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Matière : Droit des sociétés et propriété

industrielle

Introduction
La création d’entreprise n’échappe pas au droit et impose par conséquent au
créateur de faire des choix juridiques. Généralement, ces choix juridiques se ramènent
à plusieurs dimensions : sociétaire, social, fiscal, propriété industrielle et autres…

A ce titre, le porteur de projet est invité à comprendre certaines logiques


juridiques qui lui sont indispensables pour sa nouvelle activité. A observer les
différentes contributions juridiques rédigées à cet effet, il est possible de noter que
certaines dimensions sont minutieusement traitées telles que le droit des sociétés.
Autres aspects sont moins abordés comme les obligations en droit de travail ou la
propriété industrielle ….

Notons que ces dimensions entretiennent des liens entre elles. Par exemple, le
mode de protection sociale est dépendant de type de société créée.

I. Les différentes dimensions juridiques que la création


d’entreprise impose:
A. A. Dimension sociétaire :

Il n’ya pas un statut d’entreprise idéal mais il ya des critères qui interviennent
ensemble et qui conduisent l’entrepreneur à choisir une forme juridique plutôt qu’une
autre tels que : la taille de l’entreprise, l’activité exercée ….

Le créateur individuel possède une alternative simple : se lancer seul ou travailler


avec des associés. Il s’agit de deux logiques valables et différentes.

Concernant la première alternative, si l’entrepreneur à la volonté d’être le seul


maitre ou si son activité se prête mal à la forme sociétaire (traducteur…) il peut
exercer son activité sous forme d’une entreprise individuelle (cette forme n’est pas

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une société1 et sans personnalité morale) ou bien une entreprise ayant la forme
sociétaire). Ce dernier choix permet de distinguer l’entreprise de l’entrepreneur et
permet par conséquent de protéger le créateur des pertes financières éventuelles d’une
activité déficitaire (dans le premier choix l’entreprise se confond avec l’entrepreneur.
c’est la forme par excellence de l’indépendant).

Concernant la seconde alternative : L’entrepreneur préfère s’associer. Dans ce


cas, le projet s’enrichira des compétences variées. La question qui se pose : quelle
forme juridique sera soutenue ? et à qui vas servir la société (critère utilitaire) ?

Deux principales idées se dégagent : Si on a un petit nombre d’associés, il s’agit


de la SARL. Si par contre la société va servir à lever du capital et si on va chercher
une modalité qui permet la coexistence de plusieurs associés, il faudra réfléchir à un
type qui intègre des modes de gouvernance appropriés ; on parle évidement de la SA.

 Les modes organisationnels de la société.

Ces modalités touchent essentiellement deux questions à savoir : la direction et


les relations entre les associés.

La direction de la société: cette notion renvoie à la question de son


fonctionnement c'est-à-dire les dirigeants et leurs pouvoirs et de sa gouvernance.

Concernant le fonctionnement de la société : le dirigeant2 peut être choisi parmi


les associés ou non. De même, tous les associés ou plusieurs d’entre eux peuvent être
dirigeants.

Ce choix est effectué en fonction de plusieurs critères (données) tels que les
compétences des associés, les apports respectifs des uns. En ce sens, le choix d’un

1
Entre la société et l’entreprise, il ya une différence de nature. Alors que l’entreprise est une notion
économique, la société est une notion juridique impliquant l’acquisition de la personnalité juridique. En matière
économique, l’entreprise peut se définir comme une unité organisée reposant sur la mise en œuvre de moyens
humains et matériels de production ou de distribution. On retrouve aussi la notion d'entreprise dans le Code du
travail, au sein duquel le terme doit être interprété comme un ensemble de travailleurs exerçant une activité
commune sous l'autorité d'un même employeur. Entre la société et l’entreprise, il ya aussi une différence de
domaine. En ce sens, une entreprise peut prendre la forme d'une société (une SARL par exemple) mais peut aussi
être créée sans forcément adopter ce statut juridique (entrepreneur individuel, auto-entrepreneur…) ; à l'inverse,
la notion de société ne recouvre pas nécessairement la notion d'entreprise puisque des sociétés peuvent être crées
sans pour autant être considérées comme des entreprises (voir le cas des sociétés Holding par exemple
réglementées par l’article 463 du c.S.C) , Voir sur cette question A.Omrane, Cours droit des sociétés, Faculté de
droit de Sfax 2017_2018.
2
Le dirigeant c’est quelqu’un qui peut engager juridiquement la société.

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dirigeant non associé peut être lorsque les associés ne possèdent pas de compétence en
matière de management. De même, un associé majoritaire aura intérêt à se faire
nommer dirigeant.

Quant à la gouvernance, elle implique les modalités de contrôle, de la direction


par la communauté des associés.

La direction pose plusieurs questions relatives aux modes de nomination, de


révocation et de l’information à la disposition des associés. Encore, la durée du
mandat du dirigeant et la rémunération.

Le rôle primordial du commissaire au compte est d’assurer l’information


comptable produite par la direction des associés.

Les rapports direction –associés portent sur les modalités de convocation et


d’information des seconds par les premiers.

Les relations entre les associés renvoient aux modes de décisions collectives et
des situations de sortie de société (Des procèdes visent à éviter celle-ci si elle est
préjudiciable à la société : clause d’inviolabilité ou interdiction temporaire de cession).

B. B. Dimension fiscale :

La nature juridique de l’activité peut imposer un régime fiscal particulier. De


même, la taille de la société à des conséquences sur le régime d’imposition.

Généralement, il ya des choix présentées par la loi. Il convient alors au créateur


de comprendre les avantages et les inconvénients respectifs à fin de réduire les
charges financiers et les risques fiscaux.

C. C. La dimension sociale :

Plusieurs régimes de protection sociale du créateur contre les risques de la vie


existent3 (maladie, vieillissement). Les couvertures qu’ils offrent et les coûts ne sont
pas identiques : il ya le régime de protections des salariés. Et il ya le régime de
protection des indépendants. Ce régime traite l’entrepreneur en fonction de la nature
de l’activité (commerciale, libérale, artisanale….), les caisses spécifiques à certaines

3
CANAM : Caisse nationale d’assurance maladie.

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professions, les cotisations, leur assiette, les périodicités à la réalité des résultats, des
rappels (ajuster les cotisations payés à la réalité des résultats).

Le créateur est invité de connaitre : le type de protection, la couverture offerte,


le coût et ses modalités.

D. D. Dimension financière

C’est la garantie financière donnée par l’entrepreneur. Les banques exigent un


engagement financier sous forme de garantie personnelle. Cette garantie donne au
préteur de deniers la totalité du patrimoine de la caution voire une partie de celui-ci.

Il faut que le créateur comprendre la portée de cette garantie ainsi que sa nature
juridique.

II. Les interactions entre ces dimensions.


Les interactions jouent un rôle dans les choix offerts au créateur.

