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Droit spécial des sociétés commerciales

Dr Saadatou BOUREIMA

1
Introduction

Généralités. Les commerçants peuvent être des personnes physiques ou des personnes morales.
Parmi ces dernières figurent les sociétés. En leur qualité de commerçant, elles sont d’abord
soumises aux règles régissant l’activité commerciale, c’est-à-dire au droit commercial général.
Toutefois, du fait de leurs particularités, les sociétés commerciales obéissent à des règles qui leur
sont spécifiques. Ces règles constituent le droit des sociétés commerciales.

Le droit des sociétés commerciales correspond à l’ensemble des règles qui régissent la naissance, la
vie et la disparition des sociétés commerciales.

Ce cours est consacré aux sociétés commerciales régies par le droit OHADA. Pour appréhender une
matière aussi vaste, il convient d’abord de traiter de la notion de société commerciale (I) avant de
traiter des sources du droit des sociétés commerciales (II) et de son domaine (III).

I. La notion de société commerciale

A. La spécificité de la société commerciale

Concept de société. Le terme société a 2 sens. En premier lieu, il désigne le contrat de société. C’est
celui par lequel 2 ou plusieurs personnes (physiques ou morales) mettent quelque chose en commun
en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter (article 1832 du
Code civil et article 4 AUSC). En second lieu, la société désigne la personne juridique née de ce
contrat. C’est une personne morale1 distincte des personnes qui l’ont créée à laquelle sont affectés
les biens et l’industrie mis en commun. Elle a une capacité propre d’agir au nom et dans l’intérêt de
la collectivité. Elle a une vie indépendante et agit par l’intermédiaire de ses représentants.

But de la société. Une société est créée dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de
l’économie résultant des opérations effectuées par les associés dans le cadre de l’entreprise
commune. Cette entreprise commune est le fait d’une pluralité d’individus. Ex : un chef cuisinier, un
pâtissier et un financier se réunissent pour créer et faire fonctionner un restaurant.

Objet de la société. L’objet de cette entreprise, autrement dit le projet poursuivi dans le cadre de la
société importe peu : industrie, artisanat, plomberie, services aux entreprises ou aux particuliers. La
structure de la société et son fonctionnement restent inchangés. En effet, les différences viennent de
la réglementation spécifique à l’activité exercée : des règles strictes encadrent les activités bancaires,
le secteur pharmaceutique, etc. Pour autant, une société de banque et une société pharmaceutique
sont soumises aux mêmes règles de base de droit des sociétés. En d’autres termes, il faut opérer une
distinction entre les règles communes s’appliquant à la structure juridique que constitue la société
et les règles spécifiques à chaque activité.

Il convient toutefois de préciser que les règles gouvernant la société varient selon le modèle de
société choisi. Il existe plusieurs formes de sociétés.

1 ème
M. Cozian, A. Viandier, F. Deboissy, Droit des sociétés, Lexisnexis, 32 édition, 2019, n°11 ; J. Duclos,
L’opposabilité. Essai d’une théorie générale, LGDJ, 1984, n°241 ; G. Wicker et J. Chr. Pagnucco, Rép. civ. Dalloz,
V° Personne morale ; G. Wicker, La théorie de la personnalité morale depuis la thèse de Bruno Oppetit : Mél.
Oppetit, Litec, 2009, p. 689.

2
Formes concurrentes d’organisation. En considérant la définition de la société donnée par l’article 4
de l’Acte Uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique (AUSC), la société se distingue de certaines organisations. En effet, il ne s’agit pas de la
seule structure juridique permettant d’exercer une activité. Ainsi définie, la société se distingue de
certaines organisations. En effet, il ne s’agit pas de la seule structure juridique permettant d’exercer
une activité.

Distinction entre la société commerciale et la société civile. La société civile n’exerce pas d’activité
commerciale. Ses domaines sont l’agriculture, l’immobilier, les professions libérales et les activités
intellectuelles. Elle se caractérise notamment par le fait que ses associés sont indéfiniment
responsables sur l’ensemble de leur patrimoine personnel contrairement à la majorité des sociétés
commerciales dans lesquelles il y une séparation stricte du patrimoine2. Les principaux points de
différence se situent au niveau de la forme et de l’objet des deux formes de sociétés. En vertu de
l’AUSC, sont commerciales à raison de leur forme, et quelque soit leur objet, la SNC, la SCS, la SARL,
la SA et la SAS. On en déduit que la loi n’attribue pas de caractère commercial aux sociétés civiles, en
raison de leur forme, nature ou objet.

Cette distinction traduit, en matière de sociétés, celle opérée entre commerçants et non-
commerçants, le principe étant le caractère civil et la commercialité l’exception. Mais, elle a
actuellement perdu son importance. Le caractère commercial d’une société tient de son objet3
(accomplissement d’actes de commerce) ou de sa forme4. Toutes les autres sociétés sont de ce fait
civiles. A l’exception des sociétés agricoles qui correspondent à une catégorie spéciale de sociétés qui
ne sont ni civiles ni commerciales. Dans la pratique la mise en œuvre de la distinction est difficile,
même la jurisprudence française est confuse à ce sujet.

Distinction entre la société commerciale et l’association5. L’association est la convention par


laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs
connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager des bénéfices6. Lorsqu’on
compare cette définition à celle de l’article 4 de l’AUSC, on en déduit d’abord qu’un groupement
ayant pour but le partage de bénéfices résultant de l’action commune doit forcément revêtir la
forme d’une société. Ainsi, une association qui distribuerait ses bénéfices à ses membres pourrait
être considérée comme une société créée de fait. Ensuite, dès lors qu’un groupement est créé dans
un but purement désintéressé, exclusif de toute recherche d’un avantage matériel quelconque, les
fondateurs doivent recourir à la structure juridique de l’association régie par les textes nationaux des
Etats membres.

2
Dorat Des Monts, « L’unification des sociétés civiles et commerciales. Vers un droit commun ? », RTD com.
1995, 502 ; B. Mercadal, « Le critère de distinction des sociétés civiles et commercial », RTD com. 1998, 511 ; W.
Jeandidier, « L’imparfaite commercialité des sociétés à objet civil et à forme commerciale », D. 1999, chron. 7 ;
V. Monsèrié-Bon, « Associés de société civile et procédure collective : vers une rencontre réussie ? », Mélanges
en l’honneur de Daniel Tricot, 2011, Litec-Dalloz, p. 547 ; Nurit-Pontier, « L’obligation aux dettes sociales des
associés à risque illimité », Bull. Joly 2008, 152 ; Revel, « Droit des sociétés et régime matrimonial : préséance et
discrétion », D. 1993, chron. 33, Guyon, « La situation des associés dans les sociétés civiles et les sociétés
commerciales ne faisant pas appel à l’épargne », RTD com. 1983, 353.
3
Article 3 de l’AUSC
4
Article 6 de l’AUSC
5 ème
V. M. Cozian, A. Viandier, F. Deboissy, Droit des sociétés, Lexisnexis, 32 édition, 2019, n° 92 et s.
6
V. C. KeutchaTchapnga, Le régime juridique des associations en droit camerounais, l’Harmattan, 2013, p. 202.

3
Distinction entre la société commerciale et le groupement d’intérêt économique. Selon l’article 869
de l’AUSC, le groupement d’intérêt économique (GIE), est un groupement dont le but exclusif est de
mettre en œuvre, pour une durée déterminée, tous les moyens propres à faciliter ou à développer
l’activité économique de ses membres, à améliorer ou à accroître les résultats de cette activités.
Comme la société, le GIE est constitué dans le but de faire profiter ses membres des économies
résultant de son activité. La différence fondamentale entre les deux groupements est que le GIE doit
être un prolongement de l’activité de ses membres, ce qui limite l’étendue de son objet alors que la
société peut avoir un objet très vaste, et si nécessaire, sans rapport avec l’activité de ses associés. La
responsabilité solidaire et indéfinie limite l’attrait du GIE. Mais, le GIE garde quelques avantages : son
fonctionnement n’est soumis à aucune règle contraignante, alors que celui des sociétés est soumis à
une réglementation fournie et complexe7.

Distinction entre la société commerciale et la société coopérative. La société coopérative obéit à un


régime juridique autonome. Bien qu’elle soit une société, elle est plus proche de l’association par les
objectifs qu’elle affiche. Son but n’est pas le partage de bénéfices, mais l’amélioration du sort de ses
membres. Elle fonctionne dans le respect de principes étrangers au monde des sociétés comme
l’altruisme et la démocratie. En effet, en plus d’être économiques, ses fins sont également morales et
sociales. Le coopérateur participe au capital social de la coopérative en contrepartie, il bénéficie du
versement d’un intérêt annuel, non pas d’une distribution de dividendes. Par ailleurs, il a une voix qui
lui permet d’intervenir dans la vie de la société, quelle que soit sa part de capital.

B. Nature juridique de la société

La société, contrat ou institution ?8Cette question est un débat dont les termes et les enjeux ne sont
pas clairement fixés9. Selon la conception classique10, la société est un contrat. Par la suite, la
doctrine, à partir de la fin du 19ème siècle, appliqua la théorie publiciste de l’institution11. Ainsi,
l’attribution de la personnalité morale12, le principe majoritaire13, le développement d’une
réglementation contraignante, la considération d’un intérêt de la société distinct de l’intérêt
personnel de ses membres, le souci d’assurer la pérennité de l’entreprise ont conduit à penser que
la société n’était pas un pur produit de la volonté égoïste de ses membres, mais une entité sociale
qui dépassait les volontés individuelles plus qu’elle ne leur était asservie. Bien qu’ayant été
historiquement utile pour expliquer la spécificité du contrat de société, la théorie de l’institution
peut être relativisée de nos jours. D’ailleurs, la notion d’institution, en droit des sociétés ne
détermine aucun régime juridique précis. Elle ne correspond pas à une véritable théorie, mais tente
plutôt d’expliquer le recours aux nombreuses règles impératives autrement dit à une législation
d’ordre public en la matière, par opposition à la théorie de l’autonomie de la volonté systématisée en
droit civil. En réalité, le contrat ne perd pas sa nature du seul fait qu’il fait l’objet d’une législation
d’ordre public.

7
Exception : la SAS bénéficie d’un régime juridique souple en droit OHADA.
8 ème
M. Cozian, A. Viandier, F. Deboissy, Droit des sociétés, Lexisnexis, 32 édition, 2019, n°10.
9
P. Bertel, « Liberté contractuelle et société », RTD com. 1996, 595.
10
Le Code civil français définit, originairement, la société comme un contrat dans son article 1832.
11
V. G. Plores et J. Mestre, « Brèves réflexions sur l’approche institutionnelle de la société », PA, 14 mai 1986, n°
58, p. 25.
12
A l’exception des sociétés en participation et créées de fait, pour lesquelles l’absence de personnalité morale
permet de les considérées comme des contrats.
13
Sauf dans le cas de quelques décisions qui requièrent l’unanimité.

4
En définitive, il convient de comprendre que la société prend sa source dans un acte juridique, le
contrat14, elle est dotée de la personnalité morale et fait l’objet d’une réglementation d’ordre
public15.

II. Les sources du droit des sociétés OHADA

Dans la majorité des Etats membres de l’OHADA, anciennement administrés par la France, les règles
applicables aux sociétés commerciales avant 1997, étaient constituées par les dispositions du Code
civil et du Code de commerce français. Elles étaient, par ailleurs, issues de la loi du 24 juillet 1867
sur les sociétés par actions, de la loi du 18 mars 1919 relative au registre de commerce et de la loi
du 7 mars 1925 sur les SARL. Ces textes hérités de la colonisation, devenus obsolètes pour la plupart,
sont aujourd’hui remplacés par le droit OHADA et certains textes nationaux, c’est le droit commun
(A). En outre, aux termes de l’article 916 de l’AUSC, les sociétés commerciales peuvent, être
soumises à des règles particulières (B).

A. Le droit commun

Il est constitué du droit commun uniforme et de la législation de chaque Etat membre16.

Droit commun uniforme. Il est constitué par le Traité de l’OHADA du 17 octobre 1993 qui régit de
manière générale les matières couvertes par les différents actes uniformes17, et bien sûr, les actes
uniformes de l’OHADA qui s’appliquent aux sociétés commerciales in bonis :

- L’Acte uniforme du 15 décembre 2010 relatif au droit commercial général qui s’applique à
tout commerçant qu’il s’agisse d’une personne physique ou d’une personne moral ;
- L’article 2 du Traité de l’Ohada donne la liste des huit matières rentrant dans le champ du
droit des affaires en Afrique dont le droit des sociétés commerciales. Ce droit a été adopté à
Cotonou dans l’Acte uniforme du 17 avril 1997 relatif au droit des sociétés commerciales et
au GIE(AUSC). Composé de 920 articles, il apporte au droit africain des affaires une sécurité
juridique incontestable en l’adaptant aux impératifs de l’économie moderne.
L’AUSC s’applique à toutes les sociétés commerciales par la forme ou par l’objet ainsi qu’aux
groupements d’intérêt économique.
Les sociétés commerciales à statut particulier, mais commerciales par leur forme ou leur
objet demeurent également régies par l’Acte uniforme. C’est le cas notamment des SA de
banque et d’assurance.
Les régimes particuliers ne s’appliquent que dans le cas où ils ne sont pas contraires à l’acte.
De même l’Acte uniforme s’applique à toutes les sociétés commerciales dans lesquelles l’Etat
ou une personne de droit public est associée. C’est ainsi que les sociétés d’Etat, les sociétés
nationales, les sociétés à capitaux publics et les sociétés d’économie mixte sont également
soumises à l’Acte uniforme, et ce, quel que soit le niveau de participation de l’Etat.
Sont exclus du champ d’application de l’AUSC, les établissements publics administratifs, les
sociétés civiles, les sociétés de coopératives et les mutuelles.

14
Articles 4 de l’AUSC et 1832 du Code civil français, articles 242 de l’AUSC et 1842 du Code civil français
15 ème
V. A.AkamAkam et V. Bakreo, Droit des sociétés commerciales OHADA, L’Harmattan, 2 édition, 2017, n°17.
16
Article 1 de l’AUSC
17
L’article 2 du Traité donne la liste des huit matières rentrant dans le champ du droit des affaires en Afrique
dont le droit des sociétés commerciales.

5
- Dans le but d’améliorer et de moderniser le droit des sociétés commerciales dans l’espace
OHADA, un Acte uniforme révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE
(AUDSC) a été adopté le 30 janvier 201418. Il modifie l’AUSC.

Droit commun interne. Il convient ici de déterminer le rapport entre l’AUSC et les législations
nationales des Etats membres. Le Traité de l’OHADA affirme la force obligatoire des Actes uniformes
et leur supériorité sur les normes juridiques existantes et futures. De ce fait, les Actes uniformes se
substituent obligatoirement et sans autre formalité aux règles de droit applicables dans chaque Etat-
partie. En vertu de l’article 916 de l’AUSC, les dispositions légales nationales concernant le droit des
sociétés qui contreviennent à celles de l’AUSC sont abrogées.

B. Les régimes particuliers

En dehors des droits internes des Etats membres, le droit OHADA est confronté à d’autres
législations uniformes comme celles de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA),
de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) ou de la Conférence
Interafricaine des Marchés d’Assurance (CIMA). Ainsi, les sociétés de banque et d’assurance, les
entreprises publiques et les compagnies aériennes d’aviation civiles constituées sous la forme de
sociétés commerciales peuvent, outre le droit OHADA être soumises à des législations particulières.

III. Le champ d’application du droit des sociétés commerciales

Sociétés commerciales de droit commun. Il s’agit de la SNC, de la SCS de la SARL, de la SA et de la


SAS qui sont dotées de la personnalité morale. Il convient également de citer les sociétés en
participation et les sociétés de fait ou créées de fait qui sont sans personnalité morale.

