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LES SOCIETES

1-Introduction aux sociétés


A-Définition des sociétés
La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
physiques ou morales conviennent à contribuer à une activité
commune, par la prestation d’apports en industrie, en nature ou
en numéraire, dans le but de partager le bénéfice qui pourra en
résulter, de réaliser une économie ou, encore, de viser un
objectif économique d’intérêt commun.
Ils supportent les pertes qui pourraient en résulter .

B- La classification des sociétés

La distinction fondamentale entre les sociétés est celle que l’on


fait entre les sociétés civiles et les sociétés commerciales. Les
sociétés commerciales se classent, elle-même, en différents
types reconnus par la loi.
Le principe est qu’une société est réputée commerciale lorsque,
d’après ses statuts, elle se livre à des opérations commerciales :
sa nature dépend donc de son objet. Mais ce principe est réduit à
peu de chose par une exception très importante à savoir que sont
commerciales par leur forme et quel que soit leur objet, les
sociétés qui optent pour l’une des formes prévues par le code de
commerce : société en nom collectif (SNC), société en
commandite simple (SCS), société en commandite par action
(SCA), société à responsabilité limitée (SARL), entreprise
unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) société par
actions (SPA). L’on classe ces sociétés en deux catégories :
sociétés de personnes et sociétés de capitaux.
Il ya plusieurs critères de classification des sociétés
commerciales et nous retiendrons ici deux critères
fondamentaux qui bien que moins déterminants depuis certaines
réformes récentes, continuent de présenter nombre d’intérêts
dont celui notamment d’expliquer l’essentiel des règles de
fonctionnement des sociétés.
Le premier critère est celui de la responsabilité des associés.
Ainsi, dans les sociétés de personnes, chaque associé est
responsable sur son patrimoine personnel des dettes sociales.
L’on dit que sa responsabilité est personnelle (il est responsable
sur ses biens propres), indéfinie (il est responsable sur
l’ensemble de son patrimoine de toutes les dettes de la société)
et solidaire (les créanciers de la société peuvent exiger le
paiement de n’importe lequel des associés quitte à ce que celui-
ci se retourne ensuite contre ses coassociés pour obtenir le
remboursement de ce qu’il a payé pour eux).
Alors que, dans les sociétés de capitaux, chaque associé est tenu
seulement à concurrence de son apport.
Le second critère est celui de « l’intuitus personae ». dans les
sociétés de personnes, le contrat est formé en considération de la
personne des autres associés (intuitu personae), ainsi les droits
sociaux sont normalement incessibles entre vifs et
intransmissibles à cause de mort. Dans les sociétés de capitaux,
il n’y a pas de considération de la personne des autres associés,
et les droits sociaux se transmettent librement.
Les sociétés en nom collectif et les sociétés en commandite
simple sont des sociétés de personnes, alors que les sociétés par
actions, les sociétés en commandite par actions sont des sociétés
de capitaux.
Quant à la société à responsabilité limitée, sa nature est
discutée : elle Se rapproche des sociétés de capitaux en ce que la
responsabilité est limitée aux apports, mais elle se rapproche des
sociétés de personnes en ce que l’élément personnel est
fortement marqué, les parts étant difficilement cessibles.
Le régime juridique des sociétés commerciales comprend des
règles communes à toutes les sociétés et des règles spécifiques à
chaque type.

