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SOCIETES COMMERCIALES
Par M. NION B. Joël
Doctorant en droit des affaires
CFECF-BFA
DECOGEF (1ère année)
INTRODUCTION
• Lorsque l’on veut entreprendre une activité économique, se pose le choix
de la structure juridique de l’entreprise. Celle-ci peut prendre la forme
d’une association, d’une entreprise individuelle ou encore d’une entreprise
sociétaire.
• Plusieurs critères permettront d’opérer ce choix. Lorsque le choix se
portera sur la société, cette dernière peut revêtir diverses formes, et il
importe pour le futur entrepreneur de se renseigner sur les potentialités,
les avantages ainsi que les contraintes de chaque type sociétaire.
• Le droit des sociétés peut être défini comme l’ensemble des règles
juridiques qui régissent la vie des sociétés de leur naissance jusqu’à leur
mort en passant par les mutations ou restructurations dont elles peuvent
faire l’objet.
• Ce droit tire sa source des articles 1832 et suivants du code civil de 1804
ainsi que dans l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
du groupement d’intérêt économique.
• Cet acte uniforme a été révisé par le conseil des ministres de l’OHADA
du 30 janvier 2014 tenu à Ouagadougou et est entré en vigueur le 5
mai 2014.
• Cette réforme a été l’occasion d’améliorer, de simplifier et de
moderniser la législation sociétaire OHADA pour l’adapter à
l’évolution de l’activité économique sur le continent. Pour ne citer que
cet exemple, ce nouveau droit des sociétés enregistre l’institution
d’une nouvelle forme de société commerciale bien connue en droit
français, la société par actions simplifiée (SAS) marquant ainsi la
volonté d’ouverture vers plus de souplesse et de flexibilité dans
l’organisation et le fonctionnement des sociétés.
• D’emblée, il faut souligner que les sociétés sont variées et peuvent
faire l’objet de nombreuses classifications : sociétés à risque limité et
sociétés à risque illimité ; sociétés civiles et sociétés commerciales ;
sociétés de personnes et sociétés de capitaux ; sociétés par intérêt et
sociétés par actions...
• Quant à l’importance des sociétés, particulièrement des sociétés de
capitaux, dans le développement économique et social des pays
notamment sous-développés, le Doyen Georges Ripert écrivait à cet
égard, dans son ouvrage intitulé « Les aspects juridiques du
capitalisme moderne », que la société anonyme est le merveilleux
instrument juridique du capitalisme moderne, qui a contribué, autant
que la machine à vapeur, au développement des pays occidentaux.
• La société, en effet, permet de réunir des biens, des moyens ou des
capitaux et, par voie de conséquence, des compétences, afin de créer des
entreprises petites, moyennes ou grandes, voire gigantesques, dans tous
les domaines d’activités : industriel, commercial, agricole, financier...
• D’un point de vue statistique, la chambre de commerce et d’industrie
enregistrait 55.166 entreprises individuelles en 2013 contre 10.811 sociétés
toutes formes confondues. Le nombre de GIE quant à lui s’établissait à la
même période à 67. Le nombre d’entreprises individuelles s’établit ainsi à
83,52% du nombre total d’entreprises.
• La question qui se pose dans nos pays est celle de l’ancrage du droit des
sociétés commerciales. En d’autres termes, comment sortir de l’informel ?
Les raisons du faible taux de formalisation des entreprises sont
nombreuses et diverses. L’analphabétisme est le lot commun de la plupart
des hommes d’affaires burkinabè, ce qui ne les incite guère à rechercher la
collaboration de personnes étrangères à la famille.
• Aussi, constituer une société nécessite la tenue d’une comptabilité
suffisamment détaillée et en particulier d’une comptabilité analytique
permettant de cerner les coûts de production, impossible à réaliser
sans une parfaite connaissance de l’écriture. Enfin, le développement
du secteur informel était en partie encouragé par une fiscalité
forfaitaire très allégée.
• La situation tend depuis quelques années à s’inverser, les
entrepreneurs commençant à comprendre les avantages de la
constitution d’une société commerciale.
• Outre le fait de faciliter l’accumulation des capitaux, la société est
considérée comme étant une technique d’organisation de
l’entreprise ou une technique de gestion pouvant permettre, le cas
échéant, la séparation de la propriété de l’entreprise du pouvoir de
direction ou de gestion.