On peut aussi évoquer une autre distinction : les sociétés de personnes dans lesquelles les associés
se groupent en considération de leur personnalité (intuitu personae), ils doivent agréer tout nouvel
associé, le cédant étant tenu de demeurer dans la société en cas de refus d’agrément du
cessionnaire : SNC et SCS ; les sociétés de capitaux dont le régime n’est pas fondé sur la personnalité
des associés, ils ne se connaissent pas, en général, et peuvent librement céder leurs parts ou actions :
la SA et les SAS ; une catégorie intermédiaire qui présente des caractéristiques empruntées à la fois
au deux catégories précédentes : la SARL19.

Sociétés commerciales à statut ou à objet particulier. L’application de l’AUSC à certaines sociétés


même ayant adopté une forme déclarée commerciale par l’AUSC pose des problèmes au regard de
l’article 916 de l’AUSC. Il s’agit des compagnies d’assurance, des établissements bancaires et des
entreprises publiques.

En définitive, il faut noter que l’AUSDC est sans conteste le principal instrument juridique des
sociétés commerciales dans l’espace OHADA. Il fixe ainsi les règles constituant le droit commun des
sociétés commerciales qui seront envisagées dans un chapitre préliminaire. Puis, seront déterminées
les règles spécifiques à chaque type de société (Partie 1 et partie 2).

18
Pour les modifications apportées par l’AUDSC par rapport à l’AUSC, V. A. Fénéon, Droit des sociétés en
Afrique (Ohada), préc., n° 22 et s.
19
La SARL n’est ni une société de personnes, en ce sens que les associés ne sont pas indéfiniment et
solidairement responsables des dettes sociales, ni une société de capitaux, en ce sens que son capital social
n’est pas représenté par des titres négociables, mais par des parts sociales cessibles sous certaines conditions.

6
7
Chapitre préliminaire. La constitution de la société commerciale

Dans la majorité des cas, la constitution se fait grâce à un contrat (société pluripersonnelle) selon
les termes de l’article 4 de l’AUSC, ou dans certains cas, sur la base d’un acte juridique unilatéral
(société unipersonnelle) comme le prévoit l’article 5 de l’AUSC.

Ainsi, la constitution obéit aux conditions générales du contrat de société (Section 1). Par ailleurs,
des conditions spécifiques doivent être réunies pour que la société soit valablement constituée
(Section 2).

Notons que le régime du contrat de société est le droit commun de l’acte juridique de sorte qu’il doit
être transposé à l’acte juridique unilatéral, sauf pour les règles qui supposent obligatoirement
l’existence de deux parties.

Section 1. Les conditions générales du contrat de société

Le contrat de société obéit aux conditions de validité de tout contrat fixées par le Code civil. Il s’agit
de conditions de fond (§1) et de forme (§2).

§1. Les conditions de fond

Le contrat de société est soumis à 4 conditions de validité : le consentement des parties (A), leur
capacité juridique (B), l’existence d’un objet certain (C) et d’une cause licite (D).

A. Le consentement des parties

Accord de volontés des parties. Les parties au contrat sont les futurs associés. Elles doivent exprimer
clairement et librement leur volonté de s’associer, autrement dit de créer une société. Le contrat de
société peut être précédé d’une promesse de société. C’est un avant-contrat qui dépasse le stade de
projet ou de pourparlers. Il renferme l’accord des parties sur la forme de la future société, son objet,
l’importance et la nature des accords respectifs de chacun des associés20. Qu’il soit unilatéral ou
synallagmatique, il n’engendre qu’une obligation de faire à la charge du ou des promettants21.

Il peut également arriver qu’une société soit constituée sous condition suspensive. C’est le cas
notamment lorsque la création de la société est subordonnée à une autorisation ou un agrément que
les associés devront obtenir22.

Qualité et vices du consentement. La volonté de chaque partie doit être consciente, autrement dit
celui qui l’exprime doit être capable de comprendre et de vouloir les engagements qu’il prend. C’est
une condition essentielle de formation de la société, que ce consentement soit exprimé par l’associé

20
V. Maïga Ibrahima, « Liberté contractuelle dans le droit des sociétés commerciales (OHADA) »mémoire de
Master, UCAD, 2008.
21
Ainsi, il est recommandé de d’insérer dans la promesse de société, une clause de dédit prévoyant une
indemnité forfaitaire en cas de non réalisation, dans la mesure où elle ne peut donner lieu à une exécution
forcée ou en nature et où toute inexécution entraînant la responsabilité contractuelle de son auteur ne peut
justifier que le versement de dommages et intérêts.
22
V. E. A. Ndenga Bajan, La qualité d’associé dans l’espace OHADA, Sarrebruck, Editions universitaires
européennes, 2012, p. 136.

8
lui-même ou par son mandataire. Il est important de vérifier la sincérité du consentement afin de
démasquer les sociétés fictives23.

Vices du consentement. Le consentement de l’associé peut être vicié, ce qui peut emporter
annulation de la société24. L’erreur et la violence sont envisageables, mais rarement constatées. Le
dol est plus fréquent, ainsi un associé peut invoquer les manœuvres frauduleuses, les déclarations
mensongères et les dissimulations dont il a été victime et sans lesquelles il n’aurait pas contracté. La
nullité pour vice de consentement protège l’associé dont le consentement a été vicié. C’est une
nullité relative qui peut entraîner soit, la nullité de la société elle-même (Ex : Dans le cas d’une SNC
comptant uniquement deux associés), soit la nullité du seul engagement de l’associé (notamment
dans les SARL). Toujours est-il que la loi multiplie les obstacles au prononcé d’une nullité quelle
qu’elle soit : l’annulation de la société est exclue pour certains types de sociétés (SARL, SA) et une
régularisation est possible en cours d’instance.

B. La capacité des parties

Incapacité. Doit surtout être prise en compte l’incapacité d’une partie. L’incapacité est l’interdiction
qui est faite à une partie de passer un acte juridique.

Personnes physiques protégées. Certaines personnes sont frappées d’une incapacité générale
instaurée par la loi pour les protéger contre les engagements inconsidérés qu’elles pourraient être
amenées à prendre en raison de leur âge (les mineurs) ou de l’altération de leurs facultés mentales
(les majeurs incapables). Pour ce qui est des mineurs, dans les sociétés où l’associé a la qualité de
commerçant25 (SNC, SCS si le mineur intervient en qualité de commandité, SEP ayant un objet
commercial) l’accès est interdit au mineur non émancipé26. Mais, l’accès aux sociétés ne conférant
pas aux associés la qualité de commerçant (SA, SAS, SARL) est plus largement ouvert aux mineurs
protégés qui bénéficient à cet égard d’une pleine capacité de jouissance et d’une capacité d’exercice
limitée. Quant aux incapables majeurs, il faut distinguer entre le majeur placé sous sauvegarde qui
peut participer à la constitution d’une société puisqu’il conserve l’exercice de ses droits ; le majeur
sous curatelle il doit être assisté de son curateur ; et les majeurs sous tutelle ils sont sous le même
régime que pour les mineurs sous tutelle.

Sociétés entre époux. Au titre de l’article 9 de l’AUSC, deux époux ne peuvent être associés d’une
société dans laquelle ils seraient tenus des dettes sociales indéfiniment et solidairement.
Autrement dit, la société entre époux est possible dans les SA, SAS, SARL.

23
Souvent, la société fictive est une société de façade qui dissimule la véritable activité exercée par ses
créateurs. Elle peut aussi être un procédé de simulation, le contrat de société couvrant une autre convention
traduisant la vraie volonté des parties. Conséquences : dans les rapports inter partes s’applique l’acte secret à
condition qu’il soit licite, s’il est illicite, c’est le contrat de société qui produit ses effets ; et pour ce qui est des
tiers, ils peuvent se prévaloir au choix de l’acte apparent ou de la situation réelle.
24
En théorie, dans les SARL et les SA, l’existence d’un vice du consentement (ou d’une incapacité) ne peut
entraîner la nullité de la société, contrairement aux autres sociétés (sociétés commerciales de personnes) pour
lesquelles la sanction de la nullité de la société n’est pas exclue, mais n’aurait en général qu’une portée limitée
puisqu’en principe ni la société, ni les associés ne peuvent se prévaloir d’une nullité à l’égard des tiers de bonne
foi, à moins précisément qu’il ne s’agisse d’une nullité résultant de l’incapacité ou de l’un des vices du
consentement.
25
Article 7 AUDCG
26
Article 8 AUSC

9
Interdictions, incompatibilité ou déchéances. Dans d’autres cas, ce sont des préoccupations d’ordre
public et d’intérêt général qui poussent à interdire à certaines personnes la participation à une
société, article 11 AUDCG. Il y a également les cas d’incompatibilité pour éviter que certains
professionnels (fonctionnaires, personnels des collectivités publiques, auxiliaires de justice : avocats,
huissiers…, expert-comptable, commissaires aux comptes et aux apports, etc), dans le cadre d’un
cumul d’activité (avec la qualité de commerçant) puissent commettre des détournements de pouvoir
ou des fautes contre leur déontologie professionnelle. Enfin, des déchéances sont prévues
notamment en cas de faillite personnelle : c’est une sanction qui interdit à celui qui en est frappée
l’exercice de toute activité commerciale ou assimilée. Il ne peut donc pas participer à la création
d’une SNC ou d’une SCS en qualité de commandité, pendant toute la durée prévue par la sanction.

C. L’objet social

Notion d’objet social. Toute société doit avoir un objet licite et être créée dans l’intérêt commun des
associés. L’objet social correspond à l’objet de l’exploitation commune tel qu’il a été défini par les
statuts. La personne morale que constitue la société ne peut participer à la vie juridique que dans la
limite de l’objet qui lui a été assigné. De plus, la société prend fin par la réalisation ou l’extinction de
son objet27. D’où l’importance de ne pas définir un objet social de manière trop étroite dans les
statuts.

Caractères de l’objet social. Il convient d’opérer une distinction entre l’objet mentionné dans les
statuts et celui réellement poursuivi par les associés. Ce qui permettrait d’annuler une société
dissimulant une activité illicite sous le couvert de ses statuts prévoyant un objet parfaitement licite.
La détermination du caractère licite ou illicite d’un objet social relève du pouvoir d’appréciation des
juges.

D. La cause

Ce terme doit être envisagé comme la contrepartie ou l’objet d’un engagement. En tant que
contrepartie d’un engagement ou d’une prestation la cause existe, en principe, lors de la constitution
de la société dans la mesure où à un apport correspond forcément une attribution de titre. La cause
doit être licite.

§2. Les conditions de forme

Un certain formalisme régit la constitution de société. Cela tient à l’établissement de l’acte de


société (A) et aux formalités de publicité (B).

A. L’établissement de l’acte de société

La constitution d’une société donne lieu à l’établissement d’un document écrit qui correspond aux
statuts. Aux termes de l’article 12 du l’AUSC, « Les statuts constituent soit le contrat de société, en
cas de pluralité d’associés, soit l’acte de volonté d’une seule personne, en cas d’associé unique ».

27
Article 200 AUSC.

10
Ils doivent être écrits28 et établis par acte notarié ou par acte sous seing privé. La société est
constituée dès la signature des statuts.

Selon l’article 13 de l’AUSC, les statuts des sociétés commerciales doivent comporter des mentions
obligatoires :

- La forme de la société ;
- Sa dénomination suivie le cas échéant de son sigle ;
- La nature et le domaine de son activité (c’est l’objet social) ;
- Son siège social ;
- Sa durée ;
- Les noms des associés ;
- Le montant du capital social ;
- Les titres émis et leur valeur
- Les clauses relatives à la répartition des résultats, à la constitution des réserves et à la
répartition du boni de liquidation ;
- Les modalités de son fonctionnement.

Le défaut ou l’insuffisance des mentions obligatoires donne lieu à une régularisation dans les
conditions de l’article 57 de l’AUSC.

B. Les formalités de publicité

La publicité du contrat est nécessaire pour faire connaître aux tiers l’existence de la société et ses
caractéristiques. Elle est nécessaire à la constitution de la société. Il y a 3 formalités à accomplir.

D’abord, l’immatriculation qui est l’acte par lequel la société accède à la vie juridique. Elle marque
la naissance de sa personnalité morale. Elle se fait au RCCM (registre du commerce et du crédit
mobilier) tenu par le greffe du tribunal dans le mois suivant la constitution de la société.

Ensuite, le dépôt d’actes ou de pièces au greffe du tribunal de commerce.

Enfin, un avis de constitution de société dans un journal habilité à recevoir les annonces légales.

Section 2. Les éléments spécifiques du contrat de société

Selon la définition du contrat de société, ces éléments sont au nombre de 3.

§1. La pluralité d’associés

L’associé est toute personne qui est membre d’une société. Dans les sociétés par actions, il est
couramment appelé actionnaire. Excepté dans le cas de la société unipersonnelle, la constitution
d’une société exige au moins 2 associés. Un associé réunit 3 conditions déterminées par la

28
A défaut d’écrit, on est en présence d’une société créée de fait qui ne peut pas être immatriculée. Seule la
société en participation échappe à l’exigence d’un écrit puisque les associés ont convenu qu’elle ne sera pas
immatriculée. L’écrit est nécessaire pour faire la preuve du contrat de société.

11
jurisprudence : il a fait un apport, participe aux bénéfices et aux pertes et a eu la volonté de
s’associer29.

§2. Les apports

Notion d’apport. L’apport désigne à la fois l’opération par laquelle un associé exécute son
obligation principale envers les associés et la société en création en mettant à sa disposition ce
qu’il a promis, et l’objet apporté autrement dit le bien ou l’activité nécessaire à la société.
L’obligation d’apport est prévue par l’article 37 de l’AUSC. C’est la somme des apports des associés
qui constituent le patrimoine, c’est-à-dire le capital de la société et chaque apport donne droit à une
contrepartie appelée « action » ou « part sociale », article 38 de l’AUSC. Il existe 3 principales formes
d’apports.

Apport en numéraire. C’est l’apport d’une somme d’argent. Les associés sont autorisés à différer la
transmission effective des fonds. La souscription qui entraîne la naissance de l’obligation d’apport se
distingue, en effet, de sa libération qui correspond au versement au profit de la société de la somme
promise. Les conditions de la libération (immédiate ou fractionnée) sont fixées par les statuts.

Apports en nature. Ce sont les apports autres qu’en espèces. En vertu des articles 40 alinéa 3 et 45
de l’AUSC, ils sont réalisés par le transfert à la société des droits réels30 portant sur des biens
mobiliers ou immobiliers, corporels ou incorporels et par la mise à disposition effective des biens sur
lesquels portent ces droits. Dans certains cas, la loi impose un seuil minimum d’apport, d’où la
nécessité pour les associés d’évaluer ces apports pour connaître leur valeur réelle sous le contrôle
d’un commissaire aux apports.

Apports en industrie. C’est une variété d’apports en nature. Ils consistent en des apports en
connaissances techniques ou professionnelles ou en services, article 40 AUSC, ex : activité
professionnelle, crédit que peut représenter l’image de l’associé. Ils ont un caractère intuitu
personae et sont interdits dans les SA. L’apport est licite dès lors que son objet est licite. C’est un
apport futur et successif dont l’interruption pour une cause quelconque comme la maladie de
l’associé apporteur affecte ses droits dans la société. Son évaluation pose problème. Il ne rentre pas
en compte dans la formation du capital social, mais donne lieu à l’attribution de titres sociaux
ouvrant droit au vote et au partage de bénéfices et de l’actif net, à charge de contribuer aux pertes.

NB : Les droits de vote attachés aux titres sociaux résultants d’apports en industrie ne peuvent être
supérieurs à 25% de l’ensemble des droits de vote, la part totale attachée à ces titres ne peut non
plus excéder 25% des bénéfices, de l’actif net et des pertes de la société.

