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DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES

Programme Licence 3

par

KONE MAMADOU
Maître-assistant
UFR SJAP Université FHB Cocody
Juriste référendaire à la CCJA

1
INTRODUCTION

La société commerciale est définie à l’article 4 al. 1er AUSCGIE. Selon ce texte « La
société commerciale est créée par deux (2) ou plusieurs personnes qui conviennent,
par contrat, d’affecter à une activité, des biens en numéraire ou en nature, ou de
l’industrie, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui peut
en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes dans les conditions
prévues par le présent Acte Uniforme ».

L’article 5 AUSCGIE complète cette définition en ces termes : « La société


commerciale peut être également créée, dans les cas prévus par le présent Acte
Uniforme, par une seule personne, dénommée « associé unique », par un acte
écrit ».

Cette définition révèle les caractéristiques de l’acte de société qui feront l’objet
d’amples développements dans un prochain chapitre. Au stade des propos
introductifs, nous nous limiterons à des indications d’ordre général. A ce titre, on peut
relever que contrairement à l’entreprise individuelle dans laquelle l’activité
commerciale est exercée par un exploitant individuel à son nom propre, ici c’est une
personne morale distincte de l’exploitant, c’est-à-dire la société, qui exerce cette
activité.

Cette personne morale est en principe créée par plusieurs associés. Toutefois,
comme l’indique l’article 5 AUSCGIE précité, la société unipersonnelle est désormais
admise pour certaines formes sociales.

Le recours à l’exploitation sous forme de société présente des intérêts divers qui sont
variables d’une situation à l’autre.

► D’abord, d’un point de vue juridique, elle permet la séparation du patrimoine


personnel de l’exploitant de celui affecté à l’entreprise. En effet, la société une fois
constituée et immatriculée au RCCM, dispose d’une personnalité juridique et d’un
patrimoine propres distincts de ceux des associés. Dans les sociétés à risque limité,
seul ce patrimoine est en principe engagé par l’activité sociale. Mais, cette règle
comporte d’importantes exceptions sur lesquelles nous reviendrons.

► Au-delà de la création d’une personne morale distincte des exploitants, la société


constitue un formidable outil d’organisation du partenariat entre associés.
L’aménagement de clauses statutaires ou la conclusion de pactes extrastatutaires
leur permet de façonner leur collaboration en fonction des spécificités de l’entreprise
et des choix stratégiques des associés.

► Par ailleurs, la mise en société facilite et assouplit la transmission de l’entreprise.


En effet, la cession des titres sociaux est fiscalement moins onéreuse et
juridiquement moins lourde que la transmission d’une entreprise individuelle. Dans le
second cas, il faut se soumettre aux formalités complexes la cession de fonds de
commerce et, le cas échéant, des immeubles.

► Le recours à la forme sociale peut aussi avoir un intérêt financier. Les ressources
d’un seul individu peuvent s’avérer insuffisants pour entreprendre une activité de

2
grande envergure. Dans ce cas, certaines formes sociales comme la SA permettent,
par l’émission de valeurs mobilières, de regrouper des capitaux importants sans
nécessairement recourir à l’emprunt classique. La capacité de la SA à collecter
d’importants capitaux pour les mettre au service du financement de l’entreprise lui a
valu d’être qualifiée par George Ripert de « merveilleux instrument du capitalisme
moderne ».

► Enfin, parfois, des considérations d’ordre fiscale et (ou) sociales peuvent motiver
l’exploitation sous forme de société, l’imposition des bénéfices (IS au lieu de l’IGR),
ainsi que le régime de sécurité sociale des dirigeants sociaux étant parfois plus
avantageux que ceux supportées dans le cadre d’une entreprise individuelle.

Ce propos introductif nous amènera à présenter respectivement les classifications


des sociétés (I), les sources du droit des sociétés (II) ainsi que la nature juridique des
sociétés (III).

I. Les classifications des sociétés

La distinction la plus classique est celle qui oppose les sociétés commerciales aux
sociétés civiles (1). Mais à l’intérieur même de la catégorie des sociétés
commerciales, des distinctions sont faites notamment entre société de personnes et
sociétés de capitaux (2), entre sociétés faisant appel public à l’épargne et société ne
faisant pas appel public à l’épargne (3), entre sociétés pluripersonnelles et sociétés
unipersonnelles (4), entre sociétés types et société particulières (5).

1. Société civiles / commerciales.

Le caractère commercial ou civil d’une société est déterminé par sa forme ou par son
objet. Les sociétés commerciales par la forme sont énumérées par l’AUSCGIE. Il
s’agit de la SNC, la SCS, la SARL, la SA. et de la SAS. Dès lors qu’une société revêt
l’une de ces formes, elle est commerciale sans qu’il soit nécessaire de s’intéresser à
son objet.

Les sociétés qui ne sont pas commerciales par la forme peuvent l’être par leur objet.
Il faut alors interroger cet objet afin de vérifier s’il consiste en l’accomplissement d’un
acte de commerce. Dans l’affirmative, la société est commerciale par application de
la définition classique du commerçant. Dans la négative, elle est civile.

La distinction entre société civile et société commerciale est d’un intérêt fondamental
dans l’espace OHADA, puisqu’en principe seules les sociétés commerciales sont
soumises à l’AUSCGIE (art. 1er AUSCGIE), les sociétés civiles demeurant, pour
l’instant, du ressort du droit national.

Au sein de la catégorie des sociétés commerciales, des distinctions sont également


faites.

2. Sociétés de personnes et sociétés de capitaux

a. Le critère de la distinction.

3
Dans les sociétés de personnes, l’intuitu personae (la considération de la personne)
occupe une place prépondérante. Les associés se regroupent parce qu’ils se
connaissent et se font mutuellement confiance. C’est ce qui explique l’exigence, en
principe, du consentement unanime de tous les associés pour la cession de parts
sociales. C’est également ce qui explique la règle selon laquelle le décès ou
l’incapacité d’un associé met en principe fin à la société.

En droit OHADA, on compte, au nombre des sociétés de personnes la SNC et la


SCS.

A l’opposé, dans les sociétés de capitaux, la considération de la personne joue un


rôle moins important. L’action que reçoit l’actionnaire en contrepartie de son apport
est en principe librement négociable. Le décès ou l’incapacité d’un actionnaire
n’entraîne pas la dissolution de la société. La SA représente le type même de la
société de capitaux. On peut y ajouter la SAS depuis son adoption par l’AUSCGIE
révisé de 2014.

b. Atténuation de la distinction

Cette distinction est fortement atténuée en pratique du fait du recours à certaines


clauses statutaires. Ainsi, dans les sociétés de personnes, les clauses de
continuation de la société avec les héritiers du de cujus permettent d’écarter la
dissolution pour cause de décès ou d’incapacité d’un associé. Dans les sociétés de
capitaux, l’intuitu personae peut être introduit par le jeu des clauses d’agrément ou
de préemption. La société anonyme qui est en principe ouverte, peut être ainsi
transformée en société fermée.

Par ailleurs, il existe une forme sociale intermédiaire entre les sociétés de capitaux et
les sociétés de personnes. C’est la SARL qui, dans sa version issue de l’AUSCGIE,
emprunte certains traits aux sociétés de capitaux et d’autres aux sociétés de
personnes. Elle doit, par exemple, aux premières la limitation de la responsabilité des
associés à leurs apports, la règle du capital minimum. Aux sociétés de personnes
elle doit la forme de ses titres qui sont des parts sociales et non des actions
(absence de libre négociabilité).

3. Société faisant ou non appel public à l’épargne

C’est une distinction dont l’importance va croissante. Des livres entiers de


l’AUSCGIE sont consacrés aux sociétés faisant appel public à l’épargne.

Aux termes de l’article 81 AUSCGIE, sont réputées faire publiquement appel à


l’épargne :
- les sociétés dont les valeurs mobilières sont admises à la négociation sur la
bourse des valeurs d’un Etat partie, à dater de l’admission de ces titres ;
- les sociétés ou toute personne qui offre au public d’un Etat partie des valeurs
mobilières dans les conditions énoncées à l’article 83 ci-après.

Seules les sociétés qui y sont autorisées par l’AUSCGIE peuvent faire appel public à
l’épargne.

4
Les sociétés faisant appel public à l’épargne sont soumises à des règles spécifiques
prévues dans un titre 4 au livre 1er de la première partie de l’AUSCGIE et par le titre
3 du livre IV de la seconde partie. Exemple des règles spécifiques :
- publication d’un document d’information (art. 86 et s. AUSCGIE).
- s’agissant des SA, capital social minimum de 100 Millions FCFA, règles de
constitutions spécifiques, assujettissement à des règles spécifiques de publicité (V.
art. 823 et s. AUSCGIE).

4. Société unipersonnelles / sociétés pluripersonnelles.

Notre droit admet désormais la société d’une seule personne. Mais elle demeure en
principe exceptionnelle, car elle n’est admise que dans la SARL, la SA et la SAS.
Dans ces formes sociales, la totalité des parts sociales ou actions peuvent être
détenues par une seule personne sans que cela ne constitue une cause de
dissolution. Mieux, la société peut être initialement constituée par un seul associé.

Dans les autres formes sociales, la réunion des parts entre les mains d’un seul
associé constitue une anomalie qui doit en principe être réparée.

Il faut donc désormais distinguer les sociétés pluripersonnelles des sociétés


unipersonnelles. Dans les secondes, de nombreuses règles du droit des sociétés
fondées sur le principe de la pluralité d’associés se révèlent inapplicables ou sans
intérêt. Ainsi en est-il par exemple des règles de quorum et de majorité dans les
décisions collectives, etc.

II. Sources du droit des sociétés commerciales

Nous nous limiterons ici aux sources spécifiques du droit des sociétés, les sources
générales du Droit commercial ayant déjà été étudiées.

Le droit des sociétés commerciales en Côte d’Ivoire trouve sa source principalement


dans le droit uniforme de l’OHADA (1), dans le droit national non-contraire (2) et dans
d’autres traités internationaux (3).

1. Le droit uniforme de l’OHADA

La principale source du droit des sociétés commerciales est constituée par les actes
uniformes de l’OHADA. Un acte uniforme vise spécifiquement les sociétés
commerciales. Il s’agit de l’AUSCGIE.

Cependant, d’autres Actes uniformes comportent des dispositions applicables aux


sociétés (AUDCG, l’AUPC et l’AUDCIF). Seront évoqués à titre d’illustration,
l’AUSCGIE et l’AUDCG.

a. L’AUSCGIE.

5
L’AUSCGIE dans sa version initiale, entré en vigueur le 1er janvier 1998, a connu une
profonde révision en 2014. Le texte applicable à ce jour 1 fut adopté à Ouagadougou le
30 janvier 2014 et est entré en vigueur le 5 mai de la même année.

Aux termes de son article 1er, il s’applique à toute société commerciale, y compris celle
dans laquelle un Etat ou une personne morale de droit public est associé, dont le siège
est situé sur le territoire de l’un des Etats parties au Traité OHADA.

Les sociétés commerciales soumises à un régime particulier n’échappent pas à


l’application de l’AUSCGIE. Il en est ainsi des sociétés d’Etat et des sociétés
participation financière publique dont le cas est expressément envisagé à l’article 1er
précité (sur ces sociétés, voir les 2 lois n° 97-519 et 97-520 du 4 septembre 1997
relatives respectivement à la société d’Etat, à la société à participation financière
publique) et de façon générale, toutes les sociétés à régime particulier, pourvu
qu’elles soient commerciales (ex. société d’assurances, sociétés de banque, sociétés
pétrolières etc.).

Il faut cependant préciser que l’application de l’AUSCGIE aux sociétés particulières


comporte une spécificité. Elle ne doit pas avoir pour conséquence d’anéantir les
règles spéciales auxquels ces sociétés sont assujetties. L’AUSCGIE est le droit
commun qui s’applique à défaut de règle spécifique prévue par le régime particulier
(art. 916 AUSCGIE)2.

b. L’AUDCG.

L’AUDCG initialement entré en vigueur le 1er janvier 1998, a été profondément


modifié le 15 décembre 2010 à Lomé3. L’AUDCG révisé est entré en vigueur le 16
mai 2011. Cet acte uniforme s’applique non seulement aux commerçant personnes
physiques, mais également aux sociétés commerciales et aux GIE. C’est l’AUDCG
qui, par exemple, fixe les règles relatives à l’immatriculation des sociétés
commerciales au RCCM. C’est également cet AU qui définit le statut des
commerçants lequel est applicable en partie aux sociétés commerciales.

Le droit uniforme, bien qu’ayant un domaine d’application très large, n’a pas vocation
à l’exclusivité puisque s’appliquent également les lois nationales non contraires.

2. Les lois nationales non-contraires.

L’application aux sociétés commerciales du droit national non-contraire découle des


textes mêmes de l’OHADA. D’abord l’article 1er al. 3 AUSCGIE prévoit expressément
que les sociétés commerciales et les GIE demeurent soumis aux lois nationales non-
contraires à l’AUSCGIE qui sont applicables dans l’Etat partie où se trouve leur siège
social.

L’article 10 du Traité ne dit pas le contraire. En prévoyant l’application directe et


obligatoire des actes uniformes « nonobstant toute disposition contraire de droit
interne antérieure ou postérieure », ce texte attribue certes une primauté et un effet

1
Publiée au JO OHADA N° spécial du 04 février 2014, p. 1 et s.
2
Cf. KONE M., Les sociétés particulières et le droit uniforme de l’OHADA, Annales Africaines, Dakar 2015.
3
Publié au JO OHADA n° 23 du 15/02/2011
6
abrogatoire à l’acte uniforme, mais, ces effets, selon la doctrine et la jurisprudence,
concerne le droit national contraire ou identique aux actes uniformes. Il en résulte
qu’a contrario, les dispositions nationales non-contraires demeurent valables (V. avis
CCJA du 10 avril 2001).

Toutefois l’appréciation du caractère non-contraire peut parfois être sujet à


controverses.

