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LE MODELE IS/LM

I. EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS ET SERVICES ET LA


COURBE IS

1. La demande agrégée
La demande agrégée ou demande globale est :
Z (Y-T, i, G) = C(Y-T, i) + I(Y, i) + G
Le principal déterminant de la demande globale est la consommation des ménages.

1.1 la consommation
La fonction de consommation s’écrit : C(Y-T, i) où Y-T=Yd
La consommation augmente avec le revenu disponible (Y-T : revenu – impôts) et diminue avec
le taux d’intérêt i.
Si nous prenons par exemple une fonction de consommation qui ne dépend pas du taux d’intérêt,
on a :
C = c0 + c1(Y – T) ou encore C = 200 + 0,25Y
C’est une fonction de consommation keynésienne.
Le second déterminant de la demande globale est l’investissement.

1.2 L’investissement
La fonction d’investissement est : I(Y, i)
L’investissement dépend non seulement du taux d’intérêt i mais également du revenu (ou
production) Y. L’investissement I diminue avec i et augmente avec Y.
A court terme, Y est considéré comme le volume des ventes courantes et futures que chaque
entreprise prévoit. Par conséquent, Y est un revenu anticipé. Une firme anticipant une hausse
de ses ventes doit augmenter sa production. Pour ce faire elle peut avoir besoin de nouvelles
machines, voire d’un site de production supplémentaire. Plus le taux d’intérêt est élevé, moins
la firme sera susceptible d’emprunter.
Exemple de fonction d’investissement : I = 116 +0,2Y – 1000i

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1.3 Les dépenses gouvernementales G
Les dépenses gouvernementales G représentent la 3ème composante de la demande agrégée.
Avec les impôts T, elles représentent les variables de la politique budgétaire (les choix d’impôts
et de dépenses publiques). Ces variables G et T sont considérées comme exogènes.

2. Construction de la courbe IS
La demande agrégée keynésienne est :
Z (Y-T, i, G) = C(Y-T, i) + I(Y, i) + G
C’est la fonction de demande agrégée keynésienne de court terme qui dépend donc de Y-T, i et
G. Les prix sont rigides à court terme. Donc Z ne dépend pas des prix.
A l’équilibre :
Y = Z(Y-T, i, G) donc Y = C(Y-T, i) + I(Y, i) + G
L’offre agrégée Y s’ajuste à la demande agrégée Z à court terme. Pour cela, il faut que les
entreprises ne produisent pas au maximum de leurs capacités.

A l’équilibre sur le marché des biens, l’offre est égale à la demande : Y = Z. Les équilibres sont
représentés le long de la droite de 45°.
La demande agrégée Z est une fonction de C, I et G. C’est une fonction croissante puisque C et
I sont des fonctions croissantes de Y. Elle est représentée par la droite ZZ.

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L’équilibre du marché des biens est réalisé à (Y1, Z1) pour un taux d’intérêt i1. C’est le point A1
sur le graphe.

Supposons que le taux d’intérêt augmente de i1 à i2 :


On sait que C(Y-T, i) diminue avec i (puisque l’épargne augmente avec i) et I(Y, i) diminue
également. Par conséquent, la demande agrégée Z diminue quand i augmente. La droite ZZ se
déplace vers le bas. L’équilibre du marché des biens est réalisé à (Y2, Z2 ) pour un taux d’intérêt
i2. C’est le point A2 sur le graphe.

Une augmentation du taux d’intérêt entraine donc une baisse du revenu.

La courbe IS se déduit des équilibres du marché des biens. La relation décroissante entre le
revenu et le taux d’intérêt est représentée par la courbe décroissante IS.

Définition : La courbe IS indique les différentes combinaisons du revenu Y et du taux


d’intérêt i qui assurent l’équilibre sur le marché des biens et services.

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La courbe IS est décroissante. Plus le taux d’intérêt est élevé, plus le niveau de production est
faible.

3. Déplacement de la courbe IS
Supposons que le gouvernement augmente le niveau des impôts T. Une augmentation de T
réduit le revenu disponible (Y-T) et donc le niveau de consommation C(Y- T, i). La demande
agrégée Z diminue alors que le taux d’intérêt demeure inchangé. La courbe ZZ se déplace vers
le bas. La courbe IS se déplace vers la gauche. Le niveau d’équilibre du marché des biens Y est
plus faible pour tout i.
Plus généralement, tout facteur qui, à taux d’intérêt donné, fait baisser le niveau de la
production d’équilibre, entraine un déplacement de la courbe IS vers la gauche. Comme dans
le cas d’une hausse des taxes, il produirait la même chose en cas de baisse des dépenses
publiques ou de la consommation.

