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Sociologie – Chapitre 6

Quelles mutations du travail et de l’emploi ?

Quelles  Savoir distinguer les notions de travail, activité, statut d’emploi (salarié, non-
mutations du salarié), chômage ; comprendre que les évolutions des formes d’emploi rendent plus
travail et de incertaines les frontières entre emploi, chômage et inactivité.
l’emploi ?  Connaître les principaux descripteurs de la qualité des emplois (conditions de
travail, niveau de salaire, sécurité économique, horizon de carrière, potentiel de
formation, variété des tâches).
 Comprendre les principales caractéristiques des modèles d’organisation taylorien
(division du travail horizontale et verticale, relation hiérarchique stricte) et post-
taylorien (flexibilité, recomposition des tâches, management participatif) ;
comprendre les effets positifs et négatifs de l’évolution des formes de l’organisation
du travail sur les conditions de travail.
 Comprendre comment le numérique brouille les frontières du travail (télétravail,
travail / hors travail), transforme les relations d’emploi et accroît les risques de
polarisation des emplois.
 Comprendre que le travail est source d’intégration sociale et que certaines
évolutions de l’emploi (précarisation, taux persistant de chômage élevé, polarisation
de la qualité des emplois) peuvent affaiblir ce pouvoir intégrateur.

Section 1 - Travail, emploi, chômage et inactivité


A - Des notions à différencier
B - Des frontières de l’emploi plus floues sous l’effet du développement de formes particulières d’emplois

Section 2 - Les déterminants de la qualité de l'emploi

Section 3 - L'organisation du travail

Section 4 - Les effets du numérique

Section 5 - Travail et lien social

A - Les fonctions intégratives du travail


B - …désormais fragilisées
C - Mais il continue à être central dans la construction du lien social
Section 1 – Travail, emploi, chômage et inactivité

A - Des notions à différencier

Travail et emploi : quelles différences ?

Au sens général, le travail désigne toutes les activités humaines, nécessitant un effort, qui débouche sur une réalisation utile
à la société. C’est donc une activité de production rémunérée ou non (cas du travail domestique), déclarée ou non (travail au
noir, travail clandestin).

C’est le cas d’une mère au foyer s’occupant de sa famille.

L’emploi :

- fait d’exercer une activité professionnelle

- qui donne lieu à une rémunération

- reposant sur un lien contractuel qui unit une personne (ici salariée) à une organisation (entreprise, administrations
publique…). Pour les salariés, ce lien contractuel avec l’employeur permet de préciser un statut dans la hiérarchie de
l’organisation ainsi que les droits et devoirs du travailleur (définis par le code du travail, par les conventions collectives).

Quelques exemples pour illustrer la différence entre travail et emploi

Un travail donné (nettoyage et repassage du linge) peut être assuré par :


- une personne en emploi (salarié ou non)
- une personne qui n’est pas en emploi : mère au foyer assurant un travail domestique

Un emploi (cheminot) ne dit pas précisément la nature du travail réalisé.

Il est possible d’avoir un emploi et de ne pas travailler. C’est le cas du salarié en chômage partiel qui a un emploi, mais qui,
temporairement, ne travaille pas.

Il est possible de travailler sans avoir d’emploi (travail domestique).

La notion d’activité
La notion d’activité est plus large que celle d’emploi. Elle désigne l’ensemble des personnes désireuses de participer au
marché du travail, que celles-ci soient occupées ou non. Ainsi le nombre de personnes actives en France s’obtient en
additionnant la population en emploi aux chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT). Un chômeur au sens du
BIT est une personne en âge de travailler (15 ans et plus) sans emploi (n’ayant pas travaillé ne serait-ce qu’une heure durant
la semaine de référence), disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours.

B - Des frontières de l’emploi plus floues sous l’effet du développement de formes particulières d’emplois

La flexibilité de l’emploi se traduit par le développement de l’emploi atypique qui remet en


cause l’hégémonie de l’emploi atypique et donc la société salariale
Société salariale Depuis le début des Ces évolutions brouillent les frontières
pendant les années 80, entre emploi-chômage et inactivité
Trente Glorieuses développement de
l’emploi atypique
Hégémonie de Remise en cause de la Chômage récurrent des actifs en CDD
l’emploi typique : domination du CDI au alternant emploi et chômage
- CDI profit du CDD
- Temps plein (presque 90% des
embauches se font en
CDD)
Remise en cause de Sous emploi : temps partiel subi
l’emploi à temps plein Situation intermédiaire entre chômage et
avec le emploi pour les actifs subissant un temps
développement du partiel très faible
travail à temps partiel
(environ un quart des Temps partiel choisi :
emplois) Situation hybride entre emploi et inactivité

Synthèse : Les frontières entre emploi, chômage et inactivité se brouillent sous l’effet de plusieurs facteurs

La mesure statistique très précise du chômage (personnes sans emploi, immédiatement disponible, à la recherche effective
d’un emploi) fait que des personnes sans emploi souhaitant travailler ne sont pas comptabilisées comme chômeurs : absence
de recherche effective d’emploi pour les chômeurs découragés, chômeurs non disponibles immédiatement en raison par
exemple d’une formation. C’est le halo du chômage.