3. Les autres sources internationales.

En dehors de l’OHADA, divers autres traités internationaux produisent des règles


applicables aux sociétés commerciales en Côte d’Ivoire. On peut citer à titre
d’exemple le traité CIMA portant en annexe un Code des assurances dénommé
Code CIMA qui régit les sociétés d’assurances ; la loi uniforme portant
réglementation bancaire dans l’UMOA, qui s’applique aux sociétés de banque ; le
droit communautaire de la concurrence (ententes anticoncurrentielles, abus de
position dominante, aide d’Etat) issu des règlements de l’UEMOA.

III. La nature juridique de la société.

Quelle est exactement la nature juridique de la société ? La réponse est variable


selon les auteurs, mais aussi selon les époques. Le débat oppose traditionnellement
les partisans de l’analyse contractuelle à ceux de la thèse institutionnelle.

Les premiers, s’appuyant notamment sur l’article 1832 C. civ., analysent la société
avant tout comme un contrat (entre les associés, mais aussi entre ceux-ci et les
dirigeants sociaux). Le fonctionnement de la société reposerait sur le contrat de
société dans lequel les associés ont, d’un commun accord, défini les règles de leur
collaboration, ainsi que leurs rapports avec les mandataires sociaux. C’est la
conception classique du droit français héritée de l’époque romaine.

Les partisans de la thèse institutionnelle, constatant l’insuffisance de l’idée de contrat


à expliquer toutes les règles de fonctionnement des sociétés (en particulier de la
S.A.), se tournent vers la notion d’origine publiciste d’institution systématisée par
Hauriou. Pour ces auteurs, la société serait moins un contrat qu’une institution. Mais
la définition de cette notion est loin de faire l’unanimité. Selon les termes de son
initiateur, « une institution est une idée d’œuvre ou d’entreprise qui se réalise et dure
juridiquement dans un milieu social ; pour la réalisation de cette idée, un pouvoir
s’organise qui lui procure des organes ; d’autre part, entre les membres du groupe
social intéressé à la réalisation de l’idée, il se produit des manifestations de
communion dirigées par les organes du pouvoir et réglées par des procédures ».

Les auteurs qui ont eu recours cette notion pour expliquer la société mettent en
avant l’importance de la loi comme source des règles du fonctionnement social.
Ainsi, selon MM. Mercadal et Janin, l’institution est « un ensemble de règles qui
organisent de façon impérative un groupement de personnes autour d’un but
déterminé ». De façon générale, l’idée principale de cette thèse paraît être
l’organisation, par la loi, d’un groupement de personnes autour d’une idée ; les droits

7
et intérêts privés sont subordonnés au but social qu’il s’agit d’atteindre. A cette thèse
sont associés les noms d’auteurs comme Renard4 et Gaillard5.

Force est cependant de constater qu’aucune de ces deux thèses ne l’emporte en


droit positif. Si la société trouve son origine dans un acte de volonté, l’idée de contrat
ne permet pas d’expliquer toutes les règles de fonctionnement des sociétés
(personnalité morale, règles de quorum et de majorité, etc.). Par ailleurs, l’admission
de la société unipersonnelle fait évoluer le débat en ce sens que le contrat n’est plus
nécessairement à l’origine de la société. Une place doit être désormais faite à l’acte
unilatéral.

De nos jours, les analyses s’orientent vers une approche fonctionnelle de la société.
A cet égard, il faut citer principalement l’école de Rennes, avec les Pr J. Paillusseau
et C. Champaud, laquelle soutient que la société est avant tout une technique
d’organisation de l’entreprise6. Organisation non seulement du partenariat entre
associés, mais aussi organisation juridique du patrimoine de l’entrepreneur
individuel7.

Avant l’OHADA, les différentes formes sociales étaient réglementées par des textes
séparés (SARL, loi de 1925, SA loi du 29 juillet 1867, SNC, Code de commerce), ce
qui donnait le sentiment d’une législation éclatée. Le droit OHADA opère une refonte
globale du droit des sociétés commerciales. Les règles spécifiques demeurent, mais
il ya désormais un corps consistant de règles applicables à l’ensemble des sociétés.
L’étude du droit des sociétés commerciales impose dès lors, de visiter, dans un
premier temps, le droit commun des sociétés commerciales (partie I) avant
d’envisager les règles spécifiques aux différentes formes sociales (partie II).

Première partie : Le droit commun des sociétés commerciales


Deuxième partie : Le droit spécial des sociétés commerciales

4
Renard, L’institution, 1923.
5
Gaillard, La société anonyme de demain, la théorie institutionnelle et le fonctionnement de la société anonyme,
2e éd. 1933. V. aussi dans le même courant de pensée : Portemer, Du contrat à l’institution : JCP éd. G. 1947, I,
586 ; Germain-Martin et Simon (Ph.), Le chef d’entreprise, 1946.
6
Paillusseau (J.), La société anonyme, technique d’organisation de l’entreprise, thèse Rennes 1967 ; Les
fondements du droit moderne des sociétés : J.C.P. éd. G. 1984, I, 3148 ; Champaud (C.), Le pouvoir de
concentration de la société par actions, Sirey, 1962 ; Le contrat de société existe-t-il encore ? in : Le droit
contemporain des contrats, Travaux de la Faculté de Sciences juridiques de Rennes, Economica, 1987.
7
Idem.
8
PARTIE I : LE DROIT COMMUN DES SOCIETES COMMERCIALES.

L’AUSCGIE achève de consacrer la naissance d’un droit commun des sociétés


commerciales. En suivant un schéma chronologique sommaire, on peut distinguer
les règles relatives à la constitution des sociétés (Titre I), celles relatives à leur
organisation et leur fonctionnement (titre II), ainsi que celles traitant de leur
dissolution (titre III).

TITRE I : LA CONSTITUTION DES SOCIETES.

La société, dans la majorité des cas, est à la fois un acte juridique et une personne
morale. Cette ambivalence rejaillit sur la constitution de la société, car il faut
distinguer la constitution en tant qu’acte juridique (chap. 1 er) de sa naissance en tant
que personne morale (chap. 2e).

CHAP. I. L’ACTE DE SOCIETE.

A l’origine de toute société, il y a un acte juridique. Dans les sociétés


pluripersonnelles, cet acte est traditionnellement assimilé à un contrat, alors que
dans la société unipersonnelle, il s’agira d’un acte unilatéral.

C’est lorsque cet acte est conclu qu’on parle de constitution de la société. Cette
constitution est soumise à des conditions de fond (section I) et des conditions de
forme (section II) dont le non-respect entraîne des sanctions (section III).

Section I : Les conditions de fond.

L’acte de société est traditionnellement un contrat. Par conséquent, sa validité


suppose le respect des conditions de validité des contrats en général (§1) auxquelles
s’ajoutent des exigences spécifiques au contrat de société (§2).

§1 : Les conditions de validité du contrat en général.

En tant que contrat, l’acte de société doit répondre aux conditions de validité du
contrat en général. Ces conditions, qui ressortent de l’article 1108 C. civ., ont trait au
consentement des associés (A), à leur capacité (B), à l’objet et la cause du contrat
(C).

A. Le consentement des associés.

Comme dans tout contrat, le consentement des associés doit exister et être exempte
de vice.

1) Existence du consentement

Le contrat de société suppose le consentement des associés, c-a-d leur volonté de


s’engager au contrat de société. Cette volonté se matérialise par la signature des
statuts.

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Le consentement suppose une volonté consciente. Il faut que celui qui l’exprime
possède l’aptitude à consentir. Cette aptitude suppose qu’il soit capable (v. ci-
dessous) et sain d’esprit. La société est annulable lorsque celui qui s’est engagé
n’avait pas la capacité requise ou n’était pas sain d’esprit au moment de
l’engagement.

2) Intégrité du consentement

Comme dans tout contrat, le consentement des associés doit être intègre c-a-d
exempt de vice. Tous les vices du consentement admis en droit civil peuvent
s’appliquer au contrat de société. Ce contrat peut ainsi être annulé pour erreur, pour
dol, ou pour violence. En pratique, les cas de violence sont rares. L’observation des
décisions de justice révèle que c’est plus souvent le dol et l’erreur qui sont invoqués.

S’agissant de l’erreur, elle peut porter sur la nature du contrat (société ou contrat
d’une autre nature), sur le type de société adopté (ex. SARL ou SNC), ou sur la
personne dans les sociétés de personnes (en raison de l’intuitu personae qui les
caractérise).

Quant au dol, il peut consister en des manœuvres frauduleuses, des déclarations


mensongères, une dissimulation tendant à donner une idée fausse de la société en
exagérant son importance et ses chances de succès, ou une simple réticence
dolosive.

Ces agissements doivent émaner d’une partie au contrat et doivent être tels que
sans eux, la victime n’aurait pas contracté.

La victime du dol peut demander l’annulation du contrat. Elle peut aussi exercer une
action en responsabilité délictuelle fondée sur l’article 1382 C. Civ., car le dol est une
faute civile.

De façon générale, pour l’étude des vices du consentement et leurs conséquences


sur le contrat, se reporter au cours de droit des obligations.

Les règles du droit civil sont cependant atténuées en droit des sociétés par l’art. 242
AUSCGIE. Ce texte dispose que dans la SARL et la SA, la nullité d’une société ne
peut résulter d’un vice du consentement ni de l’incapacité d’un associé, à moins que
celle-ci n’atteigne tous les associés fondateurs.

B. La capacité des parties contractantes

Les associés peuvent être des personnes physiques ou morales. S’agissant des
personnes morales, il peut s’agir de personnes morales de droit privé ou de
personnes morales de droit public. Ainsi, l’Etat peut être associé d’une société (on
parle alors de société d’Etat ou de société à participation financière publique).

Les droits des personnes morales seront exercés par l'intermédiaire de leurs
représentants, personnes physiques.

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L'aptitude à être associé d'une société a été réglementée par le législateur OHADA.
Ainsi, l’article 7 AUSCGIE interdit à toute personne physique ou morale d’être
associée dans une société commerciale lorsqu’elle fait l’objet d’une interdiction,
d’une incapacité ou d’une incompatibilité prévue par une disposition légale et
réglementaire.

S’agissant de la capacité, la capacité commerciale est expressément requise à


l'égard de tous les associés tenus personnellement et solidairement des dettes de la
société, parce qu'ils ont la qualité de commerçant (SNC, commandité de SCS). Ainsi,
les mineurs et les majeurs incapables ne jouissant pas de cette capacité, ne peuvent
être associés en nom.

Des époux ne peuvent être associés d’une société dans laquelle ils seraient tenus
indéfiniment ou solidairement des dettes sociales.

C. L'objet et la cause du contrat

L'objet d'une société est susceptible de deux acceptions :


- 1) de façon générale, l’article 4 alinéa 1 de l’Acte uniforme précise que l'objet de la
société est la mise en commun de biens ou de l’industrie, en vue de se partager le
bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Il s'agit alors de l’objet
générique des sociétés qui permet de les distinguer des autres types de
groupements.
- 2) plus concrètement, l'objet de la société, c'est le genre d'activité que cette
dernière se propose d'exercer, puisque par principe, toute société est créée pour une
activité déterminée. C’est ce second sens qu’il faut retenir dans le présent
paragraphe.

Cet objet doit être possible et être déterminé : normalement, il est indiqué dans les
statuts lorsque la société a fait l’objet d’un écrit.

L’objet doit également être licite et morale. Il ne peut pas consister en l’exercice
d’une activité prohibée par la loi (par exemple : vente de drogue ou d’esclaves,
exercer la prostitution etc.).

Quant à la cause, elle est entendue au sens subjectif, comme la raison pour laquelle
la société a été constituée. Cette raison ne peut consister en la poursuite d’objectifs
contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs.

§2 : Conditions spécifiques au contrat de société

Ces conditions spécifiques sont l’exigence d’apports, la participation aux bénéfices et


aux pertes, l’affectio societatis.

A. Apports.

1. La notion d’apport

L’apport est le bien ou la prestation que l’associé apporte à la société et en


contrepartie duquel il reçoit des titres de cette société. Ces titres sont appelés actions

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dans les sociétés anonymes et la SAS, et parts sociales dans les autres sociétés. Ce
sont des biens meubles ayant une valeur nominale déterminée.

Chaque associé est tenu de faire un apport. Sans apport il ne peut y avoir de société.
La somme des apports constitue le patrimoine initial de la société. Ils peuvent être de
nature ou d’importance inégale selon les associés, mais chaque associé reçoit en
principe un nombre de parts ou d’actions proportionnel à son apport.

La somme totale des apports en numéraire et en nature représente le capital social


qui doit être indiqué dans les statuts.

Du point de vue juridique, le capital social se caractérise par sa fixité et son


intangibilité. Cela signifie que le capital social est la valeur portée au passif du bilan
et indiquant le montant au-dessous duquel les associés s'interdisent tout
prélèvement à leur profit. Cela emporte à la fois la condamnation de la distribution de
dividendes fictifs et l’interdiction de la clause d'intérêt fixe au profit de chaque
associé.

Le capital social est donc un élément fixé par le contrat ou l’acte de société et
comme tel, il ne peut être modifié sans l'accord des contractants. Son montant est
invariable tant que les associés n'ont pas décidé de le modifier. La modification peut
être une augmentation ou une réduction.

Les apports doivent être effectifs et la société est annulable pour cause d'apport fictif
ou d'absence d'apport.

2. Les différents types d’apports

Il existe trois types d’apports : l’apport en numéraire, l’apport en nature et l’apport en


industrie.

a. L'apport en numéraire

Il consiste en l’apport d'une somme d'argent.


La libération de cet apport peut être faite, soit en une seule fois lors de la constitution
de la société, soit en plusieurs fois selon les vœux des associés. Selon le type de
société, la loi ou les statuts fixent alors le pourcentage du capital à libérer lors de la
souscription.

Quel que soit le type de société, le débiteur de l'apport en numéraire est soumis à
des exigences rigoureuses. D'après l'article 43 AUSCGIE, en cas de retard dans la
libération des apports, les sommes restant dues à la société portent de plein droit
intérêt au taux légal à compter du jour où le versement devait être effectué. Le
tribunal peut aussi accorder à la société des dommages et intérêts complémentaires,
destinés à réparer le dommage qu'elle a subi du fait de ce retard.

