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Évelyne Pisier
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© Éditions Dalloz, 2017

ISBN numérique : 978-2-247-17092-0


ISBN papier : 978-2-247-16827-9

Ce document numérique a été réalisé par PCA

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SOMMAIRE

Introduction

I. - L’élection au suffrage universel direct

A. Le suffrage indirect en 1958

Constitution de la Ve République article 6

Extraits du discours de Michel Debré au Conseil d’État

B. 1962 : l’adoption de l’élection populaire

Allocution télévisée du général de Gaulle

Proclamation des résultats du référendum du 28 octobre 1962

28 octobre 1962

Loi du 6 novembre 1962

Nouveau texte de la Constitution article 6

Décision du Conseil constitutionnel n° 62-20 DC du 6 novembre


1962

II. - Du septennat au quinquennat renouvelable une fois


consécutive

A. La révision manquée par Georges Pompidou

Message au Parlement
Projet de loi constitutionnelle

Projet de loi constitutionnelle sur le quinquennat

B. 110 propositions de François Mitterrand

La proposition n° 45 des « 110 propositions » de François


Mitterrand, 1981

C. Les conclusions prudentes du comité Vedel (15 février 1993)

D. L’adoption du quinquennat

Résultats du référendum quinquennat

Nouvelle rédaction de l’article 6

E. La présidentielle avant les législatives

Robert Badinter - « Remettre les pendules à l’heure »

Guy Carcassonne, Olivier Duhamel, Georges Vedel - « Ne pas voter


la tête à l’envers »

Raymond Barre, Michel Rocard - « Voter la tête à l’endroit »

Loi organique n° 2001-419 du 15 mai 2001

F. La limitation à deux mandats consécutifs

Projet de loi constitutionnelle de modernisation des institutions


de la Ve République (2008)

Allocution du président de la République, M. Nicolas Sarkozy

Après le 23 juillet 2008

III. - Les candidats

A. L’accès à la candidature : les parrainages


Article 3-1 de la loi du 6 novembre 1962 sur les parrainages

Création d’un fichier des élus pour faciliter l’application


de la loi du 6 novembre 1962

B. Les candidats et les candidatures

C. Changer le mode de sélection ?

Rapport Balladur sur la modernisation des institutions (29 oct.


2008)

D. La présélection par des primaires

1. Les Primaires organisées en vue de la présidentielle de 2012

2. Les primaires pour la présidentielle de 2012

3. Les Primaires organisées en vue de la présidentielle de 2017

Nouveaux statuts du parti Les Républicains, adoptés par le bureau


politique du 5 mai 2015

Résolution sur les « Primaires citoyennes », adoptée à l’unanimité


par le Conseil national du Parti socialiste du 18 juin 2016

IV. - L’argent des élections

A. La législation relative au financement des campagnes

Loi organique et loi ordinaire du 11 mars 1988 relatives


au financement de la vie politique

Loi du 15 janvier 1990 relative à la limitation des dépenses


électorales et à la clarification du financement des activités
politiques

Loi du 10 mai 1990 portant majoration du plafond des dépenses


des candidats présents au second tour de l’élection présidentielle
Loi du 29 janvier 1993 relative à la prévention de la corruption
et à la transparence de la vie économique et des procédures
publiques

Loi du 19 janvier 1995 relative au financement de la vie politique

Loi organique du 5 février 2001 modifiant la loi n° 62-1292


du 6 novembre 1962 relative à l’élection du président
de la République au suffrage universel

Loi organique du 5 avril 2006 (élection présidentielle)

Loi organique du 28 février 2012 (élection présidentielle)

B. Dépenses, recettes, remboursements

C. La Commission nationale des comptes de campagne


et des financements politiques

1. Composition depuis le 30 avril 2015

2. Fonctionnement

D. Ressources et dépenses électorales pour la présidentielle


de 2012

1. Les recettes des candidats pour la présidentielle de 2012

2. Montant des recettes retenues par la CNCFP

3. Les dépenses des candidats pour la présidentielle de 2012

V. - Le contrôle des élections

A. Les missions du Conseil constitutionnel

Constitution Ve République, article 58

Missions du Conseil constitutionnel définies par lui-même


B. Le contrôle de la régularité de la campagne électorale (CNC)

Décret d’application de la loi n° 62-1292, relative à l’élection


du président de la République au suffrage universel

C. Le contrôle des opérations de vote (Conseil constitutionnel)

Les délégués du Conseil constitutionnel

VI. - La campagne pour le premier tour

A. Le principe d’égalité de traitement des candidats

Loi du 6 novembre 1962, article 3

Décret n° 64-231 du 14 mars 1964

B. L’interdiction de la publicité politique

C. La campagne radio-télédiffusée

De 1965 à 1981 (ORTF)

Loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986

1988-2017

Recommandations et principes de la CNCL en vue de l’élection


présidentielle de 1988

Recommandations et principes du CSA en vue de l’élection


présidentielle de 1995

Recommandations et principes du CSA en vue de l’élection


présidentielle de 2002

Recommandations et principes du CSA en vue de l’élection


présidentielle de 2007
Recommandations et principes du CSA en vue de l’élection
présidentielle de 2012

Recommandations et principes du CSA en vue de l’élection


présidentielle de 2017

1. Une redéfinition des notions de temps de parole et de temps


d’antenne

Conférence de presse du CSA « Adaptation des règles


du pluralisme politique pour la campagne présidentielle de 2017 »

2. Les différentes périodes

3. Publicité des relevés de temps de parole et d’antenne


et accélération de leurs fréquences

Conférence de presse du CSA « Adaptation des règles


du pluralisme politique pour la campagne présidentielle de 2017 »

D. Les sondages d’opinion

Loi n° 77-808 du 19 juillet 1977 relative à la publication


et à la diffusion de certains sondages d’opinion

E. Les slogans du premier tour

VII. - Les résultats du premier tour

A. Résultats du premier tour par élection et candidat

B. Résultats du président élu et des deux candidats arrivés en tête

VIII. - Le second tour : campagne et résultats

A. Les consignes de vote pour le second tour

B. Les slogans du second tour

C. Les face-à-face : 1974, 1981, 1988, 1995, 2007, 2012


Débat du 10 mai 1974 entre François Mitterrand et Valéry Giscard
d’Estaing

Débat du 5 mai 1981 entre François Mitterrand et Valéry Giscard


d’Estaing

Débat du 28 avril 1988 entre François Mitterrand et Jacques


Chirac

Débat du 2 mai 1995 entre Jacques Chirac et Lionel Jospin

Absence de débat entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen


en 2002

Réaction de Le Pen

Débat du 2 mai 2007 entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy

Débat du 2 mai 2012 entre François Hollande et Nicolas Sarkozy

D. Les reports de voix entre les deux tours (en % des suffrages
exprimés)

E. Résultats du second tour par élection et candidat

IX. - Quelques évolutions électorales

A. L’abstention depuis 1965 (premiers et seconds tours)

B. Les électeurs et la campagne électorale (premiers et second


tours)

C. Le vote des femmes (premiers et seconds tours)

D. Le vote des plus de 65 ans (premiers et seconds tours)

E. Le vote des jeunes (premiers et seconds tours)

F. Le vote des ouvriers (premiers et seconds tours)


Conclusion
Introduction

L’élection présidentielle occupe en France une place à part — du


moins en Europe. La première place, celle de l’élection reine. Les
Français choisissent directement les élus de leur commune, de leur
département, de leur région, leurs députés, leurs parlementaires
européens, et… leur président. Aucun des autres scrutins ne recueille
une telle participation électorale. Aucun n’occupe à ce point les
acteurs politiques. Aucun ne pèse autant sur la vie des partis
politiques. Aucun n’est l’objet d’une telle attention médiatique. Et
aucun ne détermine autant l’attribution et l’exercice du pouvoir
politique.
Il n’en va de même nulle part ailleurs en Europe. Certains de nos
partenaires sont demeurés ou redevenus monarchiques. D’autres ont
un président élu au suffrage indirect. Et les derniers, assez nombreux
d’ailleurs, possèdent certes un président de la République élu par le
peuple, mais ledit président n’exerce qu’une magistrature morale. Il
ne détient pas le pouvoir politique, lequel ne se partage qu’entre le
chef du gouvernement — quel que soit son nom — et les députés,
devant lesquels il est responsable.
Il n’en est jamais allé ainsi dans notre histoire, hors les brèves
trois années de la IIe République. Son échec parut enterrer à jamais
l’élection directe du chef de l’État. Et il n’en alla d’ailleurs pas ainsi
lors de la fondation de la Ve République — réalité souvent oubliée
tant cette élection représente la quintessence du système politique
français.
Fondée sur l’idée qu’un État ne saurait être fort sans président
fort, la Constitution du 4 octobre 1958 rompait bel et bien avec la
traditionnelle prépondérance du Parlement sur le pouvoir exécutif.
Bien que novateur à cet égard, le nouveau texte n’allait pourtant pas
jusqu’à introduire le principe d’une élection directe du président de
la République. Certes, le chef de l’État ne serait pas l’élu du
Parlement, comme sous les IIIe et IVe République, mais il ne serait
pas non plus l’élu du peuple.
Le choix d’un simple élargissement du collège électoral (aux
parlementaires s’ajoutent des maires, des conseillers municipaux et
généraux) répondait à plusieurs nécessités. D’abord éviter un
revirement des partis politiques de l’époque — radicaux, socialistes,
MRP — qui avaient déjà fait beaucoup de concessions. S’ils ont
accepté de donner à de Gaulle les pleins pouvoirs pour élaborer une
nouvelle Constitution, ils n’auraient pu tolérer l’élection directe du
président (et d’ailleurs ne le firent pas en 1962), qui réveillait chez
ces républicains convaincus les souvenirs douloureux de 1848 et du
Second Empire. Un autre élément l’interdisait : la décolonisation
n’étant pas encore faite, on ne pouvait concevoir un président élu par
21 millions d’électeurs issus des colonies. « Le président de
la République, explique Michel Debré en août 1958, a des
responsabilités outre-mer. Il est également le président de la
Communauté. Envisage-t-on un corps électoral comprenant,
universellement, tous les hommes, toutes les femmes de la France
métropolitaine, de l’Algérie, de l’Afrique noire, de Madagascar, des
îles du Pacifique ? Cela ne serait pas raisonnable et serait gravement
de nature à nuire à l’unité de l’ensemble comme à la considération
que l’on doit au chef de l’État1 ». En clair, laisser les colonies
participer à l’élection du chef de l’État, c’était risquer à la fois
d’offenser l’électeur métropolitain et d’affaiblir la fonction
présidentielle. Dernière raison, enfin, justifiant le choix fait par les
rédacteurs de la Constitution : la crainte de voir les Français élire le
candidat du Parti communiste, encore électoralement puissant.

Élu triomphalement par un collège de notables en décembre 1958


(78,5 % des suffrages exprimés), soutenu par le peuple qui approuve
massivement les référendums organisés (septembre 1958,
janvier 1961, et finalement avril 1962 pour l’indépendance de
l’Algérie), de Gaulle put s’atteler au problème colonial et le régler. En
1962, la plupart des colonies ont acquis leur indépendance. De
Gaulle, moins indispensable qu’en 1958 et désormais menacé par les
tenants de l’Algérie française (il échappe à un attentat fomenté par
l’OAS le 8 septembre 1961 à Clamart), décide alors de réviser
l’élection présidentielle. À ses yeux, il s’agissait de consolider la
Ve République et de préserver la légitimité de la fonction
présidentielle lorsque ses successeurs viendraient à l’occuper.
« L’essentiel depuis 1958, souligne-t-il lors d’un Conseil des
ministres, c’est l’existence d’une tête, le chef de l’État garant du
destin national, avec les moyens nécessaires. Une certaine
consécration historique m’aide dans cette fonction. Cela ne peut pas
être fait après moi par quelqu’un qui n’aurait pas la consécration du
peuple2 ». Puisque la légitimité de ses successeurs ne pourra leur
être conférée par l’Histoire, elle devra l’être par le peuple.
La décision prise, restait à la mettre en œuvre. De Gaulle prend
rapidement conscience de l’impossibilité d’utiliser la procédure
normale de révision, inscrite à l’article 89 de la Constitution. Celle-ci
implique en effet un vote identique à l’Assemblée nationale, où il
dispose d’une majorité trop courte, et au Sénat, franchement hostile.
Le fondateur de la Ve République imagine donc une autre procédure,
qui ne manquera pas d’enflammer les esprits : celle du référendum
direct, inscrit à l’article 11, qui ne nécessite pas, lui, le vote des
assemblées. Le 30 septembre, de Gaulle annonce le référendum aux
Français ; le 2 octobre, le projet est adopté en Conseil des ministres.
Dès lors, les critiques fusent. Elles sont d’ordre juridique, émanant
du Conseil d’État et de professeurs de droit prestigieux, qui estiment
la procédure contraire à la Constitution. Elles sont aussi politiques,
prononcées par le Sénat (notamment son président Gaston
Monnerville) et par l’Assemblée nationale qui vote la censure du
gouvernement le 4 octobre 1962 (avec 280 voix sur 480). De Gaulle
ne se laisse pourtant pas impressionner. Il use de sa dramatisation
habituelle, met en jeu son mandat puis dissout l’Assemblée nationale
le 10 octobre. Les résultats du référendum (le 28 octobre) et des
législatives (18 novembre) lui donnent finalement raison : les
Français approuvent la révision constitutionnelle à 62 % et font de
l’UNR le premier parti de France avec deux cent trente-trois députés.
La première élection présidentielle au suffrage universel direct
aura donc lieu en décembre 1965, au terme du septennat gaullien. Le
scrutin choisi est uninominal majoritaire à deux tours. Peuvent se
présenter au premier tour l’ensemble des candidats remplissant les
conditions d’éligibilité à la présidence de la République. Celles-ci
sont relativement souples : détenir la nationalité française, être âgé
d’au moins 23 ans, disposer de ses droits civiques et de la dignité
morale. Les candidatures ne sont par ailleurs recevables que si elles
sont parrainées. Au départ, cent élus d’au moins dix départements et
territoires d’outre-mer différents suffisaient. Mais à partir de
juin 1976, les prétendants se doivent de rassembler cinq cents
signatures d’élus issus d’au moins trente départements et territoires
d’outre-mer différents, avec au maximum 1/10 provenant du même
département.
Ne sont en revanche admis au second tour que les deux candidats
ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages. Dans l’esprit des
rédacteurs de la Constitution, il s’agissait d’éviter l’éparpillement des
voix et de conférer une légitimité plus grande au président élu. En
pratique, c’était créer et entretenir une bipolarisation autour du
clivage gauche/droite (renforcée par un scrutin analogue aux
législatives) mais aussi donner un avantage aux partis capables de se
transformer en écuries présidentielles, à savoir le PS et l’UNR
(devenue UDR, RPR, UMP puis LR). Il en alla ainsi jusqu’à ce que la
progression du Front national, à l’extrême droite, perturbe cette
bipolarité bien installée.
Pour les électeurs, la présidentielle se joue donc en deux temps
bien distincts : tandis qu’au premier tour ils sélectionnent les deux
ultimes concurrents, au second ils désignent l’élu. Un célèbre adage
de la troisième République, repris par Maurice Duverger, voudrait
qu’« au premier tour on choisisse, au second on élimine ». Disposant
en principe d’un large choix au premier tour, l’électeur pourrait voter
pour son candidat préféré ; face à une offre plus restreinte au second,
il lui faudrait choisir le moins mauvais des deux. L’enjeu n’est donc
pas le même pour les candidats. Après avoir réuni au premier tour
leurs soutiens les plus fidèles — partisans ou proches
sympathisants —, il leur faut, au second, rassembler au-delà des
frontières de leur propre parti. Pour obtenir une majorité des
suffrages, les deux ultimes adversaires élargissent donc le public
visé : sympathisants de leur camp, certes, mais aussi
abstentionnistes du premier tour, citoyens indécis, électeurs volatiles
ou encore adeptes d’autres sensibilités politiques. C’est ce que fit
avec succès Charles de Gaulle en 1965 : 45 % des électeurs de
Lecanuet au premier tour et 11 % de ceux de l’extrême droite le
choisissent au second tour.

Depuis cette date, l’élection présidentielle n’a cessé de constituer


le cœur de la vie politique française. Élection reine, elle bénéficie
d’abord d’un soutien quasi unanime des Français. Non seulement ces
derniers ont majoritairement approuvé sa mise en place — ils étaient
62 % des votants à plébisciter son instauration lors du référendum
du 28 octobre 1962, mais ils continuent encore aujourd’hui à
souhaiter son maintien. Ils seraient, selon les sondages, entre 80 %
et 90 % à s’y déclarer favorables3. La participation électorale,
toujours plus forte qu’aux autres scrutins, est également révélatrice
du fort attachement porté à cette élection. Ce dernier s’explique
principalement par la volonté des Français de choisir eux-mêmes le
véritable responsable du pouvoir ou, selon les circonstances, de le
sanctionner et de le renvoyer4. Car si la présidentielle est « reine »,
c’est aussi parce qu’elle détermine l’accession ou le maintien dans la
plus haute fonction de l’édifice institutionnel français, fonction qui
associe pleine légitimité du peuple et prérogatives constitutionnelles
significatives. Avec l’adoption du quinquennat en 2000 et l’inversion
du calendrier électoral de 2002, le président élu est quasiment
assuré de garder les rênes du pouvoir pendant la totalité de sa
mandature. Il peut compter sur le soutien d’une majorité
parlementaire chargée de voter les réformes sur lesquelles il aura été
élu.
Dans ces conditions, il n’est nullement surprenant que les
formations politiques les plus réticentes à l’instauration de l’élection
présidentielle au suffrage universel direct, en particulier à gauche, s’y
soient progressivement ralliées. L’exemple le plus éloquent est très
certainement donné par le Parti socialiste. De tradition et de culture
parlementaires, ce dernier entame dès 1971, sous l’impulsion de son
nouveau chef François Mitterrand, une mue présidentialiste qui
l’amènera non seulement à accepter l’élection du chef de l’État au
suffrage universel direct (donc la primauté de ce dernier sur le
Parlement), mais surtout à la considérer comme la meilleure voie
d’accès au pouvoir et à la gestion gouvernementale.
Bien que leur chance de succès — et même d’accès au second
tour — demeure très mince, les petites formations politiques
trouvent aussi un intérêt à présenter un candidat. Profitant de la
vitrine médiatique qu’offre l’élection présidentielle, elles peuvent
espérer diffuser leurs idées, se faire connaître ou encore augmenter
leur capacité à influer sur la vie politique ou sur les gouvernants. En
découlent un nombre toujours plus grand de candidats et une offre
électorale de plus en plus complète voire redondante. Le paroxysme
est atteint en 2002, avec seize prétendants au premier tour, dont
trois pour la seule extrême gauche trotskyste et cinq pour la gauche
plurielle au pouvoir. Cette dispersion à gauche contribue à l’échec du
Premier ministre Lionel Jospin, contraint de céder sa place au
second tour à Jean-Marie Le Pen.
La centralité de l’élection présidentielle dans la vie politique
française a rendu saillant le choix des candidats présentés. La
présidentialisation caractéristique des institutions de la
Ve République a ainsi progressivement atteint les partis eux-mêmes
(en particulier les plus importants) qui se sont dotés d’une procédure
de présélection de leurs candidats. Celle-ci est plus précoce au PS qui
organise, dès la présidentielle de 1995, une primaire alors réservée
aux adhérents. Pour 2012, le parti fait le choix d’une Primaire
ouverte aux sympathisants qui déclarent adhérer aux valeurs de la
gauche et acceptent de verser au moins un euro. L’inscription, dans
les statuts de l’UMP, d’une procédure de sélection du candidat
présidentiel est beaucoup plus récente. Il faut attendre
novembre 2004, et la prise de l’UMP par Nicolas Sarkozy, pour que
soit adopté le principe d’un vote des adhérents destiné à « choisir le
candidat soutenu par l’UMP à l’élection présidentielle ».
Douze ans après, une vraie primaire, ouverte et compétitive, est
organisée pour départager les aspirants au pouvoir suprême,
notamment l’ancien président, Nicolas Sarkozy, deux anciens
Premier ministre, Alain Juppé et François Fillon, et un jeune
prétendant, Bruno Le Maire. L’absence de leadership incontestable,
la légitimité très altérée des partis, et, surtout, la tripartition de notre
paysage politique imposent désormais une pré-présidentielle, une
primaire — et ce, sauf surprise, dans chaque camp (ou ce qu’il en
reste).

Les dix présidentielles qui ont animé la vie politique française


entre 1965 et 2017 constituent des moments riches pour
l’observateur et l’analyste. Chacune s’inscrit pour part dans la droite
lignée de celle(s) qui l’ont précédé. Chacune apporte aussi son lot
d’imprévus et de nouveautés. Ce sont ces permanences et ces
évolutions que ce livre entend retracer. Les données politiques et
juridiques qui y sont présentées offrent un éclairage précieux pour
comprendre les transformations, minimes ou profondes, qui ont
marqué l’histoire des élections présidentielles depuis 1965. Le choix
d’un plan thématique répond à cette volonté de comparaison. Les
neuf chapitres aborderont successivement les questions du suffrage,
du mandat présidentiel, des candidatures, du financement et du
contrôle de l’élection, des campagnes électorales du premier et
second tour, des résultats avant de retracer quelques évolutions
électorales. Cette construction thématique permettra aux lecteurs de
se familiariser avec les principaux ingrédients qui font une élection
présidentielle. Elle ne l’empêchera pas de retrouver la continuité
historique, notamment dans les chapitres sur les candidats, les
campagnes, les résultats des premiers et seconds tours.
Élection reine, avons-nous dit et répété. Elle mérite donc bien
que ses principales composantes soient mises à la disposition des
citoyens.
I. L’élection au suffrage universel direct

Lors de la mise en place de la Ve République, avec la


Constitution promulguée le 4 octobre 1958, le président de la
République n’était pas élu au suffrage universel direct, mais par un
collège électoral de près de 82 000 grands électeurs (A). Ce fut le
cas du général de Gaulle, élu dès le premier tour, le 21 décembre
1958, avec 78,5 % des suffrages exprimés. Le suffrage universel
direct
Dès 1958, Michel Debré, fervent gaulliste et l’un des rédacteurs
de la Constitution a tenu à expliquer pourquoi, selon lui, l’élection
par le peuple n’était pas possible. Il en donne les trois raisons. La loi
constitutionnelle du 3 juin 1958, conditionnant le passage de la IVe
à la Ve République ne le permettait pas. Le poids des électeurs de
nos colonies eût été trop important, de même que l’était celui du
parti communiste français. D’où le choix du suffrage universel
indirect, ni élection parlementaire, ni élection populaire (B).
Quatre ans après, la décolonisation accomplie et la nouvelle
République bien installée, le général de Gaulle décide qu’il faut
instaurer l’élection directe du président, et en expose la raison. La
Ve République repose sur la suprématie du chef de l’État. Il lui faut
donc disposer de la légitimité qui l’assurera. S’agissant du général,
la question ne se posait pas. Pour ses successeurs, elle s’impose (C).
Tous les partis sauf le sien y étant opposés, la majorité des
parlementaires aussi, de Gaulle n’a d’autre choix que de recourir au
référendum direct et controversé de l’article 11. Malgré l’ampleur
des oppositions juridiques et politiques, il l’emporte le 28 octobre
1962 (D).
La loi référendaire du 6 novembre 1962 entre donc en vigueur
(E).
L’article 6 de la Constitution est modifié (F).
Seul le Conseil constitutionnel aurait pu s’y opposer, mais il se
déclare incompétent pour contrôler la constitutionnalité des lois
adoptées par référendum (G).

A. Le suffrage indirect en 1958

Constitution de la Ve République article 6


(première version)
Le président de la République est élu pour sept ans par un collège
électoral comprenant les membres du Parlement, des conseils
généraux et des assemblées des territoires d’outre-mer, ainsi que les
représentants élus des conseils municipaux.

Ces représentants sont :


– le maire pour les communes de moins de 1 000 habitants ;
– le maire et le premier adjoint pour les communes de 1 000 à
2 000 habitants ;
– le maire, le premier adjoint et un conseiller municipal pris dans
l’ordre du tableau pour les communes de 2001 à 2 500 habitants ;
– le maire et les deux premiers adjoints pour les communes
de 2 501 à 3 000 habitants ;
– le maire, les deux premiers adjoints et trois conseillers
municipaux pris dans l’ordre du tableau pour les communes de 3 001
à 6 000 habitants ;
– le maire, les deux premiers adjoints et six conseillers
municipaux pris dans l’ordre du tableau pour les communes de 6 001
à 9 000 habitants ;
– en outre, pour les communes de plus de 30 000 habitants, des
délégués désignés par le conseil municipal à raison de 1 pour
1 000 habitants en sus de 30 000.

Dans les territoires d’outre-mer de la République, font aussi


partie du collège électoral les représentants élus des conseils des
collectivités administratives dans les conditions déterminées par une
loi organique.
La participation des États membres de la Communauté au collège
électoral du président de la République est fixée par accord entre la
République et les États membres de la Communauté.
Les modalités d’application du présent article sont fixées par une
loi organique.

Extraits du discours de Michel Debré


au Conseil d’État (27 août 1958)
« Ni le Parlement dans sa volonté de réforme manifestée par la
loi du 3 juin, ni le Gouvernement lorsqu’il a présenté, puis appliqué
cette loi, n’ont succombé à cette tentation, et c’est, je crois, sagesse.
La démocratie en France suppose un Parlement doté de pouvoirs
politiques. On peut imaginer deux assemblées législatives et
budgétaires uniquement, c’est-à-dire subordonnées. Mais nous
devons constater que cette conception ne coïncide pas avec l’image
traditionnelle et, à bien des égards, légitime, de la République.
À cette raison de droit, s’ajoutent deux raisons de fait qui sont,
l’une et l’autre, décisives.
Le président de la République a des responsabilités outre-mer ; il
est également le président de la Communauté. Envisage-t-on un
corps électoral comprenant, universellement, tous les hommes,
toutes les femmes de la France métropolitaine, de l’Algérie, de
l’Afrique noire, de Madagascar, des îles du Pacifique ? Cela ne serait
pas raisonnable et serait gravement de nature à nuire à l’unité de
l’ensemble comme à la considération que l’on doit au chef de l’État.
Regardons, d’autre part, la situation intérieure française et
parlons politique. Nous voulons une forte France. Est-il possible
d’asseoir l’autorité sur un suffrage si profondément divisé ? Doit-on
oublier qu’une part importante de ce suffrage, saisie par les
difficultés des années passées, adopte, à l’égard de la souveraineté
nationale, une attitude de révolte qu’un certain parti encadre avec
force pour des objectifs que des hommes d’État et de gouvernement
ne peuvent accepter ? […]
« Si vous me permettez une image empruntée à l’architecture, je
dirai qu’à ce régime parlementaire neuf, et à cette Communauté qui
commence à s’ébaucher, il faut une clef de voûte. Cette clef de voûte,
c’est le président de la République […]. Cette responsabilité normale
du chef de l’État en régime parlementaire, cette responsabilité
normale du chef de l’État à la tête de la Communauté, cette
responsabilité exceptionnelle du chef de l’État en période tragique,
voilà qui exige que sa désignation soit entourée de soins particuliers.
Peut-on continuer, selon la tradition depuis 1875, de le faire
désigner par les deux chambres du Parlement ? Nous savons où
mène un tel collège électoral : le président de la République est un
arbitre entre les partis membres du Parlement, et cet arbitre, quelle
que soit sa valeur morale, éprouve beaucoup de mal à sortir de
l’étroit domaine où il est enfermé moins par les textes que par son
mode d’élection. Il faut à la République et à la Communauté une
personnalité qui soit bien plus qu’un arbitre entre les partis et il est
peu probable qu’un collège électoral réduit au seul Parlement puisse
aboutir au résultat souhaité. Au surplus, le Parlement, demain, sera
la République seule, c’est-à-dire la métropole, les départements
d’outre-mer, quelques territoires. Or des représentants de la
Communauté doivent être présents si l’on veut marquer au départ la
double fonction du président de la République.
Le suffrage universel ne donne pas un corps électoral normal
dans un régime parlementaire. Le président qui est l’élu du suffrage
universel est un chef politique attaché à l’œuvre quotidienne du
gouvernement et du commandement ; recourir au suffrage universel,
c’est recourir à la constitution présidentielle qui a été écartée pour les
raisons qui ont été dites au début de cet exposé.
On est alors mené par la force des choses à un collège composé
d’élus politiques qui ne soient pas seulement les parlementaires : les
conseillers généraux, les conseillers municipaux. La seule difficulté
de ce collège est constituée par le grand nombre de petites
communes et la représentation relativement faible des grandes villes.
Ce problème est un problème politique, mais il faut bien voir qu’il est
posé par une caractéristique nationale que nous devons admettre à
moins de sombrer dans l’idéologie. La France est composée de
milliers et de milliers de communes : ce fait est un fait français, un
des aspects fondamentaux de notre sociologie. Les inconvénients de
cette force considérable des petites communes doivent, il est vrai,
être corrigés. Le projet qui vous est soumis accorde aux grandes
villes une représentation équitable en donnant à leurs conseils
municipaux la possibilité d’élire des électeurs supplémentaires
proportionnellement à leur population ; en réduisant par ailleurs la
représentation des conseils municipaux des communes et des petites
villes soit au maire seul, soit au maire et à ses adjoints, soit à un petit
nombre de conseillers municipaux, le projet rétablit un équilibre
raisonnable. En même temps, sur des bases identiques, également
très valables, on peut parvenir à une représentation, dans le collège
électoral du président de la République, des territoires et des futurs
États de la Communauté.
Pour assurer la légitimité du chef de la République française, il
faut donner à son corps électoral une image aussi conforme que
possible à ce qu’est la France politique. Pour assurer la légitimité du
chef futur de la Communauté, il faut assurer une participation
raisonnable des États membres à ce collège électoral. Le projet s’est
attaché à répondre à cette double préoccupation ; il n’aboutit donc
pas, comme vous le voyez, à un mécanisme qui aurait été inventé
pour élire le général de Gaulle, lequel n’a pas besoin d’un tel
mécanisme ! Le projet a pour ambition d’établir l’élection du
président de la République sur des bases telles qu’il réponde aux
nécessités de notre siècle ».

B. 1962 : l’adoption de l’élection populaire

Allocution télévisée du général de Gaulle


(20 sept. 1962)
« Depuis que le peuple français m’a appelé à reprendre
officiellement place à sa tête, je me sentis naturellement obligé de lui
poser, un jour, une question qui se rapporte à ma succession, je veux
dire celle du mode d’élection du chef de l’État. Des raisons que
chacun connaît m’ont récemment donné à penser qu’il pouvait être
temps de le faire.
Qui donc aurait oublié quand, pourquoi, comment, fut établie
notre Constitution ? Qui ne se souvient de la mortelle échéance
devant laquelle se trouvaient, en mai 1958, le pays et la République
en raison de l’infirmité organique du régime d’alors ? Dans
l’impuissance des pouvoirs, apparaissaient, tout à coup, l’imminence
des coups d’État, l’anarchie généralisée, la menace de la guerre civile,
l’ombre de l’intervention étrangère. Comme tout se tient, c’est au
même moment que s’ouvrait devant nous le gouffre de
l’effondrement monétaire, financier et économique. Enfin, ce qu’il y
avait d’absurde et de ruineux dans le conflit algérien, après la guerre
d’Indochine et à l’annonce de graves déchirements dans l’ensemble
de l’Afrique noire, démontrait la nécessité de changer en coopération
de pays indépendants les rapports qui liaient la France et ses
colonies, tandis que le système tâtonnant et trébuchant des partis se
trouvait hors d’état de trancher ce qui devait l’être et de maîtriser les
secousses qu’une pareille transformation allait forcément susciter.
C’est alors qu’assumant de nouveau le destin de la patrie, j’ai,
avec mon Gouvernement, proposé au pays l’actuelle Constitution.
Celle-ci, qui fut adoptée par 80 % des votants, a maintenant quatre
ans d’existence. On peut donc dire qu’elle a fait ses preuves. La
continuité dans l’action de l’État, la stabilité, l’efficacité et l’équilibre
des pouvoirs, ont remplacé, comme par enchantement, la confusion
chronique et les crises perpétuelles qui paralysaient le système
d’hier, quelle que pût être la valeur des hommes. Par là même,
portent maintenant leurs fruits le grand effort et le grand essor du
peuple français. La situation de la France au-dedans et au-dehors a
marqué d’éclatants progrès, reconnus par le monde entier, sans que
les libertés publiques en aient été aliénées. Le grave et pénible
problème de la décolonisation a été, notamment, réglé. Certes,
l’œuvre que nous avons encore à accomplir est immense, car, pour
un peuple, continuer de vivre c’est continuer d’avancer. Mais
personne ne croit sérieusement que nous pourrions le faire si nous
renoncions à nos solides institutions. Personne, au fond, ne doute
que notre pays se trouverait vite jeté à l’abîme, si par malheur nous le
livrions de nouveau aux jeux stériles et dérisoires d’autrefois.
Or, la clé de voûte de notre régime, c’est l’institution nouvelle
d’un président de la République désigné par la raison et le sentiment
des Français pour être le chef de l’État et le guide de la France. Bien
loin que le président doive, comme naguère, demeurer confiné dans
un rôle de conseil et de représentation, la Constitution lui confère, à
présent, la charge insigne du destin de la France et de celui de la
République.
Suivant la Constitution, le président est, en effet, garant — vous
entendez bien ? garant — de l’indépendance et de l’intégrité du pays,
ainsi que des traités qui l’engagent. Bref, il répond de la France.
D’autre part, il lui appartient d’assurer la continuité de l’État et le
fonctionnement des pouvoirs. Bref, il répond de la République. Pour
porter ces responsabilités suprêmes, il faut au chef de l’État des
moyens qui soient adéquats. La Constitution les lui donne. C’est lui
qui désigne les ministres et, d’abord, choisit le Premier. C’est lui qui
réunit et préside leurs Conseils. C’est lui, qui, surleur rapport, prend,
sous forme de décrets ou d’ordonnances, toutes les décisions
importantes de l’État. C’est lui qui nomme les fonctionnaires, les
officiers, les magistrats. Dans les domaines essentiels de la politique
extérieure et de la sécurité nationale, il est tenu à une action directe,
puisqu’en vertu de la Constitution, il négocie et conclut les traités,
puisqu’il est le chef des armées, puisqu’il préside à la défense. Par-
dessus tout, s’il arrive que la patrie et la République soient
immédiatement en danger, alors le président se trouve investi en
personne de tous les devoirs et de tous les droits que comporte le
salut public.
Il va de soi que l’ensemble de ces attributions, permanentes ou
éventuelles, amène le président à inspirer, orienter, animer l’action
nationale. Il arrive qu’il ait à la conduire directement, comme je l’ai
fait, par exemple, dans toute l’affaire algérienne. Certes, le Premier
ministre et ses collègues ont, sur la base ainsi tracée, à déterminer à
mesure la politique et à diriger l’administration. Certes, le Parlement
délibère et voit les lois, contrôle le gouvernement et a le droit de le
renverser, ce qui marque le caractère parlementaire du régime. Mais,
pour pouvoir maintenir, en tout cas, l’action et l’équilibre des
pouvoirs et mettre en œuvre, quand il le faut, la souveraineté du
peuple, le président détient en permanence la possibilité de recourir
au pays, soit par la voie du référendum, soit par celle de nouvelles
élections, soit par l’une et l’autre à la fois.
En somme, comme vous le voyez, un des caractères essentiels de
la Constitution de la Ve République, c’est qu’elle donne une tête à
l’État. Aux temps modernes, où tout est si vital, si rude, si précipité,
la plupart des grands pays du monde — États-Unis, Russie, Grande-
Bretagne, Allemagne, etc. — en font autant, chacun à sa manière.
Nous le faisons à la nôtre, qui est, d’une part démocratique et,
d’autre part, conforme aux leçons et aux traditions de notre longue
histoire.
Cependant, pour que le président de la République puisse porter
et exercer effectivement une charge pareille, il lui faut la confiance
explicite de la nation. Permettez-moi de dire qu’en reprenant la tête
de l’État, en 1958, je pensais que pour moi-même et à cet égard, les
événements de l’Histoire avaient déjà fait le nécessaire. En raison de
ce que nous avons vécu et réalisé ensemble, à travers tant de peines,
de larmes et de sang, mais aussi avec tant d’espérances,
d’enthousiasmes et de réussites, il y a entre vous, Françaises,
Français, et moi-même un lien exceptionnel qui m’investit et qui
m’oblige. Je n’ai donc pas attaché, alors, une importance particulière
aux modalités qui allaient entourer ma désignation, puisque celle-ci
était d’avance prononcée par la force des choses. D’autre part, tenant
compte de susceptibilités politiques, dont certaines étaient
respectables, j’ai préféré, à ce moment-là, qu’il n’y eût pas à mon
sujet une sorte de plébiscite formel. Bref, j’ai alors accepté que le
texte initial de notre Constitution soumette l’élection du président à
un collège relativement restreint d’environ 80 000 élus.
Mais, si ce mode de scrutin ne pouvait, non plus qu’aucun autre,
fixer mes responsabilités à l’égard de la France, ni exprimer à lui seul
la confiance que veulent bien me faire les Français, la question serait
très différente pour ceux qui, n’ayant pas nécessairement reçu des
événements la même marque nationale, viendront après moi, tour à
tour, prendre le poste que j’occupe à présent. Ceux-là, pour qu’ils
soient entièrement en mesure et complètement obligés de porter la
charge suprême, quel que puisse être son poids, et qu’ainsi notre
République continue d’avoir une bonne chance de demeurer solide,
efficace et populaire en dépit des démons de nos divisions, il faudra
qu’ils en reçoivent directement mission de l’ensemble des citoyens.
Sans que doivent être modifiés les droits respectifs, ni les rapports
réciproques des pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire, tels que les
fixe la Constitution, mais en vue de maintenir et d’affermir dans
l’avenir nos institutions vis-à-vis des entreprises factieuses, de
quelque côté qu’elles viennent, ou bien des manœuvres de ceux qui,
de bonne ou de mauvaise foi, voudraient nous ramener au funeste
système d’antan, je crois donc devoir faire au pays la proposition que
voici : quand sera achevé mon propre septennat, ou si la mort ou la
maladie l’interrompaient avant le terme, le président de la
République sera dorénavant élu au suffrage universel.
Sur ce sujet, qui touche tous les Français, par quelle voie
convient-il que le pays exprime sa décision ? Je réponds : par la plus
démocratique, la voix de référendum. C’est aussi la plus justifiée, car
la souveraineté nationale appartient au peuple et elle lui appartient
évidemment, d’abord, dans le domaine constituant. D’ailleurs, c’est
du vote de tous les citoyens qu’a procédé directement notre actuelle
Constitution. Au demeurant, celle-ci spécifie que le peuple exerce sa
souveraineté, soit par ses représentants, soit par le référendum.
Enfin, si le texte prévoit une procédure déterminée pour le cas où la
révision aurait lieu dans le cadre parlementaire, il prévoit aussi,
d’une façon très simple et très claire, que le président de la
République peut proposer au pays, par voie de référendum, “tout
projet de loi” — je souligne “tout projet de loi” — “portant sur
l’organisation des pouvoirs publics”, ce qui englobe évidemment, le
mode d’élection du président. Le projet que je me dispose à
soumettre au peuple français le sera donc dans le respect de la
Constitution que, sur ma proposition, il s’est à lui-même donnée.
Françaises, Français, en cette périlleuse époque et en ce monde
difficile, il s’agit de faire en sorte, dans toute la mesure où nous le
pouvons, que la France vive, qu’elle progresse, qu’elle assure son
avenir. C’est pourquoi, en vous proposant, avant peu, de parfaire les
institutions nationales sur un point dont, demain, tout peut
dépendre, je crois en toute conscience bien servir notre pays. Mais,
comme toujours je ne peux et ne veux rien accomplir qu’avec votre
concours. Comme toujours, je vais donc bientôt vous le demander.
Alors, comme toujours, c’est vous qui en déciderez.
Vive la République ! Vive la France ! »