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Résumé : une augmentation des dépenses publiques ou une baisse des impôts fait déplacer
la courbe IS vers la droite. En revanche une diminution des dépenses publiques ou une
hausse des impôts entraine un déplacement de IS vers la gauche.

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II. EQUILIBRE SUR LE MARCHE MONETAIRE LA COURBE LM

1. La demande de monnaie
Sur le marché monétaire, on a une offre et une demande de monnaie.
La demande de monnaie Md ou M est une fonction décroissante du taux d’intérêt. En effet,
quand le taux d’intérêt augmente, il est plus intéressant de détenir des actifs financiers qui
rapportent des intérêts plutôt que de la monnaie (actif non rémunéré). Donc la demande de
monnaie diminue. Une hausse du revenu augmente la demande de monnaie pour des motifs de
transaction et de précaution.
La demande de monnaie est la somme de la demande de monnaie pour les motifs de transaction
et de précaution noté Lt (qui dépend du revenu) et de la demande de monnaie pour le motif de
spéculation noté Ls (qui dépend du taux d’intérêt).
L’équation de la demande de monnaie est donc :
𝑀𝑑(𝑌, 𝑖) = 𝐿𝑡(𝑌) + 𝐿𝑠(𝑖)

La variable M est la masse monétaire ou le stock nominal de monnaie, P est le niveau général
des prix et M/P le stock réel de monnaie.

2. L’offre de monnaie
L’offre de monnaie Ms ou Mo est fixée par les autorités monétaires. Elle est considérée comme
une donnée et est donc exogène. Cette offre de monnaie traduit la quantité de monnaie
disponible dans une économie à un moment donné. Graphiquement, elle prend la forme d’une
droite verticale Mo.

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L’équilibre du marché monétaire est obtenu lorsque la demande totale de monnaie égale à
l’offre de monnaie (Mo=Md).
Graphiquement, l’équilibre est situé à l’intersection des courbes d’offre et de demande de
monnaie. Le point d’intersection détermine le taux d’intérêt d’équilibre « i* ».

3. Construction de la courbe LM

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Si le revenu augmente de Y1 à Y2, alors la demande de monnaie Md s’accroît quel que soit le
taux d’intérêt. La courbe Md se déplace vers la droite.
Nous supposons une augmentation du niveau de Y (qui passe de Y1 à Y2). Cette hausse fait
augmenter la demande de monnaie pour motif de transaction et pour motif de précaution
puisque fonction croissante de Y. Les agents économiques ont simplement besoin de plus de
monnaie pour dépenser le surcroît de revenu. La demande de monnaie pour motif de spéculation
reste inchangée puisqu’elle ne dépend que du taux d’intérêt « i ». En définitive la demande de
monnaie totale augmente. Graphiquement, cela se traduit par un déplacement parallèle vers la
droite de Md à Md’.
L’offre de monnaie Mo demeure inchangée. Au nouvel équilibre entre Md’ et Mo, le taux
d’intérêt est plus élevé et passe de i1 à i2.
Une augmentation du revenu entraine donc une augmentation du taux d’intérêt.
Cette relation croissante entre le revenu et le taux d’intérêt est représentée par une courbe
croissante appelée LM

L’équation de LM est :

La courbe LM se déduit des équilibres du marché financier.


Définition : La courbe LM représente toutes les différentes combinaisons du revenu Y et du
taux d’intérêt i qui assurent l’équilibre sur le marché financier.

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La courbe LM est croissante. Pour une offre de monnaie constante, plus le revenu est élevé,
plus le taux d’intérêt est élevé.

4. Déplacement de la courbe LM
La courbe LM se déplace si l’offre de monnaie se modifie.
On appelle politique économique monétaire, celle relative à la quantité de de monnaie qui
circule dans une économie. Cette politique peut être expansive ou restrictive par rapport à la
quantité initiale.
Une politique monétaire « expansive » se traduit par une augmentation de la masse monétaire
dans l’économie à travers la quantité de monnaie injectée par la Banque Centrale. La politique
est dite expansive si la variation de l’offre de monnaie est positive, c’est-à-dire que la BC
injecte plus de monnaie dans l’économie. Cela se traduit graphiquement par un déplacement de
Mo vers la droite et par une baisse du taux d’intérêt d’équilibre ce qui encourage
l’investissement. Le nouveau niveau d’offre de monnaie se présente par Mo1 (figure suivante).

