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CHAPITRE 1 : LA VIE D’UNE SOCIETE

Il convient de rappeler que la société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui
conviennent par un contrat d'affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en
vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter. Ce n’est que plus tard qu’ont été instituées
les sociétés unipersonnelles qui, aujourd’hui tiennent un grand rôle dans le monde des
affaires. Comme toute personne juridique, sa vie commence par la naissance (section I),
autrement dit la constitution de la société et se termine par la fin de la personnalité juridique
(section II), plus précisément par la dissolution de ladite société.

Section 1 : La naissance d’une société


1 – 1 : Notions sur la société
Généralement, l’établissement d’une société résulte d’un contrat social conclu entre
les associés fondateurs de celle-ci. Pour qu’une personne puisse accéder à la qualité d’associé,
il est indispensable, pour elle, de fournir des apports : en numéraire, en nature et en industrie.
Il faut se référer à la forme juridique choisie de la société pour connaître quels sont les apports
qui y sont autorisés. (cf. chapitre II)
Il est aisé d’espérer se partager les bénéfices mais se constituer en société inclue
également le partage d’éventuelles pertes. D’où la nécessité de formaliser la constitution
d’une société par écrit et par l’accord de volontés.
D’un point de vue positif, la société unipersonnelle ne présente aucunement une telle
contrainte car l’unique personne fondatrice de la société n’a nullement besoin de se mettre
d’accord avec d’autres associés, il peut convenir comme bon lui semble.
Pour connaître le droit qui s’applique à la société, il est nécessaire de distinguer les
sociétés civiles des sociétés commerciales. Les sociétés civiles ne peuvent effectuer que des
opérations civiles, exemple : les professions libérales (l’expert-comptable, le médecin, le
notaire, l’avocat, le huissier), l’artisan, l’agriculteur, l’enseignant. C’est en ce sens qu’elles
sont soumises aux règles de droit commun. Inversement, les sociétés commerciales effectuant
des activités commerciales sont soumises aux règles du droit commercial.
Pour être admise dans le secteur formel, une société doit avoir un contrat social,
s’enregistrer à l’INSTAT, obtenir un numéro d’identification fiscale avec un régime fiscal
bien défini, et s’inscrire au Registre de Commerce et des Sociétés (RCS), cette dernière action
lui permettant d’obtenir une immatriculation. Au regard de la loi, la personnalité juridique
d’une société commence au moment de cette immatriculation au RCS.

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1 – 2 : La constitution de la société
Les règles juridiques du droit des contrats s’appliquent au contrat social.
Le consentement
Pour être valide, le consentement donné par les associés (au minimum deux) doit
êtresans erreur, sans dol et sans violence.
La capacité des associés
Quant à la capacité des associés, il est évident que les mineurs soient incapables
d’exercer eux-mêmes leurs droits et de s’acquitter de leurs obligations. C’est ainsi qu’ils
doivent être représentés dans les actes de la vie juridique par leurs représentants légaux.
Néanmoins, il est possible de recourir à l’émancipation à 16 ans. Cela peut résulter de sa
volonté ou bien d’un mariage. Le mineur émancipé est ainsi considéré comme capable au
même titre qu’une personne majeure, pour tous les actes de la vie civile. En effet, il n’accède
à la capacité commerciale qu’à partir de 18 ans.
Certains majeurs sont sous tutelle ou sous curatelle compte-tenu de leur état de santé
physique ou mentale. Et il y a aussi les interdits légaux condamnés à une peine privative de
liberté, afflictive ou infamante qui ne jouissent pas de tous leurs droits. Ces deux catégories de
majeurs ne peuvent pas non plus conclure ni des actes tant civils ni commerciaux.
Les sociétés qui exigent la capacité commerciale sont : la Société de Nom Collectif
(SNC) d’une part, et la Société en Commandite Simple (SCS) ou par Actions (SCA) pour les
associés commandités d’autre part. Et les sociétés qui exigent la capacité civile sont les
sociétés civiles.
L’objet social et la cause sociale
Les associés fondateurs conviennent à l’unanimité de l’objet social qui doit bien
évidemment être licite. Il permet de délimiter le secteur d’activité auquel la société va se
livrer. Il faut voir si l’activité n’est pas régie par des règles particulières. (Ex : vente d’alcool
ou de tabacs) Il est inscrit à la fois dans le contrat social et dans les statuts de la société.
Un dernier point sur les conditions générales de validité du contrat social : la cause.
Elle doit être licite Elle doit être licite et morale. Une cause illicite ou contraire aux bonnes
mœurs entraîne la nullité du contrat de société. (Ex : financement d’un trafic de drogues)
L’apport
Quant aux conditions spécifiques de la constitution de la société, il est à noter que
l’apport est obligatoire. Il doit être effectif. Un brevet périmé ou bien un bien fictif peuvent
être des causes de nullité de la société.
Un apport en nature peut être fait en pleine propriété, en jouissance ou en usufruit.
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Pour éviter une sous-évaluation ou une surévaluation de l’apport, la société peut
recourir aux services d’un commissaire aux apports.Lorsque le bien mis en apport est
commun (issu du régime de communauté des biens), l’époux apporteur devra tantôt obtenir
l’accord de l’autre conjoint et en apporter la preuve à la société.
Notons que toute société doit avoir un capital social qui est indiqué dans ses statuts.
Répartition des pertes et des bénéfices
En principe, la participation au résultat est proportionnelle à la participation de chacun
des associés au capital social. Toutefois, les statuts peuvent prévoir une participation
différente ou une clause léonine qui consiste à exclure un associé de la totalité des bénéfices
ou de toute contribution aux pertes. A l’inverse, elle peut également consister à réserver
l’intégralité des bénéfices ou de la contribution aux pertes à un seul associé.
L’affectio societatis
L’affectio societatis est une condition essentielle, voire même vitale, à la conclusion
d’un contrat social : la volonté des associés de participer à la réalisation de l’activité.
Rédaction des statuts
Il convient également de rédiger des statuts prévoyant tous les cas d’organisation et de
fonctionnement dès sa constitution jusqu’à l’arrêt éventuel de ses activités. Dans les statuts
doivent figurer la dénomination sociale, le siège social, l’objet social, le montant du capital
social, la forme juridique de la société qui doit être connue à l’avance, et la durée de la société
dont le maximum est fixé à 99 ans prorogeable.
Après la signature des statuts, les clauses statutaires ont pour objet de règlementer la
constitution et le fonctionnement d’une future personne morale et ne prendrons effet qu’à
l’immatriculation.
Le changement de forme juridique se fait par la prise de décision à l’unanimité.
Mesure de publicité et d’immatriculation
L’immatriculation au Registre de Commerce et des Sociétés lui confère la personnalité
juridique. La constitution d’une société doit faire l’objet d’une publicité au journal officiel.
L’absence d’intention de s’immatriculer
Parfois, les associés n’ont pas l’intention de s’immatriculer. L’une des raisons en
estl’absence de conscience de participer à une société (société créée de fait). Dans ce cas, les
associés sont responsables des dettes sociales indéfiniment, c’est-à-dire sur l’ensemble de leur
patrimoine personnel.