Proclamation des résultats du référendum


du 28 octobre 1962 relatif au projet
de loi concernant l’élection du président
de la République au suffrage universel (JO 7 nov. 1962,
p. 10775)
Le Conseil constitutionnel,
Vu la Constitution du 4 octobre 1958 ;
Vu l’ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le
Conseil constitutionnel ;
Vu le décret du président de la République en date du 2 octobre
1962 décidant de soumettre un projet de loi au référendum ;
Vu le décret du 4 octobre 1962 portant organisation du
référendum, ensemble les décrets et arrêtés pris pour son
application ;
Vu le Code électoral ;
Vu les procès-verbaux de recensement dressés par les
commissions chargées de centraliser les résultats dans les
départements de la métropole, dans les départements de la
Guadeloupe et de la Réunion et dans le territoire de Saint-Pierre-et-
Miquelon, ainsi que les procès-verbaux des opérations de vote
portant mention des réclamations présentées par des électeurs et les
documents y annexés ;
Vu les télégrammes adressés au Conseil constitutionnel par les
présidents des commissions chargées de centraliser les résultats dans
les départements de la Martinique et de la Guyane, dans les
territoires des Comores, de la Côte française des Somalis, de la
Nouvelle-Calédonie, des Nouvelles-Hébrides, de Polynésie et des îles
Wallis et Futuna ;
Vu les autres pièces et documents portés à la connaissance du
Conseil pour son information ainsi que les réclamations d’électeurs
qui lui ont été adressées soit directement, soit par l’entremise des
autorités administratives ;
Les délégués du Conseil constitutionnel entendus ;
Après avoir opéré diverses rectifications d’erreurs matérielles,
statué sur les réclamations, procédé aux redressements qu’il a jugés
nécessaires et arrêté les résultats définitifs détaillés en annexe ;

Proclame :
La consultation du peuple français par voie de référendum, le
28 octobre 1962, sur le projet de loi concernant l’élection du
président de la République au suffrage universel, a donné les
résultats suivants :

Électeurs inscrits : 28 185 478


Votants : 21 694 563
Suffrages exprimés : 21 125 054
Majorité absolue : 10 562 528
OUI : 13 150 516
NON : 7 974 538

Fait à Paris, au siège du Conseil constitutionnel, le 6 novembre


1962.
28 octobre 1962
Objet : « Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple
français par le président de la République et relatif à l’élection du
président de la République au suffrage universel ? »

TOTAL % des inscrits % des exprimés

Électeurs inscrits 28 185 178

Abstention 6 490 915 23,03

Votants 21 694 563 76,97

Blancs / nuls 569 509 2,02

Exprimés 21 125 054 74,95

OUI 13 150 516 46,66 62,25

NON 7 974 538 28,29 37,75

Loi du 6 novembre 1962 relative à l’élection


du président de la République au suffrage universel
(JO 7 nov. 1962, p. 10762)
Le président de la République, conformément aux dispositions de
l’article 11 de la Constitution, a soumis au référendum,
Le peuple français, ainsi qu’il ressort de la proclamation faite le
6 novembre 1962 par le Conseil constitutionnel des résultats du
référendum, a adopté,
Le président de la République promulgue la loi dont la teneur
suit :

Article premier. – L’article 6 de la Constitution est remplacé par


les dispositions suivantes :
« Art. 6. Le président de la République est élu pour sept ans au
suffrage universel direct. Les modalités d’application du présent
article sont fixées par une loi organique. »

Article 2. – L’article 7 de la Constitution est remplacé par les


dispositions suivantes :
« Art. 7. Le président de la République est élu à la majorité
absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n’est pas obtenue au
premier tour de scrutin, il est procédé, le deuxième dimanche
suivant, à un second tour. Seuls peuvent s’y présenter les deux
candidats qui, le cas échéant après retrait de candidats plus
favorisés, se trouvent avoir recueilli le plus grand nombre de
suffrages au premier tour. « Le scrutin est ouvert sur convocation du
gouvernement. « L’élection du nouveau président a lieu vingt jours
au moins et trente-cinq jours au plus avant l’expiration des pouvoirs
du président en exercice. « En cas de vacance de la présidence de la
République pour quelque cause que ce soit, ou d’empêchement
constaté par le Conseil constitutionnel saisi par le gouvernement et
statuant à la majorité absolue de ses membres, les fonctions du
président de la République, à l’exception de celles prévues aux
articles 11 et 12 ci-dessous, sont provisoirement exercées par le
président du Sénat et, si celui-ci est à son tour empêché d’exercer ces
fonctions, par le gouvernement. « En cas de vacance ou lorsque
l’empêchement est déclaré définitif par le Conseil constitutionnel, le
scrutin pour l’élection du nouveau président a lieu, sauf cas de force
majeure constaté par le Conseil constitutionnel, vingt jours au moins
et trente-cinq jours au plus après l’ouverture de la vacance ou la
déclaration du caractère définitif de l’empêchement. « Il ne peut être
fait application ni des articles 49 et 50 ni de l’article 89 de la
Constitution durant la vacance de la présidence de la République ou
durant la période qui s’écoule entre la déclaration du caractère
définitif de l’empêchement du président de la République et
l’élection de son successeur. »

Article 3. – L’ordonnance no 58-1064 du 7 novembre 1958


portant loi organique relative à l’élection du président de la
République est remplacée par les dispositions suivantes ayant valeur
organique :
I. – Quinze jours au moins avant le premier tour du scrutin
ouvert pour l’élection du président de la République, le
gouvernement assure la publication de la liste des candidats.
Cette liste est préalablement établie par le Conseil constitutionnel
au vu des présentations qui lui sont adressées, dix-huit jours au
moins avant le premier tour de scrutin, à titre individuel ou collectif,
par au moins cent citoyens membres du Parlement, membres du
Conseil économique et social, conseillers généraux ou maires élus.
Une candidature ne peut être retenue que si, parmi les cent
signataires de la présentation, figurent des élus d’au moins dix
départements ou territoires d’outre-mer différents.
Le Conseil constitutionnel doit s’assurer du consentement des
personnes présentées.
Le nom et la qualité des citoyens qui ont proposé les candidats
inscrits sur la liste ne sont pas rendus publics.
II. – Les opérations électorales sont organisées selon les règles
fixées par les articles 1er à 52, 54 à 57, 61 à 134, 199 à 208 du Code
électoral.
III. – Le Conseil constitutionnel veille à la régularité des
opérations et examine les réclamations dans les mêmes conditions
que celles fixées pour les opérations de référendum par les
articles 46, 48, 49 et 50 de l’ordonnance 58-1067 du 7 novembre
1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel.
Le Conseil constitutionnel arrête et proclame les résultats de
l’élection qui sont publiés au Journal officiel de la République
française dans les vingt-quatre heures de la proclamation.
IV. – Tous les candidats bénéficient de la part de l’État des
mêmes facilités pour la campagne en vue de l’élection présidentielle.
V. – Un règlement d’administration publique fixe les modalités
d’application des présentes dispositions organiques ; il détermine
notamment le montant du cautionnement exigé des candidats et les
conditions de la participation de l’État aux dépenses de propagande.
Les candidats qui n’ont pas obtenu au moins 5 % des suffrages
exprimés ne peuvent obtenir le remboursement ni du cautionnement
ni des dépenses de propagande.

Nouveau texte de la Constitution article 6


(modifié en 1962)
Article 6 (mod. par L. no 62-1292 du 6 nov. 1962 – art. 1er, JO 9
nov. 1962)
Le président de la République est élu pour sept ans au suffrage
universel direct.
Les modalités d’application du présent article sont fixées par une
loi organique.

Décision du Conseil constitutionnel no 62-20


DC du 6 novembre 1962, loi relative à l’élection du
président de la République au suffrage universel direct,
adoptée par le référendum du 28 octobre 1962
(JO 7 nov. 1962, p. 10778)
Le Conseil constitutionnel,
Saisi par le président du Sénat, sur la base de l’article 61 2e alinéa,
de la Constitution, du texte de la loi relative à l’élection du président
de la République au suffrage universel direct et adoptée par le Peuple
dans le référendum du 28 octobre 1962, aux fins d’appréciation de la
conformité de ce texte à la Constitution ;
Vu la Constitution ;
Vu l’ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le
Conseil constitutionnel ;

1. Considérant que la compétence du Conseil constitutionnel est


strictement délimitée par la Constitution ainsi que par les
dispositions de la loi organique du 7 novembre 1958 sur le Conseil
constitutionnel prise pour l’application du titre VII de celle-ci ; que le
Conseil ne saurait donc être appelé à se prononcer sur d’autres cas
que ceux qui sont limitativement prévus par ces textes ;

2. Considérant que, si l’article 61 de la Constitution donne au


Conseil constitutionnel mission d’apprécier la conformité à la
Constitution des lois organiques et des lois ordinaires qui,
respectivement, doivent ou peuvent être soumises à son examen,
sans préciser si cette compétence s’étend à l’ensemble des textes de
caractère législatif, qu’ils aient été adoptés par le peuple à la suite
d’un référendum ou qu’ils aient été votés par le Parlement, ou si, au
contraire, elle est limitée seulement à cette dernière catégorie, il
résulte de l’esprit de la Constitution qui a fait du Conseil
constitutionnel un organe régulateur de l’activité des pouvoirs
publics que les lois que la Constitution a entendu viser dans son
article 61 sont uniquement les lois votées par le Parlement et non
point celles qui, adoptées par le Peuple à la suite d’un référendum,
constituent l’expression directe de la souveraineté nationale ;

3. Considérant que cette interprétation résulte également des


dispositions expresses de la Constitution et notamment de son
article 60 qui détermine le rôle du Conseil constitutionnel en matière
du référendum et de l’article 11 qui ne prévoit aucune formalité entre
l’adoption d’un projet de loi par le peuple et sa promulgation par le
président de la République ;

4. Considérant, enfin, que cette même interprétation est encore


expressément confirmée par les dispositions de l’article 17 de la loi
organique susmentionnée du 7 novembre 1958 qui ne fait état que
des « lois adoptées par le Parlement » ainsi que par celles de
l’article 23 de ladite loi qui prévoit que « dans le cas où le Conseil
constitutionnel déclare que la loi dont il est saisi contient une
disposition contraire à la Constitution sans constater en même temps
qu’elle est inséparable de l’ensemble de la loi, le président de la
République peut promulguer la loi à l’exception de cette disposition,
soit demander aux Chambres une nouvelle lecture » ;

5. Considérant qu’il résulte de ce qui précède qu’aucune des


dispositions de la Constitution ni de la loi organique précitée prise en
vue de son application ne donne compétence au Conseil
constitutionnel pour se prononcer sur la demande susvisée par
laquelle le président du Sénat lui a déféré aux fins d’appréciation de
sa conformité à la Constitution le projet de loi adopté par le Peuple
français par voie de référendum le 28 octobre 1962 ;
Décide :
Article premier. Le Conseil constitutionnel n’a pas compétence
pour se prononcer sur la demande susvisée du président du Sénat.

Article 2. La présente décision sera publiée au Journal officiel de


la République française.
II. Du septennat au quinquennat
renouvelable une fois consécutive

Élu par le peuple, mais pour combien de temps ? La question a


été écartée en 1962, et la tradition du septennat maintenue malgré
la confirmation de la prééminence présidentielle.
Le raccourcissement du mandat présidentiel de sept à cinq ans
fut proposé une première fois par le successeur immédiat du
général de Gaulle, Georges Pompidou. Le quinquennat lui semblait
plus adapté au rôle directeur du président de la République. Il
proposa donc, en 1973, une révision de la Constitution, par la voie
normale de l’article 89 qui suppose l’accord des deux assemblées,
puis l’adoption par celles-ci réunies en Congrès à la majorité des
3/5es. En octobre 1973, l’Assemblée nationale adopta la révision, le
Sénat aussi, mais le total des votes favorables n’atteignit que 57 %.
Georges Pompidou renonça alors à convoquer le Congrès (A).
Valéry Giscard d’Estaing ne traita pas la question. Le
programme du parti socialiste prévoyait le quinquennat, mais dans
ses 110 propositions présentées pour la présidentielle de 1981,
François Mitterrand laissa ouverte l’option entre quinquennat et
septennat non renouvelable (B).
Il s’attela ensuite à ce que n’intervienne ni l’une ni l’autre de ces
modifications. Le Comité Vedel, qu’il avait mis en place pour
proposer des réformes constitutionnelles, lui donna, début 1993,
satisfaction sur ce point en ne s’accordant sur aucune d’entre elles
(C).
La question ressurgit en l’an 2000, durant la troisième
cohabitation. Jacques Chirac s’était prononcé naguère pour le
quinquennat. Lionel Jospin aussi. Le Premier ministre socialiste,
soutenu par Valéry Giscard d’Estaing, réussit à faire accepter par le
président Chirac — à la condition de ne pas limiter le nombre de
mandats consécutifs — une révision constitutionnelle (D) soumise à
référendum. 70 % des électeurs s’abstinrent. 73 % des votants
approuvèrent (E) la nouvelle modification de l’article 6 (F).
Des voix s’élevèrent alors, chez les spécialistes du droit public et
chez les politiques, pour soulever le problème de l’ordre des
élections. Suite au hasard du mandat écourté de Georges Pompidou
(en 1974) et des dissolutions de l’Assemblée nationale (en 1981, 1988
et 1997), le calendrier électoral de 2002 fait précéder l’élection
présidentielle par les élections législatives. Se pose alors la question
de la primauté de l’un des deux scrutins. Faut-il laisser le calendrier
en état et ainsi espérer atténuer les excès du présidentialisme que
fait peser l’adoption du quinquennat ? Ou faut-il inverser l’ordre des
scrutins et maintenir « reine » l’élection présidentielle, la plus
mobilisatrice, au risque de renforcer la présidentialisation
caractéristique des institutions de la Ve République (G) ?
En mai 2001, le calendrier électoral fut modifié en ce sens (H).
Une ultime révision intervint en juillet 2008, à l’initiative de
Nicolas Sarkozy. Le quinquennat n’est désormais renouvelable
immédiatement qu’une seule fois (I).

A. La révision manquée par Georges Pompidou


Message au Parlement (extraits) (3 avr. 1973)
« La France, après avoir connu des régimes de pouvoir sans
contrôle, avait, le pays n’a cessé de le reconnaître et de le condamner
depuis quinze ans, glissé vers l’absence de pouvoir. La constitution
de 1958, modifiée en 1962, a créé les possibilités de l’équilibre,
équilibre qui est tout d’exécution sans doute, mais qui est inscrit
dans les rapports entre l’exécutif et le législatif tels qu’ils sont définis
par les textes. […]
Il ne m’appartient pas, mesdames et messieurs, de définir devant
vous les réformes que vous proposera le Gouvernement. Il en est une
cependant que je dois évoquer, car elle touche directement à ma
fonction. Je veux parler de la durée du mandat présidentiel. Hostile à
la coïncidence des élections législatives et présidentielles, que le droit
de dissolution rend d’ailleurs illusoire, je n’en crois pas moins depuis
longtemps que le septennat n’est pas adapté à nos institutions
nouvelles, et ma propre expérience m’a confirmé dans cette idée. Il
va de soi toutefois que je ne pourrais envisager sa réduction, à
compter de l’élection de 1976, et par les voies de l’article 89 de la
Constitution, que si un accord suffisant était conclu entre les
membres des deux Assemblées pour que le projet de loi ne soit pas
encombré et du même coup condamné par des propositions annexes,
si tentantes qu’elles puissent apparaître à certains. Dans ce cas, tout
serait remis en question et ne pourrait être repris éventuellement, et
le moment venu, que par une autre voie, alors que la coopération du
Gouvernement et du Parlement, telle que je viens de la souhaiter,
devrait sur un tel sujet trouver à bref délai l’occasion de se
manifester de façon éclatante. »

Projet de loi constitutionnelle du 10 septembre


1973
Exposé des motifs

Mesdames, Messieurs,
C’est, on le sait, pour des raisons purement circonstancielles que
le mandat du président de la République a été fixé à sept ans, il y a
exactement cette année un siècle. Toutefois cette règle est devenue
une tradition de la IIIe et de la IVe République, la durée même de ce
mandat permettant au président de la République d’être un élément
de permanence et de stabilité à l’écart des luttes politiques.
Lors de la préparation de la Constitution de 1958, et même à
l’occasion du référendum du 28 octobre 1962, l’on n’a pas jugé utile
de soulever un problème qui pouvait sembler accessoire eu égard aux
grands changements institutionnels intervenus, dont l’objet était
justement d’assurer la permanence de l’État en renforçant la fonction
présidentielle. Au cours des deux campagnes présidentielles, et en
dernier lieu au mois de juin 1969, les candidats à une fonction dont
le titulaire est doté désormais de larges pouvoirs ont été tout
naturellement amenés à définir devant le peuple les grands objectifs
d’une politique.
Compatible avec la conception que l’on pouvait avoir du rôle du
chef de l’État sous les régimes précédents, ayant aidé aussi à la mise
en place et à l’affermissement des institutions nouvelles, la règle du
septennat ne correspond plus au rôle que le président de la
République joue dans la définition des orientations générales de la
politique nationale.
Les événements et leur évolution doivent permettre aux Français
de se prononcer sur ces orientations à intervalles plus fréquents.
Aussi est-il souhaitable de ramener le mandat présidentiel à l’avenir
à cinq ans, sans pour autant lier la date des élections présidentielles à
la date des élections à l’Assemblée nationale, ce qui remettrait en
cause l’esprit même des institutions et l’équilibre des pouvoirs
publics.
Tel est l’objet du présent projet de révision de l’article 6 de la
Constitution.

Projet de loi constitutionnelle


sur le quinquennat
Article premier. Le premier alinéa de l’article 6 de la Constitution
est remplacé par la disposition suivante : « Le président de la
République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. »

Article 2. L’article premier ci-dessus entrera en vigueur à partir


de la première élection présidentielle qui suivra la promulgation de
la présente loi constitutionnelle.
Fait à Paris le 10 septembre 1973.

B. 110 propositions de François Mitterrand

La proposition no 45 des « 110 propositions »


de François Mitterrand, 1981
« Le mandat présidentiel sera ramené à cinq ans renouvelable
une fois ou limité à sept ans sans possibilité d’être renouvelé ».

C. Les conclusions prudentes du comité Vedel


(15 février 1993)
A. – Le mandat et les pouvoirs du président de la République
a) Durée du mandat, renouvellement, date de l’élection
La question de la durée du mandat présidentiel a été longuement débattue au
sein du comité.
Conscient qu’il ne saurait déterminer le choix des responsables politiques et de la
nation en un tel domaine, le comité a estimé qu’il lui appartenait seulement d’éclairer le
débat par l’exposé des arguments les plus importants en faveur des différentes solutions.
Les éléments du débat retenus par le comité n’ont d’autre prétention que de jouer un rôle
dans cette réflexion pour l’avenir. Le comité s’est efforcé de dégager les principales options
afin de donner une orientation claire au débat.
Trois séries de vote ont eu lieu. Le premier a conduit le comité à se prononcer contre le
quinquennat par neuf voix contre six. Dans une deuxième discussion, déployant un éventail
plus large de solutions entre lesquelles le comité a souhaité se prononcer à titre indicatif, le
septennat non renouvelable a recueilli six voix, le quinquennat renouvelable cinq voix, le
quinquennat renouvelable une seule fois une voix, le sexennat renouvelable deux voix, le
septennat renouvelable deux voix. La combinaison du problème de la durée du mandat et
de celui de son renouvellement ne permettant pas d’avoir une vue claire sur les choix
fondamentaux des membres du comité, il a été procédé à trois votes finals, qui ont donné
les résultats suivants :
– dix voix pour le septennat et six voix pour le quinquennat ;
– sept voix pour le septennat renouvelable, six voix contre et trois abstentions ;
– trois voix pour le sexennat, huit contre et cinq abstentions.
Les arguments avancés de part et d’autre en ce qui concerne la durée du mandat ont
été les suivants :
Pour le quinquennat
L’on fait au quinquennat le reproche de tendre à faire coïncider l’élection présidentielle
et l’élection des députés, à instituer ainsi un lien direct entre le président et la majorité, par
suite à effacer du rôle du Premier ministre et à aboutir ainsi à un régime présidentiel.
Mais :
– un régime présidentiel n’est pas celui où le parti du président dispose d’une majorité
au Parlement (cf. l’exemple américain) ;
– le quinquennat n’aboutit pas nécessairement à une coïncidence des deux élections
et ses partisans ne demandent pas tous que la non-coïncidence soit évitée.
En fait, la dissolution de l’Assemblée nationale après l’élection présidentielle aboutit
bien à l’élection d’une majorité parlementaire calquée sur la majorité présidentielle et l’on
pense généralement que cette pratique permet un bon fonctionnement des institutions.
Ce qui heurte dans la thèse septennaliste, c’est qu’elle regarde comme heureuse la
coïncidence des deux majorités (présidentielle et parlementaire) procurée pour cinq ans par
la dissolution mais qu’elle tient aux deux années supplémentaires qui ont des chances
sérieuses d’être conflictuelles et paralysantes.
D’un point de vue positif et très simplement :
Étant donné les pouvoirs du chef de l’État selon les textes et la pratique, une
investiture de sept ans est vraiment excessive. Il n’existe, dans une démocratie
contemporaine, aucune comparaison possible s’agissant d’organes dotés de compétences
réelles.
Si le général de Gaulle a choisi la durée de sept ans, il a accompagné ce choix d’un
recours systématique au référendum de responsabilité en cours de mandat.
En démocratie, il n’y a pas d’autorité sans responsabilité. On ne peut pas à la fois
reconnaître au président de la République française des pouvoirs qui cumulent en réalité
ceux d’un chef d’État présidentiel et ceux d’un chef de Gouvernement parlementaire et lui
accorder pour sept ans un statut d’irresponsabilité.
Un mandat de cinq ans rend plus supportable le cumul de l’autorité et de
l’irresponsabilité.
Quant à l’objection, quelquefois faite, qu’un mandat de cinq ans entraînerait des
campagnes présidentielles ininterrompues, on observera simplement qu’un mandat de sept
ans produit les mêmes effets mais aux dimensions du septennat.

Un des mérites essentiels de la Ve République est d’avoir doté la France d’une


démocratie gouvernante. Elle implique que la majorité et son chef soient désignés par le
peuple. En France, cette démocratie majoritaire n’a pu se forger par voie parlementaire et
résulte de l’élection présidentielle. Il faut donc préserver l’élection politique d’un président
actif plutôt que l’élection non politique d’un président-arbitre, refuser le septennat non
renouvelable, qui veut neutraliser le président faute de pouvoir abolir son élection par le
peuple, et réduire la durée du mandat à cinq ans pour préserver tant cette investiture
majoritaire que la responsabilité devant le peuple à l’échéance de la mandature.
Pour le septennat
Le maintien de la durée septennale évite une dénaturation de nos institutions tout en
préservant un équilibre fondé notamment sur la fonction arbitrale du président.
Les risques auxquels exposerait la réduction à cinq ans du mandat présidentiel, ainsi
ramené à la même durée que le mandat parlementaire, peuvent paraître très excessifs par
rapport au gain qui en résulterait en termes de coïncidence des majorités et de contrôle
plus fréquent de l’attribution du pouvoir exécutif.
En premier lieu, le quinquennat conduit nécessairement à un régime présidentiel
marqué par l’effacement du Premier ministre réduit à un rôle de chef d’état-major. Un chef
d’État dont la durée de mandat serait la même que celle de l’Assemblée nationale et qui
disposerait dans cette assemblée d’une majorité fidèle risquerait de rencontrer des limites
bien réduites à son pouvoir.
Si ces deux mandats ne coïncidaient pas, la France se trouverait en situation de
campagne électorale permanente.
Ainsi la réduction de l’exécutif à la seule personne du président ferait en réalité de
celui-ci le véritable Premier ministre. Or, il est singulier de vouloir tout à la fois réduire dans
le temps les pouvoirs dévolus au chef de l’État et, dans cette durée, les renforcer et les
étendre plus encore.
En second lieu, l’effacement du Premier ministre et la consécration du chef de l’État
comme chef d’une majorité présidentielle sont en contradiction avec la fonction arbitrale
dévolue au chef de l’État par nos institutions.
Une durée de sept ans permet au contraire au chef de l’État de prendre un certain
recul par rapport aux autres acteurs du jeu politique.
On peut certes discuter de la réalité de la fonction arbitrale, il n’en reste pas moins que,
en cas de crise comme en cas de non-coïncidence des majorités, cette fonction n’est pas
dépourvue d’importance. En outre, la force symbolique qu’elle revêt dans notre tradition
nationale ne doit pas être sous-estimée. La supprimer risquerait de modifier si
profondément la perception qu’ont les Français de la charge suprême que ce serait là
porter une atteinte certaine à la réalité même de nos institutions.
Une longévité du chef de l’État supérieure à celle de la législature paraît enfin de
nature à mieux assurer l’autorité du président de la République dans la conduite des
affaires internationales sans que l’on puisse dire que le chef de l’État ne connaît durant sept
ans aucune sanction à son action : d’une part, en droit, l’attribution du pouvoir
parlementaire tous les cinq ans a bien pour effet de confirmer ou d’infirmer les orientations
politiques du président de la République et, dans ce dernier cas, de lui retirer une part
substantielle de ses pouvoirs ; d’autre part, la France vit en fait, comme les autres
démocraties comparables, sous la pression conjuguée de l’opinion perpétuellement
sollicitée par la voie des sondages et du débat politique organisé et largement médiatisé.
Assurer une assez longue durée au chef principal de l’exécutif paraît souhaitable d’autant
qu’il est difficile de soutenir que le fait de conserver la durée du mandat aboutirait à
dénaturer les institutions qui ont trouvé leur équilibre actuel autour de cette durée. Dans ces
conditions, assurer cette durée ne paraît pas un inconvénient si grave qu’il faille, en la
réduisant, altérer par là le caractère même du régime.
Le comité s’est ensuite prononcé sur la question du renouvellement
Cette question, qui ne se pose guère pour les partisans du quinquennat, partage au
contraire ses adversaires en raison de la longueur même d’un double septennat.
Cette dernière considération a conduit une partie des membres du comité à retenir le
principe du septennat non renouvelable fondé sur l’idée que la durée de sept ans convient
au développement d’un projet appuyé sur une majorité et lui suffit en même temps, que
l’importance et la nature des pouvoirs confiés au chef de l’État restituent à la fonction
arbitrale tout son sens si son titulaire ne peut se présenter à nouveau au suffrage, que le
renouvellement réduit les risques d’entrer en conflit avec un Premier ministre qui pourrait
devenir un concurrent et, enfin, que l’autorité du président de la République en matière
internationale gagnerait à l’accomplissement d’un seul septennat.
Une majorité des membres du comité a au contraire rejeté l’interdiction du
renouvellement qu’elle a regardée comme très choquante dans son principe : c’est tout
d’abord une atteinte au principe démocratique lui-même que de priver le peuple souverain
du droit de choisir de renouveler le chef de l’État dans son mandat ; il est par ailleurs
difficile à justifier que le titulaire du mandat soit en toute hypothèse dispensé de rendre
compte à la fin de l’exercice de celui-ci. Le principe de la non-rééligibilité, adopté par la
Constituante puis par la IIe République, a, au demeurant, eu dans l’histoire des résultats
pour le moins négatifs.
La combinaison des deux questions de la durée et de la renouvelabilité complique
indiscutablement la recherche d’une solution d’ensemble comme l’a montré le deuxième
vote évoqué ci-dessus.
Parmi les partisans du quinquennat, certains souhaitent la coïncidence avec le mandat
parlementaire, d’autres non. Les partisans du septennat ne la souhaitent pas. Mais il y a un
accord sur le fait que personne n’entend opter pour un système qui changerait la nature du
régime, les divisions venant de ce que les uns croient ce changement inéluctable en cas
d’adoption du quinquennat, les autres pensant au contraire que le quinquennat, loin
d’altérer la nature des institutions, la révélerait plutôt.
Le comité n’a pas exploré la voie d’une réduction symétrique des mandats du président
de la République et de l’Assemblée nationale mais certains de ses membres pensent que
cette solution pourrait répondre à plusieurs des préoccupations exprimées, en permettant le
sexennat ou le quinquennat sans coïncidence avec la durée du mandat parlementaire.
Un membre du comité souligne que, faute d’être en mesure d’apprécier la réalité des
risques ou avantages censés résulter de l’une ou l’autre solution, il n’existe guère d’autre
possibilité que le maintien de la situation existante.
Le choix majoritaire qui s’est porté sur un décalage entre la durée d’exercice des
fonctions présidentielle et parlementaire, joint au choix également majoritaire en faveur de
la renouvelabilité du mandat, entraîne ainsi le statu quo.

La position définie ci-dessus conduit à ne pas modifier la première phrase de l’article 6


de la Constitution selon laquelle « le président de la République est élu au suffrage
universel direct ». Toutefois, la lacune résultant de l’absence de toute fixation de la date de
fin du mandat a paru devoir être, à cette occasion, corrigée.
À l’heure actuelle, c’est la date du décès du président Georges Pompidou qui conduit à
une élection présidentielle permettant au président élu de prendre ses fonctions autour du
20 mai. Il conviendrait de choisir un calendrier rencontrant avec moins de probabilité la
concurrence de vacances ou de périodes de loisirs. Au surplus si, après son élection, le
président envisageait une dissolution, il disposerait pour apprécier la situation politique d’un
temps utile de réflexion. Il paraît donc souhaitable de retenir une date fixe d’échéance du
mandat électoral qui se situerait utilement à la mi-mars ce qui permettrait au président
nouvellement élu d’être en fonction début avril.
Il est donc proposé d’ajouter au premier alinéa de l’article 6 de la Constitution la phase
suivante :
« Son mandat prend fin le 15 mars de la septième année suivant l’élection. »

D. L’adoption du quinquennat

Projet de loi constitutionnelle relatif à la durée du


mandat du président de la République, transmis
au Parlement par le président Jacques Chirac le 7 juin
2000
Exposé des motifs
Établie, en 1873, pour des motifs tenant aux circonstances, la
règle fixant à sept ans le mandat du président de la République a été
maintenue durant la IIIe et la IVe République. Une telle durée était
alors adaptée au rôle joué par le chef de l’État, dont la magistrature,
qui était surtout d’influence, devait principalement représenter un
élément de stabilité et de permanence. Cette règle n’a été modifiée ni
par la Constitution du 4 octobre 1958, qui a renforcé la fonction
présidentielle, ni par la loi du 6 novembre 1962, qui a instauré
l’élection du président de la République au suffrage universel direct.
Demeurée inchangée, la règle du septennat a ainsi pu contribuer à la
mise en place et à l’affermissement des institutions nouvelles. Elle
n’apparaît plus correspondre, aujourd’hui à l’importance prise par la
fonction et aux attentes des Français, qui doivent pouvoir se
prononcer à intervalles plus rapprochés sur le choix du Chef de
l’État, dont l’élection est l’occasion d’un vaste débat sur les grandes
orientations de la politique nationale.
Les conditions semblent aujourd’hui réunies pour que soit adopté
le quinquennat ; Le changement proposé, qui ne remet pas en cause
l’équilibre des institutions, contribuera ainsi à la vitalité du débat
démocratique.
Conformément aux principes qui régissent l’entrée en vigueur des
lois, la nouvelle durée du mandat s’appliquera à compter de la
prochaine élection présidentielle.

