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UNIVERSITE METHODISTE

DE COTE D’IVOIRE

COURS DE MACROECONOMIE
2ème PARIE
LICENCE 1

Dr. BOUAFFON Yapo


Enseignant Chercheur
UFR des Sciences Economiques de l’Université FHB
08 BP 1295 Abidjan 08 République de Côte d’Ivoire
E.mail : bouaffon@gmail.com

Cel : +225 05 05 95 32 19

1
IIIème PARTIE : INTRODUCTION A LA POLITIQUE ECONOMIQUE

INTRODUCTION

Cette partie nous amène à faire une introduction à la politique keynésienne dite de gestion de
la demande, politique fondée essentiellement sur les multiplicateurs.

Dans les années 1990, les Etats-Unis ont connu un chômage massif et une chute substantielle
des revenus. Au cours de l’année la plus noire de la dépression, en 1933 un quart de la
population active américaine était au chômage et le PIB était inférieur de 30% à son niveau de
1929.

Cet épisode dévastateur a amené de nombreux économiste à mettre en cause la validité de la


théorie économique classique. Cette théorie semblait incapable d’expliquer la dépression. Selon
elle, le revenu national dépend des offres de facteurs (capital et travail) et des technologies
disponibles.

Beaucoup étaient donc convaincu de la nécessité d’un nouveau modèle pour expliquer une
dépression aussi profonde et inattendu et pour suggérer les politiques économiques susceptibles
d’atténuer le tort qui en est résulté pour une multitude de personnes.

En 1936, l’économiste britannique John Maynard Keynes révolutionna la théorie économique


avec son ouvrage ‘’La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie’’.

Selon Keynes, c’est la faiblesse de la demande agrégée qui est à la base de la dépression des
revenus et de la hausse du chômage qui caractérisent les récessions économiques. Il reproche à
la théorie classique de faire l’hypothèse que l’offre agrégée (capital, travail et technologie) est
le seul déterminant du revenu national. Des économistes contemporains réconcilient deux
approches dans le cadre du modèle de l’offre et de la demande agrégées.

A long terme, les prix sont flexibles et l’offre agrégée détermine le bureau.

A court terme, les prix sont rigides et se sont les variations de la demande agrégé qui affectent
le revenu.

Dans cette deuxième partie, nous allons poursuivre notre étude des fluctuations économiques,
en nous penchant de plus près sur la demande agrée. Notre objectif est d’identifier les variables
qui suscitent un déplacement de la courbe de demande agrégée, et, ce faisant, les fluctuations
du Revenu National.

Nous allons ainsi voir au

Chapitre I – Le multiplicateur Keynésien


Chapitre II – La Demande de monnaie
Chapitre III - Les déséquilibres macro-économiques : les courbes IS - LM

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CHAPITRE I : DETERMINATION DU REVENU NATIONAL : INTRODUCTION A
LA THEORIE MULTIPLICATEUR KEYNESIEN

I. Présentation théorique et graphique générale de l’équilibre macro-économique

Partout dans un système de coordonnées rectangulaires en ordonnées la demande globale soit


D = C + I et en Abscisse l’offre globale (PIB = Σ VA).
Des échelles ; identiques sont prises sur chacun des axes si bien que la droite oπ' bissectrice de
l’angle DOY, que nous appellerons droite de référence, est celle que l’on obtiendrait si, pour
chaque niveau de revenu, on avait D = Y.
Autrement dit, la bissectrice OR’ est la droite qui serait obtenue si l’offre globale était toujours
intégralement absorbée par la demande globale.

Graphique 1 : l’équilibre macro-économique

La droite D représente la fonction de demande globale (e + I) on constate que cette droite a une
pente positive mais inférieure à l’unité d = Pmd = ‘’Propension marginale à dépenser’’. Elle
représente le rapport d’une variation de la dépense totale, à la variation d’offre globale (ou de
revenu total) lui donnant naissance.
 Ainsi lorsque la production passe du niveau OA au niveau OB la demande augmente
(sur le graphique) d’un montant égal à la distance IJ. On peut donc écrire :
IJ D D
d   0avec0  d  1
AB Y Y
Cette droite présenterait une ordonnée à l’origine positive (si Y venait à tomber à zéro).

Soit Do cette ordonnée à l’origine. Do >o et Do = demande autonome ou demande


incompressible (demande qui se manifesterait toujours si Y = 0)

 On a donc la fonction de Demande globale D = f(Y) dont la forme est D = dY + Do


avec 0<d<1 et Do >0

Cette fonction exprime un ensemble d’intentions de dépenses des Agents économiques pour
divers niveaux possibles de Y.

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Le point d’intersection S correspond à un niveau d’offres globale OE intégralement absorbé par
la demande globale <=> OE = OE'.

II. Présentation synthétique de l’équilibre macro-économique

Portons sur un même graphique les couches de Demande globale, de consommation, d’épargne,
d’investissement.

Graphique 2 : Demande Globale ; Consommation ; Epargne ;


Investissement

DD' représente la fonction de demande globale et a pour équation D = dy + Do => d = ∆D/∆Y


Do = la demande autonome (indépendante de Y)
Par définition D = C + I d’où D = cY + CO + iY + IO = (c + i) Y + (CO + IO) autrement dit :
d = c + i = propension marginale à dépenser somme des PmC et PmI
Do = CO + IO la demande autonome est la somme des Consommations et Investissements
autonomes.

III. Fondement du Multiplicateur Keynesien

A. Les variations du niveau d’équilibre

Lorsque l’on étudie la variation du niveau d’équilibre on peut se référer à trois situations.

- Dans la première situation, l’équilibre se produit à un niveau de production et de revenu


global insuffisant pour assurer le plein emploi des facteurs de Production.
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- Dans la seconde situation, la demande globale est trop importante par rapport au niveau
de produit et de revenu susceptible d’assurer le plein emploi : les tensions inflationnistes
naissent alors dans le système.

- Dans la troisième situation, il s’avère possible d’élever le niveau d’équilibre de plein


emploi : c’est le problème posé en termes « Keynésien » de la croissance économique.

Ici nous allons accentuer notre étude sur la 1ère situation.