Chapitre 1 Les règles communes à toutes les sociétés

1-la constitution des sociétés


1. le contrat de société
L’article 416 du code civil définit la société comme un contrat.
Ce dernier doit donc répondre aux règles générales de validité
des contrats aux quelles il faut ajouter les règles propres à ce
contrat particulier.
A-Les règles communes à tous les contrats
L’on va retrouver les quatre conditions de formation et de
validité des contrats (voir « les obligations »).
D’abord, il faut un consentement libre et éclairé, donc non vicié
par l’erreur, le dol ou la violence. Ici, l’on va apprécier le
consentement des associés et bien entendu l’on sera plus
exigeant pour les sociétés de personnes.
Ensuite, il faut un objet conforme aux bonnes mœurs et à l’ordre
public. L’objet du contrat de société correspond à l’activité de la
société. Cet objet est très important, car c’est lui qui va
permettre également de fixer l’étendue des pouvoirs des
dirigeants et donner à la société sa nature civile ou commerciale.
Il peut également déterminer la durée de la société lorsque la
dissolution de celle-ci dépend de la réalisation de son objet.
Il faudra encore une cause licite, conforme aux bonnes mœurs et
à l’ordre public. La cause du contrat de société sera le but des
associés, le mobile qui les fait agir.
Enfin, il faut que les associés soient capables. En principe, la
capacité civile suffit. Toutefois, dans les sociétés en nom
collectif ou les sociétés en commandite simple, les associés
ayant la qualité de commerçant, ils doivent jouir de la capacité
commerciale.
B- Les règles propres( spécifiques) au contrat de société
Il résulte de l’article 416 du code civil que les éléments du
contrat de société sont : la pluralité des associés, les apports, la
recherche d’un bénéfice ou d’une économie et enfin, la volonté
d’union ou « affectio societatis ».
• La pluralité des associés
L’article 416 du code civil qui définit la société comme "un
contrat par lequel deux ou plusieurs personnes…" fait de la
pluralité des associés une règle générale. Cependant, en
instituant l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée
(EURL) par l’ordonnance n° 96-27 du 9 décembre 1996
modifiant et complétant le code de commerce, le législateur a
fait exception à cette règle.
• Les apports
Chaque associé doit obligatoirement faire un apport. La réunion
de ces apports ( sauf le savoir faire) constitue le capital. En
échange de ces apports, chaque associé reçoit des droits sociaux
(parts sociales ou actions).
L’on peut distinguer les apports selon la nature du bien apporté,
à savoir en numéraire, en nature ou en industrie.
-L’apport en numéraire ou en espèces correspond à une
somme d’argent versée par l’associé à la société. C’est l’apport
le plus fréquent. L’on distingue sa souscription et sa libration.
La souscription est la promesse de faire l’apport, ce qui rend
l’apporteur débiteur de la société. Lors de la constitution, le
capital de la société doit au moins être intégralement souscrit
(sauf celui de la société en nom collectif pour laquelle cette
obligation n’a pas le même intérêt du fait de la responsabilité
personnelle des associés). La libération du capital correspond au
versement effectif des sommes au compte de la société. Parfois,
seule la libération partielle est exigée à la constitution.
-L’apport en nature est l’apport d’un bien meuble ou
immeuble, corporel ou incorporel. Pour être valable, cet apport
ne doit pas être fictif (apporteur non propriétaire, bien sans
valeur…) et il ne doit pas non plus être surévalué car cela serait
préjudiciable aux créanciers sociaux et aux autres associés. Dans
les sociétés ou la responsabilité des associés sont limitée au
montant des apports, l’évaluation de ceux-ci est très importante
et la loi impose qu’elle soit faite en présence d’un commissaire
aux apports au moment de la constitution.
-L’apport en industrie est l’apport en travail (travail,
connaissances, savoir-faire…). Il faut le distinguer du contrat de
travail en ce qu’il ne donne pas lieu à un salaire, mais à une
participation aux résultats. Cet apport pose un problème, dans la
mesure où il n’entre pas dans la constitution du patrimoine et ne
peut servir de gage aux créanciers sociaux puisqu’il n’est pas
saisissable. Il est autorisé que dans toutes les sociétés sauf les
sociétés par actions et les sociétés en commandite par actions.
• La recherche d’un bénéfice ou d’une économie et la
participation aux pertes
La participation aux bénéfices est la caractéristique essentielle
de la société, à l’inverse de l’association par exemple dont le but
ne doit pas être lucratif.
Le bénéfice est ce qui s’ajoute à la fortune des associés, alors
que la réalisation d’une économie se définit comme la réduction
d’une dépense, ce qui peut être le fait également d’une
association ou d’un groupement.
En principe, ce sont les statuts qui définissent le pourcentage de
participation aux bénéfices et aux pertes. A défaut, la
participation se fait dans la proportion de l’apport. La seule
limite découle de la prohibition des clauses léonines, en vertu
desquelles certains associés profiteraient de tous les bénéfices
sans participer aux pertes. Ces clauses n’entrainent pas la nullité
de la société mais sont simplement réputées non écrites.
• L’affection societatis
C’est la volonté de collaborer ensemble à l’œuvre commune sur
un pied d’égalité. Cet élément suppose une pluralité d’associés,
il ne sera donc pas exigé dans les sociétés unipersonnelles telles
que l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL)
créée par l’ordonnance n°96-27 précitée. Dans les autres cas,
cette notion permet de déclarer une société fictive lorsque la
volonté de s’associer n’est pas sincère.
II. Les formalités constitutives
• La rédaction des statuts
Le contrat de société doit être établi par écrit authentique, cet
écrit est appelé « statuts ». Il doit revêtir la forme authentique,
c’est-à-dire qu’il est établi devant notaire, lequel le rédige et
accomplit les formalités nécessaires à la naissance de la société.
Les statuts portent des informations quant au fonctionnement et
à la dissolution de la société et déterminent notamment, aux
termes de la loi, les apports de chaque associé, la forme, l’objet,
la dénomination, le siège, le capital et la durée de la société.
B- L’enregistrement auprès de l’administration fiscale
L’enregistrement doit s’opérer dans un délai d’un mois à
compter de la date de la signature des statuts (Art.58/3 du code
de l’enregistrement) et doit également intervenir dans les cas de
propagation, de fusion, de dissolution d’une société ou
d’augmentation de son capital.
C- L’immatriculation au registre du commerce
L’immatriculation au registre du commerce marque le début de
la personnalité juridique de la société qui devient, donc, un être
juridique autonome.
Mais, dans les faites, la création d’une société peut prendre du
temps et, il est possible qu’avant cette immatriculation, les
fondateurs aient passé des actes en leur nom, mais en réalité
pour le compte de la société en formation (location d’un
immeuble, souscription d’un abonnement téléphonique,
embauche d’un salarié…). La société n’ayant pas encore la
personnalité juridique, ceux qui ont passé les contrats sont tenus
personnellement des obligations qui en sont nées. Il est alors
possible, au moment de l’immatriculation, de procéder à la
« reprise des engagements », c’est-à-dire que la société reprend
rétroactivement à son compte les engagements souscrits par ses
fondateurs et devient à leur place tenue des obligations créées
(Art.549 du code de commerce)
.
E- L’avis au Bulletin officiel des annonces légales (BOAL)
Il permet d’informer les tiers de la constitution de la société, de
même qu’il sert à porter à leur connaissance toutes les
modifications qui portent sur le contrat de la société.
F- L’insertion des actes constitutifs de la société dans un
quotidien national
G- La déclaration d’existence
Elle intervient dans un délai de trente jours à compter du début
de l’activité, auprès de l’inspection d’assiette des impôts directs
dont la société dépend ; une déclaration qui se veut conforme au
modèle fourni par l’administration fiscale (Art.183 du code des
impôts directs et taxes assimilées).
III. Les sanctions des règles de fond et de forme
Si l’on appliquait le droit commun des contrats, tout vice
substantiel ou vice de forme devrait entrainer la nullité
rétroactive de la société. Or, cela serait préjudiciable pour les
personnes qui ont contracté avec la société pendant le temps ou
elle a vécu, entrainant des annulations de contrats en chaine,
c’est pourquoi les tiers peuvent prouver l’existence de la société
par tous les moyens s’il y a lieu (Art.545 du code de
commerce).
IV. La personnalité morale
Les sociétés ont la personnalité morale et en jouissent à dater de
leur immatriculation au registre du commerce, sous réserve du
cas particulier de la reprise des engagements. Elles acquièrent de
ce fait la capacité juridique ainsi que tous les attributs de la
personnalité morale. Cette personnalité juridique prend fin à
l’issue de toutes les opérations de liquidation.
• Les attributs de la personnalité morale
• Une dénomination sociale
Il s’agit d’une appellation librement choisie par les fondateurs.
Elle doit être publiée, et elle est protégée contre les atteintes
provenant d’es tiers. La société peut en disposer et peut
également en changer par décision des associés prise
conformément aux statuts, sous réserve des règles de publicité.

