Cours: Economie monétaire et finacière 1 Points à traiter : • Les origines historiques de l’analyse de la demande de monnaie • La demande de monnaie chez les classiques • Les motifs de détention de la monnaie chez Keynes • La demande de monnaie chez les monétaristes • L’approche de la demande de monnaie par la vitesse de circulation
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1. Les origines historiques de l’analyse de la demande de monnaie L’approche la plus ancienne de la demande de monnaie est la théorie quantitative de la monnaie Elles remontent au XVI siècle, au moment de l’arrivée des métaux précieux en Europe, quand la question du rapport entre le niveau général des prix et la masse monétaire en circulation a été placée au cœur de la problématique économique. Pour les classiques, la monnaie n’est pas demandée pour elle-même, mais uniquement pour les échanges qu’elle permet de réaliser (optique transactionnelle). Il y a une dichotomie entre la sphère réelle de l’économie dans la mesure où seul l’échange de biens crée de la richesse puisque la monnaie dépensée est strictement égale à la valeur des marchandises qu’elle permet d’acheter: La demande de monnaie s’adapte donc à la demande de biens.
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La théorie quantitative s’est imposée au début du XXe siècle sous deux formes d'équations : L’équation de FISCHER (The Purchasing Power of Money, New York, 1907) : MV = PT Avec : M: monnaie métallique et billets de banque en circulation; V : vitesse de circulation de la monnaie métallique (le nombre de fois qu’elle change de mains au cours d’une même période); P : niveau général des prix et T : volume des transactions dans l’unité de temps Dans une économie, la monnaie qui circule (M.V) est nécessairement égale à la monnaie réclamée par les agents économiques en contrepartie de la valeur de leurs transactions (P.T). L’utilisation des dépôts bancaire a entrainé une évolution au niveau de l’équation de la demande de monnaie qui devient : MV + M’V’ = PT Avec : M : monnaie métallique et billets de banque ; M’ : dépôts bancaires ; V : vitesse de circulation de la monnaie métallique; V’ : vitesse de circulation des dépôts bancaires ; P : niveau général des prix et T : volume des transactions dans l’unité de temps
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L’équation de Cambridge (MARSHALL, PIGOU, HICKS) : (1/P).M = KR Avec: M : masse monétaire P : niveau des prix ; 1/P : pouvoir d’achat de la monnaie K : vitesse de transformation de la monnaie en revenu R : montant des revenus dans l’unité de temps
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2. Les oppositions théoriques sur la demande de monnaie 2.1. La demande de monnaie chez les classiques Pour les classiques, «la monnaie est un voile », un instrument d’échange, qui n’est pas demandée pour elle- même, mais seulement pour ce qu’elle permet d’acquérir. • La monnaie n’est qu’un bien parmi les autres, celui qui est choisi comme étalon de référence pour fixer la valeur des autres biens. • Pour les prix, la production et la consommation des biens ne dépendent que des demandes et des offres de ces biens. Il y a un équilibre sur les marchés de chacun des biens, équilibre qui ne dépend en aucune façon du marché de la monnaie dont le seul rôle est de fixer le niveau général des prix. • Les classiques privilégient uniquement la fonction « moyen d’échange » de la monnaie: le seul motif de détention de la monnaie est le motif de transaction.
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2.2. Les motifs de détention de la monnaie chez Keynes M. Keynes établit trois motifs à la détention de monnaie : le motif de transaction, le motif de précaution et le motif de spéculation. • Le motif de transaction : les agents demandent la monnaie pour pouvoir acheter des biens et services compte tenu du décalage existant entre le moment où les ménages et les entreprises perçoivent leurs revenus ou encaissent le produit de la vente des biens et services et celui où ils les dépensent ou mettent en œuvre la production. • Le motif de transaction fait référence aux disponibilités nécessaires aux agents pour effectuer leurs transactions. Appliqué aux ménages, ce motif est appelé motif de revenu: Il correspond à la détention de monnaie rendue nécessaire par l’existence d’un intervalle de temps entre le moment où les ménages perçoivent leurs revenus et celui où ils les dépensent. Appliqué aux entreprises, ce motif est appelé motif professionnel: Les entreprises doivent en effet posséder de la monnaie afin de combler l’intervalle de temps qui sépare les dépenses engagées dans le processus productif et les recettes (on parle également de motif professionnel).
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• Le motif de précaution : Les agents détiennent la monnaie pour pouvoir faire face à des dépenses imprévues. Le motif de précaution répond au besoin des agents de se prémunir contre l’imprévu, de saisir des opportunités d’achat à prix favorable (qu’il s’agisse de biens réels ou de titres) ou de garder un avoir en valeur nominale immuable pour faire face à une obligation future stipulée en monnaie. • Par rapport à la demande de monnaie, KEYNES prend en compte deux fonctions de la monnaie à savoir la fonction d’intermédiaire des échanges et la fonction de réserve de valeur de la monnaie. L’auteur juxtapose les deux fonctions en distinguant deux motifs de détention de la monnaie : Le motif de transaction et le motif de précaution. • KEYNES élargit cette notion en distinguant les encaisses de transactions liées à la structure du système financier, aux dépenses courantes, à la fréquence, à la régularité des recettes et leur coordination avec les paiements effectuer et les encaisses de précaution (liées au besoin de disposer d’encaisses de transactions supplémentaires pour faire face à des dépenses imprévues). • La demande de monnaie pour les transactions (courantes ou imprévues) est fonction essentiellement du revenu courant des agents économiques.
