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LE MONDE DES LIVRES

a Au sommaire :
Raymond Carver,
César Aira,
Mo Yan
pages 25 à 30

www.lemonde.fr
56e ANNÉE – No 17282 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 18 AOÛT 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Le drame
du « Koursk »
L’an I du clonage humain
Le gouvernement britannique approuve la création par clonage d’embryons humains
b
a Le premier ministre b Le Parlement devra se prononcer b Ces recherches seraient faites à des fins thérapeutiques
b Un choix historique qui franchit une frontière dans l’instrumentation de la vie humaine

DR
russe qualifie
de « catastrophique » DANS UN RAPPORT rendu pu-
blic mercredi 16 août, le directeur
heimer. Cette perspective n’en
constitue pas moins une transgres-
LOISIRS

la situation de la santé publique britannique,


Liam Donaldson, s’est prononcé
sion importante dans l’instrumen-
tation de la vie humaine et pro- Maisons
du sous-marin en faveur de l’extension des re- voque de nombreuses réactions
cherches sur le « clonage thérapeu-
tique » d’embryons humains. Un
contradictoires en Grande-Bre-
tagne et en France notamment. Le à roulettes
a Un mini- texte de loi sera élaboré en ce sens, professeur Didier Sicard, président
et sera présenté prochainement au du comité national d’éthique,
submersible Parlement, qui votera « librement craint que « les femmes ne paient La vogue du
et en conscience ». très cher le développement des re-
de secours Le rapport interdit certes le clo- cherches et le clonage thérapeu- mobile home
nage à but reproductif, mais auto- tique, que le recueil d’ovocytes ne Les vacances en « mobile home » sé-
britannique est rise la création d’un embryon hu-
main afin d’en utiliser les cellules
soit l’objet de violences et de
commercialisation de leur corps ».
duisent de plus en plus de Français. A
mi-chemin entre la caravane et la
attendu sur zone et de les injecter dans l’organisme
pour régénérer des tissus malades
De son coté, le professeur Axel
Kahn, généticien à l’Inserm, estime construction traditionnelle, ces « mai-
samedi sans risque de rejet. Ces tech-
niques permettront « d’améliorer
nécessaire la tenue d’un « vrai dé-
bat démocratique » et insiste sur
sons à roulettes » seraient aujourd’hui
entre 120 000 et 150 000 dans le pays,
la compréhension des maladies hu- les « difficultés de tous ordres aux-
a Une partie de maines », estime le rapport, qui en quels on sera confronté ». installées le plus souvent sur des sites
recommande l’usage « pour soula- D’autre part, la création de porcs fermés et sécurisés. L’engouement
l’équipage aurait péri ger la souffrance ». Elles pourraient
être appliquées notamment dans b Notre éditorial : « La frontière du clonage humain » p. 10
clonés pouvant produire des gref-
fons « humanisés » soulève égale-
pour ce nouveau type d’habitat saison-
nier pose des problèmes inédits aux
lors de l’accident les cas de diabète, de maladies car-
diaques, d’hépatites, et des mala-
b La décision britannique et les réactions
b Les cellules souches, eldorado de la biologie
p. 15
p. 16
ment des inquiétudes, en raison
des risques de contagion virale in-
communes et aux pouvoirs publics, qui
dies neurodégénératives comme b Des thérapies pour les maladies neurodégénératives p. 16 ter-espèces que ces transplanta- tentent d’en organiser et d’en régle-
page 2 les maladies de Parkinson et d’Alz- b Déjà, le clonage de porcs à des fins médicales p. 17 tions pourraient provoquer. menter l’usage. p. 6

La Bourse Contre le racisme de ses supporteurs, le RC Strasbourg appelle la Licra à l’aide


à crédit LE 20 DÉCEMBRE 1999, inquiète des dé-
bordements à caractère raciste dans les tri-
bunes du stade de La Meinau, l’antenne
quitté le « kop » (la tribune située derrière
l’un des buts) pour venir s’installer dans celle
se trouvant derrière le banc de touche stras-
émissaires : les joueurs d’origine africaine et
celui qui est supposé être leur maître à pen-
ser, Claude Le Roy. Ancien entraîneur natio-

GÉRARD RONDEAU
L’ENGOUEMENT des Fran- strasbourgeoise de la Ligue internationale bourgeois et réclamer la démission de Patrick nal du Sénégal et du Cameroun, celui-ci avait
çais pour la Bourse suscite contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) Proisy et de Claude Le Roy. « Cette soirée a été prévenu : la saison dernière, plusieurs fax
paradoxalement l’inquiétude de la adressait au Racing Club de Strasbourg un été la plus dure, nerveusement et moralement, à caractère raciste lui avaient été personnel-
Banque de France. Pas moins de courrier lui proposant de discuter d’un parte- de ma carrière », a confié l’entraîneur. lement adressés.
5,6 millions de particuliers dé- nariat calqué sur celui conclu la saison der- A la sortie du stade, deux joueurs, Mama- Les responsables du club s’appuient sur la
tiennent aujourd’hui des actions. nière entre le Paris-Saint-Germain et SOS- dou Bagayoko et Habib Beye, ont été pris à loi « Alliot-Marie », qui prévoit des peines
Or ces Français s’endettent pour Racisme. La missive était restée sans ré- partie. Une semaine plus tôt, après une dé- pouvant aller jusqu’à 100 000 francs
jouer sur les marchés. Le dévelop- ponse... jusqu’au lundi 14 août. faite cinglante face à Lille (4-0), plusieurs di- d’amende et un an de prison pour les per- PORTRAITS
pement des crédits aux particuliers Au surlendemain d’une rencontre qui a vu zaines de supporteurs en colère attendaient sonnes coupables d’avoir proféré des insultes
pour achats d’actions inquiète donc
les autorités. La Banque centrale
est d’autant plus vigilante que la
des « supporteurs » alsaciens prendre vio-
lemment à partie l’entraîneur du RC Stras-
bourg Claude Le Roy et le président du club
les joueurs sur le parking où ceux-ci garent
leurs véhicules. Des injures à caractère ra-
ciste avaient volé à destination de Habib
à caractère raciste dans une enceinte spor-
tive. « La phase d’identification des personnes
concernées est en cours, assure Serge Cayen,
Les ailleurs
disparition programmée, le 22 sep-
tembre, du marché à règlement
mensuel à la Bourse de Paris – qui
Patrick Proisy, et les insultes odieuses fuser
dans et autour du stade de La Meinau, ce
sont les dirigeants du club qui ont contacté la
Beye, né à Suresnes (Hauts-de-Seine), de Pe-
guy Luyindula, originaire de Kinshasa (ex-
Zaïre) et de Brahim Hemdani, né à Colombes
directeur du stade de La Meinau et de l’orga-
nisation de la sécurité. Le personnel de
contrôle du stade a reconnu certains indivi-
de la mode
permettait d’acheter des actions Licra tout en portant plainte pour « insultes à (Hauts-de-Seine), qui avait vu sa voiture sé- dus. »
avec un crédit gratuit d’un mois – caractère raciste et xénophobe ». rieusement secouée avant que les gendarmes Les problèmes de violence, verbale ou phy- 5. Lacroix et ses
va inciter les intermédiaires finan- La troisième défaite consécutive en cham- mobiles s’interposent. sique, reviennent périodiquement à La Mei-
ciers à commercialiser de nouveaux pionnat de France de l’équipe profession- « On commence à être habitué à ce public », nau. La saison dernière, sept « skinheads » villes imaginaires
types de prêts. Aux Etats-Unis, ces nelle, samedi 12 août à La Meinau contre l’AS s’est désolé Habib Beye. « Après ce que j’ai vu, avaient été interpellés à l’occasion d’un « Couturier du Sud », il a rhabillé le
derniers représentent déjà 5 % des Monaco (3-1), a déclenché des réactions vio- j’avais honte d’être Alsacien », a ajouté Thier- match. Deux d’entre eux avaient été condam-
TGV Méditerranée. Rêveur d’itiné-
montants globaux de crédits. lentes. En pleine rencontre, alors que leur ry Debes, le gardien de but, natif de Stras- nés à des peines de prison ferme.
équipe était menée par deux buts à zéro, plu- bourg. Les plus extrémistes des supporteurs raires, il parcourt des mondes en
Lire page 11 sieurs dizaines de spectateurs surexcités ont alsaciens ont trouvé de nouveaux boucs Gilles van Kote brouillant les pistes. p. 9

La reprise A l’ONU, les ONG dérangent


et la crise PARCE QU’ELLE avait permis à
un représentant tchétchène de
ru intolérable aux autorités russes,
qui se sont empressées de récla-
s’exprimer, en avril, devant la mer l’expulsion du PRT de l’Eco-
commission des droits de soc, le Conseil économique et so-
l’homme à Genève, une organisa- cial de l’ONU, dont dépendent les
tion non gouvernementale (ONG) ONG.
risque de se voir privée de son sta- Depuis lors, le sort du Parti radi-
tut consultatif auprès de l’Organi- cal transnational se trouve entre
NATALI FORTIER

sation des Nations unies. L’année les mains de l’Ecosoc, qui devrait
précédente déjà, une ONG suisse, statuer en dernier ressort en prin-
Solidarité chrétienne internatio- cipe fin septembre. En attendant,
nale, avait été exclue à la demande le cas du PRT et d’autres ONG
de Khartoum pour avoir invité le mises sur la sellette pour
chef de la rébellion sudiste souda- « conduite inappropriée » ou toute
JEAN-LOUIS BORLOO naise, John Garang, à prendre la autre entorse, réelle ou supposée, MODES DE VIE
parole dans la même enceinte. au règlement a été longuement
MAIRE de Valenciennes, dans le
Nord, l’une des villes où la « sortie
de crise » est la plus spectaculaire,
Cette fois, c’est le Parti radical
transnational (PRT) qui fait l’objet
d’une procédure de suspension,
débattu par les dix-neuf Etats
membres chargés de veiller à la
bonne conduite des ONG à l’ONU.
Les musiques
Jean-Louis Borloo (UDF) s’in-
quiète : « On peut avoir en même
temps une reprise économique très
voire d’exclusion, engagée par
Moscou, avec le soutien actif d’al-
liés aussi divers que la Chine,
Comme de coutume, les plaintes
déposées émanent de pays eux-
mêmes mis en cause plus souvent
du flirt
Au rock et aux slows des années 60 a
forte, dit-il, et une situation sociale Cuba et le Soudan. qu’à leur tour à la Commission
alarmante. » A l’origine de cette plainte, la pour leurs atteintes répétées aux
succédé le rap des cités, moins tourné
Russie accuse le PRT d’avoir en- droits de l’homme. vers le marivaudage. Techno et rave
Lire page 5 freint les règles et les principes des Toujours à la pointe de ce parties, curieusement, semblent plus
Nations unies en offrant une tri- combat, Cuba et la Chine ont aussi
propices aux plaisirs éternels du flirt :
Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, bune à un émissaire des « sépara- porté plainte contre l’association
25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ;
Côte-d’Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; tistes et terroristes » tchétchènes. américaine de défense des libertés « Toujours ça de pris à l’éternité » pour
Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bre- En fait, l’ONG incriminée avait citoyennes, Freedom House. La le chanteur Michel Delpech. p. 19
tagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ;
Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; simplement cédé cinq minutes de Havane lui reproche d’avoir accré-
Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ;
Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ;
son temps de parole devant la dité une juriste également International ............. 2 Aujourd’hui ................ 15
Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. commission à Akhiad Idigov, pré- membre d’une organisation France .......................... 5 Abonnements ............ 18
sident du comité des affaires proche des milieux anticastristes Société ......................... 6 Météorologie, jeux .. 20
étrangères du Parlement tché- et non reconnue par l’ONU. Régions.......................... 8 Carnet........................... 21
tchène, une institution créée par Horizons........................ 9 Culture......................... 22
Moscou à la suite de l’accord rus- Jean-Claude Buhrer Entreprises.................. 11 Guide culturel............ 24
so-tchétchène conclu en 1997. Tableau de bord ........ 12 Radio-Télévision ....... 31
Mais ce bref témoignage est appa- Lire la suite page 10
LeMonde Job: WMQ1808--0002-0 WAS LMQ1808-2 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0389 Lcp:700 CMYK

I N T E R N AT I O N A L
LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000

RUSSIE Les chances de retrouver premier ministre russe, Mikhaïl Kas- une assistance occidentale et les Bri- les lieux un navire avec une équipe de la flotte du Nord, les habitants re-
vivants les 118 hommes du sous- sianov, a déclaré, jeudi 17 août au tanniques ont envoyé en Norvège de plongeurs. b LA PRESSE russe dé- prochent aux responsables militaires
marin nucléaire russe Koursk qui matin, que la situation était un mini-sous-marin de sauvetage de nonce l’attitude des autorités qui de fournir des informations contra-
gît au fond de la mer de Barents « proche de la catastrophe ». type LR5, qui fait route vers la zone ont tardé à annoncer la catastrophe. dictoires sur le sort des sous-mari-
s’amenuisent de jour en jour et le b MOSCOU a finalement accepté du sinistre. La Norvège dépêche sur b À MOURMANSK, principale base niers et les opérations de secours.

L’espoir de retrouver vivant l’équipage du « Koursk » est infime


Un mini-sous-marin britannique se dirige vers les lieux du drame pour assister les Russes. Les tentatives d’évacuation des 118 hommes à bord,
dont une partie auraient déjà péri, sont restées vaines. Selon les services de renseignement américains, le submersible ne répond plus
MOURMANSK « Dans cette affaire, tout est flou. semble en fait que quatre sec-
Pourquoi le sauvetage a jusqu'ici échoué
de notre envoyé spécial L’armée nous cache la situation teurs du sous-marin ont été inon-
« Cinq jours d’inconnues », ti- 1 Manœuvres d'arrimage 2 En position normale, l'arrimage 3 Or le Koursk gîte à 60 degrés, qui est beaucoup plus sérieuse que dés : la salle des torpilles, le poste
trait, jeudi 17 août, l’un des prin- contrariées par le mauvais du tube d'évacuation est une ce qui a rendu impossible ce qui est dit » estime Viktor Kha- de commandement, le poste de
temps et le courant opération délicate l'accrochage
cipaux quotidiens de Mourmansk barov, directeur de Vetchernyi pilotage et le secteur de vie. Le
évoquant le drame du sous-marin Mourmansk. Il a annoncé mercre- septième secteur, celui abritant
nucléaire Koursk et de son équi- di ce qui était tu : outre les les deux réacteurs nucléaires du
page, bloqués depuis samedi par membres de l’équipage, une di- bâtiment, serait intact. « D’après
plus de cent mètres de fond en zaine de hauts responsables de nos informations, deux tiers de
mer de Barents. Vetchernyi Mour- l’état-major de la flotte du Nord l’équipage devaient, selon l’ordre
mansk résume bien l’opinion de qui voulaient assister à des ma- de marche, se trouver dans les
nombreux habitants de cette nœuvres navales importantes se quatre secteurs touchés. Il est quasi
ville-port bâtie à 200 km au nord trouvent à bord du Koursk. certain que beaucoup de marins
du cercle arctique. Le sort du port Les dangers mortels qui guettent l'équipage • Voie d'eau sur les installations électriques : ont dû périr dès l’accident », sou-
de Mourmansk a toujours été lié dégagement d'hydrogène avec explosion ou asphyxie DES DÉGÂTS IMPORTANTS ligne Viktor Khabarov.
• Moteurs arrêtés : plus de chauffage et un froid intense • Raréfaction de l'air : évanouissement et mort
à ce qui fut la prestigieuse flotte (Température de l'eau = 2°) Aux principales questions, des A l’autre bout de la ville s’étend
du Nord. Trappe arrière réponses contradictoires ou par- ce qui constitue la fierté de Mour-
du bâtiment Partie avant
La ville et ses 450 000 habitants par où le du submersible tielles ont été apportées. La mansk, son port de brise-glace
ont de longue date pris l’habitude sauvetage endommagée composition exacte de l’équipage nucléaires. Ces monstres uniques
de se méfier des déclarations serait demeure inconnue, tout comme au monde ouvrent encore la
possible si le
contradictoires des amiraux et sous-marin les causes de l’accident : explo- route du Nord, vers le Pacifique
hauts gradés militaires. Si une Compa sion dans la salle des torpilles, et Vladivostok. Le trafic s’est ef-
de sauvetage rtiments
statue géante en béton armé d’un parvenait des mis collision, incendie, heurt d’une fondré. L’Artika est à quai, atten-
sil es et to
à s'arrimer
Compartiment refuge rpilles
soldat casqué, fusil à l’épaule, Réacteur mine de la deuxième guerre mon- dant d’improbables touristes
nucléaire Poste de commande
veille sur les hauteurs de la ville, Coupe simplifiée d'un sous-marin à propulsion nucléaire et locaux de l'équipage
diale ? Un expert ayant participé américains pour une croisière à
si des fresques célèbrent encore Source : AFP à la construction du Koursk a indi- plus de 10 000 dollars par per-
« Mourmansk ville héros » parce qué que le sous-marin était bel et sonne. La carcasse d’un sous-ma-
qu’elle fut totalement rasée par vers 23 heures, et non dimanche, Digalo, brandir une icône offerte flotte du Nord, n’est pas qu’une bien équipé de systèmes de sau- rin émerge des eaux sombres, au
les armées nazies, la règle ici est comme la marine l’avait d’abord aux marins du Koursk par le pa- immense base militaire où at- vetage : scaphandres individuels, milieu d’autres épaves.
de pester contre « ces militaires annoncé. Mercredi, le président triarche de toutes les Russies, tendent sous-marins et vaisseaux, capsule pouvant embarquer plu- « Je ne comprends pas, dit
qui mentent, une fois encore ». Vladimir Poutine a décrit la situa- Alexis II. « Il y a très peu d’opti- c’est une ville de plus de sieurs hommes. Pourquoi aucun Alexandre, un habitant, pourquoi
En ce cinquième jour du drame, tion comme « critique, lourde », misme, mais nous devons garder 50 000 habitants, au statut de de ces secours n’a-t-il été utilisé ? n’avoir pas tout de suite appelé les
les possibilités de récupérer vi- « mais tout ce qui peut être entre- espoir » déclarait le porte-parole. « zato » (administration territo- A Moscou, les responsables Américains et les Norvégiens, et dit
vants tout ou partie des 118 ma- pris l’est ; personne n’a attendu A Mourmansk, la flotte du riale), c’est-à-dire entourée de n’ont pas plus insisté sur les dé- “voilà la situation, les gars, qu’est-
rins apparaissent de plus en plus une seule minute » a-t-il ajouté. Nord ne répond plus. Dans un barbelés et interdite aux non-ré- couvertes faites mercredi par un ce qu’on peut faire de mieux pour
faibles. Tout semble au contraire Plus tard, sur les écrans de télé- bâtiment néo-stalinien, un gradé sidents. C’est dans cette ville in- engin de sauvetage qui a pu ins- sauver les types qui sont au
indiquer qu’une partie de l’équi- vision, les habitants de Mour- envoie tous les journalistes à Se- terdite aux étrangers qu’est ins- pecter la coque. Des dégâts im- fond ?” » La question revient
page aurait déjà péri, peut-être mansk ont pu voir le porte-parole veromorsk, 10 km plus au nord. tallé le « centre de presse » de portants ont été constatés « en dans les conversations, et le « se-
dès l’accident survenu samedi de l’état-major de la marine, Igor Severomorsk, « capitale » de la l’état-major. quatre endroits » a-t-il été dit. Il cret militaire » est chaque fois
mis en cause. A Mourmansk, le
souvenir de la catastrophe du
Aucun signe de vie
Aucun signe de vie n’a été dé-
La presse russe critique la lenteur de la réaction des autorités Komsomolets, ce sous-marin nu-
cléaire qui a coulé en avril 1989,
faisant quarante-deux morts par-
tecté à bord du Koursk par les UNE POLÉMIQUE agite la presse russe sur pas su trouver le temps de s’adresser aux familles combats en Tchétchénie et la récente explosion mi l’équipage, est encore vivace :
services de renseignement amé- les circonstances du drame du Koursk. Sous le des marins, aux militaires, alors que le pays tout dans un passage sous-terrain de la place Pouch- des années de mensonges ont ac-
ricains, a indiqué, mercredi titre « Quel honneur est en train de couler dans entier n’a depuis des jours qu’une pensée : les kine, à Moscou. « L’“ère” de Vladimir Poutine compagné ce drame qui n’est pas
16 août, un de leurs respon- la mer de Barents ? », le quotidien Kommersant sauveront-ils ou non ? » s’avère assez comparable aux premières années encore totalement éclairci.
sables sous couvert d’anonymat. écrit, jeudi 17 août, que « tout aurait pu être dif- de Gorbatchev. La société avait alors l’impression Ce n’est que mercredi soir que
« Nous espérons bien sûr qu’il y a férent si l’opération de sauvetage avait commen- PERSISTANCE DES VIEUX RÉFLEXES que l’heure des changements, tant attendue, la Russie formulait officiellement
des survivants mais à ce stade, cé non pas mardi mais samedi, quand le Koursk La Nezavissimaïa Gazeta veut, elle aussi, voir avait sonnée. Mais presque au même moment une demande d’aide à la Grande-
nous n’avons aucune preuve qu’il a coulé ». « Le commandement suprême de la derrière cette catastrophe, la persistance des sont survenues des catastrophes, tel Tchernobyl », Bretagne : un sous-marin de se-
y en ait », a-t-il déclaré, avant flotte aurait dû comprendre tout de suite la situa- vieux réflexes : « Peut-être la direction de la note le journal. cours de type LR5 était transpor-
d’admettre que « les Russes sont tion », dénonce le journal, ajoutant : « Personne, flotte, de l’armée et du pays veut-elle utiliser tous Sevodnia dénonce, comme d’autres, le retard té dans la soirée en Norvège.
plus proches du sous-marin que parmi les haut fonctionnaires de l’Etat, n’a voulu les moyens disponibles pour le sauvetage, en pre- pris avant d’accepter des aides internationales. Mais il pourrait ne pas être en
nous ne le sommes ». prendre le risque d’endosser ne serait-ce qu’un mier lieu, du sous-marin lui-même ? L’idéologie « On nous disait officiellement qu’une telle aide mesure d’intervenir avant same-
Le vice-premier ministre russe peu de responsabilité. Le président [Vladimir de l’époque soviétique s’est épuisée, mais elle pèse n’était pas nécessaire, que les forces propres de la di.
Ilia Klebanov, chargé du dossier, Poutine] non plus ne s’y est pas risqué. Ce n’est toujours sur la tête des hauts responsables : le su- Russie étaient plus que suffisantes. Et cela au mo- Les familles de l’équipage du
a déclaré lui aussi mercredi qu’il qu’hier soir qu’il a informé le président des Etats- bordonné peut mourir, pourvu qu’un bien mili- ment même où la situation du Koursk, déjà cri- Koursk ont, pour la plupart, été
ne semblait pas y avoir de signes Unis. » taire de valeur ne se perde pas. » Evoquant le tique, devenait catastrophique... » Le quotidien regroupées à Severomorsk, cer-
de vie à bord, mais que cela ne La Komsomolskaïa Pravda s’en prend à la débat en cours sur la réforme des forces ar- ajoutait : « Les amiraux estiment, pour des rai- taines embarquées dans le na-
voulait pas forcément dire que culture du silence au sein des forces armées : mées, le journal note que « dans la dispute entre sons bizarres, que si un seul marin russe est sauvé vire-hôpital qui croise sur la zone
les sous-mariniers étaient « Il semble bien que, chez nos chefs de la marine le ministre de la défense [Igor] Sergueiev et le par des moyens étrangers, tout se terminera par du sinistre. L’an dernier, elles
morts. Leur affaiblissement, de guerre, subsiste cette habitude soviétique qui chef d’état-major [Anatoli] Kvachnine », il n’a une catastrophe politique. » En se tournant vers avaient assisté à une remise de
pour cause de raréfaction de consiste à raconter des sornettes au pouvoir et au pas été question de la « composante humaine », une assistance étrangère, « le Kremlin se trouve prix pour l’équipage du Koursk,
l’oxygène, pourrait, selon lui, ex- citoyen, au lieu de les informer honnêtement et c’est-à-dire la nécessité d’éviter « des pertes in- obligé de mettre son amour propre en sourdine », déclaré meilleur sous-marin de la
pliquer ce silence. Le chef de la rapidement du drame. » Le journal critique aus- supportables » en vies humaines. poursuit Sevodnia : « Il est sûr que le statut de la flotte du Nord. Jeudi matin, plus
marine russe a affirmé mercredi si le silence « pendant cinq jours » de Vladimir Contrôlé par le financier Boris Berezovski, Russie comme grande puissance maritime en pâ- aucun signal n’était émis par les
qu’il y avait théoriquement des Poutine, qui se trouvait au moment de l’avarie actuellement en froid avec le Kremlin, la Neza- tit. Mais il souffrira encore plus si le sauvetage du marins prisonniers au fond de la
réserves en oxygène jusqu’au en vacances à Sotchi : « Comment se fait-il que vissimaïa Gazeta ajoute que « les premiers mois Koursk n’a pas lieu. » mer.
25 août, après avoir évoqué la l’“officier” Poutine, qui avait passé, il n’y a pas si de la présidence de Vladimir Poutine ont vu
date du 18 août. – (AFP, Reuters.) longtemps, une nuit à bord d’un sous-marin, n’a beaucoup de sang russe versé », rappelant les Natalie Nougayrède François Bonnet

Equipement défectueux et conditions défavorables ont empêché, jusqu’à présent, le sauvetage


COMME lors des précédents in- des sous-mariniers du monde en- manifestement pas été tentée. Les véhicule de secours. La gîte du b Quelle aide les Occidentaux b Y a-t-il un risque de pollu-
cidents (Le Monde du 16 août tier, et qui pourraient assurer la hommes disposaient-ils des Koursk a rendu impossible cette peuvent-ils apporter ? tion radioactive ?
2000), le naufrage du Koursk pose respiration jusque vendredi ou sa- combinaisons adéquates ? L’état étanchéité. Les Russes ont ensuite Les Américains disposent de Selon la marine russe, le Koursk
une série de questions. medi. Cependant, des plongeurs général de la marine russe fait pen- recouru à deux petits sous-marins deux petits submersibles, les Deep n’emportait pas pour cette mission
b Combien de temps les auraient observé des bulles d’air ser que ces équipements man- spécialisés pour de tels sauvetages, Submergence Rescue Vehicle d’armes nucléaires. Ses deux réac-
hommes peuvent-ils tenir ? s’échappant du bâtiment naufragé, quaient, au moins partiellement. le Bester et le Priz, qui suivent le (DSRV), basés à San Diego, qui teurs nucléaires, chacun d’une
Pour les survivants – car, selon qui subirait donc une fuite d’air. Par ailleurs, les hommes sont sans même concept d’évacuation que la peuvent s’arrimer aux sous-marins puissance thermique de 190 MW,
les services de renseignement amé- Par ailleurs, selon les services de doute très affaiblis par l’épreuve cloche, mais sont dotés de moyens et embarquer 24 personnes. Leur n’en sont pas moins une source
ricains, une partie de l’équipage a renseignement américains, cinq endurée depuis samedi 12 août. de propulsion et donc plus ma- particularité est qu’ils n’opèrent potentielle majeure de radioactivi-
succombé au moment même de des neuf compartiments du Koursk Enfin la gîte du submersible, qui nœuvrables. Mais l’angle de gîte pas depuis un navire de surface qui té. La Norvège, qui dispose d’un
l’accident ou peu après –, le princi- sont inondés, ce qui devrait ac- est de 60 degrés, rend sans doute du Koursk était, là aussi, un obs- les met à l’eau, mais depuis un navire sur zone, n’a pas relevé
pal problème est l’approvisionne- croître la pression dans les vo- l’ouverture du sas très difficile de tacle infranchissable, d’autant plus sous-marin porteur. pour l’instant de trace de radioacti-
ment en oxygène. Dans un sub- lumes restant libres, donc la diffi- l’intérieur : il s’agit de portes de que le courant de fond compliquait Par ailleurs, la Grande-Bretagne vité. Mais un expert indépendant
mersible en fonctionnement culté à respirer. quelque 200 kilos, manœuvrées à la manœuvre de ces engins à la dispose du LR5, fabriqué par la russe, Alexeï Iablokov, relève que,
normal, l’oxygène est produit par b Pourquoi les survivants ne la main ou par des moteurs pneu- puissance limitée. Le courant sou- firme Slingsby près de York et mis si le réacteur « n’est pas refroidi, il
l’hydrolyse de l’eau et le gaz carbo- sortent-ils pas d’eux-mêmes ? matiques. lève de surcroît la poussière du en œuvre par la firme d’ingénierie peut y avoir des problèmes jusqu’à
nique absorbé par des « usines de Cette manœuvre fait normale- b Quelle manœuvre les sauve- fond, rendant la visibilité mé- Rumic : selon celle-ci, le LR5 est le l’explosion ».
décarbonatation » ; mais faute ment partie des entraînements des teurs russes ont-ils tenté ? diocre. Quant à l’aide des plon- seul engin au monde capable de se b Quelle est la cause de l’ac-
d’énergie, ces dispositifs ne fonc- sous-mariniers. Ils revêtent une Ils ont d’abord, semble-t-il, utili- geurs, elle est également limitée : connecter, grâce à une sorte de sas cident ?
tionnent plus. Alors que le taux de combinaison étanche contenant de sé une cloche de plongée, accro- leur intervention au fond ne peut circulaire, avec un submersible Les hypothèses restent diverses.
gaz carbonique est normalement l’air et qui s’équilibre en perma- chée par un câble à un bâtiment de se faire que pendant quelques couché sur le flanc. Long de La collision avec un navire améri-
de l’ordre de 0,04 % du volume de nence avec la pression de l’eau en- surface et guidée par des plon- heures, s’ils ne disposent que de 10 mètres, il peut embarquer jus- cain – l’USNS Loyal et deux sous-
l’air, un taux de 2 % est suppor- vironnante grâce à des valves. Ils geurs. La cloche, appelée Koloko- leurs seules bouteilles d’air qu’à 16 personnes. Cependant, il marins suivaient les manœuvres de
table sans difficulté, et jusqu’à 6 % se pressurisent dans le sas de sortie chik, devait être posée sur le pan- comprimé. Il leur faut, de plus, res- ne sera pas sur place avant quel- la flotte russe – est formellement
avec des sensations de nausée et à la pression ambiante (à neau d’évacuation du pecter, à la remontée, des paliers ques jours – sans doute trop tard rejetée par les Etats-Unis. L’explo-
d’essoufflement. On peut piéger le 100 mètres de profondeur, 10 bars), compartiment arrière, où sont ré- de décompression longs et éprou- pour sauver des survivants. Un sion d’une torpille et la collision
gaz carbonique avec de la chaux puis s’échappent par le panneau, fugiés les naufragés. Plusieurs vants. Certes, les plongeurs profes- autre problème est qu’il est peu avec une mine sont deux possibili-
sodée répandue en granulés sur les remontant en quelque deux mi- d’entre eux auraient pu, à chaque sionnels sont capables, en respi- probable que le LR5, comme les tés. La théorie d’un choc avec un
surfaces planes du navire, et pro- nutes à la surface. Le choc de pres- rotation, embarquer dans la cloche rant des mélanges spéciaux DSRV, aient un sas aux dimensions objet extérieur était de nouveau
duire de l’oxygène de secours avec surisation est évidemment brutal et remonter à la surface. Mais il d’hélium et d’oxygène, de des- de celles des sous-marins russes avancée, jeudi, par le ministre
des « chandelles » qui le libèrent – on repasse en surface à la pres- fallait pour cela réaliser une liaison cendre pendant trois semaines. (en revanche, les navires des pays russe de la défense, Igor Sergueïv.
par réaction chimique. On peut sion atmosphérique de 1 bar – mais étanche entre cloche et navire, de Mais ils bénéficient de cloches de l’OTAN ont adopté des normes
penser que les Russes disposent de supportable par des hommes en façon à réaliser un équilibre de pressurisées qui leur servent de communes pour les dimensions de Jean-François Augereau,
ces moyens de survie fort connus bonne santé. Cette opération n’a pressions entre le sous-marin et le base de repos. ces panneaux d’évacuation). Hervé Kempf et Pierre Le Hir
LeMonde Job: WMQ1808--0003-0 WAS LMQ1808-3 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0390 Lcp:700 CMYK

I N T E R N AT I O N A L LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 3

La Turquie peine à effacer les marques Les démocrates aplanissent leurs dissensions
du tremblement de terre d’août 1999 à la veille du discours d’investiture d’Al Gore
De nombreuses familles vivent encore sous la tente Son colistier, le sénateur Joe Lieberman,
Les autorités turques tardent à fournir l’aide matérielle Le bilan total fut de près de 18 000 morts et a dû s’employer à rassurer les Noirs, les syndicalistes et les représentants
et financière promise aux habitants des régions dévas- 49 000 blessés. Dans la ville de Düzce, le provisoire
tées par les séismes du 17 août et du 12 novembre 1999. dure et l’économie locale ne redémarre que lentement. des minorités sur ses convictions
DÜZCE (Turquie) LOS ANGELES devant la convention. La réunion seule option que nous ayons dans
de notre envoyée spéciale Les séismes de 1999 de nos envoyés spéciaux avec le groupe noir a été suivie, cette élection. » Tout en reconnais-
Elles attendent patiemment que BULGARIE IZMIT DÜZCE Comment se présenter comme mardi et mercredi, de rencontres sant qu’il existe, au sein de la
leur situation s’améliore, assises 17 août 1999 12 nov. 1999 la « nouvelle garde » d’un parti de M. Lieberman avec les groupes gauche démocrate, « une énorme
sous un arbre qui offre un peu 17 127 morts 845 morts sans en faire fuir la base tradition- hispanique, asiatique, et indien du frustration à l’égard de l’emprise du
Kirkareli
d’ombre, un verre d’eau – tiède, en Mer nelle ? Comment rallier des comité national, puis avec celui capital privé sur les deux grands
l’absence de réfrigérateur – à la Bosphore troupes qui font ouvertement part des homosexuels. partis politiques », M. Jackson es-
Noire
main, avec une résignation à la fois GRÈCE Tekirdag Istanbul Zonguldak de leurs états d’âme sur le La semaine dernière, le sénateur time que l’enjeu est trop gros pour
remarquable et quelque peu sur- Mer de « manque de charisme » de celui du Connecticut a également dû être laissé au candidat d’un parti
prenante. Depuis le 17 août 1999, Marmara Yalova qui doit les mener à la victoire ? A rassurer un grand syndicat d’ensei- tiers comme Ralph Nader, qui se
Mer Égée Bolu
ces femmes vivent sous la tente la veille de l’investiture du candi- gnants − élément-clé de la base dé- présente avec l’appui du parti Vert.
Sakarya
avec leurs familles, dans un espace Gölcuk dat à la Maison Blanche par la mocrate −, alarmé de son soutien Mais, avertit le jeune parlemen-
Çiftlikköy
restreint, encombré et, en cette Degirmendere convention démocrate, l’état-ma- au système des vouchers, pro- taire noir, « Al Gore a intérêt à nous
période estivale, surchauffé. Vingt Bursa jor d’Al Gore et de Joe Lieberman, gramme d’aide à l’enseignement faire un sacrément bon discours jeu-
mètres carrés à peine. En quelques Eskisehir son candidat à la vice-présidence, privé qui a la faveur du parti répu- di soir ! ».
secondes, un puissant tremble- ANKARA a redoublé d’efforts pour maîtriser blicain. Là encore, il a dissipé les
ANKARA
TURQUIE
ment de terre a transformé leur vie Kütahya les dissensions au sein d’un parti malentendus en s’engageant à lut- CRAINTE DE L’ABSTENTION
50 km
quotidienne en une inconnue. beaucoup plus prompt à afficher ter pour l’amélioration des écoles Même réalisme chez les syndica-
Ce fatalisme, on le retrouve dans ses différences que ses adversaires publiques, une promesse elle aussi listes. Dirigeant du syndicat des
l’ensemble de la zone sinistrée. républicains. réitérée dans son discours de mer- travailleurs de la sidérurgie,
Une enquête effectuée par la fa- que la famille avait quitté la région nous aurons une salle de bains. » Les réticences de l’aile gauche du credi soir. George Becker reconnaît avoir
culté d’économie de l’université temporairement pour se réfugier Les habitants attendent des au- parti face à un « ticket » Gore-Lie- La grogne a parfois porté sur « eu des problèmes avec Al Gore »,
d’Istanbul a révélé que, si 29 % des chez des parents, au sud du pays. torités qu’elles s’organisent plus ra- berman uniformément centriste se d’autres thèmes de la campagne mais rappelle qu’aux législatives
personnes interrogées ont perçu Cette décision la sauva : l’im- pidement. Le gouverneur de la pro- sont cristallisées ces derniers jours Gore-Lieberman, comme celui des de 1994, « le mouvement syndical
les séismes comme des désastres meuble de cinq étages où elle était vince de Düzce, formée après le sur les réserves exprimées, dans le valeurs morales au nom desquelles s’est croisé les bras et nous avons
naturels, 71 % des gens y voient locataire fut totalement détruit lors séisme, apparaît tendu dans son passé, par le sénateur Lieberman une étoile montante du parti, l’his- perdu la Chambre des représen-
une punition de Dieu ou du destin, de la seconde secousse, le 12 no- nouveau bâtiment officiel qui res- sur la politique d’affirmative action panique Loretta Sanchez, élue de tants. Ça nous a coûté cher ». Car
ou même un signe de la fin du vembre, et les voisins périrent. semble à un chalet suisse. Le télé- qui, depuis trente ans, aide à pro- Californie au Congrès, a été priée c’est bien là la grande crainte : non
monde. Ce même fatalisme permet Avec la philosophie de ceux qui phone sonne sans arrêt. « Nous mouvoir les minorités ethniques de déplacer une soirée de collecte pas que les Noirs, les syndicalistes
aux constructeurs locaux de rebâtir ont échappé de justesse à la mort, n’avons pas le temps de penser. Nous dans l’enseignement ou pour l’em- de fonds pour laquelle elle avait et les enseignants votent républi-
apparemment sans se soucier trop Gül admet qu’elle ne sait pas du devons prendre des centaines de dé- ploi, et qui est aujourd’hui profon- accepté l’hospitalité du patron de cain mais que, démotivés, ces pi-
des normes antisismiques. Düzce, tout où la famille va s’installer. cisions par jour, sans avoir le temps dément remise en cause par la Playboy, à Los Angeles, sous peine liers de l’électorat démocrate
une ville de 80 000 habitants située L’aide au logement de 1 250 francs de planifier, explique-t-il. Nous droite américaine. Tandis que, d’être privée de son rôle d’orateur s’abstiennent d’aller voter le
à 250 kilomètres au sud-est d’Istan- que leur verse l’Etat arrive à terme avons reçu beaucoup d’aide de l’ex- mardi 15 août, le Parti démocrate à la convention. Mme Sanchez a fini 7 novembre. Ted Snyder, délégué
bul, a été frappée à deux reprises. ce mois-ci et les habitants ne térieur pour les premiers secours, faisait donner à la tribune de la par trouver un endroit plus anodin suppléant de Caroline du Sud et
Déjà sérieusement endommagée veulent pas s’installer dans les mais il nous faut maintenant des convention, réunie à Los Angeles, pour sa soirée, mais a volontaire- syndicaliste, évoque le « désenga-
lors du séisme du 17 août, qui dé- rares immeubles locatifs restés de- projets à long terme pour relancer les ténors de la gauche tradition- ment renoncé à intervenir à la tri- gement » de ses collègues. « Per-
vasta la région de Marmara, la ville bout : personne à Düzce ne s’aven- l’économie. Nous avons besoin de nelle, de Jesse Jackson à Ted Ken- bune de la convention. sonnellement, dit-il, je n’ai jamais
fut presque entièrement détruite ture désormais au-delà d’un troi- bourses universitaires pour donner nedy, pour apporter la caution de Influent sénateur démocrate au- aimé la ligne de la direction du par-
lors d’une seconde secousse, le sième étage. La terre continue de aux jeunes gens le pouvoir de rebâtir ce courant au candidat Al Gore, quel on prête des ambitions pré- ti, mais les meilleures chances de
12 novembre. trembler fréquemment dans la ré- leur vie. » M. Lieberman entamait plus dis- sidentielles, Joe Biden conteste, faire changer les choses se trouvent
gion. crètement une série de rencontres, pour sa part, la tactique du parti à l’intérieur. »
CABANE AU CENTRE DE LA VILLE Les propriétaires dont la maison PLAN D’URBANISME qui s’est poursuivie mercredi, avec d’esquiver le débat avec les répu- L’autre solution est de faire pas-
« Nous pouvons être expulsés à a été détruite peuvent espérer ob- La municipalité travaille actuelle- les groupes de militants les plus blicains sur un terrain où les diver- ser la personnalité d’Al Gore à l’ar-
tout moment », explique Gül Isikgil, tenir un logement de l’Etat. L’in- ment à un plan d’urbanisme très enclins à la grogne. gences sont cruciales, celui de la rière-plan. Pour Alicia Wang, pre-
une femme de trente-deux ans, qui frastructure est en place, affirme le attendu. « Si 50 000 personnes dé- politique étrangère et de la dé- mière vice-présidente du parti
fait visiter la cabane en bois gouverneur de la province, Fikret ménagent au nord de la ville, cela va MALENTENDUS DISSIPÉS fense. « Notre doctrine stratégique démocrate de Californie, « en 1996
construite par son mari sur une Güven, pour la construction de tout changer pour les commer- La rencontre la plus commentée est en jeu, observe-t-il. Si George nous avions le candidat Bill Clinton,
place, au centre de la ville. L’abri, 8 000 maisons permanentes sur les çants », explique Canan Cagatay, a été celle organisée avec le groupe W. Bush est élu, nous aurons un bou- en 2000 nous avons l’équipe Gore
aux dimensions d’une maison de collines situées au nord de la ville secrétaire générale de la chambre noir du comité national du parti clier anti-missile plus développé, avec la famille démocrate toute en-
poupée, est presque luxueux par actuelle. Les locataires, en re- de commerce et de l’industrie lo- démocrate, dont un membre in- nous risquons de sortir du traité tière derrière lui.
rapport aux tentes de ses voisines. vanche, sont plus mal lotis. En- cale. « Quelque 6 000 petits entre- fluente, Maxine Waters, élue de ABM et de mettre fin à une généra- Le candidat n’est plus une super-
Les murs sont tapissés de vieux ceinte de sept mois, Gül Kirici, dix- preneurs et commerçants ont reçu Californie au Congrès, s’était pu- tion de contrôle des armements. » star. Le vainqueur sera le parti dé-
morceaux de moquette et l’espace neuf ans, s’apprête à quitter sa des crédits de l’Etat, mais c’est en- bliquement émue des positions de L’effet de mobilisation de la mocrate, qui l’emportera sur son
minuscule est divisé en deux tente pour une maison préfabri- core très insuffisant », affirme-t-elle. Joe Lieberman sur l’affirmative ac- convention aidant, tout ce petit programme. Les objectifs politique
chambres distinctes par une cloi- quée. « C’est loin, le loyer est de « 80 % des sites industriels et des pe- tion. Les malentendus ont été dissi- monde paraissait bon gré mal gré d’Al Gore sont excellents, mais il
son en bois. Les fillettes, âgées de 115 millions de livres turques [envi- tites entreprises ont subi des dégâts, pés après que le coéquipier d’Al rentré dans le rang à la fin de la se- manque dramatiquement de cha-
trois et quatre ans, qui jouent de- ron 1 250 francs] par mois et les au niveau des bâtiments ou de Gore eut clairement affirmé de- maine. Avec, pour le justifier, une risme. C’est l’inverse de George
vant la « maison » avec un bol transports nous coûteront près de l’équipement », renchérit Yunus Yil- vant le groupe sa foi et son enga- bonne dose de pragmatisme : « Al W. Bush : chacun des deux a la moi-
d’eau savonneuse, avaient été si 50 millions [500 francs] », explique maztürk, qui représente, à Düzce, gement en faveur de la politique Gore doit être président, et il sera tié des qualités de Bill Clinton ».
traumatisées par le premier séisme la jeune femme, dont le mari sert le le ministère du commerce et de d’affirmative action, engagement président, explique Jesse Jackson Jr,
qui les avaient brutalement éjec- thé dans un troquet. « Mais c’est l’industrie. qu’il a jugé utile de réitérer mer- fils du révérend Jesse Jackson et Patrice De Beer
tées de leur lit au milieu de la nuit mieux pour le bébé, au moins Avec une clientèle au pouvoir credi soir dans son discours officiel élu de Chicago au Congrès. C’est la et Sylvie Kauffmann
d’achat très réduit, souvent sans

Sous surveillance pour sa violence chronique,


emploi, le chiffre d’affaires des en-
Il y a un an, plus de 17 000 morts et 44 000 blessés treprises de la région demeure bas.
Le seul secteur qui fleurit est celui

la police de Los Angeles joue sa réputation


b Victimes : le bilan officiel 8 500 personnes vivent encore de la construction mais, se plaint la
du séisme qui a frappé la région sous tentes. chambre de commerce, aucun des
de Marmara le 17 août 1999, b Procédures judiciaires : des 182 constructeurs de Düzce n’a été
à 3 heures du matin, s’élève poursuites ont été engagées sélectionné pour participer aux tra-
à 17 127 morts et 43 900 blessés. contre 164 personnes, ingénieurs vaux de démolition, qui sont loin LOS ANGELES Center, confirme la détermination talisée. Quelques heures plus tard
Celui de Düzce, le 12 novembre ou constructeurs « véreux », d’être terminés, ou à la construc- correspondance des policiers les mieux équipés des et sur CNN, un porte-parole de la
1999, a fait 845 morts et dont les bâtiments, mal tion de nouveaux logements. Per- Sous les yeux de quinze mille Etats-Unis à ne pas se laisser dé- police s’est excusé officiellement
4 948 blessés. Ce même séisme construits, sonne ne se fait d’illusions : il fau- journalistes de la presse nationale border. Le LAPD a mobilisé pour cette bavure.
a détruit 3 395 bâtiments se sont écroulés. Aucune dra encore du temps pour que et internationale couvrant la 9 400 hommes et femmes, certains Le plan d’intervention du LAPD
et endommagé 12 939 autres. condamnation n’a encore été l’économie redémarre et qu’un convention démocrate et ses éven- en tenue d’émeute : avec casques à avait été bousculé à deux jours de
b Reconstruction : le prononcée. Des milliers semblant de normalité s’installe. tuels dérapages, la police de Los visière, gilets, fusils et bâtons. Ils l’ouverture de la convention. Un
gouvernement prévoit de de dossiers ont été ouverts Les blessures psychologiques de la Angeles teste sa réputation. Deux ont le renfort de 3 000 collègues de juge fédéral, répondant à une re-
construire 40 665 logements par des particuliers demandant population mettront des années à scandales ont entaché le prestige la California Highway Patrol et la quête de l’American Civil Liberties
permanents dans la région, dont compensation. Après le 17 août, s’estomper. du Los Angeles Police Department garde nationale se tient prête. Union (ACLU), a interdit au LAPD
17 348 aux alentours d’Izmit ils ne pourront plus faire appel (LAPD) pendant la dernière décen- Retenant les leçons des violences d’appliquer certaines des tactiques
et 8 000 à Düzce. à la justice. – (Corresp.) Nicole Pope nie. Le tabassage de Rodney King, contre l’assemblée de l’Organisa- préventives de la police de Phila-
filmé par une caméra amateur, tion mondiale du commerce delphie, qui avait confisqué du ma-
mais dont les auteurs ont été ac- (OMC) à Seattle, le « downtown » tériel, visité et tenté de fermer les

Une équipe française construit quittés, a déclenché les émeutes de


Los Angeles en 1992. Et le scandale
du commissariat de Rampart, qui a
a été vidé de tout ce qui pourrait
servir de projectiles et est sous la
surveillance constante d’hélicop-
locaux des activistes. Dans la foule
des manifestants autour du Staples
Center, on distingue les avocats de

le premier dispensaire en dur à Düzce éclaté il y a un an. Un agent de po-


lice, Rafael Perez, arrêté pour avoir
volé et revendu plusieurs kilos de
tères relayant leurs images vers
plusieurs PC, qui décident instanta-
nément des interventions au sol.
l’ACLU en casquettes vertes fluo,
qui prennent note de toute brutali-
té policière. Los Angeles doit faire
DÜZCE guet, ingénieur en génie civil, et de l’application de normes satisfai- cocaïne confisquée par ses col- Mercredi soir, le LAPD confirmait attention : non seulement le
de notre envoyée spéciale Chantal Pinel, une architecte qui a santes. Pour bâtir leur dispensaire, lègues, a parlé et révélé la corrup- l’arrestation de 192 manifestants. monde entier regarde, mais le mi-
Une tragédie à l’échelle du participé à la construction du qui inclura une salle d’opération, tion de son unité spécialisée dans la nistère de la justice américain,
tremblement de terre qui a dévas- Stade de France. l’équipe d’Ümit 2000 doit se battre lutte antigang, allant de fausses BALLES EN CAOUTCHOUC constatant l’inconduite chronique
té le nord-ouest de la Turquie en pour réunir les fonds, avec l’aide preuves incriminant des innocents, Les avis divergent quant à l’atti- du LAPD, menace d’une plainte fé-
1999 provoque, dans un premier « SERVIR DE MODÈLE » d’associations franco-turques. Les à des identifications contestables et tude de la police face au premier dérale pour atteinte aux droits ci-
temps, un afflux d’annonces de La petite équipe conçoit d’abord volontaires doivent aussi s’initier des rapports de police menson- incident sérieux, lundi, après le viques.
soutien. Mais, à l’exception des un projet de dispensaire, en aux techniques locales de négocia- gers... Actuellement, une trentaine concert du groupe de rock contes-
professionnels de l’aide humani- consultation avec les autorités tions pour gagner la confiance des de policiers ont été suspendus, une tataire Rage Against the Machine. Claudine Mulard
taire, rares sont les donneurs qui médicales locales. D’emblée, ils autorités et obtenir un terrain où centaine de condamnations ont été Des témoins ont parlé d’un dé-
tiennent la distance. Un groupe de décident de bâtir en dur. « Nous placer leur bâtiment. Leur pa- révoquées, et les plaintes au civil ploiement policier disproportionné a Dick Cheney, colistier du can-
Français travaillant à la construc- voulions un dispensaire qui puisse tience et leur ténacité ont finale- des victimes de cette corruption et reproché aux forces de l’ordre didat républicain à la Maison
tion d’un stade olympique à Istan- servir de modèle : bon marché, fa- ment été récompensées : le 2 août, coûteront des millions de dollars à d’avoir tiré sans discrimination Blanche, George W. Bush, a quit-
bul a cependant relevé ce défi. Im- cile à construire, mais bâti selon les Ümit 2000 signait un protocole la municipalité. Pourtant le LAPD dans la foule avec des balles de té, mercredi 16 août, son fauteuil
médiatement après le séisme, ils normes les plus récentes et résistant avec le gouverneur de la province. passait pour une des forces de po- caoutchouc. D’autres ont qualifié la de PDG du groupe américain Hal-
ont organisé des collectes de vête- aux séismes, explique Pascal Mar- Dans six mois, si tout va bien, lice américaines les moins corrom- réaction policière de modérée et liburton avec un pactole de plu-
ments et de vivres pour pallier les tin-Daguet. Durant la construction, les habitants de Düzce auront un pues, alors que sa réputation de d’efficace. Mercredi, le chef du sieurs millions de dollars, a confir-
insuffisances des distributions of- un film sera préparé pour enseigner nouveau dispensaire, le premier brutalité est notoire. LAPD depuis 1997, Bernard Parks, mé la société. Les termes de son
ficielles. les méthodes utilisées. » La mau- projet bâti en dur dans le cadre du Depuis le début de la conven- un Afro-Américain, était présent départ (stock-options, primes...)
Après le second séisme qui a ra- vaise qualité des bâtiments dans la nouveau plan d’urbanisme. tion, l’ombre des émeutes de Los sur les lieux d’une manifestation... s’inscrivent dans le plan de re-
vagé la ville de Düzce, le 12 no- région sinistrée a largement (Ümit 2000 : 31, rue Letort, Angeles plane sur la ville. Le maire, contre les abus policiers, appli- traites d’Halliburton, a souligné le
vembre 1999, ils ont fondé à Paris contribué au bilan meurtrier des 75018 Paris ; www.multima- Richard Riordan, a prévenu que sa quant sa « stratégie de contrôle me- premier groupe mondial de ser-
l’association Ümit 2000 (ümit si- deux tremblements de terre, mais nia.com/umit2000) police sera « dure » et le dispositif suré ». Néanmoins, une preneuse vices pétroliers. Le New York Times
gnifie « espoir » en turc), sous la corruption ou l’indifférence ont, quasi militaire mis en place autour de son de CNN, munie de ses ac- avait fait état samedi d’un pactole
l’impulsion de Pascal Martin-Da- jusqu’à présent, fait obstacle à N. P. du lieu de la convention, le Staples créditations, a été frappée et hospi- de 20 millions de dollars. – (AFP.)
LeMonde Job: WMQ1808--0004-0 WAS LMQ1808-4 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0391 Lcp:700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 I N T E R N AT I O N A L

La libération des otages de Jolo


Un audit indépendant sur les comptes de l’OCDE est de nouveau reportée
révèle une gestion dispendieuse et opaque ZAMBOANGA. Les négociateurs philippins ont annoncé, jeudi 17 août,
que les otages ne seraient pas libérés avant vendredi en raison du mauvais
temps régnant sur le sud des Philippines. Robert Aventajado, le chef des
négociateurs, et le diplomate libyen Rajab Azzarouq, auraient dû se rendre
Souvent critique à l’égard des 29 pays membres, l’organisation donne le mauvais exemple jeudi sur l’île de Jolo pour récupérer les otages encore détenus par les re-
belles islamistes du groupe Abou Sayyaf, mais le déplacement a été annu-
Commandé par l’Organisation de coopération et dont elle fait l’objet, le rapport d’Arthur Ander- la santé financière et de la solvabilité de l’institu- lé. Le groupe rebelle retient encore treize otages – 3 Français, 2 Allemands,
de développement économiques (OCDE) pour ré- sen n’a pas révélé de malversations mais estime tion. Le système de comptabilité devrait être ré- 2 Finlandais, 2 Sud-Africains, 1 Philippin et 3 Malaisiens – auxquels
pondre aux accusations de négligence financière qu’il est impossible de se faire une idée claire de formé et les coûts de fonctionnement réduits. s’ajoutent les 3 journalistes de France 2. Mercredi, une otage philippine a
été relâchée. La libération des otages avait auparavant été annoncée pour
FAITES ce que je dis mais pas ce l’étude relèvent qu’il est « difficile 50 000 francs. Leur nombre a été de l’organisation devant le Japon mercredi puis reportée à jeudi, en raison d’un contretemps lié à des mou-
que je fais. Ce pourrait être la de- de se faire une idée précise de la depuis réduit à 400. Les rembour- (24 %), et qui voudraient voir dimi- vements de l’armée sur l’île qui avaient inquiété les rebelles. – (AFP,
vise de l’OCDE. Alors que l’organi- santé financière de l’institution, en sements de TVA s’effectuent dans nuer leur quote-part, calculée peu Reuters.)
sation internationale prône la particulier de sa liquidité et de sa l’anarchie ; les prêts au personnel ou prou sur la base du PIB de
solvabilité ».
transparence et a publié il y a un
mois à peine la liste des territoires
qui n’affichent pas une rigueur
La direction de l’OCDE avait elle-
même déjà vaguement conscience
sont effectués sans contrôle par un
même employé. L’étude va jusqu’à
s’interroger sur la valorisation de la
chaque membre. La plus grande
partie sert à payer les salariés per-
manents et à financer les avis des
L’ONU veut réévaluer sa mission en
cave à vins qualifiée de « diploma-
exemplaire en matière de pratiques
fiscales, elle est elle-même épinglée
pour l’opacité de son propre sys-
des dysfonctionnements de son
système. Un audit commandé en
1996 à la firme comptable Coopers
tique » du Château de la Muette ;
elle compte environ 4 000 bou-
quelque 700 experts sollicités dans
les comités de travail. République démocratique du Congo
tème de comptabilité et pour la ga- Lybrand critiquait les critères selon teilles de Bordeaux (« convenables FONDS DE RETRAITE NEW YORK. Les Nations unies doivent repenser leur rôle en République
begie qui y règne. lesquels l’organisation recrutait ses mais pas des grands crus », dit-on à L’exercice est pourtant assez dé- démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), a déclaré, mercredi 16 août, dans
L’OCDE, créée il y a près de qua- personnels. Mise en cause pour né- l’OCDE) dont l’inventaire laisse à licat. Le budget de l’OCDE est une lettre au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Kofi An-
rante ans pour former un club des gligences financières, la direction désirer. plombé depuis plusieurs années nan, après l’échec, mardi à Lusaka, des négociations de paix entre les belli-
pays ayant en commun la pratique de l’OCDE a elle-même pris l’initia- Les 1 847 salariés de l’OCDE ont par les dépenses de retraite des sa- gérants. « Le rôle que la mission peut jouer dans les circonstances actuelles
de la démocratie (bien qu’on puisse tive de demander à un organisme mal réagi à cette attaque en règle. lariés, système qui a accumulé un n’est pas clair », écrit M. Annan, recommandant la prolongation de son
se poser la question pour la Tur- indépendant de passer au scanner Depuis fin 1996, l’organisme a ré- déficit de quelque 4 milliards de mandat pour un mois et non pour six mois comme c’est la coutume. Le se-
quie) et l’adoption de l’économie sa machinerie pour désamorcer les duit son personnel de 265 postes francs. Jusqu’à présent, les pays crétaire général souligne le « climat hostile » qui a empêché le déploie-
de marché, pourvoyeuse d’idées et critiques de ses détracteurs. (soit 15 % du total), et les salaires membres, « propriétaires » de ment des 5 500 casques bleus prévus. A Kinshasa, le ministre congolais des
d’analyses, qui fait autorité dans le ont été gelés pendant deux ans. l’OCDE, puisaient dans le budget affaires étrangères, Yerodia Abdoulaye Ndombasi, a d’ailleurs réaffirmé
domaine des perspectives écono- CAVE « DIPLOMATIQUE » L’audit va pourtant permettre au opérationnel pour combler le désé- qu’il était « hors de question que les troupes de l’ONU se déploient à Kinshasa
miques et distribue bons et mau- Question finances, Arthur An- secrétaire général, le Canadien Do- quilibre entre l’augmentation du ou dans d’autres grandes villes contrôlées par le gouvernement ». – (AFP,
vais points aux vingt-neuf pays qui dersen affirme n’avoir rien trouvé nald Johnson, d’accélérer les ré- nombre des retraités et la baisse Reuters.)
en sont membres, serait-elle la der- d’anormal. En revanche, le rapport formes avant son départ prévu des actifs. Les retraites pourraient
pour le 31 mai 2001. « Ce que nous
nière de la classe ? Le rapport in-
dépendant établi par la firme d’au-
dit Arthur Andersen et révélé par le
énumère un nombre impression-
nant d’approximations pour une
institution qui fait régulièrement
dit le rapport, c’est que nos mé-
thodes comptables sont archaïques,
absorber 40 % du budget d’ici une
quinzaine d’années.
Un fonds de retraite alimenté par
Les responsables religieux chinois
Financial Times du 14 août ne laisse ce que nous savions déjà, et à quoi
guère de doutes : personne n’est
vraiment capable de comprendre
appel à des bataillons d’écono-
mistes, de scientifiques et d’autres
spécialistes pour nourrir ses ana-
nous essayons de remédier », a-t-il
déclaré.
les pays membres vient juste d’être
mis sur pied, mais ce surplus de co-
tisations n’incite pas les contribu-
haussent le ton face à l’étranger
comment l’organisation, située au lyses. Jusqu’à une date récente, le Il est sous la pression de certains teurs à beaucoup de complaisance PÉKIN. Les responsables des principales religions officielles chinoises ont
Château de la Muette à Paris, dé- budget comptait pas moins de de ses membres, qui l’incitent à ré- à l’égard des locataires du Château vivement mis en garde les pays étrangers contre toute ingérence dans les
pense ses 200 millions de dollars 1 300 lignes budgétaires diffé- duire ses coûts de fonctionnement, de la Muette. affaires intérieures de la Chine sous prétexte de religion, a rapporté, jeudi
(près de 219 millions d’euros) de rentes, dont certaines concernaient notamment les Etats-Unis, princi- 17 août, la presse chinoise. « Certains pays utilisent la liberté religieuse
budget annuel. Or les auteurs de des sommes inférieures à pal contributeur (25 %) au budget Babette Stern comme un prétexte pour susciter le séparatisme dans d’autres pays. Ces agis-
sements vont à l’encontre des religions mondiales », a déclaré Jamyang, le
vice-président de l’association bouddhiste de Chine, cité par le quotidien

Un voyage aux JMJ de Rome coûte six mois de salaire au Burkina Faso China Daily. Les responsables – approuvés par l’Etat – des cinq grandes re-
ligions officielles chinoises (bouddhisme, taoïsme, islam, catholicisme et
protestantisme) se sont rassemblés mercredi à Pékin pour préparer le
ROME ment il a pu venir à Rome de son De nombreux diocèses des pays consacré cette manne à aider les Sommet religieux du millénaire prévu du 28 au 31 août aux Etats-Unis. Ils y
de notre envoyé spécial pays pauvre, le Burkina Faso. Le riches ont mis la main à la poche étrangers ou les jeunes défavorisés ont redit l’essentiel de la propagande officielle, qu’il s’agisse de l’opposition
Un orchestre de percussion afri- voyage et le séjour dans la capitale pour aider les jeunes croyants des de leur département à venir aux JMJ à « l’hégémonisme » américain ou du rejet des critiques étrangères sur l’ab-
cain joue un rythme endiablé sur italienne coûtait 450 000 francs CFA, pays défavorisés à venir à Rome. de Rome. Les Journées de Paris sence de liberté religieuse en Chine. – (AFP.)
une petite place, près du Panthéon, soit 4 500 francs français : « Le dio- Alice Barthélemy, responsable du avaient aussi créé des liens entre
cèse a financé la moitié de la somme. Comité solidarité de l’équipe natio- diocèses de France et d’ailleurs. DÉPÊCHES
REPORTAGE Le reste était à notre charge, explique nale des JMJ, estime à 5 millions de Ainsi les jeunes du diocèse d’Arras a AFRIQUE DE L’EST : près de 20 millions de personnes sont confron-
t-il. Alors, nous avons fait des quêtes. francs au moins la participation des sont-ils aujourd’hui accompagnés à tés à un « grave » manque de nourriture, un chiffre en hausse de 3 millions
De nombreux diocèses Il y a eu aussi des bonnes volontés diocèses français. Les principaux Rome de cent dix étrangers, Ivoi- de personnes par rapport au mois d’avril, a indiqué mercredi 16 août l’Or-
des pays riches riens, Gabonais, Togolais et Cam- ganisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les
ont mis la main bodgiens. Des liens symbolisés sous causes principales de cette situation sont la persistance de la sécheresse, les
à la poche Une trentaine de sites Internet en France la forme d’un T-shirt marqué du guerres et les autres troubles « limitant sérieusement les activités agricoles
slogan : « On n’a pas tous les jours dans de nombreuses zones », indique un rapport de la FAO. Dans l’Afrique
On compte au moins trente-deux sites français pour suivre les Jour- 2 000 ans ! » subsaharienne, ce sont au total seize pays qui affrontent des problèmes
au cœur de Rome. Le groupe vient nées mondiales de la jeunesse. Au QG de la Trinité-des-Monts, Internet Les jeunes Français venus en Ita- alimentaires exceptionnels. – (AFP.)
du Burundi. Les jeunes pèlerins permet, assure-t-on, de « relier les jeunes qui sont restés en France et ceux lie ont réglé pour leur part une a GUINÉE : la réclusion criminelle à perpétuité a été requise, mercredi
massés devant le podium se ba- qui participent aux JMJ », mais aussi de donner des nouvelles, de rassu- somme variant entre 1 500 et 16 août, par le procureur de la République contre l’opposant guinéen Al-
lancent en suivant la cadence. Les rer les familles. Un site a été spécialement créé à cette intention 2 100 francs. Certains diocèses ont pha Condé et quarante de ses coÏnculpés, jugés par la Cour de sûreté de
religieuses en habit les imitent, (www.jmj2000.org), en lien avec la conférence des évêques de France. choisi de « subventionner » leur l’Etat à Conakry. Selon le réquisitoire, Alpha Condé est coupable d’« at-
d’abord timidement. L’air est étouf- Grâce à un réseau de jeunes correspondants, il donne en ligne des nou- voyage, tandis que d’autres, comme teinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire ». – (AFP.)
fant, malgré la tombée de la nuit. velles brèves des groupes, des photos, des témoignages. De son côté, le ceux d’Ile-de-France, ont préféré b IRAK : l’Irak a annoncé que l’aéroport international Saddam à Bag-
Les prêtres ont déboutonné leur col site de l’émission télévisée « Le Jour du Seigneur » (www.lejourdusei- demander le prix réel, quitte à aider dad serait « officiellement » rouvert, jeudi 17 août, après dix ans d’inactivité
romain. L’ambiance est électrique. gneur.com) propose chaque soir à partir de 22 heures un plateau télé les jeunes moins fortunés. Cette en raison des sanctions internationales. L’Irak a contesté à plusieurs re-
La musique est la langue universelle en direct. Les internautes peuvent réagir et poser des questions aux in- somme se décompose en 850 francs prises l’embargo aérien « de facto » en vigueur depuis 1990 et qui n’a pas
des quinzièmes Journées mondiales tervenants en les envoyant par mail. Les cérémonies sont retransmises pour les cinq jours passés à Rome, d’existence juridique dans les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU
de la jeunesse catholique, qui se en direct. Et une équipe d’une dizaine de reporters en herbe sillonnent 50 francs au titre de la solidarité, et instaurant un régime de sanctions contre Bagdad. Plusieurs associations
poursuivent dans la capitale ita- les JMJ pour filmer de courts reportages diffusés ensuite sur la Toile. le reste pour financer le voyage de françaises, dont Enfants du monde-Droits de l’homme et les Amitiés fran-
lienne jusqu’au week-end, partagées France jusqu’à Rome. Pour ce prix, co-irakiennes, ont annoncé leur intention de « violer » l’embargo aérien ci-
entre les célébrations, les catéchèses les conditions de séjour sont parfois vil contre l’Irak en affrétant un avion qui effectuera la liaison Paris-Bagdad
(enseignements religieux dispensés pour nous aider. » La somme repré- bénéficiaires sont le Bénin, la Gui- spartiates : cinq douches pour un le 29 septembre, une opération, baptisée « Un avion pour l’Irak ». – (AFP.)
par des évêques), les temps de sente tout de même environ six née, le Cameroun, le Burkina Faso, groupe de quatre-vingts logés dans a TURQUIE : la Turquie a signé deux conventions des Nations unies
prière, de détente et de fête. mois de salaire. Deux cents jeunes le Ghana, le Sénégal, la Côte une école ! Et de l’eau quand le ré- sur les droits de l’homme mais étudiera d’éventuelles réserves à apporter à
Un groupe italien enchaîne en ont pu venir du Burkina Faso. d’Ivoire et le Liban : « En tout, cin- seau de distribution romain le veut ces documents en vue de les soumettre au vote du Parlement, a annoncé
chantant le tube des JMJ de Rome : Antoine accompagne un groupe quante-deux pays ont été aidés et bien. « Les douches sont ouvertes, il mercredi 16 août le ministère des affaires étrangères. Les deux conventions
« Il est l’Emmanuel. Sous la même venu du Togo, également aidé par plus de mille étrangers ont pu venir faut se laver en maillot de bain ! », promeuvent la liberté de pensée, de conscience et de religion, condamnent
croix, chantons d’une seule voix. » Le sa conférence épiscopale, mais aussi grâce à cette opération de solidari- soupire une jeune fille. la torture et garantissent aux minorités la liberté d’expression culturelle et
refrain est en italien, mais les cou- soigneusement trié : « Nous avons té », précise-t-elle. Mais les participants se plaignent linguistique. Depuis qu’elle a été déclarée candidate à l’Union européenne
plets en français, en espagnol, en fait un choix minutieux. Nous sommes L’Eglise catholique de France a pu surtout des transports romains. en décembre 1999, la Turquie est sous pression pour améliorer son bilan
anglais. Derrière le podium, des sûrs que ceux qui viennent sont moti- compter sur la « cagnotte » des JMJ Mardi 15 août, l’accueil des pèlerins en matière de respect des droits de l’homme, et notamment les droits de la
images de Jean Paul II défilent sur vés. Nous avons pris des dispositions de Paris. En 1997, pour faire face au par le pape, sur la place Saint- population kurde. – (AFP.)
un écran. Le pape embrassant un très sévères. » En 1997, pour les JMJ déficit creusé par les célébrations du Pierre, s’est prolongé jusqu’à a ALLEMAGNE : le gouvernement allemand a débloqué près de
enfant, le pape souriant, le pape de- de Paris, raconte-t-il, « nous étions Champ-de-Mars et de Longchamp, 23 h 30, et les jeunes ont eu la sur- 40 millions d’euros sur trois ans, mercredi 16 août, afin de soutenir les ini-
vant une jeune fille qui pleure. Et venus avec un groupe de soixante- le comité d’organisation avait lancé prise de constater qu’à cette heure tiatives régionales et locales de lutte contre l’emprise de l’extrême droite
partout, des jeunes. Sur l’écran, sur douze jeunes et huit d’entre eux se un vaste appel aux donateurs. La tardive les bus romains ne fonction- chez les jeunes. Cinq millions d’euros
le podium, sur la place, dans les rues sont volatilisés. Ils sont partis dans la collecte ayant dépassé les espé- naient plus. Certains logent pour- supplémentaires seront apportés en
de la ville. Des jeunes venus de plus nature et on ne les a pas revus. » rances, il est resté environ 42 mil- tant à 80 kilomètres du centre de vue de la création d’un fonds d’in-
de cent cinquante pays différents Cette année, le groupe togolais est lions de francs. Cet argent a été dis- Rome et doivent se rendre à la gare demnisation pour les victimes de vio-
grâce à des modalités de solidarité réduit à une trentaine de pèlerins, tribué aux diocèses, avec la pour prendre le train jusqu’à leur lences commises par des extrémistes
financière parmi les plus variées. encadré par des religieuses, des consigne qu’il serve exclusivement lieu d’hébergement. de droite, a indiqué le porte-parole
Dans l’assistance de la place du prêtres et des accompagnateurs aux actions menées auprès des du gouvernement, Uwe-Karsten
Panthéon, Valentin raconte com- laïcs. jeunes. Plusieurs diocèses ont Xavier Ternisien Heye. Par ailleurs, le tribunal admi-
nistratif de Berlin a interdit une ma-
nifestation prévue samedi dans la ca-

Les Palestiniens décideront en septembre de la date de proclamation de leur Etat pitale allemande à la mémoire du
dignitaire nazi Rudolf Hess, qui s’est
suicidé en prison le 17 août 1987.
APRÈS Pékin, Hanoï et Djakarta, déclaration pourrait être reportée le président palestinien juge que nistre israélien des affaires étran- – (AFP.)
le président palestinien Yasser Ara- au 15 novembre, date anniversaire « si la volonté [d’aboutir] existe, il y a gères par intérim, Shlomo Ben Ami. a AFGHANISTAN : les talibans
fat s’est rendu jeudi 17 août à To- de la proclamation symbolique de un chemin » pour y parvenir. L’envoyé spécial américain pour vont faire fermer les boulangeries te-
kyo pour plaider son point de vue à l’Etat palestinien indépendant par L’Egypte, de son côté, a affirmé le Proche-Orient était attendu jeudi nues par des femmes et vendant du
propos des négociations de paix le Parlement palestinien en exil en être en contact avec les Palesti- en Israël. « Il aura des réunions à la pain subventionné par l’ONU à des
avec Israël. Avant de quitter la capi- 1988 , à Alger. niens, Israël et les Etats-Unis pour fois avec les Palestiniens et les Israé- milliers de femmes et enfants
tale indonésienne, il a une nouvelle mettre au point « un projet d’ac- liens, si possible avec les dirigeants », pauvres, ont annoncé, mercredi
fois laissé entendre que la date du REPRISE DES POURPARLERS cord-cadre » israélo-palestinien. a fait savoir le département d’Etat. 16 août, des responsables locaux de
13 septembre choisie pour la pro- M. Arafat a par ailleurs affirmé D’après l’ambassadeur d’Egypte en Par ailleurs, « le gouvernement amé- la mission des Nations unies. En juil-
clamation de l’Etat palestinien avoir reçu le jour même « une lettre Israël, Mohamad Bassiouni, des ricain estime qu’il existe (...) un let, les intégristes avaient interdit à
n’était pas forcément sacrée. très importante » du président amé- « idées pour résoudre la question de risque accru d’actions terroristes en l’ONU et aux autres organisations in-
« Nous allons décider le mois pro- ricain, Bill Clinton, qui affirme qu’il Jérusalem seront [également] sou- Israël, en Cisjordanie et dans la ternationales présentes à Kaboul
chain. Nous sommes en train de « poursuivra ses efforts [de paix] mises » aux deux parties. Le chef de bande de Gaza », indique un d’employer des femmes. « On nous a
réexaminer cela », a-t-il déclaré aux après la convention démocrate ». la diplomatie égyptienne, Amr communiqué publié mercredi par le ordonné de fermer toutes les boulan-
journalistes faisant allusion à la Quant aux pourparlers israélo-pa- Moussa, avait reçu mardi le numé- département d’Etat, qui re- geries de femmes, qui nourrissent quel-
réunion prévue du conseil central lestiniens proprement dits, qui se ro deux palestinien, Mahmoud Ab- commande, en conséquence, aux que 50 000 personnes, » a déclaré Pe-
de l’OLP (mini-Parlement en exil) sont poursuivis de manière infor- bas et les trois principaux négocia- ressortissants américains de faire ter Goosens, un des responsables du
les 8 et 9 septembre à Gaza. melle depuis la fin du sommet de teurs Saëb Erakat, Ahmed Qoreï et preuve de vigilance, notamment Programme alimentaire mondial
Des responsables de l’OLP Camp David le 25 août, et qui ont Yasser Abed Rabbo. Il s’est ensuite s’ils sont amenés à emprunter des (PAM). – (AFP.)
avaient déjà laissé entendre que la repris plus officiellement mercredi, entretenu au téléphone avec le mi- lignes de bus. – (AFP, Reuters.)
LeMonde Job: WMQ1808--0005-0 WAS LMQ1808-5 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0392 Lcp:700 CMYK

FRANCE
LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000

REPRISE Valenciennes, ville symbole de (UDF), qui a œuvré avec acharnement pour qui a subi la mort des vieilles industries et b À SURGÈRES, les cadres d’une entreprise
la crise des années 80, est aujourd’hui l’un « requalifier » la ville, s’inquiète de l’écart la gestion désastreuse d’un maire prévari- moyenne racontent comment elle a failli
des lieux où se fait le plus sentir le nou- qui ne cesse de se creuser entre les heu- cateur, Jean-Michel Boucheron (PS), place mourir de la crise, qui a réduit ses effectifs
veau climat qui accompagne le retour de la reux de la reprise et ceux que la crise a lais- ses espoirs dans les métiers de l’image, at- de 80 %, et comment elle a été sauvée in
croissance. Son maire, Jean-Louis Borloo sés en grandes difficultés. b ANGOULÊME, tirés par son festival de la bande dessinée. extremis par la reprise.