L’Acte uniforme prévoit enfin une possibilité de compensation entre les apports en
numéraire en cas d’augmentation de capital de la société et une créance certaine,
liquide et exigible que l’intéressé aurait sur la société (dividendes mis en distribution,

12
compte courant d’associés). Les statuts conservent la latitude d’interdire une telle
compensation.

b. L’apport en nature

C’est un apport qui porte sur un bien autre que du numéraire (une machine, un local
d’exploitation, des véhicules etc.). Cet apport peut être fait en pleine propriété ou en
jouissance.

L’apport en propriété transfère la propriété de la chose apportée à la société et


produit le même effet qu'une vente ; dès lors, les risques de la chose sont transférés
à la société.

L’apport en jouissance consiste à fournir l'usage du bien apporté, lequel reste la


propriété de l’apporteur. Le bien promis doit être mis à la disposition de la société
pour un temps déterminé (terme fixé par les parties). La société peut user librement
de ce bien pendant le délai prévu, mais ne peut en disposer. L’apporteur récupérera
donc son bien à la dissolution de la société.

L’apporteur en jouissance est garant envers la société comme un bailleur envers son
preneur.

Les apports en nature doivent être libérés intégralement lors de la constitution de la


société ; leur évaluation doit être faite par les associés dans les statuts et dans les
cas prévus par l’Acte uniforme, cette évaluation est contrôlée par un commissaire
aux apports.

c. L’apport en industrie

Il est constitué en général par le travail ou l'activité que l'apporteur effectue ou


promet d'effectuer, en raison de ses compétences techniques ou commerciales.

L’apporteur en industrie apporte donc son travail. Il ne faut toutefois pas le confondre
avec le salarié. A la différence de ce dernier, il n’y a aucun lien de subordination
entre l’apporteur en industrie et la société ou les autres associés. De plus, l’apporteur
en industrie ne perçoit pas de salaire, mais des dividendes.

B. Participation aux résultats

Dans le contrat de société, les associés participent aux bénéfices ou aux économies
et contribuent les cas échéant aux pertes. Selon le type de société, la contribution
aux pertes est soit indéfinie et solidaire (SNC), soit limités aux apports (SARL, SA,
SAS).

Cette participation aux résultats doit se faire équitablement, c’est-à-dire en principe


proportionnellement aux apports. Mais les associés peuvent valablement prévoir, par
des clauses statutaires, une répartition non proportionnelle. Il faut seulement que les
clauses prévues à cet effet ne soient pas léonines.

13
Sont léonines les clauses qui attribuent la totalité des bénéfices ou des pertes à un
seul associé, ou qui dispensent un associé de toute contribution aux bénéfices ou
aux pertes. De telles clauses sont réputées non-écrites.

C. Affectio societatis

L’affectio societatis n’est pas formellement exigé par les textes. Mais il est de
jurisprudence constante qu’il constitue un élément indispensable du contrat de
société.

Faute de définition légale, la doctrine s’est efforcée de cerner la notion. Chaque


auteur y va de sa définition. Nous retiendrons celle de Ph. Merle qui a le mérite de
faire la synthèse. Selon cet auteur, « l’affection societatis est une notion multiforme
dont le plus petit commun dénominateur englobe la volonté des associés de
collaborer sur un pied d’égalité au succès de l’entreprise commune ; cette volonté
commune devant exister non seulement au moment de la création de la société,
mais aussi pendant le cours de la vie sociale ».

En pratique, la notion d’affectio societatis permet de distinguer le contrat de société


de contrats voisins, tels que le contrat de travail (pas de collaboration sur un pied
d’égalité, plutôt subordination), ou le contrat de prêt (pas de participation à la vie
sociale).

Elle a également été utilisée par la jurisprudence française pour caractériser la


société créée de fait entre concubins lorsqu’il y a eu exploitation en commun d’une
activité. Selon les juges, dès lors que les concubins ont eu la volonté d’exploiter leur
commerce sur un pied d’égalité, de partager les bénéfices et, en cas de déficit, de
contribuer aux pertes, il y a société. Mais la seule cohabitation des concubins ne
suffit pas pour donner naissance à une société créée de fait.

Section II : Conditions de forme

Le législateur institue des conditions relatives à la forme du contrat de société. Ne


sont abordées ici que les conditions de forme communes à l’ensemble des sociétés8.
Ces conditions de forme recouvrent les règles relatives à l'établissement de l'acte de
société (§1) et à la publicité (§2).

§1- Les statuts de la société

Les statuts représentent l'acte constitutif de la société. Quelle forme doivent-ils


prendre et quel est leur contenu ?

A. Forme des statuts

Aux termes de l’article 10 AUSCGIE, « Sauf dispositions nationales contraires, les


statuts sont établis par acte notarié ou par tout acte offrant des garanties
d’authenticité dans l’Etat du siège de la société, déposé avec reconnaissance
d’écritures et de signatures par toutes les parties au rang des minutes d’un notaire ».
8
Pour les formalités supplémentaires relatives à l’appel public à l’épargne, à l’apport en nature ou l’émission
d’un avantage particulier, v. infra
14
De ce texte, on peut déduire que les statuts peuvent être établis soit par acte notarié,
soit par acte sous seing privé à condition, dans ce dernier cas, d’être déposé au rang
des minutes d’un notaire.

L’option entre acte notarié et acte sous seing privé déposé au rang des minutes d’un
notaire est désormais assoupli par la nouvelle formulation de l’article 10 AUSCGIE
qui laisse la possibilité aux législations nationales de prévoir d’autres formes d’écrits
pour les statuts.

En vertu de cette habilitation, le législateur ivoirien a pris une ordonnance du 2 avril


20149 qui assouplit davantage les règles de forme afférentes aux statuts de la SARL.
Outre les deux modalités précitées, cette ordonnance admet que les statuts de la
SARL puissent être établis par un simple acte sous seing privé.

Dans ce cas, la loi exige que soient établis autant d’originaux qu’il est nécessaire
pour le dépôt d’un exemplaire au siège social et l’exécution des diverses formalités
requise par les textes en vigueur. En outre, il est remis un exemplaire original à
chaque associé.

B. Contenu des statuts.

Les statuts doivent contenir obligatoirement certaines mentions (art. 13 AUSCGIE) :


- la forme de la société,
- sa dénomination suivie, le cas échéant, de son sigle,
- la nature et le domaine de son activité qui forment son objet social,
- son siège social,
- sa durée,
- l’identité des apporteurs en nature,
- la nature et l’évaluation de l’apport effectué par chacun d’eux,
- le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque apport,
- l’identité des bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature de ceux-ci,
- le montant du capital social,
- le nombre et la valeur des titres sociaux émis,
- les stipulations relatives à la répartition du résultat, à la constitution des réserves et
à la répartition du boni de liquidation,
- les modalités de son fonctionnement.

En plus, les statuts peuvent, au gré des associés, contenir toutes les dispositions
utiles à la marche, à l'organisation et à la fin de la société. Ces mentions sont en tout
état de causes valides à condition de ne pas violer les règles d'ordre public.

Les statuts doivent être signés par les associés. Ceux-ci peuvent le faire
personnellement ou par l'intermédiaire d'un mandataire muni de procuration spéciale.

La société est constituée au jour de la signature du pacte social.

9
Ordonnance n° 2014-161 du 2 avril 2014 relative à la forme des statuts et au capital social de la SARL
15
§2- La publicité

La publicité permet de porter l’acte de société à la connaissance des tiers.


L’AUSCGIE prévoit deux types de mesures de publicité : l’immatriculation et
l’insertion d’un avis dans un journal d’annonces légales.

A. L’immatriculation.

L’immatriculation est l’acte par lequel la société accède à la personnalité juridique.


Elle est faite au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier dans le mois de la
constitution.

Le greffe compétent est celui du tribunal dans le ressort duquel est situé le siège
social. Les formalités d’immatriculation ainsi que les effets sont prévues par
l’AUDCG. Nous y reviendrons au chapitre suivant.

Lorsque la société n’est pas soumise à la formalité d’immatriculation, elle est


dépourvue de personnalité morale. Elle est considérée soit comme une société en
participation, soit comme une société créée de fait en l’absence d’écrit.

B. L’insertion d’un avis dans un JAL

Dans un délai de 15 jours suivant l’immatriculation, un avis doit être inséré dans un
journal habilité à recevoir les annonces légales dans l’Etat partie du siège social.
Cet avis doit être signé par le notaire qui a reçu le contrat de société ou par le ou les
fondateurs et doit contenir certaines mentions obligatoires (v. art. 262 AUSCGIE).

Section III – Sanctions des conditions de formation

Il s'agit d’une part de la nullité et d’autre part de la responsabilité de toute personne


intervenant dans la constitution des sociétés.

§1 – La nullité

Lorsque l’un des éléments constitutifs du contrat de société fait défaut, logiquement
la société devrait être nulle. Mais, à cause des nombreux inconvénients de
l’anéantissement a posteriori de la société, le législateur réduit autant que possible
les possibilités d’annulation.

A. Les cas de nullité.

L’article 242 AUSCGIE limite les cas de nullité de la société à 2 cas :


- cas où la nullité résulte d’une disposition expresse de l’acte uniforme,
- cas ou la nullité résulte du droit des contrats en général,

S’agissant de la première option, la seule nullité expressément prévue par l’acte


uniforme est celle concernant le non-accomplissement des formalités de publicité

16
dans la S.N.C. et la S.C.S.10, encore que le tribunal dispose de la faculté de ne pas
prononcer cette nullité si aucune fraude n’est constatée11.

Concernant des causes de nullité reposant sur le droit des contrats en général, il faut
préciser que l’ensemble des causes de nullité du contrat sont en principe applicables
au contrat de société. Peut donc en principe être annulée la société dans laquelle
n’auraient pas été respectées les conditions de l’article 1108 C. civ. (capacité,
consentement, objet et cause).

Toutefois, la S.A. et la S.A.R.L. ne peuvent être annulées pour vice de consentement


ou pour incapacité d’un associé, à moins que celle-ci n’atteigne tous les associés
fondateurs.

Si les statuts comportent une clause léonine, celle-ci est réputée non-écrite. On
appelle clause léonines les clauses attribuant a un associé la totalité du profit
procure par la société ou l'exonérant de la totalité des pertes, ainsi que celles
excluant un associe totalement du profit ou mettant a sa charge la totalité des pertes.

B. Mise en œuvre de la nullité.

Dans les hypothèses où la loi reconnaît la nullité, le régime de celle-ci est très
restrictif, l’acte uniforme privilégiant, dans une large mesure, la régularisation.

Ainsi, l’article 246 AUSCGIE dispose-t-il que l’action en nullité est éteinte lorsque la
cause de nullité a cessé d’exister au jour où le tribunal statue sur le fond en première
instance, sauf si la nullité est fondée sur le caractère illicite de l’objet social.

Mieux, le tribunal saisi d’une action en nullité peut, même d’office, fixer un délai pour
permettre de couvrir la nullité. De même, il ne peut prononcer la nullité moins de
deux mois après la date de l’exploit introductif d’instance.

L’action en nullité se prescrit par trois ans à compter de l’immatriculation au RCCM.

Toutefois, lorsque la nullité repose sur un vice de consentement ou l’incapacité d’un


associé et lorsque la régulation est possible, toute personne ayant intérêt peut mettre
en demeure l’associé incapable ou dont le consentement a été vicié, de régulariser
ou d’agir en nullité dans un délai de 6 mois sous peine de forclusion.

De même lorsque la nullité repose sur la violation des règles de publicité, toute
personne ayant intérêt à la régularisation peut mettre en demeure la société de
procéder à cette publicité dans le délai de 30 jours à compter de cette mise en
demeure. A défaut de régularisation dans ce délai, tout intéressé peut demander au
président du tribunal la désignation d’un mandataire chargé d’effectuer la formalité.

Lorsque la nullité de la société est prononcée, elle s’opère sans rétroactivité. Elle
produit les effets d’une dissolution. Pour ce qui concerne les sociétés
pluripersonnelles il est procédé à la liquidation. L’Acte uniforme consacre ainsi la
théorie de la société de fait.
10
Art. 245 al. 1er AUSCGIE
11
Art. 245 al. 2 AUSCGIE
17
Ni la société, ni les associés ne peuvent se prévaloir d’une nullité à l’égard des tiers
de bonne foi. Il est toutefois dérogé à cette règle en ce qui concerne la nullité pour
vice de consentement ou pour incapacité, laquelle peut être opposée au tiers même
de bonne foi par l’associé incapable ou son représentant, ou par la personne dont le
consentement a été vicié.

§2 – La responsabilité.

L’atténuation des nullités des sociétés est largement compensée par le renforcement
des responsabilités de ceux qui interviennent dans leur constitution. Sont visés au
premier chef, les fondateurs et les premiers dirigeants sociaux. L’article 78 AUSCGIE
prévoit que « Les fondateurs, ainsi que les premiers membres des organes de
gestion, de direction ou d’administration, sont solidairement responsables du
préjudice causé soit par le défaut d’une mention obligatoire dans les statuts, soit par
l’omission ou l’accomplissement irrégulier d’une formalité prescrite pour la
constitution de la société ».

Dans le même sens, les membres des organes de gestion, de direction ou


d’administration en fonction encourent les mêmes responsabilités en cas de
modification des statuts.

L’action en responsabilité dans les deux hypothèses se prescrit par cinq ans à
compter soit du jour de l’immatriculation de la société, soit de la publication de l’acte
modifiant les statuts.

Les associés et les dirigeants sociaux auxquels la nullité est imputable peuvent être
déclarés solidairement responsables du dommage résultant pour les tiers de
l'annulation de la société. Il s’agit d’une responsabilité pour faute. L’article 256 alinéa
3 AUSCGIE précise d’ailleurs que la disparition de la cause de nullité ne fait pas
obstacle à l'exercice de l'action en responsabilité tendant à la réparation du préjudice
causé par le vice dont la société, l'acte ou la délibération était entachée.

L'action en responsabilité fondée sur l'annulation de la société ou des actes et


délibérations postérieurs à sa constitution se prescrit par trois ans à compter du jour
où la décision d'annulation est passée en force de chose jugée.

Sur un autre plan, et s'agissant des apports en nature, les associés peuvent engager
leur responsabilité solidaire lorsqu’ils procèdent eux-mêmes à leur évaluation.