• Une siège social


Le siège social est choisi librement par les fondateurs à
condition qu’il corresponde au lieu du principal établissement.
S’il y a séparation entre le lieu de l’exploitation et celui de
l’administration, c’est celui-ci qui doit être choisi. La société
peut changer de domicile mais cela donnera lieu à une
modification statuaire. Le siège social d’une société détermine
le lieu ou elle sera assignée en cas de litige et sa nationalité.
• Une nationalité
La loi décide que le domicile d’une société est à son siège social
et que les sociétés qui exercent une activité en Algérie sont
soumises à la loi algérienne (Art.547 du code de commerce).
• Le patrimoine
Le patrimoine de la société est distincts de celui de ses
membres, par conséquent, les créanciers de la société sont payés
sur le patrimoine de la société et n’ont pas d’action sur le
patrimoine des associés, sauf, si ces derniers sont
personnellement, indéfiniment et solidairement responsables des
dettes sociales. De même, en cas de liquidation de l’entreprise,
le tribunal peut décider que les dettes de la société seront
supportées par les dirigeants sur leur patrimoine personnel. A
l’inverse, les créanciers personnels des associés n’ont pas
d’action contre le capital social.
Juridiquement, le droit des associés n’est pas un droit de
copropriété mais un droit de créance contre la société, seule
propriétaire du capital social.
• La capacité
La société a la capacité de jouissance puisqu’elle a la capacité
d’acquérir, de contracter et d’agir en justice. Mais ses droits sont
tout de même limités par la loi et par le « principe de la
spécialité ».
Quant à la capacité d’exercice, il est évident que la personne
morale agit par l’intermédiaire des organes qui, d’après ses
statuts, ont qualité pour la diriger et agir à sa place et en son
nom.
2- le fonctionnement des sociétés
Le fonctionnement varie et est plus ou moins complexe selon le
type de société, mais dans tous les cas, le schéma est le même et
l’on distingue deux organes fondamentaux aux compétences
distinctes : les dirigeants qui selon les cas, peuvent être associés
ou non et les associés délibérants qui réunis en assemblées, vont
contrôler l’action des dirigeants. Nous nous limiterons ici aux
caractéristiques générales de fonctionnement.
• Les principaux organes de la société
• Les dirigeants
Ils ont les pouvoirs et responsabilités définis par la loi et les
statuts.
Les premiers organes sociaux peuvent être nommés dans les
statuts. Toutefois, la plupart du temps ce sont les associés qui
procèdent à la nomination et à la révocation des dirigeants lors
de la première assemblée générale.
L’étendue de leurs pouvoirs est définie par la règle dite du
« pouvoir légal », c’est-à-dire qu’ils ont tout pouvoir pour
diriger la société et l’engager vis-à-vis des tiers, sauf clause
statutaire contraire, cette clause étant valable entre associés,
mais inopposable aux tiers. Cela signifie que si un dirigeant
prend un engagement demeurera valable vis-à-vis du tiers qui ne
pouvait connaitre cette clause limitative statutaire. En revanche,
le dirigeant, qui lui ne pouvait l’ignorer, engagera sa
responsabilité vis-à-vis de la société. Notamment, il pourra être
tenu de l’indemniser en cas de préjudice et pourra être révoqué.
La gestion des dirigeants est soumise au contrôle des autres
associés et ils sont responsables de leurs fautes de façon
générale.
• Les associés délibérants
En échange de son apport, l’associé jouit des droits sociaux qui
lui permettent de participer aux bénéfices, mais aussi de prendre
part aux décisions collectives et ainsi à la vie de la société.
Les associés délibérants se réunissent en assemblée générale. Il
y a deux types d’assemblées qui se composent toujours des
associés, mais dont les règles de fonctionnement et les
compétences varient.
L’assemblée générale ordinaire (AGO) se réunit une fois par an
pour approuver les comptes sociaux et l’action des dirigeants.
Elle est également en principe compétente pour nommer et
révoquer ces derniers. L’assemblée générale extraordinaire
(AGE) se réunit sur convocation exceptionnelle et est
essentiellement compétente pour modifier les statuts.
• Les obligations de la société
La société doit établir des comptes. Pour cela, elle doit produire
les documents comptables principaux tels que l’inventaire, les
comptes annuels de bilan et de résultat et les documents
accessoires qui comportent toutes les informations d’importance
significative sur la situation financière de la société et sur ses
résultats (cautionnements, suretés réelles, opérations de crédit-
bail). Les sociétés cotées en bourse et les holdings sont soumises
à des obligations supplémentaires particulières.
Ces documents doivent être présentés par les dirigeants à
l’assemblée générale ordinaire annuelle et ils doivent être
certifiés sincères par le commissaire aux comptes si la loi en
prévoit un.
La société doit procéder à l’affectation des résultats au cours de
cette même assemblée, l’affectation se faisant après
l’approbation des comptes par distribution sous forme de
dividendes, totale, ou partielle avec mise en réserve.
3- La dissolution des sociétés
La dissolution peut être volontaire par l’expiration du terme fixé
par les statuts, par la réalisation ou l’impossibilité de l’objet
social, par la survenance d’une cause de dissolution stipulée
dans les statuts ou par anticipation sur volonté des associés.
Mais la dissolution peut aussi être judiciaire pour juste motif ou
à la suite de difficultés importantes ayant empêché sa
continuation.
Il faut alors procéder à la liquidation de la société. Il s’agit de
l’ensemble des opérations ayant pour but la réalisation de l’actif
et le paiement des créanciers en vue de procéder au partage de
l’actif net.
La personnalité de la société subsiste jusqu’à la clôture des
opérations de liquidation. Le partage de l’actif disponible se fait
au prorata des « boni de liquidation » prévus par les statuts, ou à
défaut, dans la même proportion que la participation au capital.
La société doit demander sa radiation du registre du commerce,
puis la dissolution devra être publiée au Bulletin officiel des
annonces légales.
Chapitre 2 Les règles spécifiques aux différents types
De sociétés commerciales

Nous avons vu qu’il existe six types de sociétés commerciales.