Il ne faut pas oublier que le droit est en soi est soumis aux changements de
l’environnement et s’ajuste au contexte économique et social. Il faut raisonner sur les
dimensions juridiques relatives à la création d’entreprise.

La dimension sociétaire interfère avec les dimensions fiscales et sociales dans la


mesure où le choix de la forme sociétaire peut contraindre le régime d’imposition, le
régime de protection sociale…

Par exemple dans la société Anonyme, le dirigeant bénéficie systématiquement


du régime de protection sociale des salariés, le régime d’imposition n’est pas libre. (il
s’agit du régime de l’impôt sur les sociétés).

Ainsi, la recherche de la protection sociale des salariés va guider son choix de la


forme sociétaire c'est-à-dire le créateur réfléchit d’abord en termes de régime social et
opte par conséquent pour la forme sociétaire qui lui donne accès au régime préféré.

Il faut noter que les choix juridiques effectués par l’entrepreneur ne sont pas
définitifs, ils évoluent avec le temps, et avec la situation de l’entreprise de
l’entrepreneur.

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Pour la dimension sociétaire, on peut penser à la cession, transmission ou bien la
transformation de la société.

Pour la dimension sociale, les rappels relatifs aux différences entre forfaits et
cotisations réelles.

Puisqu’il nous parait difficile d’intégrer dans ce cours tous les aspects juridiques,
nous limitons notre étude à deux dimensions qui nous paraissent importante. Nous
étudions d’abord la dimension sociétaire (titre1), car elle est au cœur de la majorité des
questions juridiques relatives à la création puis la dimension relative à la propriété
intellectuelle qui est périphérique (titre 2).

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Titre 1 : la dimension sociétaire :
Il faut d’abord définir la société puis d’en engager les intérêts.

 Définition de la société :

La première définition du contrat de société a été présentée par le Code des


obligations et des contrats dans l’article 1249 du c.o.c . Selon cet article « la société est
un contrat par le quel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou
leur travail, ou tous les deux à la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en
résulter. ». Cette définition concerne les sociétés civiles et les sociétés commerciales.

En 2000, le Code des sociétés commerciales a apporté une définition plus précise
de la société commerciale.

L’article 2 dispose que « La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs
personnes conviennent d'affecter en commun leurs apports, en vue de partager le
bénéfice ou de profiter de l'économie qui pourraient résulter de l'activité de la société.
Toutefois, dans la société unipersonnelle à responsabilité limitée, la société est
constituée par un associé unique. ».

On remarque que la définition donnée par le Code des sociétés commerciales


apporte deux nouveautés par rapport à la définition classique du Code des obligations
et des contrats.

La première nouveauté concerne les objectifs de la société à savoir la réalisation


d’une économie à côté de la réalisation d’un bénéfice.

La seconde consiste dans l’admission que la SARL peut être constituée d’un seul
associé(SURL).

On remarque que la définition donnée par le législateur insiste sur le caractère


4
contractuel de la société. Mais la société n’est pas seulement un contrat mais aussi

4
Plusieurs règles applicables aux sociétés relèvent du droit des contrats tels que la cause, la capacité le
consentement et la notion du mandat social etc..
Mais cette conception contractuelle est insuffisante pour expliquer autres règles applicables aux sociétés qu’il
s’agisse de leur constitution ou de leur fonctionnement. Ainsi, l’acquisition de la personnalité juridique de la
société suppose l’immatriculation au registre de commerce. Une fois constituée, la personne morale à des intérêts
distincts des intérêts des associés. De même, les pouvoirs des dirigeants sont fixés par des règles impératives.

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une institution5 donnant naissance à une personne morale distincte de la personne de
chacun des associés. Dans ce sens, l’article 4 du c.s.c a prévu que « Toute société
commerciale donne naissance à une personne morale indépendante de la personne de
chacun des associés à partir de la date de son immatriculation au registre du
commerce, à l'exception de la société en participation ».

 Les intérêts de la création d’une société commerciale :

Ces intérêts sont divers. Ils sont d’ordre économique, juridique et social.

 Intérêt économique : Dès qu’une entreprise commerciale prend de


l’importance, il faut chercher la participation des autres à travers le
mécanisme de la société. La société individuelle devienne insuffisante. La
société permet également d’agrandir les capitaux et de maximiser les
profits.

 Intérêt juridique : La création de la société permet de séparer le


patrimoine de la société des patrimoines des différents associés. Cette
séparation tend à la protection des biens personnels aux risques de
l’activité commerciale.

 Intérêt social : L’activité commerciale permet la création de l’emploi et la


diminution du chômage.

 Les différents types de sociétés :

On distingue d’abord les sociétés civiles (l’activité agricole, professions libérales


et profession artisanale) et les sociétés commerciales. Puis, au sein des sociétés
commerciales, on oppose les sociétés de personnes aux sociétés de capitaux.

Les sociétés civiles et les sociétés commerciales :

Concernant la première classification, les sociétés sont civiles ou commerciales


selon leur objet ou selon leur forme.

Enfin, la modification des statuts exige la majorité des associés. La société présente donc une double nature car
elle est à la fois un contrat et une institution.
5
Selon le vocabulaire juridique, la conception institutionnelle de la société consiste à le considérer comme un
ensemble de règles qui organisent de façon impérative et durable un groupement de personnes autour d’un but
déterminé.

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1-Le critère de l’objet : Lorsque l’objet de la société est commercial, la société
est qualifiée de société commerciale. En revanche, lorsque l’objet social est civil, la
société est qualifiée de société civile.

S’agissant des sociétés commerciales par leur objet, elles peuvent être
déterminées à partir de l’article 2 du Code de commerce qui définit le commerçant.
Selon cet article « Est commerçant, quiconque, à titre professionnel, procède à des
actes de production, circulation, spéculation, entremise, sous réserve des exceptions
prévues par la loi. Notamment, est commerçant, quiconque, à titre professionnel,
procède : - à l'extraction des matières premières; - à la fabrication et à la
transformation des produits manufacturés; - à l'achat et à la vente ou à la location des
biens quels qu'ils soient; - à des opérations d'entrepôt ou de gestion de magasins
généraux; - au transport terrestre, maritime et aérien des biens et des personnes; - à
des opérations d'assurance terrestre, maritime et aérienne, quelles qu'en soient les
modalités; - à des opérations de change, de banque ou de bourse; - à des opérations
de commission, de courtage; - à l'exploitation d'agences d'affaires; - à l'exploitation
d'entreprises de spectacles publics; - à l'exploitation des entreprises de publicité,
d'édition, de communication ou de transmission de nouvelles et renseignements.

Toutefois, n'est pas commerçant, quiconque exerce une profession agricole dans
la mesure où l'intéressé ne fait que transformer et vendre les produits de son fond ».

