Vous êtes sur la page 1sur 4

Le chômage

Le chômage est un rouage du processus de destruction créatrice. Il n’est ni la cause ni la


conséquence de la croissance. Chômage et croissance ont des déterminants commun d’un point
de vue macroéconomique : progrès technique, déversement, cycle de productivité, restructuration,
délocalisation… Il est donc essentiel d’analyser croissance et chômage ensemble

I. Définition et mesure du chômage

1. Le chômage est une catégorie statistique

a. La naissance de la catégorie statistique

Il faut attendre le recensement de 1896 pour que les chômeurs constituent une catégorie à
part entière. Le chômage est alors défini comme une suspension temporaire de travail dans un
établissement, d’une durée comprise entre 8 jours et 2 ans. Cette définition ne permet qu’une
définition très partielle du chômage. Elle ignore les travailleurs irréguliers, les travailleurs à
domicile, ou encore les domestiques.

b. Qu’est-ce qu’un chômeur aujourd’hui ?

La définition du Bureau International du Travail

Selon le Bureau International du Travail BIT, « un chômeur est une personne en âge de
travailler 15 ans ou plus qui est sans emploi ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une
semaine de référence, qui est disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours, et qui a
cherché activement un emploi dans le mois précédent, ou qui en a trouvé un qui commence dans
moins de trois mois ».

Le chômage est un flux

Dans Le chômage, fatalité ou nécessité ?, Cahuc et Zylberberg expliquent que le


chômage n’est pas un stock. Il n’y a pas un stock permanent de chômeur. Quand on dit qu’il y a 3
millions de chômeurs, ce n’est pas les même tous les jours pendant 1 an. Le chômage est un
flux permanent d’entrées et de sorties. Chaque jour, se créent 10 000 emplois et en même
temps, en disparaissent 10 000. Entre 1970 et 2000, l’économie française a détruit chaque année
15 % de ses emplois et en a créé 15,5 %. Ainsi, l’emploi a augmenté de 0,5 % par an entre 1970
et 2000. Ces 0,5 % correspondent à une augmentation nette de l’emploi. Il y a ainsi une
destruction créatrice, qui concerne tous les secteurs. Les réallocations d’emplois n’ont pas
lieu entre les secteurs mais à l’intérieur de chacun des secteurs, entre les entreprises
composant un même secteur, ou encore à l’intérieur même d’une entreprise. C’est ce processus
de réallocation des emplois qui est à l’origine de la croissance selon Schumpeter. En effet, des
emplois plus productifs se substituent aux emplois moins productifs, ce qui élève la productivité et
donc la croissance.

La mesure du chômage

La mesure du chômage se fait grâce à pôle emploi en France mais il faut noter qu’un
chômeur au sens du BIT n'est pas forcément inscrit à Pôle Emploi, et inversement. Les
chômeurs sont divisés en catégories A, B, C, D et E en fonction du type d’emploi recherché. La
mesure du chômage dépend du nombre de chômeurs inscrits à pôle emploi.
cmbw 1
Le chômage en tant que catégorie statistique / le chômage vu par la théorie économique

Les différents chômages

Chômage de longue durée Le chômage de longue durée est supérieur à 2 ans


Chômage d’insertion Le chômage d’insertion correspond à la difficulté à entrer pour la
première fois sur le marché du travail
Chômage d’exclusion Le chômage d’exclusion est un chômage de longue durée qui
éloigne progressivement les actifs du monde du travail, jusqu’à les
rendre inemployables
Chômage de conversion Le chômage de conversion suit la perte d’un emploi stable
Chômage frictionnel Le chômage frictionnel est lié aux délais d’ajustement de la main
d’œuvre, d’un emploi à l’autre
Chômage récurrent Le chômage récurrent caractérise la précarité du marché du travail
Chômage conjoncturel Le chômage conjoncturel est dû aux fluctuations macro-
économiques à court terme
Chômage structurel Le chômage structurel est lié aux changements de longue période
intervenus dans les structures technologiques, démographiques,
économiques, sociales et institutionnelles

Chômage involontaire ou Le chômage involontaire ou keynésien correspond à une situation


keynésien dans laquelle les actifs accepteraient de travailler au salaire courant,
mais ne trouvent pas d'emploi. Pour la plupart des économistes
néoclassiques, une réduction du salaire courant réduirait le
chômage volontaire, en réduisant l'offre de travail des salariés et en
augmentant la demande de travail de la part des employeurs. Pour
Keynes, la baisse du salaire des uns diminue les débouchés de
toutes les entreprises, ce qui conduit à des licenciements le salaire
est ici aussi un revenu
Chômage volontaire Le chômage volontaire est le chômage conforme à la théorie
néoclassique qui se traduit par une abstention de travail en raison
d’un salaire jugé trop bas au regard de l’utilité que procure le loisir
permis
Chômage classique Le chômage classique est le chômage selon la théorie
néoclassique. Les mécanismes autorégulateurs du marché
maintiennent le plein-emploi, de ce fait, tout chômage est volontaire
ou frictionnel, sinon il provient des rigidités empêchant le libre jeu du
marché
Chômage naturel Le chômage naturel est dans la théorie monétariste, et dans la
nouvelle économie classique, la part du chômage qui n’est pas due
au niveau insuffisant de la demande mais à l’imperfection du
marché du travail information et mobilité insuffisantes ; il n’est pas
réductible par des mesures de politiques économiques

