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INTRODUCTION

I. OBJET DE L’ETUDE
Les sociétés sont les principaux acteurs de la scène des affaires.
Des personnes mettent en commun des biens et des énergies en vue de réaliser,
par les opérations qu’elles font ensemble, des bénéfices partageables ou tout
simplement pour profiter de l’économie qui pourra en résulter1. Si l’on y ajoute
que le partage des bénéfices a pour corollaire la contribution aux pertes de tous
les associés, on se convainc vite que l’idée de groupement est née pour pallier les
limites de l’entreprise individuelle : seuil de productivité faible, absence de
patrimoine d’affectation a priori, intérêt fiscal. De plus, le groupement est
personnifié ; c’est un être juridique capable d’avoir, sur sa tête, des droits et des
obligations, ne se confondant pas avec ceux de ses membres et qui correspondent
à la nature du groupement.
L’évolution vers la reconnaissance de la notion de société s’est
faite progressivement. Avant Rome, la notion de société était presque inconnue.
Dans l’antiquité, il n’existait qu’une forme de contrat pouvant être
assimilée à une société : le prêt de fonds ou de marchandises, avec participation
du prêteur aux résultats. Malgré la méfiance des grecs et l’indifférence des
Romains, dès le 12è siècle, on voit se dessiner la véritable société. Ce sont d’abord
les phéniciens qui la pratiquent dans le commerce international. Puis vient la Lex
Rhodia de juctu, mère de la règle des avaries communes, qui organise la
contribution aux pertes et par là même assortit le contrat de transport maritime
d’une clause sociétaire entre ceux qui confient leurs marchandises aux aléas de la
mer et du négoce international. Grâce au développement du commerce maritime
et terrestre, il s’est créé des sociétés dites « société générale », semblables à des
sociétés de personnes en nom collectif dont la responsabilité des associés est
indéfinie et solidaire, mais dépourvues de personnalité morale ; il existe
cependant un intérêt commun entre associés faisant penser à la personnalité
morale et qu’on désigne sous le nom « corpus mysticum ». Sous l’Ancien régime
est née une autre forme de société créée à la base du contrat de commande,
assimilable à la société en commandite, et permettant à des personnes interdites
de commerce de participer à la société à titre de bailleurs de fonds. Sociétés
générales et sociétés en commandite sont sommairement réglementées par
l’Ordonnance de Louis XIV, sur le commerce de terre (dite Code marchand) en

1
Article4 alinéa 1 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et groupements d’intérêt
économique du 30 janvier 2014.
2

date de 1673. Puis au 19e siècle sont apparues les Grandes compagnies ou
compagnies coloniales. Ce sont des compagnies par actions de caractère semi-
public, et certains y voient les premières sociétés d’économie mixte, parce
qu’elles sont le fruit du pouvoir royal et des particuliers qui participent à leur
création et qui se partagent les bénéfices. Enfin, la société anonyme dont la
création est libre succède aux Grandes compagnies juste avant la Révolution
française.2
Les sociétés commerciales ont connu depuis le dernier siècle un
développement considérable. Elles se sont rencontrées de nos jours dans tous les
secteurs de la vie économique nationale et occupent toutes les phases du circuit
économique (de la production à la consommation en passant par la distribution),
recouvrant ainsi des entreprises de toutes dimensions, depuis les sociétés
familiales jusqu’aux grands trusts internationaux qui atteignent des tailles
impressionnantes qui leur donnent un grand rayonnement aussi bien dans leur
pays que dans le monde.
Le droit des sociétés commerciales est un droit sur mesure, forgé
pour répondre aux besoins du commerce. Il répond particulièrement à l’exigence
de sécurité nécessaire au développement des affaires et de l’entreprise.
Afin de contribuer à l’harmonie des législations et à la sécurisation
des affaires le législateur africain a fait un pas en avant, en adoptant, dans le cadre
de l’harmonisation du droit des affaires en Afrique, l’Acte Uniforme relatif au
Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique.
Ce texte qui modifie en profondeur le droit positif des Etats parties
au traité d’OHADA, tend à favoriser l’adaptation de l’entreprise africaine aux
nécessités contemporaines3.
Le droit OHADA des sociétés, qui est désormais le droit positif des
sociétés en République démocratique du Congo depuis le 12 septembre 2012, est
constitué de droit communautaire et de droit national.
Les règles communautaires sont principalement tirées des dispositions
du traité de l’OHADA, de l’acte uniforme du 17 Avril 1997 relatif au droit des
sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique, en abrégé
(AUSG), auquel s’est substitué l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et les GIE du 30 janvier 2014 en abrégé (AUSCGIE).

2
François ANOUKAHA et al, OHADA : société commerciale et GIE, BRUYLANT, BRUXELLES,2002, P1.
3
WILLY JAMES NGOUE, Ohada pratique du droit des sociétés commerciales la société à responsabilité limitée,
douala, éd Presse Universitaire Libre, 2007, p 5.
3

L’article 10 du traité OHADA affirme la primauté du droit


communautaire sur les dispositions du droit national « les actes uniformes sont
directement applicables et obligatoires dans les Etats-parties, nonobstant toute
disposition contraire de droit interne, antérieure ou postérieure » et l’article 2 de
l’AUSCGIE affirme le caractère d’ordre public attaché de manière générale aux
dispositions dudit acte « les statuts de la société commerciale et du groupement
d’intérêt économique ne peuvent déroger aux dispositions du présent acte
uniforme sauf dans le cas où celui-ci autorise expressément l’associé unique ou
les associés, soit à substituer des clauses statutaires aux dispositions du présent
acte uniforme. Est réputée toute clause statutaire contraire à une disposition du
présent acte. »4
La société se définit selon l’article 4 de l’acte uniforme relatif au droit
des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique comme
suit : «la société commerciale est créée par deux ou plusieurs personnes qui
conviennent par un contrat, d’affecter à une activité des biens en numéraire ou en
nature, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra
en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes dans les conditions
prévues par le présent acte uniforme. La société doit être créée dans l’intérêt
commun des associés. » 5
De cette définition, il se dégage que la société est une notion qui a deux
principaux sens, elle est à la fois un contrat et une institution.
Entant que contrat, l’article 4 dit que « la société commerciale est créée
par deux ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d’affecter…peut
en résulter ». Ce qui implique que la société est un contrat spécial prévus par l’acte
uniforme.
Le contrat de société est qualifié comme tel par le législateur uniforme
qui lui donne des éléments caractéristiques ou spécifiques (affectation des biens,
la recherche et le partage de bénéfice au profit d’une économie, la contribution
aux pertes et l’affectio societatis).
En plus d’être un contrat, la société est aussi une institution ou bien une
personne morale c’est-à-dire, la société est un organisme crée et fonctionnant
selon une constitution légale, impérative et durable, autonome par rapport à ses
fondateurs. Suivant cette acception, la société est une personne distincte de ses

4
. MAKABA NGOMA M, Droit des sociétés commerciales et groupement d’intérêt économique, Première licence,
Faculté de Droit, Unikin, Droit, 2021-2022, P 4.
5
Article 4 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique tel que révisé 30 février 2014.
4