Les frontières entre emploi, chômage et inactivité sont également foules en raison du développement des emplois atypiques
- Chômage récurrent des actifs en CDD, intérim
- Emploi à temps partiel qui fait que des personnes en emploi travaillent peu (ce qui les rapprochent d’une situation
d’inactivité) ou moins que ce qu’elles désirent (situation hybride entre emploi-inactivité-chômage)

Attention, les emplois atypiques sont majoritaires en terme de créations d’emplois (flux) mais pas en nombre total
d’emplois (L’emploi typique reste en effet majoritaire en France) (cf tableau ci-dessous)
Soit 5 emplois
3 CDI
2CDD
La part des CDI est donc de 60%

En une année, un emploi en CDI est détruit et un autre est créé dans une autre branche.
En une année, deux CDD s’arrêtent puis deux autres CDD sont créés (en lien avec la flexibilité quantitative externe). Donc
sur 3 emplois créés, 2 sont des CDD.

Ainsi les CDI constituent 60% du nombre total d’emplois (stock) mais les CDD assurent 60% des emplois créés (flux).

Le développement de l’emploi atypique favorise La segmentation (ou dualisation) du marché du travail et donc participe
à l’éclatement du salariat (voir Doeringer P., Piore M. , Internal labour markets and manpower analysis, 1971)
Segment primaire du travail : celui qui concernent
majoritairement des travailleurs qualifiés
-emploi typique (ou temps partiel voulu)
-Rémunération correcte
-Bénéficie en priorité de la formation continue

Echanges faibles entre ces deux marchés

Segment secondaire du travail concernant surtout les


jeunes et les femmes

- Emploi à durée limitée (CDD, interim)


-Exposition au risque de bas et très bas salaires
-Peu concerné par des programmes de formation
continue

Section 2 - Les déterminants de la qualité de l'emploi

Qualité de l’emploi
Façon dont un emploi contribue au bien-être, à la satisfaction actuel et futur d’un travailleur

La qualité de l’emploi est un concept multidimensionnel dont il n’existe pas aujourd’hui de définition univoque et harmoni-
sée à l’échelle internationale. On peut cependant s’appuyer sur les critères définis par l’OCDE.

La qualité de l’emploi selon l’OCDE


Critères Variables
Qualité du revenu d’activité Il s’agit de voir dans quelle mesure la rémunération contribue au
bien-être des travailleurs
Degré de sécurité (économique) sur le marché lié au risque qu’ont les travailleurs de perdre leur emploi et au coût
du travail économique que cela représente. Elle se mesure par le risque de
chômage et des allocations perçues en cas de chômage.
Qualité de l’environnement de travail -nature et le contenu du travail accompli (stress au travail, rythme
de travail, diversité des tâches, degré d’autonomie, perspectives de
carrière, développement des compétences par l’accès à la formation
continue…)

-organisation du temps de travail (conciliation vie professionnelle /


vie familiale…)

-relations professionnelles (dialogue entre employé et employeur,


participation des salariés aux décisions de l’organisation…)

La qualité de l’emploi en France


Globalement moins bonne que dans les pays du Nord de l’Europe (taux élevés d’accès à la formation continue, bonne repré-
sentativité des salariés, équilibre vie privée-vie professionnelle)

Inégale selon
- la taille de l’entreprise
- le segment du marché du travail (primaire-secondaire) sur lequel se trouve l’actif

Q - Pourquoi le thème de la qualité de l’emploi est-il important pour une économie ?

Section 3 - L'organisation du travail

A - Du taylorisme au fordisme qui s’impose comme une organisation du travail très efficace

Taylorisme (fin XIX s) Fordisme (début XXe s)


Principes Mécanismes Bienfaits Principes Mécanismes
Division Décomposition du Un ouvrier, même sans
horizontale du travail en tâches compétence Division
travail simples, courtes et industrielle, est capable horizontale du
mesurables. de réaliser ces tâches travail héritée du
Un ouvrier = une simples taylorisme
tâche
Cheque ouvrier répète
toujours la même tâche,
et devient ainsi de plus
en plus efficace
(learning by doing de la
croissance endogène)

Relation Cela permet d’obtenir Division verticale


Division hiérarchique très la meilleure du travail héritée
verticale du stricte organisation possible du taylorisme
travail Division entre du travail (one best
- les cols blancs : way), source de
ingénieurs qui productivité importante.
réfléchissent et
définissent
l’organisation du
travail
(décomposition des
tâches, geste précis
à réaliser par
chaque ouvrier)
-cols bleus : ils
doivent simplement
exécuter ce qui
définit par les
ingénieurs. Ils sont
surveillés par les
contremaîtres qui
veillent à ce que le
travail soit
accompli comme
l’exigent les
ingénieurs.

