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Droit des sociétés S6

Section 2. Les associés

D’un pdv juridique, l’associé est un créancier de la société psq il réalise un apport, qui lui confère des en échange des droits
politiques : le titre d’associé. Un droit de créance (c'est-à-dire une part sociale), ou une action dans les SA. On reconnait que
la société est débitrice de ses associés, et les associés sont fondamentalement des créanciers de la société. L’apporteur en
industrie est un associé un peu particulier puisque son apport ne rentre pas dans capital social.

Différence entre associé et autre créancier ? Les associés apporteurs au CS sont des créanciers hypo chirographaires, c'est-
à-dire qu’ils sont payés en tout dernier en cas de liquidation de la société (éventuellement, s’il reste qq chose). Caractère
aléatoire de leurs créances, par ex, législation sur les clauses léonines : on ne peut pas prévoir un intérêt fixe en
rémunération de leurs apports au CS car l’associé n’est rémunéré que si la société fait des bénéfices (et il sera rémunéré
sous forme de dividendes).

Les associés sont dotés de droits patrimoniaux et extrapatrimoniaux, de nature pécuniaire et politique, qui s’appliquent
quel que soit leur statut. Derrière la définition juridique de l’associé, il y a, d’un point de vue économique, il y a quand
même une très grande diversité d’associé, qui n’ont pas tous les mêmes statuts, les mêmes ambitions, etc… selon le type
d’associé. Il peut s’agir d’associés qui ont créé une société dans laquelle ils travaillent. Dans ce cas-là, ils sont souvent les
associés et les dirigeants en même temps. Ex : plombier qui a une EURL, il est gérant et dirigeant, il n’y a pas d’autre
associé. La société est une technique d’exploitation de son secteur. Il aurait aussi pu choisir le statut d’entrepreneur
individuel.

Les autres types d’associés peuvent être des gens associés et pour qui la société est un simple placement financier, à but
spéculatif, sans but de travailler dans la société. La survie de la société leur importe peu. Ici, on fait référence aux
actionnaires qui conservent leurs titres que quelles que semaines/mois pour réaliser une plus-value. On peut réaliser une
plus-value sur une vente à découvert dans laquelle on vend un titre avant de l’acquérir (qu’on s’engage à acheter avant une
certaine date) en espérant que son cours de bourse baisse.

I. Les droits extrapatrimoniaux des associés : droits politiques

Ces droits sont liés au fait que les associés, permettant la création de la société par leurs apports, peuvent s’exprimer sur les
choix à réaliser. Ils peuvent notamment donner des indications à l’équipe dirigeante. Quand les associés sont les mêmes
que les dirigeants, les droits politiques sont vite vus. Dans les grandes sociétés, ou même PME, il y aura des discutions entre
associés et dirigeants. Par ex, une société d’exercice libérale avec 3 avocats : la société est leur outil de travail, ils peuvent
décider de devenir une société pluridisciplinaire en s’associant avec des notaires ou experts-comptables par ex.
Parfois, les associés sont en même temps les dirigeants, donc pas de souci, il faut simplement se concerter. Dans d’autres
cas, les associés ne sont pas du tout les dirigeants, alors qui dirige ? les dirigeants appliquent-ils purement et simplement
une politique d’associés ? sont-ils les mandataires des associés qui seront les mandants ? Les dirigeants sont-ils plutôt la
« tête pensante » de la société et décident eux-mêmes de la politique de la société ?
Corporate-gouvernance : En principe, dans une vision dite « théorie de l’agence », les dirigeants sont là pour mettre en
valeur le + possible la participation des actionnaires. Dans une autre vision, la société a un intérêt propre qui ne se résume
pas aux seuls intérêts des associés, et donc les dirigeants doivent aussi prendre en compte l’intérêt social, celui de la
personne morale à part entière. Il s’instaure alors un dialogue entre les dirigeants et associés, fructueux et non conflictuel.
Mais il arrive que ce dialogue révèle des divergences fortes entre associés et dirigeants, dans lequel les associés ont
l’intention d’imposer aux dirigeants leur pdv.

