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MASTER : DROIT PENAL ET SCIENCES CRIMINELLES

Module : Droit pénal comparé

Exposé sous le thème :

Procès équitable à la lumière de la


jurisprudence de la Cour européenne
des droits de l’Homme

Version rectifiée

Réalisé par : Encadré par :


LOUKILI Kenza
JABRANE Nouhaila Professeur : ATMANI Khalid
JELDA Houda

Année universitaire : 2021/2022


Sommaire

Introduction.........................................................................................1

I. Garanties du procès équitable.....................................................5

A. Garanties générales...........................................................5

B. Garanties spécifiques......................................................14

II. Applications jurisprudentielles..................................................26

A. Sur la présomption d’innocence......................................26

B. Sur l’impartialité et le délai raisonnable........................28

Conclusion..........................................................................................32
Introduction
Dans une société démocratique au sens de la Convention, le droit à une bonne administration de la
justice occupe une place si éminente qu’une interprétation restrictive de l’article 6 § 1 ne
correspondrait pas au but et à l’objet de cette disposition1 .

La règle communautaire sur le droit à un procès équitable qui est inscrite dans l'article 6
§ 1 de la Convention européenne des droits de l'homme donne lieu à des recours qui portent
sur des situations d'une telle diversité qu'il n'est pas possible d'enfermer le mot "procès
équitable" dans une seule définition.

Selon l’architecture de la Convention européenne des droits de l’homme2, l’article 6 de la


CEDH constitue une disposition capitale. Cette importance est liée à des raisons à la fois de
principe et de pratique3. C’est un l’article qui garantit à toute personne le droit à ce que sa
cause soit entendue équitablement et publiquement, en vue de décider des contestations sur
ses droits et obligations de caractère civil ou du bien-fondé de toute accusation en matière
pénale dirigée contre elle

La raison de principe tient à ce que la Convention rappelle dans son préambule la


prééminence de l’État de droit, c’est-à-dire un État qui aménage au profit de ses justiciables
des garanties pour assurer une réelle protection de leurs droits et libertés4.Les garanties
procédurales consacrées par l’article 6, § 1 sont, dans ce sens, consubstantielles à l’État de

1
Arrêt Delcourt c. Belgique, 17 janvier 1970, paragraphe 25.
2
La Convention de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, communément
appelée Convention européenne des droits de l'Homme (CEDH), est un traité international signé par les États
membres du Conseil de l'Europe le 4 novembre 1950 et entré en vigueur le 3 septembre 1953.
3
J.-C. Soyer et M. de Salvia, « L’article 6 », in La Convention européenne des droits de l’homme. Commentaire
article par article, L.-E. Pettiti, E. Decaux, P.-H. Imbert (dir.), 2e éd., Paris, Economica, 1999, p. 240 sq.
4
Sur le rôle des garanties procédurales dans la protection des droits substantiels, voir F. Bernard et A. Berthe,
« Les garanties procédurales en matière de reconduite à la frontière au regard de la CEDH », RTDH, 1997, p. 16.

1
Droit. La Cour souligne par ailleurs la « place éminente que le droit à un procès équitable
occupe dans une société démocratique »5

Autrement dit, la garantie du procès équitable est au cœur même des fondements de l’État de
droit et de tout régime démocratique. Quant aux raisons d’ordre pratique, elles se rattachent
à la volonté de la Cour de protéger non pas des droits théoriques ou illusoires mais concrets et
effectifs, en s’appuyant sur les droits de sauvegarde, notamment le droit à un procès équitable,
comme garants fonctionnels des droits substantiels. Ceci explique sans doute l’immense
succès de cette disposition devant la Cour de Strasbourg6.

Certes, que la notion de droit à un procès équitable est d’origine anglo-saxonne, on la trouve
pour la première fois au début du XIII siècle dans ce qu’on appelle : la « MAGNA CARTA »
grande charte des libertés d’Angleterre (1215).

En effet, cet instrument imposé par les féodaux énumère un nombre considérable de garanties
précises concernant les libertés individuelles des sujets : « aucun homme libre ne sera arrêté
ou emprisonné si ce n’est en vertu du jugement légal de ses paires ou en vertu de la loi de
pays ».

Tandis que, il reste difficile à définir le concept de procès équitable qui se dégage de l’article
6 de la Convention européenne de droit de l’homme. Et qui évoque à la fois l’idée d’équité et
d’une bonne justice.

