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UCAD/ FASEG/ Master MBF / cours : macroéconomie internationale / Dr Malick DIOP /2020 2021

Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD)

Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG)

Département d’Economie

Master Monnaie Banque Finance (MBF)

MACROECONOMIE INTERNATIONALE

Dr. Malick DIOP

Enseignant-Chercheur FASEG/UCAD

Contact : malick.diop@ucad.edu.sn

Chapitre2 : Politique économique en économie ouverte

1
UCAD/ FASEG/ Master MBF / cours : macroéconomie internationale / Dr Malick DIOP /2020 2021

Introduction générale

L’ouverture des économies affecte l’efficacité de la politique économique nationale, à travers


deux canaux : l’ouverture commerciale (importations, exportations) et l’ouverture financière
(taux d’intérêt, taux de change). Tout d’abord, l’ouverture de l’économie aux échanges
internationaux de biens et services diminue l’efficacité de la politique conjoncturelle en
réduisant la valeur des multiplicateurs. Par ailleurs, Keynes a montré que toute hausse de la
demande (qui peut être provoquée par une politique budgétaire ou monétaire de relance)
augmenterait de façon amplifiée l’activité économique. Cependant, en économie ouverte, une
partie de cet effet de relance bénéficie au reste du monde, via les importations de biens et
services.

1
En économie fermée : k = 1−𝑐 avec c la propension à consommer, si c = 0,8 ; k = 5

1
En économie ouverte, k = 1−𝑐+𝑚 avec m la propension à importer,

si c = 0,8 et m = 20%, k = 2,5

❖ Alors que le multiplicateur keynésien simple en économie fermée est de 5 (une hausse
de la demande globale de 1 provoquera une hausse du revenu de 5),
❖ si l’économie importe 20 % des biens consommés, la même politique de relance aura
un impact deux fois plus faible (multiplicateur de 2,5).
❖ Plus l’économie est ouverte, plus l’effet multiplicateur sera faible et moins la politique
économique nationale aura d’impact sur l’activité domestique.
L’ouverture affecte également les économies à travers l’ouverture financière mais ses effets
sont plus ambigus car ils dépendent du type de politique économique conjoncturelle et du
régime de change. La politique économique a un impact sur le niveau des taux d’intérêt, soit
directement dans le cas de la politique monétaire, soit indirectement pour la politique
budgétaire (via la demande de monnaie ou la demande de fonds prêtables). Toutes choses
égales par ailleurs, une variation des taux d’intérêt provoquera des mouvements de capitaux,
ceux-ci étant déterminés par les rendements relatifs des actifs dans les différents pays.

Pour la suite du chapitre, nous allons d’abord présenter le cadre d’analyse (Section 1) avant de
discuter l’efficacité des politiques économiques en fonction du régime de change et du degré
de mobilité des capitaux (Section 2).

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Section 1 : Le cadre d’analyse : modèle de Mundell-Fleming ou modèle IS – LM – BP

Le modèle de Mundell-Fleming en économie ouverte, encore appelé le modèle IS-LM-BP,


permet d’étudier l’influence des politiques économiques - politiques monétaire et budgétaire -
sur l’activité économique, le taux d’intérêt et le taux de change.

En effet, le modèle IS-LM présenté par HICKS puis par HANSEN en économie fermée devient
alors le modèle IS-LM-BP en économie ouverte. L’équilibre général, en plus de l’équilibre sur
le marché des B&S (IS) et sur le marché de la monnaie (LM), nécessite une nouvelle condition
d’équilibre, celle de la balance des paiements qui est représenté par la courbe BP. Ce modèle
est élaboré par Mundell (1962) et Fleming (1962)1

Le Modèle IS-LM-BP

IS est la courbe représentative de l’ensemble des combinaisons de revenu (Y) et de taux


d’intérêt (i) qui assurent l’équilibre sur le marché des biens et services. Elle se traduit par
l’égalité entre l’investissement (I) et l’épargne (S) : I = S.