B Situations d’équilibre de sous-emploi et l’accession à l’équilibre de plein-emploi

« C’est à ce type de situation que s’est référé Keynes qui écrivit sa théorie générale (1936) dans
un contexte de crise profonde, et de longue durée ».

Un examen attentif du graphique N°3 montre que la solution pour passer du niveau OY0
(équilibre de sous-emploi des facteurs de production) au niveau OY1 (équilibre de plein-emploi
de ces mêmes facteurs) consiste à déplacer vers le haut, la droite de demande globale DD’.

Graphique N°3 : Passage du sous-emploi au plein emploi

Plus précisément il convient de faire atteindre à la demande globale la position D1D1’. Le


nouveau point d’intersection (S1) correspond alors au niveau de production OY1 assurant le
plein de tous les facteurs de production.

Une autre solution pourrait consister à modifier la pente de la droite DD’ de sorte qu’elle
coupe OR’ en S1 au lieu de S. Cette situation est peu praticable en courte période car « c la
Pmc » et « i la PmI» sont des paramètres qui ne se modifient à la rigueur que dans le long
terme.
5
Aussi retient-on la solution d’une translation de la droite de Demande globale de DD’ en
D1D1’, la pente demeurant constante. C’est essentiellement Do la Demande autonome, en
augmentant, autorise cette translation de la Demande globale. Et cette Demande devient
désormais plus élevée pour tous les niveaux de revenu Y.

Ainsi avant modification du niveau d’équilibre on avait : D = dY + Do


Après modification on a : D = dY + D1 avec D1 > Do

Cette modification du niveau d’équilibre se fait à travers le mécanisme connu sous le nom
de multiplicateur de Demande globale.

IV- le Mécanisme du Multiplicateur : Présentation Générale et Statique

Dans une optique statique, c'est-à-dire dans une perspective faisant abstraction du temps, la
démonstration de l’existence d’un effet de multiplication est immédiate. Considérons deux
niveaux d’équilibre du produit global : Y0 et Y1 avec Y1 > Y0.
Chacun de ces niveaux correspond à une droite de demande globale. Les deux demandes
diffèrent par l’importance de la Demande autonome.
 Au niveau d’équilibre Y0 : D = dY + D0
(I = S => Investissement est égal à l’épargne)
sY0 – C0 = i Y0 + I0
C I C I C I C I
YO  O O  O O  O O  O O
si (1  c)  i 1  (c  i ) 1 d

1
YO  DO .
1 d
 Au niveau d’équilibre Y1 : D = dy + D1
1
Y1  D1.
1 d
On a : D1 > D0 et si ∆D (variation de D) est la différence D1 – D0, il en résulte que :
1 1 1
Y1  Y0  Y  D1  D0  ( D1  D0 ).
1 d 1 d 1 d
1
Y1  Y0  Y  D.
1 d
On sait que 0 < d < 1 donc 0 < 1 – d < 1
1
D’où 1 c’est cette quantité supérieure à l’unité qui représente le multiplicateur de
1 d
1
Demande autonome. On le désigne généralement par le symbole k soit : k
1 d
Remarques

k est dépendant du niveau de la propension marginale à dépenser d

6
 Lorsque celle-ci tend vers l’unité (la totalité du revenu additionnel tend à être dépensée)
le multiplicateur tend vers l’infini (k→∞) ;
 Lorsque celle-ci tend vers 0, l’effet multiplicateur tend à disparaître (k→1) ;
 Entre ces deux situations extrêmes k est d’autant plus élevé que d est plus important et
d’autant plus faible que la valeur de d est plus réduite.

Nous constatons également que si l’investissement est supposé purement autonome : I = I0


c’est-à-dire i = PmI à investir = 0
L’équation de la demande globale devient : D = cy + D0 avec c = PmC, le multiplicateur
1 1
devient : k  Or 1 – c = s (Propension marginale à épargner) => k  le
1 c s
multiplicateur apparaît dès lors comme l’inverse de la propension marginale à épargner.

Il est d’autant plus élevé que « s » est faible et d’autant plus réduit que « s » est important.

III. Le multiplicateur keynésien


La notion de multiplicateur est un thème central l’analyse de Keynes. Cette notion est
intrinsèquement liée à la fonction de consommation à cause de la présence dans l’expression de
celle-ci d’un paramètre appelé propension marginale à consommer. Cela explique d’ailleurs
l’attachement de Keynes à la fonction de consommation car, à ses yeux, seule la régularité de
celle-ci conditionne l’efficacité des politiques de relance. Concrètement, le multiplicateur est
un coefficient qui indique la proportion dans laquelle varie la demande globale (ou le revenu)
suite à un accroissement d’une de ses composantes exogènes.

Pour formaliser la notion de multiplicateur, considérons une économie fermée (c'est à-dire sans
échanges extérieurs) décrite par le modèle suivant : 𝐶 = 𝑐𝑌𝑑 + 𝐶0 ; 𝐼 = 𝐼0 ; 𝐺 = 𝐺0 ; 𝑇 = 𝑇0 ;
𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺.

En remplaçant la fonction de consommation dans l’équation de revenu et en remplaçant les


autres agrégats (I, G, T) par leur valeur, on retrouve l’équation d’équilibre suivant :
Y  C  I  G  cYd  C0  I 0  G0  c (Y  T0 )  C0  I 0  G0
(1  c)Y  cT0  C0  I 0  G0
 1 
Y    cT0  C0  I 0  G0 
 1 c 
En utilisant cette équation d’équilibre, exprimons la variation du revenu en fonction de la
variation des composantes autonomes 𝑇0, 𝐶0, 𝐼0 et 𝐺0. On a :
 1 
Y     cT0  C0  I 0  G0 
 1 c 
Le multiplicateur étant défini comme la valeur de la variation du revenu total suite à un
accroissement d’une composante autonome, on peut définir plusieurs types de multiplicateur
en partant de cette question.
En effet, en utilisant l’équation présentée, nous pouvons déterminer respectivement le
multiplicateur fiscal (en considérant 𝑇0), le multiplicateur de l’investissement (en considérant
𝐼0), le multiplicateur de dépenses publiques (en considérant 𝐺0). Bien qu’il soit également
possible de calculer le multiplicateur de 𝐶0 mais celui-ci n’est pas d’un grand intérêt
7
économique. Dans ce qui suit, nous allons tenter de présenter les multiplicateurs les plus
couramment étudiés.

