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Filière 

: Droit en français
Module : Droit des sociétés commerciales
S4
Ensemble 1

Mme Leila ZOUHRY

Année universitaire : 2019-2020

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Introduction au droit commun des sociétés

La décision de créer une entreprise est rarement le fait du hasard, une série de raisons ou
d’opportunités fait que l’on se trouve amené à se lancer dans les affaires.

Une idée est souvent à l’origine de cette nouvelle aventure. Créer une entreprise, en tant qu’unité
économique, implique la mise en œuvre de moyens humains, financiers et matériels de production
ou de distribution des richesses reposant sur une organisation préétablie, dans le but de dégager un
profit.

Cependant, toute mise en place d’entreprise, suppose nécessairement, l’emprunt d’un parcours
constitué de plusieurs phases, notamment, l’idée du projet, la vérification de sa cohérence
(faisabilité), l’examen de sa viabilité (croissance), la recherche de marchés potentiels, le montage du
projet… Une fois ce minutieux examen réalisé, il est alors nécessaire d’inscrire son projet dans un
cadre légal, qui va donner au créateur d’entreprise les moyens de son action et de ses ambitions.

En effet, tout entrepreneur doit choisir sa structure juridique d’exploitation, le moule légal sous
lequel l’activité va se développer, c’est un passage obligé pour le démarrage de l’entreprise ,et
ignorer les règles juridiques qui gouvernent la création d’entreprise, c’est à l’évidence, faire peser
une grave hypothèque sur la réussite, voire la pérennité même du projet.

Ainsi, la démarche de la création d’entreprise nécessite toujours des choix, parmi lesquels, il y a celui
de la forme juridique à adopter.

I. Les critères du choix d’une forme d’entreprise :

Deux grands types de critères permettent d’aider ce choix ; Celui-ci peut se faire en fonction des
objectifs de l’entreprise ou en fonction de l’objectif des dirigeants.

Certaines structures d’entreprises facilitent par exemple la croissance, la discrétion ou la


transmission de l’entreprise.

D’autres faciliteront la séparation du patrimoine de l’entreprise et de l ‘entrepreneur ou encore


imposent un statut fiscal plus ou moins favorable aux dirigeants et aux associés.

A. En fonction des objectifs de l’entreprise :

a. La croissance :

En schématisant, on peut distinguer entre les entreprises de subsistance et les entreprises de


croissance : Les premières, de modèle précapitaliste et de forme individuelle, assurent la subsistance

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de l’exploitant qui en tire de quoi vivre et parfois de quoi alimenter une modeste épargne, mais qui
atteignent très vite leurs limites, quand l’objectif de l’entreprise est la croissance. La raison principale
est la difficulté de financement hors de portée pour une personne seule et refus de crédits
importants de la part des établissements financiers à une personne seule.

Les secondes, de modèle capitaliste ont pour vocation de dégager un profit qui dépasse la seule
subsistance des associés. Les sociétés de croissance sont condamnées à dégager un profit qui non
seulement assure la subsistance des associés et des dirigeants, mais encore finance le
développement de l’entreprise, au moins en partie, grâce aux bénéfices mis en réserve, elles sont
vouées à la croissance, ce qui implique des besoins de financement de plus en plus importants. La
forme sociétaire s’impose donc rapidement quand la taille de l’entreprise augmente, et la société
anonyme permet par exemple d’ouvrir facilement le capital à des tiers par l’appel public à l’épargne.

La forme sociétaire permet en outre des rapprochements avec d’autres entreprises, notamment, par
les techniques de la fusion et prise de contrôle par des offres publiques d’échange ou d’achat ou
encore des apports partiels d’actif.

b. La discrétion :

La discrétion peut être un objectif pour l’entreprise, par exemple, quand celle-ci a pour objet
d’intervenir sur les marchés très fluctuants, comme les marchés de matières premières. Dans ce cas,
il vaut mieux recourir à une forme de société bénéficiant de la transparence fiscale et qui de ce fait
est beaucoup plus discrète qu’une société anonyme dont les actions sont cotées en bourse et qui est
tenue à la publication de ses résultats financiers.

c. Transmission et pérennité de l’entreprise :

 La transmission d’une entreprise sociétaire est simple et moins coûteuse que celle
d’une entreprise individuelle.

Dans les sociétés de personnes, c’est le principe de l’incessibilité des parts sociales qui règne. Cet
élément est la conséquence du caractère « intuitu-personae » de ce type de société. En effet, elles
sont constituées, généralement d’un petit nombre d’associés qui se connaissent bien et qui se font
mutuellement confiance. Dans ces conditions, un associé ne peut pas céder ses parts à un élément
étranger à la société. Les statuts prévoient généralement la possibilité de céder les parts avec
l’accord unanime des autres associés. Cependant, la cession entre associés est parfaitement libre.

Dans les sociétés de capitaux, qui sont beaucoup plus des groupements de capitaux que des
groupements de personnes, les actionnaires reçoivent en contre- partie de leurs apports des titres
négociables, librement cessibles, c’est à dire transmissibles selon les formes du droit commercial, à
savoir, le transfert pour les actions nominatives et la tradition pour les actions aux porteurs.

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Cependant, les statuts peuvent prévoir des restrictions à la libre négociation des actions, sous forme
de clauses d’agrément c’est à dire que dans ce cas, la négociation ne peut se faire qu’avec l’accord de
la société et ainsi la société est dite fermée.

 Quant à la pérennité de l’entreprise elle est intimement liée à la personne de


l’entrepreneur dans les entreprises individuelles et dans les sociétés de personnes.

Tout événement, qui affecte la situation juridique personnelle de l’entrepreneur ou des associés en
nom, tel que le décès, l’incapacité ou la liquidation judiciaire, a nécessairement des répercussions sur
l’existence de l’entreprise elle-même.

Par contre la personnalité morale des sociétés de capitaux n’est jamais touchée par ces événements.
Ainsi, non seulement les sociétés de capitaux et plus particulièrement la société anonyme, peuvent
rassembler des capitaux à peu près illimités, par un appel public à l’épargne, mais elles échappent
aux vicissitudes des personnes physiques. La société naît pourvue de toute sa capacité juridique et
matérielle. Son activité n’est pas entravée par des considérations affectives ou sentimentales ou
familiales. Elle ignore l’impuissance de la maladie, comme la faiblesse de la vieillesse. Elle est
maîtresse de sa mort puisqu’elle règle librement la durée de sa vie. La société est donc un être
surhumain.

B. En fonction des objectifs des dirigeants et des associés  :

L’entreprise, acteur principal de la vie des affaires, implique la mise en œuvre de moyens humains et
matériels de production ou de distribution des richesses, reposant sur une organisation préétablie

Cette mise en œuvre, peut-être faite par une entreprise individuelle ou une entreprise sociétaire.

Le choix de l’une ou l’autre forme, peut se mesurer à deux paramètres  : d’une part, la volonté de
séparer le patrimoine professionnel du patrimoine privé, d’autre part, la volonté de bénéficier d’un
statut fiscal réputé plus avantageux.

a- Séparation des patrimoines :

Dans le cadre d’une entreprise individuelle, il n’y a pas de séparation des patrimoines de l’entreprise
et de l’entrepreneur. Il y a en vertu des règles du droit civil, unité du patrimoine ; l’entrepreneur
individuel n’a qu’un seul patrimoine qui comprend son actif et son passif tant personnel que
commercial.

Faute de personnalité juridique propre à l’entreprise, son identité se confond avec celle de son
dirigeant, ainsi l’entrepreneur risque, en cas de défaillance dans le règlement de ses dettes d’être
poursuivi, non seulement sur les biens de l’entreprise, mais, aussi sur ses biens propres, même
lorsqu’ils ne sont pas affectés à l’exploitation commerciale. Le chef d’entreprise individuelle est

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indéfiniment responsable des dettes de son entreprise. Il est seul habilité à prendre des décisions,
comme il est le seul à en subir les conséquences.

Intimement liée à la personne de son propriétaire, l’entreprise individuelle présente une fragilité
congénitale, elle est en quelque sorte invertébrée sans la personnalité morale propre.

Cependant, une variante du régime d’entreprises individuelles a été créée par le législateur, pour
permettre au chef d’entreprise d’isoler le patrimoine acquis grâce à son activité professionnelle, de
ses biens personnels. Il s’agit en l’occurrence de l’entreprise individuelle à responsabilité limitée
(E.I.R.L.). En effet, dans un souci de protection de son patrimoine personnel, l’entrepreneur peut
réaliser une déclaration d’insaisissabilité devant un notaire. Cet acte préserve son patrimoine
personnel (résidence principale, voiture personnelle.), d’une éventuelle saisie juridique en cas de
non-paiement de ses dettes professionnelles. Le décès de l’entrepreneur individuel est souvent
assimilé à un coup d’arrêt, parce que tout est en son nom : les licences, les comptes bancaires, les
autorisations…et de ce fait, les héritiers se retrouvent dans le désarroi car l’entité est indivisible.

En raison de cet inconvénient majeur, la forme sociétaire est souvent adoptée par les entrepreneurs.

La société avec la personnalité morale, offre à l’entreprise le vêtement juridique approprié. Il s’agit
d’une technique commode pour faire échec au principe de l’unité du patrimoine. En effet, la société
personne morale, a un patrimoine propre distinct des patrimoines personnels des associés.

Cette séparation du patrimoine social et du patrimoine de chacun des associés peut être envisagée à
un double point de vue : tout d’abord, l’actif social est séparé de l’actif du patrimoine de chacun des
associés. Les associés ont un droit de propriété sur leurs biens mobiliers et immobiliers qui
composent leur patrimoine personnel, mais au contraire, ils ne sont pas copropriétaires des biens
figurant dans le patrimoine social. C’est la société qui en est propriétaire, les associés ont seulement
à l’égard de la société un droit de créance née du contrat de société. Ils sont créanciers d’une part
des bénéfices et du remboursement de leurs apports au moment de la liquidation de la société.
Cependant, dans certains cas, cette séparation des patrimoines, peut être transformée en un espoir
illusoire, dans la mesure où la limitation de responsabilité découlant de l’adoption d’une forme
sociale dans laquelle, la responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports est
rendue illusoire par l’exigence particulièrement fréquente, du cautionnement solidaire des
dirigeants sociaux. De ce fait la limitation de responsabilité devient un leurre.

Ensuite, le passif social est séparé du passif composant le patrimoine de chacun des associés. Les
dettes contractées par la société ne sont pas contractées personnellement par chacun des associés,
et inversement les dettes personnelles des associés ne sont pas les dettes de la société.

Cependant, il faut remarquer que ces conséquences de la séparation du patrimoine social et des
patrimoines individuels des associés, ne se retrouvent pas d’une façon aussi nette dans tous les types
de sociétés. Il convient de faire une distinction à cet égard, entre les sociétés de capitaux dans
lesquelles, la séparation est très nette, dans la mesure où les associés ne sont responsables des
dettes sociales que dans la limite de leur mise dans le capital social et les sociétés de personnes
notamment, les sociétés en nom collectif, dans lesquelles, la séparation n’existe que partiellement :

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Les créanciers sociaux ont un droit sur le patrimoine personnel des associés qui sont indéfiniment et
solidairement responsables des dettes sociales. Cependant, les créanciers personnels des associés
n’ont aucun droit sur le patrimoine social. Néanmoins, les parts de l’associé débiteur peuvent être
vendues pour désintéresser ses créanciers personnels.

b- Le statut fiscal :

Pour les entreprises, le fisc est un partenaire obligé, encombrant sans doute, mais qu’il serait
imprudent de méconnaître. Le régime fiscal en vigueur au Maroc, se veut sélectif et souple. La
réforme fiscale entreprise, tout en visant à accroître les recettes, notamment, de la taxe sur la valeur
ajoutée ( T.V.A. ) dont certains taux ont été révisés, a permis aussi un allégement des impôts
frappant les salaires et les bénéfices des entreprises. De plus, les dispositions des différents codes
des investissements, traduisent d’importantes exonérations et des allégements fiscaux au bénéfice
des investissements. Les entreprises commerciales ou industrielles, établies au Maroc sont
assujetties au régime fiscal de droit commun.

Certains impôts, notamment, la taxe urbaine, la taxe d’édilité, taxe professionnelle et la TVA, sont
dus à raison de l’activité exercée, sans considération de la structure juridique de l’entreprise. Il en va
autrement d’autres impôts, qui varient en fonction de la structure juridique adoptée, et tout l’art
consiste à faire de bons choix juridiques et de bons choix fiscaux.

Il serait aussi périlleux de faire des choix juridiques en négligeant les incidences fiscales, que de faire
des choix fiscaux sans penser aux incidences juridiques. Selon la structure juridique choisie, les
bénéfices réalisés sont soumis à deux types différents d’impôts : l’impôt sur le revenu (IR) pour les
sociétés de personnes, et l’impôt sur les sociétés pour les sociétés de capitaux (I.S). Cependant, il ne
faut pas l’oublier, parce qu’il est intimement lié à la fiscalité des entreprises, le statut des dirigeants
et des associés.

En effet, le statut fiscal de l’entreprise et de ses dirigeants change selon la structure juridique de
l’entreprise. Les entreprises individuelles et les sociétés de personnes ne sont, en principe pas
imposées en tant qu’entreprises : ce sont les associés qui le sont sur la quote-part des bénéfices leur
revenant. Il s’agit donc pour eux d’un impôt sur le revenu au titre des bénéfices industriels et
commerciaux. Les sociétés en nom collectif ont toutefois, la possibilité d’opter pour l’impôt sur les
sociétés, si celui-ci peut leur être favorable. Dans ce cas leurs dirigeants sont imposés sur le revenu
au titre des traitements et salaires.

Les sociétés anonymes et les sociétés à responsabilité limitée sont automatiquement assujetties à
l’impôt sur les sociétés. C’est donc la société, en tant que personne morale qui est imposée. Les
rémunérations perçues par les dirigeants sont des charges qui viennent en déduction du bénéfice
imposable, réduisant d’autant l’assiette de l’impôt sur les sociétés. Le bénéfice disponible après
paiement de l’impôt sur les sociétés est généralement mis en réserve. Quant au statut fiscal des
dirigeants des sociétés anonymes et des gérants de sociétés à responsabilité limitée, c’est le statut
rêvé des dirigeants puisqu’ils bénéficient des mêmes avantages fiscaux que les salariés.

