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lefig
aro.
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RENCONTRES
ANTOINE DE CAUNES
MATTHEW CRAWFORD
ARNAUD DESPLECHIN
REED HASTINGS
MORY SACKO

INTERVIEW
NICOLAS
BEDOS
LE JEU DE LA VÉRITÉ
MADAME FIGARO SUPPLÉMENT - FIGARO NOS 23818 ET 23819 DES 19 ET 20 MARS 2021 - COMMISSION PARITAIRE N° 0421 C 83022

SPÉCIAL

HOMMES
Madame Figaro - n°1908

LA FORCE DU MASCULIN SENSIBLE

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 Sommaire/madame

ommaire
M
me
ada
r/m
aro.f

f
lefig

11 ÉDITO/« Justice et féminisme »,

par Julia Minkowski.

15 NEWS/madame
Toutes les tendances décryptées.
18/Joaillerie : le nouveau règne des bijoux
genderless. 24/Style : sport chic, tempo iconique.
26/Chrono Panda, le mythe inoxydable. 28/La montre
EN COUVERTURE intemporelle : pourquoi on l’aime ? 30/Success :
Nicolas Bedos porte Michel Herbelin. 32/Déco : l’an vert du décor.
une chemise, un jean
PHOTOS THIERRY BOUËT, BERNARD WINKELMANN ET ROBERT ADAMO/ÉDITIONS LA DÉCOUVERTE.

et un tee-shirt, Levi’s.
Photo Arno Lam.
35 CULTURE/madame
Réalisation Sylvie Clemente. Musique, série, cinéma, expos… 40/Livres.
Mise en beauté 42/Interview : Matthew Crawford.
Corinne Bouchain.

44 MAG/société/célébrités
44/Décryptage. Cinéma : les héros sont fatigants.
48/Cover story : Nicolas Bedos. 54/Interview :
Jacques Arènes. 58/Tendance : le col roulé
(re)décolle. 62/Portrait : Reed Hastings.

66 MODE/Spécial hommes
66/Looks : libres comme l’air.
80 BEAUTÉ/Forme : yoga man.
82 LIFESTYLE/Cuisine : tout sourit à Mory Sacko.

VOS RUBRIQUES/
13/Courrier. 88/Mots croisés. 89/Horoscope.
92/Les Triplés. 94/Confidentiel : Arnaud Desplechin.

L’édition de ce numéro comporte un échantilllon « Lancôme Teint Idole » collé sur la page 23 pour les abonnés nationaux
et les kiosques de Paris et de la région parisienne et des départements 04, 05, 06, 13, 83, 84, 09, 12, 31, 32, 46, 65, 81 et 82.

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P
Édito/madame

JUSTICE
Peut-on être fémi-
niste et avocate ? Soutenir le mouve-
ment #MeToo et chérir la présomption d’inno-
et
cence ? Encourager la libération de la parole et défendre la

fé
prescription ? Joli conflit de loyauté. Je voudrais être de celles qui
ont choisi leur camp. Qui, par un tweet catégorique ou une tribune

mi
pédagogique, sont capables de trancher. Qui savent, entre la femme et l’avo-
cate, où se situe leur intransigeance. Cela n’a rien à voir avec le sujet de défendre
un homme accusé d’avoir agressé, violé ou tué une femme. À l’audience, je ne
défends pas des causes, mais des personnes. Je ne défends pas le viol ! Mais l’individu

nisme
dont l’histoire l’a conduit là. Se prononcer sur le bien-fondé de révéler publiquement des
accusations de violences sexuelles hors ou avant tout procès est en revanche une affaire de
conviction personnelle. Le « tribunal médiatique » est tout sauf un tribunal : pas de juges, pas
d’avocats, aucun droit d’être confronté à ses accusateurs ou aux témoins qui « déposent » sans
prêter serment, souvent anonymement. L’accès au dossier se résume au SMS envoyé par un
journaliste la veille d’une publication : telle personne vous accuse de l’avoir agressée il y a tant
d’années, avez-vous une réaction ? Le temps pour préparer sa défense ne correspond pas tout à
fait aux exigences du code. Et quand les faits sont prescrits, le débat public se tient alors que
l’audience judiciaire ne pourrait pas avoir lieu, pas pour protéger les coupables mais en vertu
de principes fondamentaux. Peut-on pour autant défendre qu’il faudrait passer ces accusa-
tions sous silence ? Avec #MeToo, c’est toute une culture qui s’éteint, celle de la domina-
tion, du silence et du secret. C’est une vague qui emporte la société tout entière. La loi
devra accompagner ce progrès, et ce ne sera pas une énième législation d’émotion.
Les avocats doivent y saisir la chance de faire valoir un apprentissage citoyen de la
présomption d’innocence. Si les journalistes ont l’immense responsabilité
de déterminer quand une accusation devient une information et quand
cette information devient légitime à publier, le public doit être capa-
ble de discerner une accusation d’une condamnation. Moi qui
défends tour à tour victimes, accusés et même journa-
listes, je sais ce que chacun y gagnera en droits
et en liberté. ö

PAR JULIA MINKOWSKI, AVOCATE PÉNALISTE / ILLUSTRATION MARC-ANTOINE COULON

Dernier ouvrage paru : « L’avocat était une femme », avec Lisa Vignoli, Éditions JC Lattès.

madameFIGARO11
 Courrier/madame

TOUT CE QUE VOUS AVEZ ADRESSÉ AU “MADAME” ET LIKÉ, TWEETÉ,

FOLLOWÉ, POSTÉ, FORWARDÉ, COMMENTÉ SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX.

QUELQUES GRAMS DE MADAME

LE MEILLEUR DE @MADAME FIGAROFR LU SUR
FACEBOOK
“Lassitude extrême :
à quoi peut-on encore
se raccrocher ?”
Crainte de nouvelles mesures
restrictives, fatigue mentale…
La patience est mise à rude
#Al’œil #TatianaJama #FashionWeek #ModeMajuscule épreuve. Sans tomber dans
un optimisme naïf, il reste
des valeurs sûres auxquelles
se raccrocher pour vivre
la période. Réactions.

« De mon côté, je redécouvre

de vieux films en attendant
la réouverture des salles
#Iliona #Femmes #Quote #MichelleObama de cinéma, ça m’occupe. »
Des talents, de la mode et de la culture, que vous soyez en quête de divertissement ou Laurynne F.
d’évasion, la page Instagram de Madame Figaro aura toujours quelque chose pour vous. « J’évite de m’accrocher aux
petites choses du passé que je
n’ai plus, ça m’aide à avancer
dans cette nouvelle vie et
BLACK apprécier des choses simples. »
Aly B.
WONDER WOMEN « Petit conseil, évitez
J’ai trouvé votre décryptage
de mettre vos projets sur
« Les femmes noires
pause, cela vous réduit à subir
entrepreneures » (votre édition la crise, restons motivé ! »
du 5 mars) passionnant et très Violette M.
stimulant. En effet, on connaît
peu ces business women quasi
invisibles dans les médias,
des pionnières comme vous
le soulignez. Leur courage
BRAVO et les sacrifices qu’elles sont prêtes
LES FEMMES !
PHOTOS INSTAGRAM @MADAMEFIGAROFR ET FACEBOOK

à faire, bref tout ce qu’elles

Lectrice assidue de Madame Figaro, affrontent pour battre
je vous écris un 8 mars, Journée en brèche
internationale des droits de la femme, les idées
@MADAMEFIGARO. PICTOS IVAN SOLDO

et je tenais à applaudir tous vos articles préconçues

célébrant les femmes d’action (votre de certaines
édition du 5 mars) : des activistes entreprises
en mode start-up, une espionne, sont
des femmes noires entrepreneures, remarquables.
une business woman dans le domaine Vraiment
de l’art et j’en passe. Continuez, bravo !
ces portraits sont vraiment inspirants ! Alice R.
Nadine C. (Puteaux) (internaute)

POUR NOUS ÉCRIRE : courrier-lecteur-madame@lefigaro.fr OU MADAME FIGARO, COURRIER DES LECTEURS, 14, BOULEVARD HAUSSMANN, 75009 PARIS.

madameFIGARO13
NEWS /madame
News/madame

DÉCRYPTAGE
Meghan Markle
construit son storytelling
p. 17

PHÉNOMÈNE
/

La fin du père viril ?

p. 20
/
DÉCO
L’an vert du décor
p. 32

ACTU

M
PHOTO AUGUSTIN DÉTIENNE

ANTOINE aître de l’esprit Canal, Antoine de Caunes présente Replay (1),

une soirée inédite qui met à l’honneur les programmes
DE CAUNES courts et emblématiques de la maison. Plus qu’un retour aux archives,
ce prime décalé propose aux acteurs (dont certains ont été révélés par ces
Court, toujours ! pastilles) de réinterpréter l’un des formats humoristiques de la chaîne. ➢

PAR MARION GÉLIOT

madameFIGARO15
 News/madame

TENDANCE

MATCH VINTAGE
NOSTALGIE ? La mode s’approprie le style seventies
des tennismen iconiques. Après le all white très Un éléphant
ça trompe énormément de l’été dernier, le look rétro revient
sur les courts. Chez Casablanca, on smashe old school en tee-
shirt tennis club (2), et Lacoste s’associe à Bruno Mars (1)
à l’occasion du lancement de sa ligne personnelle Ricky Regal.
Ainsi, Doria Tillier s’approprie Les Bonus de Guillaume, Fred Chemisette à imprimés psyché, survêtement avec col
Testot s’improvise Connasse, et Antoine de Caunes s’offre, pelle-à-tarte… Un vestiaire pour Guillermo Vilas.
quant à lui, quelques délicieux détournements comme
celui des Deschiens (ci-dessus, avec Stéphane De Groodt)
Quel format court vous a le plus marqué
dans l’histoire de Canal ?
Les Deschiens, parce que je me suis battu pour qu’ils
existent. À la fin des années 1980, le programme était
très clivant, mais je le trouvais irrésistible pour le génie
des comédiens, son format et la justesse avec laquelle ils
racontaient la France de l’époque. Et comme il touchait
à des archétypes avec une forme d’humour sans jamais
que ça soit méchant, le programme est resté très actuel.
La chaîne a-t-elle gardé sa liberté de ton ?
Il est difficile de comparer les époques, mais j’ai
l’impression que la liberté d’approche, d’interprétation et
de parole est intacte. Je suis, par exemple, très admiratif
de ce que fait Bertrand Usclat avec Broute (une parodie de
Brut). Il y a une pertinence, une drôlerie, une modernité,
dans lesquelles je retrouve toute la tradition de Canal.
ööö
D’où vous vient cette impertinence ?
C’est un héritage familial ! Mon père s’est fait
virer à plusieurs reprises de la télévision parce qu’il WANTED
présentait le 20 heures et qu’il faisait des commentaires
qui n’étaient pas du tout bienvenus… DÉVOILÉE AUX GOLDEN

PHOTOS AUGUSTIN DÉTIENNE ET S. P.

Arrivez-vous encore à rire en ce moment ?
Oui, mais, comme tout le monde, je suis passé GLOBES AU POIGNET DE TAHAR
par différentes étapes : la sidération, l’abattement, RAHIM, LA TAMBOUR STREET
la fatigue, l’usure… J’ai la chance de fabriquer
des émissions où je m’amuse, comme La Gaule d’Antoine DIVER DE LOUIS VUITTON
ou Popopop (2) à la radio. Cependant, beaucoup de choses AFFICHE UN STYLE SPORT
me manquent. Je suis quelqu’un d’assez sauvage,
mais j’ai hâte de retrouver les lieux de convivialité, CHIC CALIBRÉ POUR
le théâtre et de voir Bruce Springsteen en concert. LES PROFONDEURS.
Quelle période aimeriez-vous rembobiner ?
Aucune. Je ne me retourne pas sur le passé, UNE PLONGÉE
sauf pour une émission comme Replay, ou pour le livre GRAPHIQUE POUR
que j’écris actuellement (3), dans lequel je raconte des
histoires qui me sont arrivées ou des rencontres qui m’ont
CETTE MONTRE QUI
marqué. Je vous rassure : ce ne sont pas mes mémoires ! FÊTERA BIENTÔT
(1) « Replay », le 2 avril, à 21 heures, sur Canal+ et sur MyCanal.
(2) « Popopop », du lundi au vendredi, de 16 heures à 17 heures, sur France Inter.
SES 20 ANS.
(3) « Perso », à paraître en octobre aux Éditions Sonatine. louisvuitton.com

PAR MARION GÉLIOT, ANNE-SOPHIE MALLARD ET SÉGOLÈNE WACRENIER

16madame FIGARO
 News/madame
DÉCRYPTAGE
MEGHAN MARKLE
construit son storytelling
POUR VÉRONIQUE REILLE SOULT *,
L’INTERVIEW-VÉRITÉ DE LA DUCHESSE
DE SUSSEX A UNE INTENTION POLITIQUE.
UN ENTRETIEN SCÉNARISÉ
« Ce show raconte une histoire comme les Américains
aiment en entendre : celle d’une héroïne fragile – parfois
au bord des larmes – mais courageuse, qui a délivré
son mari prisonnier de la « firm ». Ce terme, froid,
impersonnel, qui sous-tend presque une secte, permet
de déshumaniser la famille royale. Et d’éviter les attaques
personnelles qui visent à détruire un système en révélant
des secrets parfois obscurs. La reine n’est jamais remise
en question, loin de là. Meghan est une vraie pro,
interviewée par une autre grande pro, Oprah Winfrey,
incontournable aux États-Unis. Elle se crée une
notoriété, une stature de femme courageuse, comme le
lui a répété plusieurs fois son interlocutrice. Elle construit
son image dans une logique américaine. La question du
racisme posée en plein phénomène Black Lives Matter
a nécessité que la reine publie un communiqué précisant
prendre ces accusations « très au sérieux ».
UN ÉPISODE DE THE CROWN ?
« La seule faute de goût de la part des Sussex a
finalement été de relater une première cérémonie
de mariage en toute intimité – même si, depuis,
l’archevêque de Canterbury en a nuancé la portée –,
ce qui a impliqué qu’ils auraient joué la comédie
lors de leur mariage en grande pompe suivi par
le monde entier. Ce show à rebondissements,
c’est presque le prochain épisode de The Crown. »
UN AVENIR POLITIQUE PROGRAMMÉ ?
« Meghan a pris l’avantage. Le jour de la diffusion
de l’interview en Grande-Bretagne était celui de la
réouverture des écoles, sujet qui a occupé 30 % de
l’espace médiatique, tout le reste était consacré à Meghan
et Harry. Au final, Meghan a consolidé sa notoriété aux
PHOTO JOE PUGLIESE/AP/SIPA
États-Unis, pays dont elle maîtrise les codes. Après ses
différentes prises de parole, au cours de l’année écoulée
et cette interview calculée, elle a probablement posé
les jalons d’un devenir politique… Sinon, pourquoi
aurait-elle fait cela ? Quel mouvement choisira-t-elle
de supporter ? Ou finira-t-elle par en créer un ? »
* Spécialiste en analyse de l’opinion et présidente de Backbone Consulting.
PAR VALERY DE BUCHET ET MARION GÉLIOT
Harry et Meghan
interviewés par
Oprah Winfrey,
le 7 mars, sur CBS.
OPINION
STÉPHANE BERN
“J’ai du mal à pleurer sur
le sort de Meghan et Harry”
« LES PLAINTES DE MEGHAN ET HARRY paraissent
complètement en décalage et hors-sol par rapport au monde
dans lequel nous vivons. Se répandre sur ses disputes avec Kate
concernant des robes de demoiselle d’honneur alors que
le Covid fait des millions de morts et que le Royaume-Uni
est le pays le plus touché par la pandémie en Europe fait
que j’ai du mal à pleurer sur leur sort. Et vous ne pouvez
pas à la fois attaquer les journaux anglais sous prétexte qu’ils
parlent de votre vie privée, et vous épancher outre-Atlantique
à la télévision, en prime time, sur ce qui vous a fait du mal.
Je peux comprendre le ressenti de Meghan Markle, et je pense
qu’au fond, personne ne lui a expliqué en quoi consistait son
rôle sacrificiel de princesse, mais je ne peux pas croire tout ce
qu’elle confesse à Oprah Winfrey. Le plus choquant est d’avoir
laissé entendre que la famille royale était raciste. La journaliste
est d’ailleurs revenue sur le sujet en disant qu’il ne s’agissait
ni de la reine ni de son premier cercle, mais plutôt des membres
du personnel du palais, ce qui nuance quand même pas mal
le propos… Quant à Harry, je le trouve terriblement pathétique.
Quel est son métier aujourd’hui ? Ce n’est pas une profession
de donner des interviews. Il a servi dans l’armée, mais
il n’a pas de CV, or c’est ce qui compte en Amérique. J’espère
qu’il n’éprouvera pas tout de suite le besoin de retrouver
sa famille, car les ponts sont actuellement coupés,
et je crains que cette interview ne se retourne contre eux. »
madameFIGARO17
 News/joaillerie
COMME DES GARÇONS × MIKIMOTO
BOUCHERON
Le nouveau règne
DES BIJOUX GENDERLESS
LA PLACE VENDÔME AFFRANCHIT SOUVENT SA HAUTE JOAILLERIE
DE LA NOTION DE GENRE. CHOC DES CULTURES OU RETOUR AUX SOURCES ?
L
« A PREMIÈRE FOIS QUE J’AI PARLÉ
DE JOAILLERIE AU MASCULIN,
c’était il y a plus de vingt ans, quand
la tendance commençait tout juste à émerger », se sou-
vient l’historienne du bijou Vivienne Becker. Depuis, le
bijou d’homme est devenu un véritable phénomène,
d’abord repéré dans la rue avant de prendre possession
des podiums de la Fashion Week masculine et de revenir
influencer le quotidien. Désormais, il s’affiche partout :
plus un seul défilé sans pièce de caractère (des colliers aux
chaînes brutes aux mono-boucles d’oreilles délicates),
et de nombreuses célébrités – Harry Styles ou Timothée
Chalamet en tête – arborent fièrement perles et diamants
sur les tapis rouges, s’amusant à bousculer les codes
et à s’affranchir des genres.
Cette tendance inspire désormais le milieu feutré de la
joaillerie. Premier signe observé en 2020 avec la collabo-
ration opérée entre Mikimoto et Comme des Garçons,
bientôt suivie par Louis Vuitton qui fait incarner sa
collection de bijoux LV Volt par un casting mixte, quand
Boucheron pousse le challenge jusqu’à sa haute joaillerie
pensée aussi bien pour la femme… que pour l’homme.
« Claire Choisne, la directrice artistique de la maison, est
vraiment à l’avant-garde, analyse Vivienne Becker. Elle
PAR ANNE-SOPHIE MALLARD
18madame FIGARO
LOUIS VUITTON
repousse aussi bien les limites des matières que des
stéréotypes de genre. Il ne s’agit plus de séparer la joaille-
rie entre l’homme et la femme, mais de la rendre fluide. »
Le pari est moderne mais pas si nouveau, quand on
regarde dans le rétroviseur de l’histoire. Des plastrons
extraordinaires des maharajas – notamment celui de
Patiala, qui a fait forger ses plus belles pièces d’apparat sur
la place Vendôme – aux couronnes des rois, le symbole est
le même. « Il s’agissait avant tout d’un signe d’autorité,
décrypte l’historienne. Leurs sujets s’attendaient à les voir
porter leur fortune, cela inspirait respect et confiance. Dans
la foule, on identifiait d’ailleurs le souverain grâce à ses
bijoux. » Plus récemment, les années 1970 évoquent un âge
d’or du bijou au masculin. Une époque libérée des conven-
tions, durant laquelle sont d’ailleurs nés quelques-uns des
best-sellers des grandes maisons, à l’image du bracelet
Love ou du Juste un Clou de Cartier, pensés par le designer
Aldo Cipullo en pleine période Studio 54. De la même
manière que ce souvenir imprègne toujours avec force la
mode et la culture, cette liberté d’expression se retrouve
aujourd’hui en joaillerie. « Les hommes ont toujours aimé
les pierres, et on constate qu’ils investissent à nouveau
dans des pièces importantes, des broches, mais aussi des
bagues et des bracelets », souligne Vivienne Becker. ö
PHOTOS S. P.
 News/madame
PHÉNOMÈNE
La fin du PÈRE VIRIL ?
AVEC SON PREMIER ROMAN TRÈS
REMARQUÉ, NICOLAS RODIER SE FAIT
L’ÉCHO D’UNE GÉNÉRATION QUI
VEUT RÉINVENTER LA PATERNITÉ.
LES COURTS CHAPITRES DE CE LIVRE CISELÉ * racontent l’engrenage
de la violence au sein d’un milieu huilé, côté pile, comme du papier
à musique, effrayant, côté face, par l’emprise que les parents exercent
sur Pierre, l’enfant, qui reproduira adulte la colère emmagasinée. Son
auteur, Nicolas Rodier, rencontre un puissant écho parmi la génération
des trentenaires, parents ou futurs parents, qui refusent l’assignation
à un rôle, à un format de virilité comme de féminité. Explications.
Pourquoi ce thème de la violence familiale pour un premier roman ?
On a tous une généalogie, et mon héritage est plutôt celui
de la violence et de la domination. Mais comme le dit justement
Adèle Haenel, « les monstres, ça n’existe pas. C’est nous, nos amis,
nos pères. Il faut regarder ça ». Je voulais parler de la violence subie,
mais aussi de celle que l’on exerce, car, le plus souvent, chacun
de nous agite la violence des autres. Ce qui ne permet pas d’en sortir.
La violence progresse dans cette famille par contagion,
elle se diffuse d’une génération à l’autre…
L’expérience physique et psychique de la violence est, dans les familles
dysfonctionnelles, très subite. Et sa soudaineté va de pair avec
sa banalisation, elle fige, puis se reproduit dans le déni. La famille,
aujourd’hui, est traitée comme un espace symbolique, sacré,
or j’avais précisément envie de la désacraliser.
DOCUMENTAIRES
MASCULIN SENSIBLE des deux côtés de la Manche
ATTENTION, FRAGILES. Si les idées reçues, les clichés,
les imaginaires font traditionnellement des hommes des taiseux,
deux réalisations audiovisuelles orchestrent une prise de parole
masculine passionnante et débridée. Le documentaire
français de Laurent Metterie, réalisé avec la
collaboration de la philosophe Camille Froidevaux-
Metterie, Les Mâles du siècle (1), interroge ce que
des décennies de féminisme ont pu bousculer chez eux.
En anglais sur le site britannique du Guardian, une série
intitulée Modern Masculinity (2) ausculte à sa manière
les hommes : leurs désirs, leurs fêlures, leurs
bouleversements de rôles et d’objectifs à l’ère du Covid.
C’est la journaliste Iman Amrani qui les interroge.
PAR VIVIANE CHOCAS
20madame FIGARO
Qu’attend-on de sa mère, de son père ? Qu’est-ce qui renvoie à des places
assignées, crée des impératifs qui finissent par nier les individualités ?
Une envie aussi de rompre avec une idée de la virilité ?
La virilité, avec tout ce que l’on met derrière ce mot, est une histoire
très sérieuse. C’est, de mon point de vue, une construction sociale,
et l’un des programmes d’oppression politique le plus puissant qui soit.
Pour moi, être un homme au XXIe siècle, c’est accepter sans nuance
cette vérité et la charge qu’elle sous-tend. C’est reconnaître cet héritage
et rompre avec lui tout de suite. Comment réduire la violence
est la question centrale, et je crois qu’elle questionne tous nos corps,
dans nos façons d’aimer, de bouger, de manger, d’agir…
Que voulez-vous de différent dans l’éducation de vos enfants ?
Dans quelques semaines, je vais être parent pour la première fois.
Je suis né en 1982. Si l’idée de devenir père m’enthousiasme, je crois
que celle de devenir parent me réjouit et me bouleverse encore plus.
Je veux sortir de cette notion de patrimoine. Ce n’est peut-être que de la
sémantique, mais j’ai la sensation que cette destination, la parentalité,
moins connotée culturellement, est un pied d’appel plus stimulant
encore pour être créatif et singulier avec mon enfant.
*« Sale bourge », Éditions Flammarion, 224 p., 17 €.
CHARGE ÉMOTIONNELLE. En France comme en Grande-Bretagne,
interviennent des hommes de tous âges, de tous milieux, habitués
à se raconter ou pas. Chez Laurent Metterie, le cadre est strict, voire
austère. Les plus à l’aise peuvent – par surprise – lâcher une
phrase d’un machisme inouï, et les plus « tradis » se révéler
étonnés de leur questionnement intime. Chez Iman Amrani,
PHOTOS MATIAS INDJIC ET S. P.
la franchise des témoignages et leur charge émotionnelle
sont bluffantes. Qu’est-ce qu’un père confiné ? Un
travailleur sans travail ? Un homme qui ne veut pas d’enfant ?
Un homme qui pleure ? Un vieil homme qui se souvient ?
Deux enquêtes aux réponses étonnantes sur les hommes 2021.
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ICONIQUE
On attend l’adaptation

