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Chapitre 2:

LES THÉORIES MONÉTAIRES


Chapitre 2: Les théories monétaires
1. La théorie quantitative de la monnaie
2. Les classiques et la monnaie
3. La théorie keynésienne: La monnaie active
4. Le monétarisme
1. La théorie quantitative de la
monnaie
Pour Irving Fisher:
« Dans chaque vente ou achat, la monnaie et les biens échangés sont
ipso /facto équivalents »

Monnaie dépensée = valeur des marchandises achetées


Cette théorie précise, via l'équation des échanges d'Irving Fisher, la relation
entre:
1. la masse monétaire, c'est à dire le stock de monnaie présent dans
l'économie "M",
2. la vitesse de circulation de la monnaie "V",
3. l'indice général des prix "P" ,
4. le volume total des transactions "T" effectuées sur la période.

Et la formule magique est M*V=P*T


Un des grands débats entre économistes de différents courants de
pensée depuis des dizaines d'années est de savoir si une hausse de la
masse monétaire "M" permet d'avoir un effet réel sur l'économie (par
exemple une hausse de la production réelle) ou bien si cela est
simplement créateur d'inflation.
Fisher a établit deux hypothèses:
✓ T est une constante
✓ V est une constante

D’où on peut conclure:


une augmentation de M entraine une augmentation de P

Selon cette théorie la cause immédiate de l’inflation est l’accroissement


rapide de la masse monétaire par rapport au volume de
production=l’inflation est un phénomène monétaire
✓ H1: l’évolution de la masse monétaire et celle de l’inflation d’un pays
d’une année à une autre devraient suivre la même tendance

✓H2: les pays dont la masse monétaire s’accroit à des taux élevés
devraient avoir des taux d’inflation élevés et ceux dont la masse
monétaire s’accroit à des taux faibles devraient avoir des taux
d’inflation bas.
La théorie quantitative établit alors clairement que la Banque centrale
qui contrôle l’offre monétaire est la première responsable de l’inflation.

Pour Friedman: « l’inflation est toujours et partout un phénomène


monétaire »
• La Banque Centrale est une institution qui détient le monopole
réglementaire de l’émission monétaire sur un territoire donné

• Seigneuriage est une situation dans laquelle le gouvernement se


finance en faisant tourner la planche à billet
Mais par quel mécanisme une variation de la
masse monétaire induit une variation des prix?
Théorie de Pigou: L’analyse par les encaisses
• Alfred Marshall et Arthur Cecil Pigou transforment l’équation des échanges de
Fisher en une fonction de demande de l’école de Cambridge.

• Pour Pigou, la demande de monnaie exprimée par les agents économiques est
déterminée par leurs dépenses qui elles mêmes sont fonction de leurs revenus.

• Les agents économiques prennent en compte leurs pouvoirs d’achat qui est
directement déterminée par le niveau des prix.
Pour Pigou, la théorie de Fisher peut s’écrire comme suit:

M = P.k.Y
Avec:
Y: Revenu
K: Niveau souhaité par les agents économiques (la part du revenu réel)

Cette équation traduit la condition d’équilibre sur le marché de monnaie avec


comme variable d’ajustement la variable P, le niveau des prix.
Donc, le niveau de prix est déterminé de la façon suivante: lorsque la quantité
d’encaisses monétaires est modifiée, les agents vont naturellement chercher à
en retrouver le niveau qu’ils souhaitent (définie par k) en modifiant leurs
comportements sur le marché des biens. Lorsque survient un accroissement
des encaisses monétaires non souhaité par les agents, ces derniers seront
incités aux dépenses, cela se traduit par une augmentation de la demande et
donc une augmentation des prix par la suite. Cette hausse des prix se produira
jusqu’à ce que les agents retrouvent la proportionnalité désirée entre leur
encaisse réelle et leur revenu c’est l’effet d’encaisse réelle
2. Les classiques et la monnaie
L'analyse classique est basée sur le principe de dichotomie: une
séparation entre la sphère monétaire (la circulation de la masse
monétaire) et l’économie réel

Le modèle classique estime que la monnaie n'exerce aucun effet sur le


monde réel.
• L'équilibre sur les marchés des biens est réalisé d’une manière
indépendante de la monnaie en se basant sur le système de prix relatifs:
c’est une analyse microéconomique déterminée par la théorie de la valeur
(La rencontre entre la courbe d'offre et la courbe de demande ).