Salaire au Les cols bleus sont Cela permet obtenir le Salaire au Dans le fordisme, le
rendement payés au maximum de rendement du salaire au
rendement. S’ils productivité des cols taylorisme rendement est le
produisent plus de bleus complément d’un
pièces que le salaire de base plus
minimum exigé, élevé que dans les
leur salaire autres entreprises
augmente (cf salaire afin que la main
d’efficience) d’œuvre reste dans
l’entreprise en
acceptant un travail
usant, abrutissant.
Travail à la le transport des
chaîne (principe pièces d’ateliers en
novateur du ateliers est
fordisme) mécanisé. L’ouvrier
n’a plus à se
déplacer
inutilement pour
aller chercher des
pièces.
Le rythme de
travail est imposé
par la machine
(tapis roulant ou
convoyeur au
plafond)
Standardisation Minimisation des
maximale des coûts unitaires de
voitures (principe production et
novateur du simplification de
fordisme) : un seul l’organisation du
modèle, une seule travail
« couleur » (Ford
T) (1)

(1)« Je laisse le choix de la couleur au client, mais je ne fabrique que des noires(voitures) » Henry Ford (1863-
1947), citation dans G. Lelarge, Dictionnaire thématique des citations économiques et sociales, Hachette, p 300.
Les bienfaits du Fordisme sur les gains de productivité
(En 1913), lorsque Ford introduit le travail à la chaîne dans ses usines, il montre au monde entier que l’O.S.T. […] est
une arme d’avenir : en 1908, ses ouvriers mettaient 12 heures et 8 minutes pour assembler la Ford T ; en 1913, ils y
arrivent en 2 heures et 35 minutes.
M.B. Baudet, Le Monde, 21 décembre 1999.

B - Le fordisme entre en crise dans les années 1970

B1 - Le fordisme n’est plus adapté aux évolutions des marchés

Principes du fordisme Limites de ces principes Nouveaux principes


efficaces
face aux mutations du marché

L’entreprise produit puis ensuite se


soucie de vendre le bien
Incapacité à être en phase avec une
demande de plus hétérogène et
Offre non diversifiée : fluctuante
Production en grande série de biens
standardisés
Incapacité à s’adapter aux caractéristiques
d’un marché de
Offre d’une qualité médiocre :
renouvellement (automobile, appareil
Valorisation de la recherche de plus électro-ménagers) marqué par une
faibles coûts unitaires de production demande croissante en qualité
sans prise en compte réelle de la qualité
des biens produits

B2 - L’école des relations humaines d’Elton Mayo


Elton Mayo est appelé près de Chicago, dans une usine de la Western Electric, à Hawthorne. Le Directeur du personnel
est engagé dans une expérience visant à déterminer s’il faut ou non installer un système d’éclairage artificiel dans les
ateliers afin d’obtenir un meilleur rendement. Les locaux de travail ne recevaient alors que la lumière naturelle : des
verrières sur le toit, et parfois des fenêtres. On y travaillait dans la pénombre. Pour les besoins de l’expérience, les
ouvriers avaient été divisés en deux groupes. Pour l’un, on ne changeait rien, et l’autre était soumis à un éclairage de
plus en plus intense. Les ingénieurs qui suivaient l’étude étaient déconcertés par les résultats. Contrairement à ce qu’ils
avaient imaginé au départ, la productivité avait augmenté dans les deux groupes ! Mayo analyse le cas avec quelques
collègues, et ils parviennent à une première conclusion : les ouvriers sont plus sensibles à l’attention dont ils sont l’objet
qu’à la modification de leurs conditions de travail. Ils se savent observés, et réagissent en conséquence. Ce phénomène
passera à la postérité sous le nom d’« effet Hawthorne ». Après d’autres expériences, ils soulignent que ce ne sont pas
les conditions matérielles de travail qui améliorent les résultats des ouvrières, mais l’attention que leur porte
l’encadrement, l’ambiance de leur groupe de travail, le fait qu’on les écoute et qu’elles sont impliquées dans
l’expérience. Ce sont donc les méthodes et le style de management qui font la différence.
A partir de Marc Mousli, Alternatives économiques, mars 2007, n°256.

1 - En quoi cette expérience montre-t-elle les limites des conditions de travail fordistes ?

C - Le développement du post taylorisme

Les fondements du toyotisme ou post taylorisme

Principes du Mécanismes Bienfait sur les conditions de Contraintes sur les conditions
post taylorisme travail de travail
Management Volonté de faire participer les Remise en cause de la stricte Hausse de la charge mentale du
participatif opérateurs à l’amélioration de hiérarchie taylorienne, ce qui fait travail
l’efficacité productive que l’opérateur est responsabilisé
et n’est plus un simple exécutant.
Kaizen : processus fondé sur
l’idée d’une mobilisation
perpétuelle de tous les
travailleurs pour apporter des
petites améliorations au
processus productif.

