Ce
recyclage se ferait sur place.
La mise en place de cet écosys-
tème circulaire nécessite le succès
d’une ligne industrielle « pilote » sur
20
émission dès 2030. « Il faut aller sur
100 % pour les camions en 2040,
quitte à exclure des cas particuliers,
estime Pascal Canfin, président de
la commission de l’environne-
ment au Parlement européen.
S’arrêter à 90 % signifierait qu’on ne
va pas au bout de la logique de la
neutralité climat. Je pense que ce
point sera au cœur du débat au Par-
lement européen. »
Quatre pays de l’UE, les Pays-
Bas, la Belgique, le Danemark et le
Luxembourg, avaient en outre
récemment appelé à un objectif
zéro émission pour les camions et
les bus.
Le défi de la conversion
du transport routier
En filigrane, cette proposition
repose la question du défi,
immense, de la conversion du
transport routier, aujourd’hui
royaume du diesel. La filière tra-
vaille dur sur les camions hydro-
gène, qui semblent plus promet-
teurs que les camions électriques,
vu la taille des batteries qu’un
poids lourd électrique réclame
dans l’état actuel.
Dans les deux cas, cependant, il
faudra mettre en place un réseau
dense de stations capables d’ali-
menter tous les véhicules. Un texte
européen sur les stations de
recharge des véhicules électriques
est en cours de négociation avec
des objectifs contraignants visant
à accélérer le déploiement des
infrastructures. n
le site de R&D grenoblois de Verkor,
sa capacité de production étant de
50 à 100 tonnes par an. La validation
du procédé s’accompagnerait de
l’installation à l’usine de production
de batteries de Dunkerque d’une
première unité de traitement des
rebuts. Elle serait d’une capacité
de 6.000 à 8.000 tonnes par an,
« suivant les résultats du projet de
recherche et les contraintes de site »,
précise Verkor.
L’avancée des projets Veolia/Sol-
vay et Mecaware/Verkor intervient
alors que le groupe minier Eramet
vient d’annoncer l’ouverture, d’ici
l’été, d’une usine pilote de recyclage
de batteries de voitures électriques
à Trappes. La collecte des batteries
sera assurée par Suez. n
21 Les Echos Mercredi 15 février 2023
Vaccins à ARNm : en retard, la France
se cherche une stratégie
SANTÉ
Saisi par les ministères
de la Santé et de la
Recherche, le Comité
de veille et d’anticipa-
tion des risques
sanitaires s’est penché
sur le futur des vaccins
à ARN messager.
Myriam Chauvot
mchauvot@lesechos.fr
Après le succès des vaccins anti-
Covid à ARN messager (ARNm),
des candidats-vaccins ARNm sont
développés actuellement pour une
trentaine de maladies au niveau
mondial. Pour cerner ce à quoi
l’ARNm est le plus adapté, et mettre
au point une stratégie nationale, les
ministères de la Santé et de la
recherche ont saisi en septembre le
Le Cominarty de Pfizer-BioNTech et le Spikevax de Moderna sont encore à ce stade les deux seuls vaccins à ARNm, mais d’autres sont
en cours de développement, souvent par Moderna, pour une trentaine de pathogènes. Photo Eric Gaillard/Reuters
En Allemagne, la pénurie de logements menace
de doubler d’ici à 2025
IMMOBILIER
Le renchérissement
des coûts de finance-
ment, conjugué à la
hausse des prix de la
construction, a stoppé
net les nouveaux
projets d’immobilier
résidentiel outre-Rhin.
Ninon Renaud
@NinonRenaud
— Correspondante à Berlin
Pour son vingtième anniversaire,
l’humeur du Conseil des sages alle-
mands de l’immobilier était lugu-
bre. « Sur le marché résidentiel, il
n’est hélas plus minuit moins cinq,
mais au-delà, la situation est grave »,
a résumé mardi Andreas Mattner,
le président du Comité central de
l’immobilier (ZIA), qui publie le
rapport des cinq experts.
Le fragile équilibre qui avait été
trouvé en 2020 entre l’offre et la
demande en immobilier résidentiel
a été chahuté par la pandémie, puis
balayé par la guerre en Ukraine.
L’afflux de 1,1 million de réfugiés a
comité de veille et d’anticipation des
risques sanitaires (Covars), qui
vient de rendre ses conclusions. Le
comité conclut à un intérêt variable
selon les types de maladies. Et lance
au passage un avertissement : la
France est en retard dans cette tech-
nologie, et va devoir se réveiller.
L’ARN est une instruction de
l’ADN, à laquelle la cellule obéit. Le
principe d’un vaccin ARNm est de
coder l’instruction en laboratoire
de fabriquer une partie du virus.
Virus de synthèse
Par exemple, la protéine Spike du
coronavirus. L’ARN encapsulé dans
une bulle de lipides est envoyé dans
la cellule, qui obéit à l’instruction de
l’ARN et fabrique des protéines
virales Spike qu’elle libère dans le
corps. Seules, elles sont inoffen-
sives. Mais cela alerte le système
immunitaire qui produit des anti-
corps et si, ultérieurement, l’orga-
nisme est infecté par le Covid, ces
créé un besoin supplémentaire de
200.000 logements selon les sages,
mais il manquait au total
320.000 logements l’an passé. Et
selon Andreas Mattner, la pénurie
ne va faire que s’accentuer : elle
devrait atteindre 700.000 unités en
2025. « En 2023, c’est l’équivalent de
la ville de Brême qui sera sans logis ;
en 2024, la pénurie équivaudra à la
Sarre dans son entier », anticipe le
président du ZIA.
Rentabilité négative
Pour juguler l’inflation, la hausse
des taux d’intérêt décidée par la
Banque centrale européenne est en
effet venue durcir une situation
déjà compliquée par les problèmes
d’approvisionnement en maté-
riaux de construction et la crise
énergétique. La flambée des prix,
conjuguée à un renchérissement
des conditions de financement, a
fait basculer en territoire négatif la
rentabilité des projets immobiliers.
« Les investissements dans la
construction, qui constituaient jus-
qu’à présent l’un des principaux
piliers de l’économie, ont connu un
recul de plus de 1,4 % en termes réels
en 2022 », écrivent les sages. Ce n’est
qu’un début, car les sages s’atten-
anticorps neutralisent le virus via
sa protéine Spike.
Tout est synthétique, donc plus
rapide à produire que les vaccins
classiques, où de vrais virus sont
cultivés dans des œufs. C’est un
atout pour les maladies qui mutent,
l’ARNm s’adapte plus vite aux
variants. Le Covid a montré que les
vaccins ARNm réduisaient de 70 %
la mortalité avec une « très bonne
tolérance, donc la capacité à être uti-
lisé par la femme enceinte, ce qui per-
met de transmettre des anticorps au
nouveau-né », note la présidente du
Covars, Brigitte Autran.
Mais comme les vaccins Covid
classiques, l’ARNm n’empêche ni
l’infection ni la transmission et ne
suscite un taux élevé d’anticorps
que sur une faible durée. Il peut
aussi entraîner une allergie immé-
diate et a un coût élevé. La techno-
logie de l’ARNm continuant d’évo-
l u e r, « c e n e s o n t p a s d e s
inconvénients définitifs », tempère
dent à une baisse de 2,5 % des inves-
tissements cette année. Vonovia, le
premier groupe immobilier en
Allemagne, a d’ailleurs annoncé,
dès la fin janvier, l’arrêt de tous ses
projets de construction pour 2023.
Dans ces conditions, la ministre
du Logement, Klara Geywitz, a dû
reconnaître que l’objectif du gou-
vernement de construire
400.000 logements par an ne serait
pas atteint avant 2024. Compte tenu
des délais de construction, les sages
sont plus pessimistes. Ils estiment
que « les défis liés à l’augmentation
des coûts de construction se tradui-
ront principalement à partir de 2024
par une baisse des autorisations et
des nouveaux chantiers ». Pour rom-
« En 2023, c’est
l’équivalent de la
ville de Brême qui
sera sans logis. »
ANDREAS MATTNER
Président du ZIA
la présidente. Mais pour concur-
rencer les vaccins classiques exis-
tants, « il faudra que l’ARNm soit
plus efficace et moins cher », pré-
vient Xavier de Lamballerie, virolo-
gue et membre du Covars, en citant
le cas de la fièvre jaune, où le vaccin
classique procure une immunité à
vie. L’ARNm le pourra-t-il ? « Fièvre
jaune, rougeole, rubéole, oreillons…
Pour ces maladies, aujourd’hui, les
vaccins actuels donnent une immu-
nisation importante, et on ne verra
pas de vaccins ARNm avant des
années, voire jamais, car leur effet
risque de ne pas être aussi long »,
juge Xavier de Lamballerie.
L’ARNm a encore tout à prouver
en termes de durabilité des effets.
Idem en santé animale. « Un nou-
veau vaccin à ARNm contre la grippe
aviaire est en cours de développe-
ment, mais ses avantages potentiels
restent à démontrer face au vaccin
actuel, très efficace », remarque le
Covars. En revanche, là où il n’y a pas
pre ce cercle vicieux, les sages plai-
dent pour une simplification des
procédures d’autorisation, une har-
monisation des règles entre régions
et un coup de pouce fiscal à l’inves-
tissement. Pour l’élue libérale San-
dra Weeser, présidente de la com-
mission Logement au Bundestag,
assouplir le droit à la construction
est essentiel, notamment pour aug-
menter la hauteur des immeubles
ou pour transformer en habitations
des surfaces commerciales ou des
bureaux vides.
Assouplir les règles
de construction
Il est aussi temps de résoudre le
conflit entre objectifs climatiques et
immobiliers. « Pour chaque nou-
veau règlement et loi, nous devons
faire un calcul honnête des coûts et
des bénéfices », estime Sandra
Weeser. Elle critique le fait que les
subventions ne ciblent que les bâti-
ments les plus efficaces énergéti-
quement. « Ces conditions coûtent
beaucoup d’argent, et leur effet res-
tera donc limité. Mieux vaudrait met-
tre en place une aide qui mette
l’accent sur la réduction des émis-
sions de CO2 plutôt que sur la seule
efficacité énergétique », estime la
de vaccins, le champ est libre, sur les
maladies infectieuses, ou généti-
ques ou pour des vaccins ARNm
curatifs contre le cancer, où
Moderna ouvre la voie. Rapide à
mettre au point, l’ARNm est aussi
bien adapté aux épidémies saison-
nières comme la grippe, ou la bron-
chiolite, provoquée par le virus
respiratoire syncytial (VRS). « Sur le
VRS et la grippe, on s’attend à de pre-
miers résultats positifs, mais ensuite,
il faudra voir l’efficacité de vaccins
combinés » pour vacciner en une
injection contre plusieurs virus, ce
qui est une des promesses de
l’ARNm, remarque Bruno Lina,
virologue et membre du Covars.
Financement public
Moderna a publié en janvier des
résultats d’efficacité suffisants pour
demander la commercialisation fin
2023 aux Etats-Unis d’un vaccin
ARNm contre le VRS, et dévoilera
d’ici fin mars les résultats d’effica-
cité d’un candidat-vaccin contre la
grippe. Reste l’inquiétant retard
pris par la France sur l’ARNm. Seul
investissement dans le domaine :
celui de Sanofi dans un centre
d’excellence à Lyon. Le Covars rap-
pelle « le rôle crucial du financement
public ». Le gouvernement améri-
cain a déversé 17 milliards de dol-
lars sur le sujet depuis vingt ans,
dont 4,9 milliards en 2020
pour Moderna, qu’il soutient
depuis 2010.
L’Allemagne a octroyé plus de
745 millions d’euros à ses biotechs
BioNTech et Curevac, puis leur a
accordé une subvention de 3 mil-
liards pour accroître leurs capaci-
tés de production d’ici à 2029, et le
Royaume-Uni a investi sur la pro-
chaine génération d’ARNm : le vac-
cin ARNm auto-amplifié de l’Impe-
rial College de Londres. « La France
ne peut pas rester en retard comme
elle l’est actuellement, il faut qu’elle
investisse et ça se compte en mil-
liards », conclut Brigitte Autran. n
17
MILLIARDS DE DOLLARS
ont été investis depuis vingt ans
dans l’ARNm par le
gouvernement américain.
députée du Bundestag. En atten-
dant, la pénurie de logements fait
monter les prix. Les loyers ont aug-
menté de 5,2 % l’an dernier, à
9,10 euros par mètre carré, contre
3,7 % en 2021.
Les prix d’acquisition des appar-
tements ont, eux, bondi de 7,8 % en
2022, à 3.324 euros par mètre carré.
Les experts n’anticipent cependant
pas de bulle, mais une correction du
fait de la forte hausse des taux. Dans
les sept plus grandes villes, les prix
ont d’ailleurs baissé entre le
deuxième et le quatrième trimestre
l’année dernière. n
Diffusez vos publications
judiciaires dans Les Echos
annonces.lesechosleparisien.fr
ENTREPRISES
à suivre
Louis Vuitton :
Pharrell Williams
prend la direction
artistique hommes
LUXE C’est une icône mon-
diale de la pop culture qui
prend les commandes de la
création masculine de Louis
Vuitton. LVMH (propriétaire
des «Echos») a nommé
l’artiste américain Pharrell
Williams, un artiste polyva-
lent féru de mode et familier
des plus grandes stars, à la
direction artistique hommes
de la maison de mode fran-
çaise. Sa première collection
sera révélée en juin prochain
l o r s d e l a Fa s h i o n We e k
hommes à Paris.
Alberto Pezzali/AP/Sipa
Le rachat de
Vacanceselect
autorisé sous
conditions
CAMPING L’Autorité de la
concurrence a autorisé le
rachat de Vacanceselect par
European Camping Group
(ECG), donnant naissance à
un nouveau champion euro-
péen de l’hôtellerie de plein
air. Pour boucler l’opération,
qui valorise Vacanceselect à
environ un milliard d’euros,
ECG devra toutefois faire
quelques concessions.
Racheté en 2021 par PAI Part-
ners, le groupe commerciali-
sera bientôt quelque
400 campings, dont la moitié
en France et le reste en
Europe. Au total, il disposera
de 45.000 mobil-homes.
Greenpeace
débouté contre
Volkswagen
AUTOMOBILE La justice alle-
mande a rejeté mardi le
recours déposé fin 2021 par
l’ONG, qui voulait contrain-
dre Volks wagen à cesser de
vendre des voitures à moteur
thermique dès 2030. Volks -
wagen « respecte la réglemen-
tation applicable », a opposé le
tribunal de Brunswick (Bas-
se-Saxe). Les défenseurs de
l’environnement faisaient
valoir que la justice avait
imposé à Berlin d’avancer à
2045 son objectif de neutra-
lité carbone, contre 2050 ini-
tialement, et d’imposer un
premier rendez-vous de
réduction d’émissions de CO2
d’ici à 2030.
01 87 39 70 08
HIGH-TECH&MEDIAS
Rodolphe Belmer dévoile sa feuille
de route pour TF1
l Montée en puissance dans
le streaming gratuit, renforcement
de l’offre publicitaire, production
audiovisuelle…
l Le nouveau patron de TF1 a profité
de l’annonce de résultats annuels
plutôt solides mardi pour livrer
un aperçu de sa stratégie.
AUDIOVISUEL
Fabio Benedetti Valentini
@FabioBenedettiV
Chez TF1, Rodolphe Belmer com-
mence à imprimer sa marque sur
la stratégie du groupe. Mardi, le
nouveau dirigeant du leader fran-
çais de la télévision gratuite a profité
de l’annonce de résultats annuels
plutôt solides pour donner le ton.
« S’il y a bien une règle du jeu dans
les médias, c’est d’exploiter tout le
potentiel des programmes, a martelé
pendant une conférence télépho-
nique avec des analystes celui
qui a aussi été administrateur
de Netflix et dirigeant de Canal+.
C’est une manière très saine de
maximiser la création de valeur
pour nos actionnaires. »
Un credo très pragmatique.
Alors que les contenus des chaînes
linéaires du groupe ne constituent
que la moitié du volume des conte-
nus disponible sur sa plateforme
MyTF1, ils attirent 95 % de ses
audiences numériques. Dans un
univers audiovisuel et numérique
fragmenté, « le public demande ce
qu’il connaît, ce qui a une notoriété
forte », analyse Rodolphe Belmer
lors d’un point presse.
D’où la volonté de TF1 de miser
sur ses grandes franchises de fic-
tions et ses émissions de divertisse-
« S’il y a bien
une règle du jeu
dans les médias,
c’est d’exploiter
tout le potentiel
des programmes.
C’est une manière
très saine
de maximiser
la création
de valeur pour
nos actionnaires. »
RODOLPHE BELMER
PDG de TF1
Liberty Global s’invite au capital de Vodafone, l’action bondit
TÉLÉCOMS
Le groupe de John
Malone a pris presque
5 % du capital de
l’opérateur britanni-
que en difficulté.
Raphaël Balenieri
@RBalenieri
Que de changements chez Voda-
fone ! Après l’opérateur emirati
e&, le fonds activiste Cevian et
même Xavier Niel, Liberty Global
s’invite à son tour au capital du
géant britannique des télécoms
ment (« HPI », « Koh-Lanta »…) très
rassembleuses sur sa chaîne.
Objectif, accompagner la montée
en puissance de sa plateforme
tant en matière d’audiences que
de revenus publicitaires.
En misant sur sa ligne éditoriale
« distinctive » centrée sur des pro-
grammes grand public, le groupe
est résolu à devenir le leader du
streaming gratuit financé par la
publicité (AVoD), alors que la
consom mation de télévision
va continuer à basculer de plus
en plus en ligne. TF1 va maintenir
son niveau d’investissement global
stable à environ 1 milliard d’euros,
« avec un focus de plus en plus
appuyé sur des grandes franchises
de program mes événementiels,
familiaux et sérialisés ».
Publicité enrichie
avec la data
Autre enjeu clé : la data. Le pourcen-
tage des inventaires numériques de
la régie TF1 vendus avec un enrichis-
sement data (« dataisation ») repré-
sente déjà 37 % du total des espaces
publicitaires en ligne, ce qui permet
de mieux valoriser l’offre auprès des
annonceurs. Et la régie publicitaire
va aussi déployer de plus en plus
d’offres combinant les espaces sur
les antennes linéaires et sur la plate-
forme numériques.
Pour la régie TF1, leader dans la
publicité audiovisuelle, l’idée est
de prendre sa « juste part » dans le
marché de la publicité en ligne
pour tout type de format vidéo. Le
moment est propice car les inventai-
res digitaux des Gafa sont sous pres-
sion, notamment à cause de nouvel-
les politiques de filtrage des cookies.
Mais la tâche ne sera pas facile : la
concurrence s’intensifie sur le mar-
ché du streaming avec publicité.
Netflix vient de lancer son offre par-
tiellement financée par la pub et
Pluto TV (Paramount) tente égale-
ment de percer dans l’Hexagone.
Selon les estimations du cabinet
Idate, les revenus de l’AVoD (offres
OTT de vidéo à la demande, y com-
pris YouTube, mais hors réseaux
sociaux comme Facebook ou
TikTok) devraient progresser de
14 % par an en France, et franchir
le seuil du milliard de revenus
en difficulté. Le groupe de John
Malone, le « cow-boy du câble »,
vient d’acheter 1,335 million
d’actions Vodafone, soit 4,92 % du
capital. En Bourse, l’action Voda-
fone progressait de presque 4%
mardi après-midi à Londres.
A environ 97 pence l’action, la
part prise par Liberty Global vaut
donc désormais… 1,3 milliard de
livres, soit environ 1,5 milliard
d’euros. A ce stade, il s’agit d’un
mouvement purement financier :
l’américain, présent dans les télé-
coms dans six pays, table sur une
hausse future du cours. Sur l’année,
l’action Vodafone a lâché 28 % et a
même atteint son plus bas niveau
depuis 1997 en décembre.
Le nouveau PDG, Rodolphe Belmer,
commence à imprimer sa marque
sur la stratégie du groupe audiovisuel.
Photo Eric Piermont/AFP
en 2023. A l’inverse, selon les projec-
tions de Magna (IPG Mediabrands),
le marché de la publicité sur la télé-
vision linéaire devrait baisser de 3 %
dans l’Hexagone en 2023, à 3,17 mil-
liards d’euros.
Une inflexion stratégique
pour Newen
Enfin, Rodolphe Belmer a aussi
voulu marquer une inflexion dans
la stratégie de Newen. La filiale de
production audiovisuelle, qui s’est
beaucoup développée ces dernières
années avec des acquisitions
à l’international, va désormais se
concentrer sur sa croissance orga-
nique. Certes, la production peut
créer plus de valeur pour le groupe.
Mais Newen a atteint la taille criti-
que (400 à 500 millions de revenus
annuels), estime le dirigeant.
Attendu mercredi pour son
grand oral devant le collège de
l’Arcom dans le cadre du renouvel-
lement de la fréquence de la Une,
Rodolphe Belmer estime que
son groupe se présente à cette
échéance avec un dossier de candi-
dature « solide ». Mais en l’absence
de candidat rival face à TF1, le
suspens est assez limité.
( Lire l’éditorial
de David Barroux page 14
et « Crible » page 35
« Le cours actuel de l’action de
Vodafone ne reflète pas la valeur sous-
jacente à long terme de ses activités
opérationnelles, ni les opportunités
de consolidation et d’infrastructures
annoncées », écrit Liberty Global
dans un communiqué.
Pas de projet d’OPA
Le groupe, qui a déjà investi dans
plus de 75 sociétés, a toutefois pré-
cisé qu’il ne lancerait pas d’OPA
contre Vodafone. Mais il pourrait
bien chercher à en influencer la stra-
tégie. « Mike Fries, le PDG de Liberty
Global, est un patron futé qui a mon-
tré sa capacité à faire des deals, expli-
que Paolo Pescatore, analyste télé-
coms à Londres pour PP Insights.
Le groupe a été résilient en 2022
Rodolphe Belmer, le
nouveau patron de TF1,
hérite d’un groupe en
bonne santé financière
dans un contexte publici-
taire pourtant morose.
TF1 a fait preuve de résilience
en 2022 et s’estime armé pour se
développer. Rodolphe Belmer, qui
vient de prendre les commandes
du leader de la télévision gratuite
en France, hérite d’un groupe en
bonne santé financière, avec des
résultats résilients malgré un mar-
ché publicitaire assez morose,
selon les chiffres publiés mardi.
En 2022, les revenus de la filiale
du groupe Bouygues ont aug-
menté de 3,3 % à 2,51 milliards
d’euros, fruit d’une progression de
27,5 % sur un an au sein de son
pôle de production audiovisuelle,
Newen. Sur l’exercice écoulé, la
société de production a notam-
ment livré deux séries très atten-
dues : « Liaison » pour Apple TV+
et « Marie-Antoinette » pour
Canal+. TF1 a aussi enregistré
en 2022 un chiffre d’affaires publi-
citaire stable à 1,67 milliard
d’euros, à périmètre constant et
Derrière l’opportunité strictement
financière, il pourrait y avoir un motif
caché, vu leur relation aux Pays-Bas
et leurs précédentes tentatives pour
fusionner dans certains marchés,
notamment au Royaume-Uni. »
En effet, les deux groupes se
connaissent bien. En 2019, Liberty
Global avait vendu ses activités
en Allemagne et en Europe de l’Est
1,3
MILLIARD DE LIVRES
La part prise par Liberty Global
dans Vodafone.
Mercredi 15 février 2023 Les Echos
donc hors cessions de ses marques
de médias numériques (Aufemi-
nin, Marmiton, Doctissimo, etc.).
A la différence de son concur-
rent M6, TF1 a bénéficié de la diffu-
sion de la Coupe du monde de foot-
ball et de son attrait auprès des
annonceurs. Le tout avec un coût
total des programmes resté pres-
que inchangé (987 millions) mal-
gré les charges associées à la Coupe
du monde. Dans les années à venir,
le budget consacré à la grille de pro-
grammes devrait rester stable, à
environ 1 milliard d’euros.
TF1 parvient aussi à préserver
ses niveaux de rentabilité. Hors
aides publiques liées au Covid-19,
son résultat opérationnel courant
(ROC) s’établit à 316 millions
(+2,5 millions sur un an), pour un
taux de marge opérationnelle de
12,6 % sur l’année. Pour 2023, le
groupe s’engage notamment à
maintenir un taux de marge opé-
rationnelle courante des activités
proche de celui de 2022. TF1 a aussi
annoncé une hausse du dividende
à 50 centimes par action, contre
45 centimes l’année précédente.
Ce qui signifie que le groupe
reverse désormais 60 % de ses pro-
au même Vodafone pour plus de
18 milliards d’euros. Par ailleurs,
Vodafone et Liberty sont tous les
deux associés dans une coentreprise
aux Pays-Bas, l’opérateur Ziggo.
« Peut mieux faire »
Ce nouvel investisseur arrive alors
que Vodafone vit une période très
compliquée. Le groupe est dirigé
par intérim depuis la démission sur-
prise fin 2022 de Nick Read. Le PDG
avait été poussé vers la sortie par les
actionnaires, mécontents des len-
teurs de la fusion Vodafone UK-
Three et de l’échec des négociations
avec Xavier Niel, lorsque Vodafone a
refusé de lui vendre sa filiale ita-
lienne pour 11 milliards d’euros.
22
fits aux actionnaires. « La transfor-
mation ne se fera pas au détriment
de la rentabilité et du dividende »,
déclare Rodolphe Belmer.
Réaction boursière
Mais les investisseurs ont fraîche-
ment accueilli ces résultats.
L’action, qui avait beaucoup pro-
gressé depuis l’arrivée de Rodol-
phe Belmer en octobre, a perdu
4 % mardi à la Bourse de Paris. Cer-
tains seraient-ils restés sur leur
faim quant à la « guidance » pour
les revenus en 2023 et des éven-
tuelles réductions des coûts ?
Interrogé par les analystes,
Rodolphe Belmer a reconnu qu’en
matière de revenus publicitaires, le
début de l’année est relativement
« mou » à cause de la « prudence
des investisseurs ». Pour autant, les
perspectives macroéconomiques
sont meilleures que prévu. Et les
négociations avec les annonceurs
qui « se passent bien » sont des
signaux encourageants, surtout
pour la deuxième partie de l’année.
Sans donner de détails, le dirigeant
a aussi évoqué des « pistes d’optimi-
sation des coûts opérationnels sur
des métiers non digitaux ». — F. B. V.
En revanche, Vodafone avait
bien cédé à l’été sa filiale en Hongrie
pour 1,8 milliard d’euros. S’agissant
des infrastructures, l’opérateur
s’est aussi désengagé de sa filiale
de tours, Vantage, une vente qui
devrait lui rapporter jusqu’à 7,1 mil-
liards d’euros.
Mais d’un point de vue opération-
nel, l’équation reste difficile. Au troi-
sième trimestre, ses revenus ont
diminué en Allemagne (en baisse
de 1,8 %) et encore davantage
en Espagne (–8,7 %). Dans ce
contexte, Margherita Della Valle,
la PDG par intérim, a elle-même
reconnu que Vodafone « pouvait
faire mieux ». C’est ce que pense
aussi Liberty Global. n
23 Les Echos Mercredi 15 février 2023 HIGH-TECH & MEDIAS