Toutefois, certaines ne sont quasiment plus utilisées : il s’agit
des sociétés en commandite simple ou par actions. Dans ces
sociétés coexistent deux types d’associés : des « commandités »
qui dirigeant la société et qui sont dans la même situation que
les associés en nom collectif, c’est-à-dire indéfiniment,
personnellement et solidairement responsables du passif social ;
et des « commanditaires » qui sont de simples apporteurs de
capitaux, responsables dans la limite de leur apport. Les
premiers dirigent la société alors que les seconds contrôlent
cette gestion au sein des assemblées d’associés.
Nous n’étudierons pas plus en détail ces sociétés et nous nous
intéresserons aux types les plus fréquents, à savoir la société en
nom collectif, la société à responsabilité limitée et enfin, la
société par action.
A NOTER. L’étude suivante porte sur les caractéristiques
propres à chaque type de société, mais il va de soi que pour
avoir une étude plus complète de l’un de ces types, il
conviendra d’y ajouter les règles communes étudiées ci-dessus.
• La société en nom collectif-SNC
C’est la plus ancienne forme de société. Elle est le type le moins
fréquemment utilisé, souvent adapté à de petites structures
familiales, dont les membres ne veulent pas perdre le contrôle.
La totalité des règles qui la gouvernent s’explique par la
responsabilité personnelle, indéfinie et solidaire de ses associés.

• La constitution
La constitution d’une société en nom collectif est assez simple.
Il n’y a pas de capital minimum exigé, ce qui se comprend
puisque le capital sert de garantie aux créanciers de la société.
Or, dans cette forme de société, les associés sont tenus sur leur
patrimoine propre, ce qui suffit à garantir les dettes sociales.
Bien entendu, dans le même esprit, il n’est pas nécessaire non
plus de libérer le capital souscrit.
• Le capital social
Il est divisé en parts sociales. Nous avons vu qu’aucun
minimum n’est exigé et qu’il peut comprendre des apports en
industrie. Toutefois, ceux-ci ne pouvant entre dans la
composition du capital et confèreront à leur titulaire le droit de
participer aux décisions et aux résultats de la société
conformément aux dispositions statutaires.
• Les associés
Ils sont obligatoirement commerçants et sont responsables
indéfiniment, personnellement et solidairement des dettes
sociales. Par conséquent, un mineur non émancipé ou un
fonctionnaire ne peuvent devenir associés de société en nom
collectif.
Un minimum de deux associés est exigé, aucune forme de
société unipersonnelle n’étant prévue (comme c’est le cas dans
la société à responsabilité limitée) car la forme unipersonnelle
correspondrait en fait au commerçant, personne physique.
• Les titres sociaux
Il s’agit de parts sociales qui ont la particularité d’être
incessibles entre vifs (vente, donation) et intransmissibles à
cause de la mort (par voie de succession).
Cette règle s’explique là encore par l’intuitus personae. En effet,
l’on contracte compte tenu des autres cocontractants, l’on ne
peut par conséquent substituer une personne à une autre, sauf
accord unanime.
Dans ces conditions, l’associé ne peut céder ses parts en cours
de vie sociale : l’on dit qu’il est « prisonnier de ses parts ».
Quant à la transmission, qui ne s’opère qu’en cas de décès, nous
avons vu qu’elle entrainait la dissolution de la société, il héritera
simplement de la valeur de la part de son auteur. Il en sera de
même si les survivants décident de continuer entre eux.
• Les organes de gestion
Ce sont des gérants. Leur nomination et leur révocation ne se
comprennent là encore que par l’intuitus personae et l’étendue
particulière de la responsabilité des associés.
• Nomination
Le principe est celui de la « gérance légale » qui veut que tout
associé soit gérant dans le silence des statuts. En effet, le gérant,
dirigeant la société, va mettre en péril le patrimoine personnel
de chacun, il est donc logique que chacun participe à la gestion
sur un pied d’égalité.
Toutefois, compte tenu de la complexité d’une telle gestion
conjointe, le plus souvent les associés désignent un seul gérant
qu’ils choisissent parmi eux ou en dehors. Dans ce dernier cas,
le gérant sera salarié. Si le gérant est associé, sa rémunération
dépendra de l’accord des associés. Dans les deux cas, il peut être
statutaire ou non statutaire et les conséquences sont totalement
différentes.
Le gérant est dit statutaire s’il est nommé dans les statuts et non
statutaire s’il est nommé dans les conditions fixées par les
statuts, il sera alors nommé en assemblée générale ordinaire.
• Révocation
La révocation du gérant associé désigné par les statuts ne peut
avoir lieu que par une décision des autres associés prise à
l’unanimité. Cette décision entrainera la dissolution de la
société, à moins que la continuation ne soit prévue par les statuts
ou que les associés le décident à l’unanimité. Dans ce dernier
cas, une modification des statuts s’imposera.
La révocation du gérant associé non statutaire devra également
se faire par une décision des associés prise à l’unanimité.
Quant à la révocation du gérant non associé, elle se fera plus
facilement : dans les conditions prévues dans les statuts ou, à
défaut, par une décision prise à la majorité.
• Pouvoirs
La règle du pouvoir légal s’applique, c’est-à-dire que le gérant a
tout pouvoir pour diriger et engager la société vis-à-vis des tiers
sauf clause statutaire contraire, valable entre associés mais
inopposable aux tiers.
Toutefois la loi ajoute que dans tous les cas le gérant peut
valablement engager la société uniquement dans le cadre de son
objet social. Ainsi, si le gérant dépasse l’objet de la société,
l’acte passé ne sera pas valable et le tiers ne pourra en exiger
l’exécution, mais il pourra toujours demander réparation de son
préjudice s’il en a subi un. De plus, il est probable que les
associés engageront la responsabilité civile du gérant qui aura
ainsi dépassé les pouvoirs qui étaient les siens.
• Les assemblées d’associés
Leurs compétences sont celles indiquées dans les règles
communes. Nous ne retiendrons ici que les majorités requises
qui, elles, sont propres à chaque type de société.
L’assemblée générale ordinaire statue en principe à l’unanimité,
sauf stipulation contraire ( les statuts peuvent exier la majorité
des voix). La particularité essentielle des sociétés de personnes
étant que chaque associé possède une voix, quel que soit le
montant de son apport, car ils sont tous traités sur un pied
d’égalité, du fait qu’ils engagent tous leur patrimoine personnel
au-delà de leur apport. Ainsi, toutes les décisions sont prises à la
majorité en nombre et non pas en parts.
L’assemblée générale extraordinaire statue à l’unanimité, ce qui
se justifie par l’intuitus personae qui exige que toute
modification du contrat de société soit approuvée par chacun des
cocontractants.
• La dissolution
L’intuitus personae est si fort dans la société en nom collectif
que le décès ou l’incapacité d’un associé entraine sa dissolution
En effet, à la formation du contrat, celui qui donne son
consentement le fait en considération de la personne des autres
et peut-être n’aurait-il pas contracté en l’absence de l’un d’eux.
Il est également évident que la disparition de l’un des associés
augmente le risque supporté par chacun des autres, puisque la
garantie qu’offrait son patrimoine disparait aussi, et l’on peut
supposer qu’un associé n’aurait jamais consenti s’il avait su
qu’ils seraient moins nombreux à s’engager ainsi.
Toutefois, la loi autorise les associés à continuer avec ceux qui
restent, si une clause des statuts le prévoit, ou bien si les
associés le décident à l’unanimité. Dans les deux cas, tous les
associés auront été d’accord, ainsi l’intuitus personae aura été
respecté.
Les associés peuvent dans les mêmes conditions choisir de
continuer avec les héritiers de l’associé défunt, mais là encore,
cela ne peut leur être imposé à cause de l’intuitus personae qui
domine ce contrat de société.
Il ne faut pas oublier que, dans la société en nom collectif, le
risque pécuniaire du à l’étendue de la responsabilité est très
important et que ce que l’on peut risquer avec une personne que
l’on a choisie n’est pas forcément envisageable avec ses
héritiers.