Hoshin : se distingue du Kaizen


par le fait qu’il repose sur le
traitement de fond d’un
problème structurel rencontré
par une partie ou la totalité
d’une entreprise (qualité,
accident du travail).
Le just in time C’est la commande, donc la Adaptation, polyvalence de la Exigence de polyvalence
(ou flexibilité de demande, qui déclenche la main d’œuvre
la production) production. Ceci permet de Contrainte forte sur le rythme
fortement limiter les stocks de de travail imposée par le just in
pièces et de véhicules invendus time (« il n’y a plus besoin de
(recherche du zéro stock). Cela chef disciplinaire : la discipline
nécessite une capacité est dans le [just in time] » (J.P.
d’adaptation, une réactivité Durand, La Chaîne invisible,
importante du facteur travail Seuil, 2004) – cf voir tableau ci
pour produire des modèles dessous
différents, avec des options très
diverses, à une cadence élevée
pour obtenir des délais de
livraison réduits.

Elargissement Les opérateurs ne font pas Responsabilisation, autonomie Importance de l’autocontrôle


(recomposition toujours la même tâche mais en plus importante des salariés, devenus seuls
des tâches) des changent durant la journée pour responsables de l’organisation
tâches casser la monotonie du travail. Diversification du travail de leur travail, donc seuls
responsables de leurs échecs
Chaque opérateur est éventuels
responsabilisé car il peut arrêter
la chaîne de production
lorsqu’il y a des incidents ou un
problème de qualité.
L'évolution des contraintes sur le rythme de travail (en %)
Rythme de travail imposé par 1978 1991 2016
Une demande extérieure 34 57 70

Champ : salariés de France métropolitaine. Source : « Quelles sont les évolutions récentes des conditions de tra-
vail et des risques psychosociaux ? », DARES analyses, n°82, décembre 2017.

Section 4 - Les effets du numérique que le travail

Comprendre comment le numérique brouille les frontières du travail (télétravail, travail / hors travail),
transforme les relations d’emploi et accroît les risques de polarisation des emplois.

A - Une dilution du temps de travail

Le numérique vient brouiller la frontière entre temps consacré à la vie privée et à l’activité professionnelle, car il
permet l’interpénétration de ces différents cadres sociaux.

1 - Illustrez cette interpénétration.


2 - Quels en sont les effets ?

Le droit à la déconnexion depuis 2017


Le droit pour tout salarié de ne pas être en permanence joignable par son employeur pour des motifs liés à
l'exécution de son travail, de ne pas répondre aux mails, sms, appels téléphoniques professionnels, en dehors de
ses heures de travail, afin de protéger son temps de repos et d’assurer le respect de la vie personnelle et familiale.

B - Des effets contrastés sur l’autonomie


Le télétravail donne une plus grande marge d’autonomie (flexibilité des horaires, auto-organisation pour
parvenir à des objectifs) à l’individu pour réaliser son travail. Mais dans le même temps, les techniques
numériques peuvent être mobilisées comme « infrastructures de contrôle managérial » pour mieux quantifier et
contrôler le temps de travail, y compris à distance : contrôle des horaires via la messagerie instantanée ou les
plages de connexion, traçabilité des déplacements dans les professions du domaine des transports.

C - Externalisation et modification des relations d’emplois

L’économie des plateformes propose un nouveau modèle productif sur des marchés bifaces comme celui du
transport par véhicules de tourisme avec chauffeurs (VTC), de la restauration à domicile…

Marchés bifaces
Marchés sur lesquels une/des plateforme(s) s’adresse à deux faces du marché en offrant des services (à des prix
différents) à des clientèles différentes (entreprises, particuliers).

Uber : une plateforme qui transforme l’emploi :


- l’externalisation de la production (course motorisée) se fait auprès d’une multitude de producteurs
indépendants potentiels, ce qui va de pair avec des rapports de force favorables à la plateforme et défavorables
aux travailleurs

-les producteurs (ceux qui sont chargés d’assurer les courses motorisées) ne sont pas nécessairement des
professionnels mais peuvent être aussi des particuliers, ce qui a pour conséquence que producteurs et
consommateurs ont des rôles interchangeables.

- Ces petits producteurs supportent l’essentiel des risques.

Le terme "ubérisation" fait son apparition pour la première fois dans le dictionnaire Le Petit Larousse 2017, qui
le définit comme : la "remise en cause du modèle économique d’une entreprise ou d’un secteur d’activité par
l’arrivée d’un nouvel acteur proposant les mêmes services à des prix moindres, effectués par des indépendants
plutôt que des salariés, le plus souvent via des plates-formes de réservation sur Internet".
En anglais le mot gig signifie le concert. Car on a souvent payé les musiciens d'une soirée à la tâche et une fois le
bal terminé. Les Canadiens parle de « jobines » comme petits job ou petits boulots sous-payés. La gig economy
recouvre donc une réalité économique dans laquelle de multiples travailleurs indépendants et sous-traitants sont
payés à la tâche et non au mois avec un employeur unique

D - Polarisation des emplois

Certains emplois faiblement qualifiés résistent à la logique d’automatisation. Il s’agit


- de tâches manuelles (soins à la personne, domesticité...) peu exposées aux pressions concurrentielles
liées à la mondialisation;
- de tâches peu routinières qui mobilisent un important contenu cognitif, associées à des métiers qualifiés
(médecine, travail artistique...)

