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Débat sur l’administrateur indépendant

1 – Que dit le code Afep Medef (juin 2013)

Un administrateur est indépendant lorsqu'il n'entretient :

9.1. Aucune relation de quelque nature que ce soit avec la société, son
groupe ou sa direction, qui puisse compromettre l'exercice de sa liberté de
jugement. Ainsi, par administrateur indépendant, il faut entendre, non pas
seulement administrateur non-exécutif c'est-à-dire n'exerçant pas de
fonctions de direction de la société ou de son groupe, mais encore dépourvu
de liens d'intérêt particulier (actionnaire significatif, salarié, autre) avec ceux-
ci.

9.2. Même si la qualité du conseil d’administration ne saurait se résumer en un


pourcentage d’administrateurs indépendants, les administrateurs devant être
avant tout intègres, compétents, actifs, présents et impliqués, il est important
d'avoir au sein du conseil d’administration une proportion significative
d’administrateurs indépendants qui non seulement répond à une attente du
marché, mais également est de nature à améliorer la qualité des
délibérations.

La part des administrateurs indépendants doit être de la moitié des membres


du conseil dans les sociétés au capital dispersé et dépourvues d’actionnaires
de contrôle. Dans les sociétés contrôlées, la part des administrateurs
indépendants doit être d’au moins un tiers. Les administrateurs représentant
les actionnaires salariés ainsi que les administrateurs représentant les salariés
ne sont pas comptabilisés pour établir ces pourcentages.

9.3. La qualification d’administrateur indépendant doit être débattue par le


comité des nominations et revue chaque année par le conseil
d’administration avant la publication du rapport annuel. Il appartient au
conseil d’administration, sur proposition du comité des nominations,
d'examiner au cas par cas la situation de chacun de ses membres au regard
des critères énoncés ci-dessous, puis de porter à la connaissance des
actionnaires dans le rapport annuel et à l’assemblée générale lors de
l’élection des administrateurs, les conclusions de son examen, de telle sorte
que l'identification des administrateurs indépendants ne soit pas le fait de la
seule direction de la société mais du conseil lui-même.

Le conseil d’administration peut estimer qu'un administrateur, bien que


remplissant les critères ci-dessous, ne doit pas être qualifié d'indépendant
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compte tenu de sa situation particulière ou de celle de la société, eu égard à
son actionnariat ou pour tout autre motif.
Inversement, le conseil peut estimer qu’un administrateur ne remplissant pas
les critères ci-dessous est cependant indépendant.

9.4. Les critères que doivent examiner le comité et le conseil afin de qualifier
un administrateur d'indépendant et de prévenir les risques de conflit d’intérêts
entre l’administrateur et la direction, la société ou son groupe, sont les
suivants :

- ne pas être salarié ou dirigeant mandataire social de la société, ni salarié,


ou administrateur de sa société mère ou d'une société que celle-ci consolide
et ne pas l’avoir été au cours des cinq années précédentes ;
- ne pas être dirigeant mandataire social d’une société dans laquelle la
société détient directement ou indirectement un mandat d’administrateur ou
dans laquelle un salarié désigné en tant que tel ou un dirigeant mandataire
social de la société (actuel ou l'ayant été depuis moins de cinq ans) détient
un mandat d’administrateur ;

- ne pas être client, fournisseur, banquier d’affaires, banquier de financement


:
- significatif de la société ou de son groupe,
- ou pour lequel la société ou son groupe représente une part
significative de l’activité.

L’appréciation du caractère significatif ou non de la relation entretenue


avec la société ou son groupe doit être débattue par le conseil et les critères
ayant conduit à cette appréciation, explicités dans le document de
référence :
- ne pas avoir de lien familial proche avec un mandataire social ;
- ne pas avoir été commissaire aux comptes de l’entreprise au cours des
cinq années précédentes ;
- ne pas être administrateur de l’entreprise depuis plus de douze ans.

Bien qu’étant un dirigeant mandataire social, un président du conseil peut


être considéré comme indépendant, si la société le justifie au regard des
critères énoncés ci-dessus.

9.5. Des administrateurs représentant des actionnaires importants de la


société ou de sa société mère peuvent être considérés comme
indépendants dès lors que ces actionnaires ne participent pas au contrôle de
la société. Toutefois, au-delà d’un seuil de 10 % en capital ou en droits de
vote, le conseil, sur rapport du comité des nominations, doit s’interroger
systématiquement sur la qualification d’indépendant en tenant compte de la
composition du capital de la société et de l’existence d’un conflit d’intérêts
potentiel.
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2- La position de l’institut français des administrateurs

Référence question N° 52 - Existe-t-il une définition de l’administrateur


indépendant ?