Dans le cadre de la corporate gouvernance, le législateur a tendance à plutôt renforcer le pouvoir des actionnaires, en
permettant aux actionnaires minoritaires d’avoir plus de droits et en les incitant à faire valoir leurs droits. C’est ce qu’on
appelle l’activisme actionnarial, ou activisme des actionnaires. Ce thème concerne principalement les grandes sociétés
cotées mais pas exclusivement. On parle aussi « d’engagement actionnarial », où le terme est moins péjoratif. Ex : HSBC, les
actionnaires minoritaires mettent la pression pour que la banque agisse sur le plan environnemental. C’est un moyen
d’expression politique des associés.

Les associés ont le droit de s’exprimer individuellement en fonction du nombre de parts sociales qu’ils détiennent : le droit
de vote. Ce droit de vote s’exerce en assemblée, et pour se faire, les associés doivent être informés.

a. Les assemblées générales

L’AG, au sens classique du terme, est le fait de réunir dans un même lieu, à une même date, les associés, afin de leur
permettre de débattre et de voter le texte d’une résolution. Il existe une possibilité, dans certaines sociétés, de remplacer
cette AG par une consultation écrite, dans les sociétés de petites tailles (ex : SARL), en le prévoyant dans les statuts.

Il existe 2 formes d’AG : L’AG ordinaire et l’AG extraordinaire. Les AG ordinaires sont tenues avec une récurrence prévue par
le législateur. L’AG ordinaire est annuelle. Pour les SA, c’est l’art L225-100 Ccom qui prévoit que l’AG doit être réunie au

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moins une fois par an, « dans les 6 mois de la clôture de l’exercice ». Il est possible de reporter, en demandant au tribunal
de commerce, l’AG ordinaire de 15 jours, mais c’est une faute de la part du dirigeant.
L’AG ordinaire a pour objectif de permettre aux associés d’approuver le compte annuel et de savoir comment sera affecter
le résultat comptable de l’exercice. Elle a également d’autres thèmes, mais elle ne peut pas modifier les statuts de la
société. Pour cela, il faut l’AG extraordinaire.

L’AG extraordinaire peut être réunie sur besoin de modifier les statuts, mais pas de fréquence obligatoire. Par ex, dans le
cas où on souhaite changer l’objet social, ou introduire une clause d’exclusion dans les statuts, ou procéder à une opération
de fusion du capital social, etc… Tous ces changements supposent une AG extraordinaire.

Art L221-7 Ccom pour les SNC.

Les AG sont le lieu où les associés discutent alors il y a des points déterminants pour assurer la sécurité juridique des
associés et des dirigeants. Ainsi, les AG sont entourées d’un assez grand formalisme prévu par le législateur. Les statuts
prévoient alors les dispositions législatives de déroulement et de convocation des AG.

- Qui assiste à l’AG ? Qui est convoqué à l’AG ?

En principe, tous les associés ont vocation à assister à l’AG. On ne peut pas subordonner dans les statuts le fait de
convoquer aux AG seulement les associés qui détiennent un certain nombre de parts sociales. Le législateur interdit ces
mentions dans les statuts.
De plus, la jurisprudence a confirmé qu’un huissier de justice qui agit sous l’emprise d’un mandat peut se voir refuser
l’entrée à l’AG. La seule solution pour lui est de se voir reconnaitre le droit d’assister à l’AG par le président du tribunal de
commerce par requête faite par un associé. Si l’huissier est désigné par une décision de justice, alors on ne peut pas lui
refuser d’assister à l’AG.

Pour les grandes sociétés, la presse financière ou des salariés de l’entreprise peuvent demander à assister à l’AG. Les
salariés, s’ils sont associés de la société peuvent toujours assister à l’AG. Il y a des sociétés qui ont développé des politiques
d’actionnariat salarial. La presse financière peut être exclu de l’AG en principe. Seul le règlement intérieur de la société,
dans une disposition infra-statutaire, peut permettre la presse financière à assister aux AG.

- Quid des associés indivisaires ?

Ici les associés exercent un même droit de propriété sur un même bien. D’un pdv technique, l’indivision n’a pas la
personnalité juridique, donc chacun des associés co-indivisaire ont tous la qualité d’indivisaire. Ils pourraient en principe
tous assister à l’AG. Sauf que, non. Le législateur a considéré qu’il fallait qu’un seul indivisaire puisse s’exprimer au nom de
tous les autres. Tous ne peuvent pas assister à l’AG.
Les associés co-indivisaires devront alors se mettre d’accord pour désigner celui d’entre eux qui assistera à l’AG.

- Quid du démembrement de propriété ?