Valenciennes entre la prospérité qui revient et la noirceur qui dure


La ville du Nord a perdu 40 000 emplois dans l’effondrement de la sidérurgie et des constructions mécaniques.
Elle renoue avec les activités industrielles qui ont fait son histoire pendant deux siècles, mais ne peut oublier le legs de misère et de désespoir de la crise
VALENCIENNES (Nord) pépinière d’entreprises récem- l’activité ferroviaire autour des Seulement, derrière les façades
de notre envoyé spécial ment inaugurées affichent déjà usines Bombardier et Alstom, qui rénovées de Valenciennes, le
Les pneus brûlés à l’entrée de la « complet ». Plus loin, sur les rives assurent ici 20 % de l’activité na- quotidien n’a guère changé dans
ville et les menaces des ouvriers nettoyées de l’Escaut s’alignent tionale du secteur. les cités ouvrières voisines, où ni
de « faire sauter l’usine, comme les désormais une série de bâtiments Avec les centres de recherche, le temps, ni la reprise n’ont cica-
Cellatex », n’auront pas empêché de verre et d’acier, une université les sous-traitants et les équipe- trisé les plaies de la crise. Si le
la fermeture de Forgeval, l’une des et une école de pointe, Supinfo- mentiers, près de 20 000 per- chômage a baissé, passant en
plus anciennes usines de Valen- com, qui a permis à la ville de re- sonnes, au total, font aujourd’hui deux ans de 20 % à 17,5 % de la
ciennes. A l’approche des va- vendiquer le titre de « capitale de du Valenciennois l’un des tout population active sur l’arrondis-
cances, les 127 salariés de la forge la création numérique ». Partout, premiers pôles européens de sement, il reste toujours supé-
ont reçu leur lettre de licencie- le dynamisme retrouvé est per- transports terrestres. « Il a fallu rieur de huit points à la moyenne
ment, quelques jours après la li- ceptible dans la multiplication des dix ans pour renouveler le tissu in- nationale, avec des hausses à
quidation judiciaire prononcée le chantiers, qui ont accompagné le dustriel », constate Jacques plus de 30 % dans certains quar-
10 juillet. « C’est une époque qui retour des entreprises et des Lesnes, le directeur de la chambre tiers de Denain ou de Condé-sur-
s’achève », lâche le sous-préfet, contribuables : au dernier recen- de commerce, sans voir se re- l’Escaut. C’est là, au cœur des an-
Jacques Millon, au terme d’une sement, la population de Valen- constituer, derrière la nouvelle ciens bassins sidérurgiques et mi-
négociation tendue sur les indem- ciennes a augmenté de 10 %. mono-industrie de l’automobile, niers, que des milliers de familles
nités de licenciement. un danger potentiel pour l’avenir. connaissent le chômage depuis
Forgeval, c’était « l’une des der- CHANGER D’IMAGE La situation géographique, les trois générations, que l’espérance
nières entreprises qui vivaient de A quelques kilomètres, une ar- aides versées aux entreprises, la de vie est de dix ans inférieure à
l’ancienne économie », précise mée de robots soudeurs viennent main-d’œuvre qualifiée et les sa- la moyenne nationale, que l’al-
M. Millon, celle des houillères et d’investir l’usine flambant neuve laires très bas n’expliquent pas coolisme fait des ravages... « Les
des grandes aciéries, dont la dis- de Toyota, inaugurée le 5 juin à tout. « Il n’y a pas eu de miracle, élus, les directeurs de caisses so-
parition aura entraîné, en cinq Onnaing. Annoncée en décembre assure M. Lesnes, seulement du vo- ciales, on est tous tétanisés par
ans, plus de 40 000 licenciements 1997, l’arrivée du constructeur ja- lontarisme », celui de tous les ac- l’écart croissant entre ceux qui
dans l’arrondissement et presque ponais et de ses 2 000 emplois teurs locaux, que l’infatigable vont bien et les autres, convient
autant de départs. De ce trauma- « n’ont pas été l’élément du redres- « C’était la cerise sur le gâteau », Sevelnord, filiale de Peugeot et de M. Borloo a su fédérer, depuis M. Borloo. On se gausse de la
tisme, il reste des images gravées sement », tempère Jean-Louis Bor- préfère-t-il dire. Le mouvement a Fiat, qui a recruté 3 500 personnes 1989, avec son équipe municipale reprise, mais on ne règle pas le
dans toutes les mémoires, comme loo, maire de la ville et député commencé au début des an- pour produire des monospaces. Il pour rendre la ville accueillante sort des gens en grande diffi-
celles des rues désertes et des cen- (apparenté UDF) du Nord. nées 90, avec la création de l’usine a continué avec le redémarrage de aux industriels. « Celui qui veut in- culté. »
taines d’affichettes jaunes, « à vestir chez nous, il est reçu comme La reprise ? Beaucoup de chô-
vendre », placardées sur les portes un dieu vivant », résume le maire. meurs la découvrent, incrédules,
des maisons vides. A l’union lo- me paraît criminel. On peut avoir Le risque est grand, en effet, devant les panneaux de l’ANPE
cale CGT, on préfère se souvenir TROIS QUESTIONS À... en même temps une reprise si l’enthousiasme du moment « ON EST TÉTANISÉS » où se multiplient les offres d’em-
du face-à-face avec les policiers, économique très forte et – c’est entraîne la réduction des poli- Maîtresse dans l’art de décro- bauche. « Il n’y a pas de pénurie
les poches pleines de boulons et JEAN-LOUIS BORLOO le cas chez nous – une situation tiques de lutte contre l’exclu- cher des subventions européennes de main-d’œuvre, mais une inadé-
quation entre ce que recherchent
les visages dissimulés sous les fou-
lards, et de la grande manifesta- 1 Maire de Valenciennes et dé-
puté (apparenté UDF) du
sociale alarmante. sion. Je redoute surtout la vio-
lence que peut générer ce
ou nationales, la municipalité n’a
pas ménagé ses efforts pour chan- les entreprises et les demandeurs
d’emploi, explique Paul Schlon-
tion du 16 février 1979. Ce jour-là,
rapporte la légende, 80 000 per-
sonnes s’étaient rassemblées dans
Nord, une ville et un départe-
ment qui ont été profondément
touchés par la crise économique,
2 La baisse du chômage ne
contribue-t-elle pas à amélio-
rer cette situation ?
grand aveuglement. Le taux de
souffrance ne se résorbe pas en
quelques années de reprise. Il
ger l’image de la ville et gagner
« la bataille des épouses », celle
qui fait qu’« une femme de cadre
sok, le directeur de l’agence de
Valenciennes. Les parents, qui ont
les rues de Valenciennes, quelques ressentez-vous aujourd’hui une Oui, le taux de chômage se ré- est pratiquement décalé d’une ne quitte plus son mari quand elle subi la crise de plein fouet, n’ont
semaines après l’annonce de la atmosphère de sortie de crise ? duit, mais le taux de souffrance, génération (analphabétisme, al- apprend qu’il est embauché à Va- pas orienté leurs enfants vers les
fermeture des hauts-fourneaux Bien sûr que je la ressens, lui, augmente. Cet indicateur, coolisme, etc.). lenciennes », explique M. Borloo. secteurs traditionnels de l’indus-
d’Usinor, dans la ville voisine de même si, pour nous à Valen- établi par la Ddass, intègre, selon La violence viendra du fait de En quelques années, la ville est de- trie, qui recrutent aujourd’hui. »
Denain. ciennes, la reprise n’est pas liée à une cotation qui va de 1 à 20, des l’augmentation de ce taux sur venue verte, fleurie. Un théâtre a Au rez-de-chaussée, un poste de
Vingt ans plus tard, tout a chan- l’actuelle explosion sur le marché critères tels que la santé pu- des zones qui, elles, seront géo- été construit, le Musée des beaux- télévision diffuse en boucle une
gé autour des ateliers silencieux des services, mais à une stratégie blique, le niveau scolaire, le lo- graphiquement de plus en plus arts rénové, un conservatoire, un cassette sur les recrutements à
de Forgeval. Les friches indus- industrielle qui commence à por- gement social, la délinquance, réduites. Alors oui, partageons cinéma et des écoles d’art inaugu- Toyota. « C’est pas pour moi »,
trielles ont cédé la place à une sé- ter ses fruits depuis deux ou trois les pathologies particulières, le l’enthousiasme du retour de la rés. Dans un ancien collège de jé- soupire Bruno, ancien estam-
rie de logements neufs, tandis que ans. Nous, nous étions sur le to- niveau d’espérance de vie. Dans croissance, mais à condition suites remis à neuf, une biblio- peur. « Il paraît qu’il faut passer
les vieilles bâtisses abandonnées boggan de la mort, et il est in- le bassin du Hainault, nous avons d’en affecter les surplus, de ma- thèque multimédia a vu le jour, des tests », précise-t-il, persuadé
ont été réhabilitées une à une. contestable que la situation s’est encore 23 villes sur 82 qui ont un nière massive et urgente, à la qui accueille 50 000 visiteurs par de n’avoir aucune chance, lui qui
C’est là, en face de la vieille forge, améliorée ; mais, même si je ne taux de souffrance supérieur à réduction de la souffrance indi- mois. Depuis avril, un « plan lu- avait quitté l’école un vendredi, il
que le Théâtre national de Valen- veux pas jouer les trouble-fête 13. viduelle. mière » redonne vie, la nuit, aux y a vingt-huit ans, pour entrer le
ciennes, chef-d’œuvre architectu-
ral baptisé Phénix, dresse depuis
1998 sa façade rouge. A côté, une
de la reprise, je ne peux pas ca-
cher mon inquiétude : l’aveugle-
ment euphorique du moment
3 Voulez-vous dire que la re-
prise entraîne un renforce-
ment des inégalités ?
Propos recueillis par
Pascale Robert-Diard
statues installées aux carrefours
de la ville, aux grands axes et au
patrimoine architectural...
lundi suivant à Forgeval.

Alexandre Garcia

Comment les motoristes de Surgères Angoulême compte sur son Pôle image
ont été sauvés par la reprise pour tourner la page des années Boucheron
SURGÈRES (Charente-Maritime) dateur de l’entreprise, est telle que rapprochement, puis une fusion, ANGOULÊME lopper ; et le Centre national de la part d’entre eux sont liés à l’activité
de notre envoyé spécial le ministère des armées lui confie, avec le géant américain Cummins de notre envoyé spécial bande dessinée et de l’image des studios de production, par na-
Depuis six mois, le drapeau noir en 1974, le soin de réaliser les (26 000 salariés, 7 milliards de dol- Les cartons de déménagement (CNBDI) est né, dans le cadre de la ture intermittente. « Le recrute-
ne flotte plus au sommet du grand études et la fabrication du moteur lars de chiffre d’affaires), éternel ri- s’empilent encore jusqu’au pla- politique de « grands chantiers » ment est un peu sauvage », re-
réservoir, à 50 mètres au-dessus qui équipera son futur char Leclerc. val de la SSCM. L’arrêt brutal des fond. Depuis le 22 mai, une partie culturels en province, voulue par connaît Alexandra Tholance, de
des ateliers. Rayée de la carte à la Seulement, à l’étranger, la anciennes machines, bien rodées, de la société Toutenkartoon a quit- François Mitterrand et Jack Lang. Magelis, la structure tripartite (dé-
suite d’une ultime restructuration concurrence avec les gros moto- et le lancement précipité des nou- té ses locaux du 5e arrondissement Aujourd’hui, il est revenu sur les partement, ville et chambre de
en 1998, l’usine de constructions ristes devient rude. A défaut veaux produits, pas encore fiabili- de Paris pour investir les trois bords de la Charente, qui étaient commerce) qui gère le Pôle. « Il
mécaniques de Surgères, en Cha- d’avoir la « taille critique » suffi- sés, se révèlent catastrophiques : étages de l’ancien « foyer du sol- devenus une friche industrielle. Les s’agit de microsociétés. Dans ce type
rente-Maritime, l’une des trois fi- sante pour lutter et garder son au- les ventes chutent de 40 %, le défi- dat », une bâtisse ensoleillée, au- nouvelles activités du Pôle se sont d’emplois, il y a un besoin de mobili-
liales françaises du motoriste fin- tonomie, Surgères se croit tirée cit devient abyssal. En novembre dessus de la Charente. Martine Zé- installées dans le quartier des an- té. La découverte est permanente.
landais Wartsilä, a finalement d’affaire quand l’usine est rachetée, 1998, Cummins Wartsilä Engine vort, la responsable, ne semble pas ciennes papeteries. Elles dessinent On apprend en allant les uns chez les
échappé à la fermeture définitive et en 1975, par la Société alsacienne Company, premier motoriste mon- regretter d’avoir rallié la capitale un croissant que nombre de res- autres », ajoute-t-elle. A la CGT,
reprend avec un optimisme de constructions mécaniques dial, annonce la suppression de de la BD. Trente ans, c’est la ponsables qualifient déjà de « fer- René Chartier, secrétaire de l’union
prudent le montage de ses mo- (SACM) de Mulhouse, un groupe 500 emplois et la fermeture de moyenne d’âge de la petite cin- tile ». départementale, est plus carré. « Il
teurs. Une fois de plus, pourtant, la puissant de 8 000 personnes, dont deux de ses quatre sites européens, quantaine d’employés, en majorité faut aller vers des conventions col-
foudre n’est pas tombée loin pour les moteurs complètent idéalement à Surgères et à Ramsgate, en d’anciens demandeurs d’emploi « LA LOI DE LA JUNGLE » lectives, ne pas oublier le développe-
la vieille entreprise locale, devenue sa propre gamme. A tort. La chute Grande-Bretagne. Le mariage n’y qui, après formation, ont bénéficié Trois missions sont confiées à ce ment social, dit-il. Aujourd’hui, c’est
en quelques années la filiale d’un des commandes s’aggrave, au dé- résistera pas. d’un CDD. « C’est le bouche à Pôle image qui doit se mettre en la loi de la jungle ! » Cependant, la
géant mondial. Rachetée, fusion- but des années 80, à la suite du se- Après deux ans de vie oreille qui a fonctionné pour l’em- place jusqu’en 2010 (au total 1 mil- CGT se fâche avec modération, car
née, démembrée, l’ancienne Socié- cond choc pétrolier, et entraîne la commune, les deux constructeurs bauche. Tout le monde connaît Chez liard de francs d’investissement, elle constate aussi, chez les jeunes,
té surgérienne de constructions première restructuration, mot in- se séparent en février. Entre- Lucien, le bar le plus bédéphile dont 200 à 300 millions au contrat une tendance à la syndicalisation.
mécaniques (SSCM), née en 1918, connu jusqu’à présent. temps, le personnel de Surgères, d’Angoulême. Ici, les jeunes sont nés de plan Etat-région et un fort Les bédéphiles ont beau afficher
aura payé cher sa traversée de la persuadé de la rentabilité du site, avec la culture BD », explique contingent d’aides européennes) : leur sens de l’humour sur les murs
crise, perdant 80 % de ses effectifs DEUX ANS DE VIE COMMUNE propose à sa direction de racheter Mme Zévort. l’installation d’entreprises liées à la de la ville, la « plaie Boucheron »
depuis 1975. En 1986, 200 personnes sont li- l’usine avec ses primes de licencie- Cette société fait partie de la création et à la composition se ravive à proximité des élections
A l’époque, c’était l’euphorie, se cenciées quand la SACM rapatrie à ment. L’activité militaire, ex- quarantaine d’entreprises du Pôle d’images ; le développement de municipales. « Depuis que je suis
souvient Euzébio Guzzo, un ancien Mulhouse l’activité usinage de sa pliquent les cadres, assure la re- image, lancé en janvier 1997, sur le- formations spécialisées ; et une maire, la ville a décidé de ne plus
employé aux écritures recruté en filiale charentaise. Celle-ci aurait nommée du site et une partie de quel les collectivités locales parient animation « grand public » autour communiquer sur les faits du pas-
1958, qui a gravi les échelons jus- probablement disparu quelques son activité jusqu’en 2005. Quand désormais. Angoulême fait son d’une monumentale fusée de Tin- sé », affirme M. Mottet. Faut-il
qu’à celui de directeur financier. années plus tard si la SACM, en aux moteurs Poyaud, leur robus- come-back. Les années 1975-1990 tin, haute de 50 mètres, qui reste à comprendre que l’ancien maire,
« On avait des commandes à tire-la- grande difficulté, n’avait pas elle- tesse et leur faible consommation ne resteront pas parmi les meil- construire. « Ce qui n’était qu’un Georges Chavannes, centriste lui
rigot, des délais de livraison de huit à même été rachetée, en 1993, par le ont toujours du succès parmi les leures dans l’histoire de la ville. La concept, avec une image de “jeu- aussi, a trop agité l’épouvantail ?
douze mois, raconte-t-il. On vendait motoriste finlandais Wartsilä Die- propriétaires des 15 000 unités en crise a dévasté l’industrie tradition- nesse” et de “créativité”, est en train La ville a été victime d’un « effet re-
sur catalogue et les clients se bagar- sel. Par son poids financier et sa activité dans le monde. nelle, notamment la papeterie ; s’y de se matérialiser. Le problème est poussoir », regrette M. Mottet. Au
raient pour avoir nos moteurs. Dans stature internationale, le nouvel Bientôt seule aux commandes, est ajoutée une forte baisse démo- de transformer tout cela en retom- CNBDI, ouvert en 1991, on a « pâ-
ces conditions, c’était facile de fixer ensemble assure à Surgères un Wartsilä ne s’y trompe pas. « On a graphique, la ville perdant quatre bées économiques. Il y a d’autres ti » de l’affaire. « Pour la popula-
nos prix ! » A son zénith, la société meilleur accès de ses vieux moteurs repris la fabrication de moteurs mille habitants ; et il y a eu la ges- villes sur ce créneau. Notre atout à tion, nous étions au nombre des
emploie alors 579 personnes, qui aux marchés mondiaux. Poyaud, pour lesquels on a beau- tion délictueuse d’un maire, Jean- nous, c’est ce vivier d’emplois et de “largesses” de Boucheron », se sou-
conçoivent, fabriquent et montent La trêve ne dure pas. En 1994, coup plus de commandes que pré- Michel Boucheron (PS), qui s’était compétences », affirme le maire vient le directeur, André-Marc De-
600 moteurs Diesel par an pour la Wartsilä SACM Diesel décide d’ar- vu », commente Henri Edelmann, pris pour le surintendant Fouquet. d’Angoulême, Philippe Mottet locque-Fourcaud. Angoulême veut
marine, le ferroviaire ou les cen- rêter la fabrication des anciens mo- vice-président de Wartsilä Ces années, néanmoins, n’ont (UDF), un jeune universitaire. aussi tourner le dos à cette
trales d’énergie électrique. La répu- teurs pour lancer sa nouvelle France. pas été complètement « perdues ». La médaille a son revers, la pré- « crise »-là.
tation de qualité et de fiabilité des gamme de produits. L’investisse- Le Festival de la bande dessinée, carité des quelques 300 emplois
moteurs Poyaud, du nom du fon- ment, colossal, est financé par un A. Ga. créé en 1974, a continué à se déve- conquis ainsi depuis 1997. La plu- Régis Guyotat
LeMonde Job: WMQ1808--0006-0 WAS LMQ1808-6 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 09:50 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0393 Lcp:700 CMYK

SOCIÉTÉ
LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000

LOISIRS Depuis une dizaine d’an- maison traditionnelle. b LE PARC fermés et sécurisés. b SUR L’ÎLE de regrouper les parcelles. b À MA- “tuais” à l’entretenir », raconte-t-il.
nées, les professionnels du tourisme FRANÇAIS en compterait actuelle- D’OLÉRON (Charente-Maritime), l’en- RENNES (Charente-Maritime), Louis « C’est insonorisé, ajoute-t-elle. Il y a
constatent un boom des mobile ment entre 120 000 et 150 000. Ces gouement a été tel que les procé- et Marité ont investi 500 000 francs un double vitrage, énormément de
homes, ces « maisons à roulettes » à maisons mobiles nées en 1968 sont dures judiciaires se sont multipliées. pour s’installer. « Nous possédions rangements, toutes les pièces sont
mi-chemin entre la caravane et la en général installées sur des terrains Aujourd’hui, les communes tentent une résidence secondaire mais je me meublées. »

Les vacances en mobile home séduisent de plus en plus de Français


Depuis leur naissance, en 1968, ces « maisons à roulettes » à mi-chemin entre la caravane et la construction traditionnelle ont essaimé.
Il en existerait actuellement entre 120 000 et 150 000. La plupart sont installées sur des sites fermés et sécurisés
UNE CROISSANCE « champi- décennie précédente, la courbe des tagent près de 50 % des ventes an- mations, les prix ne sont pas exorbi- Pour le propriétaire d’un terrain par des haies ou des grillages (...) ».
gnonnesque » : cette formule si- ventes est tout aussi spectaculaire : nuelles ; l’autre moitié est impor- tants. C’est idéal pour les enfants et de camping, cette classification « Bien qu’ayant conservé leurs
gnée Thierry Vial-Collet, PDG de 52 unités écoulées en 1995-1996, tée de Grande-Bretagne. les familles qui, ne partant qu’une n’est pas anodine : sur les parcelles moyens de traction (...), a-t-il esti-
IRM-CMI, le constructeur numéro 262 sur l’exercice 1997-1998, envi- Comment expliquer cet engoue- quinzaine de jours par an en cam- dévolues jusqu’alors aux carava- mé, [ces maisons mobiles] ne pou-
un des mobile homes, résume le ron 2 000 en 1999-2000... Impos- ment ? Plus confortable que la ca- ping, ne voient plus l’intérêt de pos- niers, il peut très bien implanter vaient être regardées comme des ca-
« boom » observé en France de- sible, en revanche, de connaître ravane, la résidence mobile est séder une caravane. » des mobile homes. L’opération de ravanes (...). » S’il perd ce statut, le
puis une dizaine d’années. Depuis exactement le nombre total de plus directement en contact avec la Une circulaire de 1988, « relative substitution ne nécessite aucune mobile home « bascule » alors
la présentation du premier mo- mobile homes : contrairement aux nature que la maison tradition- aux résidences mobiles », limite leur autorisation. Une seule restriction, dans le régime juridique – nette-
dèle, dans des terrains de camping caravanes, ceux-ci ne sont pas im- nelle. « Son développement est pa- implantation aux « terrains aména- qui n’est pas toujours respectée : la ment plus contraignant – des habi-
du Var, en 1968, ces « maisons à matriculés. rallèle à celui de l’hôtellerie de plein gés » et, surtout, les assimile à la taille du « véhicule » ne doit pas tations légères de loisirs : celles-ci
roulettes » ont essaimé. Dans un air, commente André Trigano, pa- caravane, c’est-à-dire un « véhicule excéder 30 % de la superficie de sont assujetties à l’obligation de
premier temps, « surtout sur les « HÔTELLERIE DE PLEIN AIR » tron d’un groupe qui fabrique des ou élément de véhicule qui (...) l’emplacement qui lui est imparti. permis de construire et leur
parcs résidentiels de loisirs où elles Le parc français « serait évalué tentes, construit des bungalows et conserve en permanence des moyens L’équation mobile home = cara- nombre est plafonné sur les ter-
étaient installées à l’année longue », entre 120 000 et 150 000 », men- gère des terrains de camping. Les de mobilité lui permettant de se dé- vane a provoqué d’innombrables rains de camping.
raconte Bernard Dauguet, pré- tionne prudemment VDL Magazine mobile homes sont installés sur des placer par lui-même ou être déplacé différends entre professionnels de
sident de l’Union nationale des dans son édition de juin. Il s’en sites fermés, sécurisés. Il y a des ani- par simple traction ». l’hôtellerie de plein air et pouvoirs RÉGIME JURIDIQUE
propriétaires gestionnaires de ter- vendrait entre 20 000 et 25 000 par publics. Dans certaines régions, les Face à la confusion née de ce
rains de camping et de parcs rési- an dans l’Hexagone, précise le services déconcentrés de l’Etat et flou juridique, les pouvoirs publics
dentiels de loisirs (Unaparel). « Des mensuel du Syndicat des construc- Un type d’habitat qui aura bientôt ses normes les municipalités ont croisé le fer ont récemment décidé de réagir. La
particuliers venaient y passer leur teurs de véhicules de loisirs ; 80 % avec des exploitants de terrains de loi de solidarité et de renouvelle-
week-end. Ils l’utilisaient comme des acquéreurs sont des gestion- Un conseil national du mobile home, réunissant constructeurs, distri- camping qui aménageaient ces ment urbain, qui sera définitive-
une résidence secondaire », ajoute- naires de terrains de camping, 20 % buteurs, représentants de l’hôtellerie de plein air et du ministère de « maisons à roulettes » comme ment adoptée lors de la prochaine
t-il. Puis un nouvel usage, dit « lo- des particuliers. Sur le Vieux l’équipement, a été mis en place en septembre 1998 pour favoriser une « construction standard » : session parlementaire, permettra
catif », s’est développé : sur un Continent, ce marché a longtemps l’émergence de règles claires à propos des résidences mobiles. Ses pro- dallage scellé, futaies, appentis... notamment de « définir la rési-
nombre grandissant de terrains de été dominé par les Britanniques. positions ont servi de support à la réflexion de l’Association française de Le Conseil d’Etat a tranché plu- dence mobile de loisirs, ainsi que les
camping, des mobile homes ont Mais plusieurs industriels français normalisation (Afnor), qui a publié, le 20 décembre 1999, la norme NF. S. sieurs de ces litiges. Ainsi, dans un conditions dans lesquelles elle peut
été installés et mis en location ont réussi leur percée, il y a quel- 56-410. Ce cahier des charges prévoit notamment que le mobile home est arrêt du 30 décembre 1998, relatif à être installée », affirme Philippe
pour les estivants. ques années, en jouant la carte de un « véhicule de loisirs habitable et transportable livré complet et prêt à une affaire qui opposait la Baffert, du ministère de l’équipe-
Cette montée en puissance se lit l’élégance : exeunt les « boîtes à l’usage ». Il est destiné « à une occupation temporaire ou saisonnière » et commune de Pornic (Loire-Atlan- ment. Un décret en Conseil d’Etat
à travers les chiffres : IRM-CMI de- sucre » en tôle métallique venues ne « satisfait pas aux exigences pour la construction et l’utilisation de véhi- tique) à un gestionnaire de terrain sera pris en ce sens ; il devrait,
vrait commercialiser 6 000 mobile d’outre-Manche, place aux « jolies cules routiers ». Suit un catalogue très détaillé à propos des « conditions de camping, il a précisé que « les pour une large part, s’inspirer des
homes sur l’exercice 1999-2000 maisons » avec toit à double pente, de mobilité », des « modalités d’installation », des « aménagements an- “maisons mobiles” (...) étaient [en travaux de l’Association française
contre 1 400 cinq ans plus tôt. Chez fenêtres « à la française » et bar- nexes », etc. Cette norme n’a aucune valeur réglementaire, mais elle sera l’espèce] posées sur des plots en ci- de normalisation (lire ci-dessous).
O’Hara, filiale du groupe nautique dage en vinyle. Aujourd’hui, les probablement prise en compte dans la refonte du code de l’urbanisme ment, prolongées de terrasses en
Bénéteau fondée au milieu de la constructeurs nationaux se par- qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année. bois et installées sur des terrains clos Bertrand Bissuel

Au Domaine des pins : « Je cherchais un pied-à-terre dans la région, ni trop cher ni trop long à remettre en état »
MARENNES en bois. Leurs gestes sont rapides et pré- ment joué. « Ici, les gens sont sympa- les câbles électriques sont enterrés ; un li- l’occupation du mobile home repose sur
de notre envoyé spécial cis. Dans une heure ou deux, Louis, thiques », poursuit-il. Louis et Marité seré d’arbustes borde chacune des par- un roulement savamment élaboré. « Juin
Le fond de l’air est frisquet : un peu de cadre, et Marité, enseignante, pourront disent, enfin, avoir été « séduits par la so- celles ; la végétation est abondante et pa- et septembre pour les parents de mon ma-
brise venue de l’océan, quelques averses s’installer dans leur « petite maison à rou- lidité comme par la conception du mobile nachée, le camping-caravaning interdit... ri ; premières semaines de juillet pour nous
– très passagères –, et le soleil qui boude. lettes ». home ». « C’est insonorisé, souligne Mari- Pour un peu, on se croirait dans une ré- quatre ; août pour mon beau-frère et ma
Ils sont des dizaines à avoir jeté leur té, il y a un double vitrage, énormément de sidence de banlieue chic. « L’ensemble belle-sœur. » Elle et son compagnon ont
REPORTAGE dévolu sur le Domaine des pins, un rangements, toutes les pièces sont meu- doit être harmonieux, insiste Christiane été des adeptes du camping-caravaning
« parc résidentiel de loisirs » qui s’étend blées. » Le couple n’a d’ailleurs pas mégo- Majcen. Nous ne voulons pas que ça se « pendant six à sept ans », mais ils se sont
Une formule simple : « Les sur plus de 6 hectares, à quelques mètres té sur la dépense. Entre l’acquisition du transforme en camping. » lassés de la promiscuité, du bruit et ont
gens achètent un mobile home de la plage de Marennes (Charente-Mari- terrain, son aménagement et l’achat d’un C’est ce qui a séduit Philippe, trente- arrêté ce type de tourisme. Le mobile
et l’installent sur un terrain time). La formule est simple : « Les gens mobile home haut de gamme, Louis et cinq ans, agent hospitalier. Lui, sa femme home, qu’ils expérimentent pour la pre-
que nous leur avons vendu » achètent un mobile home et l’installent sur Marité ont déboursé « près de et leurs deux filles profitent du mobile mière fois, leur convient : « On peut im-
un terrain que nous leur avons vendu », 500 000 francs ». home que son père a acquis et installé au médiatement mettre le nez dehors ou, à
explique Christiane Majcen, responsable Domaine des pins. « Ici, nous sommes l’inverse, rentrer dès qu’il pleut, analyse
Mais Louis, soixante ans, et Marité, cin- de la commercialisation. Le site a ouvert « ICI, NOUS SOMMES TRANQUILLES » tranquilles, se réjouit-il. Il n’y a pas les al- Sylvie. A l’intérieur, on ne se bouscule pas,
quante-sept ans, n’en ont cure : ils ont re- en 1997. Une centaine de parcelles ont Les gérants du Domaine des pins sont, lées et venues, l’agitation, les fêtes propres à la différence d’une caravane. »
vêtu une petite laine, se sont calés dans déjà été écoulées, d’autres sont à vendre au demeurant, très regardants sur leurs à un terrain de camping. » Le fait que le Yann, trente-quatre, fonctionnaire de
une chaise de jardin et ont choisi de sa- ou le seront lorsqu’elles auront été amé- résidents. Pas question d’accueillir de dis- site soit ouvert toute l’année a également police à Paris, tenait absolument à « trou-
vourer l’instant. Carpe diem ! Le couple, nagées. Au final, précise Christiane Maj- gracieuses boîtes à savon métalliques. Il y beaucoup joué dans la décision d’investir. ver un pied-à-terre dans la région ». Quel-
qui demeure à Angers, contemple son cen, le parc devrait comprendre quelque a un cahier des charges à respecter. Et il « Nous habitons à Saintes, confie-t-il. En que chose qui ne soit ni trop cher ni trop
nouveau « pied-à-terre » : un mobile deux cents emplacements de 100 à est strict : « Toit à double pente, bardage une demi-heure de voiture, le trajet est fait. long à remettre en état. Moyennant envi-
home flambant neuf de 48 m2, acheminé 300 m2. Prix de vente : entre 100 000 et en vinyle, couleurs claires, inventorie Ainsi, nous pouvons venir fréquemment. » ron 190 000 francs – qu’il paie à crédit –, il
la veille par convoi exceptionnel. Le petit 155 000 francs. Christiane Majcen. Les matériaux de Sylvie, trente-quatre ans, caissière dans est parvenu à trouver un havre « pour se
« cottage » a été posé sur des cales en bé- « Nous possédions une résidence se- construction doivent être d’une certaine un hypermarché de la région parisienne, reposer et décompresser » en rapport avec
ton à l’aide d’une grue. Deux artisans condaire mais je me “tuais” à l’entretenir, qualité. » L’antenne de télévision est col- a, elle aussi, le « statut d’invité » dans le ses moyens financiers.
s’activent pour les ultimes fignolages : raconte Louis. Là, le problème ne se pose lective, de manière à bannir du paysage parc. « Ce sont mes beaux-parents qui ont
daller l’entrée puis aménager la terrasse pas. » Le facteur convivialité a grande- « râteaux » de métal et autres paraboles ; acheté il y a deux ans », dit-elle. Du coup, B. Bi.

Sur l’île d’Oléron, des maires et des habitants dénoncent ces « wagons rangés comme des poireaux »
ÎLE D’OLÉRON si aux services de l’Etat, qui ont jourd’hui, les parcelles touchées ferme, mené la vie dure à certains d’aménagement concerté) : « Ça Et les terrains de campings dû-
de notre envoyé spécial beaucoup misé sur le tourisme en par le camping-caravaning « isolé » élus insulaires et interpellé des par- n’a pas été concluant, déplore la ment homologués ? Sur l’île d’Olé-
Sur Oléron, la plus grande île du méconnaissant parfois le code de sont estimées à huit mille, le maire lementaires. maire. Des mobile homes ont été ron, la quasi-totalité d’entre eux
littoral atlantique, les mobile l’urbanisme et l’environnement ex- de Saint-Pierre, Jean-Paul Peyry, ci- Désormais, on ne parle plus de réinstallés, les gens ont ajouté des mettent en location des mobile
homes ont trouvé un climat hospi- ceptionnel de ce territoire. tant, lui, le chiffre de « six mille à procès-verbaux et d’ordres d’ex- terrasses ou des sanitaires non homes. La proportion d’emplace-
talier. Ils prospèrent, pullulent, Les problèmes ont commencé sept mille » tandis que Michel pulsion. L’heure est au dialogue et conformes. » Aujourd’hui, la ments dévolus aux « maisons à
prolifèrent. Bien rangés, bien ali- avec la déprise agricole. Il y a Parent, maire de Château-d’Olé- à la concertation, claironnent les communauté de communes de l’île roulettes » varie en fonction du
gnés dans des terrains de camping. trente ans, des cultivateurs, qui ron, emploie une fourchette maires. Dominique Barella, pro- croit beaucoup dans la révision de classement des sites. Dans les éta-
Ou comme des herbes folles, ici et partaient à la retraite sans trouver comprise « entre huit mille et dix cureur de la République de Roche- son schéma directeur. Chantal blissements affichant trois et
là, sur des propriétés privées. D’un de repreneur pour leur exploita- mille terrains ». Beaucoup de ces fort, a, de son côté, déclaré, dans Contiant, qui s’occupe des dossiers quatre étoiles, le mobile home do-
côté, il y a des « champs » de mo- tion, revendirent leurs terrains à particuliers remplacent leur cara- un entretien accordé au quotidien touristiques au sein de l’organisme mine nettement. Monique Vida-
bile homes, pas toujours seyants des particuliers. Le phénomène vane par un mobile home. Parfois, Sud-Ouest du 3 février, qu’il avait intercommunal, souhaite que l’éla- lenc et Michel Truchetto, prési-
mais légaux, comme à Saint- s’est accéléré à partir du milieu des les deux « véhicules de loisirs » sont « décidé de suspendre les poursuites boration de ce document permette dente et vice-président de la
Georges, sur la côte Ouest ; de années 70 avec la mévente du co- combinés. Toutefois, l’Association pendant un an ». « Pourquoi ? Parce de trouver « un équilibre entre les SPPIO, dénoncent ces « ghettos »,
l’autre, de petits « furoncles », qui gnac : « La production était de qua- des propriétaires de terrains de loi- que potentiellement, il y a huit mille campeurs isolés, l’évolution écono- d’autres parlent « de wagons rangés
ont poussé en ignorant la loi, no- lité moyenne sur l’île, raconte Chan- sirs en Oléron (Aptlo), qui défend situations illégales sur l’île. S’il fallait mique de l’île et l’environnement ». comme des poireaux ». Alain Bar-
tamment dans la pointe Nord de tal Contiant, maire de Dolus. Les les intérêts de ces « campeurs iso- passer en correctionnelle l’ensemble « Nous ne sommes pas des sauvages, cat, président de l’Association olé-
l’île. Les « maisons à roulettes » viticulteurs ont arraché leurs ceps et lés » et l’idée d’un « tourisme social des personnes identifiables, nous au- ajoute-t-elle. La plupart de ces per- ronnaise de l’hôtellerie de plein-air,
n’ont, certes, pas tapissé tout le cédé des parcelles à des familles qui et populaire », assure que les « mai- rions de quoi remplir huit ans d’au- sonnes sont honnêtes et disposent de trouve ces appréciations injustes.
territoire insulaire ; elles l’ont plu- souhaitaient passer l’été sur Olé- sons à roulettes » sont moins nom- dience. Impossible. » moyens financiers limités. » « La situation des terrains incriminés
tôt occupé sous forme de poches ron. » breuses que les caravanes sur les Les services déconcentrés de est réglementaire, plaide-t-il. L’hé-
ou de nuages de points. Mais cer- Ces opérations immobilières parcelles privées. l’Etat, eux, voient à moyen terme. bergement proposé correspond à
tains élus expriment leur préoc- contentèrent tout le monde : les Face à cette « gangrène », selon Face à cette Denis Roussier, directeur départe- la demande de la clientèle, sou-
cupation, parlant même de « catas- agriculteurs cédaient leurs terres à le mot de Michel Parent, on a mental adjoint à l’équipement de ligne-t-il. « Il ne faut pas non plus
trophe sur le plan esthétique », à des prix inespérés; les estivants, d’abord tenté de recourir à la ma- « gangrène », Charente-Maritime, évoque un oublier les retombées économiques
l’instar de Francis Proust, maire de eux, détenaient un « morceau nière forte : « Il y a trois ou quatre « processus qui durera dix à quinze des terrains de camping », renchérit
Saint-Georges, tandis que la Sppio d’île ». Ni les notaires ni les maires ans, relate Jean-Paul Peyry, le pro- on a tenté ans », dit-il. Il est question Alain Barcat. Certains sites posent
(Société de protection des pay- ne furent très regardants sur ce jeu cureur et le sous-préfet de Rochefort d’« échanges » ou de « rachats de problème, admet-il, mais « nous
sages de l’île d’Oléron) s’indigne de foncier ; dans certains cas, ils coif- nous ont invités à engager des ac- la manière forte, terrain ». Christian Leyrit, le préfet sommes partants pour aménager des
cette concentration « d’Algéco faient d’ailleurs l’une et l’autre de tions judiciaires. » « Depuis 1997, de Charente-Maritime, a été char- écrans paysagers ».
améliorés ». ces casquettes, rapporte Pierrick une trentaine de nos adhérents ont puis le dialogue gé d’une mission d’étude : « Nous Entre « campeurs isolés » et ges-
La question est sensible, compli- Marion, de la Diren (direction ré- été poursuivis devant les tribunaux, sommes en train de recenser ces par- tionnaires de terrains de campings,
quée et ancienne. Elle peut se résu- gionale de l’environnement) de confirme Jacques Chaumont, pré- celles de campeurs isolés, explique- le climat ne semble pas être très
mer en quelques mots : le dévelop- Poitou-Charentes. Des actes de sident de l’Aptlo. Certains ont Pour autant, l’objectif de résor- t-il. Notre but n’est pas de limiter le fraternel. Mais il existe cependant
pement de l’île et son urbanisation vente parlaient de « terrains à cam- même été condamnés à payer des ber cet « archipel » de caravaniers tourisme social mais de faire dispa- un dénominateur commun : la
au cours des « trente glorieuses » per », objet juridique non identifié, amendes et à retirer leur installa- et « mobile-homistes » n’a pas été raître les situations illégales. Je pense crainte d’« avoir sur le dos » élus et
n’ont pas été – euphémisme – par- affirme-t-on au ministère de l’équi- tion. » Mais l’association, qui re- abandonné. La municipalité de Do- à ceux qui contreviennent à la “loi services de l’Etat.
faitement maîtrisés. La faute en in- pement. vendique quelque mille sept cent lus a exploré la solution du regrou- littoral” ou qui se sont installés dans
combe en partie aux élus mais aus- La situation s’est pérennisée. Au- soixante membres, a bataillé pement en lançant trois ZAC (zone des sites inscrits ou classés. » B. Bi.
LeMonde Job: WMQ1808--0007-0 WAS LMQ1808-7 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0394 Lcp:700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 7

La Réunion : Paul Vergès (PC)


Français et Britanniques cherchent à définir renvoyé en correctionnelle
une attitude commune sur l’avenir du Concorde LE SÉNATEUR et président (PC réunionnais) du conseil régional de la
Réunion, Paul Vergès, a été renvoyé, au début du mois d’août, devant
le tribunal correctionnel de Paris pour « faux et usage de faux » par le
juge d’instruction Philippe Courroye, dans le cadre d’une affaire de dis-
La direction de l’aviation civile a suspendu le certificat de navigabilité des cinq appareils d’Air France simulation de patrimoine. Président du Parti communiste réunionnais,
M. Vergès est soupçonné d’avoir minoré de plusieurs millions de francs
La direction de l’aviation civile a tiré les conclusions, pendant, mercredi 16 août, le certificat de navigabi- initiatives des Français et des Britanniques, qui de- la valeur de son patrimoine dans la déclaration qu’il avait rédigée lors
comme son homologue britannique, du constat lité des Concorde d’Air France. Une réunion, jeudi vront concevoir ensemble des modifications tech- de son élection au Sénat en 1996. L’enquête aurait mis en lumière
dressé par le Bureau enquêtes-accidents, en sus- 17 août, à Londres, devait tenter d’harmoniser les niques de l’appareil. (Lire aussi page 10.) l’omission frauduleuse d’avoirs immobiliers et mobiliers ainsi que
l’existence de comptes bancaires alimentés par des fonds que M. Ver-
QUELQUES heures après la pu- nique, il convient maintenant passer des tests pour obtenir la le- Concorde décolle à une vitesse su- gès s’est refusé à identifier. Le parquet de Paris avait été saisi par la
blication d’un communiqué du Bu- d’harmoniser les initiatives des au- vée de la suspension du certificat périeure à celle des autres avions. Commission pour la transparence financière de la vie politique, char-
reau enquête-accidents (BEA) re- torités de tutelles administratives. de navigabilité. A charge pour la En 1979, un incident du même type gée de vérifier la sincérité des déclarations rédigées par les parlemen-
connaissant que le simple C’est le but de la réunion qui de- DGAC et le CAA de valider la avait touché un Concorde aux taires. Le juge d’instruction a transmis ces éléments à l’administration
éclatement d’un pneu avait provo- vait se tenir, jeudi 17 août, à conformité de l’appareil. Les deux Etats-Unis. Les réservoirs n’avaient fiscale. Le parquet de la Réunion a été avisé de soupçons d’enri-
qué le crash du Concorde le 25 juil- Londres, entre les autorités fran- autorités ont l’intention de coor- pas pris feu, ce qui avait permis à chissement illicite et de confusion suspecte entre les comptes person-
let, la direction générale de l’avia- çaises et britanniques. Les autori- donner leur action afin d’éviter un l’appareil de revenir se poser, sans nels de M. Vergès et ceux du Parti communiste réunionnais.
tion civile (DGAC) a pris, mercredi tés et les constructeurs de l’appa- décalage dans le temps pour la dé- dommage pour les passagers et
16 août, les conclusions qui s’impo-
saient : la suspension du certificat
de navigabilité pour les cinq
reil, EADS (héritier de
Sud-Aviation), BAe (héritier de Bri-
tish Aircraft) et le motoriste Rolls
livrance de nouveaux certificats.

LA FRAGILITÉ DES PNEUS


l’équipage. A la suite de cet aver-
tisssement sans frais, plusieurs
améliorations légères avaient été
Un chirurgien radié pour
Concorde appartenant à Air
France. Ce certificat est un docu-
ment administratif attribué à
Royce, devront travailler ensemble
pour concevoir les modifications
techniques à apporter à l’appareil
La fragilité des pneus du
Concorde est la cause de la re-
commandation du BEA. « Il n’y a
apportées : installation d’un
voyant de gonflage des pneus dans
le cockpit, d’un déflecteur de roues
des opérations du dos injustifiées
chaque appareil par lequel les au- afin de garantir sa sécurité. pas de fait majeur nouveau », a re- pour les différents débris éven- LE DOCTEUR Gilles Colnet, un spécialiste des opérations du dos, qui
torités en charge de l’aviation civile Deux hypothèses s’ouvrent sur connu, mercredi, Paul-Louis Arsla- tuels, et l’interdiction des pneus re- fait l’objet de dizaines de plaintes de patients contestant le bien-fondé
attestent son aptitude au vol. « Les l’avenir du Concorde. Si les modifi- nian, le directeur du BEA. Les res- chapés. Elles ne semblent plus suf- d’interventions qu’ils ont subies, à Clermont-Ferrand, a été radié de
certificats ont une portée nationale, cations préconisées entraînent une ponsables des investigations fisantes au regard de la l’ordre des médecins, a indiqué cette instance, mercredi 16 août. La dé-
mais ils sont en général reconnus surcharge de l’appareil l’empê- techniques sur l’accident ont ac- catastrophe survenue le 25 juillet. cision a été prise par la section disciplinaire du conseil régional des mé-
par les pays dont les compagnies chant de rallier New York – le quis une certitude : « La destruction Interrogé jeudi 17 août sur Eu- decins du Languedoc-Roussillon, auprès duquel l’affaire avait été délo-
achètent les avions », précise la Concorde emporte actuellement du pneu est à l’origine de l’enchaî- rope 1, le ministre des transports, calisée sur décision de l’ordre national des médecins. L’avocat du
DGAC. L’administration de l’avia- tout juste assez de carburant pour nement catastrophique », a indiqué Jean-Claude Gayssot, a estimé que docteur Colnet, Me Gilles-Jean Portejoie, a annoncé que ce dernier al-
tion civile française a été prise de le trajet – ou si elles rendent les M. Arslanian, paraphrasant le le retrait du certificat de navigabili- lait faire appel devant le conseil national de l’ordre. La cinquantaine de
vitesse par son homologue britan- transformations trop onéreuses communiqué publié par le BEA (Le té ne signifiait pas « la mort du plaintes déposées contre lui avaient déjà conduit un juge d’instruction
nique, le CAA, qui avait suspendu pour les compagnies exploitantes, Monde du 17 août). Concorde ». « Je suis de ceux qui de Clermont-Ferrand à le mettre en examen en juin 1999 pour « at-
son certificat de navigabilité quel- le Concorde a toutes les chances Sans vouloir se prononcer claire- pensent qu’il y aura une nouvelle gé- teinte volontaire à l’intégrité d’autrui ayant entraîné une incapacité tem-
ques heures auparavant. d’être définitivement remisé au ment, le directeur du BEA a laissé nération de supersoniques », a ajou- poraire de travail supérieure à trois mois ».
Si l’enquête sur l’accident est dé- musée. En revanche, si les modifi- entendre qu’il s’agissait d’un pro- té M. Gayssot.
jà réalisée de façon conjointe par le cations peuvent être technique- blème spécifique à l’avion superso- DÉPÊCHES
BEA français et l’Air Accidents In- ment et économiquement mises en nique, qui n’est sans doute pas lié à Pascal Ceaux a SATURNISME : la direction départementale des affaires sani-
vestigation Bureau (AAIB) britan- œuvre, le Concorde devra alors re- la nature des pneumatiques. Le et Enguérand Renault taires et sociales (Ddass) a confirmé, mercredi 16 août, l’existence de
six cas de saturnisme et onze cas d’imprégnation au plomb chez des
enfants de 6 mois à 6 ans du « village Andalou », communauté de gi-

L’aviation civile britannique justifie son retard dans la suspension des vols tans installée dans la banlieue nord de Bordeaux. L’enquête effectuée
par la Ddass fait suite à un rapport de Médecins du Monde (Le Monde
du 9 août).
LONDRES certificat de navigabilité jusqu’à ce pour le cours en Bourse de British pourraient représenter les futurs a ETHERS DE GLYCOL : de 10 000 à 15 000 salariés de Renault se-
de notre correspondant à la City jour. » Airways, mis en danger la sécurité aménagements. L’entente franco- raient exposés à des éthers de glycol, a estimé, mercredi 16 août, la
« Après une catastrophe aérienne, L’honnête homme ! On le croi- des passagers. Mais à constater britannique, qu’illustre par excel- coordination CGT des comités d’hygiène et de sécurité du constructeur
les compagnies ne décident pas rait venu à la conférence de presse, l’absence d’éditoriaux sanglants lence Concorde, est constante, af- automobile, accusant la direction de « laxisme coupable » en matière
d’immobiliser l’intégralité de leur organisée à la va-vite mercredi dans la presse de ce 17 août, le firment les discours officiels. En d’information. Le même jour, la Fédération française des mutuelles de
flotte de Boeing 747, 757, 767 ou 16 août au siège de l’Autorité de haut fonctionnaire a réussi sa mis- réalité, au moment du péril, ce qui France avait demandé l’interdiction, en cas de « toxicité avérée », de ces
d’Airbus A 320. Pourquoi en eût-il l’aviation civile (CAA), pour réha- sion. Les journaux ont accepté ses sépare les deux pays semble tou- produits qui pourraient provoquer des cancers et des malformations
été autrement avec Concorde ? Dès biliter l’image de ces amateurs an- explications. Même les tabloïdes jours l’emporter sur ce qui les rap- embryonnaires chez les salariés exposés (Le Monde du 11 août).
le départ, nous n’avions rien à redire glais armés de leur seul bon sens, hostiles à l’Establishment qu’il re- proche. Dans le très francophobe a IMMIGRATION : la Cour d’appel de Paris a confirmé, mercredi
quant à la manière dont British Air- réussissant un exploit en pur dilet- présente mettent en évidence les Times, un dirigeant de BA, sous 16 août, le maintien de quatre des dix-huit Centrafricains en zone d’at-
ways [BA] a exploité ses Concorde tante. A l’évidence, Sir Malcom changements apportés en 1993 par couvert d’anonymat, accuse par tente de Roissy-Charles de Gaulle, décidé lundi 14 août par le tribunal
après le drame. Telle était notre po- Field, le président du CAA, aurait BA au train d’atterrissage, modifi- exemple les Français de vouloir sa- d’instance de Bobigny (Seine-Saint-Denis). La police des frontières les
sition en attendant de recevoir les préféré, à soixante-deux ans, tailler cation qu’Air France n’avait pas ju- border Concorde... par jalousie de- avaient arrêtés à l’aéroport, jeudi 10 août, en raison de passeports ju-
recommandations préliminaires de les haies de son jardin d’Eaton gé bon d’apporter... vant le succès de la liaison gés falsifiés. N’ayant pas fait de demande d’asile, les quatre hommes
l’enquête commune des bureaux Square plutôt que d’être projeté « La reprise des vols pourrait Londres-New York ! « L’immobili- devraient être expulsés dans la semaine.
français et britannique chargés des ainsi en pleine lumière pour prendre des mois plutôt que des se- sation des Concorde français est un a PITBULLS : le tribunal correctionnel de Rouen a condamné, mer-
enquêtes sur les accidents aériens. n’avoir fait que son devoir de bon maines » : les analystes, eux, sont acte politique », affirme ainsi Paul credi 16 août, à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis, un jeune
Jusque-là, la poursuite, par BA, des patriote : prêter main-forte au plus intéressés par la remarque de Beaver, spécialiste auprès de la re- homme de 20 ans qui avait lâché son pitbull contre quatre personnes
opérations Concorde ne posait donc transporteur British Airways... en son bras-droit, Mike Bell, respon- vue Jane’s Defence Weekly. Et il dont un policier, début juillet à Rouen. Le tribunal a suivi les réquisi-
aucun problème. attendant trois semaines avant sable de la division chargée des continue : « L’éclatement du pneu tions du parquet qui avait aussi réclamé la confiscation de l’animal. Le
– Mais Sir, pourquoi avoir atten- d’interrompre les vols de normes de fabrication des avions indique un problème à l’aéroport de prévenu se trouvait en détention provisoire depuis le 3 juillet.
du le 16 août pour retirer le certifi- Concorde, dont le certificat de na- au sein du CAA. Directeur de l’in- Paris, compagnie d’Etat comme le a PRISONS : deux détenus de la prison du Val-de-Reuil (Eure)
cat de navigabilité alors que le vigabilité a été suspendu mercredi. fluente revue Flight International, sont toujours Air France et le fabri- condamnés pour des délits sexuels sur mineurs se sont suicidés la
contenu du rapport préliminaire David Learmont ne cache pas son cant Aerospatiale. Les Concorde bri- semaine dernière, a indiqué, mercredi 16 août, l’Observatoire interna-
était connu de tous depuis le PAS D’ÉDITORIAUX SANGLANTS pessimisme quant à l’avenir du su- tanniques sont plus perfectionnés tional des prisons (OIP). Il s’agit du quatrième suicide depuis le début
11 août ? Retiré des affaires depuis 1995, personique : « Concorde peut certes que ceux d’Air France. Notre CAA de l’année dans cette prison, selon l’OIP, qui dénonce la « chasse à
– J’étais parfaitement au courant. l’ancien directeur général d’une être sauvé. Mais les mesures à est totalement indépendant du mi- l’homme » à l’intérieur de l’établissement contre les condamnés pour
Comme vous, je lis la presse, y chaîne de distribution de journaux prendre pour apporter un niveau de nistère des transports. » La preuve, délits d’ordre sexuel.
compris française. Mais nous avons préside un musée, une compagnie sécurité adéquat au supersonique ajoute-t-il, est qu’à l’inverse d’Air a ACCIDENT : un touriste français qui faisait de la planche à voile
été prévenus officiellement le de ballet et, depuis quatre ans, le posent moins un problème tech- France BA a fait part de sa volonté sur une plage d’Hawaï (Etats-Unis) a été attaqué par un requin,
15 août dans l’après-midi et ce n’est CAA. Le retraité s’est trouvé sou- nique que financier. Les deux de reprendre ses vols Concorde le mardi 15 août, et admis à l’hôpital dans un état sérieux. Jean-Alain
qu’à ce moment-là que BA a été in- dain arraché à l’effacement recher- compagnies aériennes pourraient plus tôt possible. Goenvec, 53 ans, résidant à Marseille, s’est fait happer la jambe
formée. ché dans cette belle sinécure conclure que les coûts d’adaptation gauche, au-dessous du genou, alors qu’il était assis sur sa planche à
– Au risque d’être impertinent, quand Tony Blair l’a chargé de pré- sont trop élevés, que l’exploitation Marc Roche voile, les jambes dans l’eau.
Sir, ne s’agit-il pas là d’une nou- parer la privatisation très contro- n’est plus rentable. Il n’existe plus de
velle illustration de l’arrogance bri- versée du contrôle aérien. Sous le chaîne de production. Les fabricants
tannique ? blindage du gentleman, anobli par n’ont pas grand intérêt à se lancer
– Je vous le répète, nous avons très Sa Majesté « pour services rendus dans ces aménagements. » L’avion-
longuement analysé tous les élé- au commerce », affleure une hy- neur BAE Systems s’est refusé à
ments du dossier après l’accident. Il persensibilité face à ceux qui l’ac- tout commentaire sur la charge fi-
n’y avait aucune raison de retirer le cusent d’avoir, par considération nancière additionnelle que

Un passeur abandonne des clandestins kurdes sur l’autoroute


NICE tir ? » Les gendarmes ont préféré ne pas leur ré-
correspondance pondre. Les clandestins apprendront bien assez tôt
Ils étaient seize, dont neuf enfants âgés de un qu’ils doivent être reconduits à la frontière ita-
mois à huit ans. Lorsque les gendarmes les ont pris lienne.
en charge, il a fallu les réhydrater d’urgence : de Quant au passeur, après plusieurs heures de
l’eau, des rations de survie, un biberon pour le garde à vue, il a été déféré au parquet de Grasse.
nourrisson. A seize dans un véhicule de la taille Agé de vingt-cinq ans, toxicomane, il a d’abord nié
d’un fourgon de gendarmerie, les clandestins toute implication dans l’histoire et prétendu être
kurdes espéraient atteindre la gare d’Antibes puis un autostoppeur égaré parmi ces Kurdes. « C’est ce
gagner Calais pour enfin trouver une terre d’asile qu’ils disent à chaque fois, soupire un enquêteur. Le
en Angleterre, là où ils pourraient obtenir un droit coup du stop, c’est classique. » Au tribunal de Nice,
de séjour, leur avait-on dit au pays. Mais leur des passeurs sont régulièrement condamnés à un
voyage a pris fin sur une bretelle de sortie d’auto- ou deux ans de prison ferme pour une peine maxi-
route, au péage d’Antibes (Alpes-Maritimes), mardi male prévue de cinq ans. « C’est pourtant l’un des
15 août, aux alentours de 17 heures. La voiture est tribunaux les plus sévères de France en la matière,
tombée en panne et le conducteur, leur passeur ita- précise un agent de la police de l’air et des fron-
lien, les a abandonnés. Les femmes se sont assises tières (PAF) de Menton, mais rien n’y fait, chaque
sur le bord de la route avec les enfants, en pleine semaine, nous arrêtons deux ou trois personnes. » Ils
chaleur. Les hommes ont continué leur chemin sont albanais, turcs, maghrébins ou italiens. Les ré-
pour trouver une hypothétique solution. Ils avaient seaux sont solides et les parades nombreuses. De
déboursé 1 500 dollars chacun, plus 1 000 dollars par plus, la « clientèle » ne manque jamais.
enfant. Les Kurdes en constituent plus de la moitié. Ils
Le périple avait commencé il y a deux mois. Les arrivent parfois par convois de deux cents, autant
seize Kurdes ont quitté leur ville d’Irak, à pied. Ils de victimes potentielles pour ces marchands de
ont traversé la Turquie, puis l’Italie. A Vintimille, voyages. Depuis le début de l’année, les services de
tout près de la frontière française, ils ont contacté la PAF ont constaté une nette recrudescence des
l’un des nombreux passeurs en attente à la gare, arrivées de clandestins. Les mois d’été, les voya-
qui a promis de les conduire à leur but. Mercredi geurs de l’ombre espèrent se fondre dans la masse
soir, ils dormaient dans les locaux de la Croix- des touristes. Ils comptent sur la chance, sur les
Rouge à Menton, tout juste remis des semaines de heures de relève des douaniers et des policiers et
marche sans manger ni boire suffisamment, in- prennent de plus en plus de risques. Des fourgons
quiets de leur sort après avoir tous signé leur dépo- ou autres camions à bestiaux sont parfois surchar-
sition. Assistés d’une traductrice, ils exprimaient gés, au mépris des règles d’hygiène et de sécurité
une seule angoisse : « Quand pourrons-nous repar- élémentaires. – (Intérim.)
LeMonde Job: WMQ1808--0008-0 WAS LMQ1808-8 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 10:12 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0395 Lcp:700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000

RÉGIONS
GRANDS SITES - 9

Gavarnie, un trésor naturel lourd à gérer


Le million de visiteurs annuel, dans ce célébrissime cirque des Hautes-Pyrénées, génère à la fois ressources et nuisances.
Une partie des commerçants sont en guerre avec la mairie autour des mesures de protection de ce lieu inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco
GAVARNIE-GÈDRE Pyrénées, c’était extraordinaire, re- « D’ailleurs, ajoute-t-il, bien avant
(Hautes-Pyrénées) grette Pierre Laterrade, patron de tous les labels du site, ce sont les Ga-
de notre envoyé spécial l’Hôtel des voyageurs, le plus an- varniens eux-mêmes qui ont toujours
Tip-tip-tap ! Tip-tip-tap ! A cien des lieux, qui connaît ses clas- su, avec leur bon sens paysan, pré-
6 heures du matin, Gavarnie le siques. Malgré les inévitables muta- server leur environnement... Cela
haut est encore endormi mais, dé- tions dans le domaine des loisirs, il bouge lentement, mais cela bouge. »
jà, ânes et chevaux descendent en faut que l’on joue bien la carte de
liberté des écuries où ils ont passé l’extrême, de l’authentique. Les gens GUERRES PICROCHOLINES
la nuit, pour rejoindre docilement, du pays doivent vivre avec une acti- Autre dossier chaud, qui risque
par les petites rues pavées, leur lieu vité d’équilibre et non pas seulement de rallumer une guerre picrocho-
de rassemblement. De là, pour trois mois par an avec des millions line entre municipalité et commer-
100 francs par tête et sur 5 kilo- de touristes. Un Henry Russel faisait çants : le maintien, ou non, du fes-
mètres, ils emmèneront les tou- vivre 18 personnes du coin, lors de tival de théâtre au lieu-dit
ristes jusqu’au cœur du cirque, au ses séjours ! » Mais ils ont dû La Courade, au pied du cirque lui-
pied de la cascade qui fait un bond s’adapter au nouveau tourisme de même : depuis seize ans, le festival
de plus de 400 mètres, pour donner masse. Plus d’un million de visi- y monte pour quelque temps ses
naissance au tourbillonnant gave teurs par an transitent, en effet, par tréteaux. Adversaires et partisans
de Pau. La musique animale du pe- le petit village de 177 habitants du- s’empoignent verbalement et
tit matin ne dérange personne, tant rant la période estivale. Pour un sé- avancent imprécations péremp-
Gavarnie a la mémoire cavalière. jour qui n’excède guère deux toires sur arguments définitifs. Les
Au loin, l’énorme muraille semi- heures trente, dans le meilleur des défenseurs du lieu dans son « jus »
circulaire en gradins émerge de la cas : randonneurs solitaires, fa- naturel s’appuient sur les cahiers
brume matinale et recueille les pre- milles au complet, pèlerins qui des charges inhérents aux sites
miers rayons du soleil. Pour une font, une après-midi, le déplace- classés. Ils utilisent aussi l’arme,
heure ou deux encore, le village ment en car à partir de Lourdes imparable à leurs yeux, de l’inscrip-
garde sa fraîcheur des hauts lieux toute proche (à peine 70 km). tion au patrimoine mondial pour
montagnards, comme au temps où, demander, sinon sa suppression,
berceau du pyrénéisme, il accueil- CONTRÔLER LE TOURISME du moins son déplacement :
lait les romantiques amoureux de Des nuisances de toute sorte ont « N’oublions pas que l’inscription du
JEAN−PIERRE FAVREAU POUR « LE MONDE »

ces lieux, qui firent la gloire litté- été la rançon de cet afflux de visi- massif du mont Perdu sur la liste du
raire du XIXe : les Hugo, Sand, Vi- teurs : encombrement et stationne- patrimoine mondial a été obtenue
gny... les peintres Doré, Viollet-le- ment désordonnés des véhicules après l’engagement formel des par-
Duc, Hardy ; ou les précurseurs de particuliers et des cars, floraison ties concernées pour que le festival
l’ascensionnisme mondain et aris- des boutiques à souvenirs d’un ne se tienne plus sur le plateau de
tocratique, la reine Hortense, les goût douteux – « on propose ce qui La Courade », assène, rageur, Pa-
duchesses de Berry et d’Angou- fait plaisir à la clientèle et non pas à trice de Bellefond, à la tête de l’as-
lême, le comte britannique Henry certains puristes du coin », lâche sociation Mont Perdu Patrimoine
Russel... Tout ce beau monde ve- sans plus de précisions un mondial et maître d’œuvre du dos-
nait prendre les eaux à Barèges, commerçant. Site classé par l’Etat sier d’inscription.
Cauterets et Saint-Sauveur et depuis 1941 ; inscrit au patrimoine Les partisans du statu quo, les
s’adonnait ensuite aux plaisirs de mondial de l’Unesco, depuis 1997 commercants notamment, mettent
l’escalade-découverte. Ainsi ont-ils (avec des sites jumeaux espagnols), en avant les 10 000 spectateurs que
forgé la réputation de Gavarnie, sous le nom de mont Perdu, partie draine le festival ; Une manifesta-
mais aussi créé un engouement intégrante du Parc national des Py- tion qui « a acquis ses lettres de no-
nouveau et durable pour la mon- rénées (45 700 hectares), Gavarnie- des villages et de leurs environs. Laporte, hôtelière du Compostelle. cement de la signalétique, la res- blesse, sur cela nous sommes très
tagne en général, à la base de tout Gèdre a fait l’objet, dès 1990, d’un Point trop n’en faut ! Cette ava- L’enfouissement du réseau élec- tauration du chemin du cirque ont clairs ! », affirme François Fortas-
un courant littéraire et pictural. contrat Grand Site pour permettre lanche de labels inquiète quelque trique, la réfection et l’aménage- été plutôt bien accueillis par les ha- sin, président (PRG) du conseil gé-
Autres temps, autres mœurs. à la communauté de communes de peu nombre d’habitants du village : ment des principales rues, la res- bitants. En revanche, le regroupe- néral des Hautes-Pyrénées. Le mi-
Beaucoup de Gavarniens cultivent contrôler son tourisme et d’enga- « Nous ne voulons pas habiter dans tauration des bâtiments publics et ment des montures en un seul lieu nistère de l’environnement, dans le
encore en secret la nostalgie de ce ger un programme d’aménage- un musée, être comme des Indiens les aides financières pour restaurer et surtout l’interdiction de la cir- cadre de l’opération Grand Site,
passé prestigieux, « le voyage aux ment permettant la réhabilitation dans une réserve », se plaint Sylvie les maisons particulières, le renfor- culation automobile dans le village aurait déjà pris sa décision. Une en-
haut, entre 10 heures et 18 heures veloppe serait dégagée pour l’amé-
avec parking obligatoire et payant nagement d’un autre endroit, déjà
CIRQUE DE GAVARNIE
Trois labels de protection Gèdre à l’entrée du village bas, ont suscité choisi, un peu en retrait de La Cou-
Ga

PARC NATIONAL
Ga
ve

e- HAUTES-PYRÉNÉES DES une mini-fronde des commerçants rade. Jean-Jacques Adagas, aux
-d

ve

Pa Lourdes
b PROTÉGER : le cirque de Pyrénées (45 700 hectares), couplé u PYRÉNÉES et restaurateurs, acerbes vis-à-vis prises avec des intérêts contradic-
de

toires, joue les Ponce Pilate : « C’est


Gavarnie bénéficie de trois labels avec le parque nacional de Ordesa Soum Blanc de la municipalité, sur fond de
as

2 801 m
de protection : site classé par y Monte Perdido (15 600 ha). de Secugant
Barèges Héas vieilles querelles intestines. « Ce fut à l’Etat de prendre ses responsabili-
l’Etat depuis 1941 ; inscrit au b LIRE : Petit Précis du pyrénéisme, chaud, se rappelle Jean-Jacques tés », dit-il, bien ennuyé quand
GR 10

Lac des N.D de Héas


patrimoine mondial de l’Unesco Joseph Ribas (éd. Loubatières, Gloriettes Adagas, le maire (divers) ; mais il même par cette affaire qui lui rap-
Bareilles Vierge de
depuis 1997, au double titre de 1998) ; du même auteur, Mes Troumouse
fallait prendre le taureau par les pelle chaque jour que le trésor na-
« bien naturel » et de « paysage Pyrénées. Chroniques (Sirius, ESPAGNE Gavarnie cornes. C’était un incroyable et per- turel reçu en partage par son vil-
SE

culturel », sous le nom 1983) ; Pyrénéica, Russell, manent embouteillage, de voitures, lage est parfois bien lourd à gérer...
OU

CI
Pyrénées-mont Perdu, cirques et réédition conforme à l’édition 2 846 m RQU de chevaux, de gens. Je crois que mes
M

2 322 m U
ED
canyons. Ce classement englobe, originale de 1902 (éd. Covedi, Pau, CIR Q U E E TRO administrés comprennent mainte- Ali Habib
É
B

D'E S T A U La Munia
côté français, les trois cirques : 1997) ; Pyrénées, Patrice de Hôtel 3 071 m 3 133 m nant qu’il était nécessaire d’en arri-
N IE

2 739 m
Gavarnie, Estaubé, Troumouse, et, Bellefond, Arthaud, 1985. Revue : 3 144 m C Gde 2 860 m ver là pour l’amélioration de l’ac-
AR

IRCascade Pic de Pinède


côté espagnol, les canyons « Pyrénées, spécial Gavarnie », Le Taillon QU 3 248 m cueil de nos visiteurs et pour essayer PROCHAIN ARTICLE :
V

E DE GA Mont Perdu
d’Ordesa, Anisclo et Pineta ; partie nos 170-171 du Bulletin pyrénéen de garder le caractère de village qui les caps Gris-Nez et Blanc-Nez
1 km
intégrante du Parc national des (trimestriel), Lourdes. ESPAGNE PARC NATIONAL D'ORDESA fait le charme de Gavarnie. » (Pas-de-Calais)

Le hameau de Héas célèbre sa Vierge, embellit son vallon et son cirque DÉPÊCHE
a SAINT-PIERRE-ET-MIQUE-
LON : l’archipel de Saint-Pierre-
HÉAS (Hautes-Pyrénées) une région encore largement dominée par que Marie étant d’origine juive, ses yeux de- tation de commune riche (les taxes payées et-Miquelon comptait 6 136 habi-
de notre envoyé spécial un culte marial diffus, entretenu par la vaient être noirs (!). Finalement, nous avons par EDF pour son usine hydroélectrique tants au 8 mars 1999, une augmen-
Le secrétariat de Mgr Jacques Perrier, proximité de Lourdes, ses pèlerinages et ses opté pour le "look” classique N.–D. de sont conséquentes) qui colle à Gèdre. Selon tation de 39 personnes depuis
évêque de Tarbes et de Lourdes, semble ra- marchands de bimbeloteries pieuses à trois Lourdes : robe et voile blancs, ceinture bleue, lui, cette image pénaliserait son village – un 1990, selon les résultats du recen-
vi : « Ce fut une très belle messe, concélébrée sous (Le Monde du 3 août). mais chapelet marron, façon bois. Quant aux peu laissé pour compte par rapport à Gavar- sement publiés, jeudi 17 août, par
par l’évêque pour le centenaire de la statue de Robert Prisse, le maire (divers) de Gèdre, yeux, nous n’avons pas tranché et les avons nie, auquel le lie pourtant un contrat de coo- l’Insee. Grâce à « une assez forte
la Vierge de Troumouse. Un soleil radieux, un dont dépend le hameau de Héas, s’ex- laissés blancs... », précise, prudent, Robert pération intercommunale – dans les initia- fécondité », ce petit archipel au
décor sublime rehaussé par la présence des plique : « Régulièrement, pèlerins de Lourdes Prisse. tives prises par l’Etat pour développer le large de Terre-Neuve a presque re-
bergers et de leurs chiens, par les sonnailles ou curistes de Cauterets venaient se plaindre à tourisme de la vallée bigourdane. trouvé les chiffres de sa population
des troupeaux de vaches. Quelque cinq cents la mairie de l’état de la statue de la Vierge, DÉCOR MAJESTUEUX « Sur 100 voitures qui vont à Gavarnie, dix au début du siècle (6 482 en 1902).
personnes y ont assisté et même des sœurs de érigée en 1900 et endommagée par les intem- Réinstallée sur son promontoire, la statue s’arrêtent à Gèdre et trois montent jusqu’à Le nombre des habitants avait en-
quatre-vingts ans avaient fait le déplace- péries et les impacts de la foudre. Pour faire rénovée, fleurant bon la peinture fraîche, Héas », soupire-t-il. Pourtant, la troisième suite diminué en raison notam-
ment... Oui, ce fut une bien belle et poétique plaisir à ces visiteurs et pour clore ce mini- lance donc ses regards d’aveugle sur le vaste phase de l’opération Grand Site Gavarnie- ment des problèmes rencontrés
messe. » La cérémonie commémorative ac- dossier “Vierge en péril”, la municipalité a dé- cirque de Troumouse, le plus vaste de la ré- Gèdre, avec l’aide de la Fondation d’entre- par la pêche. L’Insee précise que le
cueillait, aussi, en ce beau dimanche du cidé de la restaurer en saisissant l’opportunité gion, plus grand même que Gavarnie, d’une prise Gaz de France, va concerner la revalo- taux de chômage est de 12,8 % et
13 août, des élus de la région et le petit dé- du centenaire, d’où la cérémonie. » Débou- rondeur parfaite, et où se marient harmo- risation de Héas, du vallon et du cirque de que le tiers des salariés sont agents
tachement de la police à cheval de la muni- lonnage de la statue de trois mètres de haut, nieusement rocaille et verdure. Seul point Troumouse, et celle du cirque voisin d’Es- de la fonction publique. Les statis-
cipalité de Gèdre, où un « repas confraternel transfert héliporté, réfection du socle noir de ce décor montagnard majestueux : taubé. Le haut hameau de montagne et l’ex- tiques révèlent, également, un net
et consensuel » rassembla notables, ecclé- conique en pierre, traitement et peinture. l’inévitable parking, point ultime de la route traordinaire prairie de Camplong, vaste es- déficit pour la tranche d’âge des
siastiques et laïcs, pour faire oublier les ef- « L’opération nous a pris trois semaines et po- à péage qui grimpe à 1 500 mètres d’altitude tive horizontale rectangulaire qui le domine, jeunes de 20 à 29 ans. Ce phéno-
forts consentis durant l’ascension jusqu’au sé quelques petits problèmes d’interprétation et qui rapporte, bon an mal an, quelque viennent, eux aussi, d’être inclus dans le site mène est dû, selon les auteurs de
magnifique cirque de Troumouse. artistique, notamment en ce qui concerne la 400 000 francs à la municipalité. « Pas ques- classé patrimoine mondial du mont Perdu. l’étude, au fait que les étudiants
En quelque sorte une bonne manière lo- couleur du voile, de la robe, du chapelet et tion de le supprimer sans contrepartie », af- doivent quitter l’archipel pour
cale de la République envers l’Eglise, dans même des yeux de la Vierge – certains arguant firme le maire. L’élu se dit agacé par la répu- A. H. poursuivre leurs études.