Enfin, leur responsabilité pénale peut être engagée dans les conditions prévues aux
articles 886 et 887 AUSCGIE.

18
CHAP. 2 : LA PERSONNALITE MORALE DES SOCIETES.

La personnalité juridique est d'une manière générale, l'aptitude à être sujet de droits et
d’obligations. Comme une personne physique, la société va se voir attribuer la
personnalité juridique qui lui permet d’avoir un patrimoine, de pouvoir contracter des
obligations, avoir des créances ou d’ester en justice. On parle alors de personnalité
morale.

La naissance de la personnalité morale d’une société obéit à certaines règles qu’il


convient de présenter (Section I) avant d’envisager les conséquences qui sont
attachées à cette personnalité morale (Section II).

Section I : Naissance de la personnalité morale

L’immatriculation au RCCM est la condition de l’acquisition de la personnalité morale


par une société (§1). Avant cette immatriculation, la société est dépourvue de
personnalité morale. Son fonctionnement pendant cette période obéi à des règles
particulières qui doivent être présentées (§2).

§1 : L’immatriculation au RCCM : condition d’acquisition de la personnalité morale

Pour que la société prétende exister en tant que personne morale, il faut qu’elle soit
immatriculée au RCCM. L’article 98 AUSCGIE dispose que : « Toute société jouit de la
personnalité juridique à compter de son immatriculation au RCCM, à moins que le
présent Acte uniforme n’en dispose autrement ».

La procédure d’immatriculation d’une société au RCCM est prévue par l’AUDCG. Elle
consiste à formuler une demande d’immatriculation auprès du greffe du tribunal
compétent en remplissant un formulaire prévu à cet effet auquel sont joints les pièces
justificatives requises.

La demande d’immatriculation est adressée au greffe du tribunal du lieu du siège


social. Cette demande faite avec le formulaire prévu à l'article 39 AUDCG mentionne
:
1°) la raison sociale ou la dénomination sociale ou l'appellation suivant le cas ;
2°) le cas échéant, le sigle ou l'enseigne ;
3°) la ou les activités exercées ;
4°) la forme de la personne morale ;
5°) le cas échéant, le montant du capital social avec l'indication du montant des
apports en numéraire et l'évaluation des apports en nature ;
6°) l'adresse du siège social, et le cas échéant, celle du principal établissement et de
chacun des autres établissements ;
7°) la durée de la société ou de la personne morale telle que fixée par ses statuts ou
le texte fondateur ;
8°) les noms, prénoms et domicile personnel des associés tenus indéfiniment et
personnellement responsables des dettes sociales avec mention de leur date et lieu
de naissance, de leur nationalité, le cas échéant, de la date et du lieu de leur
mariage, du régime matrimonial adopté et des clauses opposables aux tiers

19
restrictives de la libre disposition des biens des époux ou l'absence de telles clauses
ainsi que les demandes en séparation de biens ;
9°) les noms, prénoms, date et lieu de naissance, et domicile des gérants, dirigeants,
administrateurs ou associés ayant le pouvoir général d'engager la personne morale
ou le groupement ;
10°) les noms, prénoms, date et lieu de naissance, domicile des commissaires aux
comptes, lorsque leur désignation est prévue par l'Acte uniforme relatif au droit des
sociétés commerciales et des groupements d'intérêt économique ;
11°) ou toute autre indication prévue par une disposition légale particulière.

A cette demande sont jointes les pièces justificatives suivantes quelle que soit leur
forme ou leur support :
1°) une copie certifiée conforme des statuts ou de l’acte fondateur ;
2°) la déclaration de régularité et de conformité ou de la déclaration notariée de
souscription et de versement ;
3°) la liste certifiée conforme des gérants, administrateurs, dirigeants ou associés
tenus indéfiniment et personnellement responsables ou ayant le pouvoir d’engager la
société ou la personne morale ;
4°) une déclaration sur l'honneur signée du demandeur et attestant qu’il n’est frappé
d’aucune des interdictions prévues par l’article 10 ci-dessus. Cette déclaration sur
l’honneur est complétée dans un délai de soixante-quinze (75) jours à compter de
l’immatriculation par un extrait de casier judiciaire ou à défaut par le document qui en
tient lieu ;

5°) le cas échéant, une autorisation préalable d'exercer l'activité du demandeur.

A la réception de la demande dûment remplie et des pièces justificatives, le greffier


délivre au demandeur un accusé d'enregistrement qui mentionne la date de la
formalité accomplie et le numéro d'immatriculation.

Toutefois, il dispose d’un délai de trois mois pour contrôler la demande et le cas
échéant procéder au retrait de l’immatriculation et à la radiation. L’AUSCGIE prévoit
en effet, que le greffier « s’assure, sous sa responsabilité, que la demande et la
déclaration sont complètes et vérifie la conformité de leurs énonciations aux pièces
justificatives produites …». Le contrôle du greffier porte donc sur la régularité
formelle de la demande ainsi que le précise, par ailleurs, l’article 66 AUSCGIE.

S’il constate des inexactitudes ou s’il rencontre des difficultés dans


l’accomplissement de sa mission, il peut convoquer le demandeur pour recueillir
toutes explications et pièces complémentaires.

En cas de décision de retrait d’immatriculation, la décision doit être motivée et


notifiée à la partie intéressée. Cette décision est susceptible de recours dans le délai
de 15 jours à compter de sa notification12.

L’immatriculation au RCCM est le point de départ de la personnalité morale, mais


également de la durée de la société. Cette durée est fixée dans les statuts, sans
pouvoir excéder 99 ans. Toutefois, une prorogation est possible à l’arrivée du terme.

12
Art. 66 al. 5 AUSCGIE.
20
Par ailleurs, la transformation régulière d’une société n’entraîne pas la création d’une
personne juridique nouvelle.

La personnalité juridique d'une société disparaît en cas de dissolution. Toutefois, la


société dissoute conserve sa personnalité juridique pour les besoins de la liquidation. Il
y a également disparition de la personnalité juridique de la société en cas d’absorption
de celle-ci par une autre société ou en cas de scission.

§2. L’absence de personnalité morale avant l’immatriculation au RCCM

Avant son immatriculation au RCCM, la société est dépourvue de personnalité morale.


Pourtant des opérations peuvent être conclues en son nom. L’AUSCGIE prévoit les
règles de conclusion de telles opérations, lesquelles sont variables en fonction des
étapes de la période constitutive. Il en découle que la présentation des étapes de la
période constitutive (A) est un préalable à l’étude de règles régissant actes de la
période constitutive (B).

A. Les étapes de la période constitutive.

La période antérieure à l’immatriculation de la société peut être scindée en deux : il y


a la période qui précède la signature des statuts (ou l’assemblée constitutive) et celle
postérieure à cette signature.

Pendant la première, la société n’est pas constituée. Elle est en formation (art. 100
AUSCGIE).

Pendant la seconde, la société est constituée. L’article 101 AUSCGIE dispose en


effet que la société est constituée à compter de la signature des statuts. Toutefois,
elle n’est pas encore dotée de la personnalité morale et son existence est
inopposable aux tiers qui peuvent toutefois s’en prévaloir. Autant dire que pendant
cette seconde période, la société repose sur un fonctionnement purement
contractuel (article 105 AUSCGIE).

B. Le régime des actes de la période constitutive.

Avant la constitution de la société ou son immatriculation au RCCM, il est courant


que des opérations soient accomplies et des frais engagés. Il peut par exemple être
utile de louer un local, de passer des annonces, d’embaucher du personnel etc.
Toutes ces opérations nécessitent de passer des contrats, de prendre des
engagements à l’égard de personnes tierces à l’acte de société. Or la société non
encore immatriculée est dépourvue de la personnalité morale, de sorte qu’elle ne
peut contracter. Aussi le législateur a-t-il prévu un régime juridique particulier pour
ces opérations. Ce régime n’est pas le même selon que la société est constituée ou
seulement en cours de formation.

1. La société en formation

Lorsque la société est simplement en formation, seuls les fondateurs s’engagent.

21
Aux termes de l’article 102 AUSCGIE, le mot fondateur désigne toutes les personnes
qui participent activement aux opérations conduisant à la constitution de la société. Leur
rôle commence dès les premières opérations ou l’accomplissement des premiers actes
effectués en vue de la constitution de la société. Il prend fin dès que les statuts ont été
signés par tous les associés ou par l’associé unique.

L’article 103 AUSCGIE impose que ces fondateurs aient une domiciliation dans l’un des
Etats parties au Traité, laquelle doit être déterminée par une adresse ou une indication
géographique suffisamment précise et non par une simple boîte postale.

Les actes et engagement pris par ces fondateurs pour le compte de la société en
formation doivent être portés à la connaissance des associés avant la signature des
statuts ou avant l’assemblée constitutive.

Ils doivent être décrits dans un état intitulé « états des actes et engagements accomplis
pour le compte de la société en formation », avec indication pour chacun d’eux, de la
nature et de la portée des obligations qu’il comporte pour la société si elle les reprend.

En cas de constitution sans assemblée constitutive, cet état est annexé aux statuts dont
la signature emporte reprise par la société desdits engagements dès son
immatriculation au RCCM.

Ils peuvent également être repris par la société après la signature des statuts, à
condition d’être approuvé par l’AGO.

En cas de constitution avec assemblée constitutive, la reprise des engagements fait


l’objet d’une résolution spéciale de l’assemblée constitutive.

Les actes repris par la société une fois immatriculée, le sont avec effet rétroactif. Ceux
qui ne l’ont pas été sont inopposables à la société et restent à la charge des personnes
qui les ont souscrits, lesquels y sont tenus indéfiniment et solidairement.

2. La société constituée

Après la constitution de la société, les engagements pour le compte de la société


constituée et non-encore immatriculée peuvent reposer soit sur un mandat exprès
donné par les associés, soit sur le pouvoir des dirigeants sociaux.

a. Le mandat exprès.

Les associés peuvent donner mandat, soit dans les statuts, soit par acte séparé, à
une ou plusieurs personnes, de prendre des engagements pour la société. Sous
réserve qu’ils soient déterminés et que leurs modalités soient précisées,
l’immatriculation au registre du commerce emporte reprise de ces engagements par
la société.

Selon l’acte uniforme, ce mandat est donné aux dirigeants sociaux. Par ce terme, il
faut entendre le gérant s’il s’agit d’une S.N.C., d’une S.C.S., ou une S.A.R.L. Dans la
S.A., le terme de dirigeant social couvre les membres du conseil d’administration ou

22
l’administrateur général, le P.D.G. ou le D.G. Seules ces personnes peuvent recevoir
mandat pour accomplir certains actes.

L’acte uniforme n’exige pas, par ailleurs, qu’ils aient la qualité d’associé ou
d’actionnaire. En conséquence, un gérant non-associé, un administrateur ou un D.G.
non-actionnaire peut être désigné comme mandataire.

b. Le pouvoir des dirigeants sociaux

L’article 104 AUSCGIE dispose : « A partir de la signature des statuts, les dirigeants
sociaux se substituent aux fondateurs. Ils agissent au nom de la société constituée et
non encore immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier. Leurs
pouvoirs et leurs obligations sont fixés conformément aux dispositions prévues par le
présent acte uniforme et le cas échéant par les statuts ». Cette disposition semble
indiquer que les dirigeants sociaux sont définitivement investis et peuvent déjà agir
au nom de la société non encore immatriculée, sur la base de leurs pouvoirs légaux
et statutaires.

Toutefois, cette solution semble en contradiction avec celle de la naissance de la


personnalité morale à compter de l’immatriculation au RCCM. Comment, en effet, les
organes de la société peuvent-elles représenter une personne inexistante ?

Section II : Les conséquences découlant de la personnalité morale.

§1. La capacité juridique de la société.

La société une fois immatriculée au RCCM, acquiert la personnalité morale. En tant


que personne juridique, elle est dotée de la capacité de jouissance et d’exercice ;
elle peut accomplir des actes juridiques, notamment acheter des biens, ou en
vendre, recevoir des donations.

Cette personnalité morale est cependant affectée par le principe dit de spécialité.

La capacité juridique confère également à la société le pouvoir d’ester en justice. Il


faut rappeler à cet égard que la société peut être responsable à l’égard des tiers, des
fautes de gestion commises par ses représentants. Elle répond ainsi de leurs délits
ou quasi-délits dans les termes du droit commun. Toutefois, la responsabilité de la
société n’exclut pas celle des dirigeants responsables.

§2. L’identité de la société.

En tant que personne morale, la société est individualisée par une dénomination sociale
(son nom), un siège social (son domicile) et une nationalité.

1. La dénomination sociale.

C’est l'appellation sous laquelle la société est désignée.


La dénomination sociale est librement choisie par les associés. Ce peut être un nom de
fantaisie, une abréviation ou un nom tiré de l’objet de l’entreprise. Le nom d’un ou

23
plusieurs associés ou anciens associés peut y être inclus, à l’exclusion des
commanditaires dans la SCS.

La liberté des associés dans le choix de la dénomination est toutefois limitée par
l’obligation de ne pas utiliser une appellation déjà utilisée par une autre entreprise. En
effet, la dénomination sociale, à l’instar du nom commercial, est protégée par l'action
en concurrence déloyale contre les usurpations entraînant la confusion dans l'esprit de
la clientèle.

La dénomination sociale doit être indiquée dans les statuts. Elle doit également figurer
sur tous les actes et documents émanent de la société et destinés aux tiers (lettres,
factures, annonces et publications diverses). Elle doit être suivie ou précédée de
l'indication de la forme de la société et du montant du capital social, de l’adresse du
siège social et du numéro d’immatriculation au RCCM.

La société peut changer de dénomination dans les conditions prévues pour la


modification des statuts.

2. Le siège social.

Le siège social, équivalent du domicile pour les personnes physiques, revêt une
importance pratique non négligeable. En effet, sous réserve de la jurisprudence des
gares principales13, c’est devant le tribunal du lieu du siège social que doit être
assignée une société. C’est également le siège social qui détermine la loi applicable à
la société, sa nationalité ainsi que le lieu où doivent être accomplies les formalités de
publicité légale.

