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Doc 1 :

L’arrêt de cassation rendu par la première chambre civile de la Cour de cassation le 7 avril
est relatif à la filiation après un accouchement sous X.

Le litige opposait des parents adoptifs à un père naturel qui avait reconnu, le 13 mars
2000, devant l’officier de l’état civil, son enfant avant sa naissance, sans pouvoir aussitôt
l’identifier car la mère avait le 14 mai 2000 accouché "sous X", comme le lui permet
l’article 341-1 du code civil ; l’enfant a été remis le jour de sa naissance au service de
l’aide sociale à l’enfance, placé comme pupille de l’État en vue de son adoption au foyer
des époux Z..., à effet du 28 octobre 2000 ; le père naturel, qui avait saisi le 26 juin 2000
le procureur de la République pour retrouver son enfant, étant parvenu à l’identifier, a saisi
le 18 janvier 2001 la cellule du conseil général d’une demande de restitution de l’enfant qui
est restée vaine ; le conseil de famille des pupilles de l’État a alors donné son
consentement à son adoption le 26 avril 2001.
Saisi par les époux Z... d’une requête en adoption plénière et par le père naturel d’une
demande de restitution de l’enfant, le tribunal de grande instance de Nancy a rejeté la
requête en adoption en l’estimant contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant d’être élevé par
son père l’ayant reconnu et a ordonné la restitution de l’enfant à son père naturel. Ces
deux jugements ont été infirmés par la cour d’appel de Nancy le 23 février 2004 qui a
estimé :
- que la reconnaissance pré-natale du père naturel, privée d’effet par la décision de la
mère d’accoucher "sous X", n’était jamais devenue effective car l’enfant n’avait été
identifié qu’après son placement en vue d’une adoption ;

Doc 2 :

Dans une décision du 16 mai relative à une question prioritaire de constitutionnalité sur les
modalités d'accès aux origines des personnes nées "sous x", le Conseil constitutionnel ne
remet pas en cause le droit reconnu à la mère de s'opposer à la révélation de son identité.
Dans une décision du 16 mai 2012 relative à une question prioritaire de constitutionnalité
(QPC), le Conseil constitutionnel - saisi par un particulier - a validé les articles L.147-6 et
L.222-6 du Code de l'action sociale et des familles. Ces deux articles traitent
respectivement des modalités d'accès aux origines des personnes nées "sous x" et de
l'observatoire national de l'enfance en danger et du 119 (le service national d'accueil
téléphonique pour l'enfance en danger). Le requérant faisait valoir qu'"en autorisant une
femme à accoucher sans révéler son identité et en ne permettant la levée du secret
qu'avec l'accord de cette femme, ou, en cas de décès, dans le seul cas où elle n'a pas
exprimé préalablement une volonté contraire, les dispositions contestées méconnaissent
le droit au respect de la vie privée et le droit de mener une vie familiale normale".
Dans sa décision, le Conseil constitutionnel ne suit pas ce raisonnement. Il considère
notamment que le droit reconnu à la mère de s'opposer à la révélation de son identité -
même après son décès - vise "à assurer le respect de manière effective, à des fins de
protection de la santé, de la volonté exprimée par celle-ci de préserver le secret de son
admission et de son identité lors de l'accouchement". Mais, pour le Conseil, ce droit est
reconnu à la mère naturelle "tout en ménageant, dans la mesure du possible, par des
mesures appropriées, l'accès de l'enfant à la connaissance de ses origines personnelles".
Dans une formulation assez inhabituelle, la décision estime "qu'il n'appartient pas au
Conseil constitutionnel de substituer son appréciation à celle du législateur sur l'équilibre
ainsi défini entre les intérêts de la mère de naissance et ceux de l'enfant". Elle en conclut
"que les dispositions contestées n'ont pas privé de garanties légales les exigences
constitutionnelles de protection de la santé ; qu'elles n'ont pas davantage porté atteinte au
respect dû à la vie privée et au droit de mener une vie familiale normale".
Si la décision du Conseil constitutionnel ne modifie pas l'ordre juridique et laisse ouvert le
débat éthique sur le droit aux origines, elle a au moins le mérite de stabiliser le cadre dans
lequel ce droit est aujourd'hui mis en œuvre. En ce sens, elle devrait faciliter la tâche des
services de protection de l'enfance des départements, chargés de la mise en œuvre de
l'accès aux origines personnelles et qui se trouvent souvent placés dans des situations
délicates, voire douloureuses. En revanche, en semblant donner raison aux familles
adoptantes plutôt qu'aux enfants adoptés à la recherche de leurs origines naturelles
même si ce n'est pas la finalité de la décision du Conseil, qui se contente de dire le droit,
elle pourrait bien relancer le conflit entre les deux parties, qui n'a jamais vraiment cessé
depuis la loi du 22 janvier 2002 relative à l'accès aux origines des personnes adoptées et
pupilles de l’État.

Doc 3 :

Par son arrêt du 7 avril 2006, la première chambre civile de la Cour de cassation a statué
sur un litige mettant en cause les principes du droit de la filiation naturelle et adoptive au
regard du droit pour une mère de demander le secret de son accouchement et de l’article
7 de la Convention de New-York du 26 janvier 1990 relative aux droits de l’enfant.
Le litige opposait des parents adoptifs à un père naturel qui avait reconnu, le 13 mars
2000, devant l’officier de l’état civil, son enfant avant sa naissance, sans pouvoir aussitôt
l’identifier car la mère avait le 14 mai 2000 accouché "sous X", comme le lui permet
l’article 341-1 du code civil ; l’enfant a été remis le jour de sa naissance au service de
l’aide sociale à l’enfance, placé comme pupille de l’Etat en vue de son adoption au foyer
des époux Z..., à effet du 28 octobre 2000 ; le père naturel, qui avait saisi le 26 juin 2000
le procureur de la République pour retrouver son enfant, étant parvenu à l’identifier, a saisi
le 18 janvier 2001 la cellule du conseil général d’une demande de restitution de l’enfant qui
est restée vaine ; le conseil de famille des pupilles de l’Etat a alors donné son
consentement à son adoption le 26 avril 2001.
Saisi par les époux Z... d’une requête en adoption plénière et par le père naturel d’une
demande de restitution de l’enfant, le tribunal de grande instance de Nancy a rejeté la
requête en adoption en l’estimant contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant d’être élevé par
son père l’ayant reconnu et a ordonné la restitution de l’enfant à son père naturel. Ces
deux jugements ont été infirmés par la cour d’appel de Nancy le 23 février 2004 qui a
estimé :
- que la reconnaissance pré-natale du père naturel, privée d’effet par la décision de la
mère d’accoucher "sous X", n’était jamais devenue effective car l’enfant n’avait été
identifié qu’après son placement en vue d’une adoption ;
- que le consentement à l’adoption donné le 26 avril 2001 par le conseil de famille était
régulier car la réclamation du père naturel avait été faite le 19 janvier 2001, à une date où
le placement antérieur de l’enfant en vue de son adoption faisait obstacle à toutes
demandes de restitution, et, que l’adoption plénière était conforme à l’intérêt de l’enfant.
Ces deux arrêts de la cour d’appel de Nancy ont été cassés par la première chambre dans
son arrêt du 7 avril 2006. La cour suprême a fait application des principes suivants :
- la reconnaissance d’un enfant naturel étant déclarative de filiation, ses effets remontent
au jour de sa naissance dès lors qu’il a été identifié ;
- la filiation naturelle est divisible de sorte que si la mère de l’enfant s’oppose à la
divulgation de son identité, la reconnaissance par le père n’a d’effet qu’à l’égard de celui-
ci ;
- le consentement à l’adoption est donné par le parent à l’égard duquel la filiation est
établie ;
- ces principes déduits du code civil doivent s’appliquer en prenant en compte les traités
internationaux, et, notamment, l’article 7.1 de la Convention de New-York du 26 janvier
1990 sur les droits de l’enfant, qui dispose que "l’enfant a, dès sa naissance et dans la
mesure du possible, le droit de connaître ses parents" alors que l’accouchement "sous X"
a seulement pour objet de protéger le secret de l’admission et de l’identité de la mère.
En l’espèce, le père naturel ayant identifié son enfant avant le 26 avril 2001, date à
laquelle le conseil de famille des pupilles de l’Etat avait donné son consentement à
l’adoption de l’enfant, la reconnaissance pré-natale du père prenait tous ses effets au jour
de la naissance ; il s’en déduisait que lui seul pouvait consentir à l’adoption et que le
conseil de famille de l’enfant, pourtant informé de cette reconnaissance n’avait plus
pouvoir de donner ce consentement.
Cet arrêt constitue une évolution de la jurisprudence dans la mesure où la première
chambre civile a jugé que la filiation naturelle pouvait être établie et produire tous ses
effets juridiques si, malgré la décision d’une mère d’accoucher "sous X", l’identification de
l’enfant par le père intervenait avant le consentement à une adoption donnée par le
conseil de famille habilité alors qu’auparavant, il était considéré que le placement de
l’enfant en vue d’une adoption faisait obstacle à toute reconnaissance et à toute restitution
de l’enfant.

