MARDI 9 MAI 2023

Transport CMA CGM devient un poids Fraude Enquête sur ces sociétés
lourd de la logistique mondiale // P. 23 éphémères qui pillent les caisses de l’Etat // P. 17

Medef : les lignes

rouges du favori
de l’élection
Immobilier : la menace
PATRONAT « L’essentiel de nos
problèmes résulte de ce que le
pays ne produit pas assez », fait
valoir dans une interview aux
« Echos » Patrick Martin, candi-
dat à la présidence du Medef. La

d’une crise historique transition climatique nécessi-

tera une montagne d’investisse-
ments qui « devrait nous inciter
à introduire dans notre protec-
tion sociale une part de retraite
par capitalisation », défend-il
tout en exhortant l’exécutif à ne
pas « remettre en cause la politi-
que de l’offre ». Deux autres can-
didats ont obtenu les parrai-

Joël Saget/AFP
nages nécessaires pour
concourir à la présidence du
Medef : Pierre Brajeux et Domi-
nique Carlac’h. // PAGE 2
Loic Venance/AFP et Francois Henry/REA. Source : Ministère de la transition écologique (SDES)

525.300
analyses
500.000
Les secrets
460.100
de la productivité
Par Jean-Marc Vittori
Grèves en Angleterre :
441.400 Depuis trois ans, la production un nouvel « hiver
Les permis de construire par tête recule, constate Jean- du mécontentement »
Marc Vittori, qui livre deux
Cumul sur 12 mois, données brutes Par Ingrid Feuerstein
clés propres à la faire remon-
ter : le management et
388.700
ChatGPT. Une étude a montré
Comment contrôler
combien le manager change l’intelligence artificielle
Octobre Février Février Août Mars tout. Portant sur les données Par Gilles Babinet
2017 2020 2021 2022 2023 de 2.773 magasins, celle-ci
conclut que les managers,
à eux seuls, expliquent entre
IA générative : du buzz ?
le quart et le tiers des écarts Non, une révolution
l Mises en chantier et réservations de logements neufs sont en chute libre. de productivité d’un établisse- Par Sylvain Duranton
l La flambée du coût des crédits immobiliers force les ménages ment à l’autre. Le style de lea-
dership et le charisme pèsent
à revoir leurs projets. l Les maires confrontés à la résistance croissante Quand ADN
leur poids dans la balance. Ce
n’est pas le cas de ChatGPT, qui et généalogie traquent
des habitants. l Promoteurs et constructeurs réclament des mesures a pourtant, lui aussi, un effet les criminels
d’urgence, le gouvernement promet des annonces imminentes. positif pour aider des em-
ployés de centres d’appels dans
Par Benoît Georges

// PAGES 20-21 ET L’ÉDITORIAL DE DAVID BARROUX PAGE 18 leurs entretiens. // PAGE 14 // PAGES 13 À 16

Le petit moral Les clés pour

des dirigeants
Détectez
les opportunités pèse sur les
de votre marché. transmissions
Abonnez de PME
vos équipes
au temps d’avance.
PATRIMOINE Les cessions-acqui-
Découvrez nos ofres Entreprises : sitions de PME ont reculé de 8 %
abo-entreprises.lesechos.fr
l’an dernier pour l’ensemble de la
France, avec de fortes disparités
régionales. Sur les trois premiers
mois de 2023, le cabinet de conseil
en cessions-acquisitions In
Extenso enregistre une baisse
d’encore 40 % du nombre de trans-
M 00104 -509 - F:3,40 missions signées par rapport à la
même période de 2022, année de
rattrapage post-Covid. En cause, le
moral des dirigeants qui s’effrite
ISSN0153.4831 116e ANNÉE
face à une inflation persistante et à
la hausse des taux d’intérêt, les
NUMÉRO 23955 38 PAGES
Antilles-Réunion 4,50 €. Belgique 4,00 €. conflits géopolitiques qui s’instal-
Espagne 4,90 €. Luxembourg 4,20 €. lent en Ukraine, à Taïwan et en
Maroc 42 DH. Suisse 6,40 FS. Tunisie 9 TND. Afrique, et le redémarrage écono-
mique tout récent de la Chine.
// PAGES 28-29
comprendre la
crise des banques
régionales
américaines
FINANCE Après une semaine dans
la tourmente, PacWest et d’autres
acteurs du secteur bancaire aux
Etats-Unis se sont redressés en
Bourse ces derniers jours. Mais les
discours rassurants des autorités
n’ont pas convaincu Wall Street, où
la pression reste intense sur les
banques régionales cotées. Car
après la disparition de quatre ban-
ques régionales américaines ces
deux derniers mois, nul ne sait si
d’autres dominos peuvent encore
tomber. Depuis le milieu des
années 1980, le nombre de ban-
LOGICIEL DE GESTION
ques a pourtant été divisé par qua- D’ENTREPÔT
tre. Mais elles gardent un poids
majeur dans le financement de
01 60 11 92 92 mecalux.fr/logiciel
l’économie réelle.
// PAGES 32-33

FRANCE
Les rapports de force dans le match à trois
qui s’engage pour la présidence du Medef
l Aux côtés de Pierre Brajeux, qualifié de justesse, Patrick Martin et Dominique Carlac’h ont facilement obtenu
les parrainages nécessaires pour valider leurs candidatures.
l Même si la cheffe d’entreprise peut se prévaloir de nombreux parrains, Patrick Martin fait toujours figure de favori.
SOCIAL
Renaud Honoré
Le compte à rebours final com-
mence. Le comité statutaire et
d’éthique du Medef avalise ce mardi
la liste des trois candidats autorisés
à concourir début juillet pour la
succession de Geoffroy Roux
de Bézieux à la tête de l’organisa-
tion patronale, après deux pre-
miers mois d’une campagne bien
émolliente pour le moment.
Cette période visait à réaliser un
premier écrémage : les prétendants
devaient dans ce laps de temps réus-
sir à rassembler 150 parrainages
– sur un total de 560 grands élec-
« Le pays ne produit pas assez »
Propos recueillis par
David Barroux, R. H.
et Lucie Robequain
Comment les entreprises
ont-elles traversé la crise
sociale que vient de vivre
la France avec la réforme
des retraites ?
J’ai d’abord une pensée pour celles
et ceux qui ont souffert des violen-
ces ayant hélas émaillé ces événe-
ments, dont les chefs d’entreprise,
particulièrement de PME. Sur le
fond, ma conviction est que l’essen-
tiel de nos problèmes résulte de ce
que le pays ne produit pas assez,
avec pour conséquence que notre
PIB par habitant régresse compara-
tivement à nos principaux concur-
rents. Ce sera l’une de mes priorités.
Tout ce qui contribue à accroître
notre quantité de travail est dès lors
bienvenu. L’un des effets de cette
réforme, trop peu évoqué durant
les débats, est justement de générer
20 milliards d’euros de PIB supplé-
mentaires donc 8 milliards de
recettes fiscales et sociales, au-delà
même de son impact direct sur le
financement des retraites.
Avez-vous, comme les syndi-
cats de salariés, le sentiment
qu’Emmanuel Macron néglige
les partenaires sociaux ?
A-t-il négligé les partenaires so-
ciaux ces dernières années ? Sans
doute, oui. A-t-il eu raison ? Je ne le
crois pas, et les difficultés que nous
avons dû affronter le montrent.
J’espère sincèrement que les cir-
constances vont l’amener à mieux
nous considérer. Nous avons besoin
d’une démocratie sociale vivante,
active et respectée. Les partenaires
sociaux savent faire preuve de res-
ponsabilité.
Craignez-vous que le gouverne-
ment fasse payer la note de la
crise sociale au patronat pour
renouer avec les syndicats ?
Je rappelle que, même si le Medef la
soutient, les entreprises ne sont en
rien bénéficiaires de la réforme des
retraites ! Il serait dès lors incongru
de leur demander je ne sais quelle
contrepartie. Au-delà, remettre en
cause la politique de l’offre serait
une grave erreur. Nous sommes
loin d’avoir réglé notre problème de
compétitivité, en particulier par
rapport à l’Allemagne ou à l’Italie !
Le conditionnement des aides
ou la remise en cause des
ordonnances travail de 2017
souhaités par les syndicats
ne sont donc pas négociables…
teurs, chacun pouvant accorder jus-
qu’à trois suffrages – pour être auto-
risés à participer au sprint final
avant le vote du 6 juillet. Des condi-
tions durcies par rapport au précé-
dent scrutin de 2018, quand il suffi-
sait de 50 soutiens de membres de
l’assemblée générale du Medef.
Personne ne s’attendait à ce que
cela pose un problème à Patrick
Martin, actuel président délégué de
l’organisation patronale et grand
favori de la course, ni même à Domi-
nique Carlac’h, elle aussi déjà pré-
sente dans la maison comme vice-
présidente et porte-parole. Déjà
candidats en 2018, ils ont validé sans
trop de problèmes leur ticket.
En revanche, peu de monde dans
le milieu patronal pariait ces der-
PATRICK MARTIN
Candidat à la prési-
dence du Medef
Ce sont à mes yeux des lignes rou-
ges. Nous sommes cependant dis-
posés à identifier avec nos partenai-
res des domaines de progrès. Nos
résultats récents montrent que cela
est possible – je pense à l’accord sur
le partage de la valeur. Mais il ne
faut pas confondre vitesse et préci-
pitation. Nous serons comme tou-
jours force de proposition, mais
nous ne nous laisserons pas enfer-
mer dans un calendrier serré qui
serait le fruit de pures considéra-
tions politiques. Le dialogue social
demande du temps. Cela est
d’autant plus vrai que plusieurs
organisations syndicales changent
de dirigeants – ce sera aussi bientôt
le cas de la première organisation
patronale… [Il sourit.]
Si vous êtes élu à la tête
du Medef, comment envisagez-
vous les négociations autour
de l’emploi des seniors ?
Je suis optimiste car les entreprises
vont avoir besoin des seniors pour
soutenir leur activité. Il y a des pis-
tes, de l’aménagement horaire de
certains contrats à l’orientation des
seniors vers la formation pour qu’ils
partagent leurs compétences. Déta-
cher des salariés du privé vers
l’enseignement, notamment dans
les lycées professionnels, est une
bonne idée. Le repositionnement
des salariés affectés par l’usure au
travail ou les retraites progressives
peuvent aussi être mis sur la table.
Les syndicats veulent aussi
mettre sur la table la question
des salaires et de l’organisa-
tion du travail…
La question des salaires se traite au
niveau des branches et des entrepri-
ses : le Medef n’est pas légitime pour
imposer quoi que ce soit à ses adhé-
rents, dont les situations sont très
variables selon leur taille et leur sec-
teur. Mais j’observe que, au niveau
de l’ensemble des entreprises, aug-
« Je m’inquiète
du sévère
ralentissement
de la construction,
qui représente
10 % de l’emploi
national. »
niers jours sur la qualification de
Pierre Brajeux, mais le président
délégué de la Fédération française
de la sécurité a réussi à décrocher
in extremis ses 150 précieux sésa-
mes. L’entrepreneur francilien
Guillaume Cairou, qui s’était déclaré
très tardivement en avril, n’a cepen-
dant pas réussi à obtenir plus de
80 suffrages.
Nombreux soutiens publics
Il reste à voir si ce tour de chauffe est
de nature à modifier les rapports de
force pour ce scrutin. Si Pierre Bra-
jeux part de plus loin pour le
moment, Dominique Carlac’h a
réussi à obtenir 345 parrainages, un
étiage élevé. « Il y a eu longtemps un
bruit de fond laissant croire que
mentations issues des négociations
annuelles et primes de partage de la
valeur permettent que l’inflation
soit pour beaucoup compensée. Les
entreprises ont joué le jeu. Quant à
l’organisation, elle peut bien
entendu être abordée avec nos par-
tenaires, mais en faisant d’abord
confiance au terrain et sans déstabi-
liser l’activité. L’idée d’un abonde-
ment du compte épargne temps est
à cet égard contestable : cela revien-
drait à des RTT en plus et, donc, à du
travail en moins, ce qui n’est pas bon
pour le pays.
Le projet de loi travail
du gouvernement répond-il
à vos attentes ?
Mieux coordonner les acteurs du
service public de l’emploi est certes
utile, mais je reste préoccupé par le
coût de l’opération France travail :
notre pays n’a pas besoin de plus de
dépense publique ! Nous voulons
par ailleurs être réellement im-
pliquées dans la gouvernance :
nous n’accepterons pas un simple
strapontin comme à Pôle emploi
ou France compétences, que les
entreprises financent pourtant
massivement. S’agissant de l’essen-
tiel, le retour à l’emploi, regardons
les choses en face : le plus dur reste
à faire. Les compétences les plus
immédiatement mobilisables sont
revenues sur le marché de l’emploi,
il reste à y ramener les chômeurs de
longue durée et, plus difficile
encore, les titulaires du RSA. Mora-
lement et politiquement, il ne serait
pas acceptable de laisser ces per-
sonnes à l’écart. De même que pour
l’accueil des stagiaires de troisième,
nous devrons faire mieux et plus. Je
m’y emploierai.
Pensez-vous que de grandes
réformes soient encore possi-
bles pendant ce quinquennat ?
Il y a un risque d’enlisement que le
pays ne peut pas se permettre. Nous
nous réjouissons de ne pas être en
décroissance mais, franchement,
c’est l’épaisseur du trait ! Nos car-
nets de commandes restent impor-
tants mais se renouvellent difficile-
ment sauf dans le conseil et le
numérique. Je m’inquiète du sévère
ralentissement de la construction,
qui représente 10 % de l’emploi
national. L’enjeu dépasse, de très
loin, les seuls intérêts de la filière : la
rareté du logement impacte aussi le
pouvoir d’achat et la mobilité pro-
fessionnelle. J’en ferai une priorité.
Dans ce contexte, quelles
doivent être les priorités
économiques ?
l’élection était pliée d’avance. Ce n’est
pas le cas, et ces 345 parrainages sont
un signal très fort. Maintenant les
compteurs sont remis à zéro avec
cette finale, il faut passer au débat de
Si Pierre Brajeux
part de plus loin,
Dominique Carlac’h
a réussi à obtenir
345 parrainages,
un étiage élevé.
fond », explique aux « Echos »
l’entrepreneure de 54 ans.
Ce n’est bien sûr pas la vision de
Patrick Martin, qui peut se vanter
d’avoir réuni 460 parrainages, soit
Patrick Martin, qui s’exprime en tant que candidat à la présidence du syndicat patronal, appelle
de ses vœux « tout ce qui contribue à accroître notre quantité de travail ». Photo Joel Saget/AFP
Il faut résolument poursuivre la
politique de l’offre et la baisse de la
fiscalité, en commençant par les
impôts de production, supérieurs
de 20 milliards d’euros à la moyenne
européenne. Mais cela nécessite de
réduire la dépense publique et d’en
augmenter l’efficacité par une
nécessaire simplification. A ces
questions, hélas déjà anciennes,
s’ajoute désormais celle, cardinale,
du changement climatique. Les
entreprises prendront toute leur
part, mais les investissements
nécessaires sont gigantesques. Je
pense que la transition climatique
devrait nous inciter à introduire
dans notre protection sociale une
part de retraite par capitalisation.
C’est-à-dire ?
La transition a besoin de finance-
ments longs, ce que permettrait la
capitalisation. Je souhaite l’ouver-
ture rapide d’une négociation inter-
professionnelle sur ce sujet.
Si vous êtes élu, qu’est
ce qui différenciera votre
Medef de celui de Geoffroy
Roux de Bézieux ?
J’assume intégralement le bilan de
Geoffroy Roux de Bézieux, qui est
aussi le mien comme président
délégué, et celui de tout le conseil
exécutif. Depuis cinq ans, le droit du
travail a évolué de façon positive, de
même que la fiscalité, et le Medef y a
contribué. Mais les circonstances
changent avec un durcissement du
Mardi 9 mai 2023 Les Echos
82 % du corps électoral du Medef.
De fait, le monde patronal fait tou-
jours de l’actuel numéro 2 du Medef
le grand favori de l’élection. « Il ne
faut pas accorder trop d’importance
au nombre de parrainages, beau-
coup de membres de l’assemblée
générale ont parrainé plusieurs can-
didats pour avoir un vote ouvert et
être sûr qu’il n’y ait pas qu’un seul
candidat », estime un membre du
comité exécutif.
Patrick Martin peut, en outre,
déjà se prévaloir de nombreux sou-
tiens publics, dont certains de poids,
comme celui de la puissance UIMM
(Union des industries et métiers de
la métallurgie), tandis que celui de la
Fédération du bâtiment ne devrait
pas tarder. Les deux challengers ont
contexte économique, politique et
social. Cela doit nous amener à être
encore plus offensifs dans le débat
d’idées. Avec la multiplication des
crises, le pays a parfois pu être à tort
sur la défensive et dans l’immédia-
teté. Nous devons collectivement
reprendre l’offensive, travailler à
notre souveraineté, ce qui suppose
de crever des abcès. Veut-on que
la France exploite des mines de
lithium, comme c’est possible ?
Comment faire en sorte de faciliter
la construction d’usines, de nou-
veaux EPR ou de logements, alors
que souvent, localement, on les
refuse ? Affirmons nos valeurs et
nos idées ! Nous ne pourrons pas
relever les défis qui s’accumulent si
nous ne produisons pas plus.
La campagne pour la prési-
dence du Medef n’a pas
donné lieu pour le moment
à une foule d’idées nouvelles…
La campagne stricto sensu com-
mence aujourd’hui avec la valida-
tion des candidatures ! Comptez
sur moi pour nourrir le débat. La
mère de toutes les batailles est celle
des compétences, dont le niveau
est en corrélation directe avec la
richesse d’un pays. Je vais bientôt
présenter des propositions en la
matière. Au-delà, je veux que nous
rappelions en permanence que,
dans « croissance durable », il y a
« croissance ». On oppose à tort
croissance et climat. Je proposerai
dès la rentrée prochaine aux parte-
02
donc encore deux mois pour tenter
de secouer cette élection. Domini-
que Carlac’h milite ouvertement
pour « un débat télévisé, car l’élection
intéresse au-delà du Medef tous les
acteurs de l’économie ». « On ne va
pas se contenter de dire : “On veut
moins de charge, on veut moins
d’impôts.” Il faut parler du sujet de
l’entreprise dans la société, qui est
devenu essentiel », assure-t-elle. Mais
pour le moment Patrick Martin
écarte tout duel télévisé, soucieux de
ne pas donner de prise à ses adver-
saires. « Le Medef et le pays ont besoin
d’unité », dit-il aux « Echos ».
Lire le Point de vue
( de Dominique Carlac’h
Page 15
« La transition
climatique devrait
nous inciter
à introduire dans
notre protection
sociale une part
de retraite par
capitalisation. »
naires sociaux l’organisation d’une
convention pour une croissance
durable : fixons ensemble des
objectifs à l’horizon 2030 et déga-
geons les voies et moyens pour y
parvenir. Quinze ans après le Gre-
nelle de l’environnement, mobili-
sons-nous pour générer la crois-
sance permettant de soutenir
l’indispensable transition climati-
que. Voilà la démonstration d’un
Medef ambitieux pour la France !
Vos adversaires dans
la campagne vous ont accusé
de verrouiller l’élection.
Que répondez-vous ?
Le Medef et le pays ont besoin
d’unité. En proférant des accusa-
tions de ce type, c’est l’institution
Medef que l’on attaque. Je ne rentre-
rai jamais dans ce jeu. La qualifica-
tion de trois candidats contredit
d’ailleurs à l’évidence ceux qui criti-
quaient l’absence de vitalité de
notre démocratie interne. n
 FRANCE Mardi 9 mai 2023 Les Echos 04

On rêve tous du quart

d’heure résistant Elisabeth Borne veut renouer
Comment Macron célèbre l’esprit de la Résistance
tout en prenant le contre-pied d’un Mélenchon
voulant mettre « à bas la mauvaise République ».
le dialogue avec les syndicats
Emmanuel Macron dans son
LE FAIT discours. Mélenchon pris à SOCIAL
DU JOUR contre-pied ; l’unité est du côté
de la Résistance. Et pourtant, La Première ministre
POLITIQUE va rencontrer les
de Cécile
l’appel est à double tranchant.
Quand ils tapent sur partenaires sociaux
Cornudet
des casseroles et dénient en bilatéral les 16
au président le droit de et 17 mai prochains.
s’approprier la figure de
e 8 mai, Jean Moulin, Jean Moulin, les manifestants

L ses codétenus de
la prison de Montluc :
quoi de plus fort pour un
président en quête de nouvel
élan que de célébrer cet
« esprit de la Résistance »
qui vibre en chaque Français ?
Jean-Luc Mélenchon voudrait
faire croire que le corps
social est d’abord travaillé
par l’idée révolutionnaire.
Plus puissante, et assurément
plus partagée, est celle
de la Résistance qu’on aime
voir se rallumer en nous.
Qui ne l’a pas senti en disant
ne se vivent pas autrement
qu’en résistants. Quand ils
contestent la retraite à 64 ans,
font barrage à la construction
d’autoroutes, aspergent
des œuvres d’art, ils le font,
sincères assurément, au nom
de leur idée du bien commun.
Quitte à flirter avec la légalité
d’ailleurs. Même Martin
Hirsch, lorsqu’il parle de
son roman à paraître (1), fait le
lien entre le général de Gaulle,
l’abbé Pierre et les activistes
de l’écologie. « Pour agir, il faut
soit faire bouger le cadre, soit
Les syndicats iront
à Matignon sans
tourner la page de la
réforme des retraites.
Leïla de Comarmond
Comme leurs homologues patro-
naux, les numéros 1 des cinq princi-
paux syndicats français sont invités
à rencontrer la Première ministre en
bilatérale. Ces rendez-vous seront
regroupés les 16 et 17 mai. Objectif :
« renouer un dialogue apaisé et
constructif » avec les partenaires
sociaux, pour reprendre les termes

non à l’injustice, en tenant
tête à un patron ou en donnant
ses heures à une cause ?
Il n’y a pas plus belle façon
d’être au monde que de porter
le nom de Jean Moulin, ne
serait-ce qu’un quart d’heure.
Ce lundi de commémoration,
Emmanuel Macron
souffle sur la flamme
de l’engagement : 3.000 postes
sont créés pour des jeunes
voulant s’investir dans
la solidarité internationale.
Il n’y a pas meilleur moyen,
pour cimenter un pays,
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
sortir du cadre. L’abbé Pierre
disait : “Je ne suis pas dans
l’illégalité, je précède la loi qui
devrait changer” », rapporte
celui qui l’a longtemps côtoyé
(« JDD »). Chez les tapeurs
de casseroles, même discours.
« Jean Moulin est le symbole
de la désobéissance aux
institutions lorsqu’elles
prennent des décisions
contraires aux intérêts de la
population et nous sommes
dans ce cas aujourd’hui »,
dit un responsable FO cité
par « Le Parisien ». Les
Raphaël Lafargue/POOL-RÉA
d’Elisabeth Borne fin avril. Pas ques-
tion, donc, pour la cheffe du gouver-
nement de braquer ses interlocu-
teurs : le mail d’invitation ne fixe
aucun ordre du jour précis. Cette
concession était indispensable pour
s’assurer de réponses positives alors
que le climat social reste électrique.
Un mois après une rencontre qui La rencontre entre Elisabeth Borne et les syndicats, à Matignon, le 5 avril, avait tourné court.
avait tourné court, les leaders syndi-
caux iront bien à Matignon. Y com- groupe Liot visant à revenir à l’âge Matignon. Mais « il y a une question tien persistant d’une majorité de
pris Sophie Binet de la CGT. Seule légal de départ à 62 ans. de méthode », insiste-t-il « Il nous fau- l’opinion face à un exécutif en mal de
Force ouvrière doit encore officielle- Des contacts ont été pris en amont dra des gages pour discuter », alerte popularité, avec l’enjeu pour eux de
ment trancher. Bruno Le Maire y a par les cabinets d’Emmanuel un de ses homologues. Après l’appel capitaliser sur l’amélioration de leur
vu dimanche sur BFMTV « un signal Macron et d’Elisabeth Borne, mon- du chef de l’Etat à construire un image.
très positif ». Il veut croire que cela trant que ce n’est pas gagné pour « pacte de la vie au travail », pas ques- L’exécutif devra donc faire preuve

que de rappeler qu’ils furent
un, et des milliers à côté de lui,
pour prendre des risques
et porter une certaine idée de
la France. Et de la République.
« Jean Moulin et Marc Bloch
nous disent que la République
française n’est par définition
ni mauvaise ni néfaste,
elle est nécessaire », affirme
activistes se pensant résistants
aspergent une œuvre
contestée au Palais de Tokyo ;
le chef de l’Etat condamne
« une atteinte à nos valeurs ».
Résistance, que de
malentendus en ton nom !
ccornudet@lesechos.fr
(1) « Les Solastalgiques », Stock
en bref
permettra « d’entamer des discus-
sions sur ce que sont aujourd’hui les
préoccupations premières des Fran-
çais ». En clair : tourner la page des
retraites. Mais les organisations de
salariés ne l’entendent pas ainsi.
Aucune n’en a fini avec la réforme. Si
la successeure de Philippe Martinez
ira, c’est « pour dire à la Première
ministre qu’il faut la retirer ». Elle ne
sera pas la seule. « On ne va pas com-
mencer à discuter de l’après-réforme
alors qu’il y a une nouvelle journée de
mobilisation et l’échéance du 8 juin »,
explique un syndicaliste.
Après un 1er mai réussi, l’intersyn-
dicale a annoncé une quatorzième
journée d’action le 6 juin, deux jours
avant l’examen par l’Assemblée
nationale de la proposition de loi du
l’exécutif. « L’Elysée et Matignon ont
Les syndicats sont
renforcés par la
pression de leur base
[…] et par le soutien
persistant d’une
majorité de l’opinion.
compris que ça n’allait pas être une
partie de plaisir », ré su me un
numéro 1 syndical. La CFDT, comme
les autres, aborde cette reprise de
contact avec une grande méfiance.
« C’est le rôle des syndicalistes de dis-
cuter », pour Laurent Berger, son
secrétaire général, qui portera « le
cahier revendicatif » de sa centrale à
tion d’habiller par des consultations de doigté et de patience. « Tout ne va
des textes clé en main en réalité pas beaucoup bouger dans les mois
imposés. A commencer par le projet qui viennent », alerte un syndicaliste.
de loi travail promis « d’ici à l’été » La phase de « recalage » des relations
avec la création de France travail et risque de durer au-delà du 14 juillet,
la réforme des lycées professionnels. date à laquelle Emmanuel Macron a
promis de faire un premier bilan de
« Exigences » son action post-réforme des retrai-
Chacun va arriver à Matignon avec tes. Avant cela, il est question d’un
ses exigences. Cela ne signe pas la fin rendez-vous avec le chef de l’Etat,
de l’intersyndicale. Les organisa- après le refus des syndicats d’aller à
tions de salariés ont en effet décidé l’Elysée le mois dernier. La perspec-
de « travailler ensemble sur quatre ou tive en laisse plus d’un dubitatif. « A
cinq sujets sur lesquels discuter » avec quoi bon aller à l’Elysée ? » s’inter-
le gouvernement mais aussi le roge un leader syndical, distinguant
patronat, qui vient de leur écrire.
« L’idée est d’aller vite », précise un
« ceux qui gouvernent », avec les-
quels il est logique d’échanger, et
syndicaliste. Les syndicats sont ren- « celui qui préside ». « Plus personne
forcés par la pression de leur base, n’a envie de voir Macron », affirme
toujours très remontée, et par le sou- même un de ses homologues. n

LE GRAND RENDEZ-VOUS // EUROPE 1 - CNEWS - « LES ÉCHOS »

Yaël Braun-Pivet : « Il faut faciliter l’usage

Emmanuel Dunand/AFP

du référendum en France »
La présidente de l’Assem-
blée nationale s’apprête
à réunir un groupe trans-
La préfecture de police de Paris partisan pour plancher sur
obligée de se justifier la réforme des institutions.
Elle met en garde contre
ORDRE PUBLIC Plus de 600 militants d’ultradroite ont manifesté les pratiques de certains
samedi dans le 6e arrondissement de Paris pour le 29e anniversaire parlementaires qui « visent
allante sur la réforme institution- que » comme la fin de vie, l’immigra-
nelle que le président a souhaitée », a tion, ou les évolutions institutionnel-
martelé Yaël Braun-Pivet, précisant les. Bien qu’il suppose une révision
qu’elle irait aussi à la rencontre des constitutionnelle – de l’article 11 –, la
Français pour échanger sur ce sujet. députée ne s’effraie pas de l’absence
Réfutant une « crise démocrati- de majorité à l’Assemblée. « Nous
que », la présidente de l’Assemblée a allons mettre tout le monde autour de
reconnu « des moments de crispation la table. Et j’espère que, compte tenu
Marie Etchegoyen/Capa Pictures pour Europe 1

de la mort d’un militant d’extrême droite, Sébastien Deyzieu, à installer le chaos ».
décédé en 1994 en tombant d’un immeuble alors qu’il essayait de
fuir la police. Une manifestation qui n’a pas été interdite par les Laurence Albert
autorités, suscitant, lundi, de vives critiques dans les rangs de la
gauche. La préfecture de police de Paris a dû s’exprimer dans un Réformer les institutions et redon-
communiqué et a souligné que « dans la mesure où cette manifesta- ner la parole aux Français. Invitée
tion n’avait occasionné, les années précédentes, aucun débordement du Grand Rendez-vous Europe 1 –
ou trouble à l’ordre public, le préfet de police n’était pas fondé à pren- CNews – « Les Echos », la présidente
dre un arrêté d’interdiction à son encontre ». de l’Assemblée nationale, Yaël
Braun-Pivet, a souhaité dimanche
« faciliter l’usage du référendum en
France, que ce soit un référendum
d’initiative de l’exécutif ou un référen-
dum d’initiative citoyenne ».
Partisane d’une réforme des insti-
tutions, celle qui est également
députée Renaissance des Yveli-
nes réunira d’ici à deux semaines un
groupe transpartisan composé des
présidents de groupe pour plancher
sur ce sujet. Lors de son allocution
télévisée le 17 avril, Emmanuel
Macron avait demandé aux parle-
mentaires de réfléchir à des propo-
sitions en ce sens. « Je suis très
et de tension ». Mais, estime-t-elle :
« Il y a des choses qui fonctionnent, et
c’est à nous de faire en sorte que notre
assemblée puisse encore remplir sa
mission. » Jugeant « qu’une partie de
la solution est au Parlement, où toutes
les expressions politiques sont repré-
sentées », elle plaide pour un « Parle-
ment renforcé ».
Réforme institutionnelle
Alors que l’Assemblée nationale
connaît depuis quelques mois un
fonctionnement mouvementé,
« certains parlementaires visent à ins-
taller le chaos et faire en sorte que
notre institution ne fonctionne pas »,
a taclé la présidente. « Ils ne sont pas
dans une logique institutionnelle »
mais dans un « projet politique ». « Je
trouve que c’est dangereux parce que
dans des périodes de tensions nos ins-
titutions nous protègent et elles protè-
gent les droits et libertés de chacun de
nos concitoyens. Donc, certes, il faut
de l’évolution de la situation, des
demandes répétées de nos compatrio-
tes, nous pourrons avoir un consen-
sus politique sur ce principe et après
sur la concrétisation dans les textes »,
a-t-elle soutenu.
Une méthode de travail qui justi-
fie qu’elle se montre aussi « favora-
ble » à une dose de proportionnelle
aux législatives. « Il faut changer de
paradigme dans notre façon d’agir, ne
pas espérer de façon inconditionnelle
Yaël Braun-Pivet veut « garan- une majorité mais aller chercher des
tir une meilleure participation solutions », lance Yaël Braun-Pivet.
des citoyens à la vie politique ». D’ailleurs, rappelle-t-elle, « une
quinzaine de textes ont déjà été adop-
les adapter profondément. Mais il ne tés à l’unanimité » à l’Assemblée
faut pas renverser la table », a-t-elle nationale. « Il faut se donner le temps
insisté. La réforme institutionnelle pour trouver le plus de consensus
doit « permettre de garantir une possible », estime-t-elle. C’est no-
meilleure participation des citoyens à tamment le cas sur le projet de loi
la vie politique », assure la députée sur l’immigration, dont elle a plaidé
des Yvelines. Le référendum aurait le report à l’automne. « Il faut parler
vocation à aborder des sujets « sur d’immigration, mais il faut en parler
lesquels existe une controverse politi- un peu plus tard », a-t-elle jugé. n
05 Les Echos Mardi 9 mai 2023 FRANCE

Insertion des jeunes : des couacs entre
Pôle emploi et les missions locales
soient inoccupés pour autant). Les
SOCIAL chiffres globaux sur le suivi des sor-
ties des jeunes en emploi présen-
L’Inspection générale tent encore moins de sens, l’évalua-
des affaires sociales tion des effets du CEJ en matière
s’est penchée à son d’insertion professionnelle étant de
tour sur les premiers toute façon trop précoce. « L’exem-
pas du contrat d’enga- ple de la garantie jeunes montre qu’il
gement jeune. faut parfois attendre deux ans pour
observer un effet (très) significatif »,
rappelle l’Igas.
Alain Ruello
Défaut de coopération
Un bilan loin d’être négatif mais et frictions
contrasté. Après le Conseil d’orien- De manière plus structurelle, la
tation des politiques de jeunesse décision du gouvernement Castex
à la mi-décembre et Elisabeth de lancer le CEJ d’un coup et rapide-
Borne début mars, l’Inspection ment, sans en passer par une phase
générale des affaires sociales, l’Igas, expérimentale, a exacerbé la con-
s’est penchée sur les premiers pas currence entre les deux opérateurs
du contrat d’engagement jeune chargés de sa mise en œuvre, met-
en bref
L’homme blessé
dans le Vaucluse
n’était a priori
pas radicalisé
SÉCURITÉ « Aucun élément »,
ne laisse penser à ce stade à
« une potentielle radicalisa-
tion », a indiqué le parquet de
Carpentras après qu’un gen-
darme a fait feu sur un homme
ayant menacé les forces de
l’ordre « à l’aide d’une barre en
métal en criant “Allah akbar” »,
dimanche dernier en début
d’après-midi à la suite d’un
contrôle. Néanmoins, une éva-
luation est « en cours sur la
question de la saisine du par-
quet national antiterroriste au
vu du contexte », a précisé
Hélène Mourges, procureure
de la République.

(CEJ), le dispositif d’insertion phare
pour les moins de 26 ans. Premiers
pas encourageants, souligne le rap-
port commandé par le ministre du
Travail, Olivier Dussopt, mais qui
pointe un mal récurrent : la concur-
rence entre les deux opérateurs
chargés de déployer le dispositif, les
missions locales et Pôle emploi.
Pour mémoire, le CEJ a été lancé
en mars 2022, en remplacement de
la garantie jeunes, dispensée par les
missions locales, et de l’accompa-
gnement individualisé des jeunes
(AIJ) par Pôle emploi. Ce dispositif
d’insertion professionnelle intensif
pour les jeunes, sans étude ni for-
mation, repose sur un double enga-
gement : celui du conseiller réfé-
rent d’identifier avec le jeune entre
quinze et vingt heures d’activités
hebdomadaires, et celui du jeune de
Le contrat d’engagement jeune, destiné aux moins de 26 ans, a été lancé en mars 2022.
s’y conformer. A la clé, jusqu’à
520 euros d’allocation par mois.
Une dynamique
« incontestable »
Avec plus de 300.000 contrats
signés en moins d’un an, « la dyna-
mique du dispositif est incontesta-
ble », affirment les auteurs de la
mission, dont le rapport a été remis
récemment. Et de souligner les
retours positifs des jeunes et des
conseillers : les premiers parce
qu’en forte demande d’un accompa-
gnement structuré, surtout après la
phase éprouvante psychologique-
ment du Covid ; les seconds parce
que le CEJ leur donne – malgré une
charge administrative alourdie du
fait de problèmes informatiques,
notamment – la possibilité de se
concentrer sur leur cœur de métier.
Comme dans les précédentes
évaluations, l’Igas confirme que le
CEJ cible bien les jeunes précaires,
même s’il faut aller plus loin pour
les toucher tous (la mission les éva-
lue à 900.000). Pour autant, la mis-
Stéphane Audras/RÉA
sion pointe de gros soucis dans la
définition des indicateurs de suivi
du dispositif, surtout les agrégats
nationaux dont la signification est
jugée « très faible », du fait de la
diversité des pratiques dans les mis-
sions locales et les agences de Pôle
emploi.
En clair, les moyennes d’heures
d’accompagnement hebdomadai-
res affichées n’ont aucun sens : 40 %
des bénéficiaires n’atteignent pas
les quinze heures, et 20 % sont en
dessous de cinq heures (sans qu’ils
tant à mal les coopérations lancées
çà et là. Pôle emploi s’est organisé
plus vite et de manière homogène.
Les missions locales n’ont pas tardé
mais ont avancé en rangs plus dis-
persés. Résultat, chacun a décliné
localement les objectifs fixés par le
gouvernement « selon des modalités
indépendantes et non coordonnées ».
Mettre fin à ce défaut de coopéra-
tion et à ses frictions, c’est tout
l’objet du projet France travail de
réorganisation de tous les acteurs
chargé de l’emploi et de l’insertion.
Cette réorganisation est également
censée renforcer les immersions
professionnelles des jeunes, un des
axes d’amélioration notables poin-
tés par la mission. « France travail
devrait s’avérer déterminant pour un
dispositif comme le CEJ déployé sur
les deux réseaux », confirme l’Igas. n
Manifestations
sous tension
à Lyon
SÉCURITÉ Plusieurs milliers
de personnes manifestaient
lundi après-midi, à Lyon, dans
une ambiance tendue pour
protester contre la réforme des
retraites en marge d’un dépla-
cement d’Emmanuel Macron
au mémorial de Montluc, dans
le 3e arrondissement. La pré-
fecture du Rhône ayant inter-
dit tout rassemblement dans
un large périmètre, les forces
de l’ordre repoussaient les ten-
tatives d’incursion en zone
prohibée par des tirs de gaz
lacrymogènes, selon les jour-
nalistes présents de l’AFP.

Avec ou sans concours, votre carrière vous

ouvre les portes de la magistrature. Mettez
votre expertise au service de la société.
SOYEZ AU CŒUR DE LA JUSTICE

