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EN COURS D’ACQUISITION

 Action en contestation de maternité et de paternité,


art.332 à 334CC. OBJECTIFS
 Action en contestation de la possession d’état, art.335 1. Après lecture des
CC. décisions reproduites, les
étudiants devront
préparer la dissertation
suivante : La place de la
vérité biologique dans le
droit de la filiation.

Doc.1: Cass. Civ. 1ère 28 mars 2000, n° 98-12806


Doc.2 : Cass. Civ. 1ère 19 mars 2008, n° 07-11573
Doc.3 : Cass. Civ. 1ère 6 juillet 2016, n° 15-19853
Doc.4 : Cass. Civ. 1ère 13 juillet 2016, n° 15-22848
Doc.5 : Cass. Civ. 1ère 1er février 2017, n°15-27245
Doc.6 : Cass. Civ. 1ère 15 janvier 2020, n°19-12348
Doc.7 : Cass. Civ. 1ère 23 mars 2022, 21-12.952 Séance à préparer pour la semaine
du 12 juin.
Pour aller plus loin :
-Cass. Civ. 1ère 3 mars 2021, 19-21.384
-Cass. Civ. 1ère 31 mars 2021, 19-22.232, Inédit
-Cass. Civ. 1ère 3 novembre 2021, 19-25.235
-Cass. Civ. 1ère 9 février 2022, 20-12.206

Doc. 1 : Cass. Civ. 1ère 28 mars 2000

Sur le moyen unique :


Vu les articles 339 et 311-12 du Code civil, ensemble l'article 146 du nouveau Code de
procédure civile ;
Attendu que l'expertise biologique est de droit en matière de filiation, sauf s'il existe un motif
légitime de ne pas y procéder ;

1
Attendu que Mme X... a donné naissance, le 29 octobre 1994, à un enfant prénommé Emmanuel
Jean-Marc qui a été reconnu dans l'acte de naissance par M. Y... ; que, le 26 juin 1995, elle a
formé une action en contestation de cette reconnaissance et sollicité une expertise sanguine ;
Attendu que pour la débouter de sa demande, l'arrêt attaqué énonce que Mme X... ne rapporte
pas la preuve du caractère mensonger de la reconnaissance et qu'une expertise médicale ne
peut être ordonnée en vue de suppléer la carence de la partie dans l'administration de la preuve ;
Attendu qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé les deux premiers des textes susvisés par
refus d'application et le troisième, par fausse application ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 2 octobre 1997, entre les
parties, par la cour d'appel de Paris ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état
où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de
Versailles.

Doc. 2 : Cass. Civ. 1 ère 19 mars 2008, n° 07-11573

Attendu que Mme X... épouse Z... a donné naissance le 18 mai 2001, à une fille prénommée
Suzan, qui a été déclarée sur les registres de l'état civil comme née des époux ; que le 4 janvier
2001, M. Y... avait reconnu devant l'officier de l'état civil, l'enfant à naître de Mme X... ; que par
acte du 5 octobre 2001, M. Y... a fait assigner les époux Z... aux fins de contester la paternité
légitime de M. Z... et de voir valider sa reconnaissance ; qu'après avoir constaté que les époux
Z... avaient refusé de se soumettre à l'examen comparatif des sangs ordonné avant dire droit, le
tribunal de grande instance a dit que l'enfant n'était pas la fille légitime de M. Z... et déclaré
valable la reconnaissance effectuée par M. Y... ;

Sur le premier moyen :

Attendu que les époux Z... font grief à l'arrêt attaqué (Paris,7 décembre 2006) de rejeter la fin de
non-recevoir tirée de l'absence de mise en cause de l'enfant Suzan, alors, selon le moyen, que
l'enfant dont la filiation est contestée par un tiers doit être lui-même attrait dans la procédure, en
la personne de son représentant légal ou d'un administrateur ad hoc ; qu'en décidant néanmoins
que dans l'instance relative à la contestation de sa paternité légitime exercée contre M. et Mme
Z... par M. Y..., les intérêts de l'enfant Suzan n'étaient pas en opposition avec ceux de ses
parents légitimes et en en déduisant que l'action était recevable malgré l'absence de mise en
cause de Suzan, qui était pourtant la première intéressée par l'action relative à sa filiation, la cour
d'appel a violé les articles 311-12 et 334-9 du code civil, ensemble les articles 31 et 32 du code
de procédure civile ;