C’est pourquoi l’article 23 AUSCGIE fait obligation à toute société d’avoir un siège
social lequel peut être situé au choix des associés soit au lieu du principal
établissement, soit à son centre de direction administrative et financière.

Le siège social doit être indiqué dans les statuts. Il doit être localisé avec précision ; il
faut une adresse ou une indication géographique suffisamment précise. Une simple
boite postale ne saurait suffire.

Le changement de siège social est possible dans les mêmes conditions de modification
des statuts. Il peut même être transféré à un autre endroit de la même ville par simple
décision des organes de gérance ou d’administration de la société.

3. La nationalité

La nationalité rattache une société à un Etat.

En droit ivoirien, elle n’est définie par aucun texte général. En principe, la jurisprudence
la détermine par référence au siège social ; la société a la nationalité de l’Etat où se
trouve son siège social. En application de ce principe, sont ivoiriennes les sociétés

13
Selon cette jurisprudence, la société peut aussi devant le tribunal du ressort d’un centre d’exploitation doté
d’une autonomie suffisante (ex. succursale) pour les opérations effectuées par ce dernier : cass. civ. 12 mai 1959,
RDC 1960, p. 243, Obs. Loussouarn.
24
ayant leur siège social en Côte d’Ivoire, même si les associés sont de nationalité
étrangère.

Toutefois, exceptionnellement, il est fait recours dans certains cas, au critère du


contrôle. La nationalité de la société est alors déterminée au regard celle des
personnes qui la contrôlent, c’est-à-dire les dirigeants et les associés. La société
sera alors considérée comme étrangère si elle est dirigée par des étrangers ou si ses
titres sont détenus par des associés étrangers.

Ce critère est appliqué lorsque le législateur réserve des droits particuliers aux
nationaux ou édicte des restrictions particulières à l’encontre des étrangers.

§3. Le patrimoine social.

La société, en tant que personne juridique, dispose d’un patrimoine distinct de celui
des associés. Il comprend l’ensemble des droits et obligations de la société à un
moment donné. Y sont compris notamment les biens apportés par les associés lors
de la constitution de la société, mais également tout ce que la société a pu acquérir
en cours d’activité.

Il ne faut toutefois pas confondre le patrimoine social avec le capital social qui
représente la somme totale des apports en numéraire et en nature (v. supra).

Le patrimoine social est distinct de celui des associés. L’associé ne détient qu’une
part sociale ou une action qui n’est pas un droit de copropriété, mais un droit de
créance contre la société. Ce droit de créance est de nature mobilière, même si la
société possède des biens immeubles.

C’est en principe le patrimoine social qui sert d’assiette du gage général des
créanciers sociaux. Toutefois, dans les sociétés de personnes, le patrimoine
personnel des associés en nom n’échappe pas aux poursuites des créanciers
sociaux.

25
TITRE II : LE FONCTIONNEMENT DES SOCIETES.

Une fois la société créée, quelles sont les règles juridiques régissant son
fonctionnement ? La réponse est variable en fonction du type de société, car chaque
type de société a ses règles de fonctionnement propres. Il faut donc renvoyer, pour
une large part, aux règles spécifiques à chaque forme sociale (2 e partie du cours). Il
existe néanmoins des règles communes à l’ensemble des sociétés, qui peuvent être
distinguées en deux grandes catégories. Il y a d’une part, celles qui régissent le
fonctionnement ordinaire de la société (chap. 1er) et d’autre part, les instruments
juridiques destinés prévenir ou à traiter ses dysfonctionnements lorsque son
fonctionnement normal est compromis ou risque de l’être (chap. 2).

CHAPITRE 1er : LE FONCTIONNEMENT ORDINAIRE DES SOCIETES.

L’étude du fonctionnement ordinaire des sociétés impose d’étudier non seulement


leur gestion (S. I), mais également les droits des associés (S. II), ainsi que les règles
d’établissement, d’approbation et d’affectation du résultat (S. III).

Section I : La gestion des sociétés

Les sociétés sont gérées par des organes qui sont variables d’une forme sociale à
l’autre. Dans les sociétés de personnes et la SARL, la gestion est assurée par un ou
plusieurs gérants. Dans la SA, l’organisation est plus complexe. On aura un conseil
d’administration, un PDG, un DG, un AG selon les choix statutaires (nous y reviendrons
de façon plus détaillée dans l’étude de la SA). Dans la SAS, on aura un président.

Ces dirigeants sont nommés et révoqués par les associés dans des conditions
variables d’une forme sociale à l’autre.

Malgré la diversité des situations, l’ensemble des dirigeants sociaux sont soumis à des
règles communes qui concernent principalement leurs pouvoirs (§1) et leur
responsabilité (§2).

§1. Les pouvoirs des dirigeants sociaux.

La distinction doit être faite entre les pouvoirs des dirigeants sociaux dans les rapports
entre associés et ceux dans les rapports de la société avec les tiers.

Dans les rapports entre associés, les pouvoirs des dirigeants sociaux sont variables
d’une forme sociale à l’autre et dépendent en partie des dispositions statutaires.

A l’égard des tiers, en revanche, les dirigeants sociaux, quel que soit la forme sociale,
sont investis d’un pouvoir légal de représentation et d’engagement de la société. En
effet, la société étant une personne morale, elle agit à travers ses organes. Ce sont les
dirigeants sociaux qui sont investis du pouvoir de représenter la société à l’égard des
tiers. Ils disposent à cet effet de la signature sociale. Ils agissent donc au nom et pour le
compte de la société.

26
L’organe habilité à représenter la société n’est pas le même selon le type de société.
Dans les sociétés de personnes et la SARL, le pouvoir de présentation est détenu par
les gérants. Dans la SA, ce pouvoir appartient au PDG, au DG ou à l’administrateur
général selon le cas. Dans la SAS, c’est le président qui détient ce pouvoir.

Les actes qu’ils accomplissent en cette qualité engagent la société qu’ils


représentent. L’article 121 AUSCGIE l’indique en ces termes : « A l’égard des tiers, les
organes de gestion, de direction ou d’administration ont, dans les limites fixées par le
présent acte uniforme pour chaque type de société, tout pouvoir pour engager la
société, sans avoir à justifier d’un mandat spécial. Toute limitation de leur pouvoirs
légaux par les statuts sont inopposable aux tiers ».

Ce texte pose clairement le principe du pouvoir légal d’engagement des dirigeants


sociaux. Ces derniers ont le pouvoir d’engager la société, et ce en vertu de la loi et non
d’un quelconque mandat des associés. C’est la raison pour laquelle on parle de pouvoir
légal et non de pouvoir statutaire.

Si les statuts comportent des limitations des pouvoirs des dirigeants sociaux (par
exemple sous la forme d’autorisation préalable pour certains actes), ces limitations ne
sont pas opposables aux tiers de bonne foi.

Le pouvoir d’engagement des dirigeants sociaux n’est pas limité à l’objet social,
puisque selon l’article 122 AUSCGIE, la société est engagée par les actes des
dirigeants sociaux qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le
tiers savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des
circonstances, sans que la seule publication des statuts suffise à constituer cette
preuve.

§2. La responsabilité des dirigeants sociaux

Les dirigeants sociaux engagent leur responsabilité civile à l’égard de la société, des
associés et des tiers pour les fautes commises dans l’exercice de leurs fonctions.

Ces fautes peuvent consister en la violation de la loi (au sens large), des statuts ou en
une faute de gestion.

Si plusieurs dirigeants ont participé aux mêmes faits, leur responsabilité est solidaire à
l’égard des tiers. Toutefois, dans les rapports entre eux, le tribunal détermine la part
contributive de chacun dans la réparation du préjudice.

L’action en responsabilité contre les dirigeants sociaux peut être une action
individuelle ou une action sociale.

L’action individuelle vise à obtenir réparation d’un préjudice personnel (distinct du


dommage subit par la société) que l’associé ou le tiers a subi en raison d’une faute
commise par un ou plusieurs dirigeants sociaux dans l’exercice de leurs fonctions.
Cette action est intentée par l’associé ou le tiers qui subit le préjudice.

27
L’action sociale quant à elle, vise à réparer le préjudice subi par la société du fait de
la faute commise par un ou plusieurs dirigeants sociaux dans l’exercice de leurs
fonctions.

Elle est normalement exercée par les dirigeants sociaux, mais peut l’être également
par un ou plusieurs associés après une mise en demeure des organes compétents
non suivi d’effet dans le délai de 30 jours.

Dans ce dernier cas, peine d'irrecevabilité de la demande, la société doit être


régulièrement appelée en cause par l'intermédiaire de ses représentants légaux.

La société ou tout associe peut également demander à la juridiction compétente de


désigner un mandataire ad hoc pour la représenter dans l'instance, lorsqu'il existe un
conflit d'intérêts entre la société et ses représentants légaux.

Lorsqu'elle est intentée par un ou plusieurs associés, les frais et honoraires


occasionnes par l'action sociale, sont avances par la société.

En cas de condamnation, les dommages et intérêts sont alloues à la société et non


aux requérants.

Qu’il s’agisse de l'action sociale ou de l’action individuelle, les règles de prescription


sont les mêmes. L’action se prescrit par 3 ans à compter du fait dommageable ou, s'il
a été dissimulé, de sa révélation. Toutefois, lorsque les faits sont constitutifs d’un
crime, ce délai est porté à 10 ans.

L’exercice de leurs fonctions expose également le dirigeant social à la mise en œuvre


de sa responsabilité pénale lorsque sont commis des actes répréhensibles.

Section II : Les droits des associés

On parle d’associé dans les sociétés de personnes et dans la SARL et d’actionnaires


dans la SA et la SAS.

L’associé ou l’actionnaire, c’est celui qui détient des parts ou actions d’une société,
lesquelles lui ont été attribuées en rémunération de son apport. On peut également
devenir associé ou actionnaire par acquisition à titre gratuit ou à titre onéreux, de
parts sociales ou d’actions.

Les droits reconnus aux associés ou actionnaires sont de deux sortes. Il y a des
droits pécuniaires et des droits extra-pécuniaires.

§1. Les droits pécuniaires.

Ce sont principalement le droit au dividende, et en cas de dissolution, le droit de


reprise des apports et le droit au boni de liquidation.

A. Droit au dividende.

28
C’est le droit à l’attribution d’une quote-part du bénéfice réalisé par la société. Sa
naissance est subordonnée à deux conditions cumulatives :

- Il faut que la société ait réalisé des bénéfices distribuables. L’article 143 AUSCGIE
définit le bénéfice distribuable comme le résultat de l’exercice, augmenté du report
bénéficiaire et diminué des pertes antérieures ainsi que des sommes portées en
réserve en application de la loi du des statuts.

- Il faut que l’assemblée générale annuelle décide la mise en distribution de tout ou


partie du bénéfice distribuable.

Le cas échéant et sauf clause statutaire contraire, chaque associé reçoit un


dividende proportionnel aux parts sociales qu’elle détient.

B. Reprise d’apport et boni de liquidation

A la dissolution de la société, les associés se partagent l’actif restant après


l’extinction du passif. Normalement, tous les éléments actifs ont été réalisés, sauf
reprise d’apport en nature par l’associé apporteur ou attribution conventionnelle d’un
bien à un associé à charge de soulte.

Dans l’hypothèse où tout l’actif est réalisé et qu’il reste une somme d’agent à
partager, chaque associé commence par recevoir le montant nominal des parts ou
actions dont il est titulaire. Si après le remboursement des apports il reste un boni de
liquidation, celui-ci est reparti entre les associés conformément aux dispositions
statutaires ou proportionnellement à leurs participations dans le capital.

Dans l’éventualité où le passif n’a pu être intégralement réglé, les associés dont la
responsabilité est limitée à leurs apports peuvent perdre tout ou partie de ces
apports. Quant aux associés tenus indéfiniment des dettes sociales, ils devront
désintéresser personnellement les créanciers sociaux.

§2. Les droits extra-pécuniaires.

Le droit de vote

Les associés ont le droit de participer aux décisions collectives de la société. Cette
participation, dont les modalités sont variables d’une forme sociale à l’autre, se
traduit principalement par le vote. C’est à travers ce vote qu’ils participent à la prise
des décisions sociales, notamment la désignation et la révocation des dirigeants
sociaux, l’approbation des comptes et l’affectation du résultat, la modification des
statuts, etc.

Principe de proportionnalité

Les droits de vote de chaque associé sont en principe proportionnels à sa


participation dans le capital de la société. Les statuts peuvent cependant atténuer ce
principe de proportionnalité (v. actions de préférence dans la SA).

AG ou consultation écrite

29
Les décisions collectives se prennent en AG ou par consultation écrite des associés,
selon des modalités variables d’une forme sociale à l’autre et selon les dispositions
statutaires. Cependant, l’AU rend parfois obligatoire la tenue d’une AG. C’est le cas
pour l’approbation annuelle des comptes. Dans toutes les formes sociales, une
AGOA est obligatoirement tenue dans les 6 mois de la clôture de l’exercice afin de
statuer sur les comptes annuels et d’affecter le résultat.

Décision collectives ordinaires /extraordinaires

On peut distinguer deux types de décisions collectives : les décisions ordinaires et


les décisions extraordinaires. Les secondes sont celles qui ont pour objet la
modification des statuts (augmentation ou réduction de capital, modification de l’objet
social, de la dénomination, transformation de la société etc.). Les premières sont
celles qui ont un objet autre que la modification des statuts (approbation des
comptes, autoriser la gérance à accomplir certaines opérations, nomination et
révocation de dirigeants sociaux ou de CAC, approbation des conventions
intervenues entre la société et ses dirigeants). Les décisions collectives ordinaires et
extraordinaires sont prises selon des règles de forme et de fond variables d’une
forme sociale à l’autre.

Vote par correspondance et à distance

Afin de favoriser la participation effective des associés aux AG, l’AUSCGIE autorise
désormais les statuts des sociétés à prévoir le vote par correspondance ou la
participation à distance aux AG, dans les conditions prévues aux articles 133-1 et s.
AUSCGIE.

Vote par correspondance c’est quoi ? Consiste pour un associé absent à une AG, de
pouvoir émettre son vote par lettre au porteur contre récépissé, par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception ou par courrier électronique.