III.1. Le multiplicateur d’investissement


Le multiplicateur d’investissement quantifie l’effet d’une variation autonome de
l’investissement sur le revenu d’équilibre. Pour mesurer cet effet, reprenons l’équation de la
variation totale du revenu en fonction de la variation de tous les agrégats autonomes. On a :
 1 
Y     cT0  C0  I 0  G0 
 1 c 
Pour calculer le multiplicateur de l’investissement on suppose que Δ𝐼0 est différent de zéro alors
que toutes les autres variations sont supposées nulles c'est-à-dire que les autres agrégats sont
supposés inchangés (Δ𝑇0 = Δ𝐶0 = Δ𝐺0 = 0). Dans cette hypothèse, la variation du revenu dépend
uniquement de la variation de l’investissement autonome Δ𝐼0. Dès lors, on peut écrire :
 1 
Y    I 0
 1 c 
A partir de cette expression, on peut déduire le multiplicateur d’investissement comme suit :
Y 1
k I0  
I 0 1  c
Où 𝑘𝐼0 représente le multiplicateur d’investissement. Comme on peut constater à partir de cette
expression, l’accroissement de l’investissement est "multiplié" en accroissement de revenu à
1
travers le coefficient qui est ici supérieur à 1, puisque 𝑐 est compris entre 0 et 1. On voit
1 c
alors que le multiplicateur est d’autant plus élevé que la propension marginale c est elle-même
élevée.

Exemple
Pour mieux appréhender cette notion de multiplicateur d’investissement, considérons une
économie (fermée) où la propension marginale à consommer est égale à 0,8. Supposons ensuite
qu’il y ait un choc exogène sur l’investissement d’un montant équivalent à 100 unités
monétaires (UM). Le multiplicateur permet ainsi de quantifier l'effet d’une telle dépense sur le
revenu total.
Le mécanisme est le suivant :
D’abord, les 100 UM dépensés entrainent un accroissement de la demande des biens
d’investissement d’un montant de 100. Cela se traduit par un accroissement de la production
totale de 100 UM. Puisque l’offre globale est égale à la demande globale, les 100 sont distribués
sous forme de revenus entrainant un accroissement de revenu du même montant (100 UM). La
PmC étant de 0,8, les agents consomment 80 % de ce revenu supplémentaire (soit 80 UM). Ces
80 UM induisent à leur tour une augmentation de la demande et par ricochet la production. Les
80 UM reviennent dans les mains des agents qui en consomment les 80% (soit 64 UM).

Cette opération se répète un grand nombre de fois jusqu’à ce que le revenu distribué soit
négligeable. Selon le mécanisme du multiplicateur, chaque revenu additionnel crée des
dépenses de consommation à raison de 80 %; Ces dépenses génèrent à leur tour un montant
équivalent de revenu. L’effet multiplicateur est donc égal à la somme de tous les revenus

8
additionnels générés à chaque étape. Le revenu total généré à l’issue de cette répétition se
 1 
calcule comme suit : Y    100UM  500UM
 1  0,8 
Ainsi, avec une variation de l’investissement autonome de 100, l’effet multiplicateur est de 500.
500 1
Le multiplicateur keynésien est donc de 5 ( k I0    5 ). Sa valeur indique que
100 1  0,8
chaque unité monétaire supplémentaire dépensée en investissement, génère 5 unités
monétaires de demande, donc de revenu.

Deux remarques peuvent être faite sur le multiplicateur d’investissement :

 D’abord, l’important rôle que joue la consommation dans la théorie du multiplicateur


crée ce qu’on a appelé "le paradoxe de l’épargne". En effet, contrairement aux
classiques pour qui c’est l’épargne qui crée la croissance du revenu, dans la théorie
keynésienne, l’épargne est plutôt considérée comme un frein à l’augmentation du
revenu. L’effet multiplicateur de l’investissement est d’autant plus fort que la
propension marginale à consommer est forte (donc que la propension marginale à
épargner faible). Ainsi, la fuite causée par l’épargne entraine une faiblesse de l’effet
multiplicateur.
 Ensuite, la théorie du multiplicateur suppose que l’effet multiplicateur est symétrique
c’est à dire jouant dans les deux sens (accroissement ou diminution). En effet, si l’effet
de Δ𝐼0 est positif d’un montant donné alors l’effet de −Δ𝐼0 sera négatif du même
montant. Ce qui implique une diminution du revenu de même ampleur que celle qui a
lieu dans le cas où l’accroissement de l’investissement est positif.

2.2. Multiplicateur de dépense publique et multiplicateur fiscal (impôts)

 Le multiplicateur de dépenses publiques (𝑮𝟎)


En partant de l’équation générale de variation du revenu d’équilibre telle que
 1 
Y     cT0  C0  I 0  G0  , le multiplicateur des dépenses publiques se calcule
 1 c 
comme suit (en supposant que toutes les autres sources de variations sont nulles) :
 1 
Y    G0
 1 c 
Ce qui permet ensuite de déduire le multiplicateur de dépense publique comme suit :
Y 1
kG0  
G0 1  c
Où 𝑘𝐺0 représente le multiplicateur de dépense publique. Il est supérieur à 1. On constate ainsi
que le multiplicateur des dépenses publiques est égal au multiplicateur d’investissement
autonome.

L’égalité entre le multiplicateur des dépenses publique et celui de l’investissement autonome


peut avoir une implication politique très importante. En effet, cette égalité signifie que l’effet
de relance obtenu par augmentation des dépenses publiques d’un certain montant peut aussi être
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obtenu par l’augmentation de l’investissement (privé) du même montant que celui des dépenses
publiques. Ce qui pose alors la question du choix entre les deux options politiques. Toutefois,
ce débat ne peut pas être facilement tranché.

