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Cours: Economie monétaire et financière 1

Chapitre 4: La demande de monnaie


Semestre 3

Année Universitaire 2022/2023


Cours: Economie monétaire et finacière 1
Points à traiter :
• Les origines historiques de l’analyse de la demande de monnaie
• La demande de monnaie chez les classiques
• Les motifs de détention de la monnaie chez Keynes
• La demande de monnaie chez les monétaristes
• L’approche de la demande de monnaie par la vitesse de circulation

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1. Les origines historiques de l’analyse de la demande de monnaie
 L’approche la plus ancienne de la demande de monnaie est la théorie quantitative
de la monnaie
 Elles remontent au XVI siècle, au moment de l’arrivée des métaux précieux en
Europe, quand la question du rapport entre le niveau général des prix et la masse
monétaire en circulation a été placée au cœur de la problématique économique.
 Pour les classiques, la monnaie n’est pas demandée pour elle-même, mais
uniquement pour les échanges qu’elle permet de réaliser (optique
transactionnelle).
 Il y a une dichotomie entre la sphère réelle de l’économie dans la mesure où seul
l’échange de biens crée de la richesse puisque la monnaie dépensée est strictement
égale à la valeur des marchandises qu’elle permet d’acheter: La demande de monnaie
s’adapte donc à la demande de biens.

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La théorie quantitative s’est imposée au début du XXe siècle sous deux formes d'équations :
 L’équation de FISCHER (The Purchasing Power of Money, New York, 1907) :
MV = PT
Avec :
M: monnaie métallique et billets de banque en circulation; V : vitesse de circulation de la monnaie
métallique (le nombre de fois qu’elle change de mains au cours d’une même période); P : niveau
général des prix et T : volume des transactions dans l’unité de temps
Dans une économie, la monnaie qui circule (M.V) est nécessairement égale à la monnaie réclamée
par les agents économiques en contrepartie de la valeur de leurs transactions (P.T).
L’utilisation des dépôts bancaire a entrainé une évolution au niveau de l’équation de la demande de
monnaie qui devient : MV + M’V’ = PT
Avec :
M : monnaie métallique et billets de banque ; M’ : dépôts bancaires ; V : vitesse de circulation de la
monnaie métallique; V’ : vitesse de circulation des dépôts bancaires ; P : niveau général des prix et
T : volume des transactions dans l’unité de temps

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 L’équation de Cambridge (MARSHALL, PIGOU, HICKS) :
(1/P).M = KR
Avec:
M : masse monétaire
P : niveau des prix ;
1/P : pouvoir d’achat de la monnaie
K : vitesse de transformation de la monnaie en revenu
R : montant des revenus dans l’unité de temps

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2. Les oppositions théoriques sur la demande de monnaie
2.1. La demande de monnaie chez les classiques
Pour les classiques, «la monnaie est un voile », un instrument d’échange, qui n’est pas demandée
pour elle- même, mais seulement pour ce qu’elle permet d’acquérir.
• La monnaie n’est qu’un bien parmi les autres, celui qui est choisi comme étalon de référence pour
fixer la valeur des autres biens.
• Pour les prix, la production et la consommation des biens ne dépendent que des demandes et des
offres de ces biens. Il y a un équilibre sur les marchés de chacun des biens, équilibre qui ne dépend
en aucune façon du marché de la monnaie dont le seul rôle est de fixer le niveau général des prix.
• Les classiques privilégient uniquement la fonction « moyen d’échange » de la monnaie: le seul
motif de détention de la monnaie est le motif de transaction.

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2.2. Les motifs de détention de la monnaie chez Keynes
M. Keynes établit trois motifs à la détention de monnaie : le motif de transaction, le motif de
précaution et le motif de spéculation.
• Le motif de transaction : les agents demandent la monnaie pour pouvoir acheter des biens et
services compte tenu du décalage existant entre le moment où les ménages et les entreprises
perçoivent leurs revenus ou encaissent le produit de la vente des biens et services et celui où ils
les dépensent ou mettent en œuvre la production.
• Le motif de transaction fait référence aux disponibilités nécessaires aux agents pour effectuer
leurs transactions.
Appliqué aux ménages, ce motif est appelé motif de revenu:
Il correspond à la détention de monnaie rendue nécessaire par l’existence d’un intervalle de temps
entre le moment où les ménages perçoivent leurs revenus et celui où ils les dépensent.
Appliqué aux entreprises, ce motif est appelé motif professionnel:
Les entreprises doivent en effet posséder de la monnaie afin de combler l’intervalle de temps qui
sépare les dépenses engagées dans le processus productif et les recettes (on parle également de
motif professionnel).

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• Le motif de précaution :
Les agents détiennent la monnaie pour pouvoir faire face à des dépenses imprévues. Le motif
de précaution répond au besoin des agents de se prémunir contre l’imprévu, de saisir des
opportunités d’achat à prix favorable (qu’il s’agisse de biens réels ou de titres) ou de garder
un avoir en valeur nominale immuable pour faire face à une obligation future stipulée en
monnaie.
• Par rapport à la demande de monnaie, KEYNES prend en compte deux fonctions de la
monnaie à savoir la fonction d’intermédiaire des échanges et la fonction de réserve de
valeur de la monnaie. L’auteur juxtapose les deux fonctions en distinguant deux motifs
de détention de la monnaie : Le motif de transaction et le motif de précaution.
• KEYNES élargit cette notion en distinguant les encaisses de transactions liées à la
structure du système financier, aux dépenses courantes, à la fréquence, à la régularité des
recettes et leur coordination avec les paiements effectuer et les encaisses de précaution
(liées au besoin de disposer d’encaisses de transactions supplémentaires pour faire face à
des dépenses imprévues).
• La demande de monnaie pour les transactions (courantes ou imprévues) est fonction
essentiellement du revenu courant des agents économiques.

