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VENDREDI 15 ET SAMEDI 16 MARS 2024

Les Echos Les folles Les Echos Quelles stratégies

promesses PATRIMOINE face aux records
E L’ARN
WEEK-END de l’ARN SPÉCIAL BOURSE // PAGES 34-38
OMESSES D
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SÉPARÉMENT.

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a qu atr id, ser

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es contre

L’économie
française fait
du surplace
CONJONCTURE En ce début
d’année, l’activité économique se
révèle plus poussive que prévu en
France. Elle devrait stagner au
premier trimestre, avant de
rebondir de 0,3 % au printemps,
estime l’Insee dans ses nouvelles
prévisions publiées jeudi. L’éco-
nomie française est à la fois péna-
lisée par des difficultés dans
l ’ i ndu strie et plu s t ouc h ée
qu’attendu par la hausse des taux
d’intérêt. La reprise de la consom-
mation est aussi moins forte que
ce qui était envisagé. De quoi
compliquer l’objectif de Bercy, qui
vise 1 % de croissance en 2024.
// PAGE 2

Fast fashion : analyses

Le tourisme espagnol va-
t-il mourir de son succès ?

la mode Par Cécile Thibaud

L’Espagne a accueilli en 2023

plus de 85 millions de visiteurs.
Europe,
il est minuit moins une
Par André

qui dérange
Un record impressionnant pour Loesekrug-Pietri
un pays de 48 millions d’habi-
tants. Mais les risques clima- Réformer le SMIC
tiques, la sécheresse et le surtou-
risme fragilisent le modèle ibéri- Par Jacques Delpla
que « sol y playa », contre lequel
les experts tirent la sonnette Agriculture :
d’alarme. Les professionnels et les raisons de la colère
les municipalités s’attachent à
l Les députés ont voté une proposition de loi proposer en réponse une nouvel-
Par Cécile Philippe

pour freiner les ventes galopantes de marques comme le offre, plus culturelle. // PAGE 9 // PAGES 9 À 12

Shein ou Temu, accusées de polluer. l Affichage

environnemental obligatoire, bonus-malus, interdiction
de la publicité, l’arsenal est lourd et fait débat. Poutine assuré
l Des enseignes comme H&M, Zara, Kiabi ou
Decathlon sont potentiellement concernées. de garder le pouvoir
// PAGES 16-17 ET L’ÉDITORIAL DE JEAN-MARC VITTORI PAGE 14
RUSSIE C’est un simulacre d’élec-
tions qui se déroule ces trois pro-
chains jours en Russie, avec un
Vladimir Poutine, au pouvoir
depuis 1999, assuré d’être réélu
pour six ans. La liberté d’expres-
sion est réduite à quasi néant
depuis l’invasion de l’Ukraine :
tous les opposants authentiques
iStock
l’aube de sa réélection, le prési-
dent russe peut néanmoins se
prévaloir d’un certain succès : le
pays a vu sa croissance progres-
ser de 3,6 % l’an dernier. L’Occi-
dent a surévalué sa force militaire
mais sous-estimé sa force écono-
mique et sa résilience, estiment
les experts.

se trouvent en exil ou en prison. A // PAGE 6

Congés payés et Malgré sa

arrêts maladie :
SUR les entreprises
et l’exécutif
soulagés
DOMINIQUE SEUX SOCIAL Saisi par le gouvernement
DANS ’ÉDITO ÉCO qui doit mettre le Code du travail
À 7H45 en conformité avec le droit euro-
DU LUNDI AU VENDREDI péen, le Conseil d’Etat a rendu un
avis qui soulage le patronat en
même temps qu’il conforte l’exécu-
tif. Il porte sur les droits à congés
payés en arrêts maladie. Une ques-
M 00240 -315 - F:6,00 tion qui inquiétait le patronat, en
particulier la facture liée aux droits
acquis pour les années passées.
Après avoir examiné le projet
d’amendement de l’exécutif, la plus
haute autorité administrative a
ISSN0153.4831 116eANNÉE
limité la période de report à quinze
NUMÉRO 24171 40 PAGES
Antilles-Réunion 4,70 €. Belgique 7,00 €. mois, les congés acquis à quatre
Espagne 5,10 €. Luxembourg 7,20 €. semaines par an ou encore la
Maroc 44 DH. Suisse 11,6 FS. Tunisie 9,8 TND. rétroactivité à trois ans maximum.
Le Medef et la CPME ont fait part de
leur satisfaction. // PAGE 2
déconvenue en
Italie, Iliad-Free Gestion de
se pose en l’urgence
consolidateur Réorganisation RH
TÉLÉCOMS Si le principal inté-
ressé n’avait pas dit non, le groupe
télécoms de Xavier Niel aurait eu Relance
les moyens de fêter dignement le
Un manager de transition industrielle
mariage de sa filiale italienne avec
Vodafone Italia. Aussi bien en en 48h pour prendre en main Retournement
France qu’en Italie ou en Pologne,
les résultats annuels 2023 publiés une situation délicate. opérationnel
par Iliad jeudi 14 mars confirment
la bonne dynamique du créateur
de Free. L’entreprise, dirigée par
Cash
Thomas Reynaud, ne compte pas management
s’arrêter là. « Nous ne nous interdi- nimeurope.com
sons rien », a souligné le patron.
Affichant jusqu’ici son ambition de 01 46 24 85 71 Digitalisation
figurer à terme dans le Top 3 euro- accélérée
Paris • Aix-en-Provence • Bordeaux • Lyon • Metz • Lille • Toulouse
péen du secteur, Iliad s’imagine
passer du sixième au cinquième
rang dès cette année 2024.
// PAGE 25
FRANCE
L’économie française connaît un début
d’année plus poussif que prévu
l L’activité économique devrait continuer à stagner au premier trimestre, selon l’Insee.
l Elle rebondirait ensuite de 0,3 % au printemps, prévoient les experts de l’institut de la statistique.
CONJONCTURE
Nathalie Silbert
L’économie française va mettre du
temps à sortir de sa léthargie. Dans
une note de conjoncture publiée
jeudi et intitulée de façon explicite
–« La reprise se fait attendre » –,
l’Insee dévoile en effet un scénario
un peu différent de celui qu’il avait
présenté en décembre dernier.
L’activité économique devrait
stagner au premier trimestre, puis
rebondir de 0,3 % au cours des trois
mois suivants, alors qu’une hausse
du PIB de 0,2 % était prévue pour
chacun des deux trimestres. La
croissance ne serait pas très diffé-
rente sur le semestre, soulignent les
experts de l’institut de la statistique,
qui ont aussi révisé à la hausse la
croissance au quatrième trimes-
tre 2023, à +0,1 %, au lieu de 0.
L’acquis de croissance à mi-an-
née s’établirait ainsi toujours à
0,5 %. Ce qui rend hasardeux
l’objectif de Bercy qui vise une pro-
gression de 1 % du PIB en 2024. Pour
atteindre sa cible, il faudra sans
doute que « des aléas positifs se
matérialisent au cours du premier
semestre », estime Dorian Roucher,
le chef de la conjoncture de l’Insee.
Autrement, une hausse du PIB de
0,7 % au troisième et au quatrième
trimestre sera nécessaire selon ses
calculs. Une hypothèse peu proba-
ble dans le contexte actuel.
Pour l’heure, l’activité se révèle
plus poussive que prévu. Selon
l’Institut, l’une des explications
tient à la dynamique de la produc-
tion industrielle qui, en début
d’année, a été pénalisée par des
arrêts de raffinerie et par la désor-
ganisation des chaînes dans le sec-
teur automobile du fait de difficul-
tés d’approvisionnement. Des
raisons « conjoncturelles » qui peu-
vent donc laisser espérer au rebond
au printemps, estime-t-il.
Promoteurs pessimistes
Autre raison, les effets du resserre-
ment monétaire adopté par la Ban-
que centrale européenne (BCE) ont
été plus sévères qu’attendu. Freinées
par des conditions de financement
restrictives, « les mises en chantier de
logements sont plus dégradées que ce
qui était anticipé », note Dorian Rou-
cher. Et « dans les enquêtes, les pro-
moteurs restent pessimistes ».
Comme la Banque de France,
l’Insee est moins allante qu’en
décembre sur la reprise de la
consommation et prévoit qu’elle
Congés payés et arrêts maladie : les entreprises soulagées
SOCIAL
Saisi par le gouverne-
ment qui doit mettre
le Code du travail
en conformité avec
le droit européen, le
Conseil d’Etat a rendu
un avis qui soulage
le patronat en même
temps qu’il conforte
l’exécutif.
Alain Ruello,
Leïla de Comarmond
Un gros ouf de soulagement. Le
patronat, CPME en tête, a accueilli
augmentera de 0,3 % au premier tri-
mestre, au lieu de 0,6 %, puis de
0,4 % au deuxième, soutenue par
des gains de pouvoir d’achat esti-
més à 0,3 % par trimestre. Alors que
les revenus de la propriété reste-
raient dynamiques, les salaires
réels augmenteraient « modeste-
ment », après deux années de recul,
dans le sillage de la décélération des
hausses de prix.
En maintenant des taux d’intérêt
élevés, la BCE est, de fait, en train
d’atteindre ses objectifs en matière
d’inflation. « La décrue se poursuit
mais la fin des aides aux ménages va
freiner le recul », prévient Dorian
Roucher. Désormais portée par les
services, la hausse des prix réaccé-
lérerait pour atteindre 2,6 % en juin,
après être tombée à 2,3 % en avril.
L’acquis de croissance
à mi-année s’établirait
à 0,5 %, ce qui rend
hasardeux l’objectif
de Bercy qui vise
une progression
de 1 % du PIB en 2024.
L’« argent cher » continue toute-
fois de peser sur la demande. Selon
l’Insee, les achats résidentiels des
ménages continueraient à reculer
tout au long du premier semestre.
L’investissement des entreprises
resterait, quant à lui, à l’arrêt sur la
période, après un recul de près de
1 % au quatrième trimestre 2023.
Dans cette conjoncture maus-
sade, le nombre de défaillances
d’entreprises bondit et se rappro-
che de sa tendance d’avant le Covid.
Près de 57.800 procédures de
redressement et de liquidation judi-
ciaire ont été ouvertes à fin février
2024 sur un an, selon les données
publiées jeudi par la Banque de
France, qui y voit toujours un effet
du rattrapage après le creux
observé entre 2020 et 2022 mais
aussi du « ralentissement actuel ».
Malgré cette remontée des
défauts, l’Insee estime que l’écono-
mie française devrait encore créer
40.000 emplois au premier semes-
tre 2024, un chiffre conforme à sa
prévision de décembre. Le taux de
chômage remonterait néanmoins
légèrement, de 0,1 point par rapport
à fin 2023, et serait attendu à 7,6 %
en juin, la population active aug-
mentant deux fois plus vite en rai-
s o n n o t a m m e n t d e l ’e n t r é e
en vigueur de la réforme des
retraites. n
jeudi favorablement l’avis du
Conseil d’Etat publié mercredi por-
tant sur « la mise en conformité du
Code du travail en matière d’acqui-
sition de congés pendant les pério-
des d’arrêt maladie ».
Derrière cet intitulé assez simple
se joue une partie de droit à fort
enjeu depuis un arrêt de la Cour de
cassation qui a fait craindre aux
entreprises de devoir provisionner
des centaines de millions, le Medef
évaluant même la facture à au
moins 2 milliards !
S’appuyant sur plusieurs déci-
sions de la Cour de justice de
l’Union européenne et sur la Charte
européenne des droits fondamen-
taux de 2009, la Cour de cassation a
statué mi-septembre que le Code du
Les mauvaises recettes de TVA mettent
les comptes publics sous pression
Les premières estimations
des recettes de TVA
en 2023 confirment
un brutal ralentissement
en fin d’année dernière.
Sébastien Dumoulin
Les recettes fiscales de l’an dernier
n’ont pas été à la hauteur des atten-
tes. Le gouvernement ne s’en est
pas caché. Les derniers chiffres
publiés par la Direction générale
des finances publiques (DGFiP) le
confirment. La première estima-
tion des recettes de TVA pour 2023
montre qu’elles ne progresseraient
que de 3,4 % sur l’année – sensible-
ment moins vite que sur la décen-
nie 2012-2022, où le rendement de
la TVA a augmenté en moyenne de
4,2 % par an.
Les résultats de la collecte 2023
ne sont que provisoires. Les chif-
fres publiés par Bercy ne prennent
pas en compte la TVA reversée par
les plus petites entreprises. Mais
en additionnant les déclarations
de toutes les autres sociétés (qui
travail n’était pas conforme, en cela
qu’il ne reconnaissait pas aux sala-
riés en arrêt maladie des droits à
congés payés. Ce, même si l’absence
qui en a découlé est due à une mala-
die d’origine non professionnelle.
Amortir le choc
Le risque juridique court, en fait,
depuis 1996, année de révision de la
Charte sociale européenne, mais les
gouvernements successifs ont pra-
tiqué la politique de l’autruche.
En 2016, une disposition a bien
été intégrée dans une toute pre-
mière version de travail de la loi
El Khomri, pour être retirée par la
suite. Acculé par la plus haute juri-
diction civile, le gouvernement
Borne n’avait plus le choix que de
réalisaient 96 % du chiffre d’affai-
res total en 2022), le montant de la
c o l l e c t e d e T VA a t t e i n d r a i t
203 milliards d’euros en 2023,
contre 196 milliards en 2022.
Dégradation progressive
Cette modeste progression est pré-
occupante en soi, puisque la TVA
est le premier impôt en volume col-
lecté par le fisc. Mais elle l’est
d’autant plus au vu de sa dyna-
mique. « La TVA augmente en
moyenne de 5,5 % sur les six premiers
mois de 2023 et de seulement 1,4 %
sur les six derniers mois, en compa-
raison des mêmes mois de 2022 »,
précise la note de la DGFiP.
Dès le milieu de l’été, les pre-
miers signes de ce ralentissement
étaient perceptibles. Sans que
Bercy y voit un motif d’inquiétude.
Mais François Ecalle, le fondateur
du site spécialisé Fipeco, était plus
pessimiste. « Les rentrées de TVA
sont considérées comme un bon
indicateur avancé de conjoncture »,
soulignait alors dans « Les Echos »
l’ancien magistrat de la Cour des
mettre le Code du travail d’équerre
tout en cherchant à amortir le choc
pour les entreprises, conforté en
partie par un récent avis du Conseil
constitutionnel.
L’avis, très complexe, du Conseil
d’Etat au projet d’amendement au
projet de loi d’adaptations diverses
au droit européen, qui doit être exa-
miné à l’Assemblée à partir de
lundi, reprend en partie ce que l’exé-
cutif visait. Le point le plus impor-
tant porte sur le passif potentiel,
c’est-à-dire des cas de salariés ayant
connu des périodes de maladie il y a
des années de cela.
Pour la période de 1996 à 2009,
date d’entrée en vigueur du Traité
de Lisbonne, les employeurs sont
exonérés. Au salarié ou à l’ex-sala-
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
comptes. « Il s’agit donc d’un signal
d’alerte pour moi : n’est-on pas face
à un retournement de conjoncture
pas encore détecté ? »
La suite des événements a con-
firmé ce pronostic, avec une dégra-
dation de plus en plus marquée au
fil des mois des rentrées de TVA.
« Ce profil n’est pas surprenant,
explique François Ecalle. Il reflète
le ralentissement de la croissance du
PIB en 2023. » La consommation
des ménages, sur laquelle est très
majoritairement assise la TVA,
s’est tassée. Quant aux secteurs de
la construction et de l’immobilier,
grosso modo 20 % de la collecte de
TVA, ils sont en plein marasme.
Ce rendement décevant de la
TVA pèse en premier lieu sur l’Etat,
qui conserve une petite moitié des
200 milliards d’euros collectés
chaque année pour financer ses
propres dépenses. C’est d’ailleurs
en partie ce qui a poussé le gouver-
nement à annoncer le mois der-
nier un plan d’économies immé-
diat de 10 milliards pour 2024.
Auditionné par le Parlement à ce
rié de se retourner vers l’Etat. Pour
les arrêts maladie intervenus
depuis 2009, deux cas de figure res-
sortent. Primo le salarié a quitté
l’entreprise depuis son arrêt mala-
die. Il peut alors se retourner vers
son ex-employeur pour obtenir des
indemnités de congé payé, à raison
de 2 jours par mois (4 semaines par
an) et non pas 2,5 jours (5 semai-
nes), mais dans une limite rétroac-
tive des trois dernières années pas-
sées chez cet employeur. En clair,
tout arrêt maladie antérieur ne
comptera plus.
« Une absurdité corrigée »
Si, secundo, le salarié est toujours
dans l’entreprise, alors la rétroacti-
vité est limitée à deux années, « à
02
sujet, le ministre des Comptes
publics, Thomas Cazenave, a expli-
qué que les recettes fiscales atten-
dues en 2023 seraient inférieures
de 7,7 milliards d’euros aux derniè-
res prévisions – dont 1,4 milliard de
moins-values pour la seule TVA.
La ronde des déçus
L’Etat ne sera pas seul dans la ronde
des déçus. Ces dernières années, le
produit de la TVA a été affecté de
manière croissante aux organis-
mes de Sécurité sociale, aux collec-
tivités locales ou encore à l’audiovi-
suel public pour compenser la
disparition de plusieurs taxes affec-
tées (taxe d’habitation, CVAE, rede-
vance audiovisuelle…). L’exécutif
ayant plaidé qu’ils gagneraient au
change, ils risquent de râler.
« Pour 2023, les collectivités locales
auront sans doute une mauvaise
surprise, admet François Ecalle.
Mais ça ne remet pas en cause le fait
que, sur le long terme, la TVA est assez
dynamique. » De fait, les transferts
de TVA étaient une revendication
de longue date des collectivités. n
compter de l’entrée en vigueur des
nouvelles dispositions législatives ».
Par exemple, dans le cas d’un sala-
rié qui reprendrait le travail au-
jourd’hui, il n’obtiendrait rien au
titre d’arrêts maladie antérieurs à
mars 2022. Qui plus est, le Conseil
d’Etat fixe à quinze mois le délai
pour prendre ses congés, ce qui est
assez restrictif et constitue un point
clé selon le patronat.
« Notre travail, mené de concert
avec le gouvernement a porté ses
fruits », s’est félicité dans un mes-
sage sur le réseau social X le prési-
dent du Medef, Patrick Martin. Son
homologue de la CPME, François
Asselin, a estimé sur le même
réseau qu’« une absurdité vient enfin
d’être corrigée ». n
03 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
De nouveaux
gestes
en faveur
des médecins
libéraux
SANTÉ
Après avoir prévu de
passer la consultation
de base chez le généra-
liste à 30 euros, l’Assu-
rance Maladie propose
de créer une consulta-
tion longue à 60 euros
pour les personnes
handicapées ou âgées
de plus de 80 ans.
Solenn Poullennec
L’horizon se dégage pour les méde-
cins libéraux. Engagés depuis des
mois dans un bras de fer avec la
Sécurité sociale pour améliorer
leur rémunération et leurs condi-
tions de travail, les syndicats de
généralistes et spécialistes ont salué
jeudi des avancées au sujet des
règles du jeu que l’Assurance Mala-
die compte leur imposer pour les
prochaines années.
« Les axes et les orientations cor-
respondent à nos demandes », a
déclaré Agnès Giannotti, la
patronne du principal syndicat de
médecins généraliste libéraux
MG France jeudi à l’issue d’une nou-
velle rencontre entre l’ensemble des
syndicats et l’Assurance Maladie.
Au fil des discussions entamées
en novembre dernier, l’Assurance
Maladie a déjà proposé d’augmen-
ter la paie des généralistes en fixant
le prix de la consultation de base de
26,50 à 30 euros et en remettant à
plat leur rémunération forfaitaire.
Jeudi, elle s’est montrée favorable
à ce que les généralistes puissent
faire payer 60 euros les patients
handicapés ou âgés de plus de
80 ans, quand il s’agit de gérer leur
sortie d’hospitalisation ou de rem-
plir le dossier certifiant qu’ils sont
éligibles à une aide. De quoi satis-
faire MG France, qui ne cesse
d’insister pour que les médecins
accompagnant dans la durée des
patients compliqués soient mieux
rémunérés.
Une nouvelle réunion
doit se tenir fin mars
ou début avril pour
finaliser la copie.
Sortis mécontents de la dernière
séance de négociation en février, les
spécialistes se sont aussi vus propo-
ser des solutions pour améliorer
leur rémunération, notamment les
psychiatres. Des spécialistes
devraient pouvoir plus souvent fac-
turer à l’Assurance Maladie des
actes spécifiques comme les écho-
graphies en sus du prix de leur
consultation.
« On a l’impression d’être enten-
dus », a estimé jeudi Bertrand de
Rochambeau, membre d’Avenir
Spé-Le Bloc, syndicat de spécialis-
tes déterminant pour la négocia-
tion. Il y a « clairement des avancées
par rapport aux propositions de
février », a jugé de son côté Sophie
Bauer, du SML, une organisation
représentant des généralistes et
spécialistes, et souvent très critique
à l’égard des propositions de l’Assu-
rance Maladie. « On est dans la der-
nière ligne droite », a assuré le
patron de l’Assurance Maladie Tho-
mas Fatôme. Une nouvelle réunion
doit se tenir fin mars ou début avril
pour finaliser la copie et encore
aborder quelques sujets sensibles
comme le système d’encadrement
des dépassements d’honoraires.
Les dernières négociations entre
les médecins libéraux et l’Assu-
rance Maladie s’étaient terminées
sur un constat d’échec il y a un an.
Au grand dam du gouvernement
qui comptait sur ces discussions
pour répondre aux inquiétudes des
Français sur les déserts médicaux.
Pour renouer le dialogue, l’exécutif
FRANCE
Soutenue par l’exécutif, la CFDT persiste
sur le compte épargne-temps universel
SOCIAL Alain Ruello et à la CPME que le compte épar- Au moins dans son principe, Ainsi en a décidé le bureau
gne-temps universel (Cetu), une de quitte à renvoyer à une future national du syndicat ce jeudi.
La CFDT est prête La CFDT persiste et signe. Fort du ses revendications de longue date, concertation les modalités de ce « Même si la stratégie du patronat
à engager un bras de soutien dont elle affirme disposer figure dans l’accord qui pourrait dispositif qui permet d’épargner pose question, décision a été prise à
fer avec le patronat. auprès du gouvernement, le syndi- naître de l’actuelle négociation sur des jours de congé pour partir plus l’unanimité de continuer la négocia-
cat entend bien arracher au Medef les parcours professionnels. tôt en retraite par exemple. tion jusqu’à son terme. L’objectif
d’amélioration des parcours profes-
sionnels est incontournable alors
que l’âge légal de départ à la retraite
a été porté à 64 ans », a expliqué le
numéro deux de la CFDT, Yvan
Ricordeau, lors d’un point de
presse, estimant que la responsa-
bilité des organisations patronales
est « engagée » désormais.
Négociation obligatoire
en entreprise
Il y a une semaine, lors de la der-
nière séance de négociation
durant laquelle les partenaires
sociaux ont examiné une première
ébauche de plan d’accord, le Medef
et la CPME ont réitéré leur opposi-
tion totale à toute forme de Cetu.
La CFDT a alors renvoyé à son
bureau national la décision de
quitter ou non la négociation.
Quitte, si elle ne claquait pas la
porte, à muscler ses revendica-
tions sur les trois autres chapitres
en jeu : l’emploi des seniors, la
reconversion et l’usure profession-
nelles.
Finalement, non seulement le
syndicat n’entend rien lâcher sur
le compte épargne-temps univer-
sel mais en plus il augmente
la mise sur le reste, en demandant
notamment que l’emploi des
seniors devienne un thème de
Un zéro bien mérité.
négociation obligatoire dans
l’entreprise. Pour bien faire passer
le message, ses instances formu-
leront tout cela ce vendredi de
manière détaillée dans un texte à
Aujourd’hui, pour répondre au coût de la vie étudiante, l’adresse du Medef en vue de la pro-
chaine séance de discussion pré-
vue le mercredi 20 mars.
le CIC, entreprise à mission, fait le choix de proposer un Si elle engage ce bras de fer avec
les deux organisations patronales,
Prêt Étudiants 0%
c’est que la CFDT affirme avoir
TAEG FIXE reçu ces derniers jours la confir-
mation de « l’Elysée, de Matignon et
du ministère du Travail » qu’un
Cetu, promesse de campagne
d’Emmanuel Macron en 2022,
verra bien le jour. Si ce n’est pas par
Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager.
le biais d’un accord entre partenai-
res sociaux, ce sera par celui de
Exemple : Crédit amortissable de 15 000 € sur 10 ans, 120 mensualités de 125 €. TAEG FIXE de 0% (taux débiteur fixe : 0%). l’exécutif, dans un projet de loi
Montant total dû : 15 000 €. Sans frais de dossier. Hors assurance facultative (Décès, Perte Totale et Irréversible d’Autonomie, envisagé à l’automne et non plus
Invalidité et Incapacité de Travail) calculée sur le capital restant dû, avec un montant de 1ère cotisation mensuelle de 9,83 €, montant au printemps.
total 602,13 €, TAEA de 0,79%. Conditions au 11/03/2024. Intérêts pris en charge par la Banque. Pour faire naître un tel compte
épargne -temps universel, la
CFDT peut compter sur la bien-
veillance des autres syndicats,
dont la CFTC notamment. La cen-
trale de Marylise Léon ne manque
pas également de mettre en avant
la division du camp patronal :
contrairement au Medef et à la
CPME, qui dénoncent une usine à
gaz coûteuse, l’U2P veut un accord
sur le compte épargne-temps uni-
versel. Pour l’organisation des arti-
sans, commerçants et professions
libérales, mieux vaut que les parte-
naires sociaux écrivent l’histoire,
plutôt que de se la faire dicter par le
gouvernement.
OFFRE DE CRÉDIT SOUMISE À CONDITIONS, jusqu’à 50 000 euros et valable jusqu’au 31/12/2024, pour les 18-27 ans détenteurs d’une offre groupée de services CIC, inscrits dans un
cycle d’enseignement supérieur français, et selon quotient familial. Après étude et sous réserve d’acceptation de votre dossier par l’agence CIC. Après expiration du délai légal de mise à Risque d’enlisement ?
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chômage employeur censé dimi-
nuer le recours aux embauches de
courte durée. Promesse, là encore
d’Emmanuel Macron, en 2017, le
a promis un « choc d’attractivité » l’ensemble des professionnels. dispositif était soutenu par les syn-
pour la médecine libérale et a
décidé de lâcher du lest.
Plus question aujourd’hui de
L’organisme promet de veiller à ce
que les cibles fixées soient atteintes
en mettant en place un « observa-
en bref dicats et violemment combattu
par le patronat. Il a fini par voir
le jour en 2021, mais dans une
conditionner l’amélioration de la toire de l’accès aux soins », qui devra version rabougrie après une féroce
rémunération des médecins à des se réunir deux fois par an et publiera bataille au Parlement et au sein
objectifs individuels en termes de ses analyses. Il se garde cependant Le Parlement adopte un texte du gouvernement d’Edouard
prise en charge de patients ou de menacer les médecins de mesu- pour protéger les maires des violences Philippe.
d’ouvertures des cabinets sur des res de rétorsion si les voyants de Pareil risque d’enlisement
plages horaires importantes. l’accès aux soins restent au rouge. COLLECTIVITÉS LOCALES Le Parlement a définitivement menace-t-il le Cetu ? « Le bonus-
Certes, l’Assurance Maladie L’Assurance Maladie demande adopté jeudi, après un ultime vote du Sénat, un texte visant à malus a fini par voir le jour. Si le
insiste pour que les médecins aug- aussi aux médecins de réduire leurs mieux protéger les élus locaux confrontés à des violences. L’une principe du Cetu est ancré dans la
mentent leur patientèle, soient plus prescriptions d’antibiotiques, de des mesures phares est l’alignement des sanctions prévues, en loi, la CFDT peut envisager qu’il ne
nombreux à suivre au long cours prescrire davantage de biosimilai- cas de violences contre des élus locaux, sur celles prévues pour voie le jour qu’au-delà de 2025 »,
des malades chroniques ou embau- res (moins chers que les biomédica- des violences à l’encontre de dépositaires de l’autorité publique, a averti Yvan Ricordeau, bien
chent des assistants médicaux. Elle ments dont ils sont la copie). Et pro- comme les policiers. Le texte crée aussi une peine de travail décidé à engager une guerre
a fixé des objectifs précis en la pose « d’intéresser » les médecins d’intérêt général en cas d’injures publiques contre des person- d’usure avec le Medef et la CPME
matière. Mais ils sont valables pour aux économies réalisées. n nes dépositaires de l’autorité publique et les élus locaux. s’il le faut. n
 FRANCE Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos 04

Attal : le gouvernement
sans frontière
Gabriel Attal qui n’avait pas obtenu de cumuler
Matignon et l’Education se l’octroie après coup.
Bruno Le Maire qui voulait Matignon fait comme
s’il l’avait. Ou presque.

que son Premier ministre

LE FAIT n’y suffisait pas, ce dernier
DU JOUR ayant considéré d’abord
POLITIQUE que ses équipes ne sauraient
de Cécile
faire sans lui.
Cornudet La constitution de grands
pôles ministériels a brouillé
les repères et permis
aux malins d’en tirer profit.
es ministres arrivent, Christophe Béchu, ayant

L puis le Premier
ministre, puis le chef
de l’Etat. La chorégraphie
de toute réunion politique est
immuable, tellement entrée
dans les mœurs que personne
n’y prête garde… Sauf en cas
de fausse note. Mardi, Bruno
Le Maire entre dans la salle
qui réunit 700 cadres
de la fonction publique, mais,
hasard ou fait exprès, nul ne
sait, Gabriel Attal est déjà
sur place, entouré
de son gouvernement.
Le Premier ministre l’accueille
en s’amusant de son impair :
« Bonjour éminence ! »
perdu l’énergie, pensait avoir
le lead sur les négociations
climat, avant que le rôle ne
revienne à Stéphane Séjourné,
le ministre des Affaires
étrangères. Quand c’est flou,
c’est connu, chacun devient
loup. Gabriel Attal qui n’avait
pas obtenu de pouvoir
cumuler Matignon et l’Edu-
cation se l’octroie après coup.
Et Bruno Le Maire qui faisait
campagne pour Matignon
semble oublier parfois qu’il
ne l’a pas obtenu. Il cherche Le Premier ministre, Gabriel Attal, a organisé jeudi, depuis un collège de Chartres, une visioconférence avec les 10.000 chefs
10 milliards d’économies, d’établissements, véritables « pilotes » de la réforme du collège. Photo AFP
mais dicte d’emblée
où les trouver : l’assurance-

Réforme du collège : Attal tente

Les gestes aussi sont chômage, le transport
révélateurs. Car jamais médical, les affections
depuis la nomination de longue durée, le compte
du gouvernement Attal, personnel de formation,

de rassurer sans convaincre

les frontières n’ont paru aussi
poreuses entre périmètres
exécutifs. Le Premier ministre
consacre sa semaine
aux sujets de l’école,
et donne une autre lecture
des « groupes de niveaux »
que celle de sa ministre Nicole
Belloubet. Ceci n’est pas
un recadrage, assurent
les intéressés. L’Elysée
y compris, qui juge tous
les renforts bienvenus pour
Dessin Kim Roselier pour « Les Echos »
et bientôt les prothèses audio.
Catherine Vautrin, chargée
des sujets sociaux,
s’en offusque : laissez-moi
décider où l’on coupe,
plaide-t-elle. Les ministères
ne sont jamais force de pro- l Le Premier ministre a essayé d’apaiser les craintes sur les fameux « groupes
positions, peste au contraire
le ministre des Finances.
de niveau », jeudi, lors d’un déplacement dans un collège de Chartres.
Les deux déjeunaient l Néanmoins, les contestations restent fortes.
jeudi pour aplanir le différend.
Que se passe-t-il quand
un ministre manque d’air ? que de tri social. « Vous imaginez inspecteurs, et aux enseignants, « le principe de la séparation des élè-

empêcher LR et le RN de faire
de la ministre un punching-
ball façon Pap Ndiaye.
Le flou fait la force,
théoriserait-il. Il est vrai
qu’Emmanuel Macron lui-
même a fait de l’école un sujet
régalien, c’est-à-dire à lui.
Qu’il a pris en main
l’agriculture quand il a estimé
Il en cherche à l’étage du
dessous. Catherine Vautrin
a des ministres délégués
à la Santé et aux Solidarités
mais se réserve beaucoup
de leurs sujets : fin de vie,
argent des hôpitaux,
endométriose.
L’exemple vient d’en haut.
ccornudet@lesechos.fr
ÉDUCATION
Marie-Christine Corbier
Les élèves qui entreront en sixième
ou en cinquième en septembre pro-
chain passeront la majorité de leurs
cours de français et de mathémati-
ques dans des groupes, déterminés
en fonction de leur niveau après les
évaluations nationales de septem-
bre. Dans ces matières, ils se retrou-
veront en classe entière pendant
une à dix semaines – ce sera varia-
qu’un élève pourrait passer toute
sa scolarité de collège dans le groupe
des mauvais élèves, en français et en
mathématiques ? » alerte Frédéric
Marchand, de l’Unsa Education.
« Je me suis posé la question de la
stigmatisation, a répondu Gabriel
Attal. C’est en fait déjà le cas aujour-
d’hui lorsqu’un élève arrive en
sixième avec des difficultés et qu’il
ressort du collège en troisième en
étant toujours en difficulté, a-t-il
estimé. Certains n’osent même plus
poser de questions en classe, de peur
deux demi-journées en juin pour
s’organiser.
La ministre ne nie pas que ce sera
« compliqué ». Tous les professeurs
de mathématiques et de français
d’un même collège devront s’accor-
der pour avancer au même rythme
dans leurs cours, afin qu’un élève
puisse facilement passer d’un
groupe à l’autre. « Cela va trier les
élèves et les enfermer dans leurs
résultats », redoute Sophie Vénéti-
tay, secrétaire générale du SNES-
FSU, principal syndicat du second
ves pendant 35 % de leur temps, alors
que l’hétérogénéité des classes est le
ciment de la pédagogie ».
La semaine dernière, Gabriel
Attal avait indiqué qu’il n’excluait
pas de rajouter « un peu » de
moyens. Après les 2.300 postes
annoncés en décembre, et jugés
insuffisants par les chefs d’établis-
sement, il n’a rien annoncé de
concret jeudi. « Si on se rend compte
que dans tel établissement, dans telle
académie, il y a besoin d’un peu de
postes supplémentaires parce qu’il y

en bref ble selon les établissements –, soit

un tiers de l’année au plus.
C’est ce qu’a annoncé jeudi
Gabriel Attal, lors d’un déplace-
ment dans un collège de Chartres
avec la ministre de l’Education
nationale, Nicole Belloubet, alors
que les contestations quant
à la mise en place du « choc des
savoirs » , présenté en décembre
Emmanuel Dunand / AFP
de se ridiculiser. »
Gabriel Attal a promis « de la sou-
plesse » dans la mise en œuvre.
« Vous êtes libres », a aussi lancé
Nicole Belloubet aux enseignants
du collège de Chartres. Les textes à
paraître samedi devraient explicite-
ment « faire confiance au discerne-
ment des équipes pédagogiques ».
Les élèves pourraient, selon les
degré, qui plaide pour des petits
groupes d’élèves avec des niveaux
différents « pour les stimuler ».
Souplesse et autonomie
Les réticences restent aussi palpa-
bles sur les moyens. « Les TP [tra-
vaux pratiques] de sciences et les lan-
gues rares vont disparaître, nous
n’aurons plus les moyens de les
a plus d’élèves en difficulté, évidem-
ment on sera au rendez-vous », a-t-il
seulement indiqué.
Interrogé sur d’éventuelles diver-
gences avec la ministre de l’Educa-
tion nationale, qui a toujours soi-
gneusement évité d’utiliser le terme
de « groupe de niveau » tant il
concentre les contestations,
Gabriel Attal assure qu’il n’en est

lorsqu’il était ministre de l’Educa-
tion nationale, restent fortes.
Gabriel Attal a organisé, depuis
Chartres, une visioconférence avec
les 10.000 chefs d’établissement,
véritables « pilotes » de la réforme,
mais sans réussir à faire taire les cri-
tiques. Elles portent d’abord sur le
Sciences Po : une manifestation principe même de la mesure et le ris-
pro-palestinienne interdite
POLITIQUE La Préfecture de police de Paris a interdit
une manifestation prévue jeudi soir devant Sciences Po Paris,
en soutien aux étudiants qui avaient organisé une mobilisa-
Le Premier ministre promet « des cellules d’appui »
tion pro-palestinienne dans un amphithéâtre de l’école.
Le prestigieux établissement est plongé dans la tourmente
aux enseignants sur la laïcité
depuis mardi après qu’une étudiante membre de l’Union
des étudiants juifs de France (UEJF) a rapporté s’être vue Alors que la laïcité
refuser l’entrée dans un amphithéâtre de l’école, à l’occasion à l’école est, selon lui,
d’une « journée de mobilisation universitaire européenne « plus que jamais
pour la Palestine » qui a bloqué la tenue d’un cours magistral. menacée », Gabriel Attal
entend apporter une aide
concrète aux enseignants.
La laïcité à l’école est « aujourd’hui
plus que jamais menacée », alerte
Gabriel Attal dans un entretien à
l’AFP, à la veille du 20e anniversaire
de la loi sur la laïcité de 2004 contre
le port de tenues ou de signes
religieux ostentatoires à l’école. Le
É Premier ministre promet de mettre
en place des « cellules d’appui
pédagogiques » pour aider les profes-
seurs confrontés à des « résistances,
voire des contestations » de leurs
enseignements.
collèges, se retrouver en classe
entière en septembre et en juin, ou
bien en septembre, décembre et
juin. La conjugaison des groupes et
du « brassage » durant une à dix
semaines dans l’année permettra
d’éviter ce « tri social », a assuré
Nicole Belloubet. Aux chefs d’éta-
blissement, elle a promis l’appui des
Il existe déjà, aujourd’hui, des
équipes Valeurs de la République
qui avaient été mises en place par
l’ancien ministre de l’Education
nationale, Jean-Michel Blanquer.
Les cellules d’appui pédagogiques
annoncées par Gabriel Attal
seraient « joignables directement par
les professeurs qui appréhendent une
séquence d’enseignement, qui font
face à des résistances, voire des con-
testations de leurs enseignements ».
Accompagnement
pédagogique
Elles consisteront à leur donner un
contact « au niveau du rectorat » qui
pourra leur proposer soit un
accompagnement pédagogique
avec des professeurs référents
financer », alerte un principal.
« Pour élever le niveau, encore faut-il
avoir des enseignants devant les élè-
ves », grince un autre.
L’exécutif mise sur « la sou-
plesse » et « l’autonomie » des éta-
blissements. Mais cette autonomie
est « bien ténue », déplore Sylvie
Perron du SGEN-CFDT, qui critique
(conseils pour aborder certaines
parties du programme), une pré-
sence physique d’un personnel non
enseignant dans la classe ou la pré-
Gabriel Attal
se dit inquiet
de l’augmentation
du nombre
de signalements
pour contestation
d’enseignement.
sence physique d’un personnel
formé qui ferait partie, par exem-
ple, des équipes académiques
Valeurs de la République.
rien. « Qu’importe le flacon, pourvu
qu’il y ait la mesure, rétorque-t-il.
J’ai toujours parlé de groupes de
niveau qui correspondent aux
besoins des élèves. La ministre parle
de groupes de besoins pour élever le
niveau des élèves. On est assez rac-
cord sur la mesure, l’objectif est de
faire progresser tout le monde. » n
La laïcité « a ses ennemis, ils sont
politiques, religieux », indique
Gabriel Attal, mais « elle a aussi ses
défenseurs : nos professeurs, nos
fonctionnaires, nos forces de
l’ordre ». Le Premier ministre se dit
inquiet de l’augmentation du nom-
bre de signalements pour contesta-
tion d’enseignement. « J’y vois à la
fois le signe que les ennemis de la laï-
cité sont toujours présents et cher-
chent à infiltrer l’école et à l’affaiblir »,
mais aussi « le signe qu’une parole se
libère » parmi les enseignants.
Et il se félicite d’avoir interdit le
port de l’abaya et du qamis à l’école,
lorsqu’il était ministre de l’Educa-
tion nationale. Ce qu’il qualifie de
« victoire sans précédent pour la laï-
cité depuis 2004 ». — M.-C. C.
05 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
Pesticides : comment
l’exécutif cherche
à sortir de l’impasse
avec les agriculteurs
ENVIRONNEMENT
La ministre déléguée
à l’Agriculture, Agnès
Pannier-Runacher,
lance un cycle
de réunions ce
vendredi pour faire
le point sur les inter-
dictions de pesticides.
Marie Bellan
« On ne veut plus de situations où un
produit [phytosanitaire] est interdit
en France alors qu’il est autorisé
dans nos pays voisins. » Cet engage-
ment du Premier ministre, qui
remonte au 1er février, faisait partie
de la salve d’annonces destinées à
répondre au malaise agricole. Ce
vendredi, le gouvernement va
entrer dans les travaux pratiques :
la ministre déléguée à l’Agriculture,
Agnès Pannier-Runacher, lance un
cycle de réunions pour répondre
aux impasses que rencontrent les
agriculteurs face à l’interdiction de
certaines molécules.
Ces rencontres, qui regroupent à
la fois les services du ministère de
l’Agriculture, les organisations syn-
dicales agricoles et les instituts de
recherche tels que l’Inrae, doit per-
mettre « une objectivation de la
situation » sur les interdictions de
molécules déjà en vigueur, explique
Agnès Pannier-Runacher. « Les
agriculteurs font état de difficul-
tés sur des surtranspositions françai-
ses de réglementations européennes.
On va les regarder une par une pour
voir quelles sont celles qui posent
problème », renchérit son cabinet.
Sortir des postures
L’objectif est de sortir des postures
toutes faites et de faire la transpa-
rence sur cette critique, récurrente,
de la surtransposition systémati-
que qu’opérerait la France. Car sur
ce volet, elle a changé de positionne-
ment, comme l’illustre l’adoption il
y a un an, par l’Assemblée natio-
nale, d’une proposition de résolu-
tion visant à lutter contre les sur-
transpositions en matière agricole.
Dans les faits, sur près de 400 subs-
tances autorisées sur le sol euro-
péen, 291 le sont théoriquement en
France. Cela en fait le troisième pays
en Europe à autoriser le plus grand
nombre de molécules, après la
Grèce et l’Espagne.
« On peut avoir surtransposé dans
certains cas, mais ça ne doit pas être
une critique systématique. Parfois, ce
sont des pays voisins qui ont sous-
FRANCE
transposé, cela existe ; d’autres fois,
la substance est autorisée par la
France mais c’est l’autorisation de
mise sur le marché qui n’a pas été
faite », fait savoir un membre du
ministère. En effet, une fois qu’une
substance active est validée par
Bruxelles et ses Etats membres, ce
sont les industriels qui doivent faire
une demande de mise sur le mar-
ché dans chaque pays, une procé-
dure qui peut être longue et coû-
teuse, et que tous ne sont pas prêts à
faire si les débouchés leur parais-
sent insuffisants.
Dérogations temporaires L’objectif du plan Ecophyto est de réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici à 2030. Photo Shutterstock
Cette transparence établie, le plus
dur reste à faire, à savoir « être capa- « prévues par le droit européen », d’ici à 2030 fixée par le plan Eco- insectes nocifs. « Il y a de vraies réus-
ble de trouver des solutions alternati- indique le ministère. Une option phyto, reste toute la palette des solu- sites avec cette technique, mais un
ves », détaille la ministre. « On ne risquée, comme l’a rappelé le Con- tions de terrain, comme « les métho- agriculteur ne peut pas la mettre en
veut pas enfermer les agriculteurs seil d’Etat en mai 2023 en jugeant des de bio-contrôle, le recours aux œuvre seul, dans son coin, c’est une
dans des situations sans issue, des illégales les dérogations accordées plantes dites de “service” pour étouf- forme d’organisation collective qui
impasses », dit-elle, consciente que pour l’utilisation de néonicotinoï- fer les mauvaises herbes ou encore le est nécessaire », indique Christian
le sujet des pesticides fait partie des des dans la culture de la betterave désherbage mécanique », énumère Huyghe, directeur scientifique
points de fixation des organisations sucrière. François Laurent, directeur de la Agriculture à Inrae.
professionnelles agricoles. Mais Cette fois, le débat va porter sur R&D chez Arvalis, un institut de Organiser différemment les
avec une ligne rouge : « La transition deux autres pesticides : l’acétami- recherche spécialisée sur les céréa- récoltes, se coordonner avec
écologique n’est pas négociable, on est pride, autorisée en Allemagne les, piloté et financé par les exploi- d’autres exploitants, investir, « ça
obligé d’agir », insiste Agnès Pan- notamment et que les agriculteurs tants agricoles. demande du temps et cela augmente
nier-Runacher. français veulent pouvoir utiliser Pour la filière fruitière existent la charge mentale. L’avantage des
Hors de question donc de réauto- eux aussi, et le fluopyram, que la aussi des techniques de lutte biolo- pesticides, c’est que ça marchait tout
riser des produits interdits. En France n’autorise pas non plus. gique par acclimatation, qui consis- seul. Là, ce que l’on propose aux
revanche, le champ reste ouvert Pour atteindre la baisse de 50 % tent à introduire des espèces qui agriculteurs, c’est plus complexe »,
pour des dérogations temporaires, de baisse d’utilisation des pesticides détruisent les ravageurs ou les conclut le chercheur. n
MONDE
Poutine se prépare à un plébiscite pour
sa cinquième élection présidentielle
l Le scrutin pour la présidentielle russe débute ce vendredi matin et s’achèvera dimanche soir.
l Les opposants appellent à voter dimanche pour limiter les fraudes et protester indirectement contre le régime.
Un vote « anticipé » a été organisé, mardi dernier, dans les régions annexées par la Russie, comme ici à Donetsk, dans le Donbass.
RUSSIE
Benjamin Quénelle
— Correspondant à Moscou
« Vo t e r e t p ro t e s t e r e n m ê m e
temps… » Sergueï, 47 ans, cadre
dans une entreprise automobile à
Moscou, portrait-type de cette
classe moyenne opposée à Vladi-
mir Poutine, ira voter ce dimanche.
Mais avec l’intention de commettre
un « acte citoyen » de protestation.
La présidentielle est gagnée
d’avance par le chef du Kremlin, au
pouvoir depuis un quart de siècle.
« Sans choix, sans débats, sans
opposants, ce ne sont pas des élec-
tions. Mais il faut aller voter pour
mettre un bulletin contre Poutine »,
explique Sergueï. Il y a deux semai-
nes, ce père de famille s’est rendu
sur la tombe d’Alexeï Navalny, le
plus célèbre des opposants anti-
Kremlin mort en prison. Diman-
che, il suivra la consigne d’Ioulia, sa
veuve : « Midi contre Poutine ».
En allant voter dimanche à midi,
Sergueï comme d’autres simples
citoyens opposants veulent créer
un mouvement de masse dans les
bureaux de vote. Ils ne pourront pas
Le pouvoir tire profit d’une croissance moins dégradée que prévu
Le PIB a augmenté de 3,6 %
en 2023, mettant en doute
l’efficacité des sanctions
occidentales contre
l’économie russe. Mais
cette croissance est avant
tout dopée par le complexe
militaro-industriel.
Pour marquer les esprits, Vladimir
Poutine commence ses discours
par des chiffres. Avec un indicateur
martelé ces dernières semaines :
en 2023, la Russie a enregistré une
hausse de son PIB de 3,6 % selon
Rosstat. Dès juin 2022, quatre mois
après la mise en œuvre des premiè-
res sanctions occidentales contre
Moscou, le chef du Kremlin avait
lancé : « Le Blitzkrieg économique
lancé contre la Russie a échoué ! Nous
normalisons la situation économi-
directement protester. Mais, indi-
rectement, en suivant cette consi-
gne qui n’a rien d’illégal, ils manifes-
teront contre le Kremlin et son
« opération militaire spéciale » en
Ukraine. C’est un moyen de créer un
contre-récit au plébiscite orchestré
par Vladimir Poutine. C’est aussi un
moyen de limiter les fraudes. Héri-
tage des précautions datant de la
Covid, le vote se déroule en effet à
travers toute la Russie sur trois
jours, à partir de ce vendredi matin
jusqu’à dimanche soir.
Deux nuits propices
au « bourrage des urnes »
« Trois jours de votes dont… deux
nuits ! Pendant la fermeture noc-
turne des bureaux, c’est le moment
idéal pour bourrer les urnes », rap-
pelle Maria, une jeune opposante.
Par le passé, elle travaillait pour
Golos, l’ONG spécialisée dans
l’observation des élections qui avait
révélé l’ampleur des fraudes aux
législatives de 2011, point de départ
d’inédites manifestations anti-Pou-
tine. L’organisation est désormais
interdite en Russie.
Cette fois, les observations se
réduisent aux équipes locales des
quatre candidats. Face à Vladimir
que pas à pas. » Deux ans plus tard,
la croissance économique semble
donner raison à Vladimir Poutine :
la Russie, pays le plus sanctionné au
monde, fait preuve de résilience.
« Bismarck a eu un bon mot sur la
Russie : elle n’est jamais aussi forte
qu’on la croit mais elle n’est jamais
aussi faible qu’on la croit », insiste
Philippe Pégorier, associé français
de Kesarev, cabinet de conseil basé
à Moscou. « L’Occident a certaine-
ment surévalué la force militaire de
la Russie mais a sous-estimé sa force
économique, son adaptabilité. »
Cette croissance est toutefois gon-
flée par l’effort de guerre. Une partie
de l’outil industriel est mise au ser-
vice du complexe militaire. « Les
chiffres ne mentent pas. Mais il faut
lire entre les lignes. Il y a d’immenses
contrastes régionaux et sectoriels »,
Poutine, seuls trois vrais-faux oppo-
sants se présentent aux électeurs :
Vladislav Davankov (Novye Liudi,
parti libéral orchestré par le
Kremlin), Leonid Sloutski (LDPR,
parti nationaliste) et Nikolaï Khari-
tonov (KPRF, Parti communiste).
Tous trois représentent les partis
qui, autorisés à la Douma, chambre
basse du Parlement réduite au rôle
de simple assemblée d’enregistre-
ment des décisions du régime, sont
habitués à participer à la mise en
scène d’une démocratie de façade.
Au final, ils sont toujours loyaux au
Kremlin et soutiennent son « opéra-
tion militaire spéciale » en Ukraine.
Pas de candidat
indépendant
Aucun candidat indépendant n’a été
autorisé. Boris Nadejdine, l’ex-dé-
puté libéral qui, en janvier, a bénéfi-
cié d’une vague de soutien lors de la
collecte des signatures nécessaires
avant d’être rejeté par la commis-
sion électorale, n’a pas donné de
consigne de vote. « Un seul mot
d’ordre : votez mais pas pour Vladi-
mir Poutine », a-t-il confié aux «
Echos » à la veille du scrutin. « Et
votez dimanche pour éviter les mani-
pulations des deux jours précédents. »
prévient, plus critique, un autre
observateur européen à Moscou.
« Ces chiffres sont avant tout basés
sur des facteurs temporaires en
temps de guerre. » Il ne s’agit pas seu-
lement d’armements et de muni-
tions. Dans une économie de plus en
plus étatisée, des usines fabriquant
jusque-là des produits civils ont
reçu l’ordre de fournir l’armée.
Plus d’un demi-million de Russes
ont rejoint l’industrie de défense
35
MILLIARDS D’EUROS
Les bénéfices des banques
russes en 2023, une hausse
de moitié par rapport à 2021.
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
Le Kremlin va augmenter
les impôts pour financer
les dépenses militaires
Dans son dernier discours
à la nation, Vladimir
Poutine a promis pour son
cinquième mandat « une
répartition plus équitable
de la charge fiscale ».
Traduction : hausse de
l’impôt sur le revenu pour
les classes moyennes.
A la veille de la présidentielle, le
Kremlin a annoncé… des hausses
d’impôts. Objectif : lever jusqu’à
4.000 milliards de roubles, soit
quelque 40 milliards d’euros.
Dans son discours à la nation le
Dmitry Yagodkin/Tass/Sipa USA
29 février, Vladimir Poutine avait
déclaré qu’après discussions au
sein du gouvernement, il avait
tranché : en cas de réélection, il y
aurait « une répartition plus équi-
table de la charge fiscale vers ceux
qui ont des revenus personnels et
d’entreprise plus élevés ». Traduc-
tion : des hausses d’impôts pour la
classe moyenne.
Mais il n’a pas repris l’initiative du Le président n’avait alors
« Midi contre Poutine » d’Ioulia pas donné de chiffres précis.
Navalnaya. « On revoit les habituels Mais ces derniers jours, des fuites
conflits internes entre leaders de ont été orchestrées. Pour les
l’opposition. Ces derniers jours, c’est ménages qui paient actuellement
même la cacophonie entre eux, avec entre 13 % et 15 % d’impôt sur le
des déclarations contradictoires sur revenu, le taux pourrait passer à
les consignes de vote », regrette 20 % maximum. Cette hausse
Alexander Kynev, l’un des rares poli- cible ceux qui gagnent plus de
tologues indépendants à Moscou. 5 millions de roubles par an (soit
Il évalue à quelque 20 % le niveau environ 50.000 euros). Le taux
de votes forcés ou fraudés qui ont pour l’impôt sur les sociétés serait
commencé bien avant les habituels relevé quant à lui de 20 % à 25 %.
bourrages d’urnes le jour du vote. Des informations non confir-
« La propagande vise tous les Russes mées par le ministère russe des
qui, de facto, dépendent de l’Etat : Finances.
fonctionnaires, étudiants, soldats,
retraités, employés des groupes Une longue liste
publics… Ils doivent voter pour Pou- de dépenses
tine et, avant le scrutin, les autorités C’est déjà peu après sa dernière
font tout pour le leur rappeler, via la réélection, en 2018, que Vladimir
propagande à la télévision et les habi- Poutine avait fait adopter un relè-
tuelles pressions directes et indirectes vement impopulaire de l’âge de la
sur ces citoyens-électeurs par leurs retraite et augmenter la taxe sur
employeurs, leurs chefs et dirigeants la valeur ajoutée de 18 % à 20 %.
régionaux. » Les hausses d’impôts compen-
Un autre facteur viendra doper le sent une longue liste de dépenses
score de Vladimir Poutine : les votes publiques aux allures de promes-
dans les régions ukrainiennes qui, ses électorales, notamment pour
désormais annexées à la Russie, les Russes les moins favorisés.
organisent elles aussi cette prési- Des nouvelles aides aux
dentielle aux allures de triomphe familles aux grands projets de
pour le chef du Kremlin. n transport, de la lutte contre la
depuis 2022, selon Vladimir Pou- dopant les crédits et les revenus des
tine. Cela a contribué à faire chuter banques. En 2023, elles ont enregis-
le chômage à moins de 3 %, un tré des bénéfices record : quelque
record. Les besoins du complexe 35 milliards d’euros – une hausse de
militaro-industriel et la nécessité de moitié par rapport à 2021, dernière
remplacer les sociétés occidentales année avant la guerre.
ont dopé la demande. Et par rico- C’est un exemple parmi d’autres
chet les salaires. Dans de nombreux des largesses du Kremlin qui, l’an
secteurs, ils augmentent du fait de passé, a injecté l’équivalent de
la hausse conjuguée de la demande 90 milliards d’euros dans l’écono-
d’embauches industrielles et des mie. Soit 4,85 % du PIB. « Cet argent a
pénuries de main-d’œuvre, provo- été dépensé avant tout dans le com-
quées par les départs vers le front. plexe industriel militaire. Mais l’Etat
a aussi distribué pas moins de 21 mil-
liards d’euros aux soldats et volontai-
Redistribution
Parallèlement, l’Etat multiplie les res combattant en Ukraine, directe-
aides publiques. Il subventionne en ment ou indirectement à leur famille
particulier des prêts hypothécaires. en cas de décès », rappelle l’écono-
Cela relance les chantiers, avec un miste Vladislav Inozemtsev. Ces
effet multiplicateur sur le reste de hommes venant des régions les
l’économie. Cela encourage les Rus- plus pauvres, cet argent a été immé-
ses à acheter des biens immobiliers, diatement dépensé, dopant la
06
pauvreté à la simplification des
normes pour les PME, le prési-
dent voit grand. Tout cela aura un
c o û t q u i , ave c l e c o n f l i t e n
Ukraine, viendra s’ajouter aux
dépenses croissantes de l’armée.
Les dépenses pour la défense
représentent désormais 30 % des
dépenses fédérales et 6 % du PIB,
une première dans l’histoire
moderne de la Russie.
« En étant exhaustif et concret à
l’extrême pendant son discours,
Vladimir Poutine a voulu séduire
les classes sociales inférieures pour
acheter leur fidélité. C’est aussi un
moyen de faire passer son message
principal : la stabilité, la normalité.
Il dit indirectement à ces Russes :
“Oui, il y a la guerre avec l’Ouest
mais en même temps, il faut conti-
nuer à vivre une vie normale.” C’est
un bon populiste », décode Andreï
Kolesnikov, l’un des rares polito-
logues critiques du Kremlin
encore présents en Russie.
Pour les ménages
qui paient entre
13 % et 15 % d’impôt
sur le revenu, le
taux pourrait passer
à 20 % maximum.
Les hausses d’impôt sur le
revenu feront sortir de nombreux
Russes de la tranche d’imposi-
tion la plus basse. Mais elles ne
toucheront pas ceux qui perçoi-
vent le salaire moyen (1,2 mil-
lion de roubles par an, soit
12.000 euros). Une priorité pour
Vladimir Poutine alors que la
pauvreté frappe encore plus de
9 % de la population.
Le gouvernement garde aussi
un œil sur le déficit budgétaire.
En début d’année dernière, il
montrait d’inquiétants signes
d’emballement. Le budget fédéral
a fini 2023 dans le rouge, après de
nombreuses années d’excédents
budgétaires. Mais le déficit est
resté sous le seuil des 2 % du PIB.
Le gouvernement vise 1,4 % pour
cette année. — B. Q.
consommation, avec un autre effet
multiplicateur sur l’économie.
« Le président ne joue pas seule-
ment sur le ralliement derrière le dra-
peau. Il y a aussi un aspect économi-
que : la redistribution de la richesse
en faveur d’un plus grand nombre de
Russes », analyse Denis Volkov,
sociologue à la tête du centre indé-
pendant de sondages Levada. « En
deux ans, le nombre de Russes disant
avoir assez d’argent pour se permet-
tre des gros achats a augmenté de 5 %
alors que c’était stable depuis des
années. » Les fonctionnaires et les
bas revenus sont ceux qui profitent
le plus de cette redistribution, sur-
tout dans les régions les moins
prospères. C’est précisément le
cœur de l’électorat de Vladimir
Poutine.
— B. Q.
07 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 MONDE