Mais attendu que l'arrêt énonce que l'action a été exercée contre M et Mme Z... qui sont les
représentants de l'enfant et dont les intérêts ne sont pas en opposition avec ceux des époux Z... ;
que la cour d'appel a ainsi fait ressortir que les époux Z... avaient été attraits à la procédure tant
en leur nom personnel qu'en leur qualité de représentants légaux de l'enfant ; que le moyen n'est
pas fondé ;

Sur le second moyen, pris en ses deux branches :

Attendu que les époux Z... font encore grief à l'arrêt de dire valable la reconnaissance effectuée
le 4 janvier 2001 par M. Y... et que l'enfant Suzan n'était pas la fille légitime de M. Z..., alors,
selon le moyen :

1° / qu'une possession d'état d'enfant légitime paisible et non équivoque peut se constituer

2
pendant la grossesse de l'épouse, puis se poursuivre de façon continue après la naissance de
l'enfant, rendant ainsi irrecevable l'action en contestation de paternité légitime ; qu'en excluant
toute possession d'état d'enfant légitime paisible non équivoque et continue, aux motifs qu'avant
la naissance de Suzan la possession d'état d'enfant légitime ne pouvait être constituée et que,
par conséquent, la reconnaissance prénatale de paternité naturelle de M. Y... était valable, pour
en déduire la recevabilité de l'action en contestation de paternité légitime, la cour d'appel a violé
les articles 311-1,311-2 et 334-9 du code civil ;

2° / qu'en toute hypothèse, la possession d'état s'établit par une réunion suffisante de faits qui
indiquent le rapport de filiation et de parenté entre un individu et la famille à laquelle il est dit
appartenir, sans que la " revendication " exercée par un tiers puisse y faire obstacle ; qu'en
écartant néanmoins l'existence d'une possession d'état d'enfant légitime " paisible, sans
ambiguïté et continue " de Suzan, aux motifs que M. Z... avait connaissance de la revendication
de paternité de M. Y... et que ce dernier l'avait assigné en contestation de paternité légitime
moins de six mois après la naissance de Suzan, la cour d'appel a violé les articles 311-1,311-2 et
334-9 du code civil ;

Mais attendu, d'une part, que la cour d'appel, qui n'a pas adopté les motifs des premiers juges,
n'a pas dit qu'une possession d'état d'enfant légitime ne pouvait être constituée avant la
naissance de l'enfant ; d'autre part, qu'ayant relevé, d'abord, que Mme Z... reconnaissait avoir
entretenu, pendant la période légale de conception de l'enfant, des relations intimes avec M. Y... ;
ensuite, que durant la grossesse, ce dernier avait revendiqué sa paternité et, enfin, que M. Z...,
qui avait eu connaissance de cette revendication, avait été assigné en contestation de paternité
légitime moins de six mois après la naissance de l'enfant, la cour d'appel a pu déduire de ces
énonciations qu'il ne s'était pas constitué une possession d'état d'enfant légitime paisible, sans
équivoque et continue et que dès lors, les demandes de M. Y... étaient recevables ; d'où il suit
que le moyen ne peut être accueilli ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Doc. 3 : Cass. Civ. 1 ère 6 juillet 2016, n° 15-19853

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 19 mars 2015), que Daniel X...est né le 4 novembre
1950 d'Yvette Y...et de Louis X..., décédé le 2 décembre 1976 ; que, par un testament olographe
du 7 juin 2002, René Z...a reconnu « son petit neveu », Daniel X..., comme son fils et l'a institué
légataire universel ; que ce testament a été révoqué par un testament authentique reçu le 11
février 2009, dans lequel René Z...instituait comme légataires son neveu, Bernard Z..., à hauteur
de 60 %, d'une part, Antoine X...et Julien X...(fils de Daniel X...), chacun à hauteur de 20 %,
d'autre part ; que René Z...est décédé le 11 septembre 2009 ; qu'estimant être le fils biologique
de ce dernier, Daniel X...a, le 24 novembre 2011, assigné sa mère ainsi que les autres ayants
droit de Louis X...aux fins de contestation de la paternité de celui-ci à son égard ; que,
parallèlement, il a fait assigner Bernard Z..., pris en sa qualité de légataire universel de René Z...,
ainsi que les autres légataires universels de ce dernier, aux fins d'établissement de sa paternité à
son égard ; que les deux instances ont été jointes par le tribunal qui a déclaré l'action irrecevable
comme prescrite ; qu'après avoir relevé appel de ce jugement, Daniel X...est lui-même décédé en
cours d'instance, le 1er décembre 2014 ; que l'action a été reprise par ses héritiers ;