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La société en formation
Lorsque les associés ont l’intention de s’immatriculer, la société peut bénéficier du
régime juridique de la société en formation.La société en formation se livre à des actes
préparatoires à l’activité sociale tels que l’achat de matériels, l’embauche, la conclusion d’un
bail ainsi qu’à des actes démarrant l’activité.Seule la personne ayant passé l’acte pour le
compte de la société en formation en est responsable. Lorsque plusieurs personnes ont agi
pour le compte de la société en formation à propos d’un même acte, la loi retient leurs
responsabilités indéfinies avec ou sans solidarité selon la nature de l’activité. Les associés qui
n’ont pas participé à l’acte sont exonérés de responsabilité (et par « participer », on entend «
signer »).Après la signature des statuts, les associés peuvent donner mandat à une personne
(associée ou non) de passer un ou plusieurs actes pour le compte de la société en formation. Si
le mandataire respecte son mandat, tous les associés sont responsables indéfiniment. S’il ne le
respecte pas, il est seul responsable.

Section 2 : La fin de la personnalité juridique d’une société


2 – 1 : Le redressement
Le redressement décidé par les associés
Le redressement est approuvé à l’unanimité des associés lorsque les faits démontrent
que la société devrait cesser ses activités compte tenu des difficultés auxquelles elle fait face.
Ce redressement ne pourra pourtant pas se faire sans plan de secours. Il faudra rédiger et
préparer un plan de redressement.
Comme il s’agit généralement de problèmes financiers, il est nécessaire de connaître
comment obtenir plus de fonds pour redémarrer les activités et payer tous les créanciers. Si le
plan de redressement faille à sa mission, il faudra, tout compte fait, procéder à la liquidation.
Le redressement judiciaire del’entreprise
Le redressement judiciaire est prononcé par le juge lorsque l’entreprise en cessation
des paiements est susceptible d’être renflouée. Il est soumis à des conditions de
déclenchement strictes.
La société sera mise en observation. Dans ce cas également, il faudra préparer un
plan de redressement. Si les associés n’arrivent pas à trouver une solution pour la continuation
des activités, le juge devra prononcer la liquidation judiciaire.
Les conditions d’ouverture du redressement
Seules les entreprises commerciales,artisanales, agricoles et les personnes morales de
droit privé peuvent faire l’objet de redressement.La société doit être réellement en difficulté.

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Ils sont concrètement dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec les
actifs disponibles, l’embarras passager de trésorerie.
Le tribunal peut être saisi soit par les créanciers qui assignent la société à la suite
d’un défaut de paiement, soit par le débiteur lui-même qui déclare volontairement son état de
cessation des paiements auprès du greffe de la juridiction compétente. Le jugement
d’ouverture intervient dès lors que toutes les conditions sont réunies.Avant de se prononcer, le
tribunal peut ordonner une enquête préalable.
De manière générale aussi, il est interdit deconsentir des sûretés portant sur l’actif de
l’entreprise. Il faudra alors que tous les actes contribuent à la préservation del’actif ou à la
conservation des capacités productives de l’entreprise.
Le plan de redressement
Le plan de redressement sera approuvé par le juge. Le plan ainsi adopté doit être
respecté par le débiteur. Si le débiteur souhaite effectuer quelques modifications, il devra
acquérir l’autorisation du tribunal.
Le plan de redressement comporte toujours deux volets : la stratégie économique et
financière de l’entreprise d’une part, et la restructuration du personnellorsque l’entreprise est
employeur. Ainsi doit être précisé le niveau desemplois maintenus, le nombre de
licenciements à effectuer et lesmesures de reclassement affectant les salariés. Ces mesures
sont lerésultat de concertations avec les représentants des salariés dont l’avisest sollicité.
Le plan de cession qui constitue une option moins répandue dans lapratique prévoit
un sauvetage par la reprise de l’entreprise. Cette reprisen’est possible que si des « repreneurs
» ont fait des offres de cession aucours de la période d’observation.
L’apurement du passif se fonde sur un classement légal qui conduit à
rembourserd’abord les créanciers privilégiés, puis les créanciers ordinaires.
2 – 2 : La dissolution entraînant la liquidation
La société prend fin par l’expiration de sa durée de vie prévue dans les statuts, par la
réalisation ou l’extinction de son objet, par décision des associés conformément aux règles
prévues dans les statuts, par décision du juge suite à la demande d’un associé pour justes
motifs, ou pour toute autre cause prévue par les statuts. La dissolution se concrétise par une
liquidation.
Il est possible pour les créanciers de faire opposition à la dissolution, devant le tribunal
de commerce. Le tribunal rejette l'opposition ou ordonne le remboursement des créances.

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Les mesures de publicité
La dissolution n’est opposable aux tiers qu'à compter de sa publication au RCS. Puis il
faudra la publier au journal officiel.
La liquidation consiste à un règlement du passif sur les éléments de l'actif, à convertir
ces éléments en argent de manière à ce que le partage puisse être effectué.
La mention “ société en liquidation ” ainsi que le nom du ou des liquidateurs doivent
figurer sur tous les actes et documents émanant de la société et destinés aux tiers.
Le(s) liquidateur(s)
Un ou plusieurs liquidateurs sont nommés en assemblée à la majorité nécessaire pour
le changement de statuts. Le choix du liquidateur est libre. Sans nomination par les associés,
celui-ci peut être désigné par une décision de justice à la demande de toute personne ayant un
intérêt à agir. Le montant de sa rémunération sera connu au moment de sa désignation.
Cession de tout ou partie de l’actif
La cession de tout ou partie de l’actif de la société à une personne ayant eu un rôle
important dans la société doit avoir l’aval du tribunal de commerce avec l’avis du liquidateur
et du commissaire aux comptes, à moins les associés ont approuvé cette cession à l’unanimité.
La cession de tout ou partie de l'actif de la société en liquidation au liquidateur, à ses
employés ou à leurs conjoints, ascendants ou descendants, est interdite. La cession globale de
l’actif de la société à une autre société par voie de fusion est recommandée pour éviter les
frais de liquidation.
Sous réserve des droits des créanciers, le liquidateur décide s'il y a lieu de distribuer
les fonds disponibles en cours de liquidation.
Dans le cas d’une SARL, le juge peut décider que les dettes sociales seront supportées
par le gérant jusqu’à concurrence d’un montant déterminé. Pour dégager leur responsabilité,
ces gérants doivent faire la preuve qu’ils ont géré les affaires sociales avec diligence.
La durée de la liquidation ne doit excéder les trois ans à compter de la décision de
dissolution. Une assemblée de clôture est prévue pour approuver les comptes définitifs, qui
seront déposés en annexe au registre du commerce et des sociétés. Les formalités ainsi
réalisées permettent la radiation de la société dans les RCS.
Section 3 : Questions de réflexion
1. A quel point les mesures de publicité sont nécessaires à la vie de la société ?
2. La liquidation est-elle la seule option pour une société en difficulté ?
3. L’objet social peut-il être modifié lorsque la société a déjà été immatriculée ?