Les emplois très qualifiés résistent également.

Ce sont donc des emplois de qualification intermédiaire qui finalement peuvent être les plus affectés par la
mécanisation, le développent de l’IA.

Il en découle une tendance à la polarisation de l’emploi entre des emplois très qualifiés et fortement rémunérés
d'une part, et des métiers manuels peu rémunérés d'autre part [D. Dorn 2016]
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/SES/96/1/RA20_Lycee_G_T_SES_mutations-travail-emploi_1343961.pdf

Section 5 - Travail et lien social

A - Les fonctions intégratives du travail

Intégration sociale
Processus d’insertion d’individus dans un collectif, à savoir la société, qui, de ce fait, acquière une cohésion.

Analyse d’E. Durkheim : division du travail et intégration sociale


Par le travail et sa division, chacun est utile au tout et a besoin des autres.

Consommation
Le travail génère un revenu
permettant de consommer comme le
reste de la population (partir en
vacances, acheter des jouets aux
Socialisation :
enfants pour noël, disposer de
Les fonctions apprentissage de
moyens de déplacement, d’un
intégratives du travail normes et valeurs
ordinateur…)
propres à
l’entreprise, aux
corps de métiers…

Facteur structurant le temps : la notion de


week-end, de vacances n’a de sens que si
on travaille ; et structurant la vie (faire des
Protection sociale études pour ensuite travailler et être à la
Le travail permet de se retraite après avoir travaillé)
constituer des droits
(retraite notamment)
auprès de la sécurité
sociale

Identité
Sociabilité L’individu a une identité personnelle positive (il se définit
Echange avec des collègues par ce qu’il fait)et une identité collective (appartenance à
qui peuvent devenir des amis.. un collectif : avocat, enseignant…)

B - …désormais fragilisées

Le marché du travail connaît des évolutions…


- montée du chômage de masse (taux de chômage de 10%)
- poids important du chômage de longue durée (environ 30 à 40 % des chômeurs sont au chômage depuis au
moins un an)
- développement de l’emploi atypique (environ 1/3 des emplois en France) qui précarise l’emploi

…qui fragilisent la capacité intégrative du travail et participent à la désaffiliation sociale


La désaffiliation sociale selon R. Castel passerait par ces trois phases :
- La zone d’intégration : ce sont des personnes qui ont un travail régulier et des supports de sociabilité stables.
- La « zone de vulnérabilité » où le travail est précaire et les situations relationnelles sont instables (même si des personnes en
précarité peuvent compenser par la densité des réseaux de protection rapprochée comme le voisinage).
- « La zone dans laquelle des vulnérables et même des intégrés basculent ». « L’absence de participation à toute activité
productive et l’isolement relationnel conjuguent leurs effets négatifs pour produire l’exclusion, ou plutôt la désaffiliation »

B1 - Les effets socio-économiques destructeurs du chômage

Chômage

Identité négative se développant en Sentiment de honte Perte de repères Pauvreté monétaire :


raison de dans des pays qui (notion de vacances, environ 1/3 des
- Crise identitaire juge que les de week end perd de chômeurs de longue
individuelle (l’individu chômeurs sont son sens, journée qui durée (au moins un
ne peut plus se définir responsables en n’est plus rythmée an) est pauvre.
par son activité partie de leur par le travail)
professionnelle) situation (manque
- Perte de l’utilité sociale d’effort…)
Ceci est particulièrement vrai pour
les hommes ouvriers qui
considèrent le mari comme
l’homme protecteur devant
subvenir aux besoins de la famille
et qui vivent mal leur chômage

Risque de mal
L’individu ne peut logement et de
consommer comme le relégation dans un
reste de la population quartier déshérité à
(pas de départ en faible loyer
vacances, budget
Remise en cause personnelle de cadeaux très limité
sa valeur, de sa place dans la pour les enfants à
société (le lien de l’individu Noël…)
avec lui-même se fragilise)

Baisse de la participation à la vie sociale


(moins d’implication dans des associations,
baisse des relations avec les voisins, ses
amis –surtout ceux travaillant encore dans
l’ancienne entreprise du chômeur-) et
politique (abstention)
Risque de tensions au couple qui peut
dégénérer en processus de désaffiliation (perte
d’emploi----chômage de longue durée----
divorce-----…)

La monographie Les chômeurs de Marienthal (1932)


