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COURS DE DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES ET AUTRES GROUPEMENTS

D’AFFAIRES
PAR LE PROFESSEUR MAYATTA NDIAYE MBAYE
INTRODUCTION

L’activité économique en générale, commerciale en particulier s’exerce individuellement ou


collectivement. Lorsqu’elle est exercée de manière individuelle, elle est le fait d’une personne
physique, on parle alors d’entreprise individuelle.
En revanche, lorsqu’elle est exercée de manière collective, elle est exercée par une personne
morale, on parle alors de groupements d’affaires. Celui-ci peut prendre plusieurs formes :
Société,
Groupement d’Intérêts Economique,
Consortium,
Groupe de sociétés,
Joint-venture etc.

Les formes sont multiples en raison de la liberté contractuelle qui gouverne leur constitution.
En effet, les groupements d’affaires naissent de la volonté de collectiviser l’activité économique.
Cela se manifeste en réponse notamment à :
 la faiblesse des investissements individuels,
 le besoin de croissance économique rapide ou encore
 en réaction à l’existence d’une concurrence accrue.

C’est d’ailleurs ce qui justifie que les groupements d’affaires soient appréciés comme répondant à
l’adage « se regrouper ou disparaître ».
La forme de groupement d’affaires la plus utilisée est la société commerciale.
Celle-ci pouvant être unipersonnelle, ne poursuit pas nécessairement les mêmes finalités que les
autres groupements d’affaires. En effet, lorsqu’elle est unipersonnelle et de surcroît dispose d’un
seul associé personne physique, elle garde sa qualité de groupement d’affaires tout en ne
constituant que le lieu d’activité d’une seule personne physique. Dans ce cas, la volonté essentielle
de l’associé n’est pas de collectiviser l’activité économique mais plutôt de franchir l’obstacle qui est
l’interdiction d’un patrimoine d’affectation. Par son investissement
et la constitution de la société et des personnels, elle sépare son patrimoine personnel de son
patrimoine professionnel devenu le patrimoine de la société. La décision de créer une société peut
être motivée par une ou plusieurs raisons qui peuvent se cumuler. Elles constituent généralement
une réponse à des besoins financiers impératifs. Les avantages
escomptés dans les domaines patrimonial, social et fiscal, ne compensent pas les inconvénients liés à
la lourdeur de la gestion aux frais de constitution et au risque de perdre le
contrôle de l’entreprise.
L’intérêt peut donc être financier, juridique, fiscal et social.

 L’intérêt financier réside dans le fait que l’activité et les ressources d’un seul individu, même si
elles peuvent suffire pour créer une entreprise, sont insuffisantes pour son développement
qui exige l’intervention de moyens extérieurs. Cette imbrication des
moyens économiques constitue la source des grandes entreprises commerciales et industrielles
qui ont besoin de capitaux considérables.
 Quant à l’intérêt juridique, il réside dans le fait que la création d’une société dotée
d’un patrimoine propre distinct de celui de ses associés, présente les avantages suivants :
 d’abord, dans une entreprise individuelle, tout le patrimoine de l’entrepreneur1 individuel est
engagé alors que la création d’une société commerciale permet de séparer le patrimoine
professionnel du patrimoine personnel de l’associé. Cet avantage n’existe pas dans tous les
cas, ce qui justifie la distinction entre société à risque limité
et société à risque illimité.
 Ensuite, le décès de l’entrepreneur individuel entraîne le plus souvent la disparition de
l’entreprise individuelle qui tombe en indivision successorale alors que
la société permet d’assurer la pérennité de l’entreprise.
 Enfin, la transmission de l’entreprise est plus facile à réaliser lorsqu’elle est exploitée sous
la forme sociale. Elle peut être effectuée entre vifs ou à cause de mort.

 L’intérêt fiscal est essentiellement pris en compte dans l’ensemble des étapes de la vie de la
société. Dans l’entreprise individuelle, l’entrepreneur est soumis, pour la totalité du
bénéfice, à l’impôt sur le revenu, que les bénéfices soient prélevés ou laissés à l’entreprise
(Impôt sur les Bénéfices Industriels et Commerciaux). Dans la société, la fiscalité varie suivant le
type de société adopté.

 L’intérêt social réside dans le fait que le chef d’entreprise individuel est immatriculé et cotise
personnellement dans les institutions de prévoyance sociale alors que le dirigeant d’une société
bénéficie du régime social de salarié avec la possibilité de constituer une retraite des cadres
intéressante.

Les sociétés commerciales sont de plusieurs types d’où le problème du choix de la forme sociale la
plus adaptée. Ce choix s’effectue parmi les différents types de sociétés qui existent et qui
peuvent être classés comme suit :

 Distinction entre société civile et société commerciale

Les sociétés civiles sont régies par les dispositions des articles 765 et suivants du COCC.
Elles ne peuvent effectuer que des opérations civiles. Les sociétés commerciales sont régies par
l’AUSCGIE entré en vigueur en 1998. La plupart sont dotées de la personnalité morale, il s’agit des
SA, des SARL, les SNC et les SCS. D’autres ont la particularité de ne pas être dotée de la personnalité
morale : il s’agit de la société en participation (société qui ne veut s’immatriculer), de la société de
fait et de la société créée de fait (société qui ne peut ou n’est pas immatriculée) et enfin de la société
en formation (société non encore immatriculée).

1
Le rapport qui existe entre un entrepreneur et son entreprise est un rapport de droit réel. L’entreprise est la propriété de
l’entrepreneur. Les bénéfices sont celle de l’entrepreneur.
 Les sociétés particulières

La société particulière est celle qui bénéficie d’un régime juridique particulier ou encore d’une
activité particulière. Plusieurs activités sont reconnues comme particulières, il s’agit notamment des
activités de banque ou d’assurance. Elles sont de plus en plus nombreuses et sont créés pour
répondre à des besoins spécifiques. Les sociétés particulières de par leur
statut juridique sont :
• Les sociétés coopératives ou mutualistes dont les associés sont en même temps soit des
travailleurs au service de la société, soit des fournisseurs ou des clients.
• Les sociétés à particularité ouvrière sont nécessairement sous forme de SA et permettent
aux salariés de participer aux bénéfices et de prendre une certaine part dans la gestion.

• Les sociétés à capital variable : elles ont un capital qui varie constamment soit en hausse par
suite de versements effectués par d’anciens membres ou de nouveaux adhérents ; soit en
baisse par suite de reprise d’apports liés à des retraits d’associés (pour chaque augmentation
ou baisse, il n’est pas nécessaire de modifier le statut).
• Les sociétés d’économie mixte. Ce sont les sociétés où coexistent des capitaux publics
(Etat ou collectivités publique) et des capitaux privés.
• Les sociétés nationalisées. Ce sont des sociétés anonymes dont le capital appartient
exclusivement à l’Etat ou à une personne morale de droit public.

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1ère PARTIE : LE DROIT COMMUN DES SOCIETES COMMERCIALES

La société commerciale est définie par l’article 4 de l’AUSCGIE. Mais pour une définition complète
des sociétés commerciales, il faut également tenir compte des dispositions de l’article 5 de l’AU,
la société commerciale serait donc un contrat ou un acte unilatéral de volonté par lequel les
parties au contrat ou l’auteur de l’acte unilatéral, affecte à une activité des biens en numéraire ou
en nature dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en
résulté tout en contribuant aux pertes. Se pose dès lors, la question de
la nature de la société.

 Dans l’approche classique, deux thèses se sont opposées :


- D’abord, celle contractuelle selon laquelle la société est un contrat, donc un acte juridique.
Cette thèse se fonde essentiellement sur la notion de contrat ou d’acte unilatéral utilisée dans
la définition. Cette analyse n’est pas entièrement fausse mais reste contestable. En effet, la
société est d’abord une manifestation de volonté. Mais la thèse ne prend pas en compte la
société crée par acte unilatéral.
- Ensuite, celle institutionnelle, qui considère la société comme une institution. Cette théorie se
fonde sur la notion d’institution qui reste imprécise et ne prend pas en compte l’aspect
contractuel de la société.
 Outre ces approches classiques,
- une théorie moderne initiée par Mercadal, Didier et Janin,
considèrent la société à la fois comme un contrat et comme une institution.
Cette théorie a l’avantage d’être à géométrie variable car la part respective de l’acte
juridique et de l’institution varie d’une catégorie de société à une autre et d’un type de
société à un autre.
- Une nouvelle approche plus récente, celle de Paillusseau qui considère la société
comme une technique d’organisation de l’entreprise, une technique
juridique mise au service de l’entreprise. La société est ici donc apprécier en tenant
compte de sa finalité : elle est,
 un terrain privilégié de développement,
 une technique d’organisation du partenariat et
 une technique d’organisation du patrimoine.
C’est ce que semble reconnaître le code des obligations civiles et commerciales
en son article 764 qui distingue la société de l’association en prenant en compte son
but exclusivement lucratif.