§3. La participation aux résultats et aux pertes

Le contrat de société est un contrat intéressé, les associés se regroupent en vue d’obtenir un
avantage économique (A). Cet avantage consiste en des bénéfices lorsque l’entreprise fait l’objet
d’une exploitation lucrative ou en des économies lorsque l’exploitation est désintéressée. Mais, ils
doivent également contribuer aux pertes dans le cas où il y en (B).

29
Paris, 16 avril 1985
30
Il peut s’agir de la propriété d’un bien qui entraîne son transfert définitif à la société, ou seulement d’un droit
réel démembré comme l’usufruit, qui permet à la société d’user du bien pendant le délai prévu tandis que
l’associé en reste le propriétaire.

12
A. La vocation aux bénéfices

Il n’y a pas de définition légale. Sur le plan comptable, les bénéfices correspondent au résultat
excédentaire d’un exercice.

Le partage de bénéfice peut se faire à la dissolution de la société. Lorsque la société n’a pas la
personnalité juridique, le bénéfice s’obtient en soustrayant à tous les produits de l’exploitation, les
charges y afférentes. Notons que la détermination du bénéfice dépend de la volonté des associés.
Ainsi, ils peuvent aménager les comptes sociaux31 dans le contrat de société, de sorte que la
contribution d’un associé puisse présenter le caractère d’une charge ou d’un apport. Si la
contribution est une charge, l’associé concerné a droit à sa rémunération qu’il y ait ou non bénéfice.
Mais, ci c’est un apport, la rémunération ne sera versée que si les produits sont suffisants pour payer
les charges. Lorsque la société a la personnalité juridique, le bénéfice à la liquidation correspond à un
boni de liquidation. C’est ce qui reste le désintéressement complet des créanciers sociaux et le
remboursement des apports par les sommes issues de la vente des différents éléments de
patrimoine de la société. En principe, la répartition du boni de liquidation se fait selon les apports des
associés.

Le partage de bénéfice peut également avoir lieu en cours de vie sociale. Les associés approuvent
chaque année les comptes de l’exercice écoulé, constatent l’existence de sommes distribuables et
déterminent la part attribuée à chacun sous forme de dividendes32. La perception d’un dividende est
soumise à l’existence de 2 conditions : les comptes de la société doivent attester de l’existence de
bénéfices distribuables, déterminés selon les règles comptables et une décision collective relative à
l’affectation des bénéfices distribuables. Ce partage donne lieu à l’interdiction des clauses
léonines33.

B. La contribution aux pertes

Sa consécration est récente, la société étant à l’origine créée dans le but de réaliser des bénéfices.
Désormais, l’article 4 AUSC prévoit cette éventualité. Les pertes ne sont pas définies par la loi et sont
généralement perçues comme l’opposé des bénéfices34. Lorsque la société n’a pas la personnalité
juridique, une perte apparaît dans le cas où les charges sont supérieures aux produits. Lorsque la
société est une personne morale, l’état de son patrimoine reflète le montant de ses bénéfices et
pertes. Il faut distinguer la contribution aux pertes de l’obligation aux dettes. Cette dernière est
relative aux rapports entre les associés et les tiers et constitue une garantie. Les associés sont obligés
aux dettes sociales lorsque les créanciers sociaux peuvent directement et exiger d’eux le paiement
d’une dette (Sociétés civiles et SNC, dans les sociétés à risque limité, l’associé ne peut être tenu de
s’acquitter d’une dette sociale, sauf engagement de sa part, notamment en qualité de caution).
Quant à la contribution aux pertes, elle concerne les relations entre associés ou entre la société et les
associés. Ainsi, dans une SNC, un associé qui a payé une dette en vertu de son obligation indéfinie et

31
D. Hovasse, « Comptes sociaux et liberté contractuelle », Dr. sociétés, mars 2004, p. 7.
32
Y. Djigo, La notion de dividende en droit OHADA, Mémoire de DEA, Université Gaston Berger (Sénégal) 2012.
33
Un associé ne peut se tailler « la part du lion » en référence à la fable de La Fontaine, La génisse, la chèvre et
la brebis en société avec le lion. Autrement dit, toute clause attribuant à un associé tous les bénéfices ou
l’excluant de toutes les pertes est interdite. De même que celle exclue un associé des bénéfices ou met à sa
charge toutes les pertes.
34
Bien que ceux-ci soient en réalité la contrepartie de l’obligation de réaliser un apport.

13
solidaire aux dettes sociales, peut se retourner contre ses coassociés pour exiger qu’ils contribuent
aux pertes conformément aux statuts.

En définitive, la contribution aux pertes est la mesure du risque financier supporté par chaque
associé dans le cas où l’aventure sociale tourne mal : ce risque est limité au montant des apports
dans les sociétés à risque limité et illimité dans les autres sociétés. En principe, cette contribution est
reportée à la liquidation de la société, mais, il peut être prévu qu’elle se fera en cours de la vie
sociale.

§4. L’affectio societatis

Il ne s’agit pas d’une exigence légale, mais d’un élément considéré comme spécifique au contrat de
société par la jurisprudence et la doctrine. C’est une locution latine qui signifie littéralement
intention de s’associer et prend progressivement de l’importance à partir du 19ème siècle.

Le contrat de société suppose que les parties aient l’intention de s’associer, à défaut la société
serait fictive. Avec la reconnaissance et la banalisation des sociétés unipersonnelles dans le droit
OHADA, l’intention de s’associer est devenu un élément moins essentiel dans la formation du contrat
de société.

Malgré tout, c’est cet élément du contrat de société qui donne lieu aux difficultés les plus
nombreuses et les plus graves35. En plus des apports et du partage des bénéfices, la doctrine tient
compte de l’affectio societatis pour distinguer le contrat de société de notions voisines (Ex : Un
contrat de travail dans une société avec intéressement aux bénéfices contient les 2 premiers
éléments du contrat de société, mais pas l’affectio societatis). Pour autant, pour certains auteurs, si
l’affectio societatis permet, en cas de doute, de qualifier un contrat de société, il ne doit pas être
confondu avec la volonté d’entrer en société. Plusieurs définitions de l’affectio societatis sont
proposées par la doctrine et la jurisprudence36.

On peut classer les sociétés commerciales en fonction du risque encouru par les associés. Ainsi, on
oppose les sociétés à risques limités (Partie 1) aux sociétés à risques illimités (Partie 2).

35
Y. Guyon, Affectio societatis, J.-Cl. sociétés, fasc. 20-10
36
V. A. Akam Akam et V. Bakreo, Droit des sociétés commerciales OHADA, op. cit, n° 141 et s.

14
Partie 1. Les sociétés à risques illimités

Dans ces sociétés, les associés se connaissent et contractent en considération de la personne37. Ce


sont des sociétés à haut risque dans la mesure où on ne peut pas à l’avance fixer un minimum de
mise à ne pas dépasser, si les affaires tournent mal on peut y laisser toute sa fortune.

Au-delà de ces points communs, chaque société a son caractère propre. Il faut distinguer entre 2
catégories de sociétés : les sociétés avec (Chapitre 1) ou sans personnalité morale (2).

37
Le contrat de société est conclu intuitu personae.

15
Chapitre 1. Les sociétés commerciales dotées de la personnalité morale

Il s’agit de la SNC (Section 1) et de la SCS (Section 2).

Section 1. La Société en nom collectif

La SNC est une société dans laquelle tous les associés ont la qualité de commerçant (du seul fait de
leur appartenance à celle-ci). Cette forme convient aux entreprises ne réunissant qu’un petit
nombre d’associés.

§1. Dispositions générales et constitution d’une SNC

A. Dispositions générales

Une société dans laquelle tous les associés sont commerçants. Cette qualité de commerçant
s’acquiert du seul fait de l’appartenance des associés à la SNC, article 270 AUDSC. Elle suppose que
tout associé ait la capacité d’effectuer des actes de commerce. Ainsi, un incapable majeur ou un
mineur ne peut être associé dans une SNC.

Les personnes interdites d’association dans une SNC. Il s’agit des personnes qui font l’objet d’une
interdiction prévue dans l’article 10 AUDCG, celles qui sont frappées de faillite personnelle article
203 AUPC et des époux article 7 AUDCG.

Le principe de la responsabilité solidaire et indéfinie des associés. Cette responsabilité existe en


vertu de l’article 270 AUSC38. Elle constitue l’inconvénient majeur de cette forme de société et
justifie le fait que les opérateurs économiques lui préfèrent la SA et la SARL.

Les conditions de la mise en œuvre de la responsabilité solidaire et indéfinie. Il faut une mise en
demeure préalable de la société par les créanciers, autrement dit, ils doivent tenter d’obtenir un
paiement de la société et que soit ainsi établie la preuve que celle-ci est incapable de payer sa dette.
Cette mise en demeure doit donc être faite par tout moyen permettant d’établir sa réception
effective et le fait qu’elle est restée sans réponse pendant 60 jours article 271 AUDSC. Dans le cas
où la mise en demeure reste sans effet, les créanciers peuvent poursuivre les associés.

Un titre exécutoire contre l’associé. Le seul titre exécutoire détenu par le créancier à l’encontre de la
société ne lui permet pas de saisir les biens de l’associé39.

L’action récursoire de l’associé qui paie contre ses coassociés. L’associé qui a été poursuivi seul en
paiement par le créancier et qui a payé toute la dette sociale, peut se retourner contre ses coassociés
pour la part dont ils sont responsables proportionnellement à leurs apports40.

38
A ce titre un associé qui quitte la société en cours de vie reste tenu des dettes sociales nées à la date de son
départ (il en est de même pour ses héritiers en cas de décès). Des conditions relatives à la cession sont posées
par l’article 275 AUDSC. Quant au nouvel associé entrant dans la société, il est tenu du passif social antérieur à
son entrée et de celui qui naîtra après.
39 e
V. à ce propos la jurisprudence de la Cass. 2 civ., 19 mai 1998
40
Cette répartition légale de la dette peut être modifiée par les statuts ou un pacte d’actionnaires, elle n’est
pas opposables aux tiers.

16
B. Constitution de la SNC

Capital social. Dans la SNC, il est divisé en parts sociales de la même valeur nominale, article 273
AUDSC. Il n’y a pas de capital social minimum, d’où la possibilité d’un capital purement symbolique.
La garantie des créanciers est assurée par la responsabilité indéfinie et solidaire des associés.

Statuts. La société en nom collectif doit être désignée par une dénomination sociale immédiatement
précédée ou suivie, en caractère lisibles, des mots « société en nom collectif » ou du sigle « SNC »,
article 272 AUDSC. Dans les statuts doivent figurer les mentions obligatoires visées à l’article 13
AUDSC. Ils doivent être écrits.

Objet social. Il doit être rédigé avec une attention particulière, c’est dans sa limite que devra agir le
gérant et que se trouvent engagés solidairement et indéfiniment les associés. Les clauses
statutaires limitatives des pouvoirs des gérants sont inopposables aux tiers de bonne foi.

Formalité de publicité. La société doit être immatriculée au RCCM, article 98 AUDSC. Dans les 15
jours de l’immatriculation, sa création doit faire l’objet de l’insertion d’un avis dans un journal
habilité à recevoir les annonces légales dans l’Etat du siège social. Cet avis doit être visé selon les cas
par un notaire ou les fondateurs et doit contenir des mentions obligatoires en vertu des articles 257-
1 et 262 AUDSC. Formalités requises à peine de nullité, mais la cause de cette nullité est
inopposables aux tiers par la société, article 245 AUDSC.

§2. Le fonctionnement de la SNC

A. La gérance de la SNC

Nomination. Les statuts organisent librement la gérance de la société, article 276 AUDSC. Il peut y
avoir un ou plusieurs gérants, associés ou non, personne physique ou morale 41. Les associés
peuvent aussi décider d’une désignation collective ultérieure, selon des conditions prévues par les
statuts. Dans le cas où les statuts n’organisent pas la gérance, tous les associés sont réputés être des
gérants.

Pouvoirs. Le gérant (ou chacun des gérants, en cas de pluralité) a tous pouvoirs pour agir au nom de
la société dans la limite de son objet social. Il peut y avoir des limites statutaires inopposables aux
tiers de bonne foi. En cas de pluralité de gérants, chacun a le pouvoir d’accomplir seul les actes de
gestion dans l’intérêt de la société. Chacun des autres gérants dispose alors d’un pouvoir
d’opposition aux décisions prises par l’autre, article 277 AUDSC.

Rémunération. Elle est fixée par les associés, à leur majorité en nombre et en capital42 à l’exclusion
du gérant associé. Elle peut être fixe, proportionnelle aux résultats, ou mixte.

Cessation de fonctions : généralités. Si la durée du mandat est précisée dans les statuts ou l’acte de
nomination, l’arrivée du terme entraîne la cessation des fonctions du gérant. Il peut aussi y avoir
cessation anticipée en cas de démission, de décès ou de survenance d’une incapacité.

41
Dans ce cas, ce sont ses propres dirigeants qui gèrent la SNC.
42
Article 278 AUDSC

17
Révocation du gérant statutaire. Elle est organisée par les articles 279 à 282 AUDSC qui exige que la
décision de révocation soit prise à l’unanimité pour le gérant statutaire ou lorsque tous les associés
sont gérants. Cette révocation entraîne la dissolution de la société, sauf si sa continuation est
prévue par les statuts ou que les associés la décident unanimement.

Rachat des parts sociales du gérant révoqué. Il peut, selon l’article 280 AUDSC, exiger des autres
associés le rachat de ses part sociales à un prix fixé d’un commun accord ou à dire d’expert désigné
par la juridiction compétente.

Révocation sans juste motif. Dans ce cas, outre le rachat, la révocation peut donner lieu à des
dommages et intérêt, article 281 AUDSC.

Révocation du gérant non statutaire. Elle se fait sur décision des associés prise à la majorité simple
en nombre et en capital. Si le gérant est également associé, il ne peut participer au vote relatif à sa
révocation. La révocation sans juste motif ouvre le droit à des dommages et intérêts.

B. Les associés

Décisions collectives en AG. Les décisions collectives sont prises en AG, article 287 de l’AUDSC. La
convocation doit être faite au moins 15 jours avant la date, précisant la date, le lieu de réunion et
l’ordre du jour. Tous les documents soumis à l’AG doivent être tenus à la disposition des associés au
moins 15 jours avant, s’il s’agit de l’AG annuelle. A l’issue de l’AG, un PV signé par tous les associés
doit être établis.

Décisions collectives par consultation écrite. Cette possibilité est prévue par l’article 284 AUDSC,
sauf pour l’examen des comptes annuels. De plus, la réunion d’une assemblée s’impose dès lors
qu’un associé le demande, sous peine de nullité des actes et délibérations pris en violation de cette
condition.

Décisions prises à l’unanimité. Ce sont celles relatives à la révocation du gérant associé statutaire,
et à la cession des parts sociales d’après l’Acte uniforme. Toute clause contraire est réputée non
écrite43 et tout acte ou délibération pris en violation de ces dispositions est nulle44.

Décisions prises à la majorité. Toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des gérants doivent
être prises à l’unanimité sauf si une clause statutaire fixe une règle de majorité. La majorité est aussi
la règle en matière de révocation du gérant non statutaire et d’approbation des comptes.

AGOA. Elle doit se tenir chaque année dans les 6 mois de la clôture des comptes et le gérant y
soumet le rapport de gestion, l’inventaire et les états financiers de synthèse. Les conditions du
qorum, à savoir à savoir la moitié au moins des associés représentant la moitié au moins du capital
social s’imposent pour cette assemblée, sans que les statuts puissent en disposer autrement. Toute
délibération prise en violation de cela est nulle.