associés à laquelle le droit reconnait, dans les conditions d’immatriculation au


RCCM, la personnalité juridique, entant que tel, sujet des droits et des
obligations.6
La transformation de la société est l’opération par laquelle une société
change de forme juridique par décision des associés.
La transformation de la société n’entraine pas la création d’une
personne morale nouvelle, elle ne constitue qu’une modification des statuts et est
soumise aux mêmes conditions de forme et de délai que celui-ci, toutefois, la
transformation d’une société dans laquelle la responsabilité des associés est
limitée à leurs apports en une société dans laquelle la responsabilité des associés
est limitée est décidé à l’unanimité des associés. Les délibérations prise en
violation des dispositions du présent alinéa sont nulles7.
La forme d’une société est son vêtement. Une société peut donc en
changer et adapter une autre forme, en considération des avantages et des
inconvénients liés à chaque type de société et de ses nouveaux besoins8.
L’intérêt pratique de la transformation régulière n’entraine donc pas
création d’une personne morale distincte nouvelle. C’est la personnalité morale
initiale qui demeure, avec le même patrimoine (actif et passif) ; il y a donc
seulement modification du mode d’exploitation juridique.
L’acte uniforme précise à cet effet que la transformation ne constitue
qu’une modification des statuts et est soumise aux mêmes conditions, en effet, ce
sont les associés qui avaient opté pour une forme donnée ; ce sont eux et non les
dirigeants qui vont prendre la décision de transformation.
Ils vont se réunir en assemblée pour arrêter le principe et les conditions
de la transformation. Cette décision impose alors une majorité qualifiée qui varie
en fonction du type de société.
La transformation comporte certaines spécificités notamment : le
maintien de la personne morale de la société, la modification statutaire obligatoire,
son opposabilité9.
La transformation emporte un certain nombre d’effets, d’après l’article
182 de l’acte uniforme, la transformation prend effet à compter du jour ou la
décision la constatant est prise. Cependant, elle ne devient opposable aux tiers
6
Auteur inconnu, OHADA droit de société, p2.
7
Article 181 de l’Acte Uniforme précité.
8
MAKABA NGOMA M, Op.cit.P 85
9
T. BETICKA, « Ohada : les méandres de la transformation des sociétés », in, Droit des affaires ohada.
5

qu’après achèvement des formalités de publicité prévues à l’article 256 de


AUSCGID.
La transformation ne peut avoir d’effet rétroactif, elle n’entraine pas un
arrêté des comptes si elle survient en cours d’exercice, sauf si les associés en
décident autrement. Les états financiers de synthèse de l’exercice au cours duquel
la transformation est intervenue sont arrêtés et approuvés suivant les règles
régissant la nouvelle forme juridique de la société.
Il en est de même de la répartition des bénéfices, la décision de la
transformation met fin aux pouvoirs des organes d’administration ou de gestion
de la société10.
Les personnes membres de ces organes ne peuvent demander des
dommages et intérêts du fait de la transformation ou de l’annulation de la
transformation que celle-ci a été décidée dans le seul but de porter atteinte à leurs
droits, le rapport de gestion est établi par les anciens et les nouveaux organes de
gestion, chacun d’eux pour sa période de gestion11.
La protection des tiers est assurée, en effet, la transformation de la
société ne doit pas porter atteinte à leurs droits. C’est la même personne morale
qui se perpétue, aussi, les créanciers sociaux, extérieurs à la transformation,
conservent pour le paiement de leurs créances les garanties et les recours dont ils
bénéficiaient d’après la forme ancienne.
La société de personnes est celle par laquelle les associés sont liés
indéfiniment et solidairement, c’est-à-dire la responsabilité des associés va au-
delàs de leurs apports, parmi les formes prévues à l’article 6 de AUSCGIE, les
sociétés des personnes sont : Société en commandite simple (SCS), la Société en
non collectif (SNC).
La société de capitaux est celle par laquelle, les associés ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et leurs droits
sont représentés par des actions, parmi ces sociétés nous pouvons citer : Société
anonyme (SA), société par action simplifiée (SAS).
La Société à responsabilité limitée (SARL) a une forme hybride, elle fait
partie en même temps à la société des personnes et à la société des capitaux.
Il sied de préciser que dans les sociétés des personnes l’on tient plus
compte de la personne (intuitu personnae), la personne est plus considérée, a

10
Article 184 de l’Acte Uniforme précité.
11
Article 185 du même Acte Uniforme.
6

contrario dans les sociétés des capitaux, ce sont les apports qui comptent beaucoup
(intuitu pecuniae).
De tout ce qui précède notre problématique se présente de la manière
suivante : Quel est le sort des créanciers sociaux après la transformation de la
société des personnes en une société des capitaux ? quels sont les effets de la
transformation ?

II. HYPOTHESE
Au regard des questions soulevées ci-haut, nous portons les hypothèses
selon lesquelles, d’après l’article 186 de l’acte uniforme qui dispose ceci : les
droits et obligations contractés par la société sous son ancienne forme subsistent
sous la nouvelle forme, il en est de même pour les suretés sauf clause contraire
dans l’acte constitutif de ces suretés. En cas de transformation d’une société dans
laquelle la responsabilité des associés est illimitée, en une société caractérisée par
une limitation de la responsabilité des associés à leurs apports, les créanciers dont
la dette est antérieure à la transformation conservent leurs droits contre la société
et les associés.
En lisant cette disposition de l’acte uniforme nous décelons qu’après
transformation de la société, cette dernière conserve ou est toujours débitrice de
ses anciens créanciers.
La nouvelle forme de la société n’empêche pas les créanciers de réclamer
leurs dettes mais aussi, les associés dont leurs responsabilités se trouvent limitée
par la nouvelle forme et qui étaient liés indéfiniment et solidairement par
l’ancienne forme, demeurent débiteurs de créanciers sociaux de l’ancienne forme,
d’où les créanciers sociaux ont la possibilité de poursuivre la société et
éventuellement les associés.
Pour la deuxième hypothèse, nous allons lire quelques dispositions de
l’acte uniforme et qui aidera à avoir de bonnes indications, il s’agit des articles
182, 183, 184 et 187.
Au regard des articles soulevés ci-haut de l’AUSCGIE, donnent les effets
de la transformation d’une société notamment : la transformation prend effet à
compter du jour ou la décision la constatant est prise, la transformation de la
société n’entraine pas un arrêté des comptes si elle survient en cours d’exercice,
la transformation met fin aux pouvoir des organes d’administration ou de la
gestion de la société, la transformation ne met pas fin aux fonctions du
commissaire aux compte.
7

III INTERET ET CHOIX DU SUJET


Le choix du sujet ne peut être un hasard car toute construction théorique
part toujours d’une difficulté, d’une alternative embarrassante et parfois sans
issue.
La recherche scientifique n’a jamais été un fruit du hasard, la motivation
qui pousse un chercheur à se choisir un sujet d’étude ou de recherche tient
principalement à une sorte d’angoisse existentielle, c’est-à-dire qu’à la suite d’une
observation de fait il se produit chez le chercheur un sentiment en finissant par
devenir une préoccupation de recherche.
Nous avons opté ce sujet pour donner les orientations aux créanciers
sociaux, après la transformation de la société comment ils peuvent récupérer leurs
créances.
Nous pensons à travers ce travail, apporter notre modeste contribution qui
entrainera et donnera les voies à suivre pour les créanciers sociaux mais aussi
toute personne qui sera touchée par la transformation d’une société.

IV. METHODOLOGIE
Toute investigation qui se veut scientifiquement doit faire recours à la
méthode relative au sujet et susceptible de conduire, le chercheur à obtenir les
informations fiables à sa préoccupation, ainsi pour mieux comprendre cette
démarche, il est souhaitable de définir les concepts méthode et technique.
PINTOR R et GRAWITZ M, définissent la méthode comme un ensemble
des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les
vérités qu’elle pourrait les démontre et les vérifie12.
Pour bien mener notre étude nous avons utilisé deux méthodes ; juridique et
sociologique, la première nous a permis d’interpréter l’acte uniforme relatif au
droit des sociétés commerciales et groupement d’intérêt économique, la seconde
nous a aidé de confronter les textes juridiques et à la réalité sur le terrain.
Les deux méthodes ont été complétées par la technique documentaire qui
nous a permis de consulter les ouvrages, notes de cours, articles et rapport ayant
trait à notre sujet.

12
PINTOR R et GRAWITZ M, Méthodes des sciences sociales, 3ème éd. Dalloz, Paris, 1993, p 36.
8

V. DELIMITATION DU SUJET
Notre sujet est délimité dans le temps mais aussi dans l’espace.
Dans le temps notre travail va de 2014, date de la révision de l’acte uniforme
jusqu’à nos jours, dans l’espace notre sujet à un impact sur le sol OHADA.