Notons que certaines activités bien qu’elles fassent partie de la vie économique
ne sont pas considérées comme des objets commerciaux. Ces activités sont
principalement l’activité agricole à condition que l’agriculteur n’ait pas le
comportement d’un commerçant c’est -à-dire il transforme et vend les produits de son
fonds. La profession libérale qui se définit comme une profession indépendante et
intellectuelle et la profession artisanale (un travailleur indépendant qui vit
principalement du produit de son travail manuel) sont aussi considérées comme des
activités civiles.

2- le critère formel : Le législateur a apporté une exception en considérant


certaines sociétés comme étant commerciales quel que soit leur objet. C’est la
commercialité par la forme qui est règlementée par l’article 7 du c.s.c « sont

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commerciales par la forme et quel que soit l’objet de leur activité, les sociétés en
commandite par actions, les sociétés à responsabilité limitée et les sociétés
anonymes. »

*Les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux.

Les sociétés de personnes sont des sociétés caractérisées par l’intuitus personae
qui existe entre les associés c’est –à-dire que les associés se groupent en considération
de la personne de chacun d’eux. Il en découle que les parts sociales ne sont cessibles
qu’avec le consentement de tous les associés. De même, la faillite ou l’incapacité d’un
associé peut entrainer la dissolution de la société.

En revanche, les sociétés de capitaux sont en principe caractérisées par la


faiblesse de l’intuitus personae entre les associés qui se groupent en fonction de leurs
moyens. Il en découle que les associés peuvent céder librement leurs parts. De même,
la mort ou l’incapacité d’un associé n’a pas en principe des conséquences juridiques
sur l’existence de la société. Enfin, chaque associé n’est en principe tenu que jusqu'à
concurrence de son apport sans engager son patrimoine personnel.

Entre ces deux types, on trouve la SARL qui a une nature hybride. Cette société
emprunte des caractéristiques des sociétés de personnes puisque la cession des parts
n’est pas libre et la société se constitue entre des personnes qui se connaissent. Mais
aussi la responsabilité des associés est limitée à leurs apports sans engager leurs
patrimoines propres.

En réalité, les sociétés régies par le Code des sociétés commerciales sont variées.
On trouve plusieurs formes : La SNC, SCS, SEP, SARL, SA, SCA, SURL. Chaque
forme sociétaire est réglementée par des règles particulières (deuxième partie).
Cependant, toutes ces formes sociétaires sont soumises à un droit général des sociétés
(première partie)

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Première Partie : Les règles communes à toutes les
formes sociétaires.
Ces principes concernent la constitution de la société et son fonctionnement.

Chapitre premier : La constitution de la société


Selon les articles 1249 du c.o.c et 2 du c.s.c , la société est un contrat ou un acte
juridique unilatéral puisque la loi admet que la SARL peut être une société unilatérale.
Cependant, la constitution d’une société est subordonnée à l’accomplissement de
certaines formalités.

Section 1 : Le contrat de société :


La doctrine est divisée quant à la nature juridique de la société. La société est un
contrat ou bien une institution ? Aujourd’hui, la doctrine majoritaire adhère à l’idée
que la société est à la fois un contrat et une institution. C’est la théorie du juste milieu.

Puisque la société est un contrat, elle doit d’abord satisfaire aux conditions
générales posées par l’article 2 du c.o.c.6

A ces conditions générales, l’article 2 du c.s.c a ajouté des éléments spécifiques à


savoir : pluralité des associés, les apports et la recherche d’un bénéfice ou la
réalisation d’une économie. La doctrine et la jurisprudence ont ajouté « l’affectio
societatis ».

Paragraphe premier : Les conditions générales :


La société est soumise aux conditions générales de validité des actes juridiques
posés par l’article 2 du Code des obligations et des contrats. Ces conditions qui sont :
le consentement, la capacité, l’objet et la cause appellent les précisions suivantes :

-Le consentement : Selon l’article 1254 du c.o.c le consentement des associés


doit porter sur « la constitution de la société et les autres clauses du contrat ».

6
« Les éléments nécessaires pour la validité des obligations qui dérivent d'une déclaration de volonté sont :1) la
capacité de s'obliger ; 2) une déclaration valable de volonté portant sur les éléments essentiels de l'obligation ; 3)
un objet certain pouvant former objet d'obligation ; 4) une cause licite de s'obliger. ».

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L’article 2 du c.o.c exige que le consentement des associés soit exempt de tout
vice. Ainsi, une société pourrait être annulée en cas d’erreur, de dol ou de violence.

-La capacité : elle diffère selon le type de la société et la qualité de l’associé. Il


découle de l’article 11 du c.s.c que nul ne peut être associé dans une SNC ou
commandité dans une SCS ou par actions s’il n’a pas la capacité requise pour la
profession commerciale.

Toutefois, les personnes qui n’ont pas la capacité requise pour l’exercice du
commerce peuvent être des associés commanditaires dans une SCS ou associés dans
SARL ou actionnaires dans une SA ou dans une SCA. Cette personne frappée
d’incapacité, elle ne peut être associé que par l’intermédiaire de son tuteur.

L’article 11 mérite d’être précisé. D’un côte, l’article 213 du c.s.c relatif à la SA
dispose que « le président- directeur général de la société est considéré comme
commerçant pour l’application des dispositions du présent Code ». La même règle est
consacrée par l’article 217 du c.s.c en cas de dissociation entre les fonctions du
président du conseil d’administration et celles de directeur général de la société.

D’un autre côté, la situation de l’associé unique dans la SUARL est clarifiée par
l’article 148 du C.S.C selon lequel le régime juridique des sociétés à responsabilité
limitée est applicable aux sociétés unipersonnelles à responsabilité limitée sous réserve
des dispositions contraires prévues pour ces dernières.

-L’objet et la cause : de la société sont confondus dans l’objet social défini


comme l’ensemble des activités que la société envisage d’exercer en vue de réaliser
des bénéfices7.

L’objet social doit respecter certaines conditions. D’un côté, il doit être licite.
Ainsi, toute société dont son activité est contraire aux bonnes mœurs, à la loi ou à
l’ordre public est illicite et nulle de plein droit.( les articles 162 du c.s.c , 1252 du c.o.c
et 1253 du c.o.c). C’est le cas de la société ayant pour objet des choses qui ne sont pas

7
Paul Cordonnier, l’objet social, D.1952, Doctrine, p.171.

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dans le commerce8. D’un autre côté, l’objet social doit être déterminé c'est-à-dire
défini dans les statuts.

Paragraphe(2) : Les conditions spécifiques du contrat de société :


Ces conditions sont prévues par l’article 2 du c.s.c. Selon cet article, l’existence
d’une société requiert :

 Une pluralité d’associé

 Une mise en commun des apports des associés.

 La participation de ces derniers aux résultats de l’exploitation.