LM est la courbe représentative de l’ensemble des combinaisons de revenu (Y) et de taux


d’intérêt (i) qui assurent l’équilibre sur le marché de la monnaie. Elle suppose l’égalité entre
l’offre de monnaie (M) et la demande de monnaie (L): M = L

BP est la courbe représentative de l’ensemble des combinaisons de revenu (Y) et du taux


d’intérêt (i) qui sont compatibles avec l’équilibre de la balance des paiements globale: Elle est
décrite par l’équation suivante: BP = BC + BK = 0

I.1. La courbe IS: le Marché des biens et services

Soit le modèle suivant :

Y+M=C+I+G+X (1)

Y=C+I+G+X–M (2)

En posant C = cY + Co (3)

I = bi ; b<0 (4)

1
Mundell, Robert (1962), “The Appropriate Use of Monetary and Fiscal Policy under Fixed Exchange Rates,”
Staff Papers, International Monetary Fund, Vol. 9 (March), pp. 70–79.
Fleming, J. Marcus (1962), “Domestic Financial Policies under Fixed and under Floating Exchange Rates,” Staff
Papers, International Monetary Fund, Vol. 9 (November), pp. 369–79.

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G = Go (5)

X = X(er, Y*) = x1.er + x2 Y*; x1 > o ; x2 > 0 (6)

𝑃∗
e : taux de change à l’incertain, Y* : demande étrangère, er = e* 𝑃 : taux de change réel

M = M (er, Y) = m1 er + m2Y; m1 < 0, m2 > 0 (7)

En utilisant les équations (3) à (7) on peut réécrire l’équation (2).

Y = Co + cY + bi + Go+ x1 er + x2 Y* - m1er – m2Y

Y(1 – c + m2) = Co + bi + Go + x1er + x2Y* – m1er

Or c + s = 1; s = 1 – c; d’où:

Y (s + m2) = Co + bi + Go + x1er + x2Y* - m1er

bi = Y (s + m2) – (Co + Go + x1er +x2 y* - m1er)

𝑠+𝑚2 1
i= ( )Y - (Co + Go + x1 er + x2 Y* - m1er)
𝑏 𝑏

𝑠+𝑚2 1
i =( ) Y - 𝑏 (Co + Go+ x2 Y* + er (x1 - m1)) (8)
𝑏

L’équation (8) représente l’équation de la courbe IS en économie ouverte


❖ Un accroissement de la dépense autonome (Co +Go) ou de la demande étrangère
(Y*) entraîne un déplacement vers la droite de la courbe IS
❖ Une augmentation du taux de change réel (er: ou une amélioration de la
compétitivité) entraîne une augmentation des exportations et une baisse des
importations. La demande nette étrangère augmente et la courbe IS se déplace vers
la droite.
I.2. La courbe LM: le marché de la monnaie

L’équilibre du marché de la monnaie est réalisé lorsque l’offre de monnaie (Ms) est égale à la
demande de monnaie (Md). En économie ouverte, l’offre de monnaie est constituée de deux
éléments : le crédit interne (Cr) et les réserves de (R). Il faut en effet tenir compte de l’incidence
de la variation des réserves de change (ΔR) sur l’offre de monnaie. Par conséquent, l’offre n’est
pas déterminée à la discrétion des autorités monétaires (elle n’est pas exogène).
ΔR = BC + BK = BP avec BP : le solde global de la Balance des paiements, BK = solde des
flux financiers hors avoirs de réserves et BC solde des transactions courantes.

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En effet, dans un régime de changes parfaitement fixes les variations de réserves de change
(ΔR) ont une incidence directe sur la masse monétaire.
❖ Un excédent de la balance des paiements entraîne une entrée nette de devises que
le système bancaire doit offrir contre de la monnaie nationale. La masse monétaire
augmente et la courbe LM se déplace vers la droite.
❖ Dans un tel régime de change la position de la courbe LM dépend alors de la
situation de la balance des paiements.
❖ Par contre dans un régime de changes parfaitement flexibles le taux de change
s’ajuste pour éliminer toute demande nette ou toute offre nette de devises.
❖ La position de la courbe LM est alors indépendante de l’état de la balance des
paiements.
La demande de monnaie dépend quant à elle, positivement du revenu (Y) et négativement du
taux d’intérêt : Md = L (Y,i) avec Ly > 0 et Li < 0.
La condition d’équilibre s’écrit alors : Ms = Md
𝑑𝑖 𝐿𝑦
La pente de LM est positive : =- > 0. Une augmentation de Y provoque une hausse de
𝑑𝑦 𝐿𝑖

la demande monnaie. Pour que l’équilibre sur le marché de la monnaie soit maintenu, i doit
alors augmenter. La hausse de i entraîne en effet une baisse de la demande de monnaie.