Le droit commun des sociétés commerciales est composé de l’ensemble des règles générales
applicables à toutes les sociétés commerciales. Ces prescriptions communes viennent parfois au-delà
du droit des sociétés, de la fiscalité, de la comptabilité, et du droit des entreprises en
difficulté. Le droit commun pouvant être plus ou moins large selon qu’il s’étend à un ensemble ou à
un sous ensemble, il sera ici question de l’analyser dans les deux sens. Les sociétés
commerciales sont classées en deux blocs :
 Les sociétés à risques limités et
 Les sociétés à risques illimités.
Il existe des règles communes aux deux blocs mais également des règles communes aux sociétés d’un
même bloc. Ces règles seront étudiées à travers l’appréhension de la naissance, de la vie et de la
disparition des sociétés commerciales.

CHAPITRE PREMIER : LA NAISSANCE DE LA SOCIETE

La notion de société désigne en même temps l’acte de société et la personne juridique qui va
naître de l’acte, sous réserve de l’accomplissement des formalités liées à l’immatriculation au
RCCM. Ces deux étapes franchies permettent la mise en
place de la société commerciale. L’étude de la naissance de la société va donc s’intéresser
essentiellement aux sociétés jouissant de la personnalité morale. Au
demeurant, si toute personne morale suppose un acte originel, tout acte de société ne donne pas
jour, via immatriculation, à une personne juridique. Dès lors, certaines sociétés ne sont pas
opposables aux tiers pour défaut d’immatriculation. Il en est ainsi des :
- sociétés en participation, des
- sociétés créées de fait, des
- sociétés de fait.
Il convient donc de voir ces deux étapes de la constitution de la société commerciale.
SECTION 1ère : L’ACTE DE SOCIETE

L’acte de société est un contrat (société pluripersonnelle) ou un acte unilatéral (société


unipersonnelle). Il est un contrat ou un acte multilatéral, collectif lorsque la
société est pluripersonnelle et un acte unilatéral lorsque la société est unipersonnelle.
Il est indispensable pour la constitution de la société commerciale. Outre les conditions générales
communes à tous les contrats, l’acte de société exige pour sa validité des conditions spécifiques à
savoir :
 La mise en commun des apports,
 La vocation au résultat, et
 L’affectio societatis2).
Le défaut de l’une des conditions est encadré par le législateur par l’application d’un régime
spécifique de nullité.

PARAGRAPHE 1er : LES CONDITIONS GENERALES DE L’ACTE DE SOCIETE

Comme tout contrat, l’acte de société requière un consentement, une capacité, et enfin un objet et
une cause licite.

A- LE CONSENTEMENT

La spécificité de l’étude du consentement dans l’acte de société résulte du vice qui l’affecte ou de sa
simulation.
 En ce qui concerne le vice du consentement, il faut relever que l’erreur est rarement retenue. En
revanche, le dol est plus plausible et un associé peut notamment invoquer les
manœuvres frauduleuses dont il a été victime.
 Quant au consentement simulé, il est plus fréquent. La simulation dans l’acte de société consiste à
faire semblant de s’associer. Il peut porter sur l’existence du contrat de société (acte fictif) sur la
nature du contrat (acte déguisé) ou sur la personne du contractant (interposition de personnes).
- La simulation sur l’existence du contrat :
Elle marque le défaut d’intention de s’associer ou de coopérer. La société est alors fictive et
n’a aucune existence juridique.
- La simulation sur la nature du contrat :
Elle marque la volonté des parties de frauder, de dissimuler le véritable contenu de leur
contrat. Celui-ci apparaît aux yeux des tiers sous l’apparence d’une
société alors qu’il s’agit notamment d’une donation portant atteinte aux droits des héritiers ou
du conjoint du donateur.
- La simulation sur la personne de l’associé
Elle permet à une personne de cacher le véritable associé en lui servant de prête-nom.
En cas de simulation, le tiers peut invoquer l’acte ostensible ou l’acte secret par le biais de
l’action en déclaration de simulation alors que les parties ne peuvent invoquer que
l’ostensible. Les rapports entre les parties sont régis par l’acte secret. Si la

2
L’affection, la volonté, que l’on a mutuellement pour être ensemble dans une société. Ce qui distingue l’affectio
societatis du consentement c’est qu’elle constitue une condition supplémentaire de la constitution de la société
simulation a permis la réalisation d’une opération frauduleuse, les sanctions de la fraude sont
applicables.

B- LA CAPACITE

La capacité requise varie selon le type de société. Les sociétés dans lesquelles les associés ont la
qualité de commerçant exigent la capacité commerciale3 (art. 8 et 9 de l’AU). En revanche, les
sociétés dans lesquelles les associés ne sont pas des commerçants sont ouvertes à tous4.
Toutefois, l’entrée des mineurs et des majeurs incapables suppose le respect des règles de
représentation ou d’assistance propre à chaque régime d’incapacité.
La situation des étrangers ne pose aucune difficulté dans le cadre de l’OHADA en raison de
la liberté d’établissement qui permet à toute personne, quel que soit sa nationalité, de s’associer
dans une société.
Pour ce qui concerne les personnes morales, qu’elles soient de droit public ou de droit
privé, elles peuvent avoir la qualité d’associé (article 1er de l’AU). Cependant, les
personnes morales de droit public ne peuvent souscrire au capital d’une société que par le biais
d’un texte l’autorisant.

C- L’OBJET SOCIAL

L’objet social peut être défini comme le type d’activité choisie par la société dans ses statuts,
on parle d’objet statutaire.
Il s’agit de l’entreprise commune et ne se confond pas avec la cause, l’intérêt social ou l’activité
sociale.
- La cause correspond au pourquoi de la création de la société. Cela résulte directement de la
définition légale de la société qui considère qu’il s’agit de l’enrichissement des associés.
- L’intérêt social est un impératif de comportement qui s’impose aux organes de la société.
Il ne constitue pas la somme des intérêts particuliers des associés. Il est plutôt apprécié non
pas en tenant compte des associés mais de la société elle-même.
- Enfin, l’activité sociale est l’activité réellement exercée par la société alors que
l’objet social correspond au programme qu’elle s’est fixé.
L’objet social peut être large alors que l’activité réelle peut être modeste.
La définition donnée par l’article 19 de l’AU semble cependant les confondre.
Dans tous les cas, l’objet doit être licite mais également déterminé.

PARAGRAPHE 2ème : LES CONDITONS SPECIALES DE L’ACTE DE SOCIETE

Elles sont au nombre de 3 :


- La mise en commun d’apports,
- La participation aux résultats sociaux et
- l’affectio societatis.

A- LA MISE EN COMMUN D’APPORTS

3
SNC (tous les associés), SCS (commandités uniquement) et SP (tous les associés).
4
SA (tous les actionnaires), SARL (tous les associés) et SCS (commanditaires uniquement).
L’apport est obligatoire. La loi l’exige et détermine son contenu.

1- L’OBLIGATION D’APPORTER (ART. 37)

Sans apports, il n’y a pas de société. L’apport est le contrat par lequel, l’associé affecte un bien, un
droit ou un service à la société en contrepartie de la remise de titres sociaux. Il désigne également
le bien, le service ou le droit.
Toute personne intéressée par la qualité d’associé est tenue d’apporter un bien, une somme
d’argent ou sont travail à la société. L’acte d’apport matérialise la volonté de s’associer.

La nature juridique de l’opération d’apport est discutée par la doctrine. Elle peut être
considérée comme un acte juridique original qui n’est assimilable ni à une vente, ni à un échange,
ni à un prêt.
Certains auteurs font d’ailleurs valoir que sa nature contractuelle est elle-même discutable du fait
qu’au moment où a lieu cet apport par l’une des parties au contrat, la société n’existe pas encore
faute d’avoir été immatriculée.

Les apports rendent possible l’accomplissement de l’entreprise commune qui constitue


l’objet social d’où leur caractère fondamental. Ils constituent le capital social qui est un instrument
essentiel du fonctionnement de la société.

En l’absence d’apports, la société est nulle. Il en est ainsi lorsque les apports sont fictifs,
dénués de toute valeur ou de toute utilité. En réalité, l’hypothèse des apports fictifs est plus
fréquente que celle de l’absence d’apports. Mais dans cette hypothèse, la nullité s’impose car la
fictivité d’apport équivaut à une absence d’apports. Apporter une chose qui ne sert à rien c’est ne
rien apporter. L’apport doit donc avoir une valeur, une utilité pour la société.