• Par ailleurs, et cela est loin d’être négligeable, la société constitue le
seul moyen de limiter le droit d’action des créanciers sur les éléments
d’un patrimoine. Il s’ensuit que d’une part, seuls les créanciers
sociaux peuvent poursuivre le paiement de leurs créances sur le
patrimoine social à l’exclusion des créanciers personnels des associés.
D’autre part, ces créanciers personnels ne peuvent poursuivre le
paiement de leurs créances sur le patrimoine de la société.
• La société permet également de faciliter la transmission de l’entreprise
pour cause de mort ou même entre vifs. Il est plus facile juridiquement de
céder des titres sociaux que de céder une entreprise individuelle.
• Enfin, il faut souligner l’influence du droit fiscal sur le droit des sociétés et
vice versa. En effet, les sociétés sont des sources directes ou indirectes de
recettes fiscales pour l’État et les collectivités locales. Mais la fiscalité
exerce une influence sur les sociétés : les différents types ou formes de
société se développent ou déclinent selon la politique fiscale à l’égard du
groupement ou de la rémunération perçue par les dirigeants de la société.
• En dépit de tous ces attraits que peut représenter la société, l’entreprise
individuelle demeure la solution la plus raisonnable dans le cas notamment
des entreprises de subsistance
• Psychologiquement, l’exploitant est le seul maître à bord, n’ayant de
comptes à rendre à personne. Financièrement, il n’y a aucun coût de
fonctionnement et aucune précaution particulière à prendre du fait de la
confusion des patrimoines personnel et professionnel. Il n’y a pas non plus
de tracasseries d’un point de vue comptable et fiscal, car celles-ci, à
condition de ne pas dépasser certains seuils, sont soumises à un système
minimal de trésorerie avec une comptabilité allégée.
• Au terme de l’article 13 de l’acte uniforme relatif au droit comptable et à
l’information financière, il s’agit des entreprises dont le chiffre d’affaires est
inférieur à :
- 60 millions FCFA pour les entreprises de négoce ;
- 40 millions FCFA pour les entreprises artisanales et assimilées ;
- 30 millions pour les entreprises de services.
• Hormis ces entreprises de subsistance, l’objectif global est de faire
des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique
(GIE) des instruments efficaces et fiables pour les investisseurs
nationaux et étrangers et donc pour le développement économique
des États parties au Traité OHADA.
• D’une manière générale, il s’agira dans ce cours, de présenter les
dispositions essentielles régissant les sociétés de leur formation
jusqu’à leur disparition. Nous suivrons à cet effet le plan de l’AUDSC
qui retient d’une part, un droit général ou droit commun des sociétés
et, d’autre part, un droit spécial des sociétés. Il convient donc
d’aborder successivement ces deux aspects.
TITRE I – LE DROIT GÉNÉRAL OU DROIT COMMUN
DES SOCIÉTÉS COMMERCIALES
• Le droit commun des sociétés comprend toutes les règles applicables à la
société quelle que soit sa forme juridique.
• Selon l’article 4 de l’Acte uniforme, « la société commerciale est créée par
deux ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d'affecter à
une activité des biens en numéraire, ou en nature, ou de l’industrie, dans le
but de partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui pourra en
résulter. Les associés s'engagent à contribuer aux pertes dans les conditions
prévues par le présent Acte uniforme. La société commerciale doit être
créée dans l’intérêt commun des associés ».
• L’article 5 ajoute que la société peut également être créée par écrit par une
seule personne, dénommée « associé unique ». La constitution de la
société si celle-ci repose essentiellement sur l’élaboration du contrat de
société, la naissance d’une personne morale ne sera effective qu’après
l’accomplissement d’une formalité particulière qu’est l’immatriculation au
registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM).
Chapitre 1. Le contrat de société
• La société est propriétaire des biens apportés par les associés lors de sa
constitution et de ceux qu’elle a acquis pendant son fonctionnement.
Inversement, elle assume les charges et dettes contractées soit au cours de
la constitution et qu’elle a repris à son compte, soit au cours de son
fonctionnement. Le patrimoine de la société constitue le gage commun des
créanciers sociaux. Le patrimoine social jouit du principe de l’autonomie
qui signifie que le patrimoine des associés est distinct de celui de la société.
