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Dans l’approche keynésienne, c’est l’équilibre entre l’offre et la demande de monnaie qui
détermine le taux d’intérêt du marché, et non pas l’équilibre entre l’épargne et l’investissement.
En d’autres termes, le taux d’intérêt se détermine sur le marché de la monnaie, et pas sur
le marché des biens et services. C’est une différence fondamentale, car en fixant le taux
d’intérêt, l’équilibre monétaire agit sur l’investissement (qui dépend en partie du niveau des
taux d’intérêt), et donc sur le niveau de demande globale, de production globale et in fine, de
l’emploi. Dans ces conditions, il n’y a plus de dichotomie entre l’économie monétaire et
l’économie réelle. Pour Keynes, donc, les fluctuations sur le marché de la monnaie peuvent
perturber ou au contraire encourager l’activité économique et l’emploi, d’où l’importance
d’analyser le fonctionnement de ce marché avec attention.
1. L’offre et la demande de monnaie
Chez Keynes, comme chez les classiques, l’offre de monnaie émane des autorités
̅
monétaires (banques centrales). On a donc : Mo = 𝐌
L’aspect novateur du modèle keynésien se situe au niveau de la demande de monnaie.
Comme dans le modèle classique, Keynes admet que cette demande dépend en partie du niveau
d’activité économique Y. Autrement dit, lorsque le niveau d’activité économique s’accroît, il
est naturel de penser que les besoins en monnaie des agents augmenteront pour financer les
transactions plus nombreuses sur le marché des biens et services.
Cependant, pour Keynes, la demande de monnaie dépend également du niveau des taux
d’intérêt. Plus précisément, Keynes affirme qu’il existe un lien inverse entre taux d’intérêt et
demande de monnaie. Autrement dit, la demande de monnaie diminue lorsque le taux d’intérêt
augmente et vice versa. Keynes s’appuiera sur le fonctionnement des marchés financiers et plus
précisément, sur le fonctionnement du marché obligataire pour expliquer ce lien inverse.
Cependant, la relation négative entre demande de monnaie et taux d’intérêt peut
s’expliquer simplement et il n’est pas nécessaire d’étudier en détail le fonctionnement du
marché obligataire. Une explication simple de ce lien inverse tient au fait que lorsque le taux
d’intérêt augmente, l’investissement (qui est une fonction décroissante du taux d’intérêt)
diminue, ce qui induit les agents à réduire leur demande transactionnelle de monnaie (étant
donné qu’ils achètent moins de biens d’équipement).
Au total, la demande de monnaie dépend de deux paramètres (Y et i) et peut s’écrire d’un
point de vue formel de la façon suivante: MD = MD (Y, i)
2. L’équilibre sur le marché monétaire
A l’équilibre sur le marché de la monnaie, l’offre de monnaie doit être égale à la demande
de monnaie. Autrement dit, l’égalité suivante doit être respectée:
𝐌̅ = MD (Y, i)
D’un point de vue graphique, l’équilibre sur le marché de la monnaie chez Keynes se
représente à l’aide d’un graphique sur lequel le taux d’intérêt est porté sur l’axe vertical et la
quantité de monnaie (offerte ou demandée) sur l’axe horizontal.
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L’explication du mécanisme de fonctionnement du marché de la monnaie chez Keynes
nous permet de nous rendre compte que ce modèle n’est pas dichotomique. Supposons par
exemple que les autorités monétaires décident d’augmenter la masse monétaire de 𝐌 ̅ à ̅̅̅̅
𝐌𝟏.
C’est ce qu’on appelle une politique monétaire expansive. D’un point de vue graphique, toute
création monétaire se traduit par un déplacement vers la droite de l’offre de monnaie:
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Cette politique monétaire expansive n’est évidemment pas neutre et a des répercussions
sur le marché des biens et services. En rendant le crédit moins cher, la baisse du taux d’intérêt
encourage l’investissement (qui dépend en partie du taux d’intérêt), et donc, augmente la
demande globale, l’offre globale et in fine, l’emploi.
Par conséquent, les fluctuations sur le marché de la monnaie influencent l’équilibre du
marché des biens et services et le niveau d’emploi via le niveau du taux d’intérêt. Les deux
marchés sont donc liés.
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L'effet Keynes
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inchangée, l'équilibre passe alors de E à E', et l'on atteint le plein emploi automatiquement.
Autrement dit, ma revalorisation du stock de monnaie induite par la déflation affecte la
demande globale via une baisse du taux d’intérêt par un déplacement de LM le long de la courbe
IS.
3. Des failles théoriques
31. La trappe à liquidité
La première est celle de la trappe à liquidité. En situation de trappe à liquidité, une
augmentation de l'offre de monnaie réelle ne réussit plus à affecter le taux d'intérêt. Le taux
d'intérêt est trop bas pour qu'une diminution supplémentaire entraîne une augmentation de
l'investissement. Quand le taux d'intérêt est au-dessous d'un certain niveau, les agents ne
désirent pas faire de placement, et ils thésaurisent leur monnaie pour attendre que le taux
d'intérêt augmente.
32. L'inélasticité de la dépense au taux d'intérêt
La deuxième est celle des cas où la dépense n'est pas élastique au taux d'intérêt, c'est-à-
dire lorsque la courbe IS est verticale.
33. Les effets négatifs de la déflation
La troisième est celle des effets négatifs de la déflation. Selon Keynes, la déflation est trop
mauvaise pour les entrepreneurs, qui voient la dette de leur entreprise augmenter en valeur
réelle (la dette contractée reste la même alors que le niveau général des prix, c'est-à-dire les
revenus de l'entreprise, baissent), pour que l'effet Keynes ait lieu.