Israël va créer des

L’Otan appelle les Etats-Unis à ne pas
devenir le mauvais élève de la classe
Le secrétaire général de
l’Alliance atlantique, Jens
Stoltenberg, demande à
nouveau aux Alliés de faire
davantage d’effort pour
l’Ukraine. Mais cette fois,
il souligne l’effort fourni
par les Européens et
s’impatiente vis-à-vis
de Washington.
Anne Bauer
A l’occasion de la publication du
rapport annuel 2023 de l’Otan, son
secrétaire général Jens Stoltenberg
a une fois de plus appelé les Alliés à
augmenter leur aide militaire à
l’Ukraine. « Les Ukrainiens ne man-
quent pas de courage, ils manquent
de munitions, a-t-il déclaré à la
presse à Bruxelles. Ensemble, nous
avons la capacité de fournir à
l’Ukraine ce dont elle a besoin ; il nous
faut maintenant faire preuve de la
volonté politique nécessaire. »
Petit changement de paradigme,
Jens Stoltenberg, qui a passé son
temps à demander aux Européens
d’investir davantage dans la dé-
fense, se tourne désormais vers les
Américains, pour leur expliquer
qu’il n’est pas très judicieux de blo-
quer leur aide à l’Ukraine, au
moment où les Européens sont
enfin dans les clous.
Les deux-tiers des pays de l’Otan
doivent atteindre cette année
l’objectif fixé de dépenser au moins
2 % de leur PIB dans la défense. Rien
de surprenant, après l’incroyable
effort fourni en 2023. Les budgets
ont augmenté de 11 % par rapport
à 2022. En 2024, les alliés européens
de l’Alliance atlantique investiront
au total 470 milliards de dollars
dans la défense, « ce qui représente
pour la première fois 2 % de leur PIB
combiné », a insisté M. Stoltenberg.
Manque de munitions
La Norvège vient ainsi d’annoncer
qu’elle atteindrait l’objectif de 2 % de
dépenses militaires en 2024, tandis
que le Danemark a annoncé que les
siennes s’élèveraient à 2,4 % de son
PIB, en incluant l’aide ukrainienne.
La Suède, devenue le 32e membre
de l’Otan la semaine dernière, a pro-
mis d’atteindre l’objectif et la Fin-
lande de le dépasser. Elle prévoit de
consacrer 2,3 % de son PIB à ses for-
ces armées cette année.
Face aux Etats-Unis, le très atlan-
tiste Jens Stoltenberg a manifesté
un brin d’impatience. Les républi-
cains bloquent toujours à Washing-
ton le plan d’aide à l’Ukraine. Et le
candidat à la Maison-Blanche,
Donald Trump, menace de ne pas
défendre les membres de l’Alliance,
qui ne dépensent pas assez.
« L’Otan ne fournit pas assez de
munitions et d’armes ce qui a des
conséquences directes sur le champ
de bataille et explique les avancées
russes en Ukraine. On a besoin de
plus. C’est un message au Congrès
américain. Les Etats-Unis ne sont
pas seuls, les Européens et les Cana-
diens fournissent aussi ce dont
l’Ukraine a besoin », a-t-il insisté en
réponse à une question sur l’insuffi-
sance des livraisons de munitions.
S’il fallait voter
pour ou contre
l’appartenance à
l’Otan, seulement
13 % des Américains
se prononceraient
pour une sortie.
Le secrétaire général a d’ailleurs
insisté sur un dernier sondage réa-
lisé sur le soutien à l’Otan. S’il fallait
voter pour ou contre l’apparte-
nance à l’Alliance, seulement 13 %
des Américains se prononceraient
pour une sortie, selon le sondage
publié dans le rapport annuel et
58 % pour le maintien. Le vote en
France serait équivalent et l’opposi-
tion à l’Otan ne dépasse guère les
15 % dans la plupart des grands pays
de l’Union. Par ailleurs, des deux
côtés de l’Atlantique, l’empathie à
l’égard de l’Ukraine reste forte : 63 %
de la population se déclare pour le
maintien du soutien à l’Ukraine.
Interrogé sur le nouveau plan de
la Commission européenne pour la
défense, Jens Stoltenberg a toute-
fois répondu avec méfiance. Il salue
les efforts de l’UE pour lutter contre
la fragmentation de son industrie
de défense, mais insiste pour que ce
soit l’Otan qui fixe les objectifs capa-
citaires et les standards, ainsi que
les commandes groupées. « Je suis
d’accord pour une UE qui ajoute de la
valeur à l’Otan, mais pas qui lui fasse
compétition », a déclaré le secré-
taire général, qui devrait quitter
l’Alliance cet automne après le
75 e anniversaire de l’Alliance à
Washington en juillet prochain.
Si l’Otan est chargée de tous ces
objectifs, cela oblige les pays euro-
péens à s’aligner sur les normes dic-
tées par l’industrie de défense amé-
ricaine. Pour harmoniser les
relations entre les deux institutions,
la France soutient la candidature
d’un secrétaire général issu d’un
pays membre de l’UE, comme celle
du Premier ministre néerlandais,
Mark Rutte. Le président de Rou-
manie, Klaus Iohannis, vient
d’annoncer son intention d’entrer
dans la course. n
« îlots humanitaires »
pour les réfugiés
de Rafah à Gaza
PROCHE-ORIENT
L’armée israélienne
va créer des « îlots
humanitaires »
pour accueillir
quelque 1,4 million
de Palestiniens
piégés à Rafah.
Une offensive
militaire menace
la ville et pourrait
provoquer une
hécatombe parmi
les civils.
Pascal Brunel
— Correspondant à Tel-Aviv
Les multiples avertissements
de Joe Biden ont finalement été
reçus 5 sur 5 par Israël. L’armée
israélienne va établir des « îlots
humanitaires » dans le centre
de la bande de Gaza afin
d’accueillir quelque 1,4 million
de Palestiniens qui se sont réfu-
giés à Rafah, dans le sud de
l’enclave, pour fuir les combats.
Sur place, ces réfugiés auront
accès à des rations alimen-
taires, de l’eau et des abris sous
forme de tentes. « Les prépara-
tifs sont en cours et l’opération se
fait en coopération avec des
acteurs internationaux », a indi-
qué le porte-parole de l’armée.
Avec ce projet, Benyamin
Netanyahou entend éviter une
crise ouverte avec les Etats-
Unis. Joe Biden a en effet fait
savoir qu’une invasion militaire
de grande envergure à Rafah, et
son lot de potentiels massacres,
constituait une « ligne rouge »
qu’Israël ne doit en aucun cas
franchir.
Une ville martyre
Le bilan de la guerre déclen-
chée le 7 octobre par une infil-
tration sanglante de comman-
dos du Hamas dans le sud
d’Israël est d’ores déjà très
lourd : 31.000 morts, selon le
décompte du Hamas, dont une
majorité de civils, y compris des
femmes et des enfants. Israël
pour sa part parle de 10.000
« terroristes » tués.
En cas d’offensive terrestre,
précédée de bombardements
intensifs contre des résidents
sans défense, Rafah risque de
devenir une ville martyre. Le
en effet bien décidé à déloger les
quatre derniers bataillons dont
disp oseraient le Hamas à
Rafah, considéré comme le der-
nier bastion islamique qui ne
soit pas encore tombé. « Nous
allons finir le job, tout en permet-
tant à la population de se mettre
à l’abri du danger », a proclamé
le Premier ministre.
Sur le terrain, le transfert
d’une population aussi impor-
tante risque de prendre du
temps. Le porte-parole de
l’armée n’a pas précisé les dates
à laquelle l’évacuation pourrait
s’achever, ni le moment idoine
pour lancer l’offensive à Rafah.
Quatre hauts responsables
américains ont affirmé à Poli-
tico, un influent média améri-
cain, que les Etats-Unis ne
s’opposeraient pas à des atta-
ques contre « des cibles antiter-
roristes à haute valeur ajoutée ».
Autrement dit, Israël aura les
mains libres à condition de ne
pas provoquer de catastrophe
humanitaire.
Avec ce projet,
Benyamin
Netanyahou
entend éviter une
crise ouverte avec
les Etats-Unis.
En attendant, l’armée israé-
lienne a du pain sur la planche
pour assurer la logistique de
l ’o p é r a t i o n . L a m i s s i o n
s’annonce d’autant plus ardue
qu’Israël ne veut plus entendre
parler de l’UNRWA, l’agence
des Nations unies pour les réfu-
giés palestiniens, qui s’occupait
depuis des décennies de l’ache-
minement de l’aide humani-
taire et avait acquis une pré-
cieuse expérience sur le terrain.
Les dirigeants israéliens l’accu-
sent d’avoir partie liée avec le
Hamas. Il y a pourtant urgence
selon l’ONU : un quart de la
population souffre de malnu-
trition en raison des difficultés
rencontrées pour l’achemine-
ment de l’aide alimentaire.
Les ponts sont rompus entre
les deux parties. Israël réclame
la dissolution pure et simple de
l’UNRWA. La tension est mon-
tée d’un cran supplémentaire
mercredi avec la mort d’un res-
ponsable de l’UNRWA, mer-
credi lors d’un bombardement
israélien contre une installa-

Il y a dix ans, le précédent éloquent de la Crimée Premier ministre israélien est tion de l’agence à Rafah. n

La péninsule ukrainienne
de Crimée a été annexée
par la Russie en 2014.
Une opération qui aurait
dû servir de signal
d’alarme sur les ambitions
du Kremlin.
Yves Bourdillon
Cela aurait dû alerter beaucoup
plus. Il y a dix ans, quasiment jour
pour jour, la Russie procédait à
l’annexion éclair de la péninsule de
Crimée, comme un signe avant-
coureur de celle de quatre autres
régions ukrainiennes en 2022.
En absorbant ainsi manu militari
un territoire, première opération
de ce type en Europe depuis 1945, le
Kremlin parachevait un coup de
force qui avait pris tout le monde de
court, le 28 février, juste après la
chute de son allié, Viktor Ianouko-
vitch, à Kiev après deux mois de
manifestations pro-occidentales.
Près de 2.000 soldats d’élite rus-
ses aéroportés, sans insignes,
contrairement aux lois de la guerre,
s’étaient emparés des sites stratégi-
ques de ce territoire grand comme
une région française. Pris par sur-
prise, privés d’ordres clairs et
d’armes (Kiev pouvait à l’époque
aligner deux divisions aptes au
combat), les soldats ukrainiens
n’avaient opposé aucune résis-
tance. La flotte ukrainienne avait
été capturée en quelques heures.
Simulacre de référendum
Le Kremlin avait démenti, contre
toute évidence, toute implication
dans les opérations de ceux qui ont
été rapidement surnommés « les
petits hommes verts », avant d’assu-
mer avoir volé au secours de com-
patriotes prétendument menacés.
Ce faisant, Moscou avait déchiré
le traité d’amitié bilatéral de 1997 et
le mémorandum de Budapest
de 1994 par lequel l’Ukraine renon-
çait aux missiles nucléaires hérités
de l’URSS en échange de la recon-
naissance intangible de ses frontiè-
res par la Russie. Des violations de
traités qui font penser que Vladimir
Poutine ne respecterait pas beau-
coup plus aujourd’hui un traité de
paix avec l’Ukraine…
Les autorités que Moscou avait
installées à Simferopol ont appelé à
leur rattachement à la Russie le
6 mars et organisé dix jours plus
tard un référendum en ce sens,
approuvé à 96 %. Une caricature de
scrutin : aucun observateur étran-
ger n’avait été admis dans les
bureaux de vote, où il était possible
de voter sans être inscrit sur les
listes électorales. Les rares loyalis-
tes qui avaient eu le courage de
faire campagne avaient été moles-
tés, vu leurs enfants kidnappés, ou
s’étaient fait traiter de nazi, mantra
favorite du Kremlin. L’annexion n’a
été reconnue par aucun pays,
même parmi les alliés de la Russie,
sauf la Corée du Nord, le Nicaragua,
Cuba et la Syrie.
Une atmosphère
irrespirable
Le résultat de ce référendum était
d’autant plus fallacieux qu’une pro-
portion importante d’habitants de
Crimée se sentaient citoyens ukrai-
niens, quoique souvent de langue
ou d’ethnie russe. La majorité de ses
habitants avaient approuvé l’indé-
pendance de l’Ukraine par référen-
dum en 1991, quoiqu’avec un score
de 56 % plus faible que les 92 % enre-
gistrés dans l’ensemble du pays.
L’intégration économique et
politique de la péninsule a été
menée tambour battant ensuite : les
entreprises publiques ukrainien-
nes ont été expropriées, l’enseigne-
ment de l’ukrainien marginalisé à
l’école, la diffusion des télévisions
de Kiev suspendue et la hryvnia
supplantée par le rouble. Près d’un
million d’habitants, sur les 2,3 mil-
lions d’avant l’annexion, ont jugé
l’atmosphère irrespirable, voire
dangereuse et pris le chemin de
l’exil. Un nombre équivalent de
Russes est venu s’installer dans ce
qui était considéré comme l’équiva-
lent de la Côte d’Azur à l’époque
soviétique. Depuis lors, la Russie a
investi des milliards de dollars en
Crimée pour en faire une vitrine du
développement des territoires
qu’elle annexe. Mais le territoire
subit régulièrement le feu de l’artil-
lerie ukrainienne.
Les Occidentaux avaient protesté
vivement mais leurs sanctions
avaient été cosmétiques. Cela avait
toutefois été plus sévère que la posi-
tion de l’UE après l’invasion d’une
partie de la Géorgie par l’armée
russe en 2008. Berlin avait signé
peu après des accords dans le gaz
avec la Russie à qui Paris avait
vendu des porte-hélicoptères. n
en bref
Pays-Bas : bientôt un gouvernement
mi-politique mi-technocrate
POLITIQUE Près de quatre mois après la victoire électorale de
l’extrême droite, les Pays-Bas se dirigent vers la formation d’un
gouvernement « mixte », incluant des technocrates mais sans le
dirigeant islamophobe Geert Wilders à la barre, selon un rap-
port, jeudi, sur les tractations politiques en cours. Geert Wilders
a annoncé mercredi qu’il renonçait – pour l’instant – à sa tenta-
tive de diriger la cinquième économie de l’Union européenne,
faute de soutien des partis politiques avec lesquels il tente de
former une coalition. Les quatre chefs de parti, dont Geert Wil-
ders, sont convenus de ne pas accepter de postes ministériels.
Le Royaume-Uni ouvre des discussions
commerciales avec la Turquie
BILATÉRAL Le Royaume-Uni a lancé jeudi des discussions avec
la Turquie sur un nouveau traité commercial post-Brexit, espé-
rant notamment de nouveaux débouchés pour son secteur des
services. Un futur accord remplacerait le compromis actuel,
largement négocié dans les années 1990. Les échanges entre les
deux pays ont atteint presque 26 milliards de livres en 2022 et la
Turquie est l’une des économies qui croît le plus vite de l’OCDE
avec ses 85 millions d’habitants.
MONDE
Le budget 2024 espagnol fait les frais de
la fragilité parlementaire de Pedro Sanchez
EUROPE
Les rivalités parmi
les indépendantistes
catalans bloquent les
négociations sur la loi
de finance, au moment
où a été approuvée
la loi d’amnistie.
Cela fait plusieurs
mois que toutes
les initiatives
du Premier ministre
espagnol se heurtent
à la combinaison
compliquée
des alliances.
Cécile Thibaud
— Correspondante à Madrid
Pas de budget 2024 pour Pedro San-
chez ! Le Premier ministre socia-
liste espagnol a jeté l’éponge et se
contentera de reconduire durant
un an le cadre budgétaire de 2023,
en attendant de pouvoir trouver les
appuis suffisants pour lancer une
prochaine loi de finances, pour
2025. « Nous allons profiter du tra-
vail technique et des accords déjà con-
clus avec les autres formations politi-
ques pour avancer sur le projet de
budget 2025 », a commenté la minis-
tre du Budget.
Ce report inattendu est un signe
éloquent de la fragilité parlemen-
taire de la coalition formée par les
socialistes du PSOE et Sumar à leur
gauche. Depuis des mois, toutes les
initiatives du gouvernement se
heurtent à la combinaison compli-
quée des alliances. Avec la question
catalane au centre de toutes les
équations. Cette fois plus que
jamais.
En Turquie, un mois de ramadan miné par l’inflation
ASIE MINEURE
Une forte inflation
contraint les Turcs
à changer leurs
habitudes en ce mois
de ramadan.
Les sorties coutumiè-
res au restaurant
pour l’iftar, le repas
de rupture du jeûne,
se font plus rares.
Killian Cogan
— Correspondant à Istanbul
A la tombée du jour, en ce mois de
ramadan à Kadiköy, quartier de la
rive asiatique d’Istanbul, plusieurs
ALAIN ROBERT/SIPA
L’indépendantiste Oriol Junqueras (ERC), qui a passé trois ans et demi en prison, salue le vote de la loi d’amnistie, jeudi à Madrid,
devant le Congrès des députés espagnols : « C’est un jour important pour la démocratie », a-t-il déclaré. Photo Pierre-Philippe Marcou/AFP
Le Parlement espagnol vient en
effet d’approuver, jeudi, la très polé-
mique loi d’amnistie des indépen-
dantistes catalans, qui avait été
rejetée le 30 janvier dernier. Il n’y
a pas eu de retournement de der-
nière minute cette fois. Le texte,
qui prévoit d’effacer l’ardoise judi-
ciaire pour toutes les personnes
impliquées dans le processus de
tentative de sécession de 2017, va
centaines de personnes font la file
devant une tente. Alors que l’appel à
la prière retentit, une équipe de la
municipalité, dirigée par le Parti
républicain du peuple (CHP),
d’opposition, y distribue des repas
chauds pour l’iftar, le repas de rup-
ture du jeûne, ici comme dans
d’autres coins de la ville.
Dans la file, beaucoup de mines
élimées, de personnes isolées, mais
aussi des familles et des étudiants.
Car, s’il est de coutume de pratiquer
l’iftar en famille ou entre amis, chez
soi comme au restaurant, la spirale
inflationniste (67 % en rythme
annuel le mois dernier, selon les
chiffres officiels), qui accable la Tur-
quie depuis les cinq dernières
années rebat les cartes.
Désormais, nombreux sont ceux
qui, face à la hausse de prix, prépa-
rent des repas plus modestes, limi-
Dimanche de 10h à 11h
Le Grand Rendez-Vous
En direct sur Europe 1 et CNEWS
Pierre De Vilno, Stéphane Dupont et Mathieu Bock-Côté reçoivent
Manuel Bompard
Coordinateur national de la France insoumise et député de Marseille
donc maintenant pouvoir poursui-
vre son chemin parlementaire vers
le Sénat.
Rivalités parmi
les indépendantistes
« Ce n’est pas une réconciliation, c’est
une soumission », a affirmé le chef
de file du Parti populaire, Alberto
Nuñez Feijoo, fermement opposé
au texte, alors que le porte-parole
tent les sorties au restaurant et
viennent chercher un iftar gratuit
auprès de centres de distribution
comme celui-ci.
Distributions gratuites
« Avec ces conditions économiques,
on n’a plus le choix que de venir faire
la queue ici, s’emporte Mesut, un
comptable de 53 ans, doté d’une
imposante bague à l’annulaire. Je
suis patriote, mais ce pays est dans
un état lamentable, c’est une honte de
devoir venir ici pour le ramadan, un
péché. Auparavant, on pouvait
même aller au restaurant pour
l’iftar, tandis qu’aujourd’hui, il suffit
d’y aller quelques fois pour dépenser
l’équivalent d’une retraite mensuelle
ou du salaire minimum [17.000 lires
turques, soit près de 500 euros,
NDLR] », poursuit cet homme en
colère et au visage buriné.
socialiste, Patxi Lopez, saluait « la
fin d’un cycle ».
A Madrid, les députés indépen-
dantistes catalans, de droite et de
gauche, se sont embrassés et
congratulés, dans un élan d’union
inhabituel à la sortie de la séance
parlementaire, pour célébrer cette
amnistie qu’ils réclament depuis
six ans. « C’est un jour important
pour la démocratie », affirmait le
-40 %
LA CHUTE DES VENTES
de produits alimentaires pour
le mois de ramadan par rapport
à l’année dernière, selon
l’association des grossistes
en alimentation d’Istanbul.
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
leader catalan Oriol Junqueras
qui a passé trois ans et demi en
prison.
Mais pendant ce temps, à Barce-
lone, les hostilités et les ruptures se
multiplient au sein du camp sépa-
ratiste. La convocation d’élections
régionales anticipées, prévue pour
le 12 mai prochain, est en train de
raviver les animosités, entre mili-
tants d’ERC, à gauche, et de Junts, à
Les effets de l’inflation sur les fes-
tivités religieuses n’ont pas échappé
aux commerçants et aux restaura-
teurs : interrogé par le quotidien
économique turc « Dünya », le pré-
sident de l’association des grossis-
tes en alimentation d’Istanbul,
Mustafa Karli, a révélé que les ven-
tes de produits alimentaires pour le
mois de ramadan avaient chuté de
40 % par rapport à l’année dernière.
Il a par ailleurs observé « un glis-
sement vers des produits de base
et une diminution de la diversité
des achats ».
Baisse de fréquentation
S’adressant au même journal, le
président de l’association des res-
taurants et du tourisme Ramazan
Bingöl a, quant à lui, pointé une
chute de 70 % des réservations pour
les iftars depuis l’an passé. « Il était
08
droite, sans compter leur nouvel
adversaire, Alhora, une formation
plus séparatiste encore, qui les
accuse d’avoir trahi la patrie cata-
lane en négociant l’amnistie avec
Madrid.
La campagne promet de virer
aux règlements de comptes et que-
relles de clans. Ce climat d’affronte-
ments permanents et les rivalités
parmi les indépendantistes, ont
poussé le gouvernement espagnol à
renoncer à chercher à rapprocher
les positions pour faire voter le bud-
get. Les finances publiques peuvent
bien attendre, tous les yeux vont
être fixés maintenant sur Carles
Puigdemont.
La très polémique loi
d’amnistie des
indépendantistes
catalans avait
d’abord été rejetée
le 30 janvier dernier.
Le texte prévoit
d’effacer l’ardoise
judiciaire pour
toutes les personnes
impliquées dans
le processus
de tentative de
sécession de 2017.
La question est de savoir si l’ex-
président catalan, actuellement
installé à Bruxelles pourra bénéfi-
cier à temps de l’amnistie pour reve-
nir assister au débat d’investiture
du prochain président de la région
catalane. Une fonction p our
laquelle il pourrait lui-même faire
campagne. Tout n’est encore que
conjecture, mais la polémique est
déjà là. n
un temps où on prenait des réser-
vations d’iftar pour entre 300 et
1.000 personnes ; ce temps-là est
révolu », a-t-il expliqué au quotidien
« Dünya ».
Mert, pour sa part, n’a pas l’inten-
tion de cesser cette tradition
annuelle. Accompagné par des
amis de son dortoir universitaire,
cet étudiant en droit de 22 ans figure
aussi parmi ceux patientant dans la
file de distribution de repas gra-
tuits. Mais il est là, dit-il, par « curio-
sité », plutôt que par nécessité.
Quand bien même, la hausse des
prix fait qu’il se voit contraint de
revoir ses habitudes : « Les années
précédentes, on sortait au restaurant
tous les trois jours en moyenne, mais
cette année, les prix des repas d’iftar
ont plus que doublé, alors on pense
plutôt y aller une fois tous les dix
jours », prévoit-il. n
09 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
Adios au tourisme de « sol y playa » ?
Cécile Thibaud
— Correspondante à Madrid
L’Espagne va-t-elle devoir dire
« adios » à son modèle de tourisme
de « sol y playa » ? Si ce n’est pas pour
demain, il est sans doute temps de
s’y préparer et d’envisager de nou-
Les risques velles pistes, mieux adaptées au
climatiques, changement climatique. C’est
l’avertissement des experts, alors
la sécheresse que le pays vient de boucler une an-
et le surtourisme née touristique triomphale.
fragilisent le modèle Les résultats de 2023 ont dépassé
toutes les espérances, avec la venue
touristique espagnol. de 85 millions de visiteurs, battant
Le risque est les records d’avant la pandémie. Les
chiffres sont vertigineux dans un
de mourir de succès. pays de 48 millions d’habitants.
Mais le triomphe a été discret parmi
les professionnels du secteur, car
cette annonce coïncide avec le mo-
ment où une bonne part de la Cata-
logne et de l’Andalousie entre en
alerte pour sécheresse.
Les municipalités prennent des
mesures pour réduire la consom-
mation et font la chasse au gaspilla-
ge en baissant la pression au robi-
net. Les régions qui sont arrivées à la
limite de leurs réserves après trois
ans sans pluie, cherchent des sour-
ces d’approvisionnement alternati-
ves, entre eaux régénérées ou désa-
linisation. Barcelone et Malaga se
LA
CHRONIQUE
de Cécile Philippe
Agriculture : les raisons de la colère
l e s t em blém atique qu’en
I France la colère des agricul-
teurs ait porté avec virulence
sur les lois Egalim. Ces textes com-
plexes visent, en effet, un nouveau
partage de la valeur entre les agri-
culteurs, les industriels et les distri-
buteurs.
Mais ce thème du « partage » plus
égalitaire est comme souvent un
cache-misère d’une création de
valeur insuffisante. Si les agricul-
teurs souffrent, ce n’est malheureu-
sement pas en prenant aux indus-
triels ou aux distributeurs que le
problème sera réglé.
Tous les acteurs économiques
pâtissent d’impôts et réglementa-
tions excessives dans un monde
ouvert à la concurrence.
Il est clair que les agriculteurs ont
bien des raisons d’être mécontents,
étant donné l’étendue des régle-
mentations, interdits et contrôles
qu’ils subissent, notamment au
préparent à des livraisons par ba-
teaux-citernes et personne ne sait
ce qui se passera l’été prochain.
Dans ce contexte, est-il possible
de prétendre attirer chaque année
plus de vacanciers ? Les critiques se
font de plus en plus nombreuses. Il
est temps de tourner la page du fa-
meux modèle de « sol y playa » in-
venté aux temps du franquisme, qui
a construit la prospérité et fait la ré-
putation de l’Espagne depuis les an-
nées 1960. Mais il est encore bien vi-
vant dans les stations balnéaires
bondées du côté de la Costa Brava ou
les usines à touristes comme Beni-
dorm, non loin d’Alicante, qui conti-
nuent d’attirer les classes moyennes
du nord de l’Europe à la recherche
d’un coin de sable bon marché.
Touristes inconscients
et gaspilleurs
Chaque soubresaut géopolitique en
Méditerranée orientale envoie de
nouvelles vagues de vacanciers vers
l’Espagne ou le Portugal, réputés
destinations sûres, mais leur risque
est de mourir de succès. L’an-
née 2024 se profile meilleure enco-
re. Faut-il s’en réjouir ? L’incertitude
grandit au moins autant que les
chiffres.
« Il faut agir avec prudence. Nous
devons évaluer si cette intensité de
nom de mesures environnementa-
les parfois mal conçues. D’ailleurs,
la contestation agricole à ce sujet est
généralisée à presque la totalité de
l’UE. Mais certains pensent qu’en
tant que bénéficiaires des subven-
tions de la politique agricole com-
mune (PAC), ils sont largement
compensés de leurs obligations.
Les choses ne sont pas si simples
et sur ce point, la situation des agri-
culteurs français est pire que celle
de la plupart de leurs voisins con-
currents.
C’est ce que montrent les chiffres
d’Eurostat, qui met à disposition
pour tous les pays de l’UE le solde de
ce que chaque pays reçoit en termes
de subventions de production dimi-
nuées des impôts de production
supportés par les agriculteurs. La
France qui représente 18 % de la
production agricole reçoit 15 % des
subventions nettes d’impôts alors
que l’Allemagne qui réalise 12 % de
croissance est viable, et surtout sou-
haitable, du point de vue social »,
avertit José Luis Zoreda, le vice-pré-
sident d’Exceltur, le lobby qui ras-
semble les acteurs les plus impor-
tants du secteur de l’hôtellerie et des
voyages.
Pourquoi faudrait-il partager nos
ressources en eau, de plus en plus
précieuses, avec des touristes in-
conscients et gaspilleurs ? La gro-
gne monte dans les régions satu-
rées, entre le prix des logements
inaccessible pour les jeunes, les
commerces de quartiers qui dispa-
raissent, les embouteillages perma-
nents et, maintenant, le risque de
coupures d’eau…
« Source de prospérité
et d’emploi »
L’année 2023 a été marquée par l’été
le plus long et le plus chaud jamais
enregistré. Qu’en sera-t-il en 2024 ?
Les hôtels et campings craignent de
devoir avertir les clients qu’ils se-
ront privés de piscine l’été prochain.
Au point dans la station balnéaire
de Lloret de Mar, sur la Costa Brava
que les hôteliers ont décidé de se co-
tiser pour louer ensemble leur pro-
pre unité de désalinisation afin de
contourner le décret sécheresse ca-
talan qui prévoit une interdiction de
remplir les bassins.
la production reçoit 14 % des sub-
ventions nettes.
L’Allemagne est certainement
experte dans l’optimisation des
subventions européennes, mais
bien plus important, la France est
championne dans la taxation de ses
producteurs. Pour chaque euro de
subvention, l’agriculteur français
paie 20 centimes d’impôts sur la
production, ce qui réduit ses aides
par rapport aux autres acteurs
européens.
Or, cette situation ne concerne
pas seulement les agriculteurs.
Tout le secteur productif en France
est concerné par une taxation hors
norme sous la forme d’impôts sur la
production et les bénéfices s’élevant
à 7,4 % de la valeur ajoutée contre
5,4 % au sein de l’UE et 3,7 % en Alle-
magne.
Par conséquent, envisager de
soulager la colère des agriculteurs
en dégradant la situation des trans-
« On oublie que nous sommes
source de prospérité et d’emploi », af-
firme Jorge Marichal, le patron de
la confédération de l’hôtellerie, aga-
cé de voir le secteur accusé de tous
les maux, alors, dit-il, que « les hôte-
liers ont été pionniers dans la réduc-
tion de l’empreinte carbone et la pro-
motion de l’usage responsable de
l’eau dans leurs installations ».
L’argument ne convainc pas for-
cément la population locale.
D’autant qu’une étude indique qu’à
Barcelone, un client d’hôtel quatre
étoiles consomme plus du double
d’eau par jour qu’un habitant de la
ville, et un client de cinq étoiles plus
du triple.
Il est grand temps de se préparer
aux contraintes climatiques qui
pourraient rendre le pays inhospi-
talier durant l’été. De fait, une étude
de CaixaBank Research analysant
les paiements par carte bancaire si-
gnale l’impact des jours de canicule
sur les dépenses des vacanciers l’été
dernier. Ils ont moins déboursé
dans les régions les plus chaudes
près du littoral méditerranéen,
alors qu’ils ont été plus enclins aux
dépenses dans les régions plus fraî-
ches du nord du pays.
Est-ce une exception, liée à un
été 2023 particulièrement torride le
long de la côte méditerranéenne,
formateurs ou distributeurs est un
jeu à somme nulle qui ne fera que
répartir différemment la colère des
acteurs économiques.
Dégrader la situation
des transformateurs
ou distributeurs
est un jeu à somme
nulle qui ne fera
que répartir
différemment
la colère des acteurs
économiques.
Nos autorités ont commencé à
résorber cette surfiscalité qui joue
contre la production, mais elles
sont trop timorées. En 2022 la
France est restée la championne
européenne de la fiscalité de pro-
IDÉES
Hervé Pinel pour « Les Echos »
avec des nuits à plus de 40 degrés
parfois, ou bien cela marque-t-il le
début d’une tendance ? Il est trop tôt
pour le savoir, mais « il est crucial
que le secteur touristique innove et
investisse en stratégie d’adaptation »,
concluent les experts de CaixaBank
Research.
De fait, le changement est déjà en
marche, avec à la fois les efforts
d’aménagement des hôteliers et des
localités pour offrir plus d’ombre et
de fraîcheur, le confort d’horaires
de visites mieux adaptés, ou encore
le développement de nouvelles des-
tinations vertes.
Mettre en valeur
d’autres potentiels
« A moyen terme, dans cinq à dix ans,
nous allons assister à une évolution
de la demande qui affectera non seule-
ment la péninsule ibérique mais tout
le bassin méditerranéen », prévoit le
consultant Bruno Hallé, codirecteur
de la branche hospitality pour Cush-
man et Wakefield en Espagne.
C’est l’occasion, selon lui, de met-
tre en valeur d’autres potentiels et
d’ouvrir un éventail de propositions
plus désaisonnalisées, autour du
bien-être, du sport, de la culture ou
de la gastronomie. Et il avertit : « Le
sol y playa ne va pas disparaître, mais
il ne sera plus le seul héros. » n
duction avec 39 milliards prélevés
sur les entreprises, contre au total
40 milliards d’impôts de produc-
tions nets de subventions dans l’UE.
La TVA a été inventée par un
Français, Maurice Lauré, en 1954
pour éviter les effets de distorsion
de la fiscalité de production.
Soixante-dix ans après, la France ne
parvient toujours pas à se débarras-
ser de cette fiscalité archaïque alors
que cela ne déstabiliserait pas les
finances publiques, la disparition
des impôts de production étant
compensée par la hausse du rende-
ment d’autres prélèvements obliga-
toires.
En attendant, cela déstabilise
profondément tous les acteurs éco-
nomiques – dont les agriculteurs –
qui ont raison de se désespérer de
l’immobilisme de nos politiques.
Cécile Philippe est présidente
de l’institut économique Molinari.
IDÉES
analyses
Le cruel déficit
de l’investissement
européen
En ne tenant pas compte du « retard » d’investissement
tant public que privé, les ministres des Finances
ne jouent pas le rôle moteur qui devrait être le leur.
LA
CHRONIQUE
de Mathilde Lemoine
l est extrêmement difficile de déterminer
I le « bon » rythme d’investissement même
si les indicateurs convergent pour mon-
trer sa trop grande faiblesse en zone euro.
Pourtant, les ministres des Finances de la
zone euro ont déclaré, le 11 mars, à l’issue du
dernier Eurogroupe, vouloir « préserver et, le
cas échéant, accroître le niveau d’investisse-
ment, dans des domaines prioritaires pour
tous, tels que les transitions verte et numérique,
ainsi que les capacités de défense ».
Une telle déclaration est inquiétante. D’une
part, elle suppose que le niveau actuel d’inves-
tissement est le « bon ». Or, il est intrinsèque-
ment cyclique en dépendant de la rentabilité
espérée et de la demande anticipée.
D’autre part, la faiblesse de la croissance
européenne provient principalement d’un
déficit d’investissement privé et public qui li-
mite la productivité du capital et donc sa con-
tribution à la croissance.
Enfin, cette déclaration laisse penser que
l’investissement et l’innovation sont deux
choses distinctes alors qu’ils sont intrinsèque-
ment liés, comme le montrent la loi Kaldor-
Verdoorn et les théories de la croissance en-
dogène.
Au niveau macroéconomique, l’investisse-
ment permet la constitution d’un stock de ca-
pital, c’est-à-dire l’accumulation de machines,
logiciels, bâtiments nécessaires à la produc-
tion de biens et de services publics et privés.
L’évolution du stock de capital influence la
productivité, les salaires et la croissance. Cet-
te accumulation d’investissement ne s’oppose
pas aux objectifs environnementaux s’il est
productif. Moins il est productif, plus il faut in-
vestir pour maintenir un rythme de croissan-
ce affaibli. Il y a alors moins de capitaux dispo-
nibles pour la digitalisation et la décarbona-
tion de l’économie. La diffusion de nouvelles
technologies comme l’intelligence artificielle
sera en conséquence encore plus coûteuse.
En 2023, le stock de capital net, qui tient
compte de la dépréciation, était supérieur de
LA REVUE
DU JOUR
Europe va avoir
de la visite !
LE PROPOS Si tout se passe bien, une
fusée Falcon X devrait emporter en
octobre prochain une sonde
américaine, Europa Clipper, qui se
dirigera ensuite vers Jupiter, planète
qu’elle atteindra vers 2030 avec pour
objectif de survoler 45 fois Europe, une
de ses quatre lunes, la frôlant parfois à
25 kilomètres de distance. L’année
suivante, ce sera au tour de la sonde
européenne Juice de se mettre en
orbite de Jupiter. Coût ? 5 milliards de
dollars pour Europa Clipper et
1,5 milliard d’euros pour Juice.
Pour comprendre cet astronomique
engouement, il faut lire la
passionnante enquête de 10 pages que
consacre à Europe le bimensuel « MIT
Technology Review », un magazine de
vulgarisation scientifique publié par
une filiale du MIT.
L’INTÉRÊT L’article retrace
l’exploration d’Europe depuis sa
découverte en 1610 par Galilée jusqu’à
l’idée, d’abord hypothétique puis
confirmée par l’analyse de la lumière
renvoyée par cette lune, que sa surface,
recouverte de glace, enferme
30 % aux Etats-Unis par rapport à celui de la
zone euro selon nos calculs, alors qu’il était
supérieur de 13 % seulement en 2010 ! Sur-
tout, il est plus productif et la rentabilité d’un
investissement supplémentaire est supérieu-
re outre-Atlantique.
Préserver le niveau d’investissement n’a
donc pas de sens. Il dépend de l’obsolescence
des moyens de production, des choix d’accélé-
ration de la digitalisation, de décarbonation,
de l’impact des politiques publiques sur la
rentabilité espérée, de l’évolution de la de-
mande, du taux d’intérêt réel…
Certes, dans un continent où la population
vieillit, la diminution des flux d’investisse-
ment est logique puisque les entreprises et les
gouvernements s’attendent à une chute de la
demande.
Le ciblage
des investissements dans
des domaines prioritaires
(transition énergétique
et numérique) ne peut pas
constituer une politique
macroéconomique.
Mais les crises spécifiques à la zone euro
ont engendré un « retard » d’investissement
tant public que privé. En n’en tenant pas
compte, les ministres des Finances ne jouent
pas le rôle moteur qui devrait être le leur. Les
investissements publics ont un effet d’entraî-
nement sur ceux du secteur privé.
Le ciblage des investissements dans des do-
maines prioritaires (transition énergétique et
numérique) ne peut pas constituer une politi-
que macroéconomique. Il ne répond pas au
problème du retard d’investissement ni à ce-
lui de la diffusion des innovations.
De plus, les fonds européens promis sont
trop lents à être mis en œuvre. L’élection du
Parlement et le renouvellement de la Com-
mission risquent d’aggraver encore le déficit
d’investissement sans permettre une appro-
che moins sectorielle de la politique d’inves-
tissement et mieux adaptée aux objectifs de
prospérité et de transition énergétique.
Mathilde Lemoine est cheffe économiste
du groupe Edmond de Rothschild.
d’énormes quantités d’eau avec, peut-
être, des sources chaudes, qui
pourraient abriter une forme primitive
de vie. On y découvre aussi de
merveilleux clichés d’Europe pris par
de précédentes missions spatiales
(Pioneer 10, Voyager 2, Galileo, Juno)
et montrant son étonnante surface,
lisse et blanche mais zébrée de
marron. Ainsi que de sensationnelles
photos d’Europa Clipper en cours
d’assemblage, bichonné par six
spécialistes couchés sous l’énorme
engin, et de ses panneaux solaires de
30 mètres de long. Pourvu que ça
marche ! —Jacques Henno
Anybody out there ?
« MIT Technology Review »,
mars-avril 2024, 92 pages.
Europe, il est minuit moins une
Les élections de juin 2024 sont capitales, elles sont peut-être la dernière
chance pour sauver l’UE. Ne laissons pas le discours de la rupture
aux extrêmes, utilisons ces élections pour un changement en profondeur.
LA
CHRONIQUE
d’André
Loesekrug-Pietri
epuis vingt ans, l’Europe et les
D Etats européens ont décroché, et
l’échec est patent : le PIB par ha-
bitant est 30 % en dessous du PIB améri-
cain, 50 % de moins qu’en Suisse. La pro-
messe d’un continent qui protège ses
concitoyens de la guerre a volé en éclats.
L’influence européenne est en retrait
partout, de l’Asie à l’Afrique au Moyen-
Orient. Les sociétés sont toutes fractu-
rées, symbolisées par des coalitions de
plus en plus inefficaces comme en Alle-
magne, les extrêmes au pouvoir aux
Pays-Bas ou en Italie, des décisions suici-
daires au Royaume-Uni ou le délite-
ment des partis comme en France.
Pétrifiée par la perspective d’une
nouvelle présidence Trump, l’Europe se
rend compte qu’elle n’est pas capable de
se défendre seule. Dans un siècle domi-
né par la technologie, le désastre est gé-
néralisé avec une seule entreprise com-
me Microsoft valant plus que tout le
CAC 4 0 réuni, et une domination amé-
ricaine et chinoise quasi totale sur l’es-
pace, les semi-conducteurs, la biologie
de synthèse, les drones ou l’intelligence
artificielle.
Les élections europ éennes de
juin 2024 sont, à ce titre, capitales. Non
que le Parlement ait une influence con-
sidérable, mais parce que c’est le seul
moment où l’on peut s’interroger sur le
fonctionnement de l’UE.
L’illusion du marché unique
Or, au vu de son bilan, l’Europe doit radi-
calement se transformer. Tous les res-
ponsables en conviennent mezzo voce,
mais la peur d’être qualifié d’euroscepti-
que nous entraîne dans un statu quo
mortifère. Il y a quelque chose de pourri
au royaume de Bruxelles et dans les
Etats membres, ayons le courage de l’af-
firmer haut et fort. Ne laissons pas le dis-
cours de la rupture aux extrêmes, utili-
sons ces élections pour un changement
en profondeur.
L’Europe et les Etats européens ne
comprennent plus le monde, sur le fond
comme sur la forme. Ils sont devenus le
continent de la surprise stratégique, sur-
pris par la pandémie, par l’émergence de
la Chine, par l’IRA américain pour notre
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
industrie, par ChatGPT, par la guerre en
Ukraine, par la dépendance au gaz rus-
se, faisant monter les extrêmes qui sou-
lignent l’impuissance des élites.
L’illusion du marché unique – qui
n’existe pas dans tous les domaines
d’avenir – empêche les effets d’échelle
sur les marchés des capitaux, la santé,
l’énergie, le digital. Cela nous empêche
de faire des grands paris clés pour créer
le monde de demain et ne pas se voir im-
poser innovations et normes créées par
d’autres comme dans l’IA, les batteries
ou l’espace.
Notre conception dépassée de la con-
currence oublie que ce sont l’accès aux
talents et les effets d’échelle, et non les
parts de marché actuelles, qui sont déci-
sifs. Notre obsession du libre-échange
oublie de constituer en même temps les
amortisseurs pour les perdants de ces
accords, et nous condamne à des rétro-
pédalages honteux comme sur le Mer-
cosur ou… l’Australie.
La peur d’être qualifié
d’eurosceptique
nous entraîne dans
un statu quo mortifère.
Le Green Deal pensé de manière abs-
traite se transforme en grand plan de dé-
sindustrialisation européenne et d’achat
chinois, que ce soit sur les terres rares
des éoliennes offshore, les panneaux so-
laires ou les véhicules électriques. La
naïveté et l’absence de réflexion stratégi-
que sont sidérantes, et les conséquences
sont dramatiques pour l’industrie et
l’emploi européen, créant un rejet géné-
ral des politiques environnementales et
agricoles.
La bureaucratisation de toutes les po-
litiques, de la R&D aux mécanismes
d’ajustement carbone, en passant par la
réponse à l’IRA ou aux routes de la soie,
aboutissent à un saupoudrage générali-
sé, à privilégier le processus aux résul-
tats, et à dilapider dans nombre de cas
l’argent public sans impact réel sur les
citoyens ou notre position stratégique.
Sur la forme, les Européens n’ont pas
encore intégré que la rapidité de mise en
œuvre est aussi importante que les
moyens alloués. Ils se bercent à leurs
propres illusions : les objectifs climati-
ques deviennent inatteignables, le dis-
cours moralisant agace, la parole politi-
que est abîmée quand on ne produit
qu’une partie des munitions promises à
l’Ukraine ou que seul un quart de la gi-
10
Kenzo Tribouillard/AFP
gantesque somme de 750 milliards
d’euros mobilisée il y a… quatre ans pour
le Covid a été effectivement investi. Une
démonstration flagrante de l’incapacité
de mettre en œuvre des Européens. Et
on parle de fonds supplémentaires !
Un projet politique fort
Comme à Constantinople, on débat du
sexe des anges quand les périls stratégi-
ques et économiques sont à nos portes.
Or l’environnement et le climat, la pro-
tection de nos sociétés et de nos modes
de vie, réinventer l’éducation et la parti-
cipation démocratique au siècle numé-
rique, construire une société innovante
et juste à la fois – sont autant d’occasions
pour un projet politique fort qui inspire
nos concitoyens.
Ces élections européennes sont capi-
tales car il est minuit moins une. L’UE
n’existera probablement plus si nous ne
la changeons pas radicalement dans les
six prochaines années. Il nous reste un
atout majeur, c’est la puissance de la dé-
mocratie. La machine à fabriquer du
consensus s’est certes légèrement en-
rayée mais peut être décisive dans ce
moment complexe où la diversité des
perspectives européennes est une force
face aux idéologies rigides des pays
autoritaires.
Les traités doivent changer, les insti-
tutions aussi, mais cela prendra du
temps. Ces élections vont être terrible-
ment traditionnelles dans leur mode
opératoire alors qu’on aurait pu utiliser
les nouvelles technologies pour mieux
communiquer, créer un espace politi-
que européen, se rapprocher des initia-
tives populaires.
Il est cependant encore temps que les
hommes et les femmes que nous porte-
rons au Parlement soient différents aus-
si. Ce sont ceux-là que les partis, et sur-
tout nous tous comme citoyens, doivent
choisir : moins dans le discours, plus
dans l’action. Fins connaisseurs des
pays européens comme de nos terroirs.
Plus stratégiques et compétents scienti-
fiquement. Capable de rassembler, mais
aussi de tracer une voix claire et d’expli-
quer à l’ensemble de nos concitoyens les
enjeux et les chemins pour y parvenir.
Ne ratons pas cette dernière chance de
sauver l’Europe.
André Loesekrug-Pietri est
président et directeur scientifique
de la Joint European Disruptive
Initiative (Jedi), l’initiative européenne
pour l’innovation de rupture.
 11 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
Publiez vos contributions
sur le Cercle des Echos :
lesechos.fr/idees-debats/cercle
LE POINT
DE VUE
de Jacques Delpla
uand elle était numéro deux du
Q F M I , l ’é c o n o m i s t e A n n e
Krueger expliquait qu’un salai-
re minimum dépassant 50 % du salaire
médian pose un sérieux problème. De
voiture-balai, le salaire minimum de-
vient un obstacle à l’emploi non qualifié.
Or le SMIC est à 61 % du salaire médian
en France, contre 53 % en Allemagne,
50 % en Espagne, 46 % aux Pays-Bas et
41 % en Belgique. Que faire ? Une série
de réformes pour les seuls contrats de
travail signés à partir du 1er janvier en se
basant sur la « clause du grand-père »,
dispositif permettant d’appliquer une
règle seulement aux nouveaux entrants.
D’abord, le SMIC pourrait être dépar-
tementalisé. Le niveau de vie varie
beaucoup géographiquement : les reve-
nus fiscaux sont 2,5 fois plus élevés à Pa-
ris que dans les départements les plus
pauvres (Seine-Saint-Denis, Creuse ou
Ariège). Un SMIC national unique est
injuste et inefficace. Trop faible à Paris
et probablement trop élevé en tant que
revenu minimum dans les départe-
ments les moins aisés où le logement
est bon marché et où nombre de ruraux
peuvent cultiver un jardin potager et
élever quelques animaux.
A partir de là, deux solutions sont pos-
sibles. La première, fixer mécanique-
ment le SMIC à un niveau donné du re-
venu médian de chaque département
(par exemple 60 %). Mais avec un SMIC
inchangé à Paris, cela baisserait massi-
vement le SMIC dans les départements
pauvres ! La seconde est plus facile et dé-
mocratique : laisser chaque conseil dé-
partemental voter le niveau du SMIC dé-
partemental, avec les données de l’Insee.
LE POINT
DE VUE
de Stéphane Durand
et Jean-François Rial
lusieurs articles récents poin-
P tent que le tourisme ne crée pas
de valeur, qu’il serait une activité
de rente, et que son intérêt économique
pour la France est limité. On comprend
des critiques sur ses impacts, ses excès,
parfois une forme de trivialité, mais
limiter la création de valeur aux seuls
produits physiques a-t-il un sens dans le
monde actuel ? La France est le pays qui
reçoit le plus de visiteurs internatio-
naux au monde (75 millions en 2022).
Le tourisme représente 7,5 % du PIB,
2 millions d’emplois, 40 milliards
d’euros de contribution nette à la
balance des paiements. Au-delà de ces
chiffres, c’est pour la France un atout
majeur, d’un point de vue économique,
d’image, social et d’équilibre territorial.
Le tourisme est une composante fonda-
mentale de l’image de notre pays et de
son rayonnement. A l’étranger, la
France est surtout connue positive-
ment pour Paris, le luxe, un certain art
de vivre et son tourisme, qui révèle les
richesses nationales : la gastronomie, le
vin, les patrimoines, les savoir-faire, la
création… Les marques mondiales le
savent bien, qui investissent fortement
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
pour accueillir leurs clients interna-
tionaux et leur faire vivre ces savoir-
faire. Ne faut-il pas que l’attrait touris-
tique du pays soit fort pour compenser
les attentats, les émeutes ou les grèves.
Le tourisme crée beaucoup d’emplois,
très largement non délocalisables, dont
de nombreux pour des publics sans
formation ou des jeunes parfois loin de
l’emploi. Une grande part des emplois
Salaires : comment
réformer le SMIC ?
C’est ma solution préférée car elle ren-
force la démocratie locale et dégonfle le
débat national récurrent sur le SMIC.
C’est mieux aussi qu’un SMIC sectoriel,
car le pouvoir d’achat des ménages est
plus lié à la géographie qu’au secteur. Un
SMIC régional est aussi à éviter : la Seine-
Saint-Denis serait avec Paris, les pauvres
Ariège et Aude avec la riche Toulouse.
Le SMIC pourrait
être départementalisé :
le niveau de vie varie
beaucoup
géographiquement.
Ensuite, le coût des allégements de
charges sociales pourrait être partagé.
Dans la Great Society du président amé-
ricain Johnson, quand l’Etat fédéral fi-
nançait 100 dollars pour des dépenses
sociales dans l’un des 50 Etats, ce même
Etat devait aussi débourser 100 dollars.
Solidarité allait ainsi de pair avec incita-
tions locales et partage des coûts. Si un
département ne fait aucun effort de soli-
darité en son sein, pourquoi la nation
devrait-elle en faire envers ce départe-
ment ?
Notre suggestion est que l’Etat ne
compense que la moitié des allége-
ments de charges sociales et le départe-
ment l’autre moitié. Les départements
devraient alors arbitrer dans leurs votes
entre niveau du SMIC et coût pour leurs
finances locales. Ce partage ne concer-
nerait que les augmentations du SMIC
au-delà du niveau actuel.
Le tourisme en France
ne sert-il vraiment
à rien ?
sont dans les banlieues, parisiennes
notamment, les massifs montagneux
ou les territoires ruraux. Un pays peut-il
fonctionner uniquement avec des
emplois de cadres supérieurs ou d’ingé-
nieurs, concentrés dans les grandes
villes ? Le tourisme, c’est presque par-
tout. Dans toutes les régions, parfois les
plus inaccessibles, des chefs étoilés, de
bons producteurs, des hébergements
de qualité, font venir des clientèles
touristiques, parfois du monde entier.
Quelle megafactory se serait implantée
sur les sites des Center Park, du Puy du
Fou ou d’Amnéville ?
Le tourisme représente
7,5 % du PIB, 2 millions
d’emplois, 40 milliards
d’euros de contribution
nette à la balance des
paiements.
Le tourisme est un secteur d’entre-
preneurs, de créateurs d’entreprises,
avec une multitude de PME ou d’indé-
pendants. L’énergie créative en faveur
de nouveaux concepts, offres ou servi-
ces, est une constante d’une industrie de
la séduction, mais aussi pour s’adapter
aux évolutions sociétales. La créativité
devrait-elle se limiter aux fastes de la
tech ? Le tourisme est un secteur peu
subventionné, avec peu d’emplois
publics (relativement, on est en France
tout de même). Si les collectivités loca-
les, et parfois l’Etat, investissent en
Troisièmement, relier SMIC et for-
mation. Tout le monde devrait vouloir
que les smicards augmentent leur pro-
ductivité, plutôt que l’Etat ne subven-
tionne leur maintien dans la faible
productivité. Or, l’exonération de coti-
sations sociales est un effort important
de la nation (80 milliards d’euros
aujourd’hui), sans condition, envers les
peu qualifiés.
Il serait logique de demander aux bé-
néficiaires un effort de gains de produc-
tivité. « Nous allégeons massivement vos
cotisations sociales ; en échange, vous ac-
ceptez de vous former pour augmenter
votre productivité. » L’exonération de
charges serait ainsi liée à de la forma-
tion professionnelle en plus de la semai-
ne de travail : 35 heures de travail (com-
me aujourd’hui) plus 7 heures de
formation par semaine. Cette forma-
tion serait définie soit par un accord en-
tre employeur et salarié, soit par un ac-
cord d’entreprise. Faisons au plus
simple. Qui va payer ? La formation
professionnelle actuelle (2 % du PIB,
avec peu d’effet) : y piocher sera facile.
Celui qui ne voudrait pas de cette obliga-
tion de formation serait payé au SMIC
(ou plus), mais sans allégement de coti-
sations sociales. Toujours avec la clause
du grand-père.
Oui, il est possible de moderniser le
SMIC, de créer des emplois, de renfor-
cer la productivité, sans créer d’injusti-
ces majeures. Les incitations comptent
beaucoup, ce qu’ignore le système ac-
tuel.
Jacques Delpla est économiste,
président de Klimatek.
faveur du tourisme, les fonctionnaires
sont tout au plus quelques milliers.
Est-ce moins vertueux que l’agriculture,
ses dizaines de milliards de subventions
et ses dizaines de milliers d’emplois
publics ? Le tourisme a été, depuis des
décennies, un déterminant puissant de
l’évolution des territoires. C’est évident
dans les zones littorales ou de monta-
gne. Que serait l’économie du Périgord,
de l’Ardèche ou du Luberon sans le tou-
risme ? Enfin, dans un pays fractionné
et tendu, le tourisme est un facteur posi-
tif d’ambiance, de convivialité, d’ouver-
ture et de compréhension des autres.
Au niveau mondial, le tourisme va
continuer sa forte croissance dans les
20 ans qui viennent, avec des dizaines
de millions de nouveaux voyageurs.
Evidemment, il contribue au réchauffe-
ment climatique, essentiellement par le
transport (70 %), a parfois un impact
négatif sur des espaces naturels et
génère des surfréquentations. Assuré-
ment, il doit être mieux organisé, régulé
et doit réduire ses impacts. Les leviers
sont aussi ceux des habitants et tou-
chent à l’intime : se déplacer, pratiquer
une activité, le rapport aux sols, aux
paysages, aux identités… L’enjeu clé est
d’évoluer vers des pratiques plus dura-
bles et respectueuses de l’environne-
ment, sans casser les dynamiques de cet
atout majeur pour la France.
Stéphane Durand est consultant
tourisme au cabinet Voltere by Egis.
Jean-François Rial est
PDG de Voyageurs du Monde.
Réduire les déficits
publics ? Une question
(aussi) d’IA
LA
CHRONIQUE
de Jacques Attali
lusieurs débats apparemment
P distincts occupent une partie de la
scène publique aujourd’hui en
France. D’abord, on s’inquiète, à juste titre,
de la montée du déficit public ou plutôt des
déficits : la France est le seul des grands pays
d’Europe à cumuler un déficit du budget, du
budget primaire, de la balance commer-
ciale et de la balance des paiements. Le défi-
cit du budget va, lui, sans doute dépasser
170 milliards, alors que les dépenses publi-
ques et les recettes publiques du pays sont
parmi les deux plus élevées au monde. Et
pour autant, à écouter chaque Français, il
manque de l’argent partout (dans l’éduca-
tion, dans la santé, dans la police, dans l’ar-
mée, dans l’agriculture, dans la ville, dans la
protection de l’environnement) sans que
personne ne soit prêt à payer davantage
d’impôts, ni à proposer la moindre écono-
mie de personnel ou de dépenses sociales
ou de soutien à l’économie ou à la recherche.
Et encore moins de réformes vraiment
structurantes des institutions publiques, et
en particulier de réduction du nombre des
niveaux de collectivités territoriales, alors
qu’il y en a au moins six en France (commu-
ne, communauté de communes, métropole,
canton, département, région) là où l’Alle-
magne n’en compte que deux (commune et
länder). Pas étonnant qu’avec les mêmes
dépenses publiques en matière d’édu -
cation, l’Allemagne soit capable de verser
des salaires deux fois plus élevés à ses
professeurs.
Ensuite, on voit s’annoncer à grande
vitesse une nouvelle réforme de la constitu-
tion, qui donnera plus d’autonomie à la
Corse. Et comme, en France, il n’est pas
question de donner un avantage à l’un sans
l’accorder, au moins formellement, à tous,
le président de la Région Bretagne vient de
demander que ces avantages (y compris le
droit d’adapter une loi au contexte régional,
de dépenser plus et de lever plus d’impôts)
soient accordés à toutes les régions. Là
encore, on voit bien quels avantages chaque
région en tirera, en termes de spécificité et
de concurrence dans l’attraction des inves-
tissements et des talents ; mais on peut
s’attendre à ce que cela soit l’occasion sur-
tout de dépenses nouvelles, et donc d’im-
pôts nouveaux. Et comme toutes les régions
ne correspondent absolument pas à un
découpage historiquement, géographi-
IDÉES
opinions
Shutterstock
quement, culturellement ou économique-
ment rationnel, on ne voit pas pourquoi les
départements, les métropoles, les commu-
nes ne demanderont pas les mêmes privilè-
ges. C’est alors toute la structure de la nation
qui s’en ira en miettes. Sans qu’on puisse en
attendre la moindre évolution positive des
dépenses publiques. Bien au contraire.
Au même moment, les rapports se multi-
plient expliquant ce que le pays aurait à ga-
gner à aller à marche forcée vers l’utilisation
généralisée de l’intelligence artificielle dans
l’économie, sans qu’on mesure vraiment
l’importance qu’elle pourrait avoir aussi
(qu’elle a déjà dans de nombreux pays) dans
une gestion bien plus efficace, plus utile aux
citoyens et moins coûteuse des services
publics. Bien sûr, comme toujours, on l’utili-
sera d’abord, comme on le fait en Chine,
pour rendre la police plus efficace (par la
prédiction des crimes et délits), pour mieux
contrôler la circulation routière, en parti-
culier des voitures autonomes, pour mieux
percevoir les impôts et lutter contre les
fraudes. Et moins pour ce qu’elle peut faire
d’extraordinaire pour améliorer les assu-
rances de santé (comme le fait par exemple
alan.com), pour simplifier les démarches
administratives (comme le fait par exemple
empathy.com) et des milliers d’autres
exemples dans d’innombrables comtés
américains pour la gestion de leurs appels
d’offres, ou dans certains pays baltes pour la
gestion de l’essentiel de leurs ministères.
La France est le seul
des grands pays d’Europe
à cumuler un déficit
du budget, du budget
primaire, de la balance
commerciale et de
la balance des paiements.
Il faudrait donc regrouper ces trois
enjeux. Penser la réduction des dépenses
publiques par la réduction du nombre de
niveaux de collectivités territoriales et par
l’usage de l’intelligence artificielle. Penser
aussi l’autonomie des collectivités territo-
riales par l’usage spécifique de l’intelligence
artificielle et par la prise en charge, par
chaque collectivité, d’une partie des dépen-
ses de l’Etat, sans impôts nouveaux. Penser
enfin la mise en place de l’intelligence artifi-
cielle comme un outil de service sur mesure
de chaque citoyen. Tache immense. Beau-
coup de pays s’y lancent. Très concrè -
tement. Allons-nous, en France, une fois de
plus, nous contenter de commander des
rapports ?
Jacques Attali est écrivain et essayiste.
 IDÉES
essais
Les succès en affaires des nobles se sont-ils faits au détriment des valeurs aristocratiques ?
Ou ces dernières ont-elles au contraire servi de viatique ? Photo iStock
Les nobles, aujourd’hui, réussissent plutôt bien dans le domaine
de l’entreprise tout en gardant leur spécificité.
Le business, nouvelle croisade
des « aristos »
LIVRES
Par Christine Kerdellant
oblesse oblige… dans le busi-
N ness aussi. C’est, en substance,
la thèse qu’entend démontrer
l’historien Eric Mension-Rigau dans un
portrait collectif fondé sur les inter-
views de quatre-vingt dirigeants-aristo-
crates. Ou comment être fidèle à l’ADN
de la noblesse lorsqu’on a choisi de « fai-
re de l’argent ». Jusqu’à la Révolution, la
réussite financière n’est pas une raison
d’être des nobles, à l’inverse des bour-
geois. Se livrer au commerce entraîne la
dérogeance, c’est-à-dire la perte des pri-
vilèges nobiliaires (protection
institutionnelle, exemptions fiscales).
Au XVIIIe siècle, quelques-uns con-
tournent l’obstacle en devenant maîtres
de forges ou armateurs. Mais l’abolition
juridique de la noblesse en 1790 signe
leur déclin ; les rentes des domaines
agricoles sont grignotées par l’inflation
et la fiscalité croissante. Au sortir des
guerres mondiales, pour garder leurs
châteaux, les « aristos » doivent aller se
frotter aux nouvelles élites fondées sur
la compétence et non la naissance.
Ils y réussissent plutôt bien, à en juger
par l’échantillon présenté. A défaut de
statistiques, un sondage personnel en
témoigne : alors que les nobles ne repré-
sentent plus que 0,1 % à 0,2 % de la popu-
lation française, ils constituaient 5 à 6 %
des diplômés de HEC des années 1980.
Une surreprésentation
La liste des admis récents à l’X témoigne
aussi d’une surreprésentation. Depuis
quelques décennies, ces « élites décli-
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
nantes » se renflouent grâce à leurs suc-
cès en affaires et deviennent « élites re-
montantes ». Henri de Castries, l’ex-
patron d’AXA, en est un bon exemple :
très attaché à son histoire familiale, il a
acquis un, puis deux, puis trois châ-
teaux en Anjou, et créé un écosystème
en rachetant les terres alentour ; cha-
cun de ses trois enfants pourra ainsi hé-
riter d’une propriété. Mais ces succès se
Rester noble
dans
le monde
des affaires
d’Eric Mension-
Rigau.
Editions Passés
composés,
288 pages,
22 euros.
sont-ils faits au détriment des valeurs
aristocratiques ? Ou ces dernières ont-
elles au contraire servi de viatique ? Eric
Mansion-Rigau défend la seconde hy-
pothèse. L’éducation rigoriste des inter-
viewés, le sens du devoir et de l’exem-
plarité qui leur a été inculqué, sont leur
avantage comparatif dans les start-up
comme dans le « capital equity ».
Dès lors qu’ils évitent les clichés vieux
jeu (pardon, super ringards) – serre-tê-
te, kilts et cathomobiles (l’Espace) avec
autocollant « SOS prières » –, le « mythe
chevaleresque » cartonne. Le styliste
Jean-Charles de Castelbajac a remplacé
« la pointe de l’épée par celle du crayon »,
mais son crayon « a la force d’une épée ».
Certes, le nom peut être lourd à por-
ter fans la cour de récréation, glisse Hé-
lier d’Harambure, fondateur d’Hara-
mys, et la politesse constituer un
handicap : un chasseur de têtes a repro-
ché à Jocelyn de Roquemaurel, direc-
teur associé chez Wendel, de ne pas pa-
raître « assez agressif ». Mais la
délicatesse permet de faire passer les
messages difficiles en mettant les for-
mes. Le très courtois président de Re-
nault, Jean-Dominique Sénard (famille
ayant reçu par bref pontifical un titre de
comte héréditaire), avoue qu’il a parfois
été « perçu avec un sentiment initial de
faiblesse ». Mais ses interlocuteurs ont
vite « découvert qu’il était capable d’être
très ferme dans ses convictions »… Beau-
coup d’interviewés pensent avoir hérité
du « courage » de leurs ancêtres croisés :
ils ne délèguent pas le sale boulot, com-
me les licenciements, mais le font en
portant « une grande attention à l’autre ».
C’est aussi un label d’honnêteté, esti-
me Hugues de Lastic Saint-Jal : « Ceux
qui sont à la tête du CAC40 font preuve
d’exemplarité quant à leur rémunéra-
tion, à la différence de Carlos Ghosn qui
n’a aucun scrupule. » La business angel
Cécile de Guillebon, qui géra l’énorme
patrimoine immobilier de Pinault-
Printemps-Redoute, fut gratifiée par
son président du directoire, Serge
Weinberg, d’un compliment inoublia-
ble : « Je vous confierais mon porte-mon-
naie. » Nombre d’entre eux citent les li-
gnes jaunes qu’ils ont refusé de franchir.
Les aristos fripouilles sont rares.
Long-termisme dans les gènes
De même, le long-termisme, lorsqu’on
n’est qu’un des « maillons » d’un arbre
généalogique multicentenaire, est ins-
crit dans les gènes. Pour Jérôme de Cas-
tries, senior vice-président d’Afiniti, « la
loyauté et la fidélité ne sont pas des va-
leurs, c’est la seule stratégie qui paie à
long terme ». Ce qui contribue à expli-
quer qu’ils soient de plus en plus rares
en politique… Qu’importe, « ce n’est plus
en servant l’Etat qu’on sert la France ».
Ils pensent aussi savoir mieux com-
partimenter. Ils invitent rarement leurs
relations de travail au château ou au
Jockey Club, pour éviter « le maître d’hô-
tel qui vous dit “bonjour monsieur le
comte” quand vous sortez de l’ascen-
seur », explique Alexandre de Saint-
Phalle, cousin de Nikki, qui officie dans
une PME de la sûreté. De même, ils gar-
dent du temps pour l’éducation des en-
fants, leur « absolue priorité ».
Ils admettent pourtant devoir faire
des concessions : Nicolas de Tavernost,
patron de M6, qui prône la discrétion
dans un milieu show off (il n’a ni bureau
ni chauffeur et prend le métro) raconte
qu’après la première diffusion de « Loft
Story », une femme a refusé de lui serrer
la main lors d’une réception. Il faillit lui
dire que « la vie n’est pas une ligne droi-
te » et que « s’il ne faisait que ce qui lui
plait, la télévision ne serait pas riche »…
Savoir jusqu’où s’adapter demeure leur
dilemme quotidien. Certains se défen-
dent en citant, sans le savoir, Jean Jau-
rès : « La tradition n’est pas le culte des
cendres, mais la préservation du feu. » n
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
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BONNES FEUILLES
Par Virginie Jacoberger-Lavoué
Le temps des barbares
Thierry Wolton revient sur le caractère prévisible du
conflit en Ukraine et le bouleversement qu’il engendre.
« Le 24 février 2022, nous avons basculé dans
un conflit d’ampleur planétaire, mais avant
l’invasion de l’Ukraine, nombre de spécialis-
tes nous expliquaient à quel point Vladimir
Poutine n’avait aucun intérêt à envahir ce
pays. Il ne faut pas raisonner à la place des di-
rigeants. L’Occident a été aveugle et tout par-
ticulièrement l’Europe avec une “candeur
mercantile” », observe Thierry Wolton dans
« Le Retour des temps barbares ». Le spécia-
liste du communisme et du monde post-
communiste, rappelle à quel point ce conflit
était prévisible pour qui avait prêté atten-
tion au bulletin de santé économique et géo-
politique du pouvoir russe et à la personna-
lité de Poutine. L’intérêt du livre n’est
toutefois pas seulement de scruter le passé
pour expliquer le présent. La coalition entre
la Chine et de la Russie, deux pays histori-
quement ennemis, intervient dans un
temps où la radicalité fleurit un peu partout
dans le monde. Voilà que beaucoup de pays
émergés ou émergents penchent sans com-
plexe vers des pouvoirs forts plutôt que de
parier sur la démocratie. Thierry Wolton
revient aussi sur la « menace récurrente de
l’islamisme ». Selon lui, les menaces ont
muté après un XXe siècle marqué par deux
conflits mondiaux ; et nous sommes dans
une période fortement inflammable.
UN AXE CHINE-RUSSIE « “Pour la première
fois de son histoire, la Russie risque de tom-
ber dans le deuxième, voire le troisième
échelon de la politique mondiale. Il faut ar-
rêter cette descente”, déplora Poutine lors-
qu’il prit le pouvoir, fin 1999. Il s’est tenu à ce
programme […]. “Le monde connaît des
changements sans pareil depuis cent ans, et
nous sommes ceux qui le menons”, affirme
Xi Jinping à Moscou, devant Poutine, en
mars 2023. […] Xi Jinping croit au balancier
de l’histoire, à une décadence inéluctable de
l’Ouest et à la renaissance de la Chine, portée
par les vents d’est. »
A lire aussi
Plaidoyer pour le maïs
En ces temps de restau-
rations ou déboulonna-
ges historiques, c’est se-
lon, Sylvie Brunel se
livre à sa réhabilitation
personnelle, celle d’une
plante, le maïs. Elle y
voit une « CAD », céréa-
le à défendre. Le sous-
titre de son ouvrage li-
vre sans ambigüité
l’orientation de son propos : « La plante que
nous adorons détester, mais qui sauve pour-
tant le monde. » Sa qualité de géographe et
son passé de présidente d’Action contre la
faim lui donne une crédibilité certaine en la
matière. Très souvent critiqué (à tort, expli-
que longuement Brunel) pour son appétit
en eau et en produits phytosanitaires, le
maïs est tout de même la première céréale
mondiale. Sa seule production dépasse
presque les deux autres grandes céréales de
civilisation réunies. Il faut dire que, depuis
1960, sa production a été multipliée par six
quand celles du riz et du blé se contentaient
respectivement de doubler et de tripler. A
eux trois, blé, maïs et riz représentent plus
des deux tiers de l’alimentation mondiale
(suivis par la pomme de terre).
Si sa culture est généralement symbole de
haute technologie, elle est aussi pour les pay-
sans africains une « céréale de survie », car
elle pousse bien, partout, et vite. Seize des 22
pays du monde où elle occupe la première
place dans l’alimentation humaine se trou-
vent en Afrique. Les variétés les plus hâtives
poussent en moins de trois mois. Le maïs
prospère partout dans le monde, du Dane-
12
Le Retour
des temps
barbares
de Thierry Wolton.
Editions Grasset,
224 pages,
18,50 euros.
AVEUGLEMENT ET GROS INTÉRÊTS « Il
est instructif, rétrospectivement, de voir en
quoi les postures de Poutine sont parvenues à
séduire. En premier lieu, la perspective d’une
Europe unie, non pas de l’Atlantique à
l’Oural, comme le disait de Gaulle, mais de
Lisbonne à Vladivostok, comme l’a annoncé
Poutine, a plu. […] L’autocrate russe a su par
ailleurs profiter du courant antieuropéen que
l’échec du référendum de 2005 a mis en va-
leur. Moscou n’a de cesse d’accuser Bruxelles
de contrarier par ses diktats les destins natio-
naux de ses pays membres. […]. Un “parti rus-
se” persiste dans les milieux d’affaires, en pre-
mier lieu dans le secteur de l’énergie (Total,
EDF), et chez les industriels en relations com-
merciales avec Moscou : Alstom, Airbus,
Bouygues, Renault, SNCF, etc. »
QUÊTE DE PUISSANCE ET REVANCHE « La
Russie de Poutine s’est (re)construite et ren-
forcée avant de s’adonner à ses penchants né-
ocoloniaux. Les deux aspects sont liés : un ré-
gime qui opprime son peuple représente le
plus souvent un danger pour ses voisins. Le
programme a été annoncé dès avril 2005,
dans un discours à la nation. Affirmer que “la
chute de l’URSS a été la plus grande catas-
trophe géopolitique du siècle dernier” indi-
que qu’il convient d’en réparer les dégâts, d’en
relever l’affront. » n
mark à l’Afrique du Sud
Sa majesté en passant par l’Ethiopie,
le maïs la Chine ou la Corée. Plus
de Sylvie de 150 pays le cultivent.
Brunel. Outre le don d’ubiquité, il
Editions a celui de polyvalence, à la
du Rocher. fois céréale vivrière pour
280 pages. les pauvres, aliment four-
18,90 euros. rager pour le bétail, ma-
tière première pour l’in-
dustrie agroalimentaire et la chimie verte,
biomasse énergétique et légume. Une histo-
rienne américaine écrit que, dans un super-
marché, le quart des aliments contient du
maïs, mais que le supermarché lui-même en
est lui aussi imprégné, dans ses peintures,
ses revêtements et tout ce qui a permis de
l’édifier. Il rend le dentifrice et la mousse à ra-
ser plus onctueux, on en fait des panneaux
isolants, la biosource est inextinguible, tout
est bon dans le maïs comme tout est bon
dans le cochon.
L’épi des dieux ne nourrit pas seulement
l’estomac des hommes, mais aussi leur ima-
ginaire et pas seulement celui des Mayas,
ces « hommes du maïs » depuis la haute an-
tiquité. Sylvie Brunel évoque plaisamment
son rôle hollywoodien. Sans parler des pop-
corn, en France 9000 hectares lui sont dé-
diés, le site Sens critique identifie quatorze
films qui utilisent des champs de maïs.
Ceux-là identifient immédiatement le
paysage rural nord-américain (le tiers de la
production mondiale). Et que dire de la scè-
ne culte où, traqué dans un champ des gran-
des plaines, Cary Grant en costume-cravate
se fait poursuivre par un avion ? Ça plane
pour le maïs. —Sabine Delanglade
13 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
le grand entretien
« C’est en Europe que se fait
d’abord la transition
énergétique »
Propos recueillis par
David Barroux,
Julie Chauveau
et Nicolas Rauline
Comment se dessine l’année 2024 ?
Nous avons une présence mondiale et tou-
chons la plupart des secteurs de l’économie.
Et ce qui remonte globalement de nos
clients, c’est que nous restons sur la même
tendance que fin 2023, avec une reprise
séquentielle attendue au cours de l’année.
Nous sommes dans un monde qui globale-
ment manque de visibilité, avec des forces
qui agissent dans des sens différents. La
bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas de rup-
ture macroéconomique majeure. La moins
bonne, c’est que nous restons dans un con-
texte de tensions géopolitiques et commer-
ciales. 2024 sera aussi marquée par des
élections dans des pays importants, et cela
contribue à accroître les incertitudes. Enfin,
nous n’avons pas digéré le problème de det-
tes publiques qui se sont accrues pendant le
Covid. Il y a donc une conjonction de fac-
teurs qui pèsent sur la confiance des entre-
prises comme des marchés financiers. Ce
qui est certain, c’est que deux enjeux dessi-
nent désormais le futur de l’industrie mon-
diale : la décarbonation et la souveraineté.
Voyez-vous certaines zones
redémarrer plus vite que d’autres ?
Cela redémarrera comme souvent d’abord
aux Etats-Unis, où l’on ressent déjà un véri-
table frémissement qui préfigure une forte
croissance dans certains secteurs. Comme
toujours, l’Europe est à la fois plus résiliente
mais plus lente. La Chine reste en deçà de
son réel potentiel de croissance économi-
que, mais en dépit de la crise de l’immobi-
lier, la Chine n’est pas le Japon du lende-
main de la bulle immobilière de la fin des
années 1990. C’est un pays qui a certes aussi
des défis à relever dans l’immobilier, la pro-
tection sociale, la démographie… mais c’est
aussi un pays qui a connu une croissance
extrêmement dynamique pendant vingt
ans, dans lequel il reste encore d’énormes
besoins à couvrir et des opportunités signi-
ficatives de croissance. La compétition
mondiale continue de battre son plein.
Mais le ralentissement est durable…
La Chine n’est pas une économie à l’arrêt.
Même avec une croissance à 4-5 % par an, la
taille du pays est telle que cela représente un
véritable moteur économique. Pendant les
années Covid, la Chine a certes été moins
ouverte, mais le pays a continué à avancer,
notamment dans la décarbonation. Dans un
contexte de tensions géopolitiques, le pays a
innové et investi. Résultat : les industriels ont
progressé, voire sont devenus des leaders
dans des secteurs à la fois majeurs et très por-
teurs comme l’électronique, les semi-con-
ducteurs, la voiture électrique, les renouvela-
bles. Comme c’est un pays qui a à la fois des
ressources, des compétences et un gigantes-
que marché intérieur, ils sont en train
d’atteindre la taille critique dans de nou-
veaux domaines en s’appuyant sur des effets
d’échelle. Il ne faut pas sous-estimer la Chine.
Avec l’IRA, les Etats-Unis vont-ils
prendre une avance considérable ?
L’IRA est une bonne chose pour deux rai-
sons. D’abord, c’est un signal fort d’une poli-
tique industrielle qui fait de la décarbona-
tion une priorité nationale et qui se donne
les moyens de la faire. Il y a des motivations
liées à la souveraineté, mais cela permet de
tirer des investissements en faveur d’une
transformation industrielle indispensable
qui sera bonne pour la planète. Cela permet
de flécher des moyens en faveur d’une
vision. Ensuite, force est de reconnaître que
cela a donné un coup de fouet à l’Europe qui
a réussi à se mobiliser en faveur d’une dyna-
mique accélérée. Toutefois, il ne faut pas
croire que tout est lancé et financé aux
Etats-Unis. Tous les mécanismes permet-
tant de mettre en place les financements
fédéraux n’ont pas encore été adoptés.
FRANÇOIS JACKOW
Directeur général d’Air Liquide
Les éléments sont-ils réunis pour une
renaissance industrielle en Europe ?
C’est une chance d’être en Europe aujour-
d’hui. Certes, il y a des choses à améliorer.
Mais aujourd’hui, la transition énergétique
se fait d’abord en Europe. Les projets se font
ici, plus que partout ailleurs. L’électrolyseur
que l’on construit en Normandie, de
200 MW, est le plus grand au monde. Il s’agit
de fournir des clients industriels qui vont
produire des essences bas carbone. Les
mécanismes d’incitation sont complexes
mais ils fonctionnent.
« Les industriels chinois
sont en train d’atteindre
la taille critique dans
de nouveaux domaines. »
Air Liquide a plus de projets qu’il n’en a
jamais eu dans son histoire, et une part
significative se trouve en Europe. Il faut un
peu de temps et des capitaux, mais nous
avons de vrais arguments : un capital tech-
nologique de premier plan, un marché sol-
vable, un tissu industriel important, une
volonté et une ambition politique, y compris
sur des sujets d’avenir clés comme l’hydro-
gène ou la capture du carbone. L’enjeu prin-
cipal des prochaines années pour l’Europe
sera de créer les conditions d’accès à une
énergie décarbonée qui soit compétitive.
Le virage vert va nourrir l’inflation ?
C’est un défi majeur de la transition énergé-
tique. Tout notre travail, c’est de rendre les
solutions acceptables d’un point de vue
social et économique. Le défi social, c’est de
rendre la transition désirable du point de
vue du consommateur. Du point de vue éco-
nomique, produire sans carbone va coûter
plus cher, même si les économies d’échelle
et la taxe carbone compenseront en partie
ces surcoûts. Mais on peut trouver des solu-
tions qui procurent d’autres bénéfices per-
Air Liquide
mettant de justifier des investissements
supplémentaires. C’est le cœur du travail
collaboratif mené avec nos clients pour leur
apporter des solutions à valeur ajoutée.
C’est le cas sur l’hydrogène, par exemple, où
nous avons plusieurs années d’avance.
Le rythme de décarbonation
vous semble-t-il le bon ?
L’urgence climatique est là. Bien sûr, il fau-
drait aller plus vite. Il faut mobiliser toutes
nos ressources. Mais nous devons compo-
ser avec des infrastructures, des outils
industriels, un système politique, des trans-
formations sociétales… Cela demande du
temps. En tant qu’entreprise, nous sommes
nous-mêmes en transition pour accompa-
gner au mieux nos clients comme nos colla-
borateurs, y compris dans les enjeux
d’employabilité liés à ces transformations.
Mais le pire serait de ne pas transitionner :
l’immobilisme n’est pas une option !
On a vu émerger de fortes
préoccupations de souveraineté.
Comment cela se traduit-il
dans l’industrie ?
Avec la décarbonation, la souveraineté est
l’autre tendance de fond. Nos clients veulent
des chaînes de fourniture plus courtes. On
nous demande de localiser dans le pays ou
la région et d’avoir plusieurs chaînes de
fourniture résilientes. Le prix n’est plus le
seul facteur. Par ailleurs, nos clients privilé-
gient des usines réparties dans plusieurs
zones géographiques pour être plus près de
leurs marchés et répondre aux enjeux de
souveraineté. On le voit notamment dans
les semi-conducteurs : auparavant, 75 à
80 % des fabs étaient en Asie. Aujourd’hui,
plus d’une douzaine de mégafabs sont en
construction aux Etats-Unis, plusieurs en
Europe. C’est aussi le cas dans les véhicules
électriques. Pour nous, qui produisons par
nature au plus près de nos clients, sur leur
site, cela multiplie les opportunités d’inves-
tissement.
Son actualité
Air Liquide, l’un des leaders mondiaux
des gaz industriels, est devenu la huitiè-
me société du CAC 40 à franchir la barre
des 100 milliards d’euros de capitalisa-
tion boursière, en ce début d’année. Elles
ne sont qu’une vingtaine à afficher ce
statut aujourd’hui en Europe et 130 dans
le monde. Air Liquide a été porté par les
prix et son positionnement sur des mar-
chés comme l’électronique et la transi-
tion énergétique, et a doublé les objec-
tifs de son plan stratégique Advance.
Son parcours
Ancien élève de l’Ecole normale supé-
rieure de Paris, titulaire d’un master
en chimie de l’université Harvard et
d’un MBA du Collège des ingénieurs,
François Jackow, 54 ans, a réalisé toute
sa carrière chez Air Liquide, qu’il a
rejoint en 1993. Il a d’abord occupé des
postes aux Etats-Unis et aux Pays-Bas,
avant de rejoindre l’équipe du directeur
général Benoît Potier. Il prend la tête de
l’innovation en 2002, devient PDG d’Air
Liquide Japon en 2007, puis dirige la
branche grande industrie en 2011.
Directeur de la stratégie en 2014, il
dirige ensuite les pôles Europe, Afrique-
Moyen-Orient-Inde, la direction client,
l’innovation, le digital et l’IT ainsi que
l’activité santé, durant le Covid. Il est
directeur général depuis juin 2022.
Un marché, stratégique pour vous,
semble cristalliser ces enjeux :
l’hydrogène. L’Europe peut-elle y être
compétitive ou est-elle condamnée
à être marginalisée par la Chine ?
Nous sommes un leader mondial dans le
développement de l’hydrogène pour la
décarbonation de l’industrie et de la mobi-
lité. Le cadre le plus mûr aujourd’hui est en
Europe, qui a mis en place des règles, des
subventions, des incitations. Le marché est
tiré par les biocarburants, où nous avons des
clients solvables, prêts à s’engager. Nous
avons investi très en amont dans l’hydro-
gène, nous avons des capacités industrielles,
un portefeuille technologique et nous pou-
vons passer à l’échelle, en ayant choisi un
partenaire européen, Siemens Energy, pour
produire le cœur du système, les stacks des
électrolyseurs, qui répondent aux exigences
de compétitivité, de durabilité et de fiabilité.
La Chine avance, avec ses propres règles
du jeu, auquel nous participons pour le mar-
ché chinois, et il faut reconnaître par exem-
ple que l’on voit plus de camions à hydrogène
en Chine qu’en Europe. Je reste persuadé que
nous gardons un avantage technologique,
mais ils sont en train de gagner une expé-
rience industrielle et des effets d’échelle qui
leur permettent de baisser les coûts. Nous
devons donc rester vigilants, et ne pas perdre
de temps. Les jeux ne sont pas faits : l’Europe
a beaucoup d’atouts, mais elle ne doit pas se
renfermer. Nous devons continuer à faire
venir des acteurs internationaux pour qu’ils
investissent chez nous et contribuent à déve-
lopper des écosystèmes. Mais en même
temps, il ne faut pas être naïfs et savoir se
protéger dans certains cas : si l’échange reste
un facteur de progrès, ce ne doit pas être à
n’importe quelle condition.
L’intelligence artificielle est-elle
déjà un facteur d’amélioration
de la performance dans l’industrie ?
L’IA permet deux types d’apports : de la pro-
ductivité, et de la valeur ajoutée pure. Nous
collectons chaque jour, chez nous et chez
nos clients, plus de 3,5 milliards de données.
Grâce à l’IA et à l’exploitation de ces data,
nous pouvons déjà augmenter notre pro-
ductivité en matière de gestion de l’énergie,
de pilotage des flottes de camions, mais aussi
de l’ordonnancement des bouteilles de gaz,
par exemple. Mais au-delà d’un impact sur la
productivité, l’IA va aussi nous permettre de
créer de nouveaux services, de mieux per-
sonnaliser notre offre industrielle, ou de sui-
vre au plus près le traitement d’un patient.
Avec l’IA générative, on peut même booster
notre R&D sur les gaz… Cela donne déjà des
résultats spectaculaires alors que nous ne
sommes qu’au début de l’histoire.
Vous avez passé l’étape symbolique
des 100 milliards de capitalisation.
Quelle est votre réaction ?
C’est un marqueur extrêmement positif,
mais ce n’est qu’une victoire d’étape, qui a
été rendue possible grâce à l’engagement de
nos collaborateurs. Lorsque la Bourse
envoie un tel signal sur la valeur d’une
entreprise, elle reconnaît une performance
passée très solide et exprime une confiance
dans l’avenir. Cela reflète le fait que notre
groupe est capable de proposer des solu-
tions concrètes aux enjeux du monde actuel
comme à ceux de demain. n
 « Carnaval » par Victoria Roussel pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Les nappes Le nombre de morts Washington hausse Un pont aérien vers