• Ainsi, d’une part, les associés ne sont pas copropriétaires directs des
sommes ou biens apportés à la société. Ils sont seulement titulaires de
droits sociaux. Ils ne peuvent donc pas puiser impunément dans les caisses
sociales.
• À défaut, s’ils ont la qualité de dirigeant de droit ou de fait, ils se rendent
coupables du délit d’abus de biens sociaux ou d’abus de confiance
• D’autre part, les créanciers sociaux ne peuvent exercer leur droit de
gage que sur le patrimoine de la société, à l’exclusion du patrimoine
des associés, du moins dans les sociétés à risque limité. De la même
manière, les créanciers personnels des associés ne peuvent pas
poursuivre le paiement de leurs créances sur les biens de la société.
Ils n’ont aucun droit sur le patrimoine social, sauf en cas de fraude
des associés.
• Le patrimoine social doit être distingué du capital social. Ce dernier
correspond à la somme de la valeur des apports faits par les associés.
Le législateur impose parfois un montant minimum pour le capital
social comme c’est le cas pour la SA où il est de 10.000.000 FCFA au
moins.
• Outre sa fonction de financement de l’aventure sociale, le capital
exerce principalement une fonction de garantie. À ce titre, dans les
sociétés à risque limité, les créanciers n’ont pas en principe de
recours contre les associés. Le capital social constitue ainsi la seule
garantie, c’est-à-dire le seul gage commun pour les créanciers. Le
droit de gage ne porte pas ici sur la valeur abstraite qu’est le capital,
mais sur les éléments qui composent l’actif social (machines,
créances, marchandises...).
• Si le montant des capitaux propres dépassent le montant du capital social,
c’est un gage de prospérité puisque l’excédent provient de la mise en
réserve de bénéfices antérieurs.
• Si les capitaux propres deviennent inférieurs au montant du capital social,
cela signifie que la société a subi des pertes supérieures au montant du
capital social.
• C’est ainsi que le législateur prévoit que lorsque les capitaux propres
deviennent inférieurs à la moitié du capital social, les associés doivent être
convoqués en assemblée générale afin de décider soit de dissoudre la
société soit de reconstituer les capitaux propres à hauteur de la moitié du
capital social. À défaut, elle doit procéder à la réduction du capital social
Conclusion
• La personnalité morale prend fin en principe à la dissolution de la
société dont les causes sont définies à l’article 200 de l’acte uniforme :
l’arrivée du terme, l’extinction de l’objet, l’annulation, la décision des
associés, la dissolution judiciaire pour justes motifs, la liquidation des
biens ou « toute autre cause prévue par les statuts ».
• Mais la perte de la personnalité morale de la société ne sera
opposable aux tiers qu’à compter de sa radiation et de sa publication
dans un journal d’annonces légales.
•
• Le législateur prévoit que la personnalité morale de la société subsiste
pour les besoins de la liquidation.
• Le liquidateur procède d’abord à la réalisation de l’actif par cession
globale ou séparée des éléments de l’actif et au recouvrement des
créances, ensuite au règlement des dettes (dettes proprement dites,
remboursement du nominal des actions ou des parts sociales) et
enfin, le cas échéant, à la répartition du boni de liquidation.
Chapitre 3. L’organisation et le fonctionnement de
la société commerciale
• La société étant une personne morale, par essence une entité abstraite, elle ne
peut exercer par elle-même les prérogatives qui lui sont reconnues. Elle doit donc
être représentée par des organes agissant en son nom et pour son compte.
• Cette fonction peut en principe être exercée par les associés, mais vu leur
nombre parfois élevé et la méconnaissance des règles de gestion et de
management, le législateur a prévu la possibilité de désigner des personnes
externes qui seront chargées de représentées la société dans son fonctionnement
quotidien.
• La masse des associés sera commise à la prise des décisions collectives qui vont
guider l’action de ces mandataires sociaux.
• En cas de difficulté dans le fonctionnement de la société, certaines règles
permettront d’y faire face afin d’éviter que la situation n’empire et n’entraine la
disparition de la société.
Section 1. Le fonctionnement régulier de la société
commerciale
• La société est gérée quotidiennement par les dirigeants sociaux
encore qualifié de mandataires sociaux. Ils représentent la société à
l’égard des tiers.