Dans quelles conditions l’associé peut voter par correspondance ? L’associé doit
informer le dirigeant social désigné à cet effet par les statuts de son absence au
moins trois (3) jours avant la tenue de I' assemblée.

Les votes par correspondance sont réceptionnés par la société au moins 24 heures
avant la tenue de l'assemblée.

S’agissant de la participation à distance, elle est organisée par les statuts.


Toutefois, seuls sont admis la participation par vidéoconférence et les « moyens de
télécommunication permettant l’identification du participant ». Que faut-il entendre
par cette dernière expression. L’AUSCGIE tente d’y répondre en ces termes « Afin
de garantir l'identification et la participation effective à l'assemblée des associés y
participant à distance, ces moyens transmettent au moins la voix des
participants et satisfont a des caractéristiques techniques permettant la
retransmission continue et simultanée des délibérations ».

30
Les associés qui participent à distance à l’AG votent oralement. On peut en déduire
que sont exclus des moyens comme les sms et des courriels. En revanche, des
moyens comme le téléphone ou Skype devraient être admis.

Abus de droit de vote

Le droit de vote ne doit pas être exercé avec abus. En effet, les décisions collectives
peuvent être annulées pour abus de majorité et engager la responsabilité des
associés qui ont voté à l’égard des associés minoritaires. Selon l’article 130 al. 2 e
AUSCGIE, « il y a abus de majorité lorsque les associés majoritaires ont voté une
décision dans leur seul intérêt, contrairement aux intérêts des associés minoritaires,
et que cette décision ne puisse être justifié par l’intérêt de la société ».

Inversement, les associés minoritaires ou égalitaires peuvent engager leur


responsabilité en cas d’abus de minorité ou d’égalité. Il y a abus de minorité ou
d’égalité lorsque « en exerçant leur vote, les associés minoritaires ou égalitaires
s’opposent à ce que des décisions soient prises, alors qu’elles sont nécessitées par
l’intérêt de la société et qu’ils ne peuvent justifier d’un intérêt légitime ».

Droit à l’information

Afin de rendre ce droit de participation effectif et éclairé, les associés disposent d’un
droit à l’information, complété du droit de contrôler la gestion de la société.

S’agissant du droit à l’information, les associés ont le droit de consulter, selon des
modalités variables d’une forme sociale à l’autre, les documents et pièces
comptables relatives à la gestion de la société, ainsi que les procès-verbaux des
décisions collectives. Ils ont également le droit de recevoir communication, en vue de
l’AGOA, d’un certain nombre de documents sociaux relatifs à l’exercice écoulé (états
financiers de synthèse, rapport de gestion, et éventuellement rapport du CAC).

Concernant le contrôle de la gestion, l’acte uniforme institue une procédure d’alerte


pouvant être mise en œuvre par les associés, ainsi que la possibilité de demander
une expertise de gestion (v. infra).

Enfin, les associés ont le droit d’ester en justice en vue d’exercer soit une action
individuelle, soit une action sociale (supra).

S.III : Le traitement juridique des résultats financiers.

Les résultats financiers de la société doivent être établis selon certaines règles. Le
résultat dégagé est soumis à l’approbation des associés qui décident également de son
affectation.

§1 : L’établissement des états financiers de synthèse

A la clôture de chaque exercice, le gérant ou le conseil d’administration ou


l’administrateur général, selon le cas, établit et arrête les états financiers de synthèse
conformément aux dispositions de l’AUDCIF. Ces états financiers de synthèse sont le
compte de résultat, le bilan, l’annexe et le TAFIRE.

31
Toute modification dans la présentation des états financiers de synthèse ou dans
les méthodes d’évaluation, d’amortissement ou de provisions conformes au droit
comptable doit être signalée dans le rapport de gestion et, le cas échéant, dans celui du
commissaire aux comptes.

Dans les états financiers de synthèse, figure un état annexé contenant un état des
cautionnements, avals et garanties donnés par la société, et un état des sûretés réelles
consenties par la société.

Outre les états financiers de synthèse, le gérant, le conseil d’administration ou


l’administrateur général, selon le cas, établit un rapport de gestion dans lequel il
expose la situation de la société durant l’exercice écoulé, son évolution prévisible et, en
particulier, les perspectives de continuation de l’activité, l’évolution de la situation de
trésorerie et le plan de financement.

§2 : L’approbation et l’affectation du résultat

Les comptes sociaux font l’objet d’une approbation au cours d’une assemblée générale
annuelle convoquée par les dirigeants sociaux (AGOA). Cette AGOA doit se tenir en
principe dans les six mois qui suivent la clôture de l’exercice.

La même assemblée procède à l’affectation du résultat dans le respect des dispositions


légales et statutaires.

Avant toute distribution de dividende, l’assemblée doit procéder à la dotation des


réserves légale et statutaires le cas échéant.

La distribution de dividendes suppose la constatation de l’existence de bénéfices


distribuables. Selon l’art. 143 AUSCGIE, le bénéfice distribuable est le résultat de
l’exercice, augmenté du report bénéficiaire et diminué des pertes antérieures, des
dividendes partiels régulièrement distribués ainsi que des sommes portées en
réserve en application de la loi ou des statuts. En cas de distribution de dividende en
l’absence de bénéfices distribuables, il y a distribution de dividende fictif. Les
dirigeants sociaux encourent alors des sanctions pénales (art. 889 AUSCGIE).

Lorsqu’il y a des bénéfices distribuables, l’AGOA dispose de diverses options sans


préjudice de leur cumul :
- procéder à la dotation de réserves facultatives ;
- distribuer des dividendes (= la part de bénéfice à distribuer à chaque action ou
part sociale) ;
- procéder à la dotation du compte « report à nouveau ».

Les modalités de mise en paiement des dividendes sont fixées par la collectivité des
associés ou, à défaut, par le CA, l’administrateur général ou les gérants selon le cas.
Dans tous les cas, la mise en paiement des dividendes doit avoir lieu dans un délai
maximum de 9 mois après la clôture de l’exercice. La prolongation de ce délai peut
être accordée par la juridiction compétente.

32
Les états financiers (bilan, compte de résultat, TAFIRE et état annexé) font l’objet d’un
dépôt au RCCM du siège social dans le mois qui suit leur approbation par les associés.
En cas de refus d’approbation, une copie de la décision de refus d’approbation est
déposée dans le même délai (art. 269 AUSCGIE).

33
CHAP.2 : LA PREVENTION ET LA GESTION DES DYSFONCTIONNEMENTS
DE LA SOCIETE

Le fonctionnement de la société n’est pas toujours « un long fleuve tranquille ». Des


dysfonctionnements peuvent advenir qui sont susceptible de compromettre la
stabilité économique et juridique de la société. Le législateur prévoit des instruments
juridiques propres à prévenir et au besoin gérer ces dysfonctionnements sociaux.

Ne sont pas visées ici les crises mettant en cause les relations de la société avec les
tiers (clients, créanciers, fournisseurs, fisc. etc.). Il s’agit des dysfonctionnements
internes à la société. Toute confusion doit donc être écartée avec le droit des
procédures collectives d’apurement du passif. Les mesures envisagées ici
concernent des sociétés qui ne sont pas en cessation de paiement, mais
connaissent des dysfonctionnements divers ordres.

Certaines de ces mesures ont pour finalité d’éviter l’occurrence du


dysfonctionnement, tandis que d’autres ont pour objet de résoudre un
dysfonctionnement actuel. Il s’impose donc d’envisager d’une part, les mesures
préventives (S. I) et d’autre part, les mesures curatives (S. II).

S. I : Les mesures préventives

Les mesures abordées ici sont de nature préventive. Leur objectif est d’éviter
l’occurrence du dysfonctionnement. Il y a d’une part, la mesure d’investigation, à
savoir l’expertise de gestion (§1) et d’autre part la mesure d’anticipation, à savoir
l’alerte (§2).

§1. L’outil d’investigation : l’expertise de gestion.

L’expertise de gestion est prévue à l’article 159 AUSCGIE. Sa finalité est de faire la
lumière sur une ou plusieurs opérations de gestion.

Sa mise en œuvre est relativement simple. Un ou plusieurs associés représentant au


moins 1/10 du capital peuvent demander en justice la désignation d’un (ou plusieurs)
experts chargés de faire un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.

La demande peut être faite individuellement ou en se groupant sous quelque forme


que ce soit, pourvu que le seuil de 1/10e du capital soit atteint.

La juridiction compétente, selon l’article 159 AUSCGIE est celle du siège social
statuant à bref délai. Dans le contexte ivoirien, ce sera le Président du TC, du TPI ou
la section détachée du lieu du siège social.

Si le juge accepte la désignation d’un expert, il détermine l’étendue de la mission


ainsi que ses pouvoirs. En tout état de cause, cette mission ne peut consister en un
audit général de la société14.

14
CCJA, 1ère Ch. Arrêt n° 056/2013 du 13 juin 2013
34
Que faut-il entendre par opération de gestion ? Dans un arrêt du 16 mai 2013, la
CCJA décide ceci : « l’expertise de gestion peut concerner tout aspect de la gestion,
quel que soit l’organe dont émane la décision, en dehors des opérations de la
compétence de l’Assemblée Générale et de celles résultant de ces décisions »15.
Elle en déduit que des décisions soumises à l’assemblée pour simple approbation
sont tout à fait susceptible de faire l’objet d’une expertise de gestion.

Les honoraires du ou des experts sont supportées par la société.

Le rapport établi par l’expert est adressé au demandeur, aux organes de gestion,
d’administration ou de direction, au CAC s’il y en a.

§2 : Outils d’anticipation : l’alerte

L’alerte est déclenchée lorsque se produisent un ou plusieurs faits de nature à


compromettre la continuité de l’exploitation.
La notion de faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation n’est pas
enfermée dans une définition stricte (rejet de l’approche objective des clignotants
suggérée par le rapport Sudreau). Il lui est préféré une approche plus souple,
mettant l’accent sur la « continuité de l’exploitation ». Dès que se produisent des faits
significatifs, suffisamment préoccupants compte tenu de la situation particulière de
l’entreprise, et susceptibles de compromettre l’exploitation dans un future prévisible,
l’alerte peut être déclenchée. Exemple : grèves répétées, mauvaise décisions
financières, échéances fiscales non respectées.

Sa finalité est d’alerter les associés afin de les amener à prendre, eux-mêmes, les
mesures d’assainissement qui s’imposent.

L’alerte être mise en œuvre soit par le commissaire aux comptes s’il y’en a (A) soit
par les associés eux-mêmes (B).

A. L’alerte par le commissaire aux comptes.

L’alerte par le commissaire aux comptes n’est pas mise en œuvre de la même
manière dans tous les types de sociétés. Une distinction est faite selon qu’on est
dans une société par actions ou une autre forme sociale.

1. Dans les sociétés autres que les sociétés par actions

La procédure d’alerte dans ces formes sociales (SNC, SCS, SARL) se résume à trois
étapes.

Le CAC adresse une demande d’explication au gérant sur tout fait de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation.

Le gérant est tenu de répondre dans un délai de 15 jrs. Dans sa réponse il donne
une analyse de la situation et précise le cas échéant les mesures envisagées.

15
CCJA, 2e ch. Arrêt n° 042/2013 du 16 mai 2013.
35
A la réception de la réponse ou en l’absence de réponse sous 15 jours, le CAC
informe la juridiction compétente de ses démarches.

Si le gérant ne répond pas ou si les mesures envisagées ou prises ne sont pas


satisfaisantes, le CAC établit un rapport spécial dont une copie est communiquée à
la juridiction compétente.

Il peut demander au gérant que ce rapport spécial soit immédiatement adressé aux
associés ou présenté à la plus prochaine assemblée. En cas d’urgence, le CAC peut
lui-même convoquer une AG pour présenter les conclusions de son rapport.

Si à l’issue de l’AG, le CAC constate que les décisions prises ne permettent pas
d’assurer la continuité de l’exploitation, il informe de ses démarche la juridiction
compétente et lui en communique les résultats.

2. Dans les sociétés par actions (SA et la SAS)

Les articles 153 et s. AUSCGIE prévoient une procédure spécifique d’alerte dans la
SA laquelle est étendue à la SAS par l’art. 156-1 AUSCGIE.

Dans ces deux formes sociales la procédure d’alerte par le CAC est plus longue. Elle
commence par une demande d’explication du CAC adressée au PCA, au PDG, à
l’AG ou au président selon le cas, sur tout fait de nature à compromettre la continuité
de l’exploitation.

Le PCA, le PDG, l’AG ou le président est tenu de répondre dans les 15 jours qui
suivent la réception de la demande. Dans sa réponse il donne une analyse de la
situation et précise, le cas échéant, les mesures envisagées.

Si le PCA, le PDG, l’AG ou le président ne répond pas ou si les mesures envisagées


ou prises ne sont pas satisfaisantes, le CAC invite le PCA ou le PDG à faire
délibérer le CA, ou l’AG ou le président à se prononcer sur les faits relevés.

Dans ce cas, le PCA ou le PDG a un délai de 15 pour convoquer un CA qui doit se


tenir dans les 15 jrs de la réception de la lettre. Le CAC est convoqué à cette séance.
S’il s’agit d’un administrateur général ou d’un président, celui-ci convoque le CAC
dans les mêmes délais et se prononce sur les faits en cause. Un extrait du PV de
cette réunion est adressé au CAC et à la juridiction compétente.

Si ces dispositions ne sont pas respectées ou, si malgré les mesures prises, la
continuation de l’exploitation demeure compromise. Le CAC rédige un rapport
spécial qui est présenté à la toute prochaine assemblée ou, en cas d’urgence, à une
assemblée ad hoc convoquée par les dirigeants sociaux ou par lui-même en cas
d’inertie des dirigeants. Lorsque le CAC procède à cette convocation, il fixe l’ordre du
jour et le lieu de la réunion qui peut être différent de celui indiqué aux statuts si des
motifs impérieux le justifient. Il expose les motifs de la convocation dans un rapport lu
à l’assemblée.

36
Si à l’issue de l’AG, le CAC constate que les décisions prises ne permettent pas
d’assurer la continuité de l’exploitation, il informe de ses démarche la juridiction
compétente et lui en communique les résultats.