L’effet Corse
Un tour des régions
Bretagne, Alsace, Pays basque, départements et territoires d’outre-mer, une série en cinq épisodes 0123
à partir du
pour aller à la rencontre d’une République qui se conjugue au pluriel
daté 22
Du lundi 21 août au vendredi 25 août
LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 9

HORIZONS PORTRAIT

AHARIENNE de lin comme pour mieux la défier : « La

S
désert sur chemise SNCF a été soulagée que je n’arrive
de coton ciel, Chris- pas avec la paella, la corrida. »
tian Lacroix se pro- Au 73, rue du Faubourg-Saint-
mène, comme un Honoré comme dans un comparti-
Chinois en ville, ment non-fumeurs le kaléidoscope
avec une grande de la mémoire s’anime. Son premier
bouteille d’eau départ ? « La fugue pour échapper
minérale remplie aux miens. » Il avoue encore :
d’une mixture à base de thé vert. « J’aimais l’idée de sortir à droite et
Nomade dans sa propre maison de d’aller tout droit. J’avais sept ans,
couture, il ironise : « Christian c’était un grand projet. La nuit, je me
Lacroix est désormais un de mes sentais hypnotisé par cela. Le bitume
clients. Je me sens plus libre. » De nou- chaud, je l’écoutais comme un Sioux.
veaux accords avec LVMH ont ratio- C’étaient mes sirènes. » Le premier
nalisé son statut. « Je n’ai plus l’im-
pression de faire l’école buissonniè-
re », dit-il en parlant de la multiplica- « Etre couturier
tion de ses projets pour le théâtre,
l’opéra, les ballets, les installations du Sud, c’est juste
diverses. Un vent de sable semble
avoir recouvert sa caverne de rêve- être latin, réagir,
ries où s’entassaient, sous le regard
d’un taureau empaillé, des robes penser et travailler
achetées aux Puces et des grigris en
tout genre. L’atmosphère aujour- avec la mémoire,
d’hui est celle d’une salle de réunion
beige avec chaises de bois dorées et toutes les mémoires
vue sur jardin. Dans les couloirs
repeints en vert, les croquis ont dispa- à fleur de peau !
ru. Il règne une ambiance étrange-
ment calme. Treize ans après l’ouver- Cela ne signifie pas
ture de sa maison de couture finan-
cée par Bernard Arnault, l’enfant du nostalgie mais
pays d’Arles efface toutes les images
trop apparentes d’un Sud surexposé une permanente
dont il aura été un des apprentis-sor-
ciers. Pour l’exposition « La Beauté connexion avec
en Avignon », il a « enrubanné » la
ville de voiles, de torsades et de le passé vécu
bouts de vent colorés, décevant ceux
qui s’attendaient à une installa- au quotidien »
tion-feria. « J’aime la terre rouge qui
miroite dans le soleil. Quand elle
devient une boue, une garrigue, j’ai voyage ? « La Grèce, sans copain. J’y
tendance à m’éloigner. Je n’aime rien ai appris ce que j’ai désappris plus
qui se raffermit, se fige. » tard : écrire seul, manger seul… Après,
Parce que son premier défilé de ce fut la route, en stop. » Il n’a pas
haute couture, en juillet 1987, a cris- mis les pieds à Barcelone depuis
tallisé des désirs de Sud, on l’a sou- 1978, ne connaît pas l’Amérique du
vent – trop souvent – catalogué Sud, et ses visites au Japon n’ont été
comme le Gipsy King de la couture. que professionnelles. Comme pour
Aujourd’hui, les madones et les Arlé- préserver un monde à soi, il semble
siennes sont passées de l’autre côté arpenter à nouveau les routes de
du miroir. Poufs et jupons de dentel- son enfance. « Pendant les cours de

Christian Lacroix
le se retrouvent parmi les trophées grec, je partais à fond dans l’Antiqui-
inventés d’une chasse au trésor, dans té. Je regardais la garrigue et j’étais à
les profondeurs sous-marines du Delphes. » A l’époque, en regardant
temps qui patine un lamé en bois de les plis de sa manche, il imaginait
rose, imprègne toutes les époques, des paysages : « J’aimais les villes qui
du XVIIIe siècle au disco, d’un par- n’existaient pas. J’aimais les endroits
fum de bizarre, tout en réminiscen- fermés qui me permettaient de retrou-
ces et en déconstructions. « Mes for- ver le fil rouge avec le passé, mais sans

et ses villes imaginaires


mes deviennent plus abstraites, moins nostalgie. Pas le passé mortifère avec
illustratives, moins sous-titrées. » Plus des cadavres. Mais celui dans lequel
son adolescence s’éloigne et plus il la on aurait pu s’immiscer et en ressortir,
reconquiert, se surprenant à parler sans être vu. » Aujourd’hui plus que
de marche, de cheminement, de jamais, il rêve d’une « machine à
retour à sa fameuse route, retrou- remonter le temps » pour pouvoir
vant « des amis d’avant 1987 ». La « appréhender le passé dans sa chair
haute couture est à ses yeux « une vive, ses odeurs, ses couleurs, et tout ce
nomade sédentarisée ». Aujourd’hui, qui ne passe pas par l’image ».
il brouille les pistes : « Je ne suis pas
au large, pas au bord, mais là où les
Treize ans « Etre couturier du Sud, c’est juste

L
A mode fait partie de cette quê-
vagues claquent. J’aime les périodes être latin, réagir, penser et travailler te. « La destination n’est pas pré-
hybrides, la Régence, les modes de
guerre de 1917-1918, le style des
après l’ouverture avec la mémoire, toutes les mémoires
à fleur de peau ! Cela ne signifie pas
cise. Elle est idéale. Chaque jour-
née a une couleur si différente des
années 40. Le voyage devient plus som-
bre. Une manière peut-être de réagir à
4 de sa maison nostalgie mais une permanente
connexion avec le passé vécu
autres qu’elle est en soi un voyage. Je
suis plus écouteur que voyeur. Je m’as-
cette société qui se protège par des
codes, des étiquettes, qui balaie,
de couture, au quotidien… ». Tout
chez lui porte l’ex-voto
sieds à une terrasse et j’imagine des
histoires. » A la recherche d’un
détourne, nie tout ce qu’il peut y avoir
d’énigmatique. L’approche épidermi-
l’enfant du pays de l’ailleurs, marqué
par les souvenirs du
« paradis perdu et bigarré », sans
autre enfant que ses chimères, il
que, sensuelle et individuelle, est à
mon sens une force de réaction par les
d’Arles, catalogué monde que collection-
ne cet archéologue zap-
poursuit un autre voyage, celui
qu’inspire et que rend possible « l’at-
temps qui courent. »
Son Sud est désormais assez large
souvent comme le Gipsy King peur : qu’importe l’échelle,
c’est l’intensité variable de la lumiè-
tente, l’espoir pour la minute à venir
où tout peut toujours basculer ». Ado-
pour contenir tous les exotismes du
Nord. Dans le sillage de l’été 2000,
de la couture, efface re diffusée sur l’objet qui compte,
celle qui le rehausse, le pare, l’ano-
lescent, son passeport couvert de
tampons lointains le mettait en joie.
aux effets cubistes, sa collection de
haute couture de l’hiver 2000-2001
les images trop apparentes blit de ses sortilèges. Qu’il s’agisse
de sa première ligne de bijoux pré-
« Passer les frontières, c’était passer à
travers un miroir. Aujourd’hui que la
trace une rupture. Jeux savants de
kilts, de matelassages et d’assembla-
d’un Sud surexposé dont cieux, lancée cet automne, ou du
TGV Méditerranée « rhabillé »
planète me semble violée, je n’ai plus
l’envie du lointain. Les images, de tou-
ges : la tradition artisanale est là,
sublimée par un regard s’attachant
il aura été l’apprenti-sorcier depuis le 7 juillet du bleu au
jaune en passant par tous les
tes manières, font le voyage vers notre
chambre. » Mieux, aux destinations
aujourd’hui moins à cambrer et à cor- pourpres. Les voitures ? trop fléchées il préfère sans doute
seter qu’à « souligner une ligne appli- « Crazy patchwork » les routes qui n’y mènent plus, ces
quée mais aussi volatile ». Ses oiseaux Jacques Fath, qui, le week-end, culti- nod » ou de « paillettes menthe glacia- mauve appliqué « non-lieux » du voyage : « Entre ces
de nuit d’un « cabaret bestiaire » ve un jardin dont les fleurs sont assor- le », la couleur, les volumes et la tex- de velours et bro- villes qui n’existent pas, on ne sait plus
semblent fredonner des refrains ties aux couleurs qu’elle travaille pen- ture entretiennent chez Christian carts multicolo- si l’on est au-dessus de la Sibérie ou
enfuis, entre Opéra de quat’sous, fête dant la semaine : « J’ai des pensées Lacroix une intimité fantasque, révé- res, « cyclamen » de sa maison. On ne sait plus l’heure
au château et bal populaire dont il bleues comme le satin pervenche lant dans leur bruissement des petits pailleté de motifs qu’il est, en migration entre deux mon-
s’amuse à remixer en liberté les d’une robe. » démons intérieurs. Enfant, l’un de broderies, de patchworks que l’on trou- mexicains et rehaussé de gros des, deux “nous-mêmes”. En avion,
odeurs, les couleurs et les sons. « On ses jeux favoris était ce jeu de cartes vait un peu partout. Je pense que mal- sequins noirs et blancs, sans oublier j’ai l’impression de me rapprocher de
n’arrête pas le temps, on ne s’arrête

D
E tous les voyages, les tissus divisées en trois (tête, tronc, jambes) gré un appauvrissement ces dernières la voiture-bar fuchsia brodée d’un moi. J’aime ces parenthèses ouatées.
que sur une image en marche », aime de Christian Lacroix forment à mélanger à l’infini. « Je ne me suis années, il se trouvera toujours un grand lion chinois et ornée de motifs En train aussi, mais tout est un peu
à dire ce nomade de l’imaginaire, qui un patchwork de sensations. apparemment jamais arrêté de jouer moment où surgira un chapeau bizar- cachemire. Christian Lacroix a offert gâché aujourd’hui à cause des porta-
parcourt des mondes en les calligra- Lors des essayages, il a cette façon à ce petit jeu. » L’important est d’arri- rement fleuri, des escarpins hésitant à ses passagers, et plus encore à bles qui sonnent. » Il affirme encore :
phiant de pois, de brillances, de scin- particulière de poser des couleurs ver « à des choses presque impro- entre le fluo et le rose dragée, des pro- ceux qui restent sur le quai, au ciel et « Le nez au vent, à pied dans les villes.
tillements. Première d’atelier, comme des accessoires. Une « secon- visées et qui correspondent à un portions étranges, des détails aux oiseaux, une vraie robe ferroviai- Regarder les gens. C’est cela mon voya-
Mme Jeanine est à l’écoute : « Mon de d’atelier » porte un immense man- rêve ». Tout commence par un “ethniques” ou une coiffure re. « Nord-Sud, j’ai d’abord voulu ge. » Sur l’un des wagons du TGV
métier, c’est ma vie. C’est dans les teau violet comme si c’était un bébé. pêle-mêle, des rencontres sensibles arc-en-ciel ». Il avoue aujourd’hui : exprimer par la couleur ce va-et-vient Méditerranée, il a fait calligraphier
mains que ça se passe. Il me donne Un soulier de satin orangeade s’avan- auquel il a même fini par consacrer « Maintenant, je me décide plus vite. du froid vers le chaud », explique ce cette phrase de Pessoa : « Que je rou-
une ligne, un état d’esprit. Je lui fais ce sous un flot de taffetas bleu océa- un livre, où se croisent la Riviera et Avant, je prenais les tissus pour un pur- petit-fils de cheminot ayant voulu le sur une autre route, dans un autre
une ébauche… Au fur et à mesure, la nique. Des voix chuchotent : « On se les Windsor, le Bas-Empire et Lady gatoire. » Il reste qu’il a toujours cet- donner « une mémoire à ce train ». rêve, dans un autre monde… »
collection se concrétise dans sa tête. met un peu de grassouille Diana Cooper, les collages et les te façon de se réapproprier des cho- « Le train devrait se lire comme un
Les choses du début lui semblent là-dedans ? » « A peine, à peine ! » tableaux de croquis de ses premières ses vues pour les faire siennes, atten- spectre chromatique, une fusée de feu Laurence Benaïm
fades, alors il ajoute. Il n’aime pas que Peints, marbrés, « reliéfés », dévo- collections, dans un labyrinthe d’évo- tif à vouloir « retrouver la vibration d’artifice, traçant une trajectoire Photo : Gérard Rondeau
tout soit trop régulier, trop symétrique. rés, découpés, enluminés, scarifiés, cations, de l’enfance arlésienne aux du passé » dans le présent, comme incandescente vers la Méditerranée
Il a changé plusieurs fois de cap. Mais les tissus sont ses souples totems premières escapades à Londres. pour chasser le trop neuf qui ne dit laissant derrière elle une nuit plus froi-
il y a toujours un point où on le retrou- offerts à toutes les métamorphoses. « Londres a longtemps été pour moi rien, mais également le silence des de. » Ce « précipité » de couleurs PROCHAIN ARTICLE :
ve : le mélange des matières, le choix Qu’il s’agisse d’une « énorme rose noi- une mine inépuisable de vêtements lignes, qu’il semble redouter comme vives est encore une fois une nouvel- Serge Lutens,
des tissus », affirme cette ancienne de re » en guise de jupon, de « gazar Per- anciens, de textiles de tous ordres, de des ombres maudites. le manière d’aller narguer la bête, parfums de vieux Maroc
10 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 HORIZONS-ANALYSES ET DÉBATS

0 123
21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Le Concorde n’est pas dangereux
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Internet : http : // www.lemonde.fr par André Turcat

L
ÉDITORIAL ’ANNONCE du retrait de certain calme, et je puis exprimer genre d’incident sérieux, qui a eu pour des raisons dont j’ai voulu
navigabilité du Concorde un avis différent. d’autres occurrences, jamais surve- exclure ici la politique, quel domma-
est une décision d’une gra- En premier lieu, il est admis que nues dans le cours des essais en vol ge ne va-t-il pas en résulter, écono-

Lafrontièreduclonagehumain vité d’autant plus grande


qu’elle est à ma connaissance sans
précédent. Trente-huit ans après le
la cause déterminante de l’éclate-
ment de ce seul pneu est sa coupu-
re par un élément métallique étran-
dont j’ai eu la responsabilité, peut
provoquer des dégâts sérieux, la
preuve en est assez faite. Les pneus
miquement par le retrait de ces avi-
ons qui valent tout de même mieux
que la ferraille, professionnelle-

E
N donnant, mercredi ques majeurs, accélérer le proces- traité instituant le Concorde, il n’est ger à l’avion, ce qui peut difficile- eux-mêmes, d’une autre marque ment par le transfert des hommes
16 août, son aval à la mise sus de réification de l’embryon certes pas glorieux d’être allé porter ment être considéré comme une qu’alors, sont donc en cause ; mais hautement spécialisés sur la machi-
en œuvre de la technique humain en s’autorisant à créer, à la mauvaise parole outre-Manche, panne au sens de la certification jusqu’ici les débris étaient à ma con- ne, psychologiquement par la perte
du clonage à des fins thé- des fins thérapeutiques, un ensem- et il est inutile de dire la tristesse elle-même, puisqu’en l’absence de naissance de bien plus petites mas- de l’image de marque de l’opéra-
rapeutiques dans l’espèce humai- ble de cellules qui, si on le laissait que nous en éprouvons. Mais je ne cet élément et sans doute du mode ses. Les enquêteurs, nous a-t-on teur mettant le Concorde en œuvre
ne, le gouvernement britannique se développer dans un sein mater- veux pas m’en tenir au sentiment. particulier de l’explosion, l’accident dit, ont détecté à Roissy un mor- et de cette fière image ressentie par
a pris une décision essentielle et nel, conduirait à la naissance d’un L’accident de Roissy avait déjà tout un public !
peut-être irréversible dans l’histoi- enfant, comme l’ont démontré ces été ressenti comme un drame mon- C’est pourquoi une large part, je
re de la biologie et des sciences dernières années les créateurs de dial, et l’arrêt des vols du supersoni- Une large part des professionnels crois, des professionnels et du
médicales. Certes, cette décision Dolly et leurs collègues travaillant que chez Air France de même : telle public serait atterrée par un arrêt
devra être encore ratifiée par le sur différents mammifères ? est la force symbolique attachée au et du public serait atterrée définitif des vols dont il ne m’appa-
Parlement britannique, où cha- Les partisans britanniques de Concorde. La passion s’y est mise, raît pas que le risque soit plus élevé
que député pourra se prononcer l’utilisation des techniques du clo- bien entendu, et les mêmes qui le par un arrêt définitif des vols que celui de tout avion, comme
en son âme et conscience, sans se nage humain à des fins thérapeuti- déclaraient bêtement l’avion le plus pour eux certainement bien moin-
soumettre à une consigne partisa- ques affirment que les autorisa- sûr du monde en font maintenant, dont il ne m’apparaît pas que le risque dre que celui de la route, et seul
ne. De ce point de vue, la Grande- tions données dans ce domaine tout aussi bêtement, un appareil fra- capable de répondre à un besoin de
-Bretagne donne, une nouvelle ne doivent pas être interprétées gile. A la vérité, il est aussi robuste soit plus élevé que celui de tout avion communications rapides, emblème
fois, une belle leçon de démocra- comme la dernière étape avant un que les autres, tel que les règle- et moyen de progrès.
tie dans un domaine où, le plus feu vert au clonage humain à des ments de certification l’ont exigé, la Il nous reste à espérer que les
souvent, ne s’expriment que les fins de reproduction. On pourrait, sécurité totale n’existant pour n’aurait pas eu lieu. De façon analo- ceau de pneu de plus de 4 kg, ce qui autorités de la navigation civile et
représentants de la science ou de selon eux, accepter cette réifica- aucun. gue si l’on veut, l’irruption dans le semble aberrant. Dès lors, le four- notre ministre restent ouverts à des
la religion officielles. Mieux vaut tion de l’embryon sans entrouvrir Lorsqu’un accident se produit, il poste de pilotage d’un forcené neu- nisseur, qui ne semble pas avoir été solutions, que l’arrêt des vols
débattre publiquement de tels les portes de ce Meilleur des mon- faut tout de suite savoir s’il n’y a tralisant l’équipage, cas qui s’est associé à la commission d’enquête, demeure donc temporaire, en atten-
sujets plutôt que de prononcer des que l’un de leurs compatriotes, pas une leçon immédiate à en tirer, produit assez récemment sur un Air- ne doit-il pas être mis en cause, dant que la commission d’enquête
des interdictions définitives ou Aldous Huxley, avait si lucide- et mon sentiment est que la premiè- bus et aurait pu conduire à la catas- sinon en examen, non point dans ait exprimé un avis conclusif, et
d’autoriser des solutions hypocri- ment entrevu et dont l’avènement re décision ministérielle de suspen- trophe si le forcené n’avait pas été l’esprit d’une vindicte comme c’est qu’à la suite les constructeurs et
tes, comme c’est le cas aux est, chaque jour, techniquement dre les vols était sage. Puis il s’est lui-même neutralisé, ne saurait évi- trop souvent le cas, mais en vue de exploitants aient fait des proposi-
Etats-Unis, où de telles recherches un peu plus proche. A l’aune de la avéré que l’enchaînement des évé- demment être une panne probable forcer à une amélioration du pro- tions de nature à confirmer ou réta-
ne sont pas prohibées à partir du philosophie utilitariste anglaise nements était réellement complexe mettant l’avion en cause. duit ou à une méthode de protec- blir équitablement la navigabilité.
moment où elles ne sont pas finan- développée au XVIIIe siècle par et, malgré l’activité remarquable Enfin, tant qu’on n’a pas pu expli- tion et de surveillance révisées,
cées par des fonds publics. David Hume, une telle propo- des enquêteurs, que de nouveaux citer la succession des événe- sans que soit nécessaire un retrait
On ne saurait pour autant sition peut n’être pas choquante. éléments peuvent encore surgir ou ments – crevaison de trois réser- de certificat de navigabilité ? En en André Turcat est ancien pilote
sous-estimer l’un des aspects Elle l’est d’autant moins que la être portés à leur connaissance. Ce voirs de voilure du Concorde, allu- jugeant pourtant différemment, d’essai.
essentiels, et pour certains haute- Grande-Bretagne a mis en place qu’il faut savoir maintenant, c’est si mage du feu, défaut de rentrée du
ment inquiétants, de la décision une structure de contrôle sanitai- la navigabilité de l’avion est réelle- train, peut-être de signalisation au
du gouvernement de Tony Blair re et de surveillance éthique des ment en cause, ce qu’il me paraît dif- poste –, il me paraît difficile de con- AU COURRIER DU « MONDE » voyager dans le dernier wagon du
dès lors qu’elle sera traduite en ter- activités liées à la manipulation ficile de prononcer devant tout cas sidérer l’accident comme consé- métro, le couvre-feu à 20 heures, le
mes législatifs. Car, bien au-delà des cellules sexuelles humaines. complexe, et qu’on n’a pas fait dans quence immédiate, directe et impa- ORPHELINS DE DÉPORTÉS tampon « juif » en grosses lettres
de l’exploitation thérapeutique et Mais une autorisation donnée par le passé pour un autre avion. rable à l’avenir de l’explosion du Tracer un signe égal entre rouges sur leur carte d’alimenta-
financière de cet Eldorado de la Londres risque de précipiter un Les règles de certification exi- pneumatique, et d’interdire de ce enfants de déportés de la Résistan- tion. Puis avec les premières rafles,
biologie que représentent les cellu- phénomène rapidement incontrô- gent, d’une part, qu’un événement fait les vols. Il y a bien entendu tou- ce et enfants de parents juifs, c’est nul refuge possible dans leur
les souches, la grande question lable. Une analyse internationa- technique conduisant à une catas- jours leçon à tirer, et il est de l’hon- ignorer plusieurs faits d’importance famille elle-même pourchassée. Ces
aujourd’hui soulevée est celle de le – précédée, en attendant, d’un trophe n’ait pas une probabilité neur du constructeur, du fournis- et, d’abord, que ce sont les nazis qui enfants étaient partis de chez eux
la légitimité de la création, par moratoire – d’une question qui, supérieure à un par milliard d’heu- seur et de l’exploitant de recher- ont établi la différence (« Courrier en catastrophe, sans aucun souve-
l’homme, d’embryons humains à après tout, concerne l’humanité res de vol – et c’est ainsi que nos avi- cher une parade, malgré l’improba- des lecteurs » daté 6-7 août). Après nir familial, pas même une photo
des fins qui n’ont plus rien de com- demeure donc un préalable indis- ons sont calculés –, d’autre part, bilité de la cause initiale, et du fait l’arrestation et la déportation de pour les rattacher à leur passé. Ils
mun avec la reproduction de l’es- pensable. Le « cavalier seul » bri- qu’aucune panne unique ne puisse de divers incidents où un éclate- son père pour faits de résistance, étaient casés au petit bonheur la
pèce. Peut-on, sans risques éthi- tannique n’est pas de bon augure. non plus entraîner une catastrophe, ment de pneu(s) a été noté. C’est ce mon mari n’a pas eu besoin de se chance, souvent sous un faux nom
et c’est le cas qui nous concerne. Il qui avait déjà été fait après l’inci- cacher ni de changer de nom, pas et même un faux prénom, toujours
ne peut d’ailleurs s’agir que d’une dent de Washington, survenu il y a plus que sa mère, commerçante à la merci d’une dénonciation.
0123 est édité par la SA LE MONDE
Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani panne d’une probabilité inférieure tout de même vingt et un ans, où dans une petite ville de province, Après la guerre ils retrouvaient, s’ils
Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; à toute présomption, en l’espèce une cause initiale différente – un qui a pu continuer (même dans la avaient beaucoup de chance, une
Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint
justement à un cas par milliard. Et défaut de maintenance – avait été difficulté) son activité. Si cela avait mère, un père ou un frère rescapé
Directeur de la rédaction : Edwy Plenel je puis supposer que les responsa- identifiée, et lors duquel, d’ailleurs, été nécessaire, son enfant pouvait de la déportation, sinon personne
Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau
Directeur artistique : Dominique Roynette bles de l’aviation civile, dont je con- un moteur avait avalé des mor- être accueilli chez n’importe quelle (…). Bien sûr, on peut toujours dire
Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment nais la compétence et le scrupule, ceaux de gomme sans grave dom- personne de sa famille ou relation, qu’une compensation financière ne
Rédacteurs en chef :
Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; ont pu présenter l’éclatement du mage. sans que cela mette ces personnes changera rien à tout cela. A quel-
Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ;
Michel Kajman (Débats) ; Éric Fottorino (Enquêtes) ;
pneu avant droit du train gauche L’avion n’est pas pour autant dan- ou l’enfant en danger. Il en allait ques-uns, elle donnera quelques
Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; comme la cause non improbable et gereux. Pour ma part, et m’asso- tout autrement des enfants juifs : ils facilités pour une fin de vie moins
Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction)
Rédacteur en chef technique : Eric Azan unique de tout l’enchaînement dra- ciant à la position exprimée par les avaient d’abord subi l’affront du difficile. A d’autres, moins nécessi-
matique. Bien que loin de l’exercice mécaniciens au sol, je m’affirme port de l’étoile jaune, l’interdiction teux, elle permettra de participer à
Médiateur : Robert Solé actif, je représente cependant une prêt à embarquer sur tout vol du d’accès aux lieux publics (cinémas, l’œuvre de mémoire.
Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg
profession qui peut juger avec un Concorde. Il reste certes que ce jardins, musée), l’obligation de R. Alezard, Paris
Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ;
partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982),


A l’ONU, maintenu que « la suspension du
PRT devrait servir d’avertissement
pour que toutes les ONG se confor-
gouvernements mis en cause n’ont
eu de cesse de manœuvrer pour
faire taire ces voix discordantes.
semaines. Autre changement nota-
ble, à partir de cette année, la
sous-commission n’adoptera plus
André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA LE MONDE


Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994.
Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde,
les ONG dérangent ment aux principes de la résolution
1996.31 les régissant et à la Charte de
l’ONU ».
En 1997, l’Indonésie avait mobilisé
ses alliés asiatiques et musulmans
pour bâillonner le Prix Nobel de la
de résolution concernant la situa-
tion dans des pays spécifiques.
Dans la foulée, Cuba a proposé de
Fonds commun de placement des personnels du Monde,
Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises,
Suite de la première page Au-delà d’un simple point de pro- paix et porte-parole de la résistan- réduire le temps de parole et de
Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. cédure, ce débat pose de manière ce timoraise, José Ramos-Horta, limiter à sept le nombre de repré-
De son côté, non seulement plus générale la question du rôle quitte à devoir le reconnaître par sentants de chaque ONG. Avec
Pékin accuse Freedom House des ONG et de la place des droits de la suite comme un interlocuteur 2 012 ONG au statut consultatif
IL Y A 50 ANS, DANS 0123 d’avoir invité des « éléments antichi- l’homme à l’ONU. Le comporte- incontournable. La décision d’ex- reconnu, le prétexte était tout trou-
nois » à une table ronde, mais se ment de certaines ONG peut être clure Solidarité chrétienne interna- vé. En fait, l’ONU a accepté un
plaint aussi du secrétariat de l’ONU, parfois critiquable et elles ne sau- tionale avait été ressentie comme nombre croissant d’ONG qui n’en
Les Américains et les revers de Corée qui avait « étonnamment fourni ses
services d’interprétation pour la dis-
raient se soustraire à un minimum
d’obligations, mais certainement
un précédent négatif par les ONG
engagées dans la défense des
portent que le nom et défendent
les positions de leurs gouverne-
PEUT-ON dire aujourd’hui des ment dans le domaine international cussion ». pas au prix de la liberté d’expres- droits de l’homme. Moins d’un an ments, dont elles sont censées en
Etats-Unis, reprenant le mot et pousse à son maximum la mobili- Lui emboîtant le pas, le représen- sion. Or, par leur nature même, les plus tard, les nouvelles menaces principe être indépendantes.
fameux de ce chroniqueur du sation « partielle » des forces du tant du Soudan a fait grief à l’ONG ONG dérangent. Leur connaissance de sanctions relèvent de la même Constatant cette dérive et rele-
Second Empire, qu’ils comptent pays. Le discours de M. Stassen, américaine d’avoir osé prétendre du terrain les place en première démarche visant à limiter le débat vant la différence de traitement
cent cinquante millions de sujets, menaçant l’URSS d’une riposte dans son dernier rapport que Cuba, ligne pour alerter l’opinion sur des sur les droits de l’homme à l’ONU. envers les ONG, un expert déplore
sans parler des sujets de méconten- directe en cas de nouvelle agres- la Chine et son pays n’étaient pas réalités que les autorités en place L’offensive est menée par un grou- que les pays favorables aux droits
tement ? Ce serait pousser la com- sion, est caractéristique de cet état des Etats démocratiques. Le délé- préfèrent souvent ignorer. D’où pe de pays eux-mêmes peu sou- de l’homme se montrent moins
paraison un peu trop loin. Pourtant d’esprit. L’Américain moyen en gué russe s’est demandé, lui, sur une volonté de plus en plus manifes- cieux du respect des libertés fonda- actifs que leurs adversaires. Par
un malaise se fait jour dans l’opi- effet veut cesser de se croire dupe quels critères se fondait Freedom te de divers gouvernements pas tou- mentales. Ne tolérant pas la moin- leur ténacité, les ONG sont deve-
nion publique, et les revers de de certain langage diplomatique. House pour émettre pareil juge- jours très démocratiques de les met- dre critique, cette « majorité auto- nues des partenaires indispensa-
Corée en constituent la source appa- L’affaire de Corée, à son sens, n’est ment. A ce noyau dur se sont joints tre au pas, voire d’imposer leur matique » multiplie les manœu- bles de la communauté internatio-
rente. Sans doute, à la suite du raid pas un accident de « guerre froi- des pays comme le Pakistan, la Tur- musellement. vres de coulisses et de procédure nale, mais leur franc-parler n’est
massif des superforteresses sur les de », mais un aspect particulier de quie et même l’Inde en une coali- pour parvenir à ses fins. pas toujours pour plaire à des gou-
concentrations communistes à l’est la lutte entre les Etats-Unis et tion de circonstance pour tenter de LIMITER LE DÉBAT Ainsi, le 4 juin 1999, jour anniver- vernements qui les voudraient
du Naktong, le Pentagone se mon- l’URSS, qui augmente chaque jour régler son compte au Parti radical Les pressions se sont accentuées saire du massacre de Tiananmen, plus dociles. Pour eux, l’universali-
trait-il hier soir un peu plus optimis- d’acuité. Ainsi placé dans ce cadre, transnational (PRT), chacun ayant à mesure que les ONG se sont affir- l’association Human Rights in Chi- té des droits de l’homme s’arrête
te que ces jours derniers. Mais il est l’avertissement lancé par le prési- quelque chose à lui reprocher. Non mées comme la principale voix na, fondée par des démocrates chi- là où commence leur souveraine-
encore trop tôt pour tirer des ensei- dent de l’université de Pennsylvanie contente de l’accuser d’avoir donné pour attirer l’attention sur les con- nois, s’est vu refuser un statut té. En décembre 1998, l’Assemblée
gnements définitifs de l’emploi tacti- prend donc son plein relief. Plus la parole à une « organisation terro- flits internes. A partir des d’ONG auprès de l’ONU sous pré- générale de l’ONU avait adopté
que de l’« artillerie aérienne », alors que jamais les Américains pensent riste », la Russie n’a pas hésité à le années 80, des témoins directs de texte que, ses membres étant chi- une résolution reconnaissant à cha-
surtout que la chasse ennemie était en termes de rivalité montante avec soupçonner d’être impliqué dans le tels contentieux ont pu être enten- nois, elle nécessitait l’agrément de cun « le droit de promouvoir et de lut-
pratiquement inexistante. les Russes. trafic international de stupéfiants dus à la commission et la Pékin. Le scénario s’est répété à la ter pour la protection et la réalisation
Aussi bien estime-t-on de toutes en rappelant ses prises de position sous-commission des droits de commission des droits de l’hom- des droits de l’homme et des libertés
parts urgent que l’administration se Maurice Ferro en faveur de la libéralisation des l’homme. Ensuite, lors d’une ses- me, en avril, quand la même coali- fondamentales ». C’est cette avan-
comporte de plus en plus énergique- (18 août 1950.) drogues dites douces. sion spéciale consacrée à l’ex-You- tion, allant de la Russie au Soudan cée que d’aucuns s’acharnent
Le PRT a eu beau dénoncer « l’ab- goslavie en 1992, certaines ONG en passant par Cuba et le Pakistan, aujourd’hui à remettre en cause.
surdité » de telles accusations, le ont permis à des personnes directe- s’est portée au secours de la Chine
0123 SUR TOUS LES SUPPORTS comité des ONG a recommandé fin ment impliquées de prendre la pour lui éviter la moindre répri- Jean-Claude Buhrer
juillet la suspension pour trois ans parole en les accréditant. Le même mande pour ses manquements
Adresse Internet : http : // www.lemonde.fr de son statut consultatif. Mais à la moyen a été utilisé en 1994 pour le aux libertés fondamentales.
suite de sérieuses réserves expri- Rwanda et en 1999 pour le Une tendance analogue se mani- RECTIFICATIF
Télématique : 3615 code LEMONDE
Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) mées par plusieurs délégations, le Timor-Oriental. feste à la sous-commission des
ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) PRT a obtenu un délai jusqu’au Au cours des dernières années, droits de l’homme, actuellement GIROLATA
16 septembre pour apporter des de nombreuses personnalités de en session jusqu’au 18 août à Genè- Nous avons attribué par erreur
Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 compléments d’explication, avant diverses tendances et origines, dis- ve. Principale innovation, les la photographie illustrant l’article
Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30
que le conseil économique et social sidents ou réfugiés, ont ainsi été à débats des experts qui la compo- sur Girolata (Le Monde du 17 août)
Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 de l’ONU ne prenne sa décision. Le même de s’exprimer grâce au con- sent et des ONG qui y participent à Jean-Pierre Favreau. Son auteur
représentant russe n’en a pas moins cours des ONG. Depuis lors, les ont été réduits de quatre à trois est en fait Marcel Fortini.
LeMonde Job: WMQ1808--0011-0 WAS LMQ1808-11 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 14:08 S.: 111,06-Cmp.:17,14, Base : LMQPAG 08Fap:100 No:0535 Lcp:700 CMYK

11

ENTREPRISES
LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000

FINANCE L’engouement des particuliers détiennent aujourd’hui tions. L’inquiétude s’est aujourd’hui TION programmée, le 22 sep- ont déjà commercialisé de nouvelles
Français pour la Bourse et les va- des actions b LES AUTORITÉS DE TU- quelque peu dissipée, les marchés tembre, du marché à règlement offres de prêts pour acheter des
leurs de la nouvelle économie sus- TELLE sont très attentives au « dé- étant peu actifs en raison de la mensuel à la Bourse de Paris incitera titres . b AUX ETATS-UNIS, ce type
cite l’inquiétude de la Banque de veloppement attendu » des crédits période estivale, mais les autorités les intermédiaires à proposer des d’emprunts représente 5 % des
France. Pas moins de 5,6 millions de aux particuliers pour achats d’ac- restent vigilantes. b LA DISPARI- crédits. b LES COURTIERS EN LIGNE montants globaux de crédit.

Les Français s’endettent pour jouer en Bourse


La Banque de France s’inquiète du développement des achats d’actions à crédit. Près de 5,6 millions de personnes détiennent des titres.
En raison de l’accès facile et moins cher à la Bourse, les marchés se popularisent et les investisseurs rajeunissent
L’ENGOUEMENT des Français entre 1 % et 2 % des encours de cré- lignait Jean-Claude Trichet, gouver- lois, président de l’établissement
pour la Bourse et les valeurs de la dits à la consommation (587 mil-
Frénésie en Bourse neur de la Banque de France. spécialisé dans le crédit à la consom-
nouvelle économie suscite l’inquié- liards de francs fin 1999). Interrogés, DIFFUSION DE L'ENDETTEMENT NOMBRE DE TRANSACTIONS Les banques incitent-elles leurs mation.
tude de la Banque de France. Car, les établissements financiers affir- taux de détention À LA BOURSE DE PARIS clients à acheter des actions à cré- Mais certains clients s’endettent
certains d’entre eux, à l’instar des ment ne pas avoir constaté de de- 60 680 dit ? « Nous demandons à quoi sont pour couvrir leurs découverts géné-
Américains, s’endettent pour ache- mande forte. A la Banque de France, MÉNAGES ENDETTÉS 50,4% COURTIERS EN LIGNE destinés les crédits à la consomma- rés par les pertes sur actions. Plus
ter des actions. La banque centrale a l’inquiétude s’est aujourd’hui quel- 50
580 tion », tempère-t-on au Crédit Lyon- généralement, une nouvelle géogra-
plusieurs fois tiré la sonnette que peu dissipée, les marchés étant nais. Il existe des « crédits budgets », phie du crédit se dessine. La part des
d’alarme. Elle a rappelé, dans son peu actifs en raison de la période es- 480 destinés à l’achat d’un véhicule, à ménages endettés pour des pro-
bulletin mensuel de juillet, qu’elle tivale, mais l’autorité de tutelle reste 40 l’aménagement de la maison, dits blèmes de trésorerie a augmenté en
AU MOINS UN CRÉDIT 32,1%
entendait être « très attentive » au attentive. D’autant plus que les DE TRÉSORERIE 380 affectés, qui ne concernent donc pas 1999, pour s’inscrire à 32,1 %, selon
développement attendu des crédits tourmentes boursières du premier 30 ENSEMBLE des achats d’actions, précisent les l’Observatoire de l’endettement des
aux particuliers pour l’achat d’ac- semestre 2000, avec un recul des va- 21,4% 280 DU MARCHÉ établissements bancaires. ménages (OEM), présenté début
tions, même s’il est difficile de mesu- leurs de la nouvelle économie, juillet (et terminé en novembre
rer avec précision le volume des em- « n’ont pas remis en cause l’intérêt 20 180 1999) et réalisé par Michel Mouillart,
prunts contractés dans ce but. des investisseurs pour les placements CRÉDIT DE TRÉSORERIE SEUL La part des ménages professeur à l’Université de Paris X-
La fin du règlement mensuel – qui en actions », relève-t-elle. 10 80 Nanterre, et Loïc Chapeaux, docto-
permet aux particuliers de bénéficier La Banque de France s’est inquié- J M M J S N J M M qui s’endettent pour rant sous la direction de M. Mouil-
d’un crédit gratuit d’un mois –, pro- té de la frénésie boursière de ces 1989 91 93 95 97 99 1999 2000 lart. La part des ménages qui s’en-
grammée pour le 22 septembre, ac- derniers mois. Le succès d’Internet
Source : Actualité bancaire, AFB Source : Brokers-on-line
La Bourse de Paris a attiré de nombreux particuliers, notamment via les courtiers
acquérir des produits dettent pour acquérir des produits
centuera le phénomène car elle inci- et du courtage en ligne a attiré des financiers atteint 2,6 %. « Ces chiffres
tera les intermédiaires à développer néophytes. Le CAC 40 a connu trois en ligne, au cours des derniers dix-huit mois. financiers atteint 2,6 % sont à manier avec précaution étant
de nouvelles formes de prêts. « Ces années de hausse de 1997 à 1999, an- donné la faiblesse de l’effectif concer-
mécanismes viendront s’ajouter aux née où l’indice a progressé de 51 %, parmi lesquels 20,5 % ont plus de siers... Eu égard aux risques encourus né », prévient M. Chapeaux. Les mé-
prêts à court terme accordés par les atteignant une capitalisation bour- quinze ans, contre 18,2 % en 1999. pour la solvabilité des ménages, il se- Mais le consommateur qui de- nages qui ont recours à ce type de fi-
établissements de crédit utilisées pour sière de 1 499 milliards d’euros, et les L’accès plus facile et moins cher à la rait souhaitable que les comporte- mande un prêt à la consommation nancement sont plutôt urbains,
acheter des titres. Un nouvel équilibre, débuts de l’année 2000 ont été très Bourse attire une clientèle plus vaste ments d’endettement ne soient pas ex- classique ne souhaite pas forcément jeunes, sans enfants, de situation fi-
qu’il est bien sûr difficile d’anticiper, actifs, le nombre de transactions at- et plus jeune. cessivement encouragés par des indiquer à son banquier à quoi il est nancière « moyenne », peu attentifs
devrait s’établir entre le règlement au teignant des records. Après des an- La Banque de France avait lancé campagnes d’offre trop attractives », destiné. « C’est d’ailleurs la caracté- à leur budget.
comptant et les achats d’actions à cré- nées de désaffection, la Bourse a re- un premier avertissement en avril, prévenait-elle. Cet avertissement a ristique du crédit revolving que de ne La Banque de France sera très vi-
dit. Cela requiert prudence de la part trouvé la faveur des petits porteurs en rappelant qu’en 1999, le montant été renouvelé lors de la présentation pas demander au client à quoi servira gilante lorsque les marchés repren-
des prêteurs et vigilance de la part des ces derniers mois : en mai 2000, la de prêts accordés par les banques du rapport annuel de la Commission l’argent », souligne-t-on chez Cofi- dront leur rythme de croisière. Elle
autorités bancaires et monétaires », France comptait 5,6 millions d’ac- aux ménages a progressé de 6,9 %, bancaire début juillet. « J’invite les dis . « Certains de nos clients ont eu doit pour ce faire renforcer, voire in-
affirme la Banque de France. tionnaires, contre 5,2 millions un an contre une hausse d’environ 3 % établissements à la plus grande pru- recours à des crédits de faible mon- venter, des outils de recensement
Aux Etats-Unis, la formule est très plus tôt. Selon une enquête réalisée seulement durant les trois années dence en ce qui concerne l’octroi de tant il y a quelques mois, au moment statistique et de surveillance pru-
en vogue : ce type d’emprunts at- par la Sofres pour le compte de la précédentes. Selon la banque cen- crédits destinés à l’achat de titres. En de l’euphorie boursière, mais dans de dentielle. Sa crainte est de voir un
teint 5 % des montants globaux de Banque de France et de Paris trale, cette progression rapide des particulier, il ne faudrait pas que la faibles proportions. Nous pensons que krach boursier devenir une crise
crédits à la consommation. En Bourse, publiée le 4 juillet, un adulte prêts à court terme pourrait « recou- disparition du règlement mensuel se les avertissements lancés par la bancaire.
France, certains observateurs esti- sur cinq détenait des valeurs mobi- vrir un recours accru à l’endettement traduise par un développement in- Banque de France sont plus préventifs
ment qu’il pourrait représenter lières, soit 9 millions de Français, pour financer l’achat des titres bour- considéré de ce type d’activité », sou- que curatifs », explique Michel Guil- Pascale Santi

Quand les banques encouragent les emprunts Un financement très en vogue aux Etats-Unis
VOYANT SON ENTOURAGE acheter et revendre peut expliquer que le conseiller financier ait passé son LES AMÉRICAINS détiennent baisse forte de ses titres, le petit mais leur enthousiasme peut re-
des actions avec de jolies plus-values, Florence L., in- ordre sans inquiétude. » des records en matière d’endette- porteur peut être contraint par le partir aussi vite.
génieur, se lance à son tour dans la spéculation bour- « Pour couvrir mon découvert, il m’a proposé un em- ment (13 % du revenu disponible) : courtier à un remboursement par- Les appels de marge représen-
sière. « C’était un défi, un pari. Je suis très impulsive. » prunt à un taux de 12 %,sur plusieurs années, mais j’ai aux Etats-Unis, on ne s’endette tiel ou total, ce qu’on appelle en taient 1,6 % de la capitalisation
Florence gagne 20 000 francs nets par mois, mais n’a choisi un emprunt sur deux ans, de 65 000 francs, à plus seulement pour acheter une jargon boursier les « appels de boursière américaine début 2000,
pas la moindre épargne. Sa banque – où elle n’avait 9 8 %, et j’ai demandé à mon patron une avance sur voiture ou une maison, mais pour marge » (margin calls). Si l’em- soit le même niveau qu’en 1987,
ouvert un compte que depuis un an – l’autorise, sans salaire » : Florence verse tous les mois 3 000 francs acheter des valeurs Internet. Les prunteur ne peut faire face, le mais près de 200 % de plus par rap-
la moindre mise en garde, à acheter des actions à pour rembourser ses emprunts. « Je ne suis pas près crédits à la consommation dans ce courtier peut vendre la totalité des port à 1995 ! Pour mémoire, ce ni-
« découvert ». Pour ses premiers pas en Bourse, elle de recommencer. Enfin, tant que je n’ai pas l’argent... » pays ont augmenté de 11,8 mil- actions, entraînant des pertes pour veau était de 30 % en 1929. « L’une
achète pour 30 000 francs de Trader.com. « Dès son Et, en riant, elle ajoute : « Après tout, il me reste un liards de dollars (13 milliards d’eu- l’emprunteur, qui pourrait alors des caractéristiques des achats à la
entrée en Bourse, les cours se sont effondrés et j’ai per- portefeuille d’actions de 50 000 francs ; je pourrais ros) en mai pour atteindre être contraint d’emprunter à nou- marge est leur impact sur les petits
du 15 000 francs. » En dépit de ce premier échec, la peut-être tout revendre et rembourser mon emprunt. » 1 450 milliards de dollars, selon des veau pour combler ses découverts. investisseurs, parce que ceux-ci n’ont
banque ne la décourage pas et met une ligne de cré- Florence L. a fait preuve de légèreté, mais quelle est données récentes de la Réserve fé- La marge obligatoire est fixée à pas d’autres moyens de financement.
dit à sa disposition : « 50 000 francs, à un taux la part de responsabilité de la banque ? Frédéric H. dérale américaine (Fed). Ils ont 50 % en numéraire pour tout achat, Les investisseurs plus gros ont accès à
compris entre 12 et 14 % ; je remboursais 2 000 francs souligne le rôle d’information des conseillers : « Ils acheté pour 252 milliards de dol- c’est-à-dire que l’emprunteur ne toutes formes de financement et
par mois. » doivent insister sur le risque couru par la cliente. Flo- lars d’actions à crédit en avril. peut emprunter que 50 % de la l’achat à la marge n’en représente
Reprochant à d’autres son erreur – « La COB n’au- rence L. ne se rendait pas compte de ce qu’elle faisait. » Plus d’un Américain sur deux somme utilisée pour acheter des qu’une petite partie », soulignait
rait jamais dû permettre cette introduction en Karine G., une autre victime, est convaincue que possède des actions, soit directe- titres. Ce ratio monte parfois à Alan Greenspan en février.
Bourse » –, Florence change de stratégie. Elle s’en re- les banquiers poussent à l’achat d’actions à crédit, au ment, soit par l’intermédiaire des 100 % si les titres sont très volatils. Les particuliers qui ont recours à
met « aux valeurs sûres » et achète des actions France mépris des risques pris par leurs clients. « Ma conseil- fonds mutuels. Dopés par les per- ces méthodes sont souvent de pe-
Télécom. La chance lui sourit : elle empoche lère financière, connaissant mon goût pour la Bourse, formances de Wall Street, les mé- DANGEREUX « APPELS DE MARGE » tits actionnaires qui ont vu la
5 000 francs de bénéfices à la revente des titres. m’a proposé des actions Vivendi. » Karine G., étu- nages ont souvent ouvert des Les rappels à l’ordre des autori- Bourse exploser au fil des années
Galvanisée par ce succès, elle décide d’acheter des diante, ne dispose d’aucun revenu, si ce n’est l’argent comptes-crédits auprès de leurs tés financières américaines pour 1990 et espéré en profiter. Ils em-
actions Vivendi : « J’ai passé un ordre d’achat pour que son père lui verse tous les mois, soit environ courtiers, en ligne ou non. La for- mettre en garde les ménages pruntent quatre fois plus sur les
50 000 francs. » En jouant à terme, via le marché à rè- 1 500 francs. « Elle connaissait l’état de mon compte, mule du crédit pour acheter des ac- contre l’euphorie boursière et le marges que les professionnels de
glement mensuel, Florence peut attendre un mois mais elle m’a proposé un emprunt de 20 000 francs, tions est assez populaire outre- recours excessif à l’emprunt sont Wall Street. Si les marchés chu-
que les cours décollent pour revendre ses actions. prétextant que Vivendi était une valeur peu risquée. Le Atlantique. Un particulier peut ou- nombreux. Alan Greenspan, pré- taient brutalement, la situation
Mais le titre Vivendi baisse. « Un matin ma banque compte de mon père aurait servi de garantie. J’ai fi- vrir un compte chez un courtier et sident de la Fed, a lancé plusieurs pourrait devenir assez dramatique
m’appelle, j’étais à 35 000 francs de découvert. » Le nalement refusé. J’ai été plus prudente que mon ban- acheter des actions à concurrence avertissements. Les boursicoteurs pour ces emprunteurs, qui n’ont
responsable commercial de la banque, Frédéric H., quier, un comble ! » du double du montant déposé. ont été freinés au printemps par pas d’autres ressources disponibles.
est lui-même surpris : « C’est un cas exceptionnel, le Les portefeuilles constituent les les soubresauts du Nasdaq, le mar-
seul que je connaisse. Florence L. est solvable, ce qui A.-S. G. garanties des prêts. En cas de ché des valeurs technologiques, P. Sa.

Pour pallier la disparition du règlement mensuel, les courtiers en ligne se mettent au crédit
LA DISPARITION programmée, du titre aura lieu le jour de la négo- prunt ne devra pas excéder 90 % de financer les achats de titres pour un supporter ». Le coût de ce prêt de- rieurs qui leur facturent des frais
le 22 septembre, du marché à règle- ciation, le règlement et la livraison la valeur des sicav et des fonds montant pouvant égaler 4 fois les vrait être inférieur au taux du SRD. pour chaque transaction. Cette
ment mensuel (RM) à la Bourse de trois jours plus tard. Quand l’inves- communs de placement conservés sommes détenues en valeurs peu guerre des tarifs pourrait précipiter
Paris est une épreuve pour les cour- tisseur voudra différer le règlement chez Cortal. volatiles. C’est Entenial qui sélec- MARGES FAIBLES la consolidation du secteur qui
tiers en ligne en plein développe- et la livraison de sa transaction à la Self Trade peaufine « un compte tionnera les clients et gérera les en- Les courtiers de l’association Bro- compte plus de 40 intervenants.
ment. Ce système, unique au fin du mois, il passera un ordre SRD de financement » qui sera prêt le cours, l’établissement de crédit kers on Line assurent ne pas désirer Seuls les établissements adossés à
monde, permettait aux boursico- pour les valeurs qui y sont éligibles 25 septembre, au moment du lan- pourra mettre à disposition des s’engager dans une bataille sans pi- une banque ou à un grand groupe
teurs de bénéficier d’un crédit gra- (environ 140). Ce nouveau système cement de l’ordre SRD. Consors boursicoteurs jusqu’à 5 millions de tié sur les tarifs. D’autres seront auront les moyens de survivre. La
tuit d’un mois pour acheter leurs ne sera pas gratuit. Selon le taux du s’est associé avec Entenial (ex- francs. Quant à CPR-e*trade, il ou- peut-être tentés de faire de l’ordre mise en place d’un crédit payant
actions et de miser jusqu’à cinq fois marché monétaire actuel, l’ordre Comptoir des entrepreneurs-La vrira à ses clients une ligne de crédit SRD un produit d’appel pour pour acheter des actions risque
les montants laissés en dépôt chez devrait être facturé autour de 0,5 % Hénin) pour mettre en place un dont le fonctionnement sera lié conserver leurs clients ou en également de troubler des clients
leur courtier. Cette facilité gratuite du montant de la transaction. Un crédit dont le coût devrait se situer « aux risques que chacun de ses conquérir de nouveaux. Une guerre récemment convertis à la Bourse.
de trésorerie pouvait inciter les tarif jugé prohibitif, de l’aveu même autour de 7 % l’an. Il permettra de clients est raisonnablement prêt à des prix risque d’être mortelle pour « Après avoir souffert des consé-
épargnants les plus audacieux à de certains intermédiaires. certains. Les courtiers en ligne de- quences de la crise du Nasdaq au
multiplier les opérations, pour le Déjà, certains courtiers en ligne vront immédiatement emprunter printemps, d’un été calme, la rentrée
plus grand bonheur des intermé- proposent des crédits pour acquérir Un marché en pleine expansion les titres que les clients auront risque d’être moins bonne que prévu,
diaires boursiers qui empochaient à des actions qui ne bénéficieront pas achetés. Pour certains (e-Cortal, Fi- les clients attendront probablement
chaque fois des commissions. Tel du SRD. e-Cortal a lancé début Selon une étude de la banque américaine JP Morgan, « les Euro- matex...), l’opération ne devrait pas pour roder le nouveau système », re-
ne sera plus cas dans quelques se- août un compte sur marge baptisé péens sont maintenant 2,9 millions à s’adonner à la Bourse en ligne, être trop onéreuse. Ces établisse- grette Yves Naccache, président de
maines . Cash Express +. Ce crédit, d’une contre 1,4 million en décembre 1999 ». Le marché allemand reste le ments sont adossés à de grands Consors France. Seule consolation
ParisBourse, la société qui gère la durée d’un an renouvelable au taux premier d’Europe, avec une croissance de 107 % en six mois et groupes bancaires (BNP Paribas, pour les courtiers en ligne qui se
Bourse de Paris, a bien prévu un de 6,90 %, servira à financer l’achat 1,55 million de comptes ouverts à fin juin. La France, deuxième mar- Société générale) qui devraient leur développent en Europe : ils pour-
nouveau dispositif, baptisé Service d’actions françaises non éligibles au ché européen, affiche une croissance de 121 % sur six mois, avec procurer des titres ou des liquidités ront vendre plus facilement des ac-
de règlement différé (SRD), destiné SRD et de valeurs étrangères. Pour 310 000 comptes en ligne. Le plus fort taux de croissance revient à à moindre coût. tions françaises à des particuliers
à se substituer au RM. A partir du bénéficier de ce découvert, les l’Italie, avec un bond de 275 %. Les courtiers en ligne sont au- Tel n’est pas le cas pour les autres étrangers qui n’entendaient jusqu’à
25 septembre, toutes les valeurs co- clients d’e-Cortal devront simple- jourd’hui plus de cent vingt en Europe, mais cinq d’entre eux dé- qui, s’ils veulent se battre sur les présent rien au fonctionnement du
tées à la Bourse de Paris, quel que ment faire en sorte que leur compte tiennent 57 % du marché : ConSors, Comdirect, DAB, Brokerage 24 et frais de courtage, devront rogner marché à règlement mensuel.
soit le marché, seront négociées au redevienne créditeur un jour par Bipop-Entrium. Les français e-Cortal et Fimatex sont respective- sur des marges déjà faibles. Ils font
comptant. Le transfert de propriété trimestre et le montant de leur em- ment septième et huitième européens. déjà appel à des prestataires exté- Joël Morio
LeMonde Job: WMQ1808--0012-0 WAS LMQ1808-12 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0399 Lcp:700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 ENTREPRISES

La Bourse de Paris British Telecom prend le contrôle


a enregistré
La concentration de l’audiovisuel de l’allemand Viag Interkom
le 16 août se poursuit aux Etats-Unis JEUDI 17 AOÛT, British Telecom (BT) a pris le contrôle de l’opé-
rateur téléphonique allemand Viag Interkom en rachetant, pour
6,65 milliards d’euros, 45 % du capital détenus par E.ON, le
groupe d’énergie issu de la fusion entre Viag et Veba. Après ce

un nouveau Le groupe Viacom prend le contrôle des 166 radios d’Infinity rachat, BT possédera 90 % du capital de Viag Interkom, et Tele-
nor, l’opérateur norvégien, conservera les 10 % restant.
Un an après sa fusion avec CBS, le groupe Viacom (Pa- Infinity Broadcasting. L’opération intervient après British Telecom, qui avait fondé son expansion internationale

record ramount, MTV, etc.), a annoncé, mercredi 16 août, son


intention de prendre le contrôle à 100 % de sa filiale
l’échec du rachat du groupe de télévision régionale
Chris-Craft, acquis par Rupert Murdoch.
sur des partenariats (dont 26 % de Cegetel en France), prend di-
rectement en main sa destinée en Allemagne, le premier marché
européen des télécommunications. Mais Viag Interkom, présent
LA PRESSION monte à la LA VAGUE DES FUSIONS et entre-temps, été ravie après les fu- disposera de deux chaînes en dans la téléphonie fixe et mobile, est un opérateur de second
Bourse de Paris. L’indice CAC 40 concentrations se poursuit dans sions AOL-Time Warner et Vivendi- concurrence, selon une disposition rang. Dans la téléphonie mobile, Viag Interkom ne dispose que
a enregistré, mercredi 16 août, un l’audiovisuel américain. Après la Seagram. adoptée en 1999 par le gouverne- de 3,1 millions d’abonnés, loin derrière Mannesmann (contrôlé
nouveau plus haut en clôture à constitution des « géants » AOL- Depuis quelques mois, les diri- ment américain qui autorise une par Vodafone), Deutsche Telekom et E-Plus (contrôlé par KPN
6 684,08 points. C’est la dixième Time Warner et Vivendi-Seagram geants de Viacom, Sumner Red- même société à posséder une se- et BellSouth).
fois depuis le début de l’année ces derniers mois, le groupe de mé- stone et Mel Karmazin avaient indi- conde télévision à condition que Viag Interkom participe actuellement aux enchères pour l’ob-
que le baromètre de la place pari- dias Viacom, propriétaire notam- qué leur intention de s’emparer de l’ensemble ne dépasse pas 35 % des tention d’une licence UMTS en Allemagne. Mercredi 16 août, au
sienne marque un record. La pu- ment du réseau musical MTV et des la part des actionnaires minoritaires parts de marché de l’audience na- terme du 162e round, les six candidats ont mis sur la table
blication de l’indice des prix à la studios Paramount Pictures, a an- d’Infinity, société qu’ils estimaient tionale. 47,7 milliards d’euros. T-Mobil, filiale de Deutsche Telekom,
consommation aux Etats-Unis noncé, mercredi 16 août, son inten- « sous-évaluée » à la Bourse de New « Cette transaction donne à News mène la danse avec une offre sur trois blocs pour 11,86 milliards
pour le mois de juillet de 0,2 % a tion de prendre le contrôle total de York. L’opération ne semble pas Corp et Fox Television une denrée d’euros. Il est suivi par MobilCom (soutenu par France Télé-
rassuré les boursiers. Ce chiffre sa filiale Infinity Broadcasting Cor- s’apparenter à une simple régulari- rare dans une industrie hautement com), E-Plus, Mannesmann et Group 3G, qui ont mis chacun
indique que la Réserve fédérale poration, qu’elle détenait à 64,3 %. sation financière. Elle intervient au rentable », a indiqué Rupert Mur- près de 8 milliards d’euros pour deux blocs de fréquences. Viag
ne devrait pas relever ses taux Les dirigeants de Viacom ont pro- lendemain du rachat, par le groupe doch, en soulignant que Fox contrô- Interkom est arrivé en tête sur un seul bloc pour 4 milliards
d’intérêt lors de sa prochaine posé 15,17 milliards de dollars News Corp du magnat australo- lera des « duopôles » à New York, d’euros.
réunion du 22 août, ce qui pour- (16,6 milliards d’euros) pour rache- américain Robert Murdoch, de Los Angeles et Dallas, trois des plus
rait conduire la Banque centrale
européenne (BCE) à faire de
même, à la fin du mois. Tout re-
ter les parts des actionnaires mino-
ritaires de cette société qui détient
un réseau de 166 radios – le second
Chris-Craft, un réseau de dix
chaînes de télévision régionales
américaines que convoitait Viacom.
grands marchés américains. La pro-
cédure de rachat, réalisé en liquide
et en actions, devrait être achevée
Usinor réaffirme son intérêt
lèvement du loyer de l’argent ris-
quait de freiner la croissance
économique.
sur l’ensemble du territoire améri-
cain – ainsi qu’un géant de l’affi-
chage publicitaire, Outdoor System. L’opération
d’ici juin 2001, sous réserve de l’ac-
cord des autorités de la concur-
rence.
pour l’acier de ThyssenKrupp
Favorisée par la faiblesse de Cette opération paraît la consé- Robert Murdoch a commenté les THYSSENKRUPP a décidé, mercredi 16 août, de reporter l’in-
l’euro et les bons résultats semes- quence logique de la fusion, en sep- intervient au résultats du groupe au quatrième troduction en Bourse de son activité sidérurgique, « en raison de
triels des entreprises, Paris af- tembre 1999, du groupe Viacom, trimestre. Le bénéfice net, à 184 mil- la faible valorisation du secteur sidérurgique sur les marchés fi-
fiche la plus belle progression des par ailleurs spécialisé dans le câble, lendemain du rachat, lions de dollars (202 millions d’eu- nanciers ». Dans son plan de recentrage, le conglomérat alle-
grands marchés depuis le début l’édition et les parcs de loisirs, et de ros), est en baisse de 14 % par rap- mand avait prévu de vendre 25 % à 35 % du capital de sa
de l’année. L’indice CAC 40 a ga- la chaîne CBS, l’un des trois grands par le groupe News port au quatrième trimestre de branche acier. « Le cours des titres ne reflète pas la vraie valeur
gné plus de 12 %, tandis que la réseaux de télévisions avec 212 sta- l’exercice précédent, malgré un des entreprises sidérurgiques », a regretté le président du direc-
Bourse de Francfort gagne 5 % et tions locales affiliées, dont Infinity Corp du réseau de chiffre d’affaires en progression de toire, Ekkehard Shulz.
que New York et Londres ac- était une des filiales. Réalisé pour 19 %, à 3,9 milliards de dollars ThyssenKrupp s’est donné deux mois pour arrêter le sort de sa
cusent respectivement un recul un montant de 35 milliards de dol- télévisions Chris-Craft (4,2 milliards d’euros). Cette diffé- sidérurgie. Même si le groupe ne veut pas l’exclure définitive-
de 4,25 % et 5,75 %. Certains ana- lars (38,4 milliards d’euros), ce re- rence s’expliquerait notamment par ment, une introduction en Bourse semble difficile : alors que le
lystes voient le baromètre de la groupement avait été présenté la prise en compte d’une charge ex- marché de l’acier est au plus haut, les investisseurs anticipent
place parisienne atteindre les comme l’exemple-type « d’intégra- Réalisée pour un montant de ceptionnelle due au coût de rempla- depuis déjà trois mois un retournement du cycle et boude cette
6 800 points fin août et les 6 900 tion verticale » combinant la pro- 5,35 milliards de dollars (5,87 mil- cement de décodeurs analogiques activité de la vieille économie. Le groupe allemand a évoqué la
fin septembre. Cependant, « l’in- duction de programmes et la distri- liards d’euros), cette acquisition chez l’opérateur britannique BSkyB. possibilité d’une scission ou une vente.
flation, sans être alarmante, est bution tant dans les médias permet à Fox Entertainment Group, Rupert Murdoch a par ailleurs re- « Si Thyssen Krupp confirmait une volonté de cession ou d’al-
trop élevée dans plusieurs pays, et traditionnels que sur Internet (Le filiale de News Corp, de compléter connu que les activités cinéma et vi- liance, cela intéresserait beaucoup Usinor », a immédiatement af-
les marchés du travail sont tendus. Monde du 9 septembre 1999). Dans son emprise de 23 stations aux déo du groupe, avec une perte d’ex- firmé, mercredi, un porte-parole du sidérurgiste français. De-
Ajoutez à cela les risques de conta- la course au gigantisme, ce mariage Etats-Unis, avec de nouvelles posi- ploitation de 53 millions de dollars puis des mois, Usinor regarde attentivement l’évolution de
gion des prix du pétrole, et il est assurait à Viacom une place de lea- tions dans les villes de New York, après l’échec du film Titan A. E., l’acier de ThyssenKrupp. Les deux groupes, très complémen-
clair que la BCE ne restera pas der avec un chiffre d’affaires combi- Los Angeles, San Francisco, Min- avaient connu une « année hor- taires, collaborent souvent. Aucune négociation, toutefois, n’a
passive jusqu’à la fin de l’année », né de 21 milliards de dollars (23 mil- neapolis, Phoenix, Orlando, Por- rible », mais que les films à venir été engagée. Usinor réfléchit à des scénarios de fusion accep-
notent les analystes de Fortis As- liards d’euros) et une capitalisation tland, Baltimore, Salt Lake City et pourraient améliorer la situation. tables par la direction européenne de la concurrence. Pour s’al-
set Management. De quoi tempé- boursière de 80 milliards de dollars San Antonio. Dans certaines de ces lier avec ThyssenKrupp, le Français serait prêt à aller jusqu’à re-
rer l’ardeur des investisseurs. (88 milliards d’euros). Elle lui a, villes, le groupe de Robert Murdoch Michel Delberghe noncer à Fos et à toute sa base méditerranéenne.

EUROPE ASIE - PACIFIQUE


TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40 TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN
7273,44 6513,60 6652,12 16161,03 17622,01 99,13

ÉCONOMIE licence UMTS en Suède et en 7459 6626 6684 17614 17920 102,9

Norvège, deux pays qui 7334 6508 6552 17225 17077 101,4

a ETATS-UNIS : les prix du détail attriburont les licences sur dossier. 7209 6390 6421 16835 16234 99,9
ont augmenté de 0,2 % corrigé 7084 6271 6289 16446 15390 98,5
des variations saisonnières b SKANSKA : le groupe de 6959 6153 6158 16056 14547 97
en juillet, a annoncé mercredi bâtiment suédois a annoncé,
6834 6035 6027 15667 13704 95,5
16 août le département du travail. mercredi 16 août, s’être associé à [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [
Le salaire hebdomadaire, hors sec- France Télécom, Orange et la 17 M. 3 J. 17 A. 17 M. 3 J. 17 A. 17 M. 3 J. 17 A. 17 M. 3 J. 17 A. 17 M. 3 J. 17 A. 17 M. 3 J. 17 A.

teur agricole et corrigé des varia- Swedish Broadband au sein d’un


Indices cours Var. % Var. % Indices cours Var. % Var. %
tions saisonnières, est resté en consortium candidat à l’une des Europe 9 h 57 f sélection 17/08 16/08 31/12 Zone Asie 9 h 57 f sélection 17/08 16/08 31/12
moyenne inchangé en juillet licences UMTS en Suède. EUROPE EURO STOXX 50 5210,02 ± 0,26 6,23 TOKYO NIKKEI 225 16161,03 ± 1,19 ± 14,65
comparé à juin. EUROPE STOXX 50 4983,85 ± 0,31 5,09 HONGKONG HANG SENG 17622,01 ± 0,63 3,89
b PCCW : la société EUROPE EURO STOXX 324 434,83 ± 0,17 4,47 SINGAPOUR STRAITS TIMES 2207,08 0,97 ± 10,99
a GRANDE-BRETAGNE : le taux hongkongaise sur Internet, EUROPE STOXX 653 391,98 ± 0,19 3,29 SÉOUL COMPOSITE INDEX 93,97 ± 1,07 ± 27,73
de chômage est tombé à 3,7 %, Pacific Century CyberWorks PARIS CAC 40 6652,12 ± 0,48 11,64 SYDNEY ALL ORDINARIES 3297 0,12 4,58
son plus bas niveau depuis 1975, a Ltda, a été introduite à la Bourse PARIS MIDCAC .... .... .... BANGKOK SET 22,85 ± 1,42 ± 34,23
annoncé mercredi l’Office national de Hongkong, jeudi, après sa PARIS SBF 120 4493,52 ± 0,46 10,88 BOMBAY SENSITIVE INDEX 4349,43 0,55 ± 13,11
de la statistique. fusion réussie avec Cable and PARIS SBF 250 .... .... .... WELLINGTON NZSE-40 2151,68 0,29 ± 2,49
Wireless HKT. PARIS SECOND MARCHEÂ .... .... ....
a FRANCE : le revenu moyen AMSTERDAM AEX 686,97 ± 0,41 2,32
d’activité des entreprises indivi- b LIVING.COM : le site BRUXELLES BEL 20 3153,85 ± 0,99 ± 5,59 Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro
duelles a reculé de 3,4 % en d’ameublement américain a FRANCFORT DAX 30 4,53
f f f
7273,44 ± 0,57
Euro contre Taux contre franc Taux Euro contre 16/08
francs constants par an entre fermé ses portes et licencié ses LONDRES FTSE 100 6513,60 ± 0,28 ± 6,01
FRANC ......................... 6,55957 EURO ........................... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4587
1990 et 1997, selon une étude de 275 salariés, selon un MADRID STOCK EXCHANGE 11269,70 ± 0,64 ± 3,19 DEUTSCHEMARK ......... 1,95583 DEUTSCHEMARK ......... 3,35385 COUR. NORVÉGIENNE 8,0990
l’Insee publiée jeudi. Cette baisse communiqué reçu mercredi. MILAN MIBTEL 30 47411,00 ± 0,65 10,28 LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) .......... 3,38774 COUR. SUÉDOISE ........ 8,3915
PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHÈQUE 35,3830
s’explique par « une longue période ZURICH SPI 8283,10 ± 0,42 9,42 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100).... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,5447
conjoncturellement peu favorable », b AHOLD : le géant néerlandais SCHILLING AUTR. (10).. 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,3441
selon l’Institut. L’étude souligne de la distribution a annoncé, PUNT IRLANDAISE....... 0,78756 PUNT IRLANDAISE....... 8,32894 DOLLAR NÉO-ZÉLAND 2,0216

que les premiers résultats d’en- mercredi, le rachat pour


AMÉRIQUES FLORIN NÉERLANDAIS 2,20371 FLORIN NÉERLANDAIS 2,97660 DRACHME GRECQUE .. 337,0800
FRANC BELGE (10) ....... 4,03399 FRANC BELGE (10) ....... 1,62607 FLORINT HONGROIS .. 260,9500
quêtes pour 1998 montrent un net 1,57 milliard de dollars MARKKA FINLAND....... 5,94573 MARKKA FINLAND. ...... 1,10324 ZLOTY POLONAIS........ 3,9403
NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR
redressement. (1,73 milliard d’euros) du groupe
américain Pya/Monarch, spécialisé 11008,39 3861,20 0,913
Taux d’intérêt (%) Matif
a PÉTROLE : les cours du pé- dans la distribution de services 11176 4274 0,964

trole se sont maintenus au-des- alimentaires dans le sud-est des 11000 4052 0,950 Taux 16/08 f Taux
j. j.
Taux Taux Taux
3 mois 10 ans 30 ans Cours 9 h 57 f Volume
17/08
dernier
prix
premier
prix
sus de 32 dollars le baril à Etats-Unis. 10825 3830 0,936 FRANCE ......... 4,39 4,56 5,37 5,47 Notionnel 5,5
Londres. Ils « pourraient effectuer ALLEMAGNE .. 4,37 4,81 5,20 5,31 SEPTEMBRE 2000 12662 86,79 86,84
des poussées jusqu’à 40 dollars à b BOOTS : le groupe
10650 3608 0,922 GDE-BRETAG. 5,75 6,04 5,29 4,58 Euribor 3 mois
ITALIE ............ 4,37 4,78 5,59 5,85 SEPTEMBRE 2000 NC NC NC
New York et 35 dollars à Londres britannique de distribution a 10474 3386 0,908
JAPON............ 0,33 0,30 1,77 2,37
avant la fin de l’année », a averti un annoncé, jeudi 17 août, la vente de 10299 3164 0,894 ÉTATS-UNIS... 6,53 6,27 5,83 5,73
économiste en chef du Centre for ses 17 magasins aux Pays-Bas à la
[ [ [ [ [ [ [ [ [ SUISSE ........... 2,50 3,33 3,92 4,27 Retrouvez ces cotations sur le site Web :
17 M. 3 J. 16 A. 17 M. 3 J. 16 A. 17 M. 3 J. 17 A.
PAYS-BAS....... 4,33 4,78 5,37 5,45 www.lemonde.fr/bourse
Global Energy Studies. chaîne Etos, principale chaîne de
Indices cours Var. % Var. %
distribution du pays. Amérique 9 h 57 f sélection 16/08 15/08 31/12
ÉTATS-UNIS DOW JONES ± 4,25 BOURSE TAUX ET CHANGES
AFFAIRES b ABN AMRO : le géant ÉTATS-UNIS S&P 500
11008,39

1479,85
± 0,53

± 0,31 0,72
bancaire néerlandais a annoncé, ÉTATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 3861,20 0,25 ± 5,11 L’INDICE CAC 40 a dépassé LE RENDEMENT de l’obligation
b SCOOT.COM : le site Internet jeudi 17 août, la mise en place TORONTO TSE INDEX 11030,98 ± 0,01 31,11 6 700 points en début de séance, assimilable du Trésor français
britannique d’annuaires d’un plan de restructuration de SAO PAULO BOVESPA 17330,77 ± 2,33 1,40 jeudi 17 août, pour atteindre émise à 10 ans s’inscrivait à 5,39 %,
électroniques a annoncé jeudi ses activités destiné à réaliser une MEXICO BOLSA 370,96 ± 0,34 ± 7,63 6 704,98 points, soit une hausse jeudi 17 août, lors des premiers
avoir pris le contrôle intégral, avec croissance de 100 % de la valeur BUENOS AIRES MERVAL 473,31 ± 1,17 ± 14,02 de 0,31 %. L’indice Footsie de la échanges, tandis que celui du bund
l’aide de Vivendi, de ses activités de son action d’ici quatre ans. SANTIAGO IPSA GENERAL 98,91 ± 0,23 ± 30,83 Bourse de Londres était quasi allemand de même échéance se si-
en Belgique et aux Pays-Bas, en b BANQUE HERVET : Clinvest, CARACAS CAPITAL GENERAL 6609,90 ± 1,52 22 stable et celui des valeurs ve- tuait à 5,22 %. Mercredi, outre-
rachetant la compagnie banque d’affaires du Crédit dettes allemandes s’appréciait de Atlantique, le rendement moyen
néerlandaise Quod Bonum, filiale lyonnais, (pour le Trésor et Gimar 0,25, à 7 333,20 points. La Bourse sur les bons du Trésor à 10 ans
de l’éditeur VNU. Dans l’avenir, Finance et Cie) associée à la de Tokyo a perdu jeudi 1,19 %, s’était tendu, à 5,81 %, contre
Cours de change croisés
Scoot et Vivendi envisagent de Caisse des dépôts et consignations l’indice Nikkei s’est inscrit à 5,80 % mardi soir. Les prix des obli-
Cours Cours Cours Cours Cours Cours
fusionner leurs participations (CDC) pour la banque Hervet ont 17/08 9 h 57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.
16 161,03 points. Mercredi, l’indice gations évoluent en sens inverse
respectives dans ces activités. été choisies comme banques DOLLAR ................. ..... 0,92187 0,91380 0,13933 1,49920 0,58488 Dow Jones avait perdu 0,53 %, à de leur rendement. Jeudi matin,
conseils pour la privatisation de la YEN........................ 108,47500 ..... 99,13000 15,11500 162,62000 63,45500 11 008,39 points, tandis que l’in- l’euro était quasi stable sur le mar-
b FRANCE TÉLÉCOM : banque Hervet, ont indiqué EURO ..................... 1,09433 1,00878 ..... 0,15245 1,64020 0,64005 dice Nasdaq avait gagné 0,25 %, à ché des changes, tandis que le dol-
l’opérateur téléphonique mercredi les deux établissements, FRANC ................... 7,17715 6,61630 6,55957 ..... 10,75950 4,19855 3 861,20 points. Ce dernier avait lar reculait légèrement face au yen.
LIVRE ..................... 0,66702 0,61495 0,60970 0,09295 ..... 0,39025
français a annoncé son confirmant les informations du FRANC SUISSE........ 1,70975 1,57585 1,56220 0,23820 2,56275 ..... profité de la fermeté du secteur L’euro cotait 0,9151 dollar et le bil-
intention d’être candidat à une quotidien Les Echos. des semi-conducteurs. let vert s’échangeait à 108,48 yens.
LeMonde Job: WMQ1808--0013-0 WAS LMQ1808-13 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0400 Lcp:700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 13

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours
VALEURS EUROPÉENNES 391,98 5210,02

79,9915
62,6225
88,293
405 5472

16,5125
383 5099

89,193
98,193

20,0125
b Le compartiment des télécoms c r é d i t i m m o b i l i e r Wo o l w i ch ,
361 4725