Un membre du Conseil indépendant est un membre (a) libre d’intérêts et (b)


qui contribue, par sa compétence et sa liberté de jugement, à la capacité
du Conseil à exercer ses missions. Pour pouvoir être qualifié d’indépendant, le
membre du Conseil ne doit pas se trouver dans une situation susceptible
d’altérer son indépendance de jugement ou de le placer dans une situation
de conflit d’intérêts réel ou potentiel. Le Code Afep-Medef précise que « par
administrateur indépendant, il faut entendre, non pas seulement
administrateur non-exécutif c'est-à-dire n'exerçant pas de fonctions de
direction de la société ou de son groupe, mais encore dépourvu de liens
d'intérêt particulier (actionnaire significatif, salarié, autre) avec ceux-ci. »

La grille d’analyse établie par l’IFA approfondit, dans la droite ligne des
définitions établies par les rapports Viénot et Bouton, les critères permettant
de mettre en évidence les principales données à prendre en considération
pour qualifier un administrateur d’indépendant, ainsi que les questions
essentielles qu’un administrateur répondant à cette qualification doit se poser
dans l'exercice de son mandat.

Le Code Afep-Medef recommande que la qualification d’administrateur


indépendant soit débattue par le comité des rémunérations et revue chaque
année par le conseil avant la publication du rapport annuel. Il appartient au
conseil d’administration, sur proposition de ce comité, d'examiner au cas par
cas la situation de chacun de ses membres au regard de critères que le
Code énonce à l’article 9.4, puis de porter à la connaissance des
actionnaires dans le rapport annuel et à l’assemblée générale lors de
l’élection des administrateurs, les conclusions de son examen. De cette
manière, l'identification des administrateurs indépendants n’est pas le fait de
la seule direction de la société, mais du conseil lui-même.

Ces critères peuvent être classés en deux grandes catégories, ceux ayant un
caractère formel et objectif et ceux, plus subjectifs, concernant la
personnalité et le comportement de l’administrateur. Ces critères doivent
s’apprécier en fonction des différences de taille et de situation des
entreprises concernées. Il n’est pas forcément nécessaire de remplir tous les
critères pour être effectivement indépendant. De plus, bien qu’étant un
dirigeant mandataire social, un président du conseil peut être considéré
comme indépendant, si la société le justifie au regard des critères énoncés.
Inversement, le conseil peut estimer qu’un administrateur, bien que
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remplissant tous ces critères, ne doit pas être qualifié d'indépendant compte
tenu de sa situation particulière ou de celle de la société.

Parmi les critères formels, sont énumérés ceux qui évitent à l’administrateur
indépendant de se placer dans une situation de conflit d’intérêts avec la
société considérée ou toute société constitutive du groupe visés :

- ne pas avoir de relation salariale ou occuper une fonction exécutive


(dirigeant mandataire social, administrateur de sa société mère ou d’une
société que celle-ci consolide), et ne pas l’avoir été au cours des cinq
années précédentes ;

- ne pas être dirigeant mandataire social d’une société dans laquelle la


société détient directement ou indirectement un mandat d’administrateur,
ou dans laquelle un salarié désigné en tant que tel ou un dirigeant
mandataire social de la société (actuel ou l'ayant été depuis moins de cinq
ans) détient un mandat d’administrateur ;

- ne pas être ou représenter un actionnaire substantiel ;

- ne pas être ou représenter, de façon significative, un partenaire


commercial (client, fournisseur) ou financier (banquier d’affaires, banquier de
financement), une partie prenante, un consultant ;

- ne pas avoir un lien de parenté proche avec un actionnaire important ou


un membre dirigeant ;

- ne pas avoir de relations privilégiées avec ces derniers (réseaux d’influence


communs, intérêts partagés…) ;

- ne pas avoir été commissaire aux comptes de la société au cours des cinq
années précédentes ;

- ne pas siéger dans un Conseil trop longtemps : il est ainsi recommandé que
le membre du Conseil indépendant ne soit pas membre administrateur de la
société depuis plus de douze ans. Lorsque la société n’applique pas cette
recommandation, il lui appartient d’en expliquer les raisons.

Le respect de l’ensemble de ces critères est soumis à la règle «appliquer ou


expliquer» (« comply or explain »).

Viennent ensuite les critères plus subjectifs : la compétence et l’expérience


de l’administrateur, sa force de caractère et son indépendance d’esprit, ses
conditions de travail. Concernant ce dernier aspect, trois questions méritent
une attention particulière : l’octroi de moyens propres de fonctionnement au
Conseil d’administration ; des facilités d’accès à l’information pour les
membres du Conseil ; des conditions d’organisation des débats
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transparentes, respectueuses du travail des administrateurs, avec une
retranscription fidèle de la réalité.

3- le débat

N'est pas administrateur indépendant qui veut

LE MONDE | 13.07.2010 à 13h32 | Par Claire Gatinois (Ecofrictions)

Les administrateurs indépendants sont-ils aussi indépendants qu'on le prétend


? Dans son rapport annuel sur la bonne gouvernance d'entreprise rendu
public, lundi 12 juillet, l'Autorité des marchés financiers (AMF) se pose
sérieusement la question. Sur l'échantillon représentatif de 60 entreprises du
CAC 40 et du SBF 120 étudié par le régulateur, 100 % mentionnent la présence
d'un administrateur indépendant (rémunéré en moyenne 58 000 euros en
jetons de présence au sein du CAC 40). S'il s'agit d'un réel progrès, il reste à
s'assurer que les entreprises sont sincères. Or, l'indépendance est parfois une
notion très subjective.