phréatiques vont sur la route le ton envers Israël Haïti mis en place
L’ÉDITORIAL mieux qu’en 2023 en hausse en février DIPLOMATIE – Le chef de file HUMANITAIRE – Le pont
DES « ÉCHOS »
' MÉTÉO – Malgré quelques
zones toujours en tension, ' SÉCURITÉ ROUTIÈRE – Au
mois de février 2024,
' des démocrates au Sénat
américain, Chuck Schumer,
' aérien annoncé mercredi
entre Haïti et la République

Fast fashion : les les nappes phréatiques en

France sont globalement dans un
224 personnes ont été tuées
sur les routes de France métropo-
a jugé jeudi que le Premier minis-
tre israélien, Benyamin Netanya-
dominicaine pour notamment
acheminer de l’aide humanitaire à

oubliés de la loi Shein bien meilleur état que l’an dernier,

mais depuis deux mois leur situa-
litaine, un chiffre en hausse de 3 %
par rapport au même mois l’an
hou, était un « obstacle pour la
paix » et appelé à des élections en
la population haïtienne victime
d’une crise multidimensionnelle,
tion n’évolue guère, alimentant les dernier (217), a annoncé jeudi la Israël, nouveau signe du change- est en place, a annoncé jeudi le
Le but est bien sûr louable. Les députés ont adopté craintes d’un retour de la séche- Sécurité routière. Cette progres- ment de ton des dirigeants améri- porte-parole de l’ONU. Il s’agirait
à une large majorité une loi qui vise à casser la frénésie resse durant l’été, synonyme de sion contraste avec le recul de 3 % cains envers la gestion de la guerre toutefois d’hélicoptères d’une
d’achats de vêtements en les rendant à la fois plus chers restrictions d’eau. Au 1er mars, constaté en 2023. Cependant, à Gaza. Selon cet influent élu capacité limitée. Ces derniers jours,
et moins visibles. Alors que le textile serait à l’origine 46 % des nappes sont au-dessus sur ces 12 derniers mois, seule la d’Etats-Unis gros fournisseur de la situation, notamment alimen-
de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, des normales mensuelles et 36 % catégorie des utilisateurs d’engins munitions à Israël depuis la tuerie taire, des 11 millions d’Haïtiens est
que les deux tiers de nos habits ne sortent restent en dessous, indique jeudi le de déplacement personnel moto- du 7 octobre, le Premier ministre encore plus catastrophique qu’en
pratiquement jamais de nos placards, que Bureau de recherches géologiques risé, comme les trottinettes, tués israélien « s’est égaré, laissant sa temps normal en raison du chaos
les décharges débordent de vêtements à peine usés et minières. La situation est quasi- sur les routes est en hausse, survie politique passer avant l’inté- qui règne dans ce pays où plus
et pourtant déjà hors d’usage. Derrière ce but louable, ment la même que fin janvier. avec 40 tués (+18 %). rêt supérieur d’Israël ». aucune autorité légitime ne tient.
il y a cependant des effets de bord regrettables, des
naïvetés insondables et des arrière-pensées peu
recommandables. Des effets de bord regrettables, car LA PHOTO DU JOUR
les consommateurs les plus impactés par cette loi ne
seront pas tant les « fashion victims » intoxiquées
par les vidéos d’influenceurs circulant sur les réseaux
sociaux que les acheteurs les moins aisés.
Des naïvetés insondables, car les mesures reposent
sur l’hypothèse implicite qu’un produit dix fois plus
cher est forcément au moins
dix fois plus solide, ce qui est
loin d’être toujours vrai –
en particulier dans le textile où
la qualité des produits semble
s’être dégradée ces dernières
décennies, et pas seulement sur
l’entrée de gamme. Ces mesures
Par Jean-Marc supposent aussi qu’une hausse
Vittori des prix limitée suffira à faire
disparaître l’addiction
Si l’offre se aux fringues pas chères, alors
renouvelle aque l’exemple de la cigarette
prouvé qu’il fallait matraquer
et se le consommateur drogué pour
diversifie peser vraiment sur ses achats.
à l’infini, Des arrière-pensées peu
recommandables enfin, car
c’est parce la loi semble taillée sur mesure
qu’il y a une pour l’entreprise chinoise Shein
demande en épargnant soigneusement
les acteurs européens comme
en face. Zara ou Decathlon,
qui participent eux aussi
à cette consommation frénétique de vêtements.
Certes, il faut bien commencer quelque part. Et
comme d’habitude, les députés français commencent
en créant une nouvelle taxe, de nouvelles règles, une
nouvelle complexité avec plancher de prix et plafond
de renouvellement. Ce n’est qu’une toute petite partie
de la solution. Si l’offre se renouvelle et se diversifie
à l’infini, c’est parce qu’il y a une demande en face.
Cette demande est portée par un imaginaire
puissant où se mêlent entre autres une crainte
ancestrale de la pénurie, la société de consommation
qui a émergé au XXe siècle, la publicité, le mimétisme
social. Pour limiter l’empreinte sur la planète de nos STARSHIP EN ORBITE Nouvel « échec réussi » pour SpaceX avec sa fusée géante Starship. Pour son troisième vol d’essai, le vaisseau a réussi à s’insérer pour la pre-
modes de vie (habillement mais aussi alimentation, mière fois en orbite terrestre et a rempli plusieurs des objectifs qui lui avait été assignés. Il n’a toutefois pas réussi à revenir à la surface, où il devait amerrir dans
déplacements et mille autres éléments), il faudra l’océan Indien, et s’est vraisemblablement désintégré dans l’atmosphère. La firme d’Elon Musk prévoit « plus de six autres vols » cette année pour accélérer son déve-
recomposer cet imaginaire, le réinventer. Les députés loppement. Le temps presse, puisque Starship doit être capable de poser des astronautes sur la Lune d’ici à 2026, selon le calendrier actuel. Photo Chandan Khanna/AFP
n’y suffiront pas, même avec la meilleure volonté
du monde. Ce chantier est pourtant essentiel.

Lire nos informations

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-0,5822 % n 2.160,8 $
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DEVISES EUR/GBP 0,8539 EUR/JPY 161,31 EUR/CHF 0,9614 GBP/USD 1,2753 USD/JPY 148,161 USD/CHF 0,883 TAUX €STER 3,907 EURIBOR 3 MOIS 3,94 OAT 10 ANS 2,8391 T-BONDS 10 ANS 4,1922
J 85,63 $
2,0012 %
samedi 16 mars 2024
www.lesechos.fr

JO de Paris : les autorités veulent être La biotech

prêtes à contrer des attaques de drones
ÉVÉNEMENT
Alexandre Rousset
Ce n’est pas un secret, la sécurité est l’une, si
ce n’est la préoccupation majeure des auto-
rités concernant les Jeux Olympiques de
Paris qui débutent le 26 juillet. Et la menace
pourrait venir du ciel. Jeudi, l’armée de l’air a
présenté depuis sa base de Villacoublay
(Yvelines) son dispositif pour prévenir toute
attaque de drones lors de l’évènement.
Entre la menace terroriste et les risques
de perturbations d’activistes politiques ou
environnementaux, ces petits aéronefs sont
pris très au sérieux par les militaires et les
policiers, qui ont mené cette semaine leur
dernier grand exercice conjoint de lutte
antidrone, baptisé « Coubertin », avant l’été.
« Avec l’explosion du nombre de drones utili-
sés en France, c’est devenu un sujet majeur
pour nous », souligne le général Arnaud
Bourguignon, responsable de la sécurité
aérienne pour les Jeux Olympiques.
Le ciel scruté en temps réel
Pour le haut gradé, présenter publiquement
ce dispositif doit permettre de décourager
d’éventuels actes malveillants, mais aussi de
mettre en garde les pilotes de drones de loi-
sirs qui pourraient représenter un danger
malgré eux. Les militaires en ont fait le cons-
tat lors de la Coupe du monde de rugby
de 2023, qui a servi de répétition générale au
dispositif : « Un individu avait fait voler son
drone au-dessus du stade Vélodrome de Mar-
seille pendant un match, juste pour capter de
belles images. S’il perdait le contrôle de son
appareil, il aurait pu blesser gravement des
spectateurs. Heureusement on a pu neutrali-
ser le drone à temps et son propriétaire a fini
en garde à vue », se souvient-il.
Tout en haut du dispositif, un centre de
contrôle installé sur la base. Une quinzaine
de militaires et de policiers y scruteront,
grâce à des images satellites, le ciel parisien
Militaires et policiers affectés à la surveillance des drones durant les jeux Olympiques auront plusieurs modèles de fusils
brouilleurs à leur disposition. Photo Emmanuel Dunand/AFP
en temps réel, à la recherche du moindre
aéronef non déclaré. « Si un drone inconnu
apparaît, le système nous le signale immédia-
tement. Mais on surveille aussi ceux utilisés
par des médias ou des institutions officielles si
jamais ils s’écartent du plan de vol convenu en
amont », détaille un militaire.
Une quinzaine de « systèmes lourds »
seront également dispersés dans Paris et ses
alentours. Chacun sera composé de divers
appareils (antennes, radars, caméras, etc.)
permettant d’identifier plus rapidement et
précisément un drone suspect. « L’objectif
est d’être le plus réactif possible pour neutrali-
ser la menace avant qu’elle n’arrive sur les
zones accueillant du public », précise le géné-
ral Arnaud Bourguignon. Ces « systèmes
lourds » ne seront d’ailleurs pas identiques,
afin de maximiser leur efficacité.
Pour finir, de nombreux policiers et mili-
taires seront déployés sur les toits parisiens
lors de la compétition. Ils seront notam-
ment équipés d’armes antidrones. Parmi
elles, d’imposants fusils brouilleurs, capable
de figer un drone dans les airs. Cet arsenal
atypique comporte aussi des fusils laser, qui
peuvent faire griller le circuit électronique
de l’aéronef, ou d’autres émettant des ondes
qui vont couper la liaison entre le drone et
son pilote.
Enfin, l’armée teste actuellement un autre
dispositif : un drone qui, en pilotage automa-
tique, se rue sur sa cible et la capture à l’aide
d’un filet. « On espère qu’ils seront opération-
nels pour les Jeux. Ça nous fera toujours une
option en plus », souligne le général. n
française
Amolyt Pharma
va être rachetée
par AstraZeneca
PHARMACIE
Adrien Lelièvre
Ce pourrait être l’une des plus grosses
acquisitions dans l’histoire de la French
Tech. Amolyt Pharma, une biotech
lyonnaise, va passer dans le giron du
géant pharmaceutique AstraZeneca
pour un montant qui pourrait dépasser
le milliard de dollars (920 millions
d’euros). Dans le détail, la transaction
inclura un paiement de 800 millions de
dollars à la clôture de l’accord, auquel
s’ajoute la possibilité pour les actionnai-
res d’Amolyt Pharma de toucher
250 millions supplémentaires « à
l’atteinte d’un jalon réglementaire
défini », indique Amolyt Pharma dans
un communiqué de presse, sans donner
plus de détails.
L’opération est soumise à l’approba-
tion des autorités réglementaires. Mais
si la procédure se déroule sans encom-
bre, elle devrait être bouclée d’ici la fin
du troisième trimestre 2024.
Un géant des maladies rares
« Nous sommes impatients de poursuivre
le développement de notre portefeuille au
sein d’Alexion, AstraZeneca Rare
Disease, une société à l’expertise reconnue
et qui compte à son actif de multiples suc-
cès dans la mise à disposition dans le
monde entier de traitements innovants
pour les patients atteints de maladies
rares », a commenté Thierry Abribat, le
dirigeant d’Amolyt Pharma. Alexion est
la filiale de médicaments pour maladies
rares du groupe suédo-britannique,
devenu célèbre auprès du grand public
pendant la crise du Covid-19.
Née en 2015, Amolyt Pharma est une
biotech spécialisée dans les maladies
endocriniennes rares. Elle concentre
notamment son attention sur l’hypo-
parathyroïdie, qui touche environ
115.000 personnes aux Etats-Unis et

Le marché de la Pourquoi Bpifrance L’ex-secrétaire au Trésor de 107.000 personnes dans l’Union euro-
péenne, dont environ 80 % de femmes.

communication vers
le cap record des
35 milliards d’euros
PUBLICITÉ En 2023, le marché français glo-
bal de la communication et de la publicité a
fini par retrouver et dépasser ses niveaux
d’avant-Covid, atteignant même un record
en valeur. Sur l’année écoulée, le secteur au
sens large (englobant les médias histori-
ques, numériques ainsi que les annuaires,
les foires, les expositions, etc.) a grimpé de
3,2 %, sur un an, à 34,1 milliards d’euros de
dépenses publicitaires nettes, d’après
France Pub, l’Irep et Kantar, qui estiment
que la barre des 35 milliards pourrait être
franchie en 2024. // PAGE 24
investit le salon
texan de la tech
South by Southwest
FINANCE La banque publique a emmené
cette semaine une délégation d’une quaran-
taine d’entreprises à Austin, au Texas, où se
déroule le salon de la tech South by
Southwest (SXSW). Avec deux objectifs :
faire rayonner les industries créatives fran-
çaises à l’étranger, qu’elle soutient via ses
programmes de financement, et s’inspirer
des nouvelles tendances. Le sujet de l’intelli-
gence artificielle est omniprésent sur cette
manifestation, qui aux Etats-Unis fait
désormais de l’ombre au CES de Las Vegas.
// PAGE 28
Trump veut acheter TikTok
RÉSEAUX SOCIAUX
Solveig Godeluck
— Bureau de New York
Aux Etats-Unis, les menaces de bannisse-
ment de TikTok créent des opportunités
pour des acteurs aux poches profondes.
Jeudi, l’ancien secrétaire au Trésor de
Donald Trump, Steven Mnuchin, a révélé
à la chaîne CNBC qu’il était en quête de
partenaires pour faire une offre sur la pla-
teforme sociale aux 170 millions d’utilisa-
teurs américains. « C’est un beau business.
Cela devrait être détenu par une compagnie
américaine. Jamais les Chinois ne laisse-
raient une entreprise américaine gérer une
chose pareille en Chine », a-t-il déclaré.
2,5 milliards de dollars en 2021. L’ex-mem-
bre de l’administration Trump n’est pas le
seul sur le coup. Cette semaine, le « Wall
Street Journal » a révélé que Bobby Kotick,
l’ancien patron d’Activision, était aussi
intéressé par un rachat, et avait contacté
un cofondateur de ByteDance. Ces grands
carnassiers flairent l’odeur du sang. Mer-
credi, la Chambre des représentants a
adopté une proposition de loi bipartisane
visant à forcer la vente de TikTok US par
son actionnaire chinois – faute de quoi,
l’application serait bannie aux Etats-Unis.
Milliardaire patriote
Il n’est pas certain que ce texte aille jus-
qu’au bout. Le président Biden s’est engagé
à promulguer la loi si elle était votée, mais
le Sénat est plus hésitant que la Chambre.
Née en 2015, Amolyt
Pharma est une biotech
spécialisée dans
les maladies
endocriniennes rares.
La start-up, qui compte une filiale à
Cambridge, aux Etats-Unis, est l’une des
jeunes pousses tricolores les mieux
financées par les investisseurs. En 2019,
elle avait levé 67 millions d’euros lors
d’un tour de table comené par l’améri-
cain Sectoral Asset Management et
Andera Partners. En janvier 2023, la bio-
tech a réalisé un tour de table de 130 mil-
lions d’euros, codirigé par Sofinnova
Partners et le britannique Intermediate
Capital Group. Cette opération inter-
vient alors que le marché de la biotech

= LES ENTREPRISES CITÉES Steven Mnuchin a aussi expliqué qu’il

souhaitait qu’aucun des repreneurs ne
détienne plus de 10 % du capital de TikTok
De plus, Donald Trump s’est opposé à
l’interdiction de TikTok aux Etats-Unis.
L’influence du milliardaire Jeff Yass, qui
sort de deux années difficiles, après
l’euphorie des années Covid. Les finan-
cements dans les jeunes pousses se sont
Airbus 39 CMA CGM 22 Just Eat Takeaway 19 Systovi 27
Air Liquide 39 Deliveroo 19 Moillard 26 Telegraph Media Group 24 US. Il pense que Pékin ne s’opposera pas à détient une importante participation taris et les introductions en Bourse sont
Amazon 16 Essilor Luxottica 39 Morgan Stanley 29 Temu 16, 24 la vente s’il n’y a pas de transfert de techno- dans l’entreprise chinoise, a sans doute au point mort. Si bien que les rachats se
Auchan 17 Eurofins Scientific 39 Nestlé 31 TikTok 24, 25, 39 logie. Et il veut redévelopper le logiciel joué un rôle dans le retournement de veste multiplient, à des valorisations bien
AXA XL 22 Facebook 25 Recyclamer Innovation 27 Uber 19 avec des technologies américaines. de l’ex-président. Une acquisition emme- plus faibles.
Bing 25 Goldman Sachs AM 29 Safran 39 Vivendi 39 L’activité américaine du chinois Byte- née par un milliardaire patriote pourrait Amolyt Pharma est la troisième bio-
BioMérieux 21 Google 25 Schneider Electric 39 X 25
Dance vaudrait 35 à 40 milliards de dol- mettre d’accord le plus grand nombre. tech de Thierry Abribat. Il a créé Alizé
Bolton 19 Grands Chais de France 26 Shein 16, 24 YouTube 25
Cetih 27 Hermès 39 Shell 18, 39 lars, selon Bloomberg Intelligence. Pharma I et Alizé Pharma II, vendues
Liberty Strategic Capital, le fonds d’inves- Lire « Crible » respectivement à Millendo Therapeu-
Chargeurs 19
Chaussea 27
Iliad 25
Instagram 25
Showroomprivé 17
Snapchat 25
AVIS FINANCIER
Franklin Templeton 17 tissement de Steven Mnuchin, a levé ( Page 39 tics et Jazz Pharmaceuticals. n
ENTREPRISES
La proposition de loi
anti-fast fashion
plébiscitée à l’Assemblée
l Les députés présents jeudi à l’Assemblé ont adopté à l’unanimité
le texte présenté par le groupe Horizons.
l La proposition de loi prévoit un affichage environnemental
obligatoire, un système de bonus-malus, et l’interdiction de la publicité
pour les marques concernées.
l Mais elle renvoie au gouvernement la lourde tâche de définir la fast fashion.
MODE
Anne Feitz
Haro sur la fast fashion, cette mode
éphémère dont les asiatiques Shein
ou Temu sont devenus les symbo-
les. Au terme de cinq heures et
demie de débats animés, malgré un
hémicycle passablement clair-
semé, les députés ont adopté jeudi à
l’unanimité des présents la loi anti-
fast fashion proposée dans le cadre
de la niche parlementaire du
groupe Horizons.
Visant à entraver ces marques
ayant fondé leur développement
– fulgurant – sur des milliers de
nouvelles références quotidiennes
proposées à des prix défiant toute
concurrence, la proposition de loi
portée par la députée Anne-Cécile
Violland a été largement soutenue
sur ses grands principes.
Les députés présents ont ainsi
globalement reconnu que cette
mode « jetable » conduit à une sur-
consommation de textiles de piètre
qualité, souvent abandonnés après
quelques utilisations, pour termi-
ner dans des décharges en Afrique
faute de pouvoir être recyclés.
Avec un impact catastrophique
pour le climat (le textile représente
10 % des émissions de gaz à effet de
serre) mais aussi sur la pollution, en
particulier de l’eau, au moment de
la fabrication, du lavage (les micro-
Pourquoi définir la mode éphémère reste un casse-tête
Dans le viseur des députés
jeudi, la fast fashion,
symbole de surconsomma-
tion – désastre environne-
mental – et de l’écrasement
des prix de l’habillement,
reste difficile à définir.
Virginie Jacoberger-Lavoué
Les parlementaires se sont penchés
jeudi sur une proposition de loi
(groupe Horizons) visant à réguler
le secteur de la mode et à freiner
la fast fashion, symbole de surcon-
sommation – un désastre environ-
nemental – et de l’écrasement des
prix de l’habillement. Des pénalités
financières sont envisagées avec un
système de « bonus-malus » envi-
ronnemental.
La mode a été bouleversée par
l’apparition de la fast fashion à par-
tir des années 1990. Elle pèse
200 milliards d’euros (2022) selon le
Boston Consulting group (BCG) et
devrait atteindre « 250 milliards
d’euros d’ici à 2028, au rythme d’une
croissance annuelle de 3,8 % », indi-
que Joël Hazan, directeur associé
de BCG.
Le développement plus récent de
l’ultra fast fashion a provoqué une
déferlante de prix bas qui a rencon-
tré la demande de pouvoir d’achat
des Français. Le secteur, déjà fragi-
lisé, a connu après la pandémie
environ 10.000 suppressions
d’emplois (textile et chaussu-
plastiques contenus dans les fibres
synthétiques se retrouvent dans les
océans) ou de leur fin de vie. Sans
même parler de leur impact social
(violation des droits humains) ou
économique (destruction de filières
locales).
De quoi balayer d’un revers de
main l’argument phare des mar-
ques concernées : le pouvoir d’achat.
« L’argument ne tient pas une
seconde », a insisté en préambule
des débats le ministre de la Transi-
tion écologique, Christophe Béchu
(un proche d’Edouard Philippe), qui
a fermement soutenu le texte.
« Le sujet n’est pas le prix mais la
fréquence d’achat : le nombre moyen
de vêtements achetés par an par les
Français est passé de 30 à 48 en quel-
ques années, et ils sont portés 7 ou 8
fois avant d’être jetés. Pousser les gens
à acheter moins, c’est les préserver des
coûts cachés correspondants, et de
déconvenues sur leur pouvoir d’achat
de demain », a-t-il argumenté, se
réjouissant que la France soit le pre-
mier pays à légiférer sur le sujet.
Seuils fixés par décret
Le ministre a annoncé au passage
que le gouvernement poussera
« avant la fin de ce mois », pour que
l’Union européenne interdise
l’exportation de vêtements usagés.
Les députés les plus virulents
jeudi à l’Assemblée ont plutôt argu-
menté pour que le texte soit durci
– mais les amendements en ce sens
res) avec l’hécatombe des enseignes
de milieu de gamme qui devrait se
poursuivre. « L’écart de prix s’est
creusé spectaculairement, le prix du
milieu de gamme est trois fois plus
cher que la fast fashion », indique
Gildas Minvielle à la tête de l’Obser-
vatoire économique de l’Institut
français de la mode (IFM).
Les députés ont du grain à mou-
dre autour de la définition de la fast
fashion. La coalition d’ONG Stop
Fast fashion appelle à sanctionner
« toutes les marques qui proposent
plus de 5.000 modèles par an ».
Yohann Petiot, directeur général de
l’Alliance du commerce craint
quant à lui que la proposition de loi
ne « rate sa cible ».
Zara et H&M,
les précurseurs
« Il règne une grande confusion sur
les termes entre ultra fast fashion
(Shein, Temu), fast fashion (H&M,
Zara), discounter ou hard discounter
(Action, Netto). D’autant plus que les
positionnements peuvent être ame-
nés à bouger », observe Yann Kretz
chez Roland Berger.
« Bien avant l’apparition de l’ultra
fast fashion, comme Shein et Temu,
la fast fashion a évolué en deux pha-
ses distinctes : la genèse avec les
Zara, H&M et consorts, et une géné-
ration d’acteurs portée par le déve-
loppement de l’e-commerce tel
qu’Asos ou Boohoo », rappelle Joël
Hazan. Amancio Ortega, fondateur
ont été rejetés. La définition du péri-
mètre des entreprises concernées
(étendues aux places de marché)
sera donc comme prévu volontaire-
ment imprécise : le texte évoque
simplement la mise à disposition
d’un « nombre élevé » de nouvelles
références avec un « faible temps »
de commercialisation.
Le gouvernement
poussera « avant
la fin de ce mois »,
pour que l’Union
européenne interdise
l’exportation de
vêtements usagés.
Alors que plusieurs députés plai-
daient pour que les seuils corres-
pondants soient inclus dans la loi,
ils resteront comme prévu fixés par
décret. « Cela permet de rester agile.
Ces entreprises sont extrêmement
agiles. Si les seuils sont fixés dans la
loi, elles trouveront le moyen de les
contourner aussitôt », avance Anne-
Cécile Violland.
Ce sera donc au gouvernement
de définir les seuils choisis. Une
décision loin d’être neutre : ils
détermineront quelles marques
parmi H&M, Zara, Kiabi ou Decath-
lon, seront concernées – ou pas.
De la même façon, les députés
écologistes, insoumis et socialistes
d’Inditex qui détient la marque
Zara, est considéré comme le père
fondateur de la fast fashion.
L’emploi du terme « ultra fast
fashion » s’applique aux derniers
venus. D’une part l’habillement en
vente sur Amazon et d’autre part
deux ovnis chinois (Shein et Temu)
qui pratiquent des prix extrême-
ment bas , comme, par exemple,
3 euros les 40 paires de chaussettes,
4 euros le top…
L’enseigne sino-singapourienne
d’e-commerce Shein (2008) a enre-
gistré un chiffre d’affaires de 23 mil-
liards de dollars en 2022. La mar-
ketplace Temu (2022) a atteint
13 milliards de dollars de chiffre
d’affaires l’an passé, selon Morgan
Stanley.
Yann Rivoallan, président de la
Fédération française du prêt-à-por-
ter féminin, a été un des premiers
« Shein,
c’est environ
7.200 nouvelles
références, voire
8.000 par jour ! »
YANN RIVOALLAN
Président de la Fédération
française du prêt-à-porter
féminin
ont plaidé (en vain) pour des quotas
et des pénalités plancher, craignant
que le malus prévu ne soit pas réel-
lement appliqué.
Principe du pollueur-
payeur
Le texte s’appuie sur le dispositif de
l’écocontribution déjà prévu dans la
loi, qui permet à l’éco-organisme de
la filière de prélever une pénalité, en
vertu du principe du pollueur-
payeur. Il prévoit ainsi d’imposer
aux marques l’affichage d’un « éco-
score » (en cours de définition par le
gouvernement), en fonction duquel
pourra être appliqué un système de
bonus-malus. Ce malus pourra
représenter jusqu’à 50 % du prix du
produit, avec un plafond qui aug-
mentera progressivement pour
atteindre 5 euros en 2025 et 10 euros
en 2030.
« Aujourd’hui la filière peut déjà
fixer des pénalités allant jusqu’à
20 % du prix des produits, mais elle
ne le fait pas », a relevé comme
d’autres le député écologiste Char-
les Fournier, qui a plaidé en vain
pour une pénalité plancher.
Enfin, l’interdiction de la publi-
cité pour ces marques (y compris la
promotion faite par des influen-
ceurs), prévue par le texte, a elle
aussi suscité des débats – les dépu-
tés Les Républicains s’y opposant
fermement.
Cette disposition « nous pose un
problème d’un point de vue idéolo-
partis en croisade contre Shein,
« qu’il faut interdire », juge-t-il. Il
estime que Zara (Inditex) présente
500 nouvelles pièces hebdomadai-
rement alors que « Shein, c’est envi-
ron 7.200 nouvelles références, voire
8.000 par jour ». Cela revient à inon-
der le marché avec 900 fois plus de
produits qu’une enseigne tradition-
nelle en France.
Mode à grande vitesse
et invendus
Porte-parole de Shein en France,
Marion Bouchut récuse catégori-
quement ces chiffres mais n’en
communique pas d’autres. L’en-
seigne aux pratiques opaques se
retranche sur la défense des
consommateurs attentifs aux
prix, « ce sont eux qui vont souf-
frir ». « En outre, nous produisons à
la demande ; l’ampleur des invendus
caractérise d’autres entreprises que
nous », estime sa porte-parole.
Depuis le 1er janvier 2022, l’industrie
de la mode doit appliquer la loi anti-
g a s p i l l a g e q u i l ’e m p ê c h e d e
détruire les invendus. Peu d’ensei-
gnes jouent la transparence sur ces
stocks.
La vertigineuse cadence de com-
mercialisation des pièces, en petites
séries ou pas, définit bien l’ultra fast
fashion. « Shop like a Billionaire »,
promet Temu. Le cabinet Roland
Berger rappelle que Shein et Temu
ont une stratégie de volume de
produits fabriqués en Chine, com-
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
La fast fashion conduit à une surconsommation de textiles de piètre qualité
gique, économique, constitution-
nel », a indiqué le député LR
Antoine Vermorel-Marques, pour
qui la suppression de la publicité
dans la mode entraîne la suppres-
sion pure et simple du marché.
Son amendement a toutefois été
rejeté.
Faisant l’objet d’une procédure
accélérée, le texte doit maintenant
être adopté au Sénat – où il devrait
également faire l’objet de débats
mercialisés à l’export en petites
quantités mais renouvelés très fré-
quemment. Autres similitudes,
outre les prix ultra-concurrentiels,
des marges rognées sur le produit et
« un marketing qui incite à la surcon-
sommation sur leurs sites et boosté
par les algorithmes, les réseaux
sociaux, les influenceurs ».
Valorisé 66 milliards de dollars,
Shein, qui a transféré son siège
en 2021 à Singapour, tarde à préci-
ser son entrée en Bourse, prévue à
New York cette année. Les Etats-
Unis sont son premier marché, la
France arrive, en zone Europe, en
seconde position. Plus de 90 % de
ses sous-traitants sont en Chine.
En France « en pleine crise du tex-
tile, l’ultra fast fashion cible principa-
lement les jeunes générations et
représente déjà plus de 10 % des ven-
tes du secteur de l’habillement », pré-
cise Joël Hazan (BCG). La percée
sur le marché hexagonal repré-
sente un gain de part de marché de
près d’un milliard au cours des qua-
tre dernières années. Selon BCG,
l’ultra fast fashion pèse 3 milliards
d’euros (2022) en France ; Shein,
Temu, Amazon représentent la
moitié des ventes.
Elisabeth Denner, associée de
BearingPoint, estime, quant à elle,
que le poids de la fast fashion, hors
ultra fast fashion et hors GSA, « pèse
environ 40 % du marché global de
l’habillement » et l’évalue à 16 mil-
liards d’euros en France.
16
animés, notamment sur l’interdic-
tion de la publicité. Il sera ensuite
examiné directement en commis-
sion mixte paritaire, d’ici l’été
espère Anne-Cécile Violland. Reste
à trouver un sénateur pour porter
le texte au Palais du Luxembourg,
et un créneau dans l’agenda dans
les semaines qui viennent.
L’éditorial de Jean-Marc
( Vittori page 14
Decathlon, qui produit en Chine
pour l’habillement, reste l’enseigne
la plus plébiscitée dans l’Hexagone
où il y a une profusion d’enseignes
low cost . Action (800 magasins en
France) serait, par exemple, le
champion des ventes de chausset-
tes et sous-vêtements.
La vertigineuse
cadence de
commercialisation
des pièces, en petites
séries ou pas, définit
bien l’ultra fast
fashion.
« Shop like
a Billionaire »,
promet Temu.
« Nous ne devons pas avoir la main
qui tremble face à de nouveaux
acteurs de la fast l’ultra fast fashion
tel que Shein qui ne respectent pas la
réglementation de l’habilement en
France et en Europe : leur pratique de
la commercialisation des vêtements
est déloyale », pointe Laurent Mil-
chior, cogérant du groupe Etam qui
a réduit ses émissions de gaz à effet
de serre (scop e1,2,3) de 36 %
depuis 2019. Selon l’IFM, seulement
3 % des vêtements vendus en France
y sont encore fabriqués. n
 17 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
souvent jetés après quelques utilisations, pour terminer dans des décharges en Afrique.
Ces dizaines de millions dépensés
par Shein et Temu en publicité
Dans la proposition de loi
visant à réguler tout
particulièrement
les acteurs de l’ultra fast
fashion, une mesure
préconise d’interdire leurs
publicités. Shein et Temu
sont devenus des poids
lourds sur le marché
publicitaire français.
Nicolas Richaud
Ce sont des projecteurs dont les
deux géants chinois Temu et Shein
se seraient bien passés. Jeudi, une
proposition de loi visant à réguler
tout particulièrement l’ultra fast
fashion, portée par la députée
Horizons Anne-Cécile Violland et
soutenue par le gouvernement, a
été examinée dans l’hémicycle de
l’Assemblée nationale.
Parmi la flopée de mesures pré-
sentes au sein de ce texte, l’un d’elle
préconise purement et simple-
ment de bannir, à compter du
1er janvier 2025, les publicités van-
tant ce type de produits et encou-
rageant ce mode de consomma-
tion, dont Temu et Shein sont les
deux principales incarnations.
Des perspectives n’enchantant
guère le secteur français de la
publicité, qui n’entend néanmoins
pas déterrer la hache de guerre.
« Historiquement, nous nous som-
mes toujours battus contre les inter-
dictions et nous préférons la voie de
l’autorégulation, souligne Magali
Florens, directrice générale de
l’Udecam (Union des entreprises
de conseil et d’achat média). Mais
n’allons pas nous lancer dans une
guerre contre cette mesure d’inter-
diction de publicités relatives à
l’ultra fast fashion. C’est une ques-
tion de société et c’est ce mode de
consommation qui est en question.
Pas la publicité en tant que telle, et
d’ailleurs interdire celle-ci ne sera
pas suffisant pour réduire à néant
ce phénomène. »
Cette interdiction concerne-
rait aussi bien les médias histori-
ques que les plateformes numéri-
ques et s’étendrait aux créateurs
de contenus et aux influenceurs.
Ce qui risque d’entraver le déve-
loppement et l’implantation en
France de Temu et Shein où les
deux enseignes se sont montrées
des plus actives en matière de
marketing.
Sur l’ensemble de l’exercice
2023, les investissements publici-
taires de Temu – qui n’a démarré
ses communications dans l’Hexa-
gone qu’à compter du deuxième
trimestre de l’année écoulée –, et
Shein ont ainsi été respectivement
estimés à 27,5 millions et 43,8 mil-
lions d’euros par Kantar Media.
Des enjeux de notoriété
pour Shein en France
Des niveaux déjà élevés. « Frôler la
barre des 50 millions d’euros de
budget marketing sur l’ensemble
des médias, sur une année en
France, vous classe dans la catégo-
rie des gros annonceurs. A ce
niveau-là, on retrouve des annon-
ceurs tels que Mercedes Benz, Paco
Rabanne Parfums ou encore Walt
Disney Studio », compare un bon
connaisseur du marché.
En 2023, Shein s’est ainsi établi
comme le 144 e annonceur en
France, selon Kantar Media. Dans
le détail, Temu a dépensé 85 %
(soit 23 millions d’euros) de son
budget publicitaire sur Facebook,
Instagram, TikTok et Snapchat en
France, d’après Kantar Media. « A
titre de comparaison, sa pression
publicitaire (*) sur les réseaux
sociaux en France équivaut à celle
d’Amazon ou d’Orange », souligne
Florence Doré, directrice marke-
ting et communication France
chez Kantar Media.
Showroomprivé progresse
malgré la crise du textile
E-COMMERCE
Le déstockeur en ligne
a vu son activité
augmenter en 2023
grâce aux marques de
sport, à l’international
et à ses diversifications.
Philippe Bertrand
Showroomprivé a dépassé le mil-
liard d’euros de volume d’affaires.
« Une belle étape », commente le
PDG fondateur David Dayan. Le
déstockeur en ligne, concurrent de
Veepee mais coté en Bourse, a
réussi à augmenter son activité
malgré la crise qui frappe le marché
français de la mode. « Nous avons
enregistré moins de commandes,
avec une baisse de 5,6 %, à 12,9 mil-
lions, mais notre panier moyen a
augmenté à 51,50 euros », com-
mente le dirigeant qui a entrepris de
redresser l’entreprise qui a subi un
creux il y a quelques années.
La disparition en série de nom-
breuses marques comme Caroll,
Naf Naf et Kookaï, les ex-pépites de
l’empire Vivarte, ou bien encore
Sergent Major, pour le vêtement
enfant, réduit l’offre (même si
Showroomprivé a acheté des stocks
des magasins qui ont fermé) sur le
segment moyen de gamme. Le
développement des sites chinois
Shein et Temu qui vendent à très
bas prix pèse aussi.
Andrew Esiebo/PanoS-RÉA
La maison mère d’Auchan
épinglée par S&P après
le rachat des magasins Casino
DISTRIBUTION
A contrario, Shein n’a investi S&P doute de la
« que » 12,5 millions d’euros sur les capacité d’Auchan
réseaux sociaux, soit moins de à redresser la renta-
30 % de son enveloppe budgétaire bilité de la centaine
publicitaire consacrée au marché de supers et hypers
tricolore. « Leur stratégie en 2023 a déficitaires rachetés
consisté à utiliser des médias grand à Casino et pointe les
public, essentiellement la radio et la mauvais résultats du
publicité extérieure, en complément distributeur en 2023.
du digital. Ce qui s’explique sans
doute par des enjeux de notoriété
dont ils sont encore en recherche en La stratégie d’Auchan n’est pas du
France », décrypte Florence Doré. goût des analystes. S&P Global
Un fait est certain : le digital est Ratings a abaissé ce jeudi la note
clairement privilégié par les deux d’Elo, le groupe qui rassemble le
poids lourds chinois dont les distributeur Auchan et les activités
dépenses publicitaires s’accrois- immobilières de Nhood et Ceetrus.
sent mois après mois. En France, L’agence de notation a fait passer la
Shein et Temu ont ainsi fait leur note du groupe de BBB-/A-3 à BB +/
entrée, en 2023, dans le Top 50 des B, en catégorie « spéculative »,
principaux annonceurs via le for- signalant des « incertitudes majeu-
mat du programmatique, selon le res » sur la capacité du groupe à
dernier baromètre d’Alliance faire face à ses échéances.
Digitale d’après qui Temu aurait S&P a expliqué notamment sa
même été le premier acheteur en décision par « les résultats faibles »
programmatique lors du dernier publiés par Auchan pour 2023, ainsi
mois de janvier. que par les « défis structurels » aux-
Un dynamisme publicitaire qui quels le distributeur doit faire face
dépasse les frontières hexagona- « sur le marché français ». Mais c’est
les. L’an passé, la plateforme surtout le rachat d’une centaine de
d’e-commerce Temu – dont l’acti- magasins Casino « en déficit » qui est
vité est de fait loin de se limiter à la pointé par l’agence, l’opération pré-
seule ultra fast fashion –, aurait sentant des « risques importants
même été le premier annonceur quant à l’exécution » du plan de
mondial sur Meta (Facebook, Ins- redressement, compte tenu d’un
tagram) et figurerait dans le Top 5 « environnement très concurrentiel ».
en ce qui concerne Google, croit
savoir le « Wall Street Journal ». Ce Le « mauvais historique »
qui aurait représenté près de d’Auchan
2 milliards de dollars de dépenses Les analystes pointent parmi les
publicitaires uniquement au sein facteurs de risque « la détérioration
de l’écosystème du groupe de de la performance des supers et
Mark Zuckerberg. Définitivement hypermarchés de Casino en 2022-
rien d’une bagatelle. 2023 et le mauvais historique
d’Auchan quant à sa capacité à
(*) La pression publicitaire est un redresser la rentabilité de son propre
terme utilisé par Kantar Media pour réseau ».
qualifier les investissements bruts La direction d’Elo a réagi en indi-
valorisés sur la base des plaquettes tari- quant qu’elle « prenait acte » de la
faires des régies et ne tient pas compte dégradation de sa note. Mais elle a
des remises, négociations… noté que S&P avait tout de même
Showroomprivé réagit en mon-
tant en gamme, en misant sur les
marques de sport (Nike, Adidas,
Lacoste) et de « lifestyle » qui ont le
vent en poupe (des univers dont les
ventes ont progressé de 66 %
en 2023) et en se diversifiant. Le seg-
ment voyages et loisirs a gagné 12 %.
La place de marché lancée avec
Mirakl compte environ 250 mar-
chands et a réalisé 40 millions de
chiffre d’affaires, en progression de
85 %. La branche internationale
(Espagne, Portugal, Italie et Belgi-
que) augmente son activité de 10 %.
The Bradery plus premium
David Dayan a aussi pris le contrôle
il y a deux ans de The Bradery, un
déstockeur en ligne plus premium
avec des marques comme les
cachemires Bompard, The Koo-
ples, Birkenstock et des labels de
créateurs comme By Colette, dans
les bijoux. Le site monté par des
trentenPDGaires active beaucoup
« Nous avons
enregistré moins
de commandes, avec
une baisse de 5,6 %,
à 12,9 millions, mais
notre panier moyen
a augmenté
à 51,50 euros. »
DAVID DAYAN
PDG de Showroomprivé
« mis l’accent sur le soutien des
actionnaires » et sur « l’impact des
futures démarches engagées », que le
groupe avait présentées le mois der-
nier lors de la publication de ses
résultats 2023.
Le groupe avait alors déclaré
avoir vécu un nouvel exercice « dif-
ficile », qui a abouti à une perte
nette de 379 millions d’euros contre
un bénéfice de 33 millions en 2022.
Son chiffre d’affaires a, quant à lui,
reculé de 1,7 % à 32,9 milliards
d’euros, malgré la hausse des prix
qui a gonflé les résultats des distri-
buteurs. Le directeur financier
d’Auchan avait alors expliqué que
l’inflation avait surtout eu un
impact significatif sur les frais fixes
du distributeur. Il avait aussi souli-
gné l’effet de la guerre entre la Rus-
sie et l’Ukraine, le groupe étant pré-
ENTREPRISES
les réseaux sociaux et capte une
clientèle plus jeune. Il a pesé 50 mil-
lions en 2023, en hausse de 76 %.
La qualité de service et de livrai-
son globale de Showroomprivé s’est
améliorée, ce que constate un gain
de 200 points de base de l’indica-
teur NPS. « Nous devons maintenant
améliorer la qualité de l’expérience
sur le site », ajoute David Dayan.
Pour atteindre un Ebitda de 21 %,
à 24 millions d’euros, Showroom-
privé a fait croître de 6,3 % son
volume d’affaires et de 3 % son chif-
fre d’affaires à proprement dit, à
677 millions. Mais le gain de rentabi-
lité est surtout venu de l’optimisa-
tion de la chaîne logistique. Les com-
mandes sont un peu moins
nombreuses, 35 % des livraisons
sont effectuées par les marques
elles-mêmes. Le site a fermé trois
entrepôts et massifié sa chaîne logis-
tique. Les coûts de personnel et de
marketing ont été contrôlés.
Le programme de restructura-
tion baptisé ACE donnera ses pleins
résultats en 2025. Showroomprivé
le justifie par le fait que malgré des
progressions, son cœur de métier, le
textile est tout juste stable. Le seg-
ment maison et décoration a plongé
de 26 %. Beauté Privée a baissé de
6 %. En France, le chiffre d’affaires
est étal (+0,7 %). Au final, si l’Ebitda
progresse, le résultat opérationnel
courant n’est que de 8 millions et le
résultat net de 500.000 euros, sur
677 millions d’euros de chiffre
d’affaires. La tête de l’entreprise est
tout juste hors de l’eau. n
sent dans les deux pays. Loin de
partager les inquiétudes des ana-
lystes, le distributeur avait égale-
ment indiqué à cette occasion qu’il
espérait rebondir via le rachat des
70 supermarchés, 26 hypermar-
chés et deux drives de Casino, dans
« des régions en croissance économi-
que et démographique ». L’opéra-
tion est financée par une augmen-
tation de capital de l’ordre de
300 millions d’euros émanant des
actionnaires de l’enseigne de la
galaxie Mulliez.
Auchan attend, par ailleurs,
beaucoup de son projet d’alliance
avec Casino et Intermarché dans les
achats, prévu pour durer dix ans.
S&P a d’ailleurs estimé que cet
accord « devrait avoir des effets tan-
gibles » à partir de 2025.
— F. M. (avec agences)
ENTREPRISES
Le pétrolier anglo-néerlandais a supprimé de sa stratégie climat l’objectif de réduction de l’empreinte carbone de 45 % d’ici à 2035.
Shell revoit à la baisse
ses objectifs climatiques
ÉNERGIE
Le pétrolier
anglo-néerlandais
a abaissé ses objectifs
de réduction
d’empreinte carbone
d’ici à 2030.
Nicolas Rauline
Après BP, c’est au tour de Shell de
revoir ses ambitions climatiques à
la baisse. Le pétrolier anglo-néer-
landais a publié jeudi une mise à
jour de sa stratégie climat. Il y
abaisse son objectif de réduction de
l’intensité carbone de son porte-
feuille d’ici à 2030 de 20 % par rap-
port à 2016 à une fourchette com-
prise désormais entre 15 % et 20 %.
E t l ’o b j e c t i f d e r é d u c t i o n d e
l’empreinte carbone de 45 % d’ici
à 2035 a disparu. Ces chiffres
incluent à la fois les émissions de
ses propres activités et celles de ses
produits, émis in fine par ses clients
(scope 3). Le groupe justifie cette
décision par un changement dans
son positionnement sur le marché
Le milanais ATM veut faire rouler métros et bus en Ile-de-France
TRANSPORT
L’exploitant du réseau
de transports publics
à Milan s’est
porté candidat
pour exploiter
la ligne 18 du métro
automatique Grand
Paris Express,
et des lignes du réseau
de bus RATP.
Denis Fainsilber
La régie des transports publics de
Milan a toujours les yeux de Chi-
mène pour l’ouverture du marché
historique en Ile-de-France. Après
avoir essuyé des échecs pour l’attri-
bution des futures lignes 15, 16 et 17
de l’électricité. Il affirme se concen-
trer désormais sur la valeur, plus
que sur les volumes. Shell s’est
notamment retiré de la vente
directe aux particuliers en Europe
et a choisi de se concentrer sur les
professionnels et certains marchés,
comme les Etats-Unis, l’Australie,
l’Inde et l’Europe.
« Compte tenu de ce recentrage sur
la valeur, nous prévoyons une crois-
sance totale de nos ventes d’électri-
cité plus basse d’ici à 2030, ce qui a
conduit à une mise à jour de notre
objectif d’intensité carbone », fait
valoir la société. Selon Shell, cette
nouvelle stratégie reste compatible
avec les objectifs de limitation du
réchauffement climatique à 1,5 °C
10
MILLIARDS DE DOLLARS
Le montant minimum que Shell
a prévu d’investir dans
les systèmes d’energie bas
carbone entre 2023 et fin 2025
pour atteindre la neutralité
carbone en 2050.
du métro du Grand Paris Express
actuellement en construction,
lignes que se sont récemment par-
tagées la RATP et Keolis, le groupe
ATM (Azienda Trasporti Milanesi)
est cette fois candidat à la prochaine
ligne 18 du même réseau. Celle-ci
reliera à terme l’aéroport d’Orly à
Versailles, via Saclay.
Le groupe milanais postule
simultanément pour certains lots
de bus du réseau de la RATP, à Paris
et en petite couronne, actuellement
en phase d’ouverture à la concur-
rence chez l’autorité organisatrice
francilienne, IDFM. ATM exploite
déjà à l’étranger le réseau de métro
de Copenhague, au Danemark
(4 lignes et 130 millions de passa-
gers annuels), et s’est vu récemment
attribuer le métro automatique de
Thessalonique (Grèce), ce qui lui
donne des ailes à l’international.
définis par l’Accord de Paris. « La
stratégie de Shell soutient une transi-
tion équilibrée et ordonnée des com-
bustibles fossiles vers des solutions
énergétiques à faibles émissions de
carbone, afin de maintenir un
approvisionnement en énergie sûr et
abordable », affirme la société.
Des émissions de méthane
réduites de 70%
Shell a d’ailleurs confirmé ses objec-
tifs de diviser par deux d’ici à 2030
ses émissions de scopes 1 et 2, qui ne
prennent en compte que ses opéra-
tions. Le groupe affirme avoir déjà
atteint 60 % de cette cible à fin 2023.
Il a aussi précisé qu’il avait diminué
de 70 % ses émissions de méthane
par rapport à 2016 et qu’il investirait
bien entre 10 et 15 milliards de dol-
lars dans les systèmes d’énergie bas
carbone entre 2023 et fin 2025, pour
devenir complètement neutre en
carbone en 2050. Depuis son arri-
vée à la tête de Shell l’an dernier,
Wael Sawan laissait entendre que le
groupe devait se donner plus de
flexibilité dans ses objectifs. Il avait
plaidé notamment, à plusieurs
reprises, pour une « transition équi-
librée ». Dans un entretien au
« Le marché européen du trans-
port sera de plus en plus ouvert, la
concurrence améliore la qualité de
service, stimule les opérateurs. ATM
peut apporter sa contribution, nous
avons donc l’ambition de devenir un
acteur en Ile-de-France », souligne
Arrigo Giana, le directeur général
de la société détenue à 100 % par la
ville de Milan.
En association avec Egis
Sur son projet du Grand Paris
Express (35 km et 10 stations à créer
sur la ligne sud), il postule en asso-
ciation avec le groupe d’ingénierie
français et d’exploitation de tunnel
Egis. Comme pour les appels
d’offres précédents, même si cela ne
lui a pas souri précédemment.
Pourquoi serait-il plus chanceux
à présent, alors que l’attribution de
la ligne 18 pourrait survenir avant
John Thys/AFP
« Financial Times », en novembre, il
avait aussi indiqué que Shell ne
« prétendrait plus être leader » dans
les domaines de la transition éner-
gétique où il ne disposait pas des
compétences et des capacités adé-
quates. Il avait aussi refusé de
réduire davantage sa production de
pétrole d’ici à 2030, arguant que les
objectifs en la matière (une baisse
annuelle de 1 à 2 %), fixés en 2021,
avaient déjà été atteints.
La direction du groupe est prise
entre deux types d’actionnaires,
certains demandant de meilleurs
retours sur investissement, tandis
que d’autres réclament de mainte-
nir le cap sur la transition énergéti-
que. L’un d’eux, le collectif Follow
This, qui s’est invité très minoritai-
rement au capital de plusieurs
pétroliers, a d’ailleurs fortement
réagi aux annonces de jeudi.
« Ce rétropédalage lève tous les
doutes sur les intentions de Shell :
l’entreprise veut rester dans les
combustibles fossiles le plus long-
temps possible », a affirmé son
fondateur Mark van Baal.
Lire « Crible »
( Page 39
l’été ? « Dans nos dossiers précédents,
le problème ne concernait pas le
contenu. Nous avons opté pour
mieux nous présenter, raconter notre
histoire, analyse le dirigeant. En
Europe, il existe diverses formules
d’appels d’offres. Dans les siens,
IDFM déploie une approche très ana-
lytique, très détaillée que nous avons
sans doute un peu négligée. Désor-
mais, nous discutons tous les jours
avec les techniciens d’IDFM, des gens
très compétents, ce n’est pas tou-
jours le cas des administrations
publiques. »
Douze lots de lignes de bus
Pour le réseau de bus historique de
la RATP, ATM est candidat « à cer-
tains » des douze lots qui seront soit
réattribués à la régie parisienne,
soit transférés à des nouveaux
venus. Sans préciser combien, ni
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
Des résultats
record pour le
géant de la défense
Rheinmetall
DÉFENSE
Le groupe
allemand prévoit
de franchir la barre
des 10 milliards
d’euros de
chiffre d’affaires
cette année.
Emmanuel Grasland
— Correspondant à Berlin
Rheinmetall est en train de
basculer dans une nouvelle
dimension. Pour la première
fois de son histoire, le géant
allemand de la défense devrait
voir ses revenus franchir le
cap des 10 milliards d’euros
en 2024. « Nous réalisons des
investissements massifs, nous
construisons de nouvelles usines
et nous augmentons considéra-
blement notre personnel », a
déclaré Armin Papperger, le
patron de l’entreprise, qui vient
d’inaugurer une nouvelle usine
de munitions en Allemagne,
avec le chancelier Olaf Scholz.
La star allemande de la
défense a vu son chiffre d’affai-
res bondir de 12 % en 2023, à
7,2 milliards d’euros, tandis
que le résultat opérationnel
augmentait de 19 %, p our
atteindre 918 millions d’euros.
« Au cours de l’exercice écoulé,
nous avons atteint des valeurs
record en termes de chiffre
d’affaires et de résultat », a souli-
gné Armin Papperger. Un bond
en avant lié aux activités mili-
taires tandis que la branche
c i v i l e ( 3 0 % d e s r e ve n u s)
affichait un chiffre d’affaires
quasi stable. La marge opéra-
tionnelle est en augmentation
constante, à 12,8 %, contre 12 %
l’année précédente. Elle est
attendue entre 14 % et 15 %
en 2024.
Surtout, le carnet de com-
mandes de Rheinmetall
s’envole littéralement. Son
montant a bondi de 44 % l’an
d e r n i e r, p o u r a t t e i n d r e
38,3 milliards d’euros. Les com-
mandes de véhicules militaires
à roues et chenilles ont en parti-
culier plus que quadruplé l’an
dernier, à 7,1 milliards d’euros.
Même tendance pour les
munitions, qui manquent
cruellement à Kiev. Les volu-
mes de commandes ont plus
que doublé d’une année sur
l’autre, avec deux contrats-ca-
dres pluriannuels pour des
munitions p our les chars
(3,2 milliards d’euros) et l’artil-
lerie (1,4 milliard d’euros)
« Le marché
européen du
transport sera
de plus en plus
ouvert. [...] ATM
peut apporter
sa contribution,
nous avons
l’ambition de
devenir un acteur
en Ile-de-France. »
ARRIGO GIANA
Directeur général d’ATM
18
signés avec Berlin et des com-
mandes en provenance
d’Ukraine, d’un montant de
1,7 milliard d’euros. Les profits
dans ce domaine sont particu-
lièrement élevés avec une
marge de 23 % sur l’année 2023.
La construction d’une
usine en Allemagne
Toutes les activités militaires
ont de fortes perspectives de
croissance. A moyen terme,
l’entreprise estime qu’elle pour-
rait décrocher de l’ordre de
30 milliards d’euros de com-
mandes de la part de la Bundes-
wehr sur les 100 milliards du
fonds de modernisation de
l’armée allemande.
Rheinmetall arrivera-t-il à
suivre le rythme ? Le groupe
basé à Düsseldorf n’a pas atteint
ses propres prévisions de chif-
fre d’affaires pour 2023, qui se
situaient entre 7,4 et 7,6 mil-
liards d’euros.
Rheinmetall espère attein-
dre un chiffre d’affaires de 13 à
14 milliards d’ici à 2026.
A l’heure actuelle, le groupe
met les bouchées doubles un
peu partout dans le monde.
Il investit 300 millions d’euros
dans la construction d’une
nouvelle usine en Allemagne,
qui sera capable de produire
jusqu’à 200.000 obus d’artille-
rie par an et jusqu’à 1.900
tonnes d’explosifs.
L’e n t r e p r i s e n é g o c i e
l’implantation d’une usine
d ’a r t i l l e r i e e n L i t u a n i e ,
construit un site de production
de munition en Hongrie et
augmente ses capacités de
fabrication en Roumanie, en
Australie, en Afrique du Sud, en
Espagne et en Italie. « La techno-
logie clé, c’est la poudre », a souli-
gné Armin Papperger.
Les investissements sont
également conséquents en
Ukraine. Le fabricant du char
Leopard 2 compte installer au
moins quatre usines d’arme-
ment dans le pays, pour pro-
duire des obus, des véhicules
militaires, de la poudre et des
armes de défense anti-aé-
rienne. « L’Ukraine est désor-
mais pour nous un partenaire
important, où nous voyons un
potentiel compris entre 2 et
3 milliards d’euros [de chiffre
d’affaires, NDLR] par an », a
expliqué Armin Papperger.
Depuis fin 2021, le cours
de Bourse du fabricant de
chars a été multiplié par trois.
A l’occasion de l’assemblée
générale 2024, le dividende par
action proposé devrait bondir
de 33 %. n
lesquels. Environ cinq lots pour-
raient être attribués vers la fin de
l’année, et les plis qui servent les
lignes du centre de Paris seraient
décachetés en dernier.
La régie milanaise doit-elle
craindre un phénomène de rejet
chauvin, dans la dernière ligne
droite des appels d’offres de la
région-capitale ? « La RATP exploite
aujourd’hui tout le réseau de bus de
Toscane, et les clients comme la ville
de Florence sont satisfaits. En tant
qu’Européen, je m’attends à une
égalité des chances… », observe mali-
cieusement Arrigo Giana. Quant
aux représentants des conducteurs
de la RATP, qui seraient éventuelle-
ment transférés l’an prochain chez
le mieux-disant, l’équipe d’ATM
tient à les rencontrer sous peu, « et
l’histoire de notre entreprise sera
pour eux une garantie ». n
19 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 ENTREPRISES