Sur le moyen unique, pris en ses trois premières branches, ci-après annexé :

Attendu que ces griefs ne sont manifestement pas de nature à entraîner la cassation ;

Sur les trois dernières branches du moyen :

3
Attendu que MM. Antoine et Julien X...et Mme Danièle A...veuve X...(les consorts X...) font grief à
l'arrêt de constater l'expiration du délai quinquennal d'exercice de l'action en contestation de
paternité et de déclarer cette action irrecevable alors, selon le moyen :

1°/ qu'en considérant, pour retenir que l'application en l'espèce des règles de prescription ne
portait pas atteinte au droit au respect de la vie privée, que l'action reprise par les consorts X...ne
poursuivait qu'un intérêt patrimonial, après avoir pourtant constaté que MM. Antoine et Julien
X...étaient les fils de Daniel X..., ce dont il résultait que l'impossibilité de faire établir, au travers
de celle de leur père, leur ascendance portait une atteinte directe à leur vie privée, la cour d'appel
a violé les articles 333 du code civil et 8 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme
et des libertés fondamentales ;

2°/ subsidiairement, qu'en considérant, pour retenir que l'application en l'espèce des règles de
prescription ne portait pas atteinte au droit au respect de la vie privée, que l'ascendance de Mme
Danièle A..., veuve X...n'était pas en cause, quand la veuve dispose nécessairement d'un intérêt
personnel, relevant du respect de sa vie privée, à faire établir la filiation de son défunt mari, la
cour d'appel a violé les articles 333 du code civil et 8 de la Convention de sauvegarde des droits
de l'homme et des libertés fondamentales ;

3°/ et en tout état de cause, que toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale ;
que les règles qui restreignent le droit d'une personne à voir établie sa filiation biologique portent
atteinte au respect dû à sa vie privée et familiale ; qu'en jugeant pourtant que l'application des
règles de prescription prévues par l'article 333 du code civil, qui enferment dans un délai de cinq
ans à compter du jour où la possession d'état a cessé l'action en contestation de paternité,
préalable nécessaire à l'action aux fins d'établissement de paternité, et qui font obstacle à une
telle action lorsque la possession d'état conforme au titre a duré au moins cinq ans depuis la
naissance ou la reconnaissance, ne portait pas au droit au respect de la vie privée une atteinte
justifiant d'écarter ces règles, la cour d'appel a violé l'article 8 de la Convention de sauvegarde
des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;

Mais attendu, d'abord, que, si l'application d'un délai de prescription ou de forclusion, limitant le
droit d'une personne à faire reconnaître son lien de filiation paternelle, constitue une ingérence
dans l'exercice du droit au respect de sa vie privée et familiale garanti à l'article 8 de la
Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, la fin de non-
recevoir opposée aux consorts X...est prévue à l'article 333 du code civil et poursuit un but
légitime, en ce qu'elle tend à protéger les droits et libertés des tiers ainsi que la sécurité
juridique ;

Attendu, ensuite, que la cour d'appel a constaté, d'une part, que Daniel X..., dont la filiation
paternelle était concernée, était décédé au jour où elle statuait ; qu'elle a relevé, d'autre part, que
ses descendants ne soutenaient pas avoir subi, personnellement, une atteinte à leur vie privée
du fait de l'impossibilité d'établir, au travers de celle de leur père, leur ascendance ; qu'après
avoir retenu que cette considération était sans objet s'agissant de sa veuve, dont l'ascendance
n'était pas en cause, elle en a déduit que l'action engagée par les consorts X...ne poursuivait
qu'un intérêt patrimonial ; qu'en l'état de ces énonciations, elle a pu décider que l'application des
règles prévues à l'article 333 du code civil ne portait pas au droit au respect de leur vie privée
une atteinte excessive au regard du but légitime poursuivi, justifiant que ces règles fussent
écartées et que l'action fût déclarée recevable ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Doc. 4 : Cass. Civ. 1 ère 13 juillet 2016, n° 15-22848