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II. Les différentes formes d’entreprises  :

La mise en œuvre d’une entreprise, c’est à dire de moyens humains et matériels de production ou de
distribution des richesses, peut être faite par :

- Une personne physique : commerçant individuel


- Une personne morale : une société

A. Régime juridique de l’entreprise individuelle

L’entreprise individuelle peut être définie comme celle où le capital ainsi que le pouvoir de décision
sont concentrés entre les mains d’un individu. Plus précisément, c’est l’entreprise où la prise de
risques et le management interne sont exercés par le détenteur du capital. Ainsi, comme son nom
l’indique, l’entreprise individuelle est celle qui n’a pas de personnalité juridique propre. Son identité
se confond avec celle de son dirigeant. Celui-ci est donc inscrit au registre de commerce en son nom
personnel.

Dans l’entreprise individuelle, le patrimoine est celui de l’entrepreneur. L’entreprise individuelle


correspond, en principe, à, une activité de faible ampleur, ne nécessitant pas des investissements
importants et une structure complexe. En effet lorsqu’on exploite seul, une toute petite entreprise
réalisant un chiffre d’affaire modeste et dégagent un bénéfice permettant juste de satisfaire ses
besoins personnels, mieux vaut demeurer seul maître à bord, n’ayant de compte à rendre à
personne. C’est la formule et de loin la plus simple et la plus économique pour les entreprises de
subsistance.

Les avantages sont évidents :

- Sur le plan juridique : ses modalités de constitution sont simples et peu coûteuses, également
aucun coût de fonctionnement et aucune précaution particulièrement à prendre du fait de la
confusion du patrimoine personnel et du patrimoine professionnel.

- Sur le plan fiscal : limitation au minimum des charges fiscales et des tracasseries administratives.

- Sur le plan social : les cotisations à payer sont réduites et le chef d’entreprise conserve sa totale
liberté de gestion.

Cependant, l’entreprise individuelle comporte des inconvénients, notamment le fait que


l’entrepreneur soit tenu des dettes de l’entreprise sur ses biens personnels et le fait que la survie de
l’entreprise soit liée à celle de l’entrepreneur.

Pour éviter ces inconvénients, le choix d’une forme sociétaire pour son affaire peut être envisagé.
Généralement, la croissance de l’entreprise individuelle se fait en deux stades :

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- Dans un premier stade, l’entrepreneur réunit seul les trois éléments constitutifs de l’entreprise. Il
apporte lui-même les fonds et le capital nécessaire à son affaire, assure lui-même la gestion de ce
capital et la direction de son affaire par son travail personnel et son savoir-faire.

- Dans un deuxième stade, l’entrepreneur va dissocier l’élément travail en s’adjoignant des


collaborateurs, mais il conserve le capital et la direction. Mais d’ores et déjà, lorsque l’entrepreneur
se fait aider par des collaborateurs se sont des signes de l’insuffisance interne inhérente aux
entreprises individuelles. Ainsi, vu ses insuffisances, l’entreprise individuelle a tendance à disparaître
écrasée par la concentration des capitaux par les sociétés commerciales.

B. Régime juridique des entreprises sociétaires :

A l’opposé de l’entreprise individuelle, la société est un groupement de plusieurs personnes qui


mettent des moyens en commun pour réaliser un objectif.

Aujourd’hui plus que jamais, un créateur doit savoir rassembler autour du berceau de l’entreprise
tous les éléments nécessaires à la réussite du projet. La société est dans ces conditions, une structure
d’accueil idéale pour les capitaux et les compétences et savoir-faire.

Elle est l’outil qui permet de regrouper et gérer ces complémentarités. Ainsi créer une société,
répond parfaitement au souci d’organisation au sein du groupement : organisation du partenariat,
organisation de l’entreprise et organisation du patrimoine.

a. L’entreprise sociétaire est l’outil d’un partenariat performant :

Les sociétés sont nées de la nécessité de réunir une masse de capitaux et de compétences, plus
importante que celle que peut fournir le patrimoine d’un seul individu. Elles favorisent la
démultiplication des capacités d’action de l’entreprise. En effet, la vocation première de la société
est d’offrir un cadre d’organisation à des partenaires désirant participer à une œuvre commune.
Ainsi, si vous ne maîtrisez pas à vous seul, tous les éléments nécessaires à l’aboutissement de votre
projet de création, vous pouvez pallier vos insuffisances en faisant appel au concours des tiers. A ce
propos, la définition donnée par l’article 982 du DOC au contrat de société reste actuelle  : « La
société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou
leur travail ou tous les deux à la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter. »

Cependant, la société, et même ultérieurement à sa création, constitue un outil qui permet les
alliances et les rapprochements d’entreprises par le biais des fusions, des prises de contrôle ou de
prise de participation. Elle est l’outil d’un partenariat performant au service des entreprises qui
mettent en œuvre une politique systématique de « maillage » avec des partenaires qui leur
apportent des synergies et des cohérences au niveau des réseaux et des moyens d’action.

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b. La société est une technique d’organisation de l’entreprise :

A cet égard, la société est une merveilleuse technique de financement de l’entreprise, étant donné
qu’elle est dotée d’une structure d’autofinancement (incorporation des réserves) et de financement
qui lui permet d’ouvrir son capital à d’autres partenaires, voir même de faire appel au marché
financier ou lancer un emprunt obligataire.

La société offre également à l’entreprise l’indispensable structure de management tandis qu’elle


facilite son mode de transmission. La société assure ainsi la croissance et la pérennité de
l’entreprise. Elle est un remarquable instrument de concentration qui trouve son aboutissement dans
la constitution de puissants groupes de sociétés.

c. La société est un outil d’organisation du patrimoine :

La société est une technique commode pour faire échec au principe de l’unité et de l’indivisibilité du
patrimoine. Ainsi, si on souhaite isoler juridiquement certains biens, il suffit d’en faire apport à une
société plus particulièrement à une société de capitaux ou une société à responsabilité limitée.
Par ailleurs, si les indivisaires dans une indivision souhaitent pérenniser cet état tout en l’organisant,
il leur suffit de transformer l’indivision en une société et changer leurs qualités d’indivisaires par
celles d’associés.

III. La nature juridique de la société :

Deux conceptions de la société s’opposent. Selon une première approche, la société


est un contrat et pour une seconde, elle est plutôt une institution.

A. La conception contractuelle.
C’est la conception adoptée par le D.O.C. qui définit la société comme étant une convention
et la soumet aux règles applicables à tous les contrats aussi bien en ce qui concerne la
capacité et le consentement, qu’en ce qui concerne l’objet et la cause. Egalement, le
fonctionnement des sociétés est soumis aux règles régissant les contrats spéciaux
notamment, le mandat (on parle de mandataires sociaux lorsqu’on évoque les dirigeants.)
Néanmoins, la conception contractuelle ne peut expliquer un certain nombre de règles
applicables aux sociétés et qui ne trouvent pas leur source dans la volonté des associés,
notamment, l’acquisition de la personnalité morale par la société qui suppose une formalité
administrative, à savoir l’immatriculation au registre de commerce.
Par ailleurs, les modalités de désignation des dirigeants et des organes de contrôle, ainsi que
la détermination de leurs pouvoirs, sont fixés par voie législative. Ce qui laisse comprendre
que les règles contractuelles à elles seules, sont insuffisantes pour régir les sociétés
commerciales.

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B. La conception institutionnelle :
La conception institutionnelle de la société consiste à la considérer comme un ensemble de
règles qui organisent de manière impérative et durable un groupement de personnes autour
d’un but déterminé.
D’après cette conception, les droits et les intérêts privés des associés sont subordonnés au
but social qu’il s’agit d’atteindre. La considération du but social explique ainsi que les droits
des associés peuvent être modifiés par une décision prise par la majorité au nom de l’intérêt
social. Quant aux dirigeants, ils sont moins des mandataires que des organes chargés de
mettre en œuvre la volonté commune des associés.

Cependant, il y a lieu de souligner le dépassement de cette opposition de conceptions, car la société


présente actuellement, une double nature. Elle est à la fois un contrat et une institution. Les
dispositions contractuelles coexistent avec les règles impératives de type institutionnel.

IV. La classification des sociétés :


Le choix d’un type de société peut s’opérer à partir de critères strictement
sociétaires. Ainsi plusieurs distinctions sont fondamentales.

A. Les sociétés civiles et les sociétés commerciales :


Toute société est soit une société civile, soit une société commerciale. C’est l’objet social,
c’est- à- dire l’activité exercée par la société, qui oppose ces deux sociétés. Elles sont
soumises au droit commun des sociétés et il existe un rapprochement de la situation des
associés dans ces deux types de sociétés. Cependant, chacune d’elles est régie par un cadre
légal spécial. Cependant, certaines sociétés commerciales sont considérées comme des
sociétés commerciales par la forme, abstraction faite de la nature de l’activité exercée, qu’il
s’agisse d’une activité civile ou commerciale.

B. Les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux :


Du point de vue théorique cette distinction demeure très importante. Les sociétés de
personnes ont un caractère contractuel très marqué. Dans les sociétés de personnes, à la
différence des sociétés de capitaux, l’intuitu personae est très présent, les associés se
choisissent en considération de leurs qualités personnelles et intrinsèques pour
entreprendre ensemble une œuvre commune. Dans les sociétés de capitaux les associés sont
avant tout des investisseurs, ils peuvent ne pas se connaître. La société en nom collectif est
l’exemple type des sociétés de personnes. La société anonyme faisant appel public à
l’épargne est le type même de sociétés de capitaux.

C. Sociétés à risque limité et les sociétés à risque illimité :


Toute société est soit une société à risque illimité, dite souvent société de personnes, soit
une société à risque limité, dite généralement société de capitaux. Cette classification est la

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plus importante juridiquement et économiquement dans la mesure où elle préside au choix
du moule juridique au moment de la création de la société.
La société est dite à risque limité, lorsque l’associé ne supporte les pertes essuyées par la
société qu’à concurrence de sa mise dans le capital social. Le risque limité est de nature à
encourager l’initiative et l’investissement car il permet à l’associé de mettre à l’abri de l’aléa
des exploitations commerciales ses biens personnels et de n’engager que son apport  ; ce qui
ne protège guère les intérêts des créanciers sociaux, qui peuvent demander des
cautionnements par les dirigeants pour pallier à la situation et s’assurer du paiement de leurs
créances. Par ailleurs, dans ce type de société, l’associé peut s’écarter de la gestion et
accepter de la confier à des organes sociaux plus habilités à l’assumer. Egalement dans ce
type de société, la négociation des titres représentant le capital social est en principe libre
(sauf si les associés ont convenu d’insérer dans les statuts une clause d’agrément), car la
considération de la personne de l’associé est peu importante.
En revanche, dans les sociétés à risque illimité, les associés sont indéfiniment et
solidairement responsables des dettes sociales. Si le capital social ne suffit pas à résorber la
totalité des dettes sociales, on l’outre passe pour atteindre le patrimoine personnel de
chacun des associés.

D. Sociétés faisant ou non publiquement appel à l’épargne :


Certaines sociétés qui réunissent les conditions requises par la loi, peuvent ouvrir leur capital
à l’épargne publique. Dans ces sociétés, il n’est pas possible de soumettre une quelconque
cession des actions à une clause d’agrément. L’actionnariat est nombreux et très diversifié.
Les actionnaires ne cherchent pas à participer à la vie sociale, seule la rentabilité de leur
placement les intéresse. Ces sociétés sont soumises à un cadre légal rigoureux et à un
contrôle strict de la part d’institutions spécialisées, dans l’objectif de protéger les bailleurs de
fonds.

E. Typologie fiscale des sociétés commerciales :


A ce propos, il y a lieu de faire la distinction entre les sociétés soumises à l’impôt sur les
sociétés et les sociétés tenues par l’impôt sur le revenu. Dans les sociétés de personnes, les
associés sont soumis à l’impôt sur le revenu au titre de la quote-part qui leur revient dans les
dividendes distribuées par la société ; et de ce fait, il y a transparence fiscale de la société
entant que personne morale. Cependant, le résultat fiscal d’une société soumise à l’impôt
sur les sociétés représente directement l’assiette de l’impôt. Les sociétés de capitaux sont
soumises à l’IS alors que les sociétés de personnes sont soumises à l’IR, quoique dans
certains cas, la loi permet à la société en nom collectif d’opter pour l’IS.

V- Distinction de la société des autres groupements de personnes et de biens

La société doit être distinguée des autres groupements de personnes et de biens


notamment, l’indivision, l’association et le groupement d’intérêt économique.

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A. Société et indivision :

L’indivision, à l’instar de la société, est un groupement de personnes et de biens. C’est le cas


dans lequel, un certain nombre de personnes ont une quote-part sur un certain nombre de
biens : les biens indivis. Par exemple, il existe une indivision entre les héritiers d’une même
succession, ou encore, entre les personnes qui achètent en commun un bien immobilier.
Cependant, la société diffère sur certains points de l’indivision :
 D’abord, les indivisaires, contrairement aux associés, n’ont pas la volonté d’une
exploitation commune, en vue de réaliser des bénéfices qui seront partagés entre
eux. En effet, cette volonté implique une certaine durée dans le temps du
groupement, or, certaines indivisions sont, à priori, des états temporaires. Il en est
ainsi de l’indivision successorale qui prend fin dès que l’un des héritiers demande le
partage.
 Ensuite, la société, donne généralement naissance à une personnalité juridique
nouvelle distincte de la personne de chacun des associés, alors que les indivisions, ne
sont pas dotées de la personnalité morale. Ainsi, les associés ne sont pas
copropriétaires des biens sociaux, c’est la société qui est propriétaire des biens
sociaux. Les associés sont seulement titulaires d’un droit de créance portant sur une
part des bénéfices et sur le remboursement de leurs apports. Par contre, les
indivisaires sont copropriétaires des biens indivis.
B. Société et association :

L’association, à l’instar de la société, est un groupement de personnes et de biens. De plus,


l’association comme la société est dotée de la personnalité morale. C’est cette personne
morale qui est propriétaire des biens appartenant à l’association.
Cependant, les sociétés et les associations se séparent par leur but : désintéressé dans le cas
des associations et intéressé dans le cas des sociétés qui sont toujours à but lucratif.
C. Société et groupement d’intérêt économique :

Les groupements d’intérêt économique sont des groupements de personnes dont le but est
l’amélioration de l’activité économique de leurs membres. Par exemple, plusieurs sociétés
appartenant au même secteur commercial se regroupent pour créer un laboratoire de
recherche, en vue d’augmenter leur production ou encore pour découvrir de nouveaux
débouchés.
Les groupements d’intérêt économique, à l’instar des sociétés et des associations sont dotés
de la personnalité morale. Toutefois, ils ne se confondent ni avec les associations ni avec les
sociétés. Ils se distinguent des associations parce qu’ils poursuivent un but intéressé, et ne se
confondent pas avec les sociétés parce qu’ils ne poursuivent pas directement, par eux même,
la réalisation d’un bénéfice à partager entre leurs différents membres. Si leur action conduit
à une amélioration de l’activité économique en question, le bénéfice consécutif se réalisera

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dans le cadre de chacune des entreprises faisant partie du groupement et non pas dans le
groupe lui-même.