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• Le motif de spéculation : Ce motif incite les agents économiques à opérer des arbitrages entre monnaie et titres, avec l’objectif de réaliser des plus-values en capital sur les marchés financiers. En effet, pour KEYNES, les agents économiques conservent aussi des encaisses pour pouvoir acheter ou vendre des obligations en fonction des gains ou pertes en capital anticipés, selon l’évolution prévue du taux d’intérêt. La monnaie n’est plus neutre ; il existe une interaction entre la demande de monnaie et l’activité économique puisque pour KEYNES le taux d’intérêt joue un rôle central dans la décision d’investissement et, par ce canal, sur le niveau de l’activité. Cette approche a donné lieu à deux extensions : • La première est celle de BAUMOL qui a montré que même en se limitant au motif transaction, il était possible de faire apparaitre une influence du taux de l’intérêt sur la demande de monnaie, dès que l’on prenait en compte les coûts de transaction. • La deuxième extension revient à TOBIN qui a montré que si l’on intégrait l’incertitude, la prise en compte du motif de spéculation venait compatible avec l’extension au long terme du modèle keynésien de demande de monnaie.
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2.3. La demande de monnaie chez les monétaristes Les monétaristes et notamment Milton FRIEDMAN ont élargi l’analyse classique en faisant de la demande de monnaie la recherche de la part optimale de la monnaie au sein du patrimoine, au sens large, des agents économiques. Schématiquement, le patrimoine, ou la richesse, d’un individu se compose de cinq éléments : • La monnaie : elle se distingue des autres formes de richesse par le fait qu’elle est le seul élément dont la valeur nominale est fixe. • Les obligations : les actifs financiers non monétaires dont le prix varie. • Les actions : les actifs financiers non monétaires dont le «prix» varie aussi, mais différemment des obligations. • Le capital physique : les biens meubles et immobiliers. • Le capital humain : l’individu lui-même.
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Tableau n° 1: La répartition du patrimoine d’un individu
Les cinq éléments qui composent le patrimoine d’un individu
1. La monnaie : elle se distingue des autres formes de richesse par le fait qu’elle est le seul élément dont la valeur nominale est fixe
2. Les obligations : actifs financiers non monétaires dont le prix varie
3. Les actions : actifs financiers non monétaires dont le «prix» varie aussi, mais différemment des Obligations
4. Le capital physique : biens meubles et immobiliers
5. Le capital humain : l’individu lui-même
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• Un individu répartira les différents éléments de son patrimoine en fonction principalement de sa richesse totale : il y a un lien entre la quantité de monnaie conservée, le revenu et l’importance du patrimoine, des anticipations de prix et des rendements comparés des divers éléments du patrimoine : conserver de la monnaie permet d’économiser des coûts d’information (que nécessite une gestion visant à la trésorerie zéro) et des coûts de transaction.
• En revanche, la monnaie est généralement peu ou pas rémunérée et elle se dévalorise
avec l’inflation, alors que les titres ou les biens réels résistent mieux à l’érosion monétaire, de ses goûts et de ses préférences.
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3. L’approche de la demande de monnaie par la vitesse de circulation • Dans les analyses par la demande de monnaie et par la vitesse de circulation, l’objet est le même. • Il s’agit d’expliquer, moyennant certaines hypothèses sur la rationalité des comportements, l’intensité de la substitution entre la monnaie et les autres actifs réels ou financiers et la relation entre la quantité de monnaie en circulation et les autres variables économiques. • Dans l’approche par la « vitesse de circulation », ce qui est privilégié, ce sont les facteurs structurels des besoins de monnaie des agents privés, facteurs qui s’imposent à eux comme des nécessités physiques. Et ces nécessités, l’approche trouve leurs sources dans les exigences de la circulation. • Cette approche a donné lieu à deux formalisations distinctes : l’équation de FISCHER et l’équation de Cambridge.
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• La notion de demande de monnaie est apparue pour la première fois avec l’Ecole de Cambridge (A. Marshall, A.C Pigou). Selon cette école, les agents expriment une demande de monnaie (M) proportionnelle au total des ressources (Y : revenu national réel). Avec P le niveau des prix, et en appelant k cette proportion, l’équation de Fisher est reformulée de la manière suivante : M = k P Y
• Contrairement à l’équation de Fisher (de nature macroéconomique), la relation de
Cambridge se place davantage dans une optique individualiste (comportements individuels) en s’interrogeant sur les raisons qui incitent les agents à détenir des encaisses. Il est possible de justifier la détention d’encaisses par l’absence de synchronisation entre les recettes et les dépenses, et l’incertitude concernant certaines dépenses futures imprévues et certaines recettes futures dont la valeur n’est pas garantie.
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