Il faut préciser que :


- l’apport surévalué n’est pas fictif.
- L’apport n’est pas également fictif lorsque son auteur a emprunté pour l’effectuer.
- L’apport fictif doit également être distingué de la souscription par prête-nom qui est
considérée comme valable par la jurisprudence et la doctrine sauf si elle a pour but de
frauder à la loi.

Selon le type de société, l’obligation d’apporter change d’intensité :


- Dans les SARL, il est fixé un capital minimum à respecter.
- Dans les sociétés à risque illimité ainsi que les GIE, la loi n’impose aucun minimum et
d’ailleurs, pour les seconds, l’apport n’est même pas obligatoire.

2- LE CONTENU DES APPORTS


Etudier le contenu des apports revient à appréhender les différents types d’apports prévus par l’acte
uniforme. Il résulte de l’article 40 de cet AU 3 types d’apports autorisés :
- Les apports en numéraires,
- Les apports en nature et
- Les apports en industrie.

a) LES APPORTS EN NUMERAIRES (ART. 41 à 44)

L’apport en numéraire est un apport de sommes d’argent.


Il se distingue de l’avance en compte courant qui est un prêt consenti par un associé à la société.

Dans le cadre d’une augmentation de capital, il peut être effectué par le biais d’une compensation
avec une créance certaine liquide et exigible sur la société, sauf si les statuts
l’interdisent.

L’apport en numéraire se réalise généralement en deux temps :


- La souscription et
- La libération.
La souscription est l’engagement pris par l’associé d’effectuer un apport d’un montant déterminé.
La libération quant à elle est l’exécution par l’associé de son engagement de verser la somme
promise.

Les exigences légales concernant la libération varient selon les types de société. En effet, le délai
de libération des apports en numéraire est fixé comme suit :
- Dans les SA, 1/4 de l’apport doit être libéré à la souscription et
les 3/4 dans les 3 ans qui suivent la constitution de la société (c’est une obligation
personnelle et non collective).
- Pour les SARL, la totalité de l’apport est à libérer à la souscription.
- Pour les sociétés de personnes (SNC et SCS), les apports en numéraires sont libérés
intégralement lors de la constitution de la société.
Dans tous les cas, la libération s’effectue par le transfert à la société des sommes d’argent
promises. En cas de retard, les sommes restant dues à la société portent de
plein droit intérêts au taux légal à compter du jour où le versement aurait dû
être effectué sans préjudice de dommages intérêt au profit de la société.

La souscription donne à l’auteur de l’apport la qualité d’associé même si son apport n’est pas
entièrement libéré. L’auteur bénéficie de l’ensemble des droits qui s’attachent à son apport.

L’obligation de libération est personnelle à l’associé et non rattachée à la détention des titres.
Dès lors, l’associé ne saurait s’en prétendre déchargé du fait de la cession des titres.

b) L’APPORT EN NATURE (ART. 45 à 50)

L’apport en nature est l’apport d’un bien autre que l’argent. Il peut s’agir : d’un
 bien corporel ou incorporel,
 mobilier ou immobilier. Il peut également s’agir d’une
 créance dont la valeur réelle dépend :
 de la solvabilité du débiteur cédé ou
 d’un fonds de commerce notamment lorsque l’entrepreneur individuel décide de
constituer une société.
L’apport en nature peut être :
- en propriété,
- en jouissance,
- en usufruit ou en nu propriété.

b)1) L’APPORT EN PROPRIETE (ART. 46)

C’est celui qui se rapproche le plus de la vente. Il est analysé par la loi comme un contrat assimilé à
la vente ce qui lui vaut l’application d’une partie du régime de celle-ci. La société est l’acheteur et
devient propriétaire du bien apporté.
Le transfert de propriété intervient à l’égard des tiers au jour de l’immatriculation de la
société. C’est la raison pour laquelle, le transfert de propriété n’est pas opposable
aux tiers lorsqu’il profite à une société en participation.

L’apport en propriété fait de l’apporteur un vendeur. Il est soumis aux obligations de celui-
ci et reçoit en contrepartie des titres sociaux à hauteur de la valeur des biens apportés, d’où
l’utilité de l’évaluation. Celle-ci est effectuée par les associés dans certains cas et
par des experts indépendants dans d’autres appelés commissaires aux apports.

Il faut relever que pour les créanciers, l’apport en propriété constitue une technique
utilisée par le débiteur pour organiser son insolvabilité. Dès lors, il est prévu l’inopposabilité de
l’apport à l’égard des créanciers lorsque notamment, le débiteur était en état de cessation des
paiements au moment de l’apport (article 69-1 AUPC).

b)2) L’APPORT EN USUFRUIT OU EN NUE-PROPRIETE

Par l’apport d’usufruit, la société acquière l’usus et le fructus sur une chose.
En revanche, l’apport en nue-propriété ne transfert que l’abusus à la société. A l’expiration de
l’usufruit conservé par l’apporteur, c’est la société qui recouvre la pleine propriété sur la chose
(ceci concerne l’apport en nue propriété).
Les modalités particulières de l’apport en usufruit ou en nue propriété peuvent concerner
n’importe quel type de biens. Il faut relever que dans la pratique, ces types d’apports sont rares en
raison des difficultés de gestion des droits de l’associé.

b)3) L’APPORT EN JOUISSANCE (ART. 47)

A la différence de l’apport en usufruit, l’apport en jouissance confère à la société un simple droit


de créance, un peu comme celui d’un preneur à bail. Dans ce cas, la société peut user
librement du bien apporté mais l’apporteur en garde la pleine propriété.

L’intérêt de cet apport est de deux ordres : D’abord,


- l’apporteur est sûr de récupérer son bien à la dissolution de la société. Ensuite,
- le bien apporté en jouissance est à l’abri des poursuites des créanciers sociaux parce que
n’étant pas un élément du patrimoine de la société.
Le seul inconvénient de cet apport est que l’apporteur conserve, en qualité de propriétaire, les
risques de la chose.

c) LES APPORTS EN INDUSTRIE

Les apports en industrie constituent la catégorie mal aimée d’apport en droit des sociétés.
En effet, historiquement, le droit des sociétés a toujours été apprécié comme le droit des
capitaux, comme le droit de ceux qui ont du bien. Etait donc retenu comme apport celui
portant soit sur des droits réels soit sur de l’argent.
Par la suite, en raison de l’importance de l’intellect, a été créée la catégorie des apports en
industrie comportant entre autres le savoir-faire, la notoriété, ou encore l’influence. Mais, cette
catégorie qui faisait l’objet d’un régime juridique général dans la quatrième partie du COCC, est
aujourd’hui limitée à une seule disposition : l’article 40 de l’AUSC-GIE. Cette disposition limite
l’apport en industrie à la seule main d’œuvre5. L’AU ne comporte aucune autre
disposition s’intéressant spécifiquement à l’apport en industrie.

Son régime juridique, outre l’article 40, est composé des dispositions générales applicables à
tous les apports. C’est la raison pour laquelle, pour compléter ce régime, la majeure partie de la
doctrine se fonde sur le droit français et donc la quatrième partie du COCC pour l’apprécier comme
un apport non évaluable et non capitalisable6.

Dans tous les cas, les apports en industrie se rencontrent généralement dans les sociétés où
le travail des associés est la principale source des bénéfices sociaux, notamment les sociétés
exerçant une profession libérale. Les titres sociaux émis en contrepartie de l’apport ne
sont pas cessibles en raison de leur caractère intuitu personae. Il convient également de préciser que
les apports en industrie ne peuvent être libérés que progressivement parce que constituant un
travail promis à la société. 7

LE CAPITAL SOCIAL

5
La restriction de l’apport en industrie à la seule main d’œuvre circonscrit l’apport en industrie à des éléments
pouvant faire l’objet d’un travail effectif au sein de la société notamment :
- les connaissances ou compétences techniques,
- le travail,
- les services.
« Une personne ne saurait, par exemple, faire l’apport de son savoir faire, de son crédit commercial ou de
sa notoriété et prétendre à la qualité d’associé. ». Voir Jean Yado Toé, Droit des SCGIE dans l’espace OHADA,
mars 2007, ED. PADEG, p.25.
6
« C’est ce que prescrit l’AUSCGIE lorsqu’il édicte en son article 62 que « le capital représente le montant des
apports en capital faits par les associés à la société… ». » Voir Jean Yado Toé, Droit des SCGIE dans l’espace
OHADA, mars 2007, ED. PADEG, p. 28.
7
En droit français, l’apport en industrie est non-évaluable et non-capitalisable ce qui remet en cause la qualité d’associé de
la personne qui réalise des apports en industrie à une société puisqu’en l’absence de titre, elle ne reçoit pas de bénéfices.
La mise en commun d’apports a pour objet et pour effet, la constitution du capital social.
Le capital social est composé des apports en capital (article 62 de l’AU). C’est la somme des
apports. L’AU reste silencieux sur la question de l’intégration des apports en
industrie dans le calcul du capital. Mais en droit français, ces apports sont
expressément exclus du capital.