Doc 4 :

En l'espèce, Monsieur X marié sous le régime légal de la communauté avec Madame X


depuis 1967, a versé les arrérages de sa pension de retraite sur un compte épargne
ouvert à son seul nom à compter de juillet 1997. Malgré l'absence de procuration,
Madame X a retiré et effectué des virements sur ce compte pour plus de 19?000 euros.
Monsieur X a donc poursuivi la banque pour obtenir une indemnisation du fait de la
négligence du banquier.

Après avoir indemnisé le mari, la banque assigne en justice sa femme en restitution des
sommes versées. En première instance, le tribunal a fait droit à la demande de la banque
en ordonnant à l'épouse de lui rembourser les sommes litigieuses. L'épouse interjette
donc appel. La cour d'appel de Rouen, par un arrêt du 31 janvier 2008, déboute l'épouse
de sa demande en confirmant le jugement de première instance en la condamnant à
verser à la banque les sommes litigieuses par application du bénéfice de subrogation.
En effet, les juges considèrent que les pensions de retraite du mari constituaient un bien
propre et non un bien commun. Pour cette raison, l'épouse se pourvoit en cassation.
Doc 5 :

Les dispositions du Code de l'action sociale et des familles qui organisent la possibilité de
lever le secret de l'identité de la mère de naissance définissent un équilibre entre respect
dû au droit à l'anonymat garanti à la mère lorsqu'elle a accouché et le souhait légitime de
l'enfant né dans ces conditions de connaître ses origines.
En l'espèce, l'enfant a pu recueillir des informations relatives à son origine, hormis
l'identité de sa mère qui s'était opposée à la levée de l'anonymat. on droit au respect de sa
vie privée et familiale n'a donc pas été méconnu.
L'arrêt rendu par le Conseil d'État, le 16 octobre 2019, revient sur la délicate question de
l'accès aux origines pour les enfants dont les parents de naissance ont demandé la
préservation du secret de leur identité lors de l'accouchement.

Doc 6 :

Le Conseil constitutionnel a été saisi par la Cour de cassation d’une question prioritaire de
constitutionnalité (QPC), qui porte notamment sur le délai de deux mois, mentionné à
l’article 351 du code civil, à l’issue duquel il est impossible de reconnaître un enfant avant
son placement en vue de l’adoption et donc d’en solliciter la restitution.
Le Conseil constitutionnel décide que ces dispositions sont conformes à la Constitution :
- D’une part, il estime qu’il ne lui appartient pas « de substituer son appréciation à celle du
législateur sur la conciliation qu’il a lieu d’opérer, dans l’intérêt supérieur de l’enfant remis
au service de l’aide sociale à l’enfance, entre le droit des parents de naissance de mener
une vie familiale normale et l’objectif de favoriser l’adoption de cet enfant, dès lors que
cette conciliation n’est pas manifestement déséquilibrée ».
- D’autre part, « dans le cas d’un accouchement secret, si le père et la mère de naissance
se trouvent dans une situation différente pour reconnaître l’enfant, les dispositions
contestées, qui se bornent à prévoir le délai dans lequel peut intervenir le placement de
l’enfant en vue de son adoption et les conséquences de ce placement sur la possibilité
d’actions en reconnaissance, n’instituent en tout état de cause pas de différence de
traitement entre eux. Elles n’instituent pas davantage de différence de traitement entre les
parents de naissance et les futurs adoptants».

Doc 7 :