• La société à responsabilité limitée-SARL-


Elle est relativement récente, plus petite et de fonctionnement
moins complexe que la société par actions. Elle a l’énorme
avantage sur la société en nom collectif de n’entrainer pour
l’associé qu’une responsabilité limitée aux apports. Toutefois,
elle ne jouit pas d’une excellente réputation et il est fréquent que
la responsabilité limitée ne soit qu’illusoire, car ceux qui vont
contracter avec elle exigent des une garantie supplémentaire sur
les biens personnels du gérant ou des associés.
Depuis 1996, la société à responsabilité limitée peut être
constituée par un acte de volonté unilatéral, c’est-à-dire par une
seule personne, le législateur parle alors curieusement
« d’associé unique ». Ce type de société s’appelle Entreprise
unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) mais il faut
noter qu’il ne s’agit pas là d’un type nouveau de société puisque
lui sont appliquées, sauf lorsqu’elles sont incompatibles avec
l’existence d’un associé unique, les règles de la société à
responsabilité limitée.
• La constitution
La constitution de la SARL est relativement simple comparée à
celle de la société par actions mais elle répond tout de même à
deux conditions principales : l’une relative au nombre d’associés
et l’autre au capital social.
• Le capital social
-Aucun minimum n’est exigé depuis la loi 2015-20.
Son ancien montant était au minimum de 100 000 DA.
Il est divisé en parts sociales d’égale valeur. Il peut être
constitué d’apports en numéraire ou en nature. Les apports en
industrie sont accéptes depuis la loi 2015-20 .
• Les associés
Leur nombre peut aller de deux à cinquante au maximum. Au-
delà, la société devra être dissoute à moins qu’elle ne se
transforme en société par actions en respectant évidemment les
règles imposées pour celle-ci, notamment en procédant à une
augmentation de capital. La capacité civile suffit pour faire
partie d’une telle société, les associés ne sont pas commerçants.
Quant à leur responsabilité, elle est limitée au montant de leur
apport.
• Les titres sociaux
Les titres en société à responsabilité limitée s’appellent des parts
sociales. C’est à travers leur régime que l’intuitus personae du
contrat de cette société se manifeste le plus ; en effet, si elle
n’est pas complètement fermée à l’image de la société en nom
collectif, ses parts demeurent difficilement cessibles.
En effet, si la cession entre associés est libre, celle faite à un
tiers est soumise à l’approbation de la majorité des associés
représentant au moins les trois quarts du capital. Si la société
refuse, elle devra racheter les parts de celui qui veut partir. Le
refus de la société doit être exprès et intervenir dans les trois
mois de la demande de cession, à défaut l’accord sera réputé
acquis.
La transmission des parts au conjoint, aux descendants ou aux
ascendants se fait également librement mais les statuts peuvent
prévoir une clause d’agrément.