Le capital doit être distingué des :


 fonds propres qui sont des sommes mises à la disposition de la société de façon stable et
qui constitue le passif interne appelé dans le jargon financier le « haut de bilan ». Il doit
également être distingué des
 capitaux propres qui reflètent effectivement la réalité financière de la société en ce sens
qu’ils sont déterminés en tenant compte du capital social et des autres éléments comme
les réserves et les pertes. A la différence du capital qui est en principe
intangible, les capitaux propres varient en permanence en fonction des résultats
de la société.

Le capital social est une notion comptable puisqu’il figure à la droite du bilan, à la première ligne.
Il est également une notion juridique car il a vocation à servir de garantie, de gage aux créanciers
sociaux. Toutefois, il donne imparfaitement la mesure de la surface financière et de la
valeur de la société. C’est une notion qui peut être trompeuse.
Le capital social est divisé en droits sociaux répartis entre les associés en contrepartie de
leurs apports (article 51 et s. de l’AUSCGIE).
B- LA PARTICIPATION AUX RESULTATS SOCIAUX

C’est le deuxième élément caractéristique de la société commerciale.


Il signifie que la société a un but lucratif se distinguant en cela de l’association qui elle n’a pas un
but lucratif. Ce but lucratif résulte de l’article 4 de l’AU.
Il est de deux ordres : d’une part,
- participer aux bénéfices et aux économies, d’autre part,
- contribuer aux pertes.

1- LA PARTICIPATION AUX BENEFICES OU AUX ECONOMIES

Pendant longtemps, la société a été considérée comme constituée en vue de partager le bénéfice
résultant de l’activité sociale. Le bénéfice est défini par la jurisprudence comme un gain pécuniaire
ou matériel qui ajouterait à la fortune des associés8. Mais, après plusieurs critiques, cette
conception restrictive contraire au droit comptable et écartant de la catégorie des sociétés des
groupements d’affaires qui n’ont pas pour but le partage des bénéfices a été abandonnée.
Aujourd’hui tout groupement permettant à ses membres de réaliser une économie est susceptible
d’être qualifié de société. Il faut relever que cet élargissement de la définition de la société a été
critiqué par certains auteurs du fait qu’il n’est pas un facteur de simplification du droit des
sociétés.

8
Cassation, chambre réunie, 11 mars 1914.
En effet, trois types de personnes morales permettent à leurs membres de se regrouper en vue de
réaliser une économie :
- L’association,
- La société et
- Le groupement d’intérêt économique.
La vocation aux bénéfices et aux économies doit exister au profit de tous les associés.
Toutefois, il n’est pas interdit d’insérer des clauses d’inégalité des traitements dans les statuts sauf
s’il s’agit de clause léonine.

a) LA VALIDITE DES CLAUSES D’INEGALITE DES TRAITEMENTS

Le principe de la répartition des dividendes est prévu par l’article 54 alinéa 1er de l’AU.
Il résulte de ce texte que la répartition des bénéfices et des pertes se fait proportionnellement aux
apports. C’est d’ailleurs ce que prévoient généralement les statuts. Cependant, il ne
s’agit pas d’une règle d’ordre public et les statuts peuvent y déroger.
En effet, ces derniers peuvent organiser un mode de répartition inégalitaire, certains
associés recevant une part des bénéfices plus importante que leur participation au capital
ou inversement.
Cette situation inégalitaire est essentiellement due à une coexistence dans la société d’associés
passifs et d’associés actifs.

Les associés passifs sont ceux qui ne participent pas à la gestion et


qui n’effectuent qu’un simple placement financier (exemple : les petits porteurs).
Pour ceux-ci, les dividendes reçus sont proportionnelles à leur participation dans le capital.

Quant aux associés actifs, impliqués dans la vie de la société, ils bénéficient d’un
supplément de dividendes si leur activité n’est pas autrement rémunérée. Les dividendes sont
payés en numéraires, leur mise en paiement doit avoir lieu dans le délai
maximal de 9 mois après la clôture de l’exercice.

b) LA PROHIBITION DES CLAUSES LEONINES

La clause léonine est celle qui :


 attribue à un associé la totalité du profit procuré par la société ou
 l’exonère de la totalité des pertes ou encore
 l’exclue totalement ou
 met à sa charge la totalité des pertes. Article 54 al. 2 de l’AU.
Une telle clause est considérée comme non-écrite.
Cette prohibition est étendue par la jurisprudence aux clauses qui attribuent à un associé non pas
la totalité des bénéfices mais une fraction très largement supérieure à celle à laquelle sa
participation au capital lui donnerait droit.
L’existence de cette prohibition légale pose également le problème de certaines
conventions extrastatutaires qui ont pour effet d’exonérer un associé de toute contribution aux
pertes comme les conventions de portage d’actions9.

2- LA CONTRIBUTION AU PERTES

Lorsque la société n’enregistre pas de bénéfices ou d’économies mais plutôt des pertes, les associés
doivent y contribuer.
La contribution aux pertes doit être distinguée de l’obligation aux dettes sociales10. En effet,
l’obligation aux dettes sociales concerne les rapports des associés avec les créanciers sociaux. Son
étendue varie selon les catégories de société.
Quant à la contribution aux pertes, elle ne concerne que les rapports entre associés.
Elle permet de déterminer celui qui va supporter, et dans quelles proportions, le résultat négatif de
la société. Comme pour le partage des bénéfices, la contribution aux pertes est en principe
proportionnelle à la fraction du capital détenue par chaque associé.

 Dans les sociétés ayant pour but de permettre à leurs membres de réaliser une économie
(exemple : les sociétés coopératives) la contribution aux pertes prend la forme d’une cotisation
versée régulièrement pour couvrir les frais de fonctionnement (ou frais de roulement).
 Dans les sociétés ayant pour but le partage de bénéfices, la distinction suivante doit être
effectuée :
- Si, à la suite des pertes, les capitaux propres ne sont pas inférieurs à la moitié du capital
social, la société poursuit ses activités sans que les associés ne soient
obligés de prendre en charge directement les pertes.
- Si à la suite des pertes, les capitaux propres sont inférieurs à la moitié du capital social,
s’applique une procédure particulière de contribution (article 371 et s. (SARL) et 664 et s.
(SA)).11
C- L’AFFECTIO SOCIETATIS

C’est le troisième élément spécifique de l’acte de société.


A la différence des deux premiers, il n’est pas prévu par l’article 4 de l’AU mais plutôt par la
jurisprudence pour laquelle il ne saurait y avoir de société sans affectio societatis.

Son absence lors de la création de la société est donc une cause de nullité de celle-ci et
sa disparition en cours de vie sociale est en principe une cause de dissolution.
La difficulté tient au fait que sa définition reste ambiguë. De nombreuses théories doctrinales ont
en effet été proposées :

9
La convention de portage est la convention par laquelle un client donne ordre à un établissement de crédit d’acquérir le
contrôle d’une société commerciale qu’il porte pendant un certain temps afin de le lui rétrocéder dans un délai
déterminé et à un prix fixé à l’avance. (Donneur d’ordre, société cible et porteur). Pendant la période de portage c’est le
porteur qui est le propriétaire. Les dividendes sont versés à titre de remboursement future et les pertes sont directement
du ressort du donneur d’ordre.
10
Les pertes peuvent entraîner des dettes mais perte ne signifie pas forcément dette
11
Le coup d’accordéon est le mécanisme par lequel on harmonise le montant des capitaux propres de telle sorte que les
capitaux propres équivalent au minimum du capital social. C’est l’opération par laquelle on équilibre le montant du
capital social par une augmentation par renflouement du capital social ou une réduction le capital social jusqu’à ce que
les capitaux propres équivalents à la moitié du capital social.
Elle peut entraîner la modification de la forme de la société (cas d’une SA de CS de 10 millions mais qui se retrouve avec
des capitaux propres de 4 millions et qui ne peut le réduire de peur de modifier la société)
- La théorie classique pour laquelle, il s’agissait d’une collaboration volontaire et active,
intéressée et égalitaire,
- La théorie de HAMEL qui l’analysait comme une volonté d’union ou une convergence
d’intérêts,
- La théorie de DIDIER ET VIENDIER qui considère que l’affectio societatis ne fait que compliquer
inutilement les choses. Enfin
- La théorie de GUYON et JEANTIN qui considère que l’affectio societatis est utile mais
il est vain de vouloir en avoir une approche unitaire alors que c’est une notion multiforme et
susceptible de varier selon le type de société en cause. Cette dernière conception est la plus
satisfaisante.