Il consiste à avoir les attributs de la propriété sur la tête de plusieurs personnes. On peut utiliser cette technique pour
faciliter la transmission de l’entreprise, avec la dissociation de l’usufruit d’un côté et la nue-propriété de l’autre.
Il y a beaucoup de débats doctrinaux concernant la propriété de l’usufruit. En tout cas, on se demande comment est
répartie le droit de vote entre le nu-propriétaire et l’usufruitier ?
Le principe c’est que l’usufruitier participe aux AG qui ont pour objet de voter l’attribution du bénéfice, et donc du
dividende, car c’est la rémunération de l’usufruitier (dividende = fruit). On ne peut pas priver l’usufruitier de ce droit-là.
Est-il possible de prévoir que dans tous les cas l’usufruitier participera aux AG (même avec accord du nu-propriétaire) ?
Selon la Cour de cassation, il n’en est pas possible. On ne peut pas priver le nu-propriétaire de son droit de participer à l’AG.
Le droit du nu-propriétaire n’est pas nécessairement le droit de voter. Droit de participer aux AG ≠ droit de vote.

- Qui convoque l’AG ? Droit ou obligation de convoquer aux AG ?

La convocation est le fait pour un organe social d’informer les associés de la tenue de l’AG, tel jour, heure, et endroit, de
donner l’ordre du jour, et les textes de résolution qu’ils seront amenés à voter. En principe, la convocation à l’AG émane
des dirigeants, c'est-à-dire le gérant. Pour les SA, c’est le conseil d’administration qui convoque l’AG. Pour les SAS, ce sont
les statuts qui prévoient qui convoque aux AG. C’est le dirigeant qui peut centraliser la procédure de convocation.

La convocation à l’AG est une obligation pour le dirigeant, et non pas une simple faculté. En cas de carence de la part du
dirigeant, un associé peut convoquer une AG. Le commissaire aux comptes, lorsqu’il existe, peut convoquer de lui-même
une AG par ex, quand il estime qu’ils existent des faits de nature à compromettre l’existence de la société et que malgré ses
avertissements aux dirigeants rien n’a été fait. En droit du travail, on admet aussi dans certains cas que le CSE puisse
également convoquer une AG extraordinaire.

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- Que contient la convocation ?

Le point fondamental c’est l’ordre du jour avec les textes de résolution. L’ordre du jour est la liste des thèmes dont on va
débattre en assemblée. On ne peut pas débattre d’une question qui ne serait pas à l’ordre du jour : cette règle empêche la
fraude au droit des associés, en cas d’absence de certains associés par exemple. La seule exception à cette règle est celle de
la question de la révocation des dirigeants, ou encore les questions de petites ampleurs, qu’on n’aura pas à voter.

L’ordre du jour est une notion politique de la société. Afin de renforcer la place des associés minoritaires, dans ce qu’on
appelle la corporate gouvernance, on a admis progressivement que des associés puissent, alors même qu’ils sont
minoritaires, demander d’inscrire des questions à l’ordre du jour, voire contre la volonté des dirigeants. Par exemple, dans
les SA, les actionnaires qui détiennent plus de 5% du montant du CS peuvent seuls, ou en se groupant, au titre de l’art L225-
105 Ccom, demander l’inscription d’une question à l’ordre du jour. Cette règle a été étendue aux SARL récemment dans une
loi de 2017, par l’art L223-27 Ccom. Dans ces 2 sociétés, on admet alors qu’un associé qui détient par 10% du CS pourra
obliger les dirigeants à inscrire une question à l’ordre du jour.
Le seuil minimum de 5% a quand même été instauré pour empêcher les petits actionnaires d’une seule action, venir
empêcher le bon fonctionnement de la société (en gros, lui empêcher d’embêter la société). Cependant, ce seuil de 5% peut
être atteint en se groupant.

- Délai de préavis pour convoquer l’AG ? Modalités de convocation ?

Il y a des cas où les statuts de la société fixent les modalités de la convocation (ex : la SAS). La question de délai de
convocation s’impose car il ne faut pas prendre les associés « par surprise ».