Pendant plus d’une année (1931), les sociologues Marie Jahoda, Paul F. Lazarsfeld et Hans Zeise ont étudié une localité, Marienthal, bourgade industrielle
en Basse-Autriche, dont la quasi-totalité de la population se retrouve sans emploi du jour au lendemain.
La crise économique mondiale de 1929 entraîne la fermeture de l’unique grande entreprise, une filature de coton, les trois quarts pour ainsi dire de la
population étant alors réduits à vivre des allocations chômage. Deux ans et demi plus tard, dans cette localité autrefois si vivante, les chercheurs découvrent
une communauté exsangue. Seul compte encore le jour où sont versées les allocations chômage
Le parc public est laissé à l’abandon, la bibliothèque ouvrière est désertée, plus personne ne lit le journal. Les besoins et les revendications sont revus à la
baisse, les villageois vivotent dans l’indifférence, à la petite semaine. Les chercheurs font le constat suivant : « Privés de leur travail et coupés du monde
extérieur, les travailleurs ont perdu les aptitudes matérielles et morales à occuper leur temps. N’étant plus contraints de se hâter, ils n’entreprennent plus rien
du tout et sombrent progressivement d’une existence bien réglée dans un état de déliaison et de vacuité. »
Les habitants marchent plus lentement, leurs discussions s’alanguissent. Tandis que les éléments actifs et énergiques quittent Marienthal, les autres
s’enfoncent dans une sorte de non-existence. Leur état de santé et celui de leurs enfants se dégradent, les adolescents traînent dans les rues plutôt que d’aller
à l’école.
« Le désespoir et la déchéance marquent le terme de cette évolution », constatent en résumé les chercheurs.

Doc - Chômage et genre


Serge Paugam (Précarité et risque d’exclusion en France, CERC, La documentation Française, 1993) constatait aussi, à
partir de l’enquête Situations défavorisées, que les personnes ayant un emploi instable ou au chômage avaient moins de
chance de vivre avec un conjoint et il concluait que « l’intégration familiale est plus difficile pour les personnes dont
l’intégration professionnelle n’est pas réalisée ». Il semble donc que le chômage soit un frein non négligeable pour accéder à
la vie conjugale. Ce handicap varie selon le genre. Il existe en effet encore une différente de valeur que la société donne au
statut professionnel selon le sexe. L’identité sociale des hommes reste principalement extérieure à la famille : l’homme est
valorisé par son activité marchande. Au sein même de la famille, il a toute sa place s’il est pourvoyeur de revenus. Un emploi
est donc généralement une condition nécessaire à l’entrée dans la vie conjugale pour les hommes. La femme peut sans doute
plus facilement se valoriser par son rôle parental si elle n’a pas accès au travail marchand. Une situation de précarité ou de
chômage est par conséquent moins défavorable pour les femmes.
A partir de Anne Solaz, Une reflexion économique sur le lien famille – chômage, RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 60
– 2000. Pour en savoir plus, voir Solaz Anne, « 3. Chômage et vie en couple : quelles relations ? », Regards croisés sur
l'économie 1/2013 (n° 13), p. 67-80

B2 - Les effets négatifs du développement de l’emploi atypique/précaire sur l’intégration par le


travail

S. Paugam (Le salarié de la précarité. Les nouvelles formes de l’intégration professionnelle, PUF)
Protection (stabilité de Reconnaissance et utilité Exemples
l’emploi et des garanties) (satisfaction au travail)
Intégration assurée + + CDI à temps plein d’un
cadre
Intégration incertaine - + CDD 1 an sur poste
attractif
Intégration laborieuse + - CDI temps plein
fonctionnaire tâches
routinières
Intégration disqualifiante - - CDD tâches routinières
Développement de l’emploi
atypique/précaire

Temps partiel
Alternance de Faible échanges Difficulté pour Emploi atypique
CDD et de avec les collègues l’individu de se peu valorisant et
chômage de travail, faible projeter sur le fortement
identification à long terme, de concentré sur
l’entreprise en faire des projets l’emploi peu
raison des (fonder une qualifié qui altère
changements famille, avoir des le sentiment
fréquents de CDD enfants, acheter d’utilité du
un logement…) travailleur
concerné
développement des travailleurs
pauvres : Risque de pauvreté
monétaire des actifs concernés

Difficulté (en raison des Difficulté pour


faibles garanties) pour consommer…
obtenir
- un logement en
location
- un crédit bancaire

L’emploi précaire fragilise le lien social :


- Sur qui, sur quoi je peux compter ? l’emploi précaire apporte peu de garanties
- Pour qui je compte ? Assez peu les collègues de travail, peu l’entreprise car le travail est peu valorisant…
La fragilisation du lien social généré par le développement de l’emploi atypique est moins forte que celle induite par le
chômage notamment de longue durée. Mais elle concerne une part nettement plus importante de la population et a donc des
effets négatifs plus larges.