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CHAPITRE 2 : Les choix de forme juridique
Section 4 : Les sociétés de personnes
Dans les sociétés de personnes, la considération de la personne de l’associé est
essentielle. Les parts sociales ne sont pas librement cessibles. Dans ces sociétés, la
responsabilité des associés est illimitée. L’exception porte sur les commanditaires qui n'ont
pas de responsabilité illimitée.
4 – 1 : La société en nom collectif (SNC)
C’est la forme primitive de la société.
Dans cette société, tous les associés ont la qualité de commerçants. Ils répondent
indéfiniment et solidairement des dettes sociales. C’est une société à fort intuitu personae
comprenant un petit nombre d’associés qui se connaissent bien. Les associés des SNC sont
soumis personnellement à l’impôt sur le revenu pour la part des bénéfices sociaux leur
revenant. Pour les entrepreneurs, la responsabilité illimitée n'est pas incitative ce qui explique
le faible nombre de ce type de sociétés.
Les droits de l'associé
Les associés d’une SNC sont au moins au nombre de deux. Leur apport peut être
minime puisqu’en raison de leur responsabilité indéfinie, la loi n’exige pas un montant de
capital social minimum.
Les associés ont le droit d’être informés de tous les documents sociaux ; le droit de
poser au gérant; le droit d’obtenir les comptes sociaux, le rapport de gestion, le rapport du
commissaire aux comptes s’il existe, et le texte des résolutions.
En principe, chaque associé détient une seule voix et les décisions doivent être prises à
l’unanimité. Les statuts peuvent cependant prévoir d’autres solutions (sauf pour la révocation
des gérants et la transmission des parts).
La cession des parts sociales :
Les parts sociales ne peuvent être représentées par d'autres personnes que leur
propriétaire. Toute cession ou succession, quel que soit le bénéficiaire, requiert le
consentement unanime des associés. Toute clause contraire est réputée non écrite. Il est
impossible de rédiger une clause léonine dans ce type de société. Un associé peut se défaire de
cette situation en optant pour une convention de croupier. C’est un accord de volontés par
lequel un associé s’entend avec un tiers afin de partager les droits financiers résultant de la
qualité d’associé. Ce type de convention est secret.

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Les tiers ont la garantie concernant l'identité des associés en nom. Les mesures de
publicité, sont requises en cas de changement des associés, notamment celui qui se retire car il
risque de rester responsable indéfiniment et solidairement aux yeux des tiers.
Si l’un des associés meurt, la société prend fin, sauf clause de continuation. Il peut
alors être stipulé que dans ce cas, la société continuerait avec son héritier ou seulement avec
les associés survivants. Il peut aussi être prévu que l’héritier devra être agrémenté par
l’unanimité des associés. Lorsque la société continue avec les seuls survivants ou lorsque
l’héritier n’est pas agrémenté, ce dernier a droit à la valeur des droits sociaux du défunt.
Engagement indéfinie et solidaire des associés
Tous les associés sont responsables indéfiniment et solidairement des dettes sociales.
Si un associé se retire d’une société en nom collectif grâce à une clause statutaire, cet
associé reste tenu des dettes de la société antérieures à son départ, à condition d’une publicité
régulière. Inversement, un nouvel associé est évidemment tenu des dettes sociales postérieures
à son entrée.
L’associé peut être poursuivi par un créancier une fois que ce dernier a mis la société
en demeure de payer en lui signifiant un acte d’huissier. Le créancier peut poursuivre à son
choix l’un quelconque des associés et lui réclamer la totalité des sommes dues par la société.
L’associé qui a payé dispose d’un recours contre les autres associés.
La gérance
La société en nom collectif est administrée par un ou plusieurs gérants. Le gérant est
généralement un associé. Le gérant statutaire est moins révocable que le gérant non-
statutaire.Les associés non-gérants doivent intervenir afin d’autoriser le gérant à accomplir
des actes qui excèdent ses pouvoirs dans le cadre d’une assemblée générale. Le gérant engage
la société pour les seuls actes entrant dans l’objet social.
Si rien n’avait été prévu, tous les associés seraient gérants. A moins d’une répartition
de pouvoirs entre eux, chacun a le pouvoir d’engager la société comme le ferait un gérant
unique, sous réserve d’une possibilité d’opposition par les autres associés.
La dissolution
Les causes spécifiques de dissolution d’une SNC sont la mort, le retrait, la survenance
d’une incapacité d’un des associés, sauf clause de continuation.
Dans tous les actes et documents émanant de la société qui veut être dissoute, la raison
sociale doit être suivie des mots « société en liquidation ». La dissolution doit toujours être
publiée au RCS et ne produit d’effet à l’égard des tiers qu’à compter de cette mesure de
publicité.

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4 – 2 : La société en commandite simple (SCS)
La commandite simple se conclut entre un ou plusieurs associés : les
commandités(responsabilité indéfinie et solidaire) d’une part, et les commanditaires (un ou
plusieurs associés simples bailleurs de fonds) d’autre part.
Elle porteune dénomination sociale qui doit être nécessairement celui d’un ou
plusieurs des associés responsables et solidaires.
Les commandités et les commanditaires
En tout point, les commandités ont les mêmes critères que les associés dans les SNC.
A contrario, le commanditaire n'est pas un commerçant. Un mineur non autorisé à
faire le commerce peut être commanditaire, soit qu’il hérite de cette situation, soit que la part
de commandite soit souscrite pour lui par son représentant légal.Le commanditaire n’est
responsable des dettes sociales qu’à concurrence de son apport.
La dénomination sociale ne peut contenir que les noms des commandités. Si un
commanditaire laissait insérer son nom dans la dénomination sociale, il assumerait que les
commandités.Au même titre, il est défendu au commanditaire de s’immiscer dans la gestion
de la société. Il ne peut faire aucun acte de gestion externe, même en vertu de procuration.
Le gérant
Sont valables les clauses d’après lesquelles le gérant devra, dans certaines situations
ou avant de procéder à certaines opérations, prendre l’avis ou même recueillir l’accord des
commanditaires. On admet également que les commanditaires puissent révoquer le gérant et
qu’ils soient appelés, en cas de décès, de retraite ou de révocation d’un gérant, à participer à la
désignation de son remplaçant. La loi permet aux commanditaires d’obtenir la communication
de documents sociaux et de poser des questions aux gérants.