Chargeurs
réussit Deliveroo, Uber Eats : les livreurs
son OPA sur
lui-même de repas se diversifient toujours plus
eux des produits vendus en grande
INDUSTRIE SERVICES surface ainsi que d’autres types de
distribution.
L’Autorité des Comme Uber Eats, Deliveroo commence, lui aussi, à
marchés financiers Deliveroo élargit élargir la palette des segments pro-
a notifié la gamme de produits posés à la livraison comme les
à l’actionnaire disponibles : fleurs, fleurs, les cosmétiques ou les
de référence du cosmétiques cadeaux. Pour l’instant, l’initiative
groupe le succès et cadeaux sont concerne la Grande-Bretagne et les
de son offre désormais proposés, Émirats arabes unis. Il vise 700 mil-
publique d’achat dans certains pays. lions de livres de commandes pour
sur lui-même. ces produits relevant moins du quo-
tidien d’ici à 2028.
Clotilde Briard Le secteur va, en revanche,
Enrique Moreira devoir faire face à ce qu’il résultera
La livraison de repas franchit une du projet de loi européen sur les
Voilà une opération clairement étape sur son chemin vers la matu- droits des travailleurs des platefor-
réussie, pour la famille Fri- rité. Les voyants n’ont jamais été mes, tous univers confondus, et le
bourg, à la tête du holding autant au vert sur le plan des résul- salariat potentiel des livreurs. Ce
Colombus, actionnaire de réfé- tats opérationnels. Pour 2023, Just texte était depuis longtemps en
rence du groupe Chargeurs, et Eat Takeaway a annoncé un excé- discussion et a connu plusieurs ten-
ses partenaires. L’Autorité des dent brut d’exploitation ajusté (Ebi- tatives ratées. Il vient de faire l’objet,
marchés financiers (AMF) a tda) de 324 millions d’euros, soit 17 in extremis, d’un accord que ne sou-

Vuk Valcic / Zuma-rea

annoncé, jeudi, le succès de son
offre publique de rachat, lancée
en décembre 2023, sur le reste
des actions du groupe non
encore détenues par Colombus
Holding.
A l’issue de l’opération, « les
initiateurs sont en mesure de
détenir 16.300.3621 actions
Chargeurs », détaille l’AMF dans
un communiqué qu’ont pu con-
sulter « Les Echos ». Soit 65,56 %
du capital, et 66,55 % des droits
de vote de la société. « C’est un
succès puisque nous ciblions
entre 60 % et 65 % », se félicite
Michaël Fribourg, le PDG de
Chargeurs.
La famille Fribourg
et ses partenaires
auront déboursé
« environ 110
millions d’euros ».
»
Pour monter au capital de
fois plus qu’en 2022, même s’il subit
lourdement le poids des acquisi-
tions trop chèrement payées par le
passé qui le laisse en perte nette de
1,8 milliard. Tandis qu’Uber peut se
vanter d’avoir engrangé pour la pre-
mière fois des bénéfices sur tout un
exercice, auxquels son activité de
commandes à domicile a contri-
bué. Deliveroo vient, à son tour,
d’afficher un Ebitda positif de
85,4 millions de livres (100 millions
d’euros), contre une perte opéra-
tionnelle de 45 millions en 2022.
Quant à ses résultats nets, les pertes
ont été divisées par 9 à 31,8 millions
de livres.
Dans un marché qui reste com-
pliqué sur fond d’arbitrage des con-
sommateurs face à l’inflation, ses
commandes en valeur ont pro-
gressé de 3 %, à 7 milliards de livres
(8,2 milliards d’euros), tout comme
ses revenus qui atteignent 2 mil-
liards de livres.
Deliveroo a enregistré un Ebitda positif de 85,4 millions de livres (100 millions d’euros) pour 2023.
Par comparaison, Uber Eats, la
branche de livraison de repas
d’Uber, a vu ses commandes en
valeur progresser de 15 % l’an der-
nier, à 64 milliards de dollars
(58,5 milliards d’euros).
Pour alimenter la demande, Deli-
veroo a amélioré ses services avec,
notamment, moins de livraisons
non effectuées. Il a aussi réalisé des
promotions plus ciblées et étend
son programme de fidélité à de nou-
veaux pays.
Ses efforts ont davantage porté
leurs fruits au Royaume-Uni, son
pays d’origine, et en Irlande qui
pèsent près de 60 % de son revenu.
Ce dernier y a augmenté de 8 %
quand l’international reculait de
5 %. L’Hexagone est notamment
devenu un pays plus compliqué.
« Le marché français met plus de
temps à récupérer. Mais nous voyons
de premiers signes positifs », remar-
que Scilla Grimble, la directrice
financière.
D’autres produits que
des burgers et des pizzas
Tous pays confondus, la plateforme
cotée à Londres poursuit égale-
ment l’offensive hors des comman-
des de burgers et autres pizzas. Les
courses du quotidien représentent
ANNLEGALECH
désormais 13 % de ses ventes contre
11 % il y a un an. « Nous avons amé-
lioré l’expérience des consomma-
teurs et mis en place un mécanisme
de produits de substitution. La majo-
rité des consommateurs qui nous uti-
lisent pour la livraison de repas a
aussi déjà fait venir des courses à
domicile », explique Will Shu, le fon-
dateur et PDG de l’entreprise.
Désormais, une demande des
clients sur cinq génère un panier
moyen de 30 à 60 livres. Ce segment
fait plus que jamais partie des gros
axes de développement des acteurs
du secteur. Chez Uber Eats, 14 % des
clients font venir chaque mois chez
tiennent ni la France, qui a voté
contre, ni l’Allemagne, qui s’est abs-
tenue. Le projet de loi doit encore
passer l’étape de l’adoption formelle
définitive.
Les acteurs vont suivre de près la
fin du processus. Mais aussi la
manière dont chaque Etat membre,
qui aura deux ans pour l’appliquer,
retranscrira les critères menant,
éventuellement, à requalifier en
salariés certains livreurs.
« Les lois nationales continueront
à déterminer les règles de notre acti-
vité. Nous allons travailler étroite-
ment avec les Etats membres. Il y a
des discussions dans certains pays
mais globalement les dernières déci-
sions ont été positives sur nos princi-
paux marchés », estime Will Shu.
Pour 2024, Deliveroo prévoit une
augmentation de ses transactions
en valeur plus importante que cette
année. Il table sur une hausse de 5 %
à 9 % à changes constants. n

l’entreprise, la famille Fribourg

et ses partenaires auront
déboursé « environ 110 millions
L’italien Rio Mare veut annonces judiciaires & légales
d’euros », ajoute le dirigeant.
L’OPA n’est toutefois pas encore
convertir les Français RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Pendant quatre permanences, le commissaire enquêteur
officiellement terminée, un
délai légal d’une dizaine de
jours après la publication de
au thon à l’huile Liberté - Égalité - Fraternité
PRÉFET DES HAUTS-DE-SEINE
recevra, en personne, les observations et propositions du public
à l’Espace Projets Cité Jardin (maison du projet), à l’adresse
précédemment indiquée, aux jours et heures suivants :

l’AMF devant être observé pour

la considérer comme complè-
tement close.
« C’est la démonstration que
nous avons convaincu ceux qui
avaient besoin de liquidités à
court terme, notamment quel-
ques institutionnels mais aussi
des investisseurs privés, avec une
p r i m e s i g n i f i c a t i ve q u a n t
au cours », estime Michaël
Fribourg. Avec près de 35 % de
flottant restant, il estime égale-
ment avoir convaincu « ceux
qui ont une culture à moyen et
long terme de faire partie de
l’avenir de Chargeurs ».
Le dirigeant va pouvoir
travailler sur sa nouvelle feuille
de route stratégique à l’horizon
2030, qui devrait être présentée
au 1er trimestre 2025. L’objectif
sera d’intensifier son rôle dans
ses champions mondiaux de
niche à forte valeur ajoutée.
Chargeurs en revendique déjà
plusieurs dans des domaines
comme les « films process », les
textiles techniques pour la
mode, la conception de musées
ou encore des fibres haut de
gamme (laine et cachemire).
Cette stratégie devra aussi lui
permettre de reprendre pied
après une année 2023 difficile.
Le groupe a affiché un chiffre
d’affaires en baisse de 11 %
à 653 millions d’euros l’an
dernier. « C’était une année de
transition avec des vents contrai-
res sur les films process princi-
palement, qui ont subi la crise de
l’énergie et la hausse des taux
d’intérêt », assure Michaël
Fribourg pour qui ce sont prin-
c i p a l e m e n t d e s é l éments
conjoncturels et non structu-
rels. n
AGROALIMENTAIRE
Bolton, leader de
la conserve de poisson
en Europe et en Italie,
lance sa marque « Rio
Mare » en France.
Marie-Josée Cougard
La conserve de poisson pèse déjà
son poids en France. Les ventes,
dominées à 56 % par le thon, ont
atteint 1,1 milliard d’euros en 2023,
selon Nielsen. L’italien Bolton,
leader du secteur en Europe, veut
en devenir « un acteur majeur ». Il
connaît très bien le marché hexago-
nal, mais il n’a pas réussi à s’impo-
ser autant qu’il l’aurait voulu avec la
marque Saupiquet acquise en 1999
et dont les boîtes de thon au naturel
lui valent un chiffre d’affaires de
120 millions d’euros.
Le groupe est convaincu que le
moment est venu de bousculer les
habitudes d’achat françaises avec la
marque de thon à l’huile Rio Mare,
leader en Italie. Il a scruté les
rayons, interrogé les consomma-
teurs et Stefano Cossu, le patron
France de Bolton Food, est arrivé à
la conclusion qu’« ils sont prêts pour
autre chose que du thon au naturel
auquel ils ne trouvent pas grand
goût ». Comme le thon à l’italienne, à
l’huile d’olive.
De réelles marges
de développement
Le segment du thon à l’huile, encore
très limité avec 8 % des ventes,
contre 40 % pour le thon naturel lui
parait offrir de réelles marges de
développement. Le groupe compte
bien attirer de nouveaux consom-
mateurs et gonfler l’ensemble des
ventes de thon réalisées en France.
L’objectif de l’entreprise familiale
est de les convaincre par une cam-
pagne publicitaire vantant les
saveurs de l’huile d’olive agrémen-
tée ou pas, de citron, piment et autre
gingembre. Avec 1 million d’euros
pour le lancement avant l’été, Bol-
ton estime avoir mis des moyens
« colossaux, mais nécessaires » sur la
table.
Le marché du thon à l’huile est
pour 40 % entre les mains des mar-
ques de distributeurs (MDD) sui-
vies de loin par la marque Petit
Navire contrôlée par le géant asiati-
que Thai Union. Bolton s’appuiera
sur Rio Mare, la troisième marque
agro-alimentaire la mieux vendue
en Italie après les biscuits Mulino
Bianco de Barilla et les chocolats
Kinder de Ferrero.
En France Rio Mare sera propo-
sée sous sept références, en boîtes
métalliques et en bocaux de verre
pour les filets, à des prix conseillés
de 3,49 à 3,59 euros les 120 gram-
mes. Les emballages sont roses
pour se distinguer du bleu du rayon.
Les boîtes de conserve seront fabri-
quées en Espagne, les bocaux de
filets en Equateur.
Bolton, détenu à 100 % par la
famille fondatrice Nissim, a réalisé
un chiffre d’affaires de 3,2 milliards
en 2022. Ses activités dépassent lar-
gement le cadre de la conserve de
poisson, dont il est le numéro deux
mondial avec des ventes de 1,2 mil-
liard d’euros. L’entreprise commer-
cialise aussi des produits ménagers
comme Carolin, la lessive Génie, les
adhésifs UHU, les nettoyants WC
Net, et le dentifrice Sanogyl… entre
autres. n
AVIS D’ENQUÊTE
PUBLIQUE
COMMUNE DE CHATENAY-MALABRY
Avis d’ouverture d’une enquête publique préalable au
classement de la Cité-Jardin de Châtenay-Malabry au titre
de site patrimonial remarquable.
Par arrêté préfectoral, il sera procédé du 2 avril 2024 à 9h au
26 avril 2024 à 17h30, soit pendant 25 jours consécutifs, à une
enquête publique préalable au classement de la Cité-Jardin de
Châtenay-Malabry, Hauts-de-Seine, au titre de site patrimonial
remarquable.
Il n’est pas soumis à évaluation environnementale et le dossier
ne contient pas d’étude d’impact.
Le siège de l’enquête publique est fixé à la mairie de Châtenay-
Malabry, Hôtel de ville, direction des services techniques -
service urbanisme - 26 rue du docteur le Savoureux - 92290
Châtenay-Malabry.
Madame Estelle DLOUHY-MOREL, ingénieure en retraite, est
désignée par le président du tribunal administratif de Cergy-
Pontoise en qualité de commissaire enquêteur titulaire et
Monsieur François DURAND, cadre supérieur du ministère
des Armées, en qualité de commissaire enquêteur suppléant.
Pendant toute la durée de l’enquête publique, un exemplaire
du dossier d’enquête comprenant notamment une note de
présentation, un rapport d’étude préalable à la création du site
patrimonial remarquable (SPR), un plan cadastral, ainsi qu’un
registre d’enquête seront déposés dans les lieux mentionnés
ci-dessous, aux jours et heures suivants :
- à la mairie de Châtenay-Malabry - direction des services
techniques - service urbanisme - 26 rue du docteur le
Savoureux, 92290 Châtenay-Malabry, du lundi au vendredi de
8h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h30,
- à l’Espace Projets Cité Jardin (maison du projet) situé place
François Simiand 92290 Châtenay-Malabry uniquement
aux jours et heures prévus pour les permanences du
commissaire enquêteur.
Dans les mêmes conditions de lieux et de temps, le dossier
sera également consultable à partir d’une tablette informatique
mise à disposition du public.
Au plus tard, à compter de la date d’ouverture de l’enquête
publique et pendant toute la durée de celle-ci, les pièces
du dossier soumis à l’enquête seront par ailleurs mises à
disposition du public :
- sur le site dédié au projet :
https://www.registre-numerique.fr/spr-chatenaymalabry
- sur le site internet de la préfecture des Hauts-de-Seine :
https://www.hauts-de-seine.gouv.fr/Publications/
Annonces-avis/Enquetes-publiques/Enquetes-publiques-
2024-projets/CHATENAY-MALABRY
La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
- le mardi 2 avril 2024, de 9h à 12h,
- le mercredi 10 avril 2024, de 14h30 à 17h30,
- le samedi 20 avril 2024, de 9h à 12h,
- le vendredi 26 avril 2024, de 13h30 à 17h30.
Les observations et propositions du public transmises par voie
électronique seront consultables sur le registre dématérialisé
précité.
Les observations et propositions du public pourront aussi être
envoyées par écrit à l’attention personnelle du commissaire
enquêteur, au siège de l’enquête. Ces observations et
propositions seront annexées au registre d’enquête du siège
de l’enquête.
De plus, le public pourra faire parvenir ses observations et
propositions :
- sur le registre d’enquête dématérialisé accessible via le site
internet dédié au projet :
https://www.registre-numerique.fr/spr-chatenaymalabry
- à l’adresse courriel :
spr-chatenaymalabry@mail.registre-numerique.fr
Les observations adressées par voie postale ainsi que les
observations écrites seront consultables au siège de l’enquête.
Les observations du public déposées sur les registres
d’enquête publique, sont consultables et communicables aux
frais de la personne qui en fait la demande pendant toute la
durée de l’enquête.
Le rapport et les conclusions du commissaire enquêteur seront
tenus à disposition du public, à réception et pendant un an à
compter de la clôture de l’enquête, à la préfecture des Hauts-
de-Seine (Direction de la citoyenneté et de la légalité/BEICEP)
et à la mairie de Châtenay-Malabry, siège de l’enquête, ou
pourront être consultés sur le site internet de la préfecture des
Hauts-de-Seine, à l’adresse :
https://www.hauts-de-seine.gouv.fr/Publications/
Annonces-avis/Enquetes-publiques/Enquetes-publiques-
2024-projets/CHATENAY-MALABRY
La décision de classement du périmètre situé sur le territoire de
la Cité-Jardin de Châtenay-Malabry, au titre de site patrimonial
remarquable sera prononcée ou refusée par la ministre de la
culture.
Elle sera notifiée à la commune de Châtenay-Malabry et à
l’EPT Vallée Sud Grand Paris, responsables du projet.
Toute information relative au dossier d’enquête publique
concernant le projet pourra être demandée à la personne
suivante :
Madame Emmanuelle L’HUILLIER
Ville de Châtenay-Malabry
26 rue du Docteur Le Savoureux
92290 CHATENAY-MALABRY
urbanisme@chatenay-malabry.fr
Le préfet,
EP 24-156 / contact@publilegal.fr
 Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos 20

fusions // acquisitions // cessions // partenariats

ENTREPRISES COMMERCIALES ET INDUSTRIELLES

Contact : SELARL de SAINT-RAPT & BERTHOLET RECHERCHE D’INVESTISSEUR OU DE REPRENEUR APPEL D’OFFRES - CESSION D’ENTREPRISE
Madame Marine APARICIO - Sainte Victoire, angle ouest SOCIÉTÉ EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE (L.642-2 et suivants du Code de commerce)
70, rue de la Tramontane 13090 Aix en Provence
Tél : +33 (0) 442 66 56 60 - Fax : +33 (0) 442 65 20 96 (L631-22 et L642-1 et suivants du Code de Commerce) CINEMA
Courriel : marine@desaintrapt.fr & aix@desaintrapt.fr
SARL SALONS LECOQ GADBY Activité : Exploitation de salles cinématographiques/
Erwan MERLY Programmation de films
RECHERCHE DE REPRENEURS DANS LE CADRE D’UN REDRESSEMENT JUDICIAIRE Administrateur Judiciaire
associé
Activité : HOTEL & SPA Début de l’activité : 07/2022 SELARL P2G
Dénomination sociale : SAS SOCIETE DEBEUF MANUTENTION LEVAGE Chiffre d’affaires au 30/06/2023 : 356 k€
Activité : Commerce de gros de fournitures et équipements industriels divers Rennes – Lorient - Caen CA 2021 : 296 K€ (12 mois) Effectifs : 3 salariés Me Céline PELZER
La Roche sur Yon
Localisation : Vitrolles La Rochelle - Le Mans Effectif : 4 salariés Superficie : 2 000 m² (5 salles de cinémas : 550 fauteuils) 48 rue La Fayette
Clientèle : France & Afrique Dossier suivi à RENNES Localisation : Arpajon (91) 75009 PARIS
Chiffre d’affaires HT : 3.757 K. Euros (exercice 31.12.2022) Maître Erwan MERLY Implantation : Rennes centre Date RJ : 12 mars 2024 Réf. Dossier : 1556
Nombre de salariés : 14 personnes A.J.I.R.E. Date limite de dépôt des offres : La date limite de dépôt des offres est fixée au Contact :
Locaux d’activité : loyer de 60 K. Euros HT/annuel pour une superficie de 1134 m² 6 cours Raphael Binet
CS 76531 - 35065 RENNES 26/03/2024 à midi 12 avril 2024 à 12H00 Séphora ZEPHIR
Date limite de remise des offres auprès de la SELARL de SAINT-RAPT & BERTHOLET : Tél 02 99 67 84 90 Les offres sont à déposer en 3 exemplaires originaux + par courriel à : paris@p2g.fr Tél: 01 48 24 33 36
15 avril 2024 à 12 heures 30 etude.rennes@ajire.eu Contact : etude.rennes@ajire.eu Une data room électronique hébergée sur notre site www.p2g.fr sera accessible paris@p2g.fr
après signature d’un engagement de confidentialité téléchargeable sur notre site.
L’accès au dossier de présentation se fera par dataroom. Les identifiants de connexion seront communiqués après Accès au dossier de reprise après signature d’un engagement de confidentialité
transmission d’un engagement de confidentialité disponible sur le site : aj-specialises.fr/societe et sur justification de la capacité et de l’intérêt du candidat à étudier le dossier www.p2g.fr

RECHERCHE D’ACQUÉREURS RECHERCHE D’INVESTISSEUR OU DE REPRENEUR

SOCIÉTÉ EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE RECHERCHE DE REPRENEURS ET D’INVESTISSEURS DANS LE
EN PLAN DE CESSION (L631-22 et L642-1 et suivants du Code de Commerce) CADRE D’UNE PROCÉDURE DE REDRESSEMENT JUDICIAIRE
Société proposant des solutions digitales visant à l’amélioration ARTICLES L642-22 ET R.642-40 DU CODE DE COMMERCE
de la visibilité numérique, l’acquisition de nouveaux clients Erwan MERLY Activité : Prestataire d’enseignes
et le recrutement de nouveaux talents Administrateur Judiciaire (fourniture de forces de vente dans les rayons TV, SAS ELAN
associé électro-ménagers, Image / son)
En redressement judiciaire Rennes – Lorient - Caen
Chiffre d’affaires consolidé au 31/12/2022 : 5 089 K€
La Roche sur Yon
● 6 salariés La Rochelle - Le Mans
Effectifs cumulés : 67 salariés
● Chiffre d’affaires 2022 : 4 863 K€ Dossier suivi à RENNES
Maître Erwan MERLY Implantation(s) : France métropolitaine
● Résultat net 2022 : (2 288) K€ A.J.I.R.E.
6 cours Raphael Binet
Date limite de dépôt des offres :
Pour accéder au dossier de présentation, les candidats intéressés sont invités à contacter par écrit : Activités • Conception et fabrication de structure bois
Maître Joanna Rousselet – Administrateur judiciaire CS 76531 - 35065 RENNES 29/03/2024 à 12h Clientèle • Distributeurs de matériaux, Constructeurs et promoteurs,
Tél 02 99 67 84 90
38 avenue Hoche – 75008 Paris etude.rennes@ajire.eu Contact : etude.rennes@ajire.eu Entreprise Générale, Charpentiers
joanna.rousselet@fajr.eu - violette.duchon-doris@fajr.eu Accès au dossier de reprise après signature d’un engagement de confidentialité Salariés • 115 salariés
La date limite de remise des offres est fixée au 17 avril à midi et sur justification de la capacité et de l’intérêt du candidat à étudier le dossier Chiffres clés • Exercice 2022/2023 : CA 19 124 k€ / RN : - 643 k€
Exercice 2021/2022 : CA 16 339 k€ / RN : - 59 k€
Exercice 2020/2021 : CA 15 155 k€ / RN : - 621 k€
Locaux • Bureaux d’ingénierie : VEDENE (84) et CHATTE (38) Bureaux :
APPEL D’OFFRES DE REPRISE D’ENTREPRISE RECHERCHE DE REPRENEURS EN PLAN DE CESSION MAGLAND (74)
SAS MANUFACTORY EVER GRES - MEG NOUVELLE MMO Ateliers de production : PITHIVIERS (45), REMOULINS (30),
Redressement Judiciaire du 12 mars 2024 Conception, fabrication industrielle et et AIX-EN-PROVENCE-LES MILLES (13)
Activité concernée : Fabrication et commercialisation commercialisation ou location de produits à
de céramique et tous carrelages et matériaux de construction Erwan MERLY destination du service médical L’accès aux informations (data-room électronique et/ou dossier de présentation)
Administrateur Judiciaire sera possible après la régularisation d’un engagement de confidentialité.
CA HT au 31/12/2022 : 24.596 K€ Chiffre d’affaires au 31/12/2023 : 7,2 M€
associé
Effectif : 71 salariés Résultat d’exploitation au 31/12/2023 : (-1,9 M€) DATE LIMITE DE DEPOT DES OFFRES
Siège social : 51530 OIRY Rennes – Lorient - Caen
La Roche sur Yon
Résultat net au 31/12/2023 : (-2 M€) LE VENDREDI 19 AVRIL 2024 A 12H00
Un accès à la data-room est disponible auprès de la SELARL AJC, représentée par Maître Nicolas TORRANO, après La Rochelle - Le Mans Effectif : 54 salariés à déposer à l’étude d’ANNECY (74000), 6 Route de Vignières.
régularisation d’un engagement de confidentialité. Implantation : VITRE (35)
Les offres devront : Dossier suivi par
• être écrites et comporter les indications prévues par l’article L.642-2 du code de commerce Date limite de dépôt des offres : SELARL ANASTA
• être complétées d’une attestation telle que prévue par l’article R.642-1 du code de commerce Maître Erwan MERLY 29 mars 2024 à 12 H Maître Marc CHAPON &
• être adressées à l’administrateur judiciaire au plus tard le : Mercredi 17 avril 2024 à 12 heures A.J.I.R.E.
en son cabinet - 31-33 rue de Talleyrand - 51000 REIMS
Contact : etude.rennes@ajire.eu Maître Vincent GILLIBERT Merci de
6 Cours Raphaël Binet
Tél : +33 3 20 983 336 - Contact mail : dataroom@ajc.eu - Data-room : http://dataroom.ajc.eu 35000 RENNES (Accès donné au dossier de présentation sur demande écrite et motivée du contacter : Henri DELMAS
candidat justifiant d’une capacité commerciale et financière adaptée, après
Web : http://www.aspaj.fr et https://actify.fr Tel : 02 99 67 84 90 signature d’un engagement de confidentialité et d’un cahier de charges) hdelmas@anasta.fr / Tel : 04 79 70 86 74

Merci de contacter : AJ PARTENAIRES SELARL CARDON & BORTOLUS RECHERCHE DE REPRENEURS DANS LE CADRE D’UNE
Maîtres Didier LAPIERRE et Ludivine SAPIN Contact : Monsieur Paul Chaudet
Madame Carla BRUSEGAN Tél. : +33 (0) 1 60 09 96 00 PROCÉDURE DE PREPACK CESSION
18 rue Jacquemart- 26100 ROMANS – Tél : 04 75 02 86 03
courriel : estelle.monard@ajpartenaires.fr E-mail : p.chaudet@cardon-bortolus.fr Entreprise spécialisée dans la fabrication de gélules
RECHERCHE DE REPRENEURS DANS LE CADRE D’UN REDRESSEMENT JUDICIAIRE APPEL D’OFFRES DE REPRISE OU PARTENARIAT
ENVI (751 199 712) - Promoteur immobilier situé à Chelles (77) Activités • Fabrication de gélules de gélatine (bovine,
Société : LAMAZUNA
Activité de l’entreprise : Commercialisation de produits d’hygiène « zéro déchet » et 2022 2021 2020 marine, poisson) dans les domaines
écologiques CA HT 1,6 M¤ 973 K¤ 611 K¤ pharmaceutiques et diététiques
Localisation : Drôme REX -1,6 M¤ -2,8 M¤ -8,5 M¤
Effectif actuel : 7 salariés Clientèle • Clientèle internationale composée des grands
TOTAL BILAN 9 M¤ 10,1 M¤ 11,6 M¤
C.A. HT du dernier Exercice (31.03.2023) : 2.843 K€ comptes de l’industrie pharmaceutique
Valeur nette comptable des immobilisations du dernier exercice (31.03.2023) : 581 K€ Effectifs : 19 personnes
Locaux d’activité : locaux d’une surface globale de 3.100 m² comprenant accueil, Date limite de dépôt des offres : 2 avril 2024 à 16H00 Salariés • 83 salariés
commercial, bureaux et stockage Chiffres clés • Exercice 2022 : CA 11 796 k€ / RN : 67 k€
L’accès à une data room sera donné sur demande écrite motivée auprès de l’Etude
DATE LIMITE DE DÉPÔT DES OFFRES : MARDI 30 AVRIL 2024 À 12H00. après signature d’un engagement de confidentialité. [réf. Etude : n° 8525] Exercice 2021 : CA 10 733 k€ / RN : 41 k€
Exercice 2020 : CA 9 964 k€ / RN : 111 k€
Localisation • LA CIOTAT (13600)
AJ PARTENAIRES
APPEL D’OFFRE POUR CESSION D’ENTREPRISE DANS LE CADRE Locaux • Bail portant sur un bâtiment industriel de
Maîtres Jean-Baptiste AUDRAS - Jérôme ABABIE
Administrateurs Judiciaires D’UNE PROCEDURE DE LJ AVEC POURSUITE D’ACTIVITE 5 663m² (bureaux, zone de stockage, zone
22, Rue du Cordier - BP 107 - 01000 BOURG EN BRESSE
Tél : 04.07.45.91.80. (Articles L.642-22 et R.642-40 du Code de Commerce) technique, ateliers de fabrication)
Email : marion.clair@ajpartenaires.fr Siège social : 5 rue Barrouin L’accès aux informations (data-room électronique et/ou dossier de présentation)
APPEL D’OFFRES EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE - RECHERCHE D’OFFRE(S) DE CESSION 42000 SAINT-ETIENNE sera possible après la régularisation d’un engagement de confidentialité.
Activité : Vente et installation de cuisines professionnelles pour la collectivité Activité : Imprimeur et plus précisément est DATE LIMITE DE DEPOT DES OFFRES
et la restauration commerciale. Installation frigorifique, SAV, maintenance. prestataire de solutions sur-mesure en assurant LE JEUDI 21 MARS 2024 A 18H00
Lieu : BOURG EN BRESSE l’impression, la découpe, le façonnage, la à déposer à l’étude de MARSEILLE (13207), 11 rue Venture.
Chiffre d’affaires au 31.12.2022 (12 mois) : 4 057 K€ logistique de tous types de supports destinés à la communication, au
Chiffre d’affaires au 31.12.2021 (12 mois) : 5 292 K€ marketing, au merchandising et à la signalétique. SELARL ANASTA
Effectif : 15 salariés Nombre de salariés : 29
Une note de présentation sera adressée sur demande écrite précisant l’identité du candidat repreneur et Maître Vincent GILLIBERT
justifiant de sa capacité commerciale et financière à intervenir dans une telle affaire.
Actifs : Nombreux actifs en pleine propriété et/ou en location et/ou Merci de contacter : Agnès CHATEL
crédit-bail
DATE LIMITE DE DÉPÔT DES OFFRES : 26 AVRIL 2024 À 12H Clientèle : professionnels ayant recours à ses services à des ins achatel@anasta.fr / Tel : 04 79 70 86 74
publicitaires et de promotion.
Eléments comptables :
APPEL D’OFFRES RECHERCHE D’INVESTISSEURS
OU DE REPRENEURS EN PLAN DE CESSION Exercices CA EBE RECHERCHES D’INVESTISSEURS OU
Société en conciliaion – Aricles L. 611-7 et L. 642-1 et suivants du Code du commerce
31/12/2023 6 011 186 REPRENEURS EN PLAN DE CESSION
SOCIETE SPECIALISEE DANS LA CONCEPTION, LA PRODUCTION
ET LA COMMERCIALISATION DE PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES 31/12/2022 5 946 29 ADVANTIS REGIPROCESS ADVISKO STPM
EFFECTIF : 88 salariés
Comptes 2022 2023 Informations pratiques
C.A. 12,4 M€ 21 M€ Chaudronnerie,
Résultat d’exploitaion -3,8 M€ -3,7 M€ L’accès aux informations (data-room électronique et/ou dossier SELARL AJUP Tuyauterie,
de présentation) sera possible après demande écrite précisant Acivité tuyauterie, isolaion Chaudronnerie et
La date limite de dépôt des offres est fixée au 9 avril 2024 à 12h00 Holding animatrice isolaion thermique
l’identité du Candidat-repreneur et justiiant de sa capacité Maître Eric ETIENNE-MARTIN, thermique et tuyauterie et échafaudage
Accès à une data room sur demande écrite moivée du candidat à la reprise jusifiant d’une commerciale et inancière à intervenir sur cette afaire et après échafaudage
capacité financière et commerciale adaptée et signature d’un engagement de confidenialité. Administrateur Judiciaire
Aricle L. 611-15 du code de commerce : « Toute personne qui est appelée à la procédure de la régularisation d’un engagement de conidentialité.
conciliaion ou à un mandat ad hoc ou qui, par ses foncions, en a connaissance est tenue à la
Les Candidats intéressés
12 rue Louis Braille
confidenialité. »
Pour obtenir un dossier de présentaion, s’adresser à : sont invités à déposer une ofre avant 42000 Saint-Etienne Prestaions Sous-traitante
Bertrand MANIERE, 26, Boulevard Vincent Gâche - 44200 Nantes Sous-traitante de la société
Mail : rmace@thevenotpartners.eu - s.nantes@thevenotpartners.eu le 10 avril 2024 à 16 heures e-mail : Relaions administraives, Société à 100 % REGIPROCESS
Réf : RM4583 juridiques d’exploitaion
www.thevenotpartners.eu dernier délai en l’étude de : a.marmillon@ajup.fr intra-groupe de la société pour une parie
PARIS – NANTES
et financières principale REGIPROCESS de son
pour le groupe Chiffre d’Affaires

344 000 6 694 688 € 340 988 917 886

CA 31/12/2022
Selarl BCM (18 mois) (18 mois) (2 mois) (18 mois)
Administrateurs Judiciaires Associés e
M Sandra BELADJINE
CESSION ISOLEE D’ACTIFS DANS
LE CADRE DE LA LIQUIDATION CA 30/04/20221 130 000 4 221 222 € - 375 456
(7 mois) (12 mois) (16 mois)
RECHERCHE DE REPRENEURS JUDICIAIRE DE LA SOCIETE BURTON
Article L.642-19 du code de commerce
SAS LES BRASSERIES PARISIENNES Effecif actuel 1 28 1 0

• Activité : Société pionnière à Paris (2015) dans la fabrication et distribution Le présent appel d’offres porte sur : Les offres devront être transmises pour
de bière artisanale, sous la marque BAPBAP. Leader des brasseries - 4 marques dont Burton et 30 dessins et modèles le 02 avril 2024 à 18h00 au plus tard,
indépendantes franciliennes / multimédaillées. accompagnées des documents prévus par les aricles L.642-1 et suivants du Code de Commerce :
• 2 Sites de production : Paris (1800m²) et Sucy-en-Brie (5004m², 50% Origine N° de la marque Marque
La SELARL BMA ADMINISTRATEURS JUDICIAIRES,
utilisés) avec une capacité de production à terme jusqu’à 55k hL. FR 99829136 Le petit Burton A l’atenion de Maître Laurent MIQUEL,
• Moyens de production (essentiellement en crédit-bail) : 119 RUE JACQUEMARS GIELEE – 59041 LILLE CEDEX
• Salle de brassage 40hL. 100% automatisée ; FR 99829137 Le petit Burton Tél : 03.28.36.17.36 – Emails : contact@bma-aj.com / clarisse.blandin@bma-aj.com
• Enfuteuse fûts inox (capacité 80 unités/heure) et fûts plastiques Accès à la data room après signature d’un engagement de confidenialité
FR 1255670 BURTON
(35 unités/heure) ;
• Ligne bouteille et canette, 6000 unités/heure, avec palettisation FR 3236063 Burton
100% automatisée.
- Nom de domaine
• Distribution : CHR, GD, Grossistes, Évènementiel, brassage à façon, et VOUS SOUHAITEZ PARAÎTRE DANS CETTE RUBRIQUE
- Stock
vente directe.
• Chiffre d’affaires au 31/12/2023 (projet) : 4,1M€ Calendrier fixé par le juge-commissaire : Contact : Sarah MEDARD : 01 87 39 74 94
• Effectifs : 25 salariés (22 CDI et 3 apprentis), 2 fondateurs. Date limite de dépôt des offres :
26 mars 2024 à 15h00 smedard@lesechos.fr
Les offres devront être remises au plus tard le en l’Etude ASPERTI – DUHAMEL, Commissaires de justice audienciers,
le jeudi 18 avril 2024 à 12h00. Tribunal de commerce de Paris
Audience d’ouverture des plis :
L’accès à une dataroom pourra être SELARL BCM 27 mars 2024 à 16h00
RETROUVEZ UNE SÉLECTION DE CES ANNONCES
obtenu, après présentation succincte Maître Sandra BELADJINE
du candidat et de son projet de
7, rue de Caumartin à PARIS (75009)
au Tribunal de commerce de Paris, SUR NOTRE SITE :
reprise, signature d’un engagement de
Contacts pour informations :
confidentialité, et communication des
derniers comptes sociaux.
Contact : paris@bcm-aj.com
Référence à rappeler : 35913 jeremy.ramonet@btsg.eu / gasnier@btsg.eu REPRISE-ENTREPRISE.LESECHOS.FR
21 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 ENTREPRISES

La Ligue 1 s’engage dans le BioMérieux lance

des diagnostics
match des « fantasy leagues » innovants
change constants, dépassant
SPORT PHARMACIE l’objectif que le groupe s’était
assigné (4 % à 6 %). Un fort effet
Pour susciter l’intérêt La croissance de change négatif (55 millions
autour du champion- du leader mondial d’euros) l’a masqué, en données
nat de France, la Ligue des équipements publiées, les ventes n’ont pro-
de football profession- de diagnostics in gressé que de 2,4 % en 2023, et
nel va lancer « Coach vitro s’accélère. les effets de change négatifs
Ligue 1 », un nouveau devraient continuer à peser
jeu à la frontière cette année pour 50 millions
de Sorare et Myriam Chauvot d’euros, estime le groupe.
Mon Petit Gazon.
BioMérieux a beau être déjà lea- Traumatismes crâniens
der mondial des équipements Les effets de change et la dépré-
Yann Duvert de diagnostics in vitro – par ana- ciation d’Hybiome ont grevé le
lyse de prélèvements – , sa crois- résultat net, qui n’a été l’an der-
Valoriser la Ligue 1 passe sans doute sance reste forte. Cela a encore nier que de 358 millions (-21 %).
par une transformation de son été le cas en 2023, grâce notam- Mais BioMérieux a ainsi lancé
image, et par une reprise en main ment à des innovations qui en juin aux Etats-Unis (en octo-
de son écosystème numérique. étendent son champ d’action bre en France) Spotfire, pour
Dans cette optique, la Ligue de foot- bien au-delà des maladies diagnostiquer en quinze minu-
ball professionnel va lancer un nou- infectieuses qui sont sa spécia- tes un ensemble de maladies
veau jeu de fantasy, baptisé Coach lité historique. respiratoires comme le Covid,
Ligue 1. A la frontière de Sorare et de Car on sait maintenant utili- la grippe et la bronchiolite, avec
Mon Petit Gazon (racheté par la ser les marqueurs sanguins 2 kits Spotfire n’a généré que
LFP en 2022), son fonctionnement pour diagnostiquer bien 20 millions l’an dernier mais
reposera sur des cartes virtuelles à d’autres choses par simple prise « l’objectif est de 80 millions cette
collectionner et à aligner dans son de sang. Par exemple, la pré- année et 400 millions en 2027 »,,
équipe, pour gagner de la monnaie sence d’un traumatisme crâ- précise le directeur général
de jeu – virtuelle elle aussi. nien. Et demain, possiblement, Pierre Boulud.
Chacun débutera avec un budget le risque de faire une crise Une fois le pathogène identi-
initial pour constituer une équipe cardiaque. Diagnostiquer fié, si c’est une bactérie, reste à
de 11 joueurs, dont le résultat dépen- l’urgence cardiaque par prise choisir le bon antibiotique, à la
dra des performances réelles lors Chaque joueur débutera avec un budget initial pour constituer une équipe de 11 joueurs, dont de sang, c’est ce à quoi travaille bonne dose, en mesurant l’éven-
de chaque journée de Ligue 1 et le résultat dépendra des performances réelles lors de chaque journée de Ligue 1 et Ligue 2. Photo AFP la start-up norvégienne Spin- tuelle antibiorésistance. Sur ce
Ligue 2. Il n’y aura pas de confronta- Chip Diagnostics, dans laquelle créneau où il est leader mon-
tion entre joueurs, mais un classe- limitées à 500 éditions par an et tir. Cette ambition rejoint notre jeux. La loi Jonum (pour Jeux à BioMérieux a annoncé jeudi dial, la nouveauté 2023 est un
ment général. Pour renforcer son coûteront au minimum 20 centi- volonté de développer la marque objets numériques monétisables), prendre une participation. antibiogramme en six heures
équipe, il sera possible d’acheter des mes d’euros, et ainsi de suite, jus- Ligue 1, plus proche de ses clients, dont le décret d’application se fait Dans le diagnostic in vitro, au lieu de quinze à dix-huit heu-
packs de cartes supplémentaires, qu’aux cartes « légende », dont un plus émotionnelle ». toujours attendre, devrait bientôt le l’innovation ne fait que com- res normalement.
ou des cartes à l’unité revendues par seul exemplaire sera édité chaque « On veut faire jouer les gens permettre. n mencer. Son potentiel a de quoi Mais les innovations les plus
les utilisateurs sur un marché année, pour un prix minimum de autour de la Ligue 1 et la Ligue 2, que enthousiasmer, mais le marché spectaculaires sont dans les
secondaire. Les achats seront possi- 100 euros. ça rentre dans leur semaine type », a été refroidi jeudi par la baisse immuno-essais, qui repèrent
bles en euros ou en monnaie de jeu. Cette initiative « s’inscrit dans une poursuit Martin Jaglin, qui espère
« On veut faire du résultat net 2023 du cham- des pathologies via la présence
stratégie globale de conquête de nou- avoir conquis 100.000 joueurs l’an jouer les gens pion français basé à Lyon. La de marqueurs dans le sang. Cela
Cinq niveaux de rareté veaux fans. Le digital est un canal prochain. autour de la Ligue 1 faute à 120 millions d’euros de révolutionne certains diagnos-
Avec une subtilité, qui n’est pas sans majeur pour y arriver », résume Il sera peut-être temps, alors, de dépréciation de la société chi- tics, en permettant de les réali-
rappeler le principe de Sorare : Jérôme Cazadieu, directeur édito- passer à l’étape supérieure. La pos-
et la Ligue 2, que noise Hybiome, acquise en 2018. ser hors de l’hôpital en décen-
« Les cartes auront cinq niveaux de rial et marketing de LFP Media. sibilité d’échanger de la monnaie ça rentre dans leur L’innovation paie quand elle tralisé, quand la loi le permet (ce
rareté, avec une preuve numérique Dans cette optique, la Ligue plan- virtuelle contre des cadeaux bien semaine type. » marche, mais elle comporte iné- qui n’est souvent pas le cas en
grâce à la blockchain », résume che sur une refonte de ses sites réels fait partie des options envisa- MARTIN JAGLIN vitablement une part de risque. France). En octobre, BioMé-
Martin Jaglin, cofondateur de MPG internet et de son application geables. Voire celle de revendre Cofondateur de MPG Globalement, l’innovation est rieux a ainsi obtenu le mar-
et désormais « Head of Digital mobile, « pour offrir aux passionnés indirectement des cartes contre des une stratégie payante : à 3,7 mil- quage CE pour commercialiser
Growth » chez LFP Media. Les car- de nos championnats un univers de euros sonnants et trébuchants liards d’euros, le chiffre d’affai- en Europe un diagnostic par
tes « espoirs » seront gratuites et en référence sur lequel ils pourront grâce à des plateformes tierces, res de BioMérieux a progressé prise de sang des traumatismes
nombre illimité, les « pros » seront s’informer tout autant que se diver- comme le permettent déjà certains de 6,6 % l’an dernier à taux de crâniens légers. n

suite rubrique fusions

Recherche de repreneurs et/ou d’investisseurs Recherche de repreneurs ou d’investisseurs RECHERCHE DE PARTENAIRES/CANDIDATS
Hélène Bourbouloux I Jean-françois Blanc I Gaël Couturier I Cécile Dür I Nathalie Leboucher I Sylvain Hustaix I Hélène Bourbouloux I Jean-françois Blanc I Gaël Couturier I Cécile Dür I Nathalie Leboucher I Sylvain Hustaix I A LA REPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
Benjamin Tamboise I Charlotte Fort I Alicia Alves I Éric Samson I Théophile Fornacciari Benjamin Tamboise I Charlotte Fort I Alicia Alves I Éric Samson I Théophile Fornacciari
Maître Nicolas DESHAYES Chiffre d’affaires au 31/12/2022 : 720 835,53 €
Recherche partenaire ou repreneur pour une entreprise SARL NESKAK – ORPI BOUCAU IMMO 46, Promenade Jean Effectif : 6
Les candidats intéressés de pose de carrelages, de revêtements sols et murs Les candidats intéressés Rostand
sont invités à se manifester Redressement judiciaire du 4 mars 2024 Activité : Toute activité de formation, de conseil et d’assistance
sont invités à se manifester Redressement judiciaire du 12/07/2023 93000 BOBIGNY
auprès de : • Activité : Transactions immobilières, en particulier dans le domaine de la sécurité en tout genre
auprès de : • Activités : pose de carrelages, de revêtement sols et murs, pour une Contact :
• Chiffre d’affaires au 31/12/2023 (exercice clos) : 133 422 €, Alexandra CECHOWSKI Localisation : ROISSY EN France (95)
clientèle principalement constituée de promoteurs immobiliers nationaux. SELARL FHBX
Me Sylvain HUSTAIX, a.cechowski@ajassocies.fr Clientèle : société de sécurité
SELARL FHBX • Lieu : Gard (30), Bouches-du-Rhône (13) et Alpes-Maritimes (06) • Enseigne : ORPI BOUCAU IMMO, Actifs à céder : portefeuille clients, mobiliers, droit au bail
Administrateurs
Me Jean-François • Chiffre d’affaires : au 30/09/2023 : 7,6 M€ Judiciaires Associés • Siège social : Centre Commercial les Tuileries Route Date Redressement Judiciaire : 25 janvier 2024
BLANC au 30/09/2022 : 8,8 M€ 7 Chemin de la Marouette Nationale 10 - 64340 Boucau,
22 Rue des Chasseurs au 30/09/2021 : 9,4 M€ Bâtiment TOKI LANA La date limite de dépôt des offres est fixée au
64100 Bayonne
• Effectif total : 3 salariés (1 CDD et 2 CDI). Maître Maxime LANGET vendredi 29 mars 2024 à 12h
34070 Montpellier • Effectif total : 28 salariés
www.fhbx.eu La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au 3bis rue des Archives Une data room électronique hébergée sur notre site www.ajadataroom.fr sera
www.fhbx.eu La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au 94000 CRETEIL accessible après acceptation d’un engagement de confidentialité.
e-mail : 15 avril 2024 à 12h00. e-mails : lundi 22 avril 2024 à 12h00.
Franck MICHEL
F.MICHEL -Alain MIROITE
- A.MIROITE - Nicolas
- N.DESHAYES DESHAYES -- Christophe
- S.PREVILLE L.MIROITE -BIDAN - Serge
C.MASCHI PREVILLE - Lesly
- H.COUSTANS MIROITE -
- M.LEBRETON
montpellier@fhbx.eu segolene.richer@fhbx.eu L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisation d’un Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON
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ENTREPRISES Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos 22