DEVENEZ MAGISTRAT

LaJusticeRecrute.fr
Crédit photo : Dorian Prost
FRANCE
Le gouvernement sous
pression pour faire
valider sa trajectoire
budgétaire
l L’exécutif est décidé à repartir au combat en juillet pour
faire voter sa loi de programmation sur les finances
publiques, rejetée par le Parlement en décembre.
l Mais la droite n’est pas décidée à faire de cadeaux.
BUDGET
Renaud Honoré
D’ordinaire, une loi de programma-
tion des finances publiques n’attire
guère l’attention, votée dans l’indif-
férence et quelques bâillements en
début de quinquennat, avec des
objectifs sur cinq ans que le gouver-
nement en place se dépêche
d’oublier aussitôt. Mais cette fois, le
scénario s’annonce bien différent
pour Emmanuel Macron. Après un
premier échec au Parlement cet
hiver, le gouvernement se prépare
depuis quelques jours à repartir au
combat cet été pour faire aboutir sa
loi de programmation (LPFP). Une
décision qui répond à la pression
politique et économique inédite
mise sur l’exécutif, au point que cer-
tains évoquent déjà la nécessité de
recourir au 49.3. « On ne peut pas se
permettre d’avoir un rejet comme
l’an dernier », explique un ministre.
Ce texte – qui fixe la trajectoire
budgétaire du pays jusqu’à l’horizon
2027, sans caractère contraignant –
avait été rejeté par le Parlement en
décembre, malgré une cour effré-
née faite à LR pour trouver un
accord. Cela ressemblait alors à un
enterrement de première classe.
Mais lors de la présentation de sa
feuille de route des « 100 jours », la
Première ministre, Elisabeth Borne,
a ranimé le mort-vivant. « Nous pré-
voyons une nouvelle lecture du projet
de loi en juillet, en repartant de la ver-
sion qui avait été adoptée au Sénat et
en l’actualisant avec les dernières pré-
visions envoyées à Bruxelles dans
notre programme de stabilité du mois
d’avril. L’objectif est que cette LPFP
soit promulguée avant la fin de
l’année », explique-t-on à Bercy.
Experts-comptables, CGP, avocats, notaires...
Et si vous amélioriez
votre communication ?
#Site internet
#Réseaux sociaux
#Livre blanc
#Contenus pros
#Référencement naturel
Prenez RDV,
on vous
explique tout !
05 67 80 57 99 • contact@lesechos-publishing.fr • www.lesechos-publishing.fr
Pourquoi ce nouvel empresse-
ment ? Alors que la note de la dette
française vient d’être dégradée par
l’agence Fitch, le gouvernement doit
jouer de tous les leviers pour asseoir
sa crédibilité et sa détermination à
redresser les comptes publics.
D’autant que Pierre Moscovici, pre-
mier président de la Cour des comp-
tes, martèle en toute occasion que
l’absence de LPFP entache le sérieux
de la procédure budgétaire.
Risque sur les crédits
Cette volonté de repartir au combat
répond aussi à un souci pécuniaire.
« Il y a un risque colossal que nous ne
touchions pas les aides européen-
nes », s’alarme Jean-René Caze-
neuve, député Renaissance du Gers
et rapporteur général du budget à
l’Assemblée nationale. Ainsi la
France n’a toujours pas touché les
11 milliards du plan de relance euro-
péen voté pendant la crise du Covid
auxquels le pays peut prétendre au
titre de 2022. Tout simplement car
Bercy a préféré ne pas faire la
demande pour le moment : le vote
d’une loi de programmation faisait
partie des conditions pour toucher
cet argent, et « il y avait donc un ris-
que sensible que la Commission euro-
péenne refuse de verser les fonds » en
l’absence de LPFP, reconnaît une
source ministérielle. Pour 2023, ce
sont 7 milliards qui sont pareille-
ment menacés, et même 28 mil-
liards au total si l’on fait la somme de
tout ce qui reste à toucher sur plu-
sieurs années.
Au vu de ces montants, on com-
prend qu’il y ait urgence à voter cette
loi. Encore faut-il trouver une majo-
rité. « Je tends la main à tous ceux,
Républicains en tête, qui ont toujours
réclamé la baisse des déficits et de la
dette », a plaidé la semaine dernière
le ministre des Finances, Bruno
Le Maire, sur France Info.
« Nous avons fait plusieurs modifi-
cations à même de satisfaire LR. Le
mécanisme contraignant sur les
finances des collectivités locales a été
abandonné, et nous avons une trajec-
toire plus agressive qui prévoit une
accélération du désendettement, sou-
ligne Jean-René Cazeneuve. Surtout
nous prévoyons désormais un effort
d’économies plus important de l’Etat
par rapport aux collectivités [avec
une baisse de la dépense de 0,8 % en
moyenne par an hors inflation pour
le premier, contre 0,5 % pour les
seconds, NDLR], comme la droite le
demandait ».
Risque d’une motion
de censure
Ces arguments peinent à convain-
cre. « On est loin d’un accord pour le
moment, il n’y a aucune économie
documentée », souligne Eric Ciotti, le
président de LR. « Je préfère entendre
que l’Etat fera plus d’effort que les col-
lectivités locales. Encore faut-il faire la
démonstration de sa réelle volonté en
la matière. Ce n’est pas du tout con-
vaincant pour le moment, j’ai le senti-
ment que Bruno Le Maire est encore
dans le déni », déplore Jean-François
Husson, rapporteur général (LR) du
budget au Sénat.
Ce bras de fer annoncé a de quoi
donner des sueurs au gouverne-
ment. C’est sans doute la raison pour
laquelle certains membres de l’exé-
cutif évoquent déjà un possible 49.3
pour ce texte qui – bizarrerie législa-
tive – n’est pas considéré comme un
texte budgétaire à proprement par-
ler. Mais une telle issue ouvre le ris-
que d’une motion de censure. « Le
gouvernement peut tomber sur cette
question budgétaire », prévient une
des figures de poids de la droite. n
Le vote d’une loi de programmation fait partie des conditions pour toucher 11 milliards du plan
de relance européen voté pendant la crise du Covid auxquels le pays peut prétendre au titre de 2022.
Décrue en vue pour l’inflation
d’ici à la fin juin
Dans sa note de conjonc-
ture publiée vendredi,
l’Insee table sur
une décélération des prix
en France d’ici à l’été.
Nathalie Silbert
Une faible croissance conjuguée à
une inflation toujours élevée, c’est
ce qui attend la France dans les
prochains mois. Dans une note de
conjoncture publiée ce vendredi,
l’Insee a néanmoins indiqué
tabler sur une légère décrue des
hausses de prix d’ici à l’été. « A
horizon de la mi-2023, le glissement
annuel des prix à la consommation
en France pourrait légèrement
refluer à la faveur des effets de base
sur les produits pétroliers », écrit
l’institut. Après un rebond en avril
à 5,9 % (contre 5,7 % en mars), le
rythme de l’inflation ralentirait
pour s’établir à 5,4 % en juin
– une prévision inchangée par
rapport à celle livrée en mars.
L’institut de la statistique avertit
toutefois : ce léger tassement « ne
présume pas de son évolution au
cours de la seconde partie de
l’année » car « des incertitudes for-
tes subsistent », en particulier sur
l’évolution des prix alimentaires et
des services.
Pour le moment, dans les rayons
alimentaires, la valse des étiquet-
tes se poursuit. Un nouveau sur-
saut des prix est même attendu au
mois de mai par les économistes
de l’Insee : l’inflation alimentaire
atteindrait 15,8 % sur un an – soit
0,9 point de plus qu’en avril – avant
Mardi 9 mai 2023 Les Echos
d’atterrir à 15,5 % à mi-année. Si les
prix agricoles diminuent depuis
plusieurs mois, « les prix à la pro-
duction des industries agro -
alimentaires ne présentent pas
d’inflexion à ce stade », constate
l’institut. D’où la pression mise par
Bercy sur les industriels et sur la
grande distribution afin qu’ils rou-
vrent les négociations et répercu-
tent au plus vite la baisse des cours
de certaines matières premières.
Par ailleurs, les prix des services
accélèrent eux aussi (+3,5 % atten-
dus en juin), tirés par les revalori-
sations salariales.
Dans le paysage actuel, l’un des
points positifs vient des entrepri-
ses industrielles moins nombreu-
ses à envisager un relèvement de
leurs prix de vente dans les pro-
chains mois.
Pour l’heure, la persistance de
l’inflation en dépit du durcisse-
ment monétaire pèse sur le moral
et sur le pouvoir d’achat des Fran-
çais. En revanche, la remontée des
taux d’intérêt commence déjà à
freiner l’activité économique. Ce
vendredi, l’Insee a réitéré sa prévi-
sion d’une progression du PIB de
0,2 % au deuxième trimestre,
similaire à celle des trois premiers
Selon l’Insee, au mois
de mai, l’inflation
alimentaire
atteindrait 15,8 % sur
un an – soit 0,9 point
de plus qu’en avril.
06
Huchot-Boissier Patricia/Abaca
Les chiffres clés
5,4 %
LA HAUSSE DES PRIX
sur un an prévue en juin.
0,2 %
LA PROGRESSION
de l’activité économique
anticipée au deuxième
trimestre.
mois de l’année. Déjà en panne au
premier trimestre, la consomma-
tion devrait continuer à piquer du
nez. Face à l’envolée des prix, près
des trois quarts des foyers ont
changé leurs habitudes de con-
sommation, indique l’institut. Bri-
dés par le renchérissement du
coût de l’argent, l’investissement
en immobilier des ménages et,
surtout, celui des entreprises ces-
seraient également de soutenir la
croissance.
L’activité fléchirait dans l’indus-
trie manufacturière et poursui-
vrait son recul dans la construc-
tion. Elle serait atone dans le
commerce. En revanche, elle pro-
gresserait « légèrement » dans les
autres services, le transport
notamment. A mi-année, l’acquis
de croissance s’établirait ainsi à
0,5 %, selon l’Insee. n
07 Les Echos Mardi 9 mai 2023
En Allemagne, une reprise
économique plus fragile que prévu
l Après deux mois encourageants, la croissance allemande
a enregistré un nouveau coup de froid en mars.
l La crainte d’une récession revient sur le devant de la scène.
EUROPE
Ninon Renaud
— Correspondante à Berlin
Après deux mois de rebond encou-
rageant, le mois de mars a douché
les espoirs d’une reprise économi-
que prochaine en Allemagne. Il n’est
même plus exclu que l’Office fédéral
de la statistique (Destatis) soit obligé
de réviser ses premières estima-
tions de croissance pour le premier
trimestre de l’année : une récession
technique pourrait remplacer la
stagnation annoncée du PIB.
La production industrielle a en
effet plongé sur un mois de 3,4 % en
mars, selon les données publiées
lundi par Destatis. Celle du secteur
de la construction automobile a
même dégringolé de 6,5 %. Celles de
la machine-outil et de la métallurgie
ont reculé de respectivement 3,4 %
et 4 %. Dans le bâtiment où les annu-
lations de chantiers se multiplient,
la production a aussi chuté de 4,6 %.
« Le moral des entreprises a conti-
nué de s’améliorer récemment, ce qui
laisse présager d’une reprise économi-
que pour le reste de l’année 2023 »,
assure dans un communiqué le
Le débat fait rage sur l’aide
aux industries énergivores
Le ministre de l’Economie
veut plafonner le prix de
l’électricité jusqu’en 2030
pour ces acteurs. Il en
coûterait 25 à 30 milliards
d’euros à l’Etat fédéral.
Où le curseur de l’intervention
publique doit-il être placé pour pro-
téger la compétitivité du moteur
industriel allemand ? Ce débat nou-
veau au pays de l’ordo-libéralisme
oppose le ministre libéral des Finan-
ces, Christian Lindner, à Robert
Habeck, son homologue écologiste
à l’Economie et au Climat. Il s’est
transformé vendredi en nouveau
bras de fer entre les deux hommes.
Les équipes de Robert Habeck
ont rendu public un document de
travail dans lequel le vice-chance-
lier projette de plafonner le prix de
l’électricité à 6 centimes d’euro par
kilowattheure pour les acteurs
industriels les plus énergivores et
exposés à la concurrence interna-
tionale. Ce serait plus de moitié
moins cher que les 13 centimes
qu’ils paient actuellement.
Le non de Christian Lindner
La subvention couvrirait un volume
d’électricité représentant 80 % de la
consommation de l’année précé-
dente alors que l’aide actuelle ne
porte que sur 70 % de ce volume. Ce
« prix passerelle » s’appliquerait jus-
qu’à ce qu’il y ait assez d’électricité
verte abordable, en 2030. Il coûterait
de 25 à 30 milliards d’euros à l’Etat.
Moins mobilisé que prévu, le
Fonds de stabilisation économique
de 200 milliards d’euros financerait
cette enveloppe. « Ce besoin finan-
cier résulte directement des consé-
quences de la crise énergétique »,
argumente le ministère, tout en
reconnaissant des « obstacles juridi-
ques élevés à l’utilisation de ce
fonds ». Le Bundestag devrait
notamment se prononcer.
L’annonce a fait monter vendredi
le cours des acteurs de la chimie.
Mais le succès de cette proposition
est loin d’être assuré. Trois jours
ministère de l’Economie qui a revu à
la hausse ses prévisions de crois-
sance pour l’année en cours de 0,2 %
à 0,4 %. Sa déclaration tient cepen-
dant de la méthode Coué au regard
de la chute de 10,7 % en mars des
commandes industrielles.
Les exportations
ont déjà enregistré
un recul de 5,2 %
en mars.
Celles de l’étranger ont même
fondu de 13,3 % en un mois, ce qui ne
présage rien de bon pour le moteur
des exportations. Celles-ci ont déjà
enregistré un recul de 5,2 % en mars.
« Si l’on ajoute à cela l’impact du res-
serrement le plus agressif de la politi-
que monétaire depuis des décennies et
le ralentissement attendu de l’écono-
mie américaine qui affecte les expor-
tations allemandes, les perspectives
sont loin d’être réjouissantes », con-
firme Carsten Brzeski, chef écono-
miste chez ING.
C’est une mauvaise nouvelle pour
la coalition gouvernementale qui
aurait déjà besoin de 18 milliards de
plus pour boucler son projet de bud-
plus tôt, Christian Lindner avait
publié dans le « Handelsblatt » une
tribune dans laquelle il rejetait le
principe même d’un prix subven-
tionné pour l’industrie. Il excluait
aussi tout recyclage du Fonds de sta-
bilisation économique.
« Nous devrions développer des
possibilités de réduire les prix de
l’énergie dans le cadre d’une politique
de marché et non par le biais d’une
subvention du budget de l’Etat ou au
détriment d’autres consommateurs
d’électricité », écrit Christian Lind-
ner. Prônant « une politique de l’offre
pour libérer l’investissement privé », il
travaille ainsi sur un paquet législatif
pour faciliter l’innovation.
L’ombre de Northvolt
A Berlin lundi où elle devait rencon-
trer Robert Habeck dans la soirée,
la commissaire européenne à la
Concurrence, Margrethe Vestager,
n’a pas souhaité se prononcer sur la
proposition. Mais elle a souligné le
risque de distorsion de concur-
rence que pose toute subvention à
de grands groupes.
Ces réactions n’impressionnent
pas le ministre de l’Economie, qui
compte discuter de sa proposition
avec les entreprises, les Länder, les
députés ou encore les associations
professionnelles et les syndicats. Ce
prix subventionné est « la réponse à
un souhait clairement exprimé par
l’ensemble de la société », assure-t-il.
Le fabricant suédois de batteries
Northvolt sera sans doute aussi de
la partie. Sensible aux subventions
américaines massives de l’IRA, ce
dernier hésite à implanter sa giga-
factory dans le Schleswig-Holstein,
comme il l’avait annoncé il y a un an.
« Environ 5 centimes par kilowat-
theure seraient nécessaires pour
assurer la rentabilité de l’usine » a
indiqué son porte-parole fin avril
dans « Le Monde ».
Avec son plafond de 6 centimes,
Robert Habeck ne serait plus loin
du compte pour sécuriser 4,5 mil-
liards d’euros et 3.000 emplois dans
sa région d’origine. — N. Re.
MONDE
get 2024. Le ministre libéral des
Finances, Christian Lindner, présen-
tera jeudi ses nouvelles estimations
de recettes fiscales, mais il a déjà pré-
venu qu’il n’y avait pas de marges
supplémentaires significatives.
L’OCDE s’invite dans le débat
Quant aux dettes extrabudgétaires
auxquelles le ministre écologiste de
l’Economie voudrait recourir pour
financer une subvention massive
du prix de l’énergie pour les indus-
triels les plus énergivores, elles sont
fortement rejetées par Christian
Lindner. Dans son double rapport
publié lundi sur l’économie de
Paul Langrock/Laif-RÉA
l’Allemagne et sa politique environ-
nementale, l’OCDE donne raison au
ministre en appelant à cesser toute
politique fiscale expansive.
L’organisation prône même une
réduction des subventions aux
industries énergivores au profit La production industrielle du secteur automobile a chuté, en un mois, de 6,5 % en mars.
d’une meilleure planification et
d’une accélération des procédures manœuvre importantes dans la meilleur ciblage et une meilleure éva- les plus élevés des pays membres –
d’autorisation pour déployer les numérisation du secteur public, en luation des mesures », précise vers une imposition plus forte des
renouvelables. Selon elle, une taxe queue de peloton des pays mem- l’OCDE. revenus du capital. L’OCDE prône
carbone nationale plus élevée et bres de l’organisation. Cette moder- Aux Verts et au SPD qui plaident une hausse de l’impôt foncier et des
s’appliquant à tous les secteurs sans nisation promise par la coalition pour une hausse des impôts des droits de successions, ce qui est
exemption garantirait le rythme de permettrait « de réduire la charge plus riches, elle répond qu’il vau- cette fois une pierre dans le jardin
la transition énergétique. Le rap- administrative et d’améliorer la qua- drait mieux transférer la charge de du FDP. De quoi alimenter les
port voit par ailleurs des marges de lité des dépenses publiques grâce à un l’impôt sur le revenu – déjà parmi débats au sein de la coalition. n
COMMUNIQUÉ
Que peut le droit international face
aux atteintes à l’environnement ?
Mégabassines, pollution aux pesticides, “plan eau”... dans une période
de sécheresse déjà historique, la France a connu ces dernières semaines
de vifs débats autour de la question de l’eau. Comment protéger
efficacement, y compris au niveau international, d’autres biens communs
aussi essentiels que les forêts, l’air ou encore les sols ? C’est l’enjeu
central du colloque “Le droit international de l’environnement face au défi
de l’effectivité”, qui se tiendra le 12 mai au Collège de France, dans le
DR
cadre de l’initiative “Avenir Commun Durable”.
L’eau, un bien commun au centre de Unies. Signe de l’urgence à mieux la proté- déjà atteint une certaine forme de maturité.
l’attention et du droit
ger et la partager, la première Conférence Depuis les années 70, il s’est considérable-
Il suffit d’ouvrir le robinet pour que l’eau se des Nations Unies sur l’eau depuis 1977 s’est ment développé. D’abord cantonné à l’ex-
mette à couler… Mais jusqu’à quand ? Au tenue fin mars. hortation et à l’incitation, il devient de plus
mois d’août dernier, face à la sécheresse, en plus prescriptif, pour contraindre les
plus d’une centaine de communes fran- Vers un droit international acteurs publics et privés à mettre concrète-
çaises étaient privées d’eau potable. Dans de l’environnement vraiment ment en œuvre leurs engagements.
un contexte mondial où le dérèglement cli- effectif ?
matique s’aggrave, la question a de quoi Qu’il s’agisse de l’air que nous respirons, Le 12 mai, venez assister
inquiéter, entre raréfaction, pollution, des sols que nous cultivons, ou encore des au colloque à Paris
conflits d’usage, accaparement et même uti- forêts et espaces naturels qui abritent la bio- Que peut vraiment le droit international face
lisation comme arme de guerre. diversité, c’est bien l’ensemble de l’environ- aux changements planétaires ? Comment
Il faut rappeler que, selon l’OMS et l’UNICEF, nement qu’il faut aujourd’hui protéger. Pour faire coïncider droit de l’environnement et
2,2 milliards de personnes n’avaient en cela, l’efficacité du droit se renforce, malgré droits humains ? Faut-il donner une person-
2019 toujours pas accès à des services d’eau la pensée traditionnelle anthropocentrique nalité juridique aux entités environnemen-
potable. Cette ressource est un besoin qui voudrait que la nature puisse être exploi- tales ? Quel rôle peuvent jouer les juges
humain vital. Elle est d’ailleurs reconnue tée sans limite par l’homme. dans l’évolution et l’application du droit
comme telle par le Comité des droits écono- Souvent présenté comme « jeune », le droit environnemental ?
miques, sociaux et culturels des Nations international de l’environnement a en fait
Pour éclairer ces questions, l’initiative
“Avenir Commun Durable” vous invite le
Programme et informations pratiques : avenircommundurable.fr 12 mai prochain au colloque “Le droit inter-
Cet événement est organisé dans le cadre de la chaire “Avenir Commun Durable“, au Collège national de l’environnement face au défi de
de France, 11 place Marcelin Berthelot, 75005 Paris. Consacrée aux enjeux de la transition l’effectivité”.
écologique et énergétique, elle accueille chaque année des experts internationaux pour mettre
en lumière l’actualité de la recherche dans ce domaine. En 2022-2023, la chaire “Avenir Nous vous attendons nombreux !
Commun Durable” est occupée par Laurence Boisson de Chazournes, professeure de droit
international et de droit des organisations internationales à l’Université de Genève, où elle
dirige le Geneva LLM. in International Dispute Settlement (MIDS).
La chaire “Avenir Commun Durable” bénéficie du soutien de la Fondation du Collège de France
et de ses grands mécènes Fondation Covéa et TotalEnergies.
AFGNV – Immeuble Le Linéa – 1, rue du Général Leclerc 92800 Puteaux – Association loi 1901 – SIREN 399 808 237.
ARC - AGGLOMÉRATION DE LA RÉGION DE COMPIÈGNE
• BORDEAUX MÉTROPOLE • CARCASSONNE AGGLO • CCI AL- L GENNEVILLIERS - LIMAY - NANTERRE • CRESPEL VOYAGES • CTS -
SACE • CCI PARIS ÎLE-DE-FRANCE • CHAMBRE D’AGRICULTURE
ALSACE • COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION SARREGUE-
MINES CONFLUENCES • COMMUNAUTÉ DE COMMUNES ISLE
VERN SALEMBRE • COMMUNE D’ALZONNE • DÉPARTEMENT
DE MAINE-ET-LOIRE - ANJOU • GRAND POITIERS • GRENOBLE
ALPES MÉTROPOLE • LE LION D’ANGERS • MEDEF SEINE-ET-
MARNE • MÉTROPOLE GRAND LYON • MTPM - MÉTROPOLE
TOULON PROVENCE MÉDITERRANÉE • MULHOUSE ALSACE
AGGLOMÉRATION • PAYS DU SUNDGAU • PORTES ARIÈGE
PYRÉNÉES COMMUNAUTÉ DE COMMUNES • RÉGION NOU-
VELLE-AQUITAINE • SEINE-ET-MARNE - LE DÉPARTEMENT •
SERE TERRITOIRES D’INDUSTRIE MAYENNE • SICOVAL •
VALLÉE DE CHAMONIX • VENDÉE LE DÉPARTEMENT
56 ÉNERGIES • FRANCE GAZ AUVERGNE RHÔNE-ALPES •
FRANCE GAZ GRAND SUD-OUEST • FRANCE GAZ HAUTS-
DE-FRANCE • FRANCE GAZ RÉGION EST • MORBIHAN ÉNER-
GIES • SDE 22 - SYNDICAT DÉPARTEMENTAL D’ÉNERGIE DES
CÔTES-D’ARMOR • SDE 24 - SYNDICAT DÉPARTEMENTAL
D’ÉNERGIES DORDOGNE • SDE 35 - SYNDICAT DÉPARTE-
MENTAL D’ÉNERGIE D’ILLE-ET-VILAINE • SDEF TERRITOIRE
ÉNERGIE FINISTÈRE • SDESM - SYNDICAT DÉPARTEMENTAL
DES ÉNERGIES DE SEINE-ET-MARNE • SDESM ÉNERGIES •
SEM AVERGIES • SIEDS - SYNDICAT D’ÉNERGIE DES DEUX-
SÈVRES • SIEML - SYNDICAT INTERCOMMUNAL D’ÉNERGIES
DE MAINE-ET-LOIRE • SIGEIF - SYNDICAT INTERCOMMUNAL
POUR LE GAZ ET L’ÉLECTRICITÉ EN ÎLE-DE-FRANCE • SIGEIF
MOBILITÉS • SIGERLY • SIMOUV • SMMAG - SYNDICAT MIXTE
DES MOBILITÉS DE L’AIRE GRENOBLOISE • SYDEC 40 - SYN-
DICAT D’ÉQUIPEMENT DES COMMUNES DES LANDES •
SYDEME • SYDEV - SYNDICAT DÉPARTEMENTAL D’ÉNERGIE
ET D’ÉQUIPEMENT DE LA VENDÉE • SYNDICAT ÉNERGIES
VIENNE • TEARA • TERRITOIRE D’ÉNERGIE ALSACE • TERRI-
TOIRE D’ÉNERGIE HAUTS-DE-FRANCE • TERRITOIRE D’ÉNER-
GIE LOT-ET-GARONNE • TERRITOIRE D’ÉNERGIE MAYENNE
• TERRITOIRE D’ÉNERGIE PAYS-DE-LA-LOIRE • TERRITOIRE
D’ÉNERGIE PYRÉNÉES-ATLANTIQUES
ABH ÉNERGIES • AFGNV - ASSOCIATION FRANÇAISE DU GAZ
NATUREL VÉHICULE • ANTUNÉS VOYAGES • ASSOCIATION
AGRI MÉTHA D’OC • AUTOCARS BONNAFFOUX BREMOND •
AUTOCARS DOUAISIENS • BARRIÈRE AUTOCARS • BERTHELET
• BIHAN VOYAGES • BORINI • BREGER • CAILLE • CARS DE
MAILLARD • CARS LE VACON • CARS THORIN • CASTELNAU
VOYAGES • COLIS ROUTE EXPRESS • COMMUNAUTÉ PORTUAIRE
COMPAGNIE DES TRANSPORTS STRASBOURGEOIS • DARBIER
BE MY BUS • FAST LA MOBILITÉ DES TERRITOIRES • FCC ISUZU
BUS • FEDA - FÉDÉRATION DE LA DISTRIBUTION AUTOMOBILE •
FFEA - FÉDÉRATION FRANÇAISE DE L’EXPERTISE AUTOMOBILE
• FNTR - FÉDÉRATION NATIONALE DES TRANSPORTS ROUTIERS
• FNTR BOURGOGNE • FNTV - FÉDÉRATION NATIONALE DES
TRANSPORTS DE VOYAGEURS • FRAIKIN • GROUPE BLONDEL
• GROUPE CHEVAL • GROUPE MULTI TRANSPORTS • GROUPE
PERRAUD • HOUTCH • IDEA • ÎLE-DE-FRANCE MOBILITÉS • IVECO
• IVECO BUS • JACKY PERRENOT • JUSSIEU SECOURS CHOLET
• KEOLIS • LA POSTE • LEFORT VOYAGES • LINEVIA • LYON CITY
TOUR • MAP TRANSPORTS • MATTHEEUWS • MAUFFREY •
MEGEVAND • MIGRATOUR • MOBILIANS • MOBILIS • MTS
TRANSPORTS • NEGOTI EPTR MOBILITÉS • OCELORN • OTRE
• PEIXOTO & FILS • PÉRIMOUV’ GRAND PÉRIGUEUX MOBILITÉ
• PREJAM • PREMAT • QUERARD • RAYNAL VOYAGES • RÉGIE
DÉPARTEMENTALE DES TRANSPORTS DES ARDENNES • RÉUNIR
• ROUILLARD VOYAGES • RTA - RÉGIE RÉGIONALE DES TRANS-
PORTS DE L’AISNE • RUBAN BLEU • SCHIDLER AUTOCARS •
SOTRADEL TRANSPORT & LOGISTICS • STFV TRANPORT FRI-
GORIFIQUE • TAB RAIL ROAD • TC TRANSPORTS • TÉMOB •
TENLOG • THEYS • TISSÉO • TLF - UNION DES ENTREPRISES
TRANSPORT ET LOGISTIQUE DE FRANCE • TRANSDEV • TRANS-
LANDES • TRANSPORT COING • TRANSPORT CTS • TRANSPORT
JAMET • TRANSPORT PULLMAN D’AQUITAINE • TRANSPORT
TMTA • TRANSPORTS CHETCUTI • TRANSPORTS GUYAMIER •
UFIP - ÉNERGIES ET MOBILITÉ • VALENCE TOURISME • VIABUS
• VOYAGES CAVE • VOYAGES INGLARD • VOYAGES SOULARD •
VRIET AUTOCARS
AAMF - ASSOCIATION DES AGRICULTEURS MÉTHANISEURS DE
FRANCE • ALTENS • AVIA • BIOGAZ DE LA VILAINE • BIOGAZ DU
VERDUNOIS • BIOGAZ VALLÉE • BLOCALPS • CALÉO • CIRRUS
COMPRESSEURS • CLOTTES BIOGAZ • DEFA • DELDO - AMBITION
4D • DIJON CÉRÉALES • DUNKERQUE LNG • ECO CO2 • ÉLINA -
ÉNERGIE LIMOUSIN NOUVELLE-AQUITAINE • ENDESA • ENERGIS
• ENGIE • ENR 64 • GASEO • GAZ DE BARR • GAZ D’ICI GRAND
EST • GAZ MOBILITÉ • GAZ’UP • GEG • GIRONDE ÉNERGIES •
GRDF - GAZ RÉSEAU DISTRIBUTION FRANCE • GREENALP • GRT- T
GAZ • JETZA GAZ • KARRGREEN • KORTOS • LOGIVIA • LOIRE
COMPOST ENVIRONNEMENT • MÉTHA GAZ • MÉTHA’GROUPE
• MOBILEAN • MPH ÉNERGIE • NATURE ENERGY • NATURE
GAZ • PLANÈTE TERRE • PRIMAGAZ • PROVIRIDIS • RÉGAZ-
BORDEAUX • R-GDS - RÉSEAU GAZ NATUREL STRASBOURG •
ROMAC FUELS • SAMADA • SEVE - SAUMUR ÉNERGIES VERTES
• SEVEN • SPEGNN • SYDELA ÉNERGIE 44 • TERÉGA • TOTALE-
NERGIES • TRYON ENVIRONNEMENT • VIALIS
MONDE
A une semaine des élections en Turquie,
le suspense reste entier
l A une semaine du scrutin présiden-
tiel, les principaux candidats ont
rassemblé, ce week-end, des centaines
de milliers de Stambouliotes.
l La plupart des sondages donnent
le président Erdogan légèrement
en retard sur Kemal Kılıçdaroglu.
ASIE MINEURE
Timour Ozturk
— Correspondant à Istanbul
La campagne en Turquie entre
dans sa dernière ligne droite avant
les scrutins présidentiel et législatif
du 14 mai. Samedi, le leader de
l’opposition, Kemal Kılıçdaroglu, a
organisé un immense meeting à
Istanbul. A l’instar de son principal
concurrent, le président Erdogan a
rassemblé ses partisans dimanche.
Le scrutin présidentiel s’annonce
serré. Kemal Kiliçdaroglu, diri-
geant du Parti républicain du peu-
ple (CHP – kémaliste) et candidat de
l’Alliance de la nation (une coalition
de six partis d’opposition), repré-
sente l’adversaire le plus sérieux
pour Recep Tayyip Erdogan depuis
son arrivée au pouvoir en 2002.
Samedi, Kemal Kılıçdaroglu a ras-
semblé des centaines de milliers de
sympathisants à Maltepe, au bord
de la mer Marmara, sur la rive asia-
tique d’Istanbul.
« Ils ont polarisé le pays »,
Devant une marée de drapeaux
turcs, le candidat de l’opposition
lance à ses partisans : « Etes-vous
prêts à apporter la démocratie en
Turquie ? » « Ils ont polarisé le pays »,
déplore le candidat qui promet de
devenir « le président de 85 millions
de Turcs sans faire aucune discrimi-
nation, sans marginaliser personne,
sans remettre en question l’identité,
les croyances ou le mode de vie de qui-
conque ».
Kemal Kılıçdaroglu s’engage éga-
lement à ce que plus « aucun enfant
de ce pays ne se couche le ventre vide
ni qu’aucune famille pauvre ne se
Le succès inattendu de la gauche radicale
pendant la campagne législative
En l’espace de quelques
années, le Parti ouvrier
de Turquie (TIP) a atteint
une audience inhabituelle
pour une organisation
se réclamant du commu-
nisme en Turquie.
Lundi 1er mai, un long cortège défile
au bord de la mer de Marmara sur
la rive asiatique d’Istanbul. Les dra-
peaux rouges frappés du logo du
Parti ouvrier de Turquie (TIP) –
deux épis de blé et une roue dentée
entrelacés – flottent au-dessus
d’une foule jeune et nombreuse. Le
dirigeant du mouvement, Erkan
Bas, harangue ses partisans : « Ce
1er Mai est le dernier que nous célé-
brons sous un gouvernement d’enne-
mis des ouvriers, d’ennemis des fem-
mes, des Kurdes […] Choisissez tous
dès maintenant le portrait de Recep
Tayyip Erdogan que vous allez
décrocher », lance le député.
Fondé en 2017, par des militants
issus d’une scission du petit Parti
communiste de Turquie (TKP), le
TIP fait son entrée au Parlement
l’année suivante. Lors des législati-
ves de 2018, Erkan Bas et Baris Atay,
ses principales figures, deviennent
les premiers députés se réclamant
du communisme en Turquie depuis
près de cinquante ans.
Pour avoir une chance de les faire
élire, la petite formation marxiste
voit couper l’électricité, l’eau et le
gaz ». Un discours adressé aux
millions de Turcs des classes popu-
laires durement touchées par la
profonde crise économique dans
un pays où l’inflation atteignait
44 % en avril.
Lundi, l’OSCE a
dénoncé le refus
d’accréditation
par la Turquie
de deux députés
scandinaves qui
devaient venir
observer l’élection
présidentielle.
Ibrahim, un retraité encarté au
CHP acquiesce : « Je ne peux pas sor-
tir boire un café dehors. On va au
marché, mais on se promène, on
n’achète pas grand-chose. Si on en
ramène 2 kilos de tomates, c’est bien.
On en est là. » Le vieil homme
s’agace de la propagande du camp
Erdogan, qui vante les grandes réa-
lisations de l’industrie de défense
turque : drones, chars d’assaut, por-
te-aéronefs : « Nous, on court après
un morceau de pain. Eux, ils se pré-
parent à la guerre. Je vais le manger,
moi, leur navire de guerre ? Non. Le
bateau, ça ne se mange pas. L’avion
non plus. »
« On aime notre drapeau »
« Nous on ne court pas après des
patates et des oignons. On aime notre
patrie et notre drapeau », rétorque
Selin, sur l’autre rive du Bosphore.
Cette mère de famille voilée parti-
cipe au grand meeting de campa-
avait alors présenté ses candidats
sous l’étiquette du Parti démocrati-
que des peuples (HDP, gauche pro-
kurde), troisième force politique à
l’assemblée. Depuis, le TIP a gagné
deux autres députés à sa cause en
cours de mandature : le journaliste
Ahmet Sik venu des rangs du HDP
et l’avocate Sera Kadigil, élue sur les
listes du Parti républicain du peu-
ple (CHP, kémaliste).
Rapidement, les qualités de tri-
buns de ses quatre députés décu-
plent l’audience du TIP chez les
électeurs de l’opposition, largement
au-delà des cercles de l’extrême
gauche turque.
Mener « la classe ouvrière
vers la révolution »
Un succès inhabituel pour une gau-
che radicale atone depuis les
années 1960 et 1970. Bien qu’il n’y ait
pas d’héritage direct, le TIP se
réclame d’ailleurs d’un précédent
Parti ouvrier de Turquie, créé par
des syndicalistes révolutionnaires
en 1961 et interdit après le coup
d’Etat militaire de mars 1971.
Le programme du TIP parle
aujourd’hui toujours de mener « la
classe ouvrière vers la révolution » et
d’abolir « la propriété privée des
moyens de production ». Ses reven-
dications de hausses de salaire
trouvent un écho dans un contexte
de forte inflation. Mais loin de se
Kemal Kılıçdaroglu, dirigeant du Parti républicain du peuple, en meeting samedi à Istambul. Il représente l’adversaire le plus sérieux
pour Recep Tayyip Erdogan depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Photo Umit Bektas/Reuters
gne du président Erdogan organisé
dimanche, sur le tarmac de l’ancien
aéroport Atatürk aujourd’hui
désaffecté. « Nous sommes cons-
cients des problèmes découlant des
répercussions sur notre pays des cri-
ses mondiales […]. Nous n’ignorons
pas le coût de la vie […]. Nous allons
revoir le salaire minimum », assure
toutefois le « Reis » (« le chef »,
comme le surnomment ses
soutiens).
« Nous ne laisserons pas Kılıçdaro-
glu, qui se promène avec des organi-
sations terroristes, diviser la patrie »,
jure le dirigeant islamo-nationa-
liste, qui prétend que son adver-
saire a conclu un accord avec les
indépendantistes du Parti des tra-
vailleurs du Kurdistan (PKK).
En difficulté dans les sondages
qui le donnent pour la plupart légè-
cantonner à des mots d’ordre éco-
nomiques, le TIP représente
aujourd’hui un débouché politique
pour une génération qui s’est mobi-
lisée, il y a dix ans, lors du mouve-
ment de Gezi. Le parti défend une
ligne féministe, accueille en son
sein des militants LGBT, écologis-
tes, et se fait l’avocat des droits des
minorités en Turquie, notamment
ceux des Kurdes.
Le TIP représente
un débouché
politique pour
une génération
qui s’est mobilisée,
il y a dix ans,
lors du mouvement
de Gezi.
Une tactique gagnante : le parti
connaît une popularité croissante.
En janvier dernier, une interview du
député Baris Atay est visionnée près
de 20 millions de fois sur YouTube.
Face à un public de jeunes, cet
ancien acteur livre une prestation
impeccable et vulgarise le pro-
gramme du mouvement.
Puis, après le tremblement de
terre du 6 février dans le sud-est du
pays, le TIP se mobilise en solidarité
avec les sinistrés. A Antakya,
r e m e n t e n r e t a r d s u r Ke m a l
Kılıçdaroglu, le président turc tente
de mobiliser sa base. « Sommes-
nous prêts à enterrer ces LGBTistes
dans les urnes ? » demande Recep
Tayyip Erdogan à ses soutiens.
« Oui », répondent en chœur ses
partisans galvanisés. Şeymus,
33 ans, est ravi : « Il va gagner dès le
1er tour İnchallah. Kılıçdaroglu est un
incapable. »
Lundi, l’assemblée parlemen-
taire de l’OSCE a dénoncé le refus
d’accréditation par la Turquie de
deux députés scandinaves qui
devaient venir observer l’élection
présidentielle. Signe des tensions
en cette fin de campagne, un mee-
ting du maire d’Istanbul, figure de
l’opposition, a été interrompu à
Erzurum dimanche par des jets de
pierres. n
le parti monte un camp et distribue
repas chauds, produits de première
nécessité et médicaments. Ces
six derniers mois, l’organisation
passe de 10.000 adhérents à envi-
ron 40.000.
Appel à voter en faveur
de Kiliçdaroglu
Le TIP soutient ouvertement Kemal
Kiliçdaroglu (CHP), le principal
candidat de l’opposition à la prési-
dentielle. Toujours allié au HDP au
sein d’un cartel électoral, le TIP pré-
sentera cette fois ses candidats sous
ses propres couleurs aux législati-
ves du 14 mai. Une position résu-
mée par le mot d’ordre « Une voix
pour Kiliçdaroglu, une voix pour le
TIP », qui séduit une partie des élec-
teurs de la gauche du CHP.
Alors que le parti est crédité dans
les sondages de 1 % à 3 % d’inten-
tions de vote (soit entre 500.000 et
1,5 million de voix), la direction du
TIP souhaite au moins conserver
quatre députés à l’assemblée et
espère au moins doubler son nom-
bre de sièges. Et s’il appelle à voter
Kiliçdaroglu à la présidentielle, le
député Erkan Bas prévient : « Nous
vaincrons Recep Tayyip Erdogan
ensemble. Mais demain, nous conti-
nuerons à défendre les droits des
travailleurs face à un nouveau gou-
vernement issu de l’actuelle opposi-
tion. » — T. O.
Mardi 9 mai 2023 Les Echos
Erdogan menacé
par l’inflation
Sous l’effet de la politique
économique hétérodoxe
du président sortant,
Recep Tayyip Erdogan,
l’inflation frôle les 50 %,
quatrième pire perfor-
mance de la planète.
Yves Bourdillon
L’inflation devrait être le juge de
paix à la présidentielle turque de
dimanche. Parallèlement à sa
dérive autoritaire, le président
turc, Recep Tayyip Erdogan, ris-
que de payer sa politique écono-
mique hétérodoxe, pour ne pas
dire fantaisiste, à base de taux
d’intérêt le plus bas possible pour
stimuler l’activité. L’inflation est la
quatrième plus élevée de la pla-
nète, derrière le Venezuela, le Zim-
babwe et l’Argentine, à 44 % en
rythme annuel le mois dernier.
Elle avait même dépassé 85 % en
octobre, au plus haut depuis un
quart de siècle.
Un revirement étrange
Un contraste saisissant avec le
premier mandat du président
Erdogan, il y a vingt ans, qui avait
assis sa popularité sur une disci-
pline budgétaire et monétaire
ayant permis de mater, précisé-
ment, l’inflation léguée par ses
prédécesseurs : elle avait oscillé
entre 35 et 75 % l’année précédant
son arrivée au pouvoir.
La vigoureuse croissance qui
avait suivi avait réduit la pauvreté
et généré une classe moyenne flo-
rissante qui l’avait remercié en lui
permettant d’aligner dix victoires
d’affilée aux législatives et prési-
dentielles, performance sans
équivalent dans une démocratie.
Mais les choses se sont bien
gâtées ces dernières années où le
président turc n’a eu de cesse,
quitte à piétiner l’indépendance
de la banque centrale, de rendre le
crédit le moins cher possible. En
s’attaquant ainsi à ce qu’il dénom-
mait le « lobby des taux d’intérêt »,
il espérait surtout doper la crois-
sance après une crise en 2013,
réduire le chômage et, surtout,
satisfaire les entreprises du BTP
qui financent son parti AKP.
Au nom d’une « nouvelle politi-
que économique », il prétendait
10
même, à rebours de tous les éco-
nomistes sérieux, que des taux
d’intérêt bas permettaient de lut-
ter contre l’inflation et minimi-
saient les risques de surchauffe.
Les taux d’intérêt ont donc été
abaissés par étapes de dix points
en six ans.
Un déficit record
Mais ce gonflement artificiel de la
masse monétaire a inquiété les
marchés financiers, d’autant plus
que la Turquie souffre d’un déficit
structurel de sa balance des paie-
ments faute d’épargne suffisante
pour financer son ambition de
devenir la dixième économie
mondiale. Ce déficit, 7 % du PIB,
était l’an dernier le plus large des
quarante dernières années. « La
croissance, la demande domesti-
que, les importations, tout est en
surchauffe », résume Timothy
Ash, un spécialiste de la région à
BlueBay Asset Management.
Résultat, malgré une défense
aussi acharnée que futile de la
banque centrale, dont les réser-
ves sont tombées à un plus bas
historique, la devise turque glisse
inexorablement, au point d’avoir
perdu les quatre cinquièmes de sa
valeur en cinq ans, alimentant en
retour l’inflation via le renchéris-
sement des produits importés de
consommation.
Les entreprises endettées en
devise étrangères sont étranglées
et, selon la Banque mondiale, le
PIB par habitant en dollars cons-
tants est retombé au niveau
de 2007. Certes, la Turquie a fait
partie des très rares pays au
monde à n’avoir pas connu de
récession durant la pandémie et
bénéficie d’une croissance vigou-
reuse, attendue à 3 % cette année
après 5 % en 2022.
Et le président turc espère avoir
amadoué les électeurs en aug-
mentant le SMIC de 55 % en début
d’année ou en doublant les retrai-
tes. Mais cela ne consolera pas les
ménages pour leurs économies
parties en fumée ; rémunérée à
8 %, leur épargne fond de 40 % par
an, une ampleur sans équivalent
au monde. Le chômage est aussi à
deux chiffres désormais, un
niveau sans précédent depuis
l’arrivée d’Erdogan au pouvoir… n
11 Les Echos Mardi 9 mai 2023
La droite européenne part à
l’offensive contre le Pacte vert
l Le PPE, première force politique du Parlement de Strasbourg, rejette deux
textes proposés par la Commission pour préserver la nature.
l A un an des élections européennes, la droite traditionnelle veut séduire
le monde rural tenté par des partis plus radicaux.
EUROPE
Vincent Collen
Les élections européennes n’auront
lieu que dans un an, mais elles sont
déjà dans toutes les têtes au Parti
populaire européen (PPE). La pre-
mière formation politique du Parle-
ment de Strasbourg, qui regroupe
les chrétiens-démocrates alle-
mands et les Républicains français,
notamment, tenait cette semaine
son assemblée politique à Munich.
Le texte qui a été voté par les lea-
ders du PPE menés par Manfred
Weber est une critique virulente du
Pacte vert européen, un ensemble
de textes destinés à lutter contre le
changement climatique et préser-
ver l’environnement. Un Pacte pré-
senté par Ursula von der Leyen, la
présidente de la Commission, elle-
même issue du PPE.
Objectifs « inatteignables »
La « vision pour l’agriculture »
adoptée vendredi à Munich attaque
frontalement deux textes du Pacte
Vert proposés par l’exécutif bruxel-
lois qui doivent être adoptés dans
les prochains mois. Le premier vise
à réduire l’usage des pesticides chi-
miques de 50 % d’ici à 2030. « Ces
objectifs sont tout simplement inat-
Les droites italiennes
veulent peser davantage
à Bruxelles
Le scrutin européen
de 2024 représentera
le premier test électoral
pour la coalition
de Giorgia Meloni.
Olivier Tosseri
— Correspondant à Rome
Les droites italiennes ont un cap
pour l’année prochaine : triompher
aux élections européennes. Mais il
leur manque une boussole. Si elles
sont unies à Rome pour soutenir
leur nouveau capitaine, la Première
ministre Giorgia Meloni, elles sont
divisées à Bruxelles. La Ligue de
Matteo Salvini fait actuellement
partie du groupe d’extrême droite
Identité et Démocratie (ID) aux
côtés de Marine Le Pen. Forza Italia
de Silvio Berlusconi est l’interlocu-
teur privilégié du Parti populaire
européen (PPE, droite tradition-
nelle) dont il est le membre officiel.
Enfin, Fratelli d’Italia de Giorgia
Meloni est à la tête du groupe des
conservateurs et réformistes euro-
péens (ECR), qui comprend aussi le
PiS polonais.
Les trois partis italiens affirment
vouloir « peser » plus à Bruxelles.
Leur rapport avec le PPE est ainsi
essentiel. Le déclin politique de
Forza Italia le marginalise. Manfred
Weber, le chef de file du PPE, avait
ainsi condamné les prises de posi-
tion pro-russes de Silvio Berlusconi
et s’était affiché en début d’année à
Rome avec la présidente du Conseil.
De quoi donner du crédit aux
rumeurs de rapprochement avec le
parti des conservateurs et réformis-
tes (ECR). Manfred Weber retour-
nera dans la capitale italienne en
juin, mais aucune autre rencontre
n’est pour l’instant prévue.
Il pourrait sonder à cette occa-
sion Matteo Salvini. Une récente
réunion de la Ligue a fait l’objet d’un
débat animé sur son repositionne-
ment en Europe. Un conseil fédéral
MONDE
teignables » et la proposition de la analyse Pascale Joannin, directrice ECR seraient à deux doigts de deve-
Commission « n’offre pas d’alterna- générale de la Fondation Robert- nir la troisième formation de
tives viables aux agriculteurs », Schuman. L’émergence inattendue l’hémicycle. Ce groupe comprend le
déplore le PPE. « Ce n’est pas le aux Pays-Bas d’un « mouvement parti de la Première ministre ita-
moment de mettre en danger la sécu- citoyen-paysan » (BBB) aux élec- lienne Giorgia Meloni et du PiS au
rité alimentaire en Europe. » tions provinciales de mars a consti- pouvoir en Pologne. Le sondage les
Le PPE « rejette » aussi le texte de tué une nouvelle alerte pour la met au coude-à-coude (85 sièges)
loi sur la « restauration de la nature » droite classique. avec Renew, le parti centriste qui
présenté par Bruxelles. Il se tradui- S’il reste le premier groupe politi- comprend les élus Renaissance
Dwi Anoraganingrum/Futu/Sipa
rait, selon lui, par une réduction de que du Parlement européen, le PPE d’Emmanuel Macron (89).
10 % des surfaces agricoles de a vu sa position s’éroder, passant Si bien que l’alliance entre le PPE
l’Union européenne, un objectif sous la barre des 200 députés lors et le S&D, qui se partagent le pou-
« irresponsable dans le contexte du scrutin de 2019. Un sondage voir au Parlement depuis quarante
actuel ». Le texte, « d’application Europe Elects publié en avril ans, n’apparaît plus comme une évi-
prévoit une poursuite du recul, à dence. « Manfred Weber, le président
163 sièges. Le PPE resterait en tête, du PPE, tend des perches sur sa
Les conservateurs devant les sociaux-démocrates droite, décrypte Pascale Joannin. Il
eurosceptiques (S&D) avec 143 élus. Les conserva- réfléchit aux alliances qui pourront Le PPE, mené par Manfred Weber, regroupe notamment
teurs eurosceptiques du groupe se former après les élections. » n les chrétiens-démocrates allemands et les Républicains français.
seraient à deux doigts
de devenir la
troisième formation
de l’hémicycle.
rétroactive », serait en outre « une
agression directe contre les droits de
propriété privée ». Voilà qui augure
PREMIÈRE
de négociations compliquées lors-
que les deux textes arriveront
devant le Parlement.
« Le PPE veut envoyer un message
fort au monde agricole et rural, un
EN LV1,
électorat qui lui est traditionnelle-
ment acquis mais qui est aussi attiré
par des formations plus radicales »,
LV2,
du parti sera convoqué le 29 mai
pour clarifier sa position dans un LV3,
LV4,
parti profondément divisé sur cette
question. « La priorité de la Ligue est
DES MILLIERS DE PROGRAMMES
de modifier l’UE, pas de [changer de]
groupe politique européen », précise GRATUITS EN FRANÇAIS,
une note officielle à Bruxelles.
Marine Le Pen avait d’ailleurs ALLEMAND, ANGL AIS,
LV5,
récemment réaffirmé que son allié
ESPAGNOL , ITALIEN E T P OLONAIS.
demeurait Matteo Salvini et non
Giorgia Meloni. « Nous ne pouvons SUR ARTE.T V, C’EST TOUS LES JOURS
pas envisager d’être un parti de gou-
vernement en Italie et l’allié des extré- L A JOURNÉE DE L’EUROPE.
ET LV6.
mistes allemands [Alternative pour
l’Allemagne, NDLR] en Europe », a
pourtant affirmé Attilio Fontana,
président de la Lombardie et hiérar-
que de la Ligue.
Première plateforme européenne de service public offrant une sélection généraliste de programmes, en accès libre. © AlxeyPnferov.
Meloni se rêve en Merkel
Avec le départ de la chancelière alle-
mande, la droite européenne est
orpheline d’une figure charismati-
que. Giorgia Meloni se rêve en nou-
velle Angela Merkel. L’actuelle
présidente d’ECR à Bruxelles envi-
sagerait ainsi un partenariat avec le
PPE. Elle souhaite briser l’axe avec
les sociaux-démocrates qui domine
les institutions européennes depuis
des décennies. Depuis son acces-
sion au pouvoir, elle a troqué les
accents de la droite radicale pour les
oripeaux de la droite modérée en
s’inscrivant dans les pas de son pré-
décesseur Mario Draghi.
Giorgia Meloni a néanmoins
constaté que la droite européenne
s’était radicalisée ces dernières
années. Un parti unique des conser-
vateurs en Italie pourrait être
l’embryon d’un parti républicain
européen sur le modèle américain.
Son récent voyage à Londres s’ins-
crit dans cette stratégie. Bien que le
Royaume-Uni ne soit plus dans l’UE, La plateforme libre.
la proximité affichée avec le Pre-
mier ministre britannique Rishi
Sunak lui est utile pour démontrer
l’importance de l’axe Atlantique.
Elle se rendra d’ailleurs en visite offi-
cielle à Washington fin juin. n
MONDE
L’Union européenne se prépare à sanctionner
des entreprises chinoises et iraniennes
Dans sa proposition transmise aux
CONFLIT UKRAINIEN Etats membres vendredi dernier, la
Commission vise pour la première
La Commission fois, notamment, huit compagnies
propose d’interdire chinoises et de Hong-Kong.
la vente de certains D’après le « Financial Times », la
matériels à des entre- liste inclurait 3HC Semiconductors
prises chinoises et King-Pai Technology, basées en
et iraniennes, Chine continentale, Sinno Electro-
notamment, nics, Sigma Technology, Asia Paci-
soupçonnées de les fic Links, Tordan Industry et Alpha
revendre à la Russie. Trading Investments, basées à
Hong Kong. Elle s’étendrait aussi
à des entreprises de Turquie,
Les ambassadeurs de Syrie, d’Arménie et des Emirats
des Vingt-Sept exa-
arabes unis.
mineront ce onzième
paquet de sanctions Vive réaction chinoise
dès mercredi. Bruxelles propose par ailleurs de
sanctionner certaines sociétés ira-
niennes impliquées dans la fabrica-
Karl De Meyer tion et la fourniture de drones à la
— Bureau de Bruxelles Russie, ainsi que d’élargir l’éventail
et Paul Turban des exportations interdites de l’UE
vers la Russie. Des sanctions améri-
Le onzième paquet de sanctions de caines visent déjà plusieurs entre-
l’UE contre la Russie pourrait prises chinoises, dont King-Pai
contenir une innovation majeure : Technology, que Washington
des interdictions d’exportation vers accuse de fournir différents sec-
certaines entreprises de pays tiers teurs de l’industrie militaire russe.
soupçonnées de réexporter des Ursula von der Leyen, présidente
biens critiques (comme des semi- de la Commission, se rend ce mardi
conducteurs) vers la Russie et donc à Kiev pour y rencontrer le prési-
de soutenir l’effort de guerre de d e n t u k r a i n i e n , Vo l o d y m y r
Moscou. C’est du moins ce que pro- Zelensky, et célébrer avec lui la jour-
pose la Commission européenne née de l’Europe (anniversaire de la
aux Vingt-Sept. déclaration Schuman du 9 mai 1950
« L’objectif est d’éviter que des biens qui a posé les bases de la Commu-
interdits d’exportation vers la Russie nauté européenne du charbon et de
ne trouvent un chemin pour approvi- l’acier). Elle pourrait donner des
sionner le complexe militaire russe », précisions sur les nouvelles sanc-
a expliqué lundi son porte-parole. tions à cette occasion.
L’Union européenne pourrait aussi s’en prendre à des entreprises d’autres pays tiers comme
les Emirats arabes unis, la Turquie ou la Syrie. Photo Yves Herman/Reuters
Dès lundi, le porte-parole du
ministère chinois des Affaires
étrangères, Wang Wenbin, a
exhorté l’UE à éviter de s’engager
sur la « mauvaise voie ». « La Chine
s’oppose aux actes qui utilisent la coo-
pération sino-russe comme prétexte
pour imposer des sanctions illégales
ou une juridiction de longue portée
contre la Chine », a-t-il ajouté, mena-
çant l’Union de « mesures fermes »,
pour ne pas dire de représailles.
Ces déclarations interviennent
alors que les relations entre Bruxel-
les et Pékin se sont tendues, ces der-
niers mois, à cause du soutien
La Ligue arabe réintègre
la Syrie de Bachar al-Assad
PROCHE-ORIENT
Une décision unanime
prévoit la réintégra-
tion immédiate
de la Syrie au sein
de l’organisation
panarabe.
Le régime de Bachar
al-Assad en avait été
suspendu en 2011,
après l’écrasement
brutal d’un mouve-
ment de contestation
populaire et le début
d’une décennie de
guerre civile.
Justine Babin
— Correspondante au Caire
C’est le grand retour. La Syrie du
président Bachar el-Assad est de
nouveau autorisée depuis diman-
che à siéger à la Ligue arabe. Elle en
était suspendue depuis douze ans,
après la brutale répression d’une
insurrection populaire ayant
plongé le pays dans une décennie de
guerre civile.
La décision adoptée au siège de la
Ligue arabe, au Caire, par les repré-
sentants des 22 Etats membres,
pour la plupart ministres des Affai-
res étrangères, prévoit « la reprise de
la participation des délégations du
gouvernement de la République
arabe de Syrie aux réunions du
Conseil de la Ligue arabe et de
l’ensemble des organisations et orga-
nes affiliés à compter du 7 mai ».
Consensus
« Il n’y a pas eu de vote à proprement
parler car le texte proposé faisait
consensus », affirme un représen-
tant arabe présent lors de la réu-
nion. Le Qatar, le Koweït, le Yémen
et le Maroc avaient pourtant fait
Mardi 9 mai 2023 Les Echos
ambigu qu’apporte Xi Jinping à Vla-
dimir Poutine, de l’ombre portée
sur l’île de Taïwan, des manque-
ments aux droits de l’homme en
Chine ou encore de la concurrence
toujours plus féroce et souvent
déloyale que livrent les entreprises
chinoises à leurs rivales européen-
part ces dernières semaines de leur
opposition à une réintégration.
Les négociations à ce sujet
s’étaient intensifiées depuis le trem-
blement de terre meurtrier ayant
touché en février la Turquie et la
Syrie. Le ministre des Affaires
étrangères égyptien s’était notam-
ment rendu pour la première fois à
Damas depuis le début du conflit,
puis avait renvoyé l’invitation à son
homologue syrien.
« Le fardeau des réfugiés
et le risque terroriste »
Les ministres des Affaires étrangè-
res de la Jordanie, de l’Egypte, de
l’Arabie saoudite et de l’Irak se sont
réunis lundi à Amman, la capitale
jordanienne, en présence de leur
homologue syrien, Fayçal Mekdad,
pour discuter des conditions de
cette réintégration.
La question de la normalisation
des relations avec le régime de
Damas était par ailleurs au cœur
d’un rassemblement en Arabie
saoudite mi-avril entre des repré-
sentants des six pays du Conseil de
coopération du Golfe (Bahreïn,
Koweït, Oman, Qatar, Arabie saou-
dite et Emirats arabes unis) et de
l’Egypte, l’Irak et la Jordanie.
« Les autres pays
ne sont pour
l’instant pas
parvenus à trouver
une solution
au conflit, c’est
pourquoi les Etats
arabes doivent
rétablir le dialogue
avec la Syrie. »
ABDALLAH BOU HABIB
Ministre libanais des Affaires
étrangères
12
nes. Les leaders européens ont
prévu d’évoquer leur relation à
l’empire du Milieu lors du prochain
Conseil européen de la fin juin.
Le onzième paquet de sanctions
proposé par la Commission ajoute
de nouvelles personnes et entités,
notamment des médias, à la liste
noire de l’UE. Elle étend aussi la liste
des matériels interdits de transit
par le territoire russe.
La Commission
vise pour la première
fois huit compagnies
chinoises
et de Hong-Kong.
Les ambassadeurs des Vingt-
Sept examineront ces dispositions
lors de leur rencontre hebdoma-
daire du mercredi 10 mai. Il est très
peu probable qu’ils s’entendent sur
ce paquet dès cette semaine, « car il
est très technique et demande un long
travail d’analyse », explique une
source diplomatique.
Les diamants ne font pas partie
des mesures envisagées, le dossier
ayant été transféré à l’enceinte
du G7, plus pertinente. Le sujet sera
évoqué lors de la réunion
d’Hiroshima qui aura lieu du 19 au
21 mai. La filière nucléaire reste elle
aussi exclue puisque plusieurs Etats
membres tirent une part impor-
tante de leur énergie de centrales de
technologie russe, incapables de
fonctionner sans matériel russe. n
Les pays arabes souhaitent
jouer un rôle « de leader dans les
efforts de résolution de la crise
syrienne » en remédiant à ses con-
séquences « humanitaire, sécuri-
taire et politique » au niveau local
mais aussi régional, en particulier
« le fardeau des réfugiés, le risque ter-
roriste et le danger lié au trafic de
drogue », énonce la décision adop-
tée dimanche.
Un comité de liaison ministériel
composé des quatre pays présents à
Amman, ainsi que du Liban et du
secrétaire général de la Ligue
arabe, sera en charge « de poursui-
vre le dialogue direct avec le gouver-
nement syrien » en vue de parvenir à
une solution « avec une approche
par étapes, conforme à la résolution
du conseil de sécurité n°2254 » de
l’ONU.
Cette feuille de route adoptée
en 2015 par les Nations unies
réclame un cessez-le-feu « s’éten-
dant à tout le territoire syrien » et
l’organisation d’élections « libres et
régulières » dans le cadre d’un pro-
cessus politique de résolution du
conflit conférant un véritable pou-
voir au peuple syrien.
« Une première étape »
« Les autres pays ne sont pour l’ins-
tant pas parvenus à trouver une solu-
tion au conflit, c’est pourquoi les
Etats arabes doivent rétablir le dialo-
gue avec la Syrie », déclare aux
« Echos » le ministre libanais des
Affaires étrangères, Abdallah Bou
Habib, précisant qu’il ne s’agit que
d’une « première étape ». Le Liban
avait à l’époque voté contre l’exclu-
sion de la Syrie.
« La réintégration de la Syrie ne
signifie pas la normalisation des
relations entre les pays arabes et la
Syrie », a pour sa part déclaré le
secrétaire général de la ligue arabe
Ahmed Aboul Gheit lors d’une
conférence de presse. « C’est une
décision souveraine qui revient à cha-
que pays. » n
13 Les Echos Mardi 9 mai 2023
Grèves en Angleterre : anatomie
d’un nouvel « hiver du mécontentement »
Ingrid Feuerstein
— Correspondante à Londres
Pour des Français qui pensaient
avoir un savoir-faire inégalé en ma-
tière de contestation, la vague de
grèves qui secoue l’Angleterre de-
puis plusieurs mois a de quoi inter-
Frappée par une peller. Hôpitaux, écoles, chemin de
inflation de plus fer… les mouvements sociaux ont
de 10 %, l’Angleterre touché de nombreux services pu-
blics, jusqu’au renouvellement des
a été secouée par passeports et aux guichets du Bri-
une vague de grèves tish Museum. Depuis juin 2022,
quand les premiers conflits ont ex-
comme elle n’en avait plosé, plus de 3 millions de journées
pas vu depuis 1989. de travail ont été perdues au Royau-
La réponse me-Uni. Inédite par son ampleur et
sa durée, cette contestation est la
du gouvernement, plus importante qu’ait traversée par
ferme face le pays depuis 1989.
Non, les syndicats ne sont pas
aux revendications, morts en Angleterre, comme on le
a été inspirée pense parfois de ce côté-ci de la
par l’expérience Manche, depuis la répression que
leur a imposée par Margaret That-
des années 1970 et la cher dans les années 1980. Et ils ont
volonté d’éviter une trouvé dans l’après-Covid un ter-
reau fertile à la contestation. Après
spirale prix-salaires. avoir été éprouvés par dix années
Etait-ce le bon calcul ? d’austérité, les services publics se
sont retrouvés en première ligne
pendant la pandémie.
LA
CHRONIQUE
de Gilles Babinet
Quelle technologie pour supplanter l’IA ?
ux Etats-Unis, on a coutu-
A me d’appeler cela un « me-
gatrend » – une tendance
de fond ayant une incidence si im-
portante qu’elle induit des change-
ments profonds, parfois civilisa-
tionnels. Dans le champ de la
technologie, ils ont déjà été nom-
breux : le micro-ordinateur des an-
nées 1980, la démocratisation d’In-
ternet dans les années 2000,
l’avènement du smartphone avec la
décennie 2010. Ces dernières an-
nées ont semblé hésiter entre la
blockchain, les smart contracts
(dont les NFT), le métavers… avant
que l’intelligence artificielle (avec
ChatGPT) ne balaye tout.
Le choc est mondial et désor-
mais, aux Etats-Unis, les fonds d’in-
vestissement ne financent presque
qu’exclusivement des projets qui
comprennent une bonne dose d’IA,
si ce n’est des projets exclusivement
centrés sur cette technologie. L’en-
jeu consiste désormais à savoir ce
Quand l’inflation s’est envolée,
dépassant les 10 % depuis le mois
d’août, leurs employés ont été
moins bien lotis que ceux du privé
qui, aidés par les pénuries de main-
d’œuvre, ont eu un meilleur pou-
voir de négociation, soit en chan-
geant d’employeur pour décrocher
une meilleure rémunération, soit
parce que leur entreprise a concédé
de généreuses revalorisations pour
garder son personnel. Mi-2022,
quand les premiers mouvements
ont éclaté, on pouvait ainsi consta-
ter un écart important entre les
hausses de rémunération dans le
public (+2 %) et dans le privé (+7 %).
Perte de niveau de vie
Sur la durée, la perte de niveau de
vie est manifeste pour les employés
du public. Selon le Nuffield Trust,
les infirmières ont un pouvoir
d’achat de 6 % inférieur à ce qu’il
était en 2010. La perte atteint même
10 % pour les médecins hospitaliers.
Même constat pour les ensei-
gnants, eux aussi soumis à la rigu-
eur pendant les années 2010. Leurs
revenus réels auront baissé de 12 %
entre 2010 et 2023, calcule l’Institu-
te for Fiscal Studies, bien que le gou-
vernement ait récemment revu à la
qui pourrait survenir après, car la
vague semble si puissante qu’on pei-
ne à l’imaginer supplantée.
Pour certains, l’IA est la première
technologie exponentielle, et en
conséquence, incontrôlable. Feu
Stephen Hawking, Elon Musk, Yu-
val Noah Harari ont mis en garde
contre ses dangers ; ils observent
que les intelligences artificielles gé-
nérales (AGI) ne sont peut-être pas
loin et qu’elles pourraient sonner le
glas de l’humanité en permettant
l’avènement de techniques de ma-
nipulation de masse, voire de ma-
chines conscientes qui pourraient
se rebeller contre les humains.
L’autre courant voit l’intelligence
artificielle comme une technologie
puissante, mais non exponentielle,
aux risques contrôlables, ainsi
qu’aux bénéfices potentiels immen-
ses. A rebours du récit du risque
d’une société élitiste où une poignée
de dominants bénéficierait de ces
technologies, l’une de ses consé-
hausse son offre. Mais les 4,5 % de
hausses de salaire qu’il propose
s’avèrent insuffisantes pour com-
penser 10 % d’inflation.
Comme en France, les tensions
sociales ont pris leurs racines dans
la fatigue liée à la pandémie, dans ce
sentiment que les crises s’enchaî-
nent et que les efforts ne sont pas
partagés de manière juste. Mais la
comparaison s’arrête là. En Angle-
terre, les cortèges n’ont rien de com-
parable avec les centaines de mil-
liers de personnes descendues dans
la rue en France, encore moins avec
les violences en marges des mani-
festations. Les piquets de grève se
résument le plus souvent à une dou-
zaine de collègues réunis autour
d’un Thermos de café dans une am-
biance bon enfant.
En revanche, les grèves ont forte-
ment perturbé la vie quotidienne, et
l’Office national statistique (ONS)
britannique commence à intégrer
son coût dans ses prévisions écono-
miques. Pendant neuf mois, le trafic
ferroviaire a été mis au pas trois à
six jours par mois. Pour les parents,
les six journées de grèves dans l’en-
seignement ont eu comme un arriè-
re-goût de confinement. C’est dans
la santé, surtout, qu’elles ont soule-
quences envisageables pourrait
être de faire des sociétés plus inclu-
sives, où la bureaucratie et les codes
sociaux ne seraient plus des barriè-
res édifiées au détriment des mino-
rités et groupes fragiles.
Il faudrait pouvoir
distinguer sans faille
ce qui est produit
par un être humain
et ce qui ne l’est pas.
Dans les deux cas, les risques n’en
restent pas moins significatifs. Les
défis qu’a posés l’écriture du règle-
ment européen de l’intelligence ar-
tificielle (AI Act) le montrent : il est
remarquablement difficile de cir-
convenir l’IA, tant celle-ci est protéi-
forme et ses cas d’applications mul-
tiples. Il est même vraisemblable
que les modes de régulation classi-
ques ne suffiront pas. Les nouveaux
vé le plus d’inquiétudes. Avec des
listes d’attente dans les hôpitaux qui
atteignent plus de 7 millions de per-
sonnes, des délais de plusieurs heu-
res pour obtenir une ambulance,
les grèves des infirmières, ambu-
lanciers ou internes en médecine
ont failli mettre au tapis un système
de santé déjà très fragilisé. En tout,
plus de 90.000 rendez-vous médi-
caux et 19.000 opérations chirurgi-
cales ont été reportés, estime l’ONS.
De solides services publics
seront nécessaires
Cette crise sociale a souvent été
comparée à l’« hiver du méconten-
tement », en référence aux grandes
grèves de l’hiver 1979 qui ont précé-
dé l’arrivée de Margaret Thatcher
au pouvoir. Avec le même senti-
ment d’un pays qui ne fonctionne
plus, pris au piège de son déclin éco-
nomique. La réponse du gouverne-
ment, d’ailleurs, a été guidée par
l’expérience des années 1970. Re-
doutant une spirale prix-salaires,
c’est-à-dire des hausses de salaires
qui aggraveraient encore l’inflation,
appelant de nouvelles revendica-
tions salariales, le Premier minis-
tre, Rishi Sunak, a tenu ferme face
aux revendications.
cas d’usage possibles des IA sem-
blent si nombreux, qu’il paraît im-
possible de les réguler convenable-
ment tous.
Une force est cependant capable
d’aider puissamment à limiter les
risques à l’échelle où ils se présente-
ront : la multitude, ou encore l’en-
semble des utilisateurs du numéri-
que, c’est-à-dire progressivement
l’ensemble de l’humanité. Les idées
de l’hygiéniste Gustave Le Bon y
trouveraient là leur réincarnation
au cœur du XXIe siècle, car tout
comme l’intelligence artificielle a
besoin de dialoguer avec nous pour
progresser, elle aura aussi besoin de
nous pour éviter d’empiéter sur nos
libertés. Mais pour qu’une telle or-
ganisation réussisse, de nombreu-
ses conditions préalables devraient
être réunies. La première d’entre el-
les consisterait à pouvoir distinguer
sans faille ce qui est produit par un
être humain et ce qui ne l’est pas.
Chaque humain devrait donc être
IDÉES
Dominique Boll pour « Les Echos »
Un projet de loi a même été pré-
senté au parlement en vue d’intro-
duire un service minimum, encore
inexistant en Angleterre du fait de
la rareté des grèves. Le ministre des
Finances, Jeremy Hunt, a encore ré-
pété récemment que le coût à court
terme de ces grèves serait un moin-
dre mal comparé au coût à long ter-
me d’une inflation qui s’envole.
Mais était-ce le bon calcul ? Si les
symptômes ressemblent à ceux des
années 1970, les maux ne sont plus
les mêmes. Quoi qu’on en dise, les
syndicats anglais sont moins puis-
sants, la compétition internationa-
le tire les salaires vers le bas, le mar-
c hé d u tr ava i l es t dava nt a ge
libéralisé. L’inflation s’installe plus
longtemps que prévu, et pourtant,
la spirale prix-salaires tant redou-
tée par les banques centrales n’ap-
paraît toujours pas.
En revanche, les pertes de pou-
voir d’achat grignotent la confiance
des consommateurs. L’économie
britannique souffre d’un manque
de productivité, de pénuries de
main-d’œuvre accentuées par les
arrêts maladie chez les plus de
50 ans et les départs en retraite anti-
cipée. Pour remédier à ces maux, il
faudra de solides services publics. n
rapidement doté d’une certification
numérique, permettant ainsi à la
collectivité humaine de garder une
prééminence sur la machine. Mais
dans le même temps de nombreu-
ses questions vont immanquable-
ment apparaître : un journaliste
aurait-il une voix supérieure à un
internaute lambda ?
Quelqu’un qui véhicule des infox
à répétition devra-t-il être sanction-
né d’un casier numérique ? Quid de
l’anonymat sur Internet ? Devrait-
on discriminer les services d’IA qui
refusent de jouer le jeu, de se sou-
mettre à la régulation et à un con-
trôle humain ? Ces questions sont
moins anecdotiques qu’il y paraît et
pourraient bien se trouver au cœur
de nombreux débats dans un futur
proche.
Gilles Babinet publie « Comment
les hippies, Dieu et la science ont
inventé Internet », éditions Odile
Jacob, 240 pages, 22,90 euros.
IDÉES
analyses
IA générative : du buzz ?
Non, une révolution !
Les IA génératives, dont ChatGPT, fascinent et inquiè-
tent à la fois par leurs capacités exceptionnelles. Il
ne s’agit pas de simples outils. C’est bien plus que cela.
LA
CHRONIQUE
de Sylvain
Duranton
hatGPT et les autres IA génératives
C ont créé, lors des dernières semaines,
un buzz dix fois supérieur à ce que l’on
avait observé il y a deux ans avec le métavers.
Elles ont réveillé le mythe de l’omniscience,
capables d‘écrire des articles – et même une
fausse interview de Michael Schumacher ;
des musiques – comme la fausse chanson de
Drake et The Weeknd ; de passer un MBA ou
une capacité d’avocat, etc.
Mais quid des entreprises ? Le buzz est bien
là, les comités de direction s’arrachent les réu-
nions avec les équipes des start-up des IA
génératives en vue. Suite à la démonstration
des prouesses de différents modèles – répon-
dre à des questions-défis type Trivial Pursuit,
calculer un taux d’impôt marginal personna-
lisé, faire parler un participant dans toutes les
langues – l’auditoire est convaincu qu’il s’agit
bien d’une révolution en passe de changer
radicalement les modes de fonctionnement
des entreprises.
Des offres ultra-personnalisées
Cette transformation va s’opérer à trois
niveaux. Tout d’abord, les outils du quotidien
des équipes vont passer en mode « survita-
miné » pour la recherche d’informations, la
rédaction de documents, la réalisation et la
synthèse d’interviews, la préparation de pré-
sentations, etc. De beaux enjeux qui vont
occuper les directeurs des ressources humai-
nes et les directeurs informatiques dans les
années à venir.
Ensuite, certaines fonctions vont connaître
une transformation radicale, comme les ser-
vices clients, les ventes, le marketing et le
développement informatique. Prenons la
fonction vente. La puissance des IA générati-
ves permet d’ultra-personnaliser les offres, de
générer automatiquement des contrats et des
contenus promotionnels pour chaque client
et même d’assurer que ces offres respectent
les critères de risques (« compliance »). Les
banques sont parmi les premières à déployer
LE LIVRE
DU JOUR
Balade amoureuse dans
les vignes de Bourgogne
LE PROPOS Laure Gasparotto
raconte comment elle est tombée
amoureuse de la Bourgogne qui
a inventé le vin tel qu’on le connaît.
La journaliste et critique œnologique
embarque le lecteur à la découverte
des racines d’une culture millénaire,
née dans le secret des monastères
cisterciens. Les ducs de Bourgogne
ont ensuite codifié, au XVe siècle, les
principes qui règlent toujours la vie
du vignoble bourguignon, autour de
deux cépages dominants (pinot noir
et chardonnay) et d’une délimitation
précise des parcelles, les « climats »
inscrits au Patrimoine mondial de
l’Unesco. Les vignerons d’aujourd’hui
perpétuent cet héritage qui a permis
d’élever le vin au rang d’art et la région
en modèle unique au monde.
L’INTÉRÊT Passionnée et
passionnante, la Bourguignonne
d’adoption (qui a elle-même été
vigneronne dans une autre vie) livre
un récit à la fois intime et érudit.
Les pieds dans la terre et le nez dans
les verres, elle raconte une histoire
à hauteur de ceux qui se cachent
derrière certains des plus grands crus,
ce type d’outils à l’échelle avec des gains d’effi-
cacité et d’efficience de l’ordre de 400 %. Idem
pour le marketing où la création de contenus
(briefs agence, textes et visuels des campa-
gnes, etc.) sera accélérée de 5 à 10 fois. Y aura-
t-il moins d’effectifs demain dans ces fonc-
tions ? Pas facile à dire. Le nombre de
campagnes marketing va exploser, mais les
équipes seront plus productives. Difficile de
prédire le point d’équilibre.
Enfin, les IA génératives sont l’opportunité
de créer une nouvelle génération de « licor-
nes » dans des domaines comme la R&D, la
compréhension des évolutions des attentes
des consommateurs ou encore les stratégies
d’investissement financières. Dans la phar-
macie, les IA génératives permettent d’identi-
fier de nouveaux principes actifs sur la base
de la codification et de l’analyse de plusieurs
dizaines d’années de recherche médicale.
Les entreprises
qui déploieront des IA
génératives à l’échelle
avant les autres prendront
un temps d’avance qu’il
sera difficile de rattraper.
Dans le monde des semi-conducteurs, ces
nouvelles IA proposent en « prompt enginee-
ring » des designs de semi-conducteurs à par-
tir des objectifs et contraintes (rapport puis-
sance/taille par exemple) communiqués par
les ingénieurs. Elles rendent caduques les
techniques d’études de marché traditionnel-
les par leur capacité à analyser et synthétiser
« en français » des masses d’informations
considérables. Des hedge funds ont com-
mencé à utiliser ces nouvelles IA pour identi-
fier avant les autres les tendances de marché
sur lesquelles parier.
Il s’agit bien d‘une révolution ! Tout n’est pas
calé : le coût de l’utilisation de ces modèles
reste incertain, la liste des technologies
gagnantes va encore évoluer, mais en tout cas,
les entreprises qui déploieront des IA généra-
tives à l’échelle avant les autres prendront un
temps d’avance qu’il sera difficile de rattraper.
Sylvain Duranton est directeur monde
de BCG X, entité tech du BCG.
ouvrant les portes de caves
prestigieuses et de célèbres maisons
dynastiques. Riche en témoignages,
ce livre se déguste comme un vin dont
chaque chapitre révélerait une note
différente. Y compris les plus acides,
telles l’envolée du prix des arpents,
convoitises des grandes fortunes, et
l’impact du changement climatique.
LA CITATION « Nulle part ailleurs
dans le monde, l’homme n’a cherché
à lier, d’une manière aussi précise
et intime, une production viticole
à son lieu d’élaboration. Son vin est
convoité parce qu’il est le seul au monde
à être à la fois nature et poésie, humain
et spirituel. » —Pierre Demoux
« Si tu veux la paix, prépare le vin »,
de Laure Gasparotto. Editions
Grasset, 144 pages, 17,50 euros.
Les derniers secrets
de la productivité
Depuis trois ans, la production par tête recule. De nouveaux travaux
montrent comment la faire remonter à l’échelle de l’entreprise.
Avec deux clés : le management et ChatGPT.
LA
CHRONIQUE
de Jean-Marc
Vittori
amais la France n’a eu autant
J d’emplois. Ce printemps, la
barre des 27 millions devrait être
dépassée. C’est une bonne nouvelle. Plus
d’emplois, ça veut dire des revenus en
hausse, une meilleure insertion, davan-
tage de cotisations sociales, moins
d’allocations chômage. C’est aussi une
nouvelle alarmante, car la production
ne va pas au même rythme.
En trois ans, de l’avant-Covid à la fin
2022, entreprises et administrations
publiques ont créé plus de 1 million de
postes de travail, soit une poussée de
près de 5 %. Pendant ce temps, le produit
intérieur brut n’a augmenté que de 1 %.
La production par tête a donc reculé.
Or la « productivité du travail »,
comme disent les économistes, est un
levier essentiel de la croissance. C’est elle
qui a permis les Trente Glorieuses, la
formidable progression du niveau de
vie, la fantastique réduction du temps de
travail au siècle dernier.
Avant l’épidémie de Covid, elle avait
déjà ralenti à moins de 1 % par an. Sans
gain de productivité, nous serions
condamnés à des horizons rabougris.
Les écologistes naïfs pourraient se
réjouir. Ils sont prompts à dénoncer le
productivisme échevelé qui mènerait à
sa perte la planète, ou plutôt l’espèce
humaine. Mais ils confondent producti-
visme et ce qu’il faudrait appeler « pro-
ductionnisme » : l’obsession de la
hausse de la production. Le producti-
visme est au contraire un souci d’effica-
cité dans l’emploi des ressources. C’est
donc… l’une des clés de la réussite de la
transition écologique.
Il est donc utile de comprendre ce qui
se joue dans la baisse récente de la pro-
ductivité. Les économistes qui ont
creusé la question ont identifié une
cause : la montée rapide de l’apprentis-
sage. Comptés comme des salariés, les
jeunes apprentis commencent à peine à
entrer dans la vie active. Ils passent plus
de temps à se former qu’à produire, ce
qui fait baisser la production moyenne
par tête. C’est un effet transitoire, qui
expliquerait le tiers de la récente baisse
de productivité pour les experts de
l’Observatoire français des conjonctu-
res économiques, voire la moitié pour
ceux de l’Insee.
D’autres causes expliquent le tasse-
ment. Depuis l’épidémie, le temps de tra-
vail a souvent baissé, avec notamment
des arrêts maladie plus fréquents. Des
entreprises peu efficaces continuent de
vivoter alors qu’elles auraient disparu
sans les dispositifs exceptionnels de
soutien déployés par les pouvoirs
publics lors des confinements. D’autres
entreprises préféreraient maintenir des
effectifs élevés par crainte d’avoir du mal
à recruter. Ces mécanismes se retrou-
vent dans d’autres pays.
Le productivisme
est un souci d’efficacité
dans l’emploi des
ressources. C’est donc
l’une des clés de la
réussite de la transition
écologique.
Les managers
expliquent à eux seuls
entre le quart et le tiers
des écarts de
productivité d’un
établissement à l’autre.
Pas facile de retrouver les chemins de
la productivité. Mais il y a une voie à
explorer : la qualité du pilotage des
entreprises, leur management. De nom-
breux travaux ont montré ponctuelle-
ment le rôle des équipes dirigeantes sur
la productivité de leur entreprise. Trois
chercheurs viennent de publier un tra-
vail plus large, car ils portent sur des mil-
liers d’établissements.
Chad Syverson, de l’université de Chi-
cago, Robert Metcalfe, de l’université de
Californie du Sud, et Alexandre Sollaci,
du Fonds monétaire international, ont
convaincu deux chaînes de commerce
de détail, l’une américaine et l’autre bri-
tannique, de leur confier toute une série
de données sur 2.773 magasins et 3.584
managers. Ils ont scruté ce qui change
Mardi 9 mai 2023 Les Echos 14
Allili Mourad/Sipa
quand un responsable passe de la tête
d’un magasin à un autre, avec un indica-
teur basique – le chiffre d’affaires par
salarié.
Les résultats sont spectaculaires. A
eux seuls, les managers expliquent entre
le quart et le tiers des écarts de producti-
vité d’un établissement à l’autre. Rem-
placer un responsable peu performant
(parmi les 10 % les moins efficaces) par
l’un des meilleurs (parmi les 10 % les plus
efficaces) « pourrait accroître la producti-
vité d’au moins 50 %, peut-être même la
doubler », estime le trio d’économistes.
Leurs travaux montrent aussi que les
patrons de magasins les plus efficaces
en temps ordinaire le sont restés lors de
l’épidémie. Ou que leur performance ne
dépend pas de critères objectifs comme
l’ancienneté, le genre ou la distance par
rapport au plus proche concurrent.
« Des caractéristiques moins mesurables
du manager, comme son style de leader-
ship et son charisme, pourraient jouer un
rôle important », supposent les auteurs.
La qualité de la gestion se retrouve
dans l’usage des ressources, au-delà du
seul travail : « Les managers les plus pro-
ductifs utilisent moins d’énergie. » Un
constat qui confirme au passage que la
productivité sera l’une des conditions de
la transition énergétique.
Une autre équipe de chercheurs a
exploré un autre chemin de la producti-
vité : le progrès technique. Erik Bryn-
jolfsson, de l’université de Stanford, a
regardé avec ses confrères du MIT de
Boston, Danielle Li et Lindsey Ray-
mond, les effets de l’introduction de
ChatGPT dans des centres d’appels avec
plus de 5.000 salariés.
L’outil d’intelligence artificielle
générative a été mis à la disposition des
employés pour les assister dans leurs
entretiens téléphoniques. Il leur a per-
mis de traiter 14 % d’appels en plus. Fait
essentiel : les gains ont été les plus
grands chez les salariés les moins qua-
lifiés.
C’est ce mécanisme qui a permis aux
révolutions industrielles de la fin du
XIXe siècle de profiter finalement au
plus grand nombre, favorisant l’épa-
nouissement des classes moyennes. Les
chemins de la productivité ne sont pas
encore complètement bouchés.
Jean-Marc Vittori est éditorialiste
aux « Echos ».
 15 Les Echos Mardi 9 mai 2023 IDÉES