VI. PLAN SOMMAIRE


Notre travail comprend deux chapitres.
Le premier chapitre parle des sociétés à responsabilité illimitée ou les
sociétés de personnes et les sociétés à responsabilité limitée ou les sociétés de
capitaux ; le deuxième parle de la transformation des sociétés et le sort des
créanciers sociaux.
Enfin, une conclusion met fin à nos développements.
9

CHAPITRE I : LES SOCIETES DE PERSONNES ET LA SOCIETE DE


CAPITAUX

Le droit OHADA a adopté la distinction classique entre sociétés de


personnes et sociétés de capitaux13.
Dans ce présent chapitre, nous examinons les différentes notions de
sociétés de personnes d’une part et celles des sociétés de capitaux de l’autre part.

SECTION I : SOCIETES DE PERSONNES


Certaines sociétés présentent la particularité d’être dominées par
l’importance des qualités personnelles des associés. Ces sociétés sont appelées
sociétés de personnes car les associés s’y groupent en considération de leur
personnalité. Dans l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
G.I.E, deux types de société méritent cette qualification : les sociétés en nom
collectif et les sociétés en commandite simple14.
Ces deux sociétés sont des sociétés dans lesquelles les membres sont
liés de façon « intuitu personnae » le nouvel Acte uniforme reconnait clairement
que les dispositions relatives aux sociétés en nom collectif sont applicables aux
sociétés en commandite simple, sous réserve des règles prévues spécifiquement
pour ce type de société15.
§1 : Société en nom collectif
La société en nom collectif est définie comme étant celle dans laquelle
tous les associés sont commerçants et répondent indéfiniment et solidairement des
dettes sociales16.
Tous les associés ont, du seul fait de leur appartenance à la société, la
qualité de commerçant et sont assujettis à toutes les obligations de ceux-ci. Ils
sont indéfiniment et solidairement responsables du passif de la société. Cette
responsabilité très lourde explique pourquoi l’intuitu personnae joue un rôle
considérable dans ce type de société. Etant donné que les associés sont
responsables solidairement et sur leur patrimoine propre, il est normal qu’il y ait

13
CHEICK LUPETU.S, « société de personnes en droit OHADA »
14
François ANOUKAHA et al, Op. Cit. P310.
15
CHEICK LUPETU.S, Oc. Cit.
16
Article 270 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés et du groupement d’intérêt économique.
10

une confiance réciproque entre eux et un accord de tous pour l’entrée des tiers
dans la société17.
A. LA CONSTITUTION D’UNE SOCIETE EN NOM COLLECTIF

1. Conditions de fond :
Ces conditions se rattachent aux associés, au capital social et à l’objet
social.
a) Les associés :
La SNC doit comprendre au moins deux associés ou plus, personnes
physiques ou morales, les associés ont tous de droit la qualité de commerçant.
Ils doivent avoir la capacité voulue pour faire le commerce, ce type de
société est donc interdit aux majeurs en tutelle ou en curatelle ; aux personnes
soumises à une incompatibilité, une déchéance ou une interdiction. En ce qui
concerne les mineurs, seuls ceux qui sont émancipés peuvent être commerçants18.
Les associés doivent donner leur consentement qui se traduit par la
volonté, celle-ci doit être consciente, elle doit être aussi sincère. De ce point de
vue il n’y a aucune différence entre la SNC et les autres formes de société, s’il y
a une différence c’est au niveau de l’intégrité du consentement. La SNC et la SCS,
la seule forme de société dans laquelle les vices de consentement sont causes de
nullité.
Les vices de consentement peuvent résulter d’une erreur, d’un dol ou
d’une violence.
L’erreur peut porter sur la forme de la société adoptée ou sur la personne
d’un associé.
Le dol suppose qu’un fondateur ait recours à des manœuvres afin
d’induire une personne en erreur et l’amener ainsi à faire partie d’une société. Il
faut bien entendu, comme en droit commun, que les manœuvres aient été telles
que sans elles, l’associé qui se prévaut du dol pour demander la nullité de l’acte
de société, n’eut pas donné son consentement.
Comme le consentement, la capacité constitue une condition importante
de constitution d’une société en nom en collectif. L’incapacité est une cause de
nullité de la société. Cette règle s’explique aisément. Les associés d’une société
en nom collectif étant tous des commerçants, il n’est pas convenable qu’un
17
François ANOUKAHA et al, Op. Cit. P313.
18
Philippe Merle et al, Droit commercial, sociétés commerciales, DALLOZ, 2018/2019, P212.
11

incapable fasse partie de ce type de société, tout au moins à l’origine, l’accès à la


profession commerciale étant refusé aux incapables.
Les incapables sont les personnes auxquelles la loi enlève le droit de
participer au commerce juridique pour protéger, soit contre leur inexpérience (les
mineurs), soit contre la défaillance de leurs facultés mentales ou corporelles.
L’acquisition de la qualité de commerçant qui découle de l’entrée dans
une société en nom collectif devait également conduire à considérer que les
personnes frappées d’interdiction et les personnes exerçant une profession
incompatible avec l’exercice d’une activité commerciale ne doivent pas pouvoir
être membres d’un tel type de société.
Il ne nous semble pas cependant que la présence d’une personne
frappée d’interdiction ou exerçant une profession incompatible avec une activité
commerciale dans une société en nom collectif soit une cause de nullité de celle-
ci. Il y a plutôt des sanctions civiles et pénales et c’est l’associé intéressé qui les
subits. Ces sanctions sont prévues par l’Acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif et précisément par les articles 196
et 229.19
Il résulte de l’article 196 que la juridiction compétente peut prononcer
la faillite personnelle des personnes qui ont commis des actes de mauvaise foi ou
des imprudences inexcusable ou qui ont enfreint gravement les règles et usages
du commerce20 tels que définis par l’article 197, cet article (197) du même Acte
uniforme considère comme acte de cette nature l’exercice d’une activité
commerciale contrairement à une interdiction.
Quant à l’article 229, il fait de l’exercice d’une profession commerciale
en violation d’une interdiction un cas de banqueroute frauduleuse.21

b) Le capital social :

L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du


groupement d’intérêt économique ne fixe aucun capital minimum pour la
société en nom collectif.

19
François ANOUKAHA et al, Op. Cit. P315.
20
Article 196 de l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif de
2015.
21
Article 229 de l’Acte uniforme précité.
12

La règle de la personnalité solidaire et indéfinie des associés constitue


une sérieuse garantie pour les créanciers, dans ces conditions le capital
social ne présente pas une grande importance dans ce type de société.
Le capital qui peut donc être purement symbolique est divisé en parts
sociales qui peuvent aussi être symbolique puisqu’aucune valeur minimale
n’est imposée. Il n’y a qu’une seule exigence en ce qui concerne les parts :
elles doivent être de même valeur nominale.
Les parts sont émises en rémunération des apports effectués par les
associés. On peut observer ici qu’il n’existe aucune règle propre aux
associés en nom collectif et destinée à fixer le régime des apports. Il faut
donc faire appel aux règles générales22.
Les apports en numéraire posent essentiellement un problème de
libération. L’article 41 alinéa 2 prévoit que les apports en numéraire sont,
sauf disposition contraire de l’Acte uniforme sur les sociétés, intégralement
libérées au moment de la constitution. Il nous semble, à la lecture de ce
texte, qu’en l’absence de règle spécifique consacrée à la libération des
apports dans la société en nom collectif, la libération doit être effectuée
entièrement au moment de la constitution.
En ce qui concerne les apports en nature, ils posent plutôt un
problème d’évaluation. L’article 49 al. 1 de l’AUSCGIE prévoit, à cet
égard, qu’il appartient aux associés de procéder à l’évaluation. Celle-ci ne
fait pas l’objet, dans les sociétés en nom collectif, d’une procédure de
contrôle. En effet le commissaire aux apports n’intervient pour effectuer un
contrôle de l’évaluation des apports que dans les cas prévus par la loi ; or
l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales ne prévoit
l’intervention du commissaire aux apports que dans les sociétés de
capitaux.
La réalisation des apports permet à la société de disposer des biens
nécessaires à la réalisation de l’objet social.

c) L’objet social :

Considéré comme le genre d’activités auxquelles la société peut se


livrer pour faire les bénéfices ou réaliser des économies, l’objet social joue
un rôle capital en matière de sociétés commerciales. L’objet social
conditionne à certains égards l’existence de la société. En effet, l’objet doit
être déterminé et la nullité est encourue si l’objet est illicite.