I.3. L’équilibre extérieur (la courbe BP)

I.3.1. Détermination de l’équation et construction de la courbe BP

L’équilibre de la balance des paiements est décrit par l’équation suivante : BP = BC + BK

L’équilibre de la balance des paiements s’écrit : BP = BC + BK = BC (er, Y) + BK (i-i*)

Avec BC : solde transactions courants, BK : solde mouvements des capitaux

BC = X (er, Y*) – M (er, Y)

BK = k(i – i*) avec i* : taux d’intérêt étranger (c’est une donnée, hypothèse du petit pays) et k > 0
l’élasticité des mouvements de capitaux par rapport à la rentabilité des placements.

(x1er + x2 Y*) - (m1er + m2Y) + k (i – i*) = 0

ki – ki* = m1er + m2 Y – x1 er – x2 Y*

ki = m1er + m2 Y + ki* - x1er – x2Y*

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1 𝑚2 𝑑𝑖 𝑚2
i = 𝑘 (m1er - x1er - x2Y*) + i* + 𝑘
Y: Equation de la courbe BP; 𝑑𝑦
= 𝑘
> 0, la courbe BP est alors

croissante.

Suivant cette équation, le revenu (Y) et le taux d’intérêt (i) constituent des facteurs déterminants de
l’équilibre du compte courant et du compte des flux de capitaux respectivement. Par conséquent pour
un niveau donné du taux de change réel (er) et du taux d’intérêt étranger (i*), l’équilibre de la balance
des paiements est déterminé par une combinaison du revenu (Y) et du taux d’intérêt (i). La courbe BP
est décrite par une relation croissante entre le taux d’intérêt et le revenu. Cela peut être établi à partir
du raisonnement suivant.

I1 D C

Io A B

0 y1 y2 y

On part d’une situation caractérisée par l’équilibre de la balance des paiements et correspondant
au point A. supposons que le revenu augmente et passe de Y0 à Y1. La propension à importer
étant positive cette hausse des revenus entraîne une augmentation des importations. Les
exportations étant inchangées il en résulte un déficit du compte courant.

Pour rétablir l’équilibre courant de la balance des paiements globale le déficit du compte doit
être compensé par un excédent du compte de capital ce qui requiert une hausse du taux d’intérêt
national par rapport au taux d’intérêt étranger. Le taux d’intérêt domestique passe ainsi d’io à
i1. La relation entre le revenu et le taux d’intérêt peut également être établie en raisonnant à
partir d’une hausse du taux d’intérêt. La hausse du taux d’intérêt d’io à i1 entraîne un excédent
du compte de capital. Au point D la balance des paiements globale est excédentaire. L’équilibre
de la balance des paiements ne peut être obtenu que si cet excédent du compte de capital est
compensé par un déficit du compte courant. Ce dernier suppose une hausse du revenu qui
entraîne une augmentation des importations (ou passe du point D au point C). Dans ce cas
figure la hausse du taux d’intérêt est également associée à une hausse du revenu.

De manière générale tout point situé à gauche de la courbe BP implique les situations
suivantes:

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1) soit un taux d’intérêt trop élevé pour un revenu donnée et donc des entrées nettes de capitaux
qui entraînent un excédent du compte de capital ;

2) un revenu trop faible pour un taux d’intérêt donné et par conséquent un niveau des
importations faibles qui est associé à un excédent du compte courant.

De même pour tout point situé à droite de la courbe BP, on a soit un taux d’intérêt faible
occasionnant des sorties de capitaux et un déficit du compte de capital, soit un revenu et des
importations élevées et un déficit du compte courant. Le couple (i1, Y1) c’est – à – dire le point
C correspond au nouvel équilibre de la balance des paiements globale

Par ailleurs, il faut comprendre que la condition d’équilibre de la BP va dépendre du régime


de change.

➢ En régime de change fixe, le taux de change est fixé de façon exogène et l’équilibre
de la BP détermine la variation des réserves de change (BP = ΔR). Ainsi, si BC et/ou
BK sont positifs (négatifs), la banque centrale accumule des réserves pour éviter que
la monnaie du pays s’apprécie (se déprécie). L’équation BP s’écrit : BC + BK = ΔR
➢ En régime de change flottant, les réserves de change ne doivent pas varier (ΔR = 0)
puisque la banque centrale n’intervient pas sur le marché des changes. C’est le taux
de change qui permet l’équilibre de la balance des paiements. Si le solde global de la
BP est excédentaire (déficitaire) , la monnaie domestique s’apprécie (se déprécie), ce
qui permet de restaurer l’équilibre externe. L’équation BP s’écrit : BC + BK = 0

I.3.2. Les différentes formes de la courbe BP

Nous distinguerons d’une part l’interprétation de la pente de la courbe BP et d’autre par


l’interprétation de la position de la courbe BP.

