Vous êtes sur la page 1sur 4

1.

Lisa Heinzmann
12 février 2021 à 15:32:45
porter atteinte ?

2. Lisa Heinzmann
12 février 2021 à 15:33:38
dès lors qu’elle est justifiée par

IDOUX Eva

Devoir maison – Introduc6on au droit L1

Commentaire d’arrêt

Une entreprise a subi en décembre 1987 un incendie qui a entrainé une cessa6on de son
ac6vité. Par la suite, ceGe entreprise a fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire. Dans
le même temps, le président du conseil d’administra6on de ceGe société a vu son état de santé se
détériorer au point d’être placé sous curatelle, son épouse étant désignée en qualité de curatrice. À la
suite du sinistre, l’assureur de la société et du président de celle-ci leur a versé une indemnité à se
répar6r. CeGe indemnité a permis au conseil d’administra6on de la société de régler par an6cipa6on
le passif qu’il existait à la suite de la cessa6on d’ac6vité dans la mesure où certains créanciers
acceptaient un abandon par6el de leurs créances. Peu après, le fils du président du conseil
d’administra6on a pris la place de son père à la tête du conseil d’administra6on. Il demande alors
l’ouverture d’une tutelle pour son père et la des6tu6on de sa mère en tant que curatrice de son père.
Le nouveau président du conseil d’administra6on a tout comme sa société, assigné en jus6ce son
père ainsi que sa mère et le commissaire chargé de l’exécu6on du plan de redressement de la société.
Ils les ont assignés en nullité de l’opéra6on de remboursement an6cipée des créanciers sous prétexte
que son père, alors sous curatelle, était alors incapable de prendre valablement ceGe décision en tant
qu’ancien président du conseil d’administra6on. Afin de prouver ceGe faute, le nouveau président du
conseil d’administra6on a produit devant la cour des pièces rela6ves à l’état de santé de son père.

La cour d’appel a alors condamné in solidum tous les demandeurs, dont notamment la
société et son nouveau président du conseil d’administra6on, à verser au père de ce dernier des
dommages et intérêts. Elle a en effet écarté les preuves divulguées concernant l’état de santé du père
alors sous curatelle, cons6tuées en par6e de cer6ficats médicaux et d’ordonnances. Ainsi, la cour
d’appel a jugé que même si ces preuves ont été récupérées légalement, elles ont cons6tué une
aGeinte à la vie privée du père, notamment assurée par l’ar6cle 8 de la Conven6on européenne des
Droits de l’Homme (CEDH).

Es6mant que cet arrêt de la cour d’appel a violé leur droit à un procès équitable, les par6es
condamnées in solidum par ceGe même cour se pourvoient en cassa6on afin de faire valoir leur droit
de produire ces preuves.
1 2 Une preuve peut-elle déroger au droit à la vie privée sous prétexte du droit à un procès
équitable ?

Oui. Bien sur le fond. Autre proposi6on de formula6on : Une preuve peut-elle porter aGeinte au droit
à la vie privée dès lors qu’elle est jus6fiée par le droit à un procès équitable ?

Par le présent arrêt, la Cour de Cassa6on a répondu de manière posi6ve à ceGe ques6on en
cassant et en annulant l’arrêt de la cour d’appel au visa des ar6cles 6 et 8 de la Conven6on
européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Elle a en effet jugé qu’en condamnant les par6es à des
dommages et intérêts et en refusant d’admeGre les preuves concernant l’état de santé du père, la
cour d’appel avait violé l’ar6cle 6 de la CEDH et donc le droit à un procès équitable. En effet, l’aGeinte
à la vie privée « peut être jus6fiée par l’exigence de la protec6on d’autres intérêts, dont celle des
droits de la défense, si elle reste propor6onnée au regard des intérêts an6nomiques en présence ».