• Quant à l’orientation des activités de la société et le contrôle de la
gestion des dirigeants, cela relève du pouvoir des associés qui ont
reçu compétence pour la prise des décisions collectives.
§1. Les dirigeants sociaux
• Les dirigeants sociaux sont nommés dans les statuts ou dans un acte
ultérieur. Ils peuvent être associés ou des personnes étrangères à la
société. La désignation et la cessation des fonctions des dirigeants
doivent être publiées au RCCM. Leur mandat peut prendre fin pour
plusieurs causes : arrivée du terme, la réalisation d’une condition
(atteinte d’une limite d’âge légale ou statutaire), le décès, la
transformation ou la fusion de la société, la démission et la révocation
qui peut intervenir notamment en cas de faute de gestion. Les
pouvoirs des dirigeants sociaux sont délimités par le législateur
OHADA (A). Leur responsabilité peut être engagé aussi bien par les
associés que par les tiers en cas de préjudice causé dans l’exercice de
leur fonction (B).
A/Les pouvoirs des dirigeants sociaux
• Les pouvoirs externes. À l’égard des tiers, les organes de gestion, de
direction et d’administration ont, dans les limites fixées par l’Acte
uniforme pour chaque type de société, tout pouvoir pour engager la
société, sans avoir à justifier d’un mandat spécial. Toute limitation de
leurs pouvoirs légaux par les statuts est inopposable aux tiers (art.
121). La société est engagée par les actes des organes de gestion, de
direction et d’administration qui ne relèvent pas de l’objet social, à
moins qu’elle ne prouve que le tiers savait que l’acte dépassait cet
objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances,
sans que la seule publication des statuts suffise à constituer cette
preuve.
• Les pouvoirs internes. Dans les rapports entre associés, les dirigeants ont
aussi les pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom
de la société et dans son intérêt.
• Toutefois, ils ne sauraient exercer les pouvoirs reconnus par la loi aux
autres organes sociaux. De même, ils ne sauraient méconnaitre les clauses
statutaires limitant leurs prérogatives (par exemple interdiction de vente
d’un actif stratégique, obligation de demander une autorisation spéciale ou
obligation d’informer au préalable tel associé avant la conclusion de tel
contrat bien déterminé…).
• Ainsi, la limitation des pouvoirs de gestion, de direction et d’administration
est possible, sous réserve des dispositions propres à chaque société. La
responsabilité des dirigeants peut donc être engagée par les associés
lorsqu’ils outrepassent les limitations statutaires de leurs pouvoirs. Ils
s’exposent également par ce fait à la révocation.
• Enfin, les dirigeants sociaux doivent chaque année établir les états
financiers de synthèse de l’exercice écoulée, suivant les règles prévues par
l’Acte uniforme relatif au droit comptable et à l’information financière. Ces
états financiers sont soumis à l’examen des associés qui décident, le cas
échéant, de l’affectation des résultats (art. 137 à 146). Les dirigeants
doivent également établir un rapport de gestion dans lequel ils exposent la
situation de la société durant l’exercice écoulé, son évolution prévisible et,
en particulier, les perspectives de continuation de l’activité, l’évolution de
la situation de trésorerie et le plan de financement (art. 138). Ces rapports
doivent être validés par les associés lors des assemblées générales Selon
l’article 8, alinéa 1er de cet acte uniforme, les états financiers annuels
comprennent le Bilan, le Compte de résultat, le Tableau financier des flux
de trésorerie ainsi que les Notes annexées.
• Enfin, les dirigeants sociaux doivent chaque année établir les états
financiers de synthèse de l’exercice écoulée, suivant les règles prévues par
l’Acte uniforme relatif au droit comptable et à l’information financière (les
états financiers annuels comprennent le Bilan, le Compte de résultat, le
Tableau financier des flux de trésorerie ainsi que les Notes annexées).