Art : coup de frein sur les
œuvres d’exception en 2023
l Le rapport Art Basel-UBS rendu public mercredi, fait écho à celui d’Artprice
de la semaine dernière.
l Il acte le recul du marché mondial en 2023 et la hausse des ventes en ligne.
MARCHÉ DE L’ART
Martine Robert
Le coup de frein est bien là : selon
l’Art Basel-UBS Global Art Market
Report publié mercredi, les ventes
d’art ont diminué de 4 % l’an dernier
pour atteindre un montant estimé
de 65 milliards de dollars, restant
toutefois au-dessus du niveau
d’avant la pandémie (64,4 milliards
en 2019). Un recul qui intervient
après deux années de forte crois-
sance, et dans un contexte compli-
qué.
Les taux d’intérêt, l’inflation et
l’instabilité politique se sont conju-
gués pour ralentir en particulier le
segment haut de gamme. Cepen-
dant, le volume global des
transactions a lui augmenté de 4 %,
maintenant un environnement
commercial dynamique.
« Les collectionneurs sont restés
actifs mais plus soucieux de qualité.
L’augmentation des nouveaux ache-
teurs, souvent plus jeunes, et la
hausse des achats en ligne, témoigne
du potentiel du marché », pointe
Pour Noah Horowitz, PDG d’Art
Basel.
Remontée de la Chine
Les Etats-Unis conservent leur lea-
dership à 42 % des ventes en valeur
mais après les sommets de 2022, ils
enregistrent une baisse de 10 % à
27,2 milliards, touchés par le recul
du segment le plus cher, leur terrain
de prédilection. Avec l’assouplisse-
ment des restrictions liées à la pan-
démie, la Chine reprend l’avantage
avec 19 % du marché sur le Royau-
me-Uni à 17 %. Les ventes ont aug-
menté de 9 % à 12,2 milliards de dol-
lars, par un effet de rattrapage tant
des enchères en Chine continentale
que des foires à Hong Kong, mais le
second semestre marque le pas.
L’activité au Royaume-Uni a, elle,
diminué de 8 % à 10,9 milliards de
dollars, même si le pays reste la pla-
que tournante européenne des
Le volume des transactions global a augmenté de 4 % en 2023 maintenant un environnement
commercial dynamique, selon Art Basel-UBS. Photo Guy Bell/Sipa
ventes chez les antiquaires et gale-
ristes ont diminué de 3 % en 2023 à
36,1 milliards mais pour une fois, les
petits marchands au chiffre d’affai-
res inférieur à 500.000 dollars s’en
sont mieux sortis. Globalement, les
foires ont moins pesé pour les mar-
chands, représentant 29 % de leurs
revenus (–6 %). Enfin les ventes aux
enchères ont perdu 5 % à 28,9 mil-
liards de dollars, bien que toujours
au-dessus des niveaux d’avant pan-
démie. Les adjudications d’œuvres
de plus de 10 millions de dollars ont
connu une baisse de 40 %, tandis
que le moyen et le bas de gamme
continuaient à croître.
Rédigé par Clare McAndrew
d’Arts Economics, ce rapport est le
« Les ventes
ont redémarré
fortement en Asie
seul à prendre en compte à la fois les
marchands et les maisons de vente,
quand celui d’Artprice, publié mer-
credi dernier, se focalise unique-
ment sur les enchères et sur le
« Fine Art » (peinture, sculpture,
dessin, photo, vidéo, installation,
NFT) excluant les objets décoratifs
ou le mobilier. Sur ce périmètre,
Artprice constate un recul encore
plus sévère, de 14 %, des enchères
d ’œ u v r e s d ’a r t , r e t o m b é e s à
14,9 milliards de dollars.
En revanche « cette baisse masque
un record absolu d’adjudications
– 763.000 – en hausse de 5 %, avec une
explosion de celles de moins de
1.000 dollars et une hausse de 285 %
des ventes en ligne, constate Thierry
Ehrmann, fondateur d’Artprice. Le
marché a basculé sur Internet, porté
par de nouveaux acheteurs dont l’âge
moyen est passé de 63 à 41 ans en
vingt-deux ans ».
naires, tandis que la Chine gagne
4 % à 4,9 milliards.
« Les ventes ont redémarré forte-
ment en Asie mais décliné en Occi-
dent, où celles supérieures à 50 mil-
lions de dollars ont chuté »,
synthétise Thierry Hermann.
Après un effondrement en 2022 lié
au krach des cryptomonnaies, le
marché des NFT rebondit à
22,7 millions de dollars (+64,6 %)
avec le record de 6,2 millions pour
le Ringers #879 de Dmitri Cherniak.
Pour 2024, selon Art Basel-UBS,
36 % des marchands tablent sur une
légère hausse des ventes, 48 % sur
une stabilité, 16 % sur une baisse.
« L’art est bien plus que la possession
d’œuvres ; il est associé à des événe-
ments, des expériences, des commu-
nautés, et tout cela participe à la
résistance du secteur », estime Paul
Donovan, économiste en chef chez
UBS Global Wealth Management.
mécénat
CMA CGM valorise
les Arts de Byzance et
des Chrétientés d’Orient
MUSÉE DU LOUVRE
Attaché à ses racines
méditerranéennes, le groupe
familial soutient l’ouverture
de ce nouveau département
du musée. Le géant du
transport maritime accompa-
gne bien d’autres institutions
culturelles.
La présidente-directrice du
Louvre en rêvait dès son arrivée
aux commandes de l’établisse-
ment en septembre 2021 : créer
un nouveau département des
Arts de Byzance et des Chrétien-
tés en Orient, le neuvième du
musée. Et pour cela, Laurence
des Cars vient de recevoir un
mécénat de taille, celui de CMA
CGM, qui devrait faire des ému-
les ces prochaines semaines.
Selon nos informations, le géant
du transport maritime diversi-
fié ces dernières années dans les
médias, aurait apporté 5 mil-
lions d’euros. Mais le groupe
reste discret sur le sujet comme
sur son mécénat en général.
« La création d’un départe-
ment au sein du Louvre est un
événement rare, qui ne peut se
concevoir sans l’appui de grands
d o n a t e u rs p a r t a ge a n t s e s
valeurs », souligne Laurence des
Cars. Le « partenariat inédit »
avec 4 personnes, fuyant le
Liban en guerre. « Nous poursui-
vons ainsi notre engagement en
faveur de la préservation et du
rayonnement du patrimoine cul-
turel », ajoute-t-elle.
De fait, le transp orteur
apporte son appui à des institu-
tions phares, en France et à
l’international, pour des actions
qu’il juge porteuses de sens pour
lui. Ainsi en juillet 2022, il finan-
çait un dispositif de médiation
i n t e r a c t i f, « L a t a b l e d e s
marins », à l’Hôtel de la Marine,
permettant de se plonger sur les
traces de 10 marins français
remarquables du XVII e au
XXe siècle.
L’écologie aussi
CMA CGM a aussi été un impor-
tant sponsor de la rénovation du
musée national de la Marine, en
particulier de la galerie traitant
des économies maritimes et du
transport de marchandises. On
peut y admirer parmi les
impressionnantes maquettes
de bateaux, celle du porte-
conteneurs « Jacques Saadé ».
Au château de Versailles, le
char d’Apollon, l’une des plus
célèbres fontaines du parc, a fait
l’objet d’une restauration de
plus d’un an, grâce au mécénat
de la multinationale. Les treize
sculptures en plomb, de retour
dans leur bassin, pourront

transactions de grande valeur. Enfin
la France est fidèle à sa quatrième
place, à 7 % des ventes mondiales.
Concernant les canaux de distri-
bution, les ventes en ligne ont
retrouvé la confiance des acheteurs
avec une hausse de 7 % à 11,8 mil-
liards de dollars, certes en baisse
par rapport au pic de 2021 (13,3 mil-
liards) mais presque deux fois supé-
rieures à celles de 2019. Elles repré-
sentent 18 % du marché de l’art. Les
mais décliné en Les NFT de retour
Occident, où celles Le rapport Artprice montre aussi la
supérieures à chute plus drastique de 28 % des
50 millions de enchères sur marché américain à
5,2 milliards de dollars et de 15 %
dollars ont chuté. » pour le Royaume-Uni à 1,8 milliard
THIERRY HERMANN de dollars, dans les deux cas faute
Fondateur d’Artprice de grandes collections. La France
recule de 11 % à 875 millions de dol-
lars malgré une progression signifi-
cative de la vente d’œuvres million-
Sur le long terme toutefois, force
est de constater que le marché de
l’art est certes résilient mais plutôt
stable, avec des évolutions à la
marge malgré quelques coups
d’éclat très médiatisés. A la diffé-
rence du luxe qui ne cesse de croître
(1.500 milliards d’euros en 2023
selon Bain & Company) en multi-
pliant, d’ailleurs, les rapproche-
ments avec les artistes pour s’offrir
un supplément d’âme. n
Nicolas Guiraud
Un 9e département ouvrira en 2027 au Louvre qui rassemblera
plus de 20.000 œuvres des origines de l’image chrétienne
jusqu’au XIXe siècle, aujourd’hui dispersées dans le musée.
par son ampleur de CMA CGM, rejouer leurs effets d’eau histori-
est un « coup de pouce décisif ». ques le 29 mars lors de la fête des
« Cette collaboration nous per- Grandes Eaux.
met d’amorcer une dynamique Pour les dix ans du Mucem
pour réaliser cet ambitieux pro- dans la cité phocéenne où
jet, que je sais très attendu », l’entreprise emploie 2.900 colla-

Pour AXA, assurer les œuvres d’art ajoute la conservatrice.

Ce département qui devrait
ouvrir fin 2027, rassemblera
borateurs (sur un effectif de
155.000 dans 160 pays), le
groupe s’est engagé à être le

est bien plus complexe aujourd’hui
La mission de l’assureur
s’est complexifiée du fait du
caractère protéiforme de
l’art contemporain, mais
aussi de la multiplication
des prêts, et de la globali-
sation du marché.
Cette année AXA XL, la filiale
grands risques du grand assureur,
célèbre ses 20 ans de partenariat
avec la Tefaf, la Foire d’antiquités de
Maastricht qui vient de se dérouler.
En deux décennies, la mission de
l’assureur a nettement évolué face à
un marché de l’art en mutation,
illustrant des évolutions majeures
dans la manière de collectionner et
dans les objets couverts.
« Les intérieurs des collection-
neurs n’ont plus rien à voir, leurs
goûts ne sont plus les mêmes, ils se
sont tournés davantage vers le design
et l’art contemporain », constate Phi-
lippe Bouchet, Head of Art Exper-
t i s e p o u r l ’A s i e - Pa c i f i q u e e t
l’Europe chez AXA XL.
« Du coup les problématiques de
conservation et de sécurité ont elles
aussi beaucoup changé. L’art contem-
porain est devenu protéiforme. Com-
ment assurer certaines œuvres à la
limite de l’éphémère ou celles mon-
trées dans des espaces non prévus
pour cela ou même en extérieur dans
les lieux publics ? Une complexité face
à laquelle les collectionneurs sont
démunis », poursuit-il.
Multiplication des prêts
De même « les prêts d’œuvres se sont
multipliés à travers la planète. Il y a
vingt ans nous opérions principale-
ment sur le continent européen.
Nous avons désormais une couver-
ture géographique sur les trois conti-
nents : Amérique, Europe, Asie. Nous
sommes le seul opérateur global qui
offre un service avec des équipes loca-
les, c’est indispensable pour installer
la confiance », pointe-t-il encore.
Une centaine de collaborateurs
d’AXA XL sont ainsi dédiés à l’art,
répartis dans une dizaine de
bureaux jusqu’en Australie. Une
communauté que Philippe Bou-
chet anime pour partager les bon-
nes pratiques entre pays.
Top 3 mondial
Si la concurrence entre assureurs
s’est accrue à mesure que le marché
de l’art s’est développé, AXA XL a
conservé sa place de leader euro-
péen, dans le Top 3 mondial avec
Allianz et Lloyd, en élargissant sa
gamme. « Nous restons très recon-
nus par les musées et galeries mais
nous avons considérablement
déployé nos offres aux collection-
neurs auprès desquels nous étions
pionniers, et nos garanties globales
assurant bâtiments, objets d’art,
bijoux… » souligne-t-il. Les primes
d’assurances sont calculées sur la
valeur de la collection, la nature des
œuvres, les garanties souhaitées
(transport, casse, plusieurs adres-
ses… ). Les risques principaux rési-
dent dans les manipulations et
déplacements d’œuvres – 60 à 80 %
des sinistres. D’où l’intérêt de choi-
sir des transporteurs agréés, for-
més spécifiquement.
La palette va du contrat standard
pour les professionnels de l’art, les
musées (pour les expositions tem-
poraires), les collections privées ou
d’entreprise (prime annuelle forfai-
taire de 500 euros pour des objets
d’art jusqu’à 200.000 euros, de
1.000 euros pour des valeurs jusqu’à
500.000 euros). Mais il existe des
contrats sur-mesure au-delà de ces
seuils et quels que soient ces seuils…
— M. R.
plus de 20.000 œuvres – des ori-
gines de l’image chrétienne jus-
qu’au XIXe siècle – aujourd’hui
dispersées dans ce musée à
vocation universelle, et est censé
s’enrichir encore par des acqui-
sitions. L’objectif est de mettre
en lumière ce carrefour de civili-
sations, de pointer les échanges
et hybridités, entre des sociétés,
des confessions, des expres-
sions artistiques, aux histoires
imbriquées. Le département
sera placé à la jonction des salles
d’Antiquités égyptiennes, grec-
ques, étrusques et romaines et
des Arts de l’Islam.
« Attaché à ses racines médi-
terranéennes, notre groupe fami-
lial se réjouit de pouvoir faire
découvrir au plus grand nombre
la culture et les arts de Byzance et
des Chrétientés en Orient », expli-
que Tanya Saadé Zeenny, direc-
trice générale déléguée du
groupe, dont le père Jacques
Saadé commença à Marseille
l’aventure CMA CGM en 1978
mécène principal de cet anni-
versaire. La culture n’est pas
pour autant le seul terrain
d’intervention des Saadé. Sensi-
ble à l’écologie, le transporteur
est aux côtés du château de
Chambord dans ses replanta-
tions forestières mieux adap-
tées au réchauffement climati-
que, tout comme il est le
premier soutien de l’Office
national des forêts.
Une fondation centrée sur
l’éducation des jeunes et sur
l’humanitaire, domaine pour
lequel CMA CGM mobilise sa
puissance logistique, desser-
vant plus de 520 ports avec 620
navires, complète cet engage-
ment, et près de 800 collabora-
teurs s’investissent. « La fonda-
tion a grandi avec le groupe […] Et
Rodolphe Saadé, mon frère, qui
pilote notre groupe, nous donne
les moyens d’aller encore plus
loin aujourd’hui », confiait
Tanya Saadé Zeenny au journal
« La Marseillaise ». — M. R.