La politique monétaire est dite restrictive si l’offre de monnaie décroit par rapport à son niveau
initial puisqu’il y aura une réduction de la quantité de monnaie injectée dans l’économie. Il en
résulte donc une variation négative de l’offre de monnaie ce qui fait déplacer la droite de l’offre
de monnaie vers la gauche et le taux d’intérêt d’équilibre augmente. Graphiquement, le nouveau
niveau d’offre de monnaie se présente par Mo2 (figure suivante)

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À partir de l’équilibre initial, on suppose que l’État fait une politique monétaire expansive.
Cette augmentation de l’offre de monnaie fait baisser le taux d’intérêt. Donc pour tout Y, i est
plus faible. La courbe LM se déplace donc vers la droite.

Résumé : La courbe LM se déplace vers la droite si l’offre de monnaie augmente c’est-à-dire


si on mène une politique monétaire expansive et la courbe LM se déplace vers la gauche si
l’offre de monnaie diminue c’est-à-dire si on mène une politique monétaire restrictive.

Section 3 : L’équilibre simultané sur les deux marchés


L’équilibre simultané sur le marché des biens et services et sur le marché monétaire est obtenu
à travers l’égalité entre IS et LM, on écrit :

Graphiquement, l’équilibre est obtenu à l’intersection des deux courbes (IS et LM).
IS : Y = C(Y-T, i) + I(Y, i) + G

Au point A1 sur la graphique suivant, l’équilibre sur le marché des biens et services et
l’équilibre sur le marché monétaire donnent la même combinaison (Y1, i1).
C’est donc l’équilibre du modèle IS/LM.

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CHAPITRE 2 : POLITIQUE BUDGETAIRE ET MONETAIRE EN ECONOMIE
FERMEE

Quels sont les effets d’une contraction budgétaire (augmentation des impôts ou réduction des
dépenses publiques) sur la production et le taux d’intérêt ?
Quels sont les effets d’une augmentation de la masse monétaire sur la production et le taux
d’intérêt ?
Pour répondre à une question sur les effets d’une mesure de politique économique, il faut :
- Chercher quels sont les effets sur l’équilibre du marché des biens et services, sur
l’équilibre du marché monétaire et comment cela affecte la courbe IS et LM.
- Caractériser l’effet de ces déplacements
- Décrire ce qui se passe avec des mots.
Les politiques économiques traduisent l’intervention de l’Etat à travers la mise en application
de différentes stratégies dans l’économie. Nous allons mettre l’accent sur l’étude de trois
politiques économiques :
- La politique budgétaire, relative à une variation des dépenses effectuées par le gouvernement
(ΔG).
- La politique fiscale, relative à une variation du niveau des taxes exogènes (ΔT).
- La politique monétaire, relative une variation du niveau de l’offre de monnaie (ΔMO).

Section 1 : Les politiques budgétaires et fiscales


1. Effets et illustration graphique
On suppose une politique budgétaire expansive où on augmente les dépenses publiques ou une
politique fiscale expansive qui se traduit par diminution des taxes exogènes. Quel est l’effet sur
le marché des biens et services et sur le marché monétaire ?
L’économie se trouve initialement au point A issu de l’intersection des courbes IS1 et LM.
Sur le marché monétaire, la hausse de G ou la baisse de T n’a pas d’effet. Seule une variation
de l’offre monétaire peut faire déplacer la courbe LM.
Sur le marché des biens et services, une baisse de T augmente le revenu disponible et donc la
consommation C(Y-T, i) augmentant ainsi le revenu Y. De même, une hausse de G entraine
une augmentation du revenu Y. La courbe IS se déplace donc vers la droite et on a une nouvelle
courbe IS2. L’équilibre du marché des biens et services et du marché monétaire se trouve
maintenant au point C avec une production et un taux d’intérêt plus élevés.

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Sur le graphique suivant nous avons les effets d’une politique budgétaire restrictive ou d’une
politique fiscale restrictive sur la production et sur le taux d’intérêt.

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2. Limites liées à l’efficacité de la politique budgétaire
L’utilisation de la politique budgétaire se heurte à plusieurs critiques :

• L’effet d’éviction de l’investissement privé


Si le déficit budgétaire est financé grâce à des emprunts auprès des agents économiques, se pose
alors le problème de l’effet d’éviction. Le recours à l’emprunt pour financer le déficit budgétaire
provoque un déplacement de l’épargne disponible vers le secteur public au détriment des autres
agents économiques. L’effet d’éviction est un phénomène qui conduit à un rationnement de la
demande de capitaux des agents privés sur le marché financier du fait de la présence de l’État,
cela peut entraîner une baisse de l’investissement privé et freiner l’effet de relance impulsé par
la politique budgétaire. L’éviction s’appuie sur deux mécanismes :
- Un effet quantité : l’État est un emprunteur important qui offre des garanties solides, il
sera donc servi en priorité par les prêteurs ce qui réduit d’autant la quantité de capitaux
disponibles pour les autres emprunteurs.
- Un effet prix : l’augmentation de la demande de capitaux sur les marchés financiers face
à une offre inchangée conduit à une hausse des taux d’intérêt. Les capitaux deviennent
ainsi plus coûteux pour les emprunteurs privés.