34. Le postulat de la flexibilité des salaires
L'effet Keynes postule la flexibilité à la baisse des salaires. Il faut que ceux-ci chutent pour
que le phénomène fonctionne. Cela n'est pas forcément le cas, car les salaires sont le plus
souvent le fruit de conventions entre le salarié et le patron. Aussi, les patrons, sachant qu'une
baisse de salaire démotive le salarié et peut lui faire perdre en productivité, peuvent décider de
faire stagner les salaires plutôt que de les baisser. La crise économique mondiale des années
2008 et suivantes a ainsi vu aux États-Unis une stagnation, et non une chute des salaires.
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Effet Keynes - effet Pigou
Diagramme IS-LM
Dans les années de la grande crise qui débute en 1929, les salaires nominaux (les salaires
exprimés en monnaie courante) diminuent parce que l'excès d'offre sur le marché du travail est
considérable. Cette baisse des coûts de production pour les entreprises renforce le mouvement
de baisse des prix qui résulte de l'effondrement de la demande de produits dans de nombreux
secteurs.
Ce constat évident doit forcément être pris en compte par Keynes parce que ses
adversaires, en particulier son collègue de Cambridge, Arthur Cecil Pigou explique comment
cette baisse des prix doit conduire naturellement à retrouver un équilibre de plein emploi.
Il s'agit alors pour Keynes de montrer que s'il y a bien des raisons de penser que le retour
vers le plein emploi peut découler de la déflation, il y a aussi des raisons de mettre en doute
l'effet pris en compte. Pour cela il utilise un raisonnement différent de celui utilisé par Pigou.
Depuis cette discussion on oppose ainsi l'effet Keynes et l'effet Pigou.
Ces deux effets peuvent être exposés dans le cadre du diagramme IS-LM mais bien
entendu la présentation initiale n'a pas fait référence à ce modèle.
1. L'effet Keynes
Partant d'une situation d'insuffisance de la demande (équilibre E1 dans le diagramme) ne
permettant pas d'atteindre le plein emploi, la baisse des prix se traduit par une revalorisation du
stock de monnaie disponible (l'offre de monnaie) donc, toutes choses égales par ailleurs, à un
déplacement vers la droite de la courbe LM. Pour une courbe IS inchangée, l'équilibre passe
alors de E à E'' et l'on atteint le plein emploi automatiquement, sans que l'Etat n'ait besoin
d'intervenir dans l'économie. La revalorisation du stock de monnaie affecte la demande globale
via une baisse du taux d’intérêt par un déplacement le long de la courbe IS (celle-ci ne se
déplace pas). Donc tôt ou tard la baisse des prix produira le retour du plein emploi.
Mais, d'une part il peut s'écouler beaucoup de temps avant que cela ne se produise
et d'autre part Keynes doute de la réalisation de l'enchainement pour deux raisons :
l'existence d'une trappe à liquidité et l'inélasticité de l'investissement au taux d'intérêt.
11. La trappe à liquidité
Le taux d'intérêt peut-être trop bas pour que qu'une diminution supplémentaire entraîne
une augmentation de l'investissement. Quand le taux d'intérêt est en dessous d'un certain seuil,
les agents ne désirent pas faire des palcements, toute la monnaie supplémentaire qu'ils reçoivent
est conservée, ils pensent que le taux d’intérêt ne peut qu’augmenter et en attendant ils gardent
leurs encaisses monétaires sous forme spéculative.
Ceci signifie que la courbe LM est horizontale. Cette situation de bas taux d’intérêt est
d’autant plus plausible que l’économie connaît un marasme et donc que le revenu est faible. Il
est donc probable qu’à partir d’un certain niveau de revenu, le taux d’intérêt se remette à croitre
avec le revenu. On a alors à nouveau une courbe LM qui croît normalement. Si l'équilibre initial
se situe sur cette portion de la courbe LM -donc si le taux d'intérêt est faible - le déplacement
de la courbe LM n'a pas d'effet sur l'équilibre.
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12. L’inélasticité de l'investissement au taux d'intérêt.
Selon Keynes on peut penser qu'il y a une relation négative entre l'investissement privé
et le taux d'intérêt nominal, mais cette relation est peu élastique, voire peut-être inexistante dans
certains cas. Ainsi une baisse du taux d'intérêt provoquée par la baisse des prix déplacera
certainement la courbe LM mais cela sera sans effet sur le niveau de revenu puisque la courbe
IS est proche de la verticale voire verticale en cas d'élasticité nulle.
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2. L'effet Pigou
L'effet Pigou ou "effet d'encaisses réelles", repose sur l'observation que la baisse des
prix (liée à la faiblesse de la demande) a un effet sur le pouvoir d'achat des encaisses monétaires
- les encaisses réelles - qu'elle revalorise. Cette augmentation du pouvoir d'achat permet
d'augmenter la consommation, ce qui a pour effet d'engendrer un déplacement autonome de la
courbe IS vers la droite, ce qui peut permettre un retour au plein emploi, même quand la courbe
IS croise au départ LM dans sa partie horizontale (trappe à liquidité) et que la courbe IS est
verticale (inélasticité de l’investissement au taux d’intérêt).
Il faut cependant noter que si l'effet d'encaisse réelles est aussi appelé effet de richesse
c'est parce qu'il repose sur l'idée que le partage entre consommation et épargne se fait en tenant
compte de la richesse réelle (mesurée en pouvoir d'achat). Ainsi quand cette richesse réelle est
augmentée par la baisse des prix des biens et services il y a probablement une augmentation de
la consommation. Mais si la baisse des prix concerne aussi les actifs détenus, les éléments du
patrimoine, alors le comportement peut s'inverser. La baisse du prix des immeubles et des titres
financiers détenus poussent les propriétaires à épargner davantage pour reconstituer le niveau
de richesse (réelle) qu'ils souhaitent détenir.
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