Cas 1 : immobilité des capitaux

Ce cas correspond à une situation où les marchés de capitaux nationaux ne sont connectés aux
marchés internationaux ou la réglementation interdit les entrées et sorties de capitaux. Dans
ces conditions les mouvements de capitaux sont inélastiques au taux d’intérêt (k tend vers zéro).

Les variations du taux d’intérêt n’ont alors aucune influence sur l’équilibre de la balance des
paiements. Le solde de la balance des paiements est égal au solde du compte courant et la
courbe BP est verticale.

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Courbe BP

0 y

Cas 2 : mobilité parfaite des capitaux


Dans ce cas de figure les mouvements de capitaux sont infiniment élastiques au taux d’intérêt.
Autrement dit une faible variation du taux d’intérêt entraîne une variation infiniment grande
des mouvements de capitaux.

Le taux d’intérêt est complètement indépendant de l’équilibre interne et du revenu national. Il


correspond au taux d’intérêt international dont il ne s’écarte pas dans la mesure où la variation
instantanée et infinie des capitaux maintient un prix unique sur le marché international. La
courbe BP est horizontale.

i Courbe BP

0 Y

Cas 3: mobilité imparfaite capitaux

Ce cas de figure, qui est plus réaliste, correspond à une mobilité plus ou moins grande mais
imparfaite des capitaux. La courbe BP a une pente positive.

Excédent

Déficit

0 Y

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Section 2 : Analyse de l’efficacité des politiques économiques en fonction du régime de


change et du degré de mobilité des capitaux.
L’ouverture aux échanges extérieurs soulève plusieurs problèmes de politique
macroéconomique notamment le conflit entre l’objectif d’équation externe (équilibre de la
BP) et des objectifs d’équation interne (inflation, plein emploi). Dans un contexte d’économie
ouverte les pouvoirs publics sont confrontés à la contrainte extérieure qui se manifeste dans
des conditions différentes en fonction du degré de mobilité des capitaux

II.1. La politique économique dans le cas de l’immobilité des capitaux

On se situe dans le cadre d’une économie où il n’existe pas de mouvements de capitaux à court
terme. Les mouvements de capitaux à long terme sont indépendants du taux d’intérêt. La
balance des paiements se réduit alors à la balance des transactions courantes.

II.1.1. En régime de changes fixes

a) La politique monétaire

Le taux de change est déterminé par les autorités monétaires qui interviennent sur le marché
des changes. Si la balance des paiements est déficitaire la monnaie nationale tend à se déprécier.
La banque centrale achète de la monnaie nationale contre des devises. L’offre de monnaie
diminue et la courbe LM se déplace vers la gauche. A l’inverse l’excédent de la balance des
paiements se traduit par une appréciation de la monnaie nationale. La banque centrale intervient
sur le marché des changes en vendant de la monnaie nationale contre des devises. La masse
monétaire augmente et la courbe LM se déplace vers la droite.

Le point A correspond à l’équilibre initial de sous – emploi. Pour soutenir l’activité les autorités
monétaires mettent en œuvre une politique monétaire expansionniste qui se traduit par un
déplacement vers la droite de la courbe LM (passage de LMo à LM1). L’augmentation de
l’offre de monnaie entraîne une baisse du taux d’intérêt. L’investissement augmente ainsi que
le revenu à travers l’effet multiplicateur.