22
François ANOUKAHA et al, Op. Cit. P317
13

En dehors de cet aspect que l’on retrouve dans toutes les sociétés,
l’objet présente un intérêt particulier dans les sociétés en nom collectif.
C’est lui qui, dans ce type de société, détermine les pouvoirs des dirigeants ;
ceux-ci pouvant accomplir tous les actes entrant dans l’objet social. Les
associés doivent, dans ces conditions, veiller particulièrement à la
détermination de l’objet social dans les statuts. Une formule vague pour
fixer l’objet peut se révéler catastrophique pour les associés de la société
en nom collectif car il permet aux dirigeants d’accomplir les actes divers
qui engagent la société, et à travers celle-ci, les associés qui sont tenus
indéfiniment et solidairement du passif social23.

2. Condition de forme :

L’expression de la volonté doit être constatée par la rédaction


des statuts, cette formalité est importante car sans les statuts, il n’est pas
possible d’effectuer les formalités de publicité prévues par la loi.

a) Les statuts :
Le contrat de société donne nécessairement lieu à
l’établissement de statuts puisqu’à défaut de statuts, on tombera en
présence d’une société créée de fait.
L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique donne une certaine liberté aux
associés ; ceux-ci ont, en effet, le choix entre un acte authentique et
tout acte offrant des garanties d’authenticité déposé avec
reconnaissance d’écritures et de signatures au rang des minutes d’un
notaire.
Si les statuts ont fait l’objet d’un acte sous seing privé, il est
dressé autant d’originaux qu’il est nécessaire pour le dépôt d’un
exemplaire au siège social et l’exécution des diverses formalités
requises. Cette règle prévue pour toutes les sociétés est complétée
par une règle propre aux sociétés de personnes. Selon l’Art 11 in fine
pour ce type de société (les sociétés en nom collectif, les sociétés en
commandite simple et les sociétés à responsabilité), il doit être remis
un exemplaire original à chaque associé.

23
François ANOUKAHA et al, Op. Cit. P318
14

b) Les mesures de publicité :


Il est impérieux de faire connaitre aux tiers l’existence de la
société. C’est ce qui explique l’obligation faite aux dirigeants d’accomplir
certaines mesures de publicité.
Ainsi, la société doit faire l’objet d’une immatriculation au
registre de commerce et du crédit immobilier. L’absence d’immatriculation prive
la société de la personnalité juridique car l’Art 98 AUSCGEI subordonne la
jouissance de la personnalité juridique à l’immatriculation.
Il faut ainsi une insertion d’un avis dans un journal habilité à
recevoir des annonces légales dans l’Etat partie du siège social. Cet avis, qui doit
être signé par le notaire si les statuts ont fait l’objet d’un acte notarié ou par les
fondateurs, doit contenir les mentions prévues par l’Art 262 AUSCGEI.
Cette dernière mesure de publicité prend un relief particulier
dans les sociétés en nom collectif compte tenu de la sanction énergique que
l’Article 245 AUSCGEI attache au défaut d’accomplissement de cette formalité.
En effet, ce texte prévoit que, dans les sociétés en nom collectif et les sociétés en
commandite simple, l’accomplissement des mesures de publicité est requis à
peine de nullité. Cette sanction se présente cependant sous une physionomie
particulière, car non seulement la société et les associés ne peuvent pas s’en
prévaloir à l’égard des tiers, mais en outre le tribunal a la faculté de ne pas le
prononcer si aucune fraude n’est constatée24.

B. LE FONCTIONNEMENT DE LA SOCIETE EN NOM COLLECTIF


Le fonctionnement de la société en nom collectif, nous renvoie à la
situation des deux entités qui font vivre : les gérants et les associés.
1. Les gérants :
Comme dans toutes les sociétés, le pouvoir souverain appartient aux
associés ; mais ceux-ci ne peuvent pas assurer le fonctionnement quotidien de la
société. C’est ce qui explique l’importance du rôle des gérants dont le statut et les
pouvoir sont fixés par les articles 276 à 282 AUSCGIE.
a) Nomination du gérant :
24
François ANOUKAHA et al, Op. Cit. P320
15

Une grande liberté est laissée aux associés pour la désignation du


ou des gérants, puisque l’article 276 al. 2 prévoit que les statuts
organisent librement la gérance.
Si les associés n’usent pas de la prérogative qui leur est reconnue
en fixant dans les statuts les règles organisant la gérance, tous les associés
sont réputés être gérants ; chacun pourra alors accomplir séparément tous
les actes nécessaires à l’administration de la société.
Au regard du mode de désignation, ils ont le choix entre la
nomination dans les statuts et la nomination dans un acte ultérieur.
En ce qui concerne la personne du gérant, rien n’est imposé aux
associés25.
C’est ainsi qu’ils ont le choix entre désigner une personne
physique ou désigner une personne morale ; dans ce dernier cas, les
dirigeants de la personne morale « sont soumis aux mêmes
responsabilités civiles et pénales que s’ils étaient gérants en leur nom
propre, sans préjudice de la responsabilité solidaire » de celle-ci26.
Ils ont aussi le choix de désigner un associé et désigner un tiers.

La liberté ainsi accordée aux associés dans l’organisation de la


gérance n’est cependant pas sans limite. Ils doivent en effet, dans la
désignation des gérants, tenir compte des textes qui interdisent l’exercice
d’une activité de direction d’une société à certaines personnes ; ainsi ne
pourront être nommés gérants ceux qui ont été déclarés en faillite
personnelle à la suite d’un jugement prononçant le redressement
judiciaire ou la liquidation des biens.
Il convient de rappeler à ce propos que la décision qui prononce la
faillite personnelle emporte de plein droit l’interdiction de diriger, gérer,
administrer ou contrôler une entreprise commerciale à forme individuelle
ou une personne morale ayant une activité économique27.

b) La fin des fonctions :


Pour éviter l’inamovibilité du gérant, l’Acte uniforme a consacré le
droit pour les associés de provoquer son départ en le révoquant.
Les conditions de la révocation dépendent de la qualité du gérant.
Aussi faut-il distinguer selon que le gérant est associé ou ne l’est pas.

25
François ANOUKAHA et al, Op. Cit. P320.
26
L’Article 276 de l’Acte uniforme portant droit des sociétés commerciales et groupement d’intérêt
économique de 2015.
27
L’Article 203 de l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif.
16

La révocation d’un gérant associé. Lorsque le gérant est un associé,


trois cas de figure peuvent se présenter.
• Il se peut, tout d’abord, que tous les associés soient gérants. Il en
ainsi, par exemple, à défaut d’organisation de la gérance dans les
statuts. Dans une telle hypothèse, la révocation de l’un d’eux ne
peut résulter que d’une décision unanime des autres associés.
• Il se peut ensuite que la gérance soit assurée par un associé désigné
dans les statuts. Dans un tel cas figure aussi, il faut une décision
unanime des autres associés. La même règle doit être appliquée
lorsque, plusieurs associés gérants étant nommés dans les statuts,
l’un d’eux doit être révoqué. En pareil cas, même ceux qui ont la
qualité de gérant doivent pouvoir participer à la prise de décision.
• Il peut arriver enfin que la gérance soit assurée par un associé non
désigné dans les statuts. Dans un tel cas, la révocation résulte d’une
décision prise à la majorité en nombre et en capital des autres
associés.
La révocation d’un gérant non associé. Lorsque le gérant est un tiers non
désigné dans les statuts, sa révocation est décidée à la majorité en nombre et en
capital des autres associés. L’Acte uniforme ne consacre en revanche aucune
disposition à la révocation du tiers nommé gérant dans les statuts.
L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique ne fait aucune allusion à d’autres causes, mais il va de soi
que certains événements qui touchent la vie du gérant, lorsqu’ils se réalisent,
entrainent automatiquement la fin des fonctions du gérant.
Tel est le cas, bien évidemment, du décès d’un gérant personne physique ou
de la dissolution d’une personne morale nommée gérante.
Tel est également le cas de la survenance d’une incapacité, du prononcé de
la faillite personnelle ou de tout autre événement empêchant de manière durable
l’exercice des fonctions (maladie prolongée par exemple).
Pas plus que ces événements qui affectent la vie du gérant, la démission
n’est visée par l’Acte uniforme. Il ne fait cependant aucun doute que le gérant
peut démissionner de ses fonctions, et il n’y a pas à distinguer selon qu’il s’agit
de gérant non statutaire, car on ne peut pas maintenir en fonction quelqu’un contre
sa volonté28.