 Le multiplicateur fiscal ou multiplicateur des impôts (𝑻𝟎) :


Le multiplicateur fiscal se calcule en faisant varier 𝑇0 tout en supposant que toutes les autres
 c 
sources de variations sont nulles. Ainsi on a Y    T0 . Cela permet ensuite de déduire
 1 c 
Y  c 
le multiplicateur fiscal comme suit : kT0   
T0  1  c 
Où kT0 représente le multiplicateur des impôts.
Tout comme le multiplicateur des dépenses publiques, le multiplicateur des impôts est supérieur
à 1. Cependant, comme on peut le constater le multiplicateur fiscal est négatif. Ce qui signifie
que l’augmentation des impôts induit une diminution de la demande alors qu’à l’inverse une
diminution des impôts entraîne un accroissement de la demande. On peut aussi constater que le
multiplicateur budgétaire est supérieur au multiplicateur fiscal (en valeur absolue). Ce qui
signifie qu’une relance basée sur les dépenses publiques est plus efficace qu’une relance fondée
sur la fiscalité.

NB : Il faut aussi noter qu’une relance basée sur les dépenses publiques consiste en une
augmentation des dépenses publiques alors qu’une relance basées sur les impôts consiste en
une baisse des impôts. Ces politiques sont qualifiées de politiques économiques expansives.
Alors que la baisse des dépenses publiques ou l’augmentation des impôts sont qualifiées de
politiques restrictive (ou politique de rigueur).

 Combinaison du multiplicateur des dépenses et du multiplicateur fiscal


En tenant compte des sources de financement des dépenses publiques, on peut établir une
relation entre les impôts et les dépenses publiques. On aboutit alors à d’autres variantes du
multiplicateur budgétaire.

a) - Cas où les dépenses budgétaires sont entièrement financées par les impôts.

Dans le cas où les dépenses publiques sont totalement financées par les impôts, cela veut dire
mathématiquement que Δ𝐺0 = Δ𝑇0. Ainsi, en reprenant l’équation générale de variation du
revenu d’équilibre et en supposant que toutes autres sources de variation (n’impliquant pas 𝐺0
 1   1 
Y     cT0  G0      cG0  G0 
 1 c   1 c 
 1 c 
et 𝑇0) soient nulles, on a : Y    G0
 1 c 
Y  G0
Y
Ainsi on peut écrire que : kG0 / G0 T0  1
G0

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Cela montre que le multiplicateur des dépenses publiques vaut 1 lorsque ces dépenses sont
entièrement financés par les impôts. Ce qui veut dire que le revenu varie du même montant que
la variation de la dépense. En d’autres termes 1 unité monétaire supplémentaire dépensée génère
exactement une unité supplémentaire de revenu. Ainsi, dans le cas de couverture des dépenses
par des impôts, le multiplicateur est simplement égal à 1. Cette propriété est connue sous le
nom de "Théorème de Haavelmo".

b) Cas où les dépenses budgétaires sont financées pour une certaine proportion a par les
impôts

Lorsque les dépenses publiques sont financées en proportion par les impôts telles que
Δ𝑇0 = 𝑎Δ𝐺0, alors la variation du revenu se présente comme suit :
 1   1 
Y     cT0  G0      caG0  G0 
 1 c   1 c 
 1  ac 
Y    G0
 1 c 
Dans ce cas le multiplicateur de dépenses publiques est alors :
Y  1  ac 
kG0 / T0 aG0   
G0  1  c 
1
Ce multiplicateur est compris entre 1 et .
1 c
Cela montre donc que l’effet multiplicateur des dépenses publiques est d’autant plus important
que la part de l’augmentation des dépenses financées par les impôts est faible. Un tel résultat
suggère donc l’effet multiplicateur des dépenses est maximal lorsque ces dépenses sont
financées par emprunt ou dons (de préférences extérieurs).

3. Prise en compte des échanges extérieurs

Prendre en compte les échanges extérieurs c’est introduire dans le modèle les exportations X et
les importations M. Les exportations entrent comme une composante de la demande globale
alors que les importations sont une composante de l’offre globale. En effet, les exportations
constituent une demande adressée aux producteurs nationaux. Elles constituent donc une
contribution à la production nationale. Quant aux importations, elles représentent une
production assurée par les producteurs étrangers. Elles doivent donc être soustraites du revenu
national sous l’angle de la production. Dans une économie ouverte avec Etat, les conditions
d’équilibre sont définies comme suit :

-Production : 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + +𝐺 + 𝑋 − 𝑀
-Dépenses : = 𝐶 + S + 𝑇

Où Y est la production (ou le revenu), C la consommation, I l’investissement, G les dépenses


publiques, S l’épargne des agents privés, T les impôts, X les exportations et M les importations.

La condition d’équilibre est la suivante :


(S − 𝐼) + (𝑇 − 𝐺) = (𝑋 − 𝑀)
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Où (S − 𝐼) le solde des agents privés, (𝑇 − 𝐺) le déficit public et (𝑋 − 𝑀) le déficit de la balance
commerciale. Cette égalité de la somme du solde des agents privés et publics au solde
commercial est une identité comptable. Elle est donc toujours vérifiée. Cette identité donne
également naissance au concept de déficit-jumeaux. Et pour tracer le diagramme à 45 degrés,
on représente l’équation de la production sur l’axe verticale en ajoutant à la fonction C + I, la
valeur des dépenses publiques(G), les exportations (X), et enlever celle des importations (M)
telle que Y=C+I+G+X-M.

L’équation des dépenses est représentée sur l’axe horizontal tel que Y=C+S+T.
Le croisement entre les deux droite permet de déterminer le revenu d’équilibre YE.

De façon analytique, en considérant l’économie telle que 𝐶 = 𝑐𝑌𝑑 + 𝐶0 ; 𝐼 = 𝐼0 ; 𝐺 = 𝐺0 ; 𝑇 = 𝑇0


; 𝑋 = 𝑋0 ; 𝑀 = 𝑀0 avec 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 − 𝑀, le revenu d’équilibre se présente comme suit :
Y  C  I  G  X  M  cYd  C0  I 0  G0  X 0  M 0  c (Y  T0 )  C0  I 0  G0  X 0  M 0
(1  c)Y  cT0  C0  I 0  G0  X 0  M 0
 1 
Y    cT0  C0  I 0  G0  X 0  M 0 
 1 c 

L’équation générale de la variation du revenu d’équilibre est :


 1 
Y     cT0  C0  I 0  G0  X 0  M 0 
 1 c 

Comme on peut le constater la prise en compte des exportations et des importations permet de
calculer deux effets multiplicateurs supplémentaire par rapport au modèle initial. Il s’agit, en
l’occurrence, du multiplicateur des exportations et celui des importations dont les expressions
sont respectivement :
Y  1 
kX0   
X 0  1  c 
Y  1 
kM 0   
M 0  1  c 
On constate alors que le multiplicateur des exportations de même valeur que les multiplicateurs
de l’investissement et des dépenses publiques. On voit aussi le multiplicateur des importations
est négatif mais égal en valeur absolue aux multiplicateurs des exportations. Il apparait ainsi
qu’une augmentation des exportations a le même effet sur le revenu qu’une augmentation de
même montant des investissement, ou qu’une diminution de même montant des importations,
et inversement.