En l’espèce, une enfant «née sous X » le 23 octobre 2016 avait été immatriculée comme
pupille de l’État le 24 décembre suivant. Après que le Conseil de famille des pupilles de
l’État eut consenti, le 10 janvier 2017, à son adoption et, dans cette perspective, décide de
son placement le 28 janvier, l’enfant avait été remise entre les mains d’un couple candidat
à l’adoption, le 15 février suivant. Or quelques jours avant ce placement, le père
biologique de l’enfant avait entrepris des démarches auprès du procureur de la
République à l’effet de retrouver sa fille. Après l’avoir retrouvée, puis identifiée, il avait
procédé, le 12 juin 2017, à sa reconnaissance. Le couple chez lequel l’enfant avait été
placé avait ensuite déposé une requête aux fins de voir prononcée l’adoption plénière de
l’enfant et son père biologique était intervenu volontairement à l’instance. La cour d’appel
(Riom, 5 mars 2019, n° 18/01171) ayant prononcé l’adoption de l’enfant et annulé l’acte de
reconnaissance de son père biologique, ce dernier forma un pourvoi en cassation, à
l’occasion duquel il posa une QPC visant les articles 351, alinéa 2, et 352, alinéa 1er du
Code civil relatifs au placement d’un enfant en vue de son adoption plénière à l’effet de
contester les effets, irréversibles et drastiques, que ce placement emporte quant aux droits
de vis-la famille d’origine de l’enfant en privant d’efficacité, notamment, les effets d’une
reconnaissance paternelle postérieure à cette décision. En effet, les textes discutés
disposent que le placement, consistant en la remise effective aux futurs adoptants d’un
enfant déjà susceptible d’être adopté, fait obstacle à la restitution de l’enfant à sa famille
d’origine comme il interdit aux parents biologiques d’établir leur paternité ou leur maternité.
Cependant, le législateur ayant pris la précaution d’encadrer, par diverses dispositions, le
déroulé de cette procédure à l’effet principal d’éviter que le sort de l’enfant ne soit trop
hâtivement scellé, le Conseil constitutionnel en avait conclu que le dispositif prévu
conciliait de manière juste, raisonnable et équitable, le droit des parents biologiques de
mener une vie familiale normale et l’objectif de favoriser l’adoption de l’enfant privé de
filiation (Cons. Const. 7 févr. 2020, préc.). Selon les Sages, les dispositions contestées ne
portaient donc atteinte ni au droit du père biologique de mener une vie familiale normale ni
à l’intérêt supérieur de l’enfant résidant dans son adoption plénière, tels que ces droits et
intérêts garantis par la Constitution. Dans l’arrêt sous examen, la Cour de cassation était,
quant à elle, amenée à se prononcer sur le fond du litige. Or, après avoir approuvé
l’analyse des juges du fond ayant déduit des règles applicables à la procédure d’adoption
des pupilles de l’État, qu’il nous faudra au préalable présenter, l’inefficacité de la
reconnaissance du père biologique de l’enfant et son absence consécutive d’intérêt à agir
dans la procédure d’adoption le concernant, la Haute cour en appelle, d’une manière à
notre connaissance inédite, au contrôle de proportionnalité qu’elle reproche in fine à la
cour d’appel de ne pas avoir exercé, justifiant la cassation avec renvoi de sa décision.

Doc 8 :

La personnalité juridique était traitée sous l’angle assez particulier de sa privation. L’article
22 du Code civil prévoyait une institution qui peut aujourd’hui paraître barbare : la « mort
civile », déchéance totale de droits attachée alors à certaines peines criminelles. Elle fut
abrogée dès 1854, mais atteste que la dissociation parfois proposée aujourd’hui entre
personne humaine et personne juridique n’est pas sans exemple historique, même dans
les temps modernes. Venait ensuite l’absence, illustrée en littérature par le colonel
Chabert, autre hypothèse de suppression juridique d’une personne qui est peut-être
encore vivante. Sur la question du mariage de l’absent, le Code avait d’ailleurs hésité à
trancher, et s’était borné à énoncer que « l’époux absent, dont le conjoint a contracté une
nouvelle union, sera seul recevable à attaquer ce mariage » (art. 139 C. civ.). Le texte
actuel, issu d’une loi du 28 décembre 1977, est plus radical : « le mariage de l’absent
reste dissous… » (art. 132 C. civ.).
Viennent ensuite ce que l’on appelle les « attributs de la personnalité ». Le nom de l’enfant
légitime ne faisait l’objet d’aucune mention dans le Code civil jusqu’à la loi du 4 mars
2002 ; il sera désormais déterminé par des textes figurant dans le droit de la filiation.
Faisait, par contre, l’objet de dispositions assez complètes le domicile: lieu du « principal
établissement », depuis 1804 (art. 102 C. civ.).
La protection des droits et libertés individuelles était un autre objectif du Code de 1804.
Pour éviter de ressusciter le servage, l’article 1780 proclamait : « On ne peut engager ses
services qu’à temps » (c’est-à-dire de façon limitée). Dans la même ligne, ce Titre premier
du Code civil a été récemment étoffé d’un ensemble fort riche de dispositions protectrices
de l’intégrité personnelle.

La possession d'état : Dans le Droit de la famille, le mot "possession d'état " désigne une
présomption légale permettant d'établir la filiation d'une personne sur la base de certains
faits constatés par sa famille et par son entourage relativement aux relations ayant existé
entre elle et la personne dont elle se dit être le fils ou la fille. La possession d'état s'établit
par un acte de notoriété constatant la possession d'état.
Doc 10. Cass. civ. 1ère, 14 oct. 2009, RTD civ. 2010, p. 93 obs. J. Hauser

Faits : Mme Jacqueline veut être reconnue comme étant la fille de Xavier. Jacqueline a
obtenu du juge des tutelles le 21 novembre 2003, la délivrance d'un acte de notoriété
constatant sa possession d'état d' enfant naturel de Xavier suite au décès de celui-ci. Par
contre, les enfants légitimes de Xavier, M. Jean Y... et Mme Christelle Y... (les consorts
Y...), ont fait assigner Jacqueline devant le tribunal de grande instance aux fins
d'annulation de l'acte de notoriété.

Article 311-3 : Les parents ou l'enfant peuvent demander au juge des tutelles que leur soit
délivré, dans les conditions prévues aux articles 71 et 72 du présent code, un acte de
notoriété faisant foi de la possession d'état jusqu'à preuve contraire ; Sans préjudice de
tous autres moyens de preuve auxquels ils pourraient recourir pour en établir l'existence
en justice, si elle venait à être contestée.

Procédure : Les juridictions de fond déboutent les consorts Y de leur demande. Ils forment
un pourvoi en cassation.

Moyens :
- Les consorts soulèvent que l'action en constatation d'état est soumise à la prescription
trentenaire, le délai de prescription étant suspendu pendant la minorité de l'enfant ; qu'en
l'espèce, en considérant que l'acte de possession d'état d'enfant naturel n'avait pas à être
sollicité par Mme X... dans les trente ans suivant la fin de sa minorité

Art 311-7 : Toutes les fois qu'elles ne sont pas enfermées par la loi dans des termes plus
courts, les actions relatives à la filiation se prescrivent par trente ans à compter du jour où
l'individu aurait été privé de l'état qu'il réclame, ou a commencé à jouir de l'état qui lui est
contesté.

- cependant : ce délai ne pouvait commencer à courir qu'à compter du jour où l'intéressé


avait été privé de l'état qu'il réclamait, soit en l'espèce à compter du décès du père
prétendu le 13 avril 2002 ; que la demande de délivrance d'un acte de notoriété dressé le
21 novembre 2003 n'était donc pas prescrite

- en plus : Xavier l'avait toujours considérée comme sa fille, avait pourvu à son entretien et
avait eu la volonté d'assurer son avenir en achetant un terrain pour lui faire construire une
maison.

art 311-1 : La possession d'état s'établit par une réunion suffisante de faits qui révèlent le
lien de filiation et de parenté entre une personne et la famille à laquelle elle est dite
appartenir.
Les principaux de ces faits sont :
1° Que cette personne a été traitée par celui ou ceux dont on la dit issue comme leur
enfant et qu'elle-même les a traités comme son ou ses parents ;
2° Que ceux-ci ont, en cette qualité, pourvu à son éducation, à son entretien ou à son
installation ;
3° Que cette personne est reconnue comme leur enfant, dans la société et par la famille ;
4° Qu'elle est considérée comme telle par l'autorité publique ;
5° Qu'elle porte le nom de celui ou ceux dont on la dit issue.
Art 311-2 : La possession d'état doit être continue, paisible, publique et non équivoque.