Article unique. Le premier alinéa de l’article 6 de la Constitution


est ainsi rédigé :
« Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage
universel direct. »
Le ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant

Résultats du référendum quinquennat (France


entière)
Proclamation des résultats du référendum du 24 septembre 2000
par le Conseil constitutionnel (JO 30 sept. 2000, p. 15473)

Le Conseil constitutionnel,
Vu la Constitution ;
Vu l’ordonnance no 58-1067 du 7 novembre 1958 modifiée
portant loi organique sur le Conseil constitutionnel ;
Vu l’article 20 de la loi organique no 76-97 du 31 janvier 1976 sur
le vote des Français établis hors de France pour l’élection du
président de la République, ensemble le décret no 92-770 du 6 août
1992 fixant les conditions d’application de cette loi organique au cas
de vote des Français établis hors de France pour un référendum ;
Vu le décret no 2000-655 du 12 juillet 2000 décidant de
soumettre un projet de révision de la Constitution au référendum ;
Vu le décret no 2000-666 du 18 juillet 2000 portant organisation
du référendum ensemble les décrets et arrêtés pris pour son
application ;
Vu le décret no 2000-731 du 1er août 2000 étendant certaines
dispositions pénales du code électoral aux opérations de
référendum ;
Vu le code électoral ;
Vu le règlement applicable à la procédure suivie devant le Conseil
constitutionnel pour les réclamations relatives aux opérations de
référendum, arrêté le 5 octobre 1988 ;
Vu, pour l’ensemble des départements, pour les territoires
d’outre-mer, pour la Nouvelle-Calédonie, Mayotte et Saint-Pierre-et-
Miquelon, les procès-verbaux établis par les commissions de
recensement ainsi que les procès-verbaux des opérations de vote
portant mention des réclamations présentées par des électeurs et les
pièces jointes ;
Vu les résultats consignés dans le procès-verbal établi par la
commission électorale instituée par l’article 5 de la loi organique
no 76-97 du 31 janvier 1976 susvisée ;
Vu les autres pièces et documents portés à la connaissance du
Conseil ;
Vu les rapports des délégués du Conseil constitutionnel ;
Les rapporteurs ayant été entendus ;
Après avoir opéré diverses rectifications d’erreurs matérielles,
effectué les redressements nécessaires et procédé aux annulations
énoncées ci-après ;
1. Considérant que, dans l’unique bureau de vote de la commune
de Villenave-près-Marsac (Hautes-Pyrénées), l’urne a été laissée sans
surveillance pendant une durée indé- terminée en milieu de journée ;
que cette circonstance entache d’irrégularité les opérations
électorales dans cette commune ; que, par suite, celles-ci doivent être
annulées ;
2. Considérant que, dans le même départe- ment, les électeurs de
la commune de Horgues ont trouvé à leur disposition, juste avant
d’entrer dans l’unique bureau de vote, des piles de bulletins
préparées par la commune et portant la mention : « Réouverture
rapide de la pharmacie au centre commercial de Horgues : oui » ;
que cet agissement, contraire aux dispositions de l’article 2 du décret
no 2000-666 du 18 juillet 2000 susvisé, a constitué une manœuvre
qui, eu égard au grand nombre de bulletins nuls pour ce motif
trouvés dans l’urne, entraîne l’annulation des opérations électorales
dans cette commune ;
3. Considérant que, dans le bureau de vote installé dans la mairie
de Biarrotte (Landes), il a été fait usage d’une urne non transparente
en méconnaissance des dispositions de l’article L. 63 du Code
électoral ; que, par suite, les résultats du scrutin doivent être annulés
dans le bureau considéré ;
4. Considérant que, dans plusieurs bureaux de vote du
département du Gers, des enveloppes trouvées dans l’urne
contenaient, outre un bulletin de vote, un tract comportant diverses
mentions ; que ces bulletins, déclarés nuls par les bureaux de vote,
ont été à tort validés par la commission départementale de
recensement ; qu’il y a lieu, en conséquence, de réduire de 36 le
nombre des suffrages exprimés dans le département, de 24 le
nombre des « OUI » et de 12 le nombre des « NON » ;
5. Considérant que le procès-verbal de la commune de Coulombs
(Eure-et-Loir) n’a pas été transmis ; que, faute de procès-verbal, le
Conseil constitutionnel n’est pas en mesure d’examiner d’éventuelles
réclamations des électeurs ; que, dans ces conditions, il y a lieu de
procéder à l’annulation des résultats des opérations électorales dans
cette commune ;
6. Considérant que, compte tenu des rectifications et annulations
opérées, les résultats du scrutin doivent être arrêtés conformément
au tableau annexé à la présente décision de proclamation ;

Proclame :
Le référendum du 24 septembre 2000 sur le projet de révision de
la Constitution soumis au Peuple français a donné les résultats
suivants :

Électeurs inscrits : 39 941 192


Votants : 12 058 688
Suffrages exprimés : 10 118 348
OUI : 7 407 697
NON : 2 710 651
Délibéré par le Conseil constitutionnel dans ses séances des 25,
26 et 27 septembre 2000, où siégeaient : MM. Yves Guéna,
président, Georges Abadie, Michel Ameller, Jean-Claude Colliard,
Alain Lancelot, Mme Noëlle Lenoir, M. Pierre Mazeaud et
Mmes Monique Pelletier et Simone Veil.
Recueil, p. 153

24 septembre 2000
Objet : « Approuvez-vous le projet de loi constitutionnelle
fixant la durée du mandat du président de la République
à cinq ans ? »

TOTAL % des inscrits % des exprimés

Électeurs inscrits 39 941 192

Abstention 27 882 504 69,81

Votants 12 058 688 30,19

Blancs/nuls 1 940 340 4,86

Exprimés 10 118 348 35,05

OUI 7 407 697 18,55 73 %

NON 2 710 651 6,79 27 %

Nouvelle rédaction de l’article 6


Article 6 (mod. par loi constitutionnelle no 2000-964 du 2
oct. 2000, art. 1er, JO 3 oct. 2000)
« Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage
universel direct.
Les modalités d’application du présent article sont fixées par une
loi organique. »

E. La présidentielle avant les législatives


Robert Badinter
« Remettre les pendules à l’heure »
Le Nouvel Observateur, 8 juin 2000 (extrait)
« Il faut rappeler que, dans la Ve République, l’élection du
président de la République au suffrage universel est l’acte essentiel
de la vie politique. Il est vécu comme tel par les Français. Et les
élections législatives, quand elles suivent immédiatement l’élection
du président, ont pour vocation de dégager une majorité
parlementaire qui mettra en œuvre le programme proposé par le
président dans sa campagne électorale. En revanche, si les élections
législatives précèdent l’élection présidentielle, alors cette cohérence
devient singulièrement aléatoire. Les législatives sont l’affaire des
partis. Elles opposent ces partis plus que des hommes ou des
femmes. Et ce sont des accords entre les partis qui créent une
majorité parlementaire nécessairement plurielle à l’Assemblée ».

Guy Carcassonne, Olivier Duhamel, Georges


Vedel
« Ne pas voter la tête à l’envers »
Le Monde, 13 oct. 2000 (extrait)
« La présidentielle avant les législatives conforte la cohérence
majoritaire sans nuire au pluralisme majoritaire. Cohérence : elle
permet mieux que l’ordre inverse la solidarité entre tous ceux que les
Français ont désignés pour gouverner le pays ensemble. Pluralisme :
elle fait commencer ces deux scrutins décisifs par un premier tour
présidentiel, celui que tout le monde suit, celui qui peut le mieux
redistribuer le jeu, celui où les nouveaux venus peuvent percer, les
meilleurs ou les pires ».
Raymond Barre, Michel Rocard
« Voter la tête à l’endroit »
Le Monde, 18 nov. 2000 (extrait)
« […] l’unique référence — parfois encombrante mais ô combien
utile ! — qui maintient une majorité dans la loyauté et la
responsabilité, c’est celle qui s’est forgée dans l’élection
présidentielle, suivie par les législatives. C’est cela qui fait toute la
différence, presque la seule en vérité, entre la Ve République et la
IIIe. Elle aussi, déjà, élisait ses députés comme nous le faisons,
dégageait des majorités souvent claires. Mais, faute du ciment qu’a
apporté le second tour de l’élection présidentielle, ces majorités se
délitaient très vite, ruinant toute stabilité gouvernementale et toute
capacité à exercer une volonté ».

Loi organique
no 2001-419 du 15 mai 2001
modifiant la date d’expiration des pouvoirs de
l’Assemblée nationale
L’Assemblée nationale et le Sénat ont délibéré,
L’Assemblée nationale a adopté,
Le Conseil constitutionnel a déclaré conforme à la Constitution,
Le président de la République promulgue la loi dont la teneur
suit :

Article premier. L’article LO 121 du Code électoral est ainsi


rédigé : « Art. LO 121. — Les pouvoirs de l’Assemblée nationale
expirent le troisième mardi de juin de la cinquième année qui suit
son élection. »
Article 2. L’article 1er s’applique à l’Assemblée nationale élue en
juin 1997.

La présente loi sera exécutée comme loi de l’État.


Fait à Paris, le 15 mai 2001.
Jacques Chirac
Par le président de la République :
Le Premier ministre, Lionel Jospin

F. La limitation à deux mandats consécutifs

Projet de loi constitutionnelle de


modernisation des institutions de la
Ve République (2008)
Exposé des motifs
[…] Une première série de dispositions vise à rénover les
modalités d’exercice du pouvoir exécutif. Elle est directement
inspirée de la volonté de République exemplaire portée par le
président de la République dans le cadre de la campagne électorale.
Afin de garantir une respiration démocratique dans l’exercice des
fonctions suprêmes et d’inviter leur titulaire à agir plutôt qu’à
chercher à se maintenir au pouvoir, l’article 2 du projet de loi
complète l’article 6 de la Constitution pour prévoir que nul ne peut
exercer plus de deux mandats présidentiels consécutifs. […]

Projet de loi
[…]
Article 2. Après le premier alinéa de l’article 6 de la Constitution,
il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Nul ne peut accomplir plus de deux mandats consécutifs. »

Allocution du président de la République,


M. Nicolas Sarkozy
cérémonie du scellement de la loi constitutionnelle du
23 juillet 2008 de modernisation des institutions de
la Ve République (Paris, 1er oct. 2008)
« En cet instant solennel, chacun mesure l’importance des enjeux
attachés à cette révision constitutionnelle.
La Constitution de 1958 a apporté à nos institutions une stabilité
qui leur faisait cruellement défaut et un exécutif fort capable
d’engager les réformes nécessaires au pays. C’est un bien
incomparable auquel la loi du 23 juillet ne porte en rien atteinte,
d’autant plus qu’elle renforce au contraire la légitimité des
institutions de la République.
Limiter à deux le nombre de mandats consécutifs du président de
la République, c’est inciter le président à faire plutôt qu’à durer. On a
eu tant de temps pour durer, il est venu le moment de faire, même si
cela change les habitudes. »

Après le 23 juillet 2008


Article 6 (mod. par loi constitutionnelle no 2008-724 du 23 juill.
2008, art. 3)

Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage


universel direct.
Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs.
Les modalités d’application du présent article sont fixées par une
loi organique.
III. Les candidats

Le droit d’être candidat et le respect du pluralisme impliquent


que l’accès à la candidature présidentielle soit assez ouvert. La
fonction du scrutin, désigner le chef de l’État, et l’intelligibilité de la
campagne impliquent que cet accès soit filtré.
Afin de concilier ces impératifs contradictoires, le législateur a
instauré ce que l’on appelle communément les parrainages (A).
Pour accéder à la candidature, il faut y être présenté par un certain
nombre d’élus locaux et nationaux. À l’origine, une centaine de
maires, conseillers généraux ou parlementaires suffisaient. En 1976,
ce nombre a été élevé à cinq cents et les signatures retenues
désormais rendues publiques. Depuis 2016, l’intégralité des
parrainages, et non plus cinq cents seulement, est rendue publique.
Malgré ce renforcement du filtre, le nombre des prétendants n’a
été réduit qu’un temps, avant d’à nouveau augmenter (B). Le record
a été atteint en 2002 avec 16 candidats, dont trois trotskistes et cinq
issus de la gauche plurielle qui gouvernait le pays. Cet
éparpillement de l’offre électorale a abouti à l’élimination du
candidat socialiste dès le premier tour.
Confronté à cette question, le comité Balladur sur la
modernisation des institutions a proposé, le 29 octobre 2007, de
revoir le système de sélection des candidats. Deux options étaient
envisagées : une présélection par un collège de 100 000 élus ; le
remplacement des parrains par un certain pourcentage des
électeurs. Sans suite (C).
En revanche, la présélection des candidats par les différentes
forces politiques connaît une évolution significative avec la
multiplication des primaires (D).
Ainsi, pour la présidentielle de 2012, quatre courants politiques
y ont eu recours, selon des modalités diverses. Le parti socialiste,
qui avait déjà organisé une primaire lors des deux dernières
présidentielles, a cette fois choisi une primaire ouverte à tous les
sympathisants, pour peu qu’ils déclarent adhérer aux valeurs de la
gauche et versent au moins un euro. La candidate du Front national
a été désignée par les adhérents du parti au moment même où ils la
portaient à la présidence du mouvement. Élection disputée que
Marine Le Pen a gagnée, en janvier 2010, avec 67 % des suffrages.
En juin 2011, le parti communiste a fait voter ses adhérents, leur
laissant choisir entre trois candidats. Le même mois, Europe-
Écologie-Les-Verts a organisé une primaire ouverte, avec
inscription des sympathisants par Internet moyennant acceptation
de leur charte et versement de dix euros, suivi d’un vote par
correspondance ou Internet.
Pour la présidentielle de 2017, c’est la droite gouvernementale
qui en adopte à son tour le principe. Le vote, qui s’est déroulé les 20
et 27 novembre 2016, a permis de départager les sept candidats
habilités à se présenter. À l’issue du second tour, c’est François
Fillon qui l’a très largement emporté, avec 66,5 % des voix face à
Alain Juppé. Le vote de cette primaire était ouvert à tous. Pour y
participer, l’électeur devait être inscrit sur les listes électorales,
verser 2 € par tour de scrutin et déclarer sur l’honneur « partage[r]
les valeurs républicaines de la droite et du centre et [s]’engage[r]
pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France. »
Quant à la gauche gouvernementale, incapable de s’assurer de
l’union derrière le président sortant, elle choisit d’organiser en
janvier 2017 une Primaire ouverte aux acteurs de la Belle Alliance
Populaire. Loin de faire l’unanimité à gauche, ce mouvement
regroupe le Parti socialiste, l’Union des démocrates écologistes et,
jusqu’en juin 2016, le parti radical de gauche.

A. L’accès à la candidature : les parrainages

Article 3-1 de la loi du 6 novembre 1962 sur les


parrainages
L’ordonnance no 58-1064 du 7 novembre 1958 portant loi
organique relative à l’élection du président de la République est
remplacée par les dispositions suivantes ayant valeur organique.
I. — Quinze jours au moins avant le premier tour de scrutin
ouvert pour l’élection du président de la République, le
Gouvernement assure la publication de la liste des candidats.
Cette liste est préalablement établie par le Conseil constitutionnel
au vu des présentations qui lui sont adressées, dix-huit jours au
moins avant le premier tour de scrutin, à titre individuel ou collectif,
par au moins cent citoyens membres du Parlement, membres du
Conseil économique et social, conseillers généraux ou maires élus.
Une candidature ne peut être retenue que si, parmi les cent
signataires de la présentation, figurent des élus d’au moins dix
départements ou territoires d’outre-mer différents.
Le Conseil constitutionnel doit s’assurer du consentement des
personnes présentées.
Le nom et la qualité des citoyens qui ont proposé les candidats
inscrits sur la liste ne sont pas rendus publics.

Article 3-1 de la loi du 6 novembre 1962


sur les parrainages,
modifié par la loi organique du 18 juin 1976
L’ordonnance no 58-1064 du 7 novembre 1958 portant loi
organique relative à l’élection du président de la République est
remplacée par les dispositions suivantes ayant valeur organique.
I. — Quinze jours au moins avant le premier tour de scrutin
ouvert pour l’élection du président de la République, le
Gouvernement assure la publication de la liste des candidats.
Cette liste est préalablement établie par le Conseil constitutionnel
au vu des présentations qui lui sont adressées, dix-huit jours au
moins avant le premier tour de scrutin, par au moins cinq cents
citoyens membres du Parlement, des conseils généraux, du conseil
de Paris, des assemblées territoriales des territoires d’outre-mer ou
maires. Une candidature ne peut être retenue que si, parmi les
signataires de la présentation, figurent des élus d’au moins trente
départements ou territoires d’outre-mer sans que plus d’un dixième
d’entre eux puissent être les élus d’un même département ou
territoire d’outre-mer.
Le Conseil constitutionnel doit s’assurer du consentement des
personnes présentées [*obligation*].
Le nom et la qualité des citoyens qui ont proposé les candidats
inscrits sur la liste sont rendus publics par le Conseil
constitutionnel huit jours au moins avant le premier tour de scrutin,
dans la limite du nombre requis pour la validité de la candidature.
Article 3-1 de la loi du 6 novembre 1962
sur les parrainages,
modifié par la loi du 5 février 2001
Article 3
L’ordonnance no 58-1064 du 7 novembre 1958 portant loi
organique relative à l’élection du président de la République est
remplacée par les dispositions suivantes ayant valeur organique.
I. Quinze jours au moins avant le premier tour de scrutin ouvert
pour l’élection du président de la République, le Gouvernement
assure la publication de la liste des candidats [*délai*].
Cette liste est préalablement établie par le Conseil constitutionnel
au vu des présentations qui lui sont adressées, dix-huit jours au
moins avant le premier tour de scrutin, par au moins cinq cents
citoyens membres du Parlement, des conseils régionaux, de
l’Assemblée de Corse, des conseils généraux des départements, de
Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon, du Conseil de Paris, de
l’assemblée de la Polynésie française, du congrès et des assemblées
de province de la Nouvelle-Calédonie, de l’assemblée territoriale des
îles Wallis-et-Futuna, maires, maires délégués des communes
associées, maires des arrondissements de Lyon et de Marseille ou
membres élus du Conseil supérieur des Français de l’étranger. Les
présidents des organes délibérants des communautés urbaines, des
communautés d’agglomération ou des communautés de communes
et les ressortissants français membres du Parlement européen élus
en France peuvent également, dans les mêmes conditions, présenter
un candidat à l’élection présidentielle. Une candidature ne peut être
retenue que si, parmi les signataires de la présentation, figurent des
élus d’au moins trente départements ou territoires d’outre-mer, sans
que plus d’un dixième d’entre eux puissent être les élus d’un même
département ou territoire d’outre-mer.
Pour l’application des dispositions de l’alinéa précédent, les
sénateurs représentant les Français établis hors de France et les
membres élus du Conseil supérieur des Français de l’étranger sont
réputés être les élus d’un même département. Pour l’application des
mêmes dispositions, les députés et le sénateur élus en Nouvelle-
Calédonie et les membres des assemblées de province de la Nouvelle-
Calédonie sont réputés être élus d’un même département d’outre-
mer ou territoire d’outre-mer. Pour l’application des mêmes
dispositions, les ressortissants français membres du Parlement
européen élus en France sont réputés être les élus d’un même
département. Aux mêmes fins, les présidents des organes délibérants
des communautés urbaines, des communautés d’agglomération ou
des communautés de communes sont réputés être les élus du
département auquel appartient la commune dont ils sont délégués.
Aux mêmes fins, les conseillers régionaux et les conseillers à
l’assemblée de Corse sont réputés être les élus des départements
entre lesquels ils sont répartis selon les modalités prévues aux
articles L. 293-1 et L. 293-2 du Code électoral dans leur rédaction en
vigueur à la date de publication de la loi organique no 2001-100
du 5 février 2001 modifiant la loi no 62-1292 du 6 novembre 1962
relative à l’élection du président de la République au suffrage
universel.
Le Conseil constitutionnel doit s’assurer du consentement des
personnes présentées qui, à peine de nullité de leur candidature,
doivent lui remettre, sous pli scellé, une déclaration de leur situation
patrimoniale conforme aux dispositions de l’article LO 135-1 du Code
électoral et l’engagement, en cas d’élection, de déposer deux mois au
plus tôt et un mois au plus tard avant l’expiration du mandat ou, en
cas de démission, dans un délai d’un mois après celle-ci, une
nouvelle déclaration conforme à ces dispositions qui sera publiée au
Journal officiel de la République française dans les huit jours de son
dépôt.
Le nom et la qualité des citoyens qui ont proposé les candidats
inscrits sur la liste sont rendus publics par le Conseil constitutionnel
huit jours au moins avant le premier tour de scrutin, dans la limite
du nombre requis pour la validité de la candidature.

Article 3-1 de la loi du 6 novembre 1962


sur les parrainages,
modifié par la loi du 25 avril 2016
L’ordonnance no 58-1064 du 7 novembre 1958 portant loi
organique relative à l’élection du président de la République est
remplacée par les dispositions suivantes ayant valeur organique.

I. – Quinze jours au moins avant le premier tour de scrutin ouvert pour l’élection du
président de la République, le Gouvernement assure la publication de la liste des
candidats.
Cette liste est préalablement établie par le Conseil constitutionnel au vu des
présentations qui lui sont adressées par au moins cinq cents citoyens membres du
Parlement, des conseils régionaux, de l’Assemblée de Corse, des conseils
départementaux, du conseil de la métropole de Lyon, de l’Assemblée de Guyane, de
l’Assemblée de Martinique, des conseils territoriaux de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin et
de Saint-Pierre-et-Miquelon, du Conseil de Paris, de l’assemblée de la Polynésie française,
des assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie, de l’assemblée territoriale des îles
Wallis-et-Futuna, maires, maires délégués des communes déléguées et des communes
associées, maires des arrondissements de Paris, de Lyon et de Marseille ou conseillers à
l’Assemblée des Français de l’étranger. Les présidents des organes délibérants des
métropoles, des communautés urbaines, des communautés d’agglomération, les présidents
des communautés de communes, le président de la Polynésie française, le président du
gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et les ressortissants français membres du
Parlement européen élus en France peuvent également, dans les mêmes conditions,
présenter un candidat à l’élection présidentielle. Les présentations doivent parvenir au
Conseil constitutionnel au plus tard le sixième vendredi précédant le premier tour de scrutin
à dix-huit heures. Lorsqu’il est fait application des dispositions du cinquième alinéa de
l'article 7 de la Constitution, elles doivent parvenir au plus tard le troisième mardi précédant
le premier tour de scrutin à dix-huit heures. Une candidature ne peut être retenue que si,
parmi les signataires de la présentation, figurent des élus d’au moins trente départements
ou collectivités d’outre-mer, sans que plus d’un dixième d’entre eux puissent être les élus
d’un même département ou d’une même collectivité d’outre-mer.
Pour l’application des dispositions de l’alinéa précédent, les députés et les sénateurs
représentant les Français établis hors de France et les conseillers à l’Assemblée des
Français de l’étranger sont réputés être les élus d’un même département. Pour l’application
des mêmes dispositions, les députés et les sénateurs élus en Nouvelle-Calédonie et les
membres des assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie sont réputés être élus d’un
même département d’outre-mer ou d’une même collectivité d’outre-mer. Pour l’application
des mêmes dispositions, les ressortissants français membres du Parlement européen élus
en France sont réputés être les élus d’un même département. Aux mêmes fins, les
présidents des organes délibérants des métropoles, des communautés urbaines, des
communautés d’agglomération ou des communautés de communes sont réputés être les
élus du département auquel appartient la commune dont ils sont délégués. Aux mêmes
fins, les conseillers régionaux sont réputés être les élus des départements correspondant
aux sections départementales mentionnées par l’article L. 338-1 du Code électoral. Aux
mêmes fins, les conseillers à l’Assemblée de Corse sont réputés être les élus des
départements entre lesquels ils sont répartis en application des dispositions des articles L.
293-1 et L. 293-2 du même code. Aux mêmes fins, les conseillers métropolitains de Lyon
sont réputés être les élus du département du Rhône.
Les présentations des candidats sont rédigées sur des formulaires, revêtues de la
signature de leur auteur et adressées au Conseil constitutionnel par leur auteur par voie
postale, dans une enveloppe prévue à cet effet, ou par voie électronique. Les formulaires et
les enveloppes sont imprimés par les soins de l’administration conformément aux modèles
arrêtés par le Conseil constitutionnel. Les modalités de transmission par voie électronique
sont fixées par décret en Conseil d’État.

Par dérogation au quatrième alinéa du présent I, les présentations peuvent être


déposées :

1o Dans les départements et collectivités d’outre-mer ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie,


auprès du représentant de l’État ;

2o Lorsqu’elles émanent de conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger,


auprès de l’ambassadeur ou du chef de poste consulaire chargé de la circonscription
consulaire dans laquelle réside l’auteur de la présentation.
Le représentant de l’État, l’ambassadeur ou le chef de poste consulaire assure, par la
voie la plus rapide, après en avoir délivré récépissé, la notification de la présentation au
Conseil constitutionnel.
Le Conseil constitutionnel doit s’assurer du consentement des personnes présentées
qui, à peine de nullité de leur candidature, doivent lui remettre, sous pli scellé, une
déclaration de leur situation patrimoniale conforme aux dispositions de l’article LO 135-1 du
Code électoral et l’engagement, en cas d’élection, de déposer deux mois au plus tôt et un
mois au plus tard avant l’expiration du mandat ou, en cas de démission, dans un délai d’un
mois après celle-ci, une nouvelle déclaration conforme à ces dispositions qui sera publiée
au Journal officiel de la République française dans les huit jours de son dépôt.
Les déclarations de situation patrimoniale remises par les candidats, dans les
conditions prévues au neuvième alinéa du présent I, sont transmises à la Haute Autorité
pour la transparence de la vie publique, qui les rend publiques au moins quinze jours avant
le premier tour de scrutin, dans les limites définies au III de l’article LO 135-2 du Code
électoral. [Dispositions déclarées non conformes à la Constitution par la décision du Conseil
constitutionnel no 2013-675 DC du 9 octobre 2013.]
La déclaration de situation patrimoniale remise à l’issue des fonctions dans les
conditions prévues au neuvième alinéa du présent I est transmise à la Haute Autorité pour
la transparence de la vie publique. [Dispositions déclarées non conformes à la Constitution
par la décision du Conseil constitutionnel no 2013-675 DC du 9 octobre 2013.]
Au fur et à mesure de la réception des présentations, le Conseil constitutionnel rend
publics, au moins deux fois par semaine, le nom et la qualité des citoyens qui ont
valablement présenté des candidats à l’élection présidentielle. Une fois envoyée, une
présentation ne peut être retirée. Une fois déposée en application des cinquième à
septième alinéas du présent I, une présentation ne peut être retirée. Huit jours au moins
avant le premier tour de scrutin, le Conseil constitutionnel rend publics le nom et la qualité
des citoyens qui ont valablement proposé les candidats.

Création d’un fichier des élus pour faciliter


l’application de la loi du 6 novembre 1962
Article 1er (mod. par Décr. par no 2006-1244 du 11 oct. 2006, art. 15, JO 13 oct. 2006)
Est autorisée la création au ministère de l’Intérieur (direction générale de
l’administration) et dans les préfectures, sous l’appellation « fichier des élus et des
candidats », d’un traitement automatisé d’informations nominatives concernant les
détenteurs d’un mandat ou d’une fonction ci-après désignés et les personnes appelées,
le cas échéant, à remplacer les titulaires dont le siège serait devenu vacant.

Les catégories de personnes enregistrées dans le fichier sont les suivantes :


1o Les élus détenteurs d’un mandat de député, sénateur, représentant au Parlement
européen, conseiller régional, conseiller à l’Assemblée de Corse, conseiller général,
membre de l’assemblée de Polynésie française, membre de l’assemblée territoriale des îles
Wallis-et-Futuna, membre du congrès et des assemblées de province de Nouvelle-
Calédonie, conseiller de Paris, conseiller municipal, conseiller d’arrondissement, et leurs
suppléants ou les personnes appelées, le cas échéant, à les remplacer ;

2o Les élus détenteurs d’une fonction élective liée à l’un des mandats énumérés au 1o,
ainsi que les présidents d’établissements publics de coopération entre collectivités
territoriales mentionnés au deuxième alinéa du I de l’article 3 de la loi organique du
6 novembre 1962 susvisée.
Ce traitement s’applique également aux candidats aux scrutins suivants : élection
présidentielle, élections législatives, élections sénatoriales, élections des représentants au
Parlement européen, élections régionales, élections des conseillers à l’Assemblée de
Corse, élections cantonales, élections des membres de l’assemblée de Polynésie française,
de l’assemblée territoriale des îles Wallis-et-Futuna et du congrès et des assemblées de
province de Nouvelle-Calédonie, élections municipales dans les communes de 3 500
habitants et plus.
Pour la mise en œuvre du fichier des élus et candidats et par dérogation aux
dispositions de l’article 31 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée, le ministre de l’Intérieur et
les préfets sont autorisés à collecter, conserver et traiter dans ce fichier informatisé des
données nominatives faisant apparaître les appartenances politiques des personnes
détentrices de l’un des mandats ou de l’une des fonctions énumérés ci-dessus, ou
candidates à l’un des scrutins mentionnés à l’alinéa précédent. […]

Article 3 (mod. par Décr. no 2006-1244 du 11 oct. 2006, art. 15, JO 13 oct. 2006)
Les catégories d’informations nominatives enregistrées pour les personnes
mentionnées à l’article 1er sont les suivantes :
a) nom, prénoms, sexe, nationalité, date et lieu de naissance ;
b) adresse et téléphone ;
c) le cas échéant, sigle et titre de la liste sur laquelle elles sont candidates ou ont été
élues ainsi que leur rang de présentation ;
d) étiquette politique choisie par le candidat et, le cas échéant, par le remplaçant
éventuel ;
e) nuance politique ;
f) profession ;
g) nombre de suffrages obtenus ;
h) mandats et fonctions électives actuellement ou anciennement détenus ;
i) fonctions gouvernementales actuellement ou anciennement détenues ;
j) distinctions honorifiques. […]

B. Les candidats et les candidatures


Nombre
Déclaration de
Élection de Liste des Parti ou formation
candidature et
présidentielle candidat candidats proche
investitures
s

4 novembre 1965 :
Charles de Gaulle UNR — UDT
allocution radiotélévisée

Convention des
institutions
républicaines, investi par 9 septembre 1965 :
François Mitterrand la SFIO, soutenu par le conférence de presse à
Parti radical, le Parti l’hôtel Lutetia à Paris
socialiste unifié (PSU) et
le PCF

Mouvement républicain
populaire (MRP), 19 octobre 1965 : se
soutenu par le Centre déclare candidat
Jean Lecanuet
national des 23 octobre 1965 :
indépendants et paysans conférence de presse
(CNIP)
1965 6
Jean-Louis Tixier- Sans étiquette (extrême octobre 1964 : déclaration
Vignancour droite) télévisée

avril 1965 : annonce qu’il


sera candidat ; il confirme
Parti libéral européen
Pierre Marcilhacy sa décision lors d’une
(PLE)
conférence de presse le
16 novembre 1965

9 novembre 1965 :
l’Association pour la
Construction et la Gestion
Marcel Barbu Sans étiquette Immobilière de Sannois
(ACGIS), dont il est l’un
des permanents, décide de
présenter sa candidature

1969 7 Georges Pompidou Union des démocrates 17 janvier 1969 : déclare à


pour la République Rome qu’il « sera candidat
(UDR), soutenu par les à une élection à la
Républicains présidence de la
indépendants (RI) République lorsqu’il y en
aura une » 29 avril 1969 :
communiqué de presse

12 mai 1969 : la
Alain Poher Centre démocrate candidature d’Alain Poher
est rendue publique

11 mai 1969 : désigné


Jacques Duclos PCF candidat par le comité
central du PCF

4 mai 1969 : désigné


Gaston Defferre SFIO candidat lors du congrès
du PS à Alfortville

1er mai 1969 : proposé par


le PSU pour le représenter
Michel Rocard PSU
à la présidentielle, désigné
le 4 mai 1969

Louis Ducatel Sans étiquette mai 1969

mai 1969 : désigné


candidat, sans en avoir été
informé, par la direction
de la LCR alors qu’il
effectue son service
Ligue communiste
Alain Krivine militaire à Verdun 17 mai
révolutionnaire (LCR)
1969 : le Conseil
constitutionnel confirme
la validité de sa
candidature, contesté par
Louis Ducatel

1974 12 Parti socialiste (PS), 8 avril 1974 : désigné


soutenu par le PCF et le candidat lors d’un congrès
François Mitterrand
Mouvement des radicaux extraordinaire du PS à la
de gauche (MRG) Mutualité (Paris)

8 avril 1974 : déclaration


RI, soutenu par le Centre
Valéry Giscard devant la mairie de
démocrate et le Centre
d’Estaing Chamalières (Puy-de-
républicain
Dôme)

UDR, soutenu par le


Jacques Chaban- 4 avril 1974 : communiqué
Centre démocratie et
Delmas à l’AFP
progrès (CDP)

11 avril 1974 :
Jean Royer Sans étiquette
conférence de presse
Arlette Laguiller Lutte ouvrière (LO) avril 1974 : désignée par
Lutte ouvrière

Sans étiquette 9 avril 1974 : conférence


René Dumont
(écologiste) de presse

28 mars 1974 : conférence


de presse lors de laquelle il
annonce qu’il sera
Jean-Marie Le Pen Front national (FN) candidat aux prochaines
élections présidentielles,
« quelle qu’en soit la
date »

11 avril 1974 : désigné


Mouvement démocrate-
Émile Muller candidat par le bureau
socialiste de France
national du MDSF

8 avril 1974 : conférence


de presse lors de laquelle il
Alain Krivine LCR confirme sa candidature si
Charles Piaget ne se porte
pas lui-même andidat

Bertrand Renouvin Nouvelle Action royaliste avril 1974

Mouvement fédéraliste
Jean-Claude Sebag avril 1974
européen

Guy Héraud Sans étiquette avril 1974

1981 10 Union pour la 2 mars 1981 : déclaration


Valéry Giscard
démocratie française télévisée depuis le Palais
d’Estaing
(UDF) de l’Élysée

8 novembre 1980 :
message adressé au comité
François Mitterrand PS directeur du PS, publié
dans Le matin de Paris le
10 novembre

Rassemblement pour la
3 février 1981 :
Jacques Chirac République (RPR),
communiqué de presse
soutenu par le CNIP

12 octobre 1980 : désigné


par la conférence
Georges Marchais PCF
nationale du PCF à
Nanterre

Mouvement d’écologie 15 juin 1980 : désigné par


Brice Lalonde
politique (MEP) le mouvement écologiste

Arlette Laguiller LO 25 mai 1980 : Fête de


Lutte ouvrière à Presles

7-8 juin 1980 : investi lors


Michel Crépeau MRG du 6e congrès des radicaux
de gauche

30 juin 1980 :
Michel Debré Divers droite gaulliste
déplacement à Amboise

23 octobre 1980 :
Marie-France
Divers droite gaulliste interview accordée à
Garaud
Julien Besançon, TF1

Huguette 17 avril 1980 : conférence


PSU
Bouchardeau de presse

22 mars 1988 : interview


François Mitterrand PS accordée à Paul Amar et
Henri Sannier, Antenne 2

16 janvier 1988 :
RPR, soutenu par le
Jacques Chirac déclaration télévisée
CNIP
depuis Matignon

8 février 1988 : conférence


Raymond Barre UDF de presse au Palais des
Congrès de Lyon

26 avril 1987 :
Jean-Marie Le Pen FN déplacement à La Trinité-
sur-Mer

13 juin 1987 : désigné par


1988 9
André Lajoinie PCF la conférence nationale du
PCF à Nanterre

juin 1987 : désignation par


Antoine Waechter Les Verts
les Verts

Communiste rénovateur, 12 octobre 1987 : interview


Pierre Juquin soutenu par le PSU et la accordée au JT de
LCR 20 heures, sur Antenne 2