opinions Retrouvez chaque mardi

notre magazine digital
art&culture
« Les Echos Planète »
sur planete.lesechos.fr

LE POINT
DE VUE Vie au travail : pour Molière au bout de la nuit
de Dominique Carlac’h
une interpatronale ! Philippe Chevilley THÉÂTRE
Le Malade imaginaire
instant et une infinie mélan-
colie. Certaines scènes sont
Retour aux sources. Vingt- ou le Silence de Molière accélérées, d’autres étirées à
quatre ans après, Arthur d’après Molière et l’envi, comme si Molière
Nauzyciel a choisi de recréer Giovanni Macchia, mise en (Laurent Poitrenaux) – qui
sa première mise en scène scène d’Arthur Nauzyciel. cède par instants son rôle
au Théâtre national de Bre- A Rennes, TNB, jusqu’au d’Argan à un jeune acteur
e président de la République s’est A commencer par le sujet du rapport devons aussi nous emparer d’un troi- tagne, dont il est le directeur. 16 mai puis en tournée (Ay m e n B o u c h o u) –

L donné cent jours pour lancer

une série de chantiers prioritai-
res afin de tourner la page de la réforme
des retraites et d’en engager d’autres.
au travail. Dans leur très grande diver-
sité, les entreprises savent être innovan-
tes. Elles n’ont pas de tabous. La discus-
sion doit s’engager, mais à la condition
sième sujet qui suscite beaucoup
d’interrogations : la place des entrepri-
ses dans la société. Nous devons avoir
des actions concrètes, utiles et nécessai-
Un croisement entre « Le
Malade imaginaire », ultime
à partir de décembre.

pièce du dramaturge (1673), et « Le Silence de

Fort bien, cela s’impose.
En tant que candidate à la présidence
du Mouvement des entreprises de
France, je salue par principe toutes les
ardeurs réformatrices. Et devant
l’importance des changements vécus
dans toutes nos entreprises, le Medef a
des propositions à faire valoir mais
aussi une ligne de conduite à défendre.
Il ne faudrait pas que pour atténuer les
effets d’une réforme des retraites diffi-
cile à faire accepter, les discussions don-
nent lieu à une surenchère encouragée,
voire soutenue, par le gouvernement.
Les entreprises ne peuvent se payer ce
luxe-là.
Il nous faut créer une interpatronale,
en miroir à cette intersyndicale qui a
mené la contestation sur la réforme des
retraites. Cette interpatronale pourrait
rassembler les organisations patronales
représentatives mais aussi d’autres orga-
nisations d’entrepreneurs. Toutes nos
histoires d’entreprises sont singulières et
nous représentons des catégories très
diverses, mais nous avons en partage des
valeurs et des préoccupations commu-
nes. Il nous faut nous rapprocher, en gar-
dant chacun notre spécificité tout en
unissant nos forces de conviction.
L’interpatronale ne peut être la solution
à tout, mais il me semble que sur au
moins trois sujets immédiats, nos con-
vergences auraient du sens et du poids.
impérative qu’on ne franchisse pas une
ligne rouge : il ne faut pas que cela se tra-
duise par une baisse de la création de
richesse et de la productivité. Le nou-
veau Pacte de la vie au travail proposé
par l’exécutif, ne peut déboucher sur le
« travailler moins ».
Toutes nos histoires
d’entreprises sont
singulières, mais nous
avons en partage
des valeurs communes.
Le deuxième sujet dont doit s’empa-
rer cette interpatronale concerne la
souveraineté de nos économies. Nous le
voyons jour après jour quand nous par-
tons à l’export, les Américains comme
les Chinois, par leur action publique,
apportent un effet levier considérable à
leurs entreprises nationales. Nous
devons avoir la même vision offensive
de la défense de notre souveraineté
nationale et européenne, le cas échéant
en introduisant des barrières à l’entrée.
Il en va la pérennité des chaînes de
valeur de nos filières, incluant de nom-
breuses PME. C’est vital pour nos entre-
prises comme pour notre économie.
Enfin, mes nombreuses visites sur le
terrain m’ont montré à quel point nous
res pour continuer à faire avancer l’éga-
lité entre les femmes et les hommes, la
lutte contre toute forme de discrimina-
tions à l’embauche et tout au long de la
carrière, l’ascenseur social, l’inclusion
des personnes en situation de handi-
cap, l’attention portée aux populations
fragiles dans nos entreprises… Mais
nous sommes aussi interrogés sur de
nombreux sujets politiques ou socié-
taux qui n’entrent pas directement dans
la vocation de nos organisations : la
guerre en Ukraine, le fait religieux,
l’immigration, les mal-logés, etc.
On voit bien la tentation moraliste de
certains politiques de multiplier classe-
ments ou index pour départager les
entreprises qui font bien de celles qui
font supposément moins bien. Comme
si distribuer des notes était la seule
réponse pour régler ces sujets.
La liste des sujets pour cette interpa-
tronale n’est pas exhaustive. L’organisa-
tion des corps intermédiaires permet-
tra de canaliser le débat en évitant
l’outrance et la démagogie. L’objectif
aussi est de reprendre le leadership
pour que l’Etat ne soit pas tenté de tout
décider sans prendre en compte le
point de vue des acteurs de terrain que
nous sommes.
Dominique Carlac’h est candidate
à la présidence du Medef.
Molière », de Giovanni Macchia (1975),
monologue donnant la parole à Esprit-Ma-
deleine Poquelin, son unique fille, qui s’est
refusée au théâtre et à la notoriété familiale.
Même scénographie (un labyrinthe de
tulles), même costumes d’époque légère-
ment décalés, mêmes belles lumières de
Marie-Christine Soma… Mais la distribu-
tion a évolué. Elle dresse un pont entre
passé et présent en associant des comé-
diens de la création (Laurent Poitrenaux,
Catherine Vuillez, Arthur Nauzyciel dans le
rôle de Diafoirus père) et des jeunes pousses
sorties de l’école du TNB.
Bal d’ombres
Spectateurs en quête de légèreté, passez
votre chemin. L’association des deux
œuvres est un moyen de mettre Molière
agonisant – il meurt après la quatrième
représentation – sur le devant de la scène ;
de représenter le créateur en sursis faisant
solde de tout compte avec sa famille, avec la
fille qu’il n’a pas assez aimée.
Arthur Nauzyciel orchestre un fascinant
bal d’ombres, avec une distance de chaque
revoyait sa pièce en rêve ou
de l’au-delà.
Il y a bien quelques fulgurantes saillies
burlesques (la fameuse scène du « pou-
mon » jouée comme un mimodrame sur-
volté), mais pour l’essentiel les humeurs
noires du « Malade » dominent. Le monolo-
gue d’Esprit-Madeleine est le pivot de la
comédie transformée en drame. Joué avec
une bouleversante intensité par Catherine
Vuillez, il introduit la scène d’Argan avec sa
petite fille Louison qui, d’anecdotique,
devient un monument de cruauté.
Ainsi va le spectacle, émaillé de scènes de
genre sombres et drolatiques. On peut trou-
ver le décor un brin vieux style (Arthur Nau-
zyciel nous a habitués ces dernières années à
une esthétique plus sophistiquée). On peut
surtout être dérouté par le traitement quasi
sépulcral du classique de Molière.
Mais la cohérence du projet qui convoque
les fantômes pour assurer la transmission
aux vivants, la prestation hors norme de
Laurent Poitrenaux – Argan-ogre et Molière
à vif –, l’énergie bravache de toute la troupe
intergénérationnelle forcent l’admiration.
Molière pour pleurer, rêver peut-être, un
quart de siècle après… ce Molière au bout de
la nuit vaut la peine d’être redécouvert. ■

LE POINT
Plaidoyer

Philippe Chancel
DE VUE

d’Emmanuel Weyd
pour les créanciers Laurent Poitrenaux, Molière dans le fascinant bal d’ombres d’Arthur Nauzyciel.

’un des risques pesant sur la con-
L joncture actuelle est le resserre-
ment des conditions de finance-
ment des entreprises. Hausse des taux et
des marges de crédit, standards de prêts
bancaires plus stricts, quasi-fermeture
de certains marchés tels que les obliga-
tions high yield, la liste est longue des fac-
teurs qui rendent l’accès au financement
des entreprises au mieux plus onéreux,
au pire, dans certains cas, impossible.
Or, le maintien des flux de finance-
ment vers les entreprises – en particulier
via les marchés de dette – reste essentiel
au développement de l’économie réelle.
Plus encore à l’heure où les risques de
récession économique sont élevés et où
les défis de la transition écologique et de
la souveraineté industrielle requièrent
des capitaux importants. Ne pas ajouter
un credit crunch à la conjoncture incer-
taine est donc crucial pour éviter le
ralentissement de l’investissement
humain et capitalistique des entreprises.
Dès lors, il convient de protéger la
confiance des créanciers dans le fait que
le deal implicite qu’ils passent avec les
actionnaires et le management des en-
treprises qu’ils financent sera tenu. Avec
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
de 16 milliards d’euros de ses instru-
ments de dette hybride alors que ses
actionnaires recevaient une offre de
3 milliards d’euros pour leurs titres, a
ignoré les rangs de séniorité de son pas-
sif. A contrario, l’intervention du régula-
teur bancaire américain pour éviter la
liquidation de Silicon Valley Bank a bien
appliqué cette hiérarchie entre dépo-
sants, classes de créanciers et actionnai-
res. Autant dire qu’entre Etats-Unis et
Suisse, les investisseurs en dette ban-
caire savent vers qui leur cœur penche.
Les créanciers, souvent
des institutionnels,
utilisent l’épargne des
Français pour financer
l’économie réelle.
La situation d’Orpea, avec 9 milliards
d’euros de dette en passe d’être restruc-
turée, donne de l’espoir. Non que la
conversion de leur dette en actions évite
des pertes importantes aux créanciers.
Mais plutôt parce que l’application des
L’issue que trouvera le dossier Rallye-
Casino sera particulièrement intéres-
sante. Avec une dette 10 fois supérieure à
la valeur de sa participation dans Casino
au cours actuel, la situation de solvabilité
de Rallye est probablement désespérée.
Quant à la qualité de crédit de Casino,
noté en catégorie CCC par les agences et
dont le cours des instruments de dette
implique une probabilité de défaut supé-
rieure à 60 % à un horizon d’un an, elle
laisse désormais craindre une restructu-
ration de sa dette afin d’éviter au groupe
une faillite et ses conséquences écono-
miques et humaines désastreuses.
Espérons que les efforts qui seront
alors demandés aux créanciers seront
la contrepartie d’un renforcement de
ses fonds propres et d’un changement
de sa gouvernance. Car au-delà du cas
d’un groupe dont il faut assurer la sur-
vie, le traitement des créanciers aura ici
un impact sur la crédibilité de la place
de Paris et sur la mobilisation future des
prêteurs pour amplifier leur soutien au
financement des entreprises.
Les créanciers sont souvent des inves-
tisseurs institutionnels, qui mettent au
travail l’épargne des Français pour finan-
« Bardot », genèse d’un sex-symbol
Laura Berny SÉRIE FRANÇAISE garçon, besoin impérieux
Bardot de liberté et d’amour, jamais
Ra co nt er la g en èse d e Créée par Danièle et complètement inassouvi,
l’icône B.B., autant décriée Christopher Thompson mélancolie qui la pousse à la
qu’adulée, de ses débuts à Avec Julia de Nunez, Victor solitude… Tout cela expli-
15 ans à sa tentative de sui- Belmondo, Géraldine que sans doute en partie
cide à 26 ans, c’est l’ambition Pailhas, Yvan Attal, Anne pourquoi elle tente d’en finir
de cette série créée par Le Ny, Hippolyte Girardot. en 1960, le jour de ses 26 ans,
Danièle Thompson et son Sur France 2, les 8, 15 et quelques semaines avant la
fils Christopher. Comment 22 mai (et en intégralité sortie de « La vérité », l’un de
une aspirante danseuse, sur france.tv). ses plus grands succès criti-
aussi belle qu’impertinente, ques et populaires, dont le
ennemie des conventions alors qu’elle est tournage avec le brillant mais tyrannique
issue d’une famille hyperbourgeoise, est Henri-Georges Clouzot a été pénible.
devenue un sex-symbol planétaire et la proie
des paparazzi en un seul film (« Et Dieu créa Portrait d’une époque
la femme »), au point de la dégoûter de la Si sa réalisation est classique, « Bardot » ne
célébrité… La passion semble le principal manque pas de partis pris en dressant le por-
moteur de la jeune femme (à qui Julia de trait d’une femme incroyablement en
Nunez prête ses traits), et c’est le fil rouge de avance sur son temps dans une société des
cette série qui relate par le menu son histoire années 1950 encore corsetée mais travaillée
avec Roger Vadim (Victor Belmondo), pre- aussi par de profonds mouvements tectoni-
mier amour, pygmalion et ami. Puis ses ques entre existentialisme et Nouvelle vague,
liaisons avec Jean-Louis Trintignant, Gilbert anticolonialisme et guerre d’Algérie, droit
Bécaud et Sacha Distel, son mariage avec des femmes et émancipation sexuelle.

comme prérequis le respect du principe-
clé qu’en cas de situation difficile d’une
société, la hiérarchie de son passif et
l’équité des efforts demandés à chacun
seront sanctuarisés. Sous peine de créer
des précédents susceptibles de freiner
les financements futurs aux entreprises.
Quatre situations emblématiques il-
lustrent cet enjeu. Credit Suisse, qui en
ayant réduit à néant la valeur nominale
règles de hiérarchie et d’équité les a con-
duits à maintenir leur engagement dans
la société, dans le but d’assurer la péren-
nité de son activité. Avec en contrepartie
le changement du management, un
écrasement des actionnaires, l’octroi de
nouveaux financements par les ban-
ques, la levée de fonds propres et la possi-
bilité d’un retour à meilleure fortune en
cas de redressement de la société.
cer l’économie réelle. Préserver leur
engagement passe par le maintien de la
confiance en ce que les principes utilisés
pour assurer la pérennité des sociétés en
difficulté qu’ils financent seront toujours
rationnels et équitables.
Emmanuel Weyd est directeur
des investissements crédit
d’Eiffel Investment Group.
Jacques Charrier, qui part en vrille après la
naissance d’un bébé non désiré, puis sa ren-
contre avec Sami Frey. Fuyant les passions
tièdes, la jeune femme à la repartie acérée et
au caractère bien trempé est forcément diffi-
cile à suivre. Mais « la scandaleuse » a aussi
ses fragilités que la série ne manque pas
d’exposer : relation difficile avec une mère
très stricte qui préférait sa petite sœur et
impuissance à forger un lien avec son petit
Comme Louis Malle dès 1962 avec son
beau film « Vie Privée », la série explore éga-
lement le versant sombre de la gloire par le
prisme d’un paparazzi, prêt à tout pour ne
rater aucun « scoop », et du rôle joué notam-
ment par le couple Lazareff (« Elle », « Fran-
ce-Soir ») dans l’édification d’un redoutable
star-system. A l’inverse d’une Marilyn Mon-
roe, qui a fini prisonnière de son personnage,
B.B., au moins, a réussi à s’en échapper. n
 IDÉES Mardi 9 mai 2023 Les Echos 16

prospective

La réforme PROSPECTIVE // Aux Etats-Unis, les bases de données de généalogie génétique sont de plus en
plus utilisées pour des enquêtes criminelles. Sans encadrement, déplorent les défenseurs des
doit porter libertés publiques.
sur le travail Quand ADN et généalogie traquent les criminels
Benoît Georges
LA
CHRONIQUE our seulement 79 dollars, un test
d’Aurélie Jean
P génétique commandé sur Internet
peut vous faire découvrir les ori-
gines géographiques de votre famille… mais
il risque aussi d’envoyer en prison un de vos
parents éloignés. Aux Etats-Unis, où les kits
uand on cherche à résoudre un problème, de prélèvement d’ADN proposés par
légale » est devenue une pratique courante.
Dans un article publié en février 2022 par la
revue « Forensic Science International »,
une équipe canadienne recensait 431 affai-
res résolues aux Etats-Unis – en majorité
des meurtres et des agressions sexuelles,
mais aussi des cas de « John Doe » ou « Jane
Doe », le terme utilisé pour désigner des
personnes non identifiées.
En chiffres tion que les résultats « peuvent être partagés
avec les forces de l’ordre », mais uniquement
pour identifier une personne décédée ou
30 millions. Le nombre
estimé d’Américains
ayant déjà acheté un kit
de test ADN à domicile
suspectée de meurtre, viol ou enlèvement.
Pour ces deux sociétés, la vente de don-
nées aux enquêteurs fait désormais partie
du modèle économique, chaque requête
depuis leur arrivée sur le
marché, en 2013, soit près étant facturée environ 700 dollars. Mais un
troisième acteur, à but non lucratif,

Q on doit chercher dans un premier temps

à le formuler avec justesse au risque
d’orienter une réponse faussée, voire inadaptée.
La question de la réforme des retraites en fait
partie. Alors que nous tentons désespérément
de discuter de la forme que doit prendre cette
réforme, nous ne nous interrogeons pas sur
ce sur quoi elle devrait porter. Au risque de vous
contrarier, au temps des nouvelles technologies
et des innovations toujours plus avancées
qui modulent nos vies, il est maladroit de penser
la retraite comme si nous étions à l’ère industrielle.
En revanche, on doit réfléchir aux conséquences
sur le travail et sur l’emploi pour penser le monde
de demain et notre rapport à ces deux choses.
Force est de constater – non sans déception –
qu’aucun débat sur la réforme des retraites n’a été
organisé, alors que ces discussions auraient pu
rediriger la réflexion vers le travail. Depuis
les années 1950, le temps de travail hebdomadaire
a diminué de 30 %, dû entre autres aux avancées
sociales par la législation, mais aussi aux avancées
technologiques par l’automatisation. Il est
probable que dans le futur, nous travaillions moins
– à salaire égal – au regard de l’accélération
des innovations. A cela, il faut ajouter que le travail,
aujourd’hui uniquement défini par la rétribution
d’un salaire, évoluera pour inclure toutes
les activités bénévoles, mais qui ont une valeur
économique indéniable, comme celles d’aider un
membre de sa famille malade, de s’occuper de ses
enfants, d’aider ses voisins ou la société en général.
Il faut penser – et construire la politique du pays
en conséquence –, les algorithmes comme un
levier pour libérer les êtres humains des travaux
aliénants tout en revalorisant leurs intelligences
émotionnelle et pratique que la machine n’aura
jamais. Réformer le travail et l’emploi, c’est aussi
penser la question de la formation scolaire,
mais surtout de la formation continue, encore trop
souvent sous-estimée. Apprendre toute sa vie est
un droit, voire un engagement moral chez chaque
citoyen que les institutions publiques et privées
sont dans l’obligation de garantir et de soutenir.
Pour ce faire, adapter les programmes, assouplir
l’évolution des méthodes pédagogiques et
les contenus, ou encore faciliter l’expérimentation
sont à explorer. Aussi, construire davantage de
formations universitaires pour les professionnels
(ce qui inclut aussi les artisans et tous ceux
qui n’ont pas fait d’études supérieures) est
fondamental pour espérer former tous les citoyens.
Et par la même occasion, lutter contre les
formations à demi-sérieuses orchestrées par
des organismes privés non éducatifs, sans valeur
pédagogique démontrée et sans certification
systématique qui pourtant valoriserait l’apprenant.
Le travail doit être repensé dans sa globalité pour
valoriser ce qui fait de nous des êtres humains
aux intelligences multiples et uniques.
Aurélie Jean est docteure ès sciences
et entrepreneure.
SUR LE WEB
L’INVENTION L’extincteur
qui se lance dans le feu
Un inventeur a mis au point une boule qui,
en éclatant au sol, libère sa charge de phosphate
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
23andMe, FamilyTreeDNA ou Ances-
tryDNA sont en vente libre, la généalogie
génétique devient de plus en plus un auxi-
liaire de police, que ce soit pour aider à iden-
Prouesse et controverse
Au-delà de la prouesse technique, ces
enquêtes suscitent la controverse, notam-
de 10 % de la population.
Ces tests dits « récréa-
tifs » servent à évaluer
les prédispositions
s’apprête à les concurrencer. DNA Justice
Foundation a été lancé en mars, à l’initiative
de généalogistes spécialisés dans les en-
quêtes et désireux de fournir une alterna-
médicales ou les origines
tifier des cadavres anonymes ou pour tra- ment parce qu’elles utilisent les services de familiales. tive. « Tout le secteur est aujourd’hui tribu-
quer des criminels, parfois des dizaines deux bases de données privées, GEDmatch 80 à 100 dollars. Le coût taire de deux entreprises privées, qui peuvent
d’années après leurs méfaits. et FamilyTreeDNA, conçues au départ pour d’un test chez les princi- changer de propriétaire du jour au lende-
Le premier « cold case » résolu en asso- aider dans leurs recherches les généalo- paux fournisseurs main, ou décider de ne plus proposer leurs
ciant ADN et généalogie remonte à seule- gistes professionnels ou amateurs. Dans le (23andMe, FamilyTree- services », explique aux « Echos » Kevin
ment cinq ans : en avril 2018, la police de cas du « Golden State Killer », les enquê- DNA, AncestryDNA). Lord, cofondateur et directeur technolo-
Californie a révélé avoir utilisé la généalogie teurs n’avaient même pas prévenu GED- 1,5 million. Le nombre gique de DNA Justice.
génétique pour identifier le « Golden State match, qui, à l’époque, ne prévoyait pas cet estimé de profils géné-
Killer », un violeur et tueur en série recher- usage dans ses conditions d’utilisation… tiques accessibles aux Une alternative aux acteurs privés
ché depuis trois décennies. Les enquêteurs Aujourd’hui, les deux entreprises l’autori- forces de l’ordre des « En étant indépendant, nous pouvons
ont établi un profil ADN à partir des preuves sent, mais sous certaines conditions. Avec Etats-Unis sur les deux garantir aux personnes qui nous envoient
recueillies sur la scène de crime et l’ont GEDmatch, sur lequel les utilisateurs bases de données généa- leur profil génétique que leurs données ne
ensuite téléchargé sur GEDmatch, une base envoient leur profil génétique établi par des logiques privées qui le seront jamais revendues, poursuit-il. Nous
de données contenant les données fournies fournisseurs de tests comme 23andMe, proposent, FamilyTree- sommes très transparents, nous demandons
par des particuliers désireux de connaître AncestryDNA ou MyHeritage, les utilisa- DNA et GEDmatch. un consentement éclairé à nos utilisateurs, et
leurs origines. En recoupant les profils teurs doivent le rendre public s’ils acceptent 2 %. Le pourcentage de nous indiquons précisément pour quels types
génétiques proches, ils ont pu remonter jus- que les forces de l’ordre y aient accès – ce que population nécessaire de crimes cette base sera utilisée. »
qu’au meurtrier, un ancien policier nommé l’entreprise recommande. FamilyTreeDNA, dans une base de don- Les fondateurs de DNA Justice espèrent
« Joseph DeAngelo ». Depuis son arresta- qui vend ses propres kits de tests, stipule, nées pour avoir une que cette transparence leur permettra de
tion, la « généalogie génétique médico- pour sa part, dans ses conditions d’utilisa- probabilité suffisante convaincre les citoyens américains d’ali-
d’identifier un lien de menter leur base de données. A ce jour, ils
cousinage au troisième sont moins de 500 à l’avoir fait, et l’objectif
Kits ADN : l’exception française degré. est d’en avoir au moins 100.000 avant de
436. Le nombre de cas l’ouvrir aux forces de l’ordre. « Nous esti-
résolus (dont 431 aux mons que GEDmatch a entre 400.000 et
« La France est le seul pays européen où il est impossible de se faire livrer Etats-Unis, 3 au Canada 500.000 profils accessibles aux enquêteurs, et
un kit de test de généalogie génétique », déplore Nathalie Jovanovic- et 2 en Suisse) grâce à FamilyTreeDNA, environ 1 million. C’est
Floricourt, présidente de l’association DNA Pass, qui milite pour leur la généalogie génétique l’objectif que nous nous fixons », indique le
autorisation et leur encadrement. A l’origine de cette interdiction, médico-légale cofondateur, qui vise en priorité les passion-
une loi remontant à 1994 stipulant que l’analyse de l’ADN « ne peut se au 1er février 2022, selon nés de généalogie et les amateurs de « true
faire qu’à des fins médicales ou de recherche scientifique. » Lors du vote le Forensic Genetic crime », ces enquêtes menées par des parti-
de la loi bioéthique de 2021, un amendement prévoyait leur légalisa- Genealogy Project. culiers qui passionnent les Américains.
tion, mais il a été rejeté par les parlementaires, à la suite de l’opposi- Les affaires criminelles
tion de la ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn. Dans la fou- (agressions sexuelles et
lée, les deux plus grandes bases de données généalogiques françaises, La vente de données aux
meurtres principalement)
Filae et Geneanet, ont été rachetées par deux spécialistes de la généa- concentraient 350 cas, enquêteurs fait désormais
logie génétique, l’israélien MyHeritage et l’américain AncestryDNA… l’identification de victi- partie du modèle
dont les kits ne peuvent être envoyés en France. mes anonymes, 82 cas.
économique.
Pour certains défenseurs des libertés publi-
ques, l’indépendance financière et le
consentement des utilisateurs n’évitent pas
le principal problème posé par ces bases de
données : elles peuvent impacter non seule-
ment la personne qui donne son profil
génétique, mais l’ensemble de sa famille.
« En téléchargeant mes propres informa-
tions, je révèle aussi des informations privées
concernant mon fils, mes parents et mes
frères et sœurs, mais aussi des membres de
ma famille que je n’ai peut-être même jamais
rencontrés ! Il est donc très difficile de prouver
que le consentement est effectif dans ce
contexte », estime Jennifer Lynch, directrice
spécialiste de la surveillance à l’Electronic
Frontier Foundation (EFF).
Elle pointe également l’absence de cadre
juridique sur ces nouvelles formes
d’enquête. A ce jour, deux Etats américains
seulement ont légiféré sur le sujet. Depuis
2021, le Maryland exige que les recherches
en généalogie génétique soient menées
avec l’autorisation d’un juge, et les limites
aux affaires de viol, de meurtre, de violences
sexuelles et de « menace substantielle à la
sécurité publique », et uniquement en der-
nier recours, notamment si les recherches
dans les bases de données de la police n’ont
pas donné de résultat. Le Montana, pour sa
part, stipule que les enquêteurs doivent
obtenir un mandat avant toute recherche.
C’est un pas dans la bonne direction, note

d’ammonium et éteint n’importe quel départ de feu.
a A lire sur lesechos.fr/idees-debats/
sciences-prospective
Newsletter sciences & prospective
Médecine, biologie, climatologie, espace,
archéologie… Chaque samedi, un concentré
d’expertise pour mieux comprendre le monde.
a Abonnement gratuit
sur lesechos.fr/newsletters
l’EFF, qui appelle à la mise en place de règles
au niveau fédéral. « Ce n’est pas parce qu’une
technique aide les forces de l’ordre à résoudre
des crimes qu’elle doit nécessairement être
autorisée, indique Jennifer Lynch. Par
exemple, des policiers ne peuvent pas deman-
der d’entrer chez vous juste pour jeter un
coup d’œil. Cela servirait peut-être à élucider
Au cours des cinq dernières années, plus de 500 affaires criminelles ont été résolues en recoupant des crimes, mais la Constitution américaine
les informations de bases de données génétiques privées. Photo iStock ne le permet pas. » n
17 Les Echos Mardi 9 mai 2023
enquête
Deux procédures sont couramment détournées et représentent une perte de recettes sociales estimée entre 150 et 200 millions d’euros par an, selon Bercy : la liquidation amiable et la transmission
universelle de patrimoine. Photo Shutterstock
Isabelle Couet
’est dans une brasserie coquette, en
C face du château de Vincennes, que
les ennuis ont commencé. Franck*,
un petit brun de 30 ans sans emploi, y avait
ses habitudes. Le matin, en sortant de la
salle de sport, ce fan de musculation venait
boire un expresso en terrasse. Un escroc le
repère. Il recrute pour sa prochaine arna-
que, sympathise avec les clients et se rensei-
gne sur leur situation.
Franck a le profil idéal. L’homme lui pro-
pose de devenir gérant de société, en lui
offrant 500 euros par mois. Aucune compé-
tence requise, ni tâche sérieuse à accomplir.
Juste signer des papiers de temps en temps.
Le célibataire n’a pas résisté. Seulement
voilà, quelques années plus tard, la police
est venue l’arrêter. Impliqué dans une vaste
fraude au crédit-bail, Franck attend aujour-
d’hui son jugement.
Homme de paille
Combien sont-ils, comme lui, à avoir cédé
aux sirènes de l’argent facile et à avoir
endossé le rôle d’homme de paille d’une ou
plusieurs sociétés éphémères ? « Ces entre-
prises trouvent un quidam qui sera en pre-
mière ligne quand les contrôles se déclenche-
ront, alors que les vrais dirigeants se seront
évaporés avec l’argent et les biens », dépeint
Frédéric Samama, un avocat pénaliste.
Les banques et fournisseurs ne sont pas
leurs seules victimes. Le fisc et les Urssaf
sont aussi des cibles. Le Haut Conseil du
financement de la protection sociale a
d’ailleurs pointé du doigt ce phénomène
dans son rapport de février.
Parmi les exemples qu’il cite, des structu-
res créées pour bénéficier de prestations
sociales (indemnités journalières maladie,
indemnités de maternité, allocations-chô-
mage, etc.), qui ne sont accordées que si
l’activité est déclarée.
Ce fléau met Bercy en ébullition. Le
ministre des Comptes publics, Gabriel
Attal, a décidé de mener la guerre à ces
sociétés qui jouent au chat et à la souris avec
l’administration et les organismes publics.
Son plan antifraude, présenté ce mardi,
s’attaquera au problème.
« Il s’agit de schémas de fraudes qui visent à
organiser la disparition ou l’insolvabilité de la
société pour échapper aux obligations socia-
les et fiscales en détournant des procédures
existantes, détaille le cabinet du ministre.
Généralement, elles ne restent en activité
qu’une à deux années. »
Fraude à la TVA
Certaines astuces sont bien connues. « La
société qui se crée le 1er janvier et opte pour la
déclaration annuelle de TVA, c’est vraiment le
b.a.-ba, lâche un comptable. Le dirigeant sait
qu’il est à l’abri de tout contrôle jusqu’au
3 mai de l’année suivante – la date butoir pour
faire sa déclaration à l’administration – et
même jusqu’en juin, si on ajoute le délai de
grâce. » Un escroc dispose donc d’un an et
demi pour faire de juteux profits sans rever-
Ces sociétés éphémères
qui pillent l’Etat
FRAUDE SOCIALE // Bercy, qui présente son plan antifraude ce mardi,
déclare la guerre à ces entreprises qui coûtent chaque année
des centaines de millions, voire des milliards d’euros, aux finances publiques.
ser 1 centime de taxe sur la valeur ajoutée tion sociale et fiscale permettant de vérifier
à l’Etat ! que les dettes ont bien été réglées », décrypte
Les as de la fraude à la TVA sur les quotas l’expert du ministère de l’Economie.
carbone n’auraient pas grugé le Trésor L’Urssaf Ile-de-France détecte une cen-
public sans s’appuyer sur une myriade de taine de situations de liquidation amiable
sociétés éphémères et de gérants de paille. par an détournant ainsi la procédure pour
La Cour des comptes, qui a consacré un rap- faire échec au recouvrement. Le préjudice
port à cette escroquerie ébouriffante, décrit est évalué à 70 millions.
le stratagème : entre 2008 et 2009, ces socié- La transmission universelle de patri-
tés, qui servaient d’intermédiaires vis-à-vis moine ou « TUP » est une procédure du
de donneurs d’ordres souvent inconnus, Code civil permettant de transmettre l’inté-
achetaient, hors taxe, des quotas de CO2 gralité des dettes et créances d’une entre-
dans un Etat membre, les revendaient en prise à un associé unique. Elle est détournée
France en facturant la TVA au taux de 19,6 % lorsque l’associé unique est de droit étran-
puis réinvestissaient le produit de la vente ger, ce qui permet d’échapper au recouvre-
dans une autre opération frauduleuse. ment. Pour peu que la destination soit exoti-
« Elles ont pu recommencer plusieurs fois que, et les chances de l’attraper sont quasi
ce carrousel avant de disparaître sans jamais nulles. « Aujourd’hui, aucune publication au
reverser la TVA », concluent les magistrats bulletin officiel des annonces civiles et com-
financiers, qui ont évalué la perte pour l’Etat merciales des TUP n’est obligatoire : malgré le
à 1,6 milliard d’euros. Un gouffre. délai légal d’opposition d’un mois pour les
Deux procédures sont couramment créanciers publics, ceux-ci peuvent ne pas
détournées et représentent une perte de obtenir l’information en temps voulu »,
recettes sociales estimée entre 150 et poursuit le cabinet de Gabriel Attal.
200 millions d’euros par an, selon Bercy : la En 2022, l’Urssaf Ile-de-France a épinglé
liquidation amiable et la transmission uni- 4 dossiers avec ces montages juridiques. Le
verselle de patrimoine. manque à gagner s’élevait à 14 millions, soit
« La liquidation amiable d’une entreprise plus du double de l’année précédente. Les
par ses dirigeants, c’est-à-dire la dissolution Urssaf Pays de la Loire et Bretagne ont éga-
décidée par l’assemblée générale, puis trans- lement repéré ce type de montage empê-
mise au greffe du tribunal de commerce, est chant les contrôles comptables.
aujourd’hui possible sans produire d’attesta-
Affaire des « camions fantômes »
BTP, gardiennage, transport routier… ces
secteurs champions du travail informel
« Pendant la crise sont en première ligne. « Mais pendant la
du Covid, les sociétés crise du Covid, les sociétés éphémères se sont
éphémères se sont diversifiées tous azimuts », observe Thomas
Denfer, président du Conseil national des
diversifiées greffiers des tribunaux de commerce, la
tous azimuts. Au gré tour de contrôle de tous les mouvements
des cessions de fonds d’entreprises. « Au gré des cessions de fonds
de commerce, de commerce, on les a vues apparaître dans la
boulangerie et les laveries automatiques. »
on les a vues apparaître L’imagination des fraudeurs semble être
dans la boulangerie la seule limite. L’affaire des « camions fantô-
et les laveries mes » du nord de la France illustre la
sophistication de certains montages. Ce
automatiques. » dossier, jugé à Lille en février dernier, a
THOMAS DENFER démarré sur une suspicion de fraude aux
Président du Conseil national des droits d’accises sur la bière.
greffiers des tribunaux de commerce Des camions chargés d’alcool détour-
naient les procédures du marché européen
pour inonder la Grande-Bretagne sans
payer toutes les taxes. « Un réseau mafieux
avait créé plusieurs sociétés éphémères avec le
statut d’entrepositaire agréé par l’UE.
Comme ça, elles bénéficiaient d’un méca-
nisme qui facilite la circulation des marchan-
dises en Europe », relate Marion Cackel, juge
d’instruction spécialiste de la criminalité
financière à Lille. « Les clients pour le compte
desquels le stockage et le transport d’alcool
étaient effectués étaient aussi des sociétés
éphémères ou des entreprises hébergées à
l’étranger, toutes difficilement identifiables. »
« Quantifier avec précision la fraude repo-
sant sur des sociétés éphémères est impossi-
ble », martèle Dominique Libault, président
du Haut Conseil au financement de la pro-
tection sociale. « Car avant de se volatiliser
pour échapper au contrôle ou au redresse-
ment, ces sociétés se donnent l’apparence
d’une société normale. »
Numéro Siren et Kbis
Une société normale ? « Toute entreprise se
dote d’un numéro de Siren fourni par l’Insee
et surtout d’un Kbis, qui justifie l’inscription
au registre du commerce et des sociétés, rap-
pelle le greffier. Le demandeur doit produire
un justificatif d’identité, un document attes-
tant de l’adresse du siège social et une preuve
de dépôt de fonds dans une banque. »
Pour se fondre dans la normalité, il suffit
de fournir la carte d’identité du dirigeant
(ou de son gérant de paille), une facture
d’électricité ou de téléphone, une attesta-
tion bancaire.
« Les réformes engagées depuis quelques
années pour faciliter la création d’entreprises
(création du statut d’autoentrepreneur, ou de
statuts simplifiés tels que la SASU ou l’EURL,
simplification des démarches au guichet, etc.),
justifiées par la nécessité de créer un environ-
nement propice au développement du tissu
économique, ont […] pu faciliter la tâche des
fraudeurs ayant à un moment besoin d’une
structure juridique pour accomplir leurs
forfaits », lit-on dans le rapport du Haut
Conseil pour le financement de la protec-
tion sociale.
Marion Cackel abonde : « Créer une entre-
prise est devenu très facile. » La juge d’ins-
truction se plaint de trouver des failles gros-
sières dans les dossiers. « Les contrôles des
tribunaux de commerce sont trop légers,
regrette-t-elle. Un individu qui, en un an,
devient gérant de dix sociétés, ça ne déclenche
aucune alerte dans les registres ! »
« Les mailles du filet se resserrent », assure
Thomas Denfer, tout en rappelant que les
greffes des tribunaux de commerce font des
déclarations de soupçons auprès de Trac-
fin, la cellule de renseignement financier.
Base du ministère de l’Intérieur
Une petite révolution est survenue en
juillet 2022. Depuis cette date, les greffes
n’ont plus besoin de vérifier à l’œil nu si la
pièce d’identité est conforme. Ils interro-
gent la base du ministère de l’Intérieur
baptisée « Docverif ». Carte d’identité, pas-
seport ou titre de séjour sont ainsi automa-
tiquement passés au radar quand l’entre-
p r e n e u r s ’e n r e g i s t r e o u f a i t d e s
modifications. « Si Docverif déclare que le
numéro n’existe pas ou que le document a été
déclaré volé ou perdu, on rejette le dossier »,
affirme Thomas Denfer.
Une procédure qui permet, au passage,
de se faire une petite idée de l’ampleur de la
fraude. A Paris, en moins d’un an, une cen-
taine de dossiers rejetés n’ont fait l’objet
d’aucune demande de correction.
« Un individu qui,
en un an, devient gérant
de dix sociétés,
ça ne déclenche
aucune alerte
dans les registres ! »
MARION CACKEL
Juge d’instruction spécialiste
de la criminalité financière
Depuis l’automne, Infrogreffe – le registre
des entreprises tenu par les greffiers – par-
tage une blockchain avec EDF, Engie, La
Poste, etc. « Une société nous transmet par
exemple une facture d’électricité pour attester
de l’adresse de son siège social et on va pouvoir
faire une comparaison avec de vrais docu-
ments émis par ce fournisseur grâce à la bloc-
kchain », affirme le représentant de la pro-
fession.
Les greffiers rêvent maintenant d’un dis-
positif d’échange d’informations en temps
réel avec les établissements bancaires. « Les
banques doivent connaître l’origine des fonds
et ont donc durci leurs procédures de vérifica-
tion », souligne Me Samama. Résultat : les
fausses attestations prolifèrent.
« Le partage des informations entre le fisc
et l’Urssaf s’est amélioré mais il reste des pro-
grès à faire », juge Dominique Libault. C’est
le sens de la mission interministérielle de
coordination pour lutter contre les fraudes
aux finances publiques (Micaf), qui a été
lancée en 2020. Dans ce jeu d’« attrape-moi
si tu peux », on comprend entre les lignes
que l’Etat cherche surtout à réduire l’avance
de son ennemi.
* Le prénom a été changé.
 « La Nuit des musées» par Maguelone du Fou pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Alstom rassure Mort d’Henri Joe Biden appelle Flambée de violences

les investisseurs Coulonges, lauréat de à bannir les fusils ethniques en Inde
L’ÉDITORIAL l’Académie française d’assaut
TRANSPORT – L’action INDE – Quelque 23.000
DES « ÉCHOS »
' du constructeur ferroviaire
Alstom a gagné 3,32 %, ' LITTÉRATURE – Décédé
le 4 mai dernier à l’âge ' ÉTATS-UNIS – Le président
américain Joe Biden a de
' personnes ont fui les violen-
ces ethniques qui secouent
Logement : bombe à 23,94 euros, après l’annonce
vendredi de la nomination de
de 86 ans, Henri Coulonges
avait reçu le Grand Prix
nouveau exhorté dimanche
le Congrès à interdire les fusils
le nord-est de l’Inde et auraient
fait au moins 54 morts, a déclaré
à retardement Bernard Delpit comme nouveau
vice-président exécutif
du roman de l’Académie française
en 1979 pour « L’Adieu à la femme
d’assaut après qu’un tireur a tué
huit personnes dont des enfants
l’armée. Les troubles ont éclaté
dans l’Etat de Manipur, où une
et directeur financier du groupe sauvage », son plus grand succès dans un centre commercial texan. marche de protestation organisée
Les pouvoirs publics ont le droit d’être myopes. à compter du 30 juin, et de celle critique. Traduit en une quinzaine Dénonçant un « acte insensé de la semaine dernière par un groupe
Pas d’être aveugles. Pas besoin d’être un expert pour d’Helen Bradley comme directrice de langues, il relate la débâcle violence », il a ordonné la mise tribal a dégénéré en affronte-
comprendre qu’à notre crise de l’habitat de nature des ressources humaines. allemande à travers l’errance en berne des drapeaux au-dessus ments, au cours desquels des
structurelle s’additionne une crise conjoncturelle L’action avait souffert mi-avril d’une jeune fille de 12 ans de la Maison-Blanche et des bâti- véhicules et des maisons ont été
qui s’annonce à la fois profonde et destructrice pour du départ de son directeur fuyant Dresde avec sa mère ments publics et militaires. Aux incendiés. L’armée a déployé
notre économie et surtout pour notre tissu social. financier pour Orange, en 1945. Marc-Antoine Etats-Unis, 199 actes où au moins des milliers de soldats dans cet
Même si l’on peut débattre des chiffres, impossible alors que l’entreprise peine de Dampierre, de son vrai nom, quatre personnes ont été blessées État frontalier de la Birmanie.
de nier que notre pays a besoin de plusieurs centaines à rassurer les investisseurs était aussi un peintre amoureux ou tuées par balle ont déjà été Des couvre-feux ont été imposés
de milliers de logements neufs par an. En raison de sur sa santé économique. d’art. recensés en 2023. et Internet a été coupé.
notre croissance démographique (même faible),
du boom des familles monoparentales, des mobilités
géographiques, la France doit rénover des logements LA PHOTO DU JOUR
anciens et construire plus d’appartements
comme de maisons.
En cette période de tension sur le pouvoir d’achat,
certains pourraient se réjouir de la perspective de voir
baisser les prix de l’immobilier. Mais le marché
de l’ancien risque surtout de se
figer en valeur et celui du neuf
de s’écrouler en volume.
La hausse des taux d’intérêt
causant finalement bien plus
de dégâts qu’une baisse plus
ou moins prononcée des prix
du foncier sur une période
qui pourrait être longue.
Par David D’autant que, même si le prix
Barroux des terrains finissait par
baisser, les hausses des coûts
La politique de construction, en raison
de l’inflation du prix des
du matériaux comme des normes
logement environnementales, ont fait
doit être entrer le logement dans une
considérée spirale inflationniste. Peu de
chances donc que les Français
comme à la recherche d’un toit puissent
un sujet accéder plus facilement
régalien. à un bien abordable.
La situation risque au contraire
de se détériorer, rendant
explosive une situation déjà tendue.
Il y a urgence à agir et à faire du logement
une cause nationale. Au même titre que la santé,
la justice, la sécurité, l’alimentation, l’éducation ou
la défense, la politique du logement doit être
considérée comme un sujet régalien.
Non seulement parce que l’habitat conditionne
le quotidien de tous, mais aussi parce qu’il s’agit
d’une activité économique majeure
et non-délocalisable. Sous la forme du Conseil
national de la refondation du logement,
le gouvernement a lancé en novembre 2022
un débat participatif sur le sujet. La remise des
conclusions et des propositions de ce CNR ne cesse À LYON, EMMANUEL MACRON REND HOMMAGE À LA RÉSISTANCE Après une commémoration du 8 Mai 1945 sur des Champs-Elysées quasiment désertés, Emma-
d’être repoussée, alors que le timer de la bombe à nuel Macron s’est rendu dans la capitale des Gaules, devant le Mémorial national de la prison de Montluc, pour rendre hommage à Jean Moulin et à la Résistance.
retardement a été enclenché. Il est temps d’agir en Le chef de l’Etat a visité la cellule du fondateur du Conseil national de la Résistance, ainsi que celle où fut symboliquement et brièvement incarcéré en 1983 son
évitant de se contenter de simples mesures fiscales tortionnaire, Klaus Barbie, après son extradition de Bolivie. Photo Laurent Cipriani/Pool via Reuters
qui, par le passé, ont surtout prouvé leur inefficacité.