Titre I : Le droit commun des sociétés.


Au Maroc, même si nous parlons de droit des sociétés, nous ne disposons pas d’un code des
sociétés, comme c’est le cas dans d’autres systèmes juridiques, à l’instar du droit Français .Dans
notre pays, le droit des sociétés est constitué, des articles de 982 à1063 du D.O.C. qui régissent aussi
bien les sociétés civiles que les sociétés commerciales, du Dahir n° 1-96-124 du 14 Rabii II 1417 (30
Août 1996) portant promulgation de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes, tel qu’elle a été
modifiée et complétée, et aussi du Dahir n° 1-97-49 du 5 Chaoual 1417 (13 février 1997)portant
promulgation de la loi n°5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la
société en commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en participation,
tel qu’elle a été complétée et modifiée ultérieurement.

L’étude des sociétés est d’une importance capitale, car si les sociétés sont moins nombreuses
que les commerçants individus, elles possèdent la plus part du temps des moyennes et grandes
exploitations industrielles et commerciales, qui exigent souvent des moyens et des synergies ne
pouvant être fournis par une seule personne. C’est la raison pour laquelle les entrepreneurs
s’associent pour les réunir ou bien recherchent des bailleurs de fonds disposés à courir les risques de
l’exploitation.
Cependant, la création d’une société commerciale nécessite l’emprunt d’un parcours juridique
constitué d’un certain nombre d’étapes au terme desquelles on assiste à la naissance d’un nouveau
sujet de droit qui va cohabiter avec les autres personnes juridiques, mais qui connaîtra sa disparition
avec la survenances de quelques événements.

Chapitre I : La constitution et la naissance de la société

Aux termes de l’article 982 du D.O.C., la société est un contrat, c'est-à-dire un accord de
volontés. Mais il s’agit d’un contrat très spécial, dans la mesure où par le biais de son immatriculation
au registre de commerce, la société-contrat se mue en une véritable institution et donne naissance à
une personne juridique nouvelle, distincte de la personne de chacun des contractants. La société est
donc en second lieu une personne morale.
Nous envisagerons, successivement, ces deux aspects de la société : la société- contrat et la société-
personne morale.

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Section I : La société est un contrat

L’article 982 du D.O.C. définit la société comme suit : « La société est un contrat par lequel deux
ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail ou tous les deux à la fois, en
vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter ».
Ainsi, le législateur définit la société, comme un contrat servant de cadre juridique à l’exploitation
commune de biens et de travail.
La société est alors un contrat, certes, soumis aux règles générales de droit commun, mais
également, régi par un cadre juridique spécial, très stricte puisqu’il donne naissance à un sujet de
droit nouveau et distinct des associés à savoir, la société- personne morale.
En effet, le législateur exige pour la validité du contrat de société le respect d’un certain nombre de
conditions de fond et de forme. Une fois toutes les conditions requises sont réunies, le contrat de
société commence à produire ses effets juridiques.

Sous section I  : les conditions générales de tout contrat.

L’acte unilatéral de volonté qui se trouve à l’origine de toute société, qu’il soit collectif ou unilatéral,
doit, pour être valable, répondre aux conditions posées par le droit commun des conventions. Ainsi,
l’existence de la société exige un consentement des associés, exempt de vices et une cause licite.
Cependant, l’application de certaines règles, notamment, celles relatives à la capacité et à l’objet
suppose quelques adaptations.

A. Le consentement :
La conclusion du contrat de société postule une rencontre des volontés des fondateurs de la société,
et des autres associés qui vont s’adjoindre à eux. Cette exigence permet de distinguer le contrat de
société du simple projet dans lequel, les parties envisagent éventuellement de s’engager sans
cependant, être d’accord sur les éléments essentiels de la future personne morale. Elle le distingue
aussi, de la simple promesse de société qui est une convention au terme de laquelle son débiteur
s’engage à s’associer. L’existence du consentement de chacun des associés est une condition
essentielle de validité du contrat de société, mais de surcroit, ce consentement doit être intègre,
c'est-à-dire exempt de vice et sincère :

1) Intégrité du consentement :
Le consentement des associés ne saurait être valablement donné sous l’emprise d’un vice tel
que l’erreur, le dol ou la violence, qui sont appréciés en application du droit commun des
obligations. Néanmoins, et de façon dérogatoire au droit commun des obligations, les vices
du consentement ne sont pas sanctionnés de la même façon selon les types de sociétés. Ce
régime permet d’éviter les conséquences fâcheuses pour les tiers de l’annulation d’une
société, tout en protégeant l’associé victime si la société est à risque illimité. Par ailleurs, en
ce qui concerne les sociétés à responsabilité limitée et les sociétés par actions, la nullité de
la société ne peut pas résulter d’un vice du consentement.

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2) La sincérité du consentement :
Le consentement manifesté par les protagonistes au contrat de société doit être sincère,
c'est-à-dire conforme à la volonté réelle des associés. L’absence de sincérité peut consister
en une simulation ou encore en la création d’une société fictive ou de façade.

La simulation peut porter :

 Sur la nature du contrat ; le consentement manifesté par les associés ne doit pas
être simulé, c'est-à-dire que les associés ne doivent pas, sous couvert d’un
contrat de société, avoir eu pour objectif de masquer une convention secrète
(prêt à intérêt, contrat de travail, donation ou vente.), dans tels cas, et
conformément aux règles de droit commun, l’acte secret prévaut dans les
relations entre les parties, tandis que les tiers disposent d’une option : soit
invoquer l’acte apparent, soit se prévaloir de la situation réelle que révèle l’acte
secret. Pour ce faire, ils doivent mettre en œuvre l’action en déclaration de
simulation.
En revanche, il n’y a pas simulation lorsqu’un associé conclu une convention de
croupier. Il s’agit d’une convention par laquelle un associé, sans l’accord de ses
coassociés, convient avec un tiers appelé le croupier de partager les bénéfices et
les pertes résultants de sa participation dans la société. Le croupier n’est pas
associé et il n’y a que des droits pécuniaires. La convention de croupier est
valable à condition de ne pas être utilisée pour faire échec aux dispositions légale
ou statutaire relatives à l’entrée d’un ou de nouveaux associés dans la société.
La simulation peut le cas échéant se doubler d’une fraude à la loi.

 Sur la personne de l’associé, c’est l’hypothèse du prête-nom qui agit pour le


compte d’un donneur d’ordre dissimulé.
Cependant, une place particulière doit être réservée à la société fictive. Il y’a
société fictive ou de façade lorsqu’elle est constituée pour masquer certains
agissements, notamment la simulation portant sur l’existence même du contrat.
Une telle société est réputée nulle pour défaut d’affectio societatis, car on estime
qu’il n’y a pas volonté réelle de créer une société.

B. La capacité des associés :

La capacité requise par le droit commun des contrats, pour devenir associé, s’apprécie en fonction de
la forme de société à adopter. Les personnes physiques peuvent réaliser tous les actes autorisés par
la loi, sauf empêchement exprès résultant d’une cause d’interdiction, d’incompatibilité ou
d’incapacité. Ces limites vont se manifester avec une intensité variable selon que la qualité d’associé
implique ou non celle de commerçant.

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Ainsi, l’accès aux sociétés dans lesquelles les associés ont ipso facto la qualité de commerçant
(associé commandité, associé en nom) nécessite la capacité commerciale. Par conséquence, les
mineurs non émancipés et les majeurs incapables sont exclus. Egalement, les personnes soumises à
une interdiction d’exercer une activité commerciale ou de gérer une société, ou se trouvant dans une
situation d’incompatibilité ou de déchéance se voient écartés.
Cependant, les sociétés ne conférant pas la qualité de commerçant à leurs membres sont largement
ouvertes. Les mineurs émancipés y entrent librement. Les mineurs non émancipés et incapables
majeurs peuvent devenir associés et exercer les prérogatives afférentes, dans le respect des règles
de représentation.
Quant aux personnes morales, toute personne morale de droit privé peut, en principe, devenir
associé d’une société.

C. L’objet :

Tout contrat doit avoir un objet licite qui n’est contraire ni aux lois, ni à l’ordre public ni aux bonnes
mœurs et qui doit être possible à réaliser lors de la conclusion du contrat. Cependant, en matière de
contrat de société, le concept « objet » rime à différentes significations :

-L’objet de l’obligation qui recouvre l’exigence faite aux associés de souscrire et libérer des
apports.
-L’objet du contrat qui est la mise en commun d’apports en vue de participer aux résultats de
l’exploitation.
-L’objet de la société qui désigne l’activité mise en œuvre par la société dans le cadre de son
objet social. Cet objet social doit exister, être déterminé et possible. Il doit figurer
expressément dans les statuts de la société. Sa modification suppose une décision prise
conformément aux conditions de modification des statuts. Par ailleurs, l’objet social est le
cadre d’exercice de la capacité de jouissance de la société qui, en vertu du principe de
spécialité légale des personnes morales, ne dispose pas de prérogatives juridiques pour agir
valablement en dehors du cadre pour lequel elle a été constituée. Il est également la limite
des pouvoirs des dirigeants de la société qui ne doivent l’outre passer dans les actes de
gestion, sous peine d’être révoqués ou de voir leur responsabilité engagée. De plus, c’est
l’objet social qui, conditionne le caractère civil ou commercial de la société dans certaines
structures sociétaires (ex : société en participation).Certaines sociétés ont un objet social
impérativement fixé par la loi (ex : les sociétés d’investissement à capital
variable).Cependant, la résiliation ou l’extinction de l’objet social entraîne, en principe, la
dissolution de la société. Le changement complet d’objet social équivaut à une cessation
d’entreprise et création d’une nouvelle entreprise en matière fiscale. Par ailleurs, il peut
arriver que l’objet social soit licite, tandis que la cause de constitution de la société est illicite
(ex : lorsque la société a été constituée en vue de réaliser une fraude.)

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D. La cause :

Conformément au D.O.C. tout contrat doit avoir une cause. La cause objective renvoie à la cause du
contrat de société lui-même et se confond avec l’objet social. Elle réside dans la vocation des
associés au partage des profits générés par l’œuvre commune. La cause subjective renvoie aux
mobiles qui ont amené les associés à entreprendre leur œuvre commune. La cause du contrat doit
exister, ne pas être fausse et être licite. Elle ne doit pas non plus consister en une fraude à la loi, ou
une manœuvre pour éluder les droits d’un tiers, notamment, pour soustraire un bien à l’action d’un
créancier. En règle générale, à l’instar du défaut de cause, son illicéité entraîne la nullité de la
société.

Sous section II  : Les conditions spécifiques du contrat de société.

En plus des conditions requises par le droit commun pour la validité de tout contrat, un certain
nombre de conditions spécifiques au contrat de société sont également exigées.

Paragraphe I : Les conditions de fond :

Les conditions spécifiques au contrat de société sont prévues par l’article 982 du D.O.C. et la
jurisprudence. Selon le D.O.C. l’existence d’une société requiert une pluralité d’associés, des apports
faits par ceux-ci à la société et la contribution de tous les associés aux résultats de l’exploitation
sociale. Cependant, en plus de ces trois conditions, la jurisprudence a rajouté une autre condition à
savoir l’affectio societatis ou volonté de s’associer.

A. Les associés :

L’article 982 du D.O.C. dispose que la société est instituée par deux ou plusieurs personnes.
Ainsi, il faut être au minimum deux pour former une société. Néanmoins, ce principe connait
deux exceptions :
 Pour constituer une société anonyme, il faut la réunion d’au moins cinq associés.
 Une société à responsabilité limitée peut être constituée par une seule personne.
C’est le cas de la SARL unipersonnelle.
Quant au maximum d’associés, la question n’a été évoquée par le législateur
qu’en ce qui concerne la société à responsabilité limitée qui ne peut comprendre
qu’un maximum de 50 associés. Si ce seuil est outrepassé, la SARL se transforme
en une société anonyme.
Par ailleurs, pour faire partie d’une société, il est nécessaire que l’intéressé ait la
capacité exigée par les règles de son statut personnel propre ou par la loi du lieu
de la conclusion du contrat.

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Cependant, d’après l’article 982 du D.O.C, certaines personnes ne peuvent constituer une société
entre elles. Ainsi la société ne peut être contractée :

-1- Entre le père et l’enfant soumis à la puissance paternelle, même si


cet enfant a été autorisé à faire le commerce. Cette interdiction couvre
également le cas de la mère et son enfant qui est sous l’autorité
maternelle.

-2- Entre le tuteur et le mineur, jusqu’à la majorité de ce dernier et à la


reddition et à l’approbation définitive des comptes de tutelle, même si
l’incapable a été autorisé à faire le commerce.

-3- Entre le curateur d’un incapable, ou l’administrateur d’une


institution pieuse et la personne dont ils administrent les biens.

Le législateur marocain n’interdit pas la création d’une société entre époux.

Une fois la qualité d’associé acquise, elle est conservée aussi longtemps que l’associé n’a pas décidé
de quitter la société. L’associé ne peut être exclu de la société sauf dans les cas prévus par loi ou par
les statuts de la société.

B. Les apports :

Les participants au contrat de société conviennent de mettre des biens en commun, c'est-à-dire
apporter quelque chose comme contribution dans la réunion des synergies nécessaires à
l’exploitation sociale. Ainsi tous les protagonistes au contrat de société doivent faire des apports à la
société qu’ils ont l’intention de constituer. L’apport peut consister en numéraire, en biens mobiliers
corporels ou incorporels ou en biens immobiliers. Dans certains types de sociétés l’apport peut être
en industrie.

L’absence d’apports, comme l’apport d’un bien sans utilité ou encore ne représentant pas de valeur
pécuniaire, est sanctionnée par la nullité de la société.

