MARDI 25 JUILLET 2023
« La civilisation TikTok » « La course à l’armement »
Le nouvel eldorado des marques
Menace sur la
croissance européenne
l La conjoncture économique se dégrade vite dans la zone euro cet été.
l La demande extérieure stagne et la demande intérieure patine.
l Les marchés abordent une semaine à hauts risques avec les réunions
de la Fed et de la BCE. // PAGES 4 ET 22
Michael Sohn/AP/Sipa – Source : Bloomberg S&P Global – Shutterstock
Sans majorité
Profitez de l’été
claire, l’Espagne
pour donner un entre dans une
temps d’avance
à vos équ
uipes.
longue période
d’incertitude
EUROPE L’Espagne est dans une
Découvrez nos ofres entreprises :
impasse politique à l’issue des élec-
abo-entreprises.lesechos.fr tions de dimanche. Aucune majo-
rité claire ne ressort au Parlement.
La perspective d’un gouvernement
des droites, formé par une alliance
entre les modérés du Parti popu-
M 00104 -725 - F:3,40 laire et les ultras de Vox, s’éloigne
au vu des résultats obtenus. Le Pre-
mier ministre socialiste sortant,
Pedro Sanchez, a réussi à remobili-
ser la gauche pour barrer la route à
l’extrême droite, mais il n’est pas
ISSN0153.4831 116e ANNÉE
NUMÉRO 24007 26 PAGES certain non plus de parvenir à
Antilles-Réunion 4,50 €. Belgique 4,00 €. construire une majorité de gouver-
Espagne 4,90 €. Luxembourg 4,20 €. nement. En cas d’échec, de nou-
Maroc 42 DH. Suisse 6,40 FS. Tunisie 9 TND. velles élections pourraient être
convoquées avant la fin de l’année.
// PAGE 5
séries
// P. 9
David Guetta,
l’artiste français
devenu star
mondiale
du streaming
MUSIQUE Avec près de 74 millions
d’auditeurs mensuels, le célèbre
DJ français est devenu l’un des
artistes les plus « streamés » sur la
plateforme. Début juillet, l’artiste
de 55 ans s’est même hissé à la qua-
trième place mondiale, non loin de
The Weeknd, Taylor Swift ou Ed
Sheeran. Un succès dû à deux titres
qui totalisent chacun plus de 1 mil-
liard d’écoutes, du jamais-vu pour
un artiste français. Pourtant, le
modèle économique des platefor-
mes de streaming pénalise les
artistes-stars, estime Olivier Bom-
sel, spécialiste des médias.
Celles-ci mettent en avant les artis-
tes qui leur assurent les plus fortes
marges. // PAGE 18
Le Pentagone mise sur Space Force
Avec LVMH,
Paris 2024
boucle son club
de partenaires
premium
JEUX OLYMPIQUES Le numéro
un mondial du luxe va devenir par-
tenaire premium des Jeux de Paris
pour un « montant significatif »
non dévoilé. Il prévoit un dispositif
d’ampleur avant et pendant la
compétition, notamment pour la
très attendue cérémonie d’ouver-
ture. LVMH entend mettre en
valeur plusieurs de ses marques :
Chaumet p our le design des
médailles olympiques et paralym-
piques, Moët Hennessy pour la
fourniture de vins et spiritueux
aux espaces d’hospitalité, ou
Sephora comme partenaire du
relais de la flamme. Le groupe pro-
met d’autres annonces au cours de
l’année. // PAGE 16
// P. 10
d’été
Immobilier : la fin de
l’euphorie dans les
stations balnéaires
LOGEMENT Après plusieurs
années d’emballement dans les
stations balnéaires et une
hausse des prix de 30 % en trois
ans, l’heure est à l’apaisement
sur le front de l’immobilier. Les
prix des logements anciens sta-
gnent sur la plupart des litto-
raux. Ils baissent même en Bre-
tagne et dans les Pays de la
Loire. La forte demande conju-
guée à la faiblesse du nombre
de biens à vendre devrait cepen-
dant maintenir le marché à un
niveau élevé. Des records sont
enregistrés un peu partout et
cinq stations balnéaires – Saint-
Jean-Cap-Ferrat, Ramatuelle,
Saint-Tropez, Lège-Cap-Ferret
et Eze – sont plus chères que
Paris. // PAGES 14-15
analyses
Croissance et baisse
d’impôts : qui finance quoi ?
Par Jean-Marc Daniel
Say on climate : faisons
Le gouvernement a promis preuve de réalisme
des baisses d’impôts, notam- Par Emeric Lepoutre
ment pour les classes moyennes.
Pour une révolution
Il attend pour ce faire que la
croissance reparte. C’est oublier pédagogique
un peu vite que ce n’est pas Par Alain Kerjean
la croissance qui doit permettre
les baisses d’impôts, mais une
La fin de l’âge d’or
baisse des prélèvements, notam-
ment ceux qui pèsent sur les
pour Canary Wharf
entreprises, qui peut favoriser Par Ismérie Vergne
la croissance. // PAGE 7 // PAGES 7-8
Economies : les
premiers résultats
des audits de Bercy
DÉPENSES Politique du loge- Parlement lundi. Il p ermet
ment, fiscalité verte, arrêts de tra- d’identifier des pistes d’écono-
vail, emplois francs, trésorerie mies, dont certaines ont déjà été
des opérateurs de l’Etat… le gou- retenues par Bercy pour son pro-
vernement a demandé aux ins- jet de loi de finances pour 2024.
pections générales et à certaines D’autres alimenteront le débat
administrations d’examiner l’effi- budgétaire à l’automne. Cet exer-
cacité de la dépense publique cice a vocation à être réédité cha-
dans douze domaines. Le rapport que année désormais. // PAGE 2
annuel qui synthétise ces revues ET L’ÉDITORIAL D’ÉTIENNE
des dépenses a été transmis au LEFEBVRE PAGE 11

FRANCE
Budget : des pistes d’économies dans
douze domaines de l’action publique
l Le gouvernement a transmis lundi au Parlement un premier bilan de la revue des dépenses publiques.
l Celui-ci identifie des mesures d’économies dans des champs variés : logement, fiscalité verte, arrêts de travail…
FINANCES
PUBLIQUES
Isabelle Couet
Pour la première fois, la France s’est
pliée à l’exercice de revue des
dépenses publiques sur une base
annuelle. Pour l’occasion, Bercy a
demandé aux inspections généra-
les et à certaines administrations
d’analyser l’efficacité des dépenses
de douze missions, comme la fisca-
lité verte, la politique du logement,
les indemnités journalières, les
emplois francs, etc. Six portent
sur le champ de l’État, trois sur le
champ des administrations de
Sécurité sociale, deux sur les opéra-
teurs de l’État et trois sur les collecti-
vités territoriales.
Ces travaux, dont une synthèse a
été transmise lundi matin au Parle-
ment, ont permis d’identifier des
mesures d’économies. Certaines
pistes ont déjà été dévoilées par le
gouvernement et figureront, au
moins en partie, dans le projet de loi
de finances pour 2024, qui sera fina-
lisé en septembre. D’autres ont
vocation à nourrir le débat.
Alignement du gazole
sur l’essence
L’un des axes importants concerne
la fiscalité liée à la transition écolo-
gique. « En partant des résultats du
budget vert de l’État qui identifie
7 milliards d’euros de dépenses fisca-
les défavorables à l’environnement,
la mission a retenu un champ d’étude
plus large, incluant certaines taxes
environnementales et certains dispo-
sitifs considérés comme favorables
ou mixtes dont l’impact environne-
mental positif pourrait être ren-
forcé », explique Bercy.
Première préconisation, « l’ali-
gnement progressif, entre 2024
et 2030, des tarifs réduits d’accise sur
les énergies dont bénéficient plu-
sieurs secteurs économiques sur le
tarif normal du gazole ». Une piste
que le gouvernement a d’ores et déjà
prévu d’intégrer au prochain bud-
get. Le ministre de l’Economie,
Bruno Le Maire, a entamé des dis-
cussions avec les fédérations du
secteur des transports routiers, du
bâtiment et de l’agriculture, esti-
mant qu’un étalement sur six ans
doit permettre de faire face aux for-
tes réticences des professionnels.
La mission va plus loin que l’exé-
cutif. Elle recommande d’aligner
Pourquoi la France dépense plus que ses voisins
Selon le rapport annuel
de revue des dépenses
publiques, l’Hexagone
présente un surplus total
équivalant à 7,5 points
de PIB par rapport à
la moyenne des Vingt-Sept.
Comment se positionne la France
en matière de dépenses par rapport
à ses voisins européens ? La ques-
tion est examinée dans le rapport
que le gouvernement va désormais
transmettre chaque année au Par-
lement et qui dresse le bilan des
revues des dépenses publiques.
Cet exercice, qui permet de poser
un diagnostic et d’esquisser des pis-
tes d’économies, repose sur une
classification des dépenses des
administrations publiques en dix
catégories : services publics géné-
raux, défense, ordre et sécurité
publics, affaires économiques, pro-
tection de l’environnement, loge-
(progressivement) le tarif normal
du gazole et de l’essence. Un sujet
sensible, qui ne figurera pas dans le
budget 2024. Le gouvernement ne
prévoit pas de reprendre à ce stade
la convergence de la fiscalité du
gazole et de l’essence, interrompue
par la crise des « gilets jaunes ».
Autre préconisation susceptible
de créer des remous et sur lequel le
gouvernement est resté muet : le
recentrage des incitations fiscales
pour les travaux d’amélioration des
logements sur la rénovation éner-
gétique, en supprimant le taux
intermédiaire de TVA de 10 % sur les
travaux autres que la rénovation
énergétique. Certains députés
entendent porter le fer sur ce dos-
sier à l’automne.
Enfin, toujours en matière de fis-
calité « verte », la mission conseille
de supprimer les exonérations de
fiscalité locale favorables à l’artifi-
cialisation des sols. La loi promul-
guée fin juillet sur cette question
prévoit que l’exécutif présente une
liste de tous les outils fiscaux de ce
type dans un délai de six mois.
Fin du dispositif Pinel
Le gouvernement a par ailleurs déjà
repris à son compte les recomman-
dations concernant les dispositifs
sur le logement. L’extinction du
Pinel (investissement locatif) à la
fin 2024 est actée, de même que le
recentrage du prêt à taux zéro
(PTZ), ce dispositif d’aide à l’acces-
sion à l’achat d’une résidence prin-
cipale. Au lieu de s’éteindre fin 2023,
celui-ci sera prolongé jusqu’en 2027
mais avec un champ plus restreint.
Bercy a indiqué que ces deux mesu-
res représenteront 2,3 milliards
d’économies à terme.
Lors des récentes Assises des
finances publiques, Bruno Le Maire
a aussi laissé entendre qu’une
mesure du prochain budget viserait
la trésorerie des opérateurs de
l’Etat. C’est l’une des pistes mises en
avant dans la revue des dépenses.
La mission concernée rappelle que
ces opérateurs (Pôle emploi, Musée
du Quai Branly, CNRS…) sont des
entités majoritairement financées
par des subventions de l’État ou des
taxes affectées. Leur trésorerie a
bondi de 33,8 à 56,6 milliards entre
fin 2019 et fin 2022.
L’excédent potentiel de trésorerie
atteint 2,5 milliards sur la « trésore-
rie déclarée comme non fléchée et
mobilisable », selon la mission. D’où
cette recommandation d’« ajuster, à
ment et équipements collectifs,
santé, loisirs, culture et culte, ensei-
gnement, protection sociale.
Protection sociale
Pour sa première édition, publiée
lundi, qui porte sur 2021, l’Hexa-
gone présente un surplus total de
dépenses publiques équivalant à
7,5 points de PIB par rapport à la
moyenne des Vingt-Sept. La protec-
tion sociale hors dépense de santé
représente plus de la moitié de
l’écart de dépenses publiques, du
fait des retraites. C’est, sans sur-
prise, le surcoût le plus important
par rapport aux autres pays de l’UE.
Il s’établit à 4,3 points de PIB et
dépasse les 5 points si l’on inclut la
santé (1,1 point).
Le rapport souligne par ailleurs
le fait que les transferts sociaux
représentent près des deux tiers de
l’écart de dépenses avec les autres
pays européens.
court terme et dans certains cas, les
financements directs et indirects de
l’État aux opérateurs pour réduire
les excédents ».
Sur les indemnités journalières
(arrêts de travail), qui devraient
figurer dans le projet de loi de finan-
cement de la Sécurité sociale pour
2024, le gouvernement n’a pas
encore abattu ses cartes. La mission
livre des pistes pour améliorer le
suivi de la dépense.
Ce « plan d’action » concernerait
les médecins prescripteurs (appro-
fondir les actions de contrôle, har-
moniser les méthodes d’accompa-
gnement) ainsi que les assurés
(renforcer la stratégie de contrôle
et de suivi des arrêts de travail,
promouvoir les outils de retour
à l’emploi). Concernant les emp-
loyeurs, la mission préconise de
poursuivre l’offre de service de
l’Assurance Maladie en matière de
prévention des risques profession-
nels, d’améliorer le versement des
indemnités et, surtout, d’accroître
la contribution des employeurs.
Lire l’éditorial
( d’Etienne Lefebvre
Page 11
Parmi celles au-dessus de la
moyenne européenne, le logement
coûte 0,7 point de PIB de plus dans
l’Hexagone, ce qui explique que le
gouvernement ait choisi d’en faire
l’un des principaux leviers d’écono-
mies, à travers notamment l’extinc-
tion du dispositif Pinel (investisse-
ment locatif).
Le pays dépense
autant ou plus
que les autres Etats
de l’Union dans
tous les domaines,
sauf un.
Les affaires économiques pré-
sentent un surcoût de 0,6 point. Il
s’agit des allégements de charges et
des dépenses fiscales dont béné-
ficient les entreprises, comme
Les chiffres clés
2,5
MILLIARDS D’EUROS
L’excédent potentiel
de trésorerie des opérateurs
de l’Etat.
2,3
MILLIARDS D’EUROS
pourraient être économisés
via l’extinction du dispositif
Pinel et un recentrage
du prêt à taux zéro.
les taux de TVA réduits ou les
taux réduits de taxe intérieure de
consommation sur les produits
énergétiques (TICPE). Ce dernier
dispositif est d’ailleurs au cœur des
travaux de Bercy concernant le
gazole non routier pour le prochain
projet de loi de finances.
Jeu égal pour la sécurité
Autre poste de dépenses plus lourd
que la moyenne européenne : l’édu-
cation (0,4 point de PIB au-dessus).
Le surcoût est significatif pour
l’enseignement secondaire, à la dif-
férence du premier degré, précise
le rapport.
Elément notable de cette compa-
raison, la France fait mieux que ses
voisins dans une catégorie : les
dépenses de fonctionnement des
administrations. Enfin, elle fait jeu
égal avec les Vingt-Sept dans la caté-
gorie « ordre et sécurité publics ».
— I. Co.
Mardi 25 juillet 2023 Les Echos
Les emplois francs
peinent à convaincre
Censé réduire les inégali-
tés à l’embauche dans
les quartiers défavorisés,
le dispositif est jugé
« peu dynamique »
par les pouvoirs publics.
Ange Torlotting
« Un dispositif peu dynamique et
susceptible de donner lieu à
d’importants effets d’aubaine » :
c’est en ces termes sévères que
le rapport d’évaluation de la qua-
lité de l’action publique, publié
lundi, qualifie les emplois francs.
Lancé en 2017, le dispositif
apporte une aide financière aux
employeurs pour faciliter
l’embauche des habitants des
quartiers prioritaires de la politi-
que de la ville (QPV).
Les établissements peuvent
toucher une aide de 5.000 euros
par an, pendant trois années
maximum pour une embauche à
temps complet en CDI, et
de 2.500 euros par an, pendant
deux ans, pour une embauche de
CDD d’au moins six mois. « Une
incitation monétaire consé-
quente », considère Yannick
L’Horty, économiste ayant parti-
cipé au comité d’évaluation du dis-
positif lors de son développement.
Toutefois, la revue des dépen-
ses publiques pointe « un disposi-
tif qui ne semble pas apporter de
réponses efficaces aux freins à
l’accès à l’emploi rencontrés par les
habitants des QPV ». Un constat
déjà visible dans un rapport sur
l’évaluation de l’expérimentation
des emplois francs, qui indiquait,
dès 2019, un faible impact sur le
volume d’embauche.
Dans les 1.514 QPV, soit 5,4 mil-
lions d’habitants et 8 % de la
population française, 26.400
demandes en emploi francs ont
été acceptées en 2022. Le disposi-
tif compte aujourd’hui un total de
50.000 bénéficiaires, rapporte
une récente étude du ministère
du Travail. Les demandes accep-
tées sont d’ailleurs en légère
baisse par rapport à l’année pré-
02
cédente, malgré un nombre de
demandes toujours plus élevé.
Les trois quarts de ces contrats
sont des CDI et 83 % sont à temps
complet. « Il faut noter que les
contrats bénéficient surtout aux
jeunes de moins de 29 ans, ils re-
présentent 40 % des nouveaux
entrants », souligne Chloé Mai-
sonnave, auteure de l’étude. Une
réussite sur l’aspect qualitatif
mais qui ne convainc pas Bercy.
Méconnu des employeurs
« Une part conséquente des entre-
prises bénéficiaires interrogées
indique avoir eu connaissance du
dispositif d’emplois francs après
leur décision d’embauche », souli-
gne le rapport. Un effet d’aubaine
lié notamment à la faible connais-
sance de ce dispositif par les
employeurs. Dans l’univers com-
plexe et changeant des aides à
l’embauche, les employeurs ont
des difficultés à développer une
stratégie de recrutement inté-
grant les emplois francs.
Au contraire, Yannick L’Horty
considère que le développement
des emplois francs « coïncide avec
l’atténuation de la pénalité à
l’embauche pour les habitants de
QPV ». Si aucun lien de causalité
ne permet de le démontrer direc-
tement, l’économiste a observé, à
travers les tests de discrimina-
tions qu’il a menés depuis 2010, un
« inversement de la pénalité à
l’embauche pour les habitants de
QPV ». Autrement dit, le dispositif
aurait un effet positif favorisant
l’emploi dans les quartiers où le
dispositif est bien implanté. Les
emplois francs parviendraient à
remplir l’objectif souhaité, selon
lui, mais de manière très localisée.
Quel avenir dès lors pour ce dis-
positif, qui doit prendre fin au
terme de cette année sous sa
forme actuelle ? Le rapport de
Bercy préconise de le « transfor-
mer et le recentrer au-delà de
l’année 2023 ». Le budget 2024 du
ministère du Travail intègre ainsi
d’ores et déjà des économies à
venir sur ce poste de dépenses. n
03 Les Echos Mardi 25 juillet 2023
Représentativité
patronale : les
artisans échouent
à se faire entendre
PATRONAT
La « mission flash »
des députés sur
la représentativité
patronale vient
de rendre
ses conclusions.
Leïla de Comarmond
Après avoir essuyé un refus du
gouvernement de modifier les
règles de représentativité
patronale, les artisans, com-
merçants et professions libéra-
les de l’U2P misaient sur la
« mission flash » lancée par la
commission des affaires socia-
les de l’Assemblée nationale.
Mais elle « a accouché d’une
souris », ont-ils regretté aussi-
tôt connues ses conclusions.
Comme l’exécutif, les députés
renvoient la balle dans le camp
des organisations patronales.
« Les députés disent : “Oui, il y a
un problème, oui, le dispositif
n’est pas satisfaisant, non ce n’est
pas une répartition équitable
mais qu’ils se débrouillent” »,
dép l or e Jea n- Ch ri s to phe
Repon, vice-président de l’U2P.
Et d’ajouter : « Si on avait été
capable de faire fléchir le Medef
on l’aurait fait, mais nous avons
reçu une fin de non-recevoir donc
il faut légiférer et cela nécessite du
courage politique. »
Le monde patronal reste
d’accord sur le fait que la repré-
sentativité patronale soit calcu-
lée non pas comme la représen-
tativité syndicale via des
élections mais à partir des
adhérents. Le conflit porte sur
la façon de les compter : doit-on
prendre en compte le nombre
d’entreprises qui sont membres
d’une organisation ou leurs
effectifs salariés et, si l’on
mélange les deux critères,
quelle doit être la pondération ?
Accord assez alambiqué
En 2016, le patronat a négocié
un accord assez alambiqué qui
prévoit des règles différentes
pour le financement, pour la
représentation dans les orga-
nismes paritaires et pour l’exer-
cice du droit de s’opposer à un
accord conclu. Sur chacun des
deux premiers sujets s’applique
un mix différent entreprises/
salariés. Le droit d’opposition,
lui, nécessite la représentation
de plus de la moitié des salariés
du champ considéré.
Huit entreprises sur dix encore actives
au bout de trois ans
CONJONCTURE Les entreprises françaises sont plutôt résis-
tantes. Au total, 82 % des entreprises, hors micro-entreprises,
créées durant le premier semestre 2018, étaient encore actives
trois ans après leur création, selon une étude de l’Insee publiée
lundi. Un résultat en hausse de 7 points par rapport à 2014. Le
rapport montre cependant que la pérennité de ces entreprises
diffère fortement en fonction de son statut juridique et de son
secteur d’activité.
Cet accord transcrit dans le
Code du travail en 2016 a été
dénoncé par l’U2P en 2019,
« l’expérience [montrant] que le
sort des petites entreprises est
totalement soumis aux décisions
des représentants des grandes
entreprises », selon elle. La mis-
sion, dont les deux rapporteurs
étaient l’Insoumis Hadrien
Clouet et Didier Le Gac, de
Renaissance, évoque bien le
sujet, mais sans trancher. Elle
livre à plat les arguments des
uns et des autres, pointant les
préoccupations de l’U2P mais
aussi les arguments des organi-
sations « représentant davan-
tage les grandes entreprises »,
comprendre le Medef.
Elle affirme, en outre, que le
démarrage de la troisième
pesée de représentativité patro-
nale venant de démarrer plaide
pour temporiser sur le sujet, et
s’inscrit dans la continuité de la
politique de l’exécutif depuis
toujours en jugeant que c’est au
patronat de se mettre d’accord.
Des conclusions qui vont bien
tant au Medef qu’à la CPME.
Comme l’exécutif,
la mission
renvoie le sujet
à la négociation,
au grand dam
de l’U2P.
Au Medef, on souligne qu’« il
faut bien avoir en tête l’objectif
premier de la mesure de la repré-
sentativité patronale, qui
est l’organisation du dialogue
social au sein des branches et au
niveau interprofessionnel et, in
fine, des relations entre
employeurs et salariés. A cet
égard, le critère du nombre de
salariés dans l’entreprise doit
donc rester le principal critère
pris en compte, avec le nombre
d’entreprises adhérentes. »
François Asselin, le président
de la CPME, lui, estime qu’« on a
réussi il y a quelques années à
trouver le juste équilibre » et sou-
ligne qu’il « est quand même
logique que sur le plan social,
ceux qui ont le plus grand nom-
bre de salariés décident ». Il n’est
pas fermé à l’idée de faire évo-
luer le dispositif sur le moyen
terme : « on peut toujours mieux
faire », mais il se félicite d’avoir
« obtenu que le champ [qu’il
représente], celui des PME, soit
devenu incontournable ». n
en bref
Shutterstock
En déplacement dans le Pacifique, Emmanuel Macron a dû s’exprimer sur le sujet depuis la Nouvelle-Calédonie. Photo AFP
Le difficile équilibrisme
de Macron sur la police
l Interrogé sur la polémique autour de la mise en détention préventive
d’un policier, le chef de l’Etat dit comprendre l’émotion suscitée par l’affaire.
l Mais il refuse de se prononcer sur l’action judiciaire.
POLITIQUE
Jacques Paugam
De Paris à Nouméa, neuf fuseaux
horaires mais une seule polémique.
Rattrapé par l’émotion d’une partie
de la classe politique après les pro-
pos de Frédéric Veaux, le directeur
général de la police nationale
(DGPN), Emmanuel Macron, en
déplacement dans le Pacifique, a dû
s’exprimer depuis la Nouvelle-Calé-
donie sur le sujet.
Frédéric Vaux avait déclaré
dimanche soir dans un entretien au
« Parisien » soutenir un des quatre
agents accusés d’avoir passé à tabac
un jeune homme lors des nuits
d’émeutes, estimant qu’un fonction-
naire de police « n’a pas sa place en
prison » avant d’être jugé. Au point
d’ajouter : « Le savoir en prison
m’empêche de dormir. » Ce dernier,
évoluant au sein de la BAC de Mar-
seille, avait été incarcéré vendredi
après l’ouverture d’une enquête.
L’ordre, fil rouge de son explication aux Français
Lors d’une interview lundi
sur TF1 et France 2 pour
tirer le bilan des « cent
jours » et rappeler ses
priorités, Emmanuel
Macron a tenté de passer
un message « d’autorité »
et « d’efficacité ».
Isabelle Ficek
« L’ordre, l’ordre, l’ordre », « l’effica-
cité » et le « besoin d’un retour de
l’autorité à tous les niveaux ». C’est le
message martelé par Emmanuel
Macron lundi depuis la Nouvelle-
Calédonie, lors de son interview sur
TF1 et France 2 à la mi-journée.
L’une des leçons que le chef de l’Etat
a voulu tirer des dernières semai-
nes pour la suite de son mandat.
Au risque de la répétition, le pré-
sident, qui s’était imposé un cadre
contraint en assurant qu’il tirerait
devant les Français le bilan des
« cent jours », a voulu s’expliquer
devant eux en plein cœur de l’été.
Exactement comme il l’avait fait
vendredi par le truchement de ses
propos filmés en début du Conseil
des ministres, avec un impact jugé
décevant en interne.
Dans son interview à TF1 et
France 2, Le chef de l’Etat s’est livré à
un numéro d’équilibriste. Il a rap-
pelé que « nul en République était
au-dessus de la loi », tout en affir-
mant comprendre « l’émotion »
suscitée dans les rangs de la police
marseillaise par cette incarcéra-
tion. « C’est une décision qui a été
prise par un magistrat et donc je ne
me prononcerai pas sur celle-ci »,
a-t-il expliqué, en rappelant qu’il
était le garant des institutions et de
la séparation des pouvoirs.
Appel à la sérénité
Un chemin de crête alors qu’Emma-
nuel Macron a demandé lundi « de
l’ordre, de l’ordre de l’ordre » après
les émeutes. En Conseil des minis-
tres vendredi, le chef de l’Etat s’était
déjà félicité que la réponse de la jus-
tice ait été « implacable » envers les
personnes interpellées.
L’exécutif avait semblé jusqu’ici
soutenir sans réserve Frédéric
Vaux. Si Gérald Darmanin ne s’est
pas encore exprimé, le préfet de
Sur ces « cent jours », « il y a eu
parfois des jours avec et des jours
sans », a lâché le chef de l’Etat, vou-
lant retenir que le « pays a avancé »
malgré tout, citant les chantiers lan-
cés et les projets de loi votés. S’agis-
sant de la mission impossible con-
fiée à Elisabeth Borne d’élargir la
majorité, il en a retenu deux choses :
« Il n’y a pas une majorité de
rechange, il y a des majorités
d’échange, texte par texte. » D’où,
selon lui, avec son maintien, le choix
de la « continuité » et de « l’efficacité ».
Mais c’est donc sur l’ordre et sur
l’autorité – deux priorités remon-
tées en flèche dans les sondages
après les émeutes – qu’Emmanuel
Macron s’est le plus exprimé.
D’abord en soulignant le « travail
remarquable en particulier pendant
les émeutes » d’un grand déçu du
récent remaniement, le ministre de
l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Ensuite en insistant sur « l’immense
chantier » de l’école. Puis en reve-
nant sur la gestion de ces émeutes.
Le chef de l’Etat s’est félicité
d’avoir vu l’ordre revenir « en quatre
jours, grâce à un dispositif inédit,
sans prendre de mesure restrictive
des libertés », a-t-il insisté, compa-
police de Paris, Laurent Nuñez, dont
il est proche, a dit partager « les pro-
pos du DGPN » sur Twitter. Le
ministère de l’Intérieur, sans faire de
déclarations officielles, a réaffirmé
pour sa part sa confiance dans le
directeur général de la police natio-
nale. Il apparaît peu probable que ce
haut fonctionnaire a pris le parti de
s’exprimer publiquement sans aver-
tir ni obtenir l’aval de sa hiérarchie.
Le cabinet de la Première minis-
tre a, lui, fait valoir que le « DGPN est
dans son rôle », avant d’appeler au
calme : « La justice doit pouvoir
poursuivre son travail dans la séré-
nité indispensable à l’enquête. » Le
président du tribunal de Marseille,
où a été prise la décision de placer le
policier en détention provisoire, a
lui appelé à la « mesure ».
Les propos de Frédéric Veaux ont
déclenché une tempête au sein des
oppositions. A gauche, il est ques-
tion d’une ligne rouge franchie en
matière d’Etat de droit. Sur son blog,
le leader de la France Insoumise,
Jean-Luc Mélenchon, a réagi appe-
rant avec les trois semaines d’émeu-
tes en 2005 et la mise en place, alors,
de l’état d’urgence. Reste que le
bilan a été plus lourd qu’en 2005.
Une « interview lénifiante »
« Notre pays a besoin d’un retour de
l’autorité à tous les niveaux, et
d’abord dans la famille », a insisté
Emmanuel Macron, dégageant plu-
sieurs chantiers à travailler cet été
et au-delà : celui de « l’autorité
parentale », celui de la « politique de
répartition des difficultés » sur les
territoires – une demande des mai-
res –, celui de la prévention et des
réseaux so ciaux. Emmanuel
Macron n’a pas manqué au passage
« Il n’y a pas
une majorité
de rechange,
il y a des majorités
d’échange,
texte par texte. »
EMMANUEL MACRON
Président de la République
FRANCE
lant « au respect des institutions
républicaines les policiers entrés en
sécession factieuse ». Olivier Faure,
premier secrétaire du Parti socia-
liste, a demandé une réunion du
Parlement « en urgence » et prophé-
tisé « ce qui se joue là, c’est la démo-
cratie et le respect de l’Etat de droit ».
« Que fait le chef de l’Etat quand
l’Etat est en train de se disloquer. Jus-
tice contre police et police contre jus-
tice ? » a fait mine de s’interroger
Marine Le Pen. « Les policiers ne
peuvent se contenter du “en même
temps », est intervenu le patron des
Républicains, Éric Ciotti. Droite et
extrême droite, sur cette question,
apparaissent solidaires des poli-
ciers après avoir appelé successive-
ment à la mise en place de l’état
d’urgence au début des émeutes.
Critiqué pour avoir tardé à tirer
les leçons des émeutes urbaines,
malgré une loi de reconstruc-
tion passée en urgence au Parle-
ment, Emmanuel Macron doit
désormais composer durablement
avec la colère des forces de l’ordre. n
de rendre un hommage appuyé aux
forces de l’ordre
Pour le reste, il a confirmé que la
baisse d’impôts de 2 milliards
d’euros promise pour les classes
moyennes serait dans la loi de pro-
grammation des finances publiques
en septembre. Ce qui laisse entendre
qu’elle est au programme du quin-
quennat mais pas au menu du pro-
jet de loi de finances pour 2024. Et il
maintient, sur l’immigration, que le
texte du gouvernement est « équili-
bré », assurant avoir « bon espoir »
que les oppositions « aident à bâtir
un texte » cet automne. Sans exclure,
un recours au 49.3.
Les oppositions ont fustigé, à
l’instar du porte-parole du PCF Ian
Brossat, une « interview lénifiante,
d’un vide sidéral ». Même son de clo-
che du côté du président de LR, Eric
Ciotti, pour lequel « les mots
n’impriment plus ». « Il a bouclé la
boucle. C’est mieux qu’une disserta-
tion dans une mise en scène lugubre à
l’Elysée, veut croire un conseiller de
l’exécutif. Vendredi, il a ouvert sa cui-
sine pour montrer un peu de sa
recette. Là, il a essayé de vendre le plat
aux clients. » Difficile de dire avec
quel impact auprès d’eux. n