• Les organes de gestion


La société à responsabilité limitée est dirigée par un ou plusieurs
gérants.
• Nomination
Le gérant peut être choisi parmi les associés ou en dehors d’eux.
S’il n’est pas associé, il sera salarié. Toutefois, s’il est associé, il
pourra éventuellement être aussi salarié, puisqu’il n’est pas
commerçant.
Les mêmes règles s’appliquent dans l’entreprise unipersonnelle
à responsabilité limitée ou la gérance peut être assurée par
l’associé unique ou par une autre personne choisie par lui.
La responsabilité étant limitée aux montants des apports, il n’y a
pas de règle de gérance légale, mais le gérant peut être statutaire
ou non statutaire.
• Révocation
La révocation du gérant se fait par simple décision des associés
représentant plus de la moitié du capital social ou à la demande
de tout associé pour cause légitime adressée au tribunal
compétent. En cas de révocation sans motif légal, le gérant peut
demander réparation du dommage subi.
• Pouvoirs
La règle du pouvoir légal s’applique mais si le dirigeant passe
un acte au-delà de l’objet social, l’acte demeure valable à
l’égard du tiers de bonne foi. Ainsi, il peut engager la société au-
delà de l’objet social mais dans ce cas, il sera bien entendu
responsable envers les associés.
• Les assemblées d’associés
Les décisions en SARL se prennent soit en assemblée
convoquée 15 jours au préalable par le ou les associés
représentant au moins le ¼ du capital social, soit par
consultation écrite, et chaque associé dispose d’un nombre de
voix égal à celui des parts sociales qu’il possède. Les décisions
en assemblée générale ordinaire se prennent à la majorité simple
de la moitié du capital. Si la majorité n’est pas atteinte lors de la
première réunion ou consultation, les associés seront
reconvoqués ou reconsultés selon le cas et les décisions prises
par la majorité des votes émis quelle que soit la portion du
capital représentée.
Quant aux décisions en assemblée générale extraordinaire, elles
sont prises à la majorité des trois quarts du capital.
• Le contrôle des comptes
Le contrôle des comptes peut être exercé soit par :
• Les associés eux-mêmes : l’article 585 du code de
commerce autorise tout associé à prendre connaissance des
documents comptables de la société à tout moment et à se
faire assister, le cas échéant, par un expert.
• Ou un commissaire aux comptes chargé de vérifier et de
certifier les comptes de la SARL.
• La dissolution
Malgré l’existence d’un certain intuitus personae, le décès d’un
associé n’entraine pas la dissolution, sauf clause contraire des
statuts.
La société à responsabilité limitée connait des causes de
dissolution qui lui sont propres : d’abord si le nombre d’associés
dépasse le maximum légal, ce qui peut se produire lorsqu’un
associé décède en laissant plusieurs héritiers ; ensuite lorsque la
société subit une perte de plus des trois quarts (3/4) de son
capital social (c’est-à-dire que les capitaux propres de la société
deviennent inférieurs au quart (1/4) du capital social) et à défaut
de délibération valable des associés sur la décision à prendre ;
ou encore en cas de réunion de toutes les parts d’une société
ayant plus d’un associé, à moins que la situation ne soit
régularisée en moins de six mois accordés par le tribunal.
• La société par actions-SPA-
Il s’agit de la société de capitaux par excellence dans laquelle la
considération de la personne est sans intérêt. Seuls en principe
comptent les apports effectués. C’est cet esprit qui fait de la
SPA la forme sociétaire la mieux adaptée pour des sociétés qui
exigent des capitaux importants. La loi distingue deux formes de
SPA, selon que la société fait appel public à l’épargne ou non.
En fait, l’on s’aperçoit que la plupart du temps, à leur création,
les SPA se constituent sans appel public à l’épargne et que ce
n’est qu’en cours de vie sociale, notamment à l’occasion d’une
augmentation de capital, qu’elles y ont recours.

• Constitution
C’est la forme de société la plus lourde à constituer,
notamment lorsque la société fait publiquement appel à
l’épargne.
Dans tous les cas, il y a un capital minimum à réunir et il faut
un nombre minimum d’associés.
A NOTER. En cas d’appel public à l’épargne à la
constitution, il faut notamment procéder à des publicités
particulières : rédiger un projet des statuts sous forme
authentique et en déposer une expédition au CNRC, faire
publier une notice d’information au Bulletin officiel des
annonces légales, obtenir un visa de la COSOB et tenir une
assemblée constitutive.
II. La dissolution
En plus des causes communes à toutes les sociétés, la SPA
connait des causes de dissolution qui lui sont spécifiques.
D’abord, comme en SARL, lorsque les pertes amènent l’actif
net à être inférieur au quart du capital social. Egalement, bien
entendu, lorsque le nombre d’associés descend en dessous de
sept depuis plus d’un an.
III. Le capital social
Il est divisé en actions. La responsabilité des associés étant
limitée aux apports, la SPA est évidemment soumise à
l’exigence d’un capital minimum. Lorsque la SPA ne fait pas
appel public à l’épargne il est fixé à 1 000 000 DA. Dans le cas
contraire, il est de 5 000 000 DA.
Le capital social doit être intégralement souscrit à la
constitution de la société. En ce qui concerne sa libération, si
les actions représentant les apports en nature elles doivent être
intégralement libérées à leur émission, les actions de
numéraire peuvent être libérées seulement pour le quart de
leur valeur, le reste pouvant l’être dans les cinq années
suivantes.
IV. Les associés
Ils portent le titre d’actionnaires. La loi exige un nombre
minimum de sept actionnaires mais ne fixe pas de maximum.
Ils n’ont pas le statut de commerçant, donc la capacité civile
suffit pour être associé dans une SPA. Enfin, leur
responsabilité est limitée au montant de leur apport.
V. Les titres sociaux
Ils constituent une particularité importante de la société de
capitaux car ce sont des
titres librement négociables, appelés actions.
La conséquence du principe de l’absence d’intuitus personae
est de permettre la libre cession ou transmission des titres
sociaux, aussi bien aux ascendants, descendants,
A NOTER. Les statuts peuvent toutefois prévoir des
« clauses de préemption » qui obligent l’actionnaire à
proposer ses actions aux autres associés en priorité, ou des
« clauses d’agrément » par lesquelles l’actionnaire doit
soumettre, avant la cession, ses titres à l’approbation d’un
organe social, par exemple au conseil d’administration.
Toutefois, la loi interdit que ces dernières clauses
empêchent la transmission ou la cession à un conjoint,
ascendant descendant ou encore la cession à un associé de la
société. De plus, pour éviter que la clause d’agrément ne
rende impossible pour l’actionnaire la cession de ses titres,
la loi impose, en cas de refus d’agréer le tiers, que la société
trouve elle-même un acquéreur ou rachète les actions dans
les trois mois suivants.
Ces clauses ont pour but, en contrôlant l’arrivée de
nouveaux actionnaires, d’éviter ou de limiter le risque
d’OPA, mais elles ajoutent à la SPA une dose d’intuitus
personae qui ne correspond pas forcément à sa véritable
nature.

VI. Les organes de gestion


C’est par son fonctionnement lourd et complexe, tant au
niveau de la gestion que du contrôle, que la SPA se distingue
notablement des autres types de sociétés.
La SPA connait deux types possibles de gestion. Un type dit
« classique » (ou encore dit « français »), qui est le type prévu
par la loi à l’origine de cette société, avec d’une part, un
conseil d’administration et d’autre part, un président du conseil
d’administration (ou un directeur général). L’autre système est
dit « moderne » (ou encore « allemand, car inspiré du droit
allemand), avec un directoire et un conseil de surveillance.

• SPA AVEC CONSEIL D’ADMINISTRATION


• Le conseil d’administration
• Nomination et révocation
Le conseil d’administration est composé de trois à douze
membres nommés et révoqués par l’assemblée générale des
actionnaires.
A NOTER. Le législateur entend faire participer les salariés
à la gestion de la SPA. A cet effet, la loi n° 90-11 relative
aux relations de travail modifiée et complétée par
l’ordonnance n°96-21 a institué le comité de participation
permettant aux salariés d’être informés de la situation
financière de l’entreprise et de contrôler l’action des
dirigeants.