L’ART
en série de Gatsby le
Magnifique par Michael

incognito
Hirst, créateur des Tudors et
des Vikings. Un mythe déjà
incarné par Robert Redford
L’émotion plutôt que la valorisation ? La découverte plutôt que la cote ? et Leonardo DiCaprio.
PHOTOS GALERIE INCOGNITO/PIRDA - SOMEWHERE ELSE, EVERETT/BRIDGEMAN IMAGES/LEEMAGE, CASPAR MISKIN PHTOTGRAPHY ET S. P.

C’est le concept d’une galerie d’un genre nouveau, qui propose des œuvres
d’artistes inconnus ou renommés, tous sous pseudonymes – Malaparte,
Pirda (ci-dessus), Leopold, Andrea, Wild... Une manière de revenir SOLIDAIRE
à l’essence de l’art, au sentiment premier face à une œuvre. Photographies, On soutient Band of
Sisters en arborant une
peintures, collages : le portfolio promet des surprises pour 250 € maximum.
des pièces éditées par
galerieincognito.com
Zadig & Voltaire, mécène
du collectif féminin.
ööö zadig-et-voltaire.com

TENDANCE

LE MAKE-UP unisexe DUO FOOD

On fond pour la sauce
L’ŒIL SANS PITIÉ DE LA WEBCAM a convaincu
légendaire du Relais de
certains hommes de s’intéresser de plus près
Paris associée à la viande
au maquillage pour camoufler traces de fatigue
du BeefBar. Une collab
ou imperfections. Les recherches Google sur le
disponible à la livraison
make-up masculin auraient ainsi connu une hausse
en quatre formules.
de 80 % en avril 2020 par rapport à 2019. Si les paris.beefbar.com
marques dédiées sont encore rares (la ligne Boy
de Chanel), les hommes commencent néanmoins
à trouver leur place dans l’offre cosmétique. Chez
Charlotte Tilbury, la crème teintée Unisex Healthy INSPIRANT
Glow a leurs faveurs. Rihanna, elle, a fait de la On dévore Les Digitales.
mixité de ses produits le plus bel argument de sa Réalisé avec Engie, illustré
jeune marque Fenty Skin. Mais bien avant le make-up, par Fabienne Legrand,
c’est le soin qui séduit cette cible. Preuve en est, le livre (Éd. Cherche Midi)
la hausse des ventes de Shiseido sur sa gamme dévoile les opportunités
Men en février, et l’arrivée des produits Horace, au féminin des métiers
naturels et made in France, aux Galeries Lafayette. du numérique.

PAR JUSTINE FEUTRY ET SÉGOLÈNE WACRENIER. COORDINATION NEWS/MADAME SÉGOLÈNE WACRENIER AVEC MARIE-SOPHIE N’DIAYE

madameFIGARO21
 News/style

SPORT CHIC, tempo iconique

1. Montre Octo Finissimo, automatique,
en titane, Bulgari. 2. Alpine Eagle XL Chrono,
automatique, en acier Lucent Steel, Chopard.
3. Royal Oak, automatique, en acier,
Audemars Piguet. 4. Nautilus, automatique,
en acier, Patek Philippe. Verres La DoubleJ.

D
epuis 1972, le secteur horloger bat au rythme de
l’une des plus célèbres montres de sport au monde :
la Royal Oak d’Audemars Piguet. Et pourtant,
quand Gérald Genta dessine cette année-là la première
du nom, le succès n’est pas au rendez-vous. « Á l’époque,
ce modèle en acier était un ovni dans les catalogues tournés
vers les montres rondes de facture classique », relate
Laurent Picciotto, créateur de la boutique Chronopassion.
Mais en 1974, le patron de Fiat, le très stylé Giovanni Agnelli,
l’arbore au poignet, créant un engouement pour cette
sportive, dont le boîtier octogonal et les huit vis apparentes
révolutionnent le design des garde-temps. Bientôt suivie
par la Nautilus de Patek Philippe, en 1976, l’idée en acier
de Gérald Genta devient vite un essentiel horloger.
« Si la montre sport chic s’est autant développée, c’est grâce
à sa polyvalence. On peut l’arborer en journée autant qu’en
soirée. Avant elle, il n’y avait rien entre la montre de luxe
et le modèle bas de gamme », assure Laurent Picciotto.
Depuis, difficile de trouver une marque qui n’ait investi le
créneau. D’un côté, les monstres sacrés dont la cote flambe
sur le marché vintage. De l’autre, de nouvelles propositions
qui alimentent cette fièvre horlogère infaillible. ö

PAR ANNE-SOPHIE MALLARD / PHOTO FLORENT TANET / RÉALISATION MATHILDE CAMPS

24madame FIGARO
TINA KUNAKEY
& VINCENT CASSEL
 News/style

CHRONO PANDA, le mythe inoxydable

CHARME VINTAGE, BEAUTÉ SPORTIVE… LE RETOUR D’UNE LÉGENDE.

Paul Newman
avec sa montre
Rolex Daytona,
au côté de son
épouse, Joanne
Woodward.

La Rolex qui ne quittait

quasiment jamais
le poignet de Paul Newman.

PHOTOS ALAMY STOCK PHOTO, RON GALELLA COLLECTION VIA GETTY ET S. P.

1. Premier Cosmograph Daytona cadran Paul Newman, Rolex 1963. 2. Montre Carrera 160 Years Anniversary, acier, Tag Heuer. 3. Speedmaster
Moonwatch CK2998, acier, bracelet en cuir, Omega. 4. Cosmograph Daytona, acier, Rolex. 5. Royal Oak Chronograph, acier, Audemars Piguet.

S
i les montres stars des légendes du cinéma affolent
toutes les salles de vente, il y en a une qui bat
tous les records : la Rolex Cosmograph Daytona
que Paul Newman a portée haut à l’écran. Il y a trois ans,
on comptait 17,75 millions de dollars pour ce modèle
à la signature visuelle si forte. Son cadran noir et blanc
magnétique a été surnommé « panda » (en référence au
mammifère originaire de Chine) par les collectionneurs.
Chez Phillips, en décembre dernier, la très courue
Daytona Big Red référence 6263, donnée aux enchères
par la propre fille de la star hollywoodienne, aura
aussi atteint un stratosphérique 5,5 millions de dollars.
Un spécimen rare offert à Paul Newman par son épouse
Joanne Woodward en 1983, pour leur vingt-cinquième
anniversaire de mariage. Ce chronographe bicolore,
conçu pour être le meilleur outil de chronométrage des
pilotes automobiles, ne pouvait qu’enchanter l’acteur,
un fou de vitesse qui avait fait de la course son autre
métier. Depuis, ce design panda, dont nombre de
manufactures se sont emparées, est devenu la proie
des collectionneurs avisés. En 2020, ces derniers
le portent de préférence sur un boîtier en acier, à l’image
de la Royal Oak d’Audemars Piguet, de la Speedmaster
Moonwatch d’Omega, ou de la Carrera de Tag Heuer,
griffe iconique de la Formule 1, dont le partenariat
avec Porsche vient d’être annoncé. Pas de doute,
le charme vintage des chronos panda fait toujours
sensation. ö

PAR ANNE-SOPHIE MALLARD

26madame FIGARO
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FAITS AU PORTUGAL 40+ COULEURS CEINTURE ÉLASTIQUE POCHE ZIPPÉE LIVRAISON GRATUITE

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 News/style

LA MONTRE INTEMPORELLE
Pourquoi on l’aime ?
L’auteur irlandais Samuel
Beckett, en 1971.

E
lle a ce cercle parfait, parée d’un
or rose élégant, et ce beau bracelet
en cuir havane qui ne vieillit pas.
Si les garde-temps à géométrie variable
(carré, rectangle ou octogone) ont jalonné
l’histoire de l’horlogerie, cette montre
à la parfaite rondeur fait toujours battre
le cœur des connaisseurs. Avec son allure
classique, chic et intemporelle,
elle fait partie de ces précieux trophées
que les pères transmettent à leurs fils
ou à leurs filles et qui, au fil des ans,
ne perd jamais de son charme rassurant.
Les manufactures suisses l’ont bien
compris et accentuent l’attrait pour cette
patine rétro en dopant ces valeurs sûres
de nouvelles complications horlogères de
HERMÈS

haute volée. De quoi enrichir le mécanisme

sans pour autant rompre l’esprit
indémodable de la pièce. Tourbillons vieux
de deux cent vingt ans, phases de lune,
doubles fuseaux horaires… Ce savoir-faire
artisanal est désormais inscrit depuis
décembre au patrimoine mondial de
l’Unesco et propulse Bréguet ou A. Lange
& Söhne dans le viseur des collectionneurs
de montres avisés. Car, pour en savourer
Montre Classique, cadran or rose, bracelet cuir, Breguet. Master Control Geographic, toutes les qualités, il faut avoir pris le temps
cadran or rose, bracelet en cuir alligator, Jaeger-LeCoultre. Ballon Bleu de Cartier, de s’initier à l’horlogerie. Avoir aussi
COMPLÉMENTS DE STYLE

PHOTOS BERZIOLI/FARABOLA/LEEMAGE, ANTOINE PIVIDORI ET S. P.

cadran or rose, bracelet en alligator, Cartier. Pour tous, prix sur demande. admiré les modèles incontournables
des années 1970, et s’être renseigné sur
les dernières innovations high-tech pour
apprécier pleinement les complications
innovantes ou les twists discrets dissimulés
derrière ces apparences faussement sages.
À l’image de la Ballon Bleue, un des
best-sellers de Cartier lancé en 2007,
Sac en nylon, Jil Sander by Lucie et Luke Meier, 850 €. Sac Hammock, dont les courbes iconiques ont été
en suède et cuir, Loewe, 2 300 €. Sac 48 Heures, en toile et cuir, Tod’s, 1 200 €. graphiquement bousculées par
l’intégration de la couronne à la carrure.
Des montres précieuses, à porter comme
Samuel Beckett, avec besace à l’épaule
Sandale en cuir, Prada, 590 €. Sandale en veau, Salvatore Ferragamo, 695 €. et sandales en cuir aux pieds.
Sandale Atlas, en toile jacquard Dior Oblique, Collection Homme Dior, 820 €. Une allure, une élégance, un esprit. ö

PAR ANNE-SOPHIE MALLARD / RÉALISATION ALBANE GRAVIER

28madame FIGARO
 News/success

MICHEL
HERBELIN
Histoire de famille
LA MAISON HORLOGÈRE DU JURA
ENTAME UNE NOUVELLE ÈRE
AVEC, À SA TÊTE, LES
PETITS-FILS DU FONDATEUR.

S
i de nombreuses maisons se sont réfugiées, au fil
du temps et de la crise du quartz, de l’autre côté de la
frontière franco-suisse, il en est une qui continue à
rayonner sur le Jura français depuis soixante-dix ans déjà :
Michel Herbelin. Un savoir-faire familial qui s’exporte
chez près de 800 revendeurs rien qu’en France, soit
50 % de la clientèle de la maison. Parmi leurs best-sellers,
Les montres
se trouvent les quarante bracelets interchangeables de la
Antarès Or Série
et la Cap Camarat montre Antarès, star de la maison brevetée depuis 2006
automatique. et repérée au poignet de Brigitte Macron. Mais aussi une
large gamme de valeurs sûres à prix doux, alliant allure
classique intemporelle (rétro ou à géométrie variable) et
virtuosité high-tech (boîtier en carbone étanche à 300 m,
porté par leur ambassadeur Aurélien Ducroz, au cadran
joliment squeletté de la Newport automatique).
De gauche à LA MONTRE
droite : Benjamin Lancée en 2018, avec un premier modèle équipé de la
Theurillat, Mathieu
fonction date puis avec une version all black et chrono,
Herbelin, Cédric
Gomez-Montiel et la Cap Camarat conserve ce charme sport chic essentiel
Maxime Herbelin. des années 1970, mais se pare, cette saison, d’un nouveau
code chromatique. Un joli clin d’œil tricolore discret,
qui se décline entre le rehaut bleu électrique, le cadran
bleu et cette aiguille des secondes au rouge fatal.
LES ATELIERS
Nichés à Charquemont, dans le Doubs, au cœur du
berceau de l’horlogerie française, les ateliers de la maison
emploient quelque 85 artisans et tournent à plein régime
pour fournir 80 000 montres par an. Une des seules
success-story locales à avoir su se renouveler et durer
dans le temps, sans devoir être revendue.
L’HÉRITAGE
En haut, Fondée en 1947, la maison Michel Herbelin est l’une
l’Antarès des rares entreprises horlogères à être restée entre les
Interchangeable. mains d’une même famille. La nouvelle génération
Ci-contre,
poursuit l’aventure. Aux commandes, un quatuor de
dans les ateliers
PHOTOS S. P.

Michel Herbelin cogérants mené par Maxime et Mathieu Herbelin,

à Charquemont, épaulés par Cédric Gomez-Montiel et Benjamin
dans le Jura. Theurillat, deux amis de cœur. La relève est assurée. ö

PAR ANNE-SOPHIE MALLARD

30madame FIGARO
 Giga
merci.
Chers clients Bouygues Telecom, si l’opération
est une telle réussite, c’est grâce à votre générosité.
Votre mobilisation nous a permis de collecter 242 299 gigas
symboliques qui ont contribué au don de 20 000 forfaits
et 10 000 smartphones, et qui seront distribués
à des personnes en situation d’exclusion numérique.
Alors, nous tenions à vous adresser un giga merci.
La lutte contre l’exclusion numérique est une de nos priorités.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur bouyguestelecom.fr/gigamerci

Durée de la collecte : du 1er décembre 2020 au 4 janvier 2021.

 News/déco

ENRACINÉ. Tapis Empreinte,

polyamide, Maison Numéro 20
- Oscar Lucien Ono pour
Roche Bobois, 2 formats,
2 840 € et 4 690 €.

MIXTE. Suspension
Viceversa 2, verre soufflé
et structure métallique,
Noé Duchaufour-Lawrance
pour Kundali,
nedgis.com, 1650 €.

LUXURIANT. Papier peint panoramique, DÉPAYSANT. Plateau

APPÉTISSANTE. Assiette Jardin Balinais Couleur, collection Les Jardins, Croisière Sur Le Nil Orchidée,
à dessert en faïence, papier intissé, créé et imprimé à Bordeaux, bouleau, fabriqué en Suède,
collection Millefleurs, Gien, Ananbô, à partir de 660 € le panneau. collection Croisière sur le Nil,
118 € les 4 pièces. Le Jacquard Français, 89 €.

L
L’an vert du DÉCOR
A MAISON SERAIT- UNE NATURE Oscar Lucien Ono, cette vague verte ne
ELLE LE NOUVEAU FOISONNANTE s’explique pas seulement par ce contexte
JARDIN SECRET ? inédit. « Dans la décoration, il y a des
L’abondance de motifs floraux, de for- S’ENRACINE cycles, et la nature y a déjà déferlé à plu-
mes organiques et autres fibres végétales DANS LA MAISON. sieurs reprises. Je pense, par exemple, à la
dans la déco tend à prouver que la nature DÉCRYPTAGE. période Art nouveau. Il est vrai qu’il y a
fait fi des murs et s’immisce dans les déjà plus d’un an on a vu émerger une
intérieurs. Via les papiers peints d’abord, qui se font envie de “retour à la terre”, avec des teintes de bruns, une
panoramiques, véritables fenêtres sur des paysages ima- forte demande de céramique. Ce mouvement a pu être
ginaires à l’image de la collection Les Jardins de la maison catalysé par les problématiques environnementales »,
Ananbô, spécialiste de ce type de formats. décrit le décorateur, dont on peut découvrir le tout nou-
Des objets variés font aussi souffler une brise venue des veau tapis chez Roche Bobois.
prairies et des forêts dans le salon, la cuisine, les cham- Baptisé « Empreinte », hommage au bois Visconti niché à
bres : assiettes illustrées de feuillages chez Alinea, linge Saint-Germain-des-Prés, à Paris, cette création évoque
de table et accessoires habillés de palmiers chez Le Jac- les cernes d’un arbre. « Ce qui est en train de changer,
quard Français, luminaires pouvant accueillir une plante c’est que cette nature n’est plus brute, elle est désormais
signés Noé Duchaufour-Lawrance chez Kundali… foisonnante », complète Oscar Lucien Ono, qui a conçu
PHOTOS S. P.

Le phénomène reflèterait-il une envie de « bol d’air », pour le Paradis latin une mosaïque évoquant une jungle
alors que les règles sanitaires nous empêchent de pren- flamboyante. Un changement de style qui donne envie
dre la clé des champs ? Pour l’architecte d’intérieur de planter un nouveau décor. ö

PAR VANESSA ZOCCHETTI

32madame FIGARO
 X

L’histoire d’une rencontre entre passionnés de

décoration, mais pas seulement. Une envie de se
dévoiler, d’évoquer et de partager des souvenirs et des
émotions d’un territoire commun, que nous aimons
tant. Les Alpilles, la Provence, le mont Ventoux, autant
de repères qui invitent au voyage.