12
CHAPITRE II : LA DEMANDE DE MONNAIE

INTRODUCTION

Dans l’analyse monétaire, la notion de demande de monnaie est très précise. Il s’agit d’une
demande d’encaisses monétaires effectuée par les entreprises et les particuliers. La demande de
monnaie raisonne donc sur la monnaie détenue et non sur la monnaie utilisée. La demande de
monnaie est donc le niveau moyen de l’encaisse monétaire désirée par les agents économiques.

La question fondamentale qui reste posée est la suivante : Pourquoi les ménages doivent-ils
détenir la monnaie qui ne rapporte rien plutôt que les titres qui rapportent un revenu ?

Depuis Keynes on admet qu’il y a trois motifs principaux qui poussent les individus à détenir
la monnaie pour constituer des encaisses. Ce sont les motifs de transaction, de précaution et de
spéculation. Avant d’analyser ces trois principaux motifs, définissons la monnaie.

I La définition de la Monnaie

Depuis Aristote, la monnaie est définie conceptuellement par les fonctions qu’elle remplit et les
différentes mesures de la masse monétaire.

A- Les fonctions de la Monnaie

La monnaie existe dès lors que trois fonctions sont assurées :


- la fonction d’unité de compte ;
- celle d’intermédiaire des échanges ;
- et celle de réserve de valeur.

1- La fonction d’unité de compte


Elle fait de la monnaie, la mesure du prix des marchandises. Toutes les marchandises d’une
économie nationale s’expriment dans une unité de compte déterminée. Ainsi donc, la monnaie
permet de mesurer la valeur, elle remplit la fonction d’unité de compte, et dans cette optique on
peut la définir comme le bien en lequel on exprime le prix de tous les autres.

2 – La fonction d’intermédiaire des échanges


La seconde fonction de la monnaie, la plus connue et sans toute la plus importante, est d’être
un instrument de paiement : la monnaie facilite les échanges de biens et de services qui, sans
elle, devraient s’effectuer selon les mécanismes peu maniables du troc.

Le troc, échange de biens contre des biens, suppose une double coïncidence de volonté de la
part des co-échangistes. Les coûts d’information, de recherches, associés à la nécessité de cette
double coïncidence des volontés peuvent être très gênants.

3. La fonction de réserve de valeur


La troisième fonction de la monnaie est d’être une réserve de valeur c'est-à-dire un « abri
temporaire du pouvoir d’achat ».

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Ce n’est pas la fonction essentielle qui définit la monnaie dans la mesure où il peut exister,
dans une économie, d’autres réserves de valeur qui sont plus appropriés, plus adéquat que la
monnaie [les actifs financier : les titres ; les biens immobiliers ou encore, d’autres catégories
(les œuvres d’art)] qui sont aussi des réserves de valeur. Ces actifs permettent de conserver de
la valeur, c’est-à-dire, de la richesse. La monnaie en tant que réserve de valeur partage ce rôle
avec d’autres actifs qu’ils soient financiers ou réels (œuvres d’art). Dans ces conditions, la
monnaie peut être considérée comme un élément parmi d’autres dans le patrimoine des agents
qui est une collection d’actifs qui peut évoluer à la hausse comme à la baisse. La fonction
réserve de valeur revient à considérer la monnaie comme un actif, comme un bien capital à
mettre sur le même plan que les actifs réels ou financiers.

Dans une économie monétaire, un agent peut scinder l’échange en deux opérations différentes
qui interviennent à des moments différents. Par exemple, l’agent vend des biens contre de la
monnaie et cette monnaie va servir, plus tard, pour acheter d’autres biens. Autrement dit, la
monnaie est un moyen d’échange qui permet de transférer du pouvoir d’achat dans le temps.
Entre les deux transactions, elle sert à conserver un pouvoir d’achat. On dit que la monnaie
est un « droit différé » sur le bien. On constate que la monnaie possède un aspect dynamique
(intervient dans le temps).

B. La masse monétaire

A côté des formes monétaires classiques, on dispose aujourd’hui d’une définition


institutionnelle de la monnaie qui est de nature quantitative, exprimée en unité de compte et
qui consiste à définir la monnaie de manière concrète, à partir d’agrégats, de grandeurs
macroéconomiques. Ces agrégats monétaires sont des indicateurs de la quantité de monnaie en
circulation dans une économie. Ils sont établis par les autorités monétaires i.e., par les banques
centrales. Ces agrégats vont servir de référence, d’indicateurs pour l’élaboration d’une politique
monétaire qui vise à réguler l’activité économique et notamment, à maîtriser l’inflation. Ces
moyens de paiements seront représentés par la monnaie divisionnaire, les billets de banque
et la monnaie scripturale.

On distingue trois grands agrégats monétaires représentatifs de la quantité de monnaie en


circulation dans une économie et chaque agrégat représente divers actifs monétaires
représentés par M1, M2 et M3.
Ce qui différencie les agrégats monétaire est la notion de liquidité d’un actif monétaire qui
se trouve à l’intérieur de l’un des trois agrégats. La liquidité d’un actif se définie par l’aptitude
à servir plus ou moins rapidement, de moyen de paiement. Plusieurs critères sont retenus
pour mesurer le degré de liquidité d’un actif :
- La convertibilité : l’aptitude à transformer en moyen de paiement, un actif
financier y compris les coûts liés à cette transformation.
- L’absence ou non, de risques qui signifie que l’on connaît sa valeur de revente
sur le marché.
- La négociabilité i.e. l’aptitude à être vendu plus ou moins rapidement sur le marché.