Contrôle des associés. En plus de la communication des documents sociaux à l’occasion de l’AGA des
associés, ils ont le droit de consulter au siège social, 2 fois par an tous les documents et pièces

43
Article 2 AUDSC
44
Articles 274 et 282 AUDSC.

18
comptables, ainsi que le PV des délibérations et décisions collectives. Ils peuvent à l’occasion de cette
communication se faire assister d’un expert-comptable ou d’un commissaire aux comptes.

Commissaire aux comptes. Obligatoire d’en désigner un pour les SNC qui, à la clôture de l’exercice
social, ont un total au bilan supérieur à 250 millions de FCFA, un CA annuel supérieur de 500
millions, un effectif permanent supérieur à 50 personnes.

Accord unanime pour la cession des parts sociales. Toute clause contraire est réputée non écrite.
Toutefois, pour respecter la liberté de sortir de la société en cas de refus de certains associés, les
statuts peuvent aménager une procédure de rachat des parts sociales de l’associé cédant.

§3. La dissolution de la SNC

Dissolution par le décès d’un associé. Principe : dissolution de plein droit prévue par l’article 290
AUDSC. Dérogation : les statuts peuvent prévoir la continuation de la société, sous réserve du
respect de certaines conditions.

Autres causes de dissolution. En cas de révocation du gérant statutaire associé, en cas de réunion
de toutes les parts sociales entre les mains d’un seul associé, si la situation n’est pas régularisée au
bout d’un an (demande de dissolution auprès de la juridiction compétente par tout intéressé), en cas
de liquidation de bien, de faillite, de mesure d’incapacité ou d’interdiction prononcée à l’encontre
d’un associé, à moins que les statuts ne prévoient la continuation de la société entre les autres
associés ou que ceux-ci ne le décident à l’unanimité.

Section 2. La société en commandite simple

Intérêt de la SCS. Comme dans la SNC, les associés sont liés par l’intuiti personae. Avantages : un
entrepreneur qui ne dispose pas de fonds propres de bénéficier des apports de personnes qui ont
des liquidités, mais ne peuvent pas effectuer des opérations commerciales à cause de leur statuts
(fonctionnaire, professionnel libéral) ; en cas de décès d’un associé en nom collectif, ses héritiers qui
ne veulent pas devenir commerçants peuvent poursuivre l’activité.

Particularités de la SCS. L’article 293 AUSDC définit la SCS : « La SCS est celle dans laquelle
coexistent un ou plusieurs associés, indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales
dénommées ‘’associés commandités’’ ; avec un ou plusieurs associés responsables des dettes
sociales dans la limite de leurs apports, dénommés ‘’associés commanditaires’’ ou ‘’associés en
commandite’’ ». Il y a beaucoup de règles communes avec la SNC, article 293-1 AUDSC. Ses
particularités tiennent à la coexistence de 2 catégories d’associés.

§1. La constitution de la SCS

A. Les associés et le capital

Les associés commanditaires et commandités. Il peut y avoir un associé de chaque catégorie ou un


associé d’une catégorie et plusieurs de l’autre.

- Commanditaires : toute personne physique qui ne réunit pas les conditions pour faire le
commerce y compris un mineur, un incapable ou une personne frappée d’interdiction

19
- Commandités : même statut que les associés d’une SNC, capacité de faire le commerce, pas
d’interdiction ou de profession incompatible avec l’exercice d’une activité commerciale.

Des époux ne peuvent être tous les 2 des commandités (qui sont responsables des dettes sociales
de façon solidaire et indéfinie) article 8 alinéa 2 AUDSC.

Les apports. Pas d’exigence légale d’un montant minimum ou maximum pour le capital. La garantie
des créanciers repose sur la responsabilité indéfinie et solidaire des commandités. Seule obligation :
émission de parts sociales de valeur identique en contrepartie des apports qui peuvent être
effectués en numéraire et en nature. La doctrine45 exclut l’apport en industrie en matière de SCS.

B. Les conditions de forme et de publicité

Les statuts. La société doit être désignée sous une dénomination sociale comprenant le nom des
commandités46 ou de certains d’entre eux, précédés ou suivis, de façon lisible, des mots « société en
commandite simple » ou du sigle « SCS ». Mentions obligatoires énoncés par l’article 295 AUDSC :
montant ou valeur des apports de tous les associés, la part dans ce montant ou cette valeur de
chaque commandité ou commanditaire, la part globale des commandités et celle des
commanditaires dans le boni de liquidation.

Les formalités de constitution et de publicité. Ce sont les mêmes formalités que pour la SNC article
245 AUDSC. Leur non accomplissement entraîne donc en principe la nullité des actes, décisions et
délibérations.

§2. Le fonctionnement de la SCS

A. La gérance

Nomination du gérant. La SCS est gérée par les commandités qui peuvent désigner parmi eux un ou
plusieurs gérants dans les statuts ou un acte ultérieur (mêmes conditions que pour la SNC). A défaut
de désignation, tous les commandités sont réputés être gérants. Il est interdit aux commanditaires
de s’immiscer dans la gestion de la société autrement dit d’être gérants ou d’effectuer des actes de
gestion même en vertu d’une procuration, article 299 AUDSC. La violation de cette interdiction
d’immixtion serait non pas la nullité des actes, mais l’engagement de la responsabilité indéfinie et
solidaire du commanditaire concerné. Selon l’article 301 AUDSC, dans les relations entre associés,
les avis, conseils, actes de contrôle et de surveillance pour pourrait exercer le commanditaire,
n’engagent pas sa responsabilité envers les tiers. Ce ne sont pas des actes d’immixtion dans la
gestion de la SCS. Toutes les autres règles applicables à la nomination et au pouvoir des gérants de la
SNC sont applicables dans la SCS.

Pouvoirs du gérant. Dans les rapports avec la société, les gérants sont tenus des obligations
générales qui pèsent sur tout mandataire : veiller aux intérêts de la société et consacrer toute leur
activité aux affaires sociales. Leur rémunération est fixée par la majorité des autres associés en
nombres et en capital. Indemnisation possible en cas de révocation sans juste motif. Dans les

45
V. D. Ndiaw, Société commerciale NGIE.AF, n°715, p. B. 353.
46
La dénomination ne peut jamais mentionner le nom d’un commanditaire, a contrario, il répondrait
indéfiniment et solidairement des dettes sociales, article 294 alinéa 2 AUDSC.

20
rapports avec les tiers, les gérants ont les pouvoirs les plus étendus, les limitations statutaires ne sont
pas opposables, si les tiers sont de bonne foi.

Révocation du gérant. Pas de disposition légale propre à la SCS. Pas de renvoi aux règles applicables
à la révocation des gérants de SNC. Donc, à défaut de défaut de dispositions statutaires spéciales, on
se réfère aux articles 302 à 305 AUDSC.

B. Les associés

Les droits des associés. Les statuts et les articles 302 à 305 AUDSC organisent les modalités de la
prise de décisions par les associés. Notamment : Toutes les décisions excédant les pouvoirs des
dirigeants relèvent de la collectivité des associés. Pour les décisions prises en AG, elle doit être
convoquée 15 jours avant sa tenue par LRAR, voie électronique,… La réunion d’une assemblée est
de droit à la demande d’un commandité ou d’un quart en nombre et en capital des commanditaires.
Une modification des statuts soit être décidée par tous les commandités et la majorité en nombre et
en capital des commanditaires. L’AGOA (approbation du rapport de gestion, de l’inventaire et des
états financiers de synthèse) ne peut valablement se réunir que s’il y a une majorité des associés
représentant au moins la moitié du capital social. Il y faut aussi, le consentement de tous les
commandités et de la majorité en nombre et en capital des commanditaires. Les commandités non
gérants et les commanditaires peuvent 2 fois par an obtenir la communication des livres et
documents sociaux et poser au gérant, par écrit, des questions sur la situation sociale qui doivent
recevoir une réponse écrite.

Les obligations des associés. Les commanditaires et les commandités sont égaux dans la
contribution au passif social, proportionnellement aux nombres de parts détenus, sauf stipulation
statutaire contraire. La responsabilité est indéfinie et solidaire pour les commandités (comme les
associés d’une SNC) et elle est limitée aux apports des commanditaires (sauf en cas d’immixtion
dans les actes de gestion).

C. La cession des parts

Cessibilité des parts sociales. Régimes différents. Pour les commandités, le consentement doit être
unanime, mais les statuts peuvent admettre une cession partielle47 avec l’accord de tous les
commandités et de la majorité en nombre et en capital des commanditaires, article 296, alinéa 2, 3e
AUDSC. Concernant les commanditaires, les statuts peuvent disposer valablement que leurs parts
sont librement cessibles entre associés (pas d’atteinte à l’intuitu personae) et que leurs parts peuvent
être cédés à de commandités avec le consentement de tous les commandités et de la majorité en
nombre et en capital des commanditaires.

Formalisme de la cession. Comme dans la SNC, la cession est soumise aux conditions du droit civil
(voir les conditions de la cession de créance, ancien article 1690 du Code civil), article 297 AUDSC. En
outre, il faut effectuer un dépôt au RCCM.

§3. La transformation et la dissolution de la SCS

47
Le commandité cédant conserve une part et reste indéfiniment responsable.

21
Transformation de SCS en une autre forme de société. Il faut le consentement unanime des
commandités et celui de la majorité en nombre et en capital des commanditaires. Mais, pour une
transformation en SNC, il faut un consentement unanime de tous les associés. Lorsque la SCS se
transforme en SA ou en SARL, les créanciers antérieurs conservent leurs droits sur la SCS et ses
associés, ainsi les commandités sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes
antérieures à la restructuration.

Dissolution. Causes communes à toutes les sociétés : la dissolution résulte de la décision des
associés, de l’arrivée du terme, de la réalisation de son objet, de l’annulation du contrat de société
ou encore d’une décision judiciaire de liquidation des biens. Causes spécifiques à la SCS : décès d’un
commandité, sauf si les statuts prévoient la continuation avec les héritiers. En cas de décès d’un
associé qui était seul commandité, si ces héritiers sont tous des mineurs non émancipés au moment
du décès, la société a un an pour se transformer à défaut de son remplacement par un nouvel
associé, article 308 alinéa 2 AUDSC.

22
Chapitre 2. Les sociétés dépourvues de la personnalité morale

Elles ne sont pas immatriculées. Ce sont la société en participation (Section 1) et la société de fait
ou créée de fait (Section 2).

Section 1. La société en participation

Solution pour la coopération entre entreprises. L’article 854 AUDSC dispose que la société en
participation est celle dont les associés conviennent librement qu’elle ne sera pas immatriculée au
RCCM et qu’elle n’aura pas de personnalité morale. Elle se rencontre dans diverses situations :
coopération entre entreprises, gestion de biens indivis entre personnes physiques ou entre des
entreprises (ex : un avion pour des compagnies aériennes ou un centre de stockage pour des sociétés
d’import-export). C’est une société discrète, transparente au plan fiscal. Elle est également simple
et souple.

Société sans personnalité morale. L’article 46 AUDSC prévoit que la personnalité morale des
sociétés commerciales naît de leur immatriculation au RCCM de la juridiction dans laquelle est situé
leur siège social. Dans la société en participation, les associés décident en connaissance de cause se
mettre ensemble dans une société non immatriculée. Il en résulte que même si son existence était
révélée aux tiers, cela ne peut être sa nullité. La société en participation étant occulte, seul son
gérant apparaît aux yeux des tiers et agit en son nom et pour son propre compte. L’absence de
personnalité morale ne va pas sans conséquences, toutefois : la société n’est pas tenue des
engagements souscrits par son gérant ou ses associés ; son gérant ne peut la représenter en
justice ; elle ne dispose pas d’un patrimoine propre et ne peut donc faire l’objet d’un redressement
ou d’une liquidation judiciaire.

§1. Constitution de la SEP

A. Conditions de fond

Les associés de la SEP. La SEP repose sur le principe de la liberté contractuelle, donc au moins deux
associés doivent consentir et manifester une volonté réelle de contracter. Le consentement des
associés et par conséquent l’existence de la société peut être prouvé par tous moyens, article 845
alinéa 2 AUDSC.

Les apports. Chaque associé doit faire un apport (en numéraire, en nature ou en industrie) à la
société selon les conditions statutaires.

Objet de la société. Les associés conviennent librement de l’objet de la société, article 855 AUDSC. Il
peut être civil ou commercial, la SEP n’étant pas commerciale par la forme, son caractère commercial
dépend de son objet. Il doit être licite.

Durée de la société. En général, les SEP ont une existence de courte durée, mais elles peuvent être
constituées pour une durée illimitée, article 863 AUDSC48. Lorsque la société est à durée illimitée, un

48
Et ce, bien que dans les dispositions communes à toutes les sociétés, l’article 28 AUDSC dispose que la durée
d’une société ne peut dépasser 99 ans (c’est le principe selon lequel une règle de droit spéciale prévaut sur une
disposition générale)

23
associé peut à tout moment demander et obtenir la dissolution anticipée de la SEP, sous réserve du
respect de certaines conditions.

Siège social. Le défaut de personnalité morale empêche à la société d’avoir un siège social. Selon la
jurisprudence, une SEP perdrait son caractère occulte en cas de révélation aux tiers de l’existence
d’un siège social49.

B. Conditions de forme

Absence de forme écrite et de publicité. Pas d’obligation de rédiger un acte50, d’immatriculation ou


de publicité légale. Pour autant, dans la pratique, les associés ont intérêt à disposer de la preuve de
leurs apports, de l’affectio societatis et surtout des règles de partage des bénéfices et des pertes.

§2. Fonctionnement de la SEP

A. Gérance de la SEP

Liberté d’organisation. Elle est prévue par l’article 855 AUDSC. Ils peuvent ou non désigné un gérant,
pris parmi eux ou en dehors.

Désignation d’un gérant. En général, les statuts règlent les conditions de nomination et de
révocation du gérant. Si le gérant est désigné par les statuts, mais que sa révocation n’est pas
prévue, il est irrévocable pour la jurisprudence. Elle ne peut être obtenue que judiciairement pour
juste motif. Le gérant doit avoir la capacité pour accomplir les actes de la société en participation. A
défaut de désignation d’un gérant, tous les associés sont considérés comme gérants, article 856
AUDSC.

Pouvoirs du gérant. Ils sont fixés dans les statuts, en principe. Les associés peuvent lui donner les
pleins pouvoirs ou soumettre certaines de ses décisions à un accord préalable. En l’absence de toute
indication dans les statuts, ce sont les dispositions relatives à la SNC qui s’applique à une SEP dont
l’objet est commercial. Lorsque la SEP a un objet civil, on se reporte à l’article 1848 du Code civil.

Obligations du gérant. Comme tout mandataire, il doit rendre des comptes à chaque associé. Le plus
souvent, il tient un compte de participation ouvert en sa comptabilité personnelle, qui fournit les
données nécessaire à l’arrêté des comptes. Chaque associé a le droit de recevoir ces comptes et de
les approuver.

Responsabilité du gérant. Il engage sa responsabilité civile à l’égard des associés en vertu de son
mandat. A l’égard des tiers, il est censé contracter en son nom personnel, il est seul engagé.

B. Droits, obligations et responsabilité des associés

Droits des associés non gérants. Des associés autres que le gérant n’interviennent pas dans la
gestion, mais ont un droit de contrôle permanent. Les conditions de d’exercice de ce droit de
contrôle sont fixées par les statuts. Dans le silence des statuts, les rapports entre associés sont
réglées par les dispositions applicables aux SNC, article 856 AUDSC. Les associés ont droit à la

49
Jurisprudence française : Cass. req., 29 juillet 1963, DP 1964, 1, 27 ; Cass. civ., 31 mars 1936, DH 1936, 300, V.
également Encyclopédie Dalloz, Sociétés II, 1970, n°27.
50
Article 854 alinéa 2 AUDSC.