Hormis les apports en industrie, les apports constituent le capital social de départ de la société, qui
doit atteindre un minimum fixé par la loi en cas de création d’une société anonyme. Quant aux autres
types de sociétés commerciales, ce minimum est librement déterminé par les associés dans les
statuts.

-1- Les différents types d’apports :

On distingue généralement, les apports en numéraire, les apports en nature et les apports en
industrie. La société ne peut être constituée que si tous les apports ont été souscrits (article 21 de la
loi sur les S.A.).

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-a- Les apports en numéraire :

L’apport en numéraire est un apport en argent. En souscrivant dans le capital social


de la société l’associé s’engage à verser une somme déterminée (espèces, chèques, virements).
On ne peut parler de la libération de l’apport que lorsque la somme promise est effectivement
versée. Cependant, dans certains types de sociétés, la libération peut se faire par tranches après
la naissance de la société entant que personne morale. Ainsi, lors de la création d’une société
anonyme, les apporteurs en numéraire ne sont tenus de verser au moment de la création de la
société, que 25% du montant global de leurs souscriptions ; le reste sera versé à la société en
fonction des appels de fonds émanant des dirigeants sociaux, selon les besoins de la société dans
un délai maximum de trois ans à compter de l’immatriculation de la société au registre de
commerce. L’exécution de l’obligation des apporteurs en numéraire est garantie par des règles
particulièrement rigoureuses : à défaut, de libération intégrale des apports en numéraire et
appels de fonds de la part des dirigeants, tout intéressé peut demander au président du tribunal
de commerce compétent, statuant en référé, d’ordonner à la société, sous astreinte, de procéder
aux appels de fonds non libérés ( art 21 de la loi 20-05 sur les S.A.). Par ailleurs, les associés
récalcitrants, peuvent être débiteurs des intérêts des sommes dues à compter du jour où elles
devaient être payées. Ils peuvent également, être condamnés à verser des dommages-intérêts, si
leur retard est à l’origine d’un préjudice subi par la société.

Les fonds provenant des souscriptions en numéraire sont déposés dans un compte ouvert au
nom de la société en formation, auprès d’un établissement bancaire.

-b- Les apports en nature :

Les apports en nature portent sur tous les biens autres que de l’argent. Il peut s’agir
de biens immeubles ou de biens meubles corporels (marchandises, machines, matériel, matières
premières) ou incorporels (brevets d’inventions, marque de fabrique, fonds de commerce, bail
commercial, actions). L’apport en nature peut nécessiter l’accomplissement d’une formalité de
publicité, notamment, en cas d’apport d’un brevet d’invention, d’un bien immeuble ou d’un
fonds de commerce.

Par ailleurs, les apports en nature doivent faire l’objet d’une évaluation, pour savoir quelle
proportion du capital ils vont représenter et par conséquence, à combien de parts ou d’actions
leur apporteur pourra prétendre. Néanmoins, il y a un risque de surévaluation qui peut porter
préjudice aux intérêts des apporteurs en numéraire et aux créanciers sociaux, c’est la raison
pour laquelle certaines règles sont prévues par le législateur, notamment, l’évaluation des
apports en nature dans les S.A. et les S.A.R.L. par un commissaire aux apports, et l’engagement
de la responsabilité des associés qui ont fait cette évaluation dans les sociétés de personnes.

Différemment aux apports en numéraire, les apports en nature doivent être fournis en intégralité
au moment de la souscription et les titres les représentants libérés en totalité lors de leur
émission.

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Cependant, l’apport en nature (bien corporel ou incorporel) peut être effectué en pleine
propriété, porter sur un élément de propriété démembrée ou permettre la jouissance d’un bien.

 L’apport en propriété :
L’apport en propriété recouvre un transfert de droit réel sur le bien qui en fait l’objet.
Le bien sort du patrimoine de l’apporteur pour rentrer dans l’actif du patrimoine de
la société entant que personne morale, ce qui lui permettra d’exercer toutes les
prérogatives (usus, fructus, abusus). Le transfert de propriété se double du transfert
des risques attachés au bien. L’apporteur est garant envers la société comme un
vendeur envers son acheteur, il est débiteur des garanties d’éviction et des vices
cachés. Néanmoins, à la différence de la vente, lors de la liquidation de la société,
l’associé a le droit de reprendre son apport après paiement des créanciers sociaux.
Cette attribution donne lieu le cas échéant au versement d’une « soulte », c’est- à-
dire au versement d’une somme qui représente l’excédent de la valeur du bien sur la
valeur qui doit revenir à l’associé, également, l’apport n’est pas rémunéré par un
prix, mais par l’attribution de titres qui peuvent être, en fonction du type de société,
des actions ou des parts sociales.
L’apport en nature à titre de propriété est une aliénation qui exige la capacité
juridique de disposer à titre onéreux. L’objet de l’apport ne doit pas être d’une
nature dont le transfert est prohibé.

 L’apport en usufruit :
L’apport peut être fait en usufruit ou en nue-propriété. C’est le cas dans lequel, le
propriétaire procède à l’éclatement de ses prérogatives à l’égard du bien apporté à la
société. Il transfère à la société un droit réel qui s’incarne dans le droit d’usage (usus)
et le droit de perception des fruits et des produits générés par le bien (fructus) mais
garde pour lui le droit d’aliéner le bien, c'est-à-dire de transférer sa propriété à autrui
avec ou sans contrepartie (abusus). L’apporteur se réduit à la situation de nu-
propriétaire. Ainsi, la société ne supporte pas le risque de la perte de la chose.
L’apporteur reçoit en contre partie de son apport, des droits sociaux en pleine
propriété à concurrence de la valeur de l’usufruit.
L’apport en usufruit de certains biens, notamment, un immeuble ou un fonds de
commerce, nécessite l’accomplissement d’une formalité de publicité. A la dissolution
de la société, l’apporteur retrouve l’entière propriété du bien.
Ce type d’apport offre à la société la possibilité de se réserver un droit sur un bien
utile à son développement et à sa prospérité.

 L’apport en jouissance :
Dans cette hypothèse, l’apporteur reste propriétaire du bien dont il concède à la
société le droit d’usage pour une durée déterminée (le plus souvent celle de la
société). Ainsi la société ne dispose d’aucun droit réel sur le bien apporté. Quant à

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l’associé apporteur, il est garant envers la société comme un bailleur envers son
preneur à savoir des vices cachés et des troubles de jouissance. C’est une sorte de
contrat de louage où le loyer est payé en une seule fois au moyen de droits sociaux.
A la dissolution de la société, l’apporteur va récupérer son bien, s’il en est toujours
propriétaire. Le bien apporté en jouissance échappe à l’emprise des créanciers
sociaux.

-c- L’apport en industrie :

Dans ce cas, l’associé apporte à la société ses compétences techniques, son travail,
son expertise, son savoir-faire, voire sa notoriété. L’apport en industrie traduit l’idée
d’un apport de travail, néanmoins, il se distingue du salariat avec intéressement au
résultat, dans la mesure où il ne saurait y avoir de lien de subordination entre
l’apporteur et la société, auquel cas la relation fera l’objet d’une requalification en
contrat de travail avec toutes les conséquences juridiques qui en découlent. Cet
apport n’est pas pris en compte pour la détermination du capital social étant donné
qu’il ne saurait servir de gage aux créanciers sociaux. L’apporteur en industrie est un
véritable associé, il reçoit des parts sociales dont le montant est librement fixé par les
associés et perçoit une quote-part des dividendes distribués par la société.
Néanmoins, vu que l’apport est intimement lié à son apporteur, les parts de ce
dernier sont intransmissibles et incessibles ; lors du partage son apport ne peut être
indemnisé.
L’apport en industrie est interdit dans les sociétés anonymes et autorisé dans les
sociétés de personnes. Il n’est admis dans les sociétés à responsabilité limitée qu’en
cas d’apport d’un fonds de commerce. Les apports en industrie suscitent des
difficultés d’évaluation tout comme les apports en nature.

-2- Le capital social :

Le capital social est constitué par les apports en numéraire et les apports en nature des associés. Il
représente l’actif initial de la société. Il sert de gage aux créanciers sociaux. On comprend par suite,
que les apports en industrie soient exclus du capital social, car on voit mal comment la force de
travail des associés peut servir de gage aux créanciers de la société. Dans les sociétés de capitaux, les
sociétés anonymes plus particulièrement, le capital social a une importance particulière car les
créanciers sociaux n’ont pas d’autres gages, la responsabilité des associés étant limitée au montant
de leurs apports. Les créanciers sociaux n’ont pas pour gage les biens personnels des associés.

Le législateur a fixé le montant minimum du capital social des sociétés anonymes. Il est de trois
millions de dirhams au minimum, si la société fait appel public à l’épargne et de trois cent mille
dirhams dans le cas contraire.

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Dans l’intérêt des actionnaires et des tiers, les opérations d’augmentation et de réduction du capital
social sont minutieusement réglementées par le législateur. En cas de diminution importante du
capital la société peut être dissoute, sauf reconstitution dans les délais impartis.

C. La participation des associés aux résultats de l’exploitation sociale :

Les participants au contrat de société s’engagent, d’une part à exploiter le patrimoine commun dans
le but de réaliser des bénéfices, d’autre part, à se partager les résultats qui en découleront.

-1- Réalisation de bénéfices :


Le but d’une société est spécifiquement lucratif, il consiste à réaliser des bénéfices et à
les partager entre les associés. Cet élément fondamental distingue la société de l’association
dont le but est désintéressé. L’article 982 du D.O.C. le mentionne expressément. Aux termes
d’une jurisprudence consacrée par les juges, la réalisation d’un bénéfice doit s’entendre
« d’un gain pécuniaire ou d’un gain matériel qui s’ajoute à la fortune des associés. ».

-2- Partage des bénéfices et des pertes :


Les associés s’engagent à se partager les bénéfices et parallèlement, à subir ensemble,
les pertes qui pourront résulter de leur activité commune. Cette participation de chacun,
dans une certaine mesure, aux bénéfices et aux pertes découle directement de la volonté de
participer à une exploitation commune dans un esprit égalitaire, qui est l’une des
caractéristiques essentielles du contrat de société. On ne peut, par conséquent, y déroger,
en particulier par l’insertion dans le contrat de société d’une clause attribuant à un associé la
totalité des bénéfices ou l’exonérant de la totalité des pertes, ou bien, d’une clause écartant
un associé totalement des bénéfices ou lui faisant supporter la totalité des pertes. Ces
clauses dites « clauses léonines » sont réputées non écrites.
D’après l’article 1033 du D.O.C.  la part de chaque associé dans les bénéfices et dans les
pertes est en proportion de son apport. Donc, tous les associés doivent participer aux
bénéfices et contribuer aux pertes. Cependant, la règle de la proportionnalité, peut être
écartée par une clause contraire du contrat de société à condition qu’il ne s’agisse pas d’une
clause léonine, excluant totalement l’un des associés des bénéfices ou des pertes.
La contribution aux pertes est une obligation d’ordre public. Cependant, la contribution aux
pertes doit être distinguée de l’obligation aux dettes.
La contribution aux pertes concerne les rapports entre associés. Elle désigne la répartition
des pertes entre les associés. Cette contribution suppose que les dettes de la société aient
entamé la totalité du capital social, après la dissolution et la liquidation de la société et que le
passif reste encore non résorbé en intégralité.
Quant à l’obligation aux dettes, elle concerne les rapports des associés avec les créanciers
sociaux. Elle consiste à déterminer dans quelle mesure les associés sont responsables des
dettes de la société sur leurs biens personnels. Cette obligation aux dettes varie suivant la

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nature de la société. Dans les sociétés à risques limités, les associés ne sont tenus des dettes
sociales qu’à concurrence de leurs mises dans le capital social. En revanche, les associés dans
les sociétés à risques illimités, sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes
sociales, comme c’est le cas pour les commandités dans les sociétés en nom collectif et dans
les sociétés en commandite simple.

D. La volonté de participer à la vie de la société : l’affectio societatis 

Cette dernière condition n’est pas reflétée par l’article 982 du D.O.C. elle est établie par la
jurisprudence et la doctrine. Elle traduit la volonté des associés de collaborer activement,
positivement et de manière égalitaire à l’entreprise commune pour atteindre un but lucratif.

L’affectio societatis exclut, tout à la fois, un antagonisme des associés fondé sur des intérêts
divergents (car ici l’intérêt est commun), et un lien de subordination entre les associés. Cette volonté
de s’unir pour une exploitation commune se concrétise, essentiellement, par deux dispositions :
d’une part tous les associés doivent, dans une certaine mesure, participer aux résultats de
l’exploitation commune (une élimination totale de certains d’entre eux est prohibée), d’autre part,
tous les associés peuvent participer à la gestion de la société. Ils doivent à tout le moins participer au
contrôle de la gestion de la société, les dirigeants étant désignés par les associés et se trouvant sous
le contrôle de ces derniers.

Paragraphe II : Les conditions de forme :

La constitution d’une société est souvent concrétisée par la rédaction d’un acte écrit dénommé
« statuts » ou « pacte social » ou encore « charte sociétaire ». La rédaction des statuts permet d’une
part d’établir la preuve de l’existence de la société et d’autre part, de faire la publicité nécessaire
pour l’acquisition de la personnalité morale.

A. La rédaction des statuts de la société


Avant de procéder à la rédaction des statuts, les fondateurs, entrent en pourparlers pour
arrêter les grandes lignes de leur projet notamment, le type de société à adopter, l’activité à
entreprendre, le capital social à constituer…Cette période précontractuelle ne met aucune
obligation particulière à la charge de ceux qui y participent autre que celle de négocier avec
loyauté et bonne foi. Si cette dernière condition n’est pas respectée, par exemple en cas de
rupture abusive des pourparlers, l’auteur de la faute verra sa responsabilité délictuelle
engagée.
Les statuts consignent les éléments essentiels de la société sur lesquels les associés sont
d’accord. Ils engagent les associés présents et futurs qui y adhéreront. Ils doivent être

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nécessairement, illustrés par un support écrit, qui peut être sous-seing privé ou sous forme
authentique. Les statuts doivent mentionner les apports de chaque associé, la forme sociale,
l’objet, la dénomination, le siège social, le capital social, la durée de la société et les
modalités de son fonctionnement. Egalement, les statuts doivent être signés par tous les
associés, personnellement ou par mandataire. A compter de la date de la signature des
statuts et jusqu’à l’immatriculation de la société au registre de commerce, les rapports entre
associés sont soumis au contenu du contrat de société et aux principes fondamentaux du
droit commun des obligations et contrats.