28
François ANOUKAHA et al, Op. Cit. P323.
17

2. Les associés :

Les associés en nom collectif sont dans une situation juridique très
particulière ; c’est ce qui explique le caractère personnel très marqué
des sociétés en nom collectif et l’importance des qualités personnelles
de chaque associé.

a) Droit des associés :


Comme tous les associés, les membres d’une société en nom
collectif ont le droit de participer au profit collectif réalisé dans le
cadre de l’exploitation sociale ; ils ont aussi et surtout et c’est en
contrepartie de leur responsabilité solidaire et indéfinie, le droit de
prendre part aux grandes décisions et le droit d’être informés sur
l’activité des gérants.
➢ Le droit de prendre part aux décisions : En principe, les
décisions sont prises dans le cadre d’une assemblée dont les
règle de convocation et le fonctionnement sont fixées par les
articles 286 et 287 AUSCGIE. Il en résulte de l’article 286
que l’assemblée se réunit sur convocation du ou des gérants ;
cette convocation, qui doit intervenir au moins 15 jours avant
la tenue de l’assemblée, est faite par lettre au porteur contre
récépissé ou par lettre recommandée avec demande d’avis
de réception ; elle doit indiquer la date, le lieu de réunion et
l’ordre du jour.
A l’issue de la réunion, un procès-verbal comportant la
signature de chacun des associés présents est établi29.
Pour éviter l’adoption des décisions à l’insu de certains
associés, l’Acte uniforme sanctionne sévèrement
l’irrégularité de la convocation. En effet, la nullité de
l’assemblée est encourue toutes les fois que les règles de
convocation auront été violées. Toutefois, l’Acte uniforme,
transposant ici la règle « pas de nullité sans grief » comme
en droit judiciaire privé, déclare irrecevable l’action en
nullité, lorsque, malgré l’irrégularité de la convocation, tous
les associés ont été présents ou représentés30.

29
Article 287 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et groupement d’intérêt
économique du 30 janvier 2014.
30
François ANOUKAHA et al, Op. Cit.P332.
18

➢ Le droit à l’information : Dans le titre 5 du livre 1er, il est


question du contrôle des associés, mais l’unique article qui
forme ce titre, l’article 289, est consacré au droit
d’information des associés. Ce texte donne aux associés le
droit d’obtenir communication de certains documents.
Ainsi, dans les 15 jours qui précèdent l’assemblée annuelle,
les gérants doivent communiquer aux associés le rapport de
gestion, l’inventaire, les états financiers de synthèse ainsi
que, le cas échéant, le texte des résolutions proposées et le
rapport du commissaire aux comptes.
En outre, les associés peuvent, à condition d’informer les
gérants au moins 15 jours à l’avance, consulter au siège
social les documents et pièces comptable ainsi que les
procès-verbaux des délibérations et des décisions
collectives. Ce droit de consultation, qui ne peut s’exercer
que deux fois par an, s’accompagne du droit de prendre
copie, à leurs frais, des documents de leur choix. Dans
l’exercice de ce droit, les associés peuvent se faire assister
par expert-comptable ou un commissaire aux comptes31.

b) Les obligations des associés en nom collectif :


Les associés en nom collectif sont des commerçants, ils sont
soumis aux obligations attachées à cette qualité. Ils sont aussi tenus
d’obligations spécifiques dont la plus importante est l’obligation
au passif social.
➢ L’obligation au passif : selon l’Article 270, les associés en
nom collectif répondent indéfiniment et solidairement des
dettes sociales. Pour cette raison, deux époux ne peuvent être
simultanément membres de ce type société. Pour la même
raison, l’ouverture d’une procédure collective contre la
société entraine automatiquement le redressement judiciaire
ou la liquidation des biens de chaque associé.
L’obligation au passif social est attachée de plein droit à la
qualité d’associé. Il suffit d’être membre d’une société en
nom collectif pour être assujetti à la responsabilité indéfinie
et solidaire. Le principe est en apparence simple ; son
application pose cependant des problèmes compte tenu des

31
Article 289 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et groupement d’intérêt
économique du 30 janvier 2014
19

modifications qui peuvent toujours affecter la composition


de la société.
Il arrive en effet, que des parts sociales soient cédées et que
des associés entrent dans la société à la place d’associés qui
en sortent. Dans un tel cas, il se pose la question de savoir
quelle va être l’influence de l’acquisition ou de la perte de la
qualité d’associé sur la responsabilité. Pour répondre à cette
question, il faut faire une distinction. Si un associé quitte la
société. Si un associé quitte la société en cours de vie sociale,
il reste tenu du passif social antérieur à son départ, mais
seulement de ce passif. Il n’est donc pas tenu du passif né
postérieurement à son départ ; il faut cependant qu’il ait
publié son départ dans les formes prévues par la loi, car c’est
seulement à compter de cette publication que son départ
devient opposable aux tiers. Etant donné que la publication
intervient dans la pratique toujours après la cession, l’associé
qui se retire va être tenu du passif contracté entre la date de
la cession et celle de la publication. Si un associé entre dans
la société en cours de vie sociale, il est tenu du passif social,
et il n’y a pas à distinguer selon que le passif est né avant ou
après son entrée32.

C. LA DISPARITION DE LA SOCIETE EN NOM COLLECTIF

La société en nom collectif est soumise aux causes de dissolution


communes à toutes les sociétés : arrivée du terme, réalisation ou extinction
de l’objet social, annulation du contrat de société, décision des associés,
dissolution judiciaire pour des justes motifs, la révocation d’un associé
gérant nommé dans les statuts.
Mais la SNC, société de personnes, est également dissoute pour des
causes liées à des événements touchant personnellement les associés.
Cependant des dispositions statutaires ou la décision unanime des associés
permettent la continuation de la société33.
La société commerciale peut disparaitre sous la forme initiale et
renaitre sous une autre forme. C’est qu’on appelle la transformation.

32
François ANOUKAHA et al, Op. Cit.P336.
33
Philippe Merle et al, Droit commercial, sociétés commerciales, DALLOZ, 2018/2019, P237
20

§2 : Société en commandite simple


La société en commandite simple est celle dans laquelle coexistent un ou
plusieurs associés indéfiniment et solidairement responsable des dettes sociales
dénommé « associés commandités » avec un ou plusieurs associés responsables
dans la limite de leurs apports dénommés « associés commanditaires » ou
« associé en commandite » et dont le capital est divisé en parts sociales34.
Sa structure est cependant un peu plus complexe en raison de la coexistence
de deux catégories d’associés : les commandités et les commanditaires. Il n’y a
pas de commandite en l’absence soit de commanditaire, soit de commandité et il
ne suffit pas que la dualité existe au moment de la constitution, car l’exigence
d’une double catégorie d’associés apparait aussi en cours de vie sociale35.
A. CONSTITUTION DE LA SOCIETE EN COMMANDITE SIMPLE

La forme de la commandite n’est pas toujours adoptée à l’origine. En


effet, les sociétés en commandite résultent souvent de la transformation
d’une société en nom collectif à la suite du décès d’un associé laissant des
héritiers mineurs qui ne peuvent être associés en nom collectif. Mais que
cette forme soit choisie dès l’origine ou qu’elle résulte d’une
transformation, il y a toujours des règles de fond et de forme à observer.36

1. Condition de fond
Les règles de conditions de fond de constitution des sociétés en
commandite simples sont pareilles avec celles des sociétés en nom
collectif, seulement il faut tenir compte de la particularité de ce type de
société notamment au sujet des associés et le capital social.