• Le marché de la monnaie relève de l'analyse macroéconomique. Le prix y


est déterminé par la rencontre entre une offre de monnaie exogène et
donc imposée et une demande de monnaie qui évolue en fonction du
niveau des prix.
Pour J.B.Say, la monnaie n’est fondamentalement que « la voiture de
la valeur des produits ».

Ricardo en tire la conséquence: toute augmentation de la quantité de


monnaie en circulation se traduit par une hausse proportionnelle des
prix absolus, c-à-d par de l’inflation.
I. Jean-Baptiste Say et la monnaie-voile
• La richesse d’une nation selon les mercantilistes provient de l’accumulation
des métaux précieux.

• La richesse d’une nation selon Adam Smith: accumulation de biens


matériels résultant de l’état de développement de la division du travail

« l’or et l’argent, sous quelques formes qu’ils soient, sous celle de


monnaie ou de vaisselle, ne sont jamais que des ustensiles, tout aussi bien
que les ustensiles de cuisine » ( Recherche sur la nature et les causes de la
Richesse des nations, 1776)
• J.P.Say s’inspire de la critique du chrysohédonisme (le bonheur
par l’or).

• La monnaie métallique n’est pas la vraie richesse


• La monnaie métallique est le moyen pour faire circuler la
richesse
J. B. Say formule la loi des débouchés: « Le voile monétaire ne fait
que masquer la réalité des échanges et les produits s’échangent
contre des produits puisqu’ils se servent mutuellement de
débouchés ». Le raisonnement se fait en quatre étapes:
❑ « lorsque le dernier producteur a terminé un produit, son plus
grand désir est de le vendre, pour que la valeur de ce produit
ne chôme pas entre ses mains »
❑ « Mais il n’est pas moins empressé de se défaire de l’argent
que lui procure sa vente, pour que la valeur ne chôme pas non
plus »
❑ « Or on ne peut se défaire de son argent qu’en demandant à
acheter un produit quelconque »
❑« on voit donc que le seul fait de la formation d’un produit
ouvre dès l’instant même, un débouché à d’autres produits »
Bref:
Toute nouvelle offre s'accompagne d'une distribution de revenus

Ces revenus permettront d'écouler la nouvelle production, de telle


sorte qu'il ne peut y avoir de crise de surproduction.

• L'offre crée sa propre demande, les produits s'échangent contre


des produits
L’utilité et les débouchés

Pour que les produits ouvrent des débouchés aux autres produits
et faire l’objet d’échange, il faut qu’il possède une utilité aux yeux
de l’acquéreur, une valeur échangeable qui permettra d’en tirer
un revenu
Notion de la monnaie voile
La circulation monétaire n’est fondamentalement que la
simple contrepartie de la circulation réelle de marchandises.

« Les produits achètent les produits »


La monnaie est totalement neutre

Ne peut influencer les mécanismes réels


Pour J.B.Say, si la monnaie est neutre, elle est toutefois indispensable. En
fluidifiant les échanges, elle contribue à leur développement.
• Pour J.S.Mill, la monnaie est insignifiante en elle-même, il n’y a rien
de plus insignifiant dans l’économie d’une société que la monnaie

• Elle permet de faciliter les échanges, de les rendre plus rapide ,


mais ne modifie en rien l’action des lois de la valeur

• La monnaie et les marchandises se recherchent pour être


échangées, elles représentent respectivement l’offre et la demande
l’une de l’autre.
II. D. Ricardo et le lien entre monnaie et prix
Ricardo fait la distinction entre l’analyse réelle et l’analyse
monétaire:

L’analyse réelle est régi par la loi L’analyse monétaire rend compte du
des débouchés de Say qui niveau général des prix. La quantité
détermine le volume de la de monnaie va déterminer les prix
production globale, et par les absolus exprimés en unités de compte
valeurs d’échange ou prix relatifs sans influencer les prix relatifs des
des produits entre eux qui sont marchandises fixés dans la sphère
déterminées par la quantité de réelle. La mise en circulation de
travail que nécessite leur moyens de paiement
production. supplémentaires ne peut que faire
augmenter dans la même proportion
tous les prix absolus.
Cas de la monnaie métallique

La relation entre monnaie et inflation suit deux cas de figures:


❖ A court terme, la valeur de la monnaie dépend de sa quantité:
Si le stock de pièces en circulation augmente, leur valeur unitaire en
termes de pouvoir d’achat baissera, puisque le nombre global de
marchandises proposées reste inchangé.
❖ A long terme: le coût de production jouera le rôle de force de rappel
Si la monnaie métallique devient trop abondante, la faiblesse de sa
valeur d’échange découragera toute prospection minière ce qui
TAN9IB
stabilisera le stock monétaire au niveau mondial.
Cas de monnaie inconvertible
• Coût de fabrication du papier-monnaie étant très faible
• Aucune force de rappel

La solution dans la règle de convertibilité:


Toute émission de billets doit être
intégralement couverte par une encaisse
métallique
3. LA THÉORIE KEYNÉSIENNE:
LA MONNAIE ACTIVE
Keynes marque un complet désaccord avec l’analyse monétaire
La monnaie n’est pas la « simple voiture des produits »

Les agents désirent de détenir la monnaie pour elle-même


3. Analyse Keynésienne de la monnaie

• Les motifs de la détention de la monnaie


• La fonction de demande de monnaie
• Monnaie intégrée
Section 1: Les motifs de la détention de la monnaie
a. Le motif de revenu

Combler l’intervalle entre l’encaissement et le décaissement du


revenu (moment où les ménages perçoivent leurs revenus et
celui ou ils les dépensent)
b. Le motif professionnel

• Besoin de conserver de la monnaie pour les entreprises


• Combler l’intervalle entre l’encaissement (produit de vente) et
le décaissement (mise en œuvre de la production)
c. Le motif de précaution

• Un élément fondamental de la théorie générale de Keynes est


la présence d’incertitudes concernant l’avenir
• Désir général d’épargne de précaution chez les agents
économiques
• Cette épargne peut être rentabilisé sous forme d’actifs
rémunérateurs ( immobilier, actions, obligations) mais lorsque
l’événement est défavorable il est optimal pour l’agent de
conserver une partie de cette épargne de précaution sous
forme liquide.
d. Le motif de spéculation

Nécessité pour les agents économiques d’opérer des arbitrages


entre monnaie et titres (selon le taux d’intérêt), avec l’objectif de
réaliser des plus-values en capital sur les marchés financiers.
• Relation entre le prix (le cours d’un titre) et le taux d’intérêt est
une relation inverse : plus le taux d’intérêt est faible et plus le
cours du titre sera élevé (et inversement).

Relation inverse entre l’encaisse monétaire pour motif de


précaution et le taux d’intérêt.
Préférence pour garder l’épargne sous forme monétaire (la
monnaie est un actif non rémunéré mais sans risque) que placer
cet argent en titres avec un risque de perte en capital.
Section 2: La construction de la fonction de demande de
monnaie

Les différents motifs déterminent la constitution d’encaisses des


agents
a) La demande de liquidité lié au revenu

• Le motif de revenu et le motif professionnel: plus le revenu du


ménage ou le chiffre d’affaires de l’entreprise est élevé, plus le
décalage en valeur entre les recettes et les dépenses est
important.
• Le motif de précaution: plus l’agent dispose de bons revenus
plus s’accroit son désir de sécurité.
• Une première partie de la demande de monnaie, de liquidité

(L1) qui dépend positivement du revenu de l’agent i (Yi):

Li1 = Li1 (Yi) avec Li1 > 0


Keynes a également cité deux autres facteurs à ce stade:
1) Le coût et la sécurité des méthodes qui permettent d’obtenir
de l’argent en cas de besoin (emprunt temporaire, découvert
bancaire, facilités…)
2) ) Le coût relatif de la détention de monnaie (ex:
rémunération des dépôts à vue).
b) La demande de liquidité liée aux taux d’intérêt:
Relation inverse entre taux d’intérêt et demande de monnaie:
• Lorsque le taux d’intérêt augmente, la demande de monnaie
augmente et l’offre de monnaie diminue
• Lorsque le taux d’intérêt diminue, la demande de monnaie
diminue et l’offre de monnaie augmente
c) Représentation de la demande de monnaie
La somme de la demande de liquidité liée au revenu et la
demande de liquidité liée au taux d’intérêt donne la fonction de
demande de monnaie
Demande de monnaie Demande de monnaie
Demande totale de pour motif de pour motif de
monnaie transaction et spéculation
précaution
• La fonction de demande de monnaie prend la forme suivante :

