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Semestre 5
Section B
Dans les sociétés de capitaux la personne de l’associé importe moins que les capitaux
apportés. Elle est même souvent indifférente. Ce que visent ces sociétés, c’est le
rassemblement des capitaux en quantité suffisante pour financer les activités des entreprises
de grande envergure. Cet objectif justifie que les pouvoirs publics portent une plus grande
attention à ces formes de sociétés qu’aux sociétés de personnes dont l’organisation reste
fondée sur le pacte social.
Dans les sociétés de capitaux, le risque et la responsabilité de chaque actionnaire sont limités
au montant de son apport. L’action qu’il reçoit en contrepartie de son apport est en principe
librement négociable. La société survit au décès d’un associé.
Il existe différents types de sociétés de capitaux qui ne répondent pas toutes aux mêmes
objectifs et n’exigent pas toutes le même degré de réglementation. Ainsi, dans les sociétés en
commandite par actions (SCA) le régime des commandités reste proche de celui des associés
en nom collectif.
De même, en créant la société par actions simplifiée (SAS), le législateur a cherché à alléger
le régime de certaines sociétés de capitaux grâce à la grande liberté contractuelle qu’offre
cette frome de société.
Quant à la SA, elle est le type même de la société de capitaux. C’est une remarquable machine
juridique mise au service de l’économie capitaliste.
La société anonyme est une société commerciale par la forme quel que soit son objet, et dans
laquelle les associés appelés « actionnaires » possèdent un droit représenté par un titre
négociable. Les actionnaires dont la personne importe peu sont de simples bailleurs de fonds.
Dans les grandes sociétés dont les titres sont négociables à la bourse de valeurs, ils sont
animés par la seule pensée de faire un placement et changent sans cesse. Ils se désintéressent
de l’administration et n’assistent même pas aux assemblées.
La société ne les connait pas, ils sont anonymes d’où le nom donné à cette forme de société.
Cette dépersonnalisation atteint son maximum lorsque les actionnaires ne sont plus des
personnes physiques, mais des personnes morales.
La SA peut être constituée avec ou sans appel public à l’épargne. Dans les sociétés fermées, le
capital social minimum est de 300 mille DH, alors qu’il est de trois millions de DH dans les
SA faisant APE.
Au Maroc c’est la loi 17-95 du 30 août 1996 qui constitue le texte législatif de base en matière
de société anonyme. Certaines dispositions de cette loi ont été modifiées et complétées par la
loi 20-05 du 23 mai 2008.
A/ Le conseil d’administration
Le CA est composé de 3 à 12 membres. Ce nombre est fixé par les statuts selon les besoins de
la société. Il est porté à 15 si la SA est cotée en bourse (art. 39).
Le CA est un organe collégial délibérant qui agit au nom et pour le compte de la société. Il est
convoqué par son président mais aussi par le CAC en cas de défaillance du président (art.73).
Le CA doit impérativement se réunir pour pouvoir délibérer, et il ne peut délibérer
valablement que si la moitié au moins de ses membres sont présents (art. 50).
Le CA est investi à la fois des attributions générales et des attributions qui ont un caractère
spéciale.
2. Attributions spéciales :
*Vis-à-vis des organes sociaux, le CA nomme et révoque les administrateurs, le président, le
directeur général et détermine l’étendue de leurs pouvoirs.
*Vis-à-vis des assemblées générales, Il assure le bon fonctionnement de celles-ci en les
convoquant et en fixant l’ordre du jour. Il établit chaque année les comptes de l’exercice clos
qui seront approuvés par l’AG et propose l’affectation des résultats. Il présente à l’AG un
certain nombre de rapports spéciaux concernant les décisions graves de la vie sociale. Il donne
également son autorisation sur les conventions passées par la société.
*Dans le domaine financier, le CA détermine la rémunération de son président et celle du
directeur général (art. 65 et 67). Il répartit entre les administrateurs les jetons de présence et
leur attribue des rémunérations exceptionnelles pour les missions confiées (art. 55).