B. La publicité
Après l’établissement des statuts et leur ratification par les associés, une certaine publicité
doit être accomplie pour porter à la connaissance de tout un chacun la création de la société.
La publicité consiste dans l’accomplissement de trois formalités :
 Le dépôt au greffe du tribunal de commerce du lieu du siège social, d’une copie des
statuts. Ce dépôt va permettre à toute personne qui le désire de prendre
connaissance du contenu des statuts ou de s’en faire délivrer une copie.
 La publication d’un extrait des statuts dans un journal d’annonces légales.
 L’immatriculation de la société au registre de commerce. Le registre de commerce
représente l’Etat civil des différentes entreprises commerciales et par conséquent,
toute modification apportée aux statuts de la société doit être soumise aux mêmes
formalités de publicité.
Cependant, les sociétés commerciales n’acquièrent la personnalité morale qu’après
leur immatriculation au registre de commerce. Après l’accomplissement de cette
démarche, le secrétaire greffier leurs attribue un numéro d’RC, qui va être leur
identifiant durant toute leur existence entant que sujet de droit.

Section II : La société est une personne morale

La société qui satisfait aux conditions de fond, de forme et de publicité requises par la loi, pour sa
constitution acquiert une personnalité juridique, distincte de la personne des associés et va mener
une existence indépendante et va avoir une vie juridique propre.

Toutes les sociétés commerciales, à l’exception des sociétés en participation, sont dotées de la
personnalité morale. La notion de personne morale est une technique juridique qui repose sur une
fiction et qui permet à une société d’avoir la capacité juridique et de là d’avoir un patrimoine
autonome. Plusieurs conséquences en découlent et qui font qu’une société a un statut juridique très
proche de celui d’une personne physique.

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Sous-section I : les manifestations de la personne morale

La personnalité juridique des personnes morales est assimilée à celle des personnes physiques.
Comme les personnes physiques, les personnes morales ont une identité et un patrimoine, et dans la
limite de leur objet social, elles ont la capacité d’agir et d’accomplir les actes les plus divers.

-A- Identité des personnes morales :

Une société personne morale, tout comme un individu a un nom, un domicile et une nationalité.

1. La société a un nom :

En matière de sociétés commerciales ce nom est appelé « raison sociale » dans les sociétés de
personnes et « dénomination sociale » dans les autres sociétés.

La raison sociale est constituée par les noms des associés tenus des dettes sociales sur tout leur
patrimoine personnel, ou du nom de l’un d’entre eux suivi du nom de la société (S.N.C ou S.C.S). Elle
permet aux tiers de connaître les associés qui sont indéfiniment et solidairement responsables des
dettes sociales.

La dénomination sociale, au contraire, est le plus souvent une appellation de fantaisie choisie de
manière à drainer vers la société le maximum possible de partenaires. Cependant, les associés ont
toute liberté pour changer l’appellation à condition de procéder au changement des statuts et à la
publicité afférente. Par ailleurs, le nom jouit d’une protection rigoureuse contre toute usurpation ou
utilisation dévoyée de la part d’un tiers.

2. La société a un domicile :

Le siège social correspond au domicile des personnes physiques. Il constitue le centre légal et
administratif de la société. C’est le lieu stable et identifié de l’établissement central, celui où le
groupement peut être trouvé pour les besoins de la vie juridique, où sont tenus les documents requis
par la loi, où fonctionnent les organes d’administration et de direction.

Le siège social peut être différent du lieu d’exploitation de l’activité de la société. Il joue un rôle
principal à la fois dans les relations de la société avec les tiers (c’est notamment, au lieu du siège
social que les tiers doivent assigner la société en justice, notifier leurs actes…) et dans les rapports
des associés entre eux (c’est au siège social que se réunissent les assemblées d’associés, le conseil
d’administration ou le conseil de surveillance…)

Le siège social est librement fixé ou modifié dans les statuts de la société. Par ailleurs, la nationalité
de la société et la loi qui lui est applicable sont déterminées par la localisation du siège social.

25
3. La société a une nationalité :

La nationalité est le lien qui rattache une personne à un Etat souverain de la communauté
internationale. Pour déterminer la nationalité d’une société, on se base généralement sur deux
critères :

 Soit sur le critère du siège social, ainsi une société qui a son siège social au Maroc sera
considérée comme une société marocaine et sera, par suite, soumise à la loi marocaine pour
sa constitution, son fonctionnement et sa dissolution. A l’inverse une société qui a son siège
social à l’étranger sera considérée comme une société étrangère avec toutes les
conséquences juridiques qui en découlent.
 Soit sur le critère du contrôle, et dans cette hypothèse, la nationalité des sociétés s’apprécie
en tenant compte, non pas du lieu du siège social, mais de la nationalité de ceux qui
« contrôlent » la société, c'est-à-dire, la nationalité des associés qui dirigent effectivement la
société.

Au Maroc, une société est marocaine lorsqu’elle a son siège social effectif et sans fraude sur le
territoire marocain, même si elle est contrôlée entièrement par des capitaux étrangers.

-B-Patrimoine des personnes morales :

La société personne morale, est dotée d’un patrimoine propre distinct des patrimoines personnels
des associés. Cette séparation du patrimoine social et du patrimoine de chacun des associés peut
être envisagée à un double point de vue :

Tout d’abord, l’actif social est séparé de l’actif du patrimoine de chacun des associés. Les associés ont
un droit de propriété sur les biens immobiliers et mobiliers corporels ou incorporels qui constituent
leur patrimoine personnel, mais, en revanche, ils ne sont pas copropriétaires des biens mobiliers et
immobiliers, figurant dans le patrimoine social. C’est la société qui est propriétaire de ces biens. Les
associés ont seulement à l’égard de la société un droit de créance né du contrat de société. Ils sont
créanciers d’une part des bénéfices et du remboursement de leurs apports au moment de la
liquidation de la société. Cependant, la créance des associés à la restitution de leurs apports présente
une particularité : les associés ne pourront l’invoquer qu’après le désintéressement intégral des
autres créanciers de la société dissoute et liquidée.

Ensuite, le passif social est séparé du passif composant le patrimoine de chacun des associés. Les
dettes contractées par la société ne sont pas contractées personnellement par chacun des associés.
Et inversement, les dettes personnelles des associés ne sont pas les dettes de la société.

Toutefois, il faut remarquer que ces conséquences de la séparation du patrimoine social et des
patrimoines individuels des associés ne se retrouvent pas, d’une façon aussi nette, dans tous les
types de sociétés. Il convient de faire la distinction à cet égard, entre les sociétés de capitaux, dans
lesquelles la séparation est nette, dans la mesure où les associés ne sont responsables des dettes
sociales qu’à concurrence de leurs apports, et les sociétés de personnes, dans lesquelles la
séparation n’existe que partiellement : les créanciers sociaux ont un droit sur le patrimoine

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personnel des associés commandités et les associés en nom, qui sont indéfiniment et solidairement
responsables des dettes sociales. En revanche, les créanciers personnels des associés ne peuvent
demander à se faire payer du patrimoine social.

-C- Capacité d’agir des personnes morales :

La société a une existence juridique propre qui lui permet d’accomplir des actes de toute nature, tel
que s’obliger, acquérir, vendre, prendre des actions dans une autre société, créer des filiales,
constituer des groupes de sociétés, procéder à des fusions ou à des prises de contrôle… Elle peut
également ester en justice sans qu’il soit nécessaire de mentionner sur les actes de procédure les
noms des associés.

On admet également, que les personnes morales sont civilement responsables des fautes commises
par leurs représentants (les fautes commises par les dirigeants de la société dans l’exercice de leurs
fonctions engagent, non seulement la responsabilité civile personnelle de ces dirigeants, mais aussi la
responsabilité civile de la société.) et des actes dommageables occasionnés par les choses qui sont
sous leur garde.

Par ailleurs, la responsabilité pénale d’une société peut être engagée en cas de commission d’un
méfait prévu par la loi et sanctionné par une peine adaptée à la nature même de la personne morale.

Ainsi la naissance à la vie juridique d’une société nécessite l’accomplissement de la formalité


administrative de l’immatriculation au registre de commerce. Cette formalité confère à la société la
personnalité morale qui lui permet de jouir d’un certain nombre d’attributs juridiques notamment,
une capacité d’agir et un patrimoine. Par conséquent, avant l’immatriculation, la société n’a pas la
personnalité morale, elle est encore une « société en formation » et de ce fait, elle ne peut pas
accomplir d’actes juridiques, pourtant un certain nombre d’actes doivent être accomplis pour sa
constitution et dans son intérêt.

Sous section II : La société en formation :

Au cours de la période qui précède l’immatriculation au registre de commerce, la société n’est pas
encore dotée de la personnalité morale. Pourtant, il peut être utile, nécessaire ou simplement
opportun de conclure certains actes juridiques pour le compte de la société en formation. Ainsi les
fondateurs de la société ou certains d’entre eux, voire leurs mandataires, vont accomplir un certain
nombre d’actes au nom et pour le compte de la société en gestation, dont le sort se révèle déterminé
à partir d’un principe et d’une exception. Le principe est que l’obligation de la dette pèse sur ceux qui
ont agi. Par exception, la société une fois dotée de la personnalité morale, peut reprendre les actes
accomplis en son nom (B)

27
Cependant, il est de prime abord opportun de déterminer avec précision la période dite de formation
et de distinguer la société en formation des autres groupements satellites également dépourvus de
la personnalité morale (A).

A. Notion de société en formation :

La situation juridique de la société en formation nous interpelle sur deux questions principales :
d’abord, sur la détermination du point de départ de l’existence de la société en formation, ensuite,
sur la distinction de la société en formation des autres sociétés dépourvues de la personnalité morale
notamment, les sociétés de fait, les sociétés crées de fait et les sociétés en participation.

1- La détermination du point de départ de la société en formation :

Le législateur n’a pas donné de définition du point de départ de la société en formation, ainsi,
plusieurs propositions ont été suggérées de la part de l’administration fiscale, de la doctrine et de la
jurisprudence.

 La position de l’administration fiscale : pour le fisc, il est nécessaire qu’un acte opposable
aux tiers ait été accompli et que cet acte soit inhérent à la procédure de constitution des
sociétés telle qu’elle est établie par le législateur, notamment, l’ouverture d’un compte
bancaire au nom de la société en formation pour le versement des apports en numéraire
ou encore la désignation d’un commissaire aux apports pour l’évaluation des apports en
nature. La seule intention de créer une société, même si des pourparlers entre les futurs
associés ont été engagés, ne suffit pas à donner naissance à «  une société en
formation. ».
 La position de la doctrine : deux courants doctrinaux s’opposent. Le premier courant
s’aligne sur la position de l’administration fiscale et exige l’accomplissement d’un acte
nécessaire à la constitution de la société et opposable aux tiers. Le deuxième courant,
tend vers l’application d’une solution de fait, car, la volonté économique d’entreprendre
le plus tôt possible se manifeste parfois bien avant les premières opérations de
constitution de la société et se traduit par l’accomplissement d’un certain nombre
d’actes notamment, des études de marchés, des prises de brevet d’invention, des
demandes d’autorisations administratives… Ainsi, l’ouverture de la période de formation
ne peut être déterminée qu’au vu des circonstances de chaque espèce.
 La position de la jurisprudence : il ressort de plusieurs décisions que les magistrats
s’écartent de la définition étroite de la période de formation. Ainsi, il a été décidé que de
simples pourparlers étaient suffisants pour caractériser l’existence d’une société en
formation et que, pour qu’une société en formation existe, il n’est pas indispensable que
le contrat de société ait été signé, il suffit que l’activité sociale ait commencé.

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2- La distinction de la société en formation des autres sociétés dépourvues de
la personnalité morale :

La société en formation n’est pas dotée de la personnalité morale puisque toujours en attente
d’immatriculation au registre de commerce. De ce fait, elle doit être distinguée de :

 La société de fait : pour distinguer la société en formation de la société de fait, il


faut relever que la société en formation est une société volontaire, qui a été
constituée par les associés dans l’objectif d’être immatriculée pour se voir dotée
de la personnalité morale. Il y a donc une volonté de constitution de la société et
une volonté d’immatriculation au registre de commerce. Par contre, la société
de fait est marquée par un dépassement du stade de la volonté de constituer et
d’immatriculer. La société a été constituée, immatriculée et a fonctionné mais
s’est vue après coup, atteinte d’un vice de constitution.

 La société créée de fait : la société créée de fait est la situation dans laquelle
deux ou plusieurs personnes se sont comportées en fait comme des associés,
mais sans accomplir les formalités constitutives d’une société. C’est donc une
société qui est ignorée par ses propres membres, à la différence de la société en
formation qui est une société voulue par les associés qui sont en cours de
processus de création de leur société.
 La société en participation : la distinction entre une société en formation et une
société en participation réside dans le fait que les associés dans cette dernière,
sont animés de la volonté de faire partie d’une société non immatriculée, et par
conséquent non dotée de la personnalité morale, alors qu’en cas d’une société
en formation les protagonistes tendent à accomplir toutes les formalités pour
que la société naisse pourvue d’une existence autonome.

B. Le sort des actes accomplis pour le compte de la société en formation :

Dès que les statuts ont été signés, la société est constituée. C’est déjà un contrat mais ce n’est pas
encore une personne morale. Un laps de temps plus au moins long va s’écouler entre la signature des
statuts et l’immatriculation au registre de commerce. Pendant cette période, des dépenses sont
susceptibles d’être engagées (location de bureaux, embauche du personnel, achat de matériel,
ouverture de compte bancaire…). Parfois, l’activité sociale commence avant toute immatriculation.
Cependant, faute d’immatriculation, la société n’a pas encore de personnalité juridique et par
conséquent, elle ne peut pas contracter.

Ainsi la période de formation est source d’un grand nombre de difficultés. C’est la raison pour
laquelle le législateur a doté cette période d’un régime juridique particulier, en établissant le
principe à la dette des personnes qui ont agi pour le compte de la société en formation et une
exception de la reprise de ces actes par la société une fois constituée.