Lire nos informations

( Pages 20-21
15 MERCREDI JEUDI VENDREDI SAMEDI
13/14 12/13 9/15 11/16 11/18
15 15/23 15/20 13/18 11/22 12/22
16
17 15 10/14 7/19 8/19 12/16 11/19 12/20
17
14/14 11/16 8/16 10/16 10/19
15 17 10/14 11/15
17 MERCREDI 24/39 25/39 25/39 25/40 24/40
18 20 9/15
15 12/19 13/17 9/16 10/15 11/19
17 22/25 23/26 23/27 23/27 22/27
19 18 12/15 11/14 10/14 12/13 10/16
18 17 11/17 14/21
17 12/17 10/17 10/15 9/16 9/17
19 16/28 12/24 11/23 8/19 8/19
8/14 15/21 13/18 11/18 12/17 11/16
17 20
2/13 5/14 8/17 9/19 10/21

« Les titres de 18h »

16 8/14 8/14
13/19 10/22 13/26 15/27 19/26
16 21 JEUDI
18 8/15 21/31 22/27 20/23 20/22 19/20
11/14 11/14 10/14 11/16 12/22
Chaque soir, les articles qui font la 25
9/16
13/23 14/22 15/18 16/23 15/28
12/20
une de l’actualité pour ne rien rater 18 19 24
22 26/32
11/16
27/33
12/18
26/34
11/19
26/34
12/19
26/34
11/21
des titres de la journée. 8/16 9/19 10/23 14/19 13/20 16/20
22 21 9/17 7/20 9/22 12/23 14/18
25 8/16 8/15
VENDREDI 12/20 11/15 6/15 8/14 8/16
22 7/16
newsletters.lesechos.fr
9/17 12/19
 CAC 40
J 7.440,91 points
0,1074 % J 4.348,65 points
DEVISES EUR/GBP 0,8725 EUR/JPY 148,568 EUR/CHF 0,9801 GBP/USD 1,2633 USD/JPY 134,785 USD/CHF 0,8892 TAUX €STER 2,898 EURIBOR 3 MOIS 3,28 OAT 10 ANS 2,7955 T-BONDS 10 ANS 3,4498
Une pénurie d’avions et de pièces
freine l’élan des compagnies aériennes
TRANSPORT
AÉRIEN
Bruno Trévidic
Même si les passagers et les profits sont de
retour, le transport aérien n’en a pas encore
fini avec les conséquences de la crise du
Covid-19. Outre le défi organisationnel que
constitue la reprise plus rapide que prévu
du trafic, les compagnies aériennes doivent
compter avec une autre difficulté : les
retards de livraisons de l’industrie aéronau-
tique. Des retards qui ne se limitent pas aux
reports de livraisons d’Airbus et Boeing,
mais concernent aussi les pièces de
rechange, et ont déjà obligé certaines com-
pagnies aériennes à réduire leur pro-
gramme de vols cet été, par manque d’avi-
ons disponibles. Une situation frustrante
qui n’épargne aucune région du monde.
Dernier exemple en date, celui du groupe
Lufthansa. Plusieurs Airbus A320 et A220,
exploités par la compagnie allemande et sa
filiale Swiss, sont cloués au sol, faute de piè-
ces de rechange. « Nous n’avons pas un pro-
blème de demande, mais de fournisseurs », a
spontanément souligné son PDG, Carsten
Spohr, lors de la présentation des résultats
trimestriels début mai.
Pratt & Whitney montré du doigt
« Je suis depuis trente ans dans ce métier et je
n’avais jamais rien vu de tel, a -t-il assuré. On
manque de pièces détachées de base […] Nous
avons trois appareils flambant neuf au sol
(des A320 Neo) avec un problème de moteurs
Pratt & Whitney. Nous avons un tiers de la
flotte d’A220 [10 appareils de Swiss, NDLR]
au sol à Zurich […] Et tout ce que j’entends des
avionneurs, des motoristes et des dirigeants
de compagnies aériennes me laisse penser
que ces problèmes de fournisseurs vont durer
plusieurs années ». Lufthansa n’est pas la
seule à pâtir des problèmes de Pratt & Whi-
tney. Selon la base de données Cirium, 12 %
de la flotte mondiale d’Airbus A320 Neo
Aux Etats-Unis,
les géants de la tech
retrouvent
des couleurs
TECH Ces derniers mois, les grands grou-
pes américains de la tech ont fait face à une
multitude de défis : incertitude économi-
que avec la flambée de l’inflation, recul de
la publicité en ligne, marché du PC morose,
etc. Après avoir licencié des milliers de per-
sonnes pour comprimer leurs coûts, ils
repartent de l’avant. Microsoft et Apple
sont ceux qui s’en sortent le mieux, même
si leur taux de croissance ralentit. Symbole
de ce regain, le cours de Bourse de Face-
book a flambé de 86 % depuis le début de
l’année et celui d’Apple de 40 %.
// PAGE 26
= LES ENTREPRISES CITÉES
Adriver 27 Bolloré Logistics 23
Air France-KLM 38 Bouygues 38
Alphabet 26 Bumble 27
Alstom 38 Capgemini 38
Amazon 26 CDC Habitat 20
André 22 CMA CGM 23
Apple 26 Covivio 21
Arkema 38 DB Schenker 23
Bank of America 32 DTN 24
Beneteau 24 EDM 28
Berkshire Hathaway 34 Epsilon Research 28
EUROSTOXX 50
0,1894 % n 1,1023 $
-0,9311 %
L’Airbus A220 et ses clients ont été particulièrement affectés par les problèmes de fournisseurs. Photo Remiorz Ryan/Cp/Abaca
équipés de moteurs PW1100 – soit 147 appa-
reils – et 14 % des 250 A220 en service, tous
équipés de moteurs PW, étaient au sol mi-
avril.
Indigo, Air Sénégal, Air Baltic, Egyptair
ou Spirit, ont fait part de leur mécontente-
ment. La compagnie low cost indienne Go
First, dont la moitié de la flotte d’A320 était
parquée, accuse même le motoriste d’être à
l’origine de la suspension de ses activités.
Cependant, les difficultés ne se limitent pas
aux Airbus monocouloirs motorisés par
Pratt & Whitney. Les problèmes de malfa-
çons, qui ont obligé Boeing à retarder les
livraisons de 737 Max, ont aussi des consé-
quences. Mi-avril, le patron de Ryanair avait
La Lune, nouveau
terrain de jeu des
start-up françaises
du spatial
SPACETECH Lancé par le CNES, TechThe-
Moon est le seul incubateur européen
consacré aux start-up de la Lune. Les jeunes
pousses y bénéficient pendant douze mois
des laboratoires et des compétences du
CNES ainsi que d’une enveloppe de
50.000 euros accordée par un incubateur
d’Occitanie. Dix start-up ont déjà été recru-
tées et dix autres rejoindront le programme
d’ici à la fin d’année. Dans la première pro-
motion figurait The Exploration Company,
une jeune pousse qui conçoit un vaisseau
spatial pour transporter des équipements
sur la station orbitale en 2026. // PAGE 30
GCM TP 28 Optakare 22
IAG 38 Pacific Western 32
Indra 37 Pinterest 26
JP Morgan 32 Signature Bank 32
Legendre 21 Silicon Valley Bank 32
Lufthansa 38 Silvergate 32
Maersk 23 Solvay 38
Match Group 27 TechTheMoon 30
Meta 26 Teleperformance 38
NGE 21 Twitter 26
Ogic 20 WeatherNews 24
EURO/DOLLAR ONCE D’OR
P 2.000,95 $
0%
déploré que le report de livraisons d’une
dizaine de Boeing 737 l’oblige à réduire son
offre en juillet. Aux Etats-Unis, Southwest et
American ont annoncé des réductions de
programmes, liés à ces retards de livraisons.
Les gros-porteurs long-courriers sont
également concernés. Lufthansa aurait déjà
dû recevoir ses premiers Boeing 777-9 il y a
deux ans. Ils n’arriveront pas avant 2025.
L’interruption des livraisons de 787 pen-
dant près de deux ans a aussi pénalisé nom-
bre de compagnies, dont KLM. Et si Airbus
semble mieux s’en sortir avec ses A350 et ses
A330, l’avionneur européen a annoncé,
mercredi, un report des premières livrai-
sons de l’A350 cargo, initialement prévues
Les pistes du gouvernement
pour réguler Internet
NUMÉRIQUE
Adrien Lelièvre
Internet ne peut pas être une zone de non-
droit. C’est, en substance, le message mar-
telé par Jean-Noël Barrot, ministre délé-
gué chargé de la Transition numérique et
des Télécommunications, qui doit dévoi-
ler, mercredi 10 mai, en Conseil des minis-
tres, un projet de loi destiné à « sécuriser
et réguler l’espace numérique ». Dans une
interview au « Journal du dimanche »,
l’ancien secrétaire général du MoDem en
dévoile les premiers contours. La mesure
phare est la création d’un « filtre anti-ar-
naque ». Promis par Emmanuel Macron
pendant sa campagne, ce dispositif « sim-
ple et gratuit » avertira l’internaute au
moment où il se connecte à un site identi-
fié comme malveillant. « Il prendra la
forme d’un message qui s’interposera entre
l’internaute et le site pour éviter d’être
piégé », précise Jean-Noël Barrot.
Parmi les arnaques concernées figu-
rent les usurpations d’identité, la collecte
frauduleuse d’informations, le piratage
informatique, les arnaques au paie-
ment, etc. Le système d’avertissement
pourrait être supervisé par une « autorité
PÉTROLE (BRENT)
J
76,98 $
2,1361 %
Mardi 9 mai 2023
www.lesechos.fr
pour fin 2025 et désormais 2026. Dans ces
turbulences, Air France-KLM tire son épin-
gle du jeu. Il a réussi à compenser les retards
de livraisons d’Airbus et de Boeing par la
prolongation des contrats de location d’avi-
ons plus anciens. Elle a été épargnée par les
problèmes de moteurs sur ses A220, dont
les 22 exemplaires déjà livrés sont tous en
service, mais aussi par les retards de livrai-
son de Boeing, ayant opté pour un nombre
limité de 787 et n’ayant pas commandé de
777X. Cela devrait lui offrir cet été quasi-
ment autant de sièges qu’avant la crise.
Lire « Crible »
( Page 38
administrative », encore non désignée,
qui sera chargée de constater une infrac-
tion en ligne sur les sites concernés, croit
savoir le média L’informé. Pour lutter
contre le cyberharcèlement, Jean-Noël
Barrot souhaite que les juges puissent
ordonner le bannissement d’un cyberhar-
celeur d’un réseau social pendant une
période de six mois, et un an en cas de
récidive.
Des nouveaux pouvoirs
pour l’Arcom
Autre cheval de bataille du ministre : la
lutte contre les contenus pornographi-
ques sur Internet. « Deux millions de
mineurs y sont exposés chaque mois », rap-
pelle-t-il. Techniquement, les sites gra-
tuits demandent souvent l’âge des inter-
nautes. Mais, dans les faits, peu de
contrôles sont effectués. Une procédure
judiciaire visant cinq sites est en cours
avec un verdict attendu cet été, rappelle
Jean-Noël Barrot. En complément, le
ministre propose de donner à l’Arcom
[Autorité de régulation de la communica-
tion audiovisuelle et numérique] le pou-
voir d’ordonner le blocage des sites qui ne
se conformeraient pas à l’obligation de
vérification véritable de l’âge, et ce sans
l’intervention d’un juge. n
Le groupe de
cosmétiques
Coty envisage
une deuxième
cotation à Paris
BOURSE
Bastien Bouchaud
Paris cimente sa position de capitale
mondiale du luxe. Le groupe de cosmé-
tiques Coty, qui s’était introduit en
Bourse sur le New York Stock Exchange
(NYSE) en 2013, réfléchit à une seconde
cotation au sein de la Bourse de Paris.
Une traversée de l’Atlantique inhabi-
tuelle dans cette direction. « Paris est le
berceau historique de la beauté, et ce sec-
teur exerce ici toujours un attrait particu-
lier sur les investisseurs », a souligné
Peter Harf, le président du conseil
d’administration de Coty, dans un com-
muniqué publié vendredi en amont de
la présentation des résultats du premier
trimestre ce mardi.
C’est en quelque sorte un retour aux
sources pour le groupe fondé en 1904
par François Coty dans la capitale fran-
çaise. Après être passé entre les mains
de l’américain Pfizer, il est aujourd’hui
propriété de JAB Holding, la société
d’investissement de la famille alle-
mande Riemann, héritière du groupe
Benckiser. La décision du groupe, qui
détient notamment la marque Bourjois
et de nombreuses licences prestigieuses
dans la parfumerie (Gucci, Hugo Boss,
Calvin Klein…), témoigne de l’attracti-
vité de la Bourse de Paris, en particulier
pour les acteurs du luxe. Aucune autre
entreprise cotée aux Etats-Unis n’avait
osé la traversée de l’Atlantique depuis au
moins cinq ans, selon les données
d’Euronext. Elle fait suite à l’améliora-
tion de la situation financière du groupe
depuis l’arrivée aux commandes de Sue
Y. Nabi, ex-présidente de Lancôme, il y a
trois ans. Son contrat a été prolongé jus-
qu’en 2030, a précisé Coty dans le même
communiqué.
La valorisation
boursière de Coty
dépasse les 10 milliards
de dollars.
Il s’agirait certainement d’une opéra-
tion de grande ampleur pour Paris. La
valorisation boursière de Coty dépasse
les 10 milliards de dollars, ce qui est plus
grand que la majeure partie des entre-
prises cotées françaises. En théorie, sa
capitalisation pourrait lui permettre de
prétendre au CAC 40 : Alstom vaut
8,8 milliards d’euros en Bourse et Uni-
bail-Rodamco-Westfield environ
6,3 milliards. Mais pour espérer inté-
grer les indices parisiens tout en ayant
un autre marché de référence, ici le
NYSE, une entreprise doit générer une
part significative de ses activités ou de
ses revenus en France, ou enregistrer
des volumes importants sur ses titres
parisiens. Sur ces points, ce sera au con-
seil scientifique des indices de trancher.
Coty devra encore faire ses preuves pour
faire de l’ombre aux champions français
du luxe et de la cosmétique. Son grand
concurrent, L’Oréal, vaut plus de
220 milliards d’euros en Bourse, ce qui
équivaut à plus de 34 fois ses bénéfices
attendus dans l’année qui vient. Même si
la valorisation de Coty, aujourd’hui
égale à 28 fois les bénéfices attendus,
devait rattraper celle de L’Oréal après
son arrivée en France, l’entreprise amé-
ricaine resterait loin derrière son rival
français. n
 Mardi 9 mai 2023 Les Echos 20
ENTREPRISES

La grande dépression du logement

l Après les annonces faites par la Première ministre il y a quelques jours, d’autres sont attendues prochainement
de la part d’Olivier Klein, ministre délégué à la Ville et au Logement, avec cependant du retard sur le calendrier initial.
l Inquiets, les professionnels du secteur demandent rapidement des mesures fortes et de la visibilité pour l’avenir.

a annoncé travailler à un grand

IMMOBILIER
Elsa Dicharry
L’agacement pointait du côté des
professionnels de l’immobilier et
des associations de lutte contre le
mal logement. Ils alertaient depuis
des mois sur cette grande crise du
logement qui s’installe peu à peu en
France, sans parvenir, à leur sens, à
provoquer une réaction de la part
du gouvernement. Il y a quelques
jours, la Première ministre, Elisa-
beth Borne, a enfin fait quelques
annonces. Et d’autres devraient sui-
vre, a priori la semaine prochaine,
de la part du ministre délégué à la
Ville et au Logement, Olivier Klein.
« Oui, il y a une crise du logement,
que nous n’avons pas découverte au
détour d’articles de presse […] et nous
allons y répondre. Notre priorité,
c’est de loger tous les Français de
manière digne et abordable », a
assuré ce dernier, mercredi, après
avoir été interpellé au Sénat.
« Un problème négligé »
L’inquiétude se fait cependant de
nouveau sentir dans le secteur,
alors que l’exécutif a encore reporté
la remise officielle des conclusions
du Conseil national de la refonda-
tion (CNR) sur le logement, qui
devait avoir lieu ce mardi. Et devait
être suivie d’annonces. « Notre sur-
prise est totale (...). Tout était prêt.
Sauf peut-être les décisions et les arbi-
trages du gouvernement ? On peut
légitimement se poser la question », a
ainsi réagi le délégué général de la
Fondation Abbé Pierre Christophe
Robert, qui a coprésidé ce CNR.
plan d’acquisition de logements
neufs par CDC Habitat, la filiale de
la Caisse des Dépôts, auprès des
promoteurs. A l’image de ce qui
avait été fait en 2020 au début de la
crise Covid. Cependant, la prési-
dente du directoire de l’entreprise,
Anne-Sophie Grave, a déjà pré-
venu : « Nous ne sommes plus dans
le même contexte qu’en 2020. Nos
propres capacités financières sont
contraintes ». CDC Habitat subit
comme les promoteurs la hausse
du coût des matériaux de construc-
tion et des intérêts d’emprunt.
Autrement dit, si plan de relance il y
a, il ne pourra sans doute pas être de
la même ampleur qu’il y a trois ans.
Parmi les autres promesses
figure le prolongement au-delà de
2023 du Prêt à taux zéro (PTZ), ce
dispositif d’aide à l’accession à la
propriété pour les ménages modes-
tes. Ceci « selon de nouvelles modali-
tés » qui seront précisées d’ici à l’été.
Mais lesquelles ?
Les professionnels de l’immobi-
lier et du BTP attendent aussi de
savoir si le dispositif fiscal Pinel
d’aide à l’investissement locatif, qui
doit s’éteindre fin 2024, aura un suc-
cesseur. Ils sont nombreux à plai-
der pour la création d’un statut de
bailleur privé, qui permettrait au
propriétaire bailleur d’amortir fis-
calement son bien dans la durée.
L’exécutif a encore promis d’assou-
plir un peu les règles d’accès au cré-
dit, afin de permettre à davantage
de Français d’accéder à la propriété
immobilière. Mais il est ici sur une
ligne de crête pour ne pas augmen-
ter le surendettement des ménages.
Et la Banque de France renâcle.

Si rien n’est fait,
100.000 emplois
sont menacés
dans le secteur
d’ici à 2024-2025.
Or il y a urgence, en particulier du
côté du logement neuf – qui connaît
une chute historique de ses réserva-
tions. Avec, en outre, des projets qui
mettent plus longtemps à sortir de
terre, voire restent dans les cartons,
faute de viabilité économique.
« Depuis quelques mois, nous som-
mes sur une route de plus en plus
sinueuse. Nous devons nous projeter
sur le temps long avec une conjonc-
ture qui change quasiment toutes les
semaines », regrette Virginia Ber-
noux, la présidente du directoire du
promoteur Ogic. Elle souligne le
besoin absolu de « visibilité ».
Cadre contraint
Pour Pascal Boulanger, le président
de la Fédération des promoteurs
immobiliers (FPI), ces premières
annonces vont dans le bon sens.
Mais « il faut des mesures immédia-
tes beaucoup plus drastiques pour
remettre la machine en route ». Le
logement, ajoute-t-il, « est un
malade chronique qui vient d’arriver
aux urgences pour insuffisance car-
diaque. Il lui faut un électrochoc ».
Sauf que le gouvernement agit
dans un cadre financièrement con-
traint. Il y a une quinzaine de jours,
Elisabeth Borne a demandé à ses
ministres de réfléchir à des écono-
mies dans le cadre du budget 2024.
Et les dépenses liées au logement
sont dans le viseur…
Lire l’éditorial de David
( Barroux page 18

Le marché du résidentiel ancien

résiste mieux. Mais dans un con-
texte de hausse des taux d’intérêt et
de durcissement des conditions
d’octroi de crédits immobiliers, les
vendeurs peinent encore à accepter
des baisses de prix sensibles qui
permettraient de réguler la
machine. Les ménages qui ne peu-
vent plus acheter se reportent vers
la location, ce qui met le marché
locatif sous tension.
En clair, c’est tout l’écosystème de
l’immobilier qui déraille. Le prési-
dent du Medef, Geoffroy Roux de
Bézieux lui-même, s’en inquiète.
« Le logement est un problème de
société qui est négligé en France […].
C’est une bombe à retardement »,
a-t-il répété très récemment. La
Fédération française du bâtiment a
de son côté alerté : si rien n’est fait,
100.000 emplois sont menacés
dans le secteur d’ici à 2024-2025.
Mais le gouvernement a-t-il de réel-
les marges de manœuvre pour
enrayer cette crise ? Parmi les pre-
mières mesures avancées, l’exécutif
Les promoteurs pétrifiés face à une crise d’ampleur historique
Les réservations d’apparte-
ments neufs avaient déjà
chuté de près de 25 % sur
un an en 2022. Et depuis
le début de l’année 2023,
la situation s’est nettement
aggravée. Les constructeurs
de maisons sont également
à la peine.
Le secteur du logement neuf
s ’e n f o n c e d a n s u n e c r i s e
d’ampleur historique. A fin mars,
le nombre de permis de construire
accordés par les maires était en
baisse de 11,5 % sur un an, à
441.400, selon les chiffres publiés il
y a quelques jours par le ministère
de la Transition écologique. Quant
aux mises en chantier, elles recu-
laient de 8,3 %, à 359.200. Pour
rappel, même si le chiffre fait
débat, la Fédération des promo-
teurs immobiliers (FPI) évalue
autour de 450.000 le b esoin
annuel en logements neufs pour
les dix années à venir en France.
Les réservations d’apparte-
ments neufs avaient déjà chuté de
près de 25 % sur un an en 2022, et
celles de maisons neuves de plus de
30 %. Et depuis le début de l’année
2023, la situation s’est encore
aggravée. « Trois grandes régions
m’ont déjà remonté des baisses de
50 % au premier trimestre 2023 par
rapport au premier trimestre
2022 », indique Pascal Boulanger,
le président de la FPI – qui doit pré-
senter le 25 mai les chiffres pour
l’ensemble du territoire.
« En réalité, nous faisons face à
plusieurs crises en même temps.
Une crise de l’offre, avec depuis 2020
des maires qui rechignent à signer
des permis de construire. Et mainte-
nant, une opération sur cinq envi-
ron n’arrive plus à sortir de terre
pour des raisons économiques [à
cause de la hausse des coûts de
construction, NDLR]. Depuis
décembre dernier, nous avons aussi
une crise de la demande. Avec beau-
coup moins d’acquéreurs », pour-
suit-il. Surtout du côté des particu-
liers investisseurs – alors que les
conditions se sont multipliées
pour bénéficier pleinement du dis-
positif Pinel d’aide à l’investisse-
ment locatif. « Il va y avoir de moins
en moins de logements à louer »,
alerte-t-il encore.
Transformation profonde
Le taux de désistement des ache-
teurs ne fait en outre que grimper et
pourrait s’établir à 40 % au premier
trimestre 2023. Ceci s’explique par
un nombre croissant de refus de
prêts, tandis que les conditions
d’octroi des crédits se sont durcies.
Mais pas uniquement.
« Beaucoup de clients se désistent
dans les 48 heures. Ils dînent en
famille ou avec des amis, discutent de
leur projet et se disent que finalement
Le taux
de désistement
des acheteurs
ne fait que grimper.
ce n’est pas le bon moment pour se
lancer. Il y a aussi une dimension psy-
chologique », souligne Pascal Bou-
langer. « Un grand promoteur m’a
confié : “je n’ai jamais connu ça, je
suis pétrifié” », poursuit-il.
Le métier « connaît une transfor-
mation profonde », analyse de son
côté Virginia Bernoux, la prési-
dente du directoire d’Ogic. Elle
i n s i s t e s u r l e f a i t q u’ i l f a u t
« aujourd’hui plus d’un an en
moyenne pour obtenir un permis de
construire. On est face à une régle-
mentation plus complexe et à une dif-
ficulté plus grande d’acceptabilité des
projets. C’est le cas depuis deux ou
trois ans ». Et selon elle, il n’est pas
permis aux promoteurs « de cons-
truire dans les proportions prévues
par les PLU », les plans locaux
d’urbanisme.
Dans ce contexte, les annonces
promises par Olivier Klein, minis-
tre délégué chargé de la Ville et du
Logement, pour relancer la
machine sont très attendues. Mais
la profession doit aussi mener tout
un travail de son côté. Pour être
toujours plus en concertation avec
les territoires, admettent les pro-
 21 Les Echos Mardi 9 mai 2023
fessionnels. Et pour parvenir à
faire baisser les coûts de construc-
tion et donc le prix de vente final
des logements neufs – devenu pro-
hibitif pour de nombreux acqué-
reurs potentiels.
— E. Di.
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
Immobilier - Urgent, cherche
appartement ou maison à louer
dans « La Story », le podcast
d’actualité des « Echos ».
Les pistes du bâtiment pour baisser les prix de construction
Avec l’inflation, en premier
lieu des matériaux, il
apparaît toujours plus
difficile pour les profession-
nels du bâtiment d’endiguer
la hausse des prix
de la construction
afin de redynamiser la
production de logements.
Christophe Palierse
C’est une question lancinante :
comment endiguer la hausse conti-
nue des prix de la construction afin
de relancer une production de
logements au point mort ? Cette
tension sur les prix, alimentée par
l’inflation des matériaux de cons-
truction, lézarde le secteur du bâti-
ment qui doit en parallèle faire face
à l’incidence de la RE2020, la nou-
velle réglementation environne-
mentale s’appliquant à la construc-
tion neuve mise en œuvre l’an
dernier, qui a déjà un impact infla-
tionniste.
Si la contrainte est forte, les
acteurs du bâtiment et de l’immobi-
lier s’échinent à trouver des solu-
tions. Certains appellent même à
un changement de modèle com-
plet, avec l’instauration, par exem-
ple, d’une forme de standardisation
dans la construction pour permet-
tre de dégager des économies
d’échelles dans la fabrication
comme dans le « montage » de mai-
sons ou d’immeubles qui seraient
conçus en partie en usine.
Le retour des Trente
Glorieuses ?
« La question est désormais de savoir
jusqu’à quel point on refait de la cons-
truction de logements un process
industriel tout en préservant qualité
de vie et bien-être des habitants »,
tranche Alain Tayar, le directeur
général du pôle bâtiment du groupe
de BTP NGE. En substance, ne pas
faire comme dans les années 1960-
1970, quand la France construisait
des logements en série sans âme à
tour de bras pour faire face à l’aug-
mentation de sa population.
« Aujourd’hui, on construit des
logements qui sont tous différents. Il
faut revenir à la base, standardiser la
construction sans pour autant sup-
primer le geste architectural. La
baisse des coûts viendra de la répéti-
tion », corrobore Vincent Legendre,
le président du directoire du groupe
Legendre. Même constat du côté de
Covivio, poids lourd européen de
l’immobilier : « Il faut rationaliser la
construction, avoir des projets plus
facilement duplicables. Nous ne som-
mes pas obligés de tout réinventer » à
chaque fois, indique le directeur de
son pôle résidentiel France, Julien
Drouaud. Pour ce dernier, une telle
démarche commence en premier
lieu par « les discussions avec les
architectes ».
« Il faudrait également achever
systématiquement la conception des
opérations avant le démarrage. Il y a
trop de projets qui sont lancés alors
que les études ne sont pas assez
fouillées », complète Vincent Legen-
dre en raison, rappelle-t-il, de
« démarches administratives telle-
ment longues ».
De fait, le débat sur la simplifica-
tion du permis de construire est
plus que jamais d’actualité. « Il fau-
drait un permis selon le gabarit du
bâtiment et en amont des études tech-
niques. Cela réduirait le risque admi-
nistratif et on pourrait mener plus
sereinement les études techniques
sur l’intérieur même du bâtiment »,
suggère Julien Drouaud.
Préfabrication
Par ailleurs, le recours à la préfabri-
cation ou fabrication hors site, c’est-
à-dire l’industrialisation d’éléments
de la construction, apparaît comme
une solution d’avenir. « La préfabri-
cation permet de diminuer les délais,
de réduire les déchets et d’améliorer
la qualité », souligne le directeur
général de l’activité bâtiment de
NGE. La construction modulaire,
soit la réalisation de modules com-
plets – ou quasiment –, qui sont
ENTREPRISES
Lydie Lecarpentier/RÉA
Si les professionnels du bâtiment ne manquent pas de pistes de réflexion pour faire face à la hausse des prix de la construction, la crise
du logement nous confronte aussi à des contradictions sociétales. Ainsi, la densification est un levier en termes de baisse des coûts.
ensuite intégrés au chantier, pour- En outre, les professionnels du Au final, si le bâtiment a matière
rait également changer la donne. La crise du logement secteur restent partagés sur l’usage à réflexion pour gagner en produc-
« C’est un élément de réponse que ne sera pas résolue de la maquette numérique ou BIM tivité, les professionnels sont una-
peut toutefois limiter l’ambition (pour « Building Information nimes : la crise du logement ne sera
architecturale », reconnaît Alain
si ne sont pas traités Modeling »), c’est-à-dire la concep- pas résolue si ne sont pas traités les
Tayar. les sujets sensibles tion d’un bâtiment sur ordinateur. sujets sensibles de son finance-
« La préfabrication est un élément de son financement, Si l’outil digital permet d’optimiser ment, de l’accession à la propriété
de réponse mais il faudrait la pousser de l’accession à la la conception et donc de gagner en ou encore de l’accès au foncier, esti-
d’un cran. Aujourd’hui, on fait sur- efficacité opérationnelle, il impli- ment-ils. « On est en bout de chaîne.
tout de la préfabrication chantier par propriété ou encore que investissement, compétences Il faut résoudre les problèmes en
chantier. Au fond, il faudrait s’inspi- de l’accès au foncier. ad hoc et/ou formation. amont », résume Alain Tayar. n
rer de l’industrie automobile : des élé-
ments standards à l’intérieur du bâti-
ment et une coque différente »,
suggère Vincent Legendre.
« La préfabrication, c’est un vieux
serpent de mer », commente le pré-
sident de la Fédération française du
bâtiment (FFB), Olivier Salleron.
« Un tiers de nos adhérents ont au
moins un atelier pour préfabriquer
au moins un élément. Mais, ne nous
trompons pas, faire de la préfabrica-
tion, cela veut dire investir, avoir un
marché, prévient-il. La faillite de
Geoxia [le constructeur des Mai-
sons Phénix notamment, NDLR]
montre que ce n’est pas forcément la
panacée. » Le président de la FFB se
montre d’autant plus prudent
qu’« avec la RE2020 apparaissent de
nouveaux matériaux de construc-
tion et de nouveaux équipements ».
La carte locale
Autre voie qui fait débat : construire
localement avec les ressources
locales. « Je n’y crois pas. Il y a un
enjeu de filières et certaines sont trop
faibles », déclare Vincent Legendre,
tandis qu’Alain Tayar considère
qu’« il faut penser plus local ne
serait-ce parce que cela réduit les
coûts de transport ».
« La réalité, de façon générale et
au-delà de l’immobilier, est que le
coût du transport est encore bas, et
que les différents acteurs vont encore
chercher des produits là où ils coû-
tent moins cher », constate le direc-
teur du développement de Covivio
en France, Benoit Fragu.
« Aujourd’hui,
on construit des
logements qui sont
tous différents.
Il faut revenir à la
base, standardiser
la construction
sans pour autant
supprimer le geste
architectural. »
VINCENT LEGENDRE Bpifrance encourage, accompagne et finance
Président du directoire
RCS 507 523 678
du groupe Legendre
les innovations des startups et entreprises
de la tech en faveur de l’industrie de demain.
Rejoignez le mouvement.
ENTREPRISES
Crédit immobilier : vers des taux à 4 % cet été ?
En un an, le coût des prêts
immobiliers a connu une
envolée inédite et devrait
continuer de grimper.
Un coup porté au pouvoir
d’achat des ménages, qui
revoient leurs projets.
Marion Heilmann
Les taux du crédit immobilier n’en
finissent plus de grimper, ce qui fait
chuter le nombre de crédits alloués
aux ménages désireux d’investir
dans la pierre. Selon les derniers
chiffres publiés par L’Observatoire
Crédit Logement/CSA, le taux
moyen des crédits s’est élevé à 3,15 %
en avril, hors frais et assurances,
contre 3,04 % en mars. C’est son
plus haut niveau depuis 2014 et
presque trois fois plus qu’il y a un
an. « Depuis un an, chaque mois qui
passe coûte 0,20 % de taux en plus sur
le crédit, soit 2,2 % de mensualité en
plus sur un crédit à 25 ans, tandis que
les prix, jusque-là, ne baissent que
très peu », explique Olivier Lendre-
vie, le patron du courtier Cafpi, dans
un communiqué.
Conséquence directe de cette
remontée fulgurante des taux, le
pouvoir d’achat immobilier des
ménages plonge. En mars, le cour-
tier Meilleurtaux expliquait ainsi
qu’un couple avec des revenus
de 3.000 euros nets par mois
ne pouvait plus emprunter que
177.000 euros, contre 210.000 euros
en janvier 2022. Cette chute de
pouvoir d’achat oblige de nom-
breux ménages soit à renoncer à
leur projet, soit à acheter des loge-
ments plus petits ou plus éloignés
des centres-villes.
Une situation qui ne devrait pas
s’améliorer dans les mois à venir,
car le seuil des 4 % de taux de crédit
se rapproche de plus en plus vite.
« La plupart des barèmes [des ban-
ques, NDLR] affichent désormais
des taux supérieurs à 3 % sur toutes
les durées, et l’on voit même de plus
en plus de taux à 4 % ou plus sur
20 ans ou 25 ans », explique San-
drine Allonier, porte-parole du
courtier Vousfinancer. Et selon elle,
« ils vont devenir la norme cet été ».
Resserrement monétaire
de la BCE
La décision de la Banque centrale
européenne (BCE) de relever une
nouvelle fois ses taux directeurs de
25 points de base, jeudi 4 mai,
devrait une nouvelle fois faire bon-
La crise du logement met les maires sous pression
pour les permis de construire
Les maires appellent
à « libérer l’acte de
construire », estimant
faire face à de lourdes
contraintes. Ils doivent
composer avec une
acceptabilité de plus en
plus difficile des projets
par les habitants.
Laurent Thévenin
Avec la crise du logement qui
s’accentue, les maires se retrouvent
une nouvelle fois en première ligne.
A la fin mars, le nombre de permis
Publiez ou consultez
de nombreuses offres de reprise
d’entreprise dans Les Echos
Le taux moyen des crédits est à son plus haut niveau depuis 2014 et presque trois fois plus élevé qu’il y a un an. Photo Laurent Grandguillot/RÉA
dir les taux de crédit accordés par
les banques. Le taux de refinance-
ment de la BCE vient d’être porté à
3,75 %, alors qu’il était encore à 0 %
il y a un an.
Ce taux de refinancement corres-
pond au taux que les banques doi-
vent payer lorsqu’elles empruntent
de l’argent à la BCE. Depuis que la
BCE a entamé son resserrement
monétaire en juillet dernier pour
lutter contre l’inflation, les coûts de
refinancement des banques sont
donc remontés en flèche, des coûts
qu’elles doivent répercuter sur les
crédits qu’elles accordent pour ne
pas prêter à perte. Or le taux de refi-
nancement de la BCE est de retour à
un niveau qu’il n’avait plus atteint
depuis octobre 2008, une époque
où le taux moyen des crédits immo-
biliers était à plus de 4 %. Cette nou-
de construire accordés par les com-
munes était en baisse de 11,5 % sur
un an, selon les derniers chiffres du
ministère de la Transition écologi-
que. De quoi raviver les accusations
récurrentes des promoteurs immo-
biliers leur reprochant d’être frileux
ou de bloquer des projets.
« Je récuse l’idée que les maires ne
veulent plus délivrer de permis de
construire », rétorque Thierry
Repentin, maire divers gauche de
Chambéry (Savoie) et coprésident
du groupe de travail logement de
l’Association des maires de France
(AMF). « Mais nous faisons face à des
annonces.lesechosleparisien.fr
01 87 39 70 08
velle donne en matière de crédit fait
l’effet d’une douche froide sur les
ménages, qui sont contraints de
revoir leurs projets.
Chute de la demande
La demande de crédit immobilier a
largement baissé et la production
de nouveaux crédits a chuté de près
de 40 % en mars sur un an, selon les
derniers chiffres de la Banque de
France. Cette baisse est toutefois à
relativiser, car elle intervient après
deux années record pour la produc-
tion de crédit immobilier à la sortie
de la crise sanitaire, au moment où
les taux étaient au plancher.
Face à cette chute de la produc-
tion de crédits, courtiers et ban-
quiers aimeraient obtenir un
assouplissement des critères
d’octroi de crédit gravés dans le
contraintes beaucoup plus fortes
qu’auparavant et nous sommes aussi
beaucoup plus exigeants sur les pro-
jets », souligne-t-il, évoquant
notamment l’objectif de « zéro arti-
ficialisation nette » introduit par la
loi climat et résilience.
« Sur le reculoir »
« L’urbanisme ne se fait pas seule-
ment avec une règle à calcul. Il n’y a
pas que les capacités permises par le
plan local d’urbanisme qui comp-
tent, ce que ne comprennent pas cer-
tains promoteurs. Il faut aussi pren-
dre en compte les dimensions
d’intégration urbaine du projet, de
desserte en transports, de voi-
rie, etc. », insiste de son côté Jean-
François Debat, le maire PS de
Bourg-en-Bresse (Ain).
D’autant plus que les édiles font
aussi face à l’enjeu de plus en plus
lourd de l’acceptabilité des projets
par la population. D’où la nécessité,
selon eux, de discussions le plus en
amont possible avec le voisinage,
avant même la délivrance du per-
mis de construire. « A Chambéry,
nous le faisons systématiquement
pour tous les projets collectifs »,
assure Thierry Repentin. Jean-Phi-
lippe Dugoin-Clément, maire (UDI)
marbre par le Haut Conseil de stabi-
lité financière (HCSF) début 2022.
Ces critères limitent à 35 % des reve-
nus des ménages le taux d’endette-
ment et à 25 ans la durée des prêts.
Les banques peuvent déroger à
ces critères sur 20 % de leur produc-
tion par mois, à condition de réser-
ver 80 % des dérogations à l’acquisi-
tion d’une résidence principale. Une
flexibilité que les réseaux bancaires
trouvent difficile à piloter et qu’ils
n’utilisent pas à plein. Une solution
pourrait être de supprimer les con-
traintes au sein de cette marge de
flexibilité, ce qui permettrait aux
banques de prêter à qui elles veu-
lent, notamment à davantage
d’investisseurs locatifs. Bercy y est
favorable, mais la Banque de France
résiste. La prochaine réunion du
HCSF doit se tenir le 13 juin. n
de Mennecy, dans l’Essonne, et
premier vice-président de l’Asso-
ciation des maires d’Ile-de-France,
évoque, quant à lui, un « coût
politique énorme ». « Un maire qui
bâtit est aujourd’hui vu comme un
maire bétonneur et écocide. Beau-
coup sont sur le reculoir et restent
très prudents pour ne pas se retrou-
ver mis en accusation par leur oppo-
sition », affirme-t-il.
Dans ce contexte, « il faut beau-
coup de volontarisme pour conti-
nuer à construire ou rénover », selon
Isabelle Le Callennec, maire LR de
Vitré, en Ille-et-Vilaine, et coprési-
dente du groupe de travail loge-
« Un maire
qui bâtit est
aujourd’hui vu
comme un maire
bétonneur
et écocide. »
JEAN-PHILIPPE
DUGOIN-CLÉMENT
Maire (UDI) de Mennecy
(Essonne)
Mardi 9 mai 2023 Les Echos
Les chiffres clés
3,15 %
LE TAUX MOYEN
DES CRÉDITS
en avril, hors frais et
assurances, contre 3,04 %
en mars.
-40 %
LA BAISSE DE
LA PRODUCTION
de nouveaux crédits en mars
sur un an.
ment de l’AMF, appelant « à libérer
l’acte de construire ». Parmi les
freins, elle pointe « l’inflation nor-
mative », la multiplication des
recours contre les permis de cons-
truire, ou la pression sur le foncier.
Prime aux maires
bâtisseurs
Mais l’équation serait encore plus
compliquée depuis la suppression
de la taxe d’habitation sur les rési-
dences principales. « Il n’y a plus
d’intérêt à construire car il n’y a plus
de lien dynamique entre les recettes
fiscales et l’arrivée de nouveaux
habitants, qui va engendrer des
dépenses nouvelles pour la com-
mune », explique Jean-Philippe
Dugoin-Clément.
Selon Thierry Repentin, « c’est
un frein ». Il plaide donc pour
un nouvel accompagnement
financier au titre de la prime aux
maires bâtisseurs. Les élus locaux
sont plus que jamais dans l’ex -
pectative alors que l’annonce par
Olivier Klein, le ministre délégué
à la Ville et au Logement, des pro-
positions retenues à la suite du
Conseil national de la refondation
pour le logement se fait toujoursat-
tendre. n
22
Ce qui
reste des
chaussures
André passe
sous pavillon
belge
BIENS DE
CONSOMMATION
En redressement
judiciaire depuis
février, l’enseigne
André fait l’objet
d’un plan de cession
partiel au profit
d’Optakare ;
21 magasins sur 49
sont conservés, soit
119 salariés sur 250.
Dominique Chapuis
En redressement judiciaire
depuis février, l’iconique mar-
que de chaussures André fait
l’objet d’un plan de cession par-
tiel décidé par le tribunal de
commerce de Nanterre au pro-
fit de la société belge Optakare.
Au total, 21 magasins sur 49
sont conservés, soit 119 salariés
sur 250, selon une information
révélée par Fashion Network.
Le montant de la reprise n’est
pas connu.
Dans sa décision, rendue le
2 mai, le tribunal a prévu « une
faculté de substitution au profit
d’une société de reprise fran-
çaise », a détaillé l’administra-
teur judiciaire, ajoutant que
cette société était « en cours de
constitution ».
Victime du Covid
André, marque plus que cente-
naire (elle a été créée en 1896),
avait été reprise en 2020 par
l’entreprise 1Monde9, présidée
par François Feijoo, ancien
PDG de la marque de chaussu-
res Eram (grand concurrent
d’André). Une cession déjà opé-
rée à la barre d’un tribunal. Lors
de cette reprise il y a trois ans,
seul un tiers des points de vente
de l’enseigne avaient été conser-
vés, le plan de reprise prévoyant
alors le licenciement d’un peu
moins de 200 salariés.
Mais la relance a échoué. En
difficulté après l’épidémie de
Covid, qui a conduit à la ferme-
ture de ses boutiques pendant
des mois, l’enseigne n’a pas
réussi à repartir de l’avant,
comme de nombreuses autres
marques du domaine de la
chaussure. Une clientèle moins
présente et des loyers à payer
élevés dans les centres-villes
ont fragilisé les chaînes dans un
secteur qui emploie près de
40.000 personnes.
André avait été
repris en 2020
par l’entreprise
1Monde9, présidée
par l’ancien PDG
d’Eram,
François Feijoo.
Le « chausseur sachant
chausser » a été la première
entreprise française de la distri-
bution à avoir été placée en
redressement judiciaire en rai-
son de la pandémie. Depuis, son
concurrent, les chaussures San
Marina ont baissé définitive-
ment le rideau, mi-février, faute
de repreneurs. La marque
André va donc survivre.
Par le passé, elle avait été
détenue par le site de vente en
ligne Spartoo, et auparavant
encore, par l’ancien fleuron du
textile français Vivarte, dont
l’empire, avec des marques tex-
tiles comme Kookaï, a été
démantelé. n
23 Les Echos Mardi 9 mai 2023
CMA CGM s’offre la branche logistique
de Bolloré pour 5 milliards d’euros
l L’armateur marseillais réalise la
plus grosse acquisition de son histoire.
l Il devrait devenir un poids lourd de
la logistique mondiale, tandis que le
groupe Bolloré se recentre sur Vivendi.
MARITIME
Julien Dupont-Calbo
« L’important, c’est ce qu’on fait de
nos profits ». Rodolphe Saadé s’est
promis d’investir 90 % des bénéfi-
ces de l’entreprise familiale, CMA
CGM, pour lui garantir un avenir
doré. Le moment est particulier
pour le dirigeant : l’armateur mar-
seillais a gagné 18 milliards de dol-
lars en 2021, et 25 milliards en 2022.
Un record absolu pour une entre-
prise battant pavillon tricolore.
Cet incroyable trésor, Rodolphe
Saadé s’emploie à le réinvestir – vite
et fort. Entrées en négociations
exclusives le 18 avril, les familles
Saadé et Bolloré ont trouvé, ce
lundi, un terrain d’entente. CMA
CGM a conclu le rachat pour 5 mil-
liards de la branche Bolloré Logis-
tics développée par Vincent Bol-
loré. C’est tout simplement la plus
grosse acquisition de la société fon-
dée par son père, Jacques, en 1978.
« Une étape stratégique majeure »
pour CMA CGM.
Majeur des deux côtés
Les deux groupes familiaux discu-
taient du sujet depuis six mois.
Assumant de clore un chapitre
majeur de sa longue existence, la
dynastie bretonne avait accepté le
principe de céder sa branche logis-
tique, qui réclamait de sérieux
investissements pour suivre la
course effrénée avec la concur-
rence. Le moment était idéal : la
flambée des taux de fret, une bulle
qui a explosé ces derniers mois, a
ouvert une fenêtre d’opportunité
majeure.
Bolloré a d’ailleurs déjà cédé ses
concessions et installations por-
tuaires en Afrique à l’italien MSC
Le retour des grandes manœuvres chez les logisticiens
Au centre du jeu pour
les grands armateurs
européens : la « commission
de transport », une activité
stratégique qui donne accès
aux données sur la chaîne
logistique.
Denis Fainsilber
La transaction entre le groupe Bol-
loré et CMA CGM aura été ronde-
ment menée, déjouant au passage
les prédictions des professionnels.
Depuis quelques mois, tous les
observateurs tablaient sur la ces-
sion du logisticien géant allemand
DB Schenker, depuis que son pro-
priétaire, la Deutsche Bahn, très
lourdement endettée (30,5 mil-
liards d’euros à la mi-2022), a validé
officiellement le principe d’une
vente. Numéro quatre mondial de
sa spécialité, DB Schenker, avec ses
725 entrepôts dans une soixantaine
de pays et 76.000 salariés, a de quoi
séduire de sérieux prétendants, et
pourrait se vendre pour un maxi-
mum de 20 milliards d’euros.
Mais en attendant ce « deal »
majeur, c’est à l’échelon d’en des-
sous que les deux groupes français
ont fait affaire, sur une base de
5 milliards. La division Bolloré
Logistics (7,1 milliards d’euros de
chiffre d’affaires), sans jouer dans la
cour des ténors réser vée aux
Suisses et aux Allemands, détient
tout de même des actifs et des porte-
feuilles clients significatifs.
pour 5,7 milliards d’euros – CMA
CGM n’était pas intéressé.
Ce que le groupe phocéen visait,
c’était le reste : l’activité de commis-
sionnaires de Bolloré, ses services
de conception et de suivi des flux
logistiques pour le compte de
clients. Avec cette nouvelle brique,
l’édifice CMA CGM étaye sérieuse-
ment sa branche logistique – il entre
dans le Top 5 mondial du domaine
–, et s’offre la capacité de proposer
un menu complet à ses clients, de la
conception de la « supply chain »
aux derniers kilomètres de livrai-
son en passant par le cargo, l’avion,
les camions et les entrepôts, selon
l’appétit.
La logistique a l’avantage d’être
un métier moins cyclique que le fret
maritime, dont les à-coups avaient
failli couler le groupe phocéen il y a
dix ans. L’an dernier, l’activité logis-
tique a généré 15 milliards de dol-
lars de chiffre d’affaires pour CMA
CGM, sur un total de 74,5 milliards,
avec une marge opérationnelle
d’environ 7 %. Le groupe marin
avait mis le pied sur ce terrain
en 2019, avec le rachat du suisse
Ceva pour un peu moins de deux
milliards d’euros. Depuis, il ne cesse
d’y investir. Avec la manœuvre du
jour, CMA CGM montera à près de
24 milliards de dollars de chiffre
d’affaires dans le secteur, avec des
volumes transportés équivalents à
plus de 2 millions d’EVP annuels
pour le transport maritime et
0,8 million de tonnes pour le trans-
port aérien.
Deux groupes familiaux
métamorphosés
Bolloré Logistics emploie
aujourd’hui 14.000 salariés dans
350 bureaux, et dispose de
900.000 m2 d’entrepôts. L’an der-
nier, l’entité a dégagé 7,1 milliards
« Le groupe français n’émarge
qu’au 14e rang mondial des commis-
sionnaires dans le classement établi
par Armstrong & Associates qui fait
référence dans le secteur, avec des
volumes transportés par mer de
826.000 conteneurs EVP et par le
mode aérien 652.000 tonnes », rele-
vait récemment le « Journal de la
Marine marchande ». Un problème
de taille dans le concert internatio-
nal, qui lui confère tout de même la
5e position européenne, après DHL
Logistics, Kuehne + Nagel, DB
Schenker et DSV-Panalpina.
A la veille de la crise sanitaire
mondiale, en 2019, les 20 plus gros
« freight forwarders » ne contrô-
laient qu’un tiers du marché. D’où
une multiplication des transactions
émanant des grands armateurs, au
nom de l’intégration verticale, pour
proposer des services sur mesure et
« porte-à-porte » à leurs clients
chargeurs.
Le rôle des commission-
naires de transport
Avec des bénéfices colossaux
encaissés l’an dernier grâce aux
taux de fret record (plus de 200 mil-
liards de dollars collectivement,
l’incertitude venant des chiffres
non publiés de MSC), les exploi-
tants des porte-conteneurs sont
assis sur un tas d’or, et ont toute lati-
tude pour élargir le spectre de leurs
activités.
Au centre des enjeux : la « com-
mission de transport », ce segment
Avec ce rachat, CMA CGM montera à près de 24 milliards de dollars de chiffre d’affaires dans le secteur logistique. Photo Shutterstock
d’euros de chiffre d’affaires (+ 36 %
sur un an) – dont 2,6 milliards en
Afrique –, et 437 millions de résultat
opérationnel (+71 %).
L’opération, qui afficherait un
multiple de résultat opérationnel
sur chiffre d’affaires de 13 ou 14, est
suivie par les banques Messier et
BNP Paribas côté CMA CGM, et
Hottinguer côté Bolloré. Elle se réa-
lisera à une valeur d’entreprise de
5 milliards – le prix de cession s’éta-
blirait à 4,65 milliards d’euros avant
calcul de la dette et de la trésorerie à
la date de réalisation, précise le
communiqué de Bolloré.
Sans la logistique, l’allure de la
galaxie Bolloré sera largement
modifiée. Vivendi deviendra sa
ligne principale au « closing » de
cette opération, attendu début 2024
– si toutes les autorisations sont
assez peu visible mais stratégique.
Ces professionnels organisent et
font exécuter les transports de mar-
chandises pour le compte des
industriels ou distributeurs, de la
réservation au dédouanement, par
tous les modes disponibles (mari-
time, route, air, fer). Au-delà de
parcs d’entrepôts partout dans le
monde, ces spécialistes disposent
ainsi de précieuses données sur
tous les flux de transport des
clients, approvisionnements ou
produits finis, qui échappent en
partie aux armateurs.
Ces dernières années, les grandes
manœuvres n’ont jamais vraiment
cessé sur la scène mondiale. Un épi-
sode clé s’est joué en 2019, quand le
bouillant danois DSV, après un raid
raté sur le suisse Ceva Logistics, s’est
finalement rabattu sur son confrère
Panalpina, emporté pour 4,6 mil-
liards de dollars, devenant au pas-
sage le quatrième acteur mondial.
Depuis, CMA CGM en a profité
pour s’adjuger le même Ceva, et en
faire son nouveau pôle de logisti-
que terrestre, puis DSV Panalpina a
mis la main sur le koweïtien Global
Integrated Logistics (GIL) pour
22 %
Le poids de l’acivité logistique
dans les revenus de CMA CGM
en 2022.
obtenues. En dix ans, Vincent Bol-
loré aura métamorphosé son
groupe, qui pèse aujourd’hui 18 mil-
liards en Bourse. Il laisse, pour
l’heure, à ses quatre enfants un
domaine recentré sur les médias –
le rachat de Lagardère est d’ailleurs
en cours sans oublier la participa-
tion de 18 % dans le géant mondial
de la musique Universal Music –,
avec une petite activité dans l’éner-
gie et les transports. Mais il y aura
bientôt une fortune de plus de
10 milliards d’euros, qui pourrait
être redéployée.
A Marseille, Rodolphe Saadé
aura, lui, en cinq ans, fait du groupe
laissé par son père décédé en 2017
un nouveau poids lourd du capita-
lisme français. Sous sa houlette,
CMA CGM aura plus que doublé de
taille. Avant Bolloré Logistics, il a
4,2 milliards de dollars. Pendant ce
temps, le numéro deux mondial
Maersk a multiplié les rachats dans
la logistique terrestre et aérienne,
pour développer des services « door
to door », mobilisant quelque 6 mil-
liards de dollars pour élargir son
périmètre. Avant que le leader
mondial MSC ne jette son dévolu
sur les terminaux portuaires et
l’entreposage de Bolloré en Afrique,
moyennant 5,7 milliards.
CMA CGM n’est pas resté les bras
croisés, avec plusieurs rachats « ter-
restres » (le grossiste américain
Ingram Micro, le français Colis
Privé et le logisticien Gefco), tous
apportés à sa division Ceva pour la
faire grossir. En 2022, la récente
activité logistique pesait 22 % des
revenus de CMA CGM, face à l’ex-
monopole, le transport maritime.
Ce faisant, les grands armateurs
se rendent moins dépendants des
montagnes russes enregistrées sur
les taux de fret. Toutefois, même la
commission de transport n’est pas
le métier le plus temp éré du
monde. Si tous les signaux du sec-
teur étaient au vert l’an dernier, la
baisse de la consommation dans les
pays développés, obérée par l’infla-
tion, fait sentir ses effets. Au pre-
mier trimestre 2023, Bolloré Logis-
tics a vu son chiffre d’affaires
dégringoler de 41 % sur un an, loin
des sommets de la sortie du
Covid-19. En un sens, « l’offre
d’achat spontanée » de CMA CGM
tombe ainsi à pic. n
ENTREPRISES
avalé des terminaux portuaires à nouvelle stature, l’armateur investit
Los Angeles et New York, Gefco, dans les médias, et il est surtout en
Colis Privé, les entrepôts géants train de faire construire à quelques
d’Ingram, des dizaines de nouveaux encablures du Vieux-Port une nou-
bateaux et une participation de 9 % velle tour dominant Marseille.
chez Air France avec qui il s’est allié Juste à côté de celle inaugurée par
dans le fret aérien… Marque de sa Jacques Saadé en 2011. n
ANNLEGALECH
annonces judiciaires & légales
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté - Égalité - Fraternité
AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE
Enquête publique regroupant l’enquête préalable à la déclaration d’utilité
publique du projet d’aménagement de la ZAC Port Chemin Vert incluant
un déclassement de voirie et l’enquête parcellaire sur le territoire
de l’Etablissement Public Territorial Plaine Commune au sein
de la commune d’Aubervilliers
Par arrêté préfectoral n° 2023-0844 en date du 11 avril 2023, a été prescrite
l’ouverture d’une enquête publique unique régie par le code de l’environnement,
déposée par l’EPT Plaine Commune dans le cadre de l’aménagement de la ZAC
Port Chemin Vert et regroupant :
• Une enquête préalable à la déclaration d’utilité publique (DUP) du projet
d’aménagement de la ZAC Port Chemin Vert incluant un déclassement de voirie ;
• Une enquête parcellaire en vue de déterminer, d’après l’état et le plan
parcellaires figurant au dossier d’enquête, la liste des propriétaires et ayants droits
des immeubles concernés par le projet et de procéder, à l’amiable ou par voie
d’expropriation, aux acquisitions foncières nécessaires à sa réalisation.
Cette enquête se déroulera du mardi 30 mai au vendredi 30 juin inclus, soit une
durée de 32 jours consécutifs, sur le territoire de la commune d’Aubervilliers. Le
siège de l’enquête est situé à la mairie d’Aubervilliers (Hôtel de Ville, 2 rue de la
Commune de Paris – 93300 Aubervilliers). Cette enquête est conduite par Monsieur
Jean-Luc COLIN, retraité, en qualité de commissaire enquêteur.
Le commissaire enquêteur se tiendra à la disposition du public pour recevoir
ses observations écrites et orales à la Mairie annexe d’Aubervilliers, Direction
municipale de l’urbanisme au 120 bis rue Henri Barbusse, 93300 Aubervilliers aux
dates et horaires suivants :
Mardi 30 mai 2023 de 9h à 12h
Vendredi 9 juin 2023 de 17h à 20h
Lundi 26 juin 2023 de 17h à 20h
Vendredi 30 juin 2023 de 14h à 17h
Pendant la durée de l’enquête, le public pourra consulter le dossier soumis à
l’enquête ainsi qu’un registre d’enquête :
• A la Mairie annexe d’Aubervilliers, Direction municipale de l’urbanisme au 120
bis rue Henri Barbusse, 93300 Aubervilliers aux heures habituelles d’ouvertures au
public.
• Sur le site dédié à l’enquête : https://www.registre-numérique.fr/zac-port-
chemin-vert-aubervilliers.
Pendant la durée de l’enquête, le public pourra formuler ses observations :
• Sur le registre d’enquête (établi sur feuillets non mobiles, côtés et paraphés par
le commissaire enquêteur), prévu à cet effet au siège de l’enquête ;
• Sur le registre dématérialisé et sécurisé ouvert du mardi 30 mai 2023 à 8h
jusqu’au vendredi 30 juin 2023 à 17h à l’adresse suivante : https://www.registre-
numerique.fr/zac-port-chemin-vert-aubervilliers
• Par voie électronique (mail) : zac-port-chemin-vert-aubervilliers@mail.
registre-numerique.fr. Seuls les courriers électroniques reçus entre le mardi 30
mai 2023 à 8h et le vendredi 30 juin 2023 à 17h seront pris en compte.
• Par correspondance, au siège de l’enquête, à l’attention de Monsieur Jean-Luc
COLIN, commissaire enquêteur.
Les contributions reçues par correspondance seront annexées sans délai au
registre d'enquête du siège de l'enquête et seront consultables sur place pendant
toute la durée de l’enquête. Les observations et propositions transmises par voie
électronique (registre ou courriel) seront consultables par le public sur le site
internet mentionné ci-dessus.
A l’issue de l’enquête publique, le commissaire enquêteur transmettra le dossier
accompagné de ses conclusions et de ses avis motivés au Préfet de Seine-Saint-
Denis ainsi qu’au Tribunal Administratif de Montreuil.
EP 23-162 / contact@publilegal.fr
La ligne de référence est de 40 signes
en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75, 77,78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
ENTREPRISES
Beneteau veut céder ses
mobil-homes à Trigano
pour ne se consacrer
qu’aux bateaux
LOISIRS
Le groupe nautique
est entré en négo-
ciation exclusive
avec le numéro un
français du cam-
ping-car pour la
cession de sa filiale
Bio Habitat,
spécialisée
dans la fabrication
de mobil-homes.
Beneteau est prêt à se consacrer
entièrement aux bateaux. Ven-
dredi, le champion vendéen de
l’industrie nautique a annoncé
être entré en négociations
exclusives avec Trigano pour la
cession de son activité habitat,
de longue date leader européen
dans la fabrication de mobil-
homes.
« L’opération concernerait la
reprise de l’intégralité de la filiale
Bio Habitat, incluant les mar-
ques O’Hara, IRM et Coco Sweet,
ainsi que l’ensemble de ses colla-
borateurs en France et en Italie et
de son équipe de direction
actuelle, a-t-il précisé dans un
communiqué. Ce projet de ces-
sion marque la volonté du
groupe de focaliser son dévelop-
pement sur les marchés du nau-
tisme, son cœur de métier histo-
rique. »
En abandonnant sa diversifi-
cation et en cédant cette activité
moins rentable que les bateaux,
Beneteau espère disposer de
davantage de moyens pour
accélérer la croissance et la
montée en gamme des neuf
marques de sa division bateaux
et de se développer dans de
nouveaux secteurs du nau-
tisme, notamment dans le
numérique. Il dit aussi vouloir
« accélérer sa transformation
technologique, liée en particulier
aux enjeux environnemen-
taux », qu’il s’agisse de l’utilisa-
tion de matériaux recyclés ou
de l’électrification de la propul-
sion.
La division habitat
en forte hausse
L’an dernier, le groupe installé à
Saint-Gilles-Croix-de-Vie a
enregistré un chiffre d’affaires
record de 1,5 milliard d’euros,
en hausse de 22,9 % sur un an,
porté essentiellement par la
division bateaux (1,25 milliard
d’euros). La division habitat a
quant à elle fortement rebondi
dans le sillage du secteur des
campings, avec des ventes en
hausse de 41 % à 257 millions
d’euros – elle a généré l’an der-
nier 23 des 154 millions d’euros
du résultat opérationnel cou-
rant du groupe patiemment
bâti par Annette Roux.
« En rejoignant Trigano, l’acti-
vité habitat bénéficierait pleine-
ment des opportunités de déve-
loppement que lui offre
l’écosystème d’un acteur euro-
péen majeur du véhicule et des
équipements de loisirs. La divi-
sion habitat deviendrait ainsi
l’un de ses principaux relais de
croissance », a commenté
Bruno Thivoyon, directeur
général du groupe Beneteau.
Un atout pour Trigano
Le numéro un français du cam-
ping-car, précise de son côté
que Bio Habitat, qu’il souhaite
acquérir « emploie 900 collabo-
rateurs répartis sur sept sites de
production en France et en Ita-
lie ». « Cette opération s’inscrit
dans la stratégie de Trigano sur
ce segment dynamique du mar-
ché des véhicules et équipements
de loisirs, a-t-il commenté. Elle
serait porteuse de synergies en
particulier sur les achats, la
logistique et les méthodes de
fabrication. »
Beneteau veut
accélérer
sa transformation
technologique.
Trigano conforte
son leadership
sur un segment
dynamique.
De fait, Beneteau s’était lancé
dans les mobil-homes en
s’appuyant sur le savoir-faire
élaboré dans la construction de
l’intérieur des bateaux, notam-
ment de la menuiserie en
espace confiné – un art qui pré-
vaut également dans les vans et
les camping-cars de Trigano,
un poids lourd de son marché
en Europe.
Ce dernier, un habitué des
acquisitions, a enregistré des
résultats en forte hausse l’an
dernier, avec un chiffre d’affai-
res supérieur à 3 milliards
d’euros et un résultat net de
280 millions. La finalisation de
l’opération pourrait intervenir
d’ici à fin 2023. Son montant
n’est pas encore connu.
— F. M.
Le « météo business » prend
son essor dans l’Oklahoma
Le transport maritime est un point fort pour les services météo. WeatherNews peut ainsi planifier les voyages en fonction des vents, des
courants marins, du profil du navire et des données de navigation. Et en prévoir la durée, la consommation de fuel, le coût. Photo Shutterstock
SERVICES
Les entreprises privées
de prévision météo
DTN et WeatherNews
ont étoffé leurs
services pour aider
les industriels
à anticiper des risques
climatiques croissants.
Solveig Godeluck
— Envoyée spéciale à Norman
(Oklahoma)
Quelle quantité de pluie et de soleil y
aura-t-il pour faire pousser les
récoltes ? Combien d’énergie
solaire va remonter dans le réseau
électrique, et quelle sera la
demande d’électricité ? Un camion
réfrigéré sera-t-il nécessaire pour
livrer les vaccins aux pharmacies ?
Faut-il mettre les parapluies en
vitrine, réapprovisionner les bouti-
ques en crème glacée et en sodas ?
Dans la vie de tous les jours, les
entreprises sont un peu comme
Madame Michu : elles n’arrêtent
pas de causer de la pluie et du beau
temps. A plus forte raison lors-
qu’elles sont exposées au change-
ment climatique. Ce risque crois-
sant a ouvert un boulevard aux
spécialistes privés de la prévision
météorologique, comme Weather-
News, DTN, Accuweather. Ces
entreprises qui ne sont ni des
start-up ni des multinationales
malgré leur forte internationalisa-
tion sont en train de diversifier leurs
services de conseil, dans une multi-
tude de métiers, et bien au-delà de la
météo.
Deux d’entre elles se sont instal-
lées à Norman, sur le campus de
l’université d’Oklahoma, un long
tapis de verdure semé de bâtiments
de brique rouge disparates. C’est là
qu’est implanté le National Severe
Storms Laboratory (NOAA), le cen-
tre météorologique public qui pré-
voit et surveille l’apparition des tor-
nades sur tout le territoire
américain. « Nous sommes venus à
Norman pour être à proximité
d’Oklahoma University, la meilleure
école météo du pays ! C’est pratique
pour recruter, et pour développer de
nouveaux radars en partenariat »,
explique Mark Glander, responsa-
ble du site local de WeatherNews,
une entreprise japonaise d’un mil-
lier de salariés, créée en 1986 pour
guider les marins.
Prêts pour les crédits
carbone
Leader mondial des services météo
aux entreprises, le groupe s’est
depuis diversifié dans plusieurs
secteurs, mais son point fort
demeure le transport maritime.
WeatherNews planifie les voyages
en fonction des vents, des courants
marins, mais aussi du profil de cha-
que navire (poids chargé, dimen-
sions) et des données de navigation
quotidiennes (vitesse, position).
A l’origine, les armateurs se pré-
occupaient uniquement de la sécu-
rité des bateaux. Mais ils ont désor-
mais accès à des prévisions variées,
qui ont un impact direct sur leur
compte de résultat, explique Mark
Glander : « C’est bien plus que de la
Jean-Michel Aulas
quitte la tête de l’OL
FOOTBALL L’homme qui a pré-
sidé au destin de l’Olympique
Lyonnais durant près de trente-
six ans a dû céder, vendredi 5 mai,
sa place à la tête du club de foot-
ball, alors qu’il devait en demeu-
rer le président exécutif durant
trois ans. Le conseil d’administra-
t i o n a n o m m é Jo h n Te x t o r,
comme président. Ce dernier,
avait repris l’OL fin 2022. Il sera
aussi directeur général de
manière intérimaire, en atten-
dant de trouver un nouveau titu-
laire du poste. Des dissensions
étaient notamment apparues sur
la politique sportive et le mode de
recrutement. En guise de conso-
lation, Jean-Michel Aulas devient
président d’honneur et devrait
toucher 10 millions d’indemnités.
Mardi 9 mai 2023 Les Echos
météo. Nous pouvons prédire com-
bien de temps va durer le voyage,
combien de fuel vous allez brûler, et
combien cela va coûter ».
Depuis janvier, l’Organisation
maritime internationale exige que
tous les navires commerciaux
publient des indicateurs d’intensité
carbone. « Nous calculons leurs
émissions, et nous optimisons leurs
trajets pour les réduire. Le jour où il y
aura des crédits carbone, nous serons
prêts », poursuit le commercial.
En attendant, la firme se déve-
loppe sur de nouveaux marchés liés
au changement climatique, comme
les éoliennes offshore. En étudiant
la direction et l’intensité des vents
ainsi que les courants et les marées,
il est possible de dire où doivent être
plantées les turbines, et combien
d’énergie elles pourront produire.
Depuis la crise du Covid, Weather-
News, cotée à Tokyo, a le vent en
poupe auprès des investisseurs. Le
titre s’est apprécié de plus de 90 %
sur cinq ans.
Croissance à deux chiffres
Quant à DTN, une entreprise du
Minnesota d’un gros millier de sala-
riés, également implantée à Nor-
man, elle n’est pas cotée – elle a été
rachetée à Schneider Electric par le
fonds suisse TBG en 2017, et a elle-
même crû en acquérant l’européen
Meteogroup. Renny Vandenwege,
directeur commercial, assure que
le business est en plein essor depuis
la crise du Covid.
« Nous avons une croissance à
deux chiffres. Les instituts de prédic-
tion Gartner et Forrester s’intéres-
sent à nous. Et nos interlocuteurs
Thales soupçonné
de corruption
en Inde
ARMEMENT Le Parquet national
financier (PNF) a ouvert une
enquête préliminaire pour véri-
fier si Thales a usé de corruption
pour obtenir un marché de réno-
vation d’avions de chasse Mirage-
2000 en Inde, a dévoilé Radio
France vendredi. Un intermé-
diaire indien, vivant en Grande-
Bretagne, affirme avoir aidé Tha-
les à décrocher ce marché en
échange du versement de 20 mil-
lions d’euros par un circuit finan-
cier offshore. Contacté par l’AFP,
le groupe d’armement a contesté
« fermement ces allégations » et
indiqué « n’avoir jamais été inter-
rogé par le PNF sur ce sujet ». Le
PNF, quant à lui, n’a pas souhaité
confirmer cette information.
24
dans les entreprises ne sont plus seu-
lement les responsables de la sécu-
rité, mais les membres du conseil
d’administration », souligne-t-il.
« Avec le changement climatique et
les événements météo tangibles, les
PDG reconnaissent qu’il peut y avoir
un besoin », selon lui.
De nombreux métiers
concernés
Deux secteurs, le transport mari-
time et l’agriculture, sont en train de
se numériser au pas de charge, et de
se convertir à l’analyse de données.
Avec l’agriculture de précision, on
peut limiter la quantité de fertili-
sants et de pesticides en fonction
des conditions climatiques et géolo-
giques.
Par ailleurs, de nombreux
métiers commencent juste à décou-
vrir l’importance du conseil météo,
assure-t-il : « On ne fait que gratter la
surface. On peut résoudre tant de
problèmes », dit-il, après avoir évo-
qué les voitures électriques dont la
durée de batterie est parfois divisée
par trois à cause du froid, ou les voi-
tures autonomes démunies contre
les routes verglacées.
« On croit souvent qu’on ne peut
rien faire en cas de mauvaise météo,
ce qui n’est pas vrai, et ce qui pousse à
prendre de gros risques réputation-
nels », insiste-t-il. Si l’organisateur
d’un concert en plein air de 10.000
personnes laisse les spectateurs se
garer dans la boue, l’affaire peut
rapidement devenir un « désastre
logistique », illustre-t-il. A l’inverse,
en cas de chaleur, mieux vaut pré-
voir des bouteilles d’eau pour éviter
les évanouissements. n
à suivre
Le projet
de quatrième usine
de batteries avance
ÉNERGIE L’ i m p l a n t a t i o n e n
France d’une quatrième usine de
batteries électriques semble
désormais au stade de la concer-
tation à Dunkerque dans le Nord,
selon le site Internet de la Com-
mission nationale du débat
public (CNDP). Emmanuel
Macron est attendu sur place en
f in d e sem a i ne, i ndi q ue une
source gouvernementale citée
par l’AFP. Le projet, déjà évoqué,
est porté par le groupe taïwanais
ProLogium. Il porterait sur deux
sites de « production massive de
batteries électriques solides sur
le grand port maritime de Dun-
kerque ». Trois projets, tous dans
les Hauts-de-France, sont déjà
sur les rails avec d’autres acteurs.