Section 5 : Les sociétés de capitaux


Dans les sociétés de capitaux, les capitaux sont plus importants que la relation
humaine entretenue avec les associés. Nous parlons d ‘ « actions » dans les sociétés de
capitaux pures.

5 – 1 : Les sociétés à responsabilité limitée (SARL)


La SARL est à mi-chemin entre la société de personnes et la société de capitaux.
La responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports. Les droits des
associés sont représentés par des parts sociales qui ne sont pas librement cessibles. Cette
forme juridique de la société est la structure la plus adaptée pour les entreprises de taille
moyenne.

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Constitution de la SARL
La SARL a au minimum deux associés et au maximum 100 associés. S’ils venaient à
dépasser ce nombre, la société devrait réduire le nombre d’associés ou se transformer dans
l’année en une autre forme sociale moins contraignante. Les associés ne sont pas
commerçants.
Tous les types d’apports sont autorisés. Les apports en nature doivent être évalués par
un commissaire aux apports désigné à l’unanimité des futurs associés et être écrits dans les
statuts. Les apports en industrie sont autorisés sans limitation. Ces apports ne concourent pas
à la formation du capital social. Par contre, ils peuvent être valorisés pour obtenir des parts
sociales.
Le capital social de la société à responsabilité limitée prévu à l’article 327 de la loi sur
les sociétés commerciales ne doit pas être inférieure à 2.000.000 d’Ariary, si la société compte
plusieurs associés. La valeur nominale des parts sociales est de 20.000 Ariary.
Les associés
Ils ont droit à une information permanente sur les comptes annuels, les rapports de
gestion et les procès-verbaux des trois dernières années.
Le droit de vote s’exerce dans le cadre des assemblées. La tenue de l’Assemblée est
obligatoire pour approuver les comptes annuels, le rapport de gestion et l’inventaire
L’Assemblée est convoquée par le gérant. Les décisions doivent y être prises à la majorité.
Chaque part sociale donne droit à une voix. La majorité absolue est exigée pour l’approbation
des comptes, des conventions règlementées, et la désignation des gérants. L’Assemblée n’a
pas à se prononcer sur les opérations courantes conclues dans des conditions normales.
La majorité des trois quarts est exigée pour l’augmentation ou la réduction du capital.

Le droit aux bénéfices


En principe, les bénéfices sont distribués proportionnellement au nombre de parts.
Mais il est possible de prévoir autrement par les statuts.

La cession des parts


La cession doit être constatée par un écrit. L’original peut ensuite être déposé au siège
de la société. Il est également possible d'informer la SARL de la cession en la lui signifiant
par acte d’huissier.
La SARL est une société ou la considération de la personne et importante. La cession
de parts sociales n’est pas toujours libre. Entre coassociés, la cession est en principe libre.

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Les parts sociales sont librement transmissibles par voie de succession et librement
cessibles entre conjoints et entre ascendants et descendants. Néanmoins, dans ces cas, les
statuts peuvent prévoir une clause d’agrément.
Notons également que l’agrément est inéluctable dans une cession au profit d’un tiers.
La gérance
La SARL est gérée par une ou plusieurs personnes physiques. Les gérants peuvent être
choisis en dehors des associés. La nomination des gérants est décidée à la majorité de plus de
la moitié des parts sociales. Les statuts peuvent exiger une majorité plus élevée. Une publicité
de la nomination du nouveau gérant doit être réalisée, principalement au registre du
commerce et des sociétés.
Un gérant peut cumuler sa fonction avec un contrat de travail conclu avec la société.
Le contrat de travail doit correspondre à un travail effectif et il doit exister une nette
indépendance entre les fonctions de gérant et de salarié de la société.
Les tiers n’ont pas à tenir compte des clauses statutaires limitant les pouvoirs du
gérant. Les fautes commises par les gérants dans l’exécution de leur mandat engagent leur
responsabilité envers la société.
Le gérant peut être révoqué par décision des associés même si cela n’a pas été prévu à
l’ordre du jour. Pour autant, la révocation sans justes motifs donne droit à une indemnisation.
La transformation et la dissolution
La transformation d’une SARL en SNC ou en société en commandite exige l’accord
unanime des associés. La transformation en SA nécessite l’accomplissement de plus de
procédures. (Voir les conditions particulières à respecter dans une société anonyme)
La dissolution est prononcée à la majorité. En cas de carence, tout intéressé peut
demander en justice la dissolution.
La société unipersonnelle à responsabilité limitée (SARLU)
La SARLU est une société avec une seule personne. Il faudra mentionner dans la
dénomination sociale et dans les autres documents la forme juridique de la société. La
SARLU paie plus d’impôts que dans une entreprise individuelle qui ne prend pas la forme
d’une société, puisqu’il est possible de mieux contrôler les fonds utilisés dans une société. La
création d’une société unipersonnelle résulte d’un acte unilatéral. La gérance est assurée par
l’associé unique ou un tiers désigné par lui.
Le capital social d’une SARLU ne doit être inférieur à 1.000.000 d’Ariary.
La dissolution de la société unipersonnelle entraîne la transmission de son patrimoine
à l’associé unique.

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5 – 2 : La société anonyme (S.A)
La Société anonyme est une structure adaptée aux grandes entreprises. Dans la S.A,
tout est plus compliqué. C’est qu’il s’agit de protéger et de prendre en compte des intérêts
d’un grand nombre de personnes.Beaucoup d’actionnaires n’exercent pas les droits qui leur
sont conférés. En général, l’absentéisme aux assemblées est considérable.
Le pouvoir de contrôle va être confié à des professionnels, tels que les commissaires
aux comptes. Et les salariés sont une composante importante de l’entreprise.
Constitution de la Société Anonyme
La société anonyme comprend au minimum 7 actionnaires.
Le capital social minimum est de 10.000.000 d’Ariary si la société comprend plusieurs
associés.Le montant nominal de l’action est de 20.000 Ariary. Seuls les apports en nature et
en numéraire sont autorisés. Les apports en nature font inéluctablement l’objet d’une
évaluation.
La variation du capital qui constitue une augmentation ou bien d’une réduction obéit à
un certain nombre de règles.L’Assemblée Générale Extraordinaire est seule compétente pour
décider de l’opération.
Au lieu de procéder à une réduction du capital, les actionnaires peuvent décider
d’imputer les pertes sur les réserves.
Rédaction des statuts
Les statuts doivent contenir un certain nombre de mentions l’identité des signataires,
la spécification de la forme anonyme de la société, sa durée, sa dénomination sociale, son
siège social, son objet social, le montant du capitalsocial, le nombre d’actions émisesavec
indication de leur valeur nominale, la spécification des apports en nature, la composition, le
fonctionnement et le pouvoir des organes sociaux mais aussi les règles de partage des
bénéfices.
Les statuts sont signés et paraphés par les associés.