55,4715
était mal orienté, mercredi dont l’action a progressé de

31,983

61,193
16 août, à la suite des sommes 2,65 %, à 356,75 pence. D’une 339 4352
astronomiques atteintes par les manière générale, les banques 317 3978
enchères UMTS en Allemagne, britanniques ont profité de l’es-
295 3605
après celles, déjà fort onéreuses, poir d’une poursuite de la [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [ [

de la Grande-Bretagne. A Franc- concentration du secteur en l’ab- ÃT


17 AOU Â V.
15 FE ÃT
17 AOU V L M M J ÃT
17 AOU Â V.
15 FE ÃT
17 AOU V L M M J

fort, l’action Deutsche Telekom sence de hausses de taux d’inté-


a abandonné 2,89 %, à 47,10 eu- rêt. HERMES INTL FR e 146 + 0,27 CARLSBERG -B- DK 43,04 ± 2,13 AGF /RM FR e 57,05 + 0,35 EADS SICO. FR e 17,84 ± 0,61
ros. Celle de Mobilcom a perdu b L’action ThyssenKrupp a chu- HPI IT e 1,52 ± 2,56 CARLSBERG AS -A DK 41,56 + 3,68 ALLEANZA ASS IT e 13,80 ± 0,14 ERICSSON -B- SE 21,27 ± 0,83
NL e 31,30 ± 1,73 GB 1,62 .... DE e 387 + 0,13 FI e 6,70 + 1,06
7,11 %, à 117,50 euros. A Amster- té mercredi de 4,89 %, à 17,50 eu- KLM
+ 2,12
COCA-COLA BEVER ALLIANZ N
+ 0,11
F-SECURE
HILTON GROUP GB 3,98 DANISCO DK 38,34 ± 0,69 ALLIED ZURICH GB 14,81 FINMATICA IT e 57,65 ± 0,43
dam, KPN a cédé 0,49 %, à 36,29 ros. Les boursiers ont mal réagi à LVMH / RM FR e 93 ± 3,23 DANONE /RM FR e 161,20 ± 0,98 ASR VERZEKERING NL e 60,55 ± 0,41 GAMBRO -A- SE 8,76 ....
euros, et à Londres British Tele- l’annulation de l’introduction en MEDION DE e 110 ± 1,79 DELTA HOLDINGS GR 16,17 .... AXA /RM FR e 168,80 ± 0,47 GETRONICS NL e 60,85 ....
com a reculé de 0,84 %, à 823 Bourse de sa filiale sidérurgique. MOULINEX /RM FR e 4,82 ± 0,41 DIAGEO GB 9,96 ± 2,58 BALOISE HLDG N CH 1089,16 ± 0,47 GN GREAT NORDIC DK 127,37 ± 0,31
pence. b Les valeurs pétrolières BP et PERSIMMON PLC GB 3,45 + 0,48 ELAIS OLEAGINOU GR 22,84 ± 0,13 BRITANNIC GB 15,12 .... INFINEON TECHNO DE e 74 ± 0,67
PREUSSAG AG DE e 37,90 + 0,13 ERID.BEGH.SAY / FR e 101,60 ± 0,20 CGNU GB 17,55 ± 0,28 INTRACOM R GR 35,75 ± 1,19
b Le titre Barclays Bank a affi- Shell ont profité mercredi de la RANK GROUP GB 2,89 .... HEINEKEN HOLD.N NL e 39,75 ± 0,87 CNP ASSURANCES FR e 35,45 ± 0,81 LOGICA GB 29 + 0,63
ché mercredi un gain de 3,91 %, à nouvelle hausse des cours du pé- RYANAIR HLDGS IE 8,90 .... HELLENIC BOTTLI GR 14,98 ± 0,98 CORP MAPFRE R ES e 17,20 ± 1,15 MISYS GB 11,81 ± 0,42
1 675 pence. Les investisseurs trole. Elles se sont adjugé res- SAIRGROUP N CH 186,02 .... HELLENIC SUGAR GR 12,24 ± 0,24 ERGO VERSICHERU DE e 130 + 1,17 NOKIA FI e 43,10 ± 1,93
continuent de saluer le projet pectivement 2,16 %, à 614 pence, SAS DANMARK A/S DK 9,72 + 0,69 KAMPS DE e 24,40 + 2,52 ETHNIKI GEN INS GR 24,18 ± 2,16 NYCOMED AMERSHA GB 10,23 ± 0,32
FR e 57,30 ± 1,21 GB 24,12 ± 0,68 FR e 50 .... NL e 16,35 ± 0,30
d’acquisition de la société de et 1,15 %, à 573 pence. SEB /RM
± 1,26
KERRY GRP-A-
± 1,36
EULER OCE
± 1,07
SODEXHO ALLIANC FR e 180,80 MONTEDISON IT e 2,17 CODAN DK 72,40 .... OLIVETTI IT e 3,69
TELE PIZZA ES e 6,21 ± 0,32 NESTLE N CH 2257,22 ± 0,17 FORTIS (B) BE e 34,90 ± 1,41 ROY.PHILIPS ELE NL e 48,88 ....
THE SWATCH GRP CH 1586,91 ± 0,60 KONINKLIJKE NUM NL e 47,30 ± 1,07 GENERALI ASS IT e 36,35 .... ROLLS ROYCE GB 3,80 + 0,44
BAYER AG DE e 46,60 ± 0,21 ± 0,60 ± 0,20 + 1,75
THE SWATCH GRP CH 320,08 PARMALAT IT e 1,74 .... GENERALI HLD VI AT e 195,50 SAGE GRP GB 8,66
17/08 10 h 19 f Code Cours % Var.
pays en euros 16/08
BOC GROUP PLC GB 16,18 .... VOLVO -A- SE 19,07 ± 0,93 PERNOD RICARD / FR e 58,55 + 0,52 INTERAM HELLEN GR 18,51 ± 8,24 SAGEM FR e 293,30 ± 1,25
CELANESE N DE e 19,10 .... VOLVO -B- SE 19,90 ± 0,30 RAISIO GRP -V- FI e 1,90 .... IRISH LIFE & PE GB 9,80 + 4,96 SAP AG DE e 215 + 0,47
AUTOMOBILE CIBA SPEC CHEM CH 68,63 .... WW/WW UK UNITS IR e 1,18 .... SCOTT & NEWCAST GB 7,80 .... FONDIARIA ASS IT e 5,83 ± 1,19 SAP VZ DE e 273,50 + 0,59
CLARIANT N CH 387,43 ± 0,17 ± 1,09 ± 0,62
SE 26,69 + 0,22 + 1,29 WILSON BOWDEN GB 10,29 .... SOUTH AFRICAN B GB 7,67 .... LEGAL & GENERAL GB 3,01 SEMA GROUP GB 18,59
AUTOLIV SDR DEGUSSA-HUELS DE e 31,40 SE 5,55 + 0,43 GB 4,71 .... IT e 17,73 ± 0,06 DE e 165 ± 0,60
BASF AG BE e 41,95 + 0,24 DSM NV NL e 34,93 + 0,37 WM-DATA -B- TATE & LYLE MEDIOLANUM SIEMENS AG N
DE e 37,50 ± 0,53 WOLFORD AG AT e 29,50 .... UNIGATE PLC GB 4,97 .... MUENCH RUECKVER DE e 329 ± 1,79 SMITHS IND PLC GB 15,40 ....
BMW EMS-CHEM HOLD A CH 4849,26 ± 0,46 ± 0,87 + 0,75 + 3,69
DE e 19,80 .... f DJ E STOXX CYC GO P 199,32 UNILEVER NL e 53,65 NORWICH UNION GB 8,20 .... MB SOFTWARE DE e 15,45
CONTINENTAL AG ICI GB 7,72 ± 0,21 ± 0,45 + 0,23
DE e 61,40 ± 0,16 UNILEVER GB 7,29 POHJOLA YHTYMAE FI e 42,45 .... STMICROELEC SIC FR e 66,15
DAIMLERCHRYSLER KEMIRA FI e 5,42 .... GB 8,28 ± 1,38 GB 15,95 .... IT e 4 ± 1,96
FIAT IT e 27,72 + 0,47 LAPORTE GB 8,34 ± 0,98 PHARMACIE
WHITBREAD PRUDENTIAL TECNOST
IT e 17,02 ± 0,29 f DJ E STOXX F & BV P 236,39 ± 0,48 RAS IT e 14 ± 0,71 TELE 1 EUROPE SE 13,23 ....
FIAT PRIV. LONZA GRP N CH 543,94 ± 0,24 ± 2,04 ± 0,20
FR e 33,89 + 1,16 ALTANA AG DE e 106,60 ± 0,19 ROYAL SUN ALLIA GB 7,93 THOMSON CSF /RM FR e 49,40
MICHELIN /RM RHODIA FR e 16,28 ± 0,06 + 0,44 + 1,93
FR e 217,10 + 0,84 ASTRAZENECA GB 49,01 ± 0,47 SAMPO -A- FI e 45,90 TIETOENATOR FI e 34,35
PEUGEOT SOLVAY BE e 74,50 ± 0,67 BIENS D’ÉQUIPEMENT ± 0,08 ± 0,74
IT e 2,87 + 0,35 AVENTIS /RM FR e 84,60 ± 1,17 SWISS RE N CH 2294,42 WILLIAM DEMANT DK 35,93
PIRELLI TESSENDERLO CHE BE e 41,50 .... PT e 51,50 .... 970,89 ± 0,31
DR ING PORSCHE DE e 3530 + 0,57 361,55 + 0,16 BB BIOTECH CH 1134,70 ± 1,39 ABB N CH 130,53 + 1,37 SEGUROS MUNDIAL f DJ E STOXX TECH P
f DJ E STOXX CHEM P GB 32,47 + 0,46 SE 20,68 + 0,29
RENAULT FR e 48,62 ± 0,57 GLAXO WELLCOME ADECCO N CH 817,83 ± 0,62 SKANDIA INSURAN
VALEO /RM FR e 57 + 0,18 NOVARTIS N CH 1688,90 .... ALSTOM FR e 25,64 + 0,75 STOREBRAND NO 8,21 ....
± 0,20 CONGLOMÉRATS DK 239,32 ± 1,38 CH 750,48 ± 0,59 GB 8,33 .... SERVICES COLLECTIFS
VOLKSWAGEN DE e 50,30 NOVO NORDISK B ALUSUISSE GRP N SUN LF & PROV H
238,71 + 0,11 ORION B FI e 21,80 ± 0,46 SE 18,53 ± 2,51 SWISS LIFE REG CH 835,15 + 1,32 AEM IT e 4,36 ± 0,68
f DJ E STOXX AUTO P CGIP /RM FR e 47 ± 0,84 ASSA ABLOY-B-
+ 8,16
QIAGEN NV NL e 55,80 ± 0,36 GB 5,47 .... TOPDANMARK DK 21,32 GB 10,24 ....
CHRISTIAN DIOR FR e 67,30 ± 2,82 ASSOC BR PORTS
± 0,52
ANGLIAN WATER
+ 0,14 ROCHE HOLDING CH 11581,14 ± 0,93 ATLAS COPCO -A- SE 23,18 ± 0,51 ZURICH ALLIED N CH 616,42 BRITISH ENERGY GB 4,05 ± 0,41
D’IETEREN SA BE e 280,80 442,69 ± 0,19
BANQUES ± 0,66 ROCHE HOLDING G CH 10282,23 ± 2,20 ATLAS COPCO -B- SE 22,11 ± 0,54 f DJ E STOXX INSU P CENTRICA GB 3,88 ± 0,84
AZEO FR e 67,80
GB 13,27 ± 2,07 + 0,46 SANOFI SYNTHELA FR e 55,60 + 0,36 ATTICA ENTR SA GR 9,43 ± 3,34 EDISON IT e 10,72 ± 0,19
ABBEY NATIONAL GBL BE e 303,60
NL e 27,67 ± 1,88 ± 0,21 SCHERING AG DE e 62,95 ± 0,08 BAA GB 9,17 + 0,18 ELECTRABEL BE e 237 ± 0,38
ABN AMRO HOLDIN GEVAERT BE e 48,30 MEDIAS
GB 9,02 ± 0,73 ± 0,16 SMITHKLINE BEEC GB 14,69 + 0,34 BBA GROUP PLC GB 8,06 + 1,24 ELECTRIC PORTUG PT e 3,58 ....
ALL & LEICS HAGEMEYER NV NL e 32,20
GB 15,70 ± 2,06 + 2,38 UCB BE e 42,80 ± 0,77 BRISA AUTO-ESTR PT e 9,50 .... B SKY B GROUP GB 19,40 ± 0,68 ENDESA ES e 22,40 ....
ALLIED IRISH BA INCHCAPE GB 4,97
GR 36,50 ± 2,34 f DJ E STOXX HEAL 547,71 ± 0,29 CIR IT e 3,77 + 0,27 CANAL PLUS /RM FR e 169,50 + 0,30 ENEL IT e 4,33 ....
ALPHA BANK INVESTOR -A- SE 15,37 ....
PT e 24,30 .... ± 0,76 CAPITA GRP GB 27,73 ± 0,12 CARLTON COMMUNI GB 12,23 + 0,27 EVN AT e 35,70 ± 0,81
B PINTO MAYOR R INVESTOR -B- SE 15,49
AT e 62,54 + 0,06 CDB WEB TECH IN IT e 12,38 ± 0,48 DAILY MAIL & GE GB 36,35 .... FORTUM FI e 3,95 ± 0,25
BANK AUSTRIA AG MYTILINEOS GR 8,40 .... ÉNERGIE
BANK OF IRELAND GB 11,07 + 0,75 NORSK HYDRO NO 45,50 .... CMG GB 65,10 .... ELSEVIER NL e 13,87 ± 0,57 GAS NATURAL SDG ES e 18,60 ± 0,27
BANK OF PIRAEUS GR 17,95 ± 1,94 UNAXIS HLDG N CH 275,82 + 0,47 BG GROUP GB 6,13 .... COOKSON GROUP P GB 3,40 .... EMAP PLC GB 18,95 ± 0,09 IBERDROLA ES e 13,17 ± 0,83
GB 9,29 ± 1,06 BP AMOCO GB 10,31 + 1,46 DAMPSKIBS -A- DK 12736,80 + 4,40 GRUPPO L’ESPRES IT e 14,70 ± 0,27 ITALGAS IT e 5,11 ± 0,20
BK OF SCOTLAND ORKLA NO 19,88 ....
BANKINTER R ES e 47,90 ± 0,35 SONAE SGPS PT e 1,70 .... CEPSA ES e 9,34 ± 0,11 DAMPSKIBS -B- DK 13809,38 + 3 HAVAS ADVERTISI FR e 23,19 ± 0,90 NATIONAL GRID G GB 9,05 ± 0,54
GB 27,54 ± 0,48 ± 0,46 COFLEXIP /RM FR e 137,50 .... DAMSKIBS SVEND DK 19373,35 + 2,48 INDP NEWS AND M IR e 4 + 4,71 NATIONAL POWER GB 8,23 ± 0,40
BARCLAYS PLC TOMKINS GB 3,59
DE e 67,80 + 0,30 ± 1,61 DORDTSCHE PETRO NL e 57 .... DRESDNER TIGER SE .... .... LAGARDERE SCA N FR e 71,75 + 1,06 OESTERR ELEKTR AT e 105,99 + 0,97
BAYR.HYPO-U.VER E.ON AG DE e 58
IT e 9,23 + 0,54 MEDIASET IT e 18,29 + 0,27 POWERGEN GB 9,96 ....
BCA AG.MANTOVAN f DJ E STOXX CONG P 329,98 .... Â)
(Publicite
BCA FIDEURAM IT e 16,62 ± 0,42 NRJ GROUP FR e 47,98 ± 1,80 SCOTTISH POWER GB 9,14 ± 0,54
BCA INTESA IT e 5,13 ± 0,19 PEARSON GB 29,68 ± 0,61 SEVERN TRENT GB 12,11 ....
BCA LOMBARDA IT e 9,77 ± 0,31 TÉLÉCOMMUNICATIONS REED INTERNATIO GB 9,78 ± 0,50 SUEZ LYON EAUX/ FR e 186,90 + 0,70
GB 21,94 ± 1,12 SE 18,23 ....
MONTE PASCHI SI
BCA P.BERG.-C.V
IT e
IT e
4,58
20,11
± 0,43
....
EIRCOM
BRITISH TELECOM
IR e
GB
2,60
13,20
+ 0,39
± 2,92
Chaque samedi avec REUTERS GROUP
TELEWEST COMM. GB 2,97 + 2,27
SYDKRAFT -A-
SYDKRAFT -C- SE 17,99 ....
IT e 7,85 .... ± 0,61 TF1 FR e 75,40 + 0,20 THAMES WATER GB 14,31 ± 0,46
BCA P.MILANO CABLE & WIRELES GB 18,84
IT e 12,90 ± 0,39 ± 1,07 UNITED NEWS & M GB 14,01 ± 0,24 FENOSA ES e 20,77 ±1
B.P.VERONA E S. DEUTSCHE TELEKO DE e 46,25 + 0,85
IT e 1,34 .... + 0,37 UNITED PAN-EURO NL e 27,66 + 0,58 UNITED UTILITIE GB 11,83
BCA ROMA E.BISCOM IT e 164,90
ES e 16,88 ± 0,65 VNU NL e 58,90 ± 0,34 VIVENDI/RM FR e 85 ± 0,23
GB 45,44 ....

0123 __________________
BBVA R ENERGIS
PT e 18,70 .... WOLTERS KLUWER NL e 24,62 ± 0,08 f DJ E STOXX PO SUP P 334,68 ± 0,10
ESPIRITO SANTO EQUANT NV DE e 47,20 ....
ES e 33,91 ± 0,50 WPP GROUP GB 14,81 + 0,34
BCO POPULAR ESP EUROPOLITAN HLD SE 11,20 ....
BCO PORT ATLANT PT e 4,20 .... FRANCE TELECOM FR e 138,20 ± 1,57 f DJ E STOXX MEDIA P 523,48 ± 0,13
BCP R PT e 5,79 .... HELLENIC TELE ( GR 22,68 ± 3,23
BIPOP CARIRE IT e 101,50 .... HELS.TELEPH E FI e 102,60 .... DATÉ DIM./LUNDI BIENS DE CONSOMMATION EURO
BNL IT e 4,24 ± 0,70 KONINKLIJKE KPN NL e 105,70 ....
BNP PARIBAS /RM FR e 107,40 ± 1,74 LIBERTEL NV NL e 16,35 ± 0,91 AHOLD NL e 31,55 ± 1,04
BSCH R
CHRISTIANIA BK
ES e
NO
12,23
5,88
± 0,65
....
MANNESMANN N
MOBILCOM
DE e
DE e
250
116,49
....
+ 0,85 retrouvez
ALTADIS -A-
ATHENS MEDICAL
ES e
GR
17,28
11,79
± 1,14
± 0,63
NOUVEAU
COMIT
COMM.BANK OF GR
IT e
GR
5,73
46,87
± 0,35
± 0,88
PANAFON HELLENI
PORTUGAL TELECO
GR
PT e
11,84
11,77
± 0,75
....
AVIS EUROPE
AUSTRIA TABAK A
GB
AT e
3,64
40
....
+ 0,25
MARCHÉ
COMMERZBANK DE e 38 + 1,20 SONERA FI e 43,90 + 0,23 BEIERSDORF AG DE e 104 + 0,97 Cours % Var.
CREDIT LYONNAIS FR e 46,91 + 0,02 CH 345,73 + 0,75 BIC /RM FR e 57,40 ± 0,78 17/08 10 h 19 f en euros 16/08

LE MONDE TELEVISION
SWISSCOM N
DEN DANSKE BK DK 152,17 ± 2,58 TELE DANMARK -B DK 66,10 ± 0,60 BRIT AMER TOBAC GB 7,37 ± 0,22
DNB HOLDING -A- NO 5,14 .... TELECEL PT e 15,86 .... CASINO GP /RM FR e 106,40 ± 0,47 AMSTERDAM
DEUTSCHE BANK N DE e 101 ± 1,66 TELECOM ITALIA IT e 13,88 ± 1,14 CFR UNITS -A- CH 3200,77 ± 2,16 AIRSPRAY NV 19,70 ± 0,25
DEXIA BE e 161 ± 0,49 TELECOM ITALIA IT e 6,81 ± 0,73 DELHAIZE BE e 67,15 ± 0,44 ANTONOV 0,88 + 1,15
DRESDNER BANK N DE e 53,70 ± 0,37 TELEFONICA ES e 25,03 ± 0,83 ESSILOR INTL /R FR e 325 .... C/TAC 6,60 ± 1,49
EFG EUROBANK GR 25,31 ± 2,51 T.I.M. IT e 10 ± 1,48 COLRUYT BE e 43,32 ± 0,44 CARDIO CONTROL 4,70 + 2,17
ERGO BANK GR 18,75 ± 2,02 TISCALI IT e 47,60 ± 0,10 ENI IT e 6,40 ± 0,78 ELECTROCOMPONEN GB 12,64 .... FREESERVE GB 7,50 .... CSS 23,90 ....
ERSTE BANK AT e 48,50 + 0,52 VERSATEL TELECO NL e 35,50 ± 0,28 ENTERPRISE OIL GB 9,05 ± 0,54 EUROTUNNEL /RM FR e 1,04 ± 0,95 FRESENIUS MED C DE e 97,10 ± 0,31 HITT NV 5,80 ....
FOERENINGSSB A SE 17,46 + 1,03 VODAFONE GROUP GB 4,59 ± 1,42 HELLENIC PETROL GR 10 ± 0,88 GROUP 4 FALCK DK 176,97 .... GALLAHER GRP GB 6,48 .... INNOCONCEPTS NV 20,90 ± 0,95
HALIFAX GROUP GB 9,01 ± 2,15 f DJ E STOXX TCOM P 986,63 ± 1,02 LASMO GB 2,28 + 0,73 FINNLINES FI e 21,30 .... GIB BE e 40,03 ± 0,25 NEDGRAPHICS HOLD 22 ± 2,22
HSBC HLDG GB 15,45 ± 1,27 OMV AG AT e 78,20 + 0,40 FKI GB 3,88 .... GIVAUDAN N CH 311,74 + 0,10 SOPHEON 7,25 ± 0,68
IKB DE e 16,70 + 1,21 PETROLEUM GEO-S NO 20 .... FLS IND.B DK 17,70 .... IMPERIAL TOBACC GB 11,10 ± 1,18 PROLION HOLDING 94 ....
KBC BANCASSURAN BE e 51,80 ± 0,38 CONSTRUCTION REPSOL ES e 21,61 ± 0,28 FLUGHAFEN WIEN AT e 36,50 .... JERONIMO MARTIN PT e 16,02 .... RING ROSA 3,50 ± 1,41
LLOYDS TSB GB 9,72 ± 0,17 ACCIONA ES e 38,80 + 1,31 ROYAL DUTCH CO NL e 67,32 + 1,16 GKN GB 14,89 + 0,33 KESKO -B- FI e 10,50 ± 0,10 RING ROSA WT 0,02 ....
NAT BANK GREECE GR 40,14 ± 1,24 AKTOR SA GR 5,98 ± 4,73 SAIPEM IT e 6,79 + 0,74 HALKOR GR 4,45 ± 1,32 L’OREAL /RM FR e 84,35 ± 1,46 UCC GROEP NV 16,35 ± 0,61
NATEXIS BQ POP. FR e 84,20 ± 0,94 UPONOR -A- FI e 20,50 + 0,10 SHELL TRANSP GB 9,60 + 1,40 HAYS GB 6,73 + 0,99 MORRISON SUPERM GB 2,58 + 1,96
NORDIC BALTIC H SE 8,10 ± 0,73 AUMAR R ES e 16,05 + 0,31 TOTAL FINA ELF/ FR e 176,90 + 2,25 HEIDELBERGER DR DE e 70 + 0,29 HENKEL KGAA VZ DE e 70,80 + 0,43
ROLO BANCA 1473 IT e 20,06 ± 0,69 ACESA R ES e 8,76 ± 0,34 f DJ E STOXX ENGY P 369,02 + 1,21 HUHTAMAEKI VAN FI e 32,60 .... RECKITT BENCKIS GB 13,30 ± 0,49 BRUXELLES
ROYAL BK SCOTL GB 21,84 ± 0,83 GB 6,94 .... IT e 9,30 ± 1,06 SAFEWAY GB 4,69 + 0,71
BLUE CIRCLE IND IFIL
+ 1,56 ARTHUR 11 ....
SAN PAOLO IMI IT e 19,48 ± 3,56 FR e 66,90 + 1,06 GB 3,60 + 1,87 SAINSBURY J. PL GB 5,37
BOUYGUES /RM
SERVICES FINANCIERS
IMI PLC
GB 4,10 .... ENVIPCO HLD CT 1,03 ....
S-E-BANKEN -A- SE 13,23 ± 0,45 BPB GB 5,04 ± 0,33 INDRA SISTEMAS ES e 25,32 ± 0,59 SMITH & NEPHEW
FARDEM BELGIUM B 22,50 ....
STANDARD CHARTE GB 16,13 ± 0,20 IT e 9,70 ± 0,31 GB 26,47 ± 0,31 SE 27,05 .... STAGECOACH HLDG GB 1,29 ± 1,27
BUZZI UNICEM 3I IND.VAERDEN -A-
ES e 42,30 + 0,36 INTERNOC HLD 1,45 ....
STE GENERAL-A-/ FR e 66,20 ± 0,30 CRH PLC GB 29,99 ± 0,17 ALMANIJ BE e 49 ± 0,65 ISS DK 73,61 + 1,67 TERRA NETWORKS
INTL BRACHYTHER B 10,01 ....
SV HANDBK -A- SE 16,92 .... PT e 23,96 .... GR 50,14 .... SE 27,89 + 0,43 TESCO PLC GB 3,67 + 0,45
CIMPOR R ALPHA FINANCE KINNEVIK -B-
± 0,46 LINK SOFTWARE B 7,75 ....
SWEDISH MATCH SE 3,52 + 1,03 FR e 71,95 + 1,48 GB 21,23 ± 0,39 KOEBENHAVN LUFT DK 92,51 .... TNT POST GROEP NL e 26,08
COLAS /RM AMVESCAP
DE e 30,70 ± 1,76 PAYTON PLANAR 1,35 ....
UBS N CH 166,45 ± 0,57 GRUPO DRAGADOS ES e 8,32 ± 0,24 BHW HOLDING AG DE e 25,20 + 0,20 KONE B FI e 74 .... T-ONLINE INT
ACCENTIS 7,45 ....
UNICREDITO ITAL IT e 5,67 ± 0,70 FCC ES e 19,34 + 0,73 BPI R PT e 3,90 .... LEGRAND /RM FR e 234,40 ± 0,30 WORLD ONLINE IN NL e 13,30 + 1,53
UNIDANMARK -A- DK 85,81 .... GROUPE GTM FR e 117 + 0,86 BRITISH LAND CO GB 7,07 + 0,23 LINDE AG DE e 45,15 ± 0,77 f DJ E STOXX N CY G P 482,89 ± 1,06
XIOSBANK GR 20,17 .... GRUPO FERROVIAL ES e 13,86 ±1 CANARY WHARF GR GB 7,90 + 1,49 MAN AG DE e 31,90 ± 0,93 FRANCFORT
f DJ E STOXX BANK P 359,45 ± 0,45 HANSON PLC GB 6,58 ±1 CAPITAL SHOPPIN GB 6,94 .... MG TECHNOLOGIES DE e 14,50 + 1,75
FI e 18,60 .... COMMERCE DISTRIBUTION UNITED INTERNET 19,62 + 1,13
HEIDELBERGER ZE DE e 63,50 .... CLOSE BROS GRP GB 19,17 .... METRA A
AIXTRON 154,26 ± 1,75
HELL.TECHNODO.R GR 20,77 ± 2,10 COMPART IT e 1,71 .... METSO FI e 11,92 ± 0,67 AVA ALLG HAND.G DE e 485 ....
PRODUITS DE BASE GB 4,03 ± 0,41 GB 8,25 + 0,40 AUGUSTA TECHNOLOGIE 117 ± 1,67
HERACLES GENL R GR 21,95 .... COBEPA BE e 73,55 ± 0,07 MORGAN CRUCIBLE BOOTS CO PLC
+ 0,52 SE 60,78 .... + 0,46 BB BIOTECH ZT-D 112,05 ± 1,71
ACERALIA ES e 9,58 HOCHTIEF ESSEN DE e 29,10 ± 0,68 CONSORS DISC-BR DE e 116,25 ± 0,64 NETCOM -B- BUHRMANN NV NL e 32,65
+ 0,03 GB 5,70 .... FR e 80,70 ± 0,06 BB MEDTECH ZT-D 14,85 ± 0,34
ACERINOX R ES e 34,02 ± 1,19 HOLDERBANK FINA CH 1338,04 ± 0,67 CORP FIN ALBA ES e 28,95 EXEL CARREFOUR /RM
+ 0,21 DK 266,80 + 0,53 BERTRANDT AG 10,60 + 2,91
ALUMINIUM GREEC GR 42,66 IMERYS /RM FR e 131 + 0,77 CS GROUP N CH 248,24 ± 0,39 NKT HOLDING CASTO.DUBOIS /R FR e 254,50 ....
+ 0,41 GB 18,74 + 0,09 ES e 14,08 ± 0,85 BETA SYSTEMS SOFTWA 8,35 + 0,48
ANGLO AMERICAN GB 60,15 ITALCEMENTI IT e 10,22 .... DEPFA-BANK DE e 94,90 ± 0,13 EXEL CENTROS COMER P
FI e 13,60 .... ES e 19,20 ± 0,57 CE COMPUTER EQUIPME 158 ± 0,63
ASSIDOMAEN AB SE 16,56 ± 1,42 LAFARGE /RM FR e 87,30 ± 0,40 DIREKT ANLAGE B DE e 53,70 ± 0,37 PARTEK CONTINENTE
+ 0,19 GB 10,10 + 1,66 GB 4,13 ± 1,19 CE CONSUMER ELECTRO 127,90 ± 0,08
BEKAERT BE e 53,10 MICHANIKI REG. GR 5,95 ± 4,52 EURAFRANCE /RM FR e 550,50 ± 0,72 PENINS.ORIENT.S DIXONS GROUP
+ 2,14 GB 8,43 + 0,20 DE e 39,30 + 1,29 CENIT SYSTEMHAUS 29 ± 0,34
BILLITON GB 4,73 PILKINGTON PLC GB 1,67 ± 0,98 FORTIS (B) BE e 34,90 ± 1,41 PREMIER FARNELL GEHE AG
GB 16,39 + 0,51 ± 0,66 DRILLISCH 8,64 ± 1,82
BOEHLER-UDDEHOL AT e 36,75 ± 0,14 RMC GROUP PLC GB 12,10 + 0,14 FORTIS (NL) NL e 35,20 ± 0,56 RAILTRACK GREAT UNIV STOR GB 7,47
NL e 38,75 ± 0,64 NL e 108,30 + 0,84 EDEL MUSIC 16,10 + 0,63
BUNZL PLC GB 6,10 .... SAINT GOBAIN /R FR e 162,50 .... GECINA /RM FR e 104,60 ± 0,19 RANDSTAD HOLDIN GUCCI GROUP
+ 1,37 + 0,61 DK 79,91 .... ELSA 52 ....
CORUS GROUP GB 1,22 SKANSKA -B- SE 39,44 + 3,44 GIMV BE e 73,95 RATIN -A- HENNES & MAURIT SE 20,68 ....
DK 84,47 .... DE e 32,80 ± 0,30 EM.TV & MERCHANDI 64,40 + 0,42
ELVAL GR 3,87 ± 2,61 TAYLOR WOODROW GB 2,61 ± 0,63 HAMMERSON GB 7,35 .... RATIN -B- KARSTADT QUELLE
GB 2,54 + 0,65 ± 0,19 EUROMICRON 29 + 6,23
ISPAT INTERNATI NL e 7,25 .... TECHNIP /RM FR e 142,50 + 1,06 ING GROEP NL e 74,80 ± 0,04 RENTOKIL INITIA KINGFISHER GB 8,86
+ 3,78 GB 4,26 .... GB 3,54 ± 1,38 GRAPHISOFT NV 17,30 ± 0,86
JOHNSON MATTHEY GB 16,64 .... TITAN CEMENT RE GR 38,86 ± 1,13 REALDANMARK DK 33,12 REXAM MARKS & SPENCER
+ 0,10 FR e 93 + 0,70 DE e 44,50 ± 1,11 HOEFT & WESSEL 16 ....
MAYR-MELNHOF KA AT e 49,70 WIENERB BAUSTOF AT e 24,03 ± 0,29 LAND SECURITIES GB 13,53 .... REXEL /RM METRO
HUNZINGER INFORMAT 6,95 + 0,72
METSAE-SERLA -B FI e 8,54 + 0,95 WILLIAMS GB 6,31 .... LIBERTY INTL GB 8,67 .... RHI AG AT e 23,95 .... NEXT PLC GB 10,82 ....
+ 0,95 + 1,01 CH 372,67 .... FR e 216 ± 1,14 INFOMATEC 11,10 ± 2,12
HOLMEN -B- SE 25,38 f DJ E STOXX CNST P 230,72 + 0,10 MARSCHOLLEK LAU DE e 150 RIETER HLDG N PINAULT PRINT./
CH 679,92 + 1,73 INTERSHOP COMMUNICA 80,80 ± 1,46
OUTOKUMPU FI e 10,50 ± 0,47 MEDIOBANCA IT e 11,47 .... SAURER ARBON N VALORA HLDG N CH 285,44 ....
+ 0,32 FR e 76,50 ± 0,65 NL e 15,40 ± 0,71 KINOWELT MEDIEN 46,70 + 1,74
PECHINEY-A- FR e 49,91 MEPC PLC GB 9,01 .... SCHNEIDER ELECT VENDEX KBB NV
40 ....
RAUTARUUKKI K FI e 4,65 + 0,87 CONSOMMATION CYCLIQUE METROVACESA ES e 18,50 .... SEAT-PAGINE GIA IT e 2,34 .... W.H SMITH GB 6,11 ....
LHS GROUP

GB 2,41 ± 0,68 GB 6,13 ± 0,54 LINTEC COMPUTER 38,20 ....


RIO TINTO GB 19 ± 1,29 FR e 47,70 ± 1,06 PROVIDENT FIN GB 14,57 .... SECURICOR WOLSELEY PLC
ACCOR /RM
+ 0,11 SE 23,83 .... ± 0,09 LOESCH UMWELTSCHUTZ 6,60 ....
SIDENOR GR 4,78 ± 3,30 DE e 54,80 ± 1,26 RODAMCO CONT. E NL e 43,55 SECURITAS -B- f DJ E STOXX RETL P 396,65
ADIDAS-SALOMON
DE e 76,90 + 0,85 MENSCH UND MASCHINE 18,32 + 1,22
SILVER & BARYTE GR 29,73 ± 2,67 BE e 28 ± 0,71 RODAMCO NORTH A NL e 47 ± 1,67 SGL CARBON
AGFA-GEVAERT
GB 3,70 .... MOBILCOM 116 + 0,42
SMURFIT JEFFERS GB 2,18 .... AIR FCE FR e 20,71 ± 0,91 SCHRODERS GB 16,72 .... SHANKS GROUP
43,80 + 1,86
STORA ENSO -A- FI e 10,20 + 0,49 GB 4,89 + 0,68 SIMCO N /RM FR e 73,15 ± 0,75 SIDEL /RM FR e 79,60 + 0,51 HAUTE TECHNOLOGIE MUEHL PRODUCT & SERV
AIRTOURS PLC
GB 4,30 ± 1,89 MUEHLBAUER HOLDING 84,91 ± 1,27
STORA ENSO -R- FI e 10,02 ± 0,79 IT e 2,12 .... SLOUGH ESTATES GB 6,18 .... INVENSYS FR e 83,35 + 2,08
ALITALIA
DE e 60,95 ± 1,53
ALCATEL /RM
PFEIFFER VACU TECH 50,30 ± 0,40
SVENSKA CELLULO SE 23,95 ± 0,25 AT e 13,70 + 0,37 UNIBAIL /RM FR e 158 .... SINGULUS TECHNO GR 10,77 ± 3,20
AUSTRIAN AIRLIN
SE 16,98 ....
ALTEC SA REG.
PLENUM 15,65 + 7,56
THYSSENKRUPP DE e 17,45 ± 0,29 IT e 13,25 + 0,08 VALLEHERMOSO ES e 6,78 ± 1,02 SKF -B- NL e 42,11 + 2,43
+ 0,66
AUTOGRILL
+ 0,33 DK 19,84 ± 1,33
ASM LITHOGRAPHY
PSI 27,25 + 7,71
UNION MINIERE BE e 41 BANG & OLUFSEN DK 48,27 .... WCM BETEILIGUNG DE e 30,40 SOPHUS BEREND - BAAN COMPANY NL e 2,83 .... 55,80 ± 0,36
UPM-KYMMENE COR FI e 29,40 ± 0,68 BENETTON GROUP IT e 2,13 .... WOOLWICH PLC GB 5,85 ± 1,12 SULZER FRAT.SA1 CH 822,96 + 1,02 BARCO BE e 130,20 + 0,15
QIAGEN NV

USINOR FR e 12,34 + 0,82 BRITISH AIRWAYS GB 6,08 ± 0,27 f DJ E STOXX FINS P 303,05 ± 0,42 T.I.GROUP PLC GB 6,21 + 1,35 BOOKHAM TECHNOL GB 61,14 ....
VIOHALCO GR 9,61 ± 1,67 BULGARI IT e 13,20 ± 1,12 TOMRA SYSTEMS NO 31,18 .... SPIRENT GB 17,76 .... e CODES PAYS ZONE EURO
VOEST-ALPINE ST AT e 30,50 + 0,03 CLUB MED. /RM FR e 136,90 + 0,96 VA TECHNOLOGIE AT e 57,50 ± 0,52 BAE SYSTEMS GB 6,91 .... FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne
f DJ E STOXX BASI P 166,67 ± 0,51 DT.LUFTHANSA N DE e 25,50 ± 0,78 ALIMENTATION ET BOISSON VEDIOR NV NL e 15,30 ± 1,29 BULL FR e 7,11 ± 0,84 IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande
ELECTROLUX -B- SE 15,02 .... ALLIED DOMECQ GB 5,50 + 0,91 f DJ E STOXX IND GO P 568,95 ± 0,45 CAB & WIRE COMM GB 14,51 .... LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche
EM.TV & MERCHAN DE e 64,80 + 1,04 ASSOCIAT BRIT F GB 6,64 ± 2,66 CAP GEMINI /RM FR e 194,40 + 0,21 FI : Finlande - BE : Belgique.
CHIMIE EMI GROUP GB 10,46 ± 0,31 BASS GB 12,13 + 1,38 COLT TELECOM NE GB 31,43 ± 1,71
ASSURANCES CODES PAYS HORS ZONE EURO
AIR LIQUIDE /RM FR e 142,80 ± 0,49 ENDEMOL ENTER NL e 138 .... BBAG OE BRAU-BE AT e 49,31 ± 1,36 COMPTEL FI e 18,89 + 0,75
CH : Suisse - NO : Norvège - DK : Danemark
AKZO NOBEL NV NL e 45,85 + 0,99 EURO DISNEY /RM FR e 0,63 + 1,61 BRAU-UNION AT e 48,45 ± 0,31 AEGIS GROUP GB 2,92 .... DASSAULT SYST./ FR e 87,50 ± 0,11 GB : Grande-Bretagne - GR : Grèce - SE : Suède.
BASF AG DE e 41,95 + 0,24 GRANADA GROUP GB 10 .... CADBURY SCHWEPP GB 7,07 ± 0,93 AEGON NV NL e 79,45 .... DIALOG SEMICOND GB 90,88 ....
LeMonde Job: WMQ1808--0014-0 WAS LMQ1808-14 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0401 Lcp:700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 FINANCES ET MARCHÉS


BAZAR HOT. VILLE ......... 126 .... .... .... 127,20 GUYENNE GASCOGNE... 91,25 91,20 598,23 ± 0,05 92,50 THOMSON MULTIMEDI 79,50 79,25 519,85 ± 0,31 73
BIC................................... 57,85 57,40 376,52 ± 0,78 53 HAVAS ADVERTISING..... 23,40 23,14 151,79 ± 1,11 25,02 TOTAL FINA ELF ............. 173 177,30 1163,01 + 2,49 157,80
VALEURS FRANÇAISES BIS ...................................
BNPPARIBAS ..................
95
109,30
....

107,30
....

703,84
....
± 1,83
88,90
103,40
IMERYS(EX.IMETAL) .......
IMMEUBLES DE FCE ......
130
21,35
130

21,49
852,74

140,97
....
+ 0,66
128,60
20,90
TRANSICIEL # .................
UBI SOFT ENTERTAI ......
62,40
40
62,40

40
409,32

262,38
....
....
62,20
35,35
BOLLORE ........................ 183 183 1200,40 .... 184 INFOGRAMES ENTER. ... 27,30 27,12 177,90 ± 0,66 27 UNIBAIL .......................... 158 157,60 1033,79 ± 0,25 149,90
BONGRAIN ..................... 302 .... .... .... 266,10 INGENICO ...................... 45,30 45,40 297,80 + 0,22 89,80 UNILOG CA..................... 117,50 115,90 760,25 ± 1,36 93
b L’action Suez-Lyonnaise s’appréciait de 0,97 %, jeudi BOUYGUES ..................... 66,20 66,60 436,87 + 0,60 70,55 ISIS .................................. 80 80 524,77 .... 79,50 USINOR........................... 12,24 12,32 80,81 + 0,65 12
BOUYGUES OFFS............ 61,50 + 1,63 56 KAUFMAN ET BROAD .... 21,30 ± 2,35 19,60 VALEO ............................. 56,90 ± 0,18 55,70
17 août, atteignant 187,2 euros dans les premiers
62,50 409,97 20,80 136,44 56,80 372,58

BULL#.............................. 7,17 7,11 46,64 ± 0,84 7,77 KLEPIERRE...................... 99,85 101 662,52 + 1,15 99 VALLOUREC .................... 46,05 47 308,30 + 2,06 43,60
échanges. Le groupe a publié un chiffre d’affaires semes- BUSINESS OBJECTS........ 97,35 97 636,28 ± 0,36 100,50 LABINAL.......................... 131 131,10 859,96 + 0,08 129,60 VIA BANQUE ................... 32,75 32,88 215,68 + 0,40 30,20
triel en hausse de 29 %, soit 9,7 % à périmètre, méthodes CANAL + ......................... 169 168,60 1105,94 ± 0,24 176 LAFARGE......................... 87,65 87,10 571,34 ± 0,63 87 VINCI............................... 49,10 49,15 322,40 + 0,10 47,39
CAP GEMINI ................... 194 193,80 1271,24 ± 0,10 204,20 LAGARDERE.................... 71 71,65 469,99 + 0,92 75 VIVENDI .......................... 85,20 85 557,56 ± 0,23 89,20
et change constants. L’annonce de la prise de contrôle CARBONE-LORRAINE .... 44,85 44,74 293,48 ± 0,25 43,40 LAPEYRE ......................... 58,95 58,35 382,75 ± 1,02 59 VIVENDI ENVIRON. ........ 39 38,59 253,13 ± 1,05 33,50
total de l’allemand Viag Interkom par BT (lire page 12) CARREFOUR ................... 80,75 80,10 525,42 ± 0,80 76,20 LEBON (CIE).................... 53,80 54 354,22 + 0,37 54,80 WANADOO...................... 19,50 19,52 128,04 + 0,10 22
semblait bien accueillie : cette nouvelle devrait calmer CASINO GUICHARD ....... 106,90 105,30 690,72 ± 1,50 111 LEGRAND ....................... 235,10 234,40 1537,56 ± 0,30 233,50 WORMS (EX.SOMEAL) .... 16,32 16,04 105,22 ± 1,72 15,62
CASINO GUICH.ADP ...... 69,50 68,50 449,33 ± 1,44 73,30 LEGRAND ADP ............... 130,80 128,40 842,25 ± 1,83 131,50 ZODIAC........................... 224,30 224,90 1475,25 + 0,27 206
les rumeurs d’un rapprochement entre Suez-Lyonnaise CASTORAMA DUB.(LI..... 254,50 254,50 1669,41 .... 242,50 LEGRIS INDUST.............. 44,38 44,05 288,95 ± 0,74 44,50 ......................................... .... .... .... .... ....
et E.ON, que le marché ne verrait pas d’un bon œil. Par C.C.F. ............................... 166,10 166,60 1092,82 + 0,30 145 LIBERTY SURF ................ 31,90 31,02 203,48 ± 2,76 32 ......................................... .... .... .... .... ....
CEGID (LY) ...................... 125,60 .... 139,50 LOCINDUS ...................... 112,50 ± 0,44 109,90 ......................................... .... .... ....
ailleurs, le groupe Suez-Lyonnaise et l’espagnol Telefoni- CGIP ................................ 47,40
125,60

47,10
823,88

308,96 ± 0,63 49,25 L’OREAL .......................... 85,60


112

83,85
734,67

550,02 ± 2,04 78 ......................................... ....


....

....
....

.... .... ....


ca présenteraient une candidature commune pour une CHARGEURS................... 64,45 64,45 422,76 .... 63 LVMH MOET HEN. ......... 96,10 92,65 607,74 ± 3,59 91,20 ......................................... .... .... .... .... ....
licence de téléphonie mobile de troisième génération CHRISTIAN DALLOZ ...... 73,20 73,20 480,16 .... 64,45 MARINE WENDEL .......... 85,45 85,30 559,53 ± 0,18 88,90 ......................................... .... .... .... .... ....
CHRISTIAN DIOR ........... 69,25 ± 2,82 64,90 METALEUROP ................ 7,93 ± 0,13 7,90 ......................................... .... .... ....
UMTS en Belgique, rapporte jeudi le quotidien belge De
67,30 441,46 7,92 51,95 .... ....

CIC -ACTIONS A.............. 112,40 113,30 743,20 + 0,80 113 MICHELIN....................... 33,50 33,62 220,53 + 0,36 37 ......................................... .... .... .... .... ....
Standaard. CIMENTS FRANCAIS ...... 53,75 54,30 356,18 + 1,02 55 MONTUPET SA ............... 24,70 24,76 162,41 + 0,24 25,50 ......................................... .... .... .... .... ....
b Le titre Unilog reculait de 0,85 %, à 116,5 euros, jeudi, CLARINS ......................... 104,20 103,50 678,92 ± 0,67 105 MOULINEX ..................... 4,84 4,82 31,62 ± 0,41 4,95 ......................................... .... .... .... .... ....
CLUB MEDITERRANEE .. 135,60 137 898,66 + 1,03 134,90 NATEXIS BQ POP. ........... 85 84,20 552,32 ± 0,94 78 ......................................... .... .... .... .... ....
au début de la séance. Le groupe a publié un chiffre d’af- CNP ASSURANCES ......... 35,74 35,28 231,42 ± 1,29 34,12 NEOPOST........................ 29,60 29,90 196,13 + 1,01 31 ......................................... .... .... .... .... ....
faires semestriel en hausse de 18,3 %, à 218,6 millions COFACE........................... 94 94 616,60 .... 109 NORBERT DENTRES.# ... 16,35 16,20 106,27 ± 0,92 16,13
d’euros. COFLEXIP........................ 137,50 137,50 901,94 .... 134 NORD-EST ...................... 26,20 26,12 171,34 ± 0,31 25,73
COLAS ............................. 70,90 71,95 471,96 + 1,48 75,50 OBERTHUR CARD SYS ... 24,85 24,61 161,43 ± 0,97 26,10 Précédent Cours Cours % Var.
Compen-
b Après sa forte baisse mercredi, les investisseurs s’étant CPR ................................. 38,30 38,06 249,66 ± 0,63 38,07 OLIPAR............................ 7,76 7,67 50,31 ± 1,16 7,68 International f en euros en euros en francs veille
sation
montrés déçus par une hausse de 40 % du chiffre d’af- CRED.FON.FRANCE ....... 13,80 13,80 90,52 .... 14,50 PECHINEY ACT ORD ...... 49,75 50 327,98 + 0,50 49,16 (1)
CFF.RECYCLING ............. 45,60 .... 48,30 PENAUILLE POLY.CB...... 651 + 1,08 569,50 AMERICAN EXPRESS ...... 64,25 ± 3,42 63,20
faires sur six mois, l’action GFI rebondissait de 0,19 %, CREDIT LYONNAIS......... 46,90
45,60

46,90
299,12

307,64 .... 47,40 PERNOD-RICARD........... 58,25


658

58,50
4316,20

383,73 + 0,43 58 A.T.T. #............................. 34,90


62,05

35,06
407,02

229,98 + 0,46 36,80


pour coter 37,56 euros, jeudi, quelques minutes après CS SIGNAUX(CSEE)......... 52,05 52,05 341,43 .... 52,05 PEUGEOT........................ 215,30 216,30 1418,83 + 0,46 231,80 BARRICK GOLD #............ 18,85 19,07 125,09 + 1,17 17,85
l’ouverture de la séance. Le groupe français de services DAMART ......................... 74,05 74,35 487,70 + 0,41 64,60 PINAULT-PRINT.RED..... 218,50 215,50 1413,59 ± 1,37 230,60 CROWN CORK ORD. #.... 15,61 .... .... .... 16,85
DANONE......................... 162,80 160,30 1051,50 ± 1,54 142,10 PLASTIC OMN.(LY) ......... 119,90 119,90 786,49 .... 116,40 DE BEERS # ..................... 30,47 30 196,79 ± 1,54 25,34
informatiques indiquait jeudi que l’objectif de croissance 189,90 + 0,58 185,70 455 ± 0,88 424 54,70 + 1,01 47,55

______________________________
DASSAULT-AVIATION..... 191 1252,88 PUBLICIS # ...................... 451 2958,37 DU PONT NEMOURS # .. 55,25 362,42

pour l’exercice 2000, annoncé en novembre à l’occasion DASSAULT SYSTEMES.... 87,60 87,30 572,65 ± 0,34 96 REMY COINTREAU ......... 39,89 39,70 260,41 ± 0,48 32 ERICSSON # .................... 21,16 21,06 138,14 ± 0,47 21,16
de son augmentation de capital, serait dépassé. DE DIETRICH.................. 65,10 64,10 420,47 ± 1,54 69,55 RENAULT ........................ 48,90 48,46 317,88 ± 0,90 46,55 GENERAL ELECTR. #....... 62,60 62,15 407,68 ± 0,72 57,80
DEVEAUX(LY)# ................ 72,60 72,25 473,93 ± 0,48 77 REXEL .............................. 92,35 92,20 604,79 ± 0,16 90,05 GENERAL MOTORS # ..... 70 .... .... .... 65,20
DMC (DOLLFUS MI) ....... 5,13 5,06 33,19 ± 1,36 5,50 RHODIA .......................... 16,29 16,25 106,59 ± 0,25 17,05 HITACHI # ....................... 12,72 12,51 82,06 ± 1,65 12,91
29,70 ± 2,02 27,92 6,85 ± 1,17 6,93 133,40 ± 1,42 121
RÈGLEMENT MENSUEL DYNACTION ...................
EIFFAGE ..........................
ELIOR ..............................
66
12,38
29,10

65

12,41
190,88

426,37

81,40
± 1,52
+ 0,24
65
12,10
ROCHETTE (LA) ..............
ROYAL CANIN.................
RUE IMPERIALE (LY........
104,90
2159
6,77

104,90

....
44,41

688,10

....
....
....
106
2087
I.B.M................................
ITO YOKADO # ................
MATSUSHITA..................
57,50
29,51
131,50

54,50

29,50
862,58

357,50

193,51
± 5,22
± 0,03
65,20
26,41
ENTENIAL(EX CDE) ........ 35 .... .... .... 38,50 SADE (NY) ....................... 47,06 .... .... .... 49,65 MC DONALD’S ............... 35,50 35,15 230,57 ± 0,99 33,10
JEUDI 17 AOUÃT Cours relevés à 9 h 57
ERAMET CA EX DTDI......
ERIDANIA BEGHIN.........
44,29
101,80
44,28

101,60
290,46

666,45
± 0,02
± 0,20
45
104
SAGEM S.A. .....................
SAINT-GOBAIN...............
297
162,50
293

162,10
1921,95

1063,31
± 1,35 335
± 0,25 156,50
MERK AND CO ...............
MITSUBISHI CORP.# ......
80,80
8,27
80

8,25
524,77

54,12
± 0,99
± 0,24
68,50
8,44
Liquidation : 24 aou
Ãt ESSILOR INTL ................. 325 321,70 2110,21 ± 1,02 315 SALVEPAR (NY) ............... 70,10 70 459,17 ± 0,14 75,50 MORGAN J.P.# ................ 158,10 157,80 1035,10 ± 0,19 145
ESSO................................ 71,10 71,05 466,06 ± 0,07 64,80 SANOFI SYNTHELABO ... 55,40 55,10 361,43 ± 0,54 52,85 NIPP. MEATPACKER# ..... 15,40 .... .... .... 14,47
EULER ............................. 50 50 327,98 .... 51,20 SCHNEIDER ELECTRI..... 77 76,10 499,18 ± 1,17 73,50 PHILIP MORRIS# ............ 35,63 35,99 236,08 + 1,01 27
EURAFRANCE ................. 554,50 555 3640,56 + 0,09 508 SCOR ............................... 45,50 45,05 295,51 ± 0,99 46 PROCTER GAMBLE ........ 67,65 68,40 448,67 + 1,11 63,95
Précédent Cours Cours % Var.
Compen- EURO DISNEY................. 0,62 0,63 4,13 + 1,61 0,65 S.E.B. ............................... 58 57,30 375,86 ± 1,21 63,65 SEGA ENTERPRISES ....... 13,59 .... .... .... 15,20
France f en euros en euros en francs veille
sation EUROTUNNEL................ 1,05 1,04 6,82 ± 0,95 1,05 SEITA............................... 49 48,01 314,92 ± 2,02 45,70 SCHLUMBERGER# ......... 90,90 92,65 607,74 + 1,93 79,15
(1)
FAURECIA ....................... 41,87 42,65 279,77 + 1,86 41,85 SELECTIBAIL(EXSEL........ 15,62 15,74 103,25 + 0,77 15,40 SONY CORP.#RGA .......... 108,30 108 708,43 ± 0,28 104
BNPPARIBAS(TP)84 ........ 139 139 911,78 .... 145,50 FIMALAC SA CA .............. 32,81 32,50 213,19 ± 0,94 32,25 SIDEL............................... 79,20 79,60 522,14 + 0,51 83,60 SUMITOMO BANK #....... 12,01 12,03 78,91 + 0,17 11,10
CR.LYONNAIS(TP) L ....... 148,70 .... .... .... 147,50 FIVES-LILLE..................... 77 75 491,97 ± 2,60 79 SILIC CA .......................... 154,20 154,10 1010,83 ± 0,06 146 T.D.K.#............................. 156,50 154,70 1014,77 ± 1,15 141,30
RENAULT (T.P.)............... 336,20 336,80 2209,26 + 0,18 339,99 FONC.LYON.# ................. 107,80 .... .... .... 107,10 SIMCO............................. 73,70 73,15 479,83 ± 0,75 72,80
SAINT GOBAIN(T.P......... 157,30 .... .... .... 166 FRANCE TELECOM......... 140,40 137,70 903,25 ± 1,92 143,90 SKIS ROSSIGNOL............ 16,15 16,10 105,61 ± 0,31 15
THOMSON S.A (T.P) ....... 155 .... .... .... 159,90 FROMAGERIES BEL ........ 583 565 3706,16 ± 3,09 593 SOCIETE GENERALE....... 66,40 65,85 431,95 ± 0,83 61,40 ABRÉVIATIONS
ACCOR ............................ 48,21 47,40 310,92 ± 1,68 45,79 GALERIES LAFAYETT ...... 227,10 227,60 1492,96 + 0,22 215 SODEXHO ALLIANCE...... 183,10 180,70 1185,31 ± 1,31 173,40
+ 0,35 ± 2,34 B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.
AGF ................................. 56,85 57,05 374,22 54,10 GAUMONT #................... 62 60,55 397,18 60,95 SOGEPARC (FIN) ............ 81 .... .... .... 80
AIR FRANCE GPE NO ..... 20,90 20,58 135 ± 1,53 19,30 GECINA ........................... 104,80 104,40 684,82 ± 0,38 105 SOMMER ALLIBERT ....... 43,23 43,31 284,09 + 0,19 47,40 SYMBOLES
AIR LIQUIDE ................... 143,50 142,70 936,05 ± 0,56 134,10 GEOPHYSIQUE ............... 81,95 81,50 534,60 ± 0,55 81 SOPHIA ........................... 28,31 28,32 185,77 + 0,04 28 1 ou 2 = catégories de cotation - sans indication catégorie 3 ; a coupon
ALCATEL ......................... 81,65 83 544,44 + 1,65 77,90 GFI INFORMATIQUE...... 37,49 37,44 245,59 ± 0,13 36 SOPRA # .......................... 78,80 78 511,65 ± 1,02 86,50 dé taché ; b droit dé taché ; # contrat d’animation ; o = offert ;
ALSTOM.......................... 25,45 25,67 168,38 + 0,86 29,90 GRANDVISION ............... 31,05 30,80 202,03 ± 0,81 31,50 SPIR COMMUNIC. # ....... 76 76,45 501,48 + 0,59 78,50 d = demandé ; x offre réduite ; y demande réduite ; d cours précédent.
ALTRAN TECHNO. # ....... 235,50 235,30 1543,47 ± 0,08 217,20 GROUPE ANDRE S.A....... 134 132,50 869,14 ± 1,12 135 SR TELEPERFORMANC .. 40,59 40,60 266,32 + 0,02 36,10
ATOS CA.......................... 110 108,60 712,37 ± 1,27 108 GROUPE GASCOGNE ..... 78,30 77 505,09 ± 1,66 76,30 STUDIOCANAL (M)......... 11,55 11,52 75,57 ± 0,26 13,12 DERNIÈRE COLONNE RM (1) :
AVENTIS.......................... 85,60 84,30 552,97 ± 1,52 74,95 GR.ZANNIER (LY) #......... 57,95 57,30 375,86 ± 1,12 58,85 SUEZ LYON.DES EAU ..... 185,60 185 1213,52 ± 0,32 177 Lundi daté mardi : % variation 31/12 ; Mardi daté mercredi : montant du
AXA .................................. 169,60 166,90 1094,79 ± 1,59 159 GROUPE GTM ................ 116 116,80 766,16 + 0,69 110,90 TF1 .................................. 75,25 75,20 493,28 ± 0,07 78,70 coupon en euros ; Mercredi daté jeudi : paiement dernier coupon ;
BAIL INVESTIS................. 116 116,50 764,19 + 0,43 113 GROUPE PARTOUCHE ... 67,95 67,60 443,43 ± 0,52 74,25 TECHNIP......................... 141 142,50 934,74 + 1,06 135,50 Jeudi daté vendredi : compensation ; Vendredi daté samedi : nominal.
AZEO(EXG.ET EAUX) ....... 68,25 67,80 444,74 ± 0,66 66,70 NRJ GROUP .................... 48,86 47,90 314,20 ± 1,96 52,10 THOMSON-CSF.............. 49,50 49,40 324,04 ± 0,20 46,27

CHEMUNEX # ....... 1,78 11,68 + 4,09 GUILLEMOT # ...... 52,50 344,38 ± 0,94 OLITEC ................. 45,05 295,51 ± 8,04 ALTEN (SVN)........ 143,90 943,92 .... GENERALE LOC .... 105 688,75 ± 0,10
NOUVEAU CMT MEDICAL......
COALA #................
14,51

44,10
95,18

289,28
+ 0,07
+ 8,09
GUYANOR ACTI ...
HF COMPANY ......
0,45

96,95
2,95

635,95
± 6,25 OPTIMA DIREC.....
.... OPTIMS # .............
12,10

6,51
79,37 + 19,80

42,70 ....
APRIL S.A.#( .........
ARES GRPE (S ......
194

41,90
1272,56

274,85
± 2,51
+ 2,20
GEODIS ................
GFI INDUSTRI ......
65

24,40
426,37

160,05
± 2,18
....
COHERIS ATIX ...... 44 288,62 ± 1,57 HIGH CO.# ........... 102,50 672,36 ± 1,35 OXIS INTL RG....... 1,60 10,50 + 9,59 ARKOPHARMA # .. 95 623,16 .... GO SPORT............ 67,50 442,77 + 0,75
± 1,85 + 0,08 PERFECT TECH..... ± 0,59 .... ....
MARCHÉ COIL .....................
CONSODATA #......
26,50

53,50
173,83

350,94 ± 1,83
+ 2,45
HIGHWAVE OPT ...
HIMALAYA ...........
128

28,75
839,62

188,59 + 0,10 PHONE SYS.NE.....


+ 0,36 PICOGIGA.............
67

10,55
439,49

69,20 + 0,48
± 0,46
ASSUR.BQ.POP..... d
ASSYSTEM #.........
138

69,80
905,22

457,86 ....
± 0,86
GRAND MARNIE ..d
GROUPE BOURB ..d
6100,50

56
40016,66

367,34 ....
± 0,68
CONSORS FRAN ... 15,88 104,17 HI MEDIA............. 8,32 54,58 86,50 567,40 AUBAY ................. 23 150,87 GROUPE CRIT ...... 147 964,26

MERCREDI 16 AOUÃT CROSS SYSTEM ....


CRYO # .................
29,50

18,46
193,51

121,09
± 1,34
± 0,11
HOLOGRAM IND .
IB GROUP.COM ...
143,90

21,19
943,92

139
± 0,07 PROSODIE # .........
± 1,67 PROSODIE BS .......d
55

34,85
360,78

228,60
+ 4,36
....
BENETEAU CA# ....
BOIRON (LY)# ......
93,60

64
613,98

419,81
+ 1,52
± 0,47
GROUPE J.C.D ......
HERMES INTL ......
127

146
833,07

957,70
....
+ 0,27
CYBERDECK # ....... 5,90 38,70 ± 6,05 IDP....................... 6,50 42,64 + 0,15 PROLOGUE SOF ... 11,95 78,39 ± 0,25 BOIZEL CHANO ... 54,45 357,17 + 4,91 HYPARLO #(LY...... 20,25 132,83 ± 0,15
Cours relevés à 18 h 07 CYBER PRES.P ...... 48 314,86 ± 0,83 IDP BON 98 ( ....... d 1,07 7,02 .... PROXIDIS ............. 1,88 12,33 + 1,62 BONDUELLE ........ 20,13 132,04 + 0,65 I.C.C.#...................d 39 255,82 ....
CYBERSEARCH...... 7,20 47,23 ± 2,04 IGE + XAO ............ 16 104,95 .... QUANTEL ............. 5,70 37,39 + 0,88 BQUE TARNEAU... d 94,20 617,91 .... IMS(INT.META ..... 8,95 58,71 ....
Cours Cours % Var. ± 2,37 + 1,44 QUANTUM APPL .. 20,01 ± 12,36 ± 0,67 ....
Valeurs f en euros en francs veille
CYRANO #.............
DALET #................ 13
5,77 37,85

85,27 ± 0,76
ILOG #..................
IMECOM GROUP .
49,40

4,10
324,04

26,89 ± 1,20 R2I SANTE ............


3,05

21,01 137,82 + 2,49


BRICE...................
BRICORAMA #......
14,90

43
97,74

282,06 ± 1,83
INTER PARFUM....
IPO (NS) # ............d
57

60,50
373,90

396,85 ....
ABEL GUILLEM..... 17,10 112,17 + 0,59 DATATRONIC ....... 24,05 157,76 + 2,69 INFOSOURCES ..... 11,20 73,47 + 10,34 RECIF #................. 49,90 327,32 ± 0,20 BRIOCHE PASQ.... 91 596,92 .... JET MULTIMED .... 45,20 296,49 ± 1,76
AB SOFT ............... 8,10 53,13 + 6,58 DESK #.................. 4,95 32,47 ±1 INFOSOURCE B.... d 40 262,38 .... REPONSE #........... 45,90 301,08 ± 0,22 BUFFALO GRIL .... 19,15 125,62 ± 0,26 L.D.C. ...................d 92 603,48 ....
ACCESS COMME .. 36,38 238,64 + 21,27 DESK BS 98 ...........d 0,37 2,43 .... INFOTEL # ........... 77,30 507,05 + 0,65 REGINA RUBEN.... 9,90 64,94 ±1 C.A. OISE CC ........ d 83,15 545,43 .... LAURENT-PERR....d 29,56 193,90 ....
ADL PARTNER...... 21,76 142,74 ± 0,14 DEVOTEAM # ........ 76,85 504,10 ± 0,84 INFO VISTA .......... 32,80 215,15 + 0,15 RIBER # ................ 28 183,67 + 9,80 C.A. PARIS I.......... 212 1390,63 .... LECTRA SYST........ 14,69 96,36 + 0,27
ALGORIEL #.......... 18,80 123,32 ± 0,42 DMS #................... 9,20 60,35 + 1,55 INTEGRA NET ...... 12,87 84,42 .... RIGIFLEX INT ....... 87 570,68 + 8,75 C.A. SOMME C ..... 70 459,17 .... LOUIS DREYFU..... 12,30 80,68 + 0,74
ALPHAMEDIA ....... 7 45,92 .... D INTERACTIV ...... 111,50 731,39 + 1,36 INTEGRA ACT. ..... .... .... .... SAVEURS DE F ...... 14 91,83 ± 5,98 C.A.DU NORD# .... 129 846,18 .... LVL MEDICAL ....... 54 354,22 ± 2,88
.... + 0,24 .... .... .... + 0,78

___________________
ALPHA MOS #....... 6,10 40,01 DIOSOS #.............. 42 275,50 INTERCALL #........ 39,70 260,41 GUILLEMOT BS ....d 23 150,87 C.A.PAS CAL ......... 149 977,38 M6-METR.TV A ..... 64,50 423,09

ALTAMIR & CI ...... 202 1325,03 ± 0,69 DURAND ALLIZ .... 3,63 23,81 ± 4,47 IPSOS # ................ 135 885,54 ± 3,57 SELF TRADE #....... 8,57 56,22 + 1,30 C.A.TOULOUSE..... d 90 590,36 .... MANITOU #.......... 107 701,87 ....
ALTAMIR BS 9 ......d 15,10 99,05 .... DURAN DUBOI ..... 90,20 591,67 + 0,22 IPSOS BS00 .......... d 15,50 101,67 .... SILICOMP # .......... 57,80 379,14 + 0,35 CDA-CIE DES ....... 38 249,26 .... MANUTAN INTE... 65 426,37 + 3,17
ALDETA ................ 8 52,48 + 10,96 DURAN BS 00 .......d 4 26,24 .... IT LINK ................ 19,25 126,27 ± 4,23 SITICOM GROU .... 25,40 166,61 .... CEGEDIM # .......... 62 406,69 .... MARIONNAUD P .. 104,60 686,13 ± 2,33
ALTI #................... 24,30 159,40 ± 0,98 EFFIK # ................. 18 118,07 .... JOLIEZ-REGOL ..... d 3,50 22,96 .... CIE FIN.ST-H ....... d 103,50 678,92 .... PCAS #.................. 21,99 144,24 ....
+ 0,99 + 2,19 .... ± 0,08 + 1,03
A NOVO # .............
ARTPRICE COM....
ASTRA ..................
215

25,80

1,75
1410,31

169,24

11,48
± 0,77
± 2,78
EGIDE # ................
EMME(JCE 1/1 .......
ESI GROUP ...........
327

10,31

40,20
2144,98

67,63

263,69
+ 3,51
+ 0,50
JOLIEZ-REGOL ..... d
KALISTO ENTE .....
KEYRUS PROGI ....
0,17

12,43

8,83
1,12

81,54

57,92
....
± 1,56
SECOND CNIM CA# ............
COFITEM-COFI .... d
COURIR ............... d
58,85

54

94
386,03

354,22

616,60
....
....
PETIT FOREST......
PIERRE VACAN .....
PINGUELY HAU ....
49

65

23,60
321,42

426,37

154,81
+ 2,85
± 0,42
AUFEMININ.CO.... 7,80 51,16 ± 2,50 ESKER ................... 18,75 122,99 ± 4,29 KAZIBAO .............. 5,25 34,44 +5 DANE-ELEC ME.... 23,90 156,77 + 1,70 POCHET ...............d 58 380,46 ....
AUTOMA TECH ....
AVENIR TELEC......
19

13,96
124,63

91,57
+ 4,34
± 2,58
EUROFINS SCI ......
EURO.CARGO S.....
15,55

9,50
102

62,32
....
....
LACIE GROUP ......
LEXIBOOK # .........
4,40

19,31
28,86

126,67
+ 3,53
± 0,97
MARCHÉ DECAN GROUPE .. d
ENTRELEC CB ......
44

54,90
288,62

360,12
....
+ 0,55
RADIALL # ............
RALLYE (LY)..........
158,10

62,60
1037,07

410,63
....
....
AVENIR TELEC...... .... EUROPSTAT # ....... ± 0,42 LINADATA SER..... .... ETAM DEVELOP ... + 1,19 RODRIGUEZ GR ... + 1,24
ÃT
6 39,36 23,89 156,71 16,40 107,58 17 111,51 227,90 1494,93

BAC MAJESTIC ..... 14,50 95,11 .... FIMATEX # ............ 14,69 96,36 ± 0,41 MEDCOST # ......... 7,59 49,79 + 1,20 JEUDI 17 AOU EUROPEENNE C... 84 551 ± 0,53 RUBIS CA# EX ....... 24,20 158,74 + 2,46
BARBARA BUI....... 10 65,60 + 0,60 FI SYSTEM # ......... 45,15 296,16 + 7,22 MEDIDEP # .......... 46,70 306,33 ± 0,43 EXEL INDUSTR .... 37,50 245,98 ± 0,24 SABATE SA #......... 40,20 263,69 ± 3,83
BCI NAVIGATI ...... 28,89 189,51 + 1,01 FI SYSTEM BS ....... 7,01 45,98 + 40,20 METROLOGIC G... 68 446,05 + 3,82 Une seÂlection. Cours relevés à 9 h 57 EXPAND S.A ......... 86,50 567,40 ± 2,81 SECHE ENVIRO..... 77,50 508,37 + 1,97
BELVEDERE .......... 63,90 419,16 + 4,75 FLOREANE MED ... 9,50 62,32 ± 1,45 MONDIAL PECH .. 6,20 40,67 .... EXPLOIT.PARC ..... d 117 767,47 .... SIACI ....................d 17,15 112,50 ....
.... + 0,13 ± 8,60 Valeurs Cours Cours % Var. .... ± 0,23
BOURSE DIREC ....
BRIME TECHNO...
10,11

49,78
66,32

326,54 + 1,59
GAMELOFT COM ..
GAUDRIOT #.........
7,98

19,90
52,35

130,54 + 4,46
MULTIMANIA #....
NATUREX .............
34

11,50
223,03

75,44 + 2,50 f en euros en francs veille


FACTOR. .............. d
FINACOR .............
190

12,10
1246,32

79,37 ± 0,41
SII.........................
SINOP.ASSET........d
43

23
282,06

150,87 ....
BUSINESS INT...... 9,30 61 ± 3,73 GENERIX # ............ 38,69 253,79 + 1,28 NET2S # ............... 22,16 145,36 + 0,73 AB GROUPE.......... 25,70 168,58 .... FINATIS(EX.L........ d 104,10 682,85 .... SIPAREX CROI ...... 32,40 212,53 ± 0,31
BVRP ACT.DIV ...... 53,10 348,31 + 3,61 GENESYS #............ 41,92 274,98 ± 1,36 NETGEM .............. 50 327,98 + 1,11 ACTIELEC REG...... 8,20 53,79 ± 4,65 FININFO .............. 36,50 239,42 ± 0,27 SOLERI ................. 190 1246,32 ....
CAC SYSTEMES .... 9,80 64,28 + 0,20 GENESYS BS00...... 6,15 40,34 ± 2,38 NETVALUE #......... 17,85 117,09 ± 2,72 ACTIELEC TEC ...... 0,89 5,84 .... FLEURY MICHO ... 29 190,23 .... SOLVING # ...........d 77 505,09 ....
CAST .................... 42,20 276,81 .... GENSET ................ 68 446,05 + 1,64 NEURONES # ....... 7,15 46,90 ± 0,69 ALGECO # ............. 90,95 596,59 ± 0,05 FLO (GROUPE)..... 37,70 247,30 + 1,89 STEF-TFE # ........... 46 301,74 ± 0,86
CEREP .................. 72 472,29 + 1,98 GL TRADE # .......... 48 314,86 + 0,10 NICOX # ............... 49,50 324,70 + 4,87 ALTEDIA ...............d 22,29 146,21 .... FOCAL (GROUP.... 57 373,90 + 0,53 STERIA GROUP..... 164 1075,77 + 0,55

ÉC. MONÉT.D/10 30/11/98...... 188,05 1233,53 16/08 EPARCIC .............................. 816,70 5357,20 10/08 SÉLECT DÉFENSIF C............. 194,66 1276,89 16/08
SICAV et FCP ÉCUR. OBLIG. INTERNAT. ....
ÉCUR. TRIMESTRIEL D .........
168,92
265,23
1108,04
1739,79
16/08
16/08
EUROCIC LEADERS ..............
EUROPE RÉGIONS ...............
568,14

76,28
3726,75

500,36
10/08
10/08
LEGAL & GENERAL BANK SÉLECT DYNAMIQUE C ........
SÉLECT ÉQUILIBRE 2............
307,04
191,51
2014,05
1256,22
16/08
16/08
ÉPARCOURT-SICAV D ........... 27,44 179,99 16/08 FRANCIC PIERRE ................. 35 229,58 10/08 STRATÉGIE IND. EUROPE .... 278,25 1825,20 11/08 SÉLECT PEA DYNAMIQUE .... 199,64 1309,55 16/08
GÉOPTIM C .......................... 2124,78 13937,64 16/08 MENSUELCIC....................... 1417,32 9297,01 10/08 SÉLECT PEA 1 ....................... 274,07 1797,78 16/08
Une seÂlection. Cours de clôture le 16 août HORIZON C.......................... 635,24 4166,90 16/08 OBLICIC MONDIAL .............. 695,99 4565,40 10/08 Fonds communs de placements SG FRANCE OPPORT. C........ 585,54 3840,89 16/08
PRÉVOYANCE ÉCUR. D ......... 14,42 94,59 16/08 OBLICIC RÉGIONS ............... 171,05 1122,01 10/08 STRATÉGIE CAC ................... 8625,57 56580,03 14/08 SG FRANCE OPPORT. D ....... 548,25 3596,28 16/08
Fonds communs de placements RENTACIC............................ 23,89 156,71 10/08 STRATÉGIE INDICE USA....... 12120,48 79505,14 14/08 SOGENFRANCE C ................. 663,76 4353,98 16/08
Valeurs unitaires e Date
Émetteurs f Euros francsee cours ÉCUREUIL ÉQUILIBRE C ....... 39,08 256,35 16/08 UNION AMÉRIQUE .............. 810,32 5315,35 10/08 SOGENFRANCE D................. 598,16 3923,67 16/08
ÉCUREUIL PRUDENCE C ...... 32,89 215,74 16/08
Sicav Info Poste : SOGEOBLIG C....................... 103,26 677,34 16/08
AGIPI ÉCUREUIL VITALITÉ C .......... 49,53 324,90 16/08 www.clamdirect.com
08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) SOGÉPARGNE D................... 44,81 293,93 16/08
ADDILYS C ........................... 101,84 668,03 16/08 SOGEPEA EUROPE................ 312,37 2049,01 16/08
AGIPI AMBITION (AXA) ........ 30,72 201,51 16/08 16/08 16/08
16/08 EURCO SOLIDARITÉ ............ 215,42 1413,06 14/08 AMPLITUDE AMÉRIQUE C ... 34,58 226,83 SOGINTER C......................... 101,14 663,43
AGIPI ACTIONS (AXA)........... 33,89 222,30
CRÉDIT AGRICOLE
LION 20000 C/3 11/06/99 ....... 938,29 6154,78 14/08 AMPLITUDE AMÉRIQUE D ... 33,91 222,44 16/08 Fonds communs de placements
3615 BNP 08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) LION 20000 D/3 11/06/99 ....... 837,14 5491,28 14/08 AMPLITUDE EUROPE C........ 46,75 306,66 16/08 DÉCLIC ACTIONS EURO ....... 23,11 151,59 14/08
08 36 68 17 17 (2,23 F/mn) ATOUT CROISSANCE ............ 617,24 4048,83 16/08 SICAV 5000 ...........................
231,94 1521,43 14/08 AMPLITUDE EUROPE D ....... 45,38 297,67 16/08 DÉCLIC ACTIONS FRANC ..... 71,03 465,93 14/08
ATOUT FONCIER .................. 16/08 14/08 AMPLITUDE MONDE C ........ 328,07 2152 16/08 DÉCLIC ACTIONS INTER. ..... 14/08
BNP MONÉ COURT TERME . 16/08 346,51 2272,96 SLIVAFRANCE ......................
412,92 2708,58
16/08 DÉCLIC BOURSE PEA ...........
55,76 365,76
16/08
2369,16 15540,67
16/08 ATOUT FRANCE ASIE D ........ 105,82 694,13 SLIVARENTE ........................ 14/08 AMPLITUDE MONDE D ....... 296,92 1947,67
65,30 428,34 14/08
BNP MONÉ PLACEMENT C .. 13033,30 85492,84
ATOUT FRANCE EUROPE ..... 16/08
38,98 255,69

14/08 AMPLITUDE PACIFIQUE C ... 26,39 173,11 16/08 DÉCLIC BOURSE ÉQUILIBRE 14/08
BNP MONÉ PLACEMENT D.. 16/08 264,35 1734,02 SLIVINTER ...........................
210,42 1380,26
16/08 DÉCLIC OBLIG. EUROPE.......
19,04 124,89
16/08
11681,69 76626,86
16/08 ATOUT FRANCE MONDE...... 65,21 427,75 TRILION............................... 14/08 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 25,60 167,92
17,11 112,23 14/08
BNP MONÉ TRÉSORERIE ..... 147899,12 970154,63
16/08 Fonds communs de placements
741,23 4862,15
ÉLANCIEL FRANCE D PEA .... 61,41 402,82 16/08 DÉCLIC PEA EUROPE ........... 14/08
BNP OBLIG. CT .................... 161,94 1062,26 14/08 ATOUT FUTUR C .................. 284,40 1865,54
16/08 DÉCLIC SOGENFR. TEMPO ..
32,65 214,17

14/08 ATOUT FUTUR D.................. 263,37 1727,59 16/08 ÉLANCIEL EURO D PEA........ 143,13 938,87
14/08
16/08 SOGINDEX FRANCE C ..........
85,70 562,16
BNP OBLIG. LT..................... 33,30 218,43
16/08 ACTILION DYNAMIQUE C * . 237,99 1561,11 14/08 ÉMERGENCE E.POST.D PEA . 47,06 308,69
14/08
BNP OBLIG. MT C ................ 142,82 936,84 14/08 ATOUT SÉLECTION .............. 144,79 949,76
14/08 16/08 .............................................
741,58 4864,45

14/08 COEXIS ................................. 321,69 2110,15 16/08 ACTILION DYNAMIQUE D *. 229,21 1503,52 GÉOBILYS C ......................... 109,88 720,77
....
BNP OBLIG. MT D................ 133,59 876,29
16/08 ACTILION PEA DYNAMIQUE 99,51 652,74 14/08 GÉOBILYS D ......................... 101,07 662,98 16/08 ............................................. .... ....
....
BNP OBLIG. SPREADS .......... 171,44 1124,57 14/08 DIÈZE ................................... 508,95 3338,49
14/08 16/08 ............................................. .... ....

14/08 EURODYN............................. 724,24 4750,70 16/08 ACTILION ÉQUILIBRE C * .... 204,19 1339,40 INTENSYS C ......................... 19,51 127,98
....
BNP OBLIG. TRÉSOR............ 1844,61 12099,85
INDICIA EUROLAND............. 159,97 1049,33 15/08 ACTILION ÉQUILIBRE D * .... 195,13 1279,97 14/08 INTENSYS D......................... 16,94 111,12 16/08 ............................................. .... ....
....
Fonds communs de placements INDICIA FRANCE.................. 576 3778,31 15/08 ACTILION PRUDENCE C *.... 179,37 1176,59 14/08 KALEIS DYNAMISME C......... 268,07 1758,42 16/08 ............................................. .... ....
....
BNP MONÉ ASSOCIATIONS . 1739,54 11410,63 16/08 INDOCAM AMÉRIQUE .......... 59,93 393,12 16/08 ACTILION PRUDENCE D * ... 171,14 1122,60 14/08 KALEIS DYNAMISME D ........ 262,68 1723,07 16/08 ............................................. .... ....
....
INDOCAM ASIE .................... 27,38 179,60 16/08 INTERLION .......................... 217 1423,43 14/08 KALEIS DYNAMISME FR C ... 100,78 661,07 16/08 ............................................. .... ....
....
BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT INDOCAM MULTI OBLIG...... 166,52 1092,30 16/08 LION ACTION EURO ............ 126,94 832,67 14/08 KALEIS ÉQUILIBRE C............ 215,91 1416,28 16/08 ............................................. .... ....
....
www.bpam.fr 08 36 68 22 00 (2,23 F/mn) INDOCAM ORIENT C............ 47,12 309,09 16/08 LION PEA EURO................... 129,38 848,68 14/08 KALEIS ÉQUILIBRE D ........... 210,61 1381,51 16/08 ............................................. .... ....
....
16/08 KALEIS SÉRÉNITÉ C ............. 192,14 1260,36 16/08 ............................................. .... ....
....
BP OBLI CONVERTIBLES ...... 351,15 2303,39 15/08 INDOCAM ORIENT D ........... 41,97 275,31
16/08 ............................................. .... ....