L’affectio societatis est une notion protéiforme, un élément intentionnel qui varie selon les
catégories de société. L’intention de collaborer de manière effective à l’exploitation et dans un
intérêt commun est très marquée dans les sociétés de petite taille.
En revanche, elle est beaucoup plus difficile à percevoir dans :
 une société quottée en bourse. De même, l’affectio societatis doit se concevoir
différemment dans
 les sociétés unipersonnelles. Dans ces types de sociétés, il consiste pour l’associé unique :
 à se comporter comme membre de la personne morale et
 à éviter toute confusion de patrimoine.

L’affectio societatis permet dans tous les cas :


- de distinguer le contrat de société de contrats voisins comme le contrat de travail. Il
permet également
- de caractériser une société créée de fait ou encore
- de déceler le vice de fictivité.

SECTION 2EME : LES SANCTIONS EN CAS DE VIOLATION DES CONDITIONS DE CONSTITUTION DE LA


SOCIETE COMMERCIALE

La nullité, en raison de son efficacité en matière contractuelle, est très utilisée pour sanctionner la
société irrégulièrement constituée. Toutefois, compte tenu des intérêts des tiers qui ont contracté
avec la société qu’ils ont cru régulièrement constituée, le législateur a considérablement réduit le
champ de la nullité en droit des sociétés. Cette réduction se manifeste d’ailleurs aujourd’hui par
l’existence d’une procédure de régularisation accompagnée d’un courant doctrinal qui prône le
renouvellement des sanctions en droit des sociétés.
Au-delà d’une telle sanction, une autre est applicable aux fondateurs de la société.
De plus, les clauses contraires aux dispositions impératives de l’AU sont réputées non-écrites et
échappent à la théorie de la nullité. Elles sont donc inexistantes par détermination de la loi.

PARAGRAPHE 1ER : LA NULLITE DE LA SOCIETE

La société est un contrat complexe qui implique la réunion de plusieurs éléments constitutifs dont
l’absence peut entraîner la nullité de la société. La nullité vaut pour la société condamnation à
mort prononcée par le juge et qui entraîne la perte de la personnalité morale. C’est
d’ailleurs la raison pour laquelle, le législateur a limité les causes de nullité de l’acte de société. En
effet, celle-ci ne peut résulter que d’une disposition expresse de l’AU ou des règles régissant la
nullité des contrats en générale et du contrat de société en particulier.

Il existe donc deux séries de causes de nullité de la société, d’une part,


- La violation des conditions générales de formation des contrats et d’autre part,
- La violation des conditions spécifiques de formation de l’acte de société.
A ces deux séries de causes, s’ajoute l’hypothèse où la société est fictive ou frauduleuse.

Une société fictive, encore appelée société de façade ou écran, n’est qu’une apparence de
société manipulée par un personnage seule maître de l’affaire. Ses partenaires ne sont que des
prête-noms qui ont signé à l’avance des cessions de parts en blanc.

La fictivité résulte de l’absence:


 de pluralité d’associés,
 de véritables apports,
 d’une véritable participation aux résultats ou
 de l’affectio societatis.

La société fictive est sanctionnée par la nullité. Toutefois, cette sanction est toujours accompagnée
d’une responsabilité civile, voire pénale, des dirigeants et fondateurs.

La fraude n’est pas expressément visée par l’AU. L’article 245 al. 2 impose juste au juge de
prononcer la nullité de la SNC ou de la SCS dont les formalités de publicité ne sont pas accomplies.
Cependant, la jurisprudence l’apprécie comme une cause générale de nullité des sociétés.

La prescription de l’action en nullité est de 3 ans sauf lorsque la société est constituée par:
 accord de fusion,
 de scission ou
 apport partiel d’actif (article 251 de l’AU).
Il n’y a pas de prescription lorsque la nullité a été prononcée sur l’objet social illicite (article 246 et
251 de l’AU).

PARAGRAPHE 2EME : LA RESPONSABILITE DES FONDATEURS DE LA SOCIETE IRREGULIEREMENT


CONSTITUEE

Cette responsabilité peut être civile ou pénale.


 Pour la responsabilité civile, l’AU prévoit deux possibilités pour la mettre en jeu dès que la société
est irrégulièrement constituée.

- D’abord, la possibilité d’action concerne l’hypothèse où la nullité a été prononcée.


Cette action en responsabilité ayant pour objet la réparation du préjudice subi du fait de la
disparition de la société. Elle se prescrit par 3 ans à compter du jour où la décision
d’annulation est passée en force de chose jugée.
- Ensuite, la possibilité d’action concerne l’hypothèse où la nullité a été couverte
(qui n’a pas été prononcée du fait de la régularisation effectuée)12, l’action en responsabilité
ayant ici pour objet la réparation du préjudice résultant du vice dont la société était
entachée. Elle se prescrit par 3 ans à compter du jour de la
régularisation.

 Quant à la responsabilité pénale, elle est prévue aux articles 886 à 888 de l’AU. Elle est engagée
notamment en cas d’émission d’actions avant l’immatriculation ou à n’importe quelle époque
lorsque l’immatriculation est obtenue par fraude ou que la société est irrégulièrement constituée.

SECTION 3EME : L’ACQUISITION DE LA PERSONNALITE MORALE : L’IMMATRICULATION AU RCCM

Certaines conditions de forme sont exigées pour constituer valablement une société commerciale :
un écrit, l’accomplissement de certaines formalités de publicité, notamment, l’immatriculation.
C’est à partir de cette dernière que la société sera considérée comme jouissant de la personnalité
morale. Il faut tout de même préciser que le non-respect des conditions de forme,
notamment l’accomplissement des formalités de publicité n’est sanctionné par la nullité de la société
que dans les SNC et les SCS (article 245 AU).
(La formalité d’enregistrement, insertion d’un avis dans un journal d’annonce légale (article 257 AU),
la déclaration de régularité et de conformité déposée au greffe du tribunal régional du siège de la
société).

PARAGRAPHE 1ER : L’ECRIT : LES STATUTS

Les statuts sont obligatoires pour toute forme de société. Ils doivent revêtir une certaine forme et
leur contenu est rigoureusement encadré par l’AU qui laisse tout de même, en fonction de la forme
sociale, une certaine marge de manœuvre aux associés. Les statuts ne sont pas figés dans le temps.
Ils peuvent faire l’objet de modifications dans les conditions prévues par la loi.

A- LA FORME DES STATUTS

Les statuts sont en principe établis par acte notarié ou par tout autre acte offrant les garanties
d’authenticité. Ils exigent la reconnaissance d’écritures et de signatures et donc
sans acte notarié, les parties sont tenues de déposer le leur, au rang des minutes d’un notaire. Les
statuts peuvent donc, exceptionnellement, être dressé par acte sous seing privé en autant
d’exemplaires qu’il est nécessaire pour les parties et l’accomplissement de toutes les formalités de
constitution.
Pour les SNC et les SCS, la loi exige qu’un original des statuts soit remis à chaque associé.

B- LE CONTENU DES STATUTS

 Il est prévu par l’article 13 de l’AUSCGIE. Les mentions exigés sont multiples et portent d’une
manière générale sur l’identité de la société constituée (forme, dénomination, siège, durée et
activité) mais également sur celle des associés.

12
La régularisation (qui entraîne l’impossibilité de sanctionner la société elle-même) n’enlève pas la sanction envers les
fondateurs (responsabilité civile)
 Outre ces indications d’ordre identitaire, les statuts comportent également des informations
relatives au patrimoine de la société et à ses modalités d’administration et de direction.
Ce contenu ainsi fixé par l’article 13 n’est pas exhaustif. En effet, sur tout point où l’AU ne
comporte qu’une règle supplétive, les associés disposent de la possibilité d’insérer
dans les statuts des clauses contraires organisant leurs rapports soit entre eux, soit avec la société.

C- LES MODIFICATIONS DES STATUTS

Les statuts, qui matérialisent la constitution d’une société, sont similaires à la constitution d’un
Etat. Elles sont adaptées au début mais peuvent être inadaptées en cours de vie
sociale. Cette inadaptation peut résulter de circonstances
internes ou externes à la société. C’est la raison pour laquelle le
législateur a prévu leur réadaptation par le biais de leur modification. Mais, comme
pour la constitution, la modification des statuts demeure une décision extraordinaire.
D’où l’exigence du respect d’une procédure extraordinaire.
En effet, à côté de toute décision collective qui peut être prise par l’Assemblée Générale
Ordinaire, toute décision tendant à modifier les statuts, doit être prise par l’Assemblée
Générale Extraordinaire. Il en est ainsi notamment en cas d’
- augmentation ou de réduction du capital, de
- transformation de la société, de
- modification de l’objet social, de
- fusion, de
- scission ou
- apport partiel d’actifs ou encore de
- transfert du siège social d’un pays à un autre13.
Cette exigence procédurale tient au fait qu’il s’agit d’un avenant contractuel qui doit respecter
le principe du parallélisme des formes.