Les acteurs de la publicité se positionnent

sur la régulation des influenceurs
PUBLICITÉ
La filière lève le voile
sur une position
commune concernant
ce sujet au centre
des débats, après
plusieurs scandales.
Fin mars, une propo-
sition de loi sera
soumise au vote à
l’Assemblée nationale.
Nicolas Richaud
@NicoRichaud
Le monde de la publicité sort du bois
sur la régulation des influenceurs,
au centre des débats depuis plu-
sieurs semaines après plusieurs
scandales qui ont beaucoup fait par-
ler. Il y a trois semaines, la DGCCRF
(Direction générale de la concur-
rence, de la consommation et de la
répression des fraudes) avait révélé
que sur la soixantaine d’influen-
ceurs et agences qu’elle avait ciblés
depuis 2021, six sur dix ne respec-
taient pas la réglementation
sur la publicité et les droits des
consommateurs.
Aujourd’hui, l’Udecam (Union
des entreprises de conseil et d’achat
média), le SCRP (Syndicat des agen-
ces de conseil en relations publics)
et l’AACC (Association des agences-
conseils en communication) révè-
lent une position commune, alors
que le poids économique du marke-
ting d’influence va croissant tous
les ans. « Nous appelons à plus de
transparence de la part des influen-
En 2021, 83 % des influenceurs ont mentionné la présence d’un sponsor dans leurs vidéos, contre 73 % en 2020. Photo Shutterstock
ceurs quand leur contenu a un carac-
tère commercial, note Sandrine
Cormary, présidente du SCRP. Il
faut aussi faire plus de pédagogie et
former ceux qui ne connaissent pas
toujours les bonnes pratiques, tout
particulièrement les nano-influen-
ceurs, qui représentent la grande
majorité des 150.000 créateurs de
contenus en France, ainsi que la plus
forte part de manquements. »
De fait, 31 % des contenus ne sont
pas transparents chez les influen-
ceurs ayant moins de 10.000 abon-
nés, selon l’Autorité de régulation
professionnelle de la publicité
(ARPP). A contrario, 83 % de
l’ensemble des créateurs de conte-
nus ont mentionné la présence
d’un sponsor dans leurs vidéos,
contre 73 % en 2020, d’après la
même étude. « En revanche, il ne fau-
drait pas que le gouvernement surlé-
gifère. Le cadre juridique est déjà très
fourni avec le Code de la consomma-
tion, celui de la santé, ou encore la loi
Evin en ce qui concerne la publicité
pour les produits alcoolisés, fait
valoir Damien de Foucault, direc-
teur général de l’Udecam. Il faut
déjà bien faire appliquer cela, tout en
renforçant les moyens d’organismes
comme l’Autorité des marchés
financiers (AMF) ou la DGCCRF. La
sobriété est actuellement le maître-
mot du gouvernement et nous l’appe-
lons à ne pas juxtaposer des normes,
ce qui risquerait de tout complexifier
et d’être contre-productif. »
Une prise de position qui inter-
vient alors que toutes ces organisa-
tions participent depuis deux mois
aux tables rondes organisées par
Bercy, avec certaines des platefor-
mes (notamment Meta et YouTube),
ainsi que des autorités de contrôles
telles que l’AMF, l’Autorité nationale
des jeux (ANJ) ou la DGCCRF.
En parallèle à ces groupes de tra-
vail, le ministère de l’Economie a
ouvert une participation publique
qui a reçu près de 17.000 contribu-
tions à la fin du mois de janvier.
La substantifique moelle de tous ces
travaux devrait être incorporée à
une proposition de loi (PPL), via des
amendements, lors de son passage à
l’Assemblée nationale fin mars, où
elle sera soumise au vote.
« Des trous
dans la raquette »
Transpartisane, cette PPL est portée
par les députés Arthur Delaporte
(PS) et Stéphane Vojetta (apparenté
Renaissance) qui ont fondu leurs
travaux respectifs dans un seul
texte. « Il faut poser un cadre juridi-
que sur ce qu’est un influenceur. Nous
avons choisi de ne pas sélectionner le
critère du nombre d’abonnés. Sera
juridiquement considérée comme
influenceur toute personne étant
rémunérée, en monnaie ou en nature,
pour la promotion d’un produit et ce,
dès le premier euro », détaille-t-on
dans l’entourage du député Vojetta.
« L’idée n’est pas de surlégiférer
mais il y a des trous dans la raquette.
On souhaite notamment interdire la
promotion des produits paraphar-
maceutiques qui posent problème.
On veut aussi que tout influenceur,
vivant à l’étranger mais suivi par une
communauté française, ait l’obliga-
tion d’avoir un représentant légal
en France afin que la loi puisse
s’appliquer à lui. » Un article de loi
ciblant particulièrement les
influenceurs tricolores installés à
Dubaï. Fin janvier, une action collec-
tive en justice a été lancée par des
dizaines de personnes estimant
avoir été arnaquées en investissant
dans des produits financiers vantés
notamment par le couple Marc et
Nadé Blata vivant dans l’émirat. n

Palantir rentable pour la

ANNLEGALECH

annonces judiciaires & légales

première fois de son histoire RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté - Égalité - Fraternité
ETABLISSEMENT PUBLIC TERRITORIAL
Le lundi, mardi, mercredi et vendredi de 9h00 à 12h00,
et le jeudi de 13h30 à 17h30.
Et en mairie de Quartier du Petit Nanterre
PARIS OUEST LA DÉFENSE Située au 4 place des Muguets 92 000 Nanterre,

DATA
Dans le détail, les revenus prove- Les chiffres clés AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE Le lundi /jeudi : 8h30-12h/ 13h-17h,
mardi : 13-17h, mercredi/vendredi : 9h-12h/13h-17h,
nant de ses clients commerciaux

– une mesure étroitement sur-
Le spécialiste améri- veillée – ont augmenté de 11 % pour
cain du Big Data, fondé atteindre 215 millions de dollars,
en 2003, a dégagé conformément aux estimations
le premier bénéfice des analystes. Les revenus liés aux
de son histoire au clients gouvernementaux font
quatrième trimestre. encore mieux (+23 %), à 293 mil-
lions de dollars au cours du qua-
trième trimestre.
31
Une Enquête publique est organisée par l’Etablissement
Public Territorial Paris Ouest La Défense (EPT POLD), du
06 Mars 2023 au 04 avril 2023 inclus, relative au projet de
déclaration de projet valant mise en compatibilité du Plan
Local d’Urbanisme de la Ville de Nanterre afin d’informer le
public et de recueillir ses appréciations, suggestions, et contre-
MILLIONS DE DOLLARS propositions concernant le projet Nanterre Partagée, et la
procédure de déclaration de projet valant mise en compatibilité
Le bénéfice net du de Nanterre sur le secteur du CASH (Centre d’Accueil et de
enregistré par Palantir Soins Hospitaliers).
au quatrième trimestre. Le projet de modification vise à permettre de :
samedi : 9h-12h.
2) A distance sur le site de la ville de Nanterre
(www.nanterre.fr) ou sur le site de l’EPT POLD https://www.
parisouestladefense.fr/, ou sur le registre dématérialisé
https://www.registre-numerique.fr/mise-en-compatibilite-
du-plu-nanterre
Le dossier d’enquête publique sera accompagné d’un registre
à feuillets non mobiles, côtés, paraphés, par la commissaire
enquêteur, sur lequel les observations, suggestions et contre-
propositions du public pourront être consignées.
Les registres sont disponibles au siège de l’enquête publique :

Une tendance qui
Financée à ses débuts en partie
devrait se confirmer par le fonds d’investissement de la
sur l’ensemble CIA, la société a commencé par
de l’année 2023. développer des logiciels pour
des opérations d’antiterrorisme,
Leïla Marchand cherchant notamment à identifier
@leilamarchand des informations en plongeant
dans les bases de données. En paral-
Il ne s’agit que de quelques millions lèle de cette activité pour des clients
mais « un cap a été franchi », s’est publics (CIA, FBI, NSA, NHS au
réjoui le PDG de Palantir Technolo- Royaume-Uni, DGSI en France…),
508,6
MILLIONS DE DOLLARS
Le chiffre d’affaires global
de la société sur le quatrième
trimestre, soit davantage
que les attentes des
analystes, selon Bloomberg.
- restructurer et ouvrir l’hôpital sur le quartier habité en
permettant sa traversée, notamment par la création de
nouvelles voiries et de cheminements doux,
- valoriser, et réaliser sur l’emprise foncière qui sera cédée, un
projet immobilier contribuant à la diversification de l’offre de
logement sur le Petit-Nanterre, à la remise en état et l’ouverture
au public d’un espace vert (cloître qui sera relié au jardin
« japonais »), à la création de nouveaux emplois dans le
champ de l’économie sociale et solidaire en lien avec le tissu
local, ainsi qu’à la création d’une crèche et d’une petite école
Montessori, et au développement d’activités commerciales,
notamment de loisirs, contribuant à l’animation et à la vie du
secteur ;
L’objectif de la mise en compatibilité du PLU de
- A la Direction de l’Aménagement de Nanterre : 88 118 rue du
8 mai 1945 – Tour A –12ème étage
- A la Mairie de Quartier du Petit-Nanterre située au
4 place des Muguets, Nanterre
- Ou en version dématérialisée sur : https://www.registre-
numerique.fr/mise-en-compatibilite-du-plu-nanterre
Durant toute la durée de l’enquête, chacun pourra prendre
connaissance du dossier d’enquête publique et consigner
éventuellement ses observations sur les registres d’enquête
ou les adresser par écrit à l’adresse suivante :
Madame la commissaire-enquêteure
Enquête Publique concernant le projet Nanterre Partagée et

gies, Alex Karp. Pour la première
fois depuis sa création en 2003, la
discrète société américaine d’ana-
lyse de données est devenue ren-
table et a enregistré au quatrième tri-
mestre un bénéfice net de 31 millions
de dollars, selon les résultats publiés
lundi. « C’est le début de notre pro-
la firme de Denver s’est peu à peu
tournée vers le secteur privé, qui
représente aujourd’hui la moitié
de son chiffre d’affaires, avec
228 clients au total.
Mais jusqu’ici, la société cotée
à Wall Street depuis 2020 n’avait
jamais généré de bénéfice. La faute
+24 %
LA HAUSSE
du chiffre d’affaires sur
l’ensemble de l’année 2022,
à 1,9 milliard de dollars.
Nanterre est d’adapter certaines dispositions du plan la mise en compatibilité du PLU
local d’urbanisme de Nanterre en vue de la réalisation
Direction de l’Aménagement
du projet lauréat de la seconde édition de l’appel à
projets Inventons la métropole du grand Paris nommé : Mairie de Nanterre
Nanterre Partagée, et situé sur le secteur du CASH. 88 / 118 Rue du 8 Mai 1945 - 92014 Nanterre
La déclaration de projet valant mise en compatibilité du Plan Chacun pourra également demander et obtenir à ses frais,
Local d’Urbanisme de Nanterre, soumise à enquête publique communication du dossier d’enquête publique, auprès de la
vise à apporter des ajustements et évolutions aux pièces
suivantes du dossier PLU :
direction de l’aménagement de Nanterre à l’adresse ci-dessus ;
ou par courriel : PLU@mairie-nanterre.fr
- créer une nouvelle Orientation d’Aménagement Programmée
(OAP)
Madame la commissaire-enquêteure
permanences d’une part, à la Mairie de Nanterre –
assurera des

chain chapitre », a assuré le dirigeant
dans une lettre aux actionnaires.
Car ce n’est pas tout : la société,
cofondée par le milliardaire contro-
versé Peter Thiel, prévoit aussi
d’être dans le vert sur l’ensemble de
l’année 2023. L’action bondissait
de plus de 10 % à la mi-séance,
mardi, à la Bourse de New York.
Ce pas vers la rentabilité a été fait
grâce à des revenus plus élevés que
prévu au dernier trimestre, ainsi
qu’une baisse des coûts liés à la
rémunération des actions. Au glo-
bal, sur le quatrième trimestre,
Palantir a réalisé un chiffre d’affai-
res de 508,6 millions de dollars, soit
davantage que les attentes des
analystes (505,1 millions de dollars),
selon les données compilées
par Bloomberg.
notamment au généreux pro-
gramme de rémunération de ses
quelque 3.500 employés. En revan-
che, Palantir avait passé le cap
du milliard de dollars de revenus
à la faveur de la pandémie, durant
laquelle les Etats-Unis et le Royau-
me-Uni ont fait appel à ses servi-
ces pour fluidifier l’organisa-
tion sanitaire.
« Demande incessante »
en logiciels
Ce seuil a encore été franchi sur
l’ensemble de l’année 2022. Palantir
a dégagé un chiffre d’affaires de
1,9 milliard de dollars, en hausse de
24 %. Mais 2022 reste dans le rouge
avec un déficit de 374 millions de
dollars. La société espère bien
passer dans le vert en 2023 grâce à
la « demande incessante » en logi-
ciels de la part des entreprises.
Toutefois, la tendance générale
à la baisse des budgets informati-
ques ne fait pas les affaires de
l’entreprise. De plus, en dehors
des Etats-Unis en particulier, le
patron Alex Karp constate un
« manque de réceptivité aux nouvel-
les technologies, dans certaines
parties de l’Europe ».
La société sort d’une année 2022
difficile, où ses actions ont perdu
près des deux tiers de leur valeur.
Depuis le début d’année, le cours
a toutefois rebondi de 35 % et Palan-
tir affiche aujourd’hui une capitali-
sation boursière d’environ 18 mil-
liards de dollars. n
- le règlement graphique (plan de zonage, stationnement) Direction de l’Aménagement – Tour A – 12 ème étage
- le règlement écrit,
- Les annexes (emplacements réservé, et fiche patrimoniale)
les Mardi 7 mars de 14h à 17h et Mardi 4 avril de
13h30 16h30 ; et d’autre part, le Jeudi 16 mars de 14h à 17h
L’évaluation environnementale du projet de PLU et les avis et Jeudi 23 mars de 14h à 17h : en mairie de quartier du Petit-
de l’autorité environnementale seront joints au dossier Nanterre située 4 place des Muguets à Nanterre.
d’enquête publique. La commissaire enquêteure se tiendra également à la
Madame Isabelle DEAK-MIKOL, administratrice civile en disposition du public pour recueillir les observations par
retraite est désignée en qualité de commissaire enquêteure, audioconférence le mardi 28 Mars 2023 entre 9h et 12h. Ces
par décision en date du 11 janvier 2023 de Monsieur le permanences téléphoniques sont proposées en créneaux
Président du Tribunal Administratif de Cergy Pontoise. horaires. Leurs modalités de participation et d’inscription sont
Les pièces du dossier sont consultables : précisées sur le site du registre numérique à l’adresse suivante :
https://www.registre-numerique.fr/mise-en-compatibilite-
1) au format papier, ou sur 1 poste informatique en accès libre du-plu-nanterre
par toute personne souhaitant consulter la version électronique
A l’issue de l’enquête publique, le public pourra consulter le
du dossier d’enquête publique à l’adresse suivante au siège de
rapport et les conclusions en Mairie pendant un an, aux jours
l’enquête publique
et heures habituels d’ouverture et sur le site internet de la
A la Mairie de Nanterre ville. Toute personne qui en fera la demande pourra obtenir
communication du rapport du commissaire-enquêteure en
Direction de l’Aménagement
88 118 rue du 8 mai 1945 – Tour A –12ème étage s’adressant par écrit à l’EPT POLD ou à la Mairie de Nanterre.
EP 23-047 / contact@publilegal.fr
La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
START-UP
Mirakl a généré 135 millions
d’euros de revenus en 2022
Mirakl a réalisé 63 % de son volume d’affaires en Europe, Moyen-Orient et Afrique, le reste en Amérique et en Asie. Photo Shutterstock
SAAS
La licorne dirigée
par Philippe Corrot
et Adrien Nussenbaum
a vu son volume
d’affaires passer de 4,3
à 6 milliards de dollars
en un an. L’année 2022
a été marquée par sa
structuration finan-
cière et sa diversifica-
tion dans la publicité.
Adrien Lelièvre
@Lelievre_Adrien
Toutes les licornes de la French
Tech ne sont pas logées à la même
enseigne. Certaines réduisent la
voilure (Ankorstore, Back Market),
mais d’autres poursuivent leur
ascension en dépit d’une conjonc-
ture riche d’incertitudes (inflation,
hausse des taux d’intérêt, guerre en
Ukraine, etc.).
Mirakl appartient à la deuxième
catégorie. L’éditeur français de pla-
ces de marché pour les entreprises
indique avoir réalisé un revenu
annuel récurent (ARR) de 135 mil-
lions de dollars en 2022 contre envi-
ron 100 millions un an plus tôt.
Paul Midy, le nouvel allié de la French Tech à l’Assemblée
POLITIQUE
Spécialiste du numéri-
que, le député Renais-
sance dirige une mission
parlementaire qui vise
notamment à mieux
flécher l’épargne des
Français vers le finance-
ment des start-up
et PME innovantes.
L’agenda de Paul Midy est rempli
comme un œuf en ce moment. Le
député Renaissance multiplie les
interventions à la télévision et dans
l’hémicycle pour défendre la
réforme des retraites. Dans le même
temps, il sillonne les hauts lieux de
la French Tech dans le cadre de sa
mission parlementaire sur le sou-
tien à l’investissement dans les
L’ARR est l’indicateur financier uti-
lisé par les start-up dont les clients
paient un abonnement mensuel (le
modèle « SaaS » ).
Un centaure qui grandit
L’an dernier, Mirakl a été la pre-
mière pépite de la French Tech à
revendiquer le statut de centaure
(une start-up avec un ARR supé-
rieur à 100 millions). La licorne a
depuis été imitée par Contents-
quare, Ecovadis, Silae et Sendin-
blue. Nées en France, mais désor-
mais installées aux Etats-Unis,
Aircall et Dataiku font aussi partie
de ce club fermé.
Mirakl précise également que
son volume d’affaires a bondi de
43 % pour atteindre plus de 6 mil-
liards de dollars l’an dernier. Soit
près de deux fois plus qu’en 2020
(3,1 milliards de dollars). Au total, la
licorne revendique plus de 400
clients. Les derniers en date se nom-
ment B & Q, Home24, Lyreco,
Macy’s, Minted, Sonepar et Super-
drug.
La start-up a réalisé 63 % de son
volume d’affaires en Europe, en
Afrique et Moyen-Orient, et 37 % en
Amérique du Nord et du Sud et en
Asie. Les marketplaces BtoC repré-
sentent 86 % de son volume d’affai-
res (+38 % en un an), contre 14 %
pour le BtoB (+76 %). « Malgré un
start-up et les PME innovantes qui
vient de lui être confiée par la Pre-
mière ministre, Elisabeth Borne.
Ces derniers jours, on a ainsi pu
croiser ce quadragénaire à l’air
juvénile à l’incubateur de start-up
Station F, sur le plateau de Saclay,
capitale de la deeptech, au siège de
BlaBlacar ou à l’AMF pour parler de
l’avenir de la fintech et des crypto-
monnaies. Il reçoit aussi en audi-
tion à l’Assemblée nationale la fine
fleur de la French Tech (Bpifrance,
start-up du Next40…).
Le numérique est l’un des fils
rouges de la carrière de cet ancien
des jeunes pop (UMP) qui est
ensuite entré dans l’orbite d’En
Marche. Diplômé de Polytechnique
et de Columbia, le jeune homme a
d’abord créé une start-up (Goondi),
puis est entré au cabinet de conseil
McKinsey. Il y restera sept ans avant
de rejoindre Jumia, l’« Amazon afri-
contexte difficile, les modèles de mar-
ketplaces se sont montrés résilients »,
commente Philippe Corrot, le
cofondateur de Mirakl.
La société ne communique pas
sur son Ebitda mais assure ne pas
être « rentable à ce stade ». Elle dis-
pose toutefois d’un beau matelas
financier. « Nous avons fait deux
grosses levées de fonds en 2020
et 2021 [300 et 555 millions de dol-
lars, NDLR], rappelle l’entrepre-
neur. Nous ne sommes pas une
société qui crame beaucoup de cash.
Nous n’avons donc pas besoin de
lever à court ou moyen terme. »
L’année 2022 a été bien remplie
pour Mirakl. La pépite a fait l’acqui-
sition de Target2Sell, une jeune
pousse spécialisée dans la person-
nalisation de sites e-commerce et la
curation de contenus. Ce rachat lui
a notamment permis de dévelop-
per une solution dans le « retail
média » (Mirakl Ads), c’est-à-dire la
monétisation des espaces publici-
taires sur les sites des e-commer-
çants, qui sera ouverte aux clients
en avril.
Structuration financière
La société a aussi mis un pied dans
l’univers du paiement avec Payout,
une solution qui simplifie le verse-
ment de fonds aux vendeurs et amé-
liore le processus de conformité et
cain ». Dans le cadre de ses fonc-
tions, il a dirigé la branche voyage
de Jumia et a lancé sa solution de
paiement (Jumia One). Il a ensuite
été directeur marketing du groupe.
« J’avais des équipes dans une ving-
taine de pays en Afrique », rappelle-
t-il. En 2018, il devient le directeur
général de Frichti, une start-up de
confection et de livraison de repas.
L’aventure ne durera que quelques
mois. « La mayonnaise n’a pas pris »,
confie un cadre de la start-up
récemment rachetée par Gorillas
(lui-même racheté par Getir).
En parallèle, Paul Midy devient
conseiller municipal à Fontaine-
bleau (2016 à 2020). Sa carrière poli-
tique accélère en 2022, quand il est
élu député de l’Essonne. Une vic-
toire remportée de justesse face au
mathématicien Cédric Villani, un
ancien marcheur entré en dissi-
dence. A l’Assemblée nationale,
de gestion des licences internatio-
nales. Ce service verra le jour cet été.
Pour continuer à se structurer,
Mirakl a recruté Eric Heurtaux au
poste stratégique de directeur
financier. Ce dernier travaillait
auparavant pour Worldline, filiale
d’Atos spécialisée dans le secteur
des paiements. Eric Heurtaux
affirme avoir été surpris par la ges-
tion « en bon père de famille » de
Mirakl et se dit impressionné par sa
rapidité d’exécution.
Même si elle a signé une année
record, la licorne ne veut pas se
reposer sur ses lauriers. « Notre leit-
motiv pour 2023, c’est la vigilance »,
insiste Philippe Corrot. La société
parisienne, qui compte aujourd’hui
750 salariés, compte tout de même
continuer à recruter et à développer
de nouveaux outils afin de répon-
dre aux différents besoins des
e-commerçants.
Après une phase d’euphorie pen-
dant la pandémie, l’e-commerce a
connu un ralentissement ces der-
niers mois. Mais le segment des
marketplaces continue, lui, d’être
dynamique. De quoi augurer un
ARR en forte croissance en 2023 ?
« Depuis le début de l’année, nos per-
formances sont plutôt bonnes »,
observe Philippe Corrot, sans don-
ner d’objectifs chiffrés d’ici à la fin
décembre. n
Paul Midy s’est naturellement posi-
tionné sur les questions liées au
numérique et à l’innovation.
Il a dit
« L’enjeu, c’est
comment on conti-
nue de développer
l’écosystème pour
parvenir à 100 licor-
nes en 2030, dont
25 licornes vertes. »
PAUL MIDY Député
Mercredi 15 février 2023 Les Echos
Avec l’immobilier
qui se retourne,
Zefir se réorganise
PROPTECH
La jeune pousse
spécialisée dans
la vente garantie
revoit son modèle.
Camille Wong
@wg_camille
Changement de cap pour Zefir.
Et de communication. En réali-
té, la start-up ne s’est jamais po-
sitionnée sur la vente « instan-
tanée » de biens immobiliers
(faire une offre d’achat et les ra-
cheter avec de la dette) comme
peuvent le faire Homeloop en
France ou Zillow, par le passé,
aux Etats-Unis, créant la confu-
sion auprès de ses prospects.
« On n’a pas été très bons sur le
marketing », plaide Rémy Fabre,
le cofondateur. Si la proptech a
entretenu le flou, elle propose
une vente à prix garanti. Autre-
ment dit, elle signe une offre
d’achat, sans conditions suspen-
sives, mais pas d’acte authenti-
que de vente. Elle a ensuite dou-
ze mois pour vendre le bien. Si
elle ne trouve pas d’acheteur, elle
le rachète au prix fixé plus tôt.
« Nous n’avons jamais été dans
cette situation, car nous avons
une stratégie de liquidation :
quand on voit qu’on a le risque de
racheter le bien, on va descendre
le prix jusqu’à trouver un ache-
teur, quitte à prendre une perte »,
poursuit le patron, qui verse en-
suite la différence à l’acheteur.
Bien estimer les biens
Le modèle repose sur la juste es-
timation des biens lors de la pro-
messe d’achat. Or, avec un délai
qui peut aller jusqu’à douze mois
et avec le resserrement du mar-
ché immobilier – des prix
de 2021 ne coïncident pas tou-
jours avec la réalité de 2022, à sa-
voir une hausse des taux et une
baisse des prix observés dans
certaines villes. Ces facteurs ont
poussé Zefir à développer une
nouvelle offre : le même accom-
pagnement… mais sans le prix
garanti. Elle estime les biens et
aide les vendeurs à vendre,
contre une commission de 4 %.
Ce modèle se rapproche de celui
des agences immobilières, sauf
que la start-up n’a pas d’agents et
travaille avec des professionnels
locaux avec qui elle partage la
commission. « Quand le marché
s’est contracté, nous étions plus
précautionneux sur les biens que
« L’enjeu, c’est comment on continue
de développer l’écosystème pour par-
venir à 100 licornes en 2030, dont
25 licornes vertes. Le deuxième grand
défi, c’est la régulation des mondes
numériques », expose-t-il.
Mieux mobiliser l’épargne
L’un de ses chevaux de bataille est
une meilleure mobilisation de
l’épargne des Français pour finan-
cer davantage les start-up et PME
innovantes. « L’origine de cette mis-
sion auprès du gouvernement, c’est
une promesse du président de mettre
en place l’équivalent du SEIS/EIS
anglais », rappelle-t-il. Un dispositif
qui a participé au succès de la tech
britannique.
Paul Midy voudrait notamment
modifier l’IR-PME (un dispositif qui
permet à un investisseur de bénéfi-
cier d’une réduction d’impôt à hau-
teur de 25 % de son investissement)
24
nous acceptions en vente garan-
tie. Notre prise de risque était plus
faible, mais nous avons laissé des
clients déçus, ce qui nous frus-
trait », ajoute l’entrepreneur, à la
tête d’une équipe de 67 person-
nes. Désormais, cette nouvelle
offre dépasse l’ancienne.
Tous services confondus, Ze-
fir a réalisé 900 transactions
en 2022, pour un volume d’affai-
res de 300 millions d’euros, loin
du milliard prévu au moment de
sa série A de 20 millions d’euros
menée avec Sequoia, il y a un an.
Autant de croissance, dans un
contexte de resserrement des fi-
nancements dans la French
Tech était « infaisable », estime
Rémy Fabre, qui a mis un frein
sur ses plans de recrutement et
d’expansion géographique.
« Changer d’échelle de manière
agressive dans ce domaine est très
dur à opérer », remarque-t-il. Le
risque est élevé, tout comme ce-
lui de se retrouver avec un patri-
moine immobilier sur les bras.
« Aux Etats-Unis, le marché est
plus transparent, les principales
caractéristiques transactionnel-
les des biens sont publiques. Il est
aussi plus facile de savoir si une
personne est solvable ou non »,
commente Lior Derhy, direc-
teur-associé chez New Alpha
AM. Et encore, l’Américain spé-
cialiste de l’achat-revente Zillow
a arrêté cette activité jugée trop
coûteuse, avec des estimations
de prix trop élevées.
En Europe, l’italien Casavo
fait de la vente à garantie, dans
un délai plus court que Zefir (3 à
5 mois) et a annoncé son arrivée
en France il y a quelques mois.
Très bien financée, avec une le-
vée de fonds de 400 millions
d’euros en juillet 2022, l’entrepri-
se vient en revanche d’annoncer
qu’elle réduit son effectif de
30 %. Zefir indique avoir besoin
de « deux millions d’euros pour
atteindre la rentabilité » et réflé-
chit aussi à augmenter sa marge
(8 %) sur la vente garantie, sans
pour autant avoir arrêté de déci-
sion. Une solution qui réduirait
certes le net vendeur, mais qui
sécuriserait davantage l’entre-
prise face au risque de baisse des
prix du marché. n
2
MILLIONS D’EUROS
La somme dont a besoin
Zefir pour devenir rentable.
en le rendant plus incitatif ou en le
fléchant vers des secteurs spécifi-
ques, comme la deeptech. « L’objec-
tif, c’est d’aller chercher au moins un
milliard supplémentaire par an pour
le financement des start-up et PME
innovantes », précise le membre du
conseil national du numérique.
A ses yeux, ce type de mesure
pourrait permettre la création
d’environ 100.000 emplois en
France. L’homme politique a lancé
une consultation (start-up, PME,
investisseurs, business angels,
experts) afin de prendre le pouls de
l’écosystème. « Plus de 500 person-
nes y ont déjà participé depuis une
semaine », souligne-t-il. Il va égale-
ment réaliser des déplacements à
l’étranger (Royaume-Uni, Espagne)
pour s’inspirer des bonnes prati-
ques. Paul Midy rendra un rapport
cet été après six mois de travail.
— Ad. L.