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Bpo LMo

A LM1
iA B
iB ISo

0 YA YB Y

Cependant au point B la balance des paiements est déficitaire. L’augmentation du revenu est
associée à une hausse des importations et à un déficit du compte courant. Il en résulte une
tendance à la dépréciation de la monnaie nationale. La banque centrale est alors tenue
d’intervenir sur le marché des changes en achetant de la monnaie nationale contre des devises.
L’offre de monnaie diminue alors et la courbe LM se déplace vers la gauche. La contraction de
l’offre de monnaie entraîne une baisse des prix, de la demande intérieure ainsi que des
importations. Ce déficit de la balance des paiements tend alors à être résorbé. On est ramené à
l’équilibre initial correspondant au point A. Il apparaît ainsi que la politique monétaire est
totalement inefficace en régime de changes fixes.

b) La politique budgétaire
i LM1
Bpo
i2 C LMo

i1 B
io A
IS1
ISo

0 Yo Y1 Y

Le point A correspond à l’équilibre initial de sous – emploi. L’accroissement des dépenses


publiques entraîne un déplacement de la courbe IS vers la droite. Elle passe de Iso à IS1. On
obtient un nouvel équilibre au point B caractérisé par un niveau de revenu plus élevé.

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Cependant, au point B la BP est déficitaire. En effet l’augmentation du revenu entraîne une


hausse des importations et un déficit du compte courant. Sur le marché des changes la monnaie
nationale se déprécie. L’intervention de la banque centrale se traduit par une contraction de
l’offre de monnaie et un déplacement vers la gauche de la courbe LM qui passe de LMo à LM1
Le nouvel équilibre est obtenu au point C. On retrouve le revenu d’équilibre initial qui est
associé à un taux d’intérêt plus élevé.
La politique budgétaire est alors également inefficace en régime de changes fixes.
La baisse de l’offre de monnaie a entraîné une hausse du taux d’intérêt. L’accroissement des
dépenses publiques est alors compensé par la baisse de l’investissement privé. On a affaire à
une éviction financière, l’investissement privé étant contraint par des facteurs financiers.

c) Le dilemme équilibre interne – équilibre externe


L’analyse ci – dessus montre qu’en régime de changes fixes quel que soit l’instrument de
politique économique utilisé on est ramené à la situation initiale.
Il reste que les pouvoirs publics qui ont la possibilité de recouvrir à la stérilisation. Dans ce cas
de figure ils peuvent éviter la récession en pratiquant une expansion compensatrice du crédit
intérieur. (La courbe LM se déplace vers la droite). Cependant une telle stratégie est intenable
à moyen terme compte tenu du fait que la balance des paiements reste déficitaire et que les
réserves de changes finissent par s’épuiser.
En définitive dans un régime de changes fixes s’il n’y a pas de mobilité des capitaux la politique
monétaire et la politique budgétaire sont impuissantes. Il est alors impossible d’obtenir
simultanément l’équilibre interne et l’équilibre externe. L’incompatibilité des deux objectifs
tient au fait qu’il n’existe qu’un seul niveau de revenu qui assure l’équilibre de la balance des
paiements. Si celui – ci ne correspond pas au plein emploi toute tentative pour se rapprocher
du plein emploi éloigne de l’équilibre de la balance des paiements.
d) La dévaluation et la solution au dilemme équilibre interne – équilibre externe
La dévaluation a pour conséquence un déplacement de la courbe BP vers la droite. En effet
l’amélioration de la compétitivité – prix entraîne une hausse des exportations et un freinage des
importations. L’équilibre de la BP est obtenu avec un niveau du revenu plus élevé. La situation
est illustrée par le graphique suivant :

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i
Bpo BP1 LMo
LM1
A
IA B

IS1

ISo

0 YA YB Y
Au point A on a un équilibre de sous – emploi si la dévaluation est réussie, on a une
augmentation de la demande extérieure nette et la courbe BP se déplace vers la droite en passant
de BPo à BP1. La dépréciation de la monnaie nationale entraîne une augmentation des
exportations et une baisse des importations. La demande étrangère nette augmente. La courbe
IS et la courbe BP se déplacent vers la droite.
Une combinaison optimale de la politique budgétaire et de la politique monétaire permet
d’obtenir un nouvel équilibre au point B qui correspond à un niveau de revenu plus élevé.
Cependant compte tenu de la réaction des partenaires commerciaux la dévaluation représente
davantage un moyen d’adaptation à un déficit durable de la BP qu’un instrument de politique
économique indépendant.
II.1. 2 / En régime de changes flexibles
Dans un régime de changes flexibles le processus de création monétaire interne est indépendant
de la situation de la balance des paiements. La banque centrale n’intervient pas sur le marché
des changes en cas d’appréciation ou de dépréciation de la monnaie nationale. L’équilibre de
la BP n’est plus assuré par un niveau unique du revenu dans la mesure où le taux de change
s’ajuste instantanément suite à un déficit ou un excédent de la balance des paiements.
a) La politique monétaire
i
Bpo BP1 LMo