MONDE
Les perspectives économiques
de la zone euro se dégradent cet été
l Les indices PMI retraçant les anticipations des chefs d’entreprise européens signalent une contraction de l’économie.
l L’horizon s’assombrit, avec la faiblesse de la demande mondiale et de celle de la zone euro.
CONJONCTURE
Guillaume de Calignon
La zone euro file-t-elle tout droit
vers une récession ? C’est la question
que l’on peut se poser à la vue des
indices PMI de juillet publiés ce
lundi par S&P Global et qui retra-
cent les attentes des chefs d’entre-
prise. L’indicateur pour la zone
euro affiche une forte baisse, à
48,8 points, et se situe désormais
dans la zone de contraction de l’acti-
vité économique, à son plus bas
depuis décembre 2022. Un recul du
PIB européen n’est donc pas exclu
au troisième trimestre 2023.
Rien ne va. Les perspectives
d’activité et le volume des nouvelles
affaires sont en baisse. L’emploi
apparaît aussi moins dynamique.
C’est particulièrement le cas dans
l’industrie, qui pâtit de l’atonie de la
demande mondiale et de la reprise
poussive de l’économie chinoise
après le Covid. La seule bonne nou-
velle, c’est que les prix se sont encore
assagis ce mois-ci dans la zone euro.
Tous les grands pays européens
sont touchés, à des degrés divers.
« Les perspectives pour la France et
l’Allemagne semblent particulière-
ment sombres avec des indices signa-
lant une contraction de l’activité »,
Dette : l’Argentine et le FMI se mettent d’accord
AMÉRIQUE LATINE
Buenos Aires cherche
à obtenir un assouplis-
sement des conditions
de remboursement
de sa dette de
44 milliards de dollars.
L’Argentine s’apprête à connaître
une bouffée d’air frais. Son gouver-
nement et le Fonds monétaire inter-
national (FMI) ont annoncé diman-
che soir être parvenus à un accord
de principe sur les modalités du
note ainsi Bert Colijn, économiste
chez ING.
En Allemagne, le ralentissement
de l’industrie manufacturière s’est
intensifié. L’indice PMI a reculé à
38,8 points, ce qui est inquiétant car
des niveaux inférieurs à 40 points
n’avaient auparavant été observés
que pendant la crise de 2008 et la
pandémie. Les industriels signalent
une baisse de la demande qu’ils
imputent à « l’hésitation des clients »
ainsi qu’à « la forte inflation et la
hausse des taux d’intérêt ». Outre-
Rhin, la production des industriels
fortement consommateurs d’éner-
gie reste 12 % inférieure à la période
d’avant la guerre en Ukraine.
La France au plus bas
depuis mai 2020
En France, le sentiment des chefs
d’entreprise a chuté dans les servi-
ces et dans l’industrie, où il se situe à
son plus bas depuis mai 2020, c’est-
à-dire en plein confinement. Pour
S&P Global, les enquêtes « mettent
en évidence le plus fort recul de l’acti-
vité globale du secteur privé depuis
novembre 2020 […], signalant une
détérioration continue de la conjonc-
ture économique française ».
Certains sont dubitatifs sur ces
chiffres. Faut-il croire ce que disent
les indices PMI ? « Il est possible que
les échantillons d’entreprises interro-
remboursement de la dette argen-
tine de 44 milliards de dollars
(39,7 milliards d’euros).
Il devrait être finalisé « dans les
prochains jours », ont indiqué les
deux parties sur Twitter. Il vise à
« consolider l’ordre budgétaire et à
renforcer les réserves, en reconnais-
sant le fort impact de la sécheresse,
les dommages causés aux exporta-
tions et aux recettes fiscales du pays ».
Intenses négociations
La dette argentine provient du rem-
boursement d’un précédent prêt de
57 milliards de dollars, le plus
important de l’histoire de l’organi-
gées pour les PMI ne soient pas suffi-
samment larges pour véritablement
refléter les différences de situation au
sein du secteur manufacturier »,
avance François Cabau, économiste
chez AXA IM. Il est vrai que, depuis
plusieurs mois, on constate une
divergence entre les indices PMI,
plus pessimistes, et les enquêtes de
l’Insee ou de l’IFO en Allemagne.
Chute des prix industriels
« L’ampleur de la dégradation du sen-
timent des industriels, notamment,
pose question, selon Bruno Cavalier,
chef économiste d’Oddo BHF. Une
des explications possibles réside dans
le fait que nous sommes aujourd’hui
dans une situation de chute des prix
industriels après une période de très
forte hausse. Ce nouvel état des choses
a un impact sur l’activité économique
et peut amplifier, dans les indices
PMI, la déprime. Il me paraît en effet
impossible que les industriels soient à
l’été 2023 aussi déprimés qu’au prin-
temps 2020 au moment du Covid, où
les incertitudes n’avaient jamais été
aussi grandes. »
D’ailleurs, selon un autre écono-
miste, « depuis la crise énergétique de
l’an passé, la corrélation entre les
indices PMI et le PIB est moins impor-
tante ».
Possible mais en attendant, dans
les deux plus grandes économies
sation multilatérale, accordé
en 2018 à la précédente administra-
tion. Son remboursement a fait
l’objet d’intenses négociations
aboutissant en mars 2022 à un
accord sur plus de dix ans.
Dans ce cadre, Buenos Aires a
57
MILLIARDS DE DOLLARS
Le montant du prêt, le plus
important de l’histoire du FMI,
accordé en 2018 à l’Argentine.
européennes, les perspectives dans
les services sont également en recul.
« C’est inquiétant car ce sont les servi-
ces qui ont soutenu l’activité ces der-
niers mois », souligne François
Cabau. Ce n’est plus le cas. « Ce sec-
teur n’apporte pas un soutien suffi-
sant pour compenser la faiblesse de
l’industrie », selon les experts
d’Oxford Economics. Pour eux, « la
détérioration des conditions macroé-
conomiques est bien engagée et se pro-
page de l’industrie manufacturière
aux autres secteurs ».
Voilà qui va peut-être rendre un
peu plus prudente la Banque cen-
trale européenne (BCE) dans les
pro chains mois. Comme par
hasard, Joachim Nagel, le président
de la Bundesbank, la banque cen-
trale allemande, s’est montré moins
va-t’en guerre la semaine dernière.
Si une hausse des taux semble
assurée ce jeudi, « pour la réunion
[de la BCE, NDLR] de septembre,
nous verrons ce que les données nous
diront », a indiqué le gouverneur
allemand. Or, pour Sylvain Broyer,
chef économiste de S&P Global, « la
zone euro devrait flirter avec la réces-
sion cet hiver et l’impact de la hausse
des taux sera le principal facteur
explicatif », avance-t-il. « Les condi-
tions du crédit n’ont jamais autant
mordu sur la croissance que depuis la
période de 2009 à 2012. » n
déjà dû payer, le 30 juin, une
échéance de 2,7 milliards de dollars
en droits de tirage spéciaux (DTS,
l’unité de compte du FMI basée sur
un panier de devises) et une partie
en yuans chinois. Le 31 juillet, elle
doit encore rembourser au Fonds
une échéance 2,5 milliards.
Manque de devises
Mais l’Argentine, malgré des efforts
reconnus par le FMI, n’a pas atteint
les objectifs d’accumulation de
réserves internationales et de
réduction du déficit fiscal fixés pour
les premier et deuxième trimestres
de cette année.
Mardi 25 juillet 2023 Les Echos
Le modèle économique
basé sur l’exportation
de plus en plus risqué
La zone euro est la grande
zone économique
la plus dépendante
de la demande étrangère.
Les exportations de biens
ont représenté 22 %
de son PIB l’an passé,
contre 8 % aux Etats-Unis.
C’est un fait : « La zone euro est la
grande zone économique la plus
dépendante de la demande étran-
gère. Son taux d’ouverture est le
plus élevé de la planète », souligne
Sylvain Broyer, chef économiste
de S&P Global. Mais ce modèle
basé sur la demande des autres
pourrait bien devenir un frein
dans un avenir proche.
Les chiffres parlent d’eux-mê-
mes. Selon la Banque centrale
européenne, en 2022, les exporta-
tions de biens ont représenté 22 %
du PIB de la zone euro, contre 8 %
pour les Etats-Unis, 17,5 % pour le
Japon et 18 % pour la Chine. Et
entre 2012 et 2022, les expor -
tations de la zone euro ont
progressé de 4,3 % par an en
moyenne, un rythme très rapide,
grâce notamment à l’Allemagne,
la plus grande puissance exporta-
trice du Vieux Continent, suivie
des Pays-Bas, puis de l’Italie et
la France.
Consommation intérieure
et compétitivité
Les multinationales européennes
ont donc largement profité de la
mondialisation ces deux derniè-
res décennies, de la croissance
chinoise et plus généralement de
celles des BRICS (Brésil, Russie,
Inde, Chine et Afrique du Sud).
Elles investissent d’ailleurs large-
ment dans ces pays.
Récemment, « cette ouverture a
été un avantage, notamment dans
la reprise post-Covid », note Syl-
vain Broyer. « Le niveau des expor-
tations européennes est aujour-
d’hui 10 % supérieur à celui d’avant
la pandémie alors que la consom-
mation intérieure est à peu près à
un niveau équivalent plus de
trois ans après l’apparition du
virus. Mais nous allons clairement
vers un ralentissement de la
demande étrangère adressée à la
zone euro dans les prochains tri-
mestres », prévoit-il. Les écono-
mistes anticipent que les exporta-
Elle souffre d’un manque chroni-
que de devises, en particulier de dol-
lars, renforcé dernièrement par
d’importantes sécheresses qui ont
réduit ses exportations agricoles, sa
principale source de devises.
Face à cette situation, le gouver-
nement a notamment annoncé, en
avril, qu’il allait désormais régler
ses importations chinoises en yuan
plutôt qu’en dollar, à l’instar du Bré-
sil. L’Argentine fait également face à
une inflation dépassant 100 %. Par
ailleurs, elle s’apprête à connaître
des élections générales en fin
d’année, source habituelle d’insta-
bilité économique et financière.
04
DÉCRYPTAGE
tions européennes vont forte-
ment ralentir cette année. Bref, le
modèle européen est peut-être en
train de devenir un problème. A
maints égards, ce modèle change
la vision économique du monde
que l’on a.
« Quand les salaires progressent
aux Etats-Unis, c’est un surcroît de
demande pour les industriels amé-
ricains. Mais quand ils augmen-
tent dans la zone euro, c’est un pro-
blème pour la compétitivité »,
résume crûment Nicolas Goetz-
mann, chef économiste de la
Financière de la Cité.
La guerre
en Ukraine,
une crise à Taïwan,
ou d’autres tensions
géopolitiques
pourraient vite
poser des difficultés
à l’économie
européenne.
« Un modèle économique qui
repose en grande partie sur la
demande extérieure est un modèle
à risque, surtout dans le contexte
géopolitique actuel », considère
Sylvain Broyer. La guerre en
Ukraine, une crise à Taïwan, ou
d’autres tensions encore pour-
raient vite poser des difficultés à
l’économie européenne. D’où les
discours d’autonomie stratégique
en vogue à Bruxelles.
Tout changement
sera lent
Les Européens avaient-ils le
choix ? Pour la zone euro, le chan-
gement, s’il est réellement sou-
haité, ce qui reste à prouver, ne
pourra être que lent.
En 2022, les exportations ont
représenté 2.800 milliards
d’euros, dont plus de 1.000 mil-
liards étaient des ventes de
machines-outils et de véhicules
automobiles. Deux secteurs par-
ticulièrement importants en ter-
mes d’emplois en Europe.
— G. C.
Autant de difficultés qui ont
incité le gouvernement d’Alberto
Fernandez à envoyer une équipe à
Washington, le 16 juillet, pour ten-
ter d’assouplir les objectifs de
l’accord de 2022 et obtenir les
décaissements prévus. L’accord de
principe annoncé dimanche « per-
mettra ensuite de passer à la révision
du programme de l’Argentine ».
En parallèle des négociations qui
vont se poursuivre, Buenos Aires
devrait annoncer des mesures de
relance pour les exportations agri-
coles ainsi que des mesures fiscales
pour les importations et les grandes
entreprises. — B. M. (avec AFP)
05 Les Echos Mardi 25 juillet 2023
L’Espagne dans
l’impasse après des
élections déroutantes
l Le pays se retrouve sans majorité claire à la suite
des législatives de dimanche.
l Ni le Parti populaire de droite, arrivé en tête, ni le Parti
socialiste ne semblent pouvoir constituer une majorité.
EUROPE
Cécile Thibaud
— Correspondante à Madrid
La perspective d’un gouvernement
des droites en Espagne, formé par
une alliance entre les modérés du
Parti populaire (PP) et les ultras de
Vox s’éloigne. Et le royaume reste
sans scénario clair pour l’avenir,
avec l’éventualité de la convocation
de nouvelles élections d’ici Noël.
Rien ne devrait pour autant
entraver le déroulement du semes-
tre de présidence espagnole de
l’Union européenne, puisque le
gouvernement actuel restera en
fonction quoi qu’il arrive jusqu’à la
constitution du suivant.
Vote utile
Au lendemain des élections législa-
tives, le résultat des urnes dessine
un panorama fragmenté et une
série d’équations insolubles. Le PP
est arrivé en tête avec 136 députés
dans un hémicycle qui compte
350 sièges. La victoire a été nette-
ment plus courte qu’espérée et, pour
accéder au pouvoir, il aurait besoin
de Vox pour l’appuyer. Sauf que
l’extrême droite a été ébranlée par
l’appel au vote utile en faveur du PP.
Elle n’a obtenu que 33 sièges et elle
est loin de remporter le succès
escompté, avec 19 sièges en moins
par rapport aux législatives de 2019.
C’est là que les ennuis commen-
cent pour Alberto Nunez Feijoo, le
chef de file du PP. Si l’idée d’un pacte
Comment le socialiste
Pedro Sanchez a évité la débâcle
Le Premier ministre
socialiste sortant a réussi,
contre toute attente,
à remotiver une gauche
découragée pour barrer
la route à l’extrême droite.
Personne n’y croyait sauf lui. Pedro
Sanchez a redressé la barre contre
toute attente et sauvé le Parti socia-
liste ouvrier espagnol (PSOE) de la
débâcle, après les élections locales
et régionales catastrophiques du
28 mai. On le disait fini, le voilà qui
renaît de ses cendres, réussit à
remobiliser in extremis la gauche
découragée pour barrer la route à
l’extrême droite, et s’affirme
comme maître du jeu politique.
Pour un peu, on oublierait que c’est
le Parti populaire qui est arrivé en
tête des élections législatives
dimanche.
Personne ne sait encore si le lea-
der socialiste va réussir à former
une nouvelle majorité de gouver-
nement, mais qu’importe. A 51 ans,
Pedro Sanchez Pérez-Castejon
n’en est plus à un coup de poker
près. C’est même dans les situa-
tions les plus désespérées qu’il s’est
révélé chaque fois. « Il a la baraka, il
retombe toujours sur ses pieds, quoi
qu’il arrive », décrit le politologue
Gabriel Colomé, professeur à l’uni-
versité Autonoma de Barcelone,
qui a travaillé un temps dans son
équipe gouvernementale.
« Manuel de résistance »
Il est de ceux qui grandissent dans
l’adversité et ce n’est pas un hasard
si son autobiographie, publiée
en 2019, s’intitule « Manuel de
résistance ». Depuis ses débuts en
avec l’extrême droite ne semble pas
gêner outre mesure ses électeurs,
elle est rédhibitoire pour les petits
partis régionalistes, nationalistes et
indépendantistes qui servent habi-
tuellement de force d’appoint.
Même le très pragmatique Parti
nationaliste basque (PNV, droite
modérée) a prévenu qu’il se main-
tiendrait à l’écart d’un pacte avec
Vox et ne donnerait pas le vote de ses
cinq députés à une alliance des droi-
tes. Seuls le petit parti des Canaries
et celui de Navarre seraient a priori
disposés à apporter chacun un
député. Mais cela reste insuffisant
pour passer le cap d’une majorité.
Face à cette impasse, le socialiste
Pedro Sanchez semblerait en
meilleure position pour négocier
une majorité, même s’il est sorti per-
dant du duel entre les deux grands
partis avec 122 députés, soit 14 de
moins que son adversaire. Diman-
che soir, devant le siège du Parti
socialiste (PSOE), les militants s’affi-
chaient victorieux. D’abord parce
que leur parti avait réussi à résister
au raz-de-marée de droite annoncé
par les sondages, ensuite parce
qu’ils voient émerger la possibilité
d’une alliance des gauches.
Un tandem progressiste
Le PSOE a en effet réussi à obtenir
des résultats qui se situent dans la
fourchette haute des sondages, sans
pour autant siphonner le vote de
Sumar, la plateforme des petits par-
tis de gauche pilotée par la ministre
du Travail sortante, Yolanda Diaz,
qui a obtenu 31 députés et s’annonce
politique il a appris à tenir bon par
gros temps.
Capable de reprendre la tête de
son parti en 2017, huit mois après
avoir été rudement délogé par un
putsch interne de la vieille garde
du PSOE. « C’est là qu’il a créé sa pro-
pre légende. Il a su incarner la résis-
tance face à l’élite du parti et gagner
le cœur des militants », raconte
Juan Rodriguez Teruel, professeur
de sciences politiques à l’université
de Valence.
Il s’est révélé capable
de reconnecter
avec la gauche
en dix jours.
Et de mobiliser
des électeurs
désenchantés qui
avaient décidé de ne
pas voter cette fois.
Un an après, en 2018, on l’a vu
gagner une motion de censure
improvisée au parlement pour
protester contre la corruption au
sein du Parti populaire. Son gou-
vernement, soutenu par une majo-
rité hétéroclite, paraissait promis à
une courte vie, mais il aura su
renouveler la formule durant
cinq ans.
En dépit de ce palmarès, Pedro
Sanchez continue d’être un outsi-
der. Certains au PSOE lui repro-
chent de s’être enfermé dans une
tour d’ivoire, d’oublier son parti et
de ne consulter personne.
disposée à composer un tandem
progressiste.
Là aussi, l’addition des sièges des
deux partis ne serait pas suffisante
pour obtenir une majorité et il
faudrait nécessairement faire appel
aux petits partis, qui totalisent
28 sièges. Tous ou presque de -
vraient être prêts à discuter. Mais à
quel prix ? Pedro Sanchez sait
qu’une partie de l’électorat socialiste
a peu apprécié le rapprochement
avec les indépendantistes basques
de Bildu et les concessions faites aux
indépendantistes catalans. Alors
faut-il renouveler l’expérience ?
Dans les faits, les petites forma-
tions ont souvent montré depuis des
décennies qu’elles étaient capables
de s’entendre avec le PP comme avec
le PSOE, pourvu qu’elles obtiennent
des conditions avantageuses pour
leur région.
Navigation pragmatique
Cette navigation pragmatique a été
la marque des nationalistes basques
et catalans durant les gouverne-
ments Gonzalez ou Aznar. Mais le
choc de la tentative de sécession
catalane de 2017 a grippé la mécani-
que et suscité de fortes réticences
dans l’opinion publique face à ce
marchandage perpétuel.
Alberto Nunez Feijoo a sans
doute eu le tort de sous-estimer
l’impact des accords conclus ces
dernières semaines avec Vox à
l’échelle municipale et régionale.
L’image de l’extrême droite triom-
phante, promettant le retour à
l’ordre et la reprise en main de dos-
Il est devenu ces derniers mois la
bête noire de l’opposition qui le
décrit comme un narcissique,
opportuniste et peu empathique,
préoccupé par son seul prestige
international.
Début de campagne
poussif
Après un début de campagne
poussif et un débat télévisé catas-
trophique face à Alberto Nunez
Feijoo, le chef de l’opposition, il
semblait avoir perdu la partie.
Mais il a repris les choses en main
et prouvé qu’il n’avait pas dit son
dernier mot. Il s’est révélé capable
de reconnecter avec la gauche en
dix jours, d’enflammer les mee-
tings en agitant la menace de
l’extrême droite et de mobiliser
des électeurs désenchantés qui
avaient décidé de ne pas voter cette
fois, transformant en victoire ce
qui n’était au départ qu’une opéra-
tion de survie.
Au lendemain des élections, on
ignore s’il va être en mesure de
constituer une majorité parlemen-
taire pour diriger un nouveau gou-
vernement. Tout indique que ce
sera quasi impossible au vu des
exigences des partis indépendan-
tistes qui se profilent comme ses
alliés potentiels.
Mais il ne s’avoue pas vaincu.
« Cette démocratie est capable de
trouver une formule pour gouver-
ner », a-t-il affirmé lundi, confiant,
en rejetant l’hypothèse d’une nou-
velle convocation d’élections. On
aurait tendance à penser qu’il se
trompe, mais ce ne serait pas la
première fois qu’il aurait raison
contre tous. — C. Th.
siers tels les droits des femmes et des
minorités, a effrayé des électeurs.
Reste à savoir si Pedro Sanchez
fera la même erreur en approchant
les petits partis. Les négociations
s’annoncent compliquées, sinon
impossibles. Junts, le parti indépen-
dantiste catalan de droite conduit
par l’ex-président catalan Carles
Puigdemont, a déjà placé la barre
très haut, annonçant lundi matin
qu’il poserait comme condition
l’amnistie pour les condamnés
de 2017 et un référendum d’autodé-
termination pour la Catalogne ! Au
vu de ces exigences, l’Espagne pour-
rait bien s’acheminer vers de nouvel-
les élections d’ici la fin de l’année. n
« C’est quand même la droite
qui a gagné les élections espagnoles »
Propos recueillis par
Hadrien Valat
ux termes d’élections très
A disputées en Espagne, Yves
Bertoncini note la rési-
lience des partis traditionnels. Il
observe la tentation pour la droite
de gouvernement de se rapprocher
des partis d’extrême droite partout
en Europe.
Que retenir de ce coup d’arrêt
à la montée de l’extrême droite
en Espagne ?
Il y a eu à la fois la stratégie électo-
rale de Pedro Sanchez et la réaction
citoyenne. La mémoire du fran-
quisme reste forte en Espagne. Et
Pedro Sanchez a essayé de susciter
la mobilisation vis-à-vis de l’histoire
franquiste. Il a centré les débats sur
l’extrême droite plutôt que sur le
rival principal, le Parti populaire
(PP). Il a pu d’autant plus le faire que
Vox et le PP ont commencé à nouer
des alliances au niveau local et ont
montré ce que l’arrivée de l’extrême
droite au pouvoir signifiait concrè-
tement : on détruit certaines pistes
cyclables, on interdit des pièces de
théâtre, on s’en prend aux droits des
femmes…
Le vrai sujet, c’était que la droite
de gouvernement espagnole a dit
que ça ne lui posait pas de problème
d’envisager un gouvernement au
niveau national avec Vox. C’est ça
l’enjeu à mon sens : est-ce que la
Nicolas Tavernier / REA
droite traditionnelle est d’accord
pour accepter l’alliance avec
l’extrême droite ? Et le PP a dit oui.
En fin de compte, le PP a gagné les
élections ; 47 sièges en plus, c’est
quand même énorme.
MONDE
A la recherche du prochain
Premier ministre
Maintenant qu’ils ont voté en pleine canicule,
les Espagnols peuvent partir tranquillement
en vacances. Il ne se passera plus rien d’ici au 17 août,
jour de l’inauguration du prochain Parlement.
Ensuite, le roi Felipe VI ouvrira, à partir du 21 août,
une série de consultations avec les porte-parole
parlementaires pour sonder la capacité des éventuels
candidats à former une majorité.
Les débats et le vote d’investiture pourraient avoir lieu
à partir de septembre et le gouvernement pourrait
être formé dans la foulée. Mais si aucune majorité
ne se dégageait dans les deux mois suivants,
le Parlement serait dissous et de nouvelles élections
seraient convoquées d’ici la fin de l’année.
carburant du parti d’extrême gau-
YVES BERTONCINI che, Podemos, c’était la crise de la
Enseignant zone euro, les thématiques écono-
et consultant en miques et sociales. Aujourd’hui, ce
affaires européennes sont les défis migratoires, identitai-
res, sécuritaires, écologiques qui
monopolisent le débat. Ce sont des
enjeux qui suscitent des crispations
L’autre tendance remarquable et des refus, et où a priori la droite
est le retour en force conservatrice à une longueur
de la droite traditionnelle. d’avance. Ça fait partie de son ADN.
Les électeurs cherchent l’alter-
nance. C’est mécanique. Le PS était Comment analyser
au pouvoir pendant quatre ans. Il y les élections en Espagne
a eu des crises, des mécontente- à l’aune de ce qu’il se passe
ments, donc les électeurs vont cher- ailleurs en Europe ?
cher l’alternance à droite. Ce qu’il Il y a l’environnement global euro-
faut souligner, c’est que les deux péen qui explique notamment la
grands partis traditionnels en Espa- montée de la droite et de l’extrême
gne sont au coude à coude avec cha- droite, mais il y a aussi l’histoire de
cun plus de 30 % des voix. chacun des pays. L’Espagne, l’Alle-
Le deuxième niveau de lecture, magne et jusqu’ici la France, sont
c’est le courant porteur de la droite trois grands pays européens où le
et de l’extrême droite en Europe. Le passé franquiste, nazi et pétainiste
rend délicat de pactiser avec
l’extrême droite.
Récemment, Friedrich Merz, le
président de la CDU en Allemagne
(Union démocrate-chrétienne) a dit
qu’une alliance avec l’AfD au niveau
local était envisageable, et a suscité
beaucoup d’indignation. De son
côté, l’Italie n’a pas fait son devoir de
mémoire et fait figure d’exception
avec Giorgia Meloni.
« Aujourd’hui, Pour les pays d’Europe centrale
ce sont les défis et de l’Est, qui ont vécu sous le com-
munisme, c’est la gauche radicale
migratoires, identi- qui est répulsive. L’histoire des pays
taires, sécuritaires, du Nord est elle aussi différente : en
écologiques Suède, le gouvernement a accepté
le soutien de l’extrême droite. En
qui monopolisent Finlande, le parti des Vrais Finlan-
le débat. » dais est entré au gouvernement et a
obtenu sept ministres. n
MONDE
Le président de la CDU a déclaré : « Il faut aussi chercher des moyens de façonner ensemble [avec l’AfD] la ville, le Land, la région. »
Les conservateurs allemands
face au défi de l’extrême droite
EUROPE
Friedrich Merz,
le successeur d’Angela
Merkel à la tête
de la CDU, a évoqué
la possibilité de
coopérer avec l’AfD.
Sa prise de position
a déclenché un tollé
dans son propre parti.
Nathalie Steiwer
— Correspondante à Berlin
Au cœur de l’été, l’orage gronde au
sein des conservateurs allemands.
Le président de la CDU, Friedrich
Merz, a soulevé la bronca en envisa-
geant de coopérer avec l’extrême
droite à l’échelon local, lors d’une
traditionnelle interview d’été. Celui
qui a repris les rênes du principal
parti d’opposition après le départ
d’Angela Merkel, a expliqué que, là
où le parti d’extrême droite AfD a
été élu démocratiquement, « il faut
aussi chercher des moyens de façon-
ner ensemble la ville, le Land, la
L’Italie veut devenir l’interlocutrice de l’Afrique en Europe
DIPLOMATIE
Giorgia Meloni
a convoqué à Rome
une conférence
sur les migrations.
L’événement a réuni
des chefs d’Etats
de pays africains
et arabes ainsi que
des responsables
des institutions
européennes.
Olivier Tosseri
— Correspondant à Rome
Lorsqu’elle était dans l’opposition,
Giorgia Meloni promettait d’ins-
taurer un « blocus naval » des côtes
nord-africaines. Désormais cheffe
région ». Il évoquait ainsi l’arrivée de
l’AfD à la tête du district de Sonne-
berg en Thuringe, ou lors d’élec-
tions locales en Saxe, à l’est de l’Alle-
magne. Si le chef des conservateurs
n’envisage pas de coalition au
niveau national, il lance en revan-
che un ballon d’essai pour les futu-
res élections régionales. La petite
phrase n’est donc pas passée ina-
perçue, alors que l’AfD ne cesse de
gagner du terrain outre-Rhin,
talonnant la CDU dans les sonda-
ges, avec 22 % des intentions de
vote, passant devant le SPD de
l’actuel chancelier social-démo-
crate, Olaf Scholz (18 %).
Dès lundi, un rétropédalage
Friedrich Merz a toutefois suscité
un tollé dans ses propres rangs. Le
CDU Kai Wegner, qui a arraché la
mairie de Berlin aux sociaux-dé-
mocrates en avril dernier, est monté
au créneau pour affirmer : « La
CDU ne peut pas, ne veut pas et ne col-
laborera pas avec un parti dont le
modèle économique est la haine, la
division et l’exclusion. » La vice-pré-
sidente CDU du Bundestag, Yvonne
Magwas, a enfoncé le clou : « Que ce
soit au conseil local ou au Bundestag,
l’extrême droite reste l’extrême
de gouvernement, elle veut bâtir un
pont avec l’autre rive de la Méditer-
ranée pour lutter contre l’immigra-
tion illégale en promouvant le déve-
loppement économique de
l’Afrique. « C’est le début d’un long
travail », a déclaré Giorgia Meloni
en ouvrant la conférence au cours
de laquelle elle a détaillé le « proces-
sus de Rome ».
Il devra obtenir des « résultats
concrets dans la lutte contre l’immi-
gration illégale, la gestion des flux
légaux d’immigration, le soutien aux
réfugiés, et surtout, la chose la plus
importante, sinon tout ce que nous
ferons sera insuffisant, une large coo-
pération pour soutenir le développe-
ment de l’Afrique, et particulière-
ment des pays de provenance » des
migrants, a expliqué la présidente
du Conseil.
Giorgia Meloni plaide pour que
le récent partenariat entre l’Union
européenne et la Tunisie, qui pré-
droite. Pour les chrétiens-démocra-
tes, l’extrême droite est toujours un
ennemi ! »
A la tête de la puissante région
bavaroise et du parti frère de la
CDU, la CSU, Markus Söder, a lui
aussi protesté. « La CSU rejette toute
coopération avec l’AfD – quel que soit
Friedrich Merz a
certainement en
vue les élections
régionales de 2024
à l’est de l’Allemagne
où l’AfD est très forte.
le niveau politique. Parce que l’AfD
est antidémocratique, d’extrême
droite et divise notre société », a-t-il
expliqué. Il peut d’autant mieux se
distancier de la manœuvre de Frie-
drich Merz que la CSU, à la tête de la
Bavière depuis 1957, y est toujours
créditée de 40 % des intentions de
vote. Les élections dans ce Land ont
lieu le 8 octobre.
Face à ces réactions, Friedrich
Merz a enclenché lundi un rétropé-
dalage. Il n’y aura « pas de collabora-
tion de la CDU avec l’AfD, même au
vo i t n o t a m m e n t u n e a i d e d e
105 millions d’euros destinée à lut-
ter contre les passeurs, soit le
modèle pour construire de nouvel-
les relations avec l’Afrique du Nord.
Des accords similaires pourraient
ainsi être prochainement négociés
avec l’Égypte et le Maroc. Pour l’ins-
tant, l’Italie met en avant ses projets
de coopération économique sur le
continent africain qui représentent
près d’un milliard d’euros.
Un semestre sous le signe
de l’activisme diplomatique
Seule annonce concrète d’une
conférence qui a multiplié les décla-
rations de bonne intention, la créa-
tion d’un fonds de développement.
La date de la première conférence
des donateurs n’a pas encore été
fixée, mais les Émirats arabes unis
ont déjà promis 100 millions
d’euros. Selon Giorgia Meloni, les
« lignes de financement prioritaires
Mardi 25 juillet 2023 Les Echos
Israël : la réforme
judiciaire passe
une étape-clé
MOYEN-ORIENT
Lundi, la Knesset a
approuvé la mesure
la plus contestée
du projet de loi.
Yves Bourdillon
Le projet très controversé de
réforme judiciaire poussé par le
gouvernement israélien a fran-
chi, lundi, une étape-clé au Par-
lement. Les députés de la coali-
tion au pouvoir menée par
Benyamin Netanyahou, pré-
sent à la Knesset quelques heu-
res après s’être fait poser un
pacemaker, ont approuvé le
principal article du projet de loi
par 64 contre 0, puisque les 54
Odd Andersen/AFP
députés de l’opposition ont boy-
cotté le vote. Cet article empê-
chera les juges de la Cour
suprême d’annuler des déci-
sions du gouvernement qu’ils
jugeraient manifestement
« déraisonnables », comme la
nomination, en janvier dernier,
d’Arié Dery comme ministre de
l’Intérieur et de la Santé alors
qu’il avait été reconnu coupable
de fraude fiscale.
Le Premier ministre avait dû
y renoncer, mais avait poussé à
l’adoption de l’article empê-
chant la Cour suprême de prati-
quer de nouveau cette censure.
Article qui a été approuvé en
n i v e a u c o m m u n a l » , s ’e s t - i l première lecture le 11 juillet. Et
empressé de rectifier sur Twitter. Le voté définitivement, donc,
président de la CDU n’en est toute- lundi. Le ministre de la Justice
fois pas à son coup d’essai. Lors d’un Yariv Levin, architecte du pro-
séminaire de la CSU récemment, il jet, s’est félicité de « ce premier
avait déjà créé un malaise en expli- pas dans le processus historique
quant que la CDU était « une alterna- et important de réparation du
tive pour l’Allemagne, mais avec de la système judiciaire et de restaura-
substance », puisqu’elle est le pre- tion des pouvoirs qui ont été reti-
mier parti d’opposition. Problème : rés au gouvernement et à la
l’AfD est l’abréviation de « Alterna- Knesset ». Le Premier ministre
tive pour l’Allemagne ». a toutefois laissé entendre que
En se positionnant sur ce créneau, l’exécutif chercherait un con-
Friedrich Merz « a certainement en sensus pour les autres articles
vue » les élections régionales de du projet de loi.
2024 à l’est de l’Allemagne « où l’AfD Ce vote majoritaire de la
est très forte », rappelle Uwe Jun, Knesset, ce lundi, ne reflète pas
politologue de l’université de Trêves. vraiment l’opinion de la plupart
En Thuringe, le parti d’extrême des Israéliens, comme l’illustre
droite attire 34 % des intentions de la contestation massive de la
votes. Dans le Brandebourg, la population. D’après un récent
région qui entoure Berlin, l’AfD rem- sondage, seuls 11 % des Israé-
porterait 28 % des suffrages. liens sont favorables à cette
Jusqu’à présent, l’extrême droite réforme contre 43 % qui s’y
n’est pas parvenue à prendre la tête opposent. Si nombre d’Israé-
de l’un des puissants Länder alle- liens ne veulent pas d’un « gou-
mands, faute de partenaires politi- vernement des juges », ils admet-
ques. La formation d’alliances tent aussi que le projet actuel va
minoritaires renforce toutefois « le trop loin dans le rééquilibrage
récit populiste contre les vieux partis des pouvoirs en faveur de l’exé-
qui ne se distinguent plus les uns des cutif et des députés. Toutefois, le
autres », note Hans Vorländer de Premier ministre avait accepté
l’université de Dresde. n en avril de retirer une clause dite
doivent avant tout concerner les avec l’Algérie cet hiver et les fré-
investissements stratégiques et les quents déplacements à Tunis, en
infrastructures, car c’est la manière Libye et en Ethiopie ce printemps, la
la plus pérenne de faire de la coopéra- présidente du Conseil a lancé, au
tion ». Une coopération qu’elle veut début du mois au sommet de
« paritaire et non prédatrice ». C’est l’Alliance Atlantique à Vilnius, un
la promesse du « plan Mattei », appel à « renforcer maintenant
dont les détails seront dévoilés l’Otan en Afrique et au Moyen-
début octobre lors d’un sommet Orient ».
intergouvernemental Italie-Afri- Lors de son déplacement à Paris
que qui se tiendra à Rome. en juin dernier, un journaliste fran-
Grandes absentes ce dimanche à çais avait demandé à Giorgia
Rome, l’Allemagne et la France. Ce Meloni si elle considérait Emma-
sont pourtant les principaux pays nuel Macron comme « un ami, un
de destination des flux migratoires allié ou un adversaire ». « C’est plutôt
secondaires. Si Giorgia Meloni ne un concurrent, précise un diplo-
les a pas invités, c’est qu’elle sou- mate italien. Le gouvernement peut
haite faire de l’Italie l’interlocutrice être tenté de profiter de la perte
privilégiée en Europe des pays afri- d’influence de la France sur le conti-
cains et arabes. nent africain. C’est d’ailleurs le Pre-
La conférence de Rome clôt un mier ministre néerlandais Mark
premier semestre 2023 sous le Rutte qui a accompagné à Tunis
signe d’un véritable activisme Giorgia Meloni. »
diplomatique. Après les accords de Elle l’a répété en conclusion de la
partenariats énergétiques signés conférence de Rome : « L’Italie a
06
« dérogatoire » permettant au
Parlement d’annuler par un vote
à la majorité simple une déci-
sion de la Cour suprême. Ses
détracteurs y voient toujours
une menace pour la démocratie
israélienne et ses garde-fous ins-
titutionnels. Ils soupçonnent
aussi Netanyahou de miser sur
cette législation pour se mettre à
l’abri de toute poursuite pour
corruption.
Arnon Bar-David, président
de la fédération syndicale Hista-
drut, a annoncé qu’il allait ren-
contrer les responsables syndi-
caux pour discuter de la
possibilité d’une grève générale.
Un cortège de contestataires
avait rassemblé dimanche soir
près de 100.000 personnes à Tel-
Aviv ainsi qu’à Jérusalem. Les
manifestations contre le projet
sont régulières dans le pays
depuis des mois. « Nous voulons
continuer de vivre dans un Etat
juif et démocratique. Nous ne
renoncerons pas à l’avenir de nos
enfants », avait de son côté
déclaré le chef de l’opposition,
Yaïr Lapid.
Une menace
pour l’Etat de droit
De nombreux dirigeants écono-
miques de tous horizons criti-
quent la réforme au motif qu’elle
divise profondément le pays et
fait peser une menace sur l’Etat
de droit. D’ailleurs, les flux
d’investissements étrangers
sont insignifiants depuis le
début de l’année. Autre signe des
dissensions sans précédent
dans le pays, des milliers de
réservistes, corps de 500.000
personnes indispensables à la
défense de ce pays de 10 millions
d’habitants, ont menacé de sus-
pendre leur service. Ils conti-
nueraient toutefois d’honorer
leur engagement en cas de
menace sécuritaire imminente.
Le président israélien Isaac
Herzog, de retour d’une visite
aux Etats-Unis, avait tenté
dimanche de mener des tracta-
tions de dernière minute pour
parvenir à un compromis entre
l’opposition et le gouvernement.
Tractations qui ont échoué.
Itamar Ben Gvir, le leader
d ’u n d e s p r e m i e r s p a r t i s
d’extrême droite israélien à
entrer au gouvernement, fin
2022, avait fait savoir que si le
Premier ministre faisait des
concessions, il retirerait immé-
diatement son soutien au gou-
vernement, contribuant à sa
chute. Les Etats-Unis, le plus
proche allié d’Israël depuis tou-
jours, ont exprimé leur inquié-
tude, ainsi que l’Allemagne. n
toutes les cartes en main pour jouer
le premier rôle en Méditerranée »,
que ce soit sur le dossier migratoire,
la coopération économique, ou
encore pour devenir le « carrefour »
de distribution énergétique entre
l’Afrique du nord et l’Europe. n
« Les lignes
de financement
prioritaires
doivent avant tout
concerner
les investissements
stratégiques et les
infrastructures. »
GIORGIA MELONI
Présidente du Conseil italien
07 Les Echos Mardi 25 juillet 2023 IDÉES

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Croissance et baisse d’impôts :
remettons les choses en ordre
’exprimant récemment sur en particulier envahi de plaidoyers cela s’ajoute toujours et il arrive un rant une taxe carbone fondée sur le rait les moyens d’accroître leurs

S la situation économique et
les perspectives budgétaires
pour l’année à venir, Bruno Le
Maire indiquait qu’on y verrait plus
clair en septembre, lors de la pré-
sentation du projet de loi de finan-
ces pour 2024. Associant les évolu-
tions de la croissance et les projets
de baisse des impôts, il a notam-
ment déclaré : « Nous verrons si le
ralentissement de la croissance mon-
diale se traduit aussi par un ralentis-
sement de la croissance en France. A
partir de là, je ferai des propositions
au président de la République sur le
rythme de baisse des impôts. »
Ainsi, pour Bercy, c’est la crois-
sance qui permettra des baisses
d’impôt. Ce n’est que dans un gâteau
préalablement accru qu’il serait loi-
sible de diminuer la part de l’Etat au
profit des ménages et des entrepri-
ses. Si l’on suit ce raisonnement,
dans un contexte de croissance
durablement en berne – rappelons
que l’OCDE chiffre la croissance
potentielle de la France, c’est-à-dire
la croissance à long terme, à 1,1 % –
et alors que le déficit public reste
proche de 5 % du PIB, on est en droit
de considérer que les baisses
d’impôts sont d’ores et déjà repor-
tées aux calendes grecques.
La menace d’une hausse des pré-
lèvements plane même sur les con-
tribuables. Des voix s’élèvent en
effet en ce sens. Le débat public est
en faveur du retour de l’ISF afin de
financer la transition écologique,
bien que sa suppression, décidée il y
a six ans, ait été justifiée par ses
dégâts économiques. Par exemple,
en février dernier, l’ancien prési-
dent François Hollande estimait
que : « Face à l’ampleur des investis-
sements à engager pour la transition
écologique et pour la réindustrialisa-
tion, le gouvernement n’aura guère
d’autre solution que d’augmenter les
prélèvements obligatoires. »
Ce disant, François Hollande,
deuxième président socialiste de la
Ve République, allait en fait contre
les idées et la volonté du premier
que fut François Mitterrand. Il y a
40 ans, le 15 septembre 1983,
celui-ci définissait, dans un entre-
tien télévisé, ses nouvelles orienta-
tions économiques après l’adoption
de la politique de rigueur. Abordant
la politique fiscale, il assénait :
« Trop d’impôts, pas d’impôt. On
asphyxie l’économie, on limite la pro-
duction, on limite les énergies et je
veux absolument, tout le temps où
j’aurai cette responsabilité, revenir à
des chiffres plus raisonnables […].
Qu’on amorce la décrue, qu’on ren-
verse la vapeur ! Vous pouvez comp-
ter sur ma volonté pour cela. Vous
l’avez vous-même observé, nous
n’avons pas plus augmenté que nos
prédécesseurs mais nous avons
quand même augmenté, de sorte que
moment où c’est insupportable. Ce
moment, je pense qu’il est arrivé. »
A l’époque où François Mit-
terrand faisait cette analyse sur les
conséquences d’un excès de fisca-
lité, le taux de prélèvements obliga-
toires était de 45 % du PIB. Or
LE POINT en 2022, il était de 45,2 %… Et l’on
DE VUE nous prévient que ce taux jugé
« insupportable » par l’ancien prési-
dent socialiste ne va probablement
de Jean-Marc Daniel
pas baisser dans les temps qui vien-
nent ! Nos dirigeants ont manifeste-
ment oublié la leçon contenue dans
le début de la déclaration de Fran-
çois Mitterrand. Concrètement, ce
qu’il dit, c’est que ce n’est pas la
croissance qui doit permettre les
baisses d’impôts, mais que c’est bel
et bien une baisse des prélèvements
qui favorise la croissance.
Néanmoins, une telle baisse ne
doit pas se tromper de cible. S’il est
populaire de baisser les impôts des
ménages, ce serait, dans les circons-
tances présentes, une erreur. Eco-
nomiquement parlant, les baisses
d’impôt en faveur des ménages sont
supposées provoquer une augmen-
tation de leur consommation.
Cependant, une telle augmentation
déboucherait sur un surcroît
d’importations alors même que la
France accumule les déficits exté-
rieurs. En outre, le combat contre le
réchauffement climatique réclame
de mobiliser l’outil fiscal en instau-
principe d’un prix croissant du
carbone.
La politique menée l’automne
dernier en matière de prix des car-
burants était, en ce sens, triplement
désastreuse : elle a privé l’Etat de
recettes, alors qu’on nous serine
aujourd’hui qu’il en manque cruel-
lement, et a de ce fait accru la dette
publique ; elle a favorisé la consom-
mation de produits énergétiques
importés et a de ce fait accru le défi-
cit commercial ; elle a consolidé
l’utilisation d’hydrocarbures et a de
ce fait contribué à accroître le
réchauffement climatique.
Baisser les impôts
des entreprises leur
fournirait les moyens
d’accroître leurs
investissements.
Elle renforcerait leur
capacité de prendre
en compte les enjeux
environnementaux.
En revanche baisser les impôts
des entreprises constituerait,
comme en 1983, une façon efficace
de répondre aux problèmes du
moment. Cette baisse leur fourni-
investissements. Elle renforcerait
leur capacité de prendre en compte
les enjeux environnementaux et de
parvenir au plein-emploi. Une
baisse des impôts de production,
ces impôts dont la nocivité est régu-
lièrement soulignée par les com-
mentateurs, ne doit pas être différée
sous prétexte qu’une croissance
m o l l e a m p u t e l e s m a rg e s d e
manœuvre budgétaires. Au con-
traire, elle doit être menée rapide-
ment à son terme parce qu’elle aura
un impact largement positif sur la
croissance.
Envisager le redressement des
finances publiques, qui est incon-
testablement une priorité, comme
la conséquence d’une nouvelle
hausse des prélèvements obligatoi-
res alors que des réserves de réduc-
tion des dépenses existent dans un
pays qui consacre 56 % de son PIB à
la dépense publique, relève de
l’aberration économique. Mais,
comme le maître mot de la politi-
que économique reste « investisse-
ment », réduire les impôts
demeure, comme en 1983, une
« ardente obligation » pourvu que la
démarche corresponde à l’« impé-
ratif catégorique » économique du
moment qui est clairement celui de
la croissance verte.
Jean-Marc Daniel est professeur
émérite à l’ESCP Business School.