Question : La possession d’état, est-elle établie par le fait d’avoir une relation ressemblant
à celle entre un parent et un enfant ?

Solution : Oui, la possession d’état est établie car Xavier a pourvu pour sa fille → rejet du
pourvoi

Doc 11. S. MIRABAIL, « Les différents rôles de la possession d’état en matière de


filiation », Dr. fam. mars 2014, étude 2

Le droit français tient compte non seulement de la réalité biologique dans l’établissement
d’un lien de filiation, mais aussi d'une autre d’ordre sociologique, en recourant à la notion
de possession d'état.
La possession d’état est introduite dans le titre du code relatif à la filiation en tant que
mode de preuve extrajudiciaire de cette dernière.
Jadis elle n'était admise que comme mode de preuve de la filiation légitime et servait à
pallier l'absence de titre, c'est-à-dire prouver l'existence d'une possession d'état à l'égard
des deux auteurs de l'enfant. Mais depuis la loi du 25 juin 1982, la possession d’état est
un mode de preuve autonome de la filiation naturelle. L’ordonnance du 4 juillet 2005 abolit
la distinction entre filiation légitime et naturelle, et reconnaît à la possession d’état e, le
pouvoir d'établir à elle seule la filiation, que l'enfant puisse ou non être rattaché au
mariage de ses auteurs dans un cadre extrajudiciaire que judiciaire.
Il faut que la possession d’état soit continue, paisible, publique et non équivoque.
La loi du 3 janvier 1972 relative à la filiation lui a conféré le pouvoir de rétablir la
présomption de paternité et ainsi de compléter un acte de naissance qui était initialement
insuffisant pour établir la filiation dans son entier. L'association du titre (suffisant pour
établir la filiation) et de la possession d'état conforme à ce titre, empêche la contestation
de la filiation établie, qu'elle corresponde ou non à la vérité biologique.
La possession d’état à titre complémentaire intervient dans le cadre de l'établissement et
de la contestation de filiation puisqu'elle permet soit de compléter un titre insuffisant, pour
établir le double lien de filiation, soit de compléter un titre suffisant et par là même rend, la
filiation inattaquable. Dans les cas d’exclusion de la présomption de paternité : si un enfant
est conçu pendant une période de séparation légale de ses parents ou si l’enfant inscrit à
l’état civil n’a pas de mention du père, on rétablit la présomption de paternité par la preuve
de la possession d’état.
Le dispositif actuel a conduit certains à s'interroger sur le point de savoir si la possession
d'état doit être formellement constatée. Mais, elle intervient uniquement pour permettre
l'établissement de la filiation par le jeu de la présomption de paternité, c'est-à-dire par
l'effet de la loi. Exiger que la possession d'état soit ici constatée par un acte de notoriété
aboutirait à une confusion totale des deux rôles différents qui lui sont actuellement
attribués dans le cadre de l'établissement de la filiation.
La possession d’état a le pouvoir de consolider un titre suffisant, surtout suivant si l’enfant
est légitime ou pas. Désormais, quand elle a duré au moins cinq ans depuis la naissance
ou la reconnaissance, nul à l'exception du ministère public ne peut contester la filiation.
Elle a donc ici un pouvoir maximum de consolidation. En revanche, lorsqu'elle a duré
moins de cinq ans, elle consolide le titre mais dans une mesure moindre. Peuvent, dans
ce cas, intenter l'action en contestation, dans le délai de cinq ans à compter du jour de la
cessation de la possession d'état ou du décès du parent dont le lien de filiation est
contesté.
→ ce contrepoids à la recherche de la vérité biologique est nécessaire au regard de
l'intérêt de l'enfant.
L'ordonnance du 4 juillet 2005 dit que la possession d’état est constatée à titre autonome :
en subordonnant la fonction probatoire autonome de la possession d'état à sa constatation
formelle. Elle ne permet l'établissement non contentieux de la filiation que si elle est
constatée par acte de notoriété et l'établissement contentieux qu'à condition d'avoir été
constatée judiciairement.
Les intéressés disposent d’un délai de 5 ans pour la requête de l’acte.
Art 317.
La filiation établie par ce moyen peut, selon l'article 335 du Code civil, être contestée par
toute personne intéressée en rapportant la preuve contraire dans le délai de dix ans à
compter de la délivrance de l'acte.
Pour préserver l'équilibre nécessaire entre réalité sociologique et vérité biologique, il
semble opportun d'admettre le recours à l'expertise biologique pour contester une filiation
établie à partir du constat, par acte de notoriété, de la possession d'état. Si l'on n'admet
pas ce recours, il faudrait restreindre le champ d'application de ce mode d'établissement
de la filiation à une seule hypothèse, celle du décès du parent prétendu avant la naissance
de l'enfant.
L'ordonnance du 4 juillet 2005 a consacré légalement l'action en constatation de
possession d'état, qui avait été créée par la jurisprudence
Originairement cette action se bornait à constater l'existence d'une possession d'état qui
avait établi la filiation. Elle se distinguait donc d'actions telles que l'action en réclamation
ou en contestation d'état. Aujourd'hui il est permis de se demander si elle n'est pas
devenue une action d'état elle aussi.
La possession d'état ne peut établir la filiation qu'à la condition d'être constatée
formellement et elle est classée dans le code parmi les actions aux fins d'établissement de
la filiation.
Loi du 16 janvier : délai de 10 ans à compter de la cessation de la possession d'état ou du
décès du parent prétendu par tout intéressé. Le délai est suspendu pour tout mineur
jusqu’à sa majorité pour qu’il ait la capacité d’agir.
L’expertise biologique comme moyen de preuve permet de prouver l'existence ou
l'inexistence d'un lien de filiation mais elle est inapte à rapporter la preuve de cette
présomption de filiation que constitue la possession d'état. La JP a évolué.
Mais l'expertise ne peut être ordonnée non seulement lorsqu'elle est sollicitée par le
demandeur mais aussi lorsqu'elle est requise en tant que moyen de défense.

Def d’une action en réclamation :action par laquelle une personne demande à établir le
droit qu'elle a à un état qu'elle prétend être le sien afin de bénéficier de ses effets.
(Exemple : action en réclamation d'état d'enfant légitime.)

Def d’une action en contestation d’état : action judiciaire ouverte à une personne qui a une
possession d'état non conforme à son acte de naissance.

Def d’une action d’état : Action civile portant sur l'état civil d'une personne, action ouverte
à la partie lésée pour obtenir réparation.

Def d’une action en constatation d’état : La possession d’état permet d’établir l’existence
d’un lien de filiation et de parenté entre un parent et son enfant qui se comportent comme
tels. Pour être inscrite à l’état civil, cette possession d’état doit être constatée dans un acte
de notoriété délivré par le juge.

