Vous êtes sur la page 1sur 6

Thème III, Chapitre 2 : Le choix d’une structure juridique pour l’entreprise

Le choix d’une structure juridique conditionne le droit applicable ainsi que les droits et
obligations de l’entrepreneur. Un entrepreneur, pour choisir une structure juridique, peut
prendre en compte plusieurs paramètres :

- La responsabilité patrimoniale
- L’impact social et fiscal
- L’objectif de l’entreprise

I. Choisir entre entreprise individuelle et société au regard de la


responsabilité patrimoniale

A. L’entreprise individuelle : une plus grande simplicité mais le principe d’une


responsabilité illimitée

Le choix du statut de l’entreprise individuelle est le moins exigeant en terme de formalités :


aucun capital minimum, comptabilité simplifiée, possibilité d’opter pour la micro-entreprise
(anciennement autoentrepreneur) qui permet de ne payer les charges qu’en cas d’activité.

Pour déclarer une activité en tant qu’entrepreneur individuel, il suffit d’adresser un


formulaire de déclaration à votre centre de formalités des entreprises (CFE) qui se chargera de
transmettre les informations à l’URSAFF qui le répercutera auprès de l’ensemble des
organismes : impôts,etc. Vous serez alors immatriculé auprès de l’INSEE.

ð Ci-joint le lien vers le formulaire : https://www.cfe-


metiers.com/HTM/cerfa%2011676_10%20P0%20sauf%20Micro%20avec%20notic
e.pdf

L’entreprise individuelle ne crée pas de personne morale. L’entrepreneur individuelle exerce


en son nom propre.

Cette structure juridique est celle qui fait prendre à l’entrepreneur les plus grands risques sur
le plan financier. En effet, le patrimoine de l’entreprise et de l’entrepreneur se confondent et il
esttout entier engagé pour garantir les dettes professionnelles. On dit que la responsabilité de
l’entrepreneur individuelle est illimitée. L’échec éventuel de l’activité́ professionnelle peut se
traduire par la ruine de l’entrepreneur.

Le législateur a pris conscience de la nécessité́ d’atténuer la règle de la responsabilité́ illimitée


de l’entrepreneur individuel :

ð l’entrepreneur individuel a obtenu la possibilité́, au prix de certaines démarches


(déclaration d’insaisissabilité devant notaire donnant lieu à une publication), de
préserver ses différents biens fonciers (= immeuble) non affectés à l’activité́
professionnelle (loi du 4 août 2008)
ð La loi protège la résidence principale de l’entrepreneur qui ne pourra pas être
saisi par les créanciers professionnels (loi du 6 août 2015).

Quentin MAMERI © 1
Une importante innovation juridique découle de la loi du 15 juin 2010, qui a créé le statut de
l’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL)

L’entrepreneur peut décider d’affecter une partie seulement de son patrimoine à


son activité́. Il préserve ainsi ses autres biens des poursuites des créanciers professionnels. La
seuleformalité́ imposée est la déclaration de la liste des biens constituant le « patrimoine affecté
».
B. Les sociétés commerciales : une plus grande complexité mais le principe
d’une responsabilité limitée

La société créée par une ou plusieurs personnes physiques ou morales devient une nouvelle
personne (morale) indépendante de ses fondateurs ; elle dispose d’un patrimoine et d’un
nom qui lui sont propres. Il n’y a plus de confusion entre l’entreprise et l’entrepreneur.
A la différence de l’entreprise individuelle, la création d’une société présente plus de
complexité : certaines sociétés sont compliquées à créer (la SA notamment) ; il faut dans tous
les cas rédiger des statuts ce qui nécessite souvent pour plus de sécurité juridique de faire
appel à un Conseil, la comptabilité d’une société est complexe et oblige à faire appel à expert-
comptable voire un commissaire aux comptes si certains seuils sont atteints (CA et effectif),
etc.