- Règles de tenue de l’AG : le Quorum

Pour que la délibération de l’AG soit légitime, on exige, soit par les statuts soit par exigences législatives, qu’un nombre
minimum d’associés soient présents ou représentés. C’est ce qu’on appelle le Quorum. Si le quorum n’est pas atteint, alors
l’assemblée ne peut pas délibérer. Attention, quorum ≠ majorité.
Dans certaines sociétés, il n’y a pas de règle relative au quorum (ex : SNC), ou alors elle est prévue par les statuts (SAS), et
parfois c’est la loi qui prévoit le quorum (SARL et SA). Si le quorum n’est pas atteint, l’AG ne délibère pas et il faut procéder
à une seconde convocation.

Dans la SA, les règles de quorum sont prévues art L225-96 Ccom, qui prévoit alinéa 2 que « Elle [l’AGO] ne délibère
valablement que si les actionnaires présents ou représentés possèdent au moins, sur première convocation, le quart et, sur
deuxième convocation, le cinquième des actions ayant le droit de vote. A défaut, la deuxième assemblée peut être
prorogée à une date postérieure de deux mois au plus à celle à laquelle elle avait été convoquée. Dans les sociétés dont les
actions ne sont pas admises aux négociations sur un marché réglementé, les statuts peuvent prévoir des quorums plus
élevés. ». Cet alinéa fait référence aux AG extraordinaires, car on parle de modification des statuts.

On peut demander à ce que soit tenue dans l’AG, une feuille de présence. Pour les SA, cette règle se retrouve art L225-114
Ccom, et qui prévoit aussi le PV qui constate en fin d’AG, les résolutions adoptées ou non, les délibérations émises ou non.
Ce même article prévoit qu’en cas de non-respect des feuilles d’émargements, il est possible de prononcer la nullité de la
délibération en cas de contestation.

- Comment voter en AG ?

Le droit pour un associé d’assister à l’AG est d’ordre public et ne peut lui être retiré. Mais en matière de vote, seuls ceux qui
sont présents peuvent. Or, si on s’arrête à là, les absents ne peuvent pas voter, et le vote perd en légitimité. Il y a donc des
mécanismes pour permettre aux absents de voter. La tendance générale, en plus des nouveaux moyens de
communications, est celle de diversifier les moyens pour permettre aux associés de voter le plus possible, même sans être
présents. On chercher le développement d’une démocratie actionnariale en incitant un maximum les associés à voter.

Le droit de participer est encouragé mais n’est pas obligatoire donc pas de sanction en cas d’absence. En revanche, le
législateur souhaite que l’action des dirigeants soit contrôlée et éventuellement remise en cause par les associés. Dans le
débat de la corporate-gouvernance, un débat doit s’imposer entre associés et l’équipe dirigeante, et l’AG est le meilleur
moment pour. Ainsi, les pouvoirs publics souhaitent que cet engagement actionnarial, le mieux à long terme, permettent le
développement du débat et de la société.

Ainsi, tant le législateur que les associés cherchent un maximum à développer ces moyens de vote, pour les associés non-
présents physiquement, pour X raisons (ex : les associés minoritaires).

- Quid du mandat ?

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Le contrat de mandat est un contrat spécial prévu dans le Code civil, qui permet de se « multiplier ». Il permet en tant que
mandant de choisir une personne, le mandataire, qui va pouvoir passer des actes juridiques en votre nom et pour votre
compte. C’est le mandataire qui passe l’acte juridique mais c’est le mandant qui est tenu par cet acte, le mandataire étant
« transparent » dans cette action. Le contrat de mandat a cette faculté de rendre présent quelqu’un que ne l’est pas
physiquement, en le représentant. C’est le moyen juridique contractuelle essentielle à la représentation juridique.

Une des premières solutions est alors le vote par procuration, qui est une forme de mandat. Je demande à une personne de
voter à ma place, et cette personne devra suivre mes consignes de vote. Mais dans ce cas, le mandataire doit-il
nécessairement être un associé ou est-ce qu’il peut être un simple proche du mandant par exemple ? Les règles sont
différentes d’une société à l’autre, comme dans les SARL où le mandataire doit nécessairement être un associé. Un
mandataire peut représenter plusieurs associés en même temps.