Doc 12. Cass. civ. 1re, 7 novembre 2018, n° 17-26445

Faits : M et Mme Y ont une fille A Y. Ils l’ont déclarées à l’état civil. Cependant un autre
homme M Z s’y oppose et reconnaît A Y comme sa fille. Mais il n’a pas pu transcrire cette
reconnaissance en marge de l’acte de naissance de l’enfant. Par des actes des 27 mars
2008 et 30 avril 2009, M Z a assigné M. et Mme Y en contestation de la paternité de M. Y
et en établissement de sa paternité. Un jugement du 18 décembre 2009 a déclaré son
action recevable et ordonné une expertise biologique.

Procédure : La décision en première instance est inconnue. La cour d’appel fait droit à M
Z. Le couple Y fait grief à l'arrêt de dire que M. Z est le père de A Y.

Moyens des demandeurs en cassation :

- La cours d’appel n’a pas respecté la procédure en se prononçant en chambre des


conseils au lieu de se prononcer en audience publique.
- Tout jugement doit mentionner, à peine de nullité, le nom du représentant du ministère
public s'il a assisté aux débats. Et la cours d’appel ne l’a pas fait.
- Dans une telle action, les intérêts de l'enfant mineur dont la filiation est contestée étant
en opposition avec ceux de ses représentants légaux, il ne peut être représenté que par
un administrateur ad hoc
- La possession d'état s'établit par une réunion suffisante de faits qui indiquent le rapport
de filiation et de parenté entre un individu et la famille à laquelle il est dit appartenir. Une
simple action en contestation de paternité exercée par un tiers et une reconnaissance de
paternité ne sont pas de nature à elles seules à vicier une possession d'état caractérisée
en tous ses éléments. Alors que la cours d’appel a jugé que la simple reconnaissance par
M. Z de AY après sa naissance et son assignation en contestation de paternité étaient de
nature à priver la possession d'état de M. Y.
- La cour d'appel, qui a constaté que M. Z... avait reconnu l'enfant moins de trois mois
après sa naissance et assigné M. et Mme Y... pour faire établir sa paternité, a pu en
déduire que la possession d'état de l'enfant à l'égard de M. Y..., ne remplissait pas les
conditions prévues par l'article 311-2 du code civil.
- toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale ; qu'en énonçant que
l'intérêt supérieur de l'enfant imposait qu'il connaisse sa filiation biologique réelle bien que
l'action en contestation de paternité de M. Z... et la reconnaissance subséquente
constituent une atteinte disproportionnée au droit à la vie privée et familiale. A... Y... n'est
pas à l'origine de l'action tendant à l'établissement de sa filiation biologique, qu'elle a
toujours vécu avec M. Y... et porté son nom, a été élevée par lui, le considérant comme
son père et étant considérée par tous comme son enfant depuis près de dix ans

Moyens de la Cours :
- La nullité pour inobservation de la publicité de la décision ne peut être ultérieurement
soulevée si elle n'a pas été invoquée au moment de son prononcé par simples
observations dont il est fait mention au registre d'audience.
- Le ministère public n'était pas tenu d'assister à l'audience en application de l'article 431
du même code
- concernant le jugement devenu irrévocable qui a ordonné une expertise biologique :
l'autorité de la chose jugée attachée au jugement s'opposait à ce que la fin de non-
recevoir tirée de l'absence de mise en cause de l'enfant soit relevée d'office par la cour
d'appel
- il n'est pas de l'intérêt supérieur de A... de dissimuler sa filiation biologique et de la faire
vivre dans un mensonge portant sur un élément essentiel de son histoire

Question : La filiation, reflète-t-elle la réalité biologique ou sociologique ?

Solution : rejet du pourvoi → c’est dans l’intérêt supérieur de l’enfant d’établir la


possession d’état = réalité sociologique

Doc 13. Cass., avis, n° 15003, 7 mars 2018

Une demande d’avis formulée le 27 octobre 2017 par le tribunal d’instance de


SaintGermain-en Laye

La question posée est la suivante : Les articles 317 et 320 du code civil autorisent-ils la
délivrance d’un acte de notoriété faisant foi de la possession d’état au bénéfice du
concubin de même sexe que le parent envers lequel la filiation est déjà établie

Article 317
Chacun des parents ou l'enfant peut demander à un notaire que lui soit délivré un acte de
notoriété qui fera foi de la possession d'état jusqu'à preuve contraire.
L'acte de notoriété est établi sur la foi des déclarations d'au moins trois témoins et de tout
autre document produit qui attestent une réunion suffisante de faits au sens de l'article
311-1. L'acte de notoriété est signé par le notaire et par les témoins.
La délivrance de l'acte de notoriété ne peut être demandée que dans un délai de cinq ans
à compter de la cessation de la possession d'état alléguée ou à compter du décès du
parent prétendu, y compris lorsque celui-ci est décédé avant la déclaration de naissance.
La filiation établie par la possession d'état constatée dans l'acte de notoriété est
mentionnée en marge de l'acte de naissance de l'enfant.

Article 320 (nouveau)


Modifié par Ordonnance n°2005-759 du 4 juillet 2005 - art. 13 () JORF 6 juillet 2005 en
vigueur le 1er juillet 2006
Modifié par Ordonnance n°2005-759 du 4 juillet 2005 - art. 3 () JORF 6 juillet 2005 en
vigueur le 1er juillet 2006
Tant qu'elle n'a pas été contestée en justice, la filiation légalement établie fait obstacle à
l'établissement d'une autre filiation qui la contredirait.
MOTIFS : En ouvrant le mariage aux couples de même sexe, la loi a expressément exclu
qu’un lien de filiation puisse être établi à l’égard de deux personnes de même sexe, si ce
n’est par l’adoption. Ainsi, l’article 6-1 du code civil, issu de ce texte, dispose que le
mariage et la filiation adoptive emportent les mêmes effets, droits et obligations reconnus
par les lois, à l’exclusion de ceux prévus au titre VII du livre Ier du présent code, que les
époux ou les parents soient de sexe différent ou de même sexe. Les modes
d’établissement du lien de filiation, tels que la reconnaissance ou la présomption de
paternité, ou encore la possession d’état, n’ont donc pas été ouverts aux époux de même
sexe, a fortiori aux concubins de même sexe.

Or : Les dispositions de l’art 320 s’opposent à ce que deux filiations maternelles ou deux
filiations paternelles soient établies à l’égard d’un même enfant. Il en résulte qu’un lien de
filiation ne peut être établi, par la possession d’état, à l’égard du concubin de même sexe
que le parent envers lequel la filiation est déjà établie.

LA COUR EST D’AVIS QUE : 1. Le juge d’instance ne peut délivrer un acte de notoriété
faisant foi de la possession d’état au bénéfice du concubin de même sexe que le parent
envers lequel la filiation est déjà établie. 2. La seconde question relève de l’examen
préalable des juges du fond et, à ce titre, échappe à la procédure de demande d’avis.