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Sur le premier moyen, pris en ses quatrième et cinquième branches :
Vu les articles 310-3 et 332, alinéa 2, du code civil ;

Attendu que l'expertise biologique est de droit en matière de filiation, sauf s'il existe un motif
légitime de ne pas y procéder ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué, qu'Ilham X... a été inscrite à l'état civil comme étant née le 31 août
2006 de Mme Y... et de M. X..., son époux ; qu'en septembre 2010, M. Z... a assigné ces derniers
en contestation de la paternité de M. X... et en établissement judiciaire de sa paternité ; qu'après
avoir ordonné une expertise biologique à laquelle M. X... et Mme Y... n'ont pas déféré, le tribunal
a dit que M. X... n'était pas le père de l'enfant ;
Attendu que, pour infirmer le jugement ayant ordonné une expertise biologique et rejeter l'action
en contestation de paternité, l'arrêt retient que M. Z... a introduit son action tardivement et que la
finalité recherchée par ce dernier n'est pas de faire triompher la vérité biologique mais de se
venger de Mme Y..., qui a refusé de renouer une relation amoureuse avec lui, de sorte qu'en
présence d'une action tardive et dont la finalité bafoue l'intérêt de l'enfant concernée, M. X... et
Mme Y... justifient d'un motif légitime de refus de l'expertise biologique ;
Qu'en statuant ainsi, par un motif inopérant relatif au caractère tardif de l'action, et alors que
l'intérêt supérieur de l'enfant ne constitue pas en soi un motif légitime de refus de l'expertise
biologique, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen :

CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il déclare recevable l'action engagée par M. Z... et rejette
l'exception de nullité soulevée par M. X... et Mme Y..., l'arrêt rendu le 2 juin 2015, entre les
parties, par la cour d'appel de Metz ; remet, en conséquence, sur les autres points, la cause et
les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie
devant la cour d'appel de Nancy ;

Doc. 5 : Cass. Civ. 1 ère 1er février 2017, n°15-27245

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 22 septembre 2015), que Noé X... a été inscrit sur les
registres de l'état civil comme étant né le 25 décembre 2007 de M. X... et Mme Y..., qui l'avaient
reconnu avant sa naissance ; que M. Z... a assigné M. X... en contestation de paternité le 14
novembre 2012, puis la mère de l'enfant, en qualité de représentante légale, le 28 février 2013 ;
qu'un jugement du 17 décembre suivant a désigné un administrateur ad hoc aux fins de
représenter l'enfant ;

Sur le premier moyen :

Attendu que Mme Y... et M. Z... font grief à l'arrêt de déclarer l'action en contestation de paternité
irrecevable alors, selon le moyen, que les délais de prescription comme de forclusion peuvent
être interrompus par une demande en justice ; qu'en affirmant que le délai quinquennal prévu par
la loi était un délai de forclusion pour en déduire qu'il était insusceptible d'interruption et de

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suspension et qu'il n'avait donc pu être interrompu par l'assignation délivrée le 14 novembre
2012, la cour d'appel a violé les articles 333, alinéa 2, et 2241 du code civil ;

Mais attendu que, si le délai de forclusion prévu par l'article 333, alinéa 2, du code civil peut être
interrompu par une demande en justice, conformément à l'alinéa premier de l'article 2241 du
même code, l'action en contestation de paternité doit, à peine d'irrecevabilité, être dirigée contre
le père dont la filiation est contestée et contre l'enfant ; que, la cour d'appel ayant constaté que
Noé X... n'avait pas été assigné dans le délai de cinq ans suivant sa naissance, il en résulte que
l'action était irrecevable, l'assignation du 14 novembre 2012, dirigée contre le seul père légal, à
l'exclusion de l'enfant, n'ayant pu interrompre le délai de forclusion ; que, par ce motif de pur
droit, substitué, dans les conditions de l'article 1015 du code de procédure civile, à ceux critiqués,
la décision se trouve légalement justifiée de ce chef ;

Sur le second moyen :