À découvrir en magasin et sur alinea.com

Vos histoires à partager sur

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L’ART
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CULTURE /
madame
Culture/madame
PLEINS FEUX
Billie Eilish p. 36

UN ALBUM
/

Duets, de Sting
p. 38
/
À NE PAS RATER
Rakajoo, la puissance
d’un peintre p. 39

ZOOM SUR

JON BATISTE
C ompositeur de la BO de Soul, le film d’animation Pixar
– meilleur film d’animation et meilleure musique de
PHOTO JUSTIN FRENCH

film aux derniers Golden Globes – qui met en scène pour la première
fois un héros noir, Jon Batiste, star de la télévision et figure de
Phénomène proue du jazz et du hip-hop américains, signe un nouvel album
enthousiasmant, porté par un single au clip ravageur, I Need You,
soul objet du buzz le plus fou depuis Happy, de Pharrell Williams. ➢

PAR PAOLA GENONE

madameFIGARO35
 Culture/madame

Madame Figaro. – Votre album We Are insuffle un désir

de danser et une énergie contagieuse. L’avez-vous conçu comme
un antidote à la morosité de l’époque ?
Jon Batiste. – J’ai terminé ce projet au milieu de la première vague de
la pandémie et d’une situation sociale instable aux États-Unis. Les chansons
de We Are sont, je l’espère, un remède contre les ondes négatives. Cet album est
aussi une photographie de la beauté de ma culture, celle d’un Noir américain
de 34 ans fier de son héritage artistique. Ma musique, mes clips et mes textes
sont une célébration des grands écrivains noirs, des danses afro-américaines,
d’artistes visuels comme Kehinde Wiley, des modes vestimentaires
des ghettos de New York… du jazz, du hip-hop, de la soul et de le funk.
Les invités prestigieux sur votre album sont tous à la base
des musiciens de jazz. Quelle est la force de cette musique aujourd’hui ?
Mes amis Billie Eilish et Ed Sheeran clament haut et fort que leur
musique est issue des standards jazz, qu’ils connaissent par cœur. Jay-Z, avec
qui je collabore, et Kendrick Lamar se revendiquent du jazz. Ils ne le disent pas
par snobisme. Ils savent comme moi que le jazz est la matrice ; la soul, la funk,
le hip-hop, la pop sont les senteurs qui apportent des couleurs différentes PLEINS FEUX
à la musique. Mais le jazz existe par lui-même, l’inverse ne marche pas.
Vous utilisez beaucoup la scansion du hip-hop. BILLIE EILISH
Comment expliquez-vous l’énorme succès du rap aujourd’hui ?
Comme l’a dit Bob Dylan, qui a apporté un lyrisme à la musique folk, les
Images et sons
gens ont besoin d’un storytelling, d’une histoire La pop star se raconte dans
simple et d’un rythme accessible et répétitif pour Billie Eilish : The World’s a Little Blurry
éveiller leur attention. C’est ce que (photo) et, dans le sillage du single
fait le rap. C’est de la prose, de l’émotion. Ilomilo, sort un album cet été. Propos
C’est basique, instinctif, parfois limité, mais exclusifs de R.J. Cutler, l’auteur du
sa force est cette tradition orale et les images des documentaire, nommé aux Oscars.
cultures qu’il renvoie, politiques, vestimentaires, DES CHIFFRES FOUS.
communautaires. Le but « Billie, c’est un succès vertigineux
est de l’enrichir car c’est la musique où (5 Grammys, 57 milliards de streams).
se reconnaissent les jeunes générations. Mais ce succès s’explique : c’est
Après Soul, avez-vous envie de célébrer à une artiste aussi bouleversante,
nouveau la culture afro-américaine ? puissante et fragile que Billie

PHOTOS APPLETV+, ALEC MICHAEL/ZUMA WIRE/BESTIMAGE, TAMARA ARRANZ ET S. P.

Je travaille depuis trois ans sur une Holiday et Amy Winehouse. »
comédie musicale, qui raconte la vie et l’œuvre UN DOCUMENTAIRE CHOC.
de Jean-Michel Basquiat. La mise en scène « Je la suis depuis ses 16 ans pour ce
est de John Doyle, qui a reçu un Oscar pour film. C’est une passionnée de cinéma
son adaptation de La Couleur pourpre en comédie musicale. Le spectacle débutera vérité, de documentaires comme
à Broadway dès la levée des restrictions. J’ai composé les musiques en Don’t Look Back, sur Bob Dylan, ou
m’imprégnant de ses œuvres et en discutant avec sa famille, dont je suis proche. Gimme Shelter, sur les Rolling Stones. »
Vous avez accompagné les manifestations Black Lives Matter UN ALBUM TRÈS ATTENDU.
avec des concerts improvisés et soutenu la candidature de Joe Biden. « Quand je lui ai demandé si elle allait
Vous considérez-vous comme un artiste engagé ? donner une suite au premier album,
Je suis un militant convaincu et, pour moi, la culture est un vecteur de elle m’a répondu non. Puis sont
paix. Les événements musicaux que j’ai organisés, destinés à faire communiquer arrivés seize morceaux créés lors
les publics les plus divers, ont connu le succès. J’ai débuté au conservatoire de la de la pandémie : une transition entre
Juilliard School, et je continue dans la rue avec mon orchestre, Stay Human, avec la première œuvre et la seconde,
lequel j’accompagne le Stephen Colbert Show. Ces processions musicales que où l’enjeu est de se prouver que la
j’ai lancées dans le monde entier sont connues sous le nom de #LoveRiots. Le flamme brûle toujours. Son single
gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo, vient de me demander de Ilomilo prouve que le pari est gagné. »
les développer. Ça me donne un leadership que j’assume pleinement. Billie Eilish : The World’s a Little
We Are, Universal. Blurry, sur Apple TV. Ilomilo, Universal.

36madame FIGARO
 Culture/madame
Lali Espósito
et Yany Prado.
UNE SÉRIE
PRENDRE LA FUITE
avec les héroïnes de Sky Rojo
Prostituées, Coral, Wendy et Gina faussent
compagnie à leur souteneur après une nuit de
violences de trop. Prises en chasse, les filles vont
vivre chaque instant comme si c’était le dernier.
FRÉNÉSIE. Les créateurs sont Alex Pina et
Esther Martínez Lobato, les créateurs de La Casa
de papel. Le road-trip de Sky Rojo débute dans
les magnifiques étendues arides de Tenerife et
part sur les chapeaux de roue, avec des épisodes de
vingt-cinq minutes taillés pour les rebondissements.
À dessein, le pic d’adrénaline reste constant.
PULP FICTION LATINE. Les clins d’œil
au cinéma excessif, sanglant et graphique
de Quentin Tarantino abondent. Ces compagnes
d’infortune dégainent (malgré elles) plus vite
que leur ombre. Le tout avec une pointe
de Thelma et Louise et d’Euphoria.
HUMANITÉ. Les créateurs ont recueilli de
nombreux témoignages pour mieux comprendre la
prostitution et le trafic d’êtres humains. Explicites,
les scènes de sexe n’édulcorent pas la dureté
et les traumatismes de ce commerce des corps.
Sky Rojo, 8 épisodes de 25 minutes,
en ligne le 19 mars sur Netflix
UNE ARTISTE
Iconique NICOLE GARCIA
Une petite dizaine de films derrière la
caméra, une cinquantaine devant : en cinquante ans
de carrière, Nicole Garcia est devenue une actrice
et une réalisatrice incontournable.
INTERPRÈTE DE LA NUANCE : avant de la retrouver
dans L’Origine du monde de Laurent Lafitte, on revoit
Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais sur Netflix, Péril
en la demeure de Michel Deville
et La Petite Lili de Claude Miller
sur FilmoTV, ou 38 Témoins de
Lucas Belvaux sur UniversCiné.
DIRECTRICE D’ACTEURS
HORS PAIR : en 2016, elle offre à Marion
Cotillard l’un de ses meilleurs rôles
dans Mal de pierres (diffusé le 21 mars
à 20 h 55 sur Arte). Elle sublimait
aussi Jean-Pierre Bacri et Catherine
Deneuve dans Place Vendôme, Daniel
Auteuil dans L’Adversaire, Louise
Bourgoin dans Un beau dimanche (sur
UniversCiné), ou Jean Dujardin dans
Un balcon sur la mer (en DVD). Dans
Amants, bientôt en salles, elle magnifie
Benoît Magimel et Stacy Martin. Nicole Garcia.
madameFIGARO37
 Culture/madame

UN ALBUM

STING À DEUX,
c’est bien aussi
Pour Duets, il s’est placé là où il a toujours
été, à une intersection : celle où se sont
rencontrés, au fil d’une psychanalyse jungienne
de vingt ans, le jeune Gordon Sumner qui rêvait
de gloire, la star de Police, puis, enfin, Sting (dard,
en anglais), assoiffé de tous les genres musicaux.
« J’en ai vu des intersections », nous dit Sting en
parlant de ce nouvel album où, en mode rock, jazz
ou hip-hop, il restitue ses plus beaux souvenirs
de rencontres vocales et instrumentales. Comme
celle avec Charles Aznavour, qui s’est rendu
chez lui en Angleterre dans les années 1990 pour
chanter L’amour, c’est comme un jour. Ou l’échange
musical avec le pianiste Herbie Hancock sur My
Funny Valentine. « Nous avons besoin d’interactions,
et la musique est une des meilleures façons de
garder un lien », dit-il. Une douceur se dégage
de ces remarquables duos, comme Little Something,
qu’il chante avec la sensuelle Melody Gardot.
Duets, Universal/Polydor.

UNE EXPO

3 raisons de voir
ANDY WARHOL : INSTANTANÉS
DES CLICHÉS RARES. On croyait tout connaître du
démiurge new-yorkais, icône de la pop culture mondiale.
Il reste pourtant quelques trésors à découvrir. Illustrateur
publicitaire, peintre, génie de l’underground des années 1970-
1980, Andy Warhol était aussi un photographe compulsif.
Il a réalisé beaucoup de clichés Polaroid, ainsi que des stitched
photographs, tirages répétitifs assemblés à la machine à coudre.
INSTAGRAMMEUR AVANT L’HEURE. Comme un peintre fait
des croquis préparatoires, Warhol tirait des portraits au
Polaroid avant de réaliser ses sérigraphies. Parmi eux, celui de
Gianni Agnelli, Bianca Jagger ou Jean Paul Gaultier, tout jeune.
REVOIR BASQUIAT. Parmi la cinquantaine de clichés
exposés, issus de l’immense collection de Jim Hedges,
on y voit, dans la série Sex Parts and Torsos, Jean-Michel Basquiat,
entièrement nu sous l’objectif de son mentor.
Andy Warhol : Instantanés, jusqu’au 10 avril à la Galerie Italienne,
15, rue du Louvre, 75001 Paris. galerieitalienne.com Andy Warhol, autoportrait (vers 1977).

38madame FIGARO
 Culture/madame
PHOTOS RAKAJOO/COURTESY DANYSZ GALLERY/STÉPHANE BISSEUIL, 2020 THE ANDY WARHOL FOUNDATION FOR THE VISUAL ARTS, INC.
/LICENSED BY ARTISTS RIGHTS SOCIETY (ARS), NEW YORK/COURTESY OF JACK SHAINMAN GALLERY AND HEDGES PROJECTS ET S. P.

À NE PAS RATER

RAKAJOO, la puissance d’un peintre

E n wolof, rakajoo signifie « tête de mule » !
Il a fallu une belle détermination à ce jeune
peintre émergent de 34 ans pour atteindre les cimaises
de la Galerie Magda Danysz, dans le haut Marais, à Paris,
qui lui consacre sa toute première exposition personnelle,
Les Trois Châteaux. Une vingtaine de toiles qui forcent le
respect, tant elles sont puissantes autant par leur facture
que par leur sujet. Des portraits, essentiellement, mais
aussi des lieux urbains, peints à l’huile avec un talent
de coureur de fond autodidacte. « Ce qui m’a plu chez
Rakajoo, c’est la richesse de ses plans, ses portraits peints
à la serpe. Il s’agit presque de sculptures sur toile »,
commente la galeriste, au flair certain, qui a repéré
Baye-Dam Cissé (son vrai nom) – ancien champion
de boxe français d’origine sénégalaise – alors qu’elle
donnait des master class à Kourtrajmé, l’école d’art
de Montfermeil. Un talent prometteur que l’on a pu
apercevoir également au Palais de Tokyo à l’automne
dernier, lors de l’exposition Jusqu’ici tout va bien des
jeunes diplômés de cette même école, cofondée par
l’artiste JR. Immédiatement, Rakajoo s’est distingué
par sa maîtrise de l’huile sur toile « à l’ancienne »,
pour raconter le récit ultracontemporain de ceux
qu’il appelle « les Afro-Européens ».
Les Trois Châteaux, du 20 mars au 15 mai, à la Galerie Magda Danysz,
78, rue Amelot, 75011 Paris. danyszgallery.com

PAR VALERY DE BUCHET. PLEINS FEUX, L’ALBUM : PAOLA GENONE. UNE SÉRIE : CONSTANCE JAMET.
CINÉMA : MARILYNE LETERTRE. UNE EXPO, À NE PAS RATER : SOPHIE DE SANTIS

madameFIGARO39
 Culture/livres

BD

AU CŒUR
des années 1970
Un homme en Porsche
prend en stop une jeune fille,

ILLUSTRATION MARC-ANTOINE COULON. PHOTOS MAURICE ROUGEMONT/ÉDITIONS STOCK, RODRIGO ROJAS/LA BELLE ÉTOILE/MARABOUT, ASTRID DI CROLLALANZA/ÉDITIONS ROBERT LAFFONT ET S. P.
et c’est le début d’une flamboyante
histoire d’amour. Au volant,
Michel Magne – ami de Françoise
Sagan et de Jean Yanne –, artiste
iconoclaste doué d’un sens unique
✐ L’Âme sœur, de la fête, compositeur de musiques
d’Évelyne Bloch-Dano, Éditions de films et créateur des studios
Stock, 360 p., 22 €.
d’enregistrement d’Hérouville.
Installés au sein du château
BIO du même nom, ces studios
accueillirent Hallyday, Bowie…

TOUT pour la musique Mêlant BD au trait vif et aux

couleurs pop, photos d’époque,
C’est le jour du concours de composition coupures de presse
à Vienne. Un jeune homme se fait humilier en public et bio de la vie d’un
par le chef d’orchestre. Il a 16 ans, il est pauvre, il est héros romanesque
juif, né dans une famille nombreuse, il s’appelle Gustav en diable, on nous
Mahler. Dans la salle, Natalie assiste à la scène, elle sait conte de façon toute
qu’elle a devant elle un génie. Elle a 18 ans et vient de « fitzgéraldienne »
se marier. Altiste, elle sera pour toujours l’âme sœur de la splendeur et la
Gustav, elle comprend sa musique et ses tourments. chute d’un homme
Elle est au plus près de Gustav Malher, comme à part. M. T. H.
Évelyne Bloch-Dano est au plus près de Natalie.
L’auteure est partie sur ses traces… Ce qui donne
une folle ambiance à cette bio musicale, féministe
et quasi psychanalytique, au sein d’un Empire ✐ Les Amants
d’Hérouville, de Yann
austro-hongrois où plane l’ombre de Freud. B. B.
Le Quellec et Romain
Ronzeau, Éditions
Delcourt, 256 p., 27,95 €.

ROMAN

AMOUR et handicap
Handicapée, Elisa Rojas est avocate, romancière, cofondatrice
du Collectif lutte et handicaps pour l’égalité et l’émancipation (CLHEE),
et dotée d’un humour et d’une culture pop à toute épreuve. Avec
Mister T , la narratrice a joué longtemps la carte de l’amitié. Un beau jour,
elle ose dévoiler ses sentiments, et se prend un râteau qu’elle dissèque,
analyse, décrypte, à travers une introspection intense d’intelligence
✐ Mister T
et de drôlerie. Sans « oublier d’intégrer la question du handicap »
& moi, d’Elisa Rojas,
collection La Belle ni d’en faire « un obstacle insurmontable ». Pour défendre la place
Étoile, Éd. Marabout, des femmes handicapées dans notre société, elle a écrit cette comédie
400 p., 19,90 €. romantique aux nombreuses références musicales. I. P.

40madame FIGARO
 Culture/livres
ROMAN
UN PÈRE, UN FILS, un voyage
« Tel père, tel fils », une expression que Daniel
Hardesty déteste… Pourtant, tout avait bien commencé ce
17 août 1995, lorsque Francis est venu récupérer son rejeton
de 12 ans chez sa mère. Cette idée de l’emmener en road-trip
jusqu’à Leeds pour lui faire visiter les studios de tournage
de sa série préférée était l’occasion rêvée de (re)nouer avec
lui après le divorce. Plus les kilomètres défilent, plus le ciel
s’assombrit, et Francis laisse éclater l’orage redoutable
qui gronde en lui… Avec ce nouveau roman, aussi brillant
que glaçant, Benjamin Wood démontre sa maîtrise de la
narration à travers une tension extraordinaire. Il faut
accrocher sa ceinture avant d’embarquer Sur la route, vers
ailleurs, mais le voyage vaut sacrément le détour. O. M.
✐ Sur la route,
vers ailleurs, de
Benjamin Wood,
Éditions Robert Laffont,
368 p., 22 €. Traduit par
Renaud Morin.
ROMAN
UNE MORDANTE comédie
Du haut de ses 22 ans, fraîchement
débarquée à Hongkong comme prof, Ava réalise
vite qu’elle ne pourra rester éternellement dans
sa colocation. Aussi, lorsque Julian, banquier,
lui propose de s’installer chez lui, elle ne se fait
pas prier. Mais, dans ce drôle de jeu de l’amour et
du hasard, toutes les cartes sont brouillées quand
Ava rencontre une riche avocate. Naoise Dolan
nous offre un premier roman mordant et d’une
✐ Rien de sérieux,
folle modernité sur les relations amoureuses,
de Naoise Dolan, Éditions
Presses de la Cité,
les nouvelles luttes de classes et le pouvoir de
304 p., 21 €. Traduit l’argent. De quoi prendre Rien de sérieux comme
par Nathalie Peronny. une très sérieuse comédie féministe ! O. M.
PAR BERNARD BABKINE, AVEC OLIVIA MAURIAC, ISABELLE POTEL, COLOMBE SCHNECK ET MINH TRAN HUY
LA CHRONIQUE
DE COLOMBE SCHNECK,
L E C T R I C E E T É C R I VA I N E
J’
étais seule avec mes enfants, je venais
de divorcer, il pleuvait. Pas la peine
de vous faire un dessin. On passe des
vacances d’hiver à Deauville, on entre à la Maison
de la presse. Devant la caisse, un livre au titre bizarre :
La Patience des buffles sous la pluie. Je commence à lire, je
rigole. Ce sont des nouvelles, au format parfait pour
être lues debout. J’achète le livre et des Tom-Tom et
Nana pour les enfants, et je décrète : « On rentre, c’est
l’heure de lire. » Grâce à David Thomas, je reprends
goût à la vie. Aujourd’hui, je ne me sens plus seule, et
mes enfants ont grandi. Je précise tout cela, car je ne
suis pas une lectrice objective. J’ai donc lu le dernier
recueil de nouvelles de David Thomas, et je me suis
demandé s’il n’avait pas changé lui aussi. Sa vue est
toujours aussi affûtée, son œil acéré, mais son cœur
s’est pincé quelque part. Il y a dans ces pages une
solitude dont je ne me souvenais pas. Le recueil porte
le titre Seul entouré de chiens qui mordent, on ne peut donc
pas lui reprocher de ne pas avoir prévenu le lecteur :
un homme est si seul que la seule chose qu’il possède
est une page Wikipédia. Une femme et son vieux
mari se disputent à propos de la température d’un
four, elle le tue. Est-ce que ma tristesse d’autrefois
s’était fondue dans la lecture et que ma joie
d’aujourd’hui se heurte à la cruauté de David Thomas ?
Est-il à son tour seul avec deux petits enfants dans
une ville pluvieuse, comme les personnages de ses
nouvelles ? Dans celle qui porte le titre de son livre,
il écrit : « Il finira seul, exilé
volontaire de ce qu’il a
toujours nommé “les autres”.
Un jour, on me téléphonera
pour m’apprendre que mon
père est mort. Je raccrocherai
et reprendrai comme si
de rien n’était ce que
je suis en train de faire. »
David Thomas m’inquiète.
Il est aussi possible que je
✐ Seul entouré de
m’inquiète pour rien chiens qui mordent, de
et qu’il s’agit ici seulement David Thomas, Éditions
de bonne littérature. de l’Olivier, 272 p., 18 €.
madameFIGARO41
 Culture/interview

MATTHEW CRAWFORD
LE FOU DU VOLANT
APRÈS LE BEST-SELLER ÉLOGE DU CARBURATEUR, LE PHILOSOPHE-
MÉCANICIEN PUBLIE PRENDRE LA ROUTE, PLAIDOYER ICONOCLASTE
POUR LA VOITURE. SELON LUI, L’ART DE CONDUIRE EST UN ACTE
SOCIAL ET POLITIQUE, PROPICE À LA RÉFLEXION.

U NE FOIS OB-
TENU SON
DOCTORAT
en philosophie politique à l’univer-
sité de Chicago, Matthew Crawford a
rapidement bifurqué. Intéressé par
nelle VW. Son nouvel ouvrage traite
de conduite et de démocratie dans
un monde de data et d’algorithmes.

