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Cours de Droit des affaires

Sciences Economiques et Gestion


« Parcours Gestion »

Semestre 5

Section B

Professeur Kawtar NFISSI

Année Universitaire 2020-2021


Titre II
La société anonyme : modèle par excellence des
sociétés de capitaux

Dans les sociétés de capitaux la personne de l’associé importe moins que les capitaux
apportés. Elle est même souvent indifférente. Ce que visent ces sociétés, c’est le
rassemblement des capitaux en quantité suffisante pour financer les activités des entreprises
de grande envergure. Cet objectif justifie que les pouvoirs publics portent une plus grande
attention à ces formes de sociétés qu’aux sociétés de personnes dont l’organisation reste
fondée sur le pacte social.
Dans les sociétés de capitaux, le risque et la responsabilité de chaque actionnaire sont limités
au montant de son apport. L’action qu’il reçoit en contrepartie de son apport est en principe
librement négociable. La société survit au décès d’un associé.
Il existe différents types de sociétés de capitaux qui ne répondent pas toutes aux mêmes
objectifs et n’exigent pas toutes le même degré de réglementation. Ainsi, dans les sociétés en
commandite par actions (SCA) le régime des commandités reste proche de celui des associés
en nom collectif.
De même, en créant la société par actions simplifiée (SAS), le législateur a cherché à alléger
le régime de certaines sociétés de capitaux grâce à la grande liberté contractuelle qu’offre
cette frome de société.
Quant à la SA, elle est le type même de la société de capitaux. C’est une remarquable machine
juridique mise au service de l’économie capitaliste.
La société anonyme est une société commerciale par la forme quel que soit son objet, et dans
laquelle les associés appelés « actionnaires » possèdent un droit représenté par un titre
négociable. Les actionnaires dont la personne importe peu sont de simples bailleurs de fonds.
Dans les grandes sociétés dont les titres sont négociables à la bourse de valeurs, ils sont
animés par la seule pensée de faire un placement et changent sans cesse. Ils se désintéressent
de l’administration et n’assistent même pas aux assemblées.
La société ne les connait pas, ils sont anonymes d’où le nom donné à cette forme de société.
Cette dépersonnalisation atteint son maximum lorsque les actionnaires ne sont plus des
personnes physiques, mais des personnes morales.
La SA peut être constituée avec ou sans appel public à l’épargne. Dans les sociétés fermées, le
capital social minimum est de 300 mille DH, alors qu’il est de trois millions de DH dans les
SA faisant APE.
Au Maroc c’est la loi 17-95 du 30 août 1996 qui constitue le texte législatif de base en matière
de société anonyme. Certaines dispositions de cette loi ont été modifiées et complétées par la
loi 20-05 du 23 mai 2008.

Chapitre 1. Les organes de gestion de la SA


La loi 17-95 du 30 août 1996 laisse aux actionnaires un choix absolument libre entre deux
modes de gouvernance de la société anonyme :
Le mode classique qui désigne l’administration confiée à un conseil et la direction dévolue à
un président unique.
Le mode moderne inspiré du droit français, qui organise une séparation plus rigoureuse entre
la direction assurée par le directoire et un directeur unique, et une surveillance exercée par un
organe collégial : le conseil de surveillance.
Au sein de ces deux structures, les dirigeants des SA sont investis des pouvoirs très étendus et
encourent en contrepartie une responsabilité lourde.

Section 1. Les pouvoirs des dirigeants de la SA


Les dirigeants de la SA assument une double fonction de direction économique et de
représentation de la société.
La direction économique correspond à la gestion quotidienne de la société. Elle consiste à
embaucher les salariés, assurer la production et la commercialisation des produits, gérer la
trésorerie et établir les stratégies d’investissement et de financement.
Quant à la fonction de représentation, elle consiste à ce que le dirigeant agisse au nom de la
société à l’égard des tiers.
Les dirigeants de la SA disposent des pouvoirs très étendus, mais cette étendue de pouvoirs
doit être exercée dans les limites posées par la loi et celles convenues dans les statuts, ainsi
que dans le respect de l’intérêt social.
§1/ La SA moniste
Cette forme de gestion traditionnelle était la seule connue au Maroc jusqu’à la loi 17-95 du 30
août 1996. La gestion repose sur deux organes : l’administration est assurée par un conseil
composé des administrateurs et présidé par un président d’une part, et la direction assurée par
une personne physique unique d’autre part.