Attendu que Mme Y... et M. Z... font le même grief à l'arrêt alors, selon le moyen, que l'auteur de
la contestation soutenait que la Convention européenne des droits de l'homme faisait prévaloir,
en matière de filiation, la mise en conformité de la filiation juridique à la réalité biologique, et que
les règles de prescription ou la conformité du titre et de la possession d'état ne pouvaient faire
échec à son droit au recours devant les tribunaux tendant à privilégier la réalité biologique sur la
filiation juridique ; qu'en affirmant que n'était pas contraire à l'intérêt supérieur de l'enfant la
décision du législateur qui, à l'expiration d'une période de cinq ans pendant laquelle le père
juridique s'est comporté de façon continue, paisible et non équivoque comme le père de l'enfant,
avait fait prévaloir la vérité sociologique en ne permettant pas de rechercher quel était le père
biologique, sans rechercher si, en vertu de la Convention européenne des droits de l'homme,
celui qui se prétendait être le père avait le droit de faire primer la vérité biologique, la cour d'appel
a privé sa décision de base légale au regard de l'article 8 de la Convention de sauvegarde des
droits de l'homme et des libertés fondamentales ;

Mais attendu que M. Z... s'est borné, dans ses conclusions d'appel, à invoquer la prééminence de
la vérité biologique ; qu'après avoir constaté la possession d'état de l'enfant à l'égard de M. X...,
l'arrêt énonce que le législateur a choisi de faire prévaloir la réalité sociologique à l'expiration
d'une période de cinq ans pendant laquelle le père légal s'est comporté de façon continue,
paisible et non équivoque comme le père de l'enfant, ce qui ne saurait être considéré comme
contraire à l'intérêt supérieur de celui-ci ; que la cour d'appel, qui a ainsi procédé à la recherche
prétendument omise, a légalement justifié sa décision ;

PAR CES MOTIFS :


REJETTE le pourvoi ;

Doc. 6 : Cass. Civ. 1 ère 15 janvier 2020, n°19-12348

Faits et procédure

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1. Selon l'arrêt attaqué (Paris, 18 décembre 2018), les 2 juillet et 28 août 2015, Mme O... a
assigné Mme X... S..., née le [...] à Adzopé (Côte d'Ivoire), et M. M... S..., né le [...] à Adzopé (les
consorts S...) devant le tribunal de grande instance de Paris pour voir juger qu'elle n'est pas leur
mère et, avant dire droit, ordonner une expertise biologique afin d'établir l'absence de lien de
filiation.

Examen du moyen

Sur le moyen unique, pris en sa première branche, ci-après annexé

2. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n'y a pas lieu de
statuer par une décision spécialement motivée sur ce moyen qui n'est manifestement pas de
nature à entraîner la cassation.

Sur le moyen unique, pris en ses deuxième, troisième et quatrième branches

Enoncé du moyen

3. Mme O... fait grief à l'arrêt de la déclarer irrecevable en son action en contestation de
maternité alors :

« 1°/ que la prescription ne court pas ou est suspendue contre celui qui est dans l'impossibilité
d'agir par suite d'un empêchement résultant de la loi, de la convention ou de la force majeure ;
que la fin de non-recevoir tirée de la prescription quinquennale de l'action en contestation de
maternité ne peut être opposée que si celui qui l'exerce avait connaissance du titre dont se
prévalaient ses adversaires pour prétendre être ses enfants ; que, pour déclarer Mme O...
irrecevable en sa contestation de la maternité des consorts S..., la cour d'appel énonce que le
délai de cinq ans prévu par l'article 333 du code civil était expiré lorsqu'elle avait engagé son
action par actes délivrés les 2 juillet et 28 août 2015, dès lors que les consorts S... justifiaient
d'une possession d'état conforme aux actes de naissance qu'ils produisaient ; qu'en statuant
ainsi, sans rechercher, ainsi que l'y invitait Mme O..., la date à laquelle elle avait eu connaissance
des titres dont se prévalaient les consorts S..., et à laquelle elle pouvait ainsi agir en contestation
du lien de filiation que ces actes établissaient, la cour d'appel a privé sa décision de base légale
au regard de l'article 333 du code civil, ensemble l'article 2234 du code civil et la règle « contra
non valentem agere non currit praescriptio » ;

2°/ qu'en toute hypothèse, Mme O... soutenait, dans ses conclusions, que le jugement de divorce
du 10 décembre 1982, dont se prévalaient les consorts S..., était un faux et elle mettait en
exergue les nombreuses erreurs et incohérences contenues dans ce jugement, telles l'erreur sur
sa date et son lieu de naissance, l'erreur sur le régime matrimonial des époux, la mention
erronée de ce que J... S..., née en 1961, serait sa fille, quand elle-même n'avait que 12 ans à
cette date ; que, pour retenir une possession d'état des consorts S... conforme à leurs titres et
déclarer Mme O... irrecevable en sa contestation de la maternité des consorts S..., la cour
d'appel se fonde sur les énonciations de ce jugement, après avoir considéré que Mme O...
soutenait que le jugement de divorce du 10 décembre 1982 serait un faux, que celui-ci se référait