8 juin 1987 : Fête de Lutte


Arlette Laguiller LO
ouvrière à Presles

15 février 1987 : désigné


Mouvement pour un candidat par le
Pierre Boussel
parti des travailleurs Mouvement pour un Parti
des travailleurs, Paris

1995 9 Lionel Jospin PS 4 janvier 1995 :


déclaration sur France 2,
investi, à la suite d’une
Primaire, par le PS le
5 février 1995

4 novembre 1994 : fax


Jacques Chirac RPR envoyé à l’AFP et entretien
accordé à la Voix du Nord

18 janvier 1995 :
RPR, soutenu par une
Édouard Balladur déclaration télévisée
partie de l’UDF
depuis Matignon

18 septembre 1994 : Fête


Jean-Marie Le Pen FN des bleu-blanc-rouge à
Paris

6 novembre 1994 : investi


Robert Hue PCF par le PCF lors du Congrès
de Nanterre

27 septembre 1994 : Fête


Arlette Laguiller LO
de Lutte ouvrière à Presles

Mouvement pour la 8 janvier 1995 : émission


Philippe de Villiers
France (MPF) 7/7, TF1

désignée par la
Convention régionale de
Dominique Voynet Les Verts
l’écologie politique et
sociale le 23 octobre 1994

17 mars 1995 : se fait


connaître du public en
Jacques Cheminade Parti ouvrier européen déposant la déclaration de
ses 500 parrainages au
Conseil constitutionnel

2002 16 RPR, puis Union pour la


11 février 2002 :
Jacques Chirac majorité présidentielle
déplacement à Avignon
(UMP) — second tour

1er mai 2001 : Fête des


Jean-Marie Le Pen FN
Bleu-blanc-rouge à Paris

20 février 2002 : fax


envoyé à l’AFP et
Lionel Jospin PS déclaration devant son
domicile investi par le PS
le même jour

27 novembre 2001 :
déplacement à Pau
François Bayrou UDF
2 décembre 2001, investi
par la convention de l’UDF
Arlette Laguiller LO 3 juin 2001 : Fête de LO à
Presles

Jean-Pierre Mouvement des citoyens 4 septembre 2001 :


Chevènement (MDC) déplacement à Belfort

29 octobre 2001 : investi


Noël Mamère Les Verts
par un vote des adhérents

24 juin 2001 : investi par


Olivier Besancenot LCR
la LCR

Chasse, pêche, nature et 4 février 2002 : conférence


Jean Saint-Josse
traditions (CPNT) de presse à Paris

22 novembre 2000 :
réunion publique avec ses
Alain Madelin Démocratie libérale (DL)
militants au Bois de
Boulogne (Paris)

28 octobre 2001 : investi


Robert Hue PCF par le PCF lors du congrès
de la Défense (Paris)

14 novembre 2001 : jeu de


Mouvement national
Bruno Mégret piste jusqu’au Stade de
républicain (MNR)
France (Paris)
2002
(suite)
1er décembre 2001 :
Parti radical de gauche
Christiane Taubira investie par le Parti radical
(PRG)
de gauche

Citoyenneté action
22 juin 2001 : conférence
Corinne Lepage participation pour le
e de presse
XXI siècle (CAP 21)

28 juin 2001 : interview


Forum des républicains avec Patrick Poivre
Christine Boutin
sociaux d’Arvor au JT de
20 heures, sur TF1

Parti des travailleurs 13 janvier 2002 : investi


Daniel Glückstein
(PT) par le Parti des travailleurs

2007 12 30 novembre 2006 :


Union pour un
entretien accordé à la
Nicolas Sarkozy mouvement populaire
PQR, investi par l’UMP le
(UMP)
14 janvier 2007

29 septembre 2006 :
PS, soutenue par le PRG
meeting à Vitrolles,
et le Mouvement
Ségolène Royal investie par le PS après
républicain et citoyen
une primaire interne
(MRC)
(16 novembre 2006)
François Bayrou UDF 2 décembre 2006 :
déplacement à Serre-
Castet (Pyrénées-
Atlantiques)

20 septembre 2006 :
Jean-Marie Le Pen FN, soutenu par le MRG
meeting à Valmy

25 juin 2006 : investi par


la LCR lors de la
Olivier Besancenot LCR
conférence nationale (La
Plaine-Saint-Denis)

11 septembre 2005 :
Philippe de Villiers MPF Université d’été du MPF à
Grasse (Alpes Maritimes)

2007 22 octobre 2006 :


(suite) proposée par le PCF pour
être candidate au nom des
collectifs antilibéraux
(Villejuif) 22 décembre
2006 : annonce d’une
Gauche populaire et
candidature au nom du
Marie-George Buffet antilibérale, soutenue par
PCF lors du JT de
le Parti communiste
20 heures, sur TF1
5 janvier 2007 :
déclaration officielle à
l’école Jules Ferry du
Blanc-Mesnil (Seine-
Saint-Denis)

3 janvier 2006 : meeting à


Dominique Voynet Les Verts Montreuil 18 juillet 2006,
investie par les Verts

3 juin 2006 : Fête de Lutte


Arlette Laguiller LO
ouvrière à Presles

Sans étiquette, soutenu


par une partie du
Collectif national 1er février 2007 :
d’initiative pour un conférence de presse à la
José Bové
rassemblement bourse du travail (Saint-
antilibéral de gauche et Denis)
des candidatures
communes

Frédéric Nihous CNPT 2 septembre 2006 :


désigné par CNPT à l’issu
d’un vote par
correspondance puis lors
d’un meeting à Cerny
(Essonne)

Comité national pour la 18 novembre 2006 :


reconquête des services désigné « candidat des
Gérard Schivardi
publics, soutenu par le maires » par le Parti des
Parti des travailleurs travailleurs

15-17 janvier 2011 :


Marine Le Pen Front national investie lors du congrès du
FN à Tours

15 février 2012 : interview


accordée à Laurence
Nicolas Sarkozy UMP Ferrari sur TF1
11 mars 2012, investi lors
du congrès de l’UMP

21 janvier 2011 : interview


accordée à RMC et BFM-
TV
Front de gauche (PCF,
5 juin 2011 : la direction
Parti de gauche, Gauche
du PCF accepte une
unitaire, fédération pour
candidature commune du
une alternative sociale et
Front de gauche, qui devra
Jean-Luc écologique, République
2012 10 être soumise à
Mélenchon et socialisme,
l’approbation des militants
Convergences et
communistes
Alternative, Parti
16-18 juin 2011 : 60 % des
communiste des ouvriers
militants communistes se
de France)
prononcent en faveur de la
candidature de Jean-Luc
Mélenchon

25 juin 2011 : élu par les


délégués du NPA lors
Philippe Poutou NPA
d’une conférence nationale
du parti à Nanterre

5 décembre 2010 : désigné


par Lutte ouvrière lors
Nathalie Arthaud Lutte ouvrière
d’un congrès du parti
trotskiste

2012 31 janvier 2012 : interview


(suite) accordée à Jean-Jacques
Bourdin, sur RMC,
Jacques Cheminade Sans étiquette pendant laquelle le
candidat dit avoir plus de
500 promesses de
parrainages

François Bayrou Modem 7 décembre 2011 : déclare


sa candidature à la Maison
de la Chimie à Paris

dès septembre 2009 :


annonce vouloir être
candidat en 2012 lors de
l’université de rentrée de
Nicolas Dupont-
Debout la République ! son parti
Aignan
21 novembre 2010 :
lancement officiel de sa
campagne lors du congrès
de Debout la République !

31 mars 2011 : se déclare


candidat à la candidature
PS, soutenue par le PRG, lors d’un déplacement à
le Mouvement Tulles
républicain et citoyen 16 octobre 2011 : investi
François Hollande
(MRC) et le Mouvement après une Primaire
unitaire progressiste ouverte organisée par le
(MUP) PS ; il obtient au second
tour 56,6 % des suffrages
face à Martine Aubry

8 février 2016 : déclare sa


candidature lors du
Marine Le Pen Front national journal de 20 heures, sur
TF1 ; elle la double d’un
tweet publié ce même jour

14 mars 2016 : annonce sa


candidature après avoir
été officiellement désignée
Nathalie Arthaud Lutte ouvrière
lors du congrès de Lutte
ouvrière, qui s’est tenu à
huis clos le 13 mars
2017
Les principaux 20 mars 2016 : désigné
candidats ? par le NPA lors de sa
officiellement Philippe Poutou NPA Conférence nationale qui
déclarés à ce jour se tenait à l’Université de
Nanterre

3 avril 2016 : publie un


tweet annonçant sa
Parti Solidarité et
Jacques Cheminade candidature puis la
progrès
développe sur France 2 le
lendemain, 4 avril 2016.

15 mars 2016 : annonce sa


Nicolas Dupont- candidature sur le plateau
Debout la France
Aignan du journal de 20 heures,
sur TF1

La liste des retenus Rama Yade La France qui ose 21 avril 2016 : déclare sa
par le Conseil candidature lors du
constitutionnel ne journal de 20 heures, sur
sera connue qu’en TF1 ; elle la double d’un
mars 2017 tweet publié ce même jour

10 février 2016 : annonce


Jean-Luc se porter candidat sur le
Parti de gauche
Mélenchon plateau du journal de
20 heures, sur TF1

19 et 20 mars 2016 :
Mouvement écologiste
Antoine Waechter désigné par le Conseil
indépendant
national du MEI

François Bayrou ayant


annoncé qu’il soutiendrait
Alain Juppé si ce dernier
remportait la Primaire des
Vice-président du
Jean Lassalle Républicains, Jean
MoDem
Lassalle annonce sa
candidature le 14 mars
2016 sur France Bleu Pays
Basque
2017
(suite)
François Fillon : déclaration de candidature le 16 avril
Candidats aux 2015 (Le Point) ; il remporte la Primaire de la droite et
Primaires du centre le 27 novembre 2016 ; au second tour
Les Républicains l’opposant à Alain Juppé, il obtient 66,5 % des
suffrages

Jean-Luc Bennahmias (2 juillet 2016, assemblée


nationale de la Belle alliance populaire), Gérard
Candidat de la
Filoche (21 juin 2016, RMC/BFM TV), Sidi Hamada-
« Belle
Hamidou (23 juin 2016, KTV et Kwezi FM), Marie-
alliance populaire »
Noëlle Lienemann (20 juin 2016, RFI), François de
Rugy (12 juillet 2016, Ouest France/France Inter)

Yannick Jadot (13 juillet 2016, mail aux adhérents),


Michèle Rivasi (1er août 2016, mail aux membres du
Candidats à la
conseil fédéral d’EELV) Karima Delli (23 août 2016,
primaire EELV
lettre publiée sur Facebook), Cécile Duflot (20 août
2016, lettre adressée aux adhérents)

C. Changer le mode de sélection ?

Rapport Balladur sur la modernisation


des institutions (29 oct. 2008) (extrait)
g) Le parrainage des candidatures à l’élection présidentielle
« […] le Comité a estimé nécessaire de proposer un système de sélection des
candidatures obéissant à des règles d’inspiration différente et de nature à garantir que le
choix des citoyens entre les différents candidats à la présidence de la République puisse se
dérouler dans les meilleures conditions de dignité et d’efficacité, sans que ce choix soit
perturbé par l’émergence d’une multiplicité de candidatures nuisant à la clarté de la
campagne électorale et du scrutin.
À cette fin, il recommande que la loi organique prise en application de l’article 6 de la
Constitution soit modifiée de telle sorte que la sélection des candidats soit le fait d’un
collège de quelque cent mille élus (soit plus du double du nombre des personnes
susceptibles, dans le système actuel, de parrainer des candidatures) composé des
parlementaires, conseillers régionaux, conseillers généraux, maires et délégués des
conseils municipaux qui, sélectionnés à proportion de la population qu’ils représentent et
soumis à l’obligation de voter, seraient appelés, au chef-lieu du département, à désigner, à
bulletin secret, le candidat qu’ils souhaitent voir concourir à la présidence de la République.
Cette désignation, qui interviendrait partout le même jour dans un délai suffisant avant le
début de la campagne présidentielle proprement dite, serait de nature, si elle était assortie
de la fixation d’un seuil en deçà duquel les candidats ne pourraient être retenus et de
l’exigence de franchir la barre d’un minimum de voix dans un nombre donné de
départements, à limiter la multiplication des candidatures. Elle permettrait d’atteindre
l’objectif poursuivi en vain ces dernières années : donner au premier tour de l’élection
présidentielle la qualité d’un scrutin qui engage l’avenir du pays en offrant aux citoyens la
possibilité d’un choix clair entre les représentants des principaux courants politiques qui
concourent à l’expression du suffrage (Proposition no 15).
Une autre solution, qui permettrait également d’atteindre cet objectif, consisterait à
confier à une fraction des citoyens le soin de parrainer eux-mêmes les candidatures. On
pourrait ainsi imaginer que seuls les candidats ayant recueilli la signature d’une proportion
déterminée des électeurs inscrits seraient à même de présenter leur candidature à l’élection
présidentielle. Il reste que cette seconde proposition, qui suppose surmontés de nombreux
obstacles techniques liés notamment au contrôle des signatures, se heurterait à la difficulté
de réunir rapidement ces signatures en cas de vacance de la présidence de la
République ».

D. La présélection par des primaires

1. Les Primaires organisées


en vue de la présidentielle de 2012
Texte soumis à consultation militante auprès des adhérents du parti socialiste le
er
1 octobre 2009 (extrait)

1. Les primaires ouvertes. L’organisation de primaires ouvertes pour l’élection


présidentielle est une avancée démocratique et doit être aussi une chance pour créer un
vaste mouvement populaire en faveur de notre candidat(e) et de nos idées.
Nous souhaitons qu’elles permettent d’agréger autour de nous toutes celles et tous
ceux qui veulent nous aider à construire un autre projet de société, choisir notre candidat(e)
en 2011, l’amener à la victoire en 2012 et se mobiliser ensuite pour changer la France.
Nous vous proposons d’en adopter aujourd’hui le principe, les modalités concrètes
d’organisation de ces primaires étant précisées dans la convention de l’été 2010.

Question 1-1 :
« Êtes-vous favorables à la désignation du candidat(e) des socialistes par des
primaires ouvertes aux citoyens qui souhaitent le changement en 2012 et veulent participer
à la victoire de la gauche ? »
Nous nous sommes engagés, avec nos partenaires de gauche, dans une nouvelle
démarche de rassemblement à gauche. C’est dans ce cadre et sur le fondement d’un travail
en commun sur nos valeurs et nos idées, avec des actions communes, que seront
discutées les stratégies électorales les plus appropriées pour gagner en 2012. Ces
discussions pourront amener certains de nos partenaires à vouloir organiser en commun,
par des primaires ouvertes, la désignation du candidat(e) de la gauche.

Question 1-2 :
Donnez-vous mandat au Bureau national pour organiser ensemble avec les formations
de gauche qui le souhaitent de telles primaires dans le cadre d’un rassemblement politique
et sur la base d’une plate-forme commune ?

« La rénovation », extrait du texte adopté par le Conseil national du parti socialiste le


8 juin 2010

Primaires

Calendrier
Les Primaires sont ouvertes à tous les citoyen(ne)s qui veulent la victoire de la gauche
en 2012 et co-organisées par les formations politiques de gauche qui souhaitent y
participer. Les primaires se dérouleront sur une durée d’au moins six semaines, en deux
tours espacés de quinze jours. Les votes se tiendront à l’automne 2011. Le dépôt des
candidatures sera ouvert au mois de juin 2011. Un Bureau national, en janvier 2011, fixera
le calendrier définitif.

Conditions pour être candidat(e)


Le Parti socialiste appliquera pour ses candidat(e)s la règle de parrainage suivante :
5 % des parlementaires socialistes (soit dix-sept parrainages), ou 5 % des membres
titulaires du Conseil national (soit seize parrainages), ou 5 % des conseiller(e)s régionaux
ou généraux socialistes (soit cent parrainages) issus d’au moins dix départements et quatre
régions, ou 5 % des maires socialistes des villes de plus de 10 000 habitants (soit seize
parrainages) issus d’au moins quatre régions.
Les candidat(e)s devront s’engager à soutenir publiquement le candidat(e) désigné et
à s’engager dans sa campagne. Les formations de gauche qui le souhaitent pourront
participer aux primaires ; elles fixeront leurs propres règles de parrainage de leur(s)
candidat(e)s.

Participation au scrutin et bureaux de vote


Pour participer au scrutin, il faudra remplir la triple condition suivante :
– appartenir à la liste électorale de la République arrêtée en février 2011, ou justifier le
jour du vote de son inscription sur les listes électorales (par la production d’une attestation
d’inscription dans le périmètre couvert par le bureau de vote), ou avoir 18 ans entre la date
des primaires et la date des élections présidentielles, ou être adhérent(e) d’un des partis
participant aux primaires ou d’une des organisations politiques de jeunesse de ces partis et
ne pouvant s’inscrire sur cette liste électorale (étranger et/ou mineur).
– adhérer à une déclaration de principe (via un émargement) s’engageant à soutenir
les valeurs de la gauche.
– cotiser 1 € minimum.
Les bureaux de vote se tiendront dans la mesure du possible dans les locaux
communaux. Les comités d’organisation départementaux des primaires feront leur
maximum pour tenir entre 10 000 et 15 000 bureaux de vote, avec autant que possible un
minimum d’un bureau de vote par canton et d’un bureau de vote par tranche d’environ
5 000 électeurs.

Organisation et proclamation des résultats


L’organisation des primaires sera confiée à un comité national composé de
représentants des partis co-organisateurs des primaires et de représentants des candidats.
Ce comité sera dupliqué avec la même composition dans tous les départements. Il
disposera d’un pouvoir d’arbitrage en premier et dernier ressort en cas de contestation, y
compris des conflits non résolus au sein des comités départementaux d’organisation des
primaires.
La tenue des bureaux de vote et le dépouillement se feront conformément aux règles
applicables aux scrutins de la République. Une commission départementale chargée du
recensement des votes (composée d’un représentant par candidat et de trois personnalités
incontestées choisies par les comités départementaux d’organisation des primaires)
recevra le soir même les procès-verbaux et les fonds collectés. Elle procédera aux
vérifications nécessaires et proclamera les résultats par bureau de vote. En cas de
réclamation ou de difficulté, elle s’adressera au comité national.
Parallèlement, dans un souci de transparence, les résultats seront transmis par les
président(e)s de bureau de vote dès la fin du dépouillement (par sms ou téléphone) et
visible sur Internet par le public en temps réel. Une Haute Autorité ad hoc, composée par
les partis co-organisateurs, proclamera le résultat national définitif.

2. Les primaires pour la présidentielle de 2012


Europe-
Front Parti
Écologie-Les- Parti socialiste
national communiste
Verts

Type de implicite et
ouverte fermée ouverte
primaire fermée

adhérents
adhérents à
(30 000) adhérents adhérents
Corps jour de
élisent et sympathisants et sympathisants
électoral cotisations
président – (32 900) (2,8 millions)
69 227
candidat

résident
inscrit sur les listes électorales
Conditio 16 ans et +
membre membre 1€
ns 10 € + adhésion
adhésion valeurs gauche
charte

Modalité par voie voie postale dans les


dans des bureaux de vote
s postale + internet sections

1er tour : 15-23 juin


2011
Date janv. 2011 16-18 juin 2011 9-16 oct. 2011
2nd tour : 30 juin-7
juill.

Résultats M. Le Pen 25 269 exprimés 48 631 votants 1er tour 2d tour


67,7 % (77,3 %) (70 %) F. Hollande 56,57 %
B. Gollnisch N. Hulot 40,2 % E. Dang-Tran M. Aubry M. Aubry 43,43 %
32,3 % E. Joly 49,8 % 4% 30,63 %
S. Lhomme 5 % A. Chassaigne F. Hollande
H. Stoll 4,4 % 37 % 38,78 %
12 juill. J.- A. Montebourg
L. Mélenchon 17,35 %
59 % M. Valls 5,69 %
S. Royal 6,84 %
J.-M. Baylet
0,61 %

3. Les Primaires organisées


en vue de la présidentielle de 2017

Nouveaux statuts du parti Les Républicains,


adoptés par le bureau politique du 5 mai 2015
Titre III. Désignation des candidats aux élections
Chapitre I. Désignation du candidat à la présidence de la République
Article 38. Organisation d’une primaire en vue de la désignation du candidat à la
présidence de la République
1. Le candidat à la présidence de la République soutenu par le Mouvement est désigné
à l’occasion d’une primaire ouverte à l’ensemble des citoyens adhérant aux valeurs de la
République et se reconnaissant dans les valeurs du Mouvement.
Il n’est pas organisé de primaire lorsque le président de la République est issu du
Mouvement et candidat pour un second mandat.
2. Un parti politique autre que le Mouvement qui en ferait la demande peut prendre part
à la primaire en vue de la désignation du candidat à la présidence de la République, après
accord du Bureau Politique.
3. En cas de vacance de la présidence de la République, le Conseil national décide,
sur proposition du Bureau Politique, s’il y a lieu d’organiser une primaire en vue de la
désignation du candidat à la présidence de la République.
Article 39. Modalités d’organisation de la primaire
1. La primaire en vue de la désignation du candidat à la présidence de la République
est organisée dans les conditions fixées par la Charte de la primaire adoptée en Bureau
politique le 7 avril 2015 et annexée aux présents Statuts.
2. Tout membre de la direction du Mouvement ayant l’intention d’être candidat à la
primaire en vue de la désignation du candidat à la présidence de la République est tenu de
démissionner de ses fonctions dès réception de sa déclaration de candidature dans les
conditions fixées par la Charte de la primaire et au plus tard quinze jours avant la date fixée
pour le dépôt des déclarations de candidature.
Dans ce cas, la direction du Mouvement est assurée, jusqu’à la primaire, par les autres
membres de la direction du Mouvement. Dans le cas où les trois membres de la direction
du Mouvement sont candidats à la primaire en vue de la désignation du candidat à la
présidence de la République, le Bureau politique détermine les conditions dans lesquelles
la direction du Mouvement est assurée.
3. Les candidats à la primaire signent la Charte de la primaire et s’engagent à la
respecter.
Ils s’engagent à soutenir publiquement le candidat à la présidence de la République
désigné à l’issue de la primaire et à prendre part à sa campagne.
4. Lorsque le candidat à la présidence de la République désigné à l’issue de la
primaire est issu du Mouvement, il propose au Bureau politique les conditions dans
lesquelles la direction du Mouvement est assurée.

Résolution sur les « Primaires citoyennes »,


adoptée à l’unanimité par le Conseil national
du Parti socialiste du 18 juin 2016
Le Parti socialiste rappelle sa résolution unanime du 9 avril 2016 :
« Au dernier Conseil national du 6 février 2016, le Parti socialiste a réaffirmé son
accord pour la primaire. Il a désigné une commission interne et a décidé de s’intégrer au
collectif unitaire de préparation de la primaire. Le Parti socialiste a associé toutes ses
sensibilités à cette démarche. Il a défendu l’idée que la primaire, pour être efficace et
praticable, devait ne pas exclure dans son organisation en termes de date et de modalités
de débat, la possibilité que le président de la République, François Hollande, puisse se
présenter s’il le souhaite ».
Depuis le début, le Parti socialiste est favorable à une primaire de toute la gauche
initiée par l’appel de « Notre Primaire », publié dans le journal Libération du 11 janvier 2016.
Le Parti socialiste regrette profondément les décisions des Congrès des Verts et du
PCF de refuser de participer aux primaires de toute la gauche.
Le Parti socialiste refuse la fragmentation à gauche et chez les écologistes, et la
division. Une majorité de Françaises et de Français de gauche souhaite le débat et le
rassemblement.
Le Parti socialiste refuse de faire l’impasse sur les élections présidentielles au prétexte
d’une hypothétique recomposition à sa suite.
La présidentielle posera à la France la question de son modèle tant social que
républicain.
Nous ne pouvons-nous résoudre à ce que la gauche soit absente de ce débat qui
engagera l’avenir de la France et de la gauche pour les décennies à venir.
Nous lançons un appel solennel au PCF et aux Verts :
– rassemblons-nous à travers un débat loyal dans une primaire de toute la gauche,
– rassemblons-nous derrière un candidat issu du vote du peuple de gauche,
– rassemblons-nous sans condition préalable.
En attendant la réponse définitive des Verts et du PCF, le Parti socialiste s’engage
d’ores et déjà dans une démarche de rassemblement par le débat.
Faute de soutien des Verts et du PCF à une primaire de toute la gauche, le Parti
socialiste décide d’organiser une primaire ouverte aux acteurs de La Belle Alliance
Populaire et tous ceux qui soutiendraient la démarche.
Il reste disponible pour une primaire de toute la gauche les deux premières semaines
de décembre comme cela avait été envisagé. Si tel n’était pas le cas, il propose d’organiser
des primaires de l’unité les 22 et 29 janvier. La date d’ouverture des candidatures sera le
1er décembre et la clôture des candidatures, le 15 décembre.
Les modalités de vote, de débat et de candidature s’inspireraient des Primaires
citoyennes de 2011, afin de rassembler le peuple de gauche et les écologistes. Elles
seraient fixées par le Comité d’organisation et de suivi des Primaires citoyennes, soumises
à nos partenaires et ratifiées pour ce qui concerne le Parti socialiste par un Conseil national
le dimanche 2 octobre.

Résultats de la primaire de la droite et du centre

Premier tour

Nombre de votants 4 298 097

Résultats (en % des suffrages exprimés)

François Fillon 44.1%

Alain Juppé 28.6%

Nicolas Sarkozy 20.7%

Nathalie Kosciusko-Morizet 2.6%

Bruno Le Maire 2.4%


Jean-Frédéric Poisson 1.4%

Jean-François Copé 0.3%

Second tour

Nombre de votants 4 386 288

Résultats (en % des suffrages exprimés)

François Fillon 66,50%

Alain Juppé 33,50%


IV. L’argent des élections

Durant les trente premières années de la Ve République, l’argent


des élections demeura un non sujet. Aucune limitation des dépenses
électorales autorisées. Aucun financement public des campagnes
électorales. Aucun financement privé explicitement interdit. Et par
conséquent aucun contrôle, ni sur les dépenses, ni sur les ressources.
Les choses changèrent lorsqu’apparurent, puis se développèrent
ce qui fut nommé les « affaires ». Une première loi entra en vigueur
en mars 1988, visant à la fois les dépenses électorales, désormais
plafonnées, et les ressources, avec l’instauration d’un financement
par l’État. Depuis, les lois se sont multipliées, soit pour actualiser les
plafonds, soit, plus substantiellement, pour instaurer puis renforcer
une autorité indépendante chargée de contrôler les dépenses et
recettes des campagnes présidentielles (A).
Le système juridique français vise à limiter l’influence de
l’argent sur les élections, et notamment sur la plus importante
d’entre elles, la présidentielle. Il cherche aussi à préserver cette
dernière des intérêts privés, en plafonnant assez rigoureusement les
contributions de personnes privées, et en interdisant celles de
personnes morales, à l’exception des partis politiques (B).
La Commission nationale de contrôle des comptes de campagne
et des financements politiques (CNCCFP), créée en 1990, examine
ainsi dans le détail les comptes des candidats à la présidentielle. À
la différence des autres scrutins, la sanction d’un compte rejeté n’est
pas l’annulation de l’élection, mais la réduction ou la suppression du
remboursement des dépenses par l’État. Dans cette tâche, la
CNCCFP est confrontée à divers problèmes de frontières pour
déterminer les dépenses liées à l’élection (C).
Grâce au rapport d’activité qu’elle publie chaque année, chacun
peut connaître dans le détail les comptes de campagne des
différents candidats, les grands postes des dépenses engagées et les
différentes recettes utilisées pour les honorer. La conception
française s’oppose ainsi à celle des États-Unis, dans laquelle un
candidat renonçant à l’aide fédérale peut dépenser sans compter.
Là où, en 2012, les dépenses des candidats français s’élevaient au
total à 74 millions d’euros, celles de leurs homologues américains
ont atteint, la même année, les six milliards de dollars (D).

A. La législation relative au financement


des campagnes

Loi organique et loi ordinaire du 11 mars 1988


relatives au financement de la vie politique
Chaque candidat doit adresser au Conseil constitutionnel ses
comptes de campagne et une déclaration de patrimoine. L’élu rend la
sienne publique et s’engage à remettre une autre déclaration à la fin
de son mandat.
Instauration d’un plafonnement des dépenses électorales (cf.
tableau ci-dessous).
Pour éviter les financements occultes, l’État participe aux
dépenses de propagande, le montant accordé dépendant du score
réalisé.

Loi du 15 janvier 1990 relative à la limitation


des dépenses électorales et à la clarification
du financement des activités politiques
Création de la Commission nationale des comptes de campagne
et des financements politiques (CNCCFP), autorité administrative
indépendante chargée de contrôler les comptes des candidats.
Plafonnement des dons issus de personnes morales et physiques
(cf. tableau ci-dessous)
Les dépenses relatives aux sondages doivent désormais être
intégrées dans les comptes de campagne plafonnés.

Loi du 10 mai 1990 portant majoration du plafond


des dépenses des candidats présents au second tour
de l’élection présidentielle
Une avance au remboursement forfaitaire est accordée aux
candidats. Si le montant de leur dépense n’excède pas cette somme,
l’excédent fait l’objet d’un reversement.

Loi du 29 janvier 1993 relative à la prévention


de la corruption et à la transparence
de la vie économique et des procédures publiques
Les candidats doivent fournir, avec leurs comptes de campagne,
la liste exhaustive des personnes morales (à l’exception des partis ou
groupements politiques) leur ayant fait un/des don(s) et indiquer le
montant de ceux-ci.
Loi du 19 janvier 1995 relative au financement
de la vie politique
Interdiction complète du financement des campagnes par les
personnes morales, à l’exception des partis et groupements
politiques.
Les candidats sont autorisés à recourir, par voie de presse, à la
publicité pour recueillir des dons de personnes physiques, encore
peu nombreux.

Loi organique du 5 février 2001 modifiant


la loi no 62-1292 du 6 novembre 1962 relative
à l’élection du président de la République
au suffrage universel
Le taux de remboursement forfaitaire des dépenses de campagne
présidentielle est aligné sur le seuil de droit commun, ie la moitié des
dépenses électorales autorisées (cf. tableau ci-dessous).

Loi organique du 5 avril 2006 (élection


présidentielle)
La CNCCFP se voit confier le premier examen des comptes de
campagne des candidats, qui relevait auparavant des compétences
du Conseil constitutionnel.
En cas d’irrégularité, le compte n’est plus totalement rejeté mais
la sanction est modulée en fonction de la gravité du litige. Le
candidat peut contester la décision devant le Conseil constitutionnel.

Loi organique du 28 février 2012 (élection


présidentielle)
Le taux de remboursement forfaitaire des dépenses de campagne
présidentielle est diminué, la somme remboursée ne pouvant excéder
le montant des dépenses du candidat retracées dans son compte de
campagne (cf. tableau ci-dessous)

B. Dépenses, recettes, remboursements5


Remboursement Financement de la campagne
Montant
Plafond
total des -5 % SE
des
frais de Ou compte
dépens des deux Autre
campag de camp. +5 % SE par l’État
es premiers financement
ne pas en
règle

Coût du
papier,
Rembourse impression
ment et mise en
forfaitaire place des
1965- Pas d’encadrement
Néant de la part de bulletins,
1981 juridique précis
l’État égal à des
100 000 affiches et
francs des
professions
de foi

Rembourse
ment Rembourse Rembourse
Coût du
– forfaitaire ment ment
papier,
1er tour : accordé par forfaitaire forfaitaire
impression
120 l’État est de la part de de la part de
et mise en – personne
millions égal au l’État égal à l’État égal à
27,75 place des physique :
de francs vingtième un quart un quart
1988 millions bulletins, 20 000 francs
– 2nd du plafond de leur de leur
d’euros des – personne morale :
tour : des plafond de plafond de
affiches et 50 000 francs
140 dépenses dépenses, dépenses,
des
millions électorales, soit 30 soit 35
professions
de francs soit 6 millions de millions de
de foi
millions de francs francs
francs

1995 28,92 – Rembourse Rembourse Coût du – personne physique


millions 1er tour : ment ment papier, < 30 000 francs
d’euros 120 forfaitaire forfaitaire impression – interdiction de
millions accordé par de la part de et mise en financement par les
de francs l’État est l’État égal à place des personnes morales
égal au un quart bulletins, (sauf parti)1
– 2nd vingtième de leur des
tour : du plafond plafond de affiches et
140 des dépenses, des
millions dépenses soit 30 professions
de francs électorales, millions de de foi
soit 6 francs + avance
millions de de 1
francs million de
francs
+ contrôle
par le
Conseil
constitutio
nnel des
comptes de
campagnes

Coût du
papier,
impression
et mise en
place des
Rembourse
Rembourse Rembourse bulletins,
ment
– ment ment des
forfaitaire
1er tour : forfaitaire forfaitaire affiches et
accordé par
14,8 de la part de de la part de des – personne physique
l’État est
millions l’État égal à l’État égal à professions < 4 600 euros
53,4 égal au
d’euros 50 % de 50 % de de foi – Interdiction de
2002 millions vingtième
– 2nd leur plafond leur plafond + avance financement par les
d’euros du plafond
tour : de de de personnes morales
des
19,8 dépenses, dépenses, 153 000 d’ (sauf parti)
dépenses
millions soit 7,4 soit 9,8 euros
électorales,
d’euros millions millions + contrôle
soit 739 800
d’euros2 d’euros par le
euros
Conseil
constitutio
nnel des
comptes de
campagnes

2007 75,6 – Rembourse Rembourse Rembourse Coût du – personne physique


millions 1er tour : ment ment ment papier, < 4 600 euros
d’euros 16,2 forfaitaire forfaitaire forfaitaire impression – interdiction de
millions accordé par de la part de de la part de et mise en financement par les
d’euros l’État est l’État égal à l’État égal à place des personnes morales
– 2nd égal au 50 % de 50 % de bulletins, (sauf parti)
tour : vingtième leur plafond leur plafond des
21,6 du plafond de de affiches et
millions des dépenses, dépenses, des
d’euros dépenses soit 6,8 soit 9,1 professions
électorales, millions millions de foi
soit d’euros d’euros + avance
de 153 000
808 300 euros
euros + contrôle
par le
Conseil
constitutio
nnel des
comptes de
campagnes

Coût du
papier,
impression
et mise en – personne physique
Rembourse place des < 4 600 euros
Rembourse Rembourse
ment bulletins, – pour les dons en
– ment ment
forfaitaire des espèces < 150 € par
1er tour : forfaitaire forfaitaire
accordé par affiches et donateur
16,8 de la part de de la part de
l’État est des – le montant global
millions l’État égal à l’État égal à
74,2 égal à professions des dons reçus en
d’euros 47.5 % de 47.5 % de
2012 millions 4,75 % du de foi espèces ne peut
– 2nd leur plafond leur plafond
d’euros plafond des + avance excéder 20 % du
tour : de de
dépenses de 153 000 montant des
22,5 dépenses, dépenses,
électorales, euros dépenses autorisées
millions soit 8 soit 10,7
soit + contrôle – interdiction de
d’euros millions millions
800 423 par le financement par les
d’euros d’euros
euros. Conseil personnes morales
constitutio (sauf parti)
nnel des
comptes de
campagnes

Coût du
papier,
impression
et mise en – personne physique
Rembourse place des < 4 600 euros
Rembourse Rembourse
ment bulletins, – pour les dons en
– ment ment
er forfaitaire des espèces < 150 euros
1 tour : forfaitaire forfaitaire
accordé par affiches et par donateur
16,8 de la part de de la part de
l’État est des – le montant global
millions l’État égal à l’État égal à
égal à professions des dons reçus en
d’euros 47.5 % de 47.5 % de
2017 – 4,75 % du de foi espèces ne peut
– 2nd leur plafond leur plafond
plafond des + avance excéder 20 % du
tour : de de
dépenses de 153 000 montant des
22,5 dépenses, dépenses,
électorales, euros dépenses autorisées
millions soit 8 soit 10,7
soit + contrôle – interdiction de
d’euros3 millions millions
800 423 par le financement par les
d’euros d’euros
euros. Conseil personnes morales
constitutio (sauf parti)
nnel des
comptes de
campagnes
C. La Commission nationale des comptes
de campagne et des financements politiques

1. Composition depuis le 30 avril 2015


Les neuf membres de la commission sont nommés pour cinq ans
(renouvelables) par décret du Premier ministre, sur propositions du
Vice-président du Conseil d’État, du Premier président de la Cour de
cassation et du Premier président de la Cour des comptes.