Le droit à un procès équitable est un droit fondamental, il constitue un élément central et


essentiel de l’état de droit et renvoie irrémédiablement à l’idée de justice. Il est l’une des
garanties universelles consacrées par la Déclaration universelle des droits de l’homme, 3
adoptées en 1948 par les gouvernements du monde entier, et qui constitue la pierre angulaire
du système international de protection des droits humains

Ajoutant que depuis 1948, le droit à un procès équitable a été réaffirmé et proclamé dans des
traités juridiquement contraignants comme le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques (PIDCP), adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en 1966. Il a aussi été
reconnu dans de nombreux autres instruments internationaux et régionaux qui sont soit des

5
Affaire Airey c. Irlande, 9 octobre 1979, A, no 32, § 24.
6
Sur l’importance du contentieux de l’article 6, voir M. Fabre, « Le droit à un procès équitable », JCP, 1998, I,
p. 157.

2
traités soit des normes non conventionnelles, adoptés par les Nations unies et les organes
intergouvernementaux régionaux.

Le terme « droit à un procès équitable », qui n'était pas directement mentionné à l'origine dans
la lettre de la Convention, a été consacré également par la jurisprudence de la Cour,
notamment par l'arrêt Golder vs.Royaume-Uni (1975) 7qui abandonne l'expression de « bonne
administration de la Justice » et utilise pour la première fois celle de « procès équitable ».

Ce n'est qu'après la réforme de la Convention de 1998 que l'article 6§1 prend officiellement le
nom de « droit à un procès équitable ». Ainsi dans tous les pays ayant ratifiée la CEDH, «
toute personne a le droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans
un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi ».
Ce droit est avant tout considéré par la Cour comme le droit de « faire entendre sa cause » par
un tribunal. Il s'agit de la condition préalable au respect de tous les droits de l'Homme. Afin
de garantir l'effectivité de l'Etat de droit, toute personne juridique ou morale doit pouvoir se
prévaloir de ses droits devant un tribunal.

A la lecture de l'article 6 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme, divers


éléments doivent être respecter pour garantir le droit à un procès équitable sont : une audience
publique, un délai raison-able, un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, la
présomption d'innocence, la connaissance de l'accusation, la possibilité de se défendre,
notamment à l'aide de témoins à décharge. Il s'agit par conséquent d'un droit qui fait figure de
norme processuelle de référence en Europe8.

Le texte de l’article 6 ne représente cependant qu’un point de départ, dans la mesure où la


jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme en retient une interprétation
élargie, en définissant la teneur des droits garantis par la Convention. 9

Ainsi, l'intérêt de ce sujet serait d’assurer une meilleure compréhension des différentes
exigences à respecter lors du déroulement d’une procédure judiciaire afin d'être conforme aux
obligations nées de l’article 6 de la Convention européenne des Droits de l’Homme. 10

Également, étant donné que notre étude s'inscrit dans le cadre plus vaste du droit comparé,
l'analyse des dispositions de cet article sous un angle jurisprudentiel semble particulièrement

8
Le procès équitable devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme
9
JEAN PRADEL, Droit pénal comparé. 4ème édition. (2016).
10
Benjamin Lavergne et Mehdi Mezaguer _ *Regards sur le droit au procès équitable* Edition 2018.

3
pertinente. De sorte que la jurisprudence est un outil phare utilisé par le comparatiste et que
les arrêts de la CEDH constituent une véritable mine pour ce dernier.

Cela nous mène à poser la problématique suivante : Dans quelle mesure la CEDH a joué un rôle
dans l'effectivité du procès équitable ?

Afin de répondre à cette problématique, notre travail sera divisé en deux parties, le premier
sera consacré à l’étude des garanties procédurales relevant du droit à un procès équitable (I).
Et ensuite, nous analyserons quelques cas de jurisprudence dans une deuxième partie (II).

4
I. Les garanties du procès équitable :

La Cour européenne des droits de l'Homme a su faire produire à la CEDH des effets
protecteurs du procès équitable. Il est à parier qu'elle saura en découvrir ceci en particulier
lorsque les données de nouvelles affaires s'y prêteront. Cet enrichissement tire sa force de
garanties générales du procès équitable qu'il importe d'analyser (A). Il a déjà pris une certaine
ampleur que l'on peut apprécier en commentant les garanties particulières dont l’article a déjà
fait l'objet (B).