Vers la fin du travail : une thèse soutenue par certains économistes et sociologues
-Le travail va se raréfier sous l’évolution des mutations technologiques (robotisation). C’est la thèse de l’économiste R.
Rifkin que reprend également l’ancien candidat socialiste à l’éléectionprésidentielle, Benoit Hamon.
-Le travail va et doit s’effacer comme facteur d’intégration au profit du lien politique. Pour la sociologue Dominique Meda,
« Le lien social, c’est d’abord et avant tout le lien politique, à travers lequel les individus […] décident ensemble des règles
fondamentales qui déterminent la vie en société, c’est à dire la Constitution, les lois, des institutions politiques, des modes de
fonctionnement démocratiques ».

C - Mais le travail continue à être central dans la construction du lien social

1 - Le chômage n’est pas systématiquement synonyme d’exclusion sociale.


. On ne peut comparer la situation d’n jeune temporairement touché par le chômage à celle d’une personne de 50 ans qui se
retrouve subitement au chômage après une longue carrière professionnelle qui lui donnait une identité positive, et donc la
probabilité de retrouver un emploi est nettement plus faible. La situation de premier est nettement moins critique.
. Les femmes vivent mieux le chômage que les hommes car ces derniers se définissent avant tout par le travail alors que les
femmes peuvent toujours se redéfinir positivement comme femme au foyer s’occupant des enfants.
. La situation du chômeur dépend de la façon dont il est perçu par les autres membres de la société :
- comme une victime de facteurs économiques le dépassant et massif (auquel cas il n’est pas jugé
négativement) ; S. Paugam parle alors de pauvreté intégrée qu’il observe notamment en Italie du Sud ou le
chômage est un phénomène de masse qui n’empêche pas l’individu de continuer à être socialement intégré
avec sa famille, ses voisins…
- ou comme en partie ou totalité responsable de sa situation (auquel cas il est stigmatisé et son intégration
sociale est fragilisée). S Paugam parle alors de pauvreté disqualifiante. C’est le cas en France.
. Même en France, le chômeur bénéficie d’une allocation chômage qui est par les institutions de la protection sociale à
partir des cotisations versées par les actifs occupés. Il y a donc une forme de solidarité qui montre que la nation soutient
les personnes en difficulté, signe d’un lien rattachant le chômeur au collectif.

2 - Le travail reste une valeur forte pour les Français, signe que la fin du travail n’est pas une réalité
Pourcentage des personnes ayant cité un des thèmes suivants à la question « quels sont les trois thèmes qui permettent de
dire qui vous êtes ? » (en%) (Insee, Enquête Histoire de vie-construction des identités, 2003)
Votre famille 86
Votre métier, situation professionnelle 40
Vos amis 37
Passion ou activité de loisirs 29
Origines géographiques 9
Opinions politiques ou religieuses ou engagement 6
divers
Votre physique ou votre apparence 6

3 - La fin du travail n’est pas confirmée par les chiffres. Le nombre d’emplois en France a augmenté tout au long du
XXe jusqu’à aujourd’hui. Le problème c’est que la France ne crée pas assez d’emplois pour faire en sorte que toute la
population active dispose d’un emploi. Mais ceci ne signifie pas pour l’instant qu’on tende vers une raréfaction du
travail.

4 - Ce qui est en crise, c’est moins le travail en tant que tel, quel les conditions de travail parfois pénibles : pression,
open space peu favorable à l’intimité, faible considération de la hiérarchie. Les Français reconnaissent le travail
comme une valeur forte mais sont moins satisfaits des conditions dans lesquelles ils travaillent. Il faut donc repenser
cela et non pas nécessairement affirmer la fin du travail.
Statut d’emploi et type de contrat en 2019 (en %)

Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi.Source : INSEE,
enquête Emploi, 2019.

Questions :
1. À l’aide des données du document, vous comparerez la part des salariés et des indé-
pendants selon le sexe. (2 points)

2. À l’aide du document et de vos connaissances, vous montrerez que certaines catégo-


ries sont davantage touchées par la précarisation. (4 points)
Sujets d’entraînement

EC2

Part de Contrats à Durée Déterminée (CDD) ou intérim, d’indépendants, de


cadres et de temps partiel dans l’emploi de 1982 à 2019, en %

Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi.

Source : « Une photographie du marché du travail en 2019 », INSEE Première, n°1793, Fé-
vrier

2020.

Questions :

1. À l’aide des données du document, vous décrirez l’évolution de la part des cadres et
des indépendants entre 1982 et 2002. (2 points)

2. À l’aide du document et de vos connaissances, vous montrerez quelles sont les princi-
pales caractéristiques de la précarisation de l’emploi en France. (4 points)
Dissertation - Quels sont les effets de l’évolution des formes de l’organisation du travail
sur les conditions de travail ?

DOCUMENT 1

Horaires de travail atypiques et organisation du travail en 2018 (en %)

1. : Travail : une personne est considérée au travail si elle a travaillé au moins une fois au cours des 4 semaines précédant l’enquête.
2. : le soir : entre 20 heures et minuit. 3 : la nuit : entre minuit et 5 heures.

3: au domicile : s’il n’est pas le lieu de travail.