Cependant, les principales sociétés commerciales (la SARL, l’EURL, la SA, la SAS ou la
SASU) présentent toutes l’avantage de limiter la responsabilité́ du dirigeant, comme
celle de tout associé, au montant des apports qu’il a effectués pour constituer le capital
de la société́.
NB : L’EURL est une SARL avec un seul associé, la SASU est une SAS avec un seul associé.
C. La prise en compte du régime matrimoniale
Selon le régime matrimonial adopté, certains biens pourraient en effet être engloutis dans le passif
commercial, pénalisant ainsi le conjoint.
- Le régime de la communauté́ légale est adopté par ceux qui se marient sans passer
de contrat devant notaire. Les biens acquis à titre onéreux après le mariage sont
communs aux deux époux. Ils répondent tous des dettes professionnelles. A contrario,
seuls les biens possédés avant le mariage ou reçus à titre gratuit (par succession, par
exemple) constituent des biens propres à chacun des époux, échappant aux poursuites
des créanciers du conjoint.
- Le régime contractuel de la séparation de biens permet de dissocier les biens de
chacun des époux : ce qui est acquis ou reçu en donation par chacun lui appartient
exclusivement. Le conjoint du créateur d’entreprise ne peut pas subir la saisie de ses
biens en cas de difficulté́ dans l’exploitation.

Quentin MAMERI © 2
II. Choisir un type de société

Il faut rappeler avant toute chose que chaque société répond à des conditions de formation
et des modalités de fonctionnement différents. En effet, le nombres d’associés, le montant
du capital minimum peuvent varier selon le type de société.

Si l’entrepreneur opte pour l’exercice en société, plusieurs éléments vont guider son choix de
forme sociale.

ü Exercer seul ou à plusieurs ?

S’il veut être seul à décider, il optera pour une société à associé unique (EURL, SASU). S’il
souhaite s’associer avec d’autres, le pouvoir est partagé et il devra envisager une société à
plusieurs associés (SARL, SAS, SA ….). Il y a principalement 2 instances de prise de
décisions : AGO (Assemblée Générale Ordinaire) pour nommer les dirigeants et prendre
toutes les décisions courantes et AGE (Assemblée Générale Extraordinaire) pour modifier
les statuts, faire varier le capital ….

ü Sécurité ou flexibilité ?

La SARL (Société à Responsabilité limitée) est un type de société qui présente l’avantage que
toutes les règles de fonctionnement sont prévues par la loi. Elle est facile à créer (= capital
de 2 euros minimum) et souple à diriger. Elle est privilégiée par les personnes qui souhaitent
constituer une société mais qui n’ont pas de compétences particulières et qui préfèrent
favoriser la sécurité.

Cependant, de nombreux personnes se tournent aujourd’hui vers la création d’une société à


action simplifiée (SAS). A la différence de la SARL, la SAS n’est quasiment pas réglementée
par la loi et présente l’avantage d’une certaine flexibilité puisque ce sont les associés qui
organise les règles de fonctionnement de la société et de la prise de décisions dans les statuts.
A noter que le Président (= gérant) peut être choisi en dehors des associés et peut être même
une personne extérieure à l’entreprise.

ü Société par actions ou société classique ?

Si l’entrepreneur veut émettre des actions sur le marché financier, il doit constituer une
Société Anonyme (SA). La société anonyme (SA) doit-être constituée de 2 actionnaires
minimum voire 7 si elle est cotée en bourse. Il n’y a pas de seuil maximum d’actionnaires.

¨ Pour aller plus loin : sur les grands éléments de distinction entre société et entreprise
individuelle, voir le document du livre page 2 page 132.

Quentin MAMERI © 3
III. Choisir une structure juridique au regard des considérations sociales
et fiscales

A. La protection sociale du dirigeant d’entreprise


Le régime de protection sociale auquel le dirigeant, fondateur de l’entreprise, va être soumis st un
critère parfois déterminant du choix de la structure juridique.
En fonction de la structure juridique adoptée, le dirigeant peut opter pour deux statuts différents.
L'entrepreneur individuel et le gérant-associé majoritaire de la SARL bénéficient du statut de
travailleur non salarié (TNS).

ð Pour aller plus loin : voir le document 7 du livre page 135

La législation a aujourd’hui largement évolué vers une harmonisation des statuts et le régime des
salariés n’est plus aujourd’hui le meilleur. Le choix de la forme juridique en fonction de ce critère
n’est donc plus aussi important que par le passé.