Sanctions des règles de constitution


Il est nécessaire de dissoudre la société anonyme si le capital social venait à descendre
au-dessous du minimum légal imposé et fixé par la loi.
Le contrat social peut être annulé pour les vices qui peuvent annuler un simple contrat.
L’annulation d’une société peut causer un dommage qu’il faut réparer.

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La direction et le Conseil d’administration (CA) de la société anonyme
Le Président se contente de présider le conseil d’administration et le Directeur Général
assure les fonctions de direction et de représentation.
La S.A est administrée par un CA de 3 membres au moins et 12 au plus. Le nombre de
siège disponible au CA doit être fixé dans les statuts. Il peut être stipulé dans les statuts que le
conseil comprend des administrateurs élus par les salariés. Le nombre de ces salariés ne peut
être supérieur à 4 ni excéder le tiers du nombre des autres administrateurs.
La durée du mandat des administrateurs est fixée librement par les statuts. Les
administrateurs sont indemnisés par des jetons de présence. Il leur est interdit de recevoir une
rémunération.Aussi les administrateurs jouissent d’un droit d’information et d’un droit
d’investigation sur toutes les affaires sociales. Et ils doivent agir dans l’intérêt social.
Chaque administrateur dispose d’une voix sauf disposition contraire des statuts. Le
Conseil ne délibère valablement que s’il réunit la moitié de ses membres.Les décisions du
Conseil sont prises à la majorité des administrateurs présents ou représentés, sauf si les statuts
prévoient une majorité plus élevée.
Quant à la direction, le Président Directeur Général (PDG) et les Directeurs généraux
(DG)sont élus chacun par le Conseil d’Administration. Ils ne sont ni commerçants ni
salariés.A l’égard des tiers, ilssont considérés comme des organes de la société. A l’égard des
actionnaires, ilssont considérés comme des mandataires.Le CA reçoit une compétence
exclusive pour fixer leur rémunération.
Ils peuvent être révoqués un à un à tout moment, sous réserve d’une indemnisation s’il
n’y a pas eu faute.
Les actionnaires
Les actionnaires sont tous titulaires d’actions. Chaque action donne droit à une voix.
Les statuts peuvent limiter le nombre de voix de chaque actionnaire dispose dans les
assemblées.L’actionnaire doit être au courant de tous les paramètres avant de voter.
L’action est un titre négociable. La transmission est très simple puisqu’aucune
formalité n’est exigée. Le cédant doit seulement signer un ordre de virement de compte pour
que les actions soient portées au nom du cessionnaire.
L’actionnaire a un droit au dividende. La mise en réserve des bénéfices peut être
décidée mais cette décision ne doit pas constituer un abus de majorité, c’est-à-dire que la
décision ne doit pas avoir été prise dans le but de nuire aux minoritaires.
En cas de dissolution, les actionnaires se répartissent le boni de liquidation.

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Contrôle dans une société anonyme
Ce contrôle peut être effectué par un commissaire aux comptes qui n’ont aucun lien
avec les dirigeants. Le Commissaire aux comptes ne peut être relevé de ses fonctions que par
décision de justice, et seulement en cas de faute ou d’empêchement. Il est tenu au secret
professionnel. Mais il doit dénoncer les faits graves qu’ils peuvent découvrir.
Les commissaires aux comptes certifient que les comptes annuels sont réguliers et
sincères et donnent une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice écoulé ainsi que
de la situation financière et du patrimoine de la société à la fin de cet exercice.
Le contrôle peut aussi être effectué par les actionnaires par la consultation des comptes
annuels, des comptes de gestion, des Procès-Verbaux des trois dernières années et par la
possibilité d’envoyer des questions aux dirigeants qui doivent être répondues par écrit et
obligatoirement par les dirigeants.
La réponse doit être communiquée au commissaire aux comptes.
Par ailleurs, il y a le Comité d’entreprise qui est facultatif mais courant dans les
sociétés qui ont plus de 50 salariés, qui contrôle la gestion de toutes les œuvres sociales ou
culturelles établies dans la société au bénéfice des salariés ou de leurs familles.

La dissolution
La société anonyme doit procéder à la dissolution si le capital social est au-dessous du
minimum légal.
La société anonyme doit également procéder à la dissolution lorsque les pertes de la
société constatées dans les documents comptables sont telles que les capitaux propres de la
société deviennent inférieurs à la moitié du capital social.
L’Assemblée est libre de décider de la dissolution ou de continuer la société.
La dissolution est suivie d’une liquidation. La personnalité juridique de la société est
maintenue jusqu’à ce que la liquidation prenne fin. Le liquidateur procède à l’extinction du
passif. Dans la pratique, il est recommandé recourir à une dissolution sans liquidation mais
plutôt à une transformation ou une fusion.
Section 6 : Questions de réflexion
1. Selon vos objectifs sociaux, quelle forme juridique vous convient le mieux ?
2. Comparez la société à responsabilité limitée et la société anonyme. Dites
laquelle est plus avantageuse, el laquelle présente le plus d’inconvénients ?

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CHAPITRE 3 : LES RISQUES ET LES RESPONSABILITES
DANS LA VIE D’UNE SOCIETE
Section 7 : La prévention du risque
7 – 1 : Les préventions légales ou contractuelles
Le législateur prévoit qu’en matière de paiement, plusieurs techniques juridiques
permettent d’anticiper ou de pallier la carence d’un créancier.
L’enrichissement injuste
L’enrichissement injuste se réclame des principes du droit civil et intervient
lorsqu’une personne s’enrichit au détriment d’une autre, sans justification juridique.
L’équilibre ainsi rompu peut être rétabli par trois mécanismes :
– L’action en répétition de l’indu qui permet à une personne d’obtenir la restitution de
ce qu’elle a versé par erreur à quelqu’un qui n’y avait pas droit ;
– La gestion d’affaires qui permet à celui qui, sans être mandaté ni avoir reçu pouvoir,
fait un acte dans l’intérêt d’une autre personne de se faire rembourser des frais engagés ;
– L’enrichissement sans cause qui protège celui qui enrichit une autre personne sans
qu’il y ait « cause », c’est-à-dire justification juridique. L’appauvri peut, à défaut de tout autre
moyen possible, intenter contre l’enrichi une action en indemnisation.
L’action directe
L’action directe est aussi un moyen simple de prévenir le non-paiement. Le créancier a
la possibilité de se faire payer entre les mains d’un tiers qui détient une dette envers son
débiteur sans avoir à actionner ce dernier. À titre d’exemple, le sous-traitant peut agir
directement en paiement contre le donneur d’ordre, le bailleur d’un immeuble commercial
peut agir contre le locataire de son locataire pour se faire régler le prix du loyer de même que
la victime d’un dommage peut agir directement contre l’assureur de l’auteur du dommage.
Le recours à l’information
Avant de contracter avec un partenaire ou de prendre une décision qui peut impliquer
« publiquement » une entreprise, il est souhaitable que le chef d’entreprise recueille un certain
nombre d’informations. Certes, le dirigeant peut avoir accès par des réseaux d’affinités ou
commerciaux à des informations privilégiées. Ainsi certaines agences d’affaires font le métier
de renseigner leurs clients sur la solvabilité des entreprises. En dehors de cette possibilité, le
droit offre l’accès à des registres officiels et de publicité légale ou à des moyens
d’informations centralisés