14
Les agrégats monétaires comprennent des actifs monétaires qui sont plus ou moins liquides et
ces actifs monétaires sont émis, créé par les institutions financières monétaires (IFM).
Ces trois agrégats monétaires sont interdépendants, liés, emboîtés les uns les autres c’est à dire
que M1 est contenu dans M2 qui est lui-même contenu dans M3.

L’agrégat M1 : Il comprend les actifs monétaires liquides par excellence. Il comprend la


monnaie divisionnaire, les pièces, les billets et la monnaie scripturale i.e. les dépôts à
vue, les comptes courants auprès des banques au sens large.
M1 = Pièces + billets + dépôts à vue (IFM). C’est la monnaie au sens strict (quantité de
monnaie au sens strict).

L’agrégat M2 : il comprend tous les éléments de M1 + d’autres éléments. M2 comprend tous


les actifs compris dans M1 ainsi que les dépôts à terme auprès des IFM d’une durée inférieure
ou égale à deux ans : ce sont des dépôts qui peuvent être mobilisés en moyen de paiement à
tout instant moyennant une pénalité si le terme n’est pas atteint et aussi les dépôts qui sont
assortis d’un préavis de retrait qui est inférieur ou égal à 3 mois. Ces dépôts sont pour
l’essentiel des comptes sur livret comme par exemple, le compte d’épargne logement, le
compte pour le développement durable, etc.

L’agrégat M3 : il comprend les actifs qui sont dans M2 ainsi que des actifs
constituants des placements à court terme avec comme support, des titres négociables sur
le marché monétaire (marché où interviennent les banques commerciales). Il s’agit d’actif dont
le degré de liquidité est élevé (la liquidité n’est pas totale) et qui présente peu de risque en
perte en capital en cas de liquidation, en cas de revente.

II Le Motif de transaction

Ce premier motif de demande de monnaie est relié à la fonction d’intermédiaire des échanges
de la monnaie. Il correspond au besoin d’encaisses monétaires pour la réalisation courante des
échanges personnels et commerciaux.

Pour les ménages, ce motif résulte du fait qu’un délai s’écoule, normalement, entre le moment
où le revenu est encaissé et le moment où il est décaissé ; pendant ce délai, les ménages
conservent une encaisse monétaire pour le motif de transaction.

Le motif de transaction détermine ainsi une demande d’encaisses monétaires dont la variable
explicative principale est le niveau du revenu ou revenu nominal. Plus le revenu nominal (PY)
est élevé, plus l’encaisse nominale de transaction sera élevée :

LT = LT (PY) avec LT’ > 0

Avec LT = Demande de liquidité de monnaie pour effectuer des transactions ;


P = Niveau général des prix ;
Y = Revenu global réel.

15
LT’ > 0 => la demande de monnaie pour des fins de transaction est d’autant plus importante que
le revenu nominal est élevé. En d’autres termes la demande de monnaie est une fonction
croissante au revenu nominal.

III- Le motif de précaution

Le deuxième motif de demande de monnaie est lié à l’incertitude affectant la vie économique.
En effet, l’individu qui a un revenu doit faire face à certaines dépenses non planifiées ce qui
explique la constitution d’encaisses monétaires pour « parer » aux éventualités qui exigent des
dépenses inopinées.

L’encaisse de précaution (LP ) permet donc de faire face aux dépenses imprévues et dépend,
comme l’encaisse de transaction, du niveau du revenu nominal.

LP = LP (PY) avec LP’ > 0


La monnaie constituant l’encaisse de précaution sera utilisée que si des dépenses imprévues
surviennent.

IV- Le motif de spéculation

Pour Keynes et les Keynésiens, les individus constituent des encaisses aussi à cause de leur
préférence pour la liquidité pour spéculer par rapport aux incertitudes liées aux fluctuations du
taux d’intérêt.

Des agents de change se sont enrichis en achetant et en revendant les titres selon les variations
anticipées du taux d’intérêt. La règle étant : acheter un titre financier lorsque sa valeur est
supposée augmenter et le revendre lorsque sa valeur est supposée baisser. La valeur des titres
est inversement reliée au taux d’intérêt.

C
Pour un titre qui rapporte C, sa valeur est égale à avec r = taux d’intérêt. L’hypothèse
r
d’anticipation régressive stipule que lorsque le taux d’intérêt est à un niveau élevé, l’on pense
qu’il va baisser, ce qui pousse les spéculateurs à acheter les titres et à détenir moins d’encaisses
monétaires. Inversement, lorsque le taux d’intérêt est très bas, il est anticipé à la hausse, la
valeur des actifs (des titres) va baisser, les spéculateurs convertissent leurs titres en monnaie
liquide.
Ainsi les agents économiques spéculent par rapport au niveau du taux d’intérêt en détenant ou
de la monnaie ou des titres selon que le taux d’intérêt est bas ou haut.
La demande d’encaisses (de monnaie) pour le motif de spéculation (LSP) est donc reliée de
façon inverse au niveau du taux d’intérêt (r).
LSP = LSP(r) avec L’SP < 0

Finalement, la demande totale de monnaie est la somme des demandes pour des fins de
transaction, de spéculation et de précaution.

Elle peut s’écrire :


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Md = LT (PY) + LP (PY) + LSP (r)
Avec L’T >0, L’P > 0 et L’SP < 0

L’apport spécifique de Keynes par rapport aux auteurs antérieurs tient à l’explication de la
liaison inverse entre la demande de monnaie et le taux de l’intérêt, c'est-à-dire, au motif de
spéculation.

CHAPITRE 3 : LE MODELE D’EQUILIBRE IS-LM

3.1 Présentation du modèle

Dans la discussion sur le multiplicateur keynésien dans le chapitre 1, l’effet du taux d’intérêt
n’a pas été pris en compte. Dans l’analyse des effets multiplicateurs de base, on suppose
que l’investissement est autonome (du taux d’intérêt). L’équilibre est alors censé s’établir à
travers l’égalité Epargne-Investissement. Le modèle n’explicite pas pour autant comment
s’opère cet ajustement. Par ailleurs, le modèle initial ne prenait en compte que la sphère réelle
ignorant ainsi l’influence de la sphère monétaire et celle du taux d’intérêt. Le but ultime de
l’élaboration du modèle IS-LM est de pouvoir étudier les conditions d’un équilibre simultané
sur le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie.