MADAME FIGARO. – Il y a depuis

un moment une révolte contre la culture
nation doit être composée de
citoyens capables de gouverner
leurs propres comportements.
La conduite est une forme organique
de vie civique. C’est une façon
d’interagir avec autrui. Pour Alexis
PHOTOS ROBERT ADAMO/ÉDITIONS LA DÉCOUVERTE ET S. P.

le travail manuel, il s’installe à Rich-
mond, en Virginie et ouvre un garage
où il répare des motos. Sa pratique ne
l’empêche pas d’écrire des ouvrages
de philosophie, comme son best-
seller, Éloge du carburateur. Installé en
Californie, près de San Francisco,
il travaille depuis près d’une décen-
nie à la transformation d’une Cocci-
de la voiture qui pollue, congestionne
les centres-villes. Mais vous, au contraire,
vous affirmez qu’elle est indispensable
à une société démocratique. Pourquoi ?
MATTHEW CRAWFORD. – Pour
être vraiment démocratique, une
de Tocqueville, les habitudes de
l’autogouvernement collectif sont
nourries par ce type d’activités
pratiques reposant sur la
coopération. Un des aspects d’une
société démocratique est la capacité
à coopérer et à résoudre les
problèmes ensemble, au moment
où ils se présentent. Regardez

PAR JEAN-SÉBASTIEN STEHLI

42madame FIGARO

la circulation place de l’Étoile,
à Paris. Ça a l’air chaotique, mais
les conducteurs font preuve de
flexibilité et, comme en démocratie,
d’un certain degré de confiance
mutuelle. Ils s’y engagent avec
la présomption que les autres
conducteurs sont compétents.
C’est une démonstration
intéressante d’intelligence sociale.
Pourquoi aimons-nous conduire ?
Conduire, c’est exercer notre
aptitude à être libre, et c’est pour
cela qu’on aime conduire. Selon
une étude américaine, il arrive à
plus des deux-tiers des Américains
de chanter en conduisant. Être au
volant, c’est un peu comme être
sous sa douche : on s’y sent libéré
du regard d’autrui. Conduire, c’est
aussi une forme subtile de libération :
on échappe à une pression sociale
difficile à définir. Si tout se passe
bien, vous n’avez pas besoin de
vous concentrer intensément, vous
êtes libre de rêvasser. Quel autre
moment de la vie quotidienne
vous offre une telle liberté ?
Vous comparez même le fait
de conduire à un rosaire ! C’est pousser
la dévotion à la voiture un peu loin, non ?
Quand on est sur le chemin
du travail, la conduite demande
juste un peu d’attention. C’est une
activité qui demande d’être présent,
mais qui exige peu de vous.
Selon vous, le grand danger
pour les citoyens et pour la société tout
entière est la voiture sans conducteur.
C’est l’horreur absolue...
Les véhicules autonomes
sont censés résoudre définitivement
et avec une efficacité maximale
les problèmes de déplacements
humains en cédant le contrôle à
des algorithmes impersonnels.
Les voitures sans conducteur ne
sont qu’un exemple d’une évolution
plus globale de notre relation
au monde physique, dans laquelle
les exigences de compétence
cèdent la place à une promesse
de confort et de sécurité.
Culture/interview
✐ Prendre la route.
Une philosophie de la conduite,
de Matthew Crawford. Éditions
La Découverte, 368 p., 23 €. Traduit par
Marc Saint-Upéry et Christophe Jaquet.
Pourquoi est-ce un mal, selon vous ?
Parce qu’on est en train
d’acquiescer à notre transformation
en des êtres humains obéissants.
Pas seulement parce qu’on doit
rouler à une certaine vitesse, mais
parce qu’on glisse aussi vers une
société où on devient des robots.
C’est considérer que l’esprit humain
est inférieur à un ordinateur. Et ce
programme de voiture autonome
est présenté comme un choix
moral : on privilégie la sécurité. La
dynamique étrange est que plus on
est dans une société sans risque, plus
tout risque nous paraît intolérable.
Si vous osez questionner la validité
de ce programme, vous passez pour
un déviant, ce qui n’est jamais bon.
La question de la sécurité routière
est un levier moral pour intimider
les citoyens. Vous devenez un paria,
indifférent au bien-être des autres.
En lisant votre livre, on perçoit
le mouvement vers la voiture autonome
comme l’équivalent mécanique
de la « cancel culture » (culture
du bannissement)...
Ce qui les rassemble, c’est
qu’elles sont une manifestation
de l’absence de confiance. Comme
la confiance sociale disparaît,
l’automation devient plus séduisante :
on remplace la confiance que se
font les citoyens entre eux par une
certitude issue d’une machine que les
autres ne sont pas nécessaires pour
faire ce qui est bien pour la société.
Vous dites que la voiture
autonome cache autre chose, en réalité...
En 2007, on a vu arriver le
smartphone, qui permet de chasser
l’ennui lors de nos déplacements.
Cela s’est avéré irrésistible et a permis
à la Silicon Valley d’expérimenter
un nouveau modèle économique :
l’exploitation et la commercialisation
de notre attention. Et c’est un
objectif facilement atteint quand
le contact avec le bitume n’est
plus qu’une sensation presque
imperceptible et qu’on est bercé dans
une douce coquille de deux tonnes.
Le moralisme de la sécurité sert de
couverture pour capturer notre attention…
Notre attention… et notre
liberté ! La Silicon Valley voit la
voiture comme un moyen de nous
garder sur nos écrans. Elle devient un
appareil pour capter votre attention
et vous transformer, comme dans
Wall-E, en un individu obèse, les yeux
fixés sur un écran. Ainsi, dire que la
voiture autonome est une affaire de
sécurité est malhonnête : elle est une
autre manifestation du capitalisme
de surveillance qui moissonne votre
attention et votre data, ensuite
revendue sur le marché.
Votre livre est une défense de la
conduite comme forme organique de la
vie civique. Mais vous vous en prenez
aussi aux cyclistes. Vous parlez même de
l’émergence du « moraliste à bicyclette » !
J’ai constaté une sorte de rage morale
du cycliste : sur un vélo, vous êtes
déjà supérieur aux autres, pas
seulement pour des raisons de vertu
environnementale, mais aussi car
vous êtes engagé dans le trafic auto
avec votre corps. Vous vous sentez
un peu héroïque ! Les cyclistes
mettent en scène leur correction
urbanistique de façon ostentatoire. ö
madameFIGARO43
 Mag/décryptage

CINÉMA
LES HÉROS
SONT
FATIGANTS
AUX ÉTATS-UNIS, LES HOMMES RESTENT LES ROIS DU BOX-OFFICE.
PHOTOS DISNEY CORP ET MIKA COTELLON

EN FRANCE, LA MASCULINITÉ TRIOMPHE AUSSI…

MAIS POUR COMBIEN DE TEMPS ? CAR UNE PRISE DE CONSCIENCE
ÉMERGE : LES SÉRIES EXPLORENT D’AUTRES TERRITOIRES
TANDIS QUE LES RÉALISATRICES DYNAMITENT LES CLICHÉS GENRÉS.

PAR MARILYNE LETERTRE

44madame
FIGARO
 Mag/décryptage
Q
UELLE JUSTE PLACE DONNER
AUX FEMMES DEVANT ET DER-
RIÈRE LA CAMÉRA ? Comment
mieux les représenter dans les
récits filmés ? Depuis #MeToo, ces questions sont sur les
lèvres d’une frange lucide et progressiste de créateurs et
de décideurs. Mais, pour évoluer, il sera essentiel de
considérer le problème dans son ensemble : comment en
effet mieux raconter les expériences féminines sans
observer, critiquer et réformer les représentations mas-
culines qui les accompagnent ? Si les personnages mascu-
lins continuent de se conformer à des archétypes monoli-
thiques, parfois toxiques, comment déconstruire pour de
bon les schémas patriarcaux ? Depuis des siècles, les hom-
mes sont en effet eux aussi les victimes collatérales du
« male gaze », cette théorie formulée par Laura Mulvey en
1975 selon laquelle la culture visuelle dominante impose-
rait d’adopter une perspective d’homme hétérosexuel.
Élevé dans l’imagerie commune de sa supériorité, com-
ment l’homme s’autoriserait-il à faire son autocritique et
à redéfinir son rôle à l’écran et, par extension, dans la vie ?
« La conscience moderne s’est construite sur une idéolo-
1. Chadwick Boseman, un superhéros épaulé par
des superhéroïnes dans Black Panther, de Ryan Coogler.
2. Le Grand Bain, de Gilles Lellouche, et ses nageurs
au prise avec les troubles d’une masculinité
désynchronisée.
gie du masculin universel qui date de la Révolution,
avance Geneviève Sellier, historienne du cinéma. La
déclaration des droits de l’homme, c’est le droit masculin
qui invisibilise les femmes, c’est la société des frères, une
société patriarcale égalitaire entre pairs masculins. »
INDÉTRÔNABLE SUPERMAN
Sur les écrans américains, le western a façonné
l’image d’une masculinité virile, violente et infaillible,
relayée ensuite par le polar et le film d’action, puis
aujourd’hui par les films de superhéros qui, pour la plupart,
amoindrissent ou ignorent les personnages féminins. Cer-
tes, des modèles marginaux existent, mais les rois du box-
office mondial, ce sont eux. « À chaque époque correspon-
dent des héros représentatifs des enjeux politiques,
sociologiques, économiques du moment, et à destination
de différents segments démographiques, analyse Charles-
Antoine Courcoux, historien du cinéma à l’Université de
Lausanne (1). Le blockbuster est le film fédérateur par
excellence : il doit s’adresser à différents publics et offrir des
modèles masculins pluriels avec, néanmoins, l’affirmation
constante de leur héroïsme et d’une forme de supériorité. ➢
madameFIGARO45
 Mag/décryptage
Au début de ces films, le héros est souvent marginalisé,
remis en question dans sa supériorité, avant que le film
ne travaille à réaffirmer sa suprématie et ne la naturalise
en son terme. » Des brèches s’ouvrent néanmoins : Black
Panther est protégé par des guerrières quand Iron Man finit par
s’assagir. « Des évolutions sont déjà tangibles et se sont
accentuées depuis #MeToo, qui représente aussi une char-
nière pour la représentation des hommes à l’écran, pour-
suit l’historien. Le premier Iron Man de 2008 ne pourrait plus
sortir aujourd’hui : il est beaucoup trop sexiste. Le person-
nage a d’ailleurs énormément évolué dans les derniers
films, jusqu’à finir père et mari attentif. »
PÈRE EN PUISSANCE
La figure de la paternité : voilà l’un des enjeux
pour renverser les paradigmes. Longtemps prisonniers
d’une image d’incompétence et d’inconséquence cari-
caturale, renforçant le rôle maternant assigné aux fem-
mes, les pères de fiction semblent se redessiner. Dans
Énorme, Jonathan Cohen fait tout – même le pire en rem-
plaçant la pilule de sa femme par un placebo — pour avoir
un enfant ; dans L’enfant rêvé, Raphaël Jacoulot filme
l’obsession de paternité d’un homme. Dans Pupille,
Jeanne Herry imaginait Gilles Lellouche en assistant
familial : « Revisiter les gestes du soin apporté à un bébé
en les faisant jouer par un homme, c’était stimulant et
différent à filmer. Un homme, et si possible un homme
46madame FIGARO
un peu viril, qui a incarné une masculinité crâne au
cinéma, c’était l’assurance d’un étonnement pour moi et
pour le spectateur, d’une image forte. »
Dans Nos batailles, Tout pour être heureux et C’est ça l’amour, les
personnages joués par Romain Duris, Manu Payet et Bouli
Lanners embrassaient respectivement leur rôle de père,
après un burn-out de l’épouse, une fuite du domicile
conjugal et un divorce pour le troisième. « Dans le cinéma
français, on voit peu le cas de la femme qui se retrouve
seule avec ses deux enfants, et que l’on porte aux nues. Il y
a en revanche une prolifération d’histoires de pères que
l’on héroïse parce qu’ils apprennent à s’occuper de leurs
PHOTOS AVENUE B PRODUCTIONS/VITO FILMS, TRÉSOR FILMS ET S. P.
enfants quand la femme quitte le navire », analyse Gene-
viève Sellier. Certes, mais peut-être faut-il aussi y voir la
volonté de déplacer les curseurs : l’évolution des hommes
passerait avant tout par une prise de conscience violente
mais nécessaire de leurs manquements préalables.
Comme une étape intermédiaire avant que n’émergent,
par exemple, des histoires de coparentalité harmonieuse.
HÉGÉMONIE HOMOSOCIALE
Pour observer globalement les représentations
des hommes à l’écran, impossible en France d’occulter
la comédie, genre majeur du box-office national. Le
constat saute aux yeux : La Chèvre, Intouchables, Bienvenue
chez les Ch’tis, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? et autres cash
machines sont tous des films portés par des groupes ou
 Mag/décryptage
des tandems masculins. Selon Charles-Antoine Cour-
coux, « Trois hommes et un couffin a enclenché ce mouve-
ment de reconversion masculine que l’on retrouve, plus
tard, dans Les Petits Mouchoirs, Le Cœur des hommes ou Le
Grand Bain. Mais c’est une réforme de la masculinité en
trompe-l’œil : les hommes se reconstruisent à travers
l’aveu d’une vulnérabilité, mais surtout entre eux et de
façon strictement homosociale : la solution à la fragilité,
c’est la masculinité. » Geneviève Sellier acquiesce :
« L’hégémonie de ces films, qui relèguent les femmes au
second plan, tend à nous faire croire que la solution à
toutes les problématiques sociales, humaines, écono-
miques est masculine. Il faut aller vers la série pour trou-
ver d’autres réponses. Dix pour cent, écrit par une femme,
Fanny Herrero, critique ainsi la masculinité triom-
phante. » Sur le site genre-écran.net (2), l’historienne
étaye son propos. « Mathias, celui qui incarne la domi-
nation patriarcale, est finalement acculé à accepter un
changement radical des rapports genrés. »
Longtemps sous-considérée par rapport au cinéma, la
série a historiquement ouvert davantage les bras aux
créatrices que le cinéma, soumis à plus d’enjeux écono-
miques. D’autres territoires y ont ainsi été explorés.
Récemment, The Undoing, Sex Education ou La chronique des
Bridgerton bousculaient les codes – en l’occurrence, pour
cette dernière, en fixant la caméra sur le corps de l’acteur
Regé-Jean Page. « Dans les créations de Shonda Rhimes,
1. Jonathan Cohen dans Énorme, de Sophie
Letourneur, en homme surinvesti dans la grossesse
de sa femme. 2. Gilles Lellouche, assistant familial
dans Pupille, de Jeanne Herry. 3. Bienvenue chez
les Ch’tis, de et avec Dany Boon et Kad Merad.
Une comédie au masculin ?
les hommes sont nus, contrairement aux femmes. C’est
une façon pour elle de rendre visible le fait qu’autrefois
c’était totalement asymétrique. »
Sur grand écran, l’érotisation de l’homme est encore rare,
son abandon au désir de la femme plus encore. Passif, lui ?
Jamais ! Des cinéastes bougent cependant les lignes : Anne
Fontaine dans Police, Justine Triet dans Sibyl ou Victoria,
Rebecca Zlotowski dans Une fille facile. Cette dernière com-
mente : « Pour que les regards s’équilibrent, il faudrait
aussi que la nudité, si elle n’est pas gratuite, ne soit pas un
problème pour les hommes. […] Dans Une fille facile,
l’héroïne prend le pouvoir parce que l’homme accepte
aussi de l’abandonner. Un homme qui dit à une femme :
“Fais ce que tu veux de moi”, c’est érotique, non ? C’est en
tout cas une réalité de la vie amoureuse qu’on n’a pas
voulu montrer au cinéma. » Les écrans nous privent
majoritairement de ces modèles. Pourtant, ils permet-
traient aussi aux hommes d’être moins sclérosés par des
injonctions à la masculinité transmises depuis des géné-
rations par des images stéréotypées. ö
(1) « Des machines et des hommes. Masculinité et technologie
dans le cinéma américain contemporain », de Charles-Antoine Courcoux,
collection Emprise de vue, Georg Éditeur, 2017, 520 pages.
(2) Site collectif pour une critique féministe du cinéma et de la télévision.
madameFIGARO47
 Cover/story

NICOLAS
BEDOS
LES CRIS
DU CŒUR
IL AIME LE DÉBAT, LA CONTROVERSE. IL HAIT
L’ENNUI, LE POLITIQUEMENT CORRECT…
ENTRE L’IMAGE PUBLIQUE ET LE VRAI VISAGE,
SE CACHE SA VÉRITÉ, UN ESPRIT COMPLEXE,
SANS CONCESSION. APRÈS UNE ANNÉE NOIRE,
ÉMAILLÉE DE DEUILS, L’ACTEUR-RÉALISATEUR
OPÈRE UNE MUE SALVATRICE ET SIGNE UN TRÈS
ATTENDU OSS 117 : ALERTE ROUGE EN AFRIQUE
NOIRE. RÉJOUISSANT ET DÉSARMANT.

PAR ONDINE MILLOT / PHOTOS ARNO LAM / RÉALISATION SYLVIE CLEMENTE

48madame
FIGARO
BLUE NOTE
CHEMISE ET JEAN,
ZADIG & VOLTAIRE.

madameFIGARO49
 I
Cover/story
L EST BEAU. TOUT À L’HEURE
ENCORE, AVANT QU’ON SONNE
CHEZ LUI, avant qu’il ouvre la porte,
nous conduise au salon, entame une
conversation qui durera l’après-midi
entière, il était sinon laid, du moins
commun : les traits affadis par sa répu-
tation d’arrogant, brouillés par le bruit
de ses provocations, rendus invisibles,
presque, tant on escomptait l’agacement. Il est doux - c’est encore
plus surprenant : voix, regard, et même propos, à mille lieues du
vacarme attendu d’un sniper mondain. Interviewer une person-
nalité est toujours un exercice d’ajustement, entre l’image publi-
que et l’expérience – certes pas intime, mais potentiellement plus
réelle – de la rencontre. Chez Nicolas Bedos, peut-être plus que
chez tout autre, l’écart est immense.
Comment peut-on paraître aussi insupportable de loin, et aussi sym-
pathique de près ? Évidemment, cela vaut mieux que l’inverse, et la
vérité n’est peut-être ni l’un ni l’autre, toujours est-ce là une énigme
intéressante. Ces derniers temps, justement, Nicolas Bedos, 41 ans,
semble tiraillé entre deux pôles opposés. D’un côté, sa prestigieuse
casquette de réalisateur d’OSS 117, Alerte rouge en Afrique noire, le troisième
volet des aventures de Jean Dujardin en irrésistible espion abruti.
Après le succès des premières comédies signées Michel Hazanavicius,
Nicolas Bedos s’est vu confier ce « jouet magnifique », et a à cœur d’en
assurer au mieux la promotion, dès que la sortie sera programmée.
De l’autre côté, son sang qui bouillonne et son envie de ferrailler
sans cesse contre le « fléau du politiquement correct ». Le 30 jan-
vier, il a annoncé qu’il quittait les réseaux sociaux, où il portait haut
– de manière aussi clivante que souvent hilarante – le combat de
l’irrévérence. On pourrait donc croire le conflit résolu, au profit
d’une certaine modération. « À l’approche de la sortie d’OSS,
confirme-t-il d’abord, sachant le niveau d’indignation que je peux
porter en moi, je préfère m’écarter d’une arme – les réseaux – qui
m’a fait commettre des choses assez suicidaires. Si j’étais seul,
romancier par exemple, je ne me serais pas déconnecté. Mais un
film… Je ne veux pas faire du tort au travail de toute une équipe. » Il
allume une cigarette, sourit : « Pour autant, je ne changerai jamais
de discours. Et puis… Ça ne m’empêchera pas de revenir. »
Une pause, donc, peut-être plutôt qu’une conclusion, après plu-
sieurs mois agités. L’épicentre du séisme remonte au 24 septembre :
50madame FIGARO
son post de provocation antimasque et anticon-
finement, dans lequel il appelle à « arrêter tout »
et « à vivre » lui vaut des sommets de fureur, jus-
qu’à la réprobation officielle du ministre de la
Santé, Olivier Véran. Ensuite, il tente de calmer
les répliques, mais ne se dédit pas, défend le
débat « nécessaire entre ceux qui nous rappel-
lent qu’il faut sauver des vies et ceux qui nous
rappellent que ce dont on nous prive fait le sens
de nos vies », remet quelques tacles au gouver-
nement. Sur les réseaux, on le traite « d’assas-
sin », dans un avion, une femme lui crache – lit-
téralement – au visage. « Je ne sais pas comment
elle m’a reconnue derrière mon masque »,
hâble-t-il, amer.
Lorsque l’on s’étonne, finalement, qu’il ait tenu
si longtemps avant de couper le fil Twitter, que
l’on attribue sa persistance à un cuir bien tanné,
lui explique au contraire l’énergie de sa colère par
sa « fragilité ». En l’espace de trois mois, entre
mai et juillet 2020, Nicolas Bedos a perdu son
parrain, Jean-Loup Dabadie, son père, Guy
Bedos, sa marraine Gisèle Halimi. « Une esca-
drille de deuils », dit-il, qu’il ne peut dissocier du
contexte délétère de l’épidémie. « Mon père a
énormément souffert de ne plus pouvoir nous
voir, il a cessé de s’alimenter au début du confi-
nement. Jean-Loup est mort quasiment seul dans
une chambre d’hôpital, privé de notre amour, de
celui de sa famille. Ce que j’ai posté vient de là. »
LE DROIT À L’ERREUR
Nicolas Bedos parle bien, à la fois beaucoup et
calmement, dans une tension concentrée. Il a le
goût de la conversation, répond à toutes les ques-
tions – et en pose, avide de débat. Après l’entre-
tien, il renverra deux longs textos. Le premier,
pour regretter que l’on n’ait pas assez évoqué OSS
117, dire sa joie à « fabriquer un film dont la seule
ambition est le plaisir gourmand du spectateur »,
son espoir que « l’exotisme, l’insouciance,
l’hédonisme qui s’en dégagent » apportent « un
peu de baume aux cœurs asséchés par la crise ».
Sans spoiler, il est possible de confirmer que son
opus mise à fond sur l’aventure et le dépayse-
ment, et que le jouissif miracle de la bêtise d’OSS
se renouvelle, intarissable.
PHOTO ARNO LAM
 FIGURE
LIBRE
BLOUSON HERMÈS,
TEE-SHIRT ET JEAN
ZADIG & VOLTAIRE.
Son deuxième SMS – on ne se refait pas – se désespère d’une nouvelle
déclaration d’Emmanuel Macron : « Si je devais caricaturer l’époque,
je dirais que nous avons un président qui vit et pense comme un pre-
mier de la classe de 14 ans, quand la plupart de mes idoles sont des
cancres libertaires. » Ces « idoles », il les cite régulièrement, de
Gainsbourg à Desproges, en passant par « Coluche, Wiaz, Cabu,
Wolinski, tous ces gens qui depuis des décennies ont fait avancer le
droit à l’erreur, au vulgaire, au dissonant, voire à l’offense… » Rien ne
le désole davantage que l’actuelle « responsabilisation de toute
parole publique ». « On inflige à des histrions, des poètes, des créa-
teurs, les mêmes responsabilités qu’à un ministre de la Santé, ou à un
politologue. Et toute une jeunesse s’accommode de cette limitation
de la liberté d’expression, voire l’appelle de ses vœux. »
Dans son salon assez sage – murs blancs, tapis beige, parquet blond –,
Nicolas Bedos revendique son besoin d’être dérangé « par des pen-
sées disruptives ». « J’admire des personnes avec lesquelles je ne suis
pas d’accord. Qui bousculent mon rapport au monde. Par exemple,
Houellebecq. Il écrit des choses qui agressent mon romantisme,
l’idée que je me fais de la beauté des choses. Mais ça m’intéresse ! »
Sa bibliothèque abrite aussi Bukowski, Despentes, Botho Strauss,
Thomas Bernhard… « Des auteurs qui ont en commun de n’être pas
consensuels. Sinon, on s’ennuie. On n’est pas
nourri. »
Cette détestation de l’ennui est une clé, qui éclaire
ses bravades médiatiques, mais aussi, aux anti-
podes, le style de ses deux premiers films, grandes
sagas romanesques. Nicolas Bedos a « toujours
voulu » être réalisateur, et l’est devenu à 38 ans,
en 2017, avec Monsieur et Madame Adelman. A poste-
riori, il dit que c’est une chance, qui lui a permis de
se débarrasser du snobisme de ses brouillons de
jeunesse… « Pour faire les films que j’ai envie de
voir, et non pas ceux qu’il faut faire. Je n’ai pas
honte de prendre en compte le public, de penser à
mon propre agrément. Je suis un des enfants
estropiés de cette énorme décharge de divertisse-
ments qui s’est abattue sur nous. Et qui nous a ren-
dus à la fois moins profonds et plus exigeants. » ➢
madameFIGARO51