Doc 14. Cass. civ. 1ère, 5 octobre 2016, n° 15-25507, D. 2016, 2062, obs. I.
GALLMEISTER et ibid. 2496, note. H. FULCHIRON ; RDC civ. 2016, 831, obs. J.
HAUSER

Faits : Mme Y est la fille de Mme Z. Le 30 juin 1965, un homme nommé Roger épouse
Mme Z et reconnaît la fille de sa nouvelle femme. Roger décède en 2001. Le 25 novembre
2005, Mme Y a été reconnue par Robert A lequel est décédé le 13 mai 2006. Cependant,
un jugement en 2007, a déclaré irrecevable comme prescrite la contestation de la
reconnaissance de Roger formée par Mme Y et sa mère. Le même jugement a annulé la
reconnaissance de paternité effectuée par Robert A. En par acte du 29 juillet 2011, Mme Y
a assigné les enfants de Robert A (les consorts A ) sur le fondement de l'article 327 du
code civil, afin que soit ordonnée une expertise biologique et que sa filiation avec Robert A
soit établie.

Art 327 : La paternité hors mariage peut être judiciairement déclarée.


L'action en recherche de paternité est réservée à l'enfant.

Procédure : Les juridictions de fond rejettent les demandes de Mme Y. Elle forme alors un
pourvoi en cassation.

Moyens de la requérante:

- Elle soulève le droit de connaître ses origines et de voir établir la filiation correspondante
(art 8 de la CSDHLF). Les délais de contestation sont respectés car elle n’a que découvert
l’identité de son père biologique en 2005 (art 320 et 321)

art 321 : Sauf lorsqu'elles sont enfermées par la loi dans un autre délai, les actions
relatives à la filiation se prescrivent par dix ans à compter du jour où la personne a été
privée de l'état qu'elle réclame, ou a commencé à jouir de l'état qui lui est contesté. A
l'égard de l'enfant, ce délai est suspendu pendant sa minorité.

- le père biologique qui, de son vivant, souhaitait voir reconnaître ledit lien de filiation, la
cour n'a pas opéré la balance proportionnée des intérêts en présence.

- l'expertise biologique est de droit en matière de filiation, sauf s'il existe un motif légitime
de ne pas y procéder, lors même que le père biologique avait consenti de son vivant à la
réalisation d'un test génétique

Moyens de la cour :

- la cour d’appel a constaté l'autorité de la chose jugée attachée au jugement du 20


novembre 2007 et, par suite, l'existence d'une filiation définitivement établie entre Mme Y
et Roger X, faisant obstacle à l’établissement d’une autre filiation (art 320)

- l'article 320 du code civil et poursuit un but légitime en ce qu'il tend à garantir la stabilité
du lien de filiation et à mettre les enfants à l'abri des conflits de filiations

- Roger a reconnu Mme Y en 1965 et a été son père aux yeux de tous jusqu'à son décès
en 2001, sans que personne ne remette en cause ce lien de filiation conforté par la
possession d'état. Mme Y a disposé d'un délai de trente ans à compter de sa majorité pour
contester la paternité de Roger X, ce qu'elle n'a pas fait. Elle a hérité de ce dernier à son
décès.

Question : Est ce que préserver un lien de filiation non conforme à la réalité biologique des
intéressés constitue une atteinte portée au droit au respect de sa vie privée et au droit au
respect de sa vie privée et familiale ?

Solution : Non. Rejet du pourvoi → on préserve le premier lien de filiation de 1965, même
si ce n’est pas son père biologique. « la cour d'appel a pu en déduire que l'atteinte portée
au droit au respect de sa vie privée n'était pas disproportionnée au regard du but légitime
poursuivi. »

Doc 15. Cass. civ. 1ère, 10 mars 1998, Bull. civ. I, n° 99, Defrénois 1998, 1021, obs. J.
MASSIP , Dr. fam. 1998, n° 96, note MURAT , RTD civ. 1998, 665, obs. J. HAUSER

Le 26 juin 1990, Mme Cheyenne, aujourd'hui décédée, a donné naissance à un fils,


prénommé Tuki. Le 8 avril 1992, M. X... et Mme A... ont introduit une action en
constatation de la possession d'état d'enfant naturel de Tuki à l'égard de leur fils, Dag X...,
décédé le 16 mai 1990.

Procédure : la décision en première instance est inconnue. La cours d’appel rejette la


demande.

Moyens :
La cour d'appel énonce que, bien que distincte de l'action en recherche de paternité,
l'action en constatation de possession d'état d'enfant naturel, qui est relative à la filiation,
appartient à l'enfant lui-même ou à sa mère pendant sa minorité

Définitions :

L'action en recherche de paternité est une procédure judiciaire engagée afin d'établir un
lien de filiation entre un enfant et la personne qu'il pense être son père. Cette procédure
se déroule au tribunal.

Lorsqu’il s’agit d’un enfant naturel et au regard du droit successoral, la possession d’état
constitue une preuve plus que suffisante de ce lien de filiation dont résulte la qualité
d’héritier. À terme, en tant qu’enfant naturel reconnu comme tel, vous pourrez remettre en
cause la dévolution successorale initialement réalisée. Il est possible de former une action
en réclamation ou en contestation de la possession d’état.

Question : Qui peut introduire une action en constatation de la possession d'état d'enfant
naturel ?

Solution : l’action en constatation de possession d’état est ouverte à toute personne


justifiant d'un intérêt légitime → Casse et annulation

Doc 16. Cass. civ. 1ère, 10 juin 2015, n° 14-20790, D. 2015, 2365, note H. FULCHIRON
; RTD civ. 2015, 596, obs. HAUSER et ibid. 825, obs. MARGUENAUD

Faits :

Philippe est le fils de Mme Y et Auguste et est inscrit à l’état civil comme étant le fils de cet
homme. Mais le couple divorce en 2006 et Mme Y se remarie avec Claude (qui meurt en
2011). Le 11 novembre 2011 elle saisit le ministère public afin qu'il agisse en contestation
de la paternité d’ Auguste. Elle soulève la possession d’état de Philippe de plus de 5 ans.
Elle demande une expertise biologique, disant que Claude a attesté être en réalité le père
biologique de Philippe. Le procureur de la republique a fait assigner MM. Philippe et
Auguste X..., Mme Z...- Y... et les filles de Claude Z..., sur le fondement de l'article 333,
alinéa 2, du code civil afin qu'un examen comparé de l'ADN de ces derniers soit ordonné.

Procédure : La décision de première instance est inconnue. l’arrêt rejette la demande.

Moyens de la cour d’appel :

- le ministère public ne rapportant la preuve ni d'indices tirés des actes eux-mêmes


rendant invraisemblable la filiation, ni d'éléments pouvant caractériser une fraude, il ne
peut être fait droit à sa demande sur le fondement de l'article 336 du code civil.

Art 336 : La filiation légalement établie peut être contestée par le ministère public si des
indices tirés des actes eux-mêmes la rendent invraisemblable ou en cas de fraude à la loi.

- la contestation de la filiation concerne des intérêts privés familiaux et ne porte pas


atteinte à l'ordre public
Question : La filiation, doit-elle etre établie selon la réalité biologique plutot que selon les
faits sociologiques ?