A LM1
io C
i1 B
IS1
ISo Y

Yo Y1 Y2

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Le point A correspond à un équilibre général de sous – emploi. La politique monétaire


expansionniste entraîne le déplacement de la courbe LM de LMo à LM1. On a un nouvel
équilibre au point B. Le niveau du revenu est plus élevé et la balance des paiements est
déficitaire.
Sur le marché des changes il y a une dépréciation de la monnaie nationale. Par conséquent la
compétitivité de l’économie nationale s’améliore. Les exportations sont stimulées et les
importations subissent un freinage. L’augmentation de la demande extérieure nette entraîne un
déplacement vers la droite de la courbe IS qui passe d’Iso à IS1.
La courbe BP se déplace vers la droite en passant de BP à BP1. Et le nouveau revenu d’équilibre
s’établit à Y2. (Point C)
La politique monétaire se révèle ainsi efficace. En outre, les pouvoirs publics ne sont plus
soumis à une contrainte de BP ; l’équilibre externe est réalisé automatiquement par les
variations de taux de change.

b) La politique budgétaire

i LMo
Bpo BP1
i2 C

i1 B
io A IS2

IS1
ISo
Yo Y1 Y2 Y

A partir du point d’équilibre initial (point A) l’augmentation des dépenses publiques entraîne
le déplacement de la courbe IS qui passe de ISo à IS1. Le niveau du revenu est plus élevé. Il
en résulte une augmentation des importations et un déficit de la balance des paiements. La
monnaie nationale se déprécie entraînant aussi une amélioration de la compétitivité. La
demande étrangère nette augmente et la courbe IS se déplace de nouveau en passant de IS1 à
IS2. En outre la dépréciation de la monnaie nationale entraîne un déplacement de la courbe BP
qui passe de BPo à BP1. La politique budgétaire est efficace et permet de sortir du sous –
emploi.
II.2. La politique économique dans le cas de la mobilité parfaite des capitaux
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II.2.1. En régime de changes fixes


a) La politique monétaire
i LMo
LM1

A
i = i* BPo
i1 B
ISo

Le point A correspond à l’équilibre initial de sous – emploi. L’accroissement de l’offre de


monnaie entraîne un déplacement vers la droite de la courbe LM qui passe de LMo à LM1. Sur
le marché de la monnaie l’accroissement de l’offre de monnaie entraîne une baisse du taux
d’intérêt qui se fixe à i1. L’investissement et le revenu augmentent. Cependant l’équilibre
obtenu n’est pas stable.
En effet il y a un déficit de la balance des paiements qui est dû à l’augmentation des
importations et à la sortie des capitaux.
Le taux de change se déprécie et la banque centrale intervient pour soutenir la monnaie
nationale en achetant celle – ci-contre des devises. L’offre de monnaie diminue et la courbe
LM se déplace vers la gauche. Le nouvel équilibre est obtenu au point A. Autrement dit, on
retourne ainsi à la situation initiale de sous – emploi. La politique monétaire est inefficace
car elle ne permet pas d’augmenter durablement le revenu.
b). La politique budgétaire
i LMo
B LM1
i1
A C
I = i* BPo

IS1

ISo

Yo Y1 Y2 Y

A partir de l’équilibre initial de sous – emploi représenté par le point A l’augmentation des
dépenses publiques entraîne une hausse du revenu par le jeu du multiplicateur. La courbe IS se
déplace vers la droite et passe d’ISo à IS1.
L’équilibre se déplace au point B. L’augmentation du taux d’intérêt entraîne des entrées de
capitaux et la monnaie nationale tend à s’apprécier. La banque centrale intervient en vendant

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de la monnaie nationale contre des devises donc en augmentant l’offre de monnaie. La courbe
LM se déplace vers la droite. Le nouvel équilibre est obtenu au point C. Le taux d’intérêt
domestique s’aligne sur le taux d’intérêt international et le niveau du revenu est plus élevé que
dans la situation initiale.
La politique budgétaire se révèle efficace car l’effet multiplicateur des dépenses publiques est
renforcé par la mise en œuvre d’une politique monétaire accommodante qui se traduit par une
augmentation de l’offre de monnaie. Les dépenses publiques ne chassent pas alors
l’investissement privé au niveau de l’économie nationale.
Cependant les entrées de capitaux consécutives à la mise en œuvre de la politique budgétaire
sont assimilables à une fuite des investissements au détriment des pays partenaires. La relance
de l’activité domestique a évincé l’investissement dans ces pays. On a affaire à un effet
d’éviction internationale.