HIGH-TECH&MEDIAS
Les géants de la tech retrouvent des couleurs
l Ces derniers mois, les grands groupes américains de la tech ont fait face à une multitude de défis :
incertitude économique, recul de la publicité en ligne, marché du PC morose…
l Après avoir licencié des milliers de personnes, ils rassurent les marchés sur leur capacité à rebondir.
PLATEFORMES
Hortense Goulard
— Correspondante à San Francisco
Après des mois difficiles, et plu-
sieurs vagues de licenciements, les
géants de la tech redressent la tête.
Alphabet, Microsoft, Meta, Ama-
zon, Apple… Les grands groupes
américains de la tech ont tous
publié leurs résultats ces deux
dernières semaines, avec des for-
tunes diverses. Mais ils ont globale-
ment réussi à rassurer les marchés
financiers.
Après la croissance folle enregis-
trée pendant la pandémie, la Big
Tech a certes marqué le pas en fin
d’année dernière. Les revenus de
Meta, la maison mère de Facebook,
d’Instagram, de WhatsApp et de
Messenger, qui dépend largement
de la publicité en ligne, ont ainsi
souffert des nouvelles règles
d’Apple visant à protéger la vie pri-
vée des utilisateurs d’iPhone.
Google en a pâti lui aussi, même si
les effets se sont davantage fait
attendre..
Tailler dans les dépenses
devant un horizon incertain
L’incertitude économique liée à la
montée de l’inflation, à l’arrêt de la
politique expansionniste des ban-
ques centrales, ainsi qu’à la guerre
en Ukraine, ont conduit de nom-
breuses entreprises à tailler dans
leurs dépenses, publicitaires
notamment. Face à cet horizon
plus incertain, les géants de la tech
ont à leur tour réduit leurs effectifs,
licenciant des milliers de person-
nes entre novembre et mars.
Microsoft et Apple, dont l’activité
repose aussi en grande partie sur le
hardware et les services aux entre-
prises pour le premier, s’en sont
plutôt mieux sortis, même si leur
taux de croissance ralentit. Les
deux rivaux font face à un marché
de la micro-informatique en perte
de vitesse. De nombreuses person-
nes se sont équipées pendant la
pandémie, et n’ont donc pas besoin
d’un nouvel ordinateur. L’inflation
élevée décourage par ailleurs ce
type de dépense. Malgré ce
contexte difficile, les géants de la
tech ont fait preuve de résilience,
rassurant les marchés financiers.
Les actions de Meta, Alphabet,
Apple et Microsoft sont toutes
reparties à la hausse depuis la
publication de leurs résultats.
Amazon, au contraire, n’a pas tout
à fait réussi à convaincre. Son
chiffre d’affaires progresse entre
janvier et mars, mais son PDG a
indiqué que ses ventes avaient
reculé au mois d’avril. Depuis le
début de l’année, les capitalisations
de tous les Gafam sont reparties à la
hausse (Meta-Facebook +86 %,
Apple +40 %, Microsoft +30 %,
Amazon +23 %, Google- Alphabet
+19 %). Et sur douze mois, seuls
Amazon ( – 3 %) et Alphabet (–6 %)
affichent encore un cours de
Bourse en léger recul.
L’iPhone avance,
le Mac recule
Apple, le dernier d’entre eux, a
publié, le 4 mai, des résultats en
demi-teinte. Ses revenus déclinent
de 3 %, comparés au premier
trimestre de l’année dernière. C’est
le deuxième trimestre de baisse
pour le géant dirigé par Tim Cook.
Mais ces résultats sont supérieurs
aux attentes des analystes.
Dans le détail, les ventes de son
produit phare, l’iPhone, progres-
sent légèrement. Elles s’établissent
à 51,33 milliards sur trois mois. Au
contraire, les ventes de Mac et
d’iPad reculent. Les services (App-
Store, Apple TV +, Apple Music,
Cloud) rapportent toujours davan-
tage à Apple : 20,9 milliards entre
janvier et mars.
Après des mois d’incertitude, les
géants américains de la tech réser-
vaient plusieurs surprises aux mar-
chés financiers. « La croissance du
cloud est stable et très résiliente
comme le montrent les résultats de
Microsoft, de Google et d’Amazon »,
commente Dan Ives, analyste chez
Wedbush. « La publicité en ligne se
maintient et bénéficie d’un léger
rebond, et les budgets informatiques
des entreprises croissent modé -
rément, tout en montrant quelques
s i g n e s d ’ a f fa i b l i s s e m e n t p a r
endroits. »
L’analyste fait l’hypothèse que
Microsoft bénéficie de ses investis-
sements dans l’intelligence artifi-
cielle. « Je pense que, pour ce qui est
du cloud, [la filiale d’Amazon] AWS
perd du terrain face à l’entreprise
dirigée par Satya Nadella. De plus en
plus d’entreprises font le choix de ce
qu’offre Microsoft : des services
cloud plus complexes, avec la capa-
cité de transformer leurs modèles. »
Le défi pressant de l’IA
face à ChatGPT
L’un des défis les plus pressants du
moment pour les géants de la tech
est de trouver la parade face aux
derniers développements de l’intel-
ligence artificielle. Le lancement au
grand public de ChatGPT, le chat-
bot d’OpenAI, a suscité une véri-
table course aux armements entre
Microsoft, qui a investi des mil-
liards dans cette start-up, Google et
Meta. Amazon et Apple, qui ont,
eux aussi, investi dans l’IA, se con-
tentent pour l’instant d’enrichir
leurs produits et services, sans
chercher à lancer de chatbot acces-
sible à tous. « Je pense qu’il est très
important d’être volontaire et réflé-
chi dans la façon dont vous appro-
chez ces choses », a commenté Tim
Cook face aux analystes.
Son groupe utilise déjà l’IA dans
des cas spécifiques : par exemple,
pour détecter les chutes dans les
Apple Watch. « Nous allons conti-
nuer à mettre de l’IA dans nos pro-
duits, d’une façon mûrement réflé-
chie », a promis le patron. n
Les chiffres clés
51,33
MILLIARDS DE DOLLARS
d’iPhone vendus sur les trois
premiers mois de l’année
pour le géant américain.
20,9
MILLIARDS DE DOLLARS
pour l’activité services
d’Apple sur la même période.
Le paysage de la publicité en ligne
bouleversé par l’intelligence artificielle
Les principaux acteurs
du marché parviennent
à proposer des outils
automatisés, qui séduisent
de plus en plus
d’entreprises.
Meta, Snap, Pinterest, Alphabet…
Les deux dernières semaines ont
été riches d’enseignements sur le
nouveau paysage de la publicité en
ligne. Des géants de la tech, Meta
en tête, ont démontré leur capacité
à attirer les publicitaires malgré un
contexte difficile. Au contraire, les
ventes de Snap et de Pinterest,
deux acteurs de plus petite taille, se
sont effondrées.
« Ce à quoi nous assistons en ce
moment, c’est à une transformation
du paysage de la publicité en ligne
sur les réseaux sociaux, explique
Jasmine Enberg, analyste chez
Insider Intelligence. C’est une bas-
cule vers un système plus automa-
tisé, qui transforme en profondeur
le marché. » « Les grandes plate-
formes, et notamment Meta, réus-
sissent à utiliser davantage l’intelli-
gence artificielle, poursuit l’experte.
Elles bénéficient également de leur
taille. Dans un contexte très incer-
tain, les annonceurs recherchent des
plateformes qui ont fait leurs preu-
ves et les plus grands acteurs béné-
ficient de cette tendance. »
En août dernier, Meta a dévoilé
Advantage+, un outil qui offre aux
annonceurs d’automatiser leurs
campagnes de publicité. Il permet
de créer plusieurs versions d’une
même campagne de publicité,
avec des visuels différents. L’outil
sélectionne ensuite la meilleure
version, affirme l’entreprise, afin
de montrer à chaque utilisateur la
version à laquelle il est le plus sus-
ceptible de réagir.
La directrice financière de Meta,
Susan Li, a assuré que ce nouvel
outil « continuait à gagner du ter-
rain et recevait des retours positifs
des annonceurs », lors de la publi-
cation de résultats trimestriels, fin
Mardi 9 mai 2023 Les Echos
avril. Elle n’a pas donné davantage
de précisions sur les revenus déga-
gés par Advantage+.
De même, Google a déployé un
outil qui permet, selon lui, d’opti-
miser les résultats d’une campa-
gne publicitaire en déployant auto-
matiquement des publicités sur
Search et sur YouTube. Ces nou-
veaux outils constituent néan-
moins une « boîte noire » pour les
annonceurs, dont certains se plai-
gnent de l’opacité du système.
Snap et Pinterest chutent
Chez Amazon qui est devenu un
géant de la publicité, les recettes
ont encore bondi de plus de 20 %
sur les trois premiers mois de 2023
et dépassent les 9,5 milliards. Le
géant du commerce, du cloud et de
la tech met lui aussi de plus en plus
l’accent sur des solutions basées
sur l’intelligence artificielle. Son
service permet de mettre en avant
des publicités et des produits de
façon de plus en plus ciblée et per-
tinente en s’adressant directement
à des consommateurs prêts à
concrétiser une intention d’achat.
Ces outils basés sur l’intelli-
gence artificielle « ont été d’excel-
lents arguments pour rendre, mine
de rien, le marché plus opaque »,
s’offusque sur LinkedIn Mathieu
Ceccarelli, un consultant spécia-
lisé en marketing numérique.
« L’effet est que les annonceurs ont
moins de contrôle sur leurs cam-
« Twitter avait
des problèmes
avant l’arrivée
d’Elon Musk, mais
maintenant, c’est
lui le principal
problème. »
JASMINE ENBERG
Analyste chez Insider
Intelligence
26
pagnes publicitaires et moins
d’informations sur leurs dépenses. »
Malgré ces inconvénients, les
géants de la tech semblent parve-
nir de plus en plus à vendre cette
solution automatisée aux entre-
prises, et notamment aux PME et
aux start-up. Au contraire, leurs
rivaux de plus petite taille rencon-
trent davantage de difficultés à atti-
rer les annonceurs en l’absence de
produits automatisés.
Les actions de Pinterest et de
Snap se sont effondrées depuis la
publication de leurs résultats, fin
avril. Pour remonter la pente, Snap
veut investir dans Spotlight, un fil
de vidéos courtes. Il a aussi lancé
MyAI, un chatbot qui peut échan-
ger avec les utilisateurs, mais qui
crée la controverse à cause de
réponses approximatives ou cho-
quantes. « Tous ces investissements
visent à augmenter la surface où les
annonceurs pourront déployer des
publicités, explique Jasmine
Enberg. Mais Snap prend le risque
d’aliéner une partie de ceux qui utili-
sent la plateforme comme un
service de messagerie entre amis. »
Twitter porté disparu
Quant à Twitter, il a presque dis-
paru du paysage de la publicité en
ligne. « Le modèle économique de
Twitter dépendait largement des
grandes marques, et ces dernières
sont loin d’avoir recommencé à
dépenser autant qu’avant » l’acqui-
sition par Elon Musk, note l’ana-
lyste. « De plus petites entreprises
occupent ces espaces publicitaires,
mais cela ne suffit pas à compenser
l’exode des grands comptes. Et Twit-
ter Blue ne va jamais rapporter
assez d’argent pour compenser les
pertes liées à la publicité. Twitter
avait des problèmes avant l’arrivée
d’Elon Musk, mais maintenant,
c’est lui le principal problème. »
Le comportement erratique du
milliardaire a effrayé les annon-
ceurs, qui assuraient l’essentiel des
revenus de la plateforme. — H. Go.
27 Les Echos Mardi 9 mai 2023 HIGH-TECH & MEDIAS

Paramount paye la
nervosité de Wall Street
face aux défis des
acteurs du streaming
Journal », qui cite un mémo du
MÉDIAS patron de Simon & Schuster, le
processus est en cours et « il y a
Dans le rouge au plusieurs acteurs intéressés ». Le
premier trimestre moment semble propice car la
du fait de ses inves- maison d’édition enregistre des
tissements dans le revenus en hausse de 19 % au
streaming, le géant premier trimestre.
américain a chuté Jeudi, Paramount avait aussi
de près de 30 % à annoncé une baisse inédite de
Wall Street. son dividende trimestriel. Il
tombe à 5 centimes par action
contre 24 centimes précédem-
Fabio Benedetti Valentini ment. De quoi économiser envi-
ron 500 millions de dollars.
Paramount Global ne fait (pres- Selon la presse américaine, la
que) rien dans la demi-mesure. famille Redstone, qui contrôle

Shutterstock
Sous le poids d’énormes coûts
liés à sa tentative de percer dans
le streaming et à des annula-
Depuis son entrée en Bourse début 2021, Bumble a vu son cours s’affaisser de près de 77 %, pour une capitalisation de 3,7 milliards. tions de programmes, le géant
américain des médias a connu
une dure semaine en Bourse,
Paramount, approuve ce sacri-
fice et soutient le management.
Mais ce coup de rabot a fait
l’effet d’un choc pour les inves-
tisseurs minoritaires. L’indus-
trie des médias traverse une

Tinder, Bumble : les services de

avec une chute de près de 30 % passe difficile et certains ana-
suivant les annonces, jeudi der- lystes restent sceptiques quant
nier, de ses résultats trimes- à la stratégie de Paramount. Le
triels. Le propriétaire de l’édi- groupe pourra-t-il rattraper

dating souffrent à Wall Street

APPLICATION
Depuis la fin
de l’année 2021,
le leader mondial
du secteur Match
Group (Hinge, Tinder,
Meetic, etc) a vu
sa capitalisation
boursière dégringoler
de près de 80 %.
Nicolas Richaud
L’amour est fait de hauts et de bas et
pour l’heure, la lune de miel entre
Wall Street et les services de dating
semble appartenir au passé. Depuis
deux semaines, le numéro un mon-
dial du secteur, Match Group (Tin-
der, Hinge, Meetic, etc) voit sa capi-
talisation boursière évoluer sous le
mur symbolique des 10 milliards de
dollars, soit une dégringolade de
80 % depuis le mois d’octobre 2021.
Son principal rival, le groupe Bum-
ble (Badoo, Fruitz, Bumble) est lui
aussi à la peine. Depuis son entrée
en Bourse début 2021, la firme a vu
son cours s’affaisser de près de 77 %,
à 3,7 milliards de capitalisation.
« Ce sont des services qui ont été
boostés par la crise sanitaire et
l’emballement est retombé depuis. Ce
qui explique la lourde correction en
Bourse, note Jérôme Colin, chargé
du conseil en stratégie au sein du
cabinet Fifty-Five. Plus globalement,
cela montre qu’il y a un tassement de
ce marché qui semble arriver à matu-
rité ». Un paradigme qui n’a pas
empêché Bumble d’afficher une
jolie croissance lors du dernier tri-
mestre. Entre janvier et mars, le
groupe a vu son chiffre d’affaires
décoller de 16 %, sur un an, à 243 mil-
lions de dollars et son parc d’abon-
nés atteindre 3,5 millions de person-
nes. Son record historique.
La stagnation de Tinder
« Bumble est un groupe plus récent
que Match et se trouve encore dans
une phase d’accélération. Mais lors
du dernier trimestre, le groupe n’a
pas été rentable [perte nette de
2,3 millions de dollars : NDLR] et le
revenu par utilisateur stagne, note
Jérôme Colin. A l’inverse, Match a
dégagé un résultat net de 120 millions
sur la même période et a une stratégie
de portfolio très large avec près d’une
cinquantaine d’applications lui per-
mettant de couvrir quasiment tous
les segments de marché, quand Bum-
ble n’a que trois marques ».
Mais pas de quoi apaiser les
craintes de Wall Street à l’égard de
Match. La raison ? Ce dernier est
très dépendant de son service phare
et vache à lait Tinder. L’an passé,
« Il y a une
forme de
désenchantement
chez les
utilisateurs
concernant
le dating. C’est
un marché qui
a besoin de
se réinventer
JÉRÔME COLIN
Chargé du conseil en stratégie
au sein du cabinet Fifty-Fiv
celui-ci a représenté 56 % du chiffre
d’affaires total de la firme qui a frôlé
3,2 milliards de dollars. Mais onze
ans après sa création, Tinder com-
mence à tirer la langue – les revenus
de la marque ont stagné lors du der-
nier trimestre –, et c’est tout Match
qui s’essouffle.
Après un pic d’abonnés à plus
16,5 millions fin septembre, la
société vient d’enregistrer deux tri-
mestres consécutifs de baisse et a vu
son parc de clients payants redes-
cendre à 15,9 millions de person-
nes. Résultat, le chiffre d’affaires de
teur Simon & Schuster, dont il son retard dans le streaming
va relancer le processus de face à Netflix, Amazon Prime
vente, devient un symbole des Video et Disney+ ? De son côté,
difficultés financières des Bob Bakish, le directeur général
acteurs du streaming et de la de Paramount, reste convaincu
nervosité qui les entoure à Wall que son service de streaming
la firme de Dallas a reculé de 1 %, sur Street. (Paramount +) est sur le bon
un an, entre janvier et mars. Une Au premier trimestre, Para- chemin pour devenir rentable.
chute qui s’établit à 3 % pour la mount essuie une perte nette Paramount + a ajouté 4,1 mil-
frange des abonnés payants. d’environ 1,1 milliard de dollars lions d’abonnés au premier tri-
« Il y a une forme de désenchante- (1 milliard d’euros) contre un mestre et compte désormais
ment chez les utilisateurs concernant bénéfice de 433 millions de dol- 60 millions de fidèles.
le dating. C’est un marché qui a besoin lars un an auparavant. Des Pour croître, Paramount +
de se réinventer, fait valoir Jérôme coûts exceptionnels de près de mise beaucoup sur un catalo-
Colin. D’ailleurs, les dirigeants de 1,7 milliard de dollars sur les gue très profond allant de la
Match et de Bumble n’ont fait que programmes expliquent en franchise « Star Trek » à l’uni-
parler d’innovations et de technolo- grande partie la contreperfor- vers western des séries de Tay-
gies lors de leurs derniers résultats tri- mance, mais un marché publi- lor Sheridan, derrière notam-
mestriels ». En attendant de trouver citaire atone pèse aussi. m e n t « Ye l l o w s t o n e » e t
la nouvelle fonctionnalité qui redy- « 1923 »… même si ces produc-
namisera le marché ou l’arrivée Vente en vue pour tions coûtent très cher. Mais le
d’une « killer-app » bousculant les Simon & Schuster fameux « cord-cutting » – c’est-
codes comme Tinder à ses débuts, C’est pour se donner des marges à-dire la propension des ména-
Match semble être entré dans une de manœuvre sans pour autant ges américains à « couper le
toute nouvelle logique stratégique. renoncer à ses ambitions dans cordon » du câble – continue à
Depuis le début de l’année, le le streaming, que le propriétaire mordre et, pour ses grandes
groupe teste une version « pre- de MTV et de CBS prépare de chaînes gratuites comme CBS,
mium » de Hinge – sa deuxième nouveau la vente Simon & financées en partie par des
marque la plus populaire après Tin- Schuster après le feu rouge émis redevances des câblo-opéra-
der –, dont l’abonnement pourrait l’an dernier par l’antitrust amé- teurs, la conjoncture publici-
s’élever jusqu’à 60 dollars par mois, ricain sur le projet de rachat par taire est particulièrement néga-
soit quasiment quatre fois le prix de Penguin Random House (Ber- tive avec des recettes en recul de
l’offre standard de Netflix. En mars, telsmann). Selon le « Wall Street 11 % au premier trimestre. n
Mark Van Ryswyk, responsable pro-
duit de Tinder, a fait savoir que ses
équipes planchaient sur une future
version dont le tarif pourrait poten-
tiellement atteindre… 500 dollars
mensuels. Un fait est certain : en
songeant à augmenter ses prix pour
parer à une panne de croissance,
en pixels
Match prouve que le dating devient
une industrie comme les autres. n

Le spécialiste de l’affichage itinérant

Adriver passe à la vitesse supérieure
Jade Gao/AFP

sur des véhicules –, vient de rache-
PUBLICITÉ ter la firme française Terres Rouges
(une agence et régie de toile publici-
La start-up française taire qui est spécialisée dans
vient de racheter l’habillage de façades d’immeubles)
Terres Rouges, une moyennant une poignée de mil-
agence spécialisée lions d’euros.« Ce rachat nous per-
dans l’habillage publi- met d’intégrer une nouvelle activité
citaire de façades. au sein du groupe et de mettre en
place des synergies tout en proposant
des campagnes publicitaires plus lar-
Adriver va consolider
ges et complémentaires aux annon-
toutes ses activités ceurs », souligne Hadrien de La
dans un nouveau Tour, PDG et fondateur d’Adriver.
groupe de communica-
tion nommé Deux levées de fonds
LaTour Media Group. A l’occasion de ce rachat, celui-ci
crée un nouveau groupe de com-
munication nommé LaTour Media
Adriver passe à la vitesse supé- Group (LMG) dans lequel vont être
rieure. Lancée début 2020, cette fondues les activités d’Adriver, de
start-up française spécialisée dans Terres Rouges et de Seiki, une acti-
la publicité extérieure itinérante – vité data liée à Adriver ayant la main
qui fonctionne comme une régie sur des données itinérantes qui
vendant des espaces publicitaires sont ensuite monétisées auprès de
tiers. « En 2022, on avait fait un spin-
off de cette activité qui se développe
bien », précise Hadrien de La Tour.
Rentable, l’ensemble consolidé
va peser près de 30 millions d’euros
de chiffre d’affaires (dont 50 % sont
générés par Terres Rouges) et va
employer 75 salariés. Aujourd’hui,
la France représente la grande
majorité de l’activité de LMG qui a
aussi un pied en Angleterre, un
autre en Italie et s’apprête à se lan-
cer en Belgique. Depuis ses débuts,
Adriver a procédé à deux levées de
fonds menées par plusieurs family
office européens et a récolté, en
tout, près de 10 millions d’euros.
Elargir le marché
En trois ans, Adriver a progressive-
ment élargi le spectre de son inven-
taire et vend désormais des espaces
publicitaires, via des contrats
d’exclusivités, sur 5.000 camions,
300 bus FlixBus, ainsi que sur les
300 « black cabs », appartenant au
VTC chinois Caocao, qui sillonnent
les ruelles parisiennes. « Il y a aussi
potentiellement 60.000 taxis et VTC
indépendants en France. En début
d’année, nous avons lancé We Ad,
une application qui leur permet
d’utiliser leurs véhicules pour faire de
l’affichage publicitaire directement,
note le fondateur d’Adriver dont
95 % du chiffre d’affaires provient
de grandes marques comme Skoda,
Burberry ou Netflix.
« L’enjeu pour nous est de massi-
fier le marché en l’ouvrant à des
annonceurs plus locaux et à des cam-
pagnes se montant à quelques mil-
liers d’euros », fait valoir Hadrien de
La Tour. Pour contribuer à cela, le
groupe a récemment lancé un nou-
vel outil (Adriver 360) permettant à
toutes les typologies d’entreprises
de lancer directement leurs campa-
gnes publicitaires sur ses inventai-
res. — N. R.
Baidu se lance dans la course
aux smartphones
TECH Baidu, un géant chinois de la tech chinois souvent comparé à
Google, a annoncé lundi qu’il allait commercialiser un smartphone.
Les détails sur le produit sont, à ce stade, peu nombreux. Baidu vend
déjà des enceintes et des écrans connectés, similaires à ceux que
proposent Google et Amazon. Son smartphone pourrait profiter de
l’IA générative similaire à ChatGPT développé par Baidu et que le
groupe souhaite intégrer partout. Ce lancement intervient alors que
le marché du smartphone a chuté de 13 % en Chine en 2022 (286 mil-
lions d’appareils vendus), une première depuis dix ans.
Ed Sheeran blanchi des accusations
de plagiat
MUSIQUE Ed Sheeran a remporté son procès au civil à New York, où
il était poursuivi pour plagiat d’une chanson de Marvin Gaye. Le
jury a estimé que sa chanson « Thinking Out Loud » n’était pas une
copie partielle de « Let’s Get It On », un tube planétaire de la légende
de la soul sorti en 1973. Ce procès était suivi de près en raison de la
popularité du Britannique et des risques qu’une potentielle
condamnation faisait peser sur la liberté de création des artistes.
 Mardi 9 mai 2023 Les Echos 28
PME&REGIONS

Transmissions : coup de frein après une ann

l Dans un contexte économique et géopolitique incertain, les cessions-acquisitions de PME ont reculé de 8 % en 2022 pour
l Elles ont mieux résisté que l’ensemble du marché, selon le dernier panorama d’In Extenso publié mardi 9 mai, mais les

M&A

Marion Kindermans

Les transmissions de PME jouent

au yo-yo. Comme pour les grosses
opérations, qui ont fortement ra-
lenti ces trois derniers mois, le pre-
mier trimestre a été morose sur le
segment des PME. Sur les trois pre-
miers mois de 2023, le cabinet de
conseil en cessions-acquisitions In
Extenso, un des leaders du secteur,
enregistre une baisse de 40 % du
nombre de deals signés par rapport
à la même période de 2022, année
de rattrapage post-Covid. Si on
compare avec les années plus par-
lantes d’avant-pandémie, le recul
atteint tout de même 31 %.
« Le premier trimestre 2023 n’est
pas bon, mais certains signes laissent
penser que le reste de l’année pourrait
être meilleur », tranche Marc Sabaté,
associé et directeur général chez In
Extenso Finance & Transmission.
« Le phénomène est très conjoncturel,
il est lié à un moral des dirigeants qui
s’effrite face à une inflation persistan-
te et à la hausse des taux d’intérêt, aux
conflits géopolitiques qui s’installent
en Ukraine, à Taïwan, en Afrique, et à
un redécollage économique de la Chi-
ne tout récent », analyse-t-il.

Les valorisations
plafonnent
« Il faut en ce moment des dossiers
hypersolides lorsqu’on veut ache-
ter », confirme David Mahé, fonda-
teur de l’entreprise de solution de
sécurité-sûreté Scutum, qui comp-
te à son actif une trentaine de ra-
chats depuis 2015, et espère une ou
deux acquisitions cette année.
« Les financements sont plus diffi-
ciles à obtenir pour les acquéreurs,
les valorisations plafonnent, et les cé-
dants, qui ne souhaitent pas baisser
le prix, attendent que leur entreprise
soit plus en forme ou que les finance-
ments redeviennent plus faciles »,
décrypte-t-il. Résultat, certains dos-
siers sont mis sur pause.
Ce ralentissement de début d’an-
née suit une année 2022 en dents de
scie sur le marché des fusions-ac-
quisitions. C’est ce que révèle le der-
en 2021, soit une baisse de 8 %. « Il ne
faut pas oublier que l’année 2021 a été
marquée par un rattrapage excep-
tionnel après un an de crise sanitaire
et économique », pointe l’étude.
Un résultat certes en recul mais
moins mauvais que ce que laissait
présager le début de l’année der-
nière. Le premier semestre 2022,
en baisse de 17 % du fait de la guer-
re en Ukraine, de l’inflation et des
tensions sur les matières premiè-
res, faisait craindre un réel coup
d’arrêt sur le marché des PME.
Finalement, le rebond du second
semestre, avec un nombre d’opéra-
tions – autour de 480 – au même ni-
veau que sur la même période
de 2021, a fait repartir l’activité. « On
peut parler de résistance de ce seg-
ment de marché des PME », souligne
Marc Sabaté, alors que « les chefs
d’entreprise sont depuis 2022 en
proie à des stop-and-go psychologi-
ques, oscillant entre confiance dans
l’avenir et repli, en raison de la multi-
plication des incertitudes ».
Ce maintien relatif est aussi dû à
l’appétence croissante des fonds
d’investissement pour ce segment
des PME. Ceux-ci ont représenté
22 % des acquéreurs en 2022, contre
14 % en 2021, les sociétés cotées et
non cotées continuant à être présen-
opération sur quatre se fait entre
acteurs de la même région, la pré-
sence des acquéreurs étrangers
reste faible, représentant à peine
17 %. « Mais fait nouveau, les Etats-
Unis, qui sont à l’origine de 29 ra-
chats, prennent, du fait de leur bon-
ne santé économique, la première
place du podium, historiquement
occupée par les pays européens »,
détaille Marc Sabaté.
Les JO de Paris 2024
profitent au BTP
En rentrant dans le détail des sec-
teurs, l’année 2022 est plus contras-
tée que l’année précédente, où ils
avaient tous bénéficié de l’effet re-
ments sont en fort recul (–37 %),
« Les cédants, même s’ils restent un segment fort
en nombre d’opérations, tout com-
qui ne souhaitent me la distribution (–21 %), dont les
pas baisser récentes défaillances dans le prêt-à-
le prix, attendent porter ont montré un modèle en
que leur entreprise bout de course.
L’analyse par région révèle
soit plus en forme une activité très hétérogène.
ou que Sans surprise étant donné leur
les financements poids économique, Paris et Lyon
restent dominants avec 51 % des
redeviennent transactions, même si l’Ile-de-
plus faciles. » France accuse une légère baisse
DAVID MAHÉ (–9 %). Les grands gagnants, avec
Fondateur de Scutum des progressions entre 10 et 14 %,
sont les Hauts-de-France, la Nor-
mandie et la Bretagne.

nier panorama annuel d’In Extenso
que « Les Echos » dévoilent en ex-
clusivité. Réalisé en partenariat
avec Epsilon Research, il se concen-
tre sur les transmissions de PME de
valorisation inférieure à 50 mil-
lions d’euros.
L’année 2022 s’est soldée par
1.080 opérations, contre 1.172
-40%
Le nombre de deals signés
sur les trois premiers mois
de 2023 par rapport
à la même période en 2022,
année de rattrapage post-Covid.
tes dans trois quarts des deals. Ce qui
explique que, dans ce contexte insta-
ble, les transactions ont surtout été
tirées par les plus grosses opéra-
tions, celles supérieures à 15 millions
d’euros pesant pour 29 % du total,
contre 22 % en 2021 et 19 % en 2020.
Sur ce marché des petites et
moyennes valorisations, où une
bond. Le secteur des technologies
médias télécommunications
(TMT), même s’il n’augmente pas,
continue à dominer, concentrant
30 % des opérations réalisées.
Pour la deuxième année post-Co-
vid, le BTP, tiré par les chantiers du
Grand Paris, des JO de Paris 2024 et
par la nécessité de se renforcer dans
la transition écologique, arrive en
tête des progressions, avec une
hausse de 52 % des transactions
(sauf pour la construction de mai-
sons individuelles, en berne).
En revanche, après une année re-
cord en 2021, les biens d’équipe-
L’Occitanie (+5 %) tire son épin-
gle du jeu grâce à la mutation réus-
sie de son économie vers le digital.
En revanche, les Pays de la Loire,
dont le nombre d’opérations a été
divisé par deux par rapport à 2021,
ou la région Paca (–21 %) font profil
bas, freinées par des activités plus
traditionnelles. n