Président (depuis le 30 déc. 2010) : M. François Logerot


Vice-président (depuis le 30 déc. 2010) : M. François Delafosse
Membres du Conseil d’État
Mme Françoise Ducarouge, conseillère d’État honoraire
M. Philippe Grégoire, ancien conseiller d’État en service
extraordinaire
Mme Martine Denis-Linton, conseillère d’État
Membres de la Cour de cassation
Mme Martine Betch, conseillère honoraire à la Cour de cassation
Mme Francine Levon-Guérin, conseillère à la Cour de cassation
M. Jean-Dominique Sarcelet, avocat général honoraire à la Cour
de cassation
Membres de la Cour des comptes
M. François Logerot, Premier président honoraire de la Cour des
comptes
M. François Delafosse, président de chambre honoraire à la Cour
des comptes
Mme Maud Colomé, conseillère maître honoraire à la Cour des
comptes

2. Fonctionnement
Les décisions de la commission font grief et sont susceptibles
d’un recours gracieux devant la CNCCFP et d’un recours contentieux
devant le juge de l’élection statuant sur l’inéligibilité du candidat ou
devant le Conseil d’État statuant en plein contentieux sur le montant
du remboursement forfaitaire alloué au candidat (un ministère
d’avocat est obligatoire). Le fonctionnement de la commission est
assuré par un secrétariat général, composé d’environ 30
fonctionnaires et agents contractuels. Les fonctionnaires issus des
ministères de la Justice, des Finances et de l’Intérieur sont détachés
par contrat auprès de la commission. Elle peut en outre recruter des
agents vacataires pour les besoins de son fonction- nement.
S’agissant du contrôle des comptes de campagne, la commission fait
appel à des rapporteurs (environ 200 en 2004, principalement
fonctionnaires et magistrats en activité ou en retraite) chargés d’une
première instruction des dossiers en raison du nombre très élevé de
comptes en période d’élection générale (Source : site de la CNCCFP).

Exemples de problèmes traités


1. Pour une approche globale de la dématérialisation et une démarche par étapes
[extrait du rapport d’activité 2015 de la CNCCFP]
La dématérialisation en matière électorale rencontre des obstacles pour partie
culturels : ainsi, le projet de dématérialisation de la propagande électorale porté par le
ministère de l’Intérieur a été écarté lors de son examen au Parlement, et d’une manière
générale les formations politiques se montrent attachées à la forme traditionnelle de
communication par documents imprimés. Si la crainte de perte d’information est légitime,
les campagnes électorales comportent de fait des aspects dématérialisés de plus en plus
importants et voient se développer des stratégies de communication digitale : au lieu
d’organiser un meeting coûteux qui localement ne touchera que quelques centaines ou
milliers de personnes et dont seuls des extraits de propos tenus ou un reportage proposé
clé en mains auront un retentissement médiatique important, les mêmes propos ou une
vidéo moins coûteuse obtiendront peu ou prou le même retentissement via les réseaux
sociaux et l’écho de ceux-ci par les médias. De même, de plus en plus d’actions concrètes
de campagne telles que le démarchage à domicile ou le ciblage géographique et temporel
de la distribution de tracts résultent en pratique de l’utilisation de logiciels analysant tant le
comportement passé des électeurs que des exploitations de données relevant de ce que
l’on appelle globalement le géomarketing. Un des attraits des élections primaires pour les
partis politiques et les candidats qu’ils soutiennent est bien la possibilité de constituer un
fichier de contacts sur la base du volontariat des électeurs qui laisseront leurs coordonnées
et accepteront qu’elles soient utilisées pendant la campagne.
Dans la tradition de la campagne électorale, le tractage par les militants est un aspect
important et, d’une manière plus générale, l’activité militante est un coût non retracé, à la
différence de la mise à disposition de matériels qui doivent faire l’objet d’une évaluation
pour permettre l’appréciation du respect du plafond des dépenses. Mais autant cette activité
est visible, autant il apparaît difficile pour la commission de déterminer précisément si les
divers procédés ou gadgets animant ou relayant la campagne sur les réseaux sociaux sont
à traiter de la même manière et donc non comptabilisés. Par ailleurs, une partie de l’activité
d’un datascientist recruté pour une campagne constitue de fait une ressource ultérieure
pour le parti politique concerné. Une réflexion est donc à mener afin, d’une part, de faire
évoluer les éléments du compte de campagne et leur justification pour retracer au mieux la
réalité de la campagne et son évolution actuelle, d’autre part, d’adapter les méthodes de
contrôle de la commission. De ce point de vue, l’ouverture des données publiques peut lui
faciliter l’accès à l’information, qu’il s’agisse de l’ouverture de datainfogreffe.fr, le portail des
données ouvertes des greffes des tribunaux de commerce, ou celle prochaine de la plus
grande base de données sur l’état-civil des entreprises françaises (SIRENE) de l’INSEE au
1er janvier 2017. En revanche, la collecte du web électoral publiée par la Bibliothèque
nationale de France intervient trop tardivement pour être utilement exploitée.
Par ailleurs, la commission est elle-même productrice de données publiques, pour
l’instant de façon relativement embryonnaire puisqu’elle ne publie sur data.gouv.fr que les
données ayant servi à l’élaboration des publications simplifiées au Journal officiel des
comptes de campagne et des comptes des partis politiques, dans un format facilitant leur
réutilisation. Les problématiques de communication et de protection des données
personnelles ont été évoquées précédemment. Au-delà des questions juridiques, la
publication de volumes importants de données avec un plus grand niveau de détail ne
pourrait se faire, compte tenu des moyens humains limités de la commission, que dans
l’hypothèse où celle-ci disposerait déjà de ces données sous forme électronique.
À terme, compte tenu de l’évolution de la société et des relations entre l’administration
et les citoyens, l’ensemble du système devra être réexaminé de manière globale en
association avec le ministère de l’Intérieur et les différents acteurs en se donnant les
objectifs suivants :
– améliorer l’information des candidats et des mandataires ;
– proposer des alternatives au document sur papier mais dans des conditions qui
favorisent le contrôle tout en simplifiant les obligations des candidats et des mandataires
grâce à des outils adaptés ;
– maintenir la sécurité juridique, tant sur la justification des opérations que sur la
procédure contradictoire d’instruction du compte ou la protection des données
personnelles ;
– intégrer dans l’élaboration initiale du compte de campagne la problématique de sa
communication et/ou publication ultérieure ;
– dématérialiser les échanges avec les juridictions.
Une première étape pourrait consister dans la création d’un portail de télé-déclaration
qui aurait vocation à être intégré dans un portail unique commun aux différents organismes
administratifs en relations avec les candidats.

2. La prise en compte des ouvrages dans les dépenses électorales (p. 21-22)
[extrait du rapport d’activité 2007 de la CNCCFP]
La commission s’est inspirée des principes qui ont été posés par le Conseil
constitutionnel lors des élections présidentielles de 1995 et 2002. Elle a donc distingué trois
cas en fonction du caractère politique de l’ouvrage concerné :
– le livre n’a pas de caractère politique et dans ce cas, aucune dépense ne doit, en
principe, figurer au compte de campagne. En effet, le simple fait pour son auteur d’être
candidat à l’élection présidentielle ne confère pas à la publication de l’ouvrage un caractère
de propagande. La promotion du livre ne doit cependant pas excéder la pratique habituelle
de promotion d’œuvres de même nature ;
– le livre comprend des réflexions politiques et bien que ne constituant pas la
présentation du programme du candidat, il peut apparaître comme un ouvrage électoral.
Les dépenses effectuées en vue de sa promotion doivent alors figurer dans le compte de
campagne ;
– l’ouvrage constitue la présentation du programme du candidat. Dans ce cas, outre le
coût de sa promotion, le coût de son édition et de sa commercialisation doivent figurer dans
le compte de campagne.
Concernant l’imputation au compte de campagne des dépenses relatives à un
ouvrage, il a été distingué deux hypothèses :
– soit l’ouvrage était édité à compte d’auteur et il n’y avait alors aucune difficulté
particulière, les dépenses de promotion et d’édition étant engagées par une personne
physique. Le mandataire devait régler les frais correspondants ;
– soit il existait un contrat avec une maison d’édition et dans ce cas, les dépenses à
finalité électorales devaient être imputées au compte afin de vérifier le non-dépassement du
plafond, mais ne devaient pas figurer parmi les dépenses remboursables, puisque payées
par une personne morale. En conséquence, elles devaient être considérées comme
« concours en nature », permettant ainsi à la commission de s’assurer de l’exhaustivité du
compte et du respect du plafond des dépenses. Cette solution a évidemment l’inconvénient
de faire figurer dans le compte un concours en nature de personne morale qui ne devrait
pas, en principe, y être inscrite.

En application de ces dispositions, la commission a procédé à différentes réformations


dans les comptes de MM. Bayrou et Bové.
Elle a ainsi imputé en « concours en nature », la somme de 42 700 euros
correspondant aux coûts d’édition et de promotion du livre présentant le programme de
M. Bayrou.
Elle a requalifié les frais d’édition du livre de M. Bové, qui avaient été inscrits à tort en
dépenses payées par le mandataire financier pour un montant de 50 571 euros. La
commission a en outre estimé qu’un autre ouvrage de M. Bové n’avait pas pu être utilisé à
des fins électorales en raison de la date de parution, et a retiré la somme de 9 001 euros
des dépenses remboursables du candidat.

3. Le problème de la chronologie des dépenses de campagne


[extrait du rapport d’activité 2007 de la CNCCFP]
Deux séries de considérations doivent être prises en compte pour la comptabilisation
des dépenses de campagne.
D’une part, le point de départ de la période électorale : théoriquement, cette période
débute un an avant la date de l’élection, selon l’article L. 52-4 du Code électoral. Mais les
candidats n’entrent le plus souvent en campagne que quelques mois avant cette date, dès
qu’ils sont officiellement investis par leur parti. Les candidats qui considèrent, par principe,
pouvoir se déclarer sans passer par une formalité officielle d’investiture, disposent de fait
d’une période de campagne plus longue.
D’autre part, la nature du public auquel sont destinées les activités de campagne du
candidat : il faut ici distinguer d’une part, les militants et adhérents du parti et d’autre part,
les électeurs dans leur ensemble. Les dépenses consacrées uniquement aux premiers sont
considérées comme des dépenses internes aux partis politiques et ne doivent pas figurer
dans les dépenses du compte de campagne. En revanche, les dépenses consacrées à la
recherche des voix des électeurs doivent être inscrites dans les comptes des candidats.
Les décisions prises par la commission résultent de la combinaison de ces différentes
considérations.

a) La part des dépenses de parrainage

En vertu du I de l’article 3 de la loi no 62-1292 du 6 novembre 1962 modifiée, chaque


candidat doit être présenté par au moins 500 citoyens, membres du Parlement, conseillers
régionaux, conseillers à l’assemblée de Corse, conseillers généraux des départements, de
Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon, membres du Conseil de Paris, de l’assemblée de la
Polynésie française, du congrès et des assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie,
de l’assemblée territoriale des îles Wallis-et-Futuna, maires, maires délégués des
communes associées, maires des arrondissements de Lyon et Marseille, membres élus du
Conseil supérieur des Français de l’étranger, ressortissants français membres du
Parlement européen élus en France, présidents des organes délibérants des communautés
urbaines, des communautés d’agglomération et des communautés de communes.
Une candidature ne peut être retenue que si, parmi les signataires de la présentation,
figurent des élus d’au moins trente départements ou collectivités d’outre-mer, sans que plus
d’un dixième d’entre eux puissent être des élus d’un même département ou collectivité
d’outre-mer.
Aux termes de la loi précitée, les présentations devaient parvenir au Conseil
constitutionnel, au plus tard le sixième vendredi précédant le premier tour de scrutin à dix-
huit heures. Les candidats avaient donc jusqu’au vendredi 16 mars 2007 pour réunir les
cinq cents « parrainages » nécessaires.
Pour les candidats soutenus par un parti disposant d’un grand nombre d’élus, le recueil
de ces signatures ne présente aucune difficulté. Il n’en va pas de même pour les candidats
qui ne peuvent s’appuyer sur un important réseau d’élus et qui ont dû engager des frais
parfois élevés dans la recherche de ces parrainages. Or, tous les frais régulièrement
engagés par le candidat ou avec son accord pour recueillir les présentations nécessaires à
l’officialisation de sa candidature doivent être imputés au compte de campagne. Pour
certains candidats, comme M. Le Pen par exemple, les frais consacrés à la recherche de
parrainages ont affecté de manière sensible les dépenses de campagne.

b) Le traitement des congrès d’investiture et des autres réunions publiques


Le congrès d’investiture marque à la fois la fin du processus interne de désignation du
candidat à l’élection présidentielle par une formation politique et le début de sa campagne
électorale. Concernant les dépenses, il faut ici différencier celles engagées pour l’obtention
du suffrage des électeurs (dépenses électorales) et celles engagées dans le cadre de
manifestations internes au parti et visant à obtenir les suffrages des militants et adhérents
de celui-ci. Logiquement, le congrès d’investiture concerne pour partie ces derniers (jusqu’à
la désignation officielle du candidat) et pour partie les électeurs (après la désignation du
candidat). Ses dépenses devraient donc être prises en compte pour moitié dans le compte
de campagne. C’est la solution qui a été adoptée par exemple pour les congrès
d’investiture de M. Sarkozy (congrès de la Porte de Versailles du 14 janvier 2007) et de
Mme Royal (meeting de la Mutualité du 26 novembre 2006). Cependant, la commission a
aussi pris en compte des cas particuliers :
– si les résultats du processus de désignation du candidat du parti ont été connus
avant le congrès d’investiture, la commission a considéré que ledit congrès n’était que la
« régularisation » d’une désignation déjà effectuée et son coût total a été imputé au compte
de campagne. Ce fut le cas de M. Nihous, désigné par son parti le 4 août 2006, avant le
congrès de Cerny le 2 septembre 2006 ;
– la commission a accepté l’imputation totale des frais de certains meetings effectués
par des candidats non encore investis par leurs partis. Ainsi, la réunion publique de
Mme Royal à Vitrolles le 29 septembre 2006 a-t-elle été comptabilisée en totalité comme
dépense électorale. En effet, il a été considéré que cette manifestation, bien que liée à la
campagne interne du parti, devait être regardée comme présentant un caractère électoral
affirmé, Mme Royal y faisant l’annonce officielle de sa candidature ;
– il en est allé de même pour le meeting tenu par M. Sarkozy, le 18 décembre 2006, à
Charleville-Mézières, postérieurement à son annonce de candidature mais antérieurement
à sa désignation officielle par son parti. La commission a considéré que cette réunion
publique n’était pas une opération interne au parti mais était entièrement dédiée à l’élection
présidentielle et organisée pour l’obtention des suffrages des électeurs. Les dépenses liées
à cette réunion ont donc été inscrites en totalité dans le compte de campagne ;
– pour les candidats considérés comme candidats « naturels » de leur parti, et qui ne
sont pas passés par la formalité du « congrès d’investiture », leur déclaration officielle de
candidature marque le point de départ de la comptabilisation des dépenses. Mais ils ont été
soumis à la distinction faite par la commission entre les dépenses engagées lors des
manifestations habituelles de leurs partis et celles qui ont une finalité purement électorale.
Par exemple, la commission a conservé au titre des dépenses remboursables de
M. Le Pen, les frais liés à la « Convention présidentielle » de novembre 2006. Elle a, en
revanche, réformé la moitié des dépenses engagées à l’occasion de la « Fête de Jeanne
d’Arc » ou des « Journées d’études » de Saint-Martin-de-Crau, considérant que leur
incidence électorale n’effaçait pas totalement le caractère habituel de ces manifestations ;
– dans le même ordre d’idées, les dépenses de congrès postérieurs au congrès
d’investiture, logiquement imputables intégralement au compte de campagne, ont parfois
été ventilées différemment pour tenir compte de la nature des participants. Ainsi, les
congrès de Villepinte du 11 février 2007 et de la Porte de Versailles du 18 mars 2007 de
Mme Royal, n’ont été que partiellement imputés dans la mesure où ils concernaient en
partie des militants. »
(Source : CNCCFP, Rapport d’activités 2007, p. 22-24).

D. Ressources et dépenses électorales pour


la présidentielle de 2012

1. Les recettes des candidats pour la présidentielle


de 2012
« Selon les données du tableau portant sur l’origine des recettes,
l’architecture globale du financement des campagnes des candidats à
l’élection présidentielle de 2012 demeure proche de celle de 2007.
L’apport personnel représente toujours l’élément principal — avec
des différences notables selon les candidats — avec plus des deux
tiers des recettes des candidats. La contribution des formations
politiques constitue, sous des formes diverses, un cinquième du
financement de la campagne des candidats, si on ajoute aux
versements et aux dépenses payées directement les concours en
nature. Certaines évolutions peuvent néanmoins être soulignées : au
titre de l’apport personnel, le recours à l’emprunt bancaire croît chez
tous les candidats, quel que soit le pourcentage de voix obtenu, la
part des emprunts consentis par les partis baissant de manière
sensible. Cette évolution est nettement plus marquée chez les
candidats ayant obtenu moins de 5 % des suffrages exprimés dans la
mesure où la part des emprunts bancaires dans le financement de
leur campagne progresse de près de 14 %, celle des emprunts
consentis par les partis reculant de plus de 30 %.

2. Montant des recettes retenues par la CNCFP


Apport Contribution Concours
Dons Autres
personnel s des partis en nature
Recette Montan % Monta % Monta % Monta % Monta %
s t nt nt nt nt

1
Arthau 1 010 77 168 36 290 4 20 215
780 101 7 5 958 € 1% 2%
d 621 € % 057 € € % €
%

7 400 6 563 89 683 9 0,00 125 2 27 390


Bayrou 236 € 0,4 %
210 € 045 € % 652 € % 3% 887 € % €

Chemin 472 495 402 717 85 34 203 7 29 337 6


0€ 0 6 238 € 1%
ade € € % € % € %

Dupont
1 123 795 493 71 79 779 7 57 500 186 17
- 5% 7 357 € 1%
682 € € % € % € 553 € %
Aignan

Hollan 21 843 11 055 51 1 235 6 8 485 1 040 5 27 899


39 % 0,1 %
de 728 € 026 € % 369 € % 154 € 280 € % €

2
1 816 806 560 43 449 371 517 449 37 772 2
Joly 4 31 % 813 € 0,04 %
965 € € % € € € %
%

0
8 496 8 207 97 41 328 192 2 55 602
Le Pen ,5 0€ 0 1%
765 € 535 € % € 300 € % €
%

Mélenc 9 468 8 559 90 499 5 312 3 96 896


0€ 0 1%
hon 161 € 200 € % 801 € % 264 € % €

803 898 791 482 98 1 4 049


Poutou 0€ 0 0€ 0 8 367 € 1%
€ € % % €

2
Sarkoz 16 546 10 661 46 5 817 6 323 224 417 1 67 362
5 27 % 0,3 %
y 744 € 426 € % 956 € 771 € € % €
%

(Source : CNCCFP, Rapport d’activités 2012-2013, p. 158-167).

3. Les dépenses des candidats pour la présidentielle


de 2012
« La structure des dépenses engagées par les candidats lors du
scrutin de 2012 est relativement proche de celle du scrutin de 2007.
Il est néanmoins possible de mettre en exergue quelques évolutions.
Ainsi, l’organisation de réunions publiques constitue le premier
poste de dépense, en progression de plus de 6 % d’un scrutin à
l’autre. Il s’agit du principal vecteur de communication choisi par les
candidats, loin devant les documents de propagande (hors campagne
officielle), en recul de 2,42 %, et les dépenses liées à Internet, en
légère progression. Les candidats ont par ailleurs modéré les
dépenses relatives à la location des permanences électorales, aux
achats de fournitures et de marchandises, en baisse de 2,16 %.

Ventilation des dépenses déclarées


par les candidats en 2007 et 2012

Dépenses déclarées

2007 2012

Nature des dépenses € % € %

Propagande imprimée 39 178 367 49,73 39 052 828 48,97

Frais postaux et de contribution 8 879 548 11,27 9 042 418 11,34

Déplacements - restauration -
7 349 964 9,33 8 141 224 10,21
réception

Locaux -téléphone -
7 811 092 9,91 7 263 891 9,11
matériel - marchandises

Études et communication 3 201 870 4,06 4 054 000 5,08

Sites internet 2 527 792 3,21 3 172 029 3,98

Frais financiers - menues -


3 152 363 4,00 2 501 236 3,14
dépenses - frais divers

Frais de personnel 2 290 428 2,91 2 424 823 3,04

Réunions publiques 2 489 147 3,16 2 138 211 2,68

Frais d’expert-comptable 1 909 043 2,42 1 952 744 2,45


Total 78 789 614 100 79 743 404 100

(Source : CNCCFP, Rapport d’activités 2012-2013, p. 32-34).


V. Le contrôle des élections

Dans toute élection, les tentations existent d’orienter le résultat


par le recours à la fraude. Dans toute démocratie digne de ce nom,
des mécanismes sont prévus pour assurer la régularité du scrutin,
des sanctions si elle n’était pas respectée, et des institutions
indépendantes pour contrôler la première ou prononcer les
secondes.
D’emblée la Constitution a confié le contrôle de la régularité de
l’élection présidentielle au Conseil constitutionnel. Il s’ensuit que ce
dernier doit remplir un grand nombre de missions, qu’il s’agisse de
contribuer à l’organisation du scrutin que d’en assurer un
déroulement honnête. Les tâches du Conseil constitutionnel sont
donc multiples, tant en amont qu’en aval du scrutin proprement dit
(A).
Le Conseil n’est cependant pas seul dans l’accomplissement de
tâches aussi lourdes. Une partie d’entre elles ont été confiées à un
autre organe indépendant, la Commission nationale de contrôle de
la campagne (CNC). Nous avons vu par ailleurs que s’agissant du
financement des campagnes, une Commission nationale des
comptes de campagnes et des financements politiques (CNCCFP)
joue un rôle actif. Le Conseil constitutionnel garde cependant le
dernier mot, puisqu’il reste le juge ultime (B).
Les opérations de vote proprement dites constituent un moment
évidemment décisif. C’est à ce stade que le contrôle doit être le plus
serré, et il s’est renforcé au fil du temps. Le Conseil constitutionnel a
recours à des centaines de magistrats, qui deviennent ses délégués
pour surveiller le déroulement du scrutin (C).
Ainsi notre État de droit n’a-t-il cessé de se perfectionner. Des
anomalies ont pu subsister, et subsisteront encore, notamment dans
le très difficile contrôle des recettes de campagne. Au moins un
progrès important a-t-il été accompli sur un point essentiel.
Désormais, les fraudes lors de la collecte des résultats ont disparu,
ou sont devenues nettement plus difficiles, et donc marginales.

A. Les missions du Conseil constitutionnel

Constitution Ve République, article 58


« Le Conseil constitutionnel veille à la régularité de l’élection du
président de la République.
Il examine les réclamations et proclame les résultats du scrutin. »

Missions du Conseil constitutionnel définies


par lui-même
« S’agissant de l’élection présidentielle, et à la différence des élections législatives et
sénatoriales, et même des consultations référendaires (toutes élections dont le contentieux
lui incombe), le Conseil constitutionnel est mobilisé en amont et en aval du scrutin
présidentiel.
En amont, parce que le Conseil constitutionnel doit :
– émettre un avis sur tous les actes préparatoires à l’élection (décrets, décisions
réglementaires, circulaires, procès-verbaux et autres documents officiels) ;
– élaborer le formulaire de « parrainage » ; préparer la chaîne de traitement des
« parrainages », notamment sur le plan informatique ; traiter les présentations ; effectuer
toutes vérifications nécessaires ; dresser la liste des candidats ; régler le contentieux de la
liste ; (à partir de 2017) publier au Journal officiel la totalité des présentations pour chaque
candidat (et non plus seulement 500 tirées au sort) ;
– (jusqu’en 2006) : élaborer et faire imprimer les documents relatifs aux comptes de
campagne (reçus dons, mémento du mandataire financier, cadre comptable) ; (supprimé
après 2006) ;
– répondre aux questions posées par l’entourage proche des candidats, les institutions
et la presse, et diffuser une information en direction du public (site internet) ;
– mettre en place la logistique (notamment informatique) du recensement national des
votes, en relation avec le ministère de l’intérieur ;
– observer les événements de la campagne (au travers du dépouillement de la presse
quotidienne nationale et régionale) ;
– désigner ses délégués (1 400 magistrats judiciaires) pour suivre sur place les
opérations électorales ; les informer et les indemniser ;
– assurer une permanence téléphonique les jours du scrutin (essentiellement à
l’intention de ses délégués) ;
Au lendemain de chaque tour, le Conseil recense les résultats (il fait donc office de
commission nationale de recensement), examine les réclamations ainsi que le rapport de
ses délégués, rectifie puis proclame les résultats.
En aval du scrutin, le Conseil remplissait avant 2006 les fonctions qu’assure la
Commission nationale de contrôle des comptes de campagne et des financements
politiques (CCFP) pour les autres élections (examen des comptes de campagne et de la
régularité des dons des personnes physiques).
Depuis 2006, « le Conseil constitutionnel est juge de “plein contentieux”, sur recours
des candidats, des décisions rendues sur leurs comptes de campagne par la Commission
nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Les décisions du Conseil constitutionnel sont publiées au Journal officiel. S’agissant de
l’élection présidentielle, la méconnaissance de la législation sur le financement de la
campagne est sanctionnée non par l’inéligibilité, mais par la perte du remboursement
forfaitaire. »
(Source : http://www.conseil-constitutionnel.fr/)

Les principales étapes (2012)

Calendrier électoral pour 2012


vendredi 24 février publication du décret de convocation des électeurs
= date d’envoi des parrainages par l’administration aux
élus
= date de réception par le Conseil

vendredi 16 mars date limite de réception des parrainages (18 heures)

publication de la liste des candidats


lundi 19 mars
et éventuelles réclamations contre la liste des candidats

lundi 9 avril début de la campagne électorale

mardi 10 avril publication des parrainages

vendredi 20 avril fin de la campagne électorale

dimanche 22 avril premier tour de l’élection présidentielle

mercredi 25 avril déclaration des résultats du premier tour

vendredi 27 avril liste des candidats au second tour

dimanche 6 mai second tour de l’élection présidentielle

jeudi 10 mai proclamation des résultats

(Source : http://www.conseil-constitutionnel.fr/)

B. Le contrôle de la régularité de la campagne


électorale (CNC)

Décret d’application de la loi no 62-1292,


relative à l’élection du président
de la République au suffrage universel
(version du 8 mars 2001, mod.)
Article 10
Conformément aux dispositions organiques du IV de l’article 3 de
la loi du 6 novembre 1962 susvisée, tous les candidats bénéficient de
la part de l’État des mêmes facilités pour la campagne en vue de
l’élection présidentielle.
Une Commission nationale de contrôle de la campagne électorale
veille au respect desdites dispositions. Elle exerce les attributions
prévues aux articles suivants. Elle intervient, le cas échéant, auprès
des autorités compétentes pour que soient prises toutes mesures
susceptibles d’assurer l’égalité entre les candidats et l’observation
des règles édictées au présent titre. Elle transmet d’office à la
Commission nationale des comptes de campagne et des
financements politiques les irrégularités portées à sa connaissance
susceptibles d’affecter les comptes de campagne des candidats.

Cette commission comprend cinq membres :


– le vice-président du Conseil d’État, président ;
– le premier président de la Cour de cassation ;
– le premier président de la Cour des comptes ;
– deux membres en activité ou honoraires du Conseil d’État, de la
Cour de cassation ou de la Cour des comptes, désignés par les trois
membres de droit.

Les membres de droit sont, en cas d’empêchement, remplacés par


ceux qui les suppléent normalement dans leur corps ; les deux autres
membres de la commission sont, le cas échéant, remplacés par des
suppléants désignés dans les mêmes conditions qu’eux.
La commission peut s’adjoindre des rapporteurs pris parmi les
membres du Conseil d’État, de la Cour de cassation ou de la Cour des
comptes.
Elle est assistée de quatre fonctionnaires :
– un représentant du ministre de l’Intérieur ;
– un représentant du ministre chargé de l’Outre-mer ;
– un représentant du ministre chargé des Postes ;
– un représentant du ministre chargé de la Communication.

Ces fonctionnaires peuvent être remplacés, en cas


d’empêchement, par des fonctionnaires désignés dans les mêmes
conditions qu’eux.
La Commission nationale de contrôle est installée le lendemain
du jour de la publication du décret portant convocation des
électeurs6.

C. Le contrôle des opérations de vote (Conseil


constitutionnel)

Les délégués du Conseil constitutionnel


L’article 58 de la Constitution donne au Conseil constitutionnel la mission de veiller « à
la régularité de l’élection du président de la République ».
Cette mission a été précisée par des dispositions législatives de rang organique.

Ainsi, le premier alinéa du III de la loi no 62-1292 du 6 novembre 1962 relative à


l’élection du président de la République au suffrage universel dispose que : « Le Conseil
constitutionnel veille à la régularité des opérations et examine les réclamations dans les
mêmes conditions que celles fixées pour les opérations de référendum par les articles 46,
48, 49, 50 de l’ordonnance no 58-1067 du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le
Conseil constitutionnel ».
L’article 48 de l’ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil
constitutionnel prévoit notamment que : « Le Conseil constitutionnel peut désigner un ou
plusieurs délégués choisis, avec l’accord des ministres compétents, parmi les magistrats de
l’ordre judiciaire ou administratif et chargés de suivre sur place les opérations ».
Ces magistrats, dont la mission est précisée par le Conseil constitutionnel, sont
défrayés de leurs dépenses, ils disposent d’un ordre de mission délivré par leur président
de Cour ou leur chef de juridiction.
Ils visitent les bureaux de vote et s’assurent de la régularité des opérations. Ils
adressent au besoin des observations au président du bureau. Si celles-ci ne sont pas
prises en compte, ils en font mention au procès-verbal et en font rapport au Conseil
constitutionnel.
En tant que de besoin, ils peuvent faire parvenir au Conseil constitutionnel un rapport.
En cours d’inspection, ils peuvent se mettre en rapport par téléphone avec les services
du Conseil constitutionnel pour obtenir tout renseignement ou éclaircissement nécessaire à
l’accomplissement de leur mission.
Les magistrats judiciaires délégués du Conseil peuvent cumuler cette fonction avec
d’autres attributions relatives à l’élection (par exemple, la participation à la commission
départementale de recensement).
Selon les scrutins (présidentiels ou référendaires), leur nombre est compris
entre 1 000 et 2 000.
Outre-mer, il est également fait appel à des délégués membres de la juridiction
administrative pour contrôler sur place les opérations de vote.
Des représentants communs au Conseil constitutionnel et à la Commission nationale
de contrôle de l’élection présidentielle sont en outre désignés pour superviser outre-mer les
opérations de propagande électorale et de vote au nom des deux organismes.

Information des délégués sur leurs missions


C’est également par le Conseil que les magistrats sont renseignés sur la nature de
leurs missions.
1. Information des premiers présidents de cour d’appel, des
présidents de tribunal supérieur d’appel et des présidents de
tribunal administratif
Le Conseil joint à l’ordre de mission qu’il envoie aux premiers présidents de cour
d’appel, aux présidents de tribunal supérieur d’appel et aux présidents de tribunal
administratif une lettre nominative et des documents qui exposent de manière plus précise
et plus complète qu’en 2002 les tâches qui leur incombent.
Pour l’essentiel, leur mission consiste :
– à désigner les délégués parmi les magistrats de leur ressort et à recueillir tous les
renseignements utiles relatifs au déroulement des opérations de vote afin de leur permettre
d’établir le rapport qu’ils doivent faire parvenir le lendemain du tour de scrutin au Conseil
constitutionnel ;
– à désigner les membres des commissions départementales de recensement, étant
précisé que les magistrats délégués peuvent également faire partie de ces commissions de
recensement.
Il leur est par ailleurs vivement recommandé d’organiser une permanence pour chaque
ressort de cour d’appel, en vue de régler immédiatement, lorsque c’est possible, les
difficultés rencontrées lors du contrôle exercé dans les bureaux de vote par les magistrats
délégués. Le Conseil ne prendra pas en charge les frais de secrétariat de ces
permanences.
2. Information des autres magistrats délégués
Des notices exposent de manière précise, d’une part, le rôle des magistrats délégués
désignés par leur chef de juridiction, d’autre part, le rôle des commissions de recensement.
La diffusion de ces documents est assurée par les premiers présidents de cour d’appel,
les présidents de tribunal supérieur d’appel et les présidents de tribunal administratif.
Au demeurant, l’attention de l’ensemble des magistrats est appelée sur le fait qu’ils
trouveront sur le site Internet du Conseil une information aussi complète que possible et
constamment actualisée (/dossier/presidentielles/2007/index.htm).
a) Note précisant les missions des délégués
En vertu de l’article 22, alinéa 3, du décret no 2001- 213 du 8 mars 2001, modifié à
cette fin par un décret du 21 avril 2006, les délégués désignés par le Conseil constitutionnel
ont accès aux bureaux de vote et peuvent mentionner leurs observations au procès-verbal
des opérations de vote.
Afin de favoriser le caractère effectif du contrôle, il est demandé aux délégués
d’apposer systématiquement leur nom et l’heure de leur passage sur ce procès-verbal. Un
emplacement à cet effet figure à sa dernière page.
Leur ligne de conduite est la suivante :
– ils doivent inviter le président du bureau de vote à faire cesser les irrégularités qu’ils
constatent lors de leur passage ;
– ils doivent rendre compte à leur chef de juridiction et, s’ils l’estiment nécessaire, au
Conseil constitutionnel : des irrégularités de nature à porter atteinte à la sincérité du
scrutin ; de tout obstacle apporté par le président ou par des membres du bureau de vote à
leur mission ; de toute irrégularité qui ne cesserait pas malgré leur intervention à cet effet.
Le soir du scrutin, ils doivent transmettre au chef de cour ou de juridiction qui les a
désignés la liste des bureaux de vote visités ainsi que leurs observations éventuelles.
Il est bien précisé que leurs observations n’ont pas à être communiquées
systématiquement au Conseil constitutionnel. Seules doivent être signalées de cette façon
les irrégularités susceptibles d’affecter les résultats d’un bureau de vote ou celles que
l’intervention des délégués n’aura pas permis d’éviter.
Cette recommandation a pour objet de permettre au Conseil de se concentrer sur les
problèmes les plus sérieux.
Pour qu’elles puissent être utilement exploitées, les délégués doivent faire parvenir ces
observations au Conseil constitutionnel le jour même du scrutin ou le lendemain au plus
tard :
– soit par télécopie (01 40 15 30 80 ; 01 40 20 93 27),
– soit par courrier électronique.
b) notice rappelant le rôle des commissions départementales de
recensement des votes
Les commissions départementales de recensement, également composées de
magistrats, sont exclusivement chargées de recenser les résultats et de statuer sur la
validité des bulletins de vote. La notice rappelle de manière nette qu’elles n’ont pas pour
mission de trancher les réclamations des électeurs. Cette mission relève de la compétence
exclusive du Conseil constitutionnel.
(Source : http://www.conseil-constitutionnel.fr/)
VI. La campagne pour le premier tour

Le principe d’égalité de traitement des candidats a été adopté


dès l’instauration de l’élection directe du président de la République.
Il implique que chacun dispose des mêmes moyens matériels fournis
par l’État et des mêmes temps de parole lors de la campagne
audiovisuelle (A). Le général de Gaulle a personnellement pris cette
décision, alors que son ministre de l’Information envisageait un
temps de parole en fonction de la représentation parlementaire.
Pour le fondateur de la Ve République, cette référence renvoyait
trop aux partis dont il voulait que l’élection présidentielle ne soit pas
dépendante.
Le même souci de placer autant que possible les candidats sur
pied d’égalité inspire, au grand dam de certains publicitaires,
l’interdiction de la publicité politique à la télévision et celle de toute
publicité commerciale à l’approche du scrutin (B).
La campagne électorale à la radio et à la télévision est l’objet
d’une réglementation minutieuse, qui a évolué au fur et à mesure
des transformations du paysage audiovisuel. Elle concerne d’une
part les temps de parole et modes d’expression lors de la campagne
officielle radio-télédiffusée, d’autre part le traitement des candidats
lors de la pré-campagne (C).
Les sondages n’ont pas été réglementés à l’origine. Devant leur
importance croissante dans la campagne, le législateur a décidé
d’intervenir. Il a introduit des exigences, des contrôles, par une
Commission créée à cette fin, et des périodes d’interdiction de
publication, d’abord la semaine précédant le scrutin, puis la veille
du vote (D).
Des modes de propagande variés sont utilisés par les différents
candidats. Chacun tente ainsi de se distinguer de ses rivaux par le
choix de slogans, que les électeurs découvrent dans les affiches
apposées sur les panneaux électoraux et dans les professions de foi
qui leur sont envoyées (E).