• Pouvoirs
La loi confie au conseil d’administration le rôle de déterminer
les orientations de l’activité de la société et de veiller à leur
mise en œuvre. Ses pouvoirs sont en fait extrêmement larges,
il se réunit régulièrement pour contrôler la marche de la
société et donner son accord sur des matières importantes.
• La direction : président du conseil d’administration ou
directeur général
Le président du conseil d’administration assume, sous sa
responsabilité, la direction générale de la société. Il peut être
assisté, sur proposition du conseil d’administration par une ou
deux personnes physiques à titre de directeur généraux. Ces
derniers sont révocables à tout moment par le conseil
d’administration sur proposition de son président.
• Nomination et révocation
Le président du conseil d’administration est nommé pour une
durée n’excédant pas celle de son mandat d’administrateur. Il
est rééligible et peut être révoqué à tout moment par les
membres du conseil (Art.635 du code de commerce).
• Pouvoirs
Le pouvoir essentiel de l’organe de direction est de représenter
la société et de la diriger sous réserve des pouvoirs des autres
organes sociaux. Il est soumis à la règle du pouvoir légal.
Ainsi, il a tout pouvoir pour représenter la société et agir en
son nom et pour son compte, les clauses limitatives statutaires
étant inopposables aux tiers. De plus, il est convenu que les
dirigeants peuvent engager la société au-delà de l’objet social
envers les tiers de bonne foi. Bien entendu, le dirigeant reste
responsable envers les associés et le conseil d’administration
en cas de faute et engage même sa responsabilité civile en cas
de préjudice subi par la société.
B-SPA AVEC DIRECTOIRE ET CONSEIL DE
SURVEILLANCE
A NOTER. Dans ce système, il n’y a qu’un organe chargé
de diriger la société, alors que dans le système classique,
ainsi que nous venons de le constater, ce rôle est assuré par
deux organes. En effet, le conseil de surveillance n’est pas
un organe de gestion, mais, comme son nom l’indique, un
organe de surveillance. Toutefois, afin de permettre une
comparaison plus aisée des deux formes de société par
actions, nous placerons son étude au titre des organes
dirigeants, tout en soulignant l’inexactitude de cette
affectation.

• Le conseil de surveillance
• Nomination et révocation
Composé de sept à douze membres, il est nommé par
l’assemblée générale des actionnaires et peut être révoqué par
elle à tout moment.
• Pouvoirs
Il détient un pouvoir de contrôle permanent de l’action du
directoire, celui-ci devant à cet effet lui présenter une fois tous
les trois mois au moins et à la fin de chaque exercice un
rapport de sa gestion. Son autorisation est nécessaire pour
certains actes graves, comme la constitution de suretés réelles
ou personnelles.
• Le directoire
• Nomination et révocation
Il s’agit d’un organe collégial composé de trois à cinq
membres nommés par le conseil de surveillance dont le
président. Les membres du directoire sont révocables par
L’AG sur proposition du conseil de surveillance.
• Pouvoirs
Le directoire est bien entendu charger de la direction de la
société dans le cadre de la règle du pouvoir légal, et là encore
il engage la société au-delà de l’objet social à l’égard des tiers
de bonne fois, en étant responsable vis-à-vis des autres
associés.
VII. Les assemblées d’associés
Les règles qui gouvernent la tenue des assemblées
d’actionnaires des SPA sont lourdes et nombreuses.
Nous nous bornerons ici à indiquer les majorités requises et
signaler quelques particularités fondamentales les décisions
sont évidemment prises à la majorité en capital, mais certaines
actions ne donnent pas de droit de vote.
• Assemblée générale ordinaire (AGO)
La prise de décision est soumise, sur première convocation,
à la réunion d’un quorum d’un quart des actions ayant le
droit de vote. A défaut, il faudra convoquer une nouvelle
assemblée qui pourra statuer sans exigence de quorum, à la
majorité simple des voix des actionnaires présents ou
représentés.
• Assemblée générale extraordinaire (AGE)
Tous les actionnaires peuvent y participer et là encore la loi
prévoit des exigences de quorum et de majorité qualifiée.
A la première convocation, le quorum nécessaire pour que
l’assemblée puisse valablement statuer est de la moitié des
actions ayant le droit de vote. A défaut, il faudra procéder à
une deuxième convocation et la loi fixe là encore une
exigence de quorum, cette fois-ci ramené au quart des
actions ayant le droit de vote.
En principe, la majorité requise est celle des deux tiers des
voix des actionnaires présents ou représentés.
A NOTER. Le législateur a donné au comité de
participation (institué par la loi n°90/11 relative aux
relations de travail modifiée et complétée) un véritable droit
de contrôle des SPA. Avant la tenue d’une assemblée, le
conseil de participation a droit à la communication des
mêmes documents que ceux fournis aux actionnaires.