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, un quart des entreprises

sont sur le point d’être cédées
Bien qu’en baisse l’an
dernier dans la région,
le marché des cessions-
reprises reste porté
par le vieillissement
des patrons. Au moins
25.000 d’entre eux pour-
raient passer la main
dans les cinq ans.
Paul Molga
— Correspondant à Marseille
Déjà très actifs sur le marché de
l’immobilier marseillais, les Pari-
siens se pressent désormais autour
de toutes les entreprises du Sud.
Près d’une acquisition sur deux
(43 %) réalisée en Provence-Alpes-
Côte d’Azur l’an passé avait pour
origine un investisseur d’Ile-de-
France, selon l’analyse du cabinet
In Extenso Finance sur les 60 tran-
sactions recensées (5 % du total
national) dans son dernier baro-
mètre. Même si le total des opéra-
tions est en baisse de 21 %, « la
dynamique de cessions-acquisitions
en région Provence-Alpes-Côte
d’Azur est une tendance durable et
soutenue », analyse Bernard Cen-
drier, directeur associé de l’agence
régionale du groupe, lui-même
récent transfuge parisien.
C’est que le marché de la trans-
mission est prometteur. Plus
d’un quart des chefs d’entreprise
installés entre Marseille et Nice,
25.000 au total, pourraient opérer
une cession dans les cinq années
qui viennent, évalue la Chambre de
commerce Aix-Marseille Pro-
vence. Fin novembre 2022, la cin-
quième édition de son Business
Transfer Forum a fait le plein en
réunissant plus de 200 candidats
devant les pitchs de cédants.
A l’image de Richard Gigou,
néoaixois depuis dix ans. Après
avoir dirigé le groupe de prêt- -
à-porter Ollygan, il a cofondé la
solution d’envoi express par train
WePost ! et s’affiche dans tous
les réseaux régionaux d’entrepre-
neurs pour dénicher la perle
à reprendre.
Défaillances en hausse
« La formule est séduisante : une
transmission, ce sont des actifs, des
clients, des fournisseurs, et donc de la
valeur à développer pour le territoire
et des emplois à pérenniser », expli-
que-t-il. Près de 200.000 salariés
seraient ainsi concernés par le
mouvement, selon la CCI.
Si le marché reste dynamique,
c’est également que le nombre de
défaillances d’entreprises, en forte
hausse, favorise les opportunités de
cession. Il a bondi l’an passé de
37,4 % et mis potentiellement sur le
marché 250 PME de moins de
50 salariés, a compilé le cabinet
Altares. « Il faut remonter à 2016
C’est dans le secteur
des services aux
entreprises et aux
particuliers qu’a été
réalisé le plus grand
nombre de reprises :
12 opérations.
Suivent les
technologies médias
et la santé.
pour trouver un chiffre compara-
ble », note Thierry Million, son
directeur des études. Les services
aux entreprises et aux particuliers
figurent parmi ceux qui ont le plus
souffert, et c’est dans ces secteurs
d’activité qu’a été réalisé le plus
grand nombre de reprises : 12 opé-
rations l’an passé, selon In Extenso
Finance, qui pointe également les
technologies médias et la santé sur
son podium. A eux trois, ces sec-
teurs ont concentré la moitié des
acquisitions.
Maintien et développement
de l’emploi
Une aubaine pour la société Con-
nect Pro, qui s’est spécialisée
depuis 2007 dans la pérennisation
des transmissions d’entreprises
locales. En quinze ans, ce fonds
créé avec une cinquantaine de
chefs d’entreprise aux côtés de son
cofondateur, Franck Paoli, lui-
même ancien entrepreneur, a
accompagné une trentaine d’opé-
rations de build-up (rachats
d’autres sociétés) permettant le
maintien et le développement de
plus de 500 emplois. « Notre appro-
che est militante pour contribuer au
maintien des entreprises à forte
valeur stratégique de la région »,
insiste le président de ce fonds, qui
gère une enveloppe de plus de
40 millions d’euros.
Parmi ses dossiers figurent
par exemple Carestia, Optimétrie,
Ascenseurs Méditerranée,
Omnium Façade, Nap Tourisme
ou Mariton. Des entreprises majo-
ritairement dans la fourchette
des 15 à 50 millions d’euros de chif-
fre d’affaires, le segment le plus
dynamique enregistré par In
E x t e n s o Fi n a n c e . L a s o c i é t é
Connect Pro a elle -même été
reprise en septembre 2022 par
Turenne Groupe, un des leaders du
capital-investissement en France…
basé à Paris. n
 29 Les Echos Mardi 9 mai 2023
ée 2022 en dents de scie
l’ensemble de la France, avec de grandes disparités selon les régions.
premiers mois de 2023 montrent un nouveau ralentissement des opérations.
GCM consolide son assise en Alsace
L’entreprise de BTP,
basée dans le nord
de la région,
a repris il y a quelques mois
un concurrent
du Haut-Rhin.
Bénédicte Weiss
— Correspondante à Strasbourg
C’est une première pour le groupe
de travaux publics et de déconstruc-
tion-dépollution GCM TP,
q u i n’ava i t j a m a i s r é a l i s é d e
croissance externe. Depuis le Bas-
Rhin et son siège de Bouxwiller,
l’entreprise, qui réalisait, avant
rachat, 43 millions d’euros de chiffre
d’affaires pour un peu plus de
200 salariés, vient de s’étendre au
En Isère, EDM prend goût à la croissance externe
Le groupe spécialisé
dans la transformation
du métal a acquis
l’an dernier son homologue
Dep Industrie. Il prévoit
déjà d’autres rachats.
Florian Espalieu
— Correspondant à Grenoble
La croissance externe comme force
de propulsion. En juin 2022, le
groupe industriel EDM de Saint-
Jean-de-Moirans, en Isère, a fait
main basse sur un de ses princi-
paux concurrents, Dep Industrie,
situé dans le même département.
En rachetant cette entreprise de
5,7 millions d’euros de chiffre
d’affaires et 25 salariés, le groupe
EDM a réalisé un peu moins de
20 millions d’euros de chiffre
d’affaires consolidé en 2022 et
compte désormais 130 personnes.
L’élan des fonds d’investissement vers les Hauts-de-France
La région a enregistré
en 2022 une belle
dynamique
des transmissions
de PME, avec une hausse
de 10 % des transactions.
Olivier Ducuing
— Correspondant à Lille
Quoi de commun entre Thermie
France Lowcalbat à Marquion, les
Chicorées Leroux à Orchies, ou
encore Carlier Plastiques à Calonne-
Ricouart ? Ces belles PME des
Hauts-de-France ont changé de
mains ces derniers mois, et pas tou-
jours pour cause de retraite du
cédant. Une étude menée en
février 2023 par la CCI Hauts-de-
France chiffrait à 37.600 le nombre
d’entreprises de la région concer-
nées par un projet de transmission
dans les cinq ans, totalisant environ
136.000 emplois. Et si les deux tiers
de ces projets relèvent encore d’une
perspective de départ en retraite, de
nouvelles motivations montent en
puissance, comme les projets per-
sonnels (9 %), les changements pro-
fessionnels, voire… le souhait de ne
plus être chef d’entreprise (8 %),
devant la multiplication des crises.
A noter : seulement 17 % des diri-
geants nordistes souhaitent
aujourd’hui pouvoir opérer une
transmission familiale. « On voit de
plus en plus de fonds entrepreneu-
riaux qui interviennent, par exemple
pour consolider un secteur. C’est le cas
de Thermie France, racheté par un
acteur de l’Hérault, ou d’Eoden Isola-
sud de la région, dans le Haut-Rhin,
en reprenant l’un de ses concurrents
dans le secteur, TP Schneider (TPS).
La transaction a été conclue le
1er décembre 2022 après plus de
neuf mois de discussions et d’audit.
Elle permet de passer un « plafond
de verre local », selon Olivier Klein,
président d’une holding associée de
GCM, Financière OK. Le « terrain de
jeu » géographique était à son sens
devenu trop étroit pour se dévelop-
per après une « période dorée » qu’il
avait connu sur le marché local.
Les dirigeants de GCM TP cher-
chaient une occasion de déploie-
ment dans le département voisin
lorsqu’ils ont eu vent des volontés
de vente de TPS. Cette entreprise du
BTP située à Wittenheim, près de
Les deux acteurs sont spécialisés
dans la transformation de métal à
plat : « Nos produits sont obtenus par
découpage mécanique, en poinçon-
nant une pièce selon le même principe
que les perforatrices d’écoliers qui
font des confettis », illustre Eric Mar-
ciano, président du groupe EDM.
Les pièces produites en petites ou
moyennes séries – de quelques
dizaines à quelques centaines de
milliers – sont destinées à des mar-
chés divers tels que le luxe, l’énergie,
le médical ou l’automobile.
Une nouvelle usine en 2025
Pour EDM, il s’agissait de croître
pour ne plus trop dépendre de son
plus gros client, acteur majeur du
luxe, qui s’apprête à passer une
grosse commande. « Ce client repré-
sente déjà 15 % de notre activité et
n’acceptera pas de représenter plus
de 50 % », précise le dirigeant. EDM
Les chicorées Leroux ont été rachetées en 2022. Photo Philippe Huguen/AFP
tion, qui a aussi acquis une entreprise
en Bretagne, afin de structurer une
offre nationale », témoigne Paul
Damestoy, président d’IRD M&A
(ex-Nord Transmission), acteur his-
torique des cessions dans la région.
En 2022, la structure a accompagné
une douzaine d’entreprises, totali-
sant 500 salariés et 40 millions
d’euros de chiffre d’affaires.
17 % d’acquéreurs
étrangers
Les opérations concernant les PME
ne posent guère de difficultés, et
connaissent même une belle dyna-
mique. Les données du cabinet In
Extenso Finance, dans son dernier
panorama sur les transmissions en
régions, notent une poussée de 10 %
des transactions dans les Hauts-de-
France en 2022 (74 opérations au
total), spécialement pour les valori-
sations à plus de 5 millions d’euros
(+50 %). Un nombre croissant
d’opérations se réalisent avec des
Mulhouse, réalise quelque 10 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires
pour 45 salariés. Soit l’exacte cible
de GCM TP, qui cherchait une
entreprise de son secteur réalisant
entre 5 et 10 millions d’euros de ven-
tes dans le sud du Haut-Rhin, entre
Saint-Louis et Mulhouse.
Travaux routiers
L’objectif est de déployer ailleurs en
Alsace ses engins dédiés aux tra-
vaux routiers tout en apportant de
l’activité à ses autres sociétés
d’exploitation (chargées de travaux
de démolition, de désamiantage, de
dépollution et de recyclage de maté-
riaux). Tout en conservant les effec-
tifs, Olivier Klein a aussi recruté plu-
sieurs personnes, dont un
doit donc grossir en taille pour aller
chercher de nouveaux marchés, ce
que lui permet le rapprochement
avec Dep Industrie. Le rachat a per-
mis d’étoffer son portefeuille de
clients, qui compte 200 partenaires
commerciaux.
Il s’agissait de ne plus
trop dépendre de
son plus gros client,
acteur majeur du luxe.
L’acquisition, dont le montant
s’é l è ve à « q u e l q u e s m i l l i o n s
d’euros », selon le dirigeant, a été
réalisée grâce à un LBO – « levera-
ged buy-out » ou achat à effet de
levier – permettant aussi de restruc-
turer le capital de la holding. Tandis
qu’Eric Marciano reste l’action-
naire majoritaire, cinq cadres du
fonds d’investissement, mais aussi
avec des acquéreurs étrangers.
Ces derniers ont représenté 17 %
des rachats en 2022, contre 10 %
en 2021. « C’est un signe d’attractivité
de la région pour les investisseurs
étrangers représentant souvent des
opérations importantes en volume »,
analyse In Extenso. Des acquisi-
tions qui se produisent parfois à la
barre du tribunal de commerce,
comme pour les meubles Demeyère
(à Pérenchies), rachetés l’an dernier
par le marocain Safari.
Mais pour les plus petites opéra-
tions, c’est une autre paire de man-
ches. « Pour les entreprises qui se
valorisent à partir de 1 ou 1,5 million
d’euros, on trouve des professionnels,
payés à la commission, pour accom-
pagner les chefs d’entreprise ; mais en
dessous d’un certain niveau, on ne
trouve pas », pointe Philippe Hour-
dain, président de la CCI régionale.
Le réseau consulaire s’est donc lancé
sur cette thématique en créant un
ingénieur, pour renforcer le bureau
d’études de TPS. Le montant de la
transaction n’a pas été communi-
qué. L’achat a été porté par les deux
associés de GCM : pour moitié par
le fondateur et PDG du groupe,
Georges Metzger, et pour moitié par
Olivier Klein, à travers Financière
OK. Pour appuyer l’opération, un
emprunt bancaire a été réalisé, à un
taux d’intérêt de 3 %. La hausse des
taux n’a pas été un obstacle pour
Olivier Klein. « C’était une opportu-
nité pour nous de nous implanter
dans le Haut-Rhin. Or une opportu-
nité, on la saisit ou on ne la saisit
pas. » Il observe toutefois une frilo-
sité croissante des banques sur ce
type d’opération, qui demandent de
plus en plus de garanties. n
groupe sont rentrés au capital aux
côtés d’actionnaires historiques.
Le groupe a pour ambition de
passer de 20 millions de chiffre
d’affaires à 50 à 60 millions en 2026.
Il compte sur la croissance organi-
que pour lui apporter 20 millions,
grâce à la construction d’une nou-
velle usine prévue pour début 2025.
Pour le reste, il table sur la pour-
suite des opérations de croissance
externe. Une prochaine acquisi-
tion, une entreprise pesant 3 mil-
lions d’euros, pourrait intervenir
d’ici à la fin de l’année.
« C’est une structure avec laquelle
nous travaillons déjà et avec qui nous
avons entamé les discussions. » La
stratégie restant la même : « Une
intégration verticale n’aurait pas de
sens. Nous voulons rester dans le
métal, avec des métiers similaires ou
des technologies complémentaires de
la nôtre », résume Eric Marciano. n
« On voit de plus
en plus de fonds
entrepreneuriaux
qui interviennent,
par exemple
pour consolider
un secteur. »
PAUL DAMESTOY
Président d’IRD M&A
hub de la transmission, associant les
autres acteurs concernés, depuis
l’ordre des experts-comptables jus-
qu’au fonds régional de garantie en
passant par la Banque de France et
la chambre des métiers.
Un salon sur le sujet, Transfair, a
eu lieu en décembre 2022 à Lille et
sera renouvelé courant novembre,
avec des déclinaisons locales. « Il
faut vulgariser la transmission car
on n’est pas dans la culture anglo-
saxonne où c’est un simple acte de
gestion, encore moins dans le Nord
où parler de transmission est mal
perçu », estime Marc Krzemia-
nowski, vice-président de la CCI
chargé de la transmission-reprise.
Les volumes concernés commen-
cent à devenir très significatifs puis-
que l’an dernier, le réseau consu-
laire des Hauts-de-France a ac-
compagné en direct près de
650 cédants et enregistré pas moins
de 3.000 demandes de la part de
repreneurs potentiels. n
L’utilisation de spectres lumineux sur mesure permet,
par exemple, de raccourcir la production de fraises
de deux semaines. Photo Olivier Roux/RED Horticulture
RED Horticulture
ouvre un centre
de recherche
en photobiologie
/ INNOVATEURS
Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes
Chez RED Horticulture, on par-
le de « recettes lumineuses », de
« stratégies lumineuses » et de
« bonne lumière au bon mo-
ment ». Cette société, fondée à
Lyon en 2018, vient d’implanter
à Saint-Herblain, près de Nantes
e n L o i r e -At l a n t i q u e , s o n
« Parc », acronyme de Photobio-
logy & Agronomic Research
Center, qu’elle présente comme
« le premier centre de recherche
en photobiologie au monde ».
Si la température, l’humidité,
le CO2 et la fertilisation étaient
déjà maîtrisés sous serre, « ce
n’était pas le cas de la lumière, on
éteignait ou on allumait », résu-
me Louis Golaz, directeur géné-
ral et cofondateur de la société
avec Yassin El Qomri, président
et directeur technique.
Logiciel paramétrable
Ces deux ingénieurs se sont
donc intéressés à des solutions
LED permettant d’utiliser des
spectres lumineux sur mesure,
adaptés à chaque variété végéta-
le et stade de développement des
plantes ainsi qu’aux variations
des prix de l’énergie. L’entreprise
propose un système de cap-
teurs, une gamme de luminaires
« RED T » et un logiciel paramé-
trable pour piloter l’intensité, la
couleur ou la temporalité (pho-
topériode).
Ces paramètres influent sur la
productivité et la qualité des
plantes. On peut ainsi, par exem-
ple, « raccourcir la production de
fraises de deux semaines », illus-
tre Louis Golaz. « On peut jouer
aussi sur l’architecture de plantes
plus ou moins trapues, avec des
fleurs plus ou moins grandes. »
Réguler la lumière a également
un impact sur les pathogènes et
insectes ravageurs. L’intensité
lumineuse doit aussi tenir
compte du personnel travaillant
dans les serres.
Ces problématiques seront au
cœur des travaux de recherche
dans le centre de Saint-Herblain
qui comprend quatre environ-
nements de cultures intérieures,
PME & REGIONS
sur fil haut et étages verticaux, et
200 m2 d’expérimentation en ul-
traprécision. Le Parc se concen-
tre sur les salades, les jeunes
plants, les poivrons, les concom-
b r e s e t l e s t o m a t e s . L’é -
quipement, dont l’investisse-
m e n t n’e s t p a s d i v u l g u é ,
montera en puissance en 2027
avec la construction en deux
phases d’un phytotron, une en-
ceinte de laboratoire composée
de 12 chambres de cultures pour
atteindre 2.500 m2 d’expérimen-
tation.
S’y ajouteront 1.500 m2 de ser-
res professionnelles reliées aux
chambres de culture. Au-delà de
la R&D, le centre assure des ses-
sions de formation et l’accompa-
gnement des professionnels.
Son implantation à Nantes per-
met à l’entreprise de se rappro-
cher du grand bassin maraîcher
des bords de Loire et des zones
de production en Vendée et en
Bretagne.
RED Horticulture revendi-
que parmi ses clients « les plus
grands producteurs de jeunes
plants, de culture sur fil haut, de
jeunes pousses et de plantes médi-
cinales français et néerlandais ».
L’entreprise, qui possède un la-
boratoire spécialisé dans le can-
nabis thérapeutique à Genève
ainsi qu’une filiale aux Pays-Bas,
a réalisé un chiffre d’affaires de
5,6 millions d’euros en 2022.
Forte de 30 salariés, elle recher-
che 18 autres collaborateurs
alors qu’une levée de fonds est
en cours de finalisation. n
Il a dit
« On peut jouer
sur l’architecture
de plantes
plus ou moins
trapues. »
LOUIS GOLAZ Directeur
général et cofondateur
de RED Horticulture
Photo RED Horticulture

START-UP
Objectif Lune pour les jeunes pousses
l Lancé par le CNES, TechTheMoon est le seul incubateur européen consacré aux start-up de la Lune.
l Plongée dans ses coulisses à Toulouse.
SPACETECH
Audrey Guettier
Une Française sur la Lune ? En dé-
cembre 2025, quatre astronautes
s’installeront pour six jours sur la
Lune. Et Paris espère bien que son
astronaute Sophie Adenot sera de la
mission.
« La nationalité des astronautes
dépend du nombre d’équipements
fournis à la Station spatiale interna-
tionale [ISS] », détaille Alexis Paillet,
chef de projet Spaceship, le réseau
européen consacré à l’exploration
spatiale au Centre national d’études
spatiales (CNES). Plus cette contri-
bution est forte, plus Sophie Adenot
aura de chance d’être sélectionnée.
« Nos technologies doivent prouver
leur utilité pour être présentes d’office
dans la Lunar Gateway [la future sta-
tion en orbite autour de la Lune] »,
confirme Alexis Paillet. L’objectif est
de faire émerger des innovations
françaises indispensables à l’explo-
ration spatiale. Un enjeu important,
car derrière l’expédition de la Lune
se profile le vrai but géostratégique :
la conquête de Mars.
Incubateur lunaire
Le CNES a donc créé l’incubateur
TechTheMoon à Toulouse en 2021,
le seul en Europe consacré aux
start-up de la Lune. A son arrivée,
L’Oréal invente
le futur de la beauté
à VivaTech
Sanda Mosanu,
Global Head of
Digital Open Innovation
chez L’Oréal
Quel est le rôle de l’équipe
Web3 créée par L’Oréal ?
Sanda Mosanu — Métavers
et Web3 constituent la pro-
chaine itération de l’Internet,
offrant un nouveau territoire
et de nouveaux usages. Pour
L’Oréal, le futur de la beauté
sera à la fois Online, Offline
et On Chain. Le rôle de notre
équipe est de réfléchir aux
enjeux du Web3 pour la beauté,
nos marques, nos collabo-
rateurs et nos consomma-
teurs dans tous les pays où
le Groupe est présent. Nous
privilégions une approche
test and learn et venons de
lancer, avec Meta, un pro-
gramme d 'accélération de
startups dédié à la créativité
dans le métavers. Nous avons
aussi investi dans la startup
Digital Village via notre fonds
Thomas Fouquet, directeur du
NewSpace au CNES et à l’origine de
TechTheMoon, a compris qu’« il fal-
lait anticiper et préparer un écosystè-
me pour être compétitif ». Car la
concurrence est rude. Aux Etats-
Unis, « la Nasa s’associe avec des en-
treprises privées qui travaillent sur
l’exploration lunaire », révèle-t-il.
L’agence américaine a sponsorisé
l’entreprise Astrobotic pour déve-
lopper la logistique lunaire.
A bord de l’incubateur Tech -
TheMoon, les start-up bénéficient
pendant douze mois des compéten-
ces du CNES et d’une enveloppe de
50.000 euros accordée par Nubbo,
l’incubateur deeptech toulousain
financé par la région Occitanie. Dix
start-up ont déjà été recrutées, dix
autres rejoindront le programme
d’ici à la fin de l’année.
« SpaceX à la française »
« Nous fournissons des espaces dédiés
pour des essais aux conditions analo-
gues à celles de la Lune et de Mars »,
détaille Thomas Fouquet. Les jeu-
nes pousses peuvent ainsi « spatiali-
ser » leurs produits ou services, et te-
nir compte des paramètres propres
au déplacement spatial.
L’habitat gonflable de Spartan
Space, le vaisseau spatial de The Ex-
ploration Company, l’expertise en
radiofréquence d’Anyfields, en ima-
gerie pour Lumetis, ou les superlé-
gumes de la jeune pousse Orius…
3 questions à…
BOLD afin de proposer des
technologies nouvelles pour
la création d'identités et
d'actifs numériques dans les
mondes virtuels.
Les NFT ont donc toute leur
place dans cette approche…
S.M. — Bien sûr. Nous avons
lancé trois collections, dont
l e s G o l d e n B l o ck s d e YS L
B e a u t é l o r s d e V i v aTe c h
2022 : 10 0 0 0 NF T of frant
des interactions uniques
avec la marque. Avec NY X ,
nous avons lancé une DAO
(Decentralised Autonomous
Organisation) permettant à
des artistes de make-up 3D
de développer leurs créations
ACCÉLÉRONS L'INNOVATION
Les entreprises leaders dans leur secteur partagent leur
expérience sur leur transformation grâce à la tech.
Un des modèles d’habitat gonflable de Spartan Space, prêt à s’installer sur la Lune. Photo Nisheet Singh
L’incubateur est prêt à décoller. Alexis Paillet. Cofondée en juin 2021
Dans la première promotion, The par Hélène Huby, la start-up a
Exploration Company est qualifiée conçu un vaisseau spatial pour
de « SpaceX à la française » par transporter des équipements sur la
COMMUNIQUÉ NEWSLETTER
START-UP
Levée de fonds, décryptages,
chiffres clés… Pour ne rien rater
de l’actualité de la French Tech
et des start-up, abonnez-vous
à notre newsletter
(du lundi au vendredi).
Trois françaises qui visent notre satellite
s u r u n e p l ate fo r m e We b 3
1 ANYFIELDS,
dédiée. Enfin, pour les 30 ans
du parfum Angel, nous sorti-
LA RAYONNANTE
rons avec Mugler des objets Fondée en 2021 par Nicolas Capet,
numériques inédit s signés Stéphane Gemble et Daniel Prost,
de l ’ar tiste digital 3D Marc Anyfields photographie le rayonne-
ment des antennes pour identifier
Tudisco. Coïncidence amu-
les problèmes de performance des
sante : Angel a été créé en
ondes grâce à une connexion sans
1 9 92 , a n n é e d e n a is s a n ce fil. La différence avec ses concur-
du mot « métavers », avec rents : la rapidité.
un slogan visionnaire : « The En temps normal, il faut une
real world in not enough ». journée entière pour analyser une
antenne ; elle le fera en une dizaine
Les expériences virtuelles de secondes. « Nous pouvons établir
sur le stand L’Oréal ont créé un diagnostic immédiat et donner la
l ’é v é n e m e n t à V i v aTe c h raison des dysfonctionnements », es-
time Stéphane Gemble, directeur
2022. Et cette année ?
général d’Anyfields. Un gain écono-
S . M . — Nous prop oserons
mique et de temps pour les cher-
d e n o u ve l l e s e x p é r i e n ce s cheurs du CNES, de l’Onera dont fait
autour du Web3 et du méta- partie Daniel Prost, mais aussi des
vers, permet tant à chacun industriels du secteur comme Tha-
d’appréhender les nouveaux lès. Car le boîtier d’Anyfields peut
codes de la beauté et de se étudier le rayonnement d’une an-
les approprier. La beauté, au tenne dans l’espace et sur la Lune
sens large, est intimement pour résoudre un dysfonctionne-
liée à l ’expression de soi : ment sans devoir repasser par la
case « chambre noire » sur Terre.
elle est sociale et commu-
« Nous nous plaçons en fournis-
n a ut a ire p a r e s se n ce , e lle
seur d’outils auprès des laboratoires
est riche de toutes les créa- ou des universités par exemple », ex-
tions possibles. Le Web3, les pose-t-il. En étudiant les radiofré-
NFT et le métavers offrent de quences des antennes, la jeune
*dans la technologie, nous avons confiance
nouveaux canaux favorisant pousse, qui a généré un chiffre d’af-
cette expression de soi. • faires de 100.000 euros en 2022,
prévoit des applications pour les
antennes 5G, les radars, les sonars
des sous-marins, voire les voitures
connectées.
« Nous aimerions livrer une pre-
mière présérie de cinq à dix boîtiers
pour faire mûrir la technologie, avant
une commercialisation d’ici à un
an », précise Stéphane Gemble. n
Mardi 9 mai 2023 Les Echos
station orbitale en 2026. Ancienne
directrice du programme de la cap-
sule Orion chez Airbus Defence and
Space, l’entrepreneuse a bouclé une
levée de fonds de 40,5 millions
d’euros en janvier 2023.
« Notre objectif est d’arriver à une
première version de la solution tech-
nique et à un début de structuration
économique », présente Anne-Laure
Charbonnier, la directrice de Nub-
bo. Les cinq start-up ont réussi à se
développer, se financer, recruter et
s’apprêtent à commercialiser leurs
premiers prototypes. « A court ter-
me, les jeunes pousses doivent mon-
trer un retour sur investissement sur
cinq ans pour un produit terrestre et
2 ORIUS,
LA BOTANISTE
« Nous sommes les seuls à ne pas ve-
nir du marché spatial », sourit Paul-
Hector Oliver, cofondateur de la
start-up Orius. A 32 ans, cet ancien
d’Agricool a lancé Orius en septem-
bre 2021 avec Jérôme Velociter et
Pierre Jay, deux anciens collègues.
« Quand un astronaute va manger
une tomate poussée dans notre serre,
il aura le double des apports nutri-
tionnels et pourra être protégé des ra-
diations. Nous devons respecter plu-
sieurs contraintes : produire
n’importe quelle plante avec peu de
place et en grande quantité », relève
Paul-Hector Oliver. Orius a signé un
contrat de R&D avec le CNES pour
la conception d’équipement et de
recettes : « Nous travaillons avec le
chef étoilé Thierry Marx pour com-
poser les menus des astronautes :
fruits rouges pour l’acidité, choux fri-
sés pour une culture rapide… »
L’entreprise prévoit de diversifier
ses activités dans les compléments
alimentaires et les cosmétiques
« pour répondre aux nouveaux be-
soins de l’industrie en plantes ». Elle
a fait entrer le groupe de cosméti-
que Capsum qui détient un peu
moins de 25 % du capital. « Nous
avons ouvert notre capital à des in-
dustriels pour avoir des gens du mé-
tier dans la structuration de notre
projet », confie Paul-Hector Oliver.
Avec 600.000 euros de chiffre
d’affaires en 2022, Orius prévoit
1,5 million d’euros en 2023. Le
26 avril, elle a inauguré une premiè-
re ferme à Austin aux Etats-Unis
consacrée à l’industrie cosmé -
tique. n
30
dix à quinze ans pour un bien ou ser-
vice lunaire », affirme Thomas Fou-
quet. Car le business de la Lune n’est
pas rentable à court terme.
La start-up Lumetis l’a bien com-
pris. Elle a développé une technolo-
gie capable d’analyser à distance
l’état de l’optique et des miroirs d’un
satellite. Mais la start-up vise les
musées d’ici à l’année prochaine.
Elle propose d’établir le passeport
numérique d’une œuvre d’art afin
de s’assurer de son bon état et de son
évolution imperceptible à l’œil nu.
Mais est-ce que tout ceci sera suffi-
sant pour réussir le défi de Tech-
TheMoon ?
10 start-up par an
Pour décrocher la Lune, la France,
l’Italie et l’Allemagne ont choisi d’in-
vestir massivement dans les tech-
nologies spatiales. Chacune de ces
puissances a versé plus de trois mil-
liards d’euros au budget de l’agence
spatiale européenne (ESA) en no-
vembre 2022. En France, le gouver-
nement a consacré un tiers de ses
investissements en 2022 à la recher-
che spatiale pour maîtriser l’accès à
l’espace grâce à des lanceurs de fu-
sées. Fort d’un budget de 665 mil-
lions d’euros, c’est le premier poste
de dépense de l’État en matière d’es-
pace, loin devant le budget dédié à
l’exploration lunaire. Une aberra-
tion pour Peter Weiss, fondateur de
Spartan Space qui s’inquiète d’un
manque d’investissement dans l’ex-
ploration lunaire.
Pour le prochain recrutement,
Thomas Fouquet table « sur une
promotion de dix start-up par an
avec des candidatures provenant de
toute la France et non plus unique-
ment de l’Occitanie ». D’ici à 2026,
une cinquantaine de start-up tra-
vailleront sur un produit ou un ser-
vice lunaire. Le fondateur de l’incu-
bateur invite les jeunes pousses à
venir décrocher la Lune avec
TechTheMoon. n
3 SPARTAN SPACE,
LA MODULABLE
Pour réaliser des recherches, les as-
tronautes devront se déplacer sur la
Lune. C’est le projet un peu fou de
Spartan Space, désormais installé à
Marseille. Peter Weiss, un passion-
né de l’espace, a fondé sa start-up en
janvier 2021. Il a mis au point des ha-
bitats gonflables résistant à des
conditions extrêmes sur Terre com-
me sur la Lune. « Une fois arrivés sur
la Lune, les astronautes vont avoir
besoin d’un second camp de refuge.
Nous intervenons et nous gonflons
alors notre Eurohab », explique l’in-
génieur en robotique, passé par
l’agence spatiale allemande.
Pour construire ses habitats de
sept mètres de hauteur, Peter Weiss
a fait appel à des pointures comme
les spationautes Jean-François
Clervoy et Jean-Jacques Favier, ou
encore l’architecte-océanographe
Jacques Rougerie.
La start-up travaille également
sur l’ergonomie et le design inté-
rieur de l’I-Hab. Cet habitat ac-
cueillera les astronautes au début
dans la Lunar Gateway, codirigé
avec l’industriel français Thalès.
« Nous sommes la seule start-up sur
le projet », assure Peter Weiss. « A
l’époque, tout le monde a rigolé.
Maintenant, j’arrive à payer une
équipe de dix personnes pour cons-
truire des habitats sur la Lune », affi-
che fièrement le fondateur de Spar-
tan Space.
L’entreprise a généré un chiffre
d’affaires de 230.000 euros pour la
première année, mais a déjà prévu
de le multiplier par plus de quatre
avant la fin de l’année. — A. Gu.
31 Les Echos Mardi 9 mai 2023

FINANCE&MARCHES

Les chiffres fous de la dette mondiale

des Etats
indication sur la soutenabilité de
DETTE l’endettement a légèrement dimi-
nué, passant de 79 % en 2021 à 78 %
La dette des Etats a l’an dernier. « Cela s’explique par le
progressé de 7,6 % fait que l’économie mondiale a pro-
dans le monde en 2022 gressé plus rapidement que les
pour atteindre emprunts, en hausse de 9,0 % (y com-
66.200 milliards de pris l’inflation) », notent les auteurs
dollars. de l’étude.
Le poids de la dette va continuer à
s’alourdir. Il devrait atteindre
Une record historique, 77.200 milliards de dollars en 2025,
selon la société de d’après leurs estimations.
gestion Janus Hender-
son qui a passé au
crible l’endettement
•QUIDESFLAMBENT
CHARGES D’INTÉRÊT

des 37 plus gros Conséquence directe de l’augmenta-

emprunteurs publics.
Guillaume Benoit
Avis de gros temps pour les contri-
buables. Le montant de la dette des
Etats dans le monde a battu un nou-
veau record l’an dernier, alors même
que leurs coûts d’emprunt sont
repartis brutalement à la hausse. En
cause, principalement, la lutte des
banques centrales contre l’inflation,
qui les a poussées à mettre fin à leurs
mesures de soutien à l’économie et à
relever leurs taux directeurs à un
rythme quasiment inédit.
La violence de ce resserrement
monétaire a bousculé le marché
obligataire en fin d’année dernière.
Si depuis, le calme est en partie
revenu, la tendance ne s’est pas
inversée. Après une quasi-décennie
d’argent facile, les Etats vont devoir
s’habituer à payer leur dette plus
cher, avertit la société de gestion
Janus Henderson. Cette dernière
publie ce mardi son étude annuelle
sur la dette souveraine dans le
monde, qui porte sur les 37 plus gros
pays emprunteurs, représentant à
eux tous 88 % du produit intérieur
brut (PIB) mondial, et les deux tiers
de la population. Tour d’horizon des
chiffres les plus marquants de la
dette mondiale.
•DEUNLADOUBLEMENT
DETTE PUBLIQUE
MONDIALE EN ONZE ANS
Le chiffre est vertigineux. La dette
publique mondiale a progressé de
près de 8 % l’an dernier – à taux de
change constants – pour atteindre le
montant record de 66.200 milliards
de dollars. Un chiffre qui a doublé
par rapport à 2011. Rapporté à la
population des pays emprunteurs,
chaque citoyen porte désormais sur
ses épaules une dette de 13.525 dol-
lars. Ce chiffre a crû en grande partie
à cause des plans de soutien à l’éco-
nomie pendant la crise du Covid. Il
enregistre une hausse de 3.264 dol-
lars par rapport à la période pré-
pandémie.
Elément rassurant néanmoins, le
ratio dette sur PIB qui donne une
tion de la dette et de la hausse des
taux, les charges d’intérêts se sont
envolées de plus de 20 % l’an dernier.
« Il s’agit de l’augmentation la plus
rapide depuis 1984 », notent les ana-
lystes de Janus Henderson.
Pourtant, le renchérissement des
coûts d’emprunt ne concerne que la
dette nouvellement émise. Mais ses
effets se font déjà ressentir. « Le taux
d’intérêt effectif, qui inclut les
emprunts plus anciens et moins
chers, est passé à 2,2 % en 2022, soit
une hausse de près de 15 % par rap-
port à l’année précédente », calculent
les auteurs.
Ils estiment que ce mouvement –
qui va se poursuivre au fur et à
mesure des nouveaux emprunts et
des refinancements de la dette arri-
vée à échéance – devrait porter le
taux effectif moyen de la dette publi-
que mondiale à 3,8 % en 2025. Le
coût des intérêts atteindra alors
2.800 milliards de dollars, soit 2,8 %
du PIB mondial attendu. C’est le dou-
ble de la moyenne des dix dernières
années.
•MARQUÉ
UN DÉSENGAGEMENT
DES BANQUES
CENTRALES
C’est un revirement significatif. Les
banques centrales comptent parmi
les acheteurs les plus significatifs
d’obligations d’Etat. A tel point que,
par exemple, la BCE est devenue le
premier créancier des pays de la
zone euro à la faveur de ses diffé-
ont mis fin à leurs assouplissements
quantitatifs.
marché. « Ses avoirs sont
aujourd’hui inférieurs de 5 % à leur
l’équivalent d’un tiers du budget de la
Sécurité sociale du pays », souligne
La facture est également salée pour
Paris. Selon les calculs de Janus
rents programmes d’achats pour Résultat, à la fin 2022, les banques niveau le plus élevé », calculent les Janus Henderson. Une situation qui Henderson, la hausse des taux a
lutter contre la déflation puis centrales affichaient à leur bilan auteurs de l’étude. s’ex p l i q u e p a r l e f a i t q u e l e s entraîné une augmentation de 43 %
soutenir l’économie face au Covid. 14.000 milliards de dollars de dette obligations américaines affichent des paiements d’intérêts sur la dette
Mais pour tenter de faire retomber
l’inflation, les instituts monétaires
publique. Soit 26 % du volume
d’obligations souveraines en circu-
•LARGEMENT
LES ÉTATS-UNIS
EN TÊTE DES
une maturité moyenne très courte.
« La moitié de la dette américaine
de la France. Le rendement des obli-
gations françaises à 10 ans est passé
lation, contre 29 % fin 2021. Et ce EMPRUNTEURS MONDIAUX doit être refinancée d’ici à de 0,25 % début 2022 à 3,11 % fin
avant même que la Banque centrale L’an dernier, le Trésor américain a octobre 2025, soit bien avant la plu- décembre. Il évolue actuellement
européenne ne commence à dégon- emprunté, à lui seul, plus que part de ses homologues, souligne autour de 2,8 %. Bercy estime pour
« La moitié de fler son bilan de 15 milliards d’euros l’ensemble des autres pays du l’étude. Cela signifie que des quantités sa part que la charge de la dette pro-
la dette française par mois depuis fin mars 2023, un monde. Et ce alors que les Etats-Unis importantes sont rapidement refi- gressera de 66 % d’ici à 2027.
ne devra être niveau de réduction qui va au moins ne représentent que 40 % du PIB nancées à des taux plus élevés. » Les Consolation, ce renchérisse-
doubler à compter de juillet pro- mondial, analyse Janus Hender- intérêts de la dette américaine ment sera toutefois plus progressif
refinancée chain. C’est la Banque d’Angleterre son. La dette publique des Etats- devraient donc quasiment doubler que celui de certains de ses voisins.
qu’après qui s’est montrée la plus agressive, Unis est passée à 24.800 milliards de cette année, pour atteindre 780 mil- « La moitié de la dette française ne
juillet 2028. » puisqu’elle ne s’est pas contentée dollars en 2022, soit une hausse de liards de dollars. devra être refinancée qu’après
d’attendre que certaines obligations 11,5 %. juillet 2028, soit un an après celle de
JANUS HENDERSON
Société de gestion arrivent à échéance sans réinvestir
les montants issus des rembourse-
Surtout, « les paiements d’intérêts
ont atteint le montant record de
•SIGNIFICATIF
UN RENCHÉRISSEMENT
DU SERVICE
l’Allemagne et plus de deux ans après
celle de l’Italie », pointent les auteurs
ments. Elle en a aussi cédé sur le 404,1 milliards de dollars, soit DE LA DETTE FRANÇAISE de l’étude. n

S&P réintègre les actions à droit de vote multiple dans ses indices
composition de ses grands indices
BOURSE boursiers, en y incluant des sociétés
cotées avec des actions à droit de
Cette décision rompt vote multiple ? Pour les gérants
avec une politique d’actifs américains ou britanni-
mise en place en 2017, ques, attachés au sacro-saint prin-
après le scandale lié cipe « une action, un vote », ce chan-
à l’entrée en Bourse gement est une hérésie.
de Snap. Des fonds de L’association des investisseurs
institutionnels américains, le CII
pension et des gérants
d’actifs demandent
des explications.
(Council of Institutional Investors)
qui gère collectivement 1.000 mil-
liards de dollars d’actifs et affiche
son opposition aux actions à droit
Laurence Boisseau de vote multiple, s’est ainsi déclarée
déçue par la décision de S&P Dow
Les investisseurs veulent des expli- Jones Indices. Selon le « Financial
cations. Pourquoi S&P Global a-t-il Times », elle estime que ces structu-
subitement décidé de modifier la res capitalistiques augmentent le
risque pour les investisseurs à long
terme en renforçant le pouvoir des
dirigeants et en limitant la diffusion
des informations.
En 2017, le fournisseur d’indices
américain avait interdit aux nouvel-
les sociétés cotées dotées d’actions
avec des droits de vote multiple
d’entrer dans ses indices les plus
populaires (S&P 1500, S&P 500,
S&P MidCap 400 et S&P SmallCap
600). Cette restriction, qui ne
s’appliquait pas aux actions figu-
rant déjà dans les indices, était
intervenue juste après le tollé pro-
voqué par l’introduction en Bourse
de Snap. Le propriétaire de l’appli-
cation Snapchat avait fait ses pre-
miers pas sur les marchés en émet-
tant – uniquement pour le public –
des actions sans droit de vote. Une
première.
Machine arrière
Mais il y a trois semaines, S&P Dow
Jones Indices a fait machine
arrière. Pour se justifier, il a indiqué
revoir périodiquement ses métho-
dologies indicielles et ses critères
d’éligibilité pour « s’assurer que ses
indices restent d’actualité et soient
pertinents à mesure que les marchés
et le sentiment des investisseurs évo-
luent ». Restreindre l’accès aux indi-
ces S&P des sociétés ayant des
structures à classes d’actions multi-
ples « ne sert plus l’objectif de la
famille d’indices » visant à mesurer
le marché américain, a déclaré
l’entreprise. « Les sociétés à classes
d’actions multiples font partie du
total de l’univers investissable et
devraient être éligibles », précise le
communiqué.
La décision de S&P Dow Jones
Indices est capitale pour de nom-
breuses sociétés technologiques ou
financières avec une structure du
capital répartie entre des actions à
droit de vote multiple. Elles vont
pouvoir désormais figurer dans ces
indices.
Aujourd’hui, selon une analyse
de la banque d’investissement
Keefe, Bruyette & Woods, 102 entre-
prises dont 19 sociétés financières
pourraient intégrer le S&P 1500,
comme les sociétés de capital inves-
tissement Blackstone et Ares. Cette
mesure met aussi S&P Dow Jones
Indices en phase avec les autres
grands fournisseurs d’indices que
sont MSCI et FTSE Russell, qui pra-
tiquent déjà cette politique. n
102
ENTREPRISES
pourraient intégrer le S&P 1500
du fait de cette nouvelle
politique, selon une analyse
de la banque d’investissement
Keefe, Bruyette & Woods.
FINANCE & MARCHES Mardi 9 mai 2023 Les Echos 32

Pourquoi la crise
bancaire s’éternise
aux Etats-Unis
l Après la disparition de quatre banques régionales
en deux mois, nul ne sait si d’autres dominos vont tomber.
l PacWest et d’autres acteurs du secteur se sont redressés
en Bourse vendredi et en début de séance lundi, après une
semaine dans la tourmente.
BANQUE
Solveig Godeluck
et Véronique Le Billon
— Bureau de New York
•REPUBLIC
POURQUOI FIRST
N’A PAS PU ÊTRE
SAUVÉE ?
Aux petites heures du matin lundi
1er mai, après un week-end de négo-
ciations, le régulateur américain
chargé d’assurer les dépôts annonce
la fermeture de la First Republic
Bank, et le rachat de ses actifs, dans
la foulée, par le numéro un du sec-
teur JP Morgan. Après la chute de
Silvergate, SVB et Signature en mars,
et alors que l’inquiétude au sujet de
la crise bancaire était retombée
depuis plusieurs semaines, une qua-
trième enseigne succombe. Pour
First Republic, une banque califor-
nienne qui fournit des prêts avanta-
geux à une riche clientèle, le coup de
grâce a été donné par l’annonce, lors
des résultats trimestriels, d’une fuite
de ses déposants plus massive
qu’anticipée. Par réaction, les dépo-
sants ont retiré dix milliards supplé-
mentaires en une semaine, précipi-
tant la fin.
•S’EST-ELLE
POURQUOI LA CONTAGION
ÉTENDUE
À D’AUTRES BANQUES ?
Dur d’être une banque moyenne, et
d’avoir pour clients des start-up et
des investisseurs californiens,
après la faillite spectaculaire de Sili-
c o n Va l l e y B a n k . C e l a va u t à
PacWest d’être suspectée de fai-
blesse en temps de crise bancaire –
avec Western Alliance, First Hori-
zon, etc. Le cours de PacWest, qui
dépassait 26 dollars par action le
8 mars, a d’abord dévissé, à 10 dol-
lars. Il a encore été divisé par deux
quand le sort de First Republic a été
scellé, avant de se reprendre – par-
tiellement – vendredi et en début de
séance lundi. Et pourtant, à bien des
égards, PacWest est une bonne
élève. Les trois quarts des dépôts
sont assurés, plus que la moyenne
nationale, ce qui devrait en théorie
dissuader les clients de s’enfuir. La
banque a aussi indiqué disposer de
liquidités équivalant presque au
double de ses dépôts non-assurés à
la date du 2 mai.
Mais le marché est méfiant. Il a
tiré les leçons du « swipe-crash » de
SVB, lorsqu’un mouvement de
défiance a provoqué une hémorra-
gie instantanée de plus de 40 mil-
liards de dépôts. On a aussi pris
conscience du fait que les banques
avaient potentiellement des pertes
immenses sur leurs portefeuilles
obligataires, à cause de la hausse
des taux d’intérêt. La première qui
flanche et qui a besoin de vendre
des actifs pour avoir du cash va
matérialiser ces pertes, et entraîner
en retour la fuite des clients. Résul-
tat, les spéculateurs sont à l’affût du
prochain domino, et leurs paris à la
baisse deviennent des prophéties
auto réalisatrices.
•CRISE
LA POURSUITE DE LA
MENACE-T-ELLE
LA STABILITÉ FINANCIÈRE ?
Si les banques moyennes et petites
battent de l’aile, elles ne pourront
plus prêter d’argent. Les banques
ayant moins de 250 milliards
d’actifs, et donc en théorie autori-
sées à faire faillite, pèsent 60 % des
prêts immobiliers résidentiels,
80 % des prêts immobiliers profes-
sionnels, selon Goldman Sachs.
Elles fournissent aussi à peu près la
moitié des prêts à la consomma-
tion et à l’investissement non-im-
mobilier.
Certains voient dans cette crise
bancaire une bonne façon de refroi-
dir l’économie américaine en sur-
chauffe. Elle produirait le même
effet qu’une hausse des taux d’inté-
rêt d’un quart de point à un point,
selon certains observateurs. Le pré-
sident de la Fed Jerome Powell ne
s’inquiète d’ailleurs pas outre
mesure de la crise bancaire. Elle ne
l’a pas empêché d’annoncer mer-
credi un dixième tour de vis sur les
taux. La FDIC et les plus grandes
banques ont les reins assez solides
pour garantir largement les dépôts.
Deux risques pointent cepen-
dant à l’horizon. D’abord, le plon-
geon dans l’inconnu que représen-
terait un défaut de paiement
américain si le plafond de la dette
n’était pas relevé à temps en juin.
Ensuite, une surprotection des ban-
ques imprudentes, qui devien-
draient des « zombies » inefficaces
et dispendieux.
•LIÉSQUELS SONT LES RISQUES
À LA CONCENTRATION
BANCAIRE EN COURS ?
Avec 4.700 banques et caisses
d’épargne, le système bancaire
américain n’est pas particulière-
ment concentré. Il compte en
moyenne une banque pour 71.000
habitants et 5 milliards de dollars
d’actifs, contre 82.000 habitants et
7,2 milliards d’actifs dans l’Union
européenne hors Royaume-Uni.
D’un côté, le système bancaire amé-
ricain pourrait se renforcer avec
l’absorption et la restructuration
des établissements les moins soli-
des. C’est une tendance de fond. Il y a
un siècle, les Etats-Unis comptaient
près de 30.000 banques, avec des
réglementations qui les empê-
chaient de grossir, et peu de protec-
tions contre les banqueroutes.
De l’autre côté, si cette concentra-
tion profitait aux groupes « trop
gros pour faire faillite », cela pour-
Le régulateur des dépôts
rait étouffer la concurrence. Pour
racheter First Republic Bank,
JPMorgan a bénéficié d’une déroga-
tion à la règle selon laquelle un prê-
teur détenant 10 % des dépôts du
4.700
BANQUES ET CAISSES
Seules les banques ayant
au moins 10 milliards de
dollars d’actifs, voire plus,
assumeraient la facture de
de Silicon Valley Bank et de Signa-
ture Bank, deux institutions qui ont
fait faillite en mars. Selon Bloom-
berg, son plan consiste à épargner
pays ne peut pas acheter une autre D’ÉPARGNE la protection des clients de les 4.000 prêteurs disposant de
banque de détail. JP Morgan avait se partagent le système SVB et de Signature Bank. moins de 10 milliards de dollars
déjà avalé Washington Mutual, bancaire américain ; le secteur La FDIC propose aussi d’actifs, voire certaines banques de
Bear Stearns, Bank One et Chase n’est pas particulièrement d’étendre de façon ciblée moins de 50 milliards de dollars, en
Manhattan à la faveur de la grande concentré. Il compte la garantie générale des fonction de leur volume de dépôts.
crise financière de 2008. Où s’arrê- en moyenne une banque dépôts. Les autres banques verseraient une
tera-t-elle ? n pour 71.000 habitants. contribution spéciale. Les paie-
Gérer les conséquences de la crise ments pourraient être échelonnés
bancaire de mars, et créer de nou- sur deux ans.

Ces milliers de banques qui pèsent
plus de la moitié des crédits
Le nombre de banques a été
divisé par quatre depuis le
milieu des années 1980 et
une vague de déréglementa-
tion qui a favorisé les
rapprochements. Elles ont
malgré tout un poids
majeur dans le financement
de l’économie réelle.
Le grand public connaissait
JP Morgan et Bank of America, il a
découvert SVB, Signature, First
Republic et maintenant PacWest ou
Western Alliance. Derrière les
grands noms de la banque améri-
caine se cachent une nuée d’établis-
sements souvent régionaux, que
deux mois de crise n’ont pas suffi à
embrasser : les Etats-Unis comp-
taient 4.706 banques fin 2022, selon
la FDIC, le régulateur chargé d’assu-
rer les dépôts.
Les banques de taille moyenne
« jouent un rôle important dans
l’économie américaine », rappe-
laient en mars dans une note
Manuel Abecasis et David Mericle,
économistes à Goldman Sachs.
« Les banques dont les actifs sont
inférieurs à 250 milliards de dollars
représentent environ 50 % des prêts
commerciaux et industriels, 60 %
des prêts immobiliers résidentiels,
80 % des prêts immobiliers commer-
ciaux et 45 % des prêts à la consom-
mation », listaient-ils.
L’histoire bancaire récente est
malgré tout celle d’une consolida-
tion continue : les Etats-Unis comp-
taient plus de 18.000 banques
en 1986, soit quatre fois plus
qu’aujourd’hui. Les années Reagan
et leur cortège de déréglementa-
tions ont favorisé l’éclosion de nou-
velles banques, notamment dans
une Californie en plein essor : SVB
comme First Republic s’y sont
créées au début des années 1980.
Mais l’assouplissement des
règles a aussi incité beaucoup de
petits établissements, jusque-là
souvent enfermés dans les frontiè-
res d’un Etat, à racheter nombre de
leurs semblables. « Dans les
années 1960 et 1970, il est devenu de
plus en plus évident que les banques
commerciales fortement réglemen-
tées perdaient des parts de marché
dans la finance au profit des institu-
tions et des marchés moins régle-
mentés et plus innovants de Wall
Street. Les banques et leurs appuis
politiques ont réagi en appelant à la
déréglementation », expliquait dans
un article Richard Sylla, désormais
professeur émérite d’histoire finan-
cière à New York University.
Des plafonds sur la rémunéra-
tion des dépôts sont abrogés, la
concurrence est favorisée entre les
banques et les caisses d’épargne (les
« Savings & Loans »), et le Congrès
supprime d’anciennes restrictions
sur les opérations bancaires entre
Etats au début des années 1990.
Sous Donald Trump,
la réglementation
des banques de taille
moyenne a été
assouplie.
« Les fusions bancaires, autrefois
suspectes de réduire la concurrence,
ont été de plus en plus autorisées »,
explique Richard Sylla. A cette
déréglementation se sont ajoutés
« les progrès technologiques qui ont
pu accroître les économies d’échelle
dans le secteur bancaire », rappelle
une note du service de recherche du
Congrès.
Sous l’administration Trump, les
parlementaires ont assoupli la
réglementation des banques de
taille moyenne, revenant sur les
mesures de la loi Dodd-Frank prises
après la grande crise financière de
2008. Une loi de 2018 a ainsi relevé à
250 milliards de dollars au lieu de
50 milliards le seuil à partir duquel
les banques sont astreintes aux
règles durcies de liquidité et de capi-
tal. Un assouplissement qui a con-
tribué à relâcher la surveillance des
risques par les régulateurs.
Si les banques régionales sont
encore nombreuses, elles ne sont
que 150 à dépasser 10 milliards de
dollars d’actifs : 3 % des établisse-
ments captent ainsi 86 % des actifs.
Et les deux plus grandes banques JP
Morgan et Bank of America agrè-
gent 31 % des dépôts. La crise née du
défaut de surveillance, de la remon-
tée des taux d’intérêt et d’une ges-
tion défaillante de quelques ban-
ques devrait accélérer encore une
consolidation qui a déjà vu le nom-
bre d’établissements baisser de 17 %
en cinq ans. — V. L. B.
velles règles pour accroître la con-
fiance dans la sécurité des dépôts. La
Federal Deposit Insurance Corpora-
tion (FDIC), le régulateur américain
des dépôts bancaires, a fort à faire. Il
commence tout juste à préciser sa
stratégie. La FDIC devrait annoncer
qui va devoir assumer le coût du
sauvetage des dépôts non garantis
Pourquoi la défiance per
Les discours rassurants
des autorités n’ont pas
convaincu Wall Street,
où la pression reste intense
sur les banques régionales
cotées.
Bastien Bouchaud
C’est un peu comme si les discours
rassurants de la Fed et du Trésor
n’avaient plus aucune prise sur les
marchés. En Bourse, les banques
régionales américaines sont atta-
quées l’une après l’autre. Les faillites
s’enchaînent et la stabilisation tant
espérée se fait attendre. La dernière
cible des marchés, la banque califor-
nienne Pacific Western, s’est effon-
drée de plus de 50 % sur la seule
séance de jeudi, une chute deux fois
plus importante que sa plus lourde
Alors que les dépôts ne sont pas
assurés au-delà de 250.000 dollars,
les gros clients de SVB et de Signa-
ture ont pu récupérer l’intégralité de
leurs avoirs – une dérogation dont le
coût s’élève à 19,2 milliards de dol-
lars, selon la FDIC. Il faut donc ren-
flouer le fonds. Le régulateur a fait
savoir en avril qu’il ne comptait pas
perte sur une séance durant la
grande crise financière de 2008. Son
cours a sombré à un peu plus de
3 dollars par titre avant de repartir à
la hausse. Il était de 33 dollars par
action il y a tout juste un an.
Pourquoi une telle défiance ?
« Aujourd’hui, la facilité de déplace-
ment des dépôts est telle que le moin-
dre signe de fragilité fait craindre le
pire et la crise de confiance se propage
alors comme un feu de brousse »,
observe Wilfrid Galand, de Mont-
pensier Finance. Les actionnaires et
les déposants des banques régiona-
les ont bien vu à quelle vitesse la
situation d’une banque en difficulté
pouvait se dégrader. Et une fois une
banque tombée, c’est la crédibilité
du superviseur et de l’ensemble du
système qui est mise en cause. « C’est
là que ça devient dangereux », a expli-
 33 Les Echos Mardi 9 mai 2023 FINANCE & MARCHES

L’incroyable coup de chance

de BNP Paribas
La première banque
de la zone euro a cédé
le 1er février sa banque
régionale américaine Bank
of the West pour des
raisons stratégiques. Entre
la guerre en Ukraine et
la faillite de SVB, le timing
a été particulièrement
heureux pour BNP Paribas.
Edouard Lederer
Un timing particulièrement heu-
reux. Alors que les banques régio-
nales américaines sortent d’une
nouvelle semaine de cauchemar en
Bourse, BNP Paribas a quitté ce
marché juste à temps. La banque a
bouclé le 1 e r février la vente de
son ex-filiale Bank of the West
(BancWest) à un prix inespéré,
cinq semaines avant la tempête
déclenchée par la faillite de Silicon
Valley Bank.
Propriétaire depuis plus de qua-
rante ans de la banque califor-
nienne, le groupe souhaitait recen-
trer ses activités de banque de détail
sur l’Europe. Par ailleurs, BancWest
ne dégageait pas beaucoup de
synergies avec le reste du groupe. Le
20 décembre 2021, alors que les
valorisations du secteur sont au
plus haut, BNP Paribas accepte une
proposition de rachat de Bank of
Montreal (BMO) pour plus de
16 milliards de dollars en cash. A
peine deux mois plus tard, la Russie
lance son attaque contre l’Ukraine,
accélérant alors l’inflation mon-
diale, et le durcissement monétaire
des banques centrales : autrement
dit, le « deal » initial, et son prix,
reposent sur des conditions écono-
miques et un environnement de
taux qui s’est ensuite rapidement
déréglé, et aurait pu justifier la frilo-
sité des investisseurs.
La signature définitive, début
février, intervient également juste
avant la tempête déclenchée par
Silicon Valley Bank (SVB). Victime
d’une panique bancaire, celle-ci
doit fermer ses portes le 10 mars,
déclenchant une terrible défiance
vis-à-vis des banques régionales.
Se recentrer sur ses
géographie les plus proches
Si la vente a pu se conclure sans
encombre, c’est que la Fed a donné
son autorisation le 17 janvier, dans
un climat encore serein. Qui sait ce
qui se serait passé avec quelques
semaines de décalage ? La décision
annoncée jeudi par une autre ban-
que canadienne, Toronto Domi-
nion (TD), en donne une idée.
L’établissement a renoncé à
racheter pour 13,4 milliards de dol-
lars une banque américaine (First
Horizon) faute de vision claire sur
l’autorisation nécessaire. « En rai-
son de l’incertitude quant au
moment et à la possibilité d’obtenir
ces autorisations réglementaires, les
parties ont décidé d’un commun
accord de résilier l’accord de fusion »,
a indiqué TD.
Si BMO compte désormais se
développer plus fortement aux
Etats-Unis, la vie n’est pas de tout
repos depuis le départ de BNP Pari-
bas. La banque canadienne a indi-
qué au premier trimestre avoir
subi un impact négatif de 2 mil-
liards de dollars canadiens avant
impôts (1,3 milliard d’euros) lié à la
gestion de l’impact des variations
de taux d’intérêt « entre l’annonce et
la clôture de son achat de Bank of the
West sur la juste valeur et l’écart
d’acquisition ».
Si BNP Paribas n’a pas manqué
de chance dans cette opération,
sa décision de sortir du marché
« retail » américain était mûrement
réfléchie : après la période du Covid,
les banques régionales américaines
se sont lancées dans un vaste
mouvement de consolidation, afin
d’atteindre une taille critique.
Faire grandir Bank of the West
aurait nécessité de lourds investis-
sements pour le groupe français,
alors que – partout dans le monde –
le secteur bancaire a tendance à se
recentrer sur ses géographies les
plus proches. Outre BNP Paribas,
d’autres acteurs étrangers ont cédé
leurs réseaux américains res -
pectifs entre 2020 et 2021, dont
notamment l’espagnol BBVA
(pour 11,6 milliards de dollars) et le
japonais Mitsubishi UFG (pour
8 milliards). n