• Ces états financiers sont soumis à l’examen des associés qui décident, le
cas échéant, de l’affectation des résultats (art. 137 à 146). Les dirigeants
doivent également établir un rapport de gestion dans lequel ils exposent la
situation de la société durant l’exercice écoulé, son évolution prévisible et,
en particulier, les perspectives de continuation de l’activité, l’évolution de
la situation de trésorerie et le plan de financement (art. 138). Ces rapports
doivent être validés par les associés lors des assemblées générales
B.La responsabilité civile des dirigeants sociaux
• La responsabilité civile est l’obligation de réparer le dommage que l’on
cause. La responsabilité des dirigeants peut être engagée en cas de
violation de la loi ou des règlements, de non-respect des statuts et plus
généralement de toute faute de gestion. Il convient de distinguer selon que
la responsabilité est engagée par les associés ou par les tiers.
1.La responsabilité civile des dirigeants envers la société et les associés
• L’action en responsabilité civile contre les dirigeants sociaux est soit
individuelle soit sociale. Elle est dite individuelle lorsqu’elle vise la
réparation du dommage subi par un associé, et que ce dommage est
distinct de celui subi par la société (par exemple en cas de détournement
de dividendes destinés à un associé).
• Cette action est ouverte sans condition particulière. Il faut juste
rapporter la preuve d’une faute commise par le dirigeant dans
l’exercice de ses fonctions, le dommage subi ainsi que la corrélation
entre la faute et le dommage.
• Elle est dite sociale si elle vise la réparation du dommage subi par la
société du fait de l’action ou de l’inaction des dirigeants (par exemple
perte de trésorerie dû à une faute grossière d’appréciation). Dans
cette hypothèse, en principe, il appartient aux dirigeants,
représentants légaux, d’agir afin de réparer le préjudice subi par la
société (article 166 al. 2 AUDSC).
2.La responsabilité civile des dirigeants envers les tiers
• En droit OHADA, les tiers bénéficient au même titre que les associés de
l’action individuelle contre les dirigeants pour les fautes que ceux-ci
commettraient dans l’exercice de leurs fonctions.
• Le tiers aurait donc le choix entre la mise en jeu de la responsabilité de la
société et celle du dirigeant fautif.
• Il y aurait donc une confusion entre la responsabilité de la société et celle
des dirigeants. La seule condition pour engager la responsabilité du
dirigeant serait la démonstration d’une faute commise par ce dernier dans
l’exercice de ses fonctions.
•
§2. La prise des décisions collectives
• Les décisions collectives sont prises par les associés dans des
conditions fixées en fonction de la forme de société (société de
personnes ou non) et de la nature de la décision (modification des
statuts ou non). Selon l’article 125 de l’AUDSC, « tout associé a le droit
de participer au vote des décisions collectives ».
• Participer au vote des décisions collectives suppose d’une part, d’être
convoquée régulièrement à l’assemblée, de pouvoir discuter
utilement les décisions pendant les débats, ce qui suppose d’être
informé sur les tenants et les aboutissants de la délibération, et
d’autre part, de pouvoir voter librement la décision.
• L’Acte uniforme définit l’abus de majorité et l’abus de minorité qui
engagent la responsabilité des associés concernés (art. 130 et 131). Il
y a abus de majorité lorsque les associés majoritaires ont voté une
décision dans leur seul intérêt, contrairement aux intérêts des
associés minoritaires, sans que cette décision ne puisse être justifiée
par l’intérêt de la société. L’abus de minorité ou d’égalité consiste
pour les associés minoritaires ou égalitaires, dans l’exercice de leur
vote, à s’opposer à ce que des décisions soient prises alors qu’elles
sont nécessitées par l’intérêt de la société, sans qu’ils ne puissent
justifier d’un intérêt légitime.
Section 2. La gestion des situations de crise dans la
société commerciale
• La vie de la société n’est pas un long fleuve tranquille. Elle peut connaitre
des difficultés qui si elles ne sont pas anticipées peuvent entraîner la
disparition de la personne morale. C’est ainsi que le droit des sociétés met
en place certains mécanismes en vue de prévenir les difficultés des
entreprises ou de les juguler tant que la société est encore in bonis.
§1. La procédure d’alerte
• Elle consiste à saisir les dirigeants sociaux (gérant ou, pour la SA, président
du conseil d’administration ou administrateur général, président-directeur
général ou président pour la SAS) dès que se produit un fait de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation. Elle est mise en œuvre soit
par les commissaires aux comptes soit par les associés (art. 150 à 158).