A côte de ces trois conditions, la doctrine a ajouté l’affectio societatis.

A. La pluralité des associés :


L’article 2 du c.s.c précise que la société est instituée par deux ou plusieurs
personnes. La société exige donc une pluralité d’associés. Même si la pluralité est en
principe exigée par loi, il convient de préciser que le Code des sociétés commerciales
a introduit dans le droit tunisien un nouveau –né appelé le SUARL. Cette forme
sociétaire est instituée par la volonté d’une seule personne dénommée associé unique
qui affecte à une entreprise ses biens pour profiter des bénéfices et qui ne supporte les
risques que jusqu'à concurrence de son apport.

Notons que SUARL peut aussi résulter de la réunion de toutes les parts en une
seule et même main en cours de vie sociale (les articles 23 et 93 al 4 du c.s.c).

Il parait bien que le principe de la pluralité des associés a subi une atteinte
importante par l’article 2 du c.s.c ajouté en 2000.

B. La mise en commun des apports :


Les articles 1249 du c.o.c et 2 du c.s.c définissent la société comme un contrat
par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs apports, en vue de
tirer profit de l’activité sociale. L’ensemble de ces apports à l’exception des apports
en industrie constitue le capital social.

8
L’article 1252 du c.o.c

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Chaque associé est tenu d’effectuer un apport en société. Cette opération se
définit comme étant l’acte par lequel une personne s’engage à mettre un bien ou un
travail ou les deux à la fois au profit de la société en contre partie de l’attribution des
droits d’associé9. L’associé reçoit donc des parts sociales émises par la société en
contre partie de l’apport. Il s’agit bien d’un contrat onéreux.

Cette opération est nécessaire pour l’existence et à la validité de la société. A


défaut, la société ne peut pas fonctionner 10(il n’ya pas de société sans apport).

Cette opération est également nécessaire à la reconnaissance de la qualité


d’associé. En effet, tout associé doit sa qualité à l’apport qu’il est tenu de faire à la
société.

La question qui se pose : est ce que la simple promesse d’apport suffit pour
conférer la qualité d’associé ? En d’autres termes est ce que cette qualité s’acquière
même avant la libération de l’apport. La réponse positive peut être déduite de l’article
2 du c.s.c lorsqu’il édicte que les parties « conviennent d’affecter en commun leurs
apports ». et de l’article 6 al 2 du même Code qui édicte que « Chaque associé est
débiteur de son apport à l’égard de la société. Celle –ci pourra lui réclamer des
dommages et intérêts pour tout retard dans la libération de son apport. ». La même
réponse peut être aussi déduite des articles 126211 et 126312 du c.o.c.

Aux termes de l’article 5 du c.s.c « Les apports peuvent être soit en numéraire,
soit en nature, soit en industrie ». Il existe donc trois catégories possibles d’apport en
société.

1. L’apport en numéraire :
L’apport en numéraire est un apport de somme d’argent apporté à la société
c’est-à-dire des versements en espèce. L’opération d’apport passe par deux étapes :
une étape de souscription et une étape de libération.

9
Ahmad Omrane, Cours droit des sociétés précité.
10
M.J.Cambassedes, La nature et le régime de l’opération d’apport, Rev. Sociétés, 1976, p.431.
11
« Chaque associé est débiteur envers les autres de tous ce qu’il a promis d’apporter à la société. ».
12
« Chaque associé doit délivrer son apport à la date convenu, et s’il n’ya pas de terme fixé aussitôt après la
conclusion de contrat sauf les délais provenant de la nature de la chose ou des distances ».

Enseignante : Sonda Hentati Page 13


La souscription consiste dans l’engagement pris par une personne d’effectuer un
apport.

La libération consiste dans l’exécution de cet engagement.

Ces versements peuvent être concomitants ou fractionnés. La libération


concomitante est obligatoire pour les SARL (art 97 du c.s.c) et pour les SCA pour les
commanditaires (art 392 in fine du c.s.c).

En revanche, la libération fractionnée est possible pour les SA (article 165du


c.s.c). Selon cet article, l’apporteur en numéraire doit verser au moins le quart du
montant des actions souscrites par lui et le surplus du montant pouvant intervenir dans
un délai maximum de 5 ans à compter de la constitution définitive de la société.

Pour les sociétés de personnes, devant le silence de la loi, le principe est la


libération immédiate et intégrale.

2. L’apport en nature :
L’apport en nature porte sur toutes sortes de biens autres que l’argent qu’il soit
meuble ou immeuble, corporel ou incorporel.

L’apport en nature peut être fait soit en propriété, soit en jouissance.

a) L’apport en propriété :
L’apport en propriété s’apparente à la vente. D’abord, il réalise un transfert de
propriété et des risques des biens apportés. En effet, l’apporteur est tenu d’une
obligation de délivrance des biens qui quittent définitivement son patrimoine pour
intégrer le patrimoine de la société qui en devient propriétaire.

On en déduit d’une part que c’est la société et non l’apporteur qui supporte les
risques du bien apporté (article 24 du csc et article 6 al 2 du c.s.c). Cela signifie aussi
que l’apporteur est tenu à l’égard de la société d’une obligation de garantie des vices
cachés et contre l’éviction.

D’autre part, les formalités qui doivent être respectées pour la vente de certains
biens comme les immeubles et les fonds de commerce doivent l’être aussi lorsque ces
biens font l’objet d’un apport en propriété (article 3 al2 du c.s.c).

Enseignante : Sonda Hentati Page 14


Cependant, l’assimilation à la vente ne peut été parfaite dans la mesure où
l’associé apporteur ne reçoit pas en contre partie un prix mais plutôt une part sociale
c'est-à-dire des droits sociaux dont la valeur varie avec les aléas de l’activité
13
commerciale .

b) L’apport en jouissance :
L’apport en nature peut être un apport en jouissance qui consiste dans la mise
d’un bien à la disposition de la société en vue de son usage pendant un temps
déterminé14. Dans ce cas, l’apporteur garde son droit de propriété et transmet à la
société le droit d’usage.

Quant à son régime juridique, il peut être dégagé en le distinguant du contrat du


bail. A cet égard, deux idées permettent de résumer les rapports entre l’apport de
jouissance et le contrat de bail.

Premièrement, l’apporteur est soumis aux mêmes règles que le bailleur et la


société qui reçoit un apport en jouissance est considérée comme un locataire (art 6 du
c.s.c). Il en découle que l’apporteur peut demander la restitution du bien en cas de
liquidation de la société.

Deuxièmement, l’apport en jouissance ne s’assimile pas parfaitement au bail


pour la simple raison que la société n’a pas à verser un loyer.