25 Les Echos Mercredi 15 février 2023
La crise pousse les
PME à se regrouper
pour acheter
l Si la mutualisation est moins courante
que dans d’autres pays, la tendance se renforce.
l A côté des entreprises spécialisées dans le référence-
ment de fournisseurs, les PME et même les artisans
se regroupent pour mutualiser leurs achats.
ENTREPRISES
Frank Niedercorn
@FNiedercorn
— Correspondant à Bordeaux
« A plusieurs, on est plus fort ! » Si
les groupements d’achats existent
depuis longtemps, ils ont particu-
lièrement le vent en poupe sous l’ef-
fet de la conjoncture. Des entrepri-
ses ont investi le secteur des achats
mutualisés, comme HA Plus PME
(dans les Yvelines) ou Qantis (dans
le Rhône), qui référencent plusieurs
dizaines de fournisseurs pour le
compte de leurs adhérents. Chacu-
ne de ces PME, quelle que soit leur
taille ou leur volume d’achats, béné-
ficie du même tarif négocié.
« Les PME sont expertes pour
acheter leurs produits stratégiques
mais sont en défaut sur les produits
courants », observe Gaëtan de Sain-
te Marie, le fondateur de Qantis. Le
secteur est en croissance. « Nous
avons 30.000 adhérents contre
19.000 avant le Covid et l’on estime
qu’avec nos confrères, cela représente
250.000 entreprises ayant recours
aux achats groupés. Cela reste toute-
fois modeste comparé à l’Allemagne
ou aux pays nordiques », confirme
Anthony Streicher, le fondateur
d’HA Plus PME.
A côté de ces entreprises spéciali-
sées dans le référencement de four-
nisseurs, un autre modèle, plus dis-
cret, monte en puissance : les PME
et même les artisans se regroupent
pour mutualiser une partie de leurs
achats. C’est ce que s’apprêtent à fai-
re, par exemple, 2.000 viticulteurs
du vignoble bordelais. La raison ?
L’augmentation des prix, à com-
mencer par ceux des « matières sè-
ches », de la bouteille à l’étiquette en
passant par la capsule.
« Songez qu’avant même avoir
mis son vin dedans, cela coûte
aujourd’hui à un vigneron 1,20 euro
par bouteille contre, de 60 à 80 centi-
Energie : les adhérents du Cèdre achètent
comme les grands comptes
Le groupement d’achats
de Saône-et-Loire s’est lancé
dans la négociation de
contrats d’énergie pour
1.300 de ses adhérents.
Un volume de 800 GWh
qui leur permet de bénéfi-
cier de tarifs mais surtout
de conditions privilégiés.
11.000 adhérents, 380 fournisseurs
référencés, 500 millions d’euros
d’achat. Le Cèdre fait partie des
poids lourds des groupements
d’achats. Parmi ses douze « univers
d’achat », une catégorie prend dé-
sormais une place plus importante
que les autres : l’énergie.
Une offre groupée qui a déjà sé-
duit 1.200 adhérents, dont nombre
de PME qui n’étaient pas dans l’orbi-
te du Cèdre et « qui ont adhéré car
nous avions cette offre qui constitue
une première pour les entreprises du
secteur privé », assure Louis de La-
maëstre, le directeur des marchés.
« Les PME
sont expertes
pour acheter
leurs produits
stratégiques
mais sont
en défaut
sur les produits
courants. »
GAËTAN DE SAINTE MARIE
Fondateur de Qantis
mes il y a peu », assure Pierre Chol-
let, à la tête d’Enosens, société qui
regroupe quatre cabinets de conseil
en œnologie et est à l’initiative du
projet. Même logique pour l’Union
générale des viticulteurs pour
l’AOC Cognac. Depuis 2020, un mil-
lier d’entre eux mutualisent leurs
achats de palissage (fil de fer et pi-
quets) grâce à une plateforme
d’achat collaborative qui s’appuie
sur le logiciel de la société Legrou-
peur (Sarthe).
Les prix plus volatils
Les initiatives de regroupement
sont courantes dans l’agroalimen-
taire. En Bretagne, la Centrale
d’achat des artisans alimentaires de
l’Ouest (C3AO), créée en 2019 à l’ini-
tiative des deux syndicats bretons
de la boucherie et de la boulangerie,
revendique 215 adhérents, dont une
cinquantaine s’est inscrite ces dou-
ze derniers mois. Idem pour le GIE
Erosi. Créé en 2005, il représente
65 entreprises autour de Bayonne
(Pyrénées-Atlantiques) et intègre
trois à quatre nouveaux adhérents
chaque année. Pour peu que ces en-
treprises soient locales et présen-
tent un volume d’achat d’au moins
30.000 euros par mois. Ces structu-
Le Cèdre, fondé en 1998 par Gilles
Chevallier à Paray-le-Monial, en
Saône-et-Loire, avait pour vocation
historique de mutualiser les achats
de l’église et du monde chrétien
(écoles, diocèses, paroisses, com-
munautés religieuses…), dont pro-
viennent encore une bonne moitié
des adhérents. Sans compter
3.000 adhérents parmi les associa-
tions liées au monde de l’insertion
et les campings et villages vacances
d’inspiration chrétienne. Mais de-
puis une décennie, Le Cèdre, deve-
nu en 2020 une entreprise à mis-
sion, s’est ouvert aux PME, au
nombre de 2.500.
« Bon père de famille »
Le Cèdre travaille comme la plupart
des groupements d’achat : référen-
çant des fournisseurs, négociant
des prix et laissant ses adhérents
passer leurs commandes. Pour
l’énergie, il a fallu changer d’appro-
che. Désormais, chaque adhérent
res ne s’intéressent pas aux pro-
duits « stratégiques », le cœur de
métier des artisans – qu’il s’agisse
des carcasses pour les bouchers ou
de la farine pour les boulangers –,
mais aux produits plus généraux.
Elles référencent des fournisseurs
auprès desquels les adhérents s’ap-
provisionnent en bénéficiant de
prix négociés. « Nos adhérents ache-
taient souvent dans des enseignes
comme Metro ou Promocash de fa-
çon isolée et avec des prix plus élevés.
Nous estimons que cette organisa-
tion d’achat leur permet de gagner 2 à
3 % de marge », assure Arnaud
Maillard, l’animateur du réseau
C3AO.
Avec la crise, les prix sont toute-
fois devenus plus volatils. Consé-
quence : sur certains produits,
comme l’épicerie ou le gaz propane
indispensable à la plupart des pro-
fessionnels de l’agroalimentaire, « il
faut renégocier les prix tous les six
mois, voire tous les trois mois pour le
lait », explique Arnaud Maillard.
Avec Antargaz, C3AO est parvenu à
faire baisser le prix de la bouteille de
35 kilogrammes de moitié. Les cho-
ses sont beaucoup plus difficiles
pour le gaz naturel ou l’électricité,
dont les prix ont flambé.
« Cela rassurait »
Si la PME Le Cèdre, un poids lourd
des groupements d’achat situé en
Saône-et-Loire, s’est lancé dans
l’achat d’énergie pour le compte de
ses adhérents, la plupart des ac-
teurs, plus modestes, incitent leurs
adhérents à passer par un courtier.
« Nous avons choisi La ruche des
énergies, une entreprise locale. Sur
un sujet aussi complexe et sensible,
cela rassurait nos adhérents de pou-
voir parler à quelqu’un en vis-à-vis »,
confie Marie-Laure Guillemette, di-
rectrice de Ravir24, un groupement
d’achats en Dordogne.
Les fournisseurs sont remis en
compétition tous les ans, mais le
turn-over est finalement assez fai-
mandate Le Cèdre qui, en son nom,
va négocier les prix et surtout gérer
son nouveau contrat. Depuis le lan-
cement de cette offre en avril 2022,
l’entreprise a passé trois contrats
globaux. Le dernier en date a été
conclu avec 500 adhérents, des
PME de l’industrie, du transport ou
du tourisme possédant en moyen-
ne dix compteurs.
Le Cèdre, qui s’appuie sur le cabi-
net de conseil spécialisé Purenergy
Associates, a ainsi négocié pour
800 GWh de contrat, un volume
très important équivalent à la
consommation de près de 50.000
foyers. « Avec un tel volume, nous
avons changé d’échelle et, pour les
gros fournisseurs d’énergie comme
EDF, Engie, TotalEnergies ou Gaz de
Bordeaux, nous sommes passés dans
la catégorie des grands comptes »,
précise Louis de Lamaëstre.
Au-delà du gain immédiat sur la
marge gagnée auprès du fournis-
seur, l’enjeu est d’abord de permet-
PME&REGIONS
La mutualisation des coûts de transport permet de faire baisser les prix. Photo iStock
ble avec des fournisseurs souvent
référencés pendant des années. Gé-
néralement, chacun verse une re-
mise trimestrielle ou annuelle au
groupement qui finance ainsi son
fonctionnement. Chacun em-
ployant une voire deux ou trois per-
sonnes, pour les plus importants.
« Nous essayons de rester dans une
logique de long terme, certains étant
présents depuis l’origine, c’est-à-dire
une quinzaine d’années », confirme
Valérie Laurentin, coordinatrice du
GIE Erosi.
D’autant que pour certains grou-
pements, comme Ravir 24 ou le
Syndicat de l’hôtellerie de plein air
en Dordogne, la notion locale est
primordiale. « Notre objectif est grâ-
ce à l’effet volume d’obtenir des prix
qui ne sont accessibles à nos cam-
pings de taille modeste avec une cen-
taine d’emplacements en moyenne
mais aussi de faire travailler l’écono-
mie locale. Car, outre le prix, nous
voulons de la disponibilité et de la
qualité », insiste Sandrine Vertut,
qui dirige l’association. n
tre aux PME de garantir leur appro-
visionnement et de maîtriser les ris-
ques. « Ces volumes permettent à nos
adhérents d’accéder à des contrats ré-
servés aux grands comptes avec des
offres bloquant des volumes à un
prix fixé à l’avance. Nous nous en ser-
vons pour faire de la gestion en bon
père de famille sans chercher à faire
de coup. C’est ce que nous demandent
nos adhérents », précise François-
Xavier Colle, le spécialiste de l’éner-
gie au Cèdre. — F. N.
La date
1998
Création du Cèdre, dont la
vocation est alors de mutualiser
les achats de l’église et du monde
chrétien. Depuis lors, l’entreprise
s’est ouverte aux PME.
Maison Biraben
en mode groupement
depuis deux décennies
Spécialiste du foie gras et
des conserves implanté
dans le Béarn, l’entreprise
familiale a cofondé le GIE
Adour Achat Agro, qui
regroupe 57 entreprises.
« Au début des années 2000, nos
clients de la distribution se regrou-
paient en centrales d’achat. Nous
nous sommes dit : pourquoi pas
nous ? », se rappelle Pierre Bira-
ben, qui dirige – avec son frère Cy-
rille – Maison Biraben, une entre-
prise familiale spécialiste du foie
gras et des plats régionaux en con-
serve installée près de Pau, dans
les Pyrénées-Atlantiques. A l’épo-
que, il crée avec six entreprises
voisines le GIE Adour Achat Agro.
La structure se développe sur les
départements voisins, jusqu’en
Corrèze et dans le Lot. Elle reven-
dique aujourd’hui 57 adhérents
qui emploient un millier de sala-
riés et négocie des prix sur une
vingtaine de « familles d’achat »
auprès de 150 fournisseurs.
Le GIE possède un volume
d’achat annuel d’environ 14 mil-
lions d’euros par an de produits
non stratégiques. « Il n’est pas
question d’acheter en commun les
canards gras dont une bonne partie
est en Label Rouge. C’est notre cœur
de métier », explique Pierre Bira-
ben. La société, qui emploie une
quarantaine de personnes pour
un chiffre d’affaires de 6 millions
d’euros, consacre 2,5 millions
d’euros à l’ensemble de ses achats,
dont environ 1 million d’euros sus-
ceptibles de passer par le GIE.
Flambée des prix
Pour Maison Biraben comme les
autres adhérents du GIE, ce sont
les produits d’emballage qui pè-
sent le plus lourd : « En mettant en
commun un achat de bocaux en
verre, on permet une livraison avec
un camion complet avec trente pa-
lettes. On mutualise ainsi le coût du
transport. » Ce qui permet de faire
baisser les prix jusqu’à 20 %, dans
le meilleur des cas. Ce n’est pour-
tant pas toujours la panacée car le
GIE subit aussi la conjoncture et
les hausses de prix. Sur l’emballa-
ge, justement, les prix ont flambé,
augmentant de 40 % à presque
80 % selon les produits.
Même les achats en volume ne
font pas tout. Ainsi, le GIE a eu un
jour la surprise de constater
qu’un artisan nouvel adhérent
achetait ses boîtes de conserve
moins cher que le groupement.
« Cela rend très humble », sourit
Pierre Biraben. Mais cette asso-
ciation entre entrepreneurs a
d’autres vertus, comme le travail
en commun, insiste le patron :
« Pour des entrepreneurs vivant
souvent un peu en autarcie, cela
nous donne l’occasion de partager
des problématiques allant bien au-
delà des achats. C’est aussi une bel-
le aventure humaine. »
L’enjeu est
de s’assurer
d’être fourni sur
des marchés tendus
comme les films
plastiques
ou les emballages.
Le GIE, qui emploie trois per-
sonnes, se rémunère grâce à une
remise de fin d’année (RFA)
consentie par les fournisseurs à la
fin de chaque trimestre. Aujour-
d’hui l’enjeu pour le GIE est de s’as-
surer d’être fourni notamment
sur des marchés tendus comme
les films plastiques ou les embal-
lages en verre ou en métal. « Notre
volume d’achat nous aide auprès
des fournisseurs, insiste Pierre Bi-
raben. Ils sont aujourd’hui dans
une position de force mais les mar-
chés sont cycliques. Nous leur fai-
sons bien comprendre que nous
avons de la mémoire. » — F. N.
PME & REGIONS
Nucléaire : F2A se donne des ailes
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
Spécialiste de la
ventilation, F2A vient
d’ouvrir son capital au
fonds France Nucléaire
pour aller chercher
un relais de croissance
en Europe.
Stéphane Frachet
— Correspondant à Lyon
La relance du nucléaire passera par
les PME de la filière, et pas seule-
ment par EDF, Orano ou Bouygues.
C’est le credo du fonds France
Nucléaire, financé par l’Etat et EDF
et géré par le fonds de capital-inves-
tissement lyonnais Siparex.
Ce fonds de l’atome vient d’inves-
tir plusieurs millions d’euros au
capital de F2A (Fabrication Aérau-
lique et Acoustique), un équipe-
mentier de la ventilation des centra-
les nucléaires, des tunnels et des
immeubles. Le fonds France
Nucléaire, qui reste minoritaire, est
accompagné par le fonds Garibaldi
(Banque Populaire) et BNP Paribas.
Le management se hisse à 30 %. Le
président-fondateur, Pierre-An-
toine Rouer, se dilue de 62 à 35 %. La
valorisation de l’entreprise n’est pas
communiquée. Son chiffre d’affai-
res a atteint 27 millions en 2022, en
hausse de presque 10 %.
Une innovation
Cette PME de 230 salariés, dont le
siège social est à Dagneux, dans
l’Ain, vient de remporter un contrat
de 7 millions d’euros avec le nouvel
EPR anglais de Hinckley Point cons-
truit par EDF. La progression de
l’activité est tractée « par le bouche à
oreille », assure Jean-Philippe Mar-
SGT investit lourdement pour développer
ses activités de plastique recyclé
PAYS DE LA LOIRE
Le fabricant de préfor-
mes de bouteilles
recompose son capital
avec l’entrée
d’Unigrains, Bpifrance
et BNP Paribas Déve-
loppement.
L’entreprise nantaise
va muscler ses capaci-
tés en PET recyclé.
Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes
La bouteille en plastique semble,
qu’on le veuille ou non, avoir encore
Beyond Green soutient les agriculteurs en conversion au bio
/ INNOVATEURS
Nicole Buyse
— Correspondante à Lille
Il faut trois ans à un agriculteur en
conversion au bio pour obtenir le
précieux label, le temps que ses ter-
res s’épurent de tout pesticide. Et
pourtant, durant ce laps de temps,
son coût de revient augmente, alors
qu’il ne peut pas encore le répercu-
ter sur ses prix de vente.
Soucieux d’une agriculture dura-
ble, Maxime Durand et Stéphane
Delebassé, qui se sont connus au
cours de leurs études à l’ITEEM-
Centrale Lille, ont créé Beyond
Green en 2018 pour soutenir finan-
grita, le directeur général de F2A,
qui a embarqué l’entreprise sur des
grands projets d’infrastructures,
tels que les métros de Riyad (Arabie
saoudite), de Lusail (Qatar), et du
Grand Paris.
Par ailleurs, F2A a développé un
régulateur de débit d’air variable
sans fil et connecté. Cette innovation
résulte de l’acquisition de la start-up
grenobloise Enerbee à la barre du
tribunal de commerce l’an dernier.
« Ce système génère sa propre énergie,
ce qui évite le câblage. Grâce à une
sonde de qualité de l’air, il permet de
contrôler par exemple le débit d’air
neuf dans des locaux en autonomie
d’énergie », illustre Jean-Philippe
Margrita.
Projet d’acquisition
Pour accompagner le gonflement
du carnet de commandes, F2A a
lancé l’extension de son usine prin-
cipale de Dagneux, afin d’améliorer
le stockage des produits finis. Il pré-
voit d’agrandir son usine de L’Aigle,
dans l’Orne, afin d’augmenter la
production. Au total, plus de 1,5 mil-
lion d’euros a été investi depuis deux
ans, et un demi-million est pro-
grammé pour le site normand. Une
dizaine de postes sont à pourvoir
chez l’industriel, notamment à
Dagneux et dans la ville voisine de
Béligneux, où sont tissés les man-
chons et membranes acoustiques.
« Le taux de chômage de la plaine
de l’Ain est inférieur à 4 %, ce qui crée
une concurrence entre les indus-
triels », déplore Jean-Philippe Mar-
grita, qui peine à recruter. L’entrée
au capital du fonds France
Nucléaire vise aussi à renforcer le
périmètre par une acquisition, « soit
en complément de notre offre, soit
pour viser d’autres marchés en
Europe », indique le dirigeant, qui
aimerait mettre un pied en Allema-
gne. n
de beaux jours devant elle. Mais il lui
faudra intégrer davantage de
matière recyclée dans sa fabrica-
tion : 25 % en 2025 puis 30 % en 2030
selon la réglementation euro-
péenne visant à réduire le plastique
à usage unique. Cette transforma-
tion est l’une des raisons justifiant
l’ouverture du capital de la société
nantaise SGT, figurant parmi les lea-
ders français de la préformes en PET
(polyéthylène téréphtalate) pour la
fabrication de bouteilles.
L’opération fait entrer Unigrains,
Bpifrance et BNP Paribas Dévelop-
pement en tant qu’actionnaires
minoritaires. Ce LBO permet en
premier lieu « de sécuriser l’avenir
de l’entreprise au niveau du capital »,
explique Frédéric Mignot, le PDG
de SGT, l’entreprise fondée par son
père et son oncle en 1981. L’opéra-
cièrement les exploitations agrico-
les pendant cette période de transi-
tion. Située à Mons-en-Pévèle, près
de Lille, la société achète la produc-
tion de ces agriculteurs en conver-
sion « au prix juste », souli-
gne Maxime Durand, au moins
60 % plus cher que dans l’agricul-
ture conventionnelle. Ils font trans-
former ces produits par des parte-
naires locaux et les revendent sous
une marque commune.
Deux circuits de distribution
Les deux fondateurs avaient
démarré avec une première mar-
que : BioDemain, devenue PourDe-
main, spécialisée dans les ensei-
gnes du bio comme Naturalia,
So Bio, Bio c’Bon ou Sequoia en Bel-
F2A est un équipementier de la ventilation des centrales nucléaires, des tunnels et des immeubles.
tion accompagne la sortie de cette
première génération, qui détenait
20 % du capital, et permet de prépa-
rer la transmission, qui pourrait
être familiale même si rien n’est
décidé à ce stade.
Plastique alimentaire
Les nouveaux actionnaires vont
aussi épauler la stratégie « d’écono-
mie circulaire » de SGT en inté-
grant une part croissante de PET
recyclé ou R-PET dans ses préfor-
mes. La société, dont l’usine histori-
que se trouve à Rezé, dans les fau-
bourgs de Nantes, produit chaque
année plus de 7 milliards de ces
petits tubes en plastique qui, par
soufflage, deviennent des bou-
teilles. SGT fournit ainsi l’industrie
des liquides alimentaires (eaux,
sodas, produits laitiers et jus, hui-
gique. Au printemps 2021, ils en ont
créé une deuxième : Transition, qui
est destinée à des enseignes de la
grande distribution comme Inter-
marché, Auchan Cora, Match,
Leclerc… Beyond Green met au
point le cahier des charges des
recettes, prend en charge la logisti-
que, la commercialisation des pro-
duits et tout le marketing.
Le tandem vient de réunir 4 mil-
l i o n s d ’e u r o s p o u r c h a n g e r
d’échelle : passer de 500 agricul-
teurs soutenus aujourd’hui à 3.500
d’ici à 2025 et doubler les
2.000 points de vente actuels sur la
même période. « D’ici à deux ans,
l’objectif est que Transition soit ven-
due dans 3.000 magasins et PourDe-
main dans un millier, ce qui repré-
Mercredi 15 février 2023 Les Echos 26
Helion
Hydrogen
Power
accélère sur
les piles à
combustible
PACA
La filiale d’Alstom
investit 12 millions
à Aix-en-Provence.
Paul Molga
— Correspondant à Marseille
Repris par Alstom à Areva
en 2021, Helion Hydrogen
Power, pionnier des piles à
combustible, va investir 12 mil-
lions dans la construction à Aix-
en-Provence d’une ligne de pro-
d u c t i o n d ’u n e c a p a c i t é
annuelle de 30 MW équivalente
à la consommation d’une ville
de 80.000 habitants. Depuis sa
création en 2001, l’entreprise a
investi près de 100 millions
pour mettre au point sa techno-
logie. Pour fonctionner, ses mo-
teurs utilisent de l’hydrogène et
de l’oxygène pur : en se combi-
nant pour se transformer en
eau, les deux éléments libèrent
de l’énergie avec un rendement
supérieur aux moteurs thermi-
ques, allant jusqu’à 70 %.
Grâce à la structure révolu-
tionnaire que ses ingénieurs
ont conçue, Helion Hydrogen
Power a déjà livré une quaran-
taine de systèmes sur le seg-
ment des énergies de secours
Patrick Forget / F2A
autonomes pour remplacer les
groupes électrogènes dans les
environnements les plus sensi-
bles (data centers, santé, télé-
coms…). Elle a également équi-
pé des véhicules militaires de la
DGA, un sous-marin de l’Ifre-
mer et le projet européen Myr-
te, une minicentrale électrique
destinée à l’effacement des
pointes de consommation dans
les zones insulaires.
« Mobilités lourdes »
« Ces piles sont particulièrement
pertinentes pour des usages en
puissance élevée, notamment
les, vins…) et non alimentaires lions d’euros dans une usine à Cha- pour les mobilités lourdes », ex-
(hygiène, entretien, cosmétique). lon-sur-Saône (Saône-et-Loire) en plique Vincent Maheo, prési-
L’ETI nantaise est, avec 400 mil- partie consacrée à la fabrication de dent d’Helion Hydrogen Power.
lions de chiffre d’affaires, l’un lea- PET recyclé de grade alimentaire. Sa maison mère a inauguré
ders français dans son domaine. Elle prévoit à présent d’investir en 2018 le premier train passa-
« Cela fait plus de dix ans que nous 9 millions d’euros à Nantes dans un ger en service commercial
intégrons du PET recyclé », men- nouveau process de décontamina- fonctionnant à l’hydrogène en
t i o n n e Fr é d é r i c M i g n o t . E n tion permettant, là encore, de trans- Allemagne, et déployé une flot-
moyenne, la matière issue du recy- former la matière recyclable en te d’une soixantaine d’engins de
clage atteint 16 % de sa production. plastique alimentaire. A cela s’ajou- traction dans ce pays et en Italie.
En 2020 déjà, SGT a investi 28 mil- teront des investissements capaci- En France, elle prépare la com-
taires sur ses deux sites français, mande de douze trains régio-
7
6 millions d’euros étant engagés à ce naux et s’intéresse à la décarbo-
stade. SGT emploie 170 salariés en nation du fret ferroviaire. Ce
France et près de 330 dans ses trois dispositif non polluant a aussi
usines situées en Algérie. trouvé son application dans la
Frédéric Mignot et ses nouveaux marine avec le premier équipe-
MILLIARDS partenaires financiers envisagent à ment d’une drague pour les
de tubes en plastique présent la possibilité de nouvelles ports de Sète, Port-la-Nouvelle
transformés ensuite en implantations à l’international, et le Grau-du-Roi permettant
bouteilles sont produits possiblement, en premier lieu, en de réduire de moitié le recours
chaque année par la société. Afrique de l’Ouest. n au diesel pour ces navires. n
sente la moitié des enseignes bio en Il a dit étoffer ses équipes de vente, de mar-
France », projette Maxime Durand. keting et de communication, pas-
Ce financement, dont 2,4 mil- sant de 22 personnes aujourd’hui à
lions en equity, est mené par Ave- une trentaine d’ici à la fin 2023.
lana, fonds d’investissement spé- Beyond Green, qui commercialise
cialisé en agriculture durable, qui actuellement une vingtaine de pro-
entre au capital tout comme le duits sous chacune des deux mar-
fonds régional Finorpa. Les autres
financeurs avaient déjà participé à
« D’ici à deux ans, ques, veut doubler son offre en
développant ses gammes.
un premier tour de table de 1,2 mil- l’objectif est que « Aux jus de fruits, soupes et
lion d’euros au printemps 2021 : le Transition soit vendue farine, nous voulons ajouter par
fonds Makesense, Nord France
Amorçage et une dizaine de busi-
dans 3.000 magasins exemple des miels et nous étendre à
des filières telles que les fruits,
ness angels. Comme la première en France et Pour- comme les fraises ou les abricots, en
fois, Beyond Green a aussi fait appel Demain dans un proposant confitures et compotes »,
au financement participatif avec la millier, soit la moitié déta ille Maxime Duran d. La
plateforme Lita.co, collectant
des enseignes bio. » société, qui a réalisé 1,2 million
Beyond Green
400.000 euros auprès de 324 inves- d’euros de chiffre d’affaires en 2022,
tisseurs. Cet argent doit permettre à MAXIME DURAND vise 4 millions cette année et la tren-
la jeune entreprise de recruter pour Cofondateur de Beyond Green taine d’ici à cinq ou six ans. n