Le modèle IS-LM développé d’abord par Hicks en 1937 ensuite par Hansen en 1938, a été
présenté au départ comme un cadre d’analyse permettant de "réconcilier" les classiques et les
keynésiens. Ce modèle est construit sur la distinction de deux types d’équilibre : l’équilibre
sur le marché des biens et services (IS) et l’équilibre sur le marché de la monnaie (LM).
Dans l’analyse traditionnelle (celle remontant des travaux de Hicks), la variable censée faire
la connexion entre la sphère réelle et la sphère monétaire est le taux d’intérêt. En effet,
dans le modèle ISLM de base, la sphère réelle est représentée par l’équation de d’offre
globale telle que Y=C+I+G+X- M. Comme on l’a vu précédemment, l’équilibre sur le marché
des biens et services est obtenu lorsque l’offre globale est égale à la demande globale
(Y=C+S+T) telle que (S - 𝐼) + (𝑇 - 𝐺) = (𝑋 - 𝑀). Cette condition d’équilibre se simplifie à S=I
lorsque l’économie est supposée fermée et sans Etat. Cet équilibre est appelé : Investissement-
Epargne ou Investment-Saving (IS).

Toutefois, pour adapter cet équilibre au cadre du modèle IS-LM, il faut considérer
l’investissement non pas comme autonome (entièrement) mais comme une fonction du taux
d’intérêt tel que I = 𝐼0 - 𝛼𝑟. Où I est l’investissement total, 𝐼0 l’investissement autonome, r le
taux d’intérêt et 𝛼 un paramètre. Cette expression montre que l’investissement est une
fonction décroissante du taux d’intérêt en ce sens où une augmentation du taux r se traduit
par une baisse de l’investissement et une baisse du taux r se traduit par une augmentation de
l’investissement.

Quant à la composante LM du modèle IS-LM, elle est élaborée à partir de l’équilibre sur le
marché de la monnaie (que nous n’avons encore pas présenté). Mais globalement
l’équilibre sur le marché monétaire se résume à l’égalité entre la demande de monnaie (L) et

17
l’offre de monnaie (M). L’offre de monnaie étant supposée exogène (pouvoir discrétionnaire de
la banque centrale), c’est la demande de monnaie qui est exprimée en fonction du taux d’intérêt.

Au final, dans le modèle IS-LM, c’est le taux d’intérêt qui sert de variable d’ajustement
permettant d’assurer l’équilibre simultanée sur les marchés des biens et services et sur le
marché de la monnaie. C’est à travers cet équilibre que sont ensuite déterminés les niveaux
d’équilibre du revenu et de l’investissement. Dans ce qui suit, nous allons essayer de présenter
le modèle IS-LM tout en étudiant les mécanismes d’ajustement du taux d’intérêt qui
conduisent à l’équilibre général de l’économie.

3.2 L’équilibre sur le marché des biens et services (IS)

Comme signalé précédemment, l’équilibre sur le marché des biens et services est obtenue
par l’égalité Epargne = investissement. Les étapes de la détermination de l’équation IS sont
les suivantes :
Soit une économie dont les caractéristiques macroéconomiques sont les suivantes : 𝐶 = 𝑐𝑌𝑑 +
𝐶0 ; 𝐼 = 𝐼0 - 𝛼𝑟 ; = 𝐺0 ; = 𝑇0 ; 𝑋 = 𝑋0 ; 𝑀 = 𝑀0.
L’équilibre sur le marché des biens et services est obtenue à travers l’équation de demande
globale suivante : 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 - 𝑀. En remplaçant les agrégats par leur expression, on
retrouve le revenu d’équilibre du marché des biens et services :
 1 
YIS     cT0  C0  I 0  G0  X 0  M 0  r  équation de la courbe IS
 1 c 
La seule inconnue de cette équation étant 𝑟, en remplaçant toute les autres grandeurs par leur
valeur, l’équation IS peut se simplifier comme suit :
YIS  A0  A1r
 1    
A0     cT0  C0  I 0  G0  X 0  M 0  et A1   
 1 c   1 c 
Cette équation montre que le revenu d’équilibre sur le marché des biens et services est une
fonction décroissante du taux d’intérêt. Cette propriété vient du fait que la demande globale
baisse lorsque l’investissement baisse suite à une augmentation du taux d’intérêt. Donc la
courbe IS est d’une allure décroissante du taux d’intérêt (voir figure ci-dessous).

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Si le degré d’inclinaison de la droite IS est déterminée par le paramètre A1, sa position
sur le diagramme est par contre déterminée par le paramètre A0. Plus A0 est élevé, plus la droite
IS se situe vers la droite et plus le revenu d’équilibre sera élevé.

Et plus 𝐴 est faible, plus la droite sera située vers la gauche et plus le revenu d’équilibre est
faible. Cette propriété est très importante car il permet d’étudier le déplacement de la droite IS
ainsi que les points d’équilibre obtenus à la suite de ces changements en compatibilité avec
l’équilibre sur le marché de la monnaie. En effet comme
 1 
A0     cT0  C0  I 0  G0  X 0  M 0  . Pour que la courbe IS se déplace, il faut modifier
 1 c 
les valeurs grandeurs autonomes 𝑇0, 𝐼0, 𝐺0 ou 𝑀0. Comme nous allons le voir un peu plus loin,
les simulations de politique économiques sont effectuées uniquement sur ces valeurs exogènes
(le taux d’intérêt étant la variable d’ajustement).

D’une manière générale, une politique expansive agissant sur le marché des biens et services a
pour conséquence de déplacer la courbe IS vers la droite car le but recherché est l’augmentation
du revenu. Par exemple, en considérant 𝛽0 une augmentation du revenu est obtenue lorsqu’on
augmente l’investissement autonome 𝐼0, les dépenses publiques 𝐺0 ou les exportations 𝑋0. Au
contraire, une baisse du revenu est obtenue lorsqu’on augmente les impôts 𝑇0 ou les
importations 𝑀0. Toutefois la valeur d’équilibre finale obtenue dépend de l’équilibre sur le
marché de la monnaie.