Le danger de l’apport en nature tient au risque de surévaluation de ce type


d’apport. Pour faire face à ce danger, la loi a prévu un contrôle d’évaluation qui varie
selon les types de sociétés. (SA ou SARL). Dans la SARL, l’évaluation des apports en
nature est faite par un commissaire aux apports désigné à l’unanimité des associés ou
à défaut par ordonnance sur requête rendue par le président du tribunal de première
instance du lieu du siège social, à la demande de l’un des associés. Lorsque la valeur
de l’apport est faible (inférieure à 3000 dinars), les associés sont dispensés de
l’intervention d commissaire aux apports (art 100 et 151 du c.s.c).

13
Dans l’apport d’usufruit, l’associé transmet en propriété à la société son droit d’usage et de jouissance mais
sans lui transmettre le droit de disposer.
14
P. Engel, Associé et créancier : l’apporteur en jouissance dans les sociétés de capitaux, J.C.P.1998, éd E, n°52,
p.2056.

Enseignante : Sonda Hentati Page 15


Dans les sociétés par action, les commissaires aux apports sont désignés par
ordonnance sur requête du président du tribunal de première instance du lieu du siège
social parmi les experts judiciaires, à la demande des fondateurs et abstraction faite de
la valeur des apports en nature effectués (art 173 et 391 du c.s.c).

3. L’apport en industrie
Il consiste dans l’engagement de l’associé de travailler pour la société mais sans
lien de subordination. ( si non on parle d’un contrat de travail). L’associé met donc à la
disposition de la société son travail, son intelligence et ses services. C’est notamment
le cas de l’ingénieur qui met à la disposition d’une société ses connaissances
techniques et professionnelles.

L’apport en industrie peut consister aussi dans le crédit commercial 15 d’une


personne (art 1256 du c.o.c). Ce genre d’apport consiste dans les sociétés de personnes
à faire figurer son nom dans la raison sociale en raison de sa solvabilité et de sa
réputation.

L’apport en industrie pose un problème juridique relatif à son régime juridique.

D’abord, l’apport en industrie est limité dans son rôle consistant dans la mise en
commun de services difficiles à évaluer et qui n’ont pas une valeur réalisable et
comptabilisée16.

Ensuite, l’apport en industrie n’entre pas dans la composition du capital social,


ceci implique que même s’il donne à l’associé une part dans les bénéfices et les pertes,
il ne peut ni être représenté par des actions ou des parts sociales, ni faire l’objet d’une
restitution à la fin de l’activité sociale.

Enfin, l’apport en industrie à un domaine limité. Il est exclu dans certains types
de sociétés. Ainsi, il est interdit expressément dans la SA (art 166). Il en est de même
dans les SCS ou SCA dans lesquelles les commanditaires ne peuvent effectuer un
apport en industrie puisqu’ils ne peuvent pas diriger la société ni s’immiscer dans la
gestion.

15
Le texte parle de « crédit commercial », ce qui exclut le « crédit politique ». Une personne ne peut donc faire
apport de ses relations politiques et administratives car il s’agit d’un trafic d’influence.
16
A.Omrane, cours précité.

Enseignante : Sonda Hentati Page 16


L’apport en industrie était interdit dans les SARL. Mais avec la réforme apportée
au Code des sociétés commerciales par la loi n°2007-69 du 27 décembre 2007,
l’article 97 dernier alinéa du c.s.c reconnait l’apport en industrie dans ce type de
sociétés.

La réunion des apports constitue le capital social. Plus précisément, le capital


social est constitué par la valeur de l’ensemble des apports en numéraire et des apports
en nature à l’exception des apports en industrie.(art 5 du c.s.c).

Le capital social est soumis à un principe de fixité en vertu du quel l’associé ne


peut reprendre son apport au cours de la vie sociale. Encore, la société ne peut pas
distribuer aux associés de dividendes par prélèvement sue ce capital.

Constituant le gage exclusif des créanciers, le capital social se distingue de l’actif


social. En effet, à la constitution, la société ne possède que ce capital mais après et en
cours de la vie sociale, capital social et actif social ne vont plus correspondre. A cet
égard, il y a deux hypothèses. Si les affaires sociales évoluent et la société enregistre
des bénéfices dont une partie constituera des réserves. Dans ce cas, l’actif social sera
forcément supérieur au capital social. Par contre, si les affaires sociales se dégradent et
la société serait endettée, l’actif social sera sans doute dans ce cas inférieur au capital
social.

C. La participation des associés aux Résultats de l’exploitation sociale.


La participation aux résultats de l’exploitation sociale peut consister en une
participation aux bénéfices ou dans une participation à une économie. Mais les
associés ne participent pas seulement aux bénéfices ou aux économies, les associés
s’engagent également à contribuer aux pertes.

1. La participation aux bénéfices ou aux économies:


Selon l’article 2 les associés peuvent avoir pour but de partager le bénéfice ou de
profiter de l’économie qui pourrait résulter de l’activité de la société. Cet objectif de la
société permettrait de distinguer la société de l’association (convention par la quelle
deux ou plusieurs personnes mettent en commun d’une façon permanente leurs
connaissances ou activités dans un but autre que de partager des bénéfices).

Enseignante : Sonda Hentati Page 17


Mais qu’est ce qu’il faut entendre par bénéfice ?

La jurisprudence française avait défini le bénéfice depuis l’arrêt des chambres


réunies de la Cour de cassation de 1914 à propos d’un litige opposant la caisse rurale
de la commune de Manigot à l’administration de l’enregistrement sur le montant d’un
droit. Selon cette haute juridiction, le bénéfice doit s’entendre d’un gain pécuniaire ou
d’un gain matériel qui ajouterait à la fortune des associés.

Par gain pécuniaire, il faut comprendre un enrichissement en argent. Un gain


matériel serait par exemple la distribution de produit ou actions.

S’agissant de l’économie, celle-ci consiste en une économie en argent.


L’économie peut aussi consister en l’atténuation d’une perte.

La répartition des bénéfices entre les associés obéit aux règles suivantes :

1ère règle : seul un bénéfice réel (pas fictif) peut donner lieu à une distribution de
dividendes. C’est ainsi que toute distribution de dividendes en absence de bénéfices
réalisés par la société constitue le délit de distribution de dividendes fictifs. C’est ce
que consacrait expressément le Code des sociétés commerciales dans les articles 223 et
257 pour la société anonyme. Ce délit n’a pas été prévu dans le cadre de la SARL. Ce
qui peut être considéré comme une dépénalisation de la distribution de dividendes
fictifs pour ce type de société.

2ème règle : un bénéfice réel ne donne pas nécessairement à une distribution de


dividendes aux associées. En d’autres termes, notre législateur n’a pas fait de la
distribution une obligation pour la société. Cette règle entraine deux conséquences :

D’une part, la société ne nécessite pas pour exister valablement une distribution
effective des bénéfices aux associés. Une société qui ne réalise jamais de bénéfice
reste valable.( L’obligation pour la société c’est le but lucratif).