27 Les Echos Mercredi 15 février 2023
La course au lithium s’accélère
dans le bassin rhénan
l En Alsace, le ministre délégué
à l’Industrie Roland Lescure
a visité un site pilote d’extraction
de lithium à partir des saumures
géothermales du bassin rhénan.
l Eramet et Electricité de Strasbourg
visent la production de 10.000 tonnes
d’ici à la fin de la décennie.
MATIÈRES
PREMIÈRES
Etienne Goetz
@etiennegoetz
« Ici, on est en train d’écrire l’ave-
nir ! » En visite à Rittershoffen en
Alsace lundi, le ministre délégué
chargé de l’Industrie Roland Les-
cure n’a pas tari d’éloge à l’égard du
projet d’extraction de lithium géo-
thermal par Electricité de Stras-
bourg (ES) et Eramet. « Nous aurons
non pas le beurre et l’argent du
beurre, mais la chaleur et le lithium
de la chaleur », s’est félicité le minis-
tre sur le site pilote d’extraction du
métal à partir des saumures qui ali-
mentent la production de chaleur.
Après une série d’essais con-
cluants, le groupe minier Eramet et
l’énergéticien Electricité de Stras-
bourg ont signé un partenariat de
long terme pour combiner produc-
tion d’énergie et extraction de
lithium à partir des saumures géo-
thermales du bassin rhénan. Era-
met dispose d’une technologie
d’extraction directe du métal –
développée pour son projet en
La production
de lithium
pourrait s’élever à
10.000 tonnes par an.
Argentine – et Electricité de Stras-
bourg apporte son expertise dans le
forage de puits de géothermie pour
accéder au réservoir de lithium.
Selon les termes de l’accord, la
production de lithium pourrait
s’élever à 10.000 tonnes par an d’ici à
la fin de la décennie, de quoi fabri-
quer 250.000 batteries de voitures
électriques et couvrir 15 % à 20 %
des besoins de l’industrie automo-
bile française, a rappelé la PDG
Un gigantesque gisement découvert en Inde
New Delhi a annoncé avoir
découvert un important
gisement de lithium dans
la région du Jammu-et-Ca-
chemire. Cette ressource
stratégique est indispensa-
ble aux batteries des
appareils électroniques
et des voitures électriques.
Clément Perruche
@clementperruche
— Correspondant à New Delhi
Jackpot. Le gouvernement indien a
annoncé avoir découvert un gigan-
tesque gisement de lithium dans la
région du Jammu-et-Cachemire,
dans le nord-ouest du pays. Ce gise-
ment – le tout premier de cette
envergure détecté en Inde – est éva-
lué à 5,9 millions de tonnes, soit
5,7 % des réserves mondiales.
Ce lithium tombe à point nommé
pour New Delhi. Actuellement, le
sous-continent dépend à 100 % des
importations pour assurer ses
besoins en lithium, se fournissant
d’Eramet Christel Bories. Ces volu-
mes peuvent paraître faibles, mais
ils sont indispensables compte tenu
de l’explosion de la demande.
D’après les projections du groupe,
la consommation de lithium dans
le monde va être multipliée par 6
d’ici à 2030, pour atteindre 3 mil-
lions de tonnes.
La ressource alsacienne dispose
d’autres atouts majeurs. « Elle est
intéressante car elle se couple à la
géothermie qui apporte de la chaleur
et rend le processus efficace en termes
de rendement et également presque
sans CO2 », explique la PDG d’Era-
met Christel Bories. Avant de souli-
gner que « la ressource est locale et
c’est un lithium qui n’aura pas besoin
de traverser la planète pour alimen-
ter les batteries françaises ».
Electricité de Strasbourg exploite
le gisement d’eau chaude à plus de
160 degrés en forant des puits à plus
de 3.000 mètres de profondeur
dans le bassin d’effondrement rhé-
nan. La chaleur remontée est soit
distribuée telle quelle, soit conver-
tie en électricité. Eramet branche
sur le tuyau une sorte de grosse
éponge où des granulés d’alumi-
nium absorbent le métal blanc. Ils
seront rincés et la solution retenue
sera traitée pour être transformée
en carbonate de lithium. La sau-
mure, elle, est réinjectée dans le sol
via un deuxième puits.
Trouver un équilibre
économique
La technologie, développée pour le
projet en Argentine avec de l’eau à
température ambiante et sans pres-
sion, a démontré sa capacité à cap-
ter le lithium dans les saumures à
haute température et sous haute
pression. Les deux groupes doivent
encore s’assurer que la réinjection
ne dilue pas la concentration en
lithium, mais les premières modéli-
sations se révèlent concluantes sur
ce point.
principalement auprès de l’Austra-
lie (7,9 % des réserves mondiales) et
de l’Argentine (20 % des réserves).
Lors de l’exercice fiscal de 2022, les
importations indiennes de lithium
se sont chiffrées à 1,6 milliard
d’euros.
Selon les premiers relevés, ce
lithium serait d’une qualité supé-
rieure (550 parties par million, con-
tre une moyenne de 220 parties par
million). Son extraction serait donc
particulièrement rentable. Cela
permettrait à l’Inde de réduire sa
facture vis-à-vis de ses fournisseurs
internationaux.
Dépendance à la Chine
C’est une aubaine pour le pays. En
quelques années, les prix du
lithium ont explosé. Tirés par
l’essor des voitures électriques, les
prix du métal blanc ont atteint
84.523 dollars la tonne en novem-
bre dernier, contre 5.658 dollars en
août 2020, soit une hausse de près
de 1.400 %. Mi-janvier, les prix sont
un peu redescendus, à 70.000 dol-
FINANCE&MARCHES
Le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, n’a pas tari d’éloge à l’égard du projet d’extraction de lithium géothermal
par Electricité de Strasbourg et Eramet. Photo Frédérick Florin/AFP
Il reste pour les deux acteurs à
trouver un équilibre économique.
Du côté d’Eramet, il est nécessaire
d’avoir accès à une quantité suffi-
sante de saumure, la concentration
de lithium dans le sous-sol rhénan
n’étant que 180 mg par litre contre
plus de 400 mg en Argentine. Le
groupe minier estime à 5 le nombre
de puits nécessaires pour atteindre
des volumes suffisants.
Albert Genter, directeur général
adjoint de la géothermie chez ES,
explique que trois autres projets ont
déjà obtenu des permis pour com-
pléter les puits de Rittershoffen et
de Soultz-sous-Forêts, mais il faut
trouver des clients pour l’énergie,
soit en favorisant l’implantation
d’entreprises, soit en produisant de
l’électricité qui sera envoyée dans le
réseau. D’autres entreprises combi-
nent géothermie et extraction de
métal blanc. C’est le cas de Lithium
de France dans les environs de
Bischwiller, mais aussi de Vulcan
Energy, implanté de l’autre côté du
Rhin en Allemagne. n
lars la tonne. Surnommé « or
blanc », le lithium a une grande
capacité à stocker l’énergie. Cela en
fait l’un des composants essentiels
des batteries des téléphones porta-
bles, mais aussi des voitures électri-
ques.
Disposer de telles réserves est
donc crucial pour l’industrie auto-
mobile indienne. Celle-ci a enclen-
ché un gigantesque pivot pour
atteindre les 30 % de voitures élec-
triques d’ici à 2030. L’industrie
manufacturière électronique, en
progression en Inde, pourrait égale-
ment bénéficier de ce gisement.
Avec l’essor de la voiture électri-
que, le risque pour l’Inde est de
30 %
DE VOITURES ÉLECTRIQUES
dans la production indienne,
c’est l’objectif visé
par New Delhi en 2030.
Elle a dit
« La ressource
est locale et c’est
un lithium qui
n’aura pas besoin
de traverser la pla-
nète pour alimen-
Bruno Lévy/Challenges-RÉA
ter les batteries
françaises. »
CHRISTEL BORIES
PDG d’Eramet
dépendre de la Chine, son grand
rival dans la région, qui assure 50 %
du traitement mondial du lithium
et 75 % de la fabrication totale de
batteries. Sécuriser les approvision-
nements de cette ressource straté-
gique est donc capital pour Naren-
dra Modi, le Premier ministre
indien, qui martèle sans cesse ses
ambitions pour l’« Atmanirbhar
Bharat », autrement dit « l’Inde
autonome ».
D’ici à l’exploitation du gisement
au Jammu-et-Cachemire, la route
est encore longue. La découverte est
pour l’instant au stade « prélimi-
naire » et de nombreuses autres
analyses doivent être conduites
pour confirmer la taille du gise-
ment. Le projet risque également de
se heurter aux défenseurs de l’envi-
ronnement.
Car l’exploitation du lithium relâ-
che d’immenses quantités de CO2
dans l’atmosphère et est extrême-
ment vorace en eau. Il faut compter
2,2 millions de litres d’eau pour une
tonne de lithium extraite. n
Vulcan Energy revoit
à la hausse ses objectifs
de production
La jeune pousse austra-
lienne envisage d’extraire
24.000 tonnes de lithium
par an dès 2027. Elle a
signé des contrats
d’approvisionnement avec
de nombreux construc-
teurs automobiles. Une
feuille de route particuliè-
rement ambitieuse.
La start-up australienne Vulcan
Energy a révisé de 60 % à la hausse
ses objectifs de production. Selon
le résultat d’une étude de faisabi-
lité publiée lundi, elle envisage de
produire quelque 24.000 tonnes
d’hydroxyde de lithium par an à
partir de 2027, de quoi fabriquer
500.000 batteries de voitures élec-
triques. Dans une première esti-
mation, l’objectif était limité à
15.000 tonnes.
Pour arriver à ces résultats, la
jeune pousse espère lever assez
d’argent pour réaliser 1,5 milliard
d’euros de dépenses d’investisse-
ments, soit deux fois plus que
dans la précédente estimation.
Vulcan extrait le lithium des sau-
mures du bassin rhénan tout en
valorisant l’énergie par de la géo-
thermie. A ce titre, la société
basée à Perth en Australie reven-
dique une empreinte carbone
nulle.
Les promesses de Vulcan
Energy sont telles que de nom-
breux constructeurs automobiles
ont d’ores et déjà signé des con-
trats d’approvisionnement. Stel-
lantis a même pris une participa-
tion de 8 % dans le capital de la
jeune pousse contre 50 millions
d’euros. Volkswagen et Renault
ont également sécurisé une partie
de leur approvisionnement
auprès de Vulcan.
Vulcan Energy n’a toutefois pas
encore produit de lithium à
l’échelle commerciale. Par rap-
port à ses concurrents, sa feuille
de route paraît même particuliè-
rement ambitieuse. Eramet et
Electricité de Strasbourg, deux
acteurs reconnus pour leur exper-
tise dans leurs domaines respec-
tifs, se sont fixé pour objectif
autour de 2030 pour la produc-
tion de 10.000 tonnes par an en
Alsace. Comment une start-up
créée en 2018, dotée d’une surface
financière plus limitée, peut-elle
parvenir à produire davantage et
plus rapidement ? Certains pro-
fessionnels s’interrogent et redou-
tent que les promesses ne relèvent
que du « marketing ».
Le forage de puits est extrême-
ment capitalistique et doit se faire
avec beaucoup de précaution afin
d’éviter tout accident industriel.
La société Fonroche est allée trop
vite pour son projet de géothermie
à Vendenheim dans la banlieue de
Strasbourg, ce qui a provoqué une
forte secousse dans l’ensemble de
l’Eurométropole. Fonroche, deve-
nue Géorhin depuis sa mise en
sauvegarde, devrait être reprise
L’essentiel des
projets de Vulcan
se situe du côté
allemand.
par Arverne Group, selon les
informations de Rue89 Stras-
bourg. Mais le mal est fait, les
populations locales voient désor-
mais la géothermie d’un mauvais
œil après les impressionnants
événements sismiques.
Bien que l’essentiel des projets
de Vulcan se situe du côté alle-
mand, la start-up a déposé des
demandes de permis en France
près de Haguenau. Aucun client
ne manquera pour vendre le
lithium, mais il faudra trouver des
débouchés pour le surplus d’éner-
gie, sans quoi les coûts d’extrac-
tion du métal seront trop élevés.
— E. Go.
FINANCE & MARCHES
Sur le crédit aux particuliers,
« le ralentissement est plutôt bienvenu »
l Nathalie Aufauvre a été nommée fin 2022 à la tête de l’autorité française des banques et des assureurs.
l Parmi ses sujets de vigilance, les tensions sur la liquidité, ou encore la gestion des risques climatiques.
l Adepte du dialogue, elle voit dans le retour des dividendes et rachats d’actions par les banques un « bon compromis ».
Propos recueillis par
Edouard Lederer
et Thibaut Madelin
Les banques françaises vien-
nent de publier leurs résultats
annuels. Quelle est votre
impression générale ?
Nous sommes confortés dans notre
sentiment que le secteur financier
est résilient face à une succession de
crises. Le secteur bancaire bénéfi-
cie pleinement de toutes les mesu-
res qui ont été prises après la grande
crise de 2008 et on en voit les bénéfi-
ces aujourd’hui. Il a traversé la crise
du Covid, un retournement de
situation inattendu avec la remon-
tée de l’inflation très rapide et la
crise en Ukraine et ses conséquen-
ces sur le marché de l’énergie.
Y a-t-il des sujets de vigilance ?
La volatilité sur les marchés crée des
tensions sur la liquidité : cela s’est
observé avec la hausse brutale des
cours des matières premières, ou
l’épisode d’instabilité sur la dette
britannique l’an dernier. Cela n’a pas
touché les établissements français,
mais on a vu que ces épisodes peu-
vent se propager très vite, via les
acteurs non bancaires. Ils sont
moins réglementés et se sont déve-
loppés très rapidement ces derniè-
res années.
Comment mieux réguler
cette finance de marché ?
Il y a une répartition des responsa-
bilités entre superviseurs de la ban-
que et de l’assurance, comme nous,
et les autorités de marchés finan-
ciers. Nous travaillons en excellente
coopération avec l’AMF. Après la
crise de 2008, nous avons déve-
loppé une approche macropruden-
tielle pour les banques. Cela peut
manquer encore pour les fonds.
« Les ménages,
comme d’ailleurs
les entreprises
et l’Etat, sont
fortement endettés
en France.
C’est un facteur
de vulnérabilité,
tempéré par le fait
que nous avons
essentiellement
de l’endettement
à taux fixe. »
Faut-il mieux contrôler les
relations entre cette finance de
marché et le secteur bancaire ?
Les relations entre le secteur ban-
caire et ces acteurs sont soumises à
la réglementation bancaire. Mais il
est encore difficile d’avoir une
vision précise de ces liens. On a pu le
voir avec Archegos : les banques
n’avaient pas la vision des engage-
ments des autres banques. Pour
nous, la priorité est de mieux identi-
fier les risques portés par le secteur
financier non bancaire, qui a large-
ment recours au levier, et ses rela-
tions avec le secteur bancaire, sur-
tout dans un contexte de remontée
rapide des taux d’intérêt.
Avec la remontée des taux,
l’inflation et la conjoncture,
le risque de crédit va-t-il
augmenter en 2023 ?
Le renchérissement des conditions
financières va forcément impacter
l’économie réelle. Donc le risque de
crédit sera certainement un point
d’attention en 2023. Les ménages,
comme d’ailleurs les entreprises et
l’Etat, sont fortement endettés en
NATHALIE
AUFAUVRE
Secrétaire générale
de l’Autorité de
contrôle prudentiel
et de résolution
France. C’est un facteur de vulnéra-
bilité, tempéré cependant par le fait
que nous avons essentiellement de
l’endettement à taux fixe, à la diffé-
rence du Royaume-Uni par exem-
ple.
Faut-il s’inquiéter du ralentis-
sement du crédit immobilier ?
Le rythme de croissance des prêts
aux ménages commence en effet à
ralentir modérément après des
années exceptionnellement éle-
vées. Compte tenu de la dynamique
très forte du crédit des dernières
années, une telle normalisation est
plutôt bienvenue. Théoriquement,
il faut que le rythme de croissance
du crédit soit proportionné à celui
du PIB nominal, qu’on dépassait lar-
gement ces dernières années.
La remontée des taux va-t-elle
profiter aux banques ?
Elle va leur permettre d’améliorer
leur marge nette d’intérêt même s’il
y a un peu de latence. En France,
avec l’épargne réglementée, la
hausse des taux du Livret A est qua-
siment immédiate alors que les
actifs des banques – notamment
avec les prêts à taux fixe – n’évolue-
Laurent Chamussy/ipa
ront pas si rapidement. Néanmoins,
il ne faut pas oublier qu’une partie
importante du passif des banques
est constituée de dépôts non rému-
nérés, donc dès que les taux aug-
mentent, elles ont progressivement
une amélioration de leur marge
nette d’intérêt.
On a vu au quatrième
trimestre une légère baisse
des dépôts à vue…
Il y a eu un ajustement, notamment
vers les Livrets A, mais nous n’anti-
cipons pas un transfert massif. En
tout cas, nous ne l’avons pas
observé dans le passé.
Etes-vous satisfaite des
annonces de dividendes ou de
rachats d’actions des banques
ou sont-elles trop généreuses ?
Après une période où les banques
ont été limitées sur leur distribution
de dividendes, en liaison avec la
crise du Covid, il nous semble nor-
mal de revenir à une distribution
conforme aux plans annoncés par
les banques. Nous suivrons cela de
près dans le contexte d’incertitude
qui prévaut encore, mais ce qui a été
annoncé nous semble en ligne avec
la distribution traditionnelle faite
par les banques, autour de 50 % de
leur résultat net. C’est un bon com-
promis entre d’un côté la rémuné-
ration des actionnaires et le main-
tien de leurs cours en Bourse, et de
l’autre la nécessité de continuer à
renforcer leurs fonds propres ?
Les assureurs-vie ont annoncé
des taux de rendement en forte
hausse sur les fonds en euros.
Est-ce une bonne décision ?
C’est une bonne décision des assu-
reurs-vie, dans la mesure où un trop
grand décalage entre les rémunéra-
tions qu’ils peuvent offrir et la situa-
tion de rémunération sur les mar-
chés pourrait provoquer des retraits
si la situation perdurait. C’est donc
un facteur de stabilisation qui nous
semble tout à fait bienvenu sachant
que nous avons soutenu le fait qu’ils
mettent de côté des réserves assez
importantes au cours des cinq der-
nières années. C’est le moment de
les mobiliser. Ils le font de façon rai-
sonnable et ont encore de la marge
pour poursuivre dans le même sens
en 2023 et 2024, sachant qu’au fur et
à mesure ils pourront réinvestir
dans des placements plus rentables.
C’est un processus assez lent.
Une proposition de loi vise à la
transférabilité d’une assuran-
ce-vie d’un assureur à l’autre.
Qu’en dites-vous ?
Nous n’y sommes pas favorables
car il faut éviter de déstabiliser cette
assurance-vie qui gère des sommes
très importantes. D’un point de vue
prudentiel, elle a toujours été trai-
tée comme une épargne longue car
si un assuré a bien la possibilité de
Paiements : la concurrence, « ce ne sont pas
les banques centrales, mais les Big Techs »
La BCE travaille sur un futur
euro numérique. Les banques
craignent une concurrence
avec leur projet de paiement
EPI. Ont-elles tort ?
Nous disons aux banques depuis le
début que nous ne visons absolu-
ment pas à les remplacer, y com-
pris dans les paiements digitaux.
C’est une complémentarité qui a
toujours existé. Aujourd’hui, les
moyens de paiement que vous avez
dans votre poche, c’est une carte de
paiement mais aussi des billets de
banque, émis par la banque cen-
trale. Or il y a de moins en moins
d’usage des billets, donc les ban-
ques ou les Big Techs prennent de
plus en plus de place dans cet éco-
système. Il est important que les
banques centrales puissent rester
partie prenante de cet écosystème.
Pourquoi ?
Car les billets de banque et demain
potentiellement l’euro numérique
servent un peu d’ancre. C’est-à-dire
qu’à tout moment, on peut échan-
ger les montants qu’on a sur son
« Nous ne sommes
pas favorables
à la transférabilité
d’une assurance-
vie d’un assureur
à l’autre. »
compte bancaire avec du cash. Et
c’est cet échange permanent d’un
pour un, quelle que soit la banque,
qui assure l’unicité de l’euro du
point de vue du consommateur.
Que vous ayez un euro déposé à
votre banque ou dans votre poche,
c’est la même chose. C’est un élé-
ment important de l’unité du sys-
tème monétaire. Par ailleurs, les
paiements en Europe sont extrê-
mement fragmentés. La carte de
paiement ne fonctionne que pour
les Français. Si vous achetez quel-
que chose en Allemagne, ce sont
les grands réseaux américains
type Visa ou MasterCard qui vont
assurer le paiement. Nous avons
donc un sujet de souveraineté sur
les paiements. C’est pour cela que
nous avons toujours soutenu le
projet EPI et j’espère qu’il va vrai-
ment voir le jour. Mais il peut être
important d’offrir aussi une forme
numérique du billet de banque,
l’euro numérique, dont le compte
ou portefeuille électronique sera
d’ailleurs relié à votre compte en
banque.
Mercredi 15 février 2023 Les Echos
retirer ses fonds du jour au lende-
main, le traitement fiscal favorable
lié à la durée de détention entraîne
une forte stabilité. La transférabilité
créerait une incertitude pour les
assureurs quant à la duration de
leur passif, ce qui les conduirait à se
reporter sur des placements plus
courts… moins rémunérés. Les
assurés n’ont pas grand-chose à
gagner à tout cela.
Mais il y a un débat sur les
frais dans l’assurance-vie…
Les assurés se sont tournés davan-
tage vers les contrats en unités de
L’un des membres du direc-
toire de la BCE, a évoqué
la création d’une app…
On ne sait pas encore sous quelle
forme sera distribué l’euro numéri-
que. Les banques devront jouer un
rôle clé en l’intégrant dans les
moyens de paiement qu’elles
offrent : aujourd’hui, sur votre carte
de crédit, vous avez le plus souvent
un co-badgeage, CB (Carte Ban-
caire) pour les paiements domesti-
ques et Visa/MasterCard pour les
paiements à l’étranger. On pourrait
« Il n’y a bien
entendu aucune
volonté de
déplacement
des dépôts
bancaires
vers le bilan de
l’Eurosytème. »
28
compte (UC) ces dernières années.
En contrepartie, il doit y avoir plus
de transparence sur la rémunéra-
tion brute et nette de leur épargne. Il
existe sur ces contrats une chaîne
d’intermédiaires, qui ont chacun
besoin d’être rémunérés. Si bien que
pour un épargnant, il est difficile
d’avoir une vision globale de la tota-
lité des frais prélevés. Nous serons
vigilants et en discuterons avec la
profession pour aller plus loin en
matière de transparence, avec au
besoin une recommandation.
Que doivent faire les assureurs
pour se préparer à la hausse
des sinistres climatiques ?
Fondamentalement, nous pous-
sons depuis plusieurs années le sec-
teur financier à se préparer davan-
tage au changement climatique,
d’abord en mesurant ces nouveaux
risques, ensuite en prenant les
mesures de gestion adéquates, et
enfin en élaborant des plans de tran-
sition climatique. Pour mieux
mesurer la résilience du secteur
face à ce nouveau type de risques,
nous avons développé de nouveaux
outils, les « stress tests » climatiques,
que l’on a déjà menés de façon un
peu avant-gardiste à l’ACPR pour les
secteurs banque-assurance. L’an
dernier, la BCE l’a fait pour le secteur
bancaire et en 2023, nous souhai-
tons renouveler un « stress test »
côté assurance, qui pourra être réa-
lisé en coordination avec l’Autorité
européenne des assurances et des
pensions professionnelles (EIOPA)
en fonction de son calendrier.
Le risque cyber augmente-t-il
avec la guerre en Ukraine ?
On a craint en effet que le risque
a u g m e n t e ave c l a g u e r r e e n
Ukraine. Nous ne le constatons pas
à ce stade. Néanmoins, il y a des atta-
ques, plutôt faites pour détourner
des fonds. Le risque est très présent
en raison de la multiplicité des
acteurs et des nombreux prestatai-
res de services du secteur financier,
qu’il s’agisse de la messagerie, des
services liés au trading ou aux back-
offices, ou le cloud. Le secteur finan-
cier est particulièrement vulnéra-
ble dans le sens où il est très
interconnecté. Et il manipule des
flux financiers importants. Donc
c’est une cible intéressante, qui doit
être particulièrement protégée. n
très bien ajouter un troisième logo
qui serait celui de l’euro numéri-
que. Une autre option pourrait être
en plus d’avoir accès à votre compte
ou portefeuille d’euro numérique
via une application spécifique de
paiement sur téléphone. Cela pour-
rait être fourni par un prestataire
tel qu’EPI.
Mais notre argent numérique
sera-t-il gardé par la BCE ?
L’argent sera inscrit au bilan de la
banque centrale, comme les billets
de banque, mais le compte sera
tenu par votre banque. Le modèle
d’affaires pour les banques sera au
cœur des débats. Mais il n’y a bien
entendu aucune volonté de provo-
quer un déplacement des dépôts
bancaires vers le bilan de l’Euro-
système, qui est déjà suffisam-
ment conséquent. La concurrence
des banques, ce ne sont pas les
banques centrales, ce sont les Big
Techs. Il ne faut pas qu’elles se
trompent d’adversaire !
— Propos recueillis par
E. Le. et Th. M.
29 Les Echos Mercredi 15 février 2023 FINANCE & MARCHES