3.3. L’équilibre sur le marché de la monnaie (LM)

L’équilibre sur le marché de la monnaie est obtenu par la confrontation de l’offre et de la


demande de monnaie. L’offre de monnaie est fixée par les autorités monétaires. Par exemple,
c’est la Banque Centrale qui décide de la quantité de monnaie à mettre en circulation (voir
section sur la politique monétaire). Une fois fixée, cette quantité apparaît comme un paramètre
(variable exogène). Cette offre de monnaie peut être notée 𝑀0

Contrairement à l’offre de monnaie, la demande de monnaie, elle, est le résultat des


comportements des agents privés. Elle est don endogène c'est-à-dire déterminée à l’intérieur du
modèle. Pour cela, la demande de monnaie est une fonction traduisant la quantité de monnaie
que les agents détiennent pour différents motifs d’utilisation (les encaisses). En effet, la théorie
keynésienne distingue trois principaux motifs de détention de la monnaie pour les agents : les
motifs de transaction, de précaution et le motif de spéculation. La demande de monnaie pour
transactions et précaution sont fonction du revenu alors la demande de monnaie pour motif de
spéculation est fonction du taux d’intérêt.

La demande de monnaie
Ainsi, la fonction de demande de monnaie notée 𝑀𝑑 peut s’écrire comme suit :
Md = LT (PY) + LP(PY) + LSP (r)
Avec L’T > 0 L’P > 0 et L’SP < 0
Nous avons déjà soulignées que la demande de monnaie est une demande d’encaisses réelles.
La demande réelle de monnaie dépend du revenu et du taux d’intérêt.

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Demeurons dans un univers linéaire. Désignons par une seule et même fonction les demandes
de Monnaie pour motifs de précaution et de transaction (les deux étant des fonctions croissantes
du revenu nominal) : Mt = αY

Considérons également comme une fonction linéaire et décroissante du taux d’intérêt la


demande de Monnaie pour le motif de spéculation : LSP = -ßr + H

La demande totale de monnaie s’écrira : Md = αY – ßr + H

Les coefficients α et ß reflètent la réaction de la demande réelle Md par rapport au revenu et au


taux d’intérêt respectivement.
Une telle fonction de demande signifie que, pour un niveau donné du revenu, la demande est
fonction linéaire décroissante du taux d’intérêt.

L’offre de monnaie, l’équilibre du marché monétaire et la courbe LM.


L’offre de monnaie M est contrôlée par la Banque Centrale, nous la considérons comme donnée
et égale à M . De plus, nous supposons que le niveau général des prix est constant : P= P ;
M
l’offre réelle de monnaie devient alors
P
Les étapes de formulation de l’équilibre LM sont les suivantes :

-Demande de monnaie : Md = αY – ßr + H
M
-L’offre de monnaie :  M0
P
-Equilibre : M d  M 0
M
 Y   r  H
P
M
Y   H   r
P
1 M 
YLM    H   r  équation de la courbe LM
P 
YLM  B0  B1r
1 M  
avec B0    H  et B1 
P  
Avec une offre réelle exogène, la courbe LM a une pente positive. Une hausse du taux d’intérêt
réduit la demande réelle de monnaie. Pour maintenir celle-ci égale à l’offre fixée d’avance, le
revenu doit augmenter. Conséquemment, l’équilibre du marché monétaire implique qu’une
hausse du taux d’intérêt soit accompagnée d’une augmentation du revenu.

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Alors le degré d’inclinaison de la droite LM est déterminée par le paramètre 𝐵1, sa position sur
le diagramme est déterminée par le paramètre 𝐵0. En effet, plus 𝐵0 est élevé, plus la droite LM
se situe vers la gauche et plus le revenu d’équilibre sera faible. En revanche plus 𝐵0 est faible,
plus la droite sera située vers la droite et plus le revenu d’équilibre est élevé. Tout comme pour
la courbe IS, cette propriété de la courbe LM permet d’étudier son déplacement ainsi que les
points d’équilibre associés à ces déplacements en compatibilité avec l’équilibre sur le marché
1 M 
des biens et services. En effet comme B0    H  . Pour que la courbe LM se déplace, il
P 
M
faut modifier la valeur de c'est-à-dire modifier l’offre de monnaie. Ainsi le seul levier de
P
politique économique reste donne la manipulation de la masse monétaire. A cet effet, différents
instruments se trouvent à la disposition de la banque. D’une manière générale, une politique
monétaire expansive (augmentation de la masse monétaire) a pour conséquence de déplacer la
courbe LM vers la droite ; le but recherché étant l’augmentation du revenu. En revanche, une
politique monétaire restrictive (baisse de la masse monétaire) a pour conséquence de déplacer
la courbe LM vers la gauche; ce qui se traduit par une baisse du revenu. Toutefois la valeur
d’équilibre finale est à la suite la confrontation avec l’équilibre sur le marché des biens et
services (formant ainsi l’équilibre général).

3.4. L’équilibre ISLM

Dans le cadre ISLM, l’équilibre général s’obtient par le croisement de la courbe IS avec la
courbe LM. Le croisement entre les deux courbes permet à la fois de déterminer le taux d’intérêt
d’équilibre et le revenu d’équilibre correspond. Ce revenu d’équilibre détermine alors le niveau
de demande globale au sein de l’économie. Le graphique ci-dessous illustre l’équilibre ISLM.

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L’équilibre ISLM défini par le couple (r* ;Y*) traduit l’état de l’économie notamment le niveau
de demande globale ainsi que le niveau d’emploi. Dans l’analyse keynésienne, cet équilibre ne
permet pas nécessairement d’atteindre le plein emploi. D’où la préconisation des politiques de
relance visant à faire baisser le taux d’intérêt afin de relancer l’investissement, qui permettra
alors de booster la demande.

Il existe cependant plusieurs autres interprétations de l’équilibre ISLM. La version keynésienne


est un équilibre de courte période à prix fixes. D’autres versions telles que celles des classiques
ou monétaristes sont construites sur l’hypothèse de flexibilité des prix.

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