A/ Le conseil d’administration
Le CA est composé de 3 à 12 membres. Ce nombre est fixé par les statuts selon les besoins de
la société. Il est porté à 15 si la SA est cotée en bourse (art. 39).
Le CA est un organe collégial délibérant qui agit au nom et pour le compte de la société. Il est
convoqué par son président mais aussi par le CAC en cas de défaillance du président (art.73).
Le CA doit impérativement se réunir pour pouvoir délibérer, et il ne peut délibérer
valablement que si la moitié au moins de ses membres sont présents (art. 50).
Le CA est investi à la fois des attributions générales et des attributions qui ont un caractère
spéciale.

1. Attributions générales : le CA a une compétence générale pour la gestion de la société


(art. 69). C’est un organe intermittent qui a pour mission principale de définir les objectifs et
les grandes orientations de la politique de la société, à autoriser les actes les plus graves et à
surveiller la conduite des affaires sociales. Cependant ces pouvoirs connaissent une double
limite :
*D’abord le CA ne peut pas empiéter sur les attributions réservées aux assemblées
d’actionnaires par la loi ou par les statuts.
*Ensuite le conseil ne doit pas non plus empiéter sur les prérogatives de son président.

2. Attributions spéciales :
*Vis-à-vis des organes sociaux, le CA nomme et révoque les administrateurs, le président, le
directeur général et détermine l’étendue de leurs pouvoirs.
*Vis-à-vis des assemblées générales, Il assure le bon fonctionnement de celles-ci en les
convoquant et en fixant l’ordre du jour. Il établit chaque année les comptes de l’exercice clos
qui seront approuvés par l’AG et propose l’affectation des résultats. Il présente à l’AG un
certain nombre de rapports spéciaux concernant les décisions graves de la vie sociale. Il donne
également son autorisation sur les conventions passées par la société.
*Dans le domaine financier, le CA détermine la rémunération de son président et celle du
directeur général (art. 65 et 67). Il répartit entre les administrateurs les jetons de présence et
leur attribue des rémunérations exceptionnelles pour les missions confiées (art. 55).
Enfin, le CA autorise les cautions, avals et garanties donnés par le président pour le compte de
la société (art. 70).

B/ Le président du conseil d’administration


Le CA qui est un organe collégial est amené dans la pratique à désigner une personne
physique chargée de préparer et d’exécuter ses décisions : C’est le président du conseil.
Ce président est obligatoirement administrateur, donc actionnaire. Il est désigné par le conseil
et détient ses attributions des dispositions impératives de la loi. Il est nécessairement une
personne physique sous peine de nullité de la nomination et il est indéfiniment rééligible.
La rémunération du président est fixée par le CA. En qualité d’administrateur, il reçoit une
part de jetons de présence ; cette part est habituellement double par rapport à celle des autres
administrateurs.
Le président du CA est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances
au nom de la société, mais toujours dans le cadre de l’objet social.
Il a le droit d’intervenir dans les décisions concernant la vie sociale. Il signe les contrats,
représente la société en justice, accepte les lettres de change et émet les chèques. Il convoque
le CA et le préside, fixe l’ordre du jour et dirige les débats. Le président peut se faire assister
dans l’exercice de ses missions de directeurs généraux (art.67).