Pour les SA, l’article L225-106 Ccom et suivant distinguent selon qu’on a affaire à une société cotée ou non. Un actionnaire
peut se faire représenter par un autre actionnaire ou par son conjoint (marié ou PACS).
Quand on confère un mandat à une personne pour vote par procuration, le mandataire doit voter dans l’intérêt du
mandant. Il faut alors être sûr que le mandataire ne va pas voter dans son intérêt. Pour cela, il faut rendre publique leur
politique de vote. En ce sens, l’article L225-106-2 du Code de commerce précise que : « Toute personne qui procède à une
sollicitation active de mandats, en proposant directement ou indirectement à un ou plusieurs actionnaires, sous quelque
forme et par quelque moyen que ce soit, de recevoir procuration pour les représenter à l'assemblée d'une société
mentionnée aux troisième et quatrième alinéas de  l'article L. 225-106, rend publique sa politique de vote. Elle peut
également rendre publiques ses intentions de vote sur les projets de résolution présentés à l'assemblée. Elle exerce alors,
pour toute procuration reçue sans instructions de vote, un vote conforme aux intentions de vote ainsi rendues publiques. ».

Dans le dernier alinéa de ce même article, on retrouve la règle du « ramassage des pouvoirs en blanc » : « Pour toute
procuration d'un actionnaire sans indication de mandataire, le président de l'assemblée générale émet un vote favorable à
l'adoption des projets de résolution présentés ou agréés par le conseil d'administration (…), et un vote défavorable à
l'adoption de tous les autres projets de résolution. Pour émettre tout autre vote, l'actionnaire doit faire choix d'un
mandataire qui accepte de voter dans le sens indiqué par le mandant. ». En d’autres termes, je m’absente, je ne désigne
pas de mandataire, alors je renvoie mon pouvoir « en blanc », à la société elle-même : le président de l’AG présume que
mes votes sont favorables à toutes les résolutions qui seront présentées ou agréées par l’équipe dirigeante.

- Quid du vote par correspondance

Dans le vote par correspondance, technique un peu plus récente, on considère que l’associé peut exprimer de chez lui, le
sens de son vote à partir des résolutions présentées. Ce vote par correspondance ne délègue pas une personne à voter à sa
place, mais à voter directement par écrit, par correspondance.
Ce système présente des avantages : c’est bien l’associé qui vote, donc pas de risque qu’un mandataire vote dans un sens
contraire ou dans un intérêt personnel. Par contre, il présente aussi des inconvénients : il faut que les votes arrivent au jour
de l’AG, donc l’envoyer avant. Ensuite, si un problème se pose à l’improviste en AG, comme la question de la révocation du
dirigeant par exemple, l’associé qui vote par correspondance ne pourra pas y prendre part.

Il est possible de prévoir des votes par visioconférence, voire de tenir toute une AG par visioconférence pour les SA et
même pour les SARL si c’est prévu par les statuts (art L223-27 Ccom).

b. Le droit de vote

En principe, le droit de vote est une prérogative de l’associé. En revanche, certains associés en sont dépourvus, ou alors ne
l’exerce pas de la même manière pour tous les associés. Il faut distinguer selon que le droit de vote est attaché à la
personne de l’associé ou au nombre de parts sociales détenues. Dans le SNC, chaque associé dispose d’une voix, car dans
ces sociétés, l’intuitu personae est fort et la personne de l’associé est + importante que son nombre de part. Chaque
associé est tenu d’une obligation à la dette sociale et de contribuer aux pertes, ce qui crée entre eux une solidarité
importante.

L’article L221-6 Ccom prévoit que « Les décisions qui excèdent les pouvoirs reconnus aux gérants sont prises à l'unanimité
des associés. Toutefois les statuts peuvent prévoir que certaines décisions sont prises à une majorité qu'ils fixent. Les
statuts peuvent également prévoir que les décisions sont prises par voie de consultation écrite, si la réunion d'une
assemblée n'est pas demandée par l'un des associés. ». Ainsi, le principe veut que toutes les décisions soient prises à
l’unanimité si les statuts ne prévoient rien. Cependant, d’un pdv technique, cette règle ne peut être réservée qu’aux petites
sociétés.

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Dans les sociétés à risque limité (SARL), le droit de vote est attaché à la part sociale. Le poids politique d’un associé dans la
société dépend de son nombre de parts sociales. Cette règle vise à inciter l’investissement au CS. Il n’existe que dans les
SARL dans laquelle chaque part sociale se voit attribuer un droit de vote, et cette règle est d’ordre public.

La SAS est libre quant aux règles attributives du droit de vote. Elle peut avoir une organisation type de celle des SARL ou des
SNC, et elle sera dictée par ses impératifs économiques pour faire son choix. Cette liberté s’explique notamment par le fait
que l’intérêt des tiers n’est pas vraiment menacé par le fait qu’un associé a + de droit de vote qu’un autre.