23 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
Au festival SXSW,
de la musique,
des films et des
jeunes pousses
ÉVÉNEMENT
Des start-up profi-
tent du festival
texan pour faire la
promotion de leurs
produits dans une
atmosphère plus
décontractée qu’au
CES de Las Vegas.
Hortense Goulard
— Correspondante
à San Francisco (Etats-Unis)
Chaque année, des centaines de
milliers de personnes déferlent
à Austin, Texas, pour le festival
South by Southwest (SXSW). A
l’origine, c’était un festival de
musique, conçu par l’hebdoma-
daire « The Austin Chronicle »
pour promouvoir les artistes
locaux. Mais SXSW s’est large-
ment diversifié au fil du temps.
Cette année, le festival com-
porte, du 8 au 16 mars, plusieurs
« parcours » consacrés à la cul-
ture, au design, à la mode, au
cinéma, à la tech ou encore à
l’intelligence artificielle. Pour
les start-up qui ont fait le voyage,
c’est l’occasion de s’adresser à un
public différent, plus créatif.
« Cette année, nous avons fait le
choix de venir à South by South-
west plutôt qu’au CES [le Salon
grand public de la tech, à Las
Vegas] », explique Nicolas Par-
pex, investisseur chez Bpi-
france. « La formule de SXSW,
qui combine tech et créativité, rin-
gardise un peu les Salon tradi-
tionnels », dit le dirigeant, qui
organise, cette année, une jour-
née de conférences suivie d’une
soirée avec des DJ français.
Dans le centre de convention,
un hall abrite une centaine de
start-up, mais aussi des œuvres
d’art et des ONG. Un grand stand
consacré à l’armée américaine,
avec la CIA juste à côté, détonne
parmi les jeunes pousses qui tra-
vaillent pour la plupart dans des
secteurs attenants à la culture
tels que la réalité virtuelle et aug-
mentée, les jeux vidéo ou l’IA.
Début de polémique
Les organisateurs du festival ont
d’ailleurs cherché à éteindre un
début de polémique à ce sujet,
des dizaines de groupes ayant
annulé leur venue pour protes-
ter contre le rôle des Etats-Unis
au côté d’Israël. « Au revoir. Ne
revenez plus », a réagi, sur X,
Greg Abbott, le très conserva-
teur gouverneur du Texas.
« SXSW n’est pas d’accord avec le
gouverneur Abbott », lui ont
répondu les organisateurs du
festival, qui disent « respecter la
décision de ces artistes qui ont
choisi d’exercer leur droit à la
liberté d’expression ».
Malgré ce débat houleux, le
festival semble faire carton
plein. En 2019, avant la pandé-
mie, l’événement attirait plus de
400.000 personnes. Il a traversé
une passe difficile pendant le
Covid, qui l’a forcé à annuler
l’édition 2020, à créer un événe-
ment virtuel l’année suivante, et
à licencier 170 personnes.
L’année dernière, le festival a
attiré quelque 345.000 partici-
pants. Même s’il ne communi-
que pas encore sur le nombre
de visiteurs qui sont venus cette
année, les salles de conférences,
les allées du centre d’exposition
et les rues adjacentes, où se
déroulent concerts et projec-
tions de films et de documentai-
res, paraissent bien remplies.
Parmi les start-up, ce sont sur-
tout de jeunes pousses ayant un
lien avec l’industrie culturelle
qui ont fait le voyage. La Corée
du Sud, par exemple, a envoyé
dix entreprises travaillant à
construire le métavers. « Ce n’est
pas comme au CES, où tout le
monde ne pense qu’à la technolo-
gie et c’est tout », s’enthousiasme
Seonho Lee, qui travaille pour
AiPark, une start-up de Séoul
utilisant l’IA pour générer des
vidéos. « Nous sommes venus à
South by Southwest pour collabo-
rer avec des médias. » Sa start-up
cherche à remplacer les présen-
tateurs télé en facilitant la créa-
tion de vidéos à partir de texte.
Le hall d’exposition de South
by Southwest est plus petit et
moins bien rempli que les salles
immenses du CES, où se pres-
sent chaque jour des milliers de
personnes. Mais le festival
texan brille par son intégration
dans la ville. Il n’est pas néces-
saire d’avoir un badge pour par-
ticiper à certaines soirées et
concerts gratuits, qui ont lieu
un peu partout en centre-ville.
Pour les délégations
nationales,
c’est l’occasion
de se distinguer
en proposant des
événements moins
guindés qu’une
démonstration
de technologie dans
un hall d’exposition.
Les participants sont, en
général, plus jeunes et d’origines
plus diverses qu’à Las Vegas. Le
« dress code » y est moins for-
mel : des visiteurs arborent des
cheveux bleus, roses ou verts.
Des panels permettent d’explo-
rer des thèmes aussi variés que
l’adaptation de l’agriculture au
changement climatique, les
robots humanoïdes ou l’utilisa-
tion de l’IA pour réinventer les
aéroports. Des fans de cinéma se
pressent pour découvrir de nou-
veaux films, et apercevoir leurs
stars préférées. Mardi soir, l’arri-
vée de Ryan Gosling et d’Emily
Blunt, venus faire la promotion
de leur nouveau film, « The Fall
Guy », a attiré une foule de fans
et de curieux, quémandant un
selfie ou un autographe.
Pour les délégations nationa-
les, c’est l’occasion de se distin-
guer en proposant des événe-
ments moins guindés qu’une
démonstration de technologie
dans un hall d’exposition. Les
dirigeants de Bpifrance l’ont
bien compris : lundi soir, ils
dansaient au son de French 79
et Joachim Garraud, deux DJ
emblématiques de la « French
Touch » – un mouvement de
musique électronique.
Derrière ce dernier sont appa-
rues des images géantes repré-
sentant la France : Alain Delon
et Romy Schneider dans « La
Piscine », la tour Eiffel, le mont
Saint-Michel et le pont d’Avi-
gnon, notamment. « Des centai-
nes de décideurs sont venus à la
soirée et ils se souviendront que la
France a organisé un événement
génial », exulte Nicolas Parpex,
sur le dance floor. De son côté,
l’Italie organisait, elle aussi, un
événement « Spritz, Tech et
Sons » avec des artistes, des
start-up et des investisseurs.
Lire nos informations
( Page 28
START-UP
La folle trajectoire des premiers
employés des licornes
EN PRATIQUE
Certains sont encore
en poste, d’autres
créent leur entreprise
ou prennent du temps
pour se reposer, mais
une chose est sûre :
ces profils sont aussi
rares que recherchés.
Adrien Lelièvre
Les premiers à avoir cru en une vic-
toire d’Emmanuel Macron à l’élec-
tion présidentielle 2017 se surnom-
maient entre eux « les mormons »,
une secte née aux Etats-Unis, aussi
discrète qu’influente. Les chances
de victoire de l’ancien banquier
semblaient faibles. Mais, quelques
mois plus tard, il devenait le plus
jeune président de l’histoire de la
Ve République.
La French Tech aussi compte ses
mormons, les premiers employés
des licornes, dont les trajectoires
personnelles sont un condensé des
transformations de l’écosystème
depuis dix ans. Anh-Tho Chuong
iStock
fait partie de cette caste. En 2016,
cette diplômée d’ESCP Europe Rejoindre une start-up lors de sa création est une prise de risque. Mais ce choix peut rapporter gros.
rejoignait Qonto, une néobanque
pour PME fondée par Alexandre avait le risque que, en cas d’échec, cela Prieur a connu l’époque où il était année, nous ne nous sommes pas
Prot et Steve Anavi. A leurs côtés, se transforme en ligne bizarre sur le s e u l ave c R o m a i n M o u l i n e t payés. Mon premier salaire annuel a
elle a jeté les bases du développe- CV », lance-t-il. Renaud Heitz. Aujourd’hui, il ensuite été de 34.000 euros », dit
ment de Qonto. Quatre ans plus Tous racontent l’incertitude et compte près de 900 collègues ! Guillaume Rouby.
tard, elle fondait Lago avec Raffi l’excitation des débuts, où il fallait « Parmi les premiers em ployés, Beaucoup d’anciens employés
Sarkissian, passé lui aussi par la fin- tout inventer. « Nous étions beau- beaucoup sont au CSE [comité social des licornes profitent de cette
tech. « Après Qonto, nous voulions coup de jeunes diplômés. Nous nous et économique de l’entreprise] », manne pour réinjecter de l’argent
remonter quelque chose ensemble sommes formés sur le tas et avions souligne-t-il. Une façon pour eux de dans l’écosystème. Anh-Tho
dans le SaaS BtoB fintech. Nous envie d’apprendre », remet en pers- transmettre les valeurs d’origine Chuong est ainsi devenue une busi-
avons été pris au Y Combinator, sans pective Maylis Amram. Et puis, sou- aux derniers arrivés. ness angel très active. Cet argent
produit, et nous avons itéré sur diffé- dain, tout accélère : les clients permet aussi de s’offrir une pause
rentes idées », rembobine-t-elle. signent, les levées de fonds s’enchaî- Joli pactole après des années intenses. « J’ai pris
nent, les bureaux à l’étranger Si Urbain Prieur s’amuse toujours du temps pour m’occuper de la nais-
Rare aura s’ouvrent… « C’est une formation en autant chez Exotec, d’autres pre- sance de mon premier enfant »,
Aujourd’hui, Lago a développé une accéléré », résume Guillaume miers employés font le choix, au détaille Guillaume Rouby, qui a
solution qui aide les entreprises à Rouby, qui n’avait jamais géré de bout de quelques années, de s’en quitté Back Market à la fin de 2022
définir et gérer leurs tarifs. La jeune budgets marketing aussi élevés aller. Ils partent souvent avec un joli et réfléchit, sans trop se presser, à la
pousse vient de lever 15 millions de avant Back Market. pactole lié à l’exercice partiel ou suite à donner à sa carrière.
dollars, Nul doute que l’expérience Au-delà de leurs compétences total de leurs BSPCE, des sortes de Une chose est sûre : ces profils
d’Anh-Tho Chuong chez Qonto, où professionnelles, les premiers stock- options distribués aux sont très recherchés. « Quand j’ai
elle a vécu de l’intérieur les vertiges employés sont les dépositaires de la employés des start-up. annoncé mon départ de Spendesk,
de l’hypercroissance, a compté culture de la start-up. Or, celle-ci Ce système compense des salaires j’ai reçu entre une trentaine et une
pour séduire les investisseurs. peut être menacée par l’augmenta- de départ plus modestes que dans quarantaine de sollicitations »,
En raison de leur rareté, les pre- tion rapide des effectifs. Urbain des grands groupes. « La première assure Maylis Amram. n
miers employés des licornes jouis-
sent d’une aura dans la French
Tech. Ils mentionnent d’ailleurs
souvent ce fait d’armes dans leur
profil LinkedIn. « Cela dit quelque
chose d’important sur ta carrière »,
analyse Maylis Amram, première
recrue de Spendesk (dépenses en
entreprises).
Il faut parfois un petit coup de
pouce du destin pour atterrir chez
un futur champion de la tech. May-
lis Amram est d’abord entrée chez
eFounders, où elle devait accompa-
gner des dirigeants. Spendesk était
alors en gestation. « Très intéressée
POUR ENSEMBLE,
par le projet, elle nous a rejoints dès la
création pour prendre en charge la ACCÉLÉRER
gestion des clients », se remémore
Rodolphe Ardant, son fondateur. L’ÉGALITÉ
Mais le plus souvent, le réseau
explique les recrutements. « J’ai PROFESSIONNELLE
rencontré Thibaud Hug de Larauze
[patron de Back Market, NDLR] ET LES CARRIÈRES
pendant quelques jours en vacances,
via un ami commun », se souvient DES FEMMES !
G u i l l a u m e R o u b y, e m p l o y é
numéro 1 de la marketplace de pro-
duits reconditionnés. AUDIT · PROGRAMMES DE FORMATION · ATELIERS
Pierre Duperrin, lui, avait croisé
les futurs fondateurs de Sorare CONFÉRENCES · WEBINAIRES
chez Stratumn, une start-up pion-
nière dans la blockchain. Quand
Nicolas Julia et Adrien Montfort lui
ont proposé de les rejoindre, il a
sauté le pas en confiance. Le succès
était loin d’être écrit d’avance.
« Faire des cartes Panini dans la bloc-
kchain, c’était assez fou à l’époque »,
sourit l’ingénieur. bougetongroupe.com
Urbain Prieur, docteur en roboti- Fondé par Marie Eloy
que, ne cache pas avoir hésité avant
de rejoindre Exotec. « Cela avait l’air
intéressant au niveau tech. Mais il y
HIGH-TECH&MEDIAS
Le marché de la communication file
vers le cap record des 35 milliards d’euros
l En 2023,
le secteur au sens
large a retrouvé
et dépassé ses
niveaux d’activité
pré-Covid.
l Il atteint même
un niveau inédit
en valeur, d’après
France Pub,
l’Irep et Kantar.
COMMUNICATION
Nicolas Richaud
C’est fait. En 2023, le marché fran-
çais global de la communication et
de la publicité a fini par retrouver et
dépasser ses niveaux d’activité pré-
Covid, atteignant même un niveau
record en valeur. Sur l’année écou-
lée, le secteur au sens large (englo-
bant les médias historiques, numé-
riques ainsi que les annuaires, les
foires, les expositions, etc.) a grimpé
de 3,2 %, sur un an, à 34,1 milliards
d’euros de dépenses publicitaires
nettes (1), d’après France Pub, l’Irep
et Kantar qui estiment que la barre
des 35 milliards pourrait être fran-
chie lors de l’exercice en cours. Ce
qui représenterait une croissance
annuelle de 3,5 %.
Dans le détail, les cinq médias his-
toriques (radio, presse écrite, télévi-
sion, publicité extérieure et cinéma)
devraient voir leur activité augmen-
ter de 0,9 %, sur un an, en 2024. Le
numérique (display, search, social)
et les autres médias (annuaires,
mécénat, foire, etc.) devraient, eux,
respectivement accélérer de 5,5 % et
de 3,6 % en matière de dépenses
publicitaires nettes.
Nouveau recul
de la télévision
L’a n d e r n i e r, l e s e g m e n t d e s
cinq médias historiques s’est légère-
ment contracté de 0,7 % sur un an, à
7,2 milliards d’euros de recettes
publicitaires nettes (2), selon le Baro-
mètre unifié du marché publicitaire
(BUMP) dressé aussi par l’Irep, Kan-
tar et France Pub – après une crois-
sance de 2,1 % en 2022. A fin 2023, les
cinq médias historiques accusent un
retard de 4,8 % par rapport à 2019.
Le recul sur l’année écoulée est dû
particulièrement au ralentissement
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RECTIFICATIF
AVIS DE CONCERTATION
Projet de Réaménagement de la place de la Concorde
du 02 avril au 29 mai 2024
Dans l’avis de concertation paru dans la presse concernant le Projet de
Réaménagement de la place de la Concorde de la Ville de Paris
Les dates des ateliers participatifs thématiques sont modifiées comme suit :
• En format distanciel, visio conférence :
- atelier patrimoine, mercredi 24 avril à 19h
• Au Théatre de la Concorde (8 e arr.) :
- atelier mobilité, mardi 30 avril à 19h
- atelier usages et résilience, jeudi 16 mai à 19h
EP 24-120 R / contact@publilegal.fr
La ligne de référence est de 40 signes
en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75,78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
Le secteur de la publicité extérieure a bondi de 5,2 % l’an dernier par rapport à 2022. Photo Marta Nascimento/RÉA
de la télévision, le principal des
médias historiques. Après avoir
marqué le pas (–1,5 %) en 2022, le
petit écran a affiché un recul plus
prononcé (–3 %) en 2023, à 3,38 mil-
liards, un niveau légèrement infé-
rieur à celui de 2019 (–0,6 %).
Autre média historique en recul :
la presse dans son ensemble a, elle,
enregistré des recettes publicitaires
nettes s’établissant à 1,75 milliard
(contre 2,05 milliards il y a cinq ans).
Soit une baisse de 2,7 % par rapport
à l’exercice 2022.
La presse
dans son ensemble
a enregistré une
baisse de ses recettes
publicitaires nettes.
A l’inverse, la publicité extérieure
poursuit sa « remontada » après la
crise sanitaire qui avait été syno-
nyme de séisme économique pour
ce pan du marché. L’an dernier, ce
dernier a bondi de 5,2 % par rapport
à 2022 et se rapproche du cap des
1,3 milliard. Soit quasiment son
niveau de 2019 (–1,9 % de retard).
Autre secteur rudement secoué
par la période du Covid, le cinéma
a décollé de 30,4 % sur un an,
en 2023, à 82 millions d’euros.
Mais le grand écran reste encore à
bonne distance de son activité
de 2019 (–17,3 %).
La radio surpasse ses
niveaux d’activité pré-Covid
En hausse de 3,1 % sur un an, la radio
a, elle, refranchi le mur symbolique
des 700 millions (à 722 millions) et a
dépassé, du même coup, son niveau
de 2019 (714 millions). Désormais,
elle est le seul des cinq médias histo-
riques à être en meilleure forme
économique par rapport à l’avant-
Covid. « Le volet digital de la télévi-
sion, de la radio, de la presse et de la
publicité extérieure s’est fortement
développé, avec une progression glo-
bale de 8,1 % par rapport à 2022, et
dépasse ses niveaux de 2019 de près de
40 % », note Christine Robert, direc-
trice déléguée de l’Irep.
De son côté, le numérique a accé-
léré de 6,1 % sur un an, à 9,6 milliards
de dépenses publicitaires nettes en
2023, tandis que les autres médias
(annuaires, mécénat, foire…) ont crû
de 4,4 %, à 16,3 milliards.
(1) C’est-à-dire les dépenses
des annonceurs comprenant
les achats médias, les frais de création
et la rémunération des intermédiaires.
(2) Après déduction des remises profes-
sionnelles, hors échanges de marchan-
dises, petites annonces presse incluses.
Londres bloque la prise de contrôle
des journaux par des intérêts étrangers
PRESSE
En plein processus de
vente, le « Telegraph »
était au cœur
des discussions.
Ingrid Feuerstein
— Correspondante à Londres
On ne rachète pas comme on veut la
« bible des Tories ». Alors que la
vente du « Daily Telegraph » entre
dans sa phase critique, le gouverne-
ment britannique se prépare à légi-
férer pour empêcher la prise de
contrôle de journaux britanniques
par des Etats étrangers. Le secré-
taire d’Etat à la Culture, Stephen
Parkinson, a annoncé mercredi à la
Chambres des lords un tour de vis
dans le droit de la concurrence bri-
La publicité dans les applications
va franchir les 400 milliards en 2024
Le secteur anticipe
un double effet positif
avec les JO de Paris cet été
et l’élection présidentielle
américaine de novembre.
Raphaël Balenieri
C’est d’ores et déjà un marché plus
grand que les économies de la
Finlande, de la Colombie et de la
Nouvelle-Zélande réunies. Et il
s’apprête à franchir un nouveau
record cette année. Le segment de
la publicité dans les applications
mobiles va dépasser la barre des
400 milliards de dollars en 2024,
contre 362 milliards l’an dernier,
selon les chiffres de data.ai (ex-App
Annie) publiés cette semaine.
En six ans, le marché aura donc
plus que doublé, porté par de très
bons fondamentaux structurels.
Jamais les utilisateurs n’ont passé
autant de temps sur leurs smart-
phones : entre 3 heures (dans les
économies les plus matures
comme la France et l’Allemagne)
et plus de 6 heures par jour
en moyenne, ce record étant
tannique, spécifiquement pour le
secteur des médias. « Nous allons
réviser le régime des fusions dans les
médias pour exclure explicitement
les journaux et les périodiques des
opérations impliquant l’actionna-
riat, l’influence ou le contrôle par un
Etat étranger », a-t-il déclaré, tout en
précisant que ces restrictions cible-
raient les acquéreurs, « propriété
d’un Etat étranger », et non toutes les
entreprises étrangères. Une façon
de dire que cette règle ne concer-
nera pas les investisseurs comme
Rupert Murdoch (« The Times »,
« The Sun », « Times Radio », « Vir-
gin Radio », etc.). Le gouvernement
devrait procéder par un amende-
ment à l’« Enterprise Act » de 2002.
L’annonce intervient en plein pro-
cessus de vente du « Telegraph ».
Ces derniers mois, nombreuses sont
les personnalités au sein de la droite
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
détenu par l’Indonésie. « Dans une
journée, un tiers de notre temps
éveillé s’écoule sur des applis »,
résume Lexi Sydow, de data.ai.
Par ailleurs, les consommateurs
rachètent à nouveau des services à
l’intérieur des applis, après une
année 2022 plutôt atone en la
matière dans de nombreux pays.
En 2023, les dépenses « in-app »
(pour rémunérer un influenceur,
s’abonner à Spotify ou acheter des
accessoires dans un jeu vidéo,
par exemple) ont franchi la barre
des 60 milliards de dollars. Dans ce
contexte, les planètes sont à nou-
veau alignées pour les annon-
ceurs, qui investissent de plus en
plus le champ des applications.
Retour des annonceurs
chinois
Mais cette année, deux événe-
ments plus conjoncturels vont éga-
lement jouer. « Les Jeux Olympi-
ques de Paris cet été et les élections
américaines en novembre vont être
des moteurs pour les dépenses publi-
citaires, anticipe Lexi Sydow. On
voit déjà qu’il y a une belle énergie. »
britannique à s’être mobilisées
contre le rachat du journal, avec
celui de l’hebdomadaire « The Spec-
tator ». Propriété de la famille Bar-
clay depuis 2004, le « Telegraph » a
été mis en vente en octobre en rai-
son d’une créance des Barclay
auprès de la banque Lloyds. Depuis,
la famille actionnaire a passé un
accord avec le consortium RedBird-
IMI, contrôlé à 75 % par Abu Dhabi
et associé à l’ancien patron de CNN
Jeff Zucker, pour rembourser sa
dette en échange d’une prise de
contrôle du groupe.
Rapport attendu
Après plusieurs mois de polémi-
ques, c’est dans les rangs de la Cham-
bre des lords que la riposte s’est
organisée. Tina Stowell, présidente
de la commission Communication
et numérique, a rassemblé derrière
24
Troisième phénomène : les
annonceurs chinois font leur
grand retour, la Chine cherchant à
relancer son économie après
trois années de gestion ultra-
stricte du Covid. Shein, TikTok et
Temu font feu de tout bois pour
s’imposer encore plus en Europe
et aux Etats-Unis. L’année der-
nière, ce dernier a dépensé à lui
seul 2 milliards de dollars en publi-
cité sur les différentes plateformes
de Meta, devenant ainsi son princi-
pal annonceur. Au Royaume-Uni,
Temu a été l’application la plus
téléchargée en 2023, selon data.ai.
Même si ces 400 milliards de
dollars représentent un palier, le
marché de la publicité dans les
applications n’a toutefois pas
encore retrouvé son dynamisme
d’avant-Covid. En 2024, le marché
enregistrera une croissance
de +11 % : c’est plus qu’en 2023
(+7,5 %) mais toujours en deçà des
années passées et notamment du
pic de 2020 (+26 %). L’année 1 du
Covid avait fait exploser le temps
passé en ligne et les investisse-
ments publicitaires avec. n
elle une centaine d’élus avec une
proposition visant à accorder aux
parlementaires un vote en cas de
passage d’un journal sous pavil-
lon étranger. Cette mobilisation a
poussé le gouvernement à légiférer.
A l’heure actuelle, les rachats
dans les médias peuvent être blo-
qués par le gouvernement en cas de
menace pour la concurrence, la plu-
ralité des médias ou la sécurité
nationale. Dans cette optique, la
ministre de la Culture, Lucy Frazer, a
reçu lundi le rapport très attendu
de la CMA (Competition and Mar-
kets Authority) et de l’Ofcom, les
deux régulateurs britanniques
impliqués dans cette procédure.
Selon une source ministérielle,
la ministre doit annoncer « dès
que possible » si elle engage une
enquête approfondie sur le rachat
du « Telegraph ». n
25 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
Malgré la déconvenue italienne, Iliad
se pose en consolidateur des télécoms
TÉLÉCOMS
Les résultats 2023
d’Iliad donnent au
groupe de Xavier Niel
les moyens de ses ambi-
tions européennes.
Il multiplie
les opérations
aux quatre coins
du continent.
Florian Dèbes
Si le principal intéressé n’avait
pas dit « no », le groupe télécoms
de Xavier Niel aurait eu les moyens
de fêter dignement le mariage de
sa filiale italienne avec Vodafone
Italia. Aussi bien en France qu’en
Italie ou en Pologne, les résultats
annuels 2023 publiés par Iliad jeudi
confirment la bonne dynamique
du créateur de Free.
Avec un chiffre d’affaires en
hausse de 10,4 % (à 9,24 milliards
d’euros), des profits bruts d’exploi-
tation (Ebitdaal) en hausse de 4,2 %
(à 3,4 milliards d’euros) et un nom-
bre d’abonnés record (48 millions),
tout est dans le vert. Mais l’entre-
prise dirigée par Thomas Reynaud
et sa nouvelle directrice générale
déléguée Aude Durand ne compte
pas s’arrêter là.
Conquête commerciale
et profits en France
« Nous ne nous interdisons rien,
en termes de croissance organique,
de diversification ou de croissance
externe », a souligné le patron.
Affichant jusqu’ici son ambition
de figurer à terme dans le Top 3
européen du secteur, Iliad s’ima-
gine passer du sixième au cin-
quième rang dès cette année 2024.
Bruxelles s’inquiète
de l’utilisation par les « Big
Tech » de l’IA générative
RÉGLEMENTATION
Le régulateur euro-
péen a écrit à Google
Search, Bing, Facebook,
Instagram, Snapchat,
TikTok, YouTube et X.
Il réclame des explica-
tions sur la façon dont
ils gèrent les risques
liés à l’IA générative.
Fabienne Schmitt
— Bureau de Bruxelles
Les enquêtes et ouvertures de pro-
cédures pour faire respecter la nou-
velle loi européenne sur les services
numériques (DSA) qui vise à élimi-
ner les contenus illégaux et préjudi-
ciables en ligne se multiplient à
Bruxelles. Jeudi, le régulateur euro-
péen a annoncé l’ouverture d’une
enquête formelle contre le site chi-
nois de vente en ligne AliExpress et
l’envoi de plusieurs demandes
d’informations à des géants techno-
logiques en matière d’utilisation
d’IA générative ou d’exploita-
tion de données personnelles
dans des publicités ciblées. Ces der-
niers mois, il avait déjà ouvert
deux enquêtes formelles : l’une
contre X pour de présumées viola-
tions dans la gestion de désinforma-
tions, et l’autre contre TikTok pour
défaut de protection de mineurs.
Filiale du mastodonte Alibaba,
AliExpress est soupçonné de distri-
buer des produits illégaux, notam-
ment de faux médicaments, et a déjà
Le moteur tourne déjà bien.
En France, le pari du recrutement
de nouveaux abonnés est payant
alors que la promesse « totémi-
que » de ne pas toucher aux prix de
ses principales offres mobiles expo-
sait l’entreprise à l’inflation des
coûts énergétiques et salariaux.
« Free gagne des clients mais la
facture moyenne est deux fois moin-
dre par rapport à nous, il faudra
regarder la rentabilité », tançait
récemment, avec un peu d’exagéra-
tion, un concurrent qui, comme les
deux autres, a augmenté ses tarifs.
Mais Free fait cette fois-ci mentir la
règle classique dans les télécoms :
gagner des abonnés ne commence
pas par lui coûter. Bien aidé par la
fuite des clients chez SFR, le volume
de nouveaux clients est tel que les
profits de Free en France ont pro-
gressé de 4,6 %.
Le regain
de rentabilité
du groupe a permis
d’embellir les ratios
financiers observés
par les banques
qui le financent.
Sur le plan de la croissance
externe, les dernières opérations
menées par Iliad ou son proprié-
taire Xavier Niel forment déjà
un groupe bien différent de celui
qu’il était il y a quelques années.
Présent opérationnellement dans
trois pays et détenteur d’une partici-
pation dans l’opérateur irlandais
Eir, Iliad vient de s’inviter avec le
fonds d’investissement personnel
du milliardaire au capital de Tele2,
un des principaux opérateurs
en Suède et dans les pays baltes,
pour la bagatelle d’« environ
fait l’objet d’une demande d’explica-
tion de la Commission en ce sens.
Celle-ci passe à la deuxième étape de
sa procédure, ce qui signifie que ses
premiers doutes ont été confirmés.
« C’est la première fois que l’UE ouvre
une enquête dans le domaine de la
protection des consommateurs et des
places de marchés », pointe un haut
fonctionnaire européen. Outre les
faux médicaments et des aliments
ou compléments alimentaires « non
conformes », la Commission se dit
aussi entre autres « préoccupée par
certains éléments de matériel porno-
graphique trop facilement accessi-
bles » sur la plateforme.
Bruxelles s’attaque aussi à la
manière dont les géants de l’Inter-
net utilisent l’IA dans les contenus,
sur laquelle elle semble avoir de
sérieux doutes, alors que le Parle-
ment européen vient tout juste de
procéder au vote final sur la nou-
velle loi européenne, la première au
monde, réglementant l’IA. Bing,
Google Search, Facebook, Insta-
gram, Snapchat, TikTok, YouTube et
RETROUVEZ AUSSI
NOTRE VIDÉO
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Quand même l’IA s’inquiète
des dérives de l’IA
X ont ainsi tous été priés de donner
des explications à la Commission
sur la façon dont ils gèrent les ris-
ques liés à l’IA générative, notam-
ment comment ils les atténuent.
Lourdes amendes en vue
La Commission s’intéresse notam-
ment à la diffusion de contenus
manipulés (sons, photos, vidéos…)
qui pourraient avoir des conséquen-
ces graves lors d’élections, comme
on a pu le voir par le passé et alors
que les élections européennes se
profilent en juin. « Nous cherchons à
vérifier si les plateformes sont prêtes à
faire face à une situation de diffusion
de fausses informations à grande
échelle, la veille d’élections, explique
un haut fonctionnaire. Nous voulons
les équiper et mieux les préparer à tou-
tes sortes d’incidents qui pourraient
survenir. » Les plateformes devront
notamment prouver à la Commis-
sion qu’elles mettent en place suffi-
samment de barrières face à ces
contenus nuisibles. Enfin, LinkedIn
est pointé du doigt pour des publici-
tés ciblées qui auraient exploité des
données d’utilisateurs (orientations
sexuelles, opinions politiques…), ce
que le DSA, entré en vigueur en août,
interdit. Cela fait suite à une plainte
d’organisations de la société civile
(Bits of Freedom, EDRi, Global
Witness et Gesellschaft für Frei-
heitsrechte) auprès de l’UE contre la
plateforme de Microsoft.
Pour l’heure, aucun de ces servi-
ces n’est mis en cause. Mais si les
soupçons sont confirmés, ils ris-
quent de lourdes amendes, pouvant
aller jusqu’à 6 % de leur chiffre
d’affaires annuel. n
HIGH-TECH & MEDIAS
en pixels
Foxconn se sent
porté par les
serveurs de l’IA
ÉLECTRONIQUE Foxconn, un
1,16 milliard d’euros ». A titre des principaux fournisseurs
personnel – mais Xavier Niel lui- d’Apple, s’est montré très
même estime que cette précision optimiste pour les exercices à
n’est qu’une question de forme –, venir en présentant ses comp-
l’homme d’affaires a tout récem- tes annuels. Le groupe taïwa-
ment pris 6 % du capital de l’opéra- nais a annoncé des revenus
teur historique belge Proximus. d e 1 7 9 m i l l i a r d s d ’e u r o s
Renforçant encore la part de ses (6.162 milliards de dollars de
investissements hors de France, il Taïwan), en baisse de 7 %,
s’apprête à reprendre pour l’équiva- sur l’exercice 2023, avec des
lent de 400 à 500 millions de dollars profits nets de 4 milliards
l’opérateur ukrainien Lifecell au d’euros. Mais l’assembleur
groupe turc Turkcell. d’appareils électroniques
(smartphones, ordinateurs,
Une éventuelle acquisition serveurs, etc.) s’attend à une
en milliards d’euros croissance de 30 % à 50 %,
Mais tous les regards se portent voire plus, entre 2023 et 2025
sur une éventuelle acquisition en grâce au marché des serveurs
milliards d’euros de la part d’un utilisés dans l’intelligence
groupe qui était prêt à en débourser artificielle. « Nous voyons
six pour Vodafone Italia, jusqu’à une très forte demande », dit
ce que sa cible craigne un veto Young Liu, son président.
des autorités de la concurrence.
« Une acquisition en Italie n’était
pas un must-have mais un “nice-to- Edwy Plenel
have” », a précisé son patron alors transmet
que Vodafone négocie maintenant
avec le suisse Fastweb sur une
les rênes
valorisation inférieure à celle de de Mediapart
l’offre repoussée d’Iliad. à Carine Fouteau
Grandir vite pourrait passer par
le Portugal. Endetté, le français PRESSE Seize ans après la
Altice y vend l’opérateur historique création de Mediapart, son
Meo. Iliad fait partie des préten- cofondateur Edwy Plenel
dants à avoir déposé une offre, transmet le flambeau à la
en compétition selon Bloomberg journaliste Carine Fouteau.
avec les Saoudiens de STC et le Agée de 49 ans, cette ancienne
fonds Warburg Pincus. des « Echos », qui a rejoint le
Quel que soit son choix, Iliad a les site à sa fondation et en a
moyens. Le regain de rentabilité assuré la codirection édito-
du groupe a permis d’embellir les riale entre 2018 et 2023, a été
ratios financiers observés par nommée présidente et direc-
les banques qui le financent. trice de la publication à l’una-
Par ailleurs, après la cession d’une nimité par le conseil d’admi-
participation dans la fibre en Polo- nistration du journal. Edwy
gne, la dette est désormais égale à Plenel laisse à la nouvelle
trois fois les profits, contre 3,2 fois équipe un média à la santé
en fin d’année 2022. Sans même financière solide, profitable
avoir eu à réduire drastiquement pour la treizième année d’affi-
les investissements. n lée, a-t-il souligné.
ANNLEGALECH
annonces judiciaires & légales
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté - Égalité - Fraternité
• sur le site dédié au projet :
https://www.registre-numerique.fr/valdezanville
PRÉFECTURE DU VAL-D’OISE
Direction départementale des territoires
AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE
• sur la plateforme du ministère de l’écologie :
https://www.projets-environnement.gouv.fr/pages/home
• sur le site de la préfecture du Val-dOise :
h t t p s : / / w w w. v a l - d o i s e . g o u v. f r / A c t i o n s - d e - l - E t a t /
Amenagement-du-territoire-et-construction/Urbanisme-
Communes d’Ezanville (95) et de Moisselles (95)
Avis d’ouverture d’enquête publique unique, préalable à la
Planification-Logement/Les-declarations-d-utilite-
publique/DUP
déclaration d’utilité publique (DUP) et parcellaire conjointe, au
Les observations et propositions du public pourront être
profit de l’Établissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF)
concernant le projet de requalification de la zone commerciale envoyées par écrit à l’attention personnelle du commissaire
« Val d’Ezanville », mis en œuvre dans le cadre de la zone enquêteur, à l’hôtel de ville d’Ezanville, siège de l’enquête.
Ces observations et propositions seront annexées au registre
d’aménagement concerté du Val d'Ezanville sur les communes
d’Ezanville et de Moisselles. d’enquête sans délai.
Par arrêté préfectoral N°2024-17591, il sera procédé, du Le public pourra consigner ses observations et propositions,
mardi 02 avril 2024, 09h00 au lundi 06 mai 2024, 17h00 dans le respect des règles sanitaires en vigueur, sur l’utilité
publique de l’opération et sur la limite des biens à exproprier sur
inclus, soit pendant 35 jours consécutifs, au profit de l’EPFIF, à
le registre unique ouvert à cet effet sur le registre dématérialisé :
une enquête publique unique, préalable à la DUP et parcellaire
conjointe du projet de recyclage de la zone commerciale Val https://www.registre-numerique.fr/valdezanville ou par
courriel à l’adresse suivante : valdezanville@mail.registre-
d’Ezanville à Ezanville et Moisselles.
numerique.fr
Le siège de l’enquête publique est fixé à l’hôtel de ville
d’Ezanville place Jules Rodet 95460 Ezanville. Les courriers et courriels réceptionnés le lundi 06 mai 2024
Pendant toute la durée de l’enquête publique, un exemplaire du
après 17h00, après la clôture de l’enquête, ne seront pas pris
en compte.
dossier d’enquête préalable à la DUP, comprenant notamment
l’étude d’impact, l’avis de l’autorité environnementale, le Le commissaire enquêteur disposera d’un délai d’un mois,
mémoire en réponse du responsable du projet, ainsi qu’un à compter de la clôture de l’enquête unique, préalable à la
DUP et parcellaire conjointe, pour établir un rapport unique
exemplaire du dossier d’enquête parcellaire comprenant le
et consigner, dans un document séparé, ses conclusions
plan parcellaire régulier des terrains et bâtiments et la liste
des propriétaires, ainsi qu’un registre d’enquête unique seront motivées au titre de chacune des enquêtes initialement
déposés aux lieux, jours et horaires suivants : requises.
du lundi au vendredi de 08h30 à 11h45 et de 13h30 à 17h00 Ces documents seront tenus à disposition du public, à réception
et pendant un an à compter de la clôture de l’enquête, au
sauf jour(s) férié(s)
siège de la Communauté d’Agglomération Plaine Vallée et
– Siège de la Communauté d’Agglomération Plaine Vallée à la préfecture du Val-d’Oise ou pourront être consultés sur
(CAPV) - Direction du développement économique – emploi -1 le site internet de la préfecture du Val-d’Oise : https://www.
rue de l’Egalité – 95 230 Soisy-sous-Montmorency val-doise.gouv.fr/Politiques-publiques/Amenagement-
du-territoire-et-construction/Urbanisme-Planification-
– Hôtel de ville d’Ezanville Accueil - Place Jules Rodet -
95460 Ezanville Logement/Les-declarations-d-utilite-publique/DUP
– Hôtel de ville de Moisselles - Accueil 5 rue du Moutier – Toute personne physique ou morale concernée pourra
95570 Moisselles demander communication de ces pièces au siège de la
Communauté d’Agglomération Plaine Vallée (Direction du
M. Albert ZAMUNER est désigné en qualité de commissaire développement économique – emploi) ou à la préfecture du
enquêteur par le président du tribunal administratif de Cergy- Val-d’Oise (Direction Départementale des Territoires – Service
Pontoise. Il se tiendra à la disposition du public avec le
dossier d’enquête et le registre d’enquête unique lors de 3
Urbanisme et Aménagement Durable – Pôle Aménagement
Opérationnel).
permanences à l’Hôtel de ville – Salle du conseil municipal
- place Jules Rodet - 95 460 Ezanville aux jours et heures Les personnes intéressées autres que les propriétaires,
suivants : l’usufruitier, les fermiers, les locataires, ceux qui ont des droits
d’emphytéose, d’habitation ou d’usage et ceux qui peuvent
• Mardi 02 avril 2024 de 09h00 à 11h45
• Samedi 20 avril 2024 de 09h00 à 12h00
réclamer des servitudes sont tenues de se faire connaître
à l’expropriant dans un délai d’un mois à compter de la
• Lundi 06 mai 2024 de 14h00 à 17h00 notification individuelle faite par l’expropriant, à défaut de quoi
Au plus tard à compter de la date d’ouverture de l’enquête elles seront, en vertu des dispositions des articles L311-1 à
publique et pendant toute la durée de celle-ci, les pièces L311-3 du code l’expropriation pour cause d’utilité publique,
du dossier soumis à l’enquête seront par ailleurs mises à déchues de tous droits à l’indemnité.
disposition du public :
EP 24-135 / contact@publilegal.fr
La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
PME&REGIONS
La belle percée
du crémant
de Bourgogne
l Les ventes de cette appellation à bulles
ont plus que doublé depuis 2005.
l Les producteurs, qui ont une longueur d’avance sur
les autres crémants, préparent leur montée en gamme,
rêvant de s’installer entre le prosecco et le champagne.
VITICULTURE
Monique Clemens
— Correspondante à Besançon
A partir de lundi, la Bourgogne
viticole reçoit pour cinq jours
cavistes, sommeliers et importa-
teurs du monde entier pour la 17e
édition des Grands Jours de Bour-
gogne. Un salon itinérant où les
professionnels viennent déguster,
dans les domaines, les derniers
millésimes des 84 appellations.
Après deux belles récoltes en quan-
tité et en qualité, vignerons et
négociants sont raisonnablement
optimistes. Une légère inquiétude
plane sur les « vins tranquilles »
(sans bulles) du vignoble qui, en
grande distribution, ont accusé ont
accusé une baisse des ventes de 9 %
en volume en 2023 (- 6 % à l’export),
dans un contexte global de hausse
des prix et de baisse de la consom-
mation. Mais pour les crémants de
Bour gogne, le ciel semble sans
nuage, autorisant même la filière à
envisager une montée en gamme.
Les ventes de cette appellation à
bulles, à 22,3 millions de bouteilles,
ont plus que doublé depuis 2005. Les
Une AOP
depuis 1975
Prenant le relais
de l’appellation Bourgogne
mousseux décrétée
en 1936, l’Appellation
d’origine protégée (AOP)
crémant de Bourgogne
a été créée en 1975
et constitue l’une des huit
AOP crémants françaises.
L’appellation est réservée
aux vins effervescents,
blancs ou rosés, élaborés
à partir de vins issus
des cépages chardonnay et
pinot noir essentiellement
et préparés selon
la méthode traditionnelle.
La maison de négoce Moillard s’offre un site spécialisé
Le négociant de vins
de Côte-d’Or a investi près
de 4 millions d’euros sur
son site de l’Yonne afin d’en
faire un outil de fabrication
complet pour vins efferves-
cents. Il s’était lancé
dans le produit en 2017.
Sept ans après s’être lancé dans le
crémant, Moillard, négociant de
vins de Bourgogne installé à Nuits-
Saint-Georges, en Côte-d’Or, depuis
1850, vient d’inaugurer un site qui
centralise la fabrication de ces vins
pétillants. Il produira des crémants
pour son propre compte mais aussi
pour François Martenot, société
sœur et autre maison de négoce du
groupe Grands Chais de France
(1,2 milliard d’euros de chiffre
d’affaires en 2022 avec plus de 3.000
salariés). Acheté en 2019 pour la
vinification des Chablis, Petit
Chablis, Saint-Bris et autres appel-
surfaces allouées à sa production
ont augmenté de 20 % en dix ans et
le volume de récolte a atteint
247.500 hl en 2023. Un record.
« Dans ce vignoble, ce n’est plus une
alternative mais un vrai produit »,
constate Edouard Cassanet, anima-
teur de la Fédération nationale des
crémants.
A près de 120 millions d’euros
en 2023 (46 % à l’export), le chiffre
d’affaires des crémants pèse désor-
mais 12 % des vins de Bourgogne, ce
qui en fait la troisième appellation
derrière celles de Chablis et de
Mâcon. De Rully (Saône-et-Loire)
au Châtillonnais (Yonne) en pas-
sant par Nuits-Saint-Georges (Côte-
d’Or), ses trois fiefs, la Bourgogne
compte aujourd’hui 138 élabora-
teurs qui maîtrisent la technique de
la prise de mousse. Les purs players
se comptent sur les doigts des deux
mains et s’appellent Vitteaut-Alberti,
Picamelot, Paul Chollet ou Parigot
& Richard.
« Pas extensible »
Des maisons de vins tranquilles s’y
mettent doucement, comme Jean
Loron, dans le Mâconnais, qui s’ap-
prête à sortir sa première cuvée
extra-brut Collin-Bourisset. Pour la
plupart, il s’agit d’un complément
de gammes et parfois de travail à
façon. C’est le cas d’Albert Bichot,
qui élabore chaque année un blanc
de blancs pour les restaurants Ber-
nard Loiseau. « Le seul crémant sur
la carte », précise Isabelle Philippe,
pour la maison de Beaune.
Face à des perspectives de crois-
sance de 2 à 3 % au niveau mondial
pour les vins pétillants, les cré-
mants bourguignons veulent
monter en gamme. Le prix moyen
des huit appellations crémant fran-
çaises (108 millions de bouteilles
vendues en 2023) est de 7,60 euros
en grande distribution, et celui des
Bourgogne est déjà supérieur d’un
euro à la moyenne, en raison d’une
haute densité de vigne, d’un foncier
plus cher et d’une concurrence forte
des vins tranquilles. Mais l’inter-
profession rêve de monter encore
lations de l’Yonne, le site Moillard
de Ligny-sur-Châtel, dans le Chabli-
sien, offrait la place nécessaire à
l’élaboration, l’élevage sur lattes et
le stockage des vins effervescents,
que le négociant bourguignon envi-
sage comme un relais de croissance
des vins de Bourgogne.
Au total, avec l’extension et la
modernisation de la cuverie pour
les vins tranquilles (sans bulles), le
site certifié bio a bénéficié de près de
3,8 millions d’euros d’investis -
sements depuis 2020. L’activité
crémant a été rapatriée du site de
Meursault en 2023 et Moillard (200
salariés et 100 millions d’euros de
chiffre d’affaires 2023) emploie
désormais 19 personnes à Ligny-
sur-Châtel, dont 10 recrutées pour
cette montée en charge. Désormais,
la zone de stockage sur lattes béné-
ficie d’une luminosité et d’une tem-
pérature idéales « pour une prise de
mousse optimale », apprécie Nicolas
d’un cran et de se rapprocher du
champagne, dont les prix sont
toujours plus hauts et les volumes
en baisse. Sur le marché britan-
nique, le crémant de Bourgogne se
vend autour de 15 livres, et autour
de 20 dollars aux Etats-Unis.
« Depuis trois ou quatre ans, les
distributeurs cherchent des alterna-
tives au prosecco avec des prix inter-
médiaires et, franchement, nous
avons un positionnement idéal »,
plaide Pierre du Couëdic, délégué
général de l’Union des producteurs
et élaborateurs de crémant de Bour-
gogne (Upecb). « Notre capacité de
production n’est pas extensible ; nous
sommes dans l’appellation Bour-
gogne », rappelle Agnès Vitteaut,
présidente de l’Upecb et à la tête de
la maison Vitteaut-Alberti, qui pro-
duit 500.000 bouteilles plutôt haut
de gamme par an pour 3,3 millions
de chiffre d’affaires en 2023. « Il nous
faut nous cantonner à cette quantité
et la faire monter en valeur. Il y a un
trou entre 15 et 20 euros chez les
cavistes. Nos crémants ne sont pas
vendus suffisamment chers par rap-
port aux contraintes techniques »
explique-t-elle. Avec des vendanges
à la main, un élevage d’un an mini-
mum et de multiples contrôles, le
cahier des charges de l’appellation
est en effet draconien.
Résultats timides
C’est dans cette logique que l’inter-
profession, prenant une longueur
d’avance sur les autres crémants,
avait lancé les marques Eminent et
Grand Eminent en 2017. Une stra-
tégie qui fonctionne bien à l’export,
notamment sur le marché améri-
cain (le premier devant la Suède, le
Royaume-Uni et la Norvège), mais
dont les résultats, en France, sont
encore timides. Seuls 22 des 138
élaborateurs ont joué le jeu en 2023,
qui ont produit 8.000 hl de qualité
Eminent et 1.000 hl de Grand Emi-
nent, cuvées prestigieuses affichant
respectivement 24 et 36 mois d’éle-
vage. « L’idée est bien de segmenter
pour monter en gamme », confirme
la présidente de l’Upecb, dont le
Arribe, le directeur du site. La zone
de remuage répond aux mêmes
exigences et la ligne de fabrication,
du dégorgement jusqu’à l’habillage,
a trouvé sa place dans le nouvel ate-
lier. « L’outil est moderne, nous avons
de la place, cela nous permet de nous
projeter sereinement », estime-t-il.
« Un trou d’air »
Avec 1,8 million de bouteilles de
crémant de Bourgogne vendues
en 2023, dont 50 % à l’export,
Moillard revendique 5 % des parts
de ce marché en croissance et vise
une production, à court terme, de
2,5 millions de bouteilles par an, « si
les approvisionnements suivent »,
précise David Gibault, directeur
commercial.
Dès 2017, Moillard s’était posi-
tionné sur le marché des millé-
simés qui veulent concurrencer les
champagnes en grande distri -
bution. « Produire du crémant
Les crémants sont la troisième appellation de Bourgogne derrière celles de Chablis et de Mâcon.
syndicat, épaulé par 100 futurs
ingénieurs d’Agro-Dijon, organise sa
dégustation des Eminents ce samedi
à Dijon, dans le cadre du « off » des
Grands jours de Bourgogne.
En grande distribution aussi, où
sont réalisées 32 % des ventes des
crémants de Bourgogne, la valorisa-
tion est en marche. En 2023, malgré
un recul de 1,7 % des volumes, le
chiffre d’affaires a bondi de 6,4 %.
« Nous avons la nécessité d’augmen-
ter les prix et cela passe par une mon-
tée en gamme avec des parcellaires,
dont le raisin provient d’un lieu-dit
déterminé, et des vieillissements plus
longs », explique Aurélien Piffaut,
président de Famille Piffaut Vins &
Domaines. Implanté à Saint-Aubin,
totalisant 8,5 millions de bouteilles
de crémant par an vendues sous les
marques Veuve Ambal, André
Delorme et sous marques distribu-
teur, son groupe est leader du mar-
ché. Et lui aussi occuperait volon-
tiers un peu de la place laissée par le
champagne… n
demande beaucoup d’immobili -
sation et coûte cher, il y a un trou d’air
et une marge de manœuvre entre les
effervescents à 7 euros et les champa-
gnes à 15 euros », estime le responsa-
ble commercial. La maison n’a pas
encore adopté les labels Eminent et
Grand Eminent lancés en 2017 par
l’interprofession des crémants de
Bourgogne pour valoriser les
crémants premium. Pour l’heure,
Moillard prépare de nouvelles gam-
mes, teste des dosages, des cuvées
100 % chardonnay ou encore des
« millésimes décalés ». — M. Cl.
1,8
MILLION DE BOUTEILLES
de crémant de Bourgogne
ont été vendues en 2023 par
Moillard, dont 50 % à l’export.
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
Ce petit coin de Bourgogne
qui attire les Champenois
A quelques kilomètres
au sud de la Champagne,
le domaine Bruno Dangin
élabore des crémants
haut de gamme qu’il vend
à 85 % à l’export.
A l’extrême nord de la Côte-d’Or,
en Bourgogne, le village de Moles-
me, 270 âmes, voit débarquer des
vignerons de la Champagne voi-
sine depuis les années 1980. Ici,
dans le Châtillonnais, une petite
zone de production de vins de
Bourgogne de 400 hectares – dont
100 hectares pour ce seul village,
plantés en pinot noir essentielle-
ment –, 80 % de la production est
destinée au crémant de Bourgo-
gne, et l’hectare de vigne se vend
70.000 euros. Quelques kilo -
mètres plus au nord, dans l’Aube,
terroir identique mais en appel-
lation champagne, l’hectare
grimpe à 1 million d’euros.
Quelques pionniers étaient
venus s’installer là après la recon-
naissance de l’appellation cré-
mant de Bourgogne, en 1975, pour
se lancer parallèlement dans sa
production, la méthode tradition-
nelle du crémant étant la même
que la méthode champenoise.
Une deuxième vague, plus ré-
cente, voit de jeunes vignerons
arriver pour travailler essentielle-
ment en bio.
« Moins de rendement »
Molesme en compte quatre, dont
le domaine Bruno Dangin, créé
en 2011 par Bruno et Matthieu
Dangin, père et fils. Diplôme
d’œnologue en poche, Matthieu,
le fils, était retourné dans le
domaine familial de Celles-sur-
Ource (Aube) avec l’idée de faire
du champagne bio. « Mais mes
cousins n’ont pas voulu se lancer,
alors nous sommes venus dans le
Châtillonnais », raconte-t-il. « Et
les vins que nous faisons ici, depuis,
26
E.Ramousse/Zeppelin/SIPA
c’est une révélation. » Pour pouvoir
produire vite, ils avaient acheté de
vieilles vignes à de grands domai-
nes qui ne les jugeaient plus assez
productives mais convenaient très
bien pour le bio. Comme la Côte
des Bar en zone d’appellation
champagne, dont elle constitue
une parallèle, la Côte Châtillon-
naise est sur une veine calcaire
jurassique « avec peu de terre, ce qui
est très bien pour le crémant », com-
mente Matthieu Dangin. « On a
moins de rendement, certes, mais
beaucoup de fraîcheur en bouche. »
La méthode
traditionnelle
du crémant
est la même
que la méthode
champenoise.
Bruno Dangin a pris sa retraite
en 2021 et depuis, Matthieu et Alix
Dangin, son épouse, vivent exclu-
sivement de l’exploitation de ce
domaine bourguignon de 5 hec-
tares. « Impensable en Champa-
gne, où il faut 60 ans pour payer les
vignes », estime le jeune vigneron.
Selon les récoltes, ils produisent
entre 30.000 et 60.000 bouteilles
par an d’un crémant haut de gam-
me, une dizaine de cuvées – dont
une Grand Eminent – vendues
jusque sur les tables du restau-
rant Eleven Madison Park, à New
York, trois étoiles au Michelin.
Son chiffre d’affaires a atteint
565.000 euros en 2023 (432.000
en 2022), dont 85 % à l’export,
Etats-Unis et Danemark en tête, et
le domaine continue à se dévelop-
per. Pour lutter contre le réchauf-
fement climatique, il pratique
l’enherbement et expérimente
l’agroforesterie, avec 80 pom-
miers à cidre plantés sur une
parcelle d’un hectare. — M. Cl.
 27 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
Recyclamer veut
nettoyer les ports
avec son robot solaire
/ INNOVATEURS
Léa Delpont
— Correspondante à Bordeaux
A raison de huit heures de tra-
vail par jour, l’aspirateur flottant
Geneseas collecte 1,2 tonne de
déchets solides par an dans les
marinas où il est employé :
La Rochelle, Brest, Ibiza, Palma
de Majorque et, très prochai-
nement, Monaco. Monté sur
flotteurs, le robot autonome
alimenté à l’électricité photovol-
taïque se déplace à petite vitesse
à la surface. Il est équipé de cap-
teurs pour éviter les collisions,
et aussi de sondes qui détectent
d’éventuelles pollutions dans les
ports de plaisance et les lacs, ses
deux terrains d’action.
L’invention d’Alan D’Alfonso
Peral, ancien international de
rugby, radiologue et amateur de
plongée, est d’abord née au sein
d’une association de sensibili-
sation aux déchets flottants,
« qu’il faut absolument éliminer
avant qu’ils ne coulent », expli-
que l’entrepreneur de nationa-
lité espagnole. Elle a été bricolée
dans son garage – avec une pou-
belle, une turbine, un panneau
solaire et deux flotteurs – avant
d’être perfectionnée grâce au
concours de l’université de
Limoges. Certifié aux normes
CE, le robot Geneseas en modèle
S emmagasine 250 kg de plasti-
ques dans son réservoir. La
vidange est mécanisée, avec un
minipalan et un chariot de
Il a dit
Recyclamer
« Plus on sera
nombreux
pour dépolluer
les espaces
aquatiques,
mieux ce sera. »
ALAN D’ALFONSO PERAL
Président-fondateur de
Recyclamer Innovation.
La nouvelle aérogare bioclimatique
voit le jour à l’aéroport de La Réunion
LA RÉUNION
Le deuxième terminal,
ventilé naturellement,
est officiellement
présenté ce vendredi.
Il porte la capacité de la
plateforme à 3 millions
de passagers par an.
Bernard Grollier
— Correspondant à La Réunion
C’est un investissement de 65 mil-
lions d’euros – dont 59 % de subven-
tions européennes – qui voit le jour.
La nouvelle aérogare de l’aéroport
de La Réunion-Roland-Garros est
officiellement présentée ce vendre-
di, avant d’accueillir d’ici la fin du
mois ses premiers passagers. Le
chantier, retardé par la crise sanitai-
re, avait démarré en octobre 2021. Sa
particularité est d’avoir été conçu de
manière à limiter au maximum sa
consommation énergétique. La
société aéroportuaire gestionnaire
de la plateforme avait fixé l’objectif
dès le départ, dans le cahier des
charges du projet : priorité à la
collecte pour éviter d’avoir à
porter les charges ou de toucher
les déchets. Selon Alan D’Al-
fonso Peral, « c’est un point diffé-
renciant avec nos concurrents »,
les Searial Cleaners de Poralu
Marine ou le Jellyfishbot de
Iadys. « Mais plus on sera nom-
breux pour dépolluer les espaces
aquatiques, mieux ce sera. »
Geneseas aspire également les
nappes d’effluents d’hydrocar-
bures avec un filtre biodégrada-
ble mis au point au laboratoire
E2Lim (Eau et environnement
Limoges) et protégé par deux
brevets européens. Cette « tapis-
serie » d’un genre particulier,
fabriquée à Aubusson, est cons-
tituée de peaux de moutons du
plateau des Millevaches et de
polymères de maïs.
Modèle grand public
L’entreprise Recyclamer Inno-
vation, créée en 2018 par Alan
D’Alfonso Peral pour prendre le
relais de l’association, affiche un
carnet de commandes de 60
rob ots, commercialisés à
35.000 euros pièce. Une levée de
fonds en cours de 1,2 million
d’euros va lui permettre d’ache-
ter des moules supplémentaires
pour fabriquer la coque, chez
La Rochelle Masters Composite,
afin de répondre à la demande.
La société emploie neuf per-
sonnes à Saint-Junien (Haute-
Vienne) et projette un chiffre
d’affaires d’un million en 2024.
Elle développe le modèle M
d’une capacité quatre fois supé-
rieure – un mètre cube de
déchets et 150 litres d’hydrocar-
bures – pour s’attaquer au net-
toyage des ports de commerce
et des baies. Cette embarcation
de 6 mètres de long, vendue
90.000 euros, sera testée au
printemps par le gouvernement
des Baléares. « Malgré tout, face
à la montagne de déchets, cela
reste un coup d’épée dans l’eau »,
craint Alan D’Alfonso Peral. Il
travaille sur un modèle grand
public, le Turbino, en partena-
riat avec Expédition Med, qui
lutte contre les pollutions plasti-
ques, et les centres de plongée
Padi. Il veut mettre ce petit aspi-
rateur à air comprimé dans les
mains de tous les plongeurs et
utilisateurs de masques et tu-
bas, en vue de faire le ménage à
grande échelle sur les côtes. n
ventilation naturelle, recours mini-
mal à la climatisation.
Roland-Garros est bordé par
l’océan Indien, sur la côte nord de La
Réunion où soufflent régulièrement
les alizés. Cette ventilation naturelle
avait déjà été mise à profit il y a quel-
ques années pour améliorer le con-
fort thermique intérieur de l’aéro-
gare d’origine, datant de 1975 et non
climatisée. Pionnier de l’aéraulique
française, l’ingénieur Jacques Gan-
demer avait imaginé un système
consistant à extraire l’air chaud inté-
rieur grâce à des ouvertures dans le
plafond du hall public, densément
fréquenté à certaines heures.
« Risque maîtrisé »
Attributaire du projet, le groupe
français AIA Life Designers s’est
appuyé sur les compétences de l’aé-
raulicien et de l’architecte réunion-
nais Olivier Brabant, militant de la
ventilation naturelle, pour conce-
voir un bâtiment de 13.000 m2 où
seuls quelques bureaux et locaux
techniques sont climatisés. Il s’agit
d’une première, dans le monde tro-
pical, pour un bâtiment aéropor-
tuaire de cette dimension. « Nous
avons pris un risque maîtrisé, estime
Guillaume Branlat, président du
Systovi est l’un des derniers fabricants de panneaux solaires en Europe. Photo DR
Le fabricant de panneaux
solaires Systovi joue son avenir
PAYS DE LA LOIRE
Cette PME installée
près de Nantes vacille
face à la nouvelle
offensive chinoise.
Mise en vente par
le groupe Cetih, elle se
donne un mois pour
trouver un repreneur.
Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes
Systovi, l’un des deux seuls fabri-
cants français de panneaux photo-
voltaïques avec l’Alsacien Voltec, est
en vente. Le groupe de menuiserie
Cetih, qui détient cette manufac-
ture, ne s’estime plus en mesure de
faire face à la concurrence chinoise,
qui s’est considérablement durcie
depuis l’été 2023. « Nous nous
directoire de Roland-Garros.
Plusieurs bâtiments bioclimatiques
construits à La Réunion donnent
satisfaction et les tests préalables ef-
fectués sur maquette dans la souffle-
rie du Centre scientifique et technique
du bâtiment, à Nantes, ont été con-
cluants. » Une ouverture longitudi-
nale dans la toiture permet d’extrai-
re l’air chaud intérieur, les jalousies
orientables qui composent une par-
tie de la façade vitrée laissent entrer
le vent, l’air extérieur est rafraîchi au
passage par la végétalisation géné-
reuse des abords. Le projet intègre
également la mise en place d’un
nouveau système de sûreté pour le
contrôle des bagages. La nouvelle
aérogare a valu à AIA Life Designers
de décrocher le Grand prix national
de l’ingénierie 2023.
Dédié aux arrivées, le terminal
porte la capacité de l’aéroport à
3 millions de passagers par an. L’an
passé, 2,7 millions de voyageurs ont
emprunté la plateforme, faisant
oublier la mauvaise passe du Covid.
Le seuil des 3 millions de passagers
devrait être atteint à l’horizon 2030.
L’espace qui permettra l’agrandisse-
ment de la nouvelle aérogare au
début de la prochaine décennie est
d’ores et déjà réservé. n
donnons un mois pour trouver un
repreneur », indique Paul Toulouse,
le directeur de Systovi. Le cas
échéant, cette PME de 87 salariés
installée dans une usine récente,
près de Nantes, fermera ses portes.
« Il n’est pas nécessaire de faire durer
une situation d’incertitude difficile,
notamment pour les salariés »,
poursuit le dirigeant.
Né en 2008, Systovi a connu une
croissance rapide jusqu’au mora-
toire réduisant les prix d’achat de
l’électricité solaire de 2010. C’est
en 2016 que Cetih, qui est notam-
ment leader français de la porte
d’entrée, a pris une participation
majoritaire dans Systovi, puis 95 %
des parts en 2018. Cetih, qui affiche
un chiffre d’affaires de 300 millions
d’euros avec 1.500 salariés l’an der-
nier, a investi près de 45 millions
d’euros au total dans cette filiale.
En 2023, Systovi investissait encore
dans une nouvelle ligne de produc-
tion et recevait un nouveau lami-
Chaussea reprend 71 magasins
Chaussexpo
HAUTS-DE-FRANCE
Sans repreneur,
102 magasins de la
chaîne de chaussures
Chaussexpo
baisseront défini-
tivement le rideau
vendredi soir.
Nicole Buyse
— Correspondante à Lille
Le tribunal de commerce de Lille
Métropole a accepté ce mercredi
la proposition du groupe VGM
holding, propriétaire de l’enseigne
Chaussea, de reprendre 71 des 176
magasins de la chaîne Chaus -
sexpo. Ils totalisent 274 salariés,
mais seulement 231 en CDI. Le
tribunal a également accepté la
reprise de trois autres magasins
(neuf salariés) : un par la société
GDC et deux autres par Chloé Dé-
veloppement. Sans repreneurs,
les 102 magasins restants baisse-
ront définitivement le rideau ven-
dredi soir.
Au total, ce sont donc 376 per-
sonnes qui seront licenciées dans
nateur, lui permettant de doubler
sa capacité à 200.000 panneaux par
an, soit l’équivalent de 80 mé-
gawatts installés.
Nouvelle réglementation
Sur l’exercice clos fin août, l’entre-
prise affichait un chiffre d’affaires
de 21,5 millions d’euros, contre
12 millions l’année d’avant, tandis
que les prises de commande se sont
accrues de 50 %. « On était même en
excès de demande mais, en quelques
semaines l’été dernier, les prix chi-
nois ont été divisés par deux », relate
Paul Toulouse. Systovi s’est ainsi
retrouvé face à des produits chinois
quatre fois moins chers, sans pers-
pectives de voir les prix remonter.
Dès septembre, son carnet de com-
mandes s’effondrait.
Ces niveaux de prix s’avèrent dif-
ficilement supportables en atten-
dant l’évolution tant espérée de la
réglementation avec le « Net Zero
Industrie Act » européen fixant de
le cadre d’un plan de sauvegarde
de l’emploi d’ores et déjà signé par
deux organisations syndicales.
Fragilisée par deux plans de
redressement en 2016 et 2018, la
société Desmazières, maison
mère de Chaussexpo, installée à
Templemars près de Lille, avait été
mise en liquidation en janvier
dernier en raison de difficultés de
trésorerie. L’enseigne avait réalisé
un chiffre d’affaires de 80,7 mil-
lions d’euros en 2022.
Croissance externe
Stéphane Grieco, le directeur gé-
néral de Chaussea, s’est félicité de
la décision du tribunal. Ces 71 ma-
gasins, a-t-il dit, « complètent notre
maillage du territoire et renforcent
notre positionnement dans le sec-
teur de la vente de chaussure de ville
en France ». Il a d’ores et déjà an-
noncé qu’ils passeraient tous sous
l’enseigne Chaussea d’ici l’été et
que le groupe préparait un pro-
gramme d’investissement pour
les rénover. Chaussexpo était,
comme Chaussea, sur le même
créneau de la chaussure à prix
compétitif d’entrée de gamme.
Installé à Valleroy, en Meurthe-
et-Moselle, Chaussea totalisait,
PME & REGIONS
nouvelles règles sociales et environ-
nementales protégeant les sept
derniers fabricants de panneaux en
Europe. Selon le directeur de Sys-
tovi, l’« Inflation Reduction Act »
mis en place aux Etats-Unis a per-
mis de quadrupler les capacités de
production en un an seulement.
Mais cette nouvelle réglementa-
tion, dont les contours sont incer-
tains, n’est pas attendue avant
fin 2025 et Systovi doit trouver un
nouvel actionnaire ayant la capaci-
té de tenir jusque-là. « Le choix d’un
repreneur dépendra de sa capacité à
maintenir l’emploi et à proposer un
projet pérenne », poursuit le diri-
geant. Au-delà des panneaux, la
fabrique nantaise fait valoir un
savoir-faire industriel, de la découpe
des cellules à l’assemblage du pan-
neau, une force commerciale, un
réseau d’installateurs une culture
de service et un portefeuille de bre-
vets dans la fixation ou les systèmes
de stockage de l’énergie solaire. n
avant cette reprise, 500 magasins
(30 à l’étranger), 4.000 salariés et
700 millions d’euros de chiffre
d’affaires – en progression de 5 %
par rapport à 2022 – avec un béné-
fice de 28 millions en 2022. Gaëtan
Grieco – père de Stéphane et prési-
dent du groupe – a démarré en
vendant des chaussures sur les
marchés en 1980, avant d’ouvrir
son premier magasin Chaussea
en 1984. Il a été rejoint par son
frère Michel et soutenu par son
père Vito, formant ainsi avec les
initiales de leurs prénoms la hol-
ding VGM.
Ce groupe familial s’est beau-
coup développé par croissance ex-
terne, même s’il ouvre lui-même
une vingtaine de magasins par
an. Depuis 1998, Chaussea a
racheté pas moins de cinq sociétés,
sur son secteur de la chaussure,
pour un total de 257 magasins,
tous passés sous enseigne Chaus-
sea. La dernière acquisition en
date, en 2022, est celle de La Halle
(128 sites) qui appartenait au grou-
pe Vivarte. Diversifiant son offre,
le groupe a également repris les
marques San Marina et Pataugas,
l’année dernière, qui se côtoient
désormais dans ses rayons. n
FINANCE&MARCHÉS
Pourquoi Bpifrance mise sur le Salon
texan de la tech South by Southwest
l La banque publique a emmené cette semaine une délégation d’une quarantaine d’entreprises à Austin, au Texas,
où se déroule le Salon de la tech et des innovations.
l Avec deux objectifs : y faire rayonner les industries créatives françaises et s’inspirer des nouvelles tendances.
BANQUES
Romain Gueugneau
— A Austin (Texas)
Un morceau de France au beau
milieu du Texas. Croissants, cro-
que-monsieur à la truffe, bœuf
bourguignon, tartelettes fines… le
menu, concocté par un jeune chef
français installé sur place, est bien
choisi. Ce lundi, dans ce bar à ciel
ouvert, situé dans le centre histori-
que d’Austin et privatisé pour la
journée, on célèbre le savoir-faire
tricolore. Et c’est Bpifrance qui
reçoit.
Pour la deuxième année consé-
cutive, la banque publique a fait le
déplacement au Salon South by
Southwest (SXSW), organisé du 8
au 16 mars, accompagnée d’une
délégation d’une quarantaine de
dirigeants d’entreprises, spéciali-
sées dans les industries innovantes
et créatives (musique, cinéma, jeu
vidéo, mode, etc).
L’événement s’impose comme le
nouveau rendez-vous phare de
l’innovation aux Etats-Unis, en con-
currence avec le CES de Las Vegas.
« C’est un endroit inspirant, où se des-
sinent les tendances de la tech et des
industries créatives », s’enthou-
siasme Nicolas Dufourcq, le patron
de l’institution publique, qui a fait le
voyage depuis Paris. Un bol d’air
pour ce patron sur tous les fronts en
France, considéré comme un pilier
de la French tech, mais dont l’expan-
sion dans le financement et l’inves-
tissement ont récemment suscité
des critiques de la Cour des comp-
tes.
Un panel très diversifié
L’ancien dirigeant d’Orange et de
Capgemini a emmené dans ses
bagages un panel d’entreprises très
diverses, de la start-up Danc. R, qui
DÉJÀ 8.200 POINTS
CAC 40 :
À QUAND
LES 9.000 ?
d
votre marchan ire
Demain, chez m a da
tre hebdo
de journaux, vo
Publiez vos ventes aux enchères
immobilières dans Les Echos
développe un logiciel de mesure des
progrès pour les danseurs, à Deezer
et Chanel, en passant par la société
de production de films Autopilot.
Au programme : l’accès aux
conférences du SXSW, des rencon-
tres avec des délégations étrangè-
res, une connexion à l’écosystème
présent sur le Salon, etc. Certains
des membres de la délégation sont
clients de Bpifrance, d’autres non.
Sur place, d’autres entreprises
françaises présentent leurs innova-
tions, comme la start-up de roboti-
que Enchanted Tools (soutenue par
la banque publique), ou la jeune
pousse Targo, qui développe des
contenus immersifs en réalité aug-
mentée. L’équipementier automo-
bile Valeo, dont Bpifrance est
actionnaire, dévoile aussi ses nou-
veaux produits dans un espace
consacré en ville.
De l’IA partout
« L’objectif n’est pas forcément de
venir décrocher des contrats. Tant
mieux si c’est le cas. Mais les entrepri-
ses qui nous accompagnent viennent
aussi étoffer leur réseau, s’inspirer, et
comprendre ce qui est en train de se
jouer dans leur industrie », explique
Nicolas Parpex, directeur de la
filière Industries Culturelles et
Créatives, aussi baptisée la « French
Touch ». La banque publique a
déployé 1,5 milliard d’euros de
financements l’an dernier dans ce
domaine.
Au SXSW, l’intelligence artifi-
cielle est évidemment le sujet qui
s’impose, avec la présence notam-
ment du responsable de ChatGPT,
Peter Deng, l’un des cadres d’Ope-
nAI. « L’IA va bouleverser l’industrie
de la production de contenus. Il faut
des clés pour s’y préparer », témoi-
gne Mathieu Berenguère, le patron
de ShotInMars, qui réalise des
vidéos pour la pub et a fait le voyage
avec Bpifrance. « C’est un change-
annonces.lesechosleparisien.fr
01 87 39 70 08
L’événement, qui se tient dans le centre historique de la capitale texane, s’impose comme le nouveau rendez-vous phare de l’innovation
aux Etats-Unis, en concurrence avec le CES de Las Vegas. Photo Romain Gueugneau/Les Echos
ment majeur pour toutes les indus-
tries, similaire à l’arrivée d’Internet à
la fin des années 1990. Bpifrance peut
accompagner les entreprises à la fois
en conseil et en produits de finance-
ment pour y faire face et en bénéfi-
cier », indique Nicolas Dufourcq.
Dans les rues de la capitale
texane, investies par près de
350.000 visiteurs pendant le Salon,
la présence de Bpifrance peut déto-
ner. « Une banque publique qui fait la
promotion des start-up et des entre-
prises innovantes, c’est sûrement une
bizarrerie aux yeux des Améri-
cains », reconnaît un membre de la
délégation. « Bpifrance est un objet à
part, dont le concept peut leur échap-
per. Mais ils comprennent le con-
texte, et ils voient surtout les effets de
notre action sur l’entrepreneuriat »,
assure Nicolas Dufourcq, qui a reçu
La banque publique veut s’inspirer des avancées
dans l’intelligence artificielle
Plusieurs dirigeants
de la banque, dont Nicolas
Dufourcq, ont fait le
déplacement à Austin pour
comprendre les nouvelles
tendances de la tech et
voir comment optimiser
ses propres méthodes
de fonctionnement.
Ils sont venus en force pour ne rien
rater des nouvelles tendances dans
la tech. A Austin, en plus de l’impor-
tante délégation d’entreprises fran-
çaises dépêchée sur place, Bpi-
france a aussi emmené plusieurs de
ses dirigeants sur le Salon South by
Southwest (SXSW). Le premier
d’entre eux, Nicolas Dufourcq, a fait
le voyage pour la deuxième année
consécutive. A ses côtés, le numéro
deux de la banque, Arnaud Cau-
doux, ainsi que le directeur de
l’export, Olivier Vincent, tous deux
membres du comité exécutif. Le
à Austin la visite du patron du
SXSW Hugh Forrest. Bpifrance veut
jouer son rôle de porte-drapeau de
l’industrie française. L’opération
fait d’ailleurs partie des missions de
promotion des entreprises à
l’export.
Equipe de France
« Nous en réalisons 25 par an, un peu
partout dans le monde. Celle-ci est un
peu spéciale, car elle est réalisée dans
le cadre d’un Salon professionnel.
Mais elle participe à notre stratégie
d’accompagnement des entreprises
françaises qui cherchent à se dévelop-
per à l’étranger », explique Olivier
Vincent, le directeur de l’export
chez Bpifrance.
Cette année, comme en 2023, le
consulat général de France à Hous-
ton et la chambre de commerce
directeur des systèmes d’informa-
tion (DSI), Lionel Chaine, a aussi fait
le déplacement au Texas.
« Etre ici permet d’anticiper les
tendances technologiques et, surtout,
d’observer comment elles sont appré-
hendées ou redoutées par des acteurs
en pointe dans leurs domaines (cul-
ture, transport, énergie...). C’est utile
pour alimenter nos clients, bien gérer
nos risques, et continuer à transfor-
mer l’entreprise Bpifrance », expli-
que Arnaud Caudoux, qui a aussi
profité de son séjour pour visiter la
Gigafactory de Tesla, à Austin.
La transition technologique et
son impact sur les PME tiennent
une place centrale dans les envelop-
pes de financement, mais aussi
dans les missions de conseil de la
banque publique. « Il faut pouvoir
comprendre ce qu’il se passe, antici-
per les changements à venir et le dif-
fuser auprès de toutes nos équipes »,
considère Nicolas Dufourcq. D’un
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
« Bpifrance est un
objet à part, dont
le concept peut
échapper [aux
Américains]. Mais
ils comprennent
le contexte, et
ils voient surtout
les effets de
notre action sur
l’entrepreneuriat. »
NICOLAS DUFOURCQ
Directeur général
de Bpifrance
point de vue opérationnel, la venue
sur le Salon doit permettre à la ban-
que, comme n’importe quel visi-
teur, de repérer les innovations
technologiques, et de voir de quelle
manière celles-ci peuvent aider à
améliorer le fonctionnement du
groupe.
Pour cette édition 2024 du SXSW,
il s’agit notamment de comprendre
les dernières évolutions en termes
d’intelligence artificielle (IA), au
centre de toutes les conversations.
Diffuser en interne
« Les technologies et leurs applica-
tions changent à une vitesse folle. Il
faut pouvoir suivre », commente
Lionel Chaine, qui a assisté à plu-
sieurs conférences sur le thème et
rencontré des entreprises spéciali-
sées durant son séjour.
Bpifrance a déjà mis en place des
technologies de « machine lear-
ning » pour optimiser le traitement
28
franco-américaine soutiennent
l’initiative de la banque au SXSW,
en lien avec la French Tech. « Cette
présence, c’est l’exemple d’une équipe
de France qui tire dans le même sens.
Bpifrance fait office de locomotive,
mais l’effet d’entraînement profite à
tout le monde », assure Valérie Bara-
ban, la consule.
Membre de la délégation, Mor-
gan Boucher, responsable des pro-
jet s i mmersi fs c h ez Ora nge,
abonde. « Cela fait dix ans que je
viens au SXSW. Avant, les Français
faisaient les choses dans leur coin, ce
n’était pas forcément efficace, dit-il. Il
fallait fédérer les énergies. C’est ce qui
est en train de se passer. »
Au festival SXSW, de la
( musique, des films et des
jeunes pousses page 22
des données. Elle utilise aussi les
logiciels de Mistral AI, la pépite
française de l’intelligence artifi-
cielle, qui a développé un concur-
rent à ChatGPT et dont Bpifrance
est l’un des investisseurs.
L’étude de documents adminis-
tratifs, la classification des entrepri-
ses en fonction de leurs profils sont
autant de tâches qui peuvent être
automatisées et ainsi libérer du
temps pour les chargés d’affaires de
la banque publique.
Les innovations et les tendances
rapportées du Salon viendront ali-
menter les pistes de réflexion de la
DSI pour établir sa feuille de route
pour les années à venir. « Il faut
qu’on puisse donner les moyens tech-
niques aux équipes de la banque
d’atteindre les objectifs du plan stra-
tégique 2024-2028 », indique Lionel
Chaine, qui s’appuie sur 300 infor-
maticiens en interne, parmi les-
quels des data scientists. — R. G.
29 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024
Chambers : le palmarès 2024
des meilleurs avocats d’affaires
DROIT
Chambers & Partners
dévoile son palmarès
2024 des acteurs
incontournables
sur le marché
du droit français.
Focus sur cinq
spécialités du guide
de référence.
Laurence Boisseau
C’est un classement de référence
qu’attendent avec impatience, tous
les ans à la mi-mars, les praticiens
du droit. Réalisé par Chambers &
Partners, un organisme installé à
Londres, à partir de retours clients,
ce palmarès constitue un outil pré-
cieux pour les directeurs juridiques
et les directions générales à la
recherche des meilleurs avocats.
Le guide est particulièrement
sélectif et ne comprend que des cabi-
nets reconnus comme les meilleurs
dans leur domaine d’activité. Il
classe les cabinets en « band 1 »,
« band 2 », et « band 3 », le « band 1 »
étant la catégorie la mieux notée. Il
distingue aussi certains avocats à
titre individuel. Certains sont des
« stars », leurs clients ayant émis des
recommandations exceptionnelle-
ment élogieuses à leur sujet ;
d’autres figurent dans le « band 1 »,
tandis que d’autres sont reconnus
« Senior Statesperson ». Il s’agit
dans ce cas d’avocats expérimentés,
souvent plus âgés.
Le guide s’intéresse à plusieurs
branches du droit. « Les Echos » ont
décidé de se concentrer sur cinq sec-
teurs : restructurations, marchés de
capitaux, mise en conformité et
enquêtes, droit de la concurrence et
droit pénal des affaires.
RESTRUCTURATIONS
1 année très active
D’Atos à Casino, la hausse des
taux et l’inflation ont amplifié le flux
de ventes forcées et de restructura-
tions massives de dette, dans un
marché du M&A en recul de plus de
18 %. Ainsi, De Pardieu Brocas Maf-
fei, Gibson Dun & Crutcher, Weil
Gotshal & Manges et White & Case
occupent toujours la tête du classe-
ment. L’équipe de De Pardieu Brocas
Maffei coordonnée par Philippe
Dubois (associé restructuring) et
Yannick Le Gall (associé finance) a
conseillé les 57 banques françaises
du « G6 », les créanciers privilégiés
du groupe Orpea, dans le cadre de la
seconde phase de restructuration.
En octobre dernier, Weil Gotshal &
Manges a recruté Céline Domenget-
Morin, avocate associée chez Good-
win, pour renforcer sa pratique sur
les entreprises en difficulté.
Pour sa part, White & Case a con-
seillé Orpea, le fonds EP Equity
Investment III contrôlé par Daniel
Kretinsky dans l’affaire Casino, le
fonds Angelo Gordon, actionnaire
de Technicolor, et les créanciers
obligataires de Solocal. Les grandes
L’ambitieux plan de Goldman Sachs AM dans la dette privée
GESTION D’ACTIFS
Le groupe souhaite
plus que doubler,
à 300 milliards de
dollars d’ici à cinq
ans, ses encours
dans ces actifs très
rentables.
Caroline Mignon
Au neuvième rang mondial de la
gestion d’actifs, Goldman Sachs
AM cherche, comme beaucoup, à
se renforcer dans les actifs non
figures du droit du restructuring
sont les mêmes que l’an passé.
Parmi les stars, Jean-Dominique
Daudier de Cassini (Weil Gotshal &
Manges), et Jean-Pierre Farges (Gib-
son, Dunn & Crutcher). Parmi les
expérimentés, Marc Santoni (San-
toni & Associés)
2023 n’a pas été une
en matière d’IPO.
Le band 1 est toujours trusté par
Alexandra Bigot (Latham & Wat-
kins), Philippe Druon (Hogan
Lovells), Philippe Dubois (De Par-
dieu Brocas Maffei), Saam Golshani
(White & Case), Joanna Gumpelson
(De Pardieu Brocas Maffei), Fran-
çois Kopf (Darrois Villey Maillot
Brochier) et Olivier Puech (Bredin
Prat).
2 MARCHÉS DE CAPITAUX
2023 n’a pas été une année
très active en matière d’introduc-
tions en Bourse, avec seulement 6
premières cotations sur Euronext
Paris. Elle l’a été davantage en émis-
sions d’obligations. En tête du clas-
sement pour les actions, Cleary
Gottlieb Steen Hamilton et White &
Case. White & Case était conseil du
syndicat bancaire pour la cotation
de Planisware, finalement annulée.
Dans la partie dette, ce sont Allen &
Overy, Clifford Chance, Gide Loy-
cotés. Dans un entretien à Reuters,
son patron, Marc Nachmann, a
indiqué vouloir faire passer ses
encours dans la dette privée de
130 milliards à 300 milliards de dol-
lars d’ici cinq ans. Déjà cette année,
un tiers des 40 à 50 milliards de dol-
lars qui doivent être levés sur les
actifs non cotés (dette privée, capi-
tal-investissement, infrastructures,
immobilier) sont destinés à être
investis dans de la dette privée. Bien
moins contraintes par la réglemen-
tation, les sociétés de gestion se sont
peu à peu substituées aux banques
pour prêter aux entreprises ces der-
nières années. Pour le numéro un
rette Nouel, et White & Case qui sont
primés en band 1.
3 MISE EN CONFORMITÉ
ET ENQUÊTES
La justice négociée fait partie des
grands changements qui ont révolu-
tionné la profession des avocats der-
nièrement. La France a adopté ce
dispositif plus tardivement que
d’autres pays. Il permet à une entre-
prise de négocier une amende dans
des cas de corruption ou fraude fis-
cale. Cette pratique s’est développée
fortement.
Les structures anglo-saxonnes
prédominent la pratique de la mise
en conformité et des enquêtes. Clif-
ford Chance, conseil d’Airbus dans
la première convention judiciaire
d’intérêt public conclue entre le par-
quet national financier, le DOJ amé-
ricain et le UK Serious Fraud Office
pour mettre fin à une importante
affaire de corruption, partage le trio
de tête avec Herbert Smith Freehills
et Norton Rose Fulbright.
A titre individuel, Thomas Bau-
desson (Clifford Chance) et Chris-
tian Dargham (Norton Rose Fulbri-
ght) se partagent toujours le
premier rang. Cette année, ils ont été
rejoints, sur le podium, par Charles-
Henri Boeringer (Clifford Chance).
4 DROIT DE LA
CONCURRENCE
L’année a été marquée par un élar-
gissement du contrôle des autorités
de concurrence dans les concentra-
mondial de la gestion d’actifs Black-
Rock, le marché mondial de la dette
privée va doubler pour atteindre
3.500 milliards de dollars d’ici
à 2028.
Une évolution qu’il explique à la
fois par la contraction du crédit
bancaire disponible mais aussi par
un financement des dettes émises
sur le marché de plus en plus
tourné vers les grandes entreprises,
laissant ainsi les entreprises de
taille moyenne dans la nécessité de
trouver d’autres solutions.
Goldman Sachs, qui a décidé l’an
dernier de mettre fin à une incur-
sion malheureuse dans la banque
tions d’entreprises. Une décision
rendue par la CJUE (Cour de Justice
de l’Union europ éenne) en
mars 2023. De plus en plus, les auto-
rités font preuve d’une grande sévé-
rité dans leur analyse des opérations
qui leur sont notifiées avec une aug-
mentation de plus de 50 % du nom-
bre de transactions bloquées
entre 2022 et 2023. Le travail des
avocats s’en trouve décuplé.
Parmi les leaders de la pratique,
Bredin Prat, Latham & Watkins, et
Linklaters. En 2023, Bredin Prat a
conseillé le groupe Casino dans le
cadre de son entrée en discussions
exclusives avec Auchan Retail et le
Groupement Les Mousquetaires en
vue de la cession de ses hypermar-
chés et supermarchés.
5 DROIT PÉNAL
DES AFFAIRES
Seules des personnes sont classées
dans cette catégorie. Sans surprise,
les « senior statespeople » qui res-
sortent sont Paul-Albert Iweins
(Taylor Wessing), Jean-Yves Le Bor-
gne (le Borgne Saint Palais) ou Jean
Veil (Veil Jourde). Eric Dezeuze (Bre-
din Prat) est, pour la cinquième
année consécutive, qualifié de star.
Kiril Bougartchev (Bougartchev
Moyne Associés), Denis Chemla
(Allen & Overy), Jacqueline Laffont
(Haik & Associés), Antonin Lévy
(Antonin Lévy & Associés), Thierry
Marembert (Kiejman & Marem-
bert) sont classés en première caté-
gorie. n
de détail – une activité dans laquelle
il s’était engagé en 2016 – , a fait de sa
filiale de gestion d’actifs et de for-
tune un axe de croissance priori-
Goldman Sachs a mis
fin à son incursion
malheureuse dans
la banque de détail.
taire. Le crédit privé constitue « une
opportunité énorme », a déclaré
Marc Nachmann, aux commandes
depuis que la gestion d’actifs et la
gestion de fortune ont été fusion-
FINANCE & MARCHÉS
Bonus : Morgan
Stanley gagne
en justice face au
banquier d’affaires
Bernard Mourad
BANQUES
La banque améri-
caine a obtenu gain
de cause en appel
jeudi face au finan-
cier qui exigeait
le versement de
plus de 1,4 million
d’euros de bonus
différé.
Un jugement
qui, pour la place
financière, a valeur
de test.
Anne Drif
Le vent tourne pour les traders
et banquiers d’affaires de la
place de Paris. La cour d’appel
de Paris vient de donner raison à
Morgan Stanley dans sa bataille
contre le financier Bernard
Mourad pour le versement de
bonus différés de plus de 1,4 mil-
lion d’euros, selon nos informa-
tions. C’est l’issue d’un différend
de près de dix ans, qui intervient
en pleine offensive des grandes
banques américaines auprès de
Bercy pour plafonner les
indemnités de licenciement. Et
qui éteint, pour l’instant, le ris-
que d’un précédent majeur,
craint depuis 2015 par les
grands noms de Wall Street en
France.
Tout commence le 2 février
2015. L’ancien banquier star de
Patrick Drahi, principal pour-
voyeur de commissions de Mor-
gan Stanley en France, annonce
son départ pour rejoindre le
tycoon des télécoms chez Altice.
L’usage veut qu’en cas de
départ, le salarié perde le béné-
fice de son bonus différé, et se le
fasse « racheter » par son nou-
vel employeur qui en compense
la perte. Les programmes de
« loyauté » des grandes banques
anglo-saxonnes conditionnent
le versement des bonus différés
à la présence du salarié dans la
banque. Sauf que Bernard Mou-
rad attaque Morgan Stanley aux
Prud’hommes et obtient gain de
cause en 2019. Il s’appuie sur son
contrat de travail, de droit fran-
çais. Et de là, sur la jurispru-
dence particulière en France : le
versement d’un bonus acquis
n’est pas lié à la présence du sala-
rié dans l’établissement. Il affir-
mait n’avoir signé aucun contrat
avec la maison mère améri-
caine.
Coup de tonnerre sur la place
de Paris : les banques d’investis-
sement craignent de devoir s’y
plier. A plus d’un million d’euros
par banquier sur le départ,
nées par le PDG de la banque David
Solomon en 2022. La même année,
le groupe de gestion avait dépassé
les 2.000 milliards de dollars
d’encours grâce au rachat du néer-
landais NN Investment Partners.
Aujourd’hui, les encours publiés
par le groupe atteignent 2.812 mil-
liards de dollars (y compris la ges-
tion de fortune), dont 40 % d’obliga-
tions, 26 % de fonds monétaires,
23 % d’actions et 11 % d’actifs non
cotés. Les sociétés de gestion accélè-
rent leur diversification dans cette
dernière catégorie, qui offre de
meilleures marges, alors que leurs
fonds d’investissement dans les
l’addition risque de sérieuse-
ment s’alourdir ! De fait, la
« jurisprudence Mourad »,
comme on l’appelle, a fait école
et plusieurs contentieux enga-
gés par des salariés y font réfé-
rence, témoigne un avocat.
La cour d’appel a mis fin jeudi
aux sueurs froides des banques
anglo-saxonnes. Dans sa déci-
sion, que « Les Echos » ont pu
consulter, l’instance a estimé en
effet que « ces primes ne récom-
pensaient pas le travail accompli
au titre d’une année donnée »,
Bernard Mourad touchant déjà
à ce titre un salaire fixe et un
bonus discrétionnaire. « Elles
visaient à s’assurer de sa fidélité
sur le long terme. » Or il a démis-
sionné. Sur le fond, il s’agissait
d’un bonus de fidélité et non de
performance. L’affaire n’est pas
close. Bernard Mourad peut se
pourvoir en cassation.
Cette décision a toutefois de
quoi donner des arguments
aux banques anglo-saxonnes
face à Bercy. Le cabinet de
Bruno Le Maire, qui cherche à
convaincre leurs états-majors
de transférer encore plus de
financiers à Paris après le Brexit,
doit trancher dans les semaines
qui viennent sur leur principale
requête, d’ordre salarial : pou-
voir licencier pour moins cher et
plus facilement.
Les banques anglo-
saxonnes veulent
pouvoir licencier
pour moins cher
et plus facilement.
Les grandes banques améri-
caines demandent à plafonner à
460.000 euros le coût de licen-
ciement de leurs salariés, soit 10
fois le plafond annuel de la Sécu-
rité sociale. En France, licencier
un trader ou un banquier
d’affaires coûte plus d’un mil-
lion d’euros en moyenne, là où la
« facture » de départ d’un salarié
à Londres ne dépasse par
120.000 à 140.000 euros, et
200.000 euros en Allemagne, se
plaignent-elles.
Mais Bercy est pris en
tenaille. Soit il crée un plafond
général qui mécontente
d’autres secteurs, soit un seuil
restrictif, réservé aux seuls ban-
quiers, mais la mesure risque
alors d’être bloquée par le
Conseil d’Etat. Reste une alter-
native : cantonner le plafond de
licenciement aux seuls finan-
ciers dits « preneurs de ris-
ques ». Mais la mesure, de por-
tée très limitée, ne sera pas à la
hauteur des demandes des diri-
geants de Wall Street. n
actifs cotés sont mis sous pression
par la concurrence des produits à
bas coûts (ETF, autrement dit fonds
cotés) et la hausse des coûts.
Autre vecteur d’amélioration, le
groupe veut continuer de se défaire
des encours gérés pour le groupe,
qui pèsent sur sa rentabilité.
Ceux-ci ont déjà reculé plus rapide-
ment que prévu. Ils sont passés de
30 milliards de dollars fin 2022 à
16 milliards de dollars fin 2023.
Enfin, Goldman Sachs AM cherche
à développer son activité de gestion
de fortune en Europe et en Asie,
alors que 80 % de ses clients sont
aujourd’hui aux Etats-Unis. n
FINANCE & MARCHÉS
« Il faut rendre
plus attrayantes les
cotations pour les PME »
l Les ministres des Finances des Vingt-Sept, réunis dans
le cadre de l’Eurogroupe, ont adopté une déclaration
commune sur l’Union des marchés de capitaux.
l Ce texte sera présenté aux chefs de gouvernement
vendredi à Bruxelles.
Propos recueillis par
Alexandre Counis
et Sophie Rolland
Quels sont les points forts
de la déclaration commune de
l’Eurogroupe sur l’Union des
marchés de capitaux (UMC) ?
Je suis membre de l’Eurogroupe
depuis de nombreuses années, et
c’est la première fois que je vois un
tel engagement politique sur la
question de l’UMC. Nous avons
identifié treize domaines d’action,
mais, si je devais en retenir deux, je
soulignerais la nécessité d’explorer
de nouvelles voies pour rendre plus
attrayantes les cotations en Bourse
en Europe pour les petites et
moyennes entreprises, et la titrisa-
tion. Les institutions financières se
sont beaucoup impliquées sur ce
dernier sujet, et il apparaît particu-
lièrement important pour elles.
J’espère que cela contribuera à aug-
menter la capacité des banques à
investir dans notre économie.
Quel est le principal enjeu ?
Nos entrepreneurs se tournent de
Rejoignez le mouvement des organisations inclusives
et des innovations sociales
#InclusivDay
www.inclusivday.com
PASCHAL DONOHOE
Président
de l’Eurogroupe
plus en plus vers l’extérieur de
l’Europe pour obtenir des finance-
ments. Mais si je prends l’exemple
d’une entreprise agroalimentaire
irlandaise, je veux qu’elle puisse
d’abord aller chercher des moyens
de financement à Dublin. Et si elle
n’y arrive pas, je veux qu’elle vienne
à Paris. Nous ne facilitons pas suffi-
samment les choses, et c’est pour-
quoi nous voyons les meilleurs
entrepreneurs – formés en Europe –
se tourner vers d’autres régions du
monde pour obtenir des finance-
ments. C’est à la fois une préoccupa-
tion et une grande opportunité.
Quels sont les principaux
obstacles, aujourd’hui,
à une Union des marchés
de capitaux ?
Bon nombre de décisions qui per-
mettraient d’accélérer le projet
d’UMC ne relèvent pas de la compé-
PARIS LA DÉFENSE ARENA
Contactez-nous pour plus d’informations
inclusivday@lesechosleparisien.fr
tence des ministres des Finances.
Le principal défi est d’intéresser les
responsables politiques, au-delà
des seuls ministres des finances.
Des sujets comme l’harmonisation
des régimes d’insolvabilité ne susci-
tent pas facilement l’enthousiasme
politique. Mais ce sont des ques-
tions cruciales pour les entreprises
qui essaient de se développer dans
plusieurs pays. C’est pourquoi il est
si important de présenter ce travail
aux chefs de gouvernement et
d’obtenir leur soutien.
Pourquoi seraient-ils plus
réceptifs aujourd’hui ?
Parce qu’il y a un enjeu commun.
Les pays européens sont tous
confrontés au même dilemme. Ils
doivent réduire leur endettement.
Et ils doivent aussi trouver plus
d’argent pour financer la transition
verte, la transition numérique,
pour soutenir l’innovation des
entreprises européennes et leur
développement, notamment dans
le secteur des sciences de la vie.
D’autres régions du monde peuvent
résoudre ce dilemme, parce qu’elles
Organisé par
Le président de l’Eurogroupe, l’Irlandais Paschal Donohoe. Photo Michailidis/Euc/Ropi-RÉA
disposent de marchés financiers
suffisamment importants pour
investir de grandes quantités
d’épargne dans l’avenir de leur éco-
nomie.
Quelles ont été les principales
avancées ces dix dernières
années en matière d’Union
des marchés de capitaux ?
Des progrès ont été réalisés, par
exemple, dans la régulation du sec-
teur financier. Du travail a été fait
pour faciliter l’accès des entreprises
aux différentes places boursières
européennes. Mais si nous avons
progressé, pendant ce temps, le
reste du monde en a fait beaucoup
plus. C’est pourquoi nous devons
maintenant prendre acte de
l’urgence de l’Union des marchés de
capitaux et de la nécessité de trou-
ver de nouvelles façons d’investir
dans notre avenir.
La France veut avancer par
petits groupes de pays plutôt
qu’à Vingt-Sept. Est-ce la bonne
manière de procéder ?
C’est un choix qui revient entière-
ment aux Etats membres, s’ils
jugent que c’est plus efficace. Ce que
Les assureurs font un chèque
pour le logement intermédiaire
ASSURANCE
Quatorze assureurs
s’engagent à investir
422 millions d’euros
dans la construction
de logements locatifs
pour les classes
moyennes, d’ici à 2027.
Amélie Laurin
Face à la crise de l’immobilier, le gou-
vernement sonne la mobilisation
générale. Et les assureurs, investis-
seurs majeurs dans l’économie tri-
colore, sont appelés à participer à
l’effort de guerre, comme ils l’ont fait
lors du plan de relance post-Covid.
La profession va apporter « plus de
400 millions d’euros » pour financer
la construction de logements loca-
tifs intermédiaires (LLI), ont
annoncé jeudi Bruno Le Maire et
Guillaume Kasbarian, les ministres
de l’Economie et du Logement. La
mobilisation de 14 assureurs (AG2R
La Mondiale, Allianz France, AXA,
BNP Paribas Cardif, CNP Assuran-
ces, SMA BTP…) s’inscrit dans un
effort plus global pour ces loge-
ments destinés à la classe moyenne,
aux loyers inférieurs de 10 % à 15 %
au secteur privé classique. Au total,
« nous annonçons la mobilisation
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
« Nous devons
prendre acte
de l’urgence
de l’Union
des marchés
de capitaux. »
j’essaie de faire à mon niveau, c’est
créer une architecture dans
laquelle de tels mouvements
seraient complémentaires à notre
travail et non pas en concurrence.
Je cherche à créer un dénomina-
teur commun de notre vision qui
fasse avancer tout le monde en
même temps, et qui réduise peut-
être le besoin pour certains d’avan-
cer par petits groupes.
Les banques françaises ont
peur que l’Union des marchés
de capitaux ouvre les portes du
marché européen aux grandes
banques américaines.
Que leur répondez-vous ?
Les banques françaises sont plus
que capables de se mesurer aux ban-
d’un milliard d’euros pour réaliser
10.000 logements intermédiaires
dans les mois qui viennent », a déclaré
Bruno Le Maire au cours d’un point
presse.
Dans le détail, une partie de l’enve-
loppe – 250 millions – provient d’une
augmentation de capital réalisée par
le gouvernement, au second semes-
tre 2023, au profit de la Société pour
le logement intermédiaire (SLI), une
filiale de CDC Habitat.
750 millions d’euros
d’investissements
En matière d’investissements nou-
veaux, 750 millions sont donc atten-
dus par le gouvernement. L’effort
des assureurs sera complété princi-
palement par un apport de 250 mil-
lions d’euros de la Caisse des Dépôts.
L’institution publique puisera dans
sa « Section générale » (distincte des
fonds d’épargne du Livret A, qui
finance notamment le logement
social) pour abonder le futur Fonds
de logement intermédiaire 3 (FLI 3)
de sa filiale CDC Habitat. Ce montant
provient, pour une petite partie, d’un
reliquat non investi par l’institution
publique dans FLI 2, précise la CDC.
Par ailleurs, pour atteindre
l’objectif chiffré du gouvernement,
« nous regardons avec le FFR [Fonds
de réserve pour les retraites, NDLR]
s’ils peuvent investir 100 millions
d’euros », précise Bercy.
30
ques américaines, tout comme les
irlandaises et les autres banques
européennes. Ce que nous voulons
faire, c’est leur permettre de prospé-
rer et grandir. Nous avons des entre-
preneurs et des entreprises qui mon-
trent la voie dans leur secteur. Nous
avons aussi l’euro. Il nous faut main-
tenant trouver la meilleure façon de
soutenir notre secteur financier.
Quel est, selon vous, le plus
urgent ?
En plus de faciliter l’accès au mar-
ché européen pour les PME qui veu-
lent passer à la prochaine phase de
leur développement, il faut aussi
faire grandir le volume de capital-
risque ici, en Europe. En Irlande,
nous sommes sur le point de lancer
des produits d’épargne pour la
retraite, qui doivent aussi permettre
de mieux mobiliser l’épargne des
Européens pour investir dans les
entreprises européennes. Mais ce
type de projet, qui doit être mené au
niveau national, prend des années à
mettre en place. Nous progressons
néanmoins. Je suis particulière-
ment impressionné par les progrès
réalisés par la Suède et les Pays-Bas
en la matière. n
Du côté des assureurs, les
422 millions d’euros promis seront
déployés sur trois ans. « Les assu-
reurs pourront investir dans plu-
sieurs types de véhicules : dans FLI 3,
dans d’autres fonds immobiliers de
LLI (diversifiés à 25 % maximum
dans des résidences santé ou étu-
diantes) et aussi en direct dans des
immeubles à vocation de logements
intermédiaires », précise aux
« Echos » Franck Le Vallois, direc-
teur général de France Assureurs.
Au final, l’effort peut sembler fai-
ble, au regard des 2.427 milliards
d’euros de placements des assu-
reurs français à fin 2022, dont
175 milliards d’euros (7,2 %)
d’immobilier, selon les chiffres de
France Assureurs. Face à la hausse
des taux et à l’inflation, seules 9 %
des compagnies prévoyaient l’an
dernier d’augmenter leur allocation
dans la pierre, selon le dernier baro-
mètre de l’Association française des
investisseurs institutionnels.
Dans ce contexte, « la mobilisa-
tion des assureurs est assez remar-
quable, compte tenu de la période
que traverse l’immobilier et du
contexte de décollecte des fonds en
euros en assurance-vie, ce qui accroît
mécaniquement le poids de l’immo-
bilier dans l’allocation d’actifs des
assureurs par rapport à leurs actifs
plus liquides », estime Franck Le
Vallois. n
31 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 FINANCE & MARCHÉS