C/ Le directeur général
En vue de renforcer l’équilibre entre les organes sociaux, la loi 20-05 a apporté comme
amendement sur la loi 17-95 la faculté de dissociation entre les fonctions du président du CA
et celles du directeur général qui étaient exercées auparavant par une seule personne qui est le
PDG. L’article 67 tel qu’il a été modifié par cette loi dispose que le CA a le droit de choisir
que les fonctions de présidence du CA et celles de directeur général soient exercées par deux
personnes différentes.
Cette dissociation peut être justifiée par le souci d’assurer plus de transparence dans l’exercice
indépendant des missions de présidence et de direction générale de la SA et de répartir les
responsabilités de manière claire et non équivoque.
Dans le système de gouvernance dissocié, le directeur général est un nouvel organe social qui
a son propre statut et ses propres pouvoirs qui découlent de la loi. Il est nommé par décision
du conseil d’administration et il ne peut être qu’une personne physique. Il n’est pas obligé par
la loi d’être administrateur, non plus un actionnaire ; donc il peut être un manager externe.
Enfin, il peut avoir la qualité de président du conseil d’administrateur.
Si le directeur général est en même temps administrateur, il ne peut pas être salarié de la
société. Mais s’il est choisi en dehors du conseil d’administration, il peut cumuler son mandat
avec un contrat de travail à condition d’exercer un emploi effectif et subordonné.
La durée des fonctions du directeur général est fixée par le conseil d’administration qui peut
le révoquer à tout moment, alors qu’avant la loi 20/05 de 2008 sa révocation pouvait être
proposée par le président du conseil d’administration.
La nature des taches que le directeur général est appelé à accomplir lui confère deux qualités :
-Un chef d’entreprise qui a la qualité d’employeur, car il embauche et licencie les salariés,
reçoit les délégués du personnel et négocie les accords d’entreprises.
-Un représentant légal de la société à l’égard des tiers car il signe les contrats, passe les
commandes, agit en justice au nom de la société.

D/ Le directeur général délégué


Le directeur général est assisté dans l’exercice de ses fonctions de directeurs généraux
délégués qui ont la faculté de représenter légalement la société sur proposition du directeur
général.
Le directeur général délégué n’est pas obligé d’être actionnaire ou administrateur et il peut
avoir cette qualité dans plusieurs sociétés. Il a une simple mission d’assistance. Donc il n’a
pas de pouvoirs propres mais seulement des pouvoirs délégués définis par le conseil
d’administration en accord avec la directeur général.

E/ Les administrateurs
Les administrateurs de la SA composent un collège de 3 à 12 personnes chargées de gérer
collectivement la société. Les administrateurs sont élus par l’AGO.
La durée de leur fonction est de 3ans lorsqu’ils sont désignés dans les statuts et de 6 ans en
cas de nomination par l’AG. Ce mandat est renouvelable.
Ils peuvent être des personnes physiques ou morales. Mais si l’administrateur est une
personne morale, il doit désigner une personne physique comme représentant permanent.
Les administrateurs sont des actionnaires, et ils ne peuvent être salariés de la société qu’ils
gèrent que si le contrat de travail correspond à un emploi effectif (art. 43).
Ils sont rémunérés par des jetons de présence fixés par l’AGO.
Les administrateurs doivent au sein du conseil gérer la société. Ils jouissent d’un droit
d’information et d’un pouvoir d’investigation direct et absolu sur les affaires sociales.
Ils doivent assister aux séances du CA, l’avertir au cas où ils concluraient une convention
avec la société.
Dans l’accomplissement de leur mission, les administrateurs doivent respecter l’obligation de
discrétion relative au secret professionnel et ne doivent pas faire concurrence à la société.

§2/La SA dualiste
Dans l’organisation moderne de la SA, on distingue d’une part le directoire, organe collégial
qui réunit les pouvoirs d’administration active et de direction, et d’autre part un conseil de
surveillance qui contrôle la gestion assurée par le directoire et autorise les actes les plus
graves.
Dans les SA dotées de cette organisation, la dénomination doit être précédée ou suivie par
cette énonciation : « Société anonyme à directoire et conseil de surveillance » (art. 77).

A/ Le directoire
Le directoire est chargé de la direction générale de la société. Il a à sa tête un président et il est
composé de plusieurs membres.