15/08 INDOCAM JAPON .................


218,71 1434,64 16/08 KALEIS SÉRÉNITÉ D ............. 186,99 1226,57
....
BP OBLI HAUT REND. .......... 113,24 742,81
16/08 KALEIS TONUS C.................. 100,50 659,24 16/08 ............................................. .... ....
....
BP MEDITERRANÉE DÉV. ..... 122,16 801,32 15/08 INDOCAM STR. 5-7 C ...........
320,25 2100,70
16/08 ............................................. .... ....

15/08 INDOCAM STR. 5-7 D ...........


210,63 1381,64 16/08 CM EURO PEA ..................... 31,19 204,59 16/08 LATITUDE C ......................... 24,49 160,64
....
BP NOUVELLE ÉCONOMIE ... 310,66 2037,80
16/08 CM EUROPE TECHNOL........ 16/08 LATITUDE D......................... 20,94 137,36 16/08 ............................................. .... ....
....
BP OBLIG. EUROPE .............. 48,81 320,17 16/08 OBLIFUTUR C.......................
92,73 608,27 9,67 63,43
16/08 ............................................. .... ....

16/08 OBLIFUTUR D ......................


79,81 523,52 16/08 CM FRANCE ACTIONS ......... 50,98 334,41 16/08 OBLITYS D ........................... 104,37 684,62
....
BP SÉCURITÉ ....................... 97521,13 639696,68
16/08 CM MID. ACT. FRANCE........ 16/08 PLÉNITUDE D PEA ............... 54,55 357,82 16/08 ............................................. .... ....
....
EUROACTION MIDCAP ........ 223,56 1466,46 16/08 REVENU-VERT ......................
167,97 1101,81 40,91 268,35
16/08 ............................................. .... ....

16/08 UNIVERS ACTIONS ...............


76,48 501,68 16/08 CM MONDE ACTIONS ......... 16/08 POSTE GESTION C ............... 2483,51 16290,76
....
FRUCTI EURO 50 .................. 145,54 954,68
16/08 CM OBLIG. LONG TERME....
438,97 2879,45

16/08 POSTE GESTION D............... 2275,88 14928,79 16/08 ............................................. .... ....
....
FRUCTIFRANCE C ................ 118,13 774,88 16/08 UNIVERS-OBLIGATIONS.......
39,73 260,61 101,67 666,91
POSTE PREMIÈRE SI ............ 16/08 ............................................. .... ....

FRUCTIFONDS FRANCE NM 447,51 2935,47 15/08 Fonds communs de placements CM OPTION DYNAM. .......... 39,81 261,14 16/08 POSTE PREMIÈRE 1 AN........
6755,22 44311,34
16/08 .... .... ....
....
39863,40 261486,76
INDOCAM VAL. RESTR. ........ 388,05 2545,44 15/08 CM OPTION ÉQUIL. ............. 56,06 367,73 16/08 POSTE PREMIÈRE 2-3........... 16/08 ............................................. .... ....
....
8452,08 55442,01
www.cdc-assetmanagement.com MASTER ACTIONS ................ 60,41 396,26 14/08 CM OBLIG. COURT TERME.. 154,03 1010,37 16/08 REVENUS TRIMESTR. D ....... 765,66 5022,40 16/08 ............................................. .... ....

MASTER OBLIGATIONS ........ 29,78 195,34 14/08 CM OBLIG. MOYEN TERME . 312,20 2047,90 16/08 THÉSORA C .......................... 173,78 1139,92 16/08 ............................................. .... .... ....
OPTALIS DYNAMIQ. C .......... 23,51 154,22 15/08 CM OBLIG. QUATRE ............ 160,17 1050,65 16/08 THÉSORA D.......................... 147,16 965,31 16/08 ............................................. .... .... ....
LIVRET B. INV.D PEA ............ 254,68 1670,59 15/08 OPTALIS DYNAMIQ. D.......... 22,55 147,92 15/08 Fonds communs de placements TRÉSORYS C......................... 44880,54 294397,04 16/08 ............................................. .... .... ....
15/08 CM OPTION MODÉRATION. 16/08 ............................................. .... .... ....
MULTI-PROMOTEURS OPTALIS ÉQUILIB. C ............. 21,02 137,88
18,80 123,32 16/08 SOLSTICE D ......................... 355,37 2331,07
....
OPTALIS ÉQUILIB. D............. 19,66 128,96 15/08 ............................................. .... ....

NORD SUD DÉVELOP. C....... 488,52 3204,48 15/08 OPTALIS EXPANSION C ........ 15/08
Fonds communs de placements ............................................. .... .... ....
NORD SUD DÉVELOP. D ...... 396,51 2600,94 15/08 OPTALIS EXPANSION D........
20,67 135,59
15/08 POSTE EUROPE C................. 84,69 555,53 16/08 ............................................. .... .... ....
20,52 134,60
15/08 AMÉRIQUE 2000................... POSTE EUROPE D ................ 81,27 533,10 16/08 ............................................. ....
Sicav en ligne : OPTALIS SÉRÉNITÉ C ........... 17,86 117,15 177,93 1167,14 16/08 POSTE PREMIÈRE 8 ANS C... 16/08
.... ....
....
08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) OPTALIS SÉRÉNITÉ D ........... 16,14 105,87 15/08 ASIE 2000 ............................. 16/08
181,85 1192,86
16/08
............................................. .... ....

15/08 NOUVELLE EUROPE.............


105,91 694,72
POSTE PREMIÈRE 8 ANS D .. 170,50 1118,41 ............................................. .... .... ....
16/08
PACTE SOL. LOGEM. ............ 75,57 495,71
294,28 1930,35 14/08 ....
ÉCUR. 1,2,3... FUTUR ............ 66,04 433,19
PACTE SOL.TIERS MONDE ... 80,54 528,31 15/08 SAINT-HONORÉ CAPITAL C. 3333,32 16/08 SG ASSET MANAGEMENT
............................................. .... ....
ÉCUR. ACT. FUT.D PEA ........ 91,91 602,89 16/08 18/08 SAINT-HONORÉ CAPITAL D 3191,68
21865,15
............................................. .... .... ....
16/08
UNIVAR C ............................. 183,54 1203,94
20936,05 16/08 Serveur vocal :
....
ÉCUR. ACTIONS EUROP. C ... 23,41 153,56
UNIVAR D............................. 183,54 1203,94 18/08 ST-HONORÉ CONVERTIBLES 16/08
............................................. .... ....
ÉCUR. CAPITALISATION C.... 40,63 266,52 16/08 344,17 2257,61 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn)
............................................. .... .... ....
ÉCUR. DYNAMIQUE+ D PEA 60 393,57 16/08 ST-HONORÉ FRANCE .......... 73,48 482 16/08 CADENCE 1 D ...................... 153,53 1007,09 16/08 .............................................
.... .... ....
ÉCUR. ÉNERGIE D PEA......... 56,77 372,39 16/08 ST-HONORÉ MAR. ÉMER. .... 71,35 468,03 14/08 CADENCE 2 D ...................... 151,56 994,17 16/08
ÉCUR. EXPANSION C............ 13963,24 91592,85 16/08 CIC FRANCIC........................ 46,27 303,51 10/08 ST-HONORÉ PACIFIQUE ...... 154,82 1015,55 16/08 CADENCE 3 D ...................... 151,67 994,89 16/08 LÉGENDE
ÉCUR. EXPANSIONPLUS C ... 40,07 262,84 16/08 CIC FINUNION ..................... 163,92 1075,24 10/08 ST-HONORÉ TECH. MEDIA.. 245,88 1612,87 14/08 CONVERTIS C....................... 271,28 1779,48 16/08
ÉCUR. INVESTIS. D PEA........ 72 472,29 16/08 CICAMONDE ........................ 40,95 268,61 10/08 ST-HONORÉ VIE SANTÉ....... 397,69 2608,68 14/08 INTEROBLIG C ..................... 55,13 361,63 16/08 e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99.
ÉC. MONÉT.C/10 30/11/98...... 213,87 1402,90 16/08 CONVERTICIC....................... 95,58 626,96 10/08 ST-HONORÉ WORLD LEAD. . 125,19 821,19 14/08 INTERSÉLECTION FR. D ...... 100,49 659,17 16/08
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15

AUJOURD’HUI
LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000

MÉDECINE La Grande-Bretagne vert à la mise en œuvre de re- leurs composants cellulaires, des ce choix historique, nombre de voix b EN FRANCE la question de la légi-
vient de franchir un nouveau pas cherches sur la création par clonage traitements contre des affections s’élèvent aujourd’hui pour protester timité des recherches sur l’embryon
dans le domaine de la biologie. b LE d’embryons humains. b CES MANI- dégénératives jusqu’ici incurables. contre ces techniques « criminelles » humain sera soulevée lors de la pro-
GOUVERNEMENT DE TONY BLAIR a PULATIONS devraient permettre, via b MÊME SI LE PARLEMENT britan- de création par clonage de ces em- chaine relecture des lois sur la bioé-
donné, mercredi 16 août, son feu la mise en culture de certains de nique doit encore se prononcer sur bryons dans un utérus féminin. thique de 1994.

La Grande-Bretagne en passe d’autoriser le clonage humain thérapeutique


Pour la première fois, un gouvernement donne son aval à des techniques expérimentales qui ouvrent de nouveaux espoirs médicaux.
Mais elles imposent de fabriquer des embryons humains destinés non pas à se développer, mais à fournir des greffes de cellules ou d’organes
TROIS ANS ET DEMI après l’an- concrètes pouvant être proposées
nonce écossaise de la création de Les différentes étapes du clonage thérapeutique en routine. Sans méconnaître ni
Dolly par clonage et moins de deux sous-estimer les oppositions
ans après les espoirs que cette tech- Ovocyte énucléé éthiques qui peuvent être formulées
provenant Cellules
nique pourrait offrir à l’espèce hu- du pancréas par ceux qui sont opposés à la créa-
maine, le gouvernement britan- d'une femme tion in vitro d’embryons humains à
nique a pris une décision historique. donneuse des fins thérapeutiques, les experts
Il s’est en effet prononcé, mercredi Production de Cellules sanguines britanniques estiment que l’enca-
16 août, en faveur de la mise en cellules-souches drement réglementaire mis en place
œuvre de recherches scientifiques embryonnaires depuis dix ans et les autorisations
impliquant la création par clonage PATIENT Embryon
PATIENT actuellement en vigueur permettant
d’embryons humains. A la diffé- des recherches sur des embryons de
rence des expériences ayant conduit TRANSFERT moins de 14 jours permettent d’en-
à la création de mammifères clonés, NUCLÉAIRE visager le développement program-
Cellules du
ces embryons humains ne seront muscle cardiaque mé et sous contrôle du clonage thé-
pas destinés à se développer dans rapeutique.
un utérus maternel. Mais ils de- Ils formulent à l’adresse du gou-
Prélèvement
vraient permettre, via la mise en vernement britannique une série de
de cellules par biopsie
culture de certains de leurs compo- Neurones neuf recommandations, spécifiant
sants cellulaires, de fournir de futurs Le clonage thérapeutique consiste à créer un embryon résultant du noyau d'une
Greffes de cellules notamment que les personnes dont
traitements contre des affections cellule somatique prélevée sur la personne malade, puis à utiliser certaines des cellules
immunologiquement les cellules, somatiques ou sexuelles,
dégénératives jusqu’ici incurables. compatibles seront utilisées devront avoir donné
résultant du développement de l'embryon à des fins de greffes tissulaires en fonction Cellules du foie
En Grande-Bretagne, les re- de l'organe ou du tissu pathologique.
avec le patient leur consentement. Ils ajoutent que
cherches préliminaires dans ce do- la création de chimères (à partir
maine avaient été suspendues en d’un noyau de cellule humaine in-
1990 en raison notamment des été également créés à des fins de 1999). Tout donnait alors à penser ficer et conseiller du gouvernement maines ». Et le professeur Donald- jecté dans un ovocyte énucléé d’ori-
questions éthiques soulevées par la recherche. que le premier feu vert officiel serait pour les affaires médicales, de réu- son d’ajouter qu’elles ont un gine animale) « ne devrait pas être
manipulation des cellules sexuelles C’est dans ce contexte que sont rapidement donné en Grande- nir un comité d’experts et de lui re- « grand potentiel pour soulager la autorisée ». Ils estiment enfin que le
et des embryons humains aux apparus les premiers succès du clo- Bretagne. mettre un rapport sur les possibles souffrance et traiter les maladies ». transfert d’un embryon créé par clo-
premiers stades de leur dévelop- nage reproductif, puis les premières Or les autorités gouvernemen- risques et les bénéfices attendus de Les auteurs du rapport, qui nage dans un utérus féminin devrait
pement. perspectives, révolutionnaires, du tales britanniques refusèrent alors cette recherche. Rédigé par un prennent soin de rappeler que le être considéré comme un crime.
Le législateur britannique avait clonage thérapeutique (Le Monde de précipiter le mouvement. « Nous comité de quatorze membres, ce clonage reproductif doit demeurer Le gouvernement Blair parta-
cependant mis en place une struc- du 7 novembre 1998). Dans la plu- pensons que des recherches supplé- rapport de 54 pages, rendu public banni dans l’espèce humaine, dé- geant l’analyse et les conclusions
ture chargée, dans le domaine de part des pays industrialisés, les bio- taillent avec précision les applica- des rapporteurs, la question du feu
l’assistance médicale à la procréa- logistes de la reproduction et les tions thérapeutiques qui pourraient, vert donné au clonage thérapeu-
tion, du contrôle des activités de spécialistes d’embryologie ont alors Les auteurs du rapport prennent soin « à long terme », résulter de ces re- tique en Grande-Bretagne fera donc
thérapeutique et de recherche (la fait du lobbying auprès de leurs au- cherches. « Parmi les exemples qui l’objet d’un projet de loi, soumis au
Human Fertilisation and Embryology torités de tutelle. « Si nous sommes de rappeler que le clonage reproductif doit peuvent être cités figurent, disent-ils, Parlement avant la fin de l’année.
Authority), de donner son accord à capables, grâce à la technique du clo- l’utilisation de cellules sécrétant de Toutefois, compte tenu des ques-
des recherches sur des embryons nage, de développer de nouvelles thé- demeurer banni dans l’espèce humaine l’insuline contre le diabète ; de tions éthiques soulevées par la mise
âgés de moins de 14 jours, qualifiés rapeutiques pour des maladies aussi cellules nerveuses contre les accidents en œuvre de ces techniques, il est
à ce titre de « pré-embryons ». C’est graves que les cancers ou les maladies vasculaires cérébraux ou la maladie d’ores et déjà prévu que les députés
ainsi qu’entre 1991 et 1998 près de neurodégénératives, la recherche sur mentaires sont nécessaires pour mercredi 16 août, prend clairement de Parkinson ; d’hépatocytes contre britanniques ne suivent pas,
48 000 pré-embryons, conçus dans des cellules embryonnaires ainsi étayer le bien-fondé d’une telle tech- position en faveur du lancement des certaines affections hépatiques. » contrairement à l’usage, les
le cadre d’une assistance médicale à créées doit être mise en œuvre », fai- nique », déclarait alors Tessa Jowell, recherches sur le clonage thérapeu- Mais ils précisent que de nombreux consignes de leur parti. Ils devront
la procréation mais ne faisant plus saient valoir, en avril 1999, les res- secrétaire d’Etat britannique. Tony tique. obstacles techniques devront être se prononcer en leur âme et
l’objet d’un projet parental, ont été ponsables de la société européenne Blair décidait ensuite de demander De telles recherches permettront, franchis avant que cette nouvelle conscience.
utilisés par des chercheurs. Durant d’embryologie et de la reproduction au professeur Liam Donaldson, affirme ce texte, « d’améliorer la voie de recherche débouche sur des
la même période, 118 embryons ont humaines (Le Monde du 30 avril quarante-neuf ans, chief medical Of- compréhension des maladies hu- applications thérapeutiques Jean-Yves Nau

Réactions contrastées au Royaume-Uni Les approches différentes


LONDRES
de notre correspondant
« Les opposants ont raison. Derrière la lo-
que de la majorité des quotidiens. En re-
vanche, le parti conservateur, les Eglises, la
presse de droite et les associations de protec-
haute, le premier ministre compte sur les
lords conservateurs éclairés et les prélats libé-
raux. Le public, lui, est partagé : d’après un
de Paris et de Londres
gique étrange et la formulation vague du rap- tion de la famille se sont élevés contre un do- sondage réalisé par la chaîne Sky News, 45 % L’AVAL donné par le gouverne- une question essentielle : quelles se-
port Donaldson, ils distinguent l’émergence cument que l’organisation anti-IVG Life quali- des personnes interrogées sont favorables au ment britannique à de possibles re- ront les conséquences à l’échelon de
d’un nouveau monde lâche dans lequel les inté- fie de « prévisible et arrogant ». clonage contre 55 % qui sont d’un avis cherches impliquant la création l’Union européenne de cet aval de
rêts d’un petit groupe sont protégés. Il n’y a au- contraire. d’embryons humains par clonage principe donné au clonage théra-
cun bénéfice dans le clonage ou le meurtre. » ALLIANCE « MORALE » Tony Blair a fait de la recherche scientifique n’a pu être donné que grâce à la peutique ? Cette question se pose
Sous le titre « Yuk » (« Dégueulasse »), le Le gouvernement a accordé la liberté de l’une de ses priorités. Pour tenter d’arrêter stricte réglementation des activités avec une acuité toute particulière en
grand quotidien conservateur Daily Telegraph vote aux parlementaires sur le sujet comme il l’exode des meilleurs éléments outre-Atlan- des équipes spécialisées dans la bio- France où le gouvernement a pris
donne le ton de la vive polémique provoquée l’avait fait pour l’abolition de la peine de tique, le chancelier de l’Echiquier a récem- logie de la reproduction et l’assis- un retard considérable dans la relec-
en Grande-Bretagne par la perspective du clo- mort, la libéralisation de l’avortement ou la ment injecté des fonds pour que les projets tance médicale à la procréation exis- ture des lois de bioéthique de 1994
nage d’embryons humains. décriminalisation de l’homosexualité. Si le aillent de l’avant. A l’origine du rapport Do- tant dans ce pays. Mise en place dès qui aurait dû être faite en 1999. Les
Dans l’autre camp, le Financial Times, quoti- vote sera une simple formalité à la Chambre naldson se trouve le secrétaire d’Etat lord 1990 la Human Fertilization and Em- dispositions législatives en vigueur
dien des milieux d’affaires, applaudit, en des communes, où les travaillistes détiennent Sainsbury, proche de l’industrie bio éthique. A bryology Authority (HFEA) consti- interdisent, en pratique, toute forme
termes tout aussi forts, le feu vert donné par une large majorité, ce ne sera pas le cas à la ses yeux, la bio-technologie est l’un des rares tue, de l’avis de tous les spécialistes, de recherche sur l’embryon humain.
le gouvernement britannique aux travaux de Chambre des lords, dominée par une alliance secteurs industriels où la Grande-Bretagne est un parfait modèle de contrôle et de Mais on observe depuis quelques
recherche à des fins thérapeutiques : « Une so- « morale » entre conservateurs, représentants en avance sur les Etats-Unis. La réputation du régulation de ce secteur qui, plus années un puissant mouvement en
ciété moderne et laïque ne peut accepter le des Eglises et pairs héréditaires. Ils espèrent biologiste écossais Ian Wilmut, patron de que n’importe quel autre, soulève faveur d’un assouplissement de ces
point de vue extrémiste de certains groupes reli- recréer la coalition qui a fait dérailler le projet l’institut Roslin qui a donné naissance en 1996 de redoutables questions éthiques. dispositions.
gieux ou d’activistes anti-avortement selon les- gouvernemental de suppression de la à la brebis Dolly, premier animal né par clo- Chargée de donner les autorisations
quels un œuf fécondé a les mêmes droits qu’un clause 28 interdisant la promotion de l’homo- nage d’une cellule adulte, n’est plus à faire. En réglementaires aux équipes qui en SOUS CERTAINES CONDITIONS
être humain. » sexualité. A leur tête, on trouve le cardinal autorisant le clonage thérapeutique de cel- font la demande, de vérifier le res- Le texte du projet de loi qui de-
Le rapport Donaldson a reçu l’appui des d’Ecosse, Thomas Winning, président du lules humaines, le gouvernement ouvre égale- pect des différentes normes en vi- vrait être soumis au Parlement fran-
élus travaillistes et libéraux-démocrates (cen- comité de bio éthique de l’archevêché catho- ment des perspectives aux grands groupes gueur et dotée de pouvoirs de sanc- çais prévoit, outre la création de
tristes), du conseil de la recherche médicale, lique et chef de file du courant traditionaliste, pharmaceutiques britanniques comme le tion et de ressources financières qui l’équivalent d’une HFEA, d’autoriser
de la fondation de cardiologie, des organisa- pour qui le clonage thérapeutique est syno- numéro un mondial, Glaxo SmithKline. lui sont propres, la HFEA fonc- sous certaines conditions des re-
tions caritatives de lutte contre la maladie de nyme de « destruction de la vie humaine ». tionne de manière autonome et cherches sur l’embryon. Ces der-
Parkinson, des institutions universitaires, ainsi Pour vaincre la résistance de la Chambre Marc Roche fournit au gouvernement britan- nières ne devraient toutefois être
nique l’assurance que les activités possibles, sous certaines conditions,
développées dans les centres auto- que sur des embryons congelés

Les réactions en France risés correspondent aux règles sani-


taires et aux principes éthiques en
vigueur. En France, la relecture des
créés ces dernières années par fé-
condation in vitro, mais qui ne font
plus actuellement l’objet d’un projet
b Professeur Didier Sicard, entraîne une confusion dans la so- pense qu’il est normal de se longtemps, précédée par la re- lois de bioéthique de 1994, qui n’in- parental et qui, à ce titre, devraient
chef de service de médecine in- ciété en détournant l’embryon de comporter avec les embryons commandation du Comité de bioé- terviendra pas au mieux avant le être détruits. Si elles devaient être
terne à l’hôpital Cochin, pré- sa fonction. Il ne me paraît pas comme avec l’homme à toutes les thique de Nuffield. Même si la loi premier semestre de 2001, devrait autorisées, ces recherches ne per-
sident du Comité national choquant que les embryons surnu- étapes de sa vie et donc d’effectuer anglaise interdisait la recherche conduire la création d’une structure mettraient nullement aux biolo-
consultatif d’éthique : « Créer des méraires créés par fécondation in des recherches sur sa biologie. sur l’embryon dans d’autres buts du même type. gistes français de s’engager, comme
embryons humains pour la re- vitro, congelés et ne participant Mais utiliser l’embryon pour un que celui d’améliorer la fertilité, Outre l’existence de la HFEA, l’in- leurs homologues britanniques,
cherche ou à visée thérapeutique plus à un projet parental servent, projet thérapeutique comporte des elle était, depuis quelques années, vention du concept spécifiquement dans l’aventure du clonage théra-
suppose de détourner les cellules avec le consentement des géni- questions spécifiques liées en par- tolérée dans certains laboratoires britannique et quelque peu hypo- peutique. Rien n’indique que le gou-
reproductrices humaines de leurs teurs, à la recherche sur le déve- tie au type de cellules que l’on uti- ayant d’autres visées. Dans les crite de « préembryon » – permet- vernement Jospin osera prendre
finalités reproductives, et tout par- loppement embryonnaire. En re- lise et comment on se les ait pro- autres pays européens, on n’envi- tant de ne pas considérer comme un une initiative similaire à celle du
ticulièrement les ovocytes, cellules vanche, j’ai la crainte que les curées. Il faut d’abord que la sage pas encore le clonage, théra- embryon... un embryon âgé de gouvernement Blair. La prochaine
reproductrices des femmes. L’em- femmes ne paient très cher le dé- société soit d’accord, ainsi que les peutique ou reproductif. Mais, si moins de quatorze jours – avait per- étape de ce dossier est fixée au
bryon aussi est détourné de sa fi- veloppement des recherches et le géniteurs, et que l’on ait de très les recherches effectuées chez les mis le développement, en toute lé- 15 novembre, date à laquelle le
nalité : son existence est mise en clonage thérapeutique, que le re- bonnes raisons cliniques, scienti- a n i m a u x o u , a i l l e u r s , ch e z galité, de recherches. Elles sont en comité d’éthique de l’Union euro-
route, puis interrompue. Enfin, on cueil d’ovocytes ne soit l’objet de fiques et sociales pour mener ces l’homme sont couronnées de suc- revanche aujourd’hui prohibées péenne présidé par Noëlle Lenoir
violences et de commercialisation recherches. Un point qui me paraît cès, les législateurs seront face à dans la quasi-totalité des pays euro- rendra public son avis sur les multi-
de leur corps. » essentiel est d’empêcher que ces une tension éthique entre l’idée péens ainsi qu’aux Etats-Unis, sauf ples questions morales et écono-
b Professeur Pierre Jouan- recherches et ces traitements, une qu’ils se font de l’embryon et les lorsqu’elles ne sont pas financées miques que soulève ce qui pourrait
net, responsable du service de fois leur principe accepté, se progrès thérapeutiques promis. Il par des fonds publics. Dans l’attente constituer dans les prochaines
biologie du développement à fassent dans le secteur lucratif. » sera important d’avoir un vrai dé- des résultats du vote au Parlement décennies une véritable révolution
l’hôpital Cochin et du Centre b Professeur Axel Kahn, gé- bat démocratique et de ne pas nier britannique, le contenu du rapport médicale.
d’étude et de conservation des néticien à l’Inserm : « La décision les difficultés de tous ordres aux- du professeur Liam Donaldson et la
œufs et du sperme humains : « Je anglaise était attendue depuis quels on sera confronté. » décision de Tony Blair soulèvent J.-Y. N.
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16 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 AUJOURD’HUI-SCIENCES

Les cellules souches, Des thérapies prometteuses


futur eldorado de la biologie pour les maladies
Une nouvelle source de matériaux thérapeutiques issus d’embryons humains
En 1998, des chercheurs américains ont ouvert les lules souches embryonnaires et des cellules pourraient permettre notamment de régénérer le
neurodégénératives
portes de la thérapie cellulaire en annoncant souches germinales humaines. Du fait de leur ca- muscle cardiaque et de traiter le diabète, les hé-
qu’ils avaient réussi à isoler et à cultiver des cel- pacité à se différencier et à se spécialiser, celles-ci patites et certaines maladies neurodégénératives. Un moyen de pallier le manque de dons d’organes
POUR de nombreux biologistes, vitro en 1998. Les cellules EG, métaboliques ; des cellules de la de l’embryon, apprendre à maîtri- BEAUCOUP DE MALADIES lules hépatiques pour repeupler
l’un des domaines les plus promet- quant à elles, sont isolées, chez peau pour traiter les grands brû- ser la reprogrammation du noyau humaines sont liées à la dégéné- le foie et remplacer les cellules
teurs de la thérapeutique de de- l’embryon, des cellules destinées à lés. » d’une cellule adulte en cellule toti- rescence cellulaire et à la destruc- défectueuses. Cela serait extrê-
main réside dans le recours à la se développer en ovaires ou testi- Il s’agit à ce stade de projets, potente et pouvoir alors se passer tion de tissus que l’on n’a au- mement utile dans de nom-
thérapie cellulaire, ou médecine cules, et ont été cultivées pour la menés en particulier en collabora- du passage par un ovocyte. jourd’hui aucun moyen de breuses maladies métaboliques,
régénérative, résultant de l’utilisa- première fois par John Gearhart tion avec Celera Genomics, la so- Le débat éthique suscité par réparer. La solution la plus cou- et dans les hépatites.
tion de cellules souche. L’efferves- (université John-Hopkins, Balti- ciété de biotechnologies qui est en l’utilisation de l’embryon humain ramment utilisée est alors la b Maladies neurodégénéra-
cence dans ce domaine date de more). Il n’est pas sans intérêt de voie de terminer le séquençage du à des fins de recherche et de théra- transplantation d’organes, mais tives : c’est le domaine pour le-
novembre 1998, quand des cher- savoir que les deux laboratoires de génome humain. « Il faudra encore peutique est très animé dans tous malheureusement le nombre de quel le potentiel thérapeutique
cheurs américains annoncèrent James Thomson et de John Gear- des années de recherches pour les pays. En juin, Claire Bonnat, personnes nécessitant ces traite- des cellules souches est souvent
qu’ils avaient réussi à isoler et à hart sont financés par la société de connaître les gènes et leur fonction. auditeur au Conseil d’Etat, qui a ments dépasse de loin le nombre considéré comme le plus élevé.
cultiver des cellules souches em- biologie Geron Corp., de Menlo C’est alors que nous pourrons breve- rédigé le texte du Conseil d’Etat des donneurs d’organes. C’est Car de très nombreuses maladies
bryonnaires (ES) et des cellules Park, en Californie. ter nos savoir-faire et nous lancer à « Les lois de bioéthique : cinq ans pourquoi la possibilité de déve- neurologiques sont le résultat de
souches germinales (EG) hu- fond dans la biologie des cellules après », a déclaré lors d’un col- lopper des tissus de remplace- la perte de cellules nerveuses
maines. souches, ce qui nous permettra de loque tenu à Veyrier-du-Lac ment éveille un intérêt considé- dont l’immense majorité ne peut
Ces cellules et leurs descen- En ne définissant les cultiver et de les transformer à (Haute-Savoie) : « Les perspectives rable. pas se diviser.
dantes, qui pourraient être utili- façon », ajoute Thomas Okarma. thérapeutiques ouvertes par les cel- b Muscle cardiaque : la trans- Dans la maladie de Parkinson,
sées à des fins thérapeutiques, ont ni la personne Les développements thérapeu- lules souches justifient, de l’avis ma- plantation de cellules mus- les cellules qui meurent sont
toutes en commun diverses carac- tiques les plus intéressants sont at- joritaire, la remise en cause de l’in- culaires cardiaques pourrait aider celles qui fabriquent la dopa-
téristiques, parmi lesquelles la ca- ni l’embryon, tendus des cellules ES dérivées terdiction de mener des recherches considérablement les malades mine, un neurotransmetteur es-
pacité de se diviser à l’infini en res- d’embryons créés par clonage, sur l’embryon qui a été inscrite dans dont le cœur n’a plus la capacité sentiel au fonctionnement de
tant identiques ainsi que celle de le législateur avait, c’est-à-dire après avoir remplacé la loi en 1994. » de pomper le sang de manière ef- plusieurs zones du cerveau. Ac-
pouvoir se différencier en diffé- le noyau d’un ovocyte par le En ne définissant ni la personne ficace. On espère pouvoir déve- tuellement déjà, certains traite-
rentes cellules ou tissus, selon les en 1994, ouvert noyau d’une cellule adulte. Cette ni l’embryon, le législateur avait, lopper des cellules musculaires ments font appel à l’injection in-
conditions et les facteurs de crois- méthode permettrait, après prélè- en 1994, ouvert la voie à la contro- cardiaques à partir de cellules tracérébrale de neurones
sance ajoutés au milieu de culture. la voie vement des cellules de la masse in- verse. Et on peut lire dans le texte souches pluripotentes et les fabriquant la dopamine, prélevés
Les cellules embryonnaires ne sont terne du blastocyste de cet em- du Conseil d’Etat de 1999 : « C’est transplanter chez les malades en sur des fœtus recueillis lors d’in-
certes pas les seules à répondre à la controverse bryon cloné, de créer des un nouveau point d’équilibre que insuffisance cardiaque chro- terruptions volontaires de gros-
aux critères de cellules souches. Il lignées ES totalement compatibles devra trouver la loi entre le respect nique. Des travaux préliminaires sesse.
existe, en effet, dans les tissus au point de vue immunologique du commencement de la vie [...] et chez la souris ont montré que des Les chercheurs fondent aussi
adultes, des cellules très primitives « Nous avons six lignées de cel- avec le donneur de noyau et donc le droit des personnes atteintes de cellules cardiaques saines trans- beaucoup d’espoir sur la thérapie
qui permettraient aussi le renou- lules ES humaines depuis mars de fabriquer des tissus sur mesure. maladies très graves à ce que la re- plantées repeuplent le tissu car- cellulaire pour soigner la maladie
vellement des cellules de la plupart 1999, affirme Thomas Okarma, La naissance de Dolly à l’institut cherche médicale progresse de ma- diaque. d’Alzheimer, une démence due à
des organes. président de la compagnie Geron. Roslin, à Edimbourg, a suscité de nière déterminante pour leur venir b Diabète de type I : la pro- la mort des cellules qui fa-
Les cellules souches qui excitent Nous recherchons actuellement des grandes manœuvres industrielles. en aide. » duction d’insuline par les cellules briquent un autre neurotrans-
le plus l’imagination et l’intérêt gènes de différenciation précoce, de Cet institut a formé une structure La longue histoire du débat sur spécialisées réunies dans les îlots metteur, l’acétylcholine.
des chercheurs – mais aussi ceux manière à pouvoir fabriquer des commerciale, Roslin Bio-Med, qui l’embryon montre qu’aucune de Langerhans est abolie dans le De même, on peut espérer trai-
des entreprises – sont sans aucun cellules différenciées : des neurones a l’exclusivité de la technique de théorie n’est aujourd’hui suffisam- diabète de type I. La transplanta- ter par des cellules nerveuses
doute les cellules ES. Ces dernières qui pourraient être transplantés transfert nucléaire (grâce à la- ment convaincante pour procurer tion d’îlots isolés est capable de spécialisées la sclérose latérale
sont dérivées de la masse cellulaire pour traiter les maladies neurodé- quelle Dolly est née). Elle a été ra- un fondement solide, universelle- guérir la maladie. Les faire déri- amyotrophique, une maladie dé-
interne de l’embryon de quelques génératives comme les maladies de chetée par Geron, qui va investir ment acceptable, sur le statut de ver de cellules souches permet- générative des neurones moteurs
jours (appelé blastocyste). Le pre- Parkinson, de Huntington ou d’Alz- 12,5 millions de livres (19 millions l’embryon. La curiosité scienti- trait d’en disposer en quantité qui donnent leurs ordres aux
mier à avoir déclaré cultiver des heimer ; des cellules musculaires d’euros) au cours des six pro- fique, l’espoir thérapeutique, les suffisante pour la transplanta- muscles. Et, par les cellules spé-
cellules ES humaines est l’Améri- cardiaques qui, injectées dans la chaines années (Le Monde du retombées financières attendues tion. cialisées dans la protection des
cain James Thomson (université paroi des ventricules, permettraient 31 mai 1999). sont en train de faire tomber les b Hépatites : la différentiation fibres nerveuses, traiter la sclé-
du Wisconsin), qui a utilisé un em- de restaurer la masse musculaire ; Les chercheurs vont plus loin : barrières. de cellules souches en cellules rose en plaques.
bryon surnuméraire créé pour la des cellules du foie, pour traiter les ils espèrent, grâce à l’étude des hépatiques permettrait de culti-
reproduction par fécondation in destructions hépatiques virales ou premiers stades de développement Elisabeth Bursaux ver un nombre suffisant de cel- E. Bx
LeMonde Job: WMQ1808--0017-0 WAS LMQ1808-17 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 10:40 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0404 Lcp:700 CMYK

AUJOURD’HUI-SCIENCES LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 17

Des bovins
A l’image de Dolly, six porcelets ont été créés par clonage aux humains,
L’utilisation de ces animaux pour produire des greffons humanisés, pouvant être utilisés à des fins médicales,
soulève de nouvelles inquiétudes du fait de possibles infections virales vingt ans
Le feu vert donné par le gouvernement bri-
tannique à l’utilisation des techniques du
clonage thérapeutique chez l’homme coïn-
et Science. Les travaux présentés dé-
montrent qu’il est aujourd’hui possible de
créer, par clonage, des porcs dont les tissus
tics, à l’origine, il y a quelques années, de la
création de la brebis Dolly, a créé cinq porce-
lets, et une équipe américano-japonaise un
ces recherches en apportant la preuve que
certains virus présents chez ces porcs pour-
raient présenter un risque infectieux pour
d’expérimentation
cide avec une série de publications scienti-
fiques dans les revues internationales Nature
et organes pourraient être ensuite utilisés à
des fins médicales. La société PPL Therapeu-
sixième. Une autre équipe américaine vient
cependant de doucher les espoirs mis dans
l’homme, risque que plusieurs équipes ne
sont pas prêtes à prendre. sur les cellules
UN GROUPE de chercheurs tra- nage avait immédiatement téines humaines qui pourront être vées en laboratoire avec des virus Au début de l’année, on estimait b Début des années 80 : pre-
vaillant pour la société de biotech- conduit à une hausse de 56 % de utilisées à des fins thérapeutiques. présents chez tous les porcs (por- chez PPL Therapeutics que les miers succès obtenus, notamment
nologies PPL Therapeutics a an- l’action PPL Therapeutics à la L’inquiétude, concernant les xé- cine endogenous retroviruses ou premiers essais cliniques chez par des chercheurs français de
noncé dans le dernier numéro de Bourse de Londres, le marché des notransplantations, résidait jus- PERV). Ils démontrent aussi que l’homme n’interviendraient pas l’Institut national de la recherche
l’hebdomadaire britannique Na- transplantations d’organes ani- qu’à présent dans le risque théo- ces mêmes virus peuvent contami- avant quatre ans, au plus tôt. Mais agronomique (INRA), de clonage
ture (daté du 17 août) avoir réussi maux étant alors estimé à 6 mil- rique d’infection des receveurs ner des souris greffées avec des il y a quelques jours les chercheurs de bovins et d’ovins. Il s’agissait
à créer cinq porcs à partir du clo- liards de dollars (Le Monde du d’organes par des rétrovirus, tissus pancréatiques de porcs. de l’Institut Roslin d’Edimbourg, alors de créer des mammifères gé-
nage de noyaux de cellules préle- 16 mars). connus ou non, présents dans le « Ce travail vient clairement confir- structure de recherche étroite- nétiquement identiques à partir
vées sur des animaux adultes. Contrairement aux chercheurs patrimoine génétique des porcs. mer ce que l’on pouvait redouter en ment associée à cette société, an- de la section – réalisée mécani-
Cette publication coïncide avec de PPL, l’équipe américano-japo- Ce risque avait conduit récem- termes de risque infectieux », ex- nonçaient qu’ils allaient mettre un quement – d’embryons aux pre-
l’annonce faite dans les colonnes naise dirigée par Akira Onishi ment le Conseil de l’Europe à ré- plique Jean-Paul Renard, spécia- terme à leurs recherches sur le miers stades de leur développe-
de son concurrent américain (Institut national japonais de l’in- clamer un moratoire sur les xéno- liste des questions relatives au clo- clonage de porcs transgéniques ment.
Science (daté du 18 août) de la dustrie animale) et Anthony C. F. greffes (Le Monde du 22 janvier nage à l’Institut national de destinés aux xénotransplanta- b 1996 : premières réussites de
création – par une équipe de cher- Perry (laboratoire de biologie du tions. « Nous sommes en train de création d’ovins par transfert d’un
cheurs japonais et américains – développement, université Rocke- réduire notre travail sur les porcs, a noyau prélevé sur une cellule fœ-
d’une truie à partir du clonage feller, New York) annonce, plus Le passé encombrant d’Alexis Carrel déclaré le professeur Ian Wilmut, tale.
d’un noyau de cellules fœtales. modestement, la création d’un responsable de l’équipe. Ce n’est b Février 1997 : Dolly est le pre-
On imaginait jusqu’à présent porcelet femelle (baptisé Xena, en A l’annonce des noms de baptême des cinq porcelets clonés par pas encore fini, mais c’est pour mier mammifère créé à partir du
que le clonage de porcs permet- référence aux xénotransplanta- PPL Therapeutics, les chercheurs français étaient restés stupéfaits. bientôt. » clonage du noyau d’une cellule
trait d’ouvrir de nouvelles pers- tions). Pour obtenir Xena, les Millie, Christa, Dotcom et Alexis, pourquoi pas. Mais Carrel ? Com- prélevée au préalable sur une bre-
pectives dans la production d’or- chercheurs ont injecté le matériel ment pouvait-on honorer la mémoire d’Alexis Carrel (1873-1944), INTERROGATIONS SANITAIRES bis adulte.
ganes prélevés sur animaux génétique de cent dix cellules pré- certes chirurgien et physiologiste de grand talent, mais aussi ardent Le professeur Wilmut a expliqué b Juillet : les créateurs de Dolly
« humanisés » et destinés à être levées dans un fibroblaste fœtal. défenseur des théories eugénistes de son époque ? que la société californienne Geron annoncent l’existence de Polly,
greffés sur l’homme (xénotrans- Ces cent dix noyaux ont été injec- Les chercheurs de PPL Therapeutics ont expliqué qu’ils ne Bio-Med, qui détient les droits ex- première brebis clonée porteuse,
plantations). Or rien dans ce do- tés dans autant d’ovocytes aupa- connaissaient pas le passé sulfureux du lauréat du prix Nobel de clusifs sur les biotechnologies au sein de son génome, d’un gène
maine n’est véritablement acquis. ravant énucléés et les « œufs » médecine 1912. La publication de Nature ne fait d’ailleurs au- mises au point au Roslin Institute, humain.
Une équipe américaine révèle, ainsi obtenus, stimulés par voie jourd’hui référence ni à Alexis ni à Carrel. Et le travail des cher- avait décidé de cesser de financer b Janvier 1998 : création aux
dans les colonnes de Nature, que électrique, se sont développés en cheurs de PPL Therapeutics – dirigés par Keith Campbell – rapporté ces recherches de peur de voir ap- Etats-Unis des deux veaux George
des tissus prélevés sur des porcs et embryons ensuite injectés à par Nature détaille les différents procédés techniques mis en œuvre, paraître des infections virales nou- et Charlie, là encore après clo-
destinés à être greffés pouvaient quatre truies « porteuses ». Un qui ne sont sur le fond guère différents de ceux qui ont permis de- velles et, à ce titre, incontrôlables. nage, mais selon une méthode dif-
être à l’origine d’infections virales seul porcelet a été obtenu. puis trois ans la création, par clonage de cellules adultes, de mou- Coïncidence ou non, ces nou- férente, le transfert du noyau
potentiellement dangereuses pour La prochaine étape visera à mo- tons, de bovins, de souris et de chèvres. velles interrogations sanitaires et étant réalisé à partir de cellules
les receveurs des greffons. difier le patrimoine génétique in- le désengagement de cette firme embryonnaires en culture. An-
jecté afin de créer des porcins plus ont précédé de quelques heures les nonce de la création au Japon de
ACTION EN HAUSSE ou moins « humanisés » dont les 1999), le Comité national recherche agronomique de Jouy- premières indiscrétions sur la déci- huit veaux à partir de quelques
A l’origine de la création de Dol- organes (cœur, foie ou reins) d’éthique français jugeant pour sa en-Josas (Yvelines). « Il ne remet sion britannique en faveur du clo- cellules prélevées sur une seule
ly, la société PPL Therapeutics pourraient être greffés sur part prématurées de telles expéri- pas en question le principe même nage thérapeutique. S’il devait se vache, puis en 1999, annonce de la
avait, pour d’évidentes raisons l’homme sans déclencher les réac- mentations. des xénogreffes mais vient compli- développer comme on peut l’espé- création de chèvres.
économiques, annoncé il y a plu- tions immunitaires qui ont jus- Une équipe américaine dirigée quer les recherches qui seront né- rer et fournir des tissus – et des or- b Novembre : démonstration
sieurs mois la création par clonage qu’ici interdit le développement par Daniel R. Salomon (Institut cessaires avant de pouvoir avoir re- ganes – immunologiquement est faite qu’il est possible de
de ces cinq porcelets femelles de la pratique des xénotransplan- Scripps, La Jolla, Californie) cours à cette technique compatibles parce que issus du mettre en culture certaines cel-
baptisés Millie, Christa, Dotcom, tations. Cet objectif semblait jus- confirme aujourd’hui de manière thérapeutique. Sans doute faudra- « double génétique » du malade, lules embryonnaires humaines
Alexis et... Carrel (lire ci-contre). qu’ici d’autant plus réalisable que expérimentale dans les colonnes t-il parvenir, comme certains le ce clonage pourrait rendre ca- (cellules « totipotentes » ou cel-
Les cinq animaux étaient nés le PPL Therapeutics maîtrise déjà la de Nature (daté du 17 août) que ce pensent, à éliminer dans le patri- duques les perspectives encore lules « souches ») capables de se
5 mars à Blacksburg (Virginie, technique du clonage des animaux risque existe bel et bien. Les cher- moine génétique des porcs les sé- embryonnaires de la xénotrans- différencier et de donner nais-
Etats-Unis), où la société installée transgéniques et possède notam- cheurs démontrent notamment quences virales qui représenteraient plantation. sance aux différentes cellules et
à proximité d’Edimbourg possède ment des brebis dans le lait des- qu’il est possible d’infecter des li- un risque infectieux pour tissus qui composent l’organisme
une filiale. L’annonce de ce clo- quelles on trouve diverses pro- gnées de cellules humaines culti- l’homme. » Jean-Yves Nau humain.
LeMonde Job: WMQ1808--0018-0 WAS LMQ1808-18 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 10:12 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 11Fap:100 No:0405 Lcp:700 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 A U J O U R D ’ H U I - TA U R O M A C H I E

Le cas José Tomás sidère Bayonne, Béziers,


Dax, Saint-Sébastien et autres lieux
Antithèse du « macho » dominateur, il torée avec la plus grande douceur.
Ou il triomphe ainsi ou il finit à l’hôpital.
A défaut du mot juste, on le dit « extraterrestre »
ON DIT de lui que José Tomás nom, avec pour parrain un Henri toro en toro, avec un respect égal.
est un « extraterrestre ». C’est ce Ponce malheureux à la cape, mal- Il ne supporte ni la médiocrité, ni
que l’on dit aujourd’hui des tore- heureux à la muleta, malheureux l’hystérie, ni la fanfaronnade. Ou
ros (El Juli), des musiciens (Now- à l’épée (ce qui fait beaucoup), la il triomphe ou il finit à l’infirme-
fel), des jeunes prodiges (syn- planète ralentit sa course que rie, attendant d’être sûr de
drome Mozart), quand on ne sait temple son poignet de velours. l’oreille (bien sûr, cela paraît idiot)
plus quoi dire. S’agissant de José pour tomber dans les pommes.
Tomás, né à Galapagar le 20 août UNE SYNTAXE COULÉE Son second « Juan Pedro Do-
1975, non seulement c’est d’une Son premier toro est d’une rare mecq », de belle promesse, de

FRANÇOIS BOT
rare vulgarité, mais c’est inexact : noblesse, c’est un fait, mais celui belle allure, toro d’estampe, il
jamais terrien aura été plus ter- de Ponce tout autant, et ceux de l’entraîne au centre de véroniques
restre que lui. Son corps ado- Castella. Lequel, visiblement ému en véroniques, aussi lentes, po-
lescent glissant avec une suavité de la cérémonie qui le fait mata- sées, exactes, qu’un rêve. L’animal
géomètre tous les après-midi où il dor de toros, s’en tire avec digni- s’abîme accidentellement la pos-
a, deux fois quinze minutes, ren- té, autorité et élégance (une térieure gauche, il le voit le pre- Le 12 août, à Béziers. José Tomás conduit la tête du fauve d’imperceptibles toques
dez-vous sur le sable avec un to- oreille et une oreille). mier. Arrête tout. Le célèbre à mi- du poignet, va où il veut comme on marche, ralentit la lenteur et esquisse un sourire.
ro. Tomás conduit la tête du fauve hauteur sans le toréer. Abrège ses
José Tomás est un cas. Il s’ha- d’imperceptibles toques du poi- souffrances comme on rend un gardez une carte : c’est la porte à font les toreros de légende. José Liria, l’ancien, le respectable, Ruiz
hommage. côté. Le 14 à Saint-Sébastien (une Tomás est déjà à signaler parmi Miguel reprend pour un soir
Un public bien peu savant siffle oreille et une oreille), le 15 à ceux que répertorient les excel- l’épée. Il a dans sa carrière affron-
L’alternative de Sébastien Castella grossièrement la dépouille. José Bayonne : grand lot de Martín Eli- lents Cazanova et Dupuy (Cent té 158 « Victorinos ». C’est
Tomás refuse sans ostentation de zondo, gros lot pour le Prince de toreros de légende, Editions de la unique. Il veut aller à 160 : cela
Samedi 12 août, Sébastien Castella, natif de Béziers, habité par les sortir saluer bien qu’on le ré- Madrid ; le 17 à Dax (avis à la po- Renaissance). doit paraître idiot. Il tient à ce que
toros et novillero accompli, a reçu l’alternative des mains de En- clame. Son intelligence du toreo pulation), etc. Des fidèles se sont Et le 20 août, un dimanche où ce soit à Saint-Sébastien. On peut
rique Ponce (parrain) en présence de José Tomás (témoin). A dix- va jusque-là, dans le détail et dans mis à le suivre, de place en place, Pierre Bourdieu et José Bové to- comprendre. C’est dans cette
neuf ans, Castella est le trente-septième torero français à recevoir l’esprit. Celle du public de Béziers, pour la stupeur et pour la grâce : réent à Uzeste des exemplaires de place en effet que l’un des « Vic-
l’alternative : le parrain confie au novice ses propres instruments et il est vrai, est mal préparée : Florence Delay, Alain Corneau, la célèbre ganadería Lubat ? Le 20, torinos » l’a coupé en rondelles.
son premier toro. La date fait foi pour la carrière du nouveau pro- quatre hideux poteaux d’éclairage Bouzigues. on irait sur une civière, avec des Car les toreros les plus brillants,
mu, qui devra confirmer à Madrid. défigurent le rond. Passe encore : attelles, ou même à bicyclette à les plus inspirés, les plus valeu-
On ne s’achète pas une alternative : elle résulte du consentement peut-être y joue-t-on au foot, la C’EST UNIQUE Saint-Sébastien. Pourquoi ? Pas reux, ne sont strictement rien
du milieu (le mundillo). Rafael Cañada a pris la sienne à Bayonne nuit. Quatre autos connues pour Passe encore de sortir sept fois parce que les arènes sont moches, dans des toros de respect.
vendredi 21 juillet ; Juan Bautista, en septembre 1999 à Arles. verser dans les virages trônent par la Grande Porte de Barcelone ce qui peut être un bon motif ; pas
Luisito, qui fut sacré matador à Bayonne en 1997, a très peu toréé dans la « ruedo » avant l’alterna- où il a ramené une afición bien parce que les tapas sont les meil- Francis Marmande
depuis. Il s’entraîne tous les jours, comme s’il devait sortir à Bilbao tive de Castella et la magie de anémique. La queue coupée à leures du monde : non, parce que
le lendemain. Ce qui demande un moral et une confiance d’acier. Di- Don José : elles font un petit tour Pampelune, lors des dernières sortent six « Victorino Martín » 夝 Renseignements. Bayonne :
manche 6 août, il n’a pas démérité à Bayonne, qui lui a donné sa promotionnel, et, miracle, ne cha- « Sanfermines » (7 au 14 juillet du « Sorcier de Galapagar », et 05-59-46-61-00 ; Dax : 05-58-
chance, mais le deuxième, Cebada Gago, l’a sévèrement châtié. virent pas. 2000), est un de ces trophées qui qu’aux côtés de Padilla et de Pepín 90-90-90.
Donc, on excusera aveuglément
des comportements plus étranges
bille de couleur pâle. Son visage,
que l’on connaît chez Vélasquez,
chez Goya, chez Otto Dix (les
gnet, va où il veut comme on
marche, ralentit la lenteur et es-
quisse un sourire. Après quoi, à la
que les « naturelles » de l’inspiré
de Galapagar : comme la noria de
sonneries de portables pendant
Echelles, box-office et cornes
lèvres), est plutôt celui d’un Julien fin de chaque phrase d’une syn- toute la course, des applaudisse- ENTRE une solide corrida de Cebada Gago, le est – comme toujours – entre les mains (si l’on
Sorel qui lirait en latin, cependant taxe coulée, après chaque sé- ments farfelus (les six fois où les 6 août, une impressionnante novillada de Pepe peut se permettre) des toros. A condition qu’au-
que Victorin Martín, le « Sorcier quence qu’il signe d’un détail pré- trois toreros demandent régle- Chafik (Mexique), le 4, et une très convenable cun des deux toreros, à cette date, ne soit à
de Galapagar » – ils sont du même cieux, il s’éloigne à pas songeurs mentairement l’autorisation de corrida de Martinez Elizondo le 15 août – on parle l’infirmerie...
bled à côté de Madrid –, l’appelle- en regardant le sable. Toujours tuer à la présidence), et les juge- de la présentation, du poids, du comportement et Donc, qui aller voir ? Peu importe. L’escalafón
rait pour soigner les chevaux. dans la plus grande douceur. ments idiots. Ce n’est jamais des cornes –, Bayonne, qui tient à sa réputation (échelle des valeurs fondée sur le nombre de cor-
Il y a les autres, tous les autres, Il est l’antithèse du « macho », l’ignorance du public qui sur- et a un devoir d’exigence, a vu débarquer, le di- ridas effectuées, les trophées et l’âge de l’algua-
et il y a José Tomás. Quand José du dominateur viril, du crétin prend, c’est ce besoin bizarre de la manche 13 août, un lot discutable. Changements zil, mais pas sur l’importance des places) désigne
Tomás torée comme il torée à Bé- « couillu » : chaque passe est l’ou- rendre publique. de dernière minute à l’insu des organisateurs, des noms : El Juli, valeureux mais ; Ponce qui
ziers, le 12 août 2000, samedi de bli de son corps. « Quand je pars José Tomás poursuit sa lente « arrangement » de quelques cornes, hétérogé- vient d’effectuer son onze millième derechazo
luxe pour l’alternative du petit toréer, je laisse mon corps à l’hô- danse de vie le lendemain 13 août néité loufoque des poids et des comportements, profilé (avant de se coucher, on regarde sous le lit
Castella, Sébastien de son pré- tel » : il va de corne en corne, de au Puerto de Santa María — re- grand jeu ! A l’affiche, il y avait Enrique Ponce, le si Ponce n’est pas en train de tirer aux moutons
« numero uno », dont les toros (tirés au sort, bien des passes de la main droite) ; Joselito (qui ne sait
entendu) furent les plus remarqués, plus les plus où il est) ; El Cordobes (le fils) ; Rivera Ordo-
excellents Morante de la Puebla et Juan Bautista, ñez (le fils ou le petit-fils) ; Liria (belluaire hur-
qui n’en purent mais. leur) ; Morante (l’espoir) ; Caballero (le préféré,
Résultat : protestation orageuse du public – le mais) ; Espartaco (par respect), etc.
plus sérieux en France, actuellement – et colère
historique du maire de la ville, Jean Grenet. Les AIMER LES TOROS, OUI, JUSQU’À L’ABSURDE
Elizondo du 15 ont heureusement atténué l’amer- Le prétendu conflit « toristas » (amateurs du
tume, et les « Victorino Martín » du 3 septembre toro) contre « toreristas » (du torero) est idiot :
(Feria de l’Atlantique) ne peuvent que l’effacer pas de toro, de vrai toro, pas de torero. C’est
(avis à la population). tout. Voir, hors escalafón, hors engouement de
L’ennui, c’est que ces tracas sont proportion- midinette, Richard Milian couper deux oreilles
nés au degré de célébrité de l’affiche (le « cartel » aux Miuras de Béziers (14 ans) ; Meca, Padilla et
des trois toreros engagés). Ponce traverse une Ferrera affronter les Palhas de Tyrosse (le 23 juil-
sale période. Les « poncistes » lui sont d’autant let) ; Luisito se mettre devant des Cebada Gago
fidèles : c’est tout à leur honneur. On les oppose (Bayonne, le 6 août) ; c’est toute une histoire.
aux « tomistes », tenants de José Tomás, dont Très sérieuse.
l’apoderado (agent du torero) refuse les directs à Pourquoi ? Parce qu’on n’« aime » pas la corri-
la télévision par souci de l’image, de l’argent et da. Ce n’est pas une histoire d’amour. On aime la
de cette bizzarerie intélévisable qu’est la corrida. politique, la littérature, l’amour, le vin, la mu-
Cette opposition n’a pas grand sens. N’em- sique des Noirs américains, Monteverdi et Goya,
pêche qu’elle donne du grain à moudre. Le « ma- mais on n’aime pas la corrida. En revanche, on
no a mano » qui opposera Henri Ponce à José aime les toros, oui, jusqu’à l’absurde.
Tomás dans les coquettes arènes de Dax (10 sep-
tembre) est donc prometteur. Ou pas. Le résultat F. M.
LeMonde Job: WMQ1808--0019-0 WAS LMQ1808-19 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 09:10 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0406 Lcp:700 CMYK

AUJOURD’HUI - MODES DE VIE LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 19

LE FLIRT. 4

Danse et musique,
éternels outils du flirt
Au bon vieux rock et aux slows des surboums d’antan succède
le rap revendicatif des cités, qui ne se prête guère au marivaudage.
Techno et rave parties y sont, curieusement, plus propices...
RIEN n’est plus indispensable nonyme de relation sexuelle. « Je traduisent pas une image dévalori-
au jeu amoureux que la danse et la ferais des folies /Pour arriver dans sée de la femme, et que des
musique. Brillants auxiliaires du ton lit, /Pour un flirt avec toi », groupes de filles ont réussi à s’im-
flirt, elles reflètent l’état du rap- chante Michel Delpech (lire ci-des- poser au sein de l’univers, pour-
port entre les genres à un moment sous). La vague disco le confirme : tant très masculin, de la danse hip-
donné, en particulier lorsqu’elles on ne danse plus en couple mais hop.
s’adressent essentiellement à la en grappe, ou tout seul dans son Infiniment moins sexiste que
jeunesse. « Les tensions entre les coin. son homologue américain, le rap
sexes sont inscrites dans les courants A la fin de la décennie 70, les cli- français est parcouru de courants
musicaux, qui en sont, en quelque vages entre les sexes à l’adoles- et de personnalités contraires, de
sorte, l’expression visible », analyse cence, qui s’étaient réduits au MC Solaar à Joey Starr. Et il est
le sociologue Hughes Lagrange cours des « trente glorieuses », se sans doute victime des errements
dans son livre Les Adolescents, le creusent, et la scène rock vole en de certains de ses représentants
Sexe et l’Amour (Syros Ed.). Selon éclats. Apparaît alors une ten- (« Quoi qu’on dise sur toi, /T’es ma
lui, il faut regarder les styles et les salope à moi », rabâche complai-
modes musicaux autant comme samment Doc Gyneco).
reflets que comme vecteurs du La révolution Répétitive et le plus souvent sans
changement des mœurs amou- paroles, la musique techno n’est
reuses. sexuelle met à mal pas non plus du genre fleur bleue.
Expression du desserrement re- Dans une rave-party, il s’agit d’être
latif du contrôle parental sur la les subtilités du flirt, en phase collectivement plutôt
nouvelle génération, la musique qu’en vis-à-vis. La techno tuerait-
« pour jeunes » des années 60 res- qui devient plus elle le flirt ? « Détrompez-vous, je
semble le plus souvent à un connais des couples qui se sont for-
hymne au flirt. Apparu au milieu ou moins synonyme més dans une rave, assure le socio-
des années 50, le rock’n’roll et ses logue Lionel Fanardjis. Dans ces
dérivés bousculent l’ordre établi. de relation sexuelle rassemblements, qui durent deux ou
Du début des années 50 à la fin des trois jours, le travail de séduction est
années 60, la place des chansons forcément plus progressif qu’ail-
d’amour traditionnelles décline dance au flirt de combat, autant leurs. »
dans la musique américaine. L’eu- dire l’anti-flirt. L’autonomie fémi- « La techno est une réaction de re-
phorie de la croissance pousse la nine n’est plus vantée avec le jet vis-à-vis de l’univers stéréotypé de
génération du baby-boom à ren- même enthousiasme, et l’arrivée, la boîte de nuit, confirme Marie-
verser les barrières. Les bluettes si- dans les villes industrielles frap- Line Teruel, vingt-cinq ans, web-
rupeuses sur le thème des désirs pées par les restructurations, d’un master (gestionnaire de site) sur
inaccomplis s’effacent devant des heavy metal radical et ouverte- hypertunez.com, un site consacré DESSINS NATALI FORTIER
rythmes syncopés dont les textes ment sexiste constitue une nou- aux musiques électroniques. Les
parlent de filles jolies et coquettes, veauté. Le hard-rock diabolise les gens vont les uns vers les autres, mais
de grosses voitures, et tournent filles plus qu’il ne les considère à leur manière, sans devoir se plier
parfois les adultes en ridicule. comme des objets sexuels. Cer- aux rituels et aux codes traditionnels.
Alors que Chuck Berry entame tains chercheurs y voient une réac- On flirte aussi sur de la musique
Sweet Little Sixteen et John Lee tion de défense face à un égalita- techno. » Nous voilà rassurés.
« Sonny Boy » Williamson son risme difficile à vivre de la part des
Good Morning Little Schoolgirl, les jeunes gens, en particulier de ceux J.-M. N.
Chaussettes noires, groupe respec- que le faible niveau de qualifica-
tueux de la moralité, tentent, dans tion empêche de s’adapter à la
la France gaullienne, un prudent
Fou d’elle (« Elle n’a pas vingt ans et
son corps est troublant ») et in-
crise économique.
A l’opposé, le rock engendre
aussi des femmes de caractère (Ti-
Du tango au hip-hop et retour
vitent leur leader, Eddy Mitchell, à na Turner, Patti Smith, Annie Len- LORSQUE le mot flirt apparaît, vers 1833, naire – comme tant d’autres – de Harlem, sera ly-gully, letkiss, boogie-woogie... Seuls
« aller faire un tour à la mairie » nox) qui renvoient à leurs fans un triomphe déjà une danse qui, à ses débuts, fit très apprécié pour son côté excentrique. La passeront vraiment à la postérité le jerk
avec sa « petite amie » au terme de autre modèle féminin. Au début scandale. « Une valse, dans un salon éclairé de bande sonore de la Libération est sans doute (connu pour son déhanchement frénétique et
leur Eddy, sois bon, une adaptation des années 80 s’affiche l’expres- mille bougies, jette dans les cœurs une ivresse le be-bop, importé par les GI en même temps individualiste puisqu’il s’agit de faire son
franchouillarde du Johnny B. Good sion identitaire des gays avec les qui éclipse la timidité », écrit Stendhal. Les que les cigarettes blondes et les chewing- propre numéro sur la piste de danse), le twist,
de Chuck Berry. Communards ou Frankie Goes To tourbillons des danseurs rompent avec les gums. Le tempo des nouvelles danses s’accé- avec sa fameuse rotation des genoux, et le ma-
Pendant que les Beatles su- Hollywood. L’époque est aussi à la codes très stricts auxquels obéissent quadrilles lère. Leur rythme de renouvellement aussi. dison, qui se danse en ligne. La libération des
surrent I wanna hold your hand mobilisation contre le sida. Une et menuets. Ils sont étroitement enlacés et le La jeunesse de l’après-guerre est grosse mœurs donne également naissance à ce grand
(« Je veux tenir ta main »), les Rol- donnée que ne peut évidemment cavalier a toute liberté de choisir ses évolu- consommatrice de modes musicales et de moment de la « surboum » qu’est l’heure du
ling Stones revendiquent une pas ignorer la culture du flirt. tions. « La valse, reconnaît le Grand Diction- danses d’autant plus appréciées qu’elles slow. Dans les années 60, le comble de l’au-
sexualité accomplie mais contra- Une nouvelle rupture survient naire Larousse universel de 1876, est l’une des laissent aux protagonistes une grande marge dace reste le « quart d’heure américain » au
riée dans leur hymne I can’t get no au début des années 90 avec l’avè- danses les plus enivrantes qui se puissent voir. » de liberté. L’émergence du rock’n’roll, à partir cours duquel ce sont les filles qui invitent les
(satisfaction). La surprise-partie, nement de styles musicaux qui, Le tango, né à Buenos Aires à la fin du du milieu des années 50, avec Bill Haley, garçons à danser un slow langoureux. Dans les
où les parents ignorent encore que désormais, font passer la problé- XIXe siècle, va lui aussi choquer les conserva- Chuck Berry et Elvis Presley, va marquer les années 70, la mode du disco – héritier du
les slows se dansent dans le noir, matique amoureuse au second teurs. Originaire des bas-fonds, le tango est esprits. Cette musique indémodable issue du jerk – confirme que, désormais, la danse est
donne le signal de l’émancipation. plan. jugé vulgaire et indécent par la bourgeoisie, jazz exploite les possibilités des nouveaux ins- collective. Et qu’elle peut devenir une véritable
« Ce soir, pour la première fois, /Mes Le succès du rap, une musique mais il s’impose, y compris en Europe, à partir truments de musique électriques, qu’il s’agisse industrie.
parents m’ont enfin permis /D’invi- très largement masculine, avec des des années 20. Les danses latino-américaines de la guitare ou des claviers. Plus que toute En dépit du succès du rap, des acrobaties du
ter des amis chez moi ; /C’est ma textes souvent très durs, décrivant (rumba, cha-cha-cha, salsa, mambo) per- autre, elle est faite pour la danse. Le rock’n’roll hip-hop et de la techno, se dessine depuis
première surprise-partie », jubile la réalité sociale des cités, est un mettent une attitude plus relâchée, plus sen- se caractérise, précisent les experts, par un pas quelques années une tendance à redécouvrir
Sheila en 1963. Dans ces sur- premier signe. « Cette musique re- suelle, des danseurs. Les mouvements sont de base en six temps avec « balance arrière » la sensualité de danses plus strictement codi-
boums, s’ébauche une aspiration à flète une forte séparation des sexes. plus libres, et le jeu de hanches est essentiel. afin que les danseurs se retrouvent. Vite adop- fiées, exécutées en couple. En témoignent l’en-
ne pas vivre les mêmes rapports de D’ailleurs, le flirt n’est pas une pra- L’entre-deux-guerres, où triomphent la té par la nouvelle génération, le rock fait bru- gouement pour les compétitions de « danses
couple que la génération an- tique des cités », souligne Hughes valse-musette et la guinguette, est aussi mar- talement vieillir les rythmes existants, notam- de salon » et la fréquentation en nette hausse
térieure. Lagrange, qui refuse pour autant qué par l’impact grandissant du jazz et de ses ment latins. Dans la foulée, prolifèrent une des écoles et clubs consacrés aux danses la-
Le tourbillon de la révolution d’instruire un procès pour antifé- prolongements multiples. En 1917, les soldats multitude d’expressions musicales dont cer- tines. Retour aux sources.
sexuelle met à mal les subtilités du minisme à l’encontre du rap. Il est américains popularisent le fox-trot en Europe. taines resteront sans lendemain : bamba, ca-
flirt, qui devient plus ou moins sy- vrai que tous les textes de rap ne Un peu plus tard, le charleston, danse origi- lypso, locomotion, hola-hoop, woopi-wip, hul- J.-M. N.