La date ANNLEGALECH

annonces judiciaires & légales

1979
BNP a acquis la banque
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté - Égalité - Fraternité
ETABLISSEMENT PUBLIC TERRITORIAL
américaine Bank of the West il PARIS TERRES D’ENVOL
y a plus de quarante ans et vient RAPPEL - AVIS D’ENQUETE PUBLIQUE
de la céder à Bank of Montreal. ENQUETE PUBLIQUE CONJOINTE PREALABLE A
UNE DECLARATION D’UTILITE PUBLIQUE ET PARCELLAIRE
PORTANT SUR LE PROJET DE CONSTRUCTION SUR L’ILOT SIS
180 A 184 BIS AVENUE JEAN JAURES
ET 2 A 8 RUE FRANÇOIS CARELS A DRANCY

propose de nouvelles règles

imposer de contribution exception-
nelle aux petites banques, fragili-
sées par la crise. A l’inverse, les sei-
gneurs de Wall Street, trop gros pour
faire faillite, ont profité de la fuite des
clients vers des banques plus soli-
des, et doivent donc payer.
Garantie illimitée
des dépôts ?
Lundi dernier, la FDIC a également
présenté des pistes de réforme pour
la régulation des dépôts. « Les gran-
des concentrations de dépôts non
assurés accroissent le potentiel de
panique bancaire et peuvent menacer
la stabilité financière », a exposé son
président Martin Gruenberg.
Or ces concentrations se sont
accrues. Si 99 % des comptes n’attei-
gnent pas 250.000 dollars, le 1 % de
comptes en partie non assurés pèse
de plus en plus lourd : en 2021, ils
abritaient près de 47 % des sommes
déposées, au plus haut depuis 1949.
De plus, le progrès technologique
fragilise le système financier, a
expliqué Martin Gruenberg : « La
vitesse à laquelle l’information se dis-
sémine et la vitesse à laquelle les dépo-
sants peuvent retirer des fonds en
réponse à cette information peut con-
tribuer à des paniques bancaires plus
rapides et plus coûteuses. »
Dans son rapport, la FDIC avance
trois pistes, qui relèvent toutes de
l’initiative législative : le maintien du
seuil unique, éventuellement plus
élevé que 250.000 dollars ; la garan-
tie illimitée des dépôts ; une exten-
sion ciblée de la garantie. C’est la der-
nière option qu’elle préfère.
Les comptes qui servent aux
entreprises pour payer leurs sala-
riés seraient ainsi mieux couverts
« Les grandes que les comptes servant à investir.
En effet, les dépôts destinés au paie-
concentrations ment jouent un rôle essentiel dans le
de dépôts quotidien des ménages et des entre-
non assurés prises, et n’ont que peu de substituts,
accroissent contrairement aux dépôts d’inves-
tissement. De plus, il n’est pas prati-
le potentiel que pour les entreprises qui doivent
de panique payer leurs salariés de répartir leurs
bancaire et moyens de paiement entre plu-
sieurs banques. Si cette solution
peuvent menacer était adoptée, il faudrait accroître la
la stabilité contribution des banques au fonds
financière. » de garantie, avance le FDIC, sans
plus de précision. Il faudrait aussi
MARTIN GRUENBERG
Président de la FDIC définir la nature des différents
dépôts, aujourd’hui indifférenciés.
Et s’il restait malgré tout de vastes
poches de dépôts non assurés, il fau-
drait en limiter la liquidité d’une
manière ou d’une autre. — S. G.
En exécution de l’arrêté préfectoral n°2023-0980- En date du 24 avril 2023,
il sera procédé sur le territoire de la commune de Drancy, une enquête conjointe
regroupant l’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique (DUP) du projet de
construction sur l’ilot sis 180 à 184 bis Avenue Jean Jaurès et 2 à 8 rue François
Carels à Drancy et l’enquête parcellaire concernant le projet de construction
d’un ensemble immobilier composé de logements dont la totalité participera à la
reconstitution de l’offre locative sociale au titre du NPNRU, de locaux commerciaux
à Drancy du mardi 09 mai 2023 au mercredi 31 mai inclus soit une durée de
23 jours consécutifs.
La déclaration d’utilité publique a vocation à être prononcée au bénéfice de
l’établissement public territorial Paris Terres d’Envol.
Cette enquête est conduite par Madame Françoise ANGELINI-SOUDIERE,
retraitée, en qualité de commissaire enquêtrice. Le siège de l’enquête est fixé à la :
MAIRIE DE DRANCY
Hôtel de ville – Place de l’Hôtel de ville
93701 Drancy Cedex
Le public est informé de l’ouverture de l’enquête par avis publié, dans deux journaux
régionaux ou locaux diffusés dans tout le département. Cet avis est publié huit jours
au moins avant le début de l'enquête, et rappelé ensuite dans les huit premiers jours
de celle-ci. Cette formalité est réalisée, à ses frais, par l’EPT Paris Terre d’Envol,
qui transmet au préfet un exemplaire de chacun des journaux dans lesquels l'avis
a été publié.
Dans le même délai et pour toute la durée de l'enquête, l'avis est rendu public
par voie d'affiches à la mairie et sur les panneaux administratifs municipaux de la
commune de Drancy. L'accomplissement de cette mesure incombe au maire, qui
en certifie la réalisation.
Pendant toute la durée de l’enquête, un exemplaire du dossier soumis à l’enquête
ainsi qu’un registre d’enquête publique, préalablement côté et paraphé par la
commissaire enquêtrice, resteront déposés au siège de l’enquête du 09 mai 2023 au
31 mai inclus, afin que chacun puisse en prendre connaissance et éventuellement
consigner ses observations aux jours et heures habituelles d’ouverture au public.
Chacun peut également adresser ses observations par écrit à la commissaire
enquêtrice, sous enveloppe libellée comme suit :
« A l’attention de la commissaire enquêtrice de l’enquête du projet de
construction sur l’îlot sis 180 à 184 bis avenue Jean Jaurès et 2 à 8 rue
François Carels à Drancy, Place de l’Hôtel de ville, Direction de l’urbanisme

siste en Bourse opérationnel, B.P. 76, 93701 Drancy Cedex ».

qué Christopher McGratty de Keefe,
Bruyette & Woods à l’agence Bloom-
berg. Car en cas de résolution, les
investisseurs perdent tout et les
déposants peuvent se retrouver
sans accès à leurs liquidités pendant
plusieurs jours ou semaines. Lors-
qu’une banque se retrouve en diffi-
culté en Bourse, « la question devient
naturellement, est-ce que je suis pro-
tégé ? », ajoute-t-il. Un cercle vicieux
difficile à briser, car certains ont tout
à gagner à parier sur la chute des
banques régionales. Les vendeurs à
découvert ont en effet engrangé
environ 7 milliards de dollars de
profits théoriques sur leurs posi-
tions vendeuses contre les banques
régionales, a calculé le cabinet
S3 Partners.
Une belle moisson qui n’est pas du
goût des principales victimes de ces
stratégies boursières. L’Association
des banquiers américains (ABA) a
ainsi écrit jeudi au gendarme améri-
cain des marchés, la Securities and
Exchange Commission (SEC), pour
lui demander d’intervenir face à ce
qu’elle décrit comme des « pratiques
de vente à découvert qui faussent les
marchés par la manipulation et
l’abus ».
Ventes à découvert
sur les valeurs bancaires
Les ventes à découvert, qui permet-
tent de spéculer à la baisse sur un
titre, ont en effet explosé depuis le
début de l’année sur les valeurs ban-
caires américaines. La part du capi-
tal de PacWest vendue à découvert
est ainsi passée de 4 % début mars à
plus de 18 % début mai, selon S3 Par-
tners. L’influence des vendeurs à
découvert accentue les chutes, mais
peut aussi jouer à la hausse. Lorsque
les fonds spéculatifs ferment leurs
positions, cela équivaut à un achat
de titre. Ce qui a pu contribuer au
fort rebond de PacWest vendredi et
lundi, après que la banque améri-
caine a annoncé réduire son divi-
dende pour renforcer ses finances.
Certains professionnels ont
même appelé la SEC à interdire tout
simplement la vente à découvert sur
les valeurs bancaires, une mesure
qu’elle a prise pour la dernière fois
en 2008, en pleine crise financière.
Le superviseur s’y refuse pour le
moment, mais « la SEC s’attache tout
particulièrement à identifier et à
poursuivre toute forme de mauvaise
conduite susceptible de menacer les
investisseurs […] ou les marchés de
manière plus générale », a rappelé
son patron Gary Gensler. La Mai-
son-Blanche elle-même a indiqué
« suivre de près les développements de
marché, y compris les pressions exer-
cées par les vendeurs à découvert sur
des banques saines ».
L’interdiction de la vente à décou-
vert ne serait pas une solution mira-
cle, met toutefois en garde Wilfrid
Galand. « En l’absence de réformes
fortes, par exemple pour améliorer
l’étendue de la garantie des dépôts,
cela reviendrait simplement à casser
le thermomètre », estime-t-il. Les
nouvelles règles que doit présenter
la Federal Deposit Insurance Corpo-
ration (FDIC), le régulateur améri-
cain des dépôts bancaires, dans les
jours qui viennent seront de fait cru-
ciales pour espérer rétablir un peu
de confiance dans les banques
régionales. n
Elles sont annexées sans délai au registre d’enquête.
La commissaire enquêtrice se tient à la disposition du public au lieu de permanence,
dates et horaires suivants :
MAIRIE DE DRANCY
Hôtel de ville
Place de l’Hôtel de ville – 93701 Drancy Cedex
Le lundi 15 mai 2023 de 09h00 à 12h00
Le mardi 30 mai 2023 de 14h00 à 17h00
A l’expiration du délai d’enquête, la commissaire enquêtrice examine les
observations recueillies et rédige un rapport énonçant ses conclusions motivées,
pour chacune des deux enquêtes, en précisant si elles sont favorables ou non à
l’opération projetée.
Au titre de l’enquête parcellaire, elle se prononce notamment sur l’emprise des
ouvrages projetés.
Elle transmet au préfet le dossier et le registre assortis du rapport énonçant ses
conclusions.
Le préfet adresse, dès leur réception, copie du rapport énonçant les conclusions
à l’établissement public territorial Paris Terres d’Envol. Copie du rapport et des
conclusions est également adressée par le préfet à la commune concernée.
Les demandes de communication du rapport et des conclusions du commissaire
enquêtrice sont adressées aux services de la préfecture, qui y donnent suite par
tout moyen approprié.
EP 23-216 / contact@publilegal.fr
La ligne de référence est de 40 signes
en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75, 77,78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
FINANCE & MARCHES Mardi 9 mai 2023 Les Echos 34

Bercy a autorisé 131 rachats Warren Buffett

d’entreprises sensibles en 2022
FUSIONS-
ACQUISITIONS
Selon le rapport
annuel sur le contrôle
des investissements
étrangers en France,
le Trésor avait reçu
325 dossiers.
Le ministère de l’Eco-
nomie exige cependant
des engagements
dans la moitié des cas.
Anne Drif
Frictions avec les Etats-Unis sur le
plan d’aide massif aux entreprises
IRA, tensions avec la Chine, guerre
en Ukraine : en dépit des affronte-
ments géopolitiques, Bercy n’a pas
pris de virage « protectionniste » sur
le contrôle des acquisitions étran-
gères d’entreprises sensibles
en 2022. Exit les années de crise
autour des ventes d’Alstom, Photo-
nis et autres Couche-Tard.
Selon le dernier rapport annuel
du Trésor sur le contrôle des inves-
tissements étrangers en France,
dont « Les Echos » ont eu une copie,
Paris a autorisé 131 rachats de socié-
tés considérées comme stratégiques
l’an dernier (sur 325 dossiers dépo-
sés) menés pour l’essentiel par des
investisseurs non européens, Etats-
Unis, Canada, Royaume-Uni en tête.
C’est légèrement plus qu’en 2021
–124 acquisitions avaient alors été
autorisées sur 328 dossiers déposés
dans l’énergie, la défense, la sécurité,
les transports, la santé publique, ou
encore la sécurité alimentaire et les
technologies critiquess. Mais entre-
temps, le marché s’est détérioré. Le
volume d’acquisitions de sociétés
françaises par des investisseurs
étrangers a chuté de 20 % en 2022, à
40,6 milliards de dollars, selon les
chiffres de Refinitiv.
« Golden share »
Le fabricant de composants passifs
notamment pour le Rafale, Exxelia,
a ainsi fini dans les bras de l’améri-
cain Heico, sans déclencher de veto
comme Photonis. Le leader de
l’intelligence économique ADIT,
dont l’Etat détient une action de pré-
férence, a rejoint le fonds canadien
Sagard. L’unique agence française
de conseil en vote Proxinvest a été
rachetée par le géant américain
Glass Lewis. Le spécialiste de l’élec-
tricité verte Plüm est lui passé dans
le giron du cinquième plus gros
fournisseur britannique d’électricité
et de gaz, Octopus Energy. Et c’est un
consortium australo-germano-ca-
nadien qui s’est emparé du spécia-
liste de l’énergie photovoltaïque
Reden Solar.
Toutefois, des engagements
comme le maintien du siège en
France ou sur les emplois ont été
imposés dans environ la moitié de
ces rachats autorisés, souligne le
rapport de Bercy. C’est le cas d’Exxe-
lia, au capital duquel l’Etat a négocié
une « golden share ». In fine l’an der-
nier, la moitié des demandes formu-
lées ont été soit rejetées, soit retirées
par les acquéreurs eux-mêmes par
anticipation d’un refus ou pour
d’autres motifs. Les fonds, qui repré-
sentent l’essentiel des investisseurs
ultimes des transactions visées par
le Trésor (47,4 %), ont pu rencontrer
des problèmes de financement. Cer-
tains dossiers sont aussi encore en
cours d’instruction ou considérés
hors champs des entreprises visées
par le Trésor.
Libéral, Bercy dit toutefois garder
une main ferme. Face à la crise éner-
gétique, la baisse temporaire du
seuil de contrôle, de 25 % à 10 % des
droits de vote acquis par un investis-
seur étranger dans une société cotée,
a été gravée dans le marbre.
« La priorité demeure la protection
de nos intérêts nationaux, tout en
veillant à l’attractivité et à l’ouverture
aux investisseurs étrangers », indique
le Trésor. « Le mécanisme français est
robuste car nous analysons le carac-
tère étranger de l’investisseur sur
l’ensemble de la chaîne de contrôle, ce
qui empêche tout contournement de
la réglementation de contrôle des
investissements étrangers en France ».
Cette approche, plus extensive que
celle d’autres pays européens, lui
permet de contrôler des acteurs
étrangers opérant depuis l’Europe.
Climat tendu en Allemagne
La pression politique reste extrê-
mement forte sur ces enjeux. De
nouvelles inquiétudes touchent
désormais le fabricant de robinette-
rie S egault, qui sert la filière
nucléaire civile et militaire et dont
la maison mère canadienne Velan
est en train de se faire racheter par
l’américain FlowServe.
Mais c’est en Allemagne, cible
privilégiée des investisseurs chi-
nois, que le climat est le plus tendu.
Le gouvernement d’Olaf Scholz est
sous le feu des critiques internes
comme de ses partenaires euro-
péens, qui lui reprochent sa trop
grande ouverture, comme dans le
cas du projet du chinois Cosco, can-
didat à une entrée au capital du port
de Hambourg. L’autorité de con-
trôle allemande a été saisie l’an der-
nier de 37 demandes d’acquisitions
émanant de l’empire du Milieu,
quasiment autant que du Royau-
me-Uni (40), selon un rapport du
ministère de l’Economie.
Berlin a déclaré avoir reçu 306
dossiers de contrôle d’acquisitions
étrangères l’an dernier – chiffre en
ligne avec celui de Paris –, mais il n’a
assorti de conditions ou de restric-
tions que 7 dossiers, un chiffre dix
fois inférieur à celui de la France. n
remplit les coffres et
rachète ses actions
BOURSE
En assemblée
générale, le fonda-
teur de Berskshire
Hathaway a critiqué
la gestion de la crise
bancaire par
les autorités.
Le profit opération-
nel du groupe a
encore crû de 13 %
au premier trimes-
tre, mais 2023 sera
moins favorable
que 2022.
Solveig Godeluck
— Bureau de New York
Le plus célèbre des investis-
seurs, Warren Buffett, a de nou-
veau contenté les actionnaires
de son group e, B erkshire
Hathaway, lors de l’assemblée
générale qui s’est tenue à
Omaha dans le Nebraska,
samedi. Il leur a servi de solides
résultats et des critiques bien
senties sur les banquiers, les
régulateurs, les médias.
Berkshire Hathaway, un hol-
ding qui détient des participa-
tions dans de grands groupes
tels que Chevron, Apple, Coca-
Cola, a enregistré une nouvelle
hausse de 13 % du résultat opé-
rationnel au premier trimestre,
à plus de 8 milliards de dollars.
La capitalisation boursière a
dépassé 700 milliards. Le titre a
crû de 4,75 % depuis le début de
l’année, et de 64 % sur cinq ans.
« La majorité de nos entrepri-
ses vont enregistrer des résultats
plus bas cette année que l’année
dernière », a cependant pré-
venu l’investisseur vedette, la
« période incroyable » vécue par
les Etats-Unis avec le rebond
post-Covid touchant à sa fin.
4,4 milliards de rachats
d’actions
Pendant que le coffre continue
à se remplir – la pile de cash a
encore crû de 2 milliards en
trois mois, à 130,6 milliards – le
groupe a accéléré le rachat de
ses propres actions, y investis-
sant 4,4 milliards de dollars de
janvier à mars. Un pied de nez à
l’administration Biden qui con-
sidère que l’argent des rachats
d’action serait mieux investi
ailleurs, et qui veut les taxer.
Pa r a i l l e u r s , B e r k s h i r e
Hathaway ne s’interdit pas de
continuer à monter au capital
de la major pétrolière Occiden-
tal Petroleum, dont il est déjà le
premier actionnaire avec
23,6 % du capital. Cependant,
Warren Buffett a indiqué qu’il
ne souhaitait pas lancer d’offre
pour en prendre complètement
le contrôle. Le holding est égale-
ment le premier actionnaire
d’une autre major, Chevron.
En général, et hors rachat de
ses propres titres, la tendance
est plutôt au désinvestissement
pour Berkshire Hathaway, qui a
vendu pour 10,4 milliards net
d’actions en trois mois.
Warren Buffett n’a pas épar-
gné les autorités au sujet de la
gestion de la crise bancaire.
Certes, elles ont bien fait de
garantir tous les dépôts de Sili-
con Valley Bank ; ne pas le faire
aurait été « catastrophique »
pour l’économie américaine.
Mais la régulation n’a pas été
efficace pour prévenir la décon-
fiture des banques, et la com-
munication de crise n’a pas été à
la hauteur.
Selon le
milliardaire,
ils [les dirigeants
des 4 banques en
faillite] doivent être
tenus pour
responsables de
leurs erreurs, car
ils ont ignoré des
risques de maturité
« qui sautaient
aux yeux », dans un
contexte de hausse
des taux.
Les dirigeants des quatre
banques en faillite en ont pris
pour leur grade. Selon le mil-
liardaire, ils doivent être tenus
pour responsables de leurs
erreurs, car ils ont ignoré des
risques de maturité « qui
sautaient aux yeux », dans un
contexte de hausse des taux.
First Republic, notamment,
offrait de très gros prêts immo-
biliers, sans garantie gouverne-
mentale, à taux fixe, parfois
sans remboursement du capi-
tal avant dix ans – une « offre
folle ». n

La Banque de France craint qu’une hausse
du Livret A affecte le crédit immobilier
ÉPARGNE
Avant une possible
hausse du taux le
1er août, le gouverneur
de la Banque de France
prévient qu’une
forte hausse
pourrait pénaliser
les emprunteurs.
Marion Heilmann
Le taux du Livret A passera-t-il les
4 % en août ? La décision semble
loin d’être acquise. Le ministre de
l’Economie et des Finances, Bruno
Le Maire, a ouvert mercredi la porte
à une revalorisation tout en préci-
sant que cette décision serait prise
sur proposition du gouverneur de
la Banque de France. Mais ce der-
nier pose des conditions. Vendredi,
sur Radio Classique, François Ville-
roy de Galhau a expliqué qu’il ferait
bien une recommandation au
ministre de l’Economie et des
Finances mi-juillet. Mais celle-ci
« devra tenir compte de l’intérêt des
épargnants […] et aussi de l’intérêt
des emprunteurs », a-t-il pris soin de
préciser.
« Le taux du Livret A, c’est comme
une pièce de monnaie avec ses deux
côtés : le côté épargnants et le côté
emprunteurs », a-t-il ajouté. «Le
taux du Livret A est très important
pour le logement social et plus large-
ment pour les crédits immobiliers […]
puisque le Livret A est une des res-
sources de financement du crédit
immobilier. »
Un argument qui tend à montrer
que modérer la hausse du taux du
Livret A pourrait aider à limiter la
hausse des taux de crédit immobi-
lier, en limitant le coût des ressour-
ces des banques. Depuis que la Ban-
que centrale européenne a
commencé à remonter ses taux
directeurs en juillet dernier, les
coûts de refinancement des ban-
ques ont bondi, les obligeant à les
répercuter aux clients. Une
manière de dire à Bercy qu’il serait
contre-productif de faire monter le
coût des ressources des banques
d’un côté, et de les inciter à prêter
davantage de l’autre.
Sujet de discorde
avec Bercy
Le crédit immobilier est en effet un
sujet de discorde avec Bercy qui,
face à la hausse des taux, voudrait
donner plus de souplesse aux ban-
ques sur les critères d’octroi de cré-
dit. Ce à quoi la Banque de France
s’oppose, de peur de pousser des
Français vers le surendettement.
Bruno Le Maire avait prévu de
s’entretenir avec François Villeroy
de Galhau vendredi après-midi.
Leurs porte-paroles respectifs n’ont
pas souhaité commenter.
La hausse du taux du Livret A,
qui a été multipliée par six depuis
début 2022 pour passer de 0,5 % à
3 %, a un impact direct sur le finan-
cement du logement social puis-
qu’elle pèse sur le coût des nou-
veaux prêts souscrits par les
organismes HLM. La Caisse des
Dépôts, qui gère une partie de
l’argent du Livret A, voudrait
d’ailleurs éviter une nouvelle
hausse de son taux.
Mais François Villeroy de Galhau
va plus loin en expliquant que le
taux du Livret A a un impact plus
large sur le crédit immobilier. Cet
argument va dans le sens de cer-
tains établissements financiers,
comme BPCE, qui imputent au
Livret A un impact sur leurs résul-
tats financiers. Les banques mili-
tent d’ailleurs pour éviter une nou-
velle hausse du taux. n
en bref
HSBC l’emporte face à des actionnaires
sur la scission des activités en Asie
BANQUE Le groupe bancaire HSBC, dont le siège est à Londres
mais qui génère le plus gros de ses bénéfices en Asie, a rem-
porté largement le vote des actionnaires contre les demandes
de certains investisseurs de scinder le groupe, lors de son
assemblée générale du 5 mai. « Cela devrait mettre un point
final au débat sur la structure de la banque », s’est félicité le pré-
sident du conseil d’administration d’HSBC, Mark Tucker. Prin-
cipal actionnaire de la banque, l’assureur chinois Ping An
mène depuis plusieurs mois une campagne en faveur d’une
scission des activités asiatiques afin de dégager davantage de
valeur.
L’ex-auditeur d’Arnaud Lagardère
radié de l’ordre des commissaires
aux comptes
AUDIT Guy Isimat-Mirin, commissaire aux comptes des
holdings personnels d’Arnaud Lagardère de 2014 à 2018, a été
sanctionné par la commission des sanctions du gendarme de
l’audit, pour ne pas avoir mené l’audit des comptes avec les
diligences requises. Il a été radié de sa profession, ne peut plus
exercer une fonction d’administrateur ou de dirigeant dans une
société d’audit ou une EIP pendant trois ans et doit payer
20.000 euros d’amende.
35 Les Echos Mardi 9 mai 2023
GESTION D’ACTIFS
INNOVATION Le secteur de la gestion d’actifs porte un intérêt marqué aux outils d’intelligence artificielle,
qui peuvent lui fournir une aide précieuse pour certaines tâches. A condition de les utiliser à bon escient.
Les sociétés de gestion abordent
avec prudence l’enjeu de l’IA
Emmanuel Schafroth
’intelligence artificielle (IA)
L peut- elle remplacer un
gérant ? Ce n’est pas encore le
cas, mais cet outil peut lui permettre
de gagner en compétitivité. « Une de
ses promesses est de gagner en excel-
lence opérationnelle en automatisant
les tâches à faible valeur ajoutée pour
permettre aux gérants de portefeuille
de se concentrer sur l’essentiel de leur
métier », résume Laurent Clavel,
responsable monde de la gestion
multi-actifs chez AXA IM.
L’apport potentiel d’une IA dans
la communication périodique des
fonds est un exemple. « On peut lui
demander de rédiger un texte résu-
mant les mouvements de titres effec-
tués au sein d’un portefeuille au
cours du mois ou de faire une compi-
lation des actualités pertinentes de la
semaine pour les besoins d’une lettre
hebdomadaire ou d’un podcast »,
explique Stéphane Toullieux, prési-
dent d’Athymis Gestion. A défaut de
supplanter l’humain, l’IA peut être
un bon aide-mémoire, se souve-
nant avec plus d’exactitude qu’un
gérant des opérations passées au
cours du mois.
Faire d’une contrainte
une opportunité
De même, l’intelligence artificielle
peut faire de la procédure de
connaissance client (KYC ou
« know your customer »), cet
ensemble de vérifications sur le
client nécessaires avant la vente
d’un produit, une réelle opportu-
nité. « Lors de la mise en place d’un
mandat de gestion, l’IA va permettre
de soumettre au client des question-
naires plus détaillés et plus person-
nalisés que quelques cases à cocher »,
prédit Stéphane Toullieux.
Pour mieux cibler les proposi-
tions aux clients, il est possible
d’aller un cran plus loin. « Toutes les
données que nous avons sur nos
clients – informations sur ses avoirs
chez nous, préférences, données de
connexion au site Internet – sont réu-
nies dans une même base de données,
explique Sébastien d’Ornano, prési-
dent exécutif de la fintech de gestion
d’épargne Yomoni. À partir de cela,
Quand l’intelligence artificielle devient
une thématique d’investissement
Une poignée de fonds
spécialisés cherche
à identifier les futurs
vainqueurs de l’IA.
Quitte à aller les chercher
en dehors du secteur
technologique.
Si quelques gérants de fonds
actions spécialisés s’intéressent à
l’intelligence artificielle (IA), c’est
évidemment pour son fort potentiel
de croissance, illustré par le succès
de ChatGPT. « Jamais une applica-
tion informatique n’a crû aussi vite,
et de nombreux acteurs cherchent à
se positionner et préempter des parts
de marché », note Brice Prunas,
gérant du fonds Oddo BHF Artifi-
cial Intelligence. La stratégie de ce
dernier utilise elle-même des algo-
L’IA peut être un bon aide-mémoire, se souvenant avec plus d’exactitude qu’un gérant
des opérations passées au cours du mois. Photo iStock
on peut imaginer quelques clés sim-
ples permettant de personnaliser les
informations transmises au client, en
fonction de son expérience des mar-
chés ou de son âge, par exemple. »
Un même message fondamental
pourra être formalisé de différentes
manières. Si un client appelle pour
une question fiscale, l’IA pourra
fournir au conseiller une réponse
théorique, mais aussi une simula-
tion adaptée au cas du client.
Des assistants de gestion
d’un genre nouveau
Pour l’activité de gestion propre-
ment dite, l’IA peut améliorer la
gestion des risques. « Les intelligen-
ces artificielles sont très efficaces
rithmes pour définir son univers
d’investissement, réparti dans de
nombreux secteurs (semi-conduc-
teurs, biotech, mobilité intelli-
gente, etc.).
Le secteur technologique
a la part belle
Certes, la tech reste l’épine dorsale
des fonds d’intelligence artificielle,
suivant l’adage cher à Brice Prunas,
selon lequel, pendant la ruée vers
l’or, ce ne sont pas les chercheurs
d’or qui se sont enrichis mais les
vendeurs de pelles et de pioches.
Appliquer cette philosophie à
l’IA conduit vers des titres comme
Microsoft, présent dans le cloud ou
Nvidia, fabricant des processeurs
nécessaires au traitement de la don-
née. Des choix partagés avec le
pour détecter des événements inhabi-
tuels, rappelle Laurent Clavel. Par
exemple, si un gérant passe habituel-
lement des opérations de l’ordre du
million d’euros et qu’une opération
100 fois supérieure est passée, l’IA
peut déclencher un niveau de vérifi-
cation supplémentaire. » Et vérifier
si le montant inhabituel n’est pas lié
à une erreur de devise ! Un robot
peut aussi jouer le rôle d’assistant
de gestion, en apprenant à sélec-
tionner pour le gérant les passages
les plus pertinents d’un rapport
financier, lui évitant ainsi la lecture
de centaines de pages.
Pour la gestion quantitative, qui
cherche à générer des signaux
d’investissement à partir d’une
fonds concurrent Echiquier Artifi-
cial Intelligence, qui les intègre
dans son portefeuille très concen-
tré (32 positions). Sans surprise, ces
fonds font la part belle aux grandes,
voire aux méga capitalisations
américaines.
Mais les gérants spécialisés dans
l’IA regardent aussi ailleurs que le
secteur de la tech. « Pour savoir si
une entreprise peut faire partie de
l’univers d’investissement du fonds
Allianz Global Artificial Intelligence,
la part des revenus réalisée dans
l’intelligence artificielle n’est pas le
bon critère, d’autant que ce chiffre
n’est pas souvent dévoilé par les
entreprises, explique Johannes
Jacobi, spécialiste produit chez
Allianz GI. Il s’agit plutôt pour nous
de comprendre comment une entre-
«apporte
L’intelligence
artificielle
une complexité
supplémentaire,
ce qui multiplie
le risque d’erreur. »
HANIA SCHMIDT
Responsable des stratégies
d’investissement quantitatives
chez Goldman Sachs AM
prise peut utiliser l’intelligence artifi-
cielle pour développer un nouveau
segment d’activité. »
Des fonds thématiques
mais multisectoriels
Certains titres du portefeuille peu-
vent surprendre. Ainsi, un des pre-
miers investissements de ce fonds,
lancé en 2017 et qui pèse
aujourd’hui plus de 5 milliards
d’euros, fut le fabricant de tracteurs
John Deere, acquéreur en 2017 du
spécialiste de l’intelligence artifi-
cielle Blue River. « Cette acquisition
a donné naissance à une nouvelle
génération de tracteurs qui permet-
tent de faire des économies considé-
rables sur les engrais. Par le passé, le
secteur agricole dépensait beaucoup
en nouvelles machines. A l’avenir, les
grande masse de données, l’intelli-
gence artificielle peut être une alliée
de choix, capable de gérer la com-
plexité. Pour la plateforme Quant de
Goldman Sachs AM, qui traite quel-
que 18.000 séries de données, l’enjeu
est de travailler vite et à grande
échelle, en saisissant des nuances
comme le sentiment positif ou
négatif se dégageant d’un compte
rendu de réunion financière.
Le rôle de l’IA ? « Non pas rempla-
cer l’élément humain de la gestion
d’actifs, mais contribuer aux déci-
sions des gérants en s’appuyant sur
des données différenciées avec l’aide
de la technologie, indique Hania
Schmidt, responsable des straté-
gies d’investissement quantitatives
(QIS) chez Goldman Sachs AM. Les
données que nous utilisons doivent
avoir du sens sur le plan fondamen-
tal, d’abord parce que la décision
d’investissement finale appartient au
gérant et ensuite parce qu’il faut que
nos clients comprennent le processus
menant à nos décisions. »
L’humain doit garder
le contrôle
Les processus de gestion évoluent
donc avec prudence. « Nos straté-
gies actions se fondant sur les don-
nées et la technologie existent depuis
plus de trente ans. Il est évident qu’il
faut être au fait des avancées techno-
logiques pour garder une longueur
d’avance, mais le plus important
est que nous soyons capables d’obte-
nir des informations exploitables
à partir des données », explique
Hania Schmidt.
En économétrie, un risque classi-
que est d’utiliser un modèle mal
spécifié, consacrant trop de res-
sources à apprendre des choses
déjà connues, sans générer d’indi-
cateurs prédictifs fiables. « L’intelli-
gence artificielle apporte une com-
plexité supplémentaire, ce qui
multiplie le risque d’erreur et de
surapprentissage, d’autant plus que
l’accès aux logiciels permettant de
construire des modèles est
aujourd’hui beaucoup plus facile »,
souligne Laurent Clavel. Ces nou-
veaux outils permettent de tra-
vailler mieux et plus vite, mais doi-
vent rester sous contrôle humain. n
dépenses seront de plus en plus orien-
tées vers des outils logiciels permet-
tant une mise à jour des équipements
agricoles. »
La santé est un autre exemple
intéressant. « Si Pfizer et BioNTech
ont réussi à élaborer un vaccin effi-
cace contre le Covid-19 en quelques
semaines, c’est notamment grâce à
l’intelligence artificielle qui a permis
d’accélérer les tests », rappelle
Johannes Jacobi. Dans le secteur de
la santé, l’IA promet de rester un
vecteur d’innovation fort.
Reste pour ces fonds à convain-
cre de leur capacité à générer de la
performance financière, après une
année 2022 où ils ont été violem-
ment affectés par la désaffection
pour les valeurs technologiques.
— E. Sch.
LA PERSONNALITÉ
DR
Jane Russel
nommée
directrice du
développement
responsable
chez Comgest
Son actualité
Comgest poursuit le renforce-
ment de son équipe ESG,
avec la nomination
de Jane Russell en tant que
directrice du développement
responsable et de Yemareshet
Gemeda comme spécialiste
ESG, toutes deux basées
à Paris. La société compte
désormais dix professionnels
dédiés à ces enjeux.
Jane Russell se concentrera,
entre autres, sur l’évolution
des politiques
d’investissement responsable
et la supervision de toutes
les communications ESG.
Son parcours
Diplômée de l’Université
de Melbourne et expert-
comptable, Jane Russell,
42 ans, a démarré sa carrière
chez PricewaterhouseCoopers
puis Warakirri Asset Manage-
ment à Melbourne, avant
de rejoindre Paris chez PIM
Gestion puis Antin Infrastruc-
ture Partners. Elle a essentiel-
lement occupé des postes
dans les domaines
des relations investisseurs,
du développement de l’activité
et de la finance. Elle a rejoint
Comgest il y a près de dix ans.
Sa société
Comgest est un groupe
indépendant de gestion d’actifs
qui affiche plus de 29,4 mil-
liards d’euros d’encours
(données au 30 juin 2022).
97 % de ses fonds relèvent
de l’article 8, qui correspond
aux fonds « verts » selon
la réglementation européenne
SFDR. Ses clients sont notam-
ment situés à 33 % en France,
17 % en Allemagne, 10 %
au Royaume-Uni et 10 %
en Amérique du Nord. Ils sont
à près de 30 % des fonds
de pension ou fonds souve-
rains, et à 23 % des banques
et institutions financières.
— Caroline Mignon
SUR LE WEB
Retrouvez notre
page gestion
d’actifs tous
les mardis
et sur le site
lesechos.fr
 Mardi 9 mai 2023 Les Echos 36

séAncE du 08 - 05 - 2023 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 7440,91 (0,11 %) neXt 20 : 11211,29 (0,16 %)