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Le recours à l’assurance
L’assurance constitue une technique de garantie des risques tant dans la vie privée que
dans la vie des entreprises. Tous les risques concevables peuvent aujourd’hui être assurés,
sauf les pertes et dommages provenant d’une faute intentionnelle ou dolosive de l’assuré
La préparation de la preuve
En cas de risque de contestation, l’entreprise doit prouver les droits dont elle entend se
prévaloir. Ceci suppose qu’elle puisse apporter la preuve du droit revendiqué.
La preuve permet non seulement de prévenir les litiges en décourageant un partenaire
disposé à plaider, mais elle permet aussi d’obtenir gain de cause si le litige est inéluctable.
L’entrepreneur doit prendre conscience que tout mode de preuve n’est pas admissible
et doit, si nécessaire, « préconstituer » sa preuve en vue d’une bonne administration de ses
prétentions en justice. La preuve écrite est recommandée.
7 – 2 : Le risque lié à la défaillance
Le traitement du risque de défaillance de l’entreprise s’inscrit dans une approche
linéaire liée au processus de vie de l’entreprise. L’état de cessation des paiements en constitue
le point de clivage. De la naissance de l’entreprise au franchissement de ce seuil, des
techniques de gestion, n’impliquant pas ou peu le pouvoir judiciaire, sont mises en œuvre
pour prévenir la défaillance et la traiter le plus tôt possible.
Le dépistage et l’alerte
Le dépistage est destiné, par l’élaboration d’un diagnostic permanent ou périodique, à
déceler les difficultés potentielles de l’entreprise. La prévention, par alerte, a quant à elle un
rôle de détection et de redressement précoce des causes de difficulté déclarées. Elle se fonde
sur un diagnostic ponctuel et clinique qui s’effectue lorsque certains signaux de difficulté
apparaissent.
Le choix des organes d’alerte obéit à deux soucis:
- privilégier une intervention interne, même si certaines interventions extérieures sont
admises;
- hiérarchiser l’exercice du droit d’alerte en le confiant à certains organes privilégiés en raison
de leur compétence ou de leur rôle au sein de la vie des entreprises.
Les alertes internes sont :
- L’alerte du commissaire aux comptes
- L’alerte du Comité d’entreprise
- L’alerte des associés
Les alertes externes peuvent être faites au juge du Tribunal commercial.

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Section 8 : La responsabilité appliquée à la vie des affaires
Les principes de responsabilité civile ou pénale s’appliquent donc à l’entreprise au
même titre à tous ses partenaires, avec parfois certaines adaptations (responsabilité des
experts-comptables, des commissaires aux comptes, des banquiers…). La liste des hypothèses
ne peut être exhaustive étant donné le nombre illimité de cas possibles. Nous avons procéder à
une sélection de cas qui nous semble courant.
8 – 1 : La responsabilité rattachée à la gestion
Dans la gestion de la société, chaque acteur principal prend le risque de responsabilité
pour chaque acte qu’il prend avec ses employés, ou avec les tiers. Le risque peut se présenter
à tout moment au travers des diverses fonctions qu’elle assume.
La responsabilité des dirigeants de sociétés
Le type de responsabilité des associés dépendent de la forme de société choisie. Il est
important de connaître l’engagement que les associés souscrivent vis-à-vis des dettes de la
personne morale.
On a pu distinguer, à cet égard, les sociétés de personnes qui entraînent un
engagement solidaire et illimité de leurs membres, des sociétés de capitaux et des SARL qui
reposent sur le principe de la responsabilité limitée.
Au-delà de ce clivage, les dirigeants de sociétés, qu’ils soient associés ou non,
s’exposent en raison de leur mandat social à un régime spécifique de responsabilité sur le plan
civil et pénal.
La responsabilité civile des dirigeants.
Deux types de responsabilité civile exposent les dirigeants sociaux : celle qu’ils ont à
l’égard de la société et des associés dont ils sont mandataires, et celle qui peut naître à l’égard
des tiers.
Les règles que les dirigeants sociaux figurent généralement dans les statuts, dans les
lois et les règlements, ainsi que dans leur acte de nomination.
Ils doivent œuvrer dans le respect total de l’intérêt social. Tous les actes de gestion ou
agissements nuisant à l’intérêt social constitue une faute, constituant un juste motif de
révocation du gérant.
Un mandat précis lui est confié. Il doit ne pas le dépasser. Si jamais, il dépasse les
pouvoirs qui lui ont été conféré, il pourra être poursuivi à cet égard même pour des faits
antérieurs à la cessation de ses fonctions.

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Ce régime de responsabilité repose sur le droit commun: il suppose une faute du
dirigeant, un préjudice pour la société et un lien de causalité.
L’action en responsabilité contre les dirigeants
L’action en responsabilité peut être individuelle ou sociale.
L’action individuelle est celle par laquelle un associé demande réparation d’un
dommage qu’il a personnellement subi. Telle est l’hypothèse d’un associé n’ayant pas reçu la
part de dividende à laquelle il avait droit.
L’action sociale est celle par laquelle est demandée la réparation d’un préjudice subi
par la société. Dans les S.A et les SARL, les actionnaires ou associés, s’ils représentent une
fraction du capital social, peuvent se regrouper et désigner un mandataire commun chargé de
les représenter pour engager l’action. En toute hypothèse, le résultat de l’action profite à la
société. Les dommages-intérêts éventuels étant alloués à la société et non aux demandeurs.
La responsabilité à l’égard des tiers
Le dirigeant est un mandataire social. Tout tiers, agissant en responsabilité contre la
société, implique son mandataire selon les règles de la représentation.
Tout acte effectué par un mandataire, engage la société vis-à-vis des tiers de bonne foi.
Le tiers peut toutefois engager la responsabilité personnelle du dirigeant, chaque fois
que ce dernier a commis une faute personnelle extérieure à l’activité de représentation.
La responsabilité pénale des dirigeants de sociétés
La responsabilité pénale peut être personnelle et détachée du mandat social. Les
dirigeants sociaux sont susceptibles de commettre un certain nombre d’infractions dont ils
doivent répondre à titre personnel, en tant que personnes physiques. Les hypothèses sont
multiples et renvoient à la variété des infractions définies par le code pénal: abus de
confiance, recel, faux et usage de faux, vol, escroquerie etc.
Les règles de fonctionnement des sociétés contiennent un nombre impressionnant
d’infractions sanctionnées pénalement: distributions de dividendes fictifs, non-respect des
règles liées à la tenue de la comptabilité, détournement d’actif, abus de biens social…
Dans le cas de la SARL, sont punis des peines d’escroquerie les gérants qui, en
l’absence d’inventaire ou au moyen d’inventaires frauduleux, ont opéré des distributions de
dividendes fictifs.
Dans le cas des sociétés anonymes, la loi réprime les émissions d’actions faites alors
que les versements requis n’ont pas été effectués.