Pour comprendre ceGe décision, il faut tout d’abord dans un premier temps s’intéresser aux
preuves jus6fiant l’état de santé du père qui ont été jugées comme portant aGeinte à sa vie privée (I).
Dans un deuxième temps, il faut examiner la balance faite par la Cour de cassa6on entre droit à la vie
privée et droit à un procès équitable (II).
3. Lisa Heinzmann
12 février 2021 à 16:08:47
Attention ici, car vous mélangez le
droit contractuel (application de
l’article 1359 CC, avec l’existence
d’un acte juridique) et la
responsabilité délictuelle, avec la
faute. Ce n’est pas grave ici, car
cela est au programme en 2ème
année de droit. Mais ici, il s’agit
non pas de prouver l’existence
d’un acte juridique mais la validité
de ce dernier, et donc la capacité
du père à conclure un accord.
Donc, on applique l’article 1358
CC. Voir la correction pour plus de
détails.
I. L’aGeinte à la vie privée par la produc6on d’une preuve

« Idem est non esse aut non probari », pas de preuve, pas de droit. CeGe cita6on la6ne montre bien
l’importance de la preuve en droit. En effet, pour revendiquer un droit, une situa6on, il faut pouvoir
le prouver. Pour cela, il faut tout d’abord s’intéresser au mode d’admissibilité de la preuve qui permet
de comprendre comment une preuve peut être produite. Ensuite, il faut s’aGarder aux limites de ce
principe général qui con6ent notamment l’aGeinte à la vie privée ce qui jus6fie l’arrêt de la cour
d’appel.

A. Principe général de la liberté de la preuve : existence d’une preuve par écrit

La preuve est définie dans le lexique des termes juridiques comme « l’établissement de la réalité d’un
fait ou de l’existence d’un acte juridique ». En droit, et notamment lors d’une instance juridique, il est
nécessaire de pouvoir prouver les faits ou actes juridique.

Le principe général afin de rapporter une preuve est celui de la liberté de la preuve, soumis au nouvel
ar6cle 1358 du code civil qui dispose : « Hors les cas où la loi en dispose autrement, la preuve peut
être rapportée par tout moyen ». Oui, juste.
3 Pour les li6ges supérieurs à 1 500€, comme c’est le cas ici, des exigences supplémentaires sont
prévues par la loi. Il est ainsi nécessaire, hors excep6ons, d’avoir une preuve écrite pour prouver la
faute.

Ainsi dans cet arrêt, afin de faire annuler la décision du remboursement an6cipé des créanciers, il
fallait que les différents demandeurs, c’est-à-dire entre autres le nouveau président du conseil
d’administra6on et sa société, puisse prouver que ceGe décision n’était pas valable. Pour cela, le
nouveau président du conseil d’administra6on veut prouver que son prédécesseur, son père, « alors
en curatelle, n'aurait pu valablement décider d'un remboursement an6cipé des créanciers ». Il
rapporte alors, dans les différentes preuves, des éléments, cer6ficats médicaux et ordonnances,
concernant l’état de santé de son père.

CeGe preuve écrite a été récupérée en toute légalité, et non frauduleusement comme le note dans
son arrêt la cour d’appel. Cependant, ceGe dernière es6me que ceGe preuve concernant
spécifiquement l’état de santé du père cons6tue une aGeinte à sa vie privée.

B. Limite au principe général de liberté de la preuve : interdic6on d’une aGeinte à la vie


privée (oui, Très bon 6tre ici).

Si le droit à la preuve est un droit fondamental il n’est pas sans limite. En effet, certains modes de
preuve sont interdits, toutes les preuves ne peuvent être produites et certaines doivent être rejetées
par le juge. Les preuves portant aGeinte à la vie privée rentrent par exemple dans ceGe limite.

En effet, le droit à la vie privée est un droit notamment garan6t par l’ar6cle 9 du code civil « chacun a
le droit à sa vie privée » ou bien encore par l’ar6cle 8 du la CEDH. Très bien. La cour d’appel dans son
arrêt a donc es6mé que la produc6on de pièces rela6ves à l’état de santé du père cons6tuait une
viola6on de ce droit à la vie privée. En effet, les cer6ficats médicaux ont été produits devant toutes
les par6es du procès et donc à des par6es n’étant pas forcément de la famille du père. Ces par6es en
par6culier n’avait, selon la cour d’appel pas à être au courant de l’état précis de santé du père grâce à
des cer6ficats médicaux ou à des ordonnances violant son droit à la vie privée et le secret médical.
Au vu de la preuve apportée, la cour d’appel a alors jugé que le nouveau président du conseil
d’administra6on « même s’il ne s’est pas approprié frauduleusement les pièces » cons6tuant la
preuve, il n’était « en rien autorisé, ni comme fils ni comme dirigeant, à divulguer ces pièces. ». Ainsi
son père a vu son droit à la vie privée violé puisque d’après la cour d’appel « ne peuvent apporter
tempérament [à la protec6on de la vie privée] que les mesures d’instruc6on judiciairement
ordonnées et légalement encadrées ». C’est pourquoi, la cour d’appel condamne in solidum toutes les
par6es contre le père, qui ont donc divulgué ces pièces à verser des dommages et intérêts à ce
dernier en répara6on du préjudice.