Le CAC peut reprendre le cours d’une procédure au point où il avait estimé pouvoir y
mettre un terme si, en dépit des éléments ayant motivé son appréciation, la
continuité de l’exploitation demeure compromise et que l’urgence commande
l’adoption de mesures immédiates. Cette reprise de procédure n’est cependant
possible que dans un délai 6 mois à compter du déclenchement de la procédure.

B. L’alerte par les associés

Elle consiste pour les associés à poser par écrit, deux fois par an, une ou plusieurs
questions aux dirigeants sociaux sur tout fait de nature à compromettre la continuité
de l’exploitation. Ici aussi, il convient de distinguer selon qu’on est dans une société
par actions, ou dans une autre forme sociale.

1. La question écrite dans les sociétés autres que les sociétés par actions

- Tout associé non-gérant peut, deux fois par exercice, poser une question écrite au
gérant sur tout fait de nature à compromettre l’exploitation.

- Le gérant est tenu de répondre dans un délai de 15 jours, copie de la question et la


réponse communiquée au CAC s’il y en a.

2. La question écrite dans les sociétés par actions

La procédure est la même dans la SA et la SAS, sauf qu’ici, la question n’est pas
posée à un gérant, mais au PCA, au PDG, à l’AG ou au Président selon le cas. Ce
dernier a 15 jours pour répondre et sa réponse ainsi que la question est
communiquée au CAC.

Que se passe-t-il si aucune réponse n’est donnée à la question écrite ? L’AUSCGIE


ne prévoit pas de sanction spécifique. Il est cependant indiscutable que le dirigeant
social défaillant commet une faute susceptible d’engager sa responsabilité civile à
l’égard des associés ou de la société en cas de préjudice avéré. Par ailleurs, les
associés peuvent en tenir compte pour décider s’ils le maintiennent ou non à la tête
de la société.

S. II : Les mesures curatives

Ces mesures sont mises en œuvre lorsque la société connaît un dysfonctionnement


avéré. Le droit fournit alors les instruments juridiques propres à le résoudre ou à en
réparer les conséquences. Ce peut être le fonctionnement normal de la société qui
est compromis ; l’AUSCGIE propose alors l’administration provisoire. Ce peut être les
dirigeants sociaux qui se sont rendus coupables de fautes de gestion causant un
préjudice à la société ou aux associés. Ils engagent alors leur responsabilité civile
selon des modalités définies par l’AUSCGIE qui par ailleurs prévoit les modalités de
leur révocation. Ce peut être un litige qui oppose les associés entre eux, ou certains
d’entre eux à la société. L’AUSCGIE, tout en rappelant que ce litige relève du tribunal

37
compétent, incite néanmoins au recours à l’arbitrage ou à d’autre modes alternatifs
de règlement des différends (art. 148 AUSCGIE). Ce peut être un acte ou une
délibération sociale qui a été adopté en violation des règles en vigueur. L’AUSCGIE
prévoit alors la possibilité de le faire annuler.

Seront abordés dans la présente section l’administration provisoire (§1) et la nullité


des actes et délibérations sociaux (§2).

§1) L’administration provisoire

L’administration provisoire est une innovation issue de la réforme de l’AUSCGIE


intervenue en 2014.

La mise sous administration provisoire d’une société est indiquée lorsque son
fonctionnement normal est gravement compromis. Il faut alors désigner un
administrateur qui va temporairement en assurer la gestion.

Comment s’opère la mise sous administration provisoire (A) et quels sont les
attributions de l’administrateur provisoire (B) ?

A : La mise sous administration provisoire

La mise sous administration provisoire suppose des conditions de fond (1) et le


déclenchement d’une procédure (2).

1. Conditions de fond

Le recours à l’administration provisoire suppose que le fonctionnement normal de la


société soit compromis. L’AUSCGIE fait de l’impossibilité du fonctionnement normal
de la société le critère d’ouverture de l’administration provisoire. Par conséquent, une
simple mésentente entre actionnaires ou administrateurs ne suffit pas, tant que le
fonctionnement normal de la société reste assuré.

S’agissant de la cause de ce blocage du fonctionnement normal, l’AUSCGIE dispose


que ce blocage peut être le fait des organes de gestion, de direction ou
d’administration, ou le fait des associés.

Exemples tirés du droit français, la nomination d’un administrateur judiciaire a été


décidée dans les cas suivants :
- Conflit grave en deux groupes d’actionnaires mettant en péril aussi bien les
intérêts des parties que ceux de la société (Cass. req. 3 mars 1941, JCP
1942, II, 1776, note Bastian) ;

- conflit entre actionnaires rendant impossible la tenue des AG (Cass. com. 23


mars 1971, Bull. IV, n° 90).

2. La procédure

38
La requête est introduite soit par les organes de gestion, de direction ou
d’administration, soit par un ou plusieurs associés. A peine d’irrecevabilité de la
demande, la société est mise en cause.

La juridiction compétente est celle statuant à bref délai dans le ressort du siège
social. Dans le contexte du droit ivoirien, ce sera le président du TC, du TPI ou de la
section détachée selon le lieu situation du siège social.

Si la demande est recevable, le juge procède à la nomination de l’administrateur


provisoire.

La décision de nomination de l’administrateur provisoire doit également :


- déterminer l’étendue de sa mission et ses pouvoirs ;
- indiquer le cas échéant, ceux des organes de gestion, de direction ou
d’administration qui restent en fonction et précise les pouvoirs et compétence
qui leur sont maintenus ;
- fixer la rémunération de l’administrateur provisoire qui est à la charge de la
société, ainsi que la durée de sa mission, laquelle ne peut excéder 6 mois
sauf prorogation de la juridiction compétente à la requête de l’administrateur
provisoire, les parties étant appelées.

La décision de nomination est publiée dans les 15 jours de sa date, sous forme
d’avis dans un JAL. L’avis doit contenir les mentions obligatoires prévues 160-3 et
257 AUSCGIE.

B. Les attributions de l’administrateur provisoire

Le fonctionnement de la société sous administration provisoire est amplement


tributaire de la décision du juge, puisque c’est lui qui fixe les pouvoirs et l’étendue de
la mission de l’administrateur provisoire. Cependant, certaines attributions sont
d’ores et déjà fixées par l’AUSCGIE. Ce sont ces attributions qui sont examinées ici.

1. Attributions générales

Pouvoir de représentation dans le cadre de sa mission

L’article 160-2 AUSCGIE dispose que l’administrateur provisoire représente la


société dans le cadre de sa mission et dans la limite de ses pouvoirs. Il faut
comprendre, par cette formule, que l’administrateur provisoire est investi d’un pouvoir
de représentation de la société ; qu’il peut conclure des actes au nom et pour le
compte de la société ; mais ce pouvoir est circonscrit aux limites de la mission et des
pouvoirs qui lui ont été conférés par le juge.

Cette analyse est amplement confirmée par l’alinéa 2 du même texte qui précise que
tout acte outrepassant ses pouvoirs est inopposable à la société. Concrètement, si
par exemple, l’administrateur provisoire conclut des contrats ou prends des
engagements au nom de la société en dépassant les limites de ses pouvoirs, la
société n’est pas engagée par de tels actes.

Obligation de rendre compte

39
L’AU fait obligation à l’administrateur provisoire de présenter à la juridiction
compétente au moins une fois tous les 3 mois, un rapport sur les opérations qu’il a
accomplies ainsi que sur l’évolution de sa mission.

2. Attributions spécifiques

Ces attributions concernent l’hypothèse dans laquelle l’administrateur dispose de la


plénitude des pouvoirs d’administration. Dans ce cas, il doit établir les états financiers
de synthèse et assurer la tenue de l’AGOA.

Etablissement des états financiers de synthèse

L’administrateur provisoire doit, dans le 4 mois de la clôture de l’exercice, établir les


états financiers de synthèse annuels au vu de l’inventaire qu’il a dressé des divers
éléments d’actif ou passif.

Il établit également un rapport écrit dans lequel il rend compte des opérations
d’administration provisoire au cours de l’exercice écoulé.

Tenue de l’AGOA

Sauf dispense accordée par la juridiction compétente, l’administrateur provisoire


convoque l’AGOA dans les 6 mois de la clôture de l’exercice.

Il donne les autorisations nécessaires et le cas échéant, renouvelle le mandat du


CAC.

L’administrateur provisoire peut être révoqué et remplacé selon les formes prévues
pour sa nomination.

Tout associé peut obtenir en justice la révocation de l’administrateur provisoire si sa


demande est fondée sur un motif légitime.

L’AP est responsable à l’égard de la société et des tiers, des conséquences


dommageables des fautes qu’il commet dans l’exercice de ses fonctions.

§2 : La nullité des actes et délibérations sociaux

A ne pas confondre avec la nullité de la société elle-même.


Il s’agit ici de la nullité des actes ou des délibérations des différents organes de la
société.

Nous verrons d’abord les causes de nullité (A), puis la mise en œuvre de la nullité
(B).

40
A) Les causes de nullité

S’agissant des causes de nullité, l’AUSCGIE distingue les actes ou délibérations


ayant pour effet de modifier les statuts (1), de ceux n’ayant aucun effet modificatif
des statuts (2).

1) Actes ou délibérations modifiant les statuts

Aux termes de l’article 243 AUSCGIE, la nullité de tous actes, décisions ou


délibérations modifiant les statuts ne peut résulter que :

- d’une disposition de présent AU la prévoyant expressément ;


Il faut une disposition expresse de l’acte uniforme prévoyant la nullité.
Exemple, en matière de SARL, une modification statutaire qui ne serait pas
décidée par les associés représentant au moins ¾ du capital social est
susceptible d’être annulée (art. 360-1 AUSCGIE).

- des textes régissant la nullité des contrats en général ;


Il s’agit des règles de l’article 1108 C civ. Consentement, capacité, objet et
cause, Exemple : une modification statutaire décidée par un associé sur la
base d’une croyance erronée. Cependant, l’article 248 AUSCGIE dispose que
lorsque la nullité est fondée sur un vice du consentement ou l’incapacité d’un
associé et lorsque la régularisation peut intervenir, toute personne y ayant
intérêt peut mettre l’associé incapable ou dont le consentement a été vicié, de
régulariser ou d’agir en nullité dans un délai de 6 mois à peine de forclusion.

- de la violation d’une clause des statuts jugée essentielle par la juridiction


compétente. Les clauses statutaires dont la violation entraine la nullité de
l’acte modificatif des statuts font l’objet d’une sélection basée sur le leur
caractère essentiel. L’appréciation du caractère essentiel des clauses
statutaires est le fait du juge.

2) Acte ou délibérations ne modifiant pas les statuts

S’agissant des actes, décision ou délibérations ne modifiant pas les statuts, l’article
244 AUSCGIE dispose que leur nullité ne peut résulter que :

- d’une disposition de présent AU la prévoyant expressément ;


Exemple, encoure la nullité l’AGOA qui serait tenue sans qu’aient été communiqués
aux associés les documents prévus à l’article 288 AUSCGIE (rapport de gestion,
inventaire, états financiers de synthèse, texte des résolutions et le cas échéant, le
rapport du CAC) au moins 15 j avant la tenue de l’AGOA.

- de la violation d’une disposition impérative du présent AU ;


Ici, le repère est le caractère impératif de la règle violée. Dès lors que la règle violée
a un caractère impératif, l’acte, la décision ou la délibération encoure la nullité. Il a
été par exemple décidé que le principe de la révocabilité ad nutum du DG d’une SA

41
édicté à l’article 492 AUSCGIE est un principe d’ordre public. Une décision sociale
qui restreindrait ou entraverait ce principe est nul16.

- de la violation d’une disposition impérative des textes régissant les contrats ;

Mêmes observations que ci-dessus

- ou de la violation d’une clause des statuts jugée essentielle par la juridiction


compétente.

Mêmes observations ci-dessus.

Il faut enfin préciser que dans les SNC et SCS, l’accomplissement des formalités de
publicité est requis à peine de nullité de l’acte, de la décision ou de la délibération.

B) La mise en œuvre de la nullité

Comme en matière de constitution de la société, la nullité des actes, décisions et


délibérations sociales est envisagée de façon restrictive, le législateur privilégiant la
régularisation.

Ainsi, l’article 246 AUSCGIE dispose-t-il que l’action en nullité est éteinte lorsque la
cause de nullité a cessé d’exister au jour où le tribunal statue sur le fond en première
instance, sauf si la nullité est fondée sur le caractère illicite de l’objet social.

Mieux, le tribunal saisi d’une action en nullité peut, même d’office, fixer un délai pour
permettre de couvrir la nullité. De même, il ne peut prononcer la nullité moins de
deux mois après la date de l’exploit introductif d’instance.

L’action en nullité se prescrit par trois ans à compter du jour où la nullité est
encourue, sauf si la nullité est fondée sur l’illicéité de l’objet social.

Toutefois, lorsque la nullité repose sur un vice de consentement ou l’incapacité d’un


associé et lorsque la régulation est possible, toute personne ayant intérêt peut mettre
en demeure l’associé incapable ou dont le consentement a été vicié, de régulariser
ou d’agir en nullité dans un délai de 6 mois sous peine de forclusion.

De même, lorsque la nullité repose sur la violation des règles de publicité, toute
personne ayant intérêt à la régularisation peut mettre en demeure la société de
procéder à cette publicité dans le délai de 30 jours à compter de cette mise en
demeure. A défaut de régularisation dans ce délai, tout intéressé peut demander au
président du tribunal la désignation d’un mandataire chargé d’effectuer la formalité.

Lorsque la nullité de l’acte, la décision ou la délibération est prononcée, celui-ci


disparaît.

Cependant, ni la société, ni les associés ne peuvent se prévaloir d’une nullité à


l’égard des tiers de bonne foi. Il est toutefois dérogé à cette règle en ce qui concerne

16
CCJA arrêt n° 013/2012 du 8 mars 2012, aff. Elton Oil Company contre Papa Mactar Sarr.
42
la nullité pour vice de consentement ou pour incapacité, laquelle peut être opposée
au tiers même de bonne foi par l’associé incapable ou son représentant, ou par la
personne dont le consentement a été vicié.

43
TITRE III : DISSOLUTION DES SOCIETES

L’étude de la dissolution des sociétés nécessite l’examen de la dissolution proprement


dite (chap. 1er), mais également des conséquences qu’elle induit (chap. 2).