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En dehors des fautes personnelles qu’ils peuvent commettre, les mandataires sociaux
peuvent également être responsables des infractions commises par la société. Certaines
infractions sont directement liées à l’exploitation de l’entreprise et résultent de
réglementations liées à son activité (transport, bâtiment et travaux publics.). D’autres sont
générales à l’ensemble des entreprises: droit du travail, fiscalité, législation économique sur
les prix, dommages liés à l’utilisation d’un produit, publicité …
Sauf cas particuliers prévus par les textes, le mandataire ne pourra s’exonérer de
l’accomplissement de la mission déléguée. Il ne doit pas avoir participé à la commission de
l’infraction.
Le non-respect des obligations fiscales et sociales
Lorsqu’un dirigeant social est responsable de manœuvres frauduleuses ou
d’inobservations graves, il peut être déclaré solidairement responsable du paiement de ces
dettes fiscales par le juge. Cette sanction s’applique aux dirigeants de fait et de droit.
La responsabilité de l’employeur peut également être engagée, en sa qualité
d’employeur, dans tout ce qui est relatif au paiement des cotisations sociales.
Le versement des cotisations et majorations de retard ne peut incomber qu’à la société.
La jurisprudence admet, cependant, une action récursoire de la société contre son
dirigeant en réparation du préjudice subi par la faute du dirigeant à l’origine du non-paiement
des cotisations et majorations de retard à la CNaPS.
La responsabilité dérivée du statut d’employeur
Elle a pour conséquence d’engager la responsabilité civile de l’employeur à l’occasion
des préjudices occasionnés par ses salariés ou par les représentants dans l’exercice de leur
fonction.
Les infractions commises par les subordonnés peuvent remonter jusqu’au chef
d’entreprise coupable de n’avoir pas veillé avec suffisamment d’attention au respect de
certaines règles. La commission d’une infraction par un salarié laisse supposer que le
dirigeant a failli à sa mission.
Les seules exonérations possibles sont dues au cas de force majeure ou la délégation
de pouvoir à un salarié compétent.
On rencontre cette forme de responsabilité dans le domaine des accidents du travail,
en matière de publicité mensongère, de contrefaçon…

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En droit social, sont principalement concernés: les délits d’atteinte à la vie ou à
l’intégrité physique des personnes, les délits liés à l’offre d’emploi, au refus d’embauche, aux
sanctions ou licenciements discriminatoires, aux conditions de travail et d’hébergement, au
travail dissimulé, au prêt de main-d’œuvre illicite…
8 – 2 : La responsabilité inhérente à l’échec de gestion
L’échec de gestion se concrétise dans le domaine de la défaillance de la société. Il en
résulte que le traitement judiciaire de l’entreprise n’a, en principe, aucune incidence sur la
situation de ses dirigeants.
Cette dissociation comporte toutefois certaines limites. Ainsi, il est possible de
sanctionner les dirigeants qui sont considérés comme responsables de cet échec de gestion
dans certaines hypothèses. Cette responsabilité ne pourra être déclenchée que si une procédure
de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire a été préalablement ouverte à
l’encontre de la société
Selon l’agissement reproché aux dirigeants, ces derniers peuvent faire l’objet de
sanctions distinctes intervenant sur des terrains différents : patrimonial, pénal ou personnel.
On distingue trois séries de sanctions envisageables, celles qui affectent le patrimoine
personnel du dirigeant, celles qui aboutissent à une condamnation pénale et celles, enfin, qui
affectent la personne de l’entrepreneur en le soumettant à certaines interdictions.
Les sanctions patrimoniales
Le dirigeant va devoir sur ses biens personnels, contribuer au paiement partiel ou total
du passif de l’entreprise défaillante.
La généralité du domaine d’intervention de la sanction s’applique également à la
personne du dirigeant qui peut être un dirigeant de droit ou de fait.
L’action en comblement du passif
Elle repose sur la commission d’une faute de gestion.
Ainsi une ou plusieurs erreurs de gestion ayant contribué à l’insuffisance d’actif
suffisent à justifier la condamnation du dirigeant. Seront reprochés une politique
d’investissement inadaptée, un défaut d’analyse de la rentabilité financière, une politique de
commercialisation.
La faute de gestion doit être prouvée.
Il leur est alors facile, à partir de l’existence d’un préjudice qui est l’insuffisance
d’actif, de mettre en évidence le lien de causalité existant entre ces fautes et l’existence d’un
passif. Le tribunal saisi a un large pouvoir d’appréciation dans l’étendue de la sanction.

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Il peut décider que les dettes de la personne morale seront supportées, en tout ou
partie, avec ou sans solidarité, par tous les dirigeants ou par certains d’entre eux. Les sommes
versées par le dirigeant entrent dans le patrimoine de la personne morale et sont affectées à
son redressement ou au paiement des créanciers.
Les sanctions pénales
Elles reposent sur la commission d’une infraction commise par les dirigeants et ont
pour conséquence principale le prononcé d’une peine d’emprisonnement et/ou d’une amende.
Le champ d’intervention de ces sanctions concerne des personnes qui sont, soit des
entrepreneurs individuels, soit des dirigeants de personnes morales ayant une activité
économique. La sanction peut éventuellement atteindre des complices qui n’ont pas la qualité
de chefs d’entreprises.
Sont sanctionnés le fait d’avoir retardé ou tenté d’éviter l’ouverture d’une procédure
en liquidation ou en redressement par des procédés ruineux ou frauduleux tels que achats en
vue de la revente au-dessous du cours, usage d’effets de complaisance…, le fait d’avoir
détourné ou dissimulé tout ou partie de l’actif, d’avoir augmenté frauduleusement le passif et,
enfin, l’absence de tenue comptable ou la tenue irrégulière, incomplète, fictive, voire
frauduleuse, des documents comptables…
Les sanctions personnelles
Il est possible de subir des sanctions personnelles. Ces sanctions sont destinées à
frapper « la personne » même du dirigeant en réalisant son élimination du circuit économique.
La faillite personnelle entraîne les effets suivants :
 Le failli est éliminé de la vie des affaires.
 Il lui est interdit de diriger, de gérer, d’administrer ou de contrôler, directement
ou indirectement, toute entreprise commerciale, artisanale ou agricole et toute
personne morale ayant une activité économique.
Section 9 : Questions de réflexion
1. Quelles précautions prendre avant de conclure un contrat avec un tiers ?
2. Quels sont les moyens pour le gérant de s’informer concernant son futur partenaire
en affaires ?
3. La responsabilité du gérant peut-elle être pénale ? A quel point ?