DANS LA PRESSE
ÉTRANGÈRE

A Londres, la fin de l’âge d’or pour Canary Wharf

« Il a perdu son attrait. » C’est ainsi que le « Guardian »
résume l’avenir incertain du quartier financier de Cana-
ry Wharf. En juin, HSBC a pris la décision d’abandonner
sa célèbre Tower of Doom, gratte-ciel de 48 étages dont
le bail expire en 2027, pour retourner dans la City. « Un
coup porté à la position de Canary Wharf en tant que cen-
tre financier mondial », note le journal.
D’autres entreprises avant elle ont déserté le quartier.
C’est le cas du cabinet d’avocats Clifford Chance, qui a an-
noncé fin 2022 faire ses cartons en 2028. Et Credit Suisse
pourrait bien lui emboîter le pas depuis que des suppres-
sions de postes se profilent, après sa prise de contrôle
par UBS : « Environ 15,5 % des bureaux de Canary Wharf
sont vides, contre 11 % dans la ville », rapporte le quoti-
dien. Le grand gagnant ? La City, le quartier financier du
cœur de Londres, dont les loyers sont certes plus élevés,
mais où les entreprises louent des surfaces plus petites.
Les Docklands de l’est de Londres vont-ils connaître
une nouvelle mutation, après s’être métamorphosés
d’un quai d’arrivage de fruits et légumes en provenance
des îles Canaries (d’où son nom) en ce quartier d’affaires
désormais en passe d’être démodé ? « The Guardian »
remonte aux réformes financières de Margaret That-
cher dans les années 1980 pour expliquer comment
« un terrain vague avec des entrepôts abandonnés s’est
transformé en un ensemble de gratte-ciel étincelants où se
pressent banquiers et avocats ». Dépendant des services
financiers mais délaissé par les entreprises, le quartier
a pour enjeu aujourd’hui de renouveler sa population.
Mais les commerçants décrivent une ville sans âme : les
magasins, en horaires réduits la semaine et rideau bais-
sé le week-end, découragent les visiteurs à s’y rendre et
les familles à s’y installer.
Dépoussiérer son image
L’article se fait l’écho de l’image « stérile » dont Canary
Wharf tente de se défaire et qui le pousse à investir mas-
sivement : commerces et événements culturels à desti-
nation des familles se multiplient, mais la mutation pei-
ne à prendre corps car 75 % des surfaces du quartier
restent des bureaux et 20 % des commerces. En
trois ans, seules 3.500 personnes ont emménagé dans
les appartements récemment construits.
Canary Wharf n’est pas une exception. La désaffec-
tion pour les quartiers d’affaires touche aussi la Défen-
se, dont le taux d’inoccupation avoisine les 16 %. Une
comparaison fallacieuse aux yeux de Marie Dormeuil,
analyste en immobilier d’entreprises chez Green Street
Advisors, car « Canary Wharf est beaucoup plus prospè-
re que la Défense. Il a beaucoup plus à offrir à ses résidents
locaux ». De son côté, la City, le cœur financier de la vil-
le, bat encore. —Ismérie Vergne
 IDÉES Mardi 25 juillet 2023 Les Echos 08

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LE POINT
DE VUE La révolution Dans le labyrinthe géant
d’Alain Kerjean
sera pédagogique de Kiwanga à Bordeaux
ou ne sera pas Judith Benhamou

oubertin, réformateur du systè-
rieurs à ceux des programmes conven-
Vignes d’alors. Or, dans ce programme,
Le passé colonial de la
EXPOSITION
Kapwani Kiwanga,
Retenue
France est un sujet qui Bordeaux, CAPC
hante les artistes au-delà capc-bordeaux.fr
des frontières nationales. A Jusqu’au 7 janvier 2024
Venise en 2021 par exemple,
sent. » La plasticienne fait par-
tie des talents les plus en vue
de la scène contemporaine
internationale. Après avoir
participé à la dernière bien-
nale de Venise, Kapwani
Kiwanga fait un arrêt impres-

C me éducatif français, annonce la

« révolution pédagogique » basée
sur le sport comme un instrument de
« disciplinarisation » jouant un rôle de
rempart à « la guerre des classes ». Sa ré-
novation des Jeux Olympiques en 1896
en était un événement de promotion.
Mais l’engouement qu’elle suscite prend
le pas sur son idée de réforme. L’histoire
commence en 1874 avec les caravanes
scolaires, comme en Suisse et en Allema-
gne. Soucieux d’éviter les affrontements
effroyables de la Commune, les courants
libéraux, à travers le Club alpin, veulent
introduire l’exercice physique durant les
vacances scolaires pour contrecarrer
« les menaces dégénératives et les risques
de surmenage engendrés par les excès d’in-
tellectualisation de la scolarité ».
L’école républicaine intègre cette
idée en 1882. Découverte de l’inconnu,
rencontre d’imprévus, affrontement à
des dangers mettent à l’épreuve autono-
mie, endurance et vaillance des enfants.
L’aventure devient un principe d’action
pédagogique « physique, intellectuelle et
morale ». Demolins fonde en 1899 l’Eco-
le des Roches, première « école nouvel-
le » sur le modèle anglais. La future élite
de la nation complète son éducation par
des travaux manuels et des activités
sportives propices à « fortifier le corps et
tremper le caractère et la volonté ».
Le scoutisme est introduit en 1911. Le
système semble génial en ce qu’il met
les enfants à l’école de la vie sauvage et
obtient « des résultats infiniment supé-
tionnels d’éducation physique et mora-
le », d’après « A l’école de l’aventure » de
Pociello et Denis. Après la première
guerre mondiale, Lyautey lance un ap-
pel aux éducateurs et aux cadres :
« Soyez sociaux ! » Il s’agit de former une
élite issue de toutes les classes sociales
pour reconquérir la métropole. Toutes
ces innovations pédagogiques parta-
gent le même idéal : la paix sociale.
Les professionnels
et les parents seront
mieux armés pour offrir
à la jeunesse
ce rituel fédérateur,
cette aventure
de l’autodiscipline,
la vraie, pas celle
de la transgression
et de la haine.
En 1987 est créé le mouvement Expé-
rientiel, branche française de l’adapta-
tion moderne de la pédagogie de l’aven-
ture (Outdoor experiential learning).
Jeunes et adultes, salariés et cadres relè-
vent des défis dans la nature, des méta-
phores de la vie réelle. L’expérience est
transformée en apprentissage par la ré-
flexion. « Le plus difficile, c’est qu’un jeu-
ne accepte de revenir sur lui-même, té-
moigne le maire de Chanteloup-les-
les jeunes ne le refusent pas ! »
A la Croix-Rouge française, un édu-
cateur observe que ce stage d’aventure
est l’occasion pour un jeune « d’un af-
frontement direct, personnel, actif, aux
situations émotionnelles difficiles, à
l’exercice de la liberté et des responsabili-
tés. » La recherche atteste aujourd’hui
que 62 % des jeunes qui participent aux
programmes ont de meilleurs résultats
scolaires que ceux qui n’y participent
pas et que le taux de récidive des jeunes
délinquants est sensiblement inférieur.
Les récentes émeutes posent une fois
de plus la question de la reconquête :
« Ce sera le sursaut ou le chaos », prédi-
sent des élus. Et 59 % des Français récla-
ment un retour de l’autorité. Il ne s’agit
plus d’une lutte des classes mais d’une
« guerre communautaire ». « La liberté,
disait Clemenceau, est le droit de se disci-
pliner nous-mêmes pour ne pas être dis-
ciplinés par d’autres. »
D’où le projet d’un institut national
Expérientiel, formant et labellisant les
professionnels de la formation initiale
et continue ainsi que les parents aux
principes de ce levier internationale-
ment reconnu. Ils seront ainsi mieux ar-
més pour offrir à la jeunesse en manque
de repères ce rituel fédérateur, cette
aventure de l’autodiscipline, la vraie, pas
celle de la transgression et de la haine.
Alain Kerjean est fondateur
de l’« apprentissage expérientiel »
en France.
l’un des pavillons les plus visités, celui des
Etats-Unis, était occupé par Simone Leigh
qui avait conçu toute une installation rela-
tive à l’exposition coloniale de la porte de
Vincennes en 1931, lorsque des indigènes
étaient parqués et exhibés comme des ani-
maux. A Paris, en juin dernier, la britanni-
que Tacita Dean a répondu aux fresques
exaltant le commerce colonial qui ornent
les plafonds de la rotonde de la collection
Pinault en créant une installation qui
raconte de manière magistrale son rapport
au monde.
Grand geste
A Bordeaux aussi, l’artiste canadienne qui
vit à Paris, Kapwani Kiwanga (née en 1978)
vient de concevoir une installation monu-
mentale pour le CAPC, le musée d’art con-
temporain de Bordeaux qui évoque le passé
du lieu. Il s’agissait en effet au XIXe siècle
d’un entrepôt des denrées coloniales. Ici
Kapwani a réagi tout en subtilité. « Mon idée
était d’investir l’espace, de proposer une expé-
rience physique. Il s’agissait de faire un geste à d’orgues composés de tuyaux azur. Le tout
la fois léger et marquant. Je travaille toujours
en regardant le passé pour comprendre le pré-
sionnant à Bordeaux. La nef du musée est
un des plus beaux lieux consacrés à l’art
contemporain en France. « Pour les 50 ans
du CAPC nous renouons avec les grands ges-
tes », commente la nouvelle directrice du
lieu, Sandra Patron.
Kapwani s’est donc intégralement nour-
rie de l’histoire locale : les anciens entrepôts
Lainé et leur proximité avec la Garonne,
alors utilisé pour le transport des marchan-
dises. Sur un espace de 2.000 mètres carrés
bordé d’arches, elle a disposé des aligne-
ments de cordes pendues du plafond. En
tout, 53 km de cordes qu’elle a pris soin de
faire teindre dans un bleu indigo. Cette cou-
leur était, au XIX e siècle, importée des
Antilles. Elle a dessiné des variations de lon-
gueur des cordages qui créent un dessin
dans l’espace.
A deux endroits ces grandes lignes bleues
sont des fontaines qui gouttent de l’eau de la
Garonne. L’imagination joue à plein dans
cet espace contemplatif. On peut y voir des
chevelures géantes, une succession
est époustouflant de beauté. Une véritable
expérience sensuelle. n

LE POINT
DE VUE « Say on climate » :
d’Emeric Lepoutre
faisons preuve Sur un espace de 2.000 mètres carrés bordé d’arches, Kapwani Kiwanga

de réalisme a disposé des alignements de cordes pendues du plafond. Photo Arthur Pequin

RAYON POLAR
lors que le président de la Répu- saxons ? Pourquoi les investisseurs matière de développement durable ?

A blique plaçait l’industrie verte

parmi ses quatre chantiers
prioritaires durant son allocution du
vendredi 21 juillet, – certains partis
d’opposition (ainsi que le rapporteur)
ont essayé, dans la nuit de vendredi à
samedi, de blo quer un amende-
ment déposé dans le cadre de la loi
Industrie verte par le député du groupe
Renaissance, Alexandre Holroyd, visant
à instaurer un dispositif de type « say on
climate ». L’amendement proposait un
vote des actionnaires sur la stratégie cli-
mat des entreprises cotées. Une décli-
naison environnementale du « say on
pay », qui concerne la rémunération des
dirigeants (mis en place depuis sept ans).
Le député Renaissance, Alexandre
Holroyd, souhaitait courageusement
inscrire cette disposition dans le marbre
de la loi, sans pour autant qu’elle revête
un caractère contraignant : « Les entre-
prises pourront piloter leur stratégie de
décarbonation et de transformation tout
en répondant aux besoins d’information
des investisseurs. » Du bon sens pour la
nature. Mais c’était sans compter sur
une alliance contre nature entre l’Asso-
ciation française des entreprises privées
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
français seraient-ils moins informés
que les investisseurs anglo-saxons ?
Depuis quand le climat a-t-il des frontiè-
res ? On a connu l’Afep plus inspirée.
Les entreprises du SBF 120 sont divi-
sées sur ce dispositif. Sur la douzaine de
sociétés qui ont eu le courage de sou-
mettre leur plan climat 2022-2023 au
vote des actionnaires, l’on retrouve
pourtant tous les secteurs d’activité :
Amundi, Carrefour, Covivio, EDF, Elis,
Engie, Getlink, Icade, Klépierre, Mercia-
lys, Nexity, Vallourec – et même TotalE-
nergies. Quitte pour certaines à voir les
Proxys voter contre leurs résolutions,
elles ont au moins eu le courage d’expo-
ser leur plan climat et de s’exposer.
Sur la douzaine
de sociétés qui ont eu
le courage de soumettre
leur plan climat
2022-2023 au vote
des actionnaires, l’on
retrouve pourtant tous
les secteurs d’activité.
Alors qu’ils applaudissent la création de
Comités ESG-RSE depuis dix ans…
L’Autorité des marchés financiers
(AMF) s’était elle aussi prononcée en
faveur des résolutions consultatives des
actionnaires sur le climat. Et son alter
ego américain (la SEC) est allé encore
plus loin, recommandant de ne pas
tenir compte des votes contre ces réso-
lutions. C’est dire le retard que nous avi-
ons en France. Mais l’environnement
politique a bien failli l’emporter sur la
politique de l’environnement : LR a
déclaré « un texte de communication
bien pensé, mais pas totalement satisfai-
sant ». LFI, à défaut de porter la cravate,
a préféré tailler un costume au gouver-
nement. De même, certains socialistes
et écologistes se sont assis sur leurs
principes historiques en s’abstenant.
Seuls les députés Renaissance et quel-
ques députés LR-socialistes-verts ont
eu le courage de voter pour. Les autres
ont préféré détourner la tête alors que la
planète brûle. Et nos enfants avec.
L’amendement a certes été adopté en
première lecture, mais espérons que la
nouvelle présidente de l’Afep, Patricia
Barbizet, reverra la copie de ses prédé-
Requiem pour la France coloniale
Isabelle Lesniak ROMAN FRANÇAIS arrêtée durant la manifesta-
Mai 67 tion et déportée en métro-
Devant le titre, « Mai 67 », on de Thomas Cantaloube. pole pour être jugée.
commence par ciller des « Série noire » Gallimard,
yeux. Une erreur de typogra- 368 pages, 19 euros. Perle de roman noir
phie ? Le lecteur métropoli- Luc est persuadé qu’un
tain a de quoi se poser la question, tant la tireur d’élite a participé à la répression et
répression dans le sang de la manifestation cherche à innocenter son amoureuse. Il est
des anticolonialistes et des indépendantis- aidé dans sa démarche par ses vieux com-
tes organisée le 26 mai 1967 sur la place de la pagnons de « Requiem pour une Républi-
Victoire à Basse-Terre, à Pointe-à-Pitre, a été que » : le barbouze, Sirius Volkstrom, alias
« balayée sous le tapis par les autorités » Pierre l’Herbier, désormais chargé par la
durant plusieurs décennies. D’autant CIA de monter un camp anticastriste dans
qu’avec la guerre des six jours entre Israël et les Antilles, et le truand corse, Antoine Luc-
l’Egypte, les médias étaient à l’époque tous chesi, qui a abandonné ses trafics pour
focalisés sur le Moyen-Orient. devenir convoyeur de voiliers de luxe dans
Comme dans ses deux premiers romans les mers chaudes. Ces personnages fictifs
– l’excellent et multiprimé « Requiem pour hauts en couleur croisent des personnalités
une République », récompensé par le prix bien réelles souvent croquées avec beau-
Landerneau 2019, qui revisitait les soubre- coup d’ironie (Jacques Foccart, l’inamovi-
sauts de la guerre d’Algérie, et « Frakas », qui ble secrétaire d’Etat aux affaires africaines
racontait l’émergence de la Françafrique, et malgaches du général de Gaulle, le jeune
l’ex-journaliste de Mediapart, Thomas Can- secrétaire d’Etat Jacques Chirac, etc.).
taloube, se sert de cet épisode avéré pour tis- Au-delà des magouilles du pouvoir,

(Afep), LR, le RN, le PS et LFI.
Le directeur général de l’Afep refusait
en effet le vote des actionnaires, esti-
mant de façon lapidaire « qu’il n’existe
aucun consensus, de la part des émet-
teurs, ni de la part des investisseurs, sur
l’intérêt d’un “say on climate”, y compris
consultatif ». Mais pourquoi les émet-
teurs français seraient-ils moins com-
municants que les émetteurs anglo-
A l’étranger, le pionnier en la matière
fut le néerlandais Philips, il y a dix ans.
Suivi par des groupes américains et bri-
tanniques. Mais en France, quelques
entreprises considèrent que cette stra-
tégie est du seul ressort du conseil
d’administration et non des actionnai-
res. Comme si les actionnaires n’étaient
pas intéressés par la stratégie en
cesseurs à la rentrée, lorsque ce texte
repassera en lecture définitive au Parle-
ment. Et que le cynisme de certains par-
tis politiques laissera place au réalisme.
Entreprises, transparence et environne-
ment ne sont en effet pas incompatibles.
Emeric Lepoutre est conseil
en gouvernance et en recherche
de dirigeants.
ser une fiction romanesque haletante
autour de « l’ultime répression coloniale
française ».
La vie tranquille de Luc Blanchard,
auquel le lecteur s’était attaché dans les deux
premiers volets et qui s’est reconverti de flic à
journaliste pour « France-Antilles », et de sa
compagne Lucille, gérante d’une flotte de
pêche et maman d’une petite Célanie, bas-
cule lorsque la métisse corso-antillaise est
l’auteur dépeint avec vivacité l’efferves-
cence de l’époque, tant en Guadeloupe que
dans une métropole bien décidée à ne plus
s’embarrasser des bonnes manières con-
servatrices. Une perle de roman noir à la
française qui, tout en mettant en scène des
antihéros dignes d’un film d’action holly-
woodien, dénonce avec force les travers de
la France colonialiste et le racisme
ambiant. n
09 Les Echos Mardi 25 juillet 2023
Le nouvel eldorado
des marques
Dans la lutte pour l’influence, TikTok commence à rivaliser avec Instagram.
Toutes les marques, ou presque, débarquent sur la plateforme afin de cibler la fameuse génération Z.
Pour celles qui maîtrisent les codes, le succès peut être immédiat. Mais pour combien de temps ?
uel est le point commun entre
Q Balenciaga, Orange, la NBA
américaine, l’appli Duolingo,
Ryanair et… le barreau de Pa-
ris ? Tous ont rejoint TikTok
dans l’espoir de toucher son milliard d’utilisa-
teurs et la fameuse « Gen Z ». D’autres, com-
me la marque de prêt-à-porter Avavav ou Ce-
raVe dans la cosmétique, sont quasiment
nées grâce au réseau social.
Moins de dix ans (TikTok a été créé
en 2016) auront donc suffi à la plate-
forme de l’entreprise chinoise By-
teDance pour devenir le nouveau
carrefour mondial de l’influen-
ce. A tel point qu’à ce jeu, l’ap-
plication commence à con-
currencer Instagram qui,
jusque-là, régnait en maître.
« On y retrouve toutes les in-
dustries, même l’assurance
avec SOS Malus ! » rappelle
Guillaume Doki-Thonon,
PDG et cofondateur de
Reech, une agence d’in-
fluence marketing.
Dans certains secteurs, il
est même impensable de ne
pas « y être ». « Dans le luxe,
toutes les marques sont pré-
sentes sur TikTok, sauf Her-
mès. Mais ce n’est qu’une ques-
tion de temps », prévient Fabien
Le Roux, brand strategy lead
chez TikTok France. Pourtant, dif-
ficile de trouver deux univers da-
vantage opposés. « Le luxe, c’est la so-
phistication, l’exclusivité, l’intemporel.
Soit tout le contraire de TikTok, avec son
côté brut, communautaire, et ses “trends”
qui changent d’une semaine à l’autre, poursuit
Fabien Le Roux. Avec TikTok, le luxe est subite-
ment confronté au réel. C’est une révolution
copernicienne pour cette industrie. »
Poster tous les jours…
mais sortir du lot
Même des médias pourtant très sérieux y ont
trouvé un succès inespéré. Arte s’est offert une
nouvelle image, elle qui a longtemps été asso-
ciée aux documentaires austères doublés en
allemand. « En 2022, ils ont raconté l’histoire
du twerk en cinq épisodes, ça a cartonné ! » se
souvient Thomas Khaski, fondateur de l’agen-
ce Format et expert en communication straté-
gique. Carton plein aussi pour l’INA, qui re-
bondit avec talent sur l’actualité, en repostant
des microtrottoirs de Parisiens interviewés
dans l’après-guerre ou les années 1960… Sur
ce réseau social où tout va très vite, la nostal-
gie paradoxalement est une valeur sûre. « Sur
TikTok, il y a de la nostalgie pour l’an-
née 2016 ! » sourit Fabien Le Roux.
« Il y a quatre ans, 1 annonceur sur 10 disait
vouloir aller sur TikTok. Aujourd’hui, c’est 1
pour 1, raconte Ruben Victor Cohen, cofonda-
teur de l’agence Follow. La question n’est plus
de savoir s’il faut un compte mais comment
l’alimenter. Il faut à la fois poster tous les jours
pour répondre à la logique de flux tout en res-
tant créatif pour sortir du lot. » Du pain bénit
pour cette entreprise du 9e arrondissement
parisien qui a accompagné une vingtaine
d’annonceurs (Vinted, Sephora, l’EM Nor-
mandie…) sur TikTok.
Mais comme les liftings, ce rajeunissement
a un prix : en moyenne, une campagne d’in-
fluence sur TikTok peut coûter entre 70.000 et
100.000 euros. Une fois la vidéo créée (conte-
nu dit « organique »), la marque peut ensuite
décider de payer en plus (« paid social ») pour
utiliser les outils publicitaires de TikTok. Et
ainsi « pusher » la vidéo auprès de telle ou telle
catégorie d’utilisateur. « C’est à ce moment que
TikTok va allumer l’allumette de la viralité »,
expose Guillaume Doki-Thonon.
Qui à Pékin, au siège de la maison mère By-
teDance, aurait pu prévoir un tel succès ?
SÉRIE D’ÉTÉ 2/5
LA CIVILISATION
TIKTOK
Dans le monde des réseaux sociaux, TikTok a
pris tout le monde de court en atteignant le
milliard d’utilisateurs fin 2021, soit cinq ans
seulement après sa création, contre huit pour
Facebook, Instagram ou YouTube. Mieux, la
plateforme a déjà dépassé Instagram pour ce
qui est du temps passé (19 heures par mois en
moyenne dans le monde contre 11 heures, rien
que sur les téléphones Android), selon la der-
nière étude Hootsuite-We Are Social. En Fran-
ce, on dénombre aussi deux fois plus d’in-
fluenceurs suivis par 1 million d’abonnés sur
TikTok (883) que sur Instagram (431), avec un
taux d’engagement là aussi supérieur (11 %
contre 3 %), selon Reech.
TikTok voudrait
maintenant aller un cran
plus loin, pour marcher sur
les platebandes d’Amazon
et de Shein, le géant chinois
de la mode à prix cassés.
Un succès d’autant plus surprenant qu’à
l’origine, TikTok est chinois ! Car TikTok est la
version internationale de Douyin, application
créée en 2016 par Zhang Yiming, le fondateur
de ByteDance. A l’époque, ByteDance, qui
vaut aujourd’hui 300 milliards de dollars,
n’est qu’une petite start-up. Zhang Yiming, un
jeune entrepreneur de 33 ans. Il est aujour-
d’hui la 2e fortune de Chine et la 26e mondiale,
avec 45 milliards de dollars, selon « Forbes ».
Quant à Douyin, c’est alors une quasi-copie
de l’application rivale de karaoké Musical.ly.
Lancée en 2014 en Chine et aux Etats-Unis par
deux autres entrepreneurs, cette dernière
par Raphaël Balenieri
ÉA
s/R
age
a Im
op
i/S
ansk
w
Rad
permettait aux utilisateurs de se filmer en
dansant et en chantant. ByteDance finira par
racheter Musical.ly en 2017 pour 800 millions
d’euros, récupérant au passage ses 100 mil-
lions d’utilisateurs. Un an plus tard, Musi-
cal.ly, qui était déjà utilisée en Chine et aux
Etats-Unis, disparaît des smartphones au pro-
fit… de TikTok. C’est le début de la course à l’in-
ternational.
L’algorithme, innovation massue
Le nouveau format (des vidéos courtes de
quinze secondes, sur des musiques très ryth-
mées) et le caractère « divertissant » de la pla-
teforme font vite des émules. Mieux que qui-
conque, TikTok a anticipé l’essor de la vidéo
sur des réseaux sociaux autrefois centrés
sur le texte ou la photo, comme Facebook et
Instagram.
Ce n’est pas tout. « TikTok a réussi à épouser
les codes sociétaux et culturels de l’époque. L’en-
treprise a compris que les jeunes voulaient de
l’authenticité et de la sincérité sur les réseaux
sociaux », décrypte Wilfried Klucsar, cofonda-
teur de l’agence Dix Sept Paris. Bref, tout l’op-
posé d’Instagram et de ses filtres sublimant la
réalité. TikTok, lui, valorise l’humour, l’auto-
dérision, les vidéos « backstage » où des stars
comme Eva Longoria font fureur en se mon-
trant sans maquillage…
A cela s’est ajoutée une innovation massue :
son algorithme, copié par tous depuis. Sa
puissance est telle qu’il parvient à « deviner »
les centres d’intérêt des utilisateurs. « En tren-
te minutes, l’algorithme a cerné qui vous êtes »,
explique Guillaume Doki-Thonon, de Reech.
Pour cela, TikTok ne se contente pas de voir les
comptes auxquels l’utilisateur est abonné. Il
analyse le contenu même des vidéos pour en
proposer des similaires dans la foulée.
« Ce faisant, TikTok a inversé le rapport de
force. Une petite marque sans moyens et avec
très peu d’abonnés peut devenir virale si elle
maîtrise bien les codes culturels de TiKTok », re-
prend Wilfried Klucsar. « La révolution avec
TikTok, c’est que tout le monde peut devenir in-
fluenceur. On n’a plus besoin d’avoir une com-
munauté pour influencer. Seule l’idée créative
compte », résume Ruben Victor Cohen de
l’agence Follow.
L’aubaine
des confinements
Dans cette success-story toute tra-
cée, un autre événement va per-
mettre à TikTok de changer
d’échelle : les confinements
de 2020-2021. Cloîtrée chez
elle, la planète entière trouve
dans la plateforme une sour-
ce de divertissement et un
exutoire à l’anxiété de la pan-
démie.
Des trentenaires et des
quadras confinés décou-
vrent alors TikTok pour la
première fois. « L’idée selon
laquelle TikTok serait la plate-
forme des jeunes de 13 ans est
fausse. C’est un cliché », évacue
Fabien Le Roux. En France,
73 % des quelque 22 millions
d’utilisateurs ont désormais en-
tre 18 et 34 ans, selon Reech.
« L’audience a explosé. Et post-Co-
vid, cette audience est restée », estime
Wilfried Klucsar.
C’est aussi à ce moment que l’applica-
tion s’enrichit de contenus allant au-delà
des chorégraphies et des vidéos de chats. Dé-
cryptage de l’actualité, littérature avec le hash-
tag #booktok, gastronomie : la plateforme de-
vient plus généraliste. Une aubaine pour les
marques, qui peuvent désormais toucher un
public bien plus large.
L’e-commerce, une voie d’avenir ?
La suite ? Pour les marques, le meilleur est
peut-être encore à venir. TikTok se verrait
bien volontiers en champion de l’e-commer-
ce, ce qui permettrait aux annonceurs de ven-
dre leurs produits directement dans la plate-
forme. D’ores et déjà des fonctionnalités
existent, comme TikTok Shop. Au Royaume-
Uni, aux Etats-Unis et en Indonésie, les utilisa-
teurs peuvent acheter des produits sur Tik-
Tok, durant des vidéos « live » ou depuis la
page des vendeurs. Au passage, ByteDance
prélève une petite commission.
Mais TikTok voudrait maintenant aller un
cran plus loin, pour marcher sur les plates-
bandes d’Amazon et de Shein, le géant chinois
de la mode à prix cassés. Selon le « Financial
Times », la plateforme aurait même recruté
des salariés de Shein dans le cadre de son
« Projet S ». Le but est que les utilisateurs puis-
sent se procurer auprès de TiKTok les pro-
duits devenus viraux sur la plateforme. Dans
ce cas, TikTok achèterait (ou ferait fabriquer
en Chine) ces produits, pour les vendre ensui-
te… et toucher l’intégralité des revenus.
« L’e-commerce va être la clé. Si l’expérience
est rapide et qualitative, cela peut changer la
donne pour TikTok et pour les marques », pro-
nostique Wilfried Klucsar. Dans tous les cas, le
TiKTok de demain ne sera pas celui d’aujour-
d’hui, dans le monde très rapide des réseaux
sociaux. La plateforme va continuer de
s’adapter pour éviter « l’effet coup de vieux ».
Pas question de finir comme Facebook, qui est
devenu, dix-neuf ans après sa naissance, « le
réseau des mamounettes », plaisante Fabien
Le Roux. Ce serait décidément un comble
pour la plateforme préférée de la Gen Z.
Demain Le roi de l’économie
de l’attention
 Mardi 25 juillet 2023 Les Echos 10
SÉRIE D’ÉTÉ 2/5
LA COURSE À L’ARMEMENT

Space Force, enfant gâté du Pentagone

Créée par Donald Trump il y a quatre ans, la nouvelle branche militaire américaine acte l’enjeu stratégique
de la défense dans l’espace. Face à la Chine et la Russie, Washington accélère ses investissements.

ans la petite salle bondée d’uni-

D formes de la Chambre des repré-

sentants des Etats-Unis, Chance
Saltzman passe son premier test
budgétaire. Tout juste nommé à
la tête de Space Force, il a l’audace des débu-
tants : il demande au Congrès de lui signer
un chèque de plus de 30 milliards de dollars
pour l’année fiscale qui débutera ce 1er octo-
bre. Une hausse de 15 % en une seule année
et une croissance à marche forcée pour cette
sixième branche des forces armées améri-
caines, née il y a à peine quatre ans.
« L’espace est désormais, et de manière
indéniable, un champ de bataille disputé. La
Chine et la Russie le définissent en tout cas
comme cela et investissent pour saper l’avan-
tage américain. Les deux peuvent mettre en
risque les actifs américains avec des cyberatta-
ques ou des missiles », explique le général aux
députés de la sous-commission Défense,
chargée de distribuer les crédits budgétai-
res. Entre interférences de Moscou et utilisa-
tion des satellites commerciaux de Starlink
par Kiev, « l’invasion de l’Ukraine par la Rus-
sie nous a montré que l’espace allait être criti-
que dans la guerre moderne », illustre-t-il
devant les parlementaires. « A ce jour, aucun
pays n’a mené d’attaque physique cinétique

Saul Loeb/AFP et Véronique Le Billon

contre le satellite d’un autre pays, mais quatre
pays – les Etats-Unis, la Russie, la Chine et
l’Inde – ont testé avec succès des armes contre
leurs propres satellites », rappelle, dans son
dernier rapport sur les forces spatiales, le
CSIS, cercle de réflexion spécialisé sur les
questions de sécurité nationale.
A 3.000 kilomètres à l’ouest de Washing-
ton, au milieu de la plaine qui s’arrête devant
la chaîne majestueuse des Rocheuses, la
base militaire Schriever à Colorado Springs
(Colorado) attend de pied ferme de nou-
veaux financements. A l’entrée du site où
une file de voitures s’allonge dès sept heures
du matin pour passer les contrôles, l’ancien
logo de l’US Air Force a été remplacé par une
plaque toute neuve de Space Force. Dans la
pénombre des couloirs sans fenêtres du 22e
escadron qui assure le contrôle de la bonne
marche des satellites, un gyrophare rouge
en action signale que les personnes entrées
dans les lieux ne sont pas habilitées défense :
il faut ramener les conversations au niveau
déclassifié.
Au sein de la classe
politique américaine,
ce retour de l’espace
au premier plan est
largement assumé.
Joe Biden a confirmé
le programme de retour
sur la Lune relancé
par Donald Trump.
Les Etats-Unis ont beau revendiquer leur
suprématie dans le domaine spatial, il faut
réinvestir, plaident les gradés. « L’infrastruc-
ture a été construite dans les années 1970, elle
est maintenant assez ancienne », explique le
lieutenant-colonel Jaime Garcia qui dirige
un réseau de 19 antennes chargées de com-
muniquer avec les satellites, disséminées de
la petite île de Diego Garcia dans l’océan
Indien à la base de Pituffik, au nord du cercle
arctique au Groenland. « Quand le nombre
de satellites et de contacts avec eux n’était pas
aussi important, cela allait. Mais il y a de plus
en plus de demandes et le nombre de satellites
va encore croître fortement, donc il y a un
besoin de modernisation. » Un constat qui a
été officialisé en avril dans un rapport du
GAO, l’office d’audit fédéral.
Retour au premier plan
de la question de l’espace
Idem pour la gestion du système GPS, la
vitrine grand public de l’US Air Force récu-
pérée par Space Force. Ses usages dépassent
largement le cercle de la défense – « 99 % de
mes clients ne sont pas militaires », résume le
lieutenant-colonel Robert Wray, mais ils
sont vitaux pour l’économie et la vie quoti-
dienne. Le service est assuré par une constel-
L’annonce de la création de Space Force à la Maison-Blanche, le 29 août 2019. Dans la salle de commande du 22e escadron, sur la base militaire Schriever
à Colorado Springs (Colorado), on trouve des développeurs, des ingénieurs informaticiens ou de l’aérospatial. Sur leur uniforme, un écusson inspiré de StarTrek.
lation de 31 satellites actifs, placés dans une
orbite peu occupée et surveillés depuis les
Etats-Unis par une dizaine d’équipiers dans
une salle aveugle. « S’il y a un problème sur
un satellite, on le rend invisible grâce aux
redondances », explique Robert Wray. Les
plus anciens satellites sont progressivement
remplacés – le plus vieux affiche 26 ans.
L’annonce de la création de Space Force a
été faite dans un jardin de roses, le 29 août
2019 : devant le Bureau ovale de la Maison-
Blanche et sous un soleil de plomb, Donald
Trump présente ce jour-là le général quatre
étoiles Jay Raymond, un vétéran de l’US Air
Force avec trente-quatre ans de service, et
l’installe à la tête de l’US Space Command,
une nouvelle division opérationnelle char-
gée de défendre les Etats-Unis depuis
l’espace. « Nos adversaires menacent les orbi-
tes terrestres avec de nouvelles technologies
ciblant les satellites américains qui sont essen-
tiels à la fois pour les opérations sur le champ
de bataille et pour notre mode de vie. Notre
liberté d’action dans l’espace est aussi essen-
tielle pour détecter et détruire tout missile
lancé contre les Etats-Unis », justifie le prési-
dent républicain. Une unité chargée de
l’espace avait bien existé à la fin des
années 1980, mais George W. Bush l’avait
fondue dans un autre commandement
après les attentats du 11 septembre 2001 pour
libérer des ressources. L’US Air Force assu-
rait depuis les opérations spatiales.
Une nouvelle force moquée
et détournée
L’acte de naissance de Space Force, chargée
de former et de préparer les troupes, est
signé quelques mois plus tard, le 20 décem-
bre 2019, dans la loi budgétaire de la Défense.
Elle crée ainsi « la première nouvelle branche
des services armés depuis 1947 » – la sixième
après l’Army, les Marines, la Navy, l’Air Force
et les Coast Guards.
Au sein de la classe politique américaine,
ce retour de l’espace au premier plan est
depuis largement assumé : de même que Joe
Biden a confirmé le programme de retour de
l’homme sur la Lune relancé par Donald
Trump, le démocrate appuie le déploiement
de Space Force depuis son arrivée à la Mai-
son-Blanche début 2021.
Les premiers pas de Space Force n’ont pas
été ceux d’une nouvelle force effrayante. Le
décorum associé à la création de Space
Force est même moqué, depuis l’appellation
de « Guardians » qui rappelle furieusement
les « Gardiens de la Galaxie » des films Mar-
vel, jusqu’au logo de Space Force, inspiré de
la série Star Trek.
Depuis la Maison-Blanche, Donald
Trump aurait aussi suggéré que son épouse
Melania participe à la conception des nou-
veaux uniformes, « en raison de son sens irré-
prochable de la mode », a rapporté « Time
Magazine ». Une aubaine pour Steve Carell
(l’acteur fétiche de « The Office »), qui en a
tiré une hilarante série pastiche pour Netflix.
Bons joueurs, les « Guardians » de la base
Schriever du Colorado y ont vu une manière
de se faire connaître – ils conseillent même
de regarder le « Late show » de Stephen Col-
bert sur CBS, parti en début d’année à la
découverte de l’une de leurs bases.
Déjà 14.000 « Guardians »
Le premier défi de Space Force a été d’infu-
ser un sentiment d’appartenance aux mili-
taires transférés de l’Air Force et aux nou-
veaux venus. Une devise (Semper Supra,
« Toujours plus haut » en latin), une chan-
son, des logos en pagaille (Jaime Garcia dis-
tribue le sien, une pieuvre à sept bras qui
symbolise les stations hébergeant les
antennes) : rien ne manque pour les
« Guardians », déjà 14.000 sous la nouvelle
bannière.
Si les esprits les plus inventifs ont imaginé
des soldats astronautes se battant contre des
forces ennemies à l’aide d’armes laser, la réa-
lité de leurs missions est pourtant plus pro-
saïque : il faut surtout recruter des déve-
loppeurs, des ingénieurs informaticiens ou
de l’aérospatial. « Ils parlent beaucoup de
combat mais ils assurent surtout une fonction
support », pointe une experte du secteur.
Dans la salle de commande du 22e escadron
dont les téléviseurs silencieux sont branchés
sur Fox News, le turn-over des jeunes mili-
taires est trop rapide pour qu’ils puissent se
former aux missions les plus techniques.
Elles sont donc toujours assurées par des
civils embauchés par le Pentagone, comme
Dylan, loin de l’image du treillis avec sa che-
mise à carreaux, son bonnet Herschel sur la
tête et son piercing dans le nez.
« Beaucoup de jeunes ont ici leur première
mission », note le lieutenant-colonel Robert
Wray pour la gestion du système GPS. « Si
vous allez chez Galileo [le système européen
concurrent, NDLR], vous avez des ingénieurs
civils et spécialisés », note-t-il avec visible-
ment une pointe d’envie. Après les recrute-
ments et la création d’une identité propre à
la nouvelle force, l’une de ses priorités a été
peu glamour : il s’est agi de réformer… le ser-
vice des achats. « Les anciennes méthodes de
travail sont trop lentes, répondent trop tardi-
vement aux besoins et sont trop en retard pour
relever les défis auxquels nous sommes con-
frontés aujourd’hui », expliquait en avril
Chance Saltzman, le chef de Space Force,
devant tous les acteurs du secteur à Colo-
rado Springs, lors du Space Symposium.
Space Force demande des
crédits pour développer
des outils de détection
de cibles mobiles au sol,
une surveillance qui était
jusqu’ici davantage
exercée par des avions
ou des drones.
« Un avantage stratégique pour les Etats-
Unis est sa base industrielle robuste, inno-
vante et réactive, avec des technologies très
pointues », rappellent toutefois les hauts
gradés au Congrès. Le développement du
« new space » depuis une quinzaine
d’années permet de fait la montée en puis-
sance d’aujourd’hui. Depuis la base de Van-
denberg en Californie, une fusée Falcon 9 de
Space X a commencé à lancer au printemps
les premiers satellites d’une constellation
destinée à renforcer la défense américaine
antimissile. « Les Etats-Unis ont la volonté de
renouveler les flottes de satellites mais aussi
d’entrer dans la logique des constellations
pour accroître leur résilience et ainsi pérenni-
ser leur supériorité spatiale », décrypte le
colonel Laurent Rigal, agent de liaison du
Commandement de l’espace français, basé à
Colorado Springs. « Il y a beaucoup à cons-
truire, on a des opportunités pour s’étendre.
La beauté de Space Force est qu’on a beaucoup
de latitude pour innover », apprécie Jaime
Garcia. Son unité aura bientôt les équipe-
ments développés par la jeune entreprise
BlueHalo, lauréate d’un appel d’offres à
1,4 milliard de dollars. En attendant, son ser-
vice pourra avoir accès aux antennes du
NOAA, le service fédéral (et civil) des don-
nées atmosphériques.
Avec un droit international très faible et
des discussions à l’ONU qui ont peu de chan-
ces d’aboutir rapidement, le débat reste
ouvert sur la militarisation de l’espace. Pour
la première fois, Space Force demande des
crédits budgétaires pour développer des
outils de détection de cibles mobiles au sol
par des satellites, une surveillance qui était
jusqu’ici davantage exercée par des avions
ou des drones. Un travail mené avec le NRO
(National Reconnaissance Office), l’un des
services fédéraux de renseignement. « Nous
sommes en train de passer à la fabrication et
nous commencerons à lancer le produit dans
les huit à douze prochains mois », a indiqué le
patron du NRO au Space Symposium.
L’avenir est-il aussi au développement
d’outils ayant un « spectre complet »
d’actions, autrement dit ayant la capacité
d’endommager des systèmes ennemis dans
l’espace ou au moins d’interférer ? C’est ce
que Chance Saltzman a laissé entendre dans
une audition parlementaire, pour l’horizon
2026. Nombre d’armées ont fait la même
analyse que l’administration américaine et
fortifié leur défense spatiale ces dernières
années. La France a ainsi créé son Comman-
dement de l’espace (CDE). Avec notamment
des menaces russes sur les satellites occi-
dentaux, « 2019 a été une année charnière
pour tout le monde », pointe le capitaine de
vaisseau Pierre Roussel, du Commande-
ment de l’espace français. « Par le passé, on a
opéré de nombreux satellites militaires, mais
les choses prennent une tournure plus mili-
taire et ils sont donc en train de prendre le
relais, c’est logique », note aussi un expert
français du Centre national d’études spatia-
les (CNES).
Dans le bâtiment des GPS de la base
Schriever, le lieutenant-colonel Robert Wray
travaille déjà avec les alliés canadien ou aus-
tralien, mais avec ses quelques mots de fran-
çais, il dit également qu’il « adorerait avoir un
militaire français » pour une collaboration
plus poussée ces prochaines années. Poin-
tant notamment l’importance des alliés
dans l’Indo-Pacifique, « on ne peut pas faire
cela tout seuls », expliquait aussi Chance
Saltzman devant les parlementaires.
Demain
En Chine, une accumulation
de poudre sans précédent

par Véronique Le Billon

 « Les vacances » par Mélody Denturck pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Dernier hommage Feux de forêt : alerte Kiev revendique Feux meurtriers