Les mauvaises habitudes TROIS QUESTIONS À...


des boîtes de nuit HUGHES LAGRANGE
cher aux hippies mais de quelque
chose de plus individualiste. On
danse ensemble, on vibre en-
Toujours ça de pris à l’éternité par Michel Delpech

semble, mais on ne parle pas en- C’EST le plaisir de séduire qui exemple, je vais sûrement sentir génaires à une terrasse printanière.
Lieu de flirt par excellence, la
boîte de nuit constitue égale-
ment un endroit de sélection,
1 Sociologue, vous vous in-
téressez à la symbolique
sexuelle des styles musicaux. A
semble. A travers la techno et
l’usage de l’ecstasy, une concep-
tion risquée de l’existence, une
rend la vie supportable, le besoin de
communiquer. Croiser un regard, y
trouver une complicité, se retrouver
poindre le désir. Ça dépendra peut-
être de l’odeur de ses cheveux, de la
merveilleuse alchimie de tous ses
La jeunesse a-t-elle le monopole du
flirt ?
Quand le flirt peut adoucir une
dont l’entrée dépend de don- vous lire, le rap paraît bien éloi- mise à l’épreuve de sa vie se dans l’autre, se rassurer, rebondir parfums. Ça dépendra d’elle surtout, détresse, pourquoi ne pas le faire
nées plus ou moins subtiles (le gné de la notion de flirt. frayent un chemin. Par ailleurs, sur la petite lu- et c’est ce qui donnera toute sa force sortir du ghetto de l’hypocrisie ou
nombre de garçons et de filles La sexualité dans les textes du la dimension asexuelle des raves, mière dans à ce contact fugace. La merveilleuse de la mode ? Qu’importe. Même si
présents, le « look » en vigueur) rap est ostentatoire, elle porte la volonté de certains d’adopter l’œil d’une incertitude du flirt, concrétiser une cette idée du flirt est liée à l’immatu-
mais aussi de critères moins une fureur de vivre, intrépide, un look infantile et, dans cer- femme qui vibration, c’est toujours ça de pris à rité, on a toujours envie de voir un
avouables, comme la couleur de une image de succès : des filles, tains cas, la ségrégation des vous dit que l’éternité. Y aura-t-il un lendemain ? peu d’idéal au fond du puits. On se
la peau ou l’origine ethnique de l’argent et du pouvoir. L’accès sexes sur la piste de danse sont vous n’êtes Pas grave. Partir à la découverte, souvient parfois plus d’un flirt que
supposée. En clair, on refuse aux belles femmes est alors asso- des traces de la tension entre pas si moche, faire intrusion dans la vie de l’autre d’une folle nuit d’amour. Le pre-
plus souvent l’entrée aux Blacks cié à la réussite. filles et garçons, de leur diffi- que vous êtes qu’on ne connaissait pas il y a cinq mier... ou un autre. Quand on a su
et aux Beurs qu’aux autres Le rap exprime assez bien le culté à communiquer. vivant, qu’il minutes, ou une heure, l’embrasser cueillir comme ça, au détour d’une
clients. Plusieurs associations point de vue des garçons des fait beau... ou sur la bouche pour sceller une confi- jolie circonstance, flirter c’est rester
telles que SOS-Racisme ont lan-
cé des actions en justice, preuve
d’une discrimination raciale à
quartiers populaires, des élèves
de l’enseignement professionnel
et des apprentis, leur conception
3 Quel vous semble devoir être
l’impact de l’amélioration de
la situation économique sur la
qu’il pleut. Et l’idée du préjugé s’ins-
talle insidieusement. On ne veut pas
laisser partir la belle passante, flirter,
dence, quoi de plus intime que la
bouche ? Ce n’est pas par hasard si
les prostituées n’embrassent pas. Ef-
en course, ne pas se laisser décram-
ponner par les êtres et les choses.
« Flirt » revient souvent ; en fait, ce
l’appui, et alerté les pouvoirs des relations entre les garçons et musique écoutée par les jeunes ? prendre cette fille – que l’on n’aurait fleurer les lèvres est déjà un acte mot que l’on pourrait croire léger
publics. Pour leur part, les gé- les filles. Pourtant, la seconde Il me semble que l’on jamais imaginé aborder – dans ses sexuel, c’est le fantasme déjà un peu est toujours employé pour signifier
rants des établissements font phase du rap en France, ouverte commence à voir se dessiner un bras, histoire de se réchauffer un réalisé. des sensations fortes. Flirter avec les
amende honorable – certains se au début des années 90, ne s’ac- certain regain d’optimisme par peu hors couche d’ozone. On se sent tellement seul, parler éléments, avec un record, avec la
proposent d’élaborer des « cri- compagne pas à mon sens d’une le biais d’un retour mélodique. Dans le parcours du combattant ne suffit pas, côtoyer non plus, il mort. Même s’il ne me reste que
tères objectifs » de sélection à forte poussée sexiste. Celui-ci est perceptible dans le de l’existence, la femme donne la faut le contact de l’assentiment en- l’idée du flirt, je reste en vie pour un
l’entrée – mais nombre d’entre succès du trip-hop ou dans ce vie. Ça la rend pragmatique et, co- tériné, l’affectif, dire à l’autre d’un flirt. Est-ce que je ferai encore n’im-
eux continuent de refouler cer-
tains jeunes issus de l’immigra-
tion. Favorable à des sanctions
2 A propos de musique techno,
vous parlez d’un « contexte
de durcissement des rapports
qu’interprète une artiste telle
que Björk, mais il est aussi sen-
sible dans le rap. Or le retour de
rollairement, terriblement roman-
tique. Par ce contact furtif ou pro-
longé que je vais établir entre elle et
regard : laisse-moi te prendre dans
mes bras, laisse-moi te toucher. Se
ressourcer par un contact. On peut
porte quoi ? En fait, je pense qu’on
ne fait jamais vraiment n’importe
quoi.
(Le Monde du 5 juin), Claude entre les sexes ». la mélodie est généralement le moi, elle va me réinjecter un peu de penser que le flirt est lié à la jeu-
Bartolone, ministre délégué à la La techno hérite des expé- signe que les tensions s’es- vie, me « booster » les sens et l’âme, nesse. Le flirt doit être beau à voir, 夝 Michel Delpech est chanteur,
ville, souhaite que des codes de riences psychédéliques et des ré- tompent dans la société. et je vais pouvoir, en saut de puce, doit obéir à certains canons. Deux auteur, compositeur
bonne conduite soient élaborés surgences de la culture hippie continuer, bien sûr. Si je prends une jeunes gens qui échangent un baiser
entre les préfets et les établisse- mais, cette fois, il ne s’agit plus Propos recueillis par fille dans mes bras pour concrétiser sous un porche, cela est, bien sûr,
ments. de la cité de l’amour fraternel Jean-Michel Normand la complicité d’une soirée, par mieux perçu que l’étreinte de sexa- FIN
LeMonde Job: WMQ1808--0020-0 WAS LMQ1808-20 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0407 Lcp:700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 AUJOURD’HUI


(Publicité)

Dégradation orageuse -18------AOUT


-------------2000
------ Oslo Stockholm
Prévisions Moscou Ensoleillé
VENDREDI. Une perturbation ou du brouillard. Le temps orageux vers 12h00
orageuse se situera des Pyrénées et pluvieux qui touche les autres
au Nord-Est. Une autre perturba- régions gagnera l’ensemble des ré- Peu
tion atlantique arrivera sur la Bre- gions vers la mi-journée. Le ther- Belfast nuageux
tagne et prendra un caractère ora- momètre indiquera entre 24 et Liverpool
geux. Les températures restent 27 degrés.
Dublin
Varsovie Kiev
au-dessus des moyennes saison- Poitou-Charentes, Aquitaine, Amsterdam Berlin Brèves
nières. Midi-Pyrénées. – Sur Poitou-Cha- éclaircies
Bretagne, pays de Loire, Basse- rentes le ciel sera nuageux avec des
Londres
50 o Bruxelles
Normandie. – Le ciel devient de brumes ou brouillards par en- Prague
plus en plus nuageux avec de la droits. Sur Aquitaine et Midi-Pyré- Couvert
pluie ou des orages. Le vent de nées, le temps sera pluvieux et ora- Paris Strasbourg Vienne
sud-ouest sera modéré. Les tempé- geux. Les températures seront Budapest Brume
ratures seront comprises entre 19 comprises entre 24 et 28 degrés.
Nantes brouillard
Berne
et 24 degrés. Limousin, Auvergne, Rhône- Bucarest
Nord-Picardie, Ile-de-France, Alpes. – Le ciel deviendra très nua- Lyon Milan Belgrade Sofia Averses
Centre, Haute-Normandie, Ar- geux avec des pluies ou des orages.
dennes. – Le ciel est souvent gris le Les températures seront comprises Toulouse Istanbul
matin avec des brumes ou brouil- entre 25 et 30 degrés.
Pluie
lards par endroits. Des éclaircies Languedoc-Roussillon, Pro- Rome
percent tout de même. Des pluies vence-Alpes-Côte d’Azur, Barcelone Naples
40 o Madrid
parfois orageuses toucheront les Corse. – Le ciel devient de plus en
Ardennes. Le thermomètre indi- plus nuageux et le temps devient Lisbonne Athènes Orages
quera entre 23 et 27 degrés. lourd avec quelques orages l’après-
Champagne, Lorraine, Alsace, midi. En Corse le temps restera en- Séville
Bourgogne, Franche-Comté. – soleillé. Les températures seront Tunis Neige
Sur la Champagne, la Lorraine et le voisines de 28 degrés près des Alger
nord de l’Alsace le ciel sera gris le côtes et 30 à 33 degrés dans l’inté-
Rabat o o o Vent fort
matin avec localement de la brume rieur. 0 10 20
PRÉVISIONS POUR LE 18 AOUT 2000 PAPEETE 20/27 S KIEV 19/29 S VENISE 23/32 S LE CAIRE 23/34 S
Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/31 P LISBONNE 19/28 N VIENNE 20/33 S NAIROBI 15/25 S
et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 19/24 S LIVERPOOL 12/17 N AMÉRIQUES PRETORIA 9/24 S
EUROPE LONDRES 13/22 N BRASILIA 17/29 S RABAT 21/27 N
C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 14/23 S LUXEMBOURG 15/23 S BUENOS AIR. 8/20 S TUNIS 23/35 S
FRANCE métropole NANCY 15/25 N ATHENES 24/32 S MADRID 19/34 S CARACAS 25/33 S ASIE-OCÉANIE
AJACCIO 18/30 S NANTES 14/24 N BARCELONE 23/27 S MILAN 22/30 S CHICAGO 16/23 C BANGKOK 26/31 P
BIARRITZ 19/25 N NICE 22/29 S BELFAST 11/17 N MOSCOU 14/21 N LIMA 15/19 C BEYROUTH 27/31 S
BORDEAUX 17/27 N PARIS 15/26 N BELGRADE 18/37 S MUNICH 16/26 N LOS ANGELES 18/24 S BOMBAY 27/30 P
BOURGES 16/25 N PAU 18/26 N BERLIN 15/26 S NAPLES 23/34 S MEXICO 8/23 S DJAKARTA 25/30 C
BREST 15/19 P PERPIGNAN 23/31 N BERNE 16/22 S OSLO 10/16 N MONTREAL 13/21 S DUBAI 32/41 S
CAEN 15/21 N RENNES 14/23 N BRUXELLES 15/24 S PALMA DE M. 22/31 S NEW YORK 18/22 P HANOI 27/30 P
CHERBOURG 15/21 P ST-ETIENNE 16/28 N BUCAREST 15/33 S PRAGUE 17/28 S SAN FRANCIS. 13/19 S HONGKONG 25/31 S
CLERMONT-F. 18/27 N STRASBOURG 16/24 N BUDAPEST 22/36 S ROME 20/31 S SANTIAGO/CHI 6/21 C JERUSALEM 25/32 S
DIJON 17/25 N TOULOUSE 21/29 N COPENHAGUE 12/19 S SEVILLE 21/35 S TORONTO 15/24 S NEW DEHLI 27/33 P
GRENOBLE 20/31 N TOURS 14/25 N DUBLIN 11/17 N SOFIA 16/31 S WASHINGTON 20/27 S PEKIN 22/30 C
LILLE 13/24 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 15/26 S ST-PETERSB. 14/18 N AFRIQUE SEOUL 26/30 P
LIMOGES 16/25 N CAYENNE 23/30 P GENEVE 19/29 S STOCKHOLM 12/18 N ALGER 20/35 S SINGAPOUR 26/30 C
LYON 22/30 N FORT-DE-FR. 26/30 S HELSINKI 12/18 N TENERIFE 18/25 S DAKAR 27/30 S SYDNEY 10/16 C
MARSEILLE 22/31 S NOUMEA 17/22 S ISTANBUL 22/28 S VARSOVIE 17/27 N KINSHASA 19/30 S TOKYO 25/28 P Situation le 17 août à 0 heure TU Prévisions pour le 19 août à 0 heure TU

Nord Sud
Sur les plages PAS-DE-CALAIS
19° 20°
P ROV E N C E
Nice
Le 17 août 2000 vers 12 heures
LA N G U E D O C
CÔTE D'OPALE Marseille St-Raphaël
Les Côtes de la Manche ont un ciel très nuageux en matinée, plus enso- 25 CÔTE D'AZUR
leillé l'après-midi. Le ciel est parfois nuageux en Vendée et Sud Aquitai- 19° 19° 40
La Seyne-
Calais
ne, bien ensoleillé sur le littoral charentais. Plein soleil sur les plages de Cap d'Agde
sur-Mer St-Tropez 24° 28°
la Méditerranée. CÔTE D'ALBÂTRE
40 Le Touquet 10
RO U S S I L LO N

15
P I CA R D I E

15
18° 19°
Ouest Perpignan
VAR
40

10
BAIE ST-MICHEL COTENTIN CÔTE NORMANDE Le Tréport 24° 28°
BAIE DE SEINE
18° 21° 17° 21° 19° 19°
18° 19° Etretat
NORMANDIE
Le Havre GARD
BOUCHES-DU-RHÔNE
FINISTÈRE NORD 30 40 ROUSSILLON LANGUEDOC
30
17° 19° 22° 29° 24° 29° 23° 29°

Deauville
30 Sud-Ouest
30
Granville Corse
Perros-Guirec NORMANDIE CÔTE CHARENTAISE Ile de Ré TEMPÉRATURE
St-Malo CHARENTES 18° DE L'AIR
20° 24° 10
CALVI BASTIA

10
Crozon
Ile d'Oléron 15 VENT
20 Concarneau B R E TA G N E CÔTE GIRONDINE VITESSE EN KM/HEURE 24° 28° Calvi 25° 28°
Soulac Bastia
ET DIRECTION
Quiberon 10
21° 24° 15
POINTE BRETAGNE
20 MER TEMPÉRATURE
La Baule Lacanau DE L'EAU
18° 19° Ajaccio
20 CÔTE LANDAISE
16°
Arcachon Calme/belle
VENDÉE Porto-Vecchio
SUD FINISTÈRE 22° 24° 15 10
LA N D E S
18° 21° 20
St-Gilles- Peu agitée 15
Croix -de-Vie AJACCIO
CÔTE BASQUE PORTO-VECCHIO
Agitée/forte
SUD BRETAGNE VENDÉE
20 22° 23° 15
Capbreton 24° 29° 25° 31°
19° 21° 19° 22° Très forte/grosse

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 00 - 197 Retrouvez nos grilles


sur www.lemonde.fr
L’ART EN QUESTION No 183 En collaboration avec

Danse pour Trenet. – 8. Poussent


au rouge. Fit le détail. – 9. Drame
nippon. Rien n’est fiable quand elle
Le noir « Méditerranée » (1946),
de Geer Van Velde
(1898-1977).
MUSÉE D’UNTERLINDEN

est mal taillée. Juste la moyenne. –


10. Laissons cela aux autres avec
Jean-Paul. Met sur de bonnes
est une couleur Huile sur toile,
130 × 162 cm.
Collection particulière,
voies. – 11. Voyelles. A l’école chez APRÈS un apprentissage de au Musée d’Unterlinden,
Molière, confidente chez Racine. – peintre décorateur à La Haye, Colmar, jusqu’au
12. Solution à tous nos problèmes. Geer Van Velde rejoint son frère 29 octobre,
Bram à Paris en 1925. Il rencontre pour l’exposition
Philippe Dupuis Samuel Beckett en 1936 ; c’est le « Geer Van Velde ».
début d’une longue amitié, et
SOLUTION DU No 00 - 196 grâce à lui Peggy Guggenheim or- Son atelier est un champ de ba-
ganise à Londres, en 1938, une ex- taille où l’artiste se livre à une
HORIZONTALEMENT position de ses tableaux. La toile lutte sans merci avec la toile, pour
Méditerranée marque un change- aboutir à des harmonies provi-
I. Calomniateur. – II. Apogée. ment important dans son œuvre : soires, des équilibres précaires de
Marna. – III. Prurit. III. – IV. Peres- aux couleurs vives de ses tableaux formes et de couleurs.
troïka. – V. Use. Teint. Ta. – VI. Cm. figuratifs ou expressionnistes du
Pr. Bières. – VII. Cibles. Ame. – début succèdent des compositions En décembre 1946, Aimée Réponse du jeu no 182 paru dans
VIII. Idée. Arc. Mou. – IX. Nidifie. aux couleurs sourdes, réalisées Maeght publie le premier numéro Le Monde du 11 août.
Peur. – X. Enregistré. dans la lenteur et le silence de d’une revue célèbre, avec six litho-
l’atelier. graphies de Geer. Comment s’ap- Le mot « chalcographie » désigne
HORIZONTALEMENT temps au temps. – X. Vraiment VERTICALEMENT Tout au long de sa vie, Geer pelle cette revue : la gravure sur cuivre. Colbert
très proches l’un de l’autre. 1. Cappuccino. – 2. Après-midi. – n’abandonnera jamais tout à fait b L’Art vivant ? commanda des gravures à la gloire
I. Son métier tenait à un fil. – II. 3. Loure. Bède. – 4. Ogre. Plein. – la figuration et ne laissera jamais b Derrière le miroir ? du règne de Louis XIV. Ce fonds,
Pour qui il est difficile de se refaire VERTICALEMENT 5. Meistre. Fr. – 6. Nette. Saie. – triompher totalement l’abstrac- b Le Minotaure ? sans cesse augmenté, est devenu
une beauté. – III. Visionnaire 7. RIB. Reg. – 8. Ammoniac. – tion. Ces deux pôles se la Chalcographie du Louvre, qui
souvent aveugle. Oued et ville du 1. S’il apporte du plaisir, il finit 9. Ta. Item. PS. – 10. Erik. Remet. – combattent dans sa peinture, sans Réponse dans Le Monde du compte aujourd’hui 16 000
Maroc. – IV. Arthur Stanley Jef- par agacer. – 2. Pour les intimes de 11. Uniate. Our. – 12. Raï. Assuré. que l’un prenne le pas sur l’autre. 25 août. planches.
ferson. Garde les secrets. – Mademoiselle Turner. Femme de
V. Que l’on retrouvera entre les lettres américaine. – 3. Agréable-
pages. La valeur du silence. – ment présentées pour une bonne Les jeux dans « Le Monde »
V I . C o m b l é e . Ve n t l é g e r. compréhension. – 4. Comme une
Conjonction. – VII. Label de qua- tête bien garnie. Arrivée chez nous. Dans cinq de ses numéros de la semaine, Le Monde publie, en plus
lité. Fit du très bon travail. – – 5. Supprimèrent le plus gros. – des mots croisés, un jeu. Le lundi, daté mardi, un problème mathé-
VIII. Toujours intact pour l’ins- 6. Patronne en Alsace. Un peu fou matique. Le mardi, daté mercredi, une grille de scrabble. Le mercre-
tant. Vient d’avoir. – IX. Très au soleil. – 7. Fait dix chez Tony et di, daté jeudi, une chronique de bridge. Le jeudi, daté vendredi, une
proche de l’autre. Donnent du chez Bill. Entrée du spectacle. question sur lart. Le samedi, daté dimanche-lundi, les échecs.
LeMonde Job: WMQ1808--0021-0 WAS LMQ1808-21 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 09:52 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0408 Lcp:700 CMYK

CARNET LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 21

DISPARITION

Serge Lebovici
Psychiatre du nourrisson, de l’enfant et de l’adolescent, il joua un rôle controversé au sein des institutions psychanalytiques
LE PROFESSEUR Serge Lebovi- PUF, 1970) ou encore le Nouveau prend l’arrestation de son père. tion du PCF, la psychanalyse mouvoir, sur le terrain hospitalier pies individuelles ou de groupe.
ci, psychiatre et psychanalyste, est Traité de psychiatrie de l’enfant et Avec un admirable sang-froid, ce- comme « idéologie réactionnaire » ou dans d’autres institutions, une L’expérience du « XIIIe » sera bé-
mort, samedi 12 août à Marvejols, de l’adolescent en trois volumes lui-ci a réussi à sauver la vie de sa au service de l’impérialisme améri- politique fort différente et dis- néfique pour toute une génération
des suites d’une insuffisance car- (avec Diatkine et Soulé, PUF, 1983). femme en la faisant passer pour cain et de la science bourgeoise, tincte de toute fusion d’avec la dis- de psychanalystes de la SPP, méde-
diaque. Respecté de ses élèves, qui une maîtresse d’occasion. L’hé- selon les formules consacrées. At- cipline psychiatrique : Maud Man- cins ou psychologues.
Né à Paris le 10 juin 1915, Serge voyaient en lui un excellent clini- roïque Solo Lebovici sera déporté taqué par Sacha Nacht, il quitte le noni, Jenny Aubry, Françoise Elu président de l’IPA au congrès
Lebovici était le fils d’un médecin cien de l’enfance, associant une à Pithiviers, puis à Auschwitz, dont parti et change alors radicalement Dolto, etc. de Paris de juillet 1973, Serge Lebo-
juif émigré de Roumanie au début perspective annafreudienne à une il ne reviendra jamais. Caché par d’orientation. vici est le premier Français à oc-
du siècle. Professeur associé de tradition hospitalière française, et des communistes, le fils reprend En 1953, au moment de la pre- ALTERNATIVE cuper cette fonction. Quelques
psychiatrie (à l’hôpital Avicenne de un remarquable didacticien sou- bientôt la clientèle du père. A la Li- mière scission du mouvement psy- En 1954, Serge Lebovici crée avec mois plus tard, informé qu’un
Bobigny, 1979-1985), membre titu- cieux d’orthodoxie mais ouvert bération, il s’oriente vers la psy- chanalytique français, Serge Lebo- René Diatkine, et grâce à Philippe membre en formation d’une socié-
laire de la Société psychanalytique aux thérapies de groupe, voire à chanalyse en suivant une cure de vici commence à combattre les Paumelle, un centre de soins origi- té de Rio de Janeiro est en réalité
de Paris (SPP) et ancien président une ethnopsychiatrie bien éloignée trois ans avec Sacha Nacht, grand partisans de la psychanalyse dite nal qui prendra le nom d’Associa- un tortionnaire au service de la
de l’International Psychoanalytical des thèses de Freud, Serge Lebovici clinicien de la SPP et proche, à « profane » (pratiquée par les non- tion de santé mentale du XIIIe ar- dictature, le nouveau président ne
Association (IPA), il était égale- fut pourtant contesté très tôt à l’époque, de Lacan. médecins), regroupés autour de rondissement de Paris. De là prend aucune décision, ce qui re-
ment le fondateur de plusieurs as- l’intérieur de sa propre société par Daniel Lagache, Lacan, Dolto et naîtront, en 1958, le Centre Alfred- vient à entériner l’idée que la dé-
sociations de psychiatrie du nour- tous ceux qui lui reprochaient, « IDÉOLOGIE RÉACTIONNAIRE » Juliette Favez-Boutonier. A partir Binet et la revue La Psychiatrie de nonciation serait sans fondement.
risson, de l’enfant et de d’une part, une hostilité exagérée à En 1945, Serge Lebovici adhère de cette date et pendant vingt ans, l’enfant. Dans une perspective dite Les faits seront révélés en 1994 par
l’adolescent. Avec René Diatkine l’encontre des deux maîtres de la au Parti communiste français. il restera attaché à la tradition de « sectorisation », héritée à la un livre de Helena Besserman
et Julian de Ajuriaguerra, il avait psychanalyse française – Jacques Quatre ans plus tard, pris dans la d’une psychanalyse pragmatique fois de l’expérience de psychothé- Vianna, traduit en français en 1997
créé la revue La Psychiatrie de l’en- Lacan et Françoise Dolto – et, de tourmente du jdanovisme, il ac- réservée aux seuls médecins, à la rapie institutionnelle menée à avec une préface de René Major
fant. Enfin, il est l’auteur, le coau- l’autre, une attitude politique am- cepte, avec d’autres psychiatres, manière des sociétés nord-améri- Saint-Alban pendant la seconde (Le Monde du 30 janvier 1997). A ce
teur ou l’éditeur de nombreux ou- biguë face au stalinisme en 1949, parmi lesquels Lucien Bonnafé, caines de l’IPA. Du même coup, il guerre mondiale et du groupe de jour, cette terrible affaire divise en-
vrages sur ce sujet, parmi lesquels puis à la dictature brésilienne en Louis Le Guillant et Sven Follin, de deviendra la figure de proue de la L’Evolution psychiatrique (Eugène core les sociétés de l’IPA, qui ont
Un cas de psychose infantile (avec 1973-1974. signer le fameux texte « autocri- lutte contre le lacanisme et contre Minkowski, Henri Ey), il s’agit de sans doute du mal à analyser leur
Joyce McDougall, PUF, 1960), A l’âge de vingt-sept ans, en tique », publié par la Nouvelle Cri- la plupart des chefs de file de la créer une alternative à l’enferme- histoire.
La Connaissance de l’enfant par la 1942, alors qu’il poursuit ses études tique, dans lequel les auteurs psychanalyse des enfants en ment en favorisant des traitements
psychanalyse (avec Michel Soulé, de médecine, Serge Lebovici ap- condamnent, sur ordre de la direc- France, lesquels chercheront à pro- ambulatoires et des psychothéra- Elisabeth Roudinesco

AU CARNET DU « MONDE » – Le Berry, la Sologne, l’Ecole pu- – Ruth Lebovici, née Roos, – Le doyen de la faculté de médecine – Mme Monique Leroy, – Sa famille,
blique, la ligne de démarcation, l’Algérois son épouse, de Bobigny (université Paris-XIII), son épouse, Le Centre d’études spatiales des rayon-
Naissances se souviendront longtemps de Marianne et Jean-François Rabain, Le corps enseignant, Denis, Sandrine, Aurette et Stéphane, nements du Centre national de la re-
sa fille et son gendre, Les personnels, ses enfants, cherche scientifique,
Manuela GRÉVY Micheline CADIC, Elisabeth Lebovici, Les étudiants, leurs époux et épouses, Ses collègues et amis,
et née CLÉMENT, sa fille, Et les anciens étudiants, Claire, Solène, Grégoire et Pablo, ont l’immense douleur d’annoncer la dis-
Stéphan DUERINCK Nicolas et Antoine Rabain, ont le regret de faire part du décès du ses petits-enfants, parition de
sont très heureux d’annoncer la naissance disparue le 13 août 2000, dans sa quatre- ses petits-enfants, Et sa famille,
de vingt-huitième année. Béatrice Lévy, professeur Serge LEBOVICI, ont la profonde tristesse d’annoncer le Guy SERRA,
sa sœur, professeur émérite décès de
Marie, Ton mari, Claire Lévy et les siens, de pédopsychiatrie, décédé le 15 août 2000, des suites d’un
Hélène Lévy, M. Henri LEROY, lymphome.
Et ta grande famille, le samedi 12 août 2000.
dans la nuit du 4 août 2000, aux Bluets à Varennes-sur-Fouzon, Pierre Wurmser et les siens,
(Paris-11e). survenu le 12 août 2000, à Paris. Directeur de recherche au CNRS, il
Selles-sur-Cher, Ainsi que les familles Moyse, Roos, Ils expriment à Mme Lebovici et à sa fa- était un pionnier de l’astronomie spatiale
Blois, Kauffmann et Strauss, mille leurs condoléances les plus sincères à grandes longueurs d’ondes.
Et tous ses amis, et tiennent à souligner le rôle essentiel Les obsèques ont eu lieu à Paris, dans
Granville, joué par le professeur Lebovici dans la l’intimité.
Anniversaires de naissance Chambéry,
ont la douleur de faire part du décès, Ses qualités humaines exceptionnelles
survenu le 12 août 2000, à l’âge de création et le développement du départe- et les fonctions de responsabilité qu’il a
– Le 17 août 1980, à Paris, Montpellier, quatre-vingt-cinq ans, de ment de psychopathologie de l’enfant et Monique Leroy, occupées dans l’astronomie française font
Le Havre. de la famille, et plus généralement son 30, rue des Cordelières, de sa disparition une perte dramatique
est né un joli rayon de soleil prénommé Serge LEBOVICI, éminente contribution au rayonnement 75013 Paris. pour cette discipline scientifique.
La Borde, professeur émérite de psychiatrie national et international de leur faculté.
Héloïse. 36210 Varennes-sur-Fouzon. de l’enfant et de l’adolescent Qu’il en soit remercié. Ses obsèques auront lieu le samedi
à l’université Paris-Nord, – M. et Mme Bernard-Henri Lévy, 19 août, à 17 heures, au cimetière de Ver-
Aujourd’hui, elle a vingt ans. ancien président de l’Association – Le président Jean-Michel Bélorgey, net-les-Bains (Pyrénées Orientales).
psychanalytique internationale, M. et Mme Philippe Lévy,
– A notre Les membres du conseil
Année 2000. Année de la culture de la ancien président d’administration,
de l’Association mondiale Mlle Véronique Lévy, – De la part de
paix. Doudou, La direction,
de psychiatrie du nourrisson, Les équipes du Centre Alfred-Binet, Son épouse,
officier de la Légion d’honneur, Justine et Antonin Lévy, Ses enfants,
Que ta vie soit toujours lumière, qui a tant aimé lire Le Monde. Et l’ensemble du personnel de
Qu’elle soit toujours bonheur de créer. croix de guerre 1939-1945. l’Association de santé mentale dans le Petits-enfants et arrière-petits-enfants,
Mme Jane Benzimra, Celui que vous avez connu comme
Ceux qui ont partagé ta vie. 13e arrondissement de Paris,
Mille baisers de ta maman. Les obsèques ont eu lieu le 17 août, à font part de leur grande tristesse après la journaliste sous ses pseudonymes de
Paris, dans l’intimité. font part du décès de
disparition du
Louis SÉRANNE
– On nous prie d’annoncer le décès de 3, avenue du Président-Wilson, professeur Serge LEBOVICI. et Jean BUÈGES,
– Heureux anniversaire, M André LÉVY,
me
75116 Paris.
M. Jacques GUÉRIN, Le monde de la santé mentale, tous ou plus personnellement sous le nom de
Mémère WEBER. ceux qui ont bénéficié de ses soins et de
– La Société psychanalytique de Paris son enseignement éprouvent aujourd’hui survenu le 16 août 2000. Ernest « yorick » THÉRON,
Quatre-vingt-quatorze ans déjà, le survenu le dimanche 6 août 2000, dans sa
quatre-vingt-dix-neuvième année. a la douleur de faire part du décès du une profonde émotion.
18 août 2000. Serge Lebovici a, pendant plus de cin- Les obsèques auront lieu le vendredi s’est éteint dans sa quatre-vingt-sixième
professeur Serge LEBOVICI, quante ans, pratiqué et enseigné la psy- 18 août, dans l’intimité, au cimetière année à son domicile du Coulet à Cruis
Cela vaut bien une annonce dans Les obsèques ont eu lieu à Luzarches chiatrie et transmis la psychanalyse. Pion- ancien de Neuilly-sur-Seine. (Alpes-de-Haute-Provence).
(Val-d’Oise), dans la plus stricte intimité. ancien directeur
Le Monde. de l’Institut de psychanalyse nier de ces deux disciplines en France, il a
et ancien président de l’Association joué un rôle central dans la recherche. Cet avis tient lieu de faire-part. Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité
De la part de psychanalytique internationale, Au lendemain de la guerre, il participe, familiale.
Charlène, Mélanie, Patrice, Fabienne. – M Jean-Loup Guerlain,
me
chercheur, praticien avec Sacha Nacht, à la réorganisation de
son épouse, et enseignant hors-pair, l’Institut de psychanalyse de Paris, qui – Benet (Vendée). Niort. Cet avis tient lieu de faire-part.
Marc et Caroline de Reymaeker- avait été fermé sous l’Occupation. Il en Saint-Liguaire (Deux-Sèvres).
Décès Guerlain, Serge Lebovici a joué un rôle essentiel devient le directeur en 1962. Il préside Sèvres-Anxaumont (Vienne).
ses enfants, dans la formation et l’enseignement de l’Association psychanalytique internatio- Condoléances
– La présidente, plusieurs générations de psychanalystes. nale de 1973 à 1977. Son œuvre psychana- M. Jean-Pierre Moreau,
Jean-Loup et Tanguy, son frère,
La directrice de l’UFR de sciences et ses petits-fils, Les analystes en formation dans les lytique est constamment inspirée par sa
technologie, Instituts de psychanalyse de Paris et de pratique de la psychanalyse d’enfants, au Le docteur Léon Moreau, M. Eliahou BEN ELISSAR
Mme Madeleine Leys-Guerlain, développement de laquelle il a donné une son frère,
Les personnels de l’université Paris- Lyon, et les membres de la Société
XII - Val-de-Marne, sa mère, psychanalytique de Paris présentent à la impulsion décisive en France. Il fait son épouse, a servi toute sa vie l’Etat d’Israël et l’a re-
ont la tristesse de faire part du décès de Ses frères, sœurs, beaux-frères, belles- f a m i l l e d e S e r g e Le b o v i c i l e u r s connaître les psychanalystes de langue et Aline, leur fille, présenté dignement.
sœurs, condoléances émues. anglaise, Anna Freud, Melanie Klein et Le personnel de l’Etude,
Et la famille, D. Winnicott, qu’il invite à Paris. Il orga- La famille et ses amis, Ils présentent à son épouse, Nitza, leurs
M. Jean-Paul BALLON, condoléances émues.
assistant d’anglais, ont la tristesse de faire part du décès de nise à l’hôpital des Enfants-Malades une font part du décès de
– Les membres du comité et du formation spécifique de psychothéra-
survenu le 11 août 2000. M. Jean-Loup GUERLAIN, secrétariat de la rédaction de peutes d’enfants, dont ont bénéficié des
époux de Laure GARRY, La Psychiatrie de l’enfant, générations de praticiens venus de toute la maître Philippe MOREAU, Anniversaires de décès
Ils s’associent à la douleur de sa Maddy Brenot, Catherine Chabert, Ro- France et de l’étranger. A cette époque, notaire à Benet (Vendée),
sine Crémieux, Gilbert Diatkine, Philippe avec Evelyne Kestemberg et René Diat- 17, rue du Temple, « Tu chantais Carmen à tue-tête
famille. survenu à Bruxelles, le 14 août 2000, à L’amour est enfant de bohème... »
l’âge de soixante-trois ans. Jeammet, Dora Knauer, Marie-Lise Sudre kine, il invente le psychodrame psychana-
Université Paris-XII - Val-de-Marne, et Pierre Sullivan lytique. En 1958, il fonde avec Philippe Nous étions tous avec toi, dans ta joie.
61, avenue du Général-de-Gaulle, Le service religieux sera célébré en ont le regret de faire part du décès du Paumelle et René Diatkine l’Association s u r v e n u l e 14 a o û t 2 0 0 0 , d a n s s a
l’église Notre-Dame-Cause-de-Notre- de santé mentale du 13e arrondissement, soixante-septième année. Gérard, Antoine, Stéphane, pour
94010 Créteil Cedex.
Joie, le lundi 21 août, à 11 heures. professeur Serge LEBOVICI, au sein de laquelle, pour la première fois,
fondateur de la revue Psychanalyste, un centre de consultation publique (le Ses obsèques protestantes auront lieu Claire RAUZY.
Réunion à l’église (Espinette centrale, à ancien président de l’Association Centre Alfred-Binet) offre à la population le vendredi 18 août, à 11 heures, au
– Emile Azoulay, psychanalytique internationale, d’un « secteur » des psychanalystes d’en- cimetière de Saint-Liguaire, à Niort
président pour l’Europe, Rhode-Saint-Genèse).
fants. Pour les troubles graves comme (Deux-Sèvres), où le deuil se réunira.
Gérard Aoudai, figure essentielle de la psychiatrie de l’autisme et les psychoses infantiles, il Vous pouvez
président d’honneur pour l’Europe, L’incinération aura lieu dans l’intimité. crée le premier hôpital de jour en France. Cet avis tient lieu de faire-part.
l’enfant en France, il a profondément
Zwi Benshalom, marqué de sa personnalité l’orientation La généralisation de cette « politique de nous transmettre
Drève des Marronniers, 7,
directeur pour l’Europe,
1410 Waterloo.
de cette revue. secteur » à partir de 1968 a placé la France 17, rue du Temple, vos annonces la veille
Et le comité directeur des State au premier rang des pays avancés en ma- 85490 Benet.
of Israël Bonds, Avenue Brassina, 30, Jusqu’à la fin de sa vie, il est resté tière de psychiatrie de l’enfant. Serge Le- 19, rue du Pont-Rouge, pour le lendemain
1640 Rhode-Saint-Genèse. attaché à celle-ci et a fait bénéficier le bovici tire les conséquences théoriques de Saint-Liguaire, jusqu’à 17 heures
Edmond Levy, comité de rédaction de son énergie, de son cette activité clinique dans les recherches 79000 Niort.
président pour la France, inlassable curiosité intellectuelle, de son qu’il publie dans La Psychiatrie de l’en- 91, route du Petit-Médoc, Permanence le samedi
Et le comité directeur de l’Association Nos abonnés et nos action- goût pour la nouveauté et de son ouver- fant, revue fondée en 1958. En 1975, il pu- 86800 Sèvres-Anxaumont. jusqu’à 16 heures
de coopération économique France Israël, ture aux débats. blie avec Michel Soulé La Connaissance
ont la grande tristesse de faire part du
naires, bénéficiant d’une de l’enfant par la psychanalyse, puis le
décès subit de réduction sur les insertions Nous gardons tous un souvenir ému des Traité de psychiatrie de l’enfant et de
du « Carnet du Monde », qualités de l’homme, de sa générosité l’adolescent (1985), qu’il dirige avec Re- Pauline, Constantine RELIER,
Son Excellence M. l’Ambassadeur sont priés de bien vouloir d’esprit et de sa grande disponibilité. Son né Diatkine et Michel Soulé. A partir de épouse LANGUILLAT,
Eliahou BEN ELISSAR, nous communiquer leur activité éditoriale s’étendait également 1978, Serge Lebovici est nommé profes-
aux « Monographies de la psychiatrie de seur associé à l’université de Paris-Nord est décédée à l’âge de quatre-vingt-quinze
numéro de référence. (Hôpital Avicenne). Il développe sa re-
le samedi 12 août 2000. l’enfant », qu’il avait fondées, et à la ans, le 12 août 2000, à Ollioules (Var).
section enfant de la collection « Le cherche vers la psychiatrie du nourrisson
fil rouge », publiées toutes deux par et les interactions précoces parents-bébé. L’action de grâce sera célébrée
les Presses universitaires de France, En 1983, il publie, en collaboration avec à l’occasion du culte de l’Eglise
CARNET DU MONDE auxquelles il était très attaché. S. Stoléru, Le Nourrisson, la mère et le réformée à Toulon, le dimanche 20 août,
TARIFS AN 2000 - TARIF à la ligne psychanalyste, qui marque le début des à 10 h 15.
Nous adressons à sa femme, à ses filles recherches en France sur la psychopatho-
DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, et à ses petits-enfants l’expression de logie périnatale. Dans La Psychopatholo- De la part du
ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 140 F TTC - 21,34 ¤ notre amitié et de notre profonde gie du bébé (1989), dirigé en collaboration Pasteur Michel Languillat,
TARIF ABONNÉS 120 F TTC - 18,29 ¤ sympathie. avec Françoise Weil-Halpern, il introduit de Mme Nicole Languillat,
en France les nouvelles découvertes faites ses enfants,
NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, PACS dans ce champ par J. Bowlby, T. Brazel- Philippe-Jonas Languillat,
MARIAGES, FIANÇAILLES 550 F TTC - 83,85 ¤ FORFAIT 10 LIGNES – Le président, ton et D. Stern. Sa notoriété lui confère la Fabienne Languillat,
Et les personnels de l’université présidence de l’Association mondiale de ses petits-enfants,
Toute ligne suppl. : 65 F TTC - 9,91 ¤ Paris-XIII psychiatrie du nourrisson (Waipad, deve- Les familles Crapé, Monty, Delbé,
THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 ¤ ont la tristesse de faire part du décès du nu Waimh). Fu n a r i , T h o u r y - P l a i s a n c e , Y v e s ,
COLLOQUES - CONFÉRENCES : L’œuvre écrite et les documents filmés, Languillat, Nicol, Caron.
Nous consulter professeur Serge LEBOVICI. tels les Eléments de psychopathologie du
bébé (1998), conservent l’image d’un
콯 01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 – Fax : 01.42.17.21.36e-mail: carnet@mondepub.fr. homme d’une curiosité insatiable et d’une
« Le souffle de l’homme
Les obsèques ont été célébrées dans est une lampe du Seigneur
Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de deux lignes. Les humanité profonde.
lignes en blanc sont obligatoires et facturées. l’intimité au cimetière parisien de qui éclaire les profondeurs de son être. »
Montmartre, le jeudi 17 août 2000. (Lire ci-dessus.) Proverbes 20/24.
LeMonde Job: WMQ1808--0022-0 WAS LMQ1808-22 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 09:10 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0409 Lcp:700 CMYK

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C U LT U R E
LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000

OPÉRA Commande de Gérard vain Amin Maalouf, qui raconte une mis en scène par Peter Sellars, dans té avec laquelle il avance souffre prennent, surtout venant d’une mu-
Mortier, directeur du Festival de histoire d’amour, comme on en ren- un décor de George Tyspin, cet ou- d’une musique statique et trop ré- sicienne dont la subtilité polypho-
Salzbourg, L’Amour de loin est un contre dans la quasi-totalité des vrage a remporté un grand succès férentielle au Moyen Age, époque nique est la marque de fabrique :
opéra composé par la Finlandaise grands opéras du répertoire. b CRÉÉ public. b SI SON LIVRET offre l’avan- où se situe l’action. b LES CHOIX L’Amour de loin fait entendre
Kaija Saariaho, sur un livret de l’écri- le 15 août dans la ville autrichienne, tage d’une langue limpide, la rapidi- musicaux de Kaija Saariaho sur- comme une simplification de son.

Un amour venu de loin, au risque de s’essouffler


Commande du Festival de Salzbourg, l’opéra de la Finlandaise Kaija Saariaho et de l’écrivain libanais Amin Maalouf remporte un grand succès public,
malgré la progression très rapide du livret et une musique trop calquée sur celle du XIIe siècle
1999, en avait échaudé plus d’un, une juste temporalité et place
L’AMOUR DE LOIN, opéra en notamment par la faute du livret cette fable à mi-chemin entre réa-
cinq actes de Kaija Saariaho, sur de l’épouse de Berio qui, par son lisme et onirisme, ce que la mise
un livret d’Amin Maalouf (créa- « éclatement polysémique », en scène de Peter Sellars, discrète-
tion mondiale). Avec Dawn Ups- comme on disait dans les an- ment efficace, et le simple disposi-
haw (Clémence, comtesse de Tri- nées 70, ne parvenait qu’à broder tif scénique de George Tsypin ne
poli), Dagmar Peckova (le le vide. contribuent pas à préciser vrai-
pèlerin), Dwayne Croft (Jaufré Cette année, les commanditaires ment. Il faut aussi dire qu’on se
Rudel, prince de Blaye et trou- ont respecté le cahier des charges lasse vite de ces deux tours néofu-
badour), chœur Arnold-Schoen- basique d’un opéra en cinq actes, turistes dans lesquelles les deux
berg, technique Ircam, Orchestre comme chez Jean-Philippe Ra- amoureux « de loin » chantent
symphonique de SWR Baden- meau ou Ambroise Thomas. Au l’essentiel de leurs interventions,
Baden et Freiburg, Kent Nagano chapitre des figures obligées, on avant de se rencontrer au beau mi-
(direction), Peter Sellars (mise notera que le livret a du sens, qu’il lieu d’un espace scénique envahi
en scène). Festival de Salzbourg, y a une progression dramatique, par l’eau.
Felsenreitschule, le 15 août. Pro- qu’on comprend le texte chanté. De toute évidence, les trois in-
chaines représentations : les 19, Et les auteurs n’ont pas hésité à DORIS WILD/WILD & TEAM SALZBURG terprètes se sont parfaitement in-
22, 27 et 30 août. Tél. : 00-43-662- parler d’amour et de mort, le fond vestis dans cette partition exi-
80-45-579. de commerce de 99 % des ou- geante mais dans laquelle ils ont
vrages lyriques. Le public se sera trouvé leurs marques. Dawn Ups-
SALZBOURG donc trouvé à son aise dans la haw chante sensiblement, avec sa
de notre envoyé spécial coque de ce navire lent, grave, clarté musicale et physique habi-
Après deux heures et quart de large. Il aura apprécié qu’il ne soit tuelle, avec une diction parfaite,
musique, le public applaudit cha- ni un Titanic gigantesque semant même si la prononciation de cer-
leureusement ce nouvel opéra que ses auditeurs dans les méandres de taines voyelles trahit son origine
le Festival de Salzbourg a ses luxueuses coursives ni un hors- nord-américaine. On peut regret-
commandé à la compositrice fin- bord agressif tentant de faire quel- ter les disparités de registre de
landaise installée en France Kaija ques vagues remuantes sur le Dagmar Peckova (le pèlerin) et
Saariaho et à l’écrivain d’origine li- vaste océan qu’est l’histoire d’une L’opéra réserve une fin tragique, dans un espace scénique envahi par l’eau. cette artiste estimable ne fait pas
banaise d’expression française forme on ne peut plus connotée et oublier que Lorraine Hunt était à
Amin Maalouf. L’Amour de loin au- référentielle. beauté », renverse les accents na- tion de son. Saariaho n’évite pas la valles consonnants « décadrés » l’origine distribuée dans le rôle.
ra très vite rassuré ceux qui crai- turels des mots « arrogance » et référence aux musiques du temps par un environnement harmo- On imagine quelle charge drama-
gnaient avoir affaire à une pièce « beauté ». Puisque Kaija Saariaho de Jaufré Rudel et pratique la nique dissonnant (et micro-tonal), tique celle-là eût donné à ses in-
redoutable, absconce et intermi- Le livret narre n’a pas fait le choix délibéré de quinte à vide avec un rien trop ces mélopées sinueuses sur des terventions... Jaufré est excelle-
nable. La Cronaca del Luogo, considérer la langue comme un ré- d’assiduité, sans parler des ryth- notes longuement tenues ment interprété par le baryton
commande passée à Luciano Berio l’amour idéal pertoire de syllabes ou de pho- miques saccadées des premières semblent d’une facilité qui n’est américain Dwayne Croft, qui
et créée dans les mêmes lieux en nèmes (comme en particulier Igor polyphonies occidentales notées pas dans la manière de ce qu’on confirme qu’il est aussi à l’aise
du troubadour Jaufré Stravinsky avec le latin d’Œdipus et la permanence d’un parfum mo- connaît de la Finlandaise. Du dans le grand répertoire que dans
rex) et que l’intelligibilité du texte dal dans les mélodies chantées, coup, la fin de l’ouvrage, qui fonc- la musique de Saariaho, John Har-
Amin Maalouf, exilé, Rudel, au XIIe siècle, est presque totale, ce parti pris quand ce ne sont pas des notes pi- tionne sur ce principe, perd sa bison (il était, avec Dawn Upshaw
s’immisce comme un brouillage vots (« La mort de Jaufré ») dont force, qui est réelle, parce que Saa- et Lorraine Hunt, l’un des créa-
pèlerin et conteur pour Clémence, inutile. la répétition finit par lasser riaho ne fait que réemprunter un teurs du The Great Gatsby, au Met,
Par ailleurs, les choix musicaux l’oreille. Tout cela nous remémore chemin trop battu pendant deux fin 1999) ou de Toru Takemitsu
« Amin Maalouf a fait le chemin comtesse de Tripoli, de Kaija Saariaho surprennent, de mauvais souvenirs musicaux : heures. (My Way of Life, en 1997 à Matsu-
inverse de la comtesse de Tripoli. surtout venant d’une musicienne Palestrina, de Hans Pfitzner, Car- L’impression que donnent ces moto).
Originaire du Liban, son outre- une muse lointaine dont la subtilité polyphonique est mina burana, de Carl Orff – Jaufré cent trente-cinq minutes de mu- Beau comportement de l’Or-
mer est la France, où il est établi la marque de fabrique. Son travail chante dans un style orné directe- sique ininterrompue n’est pas celle chestre de la SWR et du chœur Ar-
depuis 1976. Un an après le début sur les partitions faisant appel aux ment inspiré de la chanson médié- d’un déroulement continu, d’un nold Schoenberg, direction nette
des affrontements sanglants qui Le livret d’Amin Maalouf narre techniques électroniques, notam- vale. L’idée est jolie, mais elle de- flux, mais au contraire d’un sur- de Kent Nagano et participation
ont déchiré Beyrouth pendant l’amour passionné et idéal du ment celles des années 80, avait vient elle aussi un peu place en paradoxale contradiction discrète de l’Ircam, dont les colo-
dix-huit années, il a entrepris un troubadour Jaufré Rudel, au une imagination sonore riche et envahissante et redondante quand avec le déroulement du récit qui, rations électroacoustiques pas-
exil volontaire loin de son pays XIIe siècle, pour Clémence, poétique, réservant de savantes Clémence, quittant son propre vo- lui, semble aller trop vite. La dis- saient presque inaperçues, ce qui,
natal, dans lequel il n’est jamais comtesse de Tripoli, une muse parties de cache-cache entre cabulaire vocal, empreinte ce style tance, physique et psychique, du en l’occurrence, doit être pris pour
retourné. Le destin de son pays lointaine dont un pèlerin lui fait la l’acoustique et l’électro-acous- pour citer l’un des poèmes chantés poète et de sa muse, le voyage en- un compliment.
marque profondément son œuvre description. Ce dernier s’en va dire tique, quand L’Amour de loin fait de Jaufré. trepris, la maladie et la mort, tout
littéraire. Celle-ci n’en porte pas à la belle ce que le poète et musi- entendre comme une simplifica- Et puis ces empilements d’inter- cela semble ne pas s’inscrire dans Renaud Machart
l’empreinte directe, mais le trau- cien chante d’elle dans ses compo-
matisme politique agit en profon- sitions poétiques et musicales,
deur : Amin Maalouf n’accuse pas
les conflits et les oppositions, il
propose des “mythes positifs” et
mais celle-ci repousse la rencontre
et préfère rêver à cet « amour de
loin ». Jaufré traverse cependant
L’univers poétique de Kaija Saariaho
conciliateurs. Son attitude per- l’océan, mais plus il s’approche de PAR SES CHOIX de vie (installa- source sonore perçue. Qu’elles train, dans Stilleben (1987-1988). les enregistrements de ses disques,
sonnelle et littéraire est celle de la cet objet d’amour idéal, plus il s’en tion en France en 1982) et esthé- soient écrites pour la voix ou pour Parfois, sa formation picturale la parus chez Bis, Finlandia, Ondine,
pacification, de la compréhension affecte, au point d’en mourir juste tiques (travail avec Brian Ferney- les instruments, les compositions fait convoquer un souvenir spéci- sur un site internet officiel,
mutuelle entre les communautés avant l’aveu mutuel de leur amour. hough, influence très nette des de Saariaho tracent les contours fique, comme la peinture de www.saariaho.org ou via le cédé-
antagonistes, qu’il s’agisse de Le livret, écrit dans une langue techniques des musiciens français d’un monde mystérieux, cérémo- Claude Monet, dans Nymphea rom Prisma, coproduit par le
peuples ou de religions. » limpide, mêle habilement haute de l’Itinéraire), la compositrice fin- nial, affecté de transformations so- (1987), pour quatuor et électro- Centre de documentation de mu-
Extrait d’« Exilé, pèlerin, culture et archétypes. On y entend landaise Kaija Saariaho, née à Hel- nores inspirées par le travail de nique. sique finlandaise d’Helsinki, le
conteur », d’Alain Patrick Oli- des poèmes originaux de Rudel en sinki en 1952, s’est créé une place à Gérard Grisey et Tristan Murail L’apport singulier de Kaija Saa- Centre Pompidou et son éditeur
vier, publié dans le programme langue d’oc, tandis que le reste du part dans la musique d’au- qui, à l’Itinéraire, ont beaucoup riaho au mouvement spectral est Chester. Sony Classical fera bientôt
du Festival de Salzbourg. texte est prosodié à la manière de jourd’hui. Ayant pacifiquement et œuvré à la simulation instrumen- l’incorporation d’événements paraître un disque portrait dirigé
Maurice Ravel dans ses fameuses laconiquement déclaré la guerre tale de processus électroniques. « dramatiques » (mélodiques et par Esa-Pekka Salonen, contenant
Histoires naturelles, dont le « parler aux musiques écrites pour le pa- rythmiques) à des structures statis- Amers (1992), Graal Théâtre (1994)
popu » (« Mais qu’est- pier, elle a su créer un univers per- SONORITÉS LOINTAINES tiques au développement lent. Près et Château de l’âme, avec la fidèle
c’que’j’dis ? ») voulait s’opposer à sonnel, presque immédiatement Lonh (1996, révisé en 1998), pour (1992-1994), pour violoncelle et Dawn Upshaw, qui l’avait créée au
A LA TELEVISION la prosodie artificieuse de Pelléas reconnaissable, pourtant fait d’in- voix et électronique, sur un poème électronique, en est un exemple Festival de Salzbourg en août 1996.
ET A LA RADIO et Mélisande, de Claude Debussy. fluences, d’emprunts et capable de de Jauffré Rudel cité dans l’opéra, assez parlant.
Le plus étonnant, dans cette se conformer à la loi d’un genre. est une manière d’étude prépara- Les curieux peuvent découvrir R. Ma.
Le Monde des idées langue chantée, n’est pas tant l’éli- L’Amour de loin, son opéra, créé à toire à L’Amour de loin. Mais une
LCI
Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 sion systématique que les choix Salzbourg le 15 août, en témoigne étude qui, en quelque quinze mi-
Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 prosodiques de Kaija Saariaho en amplement, même si en l’oc- nutes, met en place un univers de
Le lundi à 15 h 10 matière d’accentuation du fran- currence la compositrice a fait su- sonorités lointaines, d’échos, de
a çais : la compositrice souligne bir une métamorphose peut-être réverbérations environnant la voix
Le Grand Jury volontiers les premières syllabes excessive à son style habituel. de la soprano Dawn Upshaw, qui
RTL-LCI
Le dimanche à 18 h 30 des mots, déplaçant ainsi Le travail sur le rapport des sons l’a créée et enregistrée pour On-
a constamment l’accentuation natu- électroniques et acoustiques a tou- dine (1 CD ODE 906-2).
La rumeur du monde relle affectant d’ordinaire la der- jours été au centre des préoccupa- Kaija Saariaho évoque aussi fré-
FRANCE-CULTURE nière syllabe. Un texte de présen- tions de la Finlandaise depuis ses quemment les équivalences vi-
Le samedi à 12 heures
tation très informatif, de Pierre premières pièces, comme Verblen- suelles, comme une aurore bo-
a
Idéaux et débats Michel, cite quelques exemples dungen (1982-1984), qui parvient, réale, suggérée dans Lichtbogen
FRANCE MUSIQUES musicaux où l’on voit très bien par une technique aussi habile que (1985-1986), ou la surimpression
Le dimanche à 17 heures comment la distribution ryth- poétique, à renverser les perspec- d’un paysage en mouvement per-
a mique des syllabes, par exemple tives au point qu’on ne sait parfois pétuel et du reflet immuable d’un
Festivals en Muzzik
MUZZIK dans la phrase « L’Arrogance de la pas à quel média attribuer la visage sur et à travers la vitre d’un
Tous les jours à 9 heures,
12 heures, 19 heures, 20 h 45 , 22 h 30
a
Libertés de presse
FRANCE-CULTURE
Le premier dimanche de chaque mois
a
A la « une » du Monde
RFI
Du lundi au vendredi
à 12 h 45 et 1 h 10 (heures de Paris)
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La « une » du Monde
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Du lundi au vendredi
13 h 06, 15 h 03, 17 h 40
Le samedi
13 h 07, 15 h 04, 17 h 35
LeMonde Job: WMQ1808--0023-0 WAS LMQ1808-23 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 09:10 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0410 Lcp:700 CMYK

C U LT U R E LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 23

Paris ferme ses quartiers d’été « Le Goût


Alors que les spectacles payants ont battu des records de fréquentation,
des autres » ouvrira
les manifestations gratuites ont souffert du mauvais temps le Festival des films
MALGRÉ le temps maussade du
mois de juillet, la onzième édition
du Festival Paris Quartier d’été
Haïti. « Quelle que soit la nationa-
lité des artistes, c’est toujours l’am-
biance du pays qui finit par s’impo-
propose des manifestations gra-
tuites, d’autres à 100 francs et
moins. Si le mauvais temps et la
du monde
s’est achevée, le 14 août, avec des
records de fréquentation pour les
spectacles payants. Durant un
ser », explique Patrice Martinet. Il
ajoute qu’une des vocations de ce
festival est de « rassembler toutes
pluie ont à plusieurs reprises dé-
couragé les spectateurs, deux ma-
nifestations ont retenu leur atten-
de Montréal
mois, près de 100 000 personnes les communautés. » tion : le spectacle d’ouverture, le LE FILM de l’Italien Gianluca
ont assisté à l’une des 102 repré- Tam-tam du merveilleux, une créa- Maria Tavarelli, Ce n’est pas le para-
sentations des 39 spectacles mis CHOIX « PAR AFFINITÉS » tion de Pierre Henry qui a rassem- dis, et une coproduction franco-
en scène dans vingt lieux de la ca- Cette année, les manifestations blé une foule bigarrée sur la piaz- américaine de Jerry Schatzberg, The
pitale. Selon Patrice Martinet, di- payantes ont attiré plus de monde za Beaubourg et un concert au Day the Ponies come back, seront
recteur artistique du festival, la di- que les années précédentes. Le parc André-Citroën, où le public présentés en première mondiale au

BONCIANI
minution du nombre de spectacle de cirque Spartacus par reprenait en chantant les airs clas- 24e Festival des films du monde
spectateurs, pour les spectacles la compagnie Abbondanza-Berto- siques interprétés par l’Orchestre (FFM) de Montréal à partir du
gratuits, s’explique par « l’absence ni a ainsi été particulièrement plé- national de France, dirigé par Di- 25 août. Ces deux films, en compé-
d’une manifestation fédératrice » biscité. Au jardin des Tuileries, les dier Benetti. Le spectacle de cirque « Spartacus » par la compagnie tition officielle, portent à vingt-
comme en 1999 avec Fantasia et représentations de Triton, mis en Féru de théâtre et grand voya- Abbondanza-Bertoni a été particulièrement plébiscité. quatre le nombre des longs mé-
Les Enchanteurs marocains – des scène par Philippe Decouflé, ont geur, Patrice Martinet choisit les trages qui vont concourir pour le
festivités liées à l’année du Maroc. affiché complet. Au Palais-Royal, spectacles « par affinités » en es- pour ceux qui ne partent pas en va- les concerts symphoniques. Quant Grand Prix des Amériques à Mon-
Organisé du 15 juillet au 14 août, la fable musicale de Roberto de sayant de répondre à une parfaite cances et faire que Paris reste une au projet « Périphérock » – fermer tréal. Le Goût des autres, première
Paris Quartier d’été investit, de- Simone, La Gatta Cenerentola, adéquation entre public, lieu et ville vivante. » Pour les éditions des tronçons du périphérique réalisation de l’actrice française
puis 1990, parcs, jardins et monu- l’opéra taïwanais La Vengeance de moment. Certains projets, comme prochaines, le directeur artistique pour permettre aux piétons et aux Agnès Jaoui, qui ouvrira le festival,
ments parisiens pour les transfor- Gui-Ying et Carmen, de Bizet, La Gatta Cenerentola, attendent fourmille d’idées. Il évoque no- musiciens d’en prendre posses- est également en lice, comme Sade,
mer en autant de lieux de adapté et mis en scène par Augus- parfois cinq ou six ans avant que tamment les musiques tziganes, sion –, il pourrait enfin voir le jour de Benoît Jaquot, Merci pour le cho-
spectacle vivant dont les artistes to Boal, ont été très bien accueil- ces trois conditions ne se trouvent 2001 étant l’année de la Hongrie. l’été 2001. colat, de Claude Chabrol, et La via
sont venus, cette année, de dix- lis. réunies. Patrice Martinet garde Par ailleurs, fort du succès de la degli angeli, de l’Italien Pupi Avati.
huit pays dont le Japon, l’Argen- Paris Quartier d’Eté se veut ac- toujours à l’esprit la double mis- prestation de l’Orchestre national Anne Le Mouëllic Jusqu’au 4 septembre, le festival
tine, la Chine, l’Italie, le Brésil, cessible au plus grand nombre et sion du festival : « Animer Paris de France, il souhaite multiplier et Vinca Van Eecke proposera au total trois cent
soixante films de cinquante-cinq
pays, dont deux cent seize longs

La ville de Blois renonce au pavillon des Enfants métrages. Parmi ces derniers,
soixante-quinze sont présentés
comme des premières mondiales.
– (AFP.)
Le projet de l’Américain Dan Graham et du Canadien Jeff Wall ne sera pas construit sur l’ancien jardin royal des Lices
DÉPÊCHES
BLOIS de Blois, cathédrale composite qui che- était assuré : 1,6 million de francs de la dé- Inscrit dès 1992 dans une convention a MUSIQUE : Claudio Abbado,
de notre correspondant vauche maladroitement le coteau, n’en légation aux arts plastiques du ministère entre la ville et le ministère de la culture, le directeur musical de l’Orchestre
Deux commandes publiques, program- méritait peut-être pas tant. Sa nef en sort de la culture et autant de la Mission an pavillon de Wall et Graham avait été asso- philharmonique de Berlin, sera
mées de longue date, à Blois, devaient voir transfigurée. 2000, pour un coût total de 4 millions de cié aux manifestations de « Blois, cité des remplacé par le chef d’orchestre
le jour en 2000. L’une s’achève, l’autre dis- Mais le pavillon des Enfants, projet de francs. Au terme des études de faisabilité, enfants de l’an 2000 », dont il dirait la per- Bernhard Haitink, pour la tournée
paraît. Les trente-deux vitraux commandés l’Américain Dan Graham et du Canadien les élus blésois ont décidé, le 13 juillet manence. Ce monument avait sans doute effectuée par cet orchestre, du
en 1992 à Jan Dibbets pour la cathédrale Jeff Wall, ne sera pas construit sur l’ancien 2000, l’abandon du projet. tout contre lui : trop conceptuel ou pas as- 25 août au 2 septembre. Abbado
seront inaugurés le 22 décembre, en pré- jardin royal des Lices, à proximité immé- sez esthétique, susceptible de heurter les avait dû subir une opération d’ur-
sence de la reine Beatrix des Pays-Bas. Les diate du château. Le paysagiste Gilles Clé- TROP CONCEPTUEL, TROP HERMÉTIQUE... défenseurs du patrimoine, potentiellement gence en raison d’une « maladie
baies translucides où l’artiste néerlandais a ment devra revoir les dessins du futur parc Pour le nouveau maire de Blois, Bernard porteur de polémiques sur la célébration grave » le 7 juillet en Sardaigne, où
posé les graphies épurées du Verbe et des qui enserrait ce dôme de béton, table phi- Valette (PS), vice-président du conseil ré- de la beauté angélique de l’enfance, trop il passait ses vacances, et « il va
symboles chrétiens s’installent sous les losophique, planétarium, terrain d’aven- gional du Centre, en charge de la culture, lourd de symboles ou trop hermétique... beaucoup mieux aujourd’hui », a
arcs gothiques. Comme il le souhaitait, la tures et théâtre de reflets, orné sur son c’est « une décision sage et responsable : « L’art trouve une place au sein de la cité et déclaré la porte-parole de la Phil-
lumière du val de Loire entre à flots, fine- pourtour intérieur de photographies lumi- l’insertion du bâtiment dans le site histo- ce monument hybride se veut champ d’expé- harmonie. Le chef d’orchestre ita-
ment quadrillée de losanges, et fait danser neuses rondes, à la manière des tondi de la rique n’est pas satisfaisante ; quant aux pre- rience au quotidien », écrit Frédéric Bonnet lien retrouvera son orchestre le
la couleur acide d’un poisson ou d’une Renaissance, portraits idéaux d’enfants du miers concernés, les enfants, l’usage public dans L’Architecture aujourd’hui de juin 6 septembre, à Berlin. – (AFP.)
lettre grecque. Sur les piliers et les dalles, monde. Voyageur malchanceux, ce pavil- et pédagogique du pavillon ne nous a pas 2000, au terme d’une analyse de ce « Pan- a Le directeur du Festival les Es-
conjointement avec la restauration totale lon, imaginé dès 1987 et dont une ma- été suffisamment démontré » . Jacques théon utopique ». « Reste à savoir, ajoute-t- cales à Saint-Nazaire, Patrice
de l’édifice qu’achève la renaissance des quette reste visible à Genève, fut aupara- Chauvin (RPR) dénonce « l’inconséquence il, si les visiteurs et habitants de Blois se l’ap- Bulting, va déposer une demande
grandes orgues, cette intervention vant programmé en Californie ou en de décisions qui n’ont qu’un objectif : l’effet proprieront et quelle en sera leur pratique. » d’indemnisation auprès du Fonds
contemporaine dans un lieu sacré – la plus Allemagne. médiatique ». Jack Lang, premier adjoint La question restera sans réponse. international d’indemnisation
importante depuis Soulages, à l’abbaye de Le conseil municipal du 13 juillet 1999 en au maire, ne s’est pas exprimé publique- pour les dommages dus à la pollu-
Conques – a été menée à bien. Saint-Louis avait voté la construction. Le financement ment. Jacques Bugier tion par hydrocarbures (Fipol), en
raison d’une fréquentation trop
basse, due à la pollution engen-

L’ambitieux programme de restauration du château de Vincennes drée par le naufrage du pétrolier


Erika. « J’avais [...] alerté le Fipol en
juin car, la Loire-Atlantique étant
sévèrement touchée, je pouvais
Les travaux, d’un montant de 473 millions de francs, devraient s’échelonner jusqu’en 2014 au moins craindre pour le festival la perte des
touristes de passage », a assuré l’or-
ÉDIFIÉE à partir de 1178, la ré- Les années et les événements ne La partie la plus spectaculaire de tuant cinq à six mètres plus bas. porteront principalement sur les ganisateur.
sidence royale de Vincennes est l’ont donc pas épargné. Aussi doit- la rénovation concerne bien évi- Les abords du château seront re- vitraux et sur leur ossature de a ANNIVERSAIRE : une cin-
célèbre aujourd’hui pour son don- il faire l’objet d’un très ambitieux demment le donjon. En 1995, à la faits. L’idée est d’araser les talus et pierre, qui fait de douze à quatorze quantaine de descendants de
jon, qui culmine à cinquante programme de rénovation, établi suite d’un éclatement de la pierre de replanter les arbres plus loin mètres de haut pour trente centi- l’écrivain russe Leon Tolstoï sont
mètres. Ce château constitue l’un sur les bases d’un rapport de Jean- dû à l’énormité de sa masse, il était afin de dégager la vue. Dans un se- mètres de large. Si les vitraux arrivés, le 15 août, en Russie pour
des plus remarquables et des plus Philippe Lecat, conseiller d’Etat et fermé au public. Les travaux pour cond temps, un petit îlot d’im- neutres du XIXe sont remis en une exceptionnelle réunion de fa-
vastes ensembles architecturaux ancien ministre de la culture. le seul donjon dureront trois ans, meubles sera rasé, une voie et un place, il en coûtera environ 20 mi- mille dans la résidence de Iasnaïa
de l’Europe médiévale. Agrandi, et il faudra y ajouter un an pour le parking supprimés pour retrouver lions de francs ; s’il est fait appel à Poliana, à 180 km au sud de Mos-
modifié, en partie démoli, il a été LE DONJON, GROS CHANTIER démontage de l’échafaudage. les jardins du roi. Les premiers tra- un artiste contemporain, il faudra cou. « C’est pour nous un événe-
le témoin des guerres de religion, a Les travaux, d’un montant de Cette opération coûtera 125 mil- vaux de restauration devraient compter le double. ment grandiose car tout au long du
été transformé en prison, en fa- 473 millions de francs (72,1 mil- lions de francs. Parmi les autres commencer sitôt après les jour- XXe siècle, notre famille ne s’est ja-
brique de canons, et a failli devenir lions d’euros), pris en charge par chantiers du château de Vin- nées du patrimoine, en septembre Dominique Meunier mais rassemblée en entier », a dé-
le lieu de résidence de la prési- les ministères de la culture et de la cennes, ajoutons la réfection du 2000. claré Vladimir Tolstoï, arrière-ar-
dence de la République, en 1958, défense, devraient s’échelonner pont de l’entrée du public à la tour 夝 Château de Vincennes, avenue rière-petit-fils de l’écrivain. La fête
quand le général de Gaulle est re- jusqu’en 2014 et peut-être même du village, qui évoquera un pont- LES VITRAUX DE LA CHAPELLE de Paris, 94300 Vincennes. Mo Châ- précède une conférence, « Les lec-
venu au pouvoir. Vincennes est, déborder jusqu’en 2020. A titre de levis, la réfection des remparts et le Indépendamment de ce pro- teau-de-Vincennes. Tél. : 01-48-08- tures de Tolstoï », annoncée pour
aujourd’hui, un haut lieu de mé- comparaison, la restauration de déblayage des fossés sous contrôle gramme, la Sainte-Chapelle de 31-20. Ouvert du 1er avril au le 90e anniversaire de la mort de
moire : il abrite les archives histo- Notre-Dame de Paris devrait coû- archéologique. En effet, l’herbe Vincennes – le bâtiment d’Ile-de- 30 septembre, de 10 heures à l’écrivain, le 20 novembre. cent-
riques des trois armes (air, terre, ter 150 à 180 millions de francs et pousse à la hauteur à laquelle arri- France à avoir le plus souffert de la 12 heures et de 13 h 15 à 18 heures vingt écrivains, philosophes et
mer), et elles pourraient être enri- celle de l’Opéra Garnier 280 mil- vait l’eau autrefois, le fond des fos- tempête du 26 décembre 1999 – (jusqu’à 17 heures du 1er octobre spécialistes, venus du monde en-
chies par celles de la gendarmerie. lions de francs. sés, probablement maçonné, se si- devra faire l’objet de travaux. Ils au 31 mars). tier, doivent y participer. – (AFP.)
LeMonde Job: WMQ1808--0024-0 WAS LMQ1808-24 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 09:10 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0411 Lcp:700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 C U LT U R E

Kofi Setordji SORTIR


PLOËZAL (Côtes-d’Armor) GINDOU (Lot)

donne corps aux blessures La Roche-Jagu fait son festival


Le monde de la musique se réjouit
de chaque (re)naissance, surtout
Rencontres cinéma
Les Rencontres cinéma de Gindou
– qui fêtent leur 16e anniversaire –

de la mémoire
lorsque la programmation est font honneur au cinéma des pays
minutieusement pensée et choisie. du pourtour méditerranéen et de
Pour le Festival de la Roche-Jagu, l’Afrique. Pour l’édition 2000,
l’enjeu est de taille : faire revivre, Gindou a choisi de centrer ses
le temps d’un long week-end et manifestations sur le
Le sculpteur ghanéen expose à Bordeaux après dix-sept années de silence,
l’esprit de la culture et de la
Proche-Orient. Les films
sélectionnés s’attachent à décrire
ses œuvres, hantées par les tragédies africaines musique dans le parc du château
de La Roche-Jagu. A l’affiche,
la réalité quotidienne des
habitants des zones en conflits. Un
guise de tête. Dans le bloc de bois de la musique traditionnelle hommage particulier sera rendu
KOFI SETORDJI. Galerie qui forme le torse, Kofi Setordji a bretonne avec Marthe Vassallo et au réalisateur israélien Assi Dayan
Porte 2a, 16, rue Ferrère, 33000 comme cousu une ficelle blonde, Noluen Le Buhé, le clarinettiste lors de la soirée d’ouverture (le
Bordeaux. Tél. : 05-56-51-00-78. grossière, ornementation absurde Michel Aumont, Casse pipe 19 août) et de la projection de son
Du mardi au samedi, de d’un corps sans âme. (le 18 août), Ifig et Nanda Troadec film Les 92 minutes de M. Baum (le
14 heures à 18 heures. Entrée Plusieurs sculptures allient la (le 19 août), Les Ours du Scorff 21 août). Des réalisateurs
libre. Jusqu’au 30 août. force statique du bois à la fluidité (le 20 août)... ; du jazz avec le palestiniens, jordaniens, libanais,
de la ficelle ou à la fragilité de Band Ar Jazz (le 19 août), la égyptiens et syriens seront
BORDEAUX l’écorce, créant une impression Compagnie Air Groove, Un Truc présents. La semaine de
de notre envoyée spéciale poignante de vulnérabilité. Ainsi, dans l’Genre (le 20 août)... ; manifestations se terminera par
Dans son atelier à Accra (Gha- une haute statue, intitulée Sil- de la musique irlandaise avec une nuit de neuf heures de
na), Kofi Setordji sculpte les bles- houette, dessine un corps souf- l’Irish French Connection et le cinéma, avec notamment
sures de la mémoire. A travers le frant, orné de symboles géomé- Boris Blanchet Trio (le 19 août) ; Lumumba, de Raoul Peck et La
bois, la pierre ou le métal, il dit la triques, mêlé de tronc dur, de la chanson française décapante, Noce, de Pavel Lounguine (le
guerre de 1939-1945, dans laquelle d’écorce, de bois brûlé, avec un de la musique tzigane, des flûtes, 26 août).
des milliers d’Africains – comme bassin déhanché entièrement em- de la danse, des contes... Rencontres cinéma de Gindou, le
son père – furent enrôlés, le gé- mailloté de corde. Les grands to- Festival de la Roche-Jagu, bourg, Gindou (46). Du 19 au
nocide rwandais de 1994 ou le tems qui forment le triptyque château, Ploëzac (22). Les 18, 26 août. 20 F. Tél. : 05-65-22-89-99.
drame du Kosovo. A Bordeaux, L’Ame, L’Esprit, Le Corps, attri- 19 et 20 août. 50 F. Tél. E-mail :

RODOLPHE ESCHER
invité par la galerie Porte 2a – buent une importance identique à 02-96-95-62-35. gindou.cinema@wanadoo.fr.
pour Aquitaine et Afrique –, il est ces trois composantes de l’être
accueilli pendant quatre mois, le humain à travers trois sculptures
temps d’une exposition et d’inter-
ventions en milieu scolaire.
d’égale puissance.
Cet artiste aux thématiques
GUIDE
A peine arrivé en France, cet ar- plutôt graves livre parfois un re-
Ted Curson et Roger Van Ha Trio
tiste, qui travaille mille matériaux gard amusé sur ce qu’il a observé Un triptyque de grands totems en bois et ficelle : REPRISES CINÉMA Caveau de la Huchette, 5, rue de la Hu-
divers, s’est emparé d’arbres tom- autour de lui. Les Champions, on- « L’Ame », « L’Esprit », « Le Corps ». chette, Paris-3e. Les 18, 19 et 20 août,
Joseph Lees
bés cet hiver pendant la tempête, ze têtes accrochées à des lames 21 h 30. Tél. : 01-43-26-65-05. 75 F.
d’Eric Styles (Etats-Unis, 1999, v.o.).
de bois exotiques livrés par un de bois, ont été inspirés par l’eu- rivait là, à quelques pays du Gha- ballée dans un coin pendant des UGC Orient-Express, 3 et 7- 9, rue de Xavier Richardeau Quintet
importateur local et d’objets ré- phorie footballistique suscitée na, pouvait arriver partout en mois. « En Afrique, on manque de l’Orient-Express, Forum des Halles, ni- Au Duc des Lombards, 42, rue des Lom-
cupérés au marché aux Puces – par l’équipe de France. Qualité de Afrique », explique-t-il. tout ce qui fait la vie artistique – les veau – 4, Paris-1er. Rés. : 01-40-30-20-10 ; bards, Paris-1er. Les 18 et 19 août, 21 h 30.
Tél. : 01-42-33-22-88. 100 F.
vieux métaux, cordages, casques l’air aujourd’hui (titre d’une ru- musées, les galeries, les conserva- rens. : 08-36-68-68-58.
Philippe Depreissac
d’anciens combattants – pour brique du quotidien Sud-Ouest) FORMER LES JEUNES teurs, les critiques, les historiens
créer les œuvres présentées ac- est une tête en bois et ficelle sur- Pendant deux ans, Kofi Setordji d’art », regrette Kofi Setordji. Les
FESTIVALS CINÉMA et Gilbert Leraux Trio
Petit Journal Montparnasse, 13, rue du
tuellement rue Ferrère. montée d’un énorme masque à a créé cette œuvre monumentale, gouvernements manquent de Cinéma en pleir air : Commandant-René-Mouchotte, Pa-
gaz gris aux gros yeux ronds cer- multipliant les matériaux et les moyens ou de volonté pour me- les grands espaces ris-14e. Le 18 août, 22 heures. Tél. : 01-43-
FORCE ET FLUIDITÉ clés de noir. techniques pour dire la dimen- ner une politique culturelle. Raining in the Mountain, de King Ku 21-56-70. De 100 F à 150 F.
(Hongkong, 1978, 2 h). Le 18 août, Miguel M.
Dans une odeur fraîche de ré- Les trois Sentinelles en bois, sion exceptionnelle de ce drame. « Mais les artistes font changer les 22 heures. and the Brachay’s Blues Band
sine de pin, il expose des têtes et brûlées par endroits au chalu- Aucune de ses têtes en terre et en choses », affirme-t-il. Pour sa part, Parc de La Villette, prairie du Triangle, Chesterfield Café, 124, rue La Boétie, Pa-
des silhouettes abstraites qui ré- meau, rappellent les corps suppli- papier, aucune silhouette en bois, grâce aux revenus qu’il tire de la Paris-19e. Tél. : 08-03-30-63-06. ris-8e. Les 18 et 19 août, 23 heures. Tél. :
fléchissent sa vision du monde et ciés de l’œuvre bouleversante nulle boîte-cercueil ne décrit de vente de ses œuvres aux Etats- Cinémathèque française 01-42-25-18-06. Entrée libre.
sa perception de la société occi- que Kofi Setordji a réalisée sur le façon réaliste les crimes subis. Et Unis, il termine la construction de Les Amants du crime, de Felix Feist 38 Dub Band
dentale. L’Homme à l’antenne est thème du génocide rwandais. In- pourtant ces petits bouts de bois trois ateliers pour des artistes. Il (Etats-Unis, 1951, 1 h 30, v.o.). Le 18 août, Guinguette Pirate, quai de la Gare, Pa-
19 heures. ris-13e. Mo Quai-de-la-Gare. Les 18 et
né d’une image saisie dans la rue, titulée Génocide, cette installa- ceints d’une paille fragile, ces souhaite y accueillir des jeunes : La Reine du hold-up, de Félix Feist 19 août, 20 heures. Tél. : 01-56-29-10-20.
un homme de trois quarts dos, tion majeure, qui compte planches noircies au feu, ces ils pourront se confronter à des (Etats-Unis, 1952, 1 h 40, v.o.). Le 40 F.
dont le visage disparaissait der- 288 pièces, a été exposée à la terres pétries disent les mutila- artistes qui maîtrisent des tech- 18 août, 21 heures. Jules Bourdeaux, Martin Daumas,
rière une antenne de téléphone Biennale des arts de Dakar en tions, les viols, les corps jetés niques traditionnelles africaines Cinémathèque française, palais de Rémo Gary
portable. Le buste en bubinga, un juin et sera présentée partielle- sans sépulture, avec une puis- et découvrir l’art contemporain Chaillot, 7, avenue Albert-de-Mun, Pa- Limonaire, 18, cité Bergère, Paris-9e. Le
bois exotique dense et rosé, est ment à Lille à partir du 25 sep- sance d’évocation déchirante. international, à travers une bi- ris-16e. Tél. : 01-56-26-01-01. 18 août, 22 heures. Tél. : 01-45-23-33-33.
Un film, de Marcel Hanoun (France, Quai des brunes
surmonté d’un amoncellement de tembre. « Comme tout le monde, Après une exposition à Accra et bliothèque et des vidéos.
1981-1983, 1 h 35). Le 18 août, 19 heures. La Comedia, 4, impasse Lamier, Paris-11e.
pièces métalliques (fer à cheval j’ai vu les images de ce conflit à la une autre à Abidjan (Côte Temps sans pitié, de Joseph Losey Les 18, 19 et 20 août, 23 heures. Tél. : 01-
déformé, crochet de boucher) en télévision. J’ai pensé que ce qui ar- d’Ivoire), l’œuvre est restée em- Catherine Bédarida (Grande-Bretagne, 1957, 1 h 28, v.o.). Le 44-64-83-76. De 30 F à 70 F.
18 août, 21 h 30. Ben’s Bélinga Group
Cinémathèque française, salle des Cithéa, 114, rue Oberkampf, Paris-11e. Le

Images d’enfants dans les conflits du siècle Grands Boulevards, 42, boulevard
Bonne-Nouvelle, Paris-1er. Tél. : 01-56-26-
01-01.
Censure et cinéma
18 août, 22 h 30. Tél. : 01-47-00-00-32.