II. Le droit à un procès équitable et le droit à la vie privée, balance nécessaire de la Cour de
cassa6on entre tous les intérêts en présence oui, bien.

Si l’aGeinte à la vie privée n’est pas niée par la Cour de cassa6on, ceGe dernière casse tout de même
l’arrêt de la cour d’appel, es6mant que celle-ci viole en effet le droit à un procès équitable, garan6t
par l’ar6cle 6 de la CEDH. Pour comprendre ceGe décision, il faut s’intéresser à la preuve rapportée et
à son impact d’un côté sur le droit à la vie privée et l’autre sur le droit à un procès équitable. La
preuve est tout d’abord indispensable pour prouver la faute (A) et l’aGeinte qu’elle porte à la vie
privée reste jus6fiée et propor6onnée aux vues des intérêts an6nomiques en présence (B).

A. La preuve incriminée, indispensable à l’exercice du droit à la preuve et donc au droit à un


procès équitable

Les éléments de preuve, ici rejetés par la cour d’appel, consiste donc en des cer6ficats médicaux et
des ordonnances qui cons6tuent d’après la cour d’appel une viola6on du droit à la vie privée du père,
pourtant garan6t par l’ar6cle 8 de la CEDH. Cependant, son fils, le nouveau président du conseil
d’administra6on, et plus largement toutes les par6es condamnées par la cour d’appel, se pourvoient
en cassa6on afin de faire valoir leur droit à un procès équitable, leur droit à la preuve.

La Cour de cassa6on rappelle en effet cela : « par ailleurs, toute aGeinte à la vie privée n’est pas
interdite, […] une telle aGeinte peut être jus6fiée par l’exigence de la protec6on d’autres intérêts,
dont celle des droits de la défense ».

Le droit à la preuve jus6fie l’aGeinte à la vie privée du père en cela que les preuves apportées sont
indispensables. En effet la Cour de cassa6on désigne ceGe preuve comme « la preuve d’un élément
de fait essen6el pour le succès [des] préten6ons ». Cela s’explique par le fait qu’afin de prouver que
son père n’était pas en état de prendre valablement la décision du remboursement an6cipé des
créanciers, dû à son état de santé, il était donc nécessaire de pouvoir prouver quel était exactement
son état de santé à ce moment-là.

B. AGeinte propor6onnée et jus6fiée du droit à la vie privée afin d’exercer son droit à un
procès équitable

Les cer6ficats médicaux et ordonnances apportés comme preuve lors des instances étaient donc bien
indispensable afin de prouver la faute lors de la décision aGaquée, celle de rembourser par
an6cipa6on les créanciers. Cependant cela pose bien un problème puisque ceGe preuve viole le droit
du père au respect de sa vie privée. A l’inverse, le nouveau président du conseil d’administra6on veut
faire valoir son droit à un procès équitable puisque sans ceGe preuve il est impossible de prouver la
faute.

La Cour de cassa6on dans cet arrêt doit donc trouver un équilibre entre deux intérêts an6nomiques,
entre deux droits fondamentaux, tout aussi important l’un que l’autre. Pour cela, elle effectue un test
de propor6onnalité, c’est-à-dire qu’elle regarde propor6onnellement et concrètement les effets et
impacts, essayant de trouver un équilibre le plus juste possible. oui, très bien.

Elle juge ainsi que bien qu’il existe une aGeinte à la vie privée du père à la suite de la produc6on de
ceGe preuve, ceGe aGeinte est jus6fiée et propor6onnée « au principe de l'égalité des armes
résultant du droit au procès équitable garan6 par l'ar6cle 6 de la Conven6on européenne des droits
de l'homme » et que « le fait d'interdire à une par6e de faire la preuve d'un élément de fait essen6el
pour le succès de ses préten6ons » est une erreur de la cour d’appel.

Elle juge donc « qu'en sanc6onnant une aGeinte à la vie privée, sans s'interroger sur la légi6mité et la
propor6onnalité de ceGe aGeinte, la cour d'appel a violé » le droit à un procès équitable des par6es
qu’elle avait condamné. Oui.

Bon ensemble. De bonnes analyses. Votre plan est très bien structuré et vos 6tres sont bien formulés.

Quelques détails à revoir.

16/20 Très bien.

Vous aimerez peut-être aussi