1. Le président du directoire :
C’est le président du directoire qui doit représenter la société auprès des tiers, il est désigné
par le CS (art. 103). Il est chargé d’exécuter les décisions prises par le directoire dans la limite
de ses compétences. Il n’a aucun pouvoir légal de décision.
Le président du directoire cumule les attributions dévolues au président du CA et certaines
compétences du CA lui-même. Ainsi, il convoque l’AG et fixe l’ordre du jour, dresse les
comptes annuels, présente à l’AG un rapport annuel de gestion concernant la marche de la
société, il présente des rapports trimestriels au CS et un certain nombre de rapports spéciaux.
1. Les membres du directoire :
Le directoire est composé de 5 membres, ce nombre peut être porté à 7 par les statuts lorsque
la SA est cotée en bourse (art. 78). Ce sont obligatoirement des personnes physiques ; ils
n’ont pas besoins d'être actionnaires et ils peuvent être salariés de la société (art. 79).
Les membres du directoire sont nommés par le CS qui confère à l’un deux la qualité de
président. La durée de leur mandat est fixée par les statuts entre 2 et 6 ans, et dans le silence
des statuts elle est fixée à 4 ans. Ils sont rééligibles. Leur révocation par l’AG ne peut être
décidée que sur proposition du CS. Ce dernier fixe le mode et le montant de la rémunération
de chacun des membres du directoire.

B/ Le conseil de surveillance
Le CS n’est pas tout à fait exclu de la gestion interne de la société bien que sa mission de
contrôle reste prépondérante. Il a pour mission d’exercer le contrôle permanent de la
régularité de la gestion par le biais du directoire et sa conformité aux lois et aux règlements
(art.104). Il apprécie la bonne marche de l’entreprise, fixe les grands objectifs de la politique
sociale et contrôle les résultats a posteriori.
Le CS est chargé de convoquer l’AG (art. 116), autorise les conventions passées par la société
(art. 95), autorise également les cautions avals et garanties donnés par le directoire (art. 104)
et décide le déplacement du siège social (art. 105).

1. Le président du conseil de surveillance :


Le CS élit en son sein un président et un vice président, ce sont obligatoirement des personnes
physiques. Ils exercent leurs fonctions pendant la durée du mandat du CS.
Le président du CS a un pouvoir limité : il convoque le CS, préside les AG et avise le CAC
des conventions autorisées par le CS (art. 97).

2. Les membres du conseil de surveillance :


Le CS est composé de 3 à 12 membres, le nombre est porté à 15 dans les SA cotées. Les
premiers membres sont élus dans les statuts lors de la constitution de la société, et les autres
par l’AGO en cours de vie sociale. En cas de fusion, ils sont nommés par l’AGE.
Les membres du CS sont obligatoirement actionnaires, mais ne peuvent en aucun cas être
salariés de la société.
Une personne morale peut être membre du CS, mais à condition d’être représentée par une
personne physique permanente.
La durée des fonctions des membres du CS est fixée par les statuts sans pouvoir excéder 6ans.
Ils sont rééligibles, révocables par l’AGO et ont le droit de démissionner.
Ils sont rémunérés par des jetons de présence et des honoraires exceptionnels pour des
missions spéciales (arts. 92- 93).

Section 2. La responsabilité des dirigeants de la SA


Le législateur marocain a mis en place un régime strict de responsabilité des dirigeants, pour
assurer la sécurité des transactions et pour protéger la société elle-même, les actionnaires et
les créanciers de tout préjudice que peut causer la mauvaise administration de la société.
La responsabilité des dirigeants est nécessaire et doit être effective, même si parfois elle se
révèle inefficace. Elle se heurte souvent à l’insolvabilité des dirigeants.
Cette responsabilité peut être engagée à la fois en matière civile qu’en matière pénale.