VIII Le contrôle de la SPA


Le contrôle exercé par les actionnaires n’est pas suffisant.
Aussi le législateur organise-t-il un control par des
professionnels tel que le contrôle permanent assuré par les
commissaires aux comptes.
• CHOIX ET NOMINATION DES COMMISAIRES
AUX COMPTES
C’est l’assemblée générale ordinaire des actionnaires qui
désignent les commissaires aux comptes, qu’elle choisit parmi
les professionnels inscrits sur le tableau de l’ordre national.
Le nombre des commissaires aux comptes n’est pas fixé par le
législateur algérien.
A défaut de nomination des commissaires aux comptes par
l’assemblée générale ou en cas d’empêchement ou de refus de
ces derniers, le conseil d’administration ou le directoire peut
demander en référé la désignation d’un commissaire aux
comptes (art.715 bis 4).
Cette demande en justice peut également être introduite par
tout intéressé. Les commissaires aux comptes désigné en
justice cesse ses fonctions des que l’assemblée générale
nomme un ou plusieurs commissaires aux comptes (art.715 bis
8).
Les commissaires aux comptes sont nommés pour trois
exercices (art.715 bis 7). Leurs fonctions prennent fin après la
réunion de l’assemblée générale statuant sur les comptes du
troisième exercice.
Il peut être procédé par l’assemblée générale au
renouvellement des mandats des commissaires aux comptes.
Quant le renouvellement du mandat d’un commissaire aux
compte n’a pas été proposé à l’assemblée générale, celui-ci
peut, s’il le demande, être entendu par cette assemblée (art.715
bis 5).
Le commissaire aux comptes nommé par l’assemblée en
remplacement d’un autre ne demeure en fonction que jusqu’à
l’expiration du mandat de son prédécesseur (art.715 bis 7).
2. MISSION DU COMMISSAIRE AUX COMPTES
Les commissaires aux comptes n’ont pas à s’immiscer dans la
gestion de la société. Ils sont investis d’une mission de
contrôle, d’information, de dénonciation des faits délictueux.
• Contrôle
Les commissaires aux comptes doivent vérifier les documents
comptables de la société.
Ils doivent vérifier la conformité de la comptabilité aux règles
en vigueur.
Ils doivent vérifier la véracité des informations contenues dans
les rapports de gestion du conseil d’administration ou du
directoire.
• Dénonciation des irrégularités
Les commissaires aux comptes doivent signaler à l’assemblée
générale la plus proche toute irrégularité et inexactitude
relevées au cours de l’accomplissement de leur mission (article
715 bis 13).
Ils ont l’obligation de révéler au procureur de la république
tous les faits délictueux dont ils ont eu connaissance. Il s’agit
bien entendu des faits délictueux en rapport avec le
fonctionnement des organes de la société.
Ils sont civilement responsable des infractions commises par
les administrateurs ou le directoire lorsqu’ils en ont eu
connaissance et qu’ils ne les ont pas révélées à l’assemblée
générale ou au procureur de la république (art.715 bis 14).
3. obligation d’alerter le conseil d’administration ou le
directoire
Les commissaires aux comptes sont tenus d’attirer l’attention
des dirigeants sociaux sur tout fait de nature à compromettre la
continuité de l’exploitation. La procédure d’alerte comprend
trois phases :
a/ les commissaires aux comptes doit dans un premier temps
demander des explications au président du conseil
d’administration ou au directoire, lesquels sont tenus de lui
répondre (art.715 bis 11).
b/ A défaut de réponse ou s’il estime que la réponse donnée
n’est pas s’satisfaisante, il invite le président ou le directoire à
réunir le conseil d’administration ou le conseil de surveillance
pour qu’ils délibèrent sur les faits relevés. Le commissaire aux
comptes doit être convoqué à cette réunion.
c/ Si ces dispositions ne sont pas respectées ou si en dépit des
décisions prises le commissaires aux comptes constate que la
continuité de l’exploitation demeure compromise, il établit un
rapport spécial qu’il présentera à la prochaine assemblée
générale ou en cas d’urgence à une assemblée générale
extraordinaire qu’il convoque lui-même pour lui soumettre ses
conclusions.

• L’obligation d’information
a/information des dirigeants sociaux
les commissaires aux comptes doivent porter à la connaissance
du conseil d’administration ou du directoire et du conseil de
surveillance les renseignements relatifs :
-aux contrôles et vérifications auxquels ils ont procédés et les
différents sondages auxquels ils se sont livrés.
-aux postes du bilan et aux autres documents
comptables auxquels des modifications leur paraissent
nécessaire.
-aux irrégularités et inexactitudes constatées.
-les conclusions auxquelles conduisent les
observations et rectifications ci-dessus sur les résultats de
l’exercice comparés à ceux du précédent exercice.
L’article 715 ne précise ni le moment ni la forme dans laquelle
ces informations sont communiquées. Dans la pratique ces
informations sont communiquées avant la date de la réunion
du conseil d’administration ou du directoire au cours de
laquelle sont arrêtés les bilans et les comptes de l’exercice
écoulé.
b/ informations des actionnaires
les commissaires aux comptes doivent présenter des rapports
aux actionnaires.
-lors de l’assemblée générale annuelle, ils établissent deux
rapports dont l’un est général et l’autre spécial.
Le rapport général rend compte des vérifications que la loi
impose aux commissaires aux comptes. Ils certifient ou
refusent la certification de l’inventaire, des comptes sociaux et
du bilan (art.715 bis 4). Ils mentionnent dans leur rapport la
sincérité des informations qu’il contient. Ce rapport doit
également mentionner tous les faits relatifs à la vie sociale
entrant dans leurs prérogatives telles que les modifications
apportées à la présentation des comptes annuels ou à la
méthode de leur évaluation, les irrégularités et inexactitudes
qu’ils ont eu à relever dans l’exercice de leur mission, etc.
Le rapport spécial concerne les conventions conclues
directement ou indirectement entre la société et l’un de ses
administrateurs, DG, membre du directoire ou du conseil de
surveillance.
-lors des assemblées générales extraordinaires les
commissaires aux comptes établissent un rapport lorsque
notamment il y a eu une réduction du capital, une
transformation de la société et en cas d’irrégularité pouvant
compromettre l’exploitation de la société (art.715 bis 11).
III. CESSATION DE FONCTION DES COMMISSAIRES
AUX COMPTES
Les fonctions de commissaires aux comptes prennent fin par
l’arrivée du terme, la démission, la révocation, la récusation, la
dissolution de la société, son redressement judiciaire.
• LA RECUSATION
Elle peut être demandée au tribunal de commerce par un ou
plusieurs actionnaires représentant au moins le dixième du
capital social, à condition qu’ils se prévalent d’un juste motif.
Cette récusation si elle est prononcée entraine la cessation de
fonction des commissaires aux comptes. Un nouveau
commissaire aux comptes est alors désigné par le président du
tribunal, qui restera en fonction jusqu’à la désignation par
l’assemblée générale d’un autre commissaire aux comptes
(art.715 bis 8).
• LA REVOCATION
En cas de faute ou d’empêchement, les commissaires aux
comptes peuvent être relevés de leurs fonctions par décisions
de justice à la demande du conseil d’administration ou du
directoire ou d’un ou plusieurs actionnaires représentant au
mois le dixième du capital social ou de l’assemblée générale
(art.715 bis 9).
Les commissaires aux comptes commet une faute quant il
exécute mal ou n’exécute pas sa mission. Il est empêché quant
il devient in câble d’exercer ses fonctions dans les conditions
et délais requis (éloignement, maladie, etc.).

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