Pour Monsieur et Madame Adelman comme pour son
deuxième film, La Belle Époque, ou le prochain en
préparation, il est scénariste, compositeur de la
bande originale, omniprésent au montage, à la
technique, aux décors. « J’aime être responsa-
ble de ce que je propose. Quitte à me planter, je
veux qu’on ne puisse en accuser que moi. »
« Les films de Nicolas, c’est lui, confirme son ami
acteur et réalisateur Michaël Cohen. Ses histoires
d’amour romantique, de tendresse, lui ressem-
blent beaucoup plus que ses provocations. Les gens
pensent qu’il est autocentré, à cause d’une certaine
image, mais dans la vie, c’est le contraire. Il fait très
attention aux autres. Il met en valeur ses amis, les
porte vers le haut, se réjouit de leurs succès. C’est
rare, surtout dans ce milieu. Et ce caractère expli-
que que ses films touchent autant de gens. »
Sorti en 2019, La Belle Époque dépasse 1,2 million
d’entrées en salles, est nommé onze fois aux
Césars, remporte trois statuettes. Celle du
meilleur scénario trône sur la cheminée de Nico-
las Bedos, face au piano. Enfant, il en jouait pour
« épater » ses parents et leurs amis. Nul à l’école,
diagnostiqué surdoué, le fils de Guy Bedos et de
Joëlle Bercot, danseuse et mannequin devenue
scénariste, a grandi obsédé par le besoin d’être
regardé. « Je suis né dans une famille – et dans
cette famille, j’inclus Gisèle Halimi et Jean-Loup
Dabadie – où il a fallu que je fasse énormément le
malin pour exister. Et où l’art, avec le grand A pré-
somptueux, était une religion, quelque chose de
beaucoup plus important qu’une bonne note. Ma
façon à moi de séduire tout ce beau monde, c’était
d’écrire de mauvaises chansons, pièces de théâ-
tre, scénarios, et de leur lire. Je n’ai eu de cesse de
gesticuler pour me faire remarquer. »
À 19 ans, il est auteur pour Canal+ et tente de monter
son premier film, « une longue et funeste aventure,
qui s’est arrêtée à quelques semaines du tournage ».
« Traumatisé » par cet échec, il se tourne vers le
théâtre, écrit des pièces remarquées où jouent son
père, Niels Arestrup, Macha Méril. La période de
ses 20 à 30 ans reste chaotique. Une dépression le
« cloue au lit » pendant des mois. « Je n’étais bon
qu’à bouffer des médocs. » La nuit et la fête le hap-
pent, son père lui « coupe les vivres », sans grand
effet, une amante « célèbre » l’entretient.
52madame FIGARO
Cover/story
Il avoue un rapport « un peu hystérique » à la séduction, mais s’indigne
que l’on puisse assimiler le fait d’enchaîner les aventures à une forme
de misogynie. « Respecter les femmes, cela ne veut pas dire se marier à
23 ans et faire quatre enfants. » Aujourd’hui, il se dit plutôt « ex-séduc-
teur », ayant suffisamment éprouvé l’illusion de se renouveler de bras
en bras. « Je crois avoir péché dans cette espèce de désir de provoquer
mieux, rencontrer plus… Alors qu’on réalise avec le temps que, qui que
l’on soit, on aime vraiment qu’un petit nombre de fois. »
D’ARNAQUE ET D’AMOUR
À ces fois-là, il doit tout, comme Monsieur Adelman à Madame.
« Je dois mon plus grand succès de théâtre à Mélanie Laurent. Qui
vint me chercher dans un état déplorable dans une boîte de nuit à la
mode, et me dit : “J’ai honte d’avoir aimé si fort un type qui est
devenu ça.” » L’électrochoc fonctionne, il écrit pour elle la pièce
Promenade de santé, qu’il met en scène en 2010 au Théâtre de la Pépi-
nière, à Paris. À la même époque, il s’autorise enfin à être drôle.
« Jusque-là, pour moi, de par ma filiation avec un homme qui prati-
quait l’humour… c’était prohibé. Je cherchais à me démarquer. »
Après un échauffement sur Oui FM, il devient chroniqueur dans la
Semaine critique !, de Franz-Olivier Giesbert, sur France 2 puis sur le
plateau d’On n’est pas couchés. Sans salaire « pour ne pas être censuré »,
il se moque de tout ce qui fait peur et qui peut déraper – racisme,
antisémitisme, machisme –, récolte les polémiques. Son père
l’encourage, ils passent des nuits ensemble. Nicolas écoute, Guy
parle. « De sa vie, des autres, il m’offrait en direct la fabrication
de sa réflexion. Il disait que j’étais son meilleur ami. »
Mais sous l’habit de chroniqueur, se morfond toujours le cinéaste frus-
tré. C’est Doria Tillier, cette fois, sa plus longue histoire d’amour, qui le
convainc de passer à l’acte. « On dînait chez Flo, je pestais sur le
cinéma français, en critiquant tous les scénarios qu’on lui proposait.
Elle m’a dit : “Eh bien, fais-le, toi. Écris-nous un truc !” »
Il est ces jours-ci en repérage, sur la Côte d’Azur, pour son prochain
film. Une histoire d’arnaque, et d’amour, encore. « Jean-Loup disait :
“Qu’est-ce qu’on fait dans la vie ? On montre des gens qui s’aiment et
qui ne s’aiment plus.” » Séparé de Doria Tillier, il aimerait pouvoir pro-
téger son actuelle compagne, qui n’est pas une people, des photos
volées par les paparazzis. Lui qui n’a jamais voulu d’enfants, « pour
leur épargner un père distrait et névrosé, comme ont pu être beaucoup
d’amis du mien, et même le mien », se pose maintenant la question. « Il
faut avoir fait un peu la paix avec soi pour avoir des gosses. Mais peut-
être que je me trompe, parce que plein d’histoires le démentent. Moi
par exemple, j’ai adoré mon père, et pourtant, mon père n’était pas un
cadeau. » Il s’arrête, allume une énième cigarette. « En même temps,
mettre des enfants au monde actuellement… Je ne parle pas du virus.
Mais la moraline ! La moraline d’un côté, les fachos de l’autre… » Sou-
rire turbulent, le voilà reparti. Insupportablement sympathique. ö
« OSS 117, Alerte rouge en Afrique noire », de Nicolas Bedos, avec Jean Dujardin,
Pierre Niney, Fatou N’Diaye… Sortie prochainement.
PHOTO ARNO LAM
 ““
J’admire
des personnes
avec lesquelles
je ne suis pas
d’accord

INSOLENTE
ÉLÉGANCE
COSTUME, CHEMISE
ET ACCESSOIRES,
COLLECTION HOMME, DIOR.
DERBYS J.M. WESTON.

Mise en beauté
Corinne Bouchain.

JACQUES ARÈNES
PÈRES EN QUÊTE
DE REPÈRES
I
MPOSSIBLE
D’APERCEVOIR
le signe distinctif
(sa moustache)
qui lui confère
l’image d’un psy-
chanalyste jovial.
Jacques Arènes garde son masque
durant l’entretien, chez lui, près de la
gare du Nord, à Paris – fauteuil club,
bibliothèque fournie. Vingt-cinq ans
que ce clinicien, professeur à l’Insti-
tut catholique de Paris, se passionne
pour le lien sous toutes ses formes :
conjugal, professionnel, amical…
Son nouvel essai, L’Art secret de faire des
enfants *, ausculte la filiation. En par-
ticulier, la vulnérabilité de la trans-
mission entre les pères et leurs fils.
Une leçon de morale ? Surtout pas !
Un message d’espoir. Rencontre.
54madame FIGARO
Mag/interview
COMMENT TRANSMETTRE SANS
ÉCRASER ? COMMENT PORTER, PUIS
LAISSER VOLER ? AVEC SON NOUVEL
ESSAI, L’ART SECRET DE FAIRE DES
ENFANTS, CE GRAND EXPLORATEUR
DE LIENS, PSYCHOLOGUE
ET PSYCHANALYSTE, REVISITE
LE MYTHE DU PÈRE ET MET EN VALEUR
LA FIGURE DU FILS. LES CLÉS
D’UNE PARENTALITÉ NON TOXIQUE.
MADAME FIGARO. – Faire
des enfants devient un « art » de plus
en plus pointu. Vous recevez beaucoup
d’hommes désemparés à l’idée
de devenir pères : pourquoi y a-t-il, selon
vous, « urgence culturelle » à redéfinir
la masculinité et la paternité ?
JACQUES ARÈNES. – J’entends
beaucoup : « Je ne souhaite pas être
comme mon père, qui ne m’écoutait
pas ou qui s’intéressait à moi
seulement si je réussissais. » Les
jeunes hommes qui entrent dans
la paternité ont du mal à se projeter :
PAR MARIE HURET / ILLUSTRATION ARNAUD TRACOL
serai-je un bon père ? C’est quoi,
un bon père ? Depuis la fin des
structures serrées, hiérarchiques
et inégalitaires du patriarcat, la figure
paternelle est devenue plus floue. On
associait l’autorité à la virilité, le lien
charnel à la féminité. Or, aujourd’hui,
d’autres visions doivent s’inventer.
J’observe une difficulté nouvelle
chez les pères à incarner une
présence dense. Ce n’est pas parce
que l’on fait du peau à peau avec
son bébé – ce qui est très bien – que
l’on est réellement attentif à ce qui se
passe. Je vois beaucoup plus qu’avant
des papas hyperéducateurs,
qui quadrillent la journée de théories
sur la tétée, le sommeil ou les écrans, ➢

puisées dans les manuels. Une
manière de pallier leur angoisse. Ces
hommes se mettent en rivalité avec
leur compagne. Il m’arrive de leur
citer le psychanalyste Winnicott :
« Un enfant pousse comme
une plante, n’en faites pas trop ! »
Vous voyez aussi ceux qui
n’en font pas assez. Ces hommes à qui
l’on demande d’être à la fois sensibles,
protecteurs, mais pas machistes,
et que vous sentez un peu « évaporés » ?
Ils ont du mal à se situer
dans la famille, dans le couple.
Un clivage me frappe : j’ai reçu des
hommes au statut professionnel
extrêmement élevé incapables
d’exister à la maison. De soutenir
une relation vivante avec leurs
enfants. Ils déploient une séduction
passive, sont toujours au service,
jamais « contenants ». Or, aucune
autorité n’est possible sans présence
et sans contenance. Le problème,
c’est qu’ils se réfèrent à un modèle
de masculinité : ne pas être comme
leur père. Mais cela n’est pas
un modèle ! Nous sommes d’accord,
il faut sortir des représentations d’une
masculinité toxique. Mais qu’est-ce
qu’une masculinité non toxique ?
Compliqué à définir… Les hommes
doivent créer un modèle collaboratif.
Les mères ont une longueur
d’avance, neuf mois de grossesse,
mais un père a des choses à dire
parce qu’il arrive après et peut aider
à prendre de la distance. Freud
appelait « narcissisme des petites
différences » ces écarts minimes
entre sujets très proches engendrant
néanmoins de fortes rivalités.
Parlons de Freud, alors.
Notre société s’est construite sur ce mythe :
« Tuer le père ». Tout jeune devait en passer
par là pour s’extraire de la figure écrasante.
56madame FIGARO
Mag/interview
✐ L’Art secret de faire
des enfants, de Jacques Arènes,
Éditions du Cerf, 296 p., 20 €.
Nous sommes passés du meurtre
du père à celui de nos pères qui, affirmez-
vous, ne suscitent plus de gratitude
pour ce qu’ils auraient pu nous léguer…
La figure du père
a beaucoup été mise en avant
par la psychanalyse. Selon Freud,
le père surpuissant n’est « efficace »
qu’après avoir été contenu. Dans
la paternité, il faut passer par ce
moment de retrait, mais ce sacrifice
n’est possible que si on a vraiment été
là. Ce qui m’intéresse ici, c’est plutôt
de mettre en valeur la figure du fils.
J’ai voulu partir de ce qui fut autrefois
évident (le père) pour saisir ce qu’il
en est aujourd’hui du travail des fils.
Aller du côté des garçons qui ont du
mal à porter le monde. Je pense aux
jeunes pères actuels touchés
par ce que j’appelle l’usure
de la forme filiale. Ce qui n’empêche
pas l’inventivité, mais qui génère
aussi pas mal d’angoisses.
Maintenant qu’a été
déboulonnée la statue du commandeur,
par quelle image la remplacer ?
D’autres mythes
apparaissent. Nous avons
tort de penser que la fin du patriarcat
signe la fin des pouvoirs démesurés
au sein de la famille. J’observe
l’émergence de pouvoirs de
proximité – la mère, parfois le père –
fondés sur la dépendance affective.
Des figures parentales très adhésives
investissent narcissiquement
leurs enfants, ne les laissant pas
assez être eux-mêmes ou prendre
des initiatives. De jeunes adultes
cherchent non plus à « tuer le père »
mais ont du mal à se dégager. Des
brillants diplômés coincés dans une
emprise parentale soft s’interrogent :
« Que faire de ma vie ? »
On ne parvient plus à couper
le cordon parce que le désir d’enfant
a beaucoup changé. Comment
se manifeste-t-il chez l’homme ?
Les enfants d’aujourd’hui
sont des enfants du désir,
qui demandent à être toujours
plus désirés et aimés, comme s’il
fallait soutenir ce qui a présidé à leur
naissance. Les enjeux narcissiques
de la parentalité sont tels que
l’enfant est maintenant une œuvre.
Avec le risque de dérive d’un
PHOTOS EMMANUEL PIERROT/AGENCE VU ET S. P.
créateur qui ne veut pas lâcher
sa création. Chez les femmes de 35
ou 40 ans, quand tourne l’horloge
biologique, le désir d’enfant
s’exprime de manière marquée et
« décantée » d’un partenaire. Alors
que chez les hommes, il s’exprime
de manière plus pudique. Il n’en
est pas moins réel, mais se cherche
plus et dépend de la personne
avec qui ils partagent leur vie.
Entre le père explorateur,
le père éducateur, le père lointain…
se glisser psychiquement dans la peau
du père est un sacré périple !
Le chemin qui y mène,
parfois bien après la naissance
de l’enfant, remet à l’ordre du jour les
anciennes angoisses, les souffrances
des fils que nous sommes tous.
Devenir parent réactive ce que nous
avons reçu ou pas, nous interroge
sur ce que nous voulons transmettre.
Beaucoup de parents, désormais,
veulent aider leurs enfants à acquérir
une personnalité, à emprunter
un chemin original, à s’ouvrir
à l’autre, et en même temps, ils ne
supportent plus les risques d’échec.
Comme s’ils pouvaient leur éviter
les angles et les pointus de la réalité
pourtant nécessaires et formateurs.
Pourquoi affirmer que certains
enfants ont perdu « le goût du père » ?
Il est fréquent qu’une
femme élève seule une progéniture
pour de multiples raisons – abandon
de la part de son ex ou bien mise
à l’écart active de celui-ci. Or,
la filiation prend consistance dans
la narration, quelque chose doit
être dit de ce père. Je pense à ce beau
film de Wim Wenders, Don’t Come
Knocking, dans lequel Sam Shepard
se découvre père à 60 ans. Son fils,
qu’il finit par retrouver, lui reproche
de s’être construit sur du vide. C’est
tout à fait ça. Ceux qui souffrent
d’un manque d’investissement,
voire de l’absence paternelle,
sont comme un fruit ayant parfois
belle mine, mais creux à l’intérieur.
Leur souffrance œuvre sourdement,
comme un membre fantôme.
Certains adolescents tournent à vide
dans une impasse identificatoire.
C’est lourd de « faire » sans
père. Fort heureusement, la densité
des contacts entre les pères séparés
et leurs enfants s’intensifie.
Certains hommes n’osent
plus s’opposer de peur de rompre
le lien. Or, estimez-vous, il faut pouvoir
maudire ses enfants !
Je le dis avec beaucoup
d’humilité. C’est difficile pour
un père d’affirmer : « Trop, c’est
trop ! Je conditionne ma présence. »
Or, vouloir garder le lien à tout
prix produit souvent l’effet inverse.
J’ai reçu des parents terrorisés
par leur ado tout-puissant. Il y a une
telle angoisse chez certains adultes
– notamment les pères – des
maltraitances éducatives qu’ils
ne se positionnent plus. Notre société
s’intéresse beaucoup aux théories
de l’attachement, mais l’attachement
suppose le détachement.
Je me souviens d’un père qui
cherchait une nouvelle copine sur
les réseaux sociaux et sollicitait l’avis
de son fils sans voir le problème !
Depuis la parution de La familia grande,
de Camille Kouchner, la parole
s’est libérée, mais ce n’est qu’une
partie émergée de l’iceberg : on parle
beaucoup d’inceste, moins du climat
d’incestualité dans les familles. Il y a
encore quelque chose qu’on ne veut
pas voir dans notre monde, qui érotise
l’adolescence et dénie le fait que cela
provoque des effets délétères.
Cependant, la crise
de la transmission n’est pas une fatalité…
La filiation vit une mise
à l’épreuve historique. Faute
de projets collectifs qui font rêver,
l’horizon se limite à la créativité
de chacun. Les fils et les filles
d’aujourd’hui sont obligés
d’inventer leur vie dans ce monde
incertain qu’on leur a transféré
plus que transmis. L’absence de
testament rédigé par la génération
précédente rend douloureuse
l’aventure d’être soi : « Je ne sais pas
quoi faire de moi ! », me disent les
jeunes. C’est pour eux une grande
angoisse que d’inventer l’avenir
sans point d’appui stable. Pour
se déployer, chacun peut trouver
une niche de sens : un lieu aimé,
quelques solides amis, une vie
affective, une utilité sociale…
Comment aider les enfants
à s’envoler ?
Beaucoup d’adultes pensent
ne pas être compétents en matière
de transmission, or ils ont un rôle
à jouer. La rampe de lancement du
jeune adulte repose sur cet équilibre
subtil, ne pas exercer une parentalité
à éclipses, ni une attraction trop
forte. J’aime la métaphore
aéronautique de la portance, cette
force qui permet à l’avion d’être
« porté » par l’air. Voler de ses
propres ailes devient possible quand
le sujet a suffisamment confiance
dans le lien qu’il sait pouvoir
solliciter en cas de nécessité.
Nous sommes des animaux
généalogiques, vous conseillez donc
de solliciter les grands-parents…
L’enfant a besoin d’ancrage
pour se projeter. La figure paternelle
avait une portée généalogique,
nous souffrons d’une perte
d’arrimage. Les pères
hyperéducateurs préfèrent se fier à
des manuels qu’aux grands-parents,
chaînon essentiel de la transmission.
Vouloir tout construire par soi-
même, tels des autoentrepreneurs
de la parentalité, est épuisant ! Je
tiens à rassurer. Les grands discours
ne font pas la transmission, rien
ne sert de pratiquer une pédagogie
incessante. Des petits gestes
soulignent une attitude profonde.
Je me souviens de ce père qui gardait
toujours deux mouchoirs en tissu
dans sa poche, l’un pour lui,
le second pour le prêter à quelqu’un.
Une leçon de vie pour son fils.
Avec le Covid, on ne peut plus prêter
son mouchoir, soyons inventifs ! ö
madameFIGARO57
 Mag/tendance
LE COL ROULÉ
(RE)DECOLLE
LONGTEMPS TAXÉ DE RINGARDISE SEVENTIES, LE COL
ROULÉ SORT DU PURGATOIRE STYLISTIQUE ET REVIENT
EN FORCE DANS LE VESTIAIRE MASCULIN. CHIC, COOL,
C
RÉCONFORTANT… ET SI C’ÉTAIT LA NOUVELLE CHEMISE ?
EST UN ÉVÉNEMENT stylisti-
que qui vous a sûrement
échappé. En décembre 2019,
lors d’une allocution offi-
cielle, Emmanuel Macron
avait délaissé son habituelle
chemise blanche pour… un col roulé bleu marine du
meilleur effet. Une première pour un président, invaria-
blement en costume cravate. L’intention cachée ? Mar-
quer les esprits et afficher une forme d’anticonformisme
vestimentaire (comprendre : avec Macron, on casse les
codes). Et cela n’a pas raté : les médias américains – tout
particulièrement Lauren Collins, une journaliste du New
Yorker – y ont même vu une inflexion à gauche de la politi-
que française. Ça, par exemple ! Le col roulé serait-il de
gauche ? Pour Yvane Jacob, spécialiste du vêtement et
auteure du livre Sapé comme jadis (Éd. Robert Laffont), « le
col roulé est un vêtement transgressif et historiquement
lié aux mouvements de contestation. Je pense aux Black
Panthers, qui en avaient fait l’un des éléments de leur
uniforme, avec le béret. Mais aussi à Michel Foucault : le
col roulé était son style signature ». Le philosophe et
figure phare de la French Theory le portait même avec un
blouson biker en cuir ! Rebelle, rebelle…
D’après les historiens de la mode, l’ancêtre du col roulé
PAR SÉVERINE PIERRON
58madame FIGARO
serait né au Moyen Âge pour protéger le cou des chevaliers
de leur lourde armure ; il fut ensuite adopté entre autres
par les marins ou les joueurs de polo (en anglais, on l’ap-
pelle polo neck mais aussi turtleneck, soit « cou de tortue »).
PHOTOS JERRY BAUER/OPALE/LEEMAGE, STEPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA, STEPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA,
Dans les années 1920, le vestiaire masculin devient moins
formel, et le col roulé fait son entrée dans la garde-robe
EVERETT/BRIDGEMAN IMAGES/LEEMAGE, PUBLIC ADDRESS PRESSEAGENTUR/DALLE, DALLE APRF ET S. P.
des hommes élégants. Noël Coward, célèbre dramaturge
anglais, le met au goût du jour. La mode est lancée ! Dans
les années 1950, il devient non genré et s’affiche à Holly-
wood, notamment sur Marilyn Monroe (rien de tel qu’un
col roulé pour faire intello). Rapidement, il est associé au
vestiaire des jeunes gandins de la Beat Generation et des
existentialistes des clubs de jazz de Saint-Germain-des-
Prés (voir Audrey Hepburn dans le film Drôle de frimousse).
Dans les années 1960, il poursuit son ascension pop, et des
Beatles à Mick Jagger en passant par Sammy Davis Jr. ou
Jacques Dutronc, les stars adoptent ce vêtement qui signe
leur anticonformisme et leur cool attitude. Même Andy
Warhol succombe à la tendance et fait du col roulé noir un
élément de sa panoplie (le sien était signé Halston, créa-
teur star des années pop et du Studio 54, à New York). En
Italie, c’est Marcello Mastroianni qui le popularise avec le
film La Dolce Vita, dans lequel il joue un journaliste épris des
nuits romaines : résultat, en italien, un col roulé se dit un
dolcevita (CQFD). ➢
 Mag/tendance