Solution : La cour de cassation décide que « un juste équilibre devait être ménagé, dans la
mise en œuvre de l'article 8 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales, entre le droit revendiqué par M. Philippe X... de voir établir sa
filiation biologique et les intérêts de Mmes Z..., filles de Claude Z..., qui opposaient un
refus à ce qu'il hérite de ce dernier ». → cassation et annulation

Doc 17. Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2018, n° 17-25938, D. 2018. 2136 ; AJ fam. 2018.
685, obs. J. HOUSSIER

Faits : Les 2 parents (Jacques et Paulette ) de Mme Y décèdent. Cependant, un autre


homme nommé Guy déclare reconnaître Mme Y comme sa fille dans son testament. Guy
meurt à son tour. Mme Y assigne alors toute sa famille et la famille de Guy en contestation
de la paternité de Jacques pour établir celle de Guy. La femme de Guy s’oppose à l’action.

Procédure : La décision de première instance n’est pas connue. Mme Y fait grief à l'arrêt
de déclarer son action en contestation de paternité irrecevable et de rejeter sa demande
d'expertise biologique.

Moyens de Mme Y :

- la filiation est un élément essentiel du droit à l'identité personnelle, partie intégrante du


droit au respect de la vie privée→ mettre en accord sa situation juridique avec la réalité
biologique.

- Mm si Mme Y s’est abstenue d’agir dans le délai de prescription, elle n’a que pris
conscience de la probabilité qu’il soit son père que plus tard.

- la prescription de l'action relative à la filiation ne fait pas obstacle à une action tendant à
la reconnaissance de l'ascendance génétique par voie d'expertise

Moyens de la cours :

- la filiation légalement établie fait obstacle, tant qu'elle n'a pas été contestée en justice, à
l'établissement d'une autre filiation qui la contredirait → Mme Y... ne pouvait faire établir un
lien de filiation avec Guy sans avoir, au préalable, détruit le lien de filiation avec Jacques

- Avant le délai était de 30 mais est désormais de 10 ans. En cas de réduction de la durée
du délai de prescription, le nouveau délai court à compter de l'entrée en vigueur de la loi
nouvelle. Il appartient au juge d'apprécier si, la mise en œuvre de ces délais légaux de
prescription ne porte pas une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée
de l'intéressé, au regard du but légitime poursuivi et, en particulier, si un juste équilibre est
ménagé entre les intérêts publics et privés concurrents en jeu
Question : Le délai de prescription d’agir en justice pour l’établissement d’un lien de
filiation, porte-t-il une atteinte disproportionnée au droit au respect de sa vie privée et
familiale ?

Solution : Du moment que le délai de prescription qui est opposé respecte un juste
équilibre et qu'il ne porte pas, au regard du but légitime poursuivi, une atteinte
disproportionnée au droit au respect de sa vie privée et familiale, il est à respecter. Rejet
du Pourvoi → pas de nouveau lien de filiation avec son père biologique.

Doc 18 :

Lors de son audience publique de ce 21 novembre 2018, la Cour de cassation a rendu un


arrêt intéressant en ce qu’il montre comment la Convention européenne des droits de
l’homme peut réguler la prescription de l’action en recherche de paternité.

En l’espèce, un homme né en 1963 avait engagé en 2010 une action en contestation de la


paternité de l’homme qui l’avait reconnu en 1973 et en établissement judiciaire de la
paternité d’un autre à son égard. Pour déclarer cette demande irrecevable, la cour d’appel
avait retenu en 2017 que le demandeur était devenu majeur le 25 août 1981, que la
prescription de dix ans de l’action en recherche de paternité prévue par l’article 321 du
code civil était donc acquise au 1er juillet 2006 et que ce délai de prescription, tendant à
protéger la sécurité juridique et les droits des tiers, n’était pas contraire à l’article 8 de la
Convention européenne de droit de l’homme.
L’arrêt a été cassé aujourd’hui par la première chambre civile de la Cour de cassation au
motif suivant : « En se déterminant ainsi, sans rechercher, comme elle y était invitée, si,
concrètement, dans l’affaire qui lui était soumise, la mise en œuvre de ces délais légaux
de prescription n’était pas disproportionnée au regard du but légitime poursuivi et, en
particulier, si un juste équilibre était ménagé entre les intérêts publics et privés concurrents
en jeu,la cour d’appel a privé sa décision de base légale ».
Doc 19. Cass. civ 1ère, 4 décembre 2019, n° 19-16634

L’enfant C... Z... est né de Mme Y. Par acte du 18 octobre 2016, celle-ci, agissant tant en
son nom personnel qu’en qualité de représentante légale de son fils mineur, a assigné M.
X en recherche de paternité hors mariage.

Procédure : Les juridictions de fond ont fait droit à la demande de la demanderesse. M. X


par le biais de la cour de cassation veut saisir le CC dans le cadre d’une QPC. Il faut alors
que la cour accepte.

La QPC :

« L’article 327 du code civil instituant l’action en recherche judiciaire de paternité hors
mariage, en ce qu’il empêche tout homme géniteur de se soustraire à l’établissement
d’une filiation non désirée, est-il contraire aux principes d’égalité et de liberté
constitutionnellement garantis ? »
→ la disposition contestée n’a pas déjà été déclarée conforme à la Constitution dans les
motifs et le dispositif d’une décision du Conseil constitutionnel.

Cependant, la QPC :
- N’est pas nouvelle.
- Ne présente pas un caractère sérieux au regard du principe d’égalité entre les hommes
et les femmes
- Elle ne présente pas non plus un caractère sérieux au regard du principe de liberté dès
lors que l’homme, qui a la possibilité de prendre des mesures de nature à éviter une
procréation, ne peut se voir, de ce fait, imposer une paternité dont il n’aurait pas accepté
l’éventualité.

Solution : PAR CES MOTIFS, la Cour : DIT N’Y AVOIR LIEU DE RENVOYER au Conseil
constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité

Doc 20. Cass. civ. 1ère, 2 décembre 2020, n° 19-20279

Demandeur(s) : Mme L... W...


Défendeur(s) : Mme S... D... , épouse U... ; et autres

Faits :
Selon l’arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 16 mai 2019), Mme W a, par acte d’huissier de
justice du 15 avril 2016, assigné le procureur de la République près le tribunal de grande
instance de Marseille aux fins de voir établir, par la possession d’état, sa filiation paternelle
à l’égard de Y... D... , décédé accidentellement le jour de sa naissance. Mme U... , sœur
du défunt, ainsi que ses neveu et nièce, M. V... et Mme V... , sont intervenus
volontairement à l’instance.

Procédure : Mme W fait grief à l’arrêt de déclarer irrecevable son action en établissement
de filiation paternelle par possession d’état.

Moyens de la demanderesse:

- Mme W ne connaissait pas ses héritiers avant l’expiration du délai de prescription


- l’impossibilité pour une personne de faire reconnaître son lien de filiation paternelle
constitue une ingérence dans l’exercice du droit au respect de sa vie privée et familiale.
L’application des règles procédurales selon lesquelles l’action doit être formée ne doit pas
conduire à porter une atteinte disproportionnée au droit à la vie privée et familiale du
demandeur. La cour d’appel s’est abstenue de rechercher si le fait que celle-ci ait
assigné l’État au lieu des héritiers, alors que le premier était désigné par le texte comme
étant un potentiel défendeur, justifiait qu’elle fût privée du droit de faire reconnaître sa
filiation .