Une attaque cyber ravive Le crédit à la

la menace sur les banques
l Visée par des hackers, la société irlandaise ION a vu l’enregistrement
de certaines opérations dans les grands groupes financiers perturbé.
l Celle-ci a été obligée de couper la connexion avec les serveurs affectés.
CYBERATTAQUE
Romain Gueugneau
@romaingueugneau
La menace cyber continue de pla-
ner sur la finance. Une nouvelle
alerte sérieuse vient de se produire
en ce début d’année. Une attaque
informatique visant la société irlan-
daise ION Group, spécialisée dans
le traitement des données de
trading, a perturbé le fonctionne-
ment du marché des produits déri-
vés. Deux semaines après la révéla-
tion de cet incident, certains
opérateurs rencontraient encore
des difficultés pour bien enregistrer
leurs opérations, comme l’indi-
quait vendredi la CFTC, le régula-
teur américain chargé de supervi-
ser les produits dérivés.
Des procédures ordinairement
automatisées, réalisées grâce à des
logiciels sophistiqués comme ceux
fournis par ION, ont notamment dû
être effectuées à la main, occasion-
nant de nombreux retards dans le
reporting et la vérification du trans-
fert de certains titres. La CFTC
comme Euronext ont ainsi dû déca-
ler la semaine dernière, et jusqu’à
nouvel ordre, la publication de leur
rapport hebdomadaire sur les opé-
rations de trading sur dérivés.
Le paiement d’une rançon
L’attaque sur la société ION, avec
laquelle travaillent de très
nombreuses banques dans
le monde mais aussi des hedge
funds, a été révélée le 31 janvier. Elle
a forcé ce prestataire informatique
à couper la connexion avec les ser-
veurs affectés. Cinq jours plus tard,
l’attaque était circonscrite, après la
révélation par le groupe de hackers
Lockbit, qui en était à l’origine,
du paiement d’une rançon par sa
victime – ce que ION n’a pas voulu
confirmer. Le rétablissement
des différents services affectés
prend en revanche plus de temps,
alors que chaque serveur doit être
Le piratage de la société ION a été révélé le 31 janvier dernier. Photo iStock
L’impact de cette attaque infor-
matique, d’un point de vue finan-
cier, semble plutôt limité à ce stade.
« Beaucoup de banques ont été tou-
chées, explique une source bancaire
à Paris. Mais elles avaient toutes des
mesures de contournement, et cela
n’a pas tant perturbé que ça le fonc-
tionnement du marché. »
En Italie, la banque Intesa
Sanpaolo a reconnu avoir été tou-
chée par cet incident, mais assure
avoir « adopté rapidement les mesu-
res nécessaires pour éviter d’avoir à
suspendre totalement ses activités de
trading de dérivés » tout en vérifiant
que ses propres systèmes n’étaient
pas piratés. « Ce genre d’attaque peut
limiter ou retarder des opérations.
Quelle que soit la gravité de cette
cyberattaque, elle rappelle néan-
moins la grande vulnérabilité des
banques face à une menace qui peut
venir de l’extérieur. Si les établisse-
ments financiers investissent des
millions d’euros dans la défense de
leurs infrastructures, ils doivent
aussi composer avec des prestatai-
res et des fournisseurs qui ne sont
pas forcément aussi bien protégés.
La part croissante d’externalisa-
tion des services informatiques dans
les banques, favorisée par la bascule
de plus en plus d’applications dans le
cloud, est d’ailleurs une source
d’inquiétude pour les superviseurs
comme la Banque centrale euro-
péenne (BCE). En 2021, près de la
consommation
marque le pas
CRÉDIT
La production
de crédit
à la consommation
a reculé de 2,6 %
en décembre, selon
les chiffres de
l’Association des
sociétés financières
publiés mardi.
Marion Heilmann
@MarionHeilmann
Les Français semblent avoir
mis le pied sur le frein, fin 2022,
sur le crédit à la consommation.
Selon les derniers chiffres
publiés par l’Association des
sociétés financières (ASF)
mardi, la production de crédits
à la consommation a reculé
de 2,6 % en décembre, après
avoir déjà fléchi en novembre
(–0,5 %).
Entre une inflation élevée,
des taux de prêt qui remontent
et l’incertitude liée à la guerre
en Ukraine, les ménages ont
préféré jouer la prudence ou se
rabattre sur les produits d’occa-
sion. Au dernier trimestre, la
croissance de la production de
crédits à la consommation a
ainsi ralenti à 1,2 %, soit 8 à
11 points de pourcentage de
m o i n s q u’a u x t r i m e s t r e s
précédents. Sur l’année, la pro-
duction progresse tout de
ble informatique. Il est important de même de 7,7 %, mais moins
savoir comment l’écosystème tout qu’en 2021 (12,6 %).
entier se protège. » En 2021, une cybe- En fin d’année, ce sont sur-
rattaque sur deux visant une banque tout les prêts personnels qui se
européenne a été couronnée de suc- sont effondrés, marquant une
cès, selon la BCE. n chute de 23,5 % en décembre, et
un recul de 14,5 % sur le dernier
trimestre. « Ce secteur des finan-
« Ce genre cements, composé d’une part
d’attaque peut importante de crédits d’un mon-
retarder certaines tant supérieur à 6.000 euros, est
très pénalisé par le seuil de
opérations. Mais l’usure des trois derniers mois de
on peut toujours l’année 2022 », explique l’ASF
faire les choses dans un communiqué.
autrement, certes
Les crédits automobiles
un peu moins classiques en baisse
rapidement. » En effet, comme pour le crédit
La production de crédits
automobiles classiques, de son
côté, a pâti de la baisse des
immatriculations de voitures
neuves, pour terminer en recul
de 12,1 % sur l’année. Dans
l’auto, la location avec option
d’achat et l’occasion continuent
de progresser, mais moins rapi-
dement en fin d’année.
Ce ralentissement du crédit à
la consommation a également
été constaté par l’Observatoire
des crédits aux ménages, une
étude publiée tous les ans par la
Fédération bancaire française
et l’ASF et réalisée par Kantar
auprès de 13.000 foyers.
En 2022, 21,8 % des ménages
interrogés déclaraient avoir un
crédit à la consommation, soit
le taux de détention le plus bas
enregistré depuis la création de
l’Observatoire en 1989. Ce taux
de détention affiche ainsi un
recul pour la cinquième année
consécutive, et une baisse de 3
points par rapport à 2020. « Les
craintes que les ménages expri-
ment sur leur pouvoir d’achat
sont là, et ça se traduit par une
moindre appétence pour les
grands projets de consomma-
tion », a expliqué le professeur
d’économie Michel Mouillart,
lors d’un point presse.
Les ménages
« pessismistes »
Un recul qui devrait se poursui-
vre en ce début d’année 2023,
puisque seulement 3,6 % des
ménages prévoient de
souscrire un nouveau crédit à la
consommation au premier
semestre, un chiffre en deçà de
la moyenne sur longue période.
« Les ménages sont pessimistes,
ce qui se retrouve dans leurs
intentions de souscrire de nou-
veaux crédits », souligne Michel
Mouillart. En raison de la con-
traction de leur pouvoir
d’achat, ils ont en effet le senti-
ment que leur situation finan-
cière s’est nettement dégradée,
même s’ils déclarent à près de
88 % que leurs charges de
remboursement restent
supportables. n

ausculté pour vérifier s’il n’est
pas encore compromis par le virus.
Les clients ont progressivement
pu se reconnecter à la plateforme
dès la semaine dernière, a
déclaré ION.
Mais on peut toujours faire les choses
autrement, certes un peu moins rapi-
dement », témoigne le responsable
informatique d’une grande banque
française, qui assure ne pas utiliser
les services affectés d’ION.
moitié des dépenses informatiques
des groupes bancaires européens
(47,4 %) concernait des prestations
externalisées (contre 43,3 % un an
plus tôt). « Aucune banque ne vit de
façon isolée, reconnaît le responsa-
23 %
UN RESPONSABLE immobilier, le taux d’usure – ce
INFORMATIQUE taux au-delà duquel les établis-
D’UNE GRANDE BANQUE sements n’ont pas le droit de
FRANÇAISE prêter – révisé tous les trois
mois jusqu’en janvier, est
remonté moins rapidement DE BAISSE
que les coûts de refinancement en décembre des prêts
des sociétés financières. Plutôt personnels. Sur le dernier

Les institutions financières de plus en plus que de prêter à perte, certaines

impactées par les attaques par déni de service
Selon un rapport,
les cyberattaques « par déni
de service distribué »,
visant les banques,
centrales, ont bondi de 22 %
incidents à la BCE, mais pas forcé-
ment après du public.
S e l o n l ’o rg a n i s a t i o n ,
« l’année 2022 a vu le retour des atta-
ques DDoS basées sur des motiva-
veau le niveau de menace contre le
Danemark, entre autres sur la base
du niveau élevé d’activité des groupes
de hackers militants pro-russes con-
tre les pays de l’OTAN, dont le Dane-
estime Rick McElroy, stratège en
cybersécurité chez VMware,
auprès de Reuters.
Autrefois considérées comme
des nuisances de « faible niveau »,
d’entre elles ont donc préféré
refermer le robinet du crédit.
Une situation qui devrait s’amé-
liorer avec la révision men-
suelle du taux d’usure, instau-
rée provisoirement jusqu’au
1er juillet.
trimestre, le recul atteignait
14,5 %. Ce secteur des
financements est très
pénalisé par le seuil de
l’usure des trois derniers
mois de l’année 2022,
selon l’Association des
sociétés financières.

au niveau mondial.
Rachel Cotte
La menace cyber continue de peser
sur les institutions financières.
Selon un rapport du Financial Ser-
vices Information Sharing and
Analysis Center (FS-ISAC) publié en
janvier et cité par la recherche de
Bloomberg, celles-ci ont été parti-
culièrement visées, en 2022, par les
attaques DDoS. Ces attaques « par
déni de service distribué » se tradui-
sent par un envoi massif de requê-
tes, dans le but de saturer le site
d’une organisation et d’en empê-
cher ainsi l’accès.
A l’échelle mondiale, le volume
de ces attaques ciblant les entrepri-
ses financières a bondi de 22 %. En
Europe, la dynamique est encore
plus forte : ces assauts y ont aug-
menté de 73 %. L’appréhension du
phénomène reste difficile, les ban-
ques étant tenues de déclarer les
tions politiques ». Parmi les cibles,
figuraient donc des institutions
financières – mais aussi des sites
gouvernementaux, ou encore des
établissements d’enseignement –
d’Etats qui, « directement ou indirec-
tement, ont pris parti dans la guerre
entre la Russie et l’Ukraine ou
d’autres tensions géopolitiques »,
détaille le rapport.
Des pirates pro-russes
visent le Danemark
Le Danemark en a d’ailleurs fait les
frais début janvier 2023 : la Banque
centrale du pays, ainsi que sept ban-
ques privées, ont vu leurs activités
perturbées par des attaques de ce
type, revendiquées par un groupe
de pirates informatiques pro-rus-
ses. Ces derniers ont temporaire-
ment désactivé l’accès aux sites
Web des institutions visées.
Ces événements ont poussé le
pays à relever son niveau d’alerte
cyber. « Nous augmentons à nou-
mark », déclarait le centre danois
Ces attaques
se traduisent
par un envoi massif
de requêtes, dans
le but de saturer
le site d’une
organisation
et d’en empêcher
ainsi l’accès.
pour la cybersécurité le 31 janvier
sur Twitter. Le pays est réputé pour
être l’un des plus « digitalisés » au
monde. Ce qui le rend plus vulnéra-
ble au risque de cyberattaques.
« La récente attaque DDoS contre
la banque centrale du Danemark
prouve une fois de plus que le secteur
des services financiers est une cible de
choix pour les cybercriminels »,
les attaques DDoS posent « de plus
en plus de risques commerciaux
importants, tels que des perturba-
tions opérationnelles et des atteintes
à la réputation », détaille le rapport.
Ce dernier note toutefois que les
institutions financières sont mieux
protégées que de nombreux autres
secteurs, grâce à un « long héritage
de réglementation ».
Mais les pirates informatiques
savent eux aussi adapter leur straté-
gie. « Les acteurs DDoS à motivation
financière ajoutent de plus en plus
l’extorsion à leurs tactiques, ce qui
n’est pas nécessairement couvert par
les protections existantes », observe
le rapport du FS-ISAC.
Les hackers exigent en effet
parfois le paiement d’une rançon
pour mettre fin à leur attaque.
L’évolution de ces pratiques cyber-
criminelles représente un défi de
taille pour les banques, contraintes
d’ajuster leurs protocoles de
défense en conséquence. n
en bref
Candriam se renforce
dans le secteur de l’immobilier
GESTION D’ACTIFS Filiale de New York Life Investment,
Candriam va porter de 31% à 80% sa participation dans le
gestionnaire d’investissements immobiliers britannique
Tristan Capital Partners. Avec plus de 15 milliards d’euros
d’actifs sous gestion pour le compte d’investisseurs institution-
nels et privés, Tristan conservera son autonomie de gestion tout
en bénéficiant du réseau de distribution et des ressources opé-
rationnelles et financières du groupe américain. De son côté,
Candriam poursuit ainsi sa politique de diversification vers des
actifs privés.
Précision
PAIEMENT Contrairement aux informations que nous avons
publiées dans le journal du lundi 13 février, Clearpay, le spécia-
liste du paiement fractionné, n’a pas signé de partenariat avec
les Chambres de commerce et d’industrie.
FINANCE & MARCHES
La cryptosphère opposée
aux nouvelles règles françaises
CRYPTOMONNAIES
Pour les acteurs
du secteur, la loi
s’avère « inéquitable »
et va nuire à leur
compétitivité.
Celle-ci va notamment
les obliger à réaliser
un audit de leur
système informatique,
coûteux et complexe.
Laurence Boisseau
@boisseaul
« On a évité le pire », souffle un avo-
cat qui conseille les acteurs des
cryptoactifs. « Mais les nouvelles
règles ne vont pas favoriser l’innova-
tion en France. Bien au contraire.
On va détruire tout ce que la loi Pacte
avait construit », ajoute-t-il. Jeudi
dernier, les parlementaires ont
trouvé un accord pour mieux enca-
drer les acteurs de la cryptosphère,
à la suite de la faillite retentissante
de FTX. Le cadre est moins strict
que ne le souhaitait le Sénat, mais
plus exigeant que demandé par les
députés.
Pour exercer en France, un pres-
tataire de services sur actifs numé-
riques (PSAN) devait jusqu’alors
demander à l’Autorité des marchés
financiers (AMF) un simple enre-
gistrement. A compter du 1er juillet
2023, il devra demander un enregis-
trement renforcé, qui supposera
d’avoir un système de sécurité adé-
quat et une politique interne de ges-
tion des conflits d’intérêts. Surtout
– et c’est le point le plus problémati-
que pour la profession –, il devra
donner des gages sur son dispositif
informatique et démontrer qu’il est
suffisamment sécurisé pour éviter
les cyberattaques. Ce dispositif était
exigé par l’AMF, mais seulement
pour les acteurs qui postulaient, de
manière volontaire, à un agrément,
le dernier étage de la fusée de la
régulation, un visa réservé à ceux
qui veulent montrer qu’ils sont
au-dessus de tout soupçon.
Binance contraint d’arrêter
l’émission de son stablecoin
CRYPTOMONNAIES
Le principal
régulateur financier
de New York a ordonné
à la fintech américaine
de cesser d’émettre
son stablecoin Binance
USD (BUSD)
sur Binance.
Samir Touzani
@sam_touzani
Après Gemini, Genesis, Kraken,
c’est au tour de Binance et Paxos
d’être dans le viseur de la Securities
and Exchange Commission (SEC).
Depuis le début de l’année et les
remous de l’affaire FTX, le gen-
darme américain des marchés
financiers tente d’affirmer son
autorité sur le secteur crypto. Der-
nier développement en date, le
principal régulateur financier de
New York a ordonné à Paxos, la
société derrière le stablecoin
(crypto adossée à une devise) de
Binance, de cesser d’émettre des
BUSD. « Nous avons été informés
par Paxos qu’ils ont reçu l’ordre de
cesser de frapper de nouveaux BUSD
par le Département des services
financiers de New York (NYDFS) », a
confirmé Changpeng « CZ » Zhao,
le patron de la plus grosse plate-
Jeudi dernier, les parlementaires ont voté une loi pour encadrer
le marché des cryptomonnaies, comme ici le Bitcoin.
Les acteurs de la cryptosphère
sont inquiets. « Ces nouvelles exigen-
ces sont complexes à mettre en place.
Les acteurs manquent de lignes direc-
trices claires de la part du régulateur
sur ce point. Obtenir un accompagne-
ment et faire auditer le niveau de rési-
lience de son système informatique
par un prestataire est extrêmement
coûteux. Par ailleurs, est-ce possible ?
Ce type d’acteur a une expertise sur
les systèmes informatiques de la
finance traditionnelle mais pas sur
forme d’échanges de cryptos au
monde.
Selon plusieurs médias améri-
cains, dont le « Wall Street Jour-
nal », la SEC aurait également lancé
une procédure contre Paxos pour
violation des lois sur la protection
des investisseurs et affirme que le
BUSD est un titre non enregistré.
Un grief déjà utilisé par la SEC pour
mettre au pas le programme de
prêts en cryptos des frères Winkle-
vo s s p u i s c e l u i d e K r a ke n l a
semaine dernière.
A partir du 21 février
prochain
Paxos a précisé lundi qu’il cesserait
l’émission du BUSD à partir du
21 février. Il continuera à prendre en
charge les réserves pour le BUSD et
à échanger des jetons pour les
clients existants pendant au moins
les douze prochains mois. En con-
séquence, « la capitalisation bour-
sière du BUSD ne fera que diminuer
avec le temps », a estimé CZ dans un
t we e t . Ava n t c e t t e d é c i s i o n ,
l’ensemble des BUSD en circulation
était estimé à près de 16 milliards de
dollars, selon CoinGecko, soit la
7e cryptomonnaie au monde.
Comme l’a rappelé le dirigeant de
Binance, le BUSD est « entièrement
détenu et géré par Paxos ». La société
émettrice a indiqué que les réserves
auxquelles est adossé le BUSD sont
détenues en espèces et en bons du
Shutterstock
les cryptomonnaies », explique
Faustine Fleuret, PDG de l’associa-
tion pour le développement des
actifs numériques (ADAN).
Un coût estimé entre
250.000 et 500.000 euros
Les premières estimations des
dépenses nécessaires pour respec-
ter la réglementation sont compri-
ses entre 250.000 et 500.000 euros,
selon l’ADAN. A la certification, il
faut ajouter un ou deux salariés à
Trésor, pour cette crypto dont cha-
que jeton vaut 1 dollar.
Paxos est une fintech américaine
spécialisée dans les ser vices
d’infrastructures blockchain et a
notamment développé pour PayPal
un service d’achat, de vente et de
conservation de cryptomonnaies.
Une légitimité qui lui a permis de
lever 300 millions de dollars en
2021, pour une valorisation alors
estimée à près de 2,4 milliards de
dollars. Suite aux difficultés de
Paxos, PayPal a, quant à lui, dû
renoncer à son projet de lancement
d’un jeton stable.
La fin du BUSD, pierre angulaire
de l’écosystème Binance, est un
coup dur pour la plateforme. Pour
mettre la main sur les stablecoins
en circulation sur sa place de mar-
ché, Binance avait annoncé conver-
tir en septembre dernier tous les
soldes d’utilisateurs existants et
les nouveaux dépôts d’USD Coin
(USDC), le jeton stable émis par
Circle, dans le propre stablecoin
de l’entreprise.
Une manière de couper l’herbe
sous le pied du stablecoin émis par
Circle, qui n’avait cessé de gagner en
importance dans les volumes
d’échanges depuis la chute du Terra
USD. Mais à la suite de cette
décision des autorités américaines,
le PDG de Binance a déclaré que
Binance cesserait d’utiliser le BUSD
comme principal stablecoin sur sa
« Ce nouveau
cadre ne
s’appliquera
qu’aux nouveaux
acteurs. Il ne
permettra en rien
la protection
du public,
ce qui était l’effet
recherché. »
HUBERT DE VAUPLANE
Avocat spécialiste du secteur
temps plein pour suivre ce travail et
mettre en œuvre la feuille de route
cyber dans l’entreprise, et un
accompagnement par un cabinet
d’audit. Un coût rédhibitoire pour
une société qui n’a pas pu encore
démarrer son activité.
Par ailleurs, « ce nouveau cadre
est inéquitable. Il ne s’appliquera
qu’aux nouveaux acteurs, et pas aux
autres. Il ne permettra donc en rien la
protection du public, ce qui était
l’effet recherché », indique Hubert
de Vauplane, avocat spécialiste du
secteur. « On a voulu réagir par rap-
port au scandale FTX, mais dans
cette affaire, il n’est pas question de
hacking, mais de fraude », ajoute un
autre avocat. Surtout, ces règles
nuiront selon eux à la compétitivité
des acteurs français, les seuls au
monde à devoir se conformer à des
règles aussi strictes. Une réglemen-
tation européenne va entrer en
vigueur, avec des contraintes simi-
laires, voire un peu plus exigeantes,
mais seulement fin 2024.
Enfin, l’AMF aura sans doute un
problème de ressources pour exa-
miner les dossiers de candidature
pour un enregistrement renforcé,
alors qu’elle met déjà plus de six
mois à délivrer un enregistrement
simple. A défaut de faire changer le
texte, les professionnels des crypto-
actifs espèrent réussir à faire
repousser la date d’application des
nouvelles règles. n
Bourse. Les stablecoins sont des
éléments essentiels, voire indispen-
sables de l’écosystème crypto. En
théorie, ils sont censés échapper
aux fluctuations soudaines et par-
fois violentes du marché car leur
valeur est adossée à un actif fixe tel
que l’or ou le dollar. Ils sont utilisés
pour réaliser des paiements sur cer-
taines plateformes, des arbitrages
entre différents ordres, des trans-
ferts entre plateformes ou pour
sécuriser des gains en dollars ou
euros pour les investisseurs.
La suspension du partenariat de
Paxos avec Binance rendra ainsi de
plus en plus difficile pour les clients
américains l’accès à la plateforme.
Déjà, la semaine dernière, celle-ci a
temporairement suspendu les
dépôts et les retraits en dollars amé-
ricains par virement bancaire après
que son partenaire Signature Bank
a déclaré qu’il ne traiterait plus que
les transactions de 100.000 dollars
ou plus. n
16
MILLIARDS DE DOLLARS
de BUSD sont en circulation,
selon CoinGecko, ce qui
en fait la 7e cryptomonnaie
au monde.
Mercredi 15 février 2023 Les Echos 30
L’AMF durcit
le ton sur
les obligations
hybrides
PLACEMENT
forte dilution en raison d’un
grand nombre de titres émis.
« C’est un peu comme si le régu-
Le gendarme lateur demandait à la société de
boursier demande
aux sociétés
mettre un panneau rouge qui cli-
gnote avec le sigle attention dan-
qui ont recours ger », résume un avocat. « Cela
à ces produits devrait dissuader les sociétés
d’être plus claires cotées de recourir à ces finance-
sur les risques ments et faire fuir tout investis-
encourus par seur », ajoute-t-il.
Cette recommandation de
les investisseurs.
l’AMF ne revêt pas de caractère
impératif. Mais, en cas de litige
Quatre fois en deux ans et demi. avec le régulateur, mieux vaut
Cela commence à faire beau- que l’entreprise cotée s’y soit
coup. L’Autorité des marchés conformée. Nul doute que
financiers (AMF) alerte encore l’AMF aurait voulu aller plus
une fois sur les dangers des loin en encadrant les fonds
OCABSA, ces instruments toxi- d’investissement qui apportent
ques que les Américains appel- du cash aux entreprises en
lent parfois « dette de la spirale échange de ces OCABSA. Et ce,
de la mort ». Ces obligations qui d’autant que ces fonds (Negma,
sont convertibles en actions Alpha Blue Ocean) sont la plu-
avec bons de souscription en part du temps domiciliés dans
actions sont très dilutives pour les Caraïbes ou à Dubaï et non
les actionnaires des sociétés régulés.
cotées qui les émettent. Sur C’est précisément dans ce but
69 sociétés françaises qui y ont que l’AMF avait saisi, il y a plus
eu recours, 83 % ont vu leurs d’un an, le Haut Comité juridi-
cours de Bourse chuter en que de la place de Paris (HCJP),
moyenne de 72 % après la mise composé d’avocats, d’universi-
en place des OCABSA, et 30 % taires et d’autres personnalités
ont même connu une baisse de qualifiées, pour recueillir son
90 %, estime l’AMF. avis sur ces instruments. Elle
Sur 2021-2022, 500 investis- voulait savoir si ces contrats
seurs, pour la majorité des par- respectaient bien le droit des
ticuliers, se sont plaints au gen- sociétés.
darme boursier. Ils ont subi des Sauf que le HCJP a suspendu
pertes importantes après avoir ces travaux à la suite d’une déci-
investi dans des sociétés qui ont sion de justice rendue mi-jan-
eu recours à ces instruments. vier. La cour d’appel de Paris
Au vu de leurs difficultés, cel- vient de ruiner les espoirs du
les-ci ont choisi de lever de gendarme boursier de parvenir
l’argent frais via ces outils à encadrer – à court terme, en
auprès de certains fonds tout cas – les OCABSA. Dans un
d’investissement spécialisés contentieux qui opposait Bio-
dans l’ingénierie de ces pro- phytis au fonds d’investisse-
duits. A titre d’exemple, le cours ment Negma, elle a donné rai-
de Navya, spécialiste de la con- son à ce dernier.
duite autonome actuellement Reprochant à Negma de
placé sous redressement judi- revendre massivement et systé-
ciaire, a fondu en deux ans de matiquement les actions obte-
quatre euros à trois centimes nues après la conversion des
après plusieurs émissions obligations et de peser sur le
d’obligations convertibles en cours de Bourse, la biotech
actions. avait fait valoir que ce family
office avait fourni un service
La possible perte
du capital investi
Cette fois-ci, l’AMF va plus loin
d’investissement sans respec-
ter la réglementation en
vigueur et exercé par là, en con-
que dans ses avertissements séquence, une activité illégale.
précédents. Elle durcit sa doc- Car dans ce cas-là, il aurait dû
trine et précise ses attentes en obtenir un agrément du régula-
termes de communication. Elle teur qu’il n’avait pas. La cour a
recommande aux entreprises considéré que ce n’était pas le
d’intégrer, en tête de leur com- cas. A défaut de pouvoir enca-
munication, un avertissement drer cette pratique, l’AMF
sur les spécificités des titres n’avait pas d’autre choix que de
émis, à savoir : les risques de responsabiliser les entreprises
forte pression baissière sur le et les investisseurs pour tenter
cours de l’action et de perte du d’éradiquer ce genre de pro-
capital investi, et le risque d’une duits. — L. Boi.
en bref
AFP
BPCE devient actionnaire de l’agence
de notation Scope Group
AGENCES DE NOTATION BPCE prend une participation dans
Scope Group. Il vient ainsi renforcer la base de ses actionnaires,
aux côtés d’AXA, B&C Beteiligungsmanagement, Foyer, HDI/
Talanx, Signal Iduna, SV SparkassenVersicherung, Swiss Mobi-
liar, ainsi que de la plus grande fondation allemande RAG-Stif-
tung. Scope Group a vu le jour il y a douze ans à Berlin. Mi 2022,
elle a été mandatée par la Commission européenne pour éva-
luer sa qualité de crédit. C’était la première fois qu’une agence
autre qu’une grande américaine obtenait un tel contrat.
31 Les Echos Mercredi 15 février 2023 FINANCE & MARCHES