24
répartition des bénéfices résultant de l’activité sociale. Ils peuvent céder leurs créances nées des
statuts de la SEP avec l’agrément de tous les participants, sauf clause statutaire contraire.

Obligations des associés. Ils doivent libérer leur apport et participer aux pertes dans les mêmes
conditions qu’ils peuvent recevoir des bénéfices. Ils ne doivent pas intervenir dans la gestion, le cas
échéant, l’immixtion d’un associé peut donner lieu à un engagement indéfini et solidaire à l’égard
d’un cocontractant.

Responsabilité des associés. Chaque associé contracte en son nom personnel et est seul engagé
envers les tiers, article 861 AUDSC. Dès lors que les associés agissent en leur qualité d’associé,
chacun de ceux qui ont agi est tenu par les engagements des autres, les engagements souscrits dans
ces conditions les engagent de façon indéfinie et solidaire. Encore faudrait-il que les tiers
cocontractants prouvent l’existence de la SEP.

C. Gestion des biens de la société

Absence de patrimoine. Les parties apportent seulement la jouissance de leurs biens à la société,
elles mettent ces biens à la disposition du gérant et les reprennent au terme de la société, article 857
AUDSC. Elles peuvent, cependant, convenir de mettre certains biens en indivision pour la réalisation
de l’objet social.

Gestion des biens personnels. Chaque associé conserve la propriété des biens qu’il a apportés, il en
conserve la libre disposition. Mais, l’apporteur reste responsable de cet apport. L’apporteur d’un
fonds de commerce reste le seul titulaire des droits afférents à ce bail (ex : droit au renouvellement
du bail commercial). Par ailleurs, les créanciers personnels de l’apporteur peuvent exercer leurs
droits sur les biens apportés.

Gestions des biens indivis. L’article 859 définit les biens indivis dans une SEP. Ils sont soumis à un
régime dérogatoire au régime général de l’indivision légale ou conventionnelle : si tout indivisaire
peut demander le partage de l’indivision, sauf stipulation statutaire contraire, aucun associé ne peut
demander le partage des biens tant que la société n’est pas dissoute, article 860 AUDSC. De même,
sous réserve des mêmes conditions, le créancier d’un associé ne peut provoquer le partage au nom
de leur débiteur. Mais, les créanciers de l’indivision peuvent toutefois, faire saisir et vendre les biens
indivis pour payer leurs créances.

§3. Dissolution de la SEP

A. Causes de la dissolution

Les mêmes causes de dissolution que toutes les sociétés de personnes51.Mais, les associés peuvent
prévoir dans les statuts que la société peut continuer malgré la survenance d’un de ces
événements52. Elle ne peut faire l’objet de liquidation, car elle n’a pas de patrimoine propre.

Les causes de dissolution de l’article 200 AUDSC. Il s’agit de l’arrivée du terme, la réalisation ou
l’extinction de l’objet social (ex : marché d’entreprise), décision de dissolution anticipée prise à la
majorité requise pour la modification des statuts, dissolution judiciaire pour juste motif (inexécution

51
Sociétés civiles et SNC (article 862 alinéa 1 AUDSC).
52
Décès, liquidation, faillite et interdiction d’exercer le commerce pour les sociétés à objet commercial.

25
par l’un des associés des ses obligations ou disparition de l’activité sociale) à la demande de tout
associé.

B. Effets de la dissolution

La liquidation de la SEP. La dissolution de la SEP entraîne l’arrêt définitif des comptes entre les
associés. Pas de modalités légales prévues à cet effet du fait de l’absence de patrimoine social. Les
associés peuvent en régler les modalités ou recourir à un liquidateur amiable, ou faute d’accord, à un
liquidateur judiciaire selon les termes de l’article 855 AUDSC.

Le partage. Il suppose le règlement des dettes et l’apurement du passif. Si le résultat de


l’exploitation le permet, les droits de chaque associé sont déterminés et les apports sont repris. Il a
ainsi été jugé que les parties à une société en participation annulée devaient chacun reprendre
chacun des biens apportés à la société en vertu de l’article 857 AUDSC (CA Niamey, n°96, 18 août
2003, R.F. c/F.J.B., Ohadata J-04-83 ; voir aussi CCJA, arrêt n°059/2008 du 30 déc. 2008, R.F.c/F.J.B.,
Ohadata J-10-33).

La reprise se fait de la façon suivante : les apports faits en jouissance sont repris, mais pour ceux
dont la propriété a été transférée, il y a cession et la valeur est remboursée.Quant aux biens indivis
ou acquis pendant la vie de la société, ils doivent être partagés dans les conditions légales

Si le compte de liquidation fait apparaître des pertes, elles sont réparties après la reprise des
apports. Cette répartition se fait selon le pacte social ou proportionnellement aux apports.

Section 2. La société de fait ou créée de fait

Société de fait et société créée de fait. Aux termes de l’article 864 AUDSC, il y a société créée de fait
lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales se comportent comme des associés
sans avoir constitué entre elles l’une des sociétés reconnues par l’AUDSC. L’activité exercée est
donc commerciale. De même, il y a société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes physiques
ou morales ont constitué entre elles une société reconnue par l’AUDSC (SNC, SCS, SARL, SA…), mais
n’ont pas accompli les formalités légales constitutives53, article 865 AUDSC. Dans la plupart de ces
situations, c’est la naissance d’un litige et de l’action engagée par un des associés voire par des tiers
qui conduira à s’interroger sur l’existence ou non d’une société de fait ou d’une société créée de fait.

§1. Conditions d’existence

A. Eléments constitutifs

Apports. L’associé ou le tiers qui veut établir l’existence d’une société de fait ou créée de fait doit
prouver que des apports en nature, en numéraire ou en industrie ont été effectués. Les apports
peuvent avoir été faits à n’importe quel moment de la vie de la société. Cette preuve est us facile
pour l’associé que pour le tiers. Toutefois, notons que pour un apport en industrie, la jurisprudence
française exige que l’auteur ait à la fois participé aux activités de la société et à la direction effective.

53
Cette définition est à rapprocher de l’article 115 AUDSC.

26
Par ailleurs, un prêt ne constitue pas un apport en l’absence de participation aux bénéfices et aux
pertes par le prêteur54

Recherche de bénéfices et contribution aux pertes. La preuve de cette de recherche est un critère
de reconnaissance de la société de fait. Elle peut être apportée par tous moyens.

Affectio societatis. Définie comme la volonté de collaborer à une entreprise commune. A ce titre, la
Cour suprême de Code d’Ivoire a considéré que les nombreux voyages à l’étranger effectués par les
parties dans le cadre de l’Acte di Attestation d’association illustrent la volonté des parties de
participer en semble à une entreprise commune avec comme corolaire le partage des bénéfices et
des pertes55.

B. Situations de fait

Sociétés entre époux ou concubins. Lorsque des époux ou concubins acquièrent ensemble un fonds
de commerce, font une exploitation commun, contractent un prêt commun ou font cautionné
l’emprunt par l’un ou l’autre, peuvent se voir opposé l’existence d’une société de fait. A ce titre, les
créanciers peuvent élargir leurs poursuites au patrimoine des deux époux ou concubins.

Société en formation. C’est souvent une société créée de fait56, puisque voulue par les associés,
mais dans laquelle aucune formalité juridique de constitution n’a été effectuée. Toutefois, seules
les personnes qui ont effectivement accompli les actes au nom de la société sont réputées faire
partie de la société en formation. Les autres, bien qu’elles soient concernées par sont étrangères et
ne supportent pas les conséquences des engagements.

Contrat de partenariat. Dans le cadre de ce contrat, deux parties peuvent mettre en commun du
matériel, du personnel et partager les résultats. Cette situation induit un affectio societatis et
correspond à la société créée de fait, article 864 AUDSC. Il a ainsi été jugé qu’un contrat de
partenariat entre deux sociétés, bien qu’intitulé « protocole d’accord », qui réglemente clairement
les apports, le bénéfice et l’affectio societatis, crée une société de fait régie par la convention. Dès
lors, la dissolution et la liquidation de la société pouvaient être encourues57.

§2. Régime juridique applicable

A. Compétence, preuve et contenu

Compétence. En vertu de l’article 866 AUDSC, « quiconque y a un intérêt peut demander à la


juridiction compétente du lieu principal de la société de fait la reconnaissance de celle-ci entre 2 ou
plusieurs personnes dont il appartient d’apporter l’identité ou la dénomination sociale. Toutefois,
s’agissant de la liquidation d’une communauté de fait entre époux ou entre concubins, une difficulté
peut surgi au regard de la compétence concurrente des juridictions de droit commun pour la
liquidation des communautés matrimoniales».

54 e
CA Paris, 15 ch. A, 28 sept. 1999.
55
Cour suprême Côte d’Ivoire, arrêt n°152/04 du 11 mars 2004, AdamaKoita ; Odie Mathieu c/ AssaneThiam,
SofedorOhadata J-05-125.
56
Article 115 AUDSC.
57
TA Ouagadougou, jugement commercial n° 215 du 21 février 2001, STP c/ Société Africaine et Sofitex.

27
Preuve de la société de fait. La société créée de fait peut être prouvée par tous moyens. La
reconnaissance est le plus souvent demandée en justice par le créancier ayant contracté avec une
personne qu’il considère comme membre de la société de fait, et quelques fois par un associé à
l’occasion d’un litige entre associé.

Régime de la SNC. Quelles que soient les dispositions dont les associés ont convenu, c’est le régime
juridique de la SNC qui s’applique à la société de fait dont l’existence a été reconnue en justice,
article 868 AUDSC. A ce titre, tous les associés sont indéfiniment et solidairement responsables.

B. Dissolution et liquidation

Lorsqu’il n’y a plus d’affectio societatis dans une société de fait, la dissolution doit être prononcée
en application des articles 200-5 et 201 AUDSC, avec pour conséquence, la liquidation article 868
AUDSC.

En cas de non respect des règles de constitution des SARL, pas de nullité, mais plutôt une possibilité
de régularisation prévue par l’article 75 AUDSC dans un délai d’un an. A défaut de régularisation dans
ce délai, la société est considérée comme ayant été créée de fait.

Si la nullité de la société est prononcée, il est mis fin sans effet rétroactif à l’exécution du contrat,
article 253 AUDSC. Il y a alors dissolution de la société avec une liquidation pour les sociétés
pluripersonnelles.

Les règles applicables à la liquidation de la SNC régissent la liquidation de la société de fait.

28
Partie II. Les sociétés à risques limités

Il s’agit de la SARL (Chapitre 1), de la SA (Chapitre 2) et de la SAS (Chapitre 3).

29
Chapitre 1. La Société à responsabilité limitée

L’article 309 AUDSC définit la SARL comme « une société dans laquelle les associés ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont
représentés par des parts sociales ». Ainsi, la SARL n’est ni une société de personnes (les associés ne
sont pas indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales), ni une société de capitaux
(son capital social n’est pas représenté par des titres négociables, mais par des parts sociales
cessibles sous certaines conditions).

Section 1. Constitution de la SARL

§1. Conditions de fond

A. Les associés de la SARL

Généralités. 1 ou plusieurs personnes physiques et/ou morales peuvent être associées, article 309
AUDSC. La SARL peut être unipersonnelle. Il n’y a pas de condition de capacité (les associés, n’ont
pas la qualité de commerçant obligatoirement). Le associés peuvent être des époux, article 9 AUDSC.

Parts sociales. En contrepartie de leurs apports, les associés reçoivent des parts sociales. Ce sont des
titres non négociables58, mais cessibles entre vifs59.

Les modalités de la cession entre associés sont fixées par les statuts60, à défaut, la transmission de
parts sociales est libre. Les statuts peuvent également régler les modalités de cession entre
conjoints, ascendants et descendants, à défaut la cession est libre.

Pour ce qui est de la cession à un tiers, les conditions sont plus rigoureuses en vertu de l’article 319
AUDSC qui prévoit, toutefois, que les statuts peuvent organiser librement les modalités de la
cession des parts sociales à un tiers étranger à la société61.

La transmission des parts sociales pour cause de décès relève de l’article 321 AUDSC. A ce titre, les
statuts peuvent soumettre la transmission à un agrément des associés.

Le nantissement des parts sociales exige le consentement des associés dans les conditions prévues
pour la cession des parts à des tiers62. Ce consentement emporte agrément du cessionnaire en cas de
réalisation forcée du nantissement, à moins que la société ne préfère, après la cession, racheter sans
délai les parts en vue de réduire le capital social. Pour être opposable aux tiers, le nantissement peut
être constaté par acte notarié ou par acte sous seing privé signifié et publié au RCCM.

58
Un titre négociable est émis au gré de l’émetteur, négociable sur un marché réglementé, qui représente un
droit de créance pour une durée déterminée.
59
Les conditions de la cession sont fixées par les articles 317 et suivants AUDSC et l’article 1690 du Code civil,
pour la forme.
60
Article 318 AUDSC
61
A travers une clause d’agrément ou de préemption.
62
Article 322 AUDSC

30
B. Le capital social

Montant du capital. L’article 311 AUDSC fixe le capital minimum à 1.000.000 Fcfa, sauf dispositions
contraires nationales. Ce capital est divisé en parts sociales d’une valeur de 5.000 Fcfa minimum63.

Apports numéraire et apports en nature. En principe la SARL ne peut être définitivement constituée
que si toutes parts ont été réparties entre les associés dans l’acte de société et intégralement
libérées (contrairement à la SA), qu’il s’agisse d’apport en nature ou en numéraire. Pas de mention
de l’apport en industrie dans l’Acte uniforme, on en déduit qu’il est interdit64.

La libération du capital social. Les fonds provenant de la libération du capital social sont
immédiatement déposés en banque contre récépissé, dans un compte ouvert au nom de la société
en formation ou en l’étude d’un notaire65. Ces sommes deviennent indisponibles jusqu’à
l’immatriculation au RCCM. Elles sont alors mises à la disposition du ou des gérants régulièrement
nommés par les statuts. La libération et le dépôt sont constatés par un notaire du ressort du siège
social. A défaut d’immatriculation de la société dans les 6 mois de compter du 1 er dépôt des fonds en
banque ou chez le notaire, les apporteurs peuvent obtenir en justice le remboursement de leurs
apports.

Objet social. C’est l’activité qu’elle entreprend. Elle doit être déterminée et décrite dans les statuts.
Lorsque l’objet correspond à une activité réglementée, la société doit se conformer aux règles
particulières est soumise cette activité. La modification de l’objet obéit aux règles gouvernant la
modification des statuts.

§2. Les conditions de forme

Rédaction des statuts. Ils doivent être établis par acte notarié ou tout acte offrant des garanties
d’authenticité, notamment un acte sous seing privé, sauf disposition nationale contraire, article 10
AUDSC.

Mentions obligatoires. Elles sont visées à l’article 13 AUDSC, il s’agit notamment de la forme de la
société ; de sa dénomination, suivie le cas échéant de son sigle ; de son siège…).

Signature des statuts. Elle fait passer la société de l’état de société en formation à celui de société
constituée, articles 100 et 101 AUDSC. Les statuts doivent être signés par tous les associés. Les actes
et engagements pris par le fondateur pour le compte de la société en formation sont décrits dans un
document, l’ « Etat des actes et engagements accomplis pour le compte de la société en
formation »66. Cet état est annexé aux statuts et leur signature par les associés emporte reprise par la
société des actes et engagements indiqués dans l’acte. La reprise, après la constitution est possible,
sous réserve d’une approbation par l’AGO. On ne tient pas compte des voix des personnes ayant

63
Pour les Etats qui n’ont pas le Fcfa comme monnaie légale (Guinée Conakry, Comores), leur équivalence a été
arrêtée au jour de l’entrée en vigueur de l’Acte uniforme.
64
L’associé en industrie serait dans l’impossibilité de libérer immédiatement son apport puisque sa prestation
est successive. De plus, le capital social représente la garantie des créanciers de la SARL, on ne saurait donc
considérer le travail d’un associé comme une partie du capital social.
65
Article 313 AUDSC
66
Article 106 AUDSC

31
accompli les actes pour le calcul du quorum et de la majorité67. Les actes et engagements repris par
la société sont réputés avoir été accomplis par elle dès l’origine, pour les autres, les personnes qui les
ont souscrits sont tenus solidairement et indéfiniment.