§1/ La responsabilité civile


Les dirigeants sociaux sont responsables des fautes commises par eux dans l’exercice de leurs
missions : d’une part en cas de violation d’une disposition légale, règlementaire ou statutaire,
et d’autre part en cas de mauvaise administration de la société par imprudence ou négligence
(art. 352).
La responsabilité civile des dirigeants ne peut être engagée que s’il existe une faute de leur
part, un dommage subi par le demandeur, et un lien de causalité entre la faute et le
dommage.
0Dans la structure traditionnelle, la responsabilité incombe aux administrateurs et aux
directeurs généraux, alors que dans la structure nouvelle la responsabilité incombe aux
membres du directoire, alors que celle des membres du conseil de surveillance ne peut être
engagée que pour défaut de surveillance à l’égard du directoire.
Les dirigeants sont responsables individuellement et solidairement envers la société et envers
les tiers uniquement pour les actes accomplis pendant leur mandat. Mais si une situation
dommageable apparue après la cessation de leurs fonctions est la conséquence de leur
mauvaise gestion antérieure, la responsabilité des dirigeants peut être engagée dans ce cas.
L’action en responsabilité ne peut appartenir qu’à la personne lésée. Cette personne peut être
la société elle-même, un actionnaire ou un tiers.
§2/ La responsabilité pénale
Vu le régime légère de la responsabilité civile en matière de sociétés, le législateur l’a doublé
d’une responsabilité pénale qui un rôle à la fois répressif et préventif.
La responsabilité pénale n’est retenue que si la mauvaise foi des dirigeants est établie. Il faut
un élément intentionnel constitutif de l’infraction.
Dans la structure traditionnelle, les personnes responsables peuvent être le président du CA,
les administrateurs et les directeurs généraux, ainsi que toute personne interposée qui a exercé
la direction et l’administration à leur place (art. 373).
Dans la structure nouvelle, les mêmes dispositions sont applicables aux membres du directoire
et du conseil de surveillance.
En cas de liquidation de la société, le liquidateur encourt la même responsabilité que les
dirigeants.
Parmi les infractions légalement sanctionnées, on peut citer :
1. L’acte qui consiste à induire en erreur les actionnaires ou les tiers sur la situation véritable
de la société comme la présentation d’un bilan inexact, la distribution de dividendes fictifs
(art. 384), l’omission ou le refus de convoquer l’AG, la répartition de l’actif avant
l’apurement du passif lors de la liquidation de la société (art. 421- 424)…etc.
2. La mise en obstacle des contrôles de gestion qui doivent s’exercer par les actionnaires au
sein des assemblées, et par les CAC dans le cadre de leur mission légale.
Dans ce cas seront sanctionnés les dirigeants qui ont empêché un actionnaire de participer à
une AG, ceux qui n’auront pas respecté les dispositions régissant le droit de vote (art. 387), et
ceux qui n’auront pas provoqué la désignation du CAC (art. 403).
3. L’usage des biens ou du crédit de la société à des fins personnelles et contrairement à
l’intérêt social comme le fait pour un dirigeant de se faire rembourser des frais de
déplacement qui ne sont pas réels, ou le fait de s’attribuer des fonds de la société pour régler
les honoraires de son avocat…etc.
Ces infractions ne peuvent donner lieu à sanction que s’il est prouvé que le dirigeant en
question les a commises intentionnellement, délibérément et en connaissance de cause.
Chapitre 2. Les assemblées d’actionnaires

L'Assemblée Générale est le rassemblement de l'ensemble des membres d'une société afin de
prendre des décisions.
C’est l’organe supérieure de la société, c’est elle qui prend les décisions dépassant la gestion
quotidienne, qui désigne la plupart des autres organes et qui met fin à leurs fonctions. C’est
elle qui a seule compétence pour modifier les statuts.
L’assemblée générale est un organe intermittent. Elle ne siège pas de manière permanente. La
fréquence normale de la réunion est annuelle.
L’assemblée générale demeure le lieu d’exercice du pouvoir suprême, et son contrôle permet
d’assurer la direction de la société.
Or, que la société fasse ou non APE, elle doit réunir au moins une fois par an une AGO.
Si les dirigeants souhaitent modifier les statuts, une AGE doit être convoquée.
Lorsque la société se constitue en faisant APE, une assemblée générale constitutive doit être
convoquée par les fondateurs.