Pour la SA, les règles sont particulières. Elle répondait à cet impératif d’égalité entre associés, règle d’ordre public, jusqu’à
la création de la SAS en 1993. Le but était de protéger les associés et comme les SA avait vocation à faire des appels publics
à l’épargne, alors il fallait protéger les actionnaires.
Il existait des règles de dérogations à ce principe, comme les actions à droit de vote double : elles étaient destinées à
encourager les associés qui conservaient leur titre sur une longue durée, depuis au moins plus de 2 ans. On essayait
d’inciter les associés à conserver leur titre le + longtemps possible. Il fallait que les actions soient nominatives, et enfin il
fallait que tous les actionnaires qui détenaient leurs titres depuis 2 ans aient tous un droit de vote double. Une autre faille
est apparue de cette règle d’impératif d’égalité lors des vagues de privatisation des SA. Au moment des 1 ères privatisations
en 1986, on ne voulait pas que des groupes étrangers puissent prendre des parts de sociétés récemment privatisées. Ainsi,
le législateur a créé des « golden chair » (parts en or), c'est-à-dire une action spécifique que se réservait l’État où il devenait
actionnaire spécial, avec un droit de véto notamment.

Les « actions de préférence » de l’article L228-11 Ccom ont été profondément réformées par la Loi Pacte. Une action de
préférence : « il peut être créé des actions de préférence, avec ou sans droit de vote, assorties de droits particuliers de toute
nature, à titre temporaire ou permanent. Ces droits sont définis par les statuts (…). Le droit de vote peut être aménagé pour
un délai déterminé ou déterminable. Il peut être suspendu pour une durée déterminée ou déterminable ou supprimé. Les
actions de préférence sans droit de vote ne peuvent représenter plus de la moitié du capital social, et dans les sociétés dont
les actions sont admises aux négociations sur un marché réglementé, plus du quart du capital social. (…) ».
Une action de préférence, dans une SA, peut suspendre/supprimer un droit de vote par ex, quitte à avoir une contrepartie,
selon ce qui est prévu par les statuts. L’intérêt d’accepter une action de préférence dans laquelle on peut supprimer son
droit de vote réside dans la contrepartie proposée, notamment si le droit politique ne nous intéresse pas.

En bref, la règle de l’impératif d’égalité dans les SA peut être très largement adaptée.

- Quid organiser le vote avant les AG ?

Imaginons que les associés veuillent s’accorder en amont pour voter dans un sens déterminé avant les AG. C’est ce qu’on
appelle les « conventions de vote ». Elles sont des contrats par lesquels les associés décident d’organiser leur vote. Ces
conventions de vote ne sont pas prévues par le Ccom, néanmoins l’art L233-3 y fait référence, et on s’appuie dessus pour
dire que ces conventions sont valables. Cet article précise que « Lorsqu'elle dispose seule de la majorité des droits de vote
dans cette société en vertu d'un accord conclu avec d'autres associés ou actionnaires et qui n'est pas contraire à l'intérêt de
la société », alors je contrôle une société. Implicitement, le texte reconnait la validité d’une convention de vote. D’un pdv
juridique, ces conventions sont des contrats sui generis, innomés et sont régis par le droit commun des contrats.

Les conventions de vote présentent 3 avantages :


- Elles sont possibles dans toutes les formes de sociétés, même les sociétés anonymes.
- Elles sont confidentielles
- Elles ne lient pas forcément tous les associés mais seulement les associés qui sont parties au contrat.

Les conventions de vote ne sont pas soumises à des conditions de forme, elles peuvent très bien être orales, mais cela
risque de poser problème en cas de contentieux. Par écrit, on peut rajouter une clause de confidentialité par exemple.

Concernant les conditions de fond des conventions de vote, il existe plusieurs règles d’ordre public qui viennent limiter la
validité des conventions. L’article L242-9 Ccom est le 1 er article d’une section 3 « des infractions relatives aux assemblées
d’actionnaires », et prévoit qu’est puni de 2 ans d’emprisonnement et d’une amende de 9000€ le fait de : « empêcher un
actionnaire de participer à une assemblée d'actionnaires ; de se faire accorder, garantir ou promettre des avantages pour
voter dans un certain sens ou pour ne pas participer au vote, ainsi que le fait d'accorder, garantir ou promettre ces
avantages. ». Ainsi, c’est la répression de la corruption de vote. La convention de vote ne peut pas se faire à titre onéreux,
le droit de vote étant incessible. En revanche, le texte reconnait implicitement que s’il n’y a pas de contrepartie, alors le
vote reste libre (car pas de « pression »).