A. Le principe d’égalité de traitement des candidats

Loi du 6 novembre 1962, article 3


« Tous les candidats bénéficient, de la part de l’État, des mêmes
facilités pour la campagne en vue de l’élection présidentielle. Un
règlement d’administration publique fixe les modalités d’application
des présentes dispositions organiques ».

Décret no 64-231 du 14 mars 1964


portant règlement d’administration publique pour l’application de
la loi no 62-1292, relative à l’élection du président de la République
au suffrage universel

Article 10
Conformément aux dispositions organiques de l’article 3-IV de la
loi du 6 novembre 1962, tous les candidats bénéficient de la part de
l’État des mêmes facilités pour la campagne en vue de l’élection
présidentielle.

B. L’interdiction de la publicité politique


Code électoral
interdiction de la publicité politique à la télévision et la
prohibition de la vente d’espace publicitaire à des formations
politiques

Article 52-1
– de 1966 à 1985 : « Pendant la durée de la campagne électorale,
est également interdite l’utilisation, à des fins de propagande
électorale de tout procédé de publicité commerciale par la voie de la
presse »,
– de 1985 à 1990 : « Pendant la durée de la campagne électorale,
est également interdite l’utilisation, à des fins de propagande
électorale de tout procédé de publicité commerciale par la voie de la
presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle7 »,
– de 1990 à aujourd’hui : « Pendant les trois mois précédant le
premier jour du mois d’une élection et jusqu’à la date du tour de
scrutin où celle-ci est acquise, l’utilisation à des fins de propagande
électorale de tout procédé de publicité commerciale par la voie de la
presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle est
interdite ».

C. La campagne radio-télédiffusée
De 1965 à 1981 (ORTF)
(application du Décr. du 14 mars 1964)
Introduction pour l’élection présidentielle la notion de
« campagne officielle » (art. 12). Chaque candidat dispose pour le
premier et le second tours de scrutin de deux heures de TV et de
deux heures de radio. Ces durées peuvent être réduites, par décision
de la commission, selon le nombre de candidats. Le candidat doit
utiliser ces heures d’émission personnellement, sauf à faire appel à la
participation de partis ou de groupement politiques dont l’action
s’étend à l’ensemble national, et habilité par la Commission
nationale de contrôle (CNC).

En ce qui concerne les émissions autres que celles de la


campagne officielle, le décret du 14 mars 1964 prévoit que
« pendant la durée de la campagne électorale, le principe d’égalité
entre les candidats doit être respecté dans les programmes
d’information de la RTF en ce qui concerne la reproduction ou les
commentaires des déclarations et écrits des candidats et la
présentation de leur personne » (art. 12).
NB : jusqu’en 1974, présence de membre de la CNC lors de la
réalisation des émis- sions d’information. En 1981, la CNC se borne à
procéder à des écoutes systématiques des bulletins d’information de
l’ORTF.

Loi no 86-1067 du 30 septembre 1986


(libéralisation de l’audiovisuel)
création de la CNCL, qui « adresse des recommandations aux
exploitants des services de communication audiovisuelle autorisés
en vertu de la présente loi », et ce « pour la durée des campagnes
électorales8 ». Introduction de phases successives de campagne
relevant d’une réglementation progressivement plus sévère et
distinguant les émissions liées à l’actualité électorale de celle qui
n’en relèvent pas.

1988-2017
Contexte : fin du monopole de l’audiovisuel public, qui
garantissait une audience aux campagnes radiodiffusées (diffusion
simultanée sur trois antennes). Nouvelle concurrence des contre-
programmations des chaînes privées. Existence de précampagnes
de plus en plus précoces, avec une législation souple qui contraste
avec la rigidité juridique des émissions de campagne officielles.
D’où le besoin de les moderniser.

Recommandations et principes
de la CNCL en vue de l’élection
présidentielle de 1988
(1er janv. au 22 févr. 1988) (du 22 févr. au 11 avr. 1988)9 campagne officielle
(du 11 avr. au 6 mai 1988)

– règle des trois tiers : un – actualité liée à la campagne : – principe d’égalité


tiers gouvernement, un tiers « traitement équilibré dans le ton stricte en application de
majorité, un tiers opposition comme dans le temps doit être assuré l’article 12 du décret du
(interventions du président entre les candidats, déclarés ou 14 mars 1964, modifié par le
n’étant pas prises en compte) présumés, ainsi que ceux qui les décret du 6 janvier 1988
soutiennent »
– relevé de temps de parole dans
l’ensemble des programmes – actualité non liée à la campagne :
rendu public règle des trois tiers
– décompte des temps consacrés aux
personnalités politiques rendu public

Recommandations et principes
du CSA en vue de l’élection présidentielle
de 1995
(jusqu’au 31 déc. 199410) (du 1er janv. au 9 avr. 1995)11 campagne officielle
(du 10 avr. au 5 mai 1995)

– règle des trois tiers : un – concernant l’ensemble des – principe d’égalité


tiers gouvernement, un tiers interventions des candidats et les stricte en application de
majorité, un tiers opposition interventions de soutien à leur l’article 12 du décret du
candidature : les comptes rendus, 14 mars 1964, modifié
– règle des trois tiers s’apprécie
commentaires et présentations doivent
mois par mois pour les JT et au
être exposés par les rédactions dans un
31 décembre pour les magazines
souci constant d’équilibre
+ JT : l’équilibre doit être respecté
édition par édition
+ Magazine : le CSA demande aux
services de TV d’être attentifs à leur
politique d’invitation des candidats et
ceux qui les soutiennent afin de parvenir
à l’équilibre sur l’ensemble de la période

Recommandations et principes
du CSA en vue de l’élection présidentielle
de 2002
pré-campagne (1er janv. au 7 avr. 2002)12 campagne officielle
(du 8 avr. au 3 mai 2002)

– pour les propos ne relevant pas de l’actualité électorale, le – principe d’égalité stricte en application
« principe de référence » défini par le CSA, qui permet de l’article 15 du décret du 8 mars 2001
d’apprécier le respect du pluralisme pendant les périodes portant application de la loi du 6 novembre
non électorales ; équilibre entre le temps d’intervention du 1962 relative à l’élection du président de la
gouvernement, de la majorité parlementaire et de République au suffrage universel
l’opposition parlementaire
– décompte par le CSA des temps consacrés
– pour les propos relevant de l’actualité électorale, aux candidats déclarés ou présumés et de leurs
présentation et accès équitables à l’antenne des candidats soutiens pour les chaînes hertziennes.
déclarés ou présumés13 et de ceux qui les soutiennent
– décompte par le CSA des temps consacrés aux candidats
déclarés ou présumés et de leurs soutiens pour les chaînes
hertziennes
Recommandations et principes
du CSA en vue de l’élection présidentielle
de 2007
période préliminaire période intermédiaire campagne officielle
(1er déc. 2006 au 18 mars 2007)14 (du 19 mars au 8 avr. 2007) (du 9 avr. au 4 mai 2007)

– les services de radio et de – les services de radio et de télévision – principe d’égalité


télévision veillent à une veillent à appliquer aux candidats et à stricte en application de
présentation et à un accès leurs soutiens : l’article 15 du décret du
équitables à l’antenne des 8 mars 2001 portant
+ le principe d’équité en ce qui
candidats déclarés ou présumés application de la loi du
concerne le temps d’antenne,
et de ceux qui les soutiennent ; 6 novembre 1962 relative à
l’équité s’applique au temps + le principe d’égalité en ce qui l’élection du président de la
d’antenne et au temps de parole. concerne le temps de parole15. République au suffrage
ce principe d’égalité implique que les universel
– décompte par le CSA des temps
consacrés aux candidats déclarés temps de parole des candidats et de – décompte par le CSA des
ou présumés et de leurs soutiens leurs soutiens soient égaux temps consacrés aux
pour les chaînes hertziennes – décompte par le CSA des temps candidats déclarés ou
consacrés aux candidats déclarés ou présumés et de leurs
présumés et de leurs soutiens pour les soutiens pour les chaînes
chaînes hertziennes hertziennes

Recommandations et principes
du CSA en vue de l’élection présidentielle
de 2012
période préliminaire période intermédiaire campagne officielle
(1er janv. 2012 au 18 mars 2012)16 (du 19 mars au 8 avr. 2012) (du 9 avr. au 4 mai 2012)

– les services de radio et de – les services de radio et de télévision – principe d’égalité


télévision veillent à une veillent à appliquer aux candidats et à stricte en application de
présentation et à un accès leurs soutiens : l’article 15 du décret du
équitables à l’antenne des 8 mars 2001 portant
+ le principe d’équité en ce qui
candidats déclarés ou présumés application de la loi du
concerne le temps d’antenne,
et de ceux qui les soutiennent. 6 novembre 1962 relative à
L’équité s’applique au temps + le principe d’égalité en ce qui l’élection du président de la
d’antenne et au temps de parole concerne le temps de parole. République au suffrage
ce principe d’égalité implique que les universel
– décompte par le CSA des temps
consacrés aux candidats déclarés temps de parole des candidats et de – décompte par le CSA des
ou présumés et de leurs soutiens leurs soutiens soient égaux temps consacrés aux
pour les chaînes hertziennes – décompte par le CSA des temps candidats déclarés ou
consacrés aux candidats déclarés ou présumés et de leurs
présumés et de leurs soutiens pour les soutiens pour les chaînes
chaînes hertziennes hertziennes

Recommandations et principes
du CSA en vue de l’élection présidentielle
de 2017

1. Une redéfinition des notions de temps de parole


et de temps d’antenne

Conférence de presse du CSA « Adaptation


des règles du pluralisme politique pour
la campagne présidentielle de 2017 »
« Le temps de parole comprend désormais, sauf circonstances
exceptionnelles, toutes les interventions d’un candidat et les
interventions de soutien à sa candidature, et non plus celles se
rapportant exclusivement à l’actualité électorale proprement dite.
Par ailleurs, sauf circonstances exceptionnelles, les propos du
président de la République tenus hors du cadre de ses missions
régaliennes, s’il est candidat, seront considérés comme relevant de
l’actualité liée à l’élection.
Le périmètre du temps d’antenne a été redéfini dans le sens
d’une approche moins restrictive que celle établie en 2012. Ainsi, les
séquences (y compris les éditoriaux et les commentaires politiques,
les débats réunissant des journalistes, des experts ou d’autres
personnes, les revues de presse, les analyses et les présentations de
sondages d’opinion) seront prises en compte lorsqu’elles
concerneront pour l’essentiel de leur durée un seul candidat et ne lui
seront pas explicitement défavorables. »
2. Les différentes périodes
période préliminaire période intermédiaire campagne officielle
(1er févr. au 19 mars 2017)17 (du 20 mars au 9 avr. 2017) (du 10 avr. au 5 mai 2017)

– les services de radio et de – les services de radio et de – principe d’égalité stricte en


télévision veillent à une télévision veillent à une application de l’article 15 du décret
présentation et à un accès présentation et à un accès du 8 mars 2001 portant application
équitables à l’antenne des équitables18 à l’antenne des de la loi du 6 novembre 1962
candidats déclarés ou présumés candidats déclarés ou présumés relative à l’élection du président de
et de ceux qui les soutiennent. et de ceux qui les soutiennent. la
L’équité s’applique au temps L’équité s’applique au temps République au suffrage universel
d’antenne et au temps de parole d’antenne et au temps de parole – décompte par le CSA des temps
– décompte par le CSA des temps – décompte par le CSA des consacrés aux candidats déclarés ou
consacrés aux candidats déclarés temps consacrés aux candidats présumés et de leurs soutiens pour
ou présumés et de leurs soutiens déclarés ou présumés et de leurs les chaînes hertziennes
pour les chaînes hertziennes soutiens pour les chaînes
hertziennes

3. Publicité des relevés de temps de parole


et d’antenne et accélération de leurs fréquences

Conférence de presse du CSA « Adaptation


des règles du pluralisme politique pour
la campagne présidentielle de 2017 »
« Le projet de recommandation [du CSA] modifie le calendrier de
transmission du relevé des temps de parole et des temps d’antenne
en accélérant sa fréquence. Celle-ci serait notamment hebdomadaire
dès la mi-février et quotidienne au cours de la semaine qui précède
chaque tour du scrutin. Les relevés transmis par les éditeurs seront
publiés sur le site internet du Conseil.
L’obligation faite au Conseil, en application de la loi organique du
25 avril 2016, de publier, à compter de la publication de la liste des
candidats, le relevé des temps de parole et des temps d’antenne des
candidats et de leurs soutiens constitue une nouveauté par rapport
au texte de 2012. Dans les faits, elle rejoint la pratique qui a toujours
été celle du Conseil : celui-ci publiera les relevés à compter du
1er février. »

D. Les sondages d’opinion

Loi no 77-808 du 19 juillet 1977 relative


à la publication et à la diffusion de certains
sondages d’opinion 19
Section I. Dispositions générales
Article 1er (mod. par L. no 2016-508 du 25 avr. 2016, art. 6)
Un sondage est, quelle que soit sa dénomination, une enquête statistique visant à
donner une indication quantitative, à une date déterminée, des opinions, souhaits, attitudes
ou comportements d’une population par l’interrogation d’un échantillon.
Sont régis par la présente loi les sondages publiés, diffusés ou rendus publics sur le
territoire national, portant sur des sujets liés, de manière directe ou indirecte, au débat
électoral.
Les personnes interrogées sont choisies par l’organisme réalisant le sondage de
manière à obtenir un échantillon représentatif de la population concernée.
Sont assimilées à des sondages pour l’application de la présente loi les opérations de
simulation de vote réalisées à partir de sondages liés au débat électoral.
Section II. Du contenu des sondages
Article 2 (mod. par L. no 2016-508 du 25 avr. 2016, art. 6)
La première publication ou la première diffusion de tout sondage défini à l’article
1er est accompagnée des indications suivantes, établies sous la responsabilité de
l’organisme qui l’a réalisé :

1o le nom de l’organisme ayant réalisé le sondage ;

2o le nom et la qualité du commanditaire du sondage ou de la partie du sondage, ainsi


que ceux de l’acheteur s’il est différent ;

3o le nombre de personnes interrogées ;

4o la ou les dates auxquelles il a été procédé aux interrogations ;


5o le texte intégral de la ou des questions posées sur des sujets mentionnés au
deuxième alinéa de l’article 1er ;

6o une mention précisant que tout sondage est affecté de marges d’erreur ;

7o les marges d’erreur des résultats publiés ou diffusés, le cas échéant par référence à
la méthode aléatoire ;

8o une mention indiquant le droit de toute personne à consulter la notice prévue à


l’article 3.

Les informations mentionnées aux 5o et 7o peuvent figurer sur le service de


communication au public en ligne de l’organe d’information qui publie ou diffuse le sondage.
Dans ce cas, l’organe d’information indique l’adresse internet de ce service.

Article 3 (mod. par L. no 2016-508 du 25 avr. 2016, art. 6)

Avant la publication ou la diffusion de tout sondage défini à l’article 1er, l’organisme qui
l’a réalisé procède au dépôt auprès de la commission des sondages instituée en application
de l’article 5 d’une notice précisant au minimum :

1o toutes les indications figurant à l’article 2 ;

2o l’objet du sondage ;

3o la méthode selon laquelle les personnes interrogées ont été choisies, le choix et la
composition de l’échantillon ;

4o les conditions dans lesquelles il a été procédé aux interrogations ;

5o la proportion des personnes n’ayant pas répondu à l’ensemble du sondage et à


chacune des questions ;

6o s’il y a lieu, la nature et la valeur de la gratification perçue par les personnes


interrogées ;

7o s’il y a lieu, les critères de redressement des résultats bruts du sondage.


Dès la publication ou la diffusion du sondage :
– toute personne a le droit de consulter auprès de la commission des sondages la
notice prévue par le présent article ;
– cette commission rend publique cette notice sur son service de communication au
public en ligne.

Article 4 (mod. par L. no 2016-508 du 25 avr. 2016, art. 6)


L’organisme ayant réalisé un sondage défini à l’article 1er remet à la commission des
sondages instituée en application de l’article 5, en même temps que la notice, les
documents sur la base desquels le sondage a été publié ou diffusé.

Section III. De la commission des sondages


Article 5 (mod. par L. no 2016-508 du 25 avr. 2016, art. 6)
Il est institué une commission des sondages chargée d’étudier et de proposer des
règles tendant à assurer dans le domaine de la prévision électorale l’objectivité et la qualité
des sondages publiés ou diffusés tels que définis à l’article 1er.
La commission a tout pouvoir pour vérifier que les sondages définis à l’article 1er ont
été commandés, réalisés, publiés ou diffusés conformément à la présente loi et aux textes
réglementaires applicables.

Article 6 (mod. par Décis. no 2009-215 L du 12 févr. 2009, v. init., mod. par Décr.
no 2009-188 du 18 févr. 2009, — art. 1er)
La commission des sondages est composée de membres désignés par décret, en
nombre égal et impair, parmi les membres du Conseil d’État, de la Cour de cassation et de
la Cour des comptes.
Deux personnalités qualifiées en matière de sondages sont également désignées par
décret. Ces personnes ne doivent pas avoir exercé d’activité dans les trois années
précédant leur nomination dans un organisme réalisant des sondages tels que définis à
l’article 1er.

Article 7 (créé par L. no 77-808 du 19 juill. 1977, JO 20 juill. 1977, rectificatif JO 7


oct. 1977)
Nul ne peut réaliser des sondages, tels que définis à l’article 1er et destinés à être
publiés ou diffusés, s’il ne s’est engagé, par une déclaration préalablement adressée à la
commission des sondages, à appliquer les dispositions de la présente loi et les textes
réglementaires pris en application de l’article 5 ci-dessus.

Nul ne peut publier ou diffuser les résultats d’un sondage, tel que défini à l’article 1er,
s’il a été réalisé sans que la déclaration prévue à l’alinéa qui précède n’ait été
préalablement souscrite.

Article 8 (créé par L. no 77-808 du 19 juill. 1977, JO 20 juill. 1977, rectificatif JO 7 oct.
1977)
La commission des sondages a tout pouvoir pour vérifier que les sondages tels que
définis à l’article er ont été réalisés et que leur vente s’est effectuée conformément à la loi
et aux textes réglementaires applicables.

Article 9 (mod. par L. no 2016-508 du 25 avr. 2016, art. 6)


La commission des sondages peut, à tout moment, ordonner à toute personne qui
publie ou diffuse un sondage défini à l’article 1er commandé, réalisé, publié ou diffusé en
violation de la présente loi et des textes réglementaires applicables ou en altérant la portée
des résultats obtenus, de publier ou de diffuser une mise au point ou, le cas échéant, de
mentionner les indications prévues à l’article 2 qui n’auraient pas été publiées ou diffusées.
La mise au point est présentée comme émanant de la commission. Elle est, suivant le cas,
diffusée sans délai et de manière que lui soit assurée une audience équivalente à celle de
ce sondage, ou insérée dans le plus prochain numéro du journal ou de l’écrit périodique à la
même place et en mêmes caractères que l’article qui l’a provoquée et sans aucune
intercalation.
En outre, lorsque la publication, la diffusion ou le commentaire du sondage est
intervenu pendant la semaine précédant un tour de scrutin, les sociétés nationales de
programme programment et diffusent sans délai la mise au point de la commission des
sondages, sur demande écrite de celle-ci.

Article 10 (créé par L. no 77-808 du 19 juill. 1977, JO 20 juill. 1977, rectificatif JO 7 oct.
1977)
Les décisions de la commission des sondages donnent lieu à notification et à
publication. Elles sont, notamment, transmises aux agences de presse.
Elles sont susceptibles de recours devant le Conseil d’État.

Section IV. Dispositions spéciales applicables en période


électorale
Article 11 (mod. par L. no 2016-508 du 25 avr. 2016, art. 6)
En cas d’élections générales et de référendum, la veille et le jour de chaque scrutin,
aucun sondage électoral ne peut faire l’objet, par quelque moyen que ce soit, d’une
publication, d’une diffusion ou d’un commentaire. Pour l’élection du président de la
République, l’élection des députés et l’élection des représentants au Parlement européen
ainsi que pour les référendums nationaux, cette interdiction prend effet sur l’ensemble du
territoire national à compter du samedi précédant le scrutin à zéro heure. Cette interdiction
prend fin à la fermeture du dernier bureau de vote sur le territoire métropolitain.
En cas d’élections partielles, cette interdiction ne s’applique qu’aux sondages
électoraux portant directement ou indirectement sur les scrutins concernés et prend fin à la
fermeture du dernier bureau de vote de la circonscription électorale concernée.
Cette interdiction ne fait obstacle ni à la poursuite de la diffusion de sondages publiés
avant la veille de chaque scrutin ni au commentaire de ces sondages, à condition que
soient indiqués la date de première publication ou diffusion, le média qui les a publiés ou
diffusés et l’organisme qui les a réalisés.

Section V. Dispositions diverses


Article 12 (mod. par L. no 2016-508 du 25 avr. 2016, art. 6)
Est puni d’une amende de 75 000 € :

1o le fait d’utiliser le mot : « sondage » pour des enquêtes portant sur des sujets liés,
de manière directe ou indirecte, au débat électoral et qui ne répondent pas à la définition du
sondage énoncée à l’article 1er ;

2o le fait de commander, réaliser, publier ou laisser publier, diffuser ou laisser diffuser


un sondage en violation de la présente loi et des textes réglementaires applicables ;

3o le fait de ne pas publier ou diffuser une mise au point demandée par la commission
des sondages en application de l’article 9 ou de la publier ou de la diffuser dans des
conditions contraires à ce même article ;

4o le fait d’entraver l’action de la commission des sondages dans l’exercice de sa


mission de vérification définie à l’article 5.
La décision de justice est publiée ou diffusée par les mêmes moyens que ceux par
lesquels il a été fait état du sondage publié ou diffusé en violation de la présente loi.

Article 13 (créé par L. no 77-808 du 19 juill. 1977, JO 20 juill. 1977, rectificatif JO 7 oct.
1977)
Les conditions d’application de la présente loi sont fixées, en tant que de besoin, par
décret en Conseil d’État.
La présente loi sera exécutée comme loi de l’État.

Article 14 (mod. par L. no 2016-508 du 25 avr. 2016, art. 6)


La présente loi est applicable en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et dans
les îles Wallis et Futuna.
Pour l’application du premier alinéa de l’article 11 dans les collectivités régies par
l’article 73 et l’article 74 de la Constitution et en Nouvelle-Calédonie, cette interdiction prend
fin à la fermeture du dernier bureau de vote de la collectivité. Pour l’élection du président de
la République, l’élection des députés et l’élection des représentants au Parlement européen
ainsi que pour les référendums nationaux, la règle prévue à la précédente phrase
s’applique lorsque la fermeture du dernier bureau de vote est plus tardive que celle sur le
territoire métropolitain.
L’interdiction prévue au premier alinéa de l’article 11 n’est pas applicable aux élections
régies par les articles L. 330-11 et L. 397 du code électoral.

Le président de la République : Valéry Giscard d’Estaing.


Le Premier ministre, Raymond Barrre.
Le garde des Sceaux, ministre de la justice, Alain Peyrefitte.
Le ministre de l’intérieur, Christian Bonnet.

Nombre de sondages d’opinion commandés

2002 (1er
2007 (fin
avr.
Élection 196 196 197 198 199 2005-6
1981 2001-5 2012
présidentielle 5 9 4 8 5 mai
mai
2007)
2002)

Nombre de
sondages 14 19 24 111 153 157 193 293 409
commandés

Sources : M. Ballet, Campagnes présidentielles de 2002 et 2007, p. 41 ; Rapport de la


Commission des sondages pour les élections présidentielles et législatives de 2012.

E. Les slogans du premier tour


Élection
Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

Charles de Gaulle Confiance en la France, confiance en de Gaulle

François Mitterrand : un président jeune pour une France


François Mitterrand
1965 moderne

Demain Jean Lecanuet un homme neuf… Une France en


Jean Lecanuet
marche
Élection Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

Georges Pompidou Pompidou, avec la France pour les Français

1969 Alain Poher Alain Poher : un président pour tous les Français

Jacques Duclos Pour l’avenir de la France

Élection
Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

Georges Pompidou Pompidou, avec la France pour les Français

1969 Alain Poher Alain Poher : un président pour tous les Français

Jacques Duclos Pour l’avenir de la France

Élection
Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

La seule idée de la droite : garder le pouvoir. Mon projet :


François Mitterrand
vous le rendre

1974
Valéry Giscard d’Estaing Un vrai président Le changement sans le risque

Jacques Chaban-Delmas Pour une nouvelle société

Élection
Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

Valéry Giscard d’Estaing Il faut un président à la France

François Mitterrand La force tranquille

1981 Jacques Chirac Jacques Chirac, le président qu’il nous faut

Georges Marchais L’anti-Giscard

Brice Lalonde En Vert et contre tous


Élection Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

François Mitterrand Génération Mitterrand et La France unie

Jacques Chirac Nous irons plus loin ensemble

Raymond Barre Barre confiance Du sérieux, du solide, du vrai


1988
Jean-Marie Le Pen L’outsider. Jouez le gagnant

André Lajoinie Faîtes-vous entendre !

Antoine Waechter Le choix de la vie

Élection
Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

Lionel Jospin Lionel Jospin : un vote clair pour une France plus juste

Jacques Chirac La France pour tous

1995 Édouard Balladur Croire en la France

Jean-Marie Le Pen Les Français d’abord Français passionnément

Dominique Voynet Voter Dominique Voynet, ça change tout !

Élection
Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

2002
Jacques Chirac La France en grand, la France ensemble

Jean-Marie Le Pen La France et les Français d’abord

Lionel Jospin Présider autrement. Une France plus juste

François Bayrou Le changement La relève

Arlette Laguiller Toujours le camp des travailleurs

Jean-Pierre Chevènement
La République force de la France

Noël Mamère L’écologie pour choisir sa vie

Olivier Besancenot Nos vies valent plus que leurs profits

Élection
Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

Jacques Chirac La France en grand, la France ensemble

Jean-Marie Le Pen La France et les Français d’abord

Lionel Jospin Présider autrement. Une France plus juste

François Bayrou Le changement La relève


2002
(suite)
Arlette Laguiller Toujours le camp des travailleurs

Jean-Pierre Chevènement La République force de la France

Noël Mamère L’écologie pour choisir sa vie

Olivier Besancenot Nos vies valent plus que leurs profits

Élection
Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

Nicolas Sarkozy Ensemble, tout devient possible

Plus juste, la France sera plus forte


Ségolène Royal
La France présidente

François Bayrou La France de toutes nos forces


2007

Jean-Marie Le Pen Votez Le Pen !

Olivier Besancenot Nos vies valent plus que leurs profits

Philippe de Villiers La fierté d’être français


Élection Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

Nicolas Sarkozy Ensemble, tout devient possible

Plus juste, la France sera plus forte


Ségolène Royal
La France présidente

2007 François Bayrou La France de toutes nos forces


(suite)

Jean-Marie Le Pen Votez Le Pen !

Olivier Besancenot Nos vies valent plus que leurs profits

Philippe de Villiers La fierté d’être français

Élection
Liste des candidats Slogans du premier tour
présidentielle

2012
Le vote juste
Éva Joly
L’écologie, le vrai changement

La voix du peuple, l’esprit de la France


Marine Le Pen
Oui, la France

Nicolas Sarkozy La France forte

Jean-Luc Mélenchon Prenez le pouvoir

Philippe Poutou Aux capitalistes de payer leur crise !

Nathalie Arthaud Une candidate communiste

Jacques Cheminade Un monde sans la City ni Wall Street

Un pays uni, rien ne lui résiste


François Bayrou
La France solidaire

Nicolas Dupont-Aignan La France libre

François Hollande
Le changement, c’est maintenant
VII. Les résultats du premier tour

Un candidat serait élu au premier tour s’il remportait la


majorité absolue des suffrages exprimés. Cela ne s’est jamais
produit. Même le général de Gaulle fut mis en ballottage.
Le premier tour a pour objet de sélectionner les deux candidats
qui s’affronteront au second tour. Au sens strict, cette fonction est
nécessairement remplie, puisque la Constitution impose que seuls
les deux candidats arrivés en tête figurent au second tour — après
retrait éventuel, ajoute le texte constitutionnel, mais cette hypothèse
ne s’est jamais concrétisée. Cela rappelé, un premier tour
« normal » devrait permettre que le second tour soit vraiment
compétitif, c’est-à-dire qu’il oppose les candidats des deux grandes
familles qui structurent notre vie politique, la droite et la gauche. Ce
ne fut pas le cas à deux reprises : en 1969 et en 2002. Dans le
premier cas, le candidat centriste, Alain Poher, fit face au gaulliste
Georges Pompidou. Le parti communiste, encore puissant, refusant
de choisir entre « bonnet blanc et blanc bonnet », la large victoire
de Pompidou était assurée. Dans le second, c’est l’élimination de
Lionel Jospin qui permit à Jean-Marie Le Pen de se confronter à
Jacques Chirac. Face à l’extrême droite, le second tour devint un
contre-plébiscite.
Presque toujours, le premier tour détermine le second (A). Seul
un tiers des électeurs votent à gauche au premier tour de 1965. Bien
que le candidat centriste, Jean Lecanuet, appelle à ne pas voter
pour de Gaulle, ce dernier est assuré de l’emporter. En 1969, fort de
ses 44,5 % au premier tour, et du refus communiste de soutenir
Poher, Pompidou voit son élection assurée. En 1981, le total des voix
de gauche au premier tour atteint 47 %, suffisamment pour que
Mitterrand batte Giscard. En 1988, la gauche n’est plus qu’à 43 %,
mais l’avance de François Mitterrand (34 % contre 19,9 pour
Chirac) et le poids de Le Pen (14 %) garantissent la réélection du
président sortant. En 1995, si Jospin arrive en tête (23,3 %), la
gauche plafonne à 40 % — trop peu pour espérer l’emporter au
second tour. En 2007, elle ne totalise plus que 36 % des suffrages
exprimés. Nicolas Sarkozy sera donc élu. Sortie majoritaire au
premier tour de la présidentielle de 2007 (51 %), la droite modérée
subit un net recul cinq ans après. Les 38,3 % des suffrages qu’elle
recueille en 2012 ne permettent ainsi pas au président sortant d’être
réélu.
Enfin, le premier tour détermine l’assise électorale personnelle
du futur président. Élection après élection, elle n’a cessé de se
réduire : de Gaulle, 45 % ; Pompidou, 44 % ; Giscard, 33 % ;
Mitterrand I, 26 % ; (Mitterrand II, 34 %) ; Chirac I, 21 % ;
Chirac II, 19,9 %. À partir de 2007, la tendance s’inverse : Sarkozy
obtient 31 % des suffrages et Hollande 28,6 % (B).