Enregistrement. Les statuts doivent être enregistrés dans les meilleurs délais.

Demande d’immatriculation au RCCM. La SARL est dotée de la personnalité juridique dès son
immatriculation. Celle-ci doit être faite dans le mois de sa constitution, au RCCM de la juridiction
dans le ressort de laquelle se situe son siège social, article 27 AUDSC. Cette demande doit comporter
des mentions obligatoires (dénomination sociale, forme de la société…). Le dossier de demande
comporte des pièces justificatives (2 copies certifiées conformes des statuts…).

Publicité. Dans le délai de 15 jours suivant l’immatriculation de la SARL, un avis est inséré dans un
journal habilité à recevoir des annonces légales dans l’Etat partie du siège social68.

§3. Sanction des règles de constitution

Régularisation des règles de constitution. Si les statuts ne contiennent pas toutes les mentions
obligatoires, ou une formalité prescrite pour la constitution de la société a été omise ou
irrégulièrement accomplie, tout intéressé ou le ministère public peut demander en justice, sous
astreinte, la régularisation de la constitution. Cette action se prescrit par 3 ans à compter de
l’immatriculation de la société.

Responsabilité des fondateurs et dirigeants. Les fondateurs ainsi que les premiers membresdes
organes de gestion peuvent engager leur responsabilité civile (ex : pour le préjudice causé par le
défaut d’une mention obligatoire). Des sanctions pénales sont aussi prévues dans certains cas (ex :
en cas de fausse déclaration sur la libération du capital, article 887-1 AUDSC).

Section 2. Fonctionnement de la SARL

§1. La direction

A. Le statut du ou des gérants

Capacité pour être gérant. Il doit avoir la capacité juridique pour accomplir les actes de gestion et
faire face aux responsabilités de sa fonction : il ne peut donc s’agir d’un mineur sauf s’il est
émancipé. Il ne doit pas être frappé d’interdiction, d’incompatibilité ou de déchéance69. Ce doit être
une personne physique70. Il n’a pas besoin de la capacité à être commerçant puisque sa fonction ne
lui donne pas cette qualité. Le cumul des mandats de gérants n’est pas limité.

Nomination du gérant. Elle se fait par les statuts ou par acte postérieur à la signature des statuts, à
la majorité des associés représentant plus de la moitié du capital sauf dispositions statutaires

67
Article 108 AUDSC
68
Article 261 AUDSC
69
Article 7 AUDSC
70
Article 323 AUDSC

32
exigeant une majorité plus forte71. En l’absence de dispositions statutaires, le ou les gérants sont
nommés pour 4 ans.

Pouvoirs des gérants dans les rapports entre associés. En principe, ils sont précisés par les statuts. A
défaut, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société72. En cas de pluralité
de gérants, chacun détient séparément ce pouvoir de gestion et a le droit de s’opposer à une
opération avant qu’elle ne soit conclue.

Pouvoirs des gérants vis-à-vis des tiers. Le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir
en toute circonstance au nom de la société. Toute limitation statutaire est sans effet à l’égard des
tiers. La société est engagée, même par les actes du gérant ne relevant pas de l’objet social, sous
réserve de rapporter la preuve que le tiers savait le dépassement de l’objet social.

Rémunération et cumul. La rémunération est fixée par les statuts ou par une décision collective
majoritaire (dans la prise de laquelle le gérant associé ne prend pas part, sauf s’il est associé
unique73). Le gérant a un statut de mandataire social74, mais, il peut également être salarié à
condition qu’il fasse un travail effectif et qu’il soit placé dans un lien de subordination vis-à-vis de la
société.

Cessation de fonctions. Elle peut avoir lieu pour : arrivée du terme du mandat, décès, incapacité ou
interdiction d’exercer, démission ou révocation. Le gérant est révocable sur décision des associés
représentant plus de la moitié des parts sociales, article 326 AUDSC. Notons qu’il participe au vote de
révocation, les associés minoritaires ne peuvent donc le révoquer s’il détient plus de 50% des parts
sociales, sauf révocation judiciaire.

Révocation pour juste motifs et révocation pour cause légitime. Si la révocation n’est pas faite pour
juste motifs, la société s’expose à des dommages et intérêts, article 326 AUDSC. Par, ailleurs, tout
associé peut demander en justice la révocation du gérant pour cause légitime, article 326 alinéa 2.

Responsabilité du gérant. Le ou les gérants sont responsables individuellement ou solidairement75,


selon le cas, envers la société ou les tiers pour infractions aux dispositions législatives et
réglementaires applicables aux SARL, des violations des statuts, des fautes commises dans leur
gestion.

B. Le contrôle de la gestion de la SARL

Principes du contrôle. Pour garantir la sécurité des associés et le contrôle des mandataires sociaux,
l’AUDSC et du GIE prévoit des procédures de contrôle dont la nature et les modalités d’exercice font
l’objet de dispositions particulières. Ainsi, les associés disposent d’un droit à l’information76, même
en dehors des périodes de préparation des AG.

71
Idem
72
Article 328 AUDSC
73
Article 325 AUDSC
74
A ce titre, il n’est pas un salarié de la société.
75
Article 330 AUDSC
76
V. tableau p. 957

33
Approbation des comptes. Elle relève de la compétence de l’AGO qui doit être tenue dans les 6 mois
de la clôture de l’exercice social. Les comptes à approuver sont dressés par l’organe de gestion et
vérifiés par les commissaires aux comptes.

Présentation du rapport et des comptes. A la date de la clôture de chaque exercice, le gérant doit
établir et arrêter les états financiers de synthèse prévus par l’Acte uniforme sur le droit comptable.
Ces états comprennent le bilan, le compte de résultat de l’exercice, le tableau financier des
ressources et emplois et un état annexé indiquant notamment les sûretés consentis. Ces états
financiers doivent être dressés rapidement pour tenir compte du délai de dépôt de la déclaration
fiscale.

Le gérant convoque le commissaire aux comptes à la séance à laquelle les comptes et les états sont
arrêtés.

Il doit établir un rapport de gestion à communiquer au commissaire aux comptes et à présenter à


l’AGOA.

Dans les SARL dépourvues de commissaire aux comptes, la gérance doit aussi présenter à l’AGOA un
rapport dans lequel il indique la nature et les conditions des conventions réglementées passées ou
poursuivies pendant l’exercice.

Le rôle du commissaire aux comptes. Certaines SARL doivent désigner un CC, article 328 AUDSC. Ce
sont celles qui, à la clôture de l’exercice remplissent 2 des 3 conditions suivantes :

- 1 total au bilan supérieur à 125 millions de Fcfa ;


- 1 CA annuel supérieur à 250 millions de Fcfa ;
- 1 effectif permanent supérieur à 50 personnes.

Comme dans les SA, le CC vérifie les valeurs et documents comptables et la concordance des
informations données dans le rapport de gestion avec les états financiers de synthèse. Il contrôle la
conformité de la comptabilité avec les règles en vigueur, de certifier les comptes et s’assure que
l’égalité entre associés est respectée.

L’expertise de gestion. Selon l’article 159 AUDSC, un ou plusieurs associés représentant au moins
10% du capital social peuvent demander au juge une expertise de gestion dur une ou plusieurs
opérations77.

Contrôle des conventions réglementées. Les conventions réglementées sont passées, directement
ou indirectement entre la société et l’un de ses gérants ou avec une entreprise ayant avec la société
un ou plusieurs dirigeants communs. Les articles 350 et suivants AUDSC précisent les conventions sur
lesquelles l’AGO se prononce. Le gérant avise, lorsqu’il y en a, le CC, des conventions dans le mois
suivant leur conclusion. Le gérant, ou le cas échéant, le CC présente un rapport à l’assemblée
concernant les conventions78. C’est l’AGOA qui ratifie la convention. Lorsque l’assemblée n’approuve
pas la convention, elle demeure valable, à charge pour le gérant ou l’associé contractant de
supporter individuellement ou solidairement, selon les cas, les conséquences du contrat
préjudiciable à la société.

77
L’expertise de gestion ne peut porter sur l’ensemble de la gestion ou sur la régularité des comptes sociaux.
78
Article 353 AUDSC

34
§2. Décisions collectives des associés

A. Les droits des associés

Droit au dividende. C’est un droit fondamental dans la mesure où le partage de bénéfices caractérise
la société. Les modalités de distribution des dividendes79 sont prévues dans les statuts.

Constitution de réserves obligatoire : il est pratiqué, sur le bénéfice de l’exercice diminué, le cas
échéant, des pertes antérieures, une dotation égale à 10% au moins, affectée à, la formation de
réserves, dit « réserves légales ». Cette dotation cesse d’être obligatoire lorsque la réserve atteint
20% du capital social.

Droit de communication. Les associés ont un droit de communication spécifique aux AG. Dans les 15
jours avant l’AGA, certains documents, notamment le rapport de gestion, les états financiers de
synthèse, sont communiqués aux associés qui ont le droit de poser des questions écrites au gérant
qui devra y répondre pendant l’assemblée. Dans les autres assemblées (AGO réunie
extraordinairement ou AGE) le droit de communication porte sur le texte des résolutions proposées,
le rapport du gérant, et le cas échéant, celui du CC. Les associés ont également un droit de
communication permanent. A toute époque, un associé peut obtenir la copie des documents
consultés dans le cadre de l’AGA, dans la limite des 3 derniers exercices. Tout associé non gérant
peut aussi, deux fois par exercice poser au gérant des questions écrites sur des faits de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation80.

Droit de vote. Chaque associé a le droit de participer aux décisions et dispose d’un nombre de voix
égales à celui des parts sociales qu’il possède, article 334 AUDSC. Toute clause contraire est réputée
non écrite, article 336 alinéa 2 AUDSC. Il y a le vote en assemblée et, dans certains cas, le vote par
consultation écrite.

B. Les assemblées générales

Convocation. La convocation est faite par le gérant, ou à défaut le CC s’il y en a, ou par un


mandataire ad hoc désigné en justice à la demande de tout associé, article 337 AUDSC. Elle peut
aussi être convoquée par un ou plusieurs associés soit détenant la moitié des parts sociales, soit
détenant le quart des parts s’ils représentent au moins le quart des associés, article 338 AUDSC.
Convocation par lettre au porteur contre récépissé, par LRAR ou par voie électronique 15 jours au
moins avant l’AG. Elle doit notamment indiquer l’ordre du jour, le lieu, le jour, l’heure et la nature de
la réunion81. Des documents doivent être communiqués en fonction de l’AG qui aura lieu. C’est à
cette occasion que s’exerce le droit de communication de l’associé selon les modalités étudiées
précédemment.

Organisation de l’assemblée. Elle est présidée par le gérant ou l’un des gérants. Si aucun des gérants
n’est associé, elle est présidée par l’associé présent et acceptant possédant le plus grand nombre de
parts sociales, et en as d’égalité, par le plus âgé. L’AG délibère uniquement sur les questions inscrites
à l’ordre du jour, excepté pour la révocation du gérant qui peut intervenir à tout moment.

79
Sur la distribution de dividendes fictifs, V. article 346 AUDSC
80
Article 345 AUDSC.
81
Notons que toute assemblée irrégulièrement convoquée peut être annulée

35
PV d’assemblée. Les délibérations des assemblées sont constatées par des PV qui comportent des
mentions obligatoires, article 342 AUDSC. Ils doivent être signés par tous les associés présents et
certifiés conformes par un gérant.

Représentation des associés. Un associé a le droit de participer aux décisions en personne ou de se


faire représenter82.

AGO. Elle est compétente pour statuer sur les décisions collectives ordinaires (états financiers de
synthèse, nomination des gérants… généralement sur toute question n’entraînant pas la
modification des statuts. Elle se réunit tous les 6 mois de la clôture de l’exercice. Les décisions sont
prises sur 1ère convocation par un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié du capital
social, sur 2ème convocation, à la majorité des votes émis quelque soit la proportion de capital
représentée.

AGE. Elle prend les décisions collectives ayant pour objet de statuer sur une modification des
statuts83. Principe : Il faut une majorité d’associés représentant au moins 75% du capital social. Si
un associé ou un groupe d’associés qui possède la minorité de blocage paralyse un projet de
modification des statuts, les autres associés peuvent invoquer un abus de minorité. Exception :
L’unanimité est requise dans certains cas84, notamment en cas d’augmentation des engagements
des associés. L’AGE est également compétente en cas de perte de plus de la moitié du capital pour
décider de l’avenir de la société (dissolution anticipée85 ou réduction de capital86). Sous réserve de
certains cas87, les décisions de l’AGE sont prises par une majorité d’associés représentant au moins
75% du capital social

§3. Modification du capital social

A. L’augmentation du capital

L’augmentation du capital peut se faire, soit par incorporation des bénéfices ou des réserves, soit
par souscription de numéraire ou par apports en nature. Dans ce dernier cas, un CC doit vérifier la
valeur de l’apport en nature, dès lors que la valeur de cet apport ou celle de l’ensemble des apports
en nature est supérieure à 5 millions de Fcfa, article 363 AUDSC. L’augmentation du capital doit être
publiée, article 264 AUDSC.

B. La réduction du capital

Elle consiste à imputer sur le capital soit des pertes soit le montant du remboursement fait aux
associés. La réduction ne peut porter le capital à un montant inférieur au minimum légal d’1 million
de Fcfa, à moins que les associés ne décident simultanément de faire une augmentation de capital. Si
la réduction n’est pas motivée par les pertes, certains créanciers peuvent former opposition à la
réduction de capital. La réduction de capital peut être réalisée par le rachat des parts sociales, par la

82
Modalités de représentations prévues aux articles 126, 127, 334, 337 et 628 AUDSC.
83
Article 357 AUDSC
84
Article 359 AUDSC
85
Article 370 AUDSC
86
Article 372 AUDSC
87
Articles 359 et 360 AUDSC

36
diminution du nombre de parts, par le rachat par la société de ses propres parts. Si la SARL a un CC le
projet de réduction lui est soumis.

Section 3. Transformation et dissolution de la SARL

§1. Transformation de la SARL

Conditions88. L’article 374 AUDSC prévoit qu’au jour où la transformation est adoptée, la SARL ait des
capitaux propres au moins égaux au montant du capital social et que cette situation soit certifiée
par un CC. Si la société n’a pas de CC, le gérant devra préalablement en choisir un. La SARL peut se
transformer notamment en SA, SNC, SCS ou SAS, sous réserve du respect de conditions spécifiques à
chaque forme.

Effets de la transformation. Elle prend effet à compter du jour ou la décision la constatant est prise
et devient opposable aux tiers après publicité. Elle emporte la cessation de fonction de gérant. Les
états financiers de synthèse de l’exercice au cours duquel la transformation a eu lieu sont arrêtés et
approuvés selon les règles de la nouvelle forme juridique de la société. Le rapport de gestion de
l’exercice de transformation est établi par le gérant et les nouveaux dirigeants pour leurs périodes de
gestion respectives. La subsistance, sous la nouvelle forme, des droits et obligations contractées par
la SARL. La poursuite de la mission du CC, s’il y en avait.