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CHAPITRE 4 : LA CONCURRENCE DELOYALE
Section 10 : Cas de synthèse
10 – 1 : Enoncé
La société Laboratoires LUCAS fabrique et commercialise depuis de nombreuses
années la crème antirides Vernica. Cette crème est vendue exclusivement en pharmacie et est
relativement chère par rapport à des produits comparables. En 2011, un hebdomadaire
national a consacré dans sa page santé un article à la crème Vernica, article dont il ressort que
la crème Vernica est scientifiquement inefficace et par ailleurs très chère. La société
Laboratoires BEAUJOUR, qui commercialise également des produits et crèmes contre le
vieillissement, après avoir pris connaissance de cet article, achète 12 000 exemplaires du
numéro de l’hebdomadaire national comportant l’article sur la crème Vernica. La société
Laboratoires BEAUJOUR décide alors d’insérer à la page santé de l’hebdomadaire un
marque-page sur lequel est portée la mention « Ceci vous intéresse, voir page 54 » et
d’envoyer ou déposer des exemplaires de la revue dans plus de 5 000 pharmacies sur tout le
territoire national.
Quelques jours plus tard, la société Laboratoires LUCAS commence à enregistrer une
baisse très sensible du niveau de ses ventes de la crème Vernica.La société Laboratoires
LUCAS a conscience de l’exactitude de la critique de l’hebdomadaire sur son produit.
Devant cette situation, les dirigeants de la société Laboratoires LUCAS décident néanmoins
d’entamer une action à l’encontre de la société Laboratoires BEAUJOUR.
10 – 2 : Questionnaires
1. D’une manière générale et en dehors du cas présenté, citer toutes les
formes de pratiques relevant de la concurrence déloyale
2. La société Laboratoires LUCAS envisage une action en concurrence déloyale
à l’encontre de la société Laboratoires BEAUJOUR. Les éléments constitutifs de cette
action sont-ils réunis en l’espèce.
Section 11 : Eléments de correction
11 – 1 : Les comportements déloyaux
Le dénigrement
Le dénigrement consiste à véhiculer des données et des informations négatives dans
le but de nuire une société concurrente. Cette nuisance causera forcément le détournement de
clientèle.

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La publicité comparative réalisée conformément aux règles en vigueur n’est pas un
dénigrement.
Le dénigrement peut porter soit sur la société concurrente, soit sur les techniques
commerciales utilisées par celle-ci. Les informations jetant le discrédit doivent être répandues
dans le public, peu importe la forme du support utilisé pour le faire.
La désorganisation
Le comportement est déloyal lorsqu’il vise à désorganiser l’entreprise concurrente ou
qu’il a pour finalité de désorganiser le marché.
La désorganisation de l’entreprise peut être réalisée par le débauchage du personnel
(Cass. soc., 28janv. 2005, Bull. V, n°36) ou par désorganisation de ses circuits commerciaux
(Cass. com., 1erjuil. 2003, Bull.IV, n°203).
La confusion
La confusion consiste à réaliser des procédés permettant d’utiliser la réputation d’un
concurrent en créant dans l’esprit du public une confusion entre les deux entreprises. La
confusion peut être réalisée par l’imitation des signes distinctifs du concurrent, notamment
son nom commercial. Il faut toutefois que les signes distinctifs soient originaux et que les
entreprises soient en situation de concurrence, c’est- à- dire que les entreprises interviennent
dans la même sphère géographique pour la commercialisation de produits similaires. La
confusion peut également porter sur l’imitation de l’organisation. Il peut s’agir de l’imitation
de l’apparence de l’entreprise, des produits commercialisés. La confusion peut encore porter
sur les emballages ou bien consister en une imitation des supports commerciaux et
publicitaires.
Le parasitisme
Le parasitisme est défini comme l’ensemble des comportements par lesquels une
société s’immisce dans le circuit d’une autre pour en tirer profit, sans effectuer aucunes
dépenses, sans effort et au profit du son savoir- faire de l’autre (Cass. com., 26 janv. 1999,
n°96-22.457, JCP E, 2000, p.176, note D.Fasquelle). »
Hors situation de concurrence, le dommage est constitué par la seule banalisation de
l’image de la renommée ou de la notoriété de l’entreprise parasitée (CA Paris, 15déc. 1993,
D.1994, p.145, note Ph. Le Tourneau, à propos de l’affaire « Champagne »

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11 – 2 : L’action en concurrence déloyale
L’action en concurrence déloyale est fondée sur le droit commun de la responsabilité
civile. Il s’agit d’une responsabilité civile délictuelle régie par les articles 1382 et suivants du
Code civil.
Les conditions de l’action enconcurrence déloyale
La faute est un abus de l’usage de la liberté du commerce et de l’industrie. Peu
importe que cette faute soit ou non intentionnelle (Cass. com., 3mai 2000, Bull.IV, n°4). Il
n’existe pas de présomption de responsabilité en la matière. Le préjudice a les mêmes
caractéristiques que celles requises dans le droit commun de la responsabilité civile.
Si l’auteur du comportement déloyal est un concurrent de l’entreprise victime, il faut
qu’il y ait un détournement de clientèle.
La mise en œuvre de l’action en concurrence
Cette action a un champ d’application distinct de l’action en contrefaçon, protégeant
les droits de propriété industrielle.
Le demandeur doit être l’entreprise qui a subi directement le préjudice causé par
l’acte déloyal. Il peut également s’agir d’un syndicat professionnel lorsque le préjudice
concerne l’ensemble d’une profession.
La compétence juridictionnelle dépend de la qualité des intervenants, commerçants
ou non- commerçants.
Le juge peut interdire la vente des produits imités, ou ordonner la cessation d’une
campagne publicitaire. Le concurrent déloyal peut également être condamné à verser des
dommages- intérêts. Enfin, il peut être contraint de faire publier dans certains journaux et à
ses frais la décision de justice le sanctionnant.
Section 12 : Question de réflexion
La pratique de la concurrence déloyale est-elle courante à Madagascar ? Donnez des
faits concrets en gardant l’anonymat des sociétés en question.

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