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Le patrimoine
Chaque sujet de droit (personne physique, vous et moi, ou personne morale, société
commerciale pour ce qui nous intéresse) dispose d’un patrimoine.
TOUT le MONDE a donc un patrimoine, et ce dès sa naissance. Dès qu’un enfant nait il a un
patrimoine, dès qu’une société est créée elle a un patrimoine.
Cela peut étonner, puisque dans une acceptation non juridique qui dit patrimoine dit éléments
d’actif. Or dans sa conception juridique ce n’est pas le cas. Pour le juriste le patrimoine est
composé d’éléments d’actif et de passif qui vont rentrés dans ce patrimoine et le composer. Ce
patrimoine est donc évolutif au fur et à mesure de l’enchevêtrement des éléments qui le
composent. A ce titre on dit que le patrimoine est universel. Puisqu’il va recevoir tous les
éléments d’actif et de passif tout au long de la vie du sujet de droit. A son décès son patrimoine
sera transmis à ses héritiers (il sera dévolu à ses ayants droits).
Ce qu’il est également important de savoir c’est que le patrimoine est unique. Toute personne
a un patrimoine et un seul.
C’est en effet autour du patrimoine, et du risque patrimonial que s’articule le choix de la
structure juridique de l’entreprise.
Le risque patrimonial s’exprime en quelques mots : si je créée une entreprise, est-ce que je
risque de tout perdre ? Tout perdre : les biens personnels et professionnels. La voiture familiale,
la résidence secondaire, la maison de famille héritée des parents, mais aussi les biens de mon
activité professionnelle, le local commercial, le stock Etc…
Ainsi ; l’entrepreneur est très conscient du risque de perte des éléments professionnels, mais
concernant les éléments personnels la situation est plus délicate et cela constitue un vrai frein à
la création d’entreprise.
L’entrepreneur a deux choix, soit il créée une entreprise personne physique, soit il créée une
entreprise personne morale.
L’entrepreneur pourra néanmoins renoncer à cette protection et mettre sous la main des
créanciers des biens personnels. Mais là encore la possibilité est très encadrée, car en faisant
cela il lève une partie de la protection que lui offre le législateur.
Il pourra le faire uniquement au profit d’un créancier professionnel (c’est-à-dire dont la
créance est relation directe avec son activité professionnelle) et la créance doit être précisée
(exemple un prêt bancaire) cela signifie que la levée de la protection ne peut être générale : par
exemple ne peut être concédée à un créancier pour tous les engagements pris ou à prendre avec
l’entrepreneur.
De plus dans cette situation l’entrepreneur doit exprimer son renoncement par écrit et il
dispose d’un délai de réflexion de 7 jours, auquel il peut là encore renoncer partiellement, dans
ce cas le délai sera écourté à 3 jours. Le renoncement au délai de 7 jours devra lui aussi se faire
par écrit.
Le régime antérieur, notamment celui de l’EIRL (créée en juin 2010) disparaitra à compter de
mai 2022. Il ne sera plus possible d’en créer de nouvelles. Et pour celles déjà créées
précédemment le nouveau régime s’appliquera aux nouveaux engagements signés à compter de
l’entrée en application de la loi, soit mai 2022)
Notons que même si l’EIRL proposait une protection assez proche du régime actuel, elle n’avait
jamais rencontré son public, surement trop complexe dans le fonctionnement.
L’apport c’est ce que l’associé apporte à la société. Lorsque les associés décident de créer
une société, ils passent un contrat, il s’agit des statuts de la société. Dans ce contrat chaque
associé va faire apport, ce qui va concrétiser son engagement de faire société. Il s’agit d’une
obligation, chaque associé DOIT faire apport.
Cet apport, ce peut être de l’argent (apport en numéraire) ou apport d’un bien (apport en
nature). Il existe aussi l’apport en industrie (apport d’un savoir-faire, d’une expérience) mais
ce dernier apport ne rentre pas dans la composition du capital social.
Ces apports vont constituer le capital social de la société. C’est ce capital qui sera soumis au
risque entrepreneurial, si la société ne paie pas spontanément ses créanciers, ces derniers
pourront se payer sur le capital social.
L’inconvénient ici, ce sont les formalités, en effet les démarches pour donner naissance à une
personne morale sont plus lourdes que pour la création d’une entreprise personne physique. Il
faut rédiger un contrat entre tous les associés, et bien sûr faire immatriculer la société au
registre du commerce et des sociétés. C’est cette immatriculation au RCS qui donnera la date
de naissance de la société.
Alors que l’entreprise individuelle est très simple de création et ne nécessite que peu de
démarche (immatriculation au greffe du tribunal de commerce sans qu’il soit nécessaire de
rédiger un contrat).
La SASU est la forme unipersonnelle de la SAS, c’est la Société par Actions Simplifiée
Unipersonnelle, elle non plus n’exige aucun capital minimum.
La différence principale en l’EURL et la SASU est la liberté statutaire que l’on a dans la SASU
et que l’on n’a pas dans l’EURL.
Cela signifie que dans l’EURL le contrat de société, appelés statuts, est très normé, il est cadré
par le législateur et le créateur d’entreprise a peu de place pour sa créativité dans le
fonctionnement de la société. Ce qui est l’inverse dans la SASU, puisque la liberté statutaire est
grande et l’entrepreneur peut organiser sa société à sa convenance.
Mais bien sûr cette liberté statutaire nécessite pour le créateur de se faire aider d’un expert, ce
qui n’est pas forcément le cas de l’EURL.
L’autre différence se situe au niveau du statut du dirigeant, qui dans la SASU peut avoir le statut
salarié et donc être affilié au régime de la sécurité sociale, ce qui n’est pas le cas du dirigeant
de l’EURL qui lui aura un statut d’indépendant. Cela a une conséquence sur la prise en charge
de la maladie, et de la protection sociale, mutuelle, retraite.
Enfin on peut évoquer rapidement la SNC ? La société en nom collectif. Cette forme de société
est particulière car les associés sont responsables solidairement et indéfiniment des dettes
sociales.
Ainsi si la société personne morale accumule le passif, dans cette forme de société il n’y a pas
de cloison étanche et les associés seront tenus sur leur patrimoine personnel des dettes de la
société…Autant dire que cette forme sociale est aujourd’hui très rarement choisie.
Suivant son projet, ses souhaits (être seul ou pas), ses ambitions, notre entrepreneur aura donc
le choix.
Enfin ce qu’il faut noter c’est que la structure de l’entreprise est évolutive. Ainsi on peut
démarrer par une entreprise individuelle (personne physique), puis aller vers une SARL et
pourquoi si l’activité se développe se tourner vers une SA, puis enfin faire appel public à
l’Epargne.
Changer de structure juridique, c’est aussi simple que de changer de vêtements !