Cela ne passe pas inaperçu, il arrive au président

Macron (2) de délaisser le traditionnel costume
cravate pour un col roulé (ici en décembre 2020).
Doit-on y lire un message politique ? Cette pièce du
vestiaire est en effet historiquement liée à un certain
anticonformisme. Le philosophe Michel Foucault
(en 1969, 1), intellectuel engagé, en avait fait un Dans les années 1960, avec
vêtement fétiche, tout comme le père du pop art et un esprit bohème mâtiné d’une
figure de l’avant-garde, Andy Warhol (en 1984, 3). aspiration à la contestation,
les stars de la pop s’affichent
en col roulé : les Beatles (4),
même s’ils ont remisé
les blousons de cuir et adopté
un look plus sage, portent
à l’unisson ladite pièce,
tandis que les Rolling Stones (5)
jouent les rebelles du style
sur les greens écossais.

En 1968, à l’affiche de Bullitt,

Steve McQueen (6) se glisse
dans un col roulé qui met en relief
sa silhouette athlétique et son
visage glamour, lui donnant une
allure folle. Idem avec Daniel
Craig (7), qui remise, en 2015
dans Spectre, le smoking de 007
pour revêtir le pull du héros viril.

madameFIGARO59
 Mag/tendance

LE COL ROULÉ CHIC

LE LOOK : sur les podiums, on le trouve
partout, chez Louis Vuitton comme chez
EN 1968, VOILÀ LE COL ROULÉ au summum du
De Fursac ou AMI. En maille fine (laine mérinos ou
cool, porté par Steve McQueen dans le film Bullitt. Sur
cachemire obligatoire), légèrement fitté, il permet
l’affiche restée célèbre, on voit la star moulée dans un

AMI
de crâner et de montrer sa musculature (si on en a
modèle noir, holster apparent. Soit quasi la même pose une). En grosses mailles
que celle de Daniel Craig pour Spectre, film de la saga James ou torsadé, il donne une
Bond sorti en 2015. Car avant d’être reboosté par 007, qui lui belle carrure sans forcer.
rend son aura virile, le col roulé semblait passé de mode. Il LE CODE : attention,
était même entré au purgatoire : soudainement, ses quali- pour ne pas virer vieux prof
tés étaient devenues ses défauts ; il était ringard, cantonné d’histoire-géo, il est
aux cous des enfants et des retraités. Pour nombre d’entre dangereux d’associer col roulé
et pantalon en velours,
nous, le col roulé de l’enfance rappelle en effet de mauvais
à réserver aux aventuriers
souvenirs. Les années 1970 ont été celles de l’overdose de
du style. Sinon, optez
cette pièce et de son corollaire, l’infâme sous-pull (sou-

LOUIS VUITTON
simplement pour un
vent en acrylique), que nous imposaient nos mères sou- modèle noir, marine, voire
cieuses que nous ne prenions pas froid. Pas étonnant, camel, à associer avec veste,
donc, que le col roulé reste pour beaucoup associé à un manteau ou blouson. Casual
style vintage seventies à la limite du kitsch – ce qu’avait ou costume.
exploité avec génie le chanteur Philippe Katerine en 2005 Tout fonctionne !
sur la pochette de son album Robots après tout.
DEPUIS SON REVIVAL, on le voit partout, même
chez les millennials, qui s’en emparent et le revisitent en
le portant avec une chemise par-dessus, parfois accessoi- LE COL ROULÉ
risé de grosses chaînes. Associé à une veste, il fait des étin- BRANCHÉ
celles dans l’open space, et signale l’homme de goût qui LE LOOK : flashy ou carrément
apprécie les belles matières. Le col roulé est ainsi l’invité multicolore (comme chez Versace
des plateaux télé. Le journaliste Antoine Genton de C à cette saison), le col roulé a opéré
vous, sur France 5, l’affiche quasiment tous les soirs à sa mue branchée. Pour être pile
l’antenne : « Je le porte comme une chemise, c’est facile dans l’air du temps, il se porte sous
une chemise, boutonnée ou non.
et élégant, et ça tient chaud, évidemment. Quand le col
LE CODE : grâce au layering,
monte bien haut, je trouve que cela met en valeur le
le col roulé révèle son pouvoir mode.
visage. J’ai récupéré des pulls qui appartenaient à mon Son petit air seventies disparaît,
grand-père, et depuis je ne les quitte plus. » Confortable, il s’associe avec un jean, un
facile à vivre, protecteur : il est le vêtement idéal de notre pantalon 7/8 et des dad shoes,
époque chahutée. ö façon Eddy de Pretto. Ou avec
VERSACE

une belle quincaillerie, à la

VALENTINA VALDINOCI/IMAXTREE ET S. P. / PICTO IVAN SOLDO

manière du rappeur Drake.

PHOTOS KIM KULISH/REA, GORUNWAY, THEO-SION,

STEVE JOBS, LE MOINE DU COL ROULÉ

Un col roulé noir, limite professoral : c’est un peu par hasard si Steve Jobs en a fait son
style signature (avec le dad jean et les baskets New Balance). Dans les années 1980,
alors en voyage au Japon, le boss d’Apple découvre le travail du créateur Issey Miyake.
Il est à la recherche d’un uniforme distinctif pour les employés d’Apple. Il laissera finalement
tomber l’idée, mais gardera pour lui celle d’un dress code invariable, conscient de la force
d’une telle panoplie. Miyake lui fera alors livrer des centaines de cols roulés noirs ! En 2011,
à la mort de Jobs, le créateur décide d’arrêter la commercialisation du sacro-saint modèle.

60madame FIGARO
 V i v re s o n voy a g e l ’e s p r i t l i b re

BOIRE
LA TASSE
Laissez-vous inspirer par nos créateurs de voyages.
Bénéficiez de notre assurance annulaon.
Respirez, vous êtes déjà en vacances.

A votre tour, partagez vos plus beaux souvenirs sur les W W W. M A R C OVA S C O. F R
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REED HASTINGS
L’HOMME QUI A AVALÉ
J
HOLLYWOOD
« COMME LES AUTRES.
E SUIS DÉSOLÉ, JE
M’APERÇOIS QUE J’AI
PORTÉ MA CHEMISE
à l’envers toute la jour-
née. » Le soir de leur pre-
mière rencontre, Reed
Hastings, PDG et cofon-
dateur de Netflix, envoyait ce SMS à
l’auteure Erin Meyer. Elle s’en étonne
encore : « Ce n’est pas ce que l’on
s’attend à recevoir de quelqu’un qui
veut projeter une image de pouvoir. »
Depuis, ils ont écrit ensemble No Rules
Rules: Netflix and the Culture of Reinvention,
traduit et publié ces jours-ci en
France *. Elle a appris à apprécier son
côté low-key (discret) et découvert son
62madame FIGARO
Mag/portrait
LE FONDATEUR DE
NETFLIX NE FAIT RIEN
perfectionnisme. Pendant la durée du
CE CONQUÉRANT projet, il est venu à Paris – où elle
PHOTOS ART STREIBER/AUGUST ET HUNTER KERHART/NYT-REDUX-REA
DU NOUVEAU MONDE vivait – plus d’une douzaine de fois.
AUDIOVISUEL, « Nous travaillions quatre à six heu-
res par jour à tout relire et à discuter. Il
QUI A RÉINVENTÉ devrait être français tellement il aime
L’ENTERTAINMENT, EST discuter ! C’est épuisant », s’amuse-
AUSSI UN PATRON t-elle. En dehors d’un entretien pour
un quotidien français, Reed Hastings
RÉVOLUTIONNAIRE. a peu joué le jeu de la promotion. « Il a
RETOUR SUR SON une espèce de délicatesse qui lui fait
FABULEUX DESTIN. dire : “Netflix est déjà tellement pré-
sent partout dans la vie des gens que
je ne vais pas en plus fanfaronner
dans les médias” », analyse Laurent
Laffont, son éditeur chez Buchet/
Chastel. « Reed aime bien être une
PAR LISA VIGNOLI

personne ordinaire », renchérit Erin
Meyer.
Une « personne ordinaire » à la tête
d’une société qui investira cette
année près de 8 milliards de dollars
dans la production de films, de séries
et de documentaires. Il n’a plus
besoin de poser à côté de sa Porsche
pour le magazine USA Today, comme il
le faisait en 1995, et roule désormais
en Tesla. Un PDG qui, fin 2020, tran-
quillement installé dans la chambre
de son fils, qui lui servait alors de
bureau en pleine pandémie, a vu le
nombre d’abonnés Netflix dépasser
la barre des 200 millions. Si les class
actions – ces procédures collectives en
justice – étaient possibles dans le cas
d’addiction, Reed Hastings serait au
tribunal pour avoir rendu accros des
millions de personnes, toutes victi-
mes du syndrome de « l’épisode sui-
vant » : La Casa de papel, The Crown, Le Jeu
de la dame, Unorthodox, l’épopée new-
yorkaise de Fran Lebowitz par Martin
Scorsese, ou encore le très beau film
de Sam Levinson, Malcolm & Marie…
Mag/portrait
Sans parler de projets à venir, comme
ces programmes issus d’accords pas-
sés avec Michelle et Barack Obama
ou encore avec le couple royal bri-
tannique Harry et Meghan.
INTRÉPIDE
On est bien loin de l’épisode
datant du début des années 2000. À
l’époque, Netflix est une start-up que
Reed Hastings a cofondée deux ans
plus tôt et qui permet de commander
par Internet des DVD, ensuite
envoyés par courrier. La société
compte 100 salariés, à peine 300 000
abonnés, et vient de perdre 57 millions
de dollars en une année. Hastings se
trouve alors au siège de Blockbuster,
géant d’une valeur de 6 milliards de
dollars à l’époque, qui règne sur le
secteur du divertissement à domicile
et compte près de 9 000 magasins de
location de vidéos. Il est là pour
convaincre le PDG d’acheter Netflix
À Los Angeles,
Epic, le building
qui accueille
Netflix.
et de créer avec lui Blockbuster.com
qui permettrait la location de vidéos
par Internet. Le refus est catégorique.
« Ce soir-là, écrit-il, dans mon lit, j’ai
imaginé les 60 000 employés de Bloc-
kbuster exploser de rire en pensant au
ridicule de notre proposition. »
Lorsqu’on on lui demande quel est le
terreau de son ambition, Reed Has-
tings répond simplement : « Ça vient
probablement de mes parents. » Un
père juriste au ministère de la Santé et
du Travail de Richard Nixon, une
mère issue de la bourgeoisie bosto-
nienne, qui plaçait la liberté plus haut
que tout. Lui était un enfant « moyen
et sans talent particulier ». Avant
d’entrer dans le très chic Bowdoin
College, dans le Maine, le jeune Reed a
passé une année à faire du porte-à-
porte pour vendre des aspirateurs.
Plus tard, entre 1983 et 1985, c’est au
Swaziland qu’il est allé enseigner les
mathématiques avec le Peace Corps,
ce corps de volontaires créé par le
président Kennedy pour diffuser une
image généreuse de l’Amérique dans
les pays en développement. « Une
fois que vous avez voyagé en stop à
travers l’Afrique avec 10 dollars en
poche, commencer un business ne
vous paraît plus aussi intimidant »,
a-t-il expliqué au New York Times ➢
madameFIGARO63
 Ted Sarandos
et Reed Hastings.
dans une de ses rares interviews.
Reed Hastings est sans doute le fruit
de ces deux époques de sa vie. Le
genre bold – selon la formule anglo-
saxonne pour dire audacieux – et
humble à la fois. Il n’hésite pas à dire
publiquement que le PDG de Tesla,
Elon Musk, est « cent fois plus inté-
ressant » que lui. Qu’il ne sera jamais
la personne brillante et créative
qu’était le fondateur d’Apple, Steve
Jobs, ou encore qu’il n’arrive pas non
plus à la cheville de Bob Iger, direc-
teur de Disney, presque un « homme
d’État ». Et quand, à Paris, la veille du
lancement de Netflix en France,
Xavier Niel l’embarque un dimanche
soir à 22 heures pour visiter son École
42 alors pleine à craquer d’étudiants
en informatique, il distribue sa carte
de visite à chacun. « Attention, ils
vont t’appeler », le prévient en sou-
riant le PDG de Free. Hastings ne se
retient pas alors de lui demander :
« Comment fais-tu ? Moi je n’arrive
pas à les faire bosser le dimanche soir,
et pourtant je les paye ! » Pour mini-
miser un peu son œuvre, il dit sou-
vent qu’il ne fait rien d’exceptionnel,
mais qu’il le fait très bien. « C’est un
64madame FIGARO
Mag/portrait
être très logique, un software engineer,
un informaticien. Il considère les
interactions humaines comme de la
programmation de logiciels : “Si
j’effectue une modification ici, quel
impact cela aura-t-il sur la culture de
l’entreprise ?” », analyse Erin Meyer.
OLYMPIEN
Dans son entreprise, son obses-
sion a été de diriger sans procédure,
tout en évitant le chaos. Au sein de
Netflix, tout le monde dispose de
toutes les informations (l’anti-
Apple). Parmi les valeurs et les prin-
cipes de l’entreprise, des méthodes
de management qui comprennent le
keeper test (test du gardien) : Hastings
ne veut garder que les salariés pour
lesquels leurs responsables seraient
prêts à tout pour les conserver. Parmi
ces méthodes figurent aussi les 360
degree feedback dinners, des dîners
annuels où se retrouvent les mem-
bres de chaque équipe pendant plu-
sieurs heures. À tour de rôle, un
membre de l’équipe se lève, et chacun
donne son opinion sur cette per-
sonne, lui dit quelles sont ses forces
et ses faiblesses. « Au départ, j’étais
choquée, se souvient Erin Meyer.
Mais après avoir interviewé 200 per-
sonnes, je me suis rendu compte que
les gens aimaient cet exercice. La
première fois, vous vous rendez à ce
dîner un peu tendu. Mais en réalité,
chacun essaie d’être généreux et
d’aider la personne qui est critiquée.
Ce dîner demande du courage, mais
il permet aussi à chacun de mieux se
connaître. » C’est comme cela que
Reed Hastings a convaincu son asso-
cié et cofondateur, Marc Randolph, PHOTO ART STREIBER/AUGUST. PICTO IVAN SOLDO
de lui redonner des actions de Netflix
(quelques millions au cours actuel),
et de finalement quitter l’entreprise.
C’est le concept de l’« honnêteté
radicale ». Une idée fondamentale,
née d’une séance de thérapie de cou-
ple avec son épouse. Pour Hastings,
rien de pire qu’être en désaccord