7
pourtant à un jugement avant dire droit du 17 mars 1980 qui avait constaté la non-conciliation des
époux, ordonné la résidence séparée et la remise des effets personnels, que les intimés
produisaient également, et que l'appelante ne produisait de son côté aucun jugement de divorce ;
qu'en statuant ainsi, sans s'expliquer, comme elle y était invitée, sur les nombreuses erreurs et
incohérences contenues dans ce jugement, qui étaient de nature à établir que ce jugement était
un faux, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article 333 du code
civil ;

3°/ que, très subsidiairement, l'aveu fait au cours d'une instance précédente, même opposant les
mêmes parties, n'a pas le caractère d'un aveu judiciaire et n'en produit pas les effets ; que, pour
déclarer Mme O... irrecevable en sa contestation de la maternité des consorts S..., la cour
d'appel énonce que les consorts S... justifient d'une possession d'état d'enfant de Mme O... d'au
moins cinq années par la production d'une expédition certifiée conforme datée du 12 septembre
2018, du jugement de divorce de Mme N... R... O... et de M. G... K... S..., rendu le 10 décembre
1982 par le tribunal de première instance d'Abidjan et que, selon les termes de ce jugement,
Mme O... a exposé que de son union avec M. G... K... S... sont nés trois enfants J..., X... et M...
S..., faisant ainsi l'aveu en justice d'être la mère des enfants, et a demandé la garde des deux
derniers, X... et M..., qui lui a été accordée ; qu'en statuant ainsi, quand les déclarations faites au
cours d'une instance précédente en divorce portée devant le juge ivoirien n'avaient pas le
caractère d'un aveu judiciaire et ne pouvaient en produire les effets, la cour d'appel a violé
l'article 1356, devenu 1383-2 du code civil. »

Réponse de la Cour

4. En premier lieu, selon l'article 333, alinéa 2, du code civil, nul, à l'exception du ministère public,
ne peut contester la filiation lorsque la possession d'état conforme au titre a duré au moins cinq
ans depuis la naissance ou la reconnaissance, si elle a été faite ultérieurement.

5. Selon l'article 2234 du même code, la prescription ne court pas ou est suspendue contre celui
qui est dans l'impossibilité d'agir par suite d'un empêchement résultant de la loi, de la convention
ou de la force majeure.

6. Le premier de ces textes édicte un délai de forclusion (1re Civ., 1er février 2017, pourvoi n° 15-
27.245, Bull. 2017, I, n° 35), qui n'est pas susceptible de suspension en application du second,
lequel ne vise que les délais de prescription. Il résulte en effet de l'article 2220 du code civil que
les délais de forclusion ne sont pas régis par le titre XXe du livre III du code civil sur la
prescription extinctive, sauf dispositions légales contraires.

7. La cour d'appel, qui a fait application de l'article 333, alinéa 2, n'était donc pas tenue de
s'interroger sur une éventuelle impossibilité d'agir de Mme O..., par suite d'un empêchement.

8. En second lieu, la cour d'appel, après avoir relevé que Mme O... ne rapportait pas la preuve
que le jugement de divorce du 10 décembre 1982 était faux, a souverainement estimé, sans être
tenue de suivre celle-ci dans le détail de son argumentation, qu'il résultait de l'ensemble des
éléments soumis à son examen que l'intéressée avait traité les consorts S... comme ses enfants

8
et qu'ils s'étaient comportés comme tels, qu'elle avait pourvu à leur éducation et à leur entretien,
qu'ils étaient reconnus par la société et par la famille comme ses enfants, qu'ils étaient
considérés comme tels par l'autorité publique, caractérisant ainsi une possession d'état publique,
paisible et non équivoque, conforme à leurs titres, d'une durée d'au moins cinq ans.