D- LES DOCUMMENTS ADDITIONNELS

Les statuts peuvent être compléter par des documents extérieurs, des actes séparés.
Ceux-ci sont appelés conventions extrastatutaires et sont généralement mises en place par 2 ou
plusieurs associés. Ils sont donc inexistants dans les sociétés unipersonnelles. Il s’agit pour les
associés signataires d’organiser leurs rapports bilatéraux afin, notamment, de
conserver leur pouvoir dans la société : il s’agit des pactes d’actionnaires.
Ils peuvent revêtir la forme de :
- conventions de vote, de
- procuration de vote ou encore de
- partage de pouvoir et de gains dans la société.
Leur validité est subordonnée à leur conformité aux statuts et à la loi en vigueur.

PARAGRAPHE 2ème : L’IMMATRICULATION DE LA SOCIETE AU RCCM


L’immatriculation est considérée comme une obligation de principe. Elle est obligatoire et doit
respecter certaines modalités et produit certains effets.

13
Voir : le transfert intracommunautaire de siège social en droit OHADA
A- LES MODALITES DE L’IMMATRICULATION

L’immatriculation est exigée par l’article 97 de l’AUSCGIE. Cette obligation est valable en principe
pour toutes les sociétés sauf pour les sociétés en participation (une SA ou une SARL régulièrement
constituée mais qui ne veut pas s’immatriculer, c’est une exception à
l’obligation de principe de s’immatriculer). La demande d’immatriculation est
faite en double exemplaire au greffe du tribunal régional dans le ressort duquel se trouve le siège
social de la société.
La demande ne sera valablement reçue que si elle est précédée d’une déclaration de régularité et
de conformité.
La déclaration est effectuée par les fondateurs et les premiers membres des organes de gestion,
d’administration et de direction.
Cette déclaration doit comporter l’indication des différentes opérations effectuées en vue de
constituer régulièrement la société. Cette exigence de déclaration est écartée dès lors qu’une
déclaration notariée de souscription et de versement a été établie et déposée.
Quand est ce qu’on immatricule ?
L’immatriculation est obligatoire dans le mois qui suit la constitution de la société.

A- LES EFFETS DE L’IMMATRICULATION

L’immatriculation produit les effets suivants :


- La naissance de la personnalité morale de la société (article 98 AUSCGIE),
- La présomption de commercialité. Pour le GIE, la présomption de commercialité ne joue pas,
le GIE étant une personne morale commerçante de par son objet (article 869 AUSCGIE),
- La durée de la société, qui ne peut dépasser 99 ans, coure à compter de son immatriculation
(article 29 AUSCGIE)14,
- Les engagements souscrits au nom de la société en formation deviennent des engagements
sociaux après l’immatriculation s’ils sont repris par la société (article 106 et s. AUSCGIE),
- La société dispose d’un numéro d’identification au RCCM qui lui servira d’identification et
devra figurer sur tous ses papiers d’affaire. En l’absence d’immatriculation, la société est
qualifiée de société qualifiée de fait, à moins qu’il s’agisse d’une société en participation
(article 115 AUSCGIE).

CHAPITRE 2 : LA VIE DE LA SOCIETE

L’étude de la vie de la société exige l’appréhension de 3 éléments : D’abord,


- l’identification de la société, Ensuite,
- les pouvoirs des associés et Enfin,
- les pouvoirs des organes dirigeants de la société.

SECTION 1ERE : L’IDENTIFICATION DE LA SOCIETE

La société est identifiée par des éléments qui peuvent être classés en 2 catégories : d’une part,
- les éléments d’identification relatifs à la situation juridique de la société et d’autre part,
- ceux relatifs à la situation financière de la société.

14
C’est la computation du délai de vie de la société.
PARAGRAPHE 1ER : LES ELEMENTS D’IDENTIFICATION RELATIFS A LA SITUATION JURIDIQUE DE LA
SOCIETE

Comme pour toute personne, la société doit être identifiée à toute autre personne morale.
Cette identification s’effectue par
- la dénomination sociale,
- la forme sociale,
- la durée et
- le siège social.

A- LA DENOMINATION SOCIALE

C’est le nom de la société. Elle est obligatoire en vertu de l’article 14 de l’AU.


Elle permet de distinguer la société de toute autre personne physique ou morale.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, au RCCM, le nom d’une société doit être unique (article 16
AUSCGIE). Cette dénomination peut faire l’objet de modifications par l’AGE de la
société.
B- LA FORME SOCIALE

Elle doit être précisée dans la dénomination sociale. Elle est choisie selon des critères divers et
selon les besoins des fondateurs. Le critère peut être fiscal, juridique ou économique. Dans tous les
cas, la forme doit être connue des tiers et donc spécifiées dans les statuts. La forme peut être
transformée.

C- LA DUREE DE LA SOCIETE

Elle doit être déterminée dans les statuts. Dans tout les cas, elle ne peut excéder 99 ans.
Cette durée peut être prorogée par l’AGE 1 an au moins avant l’arrivée du terme.
Le cas contraire, la société est dissoute de plein droit à l’arrivée du terme.
Cette prorogation peut être effectuée une ou plusieurs fois et elle peut être demandée par
un associé au Président du tribunal régional qui désigne, s’il y a lieu, un mandataire de justice pour
la convocation de l’AGE.

D- LE SIEGE SOCIAL

C’est le centre de la vie juridique de la société, le lieu de son principal établissement. Il doit figurer
dans les statuts. Le local qui abrite le siège peut être acheté, apporté ou loué par la société sous
forme d’un bail à usage professionnel.
Le choix du siège désigne :
- le lieu d’accomplissement des formalités de constitution,
- le lieu de prise de décision,
- la nationalité de la société et
- le tribunal compétent pour tout contentieux notamment une procédure collective.
En cas de litige, il peut être fait application de la théorie des gares principales15.

15
La théorie des gares principales permet d’assigner une société à un lieu où elle n’a pas son principal établissement.
Le siège statutaire peut différer du siège réel. Dans ce cas, la primauté est donnée au siège
réel. Le siège social peut être modifié par le transfert d’un lieu à un autre.

PARAGRAPHE 2EME : LES ELEMENTS D’IDENTIFICATION RELATIFS A LA SITUATION FINANCIERE DE LA


SOCIETE

Ces éléments permettent d’apprécier non seulement la mise de départ mais également les résultats
de la société. Il s’agit d’une part, du capital social et d’autre part, des états financiers de
synthèse.

A- LE CAPITAL SOCIAL (ARTICLE 61 A 71 AU)16

Le montant du capital doit figurer dans les statuts. Le capital social est une notion comptable mais
également juridique et son montant permet de crédibiliser la société.
Il est composé de l’ensemble des apports en capital et peut faire l’objet de modification en cours
de vie sociale. Cette modification peut être une augmentation ou une réduction. Ces dernières
s’effectuent par une modification du montant nominale des titres ou une modification du nombre
de titres (devant des apporteurs qui sont des tiers,
l’augmentation de capital ne peut se faire que par l’émission de titres c'est-à-
dire la modification du nombre de titre).
Le montant du capital est librement déterminé par les associés dans les limites légales prévues.

B- LES ETATS FINANCIERS DE SYNTHESE

Les états financiers de synthèse déterminent la santé financière de la société. Ils permettent à la
société de satisfaire les obligations comptables qui pèsent sur elle résultant de l’AUDCG, de
l’AUSCGIE et de l’AUCE : il s’agit:
- du bilan,
- de l’état d’inventaire annexé et
- du tableau de résultats.
Ils doivent être certifiés par un commissaire aux comptes et publiés conformément à l’AU.

SECTION 2EME : LES POUVOIRS DES ASSOCIES DE LA SOCIETE (ART. 53)

L’associé est celui:


- qui fait un apport,
- qui participe aux résultats sociaux et
- chez qui se manifeste l’affectio societatis, donc la volonté d’agir ensemble.
Il n’est donc pas défini par la seule réalisation d’apport, ni à la participation à la vie sociale.
Lorsque la personne acquière la qualité d’associé, elle dispose de 3 catégories de pouvoirs qui
constituent les droits de l’associé. Il s’agit des droits :
- Politiques,
- Financiers et

16
Capital Social = Valeur Nominale de chaque titre X Nombre de titres (K = VN X NT)
- Patrimoniaux.

PARAGRAPHE 1ER : LES DROITS POLITIQUES

L’associé est le citoyen de la société. Cette citoyenneté lui donne le droit de participer à la vie active
de la société par le droit de vote. Le vote doit être éclairé, ce qui justifie son droit d’information et
de communication.