Enfin, le CA autorise les cautions, avals et garanties donnés par le président pour le compte de
la société (art. 70).
C/ Le directeur général
En vue de renforcer l’équilibre entre les organes sociaux, la loi 20-05 a apporté comme
amendement sur la loi 17-95 la faculté de dissociation entre les fonctions du président du CA
et celles du directeur général qui étaient exercées auparavant par une seule personne qui est le
PDG. L’article 67 tel qu’il a été modifié par cette loi dispose que le CA a le droit de choisir
que les fonctions de présidence du CA et celles de directeur général soient exercées par deux
personnes différentes.
Cette dissociation peut être justifiée par le souci d’assurer plus de transparence dans l’exercice
indépendant des missions de présidence et de direction générale de la SA et de répartir les
responsabilités de manière claire et non équivoque.
Dans le système de gouvernance dissocié, le directeur général est un nouvel organe social qui
a son propre statut et ses propres pouvoirs qui découlent de la loi. Il est nommé par décision
du conseil d’administration et il ne peut être qu’une personne physique. Il n’est pas obligé par
la loi d’être administrateur, non plus un actionnaire ; donc il peut être un manager externe.
Enfin, il peut avoir la qualité de président du conseil d’administrateur.
Si le directeur général est en même temps administrateur, il ne peut pas être salarié de la
société. Mais s’il est choisi en dehors du conseil d’administration, il peut cumuler son mandat
avec un contrat de travail à condition d’exercer un emploi effectif et subordonné.
La durée des fonctions du directeur général est fixée par le conseil d’administration qui peut
le révoquer à tout moment, alors qu’avant la loi 20/05 de 2008 sa révocation pouvait être
proposée par le président du conseil d’administration.
La nature des taches que le directeur général est appelé à accomplir lui confère deux qualités :
-Un chef d’entreprise qui a la qualité d’employeur, car il embauche et licencie les salariés,
reçoit les délégués du personnel et négocie les accords d’entreprises.
-Un représentant légal de la société à l’égard des tiers car il signe les contrats, passe les
commandes, agit en justice au nom de la société.
E/ Les administrateurs
Les administrateurs de la SA composent un collège de 3 à 12 personnes chargées de gérer
collectivement la société. Les administrateurs sont élus par l’AGO.
La durée de leur fonction est de 3ans lorsqu’ils sont désignés dans les statuts et de 6 ans en
cas de nomination par l’AG. Ce mandat est renouvelable.
Ils peuvent être des personnes physiques ou morales. Mais si l’administrateur est une
personne morale, il doit désigner une personne physique comme représentant permanent.
Les administrateurs sont des actionnaires, et ils ne peuvent être salariés de la société qu’ils
gèrent que si le contrat de travail correspond à un emploi effectif (art. 43).
Ils sont rémunérés par des jetons de présence fixés par l’AGO.
Les administrateurs doivent au sein du conseil gérer la société. Ils jouissent d’un droit
d’information et d’un pouvoir d’investigation direct et absolu sur les affaires sociales.
Ils doivent assister aux séances du CA, l’avertir au cas où ils concluraient une convention
avec la société.
Dans l’accomplissement de leur mission, les administrateurs doivent respecter l’obligation de
discrétion relative au secret professionnel et ne doivent pas faire concurrence à la société.
§2/La SA dualiste
Dans l’organisation moderne de la SA, on distingue d’une part le directoire, organe collégial
qui réunit les pouvoirs d’administration active et de direction, et d’autre part un conseil de
surveillance qui contrôle la gestion assurée par le directoire et autorise les actes les plus
graves.
Dans les SA dotées de cette organisation, la dénomination doit être précédée ou suivie par
cette énonciation : « Société anonyme à directoire et conseil de surveillance » (art. 77).
A/ Le directoire
Le directoire est chargé de la direction générale de la société. Il a à sa tête un président et il est
composé de plusieurs membres.
1. Le président du directoire :
C’est le président du directoire qui doit représenter la société auprès des tiers, il est désigné
par le CS (art. 103). Il est chargé d’exécuter les décisions prises par le directoire dans la limite
de ses compétences. Il n’a aucun pouvoir légal de décision.