à Jane Birkin rouge dans les une attaque de en Algérie
L’ÉDITORIAL Bouches-du-Rhône drones sur Moscou
DES « ÉCHOS » DÉCÈS – Les proches de INCENDIES – Au moins
' Jane Birkin, dont ses filles,
' INCENDIES – Alerte rouge
' GUERRE – L’Ukraine a reven- ' quinze personnes sont

Dépenses publiques : se sont réunis lundi matin

en l’église Saint-Roch à Paris pour
aux feux de forêt mardi dans
les Bouches-du-Rhône :
diqué, ce qui est inhabituel,
lundi, l’attaque de deux
mortes et 26 autres blessées
dans de violents incendies dans le

un sillon à creuser rendre un dernier hommage à

l’artiste décédée la semaine der-
Météo-France a placé lundi au
niveau de vigilance le plus élevé le
drones ayant touché deux immeu-
bles à Moscou durant la nuit,
nord et l’est de l’Algérie, dans la
nuit de dimanche à lundi, Le pays
nière, tout comme une foule nom- département dans sa « météo des illustrant la vulnérabilité de la a enregistré 97 départs de feux
Après la mise en scène des assises des finances breuse d’anonymes rassemblés forêts », une première depuis le capitale russe à pourtant 500 km dans 16 préfectures. L’Algérie fait
publiques à Bercy le mois dernier, le gouvernement à proximité de l’édifice. Brigitte lancement de ce nouveau disposi- du front. Ce raid n’a pas fait de face à une canicule intense dans
pousse ses pions de manière plus discrète en publiant Macron et la ministre de la Cul- tif début juin. En vigilance rouge, victimes. Un drone avait déjà occa- une partie de ces régions, avec des
en ce début de semaine une synthèse de 12 revues ture, Rima Abdul Malak, étaient « les conditions météorologiques sionné des dégâts mineurs au pics de températures à 48 degrés
ciblées de dépenses (logement, arrêts maladie, etc.). Un présentes dans l’église, dont rendent le risque de départ et de Kremlin, en mai. Parallèlement, de attendus lundi, qui contribuent à
document succinct et rébarbatif, aux termes choisis, les le parvis était couvert de fleurs, propagation de feux de forêt et de nouvelles frappes ukrainiennes ont assécher la végétation, la rendant
rapports complets de chaque mission (plus explosifs) témoignant de l’émoi national végétation très élevé comparative- touché un dépôt de munitions en plus vulnérable. Chaque été,
devant être publiés par la suite, dont certains dès les suscité par l’annonce de la dispari- ment aux normales estivales », Crimée occupée, tandis que la le nord et l’est de l’Algérie
prochains jours. tion de la chanteuse et actrice, précise Météo-France sur son site Russie bombardait une infrastruc- sont touchés par des feux de forêt,
L’objectif semble bien de faire de cet exercice un dimanche dernier à 76 ans. Internet. ture portuaire près d’Odessa. maquis et récoltes.
continuum, sans susciter aussitôt une levée de
boucliers. On a trop vu par le passé des promesses de
coupes radicales dans les dépenses suivies de LA PHOTO DU JOUR
renoncements aussi brutaux. Pour l’instant, l’exercice,
critiqué pour son manque d’ambition initiale, se révèle
plutôt payant. Les mesures déjà annoncées par
l’exécutif, si elles font l’objet de critiques, devraient bien
être transcrites dans la loi de finances à l’automne. A
l’instar de la suppression du
dispositif fiscal Pinel en faveur
de l’investissement locatif ou du
recentrage du prêt à taux zéro.
De même, la suppression des
taux réduits de fiscalité sur le
gazole pour les grands secteurs
concernés (BTP, agriculteurs,
Par Etienne transport routier), un vrai
Lefebvre serpent de mer, paraît sur la
bonne voie. Le gouvernement
mise sur son étalement d’ici à
Pour 2030 pour parvenir à ses fins,
l’instant, ainsi que sur le fléchage des
l’exercice, économies générées vers l’aide à
l’adaptation des professionnels
critiqué concernés.
pour son D’autres mesures seront
manque arbitrées et détaillées d’ici à la
d’ambition présentation du budget 2024, et
les parlementaires, forts de ces
initiale, travaux d’inspections, devraient
se révèle chercher à compléter la copie
plutôt gouvernementale à l’automne.
Bercy assure aussi que de
payant. nouvelles revues de dépenses
seront engagées pour 2024, et
les années suivantes. Le chantier paraît ainsi mieux
engagé que lors du premier quinquennat Macron, où
les objectifs n’étaient pas clairs. Mais s’il est sur de bons
rails, il reste beaucoup à faire. A commencer par élargir
le champ des missions concernées, si le gouvernement
veut tenir les objectifs de freinage des dépenses
programmés d’ici à 2027, afin de ramener le déficit
public sous les 3 % de PIB.
Des progrès sont aussi nécessaires en matière de
transparence. Il est pour le moins paradoxal que les L’AÉROPORT DE RHODES S’IMPROVISE EN CAMPEMENT POUR TOURISTES DÉSEMPARÉS Travailleurs saisonniers allongés sur des serviettes de plage, vacanciers en
grandes conclusions des audits de l’administration maillots de bain affalés sur des chaises : l’aéroport de Rhodes s’apparente lundi à un campement improvisé en raison de l’incendie qui ravage une partie de cette île grec-
soient publiées plusieurs semaines après les annonces que très touristique. Rhodes, qui a compté 2,5 millions d’arrivées de visiteurs en 2022, est l’une des principales destinations de villégiature en Grèce, avec de nombreux
des décisions gouvernementales. Une publication plus hôtels tout le long de ses côtes orientales. Samedi et dimanche, quelque 30.000 personnes ont été évacuées préventivement face à l’avancée des flammes, soit l’opération
rapide et plus systématique serait nécessaire à la bonne d’évacuation la plus importante jamais réalisée en Grèce, selon les pompiers. Photo Fedja Grulovic/Reuters
tenue du débat public. Au risque, sinon, de voir
ressurgir les polémiques en boomerang.

Lire nos informations

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VENDREDI 16/20 11/18 10/23 14/27 16/21
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newsletters.lesechos.fr
17/27 21/28
 P R Ê T S P O U R PA R I S 2 0 2 4
775 670 417 R.C.S. Paris – © Louis De Caunes.

Fiers de mettre nos savoir-faire au service des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024
pour une mission commune, Savoir Faire Rêver.

)'(!*), #" (+&("*

-"* $!%(+!'"*
 CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT)

n 7.427,31 points
-0,0735 % J 35.432,8 points
0,5822 % n 1,1078 $
-0,4632 % n 1.960, $
-0,0306 % J
DEVISES EUR/GBP 0,8641 EUR/JPY 156,536 EUR/CHF 0,9604 GBP/USD 1,2821 USD/JPY 141,303 USD/CHF 0,8669 TAUX €STER 3,404 EURIBOR 3 MOIS 3,721 OAT 10 ANS 2,9604 T-BONDS 10 ANS 3,8485
82,87 $
2,4478 %
Mardi 25 juillet 2023
www.lesechos.fr

Orpea obtient le
feu vert à son plan
de sauvegarde
SERVICES
Myriam Chauvot
La direction d’Orpea a eu gain de cause. Le
tribunal de commerce de Nanterre a tran-
ché lundi en faveur de l’application forcée
de son plan de sauvetage du groupe
d’Ehpad et de cliniques, en difficulté du fait
de malversations dénoncées début 2022
moral, car ce sera un consortium mené par
la Caisse des Dépôts. Orpea avait demandé
le 11 juillet au juge l’application forcée de son
plan et voudrait finaliser sa restructuration
financière au second semestre 2023.
Attendre novembre
Orpea devra toutefois attendre novembre
pour mettre en œuvre son plan de restruc-
turation financière. Car si les opposants ont
perdu lundi face au juge, ils contestent

par « Les Fossoyeurs », le livre-enquête du
journaliste Victor Castanet.
En parallèle au volet pénal en cours dans
cette affaire, la décision du jour est un revers
pour les créanciers non sécurisés et action-
naires qui s’opposaient à ce plan de sauve-
garde accélérée dans lequel ils perdent tout.
« Les actionnaires existants devraient déte-
nir, après réalisation des augmentations de
capital et en l’absence de réinvestissement,
environ 0,04 % du capital de la société. La
valeur théorique de l’action ressortirait par
ailleurs à environ 0,02 euro », avait détaillé
Orpea le 28 juin. En remaniant l’actionna-
riat, ces augmentations de capital feront
entrer un nouvel actionnaire de référence
(50,2 % du capital) devant servir de garant
Sarah Meyssonnier/Reuters
aussi en appel l’autorisation accordée par
l’Autorité des marchés financiers de faire
cette restructuration sans passer par une
offre publique d’achat. La Cour d’appel de
Paris doit rendre son jugement sur ce point
d’ici novembre, le plan ne pourra pas
s’enclencher avant.
Le 13 juillet, la société avait évoqué en Le scandale déclenché par le livre « Les Fossoyeurs » a fait chuter le taux d’occupation des Ehpad d’Orpea en France.
creux l’urgence d’une restructuration en
révisant à la baisse sa prévision de résultat soyeurs », qui a fait chuter le taux d’occu- Sauf coup de théâtre en appel, à partir de ron 1,4 milliard d’euros, à un prix d’émission
2023. Sa direction avait indiqué « anticiper pation des Ehpad en France. A 83,4 % con- novembre le plan pourra s’enclencher. Il fau- de 0,0178 euro par action nouvelle. Contre
une moindre croissance du chiffre d’affai- tre un taux cible de 90 %, il reste « très en dra tout d’abord convertir en actions 3,9 des 1,82 euro lundi en clôture à la Bourse de Paris
res » et un résultat brut d’exploitation (Ebi- retrait par rapport aux prévisions dans un 9,7 milliards d’euros de dettes. Puis la Caisse (+1,82 %). Orpea une fois sauvé, pour oublier
tdar) de 705 à 750 millions seulement, soit contexte réputationnel encore difficile », a et ses alliés – Mutuelle Assurance Institu- les turpitudes du passé, il changera de nom.
15 % à 20 % que la prévision communiquée indiqué Orpea en juillet. Les charges de teurs de France (MAIF), CNP Assurances et Ce pourrait être, dès le premier trimestre
au marché le 12 mai 2023 (881 millions). La personnel sont également plus élevées que MACSF Epargne Retraite – souscriront à 2024, a précisé lundi son directeur général
faute au scandale déclenché par « Les Fos- prévu. deux augmentations de capital, pour envi- Laurent Guillot à « l’AFP ». n

La fin du ticket de caisse confirmée pour le 1er août

DISTRIBUTION
Romain Gueugneau
J-7. A partir du 1er août, le ticket de caisse ne
sera plus automatiquement délivré dans les
magasins. Pour l’obtenir, les clients devront
en faire explicitement la demande auprès
des commerçants. Cette mesure, confirmée
par le ministère de l’Economie et des Finan-
ces lundi, est issue de la loi votée en
février 2020, relative à la lutte contre le gas-
pillage et à l’économie circulaire, alors que
12 milliards de tickets sont imprimés
chaque année en France, représentant
150.000 tonnes de papier.
Prévue pour entrer en vigueur début
2023, sa mise en place avait été reportée à
deux reprises par Bercy (en janvier et en
avril), alors que l’inflation était à son maxi-
mum. Le reflux de la hausse des prix observé
depuis quelques semaines a incité à appli-
quer la disposition cet été, a indiqué le cabi-
net de la ministre déléguée au Commerce,
Olivia Grégoire, lors d’un point presse.
Un affichage clair et lisible
L’entrée en vigueur de la mesure en pleine
période de vacances doit permettre aux
consommateurs comme aux commerçants
« d’adopter les nouveaux réflexes pour la ren-
trée », selon les équipes de la ministre. Dans
les magasins, un affichage « clair, lisible et
compréhensible » devra informer les clients
de ces nouvelles règles.
Dans les faits, de nombreux commerces
demandent déjà depuis plusieurs mois à
leurs clients s’ils souhaitent disposer d’un
ticket de caisse. Si ce n’est pas le cas, ils ne
l’impriment pas. Ces derniers mois, plu-
sieurs associations de consommateurs,
dont l’UFC-Que Choisir et Familles rurales
s’étaient inquiétées de la disparition du
ticket de caisse, « véritable outil de gestion
du budget familial » pour certains foyers.
« Il ne s’agit pas d’interdire ou de supprimer
le ticket de caisse. Mais bien de donner la pos-
sibilité au consommateur de refuser sa déli-
vrance », explique-t-on au cabinet d’Olivia
Grégoire. Dans certains cas, ils continue-
ront d’être imprimés, notamment pour les
notes de restaurant et d’hôtel, ou pour les
prestations de services dont le montant
dépasse 25 euros (comme le coiffeur). n

Les loueurs de Les influenceurs,

bateaux font face
à une saison marquée
par l’inflation
NAUTISME Les Français continuent de
vouloir voguer, et la demande pour les per-
mis bateau reste soutenue. Mais l’inflation
frappe les envies de mer au portefeuille,
constatent les loueurs. Les demandes de
dernière minute sont plus fortes que d’habi-
tude et orientées vers des prix bas et les
remises. La disponibilité est bien plus
importante que l’été dernier. La faute aux
tarifs en hausse tirés par l’escalade du prix
des bateaux. // PAGE 15
nouveaux alliés
des banques sur RÉSULTATS
les réseaux sociaux SEMESTRIELS 2023
FINANCE Les créateurs de contenu sur les
réseaux sociaux multiplient les partena-
riats avec les banques. Ma French Bank
(filiale de La Banque Postale), Orange Bank,
Société Générale : toutes ont déjà fait appel
à des influenceurs promouvoir leur mar-
que auprès d’un public plus jeune. Certai-
nes y voient un outil de pédagogie, d’autres
assument une démarche publicitaire, alors
que l’encadrement de ces pratiques a été
récemment renforcé par la loi. // PAGE 21

= LES ENTREPRISES CITÉES

Adidas 16 Icade 16 Plastic Omnium 26 Stellantis 17, 26
Alstom 16 Intel 19 Prométhée 20 Théa 20
ASO 19 JPMorgan 21 Publicis 26 TSMC 19
Beneteau 15, 16 Kering 26 Qobuz 18 Twitter 19
BNP Paribas 22 ,23 La Banque Postale 21 Qualcomm 19 Wells Fargo 21
Chaumet 16 Liontrust 22 Renault 26 YouTube 18
Click and Boat 15 LVMH 16 Ryanair 26
Crédit Mutuel 23 N26 21 SamBoat 15
Disney 18 Netflix 19 Samsung SDI 17 AVIS FINANCIERS
France Télévisions 19 NewGAMe 22 Société Générale 23, 26 Icade 17
GAM 22 Nvidia 19 Spotify 18 Plastic Omnium 13

ENTREPRISES
Immobilier : après l’euphorie, la pause des
dans les stations balnéaires
l Les prix des logements anciens
sont même en baisse en Bretagne
et dans une moindre mesure
dans les Pays de la Loire.
l Mais partout sur les côtes françaises,
la demande reste forte et les biens
disponibles rares.
IMMOBILIER
Elsa Dicharry
Les prix des logements anciens sta-
gnent enfin dans les stations bal-
néaires, après trois années de
hausse spectaculaire. Mais ils n’ont
pas entamé de descente comme
ailleurs en France, indique une
étude de la Fédération nationale de
l’immobilier (Fnaim) dont « Les
Echos » ont obtenu la primeur. « Le
marché a atteint son summum, mais
la forte demande maintient les prix
[à un niveau élevé, NDLR] », résume
Loïc Cantin, le président de l’organi-
sation. D’autant que les biens à ven-
dre restent rares.
Des disparités sont cependant
constatées selon les régions. Ainsi,
les prix sont en baisse de 2,4 % en
Bretagne sur trois mois (du 1er avril
au 1er juin 2023) et de 0,6 % dans les
Pays de la Loire. Ils sont stables en
Normandie (+0 %), augmentent
encore très faiblement en Provence-
Alpes-Côte d’Azur (+0,4 %) et en
Nouvelle-Aquitaine (+0,5 %). Et
plus fortement dans les Hauts-de-
France (+1,4 %), en Occitanie
(+1,8 %) et en Corse (+4,6 %).
Au global, le prix au mètre carré
des 479 communes du bord de mer,
qui regroupent près de 2,5 millions
de logements et 3,6 % de la popula-
tion française, reste de 50 % supé-
rieur à la moyenne nationale. Sur
un an, au 1er juin 2023, il y a encore
monté de 5,9 %, à 4.676 euros. A
comparer à +2,9 % et 3.088 euros
pour la France entière.
« Fort mouvement
de retraités »
La hausse annuelle a été limitée à
3,4 % en Nouvelle-Aquitaine, mais
les prix y avaient déjà fortement
augmenté en 2017 et 2018, avec
La fin des années folles sur la côte bretonne
Dans les stations balnéaires
de Bretagne, les prix de
l’immobilier, qui ont atteint
des sommets, commencent
à baisser selon la Fnaim.
Les prix restent toutefois
très élevés, notamment
dans le Morbihan.
Guillaume Roussange
— Correspondant à Rennes.
Sur le littoral breton, le marché de
l’immobilier a-t-il atteint son apo-
gée ? C’est en tout cas ce que laissent
entrevoir les dernières statistiques
Publiez ou consultez
de nombreuses offres de reprise
d’entreprise dans Les Echos
l’arrivée de la ligne TGV entre Paris
et Bordeaux. Elle a atteint 3,7 %
dans les Hauts-de-France, 4,5 %
dans les Pays de la Loire, 5,6 % en
Normandie, 5,8 % en Bretagne,
6,4 % en Provence-Alpes-Côte
d’Azur (déjà la région la plus chère),
8,4 % en Corse et 9 % en Occitanie.
Sur trois ans à fin 2022, les prix
ont carrément bondi de 30 % en
moyenne dans les stations balnéai-
res, à comparer à 20 % sur l’ensem-
ble du territoire. Ces communes
étaient déjà courues avant la crise
sanitaire. L’engouement s’est accru
après les confinements liés à l’épi-
démie de Covid-19 – en particulier
pour les maisons.
Mais « il y a aussi un fort mouve-
ment de retraités vers ces stations.
Pour y acquérir une résidence secon-
daire avec l’idée, plus tard, d’aller y
vivre. Ou pour s’y installer directe-
ment », note Loïc Cantin. Il souligne
que « cette population n’a pas les
mêmes contraintes que les primo-ac-
cédants qui doivent avoir un fort
recours à l’emprunt pour acheter.
Elle dispose d’un capital garanti »,
puisqu’elle était en général déjà pro-
priétaire d’un bien qu’elle a pu
revendre. Ces retraités sont ainsi
moins regardants sur les prix,
même s’ils sont en capacité de
négocier.
Changement climatique
Certains territoires bénéficient par
ailleurs du changement climatique.
« Il y a une remontée des températu-
res en Bretagne qui pourrait bien
gagner la bataille de l’héliotro-
pisme », s’amuse l’expert. « Même
sur la pointe nord de la Bretagne, le
marché du logement est extrême-
ment dynamique. Il y a vraiment une
mutation, une lame de fond », pour-
suit-il. La Normandie profite aussi
de ces évolutions. A l’inverse, les
fortes chaleurs où les problèmes de
de la Fnaim. Si sur un an les prix
bretons ont bien continué de grim-
per, +5,8 % en moyenne, soit la
deuxième hausse la plus forte après
la Corse en France, les trois derniers
mois marquent un fléchissement
du marché, la baisse des prix attei-
gnant 2,4 % sur la période.
Sur le terrain, cette inflexion
reste encore peu perceptible des
professionnels de l’immobilier.
Les biens les mieux cotés conti-
nuent de s’arracher comme des
petits pains. A côté de Perros-Gui-
rec (Côtes-d’Armor), par exemple,
une maison d’un peu plus de 220 m2
annonces.lesechosleparisien.fr
01 87 39 70 08
restriction d’eau ne freinent pas
pour l’instant les ardeurs des ache-
teurs dans le sud de la France. « Nos
clients n’évoquent pas ces questions.
Et aucun ne nous a jamais demandé :
est-ce que dans cinq ans je pourrai
remplir ma piscine », notait il y a
peu Julien Bourdry, responsable de
l’agence haut de gamme Barnes sur
la Côte d’Azur.
De même, la question de l’érosion
côtière semble encore peu prise en
compte par les acquéreurs – malgré
l’obligation, depuis le début de
l’année, d’indiquer dans toute
annonce immobilière le risque
sur un terrain d’un hectare vient
d’être vendue en quelques jours, en
plein week-end de l’Ascension, mal-
gré le prix demandé : 1,6 million
d’euros, soit 200.000 de plus que
l’estimation de l’agence.
3.622 euros en moyenne
« La maison disposait d’une belle
dominante vue sur la mer, ce qui est
très demandé. Pour ce type de bien,
les acquéreurs sont toujours prêts à
surpayer », note Roselyne Bothorel,
la fondatrice de Demeures du Lit-
toral, spécialisé dans la vente de
propriétés haut de gamme en Bre-
tagne et en Vendée, qui a géré la
transaction.
En 2022, les prix dans les stations
balnéaires de la région ont continué
leur progression, le prix moyen
atteignant 3.622 euros du mètre
carré, 1.000 de plus que la moyenne
du marché régional.
Au palmarès des villes les plus
chères, on retrouve les communes
insulaires, en particulier l’Ile-aux-
Moines (6.535 euros/m) et l’Ile-de-
Bréhat, dans les Côtes-d’Armor
(6.371 euros/m). La première place
revient toutefois aux villes balnéai-
res du Morbihan très demandées,
avec un des tarifs frôlant les
éventuel lié au recul du trait de côte.
Sur les dix dernières années, les
prix ont même davantage aug-
menté dans les stations soumises
au risque de submersion !
Des disparités sont
cependant constatées
selon les régions.
Malgré l’accalmie constatée
depuis peu, les prix atteignent donc
des niveaux inégalés dans les sta-
tions balnéaires. Cinq d’entre elles
6.800 euros/m – un record – à la
Trinité-sur-Mer.
« C’est devenu de la folie ! Dans
cette zone, je pense que les prix vont se
stabiliser, on ne peut pas aller au-
delà », reconnaît Roselyne Bothorel.
« On a déjà moins d’appels, confirme
Véronique Lapeyrère, mandataire
immobilier à Carnac, affiliée au
réseau IAD France. Après le confine-
ment, tout se vendait à n’importe
quel prix, mais c’est désormais fini.
Depuis le début de l’année, avec la
remontée des taux, le marché atterrit
et les acquéreurs n’hésitent plus à
négocier à la baisse », souligne-t-elle.
Conséquences
pour les locaux
En Bretagne, la crise du Covid a en
effet fait flamber le marché. En
deux ans, dans les stations locales,
la hausse a avoisiné les 24 %. Dans la
zone de Saint-Malo, le prix médian
a atteint 390.000 euros en février
dernier, 12 % de plus en un an. Entre
Guidel et Pénestin, dans le Morbi-
han, cette augmentation a dépassé
les 9 % sur la période, avec un prix
médian de 375.000 euros. « Les
habitants des métropoles ont cherché
à se mettre au vert, mais aussi à
échapper aux canicules du sud de la
Mardi 25 juillet 2023 Les Echos
sont même plus chères que Paris
(10.462 euros du m2 en juin). Il s’agit
de Saint-Jean- Cap -Ferrat
(17.407 euros), Ramatuelle (15.590),
Saint-Tropez (14.673), Lège-Cap-
Ferret (12.927) ou Eze (10.953).
D’autres talonnent la capitale :
Villefranche-sur-Mer (9.974),
Cap-d’Ail (9.928) ou Soorts-Hosse-
gor (9.394). Les prix moyens attei-
gnent encore 8.384 euros du m2 au
Touquet, 8.073 euros à Bonifacio,
6.799 euros à La Trinité-sur-Mer,
6.729 euros à Deauville, 6.422 euros
à La Baule ou 5.732 euros à Palavas-
les-Flots.
« Après
le confinement,
tout se vendait
à n’importe quel
prix, mais c’est
désormais fini... »
VÉRONIQUE LAPEYRÈRE
Mandataire à Carnac, affiliée
au réseau IAD France
France ou à l’insécurité des grandes
villes », analyse Roselyne Bothorel.
Cette envolée des prix n’a évidem-
ment pas été sans conséquences
pour les locaux, qui peinent à se
loger. « Pour nos salariés, c’est
devenu très difficile d’acheter, ce qui
ne facilite pas les recrutements »,
déplore ainsi Yannick Wileveau,
dirigeant du cabinet d’architecture
navale Naviwatt, basé à Arzon, sur
la presqu’île de Rhuys (Morbihan).
Les obser vateurs locaux de
l’immobilier s’attendent donc à ce
que le marché fléchisse durable-
14
4
À NOTER
Cannes, Antibes et Agde sont
les communes du bord de mer
qui concentrent le plus
de ventes de logements.
ment. Récemment, une maison
située à Saint-Cast-le-Guildo, sur la
très recherchée Côte d’Émeraude,
où de belles propriétés atteignent
facilement le million d’euros, a fait
l’objet d’une négociation serrée, à
-10 %. « La moyenne de ces tracta-
tions est désormais comprise entre
–2 % et –5 %, mais parfois plus »,
observe Jérôme Lebrun, président
de la Fnaim de Bretagne et gérant
du cabinet chateaubriand immobi-
lier, qui compte 5 agences à Saint-
Malo, Dol-de-Bretagne, Combourg,
S ens- de -Bretagne et Saint-
Aubin-d’Aubigné.
Selon le responsable, ces baisses
sont notamment liées à la typologie
des acheteurs. Disposant déjà d’un
capital, ceux-ci sont moins impac-
tés que les primo-accédants par la
remontée des taux de crédit, et sont
donc en position de force dans les
négociations. Résultat : « Ils cher-
chent de plus en plus à faire baisser
les prix, d’autant que les acquéreurs
sont de plus en plus avisés grâce aux
diagnostics ou aux audits thermi-
ques. Il est donc clair que la baisse des
prix va s’accentuer dans les mois à
venir, je ne vois pas comment il pour-
rait en être autrement », estime
Jérôme Lebrun. n
 15 Les Echos Mardi 25 juillet 2023 ENTREPRISES

Le marché de la location
prix de bateaux devient plus volatil
l L’essor des réservations de dernière minute, héritage de la crise sanitaire,
donne quelques sueurs froides aux loueurs.
l Mais malgré l’inflation, ces derniers s’attendent tout de même à un bel été.

PLAISANCE

Yann Duvert

D’un côté, un loisir qui se démocra-

tise, et un été qui s’annonce une
nouvelle fois de bonne tenue. De
l’autre, une inflation dont les effets
sont désormais perceptibles, et des
changements d’usage qui interro-
gent. En France, les loueurs de
bateaux font face à une situation
inédite, alors que la haute saison
est désormais entamée.
Certes, l’envie de mettre les voiles
semble toujours aussi présente
chez les Français. La demande
pour les permis bateau reste soute-
nue, tandis que les sorties en mer
en compagnie d’un skipper ont le
vent en poupe, au point de mettre la
profession en état de tension. Mais
en parallèle, la tendance du « last
minute », héritée de la crise sani-
taire, déstabilise les professionnels.
« On assiste à une saison assez
surprenante, avec un démarrage très
mou en mai et juin. A l’entame de la
saison, on a une disponibilité anor-
male », note Laurent Calendo,
directeur général de la plateforme
SamBoat, spécialisée dans la loca-
tion de bateaux de particuliers et de
professionnels. C’est le cas des
réservations à la journée, mais
aussi – plus surprenant – des loca-
tions à la semaine. « Aujourd’hui, ça
repart très fort, mais les recherches
sont très orientées sur les prix, avec
la recherche de l’offre la moins La location de bateaux séduit toujours autant les Français. Photo iStock
chère », poursuit le dirigeant, qui
s’attend tout de même à une saison pour les occasions », selon Jérémy un peu moins sensible à l’inflation, le chiffre d’affaires a grimpé de 27 %
à peu près similaire à l’an dernier. Bismuth. Une tendance qui s’est le panier moyen d’une location sur un an.
toutefois inversée récemment, en atteignant 6.500 euros pour une Le ciel n’est pas totalement

Les villes du bord de mer Nette hausse des prix

Son concurrent Click and Boat
observe également ce redémar-
partie grâce aux rabais consentis.
« On a parfois des énormes remises,
comme une location de voilier à
semaine (et pour 6 personnes).
Globalement, le loueur français,
repris il y a deux ans par le cons-
dégagé pour autant : l’entreprise,
dont le modèle est construit sur la
vente de bateaux à des investis-
concentrent moins de rage, avec une hausse de 55 % des
réservations lors des quinze der-
–65 % », relève Laurent Calendo.
De quoi rendre ce loisir un peu
tructeur Beneteau et le fonds tchè-
que PPF, affiche une bonne santé,
seurs qui le mettent ensuite à dis-
position moyennant le versement

passoires thermiques niers jours, tout en se félicitant

La part des logements
classés F ou G au titre
du diagnostic de perfor-
mance énergétique y
atteint 14 %, à comparer à
17 % pour l’ensemble de la
France. De fortes disparités
existent entre les commu-
nes du bord de mer situées
au nord et celles au sud.
Elsa Dicharry
Alors que les stations de ski
concentrent une proportion
record de passoires énergétiques,
la part des logements énergivores
(classés F ou G au titre du DPE, le
diagnostic de performance éner-
gétique) est un peu plus faible
dans les stations balnéaires (14 %)
que dans l’ensemble du pays (un
peu plus de 17 %).
En outre, la part des logements
les mieux étiquetés (A, B ou C) est
plus importante dans ces com-
munes du bord de mer (33 %) que
dans la France entière (28 %),
indique une étude de la Fédéra-
tion nationale de l’immobilier
(Fnaim). Ce qui fait que la qualité
énergétique globale du parc
immobilier résidentiel y est
meilleure.
Impact de la météo
Cette vue d’ensemble masque
cependant de fortes disparités
selon les régions.
Alors que le nombre de passoi-
res thermiques est faible dans les
stations balnéaires d’Occitanie
(7 %), de Corse (8 %) et de Proven-
ce-Alpes-Côte d’Azur (9 %), il
grimpe en flèche plus on monte
vers le nord. Il atteint ainsi 26 %
dans les Hauts-de-France, 24 % en
Normandie, 22 % dans les Pays de
la Loire et 21 % en Bretagne. Il est à
16 % en Nouvelle-Aquitaine.
Peu d’effet lié
au bâti
« La méthode de calcul du DPE
prend en compte la consommation
d’énergie primaire. Et évidem-
ment, on utilise davantage le chauf-
fage dans des territoires plus expo-
sés à des températures plus
faibles », explique Loïc Cantin, le
président de la Fnaim. C’est pour
lui l’explication principale,
davantage que des différences
liées au bâti et à son âge – comme
cela peut être le cas à Paris ou
dans la Creuse ou le Cantal.
Certains départements litto-
raux peuvent cependant pâtir du
manque de travaux réalisés dans
leur habitat. En Bretagne, par
exemple, les vieilles maisons en
pierre pourraient sembler pré-
senter une bonne isolation. Mais
« ces bâtisses n’ont pas forcément
connu les rénovations nécessaires :
changement de fenêtres toujours
en simple vitrage, modification du
système de chauffage encore au
fioul… » note-t-il.
La problématique est diffé-
rente dans les stations de ski qui
cumulent 38 % de logements clas-
sés F ou G. Et encore 38 % de E.
Celles-ci subissent l’impact néga-
tif de la météo et de l’altitude.
Mais elles pâtissent aussi de la
construction massive d’immeu-
bles, dans les années 1960 et 1970,
aujourd’hui vieillissants. Et dont
les propriétaires – qui n’y habitent
souvent pas – rechignent à inves-
tir pour réaliser des travaux. n
d’une progression globale de 35 %
de son chiffre d’affaires par rapport
à 2022.
« Cela veut dire que l’on gagne des
parts de marché », se félicite son
cofondateur Jérémy Bismuth, sur-
pris lui aussi de la part grandis-
sante du « last minute » dans le sec-
teur. « Le 1er juillet 2022, tout était
quasiment plein, un an plus tard,
près de 40 % des bateaux étaient
encore disponibles », illustre-t-il.
Comment l’expliquer ? Outre les
incertitudes liées à la météo, c’est la
recherche de la bonne affaire, dans
un contexte de pression sur le pou-
voir d’achat, qui semble tenir la
corde. D’autant que les tarifs ont de
nouveau connu une hausse d’une
année à l’autre, « d’environ 20 %
pour les bateaux neufs, et de 10 à 12 %
La propulsion électrique commence à marquer
des points dans le nautisme français
La demande augmente
fortement pour les bateaux
propulsés grâce à l’électri-
que. Et si l’offre n’est pas
encore significative,
la situation pourrait
bien évoluer.
Pas de pollution, ni même d’odeur,
le tout dans un silence quasi
absolu. Sur le papier, les bateaux
de plaisance équipés d’un moteur
électrique ont de sérieux argu-
ments pour se faire une place au
soleil, d’autant que la demande
est forte.
« Le marché frétille », observe
Olivier Meynard, directeur adjoint
de Boating Solutions, qui regroupe
les activités de service de Bene-
plus accessible : en moyenne, les
t a r i f s s’é l è ve n t d é s o r m a i s à
56 euros par personne pour une
location à la journée, et « de 400 à
450 euros » pour une location à la
semaine, estime le dirigeant.
Le coût des bateaux
pèse sur la location
Sur le segment haut de gamme, la
situation est un peu différente,
même si le « last minute » a aussi
provoqué un démarrage tardif des
réservations. « C’est plus stressant,
mais globalement l’été se présente
bien », résume Loïc Bonnet, patron
de Dream Yacht, l’un des leaders
mondiaux de location de voiliers.
Le groupe, qui propose unique-
ment des locations longue durée,
peut en effet compter sur une clien-
tèle « plus récurrente ». Et peut-être
teau. « Nous avons déjà quelques
bateaux qui se remplissent très bien,
avec d’excellents retours clients.
Notre objectif et d’avoir un, deux ou
trois bateaux électriques dans cha-
cune de nos bases », poursuit le
dirigeant.
Un tiers de la flotte
dans cinq ans
Du côté du loueur de voiliers
Dream Yacht, on constate égale-
ment « un très fort intérêt, à la vente
comme à la location, indique son
fondateur Loïc Bonnet. Pour l’ins-
tant, le prix reste un frein, même si
notre groupe prend en charge envi-
ron un tiers du surcoût ». Compter
par exemple 12 % de plus pour
l’Aura 51, catamaran de 15 mètres
notamment grâce à ses bateaux
équipés de plusieurs cabines, dont
« Le 1er juillet 2022,
tout était
quasiment plein,
un an plus tard,
près de 40 %
des bateaux
étaient encore
disponibles. »
JÉRÉMY BISMUTH
Cofondateur
de Click and Boat
construit par Fountaine Pajot,
dont l’autonomie permet de navi-
guer pendant un week-end sans
avoir recours au thermique. Ou
encore 16 % pour l’Elba 45, modèle
de luxe du même fabricant.
Ce facteur prix pourrait freiner
le développ ement de l’offre,
réduite pour l’instant à la portion
congrue. Pourtant, « la demande
est en hausse, sur tous les types de
bateaux, y compris pour les Jetski »,
remarque Laurent Calendo,
patron de la plateforme SamBoat.
« Sur 50.000 bateaux disponibles à
la location en ligne, une centaine
seulement sont électriques. Mais on
observe une hausse de 238 % des
recherches sur un an », confirme
Jérémy Bismuth, cofondateur de
d’un loyer, fait face à un double pro-
blème. D’un côté, l’augmentation
du coût des bateaux – de 40 % à 50 %
depuis 2019 – sous l’effet de l’infla-
tion mais aussi des difficultés
d’approvisionnement. De l’autre, la
hausse des taux d’intérêt, qui rend
l’opération plus difficile pour
l’acheteur.
En conséquence, « le marché s’est
fortement ralenti », soupire Loïc
Bonnet. « Et nous sommes une
entreprise de tourisme, qui est un
secteur très concurrentiel. On ne
peut pas répercuter totalement ces
coûts supplémentaires sur nos
prix ». La situation est-elle suscep-
tible de s’aggraver ? La publica-
tion prochaine du catalogue des
constructeurs de bateaux, et leurs
nouveaux tarifs, devraient appor-
ter des éléments de réponse. n
son concurrent Click and Boat.
En fonction du rythme de produc-
tion des constructeurs, le bateau
électrique pourrait donc vite bous-
culer l’ordre établi.
Le facteur prix
pourrait freiner
le développement
de l’offre, réduite
pour l’instant à la
portion congrue.
« C’est le tout début, mais cela
pourrait concerner un tiers de la
flotte dans cinq ans », estime ainsi le
dirigeant. — Y. D.
ENTREPRISES Mardi 25 juillet 2023 Les Echos 16