A- LE DROIT A L’INFORMATION

Tout associé a le droit de s’informer et d’être informé. La loi fait donc la distinction entre le droit
d’information et le droit de communication.
 Le premier consiste pour l’associé à recevoir de l’information venant des dirigeants sans son
intervention (c’est la raison pour laquelle on doit lui transmettre tous les documents
relatifs à la société).
 Le second consiste pour l’associé à obtenir tout document demandé aux dirigeants et portant sur
gestion de la société.
Le droit à l’information permet donc à l’associé :
- d’obtenir communication des livres et documents sociaux,
- de poser des questions écrites,
- de déclencher l’expertise de gestion (article 159) ou la procédure d’alerte (article 157).

En cas de non-respect du droit à l’information :


- la délibération peut être annulée et
- les associés peuvent engager la responsabilité civile du dirigeant.

B- LE DROIT DE VOTE
C’est une prérogative essentielle de l’associé lui permettant de participer aux décisions sociales et
de prendre position sur toute délibération. En principe, tout associé a le droit de vote (article 53).
Mais dans les sociétés quottées, les petits porteurs n’utilisent pas cette prérogative.
Certaines actions ne confèrent pas à leur titulaire des droits de vote :
C’est le cas des
- actions à dividendes prioritaire sans droit de vote, c’est le cas également
- lorsque l’associé fait l’objet de sanctions. Il en est également ainsi des
- titres dont l’apport n’est pas totalement libéré alors qu’exigible.

Le droit de vote de l’associé est d’ordre public et sa violation peut être sanctionnée pénalement.
Le droit de vote est exercé librement dans les limites de l’abus de majorité et de l’abus de
minorité.17
- L’abus de majorité est sanctionné par :
 l’octroi de dommages et intérêts et par
 l’annulation de la délibération abusive.
- Pour l’abus de minorité, il est sanctionné par l’octroi de dommages et intérêts18.

17
Article 130 alinéa 2: Il y a abus de majorité lorsque les associés majoritaires ont voté une décision dans leur seul intérêt,
contrairement aux intérêts des associés minoritaires, et que cette décision ne puisse être justifiée par l'intérêt de la
société.
Lorsque les titres sociaux font l’objet d’usufruit, le droit de vote appartient au nu-propriétaire
sauf pour les décisions concernant l’affectation du bénéfice.
Il faut préciser que les associés peuvent conclure des conventions de vote sanctionnées dans le
seul cas où elles sont générales, permanentes et définitives.
Le principe est que chaque associé dispose d’autant de titre que de droit de vote.
Mais, dans les SNC et les SCS, les associés disposent d’une seule voix en raison de l’unanimité
exigée pour la prise de décision.
Par ailleurs, les statuts d’une SA peuvent limiter le nombre de voix dont chaque associé dispose
dans l’assemblée.
Il peut également y avoir des titres à droit de vote double.
PARAGRAPHE 2ème : LES DROITS FINANCIERS
Les droits financiers de l’associé sont de 3 ordres :
- Le droit aux dividendes,
- Le droit aux réserves et
- Le droit au boni de liquidation.

A- LE DROIT AUX DIVIDENDES


Les dividendes sont la fraction des bénéfices distribuables de l’exercice écoulé que l’AG décide de
répartir entre les associés et conformément aux statuts.
La part de chaque associé est en principe proportionnelle à sa part dans le capital.
Mais les statuts peuvent modifier la répartition sans pour autant comporter une clause léonine.
La distribution des dividendes pose le problème des conventions de croupier qui sont
celles par lesquelles un associé convient avec un tiers de partager les bénéfices ou les pertes de
l’associé.
B- LE DROIT AUX RESERVES
Les réserves sont les sommes prélevés sur les bénéfices et affectées à une destination déterminée
ou conservées à la disposition de la société. Il existe 2 catégories de réserves :
- Les réserves légales, obligatoires et d’autre part,
- Les réserves conventionnelles, facultatives.

C- LE DROIT AU BONI DE LIQUIDATION


La liquidation est l’effet de principe de la dissolution de la société. Elle consiste à réaliser l’actif de
la société pour apurer le passif, le restant étant dû aux associés. C’est ce restant que l’on appelle le
boni de liquidation19. Le boni de liquidation doit être réparti entre les associés sauf
dispositions contraires des statuts.
PARAGRAPHE 3ème : LES DROITS PATRIMONIAUX

Il s’agit du droit de l’associé de disposer des titres sociaux. En effet, l’associé est propriétaire des
titres sociaux et dispose de l’ensemble des prérogatives du propriétaire. Il a le droit de céder les
titres, peu importe leur nombre, peu importe la participation ou le contrôle.

18
Article 131 alinéa 2 : Il y a abus de minorité lorsque, en exerçant leur vote, les associés minoritaires s'opposent à ce que
des décisions soient prises, alors qu'elles sont nécessitées par l'intérêt de la société et qu'ils ne peuvent justifier d'un
intérêt légitime.
19
C’est l’excédent des capitaux propres sur le capital, après réalisation de toutes les opérations de liquidation.
La garantie contre les vices cachés ne joue pas en matière de cession de titres en raison de
son exclusion pour tout vice de valeur. Ce vice est pris en charge conventionnellement par la
convention ou clause de garantie de passif.
SECTION 3EME : LES POUVOIRS DES DIRIGEANTS

Les dirigeants sociaux ont un statut spécifique, des pouvoirs limités et une responsabilité qui peut
être engagée.

PARAGRAPHE 1ER : LE STATUT DE DIRIGEANT

Les dirigeants sociaux sont des mandataires sociaux, des fonctionnaires sociaux. Ils sont appelés
dirigeants de droit par opposition aux dirigeants de fait.
 Les dirigeants de droit sont qualifiés par la loi selon le type de société.
Pour les SNC, les SCS et les SARL, ils sont appelés gérants et leur nombre est illimité. Ils doivent être
nécessairement des personnes physiques.
Pour les SA, deux modes d’administration, de direction et de gestion sont prévus.
D’une part l’administrateur général et d’autre part, le conseil d’administration.
 Le conseil d’administration est composé de 3 à 12 membres20. Le tiers du total des
membres peut être constitué par des personnes tierces (des personnes non-actionnaires).
Le conseil d’administration est obligatoire dans tous les cas où la SA a 4 actionnaires ou
plus. Le conseil d’administration peut avoir une composition jusqu’à 24
membres lorsqu’une opération de fusion est réalisée entre SA.
 L’administrateur général: dans le cadre du conseil d’administration, une personne morale
actionnaire peut être désignée administrateur. Dans ce cas, elle désigne séance tenante
un représentant permanent qui doit être nécessairement une personne physique.
Par contre, une personne morale ne peut être ni administrateur général, ni PDG, ni DG, ni
PCA.
L’administrateur peut avoir jusqu’à 5 mandats dans des sociétés anonymes différentes.
Le PDG, le DG et le PCA et l’Administrateur Général ne peuvent cumuler que 3 mandats
de l’une ou l’autre de ces fonctions.

 Quant aux dirigeants de fait, ce sont les personnes physiques ou morales qui se sont immiscé dans
la gestion, l’administration ou la direction d’une société.

Les mandataires sociaux sont en principe révocables ad nutum, c'est-à-dire à tout moment.
Les administrateurs et les représentants légaux ne subissent pas le même sort.
En effet, les administrateurs et le Président du conseil sont révocables ad nutum alors que les
représentants légaux ne sont révocables que pour motif légitime dans la SA.
Cette précarité des mandataires sociaux a conduit, dans la pratique, à la mise en place de moyens
pour conférer une certaine stabilité aux dirigeants, en particuliers dans les SA. Il en est ainsi
notamment du:
- cumul avec un contrat de travail ou encore
- la prévision d’indemnité conventionnelle appelée golden parachute (les parachutes dorées)

20
Article416 de l’AUSCGIE.
PARAGRAPHE 2EME : LA LIMITATION DES POUVOIRS DES DIRIGEANTS

La règle générale de cette limitation figure aux articles 121 et suivants de l’AU.
 Dans les sociétés de personnes,
 les dirigeants peuvent accomplir tout acte de gestion dans leurs rapports avec les associés.
 Dans leurs rapports avec les tiers,
• ils engagent la société par les actes rentrant dans l’objet social même si ces actes ne
sont pas conformes à l’intérêt social.
• Lorsqu’il s’agit d’actes qui dépassent l’objet social, le dirigeant est seul engagé à
l’égard des tiers, l’acte étant inopposable à la société.
 Dans les SA et SARL,
 le dirigeant dispose dans leurs rapports internes à la société, des mêmes pouvoirs que ceux
des dirigeants de sociétés de personnes. Ils doivent respecter les clauses statutaires qui
limitent leurs pouvoirs21.
 Dans leurs rapports avec les tiers, ils sont investis des pouvoirs les plus étendus pour agir
en toute circonstance au nom de la société. Cette dernière est engagée même si les actes
dépassent l’objet social.
Cette solution législative n’est écartée que lorsque la société prouve que:
- le tiers avait connaissance du dépassement de pouvoirs ou
- ne pouvait l’ignorer.