(…) Jean-Pierre Jouyet, président de l'AMF. "Il faut, dit-il que les sociétés soient
plus précises, en indiquant tout ce qui peut donner lieu à de possibles conflits
d'intérêts comme les liens d'affaires qui peuvent exister entre un
administrateur et la société et l'existence, parfois, de certains liens personnels."
"C'est le travail de l'AMF de vérifier la bonne application du code", ajoute-t-il.

Le respect des règles édictées par l'organisation patronale n'est pas une
obligation. Les sociétés peuvent y déroger à condition d'argumenter,
obéissant ainsi au principe "appliquer ou expliquer". Selon l'AMF, 32 % des
sociétés s'éloignent des directives de l'Afep-Medef en donnant des
explications "trop peu circonstanciées, voire inexistantes". L'AMF mentionne
quatre cas frappants. Notamment celui d'une société où il est indiqué que la
détention d'un mandat depuis plus de douze ans d'un administrateur "n'a pas
paru" remettre en cause son indépendance. "Et alors ?", s'agace M. Jouyet.

La proximité, voire la "consanguinité" entre ces sages censés éviter les dérives
de la direction et les patrons est régulièrement pointée du doigt par les
experts. La société de conseil aux investisseurs Proxinvest note ainsi un "gros
décalage" entre ce qu'affirment les sociétés et les bonnes pratiques.

Proxinvest relève notamment qu'au sein du conseil de la banque BNP Paribas,


siège Laurence Parisot, la présidente du Medef, en tant que membre
indépendant. "C'est tout de même choquant, estime Charles Pinel, directeur
associé chez Proxinvest, du fait de ses fonctions au Medef, Mme Parisot ne
peut pas être totalement libre de ses décisions."
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Proxinvest dénonce aussi la présence de banquiers comme Michel Pébereau,
président de BNP Paribas chez Total. "Même si elle n'est pas mandatée, une
banque est d'emblée suspectée de vouloir offrir ses services à une société"
explique M. Pinel. "Il s'agit de procès d'intention, reconnaît-il, mais mieux vaut
s'abstenir de faire alors mention d'une prétendue indépendance". C'est
encore au sein du groupe pétrolier que le critère d'ancienneté de plus de
douze ans, faisant déchoir l'indépendance d'un administrateur, "n'a pas été
appliqué", "en raison de l'expérience et de l'autorité apportées au Conseil qui
confortent l'indépendance de l'administrateur concerné"...

Pour Daniel Lebègue, président de l'Institut français des administrateurs (IFA),


le rappel à l'ordre de l'AMF est bienvenu. Il y a quatre ans, l'IFA avait identifié
entre 15 % et 20 % de sociétés qui revendiquaient des administrateurs
indépendants qui ne l'étaient pas au regard du code Afep-Medef. "Nous
avions alors demandé à l'AMF de vérifier la fiabilité et la sincérité des
informations données par les entreprises", rappelle M. Lebègue. Sans suite. "Si
l'AMF fait son travail, la boucle sera bouclée", indique-t-il.

Colette Neuville porte-parole des petits actionnaires a, elle, une autre


opinion. "Indépendant ou non, ce qui compte c'est qu'un administrateur soit
enquiquinant", résume-t-elle.

Les administrateurs indépendants de Renault s'expriment

Reuters – jeu. 5 nov. 2015

Reuters - Les administrateurs indépendants de Renault ont publié un


communiqué pour rappeler que le conseil d'administration du groupe
considère l'adoption des droits de vote doubles par l'Etat comme un
facteur …plus pouvant déstabiliser l'alliance avec Nissan. "Le conseil
considère cette alliance comme essentielle pour la pérennité de Renault et
l'adoption des droits de vote doubles de nature à la déstabiliser", disent-ils.

PARIS (Reuters) - Les administrateurs indépendants de Renault ont publié un


communiqué pour rappeler que le conseil d'administration du groupe
considère l'adoption des droits de vote doubles par l'Etat comme un facteur
pouvant déstabiliser l'alliance avec Nissan

"Les administrateurs indépendants de Renault n'entendent en rien polémiquer


sur les déclarations qui peuvent être faites sur l'avenir du groupe", déclarent-ils
dans ce communiqué daté de mercredi. "Le conseil considère cette alliance
comme essentielle pour la pérennité de Renault et l'adoption des droits de
vote doubles de nature à la déstabiliser."

C'est la première fois que les dix administrateurs prennent publiquement la


parole sur le bras de fer que se livrent depuis plusieurs mois le PDG de Renault
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Carlos Ghosn et le ministre de l'Economie Emmanuel Macron sur l'évolution
future de l'alliance franco-japonaise.

La crise a éclaté au grand jour en avril lorsque l'Etat français, principal


actionnaire, est monté au capital de Renault pour s'assurer à partir de mars
prochain les droits de vote doubles prévus par la loi Florange.

Selon des sources au fait du dossier, Carlos Ghosn a ignoré jusqu'ici la


demande française visant à créer un groupe de travail conjoint pour
préparer une fusion sur des termes fixés par le gouvernement.

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