A. Résultats du premier tour par élection et candidat


Suffrages % inscrits % exprimés
Élection présidentielle des 5 et
19 décembre 1965
Premier tour

Inscrits 28 913 422 100 –


Abstentions 4 410 465 15,25 –

Votants 24 502 957 84,75 –

Blancs et nuls 248 403 0,86 –

Suffrages exprimés 24 254 554 – 100

Charles de Gaulle 10 828 823 37,45 44,65

François Mitterrand 7 694 003 26,61 31,79

Jean Lecanuet 3 777 119 13,06 15,57

Jean-Louis Tixier-Vignancour 1 260 208 4,36 5,2

Pierre Marcihacy 415 018 1,44 1,71

Marcel Barbu 279 683 0,97 1,15

JO du 30 déc. 1965

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 1er et 15 juin
1969
Premier tour

Inscrits 29 513 361 100 –

Abstentions 6 614 327 22,41 –

Votants 22 899 034 77,59 –

Blancs et nuls 295 036 1 –

Suffrages exprimés 22 603 998 – 100

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 1er et 15 juin
1969
Premier tour

Georges Pompidou 10 051 816 34,06 44,47

Alain Poher 5 268 651 17,85 23,31

Jacques Duclos 4 808 285 16,29 21,27

Gaston Defferre 1 133 222 3,84 5,01

Michel Rocard 816 471 2,77 3,61

Louis Ducatel 286 447 0,97 1,27

Alain Krivine 239 106 0,81 1,06


JO du 20 juin 1969

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 5 et 19 mai
1974
Premier tour

Inscrits 30 602 953 100 –

Abstentions 4 827 210 15,77 –

Votants 25 775 743 84,33 –

Blancs et nuls 237 107 0,77 –

Suffrages exprimés 25 538 636 – 100

François Mitterrand 11 044 373 36,09 43,25

Valéry Giscard d’Estaing 8 326 774 27,21 32,6

Jacques Chaban-Delmas 3 857 728 12,61 15,11

Jean Royer 810 540 2,65 3,17

Arlette Laguiller 595 247 1,95 2,33

René Dumont 337 800 1,1 1,32

Jean-Marie Le Pen 190 921 0,62 0,75

Emile Muller 176 279 0,58 0,69

Alain Krivine 93 990 0,31 0,37

Bertrand Renouvin 43 722 0,14 0,17

Jean-Claude Sebag 42 007 0,14 0,16

Guy Héraud 19 255 0,06 0,08

JO du 25 mai 1974

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 26 avril et
10 mai 1981
Premier tour

Inscrits 36 398 859 100 –

Abstentions 6 882 777 18,91 –

Votants 29 516 082 81,09 –

Blancs et nuls 477 865 1,31 –


Suffrages exprimés 29 038 117 – 100

Valéry Giscard d’Estaing 8 222 432 22,59 28,32

François Mitterrand 7 505 960 20,62 25,85

Jacques Chirac 5 225 848 14,36 18

Georges Marchais 4 456 922 12,24 15,35

Brice Lalonde 1 126 254 3,09 3,88

Arlette Laguiller 668 057 1,84 2,3

Michel Crépeau 642 847 1,32 2,21

Michel Debré 481 821 1,32 1,66

Marie-France Garaud 386 623 1,06 1,33

Huguette Bouchardeau 321 353 0,88 1,11

JO du 16 mai 1981

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 24 avril et
8 mai 1988
Premier tour

Inscrits 38 179 118 100 –

Abstentions 7 119 810 18,62 –

Votants 31 059 300 81,37 –

Blancs et nuls 622 556 1,6 –

Suffrages exprimés 30 436 744 – 100

François Mitterrand 10 381 332 27,19 34,1

Jacques Chirac 6 075 160 15,9 19,94

Raymond Barre 5 035 144 13,19 16,54

Jean-Marie Le Pen 4 376 742 11,47 14,4

André Lajoinie 2 256 261 5,39 6,76

Antoine Waechter 1 149 897 3,01 3,78

Pierre Juquin 639 133 1,67 2,01


Arlette Laguiller 606 201 1,58 1,99

Pierre Boussel 116 874 0,3 0,38

JO du 12 mai 1988

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 23 avril et
7 mai 1995
Premier tour

Inscrits 39 992 912 100 –

Abstentions 8 647 118 21,62 –

Votants 31 345 794 78,37 –

Blancs et nuls 882 861 2,2 –

Suffrages exprimés 30 462 633 – 100

Lionel Jospin 7 097 786 17,75 23,3

Jacques Chirac 6 348 375 15,87 20,84

Édouard Balladur 5 658 796 14,15 18,58

Jean-Marie Le Pen 4 570 838 11,43 15

Robert Hue 2 632 460 6,58 8,64

Arlette Laguiller 1 615 552 4,04 5,3

Philippe de Villiers 1 443 186 3,61 4,74

Dominique Voynet 1 010 681 2,53 3,32

Jacques Cheminade 84 959 0,21 0,28

JO du 14 mai 1995

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 21 avril et
5 mai 2002
Premier tour

Inscrits 41 194 689 100 –

Abstentions 11 698 956 28,4 –

Votants 29 495 733 71,6 –

Blancs et nuls 997 262 2,42 –

Suffrages exprimés 28 498 471 – 100


Jacques Chirac 5 665 855 13,75 19,88

Jean-Marie Le Pen 4 804 713 11,66 16,86

Lionel Jospin 4 610 113 11,19 16,18

François Bayrou 1 949 170 4,73 6,84

Arlette Laguiller 1 630 045 3,96 5,72

Jean-Pierre Chevènement 1 518 528 3,68 5,33

Noël Mamère 1 495 724 3,63 5,25

Olivier Besancenot 1 210 562 2,94 4,25

Jean Saint-Josse 1 204 689 2,92 4,23

Alain Madelin 1 113 484 2,7 3,91

Robert Hue 960 480 2,33 3,37

Bruno Mégret 667 026 1,62 2,34

Christiane Taubira 660 447 1,6 2,32

Corinne Lepage 535 837 1,3 1,88

Christine Boutin 339 112 0,82 1,19

Daniel Glückstein 132 686 0,32 0,47

JO du 10 mai 2002

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 22 avril et
6 mai 2007
Premier tour

Inscrits 44 472 834 100 –

Abstentions 7 218 592 16,23 –

Votants 37 254 242 83,77 –

Blancs et nuls 534 846 1,20 –

Suffrages exprimés 36 719 396 – 100

Nicolas Sarkozy 11 448 663 25,75 31,18

Ségolène Royal 9 500 112 21,36 25,87


François Bayrou 6 820 119 15,34 18,57

Jean-Marie Le Pen 3 834 530 8,62 10,44

Olivier Besancenot 1 498 581 3,37 4,08

Philippe de Villiers 818 407 1,84 2,23

Marie-George Buffet 707 268 1,59 1,93

Dominique Voynet 576 666 1,3 1,57

Arlette Laguiller 487 857 1,1 1,33

José Bové 483 008 1,09 1,32

Frédéric Nihous 420 645 0,95 1,15

Gérard Schivardi 123 540 0,28 0,34

JO du 26 avr. et du 11 mai 2007

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 22 avril et
6 mai 2012
Premier tour

Inscrits 46 028 542 100 –

Abstentions 9 444 143 20.53 –

Votants 36 584 399 79.48 –

Blancs et nuls 701 190 1.92

Suffrages exprimés 35 883 209 – 98.08

François Hollande 10 272 705 22.32 28.63

Nicolas Sarkozy 9 753 629 21.19 27.18

Marine Le Pen 6 421 426 13.95 17.9

Jean-Luc Mélenchon 3 984 822 8.66 11.1

François Bayrou 3 275 122 7.12 9.13

Éva Joly 828 345 1.8 2.31

Nicolas Dupont-Aignan 643 907 1.4 1.79

Philippe Poutou 411 160 0.89 1.15

Nathalie Arthaud 202 548 0.44 0.56


Jacques Cheminade 89 545 0.19 0.25

JO du 26 avr. 2012

B. Résultats du président élu et des deux candidats


arrivés en tête
Score (% Deux candidats arrivés en
Présidentielles Candidat élu Score (% SE)
SE) tête

1965 de Gaulle 44,6 de Gaulle/Mitterrand 76,3

1969 Pompidou 44,5 Pompidou/Poher 67,8

1974 Giscard d’Estaing 32,6 Mitterrand/Giscard 75,9

1981 Mitterrand 25,8 Giscard/Mitterrand 54,1

1988 Mitterrand 34,1 Mitterrand/Chirac 54,1

1995 Chirac 20,8 Jospin/Chirac 44,1

2002 Chirac 19,9 Chirac/Le Pen 36,6

2007 Sarkozy 31,2 Sarkozy/Royal 57,1

2012 Hollande 28.6 Hollande/Sarkozy 55.8


VIII. Le second tour : campagne
et résultats

Qu’est-ce qui fait le second tour ? D’abord les résultats du


premier tour, ainsi que nous venons de l’analyser en tête du
chapitre précédent. D’autres facteurs pèsent cependant.
Dans l’ordre chronologique, il faut examiner en premier lieu les
consignes de vote (A). Elles ne déterminent pas automatiquement
les électeurs. Par exemple, en 1965, tous les candidats appellent à
voter contre de Gaulle. Tous leurs électeurs ne suivront pas, et le
général l’emportera aisément. Mais elles comptent souvent
beaucoup, jusque dans la manière de les formuler. En 1981, la
formule utilisée par Chirac, indiquant qu’« à titre personnel… je ne
puis que voter » pour Giscard, encourage des électeurs à ne pas
nécessairement le suivre.
Deuxième facteur susceptible de peser, la campagne (B) et plus
précisément le débat télévisé entre les deux candidats du second
tour (C). Depuis 1974, il s’est installé comme une tradition de notre
vie politico-médiatique — interrompue une seule fois, en 2002,
Jacques Chirac refusant de débattre avec Jean-Marie Le Pen. Le
débat de 1974 fut considéré comme décisif, d’autant plus que, cette
fois, le premier tour ne déterminait pas le second, droite et gauche
s’y étant retrouvés dans un mouchoir (51 %/47 %), et l’avance du
total des voix de droite étant compensée par celle de Mitterrand sur
Giscard. D’aucuns estiment que ce dernier l’emporta grâce à une
formule du débat, restée dans l’histoire : « Vous n’avez pas le
monopole du cœur ». Les autres duels ne semblent pas avoir
modifié des rapports de force électoraux bien installés.
Troisième facteur, découlant pour part des précédents, les
reports de voix d’un tour à l’autre (D). Ils révèlent l’autonomie des
électeurs. Près d’un électeur centriste sur deux vota de Gaulle, en
1965, malgré la consigne contraire de Lecanuet. En 2007, Bayrou
indique qu’il ne votera pas Sarkozy, plus d’un tiers de ses électeurs
le font. Mieux, ou pire, en 1974, si le quart des électeurs de Laguiller
qui a voté Giscard avait suivi son appel pour Mitterrand, ce dernier
aurait été élu…
Nous arrivons ainsi à l’essentiel, au résultat final (E). L’élection
peut être (contre) plébiscitaire : Chirac, 2002, 82 %. Elle s’avère le
plus souvent franche. Elle se joua une seule fois à moins de 1 % :
Giscard, en 1974, l’emporta avec 50,8 %.

A. Les consignes de vote pour le second tour


Élection
Liste des candidats Consignes de vote pour le second tour
présidentielle

appel à voter contre de Gaulle, sans mentionner le nom de


Jean Lecanuet
Mitterrand

Jean-Louis Tixier-
1965
Vignancour
appel à voter François Mitterrand
Pierre Marcilhacy

Marcel Barbu

1969
appel à l’abstention ou au vote blanc car « Pompidou-Poher,
Jacques Duclos
c’est bonnet blanc et blanc bonnet »
Gaston Defferre appel à voter Alain Poher

Michel Rocard appel à l’abstention ou au vote blanc

Louis Ducatel appel à voter Georges Pompidou

Alain Krivine appel à l’abstention ou au vote blanc

soutien minimal accordé à Valéry Giscard d’Estaing : « Dans


l’immédiat, la présence du Parti communiste autour de
Mitterrand comme les dangers du programme commun [le]
conduisent à confirmer [son] opposition résolue à cette
Jacques Chaban-Delmas candidature » ; dans un second temps (le 13 mai) :
« Monsieur Mitterrand ayant pris des risques
insupportables en s’associant avec le Parti communiste
comment faire échec à cette candidature sinon en votant
pour M. Giscard d’Estaing » (cité par Chastenet p. 471-472)
1974

Jean Royer appel à voter Valéry Giscard d’Estaing

Arlette Laguiller appel à voter François Mitterrand

fait comprendre qu’il soutiendra personnellement François


René Dumont
Mitterrand

Jean-Marie Le Pen appel à voter Valéry Giscard d’Estaing

Émile Muller appel à voter Valéry Giscard d’Estaing

1974
Alain Krivine appel à voter François Mitterrand
(suite)

Bertrand Renouvin appel à voter François Mitterrand

Jean-Claude Sebag ne donne aucune consigne de vote

1981
soutien minimal accordé à Valéry Giscard d’Estaing :« Il n’y
a pas lieu à désistement […] Le 10 mai, chacun devra voter
selon sa conscience. À titre personnel, dans l’esprit que je
Jacques Chirac
viens de rappeler et dans la ligne de l’action politique que
j’ai toujours menée en faveur d’un certain type de société, je
ne puis que voter pour M. Giscard d’Estaing » (6 mai 1981)

Georges Marchais appel à voter François Mitterrand


Brice Lalonde ne donne aucune consigne de vote

Arlette Laguiller appel à voter François Mitterrand, « sans illusion »

Michel Crépeau appel à voter François Mitterrand

Michel Debré appel à voter Valéry Giscard d’Estaing

1981
Marie-France Garaud appel à voter blanc
(suite)

Huguette Bouchardeau appel à voter François Mitterrand

Raymond Barre appel à voter Jacques Chirac

refuse de choisir entre le « pire » (Mitterrand) et le « mal »


Jean-Marie Le Pen
(Chirac), ajoutant qu’aucune voix ne devrait aller au « pire »

André Lajoinie appel à voter François Mitterrand

1988
Antoine Waechter ne donne aucune consigne de vote

Pierre Juquin appel à voter François Mitterrand

Arlette Laguiller ne donne aucune consigne de vote

Pierre Boussel ne donne aucune consigne de vote

1995
Édouard Balladur appel à voter Jacques Chirac

ne donne aucune consigne de vote : « Pour nous, disons-le


clairement, Chirac, c’est Jospin en pire. Dans ces
Jean-Marie Le Pen conditions, je ne peux ni ne veux vous recommander de
voter pour l’un ou l’autre des deux candidats résiduels »
(1er mai 1995)

Robert Hue appel à voter Lionel Jospin

Arlette Laguiller ne donne aucune consigne de vote

Philippe de Villiers appel à voter Jacques Chirac

Dominique Voynet
appel à voter Lionel Jospin
via un communiqué, il déclare le 26 avril : « Soucieux de
l’avenir de la France et des fondements de notre démocratie,
et bien que sans illusion sur le choix qui se présente à nos
Lionel Jospin
concitoyens le 5 mai, je leur demande d’exprimer par leur
vote le refus de l’extrême droite et du danger qu’elle
représente pour notre pays et ceux qui y vivent »

appel à voter Jacques Chirac pour « dire non à (la) menace


François Bayrou
2002 que Jean-Marie Le Pen fait peser sur la France »

21 avril : déclare que LO n’appellera pas à voter Jacques


Chirac au second tour 22 avril : précise qu’elle n’appelle pas
Arlette Laguiller à l’abstention au second tour et « appelle l’ensemble des
travailleurs, en particulier ceux qui ont voté Le Pen, à ne pas
voter pour lui » 27 avril : appel à voter blanc ou nul

Jean-Pierre Chevènement appel à faire barrage à Le Pen

2002
Noël Mamère appel à voter Jacques Chirac
(suite)

ne donne aucune consigne de vote mais appelle « à barrer la


Olivier Besancenot
route à Le Pen »

Jean Saint-Josse appel à faire barrage à Le Pen

appel à voter Jacques Chirac sans se désister formellement


Alain Madelin
pour lui

appel « à utiliser le bulletin Jacques Chirac pour battre Le


Robert Hue
Pen »

Bruno Mégret appel à voter Jean-Marie Le Pen

explique qu’elle fera « tout pour empêcher M. Le Pen d’être


Christiane Taubira président. Si cela doit se traduire par le vote en faveur de
M. Chirac, cela se traduira ainsi »

Corinne Lepage appel à faire barrage à Le Pen

21 avril : attend d’avoir réuni ses comités de soutien pour


arrêter une « position définitive » en vue du second tour,
Christine Boutin
mais déclare, à titre personnel, n’être pas « dans le même
camp » que Jean-Marie Le Pen
Daniel Glückstein refuse d’appeler à voter Jacques Chirac

appel à l’abstention ou au vote blanc, refusant de choisir


Jean-Marie Le Pen
entre « bonnet rose et rose bonnet »

appel à « voter contre Nicolas Sarkozy, sans pour autant


Olivier Besancenot
soutenir Ségolène Royal »

22 avril : refuse d’appeler à voter pour Nicolas Sarkozy au


deuxième tour, expliquant ne pas être « propriétaire de
Philippe de Villiers
[ses] voix » 25 avril : appel à voter Nicolas Sarkozy « pour
barrer la route à la gauche »

Marie-George Buffet appel à voter Ségolène Royal

Dominique Voynet appel à voter Ségolène Royal

annonce qu’elle votera Ségolène Royal au second tour,


« sans réserve et sans illusion, par solidarité avec tous ceux
Arlette Laguiller
dans les quartiers populaires [qui] ne veulent pas voir
Nicolas Sarkozy au pouvoir »

2007 soutien implicite à Ségolène Royal : appelle « les citoyens à


José Bové
(suite) battre Nicolas Sarkozy le 7 mai »

refuse le vote blanc et appelle ses électeurs « à rejeter


Frédéric Nihous l’écologie punitive inspirée par les Verts, contraire au
développement des zones rurales et du bien vivre au pays »

ne donne pas de consigne de vote mais indique qu’à titre


Gérard Schivardi
personnel, il votera blanc

2012
Marine Le Pen 1er mai : annonce qu’elle votera blanc

le soir du premier tour, appel à « se retrouver le 6 mai sans


Jean-Luc Mélenchon
rien demander en échange pour battre Sarkozy »

3 mai : annonce qu’il votera personnellement pour François


François Bayrou
Hollande

Éva Joly appel à voter François Hollande

Nicolas Dupont-Aignan aucune consigne de vote


Philippe Poutou 22 avril : explique que le « bulletin de vote Hollande [est]
un outil pour dégager Sarkozy même si après on n’a aucune
confiance politique dans Hollande »

Nathalie Arthaud aucune consigne de vote

appel à voter François Hollande pour « faire battre


Jacques Cheminade
Sarkozy »

B. Les slogans du second tour


Élection
Liste des candidats Slogans du second tour
présidentielle

Charles de Gaulle Confiance en la France, confiance en de Gaulle

1965
François Mitterrand : un président jeune pour une France
François Mitterrand
moderne

Élection
Liste des candidats Slogans du second tour
présidentielle

Georges Pompidou Avec Pompidou, concorde et progrès


1969
Alain Poher Alain Poher : un président pour tous les Français

Élection
Liste des candidats Slogans du second tour
présidentielle

François Mitterrand Un président pour tous les Français


1974
Valéry Giscard
Le président de tous les Français
d’Estaing

Élection
Liste des candidats Slogans du second tour
présidentielle

Valéry Giscard
La France entre vos mains
d’Estaing
1981

François Mitterrand Ensemble pour la France


Élection Liste des candidats Slogans du second tour
présidentielle

François Mitterrand La France unie est en marche


1988
Jacques Chirac Ensemble nous ferons gagner la France. Chirac président

Élection
Liste des candidats Slogans du second tour
présidentielle

Lionel Jospin Lionel Jospin : le président du vrai changement


1995
Jacques Chirac La France pour tous : bâtissons-la ensemble

Élection
Liste des candidats Slogans du second tour
présidentielle

Jacques Chirac La France en grand, la France ensemble


2002
Jean-Marie Le Pen Le Pen président

Élection
Liste des candidats Slogans du second tour
présidentielle

Nicolas Sarkozy Ensemble, tout devient possible


2007
Ségolène Royal La France présidente

Élection
Liste des candidats Slogans du second tour
présidentielle

François Hollande Le changement, c’est maintenant


2012
Nicolas Sarkozy La France forte

C. Les face-à-face : 1974, 1981, 1988, 1995, 2007,


2012
Débat du 10 mai 1974 entre François
Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing
François Mitterrand : [La répartition de la croissante] est une affaire de cœur et non pas
seulement d’intelligence.
Valery Giscard d’Estaing : Je trouve toujours choquant et blessant de s’arroger le
monopole du cœur. Vous n’avez pas Monsieur Mitterrand, le monopole du cœur. Vous ne
l’avez pas… J’ai un cœur comme le vôtre qui bat à sa cadence et qui est le mien. Vous
n’avez pas le monopole du cœur.

Débat du 5 mai 1981 entre François Mitterrand


et Valéry Giscard d’Estaing
Premier extrait

Valéry Giscard d’Estaing : Ne recherchons pas les citations du passé dans lesquelles
vous vous complaisez, je n’aurai pas la cruauté de vous relire ce que vous disiez quand
vous appeliez à la réalisation du programme commun avant 1978 ou lorsque vous vous
opposiez à la Constitution en 1958 dont vous cherchez à être maintenant le président de la
République. Donc, ceci, c’est le passé. On doit éclairer les Français sur ce que nous alors
faire, nos choix pour l’avenir. J’ai proposé un programme pour l’emploi, critiquez-le, mais ne
jouons pas à ce petit jeu des citations.
François Mitterrand : Vous ne voulez pas parler du passé, je le comprends bien
naturellement. Et vous avez tendance un peu à reprendre le refrain d’il y a sept ans :
l’homme du passé. C’est quand même ennuyeux que dans l’intervalle vous soyez devenu,
vous, l’homme du passif, cela gêne un peu votre démonstration d’aujourd’hui

Second extrait

Valéry Giscard d’Estaing : Vous avez dit, parlant du système monétaire européen : il ne
serait pas mal d’y rester. Cela ne se passe pas ainsi, monsieur Mitterrand. Actuellement, du
seul fait de nos incertitudes politiques, nous sommes au plancher. Donc, il faut agir. Nous
agissons à l’heure actuelle. Nous sommes passés, comme vous le savez, pour le Deutsche
Mark… Vous le savez ?
François Mitterrand : Je connais bien la chute du franc par rapport au mark. En 1974…
VGE : Mais aujourd’hui ?
FM : Le chiffre de la soirée, de la journée ? Cela s’est aggravé.
VGE : Comme ordre de grandeur ?
FM : D’abord, je n’aime pas beaucoup cette méthode. Je ne suis pas votre élève. Vous
n’êtes pas le président de la République, ici, vous êtes mon contradicteur et je n’accepte
pas cette façon…
VGE : Le fait de vous demander quel est le coût du Deutsche Mark…
FM : Pas de cette façon-là. Ce que je veux simplement vous dire, c’est que lorsqu’on
passe de 1,87 franc à 2,35 franc environ, en l’espace de sept ans, ce n’est pas une réussite
pour le franc, pas davantage par rapport au dollar que par rapport au mark. Je suis même
presque étonné que vous me lanciez dans cette discussion qui, tout d’un coup, se greffe
d’une façon un peu inattendue dans notre conversation, alors qu’elle est plutôt la preuve
que le franc, dont on se flatte beaucoup dans les propos officiels, n’a pas aussi bien réussi
qu’on le pense.

Débat du 28 avril 1988 entre François


Mitterrand et Jacques Chirac
Premier extrait

François Mitterrand : Je ne fais aucune observation particulière sur votre façon de vous
exprimer, vous en avez le droit… moi, je continue à vous appeler « Monsieur le Premier
ministre » puisque c’est comme cela que je vous ai appelé pendant deux ans et que vous
l’êtes. Eh bien, en tant que Premier ministre, j’ai constaté que vous aviez, et c’est bien juste
de le dire, de très réelles qualités, vous n’avez pas celles de l’impartialité ni du sens de la
justice dans la conduite de l’État.
Jacques Chirac : Permettez-moi juste de vous dire que, ce soir, je ne suis pas le
Premier ministre et vous n’êtes pas le président de la République, nous sommes deux
candidats, à égalité, qui se soumettent au jugement des Français, le seul qui compte, vous
me permettrez donc de vous appeler monsieur Mitterrand.
François Mitterrand : Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre.

Second extrait

François Mitterrand : Moi, je n’ai jamais libéré les terroristes. Et à une époque où vous
étiez une première fois Premier ministre, je me souviens des conditions atroces dans
lesquelles vous avez libéré un Japonais terroriste après l’attentat de Saint-Germain, au
Publicis. Je me souviens des conditions dans lesquelles, un peu plus tard, avec votre
majorité, vous avez libéré Abbou Daoud. Je suis obligé de dire que je me souviens des
conditions dans lesquelles vous avez renvoyé en Iran M. Gordji, après m’avoir expliqué, à
moi, dans mon bureau, que son dossier était écrasant et que sa complicité était démontrée
dans les assassinats qui avaient ensanglanté Paris à la fin de 1986. […]
Jacques Chirac : Monsieur Mitterrand, tout d’un coup vous dérapez dans la fureur
concentrée. Je voudrais simplement relever un point, dont je ne sais pas s’il est digne ou
indigne de vous, je n’ai jamais levé le voile sur une seule conversation que j’ai pu avoir
avec un président de la République dans l’exercice de mes fonctions. Jamais. Ni avec le
général de Gaulle, ni avec Georges Pompidou, ni avec Valéry Giscard d’Estaing, ni avec
vous. Mais est-ce que vous pouvez dire, monsieur Mitterrand, en me regardant dans les
yeux, que je vous ai dit que Gordji, que nous avions les preuves que Gordji était coupable
de complicité ou d’actions dans les actes précédents. Alors que je vous ai toujours dit que
cette affaire était du seul ressort du Juge, que je n’arrivais pas à savoir, ce qui est normal
compte tenu de la séparation des pouvoirs, ce qu’il y avait dans ce dossier et que, par
conséquent, il m’était impossible de dire si, véritablement, Gordji était ou non impliqué dans
cette affaire et le Juge, en bout de course, a dit que non. Peu importe la chose, je regrette
d’avoir à développer un élément de notre conversation, mais pouvez-vous vraiment
contester ma version des choses en me regardant dans les yeux.
FM : Dans les yeux, je la conteste. Car lorsque Gordji a été arrêté et lorsque s’est
déroulée cette grave affaire du blocus de l’Ambassade d’Iran avec ses conséquences à
Téhéran, c’est parce que le gouvernement nous avait apporté ce que nous pensions être
suffisamment sérieux comme quoi il était l’un des inspirateurs du terrorisme de la fin de
1986. Et cela, vous le savez fort bien…
JC : Passons. Je ne joue pas au poker… mais on parle de dignité…

Débat du 2 mai 1995 entre Jacques Chirac


et Lionel Jospin
Lionel Jospin : Je fais donc des propositions d’une tout autre ampleur, et à mon avis
très importantes : je garde la matrice de la Ve République, mais je propose, comme vous le
savez, la réduction à cinq ans du mandat présidentiel, de façon à ce que nous pratiquions
comme les autres démocraties — aucune n’a un mandat aussi long pour un personnage
aussi important : c’est quatre ans ou c’est cinq ans. […]
Jacques Chirac : J’ai toujours dit que je n’étais pas contre le fait que le mandat dure
cinq ans. En revanche, je suis contre l’ouverture de ce débat aujourd’hui, pour une raison
simple : c’est que dans tous les partis politiques, il y a d’éminents juristes qui défendent la
thèse selon laquelle le quinquennat conduit au régime présidentiel, et d’autres qui
prétendent le contraire. Nous avons en France une espèce de génie pour nous étriper sur
les questions juridiques. Je trouve qu’il y a aujourd’hui suffisamment de problèmes à régler,
un nécessaire effort pour tous ensemble régler les problèmes qui se posent, sans créer des
débats douteux, inutiles, et sur lesquels nous allons nous affronter. C’est la raison pour
laquelle je considère que le quinquennat n’est pas d’actualité. […]
LJ : Je reviens un instant sur le quinquennat, parce que je voudrais dire que, si je suis
élu président de la République, si les Français me font confiance, le débat aura lieu car je
soumettrai cette proposition par référendum. On ne peut pas en rester au discours que
vous avez repris avec non pas habileté, mais avec la façon dont on procède dans ce genre
de situation et qui consiste à dire : « Je ne suis pas contre un débat ». Mais à chaque fois
qu’un président nouveau arrive, cette question qui est pendante, pour laquelle on a un texte
qui existe et qui a été voté dans les mêmes termes par les deux assemblées, qui a été
proposé il y a maintenant deux décennies, et non pas deux décades, par quelqu’un qui fut
votre mentor, en tous cas un homme que vous avez beaucoup connu et respecté, Georges
Pompidou, cette question revient. Moi, je suis le premier à dire : « Si je suis élu par les
Français, je proposerai cette réforme car je pense que dans une fonction d’une telle
responsabilité que celle de la présidence de la République, c’est trop long que sept ans à
mon avis, surtout si ce mandat peut être renouvelable ». En somme je voudrais dire, en
badinant bien sûr, mais avec un fond de sérieux, qu’il vaut mieux cinq ans avec Jospin que
sept ans avec Jacques Chirac, ce serait bien long…

Absence de débat entre Jacques Chirac et Jean-


Marie Le Pen en 2002
Extrait de la déclaration de M. Jacques Chirac, président de la
République et candidat à l’élection présidentielle 2002, sur son refus
de débat télévisé avec le président du Front national et sur son
programme gouvernemental, Rennes le 23 avril 2002

« Je veux saluer le formidable réflexe démocratique qu’exprime un si grand nombre de


Français depuis dimanche. Nos compatriotes disent massivement leur attachement
indéfectible à notre conception de l’homme, de sa responsabilité et de sa liberté.
La France veut défendre haut et fort l’honneur de la démocratie. Elle veut dire haut et
fort que, par-delà toutes les différences entre les Français, par-delà l’opposition des projets
entre la droite et la gauche, par-delà le nécessaire débat démocratique entre forces de
l’alternance, tous, nous sommes réunis par la passion des droits de l’homme, par l’amour
de la République, par l’exigence morale de la tolérance et du respect de l’autre.
Tous, nous sommes réunis dans l’appartenance à la Nation française par le refus de
l’extrémisme, du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie.
Tous, nous refusons les solutions simplistes, brutales, qui débouchent toujours, un jour
ou l’autre, sur la violence d’État.
Tous, nous voulons dire notre refus de quitter l’Europe, car l’Europe c’est la paix,
l’Europe c’est la démocratie, l’Europe c’est la liberté, l’Europe c’est la prospérité.
Tous, nous voulons dire le refus de toute discrimination et notre volonté de renouveler
et de renforcer notre modèle d’intégration républicaine.
Dimanche dernier, le premier tour de l’élection présidentielle a bouleversé le paysage
politique.
La France est confrontée à une situation grave. Ce qui est en cause, c’est son âme,
c’est sa cohésion, c’est son rôle dans l’Europe et dans le monde.
Mes chers amis,
La parole est au suffrage universel. Les Français diront leur volonté. C’est dans les
bureaux de vote que se décide leur avenir. Dans douze jours, ils choisissent leur président
de la République. Dans un mois et demi, leurs députés. Ils le feront, comme toujours, en
conscience, dans le calme et la dignité qui sont le propre des grandes démocraties.
Quels que soient les sentiments que chacun peut éprouver depuis dimanche,
sentiment de dépit pour les uns, sentiment de responsabilité et même, j’en suis sûr, de
regret pour d’autres, sentiment d’effroi pour de nombreux Français, chacun s’attachera à
l’exigence démocratique dans son choix, et s’y conformera dans son comportement.
Aujourd’hui, j’aborde le deuxième tour de l’élection présidentielle avec pour seul souci
de rassembler les Français, dans la force de nos convictions démocratiques.
Autant je comprends l’angoisse des Français devant la montée de la violence et de
l’insécurité, autant je comprends l’inquiétude devant les excès de la mondialisation et les
risques de délocalisations qu’elle entraîne, autant je comprends le désarroi et la colère
devant trop d’inaction et d’impuissance, autant je m’oppose avec détermination à ceux qui
ne partagent pas l’exigence républicaine et les valeurs de la démocratie.
Je m’oppose avec détermination à ceux qui ne respectent pas les valeurs humanistes
et la vocation universelle de la France.
Je m’oppose avec détermination à ceux qui brandissent la menace de la rue, agitent
les spectres de la force brute, de l’irrationnel et du mépris.
La République ne transige pas quand il en va de l’essentiel, quand il en va de l’esprit et
du cœur de notre pays.
La République ne transige pas quand l’âme même du peuple français est en question.
Ce combat est le combat de toute ma vie. C’est un combat moral.
Je ne peux pas accepter la banalisation de l’intolérance et de la haine.
Face à l’intolérance et à la haine, il n’y a pas de transaction possible, pas de
compromission possible, pas de débat possible.
Il faut avoir le courage de ses convictions, la constance de ses engagements. Pas plus
que je n’ai accepté dans le passé d’alliance avec le Front national, quel qu’en soit le prix
politique, je n’accepterai demain de débat avec son représentant ».

Réaction de Le Pen
(12-14, France 3, 24 avr. 2002)
« Quand on se présente aux élections, eh bien on s’astreint à respecter les règles du
jeu, même quand elles ne vous plaisent pas. Mais c’est très rare qu’un adversaire ou un
ennemi vous plaise. Bah c’est ça, c’est la vie. On l’affronte. On a le courage. Il n’a pas le
courage, voilà. »

Débat du 2 mai 2007 entre Ségolène Royal


et Nicolas Sarkozy
Ségolène Royal : Là, on atteint le summum de l’immoralité politique. Je suis
scandalisée par ce que je viens d’entendre, parce que jouer avec le handicap comme vous
venez de le faire est proprement scandaleux. […] C’est votre gouvernement qui a supprimé
non seulement le plan handiscole, qui a supprimé les aides éducateurs, qui fait
qu’aujourd’hui, moins d’un enfant sur deux qui était accueilli il y a cinq ans dans l’école de
la République ne le sont plus aujourd’hui. Vous le savez parfaitement. Je trouve que la
façon dont vous venez de nous décrire, la larme à l’œil, le droit des enfants handicapés
d’intégrer l’école, alors que les associations des parents de handicapés ont fait des
démarches désespérées auprès de votre Gouvernement pour réclamer la restitution des
emplois, pour faire en sorte que leurs enfants soient à nouveau accueillis à l’école, y
compris les enfants en situation de handicap mental à l’école maternelle, où avec moi tous
les enfants handicapés mentaux étaient accueillis à l’école maternelle dès lors que les
parents le demandaient. […] La façon dont vous venez de faire de l’immoralité politique par
rapport à une politique qui a été détruite, à laquelle je tenais particulièrement, parce que je
savais à quel point cela soulageait les parents de voir leurs enfants accueillis à l’école.
Vous avez cassé cette politique ! Et aujourd’hui, vous promettez en disant aux parents qu’ils
iront devant les tribunaux ?! Tout n’est pas possible dans la vie politique, ce discours, cet
écart entre le discours et les actes, surtout lorsqu’il s’agit d’enfant handicapé, ce n’est pas
acceptable. Je suis très en colère. Les parents et les familles…
Nicolas Sarkozy : Calmez-vous et ne me montrez pas du doigt avec cet index pointé !
SR : Non, je ne me calmerais pas !
NS : Pour être président de la République, il faut être calme.
SR : Non, pas quand il y a des injustices ! Il y a des colères saines, parce qu’elles
correspondent à la souffrance des gens. Il y a des colères que j’aurai, même quand je serai
présidente de la république…
NS : Ce sera gai !
SR : Parce que je sais les efforts qu’on fait pour accueillir les enfants qui ne le sont
plus. Je ne laisserai pas l’immoralité du discours politique reprendre le dessus.
NS : Je ne sais pas pourquoi Mme Royale, d’habitude calme, a perdu ses nerfs…
SR : Je ne perds pas mes nerfs, je suis en colère. Pas de mépris. Je suis en colère. Je
n’ai pas perdu mes nerfs. Il y a des colères très saines et très utiles.
NS : Je ne sais pas pourquoi Mme Royal s’énerve…
SR : Je ne m’énerve pas.
NS : Qu’est-ce que cela doit être quand vous êtes énervée !
SR : J’ai beaucoup de sang-froid. Je ne suis jamais énervée…
NS : Vous venez de le perdre. Madame Mme Royal ose employer le mot « immoral ».
C’est un mot fort. […] Madame Royal se permet d’employer ce mot parce que j’ai dit que je
souhaitais que tous les enfants ayant un handicap soient scolarisés en milieu scolaire
« normal ». Madame Royal a qualifié mon propos de larmes à l’œil, sous entendant par-là
que la sincérité n’était que de son côté et que, de mon côté, il ne devait y avoir que du
mensonge. Ce n’est pas une façon de respecter son concurrent. Je ne me serai jamais
permis de parler de vous comme cela, madame.
SR : Parce que moi, je ne mens pas et je ne prétends pas faire ce que j’ai détruit
avant.
NS : Madame, je ne pense pas que vous élevez la dignité du débat politique.
SR : Si, c’est très digne la question du handicap.
NS : Si je n’avais pas moi-même, par conviction, parlé de la scolarisation des enfants
handicapés, cela faisait une heure et demie que nous débattions, on n’en avait pas parlé.
J’ai le droit de parler du handicap. Ce n’est pas votre monopole. J’ai le droit d’être sincère
dans mon engagement et d’être bouleversé par la situation d’enfants qui aimeraient être
scolarisés. Je ne mets pas en cause votre sincérité, madame, ne mettez pas en cause ma
moralité.
SR : C’est votre action que je mets en cause.
NS : Ainsi, la dignité du débat politique sera préservée. Mais au moins on aura vu que
vous vous mettez en colère bien facilement, vous sortez de vos gonds. Le président de la
République a des responsabilités lourdes, très lourdes ».
Débat du 2 mai 2012 entre François Hollande
et Nicolas Sarkozy
Premier extrait

Nicolas Sarkozy : La vérité, c’est que votre proposition pour la croissance, il n’y a pas
un pays au monde qui ait fait ce choix. C’est plus d’impôts, plus de cotisations, plus de
dépenses, et plus de déficits.
François Hollande : Je n’ai pas parlé d’impôts, de dépenses et de cotisations. Ça
tombe un peu mal votre dernière sortie.
NS : Dans votre campagne… Vous n’en avez pas parlé dans votre projet ? Les impôts,
les comptes publics.
FH : On va y venir. Mais sur la croissance, vous l’avez misée à 0 %, donc vous n’êtes
pas forcément le mieux autorisé, ou le plus compétent, pour nous dire comment il
conviendrait de la relancer.
NS : Quel est le pays…
FH : Je n’ai pas terminé.
NS : Juste un mot. Quel est le pays, le pays, il y en a un, qui n’a pas connu un
trimestre de récession depuis 2009 ? C’est la France.
FH : Vous avez connu la récession…
NS : C’est la France, c’est la France.
FH : Vous êtes toujours content de vous ! Ce qui est extraordinaire, c’est que, quoi qu’il
arrive, quoi qu’il se passe, vous êtes content. Les Français le sont moins mais, vous, vous
êtes content.
NS : Dois-je considérer que, quand vous augmentez de façon éhontée, je dois
accepter…
FH : Pour l’instant, je n’ai rien dit qui puisse justifier cette expression.
NS : C’est un mensonge.
FH : Non. Lequel ? Lequel ?
NS : C’est un mensonge.
FH : Lequel ?
NS : Quand vous dites « je suis toujours content de moi », que je ne prends pas mes
responsabilités, c’est un mensonge.
FH : Vous êtes très mécontent de vous. J’ai dû me tromper, j’ai dû faire une erreur. Je
vous présente mes excuses, vous êtes très mécontent de vous. »
Second extrait

Question :
François Hollande, quel président comptez-vous être ?