Section 1/ L’Assemblée Générale Ordinaire


C’est l’assemblée de droit commun. Elle a compétence pour toutes les décisions autres que la
gestion courante et que la modification des statuts.
Caractère obligatoire : L’AGO doit obligatoirement être réunie au moins une fois par an,
dans les 6mois de clôture de l’exercice, sous réserve de la prolongation judiciaire de ce délai.
Lorsqu’ en cas d’urgence il est impossible d’attendre le terme de cette assemblée annuelle,
l’AGO est convoqué extraordinairement.
La réunion de l’assemblée ordinaire est régie par une règlementation relativement complexe
qui tend à garantir les droits des actionnaires, même si elle n’y parvient pas de façon parfaite.

§1/ Tenue et Compétence de l’AGO


L’AGO ne peut être réunie qu’après l’établissement par les dirigeants de l’inventaire et du
bilan, soit quelques mois après la clôture de l’exercice. La loi prévoit un délai maximum de 6
mois qui peut être prorogé par ordonnance du président du tribunal statuant en référé, sur
requête du CA ou du CS. (Tenue)
Le particularisme de cette assemblée annuelle se traduit essentiellement par la compétence
spéciale qui lui est reconnue par la loi. (Compétence)

A/ Tenue de l’AGO
L’assemblée se tient généralement au siège social.
Une feuille de présence doit être signée par les actionnaires présents ou leurs mandataires.
Cette feuille de présence fournit tous les renseignements utiles sur les participants et permet
de savoir si le quorum prévu par la loi ou les statuts a bien été réuni (art. 134, L. 17-95).

1. Quorum et majorité :
L’AGO de la SA ne peu valablement délibérer que si les actionnaires présents ou représentés
détiennent au moins le ¼ des actions ayant le droit de vote.
L’AG de la SA statue à la majorité des voix dont disposent les actionnaires présents ou
représentés. Il s’agit d’une majorité absolue, c'est-à-dire la moitié des voix plus une.

2. Procès verbal :
Les délibérations de l’assemblée sont constatées par un procès verbal rédigé par le
secrétaire du bureau et signé par les membres de ce bureau.
Ce PV est établi sur un registre spécial conservé au siège social. Ce document joue un rôle
important, il permet de contrôler la régularité de l’assemblée et de prouver le contenu des
délibérations.
Les procès-verbaux d'assemblées, font foi jusqu'à preuve contraire du contenu des
délibérations et décisions prises par la collectivité des actionnaires.

B/ Les attributions de l’AGO


L’AGO a compétence pour toutes les questions qui n’entrainent pas une modification des
statuts. Elle doit statuer sur toutes les questions relatives aux comptes sociaux (comptes
annuels ou comptes consolidés). Après approbation des comptes, elle fixe les dividendes.
Elle prend également les décisions les plus importantes relatives aux organes sociaux : elle
nomme, remplace et révoque les dirigeants ; elle ratifie la cooptation des nouveaux
administrateurs. C’est elle également qui désigne les CAC en cours de vie sociale.
Si l’AGO n’a pas vocation à s’occuper de la gestion courante de la société, qui est du ressort
des organes de direction.
Les statuts peuvent aussi prévoir que certains actes ou certaines opérations estimées
dangereux ou trop importants pour être pris par les seuls dirigeants doivent être autorisés par
l’AGO, comme par exemple l’émission d’un emprunt obligataire ou la conclusion d’une
convention réglementée, ou encore l’achat par la société de ses propres actions.