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• Le motif de spéculation : Ce motif incite les agents économiques à opérer des arbitrages entre
monnaie et titres, avec l’objectif de réaliser des plus-values en capital sur les marchés financiers.
En effet, pour KEYNES, les agents économiques conservent aussi des encaisses pour pouvoir
acheter ou vendre des obligations en fonction des gains ou pertes en capital anticipés, selon
l’évolution prévue du taux d’intérêt. La monnaie n’est plus neutre ; il existe une interaction entre
la demande de monnaie et l’activité économique puisque pour KEYNES le taux d’intérêt joue un
rôle central dans la décision d’investissement et, par ce canal, sur le niveau de l’activité.
Cette approche a donné lieu à deux extensions :
• La première est celle de BAUMOL qui a montré que même en se limitant au motif transaction, il
était possible de faire apparaitre une influence du taux de l’intérêt sur la demande de monnaie, dès que
l’on prenait en compte les coûts de transaction.
• La deuxième extension revient à TOBIN qui a montré que si l’on intégrait l’incertitude, la prise en
compte du motif de spéculation venait compatible avec l’extension au long terme du modèle
keynésien de demande de monnaie.

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2.3. La demande de monnaie chez les monétaristes
Les monétaristes et notamment Milton FRIEDMAN ont élargi l’analyse classique en faisant
de la demande de monnaie la recherche de la part optimale de la monnaie au sein du
patrimoine, au sens large, des agents économiques.
Schématiquement, le patrimoine, ou la richesse, d’un individu se compose de cinq éléments :
• La monnaie : elle se distingue des autres formes de richesse par le fait qu’elle est le seul
élément dont la valeur nominale est fixe.
• Les obligations : les actifs financiers non monétaires dont le prix varie.
• Les actions : les actifs financiers non monétaires dont le «prix» varie aussi, mais
différemment des obligations.
• Le capital physique : les biens meubles et immobiliers.
• Le capital humain : l’individu lui-même.

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Tableau n° 1: La répartition du patrimoine d’un individu

Les cinq éléments qui composent le patrimoine d’un individu


1. La monnaie : elle se distingue des autres formes de richesse par le fait qu’elle est le
seul élément dont la valeur nominale est fixe

2. Les obligations : actifs financiers non monétaires dont le prix varie


3. Les actions : actifs financiers non monétaires dont le «prix» varie aussi, mais
différemment des Obligations

4. Le capital physique : biens meubles et immobiliers


5. Le capital humain : l’individu lui-même

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• Un individu répartira les différents éléments de son patrimoine en fonction
principalement de sa richesse totale : il y a un lien entre la quantité de monnaie
conservée, le revenu et l’importance du patrimoine, des anticipations de prix et des
rendements comparés des divers éléments du patrimoine : conserver de la monnaie
permet d’économiser des coûts d’information (que nécessite une gestion visant à la
trésorerie zéro) et des coûts de transaction.

• En revanche, la monnaie est généralement peu ou pas rémunérée et elle se dévalorise


avec l’inflation, alors que les titres ou les biens réels résistent mieux à l’érosion
monétaire, de ses goûts et de ses préférences.

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3. L’approche de la demande de monnaie par la vitesse de circulation
• Dans les analyses par la demande de monnaie et par la vitesse de circulation,
l’objet est le même.
• Il s’agit d’expliquer, moyennant certaines hypothèses sur la rationalité des comportements,
l’intensité de la substitution entre la monnaie et les autres actifs réels ou financiers et la
relation entre la quantité de monnaie en circulation et les autres variables économiques.
• Dans l’approche par la « vitesse de circulation », ce qui est privilégié, ce sont les
facteurs structurels des besoins de monnaie des agents privés, facteurs qui s’imposent à
eux comme des nécessités physiques. Et ces nécessités, l’approche trouve leurs
sources dans les exigences de la circulation.
• Cette approche a donné lieu à deux formalisations distinctes : l’équation de
FISCHER et l’équation de Cambridge.

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• La notion de demande de monnaie est apparue pour la première fois avec l’Ecole
de Cambridge (A. Marshall, A.C Pigou). Selon cette école, les agents expriment
une demande de monnaie (M) proportionnelle au total des ressources (Y : revenu
national réel). Avec P le niveau des prix, et en appelant k cette proportion,
l’équation de Fisher est reformulée de la manière suivante : M = k P Y

• Contrairement à l’équation de Fisher (de nature macroéconomique), la relation de


Cambridge se place davantage dans une optique individualiste (comportements
individuels) en s’interrogeant sur les raisons qui incitent les agents à détenir des
encaisses. Il est possible de justifier la détention d’encaisses par l’absence de
synchronisation entre les recettes et les dépenses, et l’incertitude concernant
certaines dépenses futures imprévues et certaines recettes futures dont la valeur
n’est pas garantie.

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