• L’effet Laffer
Selon l’économiste Arthur Laffer, l’impôt est une source de désincitation au travail. Au-delà
d’un seuil d’imposition, les individus sont incités à réduire leur activité économique. Cela a
deux effets majeurs : un frein pour la croissance économique, puisque l’activité se ralentit et
une baisse des recettes de l’État (d’où l’expression « Trop d’impôt tue l’impôt »).

• L’équivalence Ricardo-Barro
Selon la théorie de l’équivalence ricardienne (Ricardo-Barro), les anticipations des agents
économiques peuvent limiter l’efficacité d'une politique budgétaire. Dans le cas d’une politique
de relance financée par l’emprunt, les agents économiques anticipent une hausse future des
impôts. Pour se préparer à les payer, ils vont donc épargner davantage, réduisant de ce fait
l’effet multiplicateur. Les agents économiques connaissent l’ensemble des effets induits par les
politiques économiques mises en place, notamment l’inflation. Ils ne seraient alors pas dupes
et n’augmenteraient pas leurs dépenses, anticipant la dégradation de leur pouvoir d’achat.

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• Les « fuites » dans une économie ouverte
L’effet multiplicateur n’est pas garanti, notamment dans le cas des économies à haut degré
d’ouverture sur l’étranger. Il peut être affaibli par deux fuites principales : l’épargne, et la
consommation de produits importés. Si la hausse des revenus induite par la politique
économique est affectée en grande partie à l’épargne, cela n’a pas d’effet d’entraînement positif
sur l’économie : pas de consommation donc pas de production supplémentaire. Si, dans le cadre
d’une politique de relance, une grande partie des revenus distribués se porte sur la
consommation de produits importés, l’augmentation de la demande peut se traduire par une
augmentation des importations et non de la production nationale, ce qui va entraîner une relance
de la production des pays en question, mais n’aura aucun impact sur l’économie nationale.

Section 2 : La politique monétaire


1. Effets et illustration graphique
Supposons qu’initialement l’économie est à l’équilibre au point A1 sur le graphique suivant.
Les autorités monétaires décident d’augmenter l’offre monétaire. Quel est l’effet de cette
politique économique sur le marché des biens et sur le marché monétaire ?

Sur le marché des biens et services, la hausse de l’offre de monnaie n’a pas d’effet.
Sur le marché monétaire, une hausse de l’offre de monnaie fait baisser le taux d’intérêt et la
courbe LM se déplace donc vers la droite.
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Conclusion : une hausse de l’offre de monnaie entraine une augmentation du revenu et une
baisse du taux d’intérêt. Le nouvel équilibre se situe au point A2 sur le graphique ci-dessus.

2. Limites de l’efficacité de la politique monétaire


Trois contraintes limitent l’efficacité de la politique monétaire :
• Une politique monétaire restrictive exclusivement centrée sur la lutte contre l’inflation
fragilise la croissance économique.
▪ L’internationalisation des marchés de capitaux impose à la banque centrale la
prise en compte des taux d’intérêt offerts sur les marchés financiers
internationaux.
▪ Dans la zone monétaire, la politique monétaire appartient à la banque centrale, les
gouvernements ne peuvent pas agir sur la politique monétaire. Or, une même
politique monétaire ne peut pas exercer les mêmes effets selon les pays, compte
tenu de l’hétérogénéité des économies des pays de la zone. Les situations
conjoncturelles sont diverses et réclament des politiques monétaires adaptées.

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Exercice
Une économie est caractérisée par les relations suivantes :
C = 0,8Yd+100
T = 50
I = 500 - 5000i
G = 300
Ms = 600 – 6000i
Mo = 1100
Mt = 0,5Y
1. Que représentent Y, Yd, i, C, I, Mo, Ms, Mt, T et G ?
2. Définir la courbe IS et donner son équation.
3. Définir la courbe LM et donner son équation.
4. Calculer le revenu et le taux d’intérêt d’équilibre
5. On suppose que le gouvernement décide d’accroître ses dépenses de 20%. Quelles sont
les conséquences de cette décision sur l’équilibre ?
6. On se situe à l’équilibre initial et on suppose que les autorités décident d’accroître l’offre
de monnaie de 220. Comment appelle-t-on cette politique ? calculer les nouvelles
valeurs du revenu et du taux d’intérêt à l’équilibre.
7. Faire une représentation graphique.

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