sans l’exprimer. D’ailleurs, lui n’a
pas de bureau fermé ni même de
tiroir qui puisse être verrouillé,
« symbolique de ceux qui ont des
choses à cacher ». Il n’hésite pas non
plus à déléguer. « Je passe parfois un
trimestre entier sans prendre de
décision importante », se plaisait-il à
raconter lors d’une conférence TEDx
en 2018. Il n’est pas rare de le croiser
à la cafétéria de Netflix, au milieu de
ses salariés, à avaler un sandwich. Il
s’inscrit davantage dans la lignée des
« vieux de la Tech », en opposition
aux « jeunes fous furieux » de la nou-
velle génération, explique Xavier
Niel. « J’ai parfois tenté de faire mon-
ter la pression dans nos négociations,
lui s’en moquait, ne s’énervait
jamais. » Un taciturne sans effusion
ni arrogance. Puisqu’il fait tout pour
s’entourer des meilleures person-
nes, autant les écouter. C’est ainsi
qu’il a suivi son actuel coprésident,
Ted Sarandos, quand celui-ci lui a
dit, en 2011, que Netflix devait passer
de simple plateforme de diffusion à
créateur de contenus originaux. Un
tournant pour Netflix, qui décide
alors d’investir 100 millions de dol-
lars dans la production de deux sai-
sons de trente-six épisodes de House
of Cards, futur carton d’audience.
À l’époque, ils ont exploré leurs don-
nées et conclu que leur public regar-
derait cette série. Pas besoin de tour-
ner un pilote. La fibre Hastings se
trouve ici en entier.
Il est cet homme qui trouve les
mathématiques « très belles et inté-
ressantes » et qui, après un master
degree en computer science à Stanford,
est passé par la Silicon Valley et n’a
pas honte d’avouer sa passion pour
les logiciels. « Je n’ai jamais autant
aimé quelque chose », déclarait-il au
New Yorker en 2014. Mais l’amoureux
du cinéma, qui avait débuté avec le
vidéoclub, avait un autre territoire à
conquérir. Ne serait-ce que pour
répondre à cette pique qu’en 2010 le
PDG de Time Warner, Jeff Bewkes,
avait lancée en pouffant, lorsqu’on
Mag/portrait
la meilleure photographie. « Quand
Martin Scorsese cherche 200 millions
de dollars pour The Irishman, Netflix
lui a soumis l’idée que Netflix pour- n’hésite pas à le produire », poursuit
rait conquérir Hollywood : « Est-ce celui qui dirige l’Institut Lumière de
que l’armée albanaise va diriger le Lyon. Cette année, la plateforme
monde ? » encore empêchée par l’établishment
du cinéma de participer à Cannes, a
CINÉPHILE convaincu la Cinémathèque fran-
Le constat vient du délégué géné- çaise de s’allier à elle et de devenir un
ral du Festival de Cannes lui-même. de ses mécènes. Les ennemis jurés de
Thierry Frémaux invite à regarder les l’industrie cinématographique le sont
70 longs-métrages de Netflix cette visiblement de moins en moins. « Ils
année pour le comprendre : « Leur ne sont sûrement pas des ennemis,
culture, c’est le cinéma, dont ils opti- disons des cousins. Ce qui n’exclut
misent la mythologie. Avec un objec- pas qu’ils deviennent nos frères d’ici
tif assumé : conquérir l’Oscar et la peu, ça dépendra d’eux », conclut
Palme d’or. » Et ce, quelles que soient Thierry Frémaux.
les réticences des festivals à leur D’ici là, la plateforme aura à mener
ouvrir leurs portes. Depuis 2017, où il un combat au sommet avec Disney+,
a invité à Cannes deux productions qui affiche déjà plus de 80 millions
Netflix (Okja, de Bong Joon-ho, The d’abonnés. Quel qu’en soit le résul-
Meyerowitz Stories, de Noah Baum- tat, Netflix aura réussi, en vingt ans
bach), les choses ont bougé. « À seulement, à se hisser face à un
l’époque, des cris d’orfraie s’éle- colosse hollywoodien. En attendant,
vaient de toute part », mais, l’année chaque soir, avant d’aller se coucher,
d’après, c’est sur Netflix qu’était dif- Reed Hastings peut admirer dans le
fusé le film Roma, du mexicain miroir ce tatouage de l’armée alba-
Alfonso Cuarón. Il décrochera finale- naise qu’il porte dans le dos. ö
ment l’Oscar du meilleur film inter- * « La Règle ? Pas de règles ! Netflix et la culture
national, du meilleur réalisateur et de de la réinvention », Éditions Buchet/Chastel.
UN SIÈGE À L’IMAGE DE L’ENTREPRISE
DANS LES ANNÉES 1990, Creative Artists Agency (CAA) et son chef, Michael
Ovitz, dominaient Hollywood en contrôlant tous les talents. L’immeuble du 9830
Wilshire Boulevard était le centre de cette industrie. Ovitz avait engagé une personne
uniquement pour effacer toute trace de doigts sur la porte de verre, afin de donner
à chaque visiteur le sentiment qu’il était le seul à avoir franchi le seuil de l’agence.
En 2020, l’épicentre de Hollywood s’est déplacé au 5808 Sunset Boulevard, le siège
de Netflix. Si CAA avait fait appel pour son siège à I. M. Pei, l’architecte du Louvre,
Netflix a imaginé un lobby, conçu par le cabinet de design Mirada, comme un décor
de série. « Bienvenue dans le lieu le plus hot où il faut voir et être vu », a ironisé
le New York Times. En une journée, 300 personnes défilent dans ce hall pour pitcher
une idée. Netflix a imaginé l’accueil comme un élément de storytelling, une porte
d’entrée créative dans l’univers de la plateforme de streaming. Sur les murs en LED,
46 millions de pixels qui tapissent tout l’espace, les séries maison sont diffusées
en boucle. Imaginons que le producteur de The Crown, Andrew Eaton, vienne
à un rendez-vous, les réceptionnistes peuvent lancer The Crown au moment
où celui-ci pénètre dans le lobby. Chic. Efficace. Jean-Sébastien Stehli
madameFIGARO65
 Mode/looks

I B R E S
L
L I B R MME L’ A I R

LIIBR ES
CO

BR ES
ES EN SUBTIL ÉQUILIBRE, MATIÈRES
TECHNIQUES ET NUANCES POP
DESSINENT UN VESTIAIRE
SPORTSWEAR RÉSOLUMENT CHOC.
UN STYLE DE HAUT VOL SUBLIMÉ
PAR TROIS STARS DU PARKOUR *,
CETTE DISCIPLINE URBAINE
QUI CONSISTE À GRIMPER
ET BONDIR DE MURS EN TOITS.
PHOTOS THIERRY BOUËT / RÉALISATION SYLVIE CLEMENTE
/ MODÈLES AUGUSTIN CIAVALDINI @ SPORT MODELS (INSTAGRAM@AUGUSTIN.CIAVALDINI),
MEHDI HADIM (INSTAGRAM@MEHDI.HADIM) ET JOHAN TONNOIR (INSTAGRAM@JOHANTONNOIR)

* Le Parkour est un sport technique et exigeant, qui nécessite un encadrement. Renseignements auprès de la Fédération de Parkour. fedeparkour.fr

66madame
FIGARO
Mode/madame
SOUFFLE
PUR
AUGUSTIN : COUPE-VENT,
TEE-SHIRT, JOGGING
ET CHAUSSETTES,
L’ENSEMBLE PRADA.
MONTRE HUBLOT, BASKETS
POLO RALPH LAUREN.
JOHAN : COUPE-VENT
ET BERMUDA,
EMPORIO ARMANI R-EA.
CHAUSSETTES CHAMPION,
BASKETS PIERRE HARDY.

madameFIGARO67
 Mode/madame

68madame
FIGARO
 Mode/madame
CHIC
VARAPPE
À GAUCHE.
JOHAN : TEE-SHIRT,
BLOUSON ET PANTALON,
L’ENSEMBLE BERLUTI.
BASKETS ASICS.
AUGUSTIN : PULL, SHORT,
BASKETS ET CHAUSSETTES,
COLLECTION HOMME,
DIOR.

CASCADE
D’ÉCLAT
À DROITE.
MEHDI : DOUDOUNE
TECHNIQUE, PANTALON,
CHEMISE ET BASKETS,
L’ENSEMBLE
LOUIS VUITTON.
PHOTO THIERRY BOUËT

madameFIGARO69
 Mode/madame

PHOTO THIERRY BOUËT

70madame
FIGARO
Mode/madame

COOL VOLTIGE
AUGUSTIN : COUPE-VENT, SHORT
ET LEGGING, L’ENSEMBLE ISABEL MARANT.
BASKETS CELINE PAR HEDI SLIMANE.
JOHAN : COUPE-VENT GUESS, CHEMISE
PLISSÉE ISSEY MIYAKE, JOGGING MAISON
MARGIELA. BASKETS PIERRE HARDY.
MEHDI : PARKA LACOSTE, SWEATER ET
BERMUDA, BALIBARIS. CHAUSSETTES LACOSTE,
BASKETS SAINT LAURENT PAR ANTHONY
VACCARELLO.

madameFIGARO71
Mode/madame
 Mode/madame

ENVOL CASUAL
À GAUCHE.
JOHAN : PARKA, VESTE
DE SPORT, CHAUSSETTES
ET BASKETS, L’ENSEMBLE
POLO RALPH LAUREN.
BERMUDA IKKS.
MEHDI : PARKA, PULL ET
SHORT, L’ENSEMBLE BOSS.
CHAUSSETTES CHAMPION,
BASKETS PIERRE HARDY.

ÉLAN SMART
À DROITE.
PHOTOQ THIERRY BOUËT

JOHAN : TUNIQUE,
TEE-SHIRT, BERMUDA,
CHAUSSETTES ET BASKETS,
L’ENSEMBLE
SAINT LAURENT PAR
ANTHONY VACCARELLO.

madameFIGARO73
 Mode/madame

PHOTO THIERRY BOUËT

74madame
FIGARO
Mode/madame
ACCORDS
AÉRIENS
MEHDI : CHEMISE
ET PANTALON,
PAUL SMITH, POLO
MAISON MONTAGUT.
JOHAN : SWEATER ET
BERMUDA, THE KOOPLES.
CHAUSSETTES ET BASKETS,
POLO RALPH LAUREN.
AUGUSTIN : COUPE-VENT
ET PANTALON, SALVATORE
FERRAGAMO. BASKETS
PIERRE HARDY.

madameFIGARO75
 Mode/madame

PHOTOS THIERRY BOUËT

76madame
FIGARO
 Mode/madame

BOND
ACIDULÉ
À GAUCHE.
MEHDI : BLOUSON,
CHEMISE, BERMUDA
ET BASKETS, L’ENSEMBLE
HERMÈS. MONTRE TISSOT,
CHAUSSETTES FALKE.

MIX EXTRÊME
À DROITE.
AUGUSTIN : BLOUSON,
SWEATER, BERMUDA,
BASKETS ET CHAUSSETTES,
L’ENSEMBLE CELINE
PAR HEDI SLIMANE.
 Mode/madame
FRISSON
INTENSE
MEHDI : VESTE, PULL,
BERMUDA ET BASKETS,
L’ENSEMBLE FENDI.
CHAUSSETTES LACOSTE.
JOHAN : BLOUSON
ET JOGGING,
BALENCIAGA.
CHAUSSETTES FALKE,
BASKETS HUMMEL.
AUGUSTIN : SWEATER
ET BERMUDA, VALENTINO.
CHAUSSETTES POLO RALPH
LAUREN, BASKETS GUCCI.

Mise en beauté
Charlotte Dubreuil.

78madameFIGARO
PHOTO THIERRY BOUËT Mode/madame

madameFIGARO79
 Beauté/forme

YOGA
MAN

L
LES HOMMES, DE TOUS PROFILS ET
DE TOUS ÂGES, SONT DE PLUS EN PLUS
NOMBREUX À DÉLAISSER BOXE OU JOGGING
POUR CETTE DISCIPLINE LIBÉRATRICE.
UNE NOUVELLE POSTURE MASCULINE ?

A PREMIÈRE FOIS, IL A « PRIS À Paris, le centre Qee, spécialiste des gymnastiques dou-

PHOTO SHUTTERSTOCK/ANDREY PLIS. PICTO IVAN SOLDO

UNE CLAQUE ». « La femme à
côté de moi passait son pied
derrière sa nuque, quand moi j’arrivais à peine à plier mes
jambes », raconte David, 40 ans, à la tête d’une marque de
chocolat haut de gamme. C’était il y a quatre ans, sa sœur
lui avait proposé de l’accompagner à son cours de yoga.
Il pleuvait, il l’a suivie « à reculons », précise-t-il. Lui
était plutôt boxe et course à pied. « J’ai besoin de sentir
que le corps bosse. » Il raconte qu’il a fini le cours le tee-
shirt en eau. « J’ai trouvé ça très dur, adoré, et réalisé que
j’avais malmené mon corps pendant trente-cinq ans. »
Alors il s’est accroché. Et s’est aperçu qu’il n’était pas le
seul homme chien tête en bas sur un tapis. Loin de là.
ces, a lancé un cours spécialement pour eux et a dû passer
de « 20 à 80 casiers dans le vestiaire hommes en trois
ans », confie Carole Aftalion, sa directrice générale. Même
constat dans les très chics salles du Tigre Yoga Club.
Aujourd’hui, Élodie Garamond, sa fondatrice, voit même
quelques mâles s’aventurer dans les cours de barre au sol.
Impensable il y a encore quelques années, mais logique,
selon Robin Recours, socioanthropologue à la faculté de
Montpellier. « Le sport est un reflet de la représentation de
ce qu’est être un homme ou une femme dans notre société.
Les valeurs de la virilité évoluent ? Le choix des activités
physiques aussi. » La tendance no gender fait bouger les
frontières, les hommes s’autorisent d’autres expériences.

PAR JULIE LASTÉRADE

80madame FIGARO
 LES EXERCICES
DU POUVOIR
Et si le monde de l’entreprise et le
« Le yoga est devenu le nouveau management s’inspiraient du yoga ? formé ma vie, je suis devenu végéta-
fitness, observe Jean-Marie Festa, Dans son livre Manager comme rien, je suis plus en conscience. Les
professeur de yoga et de Pilates. Sur- un yogi, Luc Biecq démontre de façon orientations que j’ai prises dans mon
tout pour les catégories socioprofes- très simple et très concrète comment travail et mon énergie viennent de
sionnelles supérieures, où la mode est tous les grands principes du yoga là. » Isabelle Morin-Larbey, celle qui
aux muscles dessinés longs et fins. peuvent être appliqués au quotidien réserve un guetteur aux hommes qui
Dans les dîners, les hommes se met- pour mieux travailler en équipe. débutent, en est certaine : « S’ils
tent à parler de leur yoga, de leur club, À mettre entre toutes les mains viennent au yoga, c’est que quelque
de leur prof. » Surtout, la pratique du des dirigeant(e)s du pays. chose les titille. » Quelque chose de
yoga n’est pas que physique. Elle per- Éditions First, 288 p., 15,95 €. plus spirituel. Bertrand, 44 ans, tech-
met de développer son mental. L’asso- nicien du spectacle, était déjà dans
cier à d’autres activités permet d’amé- une recherche de développement
liorer globalement ses performances. Par exemple, yoga personnel avant de s’y mettre. « Je n’essaie pas de custo-
et running sont très complémentaires : le premier apporte miser mon corps, ni d’augmenter ses performances, dit-il.
la concentration nécessaire à la gestion de l’effort continu Je veux qu’il soit un véhicule bien entretenu. » Fonction-
exigé par le second. nel, mais pas seulement. Sa séance hebdomadaire de hatha
flow lui a fait gagner en souplesse et en tonicité, mais
APPRIVOISER « aussi en patience et en tempérance », observe-t-il. Pas
L’INCERTITUDE vraiment ce que recherchait Philippe, 42 ans, courtier en
En général, ils débutent par un cours de yoga ashtanga immobilier, adepte de vélo, de course à pied et de paysages
ou iyengar, réputés plus dynamiques ou plus techniques qui défilent. Jusqu’à la mort de son père, il y a quatre ans.
que les autres. « Ils arrivent avec l’esprit de compétition et « J’étais triste et tendu, une amie m’a donné un cours. Une
sont piqués dans leur ego devant leur petite ouverture de heure après, je me sentais mieux qu’après un massage. »
hanche, ou lorsqu’ils voient les femmes jongler mieux Depuis, il a libéré deux créneaux par semaine dans son
qu’eux entre souplesse et force, constate Patrick Frapeau, emploi du temps et acheté tout l’attirail pour « une heure
professeur d’ashtanga. Beaucoup abandonnent devant la trente de rendez-vous avec moi-même ». ö
difficulté. » Alors il les valorise, leur explique que « ce
n’est pas une recherche de performance, qu’il faut lâcher,
que les choses vont se faire ».
Isabelle Morin-Larbey, présidente de la Fédération natio-
nale des enseignants de yoga, aime « accueillir les nou-
veaux venus avec un guetteur, sorte de planche statique à RETOUR À L’ENVOYEUR
tenir sur 20 respirations. » La posture d’appui est physique LES MAÎTRES YOGA l’appellent l’« effet pizza ».
et donne d’emblée le ton. Guillaume Body Lawson, Comprenez : un phénomène qui remet une pratique
professeur de hatha flow, privilégie aussi les postures de au goût du jour dans son pays d’origine après qu’elle
gainage, leur parle transverse et ventre plat, périnée a rencontré le succès à l’étranger. « Jusqu’au début
et risques d’incontinence. « Ça les motive », souffle-t-il. du XXe siècle, le yoga est pratiqué en Inde par des
Il confie leur faire tenir des postures d’inversion assez ascètes », note Isabelle Morin-Larbey, présidente de la
longues, qui mettent en péril l’équilibre et obligent à Fédération nationale des enseignants de yoga. Dans
« gérer l’incertitude ». « Cela plaît aux cadres dirigeants. les années 1930, Krishnamacharya soigne le maharaja
S’ils reviennent cinq ou six fois, ils restent. » Et deviennent de Mysore, qui le fait connaître au gotha et à la jet-set.
particulièrement fidèles. « Toujours le même prof, tou- « Les femmes émancipées s’y mettent », continue Isabelle
jours le même cours, observe Élodie Garamond au Tigre Morin-Larbey. En 1980, 100 000 Français l’ont adopté.
Yoga. Un engagement qu’on ne trouve pas forcément chez Aujourd’hui, on compte plus de 2,6 millions * de convertis,
les femmes. » David, le chocolatier, a laissé tomber la boxe dont 75 % de femmes. Pendant ce temps-là, en Inde,
et la course à pied pour ne plus se consacrer qu’aux saluta- l’art ancestral est devenu un business touristique…
tions au soleil et aux séries d’ashtanga : « Au bout de deux * Source : Observatoire du fitness, Union Sport & Cycle, oct. 2017.
ans, je ne progressais plus, il fallait que je m’engage plus. »
Depuis, il pratique quotidiennement. « Le yoga a trans-

madameFIGARO81
 Lifestyle/cuisine
TOUT SOURIT À
MORY SACKO
APRÈS UN PASSAGE REMARQUÉ À TOP CHEF 2020, CE CUISINIER
DE 28 ANS A OUVERT SON RESTAURANT, MOSUKE, EN SEPTEMBRE.
MALGRÉ LA FERMETURE, IL A DÉCROCHÉ UNE ÉTOILE AU MICHELIN.
ET FRANCE 3 VIENT DE LUI CONFIER UNE ÉMISSION.
ITINÉRAIRE D’UN JEUNE HOMME VOLONTAIRE ET RAYONNANT.
M
ory sacko,
c’est d’abord
un sourire
irrésistible. Ce sourire qui l’a rendu
si populaire l’année dernière quand
il était candidat de Top chef, et qui rayonne
encore dans son émission, Cuisine ouverte,
diffusée sur France 3 (1). Si ce chef de
28 ans aux origines sénégalaise et
malienne a un incroyable capital sym-
pathie, il est surtout un homme décidé.
Sa voie, il l’a choisie dès la classe de 3e.
« J’ai suivi ce que me dictaient mes goûts : manger la cuisine
d’Afrique de l’Ouest de ma mère, rêver de la vie de palace et
de grosses brigades. J’ai donc intégré le lycée professionnel
Antonin Carême à Savigny-le-Temple (77). » Mory Sacko
s’initie au bourguignon, à la blanquette, au riz pilaf...
« Je me disais : “Waouh ! Je suis dans une branche où il
y a tant à apprendre… Je ne saurai jamais tout !” » L’élan est
là, et le conduit vers un bac professionnel, en 2011, et un
apprentissage dans un restaurant italien où il se frotte aux
renoncements : « J’ai raté de nombreuses fêtes, mais cela
ne me dérangeait pas tant j’étais pris par le feu du service. »
Il a toujours en tête les prestigieuses adresses. « Pendant
cette période, raconte-t-il, j’ai envoyé des lettres de moti-
vation dans tous les palaces. » C’est le Royal Monceau qui
lui ouvre ses portes. « Tous les mecs avaient un sacré
niveau. Je n’étais pas tout à fait au point. Le chef Hans Zahner
PAR VANESSA ZOCCHETTI / PHOTOS BERNHARD WINKELMANN
82madame FIGARO
ne me lâchait pas. Au bout d’un an,
j’avais rattrapé mon retard et j’ai fini
chef de partie », précise-t-il. Puis
Mory Sacko rejoint le Shangri-La : « Il
n’y avait aucune violence, mais on ne
souriait pas ! » Il recommence à pos-
tuler dans d’autres lieux et décroche le
poste de ses rêves au Mandarin Orien-
tal avec Thierry Marx. Il y restera qua-
tre ans et demi et deviendra sous-
chef. C’est fort de ce parcours, et tout
sourire, que Mory Sacko annonce fin
2018 à Thierry Marx qu’il veut ouvrir
son restaurant. Le chef l’encourage.
Pour mener à bien son projet, cet
allergique aux concours s’inscrit à… Top
chef. « Cette compétition avait un triple intérêt, explique-
t-il. C’était un tremplin médiatique, un moyen d’obtenir
des prêts bancaires plus facilement et la possibilité de faire
goûter ma cuisine un peu folle à des chefs étoilés. » Cette
cuisine « plurielle » est conçue comme un voyage mariant
des inspirations africaine, japonaise et française. Et elle
plaît : les succès s’enchaînent... Quand il ouvre à Paris son
restaurant MoSuke (2) au décor épuré, le 1er septembre
2020, les réservations arrivent en nombre et il affiche com-
plet en une journée pour les deux mois à venir. Pandémie
oblige, la fermeture des restaurants est annoncée ? MoSuke
devient MoSugo, soit une offre de vente à emporter. ➢
 Lifestyle/cuisine