A. Garanties générales

Officiellement utilisée par la Cour de Strasbourg depuis l'arrêt Golder 11du 21 février
1975, la dénomination « droit à un procès équitable » désigne l'ensemble des garanties de
bonne organisation et de bon fonctionnement de la justice qui illustrent le principe
fondamental de la prééminence du droit-déjà évoqué.

Ces garanties se concrétisent à travers le droit à l’accès à un tribunal impartial et compétent


ainsi qu’à travers les principes de publicité et de délai raisonnable de la procédure.

1. Le droit d’accès à un tribunal :


Convention Européenne des Droits de L’Homme (Article 6 § 1) :

« Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans
un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, qui décidera,
soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil, soit du bien-fondé de
toute accusation en matière pénale dirigée contre elle… »

Il serait absurde que l’article 6 décrive en détail les garanties de procédure accordées aux
parties à une action en cours s’il ne protégeait pas d’abord l’accès au juge qui seul permet
d’en bénéficier en réalité. C’est pourquoi l’important arrêt Golder, s’appuyant notamment sur

11
CEDH, Golder. Royaume-Uni, 21 février 1975, série A, nº 18, p. 18, § 36; CE.DH

5
un principe de droit international qui prohibe un déni de justice, a affirmé que le droit d’accès
à un tribunal constituait un élément inhérent au droit énoncé par l’article 6 de la CEDH.

A cet égard, le droit à un recours juridictionnel, ou encore la garantie d'accès à un tribunal, ou


enfin droit à un juge, peut être défini comme le droit pour toute personne physique ou morale,
française ou étrangère, d'accéder à la justice pour y faire valoir ses droits. 12

Le caractère fondamental de ce droit est, également, implémenté dans les sources


supranationales, à travers plusieurs dispositions. Notamment, l'article 8 de la Déclaration
universelle des droits de l’homme : « Toute personne a droit à un recours effectif devant les
juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui
sont reconnus par la Constitution ou par la loi ». Ainsi que par l’article 14, § 1 du Pacte
international relatif aux droits civils et politiques du 19 décembre 1966 qui dispose que :
« toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue par un tribunal... »

De l'autre côté, dans le droit européen conventionnel, c'est l'article 6 § 1 de la Convention


EDH qui a servi de fondement à la reconnaissance, par la Cour de Strasbourg, d'un droit
d'accès à la justice, du droit à un recours de nature juridictionnelle, 13 qu'elle fonde, depuis son
célèbre arrêt Golder du 21 Février 1975. Dans cet arrêt, la Cour a précisé que ce droit ne
constitue qu’un aspect du droit à tribunal, encore appelé droit à un procès équitable au sens
large.

Egalement, l'arrêt Deweer du 27 février 1980 14 affirme le droit à un tribunal pour toute
personne, lorsqu'une accusation est dirigée contre elle. En l'espèce, un commerçant belge
avait accepté de transiger avec le parquet et de payer une amende pour violation de la
législation sur les prix, en contrepartie d'un classement sans suite. Mais en cas de non-
paiement de l'amende, les poursuites étaient engagées et le commerce fermé. La Cour
européenne y a vu une transaction conclue sous la contrainte, donc illégitime, qui privait
l'intéressé de son droit à un tribunal.

12
Extrait du Répertoire Dalloz du contentieux administratif, Sirey, 1992, spéc. p. 90 V. BANDRAC (M.), L'action
en justice. Etudes générales, Mélanges en l'honneur de Perrot (R.), Dalleg, 1995, T. 1.
13
COSTA J.-P., Le droit à un tribunal et ses limites, selon la jurisprudence de la Cour EDH, Mélanges offerts à
Jean Buffet, LPA éd., 2004. p.159.
14
CEDH 27 févr. 1980 Deweer c/ Belgique, série A, N°35

6
2. L’exigence d’un véritable tribunal indépendant et impartial :

Dans la jurisprudence de la Cour, un tribunal est qualifié comme tel au regard de ses
fonctions judiciaires, c’est-à-dire trancher les questions relevant de sa compétence sur la base
de règles de droit et à l’issue d’une procédure dûment conduite. Il doit aussi satisfaire à
plusieurs autres exigences : indépendance, en particulier vis-à-vis de l’exécutif, impartialité,
et autres garanties accordées par sa procédure, dont certaines figurent dans le texte de l’article
6§ 1 lui-même.