§2/ Fonctionnement de l’AGO

A/ Règles de convocation et d’admission à l’AGO (art. 116, L. 17-95)


Les règles de la convocation de l’AGO des SA sont fixées par la loi.
Lorsque la vie sociale se déroule normalement, ce sont les dirigeants qui convoquent l’AGO.
C’est le CA dans le type moniste qui a compétence pour convoquer l’AG. Cette convocation
ne saurait émaner du président seul.
Dans la structure dualiste, le directoire et le CS ont une compétence concurrente pour
convoquer l’assemblée.
Plus exceptionnellement, les CAC peuvent convoquer l’AG si les organes de gestion
négligent ou sont dans l’impossibilité de faire la convocation.
Un mandataire désigné en justice par le président du tribunal peut également le faire en cas de
différents entre les actionnaires et les dirigeants.
La convocation peut émaner aussi de tout intéressé (actionnaire, obligataire ou créancier
ordinaire en cas d’urgence.).
Lors de la liquidation de la société, c’est le liquidateur qui est chargé de convoquer l’AGO.
Les actionnaires doivent être convoqués au minimum 15J à l’avance sur première convocation
et 8J à l’avance sur deuxième convocation.
L’avis de convocation doit indiquer le jour, l’heure et le lieu de réunion de l’assemblée. En
principe, le lieu est le siège social.
L’élément essentiel de l’avis de convocation est l’ordre du jour. Il fixe la compétence de
l’assemblée, la liste des questions sur lesquelles les actionnaires seront appelés à délibérer et à
voter.
B/ Participation à l’AGO
Tout actionnaire peut en principe participer à l’AGO sans aucune discrimination entre les
différentes catégories d’actions. C’est là qu’il exerce les prérogatives de contrôle qui sont les
siennes.
Pour participer à l’assemblée, il appartient à chaque intéressé de prouver sa qualité
d’actionnaire.
Les actionnaires absents peuvent se faire représenter en assemblée par un mandataire. Celui-ci
ne peut être que leur conjoint, un ascendant ou descendant ou un autre actionnaire (art. 131,
al. 1, L. 17-95).
Le mandat est donné pour une seule assemblée, mais il peut être donné pour deux assemblées,
l’une ordinaire et l’autre extraordinaire tenue le même jour ou dans un délai de 15 jours.

Section2/ L’Assemblée Générale Extraordinaire


Le critère de répartition des compétences entre les AGO et les AGE est un critère d’ordre
juridique : l’AGE est compétente pour modifier les statuts dans toutes leurs dispositions.
La tenue d'une assemblée générale extraordinaire répond à un grand formalisme et notamment
à des règles de majorité très strictes.
La possibilité de modifier les statuts à la majorité permet l’adaptation des sociétés à
l’évolution de l’économie. Elle est nécessaire à leur bon fonctionnement et n’affecte pas
l’existence de la personnalité morale.
Or, la compétence respective des AGO et des AGE ne se fonde pas sur un critère tiré de
l’importance de la décision au point de vue de la gestion.

§1/ Organisation de l’AGE


Tout actionnaire a le droit de participer aux AGE même s’il n’a qu’une action. La règle est
d’ordre public et les clauses contraires sont réputées non écrites.
L’AGE obéit aux mêmes règles de convocation que l’AGO. Cependant les conditions de
quorum et de majorité sont plus strictes (art. 110, al. 2, L. 17-96). Le quorum est relevé et la
majorité est qualifiée en raison de l’importance des décisions prises au sein de ces assemblées
et de leur impact sur le fonctionnement des sociétés.
L’assemblée ne délibère valablement sur première convocation que si la moitié du capital
social est présente ou représentée. Sur seconde convocation, le quorum est d’un ¼. La loi ne
permet pas de descendre au dessous de ce quorum.
Il n’y a pas d’AGE sans quorum, contrairement à l’AGO.
La majorité est plus élevée (renforcée). Elle est des 2/3 des voix dont disposent les
actionnaires présents ou représentés (art. 110, al. 3, L. 17-95). Cette disposition est
impérative.
Cette règle de la majorité marque le triomphe de la conception institutionnelle de la société. Si
l’on était resté fidèle à la conception contractuelle, le pacte social ne pourrait être modifiée
qu’à l’unanimité des cocontractants ; les nécessités de la vie sociale l’ont emporté sur le
respect des conventions.
Un actionnaire de la SA a une minorité de blocage s’il dispose du 1/3 des actions plus une. Il
peut ainsi s’opposer à toute modification statutaire qu’il n’approuve pas.
Inversement, tout actionnaire détenant 66°/° des actions plus une a le contrôle absolu d’une
SA.