SAUMON LAQUÉ AU MISO

POUR 4 PERSONNES\ASSEZ FACILE. PRÉPARATION : 30 MINUTES. CUISSON : 3 MINUTES. REPOS : 1 HEURE.
● 4 filets de saumon sans la peau d’environ 150 g chacun ● 100 g de miso blanc sucré ● 100 g de miso blanc salé
● 50 g d’aloe vera en cubes en bocal ● 4 petits piments végétariens ● 4 feuilles de shiso vert ● 50 g de limequats
● 50 g de kumquats ● 1 citron vert ● 1 citron jaune ● un trait de vinaigre de riz ● 2 citrons caviar (facultatif).
MÉLANGER les misos, sucré et salé, et 50 g d’eau. RÂPER les zestes des citrons. En ajouter la moitié au mélange des misos,
réserver le reste. FAIRE MARINER les filets de saumon dans ce mélange pendant 1 heure, les sortir de la marinade et les dis-
poser sur un plat à four. ENFOURNER, en position gril à pleine puissance, pendant 2 à 3 minutes pour en saisir le dessus.
TAILLER les limequats et les kumquats en minces rondelles. Les mettre dans un bol avec le vinaigre de riz. Réserver. Couper
les piments en fines lamelles, en enlevant la partie blanche et les pépins. Réserver. CISELER les feuilles de shiso. Placer les
cubes d’aloe vera avec l’eau de leur bocal dans le bol du mixer. MIXER jusqu’à l’obtention d’une texture évoquant un gel,
puis ajouter le reste des zestes de citron ainsi que les grains des citrons caviar (facultatif). Mélanger. RÉPARTIR ce condiment
dans chaque assiette, poser dessus les filets de saumon. Disposer sur les filets le mélange d’agrumes, les piments, le shiso.

madameFIGARO83
 Lifestyle/cuisine
Lifestyle/cuisine
L’engouement est au rendez-vous. Et les récompenses pleu-
vent : le Gault & Millau lui décerne le prix Jeune Talent 2020, le
Guide Michelin le couronne d’une étoile et du Young Chef
Award… Les quelques chanceux qui ont goûté son menu
avant que les restaurants ne baissent le rideau ont pu savourer
un œuf parfait à la japonaise, servi avec un bouillon dashi et
une réinterprétation de l’onigiri twisté avec du porc gascon,
du poivre de Penja et un beurre blanc monté au kombucha.
Ces clients ont sans doute succombé à son homard par-
fumé avec des piments végétariens fermentés, à la saveur
fumée, et un miso à la tomate ajoutant de la rondeur ; à sa
sole bretonne cuite dans une feuille de bananier avec une
purée de livèche – un clin d’œil au garba, recette ivoirienne.
Il réinvente également le poulet Yassa sénégalais, avec une
volaille culoiseau – la plus belle qui soit –, du yuzu, des
oignons des Cévennes et de Roscoff, et le mafé malien, avec
du bœuf de l’Aubrac maturé dans du beurre de karité. Ses
desserts reflètent aussi ce va-et-vient entre les continents :
avec une ganache au chocolat, biscuit à la fleur de sel fumé,
glace et siphon de wasabi. « J’adore ce plat, car il permet
de garder le piquant jusqu’au bout du repas et provoque
des réactions », s’amuse Mory Sacko. Parler de sa cuisine
le met particulièrement en joie : il ne sourit plus, il rit ! ö
(1) « Cuisine ouverte », le samedi, à 20 h 25, sur France 3.
(2) MoSuke, 11, rue Raymond-Losserand, 75014 Paris. mosuke-restaurant.com
84madame FIGARO
LE GOÛT
DE L’ESSENTIEL
Le sobre décor
du restaurant MoSuke,
ouvert à Paris par
Mory Sacko, permet
d’apprécier avant-tout
le contenu de l’assiette :
une cuisine mariant
inspirations africaine,
japonaise et française.
PRESSÉ DE BANANES PLANTAIN
POUR 4 PERSONNES\ASSEZ FACILE.
PRÉPARATION : 30 MINUTES. CUISSON : 30 MINUTES.
● 6 bananes plantain bien mûres ● 12 feuilles de nori
● 30 g de sauce soja ● 20 g de beurre fondu ● 50 g de comté
● quelques feuilles d’oxalis vertes et pourpres.
ÉPLUCHER les bananes et les tailler en quatre dans la longueur.
Les badigeonner généreusement avec la sauce soja.
DÉCOUPER chaque feuille de nori en deux. ROULER chaque
morceau de banane enduite de sauce soja dans une demi-
feuille de nori. SUPERPOSER ces boudins dans un petit moule
à cake. Arroser ensuite le tout de beurre fondu. FAIRE CUIRE
PHOTOS BERNHARD WINKELMANN
à couvert au four, à 180 °C, pendant 30 minutes. Sortir le moule
du four, retirer le couvercle et placer un poids léger sur les
boudins superposés. Laisser refroidir. DÉMOULER le pressé
de bananes, le découper en quatre. Poser chaque part sur
une assiette, et disposer dessus du comté râpé et les feuilles
d’oxalis.
VEAU À LA POUTARGUE ET AUX CREVETTES SÉCHÉES
POUR 4 PERSONNES\ASSEZ FACILE. PRÉPARATION : 30 MINUTES. CUISSON : 15 MINUTES. REPOS : 1 HEURE.
● 400 g de noix de veau ● 60 g de sauce japonaise mentsuyu ● 10 g de fleurs d’hibiscus séchées ● 10 g de vinaigre
d’ume (prune japonaise) ou de vinaigre de cidre ● 100 g d’huile d’avocat ● 4 fruits de la passion ● 10 g de katsuo-
bushi (bonite séchée) ● 10 g de crevettes séchées du Cameroun ● 5 g de poutargue ou de batrakh (poutargue séné-
galaise) ● 50 g de thiéré (couscous de mil) ● 5 g de furikake (condiment japonais) ● 5 g de sésame ● 5 g de wasabi.
FAIRE mariner la noix de veau dans le mentsuyu pendant une heure. SAISIR le veau dans une poêle à feu vif sur ses
deux faces, sans cuire l’intérieur. REMETTRE la viande dans la sauce mentsuyu et laisser refroidir, puis la découper
en fines tranches. Réserver. Dans une casserole, mettre le vinaigre et les fleurs d’hibiscus, porter à ébullition, filtrer
le mélange, laisser refroidir, puis ajouter l’huile d’avocat. Mélanger légèrement pour garder un effet tranché.
Réserver. PRÉPARER le thiéré, le mettre dans un saladier. PORTER à ébullition 1,2 volume d’eau salée pour un
volume de thiéré, verser sur le thiéré. Couvrir. Laisser gonfler 5 à 10 minutes. RÉPARTIR la vinaigrette dans quatre
assiettes. Disposer dessus les tranches de noix veau. Récupérer la pulpe des fruits de la passion, la répartir sur les
tranches de viande. Disposer joliment les autres ingrédients dans les assiettes : copeaux de bonite, crevettes
séchées, poutargue râpée, thiéré cuit, poudre de furikake, sésame, wasabi.

madameFIGARO85
 Sélection/madame

PAGE RÉALISÉE PAR LE SERVICE COMMERCIAL DE « MADAME FIGARO »

COURBES MILANAISES Swatch présente

une collection
exclu sive en
Pour l’année 2021, Pomellato collaboration avec
célèbre le style unique de sa Maison The Museum
avec de nouveaux bijoux Brera of Modern Art
saisissants, fabriqués pour les plus (MoMA). Le
élégantes des fashionistas. Riches de trublion de
l’inimitable panache italien et d’un l’horlogerie
savoir-faire artisanal parfaitement introduit
maîtrisé, les nouvelles créations six modèles
comprennent une boucle d’oreille, des inspirés de

L’ART DU TEMPS
pendants d’oreilles et deux bagues « chefs-d’œuvre
entre les doigts ». D’une distinction du musée new-
infinie, ces bijoux sont sculptés pour la yorkais dont
femme audacieuse qui ose engager la L’Espoir, II (1907-
conversation, à la manière italienne. ✦ 08) de l’artiste
www.pomellato.com Gustav Klimt ou
encore La Nuit Étoilée (1889) de
Vincent van Gogh. On peut aussi

UN BLAZER BLANC créer sa montre personnalisée

à partir des œuvres de l’artiste
SINON RIEN ! Beatriz Milhazes grâce à Swatch X
You. À partir de 75€. ✦
Véritable must-have du printemps, le blazer www.swatch.com
Caroll est parfait dans son coloris blanc et plus
mode que jamais avec un jean ou par-dessus une
robe pour une tenue sophistiquée… Inspirée du
vestiaire masculin, la veste double boutonnage
JEU DE LUMIÈRE
se féminise grâce à ce coloris immaculé, pour La collection
toujours plus d’élégance. Fabriqué en Europe, en Nëve est le
polyester recyclé, il rassemble tous les atouts pour résultat de
une consommatrice impliquée… Tout comme l’inspiration
vous, Caroll s’engage. ✦ sans faille de
www.caroll.com
la créatrice
Notre histoire se nourrit d’un Morganne
flot de voyages, de souvenirs et de Bello à
rencontres. Elle contribue à donner l’origine de
une identité propre à chaque individu. la maison
Cette philosophie, si chère à Maison Layone. Les
SINGULIÈRE

Ullens, trouve un écho tout particulier courbes ainsi que les diamants des bagues
cette saison dans le travail de sa et des boucles d’oreilles reproduisent
IDENTITÉ

dernière collection d’été 2021 dont le scintillement de la lumière à travers

les inspirations émanent d’artistes
du monde entier. La silhouette reste
épurée, chic et décontractée. Les
couleurs sont vives et chaleureuses,
évocatrices de l’univers pictural si
cher à la maison Belge. ✦
www.maisonullens.com
les feuillages, sur la mer ou la neige.
D’innombrables éclats de lumière se
mouvant en toute liberté, jouent avec notre
regard… Et éblouir les autres, subtilement
et avec délicatesse. Tous les bijoux sont
disponibles en or blanc, jaune ou rose.✦
www.layone.com
 Sélection/madame
PAGE RÉALISÉE PAR LE SERVICE COMMERCIAL DE « MADAME FIGARO »
Sportmax Denim Culture est
un projet dédié au jean, basé sur
la collaboration avec différents
DENIM CULTURE
artistes. Pour cette cinquième
édition, la collaboration a été faite
avec le talentueux photographe de
Modène, Franco Fontana, connu
pour sa représentation d’espaces
très colorés et pour son travail sur
la lumière depuis les années 60. La
collection printemps-été 2021 a donc
été inspirée par son œuvre avec des
pantalons oversized et volumineux,
des robes près-du-corps, des tops
décolletés et des mini jupes. ✦
www.sportmax.com
L’UTILE A
L’AGRÉABLE
Parfaite illustration de la philosophie
THÉRAPEUTIQUES
Sentéales, la formule de la crème botanique
raffermissante de la marque associe le
plus harmonieusement du monde les
actifsréputéspourleurpouvoiranti-peau
d’orange (en l’occurrence, la caféine et
les baies de guarana) aux ingrédients
remarquables et confidentiels qu’on
imagine volontiers issus de son
jardin secret. Citons par exemple les
BIJOUX
extraits de lotus sacré aux propriétés
anti-rétention d’eau, ou bien encore
l’eau de fleur d’oranger régénérante. Tout
ce qu’il faut pour lisser les capitons et esquisser
les nouveaux contours d’un corps sublime.✦
www.senteales.fr
MUST-HAVE
Le joaillier diamantaire Korloff
dévoile sa nouvelle ligne horlogère
K88, un design audacieux révélé par
son boîtier au motif « étoile » rose vif
qui puise son inspiration des 88 facettes
des diamants Korloff de 0,11 carats. Elle
saura séduire et incarner la femme libre
et audacieuse avec son boîtier en acier
ainsi qu’avec son bracelet alligator pour
une touche de modernité. Cette montre
se décline aussi avec un cadran en nacre
noire ou blanche. ✦
www.korloff.com
DIAMANT 2.0
Plateforme officielle
d’informations sur le diamant naturel,
le site naturaldiamonds.com vient
d’être lancé en version française par
le Natural Diamond Council. Il invite
à découvrir l’univers du diamant sous
toutes ses facettes. Mine d’informations
à 360°, il dévoile en toute transparence les coulisses de ce secteur lié
au luxe authentique. Il donne également un éclairage factuel sur cette
pierre écoresponsable au grand pouvoir de séduction. Des néophytes aux
professionnels, chacun trouvera réponse à ses questions. Visite guidée ! ✦
www.naturaldiamonds.com/fr
Les talismans Sahana sont
bien plus que des bijoux, ce
sont des partenaires de vie,
symboles de certains événements
importants, des accélérateurs
mais aussi des modérateurs
d’énergie. Chaque pierre est,
avant d’être utilisée, nettoyée
et chargée en énergie selon le
protocole de soin pour bénéficier
de leurs vertus. Il ne vous reste plus qu’à succomber au
talisman qui vous convient le mieux sur les conseils d’Audrey
Lebar, la créatrice de la marque pour qui chaque création est
une pièce importante et unique. ✦
www.sahana-spirit.com
 Mots croisés/madame

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T SOLUTION
1 1 DES MOTS CROISÉS
DU 12 MARS 2021
2 2 Horizontalement : 1. Scanda­
le retentissant. 2. Pavoisera.
3 3
Évier. Amie. 3. Éros. Sursis. Péan.
4 4 Pet. 4. CAC. Fora. Step. Noël.
5. Ubac. Crime. Pâti. Rêva. 6. Lite­
5 5 rie. Érié. Reps. Ag. 7. An. Tiers.
Avenant. Pro. 8. Tétons. Arno.
6 6 Ain. Clin. 9. Sic. Pie. Irénée.
Ace. 10. Oranaise. Grève. Hu­
7 7
nes. 11. Néré. R.I. Présure. RTL.
12. Spi. Bottée. Is. Reg. La.
8 8
13. Andante. C.R.S. Sévères.
9 9 14. Vie. Ci. Assette. Eau. 15. Er.
Assise. Haïrai. Ail. 16. Sert. Échan­
10 10 tillonne. 17. Ardeur. Outrée.
Stop. 18. Albi. Se. Sus. El. Oc.
11 11 Ni. 19. Léaud. Laissa. Lézarda.
20. Tmèse. Réelles. Rues.
12 12
Verticalement : A. Spéculations.
13 13 Vestale. B. Carabiné. Repaire.
Lé. C. Avocat. Tsarine. Rabat.
14 14 D. Nos. Cétoine. Atrium. E. Di.
Rinça. Bacs. De. F. Associés.
15 15 Ironistes. G. Leurrer. Psitt. Uélé.
H. Errai. Saie. Teaser. I. Ras. Me.
16 16
Ré. Pe. Sec. Sir. J. Iseran. Grecs.
17 17 House. K. Test. Ivoire. Rehaussé.
L. Év. Épée. Résistant. Al. M. Nip­
18 18 pa. Nævus. Titre. N. Tee. Traîner.
Sérielle. O. Iranienne. Ère. Ale. Ès.
19 19 P. Nô. Pt. Eh. Éveil. Oz. Q. S.A. Ers.
Urgea. Oscar. R. Ample. Plant.
20 20
Ruant. Ru. S. Nie. Varicelle. Inon­
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T dé. T. Tétragones. Asclépias.

HORIZONTALEMENT
1. Composition musicale à plusieurs
solistes (deux mots). 2. Le jeton d’un
Romain. Pottock dans le Pays basque.
Couche dans les arbres. 3. Onde courte.
Dessous de table. Permettre une meil-
leure glisse. La fin de la peur. 4. Sen-
sibilité de paparazzi. Forts du Bos-
phore. Fait obstacle. La petite nouvelle.
5. Clarifier la situation. Trop long pour le
court. Type à histoires. 6. Pas toujours
récupérée. La campagne lui a réussi. Le
champ des opérations. 7. Neuf pour un
chat ? Il coule au Japon. Fait les puces.
Il joue avec les clés. 8. Neuf au début.
Passa le pas. Fila à bonne allure. Avant
les autres. 9. Étendue aride. Rejoint
le Rhin. Voisin du Michigan. Tel quel.
10. Aux yeux de tous. Parfois mille
pour exprimer la reconnaissance. Com-
plément habituel des paillettes. Posses-
sif. 11. Clé du passé. Homme de lard.
Dotés d’un coffre fort. Coton. 12. Lais-
sant une dédicace. Marine et roi. Qui n’a
plus cours. 13. Début d’élancement.
Couche africaine. Crispé. Naufrageur
en mer. 14. Il permet la soudure. Mit
les doigts. Vit dans le Doubs. Marron
ou chocolat. 15. Lac turc. Sentiments
transmis. Ayant quitté sa mère. Réfor-
mateur tchèque. 16. Premier babil. Le
bon fait rire. Conductrices de métiers.
Chef de parti. 17. Tiré d’affaires. Tant.
Entrée d’Asie. Gentleman désagrément.
Onze romain. Tendre en amour. 18. An-
tilope africaine. Proche de la perche.
Fine lame. 19. Il peut donner le change.
Ordre en l’air. Envol économique. Le
bœuf avant la charrue. 20. Elle a ses
épingles. Pour élever des sportifs.
VERTICALEMENT
A. Il n’a rien d’un crincrin. Traitements
difficiles à encaisser. B. Son bois est
dur. Défense passive. Dans le bouquet
de la mariée. C. Unité de vitesse. Point
critique. Soldat de Biden. Ramasse du
blé. Devant l’auteur. D. Fait tourner les
têtes. À l’abri du besoin. Oreille de mer.
Tradition respectée. E. Ils ne sont pas
toujours cendrés. L’éclat de la jeunesse.
Elle illumine un éclaireur. Cela serait pré-
férable. Là où le métro fait dodo après le
boulot. F. Division de la couronne sué-
doise. On peut s’y trouver couché à son
insu. Mesure réduite. Culotte pour Bos-
co. G. Bien exposée. Blocage des pris.
H. Sortie de bain. Terre de La Flotte.
Patates du Touquet. I. Traverse en bois.
Article. Accord de Jasmin. Assemblé
mais pas cousu. Visionnaire. J. Oiseau
suisse… Mercaptan. Ancien sigle colo-
nial. Entendu à l’appel. K. Auteur de la
nouvelle vague. Bien connu. Grincer.
Région de Karachi. L. Elle va droit au
chœur. Salut à l’italienne. Te donnas
du mal. Sophia la Romaine. M. Cou-
leur primaire. Nœud pas coulant du
tout. Khuzestan d’antan. Gare à Paris.
N. Herbivores. Locataires du pan-
théon. Réfléchi. O. Prison d’Audiard.
Berges de l’Amour. Sylvestre ou Dou-
glas. Une solution pour une addition.
P. Bute. Début de curiosité. Ses dieux
sont vivants. Il fume au salon. Lopin de
garenne. Q. Cachette. Devant le prêtre.
Fort intérêt. Délabrés. R. Négation. Fort
du bassin. Pratiques réglées. Jus de rai-
sin. S. Fête branchée. Naturels. Manger
pour un chartreux. Duchesse à cueillir.
T. Pas justes. Consultés en premières
lectures.

PAR PIERRE OLLIVIER

88madame
MC567-SOL566.indd FIGARO
2 28/01/2021 10:05

HORO
SCOPE
par Nadine SEMAINE
de Liedekerke DU 19 AU
✦ 25 MARS
Bélier
Vous vous sentez renaître !
Taureau
DU 19 AVRIL
AU 20 MAI
Dès le 20, privilégiez des moments
de calme et de solitude pour faire le
point sur l’année passée.
CHOISISSEZ la nouvelle
route où vous vous engagerez dans
un mois, dès que le feu passera au
vert. En attendant, acceptez les res-
ponsabilités que l’on pourrait vous
confier les 19 et 22, élargissez votre
champ d’activité et faites-vous
conseiller, le 22, si vous avez déjà en
tête quelques projets.
VOS AMOURS seront plei-
nes de surprises le 21. Puis ardentes
Horoscope/madame
GRANDE MAÎTRISE de vos
actions le 22, mais risque d’irritation
le 24. Cupidon sera très ardent le 24.
Cancer
DU 20 JUIN
AU 22 JUILLET
Le Soleil, dès le 20, et Vénus, dès le
21, faciliteront votre avancée vers de
nouveaux sommets.
C’EST LE MOMENT d’être
ambitieuse, de vous mettre en avant,
de briguer le poste que vous convoitez
depuis longtemps. Ne laissez plus le
passé vous enfermer. Sentez-vous
libre d’aller là où vous n’êtes encore
BÉLIER
DU 20 MARS
AU 19 AVRIL
C’EST VOTRE ANNIVERSAIRE
(DÉBUT 1ER DÉCAN) : cette année, vos
espoirs et vos rêves seront grandissants.
Vous pourrez vous lancer dans des pro-
jets, élargir le cercle de vos amis, vous
investir davantage dans des groupes qui
partagent vos idées. Ne vous laissez pas
enliser par la routine quotidienne...
OUVREZ-VOUS aux expériences
qui se présentent ! Voyez des gens diffé-
rents, découvrez d’autres facettes du
monde et des technologies. Un vent d’air
frais soufflera sur votre façon de penser et
de communiquer. Soyez curieuse : plus
vous vous ouvrirez à des idées nouvelles,
plus vous grandirez et vous vous amuse-
rez. Amours intenses en juin et en juillet,