PARAGRAPHE 3ème : LA RESPONSABILITE DES DIRIGEANTS


Elle peut être civile ou pénale.
 En ce qui concerne la responsabilité civile :
 lorsque la société est in bonis, les dirigeants sont responsables envers la société et les tiers :
- des fautes de gestion,
- des infractions aux lois et règlements et
- de la violation des statuts.
L’action en responsabilité peut être individuelle ou sociale. L’action sociale peut être intentée
par la société elle-même ou par ses associés en son nom.
 Lorsque la société est en redressement judiciaire ou en liquidation des biens,
les dirigeants peuvent voir leur responsabilité engagée notamment par le biais de :
- l’action en comblement de passif ou de
- l’action en extension de la procédure collective.
 Quant à la responsabilité pénale, un certain nombre d’infractions spécifiques sont prévues par l’AU
et dont les sanctions sont laissées aux Etats parties. Il en est ainsi de :
 l’abus de biens sociaux,
 des infractions relatives à la constitution de la société ou encore de
 la banqueroute.

PARAGRAPHE 4ème : LE CONTROLE DES DIRIGEANTS

Il est assuré non seulement par les associés mais également par les commissaires aux comptes.
Leur désignation n’est obligatoire que dans les SA et les SARL dont le capital est supérieur à

21 er
Article 328 al. 1 en ce qui concerne la SARL.
10.000.000 F et qui, soit ont un chiffre d’affaire supérieur à 250.000.000 F soit ont un
effectif permanant de plus de 50 salariés22.
Les commissaires doivent être indépendants et ont pour mission de vérifier et de certifier les états
financiers de synthèse de la société.
CHAPITRE 3ème : LA DISPARITION DE LA SOCIETE COMMERCIALE

La société commerciale est dissoute selon des causes limitativement énumérées par la loi.
Sa disparition produit des effets différents selon la forme de la société.

SECTION 1ERE : LES CAUSES DE DISSOLUTION (ARTICLE 200 AUSCGGIE)

Elles peuvent être classées en 3 catégories : d’abord,


- les causes de dissolution de plein droit, ensuite
- les causes de dissolution volontaires et enfin,
- les causes de dissolution judiciaires.

PARAGRAPHE 1ER : LA DISSOLUTION DE PLEIN DROIT

La société prend fin de plein droit :


- à l’arrivée du terme, par
- la réalisation de l’objet social, par
- l’annulation de l’acte de société et enfin par
- toute cause prévue par les statuts.

PARAGRAPHE 2EME : LA DISSOLUTION VOLONTAIRE

La dissolution volontaire est celle décidée par les associés. Il en est ainsi : en cas de
- dissolution anticipée de la société ou encore de dissolution
- à l’occasion d’une opération de fusion ou de scission.

PARAGRAPHE 3EME : LA DISSOLUTION JUDICIAIRE

La société peut être dissoute par :


- un jugement ordonnant la liquidation judiciaire de la société, par
- un jugement à la demande de tout intéressé lorsque les parts sociales sont réunies entre
les mains d’une seule personne (SNC et SCS), par
- un jugement à la demande d’un associé pour juste motif notamment
 en cas d’inexécution des obligations d’un associé ou encore de
 paralysie sociale
- la condamnation pénale de la société à la dissolution.

SECTION 2ème : LES EFFETS DE LA DISSOLUTION

La dissolution de la société entraîne,


- pour les sociétés pluripersonnelles, leur liquidation.
La liquidation, c’est la procédure par laquelle est réalisé l’actif de la société pour apurer le
passif, la différence positive (boni de liquidation) étant répartie entre les

22
Article 376 de l’AUSCGIE.
associés. Pendant toute la période de la liquidation,
la société jouit de la personnalité morale qu’elle ne perd qu’au jour de la clôture de la
liquidation. Cet effet de la dissolution est écartée lorsque la disparition l’a été à l’occasion
d’une fusion ou d’une scission.

- Pour les sociétés unipersonnelles ainsi qu’en matière de fusion et de scission, la dissolution
entraîne la transmission universelle de patrimoine.
 Dans le premier cas, à l’associé unique et
 Dans le second cas, à la société bénéficiaire de l’opération.
NOTES :
- Les sociétés de capitaux sont des sociétés où l’on s’intéresse à l’argent et non à la personne.
- Voir Article 8 et 9 sur les SC-GIE et voir aussi l’article 7 de l’AUDCG.
- Lorsqu’un client vous consulte il vous donne l’activité, les moyens et c’est à vous de
déterminer la forme sociale qui sied à l’activité.
- Concours des notaires : société civile immobilière qui a pour activité simpliste l’achat, la
vente ou l’achat pour revente d’immeubles. C’est une société civile mais commerciale par
son objet.
- Exemple de société de fait : la société de fait n’est créée que par le comportement des
parties : 3 femmes d’affaires qui opèrent une activité commerciale et qui du fait de l’inflation
des prix et les vicissitudes économique se regroupe dans leurs activités. Une seule va en
voyage, achète des marchandises pour les 3, a des charges de logement et au bénéfice des 3.
- La problématique de la société en formation n’intervient généralement qu’en cas de
contentieux entre la société et ses clients. Cela résulte de la théorie de l’apparence.
- Voir l’AU du 15 décembre 2010 sur les sociétés coopératives et mutualistes entré en vigueur
le 15 janvier 2011.
- Jo.gouv.sn (loi sur la privatisation).
- les droits sociaux résultant de l’apport ne constituent pas l’usufruit, mais c’est le bien sur
lequel porte l’usufruit
- Faire du droit, qui est une contrainte, un moyen. Avoir une vision globale de la règle mais
parvenir à ses fins.
- Pour être un juriste bien formé, il faut être transversal dans toutes matières.
- Il y a des formes sociales qui ne se déclinent que lorsqu’il y a un contentieux.
- LOI 2009-05 DU 09 JAN 2009 AEROPORT DE DIASSE
- Centre de recherche pour la valorisation du droit en Afrique (CRVDA).
- Distinction entre la valeur nominale d’une société et sa valeur réelle (société créée avec un
capital social de 1 million mais est-ce qu’au bout de 50 exercice on peut toujours dire qu’elle
vaut toujours 1 million ? La société a au moins un patrimoine conséquent
qu’elle a acquis durant ses exercices. Le contraire joue aussi.
- Société à capital risque = société qui aiment le risques et n’apportent que dans les sociétés
en difficulté mais pour une durée de 5 ans avec titre à priorité de paiement qui leur
permettent de se faire payer des dividendes même si les autres associés n’ont pas perçu de
dividendes. (capital risqueur)
- « L’utilisation de la société commerciale comme instrument de commission d’infraction »
(président du tribunal de Thiès, Banque Mondiale et FMI).
- La responsabilité peut jouer indépendamment de la nullité ou non de la société.
- Les pratiques notariales de constitution de sociétés commerciales.
- L’APIX était autrefois une agence mais elle est aujourd’hui une société (APIX SA)
- Légistique : technique de rédaction législative.
- Quand on annule des titres, on est obligé de réduire le capital social.
- Droit préférentiel de souscription peut être prévu par les associés
- La réduction de capital ne doit pas être un mécanisme permettant d’exclure un associé.
- L’existence dans les statuts de clauses d’agrément, on doit passer par une autorisation de
l’AGE pour céder un titre.
- Les banques ont l’obligation d’avoir un capital social minimum de 10 milliards,
les établissements à caractère financier 3 milliard, et les compagnies d’assurance 5 milliards.
- La veillée juridique : le veilleur est celui qui veille à l’évolution des textes
- Mame Adama Gueye, note de conseille dans le cadre du management des cabinets d’avocats
- La procédure par laquelle on demande des explications sur la santé douteuse de la société à
un dirigeant par le biais
- Placement : entre 0 et 10%
- Contrôle exclusif : plus de 50%, plus de 40% et aucun autre associé n’a 40%, plus de 40%
lorsque
- Contrôle conjoint : 50% - 50%
- Contrôle notable :
- SA avec 2 ou 3 actionnaires : faculté de désigner un conseil d’administration,
- SA avec plus de 4 actionnaires : obligation d’un conseil d’administration,
- SA unipersonnelle : obligation de désigner un administrateur général.
- Les clauses statutaires de limitation de pouvoirs des dirigeants ne sont pas opposables aux
tiers.
- Schéma de la variation du nombre de membres du conseil d’administration en cas de fusion :

SA ca12 fusion SA ca12 = SA ca24 SA ca12 en cas de

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