euronext
SÉANCE DU 14 - 02 - 2023 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année
CAC 40 : 7213,81 (0,07 %) NEXT 20 : 11332,66 (0,40 %) civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
CAC LARGE 60 : 7799,24 (0,09 %) supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
CAC ALL-TRADABLE : 5415,95 (0,11 %) à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
DATE DE PROROGATION : 23 FÉVRIER CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
AIR LIQUIDE (AI) R A 145,28 144,44 - 0,19 + 9,09 MICHELIN (ML) A 29,1 29,445 + 0,07 + 13,32 GRAINES VOLTZ (GRVO) C 72,8 70,6 - 3,02 - 5,87 ROBERTET S.A. (RBT) B 910 914 + 0,11 + 9,2
607200 146,3 + 1,58 149,06 2233387 29,635 + 0,48 30,68 477 72,8 - 6,61 79 370 924 + 7,15 928
FR0000120073 16/05/22 2,9 523.461.100 144,44 + 11,8 133,34 2,01 FR001400AJ45 178.530.450 28,68 - 18,63 26,21 15,28 FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 69,6 - 58,83 67,2 2,83 FR0000039091 29/06/22 8 2.175.031 910 + 2,47 831 0,88
AIRBUS GROUP (AIR) R A 115,08 115,98 + 0,33 + 4,47 3,4 ORANGE (ORA) R A 9,761 9,925 + 2,31 + 6,94 GROUPE CRIT (CEN) g B 69,8 70,4 + 0,86 + 15,41 ROTHSCHILD & CO (ROTH) A 47,05 46,9 - 0,21 + 25,57
1245678 116,98 - 0,74 122,02 34,16 9974260 9,969 + 0,06 10
NL0000235190 19/04/22 1,28 788.208.008 114,88 - 0,28 111,68 1,29 FR0000133308 05/12/22 0,3 2.660.056.599 9,757 - 8,79 9,289 3,02 649 70,6 + 4,45 70,6 100339 47,1 +24,4 47,7
FR0000036675 05/07/22 1 11.250.000 69,8 + 8,31 60,8 1,42 FR0000031684 23/05/22 2,75 77.002.277 46,85 + 20,26 37 5,86
ALSTOM (ALO) R A 26,98 26,9 + 17,88 PERNOD-RICARD (RI) R A 189,75 187,15 - 0,82 + 1,85
1264034 27,25 + 4,47 28,41 427690 190,05 - 3,48 197,6 GROUPE GORGÉ (GOE) g B 20,85 20,7 - 0,48 + 3,6 RUBIS (RUI) G A 25,93 25,94 + 0,31 + 5,45
FR0010220475 20/07/22 0,25 376.216.087 26,82 + 4,67 22,96 0,93 FR0000120693 25/11/22 2,56 257.947.355 187,15 - 1,63 181,65 1,37 10436 20,85 + 4,02 21,2 DIV 2 28/07/17 103904 26,1 + 0,43 26,66
ARCELORMITTAL (MT) R A 27,385 27,845 + 2,67 + 13,31 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 74,52 74,94 + 1,11 + 26,12 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 20,25 + 41,2 19,3 FR0013269123 14/06/22 1,86 102.953.566 25,86 - 11,65 24,77 7,17
4550485 28,18 - 2,45 29,735 517892 75,48 +19,83 75,68 GTT (GTT) G A 107,2 107,8 + 1,22 + 8,02 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 348 342,7 - 1,38 + 13,29
LU1598757687 13/05/22 0,31 877.809.772 27,23 + 5,71 24,715 FR0000130577 04/07/22 2,4 254.311.860 74,42 + 18,39 59,48 3,2 109884 108,3 + 4,05 108,3 DIV 6 10/05/16 58191 354,3 + 7,5 358,8
AXA (CS) R A 28,55 28,22 - 0,63 + 8,31 RENAULT (RNO) R A 41,625 42,1 + 1,36 + 34,61 FR0011726835 13/12/22 1,55 37.078.357 106,5 + 34,08 92 1,44 FR0013154002 31/03/22 1,26 92.180.190 341,8 - 2,75 282,8 0,37
4115366 28,605 + 1,47 28,955 1628452 42,23 +13,37 42,23
FR0000120628 06/05/22 1,54 2.351.770.945 28,22 + 2,34 26,14 5,46 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 41,435 + 22,44 31,405 GUERBET (GBT) g B 19,24 19,12 - 0,31 + 12,74 SAVENCIA (BH) B 62,2 61,8 - 0,32 + 5,82
17796 19,42 +12,47 19,5 116 62,2 + 1,31 63,3
BNP PARIBAS (BNP) R A 63,58 64,38 + 1,67 + 20,9 SAFRAN (SAF) R A 132,4 129,76 - 2,11 + 10,98
2298323 64,67 + 7,55 64,71 1079555 132,56 + 2,54 133,18 FR0000032526 01/07/22 0,85 12.641.115 18,88 - 38,32 16,68 4,45 FR0000120107 16/05/22 1,5 14.032.930 61,8 - 6,36 56 2,43
FR0000131104 23/05/22 3,67 1.234.331.646 63,35 + 4,26 53,75 5,7 FR0000073272 31/05/22 0,5 427.245.970 129,42 + 15,63 116,6 0,39 GUILLEMOT (GUI) g C 8,5 9,08 + 5,58 - 29,17 SCOR (SCR) G A 23,15 22,77 - 0,96 + 5,96
BOUYGUES (EN) R A 30,8 30,86 + 0,39 + 10,06 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 52,9 52,78 + 0,19 + 15,62 45942 9,1 -33,24 14,08 214084 23,23 - 0,35 24,18
1202273 31,07 + 2,97 31,1 831391 53,32 - 0,88 55,53 FR0000066722 15/06/22 0,25 15.287.480 8,04 - 37,81 8,04 2,75 FR0010411983 20/05/22 1,8 179.362.195 22,67 - 24,93 20,85 7,91
FR0000120503 03/05/22 1,8 374.486.777 30,8 - 3,89 28,16 5,83 FR0000125007 06/06/22 1,63 515.781.821 52,62 - 12,95 45,895 3,09 HIGH CO (HCO) g C 5,1 5,22 + 1,56 + 9,89
CAP-GEMINI (CAP) R A 184,6 184,95 + 0,3 + 18,6 SANOFI (SAN) R A 88,11 88,11 + 0,53 - 1,93 SEB (SK) G A 97,55 97,2 - 0,1 + 24,22
54326 5,42 +10,59 5,42 36281 98,75 + 6,87 99,45
360538 187,1 + 8,22 189,2 1284600 88,87 - 3,37 93,36 FR0000054231 19/05/22 0,32 20.455.403 5,1 - 8,1 4,57 6,13
FR0000125338 01/06/22 2,4 173.582.113 184,3 - 4,22 157,15 1,3 FR0000120578 06/05/22 3,33 1.260.835.732 88,05 - 4,44 82,25 3,78 FR0000121709 31/05/22 2,45 55.337.770 96,7 - 27,89 78,85 2,52
CARREFOUR (CA) R A 16,2 16,42 + 2,02 + 4,99 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 153,46 151,48 - 1,29 + 15,88 ICADE (ICAD) G A 45,36 44,88 - 0,36 + 11,53 SERGEFERRARI GROUP (SEFER) g C 14,08 14,26 + 1,57 + 32,77
4587568 16,465 - 0,88 17,685 778781 153,78 + 2,09 155,58 64541 45,5 + 1,08 46,12 7726 14,28 +23,36 14,48
FR0000120172 07/06/22 0,52 742.157.461 15,97 - 4,56 15,67 3,17 FR0000121972 17/05/22 2,9 571.092.921 151,34 + 6,59 131,72 1,91 FR0000035081 04/07/22 2,1 76.234.545 44,74 - 22,62 40,46 FR0011950682 19/05/22 0,29 12.299.259 13,82 - 11,21 10,58 2,03
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 11,582 11,564 + 0,17 + 17,63 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 26,16 26,51 + 0,23 + 12,9 ID LOGISTIC (IDL) g A 300,5 305 + 1,5 + 13,81 SES-IMAGOTAG (SESL) G B 119,6 120,2 + 0,5 - 1,48
5530299 11,632 +10,26 11,938 2793743 26,66 + 7,33 28,385 1291 306,5 + 7,77 312
FR0000045072 30/05/22 1,05 3.042.560.716 11,514 - 14,72 9,883 9,08 FR0000130809 25/05/22 1,65 808.208.965 26,115 - 21,56 23,64 6,22 11397 121,6 - 4,3 130,4
FR0010929125 5.686.159 300 - 6,15 245
FR0010282822 25/06/12 0,5 15.850.808 118,4 + 86,36 102,8
DANONE (BN) R A 50,86 50,67 + 0,16 + 2,93 STELLANTIS NV (STLAP) A 15,552 15,568 + 0,49 + 17,32 IMERYS (NK) G A 40,32 40,52 + 0,95 + 11,5
941585 51,18 + 1,91 51,41 3151703 15,712 + 9,48 15,712 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g B 1,596 1,614 + 1,13 - 4,04
FR0000120644 10/05/22 1,94 675.837.932 50,67 - 7,47 48,3 3,83 NL00150001Q9 19/04/22 0,88 3.143.878.015 15,502 - 4,71 13,362 6,68 56831 40,82 + 6,52 41,16
79643 1,62 - 7,08 1,845
FR0000120859 17/05/22 1,55 84.940.955 40,22 - 1,79 36,4 3,83
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 37,495 37,86 + 1,07 + 13,03 STMICROELETRONICS (STM) R A 45,52 45,605 + 0,49 + 38,22 0,23 FR0013006558 118.902.909 1,571 - 10,23 1,54
1395154 38,405 + 6,36 38,835 1742606 46,145 +20,47 46,455 200,68 INNATE PHARMA (IPH) g B 3,17 3,158 - 0,38 - 4,01
47636 3,21 - 5,56 3,8 SOITEC (SOI) G A 133,75 132,45 - 0,86 - 13,35
FR0014003TT8 23/05/22 0,17 1.333.064.190 37,42 - 6 33,095 0,45 NL0000226223 12/12/22 0,05 911.281.920 45,07 + 16,64 33,165 0,13
FR0010331421 80.212.069 3,146 - 1,68 3,062 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 86836 134,5 -13,69 155,5
ENGIE (ENGI) R A 13,186 13,24 + 0,84 - 1,11 1,21 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 269,1 257,6 - 3,38 + 15,67 FR0013227113 35.589.417 131,2 - 9,9 131,2
5556114 13,332 - 0,63 13,946 10,98 248033 269,1 + 4,93 275,4 INTERPARFUMS (ITP) G A 62,5 62,4 + 12,23
FR0010208488 25/04/22 0,85 2.435.285.011 13,162 - 7,4 12,426 6,42 FR0000051807 26/04/22 3,3 59.120.842 257,2 - 19,6 222,7 1,28 16780 62,9 + 3,31 62,9 SOLOCAL GROUP (PAJ) B 0,665 0,657 - 0,38 + 7,7
ESSILORLUXOTTICA (EL) R A 171,9 171,4 - 0,41 + 1,3 THALES (HO) R A 125,15 127,45 + 1,96 + 6,83 FR0004024222 16/05/22 0,94 62.905.973 62,1 + 3,37 56 1,51 67667 0,67 - 2,45 0,734
360584 173,3 - 1,41 178,75 462833 129 +12,94 129 FR00140006O9 129.505.837 0,65 - 55,78 0,61
FR0000121667 30/05/22 2,51 447.647.330 170,95 + 4,22 164,35 1,46 FR0000121329 06/12/22 0,7 213.411.309 124,75 + 53,44 112,4 0,55 IPSEN (IPN) G A 105 105,4 + 0,96 + 4,88
67160 106,3 + 3,13 106,6 SODEXO (SW) LR A 85,82 86,14 + 0,37 - 3,73
EUROFINS SCIENT. (ERF) R A 67,4 67,5 + 0,66 TOTALENERGIES (TTE) R A 59,6 59,98 + 0,74 + 2,27 FR0010259150 31/05/22 1,2 83.814.526 104,5 + 12,87 94,85 1,14 164991 86,34 - 2,78 92,52
402487 68,92 + 4,72 72,12 4513712 60,39 + 0,42 60,93 FR0000121220 23/12/22 2,4 147.454.887 85,82 + 1,89 84,16 2,79
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 67,28 - 20,59 62,94 1,48 FR0000120271 02/01/23 0,69 2.619.131.285 59,44 + 17,31 54,82 1,15 IPSOS (IPS) G A 61,4 61,6 + 0,98 + 5,3
32248 62,2 + 1,99 62,4 SOLUTIONS 30 (ALS30) A 2,32 2,291 - 0,52 + 34,29
HERMES INTL (RMS) R A 1712,5 1712,5 + 0,06 + 18,51 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 60,77 60,75 + 1,17 + 24,92
41719 1732 + 3,73 1778 702956 61,22 + 7,03 63,07 FR0000073298 01/07/22 1,15 44.253.225 61,1 + 55,75 56,8 1,87 549277 2,33 + 6,86 2,678
FR0000052292 25/04/22 5,5 105.569.412 1699,5 + 44,33 1450 0,32 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.759.659 60,24 - 11,26 49,06 FR0013379484 107.127.984 2,26 - 67,62 1,74
JACQUET METALS (JCQ) g B 18,1 18,26 + 1,44 + 9,21
KERING (KER) R A 570,5 561,4 - 0,92 + 18,07 VEOLIA ENV. (VIE) R A 28,12 28,06 + 0,21 + 16,92 8129 18,36 + 4,1 18,56 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 160,1 160,4 + 0,25 + 13,6
218252 570,7 - 0,39 598,6 1570896 28,32 + 4,47 28,36 FR0000033904 30/06/22 1 23.022.739 18,08 - 11,57 16,84 5,48 15445 162,1 + 6,44 163,5
FR0000121485 16/01/23 4,5 124.070.778 558,6 - 8,89 478,05 0,8 FR0000124141 05/07/22 1 714.574.367 28,04 - 10,95 24,33 3,56 FR0000050809 07/06/22 3,2 20.547.701 159,6 + 3,75 141,9 2
JCDECAUX (DEC) G A 21,74 21,84 + 0,83 + 23,25
L.V.M.H. (MC) R A 811,3 810,5 + 0,03 + 19,21 VINCI (DG) R A 108,98 107,62 - 0,52 + 15,36 SMCP (SMCP) g B 7,29 7,255 - 0,21 + 11,79
263811 817,6 + 3,21 830,5 913232 109,16 + 6,16 109,16 92325 22 + 6,02 22,6
FR0000121014 01/12/22 5 502.048.400 804,5 + 20,97 685,1 0,62 FR0000125486 15/11/22 1 589.387.330 107,5 + 7,58 93,4 0,93 FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 21,68 - 12,36 17,4 73478 7,365 + 1,54 7,59
KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 28,3 28,5 + 0,71 + 3,83 FR0013214145 75.591.187 7,235 + 4,39 6,545
LEGRAND (LR) R A 87,5 87,18 - 0,12 + 16,52 VIVENDI SE (VIV) R A 9,802 9,758 - 0,23 + 9,47
641424 88,22 + 6,86 88,54 1705034 9,81 + 1,94 10,06 11893 29,05 - 6,1 30,75 SPIE (SPIE) G A 26,04 26,14 + 0,69 + 7,31
FR0010307819 30/05/22 1,65 266.817.746 86,44 + 2,18 74,64 1,89 FR0000127771 26/04/22 0,25 1.102.874.718 9,74 - 16,71 8,936 2,56 FR0004007813 01/06/22 1,95 21.113.022 28,25 - 12,84 27,05 6,84 199089 26,22 +6 26,38
L'ORÉAL (OR) R A 389,05 387,75 - 0,49 + 16,23 WORLDLINE (WLN) G A 39,7 40,45 + 1,76 + 10,73 KLEPIERRE (LI) LR A 24,2 24,05 - 0,13 + 11,7 FR0012757854 22/09/22 0,18 164.150.706 25,96 + 25,19 22,8 0,69
351390 393,6 + 3,7 393,6 753977 40,85 - 2,88 44,77 649928 24,3 + 5,85 24,95 STEF (STF) g B 108 105,8 - 2,04 + 16,78
FR0000120321 27/04/22 4,8 535.186.562 386,55 + 9,81 334,3 1,24 FR0011981968 281.422.238 39,04 - 11,06 36,66 1257 108,2 +12,55 113,6
FR0000121964 12/05/22 1,7 286.861.172 23,95 + 1,65 21,7
KORIAN (KORI) G A 9,34 9,36 + 0,11 - 7,51 FR0000064271 03/05/22 3 13.000.000 105,6 + 6,65 91 2,84
543589 9,49 - 8,77 10,97 SWORD GROUP (SWP) g B 45,6 47,65 + 4,5 + 20,94
FR0010386334 28/06/22 0,35 106.505.206 9,27 - 46,14 8,655 3,74 6080 47,65 +18,83 47,65
LAGARDÈRE (MMB) G A 20,48 20,36 - 0,59 + 1,6 FR0004180578 29/04/22 8,5 9.544.965 45,55 + 18,98 39,4 20,99
SRD VALEURS FRANÇAISES FR0000130213
3410
25/04/22 0,5 141.133.286
20,58
20,26
- 0,88 21,34
- 15,73 19,99 2,46
SYNERGIE (SDG) g B 33,45
561
33,5
33,5
+ 0,75 + 11,67
+ 2,92 34,4
LDC (LOUP) A 108 108,5 + 0,93 FR0000032658 29/06/22 0,8 24.362.000 33,25 - 3,46 29,9 2,39
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
2245 109,5 - 0,91 110 TECHNICOLOR CREA.ST. (TCHCS) A 0,221 0,21 - 4,59 - 6,17
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER FR0013204336 29/08/22 2 17.635.433 108 + 10,71 104 1,84 788665 0,23 -32,29 0,369
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT LNA SANTÉ (LNA) g B 30,3 30,2 + 2,03 FR001400BWV7 546.681.915 0,206 0,206
AB SCIENCE (AB) g B 6,67 6,6 - 0,08 - 6,91 CATANA GROUP (CATG) g C 7,33 7,65 + 5,08 + 29,88 5906 30,3 + 0,67 31,7 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 269,1 257,6 - 3,38 + 15,67
33334 6,85 - 7,04 7,46 307604 7,72 +22,79 7,72 FR0004170017 07/07/22 0,43 10.709.416 30 - 7,08 29,1 1,42 248033 269,1 + 4,93 275,4
FR0010557264 46.859.446 6,575 - 18,62 6,1 FR0010193052 02/03/22 0,13 30.706.178 7,28 - 4,73 5,93 1,7 LECTRA (LSS) g B 37,6 38,05 + 1,47 + 8,1 FR0000051807 26/04/22 3,3 59.120.842 257,2 - 19,6 222,7 1,28
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 6,62 6,57 - 0,46 + 1,86 CGG (CGG) G B 0,851 0,858 + 1,28 + 41,88 26834 38,3 - 4,76 41,3 TERACT (TRACT) B 7,2 7,15 - 0,83 + 19,17
9053 6,62 + 1,08 6,64 4403843 0,861 +22,44 0,886 FR0000065484 04/05/22 0,36 37.511.651 37,55 - 7,53 33,15 0,95 1330 7,2 +16,05 7,48
FR0004040608 06/12/22 0,1 59.608.879 6,56 - 7,07 6,45 1,52 FR0013181864 712.357.321 0,833 + 11,11 0,599 LHYFE (LHYFE) B 8,23 8,197 - 0,4 - 5,24 FR001400BMH7 73.394.562 7,14 - 4,16 5,92
ABIVAX (ABVX) g B 6,93 6,72 - 1,61 + 8,74 CHARGEURS (CRI) g C 14,77 14,49 - 2,1 + 2,91 3990 8,26 - 2,3 9,08 TF1 (TFI) G A 6,945 7,215 - 3,99 + 0,84
12296 6,96 - 3,31 7,55 59522 14,78 - 4,55 15,79 FR0014009YQ1 47.900.448 8,15 - 6,32 8,1 1041948 7,25 + 0,91 7,72
FR0012333284 22.313.185 6,72 - 69,32 6,18 FR0000130692 14/09/22 0,22 24.919.130 14,41 - 37 13,96 1,52 LINEDATA SERVICES (LIN) g B 48,2 48,5 + 0,83 + 5,21 FR0000054900 21/04/22 0,45 210.485.635 6,6 - 20,71 6,6 6,24
81 48,5 + 2,97 49,9 TFF GROUP (TFF) G B 40,1 40 - 1,72
ACCOR (AC) LR A 30 30,13 + 0,64 + 29,04 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 800 799,5 + 0,31 + 17,4
FR0004156297 06/07/22 1,6 6.060.807 48,1 + 16,31 45,4 3,3 955 40,2 - 6,54 44
580337 30,21 + 7,3 31,34 EX D OP 08/06/17 5785 807,5 + 3,23 818
FR0000120404 10/05/19 1,05 263.031.794 29,75 - 8,97 23,39 FR0000130403 01/12/22 5 180.507.516 793 + 25,02 684 0,63 LISI (FII) g A 21,3 21,25 + 0,47 + 9,2 FR0013295789 08/11/22 0,4 21.680.000 40 + 38,41 39,4 1
8049 21,5 + 2,16 22,7 THERMADOR GROUPE (THEP) B 97,2 97 + 12,53
ADOCIA (ADOC) g B 3,45 3,45 - 13,1 COFACE (COFA) G A 13,23 13,05 - 0,91 + 7,5 FR0000050353 04/05/22 0,29 54.114.317 21,2 - 24,11 18,46 1,37
9302 3,5 -17,27 4,65 121560 13,25 + 4,23 13,38 977 97,8 + 5,9 97,8
FR0011184241 8.340.510 3,45 - 51,27 3,31 FR0010667147 20/05/22 1,5 150.179.792 13,05 + 9,48 12,33 6,97 LUMIBIRD (LBIRD) g C 17,7 17,92 + 1,24 + 8,21 FR0013333432 12/04/22 2 9.200.849 97 - 1,92 85,6 2,06
4111 17,92 - 4,88 19,22
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) LR A 144,1 143,75 - 0,14 + 14,82 COLAS (RE) A 117 117 + 0,43 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 26,3 26,45 + 0,57 + 9,07
FR0000038242 22.466.882 17,7 - 9,59 16,4
72437 146,2 + 6,13 147,7 48 117,5 + 0,43 120 EX D S 03/07/17 13488 26,7 + 4,96 26,75
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 143,65 + 11,13 125,5 FR0000121634 02/05/22 6,85 32.654.499 116 - 5,65 114,5 5,86 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 13,5 14,3 + 1,2 - 6,84 FR0013230612 20/05/22 1 175.193.044 26,3 + 13,28 24,25 3,78
356758 14,46 - 8,57 16
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 1,549 1,576 + 2,14 + 28,03 COVIVIO (COV) G A 63,8 63,9 + 0,08 + 15,24 FR0000053225 04/05/22 1 126.414.248 12,85 - 23,53 12,85 6,99 TRANSGÈNE (TNG) g C 2,07 2,04 - 0,49 + 23,04
9945993 1,58 + 4,82 1,687 70569 64,75 + 3,15 66,6 17579 2,07 - 1,21 2,19
FR0000031122 14/07/08 0,58 2.570.536.136 1,543 - 25,63 1,238 FR0000064578 25/04/22 3,75 94.786.096 63,8 - 11,74 55,85 MAISONS DU MONDE (MDM) g B 11,36 11,27 - 0,18 - 4,09 FR0005175080 100.204.071 1,992 - 10,13 1,658
59662 11,41 -10,56 13,36
AKWEL (AKW) g B 17,3 16,62 - 2,92 - 4,48 COVIVIO HOTELS (COVH) A 16,45 16,5 + 0,92 + 11,49 FR0013153541 08/06/22 0,55 43.288.097 11,2 - 42,91 11,11 4,88 TRIGANO (TRI) G A 132,8 132,5 + 0,08 + 3,84
5665 17,3 - 7,67 18,24 423 16,5 + 8,55 16,6 12061 133,3 +6 136
FR0000053027 08/06/22 0,45 26.741.040 16,5 - 27,11 15,24 2,71 FR0000060303 12/04/22 0,65 148.141.452 16,45 + 2,17 14,5 MANITOU (MTU) g B 27,35 27,45 + 0,55 + 10,69 FR0005691656 11/01/23 1,75 19.336.269 132 - 19,75 117,2 1,32
6374 27,8 + 5,37 28,1
ALD (ALD) G A 12,5 12,56 + 0,64 + 16,73 DASSAULT AV. (AM) A 158,3 159,7 + 0,82 + 0,95 FR0000038606 20/06/22 0,8 39.668.399 27,35 - 13,68 24,2 2,91 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 20,3 19,9 - 1,78 - 24,65
369361 12,64 +10,95 12,74 40464 161,1 +5 165,7 659843 20,56 - 4,28 28,16
MAUNA KEA (MKEA) g C 0,669 0,672 + 0,9 + 61,93 FR0000054470 125.520.452 19,9 - 60,55 18,06
FR0013258662 31/05/22 1,08 565.745.096 12,42 - 8,45 10,74 8,6 FR0014004L86 23/05/22 2,49 83.487.030 157,8 + 38,51 148,7 1,56
103824 0,685 +41,47 0,837
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 14,18 14,22 + 0,85 - 1,11 DBV TECHNOLOGIES (DBV) g B 2,544 2,53 + 0,4 - 19,58 FR0010609263 44.582.685 0,666 + 13,32 0,402 VALEO (FR) LR A 20,24 20,65 + 2,48 + 23,65
36453 14,48 - 3,66 15,14 122615 2,564 -17,05 3,254 1166612 20,81 + 3,35 21,28
MCPHY ENERGY (MCPHY) g B 13,56 13,19 - 1,75 + 8,03 FR0013176526 27/05/22 0,35 243.501.944 20,02 - 18,92 16,92 1,7
FR0000053324 10/03/20 0,7 50.443.612 14,16 - 3,79 13,82 FR0010417345 94.025.441 2,5 - 0,28 2,5 51126 13,67 -10,15 14,9
ALTAREA (ALTA) G A 128 127,2 - 0,16 + 0,79 DERICHEBOURG (DBG) g B 6,39 6,12 - 1,84 + 10,87 FR0011742329 27.939.095 13,165 - 19,18 12,38 VALLOUREC REG (VK) G B 14,035 14,145 + 1,47 + 15,28
1515 128,6 - 1,7 132 539125 6,415 - 2,39 6,85 618341 14,225 +15,28 14,305
MEDINCELL (MEDCL) B 8,05 8 + 0,38 + 29,45
FR0000033219 27/05/22 9,75 20.375.804 127 - 15,43 124,4 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 6,115 - 42,64 5,51 5,23 FR0013506730 228.928.428 13,925 + 81,35 11,39
38341 8,24 - 4,08 8,44
ALTAREIT (AREIT) B 625 625 DMS (DGM) g C 1,22 1,225 + 0,41 + 21,29 FR0004065605 25.151.653 7,98 - 3,85 6 VALNEVA (VLA) G B 6,118 6,042 - 0,4 - 2,92
1 625 625 3097 1,25 -11,23 1,44 249870 6,162 -11,15 7,38
MERCIALYS (MERY) G B 10,62 10,56 - 0,19 + 8,09
FR0000039216 1.750.487 625 - 2,34 620 FR0012202497 16.120.556 1,215 - 2 0,982 140567 10,69 + 3,94 10,79 FR0004056851 138.346.968 5,996 - 58,33 5,972
ALTEN (ATE) G A 147 147,5 + 0,48 + 26,28 EDENRED (EDEN) LR A 50,74 51,24 + 0,95 + 0,71 FR0010241638 03/05/22 0,92 93.886.501 10,52 + 14,29 9,815 VERALLIA (VRLA) g A 34,5 34,56 + 0,52 + 9,09
33677 148,9 +13,55 149,2 373253 51,36 + 4,32 51,86 MERSEN (MRN) g B 42,35 42,55 + 0,47 + 12,72 118291 35,16 + 6,27 35,16
FR0000071946 27/06/22 1,3 34.573.385 146,1 + 6,73 116,6 0,88 FR0010908533 07/06/22 0,9 249.588.059 50,72 + 33,58 47,74 1,76 20580 42,7 + 5,58 42,85 FR0013447729 19/05/22 1,05 122.289.183 34,4 + 28,48 31,62 3,04
AMUNDI (AMUN) G A 63,7 63,4 + 0,16 + 19,62 EIFFAGE (FGR) LR A 102,25 102,95 + 0,93 + 12 FR0000039620 05/07/22 1 20.844.904 42 + 21,75 37,85 2,35 VERIMATRIX (VMX) g B 0,815 0,81 - 1,1 + 4,38
EX-DS 15/03/17 95110 63,85 + 5,58 64,75 333469 103,85 + 8,35 103,85 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,173 1,185 + 1,02 - 2,07 11113 0,828 - 2,64 0,94
FR0004125920 23/05/22 4,1 203.860.131 63,05 - 6,7 53,45 6,47 FR0000130452 16/05/22 3,1 98.000.000 102,1 + 7,24 91,9 3,01 42725 1,194 - 8,07 1,42 FR0010291245 85.535.147 0,8 - 24,44 0,76
ANTIN INFRA PARTNERS (ANTIN) G A 20,6 20,66 + 0,39 + 1,77 EKINOPS (EKI) g B 8,62 8,79 + 2,21 + 4,64 FR0004177046 43.839.488 1,17 - 78,18 1,16 VETOQUINOL (VETO) B 84,8 83,3 - 0,72 - 4,91
35272 20,98 - 7,52 23,3 30657 8,87 + 3,53 8,95 MONCEY (FIN.) NOM. (MONC) B 7600 + 16,03 4062 84,8 -14,74 98,6
FR0014005AL0 11/11/22 0,14 174.562.444 20,58 - 12,53 19,7 0,68 FR0011466069 25.727.618 8,62 + 25,39 8,02 2 7600 - 5,59 8100 FR0004186856 03/06/22 0,8 11.881.902 83,3 - 30,47 83,3 0,96
ARAMIS (ARAMI) A 4,118 4,054 - 0,83 - 3,48 ELIOR (ELIOR) G B 3,13 3,064 - 1,67 - 7,15 FR0000076986 09/06/22 28 182.871 7600 + 2,01 6600 0,37 VICAT (VCT) g A 26,45 26,35 + 0,57 + 12,37
26610 4,118 - 5,24 4,566 454164 3,13 -22,67 4,186 NACON (NACON) B 2,37 2,37 - 8,85 14526 26,55 + 6,25 27,65
FR0014003U94 82.856.671 4,044 - 62,46 4,03 FR0011950732 07/04/20 0,29 172.444.229 3,046 - 36,22 2,94 66760 2,415 - 5,01 2,925 FR0000031775 29/04/22 1,65 44.900.000 26,2 - 27,61 23,75 6,26
ARGAN (ARG) A 82,6 82,3 - 0,48 + 8,58 ELIS (ELIS) G A 16,72 16,65 + 20,48 FR0013482791 86.936.299 2,34 - 53,98 2,3 VILMORIN & CIE (RIN) g A 46,9 47,5 + 1,71 + 4,05
8655 83,2 + 3,13 84,3 210515 16,82 + 7,7 16,82 NANOBIOTIX (NANO) g B 3,375 3,56 + 5,48 - 1,66 6499 47,95 + 0,53 48,3
FR0010481960 01/04/22 2,6 22.981.364 82,2 - 23,8 76 FR0012435121 25/05/22 0,37 230.147.257 16,58 + 3,22 13,8 2,22 58801 3,565 - 5,32 4,07 FR0000052516 13/12/22 1,6 22.917.292 46,9 - 5,19 45,2 3,37
ARKEMA (AKE) LR A 91,88 91,3 - 0,33 + 8,85 ERAMET (ERA) G B 105,4 105,8 + 1,05 + 26,18 FR0011341205 13/05/19 34.825.872 3,34 - 53,13 3,21 VIRBAC (VIRP) G A 293,5 297 + 2,06 + 30,26
91913 92,06 - 0,63 97,56 44116 106,5 +18,54 111,4 NEOEN (NEOEN) G A 35,9 35,04 - 2,01 - 6,83 9443 300,5 +17,39 300,5
FR0010313833 23/05/22 3 75.043.514 91,02 - 26,9 84,42 3,29 FR0000131757 03/06/22 2,5 28.755.047 103,8 - 2,4 79,15 2,36 82547 36,02 - 3,5 38,07 FR0000031577 24/06/22 1,25 8.458.000 291 - 11,08 228 0,42
ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,36 7,43 + 1,5 + 4,65 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 0,9 0,895 + 0,73 +144 FR0011675362 01/06/22 0,1 114.669.498 34,94 + 23,29 34,05 0,34 VOLTALIA (VLTSA) A 17,32 17,18 - 0,35 + 0,7
10664 7,52 + 0,27 8,12 516928 0,95 +81,54 1,36 NEXANS (NEX) G A 96,75 97,85 + 0,98 + 15,87 26342 17,5 - 3,91 18,26
FR0000074783 6.651.515 7,34 - 17,44 7 FR0011471135 31.018.553 0,882 - 49,55 0,362 81152 98,65 + 5,22 102,9 FR0011995588 131.140.944 17,18 + 18,09 17,02
ASSYSTEM (ASY) B 42,5 42,7 + 0,47 + 5,17 ESI GROUP (ESI) g C 74 73,6 - 0,54 - 0,27 FR0000044448 16/05/22 1,2 43.753.380 96,6 + 29 81,2 1,23 WAVESTONE (WAVE) g B 49,6 49,35 + 14,37
OPA 24/11/17 898 42,8 - 1,16 45,2 1164 74 - 0,54 76,2 NEXITY (NXI) G A 27,2 27,2 + 0,59 + 4,37 6821 49,9 +10,16 50,6
FR0000074148 06/07/22 1 15.668.216 42,5 + 10,62 40,5 2,34 FR0004110310 6.064.141 73,6 - 1,87 72 87436 27,24 - 1,88 28,54 FR0013357621 03/08/22 0,38 20.196.492 48,95 + 2,81 41,4 0,77
ATOS SE (ATO) A 12,03 11,925 - 0,58 + 32,32 ESSO (ES) g C 51 51,2 + 0,39 + 8,47 FR0010112524 23/05/22 2,5 56.129.724 26,92 - 24,32 26,18 9,19 WENDEL (MF) G A 101,4 100,3 + 0,2 + 15,02
688480 12,03 - 8,2 13,44 8035 51,6 +14,03 53,4 NICOX (COX) g B 0,9 0,89 - 1,11 - 20,54 46257 101,9 + 4,59 101,9
FR0000051732 14/05/21 0,9 110.951.542 11,795 - 64,1 9,382 FR0000120669 10/07/18 1,5 12.854.578 50 +179,02 41,8 57401 0,917 -20,39 1,18 FR0000121204 20/06/22 3 44.407.677 99,85 + 7,97 87,25 2,99
FR0013018124 50.156.698 0,885 - 57,42 0,856 WORLDLINE (WLN) G A 39,7 40,45 + 1,76 + 10,73
AUBAY (AUB) g C 52,5 50 - 4,4 + 2,56 EURAZEO (RF) G A 64,75 64,55 + 11,1
7542 52,7 - 3,29 53,2 105122 65 + 1,57 66,55 NRJ GROUP (NRG) B 6,56 6,52 - 3,83 753977 40,85 - 2,88 44,77
FR0000063737 08/11/22 0,5 13.304.296 50 - 0,99 47,25 1 FR0000121121 02/05/22 3 79.224.529 64,4 - 8,44 58,3 4,65 7555 6,56 - 5,51 6,9 FR0011981968 281.422.238 39,04 - 11,06 36,66
FR0000121691 14/06/22 0,21 78.107.621 6,48 + 3,49 6,42 3,22
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 23,2 23,1 + 38,74 EUTELSAT COM. (ETL) G A 6,905 7,03 + 2,03 + 1,01
ODET (CIE DE L') (ODET) A 1450 1434 - 0,69 + 3,17
FR0011040500
3810
06/06/22 0,4 21.633.597
23,2
22,9
+35,09 23,3
+ 23,86 16,5 1,73 FR0010221234
552739
17/11/22 0,93 248.926.325
7,09
6,81
- 0,5
- 37,01
7,265
6,81 13,23 220 1450 - 3,37 1516 AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
FR0000062234 09/06/22 3,6 6.585.990 1432 + 23,09 1378 0,25
BAINS MER MONACO (BAIN) B 92 91,2 + 0,66 + 8,31 EXCLUSIVE NETWORKS (EXN) A 20,4 20,3 + 0,5 + 12,28 EURONEXT (ENX) LR A 76,14 77 + 1,32 + 11,34
128 92 + 6,05 92 45145 20,5 + 5,73 20,6 ORPÉA (ORP) G A3 2,95 - 3,63 - 52,2
8922234 3,231 -58,86 8,934 140775 77,2 + 3,38 77,2
MC0000031187 04/10/22 1 24.516.661 90,2 + 36,53 83 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 19,8 + 42,62 18,22 0,99 NL0006294274 23/05/22 1,64 107.106.294 76,14 - 6,84 68,96 2,51
FR0000184798 09/07/21 0,9 64.693.851 2,32 - 92,04 2,01
BELIEVE (BLV) G A 11,59 11,34 - 1,56 + 16,97 FAURECIA (EO) LR A 18,04 18,35 + 2,51 + 29,87 NOKIA (NOKIA) R A 4,352 4,354 + 0,32 + 0,36 0,3
20471 11,6 - 4,22 12,1 1062978 18,54 + 1,35 19,625 OSE IMMUNO (OSE) g C 6,075 6,14 + 1,24 - 8,01
12493 6,19 - 4,21 7 101263 4,39 - 6,21 4,7 14,70
FR0014003FE9 96.575.623 11,25 - 20,71 9,71 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 17,835 - 51,03 14,4 FI0009000681 30/01/23 0,01 5.632.297.576 4,348 - 10,85 4,18 0,46
FR0012127173 18.527.401 6,04 - 20,77 5,86
BÉNÉTEAU (BEN) g B 16,1 16,46 + 4,97 + 16,41 FDJ (FDJ) G A 38,09 38,48 + 1,26 + 2,39 SES (SESG) LR 7,108 7,158 + 0,9 + 17,54
304949 16,46 +12,89 16,46 300824 38,51 - 3,22 40,99 OVH (OVH) G A 15 14,965 - 0,13 - 6,35
47738 15,1 - 0,23 16,365 414015 7,242 + 8,45 7,314
FR0000035164 22/06/22 3 82.789.840 15,54 + 13,2 14,1 1,82 FR0013451333 02/05/22 1,24 191.000.000 38,09 + 6,39 37,41 3,22 LU0088087324 19/04/22 0,43 371.457.600 7,05 - 1,24 6,14 6,99
FR0014005HJ9 188.532.591 14,7 - 35,05 14,305
BIC (BB) G A 67 67,35 + 0,67 + 5,32 FERMENTALG (FALG) g C 1,522 1,529 + 0,46 + 0,39 X-FAB SILICON (XFAB) g A 8,955 8,955 + 0,85 + 35,37
PEUGEOT INVEST (PEUG) g A 97,1 97,2 + 0,21 + 9,21
49940 67,35 + 6,65 69,15 15276 1,53 - 4,44 1,708 303208 9,15 +18,22 9,15
3924 98,1 + 5,77 98,1
FR0000120966 30/05/22 2,15 43.952.226 66,55 + 38,07 60,55 3,19 FR0011271600 41.290.430 1,52 - 43,99 1,5 BE0974310428 130.781.669 8,8 + 19,72 6,625
FR0000064784 18/05/22 2,65 24.922.589 97 - 13,21 89,4 2,73
BIGBEN INT. (BIG) g C 6,55 6,46 + 0,16 + 1,41 FNAC DARTY (FNAC) G A 34,9 35,04 + 0,69 + 1,74 PHARMAGEST INT. (PHA) g A 80,8 79,8 - 1,97 + 6,83
15461 6,55 - 9,52 7,81 21215 35,4 - 4,11 37,62
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.529.960 6,42 - 60,75 6,18 4,64 FR0011476928 21/06/22 2 26.871.853 34,9 - 33,38 33,12 5,71 FR0012882389
3525
30/06/22 1,05 15.174.125
81
79,3
- 3,51 84,3
+ 3,91 73,9 1,32 VALEURS ZONE INTERNATIONALE
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 96,4 96,58 + 0,31 - 1,37 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 83,2 82,2 + 0,24 - 2,61 PIERRE & VACANCES (VAC) g C 1,772 1,72 - 3,37 + 59,55
71776 97,28 - 5,17 102,6 41 83,2 + 2,75 85 GENERAL ELECTRIC (GNE) A 74,5 77,4 + 1,04 + 2,38
1157916 1,772 +43,33 1,894 75 77,4 + 4,59 80
FR0013280286 06/06/22 0,85 118.361.220 96 - 4,42 92,98 0,88 FR0000033409 20/04/22 4,2 42.864.715 82,2 - 2,61 79 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.372.343 1,6 + 0,97 1,028 US3696043013 USD 14/12/22 0,06 1.092.668.140 74,5 - 10 63,1
BOIRON (BOI) g A 43,15 43 - 15,19 GECINA (GFC) LR A 110,9 110,3 - 0,45 + 15,92 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 16,4 16,5 + 1,1 + 21,5
5464 43,3 -13,39 53,2 98720 112,2 + 2,04 114,2 SCHLUMBERGER (SLB) A 52,8 53,1 + 1,53 + 7,38 3,45
97123 16,6 + 5,77 17,6 7544 53,7 - 0,56 54,6
FR0000061129 01/06/22 0,95 17.545.408 42,95 + 6,3 40,35 2,21 FR0010040865 04/07/22 2,65 76.623.192 110,3 - 0,9 95,2 FR0000124570 28/04/22 0,28 145.522.153 16,29 - 21,05 13,69 1,7 AN8068571086 USD 07/02/23 0,25 1.385.122.304 52,5 + 53,03 47,35
BOLLORÉ (BOL) G A 5,11 5,105 + 0,2 - 2,2 GENFIT (GNFT) G B 4,132 4,088 - 1,07 + 3,02 QUADIENT (QDT) g B 16,51 16,52 + 0,06 + 19,97
712856 5,14 - 4,85 5,45 93457 4,19 +10,55 4,4 TOTAL ENERGIES GABON (EC) A 166,5 168 + 6,33
23872 16,67 + 6,99 16,69 675 170 + 8,04 170
FR0000039299 30/08/22 0,02 2.950.389.374 5,1 + 4,65 5,02 0,39 FR0004163111 49.834.983 4,072 + 18,49 3,69 FR0000120560 04/08/22 0,55 34.468.912 16,48 + 0,12 13,82 3,33 GA0000121459 28/09/22 56,96 4.500.000 166,5 + 5,99 152 33,91
BONDUELLE (BON) g B 13,8 13,62 + 0,3 + 1,79 GENSIGHT (SIGHT) g B 3,45 3,4 - 1,73 + 1,13 RALLYE (RAL) A 2,8 2,815 - 0,18 + 5,04
26376 13,92 - 3,4 14,48 40174 3,46 - 8,26 3,796 8423 2,845 - 2,76 3,1
FR0000063935 03/01/23 0,3 32.630.114 13,54 - 30,65 12,3 2,2 FR0013183985 46.335.591 3,374 - 10,81 3,16 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 2,8 - 30,15 2,62
BUREAU VERITAS (BVI) LR A 26,21 25,93 + 0,23 + 5,36 GERARD PERRIER (PERR) B 93 93,2 + 0,22 + 3,1 RAMSAY GDS (GDS) A 19,15 19,25 + 0,79 + 5,19
426493 26,3 - 1,78 27,23 20 93,2 - 2,71 98,8 239 19,3 + 5,48 19,9
FR0006174348 05/07/22 0,53 452.328.192 25,91 + 5,79 24,42 2,04 FR0000061459 08/06/22 2 3.973.148 93 - 3,52 87,8 2,15 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 19,1 - 15,2 17,95
CARMILA (CARM) g C 14,1 13,98 - 0,43 + 4,8 GETLINK (GET) LR A 16,48 16,62 + 0,88 + 10,98 RÉMY COINTREAU (RCO) LR A 167,4 165,1 - 0,96 + 4,76
29765 14,12 + 2,04 14,44 1201618 16,735 +10,62 16,735 67943 168,3 - 5,06 180,5
FR0010828137 23/05/22 1 143.704.395 13,98 - 5,16 13,4 FR0010533075 30/05/22 0,1 550.000.000 16,48 + 20,13 14,795 0,6 FR0000130395 27/07/22 1,85 50.785.696 164,9 - 6,03 157,2 1,73
CASINO (CO) G A 11 10,7 - 1,84 + 9,63 GL EVENTS (GLO) g B 20,6 20,4 - 0,97 + 25,46 REXEL (RXL) LR A 21,92 22,22 + 1,69 + 20,5
253404 11,01 - 6,55 12,17 18553 20,8 +10,75 22,4 1138660 22,31 + 8,07 22,31
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 10,7 - 45,2 9,895 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 20,35 + 20 16,3 FR0010451203 03/06/22 0,75 303.413.265 21,77 + 7,34 18,55 3,38
 FINANCE & MARCHES Mercredi 15 février 2023 Les Echos 32