II.2.2. En régime de changes flexibles


a) La politique monétaire
i LMo
LM1

A C
i = i* BPo

i B IS1

ISo

Yo Y1 Y2 Y

L’équilibre se déplace de A à B. Cependant au point B la balance des paiements est déficitaire.


Sur le marché des changes la monnaie nationale se déprécie. L’amélioration de la compétitivité
des produits nationaux qui en résulte se traduit par un déplacement de la courbe IS de ISo à
IS1. L’équilibre final est obtenu au point C qui est associé à un niveau de revenu plus élevé.
La politique monétaire se révèle efficace et permet de sortir du sous – emploi

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b) La politique budgétaire

i LMo

i1 B
BPo
i = i*
A
IS1

ISo

Yo Y1 Y

Le nouvel équilibre correspond au point B qui est associé à un taux d’intérêt et un revenu plus
élevé. Etant donné l’élasticité infinie des mouvements de capitaux au différentiel d’intérêt,
l’excédent du compte de capital lié à la hausse du taux d’intérêt l’importe sur le déficit du
compte courant qui résulte de la hausse du revenu et des importations. La balance des paiements
globale est alors excédentaire et la monnaie nationale s’apprécie.
La compétitivité – prix des produits nationaux se dégrade et la courbe IS se déplace vers la
gauche. On retrouve l’équilibre initial de sous – emploi ( au point A)
La politique budgétaire se révèle inefficace car l’augmentation des dépenses publiques a
été compensée par la baisse de la production de biens échangeables. On a affaire à une
éviction par le taux de change. La politique budgétaire engendre un effet stimulant en
faveur des partenaires à l’échange.
II.3. La politique économique dans le cas de la mobilité imparfaite des capitaux
L’hypothèse de mobilité imparfaite des capitaux est plus conforme à la réalité. Cependant on
peut considérer divers degrés de mobilité des capitaux. On parlera de « mobilité relativement
faible » dans le cas où la pente de la courbe balance des paiements est plus forte que celle de
la courbe LM (la courbe BP est plus proche de la verticale). La mobilité des capitaux est
relativement forte » dans le cas inverse (BP plus proche de l’horizontale que LM). Dans tous
les cas de figure la mobilité étant imparfaite l’écart entre le taux d’intérêt domestique et le taux
d’intérêt étranger peut subsister.

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II.3.1. En régime de changes fixes


a) La politique monétaire

i LMo LM1
BPo

A
io
B
i1

Iso

Yo Y1 Y
Le point A correspond à l’équilibre initial de sous – emploi. L’augmentation de l’offre de
monnaie entraîne un déplacement vers la droite de la courbe LM de LMo à LM1 une baisse du
taux d’intérêt qui passe de io à i1. Il en résulte une augmentation du revenu qui stimule les
importations et conduit à un déficit du compte courant.

Par ailleurs la baisse du taux d’intérêt entraîne des sorties de capitaux et un déficit du compte
de capital. Le déficit de la BP a pour conséquence une dépréciation de la monnaie nationale.
Les autorités monétaires interviennent sur le marché des changes en achetant de la monnaie
nationale contre des devises. L’offre de monnaie se contracte et la courbe LM se déplace vers
la gauche. On retrouve le point d’équilibre initial caractérisé par le sous – emploi.

La politique monétaire se révèle inefficace aussi bien dans le cas de la mobilité


relativement forte que dans celui de la mobilité relativement faible des capitaux
b). La politique budgétaire / avec une mobilité des capitaux relativement forte
La mise en œuvre d’une politique budgétaire expansionniste entraîne une relance de l’activité
et un déplacement de la courbe IS de ISo à IS1. Le revenu augmente en passant de Yo à Y1. Il
en résulte une hausse des importations et une détérioration de la balance courante.

