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Kévin Besozzi
Le modèle IS-LM
L’analyse des politiques conjoncturelles en économie fermée
Présentation du modèle
Le modèle IS-LM est introduit par J. Hicks en 1937 dans son article « Mr. Keynes and the
classics : a suggested interpretation ». L’objectif principal du modèle est de clarifier les
enseignements de la Théorie Générale publiée par J.M. Keynes un an plus tôt, et en particulier
les conséquences d’une telle théorie sur l’efficacité des politiques budgétaires comme
monétaires.
L’article de J. Hicks inaugure le courant néo-keynésien (aussi dit courant de la synthèse),
courant qui considère que l’hypothèse keynésienne d’intéraction entre sphère nominale et
sphère réelle est compatible avec le concept néo-classique d’équilibre des marchés. Dès lors,
le modèle IS-LM a pour but non seulement de représenter l’interdépendance de l’équilibre
sur le marché des biens et services et de celui sur le marché de la monnaie, mais également
de montrer l’impact des politiques budgétaires et monétaires sur ces équilibres.
I. La construction du modèle
Hypothèses :
- Économie fermée
- Prix rigides
- Court terme
- Offre de monnaie exogène
𝐼𝑆 ∶ 𝑌 = 𝐶(𝑌, 𝑖) + 𝐼(𝑌, 𝑖) + 𝐺
Avec 𝐶(𝑌, 𝑖) la consommation finale des ménages qui dépend positivement du revenu
national (𝑌) et négativement du taux d’intérêt (𝑖), 𝐼(𝑌, 𝑖) l’investissement des entreprises
privées qui dépend positivement du revenu national et négativement du taux d’intérêt, et 𝐺 le
niveau des dépenses publiques.
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Par construction, la pente de IS est décroissante car toute baisse des taux d’intérêts entraîne
une augmentation de la consommation et de l’investissement privé qui alimente la hausse du
niveau de production d’équilibre.
Avec 𝑀 ! l’offre de monnaie supposée exogène, 𝐿" (𝑌) la demande de monnaie pour motif de
transaction qui dépend positivement du niveau de production (𝑌), 𝐿# (𝑌) la demande de
monnaie pour motif de précaution qui dépend positivement du niveau de production, et 𝐿$ (𝑖)
la demande de monnaie pour motif de spéculation qui dépend négativement de l’évolution
du taux d’intérêt (𝑖). Lorsque la demande de monnaie est uniquement une demande de
monnaie pour motif de transaction, LM est verticale. A contrario, lorsque la demande de
monnaie est uniquement une demande de monnaie pour motif de spéculation, LM est
horizontale. Lorsque l’on combine l’ensemble des motifs de demande de monnaie, LM est
croissante car toute hausse du niveau de production augmente la demande de monnaie, ce
qui, à offre de monnaie constante, entraîne une hausse du prix d’équilibre sur le marché de la
monnaie, et donc du taux d’intérêt.
L’équilibre sur le marché des biens et services L’équilibre sur le marché de la monnaie
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Réciproquement, une baisse des dépenses publiques entraîne un effet multiplicateur négatif
et réduit le niveau de la demande globale comme celui de la production d’équilibre. Une
politique budgétaire d’austérité se traduit alors par un déplacement de IS vers la gauche.
Illustration : La relance budgétaire initiée par B. Obama après la crise de 2008 permet
d’illustrer l’efficacité d’une politique budgétaire expansive. Les 789 milliards de dollars alloués
par le Congrès à la relance ont permis de redresser le taux de croissance américain, celui-ci
passant de -2,78% en 2009 à 2,53% en 2010.
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Illustration : Entre Mars 2015 et Octobre 2017 la BCE a mené une politique de quantitative
easing ayant conduit à injecter plus de 2000 milliards d’euros de liquidité dans l’économie de
la zone euro et a abaissé son principal taux directeur à 0%. Le PIB de la zone euro est passé
de. 1,42% en 2014 à 2,1% en 2015, 1 ?95% en 2016 et 2,38% en 2017.
Illustration : Alors que Clinton (1993-2001) s’évertue à réduire le déficit budgétaire et à revenir
à l'excédent (solde budgétaire public : -4.5% en 1992, -2.7% en 1994, 0.8% en 1998), Alan
Greenspan (1987-2006) modérait les taux d'intérêt (de 7.3% 1991 à 3.3% 1994) pour que la
restriction budgétaire ne pénalise pas la conjoncture (variation du PNB : -0,9% en 1991, 2,7%
en 1992, 3,7% en 1998). Autrement dit, pendant que Clinton déplaçait la courbe IS vers la
gauche, Greenspan compensait par un déplacement de la courbe LM vers la droite.
V. Cas particuliers
La trappe à liquidité. Lorsque les taux sont très bas, il est possible que la demande de monnaie
pour motif de spéculation devienne pour ainsi dire infinie et la demande de monnaie pour
motif de transaction quasi nulle dès lors que la rentabilité financière anticipée est plus élevé
que le taux de profit escompté dans l’économie réelle. Dans un tel cas, LM est horizontale et
toute politique monétaire est vouée à seulement aggraver la situation. Seule une politique
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La phase classique. Lorsque les taux d’intérêt sont trop élevés, la demande de monnaie pour
motif de spéculation est quasi nulle et la courbe LM se représente par une droite verticale.
Dans un tel cas, la politique budgétaire perd toute son efficacité et ne peut que conduire à
une hausse du taux d’intérêt (effet d’éviction pur). En effet, toute intervention de l’État
entraîne une raréfaction des liquidités pour les agents privés et alimente ainsi la hausse des
taux d’intérêt.
Conclusion et limites
Le modèle IS-LM est un outil simple permettant d’estimer les effets des différentes politiques
conjoncturelles. Il fut notamment la matrice de justification des politiques économiques
durant les Trente Glorieuses. Cependant un tel modèle reste tributaire de ses hypothèses. Il
s’agit d’un modèle de court terme et il ne permet donc pas de visualiser les effets néfastes à
long terme d’une hausse des taux d’intérêt. De plus, puisque les prix sont supposés rigides, le
modèle IS-LM néglige les phénomènes inflationnistes générés par les politiques économiques
expansives. Enfin, étant fondé sur un raisonnement en économie fermée, le modèle ne
permet pas d’analyser les conséquences de ces politiques sur la structure de la balance des
paiements et sur le taux de change de la devise nationale. Le modèle AS-AD permet d’intégrer
l’analyse des effets inflationnistes à l’étude des politiques économiques et le modèle IS-LM-
BP enrichit le modèle IS-LM en permettant l’analyse des politiques conjoncturelles dans le
cadre d’économies ouvertes.