Nestlé pressé par

ses actionnaires
de limiter la vente
de « malbouffe »
SUPERVISION
Une coalition
d’investisseurs a
déposé une résolu-
tion pour demander
au groupe suisse
de rééquilibrer
ses ventes en faveur
de produits à plus
forte valeur
nutritionnelle.
Rachel Cotte
Alors que l’obésité fait des rava-
ges dans le monde entier, des
investisseurs de Nestlé enjoi-
gnent le groupe de limiter ses
ventes d’aliments mauvais pour
la santé. En vue de l’assemblée
générale annuelle du groupe en
avril, une coalition d’action-
naires menée par l’ONG Share-
Action – en tout, ils représen-
tent un total de 1,68 milliard de
dollars d’actifs sous gestion – a
déposé une résolution pour
exiger de réels engagements.
« En tant que plus grand fabri-
cant d’aliments et de boissons au
monde, Nestlé peut fondamenta-
lement remodeler le marché et le
secteur, et créer un précédent que
d’autres devront suivre », estime
Holly Gabriel, responsable
santé des consommateurs chez
ShareAction.
Objectif trop modeste
L’ONG reproche au groupe de
ne pas avoir expliqué comment
il comptait rééquilibrer ses
ventes en faveur d’une alimen-
tation plus saine. L’objectif
annoncé l’an dernier, consis-
tant à augmenter les ventes de
produits « nutritifs » de 50 %
d’ici à 2030, « n’est pas ambi-
tieux », estime-t-elle, et est sim-
plement conforme à l’objectif
de croissance globale de l’entre-
prise. Nestlé a d’ailleurs classé
certains aliments à faible valeur
nutritionnelle, comme le café,
dans sa catégorie d’aliments
« sains » : cela signifie que la
société pourrait atteindre son
objectif… simplement en aug-
mentant les ventes de café.
« Un objectif absolu d’aug-
mentation des ventes de certains
produits n’engage en rien la vente
de produits moins sains, qui
pourraient encore croître plus
rapidement », explique Holly
Gabriel. « C’est la part relative
des produits nutritifs dans l’offre
et les ventes que nous souhaitons
voir augmenter. Nous attendons
donc de nouveaux objectifs
clairs, basés sur des standards
nutritionnels reconnus, et évi-
demment le détail de la stratégie
pour les atteindre », résume le
gestionnaire d’actifs Candriam,
qui s’est joint au consortium.
Santé publique
Le fabricant des célèbres cho-
colats Kit Kat a souvent été
pointé du doigt pour son rôle
dans la promotion de la mal-
bouffe. Selon le rapport 2023 du
groupe, seulement 38 % des
ventes nettes, en excluant les
Comment l’Indonésie a tué
produits spécialisés – aliments
pour animaux de compagnie,
nourriture pour bébés… – ont
obtenu une note supérieure à
3,5 dans le cadre du « Health
le marché du nickel
Star Rating » (équivalent aus- plus grands producteurs au monde l’émergence de l’Indonésie, dont la des ventes de voitures électriques,
tralien du Nutri-Score), ce qui MATIÈRES de cet ingrédient, notamment de production a explosé pour devenir les achats de métal ont, eux aussi,
signifie qu’ils sont considérés PREMIÈRES nickel de classe 1, un produit de la plus importante au monde. Elle marqué le pas. La demande en
comme « sains ». haute qualité, pour intégrer les est passée de 200.000 tonnes, métal du diable n’est d’ailleurs pas
Le groupe, qui a enregistré La production batteries de voitures électriques. De en 2016, à 1,5 million de tonnes aussi certaine qu’on pourrait l’ima-
un chiffre d’affaires en baisse indonésienne fait, les cours ont progressé en ligne en 2022. « C’est le résultat d’une poli- giner, comme en témoigne l’essor
en 2023, s’oppose à l’introduc- a explosé en quelques droite de 2020 à 2022. Mais le mar- tique volontariste et pragmatique », des batteries au lithium-fer-phos-
tion d’un objectif proportion- années. ché s’est brutalement retourné. Et le explique Yves Jégourel, professeur phate (LFP), qui sont sans nickel.
nel. « Cela nous obligerait à affai- métal a perdu plus de 40 % depuis d’économie des matières premières
blir des parties précieuses de 2023, à 18.000 dollars la tonne. au CNAM. Jakarta a en effet choisi Technologies non matures
Mais la demande a été
notre portefeuille de produits et à de développer ses gisements de nic- « Le nickel est en partie utilisé par
créer des opportunités pour nos
moins forte que prévu 1,5 million de tonnes kel en vue de devenir un hub asiati- l’industrie de la mobilité, dont les
concurrents, sans apporter de en raison du ralentis- Les compagnies minières accusent que des batteries de voitures électri- technologies ne sont pas encore
bénéfices en termes de santé sement des ventes de le coup. Le géant BHP a, par exem- ques. matures, rappelle Benjamin Lou-
publique », plaide-t-il auprès du voitures électriques. ple, enregistré une dépréciation A cette fin, l’Indonésie n’a pas vet, gérant matières premières chez
« Financial Times ». d’actifs de 2,5 milliards de dollars hésité à s’allier à la Chine, qui dis- Ofi Invest AM. La chimie des batte-
Compte tenu du lien avéré sur ses activités liées au nickel. Du pose non seulement des finance- ries n’est pas totalement arrêtée. »
entre les mauvaises habitudes Etienne Goetz côté des consommateurs, notam- ments nécessaires pour développer Comme le cobalt ou le lithium, le
alimentaires et certaines mala- ment les constructeurs automo- des mines, mais aussi de la maîtrise prix du nickel est très volatil. « Le
dies chroniques comme l’obé- Le nickel était promis à une flambée biles, l’environnement de marché a des technologies de transforma- nickel est une matière première qui
sité, d’autres géants du secteur spectaculaire et durable. Avec l’essor totalement changé. « Beaucoup de tion. La Chine a notamment réussi à passe par des cycles de “boom and
ont été sommés ces dernières des voitures électriques, les besoins clients voulaient sécuriser leur appro- abaisser considérablement les bust” » [littéralement prospérité et
années d’en faire davantage s’annonçaient colossaux, et la visionnement en nickel, mais, vers la coûts des usines « HPAL » qui per- récession, NDLR], explique Benja-
pour aider les consommateurs à hausse de la demande fulgurante, fin du premier semestre 2023, tous les mettent de transformer du nickel min Louvet. La chute des prix
accéder à des produits plus incompatible avec le temps minier. dossiers d’« offtake » – financement de mauvaise qualité en nickel de entraîne un arrêt de la production,
sains. A la suite d’une résolution Le tonitruant patron de Tesla, Elon ou promesse d’achat de minerai – se qualité batterie. Les coûts sont pas- avec le risque d’un retour de balan-
de ShareAction, Unilever s’était Musk, avait fait de l’approvisionne- sont progressivement arrêtés », expli- sés de 7-8 milliards de dollars à cier dans l’autre sens. « L’évolution
engagé en 2022 à communiquer ment en nickel une obsession. que Boris Martor, avocat associé moins de 2 milliards, rappelle Yves des prix du nickel dépendra du déve-
sur la performance de ses pro- Même le contexte géopolitique a chez Bird & Bird, spécialisé dans Jégourel. La deuxième raison de la loppement de la demande des voi-
duits au regard de standards tourné en faveur du métal du diable l’industrie minière. La raison princi- chute des cours se trouve du côté de tures électriques dans les années à
nutritionnels officiels. n en 2022, car la Russie est l’un des pale de ce retournement, c’est la demande. Avec le ralentissement venir », souligne le gérant. n

ventes aux enchères publiques // EN

EN PARTENARIAT
PARTENARIAT AVEC
AVEC

71 VENTE aux enchères publiques, au Tribunal Judiciaire de CHALON-SUR-SAÔNE (71),
au Palais de Justice de ladite ville - 4 rue Emiland-Menand
le mardi 16 avril 2024 à 13h30
Commune DE SAINT-MARTIN-EN-BRESSE (71)
251 Route de la Madeleine
1er LOT DE LA VENTE : LES PARCELLES cad. sec. E : n° 1115, pour 00ha 08a 69ca, n° 1116, pour 00ha
00a 32ca et n° 1123, pour 00ha 08a 20ca - lieudit « La Magdeleine ».
2ème LOT DE LA VENTE : LES PARCELLES cad. sec. E : n° 1117 pour 00ha 00a 67ca, n° 1118 pour 00ha
06a 56ca, n° 1121 pour 00ha 00a 78ca, n° 1122 pour 00ha 02a 48ca - lieudit « 251 Route de la Madeleine
». Petit bâtiment à usage d’écurie et grange.
3ème LOT DE LA VENTE : DIVERS BIENS ET DROITS IMMOBILIERS DÉPENDANT D’UN IMMEUBLE,
Cad. sec. E n° 1119, lieudit « 251 Route de la Madeleine » pour 00ha 09a 91ca RDC : LOT N°1 : Un ancien
restaurant bât. A compr. : salle bar, salle restaurant avec grde cheminée, salle de bal, sanitaires
(2 lavabos, urinoir, 2 WC), cuisine, buanderie, dégagt, cave au s/s. Accès par la cour
commune et le lot 6. ETAGE 1 : Palier. LOT N° 3 : Anciennes chbres d’hôtel à transformer en
appart compr. : une dche, un dégagt, un W.C., 5 chbres. Accès par l’esc. E1 (parties communes). LOT
N° 4 : Anciennes chbres d’hôtel à transformer en appart compr. : un dégagt, un W.C., 3 chbres. Accès
par l’esc. E1 (parties communes) EXTERIEUR : LOT N° 5 : Une cour avec une
terrasse. Accès par le lot 1 et par les parties communes. LE LOT N° 6 : Une cour avec terrasse. Accès
par la route de la Madeleine, par le lot 1 et les parties communes. • La parcelle cad. sec. E
n° 1120, lieudit « 251 Route de la Madeleine » pour 00ha 02a 87ca. • La parcelle cad. sec. E n° 1124,
lieudit « La Magdeleine » pour 00ha 00a 12ca. Les biens sont, semble-t-il, inoccupés
Mise à Prix : 12.500,00 € - PAR LOT
Consignation préalable indispensable pour enchérir
S’adr. pr renseignements : 1°) Me Ludovic BUISSON, membre de la SELAS ADIDA ET ASSOCIES,
Avocat au Barreau de CHALON-SUR-SAÔNE (71) – demeurant 15 Place du Châtelet à 71100
CHALON-SUR-SAÔNE – Tél. : 03.85.48.82.37. 2°) Me Charlotte GUITTARD, avocat, membre de la SCP
DAMOISEAU & ASSOCIES, 13, Rue des Mazières à EVRY COURCOURONNES (91) - T. : 01.60.78.23.81 - Au
Grefe du Tribunal Judiciaire CHALON-SUR-SAÔNE (Saône-et-Loire), au Palais de Justice de
ladite Ville – 4 rue Emiland-Menand, où il a été déposé sous la référence 23/00028. Tél. : 03.85.93.77.00.
Une visite sera organisée par la Selas ACTALAW, Commissaire de Justice à CHALON-SUR-SAÔNE
(71) (Tél. : 03.85.90.02.20.).
75 VENTE aux enchères publiques, au Tribunal Judiciaire de PARIS (75)
le jeudi 2 mai 2024 à 14 h - EN UN SEUL LOT
UN APPARTEMENT de 59.83 m²
à PARIS (75018) - 110 boulevard de la Chapelle
Comprenant au 2ème étage du hall A : entrée, cuisine, WC, une chambre, SdE,
salon/SàM avec BALCON – Au ss : CAVE n° 1
Mise à Prix : 225.000 € - Occupé - Consignation pour enchérir 22.500 €
S’adresser : - À Maître Isabelle SIMONNEAU, Membre de la SELARLU IS AVOCAT, Avocat au
Barreau de PARIS, 30 av. du Président Kennedy (75) PARIS, email: sd@is-avocats.fr et
er@is-avocats.fr, dépositaire d’une copie du CCV - Au Grefe du Juge de l’Exécution du TJ
de PARIS où le CCV est déposé (N° RG 23/00185)
- Sur les lieux pour visiter, le mardi 23 avril 2024 de 14h à 15h
- INTERNET : www.isabellesimonneau-avocats.fr
Retrouvez toutes les informations sur le site www.vench.fr (réf : 153547 )
Si vous souhaitez paraître dans
cette rubrique :
contact@immolegal.fr
Tél : 01.42.96.96.72
83 Cabinet de la SELARL Grégory KERKERIAN & ASSOCIES Société d’avocats demeurant 62 Avenue Lazare Carnot
BP 169 83305 DRAGUIGNAN CEDEX Tél. : 04.94.50.99.76 - Fax : 04.94.50.99.89
Mail cabinet@kerkerian-avocats.fr - http://www.kerkerian-avocats.fr et
SELAS CLOIX & MENDES-GIL - Maître Sébastien Mendès-Gil Avocat au Barreau de Paris 7 Rue Auber - 75009 PARIS
Tél. : 01.48.78.92.42. – Fax 01.48.78.92.40
VENTE AUX ENCHERES PUBLIQUES EN UN SEUL LOT
Sur la commune de COGOLIN (Var), UN TERRAIN en nature de bois
situé au rond-point SAINT-MAUR (près du magasin dénommé LIDL) et avec un accès sur la D48. Figurant au cadastre:
section AM n°138 Lieudit « Les Moulins » pour 00 ha 07 a 63 ca, section AM n°188 Lieudit « Les Moulins » pour
01 ha 88 a 17 ca. Soit une contenance totale de 1 ha 95 a 80 ca.
MISE A PRIX : 700.000 EUROS
VISITES : sur place, par la SCP ODIN MELIQUE PINTO, Commissaires de justice associés, 6
Avenue Carnot, 83300 DRAGUIGNAN, le Mercredi 3 Avril 2024 de 14 h à 15 h
et le Lundi 8 Avril 2024 de 11 h à 12 h.
ADJUDICATION LE VENDREDI 19 AVRIL 2024 à 9h30 au Palais de Justice de
DRAGUIGNAN (Var), Cité Judiciaire, Rue Pierre Clément. Le ministère d’avocat est obligatoire
OCCUPATION : Il résulte du PV descriptif établi par l’huissier instrumentaire à la date du 21/09/2021 que le bien est un terrain
en nature de bois, vierge avec une forte densité d’arbres. Les clauses et conditions de la vente sont stipulées dans le cahier
des conditions de vente déposé le 16/11/2021 sous le n° 21/07756 au grefe du Juge de l’Exécution immobilière du Tribunal
Judiciaire de DRAGUIGNAN, et peuvent être consultées audit Grefe et au Cabinet de Maître Grégory KERKERIAN.
LES MEILLEURES OPPORTUNITÉS AUX ENCHÈRES
Retrouvez le calendrier des prochaines ventes aux
enchères et consultez gratuitement les résultats
ainsi que notre newsletter sur le site : Vench.fr
FINANCE & MARCHÉS Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos 32

séAncE du 14 - 03 - 2024 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 8161,42 (0,29 %) neXt 20 : 11142,98 (-0,32 %)

CaC larGe 60 : 8759,55 (0,26 %)
CaC all-tradaBle : 6019,38 (0,23 %)
Date De ProroGation : 25 mars
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 195,44 195,3 + 0,26 + 10,89 l'oréal (OR) R a 455 451,25 - 0,65 + 0,13 GetlinK (GET) LR a 15,85 15,58 - 1,67 - 5,95 saVencia (BH) B 51,6 52,2 + 1,16 - 5,09
613564 196,08 +14,98 196,08 248468 457,5 + 4,63 460,6 837906 15,9 + 1,83 16,78 276 52,2 + 0,38 55
FR0000120073 15/05/23 2,95 524.640.056 194,66 + 30,72 165,68 1,51 FR0000120321 26/04/23 6 534.725.475 450,15 + 19,5 417 1,33 FR0010533075 30/05/23 0,5 550.000.000 15,515 + 3,87 15,135 3,21 FR0000120107 15/05/23 1,3 14.032.930 51,6 - 15,53 51 2,49
airBus GrouP (AIR) R a 160 160,36 + 0,68 + 14,72 3,4 micHelin (ML) a 34,6 34,45 - 0,43 + 6,13 Gl eVents (GLO) g B 20,65 20,8 + 0,97 + 6,01
785867 161,9 + 6,72 161,9 47,23 1492553 34,78 + 2,81 34,79 scor (SCR) G a 28,6 29,17 + 1,92 + 10,24
11401 20,95 - 3,7 23,55
NL0000235190 25/04/23 1,53 790.459.434 160 + 31,25 136,62 1,12 FR001400AJ45 17/05/23 1,25 714.958.226 34,32 + 22,79 30,06 3,63 FR0000066672 03/07/23 0,35 29.982.787 20,55 - 2,8 18,72 1,68 315512 29,21 + 2,86 30,39
alstom (ALO) R a 11,95 12,05 + 1,3 - 1,07 oranGe (ORA) R a 10,45 10,428 - 0,12 + 1,2 FR0010411983 30/05/23 1,4 179.802.620 28,51 + 41,33 25,66 4,8
Graines Voltz (GRVO) c 27 26,45 - 2,04 - 9,42
2415534 12,44 + 5,89 12,515 4284905 10,496 - 1,92 11,37 4760 27 - 2,04 30 seB (SK) G a 116,4 116,1 + 0,17 + 2,74
FR0010220475 17/07/23 0,25 384.291.068 11,9 - 53,55 10,66 2,08 FR0000133308 04/12/23 0,3 2.660.056.599 10,41 - 2,34 10,352 2,88 FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 26,4 - 56,5 25,25 44846 116,8 + 4,69 116,9
arcelormittal (MT) R a 24,735 24,445 - 1,19 - 4,79 PernoD-ricarD (RI) R a 151,9 152,45 + 0,66 - 4,57 GrouPe crit (CEN) g B 71,4 71 - 0,28 - 9,67 FR0000121709 31/05/23 2,45 55.337.770 114,8 + 12,39 104,1 2,11
2539540 24,78 - 2,86 26,95 411826 155,4 - 1,49 164,55
LU1598757687 13/11/23 0,17 852.809.772 24,405 - 11 23,25 FR0000120693 24/11/23 2,64 255.631.733 151,7 - 23,7 140,5 1,73 578 71,4 - 4,05 79,2 secHe enVironnement (SCHP) g B 105,8 106 + 0,76 - 3,64
FR0000036675 05/07/23 3,5 11.250.000 71 + 2,31 68,2 4,93 9533 107 - 9,71 121,4
aXa (CS) R a 33,7 34,005 + 0,55 + 15,31 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 96,32 98,44 + 2,14 + 17,19
4075229 34,03 +11 34,185 561110 98,82 + 1,42 98,96 Gtt (GTT) G a 137 136,5 - 4,21 + 13,84 FR0000039109 07/07/23 1,1 7.857.732 104,2 + 1,73 97,3 1,04
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.270.188.806 33,675 + 22,7 29,12 5 FR0000130577 03/07/23 2,9 268.723.468 96,32 + 33,6 83,16 2,95 285486 138,8 + 5,81 151,1
FR0011726835 12/12/23 1,85 37.078.357 135,7 + 43,01 119,9 1,36 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 5,86 5,84 - 0,34 - 27,54
BnP PariBas (BNP) R a 60,77 60,25 - 1,15 - 3,74 renault (RNO) R a 41,815 42,44 + 1,37 + 15 1361 5,86 - 2,34 8,2
3209386 61,28 +11,74 63,82 2143119 43,685 +12,6 43,685 GuerBet (GBT) g B 32 31,85 - 0,47 + 63,33
FR0000131104 22/05/23 3,9 1.147.477.409 60,15 + 4,09 53,08 6,47 FR0000131906 17/05/23 0,25 295.722.284 41,8 + 9 33,265 0,59 17763 32,25 + 9,83 32,5 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 5,83 - 59,5 5,6 6,85
BouYGues (EN) R a 37,03 37 + 0,03 + 8,44 saFran (SAF) R a 199,96 200,4 + 0,7 + 25,67 FR0000032526 29/06/23 0,5 12.641.115 31,7 + 65,71 17,02 1,57 ses-imaGotaG (VU) G B 131,8 130,4 + 0,31 - 3,98
723896 37,14 +10,78 37,22 686374 202,85 +13,92 202,85 Guillemot (GUI) g c 4,8 4,755 - 1,76 - 29,97 23937 134 -10,19 159,8
FR0000120503 03/05/23 1,8 378.948.297 36,82 + 16,39 32,62 4,87 FR0000073272 30/05/23 1,35 427.260.541 199,4 + 50,52 156,68 0,67 2963 4,8 - 4,52 6,95 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.958.658 129,6 + 17,27 120,2
caP-Gemini (CAP) R a 225,5 224,5 - 0,4 + 18,94 saint-GoBain (SGO) R a 69,95 69,15 - 0,99 + 3,74 FR0000066722 07/06/23 0,25 15.087.480 4,655 - 48,03 4,405 5,26
sHoWroomPriVé (SRP) g B 0,97 0,98 + 1,03 - 8,07
274471 225,8 + 2,05 227,4 1038374 70 + 1,77 73,6 icaDe (ICAD) G a 25,3 25,22 - 0,71 - 29,04
FR0000125338 30/05/23 3,25 172.608.113 222,9 + 30,87 181,95 1,45 FR0000125007 12/06/23 2 506.453.012 69,03 + 29,35 61,27 2,89 11754 0,98 - 6,67 1,17
158868 25,48 -16,55 35,9
FR0000035081 04/03/24 2,42 76.234.545 24,9 - 48,17 24,5 FR0013006558 118.902.909 0,97 - 35,53 0,96
carreFour (CA) R a 15,84 15,805 - 0,1 - 4,59 sanoFi (SAN) R a 88,92 88,21 - 0,32 - 1,73
1384975 15,99 + 5,58 16,865 1249466 89,47 + 2,89 96,5 iD loGistic (IDL) a 338 351 + 5,72 + 14,71 soitec (SOI) LG a 133,3 129,6 - 2,48 - 19,9
FR0000120172 06/06/23 0,56 708.790.816 15,72 - 13,7 14,885 3,54 FR0000120578 30/05/23 3,56 1.264.797.546 88,02 - 0,87 84,93 4,04 12496 356,5 + 7,5 356,5 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 79360 133,95 -11,2 164,1
creDit aGricole (ACA) R a 12,968 13,036 + 0,37 + 1,43 scHneiDer electric (SU) R a 214,9 215,15 + 0,68 + 18,36 FR0010929125 6.173.328 338 + 21,24 298 FR0013227113 35.712.302 129,25 - 9,75 126,5
3940534 13,088 + 6,83 13,546 992320 216,95 +10,11 216,95 imerYs (NK) G a 30 29,82 - 0,27 + 4,71
FR0000045072 30/05/23 1,05 3.052.737.991 12,93 + 20,88 12,118 8,06 FR0000121972 09/05/23 3,15 572.835.884 213,7 + 41,03 171,1 1,46 solocal GrouP (PAJ) B 0,05 0,048 + 6,5 - 45,96
44441 30,16 - 4,3 32,5 1394101 0,06 -42,35 0,089
Danone (BN) R a 59,81 59,41 - 0,22 + 1,24 société Générale (GLE) R a 23,68 23,47 - 0,89 - 2,31 FR0000120859 15/05/23 3,85 84.940.955 29,82 - 25,23 24,96 12,91
1051919 60,13 - 2,16 63,8 3246815 23,845 + 8,51 24,85 FR00140006O9 129.505.837 0,046 - 89,96 0,038
FR0000120644 09/05/23 2 677.773.128 59,19 + 8,91 58,4 3,37 FR0000130809 30/05/23 1,7 802.979.942 23,24 - 4,11 21,265 7,24 inFotel (INF) g c 45,8 45,6 - 0,65 - 13,96
2123 45,8 - 1,08 53,6 soDeXo (SW) LR a 78,4 78,94 + 0,79 + 5,45
Dassault sYstemes (DSY) R a 42,295 42 - 0,74 - 5,05 stellantis nV (STLAP) a 25,465 25,36 - 0,24 + 19,93 FR0000071797 19/05/23 2 6.934.791 44,5 - 20,83 43,7 4,39 253933 79,26 + 1,7 79,44
1017375 42,425 -2 48,875 2182970 25,53 +12,41 25,96 FR0000121220 20/12/23 3,1 147.454.887 78,4 + 26,97 71,94 3,93
FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 41,82 + 14,11 41,305 0,5 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.165.189.336 25,18 + 54,67 19,15 5,28 innate PHarma (IPH) g B 2,24 2,215 - 1,12 - 15,46
eDenreD (EDEN) R a 48,85 49,16 + 0,8 - 9,2 stmicroeletronics (STMPA) Ra 43,665 42,875 - 1,41 - 5,24 0,23 18039 2,25 - 1,56 2,8 solutions 30 (ALS30) a 2,014 2 - 0,2 - 24,98
471435 49,19 -11,23 58,76 1168046 43,815 + 2,83 45,815 188,67 FR0010331421 80.860.563 2,215 - 25,67 2,12 354801 2,078 -14,31 2,896
FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 48,6 - 4,91 44,66 2,03 NL0000226223 11/12/23 0,05 911.281.920 42,835 - 6,52 38,575 0,14 interParFums (ITP) G a 52,9 52,8 - 1,12 + 4,76 FR0013379484 107.127.984 1,991 - 14,97 1,952
enGie (ENGI) R a 15,156 15,29 + 1,1 - 3,95 1,21 telePerFormance (RCF) R a 84,3 86,48 + 1,98 - 34,51 26604 53,9 + 7,21 55,2 soPra steria GP (SOP) G a 230,6 229,4 - 0,61 + 15,98
4902183 15,416 + 6,36 16,64 12,68 429338 87,96 -35,82 153,8 FR0004024222 11/05/23 1,05 69.196.570 52,7 - 8,97 45,25 1,99
34649 232,8 + 4,37 239,6
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 15,156 + 8,66 13,996 9,16 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 84,3 - 61,34 80,76 4,45 inVentiVa (IVA) g B 3,62 3,555 + 1,57 - 13,19 FR0000050809 29/05/23 4,3 20.547.701 229,4 + 16,98 187 1,87
essilorluXottica (EL) R a 206,6 208,2 + 0,97 + 14,65 tHales (HO) R a 144,5 146,05 + 1,6 + 9,03 162185 3,72 + 2,45 4,44
342366 208,7 + 9,17 208,7 335081 147,15 + 5,95 151,4 FR0013233012 52.115.807 3,52 - 11,13 2,8 smcP (SMCP) g B 2,53 2,55 - 25,44
FR0000121667 22/05/23 3,23 453.833.920 206,3 + 30,98 172,82 1,55 FR0000121329 05/12/23 0,8 210.210.140 144,35 + 10,31 131,45 0,55 iPsen (IPN) G a 107,5 108,1 + 0,47 + 0,19 111488 2,6 - 4,85 3,555
euroFins scient. (ERF) R a 57,74 56,2 - 2,4 - 4,71 totalenerGies (TTE) R a 61,91 62,71 + 1,57 + 1,8 57507 108,3 + 4,65 110,6 FR0013214145 75.591.187 2,485 - 70,16 2,105
305860 58,06 + 1,92 60,12 6905212 62,75 + 3,79 63 FR0010259150 02/06/23 1,2 83.814.526 106,4 + 0,56 99,7 1,11 sPie (SPIE) G a 35,42 35,16 + 0,46 + 24,24
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 56,1 - 8,5 51,32 1,78 FR0000120271 02/01/24 0,74 2.386.846.474 61,76 + 11,09 57,45 1,18 iPsos (IPS) G a 63,9 64,35 + 0,7 + 13,39 400993 35,42 +14,53 35,42
Hermes intl (RMS) R a 2371 2392,5 + 1,49 + 24,69 uniBail-r/WFD (URW) a 70,58 71,2 + 1,05 + 6,4 57103 64,8 + 3,96 65,7 FR0012757854 20/09/23 0,22 166.468.112 35,02 + 34,3 27,32 0,63
59971 2416,5 +11,56 2416,5 316839 71,98 + 3,16 72,52 FR0000073298 03/07/23 1,35 43.203.225 63,9 + 12,7 55,55 2,1
FR0000052292 13/02/24 3,5 105.569.412 2371 + 37,94 1788,8 0,15 FR0013326246 24/03/20 5,4 139.041.391 70,58 + 27,37 63,96 steF (STF) g B 134 129,6 - 3,28 + 13,49
JacQuet metals (JCQ) g B 18,1 17,76 - 1,88 - 9,39
KerinG (KER) R a 426,75 426,2 + 0,61 + 6,82 Veolia enV. (VIE) R a 28,94 29,11 + 1,11 + 1,93 27691 18,28 - 0,78 19,66 2885 134 +10,02 138
220561 438,6 + 2,43 438,6 1873781 29,16 - 1,26 30,7 FR0000033904 05/07/23 1 22.497.209 17,46 - 4,21 17,46 5,63 FR0000064271 03/05/23 4 12.850.000 127,8 + 19,56 112,6 3,09
FR0000121485 15/01/24 4,5 123.420.778 426,2 - 24,59 343,4 1,06 FR0000124141 09/05/23 1,12 725.411.667 28,93 + 6,28 28,19 3,85
JcDecauX (DEC) G a 17,34 16,8 - 2,95 - 7,69 sWorD GrouP (SWP) g B 37,5 37,15 - 0,67 - 6,78
l.V.m.H. (MC) R a 873,1 872,8 + 0,65 + 18,97 Vinci (DG) R a 118 117 - 2,32 + 2,9 179719 17,36 -10,35 20,2 4337 37,6 + 3,48 40
321508 886,4 + 8,75 886,4 988172 118,5 + 1,53 120,48 FR0000077919 21/05/19 0,58 213.161.658 16,8 - 13,36 16,8
FR0000121014 04/12/23 5,5 501.400.760 872,1 + 9,03 644 0,63 FR0000125486 14/11/23 1,05 589.048.647 116,92 + 9,28 112,46 0,9 FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 37,05 - 17,44 35,05 4,58
leGranD (LR) R a 97,12 97,64 + 0,99 + 3,76 ViVenDi (VIV) R a 9,79 10,025 + 2,38 + 3,61 KauFman & BroaD (KOF) g B 27,35 27,15 - 0,55 - 9,8 sYnerGie (SDG) g B 31,2 30,7 - 1,29 - 12,78
565202 98,98 + 7,32 98,98 2435139 10,035 - 3,19 10,54 9699 27,55 - 9,35 30,55 2353 31,6 - 8,63 35,25
FR0010307819 02/06/23 1,9 264.031.292 97,12 + 12,83 88,44 1,95 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,756 + 6,38 9,634 2,49 FR0004007813 09/05/23 2,4 19.862.022 27,15 + 2,07 26,05 8,84
FR0000032658 29/06/23 0,8 24.362.000 30,7 - 6,54 29,15 2,61
KlePierre (LI) LR a 23,98 23,79 - 0,59 - 3,61
739047 24,12 + 4,85 24,96 telePerFormance (RCF) R a 84,3 86,48 + 1,98 - 34,51
FR0000121964 07/07/23 0,88 286.861.172 23,71 - 1,25 22,69 429338 87,96 -35,82 153,8
laGarDère (MMB) G a 20,9 21 + 0,48 + 14,25 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 84,3 - 61,34 80,76 4,45
10134 21,1 + 3,19 21,25 teract (TRACT) B 0,618 0,614 + 0,33 - 67,17
FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 20,9 + 3,04 17,8 6,19
srD Valeurs françaises lDc (LOUP) a 135,5 136 + 1,12 - 2,86 FR001400BMH7
56688
73.394.562
0,624
0,57
-38,6
- 89,77
1,885
0,376
663 136,5 + 3,42 141
FR0013204336 28/08/23 2,7 17.635.433 134 + 18,78 125 1,99 tF1 (TFI) G a 8,45 8,37 - 0,42 + 17,31
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA 77546 8,465 + 4,63 8,815
lna santé (LNA) g B 23,2 23,25 + 0,65 + 15,67
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 3308 23,45 + 8,39 23,8 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 8,295 + 8,49 7,105 5,97
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
FR0004170017 06/07/23 0,5 10.709.416 23,1 - 22,37 18,14 2,15 tFF GrouP (TFF) G B 43,5 44 + 0,92 - 2
aB science (AB) g B 2,515 2,43 - 3,76 - 31,65 casino (CO) G a 0,59 0,623 + 7,33 - 20,55 lectra (LSS) g B 31,45 31 - 1,59 - 0,8 1273 44 - 5,38 47,5
217451 2,565 -29,36 4,465 1904282 0,65 +25,2 0,8 8520 31,55 - 0,16 35,2 FR0013295789 08/11/23 0,6 21.680.000 43,3 + 9,45 43 1,36
FR0010557264 51.071.069 2,37 - 62,99 1,55 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 0,589 - 92,54 0,384 FR0000065484 03/05/23 0,48 37.832.965 30,95 - 11,05 28,6 1,55
aBc arBitraGe (ABCA) g B 3,88 3,85 + 0,79 - 19,88 catana GrouP (CATG) g c 4,95 5,1 + 3,87 - 10,84 tHermaDor GrouPe (THEP) B 82,7 85,3 + 2,77 + 0,95
lHYFe (LHYFE) B 4,105 4,025 - 2,42 - 20,14 5776 85,4 + 2,77 86,9
52182 3,91 - 2,04 4,87 87912 5,1 - 7,1 5,92 17046 4,11 -18,19 5,49
FR0004040608 05/12/23 0,1 59.608.879 3,83 - 38,3 3,58 2,6 FR0010193052 05/03/24 0,15 30.706.178 4,95 - 28,87 4,77 2,94 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 82,7 - 12,69 79,6 2,44
FR0014009YQ1 47.908.148 4,02 - 45,01 4,01
aBiVaX (ABVX) g B 12,14 12,24 + 1,49 + 24,64 ceGeDim (CGM) B 16,1 16,2 + 1 - 9,29 lineData serVices (LIN) g B 69,8 69 + 1,17 + 24,1 tiKeHau caPital (TKO) g a 21,65 21,15 - 1,17 + 2,67
21385 12,36 + 8,13 14 654 16,2 - 2,41 18,8 172 69,8 + 6,15 75,6 eX D s 03/07/17 10582 21,65 + 0,95 21,85
FR0012333284 62.905.868 11,84 +102,99 9,35 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 16 - 0,61 15,46 FR0004156297 05/07/23 1,75 4.960.807 69 + 52,65 55,6 2,54 FR0013230612 18/05/23 0,7 175.193.044 21,15 - 19,73 19,82 3,31
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 0,97 0,962 - 1,23 - 25,31 cGG (CGG) G B 0,422 0,42 + 0,17 - 29,73 lisi (FII) g a 24,1 23,75 - 1,25 + 0,64 transGène (TNG) g c 1,132 1,146 - 2,05 - 16,35
18950 0,98 -22,04 1,316 3432997 0,427 + 7,55 0,616 6311 24,1 + 4,63 24,1 12216 1,168 - 1,21 1,396
FR0012616852 32.459.012 0,954 - 51,9 0,95 FR0013181864 713.676.258 0,415 - 49,41 0,366 FR0000050353 17/04/23 0,15 46.538.313 23,75 - 3,65 20,85 0,63 FR0005175080 100.852.742 1,132 - 43,69 1,03
accor (AC) LR a 42,06 42,26 + 0,02 + 22,14 cHarGeurs (CRI) g c 11,9 11,94 + 0,34 + 2,23 lumiBirD (LBIRD) g c 14,7 14,52 - 1,22 + 19,21
777747 42,4 +13,48 42,4 11188 11,98 + 0,34 12 2892 14,7 +20,6 15,48 triGano (TRI) G a 143,5 142,7 - 0,63 - 3,78
FR0000120404 23/05/23 1,05 252.289.352 42,01 + 41,76 33,69 2,49 FR0000130692 02/05/23 0,54 24.862.314 11,9 - 24,53 11,16 4,52 FR0000038242 22.466.882 14,48 - 14,79 10,4 20335 144 - 1,45 153,6
aDocia (ADOC) g B 8,9 8,95 + 0,22 - 22,44 cHristian Dior (CDI) a 816,5 817 + 0,12 + 15,48 FR0005691656 17/01/24 1,75 19.336.269 142,6 + 23,34 136,5 1,23
m6-métroPole tV (MMT) G a 12,96 12,79 - 1,24 - 1,16
44122 9,17 -12,25 12,4 eX D oP 08/06/17 6263 832,5 + 6,1 832,5 79247 13 + 4,84 13,3 uBisoFt entertainment (UBI) LRa19,94 19,175 - 3,3 - 17,03
FR0011184241 14.089.930 8,81 +160,93 8,8 FR0000130403 04/12/23 5,5 180.507.516 814,5 + 4,28 618,5 0,67 FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 12,72 - 7,99 12,03 7,82 895154 20,11 -21,38 24,6
aéroPorts De Paris (ADP) R a 128,3 126,7 + 0,48 + 8,11 claranoVa se (CLA) g B 2,23 2,3 + 2,91 + 8,24 maisons Du monDe (MDM) g B 4,618 4,66 + 2,51 - 17,81 FR0000054470 127.449.605 18,76 - 15,97 18,76
83347 128,9 + 6,56 132,7 107950 2,34 -17,86 3,05 77878 4,73 + 3,56 5,73
FR0010340141 05/06/23 3,13 98.960.602 125,7 - 7,99 113,4 2,47 FR0013426004 57.206.910 2,23 + 19,79 1,994 Valeo (FR) LR a 11,1 11,135 + 0,72 - 19,98
FR0013153541 05/07/23 0,3 39.189.288 4,44 - 52,69 3,864 6,44 1388640 11,385 - 0,89 14,75
air France-Klm (AF) L 10,052 9,647 - 3,8 - 29,02 clariane (CLARI) G a 1,61 1,596 - 2,15 - 33,61 manitou (MTU) g B 24,2 23,7 - 2,47 + 2,16
2057992 10,066 -12,65 13,828 419937 1,663 -14,93 2,682 FR0013176526 29/05/23 0,38 244.633.504 10,98 - 43,86 10,19 3,41
10480 24,3 +12,86 24,55
FR001400J770 262.769.869 9,647 - 43,22 9,482 FR0010386334 21/06/23 0,25 106.828.536 1,562 - 77,99 1,453 15,66 FR0000038606 30/05/23 0,63 39.668.399 23,55 + 2,82 19,78 2,66 Vallourec reG (VK) G B 15,98 15,93 - 0,06 + 13,58
aKWel (AKW) g B 13,7 13,74 - 0,15 - 14,98 coFace (COFA) G a 13,9 14,02 + 2,04 + 18,41 maurel et Prom (MAU) g B 5,365 5,45 + 1,96 - 10,51 1487407 16,12 +20,09 16,37
3390 13,8 - 7,91 17,44 249234 14,05 +11,54 14,05 174877 5,47 + 2,06 5,995 FR0013506730 229.877.070 15,55 + 21,37 12,785
FR0000053027 08/06/23 0,3 26.741.040 13,6 - 2,83 13,54 2,18 FR0010667147 22/05/23 1,52 150.179.792 13,83 + 5,57 11,53 10,84 FR0000051070 03/07/23 0,23 201.261.570 5,365 + 44,95 4,7 4,22 ValneVa (VLA) G B 3,498 3,509 + 0,46 - 25,66
alD (ALD) G a 6,23 6,2 - 0,88 - 3,8 coViVio (COV) G a 42,5 42,16 - 0,94 - 13,39 mcPHY enerGY (MCPHY) g B 1,7 1,7 + 1,55 - 49,49 356183 3,567 - 6,73 4,996
542161 6,445 +17,42 6,69 305462 43,34 + 2,13 48,88 124782 1,75 -24,44 3,436 FR0004056851 138.896.600 3,473 - 34,56 2,95
FR0013258662 31/05/23 1,06 816.960.428 6,19 - 46,18 5,11 17,1 FR0000064578 24/04/23 3,75 101.006.389 41,94 - 28,48 39,54 FR0011742329 27.997.800 1,67 - 86,56 1,668
alPes (cie Des ) (CDA) g B 13,32 13,62 + 2,87 - 3,54 coViVio Hotels (COVH) a 15,85 15,8 + 0,32 - 3,66 Verallia (VRLA) g a 35,5 34,68 - 2,53 - 0,52
meDincell (MEDCL) B 9,5 9,48 - 0,84 + 31,67 127772 35,6 + 1,29 36,4
65267 13,78 - 0,44 15,32 1313 15,85 - 3,66 16,5 33253 9,84 + 9,72 9,84
FR0000053324 14/03/23 0,83 50.533.135 13,26 + 3,97 13,04 6,09 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 15,7 - 9,2 15,45 FR0004065605 29.070.871 9,48 - 0,94 6,91 FR0013447729 08/05/23 1,4 122.289.183 34,6 - 6,97 31,16 4,04
altarea (ALTA) G a 70,1 69,4 - 1 - 13,25 Dassault aV. (AM) a 176,5 179,5 + 1,82 + 0,17 mercialYs (MERY) G B 10,2 10,14 - 0,39 + 1,96 VerimatriX (VMX) g B 0,507 0,523 + 3,16 + 14,19
4552 70,4 - 7,71 84,7 73218 181,4 + 1,41 197 138976 10,31 - 2,97 11,04 47094 0,525 + 9,19 0,626
FR0000033219 12/06/23 5 20.736.822 69,1 - 42,55 66,8 FR0014004L86 19/05/23 3 78.951.812 176,5 + 1,18 168,9 1,67 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 10,14 - 3,52 9,775 FR0010291245 85.535.147 0,5 - 17,77 0,341
altareit (AREIT) B 442 460 + 4,07 + 2,22 Dassault sYstemes (DSY) R a 42,295 42 - 0,74 - 5,05 mersen (MRN) G B 36,9 36,55 - 0,41 + 3,84 VetoQuinol (VETO) B 103,8 104,2 + 0,19 + 1,76
2 460 + 0,44 460 1017375 42,425 -2 48,875 57180 38 - 0,95 39,5
FR0000039216 1.750.487 442 - 22,03 440 FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 41,82 + 14,11 41,305 0,5 2032 104,8 + 2,16 110
FR0000039620 04/07/23 1,25 24.418.312 36,55 - 15,59 30,3 3,42
FR0004186856 02/06/23 0,8 11.881.902 103,2 + 30,09 97,1 0,77
alten (ATE) G a 134,5 136,3 + 1,19 + 1,26 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 1,455 1,414 - 2,82 - 23,53 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 0,166 0,177 + 8,46 - 54,38
37091 136,9 - 3,61 146,9 72547 1,457 -14,41 1,896 484454 0,194 -64,46 0,578 Vicat (VCT) g a 35,4 35,15 - 0,71 + 7
FR0000071946 04/07/23 1,5 35.209.501 134,4 - 4,01 126,6 1,1 FR0010417345 96.431.770 1,41 - 53,76 1,095 FR0004177046 50.919.133 0,163 - 85,91 0,163 13071 35,5 + 0,57 37
amunDi (AMUN) G a 60,35 59,95 - 0,66 - 2,68 Deezer sa (DEEZR) 2 2,04 2,035 - 0,73 - 4,24 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B - 2,04 - 5,88 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 35,15 + 22,47 32,4 4,69
eX-Ds 15/03/17 140524 60,8 65,1 1151 2,06 - 2,86 2,4 - 3,36 7950 VirBac (VIRP) G a 340 337,5 - 1,03 - 6,12
FR0004125920 22/05/23 4,1 204.647.634 59,95 + 3,81 58,75 6,84 FR001400AYG6 117.054.347 2,035 + 23,37 1,952 FR0000076986 20/06/23 28 182.871 - 4 7100 2800 2042 341,5 - 2,03 364,5
antin inFra Partners (ANTIN) G a 13,62 13,32 - 1,99 - 3,34 DericHeBourG (DBG) g B 4,216 4,196 - 0,38 - 17,4 nacon (NACON) B 1,154 1,16 - 1,19 - 30,46 FR0000031577 26/06/23 1,32 8.458.000 337 + 21,62 325 0,39
17399 13,62 -17,16 17,28 143985 4,254 - 4,03 5,16 42987 1,178 -20,33 1,838
FR0014005AL0 14/11/23 0,32 179.193.288 13,32 - 29,04 12,07 2,4 FR0000053381 14/02/24 0,16 159.397.489 4,188 - 27,47 4,028 3,81 FR0013482791 87.851.694 1,148 - 45,79 1,14 ViVenDi (VIV) R a 9,79 10,025 + 2,38 + 3,61
aramis (ARAMI) a 3,54 3,535 - 0,14 - 18,74 Dms (DGM) g c 1,12 1,12 - 1,75 - 1,32 2435139 10,035 - 3,19 10,54
nanoBiotiX (NANO) g B 5,6 5,68 + 0,35 - 14,46 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,756 + 6,38 9,634 2,49
12056 3,6 - 8,77 4,35 1159 1,14 - 2,61 1,37 47686 5,79 -17,92 7,93
FR0014003U94 82.856.671 3,515 + 16,9 3,36 FR0012202497 16.120.556 1,12 - 9,68 1,095 FR0011341205 13/05/19 47.133.328 5,54 + 71,6 5,53 Voltalia (VLTSA) G a 6,06 6,06 - 41,84
arGan (ARG) a 75,7 77,3 + 2,93 - 9,27 eDenreD (EDEN) R a 48,85 49,16 + 0,8 - 9,2 neoen (NEOEN) G a 24,44 25,06 + 4,07 - 17,24 149860 6,24 -24,34 10,54
8834 77,7 - 3,01 85,5 471435 49,19 -11,23 58,76 342412 25,84 + 1,95 30,38 FR0011995588 131.318.716 6,04 - 63,23 5,98
FR0010481960 30/03/23 3 23.092.378 75,7 - 4,21 75,1 FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 48,6 - 4,91 44,66 2,03 FR0011675362 17/05/23 0,13 152.122.449 24,44 - 10,5 21,8 0,5 WaVestone (WAVE) g B 58 56,8 - 2,24 - 3,24
arKema (AKE) LR a 93,28 91,18 - 2,25 - 11,48 eiFFaGe (FGR) LR a 103 102,8 - 0,19 + 5,96 neurones (NRO) B 45,1 44,55 - 1,22 + 1,83 15035 58,3 - 3,57 66
127794 93,5 - 5,9 103,9 173698 103,35 + 7,02 104,4 5537 45,1 + 1,25 46,85
FR0010313833 15/05/23 3,4 75.043.514 91,08 - 1,83 89,6 3,73 FR0000130452 15/05/23 3,6 98.000.000 102,25 - 1,44 95,2 3,5 FR0013357621 02/08/23 0,38 24.906.332 55,9 + 25,8 53,3 0,67
FR0004050250 14/06/23 1,1 24.278.716 44,25 + 11,24 42,3 2,47
artmarKet.com (PRC) g c 5,17 4,9 - 6,84 - 3,35 eKinoPs (EKI) g B 3,565 3,48 - 1,97 - 40,61 neXans (NEX) G a 95,05 93,15 - 1,74 + 17,54 WenDel (MF) G a 93,15 90,15 - 3,12 + 11,78
23527 5,32 + 6,29 6,15 20446 3,59 -20,73 5,94 112477 95,2 + 7,38 97,25 37094 93,5 + 4,95 93,8
FR0000074783 6.651.515 4,82 - 23,44 4,3 FR0011466069 26.795.049 3,48 - 61,5 3,3 FR0000044448 15/05/23 2,1 43.753.380 92,6 + 0,11 72,1 2,25 FR0000121204 19/06/23 3,2 44.430.554 90,05 - 10,21 77,55 3,55
assYstem (ASY) B 58 56,2 + 1,81 + 13,54 elior (ELIOR) G B 2,282 2,31 + 1,23 - 21,21 neXitY (NXI) G a 8,9 8,745 - 0,17 - 48,1 WorlDline (WLN) LG a 10,24 10,1 - 1,75 - 35,55
oPa 24/11/17 58779 59,6 + 6,44 59,6 542879 2,35 -12,96 2,964 327926 8,97 -40,02 17,19 1337106 10,425 -15,83 15,96
FR0000074148 05/07/23 1 15.668.216 56 + 33,18 46,4 1,78 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 2,25 - 32,42 2,224 FR0010112524 24/05/23 2,5 56.129.724 8,705 - 63,26 8,455 28,59 FR0011981968 282.974.981 10,09 - 74,09 10,05
atos se (ATO) a 2,22 2,407 + 8,72 - 65,86 elis (ELIS) G a 20,42 20,26 - 0,59 + 7,25 oDet (cie De l') (ODET) a 1438 1444 - 0,69
3130352 2,45 + 0,12 7,83 341672 20,5 - 2,41 21,54 Xilam animation (XIL) g c 3,98 3,9 - 1,27 - 1,52
847 1448 + 0,28 1524
FR0000051732 14/05/21 0,9 111.439.307 2,185 - 83,57 2,065 FR0012435121 30/05/23 0,41 234.000.047 20,2 + 16,37 18,08 2,02 FR0000062234 20/06/23 3,6 6.585.990 1430 - 0,28 1380 0,25 8555 3,98 -11,36 5,92
auBaY (AUB) g c 40,7 40,9 + 0,49 - 1,8 eramet (ERA) G B 67,55 67,9 + 0,74 - 5,03 FR0004034072 5.893.799 3,79 - 85,53 3,66
orPéa (ORP) G a 0,012 0,012 - 2,5 - 30,77
16498 41,35 42,75 48099 68,2 + 7,27 72,85 76993854 0,012 - 8,59 0,018
FR0000063737 08/11/23 0,5 13.064.446 40,55 - 13,62 38,7 1,22 FR0000131757 26/05/23 3,5 28.755.047 67,45 - 32,17 58,5 5,16 FR0000184798 09/07/21 0,9 159.191.703.111 0,012 - 99,52 0,011
aVenir telecom (AVT) c 0,13 0,132 + 1,85 + 15,53 esso (ES) g c 88,8 88,5 + 0,17 + 61,35 ose immuno (OSE) g c 4,85 4,8 - 1,13 + 12,15 Autres Valeurs de la Zone euro
68620 0,133 -18,37 0,198 16003 89,5 +27,06 89,5 54169 4,96 +32,23 6
FR001400CFI7 0,129 - 62,81 0,112 FR0000120669 10/07/23 2 12.854.578 86,6 + 62,68 48,98 2,26 FR0012127173 21.767.777 4,78 - 9,43 3,115 euroneXt (ENX) LR a 85,75 85,6 + 0,35 + 8,84
aXWaY soFtWare (AXW) g B 25,1 25 - 0,4 - 5,3 eurazeo (RF) G a 80,05 78,3 - 2,13 + 8,98 oVH (OVH) g a 10,05 10,25 + 1,99 + 18,98 104865 86,35 + 8,01 86,35
2063 25,1 -14,68 30,9 103516 80,3 + 1,75 80,45 83891 10,38 +10,99 10,46 NL0006294274 23/05/23 1,89 107.106.294 85,45 + 23,27 76,35 2,59
FR0011040500 05/06/23 0,4 21.633.597 24,9 + 19,05 24,8 1,6 FR0000121121 28/04/23 2,2 76.081.874 78,3 + 22,25 69,35 2,81 FR0014005HJ9 188.532.591 10,05 - 15,15 8,075 noKia (NOKIA) R a 3,35 3,343 + 0,41 + 9,11 0,3
Bains mer monaco (BAIN) B 104 102,5 - 0,97 + 0,49 eutelsat com. (ETL) G a 3,538 3,626 + 1,8 - 14,68 PeuGeot inVest (PEUG) g a 116 115 - 1,03 + 13,41 88387 3,385 + 2,83 3,57 11,29
511 104 - 0,49 110 232412 3,642 - 7,78 4,528 8714 116,2 +16,87 117,4 FI0009000681 29/01/24 0,02 5.613.496.565 3,336 - 23,88 3,012 0,9
MC0000031187 10/10/23 1,2 24.516.661 102 + 7,67 99 1,17 FR0010221234 17/11/22 0,93 475.178.378 3,538 - 41,28 3,382 FR0000064784 19/05/23 1 24.922.589 114 + 10,15 96,3 2,48
BalYo (BALYO) g c 0,76 0,76 - 8,32 eXail tecHnoloGies (EXA) g B 22,35 22,25 - 0,22 + 15,28 PluXee (PLX) L a 27,645 27,6 - 0,31
PHarmaGest int. (PHA) g a 51,5 51,4 - 0,19 - 15,88
911 0,76 - 2,69 0,839 13338 22,7 + 4,95 23,75 4688 51,8 + 6,31 61,1 287929 27,88 + 1,62 29,91
FR0013258399 34.356.767 0,71 - 7,32 0,65 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 22,15 + 13,52 18,62 FR0012882389 03/07/23 1,15 15.174.125 51,4 - 28,61 46,15 2,24 NL0015001W49 147.174.692 27,5 24,71
BastiDe le conFort (BLC) g c 17,32 18,36 + 6,13 - 31,49 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 18,04 19,64 + 8,87 + 1,13 Pierre & Vacances (VAC) g c 1,23 1,236 + 1,31 - 20,36 ses (SESG) LR 6,035 6,045 - 3,82 + 1,43
11410 18,44 - 8,43 28 529354 20,5 + 4,8 20,5 150870 1,248 + 1,48 1,588 955901 6,25 - 0,25 6,395
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.352.928 17,32 - 46,24 16,92 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 17,9 + 3,26 16,9 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.437.269 1,224 - 26,86 1,142 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 5,975 - 3,96 5,625 8,27
BelieVe (BLV) G a 16,1 15,8 - 1,25 + 50,48 FDJ (FDJ) G a 37,88 37,48 - 0,79 + 14,13 Plastic omnium (POM) G a 11,38 11,44 + 0,53 - 4,67 X-FaB silicon (XFAB) g a 7,45 7,25 - 2,09 - 28,78
70576 16,12 + 7,19 16,7 145855 38 -3 39,46 266723 11,59 +13,04 12,4 177450 7,45 - 3,53 10,3
FR0014003FE9 97.086.350 15,8 + 41,7 8,79 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 37,44 + 3,14 32,28 3,66 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 11,32 - 31 9,99 3,41
BE0974310428 130.781.669 7,25 - 16,76 7,055
Bénéteau (BEN) G B 12,42 12,5 + 1,3 + 0,16 FermentalG (FALG) g c 0,558 0,64 + 15,11 +111,92 PoXel (POXEL) g c 0,48 0,486 + 1,99 - 11,8
98695 12,54 + 2,12 12,6 593594 0,64 -25,84 0,99 420824 0,516 - 6,36 0,618
FR0000035164 21/06/23 0,42 82.789.840 12,36 - 21,78 10,72 3,36 FR0011271600 41.290.430 0,558 - 57,73 0,265 FR0012432516 39.753.403 0,472 - 34,77 0,364
Bic (BB) G a 65,25 65,1 - 0,54 + 3,58 PHaXiam tX (PHXM) c 2,94 2,91 + 0,35 - 36,74 QuaDient (QDT) g B 19,28 19,22 - 0,42 VAleurs Zone internationale
29168 65,6 + 1,88 69,7 1324 2,94 -17,56 4,7 51092 19,32 - 3,22 20,45
FR0000120966 29/05/23 2,56 42.270.689 64,8 + 8,95 61,7 3,93 FR0011471135 60.751.054 2,9 - 61,04 2,78 FR0000120560 03/08/23 0,6 34.468.912 19,22 + 20,2 18,86 3,12 General electric (GNE) a 155 154 - 0,97 + 33,91
BiGBen int. (BIG) g c 2,42 2,37 + 0,21 - 31,5 Fnac DartY (FNAC) G a 28,1 28,3 + 1,07 + 2,91 rallYe (RAL) a 0,035 0,036 + 1,4 - 72,78 226 157 +13,65 160
14917 2,435 -10,57 3,88 27617 28,8 +19,61 29,1 159016 0,037 -66,42 0,169 US3696043013 USD 27/12/23 0,07 1.092.668.140 154 + 81,6 109
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.538.970 2,355 - 58,13 2,33 FR0011476928 13/06/23 1,4 27.778.578 28,1 - 19,19 23,1 4,95 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 0,035 - 98,48 0,035 scHlumBerGer (SLB) a 47,75 49,13 + 3,15 + 4,44 3,45
BiomérieuX (BIM) G a 98,02 100,35 - 0,1 - 0,25 Foncière lYonnaise (FLY) a 69,6 70,2 + 0,86 + 4,78 ramsaY GDs (GDS) a 14,7 13,95 - 5,1 - 26,58 7302 49,28 +10,26 49,9
252909 100,65 - 0,99 106 41 70,2 + 3,24 71,2 7185 14,7 -23,35 19,9 AN8068571086 USD 06/02/24 0,28 1.427.000.000 47,75 + 4,64 43,46
FR0013280286 06/06/23 0,85 118.361.220 96,2 + 5,23 94,26 0,85 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 69,4 - 13,33 64 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 13,9 - 27,91 13,9
total enerGies GaBon (EC) a 157,8 157 + 0,38
Boiron (BOI) g a 33,8 34,02 + 0,65 - 15,42 ForVia (FRVIA) LR a 13,19 13,29 + 1,22 - 34,92 rémY cointreau (RCO) LR a 94,06 93,56 + 0,15 - 18,64 227 157,8 - 5,31 168,2
1419 34,8 - 5,87 42,8 1294593 13,56 -14,12 21,17 125718 96,22 -4 114,9
FR0000061129 18/10/23 10,36 17.545.408 33,8 - 18,51 33,66 30,45 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 13,02 - 37,93 12,17 FR0000130395 28/09/23 3 51.252.969 93,36 - 43,6 86,98 3,21 GA0000121459 07/06/23 20,8 4.500.000 156,6 - 6,55 150,6 13,25
Bolloré (BOL) G a 6,14 6,16 + 0,33 + 8,93 Gecina (GFC) LR a 90,85 90,45 - 0,55 - 17,85 reXel (RXL) LR a 24,44 24,73 + 1,48 - 0,16
761454 6,195 - 1,28 6,38 132796 91,65 - 5,49 111,1 912508 24,8 + 3,91 25,57
FR0000039299 05/09/23 0,02 2.849.681.316 6,095 + 20,08 5,615 0,33 FR0010040865 04/03/24 2,65 76.670.861 90 - 11,67 86,4 FR0010451203 09/05/23 1,2 300.720.235 24,35 + 5,59 22,98 4,85
BonDuelle (BON) g B 7,95 7,85 - 1,75 - 28,24 GenFit (GNFT) G B 3,27 3,215 - 1,38 - 9,18 roBertet s.a. (RBT) B 798 800 - 0,13 - 3,61
50213 8,03 -20,95 10,94 95860 3,27 - 9,18 3,87 620 813 - 1,23 831
FR0000063935 02/01/24 0,25 32.630.114 7,85 - 39,15 7,73 3,19 FR0004163111 49.834.983 3,205 - 19,58 3,13 FR0000039091 29/06/23 8,5 2.167.745 797 - 10,21 762 1,06
Bureau Veritas (BVI) LR a 27,11 26,93 - 0,81 + 17,75 GensiGHt (SIGHT) g B 0,472 0,49 + 1,14 + 6,52 ruBis (RUI) G a 26,7 26,84 + 0,83 + 19,29
679687 27,2 + 8,41 27,73 92548 0,49 +23,89 0,598 DiV 2 28/07/17 216176 27 +13,44 27,22
FR0006174348 04/07/23 0,77 453.745.520 26,77 + 2,63 22,52 2,86 FR0013183985 78.370.724 0,465 - 79,06 0,3 FR0013269123 13/06/23 1,92 103.195.172 26,62 + 6,05 22,5 7,15
carmila (CARM) g c 16,22 16,1 - 0,62 + 3,34 GerarD Perrier (PERR) B 97,6 98,6 + 1,03 - 1,2 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 272,5 278,4 + 2,35 + 16,24
39261 16,3 + 7,05 16,54 105 98,6 + 0,61 102 DiV 6 10/05/16 63028 279 +15,57 279
FR0010828137 15/05/23 1,17 142.441.073 15,96 + 11,03 14,72 FR0000061459 19/06/23 2,15 3.973.148 97,6 + 2,71 94 2,18 FR0013154002 30/03/23 1,44 97.330.405 272,4 - 9,58 216 0,52
33 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 FINANCE & MARCHÉS

carnet
PORTRAIT Yvan Maillard, 37 ans, a étudié à

par Julie Le Bolzer

ENTREPRISES
l’Ecole de commerce de Pau. Il a
travaillé à Paris pour un opérateur
+
ASSURONE
Frédéric Jaubert australien, ainsi qu’à l’internatio-
Ils sont nés
un 15 mars
Charlie Rousset dans est le nouveau directeur
général de cet assureur,
nal. C’est à Singapour qu’il a fondé
The Great Room, société acquise

les bras de Morphée filiale du groupe Prévoir. par Industrious en 2022. •générale
Céline Bracq, directrice
d’Odoxa, 49 ans.
Frédéric Jaubert, 47 ans, diplômé
de CentraleSupélec, a débuté chez
UPCOOP
Virginie Linard
•Broglie,
Prince Louis-Albert de
fondateur de la société
En cette Journée mondiale du sommeil, Charlie Rous- Arthur Andersen, devenant divi- prend la direction des Le Prince Jardinier, 61 ans.
Morph́e

set le rappelle : « 15 à 20 % de Français souffriraient d’in-

somnie. » En cause ? Le stress, l’anxiété, la dépression…
sionnal controller chez Sperian
Protection, puis responsable admi-
ressources humaines du
groupe Up, spécialiste des
•deCédric Brottier, cofondateur
L’Instant SAS, 36 ans.
et les « ruminations » mentales qui en résultent. « La nistratif et financier d’Alten Fran- Chèques-Déjeuner et autres • Ry Cooder, musicien, 77 ans.
ŕunion du lendemain ou la voiture en panne forment des
flux de penśes parasites qui maintiennent ́veilĺ, mais
Ce diplômé en commerce international convient
néanmoins que « l’internationalisation demande beau-
ce. En 2011, il a rejoint Roole com-
me directeur administratif et
solutions de paiement, et de
sa maison mère UpCoop.
•cinéaste,
David Cronenberg,
81 ans.
l’attention peut s’en d́tacher grâce à la ḿditation », as-
sure le cofondateur de Morphée, 29 ans, parler posé et
coup de travail pour des ŕsultats difficiles à obtenir ».
« Planter un drapeau est facile, mais gagner en notorít́
financier, avant d’être promu direc-
teur général délégué dès 2012. L’an Virginie Linard, 48 ans, titulaire
•cinéaste,
Jacques Doillon,
80 ans.
sourdement teinté d’accent provençal.
Créée à Aix-en-Provence en 2016, sa jeune pousse a
sur place l’est beaucoup moins », résume ce fils et petit-
fils d’enseignants.
dernier, il avait lancé un program-
me d’assurance inclusive pour les
d’une maîtrise AES – gestion des
RH, est entrée dans le groupe Up
•duJacques Favier, cofondateur
Cercle du Coin, 67 ans.
développé, à l’issue de deux années de R&D avec des
chercheurs, des boîtiers nomades, qui, telles des encein-
Né à Saint-Etienne, ce cadet de trois enfants tient de
ses parents, « tous les deux profs d’EPS », un goût pro-
habitants des quartiers prioritaires
de la politique de la ville.
en 2007. D’abord chargée de
recrutement, elle a été promue
•IMLoïc Féry, PDG de Chenavari
et du FC Lorient, 50 ans.
tes, diffusent des séances préenregistrées de relaxation.
Au programme : exercices de respiration abdominale,
noncé pour le sport. Aujourd’hui reconverti dans le pa-
del, qu’il pratique quatre fois par semaine (de quoi se his- LA BANQUE POSTALE
responsable recrutement et déve-
loppement RH et carrières groupe
•Janssens,
Dominique-Charles
président
de balayage corporel ou encore de cohérence cardia- ser parmi les 800 meilleurs joueurs français), ce licencié Sarah Bouquerel à partir de 2013. Elle était direc- de l’Institut Van-Gogh, 76 ans.
que, à destination des adultes, mais aussi des enfants. Le
tout en huit langues, « sans connexion, sans ́cran et sans
de la fac d’économie stéphanoise, également passé par
l’université de Maribor, en Slovénie, a d’abord été profes-
est nommée directrice générale
adjointe de la banque de détail,
trice des opérations RH et expé-
rience collaborateur de la société
•deOlivier Guize, partner
FrenchFood Capital, président
onde », insiste l’entrepreneur. seur de tennis. Avant que son « besoin de concret [le] ra- membre du comité exécutif de coopérative UpCoop depuis 2020. de la Fondation AgroParisTech,
mène sur les bancs de l’́cole », à l’IAE-Aix-Marseille. Arri- La Banque Postale. 61 ans.
Distribué au MoMA d’Abu Dhabi
A la box Morphée, dédiée à l’endormissement, se sont
vé à Aix « avec une valise et deux raquettes », il opte pour
une colocation avec un propriétaire occupant. En l’oc- Sarah Bouquerel, 47 ans, ex-élève
FREELANCE.COM
Anissa Moumou
• Nordine Hachemi, PDG
de Kaufman & Broad, 63 ans.
ajoutés quatre autres produits, Mon Petit Morphée,
Morphée Zen, Mood et Elio, dont les lancements ont été
currence, Guillaume Barathon, consultant en marke-
ting digital (et insomniaque), de dix-huit ans son aîné,
de Polytechnique et de l’IEP de Pa-
ris, est actuaire. Elle est directrice
prend la direction des
ressources humaines de
•ex-président
Philippe de Ladoucette,
de la CRE, 76 ans.
financés en prévente grâce à la plateforme de crowdfun-
ding Ulule. Un élargissement de gamme qui a permis
qui deviendra son associé dans l’aventure Morphée. En-
core étudiant, Charlie Rousset voit là l’opportunité de
des activités et relations straté-
giques avec La Banque Postale et
ce fournisseur de talents
indépendants.
•rant
Brice de La Morandière, gé-
du domaine Leflaive, 59 ans.
« de sortir de la chambre à coucher pour favoriser le re-
tour au calme, même en jourńe », dit celui qui revendi-
« mettre enfin la th́orie en pratique ». « Son ouverture, sa
d́termination et son exigence en font un bon entrepreneur
membre du comité exécutif de
CNP Assurances. A partir de 2018, Anissa Moumou, 36 ans, titulaire
•président
Robert Leblanc,
d’Aon EMEA, 67 ans.
que 700.000 utilisateurs, « dont des chefs d’entreprise et
des sportifs de haut niveau ». Résultat : 25 salariés et
et l’un de nos alumni les plus inspirants », estime Anne-
Marie Guérin, docteure en sciences de gestion, qui fut sa
elle fut directrice générale de La
Banque Postale Assurances IARD
d’un master en ressources humai-
nes, a officié dans la filiale fran-
•informaticien,
Xavier Leroy,
56 ans.
10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, dont
20 % réalisés à l’international, dans une vingtaine de
prof à l’IAE. Lui se dit prompt à aborder l’entrepreneu-
riat « comme un marathon, pas comme un sprint ».
et membre du comité de direction
de La Banque Postale, puis direc-
çaise de Baby Smile. Dès 2018, elle
fut responsable du recrutement
•cofondatrice
Fanny Letier,
de Geneo Capital
pays. Parmi eux figurent l’Afrique du Sud, la Corée, la S’il n’élude pas « un march́ tourment́ », sur fond trice adjointe du pôle assurance de France et international chez Valeo Entrepreneur, 45 ans.
Turquie, l’Australie ou encore les Etats-Unis, où est im- d’inflation « qui conduit les ḿnages à priviĺgier leur La Banque Postale. avant de travailler, l’année sui- • Eva Longoria, actrice, 49 ans.
plantée l’unique filiale de la start-up. chariot de courses », il entend « consolider l’existant vante, chez CrossKnowledge. En • Paul Pogba, footballeur, 31 ans.
« Nous sommes distribús en ligne, depuis notre propre en 2024 ». Et, alors que sa compagne, elle aussi entrepre- INDUSTRIOUS 2022, elle avait rejoint Free- • Sly Stone, musicien, 81 ans.
site, sur Amazon et d’autres marketplaces, mais 70 % des
ventes proviennent de magasins physiques », souligne-t-il,
neure, attend leur premier enfant, il est convaincu que
« le sommeil est quelque chose de naturel qui, comme la
Yvan Maillard
est nommé directeur
lance.com comme responsable du
recrutement et de la formation.
•deMarie-Claire Taine, ex-PDG
Baxter France, general
en citant des enseignes comme Nature & Découvertes, respiration, doit être accessible sans absorber une quel- opérationnel Europe manager chez Veracyte, 55 ans.
Boulanger, Decathlon… Et des concept-stores, tels
Merci, à Paris, et la boutique du MoMA d’Abu Dhabi.
conque substance ». A méditer, à l’heure où 10 millions
de Français recourraient à des somnifères. n
continentale de ce fournisseur
d’espaces de coworking. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr
•57Naoko
ans.
Takeuchi, mangaka,