Ainsi, la notion même de « tribunal » implique que celui-ci se compose de juges sélectionnés
sur la base du mérite – c’est-à-dire de juges qui, grâce à leurs compétences professionnelles et
à leur intégrité morale, sont capables d’exercer les fonctions judiciaires associées à cette
charge dans un État régi par la prééminence du droit15

❖ Un tribunal indépendant :

La justice pénale ne peut présenter les garanties d'un procès équitable qu'en assurant d'abord
le droit à un tribunal indépendant principes sont prévus par l'article 10 de la D.U.D.H., et
l'article 14 du pacte international relatif aux droits civils et politiques.

L'indépendance s'exprime en externe, par rapport à d'autres pouvoirs que le pouvoir judiciaire,
celui de l'exécutif et du législatif bien sûr, mais aussi pouvoir de fait (celui des médias, des
experts, par exemple) ou encore le pouvoir des parties. Elle relève d'un statut, plus ou moins
protecteur.16

Selon les arrêts Smarek c/ Autriche, du 22 Octobre 1984 et Demicoli c/ Malte du 27 Aout
1991, le tribunal de l’article 6 doit trancher, sur la base de normes de droit et à l'issue d'une
organisée, toute question relevant de sa compétence. Ainsi donc, l’indépendance peut se
définir comme l'absence de subordination statutaire aux autres pouvoirs. Elle s’exerce à
plusieurs niveaux :

15
Guide sur l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme Droit à un procès équitable (volet
pénal) disponible sur : https://www.echr.coe.int/documents/guide_art_6_criminal_fra.pdf consulté le
14/11/2021 à 09:56 )
16
LOMBARD M. Une expérience pragmatique de l'indépendance du juge à travers le CSM", Mélanges Zoller,
Dalloz, 2018, p. 755. Cité par GUINCHARD (S.), CHAINAIS (C.), SOREL IL-M), op cit, p. 841

7
Indépendance, tout d'abord, à l'égard du gouvernement, concrétisée par séparation du pouvoir
exécutif et de l'autorité judiciaire telle que disposé par constitution.

Indépendance à l’égard du pouvoir législatif, l'indépendance de l'autorité judiciaire suppose


que ce dernier ne puisse empiéter sur les prérogatives de celle-ci, que le Parlement ne puisse
remettre en cause ni les données d'un procès, ni les décisions rendues et ayant autorité de la
chose jugée.

Indépendance à l'égard des justiciables. Pour le bien des justiciables, il faut que le juge soit
impartial. Il faut aussi qu'il soit indépendant des justiciables pour pouvoir garantir sa sérénité.
De ce fait là, le juge n'est pas tenu de suivre les demandes des parties. Elles ne peuvent pas lui
imposer leurs moyens de défense. Or, cela ne signifie pas pour autant qu'elles n'ont aucune
influence sur le processus judiciaire.

❖ Un tribunal impartial :

La jurisprudence de la Cour EDH exige que les membres de l’autorité judiciaire ne présentent
pas seulement les garanties d’indépendance mais aussi d’impartialité.

L’impartialité est proche de la notion d’indépendance de sorte que ces deux notions sont liées
car « l’indépendance est un préalable à l’impartialité, on ne peut être impartial, si, déjà, on
n'est pas indépendant, et à l'inverse, un juge indépendant de tout pouvoir peut devenir partial
dans un dossier particulier. »17

En pratique les deux notions sont souvent associées, mêlées, à tel point que la Cour EDH ne
manque pas de relever qu’étant donné qu'il est difficile de dissocier la question de
l'indépendance de celle de l'impartialité, il y a lieu de les étudier ensemble.

Or, elles ne se confondent pas sur le plan conceptuel car l'impartialité est liée à l'organisation
et au fonctionnement interne des juridictions, ainsi qu'aux qualités personnelles du juge

Ainsi donc, l'impartialité doit être appréciée aussi bien d'une manière subjective lorsqu'il s'agit
de la conduite personnelle d'un juge que d'une manière objective lorsqu'il s'agit de la situation
d'un juge.