B. L’incidence fiscale
Il existe deux régimes d’imposition des profits de l’entreprise : soit la personne physique est
imposée au titre de l’impôt sur le revenu (IR), soit la société́ est imposée au titre de l’impôt sur les
sociétés (IS).
- En entreprise individuelle, il n’y a pas d’imposition au niveau de l’entreprise :
l’entrepreneur est imposé directement au titre de l’IR.
- En EURL, la personne morale n’est pas imposée elle-même : l’associé unique est
imposé directement au titre de l’IR. Toutefois, l’EURL peut opter pour l’IS.
- En SARL, les bénéfices sont soumis à l’IS. Parfois, il y a une option possible : si la
SARL est une société́ « de famille », le dirigeant peut opter pour l’IR.
- Si l’entreprise est une société́ de capitaux (SA, SAS ou SASU), ses bénéfices sont
soumis à l’IS.
Le dispositif de l’IS consiste en un prélèvement proportionnel en principe à 25 % ou à un taux
minoré à 15 % sur la fraction des bénéfices inférieure à 38 120 € pour les petites sociétés.
L’IR s’applique aux bénéfices réalisés selon un barème progressif dont la tranche supérieure est
actuellement fixée à 45 %. Il prend en compte le quotient familial qui détermine l’impôt en
fonction de la composition du foyer fiscal imposé ; cette règle peut avoir une incidence
importante sur le taux marginal de l’impôt (si le montant des autres revenus est significatif). D’un
autre côté, l’IR est sensiblement allégé par la présence d’enfants ou d’autres personnes à charge
au foyer.
Il paraît donc difficile de choisir la forme juridique d’entreprise toujours intéressante au regard de
la fiscalité. Cas par cas, il faut prendre en compte les deux types de paramètres intéressant le
créateur : sa situation familiale d’une part, les profits attendus d’autre part.

Quentin MAMERI © 4
IV. Choisir une structure juridique au regard de l’objectif poursuivi

A. L’économie sociale et solidaire


L’économie sociale et solidaire correspond à l’activité́ d’entreprises qui donnent priorité́ aux
principes de solidarité́ et d’utilité́ sociale au détriment des objectifs classiques de l’économie
capitaliste, comme la réalisation des profits et leur redistribution aux associés. Cette
conception de l’activité́ de l’entreprise se traduit par un mode de gestion démocratique, associant
les salariés aux décisions, et par un effort pour une distribution des bénéfices qui se veut
équilibrée entre les salariés et les associés.
B. Quelques exemples de structures de l’économie sociale et solidaire
1. Les sociétés coopératives : l’exemple des SCOP
Les sociétés coopératives se distinguent par leur mode de fonctionnement : le personnel y est
associé tant au capital qu’à la prise de décision.
Les SCOP (sociétés coopératives et participatives) sont une forme particulière de sociétés
coopératives, marquant une volonté́ de se différencier des structures capitalistes et possédant des
caractéristiques propres.
Elles existent dans le monde industriel comme dans celui de la distribution. Il s’agit de SARL, de
SA ou de SAS dont les salariés sont les associés, disposant d’au moins 51 % du capital social. Ils
participent ainsi aux prises de décision en assemblée générale. Les profits réalisés par les SCOP
ont trois destinations : le financement des investissements de l’entreprise, les salariés et les autres
associés. Même si leur nombre est encore assez modeste, certaines SCOP sont le résultat de la
transformation d’une société́ « traditionnelle », parfois reprise par les salariés du fait de ses
difficultés ; d’autres adoptent ce statut dès la création de la société́.
Pour aller plus loin : l’exemple de SCOP :
https://www.lavoixdunord.fr/597046/article/2019-06-11/caffray-un-exemple-de-scop-qui-
fonctionne
2. Les mutuelles
L’économie sociale et solidaire se traduit aussi par la prise en compte des intérêts des clients de
l’entreprise. Pour les mutuelles, ces derniers sont en fait des membres de l’entité́, qui financent
leur activité́ par les cotisations qu’ils versent.
L’activité́ des mutuelles peut être l’assurance de leurs membres face à divers risques. Il faut
relever le rôle important que ces structures jouent dans la protection de la santé puisque les
mutuelles assurent le rôle de « complémentaire santé » en complétant les remboursements des
soins et actes médicaux opérés par la Sécurité́ sociale.
Les mutuelles sont soumis au code de la mutualité et présentent des caractéristiques qui les
distinguent d’une société privée :
- La mutuelle relève du principe de l'autogestion, car chaque adhérent peut voter et
désigner les adhérents qui seront les plus aptes à siéger au conseil d’administration.

Quentin MAMERI © 5
- Elle poursuit un but non lucratif réalisé dans l'intérêt de ses membres et qui conduit,
moyennant le versement d'une cotisation, à des actions de prévoyance, de solidarité et
d'entraide.

Quentin MAMERI © 6

Vous aimerez peut-être aussi