Adidas voit le bout

du tunnel pour
Paris 2024 : LVMH rejoint
les sneakers Yeezy la famille des Jeux Olympiques
tation de ses résultats semes-
SPORT triels, le 3 août, peut souffler.
Cette première opération
La marque de sport post-rupture va permettre à la
allemande aurait marque de rentrer en partie
reçu 500 millions dans ses frais et de diminuer la
d’euros de comman- facture du divorce. En plus des
des lors d’une vente ventes perdues, elle prévoyait
des chaussures des coûts supplémentaires de
Yeezy, la première 500 millions si elle devait rayer
depuis son divorce complètement ses stocks des
avec Kanye West. comptes. Elle n’a pas précisé
quel montant sera reversé aux
organisations caritatives.
Adidas devra, toutefois, ver-
Pierre Demoux ser des royalties à Kanye West et
utiliser cette cagnotte pour cou-
Neuf mois après son acrimo- vrir les frais de réorganisation
nieux divorce avec Kanye West, engendrés par la fin du partena-
Adidas peut commencer à tour- riat (environ 200 millions), sans
ner la page. La marque de sport compter la menace d’un procès

Pascal Rossignold/Reuters
allemande a vendu, fin mai, une de certains actionnaires, qui
partie de ses stocks de chaussu- l’accusent de ne pas avoir coupé
res Yeezy qu’elle avait retirés des les liens avec le designer plus tôt.
rayons après avoir rompu avec
le sulfureux créateur, en octo-
bre 2022. Lassé des écarts de L’engouement
conduite et déclarations antisé- existe toujours
mites du designer-musicien Tony Estanguet, président du Comité d’organisation de Paris 2024, durant la conférence de presse annonçant le partenariat de LVMH.
américain, Adidas avait mis fin
pour les Yeezy, qui
à une lucrative collaboration avaient rapporté la France. On ne pouvait pas ne pas Sephora sera quant à elle parte- une première pour LVMH, qui est
qui durait depuis sept ans, mais 1,7 milliard LUXE être partenaires. » naire du relais de la flamme, qui tra- déjà présent dans le sport, mais à tra-
sans savoir que faire des mil- en seulement Si les échanges ont duré, les deux versera le pays avant les Jeux, avec vers ses différentes marques et pas
lions de produits déjà fabriqués. En devenant un parte- parties avaient bien l’intention de un passage sur plusieurs sites du en tant que groupe.
Plusieurs mois de réflexions dix mois en 2022. naire majeur des JO, s’associer pour cet événement pla- groupe, dont la Fondation Louis Le montant du contrat, essentiel-
plus tard, l’équipementier avait une première pour lui, nétaire. « Nous n’avons pas l’habi- Vuitton mi-juillet 2024. lement en numéraire, n’a pas été
indiqué, en mai dernier, vouloir « A court terme, c’est un signal le numéro un mondial tude de signer un chèque sans regar- dévoilé, mais pourrait approcher les
écouler ces stocks plutôt que positif car il y avait une crainte du secteur du luxe der ce qui se passe derrière. C’est un
C’est la première fois 150 millions d’euros. Cette signature
détruire une montagne de bas- que les consommateurs se entend mettre montant significatif, mais ce n’est pas représente en tout cas une véritable
kets d’une valeur de 1,2 milliard détournent de la marque après le plusieurs de ses cela qui a fait durer les négociations. qu’un joailler, bouffée d’air pour le Comité d’orga-
d’euros. Mais en assurant scandale », estime Cédric Rossi, marques en valeur. Nous voulions prendre le temps de la maison Chaumet, nisation de Paris 2024, désormais
qu’une partie des profits sera analyste chez Bryan Garnier. véritablement apporter quelque dessinera quasiment assuré d’obtenir le
reversée à des associations lut- « Mais cela rappelle douloureuse- chose sur la créativité à ces Jeux 1,2 milliard d’euros de financements
tant contre le racisme et l’anti- ment l’importance qu’avait la Olympiques et Paralympiques », les médailles de la part de ses partenaires privés.
sémitisme. Restait à savoir franchise Yeezy, surtout aux Yann Duvert assure le dirigeant. olympiques. En tant que partenaire premium,
quelle serait la réaction des Etats-Unis, où Adidas peine à et Virginie Jacoberger LVMH vient ainsi rejoindre Orange,
clients devant ces chaussures trouver de nouveaux relais de Les maisons à l’honneur Le rôle des principales marques EDF, Sanofi, BPCE et Carrefour.
éclaboussées de polémique. croissance. » Plusieurs mois de discussions LVMH entend se différencier des de mode – Louis Vuitton, Christian A un an de l’événement, la date de
En début d’année, le deuxi- auront été nécessaires pour trouver autres partenaires majeurs en fai- Dior et Berluti – associées à l’événe- l’annonce de ce contrat a été choisie
Actualiser les prévisions ème équipementier sportif un terrain d’entente, mais le résul- sant valoir le « savoir-faire français » ment devrait être précisé prochaine- avec soin. Avec une petite dose de
La réponse est tombée : l’en- mondial s’attendait à voir ses tat est là : LVMH sera bien parte- de ses maisons et à travers « l’artisa- ment. Il semble probable que la délé- chance, puisque Léon Marchand,
gouement existe toujours pour ventes 2023 finir dans le rouge, naire premium des Jeux Olympi- nat de leurs métiers ». Plusieurs gation française soit, par exemple, grand espoir de la natation française
les Yeezy, qui avaient rapporté une première depuis trente et ques de Paris 2024. Le numéro un marques seront mises à contribu- habillée par l’une des marques de qui entrera dans « la famille LVMH »
1,7 milliard en seulement dix un ans. Issu en janvier du rival mondial du luxe (propriétaire des tion. C’est la première fois qu’un prêt-à-porter de LVMH, pendant les dans le cadre des Jeux, avait la veille
mois en 2022 (soit 7,5 % de son Puma pour redresser la barre, « Echos »), l’a officialisé ce lundi. joaillier, la maison Chaumet, dessi- cérémonies d’ouverture et de clô- battu le record du monde du 400 m
chiffre d’affaires annuel). Bjorn Gulden, le nouveau PDG, « On se doit de rendre à la France nera les médailles olympiques et ture. Alors que Louis Vuitton a fabri- quatre nages, détenu jusqu’alors par
D’après le « Financial Times », le devrait annoncer aux investis- une partie des succès auxquels elle a paralympiques fabriquées par la qué la malle qui transportera le tro- la légende Michael Phelps. Le
site d’Adidas aurait reçu l’équi- seurs que l’impact sera (un peu) contribué, explique Antoine Monnaie de Paris. En raison de la loi phée de la Coupe du monde de groupe de luxe entend soutenir cinq
valent de 508 millions d’euros moins lourd que prévu. « Il Arnault, responsable de l’image de Evin, Moët Hennessy (vins & spiri- rugby, une initiative similaire est autres champions français se prépa-
de commandes en quelques serait logique que le groupe révise LVMH et PDG de Berluti. Les Jeux tueux) sera « moins visible » mais envisagée – par exemple pour les rant pour ces Jeux dans plusieurs
jours, dépassant les attentes les à la hausse ses estimations de sont à Paris, et LVMH est l’image de livrera les espaces d’hospitalité. médailles. Ce grand partenariat est domaines, dont la gymnastique. n
plus optimistes du groupe. Il profits, juge Erwan Rambourg,
aurait ainsi écoulé 4 millions de chez HSBC. Même s’il ne s’est pas
paires d’une quinzaine de exprimé sur d’autres ventes de
modèles. La société, qui ne sou-
haite pas réagir avant la présen-
Yeezy, au vu de l’appétit, il aurait
tort de s’arrêter là. » n
Alstom décroche un nouveau contrat
pour 50 locomotives
à suivre FERROVIAIRE
jusqu’à 260 millions d’euros, selon le
groupe de Saint-Ouen. Au total, les
croissance soutenue. Sur le marché
mondial « accessible », donc ouvert
venir), dopé par le verdissement
des rames, le transport urbain
trois contrats simultanés représen- aux constructeurs étrangers, le (17 %), les wagons pour marchandi-
Tandis que tent à terme un montant global de potentiel est évalué à plus de ses (15 %), les locomotives (12 %) ou
Icade va procéder à une grande revue les nouveaux contrats 1,13 milliard d’euros. 220 milliards d’euros jusqu’à 2025- encore les tramways (8 %), selon ces
de son parc de bureaux de TGV à l’export sont Les locomotives en question ne 2026, avec une accélération at - projections.
en veilleuse, Alstom sont pas conçues pour rouler à tendue dans les dix-huit prochains
IMMOBILIER Icade a entamé une revue de ses actifs dans se console avec grande vitesse, mais peuvent tirer mois, sous l’effet de différents La bataille
l’immobilier de bureaux afin de céder ou transformer ceux les segments des des charges lourdes, avant tout du plans de soutien, selon une source de la maintenance
devenus obsolètes, a indiqué à l’AFP son directeur général, locomotives, métros, fret mais aussi des trains de passa- industrielle. Mais à côté de ces matériels histori-
Nicolas Joly. « On a fait un travail de fond sur la revue de nos actifs ceux de signalisation gers. Notamment des trains de nuit, Les ventes de matériel roulant ques, les grands constructeurs
bureaux. » « A peu près les trois quarts de nos actifs bureaux sont ou de maintenance. un segment qui se réveille et sur les- devraient enregistrer une crois- s’affrontent également sur deux
adaptés pour répondre aux questions de centralité, de flexibilité et quels le matériel disponible est rare. sance annuelle moyenne de 2,8 % autres grands types de fournitures,
environnementales », dit-il, le reste étant divisé entre bureaux l’an d’ici à la période 2025-2027, soit plus porteur en termes de crois-
situés dans des territoires « en suroffre » et bureaux obsolètes Marché mondial un marché attendu à 44 milliards sance des revenus et de marge : les
que le groupe songe à céder ou reconvertir. Icade compte sur Denis Fainsilber en croissance d’euros par an, selon les estimations services au sens large auprès des
son activité dans la promotion immobilière pour faciliter ces Après quelques péchés de jeunesse, de l’Unife (Union des industries fer- opérateurs (maintenance, fourni-
transformations. L’annonce du prochain plan stratégique du Dans le portefeuille de produits face au grand rival, la famille Vec- roviaires européennes) relayées par ture de pièces, analyse des cycles de
groupe interviendra « entre fin 2023 et début 2024 ». d’Alstom, les locomotives ont le tron de Siemens, les Traxx Univer- Alstom. vie, solutions digitales, etc.) repré-
vent en poupe actuellement. Quel- sal sont devenues « multisystè- Cette famille recouvre beaucoup sentent un marché total de 37 mil-
ques jours après avoir signé un mes », pouvant ainsi franchir les de segments différents, dont les liards d’euros par an. Autre activité
Les ventes de Beneteau s’envolent contrat portant sur 100 locomotives frontières européennes et rouler trains régionaux (31 % du total à porteuse, la signalisation et les sys-
Traxx Universal (dont une tranche sur plusieurs réseaux, avec leurs tèmes associés vont peser pour
INDUSTRIE NAUTIQUE La situation commerciale est solide à ferme de 65 unités) avec le loueur de particularismes en matière de 15 milliards l’an, soit une croissance
Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée, au siège de Beneteau. Le matériel ferroviaire Akiem, et un signalisation. Alstom peut au pas- moyenne annuelle de 4 % d’ici
champion français de l’industrie nautique a vu son chiffre
d’affaires bondir de 44 % au premier semestre, les ventes attei-
gnant 1,03 milliard d’euros, portées par la forte dynamique de la
division bateau. «Cette performance est le résultat de la stratégie
autre contrat avec un autre loueur,
Northrail, pour livrer 50 locomoti-
ves de la même famille, le numéro
deux mondial du ferroviaire con-
sage se réjouir du rachat de Bom-
bardier Transport, puisque les
Traxx sont héritées du portefeuille
du constructeur canadien et seront
2,8 %
PAR AN
à 2027, toujours selon l’Unife, Als-
tom visant pour sa part un double-
ment de cette tendance.
Enfin, le ferroviaire est plus que
de croissance en valeur de la division Bateau et de l’amélioration clut cette fois avec Railpool, un toutes assemblées dans son ex- C’est la croissance moyenne jamais une industrie de temps long :
des conditions d’approvisionnement», indique le groupe familial, autre acteur basé à Munich. usine de Kassel, en Allemagne. que devraient enregister les le constructeur français se félicite
qui a fortement augmenté ses prix de vente. Beneteau a relevé Ce dernier, également loueur Ces contrats en rafale montrent ventes de matériel roulant d’ici d’avoir dans ses carnets plus de
ses objectifs financiers pour l’année en cours et vise une marge dans plusieurs pays européens, va la vitalité de ce segment particulier à la période 2025-2027, soit un 50 contrats signés pour plus de
opérationnelle courante de 11,5%, contre 11% précédemment, et acquérir à son tour 50 Traxx Univer- des machines de traction, dans un marché attendu à 44 milliards vingt ans, un gage de visibilité pour
un revenu opérationnel courant supérieur à 200 millions. sal, selon un contrat pouvant aller marché ferroviaire lui-même en d’euros annuels. les années qui viennent. n
17 Les Echos Mardi 25 juillet 2023 ENTREPRISES

Stellantis projette
une deuxième
usine de batteries
aux Etats-Unis
AUTOMOBILE
Une première
gigafactory doit
déjà ouvrir dans
l’Indiana en 2025.
Guillaume Guichard,
avec Reuters
Stellantis poursuit la sécurisa-
tion du maillon le plus impor-
tant de ses futures voitures élec-
triques, la batterie. Le
constructeur automobile fran-
co-italien et le fabricant de batte-
ries sud-coréen Samsung SDI
ont annoncé lundi un projet de
gigafactory aux Etats-Unis. Le
site devrait commencer sa pro-
duction en 2027, avec une capa-
cité de 34 gigawattheures
(GWh). C’est le deuxième projet
d’usine du duo outre-Atlantique.
Pour l’heure, aucun détail n’a
été donné concernant le lieu
d’implantation de ce projet de
coentreprise, ni sur le montant
des investissements dédiés et le
nombre d’employés. La tran-
saction n’a par ailleurs pas
encore été finalisée.
Un « objectif ambitieux »
« Cette nouvelle usine contri-
buera à atteindre notre objectif
ambitieux de proposer au moins
25 nouveaux modèles électriques
sur le marché nord-américain
d’ici à la fin de la décennie », a
déclaré Carlos Tavares, direc-
teur général de Stellantis, cité
dans un communiqué.
Cette gigafactory sera la
deuxième de Stellantis aux
Etats-Unis mais sa sixième à
l’échelle mondiale. Le construc-
teur compte trois projets en
Europe, via sa coentreprise
avec TotalEnergies et Merce-
des-Benz, baptisée « ACC ». Ce
trio d’usines devrait être en
mesure de produire à terme
pour 120 GWh de batteries à
horizon 2030.
En Amérique du Nord, Stel-
lantis construit déjà une usine
avec Samsung SDI. Elle ouvrira
en 2025 à Kokomo, dans
l’Indiana, avec une capacité de
production initiale de 23 GWh,
et 33 GWh à terme. Les deux
groupes ont investi plus de
2,5 milliards de dollars dans ce
premier projet, un montant qui
sera porté à 3,1 milliards. Ce pre-
mier site devrait employer
quelque 1.400 personnes.
Stellantis mène un autre pro-
jet au Canada, cette fois-ci avec
LG. Ce site doit ouvrir en 2024 et
employer 2.500 personnes
pour une capacité de 45 GWh
de production. Au total, avec la
nouvelle usine annoncée lundi,
le constructeur disposera d’une
capacité de production outre-
Atlantique de 112 GWh à la fin
de la décennie. Malgré le puis-
sant système de subvention
américain en faveur des éner-
gies décarbonées, l’IRA, le
groupe a équilibré ses investis-
sements en matière de batteries
entre les deux continents. Les
projets de gigafactories sem-
blent en effet plus directement
corrélés aux volumes de ventes
futurs des véhicules électriques
sur les deux continents.
5 millions de véhicules
électriques
Les six sites de production en
Europe et en Amérique du Nord
ne suffiront pas pour équiper
toutes les voitures électriques
que le constructeur ambitionne
de vendre à cet horizon. Stellan-
tis, qui exploite notamment les
marques Peugeot, Jeep, Citroën,
Opel, Alfa Romeo, compte met-
tre sur le marché 100 % de voi-
tures neuves électriques en
Europe d’ici à 2030 et 50 %
de ses voitures et pick-up côté
américain.
Cela représente 5 millions de
véhicules électriques, qui néces-
siteront pas moins de 400 GWh
de batteries, précise le groupe
dans son communiqué. Il n’en
produira donc en coentreprise
qu’une grosse moitié, malgré les
lourds moyens investis. En 2021,
le constructeur avait annoncé
qu’il prévoyait d’injecter pas
moins de 35 milliards de dollars
dans la production de véhicules
électriques et logiciels d’ici à Les Quinconces (Village des Athlètes),
2025. Il vise la neutralité car- Saint-Ouen-sur-Seine
bone en 2038. n ©Ailleurs Studio

à suivre
Andrew McCaren/LNP/Sipa

Les prix élevés des billets propulsent

les bénéfices de Ryanair
AÉRIEN La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a profité à
plein au trimestre dernier de l’augmentation du prix des billets
et de conditions favorables au voyage des Britanniques avec, par
exemple, un jour férié supplémentaire accordé en mai pour le
couronnement du roi Charles III. Résultat : elle a annoncé lundi
un bénéfice net multiplié par près de quatre pour son premier
trimestre décalé, à 663 millions d’euros. Le trafic de passagers a
grimpé de 11 % sur un an, à 50,4 millions sur le trimestre. Ses
tarifs par personne sont en progression de 27 % sur un an, con-
tre 23 % de hausse de ses coûts d’exploitation. Ryanair s’attend
néanmoins à ce que l’élasticité prix ait atteint son sommet et que
la croissance de la demande freine à 9 %, moins que prévu. La
compagnie va pâtir aussi des retards de livraison de Boeing.

HIGH-TECH&MEDIAS
David Guetta rejoint les artistes les
plus écoutés dans le monde sur Spotify
l Le DJ français a réussi à se faire une
place au panthéon des artistes compta-
bilisant le plus d’auditeurs mensuels
sur la plateforme de streaming.
l Début juillet, il a même atteint
la quatrième place, une première
pour un artiste français.
MUSIQUE
Juliette Soulignac
Sia, Justin Bieber ou Bruno Mars,
tous s’arrachent une collaboration
avec le DJ le plus en vogue dans le
monde. Avec près de 74 millions
d’auditeurs mensuels, David Guetta
est devenu l’un des artistes les plus
streamés sur Spotify. Début juillet,
il a même atteint la 4e place. Une
première pour un artiste français.
Il est depuis redescendu à la
6e place, le classement étant établi
sur les écoutes des 28 derniers jours.
Devant lui, The Weeknd, sur la pre-
mière marche du podium, compta-
bilise 107 millions d’auditeurs, suivi
par Taylor Swift (98 millions), Ed
Sheeran (80 millions), le rappeur
portoricain Bad Bunny (77 millions)
et Rihanna (presque 75 millions).
Un record d’écoutes
grâce à deux hits
Pour le Français de 55 ans, c’est
un record d’écoutes grâce à ses
deux hits, « Baby Don’t Hurt Me »,
sorti en avril, mais surtout la chan-
son « I’m Good (Blue) ». Produite
« Le modèle de l’économie de la musique est défaillant »
Propos recueillis
par Stéphane Loignon
et Nicolas Madelaine
rès critique, à l’instar des
T majors, envers le modèle de
rémunération des ayants
droit par les services tels Deezer ou
Spotify, le spécialiste des médias à
Mines Paris Olivier Bomsel propose
de le revisiter complètement pour
rémunérer la « valeur de marque »
des artistes et des grands labels.
Quel problème pose selon vous
le modèle actuel de rémunéra-
tion de la musique par les
plateformes de streaming ?
Aujourd’hui, les producteurs puis-
sants, dont les catalogues sont indis-
pensables aux plateformes pour
acquérir des abonnés, ont des taux
de commission plus élevés que ceux
dont les catalogues, souvent plus
abondants en nombre de titres,
comptent moins d’artistes et de
titres célèbres. Résultat, les plate-
formes mettent en avant, par le biais
de leurs playlists, les produits à plus
forte marge pour elles. C’est comme
si un supermarché construisait ses
linéaires en utilisant les marques
renommées pour attirer les clients,
mais mettait en avant dans ses
rayons les marques de distributeurs
où sa commission est plus grande.
Dans la grande distribution, les
marques qui s’estiment ainsi parasi-
tées refusent de fournir les quanti-
tés demandées. Elles exigent des
contextes de vente favorables ou la
commercialisation de volumes suf-
fisants. Dans le modèle de Spotify, il
n’y a aucune restriction. La plate-
forme maîtrise complètement
la contextualisation du produit.
Les titres des majors ou d’artistes
connus peuvent être dilués au
milieu de titres à plus forte marge
pour la plateforme.
avec la chanteuse Bebe Rexha, elle
est le second titre de l’artiste fran-
çais, avec « Titanium », à cumuler
plus de 1 milliard d’écoutes. David
Guetta se classe donc comme l’uni-
que Français à avoir deux titres avec
plus de 1 milliard d’écoutes.
La majorité des auditeurs ne pro-
viennent pourtant pas de la France.
Le DJ cartonne aux Etats-Unis, pre-
mière base d’auditeurs, suivis par
l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Les Français arrivent à la 6e place,
derrière le Mexique et le Brésil.
Depuis la sortie de
son 1er album en 2002,
David Guetta n’a
cessé de se construire
une renommée.
Même constat sur YouTube : sur
la plateforme de Google, les Etats-
Unis restent en tête, suivis cette fois
par la France avec respectivement
17,7 et 11,2 millions d’auditeurs sur
les 28 derniers jours. Sur le service
français Deezer, David Guetta se
positionne en 13e place des artistes
les plus écoutés dans le monde
Les majors, pourtant, affichent
de bons résultats financiers…
Par rapport à ce qu’elles avaient
au moment du CD en monnaie
constante et à ce qu’elles pourraient
avoir en soutenant davantage de
nouvelles marques, le système
actuel détruit de la valeur. Il permet
certes à de nouveaux consomma-
teurs d’accéder à des services de
musique. Mais dans le même
temps, il détruit la valeur de mar-
que associée à la renommée de
chaque artiste, album et titre. Le
prix du service diminue, puisqu’il
ne suit pas l’inflation, et les mon-
tants reversés aux artistes n’aug-
mentent pas. Les parts de marché
des maisons de disques baissent.
Les artistes sont de plus en plus
concurrencés par des « no name »,
des « John Doe », voire de la musi-
que fabriquée automatiquement.
Le jeu des plateformes consiste à
dire qu’il n’y a que des gagnants :
plus on a de consommateurs, plus
les montants reversés s’accroissent.
Mais on parle d’un modèle beau-
coup plus pauvre que celui du dis-
que. Au bout du compte, les artistes
sont perdants. Ce modèle comporte
une grosse imperfection de marché,
les distributeurs pouvant parasiter
les catalogues de marques pour atti-
rer de nouveaux consommateurs.
Des centaines de milliers de nou-
veaux titres apparaissent chaque
jour, diluant la part relative des
marques renommées. Il n’y a pas
une industrie au monde où cela
se passe comme ça.
« Les artistes sont
de plus en plus
concurrencés par
des “no name”. »
Le DJ français cartonne aux Etats-Unis, sa première base d’auditeurs. Photo West Ian/Pa Wire/Abaca
en 2022, loin derrière Jul, Ninho
et The Weeknd qui raflent les
trois premières places.
Depuis la sortie de son 1er album
en 2002, David Guetta n’a cessé de se
construire une renommée. « Aupa-
ravant, il était davantage dans le
OLIVIER BOMSEL
Directeur de la
Chaire d’économie
des médias
à Mines Paris - PSL
Si elle n’est pas satisfaite,
pourquoi une major comme
Universal n’ouvre-t-elle
pas sa plateforme, comme
pour les films et séries ?
Elle ne peut pas, parce que la force
des services de streaming musi-
caux, c’est d’avoir tous les catalogues
à disposition du public – contrai-
rement au streaming vidéo où,
après Netflix, chaque studio a
voulu construire son modèle exclu-
sif (Disney+, Paramount +, HBO
Max…). La musique a été massive-
ment piratée lors du déploiement
d’Internet. Il a fallu d’abord restau-
rer une excluabilité [empêcher sa
consommation gratuite, NDLR] par
un système technique, comme le
raconte la série « The Playlist » sur
la création de Spotify.
N’empêche qu’en restaurant le
copyright, en passant des contrats
de licence avec les ayants droit pour
valoriser les streams, on a effacé la
valeur de marque associée au copy-
right de chaque titre. Aujourd’hui,
ce modèle basé sur la distribution
indifférenciée des streams rému-
nère très mal les ayants droit, qui
sont obligés de se reporter sur
d’autres sources de revenu, comme
le live. Les investissements de mar-
keting, de construction de marque
ou de structuration de catalogue ne
sont pas rémunérés.
Quel modèle proposez-vous ?
L’idée de base est de vendre les mar-
ques séparément de la consomma-
tion. Ces services de streaming
DR
musical paieraient un fixe aux pro-
genre de la “dancefloor”. La bascule
vers la pop rythmique s’est faite
en 2009 avec les Black Eyed Peas et
“I Gotta Feeling” », analyse Nicolas
du Roy, directeur éditorial de Spo-
tify France. Ses collaborations lui
permettent de toucher un public
ducteurs, pouvant varier entre 0 et
100 % du revenu actuellement
accordé à ce dernier.
S’il possède un catalogue très
puissant, le producteur doit pouvoir
exiger que la plateforme paie pres-
que 100 % de ses revenus sur la mise
à disposition de son catalogue. Puis
il pourrait choisir d’abaisser forte-
ment ses taux de commission sur
les titres, pour que la plateforme ait
plus intérêt à vendre ses streams
que ceux des « no name ».
Si le détenteur d’un gros catalo-
gue demande un frais fixe de 80 %
du montant qu’il reçoit aujourd’hui
en variable, et passe son variable à
20 %, cela diviserait par cinq son
taux de commission par rapport à
aujourd’hui. L’étape suivante sera
l’ouverture d’une concurrence des
taux de commission, qui devrait
mécaniquement les tirer vers zéro.
Les détenteurs de catalogues ven-
dront alors principalement leurs
marques et ne toucheront des
revenus variables qu’à la marge.
Il faut construire une nouvelle
économie de la distribution qui
valorise les marques.
« La présentation
“algorithmée”
de la musique à l’ère
des plateformes
affadit l’émotion. »
Mardi 25 juillet 2023 Les Echos
plus large et à l’international. « Son
côté producteur fait qu’il a su repérer
des artistes en devenir, comme Sia
en 2011, avant qu’elle ne devienne une
chanteuse mondialement connue »,
ajoute Nicolas du Roy. David Guetta
touche un large public également
Vous proposez aussi
de rémunérer différemment
selon que l’écoute est poussée
par une playlist ou bien le fruit
d’une recherche de l’usager.
Pourquoi ?
L’idée est de donner la main au
consommateur afin qu’il puisse
construire lui-même son contexte
d’écoute en fonction des artistes
qu’il a envie d’entendre, des titres
ou des albums qu’il voudrait voir
dans sa playlist. Les producteurs ont
tout intérêt à donner à la plateforme
une incitation à ce que le consom-
mateur consomme en « pull » (à la
demande) plutôt qu’en « push »
(en playlist). Elle pourrait avoir des
taux de commission plus faibles
dans le premier cas et plus forts
dans le second, pour que les plate-
formes, au lieu d’« algorithmer »
des playlists qui diluent les mar-
ques, encouragent le consomma-
teur à faire davantage de recherche
active (« lean forward ») et à glisser
des titres ou des albums dans ses
collections. Ce serait paradoxal, le
producteur gagnant moins sur ce
type d’écoute. Mais si on structure
l’expérience du consommateur vers
de la consommation de marque,
d’album, de page artiste, le produc-
teur s’y retrouvera. Il perdra à court
terme en valeur, mais gagnera en
volume et, surtout, en taux fixe.
Votre modèle implique
une hausse des prix aux
consommateurs afin que les
producteurs s’y retrouvent ?
N’est-ce pas une difficulté ?
Il y a d’abord une difficulté d’ordre
conceptuel et juridique : l’économie
des marques n’a jamais été dans la
culture industrielle de la musique.
C’est un secteur très singulier de ce
point de vue. C’est lié au fait que les
producteurs ne sont qu’usufruitiers
des marques que sont les noms
18
en termes d’âge. Ses auditeurs ont
entre 18 et 44 ans pour 70 % d’entre
eux, avec une égale répartition entre
les âges. Avec 44 certifications pour
ses albums et singles, dont sept dis-
ques de diamant, l’artiste continue
de faire danser le monde entier. n
« L’idée est
de donner la main
au consommateur
afin qu’il puisse
construire lui-
même son contexte
d’écoute en fonction
des artistes qu’il a
envie d’entendre. »
d’artistes ou de titres. Leur jouis-
sance de ces marques repose sur le
copyright des phonogrammes qui
structure les contrats. Au contraire,
l’industrie des séries et du cinéma
reconnaît la valeur des marques.
Disney a réussi à se différencier du
reste des studios car il construisait
des marques déclinées notamment
dans les parcs à thèmes et les pro-
duits dérivés.
Ceci posé, le consommateur a
longtemps été prêt à payer cher
pour écouter de la musique qu’il
aime. Quand le CD est arrivé, les
gens ont racheté leurs discothèques
dans ce format. Ensuite, ce poste du
budget a été nettoyé au profit de
l’abonnement à Internet. Le consen-
tement à payer a été détruit. On peut
évidemment le recréer. Regardez
les places de concerts de plus en plus
chères. Dans le même temps, la pré-
sentation « algorithmée » de la
musique à l’ère des plateformes
affadit l’émotion. Je suis convaincu
que si la musique était éditorialisée
de façon flatteuse sur les platefor-
mes, comme sur Qobuz, par exem-
ple, elle se vendrait mieux. Le dispo-
sitif est gagnant-gagnant. Car une
plateforme qui devient Sephora au
lieu de Lidl va y gagner. n
19 Les Echos Mardi 25 juillet 2023
Bienvenue sur « X », le nouveau
Twitter d’Elon Musk
RÉSEAUX SOCIAUX
La plateforme a changé
de nom et de logo lundi
matin, comme l’avait
annoncé le milliardaire
dimanche.
Une démarche risquée
pour Twitter alors
qu’il affronte la concur-
rence de Threads.
Raphaël Balenieri
Twitter et son célèbre petit oiseau
bleu, c’est fini. Lundi vers midi
(heure de Paris), un « X » a remplacé
le traditionnel nom et logo du
réseau social, comme l’annonçait
Elon Musk dans une série de
tweets dimanche. De quoi relancer
les spéculations sur son projet
de faire de Twitter une « super-
app » alors que la plateforme
affronte la concurrence de Threads,
le site de microblogging lancé
tout récemment par Meta dans
une centaine de pays.
La veille, Elon Musk avait déjà
créé le buzz en projetant à San
Francisco, au siège de Twitter, un
énorme « X » en blanc occupant
toute la façade du bâtiment. « Si un
logo X suffisamment bon est publié
ce soir, il sera “live” demain dans le
monde », avait tweeté Elon Musk
quelques heures avant, indiquant sa
préférence pour une lettrine de style
Art Déco. « Et bientôt, nous devrons
dire adieu à la marque Twitter et, pro-
gressivement, à tous les oiseaux »,
avait renchéri le milliardaire.
Elon Musk avait également posté
une photo de lui les bras croisés en X
et lancé un sondage demandant aux
utilisateurs si Twitter devait aban-
donner le bleu pour le noir. Environ
75 % des quelque 1,8 million de
votants ont répondu « oui ».
En rebaptisant Twitter, Elon
Musk va un cran plus loin dans sa
Les fabricants de puces américains craignent
de nouvelles restrictions vers la Chine
ÉLECTRONIQUE
Les géants américains
des semi-conducteurs
pressent l’administra-
tion Biden de « s’abste-
nir de nouvelles
restrictions » sur
les ventes à la Chine.
Les patrons d’Intel,
Qualcomm et Nvidia
ont demandé audience
aux autorités.
Leïla Marchand
La guerre technologique, déclarée
à la Chine sous la présidence
de Donald Trump, n’est pas près
de se calmer avec Joe Biden. Au
grand dam des fabricants de semi-
conducteurs américains. Pour
accroître la pression sur Pékin,
l’administration démocrate envi-
sage de nouvelles restrictions sur
les exportations de puces vers
la Chine, en visant cette fois celles
spécialisées en intelligence artifi-
cielle, rapporte le « Wall Street Jour-
nal ». Les Etats-Unis espèrent priver
l’industrie chinoise de ces compo-
sants électroniques cruciaux dans
tous les appareils, du smartphone
au système de guidage de missile.
Mais les géants américains du
secteur ne sont pas de cet avis.
Inquiets de ce nouveau tour de vis,
qui passerait par une mise à jour des
règlements publiés en octobre 2022,
Dimanche, Elon Musk avait créé le buzz en projetant à San Francisco, au siège de Twitter,
un énorme « X » en blanc occupant toute la façade du bâtiment. Photo Carlos Barria/Reuters
reprise en main, depuis le rachat à
44 milliards de dollars à l’automne
dernier. L’homme d’affaires a pro-
cédé à plusieurs changements très
polémiques, comme l’arrêt des peti-
tes encoches bleues certifiant les
comptes (devenues payantes), la
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
Twitter, les bêtises d’Elon Musk
dans « La Story », le podcast
d’actualité des « Echos ».
les dirigeants des plus grands fabri-
cants de puces aux Etats-Unis ont
demandé audience aux responsa-
bles de l’administration Biden. Lors
de réunions – en privé – à Washing-
ton le 17 juillet, Pat Gelsinger, PDG
d’Intel, Jensen Huang, PDG de
Nvidia, et Cristiano Amon, PDG de
Qualcomm ont pu parler avec le
secrétaire d’Etat, Antony Blinken, la
secrétaire au Commerce, Gina Rai-
mondo, et le directeur du Conseil de
sécurité nationale, Jake Sullivan.
Leur message, rapporte l’agence
Bloomberg, est simple : il faudrait
d’abord étudier l’impact des précé-
dentes restrictions sur les exporta-
tions vers la Chine avant d’en mettre
en place de nouvelles. Selon eux,
restreindre davantage leurs activi-
tés en Chine met en péril la politique
de relocalisation de la production
de puces sur le territoire américain
enclenchée par Joe Biden. Sans les
commandes de clients chinois, ces
nouvelles usines ne seront pas com-
pétitives, font-ils valoir.
« De 20 % à 30 % de marché
en moins »
« Actuellement, la Chine représente
25 à 30 % des exportations de semi-
conducteurs. Si j’ai 20 % ou 30 % de
marché en moins, je dois construire
moins d’usines », a déclaré récem-
ment Pat Gelsinger, lors d’un forum
sur la sécurité nationale. De même,
Qualcomm réalise plus de 60 % de
ses revenus en Chine, où il fournit
des composants aux fabricants de
smartphones tels que Xiaomi. Dans
le cas de Nvidia, le pays assure envi-
ron un cinquième de ses ventes.
limitation du nombre de tweets
s’affichant sur le « feed », ou encore
le nombre de messages pouvant
être envoyés en privé. La quasi-tota-
lité des effectifs ont également été
licenciés et la moitié des revenus
publicitaires ont été perdus.
Une multitude de services
Mais le grand projet d’Elon Musk
– faire de Twitter une « super-app »
englobant une multitude de servi-
ces, sur le modèle du chinois
WeChat – n’a pas encore eu lieu.
Dans ce contexte, le changement de
nom en « X » pourrait être le pré-
lude à des nouveautés dans ce sens.
« X représente le futur de l’interacti-
vité illimitée, centrée sur l’audio, la
vidéo, le messaging, les paiements et
la banque, a tweeté dimanche Linda
Yaccarino, la nouvelle directrice
De plus, assurent-ils, ces mesures
restrictives ne ralentissent pas
significativement les progrès chi-
nois, notamment dans le dévelop-
pement de l’IA. Jensen Huang a
même avancé que cela n’a fait que
rendre les alternatives aux puces
américaines plus populaires.
Dans une déclaration, Jake Sulli-
van, conseiller américain à la sécu-
rité nationale, a répondu qu’il était
d’accord avec les dirigeants du sec-
teur sur le fait que l’approche devait
être « small yard, high fence », c’est-
à-dire efficace mais limitée. Mais
selon lui, la politique mise en place
à ce jour correspond à cette défini-
tion, puisqu’elle cible « la techno-
logie ayant des implications sur
la sécurité nationale ». Il a laissé
entendre que d’autres restrictions
« très ciblées et très spécifiques »
pourraient suivre, mais qu’elles ne
seraient mises en œuvre qu’après
des discussions « approfondies »
avec les entreprises concernées.
Ces demandes du secteur inter-
viennent alors que TSMC, le géant
des puces taïwanais, vient de revoir
sérieusement à la baisse ses pré-
visions pour l’année et de reporter
un projet d’ouverture d’une usine
en Arizona. Ce qui suggère un
ralentissement plus important que
prévu de la demande des puces
pour smartphones et divers appa-
reils, aggravé par la détériora-
tion de l’environnement écono-
mique, en particulier en Chine.
Et, ce en dépit d’une hausse de
la demande de puces haut de
gamme pour l’intelligence artifi-
cielle, en plein essor. n
générale. Grace à l’IA, X nous connec-
tera via des moyens que nous sommes
tout juste en train d’imaginer. »
En attendant que ce projet se réa-
lise, le changement de nom risque
cependant d’aliéner la base histori-
que des utilisateurs de Twitter.
Opter pour X reviendrait à « effacer
une marque qui s’est imposée depuis
quinze ans dans notre lexique cultu-
rel, avertit Mike Proulx, directeur de
recherche chez Forrester. Il s’agit
d’une décision extrêmement risquée,
car avec X, Musk repart à zéro alors
que la concurrence se prépare. »
En face, Threads continue en effet
de séduire curieux et « déçus » de
Twitter. Une semaine après son lan-
cement le 7 juillet, l’appli avait
déjà été téléchargée 150 millions de
fois – le plus gros succès depuis
Pokémon Go en 2016. n
60 %
DES REVENUS
de Qualcomm sont réalisés
en Chine, où l’américain fournit
des composants aux fabricants
de smartphones tels que Xiaomi.
HIGH-TECH & MEDIAS
Le Tour de France
propulse
les audiences de
France Télévisions
SPORT
Passionnante sur le
plan sportif, l’édition
2023 a aussi réalisé
d’excellentes audien-
ces sur les chaînes
du groupe public.
Fabio Benedetti Valentini
La Grande Boucle fait les beaux
jours de France Télévisions. Le
duel épique remporté par le
danois Jonas Vingegaard contre
le slovène Tadej Pogacar sur les
routes du Tour a contribué à
propulser le service public à des
niveaux d’audiences stratos-
phériques. Certes, l’édition 2023
du Tour de France qui s’est ache-
vée dimanche restera assez
inoubliable sur le plan sportif :
bagarre au sommet, retour du
puy de Dôme dans le parcours,
adieux à la course de Thibaut
Pinot… Mais sur le plan des
audiences, France Télévisions,
qui diffuse l’intégralité de la
compétition en direct et en clair,
a aussi atteint un sommet.
Trois Français sur quatre ont
été en contact à un moment ou
un autre avec ses contenus
consacrés au Tour, soit 42,5 mil-
lions de téléspectateurs
(+900.000 sur un an et +330.000
par rapport au précédent record
de 2021). A 5 heures et 55 minu-
tes, la durée d’écoute moyenne
pour chaque Français est aussi à
un niveau record. Plusieurs éta-
pes ont enregistré des audiences
très élevées, y compris un pic à
8,7 millions de téléspectateurs.
Grâce au Tour, France 2 a été
la première chaîne du pays pen-
dant trois semaines de suite
en part d’audience et est à
deux doigts de dépasser TF1
sur un mois entier en juillet, du
jamais-vu ! Et l’engouement
déborde sur le Tour de France
Femmes qui a démarré diman-
che. Pour la deuxième année, le
groupe public en diffuse les éta-
pes, pendant une semaine.
Séduire les jeunes
Même si, ces derniers temps, la
direction de France Télévisions
a eu tendance à relativiser les
performances d’audiences, en
mettant l’accent plutôt sur les
objectifs de couverture et
d’impact, le succès est bien là
concernant le Tour, quel que
soit l’indicateur.
Selon Laurent-Eric Le Lay,
le directeur des sports chez
France Télévisions, plusieurs
ingrédients expliquent cet
excellent cru : il y a d’abord une
compétition passionnante de
bout en bout, un tracé bien des-
siné, le travail éditorial des équi-
pes de France Télévisions ainsi
que l’accessibilité aux équipes et
aux coureurs. L’accord de diffu-
sion liant le groupe public et
l’organisateur, ASO (proprié-
taire de « L’Equipe »), vient
d’ailleurs d’être prolongé pour
cinq ans (2026-2030). « Malgré
la fragmentation des modes de
consommation dont souffre le
média télévision, c’est en créant
l’événement que l’on est capable
de faire venir plus de monde
sur nos antennes », explique-t-il
aux « Echos ». « Pour y parvenir,
il faut beaucoup de travail édito-
rial, avec des innovations et des
efforts marketing notamment
sur les réseaux sociaux. »
France 2 est près
de dépasser TF1
sur un mois
entier en juillet.
Ainsi, France Télévisions a
permis de plonger au cœur de la
course (extraits audio entre les
équipes et leurs coureurs), grâce
à d’autres enrichissements tech-
niques (plus d’infos sur la
vitesse, la pente, les coureurs…)
très prisés des plus jeunes. Avec
4,7 millions de 15-24 ans (+10 %)
ayant suivi à un moment ou à un
autre le Tour, un certain rajeu-
nissement du public est là. Et la
compétition est aussi très suivie
par les actifs. Des audiences sans
doute bénéfiques pour la régie,
qui se refuse toutefois à com-
menter ses recettes.
Un nouveau partenariat avec
Netflix a aussi joué un rôle pour
élargir les publics, admet Lau-
rent-Eric Le Lay. Même si ses
niveaux de visionnage sont
secrets, le docu-série disponible
sur la plateforme – une copro-
duction franco-britannique en
partenariat avec France Télé-
visions et ASO – a provoqué
comme un frémissement dans
le public, derrière les écrans et
sur les bords de la route, selon les
professionnels. « Il y a de plus en
plus de jeunes qui s’intéressent au
Tour et au cyclisme, note Laurent-
Eric Le Lay. C’est là que se trou-
vent les gisements d’audience. » n