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i LMo
LM1

B
io C
BPo
i1 A

IS1

ISo
0 Yo Y1 Y2 Y

Par ailleurs l’accroissement des dépenses publiques entraîne une hausse du taux d’intérêt
domestique et des entrées de capitaux. Etant donné le degré de mobilité relativement élevé
des capitaux l’excédent du compte de capital tend à l’emporter sur le déficit du compte
courant. L’excédent de la balance des paiements entraîne une appréciation de la monnaie
nationale. La banque centrale intervient car le marché des changes en vendant de la monnaie
augmente et la courbe LM se déplace vers la droite. L’équilibre final est obtenu au point C qui
est associé à un niveau de revenu plus élevé. L’impact positif de la politique budgétaire sur
le revenu est renforcé par la politique monétaire.
c). La politique budgétaire / avec une mobilité des capitaux relativement faible

Une augmentation des dépenses publiques entraîne un déplacement du point d’équilibre de A


à B. Cependant au point B la balance des paiements globale est déficitaire. En effet, étant donné
la faible mobilité des capitaux le déficit du compte courant consécutif à l’augmentation du
revenu et des importations n’est pas compensé par l’excédent du compte de capital lié à
l’augmentation du taux d’intérêt et aux entrées de capitaux.
Dans ces conditions le taux de change se déprécie et la banque centrale est tenue d’intervenir
en achetant la monnaie nationale contre des devises. L’offre de monnaie diminue entraînant
ainsi un déplacement de la courbe LM vers la gauche de LMo à LM1. Le point d’équilibre se
déplace à nouveau de B à C.
La politique budgétaire a en un impact positif sur le revenu cependant ses effets ont été
contrariés par le déficit extérieur et la restriction monétaire. (Y2 < Y1).

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i BPo
LM1

C LMo
i2
B
i1
A
io
IS1
ISo

0 Yo Y1 Y2

II.3.2. En régime de changes flexibles

a) La politique monétaire

LMo
BPo
i

LM1
A BP1
io
C
i1 B

IS1

ISo

0 Yo Y1 Y2 Y
La mise en œuvre d’une politique monétaire expansionniste entraîne un déplacement de
l’équilibre de A à B. Au point B la BP des paiements est déficitaire et la monnaie nationale se
déprécie. L’amélioration de la compétitivité des produits nationaux entraîne à la fois un
déplacement vers la droite de la courbe BP et de la courbe IS. Le nouvel équilibre est obtenu
au point C qui est associé à un niveau de revenu plus élevé (Y2). La politique monétaire se
révèle fort efficace. Le même résultat est obtenu quel que soit le degré de mobilité des
capitaux.

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b) La politique budgétaire/ avec une mobilité des capitaux relativement forte

i
LMo
BP1
B
i2
C BPo
i1
IS1
io A

IS2

ISo

Yo Y2 Y1 Y
L’augmentation des dépenses publiques entraîne un déplacement de l’équilibre de A à B. la
mobilité des capitaux étant relativement forte l’excédent du compte de capital lié à la hausse
du taux d’intérêt l’emporte sur le déficit du compte courant consécutif à l’augmentation du
revenu et des importations. Au point B la balance des paiements est alors excédentaire et la
monnaie nationale s’apprécie. Il en résulte une détérioration de la compétitivité qui entraîne un
déplacement vers la gauche de la courbe BP et de la courbe IS. La politique budgétaire est
efficace mais ses effets positifs sur le revenu sont limités par l’appréciation de la monnaie
nationale qui freine la production de biens échangeables.

c) La politique budgétaire / avec une mobilité des capitaux relativement faible.

i BP0
BP1 LMo

C
i2
B
i1
A IS2
io

IS1

ISo

0 Yo Y1 Y2 Y

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L’effet initial de la politique budgétaire entraîne un déplacement du point d’équilibre de A à


B. Au point B la balance des paiements est déficitaire. La monnaie nationale se déprécie et la
compétitivité s’améliore.
Par conséquent la courbe IS et la courbe BP se déplacent vers la droite et un nouvel équilibre
est obtenu au point C.
La politique budgétaire se révèle fort efficace, son effet initial étant renforcé par
l’amélioration de la compétitivité des produits nationaux.
Conclusion :

Régimes Changes fixes Changes flexibles


Politiques
Immobilité Mobilité Mobilité Immobilité Mobilité Mobilité
Parfaite parfaite imparfaite Parfaite parfaite imparfaite
Monétaire Inefficace Inefficace Inefficace Efficace Efficace Efficace
Budgétaires Inefficace Efficace Forte Faible Efficace Inefficace Forte Faible
(Éviction (Eviction Efficace Efficace (Eviction Efficace Efficace
financière) internationale) mais du taux mais
faible de faible
change)

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