9. Elle en a exactement déduit que Mme O... était irrecevable en son action en contestation de
maternité.

10. Le moyen qui, en sa troisième branche, critique des motifs surabondants, n'est donc pas
fondé.

PAR CES MOTIFS, la Cour :

REJETTE le pourvoi ;

Doc. 7 : Cass. Civ. 1 ère 23 mars 2022, 21-12.952

Faits et procédure
1. Selon l'arrêt attaqué (Paris, 24 novembre 2020), le 5 novembre 2004, à Los Angeles, Mme [Y], de
nationalité suédoise, a donné naissance à l'enfant [H].
2. Le 16 décembre 2006, à [Localité 5], elle a épousé M. [L], de nationalité française, qui, par acte du
23 décembre 2010 reçu par l'officier de l'état civil monégasque, a déclaré reconnaître [H].
3. Le divorce des époux a été prononcé le 6 février 2016 par la cour supérieure de l'Etat de Californie
pour le comté de Los Angeles.
4. Le 19 mai 2017, Mme [Y] a assigné M. [L] en contestation de la reconnaissance de paternité.
Examen du moyen
Sur le moyen, pris en ses troisième, quatrième et cinquième branches, ci après annexé
5. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n'y a pas lieu de statuer par
une décision spécialement motivée sur ces griefs qui ne sont manifestement pas de nature à
entraîner la cassation.
Sur le moyen, pris en ses première et deuxième
Enoncé du moyen
6. Mme [Y] fait grief à l'arrêt de juger son action en contestation de paternité irrecevable comme
prescrite, alors :
« 1°/ qu'il résulte de l'article 311-15 du code civil que la possession d'état produit toutes les
conséquences qui découlent selon la loi française à l'égard des seuls enfants résidant en France ou
dont l'un des parents réside en France ; qu'en analysant la recevabilité de l'action en contestation de
la reconnaissance de paternité au regard de l'article 333 du code civil et en retenant, pour la dire
irrecevable, qu'il existait une possession d'état de plus de cinq années conforme au titre, nonobstant
le fait que ni l'enfant, ni aucun de ses parents n'avait sa résidence habituelle en France, la cour
d'appel a violé, par fausse application, les articles 311-15 et 333 du code civil et, par refus
d'application, l'article 321 du code civil ;

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2°/ que l'article 311-15 du code civil s'applique à la détermination de la loi applicable tant à l'action
en établissement de paternité régie par l'article 311-14 qu'à l'action en contestation d'une
déclaration de paternité régie par l'article 311-17 du code civil ; qu'en décidant, pour déclarer l'action
en contestation de la reconnaissance de paternité, que l'article 311-15 du code civil, venant après
l'énoncé de la règle générale de l'article 311-14, écartait seulement, au profit de la loi française, les
dispositions de la loi étrangère applicable en vertu de l'article 311-14 et que l'article 311-17 énonçait
une règle spéciale de conflit de lois qui désigne les règles de fond applicable à la reconnaissance de
paternité et à sa contestation, la cour d'appel a violé les articles 311-14, 311-15 et 311-17 du code
civil. »
Réponse de la Cour
7. Après avoir rappelé qu'il résultait de l'article 311-17 du code civil que l'action en contestation
d'une reconnaissance de paternité devait être possible tant au regard de la loi de l'auteur de celle-ci
que de la loi de l'enfant, la cour d'appel en a déduit que, M. [L] étant de nationalité française, la
recevabilité de l'action devait être examinée au regard de la loi française.
8. Elle a énoncé à bon droit que l'article 311-17 édictait une règle spéciale de conflit de lois prévalant
sur la règle générale prévue par l'article 311-14 et qu'il n'y avait pas lieu de se référer aux conditions
fixées par l'article 311-15 pour voir se produire les effets que la loi française attachait à l'existence ou
à l'absence de possession d'état, ce texte n'ayant vocation à jouer que si, en vertu de l'article 311-14,
la filiation était régie par une loi étrangère.
9. Ayant constaté que l'enfant avait bénéficié à l'égard de son père d'une possession d'état de plus
de cinq ans depuis la reconnaissance, la cour d'appel en a exactement déduit que, par application de
l'article 333 du code civil, l'action en contestation de paternité engagée par Mme [Y], en sa qualité de
représentante légale de l'enfant, était irrecevable, nonobstant le fait que ni l'enfant ni aucun de ses
parents n'avait sa résidence habituelle en France.
10. Le moyen n'est donc pas fondé.
PAR CES MOTIFS, la Cour :
REJETTE le pourvoi ;

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