RÉGIONS

En 150 clichés, le Centre de la mémoire d’Oradour présente une anthologie du reportage de guerre Maîtresse, de Barbet Schroeder (France,
1975).
Le Saint-Germain-des-Prés, 22, rue Guil-
Le Théâtre ambulant
de Lioubomir Simovitch, mise en scène
de Christophe Rauck.
fonction symbolique du lieu. Car des Ora- au fond d’un puits. Viennent ensuite les laume-Apollinaire, Paris-6 e. Tél. : 01-42- Théâtre du Peuple, rue du Théâtre, Bus-
L’ENFANT ET LA GUERRE. Centre de la mé- 22-87-23. sang (88). Tél. : 03-29-61-50-48. De 40 F à
dour, depuis, il y en a eu des centaines. images de la seconde guerre mondiale (Henri
moire d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), 110 F. Jusqu’au 27 août.
L’exposition, construite à partir de plu- Cartier-Bresson, Hans Peter Klauser...), dont TROUVER SON FILM Le pupille veut être tuteur
tous les jours de 9 heures à 20 heures. Jus- sieurs documentations — Magnum, le Centre on a dit qu’elle a été la guerre la plus photo- de Peter Handke, mise en scène de
Tous les films Paris et régions sur le Mi-
qu’au 10 septembre. Entrée : 30 francs international de la Croix-Rouge (CICR), les graphiée (Don Mac Cullin, Kent Potter, Bill Jean-Claude Berutti.
nitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : 08-36-68-
(4,57 ¤), tarif réduit : 20 francs (3,05 ¤), agences Upi, la Süddeutscher Verlag de Mu- Strode, Philip Jones Griffiths), mais aussi les 03-78 (2,23 F/min). Théâtre du Peuple, rue du Théâtre, Bus-
groupe : 25 francs (3,81 ¤). nich, Rizzoli Editore de Milan, etc. —, a re- conflits indo-pakistanais (André Jolliet), bia- sang (88). Les 18 et 19 aout, 20 heures.
censé quelque 140 conflits locaux et guerres frais (Robin Farquahrson), Chypre (Max Va- ENTRÉES IMMÉDIATES Tél. : 03-29-61-50-48. De 40 F à 110 F. Jus-
ORADOUR-SUR-GLANE civiles depuis la seconde guerre mondiale. Et terlaus), le Cambodge (Robert Burrows), qu’au 26 août.
Le Kiosque Théâtre : les places de cer-
de notre envoyé spécial encore s’arrête-t-elle dans ses présentations l’Ethiopie (Denis Gignoux), l’Angola (Liliane Lectures
tains des spectacles vendues le jour
Haut plateau, Chambon-sur-Lignon (17).
Trois clichés célébrissimes : le petit garçon avant la décennie 1990-2000, celle des tragé- de Toledo), le conflit sénégalo-mauritanien même à moitié prix (+ 16 F de commis-
Du 18 au 20 août. Tél. : 04-71-59-76-46.
à casquette qui sort la main levée du ghetto dies yougoslave, rwandaise, zaïroise, etc. (Béatrice Plantier), l’Afghanistan (Dieter sion par place).
Place de la Madeleine et parvis de la 26 000 couverts
de Varsovie investi par les SS (auteur in- Bauer), l’Amérique centrale (Edouard Wini- de et par 26.
gare Montparnasse. De 12 h 30 à
connu), la fillette vietnamienne nue qui fuit ger), etc. Avec quelques absences notables Les Descendants des Tournées Fournel,
en hurlant les brûlures du napalm et l’avan- Ces photographies pourtant, celles par exemple de Sebastiao
20 heures, du mardi au samedi ; de
12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Liginiac (19). Le 18 août, 21 heures. Tél. :
04-71-45-47-47.
cée des soldats américains (Nic Ut), les Salgado ou de Gilles Caron. Le Sinfonietta de Paris
femmes, vietnamiennes elles aussi, qui montrent plus de victimes Toutes ces photographies montrent plus Haendel. Direction, Dominique Fanal. Intégrale des préludes et fugues
de Chostakovitch
tentent de fuir à la nage, couvertes de mar- d’enfants victimes que d’enfants soldats. Eglise de la Madeleine, place de la Ma-
maille, la ligne de feu (Sawada Kyoichi). que de soldats. La volonté Nombreuses pietà, dont une inversée, un deleine, Paris-8e. Le 18 août, 21 heures.
Tél. : 01-42-64-83-16. Location Fnac, Vir-
Andrea Corazziari, Mami Miyake (pia-
no).
Et beaucoup d’autres : 150 clichés au total h o m m e p l e u r a n t s u r s a fi l l e m o r t e e n Temple protestant, Lourmarin (84). Le
(87 en noir et blanc, 18 en couleur), moins de l’image-témoignage 1956 lors de l’attaque franco-britannique sur
gin. De 140 F à 180 F.
Alain Kremski (piano) 18 août, 11 heures. Tél. : 04-42-50-51-15.
connus, mais qui rôdent tous plus ou moins le canal de Suez (photo Per Olow Andersen). Liszt, Wagner, Nietzsche, Mahler. De 60 F à 275 F.
dans la mémoire collective. Sur le thème s’affirme abruptement Beaucoup de photos frontales, où s’affirme Théâtre de l’île Saint-Louis, 39, quai Gérard Poulet, Christophe Henkel,
Piere Reach
« L’enfant dans la guerre 1900-1990 », le abruptement la volonté de l’image-témoi- d’Anjou, Paris-4e. Mo Pont-Marie. Le
18 août, 21 heures, jusqu’au 1er sep- Mendelssohn, Schubert.
Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane gnage.
tembre. Tél. : 01-46-33-48-65. 90 F. Serre de la Madone, Menton (06). Le
( H a u t e -Vi e n n e ) p r o p o s e u n e t r a v e r s é e Cette exposition est structurée par sé- L’exposition insiste plus sur les séquelles 18 août, 21 h 30. Tél. : 04-92-41-76-95.
François Constantin Trio
du siècle qui est aussi une anthologie du quences décennales, dans une mise en espace que sur les batailles elles-mêmes. Familles dé- Baiser salé, 58, rue des Lombards, Pa- 200 F.
photoreportage sous sa forme la plus per- très élaborée, rythmée par des portraits placées, enfants mutilés, exodes à rebondis- ris-1er. Les 18 et 19 août, 21 h 30. Tél. : 01- Caroline Sageman (piano)
cutante. géants d’enfants sur toile libre transparente. sements, bidonvilles, installations dans la mi- 42-33-37-71. 80 F. Chopin.
Edifié voici trois ans à l’entrée des ruines Les premières photos du siècle — les Balkans sère durable des camps de populations Ahmet Gulbay Trio Théâtre Forbin, La Roque-d’Anthéron
du bourg anéanti le 10 juin 1944 par la divi- déjà, la guerre civile en Russie, l’invasion de déplacées. Autant d’images qui montrent, di- Le Bilboquet, 13, rue Saint-Benoît, Pa- (13). Le 18 août, 16 heures. Tél. : 04-42-
ris-6e. Du 18 au 22 août, 22 h 30. Tél. : 01- 50-51-15. De 60 F à 275 F.
sion SS « Das Reich », le Centre de la mé- la Mandchourie par le Japon, l’attaque de rait la Mère Courage de Bertolt Brecht, que
45-48-81-84. 120 F. Pedro Burmester (piano)
moire s’est donné pour mission de sortir des l’Ethiopie par Mussolini — sont anonymes. « la guerre anéantit les plus faibles mais la paix Carl Sonny Leyland Schubert, Chopin.
macérations du deuil local (642 victimes, Le premier cliché signé date de la guerre d’Es- en fait autant ». Slow-Club, 130, rue de Rivoli, Paris-1er. Parc du château de Florans, La Roque-
dont 202 enfants de moins de quatorze ans, pagne. David Seymour y a photographié des Les 18 et 19 août, 22 heures. Tél. : 01-42- d’Anthéron (13). Le 18 août, 18 heures.
brûlés vifs dans l’église) pour universaliser la enfants recroquevillés dans un abri comme Georges Chatain 33-84-30. Tél. : 04-42-50-51-15. De 60 F à 275 F.
LeMonde Job: WMQ1808--0031-0 WAS LMQ1808-31 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 09:10 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0414 Lcp:700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 31


JEUDI 17 AOÛT

GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES


21.00 « Weihnachtsoratorium », 18.20 Ludwig ou le Crépuscule
DÉBATS DOCUMENTAIRES TÉLÉVISION ARTE
de Bach. Mut Rilling. des dieux a a a
Par la Gächinger Kantorei, l’Orchestre Luchino Visconti [1/2] (Fr.- It.- All.,
21.00 Objectif Lune... 20.15 Reportage. et les Chœurs de la Bach Academy de 1972, v.o., 110 min) %. Ciné Cinémas 3 19.45 Météo, Arte info.
trente ans après. Forum Le Mystère Michael Johnson. Arte Cracovie, dir. Helmut Rilling. Muzzik 18.40 La Planète des singes a a TF 1 20.15 Reportage.
22.00 Objectif Jupiter. Forum 20.30 et 23.00 Palettes, Jean-Baptiste 22.40 Jazz Open 1997. Muzzik Franklin J. Schaffner (Etats-Unis, Le Mystère Michael Johnson.
1967, 110 min) &. Ciné Cinémas 1 18.05 Sous le soleil. 20.40 Thema. Parole d’animaux !
Siméon Chardin (1699-1779). 22.45 « Symphonie no 8 », de Bruckner. 19.05 Walker, Texas Ranger.
19.30 Stardust Memories a a 20.45 Signes de singes,
MAGAZINES La saveur de l’immobile :
« La Raie », 1728. Histoire
Par l’Orchestre philharmonique
de Berlin, dir. Hubert Woody Allen (Etats-Unis, 1980, 19.55 J’ai deux métiers. ballades de baleines.
von Karajan. Paris Première N., 90 min) &. Cinétoile 20.00 Journal, Météo. 21.45 Je parle aux animaux.
19.00 Best of NPA. Canal + 20.45 Thema. Paroles d’animaux. Portrait de Samantha Khury.
Signes de singes, 23.55 Jean-Jacques Milteau. 20.30 Beaucoup de rêves 20.55 Sagas. Les grandes réussites. 22.40 L’Histoire de l’oie.
19.30 Rive droite, ballades de baleines. Arte Au Zénith, en 1992. Muzzik sur les routes a a 22.40 Made in America. Téléfilm. Tim Southam.
rive gauche. Paris Première Mario Camerini (Italie, 1948, N., Sans l’ombre d’une trace. 23.25 Le perroquet a la parole
22.10 Les Couples légendaires
19.55 et 23.55 TV 5 l’Invité. TÉLÉFILMS v.o., 85 min) &. Ciné Classics Téléfilm. Douglas Barr. %. Court métrage. Errol Morris (v.o.).
Invité : Christian Clavier. TV 5 du XXe siècle. 20.30 Ludwig ou le crépuscule 0.20 Minuit sport. 23.50 Des voix d’un monde silencieux.
Sophie et Juan Carlos d’Espagne ; 22.40 Sans l’ombre d’une trace. 0.10 Les Mille et Une nuits a a
20.50 L’Eté d’Envoyé spécial. Ingrid Bergman
des dieux a a a
Spéciale Afrique. La leçon des grands et Roberto Rosselini. TMC
Douglas Barr. %. TF 1 Luchino Visconti [2/2] (Fr.- It.- All., FRANCE 2 Film. Pier Paolo Pasolini. !.
singes. La reine blanche. 22.40 L’Histoire de l’oie. 1972, 125 min) %. Ciné Cinémas 2
Les dents du ciel. France 2 22.15 Des trains pas comme les autres. Tim Southam. Arte 20.40 Le Journal du séducteur a a 18.20 JAG. M6
Brésil [1/2]. TV 5 0.25 Danièle Dubroux (France, 19.10 Un livre, des livres.
20.55 Sagas. Les grandes réussites. TF 1 Patricia G. Hans Liechti. Téva
1996, 100 min) &. Cinéstar 1
22.25 Emile Habibi, 19.15 Qui est qui ? 17.55 Code Eternity. &.
21.05 Les Aventuriers de la science. 20.45 Nocturne indien a a a
Voyage au bout de l’infiniment petit. « Je suis resté à Haïfa ». Planète COURTS MÉTRAGES 19.50 Un gars, une fille. 18.55 Loïs et Clark, les nouvelles
Alain Corneau (France, 1989,
Les acariens : Envahisseurs 22.35 Chroniques d’Hollywood. 110 min) &. Cinéfaz 20.00 Journal, Météo. aventures de Superman. &.
ou bienfaiteurs ? Voyage au cœur Les débuts. Histoire 23.25 Le perroquet a la parole. 20.50 L’Homme de Rio a a 20.50 L’Eté d’Envoyé spécial. 19.50 I-minute.
de notre corps. Les thérapies Errol Morris. Arte Spéciale Afrique. 19.54 Le Six Minutes, Météo.
cellulaires, de nouveaux champs 23.10 Histoire de l’eau. [3/4]. Odyssée Philippe de Broca (France - Italie,
d’action insoupçonnés. TV 5
1964, 130 min) &. M6 23.00 Ça va faire mâle. 20.05 Notre belle famille. &.
23.30 L’Ile de Pâques. Histoire SÉRIES 0.35 Journal, Météo. 20.40 Décrochage info, Paradis d’été.
21.10 Les Rencontres de l’été. 0.20 Yehudi Menuhin. [1/2]. Planète
Les expositions de l’été. 0.55 Docteur Markus Merthin. 20.50 L’Homme de Rio a a
20.45 Buffy contre les vampires. Voleuse à la tire. &. Film. Philippe de Broca. &.
Invité : Dominique Blanc. LCI La fin du Monde. %. Série Club
22.10 Science été. Invités : J-P Haignère ; SPORTS EN DIRECT 1.40 La Musique de l’été. 23.00 Poltergeist, les aventuriers
22.45 Le Caméléon. du surnaturel. La belle dame
Claudie André-Deshays. LCI Que la lumière soit (v.o.).
22.50 Golf. US PGA. 17/21 août (1er jour). FRANCE 3 sans merci. %. Le prodige. %.
23.00 Ça va faire mâle. Invités : Bruno Au Golf Club de Valhalla. Canal + vert
Etat de manque (v.o.). Série Club
Solo ; Dick Rivers ; Titoff. France 2 0.45 Chapeau melon et bottes de cuir.
23.00 Poltergeist, les aventuriers du 18.20 Questions pour un champion. Petit gibier pour gros chasseur. &.
23.00 Les Années belges. MUSIQUE surnaturel. La belle dame 18.48 La Météo des plages.
Le chemin de fer à vapeur : sans merci. %. Le prodige. %. M6
« La reine vapeur ». TV 5
20.30 « Concerto pour orgue ». 0.10 Absolutely Fabulous.
18.50
20.05
Le 19-20 de l’info, Météo.
Tout le sport.
RADIO
0.10 Musiques. : Hélène Grimaud. LCI Œuvre de Haendel. Bonne année ! (v.o.). %. Canal Jimmy
20.20 C’est mon choix pour l’été.
0.15 Paris dernière. Paris Première Avec K. Richter. Mezzo
0.45 Chapeau melon et bottes de cuir. 20.55 Cours privé FRANCE-CULTURE
1.00 Top bab. Ben Harper. Canal Jimmy 21.00 Intégrale Chopin. Mezzo Petit gibier pour gros chasseur. &. M 6 Film. Pierre Granier-Deferre. %.
22.25 Météo, Soir 3. 20.00 Concordance des temps (rediff.).
22.55 Mon oncle Benjamin 21.00 Euphonia (rediff.).
Film. Edouard Molinaro. %. 22.10 Pages arrachées au journal
0.25 Une maison de fous. de Michel Leiris (rediff.).
Numéro gagnant.
22.30 Carnets de voyage.
21.00 Meurtre 0.50 Fame. L’incident.
M6 PARIS PREMIÈRE PLANÈTE d’un bookmaker chinois a a FRANCE-MUSIQUES
20.50 L’Homme de Rio a a 21.00 Meurtre 22.25 Emile Habibi,
John Cassavetes. Avec Ben Gazzara,
Meade Roberts (Etats-Unis, 1976, v.o.,
CANAL +
Un soldat venu en permission à Pa- d’un bookmaker chinois a a « Je suis resté à Haïfa » 105 min). Paris Première 20.00 Festival de Bayreuth.
f En clair jusqu’à 20.30 L’Or du Rhin. Opéra de Wagner.
ris doit s’en aller jusqu’au Brésil Ben Gazzara fut révélé en 1957 par Un portrait d’Emile Habibi, l’un 22.35 Annie Hall a a a 18.28 Avoir un bon copain. &. Par l’Orchestre du Festival
Woody Allen (Etats-Unis, 1977, de Bayreuth, dir. Giuseppe Sinopoli,
pour délivrer sa fiancée, enlevée Demain ce seront les hommes, de des plus grands écrivains arabes v.o., 95 min) %. Canal Jimmy 18.30 Drôles de vies.
Alan Titus (Wotan).
dans d’étranges circonstances. Le Jack Garfein. D’autres films sui- contemporains. Cet Arabe palesti- 22.45 L’Année de l’éveil a a 19.00 Best of NPA.
23.00 Soirée privée.
grand film d’aventures et d’hu- virent jusqu’à son entrée dans nien de nationalité israélienne, an- Gérard Corbiau (France - 19.50 Flash infos.
Belgique, 1990, 100 min). Téva 20.00 Le Zapping.
mour des années 60, placé sous le l’univers de John Cassavetes, ami cien communiste favorable à la ré- 22.45 Brigands Chapitre VII a a 20.05 Les Simpson. &. RADIO CLASSIQUE
signe des bandes dessinées de Tin- depuis toujours, avec Husbands en solution de partage de la Palestine Otar Ioseliani (France - Géorgie,
20.30 La Méthode zéro
1996, v.o., 120 min) %. Ciné Cinémas 3 20.15 Les Soirées.
tin et de la jeunesse. Un film de 1970. Six ans plus tard, après avoir adoptée par l’Assemblée générale Film. Jake Kasdan. &. Quatuor le Cavalier op. 74 no 3,
23.25 Battement de cœur a a 22.20 Les Tragédies minuscules. &.
Philippe de Broca à l’action débri- tourné Une femme sous influence, de l’ONU en 1947, a été filmé par Henri Decoin (France, 1939, de Haydn, par le Quatuor Hagen.
N., 95 min) &. Ciné Classics 22.25 An Alan Smithee Film 20.40 Serge Taneïev. Œuvres de
dée, avec Jean-Paul Belmondo en Cassavetes faisait de Ben Gazzara Dalia Karpel peu avant son décès, Taneïev, Tchaïkovski, Medtner.
0.10 Les Mille et Une nuits a a Film. Alan Smithee. &.
acrobate et Françoise Dorléac en le principal personnage de Meurtre d’un cancer, en mai 1996. Un re- Pier Paolo Pasolini (Italie - 23.50 Merci mon chien 22.40 Les Soirées... (suite).
touchante héroïne. d’un bookmaker chinois. marquable témoignage. France, 1974, 130 min) !. Arte Film. Philippe Galland. &. Œuvres de Beethoven.

VENDREDI 18 AOÛT

GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES


14.40 Nocturne indien a a a
DÉBATS DOCUMENTAIRES MUSIQUE Alain Corneau (France, 1989,
110 min) &. Cinéfaz
TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE
21.00 Soudan, la famine 18.05 Danube, le rêve 19.30 Le 24 Heures Bach. Chez 16.15 Mes meilleurs copains a a 15.20 Rythmes Caraïbes.
planifiée. Forum de Charlemagne. La Cinquième Jean-Sébastien Bach. Avec Klaus Jean-Marie Poiré (France, TF 1 15.45 Cafés philo. La poule et l’œuf.
Mertens ; Ton Koopman. Vater unser 1988, 110 min) &. Cinéstar 2 15.50 Histoire de comprendre.
22.00 Nunavut, naissance 18.25 Drôles de vies. im Himmelreich BWV 683 ; Schlummert 14.00 Les Feux de l’amour.
Ailleurs, l’herbe est plus verte. Canal + ein, ihr matten Augen de la cantate Ich 16.20 Ludwig ou le Crépuscule 16.05 Cinq sur cinq.
d’un territoire. Forum 14.50 Moloney. 16.20 Jeunesse.
19.30 L’Age d’or de la RKO. [4/6]. habe genug BWV 82 ; etc. Mezzo des dieux a a a 15.45 Les Dessous de Palm Beach.
23.00 Culture yiddish, Luchino Visconti [1/2] (Fr.- It.- 17.05 Alfred Hitchcock présente.
Orson Welles et la RKO. Ciné Classics 20.30 « Sonate pour piano en si majeur 16.45 Dawson.
morte à Auschwitz ? Forum All., 1972, 110 min) %. Ciné Cinémas 1 17.35 100 % question spécial collège.
20.00 Chroniques d’Hollywood. KV 281 », de Mozart. 17.35 Sunset Beach.
[4/26]. Les futuristes. Histoire Avec D. Barenboïm, piano. Mezzo 16.30 Clerks, 18.00 Météo.
MAGAZINES les employés modèles a a 18.05 Sous le soleil.
20.15 Reportage. La Peur du lynx. Arte 21.55 Queen. 18.05 Danube, le rêve de Charlemagne.
Kevin Smith (Etats-Unis, 1994, 19.05 Walker, Texas Ranger.
20.25 et 23.00 Palettes, Jean-Honoré A Londres, en 1986. Paris Première 18.55 C’est quoi la France ?
13.40 Les Rencontres de l’été. N., 90 min) &. Cinéfaz 19.55 J’ai deux métiers.
La chirurgie esthétique. Fragonard. L’amour dans les plis : 22.40 Lou Reed. En 1992. Canal Jimmy 19.00 Tracks. Tracks on tour : Bon Jovi.
16.35 Le Secret 20.00 Journal, Météo.
Invité : le docteur Jean-Marie Faure. « Le Verrou », 1775-1777. Histoire 22.45 Chick Corea and Friends. 19.45 Météo, Arte info.
14.10 et 17.10, 21.10 de la planète des singes a 20.55 Nos meilleurs moments.
20.35 L’Exécution. Odyssée A Stuttgart, en 1992, Les Grosses Têtes. 20.15 Reportage. La Peur du lynx.
Les expositions de l’été. lors du Festival de jazz. Muzzik Ted Post (Etats-Unis, 1970,
21.00 A la recherche v.o., 95 min) &. Ciné Cinémas 3 23.10 Les Dossiers 20.45 La Joyeuse Entreprise.
Invité : Dominique Blanc.
16.10 Cinéma. Marin Karmitz. LCI 23.00 Tri Yann. A Lorient, en 1999, de « Sans aucun doute ».
Téléfilm. Christine Kabisch.
du « bon sauvage ». Histoire lors du Festival interceltique. Mezzo 20.10 Suspect dangereux a a 22.15 Grand format. Mendel est vivant.
13.50 La Cinquième rencontre... Peter Yates (Etats-Unis, Stars des affaires : les faiseurs de fric.
21.05 California Visions. 23.10 « Macbeth ». Musique de Verdi. Mise 1987, 120 min). RTBF 1 0.35 Embarquement porte no 1. 23.55 La Traversée de la forêt déserte
L’Homme et son univers. [4e volet]. Canal Jimmy
L’Espace : Voir et écouter en scène de Graham Vick. Film. Ivan Vojnar (v.o.).
21.30 Belcanto. Par l’Orchestre de la Scala de Milan, 21.00 Le Saint a
dans l’espace. La Cinquième
dir. Riccardo Muti. Paris Première Phillip Noyce (Etats-Unis, FRANCE 2
15.10 et 22.10 Science été.
Tito Schipa, 1889-1965. Muzzik
1997, 115 min) &. Cinéstar 2 M6
Invités : Jean-Pierre Haignère 21.50 Hollywood Rock’n roll 23.55 Carlos Nuñez. A Lorient, en 1999, 13.55 Nestor Burma. &.
lors du Festival interceltique. Mezzo 21.00 Le Matelot 512 a a
et Claudie André-Deshays. LCI in the 50’s. Canal Jimmy René Allio (France, 1984, 15.35 Chiquinha Gonzaga. 15.20 Code Quantum. &.
15.15 Inédits. 21.55 Espace infini. [2/3]. Histoire 95 min) %. Ciné Cinémas 2 16.40 Conan. 16.10 et 1.15 M comme musique.
Mémoires de Chine [6/8]. TV 5 THÉÂTRE 21.00 Le Ciel peut attendre a a 17.35 Tintin. [2/2].
22.00 Les Grandes Expositions. 17.35 Brigade des mers.
16.40 C’est l’été. Claude Gellée dit Le Lorrain. Planète Ernst Lubitsch (Etats-Unis, 1943, 18.25 JAG. &. 17.55 Code Eternity. &.
Invités : Henry-Jean Servat ; Amanda 0.05 Le Bonnet de fou. Pièce de Luigi v.o., 110 min) &. Ciné Cinémas 3 18.55 Loïs et Clark, les nouvelles
Lear ; Lena Ayal ; Leyla Doriane ; 22.15 Mendel est vivant. Pirandello. Mise en scène 19.10 et 23.55 Un livre, des livres.
Nouvelle rencontre de Laurent Terzieff. France 3 19.20 Qui est qui ? aventures de Superman. &.
Zouk Machine. France 3
avec Mendel Szajnfeld. Arte 19.50 Un gars, une fille. 19.50 I-minute.
16.40 Mode. Invitée : Aude Dunoyer. LCI
18.10 et 0.10 Musiques.
22.15 Parlez-moi d’amour. [2/5]. TV 5 TÉLÉFILMS 20.00 Journal, Météo. 19.54 Le Six Minutes, Météo.
22.30 L’Œil des cyclones. [1/3]. Planète 20.50 Quai no 1. Marie Gare. &. 20.05 Incroyabl’animaux.
Invitée : Hélène Grimaud. LCI
22.50 Les Chevaliers. [2/6]. TMC
19.00 Au delà de la prairie. 22.25 Abus de confiance. 20.38 Météo des plages.
18.15 Les Aventuriers de la science. Marcus Cole. &. Ciné Cinémas Téléfilm. George Kaczender. &. 20.40 Décrochage info,
Voyage au bout 23.15 Médecine traditionnelle 20.30 Tous les papas ne font pas pipi
de l’infiniment petit. TV 5 0.00 Culte fiction. Politiquement rock.
en Amérique latine. debout. Dominique Baron. Festival 0.50 Journal, Météo. 2. 20.50 Le Clown. Western.
19.00 Best of NPA. Canal + [7/7]. Chili. Planète
20.45 La Joyeuse Entreprise. 1.10 Secret bancaire. La guérilla. Opération risquée.
19.00 Tracks. 23.50 Cyberspace. [2/3]. Odyssée Christine Kabisch. Arte 22.40 X-Files, l’intégrale.
Tracks on tour : Bon Jovi. Arte
0.35 Embarquement porte no 1. 21.35 Les Indésirables. FRANCE 3 Spores. &. Brelan d’as. &.
19.55 et 23.55 TV 5 l’Invité. Trieste. TF 1 Norman Stone [1/2]. 13ème RUE 0.25 Drôle de chance. Retrouvailles. &.
Invité : Philippe Noiret. TV 5
22.25 Abus de confiance. 14.25 La croisière s’amuse.
20.50 Thalassa. Escale en Sibérie. France 3 SPORTS EN DIRECT George Kaczender. &. France 2 16.05 Va savoir.
20.55 Nos meilleurs moments.
Les Grosses Têtes. 18.45 Tennis. Tournoi féminin de Montréal.
0.00 L’Ombre de la mort.
Richard Engel. &. Téva
16.40
18.20
C’est l’été.
Questions pour un champion.
RADIO
Invités : Philippe Bouvard ; Francis Quarts de finale. Eurosport
18.48 La Météo des plages.
Perrin ; Sim ; Stéphane Bern ; 20.30 Basket-ball. Tournoi d’Anglet SÉRIES 21.00 Erik le Viking a FRANCE-CULTURE
Guy Montagné. TF 1 (Pyrénées-Atlantiques). 18.50 Le 19-20 de l’info, Météo.
Terry Jones. Avec Tim Robbins,
France - Turquie. Pathé Sport Gary Cady (GB, 1989, 20.05 Tout le sport. 18.30 Carte blanche à... [5/5].
21.00 Recto verso. 19.30 Mission impossible. 20.20 C’est mon choix pour l’été.
Invitée : Miou-Miou. Paris Première 20.45 Football. Championnat de D 1 L’inspecteur Barney. &. Série Club
v.o., 95 min) &. Cinéfaz 19.30 Les Chemins de la musique
(4e journée) : Bastia - Lyon. Au stade 21.05 Et si l’on mariait papa a 20.50 Thalassa. Escale en Sibérie. (rediff.).
22.10 Faut pas rêver. Armand-Césari, à Furiani. Canal + 20.45 Twin Peaks. Frank Capra (Etats-Unis, 1951, 22.10 Faut pas rêver. 20.20 Concordance des temps (rediff.).
Suisse : Les Klause de la Episode n0 26 %. Série Club
Saint-Sylvestre. France : Télé village. 23.00 Golf. US PGA. 17/21 août 2000 N., v.o., 115 min) &. Cinétoile 22.55 Météo, Soir 3. 21.00 Euphonia (rediff.).
Niger : Le sultan de Zinder. France 3 (2e jour). Canal + vert 20.50 Quai no 1. Marie Gare. &. France 2 21.15 Coplan sauve sa peau a 23.15 Mike Hammer. Un faux parfait. %. 22.00 Pages arrachées au journal
23.10 Les Dossiers 20.50 Le Clown. Western. Yves Boisset (France, 1967, 0.05 Le Bonnet de fou. de Michel Leiris (rediff.).
de « Sans aucun doute».
DANSE Opération risquée. M6 105 min) %. Canal + Vert Pièce de Luigi Pirandello. 22.30 Carnets de voyage.
Stars des affaires : 22.10 Ally McBeal. 22.55 Point Break, extrême limite a 1.50 Fame. Cent fois sur le métier.
les faiseurs de fric. TF 1 20.10 « Aunis ». Ballet. Chorégraphie de Les nerfs à vif. Vent de folie. RTBF 1 Kathryn Bigelow (Etats-Unis, FRANCE-MUSIQUES
Jacques Garnier. Avec Kader Belarbi, 22.40 X-Files, l’intégrale. 1991, 125 min) ?. Cinéstar 2
0.00 Culte fiction. Wilfried Romoli, CANAL +
Portrait de Joe le taxi. Les nains Spores. &. Brelan d’as. &. M6 23.00 La Main droite du diable a a 18.07 Sur tous les tons.
J.-C. Cappara. Mezzo Costa-Gavras (Etats-Unis,
de jardin. Bernard Menez, 23.10 Les Contes de la crypte. 14.10 Recto Verso. Film. J.-M. Longval. &. 20.00 Prélude.
le mal-aimé. Robbie Krieger. 21.00 « La Fleur de pierre ». Ballet. A l’amour, à la mort. ?. Série Club 1988, 130 min) %. Cinéstar 1
15.35 Dans la nature 20.30 Festival d’été euroradio.
Un maniaque de Superman. Starsky Chorégraphie d’Youri Grigorovitch. Par the ENglish Chamber Orchestra,
et Hutch, série culte. Combat ultime Musique de Prokofiev. Par le ballet 23.15 Mike Hammer. avec Stéphane Peyron. dir. Maxim Vengerov, violon : Œuvres
du Kirov. Avec Anna Polikarpova Un faux parfait. %. France 3 Patagonie, le roman des gauchos. de Bach, Mozart, Mendelssohn.
aux Etats-Unis. France 2
(Katerina), et l’Orchestre du Théâtre 2.05 Absolutely Fabulous. Bonne année ! 16.30 Tout baigne ! Film. Eric Civanyan. &. 23.00 Soirée privée.
0.30 La Route. Best of. Canal Jimmy Maryinsky, dir. A. Viliumanis. Mezzo (v.o.). %. Canal Jimmy 17.55 Micro ciné.
f En clair jusqu’à 20.45 RADIO CLASSIQUE
18.23 Avoir un bon copain. &.
18.25 Drôles de vies. 18.30 Majuscules. Evgueni Kissin.
19.00 Best of NPA. 20.15 Les Soirées. Suite tchèque op. 39,
de Dvorak, par l’Orchestre
20.05 Le Zapping. symphonique de la NDR de Hambourg,
20.15 Football. Championnat de D 1. dir. J. E. Gardiner. 20.40 L’Ensemble
HISTOIRE CINÉSTAR 1 CINÉ CLASSICS 20.45 Bastia - Lyon. Concerto Köln.
Œuvres de Haendel, Telemann, Bach.
21.00 A la recherche 23.00 La Main droite 23.10 Beaucoup de rêves 22.50 Athlétisme. Golden League. 22.18 Les Soirées... (suite). Œuvres de
Meeting de Monaco. Danzi. 22.40 Il Signor Bruschino. Opéra
du « bon sauvage » du diable a a sur les routes a a 1.00 Nom de code P12. de Rossini. Par The English Chamber
Plutôt que de se pencher objec- Un ancien du Vietnam est soup- Après un film de résistance et un Téléfilm. Nikolai Müllerschön. %. Orchestra, dir. Ion Marin.
tivement sur les sociétés primi- çonné par le FBI de l’assassinat film historique, Mario Camerini re-
tives, les Européens ont projeté sur d’un animateur de radio. Une trouvait, avec ce long métrage réa- SIGNIFICATION DES SYMBOLES
elles leur conception de l’« état na- femme, agent fédéral, se fait em- lisé en 1948, la veine de ses comé- 23.10 Beaucoup
turel », constate ce documentaire baucher chez lui pour enquêter. dies des années 30. Volcanique et de rêves sur les routes a a Les codes du CSA Les cotes des films
Mario Camerini. Avec Anna
de la BBC. La vision du « bon sau- Elle est convaincue de son inno- volubile, Anna Magnani ameute Magnani, Massimo Girotti (Italie, & Tous publics a On peut voir
1948, N., v.o., 85 min) &. Ciné Classics % Accord parental souhaitable a a A ne pas manquer
vage », non corrompu par le pro- cence et en tombe amoureuse, les passants, détraque une ? Accord parental indispensable a a a Chef-d’œuvre ou classique
grès, telle que l’a développée J.-J. puis découvre sa véritable person- combine et change le cours des 0.10 L’Amérique des autres a a
Goran Paskaljevic (Fr.- All., ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal +
Rousseau, s’oppose à celle de nalité. Un film remarquable de événements. La première partie 1995, 95 min) &. Ciné Cinémas 2 ! Public adulte DD Dernière diffusion
Hobbes, pour qui « l’homme est un Costa-Gavras sur les organisations fourmille de gags et la description 0.15 Les Evadés de la planète Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour
loup pour l’homme ». néonazies aux Etats-Unis. sociale est parfaitement réaliste. des singes a # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants
LeMonde Job: WMQ1808--0032-0 WAS LMQ1808-32 Op.: XX Rev.: 17-08-00 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 12Fap:100 No:0415 Lcp:700 CMYK

32

VENDREDI 18 AOÛT 2000

Seul le Parti socialiste soutient fermement Retour à Marseille pour Zidane,


la démarche de Lionel Jospin en Corse Blanc et les Bleus
La droite juge « obscures » les explications apportées par le premier ministre Retrouvailles avec le public lors d’un match amical
À CÔTÉ du concert de réproba- tion du statut de la Corse est « la critique. Les Verts jugent le texte du des citoyens, « attend » de M. Jos- MARSEILLE mieux, même s’il n’a jamais porté le
tions et d’avertissements lancés par voie de la sagesse ». Gommant les premier ministre « courageux », pin qu’il dise, à propos de la Corse, correspondance maillot de l’Olympique de Mar-
la droite, après la parution du point différends qui ont pu s’exprimer, mais ils lui reprochent de rester « si le législateur abandonnera ou Fraîchement auréolée de son titre seille.
de vue de Lionel Jospin sur la M. Lang a affirmé « le gouverne- « au milieu du gué » et s’affirment n’abandonnera pas sa souveraine- de championne d’Europe conquis le On pouvait aussi, dans les heures
Corse, dans Le Nouvel Observateur ment, qui constitue une équipe so- en désaccord avec l’idée que « le té ». Emile Zuccarelli (PRG), maire 2 juillet à Rotterdam, l’équipe de précédant la rencontre, se faire tirer
(daté 17-23 août), le Parti socialiste lide, s’exprime d’une seule voix ». Il a processus n’est pas transposable aux de Bastia, estime « préoccupante » France de football s’est appliquée à le portrait en famille sur la Cor-
paraît bien seul. Comme il l’avait assuré que toute idée de « conta- autres régions ». Le Parti commu- l’analyse de M. Jospin lorsque celui- rendre un bon devoir de vacances, niche devant la peinture murale re-
fait après l’assassinat de Jean-Mi- gion » autonomiste, en Bretagne niste se donne jusqu’au 22 août ci insiste sur la « situation singulière mercredi 16 août à Marseille, en présentant le visage de l’ancien en-
chel Rossi, le 7 août, le premier se- ou au Pays basque, relève du « fan- pour peaufiner une déclaration cir- de la Corse ». battant une sélection mondiale par fant de la cité de La Castellane.
crétaire du PS, François Hollande, a tasme ». constanciée. Parmi les alliés du PS A droite, Patrick Devedjian, 5 buts à 1. Les Bleus ont montré aux Chanter en chœur I Will Survive ou
réaffirmé le soutien de son parti à Le reste de la majorité « plu- les plus critiques, Georges Sarre, porte-parole du RPR, estime que 58 000 spectateurs du Stade-Vélo- se peinturlurer le visage de bleu
la démarche du gouvernement, rielle » s’est montré discret, voire président délégué du Mouvement M. Jospin se contredit quand il af- drome qu’ils avaient toujours du blanc rouge, c’est encore de saison.
« car elle est fondée sur des principes firme qu’il n’y aura pas d’amnistie cœur, lors de ce match de bienfai- Mais cela n’empêche pas, à Mar-
et sur des garanties », a-t-il déclaré à pour les assassins du préfet Eri- sance organisé au profit de l’asso- seille, d’afficher ses convictions,
l’Agence France-Presse, mercredi La procédure Bonnet en suspens gnac, alors qu’il « négocie avec les ciation SOS-Villages d’enfants. même si leur expression n’est pas
16 août. nationalistes ». Edouard Balladur David Trezeguet, l’auteur du but toujours des plus glorieuses : Chris-
Reprenant des arguments qu’il La chambre d’accusation de la cour d’appel de Bastia a rejeté, (RPR) estime, dans Paris-Match victorieux contre l’Italie, aux Pays- tophe Dugarry, condamné pour
avait déjà développés, M. Hollande mercredi 16 août, une partie des exceptions de nullité de procédure (daté 24 août), que « si l’on n’éra- Bas, a encore montré l’exemple sur avoir quitté en en 1999 l’OM en mi-
assure que « le pari de la responsa- soulevées par la défense du préfet Bernard Bonnet dans l’affaire dique pas le terrorisme, rien ne sera la pelouse en marquant à trois re- lieu de saison, et Nicolas Anelka,
bilité, avec la République comme dite des paillotes ; mais, pour le reste, elle a prorogé son délibéré au possible » et reproche au compro- prises en première mi-temps, Ro- qui vient de rejoindre le PSG, n’ont
cadre et la démocratie comme mé- 20 septembre. mis de Matignon d’être « fort im- bert Pirès et Nicolas Anelka aggra- pu toucher le ballon sans être co-
thode, [vaut mieux] que la certitude La chambre a confirmé l’ordonnance de rejet du juge d’instruction précis ». Claude Goasguen, porte- vant la marque en seconde période, pieusement sifflés.
de l’échec fondée sur l’apparence de d’Ajaccio, Patrice Cambérou, refusant la demande de la défense parole de Démocratie libérale, juge tandis que l’Italien Roberto Baggio
répression et la réalité de discussions d’instruire une quinzaine d’actes supplémentaires. En revanche, elle ce texte « décevant car tardif, sans sauvait l’honneur de cette sélection FAUSSE NOTE
occultes avec les clandestins ». Le a préféré s’accorder un délai et demander communication de pièces perspective ». Il en dénonce les as- mondiale disparate à quelques mi- Une vilaine fausse note dans
ministre de l’éducation nationale, pour statuer sur l’un des principaux arguments de l’ancien préfet de pects « obscurs », notamment nutes de la fin de la rencontre. De- cette soirée bon enfant. Même si le
Jack Lang, a déclaré, jeudi matin, Corse, qui conteste la légalité de la désignation du juge Cambérou quant à la dévolution du pouvoir voir accompli donc, pour le plus capricieux Anelka n’avait pas mon-
sur RTL, que le processus d’évolu- et, donc, la validité de toute la procédure. législatif. grand bonheur des supporters ve- tré non plus son meilleur visage lors
nus en famille applaudir ceux qui de la visite, dans la matinée de mer-
ont, en deux ans, écrit les plus credi au Roy d’Espagne, un quartier

L’opposition veut relancer le débat sur la décentralisation belles pages de l’histoire du football
français. Des retrouvailles, en quel-
que sorte : c’est dans ce même
proche des calanques, d’un « vil-
lage » de l’association bénéficiaire
de la recette de ce match (environ
LE PREMIER MINISTRE tente de tordre le sé de Jacques Barrot (UDF), Dominique Perben personne n’est responsable de rien », ajoute le stade qu’un soir venteux de juin 13 millions de francs, environ 2 mil-
cou aux revendications régionalistes expri- (RPR) et Michel Barnier (RPR), qui travaille député de Saône-et-Loire, qui souhaite que la 1998, l’épopée des vainqueurs de la lions d’euros). Le jeune attaquant
mées depuis le compromis de Matignon pour pour Jacques Chirac sur « les perspectives d’une nouvelle phase de décentralisation allie simpli- Coupe du monde avait débuté face s’était vite montré las des sollicita-
l’île. Etudier les « conditions de la superposi- décentralisation républicaine renforcée » –, re- fication des structures et dévolution de nou- à l’Afrique du Sud. tions de ces enfants déshérités. A la
tion » de la région et du département, oui, grette que l’exemple corse serve de point de velles responsabilités. La ligne jaune, sur la- Mercredi soir, c’est la France tout différence d’un Laurent Blanc ou
écrit-il dans le texte publié par Le Nouvel Ob- départ à la réflexion. Non seulement parce que quelle il rejoint M. Raffarin, c’est le pouvoir entière qui s’était donné rendez- d’un Bernard Lama, heureux
servateur (daté 17-23 août) ; c’est d’ailleurs le la question de la violence, « bâclée dans les ac- législatif : « On peut très bien avoir une Répu- vous dans les gradins marseillais. d’avoir apporté « un peu de bon-
rôle de la commission sur la décentralisation, cords de Matignon », fausse le débat, mais aus- blique moderne avec un pouvoir législatif Voir Zidane, Blanc, Barthez, Des- heur » à ces gamins qui ont pu ef-
créée en octobre 1999 et présidée par Pierre si en raison du « chiffon rouge » que constitue unique », martèle-t-il. champs et les autres en chair et en fectuer un tour d’honneur au
Mauroy. Mais pas question, avertit le premier le transfert de pouvoir législatif. Au RPR toujours, Antoine Rufenacht, maire os, cela attire autant de touristes Stade-Vélodrome, la coupe des
ministre, « d’assimiler à la situation singulière du Havre, se montre beaucoup plus catégo- aujourd’hui que le plus réputé des champions d’Europe dans les bras.
de la Corse, celle d’autres régions françaises LA RÉGION, « PIVOT CENTRAL » rique : « On ne voit pas pourquoi on donnerait à festivals. Et voir « Zizou » plutôt
comme la Bretagne, l’Alsace ou encore celle du Marc Censi (DL), vice-président de l’Institut la Corse d’autres attributions que celles d’autres dans sa ville natale, c’est encore Michel-Philippe Baret
Pays basque ». de la décentralisation et membre de la régions », explique-t-il. Comme Dominique
Pourtant, pour les élus de ces régions et commission Mauroy, s’inquiète du danger qu’il Perben, il plaide pour une « simplification du
d’autres, la tentation est bel et bien là. C’est le y aurait à « prendre argument de ce qui se passe patchwork des collectivités locales qui ne doit DÉPÊCHES
président de Démocratie libérale (DL), Alain en Corse pour dire “non” à la décentralisation ». pas être engagée à la lumière de ce qui se passe a RADIO : « Le Club de la presse » d’Europe 1 disparaît de la grille de
Madelin, qui a ouvert le feu en réclamant une De son côté, l’Alsacien Daniel Hoeffel, séna- en Corse ». rentrée de la station. Créé en 1976 sur le modèle de l’émission télévisée
« grande redistribution des pouvoirs » (Le teur (UDF) du Bas-Rhin, également membre L’UDF, qui porte depuis si longtemps l’éten- américaine « Meet the Press », ce rendez-vous politique rassemblait,
Monde du 11 août). Tous les élus de droite ne de la commission Mauroy dit « oui » sans hési- dard de la décentralisation, se montre au- chaque dimanche à 18 heures, des représentants de la presse écrite autour
sont pas d’accord, y compris au sein de DL, tation. Il juge, en effet « absolument nécessaire jourd’hui plutôt silencieuse. Est-ce parce que de Gérard Carreyrou et Alain Duhamel, puis de Jean-Pierre Elkabbach et
avec les propositions iconoclastes de M. Made- de franchir une nouvelle étape de la décentrali- François Bayrou, qui a approuvé la démarche Catherine Nay, pour interroger une personnalité politique. « Le Club de
lin sur l’autonomie des régions ; mais presque sation » et, ardent défenseur « d’une fusion des engagée par le gouvernement, se trouve gêné, la presse » sera remplacé par un « best of » de l’émission humoristique de
tous plaident, a minima, pour la relance du dé- deux départements alsaciens », voit d’un très comme président du conseil général des Pyré- Laurent Ruquier, « On va s’gêner ! », tandis que la station réfléchit à une
bat sur la décentralisation – mot que le pre- bon œil la nouvelle « structuration territoriale nées-Atlantiques par la proposition de créer future émission politique sur la base d’un « renouvellement du concept ».
mier ministre a pris soin de ne pas citer dans expérimentée en Corse », où « la région devient un département basque auquel il est opposé ? a LOTO : résultats des tirages n0 66 effectués mercredi 16 août 2000.
son texte observe le porte-parole de DL, le pivot central ». Ce point de vue est partagé Gilles de Robien, député de Somme et maire Premier tirage : 5, 20, 30, 35, 36, 40 ; numéro complémentaire : 18. Rap-
Claude Goasguen. par le président du conseil régional d’Alsace, d’Amiens, s’en défend indirectement. « Lors de ports pour 6 numéros : 5 371 775 F (818 922¤) ; 5 numéros et le complé-
Parmi les plus fervents partisans d’une dé- Adrien Zeller (UDF), pour qui la réforme pro- notre université d’été, nous mettrons l’accent sur mentaire : 182 265 F (27 786 ¤) ; 5 numéros : 6 160 F (939 ¤) ; 4 numéros et
centralisation accrue, Jean-Pierre Raffarin, posée pour la Corse est « parfaitement transpo- la question de la décentralisation, en particulier le complémentaire : 340 F (51,83 ¤) ; 4 numéros : 170 F (25,92 ¤) ; 3 numé-
président de l’Association des régions de sable aux autres régions de France ». sur les questions d’éducation et de sécurité de ros et le complémentaire : 36 F (5,49 ¤) ; 3 numéros : 18 F (2,74 ¤). Second
France (ARF), s’irrite que la Corse ne soit Au RPR, Dominique Perben est plus nuancé. proximité », assure-t-il. Toutefois, pour M. de tirage : 2, 8, 14, 24, 28, 33 ; numéro complémentaire : 38. Rapports pour 6
qu’un « coup de marketing politique pour Jos- « La réflexion sur la décentralisation n’est pas Robien, la décentralisation, c’est « plus de pou- numéros : pas de gagnant ; 5 numéros et le complémentaire : 138 010 F
pin ». « Il a renvoyé les décisions concrètes à dissociable de la réforme de l’Etat », plaide l’an- voir, plus proche du citoyen », pouvoir qui « se (21 039 ¤) ; 5 numéros : 5 255 F (801 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire :
2004, peste le président du conseil régional cien ministre de la fonction publique. Pour lui, mérite par la démocratie ». « Or, dit-il, au- 250 F (38,11 ¤) ; 4 numéros : 125 F (19,06 ¤) ; 3 numéros et le complémen-
Poitou-Charentes, et il endosse à bon compte un il ne peut y avoir d’« exemple » corse, en rai- jourd’hui, en Corse, c’est l’Etat faible qui ré- taire : 26 F (3,96 ¤) ; 3 numéros : 13 F (1,98 ¤).
costume de décentralisateur, parce qu’il sait que son d’une accumulation d’ambiguïtés liées à la compense la force. »
c’est l’un de ses points faibles. » Comme la plu- présence des nationalistes dans le processus. Tirage du Monde daté jeudi 17 août : 479 230 exemplaires. 1-3
part de ses collègues de l’opposition, M. Raffa- « La manie de la contractualisation entre l’Etat Christine Garin
rin – membre d’un groupe de réflexion compo- et les collectivités locales a tout brouillé. Plus et Béatrice Gurrey

Vendredi 18 août
Les dépenses de santé avec 0123 daté samedi 19 août

ont de nouveau dérapé E L I Z A B E T H S T RO M M E


LES DÉPENSES de santé ont hausse des dépenses de ville pour-
augmenté, au premier semestre, à rait atteindre 8,1 % au cours des
un rythme annuel de 4,9 %, près de sept premiers mois de l’année.
deux fois supérieur au taux de 2,5 % Les honoraires médicaux et den-
voté par le Parlement pour l’année taires ont augmenté de 4,1 % au
2000. Dans ces conditions, les me- cours des six premiers mois. La
sures d’économies proposées en
juillet par la Caisse nationale d’as-
CNAM détaille aussi les hausses
des dépenses de médicaments
La Cave
surance-maladie (CNAM) et (11,2 %), de transports sanitaires
agréées par Martine Aubry – à l’ex- (8,1 %) et d’indemnités journalières
ception de la baisse des majora- (7,2 %). Seul signe satisfaisant,
tions tarifaires pratiquées par les l’évolution des dépenses hospita-
infirmières libérales la nuit ou le di- lières est plus modérée, avec une
manche – ne devraient pas suffire hausse de 2,3 % pour les hôpitaux
pour ramener l’enveloppe au ni- publics et de 5,9 % pour les établis-
Nouvelle inédite
veau fixé dans la loi de financement sements médico-sociaux. Les cli-
de la Sécurité sociale, soit 658,3 mil- niques privées connaissent même
liards de francs, dont 291,6 milliards une baisse de 1,3 % par rapport à la
pour les soins de ville. même période de 1999.
Les dépenses du régime général Une étude sur la rentabilité du
des salariés ont augmenté de 0,7 % secteur hospitalier privé, réalisée
en juin, par rapport à mai, selon les par la direction de la recherche, des
chiffres communiqués, mercredi études, de l’évaluation et des statis-
16 août, par la CNAM. Pour le pre- tiques du ministère de l’emploi et
mier semestre, le dérapage a été de la solidarité, relève que le chiffre
particulièrement important pour d’affaires des cliniques privées, qui
les soins de ville, qui ont augmenté a augmenté de 3,3 %, en moyenne,
de 7,9 % par rapport au premier se- de 1997 à 1998, a évolué de façon
mestre 1999. Cette hausse est due à plus favorable pour les petites cli- 0123 - GALLIMARD
une forte hausse des prescriptions niques spécialisées. Chez les géné-
(10,4 %), mais aussi à une résorp- ralistes, le seuil de rentabilité n’est
tion du retard pris dans le traite- atteint que par les plus impor- CHAQUE VENDREDI DATÉ SAMEDI
ment des dossiers de rembourse- tantes.
ment. Compte tenu des premières UNE NOUVELLE INÉDITE DE LA SÉRIE NOIRE
données disponibles pour juillet, la Alain Beuve-Méry
VENDREDI 18 AOÛT 2000

POÉSIE MO
Epopées du moindre instant YAN
ou stances de l’humeur vagabonde : page 30
panorama de William Cliff
à Michelle Grangaud,
en passant par Jean-Christophe Bailly, CÉSAR
Michel Bulteau, Matthieu Messagier... AIRA
page 26 page 27 L’ADOLESCENCE page 29

P
e x t r a i t
J’ai passé une nuit au poste et ça
m’a suffi, dit Nick. C’est là que
j’ai arrêté de boire. En fait,
j’étais dans une cellule spéciale
pour poivrots. Le lendemain
ar une sinistre politesse du matin, un médecin s’est pointé
sort, la vie de Raymond Carver aura – il s’appelait le Dr. Forester – et
épousé la devise qu’il s’était assi- il nous a convoqués l’un après
gnée dans l’ordre littéraire : l’autre dans son cabinet de con-
« Entrer, sortir, ne pas s’attarder. » sultation pour nous examiner. Il
Ne pas s’attarder, en effet. Mort au nous a braqué sa loupiote dans
mois d’août 1988, quelques semai- les yeux, nous a demandé de ten-
nes tout juste après l’anniversaire dre la main, paume vers le haut,
de ses cinquante ans, ce grand nou- nous a tâté le pouls, nous a aus-
velliste, dont Robert Altman a utili- culté le cœur. Ensuite il nous a
sé les textes pour son film Short un peu sonné les cloches en
Cuts, laissait derrière lui le miracle nous disant qu’on avait tort de
d’une œuvre exceptionnellement boire comme ça et nous a annon-
brève, lisse et profondément intri- cé qu’on serait libérés à onze
gante. Cela et aussi plus d’héritiers, heures. « Docteur, je lui ai dit,
réels ou autoproclamés, qu’aucun vous ne pourriez pas me laisser
autre écrivain nord-américain de sa partir plus tôt ? – Pourquoi
génération. Posté à l’entrée des êtes-vous si pressé ? m’a-t-il
années 80 comme une involontaire répondu. – Je dois être à l’église
figure de proue, Carver n’avait pour- à onze heures, je lui ai dit. Pour
tant pas cultivé le mythe de l’écri- me marier. »
vain d’avant-garde. Ses textes, pour – Qu’est-ce qu’il t’a répondu ? a
lapidaires et singuliers qu’ils fus- demandé Carol.
sent, ne prétendaient pas repousser – Il m’a dit : « Allez, fichez-moi le
les frontières de la modernité. Mais camp. Mais n’oubliez jamais ce
la force de cette prose aux contours qui vient de vous arriver, vu ? »
apparemment si limpides a cepen- Et je ne l’ai jamais oublié. Je me
dant durablement marqué l’esprit suis arrêté de boire. Même cet
de ses contemporains. après-midi-là, à mon mariage, je
Pour certains, l’influence de Car- n’ai rien bu. Pas une goutte.
ver était d’ordre littéraire et intellec- C’était fini pour moi. J’avais trop
tuel, sans relation d’asservissement peur. Des fois il suffit d’un truc
formel. Ainsi du romancier Richard comme ça, d’une espèce d’élec-
Ford, l’un des amis de Raymond Car- trochoc, pour se ressaisir.
ver, qui peut aussi être considéré Qu’est-ce que vous voulez voir ?,
comme son disciple – doublé d’un Cinq nouvelles inédites « Vandales », p. 61-62
écrivain d’envergure. Ou de Jay McI-
nerney, auteur à succès d’un certain pour retrouvrer Carver devint auteur de nouvelles
talent, qui s’est beaucoup réclamé par nécessité. De fait, la forme
le charme mystérieux
BOB ADELMAN/ « A CARVER COUNTRY »

de l’amitié du prestigieux aîné dont courte était la seule compatible


il fut l’élève, à l’époque où Carver avec les différents petits métiers
dirigeait des ateliers d’écriture. de cette prose si dénuée – pompiste, chauffeur ou concierge,
Quant au jeune Bret Easton Ellis par exemple – qu’il devait exercer
– l’auteur, notamment, du sulfureux d’effets, de ces fragments pour faire face au rôle de père dans
American Psycho (Robert Laffont) –, lequel il s’était imprudemment
il s’est bruyamment affirmé une d’existence ordinaire engouffré à l’âge de dix-neuf ans. Le
parenté littéraire avec Raymond Car- succès venu, sous forme de ventes
ver, peut-être pour s’affubler d’un qui touchent et de différentes récompenses litté-
vernis de respectabilité après avoir Syracuse, raires, Carver s’en tint à ces textes
créé le scandale. Mais ceux-là, du directement au cœur 1984 brefs, où se résumait sa profonde
moins, produisent des textes person- perception de ce qui fait l’humanité
nels, ce qui ne fut pas le cas de tous. des individus.
Car la prose carvérienne engendra Les cinq nouvelles regroupées

Raymond Carver
d’obscurs émules, si nombreux sous le titre Qu’est-ce que vous vou-
qu’on ne peut les compter. Comme lez voir ? par sa veuve, la poète Tess
dans le cas de Duras, la simplicité de Gallagher, portent toutes la marque
la forme joua le rôle d’un véritable de cette sensibilité que l’on pourrait
leurre littéraire pour ceux qui cher- presque rapprocher d’une forme de
chaient une brèche par où se faufi- compassion. Un seul de ces textes,
ler dans l’univers de la fiction. « Appelle si tu as besoin de moi », a
C’est qu’à première vue, la modes- pourtant réellement été terminé par
tie paraît gouverner de bout en bout l’auteur. Les autres, retrouvés par sa

en fait des histoires


les histoires de Carver. Dans leurs femme ou par des amis, sont des
sujets, d’abord, qui saisissent avant ébauches. Ce qui n’est pas sans
tout des morceaux de vies ordi- importance, dans le cas d’un auteur
naires. Les personnages ? M. et extraordinairement perfectionniste,
Mme Tout-le-Monde, de préférence qui réécrivait plusieurs fois chacun
privés de toute position sociale un de ses textes. D’où la légère décep-
tant soit peu reluisante. Les nouvel- tion de son excellent traducteur
les semblent attraper au vol des frag- français, François Lasquin, pour qui
ments de ces existences, au moment les nouvelles inachevées sont « com-
précis où celles-ci enregistrent des me un soufflé qui retombe. » Là enco-
changements. Des couples se déchi- ni le rose, mais une teinte varia- recettes traditionnelles, déclarait Car- votre vision noire et pessimiste d’un fets ? D’où vient que le lecteur se re, la simplicité du texte n’est qu’un
rent, des copains partent en virée, ble, à mi-chemin entre la déprime ver dans l’excellent recueil de nou- monde détraqué. » sente absorbé par ces propos miroir aux alouettes. « Les textes les
des inconnus se rencontrent et se et la joie, la mesquinerie et la velles, poèmes, préfaces, essais et A l’unisson de ses sujets, le style dépourvus de fioritures, de mots plus concis sont les plus difficiles à tra-
quittent, laissant le lecteur au milieu miséricorde. critiques intitulé N’en faites pas une de Carver est étrangement humble, d’esprit ? Mystère. Une énigme aus- duire », explique François Lasquin.
du gué. Pas de révolutions, non, Cette forme de réalisme sans histoire (L’Olivier, 1994) (…) Je ne presque effacé. Ce sont des phrases si coriace que celle de l’homme Dans leur ensemble, ces nouvelles
mais des séismes de faible ampli- effet de manche se retrouve dans qui se juxtaposent, lui-même, sur qui les critiques ont n’en donnent pas moins un aperçu
tude, dont les secousses portent les principaux recueils de Carver, filant sans faire de souvent longuement épilogué (fau- complémentaire et souvent lumi-
pourtant très loin. Car tel est le qu’il s’agisse des Vitamines du Raphaëlle Réro lle vagues vers un dénoue- te de percer le secret d’une magie neux du talent tout en trompe-l’œil
talent de Carver et son originalité bonheur (Mazarine, 1985, et Livre de ment qui n’en est par- d’apparence si prosaïque ?). de Raymond Carver.
– celle-là même qui le met hors de poche), de Parlez-moi d’amour m’intéresse pas trop aux nouvelles fois pas un. Avec ses mots ordinai- Il faut dire que la trajectoire de
portée des imitateurs : placer son (Mazarine, 1986, et Livre de poche), dans lesquelles la technique prend le res, ses répétitions de verbes élé- Ray Carver a de quoi surprendre. QU’EST-CE QUE
lecteur dans un état d’étonnante de Tais-toi je t’en prie (Mazarine, pas sur le reste, où les choses se mentaires (être, dire, faire), Carver Issu d’un milieu prolétaire, fils d’al- VOUS VOULEZ VOIR ?
empathie avec des personnages et 1987, et Livre de poche) et de Trois révèlent au petit bonheur, où les per- maîtrise pourtant avec beaucoup coolique et alcoolique lui-même jus- de Raymond Carver.
des situations totalement inscrits roses jaunes (Payot, 1989, et Galli- sonnages sont à peine dessinés et où d’art la progression dramatique. qu’à son sevrage, en 1977 (l’une des Traduit de l’anglais (Etats-Unis)
dans le quotidien d’une Amérique mard, « Folio »). « En matière de l’action se ramène à peu de choses ou Mais d’où vient le charme mysté- dates les plus importantes de sa vie par François Lasquin,
dont la couleur n’est ni le gris récit, j’ai un goût marqué pour les ne vise qu’à vous confirmer dans rieux de cette prose si dénuée d’ef- et l’acte dont il se disait le plus fier), L’Olivier, 134 p., 95 F [14,48 ¤].
26 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 p o é s i e
b

Voyage de nuit Epopées du moindre instant


Sous l’égide de Villon, ballade d’un retour Entre humour et désarroi, Jean-Christophe Bailly, Michel Bulteau et Matthieu Messagier,
au pays natal, par William Cliff qui avaient fait souffler la révolte dans les années 70, cherchent toujours la voie des rythmes
vivantes peintures », qui suivent ses en suivant, tel un fil d’Ariane juste- effondrement des preuves » répond gagné jusqu’à ce que quelque cho-
L’ÉTAT BELGE marches solitaires dans les métropo- BASSE CONTINUE ment, l’image du fil – fil d’araignée, par « une salve d’avenir ». Croyan- se reprenne, par exemple dans les
de William Cliff. les du monde entier : New York, de Jean-Christophe Bailly. filet de pêche ou ligne de fond lan- ce certes lyrique, mais, à l’opposé, rues de Sana’a, « une ville avec ses
La Table ronde, 134 p., Montevideo, Leningrad, Buenos Seuil, « Fiction & Cie », 204 p., cés dans les eaux de l’existence. Et quel avenir passe dans les mots de rêves amassés aux étages (…) Ici la
79 F (12,04 ¤). Aires, Hambourg, Lisbonne… Et 110 F (16,77 ¤). cette basse continue charrie les Jean-Christophe Bailly ? De quel mort se repose/dans le jardin, et l’in-
même si l’on doit admettre que « la substances multiples de « tout l’af- beau « demain joueur » sa voix por- fini n’est pas pour le malheur ».

A
soixante ans, William somme des rêves rêvés depuis que l’on SÉRÉNITÉ MOYENNE fairement humain », fût-il celui te-t-elle sinon le pressentiment au Livre d’une rémission ou d’une tra-
Cliff a parcouru son trajet rêve/n’aura pas de tout l’univers chan- (poèmes 1990-1996) d’« un monde/où ceux qui dénouent moins le sentiment ? En pulsion versée de ces années, Sérénité
de poète en ligne droite. gé un iota », on sait aussi que de Michel Bulteau. patiemment les fils/seront toujours accordée à cette fin de siècle, Basse moyenne s’ouvre çà et là sur quel-
Il a visité le monde, l’Amé- William Cliff croit en son destin de Gallimard, « L’Arbalète », 96 p., battus par ceux qui les tissent ». continue est en deuil de tout ave- ques secondes de paix ou de prin-
rique du Sud surtout, la vieille Euro- poète. « Alors dans les allées- 79 F (12,04 ¤). L’important ici est l’agrégation nir : « Tout tombait, tout tombait temps.
pe, et puis il revient dans sa Belgique venues/de l’eau salée sur cette de matériaux, d’une densité et lentement/et c’est ainsi que nous La poésie de Matthieu Messa-
natale, jusque dans sa petite ville aux plage/Dieu me prendra dans ses LES GRANDS POÈMES FAUX d’une diversité que la poésie refu- vivions. » gier, elle, ne dit jamais son dernier
deux clochers : « La ville dans sa mains nues/pour rendre gloire à mon de Matthieu Messagier. se trop souvent d’appréhender. En Le ton des derniers poèmes de mot. Elle est un « enjouement irré-
lumière de rêve/telle que jamais elle passage. » Flammarion, « Poésie », 102 p., soixante chants, cette voix affairée Michel Bulteau est aussi celui d’un parable », toute traversée des gaî-
n’a été/là sous mes yeux étendue Il y a peu de poètes qui osent enco- 89 F (13,57 ¤). à se poursuivre drague dans les certain désarroi (1). Il s’en expli- tés et lampions de cirques ambu-
irréelle/comme hors du temps et com- re adopter ce ton de noblesse serei- eaux de Moscou et d’Avignon, cir- que : « Cinq années (1985-1989) à lants, réservant à ses lecteurs des
me inhabitée. » ne jusque dans la description attenti- POÉSIE 1964-1974 cule à travers l’agenda et la mémoi- se répéter qu’écrire un poème est gags de cinéma muet. Que l’une
D’autres écrivains choisissent le ve de ce que certains appelleraient de Matthieu Messagier. re de son auteur, restaure la chair désormais impossible », puis, de des langues les plus aventureuses
roman pour clamer leur singularité l’abjection et que nous nommerions Flammarion, « Poésie », 312 p., d’une vie quotidienne, dans une nouveau les poèmes – soixante là conserve aujourd’hui cet humour
et souligner leurs certitudes ou leurs plutôt un désespoir lucide. Parfois 130 F (19,82 ¤). volonté de saisie maximale des encore. Ils composent Sérénité aux tendresses enfantines, voilà
angoisses, William Cliff s’en est tenu précis et anecdotique dans le détail dimensions de l’existence. On y moyenne d’après une expression qui désordonne la règle étriquée

E
à une forme presque classique de d’événements autobiographiques tre poète veut dire que j’ai voit même entrer l’actualité et le « idéalement barométrique » qui voudrait que la littérature, par-
poésie : le vers rythmé et rimé ; ici la (tel voyage, telle nuit, telle rencon- déjà écrit et que je n’ai rien bruitage permanent de sa novlan- empruntée à Vincent Van Gogh. ticulièrement à l’avant-poste de
ballade, qu’il emprunte à Villon. Vil- tre), parfois général et légèrement écrit », dit le poète syrien l’invention verbale, soit sérieuse
lon, Verlaine, Genet : cette lignée grandiloquent (mais avec une charge Adonis. Comment trois Manifestes électriques jusqu’au ridicule. Surtout lorsqu’el-
signale certes la fréquentation reven- de dérision agressive), William Cliff poètes français, tous nés en 1949 et Au début des années 70 paraissaient deux livres étranges, porteurs le fut l’une des plus précocement
diquée des « mauvais garçons » et le sait parfaitement se mettre en scène, ayant déjà beaucoup publié, réin- d’une brève lumière radicale. Ce fut tout d’abord, aux éditions Le aventurées dans certains confins
goût pour une forme classique libre- dans la solitude ou sous le regard de ventent-ils leurs outils ? Réponses Soleil noir, le Manifeste électrique aux paupières de jupes que seize très inexplorés du langage, comme l’at-
ment malmenée. Une misanthropie ceux qu’il croise dans la nuit. La nuit, contrastées, entre humour et désar- jeunes poètes, parmi lesquels Zeno Bianu, Michel Bulteau et Mat- teste l’anthologie de ses poèmes
assumée avec panache et douleur, la neige, la pluie ne sont évidem- roi. « Puisez abondamment dans la thieu Messagier, lançaient à la face du beau langage avec des allégres- écrits entre sa quinzième et sa
avec ironie et rage. Les titres des pré- ment pas des événements climati- substance », propose Matthieu ses juvéniles. Ce fut ensuite, édité directement en poche (10/18) par vingt-cinquième année.
cédents recueils de Cliff étaient sou- ques. La pluie ? Le spectacle d’en- Messagier. « Être vagabond/Fuir la Christian Bourgois, De la déception pure, manifeste froid. Le temps Aujourd’hui encore, Matthieu
vent simples, et devaient se lire par fants « fabriqués en immigration/et transparence/soldée », suggère son d’un livre pour certains, Serge Sautreau, André Velter, Yves Buin et Messagier peut imaginer la désopi-
antiphrase ou avec un clin d’œil. qui offraient leurs têtes noires/à l’eau complice Michel Bulteau. « Plante Jean-Christophe Bailly s’assemblaient pour ouvrir les portes du lante visite du président de son fan
L’un d’eux donnait même son adres- qui tombait du plafond », mais aussi ta tente où tu veux/et laisse venir à poème, de l’essai et de la fiction et en mélanger les eaux. Du « mani- club, ou se moquer de lui d’un « je
se personnelle, mais il fallait le celui qui les regarde : « et moi j’atten- toi les petits accents/ils viendront/et feste », ces deux livres n’en avaient pas le genre. Pas de mot d’ordre ni viens d’ouvrir/un Livret d’Epargne
savoir. William Cliff est un des rares dais sous un porche/que la pluie sans s’ils n’infléchissent rien/ce ne sera de programme, mais la présence de différences singulièrement Populaire/les verdiers se marrent/Ils
poètes à avoir consacré un livre cesse relave/ma gorge dont la fosse pas faute d’avoir essayé », invite réunies. S’y incarnait le vœu de Lautréamont : « La poésie doit être m’ont dit qu’avec ça/j’ai des chan-
entier à un confrère disparu (Conrad atroce/sans cesse accroît sa soif ava- Jean-Christophe Bailly. faite par tous. Non par un ». ces de l’être populaire », juste avant
Detrez). re ». La neige ? L’occasion de pren- « Le fil d’alerte de l’homme, c’est d’être le réceptacle des intensités
Ici, comment comprendre le titre : dre conscience de son âge et déjà de le langage. » Bailly, dont la prati- gue. « Dégoûtant bazar fertile », Sereins ? Ces poèmes ne le sont immobiles : « Premier silence/Se-
L’Etat belge ? Bien sûr, le regard sar- voir se profiler la mort. Le poème que est aussi celle du détour par le commente l’auteur qui ajoute : guère. « Du métier de poète, je suis cond silence/Troisième silence/Ce
castique de Baudelaire, cité en exer- devient alors tout entier une épi- récit, l’essai et le théâtre, revient, « or je dis que c’est mieux, que ça passé au métier de fou », écrit Bul- qui est trop merveilleux/doit se devi-
gue, est présent. Mais les poèmes ne taphe. avec Basse continue, à la poésie, vaut mieux/qu’“ô ma diaphane digi- teau, qui évoque ailleurs « l’absti- ner ». Le trot touristique, la distrac-
sont pas haineux. Ils ont, au contrai- Mais chez le poète aucune amer- même s’il préfère à ce mot celui de tale”, c’était de René Char/je crois : nence du crayon infect ». Mais le tion planétaire aux ardeurs libéra-
re, une douceur mélancolique, fata- tume, aucun ricanement. Les objets « prose coupée ». L’ambition est de la poésie suçor je dis que c’est crayon a conservé son tranchant les s’interdisent l’épopée poétique
le, lucide. Charles d’Orléans, puis Vil- sont « illuminés par la lumière trouver une voie des rythmes qui mieux, que ça vaut mieux/qu’“ô ma exact pour dire les « cafés opaques du moindre instant. De longue
lon guident le poète qui tourne ses nette/de l’air clair et glacé » et des soit aussi un chemin dans la matiè- diaphane digitale”, c’était de René à attendre septembre », « le calme date, Matthieu Messagier y pour-
yeux vers la mort, la déchéance, la réminiscences heureuses sourient : re. Depuis le be-bop, il existe Char/je crois ant la hauteur/pour total des jours en col roulé ». Vers suit ses affaires.
décomposition. Mais tant de noir- «… il faut bien peu de chose à notre pareillement une walking bass qui s’en vouloir inondée alors qu’au ras nominaux, phrases constatives : Renaud Ego
ceur finit par devenir lumineuse, enfance/pour renaître des rets/qui la donne à certain jazz son allure. A du sol/on attendait ses preuves ». rien ne s’épanouit – un pur manuel
comme les vieilles goyesques « aux lient aux prisons de tant de tourments son image, Bailly n’en manque pas. Vers forts auxquels on adhérerait de la survie par temps d’immo- (1) Michel Bulteau publie simultané-
vieilles fesses loqueteuses » ou les inutiles. » Le rythme en est plus lent mais il pleinement si Char n’avait pas bilité. Travaillant à la pointe sèche, ment un roman, L’Effrayeur, chez
« vieillards admirables défroques René de Ceccatty avance avec une vraie puissance, avancé que la poésie « à chaque Michel Bulteau tient ce petit pas Gallimard-L’Arbalète.

Stances de l’humeur vagabonde Les travaux


l i v r a i s o n s
b JOURNAL DE PROSPÉRO, de Cyrus Atabay
Poète iranien de langue allemande, Cyrus Atabay est mort en
1996. Son étonnant destin, sur lequel il restait discret, a été racon-
té par son traducteur, Jean-Yves Masson. Né à Téhéran en 1929,
Atabay était le petit-fils de Reza Pahlavi, porté au pouvoir en 1921
par les Anglais et fondateur de la dynastie qui devait être renver-
sée par Khomeiny en 1978. Il passa sa vie entre sa ville natale, Lon-
et les jours
Cultivant l’art des contraintes, Michelle Grangaud laisse pourtant respirer
son écriture et tisse un inventaire de mémoire fait de multiples fils
dres – où il lia amitié avec Elias Canetti – et Munich, où il résida seuls référents, les parois qui enve- fait qu’il est composé à partir des
les dernières années de sa vie, après avoir été déclaré apatride : SOUVENIRS DE MA VIE loppent, enferment la mémoire quatre premiers nombres pre- PASSAGE AU LUXEMBOURG
« La sentence que je devais subir/Je l’ai déclarée nulle… » Le Journal de COLLECTIVE derrière une signature. Il n’impor- miers… » Mais rien n’empêche de de Hédi Kaddour.
Prospéro, publié en 1985 et constitué de poèmes brefs répartis en (Sujets de tableaux te pas essentiellement de savoir si négliger cette précision, ainsi que Gallimard, 120 p., 90 F (13,72 ¤).
séquences organisées, compose à la fois un mythe personnel de l’exil sans tableaux) cette volonté recoupe une concep- d’autres qui ont pu nous échap-
et une méditation sur la tradition germanique du commerce spirituel de Michelle Grangaud. tion du monde. Elle est avant tout per… Cette même présentation en SI PEU DE TERRE, TOUT
entre l’Occident et l’Orient, dont Goethe fut l’une des figures. Une POL, 170 p., 89 F (13,57 ¤). opératoire, expérimentale. Ce qui donne le droit : « On peut aussi se de James Sacré.
œuvre assurément importante, à découvrir (éd. Atelier de la Feuge- n’enlève évidemment rien à son contenter de lire et d’imaginer. » Ed.Le Dé bleu, 124 p.,

U
ray, 14770 Saint-Pierre-La-Vieille, bilingue, 110 p., 75 F [11,43 ¤]). ne fois que l’on a dit sérieux, tout en augmentant la Au début du volume, nouant 87 F (13,26 ¤).
b JE REVIENS DES CHAMPS D’AZUR, de Nico Naldini de Michelle Grangaud part ludique, rêveuse de l’entre- son propos avec celui du livre pré-

P
Né en 1929 dans le Frioul, Nico Naldini est le cousin germain et qu’elle cultive, avec prise. Michelle Grangaud n’est pas cédent – dont on pourra préférer our son troisième recueil,
aussi le biographe de Pasolini. Cette anthologie de son œuvre poé- rigueur et discipline, une autobiographe, et son lyrisme le caractère moins déconcer- Hédi Kaddour a choisi de
tique en italien (une autre partie est en frioulan et en vénitien), l’art des contraintes et qu’elle s’im- propre passe par des voies autres, tant –, l’auteur parle d’« actes de moduler une forme à la
présentée et traduite par René de Ceccatty, introduira les lecteurs pose, à chaque livre, des règles for- étroites, imprévues. Quelle est son naissance innombrables et s’accom- fois souple et contrai-
français à une poésie de la vie immédiate, où les lieux et les souve- melles précises – l’anagramme intention ? Peut-être simplement plissant toujours à l’insu des inté- gnante – une strophe de quatorze
nirs, les visages et les émotions, les désirs, sont nommés sans notamment est l’une de ses spécia- de concevoir ce « vers sans fin qui ressés ». A qui sont, dès lors, ces vers – pour évoquer les décors, les
détours, rendus présents. Comme le souligne le traducteur, nous lités –, on n’a pas beaucoup pro- couvrirait tout un livre en accordéon « souvenirs » ? Michelle Gran- gens, les paroles entendues. Préférer
sommes dans la parenté de Cavafy et de Sandro Penna (éd. du gressé. Car, précisément, c’est à pour revenir en boucle à son point gaud – qui rend hommage à Perec la rigueur, l’impersonnalité, ne vibrer
Scorff, Botoharec, 56320 Le Faouët, bilingue, 142 p., 100 F partir de là, une fois ces règles et de départ. » sans s’inféoder à sa méthode – qu’à travers une longue litanie de
[15,25 ¤]). contraintes édictées et appli- énonce, en son nom, quelque cho- noms de fleurs, du narcisse des poè-
b ANNOTATIONS SUR L’ESPACE NON DATÉES (carnet 3), quées, que tout commence. HOMMAGE À PEREC se qui ne lui appartient pas. Quel- tes au sabot-de-vénus, de l’astragale
d’André du Bouchet Tout quoi ? Eh bien ce qui fait La forme, ici, est celle du vers que chose qui n’est ni plus ni déprimé au silène à feuilles en cœur.
« Ce qui te retient, c’est ce que tu ne saisis pas », écrit André du Bou- qu’un livre est un livre, qu’il libre formant unité ou séquence, moins qu’un monde – le nôtre – à On croise, au Luxembourg, la petite
chet, dans ces « annotations », qui, à côté ou à l’avant des poèmes contient, certes, des mots, des de longueur variable, d’une à qua- une époque donnée – la nôtre. fille au violoncelle, les aspirateurs à
eux-mêmes, inscrivent une trace dans cet « espace hors de la langue phrases agencées dans un certain tre lignes. Chaque unité est reliée à Ainsi, le possessif singulier « ma feuilles mortes, la statue de Verlaine.
et qui, chaque fois, en appelle à la langue ». Loin d’être des ordre, et que cet ordre a été la précédente par la reprise de la vie » peut-il parfaitement s’accor- Puis la peinture de Brueghel, la musi-
brouillons – ou bien il faudrait accorder une autre dignité à ce longuement réfléchi, pesé, mais syllabe terminale. La loi de l’en- der à l’adjectif « collective » – sans que de Schoenberg, font surgir « la
mot – les Carnets de Du Bouchet appartiennent pleinement à une qu’en même temps tout cela chaînement est respectée à la let- contradiction. Ainsi peut-on lire dissonance ». « Dames » de tous
œuvre magnifique, toujours en travail et en devenir (Fata Morgana, travaille au plus près d’une tre. « Harmonie universelle imagi- son inventaire – arbitraire, bien âges, entrevues, composent, aussi
116 p., 96 F [14,64 ¤). matière sensible, vivante, irré- née par Charles Fourier pour faire sûr – comme une réminiscence bien que les hommes, « Le livre des
b LES VASISTAS, de Jean Grosjean ductible. Non formalisable en régner en société la douceur et ouverte, accueillante, dans laquel- jours » où l’écrivain, qui « louche, un
La poésie de Jean Grosjean est comme une maison familière dans somme. Finalement, la vertu des l’agrément./ Manque omniprésent le on pénètre sans effraction, où œil / Sur le néant et l’autre sur la pres-
laquelle on entre sans difficulté. Une lumière mélancolique et poètes formalistes, lorsqu’ils res- mais que personne n’est jamais par- l’on circule. « Derrière le monde, il se », n’est pas épargné.
intemporelle y règne. Les temps bibliques semblent arrêtés, quel- pirent et nous permettent de venu à saisir./ Irakienne sous ses y a du monde d’autres mondes./ James Sacré, qui publie des poè-
que part sur les rives du Jourdain ou en Champagne pouilleuse. respirer, est de dégager le terrain, longs voiles noirs, attendant que Ondulation permettant de remettre mes depuis 1965, se souvient de son
Mais il ne faut pas trop se fier à cette première impression. Une de défricher l’espace textuel, afin son bourricot ait fini de se désalté- ce qu’on peut faire le jour même village natal, Cougou, en Vendée. Le
inquiétude lancinante est là aussi, toujours en éveil, comme une de laisser plus à nu cette matière rer dans l’Euphrate. » L’auteur dans la poche du lendemain. » pré, le linge, l’odeur du foin et d’un
question qu’aucune réponse ne parvient totalement à satisfaire. commune. emploie presque systématique- Au rythme entêtant de ces lavoir abandonné. De brefs poèmes
Une ironie douce mais secrètement violente habite ces poèmes Après le très beau, très émou- ment le participe présent pour « stances de l’humeur vagabonde », dessinent un « Portrait du paysan à
brefs ou ces proses en forme de parabole ou d’histoire invisible ; vant Etat civil (POL, « Le Monde régler le temps de la phrase, com- Michelle Grangaud nous conduit travers les arbres ». Des proses inscri-
elle interroge notre présence au monde. Et la lumière divine des livres » du 12 juin 1998), qui me pour toujours garder ses dis- dans les lieux, les espaces les plus vent une « Parcelle de bocage ven-
devient, parfois, elle-même ironique… (Gallimard, 134 p., 82 F abordait la réalité par le détour de tances. La césure des phrases est inattendus. Elle n’en est pas le déen remembrée en mots » – le ryth-
[12,50 ¤]). l’impersonnalité et donnait du la seule scansion, le seul blanc du guide, seulement le scribe. Les me du labour pareil à l’écriture, tra-
b STRATES, Cahier Jacques Dupin, sous la direction plus intime – ce qu’est chaque indi- livre. images, les noms, les circons- vaillant une même argile originelle.
d’Emmanuel Laugier vidu, son « état » – une version Cependant, malgré ces contrain- tances historiques ou livresques « Ça s’en allait tu savais pas où / Tout
La poésie de Jacques Dupin nous est nécessaire, comme un air pour ainsi dire objective, Michelle tes, le texte respire, appelle une naissent, comme par autoengen- autour des maisons de Cougou / Mais
pur, une affirmation sans complaisance. Dans sa brutalité et sa Grangaud dresse aujourd’hui un certaine lecture, à voix haute ou drement. « Sujets de tableaux sans rien pour que t’aies peur, les loups /
tension, ses arêtes et escarpements, dans ses éclats et dans le cri inventaire de mémoire. murmurante, comme une litanie tableaux », dit-elle pour qualifier C’était qu’un conte à dormir debout /
qu’elle articule en parole, elle cherche, selon la juste expression de Le titre, malgré l’oxymore qu’il où tous les noms invoqués – ici les le genre de son livre. Peu à peu, Comme aurait dit maman, as-tu
Jean-Claude Schneider, « le noyau des atomes de réalité ». Ce beau recèle, est magnifiquement explici- mots et tout ce qu’ils évoquent – une trame se tisse, à l’aide de fils paou ? »
cahier d’hommage, après ceux notamment de la Revue de Belles-Let- te : Souvenirs de ma vie collective. Il sont à leur place. de différentes matières et cou- Monique Petillon
tres (1986) et des éditions de la Table ronde (1995), fait, comme il se indique non pas une contradiction Il est précisé, dans la quatrième leurs. La trame d’une vie que la
doit, une large place à la peinture et au dessin modernes et au dialo- entre les dimensions personnelle de couverture, que « les souvenirs multiplicité du monde égare, e James Sacré publie également Ecrire
gue que Dupin n’a pas cessé d’entretenir avec l’art (éd. Farrago, 29, et collective, mais une volonté : ne ici entreposés sont au nombre de retrouve, perd encore… à côté (éd. Tarabuste, 134 p., 90 F,
rue Chalmel, 37000 Tours, 348 p., 180 F [27,44 ¤]). P. K. pas faire du « je » et du « moi » les 2 357, chiffre arrêté en raison du Patrick Kéchichian 13,72 ¤).
l i t t é r a t u r e s LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 27
b

César Aira dans l’envers des larmes Le fil


Deux romans pour découvrir un écrivain argentin encore peu connu en France, deux fables, picaresque ou philosophique,
pour approcher le mystère de l’écriture à travers les questions de la douleur, de l’amour, de la virilité et de la beauté noir
jamais, parce que je ne le lui dirai
LES LARMES pas. Et même s’il le découvre, il ne AMY ET ISABELLE
(El Llanto) saura jamais pourquoi. Jamais ! Cet- (Amy and Isabelle)
de César Aira. te idée me produit un tel soulage- d’Elisabeth Strout.
Traduit de l’espagnol ment que, pour la première fois, Traduit de l’anglais (Etats-Unis)
(Argentine) mes larmes reculent, elles s’enrou- par Suzanne V. Mayoux,
par Michel Lafon, lent dans le secret qui les a fait naî- Plon, 366 p., 129 F (19,66 ¤).
éd. André Dimanche, 80 p., tre, définitivement. » Le long mono-

U
75 F (11,43 ¤). logue peut se clore sur cet apaise- ne fille, une mère. Amy
ment, pourtant improbable. « La et Isabelle. Il n’y a pas si
LA GUERRE DES GYMNASES perspicacité qui m’inspire partage longtemps, tout allait
(La Guerra de los gimnasios) mes espaces intérieurs avec la dou- bien. Elles cohabitaient
de César Aira. leur, la fatigue, l’inutilité et la peur facilement, partageant les tâches
GILLES LUNEAU/DES ÉCRIVAINS DANS LA VILLE

Traduit de l’espagnol de la mort. » Or les larmes, ici, nais- quotidiennes, parlant peu sans dou-
(Argentine) sent de la peur, et étudier leur te, car ni l’une ni l’autre n’est encli-
par Michel Lafon, lumière, leur source un temps ne aux confidences, mais tout allait
éd. André Dimanche, 120 p., tarie, jaillissement entravé par le bien. Quelques soucis d’argent bien
89 F (13,57 ¤). poids de l’immuable, c’est mener sûr, des collants qui filent, des
un travail d’écriture, qu’Aira pour- devoirs à faire. Rien de bien grave.