Cette liste est non-exhaustive mais contient ce qu’il est impératif de connaître. L’opposition entre
chômage classique et chômage keynésien est développée ultérieurement

cmbw 2
2. Les difficultés à définir le chômage

a. Le halo du chômage

Relativement à l’emploi, un individu peut occuper trois positions qui sont avoir un emploi,
rechercher un emploi, ou être inactif. Depuis les années 1980 depuis que persiste un chômage
massif et durable, beaucoup d’individus se retrouvent dans des situations intermédiaires qui
mettent en difficulté la comptabilisation. Ainsi, on utilise l’expression « halo du chômage »
pour caractériser cette complexité du marché du travail. En effet, certaines personnes
souhaitent travailler mais sont « classées » comme inactives, soit parce qu'elles ne sont pas
disponibles rapidement pour travailler deux semaines, soit parce qu'elles ne recherchent pas
activement un emploi.

b. Le sous-emploi

Le sous-emploi est un indicateur indispensable en complément du taux de chômage. Selon


le BIT, les personnes en situation de sous-emploi sont celles qui travaillent, sans l’avoir choisi,
moins que la durée normale dans leur activité et sont à la recherche d’un temps de travail plus
long. La population en sous-emploi est donc constituée des personnes qui sont à temps partiel et
qui souhaitent travailler plus, et des personnes qui ont involontairement travaillé moins que
d’habitude. Le sous-emploi est mesuré par le BIT par le nombre total d’heures perdues à la fois
par les personnes au chômage et par celles qui sont en situation de sous-emploi. Les enquêtes
Emploi de l’INSEE montrent qu’en France environ 5 % des actifs plus d’1 million de personne sont
en situation de sous-emploi « visible », mais 20 % des actifs souhaiteraient travailler davantage.

c. Le taux de flexion du chômage

Effet de flexion

Lorsque la France crée des emplois, nombreux d’entre eux demeurent vacants. C’est un
phénomène que l’on appelle « effet de flexion ». Lors des périodes peu favorables, certaines
catégories de demandeurs d’emploi notamment les jeunes et les femmes cessent de s’inscrire au
chômage ou de chercher du travail. Résultat, la population active tend à diminuer. Ce fut le cas au
deuxième trimestre 2010, où elle a chuté de 60.000 personnes.

Taux de flexion

Taux de flexion du chômage = Nombre de chômeurs / Nombre d’emploi créés x 100

Si le taux de flexion est égal à 50, alors la création de 100 emplois fait disparaître 50 chômeurs.

cmbw 3
3. Les différences face au chômage

a. Selon les catégories

Le diplôme protège dans la plupart des cas du chômage, les femmes y sont plus
exposées que les hommes, et si la durée du chômage s’élève avec l’âge, la probabilité d’y
être confronté diminue. On peut caractériser la situation d’une population sur le marché du travail
en mesurant son employabilité la probabilité d’obtenir un emploi et sa vulnérabilité la probabilité
de perdre un emploi. Les populations jeunes sont employables mais très vulnérables, ce qui
revient concrètement à des changements fréquents d’emplois. Les plus de 50 ans sont peu
vulnérables mais sont également peu employables puisque 60 % des chômeurs de cet âge le sont
depuis plus d’un an, contre environ 40 % pour l’ensemble de la population.

b. Selon les pays

Les principaux modèles d’emploi

En utilisant les mêmes indicateurs de vulnérabilité et d’employabilité, on peut caractériser


les différents modèles d’emplois. On distingue ainsi trois groupes de pays pour lesquels les
différences sont significatives.

Le chômage selon les pays

Employabilité forte, vulnérabilité forte USA / Canada

Employabilité faible, vulnérabilité faible France / Italie / Belgique / Allemagne / Espagne

Employabilité forte, vulnérabilité faible Japon / Australie

L’organisation du marché du travail

Ces modèles sont liés à l’organisation du marché du travail. Le modèle anglo-saxon repose
sur un marché flexible. L’ajustement se fait par une baisse des salaires, ce qui revient à créer des
emplois peu rémunérés. Les modèles allemand et français reposent sur une réglementation
beaucoup plus protectrice de l’emploi. On préserve les salaires en détruisant de l’emploi par
des gains de productivité ne te laisse pas avoir par les médias qui peignent l’Allemagne comme un
pays où le faible taux de chômage est dû à des salaires ridicules, c’est majoritairement faux,
demande à tes professeurs de comparer leur salaire avec celui de leurs homologues outre-Rhin…,
et l’on exclut durablement les populations les plus fragiles c’est sur ce point qu’est portée toute
l’attention aujourd’hui. Au Japon, la situation de quasi plein emploi est liée à la mise en place d’une
politique de flexibilité de la législation du travail envers laquelle les entreprises se sont montrées
enthousiastes, et à l'augmentation des emplois précaires. Le vieillissement de la population et
l'exclusion d'une partie des femmes du monde du travail aboutit de plus à un faible nombre de
demandeurs face au nombre d’offres. Ce faible taux de chômage n'est pas lié à la
croissance qui reste faible au Japon depuis les années 1990.

Fin

cmbw 4

Vous aimerez peut-être aussi