Autre ligne rouge à respecter, celle de l’intérêt social. Dans l’art L233-3 Ccom sur le contrôle d’une société, la convention de
vote ne peut pas être à l’intérêt social. Même sans s’appuyer sur cet article, il est logique de savoir que l’intérêt social est
au cœur de la vie et survie de la société.

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La convention de vote, pour être licite, doit être temporaire, et ne doit pas se traduire par une transmission du droit de
vote. La jurisprudence exige que la convention de vote soit strictement déterminée.

- Quelle est la force de la convention de vote ?

Il faut rappeler que la société, en tant que personne morale, est un tiers à la convention de vote ; dès lors, elle ne peut
remettre en cause la validité des assemblées générales (AGO ou AEO). Une autre difficulté est de prouver la convention de
vote, puisqu’elle est souvent confidentielle entre associés qui l’ont signé.
Si jamais une des parties ne respecte pas son engagement, on ne peut pas vraiment faire grand-chose puisqu’on ne peut
pas forcer un associé à voter, il reste libre. Alors, on peut toujours demander des dommages et intérêts en engageant la
responsabilité contractuelle. Cependant pour obtenir ces derniers, il faut avoir subi un préjudice, or, il est difficile de
démontrer un préjudice né de l’irrespect de la convention de vote, et il est encore plus difficile à chiffrer ce préjudice.
On peut alors prévoir une clause pénale. Autre idée : le holding est une forme de convention de vote pérenne, de manière
collective.

- Quid de l’abus de droit de vote ?

La notion d’abus de droit est née par une création doctrinale et jurisprudentielle en droit des biens (Cf, l’abus du droit de
propriété). Le droit des sociétés à cette construction et admet qu’on peut commettre un abus de droit de vote. L’abus de
minorité fait référence à l’associé qui, parce qu’il détient une minorité de blocage, profite de son droit de vote pour
« bloquer » toute action et vote contre l’intérêt social. L’abus de majorité est le même mais plusieurs associés votent contre
l’intérêt des minorités, donc contre l’intérêt social.
Dès lors que le droit de vote est utilisé à mauvais escient (c'est-à-dire contre l’intérêt social), alors il y a un abus de droit de
vote.

c. Le droit à l’information

L’information est une donnée portée à la connaissance des associés qui est susceptible d’influencer ou non l’action des
associés. L’information n’est pas un bien et pourtant elle est source de richesse. A partir de l’information, je peux prendre
des décisions d’investissements ou de non-investissements, donc elle est potentiellement une richesse.

- Quelle est la politique concernant l’information ?

C’est en fonction de la qualité de l’information qu’on va prendre telle ou telle décision. Et bien sûr, ce n’est pas nouveau,
mais certaines informations sont vraies et d’autres fausses. Tout repose alors sur la confiance. Il ne peut pas avoir de
système juridique dans lequel on ne règlemente pas l’information, c’est une des 1 ères préoccupations du législateur. En
encadrant l’information de manière très stricte, alors il protège l’épargne, les investisseurs, et essayent d’instaurer leur
confiance dans les marchés financiers. L’art L621-1 du Code monétaire et financier édicte les missions de l’AMF, autorité
administrative indépendante. Elle est chargée d’une mission par le législateur de « gendarme de la bourse », dont le fait
qu’elle veille à « l’information des investisseurs et au bon fonctionnement des marchés financiers. ». L’État confère à
l’Autorité des Marchés Financiers (AMF, version française), la mission d’assurer l’information et sa qualité.
Pour la garantie de la qualité, il faut être sûr que l’information soit à la portée d’un associé qui n’est pas forcément un
professionnel, et qu’il puisse arriver à mesurer la portée de l’information.