4. : Horaires habituels alternés : 2x8 (système qui consiste à faire tourner, par roulement de huit heures consécutives, deux équipes
sur un même poste, afin d'assurer un fonctionnement durant les seize heures d'une journée), 3x8 (système qui consiste à faire tour-
ner, par roulement de huit heures consécutives, trois équipes sur un même poste, afin d'assurer un fonctionnement durant les
vingt-quatre heures d'une journée).

Champ : France hors Mayotte, personnes ayant un emploi, âgées de 15 ans ou plus à ladate de l’enquête emploi. Source : INSEE, enquête
Emploi, 2019.
DOCUMENT 2

Risques physiques au cours de la dernière semaine travaillée (en %) (Enquêtes SUMER 1)

Catégories socioprofessionnelles
Ensemble des
salariés

Cadres et pro-
fessions intel- Employés de
lectuelles Ouvriers non
commerce et de
Ouvriers qualifiés2
services
qualifiés
supérieures

Position debout ou piétinement 20 heures ou plus par semaine

1994 6,5 46,9 40,6 44,8 28,4

2017 1,9 36,2 34,2 39,6 21,2

Exposition à des nuisances sonores

1994 10,5 12,5 48,4 44,2 27,4

2017 13,1 20,8 67,5 52,2 31,6

Travail exigeant une position forcée d'une ou plusieurs articulations

2010 5,0 22,2 31,2 34,1 18,2

2017 3,8 20,6 36,0 38,8 18,8

Outils transmettant des vibrations aux membres supérieurs

1994 0,7 1,3 22,9 15,9 8,7

2017 1,0 2,4 34,4 23,8 11,1

Répétition d'un même geste ou d'une série de gestes à cadence élevée

1994 2,4 23,8 27,4 46,7 20,3

2017 1,8 22,3 23,9 37,6 16,1

Source : d’après DGT-DARES, Enquêtes SUMER 1994 et 2017, 2019.

Champ : ensemble des salariés du secteur privé et de la mutualité sociale agricole ; France métropolitaine.

1. : Enquêtes SUMER (SUrveillance Médicale des Expositions des salariés aux Risques professionnels).

2. : Par convention, les ouvriers agricoles sont classés dans cette catégorie.
DOCUMENT 3

Évolution des conditions de vie et de travail liées au télétravail en France en


2018

Source : Yves LAFARGUE et Sylvie FAUCONNIER, « Impacts du télétravail 2018 », OBERGO (OBservatoire du télétravail, des condi-
tions de travail et de l'ERGOstressie1),

2018

1 : Ergostressie : stress occasionné par l’usage des technologies de l’information et de la communication dans le cadre du travail (néologisme
issu des termes « ergonomie » et « stress »).

Lecture : 96% des réponses des femmes indiquent une amélioration de la qualité de leur vie personnelle et/ou de leur travail liée au télétra-
vail.
DOCUMENT 4

Les TMS [Troubles Musculo-squelettiques] sont des risques à effets différés. Douleurs, maladresses, raideur ou encore perte
de force musculaire lors d’un mouvement sont les premiers signes de TMS. […] Le code du travail énonce à l’article L.
4121-2 neuf principes généraux de prévention. L’employeur doit s’appuyer sur ce cadre pour mettre en place une démarche
de prévention (article L. 4121-1) adaptée aux situations pouvant se présenter au sein de l’entreprise. […] Avant de prendre
une décision modifiant de façon significative le contenu ou l’organisation du travail, l’employeur doit réfléchir aux risques
professionnels qu’elle peut entraîner, y compris les troubles musculo-squelettiques. […] Au plan industriel, la directive ma-
chines 2006/42/CE dans son annexe 1, exigences essentielles de santé et de sécurité relatives à la conception et à la construc -
tion des machines, prévoit de réduire au minimum la gêne, la fatigue et les contraintes physiques et psychiques de l’opérateur
à partir des principes ergonomiques suivants :

 tenir compte de la variabilité des opérateurs en ce qui concerne leurs données morphologiques, leur force et leur ré-
sistance,
 offrir assez d’espace pour les mouvements des différentes parties du corps de l’opérateur,
 éviter un rythme de travail déterminé par la machine,
 éviter une surveillance qui nécessite une concentration prolongée,
 adapter l’interface homme-machine aux caractéristiques prévisibles des opérateurs.

Dans le secteur tertiaire, en particulier pour les postes de travail de bureau, l’employeur doit prendre en compte les évolutions
de confort de travail qui contribuent au mieux- être des travailleurs comme, par exemple, les progrès dans la conception des
sièges, des écrans, les matériaux d’insonorisation ou encore d’isolation. […] Pour obtenir un effet favorable sur l’ensemble
des conditions de travail, il faut s’assurer que les décisions prises soient accompagnées d’instructions explicites à destination
des salariés. L’enjeu est d’être sûr que chaque travailleur soit informé des ressources mises en place pour, par exemple, faire
face aux situations difficiles pouvant se présenter.

Source : Ministère du travail et de l’emploi, 2021.

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