D’autre part, comme aucune disposition légale n’impose la répartition des


bénéfices à la fin de chaque exercice social, la société peut affecter ses bénéfices à la
réserve.

3ème règle : La société qui décide de distribuer les dividendes aux associés doit ne
pas distribuer tous les bénéfices c’est –à-dire elle doit prélever une partie des bénéfices
Enseignante : Sonda Hentati Page 18
en des réserves, 5% des bénéfices sont prélevés après chaque exercice et affectés à la
constitution de réserves.

Ce prélèvement cesse d’être obligatoire lorsque le fonds de réserve atteint 1 /10


du capital. (Article 140 relatif à la SARL et 287 relatif à la SA). C’est ce qu’on
appelle la réserve légale..

4ème règle :La société doit respecter la loi de la proportionnalité entre les
bénéfices et les apports. La part de chaque associé dans les bénéfices doit être en
proportion de sa participation dans le capital. On en déduit que les clauses léonines
c’est -à -dire celles qui réservent des avantages à certains associés au détriment des
autres sont nulles.

2. La participation aux pertes :


L’activité sociale ne procure pas seulement aux associés des bénéfices. Elle peut
aussi enregistrer des pertes. Si l’article 2 du c.s.c définissant la société n’y fait pas
allusion, il doit être complété par l’article 1302 du c.o.c. Selon cet article « la clause
qui affranchirait l’un des associés de toute contribution aux pertes est nulle, mais
n’annule pas le contrat. ».

Les clauses visées dans cet article se sont les clauses qui font échapper les
associés aux aléas tel est le cas des clauses prévoyant le rachat des parts d’un associé à
une valeur supérieure à ses apports ou même simplement à un prix fixé d’avance17.

La contribution aux pertes doit se distinguer de l’obligation aux dettes. Elle


concerne les rapports entre les associés. Plus précisément, elle désigne la répartition
des pertes entre les associés. En revanche, l’obligation aux dettes concerne les
rapports des associés avec les créanciers sociaux. Elle consiste à déterminer dans
quelle mesure les associés sont responsables des dettes de la société sur leurs biens
personnels. Cette obligation varie suivant la nature de la société. Ainsi, dans les
sociétés à risque limité, les associés ne sont pas tenus des dettes de la société au-delà
du montant de leurs apports.

17
A.Omrane, cours précité.

Enseignante : Sonda Hentati Page 19


En revanche, dans la SNC ou la société en commandite simple, les associés sont
tenus indéfiniment et solidairement sur leurs biens individuels des dettes de la société.

D. L’affectio societatis :
Cette condition n’est pas formulée par la loi (ni le c.o.c ni le c.s.c). Mais la
doctrine s’accorde à la considérer comme une condition nécessaire sans laquelle la
société ne saurait exister.

Alors que dans la majorité des contrats, les parties ont des intérêts antagonistes,
dans la société, les parties ont un intérêt commun, c’est ce que souligne l’article 1249
du c.o.c. Selon cet article, la société suppose que les contractants soient animés de
cette volonté d’union et de collaboration égalitaire qui s’exprime dans une formule très
connue par les juristes : affectio societatis. Dans ce sens, Pour Ph.Merle « L’affectio
societatis est la volonté des associés de collaborer ensemble sur un pied d’égalité, au
sucées de l’entreprise commune »18.

Il faut souligner que l’affectio societatis présente une intensité variable selon le
type de société. Elle a un caractère très marqué dans les sociétés de personne (petites
sociétés fondées sur l’intuitu personae). Mais elle est moins marquée dans les sociétés
par action où la considération de l’argent devient plus importante que la considération
de la personne.

L’intérêt principal de ce critère est de permettre dans les cas douteux de qualifier
un groupement comme étant ou non de nature sociétaire. Cet élément psychologique
permet de distinguer la société d’autres contrats et notamment le contrat de travail. La
doctrine a constaté que certains traits caractérisent le contrat de société. Ces traits
caractéristiques peuvent être ramenés à trois : la volonté de collaborer ensemble à la
vie sociale, la convergence des intérêts et l’égalité et l’indépendance entre les associés.

Section 2 : Les formaliés de la constitution de la société :


Selon l’article 3 alinéa premier du c.s.c « à l’exception de la société en
participation, le contrat de société doit être rédigé par un acte sous seing privé ou acte

18
Ph. Merle, Sociétés commerciales, Paris Dalloz 6ème éd 1998.

Enseignante : Sonda Hentati Page 20


authentique. ». En réalité, l’écrit n’est pas la seule formalité exigée. La loi a exigé trois
catégories de formalités à savoir :

 L’écrit.

 L’accomplissement des mesures de publicité.

 L’immatriculation de la société au registre de commerce.

Paragraphe premier: L’écrit:


Cet écrit est connu sous le nom de « statuts ». Les statuts doivent contenir des
mentions obligatoires. A cet égard, l’article 9 du c.s.c prévoit que les statuts doivent
contenir les mentions suivantes : la forme de la société, la durée de la société, le nom
de la société, le siège social, l’objet social et le montant du capital social.

L’omission de la forme de la société n’est pas sanctionnée par la nullité. La


société est considérée en nom collectif puisque celle-ci est la société de droit commun.

De même quand la durée n’est pas indiquée, la société est considérée une société
à durée indéterminée qui peut être prorogée jusqu’à 99 ans à partir de la date de son
immatriculation.

Par contre, les autres mentions sont nécessaires et ne peuvent être supplées, leur
défaut entraine systématiquement sa nullité à moins de régularisation.

Le Code de sociétés commerciales a aussi précisé la nature de l’écrit. En vertu


de l’article 3, le contrat de société peut être rédigé par un acte authentique ou sous
seing privé. Ce principe connait cependant certaines exceptions. Ainsi si les apports
comprennent des apports en nature ayant pour objet un immeuble immatriculé, l’acte
doit être rédigé conformément aux articles 377 bis du C.D.R c’est -à -dire l’acte doit
être rédigé par les rédacteurs de la propriété de la conservation foncière, soit des
notaires, soit d’un avocat non stagiaire.

Les associés doivent également signer les statuts eux même ou par un mandataire
muni d’un pouvoir spécial.

Enseignante : Sonda Hentati Page 21


Paragraphe (2): La publicité.
Pour informer les tiers, les statuts doivent à peine de nullité être publiés. Cette
publicité est réglementée par l’article 15 du c.s.c. D’après cet article, deux mesures de
publicité sont envisagées.

D’une part, une publicité faite au moyen d’une insertion au J.O.R.T.

D’autre part, la même insertion se fait dans deux journaux quotidiens dont l’un
était publié en langue arabe et ce dans un délai d’un mois à partir soit de la constitution
définitive de la société soit de la date du procès- verbal de l’assemblée constitutive.

Paragraphe (3): L’immatriculation au registre de commerce.