A.L’alerte obligatoire par les commissaires aux comptes (CAC)
• Dans les sociétés autres que les sociétés par actions (SNC, SCS et
SARL), le CAC, lorsqu’à l’occasion de l’exercice de sa mission, se rend
compte d’un fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation, demande par lettre aux porteurs contre récépissé ou
par lettre RAR des explications au gérant.
• Ce dernier est tenu dans les mêmes formes, de donner, dans le délai
de 15 jours à compter de la réception de la demande, son analyse de
la situation ainsi que les mesures envisagées.
• Dans la seconde hypothèse, c’est-à-dire dans les sociétés par actions
(SA et SAS), la demande du CAC est adressée dans les mêmes formes
au président du conseil d’administration, au président-directeur
général, à l’administrateur général ou au président.
• Ces derniers ont également 15 jours pour donner leur réponse avec
leur analyse de la situation ainsi que les mesures envisagées. À défaut
de réponse ou si celle-ci n’est pas satisfaisante, le CAC invite le PCA ou
le PDG à faire délibérer le conseil d’administration ou demande à
l’administrateur général ou au président de se prononcer sur les faits
relevés
B. L’alerte facultative des associés ou actionnaires
• Ces derniers ont le droit de poser par écrit, deux fois par exercice, des
questions aux dirigeants sur tout fait de nature à compromettre la
continuité de l’exploitation.
• Les dirigeants sont tenus d’y répondre par écrit dans un délai de
quinze (15) jours, une copie de la question et des réponses étant
adressée au commissaire aux comptes s’il en existe un.
§2. L’expertise de gestion
• Le droit spécial des sociétés peut être défini comme l’ensemble des
règles juridiques qui régissent chaque type de société de sa naissance
jusqu’à sa mort.
• Nous pouvons ainsi distinguer les sociétés et groupement autre que
les sociétés de capitaux (Chapitre 1), des sociétés de capitaux (SA)
(Chapitre 2).
Chapitre 1. Les sociétés et groupements autres que
les sociétés de capitaux
• Parmi ces sociétés et groupements, la SARL se détache des autres en
ce qu’elle appelle plus de développements.
Section 1) Les sociétés et groupements autres que
la SARL
• Il s’agit de la société en nom collectif (SNC), de la société en
commandite simple (SCS), de la société en participation, de la société
de fait et du groupement d’intérêt économique (GIE).
La société en nom collectif (SNC),
• Régie par les articles 270 à 292, est définie comme la société dans
laquelle tous les associés sont commerçants et répondent
indéfiniment et solidairement des dettes sociales.
• Mais les créanciers de la société ne peuvent poursuivre le paiement
des dettes sociales contre un associé que 60 jours au moins après
avoir vainement mis en demeure la société par acte extrajudiciaire.
Ce délai peut être prorogé de 30 jours au maximum par ordonnance
du président de la juridiction compétente (art. 271).
• Les solutions retenues sont classiques : par exemple en l’absence de
désignation d’un gérant, tous les associés sont gérants (276 AUDSC) ;
• les décisions collectives sont prises à l’unanimité (284 AUDSC) ;
• le décès, l’incapacité, la liquidation des biens, la faillite ou
l’interdiction frappant un associé entraînent la dissolution de la
société (290, 291 AUDSC…) ;
• il n’y a pas de capital minimum : le crédit de la société repose sur la
responsabilité des associés, autrement dit sur la consistance de leurs
patrimoines personnels.
La société en commandite simple (SCS),
• régie par les articles 293 à 308, est celle au sein de laquelle coexistent
un ou plusieurs associés commandités, indéfiniment et solidairement
responsables des dettes sociales, avec un ou plusieurs associés
commanditaires responsables des dettes sociales dans la limite de
leurs apports et dont le capital est divisé en parts sociales.
• La règle classique majeure de l’interdiction faite aux commanditaires
de s’immiscer dans la gestion est maintenue et les associés qui
passent outre cette interdiction sont traités comme des associés
d’une SNC (art. 299 à 301).
•
• Concernant le fonctionnement, les décisions collectives et la
dissolution, l’on note que grosso modo les commandités sont dans la
même situation que les associés des SNC pendant que les
commanditaires sont dans la même situation que les associés des
SARL.