Formalités. Insertion dans un JAL de l’Etat du siège social, dépôt d’un dossier comportant
notamment les nouveaux statuts au greffe du tribunal compétent, inscription au RCCM et au
bureau des hypothèques si la société est propriétaire d’un ou plusieurs immeubles soumis à
publicité foncière, déclaration auprès de l’administration fiscale.

NB : Notons qu’outre la transformation une SARL peut faire l’objet d’autres opérations de
restructuration comme la fusion ou la scission. La fusion est l’opération par laquelle deux sociétés se
réunissent pour en former une 3ème soit par création d’une ou plusieurs sociétés nouvelles, soit par
absorption l’une par l’autre. La scission consiste à partager le patrimoine d’une société entre
plusieurs sociétés existantes ou nouvelles.

§2. Dissolution de la SARL

Causes. La société prend fin pour les causes communes à toutes les sociétés, article 200 AUDSC
(expiration du temps pour lequel la société est constituée, annulation du contrat de société,
liquidation judiciaire…), lorsque le capital devient inférieur au minimum légal89, lorsque les capitaux
propres de la société sont inférieurs au minimum légal.

Effets. Elle n’a d’effets à l’égard des tiers qu’à compter de la publication de la dissolution au RCCM.
La dissolution de la société pluripersonnelle entraîne de plein droit sa mise en liquidation. Sa
personnalité morale subsiste pour les besoins de la liquidation et jusqu’à la clôture de celle-ci. Les
créanciers peuvent faire opposition en justice à la dissolution à partir de sa publication. Le tribunal
rejette l’opposition ou ordonne soit le remboursement des créances soit la constitution de garanties
si la société en offre et qu’elles sont jugées suffisantes.

88
Les conditions générales de la transformation sont prévues aux articles 181 à 188 et 374 et 374 AUDSC
89
A moins que les associés n’en décident autrement.

37
Formalités. Insertion d’un avis dans un JAL du lieu du siège, dépôt au greffe et modification de
l’inscription au RCCM.

38
Chapitre 3. La société anonyme

Section 1. La constitution des SA

§1. Règles communes

Définition. La SA est une société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes
sociales qu’à concurrence de leurs apports, et dont les droits sont représentés par des actions.

Conditions de fond. L’AUSC permet la constitution d’un SA avec un seul actionnaire, la SAU90.

La SA est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée ou suivie en
caractères lisibles des mots « société anonyme » ou du sigle « SA » ainsi que des modes
d’administration de la société91. Ces derniers sont déterminés par les statuts qui choisissent entre un
SA avec CA et un SA avec administrateur général.

Le capital social minimum est fixé à 10 millions de Fcfa92 et est divisé en actions dont le montant
nominal ne peut être inférieur à 10.000 Fcfa. Le capital d’une SA faisant appel public à l’épargne93
ne peut être inférieur à 100 millions Fcfa. Le montant de ce capital doit figurer à côté de la forme de
la SA et de la dénomination sociale dans tous les documents émanant de la société et destinés aux
tiers94.

Conditions de forme. Elles varient selon que la société fait ou pas appel public à l’épargne. Pour les
dernières, la procédure est la suivante : établissement d’un projet de statut, signature d’un bulletin
de souscription95, dépôt des fonds et établissement d’une déclaration notariée de souscription et
de versement, signature des statuts, immatriculation au RCCM et retrait des fonds.

§2. Règles particulières

Apport en nature, avantage particulier. La constitution d’une SA avec apports en nature ou


stipulation d’avantages particulier suppose l’intervention d’un commissaire aux apports96 qui doit
établir une liste avec chacun des apports et avantages ainsi que leur valeur.

Tenue d’une AG constitutive. L’AG constitutive est obligatoire quand il y a constitution d’une SA
avec apports en nature ou stipulation d’avantages particuliers, alors que ce n’est pas le cas avec des

90
Contrairement à la loi du 24 juillet 1867 (s’appliquait aux SA et SCS en Afrique francophone, en plus du Code
civil et du Code de commerce français) qui exigeait un minimum de 7 actionnaires pour la constitution d’une
SA.
91
Article 386 AUDSC
92
Sous réserve des réglementations spécifiques qui fixent un minimum supérieur au minimum légal,
notamment la réglementation bancaire (1 milliard de Fcfa) et celle des compagnies d’assurance (250 millions
de Fcfa).
93
Il y a appel public à l’épargne en cas d’admission d’un instrument financier ou de négociation sur un marché
réglementé ou encore en cas d’émission de cession des actions dans le public en ayant recours soit à la
publicité, soit au démarchage, soit à des établissements de crédit ou des prestataires d’investissement, voire en
cas d’admission de ces actions sur marché réglementé
94
Article 17 AUDSC
95
Il est établi par le fondateur et constate la souscription des actions représentant les apports en numéraire. Il
est daté et signé par le souscripteur ou son mandataire. Une copie est remise au notaire qui dresse la
déclaration de souscription et de versement, articles 390 et 391 AUDSC.
96
Choisi parmi la liste des CC.

39
apports en numéraire. Conditions de quorum97 et de majorité98 identiques à celles des AGE. Elle a
pour objet de constater que le capital est entièrement souscrit et que les actions sont libérées du
montant exigible, d’adopter les statuts, de nommer les organes sociaux (administrateurs, CC),
d’approuver les actes passés par les fondateurs pour le compte de la société en formation…

Constitution d’une SA avec appel public à l’épargne. Les formalités sont plus exigeantes. Capital
minimum : 100 millions Fcfa. Obligation de publier par l’Etat partie du siège social de l’émetteur d’un
document destiné à l’information du public. Ce document indique notamment l’organisation de la
société émettrice, sa situation financière, son activité, ses perspectives ainsi que les droits attachés à
ses titres, article 86 AUDSC. Il est soumis au visa de l’organisme de contrôle de la bourse des valeursd
chacun des Etats partie dont le public est sollicité, ou si cet organisme n’existe pas, le Ministre des
finances99. Il faut également publier avant le début des opérations de souscriptions, une notice
d’information dans le JAL de l’Etat partie du siège social et le cas échéant, les Etats parties dont e
public est sollicité.

Possibilité d’attribution d’action gratuite aux salariés. L’AGE peut décider cette attribution. Elle fixe
le pourcentage maximal du capital social pouvant être attribué aux salariés sans dépasser 10% de ce
capital évalué à la date de cette décision. L’attribution peut se faire dans un délai ne pouvant excéder
36 mois. Une durée minimale est déterminée pour l’obligation de conservation des titres, elle est
d’au moins 2 ans.

Section 2. Administration des SA

§1. SA avec CA

Caractère collégial du conseil d’administration. Le CA a les pouvoirs les plus étendus pour agir en
toute circonstance au nom de la société, article 435 AUDSC. Ils sont limités par l’objet social et les
prérogatives de l’AG des actionnaires. Les pouvoirs spécifiques dont peur disposer un
administrateur relèvent de mandats spéciaux et sont de ce fait temporaires. Le CA détermine les
orientations de l’activité de la société et veille à leur mise en œuvre.

Nomination des administrateurs. Il doit y a voir au moins 3 membres et au plus 12 membres100,


article 416 AUDSC. Ils sont nommés par l’AG des actionnaires. Leur mandat est fixé librement101 avec
une double limite à la durée : lorsque les administrateurs sont nommés à la constitution, le mandat
est de 2 ans maximum ; lorsqu’ils sont nommés en cours de vie sociale, il est de 6 ans maximum.

Rémunération des administrateurs. L’AGO fixe annuellement le montant global de la rémunération


des administrateurs. C’est le CA qui le répartit de manière égalitaire ou non entre ses membres, ou
même d’en exclure certains, sauf dispositions contraires des statuts. Il peut y avoir des
rémunérations exceptionnelles allouées par le CA pour des missions ou mandats. Autorisées par le
CA, elles doivent être signalées au CC et approuvées par l’AGO.

97 ère
Il est de la moitié des actions des souscripteurs présents ou représentés pour une 1 convocation et du
ème ème
quart pour une 2 et 3 convocations, article 405 AUDSC.
98
Elle est des deux tiers des voix des souscripteurs présents ou représentés.
99
Article 90 AUDSC
100
Une exception est possible en cas de fusion, article 418 AUDSC.
101
Article 420 AUDSC

40
Réunion du CA. Les administrateurs exercent collectivement les fonctions qui leur sont attribués
par la loi. C’est un organe de délibération qui se réunit aussi souvent que nécessaire, en principe, sur
convocation de son président. Il délibère valablement si au moins la moitié de ses membres sont
présents ou représentés. L’AUDSC autorise désormais la participation aux réunions et le vote à
distance, notamment par vidéo conférence. Tous les administrateurs doivent être régulièrement
convoqués. Les décisions du CA sont prises à la majorité des membres présents ou représentés, sauf
dispositions particulières des statuts. Un PV doit être établi après chaque réunion.

Le PDG. Il est nommé par la CA parmi ses membres. La durée du mandat de PDG ne peut excéder
celle de son mandat d’administrateur, à moins qu’il ne soit renouvelé. Le PDG ne peut cumuler plus
de 3 mandats de même nature dans des SA ayant leur siège social sur le territoire du même Etat
partie. Il assure à la fois la fonction de PCA et celle de DG. Il peut être révoqué à tout moment. Il peut
être assisté d’un ou plusieurs DG adjoints.

Le DG. Il est nommé par le CA comme le PDG, mais à la différence de celui-ci il n’est pas obligatoire
qu’il soit administrateur, ni même actionnaire.

§2. La SA avec administrateur général

Intérêt de ce choix. Le choix entre SA avec CA et SA avec administrateur général est possible pour les
SA avec 1 à 3 actionnaires. Elles peuvent ainsi simplifier leur structure de direction en désignant
seulement un administrateur général qui se chargera des fonctions d’administration et de direction
de la société. Il peut se fait assister d’un administrateur général adjoint au statut identique.

Désignation d’un administrateur général. Suppléance. Ce sont les statuts ou l’AG constitutive qui
désigne l’administrateur général pour une durée qui ne peut dépasser 2 ans. Un renouvellement de
mandat par l’AG pour 6 ans est possible. Il peut être choisi parmi les actionnaires ou en dehors d’eux.
Il est soumis à certaines règles concernant les cumuls de mandat et ne peut exercer au total plus de 5
mandats d’administrateur. En cas d’empêchement temporaire, la suppléance est assurée par un
administrateur général adjoint.

Pouvoirs de l’administrateur général. Les pouvoirs habituellement dévolus au CA dans les SA avec
CA sont partagés entre l’administrateur général et l’AG des actionnaires. Dans les rapports internes,
il convoqué préside les AG d’actionnaires. Il a les pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance au nom de la société, sous réserve du respect de l’objet social et des pouvoirs reconnus
en assemblée. Dans les rapports avec les tiers, il peut engager la société, même pour des actes qui
ne relèveraient pas de l’objet social, sauf si les tiers sont de mauvaise foi.

Section 3. Le contrôle de la SA

§1. Les assemblées d’actionnaires

Convocation des assemblées d’actionnaires. Selon le mode d’administration de la SA, elle est faite
par le PDG ou l’administrateur général. Elle peut aussi être faite par le CC dans le cadre d’une
procédure d’alerte ou dans certains cas par les actionnaires. La convocation est faite par lettre au
porteur contre récépissé, LRAR, et sous réserve que l’actionnaire donne son accord par écrit, par
télécopie ou courrier électronique. Lorsqu’il y a des actions aux porteurs, la convocation se fait par

41
avis inséré dans un JAL. Toutefois, notons que les statuts peuvent prévoir des dispositions
différentes.

Tenue des assemblées. Tous les actionnaires peuvent participer aux assemblées. Tout actionnaire
peut se faire représenter par le mandataire de son choix. Ont également le droit de participer aux
assemblées : certains CC, les représentants des groupements d’obligataires, les administrateurs non-
actionnaires…

Les différentes assemblées dans la SA. L’AGO se tient au moins une fois par an dans les 6 mois de la
clôture de l’exercice, en principe. Elle statue sur toutes les décisions qui ne sont pas réservées à l’AGE
et aux autres assemblées, ou encore relevant de compétence des autres organes sociaux. Elle est
compétente notamment pour statuer sur les états financiers, l’affectation des résultats, pour
nommer les membres du CA… L’AGE est seule habilitée à modifier les statuts, autoriser les
transformations, fusions, scissions, APA, transférer le siège social… En principe, elle statue à la
majorité des voix exprimées. L’unanimité est exigée pour le transfert de siège. Les assemblées
spéciales réunissent les titulaires d’actions d’une catégorie déterminée. Il y a également les
assemblées d’obligataires.

§2. Le commissaire aux comptes

Désignation. La SA doit désigner un CC et un suppléant, article 695 AUDSC. Du fait de sa surface


financière importante, si la société fait appel public à l’épargne, elle doit avoir au moins 2 CC et 2
suppléants, article 702 AUDSC. Le 1er CC et son suppléant sont désignés par les statuts ou l’AG
constitutive. En cours de vie sociale, ils sont désignés par l’AGO. Le CC est obligatoirement un expert-
comptable agréé. Il doit être indépendant et ne peut donc exercée toute activité subordonnée ou
commerciale.

Mission. Il a essentiellement une mission de contrôle. Il vérifie, en permanence, les valeurs et


documents comptables de la société et la conformité de sa comptabilité avec les règles en vigueur. Il
s’assure aussi que l’égalité des actionnaires est respectée. Il doit signaler pendant les assemblées, les
inexactitudes qu’il a relevées au cours de sa mission, et il doit signaler au ministère public les faits
délictueux dont il a eu connaissance. Il est astreint au secret professionnel.

42
Chapitre 3. La Société par actions simplifiée

La SAS est instaurée dans l’espace OHADA par l’AUDSC dans les articles 853-1 à 853-23. Elle est très
proche de la SAS française introduite par une loi de 1994 et se caractérise par la souplesse de ses
règles de d’organisation et de fonctionnement. Elle est libérée en grande partie des règles
impératives de l’AUDSC et s’adapte à de nombreux projets. Elle est soumise à certaines dispositions
de l’AUDSC relatives à la SA (constitution, dissolution, modifications du capital, etc.), mais elle se
distingue de la SA à plusieurs titres, notamment en matière de montant et de composition de son
capital social, d’organisation et de fonctionnement de sa gouvernance et de représentation légale.
Les points suivants doivent être notés.

Section 1. La constitution de la SAS

§1. Conditions de fond

Associés. La SAS est une société commerciale par la forme102. Elle peut donc avoir une activité civile
ou commerciale, l’essentiel est qu’elle soit licite et morale. Selon les termes de l’article 853-1 de
l’AUDSCGIE, la SAS peut être instituée par une ou plusieurs personnes. L’associé peut être une
personne physique ou morale. Comme dans une SA, la qualité d’associé n’emporte pas la capacité
commerciale. La capacité civile suffit donc pour être associé. A ce titre, les mineurs les majeurs
protégés peuvent devenir associés par l’intermédiaire de leur représentant légal, tandis que les
mineurs émancipés peuvent souscrire directement des actions de la SAS. Les sociétés civiles, les
associations peuvent également adhérer à la SAS. La responsabilité des associés est limitée à leur
apport au capital social.

Capital social. Pour encourager la constitution de SAS, il n’y a pas de minimum de capital social
imposé légalement. L’article 853-5 dispose que le montant du capital ainsi que celui du nominal des
actions est fixé par les statuts.

Apports. Les associés peuvent souscrire et libérer des apports en nature et en numéraire dans les
mêmes conditions que dans une SA. Il peut y avoir également des apports en industrie103.

Intuitus personae. La SAS ne peut faire publiquement appel à l’épargne pour sa constitution. C’est
une société par action fermée et dans laquelle les relations entre associés sont importantes.

§2. Conditions de forme

Immatriculation. Les associés ou premiers fondateurs doivent accomplir les formalités de publicité
qu’impose l’acquisition de la personnalité morale au RCCM de l’État d’implantation de la société.