Pendant le même délai de publicité, la société doit être immatriculée au registre
de commerce. Cette immatriculation se fait par le dépôt des statuts de la société et des
documents prévus par la loi relative au registre de commerce.

Le non respect des conditions de forme relatives à l’écrit et à la publicité est


sanctionné par la nullité relative (art 3 et 17 du c.s.c). De même, l’inobservation des
formalités de publicité est une source de responsabilité civile et pénale à la charge des
dirigeants sociaux (article 2 du c.s.c).

Quant à l’inobservation des formalités d’immatriculation, elle provoque une


sanction plus grave que la nullité qui est l’absence d’octroi de la personnalité par
application de l’article 4 du c.s.c.

Enseignante : Sonda Hentati Page 22


Partie (2) : Les règles particulières à chaque type de
société :
Généralement, on classe les sociétés commerciales en société de personnes et
sociétés de capitaux.

Les sociétés de personnes sont dominées par la considération de la personne des


associés. Il en découle que les parts des associés ne sont pas en principe cessibles
qu’avec le consentement de tous les associés. De même, le décès ou l’incapacité de
l’un des associés peut mettre fin à la société.

Encore, les associés sont indéfiniment et solidairement responsables vis –à-vis


des tiers des dettes de la société.

En revanche, les sociétés de capitaux ne sont pas fondées sur la considération de


la personne des associés mais sur la volonté de mettre en commun des capitaux. Il en
découle que les associés ne sont tenus que jusqu'à concurrence de leurs apports. De
même, les actions qu’ils reçoivent en contre partie de leurs apports sont librement
négociables et le décès ou l’incapacité de l’un des associés ne met pas fin à la société.

Cette classification n’est pas absolue pour deux raisons :

D’abord, les sociétés en commandité adoptent les caractéristiques de la société de


personnes ou de la société de capitaux selon la qualité de l’associé. Pour les associés
commandités, la société est une société de personnes. En revanche, pour les associés
commanditaires, la société constitue une société de capitaux.

La seconde raison est que la SARL est une société à mi -chemin entre les sociétés
de personnes et les sociétés de capitaux.

Le Code des sociétés commerciales a préféré une classification tripartite entre


sociétés de personnes, sociétés à responsabilité limité et sociétés par action.

Enseignante : Sonda Hentati Page 23


Chapitre premier : Les sociétés de personnes :
Le législateur a consacré les articles 54 à 89 aux sociétés de personnes. Dans ces
articles, il a prévu trois types de sociétés :

 La SNC ( les articles 54 à 66 du c.s.c).

 La SCS (les articles 67 à 76 du c.s.c).

 La société en participation (les articles 77 à 89 du c.s.c).

Section 1: La société en nom collectif.


L’article 54 du Code des sociétés commerciales définit la société en nom
collectif comme étant une société « constituée entre deux ou plusieurs personnes qui
sont responsables personnellement et solidairement du passif social. Elle exerce son
activité sous une raison sociale qui se compose du nom de tous les associés ou du nom
de l’un ou de quelques-uns d’entre eux suivis des mots "et compagnie". ».

La SNC se distingue par des règles particulières de constitution, de


fonctionnement et de dissolution.

Paragraphe premier :La constitution :


Ces règles concernent les associés, l’objet social, le nom de la société et son
capital.

1-Les associés :

La principale particularité tient à la qualité de commerçant des associés en nom


collectif (article 55 al 1 du c.s.c). Les associés doivent donc avoir la capacité
commerciale.

2-L’objet social :

La SNC n’est pas une société commerciale par la forme. Elle est donc
commerciale lorsque son objet est un acte de commerce. Cependant, il existe des
restrictions c’est-à-dire des activités qui ne peuvent pas exercées dans la SNC. Tel est

Enseignante : Sonda Hentati Page 24


le cas de l’activité de banque 19 ou de l’activité d’assurance20. En revanche, la
profession pharmaceutique ne peut être exercée que dans le cadre de SNC.

3-Le nom social :

Selon l’article 54 al1 du c.s.c « Elle exerce son activité sous une raison sociale
qui se compose du nom de tous les associés ou du nom de l’un ou de quelques-uns
d’entre eux suivis des mots "et compagnie ». Cette règle s’explique par la
responsabilité personnelle et solidaire des associés pour le paiement de toutes les
dettes sociales.

4- Le capital social :

La loi n’a pas fixé de capital social minimum pour le SNC. L’explication en est
simple. En effet, les créanciers sociaux ont une garantie plus importante que celle
offerte par le capital social. Rappelons que les associés de nom collectif sont
personnellement et solidairement responsables du passif social.

Théoriquement, la SNC peut même se constituer sans capital social c’est –à-dire
même lorsque les associés ont fait seulement des apports en industrie(les statuts
mentionnent un capital social égal à zéro).

Paragraphe (2) :Le fonctionnements de la SNC


Selon l’article 57 du c.s.c « La gestion de la société est un droit pour tous les
associés sauf si les statuts ou une convention ultérieure ne prévoient le contraire. ». Cet
article implique que lorsque les statuts sont muets sur la question de la gérance, tous
les associés sont gérants (article 60 al 2 du c.s.c).

ll faut noter cependant qu’il est possible d’envisager dans les statuts que la
gestion soit attribuée à une personne déterminée et c’est un mode de gestion plus
souple.

19
La loi n°2016-48 du 11 juillet 2016 relative aux banques et établissements financiers a abrogé et a remplacé la
loi n°2001-65 du 10 juillet 2001 relative aux établissements de crédit.
20
L’article 53 de la loi n°92-24 du 9 -3-1992 portant promulgation du Code des assurances.

Enseignante : Sonda Hentati Page 25


Le gérant peut être associé ou non. Dans le premier cas, il est nommé par une
décision prise à l’unanimité. Et dans le second cas, la nomination est prise par les
associés détenant les 3 /4 du capital (article 58 du c.s.c).

Quand à la révocation du gérant, elle se déroule selon les mêmes conditions


suivant lesquelles il a été nommé (art 59 du c.s.c).

Il faut distinguer selon que le gérant est associé ou non associé, statutaire ou non
statutaire. Si la gérance est exercée par un associé désigné par les statuts, la révocation
doit intervenir à l’unanimité. La même règle pour le gérant non statutaire sauf que ce
gérant ne peut être révoqué par une majorité inférieure à 3 /4 du capital.

Si la gérance est exercée par un tiers non associé. Il peut être révoqué aux
conditions statutaires et à défaut par une décision majoritaire prise par les associés
détenant les trois quarts du capital social. (Article 58 du c.s.c).

 Pouvoirs et responsabilités des gérants

Le gérant de la SNC accomplit tous les actes de gestion qui exige l’intérêt de la
société sauf limitation expresse de ses pouvoirs par les statuts. Il est donc le
représentant de la société dans la vie juridique. L’acte de gestion couvre les actes
d’administration et les actes de disposition qui concourent à la réalisation de l’objet
social.