François Hollande : « Un président qui, d’abord, respecte les Français, qui les
considère. Un président qui ne veut pas être président de tout, chef de tout et en définitive
responsable de rien. Moi président de la République, je ne serais pas le chef de la majorité,
je ne recevrais pas les parlementaires de la majorité à l’Élysée.
Moi, président de la République, je ne traiterais pas mon premier ministre de
collaborateur. Moi, président de la République, je ne participerais pas à des collectes de
fonds pour mon propre parti dans un hôtel parisien.
Moi, président de la République, je ferais fonctionner la justice de manière
indépendante, je ne nommerais pas les membres du parquet alors que l’avis du conseil
supérieur de la magistrature n’a pas été dans ce sens.
Moi, président de la République, je n’aurais pas la prétention de nommer les directeurs
des chaînes de télévision publique, je laisserais ça à des instances indépendantes.
Moi, président de la République, je ferais en sorte que mon comportement soit à
chaque instant exemplaire. Moi président de la République, j’aurais aussi à cœur de ne pas
avoir un statut pénal du chef de l’État, je le ferais réformer de façon à ce que si des actes
antérieurs à ma prise de fonctions venaient à être contestés, je puisse dans certaines
conditions me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m’expliquer devant un
certain nombre d’instances.
Moi, président de la République, je constituerais un gouvernement qui sera paritaire,
autant de femmes que d’hommes. Moi, président de la République, il y aura un code de
déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêts.
Moi président de la République, les ministres ne pourront pas cumuler leurs fonctions
avec un mandat local parce que je considère qu’ils devraient se consacrer pleinement à
leurs tâches. Moi président de la République, je ferais un acte de décentralisation parce
que je pense que les collectivités locales ont besoin d’un nouveau souffle, de nouvelles
compétences, de nouvelles libertés.
Moi président de la République, je ferais en sorte que les partenaires sociaux puissent
être considérés, aussi bien les organisations professionnelles que les syndicats et que nous
puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi, ce qui
relève de la négociation.
Moi président de la République, j’engagerais de grands débats. On a évoqué celui de
l’énergie et il est légitime qu’il puisse y avoir sur ces questions de grands débats citoyens.
Moi président de la République j’introduirai la représentation proportionnelle pour les
élections législatives, pour les élections, non pas celles de 2012, mais celles de 2017,
parce que je pense qu’il est bon que l’ensemble des sensibilités politiques soient
représentées.
Moi président de la République, j’essaierai d’avoir de la hauteur de vue pour fixer les
grandes orientations, les grandes impulsions, mais en même temps je ne m’occuperai pas
de tout, et j’aurai toujours le souci de la proximité avec les Français. »

D. Les reports de voix entre les deux tours


(en % des suffrages exprimés)
Élection Abstention Blancs,
Candidats F. Mitterrand C. de Gaulle
présidentielle NR

Jean Lecanuet 28 45 27

Jean-Louis Tixier-
60 11 29
Vignancour
1965

François Mitterrand 95 2 3

Charles de Gaulle 2 95 3

Élection Abstention Blancs,


Candidats A. Poher G. Pompidou
présidentielle NR

Jacques Duclos 28 6 66

Gaston Defferre 64 2 34

1969 Michel Rocard 62 17 21

Georges Pompidou 0 95 5

Alain Poher 87 8 5

Élection V. Giscard Abstention Blancs,


Candidats F. Mitterrand
présidentielle d’Estaing NR

1974 Jacques Chaban-Delmas 11 83 6

Jean Royer 10 80 10

Arlette Laguiller 68 24 8

Valéry Giscard d’Estaing 2 97 1

François Mitterrand 96 2 2
Élection V. Giscard Abstention Blancs,
Candidats F. Mitterrand
présidentielle d’Estaing NR

Jacques Chirac 16 73 11

Georges Marchais 92 2 6

1981 Brice Lalonde 53 26 21

Valéry Giscard d’Estaing 2 96 2

François Mitterrand 98 1 1

Élection Abstention Blancs,


Candidats F. Mitterrand J. Chirac
présidentielle NR

Raymond Barre 14 81 5

Jean-Marie Le Pen 19 65 16

André Lajoinie 87 2 11

1988 Antoine Waechter 68 16 16

Extrême gauche 80 6 14

François Mitterrand 98 1 1

Jacques Chirac 1 97 2

Élection Abstention Blancs,


Candidats L. Jospin J. Chirac
présidentielle NR

Édouard Balladur 9 84 7

Jean-Marie Le Pen 28 51 21

Robert Hue 82 5 13

Arlette Laguiller 62 16 22
1995
Philippe de Villiers 13 74 13

Dominique Voynet 75 11 14

Lionel Jospin 94 3 3

Jacques Chirac 2 92 6

Élection Abstention Blancs,


Candidats J.-M. Le Pen J. Chirac
présidentielle NR
2002 Lionel Jospin 3 84 13

François Bayrou 2 92 5

Arlette Laguiller 5 74 21

Jean-Pierre
4 84 11
Chevènement

Noël Mamère 4 93 4

Olivier Besancenot 4 84 13

Jean Saint-Josse 11 83 6

Alain Madelin 3 95 3

Robert Hue 6 84 10

Bruno Mégret 57 34 9

Élection Abstention Blancs,


Candidats J.-M. Le Pen J. Chirac
présidentielle NR

Christiane Taubira 4 93 4

Corinne Lepage 0 96 4
2002
Christine Boutin 2 92 5
(suite)
Jacques Chirac 1 99 0

Jean-Marie Le Pen 80 16 4

Élection Abstention Blancs,


Candidats S. Royal N. Sarkozy
présidentielle NR

François Bayrou 46 36 18

Jean-Marie Le Pen 14 69 17

Olivier Besancenot 76 12 12

2007 Philippe de Villiers 15 75 10

Marie-George Buffet 89 3 9

Dominique Voynet 72 16 12

Arlette Laguiller 60 17 23

Élection Abstention Blancs,


Candidats S. Royal N. Sarkozy
présidentielle NR
2007 José Bové 66 19 15
(suite)
Frédéric Nihous 20 68 12

Ségolène Royal 95 3 2

Nicolas Sarkozy 1 98 1

(Source : P Bréchon, Les élections présidentielles, La Documentation française, 2008,


p. 142).

Élection Abstention Blancs,


Candidats F. Hollande N. Sarkozy
présidentielle NR

Marine Le Pen 14 51 25

2012 Jean-Luc Mélenchon 81 6 10

François Bayrou 29 41 17

(Source : sondage de l’institut Ipsos-Logica, effectué jusqu’à la veille du vote, cité in


http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/05/06/51-du-vote-fn-
s-est-reporte-sur-nicolas-sarkozy_1696684_1471069.html).

E. Résultats du second tour par élection et candidat


Suffrages % inscrits % exprimés
Élection présidentielle
des 5 et 19 décembre 1965
Second tour

Inscrits 28 902 704 100 –

Abstentions 4 531 057 15,68 –

Votants 24 371 647 84,32 –

Blancs et nuls 668 213 2,31 –

Suffrages exprimés 23 703 434 – 100

Charles de Gaulle 13 083 699 45,27 55,2

François Mitterrand 10 619 735 36,74 44,8

JO du 30 déc. 1965

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 1er et 15 juin
1969
Second tour
Inscrits 29 500 334 100 –

Abstentions 9 189 047 31,15 –

Votants 20 311 287 68,85 –

Blancs et nuls 1 303 798 4,42 –

Suffrages exprimés 19 007 489 – 100

Georges Pompidou 11 064 371 37,51 58,21

Alain Poher 7 943 118 26,93 41,79

JO du 20 juin 1969

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 5 et 19 mai
1974
Second tour

Inscrits 30 600 775 100 –

Abstentions 3 876 180 12,67 –

Votants 26 724 595 87,33 –

Blancs et nuls 356 788 1,17 –

Suffrages exprimés 26 367 807 – 100

François Mitterrand 12 971 604 42,39 49,19

Valéry Giscard d’Estaing 13 396 203 43,78 50,81

JO du 25 mai 1974

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 26 avril et
10 mai 1981
Second tour

Inscrits 36 938 762 100 –

Abstentions 5 149 210 14,15 –

Votants 31 249 552 85,85 –

Blancs et nuls 898 984 2,47 –

Suffrages exprimés 30 350 568 – 100

Valéry Giscard d’Estaing 14 642 306 40,23 48,24


François Mitterrand 15 708 262 43,16 51,76

JO du 16 mai 1981

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 24 avril et
8 mai 1988
Second tour

Inscrits 38 168 869 100 –

Abstentions 6 083 758 15,93 –

Votants 32 085 071 84,06 –

Blancs et nuls 1 161 822 3,4 –

Suffrages exprimés 30 923 249 – 100

François Mitterrand 16 704 279 43,8 54,02

Jacques Chirac 14 218 970 37,2 45,98

JO du 12 mai 1988

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 23 avril et
7 mai 1995
Second tour

Inscrits 39 976 944 100 –

Abstentions 8 131 125 20,33 –

Votants 31 845 819 79,66 –

Blancs et nuls 1 902 148 4,75 –

Suffrages exprimés 29 943 671 – 100

Lionel Jospin 14 180 644 35,47 47,36

Jacques Chirac 15 763 027 39,43 52,64

JO du 14 mai 1995

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 21 avril et
5 mai 2002
Second tour

Inscrits 41 191 169 100 –

Abstentions 8 355 874 20,29 –


Votants 32 832 295 79,71 –

Blancs et nuls 1 771 220 4,3 –

Suffrages exprimés 31 062 988 – 100

Jacques Chirac 25 537 956 62 82,21

Jean-Marie Le Pen 5 525 032 13,41 17,79

JO du 10 mai 2002

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 21 avril et
5 mai 2002
Second tour

Inscrits 41 191 169 100 –

Abstentions 8 355 874 20,29 –

Votants 32 832 295 79,71 –

Blancs et nuls 1 771 220 4,3 –

Suffrages exprimés 31 062 988 – 100

Nicolas Sarkozy 18 983 138 42,68 53,06

Ségolène Royal 16 790 440 37,75 46,94

JO des 26 avr. et 11 mai 2007

Suffrages % inscrits % exprimés


Élection présidentielle des 22 avril et
6 mai 2012
Second tour

Inscrits 46 066 307 100 –

Abstentions 9 049 998 19,65 –

Votants 37 016 309 80,35 –

Blancs et nuls 2 154 956 – 5,82

Suffrages exprimés 34 861 353 – 94,18

François Hollande 18 000 668 39,08 51,64

Nicolas Sarkozy 16 860 685 36,60 48,36

JO du 11 mai 2012
IX. Quelques évolutions électorales

Sur près d’un demi-siècle, un certain nombre de changements


sont intervenus dans les comportements électoraux. Tous ou
presque vont dans le même sens, celui d’une émancipation des
électeurs.
Leur vote varie selon les scrutins. Même si l’on peut repérer, de
1988 à 2002, une montée de l’abstention structurelle, à la
présidentielle comme aux autres élections, la participation varie
également fortement selon les élections. À preuve, la montée de
l’abstention au second tour de la présidentielle de 1969 ou le retour
d’une participation élevée en 2007 et 2012 (A).
Les électeurs se déterminent de plus en plus tardivement, signe
là encore de leur liberté accrue, et du poids de la campagne sur
l’issue du scrutin. Leurs sources d’information se sont diversifiées, le
fait marquant demeurant l’hégémonie de la télévision puis, en 2012,
la montée en puissance d’Internet (B).
Les femmes votaient traditionnellement à droite, massivement à
droite. Cette prédétermination s’est fortement atténuée,
principalement par l’augmentation du nombre des femmes entrées
dans la vie active. Les électrices qui travaillent votent ainsi plus à
gauche, les autres plus à droite (C).
Si l’âge constitue encore une variable assez structurante, au
moins pour les 65 ans et plus (D), il l’est de moins en moins pour les
jeunes, dont le tropisme de gauche n’est plus automatique (E).
Quant à la situation sociale, elle expliquait, par exemple, que les
ouvriers votent très fortement à gauche. Ici encore, le déterminisme
a reculé (F).
Plus de femmes votant à gauche, des jeunes pouvant pencher à
droite, des ouvriers séduits par le Front national, des électeurs se
déterminant de plus en plus tardivement, toutes ces formes
d’émancipation convergent pour tracer le portrait d’un électorat
« volatile » ou d’un électeur « stratège ». Elles contribuent au succès
des élections présidentielles, devenues, au fil du temps, de plus en
plus imprévisibles, donc de plus en plus passionnantes.

A. L’abstention depuis 1965 (premiers et seconds


tours)

Taux d’abstention aux élections présidentielles


depuis 1965

(en %) 1965 1969 1974 1981 1988 1995 2002 2007 2012

1er tour 15,2 22,4 15,8 18,9 18,6 21,6 28,4 16,2 20,53

2nd tour 15,7 31,1 12,7 14,1 15,9 20,3 20,3 16 19,7

(Source : P. Bréchon La France aux urnes, 60 ans d’histoire électorale, La


Documentation française, 2004).

B. Les électeurs et la campagne électorale (premiers


et second tours)
Sources d’information politique les plus utilisées
pour s’informer lors de la campagne
présidentielle (en premier et deuxième choix)
premier tour (1965‑2007)

Presse
(en %) Télévision Radio (nationale et Internet Autres Sans réponse
locale)

1965 52 23 11 0 6 8

2007 81 40 59 14 4 0

2012 80 39 36 36 4 0

(Sources : « L’élection présidentielle de décembre 1965 », Cahier de la fondation, no 169,


p. 362 ; Le panel électoral français 2007, Cevipog — ministère de l’Intérieur, vague 1 ;
TNS Sofres — TriÉlec : sept. 2011 — mars 2012).

(Source : TNS Sofres — TriÉlec, sept. 2012 — mars 2012 et


https://sites.google.com/a/iepg.fr/trielec/resultats-analyses/enquetes-pre-
electorales/vague-5---avril-
2012/lespratiquesmediatiquesdesfrancaispendantlacampagnepresidentielle2012).
Moment déclaré du choix électoral
aux présidentielles depuis 1988
(sondages postélectoraux)

1988 1995 2002 2007 2012

Longtemps à l’avance 76 51 56 51 49

Pendant la campagne 8 21 21 27 24

Dernier moment 10 20 21 22 26

Ne se prononce pas 6 8 2 0 1

Total 100 100 100 100 100

(Sources : P. Bréchon, « Les facteurs de l’abstention : quelle relation entre abstention et


processus d’individualisation sur une longue période ? », Table ronde intitulée «
Comment concevoir et saisir les temporalités du vote. Pour une approche longitudinale
de la décision électorale », Congrès de la FNSP, Toulouse, sept. 2007
(http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/39/91/03/PDF/TR2sess1Brechon.pdf) ;
sondage CSA-BFMTV-RMC-20minutes du 7 mai 2012).

C. Le vote des femmes (premiers et seconds tours)

Sur l’ensemble de la population électorale


féminine, part en % des suffrages exprimés
déclarés accordés à chaque formation politique
(enquêtes postélectorales)

Vote droite Vote au centre


Présidentielle Vote socialiste
modérée droit

1965* 55 13 21

1969 48 26 6

1974 16 34 41

1981 21 32 24
1988 20 18 36

1995 42 24

2002 28 8 16

2007 33 19 27

2012 33 9 28

* Enquête pré-électorale
** Vote Front de gauche

Enquêtes postélectorales
Premiers tours

Vote
Présidentiell Vote Vote
d’extrême Vote d’extrême droite
e communiste écologiste
gauche

1965* 6,5

1969 15 0

1974 5

1981 14 4 2

1988 8 4 3 11

1995 8 4 6 12

2002 3 7 12 17

2007 2 2 6 9

2012 9** 1 2 18

Seconds tours

Vote au
Vote droite Vote d’extrême
Présidentielle centre Vote socialiste
modérée droite
droit
1965* 61 39

1969* 60 40

1974 54 46

1981 51 49

1988 45 55

1995 53 47

2002 77 8

2007 53 47

2012 50 50

* Enquête pré-électorale
(Sources : sondages SOFRES postélectoraux 1969, 1974, 1981, 1988, 1995, 2012 ; panel
électoral français CEVIPOF — ministère de l’Intérieur 2002 et 2007, deuxième et
troisième vagues ; sondage préélectoral IFOP 196520).

D. Le vote des plus de 65 ans (premiers et seconds


tours)

Sur l’ensemble de la population électorale


des plus de 65 ans, part en % des suffrages
exprimés déclarés accordés à chaque formation
politique

Présidentielle Vote droite modérée Vote au centre droit Vote socialiste

1965* 64 10 18

1969*** 45 23 6

1974 13 43 38

1981 14 48 28

1988 29 15 33

1995 50 25
2002 35 9 20

2007 38 17 27

2012 45 10 23

* Enquête pré-électorale
*** Plus de 50 ans (et non 65 ans)
** Vote Front de gauche

Enquêtes postélectorales
Premiers tours

Vote Vote Vote d’extrême Vote d’extrême


Présidentielle
communiste écologiste gauche droite

1965* 4

1969*** 23 0

1974 6

1981 7 1 1

1988 8 2 1 12

1995 7 1 3 9

2002 3 2 2 17

2007 2 1 3 7

2012 10** 1 0 11

* Enquête pré-électorale
*** Plus de 50 ans (et non 65 ans)
** Vote Front de gauche

Seconds tours

Vote au
Vote droite Vote d’extrême
Présidentielle centre Vote socialiste
modérée droite
droit
1965* 65 35

1969* 66 34

1974 60 40

1981 60 40

1988 53 47

1995 62 38

2002 78 9

2007 67 33

2012 53 47

* Enquête pré-électorale
(Sources : sondages SOFRES postélectoraux 1969, 1974, 1981, 1988, 1995 2012 ; panel
électoral français CEVIPOF — ministère de l’Intérieur 2002 et 2007, deuxième et
troisième vagues ; sondage préélectoral IFOP 1965 ; sondage CSA-BFMTV-RMC-
20minutes 2012).

E. Le vote des jeunes (premiers et seconds tours)

Sur l’ensemble de la population électorale


des 18-34 ans, part en % des suffrages exprimés
déclarés accordés à chaque formation politique

Vote au centre
Présidentielle Vote droite modérée Vote socialiste
droit

1965*
41,5 14 32,5
(20-34 ans)

1969
40 24 7
(21-34 ans)

1974**
16 25 49
(21-34 ans)

18-24 ans 12 23 22
1981
25-34 ans 20 16 27
1988 18-24 ans 14 17 35

25-34 ans 11 15 38

18-24 ans 40 21
1995
25-34 ans 36 19

Enquêtes postélectorales
Premiers tours

Vote Vote Vote d’extrême Vote d’extrême


Présidentielle
communiste écologiste gauche droite

1965*
9
(20-34 ans)

1969
20 1
(21-34 ans)

1974**
10
(21-34 ans)

18-24 ans 24 11 2
1981
25-34 ans 23 6 4

18-24 ans 11 4 3 16
1988
25-34 ans 11 7 1 17

18-24 ans 6 3 7 18
1995
25-34 ans 10 6 7 18

Enquêtes postélectorales
Premiers tours (suite)

Vote au centre
Présidentielle Vote droite modérée Vote socialiste
droit

18-24 ans 20 8 13
2002
25-34 ans 16 7 14
2007 18-24 ans 25 21 30

25-34 ans 24 23 29

18-24 ans 26 10 25
2012
25-34 ans 23 10 25

* Enquête pré-électorale
** Abaissement de la majorité électorale de 21 ans à 18 ans
*** Vote Front de gauche

Vote Vote Vote d’extrême Vote d’extrême


Présidentielle
communiste écologiste gauche droite

18-24 ans 3 14 14 17
2002
25-34 ans 3 9 15 19

18-24 ans 2 1 8 10
2007
25-34 ans 1 3 9 9

18-24 ans 12*** 2 2 23


2012
25-34 ans 12*** 2 4 24

* Enquête pré-électorale
** Abaissement de la majorité électorale de 21 ans à 18 ans
*** Vote Front de gauche

Seconds tours

Présidentielle Vote droite Vote


modérée au centre droit

1965* 49
(21-34 ans)

1969* 53 47
(21-34 ans)

1974** 41
(21-34 ans)

1981 18-24 ans 37


25-34 ans 37

18-24 ans 40
1988
25-34 ans 37

18-24 ans 55
1995
25-34 ans 48

18-24 ans 75
2002
25-34 ans 71

18-24 ans 37
2007
25-34 ans 50

18-24 ans 52
2012
25-34 ans 46

* Enquête pré-électorale
** Abaissement de la majorité électorale de 21 ans à 18 ans
(Sources : sondages SOFRES postélectoraux 1969, 1974, 1981, 1988, 1995 2012 ; panel
électoral français CEVIPOF — ministère de l’Intérieur 2002 et 2007, deuxième et
troisième vagues ; sondage préélectoral IFOP 1965 ; sondage CSA-BFMTV-RMC-
20minutes 2012).

Présidentielle Vote socialiste Vote d’extrême droite

1965* 51
(21-34 ans)

1969*
(21-34 ans)

1974** 59
(21-34 ans)

18-24 ans 63
1981
25-34 ans 63

18-24 ans 60
1988
25-34 ans 63

18-24 ans 45
1995
25-34 ans 52
2002 18-24 ans 7

25-34 ans 10

18-24 ans 63
2007
25-34 ans 50

18-24 ans 48
2012
25-34 ans 54

* Enquête pré-électorale
** Abaissement de la majorité électorale de 21 ans à 18 ans
(Sources : sondages SOFRES postélectoraux 1969, 1974, 1981, 1988, 1995 2012 ; panel
électoral français CEVIPOF — ministère de l’Intérieur 2002 et 2007, deuxième et
troisième vagues ; sondage préélectoral IFOP 1965 ; sondage CSA-BFMTV-RMC-
20minutes 2012).

F. Le vote des ouvriers (premiers et seconds tours)

Sur l’ensemble de la population électorale


ouvrière, part en % des suffrages exprimés
déclarés accordés à chaque formation politique
(enquêtes postélectorales)

Présidentielle Vote droite Vote au centre droit Vote socialiste


modérée

1965* et ** 43 12 37

1969** 33 19 7

1974 12 18 62

1981 10 18 33

1988 9 9 42

1995 28 21

2002 15 4 13

2007 24 16 26
2012 16 8 25

* Enquête pré-électorale
** Profession du chef de ménage et non de l’interviewé lui-même
*** Vote Front de gauche

Enquêtes postélectorales
Premiers tours

Présidentielle Vote Vote Vote d’extrême Vote d’extrême


communiste écologiste gauche droite

1965* et ** 5

1969** 33 1

1974 8

1981 30 4 3

1988 16 2 3 18

1995 8 3 5 21

2002 6 4 16 27

2007 3 2 8 19

2012 11*** 1 4 35

* Enquête pré-électorale
** Profession du chef de ménage et non de l’interviewé lui-même
*** Vote Front de gauche

Seconds tours

Vote droite Vote au Vote d’extrême


Présidentielle Vote socialiste
modérée centre droit droite

1965* et ** 45 55

1969* et ** 50 50
1974 27 73

1981 28 72

1988 30 70

1995 57 43

2002 66 14

2007 52 48

2012 42 58

* Enquête pré-électorale
** Profession du chef de ménage et non de l’interviewé lui-même
(Sources : sondages SOFRES postélectoraux 1969, 1974, 1981, 1988, 1995 ; panel électoral
français CEVIPOF — ministère de l’Intérieur 2002 et 2007, deuxième vague ; sondage
préélectoral IFOP 1965 ; « Présidentielle 2012 » Figaro-CEVIPOF ; sondage IPSOS, 3 au
5 mai 2012).
Conclusion

Neuf présidentielles avant celle de 2017. Les pages qui précèdent


en soulignent les grandes constances, par-delà les ajustements
successifs. Les élections présidentielles en France se caractérisent
par un accès ouvert au premier tour — et du coup une offre électorale
large rendant pratiquement impossible une victoire électorale dès le
premier tour —, un second tour réservé aux deux candidats arrivés
en tête, un financement public du scrutin, des rites quant aux
déclarations de candidatures, aux slogans et aux consignes de vote,
une limitation des dépenses électorales, un contrôle serré de la
régularité des élections, et, nouveauté de la période récente, le
recours à des primaires…
Quant aux différences, elles ne relèvent pas seulement des
évolutions législatives ou politiques inventoriées dans cet ouvrage.
Les présidentielles peuvent aussi être regroupées par grandes
périodes : la découverte de l’élection (1965 et 1969), la bipolarisation
(1974 et 1981), les scrutins d’après cohabitation (1988, 1995, 2002),
la normalisation (2007, 2012, 2017 ?). Une autre typologie des
présidentielles opposera celles avec président sortant (1965, 1981,
1988, 2002, 2012) et celles à renouvellement certain (1969, 1974,
1995, 2007). Quant à celle de 2017, il était impossible huit mois
avant son premier tour de déterminer de façon certaine si elle
relèverait de la première catégorie ou de la seconde.
Chacune de ces reconstructions possède une certaine pertinence.
Après avoir analysé permanences et changements, insistons sur la
part d’inédit qui subsiste à chaque présidentielle, « ni tout à fait la
même, ni tout à fait une autre ».
L’incertain et l’imprévisible ne portent pas tant sur les conditions
du déroulement des présidentielles, assez constantes, que sur leur
issue. Un président sortant peut être réélu (de Gaulle, Mitterrand,
Chirac), il peut être battu (Giscard, Sarkozy). Un ex-Premier ministre
donné battu peut être élu (Pompidou), un Premier ministre donné
élu, battu (Balladur, Jospin). Une alternance attendue peut ne pas
intervenir (1974), une réélection attendue ne pas survenir (1981). Les
sondages peuvent faire surgir (Ségolène Royal 2006) ou espérer
(Emmanuel Macron 2016) des candidatures inattendues. Un
troisième homme peut surgir, au point de mettre, contre toute
attente, le sortant en ballottage (Lecanuet 1965), ou même atteindre
le second tour (Poher 1969, Le Pen 2002).
Cette diversité et cette incertitude nourrissent l’attachement des
Français aux élections présidentielles. Non seulement ils possèdent
le pouvoir de choisir leur chef, ce qui n’existe que dans l’univers
politique. Non seulement, donc, ils écrivent une part de l’Histoire.
Mais encore chaque histoire n’est-elle jamais écrite d’avance.
1. La loi du 19 janvier 1995 prohibe toute contribution de personne
morale aux candidats et aux partis.
2. La loi organique du 5 février 2001 relative à l’élection du
président de la République au suffrage universel aligne le taux du
remboursement forfaitaire des dépenses électorales pour la
campagne présidentielle sur le seuil de droit commun de 50 % du
plafond des dépenses électorales autorisées.
3. Le 13 octobre 2013, le Conseil d’État a rendu un avis précisant
que « les dépenses faites par un candidat, lors d’une campagne en
vue d’une élection primaire avant investiture par un parti politique,
ne peuvent s’ajouter, pour l’application de l’article L. 52-12 du Code
électoral, aux dépenses de la campagne postérieure à cette
investiture ». Elles ne seront donc pas comptabilisées dans les
comptes de campagne des candidats.
1. Michel Debré, Discours devant le Conseil d’État, 27 août 1958.
2. Conseil des ministres, 29 août 1962.
3. Parodi, Atlas électoral 2007, p. 17.
4. Cette vision d’un président actif est d’ailleurs partagée par la
majorité des Français. En juillet 2007, ils étaient 64 % à souhaiter un
président de la République fixant les grandes orientations et prenant
la responsabilité de s’impliquer dans l’action (BVA — Le Figaro —
LCI, juill. 2007).
5. http://www.legifrance.gouv.fr.
6. De 1964 au 7 janvier 1988 : « La commission nationale de
contrôle est installée au plus tard 48 heures [*date limite*] avant le
jour de l’ouverture de la campagne électorale. » ; du 7 janvier 1988
au 9 mars 2001 : « La commission nationale de contrôle est installée
immédiatement après la publication du décret portant convocation
des électeurs pour l’élection du président de la République » ; du
9 mars 2001 au 22 avril 2006 : « La Commission nationale de
contrôle est installée le lendemain du jour de la publication du décret
fixant la date de l’envoi, par l’autorité administrative, des formulaires
mentionnés à l’article 3 aux citoyens habilités à présenter un
candidat. Dans le cas prévu par le dernier alinéa de l’article 3, la
Commission nationale de contrôle est installée le lendemain du jour
de la publication du décret portant convocation des électeurs » ; à
partir du 22 avril 2006 : « La Commission nationale de contrôle est
installée le lendemain du jour de la publication du décret portant
convocation des électeurs ».
7. Malgré la volonté exprimée par le législateur de 1986 (L. du 30
sept. 1986) d’autoriser la publicité politique à la TV, sa prohibition
est confirmée per les lois du 30 juillet 1987 : « Les émissions
publicitaires à caractère politique ne peuvent être diffusées qu’en
dehors des campagnes électorales ; elles sont toutefois interdites
jusqu’à l’entrée en vigueur d’une loi visant à garantir la
transparence du financement des mouvements politiques en
France » (art. 98) ; du 11 mars 1988 et du 15 janvier 1990.
8. Article 16, alinéa 2, de la loi du 30 septembre 1986. Ces
réglementations paraissent au Journal officiel. Une première
décision est destinée à l’ensemble des services de télévision et de
radio en vue de l’élection présidentielle ; une seconde, spécifique à la
campagne officielle, fixe la durée des émissions relatives à la
campagne officielle pour chaque candidat en vue du premier (puis
second) tour de scrutin de l’élection du président de la République et
porte répartition de cette durée en nombre et durée d’émissions ; une
troisième fixe les conditions de production, de programmation et de
diffusion de ces émissions ; une quatrième, plus tardive (car après la
clôture du dépôt des candidatures), fixe leur ordre de diffusion
quotidien.
9. Recommandation no 88-1 du 3 février 1988 de la Commission
nationale de la communication et des libertés aux sociétés nationales
de programme en vue de l’élection présidentielle (22 février à la date
d’ouverture de la campagne officielle) (JO du 10 févr. 1988).
10. Recommandation no 94-2 du 20 septembre 1994 du Conseil
supérieur de l’audiovisuel à l’ensemble des services de télévision en
vue de l’élection présidentielle.
11. Ibid.
12. Recommandation no 2001-4 du 23 octobre 2001 du Conseil
supérieur de l’audiovisuel à l’ensemble des services de télévision et
de radio en vue de l’élection présidentielle de 2002.
13. Le CSA précise dans sa recommandation du 23 octobre 2001 :
« La notion de « candidat » n’est définie par aucun texte jusqu’à la
date de publication de la liste officielle des candidats par le Conseil
constitutionnel. Jusqu’à cette date, le CSA entend par candidats
déclarés ou présumés, d’une part, les personnes ayant manifesté
publiquement leur volonté de concourir à cette élection, même en
l’assortissant de conditions et notamment en subordonnant le
caractère effectif de leur candidature à l’agrément d’un parti
politique et, d’autre part, toute personne qui concentre autour d’elle
des soutiens à sa candidature. »
14. Veille de la date de publication de la liste officielle des
candidats par le Conseil constitutionnel. Recommandation no 2006-
7 du Conseil supérieur de l’audiovisuel du 7 novembre 2006 à
l’ensemble des services de télévision et de radio en vue de l’élection
présidentielle.
15. La recommandation du CSA du 7 novembre 2006 précise : « Le
temps de parole comprend toutes les interventions d’un candidat ou
de ses soutiens. Le temps d’antenne comprend le temps de parole et
l’ensemble des éléments éditoriaux consacrés à un candidat et à ses
soutiens, tels que précisés dans le guide d’application joint en
annexe. »
16. Veille de la date de publication de la liste officielle des
candidats par le Conseil constitutionnel. Recommandation no 2011-3
du 30 novembre 2011 du Conseil supérieur de l’audiovisuel à
l’ensemble des services de radio et de télévision concernant l’élection
du président de la République.
17. Veille de la date de publication de la liste officielle des
candidats par le Conseil constitutionnel.
18. Ce n’est donc plus le principe de l’égalité qui prévaut, comme
en 2012, pour le temps de parole des candidats. Les critères de
l’équité sont en revanche précisés par rapport à la campagne de
2012. La représentativité du candidat est désormais également
appréciée au regard du nombre d’élus dont peuvent se prévaloir les
partis et groupements politiques qui soutiennent le candidat.
L’intention d’être candidat se détermine par l’organisation de
réunion publiques, les déplacements et visites de terrain, la
participation à des débats, mais aussi, par la désignation d’un
mandataire financier et par « l’exposition au public par tout moyen
de communication, y compris les réseaux sociaux, de la personne du
candidat et des éléments d’un programme politique. »
19. Modifiés par la loi no 85-692 du 10 juillet 1985, la loi no 90-55
du 15 janvier 1990, la loi no 99-210 du 19 mars 1999, l’ordonnance
no 2000-350 du 19 avril 2000, la loi no 2002-214 du 19 février 2002
(version en vigueur pour l’élection présidentielle de 2002), la loi
no 2007-224 du 21 février 2007 (version en vigueur pour l’élection
présidentielle de 2007), la décision no 2009-215 l du 12 février 2009
(version en vigueur pour l’élection présidentielle de 2012), la loi
no 2016-508 du 25 avril 2016 de modernisation de diverses règles
applicables aux élections (version en vigueur pour l’élection
présidentielle de 2017).
20. Détail : sondage préélectoral IFOP, enquête réalisée du 17 au
27 novembre 1965 (échantillon 2211) ; sondage préélectoral IFOP,
enquête réalisé les 14 et 16 décembre 1965 (échantillon : 2253) ;
sondage post-électoral SOFRES Le Monde, 15-16 juin 1969, enquête
réalisée le 4 juin 1969 ; sondage pré-électoral IFOP, enquête réalisée
le 12 juin 1969 (échantillon : 1518) ; post-électoral SOFRES Le nouvel
Obs., enquête réalisée le 20-21 mai 1974 (échantillon : 2000) ; post-
électoral SOFRES Le nouvel Obs., enquête réalisée le 15-20 mai 1981,
publiée Nouvel Obs. 1er juin 1981 (échantillon : 2000) ; post-électoral
SOFRES rapport d’enquête Habert, « Les choix des électeurs au
printemps 1988 »), enquête réalisée le 19-25 mai 1988 (échantillon :
2000) ; post-électoral SOFRES, enquête réalisée le 20-23 mai 1995
(échantillon : 2000) ; panel électoral français CEVIPOF — ministère
de l’Intérieur, 2e vague, enquête réalisée du 15 mai au 3 juin 2002
(échantillon : 4017) ; panel électoral français CEVIPOF — ministère
de l’Intérieur, 2e vague, enquête réalisée du 25 avril au 7 mai 2007
(échantillon : 2018) ; panel électoral français CEVIPOF — ministère
de l’Intérieur, 3e vague, enquête réalisée du 29 mai au 9 juin 2007
(échantillon : 2018) ; sondage CSA-BFMTV-RMC-20minutes 2012.

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