actions actions actions

euronext hors srd Françaises euronext hors srd suite Françaises euronext hors srd suite Françaises taux marchés monétaires et eurodevises
marchés monétaires
14-03-2024 jour 1 mois 3 mois 6 mois 1 an
isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol
Zone euro 3,88/3,58 4,06/3,76 4,05/3,75 3,93/3,63 3,67/3,37
Fr0000076887 a.s.t. Groupe g C 0,594 0,6 0,594 0,6 + 3,09 664 Fr0004155000 Groupe sFpi g C 1,926 1,926 1,892 1,902 - 1,25 15725 Fr00140006o9 solocal Group B 0,05 0,06 0,046 0,048 + 6,5 1394101
ecarts de tauX avec l’allemaGne
Fr0013185857 abeo g C 13,1 13,1 12,9 12,95 - 1,15 566 Fr0000066722 Guillemot g C 4,8 4,8 4,655 4,755 - 1,76 2963 Fr0011289040 sqli g C 41,6 42,6 41,4 41,8 - 1,88 143 14-03-2024 6 mois 2 ans 5 ans 7 ans 10 ans
Fr0012616852 abionyX pharma g B 0,97 0,98 0,954 0,962 - 1,23 18950 Fr0000066755 haulotte Group g B 2,52 2,52 2,47 2,52 8725 Fr0004188670 tarKett G B 9,1 9,3 8,7 9,06 + 0,67 13952 allemaGne 98,41 2,88 2,35 2,34 2,36
Fr0000064602 acanthe dev. C 0,382 0,382 0,38 0,38 - 0,52 9000 Fr0000054231 hiGh co. g C 2,77 2,79 2,74 2,76 - 0,36 10608 Fr001400bmh7 teract B 0,618 0,624 0,57 0,614 + 0,33 56688 portuGal 0 -0,15 0,15 0,28 0,55
Fr0000076861 acteos g C 1,35 1,375 1,35 1,375 + 1,85 810 Fr0012821916 hipay Group g C 6,24 6,4 6,1 6,38 + 1,92 1239 Fr0000066482 tipiaK C 86,5 86,5 86,5 86,5 138 France -0,05 0,06 0,31 0,31 0,48
Fr0012821890 aduX g C 1,255 1,255 1,21 1,245 - 1,19 9758 Fr0000065278 hopscotch Groupe g 18 18,2 18 18,2 + 1,11 814 Fr0000033003 touaX g C 4,8 4,82 4,75 4,82 + 0,42 3058 espaGne -0,19 0,31 0,45 0,54 0,81
Fr0014007Zb4 aelis Farma B 13,45 13,45 13,35 13,35 206 Fr0004165801 hotels de paris C 2,84 2,84 2,84 2,84 125 Fr0000036816 tour eiFFel g B 9,3 9,3 9,18 9,24 - 1,7 3420
italie -0,28 0,29 3,10 0,94 1,22
Fr0013333077 aFFluent medical B 2,06 2,07 1,78 1,8 - 12,2 56613 Fr0014003vy4 hydroGÞne France G B 6,88 6,9 6,56 6,67 - 4,71 9109 Fr0000035784 transit.everGreen G C 2,31 2,31 2,19 2,19 - 6,41 3647
Fr0000053837 altamir B 24,9 24,9 24,3 24,3 - 0,82 361 Fr0000051393 idi B 69,8 70 69 70 + 1,45 6235 Fr0000074197 union tech.inFor. g C 0,595 0,595 0,59 0,595 366
Fr0012789667 amplitude g C 3,32 3,4 3,3 3,4 + 2,41 2200 Fr0000033243 immo. dassault B 46 46,5 45,9 45,9 - 0,22 456 Fr0000050049 viel et cie C 8,34 8,38 8,32 8,34 + 0,24 2833 certificat/fonds investir 10
Fr0012185536 artea C 14 14 13,5 14 255 Fr0000071797 inFotel g C 45,8 45,8 44,5 45,6 - 0,65 2123 Fr0000062796 vranKen - pommery C 15,4 15,4 15,25 15,4 + 1,99 722
valeur isin clôt % var.
Fr0011992700 ateme g B 4,06 4,3 4,05 4,05 - 0,74 10388 Fr0013233012 inventiva g B 3,62 3,72 3,52 3,555 + 1,57 162185 Fr0012532810 waGa enerGy B 16,72 16,72 15,5 15,5 - 7,52 14389
Fr0000061780 auGros cp. C 6,5 6,5 6,5 6,5 - 5,11 3146 Fr0012872141 jacques boGart g C 6,2 6,46 6,2 6,46 + 0,94 1563 Fr0004034072 Xilam animation g C 3,98 3,98 3,79 3,9 - 1,27 8555 INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 176,02 0,14
Fr0000039232 aurea g C 4,81 4,81 4,81 4,81 264 Fr0000075343 labo euromedis C 4,43 4,51 4,43 4,51 + 1,81 301 INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 125,27 0,71
Fr001400cFi7 avenir telecom C 0,13 0,133 0,129 0,132 + 1,85 68620 Fr0000066607 lacroiX Group g C 25 25 24,6 25 + 0,4 695
Fr0013258399 balyo g C 0,76 0,76 0,71 0,76 911 Fr001400jy13 latecoere g C 0,013 0,014 0,013 0,014 + 1,5 1779290
changes cours au comptant
Fr0004023208 bassac B 42,8 43 42 42 - 0,71 1012 Fr0006864484 laurent-perrier B 120,5 123 120,5 120,5 - 0,41 587
Fr0000035370 bastide conF.med. g C 17,32 18,44 17,32 18,36 + 6,13 11410 Fr0014009yq1 lhyFe B 4,105 4,11 4,02 4,025 - 2,42 17046
14-03-2024 cours
var.
veille
var.
année sicav/fcp
1 euro en devise bce en % en %
classiFication

val. unit date dernier

Fr0000039299 bollore G A 6,14 6,195 6,095 6,16 + 0,33 761454 Fr0012634822 maat pharma C 9,3 9,6 8,8 8,9 - 7,29 2361 désiGnation hors Frais de la dividende net
DOLLAR US 1,0886 -0,58 -1,37 code isin des valeurs en euros** valor. en euros**
mont. date
Fr0000074254 bourse direct C 5 5,1 5 5,06 + 1,2 6489 Fr0010609263 mauna Kea tech g C 0,417 0,418 0,417 0,418 + 0,12 35864 LIVRE STERLING 0,8539 -0,20 -1,55
Fr0000045544 ca toulouse 31 cci C 61,54 61,54 60,98 60,98 - 0,89 631 Fr0000051070 maurel et prom g B 5,365 5,47 5,365 5,45 + 1,96 174877 FRANC SUISSE 0,9614 -0,05 3,51
Mirabaud Asset Management
Fr0012969095 capelli g 5,8 5,8 5,32 5,58 - 3,79 553 Fr0000060873 mbws g C 3,13 3,13 3,06 3,12 - 0,64 11866 COURONNE DANOISE 7,4572 0,01 0,02 Tél. 058 200 60 01
Fr0010193979 cbo territoria C 3,66 3,69 3,65 3,67 + 0,27 13599 Fr0004065605 medincell B 9,5 9,84 9,48 9,48 - 0,84 33253 www.mirabaud.com
COURONNE NORV. 11,4897 0,10 2,35 marketing@mirabaud-am.com
Fr0000053506 ceGedim B 16,1 16,2 16 16,2 +1 654 Fr0010298620 memscap g C 8,7 8,7 7,66 7,78 - 10,78 153020 KUNA CROATE 7,5351 0,01 -4,64
Fr0013426004 claranova se g B 2,23 2,34 2,23 2,3 + 2,91 107950 Fr001400ie67 myhotelmatch C 0,69 0,707 0,588 0,62 - 10,16 100752 COURONNE SUEDOISE 11,2497 0,48 1,01 A la recherche d’une
Fr0004031763 coheris g C 4,96 4,96 4,8 4,9 + 1,66 1702 Fr0013482791 nacon sas B 1,154 1,178 1,148 1,16 - 1,19 42987 DOLLAR CANADIEN 1,4724 -0,18 0,65
gestion active de conviction ?
Fr0000044323 crcam alpes prov. C 73,71 73,96 72,5 72,5 - 1,64 181 Fr0004050250 neurones B 45,1 45,1 44,25 44,55 - 1,22 5537 YEN JAPONAIS 161,31 -0,25 3,64
Fr0000185506 crcam atl. vendee C 75 75,7 74,55 74,55 - 0,6 244 Fr0012650166 nhoa g C 0,61 0,63 0,608 0,63 + 1,94 32717 DOLLAR AUSTRALIEN 1,6532 0,00 2,02 Retrouvez plus de détails
Fr0010483768 crcam brie pic. cc B 17,432 17,62 17,422 17,468 + 0,21 3679 Fr0000121691 nrj Group B 7,54 7,54 7,44 7,44 - 0,8 865 ROUBLE RUSSE 99,6397 -0,39 1,16 sur notre site internet :
Fr0010461053 crcam lanGued cci C 48,8 49 48,5 48,5 - 0,62 154 Fr0000052680 oeneo g B 10,25 10,25 10,1 10,15 - 0,49 820 ROUPIE INDIENNE 90,299 -0,44 -1,64 www.mirabaud-am.com
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Fr0000185514 crcam nord Fr. B 11,7 11,87 11,7 11,73 + 0,26 4333 Fr0000075392 orapi g C 6,5 6,54 6,4 6,5 3893 COURONNE TCHEQUE 25,2135 -0,18 2,12
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val. unit date dernier

désiGnation hors Frais de la dividende net
Fr0000045528 crcam paris idF B 60,02 60,15 59,8 59,8 - 0,37 379 Fr0010609206 oreGe C 0,352 0,354 0,345 0,353 - 0,28 7926 FORINT HONGROIS 395,8075 -0,12 3,49 code isin des valeurs en euros** valor. en euros**
mont. date
Fr0000045346 crcam sud rhone C 113,22 113,22 110,24 110,24 - 2,44 495 Fr0012127173 ose immuno g C 4,85 4,96 4,78 4,8 - 1,13 54169 ZLOTY POLONAIS 4,2908 0,16 -0,99
Fr001400ayG6 deeZer 2 2,04 2,06 2,035 2,035 - 0,73 1151 Fr0010263202 pareF g C 39 39 38,8 38,8 291 LEV BULGARE 1,956 0,00 0,03 Banque Cantonale de
Fr0013283108 delta plus Group g B 73,5 76,2 73,5 76 + 3,54 665 Fr0000038465 passat g C 5,25 5,25 5,15 5,15 - 0,96 1019 DOLLAR HONG-KONG 8,5159 -0,58 -1,36 Genève (France) SA
Fr0012202497 diaGnostic medicalg C 1,12 1,14 1,12 1,12 - 1,75 1159 Fr0011027135 patrimoine et comm B 18,95 19 18,95 19 553 WON SUD COREEN 1440,32 0,27 0,81 Tél. 04 72 07 31 50
Fr0000031023 elect.strasbourG B 113 115 113 115 + 0,44 192 Fr0011471135 phaXiam tX C 2,94 2,94 2,9 2,91 + 0,35 1324 PESO MEXICAIN 18,1714 -0,48 -2,99
Fr0011271600 FermentalG C 0,558 0,64 0,558 0,64 + 15,11 593594 Fr0013252186 plastiques du val g C 2,81 2,83 2,75 2,83 + 0,36 21080
bcgef.fr/fonds
g REAL 5,4264 -0,30 1,29
Fr0011665280 FiGeac aero g C 5,52 5,58 5,48 5,58 + 1,09 1796 Fr0012432516 poXel g C 0,48 0,516 0,472 0,486 + 1,99 420824 DOLLAR SINGAPOUR 1,4544 -0,28 -0,31
LU2004923152 swiss all caps (chF) eur a 149,22 13/03
Fr0010341032 Fonciere inea B 33,8 33,8 33 33,3 - 1,48 927 Fr0004052561 proactis C 0,043 0,058 0,043 0,058 52089 RAND SUD-AFRICAIN 20,3904 0,23 0,97
LU2004923749 swiss small & mid caps (chF) eur a 125,52 13/03
Fr0014005sb3 Forsee power sa B 1,65 1,79 1,65 1,748+ 6,59 88041 Fr0012613610 prodways Group g C 0,832 0,839 0,82 0,821 - 2,26 10299 LIVRE TURQUE 34,9732 -0,58 7,58
Fr0013030152 Francaise enerGie g C 38,25 38,4 37,15 37,4 - 1,58 25595 Fr0013344173 roche bobois sa B 44,2 44,8 43,8 43,8 - 1,13 879
LU2404427101 eu all caps a 101,18 13/03
G RENMIBI YUAN 7,8322 -0,49 0,29
Fr0010588079 Frey B 27 27 27 27 + 0,75 149 Fr0000054199 s.t. dupont C 0,063 0,065 0,059 0,064 - 2,45 77970 RUPIAH 16994,0135 -0,39 0,06
LU2404427523 world qualiliFe stocKs a 80,43 13/03
Fr0000065971 Graines voltZ C 27 27 26,4 26,45 - 2,04 4760 Fr0000060071 samse B 197 197 195 196 704 PESO PHILIPPIN 60,4547 -0,28 -1,20 LU1626130816 silK road Zone stocKs a 117,13 13/03
Fr0012612646 Groupe partouche B 21,6 21,6 21,2 21,2 - 1,85 708 Fr0000039109 seche environnem. g B 105,8 107 104,2 106 + 0,76 9533 RINGGIT MALTAIS 5,1014 -0,63 0,59 LU0851564038 balanced (eur) a 137,82 13/03
Fr0010214064 Groupe piZZorno C 73 73 70,2 71 - 3,27 660 Fr0011950682 serGeFerrari Gp g C 5,86 5,86 5,83 5,84 - 0,34 1361 BATH THALANDAIS 38,9665 -0,18 2,46 LU0851564384 dynamic (eur) a 172,51 13/03

@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à
vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

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Tél. : 01 87 39 70 00. www.lesechos.fr Etienne Lefebvre (France et International) Laurent Flallo, Sylvie Ramadier (Le Crible)
 Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos 34

PATRIMOINE SPÉCIAL
BOURSE

Une pluie de records déferle sur les marchés depuis quelques jours. Le CAC 40 a même dépassé en séance les 8.200 points
et clôturé à un nouveau plus haut historique jeudi. Faut-il acheter ou s’alléger ? Les conseils des spécialistes pour adapter sa stratégie.

Les épargnants face aux records

des Bourses mondiales
Krystèle Tachdjian 2 Est-on face à un risque rio pourrait ainsi influencer le scrutin et
de bulle ? devenir un problème politique pour la Fed,
Paris, New York, Francfort et Les perspectives de croissance générées par qui serait obligée d’intervenir.

A Tokyo, les indices boursiers

enchaînent les records. Quatre ans
après le krach de 2020, le CAC 40 a franchi
pour la première fois le seuil des 8.000
points le 7 mars. Jeudi, il a même dépassé
les 8.200 points en cours de séance et clô-
turé à un nouveau plus haut historique à
8.161,42 points. Les investisseurs refusent
de quitter leurs lunettes roses. Ils semblent
ignorer les risques préférant voir le verre à
moitié plein. De quoi donner le tournis aux
investisseurs particuliers en proie à de
nombreuses questions.
1 La hausse des Bourses
peut-elle se poursuivre en 2024 ?
Un vent d’optimisme souffle à présent sur la
macroéconomie mondiale. La croissance
américaine est au rendez-vous et la Chine
montre un visage un peu plus rassurant
même si sa santé économique suscite
encore de l’inquiétude. « En ce début
d’année, on a vu des signaux encourageants
du côté de la balance commerciale chinoise.
Les indices manufacturiers ont cessé de se
dégrader dans le pays, et le marché obligataire
s’est stabilisé, notamment sur le segment
immobilier high yield [à haut rendement] »,
décrypte Alexandre Baradez, chef analyste
marché chez IG France.
La course folle des Bourses mondiales a
aussi été alimentée par la bonne santé
financière des entreprises, en France en
particulier. En 2023, les poids lourds du
CAC 40 ont su faire preuve d’agilité pour
afficher des résultats et des marges record.
Le marché pourrait toutefois manquer de
carburant dans les prochains mois, car
l’optimisme sur les résultats et les futures
baisses de taux sont déjà bien intégrés dans
les cours, indiquait dans un entretien aux
« Echos » Catherine Garrigues, responsa-
ble de la gestion actions chez Allianz GI.
Si les investisseurs parient toujours sur
une prochaine baisse des taux de la Fed, elle
pourrait cependant être moins forte et avoir
lieu à un rythme moins rapide que prévu,
avec un risque de réaction négative.
Jusque-là, les marchés actions n’ont pas
pris ombrage de l’évolution du discours des
banquiers centraux. Après l’intervention
de Jerome Powell en décembre, le marché
anticipait six baisses de taux en 2024, rap-
pelle Alexandre Baradez. « Ensuite, les
membres de la Fed ont fait le service après-
vente en janvier et février pour baisser ces
attentes et cela a fonctionné. On est passé à
trois baisses de taux attendues pour cette
année. Le marché des actions a continué de
monter sans aucune nuance, en se focalisant
sur la thématique de l’intelligence artificielle
(IA) et les résultats des entreprises, ce qui peut
paraître assez curieux », décrypte l’analyste.
Pour Christopher Dembik, conseiller en
stratégie d’investissement chez Pictet, « il y
aura des moments de respiration sur les mar-
chés, mais la tendance de fond reste positive ».
Il considère que la structure du marché a
changé depuis la crise du Covid. « Avec l’essor
de l’IA, nous sommes face à une révolution
industrielle, c’est une lame de fond qui va per-
durer », indique-t-il.
l’IA ont très largement contribué à la perfor-
mance globale du S&P 500 en 2023. De
nombreux parallèles sont faits avec la bulle
Internet. Le contexte semble bien différent
aux dires de nombreux observateurs. Si l’on
compare aux années 2000, il existe
aujourd’hui très peu de « pure players » liés
à l’intelligence artificielle. Ces entreprises
sont généralement de grands groupes ren-
tables et aux perspectives prometteuses.
« A l’inverse, dans les années 1999-2000, les
actions “dotcom” surfaient sur la thématique
Internet sans réalité concrète, et dans un
contexte massif d’introduction en Bourse de
sociétés factices, remarque le gérant d’actifs
Apicil AM dans sa dernière lettre mensuelle
des marchés. La thématique devrait conti-
nuer d’attirer les foules. »
L’IA, véritable technologie de rupture,
pourrait néanmoins mettre plus de temps
qu’escompté avant de se diffuser à l’écono-
mie. « Il y a un problème de perspective. Nvidia
vend du matériel permettant l’essor de l’IA
c’est une chose, note Alexandre Baradez.
Mais cela tire toute la cote y compris les grou-
pes qui ne sont qu’en phase de recherche et
développement et qui n’ont pas encore réussi à
monétiser sur l’IA », souligne l’analyste.
Encore à la traîne sur l’IA, Apple met les bou-
chées doubles. Les premières prises de béné-
fices sur le concepteur américain de puces
électroniques Nvidia sont-elles annonciatri-
ces d’un mouvement plus large ?
Les marchés américains nécessiteraient
de consolider un peu, notamment sur les
grosses capitalisations de la tech, pour dimi-
nuer la pression et éviter l’émergence de
bulle, pointe de son côté Alexandre Baradez.
« Si les bonnes comme les mauvaises nouvel-
les continuent d’être un prétexte pour faire
monter les marchés, on risque d’assister à un
violent décrochage à la rentrée prochaine juste
avant les élections américaines », redoute ce
bon connaisseur des marchés. Un tel scéna-
3 Faut-il acheter ou s’alléger ?
Les indices européens restent encore
peu chers en termes de valorisation si l’on
compare aux marchés américains. Alexan-
dre Baradez recommande de rester investi
sur les marchés du Vieux Continent et de
tenir ses positions « quitte à s’ennuyer un peu
au cours des prochains mois ». Du côté des
secteurs à privilégier, les performances pas-
sées de la Bourse de Paris ont été largement
tributaires des champions tricolores du
luxe, mais pas uniquement.
D’autres secteurs se sont distingués
depuis janvier tels que l’automobile et les
valeurs du tourisme. La santé n’a pas non
plus démérité. L’immobilier reste en revan-
che marqué au fer rouge. Néanmoins, « dans
une optique de détente de taux progressive, il
peut y avoir un point d’entrée sur les foncières
qui ont lourdement chuté l’an dernier, mais à
condition de se montrer patient », suggère
Alexandre Baradez. Il conseille aussi de gar-
der un œil sur les énergies renouvelables à
travers les ETF (fonds indiciels cotés).
4 Nouveaux investisseurs :
comment démarrer ?
La crise du Covid a incité une nouvelle géné-
ration d’investisseurs à se tourner vers la
Bourse en passant par les néocourtiers qui
donnent accès aux actions et autres actifs
dès 1 euro. Ces acteurs de l’investissement
en ligne ont aussi remis au goût du jour les
plans d’investissement programmé (DCA),
qui permettent de réaliser des versements à
partir de quelques dizaines d’euros chaque
mois ou chaque semaine sur son compte
titres. L’essor des ETF, qui répliquent la per-
formance d’un indice constitue aussi un fac-
teur de soutien des marchés. Ces fonds indi-
ciels cotés, moins coûteux que les fonds
d’investissement traditionnels, donnent un
large accès aux Bourses mondiales. n

L’APPARTEMENT DE LA SEMAINE INDICES DES PRIX IMMOBILIERS

(IPI)

SUR
LE WEB
•LesIMPÔTS 2024
dates limites
de la déclaration
des revenus dévoilées
par l’administration.
• IMMOBILIER
Le logement neuf s’enfonce
dans la tourmente.
Le secteur pâtit de la forte
baisse du pouvoir d’achat
immobilier des ménages,
du renchérissement
des coûts de construction
et de la diminution
des aides publiques
à l’investissement.
Arthur Albert

Résumé en 5 chiffres clés.

1 Un penthouse
d’architecte ultra-
lumineux à Marseille
Au 8e et dernier étage
d’un immeuble des
années 1950 avec ascen-
seur privatif, ce 138 m2
profite de plus de 70 m²
de véranda et de 40 m²
de terrasse avec une vue
exceptionnelle sur Notre-
Dame-de-la-Garde.
1 Suites parentales
et espace jacuzzi
Pièce à vivre avec chemi-
née, deux suites parenta-
les, deux chambres, trois
salles d’eau et un espace
jacuzzi. Une étude struc-
turelle a été réalisée pour
créer une piscine privative.
1 Prix 1.430.000 euros
RETROUVEZ LE BIEN
DE LA SEMAINE SUR
LESECHOS.FR/PATRIMOINE
• SUCCESSION
Les héritiers disposent
de six mois à compter
de la date du décès
pour déposer une
déclaration de succession
et s’acquitter de l’impôt
correspondant. Quels sont
les recours permettant
d’obtenir plus de temps ?
Et toute l’actualité
des placements
sur leschos.fr/patrimoine
Le neuf
en chute libre
Par effet de vases communi-
cants, les difficultés
de l’immobilier neuf contri-
buent à gripper le marché
de l’ancien. Le secteur
du neuf est en pleine tour-
mente pénalisé par le ren-
chérissement des coûts
de construction, les aides
fiscales en diminution
et la forte baisse du pouvoir
d’achat immobilier des
ménages. Une récente étude
du site d’annonces immobi-
lières PAP témoigne
d’une chute de 32,6 % de la
demande sur le marché
du neuf entre octobre 2023
et mi-février 2024. Le recul
est encore plus prononcé
concernant les investisseurs
(– 44,1 %), en raison de
la suppression progressive
du dispositif fiscal Pinel. n
PATRIMOINE
SPÉCIAL BOURSE
PRATIQUE La Bourse est une brique incontournable dans la construction d’un patrimoine financier. Si ses records attirent les investis-
seurs, sa volatilité fait peur. Il existe des solutions pour en limiter les effets.
Trois solutions pour échapper
à la volatilité des marchés boursiers
Emmanuel Schafroth
i le private equity est à la
S mode, il reste une niche par
rapport aux actions cotées,
qui sont une des trois classes d’actifs
liquides, avec les obligations et les
placements de trésorerie. Mais les
actions sont aussi risquées, ce qui
peut rebuter certains épargnants. Il
est toutefois encore plus dangereux
de ne pas s’y exposer.
« Nous sortons d’une décennie où
l’inflation était faible et assez insi-
dieuse, puisqu’elle était surtout visible
sur le prix des actifs, remarque Ben-
jamin Magny, directeur du dévelop-
pement de La Financière d’Orion.
Cela ne doit pas faire oublier une réa-
lité : depuis que l’on frappe monnaie,
la valeur des avoirs en cash se fait ron-
ger par l’inflation. Et, empirique-
ment, on constate que les placements
en actions sont le meilleur moyen de
se protéger contre cette érosion. »
Une étude publiée en février 2023
sur le marché français montrait que
la performance réelle (inflation
déduite) des actions entre 2003
et 2022 a été en moyenne de 6,1 %
par an, contre -0,8 % par an pour les
placements de trésorerie (bons du
Trésor). Ironiquement, le Crédit
Suisse, promoteur de l’étude en
question, sombrait un mois plus
tard, racheté par UBS. Cela illustre
bien une double réalité : oui, les
actions, prises individuellement,
sont des placements risqués, mais
sur longue période, à condition
d’avoir bien diversifié les risques,
elles sont la classe d’actifs la plus
rentable. Et pour ceux que la volati-
lité effraie, voici des solutions pour
démarrer en Bourse avec prudence.
1 L’investissement
programmé
Investir à la veille d’un krach !
L’angoisse monte au fur et à mesure
que le CAC 40 ou le Nasdaq enchaî-
nent les records. Elle peut pousser
les investisseurs à privilégier des
actions qui ont monté récemment
dans l’espoir que cette tendance
continue éternellement ou au
contraire à acheter après une baisse
comme si cela garantissait un pro-
chain rebond.
L’investissement programmé est
une réponse à cette recherche du
bon timing, souvent destructrice de
valeur, en permettant de lisser les
points d’entrée. Illustrons-le par un
exemple concret, celui d’un titre
particulièrement volatil en Bourse.
Alain et Bernard sont deux amis
boursicoteurs passionnés de tech
américaine. En 2021, ils s’intéres-
sent au titre Meta Platforms, mai-
son mère de Facebook, enfin sorti
des turpitudes liées au scandale
Cambridge Analytica, qui l’avait fait
plonger en 2018. L’action touche un
nouveau record en septembre, à
plus de 380 dollars, mais les deux
amis préfèrent attendre un repli et
décident d’investir en décem-
bre 2021, au cours de 336 dollars.
Chacun y consacre 15.000 dollars,
mais Alain investit toute la somme
immédiatement de peur de man-
quer le rebond, alors que Bernard
décide d’investir progressivement,
en programmant 15 versements
mensuels de 1.000 dollars.
Le 2 février 2022, Meta publie de
très bons résultats 2021, mais les
perspectives déçoivent le marché,
causant la plus forte baisse journa-
lière de l’histoire du titre (-26 %).
L’effet est sévère pour le portefeuille
d’Alain, déjà complètement investi.
A fin février, Meta est tombé à
211 dollars et sa moins-value dépasse
déjà 5.500 dollars. Celle de Bernard
est dix fois moindre, son portefeuille
étant encore constitué pour
12.000 dollars de cash. La baisse des
valeurs technologiques en 2022 va
pleinement affecter Alain, alors que
Bernard y trouvera l’opportunité de
diminuer graduellement le prix de
revient unitaire de ses actions. Lors-
que son programme d’achats
s’achève, en février 2023, son porte-
feuille affiche déjà une plus-value de
7 %, quand celui d’Alain est en
moins-value à hauteur de 48 %. Le
prix de son audace !
Aujourd’hui, la remontée du
cours de Meta permet aux deux
compères d’avoir le sourire. Mais
celui de Bernard est plus large. Sa
stratégie d’investissement pro-
grammé lui a permis d’acquérir,
pour le même prix que celui misé
par Alain, un nombre d’actions plus
de deux fois supérieur, d’où une plus-
value de 199 %, contre seulement
46 % pour Alain (à fin février 2024).
Sur cet exemple extrême, l’investis-
sement programmé se révèle parti-
culièrement efficace pour gommer
les effets de la volatilité.
2 Les options de gestion
en assurance-vie
Alors que l’assurance-vie est typi-
quement un support d’épargne de
long terme, l’investissement en uni-
tés de comptes représentatives de
fonds actions (voire d’actions indivi-
duelles sur certains contrats) per-
met des stratégies très sophisti-
quées. Les investisseurs ne doivent
pas en abuser, mais peuvent utiliser
certaines options de gestion pour
éviter les à-coups.
Par exemple, l’option de rééquili-
brage automatique permet au sous-
cripteur de définir une allocation
type de son portefeuille. Si les mar-
chés montent beaucoup et le désé-
quilibre en faveur des actions, le réé-
quilibrage automatique permettra
un rebalancement vers des supports
moins risqués, ce qui protégera une
partie des gains. A l’inverse, si les
actions baissent, cela permettra
d’acheter dans les creux. Une straté-
gie qui a du sens si l’on parle d’un
indice actions suffisamment diver-
Faut-il suivre les recommandations
Les détenteurs de comptes
titres ou de PEA sont-ils
assurés d’une meilleure
performance boursière
lorsqu’ils suivent l’avis de
leur conseiller financier ?
Des chercheurs se sont
penchés sur la question.
Marie-Eve Frénay
Les particuliers et les profession-
nels du trading ont un point com-
mun. A des degrés différents, ils
sont tous deux sujets aux biais com-
portementaux qui impactent leurs
décisions d’investissement. Parmi
ces écueils figure l’effet de disposi-
tion, qui consiste à vouloir matéria-
liser rapidement les gains et à
repousser au contraire la cristalli-
sation des pertes. Résultat : les
investisseurs vendent des actions
en plus-value trop rapidement,
quitte parfois à réinvestir dessus
ultérieurement en les payant au
prix fort, et ils conservent des titres
en moins-value trop longtemps
dans l’espoir de « se refaire ». Une
stratégie coûteuse.
« Dès lors, influencées par ces ten-
dances naturelles automatiques et
inconscientes, ces décisions ont un
impact non négligeable sur la perfor-
mance des portefeuilles boursiers,
que la recherche estime à 3,4 % par
an de manque à gagner », relève la
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos
sifié, alors qu’elle peut être dange-
reuse sur un titre individuel.
Pour les épargnants qui veulent
investir de manière dynamique et
utilisent des supports très volatils,
d’autres options existent. Parier sur
un fonds d’actions chinoises début
2021 pouvait sembler une bonne
idée, mais l’indice MSCI China allait
perdre plus de 50 % en trois ans ! Ici,
une option de « stop loss », fixant à
l’avance une perte maximale accep-
table étant donné le côté spéculatif
du pari, aurait permis de limiter les
dégâts en coupant bien avant la posi-
tion. Et à l’inverse, on peut, sur un
support, fixer un seuil de hausse à
partir duquel les gains seront sécuri-
sés par un arbitrage automatique
vers un support moins risqué.
3 Les produits structurés
Avec la remontée des taux,
les produits structurés dits « auto-
calls » ont retrouvé de l’attrait. Ils
permettent à l’investisseur de tou-
cher un coupon fixé à l’avance tous
société de courtage Portzamparc,
filiale de BNP Paribas, s’appuyant
sur une étude de Terrance Odean,
l’un des économistes pionniers de la
finance comportementale.
Afin de lutter contre les propres
biais de ses conseillers, Portzamparc
a modifié en 2018 le tableau de bord
permettant de suivre le portefeuille
de leurs clients. Les conséquences
de ce changement sur les décisions
d’investissement des clients et sur la
performance de leur portefeuille ont
été étudiées par trois chercheurs :
Marianne Andries (université de
Californie du Sud), Maxime Bonelli
(London Business School) et David
Sraer (Berkeley). Leurs conclusions
ont été publiées le 12 janvier dernier.
Trois économistes
se sont appuyés
sur le comportement
des 7.494 clients
de Portzamparc
entre février 2016
et mai 2021.
Concrètement, depuis 2018, les
conseillers financiers de ce spécia-
liste de l’investissement en Bourse
n’ont plus accès à la valeur mar-
chande de chaque position de leurs
clients, au nombre d’actions déte-
36
les ans et offrent une protection du
capital à l’échéance (généralement
dix ans) si l’indice actions sur lequel
ils sont construits ne baisse pas en
deçà d’une certaine limite (souvent
fixée à -50 % du niveau de départ).
Par ailleurs, régulièrement au
cours de la durée de vie du produit,
on va « constater » le niveau atteint
par le sous-jacent : cela peut être
tous les ans, mais certains promo-
teurs privilégient des constatations
plus rapprochées, DS Investment
Solutions privilégiant même un
rythme quotidien.
Dès que l’indice cote au-dessus de
son niveau de départ, le produit est
alors remboursé. Ainsi, la durée de
vie d’un produit structuré est incer-
taine. Ils sont un moyen d’investir
dans le potentiel de la Bourse sans se
préoccuper quotidiennement de la
tenue du marché mais ne peuvent
pas constituer l’alpha et l’oméga
d’une stratégie patrimoniale. Il faut
plutôt les considérer comme un pro-
duit de diversification. n
nues, au prix d’acquisition moyen
et, donc, à la plus-value ou moins-
value correspondante. En conti-
nuant à donner accès à ces informa-
tions, « la société craignait que les
conseillers ne cèdent à la partialité de
leurs clients ou même ne l’ampli-
fient », peut-on lire dans la publica-
tion des trois économistes.
Du côté des épargnants, les infor-
mations présentes sur l’espace per-
sonnel des clients n’ont, elles, pas été
modifiées. En utilisant cette expé-
rience grandeur nature, le postulat
que les économistes ont cherché à
vérifier est le suivant : si les con-
seillers financiers amplifient les
biais de leurs clients, les empêcher
d’observer le prix auquel ils ont
acquis leurs positions devrait
réduire l’effet de disposition des
investisseurs. Ces derniers conser-
veront plus longtemps leurs belles
valeurs et céderont plus rapide-
ment celles sur le déclin.
Encore faut-il toutefois, au préala-
ble, s’assurer que les conseillers
orientent bien les choix d’investisse-
ment de leurs clients. Pour le vérifier,
les trois économistes se sont
appuyés sur le comportement des
7.494 clients de Portzamparc entre
février 2016 et mai 2021. Ils ont dis-
tingué les clients relativement auto-
nomes, préférant avoir peu de con-
tacts avec leurs conseillers, de ceux
qui souhaitaient discuter fréquem-
 37 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 PATRIMOINE

La diversification
internationale, un atout
pour limiter les risques
Alors que le moteur plaide Olivier Malteste. Pour certai- ance a pénalisé le marché des actions
de la mondialisation ne nes zones, on peut aussi envisager chinoises, mais les actions indiennes
tourne plus à plein régime, des expositions indirectes, en analy- ou brésiliennes ont réalisé de très bel-
la question de la bonne sant les échanges entre pays. « Si on les performances dans la période
répartition internationale cherche à bénéficier d’un futur rebond récente », rappelle Nadège Dufossé.
d’un portefeuille de l’économie chinoise, le choix du Etre exposé à toutes les zones est
reste essentielle. Japon est envisageable : la politique sans doute plus important encore à
monétaire y reste très accommo- l’heure où le processus de mondiali-
Historiquement, on voit toujours dante, il a des liens forts avec la Chine, sation se renverse, partiellement,
les grands indices boursiers voler et la gouvernance des entreprises y est avec une résurgence des mesures
vers de nouveaux records après une meilleure », estime Olivier Malteste. protectionnistes qui pourraient être
baisse. Il n’en va pas de même des « Dans une allocation internatio- source d’une certaine déconnexion
actions prises individuellement, nale, il faut prendre en compte la ques- des différents marchés. Mais gare
qui peuvent tomber définitivement tion de la devise et, bien évidemment, aux conclusions hâtives ! « Les entre-
à zéro si l’entreprise qu’elles repré- celle des corrélations entre marchés, prises cherchent des moyens de
sentent fait faillite. De cet important ajoute Nadège Dufossé, responsable s’adapter. On voit par exemple les
risque idiosyncrasique – c’est-à-dire de la gestion multi-actifs de Can- entreprises chinoises développer une
spécifique à une action – découle la driam. Les marchés d’actions inter- production hors de Chine pour pré-
nécessité de diversifier. nationaux sont assez corrélés entre server leur accès au marché améri-
Multiplier le nombre de titres ne eux, mais certains, comme le marché cain », note Olivier Malteste. Le com-
suffit pas : si l’on investit dans des japonais ou les marchés émergents, le merce mondial se complexifie, mais Malgré leur prix élevé, les actions américaines, plus exposées aux valeurs technologiques ou
titres d’un même secteur, dépen- sont moins. » Cela peut tenir à la plus n’est pas à l’arrêt. — E. S. de l’intelligence artificielle restent plutôt favorisées chez Candriam ou JP Morgan AM. Photo iStock
dant d’une même zone géographi- ou moins grande ouverture des
que ou également sensibles à des marchés. A ce titre, les investisseurs
facteurs comme les taux d’intérêt, européens sont assez gâtés. « Le
on court le risque d’une corrélation marché des actions européennes est
élevée de ces actions, qui peuvent en réalité très mondialisé, explique
être amenées à baisser toutes Vincent Juvyns. Les grandes entre-
simultanément. « L’objet de la diver- prises européennes tirent 55 % de
sification d’un portefeuille est de leurs résultats des exportations extra-
réduire sa volatilité et d’obtenir une
meilleure rémunération du risque »,
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biais domestique, alors qu’il est préfé- que l’Europe
rable de limiter la dépendance de son reste important.
patrimoine à des facteurs locaux »,
explique Vincent Juvyns, straté- Mais une diversification dans
giste chez JP Morgan AM. C’est d’autres zones que l’Europe reste
d’autant plus vrai pour les investis- importante. « L’enjeu est d’accéder à
seurs européens, vivant dans une des thèmes d’investissement moins
zone où la croissance est nettement présents dans les actions européen-
inférieure à la moyenne mondiale. nes, comme la technologie ou l’intelli-
« Pour choisir comment répartir ses gence artificielle sur le marché amé-
actifs à l’international, on peut pren- ricain, ou la transition énergétique,
dre comme repère le poids économi- très représentée sur les marchés chi-
que de chaque zone ou, plus souvent, nois ou, ce qui est moins connu, japo-
sa capitalisation boursière », rap- nais. » Malgré leur prix élevé, les
pelle Vincent Juvyns. actions américaines restent ainsi
D’autres considérations entrent plutôt favorisées chez Candriam ou ;
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loin que la conjoncture économique Quant aux actions émergentes,
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ment sont constitués les indices », « Le manque de visibilité et de confi- 5
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peuvent accéder à ces recommanda- qu’après 2018, par rapport aux
tions que par le biais de conversa- clients faiblement conseillés, les
tions avec leurs conseillers », préci- investisseurs fortement conseillés
sent les chercheurs. Résultat : les voient le rendement brut de leur
clients accompagnés activement portefeuille progresser d’environ
suivent généralement les conseils 20 points de base. « Cette étude aca-
Chez BDL Capital Management,
prodigués. démique a validé l’approche stratégi- nous mettons nos convictions au service
Vient ensuite la seconde étape de que de Portzamparc », s’est félicité le
leur étude : l’atténuation, ou non, courtier par communiqué. de votre épargne. !,%"*(!**"-",( $" &)')&(#'"
du biais de disposition des clients. Du côté des particuliers, cette
En empêchant les conseillers de étude doit les sensibiliser aux biais
connaître exactement la position potentiels de leurs interlocuteurs,
boursière de leurs clients, en plus exacerbés ou non, par les outils
ou moins-value, cela influence-t-il qu’ils utilisent. Donc avant de suivre
leur discours à bon escient ? C’est en scrupuleusement les recommanda- #
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PATRIMOINE Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024 Les Echos 38

MARCHÉ
EXPLOSION DE L’ART DIANA PAR WARHOL
EN LIGNE DANS LE MONDE S’ENVOLE AUX ENCHÈRES
Le marché mondial de l’art La maison Phillips a adjugé

DE L’ART
bascule sur Internet, dévoile un célèbre portrait en bleu
le rapport d’Artprice publié de la princesse Diana par

Shutterstock
le 6 mars. Les ventes en ligne Andy Warhol pour plus de
ont bondi de 285 % en 2023, 2,8 millions d’euros le 7 mars
en bref portées par de nouveaux à Londres. Le tableau a été

Phillips
acheteurs plus jeunes. vendu à un acquéreur privé.

La foire Arco présente un art LA CHRONIQUE

DU FISCALISTE

contemporain moins cher

L’événement madrilène a réussi à créer un positionnement unique en devenant la plateforme européenne
du marché latino-américain et en proposant des œuvres de galeries qui ne pratiquent pas des prix exorbitants.

DR
Dimitar Hadjiveltchev
avocat associé,
CMS Francis Lefebvre
Judith Benhamou de ces pays possédant une rési-
dence à Madrid. De ce fait, les gale- Le dirigeant
l n’existe pas un marché de l’art ristes latino-américains y trouvent

I mais plusieurs qui correspon-

dent à des demandes différen-
tes. Ils sont stratifiés avec des règles
de fonctionnement distinctes. On a
naturellement un public. C’est le cas
de la galerie Almeida & Dale de Sao
Paulo, qui consacre l’intégralité de
son stand à l’une des gloires de l’art
d’une société
française
travaille-t-il
coutume de dire, par exemple,
qu’en période de crise, seules les
moderne brésilien : Rubem Valen-
tim (1922-1991).
forcément
pièces exceptionnelles sont bien Le peintre autodidacte a produit en France ?
reçues. Quant au marché des une œuvre fascinante qui mélange
œuvres dites « moyennes » – cela savamment une abstraction colo- Un dirigeant de société fran-
s’entend en termes de prix –, il est rée aux signes mystiques du can- çaise est-il réputé exercer ses
supposé rester atone. domblé, le vaudou brésilien. Dès le fonctions en France, ou peut-il
En visitant la foire Arco qui se deuxième jour, six de ses œuvres (à démontrer que, matérielle-
tenait du 6 au 10 mars 2024 à vendre entre 40.000 et 300.000 dol- ment, il exerce tout ou partie
Madrid, on pouvait cependant avoir lars) avaient été cédées par la gale- de son activité à l’étranger ? Il
un sentiment différent. Il est possi- rie, selon son directeur internatio- est intéressant de revoir les
ble qu’aujourd’hui, le marché de l’art nal Paul Jenkins. « C’est le premier récentes décisions jurispru-
contemporain souffre d’un essouf- artiste noir brésilien à avoir été dentielles en la matière et leurs
flement profond en partie dû à l’aug- exposé hors du pays, en 1965 à implications. Dans une déci-
mentation exceptionnelle des prix Rome », explique-t-il. sion du 5 février 2024, le Con-
depuis quelques années. Ainsi, il Aujourd’hui Valentim fait l’objet seil d’Etat a statué notamment
n’est pas rare que les œuvres des jeu- d’un come-back à l’échelle interna- sur le domicile fiscal au sens de
nes artistes en vue – par définition tionale. Mais aux enchères, sa cote l’article 4B du Code général des
qui n’ont pas fait leurs preuves dans reste faible, avec un prix record à impôts, du directeur général
le temps – soient cédées pour plu- 34.800 euros en 2021. d’une société ayant son siège à
Nogueras Blanchard

sieurs centaines de milliers d’euros. la Défense. Pour caractériser

Surtout s’ils appartiennent à l’écurie Entre 7.000 et 15.000 dollars un domicile fiscal en France de
des galeries multinationales comme pour Rosario Zorraquin cette personne et lui accorder
Gagosian, Hauser & Wirth, Zwirner Isla Flotante est une jeune galerie une exonération de retenue à
ou Pace. Rien de cela à l’Arco. « Nous argentine également installée au la source sur ses rémunéra-
essayons de mettre en relation les bon- Brésil. Elle expose à l’Arco l’une de tions, le Conseil d’Etat a relevé
nes œuvres avec les bons collection- « Gran taula » (grande table), d’Antoni Tàpies (2008). Peinture et crayon sur bois, 250 × 300 cm. ses compatriotes, Rosario Zorra- que l’intéressé exerce en
neurs. A l’Arco, notre chance est quin (née en 1984), qui réalise des France une activité non acces-
d’avoir des œuvres pour ceux qui com- matières brutes, relativement pro- rains internationaux, je pense que A l’Arco, il a vendu la pièce princi- peintures dans un esprit surréaliste. soire, même s’il effectue une
mencent à collectionner mais aussi che de l’esprit du mouvement ita- son niveau de prix reste bas. » Selon pale de son stand, une sculpture de Vues de loin, ces dernières sont partie de son activité à l’étran-
pour ceux qui ont déjà une impor- lien de l’Arte Povera. la banque de données de l’art Art- l’artiste conceptuel allemand Franz composées d’étendues colorées pas- ger, lors de déplacements ou de
tante collection, explique Maribel Dès le début de la foire, la galerie price, le prix record pour l’Espagnol Erhard Walther (né en 1939) pour tel. De près, ces taches sont couver- télétravail à partir de son
Lopez, la directrice de la foire. En parisienne Lelong a vendu une de s’élève à 2 millions pour une pein- environ 170.000 euros. Elle est tes de lignes qui forment des person- domicile suisse. La décision a
revanche, nous n’avons peut-être pas ses grandes toiles, datée de 1989, ture de 1961 vendue en 2014. Le mar- constituée d’une série de bandes de nages évanescents qui pourraient le mérite de ne pas poser de
des pièces aux prix les plus élevés pour 950.000 euros. La galerie chand souligne encore que la pro- tissus colorées disposées à la suite. tenir des crayonnages de Dali. Des postulat et de tirer des conclu-
mais, d’une certaine manière, cela Prats Nogueras Blanchard de duction de Tapies est quantitati- « Franz Erhard Walther a été lion corps nus, une bouche, un soleil… sions à partir des éléments
crée une atmosphère de sécurité. » Madrid et Barcelone représente la vement imp ortante : près de d’or à la Biennale de Venise en 2017, a Toutes les œuvres de l’artiste ont été factuels du dossier. En ce sens
succession de Tapies. Elle proposait 9.000 œuvres. figuré dans plusieurs Documenta. Il vendues, là encore à des tarifs qu’on cette décision est rassurante, si
Un Miro à 3 millions trois œuvres de l’artiste dont une appartient à l’histoire de la sculpture peut considérer comme raisonna- l’on se souvient du jugement
« Le tableau le plus cher de la foire est étonnante peinture de 2008 de Une sculpture de Walther et le musée Reina Sofia montre, en ce bles pour une plasticienne relative- du TA de Paris du 12 avril 2023,
juste au- dessus de 3 millions 3 mètres de large, « Gran taula », à 170.000 euros moment, une de ses grandes installa- ment jeune : entre 7.000 et semblait plutôt raisonner par
d’euros », poursuit Maribel Lopez. très esquissée en blanc, noir et mar- De manière générale, la plupart des tions. C’est d’un rapport qualité-prix 15.000 dollars. postulat, en affirmant que le
Elle fait allusion à une toile du pein- ron, qui n’est pas sans rappeler à 205 participants à l’Arco 2024 se exceptionnel » commente-t-il, avant « Nous avons augmenté ses prix de dirigeant d’une société fran-
tre abstrait Joan Miro (1893-1983) l’esprit fougueux de Jean-Michel déclaraient satisfaits de leurs ventes. d’ajouter : « J’ai toujours été très 30 % l’an dernier car son travail est çaise doit être regardé comme
datée de 1936, présentée chez le Basquiat, les couleurs en moins. Le galeriste parisien Jocelyn Wolff, attentif à ma politique de prix. Je entré dans les collections du musée de exerçant son activité unique-
marchand de Madrid Leandro « Le marché de Tapies est très actif qui cette année avait décidé de ne pense que le marché de l’art est en Buenos Aires », explique Leopol ment en France (alors même
Navarro. Miro est l’une des stars du en Espagne. A la fin des années 1970, pas exposer la vedette de son écurie, train de s’éloigner des collection- Mones Cazon, le cofondateur de la qu’il travaillait plus de 183 jours
marché national espagnol, tout lorsqu’il devient d’une certaine la peintre suisse Miriam Cahn (née neurs. Il faut aussi que les musées galerie qui précise aussi que le par an à Londres ou il disposait
comme Antoni Tapies (1923-2012). manière plus libre avec une situation en 1949), a une actualité chargée : il soient en mesure de faire des achats. Perez museum de Miami a réservé d’un bureau et d’une assis-
Comme le montre l’impression- personnelle stable, il expérimente s’installe en mai 2024 à New York Aujourd’hui, le marché est mené par une œuvre. Si l’Arco ne montre pas tante) et qu’il ne pouvait donc
nante rétrospective qui lui est con- beaucoup dans un style qu’on peut dans un espace expérimental en col- des gens qui font beaucoup d’argent de signes tangibles de crise, son suc- pas revendiquer une exonéra-
sacrée jusqu’au 24 juin au musée considérer comme très actuel. C’est laboration avec une association et qui achètent ce qu’ils croient être les cès tient certainement à son posi- tion d’impôt au titre de son
Reina Sofia de Madrid, Tapies est ce que montre l’exposition madri- américaine, Osmos ; et en juin 2024, valeurs de demain. » tionnement loin des prix en centai- activité britannique, sur le
un artiste à la longue carrière et à la lène, résume le galeriste Alex il inaugure un jardin de sculptures En Europe, la foire Arco est deve- nes de milliers d’euros qui étaient fondement de la convention
production remarquable. Il a Nogueras de Prats Nogueras Blan- en Normandie près d’Etretat, une nue la plateforme de l’Amérique devenus monnaie courante pour fiscale franco-britannique.
inventé un langage abstrait, aux chard. Comparé à ses contempo- sorte de show-room en plein air. latine, nombre de collectionneurs les jeunes artistes. n Pour autant, un doute demeure
à la lecture de la décision de la
haute juridiction, dans la
mesure où les temps de pré-
LE GRAPHE DE LA SEMAINE sence en France et en Suisse ne
sont pas spécifiés. Difficile de
savoir, dans ces conditions, si le
Conseil d’Etat penche pour
Immobilier : vendre, acheter ou attendre ? analyser le lieu d’exercice des
fonctions de direction sur la
Une enquête réalisée en février pour le courtier en crédit immobilier Pretto base d’une présomption ou de
révèle un pessimisme ambiant chez les acquéreurs potentiels de biens manière factuelle. Espérons
immobiliers. Sur un peu plus de 2.000 Français interrogés, une majorité qu’il aura rapidement l’occa-
souhaite rester en retrait face à l’incertitude du marché immobilier. Six sur sion de clarifier ce point.
dix le jugent défavorable et préfèrent reporter leur acquisition. Les emprun-
teurs se montrent un peu plus optimistes en Ile-de-France qu’ailleurs. Le
manque d’empressement est encore plus marqué chez les primo-accédants.
80 % d’entre eux disent vouloir attendre des conditions plus favorables avant
D
de réaliser un achat immobilier. A la question de savoir s’il est urgent d’atten- Le point à retenir
dre pour acheter, les professionnels de l’immobilier jugent que c’est le
moment pour les ménages solvables. La balle est dans le camp des ache- 1 Le dirigeant d’une société
teurs. Ils retrouvent un relatif pouvoir de négociation dont ils ne pourront française peut être considéré
peut-être plus profiter dans quelques mois. Les foyers qui ont des budgets comme résident fiscal en Fran-
contraints peuvent en revanche faire le pari d’une poursuite de la baisse des ce s’il y exerce son activité pro-
prix, avec l’espoir de bénéficier de taux d’emprunt plus favorables à la fin de fessionnelle à titre principal,
l’année, autour de 3,5 % ou 3 % au mieux, selon les anticipations. — K. T. ce qui requiert une analyse fine
Plus d’informations sur lesechos.fr/patrimoine des circonstances.
39 Les Echos Vendredi 15 et samedi 16 mars 2024

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2024 : 511,6 milliards d’euros (prévisions PLF 2024) // PIB 2023 : 2.818,1 milliards d’euros (prévisions
PLF2024) // Plafond Sécurité sociale : 3.864 euros/mois à partir du 01-01-2024 // SMIC horaire : 11,65 euros (brut par heure)
à partir du 01-01-2024 // Capitalisation boursière de Paris : 2.416,97 milliards d’euros (au 08-01-2024)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 118,23 au 16-12-2023 // Taux de chômage (BIT) : 7,4 % au 3e trimestre 2023
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 3.088,2 milliards d’euros (3e trimestre 2023)

crible
Des plombiers à Washington
La Réserve fédérale modifiera sa politique monétaire d’abord à travers son bilan. Tic-tac chez TikTok
Le nombre de baisses de taux par L’Oncle Sam ouvre la voie à une exfiltration
la Réserve fédérale est la question des financiers américains de ByteDance.
à 3.900 milliards de dollars, soit
le gain de la Bourse américaine
depuis le 1er janvier. Le stratégiste
d’Ostrum AM, Axel Botte, estime
toutefois qu’avant d’utiliser cette
arme, la Fed pourrait décider,
peut-être lors de la prochaine
réunion de son comité le 20 mars,
de ralentir la réduction
de son bilan, actuellement de
95 milliards par mois au
maximum, dont 60 milliards en
bons du Trésor. Alors que le déficit
budgétaire de l’Oncle Sam
persiste, l’expert estime significatif
le risque d’un engorgement
du marché obligataire susceptible
de créer des tensions sur le
marché des pensions (« repo »),
comme en 2019. Diviser par deux
le non-réinvestissement en
« Treasuries », à 30 milliards,
soulagerait cette tuyauterie
financière compliquée
qui peut mettre en difficulté
le système bancaire.

Huile de coude
Le succès boursier de Shell ne dispensera pas
ses actionnaires de réfléchir au climat.
« La propriété, c’est le vol » ! Voilà donc le Congrès des Etats-Unis qui
Plus de création de valeur pour l’actionnaire et moins d’intensité carbone remet au goût du jour de manière surprenante la formule
pour la planète, Shell continue de le promettre. Cela risquerait d’engager proudhonienne qu’on ne croyait plus guère réservée qu’aux mots
surtout ceux qui croient pouvoir avoir le beurre et l’argent du beurre, ou fléchés. Le projet de loi d’expropriation de ByteDance de son activité
plutôt l’huile. Son nouveau plan climat se prête moins à cette critique, en se américaine, largement votée par la Chambre des représentants,
situant dans la suite logique du virage stratégique de l’année dernière. Et il n’en est qu’aux débuts d’un chemin tortueux. Mais la course contre
demande un peu d’huile de coude aux investisseurs financiers, puisqu’il la montre est déjà engagée à Wall Street pour organiser la reprise de
sera soumis à un vote consultatif. La révision de l’objectif d’intensité l’application TikTok et de ses 170 millions d’utilisateurs américains.
carbone en 2030 peut se comprendre compte tenu des cessions effectuées. Laquelle ressemble à s’y méprendre à une opération d’exfiltration
Le retrait de l’objectif 2035 (une baisse de 45 % de l’intensité carbone par des grands fonds américains (Sequoia, General Atlantic, Susquehanna,
rapport à 2016) pourrait en revanche créer davantage le débat auprès des KKR, Fidelity, Carlyle, Tiger Global, aux côtés du japonais SoftBank)
gérants motivés par une transition énergétique sur des bases scientifiques, coincés au capital de la licorne chinoise, sans perspective de mise
et en cohérence avec les Accords de Paris. Comme la planification s’effectue en Bourse. Ce n’est pas un hasard si dans le montage d’un consortium
à dix ans, un engagement à cette date serait contraignant, à la différence de d’investisseurs ad hoc, l’ancien secrétaire d’Etat au Trésor
l’engagement « Net Zéro » de 2050. Le « board », lui, s’abrite derrière les de Donald Trump, Steven Mnuchin, prévoit que les fonds déjà
incertitudes sur le rythme de la transition dans la société. Depuis la guerre actionnaires de ByteDance pourront « transférer » leur participation
en Ukraine et la hausse des taux d’intérêt, qui complique la tâche des dans « TikTok US ». La question de la valorisation demeure, entre 35
énergies vertes, la donne a changé. Mais la planète continue de chauffer. Et et 40 milliards de dollars selon Bloomberg Intelligence en se basant sur
si la performance boursière (+15 % dividendes réinvestis) de Shell dépasse l’acquisition de Twitter par Elon Musk, ou « jusqu’à 100 milliards »
celle d’ExxonMobil depuis l’arrivée du nouveau pilote début 2023 (+15 %), selon le « Wall Street Journal ». Dans tous les cas, cela fait cher la vidéo
sa cote de valorisation reste inférieure d’un tiers. de maquillage !

Encore un record à Paris

EN VUE

Michel Sardou
on père est mort sur scène en fai- nisme (« Vladimir Ilitch »), pour l’éman-

M sant son métier. C’est mon

La Bourse de Paris a de nouveau
battu un double record ce jeudi.
L’indice CAC 40 a dépassé les
8.200 points pour la première fois
de son histoire, avant de termi-
ner en hausse de 0,29 %, à
8.161,42 points, un nouveau som-
met à la clôture. Il progresse de plus
de 8 % depuis le début de l’année.
En Europe, les autres places ont
terminé dans le rouge, à l’instar de
Londres (–0,37 %) ou de Francfort
(–0,11 %). Le DAX allemand a néan-
moins battu un record historique
en séance. Les moteurs derrière les
hausses boursières des derniers
jours (espoir de baisses des taux,
bons résultats d’entreprises…) sont
toujours d’actualité. Mais l’indica-
teur américain des prix à la produc-
tion, qui est remonté en février, a
calmé les ardeurs des investisseurs.
La trop forte résistance de l’écono-
mie outre-Atlantique pourrait
retarder les premières baisses de
taux de la Réserve fédérale.
Du côté des valeurs, Vivendi
(+2,38 %) a pris la tête de l’indice.
Plusieurs entreprises ont vu le
cours de leurs actions atteindre
de nouveaux sommets, comme
Schneider Electric (+0,6 %), Her-
mès (+1,48 %), Air Liquide
(+0,26 %), Airbus (+0,68 %), Essi-
lorLuxottica (+0,97 %) et Safran
(+0,7 %). En baisse de 2,4 %, Euro-
fins Scientific a terminé la séance
à la dernière place du CAC 40.
rêve », confiait-il à « Paris
Match » cet hiver. Ce n’est pas encore
perdu, mais il va falloir se dépêcher. Ces
samedi et dimanche, à la Paris Defense
Arena, Michel Sardou, fera ses grands
adieux à son public. Après, rideau, a-t-il
annoncé au « Parisien ». Le chanteur
acteur de 77 ans se retirera une dernière
fois dans sa loge, où l’attendront près de
soixante ans de carrière, 100 millions de
disques vendus et une part importante
de l’histoire de la variété française. Peut-
être aura-t-il une pensée pour Eddie Bar-
clay, qui l’a viré à ses débuts de sa maison
de disque car il n’était « pas fait pour ce
métier ». Véritable éditorialiste de la
chanson française, Michel Sardou s’est
engagé. Beaucoup, souvent. Contre
l’antiaméricanisme (« Les Ricains »),
pour la peine de mort (« Je suis pour »),
contre « Le bac G », pour l’école libre
(« Les deux écoles »), contre le commu-
cipation des femmes (« Femmes des
années 80 »)… Et, bien sûr, pour le tou-
risme au Connemara. Du bon sens, un
penchant réac, une dose de mauvaise foi
et une grande gueule : appelez le France !
Bande-son de cinq décennies de débats
tricolores, ce Gaulois réfractaire, mar-
qué à droite mais capable d’envolées
humanistes, a été interdit sous de Gaulle,
contrôlé fiscalement par Giscard, adulé
par Mitterrand, aimé puis fâché avec
Sarkozy et fredonné par Macron. Sa
musique a traversé les époques plus faci-
lement que lui. Eternel bougon, il maudit
les réseaux sociaux, « déteste les voitures
électriques », ne « supporte plus Paris,
bruyant et dégueulasse », est « navré par le
manque d’éducation » de nos « jeunes
illettrés », juge que « manger bio est une
escroquerie totale », trouve que la politi-
que moderne fait « un peu honte » et que
Macron est « bizarre ». Bref, un futur
retraité heureux.
 Crédit photo : Getty Images/shapecharge
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