AST 225

Dynamiques du marché du
travail et trajectoires de
reconversion professionnelle
Séance du 4 juin 2022

Murielle Matus
Lise-Cnam (UMR 3320)
Plan de la séance
• Des transitions qui augmentent autour du chômage
• Une organisation sociale des transitions professionnelles
• Reconversion professionnelle – définition
• Des reconversions professionnelles plus nombreuses parmi les
chômeurs
• Segmentation du marché du travail et dynamiques de reconversion
• En conclusion
 Des transitions qui augmentent autour du
chômage
(Transitions professionnelles : passages par l’emploi, le chômage, l’inactivité une année donnée)
Depuis la crise de 2008, changement de la structure des transitions
- allers/retours entre emploi et chômage plus nombreux que les
transitions d’emploi à emploi (changement d’employeur)
=> Accentuation de l’instabilité du marché du travail
- transitions vers le chômage : + jeunes, les moins qualifiés, séniors
- d’abord dû aux modes de gestion de la main d’œuvre des entreprises
ou à certains métiers
 Une organisation sociale des transitions
professionnelles
Les transitions professionnelles sont socialement organisées (Rose,
1996) :

- individus (marges de manœuvre, ressources)

- État / institutions (réglementation, politiques d’emploi et
chômage)
- modes de gestion de la main d’œuvre des employeurs
- structure à une période donnée et transformations en cours du
marché du travail
Reconversion professionnelle - définition
• Une notion issue d’une demande sociale : s’est imposé à partir des
années 60 (auparavant « conversion »)
• Catégorie fourre-tout : changement de métier, de statut d’emploi
(indépendant-salarié), de secteur d’activité, voire promotion

 Changement de métier : dénomination, identification, tâches,

normes d’accomplissement différentes
 Une transition professionnelle particulière
 Des reconversions professionnelles plus
nombreuses parmi les chômeurs
• 37% changent de métier à la reprise d’un emploi (Matus & Prokovas, 2014)
// Environ 8% des actifs (d’emploi à emploi)

• + Jeunes, peu qualifiés

• + Domaines industriels, gestion administration des entreprises, banques et
assurances, administration publiques, armée et police (vs commerce)
• - ingénieurs et cadres de l’industrie, informatique et télécommunications,
études et recherche, enseignement-formation, services aux particuliers et aux
collectivités (vs commerce)
• Mobilités sexuées : métiers à dominante féminine ou masculine
 Segmentation du marché du travail et
dynamiques de reconversion
Dynamiques des interactions entre des individus et des « systèmes de
travail » (Hughes, 1958) :
− Processus de sélection Processus de socialisation
− Processus de (re)qualification professionnelle
− Processus d’insertion / intégration
(Alaluf, 1986; Dubar, 1990)

Marché du travail segmenté, dans lequel les modes de gestion de la main

d’œuvre sont en constante évolution (Petit, 2002)
 Vers des marchés professionnels
Processus de sélection (et auto-
Sélection formalisée sur des qualifications spécifiques
sélection)

Processus de (re)qualification Articulation entre formation formalisée et formation « on

(formation) the job »  (Dubar, 1990)

Socialisation professionnelle « Intégrée » (Dubar, 1990)

Possibilités de carrière Fondées sur le métier/la profession
Sous-types des logiques
Homologiques Analogiques Composites
d'insertion/intégration
Systèmes
Systèmes
Hypothèses de segmentation professionnels Systèmes de métier
professionnels
subordonnés

+ anciens cadres, diplômés du supérieur

+ reconversion et chômage anticipé (projet)
+ ressources économiques, sociales, culturelles, réticulaires
+ reconversions « accompagnées » / métiers où pénurie de main d’œuvre - une offre souhaité disponible
+ ouverture/opportunité par la contractualisation/pénibilité-turnover // fermeture allongement des cursus
+ vocationnel
 Vers des marchés « internes » -
« externes »
Processus de sélection (et auto- Sélection peu formalisée (expérience, + profils très variés
sélection) productivité, niveau de diplôme…) + chômage anticipé
+ le premier emploi trouvé qui convient
Processus de (re)qualification + reconversions difficilement
Prévalence de la formation "on the job"
(formation)
« accompagnées »
Partielle dans un cadre collectif –
Socialisation professionnelle Accès cooptation, intérim, stage, …
« hiérarchico-fonctionnelle »
Possibilités de carrière Internes à l'entreprise (ancienneté)

Sous-types des logiques Subordonnés

Subordonnés
d'insertion/intégration bivalents

Systèmes de marchés
Systèmes de marchés
internes en tension
Hypothèses de segmentation internes
avec leur marché
"traditionnels"
externe
 Vers des marchés « ouverts »
Processus de sélection (et auto-
sélection)
Processus de (re)qualification
(formation)
Socialisation professionnelle
Possibilités de carrière
Sous-types des logiques
d'insertion/intégration
Hypothèses de segmentation
Logiques de captation de la main d'œuvre – + peu diplômés ou spécialisé dans un
« qualités », disponibilité, savoir-être domaines spécifique (techn., cial,
artisanal
+ chômage subi
(auto)formation "on the job" + anciens indépendants
+ le premier emploi trouvé qui convient
Partielle dans un cadre individualisé + créer son propre emploi
+ reconversions peu ou pas du tout
Limitées Incertaines « accompagnées »
Entrepreneurs
Subordonnés isolés
individuels
Systèmes de marchés
Systèmes de marchés
« semi-ouverts »
ouverts
( travail salarié
(création d'entreprise)
isolé/périphérique)
 En conclusion
Les reconversions marqués par le chômage sont nombreuses, variées, sexuées
Elles nécessitent l’acquisition de nouveaux repères professionnels
L’accès à une nouvelle carrière « protégée » dépend des ressources sociales,
financières et culturelles détenues ou accessibles (dispositifs accompagnement et
de formation)
Les inégalités sociales sont soutenues et institutionnalisées par les politiques
d’emploi et de traitement social du chômage (Gadrey, 2009)
La segmentation du marché du travail induit une segmentation de la main d’œuvre
Les reconversions sont des indicateurs (certes partiels) des mutations du marché
du travail
Un big quit français ?

Dares indicateurs n°21 – mai 2022

Un big quit français ?