Il résulte de l’article 328, alinéa 3, du code civil que l’action en recherche de paternité ou
de maternité est exercée contre le parent prétendu ou ses héritiers et que ce n’est qu’à
défaut d’héritiers, ou si ceux-ci ont renoncé à la succession, qu’elle est dirigée contre
l’État.

Question : ?

Solution : rejet.
Doc 21. O. MATOCQ, « Le rapport d’expertise biologique dans le droit de la filiation
deviendra-t-il le passage obligé ? », Dr. famille 2006, étude 7

Il y a eu l'ordonnance n° 2005-759 du 4 juillet 2005 portant réforme de la filiation →


simplifier le droit de la filiation.
Un nouvel article est créé dans le code civil : l’art 310-3 : « La filiation se prouve par l'acte
de naissance de l'enfant, par l'acte de reconnaissance ou par l'acte de notoriété
constatant la possession d'état. Si une action est engagée en application du chapitre III du
présent titre, la filiation se prouve et se conteste par tous moyens, sous réserve de la
recevabilité de l'action. »

Toutefois et parmi tous les moyens de preuve à la disposition des parties, le recours à
l'examen comparé des sangs ou l'expertise biologique par prélèvement d'ADN occupe une
place centrale.

Raisons pour lesquelles on a recours à l’expertise : les tests sont fiables et les conditions
d’analyses sont moins coûteuses (prélèvement salivaire).

Les juridictions ne vont pas finalement accepter systématiquement d'ordonner l'expertise,


l'interprétation des résultats déterminant alors de manière automatique la solution du litige.

La tendance deviendra grande de demander avant même tout procès.

Pour que l'action puisse être mise en place, il suffit, de rapporter la preuve des relations
intimes entretenues avec le défendeur, pendant la période légale de conception. Une telle
preuve peut être apportée par tous moyens.

Pour s'opposer à l'expertise, le défendeur à la mesure doit dorénavant établir et justifier


qu'il existerait un motif légitime de ne pas la voir ordonner.

Si l'expertise est ordonnée et que le défendeur est montré comme le père biologique (sans
pour autant que le lien de filiation soit juridiquement établi), les juges n'auront alors
aucune hésitation à condamner le défendeur au paiement des subsides, et pourquoi pas à
accorder des dommages et intérêts à l'enfant voulant obtenir réparation à l'encontre du
père qui a voulu s'abstenir de le reconnaître, ce qui constituerait une abstention fautive.
Si l'expertise ne permet pas de désigner le défendeur comme étant le père biologique, le
paiement des subsides cessera, mais sans que le débiteur faisant ultérieurement la
preuve de sa non paternité puisse obtenir restitution des sommes versées de la part du
créancier.

Doc 22. Cass. civ. 1ère , 28 mars 2000, Bull. civ., I, n°103

Faits : Mme X a donné naissance, le 29 octobre 1994, à un enfant prénommé Emmanuel


Jean-Marc qui a été reconnu dans l'acte de naissance par M. Y. Le 26 juin 1995, elle a
formé une action en contestation de cette reconnaissance et sollicité une expertise
sanguine.

Procédure : Les juridictions de fond ont débouté sa demande. Elle forme un pourvoi en
cassation.
Moyens de la cours d’appel : Mme X ne rapporte pas la preuve du caractère mensonger
de la reconnaissance et une expertise médicale ne peut être ordonnée en vue de suppléer
la carence de la partie dans l'administration de la preuve.

Question : l’expertise médicale, sert-elle de moyen de preuve à la contestation d’un lien de


filiation ?

Solution : casse et annulation : l’expertise médicale est un moyen de preuve.

Doc 23. Cass. civ. 1ère, 8 juillet 2020, n° 18-20961

Faits : Par acte du 22 juin 2011, Mme Z, agissant en qualité de représentante légale du
mineur, a assigné M. R... en recherche de paternité. Car M, la fille de Z, est née sans
filiation paternelle déclarée.

Procédure : la cour d’appel fait droit à la demande de Mme Z. M.R..., a formé le pourvoi n°
F 18-20.961 contre l'arrêt rendu le 8 juin 2018 par la cour d'appel de Reims, et un pourvoi
additionnel contre l'arrêt rendu le 24 octobre 2014 par la même cour d'appel, dans le litige
l'opposant à Mme Z..., prise en qualité de représentante légale de l’enfant M...,
défenderesse à la cassation

Moyens de M R :

- L'ancien article 340-4 du code civil prévoyait que l'action en recherche de paternité
naturelle ne pouvait être exercée par la mère que dans un délai de deux ans suivant la
naissance de l'enfant ; qu'en l'espèce, il ressort de la procédure que Mme Z... a attendu le
22 juin 2011, soit plus de huit ans après la naissance de son fils, pour agir en recherche
de paternité contre M. R... sur le fondement de l'article 328 nouveau du code civil.

- L'expertise biologique est de droit en matière de filiation, sauf s'il existe un motif légitime
de ne pas y procéder. Constitue un motif légitime de refuser de se soumettre à l'expertise
biologique judiciairement ordonnée. (La cour d’appel a retenu que son refus constituait un
indice de ce qu’il avait connaissance de sa paternité. )
Le droit à un procès équitable implique que le défendeur puisse refuser de se soumettre à
l'expertise biologique judiciairement ordonnée tant que la question de la recevabilité de
l'action intentée contre lui n'a pas été définitivement tranchée.

Réponse de la cour :

- L'action en recherche de paternité est réservée à l'enfant. Pendant la minorité de celui-ci,


le parent à l'égard duquel la filiation est établie a seul qualité pour exercer l'action en
recherche de paternité. Les demanderesses agissent dans les délais : la prescription de
dix ans prévue par l'article 321 du même code n'est pas acquise, elle s'applique lorsque
l'action est exercée par le représentant légal de l'enfant mineur sur le fondement de
l'article 328 du code civil.

- l'article 310-3 du code civil, l'expertise biologique est de droit en matière de filiation, sauf
s'il existe un motif légitime de ne pas y procéder.
- L'absence de décision irrévocable sur la recevabilité d'une action en recherche de
paternité ne peut constituer un motif légitime, même au regard du droit au procès
équitable, pour refuser de se soumettre à une expertise biologique ordonnée à l'occasion
de cette action par le tribunal, s'agissant d'une mesure qui, destinée à lever les
incertitudes d'un enfant sur ses origines, doit être exécutée avec célérité.

Question : peut on refuser de procéder à une expertise génétique ordonnée par le


tribunal ?

Solution : oui, mais seulement si il y a un motif légitime. M R n’en avait pas → rejet du
pourvoi

III) commentaire d’arrêt :

l’arrêt du 4 décembre 2015.

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