102
Ph. MERLE, Une grande nouveauté : L’introduction de la SAS dans l’espace OHADA, Droit et patri. juin 2014
n° spécial 239 p. 55
103
Selon le nouvel article 853-5 alinéa 2, la SAS peut émettre des actions inaliénables résultant d’apports en
industrie. Les statuts déterminent les modalités de souscription et de répartition de ces actions. Ils ne rentrent
pas dans la composition du capital social. En revanche, les actions émises en rémunération des apports en
industrie confèrent à leurs titulaires le droit de participer aux décisions collectives et aux bénéfices.

43
Section 2. Le fonctionnement de la SAS

Contrairement à la SA et à la SARL dont les règles de fonctionnement sont essentiellement dictées


par la loi, ce sont les statuts qui fixent les conditions dans lesquelles la société est dirigée. La seule
obligation légale est la désignation d’un président. Cette liberté est encore plus manifeste dans les
décisions collectives. Mais dans les rapports avec les tiers, l’impératif de sécurité commande la mise
en place des organes de contrôle.

§1. La direction de la SAS

A. Les organes de direction

Le choix du président. Le seul organe légalement obligatoire est le président. Il est le représentant
de la société à l’égard des tiers. Mais, la loi laisse la liberté aux statuts pour déterminer les conditions
de sa nomination et de sa révocation. La loi ne prévoit même pas à cet égard de règles supplétives.
La liberté est donc laissée aux rédacteurs de prévoir par exemple de stipuler que l’actionnaire
majoritaire est automatiquement nommé président, ou encore que le président est nommé à la
majorité des actionnaires en nombre et/ou en capital.

La même liberté est laissée aux statuts quant aux conditions de sa révocation (révocation ad nutum,
pour justes motifs).

Contrairement aux dirigeants de la SA, le président de la SAS peut être une personne physique ou
une personne morale.

Les autres organes possibles. Les autres organes de direction sont fixés également en toute liberté
par les statuts. L’article 853-8 énonce que les statuts peuvent prévoir les conditions dans lesquelles
une ou plusieurs personnes autres que le président, portant le titre de directeur général ou directeur
général adjoint peuvent exercer les fonctions confiées au président.

Les statuts peuvent également créer des organes collégiaux (conseil de surveillance, conseil
d’administration, bureau exécutif etc.) ainsi que leur fonction et les conditions de leur décision.

Cumul de fonctions. Les statuts précisent également les conditions de cumul des fonctions sociales
et un contrat de travail ainsi que les rémunérations afférentes à ces différentes fonctions.

Les pouvoirs des organes de direction. Le président a le pouvoir de représentation de la société à


l’égard des tiers. Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au
nom de la société dans le respect de l’objet social et des pouvoirs accordés par la loiaux autres
organes. Mais, s’agissant d’une société à risques limités, l’objet social n’est qu’une limite relative,
dans la mesure où son dépassement engage tout de même la société conformément aux dispositions
de l’article 122 de l’AUDSCGIE.

Seules les prérogatives reconnues par la loi aux autres organes sociaux constituent de véritables
limites aux pouvoirs du président, car il ne peut prendre les décisions qui relèvent de la compétence
de la collectivité des actionnaires, sauf si on est en présence d’une SASU et que l’actionnaire unique
est en même le président de la société.

44
Limitation des pouvoirs à l’égard des tiers. Les clauses des statuts, les décisions des organes sociaux
limitant les pouvoirs du président, du directeur général ou du directeur général adjoint sont
inopposables aux tiers.

Limitation des pouvoirs internes. Dans les rapports internes, les pouvoirs des organes de gestion
sont définis dans les statuts qui peuvent subordonner la prise de décision de ces organes à la
condition d’unanimité si l’organe est collégial, à une autorisation préalable d’un autre organe social.

La responsabilité. Les membres des organes dirigeants encourent les mêmes responsabilités civile et
pénale que les dirigeants d’une SA.

B. Le contrôle des organes de direction

Organes de contrôle classiques. On retrouve dans la SAS les mêmes mécanismes de contrôle que
dans la SA, mais rien n’empêche les fondateurs de la société de prévoir d’autres moyens de contrôle.
Le nouvel acte uniforme ne retient que le commissariat aux comptes et le contrôle des conventions
réglementées.

Nomination du CC. Afin d’encourager la création des SAS, l’article 853-23 AUDSC énonce que la
nomination d’un commissaire aux comptes n’est obligatoire que si certains seuils sont atteints. Les
petites entreprises qui ont pris la forme d’une SAS n’ont pas l’obligation légale de désigner un
commissaire.
Selon l’article 853-13 AUDSC, sont tenues de désigner au moins un commissaire aux comptes les SAS
qui remplissent à la clôture de l’exercice social, deux des trois conditions suivantes :

 Un total bilan supérieur à 125 millions de francs CFA ;


 Un chiffre d’affaires annuel supérieur à 250 millions de francs CFA ;
 Un effectif permanent supérieur à 50 personnes.

Toutefois, la nomination d’un commissaire aux comptes cesse d’être obligatoire dès lors que la
société n’as pas rempli deux des conditions fixées visées ci-dessus pendant les deux exercices
précédant l’exercice du mandat du commissaire aux comptes.

La nomination d’au moins un commissaire aux comptes est également obligatoire pour les SAS qui
contrôlent, au sens de l’article 174 AUDSC, une ou plusieurs sociétés, ou qui sont contrôlées par une
ou plusieurs sociétés.

Nomination judiciaire. Même si les deux conditions imposées par l’article 853-13 AUDSC ne sont pas
remplies, les associés peuvent demander en justice la nomination d’un commissaire aux comptes. Il
faut que le ou les associés faisant cette demande représentent au moins le 10ème du capital.

Contrôle des conventions passées avec la SAS. La réglementation des conventions réglementées a
été calquée sur celle qui s’applique aux SARL, puisque l’acte uniforme n’a pas imposé un organe
collégial dans la direction de la SAS. L’article 853-14 AUDSC décrit les conditions et la procédure des
conventions soumises à l’approbation des actionnaires.

Le commissaire aux comptes ou, s’il n’en a pas été désigné, le président de la société présente aux
associés un rapport sur les conventions intervenues directement entre la société et son président,

45
l’un de ses dirigeants, l’un de ses associés disposant d’une fraction des droits de vote supérieure à dix
pour cent ou, s’il s’agit d’une société associée, la société la contrôlant au sens de l’article 174. Il en
est de même des conventions auxquelles une des personnes citées ci-dessus est indirectement
intéressée ou dans lesquelles elle traite avec la société par personne interposée.

Les associés statuent sur ce rapport, mais les personnes intéressées directement ou indirectement
ne participent pas au vote et leurs actions ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et
de la majorité (si les clauses des statuts l’ont prévu). Les délibérations prises en violation cette
disposition sont nulles.

Comme pour les autres sociétés, les conventions non approuvées produisent néanmoins leurs effets,
à charge pour la personne intéressée et éventuellement pour le président et les autres dirigeants
d’en supporter les conséquences dommageables pour la société.

Toute délibération prise à défaut du rapport du commissaire aux comptes ou du président s’il n’en
a pas été désigné est nulle.

Lorsque la SAS ne comprend qu’un seul associé, il est seulement fait mention au registre spécial des
décisions des conventions intervenues directement ou par personne interposée entre la société et
son dirigeant ou l’un de ses dirigeants.

Cette procédure n’est pas applicable aux conventions portant sur des opérations courantes
conclues à des conditions normales.

Le régime des conventions réglementées est plus léger que dans la SA parce que les opérations
conclues ne sont pas soumises à la procédure préalable d’autorisation du conseil d’administration
qui n’est pas un organe obligatoire de la SAS. Toutefois, si la SAS se dote d’un conseil
d’administration, la question peut se poser de savoir si une clause des statuts peut rendre obligatoire
cette autorisation préalable.

Conventions interdites. L’article 853-16 de l’AUDSC interdit, à peine de nullité certaines conventions
entre la SAS et ses dirigeants. Ce sont les mêmes opérations prévues dans la SA et dans la SARL. Il est
interdit au président et aux dirigeants, ainsi qu’à leurs conjoints, ascendants ou descendants et
autres personnes interposées, de contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès
de la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte courant ou autrement, ainsi
que de faire cautionner ou avaliser par leurs engagements envers les tiers. Cette interdiction ne
s’applique pas aux personnes morales dirigeantes.

§2. Les associés de la SAS

A. Les droits individuels

Clause d’agrément et de préemption. Les associés peuvent céder leurs actions. Mais, compte tenu
de l’intuitus personae, les statuts peuvent soumettre toute cession d’actions ou de valeurs mobilières
donnant accès au capital à l’agrément préalable de la société et à un droit de préemption (sauf cas
d’un associé unique). Ce sont les statuts qui déterminent les conditions dans lesquelles l’agrément
doit être donné.
De même, dans les conditions qu’ils déterminent, les statuts peuvent prévoir qu’un associé peut être
tenu de céder ses actions et stipuler la suspension des droits pécuniaires de cet associé tant qu’il n’a

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pas procédé à cette cession (article 853-20). Toute cession d’action en violation d’une clause
d’agrément ou d’une clause d’inaliénabilité est nulle.

Clause d’inaliénabilité. L’article 853-17 AUDSC énonce que les statuts peuvent prévoir l’inaliénabilité
des actions ou des valeurs mobilières donnant accès aux actions pour une durée qui ne dépasse pas
dix ans. Il convient de préciser si l’inaliénabilité peut porter sur toutes les actions ou sur une partie
seulement.

Le régime des clauses. Les clauses d’agrément et les clauses d’inaliénabilité ne peuvent être
adoptées ou modifiées qu’à l’unanimité des associés. Toute délibération ou décision prise en
violation de ces dispositions est nulle.

Clause d’exclusion. L’article 853-20 AUDSC permet d’exclure un associé en l’obligeant à céder ses
actions. L’article 853-21 énonce également que les statuts peuvent prévoir que la société associée
dont le contrôle est modifié doit, dès cette modification, en informer la société. Celle-ci peut décider,
dans les conditions fixées par les statuts, de suspendre l’exercice des droits non pécuniaires de cet
associé et l’exclure.

Exclusion de la société associée. Les statuts doivent préciser les conditions de cette exclusion, en
prévoyant d’un part, les causes et les modalités, d’autre part les moyens de défense et l’organe
compétent pour prononcer l’exclusion.
Cette exclusion conventionnelle peut permettre à la société d’éviter une paralysie de son
fonctionnement pouvant entraîner une dissolution judiciaire pour justes motifs.

B. Les droits collectifs

Droit de vote et la liberté des statuts. Chaque action donne droit à une voix au moins (article 853-
12). Les associés peuvent voter dans les assemblées générales. Mais à la différence de la SA et de la
SARL, le principe est que ce sont les statuts qui déterminent les décisions qui doivent être prises par
la collectivité des associés dans les formes et conditions qu’ils stipulent (article 853-11 nouveau).

Liberté limitée. Cependant, les décisions sociales les plus importantes doivent obligatoirement être
prises par la collectivité des associés. En revanche, les conditions de quorum et de majorité sont
librement fixées par les statuts.
Les décisions qui doivent être obligatoirement être prises par la collectivité des associés sont les
suivantes : les décisions de modification du capital, de fusion, de scission, d’apport partiel d’actif,
de dissolution, de transformation en une société d’une société d’une autre forme, de nomination
des commissaires aux comptes annuels et de bénéfices sont prises par la collectivité des associés
dans les conditions prévues par les statuts.

Sanctions. Ces décisions sont nulles lorsqu’elles prises de manière collective mais en violation des
conditions prévues aux statuts, et nulles également lorsqu’elles ne sont pas le fait de la collectivité
des associés

Conditions du vote. L’innovation majeure est qu’il n’y a pas nécessairement de proportion entre le
droit de vote et la fraction de capital que détient chaque associé. Les statuts peuvent donc moduler
le droit de vote à leur guise, prévoir ou non des actions à droits de vote multiples. Cette absence de
proportion peut aboutir à donner autant de droits à l’actionnaire minoritaire qu’au principal associé.
Les statuts doivent déterminer avec précaution les règles de calcul du quorum et de la majorité. En
cas de répartition inégalitaire, il peut être utile de calculer le quorum en distinguant entre les actions

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ayant droit de vote et celles qui ne l’ont pas, ce qui éviterait que les actionnaires majoritaires en
capital mais minoritaires en droit de vote prennent seuls les décisions au sein de la société104.
Les statuts déterminent librement la majorité à laquelle les décisions collectivesdoivent être sauf
celles lesquelles l’unanimité est imposée. Ainsi, pour les assemblées générales, les statuts peuvent
exiger, une majorité simple ou une majorité qualifiée, par tête, et/ou en capital. Pour les décisions
ordinaires comme l’approbation des conventions réglementées, rien n’empêche de stipuler qu’elles
seront prises par une minorité. Seules certaines décisions de modification des statuts doivent être
prises à l’unanimité. C’est le cas de l’exclusion d’un associé, l’agrément des cessions, l’inaliénabilité
des actions, l’information de la SAS en cas de modification du contrôle d’une société associée.

§3. Le fonctionnement de la SASU

Création. Une SAS peut être née unipersonnelle. Un homme d’affaires peut choisir cette formule
pour exploiter son entreprise. C’est une formule qui peut être utile dans les groupes de sociétés pour
créer une filiale à 100%. Une SAS pluripersonnelle peut devenir unipersonnelle en cours de vie
sociale.

Régime juridique. Le dirigeant de la SAS unipersonnelle peut être l’associé unique ou un tiers.
En tout état de cause, c’est l’associé unique qui exerce les unilatéralement les prérogatives
reconnues à la collectivité des associés. Dans ce cas, les règles de quorum et de majorité n’ont pas de
sens. Les décisions de l’associé unique doivent être répertoriées sur un registre spécial. Ainsi, par
dérogation aux dispositions de l’alinéa 1 de l’article 853-14, lorsque la société ne comprend qu’un
seul associé, le commissaire aux comptes n’intervient pas en cas de conventions passées directement
ou indirectement entre par personne interposée entre la société et son dirigeant. L’alinéa 5 précise
qu’il est seulement fait mention de ces conventions dans un registre spécial.

De même l’article 853-11 nouveau allège les formalités sans pour autant supprimer l’obligation pour
l’associé unique d’approuver certaines décisions prises par les dirigeants. En effet, il ressort de
l’alinéa 3 de ce texte que dans les sociétés ne comprenant qu’un seul associé, le rapport de gestion,
les comptes annuels et, le cas échéant, les comptes consolidés sont arrêtés par le président. Ces
comptes sont approuvés par l’associé unique après rapport du commissaire aux comptes s’il en
existe un, dans le délai de six mois après la clôture de l’exercice. Il est précisé que l’associé unique ne
peut déléguer ses pouvoirs.

Si l’associé personne physique assume personnellement les fonctions de président de la société, le


dépôt, dans le même délai (six mois) au RCCM de l’inventaire et des comptes annuels dûment signés
vaut approbation.

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Une telle difficulté a été soumise à la Cour de cassation française (Cass. com., 5 mai 2009, Rev. Dr. des
sociétés 2009, n°138, obs. D. GALLOIS- COCHER : JCP E 2009, 1767, n°6 obs. Fl. DEBOISSY et G. WICKER : des
associés non professionnels d’une SELAS détenaient 80% des actions mais 49% du droit de vote. A une
assemblée, seuls ces derniers se sont déplacés et ont voté l’exclusion des associés professionnels. Le quorum
qui supposait que les associés présents ou représentés détiennent les trois quarts des actions était atteint. Tel
ne serait pas le cas si le quorum était calculé sur les actions représentant les trois quarts des droits de vote.

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