CHAP. I. LA DISSOLUTION PROPREMENT DITE.

La dissolution de la société est due à certaines causes (S. I). Lorsqu’elle intervient, la
dissolution entraine certaines formalités (S. II).

S I : Causes de dissolution

On distingue d’une part les causes de dissolution communes à l’ensemble des sociétés
commerciales et d’autre part, celles spécifiques à certaines formes sociales. Ces
dernières seront abordées ultérieurement. Ne seront étudiées ici que les causes
communes de dissolution.

L’AUSCGIE, prévoit à cet égard sept causes de dissolution. Leur classification amène à
distinguer celles dont la survenance entraîne la dissolution automatique de la société
(dissolution de plein droit), et celles qui sont le résultat de la volonté des associés ou du
juge (dissolution est provoquée).

§1 : Causes de dissolution de plein droit.

A. Arrivée du terme convenu.

La société est constituée pour une durée déterminée qui est fixée dans l’acte de
société. Cette durée est librement déterminée par les associés. Cependant, elle ne peut
excéder 99 ans.

D’après l’article 30 AUSCGIE, l’arrivée du terme entraîne dissolution de plein droit de la


société. Mais la prorogation, comme la dissolution anticipée sont possibles. Dans ces
cas, il y a modification des statuts.

B. Réalisation ou extinction de l'objet social

Ici, l’objet pour lequel la société a été constituée est définitivement réalisé ou éteint. Il y
a réalisation de l’objet social lorsque l’activité pour laquelle la société a été constituée
est complètement réalisée.

Il y a extinction de l'objet social lorsque l'activité pour laquelle la société a été fondée se
révèle impossible.

La réalisation ou l'extinction de l'objet social sont des causes rares en pratique. Bien
souvent, les statuts prennent soin de définir un objet suffisamment large, qui permet
d'aménager la survie de la société.

Par ailleurs, si cela apparaît opportun, les associés peuvent modifier les statuts dans le
sens d'une reconversion de leurs activités.

44
C. Annulation de la société

L'annulation d'une société est rare en pratique. Mais lorsqu'elle est prononcée, son effet
est atténué. Elle n'opère pas de manière rétroactive. La période antérieure à
l’annulation s’analyse en une société de fait. L’annulation produit alors les effets d'une
dissolution.

D. Jugement ordonnant la liquidation des biens de la société

Le jugement ordonnant la liquidation d'une société entraîne automatiquement la


dissolution de celle-ci. La société est alors liquidée selon les règles du droit des
procédures collectives.

E. Causes statutaires

En sus des causes de dissolution prévues par la loi, les associés peuvent prévoir dans
les statuts que de la société sera dissoute par la survenance de tel ou tel évènement.
Exemple : modification de la situation juridique ou financière de l’un des associés,
accumulation de pertes etc. L’occurrence de cet évènement entraîne la dissolution de la
société.

§2 : Causes de dissolution provoquée.

La dissolution d'une société peut être due à la volonté du ou des associés. Dans
certains cas déterminés, elle peut découler d'une décision judiciaire : c'est la dissolution
judiciaire pour justes motifs.

A. Dissolution anticipée par la volonté des associés

Avant le terme prévu par les statuts, les associés peuvent mettre fin au contrat dans les
formes prévues pour la modification dans statuts. La décision est prise à l'unanimité ou
à la majorité qualifiée selon le type de société. Dans le cas d’une société
unipersonnelle, la décision est prise par l’associé unique.

La dissolution anticipée peut être directe ou indirecte. Elle est directe lorsqu'elle émane
d'une décision de l'assemblée générale des associés. Elle est indirecte, lorsqu'elle est
la conséquence nécessaire d'une autre décision collective, par exemple, une décision
de fusion, ou de scission.

B. Dissolution judiciaire pour justes motifs

Elle est prévue par l’article 200-5° AUSCGIE. Selon ce texte, la dissolution peut être
prononcée par la juridiction compétente, à la demande d’un associé pour justes
motifs. Les exemples de justes motifs fournis par le même texte sont :
- l’inexécution de ses obligations par un associé ;
- la mésentente entre associés empêchant le fonctionnement normal de la société17.

17
Cf. CCJA, Arrêt N°201/2016 du 29 décembre 2016, affaire Sitti DJAOUHARIA épouse CHIHABBIDINE
contre Ahmed KELDI. Dans cette affaire, une CA avait rejeté la demande de dissolution pour mésentente d’une
société au motif que la personne à l’origine de la mésentente ne peut formuler une demande de dissolution
45
Mais cette liste ne semble pas exhaustive. Il faut donc admettre qu’une marge de liberté
est laissée aux juges dans l’appréciation du juste motif pouvant légitimer la dissolution
de la société.

C. Cas de la réunion de toutes les parts en une seule main

La réunion de toutes les parts ou actions en une seule main était, sous l’ancienne
législation, une cause commune de dissolution de plein droit de toutes les sociétés. Les
circonstances génératrices d’une telle situation étaient plutôt fréquentes. A la suite
d'une cession ou d'une transmission successorale, les parts ou actions d'une société
pouvaient se trouver réunies entre les mains d'un seul associé. Le défaut de pluralité
d'associés, condition du contrat de société, devait entraîner la dissolution immédiate de
celle-ci.

L’Acte uniforme, en consacrant la société d’une seule personne, a aussi relativisé cette
cause de dissolution. Si une société, initialement pluripersonnelle, devient
unipersonnelle par survenance d’un quelconque événement, elle n’est pas
automatiquement dissoute pour ce fait. Il faut distinguer deux hypothèses. S’il s’agit
d’une société pour laquelle la modalité unipersonnelle est admise, elle n’encoure pas la
dissolution. Ex. SARL initialement constituée avec plusieurs associés, dont les parts se
trouvent réunies dans les mains d’un seul associé. Elle continue de fonctionner comme
une SARL unipersonnelle.

En revanche, dans le cas des sociétés dont la modalité unipersonnelle n’est pas
autorisée (en pratique la SNC et la SCS), la réunion de toutes les parts sociales en une
seule main est cause de dissolution. Mais cette dissolution n’opère pas de plein droit.
Tout intéressé peut demander au Président de la juridiction compétente la dissolution,
si la situation n’a pas été régularisée dans le délai d’un an. Le tribunal peut accorder à
la société un délai maximal de six mois pour régulariser la situation. Il ne peut
prononcer la dissolution si, au jour où il statue sur le fond, cette régularisation a eu lieu.

Section II : Les formalités liées à la dissolution de la société

§1) Les formalités de publicité

La publicité de la dissolution suppose deux opérations :


- la publication par avis dans un journal habilité à recevoir les annonces légales du lieu
du siège social,
- le dépôt au greffe des actes ou procès-verbaux décidant ou constatant la dissolution,
accompagné de la modification de l'inscription au RCCM.

§2 : L’effet de la publicité

La dissolution d'une société produit effet aussi bien à l'égard des associés que des
tiers. Cependant pour qu'il y ait un quelconque effet à l'égard des tiers, il faut que l'acte

judiciaire de la société pour mésentente. Le moyen du pourvoi reprochait à cette décision que l’origine de la
mésentente et son imputabilité à un associé quelconque ne font pas partie des conditions posées par l’article 200.
La CCJA juge ce moyen recevable et casse l’arrêt.

46
de dissolution soit publié. C’est en ce sens que l’article 201 AUSCGIE dispose que la
dissolution de la société n’a d’effet à l’égard des tiers qu'à compter de sa publication
dans un journal habilité à recevoir les annonces légales dans l’Etat partie.

La publicité de la dissolution n’entraîne pas la disparition immédiate de la personnalité


morale. Cette personnalité subsiste pour le besoin de la liquidation et prend fin à la
clôture de celle-ci.

47
CHAP. II : LES CONSEQUENCES DE LA DISSOLUTION DES SOCIETES.

Les conséquences de la dissolution diffèrent selon qu’il s’agisse d’une société


pluripersonnelle ou d’une société unipersonnelle. Dans le premier cas, il y a liquidation
et partage (S. I.) tandis que dans le second cas, il y a transmission universelle du
patrimoine (S II).

SI. La liquidation et le partage.

La dissolution d’une société emporte un certain nombre de conséquences. Le plus


immédiat est certainement la liquidation de la société. En effet, aux termes de l’article
204 AUSCGIE, « la société est en liquidation dès l’instant de sa dissolution pour
quelque cause que ce soit ».

La société bien que dissoute, ne perd pas immédiatement la personnalité juridique.


Celle-ci survit pour les besoins de la liquidation. Ce n’est qu’à la fin des opérations de
liquidation qu’elle disparaît définitivement.

La procédure de liquidation est décrite aux articles 203 et suivants AUSCGIE.


Il convient d’emblée d’indiquer que la procédure prévue par ces textes ne s’applique
pas lorsque la liquidation intervient à la suite d’une cessation des paiements.

Par ailleurs, une distinction est faite selon que la liquidation est faite à l’amiable par les
associés ou effectuée par voie de justice. Le second cas donne lieu à l’application des
articles 223 et suivant AUSCGIE.

L’essentiel peut être résumé à trois étapes : la désignation du liquidateur, les opérations
de liquidation et la clôture de la liquidation.

§1. La désignation du liquidateur

Il est d’abord procédé à la nomination d’un plusieurs liquidateur(s). Cette nomination est
le fait des associés selon une règle de majorité variable en fonction du type de société.
En cas de carence des associés, cette nomination est faite par voie de justice.

La révocation et le remplacement éventuel du liquidateur s’effectuent selon les formes


prévues pour sa nomination. Toutefois, tout intéressé peut demander sa révocation au
tribunal compétent s’il justifie de motifs légitimes.

La nomination et la révocation du liquidateur ne sont opposables aux tiers qu’à compter


de leur publication.

§2. Les opérations de liquidation.

Le liquidateur nommé procède à la liquidation de la société. En général, la liquidation


consiste à recouvrer les créances sociales, réaliser l’actif et payer les créanciers
sociaux. S’il subsiste un boni de liquidation, celui-ci est partagé entre associés.

48
Dans le cadre d’une liquidation amiable, la mission précise du liquidateur est laissée à
la libre détermination des associés. Cette libre détermination doit cependant respecter
certains impératifs :

Il est par exemple interdit de céder tout ou partie de l’actif de la société en liquidation au
liquidateur, à ses employés, conjoint, ascendant ou descendant.

De même, est interdit sauf consentement unanime des associés ou autorisation


judicaire, la cession de tout ou partie de l’actif social à un certaines personnes. Ce
sont :
- les personnes ayant dans la société en liquidation la qualité d’associé en nom ou
de commandité ;
- les dirigeants sociaux (gérant, administrateur général, membre du CA)
- les commissaires aux comptes

Enfin, la cession la cession globale de l’actif social ou l’apport à une autre société
notamment par voie de fusion requiert l’autorisation des associés dans des conditions
de majorité indiquées à l’article 215 AUSCGIE.

Lorsque la liquidation est faite par voie de justice, la mission du liquidateur est indiquée
aux articles 228 à 241 AUSCGIE.

§3. La clôture de la liquidation

En fin de liquidation, les associés sont convoqués en assemblée afin de statuer sur les
comptes définitifs, sur le quitus de la gestion du liquidateur et la décharge de son
mandat et pour constater la clôture de la liquidation.

Si l’assemblée de clôture ne peut délibérer ou en cas de refus d’approuver les comptes


présentés par le liquidateur, ce dernier ou tout intéressé peut saisir le tribunal
compétent qui statuera sur ces comptes et le cas échéant sur la clôture de la
liquidation.

Les comptes définitifs sont déposés au greffe du tribunal en annexe au RCCM. Il y est
joint soit le PV de l’assemblée de clôture, soit la décision de justice ayant statué sur les
comptes de la liquidation.

Lorsque ces formalités ont été accomplies, la radiation de la société du RCM peut être
demandée par le liquidateur.

S II. La dissolution sans liquidation dans la société unipersonnelle

La dissolution d’une société unipersonnelle n’entraine pas sa liquidation, mais plutôt la


transmission universelle du patrimoine à l’associé unique (§1). Les créanciers disposent
cependant d’un droit d’opposition (§2).

§1) La transmission universelle du patrimoine.

La règle est prévue à l’article 201 alinéa 4 AUSCGIE. Ce texte prévoit que la dissolution
d'une société dans laquelle tous les titres sont détenus par un seul associé entraîne la

49
transmission universelle du patrimoine de la société à cet associé, sans qu'il y ait lieu à
liquidation. Il faut comprendre que l’ensemble du patrimoine de la société (actif et
passif) est transmis à l’associé unique.

La formule « société dans laquelle tous les titres sont détenus par un seul associé »
vise indiscutablement la société unipersonnelle. Nous avons cependant vu qu’on
pouvait distinguer la société unipersonnelle de fait et de la société unipersonnelle de
droit. Ce texte vise-t-il les deux catégories ou seulement la seconde ?

La TUP est écartée lorsque l’associé unique est une personne physique. Dans ce cas,
la dissolution entraine la liquidation dans les termes indiqués ci-dessus.

§2 : Droit d’opposition des créanciers

Les créanciers de la société unipersonnelle, du fait de la TUP, risquent d’être


confrontés à la concurrence des créanciers personnels de l’associé unique. Afin
d’assurer leur protection, la loi leur accorde un droit d’opposition. Ainsi, les créanciers,
qu’ils soient chirographaires ou munis de sûretés, peuvent faire opposition à la
dissolution de la SU.

L’opposition est formulée devant la juridiction compétente qui, en Côte d’Ivoire, est le
tribunal de commerce, le TPI ou la section détachée selon l’emplacement du siège
social. Elle est faite dans le délai de trente jours à compter de la publication de la
dissolution.

Le tribunal peut soit rejeter l'opposition, soit ordonner le remboursement des créances,
ou la constitution de garanties si la société en offre et si elles sont jugées suffisantes.

La transmission du patrimoine n'est réalisée et il n'y a disparition de la société qu'à


l'issue du délai d'opposition ou, le cas échéant, lorsque l'opposition a été rejetée ou que
le remboursement des créances a été effectué ou les garanties constituées.

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