Le président du directoire cumule les attributions dévolues au président du CA et certaines
compétences du CA lui-même. Ainsi, il convoque l’AG et fixe l’ordre du jour, dresse les
comptes annuels, présente à l’AG un rapport annuel de gestion concernant la marche de la
société, il présente des rapports trimestriels au CS et un certain nombre de rapports spéciaux.
1. Les membres du directoire :
Le directoire est composé de 5 membres, ce nombre peut être porté à 7 par les statuts lorsque
la SA est cotée en bourse (art. 78). Ce sont obligatoirement des personnes physiques ; ils
n’ont pas besoins d'être actionnaires et ils peuvent être salariés de la société (art. 79).
Les membres du directoire sont nommés par le CS qui confère à l’un deux la qualité de
président. La durée de leur mandat est fixée par les statuts entre 2 et 6 ans, et dans le silence
des statuts elle est fixée à 4 ans. Ils sont rééligibles. Leur révocation par l’AG ne peut être
décidée que sur proposition du CS. Ce dernier fixe le mode et le montant de la rémunération
de chacun des membres du directoire.
B/ Le conseil de surveillance
Le CS n’est pas tout à fait exclu de la gestion interne de la société bien que sa mission de
contrôle reste prépondérante. Il a pour mission d’exercer le contrôle permanent de la
régularité de la gestion par le biais du directoire et sa conformité aux lois et aux règlements
(art.104). Il apprécie la bonne marche de l’entreprise, fixe les grands objectifs de la politique
sociale et contrôle les résultats a posteriori.
Le CS est chargé de convoquer l’AG (art. 116), autorise les conventions passées par la société
(art. 95), autorise également les cautions avals et garanties donnés par le directoire (art. 104)
et décide le déplacement du siège social (art. 105).
L'Assemblée Générale est le rassemblement de l'ensemble des membres d'une société afin de
prendre des décisions.
C’est l’organe supérieure de la société, c’est elle qui prend les décisions dépassant la gestion
quotidienne, qui désigne la plupart des autres organes et qui met fin à leurs fonctions. C’est
elle qui a seule compétence pour modifier les statuts.
L’assemblée générale est un organe intermittent. Elle ne siège pas de manière permanente. La
fréquence normale de la réunion est annuelle.
L’assemblée générale demeure le lieu d’exercice du pouvoir suprême, et son contrôle permet
d’assurer la direction de la société.
Or, que la société fasse ou non APE, elle doit réunir au moins une fois par an une AGO.
Si les dirigeants souhaitent modifier les statuts, une AGE doit être convoquée.
Lorsque la société se constitue en faisant APE, une assemblée générale constitutive doit être
convoquée par les fondateurs.
A/ Tenue de l’AGO
L’assemblée se tient généralement au siège social.
Une feuille de présence doit être signée par les actionnaires présents ou leurs mandataires.
Cette feuille de présence fournit tous les renseignements utiles sur les participants et permet
de savoir si le quorum prévu par la loi ou les statuts a bien été réuni (art. 134, L. 17-95).
1. Quorum et majorité :
L’AGO de la SA ne peu valablement délibérer que si les actionnaires présents ou représentés
détiennent au moins le ¼ des actions ayant le droit de vote.
L’AG de la SA statue à la majorité des voix dont disposent les actionnaires présents ou
représentés. Il s’agit d’une majorité absolue, c'est-à-dire la moitié des voix plus une.
2. Procès verbal :
Les délibérations de l’assemblée sont constatées par un procès verbal rédigé par le
secrétaire du bureau et signé par les membres de ce bureau.
Ce PV est établi sur un registre spécial conservé au siège social. Ce document joue un rôle
important, il permet de contrôler la régularité de l’assemblée et de prouver le contenu des
délibérations.
Les procès-verbaux d'assemblées, font foi jusqu'à preuve contraire du contenu des
délibérations et décisions prises par la collectivité des actionnaires.