les conférences
carnet
La Renaissance ENTREPRISES exécutif. Depuis 2019, il était direc-
teur interdépartemental des rou- +
Art et pouvoir dans BNP PARIBAS REAL ESTATE
TRANSACTION
tes de l’Est. Ils sont nés
un 15 février
les cours d’Europe Franck Poizat
Elodie Marchand
PORSCHE
Christille Cudennec
prennent la direction
du pôle industriel.
est promue
chef de département
•acteur,
Santiago Amigorena,
réalisateur, scénariste

14
new business et corporate et producteur, 61 ans.
Franck Poizat, 48 ans, est diplômé
de l’ESG Paris. En 2005, il rejoint
development de Porsche
France. Elle intègre le comité
•non-exécutif
Gilles Auffret, président
de Terreal, 76 ans.

mars
BNP Paribas Real Estate en qualité
de consultant investissement
de direction. •générale
Nathalie Birocheau, directrice
d’Ircam Amplify, 38 ans.

Les Tudors : l’art au service

locaux d’activités, puis logistique
en 2011. Promu directeur investis-
Christille Cudennec, 38 ans, diplô-
mée de l’école de commerce
•et Rachida Brakni, actrice
metteuse en scène, 46 ans.
de la monarchie sement logistique en 2014, il d’Orléans, a étudié à l’université •européen,
Yves Cochet, ex-député
devient directeur adjoint du pôle des sciences appliquées de Furt- 77 ans.
industriel (location et investisse-
ment) de BNP Paribas Real Estate
wangen (Allemagne). Débutant
dans l’agence Peter Auto, elle a
•exécutive
Nathalie Delapalme, directrice
de la fondation
Transaction en 2018. rejoint Mercedes-Benz France Mo Ibrahim, 66 ans.

Elodie Marchand, 39 ans, est titu-

comme chef de projet CRM en
2008. Elle a évolué au poste de chef
•duMilo Dukanovic, président
Monténégro, 61 ans.
laire du master management de
l’immobilier de Paris Dauphine.
de produit avant d’être nommée
chef de gamme smart et e-mobi-
•plasticien
Laurent Lantieri, chirurgien
ayant effectué
C’est en 2006 qu’elle rejoint BNP lity en 2014, puis chef de produit la première greffe totale du visage

Comprendre Paribas Real Estate Transaction.

Elle occupe plusieurs postes avant
sénior compact & luxury cars et
e-mobility en 2015. Chef de pro-
au monde, 60 ans.
• Franck Le Tendre,

l’art d’aujourd’hui d’être promue directrice de

l’équipe activité sud en 2016, puis
duit Audi France en 2016, elle a
pris la direction du département
ex-directeur général de Dropbox,
PDG de Finalcad, 51 ans.
directrice du pôle activité Ile-de- produit et motorsport de Porsche • Diane Mullenex, avocate

23
France en 2019. France en 2019. associée au cabinet Pinsent
Masons, 51 ans.
ATMB
Erwan Le Bris
3i
Céline Maronne
• Raphaël Muller, recteur
de l’académie d’Amiens, 44 ans.
février est le nouveau directeur
général d’Autoroutes et Tunnel
est promue directrice ESG
pour son activité
• Cyrille du Peloux,
président de MySeedCap, 69 ans.
L’art sacré est-il du Mont Blanc (ATMB). infrastructure. • Matthieu Ricard, écrivain,
encore possible ? philosophe et moine, 77 ans.
Erwan Le Bris, 48 ans, ancien élève
de l’Ecole Polytechnique et de
Céline Maronne, 35 ans, diplômée
de l’Essec, a débuté sa carrière
• Art Spiegelman, auteur
de bande dessinée
l’école des Ponts, ParisTech, a tra- comme investment manager chez et illustrateur, 75 ans.
vaillé dans le groupe Setec à Paris
comme responsable de projets en
Barclays Infrastructure Funds (à
Londres) en 2011. Suite au rachat
• Véronique Subileau, directrice
générale adjointe de BPI Group
2008. En poste à la direction inter- par 3i en 2013, elle a intégré 3i pour chargée des activités Talents
départementale des routes du y être senior associate, puis asso- et développement
Inscrivez-vous aux conférences Nord entre 2014 et 2016, il a contri-
bué au développement économi-
ciate director à Londres. En 2019,
elle a retrouvé Paris en qualité de
des compétences, 47 ans.

sur place au tarif de 25 € que et environnemental du Grand director. Elle est par ailleurs mem-
Port Maritime de Dunkerque en
tant que membre de son organe
bre du conseil d’administration de
TCR depuis 2017. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

ACTIONS ACTIONS ACTIONS

EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES CHANGES COURS AU COMPTANT
VAR. VAR.
14-02-2023 COURS VEILLE ANNÉE
ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %

FR0000076887 A.S.T. GROUPE g C 2,55 2,55 2,52 2,52 - 1,56 3683 FR0000038184 F.I.P.P. C 0,13 0,131 0,13 0,131 + 3,15 1100 FR0012127173 OSE IMMUNO g C 6,075 6,19 6,04 6,14 + 1,24 12493 DOLLAR US 1,0721 -0,03 0,18
FR0012616852 ABIONYX PHARMA g B 1,972 1,998 1,954 1,96 - 1,71 30269 FR0011271600 FERMENTALG g C 1,522 1,53 1,52 1,529+ 0,46 15276 FR0004038263 PARROT B 5,49 5,49 5,28 5,29 - 3,64 6668 LIVRE STERLING 0,882 -0,21 -0,34
FRANC SUISSE 0,9891 0,31 -0,04
FR0012821890 ADUX g C 1,385 1,385 1,34 1,345 - 1,83 2146 FR0011665280 FIGEAC AERO g C 5,43 5,49 5,4 5,41 + 0,19 3132 FR0000038465 PASSAT g C 5 5 4,85 4,98 + 1,63 2516 COURONNE DANOISE 7,4526 0,04 0,22
FR0013333077 AFFLUENT MEDICAL B 1,55 1,6 1,5 1,51 - 5,15 2856 FR0014005SB3 FORSEE POWER SA B 3,14 3,2 3,13 3,175 + 1,12 10961 FR0013252186 PLASTIQUES DU VAL g C 3,3 3,365 3,3 3,3 - 0,45 19800 COURONNE NORV. 10,8943 0,64 3,80
COURONNE SUEDOISE 11,131 0,04 -0,27
FR0012789667 AMPLITUDE g C 3,1 3,1 3,05 3,05 - 2,87 5061 FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 44,35 44,45 43 43,35 - 2,48 18861 FR0012432516 POXEL g C 0,921 0,923 0,898 0,912 - 0,22 39489
DOLLAR CANADIEN 1,4333 0,23 -1,20
FR0011992700 ATEME g B 9,4 9,4 9 9,38 + 0,32 3921 FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,022 0,022 0,02 0,021 - 0,96 8760596 FR0004052561 PROACTIS C 0,11 0,11 0,11 0,11 1626 YEN JAPONAIS 142,615 0,42 1,58
FR0000061780 AUGROS CP. C 7,5 7,5 7,5 7,5 + 0,67 2968 FR0010214064 GROUPE PIZZORNO C 43,2 43,5 42,3 43,5 + 0,46 1202 FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 3,095 3,195 3,095 3,19 + 3,07 29211 DOLLAR AUSTRALIEN 1,5403 0,06 -1,96
ROUBLE RUSSE 78,9176 0,53 -0,02
FR0000039232 AUREA g C 6,88 7 6,88 7 + 1,45 1596 FR0004155000 GROUPE SFPI g C 2,605 2,64 2,595 2,61 + 0,19 32470 FR0013344173 ROCHE BOBOIS SA G B 38,6 38,8 37,5 38,4 - 0,52 1060 ROUPIE INDIENNE 88,914 0,37 0,14
FR0013183589 AURES TECHNO g C 9,3 9,46 9,3 9,46 + 1,5 864 FR0000066722 GUILLEMOT g C 8,5 9,1 8,04 9,08 + 5,58 45942 FR0000054199 S.T. DUPONT C 0,126 0,127 0,126 0,127 21110 FORINT HONGROIS 379,4835 -0,88 -5,06
ZLOTY POLONAIS 4,7765 -0,21 1,63
FR001400CFI7 AVENIR TELECOM C 0,107 0,127 0,1 0,125 + 17,2 5787477 FR0000066755 HAULOTTE GROUP g B 3,48 3,48 3,445 3,47 - 0,29 1052 FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 105,4 105,4 101,8 102,6 - 3,39 5517
DOLLAR HONG-KONG 8,4161 -0,02 0,66
FR0013258399 BALYO g C 0,645 0,684 0,642 0,672 + 5 259148 FR0014003VY4 HYDROGÞNE FRANCE G B 21,7 21,85 21,45 21,6 - 0,46 1352 FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 14,08 14,28 13,82 14,26 + 1,57 7726 WON SUD COREEN 1365,6 0,05 1,10
FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 33 33 32 32,4 - 0,61 6126 FR0013233012 INVENTIVA g B 5,6 5,75 5,6 5,62 + 1,81 10459 FR0000074122 SII g C 54,6 54,6 53,3 53,7 - 1,29 23617 PESO MEXICAIN 19,8785 -0,19 -4,87
REAL 5,5485 0,26 -2,14
FR0000074254 BOURSE DIRECT C 3,64 3,64 3,55 3,61 + 0,28 6587 FR0012872141 JACQUES BOGART g C 8,42 8,42 8,24 8,3 + 1,47 2173 FR0004016699 SMTPC g B 26,9 27,1 26,8 26,9 - 0,37 4730 DOLLAR SINGAPOUR 1,4258 0,06 -0,84
FR0010151589 CAFOM C 9,8 10 9,5 9,5 - 5,47 3762 FR0000066607 LACROIX GROUP g C 32,8 33 32,5 33 - 0,3 1318 FR0010209809 SOC FRANC CASINOS C 1,68 1,7 1,68 1,7 - 13,27 1383 LIVRE TURQUE 20,2 -0,05 0,75
RENMIBI YUAN 7,3079 -0,14 -1,21
FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,71 3,73 3,7 3,725 + 0,68 7489 FR0000032278 LATECOERE g C 0,386 0,386 0,377 0,382 - 0,91 55637 FR0000078321 SODITECH C 1,45 1,45 1,45 1,45 + 1,4 2052
FR0000037475 CFI C 0,64 0,64 0,64 0,64 2108 FR0014009YQ1 LHYFE B 8,23 8,26 8,15 8,197 - 0,4 3990 FR0000065864 SOGECLAIR g C 20,6 20,6 19,8 20,1 - 2,43 1034
FR0013426004 CLARANOVA SE g B 2,342 2,36 2,33 2,334 - 0,09 75221 FR0000051070 MAUREL ET PROM g B 3,79 3,825 3,675 3,715 - 1,59 194520 FR00140006O9 SOLOCAL GROUP B 0,665 0,67 0,65 0,657 - 0,38 67667
TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES
MARCHÉS MONÉTAIRES
FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 18,44 18,518 18,41 18,518 + 0,42 1449 FR0000060873 MBWS g C 2,22 2,22 2,14 2,14 - 2,73 11582 FR0004188670 TARKETT G B 12,34 12,64 12,34 12,42 + 0,16 3440 14-02-2023 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN

FR0010461053 CRCAM LANGUED CCI C 52 52,46 50,5 50,5 - 2,89 1228 FR0011742329 MCPHY ENERGY g B 13,56 13,67 13,165 13,19 - 1,75 51126 FR001400BWV7 TECHNICOLOR CREA. A 0,221 0,23 0,206 0,21 - 4,59 788665 ZONE EURO 2,45/2,15 2,54/2,24 2,88/2,58 3,20/2,90 3,54/3,24

FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 16,2 16,2 15,97 16,05 - 1,05 2409 FR0004065605 MEDINCELL B 8,05 8,24 7,98 8 + 0,38 38341 FR001400BMH7 TERACT B 7,2 7,2 7,14 7,15 - 0,83 1330 ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE
14-02-2023 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR0000044364 CRCAM NORM. SEINE C 73,51 74 72,03 72,03 - 2 843 FR0010298620 MEMSCAP g C 1,715 1,72 1,7 1,7 - 1,16 1499 FR0000033003 TOUAX g C 8 8 7,94 8 - 0,13 4671
ALLEMAGNE 98,52 2,79 2,39 2,37 2,33
FR0000045528 CRCAM PARIS IDF B 70,08 70,2 69,73 69,73 - 0,5 1344 FR0011277391 MYHOTELMATCH g C 0,017 0,018 0,017 0,018 + 2,27 680138 FR0000035784 TRANSIT.EVERGREEN G C 2,9 2,96 2,85 2,96 + 1,37 8697 PORTUGAL 0 0,00 0,46 0,67 0,95
FR0007317813 CS GROUP g C 11,35 11,35 11,3 11,35 + 0,44 6453 FR0013482791 NACON SAS B 2,37 2,415 2,34 2,37 66760 FR0000034548 UNION FIN.FRANCE Gg B 21 21,1 21 21 8120 FRANCE 0,48 0,07 0,28 0,30 0,48
ESPAGNE 0,11 0,18 0,60 0,74 1,01
FR001400AYG6 DEEZER 2 2,525 2,525 2,46 2,502 - 1,11 4488 FR0004050250 NEURONES B 40,9 40,95 39,85 40 - 2,32 3554 FR0000074197 UNION TECH.INFOR. g C 0,449 0,46 0,442 0,46 + 2,45 2947 ITALIE 0,17 0,39 3,52 1,45 1,81
FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,22 1,25 1,215 1,225 + 0,41 3097 FR0012650166 NHOA g C 8,8 8,8 8,15 8,32 - 4,37 12151 FR0000050049 VIEL ET CIE C 6,64 6,66 6,6 6,66 + 0,3 7744
FR0010242511 EDF A 11,77 11,83 11,77 11,805+ 0,21 1165491 FR0000052680 OENEO B 14,9 15 14,7 14,7 - 1,67 1038 FR0000062796 VRANKEN - POMMERY C 17,1 17,5 17,05 17,05 - 2,57 1637
CERTIFICAT/FONDS
R g

FR0000035719 ELECT ET EAUX MAD. C 3,26 3,26 3,26 3,26 - 0,61 1630 FR0010428771 OL GROUPE g C 2,97 2,98 2,78 2,97 205426 FR0012532810 WAGA ENERGY B 28,5 28,5 28 28 - 1,24 4836
INVESTIR 10
INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 151,57 0,44
FR0000054678 EURO RESSOURCES C 2,92 2,92 2,81 2,85 + 1,06 2731 FR0010609206 OREGE C 0,461 0,475 0,44 0,45 - 2,17 5615 FR0004034072 XILAM ANIMATION g C 31,7 31,7 31 31,4 - 0,63 2752
INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 115,16 -0,42

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33 Les Echos Mercredi 15 février 2023

SANTÉ-PRÉVOYANCE
ENJEUX Les inquiétudes qui pèsent sur les entreprises, et sur les personnes qu’elles emploient, sont de nouveaux enjeux-clés pour la
qualité de vie au travail. Des défis qui demandent aux managers une approche globale au confluent des ressources humaines et de la RSE.