a) Les associés :
La SCS a au moins deux ou plusieurs associés, cette forme de
société ne fait pas l’objet d’une manifestation unilatérale de volonté.
La société en commandite simple regorge deux types d’associés, les
uns sont liés solidairement indéfiniment et les autres ont une
responsabilité limitée qu’à leurs apports. Les associés de chaque type
sont soumis à des règles très particulières. De cette façon les associés

34
Article 293 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et groupement d’intérêt
économique du 30 janvier 2015.
35
François ANOUKAHA et al, Op. Cit.P349.
36
Idem.
21

commandités ont le même statut que les associés en nom collectif,


ils doivent avoir la capacité nécessaire pour faire le commerce, ils ne
doivent pas faire l’objet d’interdiction ou exercer une profession
incompatible avec l’exercice d’une activité commerciale.
L’Article 9 AUSCGIE, n’autorise pas que deux époux soient
associés commandités, seulement rien n’empêche à ce que l’un soit
commandité et l’autre commanditaire, cet Article vise les époux
tenus indéfiniment et solidairement des dettes sociales.
Pour les associés commanditaires, ils sont soumis à des règles
moins contraignantes. Etant donné qu’ils ne sont pas commerçants,
on admet généralement qu’on ne peut exiger d’eux les conditions
nécessaires pour faire le commerce. Rien ne s’oppose alors à ce
qu’un incapable ou une personne frappée d’interdiction puisse
accéder à une société en commandite simple en qualité de
commanditaire. Cette souplesse s’explique par le fait qu’on attend
du commanditaire plus les fonds qu’il apporte à la société qu’autre
chose ; les commandités apportant généralement leur industrie, ce
sont les apports des commanditaires qui, le plus souvent, constituent
le capital social.
Compte tenu de la présence des commanditaires à coté des
commandités, il ne peut pas y avoir une transposition pure et simple,
à la société en commandite simple, des règles de la société en nom
collectif. On comprend dans ces conditions, pourquoi la
dénomination sociale de la société en commandite simple soit
soumise à des règles particulières. En effet, l’Article 294 AUSCGIE,
après avoir indiqué que la société en commandite simple est désignée
par une dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée
ou suivie des mots « société en commandite simple » ou du sigle
« S.C.N », interdit formellement l’incorporation du nom d’un
commandité dans cette dénomination37.

b) Le capital social :
L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
groupement d’intérêt économique ne fixe aucun minimum et ne
prévoit aucune valeur minimale pour les parts sociales, cela
s’explique par le fait que la garantie des créanciers sociaux repose
sur l’engagement indéfini et solidaire des commandités.

37
François ANOUKAHA et al, Op. Cit.P352.
22

Le capital social est constitué par les apports en numéraire et en


nature effectués par les associés commanditaires et les commandités.
On note, en ce qui concerne les apports en nature, qu’aucune mesure
n’a été édictée pour éviter leur éventuelle surévaluation. C’est que la
présence des commandités, tenus sur leurs biens personnels du passif
social, est suffisante pour garantir les droits des créanciers38.

2. Condition de forme :
Les conditions de forme et de publicité sont presque les
mêmes avec celles de la société en nom collectif. Il faut en effet,
comme pour la société en nom collectif, rédiger les statuts et réaliser
les formalités de publicité.
L’Article 245 AUSCGIE qui exige les formalités de publicité
à peine de nullité, cette disposition s’applique aux sociétés en nom
collectif et aux sociétés en commandite simple.
Il y a cependant une particularité de la société en commandite
simple qu’il importe de souligner ; elle tient au fait que les statuts de
la société en commandite simple doivent contenir certaines mentions
qui ne sont pas exigées pour les statuts de la société en nom collectif.
L’Article 295 AUSCGIE impose en effet aux associés de faire
figurer, dans les statuts, les statuts, les indications suivantes :
• Le montant ou la valeur des apports de tous les associés ;
• La part dans ce montant ou cette valeur de chaque associé
commandite ou commanditaire ;
• La part globale des associés commandités et la part de chaque
associé commanditaire dans la répartition des bénéfices et
dans le boni de liquidation.

B. LE FONCTIONNEMENT DE LA SOCIETE EN COMMANDITE


SIMPLE

Le fonctionnement de la société en commandite simple, nous renvoie


à la situation des deux entités qui font vivre : les gérants et les associés.

1. Les gérants :

38
François ANOUKAHA et al, Op. Cit.P352.
23

L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du


groupement d’intérêt économique a réglementé la nomination des
gérants et la fin des fonctions des gérants.

a) Nomination du gérant :
La société en commandite simple est gérée par tous les associés
commandités, sauf clause contraire des statuts qui peuvent désigner
un ou plusieurs gérants, parmi les associés commandités, ou en
prévoir la désignation par un acte ultérieur, dans les mêmes
conditions et avec les mêmes pouvoirs que dans une société en nom
collectif39. Les associés commanditaires n’ont pas droit d’être
nommé gérant de la société.
b) La fin des fonctions des gérants :
Dans l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique, seules les règles concernant la
nomination et le pouvoir des gérants des sociétés en nom collectif
sont déclarées applicables à la société en commandite simple. Il n’y
a donc pas renvoi aux règles applicables à la révocation des gérants
de la société en nom collectif. Étant donné que rien n’est prévu non
plus dans les dispositions propres à la société en commandite simple,
on peut penser que le législateur régional a entendu s’en remettre aux
associés pour fixer, dans les statuts, les conditions de majorité
requise pour la prise de décision. Mais que décider si les associés
n’ont rien prévu ? cette situation devrait cependant rester
exceptionnelle car, comme nous l’avons déjà souligné, même si
l’article 295 ne le dit pas expressément, les règles de prise de
décision doivent obligatoirement figurer dans les statuts. Donc, à
défaut de stipulation spéciales sur les conditions de majorité requises
pour la révocation, on appliquera les stipulations concernant, de
manière générale, les prises de décision par les associés40.

2. Les associés :
C’est l’existence des associés commanditaires que la SCS se
distingue de la société en nom collectif. La personnalité de ces
commanditaires intéresse moins les tiers que celle des commandités.

39
L’Article 298 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique du 30 janvier 2014.
40
François ANOUKAHA et al, Op. Cit.P357.
24

a) Les droits des associés :


A la différence des associés commandités, les commanditaires
ne peuvent pas gérer la société, ils ont presque les mêmes droits avec
les commandités entre autres : droits de participer aux bénéfices,
droits de prendre part aux décisions collectives.
• Le droit de participer aux bénéfices : la part des associés dans
les bénéfices ne dépend pas de leur qualité ; elle est en
fonction de la quotité du capital détenu. Le commanditaire a
donc autant droit aux bénéfices réalisés que le commandité, et
défaut de stipulation statutaire, la part de chacun sera
proportionnelle à la participation dans le capital social.
• Le droit de prendre part aux décisions : toutes les décisions qui
excèdent les pouvoir des gérants sont prises par la collectivité
des associés. Les statuts fixent les modalités de consultation,
en assemblée ou par consultation écrite, ainsi que les règles de
quorum et majorité. Les délibérations prises en violation de
ces clauses statutaires sont nulles. Toutefois, la réunion d’une
assemblée de tous les associés est de droit si elle est demandée
soit par un associé commandité, soit par le quart en nombre et
en capital des associés commanditaires41.
b) Les obligations des associés :
Les deux associés (commentaires et commandités) contribuent
au passif de la société. C’est comparable à la participation aux
bénéfices, proportionnelle au nombre de parts détenues, sauf
stipulation contraire des statuts.
La qualité d’associé commandité ou d’associé commanditaire
n’intervient que pour la détermination de l’étendue de la
responsabilité.
Les associés commandités sont indéfiniment et solidairement
responsables des dettes sociales, de ce point de vue, les
commandités sont soumis au même régime que les associés en
nom collectif.
Les associés commanditaires, ils sont responsables des dettes
sociales qu’en concurrence de leurs apports. Cependant, il y’a une
exception à ce principe, il peut arriver qu’un associé
commanditaire soit tenu sur son patrimoine solidairement avec
les commandités, c’est le cas de l’immixtion du commanditaire

41
Article 302 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique du 30 janvier 2015.
25

dans la gestion de la société, il en est de même lorsque le nom


d’un commanditaire est incorporé dans la dénomination sociale.
Dans ce deux cas le commanditaire sera tenu indéfiniment et
solidairement.