• La complexité qui résulte de l’existence des deux catégories d’associés
explique le faible nombre de sociétés qui en pratique adoptent cette
forme sociale.
La société en participation (art. 854 à 863),
• Il s’agit d’une société dont les associés conviennent qu’elle ne sera
pas immatriculée au RCCM et qu’elle n’aura pas la personnalité
morale. Elle n’est pas soumise à publicité. Son existence, fort
logiquement, peut être prouvée par tous moyens.
• Les associés conviennent de l’objet, de la durée, des modalités du
fonctionnement ainsi que des droits et obligations des associés. Les
rapports entre associés sont fixés par les statuts. À défaut, on
applique les dispositions relatives aux SNC. Dans les rapports avec les
tiers, chaque associé s’engage personnellement.
La société créée de fait,
• C’est celle dans laquelle deux ou plusieurs personnes physiques ou morales se
comportent comme des associés sans avoir constitué entre elles l’une des
sociétés reconnues par l’Acte uniforme (art. 864).
• Par exemple entre époux après la dissolution du mariage pour l’indemnisation de
l’époux qui a contribué à l’entreprise de son conjoint ; le problème peut se poser
dans des termes voisins pour des concubins ou, pour la France, entre ceux qui
auraient conclu un pacte civil de solidarité (PACS) ;
• les associés ou participants sont en conflit sur le règlement de leurs comptes ; ou
encore les créanciers poursuivent plusieurs personnes qu’ils considèrent comme
associés de fait à l’occasion d’une procédure collective. La preuve de l’existence
de la société créée de fait se fait par tous moyens. Lorsque son existence est
reconnue par le juge, les règles de la société en nom collectif lui sont applicables.
•
La société de fait
• Elle est celle dans laquelle deux ou plusieurs personnes physiques ou
morales ont constituées entre elles une société reconnue par l’Acte
uniforme mais qui comporte un vice de formation non régularisé ou
ont constituées entre elles une société non reconnue par l’Acte
uniforme.
• Son existence peut être prouvée par tout moyen. En cas de
reconnaissance par le juge, les règles de la SNC s’appliquent à la
société de fait.
Le groupement d’intérêt économique (GIE),
• réglementé par les articles 869 à 884 de l’Acte uniforme, est
rapproché de la société du fait de sa réglementation par le même
texte et des règles adoptées.
• Le GIE a pour but exclusif de mettre en œuvre pour une durée
déterminée tous les moyens propres à faciliter ou à développer
l’activité économique de ses membres, à améliorer ou à accroître les
résultats de cette activité ; l’activité du GIE doit se rattacher
essentiellement à l’activité économique de ses membres et ne peut
avoir qu’un caractère auxiliaire par rapport à celle-ci.
• Le GIE, qui ne donne pas lieu par lui-même à réalisation et à partage
de bénéfices, peut être constitué sans capital. Il jouit de la
personnalité morale et de la pleine capacité à compter de son
immatriculation au RCCM.
• En définitive, le grand mérite du GIE est d’offrir à la collaboration
entre les entreprises un cadre juridique qu’elles ne trouvaient jusque-
là parfaitement ni dans l’association, ni dans la société.
• Les membres sont tenus des dettes du groupement sur leurs
patrimoines propres de manière solidaire, sauf convention avec le
tiers contractant. Mais il convient préalablement de mettre en cause
le GIE lui-même par acte extrajudiciaire.
• Le contrat détermine l’organisation du GIE ainsi que la contribution de chaque
membre aux dettes. À défaut, chacun contribue pour une part égale.
• Les décisions sont prises à l’unanimité, sauf clause contraire. Chaque membre
dispose d’une voix, sauf clause contraire. L’assemblée est obligatoirement
convoquée à la demande du quart des membres du GIE.
• L’administration est confiée à une ou plusieurs personnes physiques ou morales,
celles-ci étant tenues de désigner chacune un représentant permanent qui est
traité comme s’il siégeait en son nom sans préjudice du recours à la personne
morale. Le contrat de GIE ou l’assemblée organise librement l’administration du
groupement et nomme des administrateurs dont il détermine les attributions, les
pouvoirs et les conditions de révocation.
• La dissolution a lieu pratiquement pour les mêmes causes que pour les sociétés
de personnes.
Section 2) La société à responsabilité limitée
(SARL)