Qualité de vie au travail : les nouveaux

défis sociaux du management
Julie Le Bolzer d’oreillers made in France qui

P
emploie une douzaine de person-
rises dans la tourmente nes, le rappel des bienfaits du som-
d’une crise protéiforme, meil est couplé avec une salle
qui se joue sur les fronts tant de sieste. « C’est très bien vu de faire
géopolitiques et économiques que la sieste chez Wopilo et je montre
sociétaux et environnementaux, les l’exemple », résume le fondateur,
petites entreprises s’accrochent. Thomas Hervet. Quelle que soit la
Sachant qu’au choc énergétique et à solution, l’accompagnement sem-
une inflation record s’ajoute la glis- ble la condition sine qua non.
sade du moral des salariés, frappés A i n s i , e n p l u s d e l ’a c c è s à
par la baisse du pouvoir d’achat et le 4.000 infrastructures sportives en
climat anxiogène. « Nous sommes France (en partie pris en charge
humains : face au ralentissement de par l’employeur), Gymlib produit
la croissance ou aux problèmes des contenus à l’intention de ses
d’approvisionnement, il nous arrive clients, notamment sur les risques
d’être sujets au stress, l’enjeu est donc de la sédentarité « qui touche
de ne pas le faire retomber sur les aujourd’hui 95 % des Français »,
équipes », confie Sophie Lauret, la assure Sébastien Bequart, cofon-
cofondatrice de Comme Avant, une dateur de Gymlib. « La clé de la réus-
entreprise de cosmétiques bio des site d’un programme de sport en
Bouches-du-Rhône qui emploie entreprise est la communication
près de 50 collaborateurs. interne, pour sensibiliser aux bien-
Au-delà de l’actualité et de ses faits d’un mode de vie actif et sain. »
impacts psychologiques, d’autres
causes s’invitent dans cette valse Communication interne
d’incertitudes. « Avant même le Et le dirigeant de préciser que cha-
Covid, le conflit ukrainien et ce qui que décideur dispose d’outils, par
en a découlé, la société de loisirs et exemple « les intranets et campagnes
l’accroissement du mal-être en entre- d’e-mailing pour les services des res-
prise avaient contribué à ce que le sources humaines, tandis que les CSE
travail ne soit plus au centre de l’exis- privilégient l’affichage sur site ». For-
tence de l’individu », pointe Sabrina melle ou informelle, la communica-
Tanquerel, professeure associée tion interne reflète la capacité de
en gestion des ressources humaines l’organisation à libérer la parole,
à l’EM Normandie. dans les rangs de la hiérarchie

Les PME au stade
du diagnostic
Un désengagement progressif
qui, paradoxalement, trouve par-
fois sa source dans le surinvestis-
sement… auquel la transformation
numérique n’est pas étrangère.
Cofondateur de l’organisme de
formation Into the Tribe, spécia-
liste de l’hyperconnexion, le neuro-
scientifique Thibaud Dumas
convient que « rares sont ceux qui
arrivent à couper pendant le week-
end et les vacances ». « On a même
vu des salariés poser des RTT pour
travailler chez eux sans être déran-
gés », poursuit-il.
L’objectif : que l’organisation et le climat du lieu de travail rassurent et renforcent l’adhésion au projet collectif. Photo iStock
C’est dans ce contexte bouleversé
que sont repensées les politiques de
santé, et de qualité de vie et des
conditions de travail. Dans les TPE
et les PME, le gros des troupes
« est au stade du diagnostic », selon
Sabrina Tanquerel. Néanmoins,
ici et là, se dessine une diversité
d’actions. Sur la question du pouvoir
d’achat – « un vecteur d’anxiété, donc
un frein à la productivité », dixit
Xavier Hollandts, enseignant en
entrepreneuriat à Kedge Business
School –, certains s’interrogent sur
la possibilité de libérer l’épargne
salariale. « Celle-ci représente
147 milliards d’euros qui permet-
traient de gommer la perte de pou-
voir d’achat liée à l’inflation », estime
Xavier Hollandts.
Pour l’heure, il est des organisa-
tions qui préfèrent « se recentrer sur
leurs valeurs car cela donne du sens
au quotidien, tout en ramenant de la
frugalité puisqu’il s’agit de renoncer
à ce qui n’est pas essentiel », explique
Stéphanie Buisine, directrice de
recherche au Cesi. Elle évoque
deux PME industrielles qui ont
« diminué leurs dépenses et apporté
du positif en interne » en se concen-
trant, l’une sur le service rendu au
«
client, l’autre sur les enjeux environ-
Face au nementaux. Convaincue que la
ralentissement culture de l’entreprise peut faire
office de valeur refuge rassurante et
de la croissance, bénéfique, Sophie Lauret assure
il nous arrive d’être que « la qualité de vie au travail doit
sujets au stress. beaucoup au management ». « Le fait
L’enjeu est de ne pas que nous soyons une entreprise fami-
liale engagée joue énormément :
le faire retomber malgré la crise, les relations sont
sur les équipes. » bonnes et une belle dynamique booste
l’activité », assure-t-elle.
SOPHIE LAURET L’organisation même du travail a
Cofondatrice de Comme Avant
des répercussions sur le bien-être,
(cosmétiques bio)
surtout si on y incorpore de la sensi-
bilisation. Chez Wopilo, fabricant
comme des employés. « L’enjeu est
que chaque salarié se sente libre
d’exprimer ses peurs et de poser des
questions, et que le dirigeant puisse
répondre “je ne sais pas”, ce qui est
parfois le cas dans ce climat incer-
tain », conclut Stéphanie Buisine. n
Sur le Web
•UNELESTRATÉGIE
BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL,
POUR SHIPPEO
Chez Shippeo, l’expérience collabo-
rateur est essentielle et stratégique,
tant à l’arrivée du collaborateur
que tout au long de son parcours.
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TROIS ENJEUX MAJEURS POUR LES RESSOURCES HUMAINES EN 2023

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Pallier l’anxiété due au salaire et au niveau de vie
Malgré une hausse de 5,2 % des salaires bruts dans la zone euro
en 2023, selon les estimations de la Banque centrale européenne,
la perte de pouvoir d’achat continue à préoccuper une majorité
de Français. De quoi convaincre une part croissante d’entreprises,
déjà en mal d’attractivité auprès des talents, d’actionner divers dis-
positifs, depuis la prime de partage de la valeur (PPV, anciennement
appelée « prime Macron »), jusqu’à l’intéressement et la participation.
Prévenir la charge mentale et le risque de burn-out
A la baisse du pouvoir d’achat s’ajoute un climat d’anxiété général,
nourri tant par le contexte géopolitique que par la crise énergétique.
Sans oublier des nouvelles formes de collaboration où s’entremêlent
hyperconnexion, augmentation de la charge de travail, et érosion
de la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle.
De quoi faire accroître la détresse psychologique, le stress
et le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn-out.
Trouver un équilibre face à l’hybridation du travail
Si le télétravail ne cesse de gagner du terrain, il reste des métiers et
des secteurs d’activité où il ne peut être déployé. D’où un sentiment
d’injustice et de clivage qui doit être surveillé au sein de certaines
organisations. Ailleurs, la flexibilité semble s’imposer pour satisfaire
à la fois les profils favorables à la collaboration à distance,
et les autres, qui ne s’y épanouissent pas. Résultat, nombre
d’entreprises tâtonnent encore dans ce nouveau paysage hybride.
SANTÉ-PRÉVOYANCE Mercredi 15 février 2023 Les Echos 34

« La santé et la qualité de vie au travail sont au cœur

de la responsabilité sociétale des entreprises »
ENTRETIEN Christophe Scherrer analyse la façon dont les lignes
bougent en matière de qualité de vie au travail. Une évolution Christophe Scherrer précise
que « les dirigeants et les salariés
rendue nécessaire par les nouvelles préoccupations des salariés. s’accordent pour dire que
l’organisation des entreprises
Le contexte actuel rebat-il l’équité, et l’accompagnement des doit encore évoluer pour
les cartes de la prise en compte CHRISTOPHE situations de fragilité des salariés. s’adapter » au travail hybride.
du bien-être des salariés ? SCHERRER Au-delà de la notion de perfor-
Tout à fait. Les crises successives que Directeur général mance, ces questions liées à la prise
nous traversons ont placé la santé et délégué de Malakoff en compte des problématiques
la protection des salariés au cœur Humanis humaines relèvent aujourd’hui,
des préoccupations des DRH et des pour les chefs d’entreprise, de leur
chefs d’entreprise. Préoccupations responsabilité sociétale. Et nous
auxquelles s’ajoute aujourd’hui la de la rémunération globale avec la le voyons dans nos métiers : la
prise en compte des problématiques reprise de l’inflation, aux nouvelles mutuelle, la couverture prévoyance
de santé mentale. Cette période fait exigences de responsabilité sociale, ou l’épargne salariale font partie des
également naître de nouvelles aspi- sociétale et environnementale. moyens utilisés par les entreprises
rations de la part des salariés : quête pour protéger et ainsi mieux pren-
de sens, recherche d’un nouvel équi- Quelles sont les préoccupations dre soin de leurs salariés. Nous le
libre entre vie personnelle et profes- majeures des entreprises ? voyons aussi à travers l’accompa-
sionnelle, équité… Un nouveau rap- Nos travaux sur la performance gnement social que nous apportons

Malakoff Humanis
port au travail se dessine et remodèle sociale des entreprises montrent aux entreprises pour leurs salariés
le marché de l’emploi. Aujourd’hui, que, outre la santé et la qualité de vie en situation de difficultés financiè-
les entreprises doivent faire face à au travail, les grands enjeux pour les res ou sociales, ou d’aidants. Ces
des pénuries de main-d’œuvre dans dirigeants sont l’attractivité et la fidé- leviers sont aujourd’hui au cœur des
de nombreux secteurs, à la question lisation des talents, l’inclusion et démarches ESG des entreprises

qui, au-delà de la problématique
climatique, travaillent aussi sur le
« S », c’est-à-dire le social.
L’importance de la dimension
«
térise par une surreprésentation des tion santé, d’assistance psycho-
jeunes, des femmes, des managers Un nouveau logique, d’accompagnement du

sociale des engagements RSE

Comment évaluer l’impact
de la prise en compte
de ces problématiques ?
Selon une étude du Comptoir, entité de Malakoff L’absentéisme constitue, au même
Humanis qui décrypte les évolutions des entreprises, titre que le niveau d’engagement
les dirigeants considèrent les conditions de travail, des salariés, un indicateur clé pour
le climat social, la santé et la qualité de vie au travail évaluer l’impact de cette démarche.
comme les principaux vecteurs de performance sociale. Nous le vérifions au travers des
Pour 74 % des dirigeants, les démarches allant études et travaux que nous publions
en ce sens s’inscrivent dans le cadre de la politique de sur Le Comptoir. Notre baromètre
responsabilité sociétale. Enfin, 75 % y trouvent un moyen annuel montre que l’absentéisme
de faire baisser l’absentéisme, tandis que 84 % des maladie, qui concerne plus de 40 %
salariés y voient un levier d’engagement. des salariés chaque année, se carac-
maison habile. crédits photo : Laurent Rouvrais
et des familles monoparentales. Les
troubles psychologiques sont deve-
nus la deuxième cause des arrêts
maladie en 2022 après les maladies
ordinaires. C’est un sujet de préoc-
cupation pour un grand nombre de
chefs d’entreprise qui disent vouloir
être accompagnés sur le sujet.
Quel est l’impact des nouvelles
organisations de travail ?
Si le travail hybride semble plébis-
cité, il est encore tôt pour évaluer
son impact sur le bien-être des sala-
riés et la performance. Les diri-
geants et les salariés s’accordent
pour dire que l’organisation des
entreprises doit encore évoluer
rapport au
travail se dessine et
remodèle le marché
de l’emploi. »
Quels sont les accompagne-
ments demandés
par les entreprises sur leur
responsabilité sociale ?
Nous proposons aux chefs d’entre-
prise et aux DRH une démarche
d’accompagnement qui permet de
comprendre, d’analyser et d’agir sur
les problématiques liées à l’absen-
téisme, à la santé et la QVT, et aux
retour à l’emploi après une longue
maladie, par exemple. L’impact de
ces mesures est évalué régulière-
ment de façon à ajuster le plan
d’actions si nécessaire.
Quelles sont les conditions
de réussite ?
Quelle que soit la taille de l’entre-
prise, ça ne peut fonctionner que si la
direction générale est convaincue de
la nécessité d’apporter une attention
à la dimension sociale et humaine,
en cohérence avec la recherche de
performance économique. Une telle
démarche implique par ailleurs
d’aborder les différentes composan-
tes de manière holistique, intégrant

pour s’adapter à cette nouvelle
forme de travail. Les entreprises
sont prêtes à réorganiser les espaces
de travail et à mettre en place un
management davantage axé sur la
confiance et la flexibilité.
vulnérabilités des salariés. A travers
cette démarche, nous aidons les
entreprises à structurer leur
réflexion, à chiffrer leur diagnostic,
puis à mettre en place et piloter dans
la durée des dispositifs de préven-
dimension personnelle et profes-
sionnelle, santé physique et mentale
des salariés… Enfin, le succès de la
démarche repose aussi sur la qualité
du dialogue social.
Propos recueillis par J. L. B.

Chez Bioseptyl, le développement durable

passe aussi par le bien-être des salariés
A Beauvais, La Brosserie
Française, le fabricant de
Bioseptyl, avance conjointe-
ment sur les enjeux socié-
taux et environnementaux,
d’où l’attention portée au
bien-être au travail.

E n 2012, quand Olivier

Remoissonnet reprend
Duopole, fabricant de bros-
ses à dents dont il était jusqu’alors
Bioseptyl

le directeur industriel, son premier

moteur est de « sauver des savoir-
faire ». « Il n’était pas question de
l’usine ou des machines, mais avant La Brosserie Française collabore avec plusieurs établissements
tout des hommes et des femmes et services d’aide par le travail, dont l’un est intégré à l’usine.
qui étaient les carburants de l’entre-
prise », raconte l’entrepreneur. s’inscrit la politique en matière de Autre vecteur de bien-être en

CHAQUE JOUR, Onze ans après avoir été reprise à

la barre du tribunal de commerce, la
société, rebaptisée « La Brosserie
santé et de qualité de vie au travail.
« D’une part, la santé et la sécurité
sont des prérequis dans l’industrie, où
entreprise, la transparence sur la
vision et la stratégie à court, moyen
et long terme, est également le credo

RETROUVEZ L’HISTOIRE Française », réalise 6 millions

d’euros de chiffre d’affaires et
emploie 34 collaborateurs sur son
le moindre accident sur des machines
à forte cadence peut avoir de lourdes
conséquences. D’autre part, l’histoire
du dirigeant. « Au moins une fois
par mois, voire davantage en période
de crise, l’ensemble des équipes se réu-

AVEC UN GRAND F. site historique de Beauvais. Surtout,

elle a ouvert la voie à la relocalisation
de la production de brosses à dents
avec Bioseptyl, marque made in
France, dont les produits s’écoulent
à 8 millions d’exemplaires par an.
Derrière sa certification « Origine
9h et 14h France », on trouve une stratégie de
FRANCK FERRAND RACONTE… développement durable qui ne
mégote ni sur les enjeux sociétaux ni
sur les engagements environnemen-
taux. Sur le volet social, La Brosserie
Française collabore avec plusieurs
établissements et services d’aide par
le travail, dont l’un est intégré à
Écoutez Radio Classsique en direct ou replay sur radioclassique.fr, l’usine. Du côté industriel, le recours
l’application mobile Radio Classique et en DAB+ à des matériaux écoresponsables a
permis de capter 40 % des parts de
marché du segment bio. C’est dans
ce contexte de visée à long terme que
même de La Brosserie Française est
une aventure humaine, où prendre
soin des individus et du collectif va de
soi », note Olivier Remoissonnet.
Valoriser les savoir-faire
Ainsi, avant la généralisation de la
complémentaire santé d’entreprise,
en vigueur depuis 2016, la direction
avait opté pour « une prise en charge
à 50 % de la mutuelle, avec un niveau
de couverture élevé », assure-t-il.
Pour ce qui est de l’organisation du
travail, le sujet a été laissé à la main
des équipes. « Nous avons vidé l’ate-
lier et ce sont les salariés qui ont
décidé eux-mêmes de l’aménage-
ment, de l’organisation des flux,
du positionnement des machi-
nes, etc. » détaille l’entrepreneur.
nit au milieu de l’atelier pour faire le
point sur des sujets internes ou exter-
nes. C’est un moment de partage, sans
tabou », insiste celui qui met aussi
l’accent sur les moments de convi-
vialité. Ainsi, « grâce à la présence de
ruches et d’animaux dans le pâturage
qui jouxte l’usine, et où les collabora-
teurs peuvent épauler apiculteur
et éleveur ».
Reste que, selon lui, le bien-être
au travail ne saurait exister sans
valorisation des savoir-faire. Ce que
fait La Brosserie Française, notam-
ment en ouvrant ses portes au tou-
risme industriel. « C’est l’occasion
pour les salariés de parler de leur
métier, de leur machine, de leur pro-
duit… avec de la reconnaissance en
retour », conclut-il. — J. L. B.
35 Les Echos Mercredi 15 février 2023

= Les chiffres de l’économie

//
// Budget
Budget de
de l’Etat
l’Etat et
et PSR
PSR 2022
2022 :: 454,6
500,2 milliards
milliards d’euros
d’euros (prévisions
(prévisions PLF
PLF 2022)
2023) //
// PIB
PIB 2021
2022 :: 2.452,3 milliardsd’euros
2.642 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2022 // SMIC horaire : 10,57 euros à partir
// Plafond Sécurité sociale : 3.666 euros/mois à partir du 01-01-2023 // SMIC horaire : 11,27 euros à partir du 01-01-2023 du 01-01-2022
//
// Capitalisation
Capitalisation boursière
boursière dede Paris
Paris :: 1.904,7
2.146,55milliards
milliardsd’euros
d’euros(au
(au04-07-2022)
02-01-2023)
//
// Indice
Indice des
des prix
prix (base
(base 100
100 enen 2015)
2015) :: 111,72
114,26enenmai 2022 //2022
novembre Taux//deTaux
chômage (BIT) : 7,3
de chômage % au
(BIT) 1er%trimestre
: 7,3 2022 2022
au 3e trimestre
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.901,8 milliards d’euros (1ere trimestre 2022)
// Dette publique : 2.956,8 milliards d’euros (3 trimestre 2022)

crible
Le chaud et le froid
Les marchés financiers ont corrigé leur pessimisme excessif sur le risque de récession. Ici tout commence
Ouf ! Partie de niveaux quasi La Bourse creuse l’écart des décotes
historiques (plus de 70 %) il y a boursières de TF1 et de M6.
quelques mois, la probabilité
implicite de récession à venir
calculée par Ostrum Asset
Management à partir de
5 variables financières – courbe
des taux d’intérêt, rendement des
obligations bien notées et risquées,
swaps, performance des actions
de croissance – est revenue à un
niveau limité (25 %). « Les marchés
financiers sont-ils maintenant trop
complaisants, alors que la seconde
moitié de l’année pourrait s’avérer
difficile ? », se demande donc son
stratège Stéphane Déo, au vu des
variables économiques, comme
la différence entre production
potentielle et observée, les marges
des entreprises et surtout
l’inflation. Selon lui, l’économie
accumule les signes de surchauffe
et le risque alors serait que les
banques centrales soient obligées
d’en faire encore plus que prévu
avec à la clé un risque de récession
en fin 2023.

On connaît la chanson
La Bourse ne semble pas espérer retenir
sa dynastie bancaire la plus célèbre.
Y a-t-il une vie après la rupture de fiançailles ? TF1 et M6 en sont
En passe d’être quittée par la dynastie bancaire qui lui a écrit ses plus riches évidemment persuadés, beaucoup plus cependant que la communauté
heures, la Bourse de Paris semble se faire une raison. Sans s’inquiéter de financière. Si au premier abord, leurs directions stratégiques sont
son manque de séduction – avéré par de nombreux départs avant celui de parallèles, poussant les feux numériques du streaming, la différence
Rothschild & Co – elle semble fredonner « Voilà, c’est fini » plutôt que des moyens pour y parvenir a écarté un peu plus leur chemin boursier.
pleurer « Ne me quitte pas ». Tout le monde financier connaît bien, en effet, Quand Nicolas de Tavernost, « l’Harpagon du PAF », se dit prêt à
la chanson des « take-private ». Dans l’attente du rapport de l’expert réinvestir les sommes consacrées jusqu’ici à Salto dans des contenus
indépendant, l’action s’est ajustée un peu en dessous du prix d’achat en cash destinés à renforcer l’audience des plateformes de M6, ce qui pourrait
offert par le holding Concordia, sans pouvoir spéculer sur une contre- augmenter de 5 % à 6 % la facture de ses programmes, selon des
offensive, vu le contrôle majoritaire et le statut de commandite. Les bons courtiers, Rodolphe Belmer veut garder serrés les cordons de la bourse
résultats annuels n’ont pas réveillé les ardeurs (-0,21 %). L’offreur familial que TF1 a mis tellement de temps à maîtriser, finalement avec succès
trouve sa prime sur le cours coté bien suffisante _de 36 % sur celui des six (quasi stable l’an dernier malgré la Coupe du monde de football). Le
derniers mois, 19 % sur le dernier avant l’annonce, et 15 % sur le sommet rapport est de un à deux entre les deux, mais un tel front renversé s’est
historique début 2022. Le multiple de valorisation du bénéfice (plus de traduit jusque dans le cours de leurs titres (-3,99 % après -12 % en séance
9,6 fois l’estimation pour 2023 selon Bloomberg) peut, en revanche, pour la Une, et +1,2 % pour M6). Même si la dimension conjoncturelle
sembler faible au regard d’un échantillon de « boutiques » de banque pour 2023, moins favorable à la fille de Bouygues, a nourri cette
d’affaires américaines (environ 16 fois). Et on pourrait se demander si divergence, les investisseurs semblent coller à TF1 une décote
l’extraordinaire réinvention de l’entreprise familiale sous la houlette de stratégique, de l’ordre d’un tiers, par rapport à la moyenne de cinq ans
David de Rothschild, après la nationalisation, ne mériterait pas une de ses multiples, quand celle de M6, d’une vingtaine de pour-cent,
surcote. Il faudrait pour cela que les valorisations européennes ne soient correspond plutôt au rabais de précaution en cas de récession.
pas traditionnellement inférieures à celles de l’Oncle Sam. Au moins les boursiers sont-ils dispensés de scènes de ménage…

Le CAC 40 termine à l’équilibre

EN VUE

La Bourse de Paris a fini la journée
de mardi en hausse de 0,07 % à
7.213,81 points. Les investisseurs
n’ont guère réagi au chiffre très
attendu de l’inflation américaine.
Les prix à la consommation
outre-Atlantique ont progressé de
0,5 % en janvier sur un mois. Une
hausse supérieure aux deux der-
niers mois mais en ligne avec les
attentes des économistes. Sur un
an, l’inflation a progressé de 6,4 %,
contre 6,5 % en décembre, et hors
alimentation et énergie, elle a légè-
rement décéléré à 5,6 %.
Les rendements obligataires
n’ont pas réagi non plus : cette nou-
velle statistique n’a pas fait évoluer
les anticipations d’une hausse d’un
quart de point des taux directeurs
américains le mois prochain.
Ailleurs en Europe, les grands
indices ont également fini sur une
note stable : Londres a terminé en
hausse de 0,08 % tandis que Franc-
fort a cédé 0,11 %.
Du côté des valeurs, Orange a
g a g n é 2 , 3 1 % e t s’ i n s c r i t à l a
deuxième place du palmarès du
CAC 40 après ArcelorMittal. Le
groupe de télécoms a profité de
la prise de participation de l’améri-
cain Liberty Global au capital
de Vodafone.
Enfin, le secteur de la défense
continue de profiter des tensions
géopolitiques : Thales a gagné
1,96 %.
Fabrice Luchini
C omme Louis Jouvet en son
temps, qu’il admire, la tête d’affi-
che du film « Un homme heu-
reux » est devenue une sorte d’acteur
monstre, débordant de partout. Depuis
plus de trois décennies maintenant,
Fabrice Luchini attire le public au
cinéma et au théâtre, en particulier
pour ses célèbres seuls-en-scène sur
Céline, Nietzsche, ou La Fontaine, grâce
à son phrasé si singulier et ses impros
espiègles, plus ou moins calculées, sur
les travers de nos contemporains.
Même s’il ne rate pas une occasion de
faire le modeste – « je suis peu de chose
face à un chanteur populaire », « je ne me
compare évidemment pas aux génies que
sont Jouvet, Gabin, Michel Simon ou
Raimu » l’entend-on répéter à longueur
d’interviews –, ce cabotin de talent rem-
plit toujours les salles comme une rock
star – plus de 50.000 personnes vont
venir, sur la saison, le voir jouer son der-
nier spectacle, « La Fontaine et le confi-
nement ». Ce fils d’épicier de la Gout-
te-d’Or, qui quitte l’école à quatorze ans
pour devenir coiffeur mais découvre la
littérature en autodidacte, n’en est pas à
une contradiction près. Un brin anar-
chiste, ce « transfuge de classe », ni de
droite ni de gauche, cultive une fascina-
tion pour le pouvoir qui le pousse à
côtoyer tous les présidents de la Répu-
blique… Il déclame du Blaise Pascal
mais assène que son métier n’est pas de
penser. Il est le plus bavard des comé-
diens, et pourtant il vénère le silence. Il
n’aime pas son époque mais enregistre
des centaines de milliers de vues en
« récitant » des fables pendant le confi-
nement sur son compte Instagram…
Anxieux, tourmenté, asocial, en psy
depuis des lustres, l’artiste déclare à
l’encan qu’il n’est pas un homme heu-
reux. C’est seulement sur les planches,
sa passion, que cet amoureux des mots
oublie ses maux. Autant dire qu’à 71 ans,
il n’est pas près de prendre sa retraite. n