§2/ Compétence de l’AGE


Aux conditions de quorum et de majorité requises par la loi, l’AGE peut modifier les statuts
dans toutes leurs dispositions.
Le pouvoir de cette assemblée est considérable, puisque non seulement elle peut apporter des
retouches formelles aux statuts, mais surtout elle peut modifier de façon très importante le
pacte social auquel chaque actionnaire a adhéré individuellement lors de son entrée dans la
société, en décidant une dissolution anticipée, des modifications du capital social, un
changement de l’objet social…etc.
Cependant, le principe de la compétence absolue et exclusive de l’AGE supporte des
exceptions qui jouent en sens contraire:
- La compétence de principe de l’AGE se heurte aux droits individuels des actionnaires qui
bénéficient de prérogatives irréductibles. Ainsi, elle ne peut pas décider de l’exclusion d’un
actionnaire de la société, de le priver de son droit de vote, de lui interdire de céder ses actions
ou de l’empêcher d’agir en justice contre la société, tout cela sous réserve des exceptions
strictement prévues par la loi.
- L’assemblée ne peut pas augmenter les engagements des actionnaires (art. 110, al. 1, L.
17-95), pas plus qu’elle ne peut aggraver leur obligation au passif, en décidant par exemple la
transformation de la SA en SNC (art. 220, al. 1, L. 17-95).
- L’AGE ne peut pas changer la nationalité de la société (art. 110, al. 1, L. 17-95).
Section 3/ Publicité des décisions des AG
Les décisions des AG ne sont opposables aux tiers qu’après avoir été publiées.
En effet, les statuts dans leur rédaction initiale, avait été portés à la connaissance des tiers. Si
la publicité veut jouer un rôle, elle doit les tenir au courant des modifications au fur et à
mesure qu’elles se produisent ; sinon, elle serait plus dangereuse qu’utile, car des
renseignements périmés sont des renseignements inexacts.
Les modifications statutaires sont soumises aux mêmes formalités de publicité que celles qui
étaient suivies lors de la constitution de la société.
*Insertion dans un JAL,
*Déclaration de conformité,
*Dépôt au greffe des PV,
*Inscription modificative au registre de commerce.

Section4/ L’Assemblée Constitutive


Cette assemblée n’est requise qu’en cas de constitution de la société avec APE. Tous les
souscripteurs qui ne se connaissent pas encore les uns les autres vont être réunis en une
assemblée générale dite constitutive. Chacun des souscripteurs peut y assister.
Cette assemblée constate que le capital est entièrement libéré et que les versements requis par
la loi ont été effectués. Elle statue sur les apports en nature et les avantages particuliers.
Si elle les approuve, elle peut adopter les statuts. Reste alors à désigner les premiers organes
de la société, c'est-à-dire les organes de gestion et les organes de contrôle.
Lorsque ceux-ci ont accepté leurs fonctions, le procès-verbal de la séance le constate. La
société est constatée à partir de cette acceptation.
L’assemblée constitutive est compétente pour modifier les statuts à l’unanimité des
souscripteurs ; mais une majorité ne le pourrait pas.
Les conditions de quorum et de majorité pour les délibérations de l’assemblée constitutive
sont les mêmes que celles des AGE tenues au cours de l’existence de la société.
Le quorum c’est la portion de capital, le nombre des actions qui doivent être présentées ou
représentées pour qu’une décision soit régulièrement prise. Le quorum nécessaire pour
délibérer valablement est de la 1/2 du capital social. Si ce quorum n’est pas atteint, il faudra
convoquer une seconde assemblée où le quorum sera réduit au 1/4 du capital social.
Quant à la majorité exigée pour prendre une décision valable, elle est toujours des 2/3 au
moins des voix exprimées. Chaque souscripteur prend part au vote ou s’y fait représenter
comme aux assemblées, en cours de vie sociale. Il a un nombre de voix égal au nombre
d’actions qu’il a souscrites.

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