P
lus de dix ans après la pre- suit avec la désopilante Guerre des Et puis tout a changé. Amy est tom-
mière parution française gymnases. bée amoureuse de son prof de
de deux de ses nombreux Jeune premier populaire des maths. Il est parti. Elle rêve. Isabelle
textes (Les Brebis et La séries télé, Ferdie Calvino ne se a réagi avec une violence imprévisi-
Rose, chez Maurice Nadeau, 1988), voit vraiment que « nu, ou couvert ble. A présent, il y a entre elles « un
César Aira reste très mal connu. de larmes ». Une double occasion fil noir » qui les lie, chargé d’agace-
Un texte publié aux éditions Arca- des plus fréquentes, en fait, puis- ment, de défiance, de haine même,
ne (Nouvelles du petit Maroc), deux que, venu au gymnase Chin Fu parfois. Cela pourrait n’être qu’une
volumes accueillis chez Gallimard pour se forger un corps capable de ces histoires mère-fille, où la pre-
dans la « Nouvelle Croix du Sud » d’inspirer « la peur chez les hom- mière ne supporte pas, ou mal, le
(Canto castrato, 1992, et Ema, la délirante pour La Guerre des gym- prisonne dans son appartement mes et le désir chez les femmes », passage à l’âge adulte de la seconde.
captive, 1994) n’ont pas réellement nases, plus philosophique pour Les
« La perspicacité de Buenos Aires, où le temps joue Ferdie va devenir l’enjeu d’un Mais Elisabeth Strout ne manque
levé l’anonymat sur un des écri- Larmes, avec, par le prisme du fan- au leurre de l’inversion. « C’est la affrontement sans merci avec l’éta- ni d’humour ni d’adresse. Tout se
vains argentins les plus prolixes et, tastique, la même expression d’un
qui m’inspire partage dernière heure de l’après-midi, et il blissement concurrent, Hokkama. passe lors d’une de ces vagues de
à coup sûr, les plus imaginatifs. manifeste poétique qu’Aira par- fait froid, évidemment. Les saisons, De cette « guerre à l’envers », puis- chaleur où le ciel n’est jamais bleu
Quelques mois seulement après viendrait enfin à livrer.
mes espaces intérieurs comme j’aurais pu m’y attendre, qu’elle produit, en place de muti- mais ressemble à un « bandage de
qu’a été soutenue, à Grenoble, la Est-ce lui qui parle derrière le étaient inversées. A Buenos Aires, lés et de cadavres, « les plus beaux gaze crasseuse ». On a signalé quel-
première thèse consacrée ici à cet narrateur des Larmes, achevé en
avec la douleur, c’était le printemps, ici l’automne. corps du monde », Aira fait une que part dans l’Etat – la Nouvelle-
écrivain, André Dimanche entre- 1990, alors qu’il vient d’atteindre Et en même temps, elles n’étaient fable (mais qui coïncide avec la Angleterre –, l’apparition de deux
prend la publication intégrale de la quarantaine ? « Je suis écrivain,
la fatigue, l’inutilité pas inversées, parce que le prin- réalité d’une façon stupéfiante). ovnis, et, plus terrifiant, la dispari-
l’œuvre récente d’Aira. Un pari poète, essayiste. A l’approche des temps et l’automne sont la même Le gymnase, terrain d’affronte- tion d’une petite fille de douze ans.
louable et courageux malgré l’ab- quarante ans, ma carrière aboutis-
et la peur de la mort » chose, mais en sens inverse. Sou- ment, est aussi, paradoxalement, Ces événements alimentent les con-
sence étrange de la moindre réfé- sait à une impasse qui semblait défi- dain, un rayon de soleil filtre entre un terrain d’armistice, puisque les versations des femmes du secréta-
rence aux publications précéden- nitive. Avec quatorze livres publiés, éternel objet de contemplation, vide les nuages, et les anges d’or se met- histoires s’y résolvent en « routi- riat de la fabrique où Isabelle tient le
tes, comme si aucun des textes jus- (…) je m’étais créé une solide réputa- de sens. » tent à briller… » ne ». Ferdie « savait peu de choses rôle de secrétaire particulière du
qu’alors proposés ne méritait la tion, dans des cercles restreints, qui Force est donc de réagir. Et le L’ange capable de retourner le de la vie mais suffisamment pour patron, et où Amy fait un remplace-
moindre mention. s’amenuisaient encore au fil des voilà qui pleure, pour la première sort, c’est Tomàs, son fils. « Il est savoir combien il était incommode ment d’été. Et puis, il y a aussi Stacy,
Cependant, cette négligence jours. C’était comme la propagation fois depuis l’enfance, rattrapé par blond, mince, beau comme un d’avoir à produire ses propres histoi- sa meilleure copine, qui, elle, vit
pèse peu, au vu de la découverte des ondes d’une pierre qu’on lance une tristesse qui le terrasse. Pour ange, et il a les yeux grands ouverts. res. Il fallait en permanence accou- dans les quartiers chics avec des
qui attend le lecteur des Larmes et dans un étang, mais à l’envers. Je dépasser ce désarroi qui l’annihile, Je vois en eux toute la dimension de cher d’un style, d’une manière parents adoptifs qui se veulent
de La Guerre des gymnases. Deux finis par craindre, non sans raison, il retrace l’histoire de ses larmes, mon malheur, mais je la vois à l’en- personnelle ». En s’attaquant aux modernes et ouverts. Et ce sont tous
textes dissemblables, mais complé- de voir les ondes, diminuant de don perdu et soudain recouvré, vers, comme du bonheur. Ma déso- taraudantes questions de l’amour, ces personnages secondaires, tous
mentaires, qui approchent le pro- rayon, franchir le seuil de leur trans- alors que sa femme, Claudia, l’a lation se révèle sans fondement, je de la virilité, de la beauté, et donc ces fils qui s’entrecroisent qui font
fond mystère de l’écriture et du formation, et la pierre sauter hors quitté et qu’il tente de s’arracher à reste sans arguments. (…) Je ne de l’écriture, César Aira parvient à d’Amy et Isabelle un roman vif et
récit. Tous deux s’apparentent de l’eau pour revenir dans ma l’engourdissante paresse qui le veux pas qu’il voie que j’ai pleuré. Il remporter son propre combat. sympathique.
pourtant à la fable. Picaresque et main, où elle resterait comme un cloue devant son téléviseur, l’em- ne le verra pas. Il ne le saura Philippe-Jean Catinchi Martine Silber

Salvador sans salut


l i v r a i s o n s épreuve infligée comme une expiation ». L’essayiste, ici, suit et analyse
avec finesse le cycle initiatique que Chateaubriand figure dans son
b LA MODE EN 1830. Langage et société : Ecrits de jeunesse, chef-d’œuvre sous les traits de mythes féminins grâce auxquels se
d’Algirdas Julien Greimas développe sa faculté d’« homme aux songes » qui s’est vu inoculer la
L’idée a quelque chose de réjouissant, que les « fashion victims » pro- poésie par la Sylphide (PUF, « Ecrivains », 244 p., 149 F [22,71 ¤]).
Un siècle de déchirures, par la romancière fessionnels, qui écrivent sur la mode dans les journaux ou en parlent b VALÉRY À L’EXTRÊME. Les au-delà de la raison, de Ned Bastet
à la télévision, puissent se sentir contraints, après avoir dû parcourir, L’auteur est un des « valéryens » les plus actifs et les mieux armés
d’origine portoricaine Sandra Benítez déconcertés, le Système de la mode de Roland Barthes, de remonter pour comprendre cet « illustre inconnu » qu’est devenu Paul Valéry
aux origines de cette étude savante en lisant l’édition superbement pour les lecteurs contemporains. Ned Bastet a de son œuvre une con-
Ce livre n’est pourtant pas un érudite des premiers écrits sémiotiques d’A.J. Greimas. Seuls les naissance que l’on pourrait dire « de l’intérieur », car il insiste sur la
TERRES AMÈRES roman historique ; les événements sémioticiens de métier savaient, depuis le colloque de Cerisy organisé part encore largement secrète de cette production multiforme où ne
(Bitter Grounds) sont traités sans aucune perspec- en 1983 autour de l’œuvre du maître, et en sa présence, que ses deux cessent de s’affronter, aux deux extrêmes, la rationalité rigoureuse de
de Sandra Benìtez. tive, n’apparaissant qu’à travers les thèses de doctorat d’Etat, soutenues en 1948 et réalisées sous la direc- l’intellect destructeur et l’aspiration sans bornes d’un Désir que Valé-
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) yeux plus ou moins lucides des per- tion de l’historien de la langue Charles Bruneau, portaient sur « La ry lui-même avait su résumer d’une phrase : « Je pense en rationaliste
par Nicole Hibert, sonnages. Il n’est pas non plus mode en 1830 » et constituaient un « Essai de description du vocabu- archi-pur. Je sens en mystique. » L’universalité valéryenne de la quête
Albin Michel, 518 p., directement politique, puisque la laire vestimentaire d’après les journaux de mode de l’époque », la thè- d’un Moi consumé dans le Monde devient, sous la plume de Ned Bas-
140 F (21,34 ¤). narration s’abstient de tout juge- se secondaire portant sur « Quelques reflets de la vie sociale en tet, de plus en plus singulière (L’Harmattan, 490 p., 230 F [35,06 ¤]).
ment. Il serait éventuellement fémi- 1830 » à travers le lexique de ces mêmes journaux. Dans une indispen- b OÙ EN EST LA THÉORIE LITTÉRAIRE ?, Textuel, nº 37

F
olle inconscience, machia- niste : les personnages sont quasi sable préface à ces textes et aux articles théoriques sur l’actualité de Vaste question, à laquelle ce numéro de revue, qui prend les dimen-
vélique défi ou fatale exclusivement des femmes, cer- Saussure (1956) et sur la question des « indéfinis » (1963) qui leur ont sions et la substance d’un essai collectif, apporte une utile perspective
erreur du destin ? Jamais taines attachées à se défaire de la été ajoutés par les éditeurs scientifiques du volume, T.F. Broden et générale. Il s’agit moins d’un bilan que d’un ensemble de réflexions,
en tout cas pays n’aura domination des hommes, les autres F. Ravaux-Kirkpatrick, Michel Arrivé retrace le parcours qui mène émanant, pour la plupart, d’enseignants-chercheurs en littérature
porté un nom aussi obscène : Salva- obligées de pallier leur absence, A.J. Greimas d’une étude lexicologique, accomplie d’un point de vue française à l’université Paris-VII (G. Benrekessa, M. Buffat, J.-P. Cour-
dor, « sauveur ». Les Salvadoriens toutes se battant pour prendre en historique et sociologique, à la refondation de la sémiotique saussu- tois, J.-L. Diaz, F. Gaillard, E. Grossman, J. Kristeva, E. Marty,
sont aujourd’hui sept millions ; six charge leur histoire. Trois généra- rienne, pour l’intégrer de plein droit dans les sciences humaines. Il est Y. Seité), renforcés de collègues d’autres universités (A. Compagnon,
millions se débattent dans ce qui tions de femmes, de mère en fille, toujours passionnant de voir une pensée se construire, et l’ambition P. Macherey, G. Molinié, J. Rose, A. Viala, M. Warnner). Un ensemble
est le plus petit territoire d’Amé- appartenant à des familles de l’oli- scientifique de Greimas, ses avancées comme ses butées, rendaient la qui expose les problèmes de l’heure en critique littéraire : la question
rique centrale, les autres vivent en garchie ou issues de familles indien- publication de ses textes originaires indispensable (préface de Michel de la langue théorique, de la pensée littéraire, de l’exception française
exil. Il n’y aurait donc rien d’indé- nes décimée lors de la « tuerie ». Arrivé, PUF, « Formes sémiotiques », 420 p., 248 F [37,81 ¤]). dans les études littéraires, de la génétique, de la sémiotique, de la
cent à rebaptiser « Sauve-qui- Ce sont curieusement les fai- b GENÈSES DU « JE ». Manuscrits et autobiographies, collectif vérité, de l’herméneutique, de la science, de la philosophie, de
peut » ce pays, théâtre du deuxiè- blesses du récit qui contribuent à sous la direction de Philippe Lejeune et Catherine Viollet l’histoire littéraire. Questions toujours vitales, mais devenues
me roman de Sandra Benítez. en faire sa force. La structure de ce Les treize études rassemblées dans ce volume constituent une nou- moins passionnelles que dans les années 60-70 (textes réunis par
D’origine portoricaine, cet écri- roman, qui s’apparente à une saga, veauté pour les études de genèse consacrées à ce genre dont la mode Julia Kristeva et Evelyne Grossman, Paris-VII-Denis-Diderot, 228 p.,
vain, née en 1941, est l’une des est une illustration de l’irrémé- ne cesse de s’étendre, l’autobiographie. Les auteurs traitent en effet 95 F [14,48 ¤]). M. Ct.
voix, de plus en plus nombreuses diable fossé qui sépare les deux clas- tous, plus ou moins directement, cette question : y a-t-il, dès la mise b CORRESPONDANCE 1936-1945, de Jean Paulhan et Marcel Arland
dans la littérature nord-améri- ses sociales. L’alternance presque en chantier d’un projet autobiographique, une spécificité de cette L’un connaissait toutes les subtilités du commerce intellectuel, s’em-
caine, à utiliser la langue anglaise systématique de chapitres consa- aventure de langage qui consiste à dire « je » pour parler de soi ? Les pressait de ne pas conclure, usait d’une ironie souveraine rarement
pour exprimer et faire entendre crés à une famille puis à l’autre, la règles personnelles, mais aussi les contraintes sociales et les règles salie de malveillance, exerçant, à la tête de La NRF, une autorité pour
leur latinité. Mais alors que la plu- place prépondérante accordée aux propres au récit (comment commencer, comment finir ?) apparais- ainsi dire naturelle. L’autre était raide, toujours mal-aimé, un peu
part de ses collègues partent de « riches » et, il faut bien le dire, la sent de façon plus problématique dans les brouillons autobiographi- « décalé » et manquant gravement de discernement durant les pério-
leur propre expérience, dont le fadeur de nombreux passages qui ques et les journaux intimes. Pour la nouveauté des corpus, on retien- des – la guerre, l’Occupation – qui en réclamaient tant. Mais sur ce
dénominateur commun est le leur sont consacrés provoquent dra particulièrement la mise en rapport d’un des carnets intimes iné- point comme sur d’autres l’énorme ascendant de Paulhan sur son
tiraillement entre deux cultures, une tension de plus en plus forte. dits de Simone de Beauvoir (1928-1929) avec les Mémoires d’une jeune cadet Arland saura retenir ce dernier, comme l’écrit Jean-Jacques
Sandra Benítez se place, avec De même, l’intérêt va grandissant fille rangée (1958), par Barbara Klaw, et l’examen des problèmes de Didier, éditeur de cette correspondance, de « l’irréparable ». Cela
Terres amères, sur un terrain plus pour ces femmes indiennes qui l’autocensure dans les avant-textes de Montauk de Max Frisch (1975), étant dit, et malgré quelques grosses bourdes critiques, Marcel
historique, en prenant pour cadre semblent pourtant s’enfoncer cha- par Ruth Vogel (CNRS Editions, 246 p., 180 F [27,44 ¤]). Arland reste un lecteur sensible et cultivé, épris de classicisme, excel-
les événements épouvantables que fois davantage dans le mépris, b RÉCITS DE VIE ET MÉDIAS, collectif sous la direction lent styliste lui-même. Cette correspondance, hélas limitée dans le
qu’a vécus le Salvador au XXe siècle. l’oubli et l’impuissance, comme si de Philippe Lejeune temps, est passionnante aussi bien pour ce qui regarde le caractère
Le roman débute en 1932, avec l’on ne pouvait voir d’elles que leur Du cahier à l’ordinateur en passant par la bande dessinée, la photo- des deux amis que pour l’histoire de La NRF, et donc de la littérature
la « tuerie » qui coûta la vie à tren- ombre, comme si elles n’étaient biographie, le cinéma ou l’émission radiophonique, l’expression per- de cette époque (Gallimard, « Cahiers de La NRF », 400 p., 140 F
te mille paysans indiens, pour se plus que cette ombre même : sonnelle et ses supports nouveaux sont ici étudiés par des spécialistes [21,34 ¤]). Dans la même collection, signalons également une autre
suspendre en 1977, à la veille d’une « Voilà comment elle vivait sa vie. de l’autobiographie et des récits de vie, sous la direction du maître correspondance de Paulhan – avec Giono cette fois, auquel ne le liait
guerre civile (1980-1992) chiffrée Immobile au milieu du gué, avec la des études autocentrées, Philippe Lejeune, qui s’apprête à publier au pas une amitié aussi forte (édition établie par Pierre Citron, 156 p.,
en dizaines de milliers de morts et mémoire de ce qu’elle était naguère Seuil Cher écran, une analyse du journal personnel sur ordinateur 140 F [21,34 ¤]) – et le volume contenant les actes du deuxième collo-
centaines de milliers d’exilés. Entre et la conscience de ce qu’elle était (RITM 20, Publidix, université de Paris-X, 236 p., 100 F [15,24 ¤]). que de Cerisy, en 1998 (le premier avait eu lieu en 1973), sur Jean
ces deux dates, nous assistons au devenue. Une fille indienne qui, à b CHATEAUBRIAND ET « L’HOMME AUX SONGES ». Paulhan, dirigé par Claude-Pierre Pérez en août 1998 : Paulhan : le
règne féroce de quelques familles présent, semblait se satisfaire de L’initiation à la poésie dans les « Mémoires d’outre-tombe », clair et l’obscur (386 p., 130 F [19,82 ¤]).
de latifundistes, à la guerre contre cohabiter avec des gens semblables à de Jean-Christophe Cavallin b LES CHEMINS DE L’ABSOLU, ouvrage collectif
le Honduras, à de timides réfor- ceux qui lui avaient volé son passé. » Les Mémoires d’outre-tombe sont déjà aux deux tiers écrits quand Cha- Ce volume rassemble les actes du colloque Jean Grenier, qui s’est
mes agraires, à l’apparition des Comme s’il n’y avait plus que les teaubriand conçoit le grand dessein de transformer ces Mémoires tenu à Saint-Brieuc en novembre 1998, à l’occasion du centenaire de
« escadrons de la mort », à l’assas- mains d’un lecteur pour protéger d’un individu en une épopée allégorique de l’homme, selon le princi- la naissance du maître d’Albert Camus, auteur notamment des Grèves
sinat de prêtres partisans de la ces flammes vacillantes du souffle pe de la « palingénésie sociale » de Pierre-Simon Ballanche, pour qui et d’Inspirations méditerranéennes (ouvrage publié par la mairie de
théologie de la libération, à la nais- de l’injustice. l’histoire du genre humain consiste en « une suite d’initiations mysté- Saint-Brieuc, Hôtel de Ville, BP 2365, 22023 Saint-Brieuc Cedex 1,
sance de la guérilla. Jean-Louis Aragon rieuses et pénibles, chaque initiation précédée d’une épreuve et toute 168 p., 130 F [19,82 ¤]). P. K.
28 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 a c t u a l i t é s
b

New York, ville-capital Femmes sous influences


François Weil retrace l’histoire d’un comptoir Nacira Guénif Souilamas analyse l’ambivalence des parcours des filles d’immigrés
commercial devenu cité du profit nord-africains, entre poids des traditions et injonction à l’émancipation
vers 1890 rentabilisent le sol de
HISTOIRE DE NEW YORK la ville et deviennent au cours du DES « BEURETTES »
de François Weil. premier tiers du XXe siècle « le AUX DESCENDANTES
Fayard, 378 p., 150 F (22,87 ¤). mode d’expression favori du capi- D’IMMIGRANTS
talisme triomphant ». Les grandes NORD-AFRICAINS
’histoire de New York se compagnies gravent leur nom de Nacira Guénif Souilamas.

L confond avec la passion-


nante ascension d’un
petit comptoir spécialisé
dans le commerce de la fourrure,
devenu ville mythique d’abord
toujours plus haut dans le ciel
dans une évidente course aux pro-
fits qu’autorisent la location des
millions de mètres carrés de
bureaux ainsi créés et une non
Grasset/Le Monde,
« Partage du savoir »,
360 p., 148 F (22,56 ¤).

es filles d’immigrés nord-


aux yeux des Européens, puis des
candidats à l’émigration de la Ter-
re entière. Les fondateurs de la
ville née au printemps 1626 et
appelée d’abord Nouvelle-Ams-
moins évidente envie d’exposer
leur réussite et leur puissance.
Satisfaction de soi et étalage
de richesse ne sont pas une nou-
veauté à New York. Spécula-
L africains sont souvent per-
çues d’une manière extrê-
mement réductrice : soit
elles figurent le symbole promet-
teur d’une assimilation à la société
terdam sont des employés de la teurs, magnats de l’industrie et française par opposition à leurs frè-
compagnie hollandaise des Indes de la finance, une fois fortune fai- res et à leurs parents, soit elles pas-
occidentales, créée en 1621. Cinq te, s’installent sur les bords de sent pour les victimes impuissantes
ans plus tard, la compagnie achè- l’Hudson à la fin du XIXe siècle. d’un modèle familial patriarcal aus-
te l’île de Manhattan aux Amérin- François Weil s’intéresse hélas si archaïque que liberticide. Nacira

BRUNO HADJIH/EDITING
diens « pour une valeur de soixan- peu à cette aristocratie de l’ar- Guénif Souilamas, sociologue, à
te florins ». Lorsque Londres s’em- gent qui détermine pourtant les partir d’une recherche basée sur
pare de La Nouvelle-Amsterdam nouvelles normes du goût, de la des entretiens avec ces filles d’immi-
en 1664 et la rebaptise New York, bienséance et de la respectabilité grés, démonte ces schémas trop
en hommage à son nouveau maî- dans une ville exclusivement tour- simplificateurs et met au jour des
tre, le duc d’York, la colonie cons- née vers le profit. En 1899, le parcours individuels placés sous le
titue déjà un rouage essentiel du sociologue Thorstein Veblen a signe de l’ambivalence. Ce faisant,
commerce international entre nommé son mode de vie « la elle opère une décapante décons-
l’Europe, l’Afrique et le Nouveau culture pécuniaire », dont l’arro- truction des catégories dans lesquel-
Monde. gance et le caractère outrancier les on enferme les immigrants rarement admis. Or, selon la sociolo- les moyens matériels d’une autono- pendance, tout en pratiquant une
Dans son Histoire de New York, explosent alors sur la V e Avenue, nord-africains et leur descendance. gue, cette injonction traduit surtout mie sociale et financière. « autolimitation » de cette revendi-
François Weil, maître de confé- entre la 42e et la 72e Rue, préfigu- Elle questionne également la des préjugés : elle « accrédite une Nacira Guénif Souilamas remet cation. Ainsi parviennent-elles à se
rences à l’Ecole des hautes étu- rant ce que sera la société de con- notion d’intégration dont elle mon- vision européocentrée des cultures également en cause le mythe de démarquer à la fois de l’injonction
des en sciences sociales (EHESS), sommation made in USA au sortir tre les limites et les effets pervers. allogènes, dont les accents déprécia- femmes tiraillées par une « double émancipatrice et des prescriptions
réussit parfaitement à retracer de la seconde guerre mondiale. Dans un long développement teurs ont une troublante ressemblan- culture », notion qui selon elle mas- familiales. L’une des illustrations les
les débuts économiques et com- On peut aussi reprocher à théorique qui forme la première par- ce avec les visées civilisatrices de la que avant tout la délégitimation de plus frappantes de cette ambiguïté
merciaux du port et la pérennisa- l’auteur de se sentir plus à l’aise tie de cet ouvrage, l’auteur s’atta- colonisation ». De plus, « cette la culture arabo-musulmane (rare- apparaît dans les entretiens qui
tion de cette activité à l’origine dans la lecture historique an- que aux « injonctions paradoxales » injonction dissimule un rappel insi- ment perçue dans sa diversité) par abordent la question du mariage et
du destin de la ville, dont l’essor cienne de la ville et de négliger auxquelles ces jeunes femmes sont dieux à une différence traitée comme la culture dominante. Il lui paraît des rapports entre frères et sœurs.
économique connaît un fabuleux quelque peu la lecture contempo- confrontées : les acteurs institution- une essence. Dans chaque invitation plus pertinent d’analyser le vécu Les contraintes familiales apparem-
coup d’accélérateur au début du raine. Par exemple, la question nels (notamment l’école) leur à l’émancipation, s’inscrit en filigra- des descendantes d’immigrants ment différentes qui pèsent sur les
XIXe siècle. Le lecteur suivra donc des tensions raciales à l’œuvre, demandent de « s’émanciper de la ne le renvoi à la culture dépréciée nord-africains à l’aune de trois regis- filles et les garçons sont en fait
avec intérêt l’agrandissement du qui se manifeste par des po- culture totalisante et oppressive de dont les filles ne parviendraient pas à tres de domination, domination assez semblables, et la marge de
port et de la métropole – Manhat- groms anti-Noirs notamment leur famille », tandis que les parents se défaire ». Exiger des filles d’immi- sexuée, culturelle et sociale : fem- manœuvre des filles, entre mariage
tan est entièrement lotie en en 1935 et 1943 à Harlem. Har- leur enjoignent de se conformer à grés qu’elles soient aux avant-pos- me, immigrée et jeune. forcé et choix affectif, est plus lâche
1900 –, la digestion des villes envi- lem, le quartier noir laissé en fri- une tradition qui les assigne à « une tes de l’émancipation et de l’intégra- Étayée par des extraits d’entre- qu’il n’y paraît.
ronnantes – Brooklyn et New che et par les responsables politi- identité sexuée limitative et contrai- tion, ce n’est jamais que les assigner tiens, la deuxième partie de cet Cet essai, bien que difficile d’ac-
York ont fusionné en 1898 –, le ques et… par l’auteur. Dommage, gnante ». Dans les deux cas, il s’agit à une destinée où le fait d’être fem- essai montre que les réponses indivi- cès par l’abus d’un vocabulaire trop
développement des petites indus- car il fait lui aussi partie intégran- de leur imposer des comporte- me et d’origine étrangère est perçu duelles à ces dominations sont réti- soumis au lexique sociologique, est
tries au cœur de la ville et des te du mythe et du décor, de son ments normatifs. comme une condition indépassa- ves à toute tentative de généralisa- un apport capital à une meilleure
plus importantes à sa périphérie, envers plutôt sur lequel un autre Mais si le poids de la famille sur ble… Cette sommation est d’autant tion. « Artisanes de libertés tempé- connaissance des aspirations des
car la grandeur de New York est ouvrage reste encore à écrire ou les filles d’immigrés fait partie des plus inopérante que la société n’of- rées », les filles d’immigrés adop- femmes descendantes des familles
avant tout capitaliste. à traduire. lieux communs, l’impact de la pres- fre pas à ces femmes, le plus sou- tent des stratégies fluctuantes, ten- immigrées.
Les gratte-ciel qui apparaissent Marie Agnès Combesque sion « assimilationniste » est plus vent issues de milieux populaires, dues vers l’acquisition de leur indé- Eric Lamien

Le Congo entre Léopold et Lumumba Dr Livingstone, I presume ?


A travers le microcosme de l’ethnie des Batetela, Thomas Turner analyse De Mungo Park à Savorgnan de Brazza, une passionnante anthologie
les processus qui ont conditionné l’histoire du pays depuis le début du siècle des récits des explorateurs européens de l’Afrique au XIXe siècle
plus sournoises de la modernisa- mais incontournable de sa vision l’Ouest est alors, en raison des fiè- A lire attentivement la passion-
ETHNOGENÈSE tion. Comme l’avait déjà pressenti trans-ethnique dans le contexte de VOYAGES DE DÉCOUVERTES vres et de la malaria qui déciment nante anthologie qu’il a concoc-
ET NATIONALISME Victor Segalen, ils ne pouvaient évi- 1960. Turner suit pas à pas le déve- EN AFRIQUE les établissements, présentée com- tée, le bon explorateur africain
EN AFRIQUE CENTRALE demment qu’échouer. Devant les loppement politique et intellectuel Anthologie 1790-1890 me « le tombeau de l’homme doit être patient, compétent (infor-
Aux racines ravages de la modernité différentiel- du petit postier de Kisangani deve- établie, préfacée et commentée blanc » –, les savants aventuriers mé et responsable), hardi et géné-
de Patrice Lumumba le qui assiégeait les « primitifs », nu tribun nationaliste, bâtissant le par Alain Ricard. ont en effet produit des relations reux, d’un contact amical avec les
de Thomas Turner. certains, comme le grand philoso- premier parti politique du pays, cap- Robert Laffont, « Bouquins », de voyage, aussi nécessaires à la autochtones, de quelque rang so-
L’Harmattan, 456 p., phe Claude Lévi-Strauss, finirent turant l’imaginaire de ses compa- 1 110 p., 179 F (27,29 ¤) poursuite de la « découverte », cial soit-il. Et de présenter le pro-
250 F (38,11 ¤) . par préférer éviter d’aller voir sur triotes sans distinction d’ethnie . chacun lisant scrupuleusement ses fesseur allemand Heinrich Barth,
place ce qui se passait et bâtirent mais sous-estimant finalement le ui n’a pas, peu ou prou, en devanciers, qu’à la validation d’ex- fin connaisseur de l’islam qui

T
homas Turner, politologue
américain, a passé sa vie à
étudier l’ethnie congolaise
des Batetela. Dans ce gros
ouvrage, directement écrit en fran-
des œuvres immenses dans la quié-
tude de leur cabinet, loin des
souillures du monde réel.

ÉCHEVEAU COMPLEXE
danger des rivalités internationales,
dans lesquelles il s’engage en pleine
guerre froide, sans réaliser la por-
tée de ses actes. Ni « produit » de
son ethnie ni tribun révolutionnai-
Q mémoire l’aventure du chi-
rurgien écossais Mungo
Park parti déterminer le
sens du cours du fleuve
Niger, la folle épopée de Richard
plorations souvent contestées. Au
terme de « découverte », qui cau-
tionne la vision hégémonique du
Vieux Continent, on pourra du
reste préférer celui de « reconnais-
remonta le Niger et confirma la
qualité des observations du Fran-
çais René Caillié, comme le « proto-
type le plus accompli » de ces aven-
turiers engagés dans un projet poli-
çais, son opus magnum sur les Bate- Ce n’est pas le cas chez Turner, re désincarné, Lumumba est mon- Burton, officier érudit et décou- sance », moins pour le clin d’œil à tico-scientifique qui commandait
tela, Turner nous présente non seu- dont les Batetela sont redoutable- tré dans sa complexité politique et vreur infatigable en quête des sour- Stanley que pour l’humilité qu’il l’exposé littéraire. S’il ne lui man-
lement un siècle d’histoire congolai- ment concrets. Pour lui, il est indu- humaine, au sein de ses limites his- ces du Nil – et son affrontement suggère, contre-feu à l’arrogante quait qu’« un brin d’humour », que
se mais aussi une réflexion touffue, bitable que « les ethnies ont une toriques. Au-delà de son assassinat, avec John Speke –, la pénétration satisfaction des Européens. dire des 43 autres voyageurs ren-
complexe et passionnante sur ce histoire » et il présente celle de Turner nous fournit une histoire française en Afrique centrale avec contrés au cours de ce siècle d’ex-
serpent de mer des études africai- « ses » Batetela avec une précision détaillée de la rébellion des années l’avancée congolaise de Pierre ENTREPRISE COLLECTIVE péditions dans un continent in-
nes qu’est l’ethnie, ou, pour parler à la fois systématique (il recense 1963-1965 dans l’est du Congo, non Savorgnan de Brazza, héros de Tous les récits ne se valent pas, vesti pour consommer son partage
comme les Anglo- Saxons et com- tous les écrits qui leur ont été consa- seulement au niveau factuel, mais l’école de Jules Ferry, ou la mala- bien sûr, précis presque techni- entre puissances européennes ?
me les Africains eux-mêmes, la tri- crés depuis 1913) et détachée qui au niveau des interprétations politi- droite reconnaissance à Ugigi, sur ques, divagations érudites, envo- L’étonnante galerie composée
bu. Décrivant les conflits africains lui permet le luxe intellectuel de ne ques, sociales et magiques. le lac Tanganyika, du missionnaire lées lyriques, considérations straté- autour de quatre destinations qui
actuels, les journalistes ne cessent pas se précipiter sur un critère cau- C’est ainsi qu’on se rend compte David Livingstone, champion de giques et indices ethnologiques se représentent autant d’angles d’at-
de se référer à la « politique ethni- satif du phénomène ethnique. Tou- que derrière les récits des violences, l’anti-esclavagisme, par le reporter croisant allègrement, que l’explora- taque – le Niger, le Zambèze, le Nil
que », les diplomates s’inquiètent te son habileté consiste à dérouler dont le souvenir perdure encore américain Henry Morton Stanley teur écrive lui-même ou que son et le Congo, soit les fleuves qui ali-
des « troubles ethniques », des con- un écheveau complexe où la géo- aujourd’hui, se trouve tout un énor- (et l’embarrassé « Dr Livingstone, expérience soit rapportée par un mentent l’imaginaire de tous ces
férences dénoncent les effets de la graphie, les mouvements de popula- me psychodrame dans lequel la vio- I presume… ? », appelé à immorta- tiers, témoin ou dépositaire d’une conquistadores modernes – permet
« discrimination ethnique », mais tion, la langue, les aléas de l’Histoi- lence rentrée de l’imaginaire congo- liser ce scoop) ? aventure mémorable. Jusqu’à la de mesurer à quel point c’est l’en-
au fond personne ne sait exacte- re, les généalogies réelles ou fantas- lais depuis la période du roi Léo- Geste héroïque ou mise en plus lointaine récupération roma- treprise collective qui donne son
ment ce qu’est une ethnie. mées s’entretissent pour produire pold ressort de manière aussi anar- coupe réglée, l’exploration de nesque : Jules Verne ne sous- sens à l’investigation. Des frag-
Le problème vient en partie du une population réelle et non pas chique qu’irrépressible, faisant sou- l’Afrique intérieure fut incontesta- titre-t-il pas Cinq semaines en bal- ments où le regard anthropolo-
fait que depuis le XIXe siècle, l’étude une épure anthropologique. Turner vent des victimes « à retarde- blement l’une des plus grandes lon (1862) – premier opus, déjà édi- gique comme les indices linguisti-
des peuples dits « primitifs », dont est particulièrement passionnant ment » qui payent de leur vie les affaires du XIXe siècle européen. Et té par Hetzel, de ce qui allait deve- ques sont privilégiés, mais ne nous
les sociétés étaient structurées par lorsqu’il montre la relation entre traumatismes sanglants du siècle moins d’un siècle sépare la nais- nir très vite les « Voyages extraor- privent pas d’innombrables péripé-
le phénomène ethnique, a été la les politiques administratives colo- précédent. sance de l’African Association, fon- dinaires » – « Voyage de découverte ties romanesques : Mungo Park
province quasi exclusive des ethno- niales et l’existence même des eth- Un mot d’avertissement cepen- dée à Londres en 1788, qui arrête en Afrique » ? dépouillé par des bandits et
logues. Ceux-ci ont mis au jour une nies. Loin des rêves essentialistes dant : il faut parfois s’accrocher. un programme d’exploration scien- Pourtant, ce corpus incroyable- recueilli, malade, par un chef de vil-
masse impressionnante de données des ethnologues, les Batetela – et Une vie entière passée parmi les tifique, et le partage diplomatique ment varié est mal servi par l’édi- lage mahométan ; Dixon Denham
tant matérielles que culturelles. leurs voisins – se regroupent, se dis- Batetela vous les rend aussi fami- de l’espace conquis à la Confé- tion française, sinon dans la for- tombant dans une embuscade ten-
Mais ils ont aussi – involontaire- tendent, s’étalent, se divisent au liers que les pêcheurs de Concar- rence de Berlin (1884), qui sonne le midable collection de poche de La due par les Peuls ; John Lander
ment – propagé une certaine vision gré des visions souvent préconçues neau pour un érudit breton, ce qui glas de l’ère des aventuriers Découverte. Mais même là, si la mesurant l’effroi causé par une
de ce qu’est une ethnie : une sorte des administrateurs ou des mission- ne sera évidemment pas le cas de savants pour inaugurer celle des perspective épistémologique dé- éclipse dont il prophétise, alma-
d’atome social insécable, défini par naires. tous les lecteurs. Mais le voyage en mercenaires coloniaux et des mis- passe intelligemment la sempiter- nach en main, le terme exact…
sa langue, ses coutumes, ses cultes Or les Batetela sont l’ethnie de vaut la peine et le travail de Tho- sionnaires du commerce. nelle interrogation : « Ces grands Alfred Bardey, homme intrépide
et ses artefacts matériels, et que Patrice Lumumba. Loin des hagio- mas Turner permet de saisir, à tra- Pourtant, derrière la légende témoins sont-ils fréquentables ? », la et clairvoyant qui engagea Rim-
l’expression structurelle de certains graphies révolutionnaires ou des vers le microcosme d’une ethnie, tenace, noire ou dorée, d’un siècle confrontation manquait. Cartes à baud et l’envoya à Harar, résuma
invariants humains plaçait hors du pamphlets dénonciateurs, on dé- les processus qui ont conditionné d’expéditions africaines, il y a une l’appui, avec quelques illustrations au mieux les seules clés d’un com-
champ tumultueux de l’histoire. couvre ici Lumumba-le-Mutetela, l’histoire de l’énorme Congo depuis vérité littéraire dont on peine à bien choisies et un répertoire bio- portement juste envers les indigè-
Les ethnologues aimaient leurs un politicien habile qui veut un Con- que le roi Léopold en « fit cadeau » mesurer l’importance. Le plus sou- graphique des voyageurs aussi cur- nes : « confiance, optimisme, solida-
ethnies et ils voulaient les protéger go unitaire mais qui sait en même à la Belgique en 1908. vent envoyés comme en mission sif que commode, Alain Ricard a rité ». Un programme qui ne fut
tant des assauts brutaux du monde temps jouer avec maestria de l’eth- Gérard Prunier sur une terre réputée hostile à relevé le défi et osé le regard syn- que très relativement adopté.
extérieur que des transformations nopolitique, instrument paradoxal (Chargé de recherches au CNRS) l’Européen – la côte de l’Afrique de thétique. Ph.-J. C.
e s s a i s LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 / 29
b

L’invention de l’adolescence Robert Misrahi,


La notion de cet âge de transition se construit socialement au lendemain de la Révolution : Agnès Thiercé le sillon
retrace l’histoire de sa perception jusqu’en 1914, entre pédagogie de la méfiance et études psychologiques du bonheur
pédagogues. Certes, elle croise,
HISTOIRE elle aussi, les théories de l’hérédi- UN COMBAT PHILOSOPHIQUE
DE L’ADOLESCENCE té, mais elle s’emploie surtout à Pour une éthique de la joie
ET DES ADOLESCENTS dédramatiser un âge de l’existence de Robert Misrahi
(1850-1914) jusqu’alors jugé critique. Les psy- et Nicolas Martin.
d’Agnès Thiercé. chologues français voient en l’ado- Ed. Le Bord de l’eau (12, allée
Belin, « Histoire lescence un temps de féconde indé- Bastard, BP 61, 33360 Lastrene),
de l’éducation », termination, un processus et non 192 p., 100 F (15,24 ¤).
334 p., 120 F (18,29 ¤). un état. Elle est moment d’organi-
sation, d’affirmation, d’enrichisse- e peux le dire tout simplement

L
’adolescence est une cons-
truction sociale. La notion
s’élabore au lendemain de
la Révolution, stimulée par
l’attention portée à la découpe des
ment de la personnalité, de décou-
verte de soi et de l’autre. Pierre
Mendousse, auteur de l’ouvrage
essentiel L’Ame de l’adolescent
(1909), souligne le goût de celui-ci
J comme je le sens ? — Allez-y ! ».
Face à face, Robert Misrahi,
l’auteur de La Jouissance d’être,
prêt à frotter sa philosophie de
la joie aux enjeux contemporains les
âges de la vie et par la découverte pour les mots, la réflexion, les con- plus concrets, et Nicolas Martin,
de l’instabilité des êtres et des naissances abstraites, les joutes journaliste. Riche chassé-croisé qui,
choses. oratoires, la lecture. Ce qui, mieux certes, n’évite pas toujours redites
COLL. JEAN-LOUP CHARMET

Rousseau avait souligné les dan- que tout, prouve l’historicité des et coquetteries langagières, mais ne
gers de la métamorphose pubertai- représentations de cet âge de la s’en inscrit que davantage dans une
re, moment critique d’une seconde vie. tradition d’oralité où concepts et
naissance. Le XIXe siècle ressasse Toute quête généalogique ris- arguments s’enrichissent d’être
cette mise en garde. L’adolescence que de conduire à surestimer l’em- entrechoqués. Bousculé par un com-
se définit dès lors par la fermenta- prise de la notion étudiée, dans sa pagnon de route qui le connaît assez
tion, le bouillonnement, la sura- phase d’émergence. Le livre pour pointer ses possibles erre-
bondance du sang, de la sève et d’Agnès Thiercé n’échappe pas à ments, Misrahi n’hésite pas à
donc des passions. Chateaubriand ce danger. En outre, le lecteur cer- rebrousser chemin, par exemple lors-
contribue à imposer l’association Un monôme au boulevard Saint-Michel, Paris, 1890 (dessin de F. Lix) ne mal l’extension sociale d’une qu’il comprend que l’analyse de la
de cet âge de la vie à la tempête et adolescence longtemps dominée crise kosovare via le concept spino-
à l’orage. L’adolescent apparaît en quelque sorte, la crise dans la tations. La menstruation est régula- associations d’anciens élèves, mais par la figure de la puberté et inclu- ziste d’état de nature l’entraînait
aussi gauche, inachevé. En lui, la durée par l’isolement, par le culte trice. La jeune fille, dès lors, est aussi des maisons spécialisées, des se dans la catégorie plus vaste de vers des sentiers bien hasardeux…
nature hésite. Oublieux de Dieu et des humanités, en attendant la pra- « déjà femme ; elle est presque fêtes de l’adolescence répondent à la « jeunesse » ; d’autant que rares A soixante-six ans, Robert Misrahi
de sa mère, il est la proie de désirs tique du sport. La « phobie du mère » ; ce qui lui confère l’harmo- l’angoisse de la criminalité juvé- sont les discours émanant des ado- revient donc sur son parcours intel-
obscurs. Cet âge de l’excès, du dehors », la crainte de la rue et de nie des formes, l’élégance, la grâce nile. lescents eux-mêmes. Or, comme le lectuel (« l’inspiration spinoziste et la
trop-plein intérieur, est tenaillé l’influence des externes, le refus du regard, une réserve et une L’essentiel n’en reste pas moins souligne un professeur de Lyon en méthode de Husserl ») et le relie à
par un insatiable besoin de sentir. des sorties, caractérisent cette modestie qui contrastent avec la l’émergence d’un discours scientifi- 1911, « beaucoup d’adolescents ne son itinéraire biographique ; car
Les bornes de l’adolescence mascu- pédagogie, hantée, en outre, par la turbulence, l’insubordination, l’irri- que sur l’adolescence. La psycholo- se reconnaissent pas dans l’image c’est sans doute aussi d’une précoce
line varient. La première commu- peur de la vacuité du temps. A cet- tabilité de l’adolescent. Certes, la gie expérimentale – avant la socio- qu’on leur offre ». Mais Agnès expérience du malheur (l’interne-
nion et, plus tard, le certificat d’étu- te contention, les adolescents des puberté féminine peut mal tour- logie – en fait un de ses objets de Thiercé fait preuve d’une grande ment de sa mère psychotique, la
des ou la première cigarette, le collèges répondent par la duplici- ner. A partir de ce moment, affir- prédilection. Les Etats-Unis inau- lucidité. Elle ne cherche pas à déportation d’une partie de sa
conseil de révision, le baccalau- té, le chahut, la révolte. Agnès me ainsi Auguste Cancalon en gurent ces études, sous l’impulsion cacher que son objet s’extrait lente- famille) qu’est née sa philosophie du
réat, l’entrée dans le monde consti- Thiercé, qui suit cette histoire, se 1869, « l’hystérie est en puissance de Granville Stanley Hall. ment et difficilement de sa gan- bonheur, cette « doctrine de liberté »
tuent autant de rites de passage, consacre, dans la même perspecti- chez toutes les femmes ». Outre-Atlantique, des équipes de gue ; que cette page d’histoire depuis laquelle il prend position sur
selon l’appartenance sociale. ve, à celle des barricades de collé- chercheurs professionnels voient culturelle est faite d’inertie, de la psychanalyse, l’euthanasie ou la
En ce temps d’émergence, l’ado- giens. Certains adolescents se réfu- LA PEUR DE LA CRIMINALITÉ en l’adolescence un révélateur qui recouvrements plus que de ruptu- démocratie. En finir avec les « défini-
lescence ne concerne guère que les gient dans la rêverie, d’autres Entre 1890 et 1914, la notion con- permet de « découvrir, en raccour- res nettes, et que la peur inspirée tions partielles et partiales » qui muti-
garçons de l’élite enfermés dans s’adonnent à la poésie, d’autres temporaine d’adolescence se cons- ci, l’histoire de l’espèce ». L’« âge par l’adolescence chemine souter- lent le Sujet de sa dimension désiran-
les collèges. A l’intention de cet encore se livrent aux plaisirs des titue. Les autorités de la IIIe Répu- ingrat », période de tumulte, ne rainement, quels que soient les te pour le réduire à une pure
âge de fougue, de fureur et affinités électives. blique prennent conscience de fait que reproduire le moment qui efforts des psychologues et des conscience de soi, tel était dès l’origi-
d’ivresse se réaménage une péda- « Adolescence », affirme le l’abandon des adolescents des a, dans l’histoire de l’humanité, pédagogues pour souligner les pro- ne le sillon de Misrahi, lui dont tout
gogie de la méfiance. Il convient Larousse du XIXe siècle, « ne se dit milieux populaires et du risque précédé l’apparition de la civili- messes de cet âge de transition. En le travail de philosophe consiste à
avant tout de réfréner les élans, de guère qu’en parlant des garçons ». que cela implique. Il s’agit donc sation. bref, son livre est de ceux qui réconcilier éthique et désir, pour per-
prolonger l’innocence en préser- Pour les filles, la date décisive est d’encadrer ces jeunes gens. Les La psychologie de l’adolescence aident à se départir des idées sim- mettre à l’homme de « tisser les
vant autant que possible des con- celle des premières règles ; c’est la cours d’adultes, transformés dans à la française se révèle moins ambi- ples et des certitudes hâtives. moyens réflexifs du progrès ».
tacts avec l’autre sexe ; de diluer, puberté qui ordonne les représen- ce but, les patronages laïques, les tieuse. Elle est le monopole de Alain Corbin Jean Birnbaum

l i v r a i s o n s
Le philosophe des classes moyennes b L’ÉTOILE DU MATIN. Surréalisme et marxisme,
de Michael Löwy
Michael Löwy retrouve le ton fougueux et la radicalité subversive des
On a tout dit de la politique aristotélicienne, le pire et le meilleur. Michel-Pierre Edmond se propose, surréalistes pour faire vibrer cet « état d’insoumission, de négativité,
de révolte, qui puise sa force positive érotique et poétique dans les pro-
quant à lui, d’en revenir à ce qu’Aristote a vraiment voulu dire. Pas si simple fondeurs cristallines de l’inconscient, dans les abîmes insomniaques du
désir, dans le puits magique du principe de plaisir, dans les musiques
pour être franc, l’intention généra- mulation des quelques grandes de gérer les caprices du ciel, ainsi incandescentes de l’imagination ». Ses études sur Breton, Naville, Ben-
ARISTOTE : LA POLITIQUE le présidant à l’ensemble du idées qui, selon Edmond, sont au que le prouve le rapprochement jamin ou Debord restituent les « affinités électives » entre le surréalis-
DES CITOYENS « cours » – dont on ne sait tou- cœur de La Politique. Aristote, universel, à la télévision, entre me, un certain marxisme libertaire et le romantisme révolutionnaire.
ET LA CONTINGENCE jours pas s’il s’adresse à de futurs d’après lui, serait le premier à journal et météo). Enfin, si Aristo- Cet ouvrage passionné est illustré d’œuvres récentes des amis surréa-
de Michel-Pierre Edmond. princes, ou à des citoyens ordi- avoir observé que, dans n’importe te reconnaît avec raison, dans la listes de Michael Löwy dans divers pays (éd. Syllepse, 126 p., 80 F
Payot, 194 p., 110 F (16,77 ¤). naires. quelle espèce de régime politique tyrannie, la dérive inévitable de [12,20 ¤]).
De ces difficultés, Michel-Pierre (y compris dans la démocratie), la tout régime politique, il est aussi b CHARLES FOURIER, LE JEU DES PASSIONS. Actualité
uel intérêt peut-il y avoir Edmond est parfaitement réalité du pouvoir réside toujours le premier à indiquer que le plus d’une pensée utopique, de Patrick Tacussel

Q à méditer, aujourd’hui,
les textes politiques
d’Aristote ? La question
n’est pas neuve, mais il
faut avoir un certain courage pour
conscient. Il n’ignore pas que les
incohérences fourmillent, aussi
bien à l’intérieur de La Politique
qu’entre celle-ci et les quelques
milliers de pages qui nous restent
entre les mains d’un tout petit
nombre d’hommes. Ne serait-ce
que parce que les autres ont
mieux à faire, et qu’ils n’ont ni le
temps, ni l’envie de consacrer
efficace remède à semblable déri-
ve consiste à renforcer l’influence
exercée par la classe « moyenne ».
Ni trop pauvre, ni trop riche, cette
classe qui, par définition, vit dans
Redécouvert avec enthousiasme par les surréalistes, étudié par les
spécialistes de la pensée utopique, Charles Fourier n’avait guère, jus-
qu’ici, suscité l’attention des sociologues. C’est désormais chose fai-
te : fin lecteur de cet auteur visionnaire, l’auteur entend prouver que
« l’acuité de ses descriptions ou la finesse de ses typologies ne sont pas
la poser – tant les textes en ques- d’Aristote. Il ne se fait pas non leurs journées à cette occupation la « contingence » est en effet la inférieures à celles des maîtres des sciences humaines ». Une démons-
tion ont la réputation, justifiée, plus d’illusions sur les arrière-pen- rébarbative : la gestion des affai- seule qui veuille vraiment la con- tration érudite et passionnée de l’actualité de la pensée sociale fourié-
d’être ardus, et celle, plus discuta- sées du philosophe, qui fut à la res publiques. Malheureusement, corde civile. Elle est la seule, par riste (DDB, 252 p., 150 F [22,87 ¤]).
ble, de faire l’éloge d’un système fois le précepteur d’un célèbre même s’ils sont portés au-devant conséquent, qui soit en mesure b GENS DE PAROLE. Langage, poésie et politique en pays
aujourd’hui disparu, celui de la tyran, Alexandre le Grand, un de la scène par le désir des autres d’exercer sur les hommes au pou- touareg, de Dominique Casajus
« cité-Etat ». Michel-Pierre adversaire plus ou moins déclaré ou par le jeu normal des institu- voir une influence bénéfique, en Les Touaregs se définissent eux-mêmes comme « gens de parole » et
Edmond a eu ce courage. Après de la démocratie (du moins sous la tions, ces quelques hommes qui leur rappelant que leur mission l’ethnologue qui les a longtemps fréquentés a le souci du mot juste
avoir offert, dans un travail paru il consiste avant tout à répondre, pour restituer au mieux la richesse et la variété de leur univers langa-
y a une dizaine d’années, son inter- « Comme on (…) demandait [à Aristote] en quoi sans excès ni retard, aux attentes gier. Dominique Casajus donne à entendre avec subtilité les conver-
prétation personnelle de la Répu- l’emportent ceux qui sont instruits sur les incul- de leurs concitoyens. sations échangées sous la tente, la parole « pénombreuse » et ponc-
blique de Platon (1), il nous invite tes, “d’autant, dit-il, que les vivants sur les Aristote voit-il si loin ? Ou bien tuée de silences de ses hôtes, la poésie qui dit leur solitude, la préoc-
maintenant à relire l’autre œuvre morts” . L’éducation, disait-il, est dans le succès est-ce Edmond qui, chez Aristote, cupation du « bien-parler » considérée comme l’apanage des nobles
majeure de la philosophie anti- un ornement, dans l’adversité un refuge. Ceux trouve plus de modernité qu’il n’y et, enfin, la langue du Coran qui les unit à tous les autres musulmans.
que, une œuvre que les premiers des parents qui ont donné une éducation à leurs en a vraiment ? Le simple fait que Il montre combien cet art de dire est à la fois très poétique et très
disciples d’Aristote appelèrent Les enfants sont plus honorables que ceux qui les ont ce livre invite à poser la question politique (La Découverte, 190 p., 120 F [18,29 ¤]).
Politiques – et que nous préférons, simplement engendrés, car les uns leur ont per- plaide en faveur de sa thèse princi- b LA SOCIOLOGIE FRANÇAISE CONTEMPORAINE,
depuis deux siècles, nommer La mis de vivre, mais les autres, de bien vivre. A qui pale : oui, sans doute, il est utile sous la direction de Jean-Michel Berthelot
D.R.

Politique, petite déformation qui se vantait d’être originaire d’une grande cité, “ce de relire les textes politiques du Dans la profusion des ouvrages destinés en priorité aux étudiants et
n’est pas innocente. n’est pas de cela, dit-il, qu’il faut considérer, philosophe grec. Cette relecture offrant un tableau de la sociologie contemporaine, celui-ci, sans pré-
Pour mesurer la difficulté de mais qui est digne d’une grande patrie”. » pourrait même être l’une des cho- tendre à une illusoire exhaustivité, a le mérite d’être résolument plu-
l’entreprise, il faut commencer par Vies et Doctrines des philosophes illustres ses les plus urgentes à faire, ces raliste, ouvert aux diverses écoles. « Grands courants » et « grands
se rappeler que La Politique (va (Livre V), de Diogène Laërce. Edition de jours-ci, pour tous ceux qui conti- domaines » y sont présentés avec clarté par des spécialistes incontes-
pour le singulier !) n’a jamais res- Marie-Odile Goulet-Cazé (« La Pochothèque », nuent à croire que l’homme est un tés. On peut cependant se demander si le cadre national demeure
semblé, ni de près ni de loin, à 1999). « animal politique ». La formule, aujourd’hui pertinent pour comprendre une discipline qui s’est tardi-
l’idée que nous nous faisons après tout, est d’Aristote, pas de vement, mais fort heureusement, enrichie des apports étrangers
aujourd’hui d’un « traité ». Il forme que celle-ci revêtait à Athè- détiennent le pouvoir ont, sous Platon. Et bien qu’elle soit deve- (PUF, 274 p., 138 F [21,04 ¤]). Du même auteur, signalons également
s’agit de paroles emportées par le nes) et l’auteur d’une peu glorieu- toutes les latitudes, tendance à nue tellement usée qu’on ne voit Sociologie, une anthologie des textes fondamentaux sur l’épistémolo-
vent, de notes de « cours » prises se justification de l’esclavage par l’exercer en fonction de leur seul plus toujours ce qu’elle veut dire, gie sociologique (DeBoeck Université, 480 p., 220 F [33,54 ¤]).
au vol par les élèves du philoso- la « nature des choses » qui n’a intérêt ou de celui de leur parti. Ils elle n’en garde pas moins son b L’ÉGALITÉ DES CHANCES. Analyses, évolutions,
phe, collationnées par on ne sait pas son équivalent dans la littéra- ont tendance, en d’autres termes, potentiel révolutionnaire : c’est perspectives, sous la direction de Geneviève Koubi
qui, et pieusement recopiées, pen- ture grecque. Edmond n’en croit à se comporter en tyrans, parce que l’homme est un animal et Gilles J. Guglielmi.
dant des siècles, par des moines pas moins – et cette « foi », qu’on c’est-à-dire à alimenter la « guerre politique que les classes moyen- Face à l’égalité des droits d’un côté, et à la perpétuation des inégali-
somnolents, avec, à chaque nou- dirait inspirée par l’enseignement civile » qui (comme Aristote nes, endormies devant leur télévi- tés économiques et sociales de l’autre, la notion d’« égalité des chan-
velle copie, de nouvelles fau- de Leo Strauss, a quelque chose de l’aurait donc vu deux mille ans sion, feraient bien de se réveiller, ces » a pris de plus en plus d’importance. Le mérite de cet ouvrage
tes – que les traductions successi- roboratif – qu’il est toujours pos- avant Machiavel) menace en per- et de se souvenir que c’est d’elles est précisément de déconstruire cette généreuse mais un peu trom-
ves sont loin d’avoir toutes débus- sible de comprendre Aristote com- manence de ravager la société. que dépend, aujourd’hui comme il peuse évidence en posant des questions dérangeantes. Par exemple :
quées. Autant dire que, dans le tex- me il se comprenait lui-même. Et Car, note fort justement y a vingt-cinq siècles, le salut de la la notion de chances peut-elle fonder en droit des mesures destinées
te en question, rien n’est sûr : ni le qu’il est évident, pour quiconque Edmond, « le temps est toujours à cité. à corriger les inégalités et justifier des politiques de discrimination
plan général, ni le découpage en veut se donner la peine d’en ressai- la guerre civile, comme on dit, Christian Delacampagne positives ? N’est-on pas en passe d’introduire, sous couvert de jus-
chapitres et en paragraphes, ni les sir le mouvement, que sa pensée quand il ne pleut pas, que le temps tice, un discutable « principe de différence » ? Ne promeut-on pas ain-
définitions données par Aristote est toujours vivante. est à la pluie » (l’art de la politique (1) Platon, le philosophe-roi, Payot, si l’illusion libérale d’un « droit à la carte » ? (La Découverte, 268 p.,
de ses concepts de base. Ni même, La preuve ? Elle tient dans la for- ayant beaucoup à voir avec celui 1991. 179 F [27,29 ¤]). N. L.
30 / LE MONDE / VENDREDI 18 AOÛT 2000 p o r t r a i t
b

Drôle de bonhomme.
Il a connu, enfant, les
ravages du Grand Bond
en avant et de la
révolution culturelle,
puis il est devenu
écrivain… grâce
à l’Armée populaire
de libération.
Inclassable, prolifique,
il prend, dans ses
romans, beaucoup de
libertés avec l’histoire
officielle, sans jamais
attaquer de front
le régime. Son nom
de plume, « Mo Yan »,
veut dire : « Ne pas
dire ». Mo Yan ou
l’art de la parole
par effraction…

YANN LAYMA
Dans les rues de Pékin,
juillet 2000

Mo Yan, la Chine entre les lignes


O
silencieux mais dont le regard ahu- la capitale, où il suit les cours de l’auteur porte-parole mais ne dédai- Mo Yan avait sympathisé à une dis-
ri dévoile la folie du monde. l’Institut de littérature de l’APL. gne pas la critique sociale trempée Les censeurs, « ces tance raisonnable (« comme tous
Mo Yan éprouve là, dans ces Tout va alors très vite. Il se lance dans l’expérience subjective. « Il mes collègues de l’Institut Lu-Xun de
champs inondés, une technique du dans l’écriture car il y voit un faut d’abord partir de soi, de ses émo- hommes au museau l’armée »), cette peinture de la glou-
conte qui traverse toute son moyen de lever quelques sous. Son tions et souffrances personnelles. Si tonnerie cannibale se veut un réqui-
œuvre. ambition est plus que modeste : il elles correspondent à celles de la de chien et aux yeux sitoire contre, dit-il, « la corruption
S’il n’a pas renouvelé les succès rêve seulement de s’acheter une population, alors très bien, l’auteur des cadres qui a atteint un point
n voulait le découvrir d’audience du Clan du sorgho, il a montre pour épater les filles de devient forcément une sorte de por- d’aigle qui, une loupe extrême dans la Chine
dans son antre, scruter ses rayons gagné depuis en audace. Il s’est retour au village. Il ignorait qu’il te-parole. Mais il n’est pas souhaita- d’aujourd’hui ». On trouve aussi
de livres, jauger ses piles de jour- imposé comme l’un des roman- venait d’ouvrir les écluses. Les émo- ble de chercher intentionnellement à à la main, flairent dans dans le roman une phrase assassi-
naux et lorgner par sa fenêtre. On ciers les plus originaux dans la Chi- tions si longtemps endiguées se le devenir. » ne contre les censeurs, « hommes
voulait juste humer le décor qui ne d’aujourd’hui. libèrent. La plume s’emballe. Son statut d’écrivain de l’armée les œuvres les “mots au museau de chien et aux yeux
s’offre à lui quand il écrit, quand il « Une enfance malheureuse est la Aujourd’hui, il a écrit plus de qua- ne l’a jamais empêché de frayer d’aigle qui, une loupe à la main, flai-
rougit ses pages de champs de sor- meilleure école pour devenir un écri- rante romans et une cinquantaine avec l’hérésie. Il a eu des démêlés sales” », n’ont pas rent dans les œuvres les “mots
gho ou quand il les noircit de mines vain ». Il n’est pas le premier à le de nouvelles. avec la censure. Son roman Opulen- sales” et déversent sur le déviant
de charbon. Mo Yan s’était excusé dire mais il le pense très fort. Auteur fécond, il est surtout un te poitrine, grosses fesses (1995) a été interdit son très « leur bile puante ».
poliment. Il habite une résidence Son histoire personnelle est là. A esprit inclassable. Au début des interdit. Il voulait en faire un hom- Or Le Pays de l’alcool n’est pas
de l’Armée populaire de libération l’instar des enfants autistes de ses années 80, il a raté le train de la mage à sa mère, cette mère protec- subversif « Pays interdit en Chine. Les revues litté-
(APL) dont l’accès est interdit aux contes, Mo Yan s’est longtemps cla- « littérature des cicatrices », cou- trice qui l’allaita jusqu’à l’âge de raires l’ont certes refusé, embarras-
étrangers. Ce fut donc le Coffee quemuré dans la contemplation rant de jeunes auteurs témoignant, cinq ans en pleine famine et qui de l’alcool » : sées par la témérité de l’intrigue,
Shop d’un froid hôtel de l’avenue muette des choses. Que dire quand sur le mode de la dénonciation, de vola, elle aussi, des grains. Elle les mais une maison d’édition du
Tiananmen, non loin du lac Beihai. le monde est si absurde ? Né en leur expérience douloureuse sous avalait dans les champs pour les « Ils ne l’ont peut-être Hunan l’a accepté en 1993. Et une
Quand on a traversé le patio dallé 1955 à Gaomi (Shandong), Guan la révolution culturelle. « Je venais revomir plus tard – baguettes autre de Hainan vient de le réédi-
de carreaux glissants, il était déjà Moye – son vrai nom – souffrit très juste d’entrer dans l’armée et j’étais fichées dans la gorge ! – dans une même pas lu. ter. Mo Yan pense avoir déjoué la
là, sagement attablé devant un ver- jeune de la faim. C’était l’époque très en retard dans ma formation, se cuvette d’eau de la cuisine. Mêlant vigilance des « yeux d’aigle » en
re d’eau minérale. des ravages du Grand Bond en souvient-il. J’en étais encore à l’idée la petite et la grande histoire, Opu- C’est un phénomène ayant eu recours à des procédés de
Au premier abord, on ne voit que avant. Il se souvient avoir mangé que la littérature était au service du lente poitrine, grosses fesses campe fiction – romans enchâssés dans le
ses joues. Des joues enrobant d’am- des écorces d’arbre jusqu’à en Parti. » Quand il publie sa saga le personnage d’une mère qui don- inexplicable en Chine. roman, écriture fantastique – le
ples mâchoires. Mo Yan est un maf- « dénuder le tronc ». Il croqua aussi familiale du Clan du sorgho, il colle na le sein jusqu’à douze ans à son protégeant de tout procès anti-Par-
du charbon, qu’il trou- à ce moment-là à l’air du temps : la fils, lequel devint plus tard frappé Certains ti. « Ils ne l’ont d’ailleurs peut-être
va bon. Un jour que vogue est à la « recherche des raci- d’impuissance sexuelle à la seule même pas lu. C’est un phénomène
Frédéric Bobi n l’estomac le tourmen- nes », à la redécouverte des sou- vue d’une poitrine de femme. livres sont interdits, inexplicable en Chine. Certains livres
tait trop, il vola un ches régionales occultées par des Mais ce qui choqua le plus les sont interdits, d’autres non, sans que
flu. Il ne l’a jamais franchement navet dans le champ de la commu- décennies de dogmatisme. commissaires de la langue fut sa d’autres non, sans l’on comprenne trop pourquoi ».
aimé, ce physique, lui soupçonnant ne populaire. On le surprit en plein Mais Mo Yan rejette toute affilia- réécriture de l’histoire officielle, cel- Salué à l’étranger, Le Pays de l’alco-
quelque laideur, et là est sans dou- forfait. On le traîna sur la place du tion à une école. Il se laisse guider le de la guerre civile. La mère eut que l’on comprenne ol est passé inaperçu en Chine.
te le secret de son art. Puisque les village devant le portrait de Mao, par sa seule intuition, brouillant les sept filles. Adultes, elles se mariè- Peut-être faut-il lui souhaiter un
disharmonies de la vie le forcèrent où il dut sacrifier à une séance pistes, mêlant magie et réalisme, rent, l’une avec un Japonais, l’autre pourquoi… » durable silence.
à un exil permanent, étranger à d’autocritique avant d’être battu l’intime et le social, cassant la linéa- avec un membre du Kuomintang Mo Yan a pris sa retraite de l’ar-
lui-même et au monde, il s’apaisa par son père. rité du récit, enfournant un roman (KMT), la troisième avec un cadre mée il y a trois ans. « Je me sens
dans une écriture torrentielle, érup- Puis la révolution culturelle dans le roman. Il admire Faulkner, du Parti communiste, etc. Tollé ! de la vente, ce qui n’empêche pas maintenant un peu plus libre. » Il a
tive jusqu’au fantastique. Il dut sa (1966-1968) éclata, qui approfondit Garcia Marquez et Kafka (auteurs Mo Yan décrit avec bienveillance le des copies pirates de circuler. Mo rejoint le département Télévision
notoriété à la saga du Sorgho rouge son exil. Classé dans la catégorie fétiches en Chine) tout en vénérant gendre nationaliste tandis que le Yan fut sommé de signer une lettre d’un journal juridique. On lui com-
(traduit en français sous le titre du des « mauvais éléments » – son Lu Xun – et n’en finit pas de puiser communiste apparaît peu sympa- d’autocritique dans laquelle il mande des téléfilms pédagogiques
Clan du sorgho), évocation épique grand-oncle avait été propriétaire dans les tourments de son enfance thique. admet avoir attenté au « matérialis- ayant vocation à instiller dans l’opi-
de la résistance de son village du foncier –, il devint un pestiféré. aphone. Il récuse autant la naïveté Des vétérans envoyèrent une me historique » et avoir été « intoxi- nion l’esprit civique. Dans le scéna-
Shandong sous l’occupation japo- Rejeté de l’école, il apprit à courber du roman politique que les facilités pétition outrée à la Commission qué par les idées vicieuses du capita- rio qu’il vient d’achever, la police
naise. Publiée en 1986, cette geste la tête et à ne jamais desserrer les du roman commercial. Il abhorre militaire centrale. Le livre fut retiré lisme ». Simple formalité sans met la main sur un gang de jeunes
des paysans de Gaomi connut un dents. « A l’époque, un seul mot importance. Il annonce qu’il récidi- violeurs. Déchirant dilemme : le
énorme retentissement en Chine d’un enfant pouvait coûter très cher vera. magistrat instructeur (veuf) file
populaire, mais aussi à Hongkong
et à Taïwan. Elle fut portée à
l’écran par le réalisateur Zhang
à sa famille. Je ne voulais surtout pas
poser des problèmes à mes
parents. »
Le déclin du roman De cette déconvenue, Mo Yan ne
conclut pas que la création littérai-
re est menacée en Chine. « Avec la
une tendre idylle avec la mère (veu-
ve) du chef des voyous. Comment
trancher entre l’affection et la loi ?
Yimou, qui en moissonna un Ours
d’or au Festival de Berlin.
Loin des récits du patriotisme
Il n’avait nul ami en dehors de
Mongol, un buffle aux longs poils
qu’il accompagnait brouter au
dans une société « saine » réforme économique et l’essor d’In-
ternet, il y a un courant difficile à
entraver. » Si Opulente poitrine, gros-
Mo Yan sourit de ses joues char-
nues : « La loi finira toujours pas
triompher. C’est de la propagan-
Mo Yan se réjouit du déclin du roman à impact social ou politique
officiel, ce Clan du sorgho – le pre- bord de la rivière. Mongol était ses fesses a été interdit, c’est que le de. » Voilà pour l’écriture alimen-
en Chine. Dans un entretien avec Noël Dutrait – cotraducteur avec
mier des cinq volumes du « Cycle bien l’unique être au monde à qui il roman a attiré l’attention après taire.
Liliane Dutrait du Pays de l’alcool (Seuil, 2000) – publié dans le numéro
du sorgho » – est d’abord une plon- causait. Il l’interrogeait sur la quali- avoir été couronné d’un prix litté- Quant aux choses sérieuses, il
de mars-avril de Perspectives chinoises, revue du Centre d’études
gée dans le carré de la mémoire de té des herbes. raire au Yunnan. Publicité, récom- planche sur son futur roman. Il
français sur la Chine contemporaine, Mo Yan note que dans la Chine
Mo Yan, une contrée sauvage et C’est en hommage à cette parole pense financière, jalousies et con- s’agira d’une fresque historique
d’aujourd’hui « la littérature n’est plus chargée du poids très lourd de la
mystérieuse, nimbée de brumes de emmurée que l’écrivain s’est choisi troverse… « Sans le bruit autour de mettant en scène un maître de
responsabilité sociale et n’a plus le devoir de parler au nom du peuple ».
marais, hantée de brigands et d’an- plus tard un nom de plume : ce prix, le livre n’aurait peut-être pas l’opéra du Shandong (« Opéra
« A la fin des années 70 et au début des années 80, rappelle-t-il, le
guilles. Mo Yan y déploie son écri- Mo Yan ou « Ne pas dire ». Jeune été repéré par la censure. » Mo Yan chat ») devenu chef de la rébellion
roman constituait une sorte de point focal de la société sur lequel tout le
ture hypersensorielle, riche d’eau adulte, il venait alors d’entrer dans en veut pour preuve le sort qu’a des Boxers (1900). L’insurgé est tué
monde avait les yeux rivés. A présent, il est marginal, et s’il ne disparaît
et de lumière, d’éclats et de scintille- l’armée. « Sans l’armée, je ne serais connu son très subversif roman Le au combat. Et il réapparaît sous la
pas, il connaît quand même un certain déclin. » « Je pense que c’est dans
ments, de souffles et de craque- jamais devenu écrivain, dit-il. C’est Pays de l’alcool, où il met en scène forme d’un personnage d’opéra.
le cours des choses, ajoute-t-il. Dans une société qui connaît un
ments, de parfums entêtants. Cette l’armée qui m’a formé et donné ma des dirigeants locaux du Parti cro- Mo Yan ou l’art des métamorpho-
développement normal, une société saine, la littérature doit occuper une
lande exsude de telles vapeurs d’ivr- chance. » Il devient professeur de quant des garçonnets rôtis. ses, des effractions et des jeux de
place marginale. Si un roman était encore capable de faire basculer un
esse que même le sang des martyrs marxisme-léninisme dans une usi- Ecrite dans la foulée de la répres- miroir. Cet homme-là va exténuer
pouvoir politique et de réformer la société, voilà qui serait anormal. »
« pue l’alcool de sorgho » ! Surtout, ne électromagnétique du Hebei, sion du soulèvement étudiant de des brigades entières d’« yeux
« Ce déclin, conclut-il, est une bonne chose, qu’il ne faut pas freiner. »
il y a le rôle central de l’enfant, près de Pékin. Puis il s’installe dans Tiananmen (juin 1989), avec lequel d’aigle ».

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