PME&REGIONS
La recette atypique de l’écomusée du Bournat
Créé il y a trente ans, le parc
de Dordogne attire plus de 130.000
visiteurs par an dans un village
reconstitué. Il entend doper la fré-
quentation en dehors des mois d’été.
Frank Niedercorn
— Correspondant à Bordeaux
endez-vous en 1900. »
R C’est la promesse du
Parc du Bournat ins-
tallé au Bugue, une pe-
tite commune du Péri-
gord noir, en Dordogne. Le site a
fêté ses 30 ans l’an dernier et entre
dans la catégorie des destina-
tions touristiques incon-
tournables de la région,
riche de son patri-
moine préhistori-
que dont Lascaux,
de ses châteaux et
de ses paysages des
bords de la Dordo-
gne et de la Vézère.
Au sein de l’associa-
tion des grands sites du
Périgord, « le Bournat » reste
pourtant singulier. « Nous sommes
le seul parc à thème de la région. Nous
n’avons pas vraiment de concurrent
sur ce créneau », analyse Pascal Sou-
riau, le président du parc.
C h a q u e j o u r d ’é t é , 2 . 0 0 0 à
3.000 personnes déambulent sur
les 7 hectares du site, pour un total
de 130.000 visiteurs chaque année.
Ils commencent par le moulin qui
produit l’huile de noix, passent par
la forge, l’atelier du bourrelier, celui
du potier, poursuivent jusqu’à l’éco-
le et la mairie en croisant le berger,
ses moutons et ses oies et une im-
pressionnante série d’engins agri-
coles tous en état de fonctionne-
ment.
Le laboratoire Théa
s’étend à la Rochelle
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
Le spécialiste
de l’ophtalmologie
construit un nouveau
site pour augmenter
sa production
de 30 %.
Françoise Sigot
— Correspondante à Lyon
En banlieue de La Rochelle, le site
de production d’inserts ophtalmi-
ques pour la cataracte arrive à sa-
turation, alors que la demande
augmente. Le laboratoire Théa,
dont le siège est à Clermont-Fer-
rand, vient de lancer la construc-
tion d’une usine près de ce site ra-
cheté en 2010 au groupe Zeiss. Un
investissement d’une dizaine de
millions d’euros pour un bâti-
ment de plus de 1.700 m2 équipé
de salles stériles.
L’usine, qui emploiera une
trentaine de salariés, devrait être
mise en service en 2026, le temps
de le construire et d’obtenir les au-
torisations de l’Agence nationale
de sécurité du médicament et des
produits de santé (ANSM). Il ser-
vira le marché national et europé-
en. « La surface de nos locaux sera
multipliée par quatre, et nous
pourrons répondre à une hausse
de la demande de 20% à 30 % », in-
dique David Adoutte, directeur
industriel, supply chain & achats
du laboratoire Théa.
Les ventes de l’insert ophtalmi-
que progressent en France et en
Dernière nouveauté : l’atelier aé-
ronautique dans lequel, sous les
yeux des visiteurs, un ébéniste
construit la réplique exacte d’un
Blériot XI qui fit son premier vol
en 1911. Dans l’atelier du sabotier,
c’est un simple film qui, cette fois,
montre la fabrication d’un sabot.
« Ce n’est pas l’idéal et c’est l’un des
seuls écrans du parc mais on ne pou-
vait avoir d’artisan car le métier
a quasiment disparu »,
souffle Pascal Souriau.
Valoriser le
patrimoine
Unique en France,
le Parc du Bournat
l’est aussi par son
histoire. Son fonda-
teur, Paul-Jean Sou-
riau, le père de Pas-
cal, fut un industriel
fortuné et grand collectionneur
d’objets du début du siècle dernier.
Ami de Sylvain Floirat, parrain de
l’industrie française et grand pro-
moteur de son Périgord natal, Paul-
Jean Souriau achète une propriété
au Bugue en 1963. « Mon père est
tombé amoureux de la région, et avec
cette passion intacte pour les savoir-
faire d’autrefois, il a continué à
amasser des milliers d’objets dans la
maison », se rappelle Pascal Sou-
riau. En 1989, l’entrepreneur cède
son entreprise à Framatome et a
alors tout le temps de se consacrer à
son grand projet : créer un écomu-
sée pour exposer sa collection et va-
loriser le patrimoine.
Europe. « Aujourd’hui, dans près
de 60% des interventions de la cata-
racte, les praticiens l’utilisent au
bloc », affirme David Adoutte. En
se fondant sur le million d’opéra-
tions de la cataracte pratiquées
chaque année en France et leur
croissance annoncée du fait du
vieillissement de la population, il
anticipe une hausse des ventes
d’un quart dans les années à venir.
Pour atteindre cette croissance, il
mise aussi sur l’international,
dont la Grande-Bretagne où le
produit affiche un taux de péné-
tration similaire au taux français.
Le laboratoire pharmaceutique
familial anticipe une croissance
de ses ventes à l’export, en premier
lieu aux Etats-Unis, où il est pré-
sent depuis trois ans grâce à l’ins-
tallation d’une filiale commerciale
et au rachat d’une société suisse
très active dans les réseaux de dis-
tribution de produits sans pres-
cription médicale, qui réalisait ou-
tre-Atlantique un chiffre d’affaires
de 40 millions de dollars. « En-
tre 2021 et 2022, nous avons aug-
menté nos ventes de 140 millions
d’euros aux Etats-Unis », note Da-
vid Adoutte. Il estime être encore
loin du potentiel offert par le mar-
ché nord-américain. Sur l’ensem-
ble du groupe, Théa compte tren-
te-cinq filiales et bureaux en
Europe, en Amérique du Nord et
du Sud, en Afrique du Nord et au
Moyen-Orient. Aujourd’hui, son
réseau regroupe plus de 1.600 em-
ployés et ses produits sont dispo-
nibles dans 75 pays. En 2022, Théa
a réalisé un chiffre d’affaires de
865 millions d’euros. Il annonce
920 millions d’euros cette année. n
SÉRIE
D’ÉTÉ LES RECETTES DES PARCS DE LOISIRS HISTORIQUES
2/5
A partir de 1990, sur un terrain to-
talement vierge du Bugue, « le Bour-
nat » (la ruche, en patois), il fait sortir
de terre un village entier, bâti pierre
par pierre avec les techniques tradi-
tionnelles. Deux ans et mille tonnes
de pierres plus tard, le Parc du Bour-
nat et sa quarantaine de bâtiments
ouvrent au public. La chapelle, le
moulin à vent et quelques autres se-
ront construits un peu plus tard.
Afin de mettre de la vie dans le mu-
sée, sont désormais proposées des
animations d’abord assurées par
des artisans à la retraite et progressi-
vement remplacés par des employés
permanents. Le succès est immé-
diat, même s’il retombe un peu au
milieu de la décennie suivante.
A la mort de Paul-Jean Souriau,
en 2010, le parc prend un virage im-
Le parc propose de découvrir comment était fabriquée l’huile de noix. Photo Timothée Lance/Parc du Bournat
Les nanosatellites de Prométhée
seront fabriqués par Hemeria
OCCITANIE
La start-up prépare
la première constella-
tion européenne de
nanosatellites d’obser-
vation de la Terre.
Les vingt astronefs
de 60 kg seront
fabriqués à Toulouse.
Laurent Marcaillou
— Correspondante à Toulouse
La start-up toulousaine Promé-
thée prépare une constellation de
vingt nanosatellites d’observation
de la Terre en orbite basse pour la
défense, l’agriculture, la pêche,
l’environnement ou l’énergie. Fon-
dée en 2020 par Olivier Piepsz, an-
cien vice-président de la direction
internationale de Safran, et Giao-
Minh Nguyen, ancien responsable
de projet d’ArianeGroup, la jeune
pousse a obtenu en 2022 une aide
de 3,5 millions d’euros du plan de
relance pour concevoir le démons-
trateur de sa constellation Japetus.
Prométhée vient de choisir l’en-
treprise Hemeria à Toulouse, qui
est l’un de ses actionnaires, pour
construire le démonstrateur et les
vingt autres astronefs, s’il obtient
les fonds. Cet équipementier du
spatial et de la défense de près de
400 salariés est devenu, avec le
soutien du Centre national d’étu-
des spatiales (CNES), le leader de la
filière française des nanosatellites
de moins de 50 kg. Il fabrique les
portant en créant une mini-ferme
avec des animaux. L’idée semble
évidente : les animaux étaient om-
niprésents dans la vie rurale péri-
gourdine et constituent un atout dé-
cisif pour attirer le jeune public.
« Mon père s’y était pourtant tou-
jours obstinément refusé. Pour lui, les
animaux c’était sale. » Les enfants,
prescripteurs incontournables
pour un parc à thème, sont conquis.
D’autant que, peu après son ouver-
ture, le parc s’était enrichi d’une fête
foraine, qui compte aujourd’hui
quinze manèges d’époque.
« Nous avions trouvé notre formu-
le magique avec les trois A : animaux,
attractions, artisans », se souvient
Pascal Souriau. Sans oublier un in-
grédient fondamental au pays du
confit et du foie gras : une offre de
Prométhée prévoit une levée de fonds de 80 à 100 millions d’euros fin 2024. Photo Prométhée-Hemeria
vingt-cinq nanosatellites de 27 kg
de la constellation Kinéis (CLS)
pour l’Internet des objets et les ba-
lises Argos. La constellation sera
lancée l’an prochain.
Imagerie hyperspectrale
Les astronefs de 60 kg de la cons-
tellation de Prométhée auront une
haute précision de pointage pour
prendre des images de très grande
qualité avec des caméras multis-
pectrales de Safran. L’intelligence
artificielle embarquée à bord amé-
liorera la réactivité du système. La
revisite (nouveau passage devant
la zone observée) des vingt nano-
satellites en orbite basse permet-
tra d’observer les zones à surveiller
toutes les 45 minutes, dix fois plus
rapidement qu’avec les systèmes
spatiaux traditionnels, et le temps
Mardi 25 juillet 2023 Les Echos
restauration de qualité et aborda-
ble. « La restauration est devenue un
déclencheur de visites et permet de gé-
nérer autant de recettes que la billet-
terie », précise Laurent Bernat, le di-
recteur d’exploitation. Le troisième
tiers des revenus est lié aux ventes
en boutique et aux prestations an-
nexes.
L’ambition est désormais de faire
progresser les recettes d’un parc qui
génère un chiffre d’affaires d’envi-
ron 3,5 millions d’euros mais par-
vient seulement à équilibrer ses
comptes. Il ne peut guère être ques-
tion de jouer sur la masse salariale.
Avec une centaine de personnes
présentes sur le parc, elle pèse lourd
mais constitue aussi la recette du
succès avec une atmosphère convi-
viale et accueillante. L’autre option
d’échange avec le sol sera ramené à
15 minutes. « Nous apporterons des
données quasiment en temps réel
alors que les militaires attendent
quatre jours avec les satellites ac-
tuels, affirme Olivier Piepsz, prési-
dent de Prométhée. Notre système
permettra aussi de mieux surveiller
les incendies de forêt. »
Pour valider la technologie, Pro-
méthée lancera en octobre le na-
nosatellite Protométhée de 27 kg,
fabriqué par la société lituanienne
NanoAvionics avec un capteur
multispectral puis, à la fin 2024,
l’astronef Hyperméthée de 17 kg,
équipé d’un capteur hyperspectral
qui détermine la matière. Le dé-
monstrateur de Japetus suivra
en 2025.
Pour ces trois premiers astro-
nefs, Prométhée doit boucler cet
20
est donc de développer l’activité. Si
le parc fait le plein l’été, la fréquenta-
tion est faible sur les ailes de saison.
Le parc, qui avait racheté le cam-
ping il y a trois ans, vient de racheter
une base de canoë-kayak toute pro-
che. L’objectif est d’accueillir des
groupes mais surtout de dévelop-
per une offre destinée aux entrepri-
ses à base de randonnées à vélo, à
pied, ou sur l’eau qui complète celle
liée au parc. « Nous avons déjà beau-
coup de demande et cela va compléter
notre offre. L’objectif n’est pas de dé-
velopper le chiffre d’affaires, mais
plutôt d’améliorer la rentabilité »,
explique Pascal Souriau.
Demain Les batailles
de Rocher Mistral
été un financement de 30 millions
d’euros, dont la moitié en fonds
propres et le reste en emprunts,
subventions et contrats. L’entrepri-
se vient de remporter un contrat de
5 millions d’euros sur cinq ans de
l’Union européenne pour une mis-
sion contributive au système Co-
pernicus. « Maintenant, il nous faut
financer la constellation, et nous né-
gocions une levée de fonds interna-
tionale de 80 à 100 millions d’euros
pour la fin 2024, dit Olivier Piepsz.
Pour y parvenir, il est important que
nous obtenions une commande
française de quelques dizaines de
millions d’euros dans le cadre de
France 2030. » Pour cela, l’entrepri-
se a identifié avec les organismes
publics une trentaine de services
d’intérêt pour la surveillance de
l’environnement, la défense… n
21 Les Echos Mardi 25 juillet 2023

FINANCE&MARCHES

Les influenceurs, nouveaux alliés

des banques sur les réseaux sociaux
l Les créateurs de contenu multiplient les partenariats avec les établissements bancaires depuis une dizaine d’années.
l Pour ces derniers, ces médias permettent de faire la promotion de leur marque auprès d’un public plus jeune.
BANQUE
Juliette Roussel
C’est presque un conseil d’ami.
Dans une vidéo TikTok, Alexis Van-
den, un jeune créateur de contenu
spécialisé dans la mode, filme sa
journée dans les rues de Tokyo. Au
programme : rendez-vous profes-
sionnels, shopping… A la fin, le
jeune homme montre à ses
500.000 abonnés sa carte bancaire,
grâce à laquelle il a pu payer « sans
frais à l’étranger » : celle de la néo-
banque N26. Depuis une dizaine
d’années, les réseaux sociaux pullu-
lent de vidéos d’influenceurs de ce
type, faites en partenariat avec les
banques. Ma French Bank (filiale de
La Banque Postale), Orange Bank,
Société Générale : toutes ont déjà
fait app el à des créateurs de
contenu pour faire la promotion de
leur marque auprès d’un public
plus jeune. Ces contenus sont plus
subtils que de simples publicités à la
télévision. Tutoriels sur l’épargne, la
La Banque Postale. L’ACPR, le gen-
darme financier, ne fait pas de
différence. « Au-delà de la mention
explicite de la collaboration commer-
ciale, nos exigences et attentes sont les
mêmes que pour les publicités
diffusées sur les autres canaux de
communication », explique un por-
te-parole.
En tout cas, le mouvement ne se
tarit pas. « Il y a une convergence
d’intérêts entre les banques qui ont
besoin de parler à un public plus
jeune, et le créateur de contenu qui
souhaite des partenariats profession-
nels », explique Manuel Diaz, agent
de créateurs. Ce dernier encadre
une dizaine d’influenceurs affi-
chant entre 500.000 et un million
d’abonnés. « Les marques ont besoin
de médias qui parlent aux jeunes et
les créateurs de contenus sont des
médias avec un vrai canal de diffu-
sion », poursuit l’expert.
2.000 euros pour une vidéo
Charles Sterling, qui compte un
million d’abonnés sur TikTok est,
depuis un an, en partenariat avec

gestion de son budget ou les paie-
ments : la plupart des vidéos glis-
sent de manière plus ou moins
directe le nom d’une marque à la
communauté d’abonnés.
Entre la publicité et le placement
de produits, cette forme de promo-
tion semble être difficile à définir et
à assumer. « Neuf fois sur dix, ce sont
des vidéos pédagogiques et non à but
commercial. L’industrie bancaire
regorge de sujets qui peuvent être
extrêmement compliqués, donc ces
nouveaux canaux permettent de
faire de la vulgarisation », évoque
Jérémie Rosselli, directeur général
de la néobanque N26 France et
Benelux. Celle-ci réaliserait cinq à
huit campagnes par an, en partena-
riat avec les créateurs de contenu.
Néanmoins, le créateur va proposer
un lien vers le site Internet de la ban-
que ou même parfois un lien de par-
rainage. Ce genre de contenu doit
maintenant être obligatoirement
référencé « partenariat rémunéré »,
comme l’exige la loi de régulation
des influenceurs entrée en vigueur
en juin 2023.
La même « finalité »
qu’une publicité
« C’est de la publicité, et il faut être très
clair là-dessus. Cela n’a pas la même
forme que de la publicité “classique”
mais la finalité pour la marque est la
même : être présente à l’esprit »,
maintient Thomas Salviejo, direc-
teur de la marque et des médias de
LCL. Contre rémunération – au
minimum 2.000 euros pour une
vidéo sur TikTok et Instagram –, cet
adepte de la finance réalise une
vidéo par mois. Entre bons plans
financiers et astuces, figurent sur la
page du jeune homme d’autres
vidéos sponsorisées. Pour ce
diplômé de l’EDHEC, il n’y a pas de
problème majeur à faire des vidéos
pour des banques ou assurances
tout en partageant des conseils
financiers. « J’essaye uniquement de
promouvoir des produits et des servi-
ces de qualité et de donner des bons
plans. Les gens peuvent essayer d’eux-
mêmes, chacun est libre de ses
choix », dit-il.
Par comparaison aux publicités
traditionnelles, « l’engagement avec
les influenceurs est plus fort. Parce
que ces gens-là ont un pouvoir de
prescription que les médias ont
moins », assure Thomas Salviejo de
La Banque Postale. Mais cette popu-
larité peut s’avérer à double tran-
chant. Sous ses vidéos, Alexis Van-
den, le créateur de mode à Tokyo, a
subi des commentaires négatifs
lorsque les usagers reprochaient à
la néobanque N26 des fermetures
abusives de comptes. Pour Manuel
Diaz, qui le représente, attention à
ne pas tout confondre : « Si jamais
demain vous voyez Jean Dujardin
dans un film en partenariat avec une
banque, vous n’allez pas lui reprocher
vos problèmes bancaires. Pour les
créateurs de contenu, c’est pareil. » n
Tutoriels sur l’épargne ou la gestion de son budget : la plupart des vidéos glissent le nom d’une marque à la communauté d’abonnés.
Au Royaume-Uni, de nouvelles règles en vue
Le gendarme financier
britannique a annoncé
son intention d’encadrer
plus sévèrement les
publicités financières
sur les réseaux sociaux.
Plus droit à l’erreur pour les
influenceurs de la finance (les
« finfluenceurs ») britanniques. La
Financial Conduct Authority
(FCA), le gendarme financier
du pays, a annoncé son intention
de durcir l’encadrement des publi-
cités financières partagées sur
les réseaux sociaux. Une consulta-
tion a été ouverte mi-juillet sur le
sujet et doit aboutir le 11 septembre
pour une entrée en vigueur en
fin d’année. Pour accompagner les
travaux, la FCA a publié des lignes
directrices résumant ses attentes
en termes de régulation de conte-
nus promotionnels financiers
pour chaque plateforme de
réseaux sociaux.
S’il s’agit de durcir le cadre déjà
en place, le principe reste le
même : le superviseur demande
une publicité honnête et équili-
brée avec toutes les informations
nécessaires à la compréhension
du futur consommateur. Pour
illustrer son propos, la FCA a
imaginé dans ce document de
vraies fausses campagnes de pub
sur le départ à la retraite et la façon
dont les clients préparent cette
échéance.
Exemple de ce qu’il ne faut pas
faire : une publicité pour un livret
d’épargne publiée sur Instagram
avec le slogan « Comment une livre
sterling peut en devenir 250.000 ? »
et une légère description promet-
tant un rendement annuel de 8 %.
A l’inverse, pour obtenir une pro-
motion « juste, claire et non falla-
cieuse », et donc non sanctionnée,
le régulateur met en avant un
slogan du type : « Commence ta
pension aujourd’hui et prépare ta
retraite ». Il ajoute aussi une des-
cription plus précise : « Les clients
doivent être conscients que les com-
missions, les charges, vont avoir un
effet sur la croissance. Les prévisions
ne sont pas un indicateur sûr pour
les prochaines performances. »
Une certification ad hoc
en France
A l’instar de la loi de régulation des
influenceurs adoptée en juin 2023
en France, ces lignes directrices
ont pour ambition de diminuer les
publicités financières fallacieuses
ou dangereuses sur les réseaux
sociaux. En France, l’Autorité de
régulation professionnelle de la
publicité (ARPP) aide les influen-
ceurs à passer une certification
d’« influence responsable ». Magali
Jalade, directrice des affaires publi-
ques et juridiques à l’ARPP, pré-
vient tout de même que les règles
applicables au contenu relèvent du
cas par cas : « En fonction de ce que
Getty Images/Westend61
vous allez dire, vous avez des infor-
mations complémentaires à donner
ou non. » En effet, juridiquement,
« les influenceurs peuvent avoir à
préciser les conditions et les risques
liés au produit selon le cas », expli-
que-t-elle. Certains influenceurs
conseillent à leurs ab onnés
d’investir et encouragent même les
plus jeunes à se tourner vers les
cryptomonnaies, sans aucune édu-
cation financière particulière.
Pour l’autorité britannique,
certains de ces contenus, « de faible
qualité », peuvent conduire à de
« sérieux préjudices pour les
consommateurs ». Notamment,
parce qu’ils se partagent facile-
ment, à grande échelle, et en raison
de la complexité du secteur finan-
cier. Selon la FCA, 58 % des moins
de 40 ans ayant opté pour des
investissements à haut risque ont
été au préalable motivés par les
réseaux sociaux et les médias.
— J. R.

Les Etats-Unis se lancent enfin dans le paiement instantané

au Royaume-Uni, au Brésil ou en
BANQUE CENTRALE Inde. En chantier depuis 2019, ce
système baptisé FedNow « doit
La Réserve fédérale aider à rendre les paiements de tous
a annoncé la semaine les jours plus rapides et plus prati-
dernière le lancement ques dans les années à venir », a
de son service FedNow, salué le patron de la Fed, Jay Powell,
plusieurs années après dans un communiqué publié en fin
la zone euro, l’Inde de semaine dernière.
ou le Brésil. A la différence d’un virement
classique, qui peut prendre plu-
sieurs jours ou exige un système de
Edouard Lederer compensation entre banques, ou
d’un paiement par carte de crédit
Du retard à rattraper pour les Etats- (qui passe par un intermédiaire
Unis. La Fed a enfin lancé son ser- comme Visa qui prélève une com-
vice de paiement instantané pour mission), un paiement instantané
les particuliers et les PME, une fonc- fait circuler électroniquement
tionnalité déjà mise en place par les l’argent de compte à compte, avec
banques centrales depuis des une compensation directement
années dans la zone euro (en 2017), opérée à la banque centrale.
Il permettra des transactions
allant jusqu’à 500.000 dollars, bien
en dessous de l’autre service de vire-
ment de la Fed (Fedwire), utilisé par
les banques, les grandes entreprises
ou les agences gouvernementales.
Convaincre
les consommateurs
Dans un pays où les paiements par
chèque et le cash sont encore très
populaires, cela contraint la Fed à
faire de la pédagogie. « Par exemple,
les particuliers pourront recevoir
leur salaire et l’utiliser le même jour,
et les PME pourront gérer facilement
leur trésorerie sans délai de traite-
ment », explique l’institution qui
adresse également un clin d’œil au
secteur financier. Grâce au paie-
ment instantané, les apps mobiles
des banques et leur site web per- que faire adopter FedNow ne sera
mettront de payer de façon « rapide pas une mince affaire. Pour l’heure,
et sécurisée ». seule une quarantaine d’institu-
Du retard à l’allumage, et tout un tions – la Fed en publie la liste – pro-
argumentaire qui montre en creux posent déjà le service, avec, aux
côtés de JPMorgan et de Wells
Fargo, plutôt des établissements de
« Par exemple, taille moyenne. Ce sont ces petites
banques qui seront vraisemblable-
les particuliers ment les plus convaincues par cette
pourront recevoir démarche. Elles avaient tourné le
dos à un dispositif semblable en
leur salaire 2017 (« The Clearing House »),
et l’utiliser détenu par les grandes banques qui
le même jour. » entendaient prélever un péage.
LA RÉSERVE FÉDÉRALE L’autre grand enjeu sera de
AMÉRICAINE convaincre les commerçants et les
consommateurs. Ces derniers,
comme en Europe, se servent mas-
sivement des cartes de crédit
comme Visa et MasterCard.
Si les achats par cartes génèrent
des commissions d’interchange et
des frais prélevés par les opérateurs
de cartes, les commerçants restent
toutefois attachés aux programmes
de fidélité qui assurent du trafic et
du chiffre d’affaires dans leurs bou-
tiques. Ce que ne permet évidem-
ment pas FedNow, qui est un simple
moyen de paiement.
Mais ce lancement pourrait aussi
rebattre les cartes. Le paiement ins-
tantané est un véritable carburant à
innovation, qui va à la fois générer
de nouvelles offres de services, par
exemple de la part de géants du
paiement, comme Adyen (qui
figure dans la liste des premiers uti-
lisateurs) et rendre de la compétiti-
vité aux banques américaines de
taille moyenne. n
FINANCE & MARCHES Mardi 25 juillet 2023 Les Echos 22

Les marchés abordent une semaine BNP Paribas

AM rappelé
à l’ordre
à hauts risques par l’AMF

BOURSE BANQUE

Les prochains jours Epinglé sur cinq

s’annoncent chargés
pour les investisseurs.
Les marchés seront
soumis à l’influence
des réunions de
politique monétaire de
la Fed, de la BCE et de
la Banque du Japon.
Du côté des entre-
prises, ils attendent
aussi la publication
de nombreux résultats
semestriels.
Bastien Bouchaud
« Le calme avant la tempête ? » La
dernière note d’Aurel BGC donne le
ton. Banques centrales, résultats
semestriels et indicateurs économi-
ques vont animer les prochains
jours. Après un début d’année en
fanfare en Bourse, avec de nou-
veaux records pour le CAC 40 et un
rebond spectaculaire de Wall
Street, une question taraude les
investisseurs : « Le scénario “boucles
d’or” [idéal, NDLR] des marchés
actions va-t-il survivre à cette
semaine ? » Du côté de la politique
monétaire, les réunions vont se suc-
céder rapidement : la Réserve fédé-
rale mercredi, la Banque centrale
européenne le lendemain et la Ban-
que du Japon vendredi. La Fed et la
BCE devraient décider d’une nou-
velle hausse de leurs taux. Lesquels
atteindraient des niveaux qu’ils
n’avaient pas connus depuis le
début des années 2000.
Les professionnels
veulent croire
à une inflexion
de la posture des
banquiers centraux.
Les professionnels veulent croire
à une inflexion de la posture des
banquiers centraux. Faute de quoi,
le rebond des valorisations, l’un des
principaux moteurs de la hausse
des marchés cette année, pourrait
être fragilisé. Mais le timing de ce
changement de cap reste incertain.
Même si elle ralentit, la hausse des
prix est encore bien supérieure à la
cible de 2 % des banques centrales.
En parallèle, de nombreux poids
lourds de la cote vont publier leurs
comptes du premier semestre, à
Wall Street comme en Europe. Du
côté des géants de la tech, Microsoft
et Alphabet publieront leurs résul-
tats mardi et Meta mercredi.
Au total, les publications de
165 sociétés du S&P 500, représen-
tant environ 40 % de la capitalisa-
tion de l’indice, sont attendues d’ici
la fin de la semaine. L’Europe bour-
sière n’est pas en reste, avec les
publications de près de la moitié de
la capitalisation du Stoxx 600, dont
31 membres du CAC 40, prévues
cette semaine.
Autant d’événements à risque
pour les marchés. Certes, les analys-
tes ont raboté leurs attentes pour les
résultats du deuxième trimestre. Ils
s’attendent à une baisse moyenne
des bénéfices d’environ 10 % sur un
an en Europe comme aux Etats-
Unis, selon JPMorgan. Mais après
l’envolée de 34 % du Nasdaq, de 18 %
du S&P 500 et de 15 % du CAC 40
cette année, « les actions auront
besoin (pour continuer à monter)
d’une confirmation des perspectives
de croissance des résultats au second
semestre », prévient Michael Wil-
son de Morgan Stanley.
Nervosité des investisseurs
Les violentes réactions aux premiè-
res publications témoignent de la
nervosité des investisseurs. Malgré
des résultats supérieurs aux atten-
tes, le constructeur automobile
Tesla a déçu sur ses perspectives de
marge, chutant dans la foulée
d’environ 10 %.
La sanction a été tout aussi bru-
tale pour le champion suisse du « Les actions
luxe Richemont. Son titre a perdu auront besoin
plus de 10 % après avoir fait état d’un
recul de la demande en Amérique
(pour continuer
du Nord, l’un des principaux mar- à monter) d’une
chés du secteur. Dans ce contexte, confirmation
les publications des leaders mon-
diaux seront passées au peigne fin
des perspectives
par les investisseurs cette semaine, de croissance
avec LVMH (propriétaire des des résultats au
« Echos ») et Kering mardi, L’Oréal second semestre ».
le lendemain et Hermès vendredi.
Le r is qu e de décep ti o n es t MICHAEL WILSON
d’autant plus grand que « les prévi-
Morgan Stanley
sions de bénéfices du secteur du luxe
ont été revues à la hausse » ces der-
nières semaines, souligne Axelle
Pinon de Carmignac. La principale
inquiétude ? « Que les ventes du
marché chinois ne compensent fina-
lement pas le ralentissement du mar-
ché américain. » L’enjeu est particu-
lièrement élevé pour la dynamique
Le SPAC lié à Donald Trump s’envole à Wall Street
Si ses ennuis judiciaires s’accumulent,
l’ancien locataire de la Maison-Blanche a au
moins pu se consoler avec le rebond specta-
culaire du SPAC DWAC vendredi à Wall
Street (+50 %), appelé à fusionner dans les
mois qui viennent avec son groupe Trump
Media, propriétaire du réseau social Truth
Social. Les investisseurs ont salué l’accord
trouvé avec le gendarme américain des mar-
chés financiers. La SEC accusait DWAC
future du CAC 40. Il a atteint ven-
dredi son niveau le plus élevé en
deux mois et le luxe représente
37,5 % de sa capitalisation totale.
De bonnes surprises pourraient
permettre à l’indice parisien de sor-
tir par le haut de la fourchette dans
laquelle il évolue depuis début avril,
entre 7.100 et 7.400 points environ.
Mais les professionnels ont du mal
à y croire et se préparent plutôt à
une correction boursière dans les
mois qui viennent.
Deux gérants européens sur trois
récemment interrogés par Bank of
America s’attendent à une chute
des cours dans les six prochains
mois. Dans un contexte de dégrada-
tion de la croissance économique,
la baisse pourrait atteindre 15 %
pour les actions européennes dans
leur ensemble, selon Bank of Ame-
rica, et près de 20 % pour le
CAC 40. n
d’avoir préparé le terrain à sa fusion avec
Trump Media en amont de l’introduction en
Bourse du SPAC, ce qui est formellement
interdit. Le SPAC a accepté de payer une
amende de 18 millions de dollars pour mettre
fin aux poursuites. Il a jusqu’au 8 septembre
pour boucler sa fusion avec Trump Media,
mais il espère retarder cette échéance d’un
an à l’occasion d’un vote de ses actionnaires
prévu le 17 août.
fonds d’investisse-
ment n’ayant pas
atteint leurs objec-
tifs de gestion, le
groupe s’est engagé
à rembourser des
frais de gestion aux
investisseurs et à
payer 600.000 euros
au Trésor Public.
Les sociétés de gestion vont s’y
reprendre à deux fois avant
d’annoncer, dans leur prospec-
tus, des objectifs de gestion.
Dans une décision de transac-
tion du 24 juillet, l’AMF a publié
l’accord conclu avec BNP Pari-
bas Asset Management, suite à
la découverte de certains man-
quements dans la gestion de ses
fonds d’investissement.
Une décision qui fait suite à
une mission de contrôle menée
l’an dernier sur 5 fonds secto-
riels, dont l’objectif de gestion
était la « surperformance de
l’indice sectoriel Stoxx Europe
600 ». Le gendarme boursier a
estimé que la société de gestion
de patrimoine n’avait pas
respecté ses obligations de
« diligence, soin, compétence et
professionnalisme » lors de leur
structuration, puisqu’elle ne
permettait pas l’atteinte des
objectifs de gestion affichés
dans les documents réglemen-
taires.
Manque
d’information
De fait, sur la période contrôlée
– de 2016 à 2021 –, les perfor-
mances annuelles de certains
de ces fonds ont été systémati-
quement inférieures à celles de
leur indice de référence, « cette
sous-performance allant de
–0,78 % à –3,11 % nette de frais ».
Autre grief, le groupe de ges-
tion aurait manqué à son obli-
gation d’informer clairement et
de manière non trompeuse les
clients ayant souscrit à ces
fonds. De fait, dans un courrier
adressé aux porteurs de fonds
fin décembre 2020, BNPP AM
mentionne « une précision sur
la rédaction de l’objectif de ges-
tion » sans expliquer que ce
changement leur est défavora-
ble. Il n’informe pas non plus les
investisseurs que l’objectif n’a
pas été atteint.
Enfin, BNPP AM aurait aussi
manqué à son obligation de dis-
p o ser d ’un « d i s po s i ti f de
contrôle efficace et opération-
nel », notamment pour vérifier
le resp ect de l’objectif de

Liontrust prolonge son offre de rachat sur GAM gestion.