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-1- L’obligation à la dette des fondateurs :

Aux termes de l’article 27 de la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes : « Les personnes qui
ont agi au nom d’une société en formation avant qu’elle n’ait acquis la personnalité morale sont
tenues solidairement et indéfiniment des actes ainsi accomplis au nom de la société….  » . Ainsi la
responsabilité personnelle de ceux qui ont agi permet d’assurer une protection efficace des tiers, qui
n’avaient pour interlocuteur juridique que la ou les personnes physiques agissant pour la société en
gestation non encore dotée d’une existence juridique, et qui risquent d’être lésés au cas où la société
n’est pas immatriculée, ou qu’elle ne reprenne pas les engagements pris en son nom.

La loi ne vise que les « personne qui ont agi », c'est-à-dire celles qui ont passé personnellement les
actes ou encore qui ont donné mandat de les passer. Ce ne sont pas nécessairement les fondateurs.
On peut être fondateur sans avoir passé d’acte, comme on peut en avoir passé sans être fondateur.
Les associés qui n’ont pas contracté avec les tiers ne peuvent donc tenus.

-2- La reprise des actes accomplis pour le compte de la société en formation :

D’après toujours l’article 27 de la loi 17-95 sur les sociétés anonymes, la société régulièrement
constituée et immatriculée au registre de commerce, peut reprendre les engagements souscrits en
son nom et pour son compte, qui sont alors réputés avoir été dès l’origine contractés par celle-ci. La
reprise permet de faire supporter par la société les conséquences des actes passés avant
l’immatriculation.

Trois formes de reprises peuvent être envisagées :

 Reprise des actes passés avant la signature des statuts : un état annexé à ces statuts,
détaillant chaque opération ainsi que l’engagement qui en résulterait pour la société, est
présenté aux associés ; la signature des statuts emporte reprise automatique de ces actes.
 Reprise des actes passés entre la signature des statuts et l’immatriculation : pour ces actes, la
reprise est automatique lorsqu’ils ont été accomplis en vertu d’un mandat accordé par les
associés à l’un d’eux, soit dans les statuts, soit par acte séparé ; l’immatriculation emporte
alors reprise des engagements conclus au nom de la société en formation, en vertu de ce
mandat ; encore faut-il que le mandat précise la nature de s actes à passer  ; il ne saurait
s’agir d’un mandat général. Par ailleurs, le mandat peut être donné par l’ensemble des
associés postérieurement à l’engagement, à condition qu’il intervienne avant
l’immatriculation.
 Reprise quelle que soit la date des actes : une reprise balai peut avoir lieu après
l’immatriculation de la société, pour les actes qui n’ont pas été repris ou qui ont été oubliés.
Cette reprise consiste en une décision des associés réunis en assemblée générale, au cours
de laquelle, de manière expresse, doit être repris chacun des actes accomplis, en aucun cas la
reprise ne saurait être tacite ou implicite, résultant de l’exécution spontanée de l’acte par la
société.
En définitive, quelle qu’en soit la forme, la reprise met à la charge de la société les actes
antérieurs à son immatriculation. Ces actes « sont alors réputés avoir été dès l’origine

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contractés par celle-ci ». La reprise entraîne une substitution rétroactive de partie sans que le
contractant n’ait à donner son accord. Les actes valablement repris sont réputés avoir été
passés dès l’origine par la société, tandis que l’associé qui a passé l’acte est rétroactivement
déchargé de toute obligation personnelle sauf s’il n’a pas spécifié, lorsqu’il a contracté, qu’il
agissait pour le compte d’une société en formation.
Cependant, la procédure de reprise ne saurait couvrir les délits et les quasi-délits civils et
pénaux.

Chapitre II : Dissolution et liquidation des sociétés


La société comme tout être vivant, peut s’éteindre et disparaître. Plusieurs causes peuvent être à
l’origine de sa dissolution. Une fois dissoute, la société subit la liquidation.

A) La dissolution de la société :

Il existe trois séries de causes de dissolution des sociétés. Il y a en premier lieu les causes d’origine
volontaire, en deuxième lieu les causes d’origine légale et enfin, les causes d’origine judiciaire.

1) Les causes d’origine volontaire

Elles sont au nombre de deux :

 La volonté commune des associés. Cette volonté commune qui a été à la base de la
constitution de la société peut également mettre fin à l’existence de la société par dissolution
anticipée. Dans certaines formes de sociétés, la dissolution doit émaner d’une décision prise
à une certaine majorité. Dans le cas de la fusion de la société dans une autre, il y a
dissolution.
 Lorsque la durée de la société n’est pas déterminée, un seul associé peut à n’importe quel
moment provoquer la dissolution de la société, c'est-à-dire que la volonté d’un associé peut
être à l’origine de la dissolution de la société lorsque cette société a été constituée pour une
durée illimitée. Cependant, depuis la réforme du droit des sociétés au Maroc, les statuts
doivent comprendre la durée de la société, ces statuts qui sont nécessaires pour effectuer
l’immatriculation de la société au registre de commerce aux fins d’acquisition de la
personnalité morale.

2) Les causes légales de dissolution

Les causes sont au nombre de six :

 L’expiration de la durée pour laquelle la société a été constituée. Cependant, les associés
peuvent décider la prorogation de la société.
 La réalisation de l’objet en vue duquel la société a été constituée ou l’impossibilité de le
réaliser.

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 La perte de la moitié du capital social à moins que les associés ne décident de reconstituer le
capital ou de le limiter à la somme effectivement existante.
 La réunion des parts sociales entre les mains d’un seul associé, à moins qu’il n’y ait
transformation de la société en une S.A.R.L à associé unique.
 Le décès, l’absence déclarée ou l’interdiction de l’un des associés.
 La faillite ou la liquidation judiciaire d’un associé.

Cependant, ces deux dernières causes, sont particulières aux sociétés de personnes qui sont
constituées « intuitu personae » c'est-à-dire compte tenu de la confiance réciproque des
associés, et parce que dans ce genre de sociétés les associés sont responsables du passif social
sur leurs biens personnels. Les sociétés de capitaux, notamment les S.A et S.A.R.L ne peuvent pas
être dissoutes pour ces deux dernières causes.

3) Les causes judicaires de dissolution

La dissolution judicaire est prononcée par le tribunal soit à la demande d’un associé, soit à titre de
peine accessoire à une condamnation pénale. Dans le premier cas, tout associé peut demander au
tribunal de prononcer la dissolution de la société lorsqu’il y a un motif grave, notamment lorsqu’il y a
des divergences entre les associés qui bloquent le fonctionnement normal de la société.

Dans le deuxième cas, le tribunal peut ordonner la dissolution de la société comme mesure
complémentaire à une condamnation pénale principale.

B) La liquidation de la société :

Lorsque la société est dissoute, on procède à sa liquidation. Néanmoins, cette liquidation n’est pas
toujours une opération indispensable. Il n’y a liquidation que si les associés le décident à l’unanimité
ou si la société comprend un grand nombre d’associés ou un actif très important.

La liquidation consiste en la réalisation de l’actif social en vue de désintéresser les créanciers sociaux,
ensuite en le remboursement aux associés de leurs apports, enfin du partage, s’il y a lieu du «  boni »
de liquidation.

1) La désignation du liquidateur

Les statuts de la société peuvent prévoir la désignation d’un liquidateur, c’est le liquidateur
statutaire. Cependant, les associés peuvent à l’unanimité, désigner un liquidateur celui-ci sera affecté
après la constitution de la société par une assemblée générale extraordinaire. Si les associés
n’arrivent pas à s’entendre sur le choix d’un liquidateur, celui-ci sera désigné par le tribunal auquel il
doit rendre compte.

2) Les obligations du liquidateur

Dés sa prise de fonctions, le liquidateur doit :

 Dresser avec l’aide des administrateurs de la société l’inventaire et le bilan de celle-ci

32
 Il doit faire inscrire au registre du commerce la dissolution, la liquidation de la société
commerciale, son nom en qualité de liquidateur et ses pouvoirs
 Il doit conserver les livres, documents et valeurs de la société, et noter en forme de livre-
journal et par ordre de date, toutes les opérations relatives à la liquidation. Il doit
également garder tous les documents justificatifs et les autres pièces relatives à la
liquidation
 Il doit faire la publicité nécessaire pour inviter les créanciers sociaux à présenter leurs titres.
Si cette publicité est faite, le liquidateur n’est pas responsable si la liquidation est réalisée à
l’insu d’un créancier
 Enfin, il doit fournir aux associés tout renseignement sur la liquidation et rendre compte à la
fin de celle-ci.

3) Les opérations de liquidation

Il s’agit, d’abord de la réalisation de l’actif social en vue de désintéresser les créanciers sociaux,
ensuite du remboursement aux associés de leurs apports, enfin du partage, s’il y a lieu du «  boni de
liquidation ».

 Réalisation de l’actif social et désintéressement des créanciers sociaux :


Le liquidateur doit réaliser l’actif social, c'est-à-dire le transformer en argent liquide. Il peut
vendre les biens sociaux, si cette vente est nécessaire pour mettre fin aux dettes de la
société.
Il doit notamment recouvrer les créances de la société liquides et exigibles.
Il doit mettre en réserve et déposer en lieu sûr la somme nécessaire pour payer les
obligations non échues ou en litige. Cependant, si un créancier connu ne se présente pas, il
doit consigner la somme due.
 Remboursement aux associés de leurs apports :
Lorsque les créanciers sociaux sont intégralement désintéressés, ou du moins lorsque les
sommes nécessaires à leur désintéressement ont été mises de coté, le liquidateur doit
rembourser aux associés leurs apports. Il ne peut le faire que si l’actif social n’a pas été
entièrement utilisé pour payer les créanciers.
La restitution se fait nécessairement en nature pour les biens qui avaient été apportés en
usufruit ou en jouissance. Elle peut se faire également en nature pour les biens qui avaient
été apportés en pleine propriété si ces biens se retrouvent encore c'est-à-dire s’ils n’ont pas
été vendus au cours de la vie sociale ou au moment de la liquidation pour désintéresser les
créanciers sociaux. Si ces biens n’existent plus en nature et ce qui est souvent le cas, le
liquidateur restitue aux associés la valeur de ces biens en argent. La restitution se fait en
argent pour les apports en numéraire.
 Partage du «boni de liquidation » :
S’il reste encore des fonds après le paiement des créanciers sociaux et le remboursement des
apports, ce boni de liquidation ou super-actif, doit être partagé entre les associés. La part de
chacun des associés dans le partage de cet actif net est, en principe, proportionnelle au

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montant de son apport. Mais cette règle peut être écartée par une clause contraire des
statuts.

4) Clôture de la liquidation

Lorsque les opérations de liquidation sont terminées, le liquidateur doit :

 Rendre ses comptes aux anciens associés, présenter un inventaire et un bilan résumant les
opérations qu’il a accomplies et la situation définitive qui en résulte. L’assemblée approuve
les comptes et donne quitus au liquidateur
 Déposer les livres, documents et papiers de la société dissoute, au secrétariat greffe du
tribunal de l’ex-siège social ou entre les mains de la personne choisie par les associés à la
majorité. Les pièces doivent être conservées pendant quinze ans.
 Publier un avis de clôture au bulletin officiel.
Dès que la liquidation est close, on assiste à ce moment là à la disparition de la société en
tant que personne morale, c'est-à-dire en tant que sujet de droit.

Titre II : Les différentes sortes de sociétés commerciales

Le droit marocain connait une panoplie de sociétés commerciales et la doctrine a procédé à leur
classification en deux grandes catégories : les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux avec à
cheval entre ces deux ensembles les sociétés à responsabilité limitée.

Partie I : Les sociétés de personnes

Outre les dispositions relevant du droit commun applicable à l’ensemble des sociétés, les sociétés de
personnes dans lesquelles les associés exposent leur patrimoine personnel à l’action des créanciers
sociaux, sont, de surcroit, soumises à un corps de règles particulières. Seront ainsi examinées
successivement, les règles propres aux sociétés en nom collectif(SNC), aux sociétés en commandite
simple(SCS), et aux sociétés en participation.

Ces types de sociétés sont caractérisés par l’intuitu personae. Elles sont dominées par la
considération de la personne des associés et non de leur faculté contributive, d’où leur appellation
de sociétés de personnes.

L’intuitu personae commande deux grandes règles :

 Les titres d’associés dans les sociétés en nom collectif et les sociétés en commandite
simple, appelés «parts sociales » sont intransmissibles. C'est-à-dire que l’associé ne
peut céder ses titres à un tiers qu’avec l’accord unanime de tous les autres associés.

34
 La société est en principe dissoute lorsque l’un des associés est frappé d’une
incapacité, d’une mesure d’interdiction d’exercer une activité commerciale ou
lorsqu’il fait l’objet d’une liquidation judiciaire.
La principale différence entre les sociétés en nom collectif et les sociétés en
commandite simple est que si les associés dans une SNC sont indéfiniment et
solidairement responsables des dettes sociales, il n’en va pas de même dans les
sociétés en commandite simple dans lesquelles, il existe deux types d’associés : les
associés commanditaires qui ne sont que des bailleurs de fonds et dont le risque de
perte est limité au montant de leurs apports et les commandités qui sont des
commerçants, courant des risques illimités et de ce fait sont solidairement et
indéfiniment responsables des dettes sociales. Par ailleurs, tous les associés
commandités sont commerçants et par conséquent, doivent avoir la capacité
commerciale, en revanche, les commanditaires dans les SCS ne sont pas
commerçants.

Quant aux sociétés en participation, se sont des sociétés dépourvues de la personnalité morale.

Chapitre I : les sociétés en nom collectif

La société en nom collectif est une société commerciale par la forme, elle fait partie des sociétés à
risque illimité. Ses associés ont tous la qualité de commerçant et répondent indéfiniment et
solidairement des dettes sociales. Elle est régie par la loi 05-96 promulguée par le Dahir du 13 février
1997. C’est la société dans laquelle l’intuitu personae est le plus marqué ; elle fait l’objet de peu de
dispositions impératives ce qui laisse corrélativement une grande marge de liberté aux associés pour
organiser leur société.

Section I : Les attraits de la SNC

Malgré le caractère contraignant de l’engagement au passif des associés, ce type de société conserve
son attrait. Cependant, il est opportun de signaler que cette forme de société ne semble s’adresser
qu’à un petit nombre d’associés, étant donné que pour le succès de cette œuvre commune, il est
nécessaire que la confiance et la bonne entente règnent entre les associés.

-A- intérêts du point de vue juridique : Simplicité de constitution et grande souplesse de


fonctionnement.