L’article L544-3 CMF dispose que « effectue un service de conseil en vote une personne morale qui analyse, sur une base
professionnelle et commerciale, les documents sociaux ou toute autre information concernant des sociétés dont les actions
sont admises aux négociations sur un marché réglementé, dans le but d'éclairer les décisions de vote des actionnaires de
ces sociétés par la fourniture de recherches et de conseils ou par la formulation de recommandations de vote. ». On prévoit
alors le rôle de donneur de conseil, à condition d’être amène à le faire (en avoir les compétence), afin justement de
conseiller ces associés qui ne sont pas professionnels. Ce sont des agents de conseil de vote, qu’on appelle des « proxy
advisors », et n’ont de sens essentiellement que pour les grandes entreprises.

- Les qualités de l’information

L’information a 2 qualités essentielles qu’on retrouve dans bcp de textes, particulièrement vraies pour les sociétés côtées
en bourse. Il s’agit d’abord de la véracité de l’information, c'est-à-dire qu’elle doit être vraie, éviter les « fake news »
financières. La seconde qualité est l’égalité de tous face à l’information.

La véracité de l’information signifie simplement qu’il faut qu’elle soit exacte, qu’elle soit sincère. Nombreux textes viennent
assurer aux associés que les informations données soient exactes. Cette véracité se manifeste par exemple dans un texte
pénal du Ccom qui incrimine la présentation de faux bilans pour les SA, SARL et SAS. Le Code de commerce prévoit la
sanction des dirigeants qui présentent de faux documents de nature à induire en erreur les associés sur la santé financière
de la société. L’article L241 3° Ccom dispose qu’est puni d’un an d’emprisonnement et d’une amende de 375 000€ « le fait,

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Droit des sociétés S6

pour les gérants, même en l'absence de toute distribution de dividendes, de présenter aux associés des comptes annuels ne
donnant pas, pour chaque exercice, une image fidèle du résultat des opérations de l'exercice, de la situation financière et du
patrimoine à l'expiration de cette période en vue de dissimuler la véritable situation de la société ; »
Il existe également un délit de manipulation de cours (de bourse). Les articles L465-1 et suivants du CMF qui édictent des
sanctions pénales à l’égard de toutes personnes qui propagent des informations fausses concernant les cours de bourses et
profitent de cette fraude.

Le caractère égalitaire de l’information : Le délit d’initié est une infraction prévue que pour les sociétés cotées en bourse,
aux articles L465-1 et suivants du CMF, dans la section relative aux atteintes à la transparence des marchés. Il s’agit d’une
personne qui, en raison de sa fonction, a accès à une info qui n’est pas encore publique et se sert ou permet à une
personne de s’en servir à des fins personnelles afin de s’enrichir. L’information est fondée mais elle n’est juste pas publique
et il s’en sert de manière prioritaire, engendrant ainsi une rupture d’égalité face à l’information. Les autorités pénales
comme les autorités boursières sont chargées de faire respecter cette règle.

- Le contenu de l’information

Il y a d’abord les informations récurrentes et spontanées, c'est-à-dire des informations fixes données spontanément par la
société aux associés et de manière récurrente. D’autres sont donnés par période ou épisode.

En vue des AGO, les associés doivent se voir remettre des informations minimales sur la comptabilité de la société
régulièrement. Il y a une liste de documents comptables qui doivent être systématiquement transférés aux associés chaque
année : comptes sociaux qui comprennent le bilan et le compte de résultat par exemple.
Il y a d’autres informations qui doivent être portées à la connaissance des associés mais de manière plus périodique, ou
exceptionnelles. Par exemple, les conventions réglementées (entre dirigeant et société), sur lesquelles les associés peuvent
être amenés à se prononcer. L’information n’est pas systématique mais seulement quand le problème se pose, elle est
automatique.

L’article L225-102-1 Ccom est un texte qui montre que le législateur incite toujours à l’information.

Il y a notamment désormais la RSE, responsabilité sociétale des entreprises, définie par la commission européenne, qu’on
définit comme la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société. « Pour définir le
périmètre de sa responsabilité sociétale, identifier les domaines d’action pertinents et fixer ses priorités, il convient que
l’organisation traite [toutes] les questions centrales suivantes  : La gouvernance de l’organisation, les droits de l’homme, les
relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les
communautés et le développement local.  »

II. Les droits extrapatrimoniaux des associés

Section 3. Les salariés

I. Le cumul des fonctions de dirigeant et de salarié


II. Le rôle des salariés dans la gouvernance de la société

Section 4. Les commissaires aux comptes

I. Le statut des commissaires aux comptes


II. Les missions des commissaires aux comptes

Chapitre 2. Les variations du capital social

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