le dossier ces dernières semaines,
GESTION D’ACTIFS qui rendent les résultats de la pro-
position hautement improbables.
Face à la résistance Principal détracteur de l’opéra-
des actionnaires tion depuis son annonce le 4 mai,
et la pugnacité de NewGAMe a notamment lancé une
l’offre concurrente, offre concurrente le 18 juillet.
le gestionnaire d’actifs Deuxième actionnaire de GAM
britannique a étendu avec 9,6 % du capital, ce consortium
jusqu’au 28 juillet d’investisseurs mené par l’homme
sa proposition d’affaires Xavier Niel a proposé à
partir du 17 août un prix de
de rachat du groupe
0,55 franc suisse portant sur 28 mil-
zurichois GAM. lions d’actions GAM, alors que
l’offre de Liontrust porte sur l’inté-
gralité des actions.
Caroline Mignon
Actionnaires divisés
Le feuilleton de l’été joue les prolon- Selon NewGAMe, le prix ferait res-
gations ! Initialement ouverte jus- sortir une prime de 31 % par rapport
qu’au 25 juillet, l’offre du groupe bri- au cours de clôture précédant l’offre
tannique Liontrust sur la société de et de 29 % par rapport à la proposi-
gestion suisse GAM courra finale- tion par échange d’actions de Lion-
ment jusqu’au 28 juillet. En cause, trust. Ce dernier, qui a déclaré après
les rebondissements incessants sur cette contre-attaque que le montant
de son offre ne serait pas relevé,
peut prolonger son offre de 40 jours
au maximum et doit recevoir au
moins 66,7 % du capital pour pren-
dre le contrôle du groupe zurichois.
NewGAMe met
en garde contre
les propos alarmistes
de GAM « qui
extrapole les pertes
passées et actuelles
sur l’avenir ».
Mais les actionnaires sont divi-
sés. Troisième actionnaire de GAM,
le hedge fund américain GEM avec
6,5 % du capital a d’ores et déjà fait
savoir qu’il ne soutenait pas la pro-
position de Liontrust. En revanche,
le premier actionnaire du groupe
avec 17,3 % du capital, la société de
gestion britannique Silchester
International Investors, a indiqué
qu’elle apporterait ses titres à l’offre.
NewGAMe n’a eu d e ces se ,
depuis début mai, de dénoncer le
prix très insuffisant proposé par
Liontrust et la piètre qualité de cet
acquéreur potentiel. Initialement,
le consortium comptait sur la tenue
d’une assemblée générale extraor-
dinaire le 25 août pour renverser le
conseil d’administration et mettre
au point une nouvelle stratégie de
redressement. Dans une lettre aux
a c t i o n n a i r e s , Ne w GA M e l e s
exhorte à reporter leur décision
le plus longtemps possible afin
d’obtenir au moins une offre plus
généreuse de Liontrust. Le consor-
tium met en garde contre les propos
alarmistes de GAM « qui extrapole
les pertes passées et actuelles sur
l’avenir ».
Le conseil d’administration et les
gérants du groupe suisse se sont
prononcés en faveur de l’option
Liontrust. Les difficultés rencon-
trées par la société de gestion bri-
tannique dans la mise en œuvre de
cette opération de croissance
externe ont écorné son image.
Après la publication d’une décol-
lecte nette de 1,6 milliard de livres
sterling au deuxième trimestre, le
titre a reculé à un plus bas depuis
quatre ans mi-juillet.
De son côté, GAM a vu son cours
baisser à un nouveau plus bas à
0,42 franc suisse le 16 juillet, après
des résultats semestriels prélimi-
naires « qui confirment la faible pro-
babilité d’un retour à la profitabilité
si le groupe reste indépendant »,
estime Irene Rossetto, analyste
chez KBW. Le groupe helvétique est
en grande difficulté, cumulant per-
tes opérationnelles, décollectes
massives et naufrage boursier,
depuis la chute de son gérant star,
Tim Haywood, en 2018. n
Frais de gestion
En réponse à ces griefs, BNPP
AM a notamment fait savoir
que ces fonds avaient été liqui-
dés ou mutés et qu’il n’avait con-
naissance d’aucune réclama-
tion en lien avec eux.
Pour autant, et compte tenu
des imperfections objectives
constatées, BNPP AM a décidé
d’aligner rétrospectivement au
bénéfice des investisseurs con-
cernés le niveau des frais de ges-
tion et de fonctionnement des
parts « Classic », visées par les
griefs, sur celui des parts « Pri-
vilège », créés ultérieurement à
des frais bien inférieurs.
Sous une période de 16 mois,
les investisseurs éligibles rece-
vront l’écart entre les frais de
gestion de ces deux parts, avec
une somme totale maximum
évaluée à 7,75 millions d’euros.
BNPP AM s’est également
engagé à payer au Trésor Public
la somme de 600.000 euros,
sous 15 jours. — C. M.
23 Les Echos Mardi 25 juillet 2023
En un an, plus de 1.500 distributeurs
automatiques de billets ont disparu en France
BANQUE
Le nombre d’automa-
tes a continué
de baisser en 2022.
En cinq ans, alors
que l’usage du cash
demeure important,
ce sont plus de
6.500 appareils
qui ont été retirés.
Juliette Roussel, avec R.G.
La baisse se poursuit, d’année en
année. En 2022, 1.604 distributeurs
automatiques de billets (DAB) ont
été retirés du parc, en France
métropolitaine. A la fin de l’année
dernière, on en dénombrait 46.249,
indique le rapport de la Banque de
France sur l’accès du public aux
espèces, publié lundi.
Leur nombre a baissé de 3,4 % en
2022, soit un rythme supérieur à
celui de 2021, mais semblable à ce
qui était observé avant la crise du
Covid. Comme c’est le cas depuis
plusieurs années, les suppressions
d’automates se concentrent majori-
tairement sur les zones urbaines
« les plus densément peuplées et les
mieux équipées », selon l’étude.
Dans le même temps, les points
d’accès privatifs aux espèces conti-
nuent de progresser (+ 3,9 % en
2022). Il s’agit essentiellement de
petits commerces, bureaux de
tabac, agences postales qui offrent
la possibilité de retirer de l’argent.
La Banque de France en a recensé
26.956 sur le territoire, essentielle-
ment en milieu rural, soit une
hausse de 1.000 emplacements par
rapport à 2021.
Au total, la baisse des « points
d’accès aux espèces, toutes natures
confondues » se limite à 0,8 %, rela-
tivisent les auteurs du rapport, réa-
lisé chaque année depuis 2019, avec
73.205 sites. Le déclin des DAB s’ins-
Le patron de JP Morgan
prêt à lancer sa banque
en ligne en Europe
BANQUE
Jamie Dimon confirme
dans une interview
au « Handelsblatt »
la création d’un hub
à Berlin pour l’ensem-
ble de ses opérations
de banque en ligne
en Europe.
Anne Drif
La fin des grands desseins de Gold-
man Sachs dans la banque en ligne
ne dissuade pas JP Morgan. Le
champ libre, au contraire, la
première banque américaine accé-
lère en Europe. Son PDG Jamie
Dimon a confirmé vendredi les
ambitions du poids lourd améri-
cain dans une interview au quoti-
dien économique allemand « Han-
delsblatt ». « Nous sommes en train
de mettre en place un hub à Berlin, a
déclaré le dirigeant. C’est de là que
nous gérons nos activités numé -
riques pour les particuliers dans
l’Union européenne. »
Jamie Dimon n’a pas précisé de
calendrier de lancement par pays.
Mais l’intention de faire de
« Chase » une référence reste
intacte. « En Allemagne, “Chase”
n’est certes pas encore très connu,
crit néanmoins dans la durée. En
effet, depuis cinq ans, ce sont près
de 6.500 automates qui ont disparu,
soit une baisse d’environ 12 %.
Redéfinir le maillage
territorial
Et le mouvement devrait encore
s’accélérer dans les années à venir.
En effet, le projet de mutualisation
des distributeurs des banques Cré-
dit Mutuel, BNP Paribas et Société
Générale, sous la marque « Cash
Services », devrait commencer à
voir le jour à la fin d’année 2023. Il
conduira nécessairement à une
réduction du nombre d’automates,
alors que les trois partenaires cher-
chent à rationaliser leur parc et à
réaliser des économies sur leur
gestion. Difficile de savoir à ce stade
combien de machines seront sup-
mais c’est une marque forte dans le
monde entier. Nous sommes une
banque digne de confiance avec un
bilan solide – et les clients privés le
savent aussi », a-t-il ajouté. Selon
Bloomberg, le coup d’envoi sur le
marché allemand pourrait interve-
nir dès la fin de l’année prochaine
ou début 2025.
Paris est sur la feuille de route.
« Nous n’avons pas lancé Chase au
Royaume-Uni pour nous arrêter là.
La France sera un marché clé pour
nous demain », avait déclaré Jamie
Dimon dans une interview aux
« Echos » en décembre. Interrogée
vendredi, la banque ne précise pas
non plus de délai.
Afflux de dépôts
La débâcle des banques en ligne, ici
aussi, ne refroidit pas JP Morgan.
Orange Bank, ING, Fidor (BPCE),
C-Zam (Carrefour) qui rêvaient de
mettre à genoux les banques fran-
çaises ont fermé. « En France,
comme aux Etats-Unis, on ne pour-
rait pas venir concurrencer les
réseaux d’agences physiques des ban-
ques historiques, avait reconnu
Jamie Dimon. Mais « c’est la banque
numérique qui change tout, esti-
mait-il. Il y aura une bataille avec la
concurrence sur chaque marché. »
Au Royaume-Uni, la tête de pont
de JP Morgan hors des Etats-Unis,
où il s’est lancé en 2021, a recruté
FINANCE & MARCHES
primées avec cette mutualisation. rapport « le maintien d’une très ce lundi, en marge de la publica- trait même une meilleure réparti-
Le travail de maillage territorial, qui bonne accessibilité aux espèces sur tion du rapport. Elle met l’accent tion des distributeurs, plus équili-
devait être finalisé au premier l’ensemble du territoire ». également sur le fait que « le nom- brée au sein du territoire.
semestre et permettre de savoir Ce que ne manque pas de rappe- bre de communes équipées d’au En 2021, 79,3 % des Français se
quels automates seront conservés, ler non plus la Fédération bancaire moins un DAB augmente légère- trouvaient à 5 minutes en voiture
n’a pas encore été rendu public. française (FBF). « La baisse du ment en 2022, passant de 6.548 du DAB le plus proche et 99 % des
nombre de DAB est compensée par à 6.563, et ce sont surtout les petites Français étaient à 10 minutes en
Des habitudes de paiement le développement continu, depuis communes (moins de 1.000 habi- voiture de tout point d’accès. Des
bien ancrées plusieurs années, de points d’accès tants) qui en bénéficient ». La baisse statistiques qui n’ont pas bougé par
Au final, ce projet devrait conduire privatifs aux espèces », a-t-elle réagi du nombre d’automates permet- rapport à l’an dernier. n
à la disparition de plusieurs mil-
liers de machines, essentiellement
dans les secteurs urbains et déjà
bien équipés. Pourtant, les habitu-
des des Français, elles, ne changent
pas. En avril dernier, une étude de
la Banque de France estimait que
50 % des paiements de 2022 étaient
encore réalisés en espèces.
Malgré la baisse continue du
Découvrez
nombre de distributeurs, l’institu-
tion financière salue dans son
la formation
« Réussir sa
croissance externe »
plus de 1 million de clients et a vu
affluer plus de 10 milliards de livres
de dépôts en douze mois. A titre de
comparaison, Boursorama (Société
Générale), acteur historique et
leader en France lancé en 2005 dans
la banque en ligne, a rallié l’an der-
nier 1,4 million de particuliers (pour
un total de 4,7 millions de clients et
49 milliards d’euros de dépôts et
d’épargne financière à fin décem-
bre). Pour aller plus vite outre-Man-
che, JP Morgan avait racheté la fin-
t e c h Nu t m e g . Fo r t e d e 1 . 0 0 0
employés, elle investit « des centai-
nes de millions de dollars » dans le
projet, a déclaré le patron de ses
opérations à l’international pour les 5 jours pour comprendre les logiques stratégiques,
particuliers, Sanoke Viswanathan. financières et juridiques d’une opération de fusion-
« Options stratégiques » acquisition.
Marcus, la banque en ligne de Gold-
man Sachs lancée au Royaume-Uni
trois ans avant JP Morgan, a, elle, Du 21 septembre au 15 décembre
été contrainte de plafonner les
ouvertures de comptes clients et ses
dépôts (21 milliards de livres et
500.000 clients) pour éviter de scin-
der sa banque du reste du groupe en Consultez le programme
raison de contraintes réglemen- et inscrivez-vous
taires. Son patron depuis envisage
des « options stratégiques » pour
l’ensemble des activités de la ban-
que en ligne qui ont accusé près
d’un demi-milliard de dollars de
pertes sur la cession partielle d’un
portefeuille de crédit. n
FINANCE & MARCHES Mardi 25 juillet 2023 Les Echos 24

séAncE du 24 - 07 - 2023 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 7427,31 (-0,07 %) neXt 20 : 11444,23 (0,52 %)

CaC larGe 60 : 8020,36 (-0,04 %)
CaC all-tradaBle : 5546,94 (-0,02 %)
Date De ProroGation : 26 Juillet
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 160,5 160,78 - 0,06 + 21,44 l'oréal (OR) R a 408,95 407,6 - 0,86 + 22,18 GerarD Perrier (PERR) B 103 104 + 0,97 + 15,04 reXel (RXL) LR a 22,2 22,6 + 1,16 + 22,56
351525 161,26 + 1,39 167,94 210888 410,2 + 0,3 442,6 720 104 + 4,21 104 476804 22,6 + 3,43 24,95
FR0000120073 15/05/23 2,95 523.745.183 159,72 + 24,31 133,34 1,84 FR0000120321 26/04/23 6 535.963.087 403,7 + 15,27 334,3 1,47 FR0000061459 19/06/23 2,15 3.973.148 102 + 27,45 87,8 2,07 FR0010451203 09/05/23 1,2 303.413.265 22,15 + 39,33 18,55 5,31
airBus GrouP (AIR) R a 134,02 136,36 + 1,38 + 22,82 3,4 micHelin (ML) a 28,29 28,66 + 1,06 + 10,29 GetlinK (GET) LR a 16,065 16,04 + 7,11 roBertet s.a. (RBT) B 807 808 - 0,74 - 3,46
697345 136,44 + 7,59 136,44 40,16 1365021 28,87 + 9,14 30,68 563443 16,2 + 3,79 17,255 460 813 - 2,65 928
NL0000235190 25/04/23 1,53 790.395.611 133,12 + 29,15 111,68 1,32 FR001400AJ45 17/05/23 1,25 178.530.450 28,28 + 1,49 25,6 15,7 FR0010533075 30/05/23 0,5 550.000.000 15,905 - 15,8 14,335 3,12 FR0000039091 29/06/23 8,5 2.167.745 806 - 8,7 801 1,05
alstom (ALO) R a 27,28 27,42 + 0,15 + 20,16 oranGe (ORA) R a 10,81 10,858 + 0,87 + 16,99 Gl eVents (GLO) g B 20,25 19,56 - 1,71 + 20,3
895789 27,8 + 2,05 28,41 4285265 10,962 + 4,73 11,874 ruBis (RUI) G a 22,04 22,4 + 1,17 - 8,94
25240 20,25 + 2,09 23,8 DiV 2 28/07/17 95188 22,52 - 0,62 27,14
FR0010220475 17/07/23 0,25 381.855.265 27,22 + 19,95 20,69 0,91 FR0000133308 05/06/23 0,4 2.660.056.599 10,802 + 7,31 9,289 3,68 FR0000066672 03/07/23 0,35 29.982.787 19,46 + 11,39 16,3 1,79
arcelormittal (MT) R a 24,7 25,22 + 1,57 + 2,62 PernoD-ricarD (RI) R a 201 201,2 - 0,3 + 9,5 FR0013269123 13/06/23 1,92 103.195.172 22 - 1,45 21,36 8,57
2080152 25,22 + 2,65 30,515 221166 201,9 + 2,26 218 Graines Voltz (GRVO) c 39 38,9 - 1,52 - 48,13
1964 39,75 + 0,52 79 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 268 272,9 + 0,33 - 9,79
LU1598757687 13/05/22 0,17 852.809.772 24,59 + 9,46 23,095 FR0000120693 05/07/23 2,06 255.631.733 199,8 + 8,46 181,65 1,02 DiV 6 10/05/16 103955 272,9 +17,88 358,8
FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 38,9 - 68,88 36,65
aXa (CS) R a 27,565 27,775 + 0,27 + 6,6 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 70,98 69,88 - 1,83 + 17,6 FR0013154002 30/03/23 1,44 92.180.190 261,2 - 27,48 211,5 0,53
1966441 27,85 + 5,17 30,34 681508 70,98 - 1,63 77,94 GrouPe crit (CEN) g B 75,8 77 + 1,32 + 26,23
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.294.006.490 27,535 + 30,95 24,6 6,12 FR0000130577 03/07/23 2,9 268.723.468 68,98 + 39,04 59,48 4,15 441 77 + 3,22 83,4 saVencia (BH) B 55,6 55,6 - 0,71 - 4,79
FR0000036675 05/07/23 3,5 11.250.000 75,8 + 28,33 60,8 4,55 481 56 - 5,44 64
BnP PariBas (BNP) R a 57,41 58,37 + 0,62 + 9,62 renault (RNO) R a 39,2 40 + 1,74 + 27,9 FR0000120107 15/05/23 1,3 14.032.930 55,4 - 5,12 54,8 2,34
1838833 58,42 + 6,42 67,02 1060823 40,095 +12,14 43,96 GrouPe GorGé (GOE) g B 17,9 18,04 + 0,45 - 9,71
FR0000131104 22/05/23 3,9 1.234.331.646 57,23 + 33,22 47,02 6,68 FR0000131906 17/05/23 0,25 295.722.284 38,99 + 54,86 31,185 0,63 8972 18,04 - 1,1 21,6 scor (SCR) G a 28,39 28,52 + 0,53 + 32,71
BouYGues (EN) R a 31,6 31,91 + 0,79 + 13,8 saFran (SAF) R a 141 143,08 + 0,96 + 22,37 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 17,72 + 0,45 17,14 274393 28,6 +15,23 28,6
842802 32,13 + 7,8 33,26 442012 143,42 + 2,58 145,52 Gtt (GTT) G a 98,85 99 - 0,2 - 0,8 FR0010411983 30/05/23 1,4 179.362.195 28,29 + 41,05 19,015 4,91
FR0000120503 03/05/23 1,8 381.336.141 31,59 + 10,68 28,16 5,64 FR0000073272 30/05/23 1,35 427.260.541 140,02 + 38,24 116,6 0,94 29971 99,2 +11,05 108,3 seB (SK) G a 96,8 98,85 + 1,7 + 26,33
caP-Gemini (CAP) R a 173,2 171,6 - 1,49 + 10,04 saint-GoBain (SGO) R a 57,95 58,41 + 0,09 + 27,95 FR0011726835 12/06/23 1,55 37.078.357 97,95 - 25,28 87,75 1,57 31917 99,1 +11,82 109,9
263450 173,85 + 1,33 189,75 443831 58,76 + 8,07 58,87 GuerBet (GBT) g B 19,44 19,86 + 2,16 + 17,1 FR0000121709 31/05/23 2,45 55.337.770 96,8 + 18,1 78,85 2,48
FR0000125338 30/05/23 3,25 173.582.113 170,85 + 0,29 152,25 1,89 FR0000125007 12/06/23 2 513.954.350 57,73 + 34,83 45,895 3,42 13035 19,86 +18,92 20,4
FR0000032526 29/06/23 0,5 12.641.115 19,44 - 2,65 16 2,52 secHe enVironnement (SCHP) g B 115,4 115,6 + 28,73
carreFour (CA) R a 17,645 17,635 - 0,42 + 12,76 sanoFi (SAN) R a 98,93 98,17 - 0,45 + 9,27 1404 117,2 + 6,64 122
1223277 17,78 + 7,5 19,19 803648 99,1 - 0,44 105,18 Guillemot (GUI) g c 6,84 6,96 + 1,61 - 45,71
FR0000120172 06/06/23 0,56 746.871.196 17,565 + 4,6 15,67 3,18 FR0000120578 30/05/23 3,56 1.262.386.405 97,58 + 0,83 82,25 3,63 FR0000039109 07/07/23 1,1 7.857.732 115,4 + 44,14 85,7 0,95
3349 6,96 + 5,94 14,08
creDit aGricole (ACA) R a 11,058 11,198 + 0,72 + 13,9 scHneiDer electric (SU) R a 162,12 162,92 + 0,21 + 24,63 FR0000066722 07/06/23 0,25 15.087.480 6,84 - 44,67 6,46 3,59 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 11,4 11,68 + 0,69 + 8,75
3836924 11,198 + 6,95 12,034 398837 163,4 + 3,05 167,98 icaDe (ICAD) G a 38 36,88 - 1,6 - 8,35 14738 11,76 -18,21 16
FR0000045072 30/05/23 1,05 3.025.902.350 11,02 + 31,54 9,54 9,38 FR0000121972 09/05/23 3,15 572.835.884 161,66 + 29,73 131,72 1,93 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 11,4 - 14,99 10,58 3,43
126907 38 - 2,18 51,35
Danone (BN) R a 56,48 56,29 - 0,51 + 14,34 société Générale (GLE) R a 23,885 24,51 + 2,15 + 4,39 FR0000035081 04/07/23 2,17 76.234.545 36,76 - 20,62 35,02 ses-imaGotaG (SESL) G B 129 132,6 + 2 + 8,69
931895 56,61 + 0,36 61,88 3201438 24,59 + 7,97 28,385 34295 136,8 +90,52 173,8
FR0000120644 09/05/23 2 677.773.128 55,87 + 4,75 48,3 3,55 FR0000130809 30/05/23 1,7 808.208.965 23,805 + 19,91 19,326 6,94 iD loGistic (IDL) a 263,5 259,5 - 1,33 - 3,17
706 263,5 - 0,19 312 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.850.808 129 + 44,13 66
Dassault sYstemes (DSY) R a 40,4 40,035 - 1,03 + 19,53 stellantis nV (STLAP) a 16,498 16,758 + 1,48 + 26,28 FR0010929125 6.173.328 259,5 - 11,28 245
879282 40,775 + 0,89 41,985 2085128 16,816 +10,75 17,782 sHoWroomPriVé (SRP) g B 1,282 1,282 - 0,16 - 23,78
FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.339.964.068 39,975 + 1,41 33,095 0,53 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.143.878.015 16,452 + 32,47 13,362 8 imerYs (NK) G a 32,56 32,68 + 0,62 - 10,07 30235 1,29 - 1,99 1,845
eDenreD (EDEN) R a 58,32 59,18 + 1,37 + 16,31 stmicroeletronics (STMPA) Ra 45,535 45,67 - 0,09 + 38,41 0,23 43465 32,98 - 3,14 43,22 FR0013006558 118.902.909 1,274 - 4,11 1,24
482407 59,44 - 1,17 62,4 1271144 46,11 + 7,12 49,13 200,97 FR0000120859 15/05/23 3,85 84.940.955 32,38 + 5,97 31,86 11,78 sii (SII) g c 53 52,8 - 0,75 + 16,43
FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 58,04 + 25,04 47,74 1,69 NL0000226223 26/06/23 0,05 911.281.920 45,385 + 34,6 33,165 0,13 inFotel (INF) g c 57 57 + 3,26 5212 53,4 - 2,94 57,8
enGie (ENGI) R a 15,4 15,394 - 0,44 + 14,98 1,21 telePerFormance (RCF) R a 154 156,85 + 1,65 - 29,57 306 57,6 + 3,64 59,8 FR0000074122 28/09/22 0,4 20.000.000 52,5 + 16,43 43,15 0,76
2236395 15,556 + 9,08 15,56 12,77 131882 157,5 + 2,42 275,4 FR0000071797 19/05/23 2 6.890.558 56,8 + 11,76 54 3,51
soitec (SOI) G a 164,4 162,85 - 1,93 + 6,54
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 15,34 + 34,85 12,426 9,09 FR0000051807 21/04/23 3,85 59.120.842 154 - 52,48 137,3 2,46 innate PHarma (IPH) g B 2,915 2,83 - 2,41 - 13,98 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 53578 165,95 +15,7 172,2
essilorluXottica (EL) R a 176,56 176 - 1,4 + 4,02 tHales (HO) R a 133,35 132,3 - 0,9 + 10,9 70765 2,93 - 4,07 3,8 FR0013227113 35.589.417 162,55 + 7,39 120,35
486499 177,68 + 5,04 188,4 200305 133,5 - 1,75 144,15 FR0010331421 80.450.212 2,825 - 4,2 2,495
FR0000121667 22/05/23 3,23 453.597.315 174,36 + 13,62 155,15 1,84 FR0000121329 23/05/23 2,24 210.210.140 130,8 + 10,39 112,4 1,69 interParFums (ITP) G a 62,8 62,8 - 0,32 + 24,24 solocal GrouP (PAJ) B 0,134 0,139 + 4,67 - 77,21
euroFins scient. (ERF) R a 60,84 61,2 + 0,16 - 8,74 totalenerGies (TTE) R a 53,95 54,79 + 1,48 - 6,58 16545 63 - 3,11 68,182 792521 0,142 - 0,43 0,734
364600 61,48 + 8,17 72,12 3507786 54,94 + 5,26 60,93 FR0004024222 11/05/23 1,05 69.196.570 62,5 + 38,85 50,909 1,67 FR00140006O9 129.505.837 0,13 - 88,2 0,117
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 60,78 - 26,35 55,32 1,63 FR0000120271 21/06/23 0,74 2.429.759.177 53,71 + 12,88 50,55 1,35 inVentiVa (IVA) g B 3,7 3,475 - 5,18 - 22,35 soDeXo (SW) LR a 96,88 97,36 + 0,12 + 8,81
Hermes intl (RMS) R a 1903 1897,4 - 0,92 + 31,31 uniBail-r/WFD (URW) a 52,6 52,56 - 0,64 + 8,08 56725 3,7 -12,47 5,99 104249 97,46 - 4,92 103,95
30230 1911,6 - 0,21 2036 546528 53,46 +15,26 63,07 FR0013233012 42.134.169 3,465 - 28,28 1,88 FR0000121220 23/12/22 2,4 147.454.887 96,68 + 29,71 80,58 2,47
FR0000052292 25/04/23 9,5 105.569.412 1879,4 + 57,46 1450 0,5 FR0013326246 24/03/20 5,4 139.040.505 52,56 + 1,04 42,06
iPsen (IPN) G a 110,9 111,4 + 0,36 + 10,85 solutions 30 (ALS30) a 2,926 2,984 + 1,22 + 74,91
KerinG (KER) R a 539,1 532,6 - 1,61 + 12,01 Veolia enV. (VIE) R a 29,52 29,6 - 0,34 + 23,33 44426 111,8 + 2,58 115 340128 3,004 + 7,34 3,29
121936 543,4 + 6,05 603,6 908053 29,92 + 5,04 29,92 FR0010259150 02/06/23 1,2 83.814.526 110,6 + 21,42 94,85 1,08 FR0013379484 107.127.984 2,92 - 15,9 1,74
FR0000121485 02/05/23 9,5 124.070.778 531,2 + 0,24 474,1 1,78 FR0000124141 09/05/23 1,12 715.383.875 29,47 + 24,53 24,33 3,78
iPsos (IPS) G a 49,18 48,92 - 0,53 - 16,38 soPra steria GP (SOP) G a 182,3 183,6 + 0,22 + 30,03
l.V.m.H. (MC) R a 861 857,6 - 1,19 + 26,14 Vinci (DG) R a 107,44 107,68 - 0,32 + 15,43 33245 49,18 - 3,42 62,4
205344 865,4 + 3,31 904,6 429388 108,04 + 3,54 112,4 19633 184 + 3,79 198,3
FR0000121014 25/04/23 7 502.048.400 847 + 35,12 685,1 0,82 FR0000125486 25/04/23 3 590.521.018 107,34 + 20,22 93,4 2,79 FR0000073298 03/07/23 1,35 44.253.225 48,6 + 3,21 45,38 2,76 FR0000050809 29/05/23 4,3 20.547.701 181,3 + 18,99 141,9 2,34
leGranD (LR) R a 89,88 90,38 - 0,13 + 20,8 WorlDline (WLN) G a 34 34,62 + 1,64 - 5,23 JacQuet metals (JCQ) g B 17,8 17,9 - 0,11 + 7,06 smcP (SMCP) g B 8,84 8,88 + 0,45 + 36,83
421967 90,96 + 3,86 93,22 372218 35,1 + 8,83 44,77 5234 17,96 - 2,72 20,05 332374 9,03 +18,24 9,03
FR0010307819 02/06/23 1,9 266.817.746 89,54 + 15,19 74,64 2,1 FR0011981968 282.627.758 34 - 5,38 31,34 FR0000033904 05/07/23 1 22.707.209 17,72 + 11,18 16,84 5,59
FR0013214145 75.591.187 8,84 + 70,44 6,545
JcDecauX (DEC) G a 17,1 16,58 - 3,49 - 6,43
84798 17,1 - 8,19 23,2 sPie (SPIE) G a 28,36 28,74 + 1,06 + 17,98
FR0000077919 21/05/19 0,58 213.161.658 16,49 - 4,88 16,49 156148 28,86 + 0,91 29,88
FR0012757854 22/05/23 0,55 164.582.511 28,36 + 28,19 22,8 1,91
KauFman & BroaD (KOF) g B 23,8 24,2 + 1,68 - 11,84
12317 24,2 - 7,1 30,8 steF (STF) g B 108 108,6 + 0,74 + 19,87
FR0004007813 09/05/23 2,4 21.113.022 23,7 - 8,85 22,05 9,92 524 108,8 + 2,26 113,6
srD Valeurs françaises KlePierre (LI) LR a 24 23,95 - 0,75 + 11,24 FR0000064271 03/05/23 4 13.000.000 107,8 + 16,4 91 3,68
544003 24,33 + 9,91 24,95 sWorD GrouP (SWP) g B 41,4 41 - 1,21 + 4,06
FR0000121964 07/07/23 0,88 286.861.172 23,95 + 13,45 19,33 1978 41,4 - 1,32 48,95
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Korian (KORI) G a 6,4 6,395 - 36,81 FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 41 + 1,99 38,85 4,15
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 284894 6,48 - 2,81 10,97
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT sYnerGie (SDG) g B 32,9 33,2 + 0,3 + 10,67
FR0010386334 21/06/23 0,25 106.828.536 6,335 - 57,37 6,255 3,91 804 33,2 + 2,79 34,75
aB science (AB) g B 3,98 4,145 + 3,37 - 41,54 casino (CO) G a 3,72 3,4 - 7,96 - 65,16 laGarDère (MMB) G a 21,15 21,35 + 0,71 + 6,54 FR0000032658 29/06/23 0,8 24.362.000 32,9 + 16,29 29,9 2,41
140514 4,225 + 1,72 7,49 1855830 3,736 -56,6 12,17 1451 21,4 24,15
FR0010557264 46.891.525 3,95 - 45,21 3,83 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 3,326 - 72,13 2,642 FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 21,15 + 19,88 19,5 6,09 telePerFormance (RCF) R a 154 156,85 + 1,65 - 29,57
aBc arBitraGe (ABCA) g B 5,86 5,94 + 1,37 - 7,91 catana GrouP (CATG) g c 7,17 7,18 + 1,84 + 21,9 131882 157,5 + 2,42 275,4
lDc (LOUP) a 129 131,5 + 1,94 + 22,33 FR0000051807 21/04/23 3,85 59.120.842 154 - 52,48 137,3 2,46
20324 5,94 + 0,85 6,64 34451 7,25 +7 7,72 495 131,5 +16,89 134
FR0004040608 04/07/23 0,11 59.608.879 5,86 - 14,78 5,79 1,85 FR0010193052 01/03/23 0,15 30.706.178 7,1 - 2,84 5,93 2,09 FR0013204336 29/08/22 2 17.635.433 129 + 33,37 104 1,52 teract (TRACT) B5 5,1 + 2 - 15
aBiVaX (ABVX) g B 16,52 17,56 + 6,55 +184,14 ceGeDim (CGM) B 22 21,85 - 0,68 + 50,07 4885 5,3 - 9,89 7,48
lna santé (LNA) g B 28,8 28,9 + 0,52 - 2,36
39663 17,56 + 9,48 19,7 10871 22,1 + 2,1 23,55 4863 29,1 - 1,87 34 FR001400BMH7 73.394.562 5 - 31,64 4,7
FR0012333284 42.331.585 16,38 +109,55 5,6 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 21,75 + 4,05 14,82 FR0004170017 06/07/23 0,5 10.709.416 28,75 - 15,74 26,65 1,73 tF1 (TFI) G a 6,4 6,48 + 1,25 - 9,43
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 1,21 1,21 - 0,17 - 29,73 cGG (CGG) G B 0,74 0,743 + 0,32 + 22,89 lectra (LSS) g B 26,3 26,4 + 0,38 - 25 180453 6,505 + 2,45 8,71
93907 1,23 - 3,2 2,485 4517638 0,744 +18,16 0,963 13900 26,6 - 6,22 41,3 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 6,37 - 2,56 6,185 7,72
FR0012616852 28.439.382 1,18 - 36,52 1,11 FR0013181864 713.676.258 0,729 - 4,57 0,599 FR0000065484 03/05/23 0,48 38.017.826 26,25 - 27,87 26,2 1,82 tFF GrouP (TFF) G B 44,6 44,6 + 9,58
accor (AC) LR a 33,8 33,76 - 0,59 + 44,58 cHarGeurs (CRI) g c 11,1 11,02 - 0,9 - 21,73 lHYFe (LHYFE) B 6,9 6,9 - 20,23 3469 45 +14,65 45
431677 33,97 + 2,83 34,4 38017 11,14 - 1,61 16,09 5294 6,9 - 1,43 9,08 FR0013295789 08/11/22 0,4 21.680.000 44,5 + 32,74 37,7 0,9
FR0000120404 23/05/23 1,05 336.341.758 33,64 + 20,66 23,39 3,11 FR0000130692 02/05/23 0,54 24.862.314 10,98 - 31,85 10,36 4,9 FR0014009YQ1 47.900.448 6,86 - 6,28 6,66 tHermaDor GrouPe (THEP) B 81 81,9 + 2,38 - 4,99
aDocia (ADOC) g B 4,095 4,455 + 8,92 + 12,22 cHristian Dior (CDI) a 805 800,5 - 1,05 + 17,55 lineData serVices (LIN) g B 59 59 + 27,98 1773 81,9 - 3,31 101,6
293063 4,7 +12,5 5,12 eX D oP 08/06/17 3578 807,5 + 2,5 872 86 59 +11,32 60,4 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 80,2 - 3,42 78,1 2,54
FR0011184241 8.564.855 4,095 + 6,07 2,745 FR0000130403 25/04/23 7 180.507.516 792,5 + 28,49 684 0,87 FR0004156297 05/07/23 1,75 4.960.807 58,8 + 66,67 43,3 2,97
aéroPorts De Paris (ADP) LR a 128,3 127,2 - 1,17 + 1,6 claranoVa se (CLA) g B 1,714 1,67 - 3,13 - 39,23 tiKeHau caPital (TKO) g a 23 23 + 0,44 - 5,15
lisi (FII) g a 23,8 23,9 + 0,21 + 22,82 eX D s 03/07/17 3469 23 + 4,55 27
70907 128,3 - 3,71 147,7 62353 1,72 - 1,76 2,954 4713 23,95 - 4,02 27
FR0010340141 05/06/23 3,13 98.960.602 126,6 + 0,91 123,45 2,46 FR0013426004 57.206.910 1,67 - 57,4 1,608 FR0013230612 18/05/23 0,7 175.193.044 22,9 + 3,37 21,6 3,04
FR0000050353 17/04/23 0,15 46.538.313 23,8 + 10,65 18,46 0,63
air France-Klm (AF) LR a 1,6 1,591 - 1 + 29,2 coFace (COFA) G a 13 13,07 + 0,31 + 7,66 lumiBirD (LBIRD) g c 13,56 13,54 - 0,15 - 18,24 transGène (TNG) g c 1,83 1,818 - 0,66 + 9,65
11361886 1,611 - 5,58 1,862 113790 13,07 + 3,98 14,44 1758 13,58 - 8,88 19,22 9346 1,83 - 4,82 2,55
FR0000031122 14/07/08 0,58 2.570.536.136 1,578 + 27,04 1,238 FR0010667147 22/05/23 1,52 150.179.792 12,91 + 30,83 11,95 11,63 FR0000038242 22.466.882 13,5 - 31,27 13,24 FR0005175080 100.850.273 1,796 - 22,31 1,658
aKWel (AKW) g B 14 14 - 19,54 colas (RE) a 115,5 118 + 2,17 + 0,85 m6-métroPole tV (MMT) G a 12,73 12,69 - 0,94 - 17,33 triGano (TRI) G a 134 134,3 + 0,22 + 5,25
2665 14,1 + 7,03 18,24 533 118 + 1,29 122 56632 12,85 - 2,83 16 6138 135,5 - 1,03 140,8
FR0000053027 08/06/23 0,3 26.741.040 13,9 - 14,84 12,8 2,14 FR0000121634 02/05/23 7,35 32.654.499 115 + 1,29 112,5 6,23 FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 12,69 - 10,63 12,61 7,88 FR0005691656 23/05/23 1,75 19.336.269 133,7 + 39,68 109,6 1,3
alD (ALD) G a 9,71 9,855 + 0,92 - 8,41 coViVio (COV) G a 44,88 45,18 + 0,62 - 18,52 maisons Du monDe (MDM) g B 8,285 8,41 + 1,51 - 28,43 uBisoFt entertainment (UBI) LRa 29,1 30,49 + 5,94 + 15,45
277854 9,885 + 0,05 13,06 115851 46,06 + 5,17 66,6 39331 8,41 - 7,79 13,36 618847 30,58 +20,42 30,58
FR0013258662 31/05/23 1,06 816.960.428 9,65 - 9,92 9,38 10,76 FR0000064578 24/04/23 3,75 101.006.389 44,76 - 22,97 42,34 FR0013153541 05/07/23 0,3 40.988.097 8,28 - 13,7 8,025 3,57 FR0000054470 125.520.452 28,52 - 25,82 18,06
alPes (cie Des ) (CDA) g B 14,28 14,4 + 0,7 + 0,14 coViVio Hotels (COVH) a 17,35 17,4 + 0,29 + 17,57 manitou (MTU) g B 24,8 25 + 0,81 Valeo (FR) LR a 21,07 21,48 + 1,37 + 28,62
20502 14,4 + 4,2 15,5 199 17,4 - 1,14 18,3 2544 25,1 + 5,04 28,1 771408 21,89 +11,93 22,23
FR0000053324 14/03/23 0,83 50.533.135 14,26 - 10,34 12,16 5,76 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 17,35 + 2,65 14,5 FR0000038606 30/05/23 0,63 39.668.399 24,8 + 33,12 20,45 2,52 FR0013176526 29/05/23 0,38 243.501.944 20,91 + 7,59 16,16 1,77
altarea (ALTA) G a 101,6 102,6 + 0,39 - 18,7 Dassault aV. (AM) a 167 170,6 + 2,59 + 7,84 mauna Kea (MKEA) g c 0,648 0,64 - 0,16 + 54,22
4052 103,2 + 1,58 132 92247 170,6 - 4,26 188,5 Vallourec reG (VK) G B 11,94 11,99 + 0,38 - 2,28
82694 0,648 - 0,16 0,837 509988 12,035 +18,6 15,06
FR0000033219 12/06/23 5 20.736.822 101,6 - 29,82 98,6 FR0014004L86 19/05/23 3 82.521.779 164,1 + 20,74 148,7 1,76 FR0010609263 48.254.285 0,639 - 5,04 0,402
FR0013506730 229.240.471 11,83 + 38,77 9,546
altareit (AREIT) B 575 575 - 8 Dassault sYstemes (DSY) R a 40,4 40,035 - 1,03 + 19,53 maurel et Prom (MAU) g B 3,91 3,984 + 1,79 - 0,77
1 575 640 879282 40,775 + 0,89 41,985 174903 3,988 + 5,06 4,244 ValneVa (VLA) G B 6,756 6,832 + 0,15 + 9,77
FR0000039216 1.750.487 575 - 10,16 545 FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.339.964.068 39,975 + 1,41 33,095 0,53 FR0000051070 03/07/23 0,23 201.261.570 3,864 - 10,17 3,115 5,77 147333 6,93 - 6,77 7,846
alten (ATE) G a 140,2 138 - 1,57 + 18,15 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 2,98 3,03 + 1,07 - 3,69 FR0004056851 138.896.600 6,75 - 30,4 3,95
mcPHY enerGY (MCPHY) g B 8,515 8,445 - 0,65 - 30,84
32228 141,6 - 1,22 161,2 102194 3,082 -16,8 4,3 101331 8,86 + 0,24 14,9 Verallia (VRLA) g a 35,3 35,06 - 1,13 + 10,67
FR0000071946 04/07/23 1,5 34.660.151 138 + 10,75 116,6 1,09 FR0010417345 96.250.954 2,96 - 34,16 2,5 FR0011742329 27.959.095 8,405 - 45,76 7,64 116472 35,66 + 3,24 40,2
amunDi (AMUN) G a 56,8 57,4 + 0,7 + 8,3 Deezer sa (DEEZR) 2 2,57 2,57 - 0,39 - 11,96 meDincell (MEDCL) B 6,33 6,34 + 0,16 + 2,59 FR0013447729 08/05/23 1,4 122.289.183 34,9 + 60,68 31,62 3,99
eX-Ds 15/03/17 99806 57,65 +10,28 64,75 2965 2,575 +10,78 3,024 73108 6,57 - 0,63 10,5 VerimatriX (VMX) g B 0,706 0,715 + 1,42 - 7,86
FR0004125920 22/05/23 4,1 203.860.131 56,8 + 8,61 51,55 7,14 FR001400AYG6 115.068.493 2,55 - 40,92 1,19 FR0004065605 28.718.045 6,33 + 24,8 5,94 34624 0,721 +13,85 0,94
antin inFra Partners (ANTIN) G a 16,22 16,44 + 0,43 - 19,01 DericHeBourG (DBG) g B 5,415 5,44 - 1,45 mercialYs (MERY) G B 8,325 8,3 - 0,36 - 15,05 FR0010291245 85.535.147 0,69 - 1,11 0,58
15046 16,51 +16,43 23,3 61548 5,46 +11,98 6,85 142518 8,42 + 2,09 10,79 VetoQuinol (VETO) B 89,9 90,4 + 0,56 + 3,2
FR0014005AL0 08/06/23 0,28 174.562.444 16,22 - 37,82 13,54 1,7 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 5,385 - 4,98 4,63 5,88 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 8,3 - 4,76 7,415 927 90,6 + 2,38 98,6
aramis (ARAMI) a 5,03 5,01 - 0,6 + 19,29 Dms (DGM) g c 1,4 1,385 - 2,12 + 37,13 mersen (MRN) G B 40,45 41,15 + 1,48 + 9,01 FR0004186856 02/06/23 0,8 11.881.902 89,9 - 27,33 77,5 0,89
28189 5,13 + 6,26 5,84 10536 1,4 - 3,15 1,6 18138 41,15 + 3,13 45,95
FR0014003U94 82.856.671 4,98 + 11,33 2,558 FR0012202497 16.120.556 1,385 + 12,6 0,982 Vicat (VCT) g a 29,45 29,8 + 0,85 + 27,08
FR0000039620 04/07/23 1,25 24.418.312 40,3 + 26,03 35,25 3,04
10843 29,8 + 6,62 30,95
arGan (ARG) a 68,8 68,2 - 0,58 - 10,03 eDenreD (EDEN) R a 58,32 59,18 + 1,37 + 16,31 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 1,11 1,19 + 7,21 - 1,65 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 29,45 + 10,17 23,75 5,54
8817 69,2 + 0,29 88,7 482407 59,44 - 1,17 62,4 158095 1,22 + 9,17 1,421
FR0010481960 30/03/23 3 23.079.697 68,2 - 29,03 66,7 FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 58,04 + 25,04 47,74 1,69 FR0004177046 50.919.133 1,11 - 33,22 0,88 VirBac (VIRP) G a 268 269 + 0,75 + 17,98
arKema (AKE) LR a 92 93,18 + 0,84 + 11,09 eiFFaGe (FGR) LR a 94,8 95,76 + 0,36 + 4,18 5189 270 - 2,36 314
monceY (Fin.) nom. (FMONC) B 7750 7650 - 1,92 + 16,79 FR0000031577 26/06/23 1,32 8.458.000 264 - 23,8 228 0,49
81307 93,38 +16,3 99,8 164020 95,78 + 1,08 107,9 5 7750 + 0,66 8500
FR0010313833 15/05/23 3,4 75.043.514 91,96 + 3,03 78,5 3,65 FR0000130452 15/05/23 3,6 98.000.000 94,7 + 9,84 91,82 3,76 FR0000076986 20/06/23 28 182.871 7650 + 29,66 6050 0,37 Voltalia (VLTSA) G a 16 15,9 - 0,63 - 6,8
artmarKet.com (PRC) g c 6,77 6,76 - 0,44 - 4,79 eKinoPs (EKI) g B 7,1 7,15 - 0,69 - 14,88 nacon (NACON) B 1,97 1,94 - 1,92 - 25,38 34293 16,2 + 5,44 18,26
2203 6,91 - 3,29 8,12 12757 7,16 - 7,26 9,41 30753 1,97 -3 2,925 FR0011995588 131.140.944 15,88 - 20,2 12,62
FR0000074783 6.651.515 6,75 + 0,75 5,92 FR0011466069 25.727.618 7,08 + 1,42 6,83 FR0013482791 86.936.299 1,922 - 62,98 1,84 WaVestone (WAVE) g B 48,45 48 - 1,13 + 11,24
assYstem (ASY) B 46,2 45,8 - 0,65 + 12,81 elior (ELIOR) G B 2,808 2,836 + 0,78 - 14,06 nanoBiotiX (NANO) g B8 8,54 + 13,26 +135,91 6662 48,55 - 0,41 52,4
oPa 24/11/17 1730 46,2 + 3,85 49,6 242852 2,836 +10,26 4,186 1436359 8,9 +74,11 8,9 FR0013357621 03/08/22 0,38 20.196.492 47,95 - 0,83 40,9 0,79
FR0000074148 05/07/23 1 15.668.216 45,6 + 27,93 40,5 2,18 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 2,756 + 32,77 2,472 FR0011341205 13/05/19 34.825.872 7,82 +154,17 1,612 WenDel (MF) G a 92,55 93,4 + 0,43 + 7,11
atos se (ATO) a 14,25 14,45 + 0,59 + 60,34 elis (ELIS) G a 18,4 19,1 + 3,92 + 38,21 neoen (NEOEN) G a 29,74 29,78 - 0,4 - 20,82 20736 93,75 + 0,54 109,2
380457 14,565 +11,71 15,76 581245 19,13 +11,31 19,13 83461 30,32 + 4,13 38,07 FR0000121204 19/06/23 3,2 44.407.677 92,55 + 7,73 87,25 3,43
FR0000051732 14/05/21 0,9 110.951.542 14,25 + 32,45 9,382 FR0012435121 30/05/23 0,41 232.726.185 18,34 + 34,13 13,8 2,15 FR0011675362 17/05/23 0,13 152.122.449 29,74 - 27,33 25,72 0,42
WorlDline (WLN) G a 34 34,62 + 1,64 - 5,23
auBaY (AUB) g c 43,8 44,5 + 1,37 - 8,72 eramet (ERA) G B 86,85 87,2 - 0,57 + 4 neurones (NRO) B 38,6 38,5 - 0,13 - 1,91 372218 35,1 + 8,83 44,77
9556 44,8 - 1,22 53,2 40958 88,3 + 5,89 114,5 8710 38,95 - 3,27 44
FR0000063737 19/05/23 0,7 13.304.296 43,6 - 14,09 42,95 1,57 FR0000131757 26/05/23 3,5 28.755.047 86,5 - 3,91 79,15 4,01 FR0011981968 282.627.758 34 - 5,38 31,34
FR0004050250 14/06/23 1,1 24.228.216 38,5 + 11,27 36 2,86
aVenir telecom (AVT) c 0,203 0,204 +175,75 esi GrouP (ESI) g c 148,5 148 +100,54 Xilam animation (XIL) g c 25,3 25 - 1,19 - 27,01
neXans (NEX) G a 80,7 81,15 + 0,5 - 3,91
104738 0,213 +23,93 0,435 1287 148,5 +39,62 149,5 58336 81,85 + 9,15 102,9 716 25,3 - 6,02 35,6
FR001400CFI7 0,203 - 73,78 0,069 FR0004110310 6.064.141 148 +123,56 72 FR0000044448 15/05/23 2,1 43.753.380 80,3 - 3,91 71 2,59 FR0004034072 4.911.500 25 - 39,02 21,8
aXWaY soFtWare (AXW) g B 21,9 22,1 + 0,46 + 32,73 esso (ES) g c 48,62 49,2 + 4,24 neXitY (NXI) G a 18,2 18,4 + 1,66 - 29,39
1116 22,1 + 6,76 23,3 3059 49,26 - 1,52 59,8 92995 18,51 + 2,05 28,54
FR0011040500 05/06/23 0,4 21.633.597 21,9 + 19,46 16,5 1,81 FR0000120669 10/07/23 2 12.854.578 48,62 - 8,21 41,06 4,07 FR0010112524 24/05/23 2,5 56.129.724 18,02 - 30,2 17,87 13,59 Autres Valeurs de la Zone euro
Bains mer monaco (BAIN) B 109,5 110,5 + 0,91 + 31,24 eurazeo (RF) G a 61 61,85 + 0,98 + 6,45 oDet (cie De l') (ODET) a 1546 1542 - 0,77 + 10,94
1797 112 + 1,84 113 70467 62,1 - 1,36 69,7 38 1546 + 1,58 1650 euroneXt (ENX) LR a 62,8 64,4 + 2,39 - 6,88
MC0000031187 04/10/22 1 24.516.661 109 + 31,55 83 FR0000121121 28/04/23 2,2 79.224.529 61 - 6,85 58,3 3,56 FR0000062234 20/06/23 3,6 6.585.990 1538 + 36,7 1368 0,23 114229 64,4 + 1,66 78,76
NL0006294274 23/05/23 1,89 107.106.294 62,7 - 16,86 60,65 3,45
BalYo (BALYO) g c 0,823 0,823 +102,71 eutelsat com. (ETL) G a 6,09 6,115 + 1,16 - 12,14 orPéa (ORP) G a 1,785 1,82 + 1,82 - 70,51
34723 0,824 + 0,37 0,87 243136 6,14 + 3,64 7,265 577977 1,838 - 8,73 8,934 noKia (NOKIA) R a 3,551 3,575 + 0,14 - 17,6 0,3
FR0013258399 33.755.587 0,823 + 6,47 0,4 FR0010221234 17/11/22 0,93 248.926.325 6,075 - 41,37 5,785 15,21 FR0000184798 09/07/21 0,9 64.693.851 1,779 - 92,31 1,63 108694 3,597 - 3,39 4,7 12,07
BastiDe le conFort (BLC) g c 27 27 - 0,55 - 26,63 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 19,18 18,98 - 0,94 + 4,98 ose immuno (OSE) g c 3,45 3,445 - 0,15 - 48,39 FI0009000681 24/07/23 0,02 5.632.297.576 3,526 - 28,35 3,413 0,84
4193 27,4 - 7,85 38 14599 19,18 - 0,94 21,15 18203 3,5 + 1,32 7 ses (SESG) LR 5,78 5,815 + 0,61 - 4,52
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.350.928 27 - 24,16 26,95 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 18,9 + 23,25 18 FR0012127173 18.901.101 3,42 - 47,72 3,29 264756 5,875 +10,76 7,4
BelieVe (BLV) G a 10,7 10,88 + 1,3 + 12,22 FDJ (FDJ) G a 35,3 35,42 - 0,17 - 5,75 oVH (OVH) g a 9,35 9,375 - 0,27 - 41,33 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 5,735 - 25,89 4,694 8,6
10584 10,88 - 1,09 12,76 80869 35,6 - 0,06 40,99 36374 9,465 + 8,89 16,365 X-FaB silicon (XFAB) g a 9,87 9,88 - 0,4 + 49,36
FR0014003FE9 96.932.615 10,68 + 20,75 9,51 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 35,26 + 4,36 34,6 3,87 FR0014005HJ9 188.532.591 9,34 - 41,99 8,58 66805 10,05 + 3,95 10,48
Bénéteau (BEN) G B 15 15,1 + 0,67 + 6,79 FermentalG (FALG) g c 0,654 0,657 + 1,23 - 56,86 PeuGeot inVest (PEUG) g a 102,6 103,2 + 0,59 + 15,96 BE0974310428 130.781.669 9,85 + 38,96 6,625
35070 15,1 + 0,13 17,44 107627 0,668 -14,12 1,708 2031 103,4 + 5,95 112,4
FR0000035164 21/06/23 0,42 82.789.840 14,88 + 43,26 13,94 2,78 FR0011271600 41.290.430 0,649 - 70,56 0,63 FR0000064784 19/05/23 1 24.922.589 102,4 + 12,05 89,4 2,76
Bic (BB) G a 52,15
21329
52,3
52,55
+ 0,29 - 18,22
- 0,66 69,15
PHaXiam tX (PHXM) g B 0,628
54434
0,605
0,628
- 1,14 + 64,94
-25,86 1,36
PHarmaGest int. (PHA) g a 83,6
3867
81,5
83,8
- 2,28 + 9,1
+ 1,75 85,8
VAleurs Zone internationale
FR0000120966 29/05/23 2,56 43.952.226 52 - 5,94 51,15 4,9 FR0011471135 60.751.054 0,603 - 46,84 0,362 FR0012882389 03/07/23 1,15 15.174.125 81,5 - 0,49 69,5 1,41 General electric (GNE) a 98,8 100,5 + 1,11 + 32,94
BiGBen int. (BIG) g c 5,08 5,14 + 0,78 - 19,31 Fnac DartY (FNAC) G a 33,96 34,02 + 0,06 - 1,22 Pierre & Vacances (VAC) g c 1,542 1,602 + 4,98 + 48,61 68 100,5 + 5,57 101
8222 5,17 - 2,28 7,81 23206 34,12 + 2,29 40,28 579125 1,608 + 0,13 1,894 US3696043013 USD 10/07/23 0,06 1.092.668.140 98,8 + 59,52 63,1
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.529.960 5,08 - 67,55 4,85 5,84 FR0011476928 13/06/23 1,4 27.778.578 33,54 - 16,21 32 4,12 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.432.292 1,53 + 23,63 1,028
scHlumBerGer (SLB) a 49,905 50,93 + 2 + 2,99 3,45
BiomérieuX (BIM) G a 95,32 95,4 - 0,23 - 2,57 Foncière lYonnaise (FLY) a 68,8 68,2 + 0,29 - 19,19 Plastic omnium (POM) G a 19,01 19,12 + 2,91 + 40,8 8280 51 +19,71 54,6
50980 96,24 + 5,02 102,6 41 68,8 + 4,92 85 325685 20,1 +19,72 20,1 AN8068571086 USD 06/06/23 0,25 1.385.122.304 49,905 + 47,41 39,535
FR0013280286 06/06/23 0,85 118.361.220 94,72 - 8,93 88,64 0,89 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 67,8 - 20,33 62 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 19,01 + 5,05 13,69 2,04
total enerGies GaBon (EC) a 184,4 180 + 0,33 + 13,92
Boiron (BOI) g a 50,2 50,4 + 0,4 - 0,59 ForVia (FRVIA) LR a 24,7 24,87 + 1,3 + 76,01 PoXel (POXEL) g c 0,649 0,66 + 3,61 - 29,79
8318 50,8 +27,43 53,2 1031217 25,4 +17,15 25,4 301518 0,675 + 1,54 1,08 157 184,4 - 0,66 190
FR0000061129 31/05/23 1,1 17.545.408 50,1 + 11,88 36,75 2,18 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 24,51 + 42,11 14,4 FR0012432516 34.252.646 0,649 - 63,41 0,593 GA0000121459 07/06/23 20,8 4.500.000 179,6 + 8,11 152 11,56
Bolloré (BOL) G a 5,985 5,985 - 0,25 + 14,66 Gecina (GFC) LR a 99,25 98,8 - 0,8 + 3,84 QuaDient (QDT) g B 19,56 19,62 + 0,1 + 42,48
407272 6,03 + 8,72 6,37 115044 100,7 + 5,27 114,2 31001 19,7 + 6,17 20,05
FR0000039299 04/07/23 0,04 2.951.174.374 5,935 + 26,05 5,02 0,67 FR0010040865 03/07/23 2,65 76.623.192 98,8 89,35 FR0000120560 04/08/22 0,55 34.468.912 19,44 + 2,83 13,82 2,8
BonDuelle (BON) g B 11 11,02 + 0,92 - 17,64 GenFit (GNFT) G B 3,595 3,58 - 0,83 - 9,78 rallYe (RAL) a 0,869 0,797 - 7,54 - 70,26
18069 11,02 - 3,33 14,5 168440 3,615 - 5,04 4,92 487165 0,87 -55,47 3,1
FR0000063935 03/01/23 0,3 32.630.114 10,88 - 16,52 10,76 2,72 FR0004163111 49.834.983 3,53 - 9,55 3,19 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 0,785 - 73,87 0,55
Bureau Veritas (BVI) LR a 23,86 24,14 + 1,3 - 1,91 Genomic Vision (GV) g c 0,009 0,009 - 2,17 - 75,07 ramsaY GDs (GDS) a 22 22,4 + 1,82 + 22,4
520217 24,37 - 1,11 27,27 1970115 0,009 -30,77 0,054 680 22,4 +10,34 22,4
FR0006174348 04/07/23 0,77 453.745.520 23,85 - 8,18 23,29 3,19 FR0011799907 385.886.117 0,009 - 89,99 0,008 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 22 - 2,18 17,95
carmila (CARM) g c 15,78 15,68 - 1,14 + 17,54 GensiGHt (SIGHT) g B 0,7 0,706 + 0,43 - 79 rémY cointreau (RCO) LR a 143,75 145,55 + 0,97 - 7,65
52764 15,84 +16,32 15,92 34923 0,713 - 6,74 3,796 67106 145,55 + 4,04 180,5
FR0010828137 15/05/23 1,17 142.309.415 15,6 + 4,12 13,1 FR0013183985 46.335.591 0,695 - 71,78 0,484 FR0000130395 27/07/22 1,85 50.785.696 143,45 - 20,25 136,4 1,96
25 Les Echos Mardi 25 juillet 2023 FINANCE & MARCHES