C’est la simplicité de constitution de ce type de société qui en est le premier attrait, un capital
minimum légal n’est pas requis, il est possible d’effectuer des apports en industrie, il n’y a pas
d’exigence d’une valeur minimale des parts sociales ni même d’obligation de libération immédiate de
l’apport.

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Le fonctionnement de la société est très simple et souple, puisque la loi laisse une très grande liberté
aux associés pour déterminer le contenu des statuts.

Souvent, l’adoption de la forme d’une SNC facilite l’obtention des crédits, étant donné que
l’engagement de chaque associé au remboursement des dettes sur ses biens personnels est illimité.

Par ailleurs, la SNC assure une grande stabilité des gérants associés, dans la mesure où leur
révocation impose l’accord unanime des autres associés.

La SNC sert également de forme juridique appropriée pour une filiale commune, car elle permet une
gestion strictement égalitaire. En effet, au lieu d’y entrer par elles-mêmes, les sociétés mères
peuvent y faire participer comme écran des sociétés qu’elles contrôlent à fin que leur propre
responsabilité ne soit pas engagée.

-B- Intérêts du point de vue fiscal.

Sur le plan fiscal les SNC sont fiscalement transparentes, c'est-à-dire qu’il est fait abstraction de la
personnalité morale de la société. Les associés sont individuellement imposés (IR ou IS). Cette
transparence fiscale explique que la société en nom collectif soit utilisée dans le cadre de montages
reposant sur une remonté des pertes de la société en nom collectif qui viendront minorer les
bénéfices imposables des différents associés.

Cependant le législateur permet aux associés d’une société en nom collectif d’opter pour le régime
fiscal des sociétés de capitaux (IS) si ce régime s’avère plus avantageux.

Cependant, pour les associés, la responsabilité indéfinie et solidaire et la qualité de commerçant sont
des inconvénients. La règle de l’unanimité qui régit les prises de décision est la manifestation d’un
fort intuitu personae. Elle peut se révéler paralysante dans son fonctionnement mais avantageuse
pour éviter l’arrivée de personne indésirables.

Section II : Constitution de la société en nom collectif

La constitution d’une SNC est simple. Cette simplicité est le corolaire de l’obligation solidaire et
indéfinie des associés. Outre les conditions de droit commun, la constitution obéit à des règles
propres :

A- Associés

La principale particularité tient à la qualité de commerçant des associés dans ce type de sociétés ce
qui entraine deux conséquences : les associés doivent impérativement jouir de la capacité de faire du

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commerce, et les associés étrangers peuvent bénéficier de la capacité commerciale s’ils sont
titulaires d’une autorisation judiciaire.

B- Objet social

En principe une SNC peut avoir n’importe quel objet social, mais il existe des restrictions, elle ne peut
exercer une activité bancaire ou d’assurance.

La rédaction de l’objet social détermine les pouvoirs des gérants et délimite les risques encourus par
les associés. La société est engagée par tous les actes des gérants, à condition qu’ils entrent dans
l’objet social. La détermination de l’objet social et son illustration par un support écrit, protège les
associés contre les initiatives inconsidérées des gérants.

C- Le capital social

Aucun capital social minimum n’est requis par le législateur. Par ailleurs, les associés ne sont pas
obligés de libérer la totalité ou une partie des apports qu’ils ont souscrits. Les tiers sont protégés par
la responsabilité solidaire et indéfinie des associés.

D- La publicité

La société n’est dotée de la personnalité morale qu’après son immatriculation au registre de


commerce.

Section III : L’organisation de la société en nom collectif.

A- Les règles de gérance.

D’après le législateur tous les associés de la SNC sont gérants à défaut de stipulation contraire dans
les statuts ou par acte ultérieur aux statuts.

Le gérant peut être statutaire, c'est-à-dire désigné par le contrat de société, comme il peut être
investi de ses fonctions par un acte extrastatutaire. Le gérant peut être associé ou tiers, mais
souvent, il est choisi parmi les associés. Il peut s’agir d’une personne physique ou une personne
morale, néanmoins, dans ce dernier cas, les dirigeants de la personne morale gérante sont soumis
aux mêmes obligations et encourent les mêmes responsabilités civiles et pénales que s’ils étaient
gérants en nom personnel.

La désignation du gérant doit faire l’objet d’une immatriculation au registre de commerce et d’une
publication dans un journal d’annonces légales.

La révocation du gérant statutaire associé doit être prise par l’unanimité des autres associés. Quant
au gérant non statutaire, sa révocation est déterminée par les statuts, dans le silence des statuts, la

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révocation doit être prise à l’unanimité des associés. Si le gérant n’est pas associé il est révocable
selon les règles établies par les statuts ou par l’acte de sa nomination.

Quant aux pouvoirs du gérant, ils sont déterminés par les statuts ou par le mandat de désignation.
Dans les rapports avec les associés se sont ces mêmes règles qui sont appliquées. Dans les rapports
du gérant avec les tiers, il est sensé habilité à accomplir tous les actes rentrant dans l’objet social. Les
clauses statutaires limitant les pouvoirs du gérant ne sont pas opposables aux tiers.

La responsabilité des gérants est engagée à l’égard des associés et des tiers en cas de violation de la
loi, des statuts et en cas de commission de faute de gestion.

Envers les associés, le gérant est un mandataire et ainsi il doit leur rendre des comptes, il est
responsable des fautes commises dans la gestion et des actes outrepassant les limites du mandat.

En cas de pluralité de gérants, chacun n’est responsable que de ses fautes personnelles. Envers les
tiers, les gérants ne sont responsables que de leur faute personnelle extérieure à la gestion.

B- Le statut de l’associé en nom :

-1- L’obligation aux dettes de l’associé en nom.

Il s’agit d’une société à risque illimité. La contribution aux pertes signifie que lorsque les comptes
font apparaître une perte, les associés ne récupèreront qu’une partie de leurs apports. En revanche,
l’obligation aux dettes signifie que si la société n’est pas en mesure de payer ses créanciers, ceux-ci
peuvent se retourner contre les associés codébiteurs. Néanmoins, il s’agit de codébiteurs
subsidiaires, car le créancier doit d’abord s’adresser à la société en tant que personne morale ayant
un patrimoine.

Conformément au droit commun de la solidarité, l’associé a un recours contre ses coassociés. En


principe, le montant de la contribution définitive au passif est fixé par les statuts. Tous les modes de
répartition sont licites. En cas de silence des statuts, la dette est répartie en proportion de la fraction
du capital social détenue par chaque associé. C’est la règle de la proportionnalité (art 1033 du DOC).

Par ailleurs, l’associé en nom collectif est tenu d’une obligation de non-concurrence. En effet, d’après
le droit commun (art.1004 du DOC.), un associé ne peut, sans le consentement des autres associés,
faire des opérations pour son propre compte ou pour le compte d’un tiers, ou des opérations
analogues à celles de la société, lorsque cette concurrence est de nature à nuire aux intérêts de la
société.

-2- La transmission des parts sociales.

Les parts sociales ne sont pas des titres négociables. Elles ne peuvent être cédées qu’avec l’accord
unanime de tous les associés. C’est une disposition d’ordre public. Ainsi l’associé reste prisonnier de

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ses titres sauf agrément à l’unanimité des autres associés. En cas d’agrément à l’unanimité, le
nouveau associé prend la place de l’ancien qui reste tenu jusqu’au jour de la cession. Les formalités à
observer consistent à établir la cession par écrit. La cession n’est opposable à la société qu’après
dépôt de l’acte original au siège social ou par signification par voie d’huissier ou acceptation par acte
notarié. A l’égard des tiers, la cession est opposable à partir de la date de l’immatriculation de l’acte
au registre de commerce.

Quant à la transmission à cause de décès, d’après la loi, la SNC prend fin avec le décès de l’un des
associés, sauf si les statuts ont prévu la continuation de la société avec les héritiers du défunt.

-3- Les droits des associés :

-a- Les droits financiers :

Chaque associé en nom a droit à une part des bénéfices réalisés par la société. Les conditions de
distributions des bénéfices et la part de chaque associé sont déterminées librement par les statuts. Il
n y a pas d’obligation de constituer une réserve légale.

La distribution des bénéfices est décidée par l’assemblée annuelle qui statue sur les comptes
sociaux.

Du fait de la transparence fiscale des sociétés en nom collectif, les bénéfices sont imposables au nom
des associés dès qu’ils sont réalisés et même s’ils n’ont pas été distribués.

Quant à la rémunération du gérant, les associés la déterminent librement dans l’acte de désignation.
Il peut s’agir d’un traitement fixe, imputable sur les frais généraux, d’une rémunération variable (une
quote-part des bénéfices.) ou une combinaison de ces deux procédés.

Enfin, les associés peuvent percevoir des intérêts sur les sommes avancées à la société en compte
courant.

-b- Les droits politiques :

Il s’agit principalement du droit à l’information et du droit de vote.

1°) Le droit d’information :

Les associés dans une société en nom collectif jouissent d’un droit à l’information très étendu et
permanent. En vertu de l’article 11 de la loi 5-96 les associés non-gérants ont droit, deux fois par an,
de prendre connaissance au siège social des livres, des inventaires, des états de synthèse, du rapport
de gestion et, le cas échéant, du rapport du ou des commissaires aux comptes et des procès-verbaux
des assemblées et de poser par écrit des questions sur la gestion sociale, auxquelles il doit être
répondu également par écrit. Sauf en ce qui concerne l’inventaire, le droit de prendre connaissance

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emporte celui de prendre copie. Le droit de prendre connaissance peut être effectué avec l’aide d’un
conseiller. Toute clause contraire à ces dispositions est réputée non écrite.

Par ailleurs, et selon l’article 10 de la dite loi, dans les quinze jours qui précèdent l’assemblée
générale, le rapport de gestion, l’inventaire et les états de synthèse de l’exercice établis par les
gérants, le cas échéant, le rapport du ou des commissaires aux comptes, sont communiqués aux
associés.

2°) Le droit de vote :

Quant au droit de vote, il est très important dans une SNC car les décisions doivent être prises à
l’unanimité. Cette règle peut être néfaste puisqu’elle peut aboutir à une paralysie de la société. C’est
la raison pour laquelle les statuts peuvent déroger ou aménager cette unanimité en prévoyant la
majorité. Cependant l’unanimité est toujours requise en ce qui concerne la révocation du gérant
associé statutaire et la cession des parts sociales.

Dans la pratique, les associés se réunissent au moins une fois par exercice pour approuver les
comptes sociaux. Cette assemblée doit d’après l’article 10 de la loi 5-96 respecter un certain
formalisme, car les décisions prises doivent être consignées dans un procès-verbal, indiquant la date
et le lieu de la réunion, les prénoms et nom des associés présents, les rapports présentés à la
discussion et un résumé des débats, ainsi que les projets de résolutions soumis au vote et le résultat
du vote. Le procès-verbal doit être signé par chaque associé présent. Toutefois, d’après l’article 9 al.
2 de la loi 5-96, les statuts peuvent prévoir que les décisions soient prises par voie de consultation
écrite, si la réunion d’une assemblée générale n’est pas demandée par l’un des associés. La
consultation est une procédure plus souple que la réunion, néanmoins, elle présente l’inconvénient
de ne permettre ni les discussions ni même les échanges de points de vue.

Section IV : Dissolution de la société en nom collectif

Outre les causes de droit commun, la société en nom collectif prend fin avec la survenance de
circonstances propres aux associés : décès, incapacité, interdiction d’exercer une activité
commerciale ou encore révocation d’un gérant associé statutaire.

A- Le décès d’un associé

En principe et étant donné la prédominance de l’intuitu personae dans ce type de sociétés, la SNC
prend fin par le décès de l’un des associés, sauf clause de continuation statutaire (article 17 de la loi
5-96). Les statuts peuvent ainsi stipuler que la société continuera avec les héritiers de l’associé

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décédé ou seulement avec les associés survivants, ou avec le conjoint survivant, ou avec un ou
plusieurs héritiers, voir avec toute autre personne nommément désignée dans les statuts.

Cependant, lorsque la société continue seulement avec les associés survivants, l’héritier est
seulement créancier de la société et n’a droit qu’à la valeur des droits sociaux de son auteur
déterminée au jour du décès, à dire d’expert désigné par le président du tribunal, statuant en référé
(art.17al.4 et 6 de la loi 5-96).

B- L’incapacité ou l’interdiction de gérer ou la procédure


collective frappant un associé :

Le prononcé d’une mesure d’incapacité ou d’interdiction d’exercer une profession commerciale ou


un jugement de liquidation judiciaire entraine la dissolution de la société, à moins que les statuts ne
contiennent une clause de continuation ou que les associés décident de la continuation à l’unanimité
(art. 18 al.1). Cette cause de dissolution se justifie dans une société où tous les associés ont la qualité
de commerçant et doivent être solvables. Cependant, en cas de continuation de la société, la valeur
des droits sociaux à rembourser à l’associé qui perd cette qualité est déterminée à dire d’expert
désigné par ordonnance du président du tribunal statuant en référé.

Par ailleurs, et selon l’alinéa 3 de l’art.18 de la loi 5-96, la société en nom collectif est dissoute en cas
de fusion ou pour tout autre motif prévu par les statuts.

C- La révocation du gérant associé statutaire :


La révocation d’un gérant associé désigné par les statuts, entraine la dissolution de la société en nom
collectif, sauf clause de continuation prévue par les statuts ou vote à l’unanimité des associés.

Chapitre II : La société en commandite simple

La société en commandite simple est une société de personnes, commerciale par la forme et qui
entraîne pour certains de ses associés une obligation illimitée au passif social. La SCS se caractérise
par la présence de deux types d’associés à savoir les commandités et les commanditaires.

Concernant les commandités, ils ont le même statut que les associés en nom. Ainsi ils sont tenus
indéfiniment et solidairement des dettes de la société sur leurs biens personnels et sont investis du
pouvoir de gérer la société et jouissent de la qualité de commerçant.

Les commanditaires ne sont tenus des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports (art.20 de la
loi 5-96), ils n’ont pas la qualité de commerçant et la règle de la défense d’immixtion dans la gestion
de la société leur est applicable.

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La SCS permet aux personnes qui ne peuvent être commerçants de participer aux opérations
commerciales et également, facilite la limitation de la responsabilité des apporteurs de fonds.

La SCS est régie par un régime juridique établi en référence à la réglementation de la société en nom
collectif (art.21 de la loi5-96), sous réserve des règles prévues au titre III chapitre I de la loi 5-96.