CaC larGe 60 : 8023,61 (0,11 %)
CaC all-tradaBle : 5550,71 (0,13 %)
Date De ProroGation : 26 mai
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 163,74 163,36 - 0,02 + 23,38 micHelin (ML) a 29,5 29,41 - 0,07 + 13,18 GerarD Perrier (PERR) B 97,6 97,6 + 0,62 + 7,96 reXel (RXL) LR a 20,22 20,33 + 0,99 + 10,25
260402 163,88 + 3,37 164,52 1173527 29,55 + 4,62 30,68 242 97,6 - 1,41 100 406382 20,5 + 4,74 24,95
FR0000120073 16/05/22 2,9 523.649.565 163,06 + 11,74 133,34 1,78 FR001400AJ45 178.530.450 29,37 + 0,46 26,21 15,3 FR0000061459 08/06/22 2 3.973.148 96,2 + 7,02 87,8 2,05 FR0010451203 03/06/22 0,75 303.413.265 20,08 + 8,43 18,55 3,69
airBus GrouP (AIR) R a 122,5 121,26 - 0,77 + 9,22 3,4 oranGe (ORA) R a 11,662 11,646 + 0,07 + 25,48 GetlinK (GET) LR a 16,59 16,555 - 0,27 + 10,55 roBertet s.a. (RBT) B 869 877 + 1,27 + 4,78
551348 122,56 - 3,9 129,68 35,72 4428719 11,718 + 1,62 11,874 502678 16,665 + 8,38 16,96 154 883 + 0,8 928
NL0000235190 25/04/23 1,53 790.395.611 120,96 + 12,8 111,68 1,48 FR0000133308 05/12/22 0,3 2.660.056.599 11,624 + 0,62 9,289 2,58 FR0010533075 30/05/22 0,1 550.000.000 16,53 - 4,36 14,335 0,6 FR0000039091 29/06/22 8 2.175.031 869 + 2,93 831 0,91
alstom (ALO) R a 23,32 23,94 + 3,32 + 4,91 PernoD-ricarD (RI) R a 214,6 216,9 + 1,12 + 18,04 Gl eVents (GLO) g B 21,3 21 - 1,41 + 29,15 rotHscHilD & co (ROTH) a 46,4 46,6 + 0,43 + 24,77
1780369 24,02 + 1,92 28,41 253012 217 + 4,63 218 5692 21,3 - 4,11 23,8 6285 46,7 48,05
FR0010220475 20/07/22 0,25 380.453.454 23,32 + 7,21 20,69 1,04 FR0000120693 25/11/22 2,56 257.947.355 214,6 + 18,4 181,65 1,18 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 20,9 + 25,6 16,3 FR0000031684 23/05/22 2,75 77.002.277 46,4 + 32,95 37 5,9
arcelormittal (MT) R a 24,705 25,135 + 2,05 + 2,28 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 70,5 70,28 - 0,2 + 18,28 Graines Voltz (GRVO) c 39 39,2 - 0,51 - 47,73
2692821 25,575 - 2,31 30,515 388007 70,98 - 1,84 77,94 ruBis (RUI) G a 25,6 25,68 + 0,71 + 4,39
LU1598757687 13/05/22 0,31 852.809.772 24,64 - 4,5 24,07 FR0000130577 04/07/22 2,4 254.311.860 70,02 + 28,81 59,48 3,42 1819 39,8 - 5,54 79 DiV 2 28/07/17 131646 25,76 + 2,39 26,78
FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 39 - 75,73 36,95 FR0013269123 14/06/22 1,86 102.953.566 25,56 + 0,23 23,43 7,24
aXa (CS) R a 27,37 27,655 + 1,82 + 6,14 renault (RNO) R a 32,76 32,69 - 0,34 + 4,52
5653503 27,655 - 3,64 30,34 820196 32,86 -10,87 43,96 GrouPe crit (CEN) g B 78,2 79,6 + 2,31 + 30,49 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 256 253,6 - 0,78 - 16,17
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.293.202.245 27,175 + 21,32 24,6 6,15 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 32,48 + 41,09 31,19 845 79,6 +10,56 79,6 DiV 6 10/05/16 38768 256,8 -11,94 358,8
FR0000036675 05/07/22 1 11.250.000 78,2 + 25,16 60,8 1,26 FR0013154002 30/03/23 1,44 92.180.190 253,1 - 14,24 229,6 0,57
BnP PariBas (BNP) R a 58,16 58,29 + 0,69 + 9,46 saFran (SAF) R a 137,8 137,44 - 0,19 + 17,55
2212553 58,67 + 1,85 67,02 397680 137,9 + 0,75 143,68 GrouPe GorGé (GOE) g B 18,56 18,44 - 0,32 - 7,71 saVencia (BH) B 62,8 62,2 - 0,64 + 6,51
FR0000131104 23/05/22 3,67 1.234.331.646 57,96 + 15,22 47,02 6,3 FR0000073272 31/05/22 0,5 427.260.541 137,16 + 44,04 116,6 0,36 2286 18,56 + 0,77 21,6 182 62,8 + 1,63 64
BouYGues (EN) R a 31,63 32,1 + 1,55 + 14,48 saint-GoBain (SGO) R a 52,2 52,47 + 0,71 + 14,94 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 18,42 + 0,66 17,7 FR0000120107 16/05/22 1,5 14.032.930 62,2 + 0,81 56 2,41
825551 32,2 + 1,84 33,26 556935 52,62 + 6,97 58,53 Gtt (GTT) G a 95,85 95,6 - 0,16 - 4,21 scor (SCR) G a 23,12 23,42 + 1,78 + 8,98
FR0000120503 03/05/23 1,8 374.486.777 31,5 + 4,42 28,16 5,61 FR0000125007 06/06/22 1,63 515.791.016 52,02 - 1,98 45,895 3,11 24489 96,4 - 1,09 108,3 173443 23,49 + 6,75 24,43
caP-Gemini (CAP) R a 168 164,7 - 1,64 + 5,61 sanoFi (SAN) R a 100,88 100,26 - 1,28 + 11,6 FR0011726835 13/12/22 1,55 37.078.357 95,25 - 18,64 88,25 1,62 FR0010411983 20/05/22 1,8 179.671.295 23,02 - 10,81 19,015 7,69
226423 168,5 - 3,15 189,75 809986 101,12 - 2,13 105,18 GuerBet (GBT) g B 16,6 17,04 + 2,4 + 0,47 seB (SK) G a 103,1 102,7 - 0,58 + 31,25
FR0000125338 01/06/22 2,4 173.582.113 164,3 - 10,37 156,15 1,46 FR0000120578 06/05/22 3,33 1.262.140.737 99,89 + 3,31 82,25 3,32 4997 17,04 - 3,07 20,4 29021 103,6 + 1,08 109,9
carreFour (CA) R a 17,815 17,97 + 0,87 + 14,9 scHneiDer electric (SU) R a 159,24 158,8 + 0,1 + 21,48 FR0000032526 01/07/22 0,85 12.641.115 16,6 - 30,45 16 4,99 FR0000121709 31/05/22 2,45 55.337.770 102,7 - 5,43 78,85 2,39
1411673 17,97 - 3,15 19,19 391287 159,8 +11,33 159,8 Guillemot (GUI) g c 6,69 6,69 + 2,45 - 47,82 secHe enVironnement (SCHP) g B 103,4 104,2 + 0,39 + 16,04
FR0000120172 07/06/22 0,52 742.157.461 17,765 - 12,72 15,67 2,89 FR0000121972 17/05/22 2,9 571.092.921 158,32 + 25,04 131,72 1,83 4272 6,69 - 9,23 14,08 1235 105 + 4,2 113
creDit aGricole (ACA) R a 11,094 11,138 + 0,69 + 13,29 société Générale (GLE) R a 21,865 21,62 - 7,92 FR0000066722 15/06/22 0,25 15.087.480 6,52 - 46,74 6,46 3,74 FR0000039109 08/07/22 1 7.857.732 103,4 + 47,18 85,7 0,96
4774307 11,19 +5 11,938 1796376 21,9 + 1,08 28,385 icaDe (ICAD) G a 41,34 41,38 + 0,68 + 2,83
FR0000045072 30/05/22 1,05 3.025.902.350 11,08 + 11,77 9,54 9,43 FR0000130809 25/05/22 1,65 808.208.965 21,58 - 4,19 19,326 7,63 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 12,9 13,52 + 4,81 + 25,88
29722 41,6 - 4,7 51,35 4006 13,54 - 3,57 16
Danone (BN) R a 60,39 60,48 + 0,15 + 22,85 stellantis nV (STLAP) a 14,792 14,814 + 0,63 + 11,64 FR0000035081 28/02/23 2,16 76.234.545 41,2 - 26,24 40,46 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 12,86 - 13,33 10,58 2,96
874714 60,6 + 1,6 61,88 1891715 14,884 - 8,78 17,782
FR0000120644 10/05/22 1,94 675.837.932 60,24 + 7,81 48,3 3,21 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.143.878.015 14,706 + 12,6 13,362 9,05 iD loGistic (IDL) g a 270 266 - 1,3 - 0,75 ses-imaGotaG (SESL) G B 165 161 - 3,01 + 31,97
2951 270 - 2,74 312 10064 165 +47,98 172,8
Dassault sYstemes (DSY) R a 36,5 36,27 - 0,67 + 8,28 stmicroeletronics (STMPA) Ra 38,76 38,71 + 0,36 + 17,32 0,23 FR0010929125 5.686.159 261,5 - 7,16 245
558176 36,745 - 3,28 38,87 1439270 38,87 -15,73 49,13 170,34 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.850.808 160,4 +100,5 101,8
FR0014003TT8 23/05/22 0,17 1.335.275.553 36,125 - 8,17 33,095 0,47 NL0000226223 20/03/23 0,05 911.281.920 38,445 + 11,35 33,165 0,16 imerYs (NK) G a 35,2 35,66 + 1,83 - 1,87 sHoWroomPriVé (SRP) g B 1,436 1,424 - 0,42 - 15,34
enGie (ENGI) R a 14,632 14,672 + 0,81 + 9,59 1,21 telePerFormance (RCF) R a 161 156 - 3,05 - 29,95 105772 35,88 - 6,11 43,22 10051 1,436 - 5,07 1,845
2859315 14,758 - 2,62 15,56 12,17 314890 161,45 -27,84 275,4 FR0000120859 17/05/22 1,55 84.940.955 35 - 0,34 33,32 4,35 FR0013006558 118.902.909 1,424 - 7,83 1,24
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 14,55 + 31,73 12,426 9,54 FR0000051807 21/04/23 3,85 59.120.842 155,75 - 50,79 155,75 2,47 inFotel (INF) g c 56,4 56 - 0,71 + 1,45 sii (SII) g c 50 50,1 + 10,47
essilorluXottica (EL) R a 184,12 184,42 + 0,31 + 9 tHales (HO) R a 136,6 136,65 + 0,22 + 14,54 196 56,4 + 1,82 59,8 3136 50,7 + 1,52 55
194202 185 +10,05 188,28 130147 137,2 - 2,6 144,15 FR0000071797 27/05/22 1,6 6.890.558 56 + 0,36 54,2 2,86 FR0000074122 28/09/22 0,4 20.000.000 50 + 5,7 43,15 0,8
FR0000121667 30/05/22 2,51 447.688.233 183,74 + 18,94 155,15 1,36 FR0000121329 06/12/22 0,7 210.210.140 136,2 + 12,89 112,4 0,51 innate PHarma (IPH) g B 2,73 2,73 - 17,02 soitec (SOI) G a 136,9 136,8 + 0,37 - 10,5
euroFins scient. (ERF) R a 65 64,98 - 0,03 - 3,1 totalenerGies (TTE) R a 56,28 56,2 + 0,13 - 4,18 85268 2,825 - 9,75 3,8 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 36637 138,9 - 2,08 156,1
207674 65,24 + 5,69 72,12 2789782 56,86 - 2,26 60,93 FR0010331421 80.450.212 2,715 + 5 2,495 FR0013227113 35.589.417 135,95 - 17,17 124,2
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 64,68 - 23,14 56,66 1,54 FR0000120271 22/03/23 0,69 2.490.262.024 55,98 + 11,07 50,85 1,23 interParFums (ITP) G a 71,2 71 - 0,28 + 27,7 solocal GrouP (PAJ) B 0,122 0,15 + 25,67 - 75,44
Hermes intl (RMS) R a 1988 2009,5 + 0,79 + 39,07 uniBail-r/WFD (URW) a 45,75 46,09 + 1,27 - 5,22 19355 71,2 + 3,5 75 4536251 0,154 -65,2 0,734
37897 2012,5 + 7,35 2020 313304 46,27 - 7,06 63,07 FR0004024222 16/05/22 0,94 62.905.973 70,2 + 60,21 56 1,32 FR00140006O9 129.505.837 0,12 - 84,65 0,117
FR0000052292 25/04/23 9,5 105.569.412 1985 + 92,85 1450 0,47 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.759.659 45 - 31,09 43,16 inVentiVa (IVA) g B 2,41 2,5 + 4,17 - 44,13
KerinG (KER) R a 561,4 564,5 + 0,55 + 18,72 Veolia enV. (VIE) R a 28,34 28,27 - 0,25 + 17,79 soDeXo (SW) LR a 96,76 97,2 + 0,5 + 8,63
244105 2,565 -12,28 5,99 73134 97,42 - 2,13 101,9
79792 565,4 + 1,64 603,6 1066798 28,37 - 1,36 29,6 FR0013233012 42.134.169 2,41 - 73,15 1,88
FR0000121485 02/05/23 9,5 124.070.778 560,9 + 23,28 478,05 1,68 FR0000124141 05/07/22 1 714.574.367 28,08 + 7,65 24,33 3,54 FR0000121220 23/12/22 2,4 147.454.887 96,6 + 39,94 80,58 2,47
iPsen (IPN) G a 112,4 112,7 + 0,45 + 12,14 solutions 30 (ALS30) a 2,9 2,844 - 1,11 + 66,71
l.V.m.H. (MC) R a 880 884,5 + 0,87 + 30,09 Vinci (DG) R a 109,24 109,84 + 0,7 + 17,74 37111 114 + 6,32 114
211356 887,2 + 6,68 904,6 373118 110,06 + 2,5 112,4 459695 2,93 +21,75 3
FR0010259150 31/05/22 1,2 83.814.526 112,1 + 19,07 94,85 1,07 FR0013379484 107.127.984 2,812 - 46,52 1,74
FR0000121014 25/04/23 7 502.048.400 877,8 + 57,41 685,1 0,79 FR0000125486 25/04/23 3 590.521.018 108,74 + 21,52 93,4 2,73
iPsos (IPS) G a 49,12 49,36 + 0,49 - 15,62 soPra steria GP (SOP) G a 190 187,9 - 0,79 + 33,07
leGranD (LR) R a 85,14 85,48 + 0,35 + 14,25 ViVenDi se (VIV) R a 9,8 9,774 - 0,49 + 9,65 42586 49,56 -11,78 62,4
294862 85,58 + 8,73 90,76 1147060 9,822 + 5,21 10,22 14254 190,3 -1 198,3
FR0010307819 30/05/22 1,65 266.817.746 84,62 + 5,17 74,64 1,93 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.102.874.718 9,732 - 10,62 8,732 2,56 FR0000073298 01/07/22 1,15 44.253.225 49,12 + 11,05 46,6 2,33 FR0000050809 07/06/22 3,2 20.547.701 187,4 + 16,56 141,9 1,7
l'oréal (OR) R a 424,65 428,3 + 0,91 + 28,39 WorlDline (WLN) G a 39,5 40,08 + 1,55 + 9,72 JacQuet metals (JCQ) g B 18,36 18,28 - 0,33 + 9,33 smcP (SMCP) g B 8,01 8,07 + 1,38 + 24,35
185770 428,3 + 4,44 442,6 412353 40,1 + 5,84 44,77 4382 18,4 + 7,15 19,54 31229 8,12 + 2,93 8,94
FR0000120321 26/04/23 6 535.963.087 424,35 + 35,54 334,3 1,4 FR0011981968 281.422.238 39,29 + 7,05 35,98 FR0000033904 30/06/22 1 23.022.739 18,22 - 8,6 16,84 5,47 FR0013214145 75.591.187 8,01 + 37,83 6,545
JcDecauX (DEC) G a 19,5 19,44 - 0,21 + 9,71 sPie (SPIE) G a 28,3 28,46 + 0,92 + 16,83
25662 19,53 + 0,21 23,2 129426 28,62 + 7,48 28,64
FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 19,34 + 12,76 17,4 FR0012757854 22/09/22 0,18 164.582.511 28,2 + 27,97 22,8 0,63
KauFman & BroaD (KOF) g B 29,1 29,45 + 1,55 + 7,29
21182 29,45 + 9,07 30,8 steF (STF) g B 104 102,4 + 0,2 + 13,02
FR0004007813 01/06/22 1,95 21.113.022 28,9 + 0,68 24,95 6,62 167 104 - 1,92 113,6
srD Valeurs françaises KlePierre (LI) LR a 22,08 22,15 + 0,32 + 2,88
FR0000064271 03/05/23 4 13.000.000 102,4 + 12,28 91 3,91
386488 22,2 + 5,18 24,95 sWorD GrouP (SWP) g B 42,7 42,4 - 0,7 + 7,61
FR0000121964 28/03/23 0,87 286.861.172 22,01 + 1,33 19,33 3189 42,8 - 1,97 48,95
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 42,2 + 3,54 39,4 4,01
Korian (KORI) G a 7,68 7,655 - 0,2 - 24,36
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 123832 7,735 +10,78 10,97 sYnerGie (SDG) g B 33,25 33,1 + 0,3 + 10,33
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT 45 33,25 - 1,93 34,75
FR0010386334 28/06/22 0,35 106.505.206 7,57 - 61,67 6,26 4,57
aB science (AB) g B 5,99 6,11 + 3,21 - 13,82 casino (CO) G a 7,625 7,44 - 2,62 - 23,77 FR0000032658 29/06/22 0,8 24.362.000 33,1 - 5,29 29,9 2,42
laGarDère (MMB) G a 21,85 21,8 - 0,68 + 8,78
91321 6,19 + 6,26 7,49 195651 7,65 +22,07 12,17 6629 22 + 2,35 24,15 tecHnicolor crea.st. (TCHCS) a 0,1 0,097 - 56,59
FR0010557264 46.891.525 5,88 - 39,02 5,55 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 7,32 - 55,61 5,565 FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 21,7 - 12,66 19,5 5,96 109904 0,1 -22,32 0,369
aBc arBitraGe (ABCA) g B 6,08 6,07 - 5,89 catana GrouP (CATG) g c7 7,17 + 3,17 + 21,73 FR001400BWV7 546.681.915 0,097 0,085
lDc (LOUP) a 110,5 109,5 - 2,23 + 1,86
23834 6,09 - 0,49 6,64 64530 7,22 + 8,47 7,72 1453 112 - 3,52 117 telePerFormance (RCF) R a 161 156 - 3,05 - 29,95
FR0004040608 18/04/23 0,1 59.608.879 6,04 - 17,3 5,84 1,65 FR0010193052 01/03/23 0,15 30.706.178 6,95 - 6,03 5,93 2,09 FR0013204336 29/08/22 2 17.635.433 109,5 + 27,33 104 1,83 314890 161,45 -27,84 275,4
aBiVaX (ABVX) g B 15,5 14,64 - 4,06 +136,89 ceGeDim (CGM) B 19,52 19,4 - 0,51 + 33,24 FR0000051807 21/04/23 3,85 59.120.842 155,75 - 50,79 155,75 2,47
lna santé (LNA) g B 31 31,65 + 2,43 + 6,93
38778 15,5 +60,18 16 3114 19,6 + 2,11 20,55 5447 31,85 - 1,09 34 teract (TRACT) B 6,24 6,1 - 2,24 + 1,67
FR0012333284 42.331.585 14,3 - 18,94 5,6 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 19,4 - 20,49 14,82 2,58 FR0004170017 07/07/22 0,43 10.709.416 30,8 - 14,46 28,6 1,36 2088 6,24 + 3,39 7,48
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 1,742 1,716 - 3,49 - 0,35 cGG (CGG) G B 0,68 0,685 + 1,66 + 13,3 FR001400BMH7 73.394.562 6,1 - 18,23 5,62
lectra (LSS) g B 28,05 27,75 - 1,07 - 21,16
161112 1,78 -14,11 2,485 10119424 0,698 - 6,32 0,963 11712 28,25 -22,38 41,3 tF1 (TFI) G a 7,08 7,115 + 0,49 - 0,56
FR0012616852 28.439.382 1,69 - 9,49 1,65 FR0013181864 712.381.115 0,677 - 34,39 0,599 FR0000065484 03/05/23 0,48 37.788.949 27,5 - 22,16 26,85 1,73 105648 7,18 -14,33 8,71
accor (AC) LR a 32,15 32,15 - 0,06 + 37,69 cHarGeurs (CRI) g c 14,5 14,72 + 1,94 + 4,55 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 7,07 - 7,42 6,6 7,03
lHYFe (LHYFE) B 7,01 7 + 0,14 - 19,08
325334 32,15 + 6,32 32,37 15784 14,72 - 1,21 16,09 17811 7,01 + 4,63 9,08 tFF GrouP (TFF) G B 41,8 41,7 - 0,24 + 2,46
FR0000120404 10/05/19 1,05 263.031.794 31,96 + 5,41 23,39 FR0000130692 02/05/23 0,54 25.025.130 14,46 - 11,75 13,94 3,67 FR0014009YQ1 47.900.448 6,99 - 20 6,66 1621 42,2 + 4,25 44
aDocia (ADOC) g B 3,4 3,75 + 17,19 - 5,54 cHristian Dior (CDI) a 839 842,5 + 0,96 + 23,72 FR0013295789 08/11/22 0,4 21.680.000 41,3 + 47,87 39,4 0,96
lineData serVices (LIN) g B 46,4 46 - 0,22
812075 4,33 +25 4,65 eX D oP 08/06/17 2635 846,5 + 5,58 872 451 46,4 + 2,22 49,9 tHermaDor GrouPe (THEP) B 94,3 96 + 1,48 + 11,37
FR0011184241 8.563.955 3,3 - 14,77 2,745 FR0000130403 25/04/23 7 180.507.516 837 + 56,31 684 0,83 FR0004156297 06/07/22 1,6 4.960.807 46 + 10,84 43,3 3,48 2011 96 - 0,62 101,6
aéroPorts De Paris (ADP) LR a 142 142,1 - 0,21 + 13,5 claranoVa se (CLA) g B 2,085 2,33 + 12,02 - 15,21 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 94,3 + 5,49 85,6 2,17
lumiBirD (LBIRD) g c 13,5 13,5 + 0,9 - 18,48
63066 143,6 + 5,97 147,7 428060 2,42 +15,35 2,954 550 13,54 - 5,2 19,22 tiKeHau caPital (TKO) g a 24,65 24,9 + 1,01 + 2,68
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 142 + 7,04 123,45 FR0013426004 45.990.070 2,085 - 27,19 1,82 FR0000038242 22.466.882 13,5 - 33 13,24 eX D s 03/07/17 4855 24,95 + 1,63 27
air France-Klm (AF) LR a 1,465 1,46 + 0,1 + 18,56 coFace (COFA) G a 14,03 14,19 + 1,36 + 16,89 FR0013230612 20/05/22 1 175.673.418 24,65 + 16,36 23,4 4,02
m6-métroPole tV (MMT) G a 13,2 13,17 + 0,23 - 14,2
14647121 1,5 - 8,52 1,862 235851 14,19 + 4,11 14,44 33766 13,22 -11,61 16 transGène (TNG) g c 1,714 1,784 + 2,77 + 7,6
FR0000031122 14/07/08 0,58 2.570.536.136 1,443 - 26,76 1,238 FR0010667147 20/05/22 1,5 150.179.792 14 + 22,22 12,15 6,41 FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 13,02 - 17,38 12,75 7,59 41795 1,818 -12,33 2,19
aKWel (AKW) g B 14,78 14,6 + 1,11 - 16,09 colas (RE) a 113 113,5 - 2,99 FR0005175080 100.204.071 1,712 - 23,1 1,658
maisons Du monDe (MDM) g B 9,545 9,85 + 2,55 - 16,17
3940 14,78 +11,28 18,24 359 114,5 - 2,99 122 15427 9,85 + 2,71 13,36 triGano (TRI) G a 122 122,3 + 1,24 - 4,15
FR0000053027 08/06/22 0,45 26.741.040 14,6 - 17,05 12,8 3,08 FR0000121634 02/05/23 7,35 32.654.499 113 - 5,42 112,5 6,48 FR0013153541 08/06/22 0,55 40.988.097 9,545 - 40,73 9,165 5,58 39606 122,5 + 3,03 136
alD (ALD) G a 11,06 11,13 + 1,55 + 3,44 coViVio (COV) G a 50,75 50,25 - 0,59 - 9,38 FR0005691656 11/01/23 1,75 19.336.269 120,3 + 2,77 109,6 1,43
manitou (MTU) g B 23,4 23,15 - 0,64 - 6,65
130986 11,18 + 4,61 13,06 67466 50,8 - 5,9 66,6 4256 23,4 + 8,94 28,1 uBisoFt entertainment (UBI) LRa 26,6 26,86 + 0,9 + 1,7
FR0013258662 31/05/22 1,08 565.745.096 11,05 - 15,04 9,76 9,7 FR0000064578 24/04/23 3,75 94.786.096 50 - 23,75 49,12 FR0000038606 20/06/22 0,8 39.668.399 23,1 + 13,2 20,45 3,46 193786 26,86 +13,38 28,16
alPes (cie Des ) (CDA) g B 14,6 14,96 + 2,19 + 4,03 coViVio Hotels (COVH) a 16,95 16,8 - 0,89 + 13,51 mauna Kea (MKEA) g c 0,572 0,577 + 1,23 + 39,04 FR0000054470 125.520.452 26,4 - 45,74 18,06
36417 14,96 +20,65 15,14 669 16,95 - 1,18 18,3 52907 0,579 - 6,79 0,837 Valeo (FR) LR a 17,15 17,05 - 0,5 + 2,1
FR0000053324 14/03/23 0,83 50.533.135 14,6 + 9,04 12,16 5,55 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 16,75 + 2,44 14,5 FR0010609263 44.582.685 0,57 + 8,87 0,402 610899 17,16 - 6,58 22,23
altarea (ALTA) G a 120 118,6 - 1,17 - 6,02 Dassault aV. (AM) a 170,7 169,6 - 0,47 + 7,21 maurel et Prom (MAU) g B 3,44 3,54 + 3,39 - 11,83 FR0013176526 27/05/22 0,35 243.501.944 16,99 - 0,81 16,16 2,05
1319 120,2 + 3,13 132 25560 171,4 - 9,16 188,5 135222 3,55 - 2,59 4,16 Vallourec reG (VK) G B 10,095 10,375 + 4,57 - 15,44
FR0000033219 27/05/22 9,75 20.375.804 118,2 - 16,95 107,8 FR0014004L86 23/05/22 2,49 83.077.958 169,5 + 6,67 148,7 1,47 FR0000051070 01/07/22 0,14 201.261.570 3,438 - 22,2 3,115 3,96 1785714 10,48 - 8,19 15,06
altareit (AREIT) B 565 565 - 9,6 Dassault sYstemes (DSY) R a 36,5 36,27 - 0,67 + 8,28 mcPHY enerGY (MCPHY) g B 11,05 11,3 + 2,63 - 7,45 FR0013506730 228.928.428 10,05 - 13,36 9,546
1 565 - 4,24 640 558176 36,745 - 3,28 38,87 10641 11,32 - 6,92 14,9 ValneVa (VLA) G B 5,908 5,664 - 4,32 - 9
FR0000039216 1.750.487 565 - 13,08 545 FR0014003TT8 23/05/22 0,17 1.335.275.553 36,125 - 8,17 33,095 0,47 FR0011742329 27.959.095 11,05 - 36,19 10,83 896694 6,012 +10,15 7,38
alten (ATE) G a 155 154,9 + 0,13 + 32,62 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 3,024 3,05 + 1,33 - 3,05 meDincell (MEDCL) B 8,84 8,44 - 5,28 + 36,57 FR0004056851 138.346.968 5,536 - 53,25 3,95
17354 156,2 + 6,02 156,2 72825 3,15 - 2,93 3,43 81392 8,84 -12,27 10,5 Verallia (VRLA) g a 35,04 35,62 + 2,06 + 12,44
FR0000071946 27/06/22 1,3 34.619.101 154,2 + 28,23 116,6 0,84 FR0010417345 94.025.441 3,024 + 12,3 2,5 FR0004065605 25.253.795 8,34 + 49,12 6 191107 36,08 - 6,56 40,2
amunDi (AMUN) G a 60,1 60,55 + 1,17 + 14,25 Deezer sa (DEEZR) 2 2,03 2,24 + 11,44 - 23,26 mercialYs (MERY) G B 8,14 8,09 + 1,19 - 17,2 FR0013447729 08/05/23 1,4 122.289.183 35,04 + 38,71 31,62 3,93
eX-Ds 15/03/17 81648 60,7 + 5,12 64,75 19595 2,29 +72,31 3,024 374202 8,225 -12,63 10,79 VerimatriX (VMX) g B 0,64 0,689 + 6,82 - 11,21
FR0004125920 23/05/22 4,1 203.860.131 59,8 + 11,92 52,2 6,77 FR001400AYG6 115.068.493 2,03 - 62,67 1,19 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 8,045 - 1,34 7,8 59879 0,7 +13,7 0,94
antin inFra Partners (ANTIN) G a 14,62 14,54 + 0,07 - 28,37 DericHeBourG (DBG) g B 5,495 5,585 + 1,64 + 1,18 mersen (MRN) G B 36,85 37,4 + 1,77 - 0,93 FR0010291245 85.535.147 0,64 - 19,88 0,58
18835 14,63 - 9,69 23,3 89901 5,59 + 8,24 6,85 14526 37,4 - 2,73 45,95 VetoQuinol (VETO) B 94,4 93 - 1,06 + 6,16
FR0014005AL0 11/11/22 0,14 174.562.444 14,41 - 34,86 14,08 0,96 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 5,475 - 36,03 4,924 5,73 FR0000039620 05/07/22 1 20.844.904 36,85 + 19,3 35,45 2,67 1126 94,5 + 8,52 98,6
aramis (ARAMI) a 4,25 4,21 - 0,71 + 0,24 Dms (DGM) g c 1,135 1,19 + 0,85 + 17,82 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 0,9 0,92 + 2,22 - 23,97 FR0004186856 03/06/22 0,8 11.881.902 92,7 - 21,85 77,5 0,86
11844 4,25 + 7,54 4,566 20 1,19 + 0,42 1,44 60758 0,93 -12,38 1,421 Vicat (VCT) g a 27,1 27,45 + 1,48 + 17,06
FR0014003U94 82.856.671 4,175 - 22,68 2,558 FR0012202497 16.120.556 1,135 + 5,78 0,982 FR0004177046 50.919.133 0,88 - 81,93 0,88 10945 27,45 + 0,73 30,95
arGan (ARG) a 71,3 71,8 + 1,41 - 5,28 eDenreD (EDEN) LR a 58,44 58,54 + 0,14 + 15,06 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B 7700 7650 - 0,65 + 16,79 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 27,05 - 3,85 23,75 6,01
9201 72,1 + 5,59 88,7 192281 58,78 + 3,76 59,14 3 7700 + 3,38 8500 Vilmorin & cie (RIN) g a 62,6 62,6 + 37,13
FR0010481960 30/03/23 3 23.079.697 71 - 30,29 66,7 FR0010908533 07/06/22 0,9 249.588.059 58,38 + 27,26 47,74 1,54 FR0000076986 09/06/22 28 182.871 7650 + 30,77 6050 0,37 50793 62,7 +44,07 62,8
arKema (AKE) LR a 87,66 88,2 + 0,75 + 5,15 eiFFaGe (FGR) LR a 105,15 105,4 + 0,33 + 14,66 nacon (NACON) B 2,5 2,5 - 3,85 FR0000052516 13/12/22 1,6 22.917.292 62,6 + 49,23 41,7 2,56
92440 88,38 + 0,85 99,8 94327 105,7 + 4,36 107,9 76930 2,53 +14,68 2,925 VirBac (VIRP) G a 296 295,5 + 0,17 + 29,61
FR0010313833 23/05/22 3 75.043.514 87 - 24,13 84,34 3,4 FR0000130452 16/05/22 3,1 98.000.000 104,75 + 12,99 91,9 2,94 FR0013482791 86.936.299 2,48 - 56,6 1,964 921 296 + 3,5 310,5
artmarKet.com (PRC) g c 6,78 6,76 - 0,3 - 4,79 eKinoPs (EKI) g B 8,08 8,19 + 1,61 - 2,5 nanoBiotiX (NANO) g B 5,35 5,25 + 22,66 + 45,03 FR0000031577 24/06/22 1,25 8.458.000 292 - 16,41 228 0,42
2659 6,81 + 7,81 8,12 9913 8,22 - 7,35 9,41 3292727 7,1 +54,41 7,1 Voltalia (VLTSA) G a 13,92 13,94 + 0,43 - 18,29
FR0000074783 6.651.515 6,65 - 18,16 5,92 FR0011466069 25.727.618 8,08 + 31,67 7,69 FR0011341205 13/05/19 34.825.872 4,825 - 2,78 1,612 19194 14,08 + 1,01 18,26
assYstem (ASY) B 42,9 43,2 + 1,17 + 6,4 elior (ELIOR) G B 3,21 3,232 + 0,19 - 2,06 naVYa (NAVYA) g B /240123 - 17,81 FR0011995588 131.140.944 13,92 - 26,93 12,62
oPa 24/11/17 3306 43,3 + 2,86 47 234544 3,232 - 0,92 4,186 0,042 WaVestone (WAVE) g B 46,4 45,9 - 0,76 + 6,37
FR0000074148 06/07/22 1 15.668.216 42,7 + 8,82 40,5 2,32 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 3,176 + 17,1 2,94 FR0013018041 52.989.528 - 98,05 0,025 4788 46,6 + 1,1 51,4
atos se (ATO) a 12,67 12,615 - 0,43 + 39,98 elis (ELIS) G a 17,8 17,78 + 0,28 + 28,65 neoen (NEOEN) G a 28,12 27,78 - 1,21 - 26,14 FR0013357621 03/08/22 0,38 20.196.492 45,8 - 5,94 40,9 0,83
195000 12,685 +12,89 15,76 110748 17,96 + 2,24 18,28 56520 28,22 - 3,21 38,07 WenDel (MF) G a 101,4 101,8 + 0,39 + 16,74
FR0000051732 14/05/21 0,9 110.951.542 12,51 - 48,28 9,382 FR0012435121 25/05/22 0,37 230.723.417 17,74 + 28,65 13,8 2,08 FR0011675362 01/06/22 0,1 151.365.050 27,7 - 25,34 25,72 0,43 28416 102,3 + 6,99 109,2
auBaY (AUB) g c 44,4 44,4 + 0,11 - 8,92 eramet (ERA) G B 87,9 88,05 + 0,51 + 5,01 neurones (NRO) B 37,9 37,55 - 0,92 - 4,33 FR0000121204 20/06/22 3 44.407.677 101,2 + 14,58 87,25 2,95
2126 44,5 - 5,83 53,2 21798 89 - 4,35 114,5 1441 37,95 - 2,47 44 WorlDline (WLN) G a 39,5 40,08 + 1,55 + 9,72
FR0000063737 08/11/22 0,5 13.304.296 44,25 - 16,38 42,95 1,13 FR0000131757 03/06/22 2,5 28.755.047 87,6 - 30,45 79,15 2,84 FR0004050250 08/06/22 1 24.228.216 37,55 + 6,83 36 2,66 412353 40,1 + 5,84 44,77
aVenir telecom (AVT) c 0,22 0,208 - 1,19 +181,84 erYtecH PHarma (ERYP) g B 0,78 0,811 + 3,05 +121,1 neXans (NEX) G a 79,35 79,95 + 0,76 - 5,33 FR0011981968 281.422.238 39,29 + 7,05 35,98
538084 0,22 -37,16 0,435 141518 0,84 - 2,52 1,36 97556 80,9 - 2,02 102,9 Xilam animation (XIL) g c 23,6 23,8 - 30,51
FR001400CFI7 0,2 - 74 0,069 FR0011471135 31.018.553 0,78 - 36,64 0,362 FR0000044448 16/05/22 1,2 43.753.380 78,95 - 4,99 72,95 1,5 308 23,9 - 8,11 35,6
aXWaY soFtWare (AXW) g B 21,7 22 + 0,46 + 32,13 esi GrouP (ESI) g c 80,4 85,8 + 6,72 + 16,26 neXitY (NXI) G a 23,56 23,5 + 0,51 - 9,82 FR0004034072 4.911.500 23,6 - 40,5 23,4
3035 22 + 4,76 23,3 1069 85,8 +15,63 85,8 59916 23,66 + 2,09 28,54
FR0011040500 06/06/22 0,4 21.633.597 21,7 + 26,44 16,5 1,82 FR0004110310 6.064.141 80,2 + 25,81 72 FR0010112524 23/05/22 2,5 56.129.724 23,44 - 19,13 22,3 10,64
Bains mer monaco (BAIN) B 96,2 98,2 + 16,63 esso (ES) g c 42,92 43,7 + 1,87 - 7,42 oDet (cie De l') (ODET) a 1592 1590 + 14,39 Autres Valeurs de la Zone euro
745 99 + 3,37 100 8938 43,94 - 7,1 59,8 35 1600 +12,13 1650
MC0000031187 04/10/22 1 24.516.661 95,4 + 38,31 83 FR0000120669 10/07/18 1,5 12.854.578 42,42 - 34,97 41,06 FR0000062234 09/06/22 3,6 6.585.990 1590 + 50,57 1368 0,23 euroneXt (ENX) LR a 72,35 71,9 - 0,35 + 3,96
BalYo (BALYO) g c 0,55 0,56 + 1,08 + 37,93 eurazeo (RF) G a 65,8 65,5 - 0,15 + 12,74 orPéa (ORP) G a 2,611 2,689 + 3,34 - 56,43 66354 72,35 + 0,91 78,76
33470 0,562 + 6,06 0,87 63058 66 + 0,31 69,7 721239 2,769 +39,76 8,934 NL0006294274 23/05/22 1,64 107.106.294 71,45 - 1,34 65,88 2,68
FR0013258399 33.755.587 0,55 - 40,62 0,4 FR0000121121 28/04/23 2,2 79.224.529 65,2 - 5,28 58,3 3,36 FR0000184798 09/07/21 0,9 64.693.851 2,555 - 91,66 1,744 noKia (NOKIA) R a 3,764 3,743 - 0,91 - 13,72 0,3
BastiDe le conFort (BLC) g c 28,4 28,5 + 0,53 - 22,55 eutelsat com. (ETL) G a 6,365 6,435 + 1,5 - 7,54 ose immuno (OSE) g c 3,8 3,905 + 2,9 - 41,5 93990 3,792 -16,72 4,7 12,64
1055 28,5 + 2,7 38 424237 6,48 + 3,62 7,265 85056 4,09 -22,21 7 FI0009000681 24/04/23 0,02 5.632.297.576 3,743 - 21,1 3,66 0,8
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.350.928 28,2 - 23,49 27,1 FR0010221234 17/11/22 0,93 248.926.325 6,365 - 38,66 5,785 14,45 FR0012127173 18.527.401 3,7 - 43,08 3,565 ses (SESG) LR 5,84 5,9 + 1,03 - 3,12
BelieVe (BLV) G a 10,7 10,74 + 1,32 + 10,78 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 19,9 19,76 - 0,7 + 9,29 oVH (OVH) G a 10,14 10,12 + 0,5 - 36,67 405725 5,94 - 3,28 7,4
10162 10,76 + 4,88 12,1 13595 19,98 - 0,3 20,75 38668 10,25 - 6,99 16,365 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 5,84 - 29,02 5,38 8,48
FR0014003FE9 96.575.623 10,42 + 1,32 9,51 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 19,7 + 0,3 18 FR0014005HJ9 188.532.591 10,06 - 49,4 8,95 X-FaB silicon (XFAB) g a 8,205 8,04 - 1,71 + 21,54
Bénéteau (BEN) G B 14,82 14,76 - 0,14 + 4,38 Faurecia (EO) LR a 17,67 17,77 + 0,77 + 25,76 PeuGeot inVest (PEUG) g a 109 110 + 1,1 + 23,6 78265 8,23 - 4,85 9,17
36284 14,88 - 1,34 17,44 472508 17,83 - 6,47 23,56 2333 110 + 4,76 112,4 BE0974310428 130.781.669 8 + 15,52 6,625
FR0000035164 22/06/22 3 82.789.840 14,72 + 17,33 13,94 2,03 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 17,515 - 2,06 14,4 FR0000064784 18/05/22 2,65 24.922.589 108,4 + 5,16 89,4 2,41
Bic (BB) G a 55,75 56,45 + 1,35 - 11,73 FDJ (FDJ) G a 37,52 37,54 - 0,11 PHarmaGest int. (PHA) g a 72,4 74 + 2,64 - 0,94
38873 57 -4 69,15 67459 37,68 - 2,8 40,99 2626 74 + 4,67 84,3 VAleurs Zone internationale
FR0000120966 30/05/22 2,15 43.952.226 55,75 - 1,14 53,25 3,81 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 37,46 + 10,7 35,11 3,65 FR0012882389 30/06/22 1,05 15.174.125 72,3 - 5,61 69,5 1,42
BiGBen int. (BIG) g c 5,38 5,6 + 5,07 - 12,09 FermentalG (FALG) g c 0,85 0,861 + 0,35 - 43,47 Pierre & Vacances (VAC) g c 1,656 1,71 + 3,51 + 58,63 General electric (GNE) a 93 90,4 + 19,58
31834 5,6 + 5,07 7,81 43328 0,88 -15,75 1,708 168694 1,716 + 8,23 1,894 61 93 + 4,63 93,8
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.529.960 5,33 - 59,94 4,97 5,36 FR0011271600 41.290.430 0,85 - 68,23 0,77 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.422.412 1,656 - 3,16 1,028 US3696043013 USD 06/03/23 0,06 1.092.668.140 90,4 + 22,83 63,1
BiomérieuX (BIM) G a 98,34 98,12 + 0,04 + 0,2 Fnac DartY (FNAC) G a 34,4 35,08 + 2,04 + 1,86 Plastic omnium (POM) G a 15,1 15,17 + 0,93 + 11,71 scHlumBerGer (SLB) a 42 42,18 + 1,02 - 14,7 3,45
73713 98,54 + 0,06 102,6 14937 35,08 + 6,56 40,28 31635 15,27 - 6,53 18,21 2622 42,345 - 7,74 54,6
FR0013280286 06/06/22 0,85 118.361.220 97,66 + 8,71 90,04 0,87 FR0011476928 21/06/22 2 26.871.853 34,36 - 25,77 32 5,7 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 15,01 + 1,68 13,69 2,57 AN8068571086 USD 07/02/23 0,25 1.385.122.304 41,59 + 5,06 40,595
Boiron (BOI) g a 40,2 40,3 + 0,25 - 20,51 Foncière lYonnaise (FLY) a 71,8 72,4 + 1,12 - 14,22 PoXel (POXEL) g c 0,638 0,649 + 1,72 - 30,96 total enerGies GaBon (EC) a 181,6 180,6 + 0,56 + 14,3
1730 40,4 + 4,4 53,2 144 72,4 -11,27 85 246114 0,667 - 7,02 1,08 178 181,6 + 0,44 184,6
FR0000061129 01/06/22 0,95 17.545.408 40 - 3,93 37,7 2,36 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 71,8 - 19,73 71 FR0012432516 31.943.961 0,619 - 67,45 0,593 GA0000121459 28/09/22 56,96 4.500.000 180,4 - 10,15 152 31,54
Bolloré (BOL) G a 6,055 6,07 + 0,17 + 16,28 Gecina (GFC) LR a 99,6 98,8 - 0,7 + 3,84 QuaDient (QDT) g B 17,74 17,76 + 0,68 + 28,98
414350 6,075 + 6,68 6,37 75072 99,7 + 2,81 114,2 8949 17,76 - 1,88 19,2
FR0000039299 30/08/22 0,02 2.951.154.374 6,035 + 36,4 5,02 0,33 FR0010040865 06/03/23 2,65 76.623.192 98,45 - 5 89,35 FR0000120560 04/08/22 0,55 34.468.912 17,6 + 1,49 13,82 3,1
BonDuelle (BON) g B 11,66 11,4 - 1,21 - 14,8 GenFit (GNFT) G B 3,9 3,93 + 1,42 - 0,96 rallYe (RAL) a 1,29 1,258 - 1,57 - 53,06
5882 11,66 - 0,87 14,5 323285 4,135 +10,55 4,4 14497 1,29 - 7,64 3,1
FR0000063935 03/01/23 0,3 32.630.114 11,4 - 28,39 11,14 2,63 FR0004163111 49.834.983 3,835 + 23,35 3,19 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 1,24 - 60,25 1,228
Bureau Veritas (BVI) LR a 25,71 25,85 + 0,62 + 5,04 Genomic Vision (GV) g c 0,019 0,018 + 3,37 - 49,03 ramsaY GDs (GDS) a 20,5 20,5 + 1,49 + 12,02
319209 25,87 - 1,82 27,27 7194560 0,02 - 9,8 0,054 317 20,5 + 6,77 20,5
FR0006174348 05/07/22 0,53 452.328.192 25,69 - 0,19 24,42 2,05 FR0011799907 241.886.117 0,018 + 82,54 0,015 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 20,4 - 14,58 17,95
carmila (CARM) g c 15,24 14,98 - 1,32 + 12,29 GensiGHt (SIGHT) g B 0,542 0,786 + 42,91 - 76,62 rémY cointreau (RCO) LR a 162,25 162,9 + 0,31 + 3,36
16992 15,24 + 5,34 15,46 1901352 0,95 -65,83 3,796 39359 163,15 - 1,93 180,5
FR0010828137 23/05/22 1 143.704.395 14,98 + 3,17 13,1 FR0013183985 46.335.591 0,542 - 59,42 0,484 FR0000130395 27/07/22 1,85 50.785.696 162 - 5,57 151,7 1,75
37 Les Echos Mardi 9 mai 2023 FINANCE & MARCHES

carnet
PORTRAIT gie au sein des opérations monde.

par Henri de Lestapis

ENTREPRISES
En 2016, il a pris la tête des affaires
médicales monde avant de deve-
+
EASY CASH
Anne-Catherine Péchinot nir vice-président exécutif global
Ils sont nés
prend la direction générale medical & patient affairs et mem- un 9 mai
Loïc Bey-Rozet d’Easy Cash. bre du comité exécutif du groupe
en 2018.

met la voiture Anne-Catherine Péchinot, 52 ans,

diplômée de l’ESC Rouen (aujour- Arnaud Lallouette, 57 ans, diplô-
•chocolatière,
Anne-Françoise Benoit,
55 ans.

dans tous ses états d’hui Neoma Business School), a

débuté à la GMF. Entre 1998
mé en médecine et cardiologie de
l’université de Nancy-II, a com-
•ex-directeur
Marcel Boiteux, économiste,
général d’EDF,
et 2013, elle a officié au sein de Ho- mencé chez Servier en 1997. Il a été 101 ans.
•nérale
DR

mebox en qualité de secrétaire gé- directeur des affaires médicales et Méka Brunel, ex-directrice gé-
Un amoureux de mécanique pourrait considérer que nérale, devenant, dès 2004, res- directeur général de filiales, de Gecina, vice-présidente
Loïc Bey-Rozet est passé du côté obscur. Il vendait des parlait huit langues. Il m’a renvoyé en France pour que je ponsable de l’entreprise. Elle a œuvrant notamment au Dane- de la Fondation Palladio, 67 ans.
voitures. Maintenant, il les compresse. Cela ne serait
pas lui rendre justice. Le directeur général de l’entre-
passe mon bac et fasse des études ». Un peu déphasé, le
jeune homme a trouvé ses compatriotes arrogants.
ensuite assuré la direction généra-
le de Gîtes de France jusqu’en 2017.
mark, en Suède, en Finlande, au
Royaume-Uni, en Australie et au
•d’Euronext-Paris,
Delphine D’Amarzit, PDG
50 ans.
prise Indra, siégeant à Villefontaine, en Rhône-Alpes, et
spécialisée dans la destruction automobile, précise sur-
Quelque trente ans plus tard, il estime encore que les
Français et leurs dirigeants devraient cesser de donner
Elle avait été nommée à la tête de
Rent A Car avant de prendre les rê-
Canada. •immunologiste,
Patrice Debré,
78 ans.
tout qu’il les recycle. Une activité anoblie par la loi Agec,
qui depuis trois ans, sème ses mesures antigaspillage.
des leçons à tout le monde.
« Indra a répondu à un appel d’offres au Maroc, expli-
nes de Colisée France en 2021. MONSTER
Cédric Gérard
•duGuy Hoquet, fondateur
groupe Guy Hoquet
Parmi elles, l’incitation au prolongement de la durée de que-t-il. Avant d’envoyer des équipes, j’ai souhaité qu’elles SERVIER est désormais vice-président l’Immobilier, 72 ans.
vie des objets avec l’utilisation de pièces détachées. Et
Loïc Bey-Rozet, qui ouvre, ces jours-ci, des filiales en
rencontrent un Marocain qui les sensibilise à sa culture.
Les voyages nous apprennent à nous méfier des certitudes,
Stéphane Mascarau
Philippe Gonnard
stratégie et transformation. •ex-PDG
Brian Krzanich,
d’Intel, 63 ans.
Turquie et en Finlande, veut que la pratique gagne du en montrant qu’il existe plein de vérités différentes. » Arnaud Lallouette Cédric Gérard, 44 ans, titulaire • Michel Lafon, éditeur, 74 ans.
terrain à travers le monde.
Car loin de l’idée sale et huileuse qu’on pourrait avoir Chez Citroën par hasard
sont nommés respectivement
vice-président exécutif
d’un DESS de l’IAE de Nantes, a
rejoint Monster France en 2007. Il
•d’IAMaurice N’Diaye, fondateur
Descartes & Mauss, 39 ans.
des casse-auto, Indra s’appuie sur un concept de chaîne
de démontage automobile propre et bien rodée, dont
Après ses études, durant lesquelles il se faisait de
l’argent de poche en travaillant comme Stewart chez Air
opérations monde, vice-
président exécutif global
fut directeur marketing France
puis Europe. Il était dernièrement
•athlète,
Marie-José Pérec,
55 ans.
ressortent d’un côté des pièces détachées tracées, et de
l’autre, de la matière vendue au poids. « Lorsque l’on m’a
France, Loïc Bey-Rozet est rentré chez Citroën, un peu
par hasard. Il ne savait pas encore qu’il s’ouvrait les por-
product strategy et vice-
président exécutif global
vice-président marketing Europe. •administratrice
Emmanuelle Petitdemange,
générale
proposé ce poste, j’étais inquiet, se rappelle Loïc Bey-Ro- tes d’une longue carrière dans l’automobile. D’assistant medical & patient affairs, ORGANISATION du Mobilier national, 37 ans.
zet. J’avais plus l’idée de “Max et les ferrailleurs”, que celle
de cette entreprise au beau potentiel de recherche et déve-
régional à Toulouse, il est passé directeur de succursale,
à Bordeaux. Puis, il a débarqué dans le marketing pro-
membres du comité exécutif. PATRONALE •architecte,
Christian de Portzamparc,
79 ans.
loppement, avec Renault et Suez comme actionnaires. »
En prenant le gouvernail, le diplômé de l’Ecole des
duit, à la division couleurs et garnissages. « Il y avait un
côté très artistique » se rappelle-t-il, jovial.
Stéphane Mascarau, 49 ans, diplô-
mé en pharmacie de l’université
MEDEF
Charles Znaty
•d’investigation,
Denis Robert, journaliste
écrivain, 65 ans.
affaires de Paris a trouvé une PME de 280 personnes qui
ne tournait pas très bien. Le chiffre d’affaires reposait
Plus tard, il a repris la voie des succursales, avec la
mission de redresser celles qui allaient mal. Il était
d’Aix-Marseille-II, titulaire d’un
master en marketing et manage-
a été réélu président du Medef
Paris pour un mandat
•journaliste,
Béatrice Schönberg,
70 ans.
essentiellement sur la prime à la casse, qui n’avait pas
vocation à durer. L’entrepreneur a donc inversé la ten-
directeur régional dans le Sud-Ouest lorsqu’il a été
débauché par le constructeur Fiat en 1997. Il y est resté
ment pharmaceutique, a débuté
chez Servier en 1999. Il a occupé
de trois ans. •63Bob
ans.
Swan, ex-PDG d’Intel,

dance en misant tout sur la R&D, et en dupliquant ce

modèle élaboré de chaîne de démontage.
cinq ans avant de le quitter à la suite d’un remaniement.
En 2010, il a rejoint Indra. « C’est une personne avec
différents postes de management
jusqu’à devenir directeur général
Charles Znaty, 61 ans, entrepre-
neur et investisseur, préside
•etStefan Quandt, industriel
milliardaire, 57 ans.
Indra compte aujourd’hui 200 personnes, réalise
75 millions d’euros de chiffre d’affaires et revend des usi-
une grande agilité intellectuelle, salue Laetitia Vaugelade,
DRH de l’entreprise, déjà présente à son arrivée. Il fonc-
de plusieurs filiales du groupe, no-
tamment à l’international.
Dengo Europe. Il est également
membre associé à la Chambre de
•ex-ministre
Frédérique Vidal, biochimiste,
de l’Enseignement
nes de recyclage clés en main au Portugal, en Angle- tionne à la confiance, laisse beaucoup de pouvoirs aux uns Commerce et d’Industrie de Paris supérieur, de la Recherche
terre, en Espagne, en Inde… L’occasion pour Loïc Bey- et aux autres. Nous sentons notre travail reconnu. » Philippe Gonnard, 59 ans, titulaire et membre du Haut Conseil à et de l’Innovation, 59 ans.
Rozet de renouer avec les voyages qui ont rythmé son Un reproche néanmoins ? « Il écrit très peu », souli- d’un MBA du groupe HEC, est car- l’Egalité entre les femmes et les
enfance. Son père était diplomate. Le rejeton a trottiné gne la responsable. L’empreinte, sans doute, de ces cul- diologue. Entré chez Servier hommes (HCE). Au cours de sa
derrière les valises. « L’Indonésie, le Honduras, la Colom-
bie, le Liban… énumère-t-il. Je suis né au Maroc. Mon père
tures étrangères qui l’ont marqué, où la simple parole
donnée a valeur de contrat… n
en 1993, il fut directeur de zone Eu-
rope Ouest, puis directeur oncolo-
carrière, il a cofondé le groupe
Pierre Hermé Paris. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

actions actions actions

euronext hors srd Françaises euronext hors srd suite Françaises euronext hors srd suite Françaises changes cours au comptant
var. var.
08-05-2023 cours veille année
isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol 1 euro en devise bce en % en %

Fr0000076887 a.s.t. Groupe g C 1,58 1,585 1,545 1,55 - 1,9 2051 Fr0011665280 FiGeac aero g C 4,9 4,91 4,9 4,9 - 0,2 1655 Fr0013482791 nacon sas B 2,5 2,53 2,48 2,5 76930 DOLLAR US 1,1023 -0,93 2,99
Fr0012616852 abionyX pharma g B 1,742 1,78 1,69 1,716 - 3,49 161112 Fr0010341032 Fonciere inea B 41 41,1 40,4 41,1 + 0,24 685 Fr0004050250 neurones B 37,9 37,95 37,55 37,55 - 0,92 1441 LIVRE STERLING 0,8725 0,01 -1,41
FRANC SUISSE 0,9801 -0,76 -0,95
Fr0000064602 acanthe dev. C 0,35 0,372 0,35 0,372 + 8,14 5501 Fr0014005sb3 Forsee power sa B 2,845 2,895 2,75 2,755 - 2,99 43180 Fr0012650166 nhoa g C 4,1 4,1 4 4,01 - 1,23 4121 COURONNE DANOISE 7,448 -0,08 0,15
Fr0012821890 aduX g C 1,485 1,485 1,455 1,455 - 2,02 950 Fr0013030152 Francaise enerGie g C 35,4 35,75 35,2 35,6 + 0,57 2695 Fr0000121691 nrj Group B 7,06 7,06 7,02 7,04 + 0,57 1561 COURONNE NORV. 11,5515 -0,86 10,06
COURONNE SUEDOISE 11,1778 -0,22 0,15
Fr0013333077 aFFluent medical B 1,27 1,285 1,225 1,285 + 1,18 1796 Fr0011799907 Genomic vision g C 0,019 0,02 0,018 0,018 + 3,37 7194560 Fr0000052680 oeneo g B 14,05 14,1 14,05 14,1 + 0,36 477
DOLLAR CANADIEN 1,4723 -0,09 1,49
Fr0000053837 altamir B 27,7 28,1 27,7 28,1 + 1,44 454 Fr0000065971 Graines voltZ C 39 39,8 39 39,2 - 0,51 1819 Fr0000075392 orapi g C 3,85 3,89 3,85 3,85 762 YEN JAPONAIS 148,568 -0,95 5,82
Fr0011992700 ateme g B 8,82 9 8,76 8,84 - 2,86 1469 Fr0004010338 Groupe jaj C 1,59 1,59 1,59 1,59 + 0,63 1000 Fr0010609206 oreGe C 0,29 0,3 0,278 0,278 + 3,35 31959 DOLLAR AUSTRALIEN 1,6229 -0,61 3,29
ROUBLE RUSSE 85,6724 -1,05 8,54
Fr001400cFi7 avenir telecom C 0,22 0,22 0,2 0,208 - 1,19 538084 Fr0012612646 Groupe partouche B 20,8 20,9 20,5 20,9 572 Fr0012127173 ose immuno g C 3,8 4,09 3,7 3,905+ 2,9 85056 ROUPIE INDIENNE 90,141 0,06 1,52
Fr0013258399 balyo g C 0,55 0,562 0,55 0,56 + 1,08 33470 Fr0004155000 Groupe sFpi g C 2,235 2,24 2,2 2,2 - 1,57 1282 Fr0004038263 parrot B 4 4 3,8 3,82 - 1,04 1508 FORINT HONGROIS 372,4005 0,19 -6,83
ZLOTY POLONAIS 4,5605 -0,36 -2,97
Fr0000035370 bastide conF.med. g C 28,4 28,5 28,2 28,5 + 0,53 1055 Fr0000066722 Guillemot g C 6,69 6,69 6,52 6,69 + 2,45 4272 Fr0011027135 patrimoine et comm B 17,4 17,4 17,25 17,25 - 0,58 784
DOLLAR HONG-KONG 8,6519 0,02 3,48
Fr0000039299 bollore G A 6,055 6,075 6,035 6,07 + 0,17 414350 Fr0000054231 hiGh co. g C 5,16 5,2 5,12 5,2 + 1,56 3318 Fr0013252186 plastiques du val g C 3,08 3,18 3,08 3,18 + 2,58 6704 WON SUD COREEN 1456,19 -0,70 7,80
Fr0000074254 bourse direct C 4,42 4,6 4,42 4,58 + 3,62 3571 Fr0012821916 hipay Group g C 5,1 5,22 5,02 5,08 - 0,39 631 Fr0012432516 poXel g C 0,638 0,667 0,619 0,649 + 1,72 246114 PESO MEXICAIN 19,6484 0,36 -5,98
REAL 5,5117 0,96 -2,79
Fr0012969095 capelli g 9,6 9,6 9,52 9,58 733 Fr0000065278 hopscotch Groupe g 19 19 18 18,4 - 2,9 2373 Fr0012613610 prodways Group g C 2,13 2,145 2,11 2,12 - 1,62 28106 DOLLAR SINGAPOUR 1,4597 -0,09 1,51
Fr0010193979 cbo territoria C 3,83 3,85 3,83 3,85 + 0,26 6733 Fr0014003vy4 hydroGÞne France G B 15,46 15,48 15,38 15,4 + 0,65 852 Fr0013344173 roche bobois sa G B 42,8 43 42,2 42,5 - 1,16 509 LIVRE TURQUE 21,5009 0,13 7,23
RENMIBI YUAN 7,6228 0,08 3,05
Fr0000053506 ceGedim B 19,52 19,6 19,4 19,4 - 0,51 3114 Fr0000033243 immo. dassault B 56 57,6 55,6 56 - 0,36 443 Fr0000054199 s.t. dupont C 0,125 0,128 0,125 0,128 - 0,39 19952
Fr0013426004 claranova se g B 2,085 2,42 2,085 2,33 + 12,02 428060 Fr0013233012 inventiva g B 2,41 2,565 2,41 2,5 + 4,17 244105 Fr0000039109 seche environnem. g B 103,4 105 103,4 104,2 + 0,39 1235
Fr0004031763 coheris g C 3,86 3,96 3,76 3,96 + 4,21 9951 Fr0012872141 jacques boGart g C 7,7 7,92 7,68 7,68 - 0,52 940 Fr0011950682 serGeFerrari Gp g C 12,9 13,54 12,86 13,52 + 4,81 4006
taux marchés monétaires et eurodevises
marchés monétaires
Fr0000044323 crcam alpes prov. C 71,35 72,49 70,5 71,5 + 0,21 1101 Fr0000066607 lacroiX Group g C 32,6 33 31,9 32,8 + 4,13 5607 Fr0000074122 sii g C 50 50,7 50 50,1 3136 08-05-2023 jour 1 mois 3 mois 6 mois 1 an

Fr0000185506 crcam atl. vendee C 85 86,49 84,96 85,11 + 1,32 864 Fr0000032278 latecoere g C 0,224 0,224 0,218 0,224 + 1,82 24368 Fr0000078321 soditech C 1,42 1,62 1,42 1,62 + 1,25 1650 Zone euro 2,92/2,62 3,23/2,93 3,42/3,12 3,69/3,39 3,77/3,47

Fr0010483768 crcam brie pic. cc B 18,5 18,598 18,5 18,598+ 0,53 981 Fr0006864484 laurent-perrier B 135,5 137 135 136,5 + 1,11 492 Fr00140006o9 solocal Group B 0,122 0,154 0,12 0,15 + 25,67 4536251 ecarts de tauX avec l’allemaGne
08-05-2023 6 mois 2 ans 5 ans 7 ans 10 ans
Fr0000185514 crcam nord Fr. B 12,5 12,5 12,202 12,216 - 0,18 3761 Fr0014009yq1 lhyFe B 7,01 7,01 6,99 7 + 0,14 17811 Fr0004188670 tarkett G B 11,7 11,7 11 11,15 - 4,29 6980
allemaGne 98,68 2,57 2,23 2,23 2,29
Fr001400ayG6 deeZer 2 2,03 2,29 2,03 2,24 + 11,44 19595 Fr0000050353 lisi g A 25,6 26,5 25,5 26,45 + 1,73 4147 Fr001400bwv7 technicolor crea. A 0,1 0,1 0,097 0,097 109904 portuGal 0 0,22 0,39 0,65 0,94
Fr0000062978 dekuple g C 26,3 26,3 26 26,3 - 0,38 907 Fr0012634822 maat pharma C 8,92 8,92 8,5 8,5 - 4,49 632 Fr001400bmh7 teract B 6,24 6,24 6,1 6,1 - 2,24 2088 France 0,17 0,15 0,34 0,37 0,51
espaGne 0,07 0,30 0,72 0,85 1,09
Fr0010242511 edF R A 12 12,005 12 12 1233984 Fr0000051070 maurel et prom g B 3,44 3,55 3,438 3,54 + 3,39 135222 Fr0000033003 touaX g C 7,3 7,36 7,3 7,36 + 1,38 2120 italie 0,01 0,65 3,60 1,62 1,90
Fr0014009on9 eurekinG preF C 10,1 10,1 10,1 10,1 + 1,51 2000 Fr0000060873 mbws g C 2,14 2,15 2,09 2,14 + 0,47 20430 Fr0000035784 transit.everGreen G C 2,61 2,67 2,58 2,61 5395
Fr0000054678 euro ressources C 3,05 3,07 3 3,07 + 1,32 1900 Fr0004065605 medincell B 8,84 8,84 8,34 8,44 - 5,28 81392 Fr0000050049 viel et cie C 7,5 7,54 7,48 7,5 + 0,27 4946
Fr0000075343 euromedis Groupe C 4,05 4,06 4,03 4,06 + 0,25 862 Fr0010298620 memscap g C 3,17 3,37 3,11 3,36 + 8,39 63624 Fr0000062796 vranken - pommery C 18,05 18,2 18,05 18,15 - 0,28 640
certificat/fonds investir 10
INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 149,95 -0,03
Fr0011271600 FermentalG g C 0,85 0,88 0,85 0,861 + 0,35 43328 Fr0011277391 myhotelmatch g C 0,026 0,03 0,026 0,028+ 13,71 3099762 Fr0012532810 waGa enerGy B 22,35 22,6 22,25 22,6 + 1,8 1388
INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 115,08 -0,79

sicav/fcp
classiFication

classiFication

classiFication

classiFication

val. unit date dernier val. unit date dernier val. unit date dernier val. unit date dernier
désiGnation hors Frais de la dividende net désiGnation hors Frais de la dividende net désiGnation hors Frais de la dividende net désiGnation hors Frais de la dividende net
code isin des valeurs en euros** valor. en euros** code isin des valeurs en euros** valor. en euros** code isin des valeurs en euros** valor. en euros** code isin des valeurs en euros** valor. en euros**
mont. date mont. date mont. date mont. date

Banque Cantonale de
Mirabaud Asset Management Genève (France) SA
Tél. 058 200 60 01 Tél. 04 72 07 31 50
www.mirabaud.com
marketing@mirabaud-am.com
bcgef.fr/fonds

A la recherche d’une LU0704154292 ram (l) sF em mkt eq 221,02 05/05 LU0705071701 ram (l) sF l/s european eq 147,11 05/05 LU2004923152 swiss all caps (chF) eur a 144,35 05/05
gestion active de conviction ? LU2004923749 swiss small & mid caps (chF) eur a 128,11 05/05
LU0375629556 ram (l) sF european eq 542,3 05/05 LU0375630729 ram (l) sF us sust eq 335,48 05/05
LU2404427101 eu all caps a 88,67 05/05
LU0705072691 ram (l) sF Gb eq sust alp 111,57 14/12 LU0419186167 ram (l) tF Gb bd tot ret 140,73 05/05 LU2404427523 world qualiliFe stocks a 82,42 05/05
Retrouvez plus de détails LU1626130816 silk road Zone stocks a 114,59 05/05
sur notre site internet : LU1048876350 ram (l) sF Gb stb income eq 150,21 05/05 LU0935723782 ram (l) tF ii asia bd tot ret 147,21 05/05
LU0851564038 balanced (eur) a 128,15 05/05
www.mirabaud-am.com LU0851564384 dynamic (eur) a 156,08 05/05

@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à
vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

DIRECTEUR DES RÉDACTIONS Muriel Jasor (Leadership et Management) EDITORIALISTES PUBLICITÉ SERVICE IMPRESSION
Nicolas Barré Christine Kerdellant (Idées et débats) Cécile Cornudet, Sabine Delanglade, Les Echos Le Parisien Médias ABONNEMENTS L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi-Print (Gallargues).
DIRECTEUR DES DÉVELOPPEMENTS Arnaud Le Gal (Les Echos Entrepreneurs Eric Le Boucher, Jean-Francis Pécresse, Tél. : 01 87 39 78 00. LES ECHOS Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 100%.
Les Echos sont une publication du ÉDITORIAUX DU PÔLE LES ECHOS et opérations spéciales) Jean-Marc Vittori, PRÉSIDENTE Corinne Mrejen 45, av. du Général Leclerc, Ce journal est imprimé sur du papier porteur
PRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH) Henri Gibier Etienne Lefebvre (France et international) Laurent Flallo, Sylvie Ramadier (Le Crible) DIRECTEUR GÉNÉRAL 60643 Chantilly Cedex. de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002.
PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL Pierre Louette DIRECTEURS DÉLÉGUÉS Clémence Lemaistre (Information digitale) ÉDITRICE Marie Van de Voorde-Leclerq Philippe Pignol Tél. : 01 70 37 61 36 Eutrophisation : Ptot 0.01kg/tonne de papier
DIRECTRICE GÉNÉRALE PÔLE LES ECHOS Bérénice Lajouanie DE LA RÉDACTION Lucie Robequain (France, International ÉDITRICE ADJOINTE Adéline Léger DIRECTRICE PUBLICITÉ du lundi au vendredi de 9 h Membre de l’ACPM OJD CPPAP : 0426 C 83015.
DIRECTEUR DÉLÉGUÉ Bernard Villeneuve Dominique Seux et François Vidal et Enquête) DIRECTRICE DU MARKETING Emmanuelle Denis à 18 h. Abonnement France Toute reproduction, même partielle, est interdite
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION RÉDACTEURS EN CHEF Marie-Christine Sonkin (Patrimoine) ET DES REVENUS CLIENTS métropolitaine : 732 € TTC. sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)
& PRÉSIDENT DE LA SAS LES ECHOS Pierre Louette David Barroux (Entreprises) DIRECTEUR DE CRÉATION Lise Benamou DÉLÉGUÉ À LA PROTECTION
Edité par Les Echos, SAS au capital de 794.240 euros RCS 582 071 437 Julie Chauveau (Entreprises) Fabien Laborde DIRECTEUR STRATÉGIE DES DONNÉES PERSONNELLES Ce numéro comporte
10, boulevard de Grenelle, CS10817, 75738 Paris Cedex 15 Alexandre Counis (Finance et Marchés) DIRECTRICE ARTISTIQUE ET COMMUNICATION Xavier Genovesi un 3e cahier de 4 pages
Tél. : 01 87 39 70 00. www.lesechos.fr Daniel Fortin (Les Echos Week-end) Marion Moulin Fabrice Février dpo@lesechosleparisien.fr « Les Echos Sociétés »
 Mardi 9 mai 2023 Les Echos 38

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat et PSR 2023 : 500,2 milliards d’euros (prévisions PLF 2023) // PIB 2022 : 2.642 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.666 euros/mois à partir du 01-01-2023 // SMIC horaire : 11,27 euros à partir du 01-01-2023
// Capitalisation boursière de Paris : 2.394,97 milliards d’euros (au 31-03-2023)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 115,78 en février 2023 // Taux de chômage (BIT) : 7,2 % au 4er trimestre 2022
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.956,8 milliards d’euros (3e trimestre 2022)

crible
Un certain temps
La désinflation sera un processus graduel en zone euro. Côté hublot
« Persévérance » et « durée » La Bourse hésite à aller au-delà du ticket
comptent « désormais plus que de l’été dans l’aérien.
la vitesse ». Le commentaire,
vendredi, de François Villeroy de
Galhau, le gouverneur de
la Banque de France, portait sur
le relèvement, d’un quart de point
de pourcentage seulement,
des taux directeurs de la zone
euro. Mais il aurait pu également
illustrer la décision, similaire, de
la Réserve fédérale. Comme
le souligne Sebastian Paris
Horvitz (LBPAM), la fumée sortie
des comités monétaires reste
grise car le flou demeure sur
le point d’arrivée de leur politique.
En augmentation de 7,3 % hors
énergie et alimentation en avril,
les prix en euros ne ralentissent
que lentement. Oxford
Economics l’explique par
une économie à deux vitesses
où l’écart entre des services en
surchauffe et une industrie en
berne n’a jamais été aussi élevé.
Combien de temps, déjà, met
le fût du canon pour refroidir ?

Bas reprisés
Ce bas de cycle sera différent pour
les chimistes Arkema et Solvay.
Heureux qui comme les investisseurs dans l’aérien s’apprêtent à de
Les Sœurs Anne stressées par la « macro » auront été rassurées de ne pas beaux voyages estivaux ? Les résultats trimestriels d’Air France-KLM,
distinguer dans les comptes trimestriels des chimistes Arkema et Solvay IAG et Lufthansa n’ont fait que confirmer la justesse du ticket qu’ils
le poudroiement d’une répétition du scénario de l’effet de falaise avaient pris en avance (+26 % en Bourse en euros pour le secteur
conjoncturel de 2008-2009. Ce cycle économique résiste aux européen depuis le début de l’année selon AlphaValue) sans les
comparaisons historiques jusque dans ses effets « micro » où la capacité à convaincre de pousser les gaz d’une surperformance en panne depuis
poursuivre des augmentations de prix (de 3 % à 14 %) côtoie dans la durée deux mois. Les prix des billets demeurent 15 % à 20 % supérieurs à
le dégonflement des volumes (de 18 % à 20 %). A la double peine d’une faible l’avant Covid-19, permettant aux trois anciens monopoles d’engranger
demande en Europe et d’une Chine industrielle à bas régime s’ajoute de plantureux cash-flows libres. Mais le retour aux capacités d’avant-
le déstockage des distributeurs appelé à se poursuivre. Mais comme crise sanitaire ne sera pas encore pour cette année (95 % chez Air
le souligne Thierry Le Hénaff, le PDG d’Arkema, les dynamiques de prix France-KLM, 98 % chez IAG). Quelques signaux orangés s’allument sur
sont contrastées selon les débouchés. Certaines « commodités » retrouvent les tableaux de bord, entre les tarifs décevants du cargo chez Lufthansa
l’habituelle pression. Les produits en surchauffe exceptionnelle l’an et IAG, ou l’accroissement des pertes chez KLM et Transavia
dernier (polymères « PDVF » pour batteries, acide acrylique) se (s’expliquant en partie par les restrictions à l’aéroport de Schiphol et la
« normalisent » et les offres décarbonées restent sur une tendance grève des contrôleurs). Malgré la baisse du kérosène, les coûts (+5,2 %
inflationniste. La Bourse, qui ne s’était pas trop emballée dans les records chez Air France-KLM à cause de la fin des mesures de soutien salarial)
de l’an dernier, tient à distance dans des ratios de valorisation modestes pourraient d’autant plus réattirer l’attention que ceux de la
(8 à 9 fois les bénéfices) la perspective, confirmée chez Arkema, d’un Ebitda décarbonation sont jugés sous-estimés par une récente étude d’Oddo
supérieur en 2023 à l’avant-Covid, et encore plus proche qu’attendu du pic BHF. Entre l’effacement des stigmates du Covid-19 et l’accumulation des
de 2022 chez Solvay. Un ancien président de la République ne disait-il pas nuages de CO2 entre 2024 et 2026, il y aura en Bourse moins qu’une
qu’il fallait « mépriser les hauts et repriser les bas » ? petite fenêtre, un hublot…

Le CAC 40 poursuit son rebond

EN VUE

Valeri Gerassimov
era-t-il là ? Le chef d’Etat-major que la jovialité. Des témoins prétendent

S russe Valeri Gerassimov séchera-

La Bourse de Paris a clôturé en
légère hausse lundi, jour férié.
L’indice CAC 40 a gagné 0,11 % à
7.440,91 points après avoir déjà
rebondi de 1,26 % vendredi. Il a
gagné 14,87 % depuis le début de
l’année.
Les investisseurs ont été soulagés
par le rebond des valeurs bancaires
régionales à Wall Street en fin de
semaine dernière. Mais ils restent
prudents alors que les Banques cen-
trales font face à une inflation
tenace. Ils surveillent par ailleurs la
menace posée par l’incapacité du
Congrès américain à relever à
temps le plafond de la dette.
Ailleurs en Europe, le DAX alle-
mand a reculé de 0,05 % alors que le
FTSE MIB italien gagnait 0,28 %. La
Bourse de Londres était en revan-
che fermée en raison des fêtes du
couronnement du roi Charles III.
Du côté des valeurs, le construc-
teur ferroviaire Alstom a terminé
en tête du CAC 40 avec un gain de
3,32 %. L’assureur AXA a suivi, en
hausse de 1,82 % sur la séance. Le
conglomérat Bouygues a terminé
sur la troisième marche du
podium, en hausse de 1,55 %, tout
comme le spécialiste des paiements
Worldline.
Teleperformance a en revanche
terminé lanterne rouge de l’indice
parisien, en chute de 3,05 %, der-
rière Capgemini (–1,64 %) et Sanofi
(–1,28 %).
t-il le défilé du 9 mai à Moscou
comme l’an dernier ? Ou sera-t-il aux
côtés de Vladimir Poutine avec qui il par-
tage, dit-on, le code nucléaire, pour voir
des échantillons de la deuxième armée
du monde sur le papier, bien moins
vaillante sur le terrain ukrainien ? Il y a
un an, il avait mystérieusement disparu
un mois, blessé selon la rumeur par un
missile ukrainien, ou victime d’une de
ces disgrâces que le président russe
affectionne. Affairiste, pourtant, le chef
de l’armée ne l’est pas, associé à aucun
business juteux, une exception. Il a
même été qualifié d’homme d’honneur
par la journaliste Anna Politkovskaïa,
assassinée peu après, car il avait fait
arrêter un colonel accusé de crimes de
guerre en Tchétchénie, relâché ensuite.
Ce sexagénaire trapu, à la mine de
boxeur maussade, respire en tout cas le
sens de la rigueur et de la discipline plus
l’avoir vu sourire une fois, quand il a reçu
son diplôme de chef de bataillon de
chars. On lui prête d’avoir théorisé la
« guerre hybride », cette manière de
jouer sur tous les registres d’un conflit
(influence, sabotage, etc.) qui a permis au
Kremlin de s’emparer de la Crimée en
2014. En fait, il s’était contenté de dénon-
cer les révolutions de couleur dans
l’espace ex-soviétique, ainsi que le prin-
temps arabe, fruits des manipulations
occidentales, comme chacun sait. Chef
d’Etat-major depuis dix ans, il a été
nommé, en outre, chef des opérations en
Ukraine en janvier, le quatrième en
douze mois. Pas forcément un cadeau.
Celui qu’on surnomme « l’insubmer-
sible » doit se garder de figurer parmi les
désormais nombreux responsables
militaires mutés ou limogés par Vladi-
mir Poutine. En ce moment, valser est ce
que les généraux russes savent faire le
mieux.