© maison habile. - crédits photo : Nicolas Brodard

carnet
ENTREPRISES Thierry Amarger, 50 ans, est titu- France. Il a notamment travaillé
laire d’un master en administra- au sein de la filiale construction, à
EDF tion des affaires de Kedge Busi- la direction du développement du
Chloé Pfeiffer ness School, d’un international groupe, avant d’être nommé direc-
Erkki Maillard executive MBA d’IE Business teur de la région Hauts-de-France,
sont respectivement nommés School (à Madrid) et du senior exe- puis de la région Nouvelle-Aqui-
directrice de la coordination cutive program de la London Busi- taine de Suez Eau France.
exécutive et directeur ness School. Il reste membre du
des affaires gouvernementales comité de direction Europe et CEO
et internationales
du groupe EDF.
d’American Tower France. Précé-
demment, il a officié auprès de
+
Microsoft, Nokia et Gemplus
Ils sont nés
Chloé Pfeiffer, 45 ans, ancienne élè- (désormais Thalès). Il a rejoint un 25 juillet
ve de Polytechnique et de l’Ecole l’entreprise en 2020.
des Ponts Paris Tech, a rejoint le
groupe EDF en intégrant Enedis
en 2014 pour conduire des projets
WHIRLPOOL
Anthony Bosc
•haut
Pierre Alégoët,
fonctionnaire, 69 ans.
smart grids en tant que directrice
technique adjointe Méditerranée.
prend la direction marketing
de Whirpool France.
•joaillière,
Solange Azagury-Partridge,
62 ans.
Elle a ensuite travaillé sur la trans-
formation numérique de l’entre- Anthony Bosc, 38 ans, est double-
•ex-PDG
Charles Bouaziz,
du groupe Ontex, 61 ans.
prise comme directrice de l’inno-
va t i o n n u m é r i q u e ava n t d e
ment diplômé en management et
MBA de Grenoble Ecole de Mana-
•premier
Louise Brown,
bébé-éprouvette, 45 ans.
prendre le poste de directrice
d’Enedis Paris dès 2019. En mars
gement et Southern Illinois Uni-
versity of Carbondale (Etats-Unis).
•cofondatrice
Coqueline Courrèges,
de la maison
dernier, elle est devenue chargée de A partir de 2010, il a assumé diver- Courrèges, développeuse
mission sur le projet d’entreprise ses fonctions chez Whirlpool en de concepts de véhicules
pour la présidence du groupe EDF. France et en Italie. Entre 2018 électriques, 88 ans.

Erkki Maillard, 50 ans, diplômé de

et 2019, il fut senior category busi-
ness manager Whirlpool Emea au
•patron
Axel Ganz,
de presse, 86 ans.
l’ESCP Europe et de l’IEP de Paris,
est un ancien élève de l’ENA. Il a as-
siège européen de Milan.
Depuis 2020, il occupait le poste
•diteMélanie Georgiades,
« Diam’s »,
sumé des responsabilités à des pos- de directeur consumer services. ancienne rappeuse, 43 ans.
tes de conseiller ministériel et de
directeur de cabinet auprès succes-
•acteur
Eric Judor,
et humoriste, 55 ans.
FÉDÉRATION
sivement du ministre des Affaires • Matt LeBlanc, acteur, 56 ans.
étrangères, du ministre chargé des
affaires européennes et du minis-
FP2E
Arnaud Bazire
•chanteuse,
Lynda Lemay,
57 ans. Vivez toutes les émotions
tre de l’Enseignement supérieur et a été désigné président de la •chanteur
Thurston Moore, guitariste et
de la recherche. Il entre en 2016
dans le groupe EDF en tant que
Fédération professionnelle des
entreprises de l’eau (FP2E). •deClaude
de Sonic Youth, 65 ans.
Tendil, administrateur du Verbier Festival avec nous.
conseiller diplomatique. De- la fondation Alzheimer, 78 ans.
puis 2019, il assurait également la
direction des affaires européennes.
Arnaud Bazire, 61 ans, diplômé de
l’IEP de Paris, est directeur général
•deSidney Toledano, PDG
LVMH Fashion Group, 72 ans.

AMERICAN TOWER
de Suez Eau France depuis 2021.
Après douze ans d’expérience en
•réalisateur
Claude Zidi,
et scénariste, 89 ans.
Plus de 30 concerts
Thierry Amarger collectivités territoriales, il est en-
en direct et en différé.
est promu vice-président tré dans le groupe Suez en 1999. Il y
senior en charge des comptes
stratégiques mondiaux.
a exercé de nombreuses missions
de direction à l’international et en , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr *toutes les emotions du classique à la demande

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euronext hors srd Françaises euronext hors srd suite Françaises euronext hors srd suite Françaises changes cours au comptant
var. var.
24-07-2023 cours veille année
isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol 1 euro en devise bce en % en %

Fr0000076887 a.s.t. Groupe g C 1,215 1,24 1,2 1,24 + 1,64 12649 Fr0014005sb3 Forsee power sa B 3,185 3,25 3,16 3,24 + 1,73 13104 Fr0000121691 nrj Group B 6,96 7 6,94 6,98 + 0,58 3063 DOLLAR US 1,1078 -0,46 3,51
Fr0012616852 abionyX pharma g B 1,21 1,23 1,18 1,21 - 0,17 93907 Fr0013030152 Francaise enerGie g C 40 40,05 39,05 39,2 -2 11273 Fr0000052680 oeneo g B 13,9 14,1 13,9 14,1 + 1,08 3659 LIVRE STERLING 0,8641 -0,19 -2,36
FRANC SUISSE 0,9604 -0,32 -2,94
Fr0000064602 acanthe dev. C 0,356 0,362 0,352 0,354 - 1,12 17870 Fr0011799907 Genomic vision g C 0,009 0,009 0,009 0,009 - 2,17 1970115 Fr0010428771 ol Groupe g C 3 3,01 3 3 1474490 COURONNE DANOISE 7,4513 -0,01 0,20
Fr0012821890 aduX g C 1,3 1,36 1,3 1,36 + 2,26 854 Fr0000061459 Gerard perrier B 103 104 102 104 + 0,97 720 Fr0000075392 orapi g C 5,68 5,76 5,68 5,68 2368 COURONNE NORV. 11,1572 -0,21 6,30
COURONNE SUEDOISE 11,5447 -0,12 3,44
Fr0013333077 aFFluent medical B 1,155 1,155 1,125 1,155 836 Fr0000065971 Graines voltZ C 39 39,75 38,9 38,9 - 1,52 1964 Fr0010609206 oreGe C 0,678 0,718 0,654 0,672 + 3,39 237312
DOLLAR CANADIEN 1,4577 -0,90 0,49
Fr0011992700 ateme g B 9,5 9,5 9,46 9,48 - 1,25 1540 Fr0004155000 Groupe sFpi g C 2,05 2,05 1,99 1,994 - 1,77 14107 Fr0012127173 ose immuno g C 3,45 3,5 3,42 3,445 - 0,15 18203 YEN JAPONAIS 156,536 -0,84 11,50
Fr0000039232 aurea g C 6,38 6,5 6,3 6,5 + 2,2 1607 Fr0000066722 Guillemot g C 6,84 6,96 6,84 6,96 + 1,61 3349 Fr0004038263 parrot B 4,38 4,46 4,3 4,3 - 1,15 4889 DOLLAR AUSTRALIEN 1,642 -0,63 4,51
ROUBLE RUSSE 100,1683 -0,60 26,91
Fr001400cFi7 avenir telecom C 0,203 0,213 0,203 0,204 104738 Fr0000066755 haulotte Group g B 3,16 3,2 3,1 3,11 - 0,64 9232 Fr0011027135 patrimoine et comm B 18,6 18,6 18 18,4 - 1,08 2646 ROUPIE INDIENNE 90,629 -0,70 2,07
Fr0013258399 balyo g C 0,823 0,824 0,823 0,823 34723 Fr0000054231 hiGh co. g C 4,56 4,62 4,55 4,62 + 0,44 9074 Fr0013252186 plastiques du val g C 2,94 2,94 2,92 2,92 - 0,68 11957 FORINT HONGROIS 377,9645 -0,39 -5,44
ZLOTY POLONAIS 4,4465 -0,38 -5,39
Fr0000035370 bastide conF.med. g C 27 27,4 27 27 - 0,55 4193 Fr0012821916 hipay Group g C 5,32 5,64 5,32 5,64 + 1,08 1234 Fr0012432516 poXel g C 0,649 0,675 0,649 0,66 + 3,61 301518
DOLLAR HONG-KONG 8,6543 -0,53 3,51
Fr0000039299 bollore G A 5,985 6,03 5,935 5,985 - 0,25 407272 Fr0004165801 hotels de paris C 2,44 2,44 2,44 2,44 + 1,67 10220 Fr0012613610 prodways Group g C 1,7 1,73 1,674 1,68 + 0,36 43834 WON SUD COREEN 1416,24 -1,15 4,85
Fr0000074254 bourse direct C 4,69 4,69 4,64 4,67 - 0,43 2598 Fr0014003vy4 hydroGÞne France G B 17,92 17,92 17 17 - 5,03 3989 Fr0000054199 s.t. dupont C 0,126 0,129 0,125 0,129 7757 PESO MEXICAIN 18,6349 -1,28 -10,82
REAL 5,2418 -1,47 -7,55
Fr0010151589 caFom C 9,44 9,9 9,3 9,32 - 1,27 3358 Fr0000051393 idi B 64,2 65,8 64 65,6 + 1,86 2152 Fr0000039109 seche environnem. g B 115,4 117,2 115,4 115,6 1404 DOLLAR SINGAPOUR 1,4741 -0,47 2,51
Fr0012969095 capelli g 6,76 6,8 6,48 6,5 - 3,85 3245 Fr0000033243 immo. dassault B 51 52,2 49 52,2 + 1,95 1649 Fr0011950682 serGeFerrari Gp g C 11,4 11,76 11,4 11,68 + 0,69 14738 LIVRE TURQUE 29,8535 -0,43 48,89
RENMIBI YUAN 7,962 -0,47 7,63
Fr0010193979 cbo territoria C 3,6 3,6 3,58 3,6 + 0,28 8104 Fr0013233012 inventiva g B 3,7 3,7 3,465 3,475 - 5,18 56725 Fr0000074122 sii g C 53 53,4 52,5 52,8 - 0,75 5212
Fr0000053506 ceGedim B 22 22,1 21,75 21,85 - 0,68 10871 Fr0012872141 jacques boGart g C 7,8 7,8 7,7 7,8 - 1,27 1856 Fr00140006o9 solocal Group B 0,134 0,142 0,13 0,139 + 4,67 792521
Fr0013426004 claranova se g B 1,714 1,72 1,67 1,67 - 3,13 62353 Fr0000066607 lacroiX Group g C 38 38,8 37,9 38 2998 Fr0011289040 sqli g C 49,8 51 49,8 49,8 + 0,81 1394
taux marchés monétaires et eurodevises
marchés monétaires
Fr0004031763 coheris g C 5,45 5,7 5,3 5,45 - 1,8 9385 Fr0000032278 latecoere g C 0,187 0,191 0,187 0,188 + 0,27 19949 Fr0004188670 tarkett G B 11,6 11,8 11,5 11,6 + 0,87 1548 24-07-2023 jour 1 mois 3 mois 6 mois 1 an

Fr0010483768 crcam brie pic. cc B 18,098 18,098 17,3 17,5 - 3,3 6421 Fr0014009yq1 lhyFe B 6,9 6,9 6,86 6,9 5294 Fr001400i939 technicolor crea. B 3,26 3,33 3,15 3,2 - 0,93 12047 Zone euro 3,46/3,16 3,71/3,41 3,86/3,56 4,01/3,71 4,13/3,83

Fr0010461053 crcam lanGued cci C 54 54 53,5 53,93 - 0,13 1245 Fr0012634822 maat pharma C 6,38 6,42 6,38 6,4 - 0,31 682 Fr001400bmh7 teract B 5 5,3 5 5,1 +2 4885 ecarts de tauX avec l’allemaGne
24-07-2023 6 mois 2 ans 5 ans 7 ans 10 ans
Fr0000185514 crcam nord Fr. B 12,428 12,47 12,384 12,462 + 0,58 1121 Fr0000051070 maurel et prom g B 3,91 3,988 3,864 3,984 + 1,79 174903 Fr0000033003 touaX g C 6,8 6,9 6,8 6,9 3475
allemaGne 98,30 3,18 2,58 2,49 2,44
Fr001400ayG6 deeZer 2 2,57 2,575 2,55 2,57 - 0,39 2965 Fr0000060873 mbws g C 2,35 2,36 2,35 2,36 775 Fr0000036816 tour eiFFel g B 14,7 14,7 14,35 14,65 - 0,34 13541 portuGal 0 -0,39 0,32 0,54 0,81
Fr0012202497 diaGnostic medicalg C 1,4 1,4 1,385 1,385 - 2,12 10536 Fr0004065605 medincell B 6,33 6,57 6,33 6,34 + 0,16 73108 Fr0000035784 transit.everGreen G C 2,8 2,85 2,8 2,85 + 1,79 33732 France 0,29 0,11 0,34 0,37 0,52
espaGne -0,03 0,28 0,60 0,76 0,96
Fr0000035719 elect et eauX mad. C 3,12 3,12 3,12 3,12 895 Fr0010298620 memscap g C 4,97 4,97 4,9 4,94 + 0,2 11571 Fr0000074197 union tech.inFor. g C 0,505 0,505 0,486 0,505 5171 italie 0,39 0,45 3,62 1,27 1,58
Fr0000062341 F.i.e.b.m. C 11,3 11,3 11,3 11,3 12705 Fr0011277391 myhotelmatch g C 0,022 0,022 0,019 0,021 - 1,89 586478 Fr0000050049 viel et cie C 7,5 7,6 7,36 7,44 - 0,27 10855
Fr0011271600 FermentalG g C 0,654 0,668 0,649 0,657 + 1,23 107627 Fr0013482791 nacon sas B 1,97 1,97 1,922 1,94 - 1,92 30753 Fr0000062796 vranken - pommery C 18,25 18,25 17,85 17,95 1094
Fr0011665280 FiGeac aero g C 5,12 5,12 5,06 5,08 + 0,4 3290 Fr0004050250 neurones B 38,6 38,95 38,5 38,5 - 0,13 8710 Fr0012532810 waGa enerGy B 28,55 28,9 28,55 28,6 - 0,52 1669
certificat/fonds investir 10
INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 155,6 0,50
Fr0000038499 Fonciere euris C 1 1 1 1 - 16,67 1355 Fr0012650166 nhoa g C 3,98 3,98 3,84 3,9 + 0,78 10142 Fr0004034072 Xilam animation g C 25,3 25,3 25 25 - 1,19 716
INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 118,08 0,30

sicav/fcp
classiFication

classiFication

classiFication

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val. unit date dernier val. unit date dernier val. unit date dernier val. unit date dernier
désiGnation hors Frais de la dividende net désiGnation hors Frais de la dividende net désiGnation hors Frais de la dividende net désiGnation hors Frais de la dividende net
code isin des valeurs en euros** valor. en euros** code isin des valeurs en euros** valor. en euros** code isin des valeurs en euros** valor. en euros** code isin des valeurs en euros** valor. en euros**
mont. date mont. date mont. date mont. date

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Mirabaud Asset Management Genève (France) SA
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@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à
vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

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 Mardi 25 juillet 2023 Les Echos 26

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat et PSR 2023 : 500,2 milliards d’euros (prévisions PLF 2023) // PIB 2022 : 2.642 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.666 euros/mois à partir du 01-01-2023 // SMIC horaire : 11,27 euros à partir du 01-01-2023
// Capitalisation boursière de Paris : 2.425,61 milliards d’euros (au 20-07-2023)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 117,65 au 16-07-2023 // Taux de chômage (BIT) : 6,9 % au 1er trimestre 2023
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.956,8 milliards d’euros (3e trimestre 2022)

crible

EN VUE
La vache sans les prisonniers
Alberto Nunez Feijóo Plastic Omnium valide à la perfection son équation financière et stratégique.

La foi a de temps en temps besoin de preuves. Le méga contrat

ne pointe d’amertume sur la langue. Alberto Nunez
américain de 2,4 milliards d’euros décroché au printemps par Plastic
Omnium dans les réservoirs d’utilitaires fonctionnant à l’hydrogène
en était une de taille pour l’équipementier automobile qui évangélise
les foules investisseuses aux futurs paradigmes de la mobilité. Mais la
route est longue jusqu’à la promesse d’un chiffre d’affaires à 3 milliards
d’euros dans ce débouché en 2030, équivalent à celui des réservoirs
des voitures à combustion d’il y a cinq ans. Et elle passe par une
sérieuse pente d’investissement, autour d’un milliard sur une
décennie. Son directeur général, Laurent Favre, rassure un peu plus
les Saint-Thomas de la Bourse par la démonstration, au premier
semestre, de cette équation stratégique et financière qui doit
permettre à la fois le développement de nouveaux métiers pour
l’instant sans rentabilité et la diversification dans l’éclairage en
s’appuyant sur ses vaches à lait historiques. La hausse du cash-flow
libre, même sans le coup de pouce des cessions immobilières qui la
propulse à 43 %, en est l’un des meilleurs témoins tout comme une
marge opérationnelle à 4 % et un chiffre d’affaires semestriel record
dépassant les 5 milliards, battant les attentes. Les boursiers en ont
accepté le présage (+3 % lundi pour le titre) sans se sentir prisonniers
de l’absence d’un relèvement des objectifs annuels. Ceux-ci étant basés
sur des hypothèses prudentes de volumes au second semestre, le
véhicule de la famille Burelle en garde sous le pied.

U Feijoo, le nouveau patron de la droite espagnole,

peut certes se targuer d’avoir placé son parti en tête
des élections législatives de dimanche. Mais sa marge de
manœuvre est bien plus étroite que prévu – la faute à la
« remontada » de la gauche et à la performance « déce-
vante » du parti ultra-conservateur « Vox », avec lequel il
Pas de fumée sans feu
aurait pu former une coalition. Jusqu’à présent, le leader du
Partido Popular (PP) avait réussi un sans-faute en traçant Ryanair met de la volatilité dans le sentiment
une trajectoire politique singulière. Face aux jeunes loups boursier à l’égard du secteur aérien.
pressés, lui ne s’est hâté qu’avec lenteur. Né en 1961, il a cultivé
une image de sobriété et de modération quand son parti se Cachez ces mauvaises nouvelles que la Bourse ne saurait voir…
déchirait dans des querelles intestines. Bâtissant sa stratégie La probabilité est cependant plus grande qu’un jour Greta Thunberg
localement, il a été élu quatre fois président de la région de monte à bord d’un avion, que Michael O’Leary, le patron de Ryanair,
Galice, depuis 2009. En 2018, il refusait même de candidater s’abstienne de mettre les pieds dans le plat. Chose faite donc dans un ciel
pour la présidence du PP, préférant passer son tour, jusqu’au sans nuage pour un secteur aérien qui a repris 25 % d’altitude en un an
plébiscite de 2022 où, seul en lice, il a obtenu plus de 98 % des en Europe. Une majorité d’acteurs a retrouvé ou dépassé la valeur
suffrages. On a connu des ambitieux plus pressés. Né dans un d’avant fin 2019, même lorsqu’on inclut l’endettement. C’était le cas aussi
petit village et issu d’un milieu populaire, il dut abandonner de la « low-cost » irlandaise jusqu’à ce que son bouillonnant pilote
ses études de droit à 24 ans, lorsque son père a été mis au chô- brandisse le spectre du retour de la guerre des prix dès la fin de l’été.
mage. Le voilà fonctionnaire régional, vite repéré par ses Ses tarifs afficheront des hausses d’encore 10 % à 15 % de juillet
supérieurs. A 35 ans, il dirige l’administration nationale de à septembre, dans la droite ligne de l’inflation de l’été 2022 (+14 %).
la Santé à Madrid. Ensuite, La Poste (Correos). En 2003, Mais cette dynamique commence à fléchir, assure le groupe. Il se prépare
il repart en Galice pour prendre la tête, trois ans plus tard et à baisser ses prix dès l’automne si les voyageurs venaient à fermer
donc à 45 ans seulement, du PP local. Seule odeur de soufre le porte-monnaie. Le récent commentaire de son homologue d’easyJet
qui émane de ce « monsieur normal » de la politique : les sur la demande hivernale était beaucoup plus rassurant. Le message
photos compromettantes d’une partie de pêche, au milieu a toutefois été entendu par les investisseurs, à défaut d’avoir été bien reçu
des années 1990, avec un trafiquant de cigarettes et de (–7 % pour l’action Ryanair et –4,4 % pour celle de la compagnie
cocaïne. Mais promis, il n’était au courant de rien. aux carlingues orange, pourtant très décoté, elle, par rapport à sa valeur
d’avant-Covid). Michael O’Leary, qui manœuvre vers un record
Lire nos informations de bénéfice net en 2023-2024, prend peut-être ses désirs pour des réalités.
( Page 5 Les prix ont toujours été l’arme de Ryanair pour gagner des parts
d’un marché dont il vise 30 % d’ici à 2034. Mais comme on dit à Rhodes,
il n’y a pas de fumée sans feu.

La Bourse de Paris en légère baisse

La Bourse de Paris a clôturé en « plus fort repli » du secteur privé

baisse lundi. L’indice CAC 40 a
reculé de 0,07 %, à 7.427,31 points.
Ailleurs en Europe, la tendance
était morose mais les places se sont
maintenues à l’équilibre. Londres a
gagné 0,19 %, contre 0,08 % pour
Francfort. Les marchés sont dans
l’attente de nombreuses publica-
tions de résultats d’entreprises,
ainsi que des décisions de politique
monétaire de la Fed mercredi et de
la BCE jeudi. Les perspectives
macroéconomiques s’assombris-
sent pour la France. L’indice PMI
flash de S&P Global a fait état du
depuis plus de deux ans et demi en
juillet, après un ralentissement
significatif en juin.
Du côté des valeurs, Société
Générale a enregistré la plus forte
hausse du CAC 40 (2,15 %). L’indus-
trie automobile a aussi fait preuve
de vigueur. Renault a grimpé de
1,74 %. Stellantis, qui a annoncé
son projet de construction d’une
usine de batteries aux Etats-Unis en
collaboration avec Samsung, a pris
1,48 %. Parmi les plus fortes baisses
du jour, Publicis a lâché 1,83 % et
Kering a cédé 1,61 %.