C. LA DISPARITION DE LA SOCIETE EN COMMANDITE SIMPLE

La société en commandite simple est soumise aux causes de


dissolution communes à toutes les sociétés : arrivée du terme, réalisation
ou extinction de l’objet social, annulation du contrat de société, décision
des associés, dissolution judiciaire pour des justes motifs, ...
En plus des causes de dissolution communes à toutes les sociétés, il y
a les causes de dissolution propres à la société en commandite simple.
Ainsi, le décès d’un associé commandité entraine la dissolution, s’il n’y a
pas de clause de continuation.
Il sied de noter que la société en commandite simple étant caractérisée
par la coexistence de deux catégories d’associés, il devrait y avoir
dissolution si la disparition d’une catégorie n’est pas suivie d’une
régulation ou d’une transformation. Il en serait par exemple ainsi en cas de
cession totale des parts par le seul associé commandité aux
commanditaires.

SECTION II : SOCIETES DE CAPITAUX

Les sociétés de capitaux s’opposent à la société de personnes, elles sont


caractérisées par « intuitu pecuniae », dans ce type de société l’on tient plus
compte des apports la considération des associés sont moindre et n’ayant
pas d’effet. Ce sont les sociétés à risque limité parce qu’elles sont
constituées en considération des capitaux apportés. Ces sociétés sont les
plus importantes en nombre et en poids. Sur le plan juridique, elles sont
soumises à une législation plus contraignante que celle des sociétés de
personnes.
Dans l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
G.I.E, deux types de société méritent cette qualification : société Anonyme,
société par action simplifiée. Il importe de préciser que la société à
responsabilité limitée (SARL) est hybride, elle regorge certains traits des
sociétés de personnes mais aussi ceux des sociétés de capitaux.
26

§1. Société Anonyme

L’Article 385 de l’Acte uniforme relatif au droit de des sociétés


commerciales et du groupement d’intérêt économique définit la société
anonyme comme une société dans laquelle les actionnaires ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont
les droits des actionnaires sont représentés par des actions .

A. CONSTITUTION DE LA SOCIETE ANONYME


La société anonyme se diffère d’autres type de sociétés à ce qui
concerne sa constitution. Hormis les communes à toutes les sociétés, la
constitution de la S.A nécessite cinq (5) étapes entre autres,
l’établissement du bulletin de souscription, le dépôt des fonds et
certificat du dépositaire, l’établissement des statuts, et le retrait des
fonds.
• L’établissement du bulletin de souscription :
Est un document par lequel une personne qui souhaite
acquérir une action dans une société formalise son intention, dans
ce document, elle s’engage à réaliser un apport au capital social
de la société. Le bulletin est établi par les fondateurs de la société,
ceux-ci contactent alors individuellement chacun des potentiels
actionnaires. En cas d’agrément, ceux-ci datent et signent le
bulletin en mentionnant en toutes lettres le nombre d’actions
souscrites.
Le bulletin de souscription est établi en deux exemplaires
originaux, l’un pour la société en formation et l’autre pour le
notaire chargé de dresser la déclaration de souscription et de
versement42.
Le bulletin de souscription doit contenir les mentions ci-
après : la dénomination sociale, la forme de la société, le montant
du capital social à souscrire, l’adresse prévue pour le siège
social43…
• Le dépôt des fonds et certificat du dépositaire :
Les fonds reçus doivent être déposés soit chez un notaire,
soit dans une banque domiciliée dans l’Etat partie du siège de la
société en formation. En même temps qu’il dépose les fonds, le

42
Article 391 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique du 30 janvier 2015.
43
Article 392 du même Acte uniforme.
27

fondateur doit remettre au dépositaire la liste des souscripteurs et


le montant des sommes versées par chacun d’entre eux. C’est
cette liste que les souscripteurs peuvent, à leur demande,
consulter et le cas échéant, obtenir à leur frais délivrance des
copies. Il faut remarquer cependant que lorsque les fonds ont été
déposés au fur et à mesure qu’ils ont été perçus, cette liste ne
pourra être établie qu’à la fin de l’opération. Il sied de préciser
que le dépôt est fait dans un délai de huit jours à compter de la
réception des fonds.
• L’établissement des statuts :
Les statuts sont établis conformément aux dispositions de
l’article 10 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique. Les statuts
sont signés par tous les souscripteurs, en personne ou par
mandataire spécialement habilité à cet effet, après l’établissement
du certificat du dépositaire. Excepté les mentions prévues pour
tous les statuts, les statuts de la société anonyme à signer doivent
contenir entre autres énonciations : le mode d’administration et
de direction ; la désignation des premiers responsables de la SA ;
la dénomination sociale ; la forme des actions émises ; les clauses
relatives à la composition, au fonctionnement et aux pouvoirs des
organes de la société…
• Le retrait des fonds :
Le retrait des fonds provenant des souscriptions en
numéraire ne peut avoir lieu qu’après l’immatriculation de la
société au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM).
Il est effectué, selon le cas, par le président directeur général,
le directeur général ou l’administrateur général, sur présentation
au dépositaire du certificat du greffier ou de l’organe compétent
de l’Etat partie attestant l’immatriculation de la société au registre
du commerce et du crédit mobilier.
Tout souscripteur, six mois après le versement des fonds,
peut demander en référé à la juridiction compétente, la
nomination d’un administrateur chargé de retirer les fonds pour
les restituer aux souscripteurs, sous déduction de ses frais de
répartition si, à cette date, la société n’est pas immatriculée.
28

B. L’ORGANISATION DE LA SOCIETE ANONYME


L’Acte uniforme prévoit deux modes de gestion, la S.A avec conseil
d’administration et la S.A avec administrateur général. Seules les sociétés
anonymes comprenant au moins 3 actionnaires bénéficient de cette option.

a) La S.A avec conseil d’administration :


Dans cette structure, le conseil d’administration n’est, comme son l’indique,
qu’un organe d’administration. Il existe à côté, et de manière plus permanente, un
organe de direction.
Le conseil d’administration est formé de trois membres au moins et douze
membres au plus. Si la plupart des membres sont actionnaires, il est permis que
dans la limite du tiers de ses membres soit admis au conseil d’administration des
membres non actionnaires.
L’administrateur peut être soit une personne physique, soit une personne morale,
dans ce dernier cas, la personne morale est tenue de désigner pour la durée de son
mandat, un représentant qui encourra les mêmes responsabilités que s’il était
administrateur en son nom propre.44
Les membres du premier conseil d’administration sont désignés soit par les
statuts de la S.A, soit cours de l’assemblée générale constitutive. En cours de vie
sociale, les administrateurs sont désignés par l’assemblée générale ordinaire.
La durée du mandat des administrateurs est fixée librement par les statuts sans
pouvoir excéder six ans en cas de nomination en cours de vie sociale et deux ans,
en cas de désignation par les statuts ou par l’assemblée générale constitutive.
Le conseil d’administration a comme attribution de déterminer les orientations
de l’activité de la société et veiller à leur mise en œuvre. Sous réserve des pouvoirs
expressément attribué aux assemblées d’actionnaires et dans la limite de l’objet
social, il se saisit de toute question intéressant la bonne marche de la société et
règle par ses délibérations les affaires qui la concernent. Le conseil
d’administration procède aux contrôles et vérification qu’il juge opportuns.
Le conseil d’administration est dirigé par un président du conseil
d’administration, ce dernier est nécessairement un administrateur puisqu’il est dit
que le conseil d’administration désigne parmi ses membres un président qui doit