Les associés peuvent prévoir des limites à la liberté du gérant dans les statuts en
lui interdisait d’accomplir certains contrats. En cas de violation, sa révocation
s’impose.

Le gérant engage la société chaque fois qu’il s’agit dans les limites de ses
pouvoirs. Ces limites sont en principe l’objet social. Les pouvoirs du gérant sont
également limités par les prérogatives attribuées aux autres organes de la société tel le
cas de la modification des statuts qui relève de la compétence de l’assemblée générale.

Pour la responsabilité du gérant, le Code des sociétés commerciales n’a pas


consacré des dispositions spéciales. Il faut donc appliquer les règles du droit commun.
En effet, la responsabilité civile du gérant sera engagée lorsqu’il cause dommage à la
société telle qu’une faute grave de gestion.

Enseignante : Sonda Hentati Page 26


Le gérant peut être également tenu à une responsabilité pénale en vertu du droit
21 22
commun comme en matière d’abus de confiance , d’escroquerie ou de
23
banqueroute .

 *Les droits des associés :

Le droit à l’information : l’article 64 du CSC permet aux associés de prendre


connaissance des documents comptables deux fois par an au siège de la société (voir
article 11 du c.s.c). Grâce à cette information, les associés peuvent contrôler la gestion
sociale.

Encore, les associés participent aux assemblées générales. Ainsi, ils possèdent un
nombre de voix proportionnels à leur apports (art 11 du c.s.c).

Les associés ont également droit aux bénéfices sociaux. A la clôture de


l’exercice, le gérant établit le rapport de gestion et les états financiers qu’il soumet à
l’approbation des associés.

La cession des parts sociales est soumise à des conditions. L’article 56 distingue
entre la cession au profit d’un tiers et celle qui intervient entre associés. Selon cet
article « A l’exception des cas expressément prévus dans l’acte constitutif de la
société, l’associé ne peut céder sa part d’intérêt à un tiers sauf consentement unanime
des autres associés et à condition de se conformer aux obligations de publicité.
Toutefois il est permis à un associé de transférer à un tiers les droits et les avantages
attachés à sa part d’intérêt, cet accord n’ayant d’effet qu’entre les parties
contractantes» .

Paragraphe (2) : La dissolution de la SNC :


L’article 65 du c.s.c prévoit que la société se dissout par les causes prévues à
l’article 21 du c.s.c. et il a ajouté trois causes particulières qui sont la démission,
l’incapacité et la faillite de l’un des associés.

21
L’article 297 du c.pénal.
22
L’article 291 du c.pénal.
23
L’article 283 du c.pénal.

Enseignante : Sonda Hentati Page 27


Selon cet article " Outre les causes de dissolution communes à toutes les
sociétés prévues au présent code, les sociétés en nom collectif sont soumises aux
causes de dissolution suivantes :

L'impossibilité pour l'un des associés de céder ses parts si la société a été
constituée à durée illimitée à condition que sa décision de céder ses parts
ne porte pas atteinte aux intérêts légitimes de la société eu égard aux
circonstances dans lesquelles la décision de cession a été prise.

La survenance de l'incapacité ou la faillite d'un associé.

Toutefois, les autres associés peuvent à l'unanimité décider que la société


continuera entre eux, à l'exclusion du démissionnaire, de l'incapable ou du failli, mais
à condition de procéder aux mesures de publicité légale.

Sauf clause contraire des statuts, en cas de décès de l'un des associés, la société
en nom collectif continue entre les survivants, si le précédé n'a pas laissé d'héritiers
auxquels ses droits sont dévolus. Au cas contraire, la société continue avec les héritiers
qui prennent la qualité d'associés commanditaires, et la société se transforme de droit
en une société en commandite simple qui doit faire l'objet des mesures de publicité
légale. ».

Section 2: La société en commandité simple.


L’article 67 du c.s.c définit la société en commandite simple comme étant celle
qui comprend deux types d’associés à savoir les commandités et les commanditaires.

Concernant les commandités, ils ont le même statut que les associés en non.
Ainsi, ils sont tenus personnellement et solidairement des dettes sociales.

S’agissant de la gérance, le ou les gérants peuvent être des associés commandités


ou un tiers mais au aucun cas un associé commanditaire.

Les commanditaires ne sont tenus des dettes sociales qu’à concurrence de leurs
apports. Un commanditaire ne peut en aucun cas s’immiscer dans la gestion de la
société (art 71 al 1).

Enseignante : Sonda Hentati Page 28


Notons également que l’apport en industrie est interdit à l’associé
commanditaire.

La société en commandite simple est désignée par une raison sociale qui ne
comprend que le nom des commandités ou certain d’entre eux suivi ou précédé de la
mention « société en commandite simple ».

L’article 75 du c.s.c prévoit que les parts sociales dans le S.C.S ne peuvent être
cédées qu’avec le consentement de tous les associés. L’atténuation à cette règle peut
être faite par les statuts.

La dissolution de la société en commandite simple est soumise aux règles


générales de dissolution des sociétés et aux règles particulières de dissolution
applicables aux SNC.

N.B. La société en participation présente 4 caractéristiques : D’abord c’est une


société sans PM.

De même, elle n’est pas soumise aux obligations de publicité et


d’immatriculation.

Il s’agit ensuite d’une société occulte (son existence n’est pas censée être portée à
la connaissance des tiers).

Enfin c’est une société commerciale par l’objet et pas par la forme.

Chapitre 2 : Les sociétés de capitaux :


Les sociétés de capitaux sont au nombre de deux : La société anonyme et la
société en commandite par action.

Nous limitons notre étude à la SA. Elle est dite anonyme parce que sa
dénomination sociale ne permet pas de révéler le nom des actionnaires. (article 160 al
2 du c.s.c ). Cette forme est exigée par le législateur pour l’exercice d’activités
nécessitant une forte mobilisation des capitaux telles que les activités de crédit,
d’assurance….

C’est une société commerciale par la forme (art 7 du c.s.c). Outre les conditions
nécessaires à la constitution de toutes sociétés, les fondateurs doivent respecter des

Enseignante : Sonda Hentati Page 29


exigences. Le nombre d’actionnaire doit être au moins de 7 (mineurs ou incapables
car les actionnaires n’ont pas la capacité commerciale).

Le capital social minimum est de 5000 dinars pour les sociétés ne faisant pas
appel public à l’épargne et 50.000 dinars pour les sociétés faisant appel public à
l’épargne.

Les sociétés Anonymes sont classées en société faisant appel public à l’épargne
et sociétés anonymes ne faisant pas appel public à l’épargne

Quand à la direction, la société peut être dirigée soit par un conseil


d’administration et un directeur général, soit par un directoire et un conseil de
surveillance.

Enseignante : Sonda Hentati Page 30

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