L = L0 + L1 (Y) + L2 (i) avec L’1 > 0 et L’2 < 0


Section 3: La politique monétaire de Keynes:
Monnaie intégrée
a) La fin de la dichotomie
❖Au niveau microéconomique:
La Monnaie est actif patrimonial intégré dans des choix réels par
rapport à l’épargne et le taux d’intérêt représente la récompense à la
renonciation à la liquidité
❖ Au niveau macroéconomique:
Le taux d’intérêt résulte selon Keynes de deux élément strictement
monétaire: la préférence pour la liquidité et l’offre de monnaie.
b) L’influence de la monnaie sur l’investissement
• Les variations du taux d’intérêt expliquent les fluctuations de
l’investissement
• La monnaie engendre des modifications de comportements réels
chez les entrepreneurs.
• Politique monétaire expansive :baisse du taux d’intérêt qui favorise
l’investissement
• Mise en route du mécanisme du multiplicateur d’investissement:
stimulation de l’activité et embauche
• La monnaie loin d’être neutre, est devenue active
C) Conditions d’efficacité de la politique monétaire
expansive
Deux conditions sont nécessaires:

1 - L’augmentation de l’offre de monnaie doit provoquer une


baisse du taux d’intérêt: l’économie doit se situer en dehors de
la trappe à liquidité

2 - L’investissement doit être sensible aux taux d’intérêt


Bref, l’augmentation de la masse monétaire permet de diminuer
le taux d'intérêt, ce qui implique une augmentation de
l'investissement et une relance de la croissance
4. Le monétarisme:
Milton Friedman: La monnaie toute puissante
La monnaie est considérée à l’égal de Keynes comme un actif
patrimonial mais au lieu de restreindre l’analyse à un arbitrage entre
monnaie et obligations, Friedman considère que la richesse des
agents économiques est détenue sous cinq formes d’actifs
patrimoniaux: la monnaie, les obligations, les actions, les actifs réels
(immobilier, biens de production, biens durables) et le capital
humain
L’agent compare les services rendus par chaque type d’actif,
services qui se décomposent en deux éléments:

✓L’évolution du prix de l’actif: source de plus ou moins-value


sauf la monnaie qui le seul actif à valeur nominale constante
(ne procurant aucune rémunération)

✓Son revenu périodique


Les encaisses monétaires, exprimés en termes réels, dépendent
ainsi du montant du richesse, des rendements anticipés
respectifs des divers actifs, du taux d’inflation anticipé et des
préférences individuelles
M. Friedman rejette la politique budgétaire en avançant de nouveaux
arguments:
• toute politique des revenus pourrait décourager l’offre
• Le déficit budgétaire peut entraîner des effets d'éviction (baisse de
l’investissement privé provoquée par une hausse des dépenses
publiques) qui annulent l'effet de relance

• Les monétaristes se réfèrent au « théorème Ricardo-Barro » ou «


équivalence ricardienne ». Selon ce principe, la relance keynésienne par
réduction d’impôt ou hausse de la dépense publique est inefficace, elle
n’auraient pas d’effets expansionnistes, au contraire elle fait augmenter
la dette publique ; devant cette hausse de la dette publique, les agents,
les ménages en particulier, tendent donc à épargner –et donc diminuer
la consommation –pour faire face, dans le futur, à la hausse de la charge
publique due au remboursement de la nouvelle dette.
• Les monétaristes privilégient la politique monétaire car elle est plus
"neutre", plus respectueuse du jeu du marché, que la politique
budgétaire.
• Les monétaristes accordent une priorité à la lutte contre l'inflation et la
stabilité des prix.
• Selon ce courant de pensée, la politique monétaire n'a pas pour
objectif de fixer, ni le niveau d'emploi, ni le niveau des taux d'intérêt
réels, mais elle contribue à stabiliser le système économique. La
politique monétaire peut engendrer un niveau des prix stable, ou
croissant à un rythme faible, et connu à l'avance. La politique
monétaire optimale consiste à fixer un taux de croissance désiré de la
masse monétaire pour le futur, à annoncer ce taux, les autorités
monétaires devant se borner à exécuter cette décision.

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