44
François ANOUKAHA et al, Op. Cit.P417.
29

être une personne physique. La durée du mandat du président du conseil


d’administration ne peut excéder celle de son mandat d’administrateur. Le mandat
du président est renouvelable.
Le président du conseil d’administration préside les réunions du conseil
d’administration et les assemblées générales. Il doit veiller à ce que le conseil
d'administration assure le contrôle de la gestion de la société confiée au directeur
général.
A ce qui concerne la direction de la société anonyme, l’Acte uniforme offre aux
actionnaires une alternative. Ils peuvent faire assurer la direction de leur société
soit par le président du conseil d’administration, il est alors appelé président
directeur général (PDG), soit par un directeur général distinct du président du
conseil d’administration.
Le PDG est nommé parmi ses membres du conseil d’administration et il doit être
une personne physique. La durée du mandat du président directeur général ne peut
excéder celle d’administrateur.
Le PDG préside le conseil d’administration et les assemblées générales, il assure
la direction générale de la société et représente celle-ci dans ses rapports avec les
tiers.
Excepté le PDG, la direction de la S.A peut être gérée par un directeur général.
Le DG est également nommé par le conseil d’administration, seulement le DG
n’est pas nécessairement un administrateur ou un actionnaire de la société, il peut
être toute personne physique.
Le DG, tout comme le PDG, peut proposer au conseil d’administration la
nomination d’un ou plusieurs DG adjoints.
b) La société anonyme avec administrateur général
Les sociétés anonymes comprenant un nombre d’actionnaires égal ou inférieur à
trois (3) ont la faculté de ne pas constituer un conseil d’administration et peuvent
désigner un administrateur général qui assume, sous sa responsabilité, les
fonctions d’administration et de direction de la société.
L’administrateur général est désigné parmi les actionnaires ou en dehors d’eux.
Le premier administrateur général est nommé dans les statuts, en cours de la vie
sociale, l’administrateur général est nommé par l’assemblée générale ordinaire. Il
a un mandat de six ans s’il est nommé en cours de la vie sociale et deux ans s’il
est nommé par les statuts.
30

L’administrateur général assume, sous sa responsabilité, l’administration et la


direction générale de la société. Il représente la société auprès de tiers. Il est
secondé une ou plusieurs personnes physiques (administrateur général adjoint).

C. LA DISPARITION DE LA SOCIETE ANONYME


La société anonyme est dissoute pour les causes communes à toutes
les sociétés dans les conditions et sous les effets prévus aux Articles 200 à 2002
de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et groupement
intérêt économique.
Hormis ces causes, la S.A peut être dissoute par d’autres causes. En
effet, si du fait des pertes constatées dans les états financiers de synthèse, les
capitaux propres de la société deviennent inferieurs à la moitié du capital social,
le conseil d’administration ou l’administrateur général, selon le cas, est tenu, dans
les quatre mois qui suivent l’approbation des comptes qui ont fait apparaitre ces
pertes, de convoquer l’assemblée général extraordinaire à cet effet de décider sur
la dissolution anticipée de la société.
Si l’assemblée générale n’est pas réunie ou si elle n’a pu délibérer
valablement sur la dernière convocation, tout intéressé peut demander en justice
la dissolution de la société.
Si l’assemblée générale s’est valablement réunie et a décidé de ne
pas prononcer la dissolution anticipée de la société, celle-ci est tenue de
reconstituer ses capitaux propres à concurrence d’une valeur au moins égal à la
moitié du capital social et ce au plus tard à la clôture du deuxième exercice qui
suit celui au cours duquel la constatation des pertes a été faite. A défaut, elle doit
dans le même délai réduire son capital d’un montant au moins égal à celui des
pertes qui n’ont pu être imputée sur les réserves. Faute par la société de le faire,
sa dissolution peut être demandée en justice par toute personne intéressée.
Ajoutons que pour la société anonyme dont les actions sont
inscrites à la bourse de valeurs mobilières d’un ou plusieurs Etats partie ou qui
fait publiquement appel à l’épargne, sa dissolution pourra être demandée en
justice par tout intéressé, si son capital étant devenu inferieur au minimum légal
(qui est de 100.000.000) elle ne s’est pas transformée en une société d’une autre
forme. Cette dissolution sera cependant évitée si, au jour où la juridiction saisie
statue sur le fond la société est régularisée.
31

§2. Société par Action simplifiée


La réforme de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales a été adoptée le 30 janvier 2014. À cette occasion,
plusieurs réformes majeures ont été introduites en droit des sociétés à
l’occurrence de la création de la société par action simplifiée.
La société par Action simplifiée est définie à l’Article 853-1, « La
société par Action simplifiée est une société instituée un ou plusieurs
associés et dont les statuts prévoient librement l’organisation et le
fonctionnement de la société sous réserve des règles impératives du
présent livre. Les associés de la société par action simplifiée ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et
leurs droits sont représentés par action ».
Les associés de la SAS ne sont responsables des dettes sociales
qu’à concurrence de leurs apports et leurs droits sont représentés par
des actions, le capital social est divisé en actions, dont le montant
nominal est librement fixé par les statuts.
Les règles relatives à la constitution (libération, publicité), au
contrôle, à la dissolution des SA, ainsi que celles relatives aux valeurs
mobilières sont aussi applicables à la SAS.
Les statuts déterminent librement le montant du capital social et
celui du nominal des actions. Le capital social peut être constitué par
des apports non seulement en numéraire tout comme en nature, mais
aussi en industrie, ce qui constitue une exception à la règle selon
laquelle l’apport en industrie sont inaliénable. Les modalités de
souscription et de répartition de ces actions sont librement déterminées
par les statuts45.
Pour son administration, la société est administrée par :
• L’administration par un conseil d’administration ;
• L’administration par un président.

45
Justin Monsenepwo et al ; l’impact de l’ohada sur le droit des sociétés commerciales en République
démocratique du Congo, HARMATTAN, Paris, 2015, P 152.
32

Dans la mesure où elles sont compatibles avec les dispositions


particulières prévues par le présent livre les règles concernant les
sociétés anonymes à l’exception des articles 367 alinéa 1, 414 à 561,
690, 751 à 753 sont applicables à la société par action simplifiée. Pour
l’application de ces règles et à défaut de clauses statutaires spécifiques
les attributions du conseil d’administration ou de son président exercé
par le président de la société par action simplifiées ou celui ou ceux de
ses dirigeants que les statuts désignent a à cet effet.
Les statuts fixent les conditions dans lesquelles la société est
dirigée, elle est toutefois représentée à l’égard des tiers par un président
désigné dans les conditions prévue par les statuts. Ledit président est
investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au
nom de la société dans la limite de l’objet social46.
Dans le rapport avec les tiers, la société est engagée même par
les actes du président qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins
qu’elle ne prouve que le tiers savait que l’acte dépassait cet objet ou
qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu de circonstances, sans que la
seule publication des statuts suffise à constituer cette preuve.
Les statuts peuvent cependant prévoir les conditions dans
lesquelles une ou plusieurs personnes autres que le président peut
exercer les pouvoirs confies à ce dernier. Elles porteront le titre de
directeur général ou directeur général adjoint.
Les limitations des pouvoirs du président, du directeur général,
directeur général adjoint sont inopposable aux tiers peu importe qu’elle
émane des statuts ou des organes sociaux.
Le président (personne physique ou personne morale) peut être
l’associé unique et/ou le seul organe de gestion de la société.
Les associés peuvent aussi prévoir d’autres dirigeants et/ou un
organe collégial. Mais en dehors du président, seuls les dirigeants
portant le titre de directeur général ou de directeur général adjoint

46
Fungongo Mboma, Droit des affaires, HERE I’am, KINSHASA, 2021, P107.
33

peuvent être investis par les statuts du pouvoir de représenter la société


à l’égard des tiers47.
La SAS peut disparaitre par les mêmes causes que celles qui
entrainent la dissolution de la société anonyme.
En effet l’Article 853-3 de l’acte uniforme étend à cette forme
de société les dispositions qui régissent les sociétés anonymes dans la
mesure ou elles sont compatibles celles qui sont particulièrement
réservées par le livre II de l’acte uniforme qui l’institue.

47
Daouda BA et Pierre Callede, « la consécration de la société par action simplifiée par l’acte uniforme révisé :
libres propos et quelques idées sur cette nouvelle forme de société en droit OHADA ». P5.
34

CHAPITRE II : LA TRANSFORMATION DES SOCIETES ET LE


SORT DES CREANCIERS SOCIAUX
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