Section I : La constitution de la société en commandite simple

La constitution d’une SCS nécessite la réunion d’un certain nombre de conditions de fond et de
forme.

A- Conditions de fond :

A ce propos, il y a lieu de faire la distinction entre les deux catégories d’associés :

Pour les commandités, leur statut d’associés en nom impose les mêmes conditions que celles
requises pour les associés d’une société en nom collectif. Ils peuvent réaliser leurs apports en nature,
en numéraire ou en industrie. Aucun capital minimum n’est exigé par le législateur.

Pour les commanditaires, qui n’ont pas la qualité de commerçant, il suffit qu’ils disposent de la
simple capacité civile pour accéder à ce type de société. L’article 20 de la loi 5-96 leur interdit
l’apport en industrie et suppose une évaluation précise de leurs apports car ils ne répondent des
dettes sociales que dans la limites de leurs apports.

B- Conditions de forme :

Le contrat d’une société en commandite simple est conclu intuitu personae, et les associés jouissent
d’une marge de manœuvre très étendue pour organiser leur œuvre commune, c’est la raison pour
laquelle les statuts doivent être passés par écrit et comprendre en plus des mentions requises pour
les sociétés en général (art.5 de la loi 5-96) les indications suivantes (art. 23 de la loi 5- 96) :

 La part du montant ou la valeur des apports de chaque associé commandité ou


commanditaire dans le capital social.
 La part globale des associés commandités et la part de chaque associé commanditaire
dans la répartition des bénéfices et dans le boni de liquidation.
Le législateur, en exigeant ces mentions, a voulu éviter toute équivoque dans la situation
respective des deux catégories d’associés en ce qui concerne leur participation dans le
capital et les bénéfices.

 En outre, les statuts doivent fixer les conditions selon lesquelles sont prises les décisions
lors des assemblées d’associés.

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Les formalités de publicité et d’immatriculation au registre de commerce requises pour
les sociétés en nom collectif, se retrouvent lors de la constitution de la société en
commandite simple.

Section II : Le fonctionnement de la société en commandite simple

La condition juridique du gérant de la SCS est identique à celle du gérant de la SNC. Tous les
commandités ont en principe la qualité de gérant, mais les associés peuvent prévoir que la gestion
soit confiée à un ou plusieurs commandités ou encore à un tiers.

L’ensemble du statut du gérant de la société en nom collectif est applicable à la société en


commandite simple sous réserve de la mise en œuvre de la règle de la défense d’immixtion des
commanditaires dans la gestion. Cette règle découle de l’article 25 de la loi 5-96 qui dispose
« l’associé commanditaire ne peut faire aucun acte de gestion externe engageant la société vis-à-vis
des tiers, même en vertu d’une procuration » la raison d’être de cette interdiction est de préserver
l’indépendance de gestion des commandités qui répondent seuls des dettes sociales indéfiniment et
solidairement. Cependant, les actes interdits sont ceux qui mettent le commanditaire en relation
avec des tiers et qui pourraient laisser penser que cet associé est tenu sur ses biens personnels du
passif social. Celui qui contreviendrait à cette règle serait tenu solidairement avec les commandités
des engagements résultants des actes prohibés.

A- Le statut des associés

-a- Les commandités :

Leur condition juridique est celle des associés en nom collectif. Ils ont droit aux prérogatives
d’information et de contrôle reconnues aux associés en nom.

-b- Les commanditaires  :

Ils sont eux aussi des associés, et de ce fait participent aux résultats de l’exploitation commune,
mais n’ont pas la qualité de commerçant.
La principale obligation du commanditaire est de réaliser son apport. Une fois l’apport réalisé, il
est entièrement libéré et ne peut plus être poursuivi personnellement ni par ses coassociés ni par
les créanciers sociaux. L’obligation du commanditaire au passif social est limitée au montant de
son apport.
Un droit de contrôle est reconnu aux commanditaires par l’article 26 de la loi 5-96  : ils ont le
droit, à toute époque, d’obtenir communication des livres et documents sociaux et de poser par
écrit des questions sur la gestion sociale, auxquelles il doit être répondu également par écrit.

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S’agissant des décisions sociales, les associés ne peuvent pas changer la nationalité de la société
(art.28 de la loi 5-96).En revanche, toute autre modification des statuts peut être décidée avec le
consentement de tous les commandités et de la majorité en nombre et en capital des
commanditaires. Les clauses édictant des conditions plus strictes de majorité sont réputées non
écrites.

-B- Le régime des parts sociales

Aux termes de l’article 27 de la loi 5-96, les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec l’accord de
tous les associés. Cependant, les statuts peuvent prévoir que les parts des associés commanditaires
sont librement cessibles entre associés, que les parts des associés commanditaires peuvent être
cédées à des tiers étrangers à la société avec le consentement de tous les commandités et de la
majorité en nombre et en capital des commanditaires  ; et qu’un associé commandité peut céder une
partie de ses parts à un commanditaire ou à un tiers étranger à la société avec le consentement de
tous les commandités et de la majorité en nombre et en capital des commanditaires.

Section III  : La dissolution de la société en commandite simple

Aux termes de l’article 30 de la loi 5-96, en cas de redressement ou de liquidation judiciaire d’un des
associés commandités, d’interdiction d’exercer une profession commerciale ou d’incapacité frappant
l’un des associés commandités, la société est dissoute, à moins que, s’il existe un ou plusieurs autres
associés commandités, la continuation de la société ne soit prévue par les statuts ou que les associés
ne la décident à la majorité requise pour la modification des statuts.

 
Chapitre III : La société en participation

A l’instar des sociétés en nom collectif, la société en participation est une société à risque illimité. Elle
a la particularité de ne pas être soumise à la formalité de l’immatriculation au registre de commerce,
et partant, ne pas être dotée de la personnalité morale et des attributs qui l’accompagnent. Ainsi, la
société en participation n’a ni patrimoine (les apports réalisés par les associés ne font pas l’objet d’un
transfert de propriété), ni nationalité, ni capacité juridique (elle ne peut souscrire aucun engagement
personnel en qualité de créancier ou de débiteur. Chaque associé contracte en son nom personnel et
est seul engagé à l’égard des tiers), ni raison sociale, ni siège social légal (même si en pratique, les
associés choisissent de localiser l’activité en un lieu déterminé.).

Elle peut être civile ou commerciale en fonction de son activité. La société en participation peut être
occulte (elle n’est connue que par les associés qu’on appelle « participants ») ou ostensible (son
existence est révélée à certains tiers par les participants) selon que son existence n’a pas ou, à
l’inverse, a été révélée à des tiers.

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La société en participation est caractérisée par la simplicité et la souplesse de son fonctionnement.
Ces particularités la rendent prisée pour mener à bien des opérations ponctuelles. Elle est souvent
utilisée dans des opérations où l’on cherche un véhicule souple de coopération entre des structures
déjà existantes. En effet elle permet de réaliser de nombreuses opérations industrielles ou
commerciales notamment, le cofinancement de travaux de construction très importants, la
recherche de débouchés commerciaux, la répartition de risques entre assureurs et banquiers…
Egalement, cette forme de société est utilisée pour des opérations commerciales menées dans un
cadre international.

Cette forme de société est largement abandonnée à la liberté contractuelle. Ainsi, les associés
conviennent librement de l’objet social, du fonctionnement de la société, de la condition des associés
et de la dissolution de la société (article 89 de la loi 5-96). Les seules limites légales à cette liberté des
associés, concernent les dispositions impératives découlant du droit commun des sociétés (articles :
982, 985, 986, 988 et 1003 du D.O.C). Il s’agit en l’occurrence, des dispositions relatives à la licéité de
l’objet social, l’interdiction d’augmenter les engagements des associés sans leur consentement,
l’interdiction des clauses léonines, le respect du droit des associés de participer aux décisions
collectives…

La société en participation est régie par les articles 88 à 91 de la loi 5-96 sur la société en nom
collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la société à
responsabilité limitée et la société en participation.

Section I : La constitution de la société en participation

Aucune condition de forme n’est requise pour la constitution d’une société en participation. Pas
même un acte écrit, néanmoins, il est recommandé d’en rédiger un afin de préciser les droits et
obligations de chaque associé. L’absence de toute formalité de publicité fait l’originalité de la société
en participation.

Quant aux conditions de fond, elles sont réduites au minimum.

La société en participation doit comprendre au moins deux associés, personnes physiques ou


personnes morales, dont la capacité dépendra de la nature commerciale ou civile de la société. Elle
ne peut être à associé unique (unipersonnelle) comme c’est le cas pour une société à responsabilité
limitée.

L’acte qui constate la formation de la société doit être enregistré dans le délai d’un mois et il est
soumis au droit d’apport. Cet enregistrement ne fait pas perdre à la société son caractère occulte.

Les associés devront fixer contractuellement leurs droits et obligations respectifs. Outre les mentions
habituelles des statuts, le contrat doit déterminer le caractère occulte de la société, les pouvoirs du
ou des gérants, les rapports des associés avec lui ou avec eux, la rémunération et les modalités de
révocation du ou des gérants. Egalement, doit être mentionné dans le contrat la durée de la société,
à défaut tout associé pourrait demander sa dissolution par une notification adressée à tous les

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participants, à condition toutefois, que cette notification ne soit pas faite de mauvaise foi ou à
contretemps (art.91 de la loi 5-96).

Cependant, bien que la société en participation n’est pas dotée de la personnalité morale, il n’est pas
dérogé à la condition de fournir des apports par les participants (art.89 al.1 er de la loi 5-96 prévoit le
respect des dispositions de l’article 988 du D.O.C). Ainsi, les associés peuvent fournir des apports en
numéraire, en nature (biens immobiliers ou biens mobiliers corporels ou incorporels), ou bien en
industrie. Entre musulmans l’apport ne peut consister en des denrées alimentaires.

La société en participation n’ayant pas la personnalité morale, elle ne dispose pas d’un patrimoine
propre pouvant recueillir les apports qui lui sont faits. C’est la raison pour laquelle l’article 90 de la
loi 5-96 a établi le régime juridique des apports vis-à-vis des tiers. Ainsi, deux hypothèses sont
concevables : soit que chaque associé conserve la propriété de son apport qu’il met à la disposition
de la société qui en a seulement la jouissance, soit que les participants décident de mettre les biens
apportés en indivision.

Cependant, les associés peuvent décider autrement, notamment, attribuer la propriété des apports
fournis à l’un des associés (souvent le gérant), en tout ou en partie.

Par ailleurs, et toujours d’après l’article 90 de la loi 5-96, les biens que les associés acquièrent en
emploi ou réemploi de deniers indivis pendant la durée de la société, sont réputés indivis.

D’après l’article 91 de la dite loi, sauf stipulation contraire, aucun associé ne peut demander le
partage des biens indivis avant la dissolution de la société.

Dans les rapports entre les participants, l’utilisation des apports et leur condition sont
souverainement organisés par les protagonistes dans les statuts de la société.

Section II : Le fonctionnement de la société en participation

-A- Les rapports entre participants :

Au niveau interne, les rapports entre associés sont régis, soit par les dispositions applicables aux
sociétés civiles, si la société a un caractère civil, soit, si elle a un caractère commercial, par les règles
applicables aux sociétés en nom collectif (article 89 al.2 de la loi 5-96).

Cependant, les participants peuvent souverainement organiser leurs rapports sans pour autant
enfreindre certaines règles qui restent immuables, notamment la participation des associés aux
décisions collectives et aux résultats de l’exploitation commune.

-B- Les rapports avec les tiers :

Dans un souci de protéger les tiers l’alinéa 3 de l’article 89 de la loi 5-96 dispose que « à l’égard
des tiers, chaque associé contracte en son nom personnel. Il est seul engagé même dans le cas où il

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révèle le nom des autres associés sans leur accord. Toutefois, si les participants agissent
ostensiblement en qualité d’associés, ils sont tenus à l’égard des tiers comme des associés en nom
collectif ». Ainsi, il y’a lieu de faire la distinction entre deux hypothèses :
 Dans le cas où la société est occulte, les tiers ne connaissent que le gérant qui est rentré
en relation contractuelle avec eux. Ils ignorent l’existence de la société. Pour eux, leur
contractant est censé avoir agi en son nom et pour son propre compte. Ils sont protégés
par la théorie de l’apparence et par conséquence, l’associé qui a contracté en son nom
est seul engagé à l’égard des tiers, même s’il a révélé, à leur insu, l’identité des autres
associés au tiers.
 Lorsque la société est ostensible, c'est-à-dire lorsque les participants agissent en qualité
d’associés au vu et au su des tiers, ce qui suppose des actes positifs de leur part, dans ce
cas, chacun des associés est tenu indéfiniment des engagements pris, sans solidarité si la
société a un objet civil, avec solidarité si la société est commerciale.
Cependant, les associés disposent des droits individuels : ils ont vocation à recevoir une
côte part des dividendes distribués, et à être informés du fonctionnement de la société.

Section III : L’extinction de la société en participation

La société en participation prend fin pour les causes de dissolution communes à toutes les sociétés,
ainsi que celles propres aux sociétés en nom collectif lorsqu’elle a un caractère commercial et celles
propres aux sociétés civiles lorsqu’elle a un caractère civil.

Lorsqu’elle est à durée indéterminée, sa dissolution peut être le fait de l’un des associés qui peut à
tout moment, par notification adressée à tous les autres participants, demander à mettre un terme à
leur œuvre commune.

Faute de personnalité morale, et par conséquence de patrimoine social, la dissolution de la société


en participation n’entraîne pas une liquidation mais un simple règlement de comptes entre les
associés, notamment, la reprise des apports par leurs propriétaires, le partage des biens indivis ainsi
que des bénéfices et des pertes selon les dispositions contractuelles ou, à défaut, au prorata de la
participation des associés

La société en participation présente des inconvénients découlant de l’absence de personnalité


morale et par conséquent de patrimoine propre. En effet, lorsque la société est occulte, le
patrimoine du gérant peut être insuffisant pour donner confiance aux tiers.

Dans la pratique, il est parfois difficile de distinguer la société en participation de situations voisines,
telles que le contrat de travail car les apports en industrie sont très fréquents dans ce type de
sociétés.

La distinction de la société en participation de l’indivision pose également problème car il existe des
points communs entre les deux institutions, surtout que certains biens mis à la disposition de la

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société par les participants sont réputés indivis, ainsi que les biens que les associés en emploi ou
réemploi de deniers indivis pendant la durée de la société, et donc soumis aux règles de l’indivision.

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