D'abord, de façon objective, c’est lorsqu'un même magistrat ne peut pas instruire et juger la
même affaire. Cette interdiction est due au fait que ce magistrat qui instruit un dossier et qui

17
GUINCHARD S. CHAINAIS C. SOREL J.-M « Droit processuel » Ed. D. 10e éd. P. 199

8
demande la présentation de l'individu devant la juridiction de jugement, s'il estime qu'il y a
des charges suffisantes pour qu'il soit jugé, il s'est déjà forgé son opinion sur la question.

Ensuite, de façon subjective ou personnelle18, il ne faut pas que le juge puisse soupçonner de
connivence avec l'une ou l'autre des parties en cause. Notamment en cas de lien de parenté
entre plusieurs magistrats d’une même juridiction ou entre un magistrat et un avocat ou une
partie. C’est pour cela qu’il existe une procédure de récusation permettant de mettre en cause
la partialité du juge.

Selon la Cour EDH, l'impartialité personnelle du juge se présume jusqu'à la preuve du


contraire. Celle-ci se caractérise donc par une absence de préjugés ou de partis pris. Par
conséquent, un magistrat (tant du parquet que du siège) qui suppose en sa personne un conflit
d'intérêts doit se faire remplacer.

3. La publicité des débats et jugements :

La publicité de la procédure protège les justiciables contre une justice secrète échappant au
contrôle du public, elle constitue aussi l’un des moyens qui contribuent à préserver la
confiance dans les cours et tribunaux.

Elle est consacrée par l'article 6 § 1. De la Convention EDH, qui affirme que toute personne
qui fait l'objet d'une contestation de ses droits ou obligations en matière civile ou d'une
accusation en matière pénale a droit à ce que sa cause soit entendue publiquement, et que le
jugement doit être rendu publiquement. Il s'agit là d'une double exigence : la publicité des
débats et, la publicité du prononcé du jugement.

En effet, la Cour EDH fait de l'application de ce principe une condition indispensable du


procès équitable. « Le fondement, en matière pénale, en est l'intérêt général, au-delà de
l'intérêt particulier de l'accusé, puisqu'il s'agit de protéger les justiciables contre une justice
secrète échappant au contrôle du public ».19

18
ENNEFKHAOUI A. « Traité de procédure pénale » 1ère éd. 2020 p. 46
19
CEDH 24 nov. 1997, Werner c/ Autriche JCP 1998, 1, 107, nº 27

9
Egalement, selon la cour, ce principe « préserve la confiance des justiciables dans l'institution
judiciaire et participe pleinement, par cette transparence, du droit à un procès équitable et de
sa finalité »20.

On conclue que la notion de publicité constitue une véritable garantie pour le justiciable et
pour le juge. Elle consiste en ce que la justice soit accessible au peuple, qu'elle soit rendue en
son nom et en sa présence. Le corps social, exerce donc un contrôle des décisions de justice.
Ce contrôle joue un rôle important en matière pénale, car il est question de juger l'un de ses
propres membres.

Toutefois, l’obligation de tenir une audience publique n’est pas absolue dans toutes les
affaires relevant du volet pénal de l’article 6. En effet, l'accès du public à la salle d'audience
peut être interdit par huis clos, total ou partiel, prononcé par décision motivée, quand la
sécurité de l’Etat ou les bonnes mœurs risquent de souffrir d'une publicité complète.

4. Le principe du délai raisonnable :

Le terme délai qui se rapporte à la durée, détermine un intervalle de temps pendant lequel se
produit une action, une instance, un procès. Le temps est consubstantiel au procès. Ainsi, le
circuit de la justice pénale est ponctué par de nombreuses séquences de délais légaux. 21

L’adjectif raisonnable, accolé au délai pourrait signifier équilibre, ce qui est acceptable,
suffisant ou convenable. L’adjectif raisonnable a comme acception, ce qui est satisfaisant,
c’est-à-dire qui n’est ni anormalement long, ni excessivement court. Le raisonnable délimite
les confins de ce qui est socialement acceptable. La durée de la procédure doit s’inscrire dans
une durée acceptable, admissible.

Ainsi donc le caractère raisonnable est laissé à l’appréciation discrétionnaire du juge du fond
qui se prononce en vertu des circonstances concrètes, au cas par cas, procédant à une analyse
détaillée de tous les éléments de la cause. L’aspect convenable du délai permet de « tracer une
limite entre discrétionnaire et arbitraire ».

20
CEDH 8 Déc. 1983 Axen c/ Allemagne, série A, n°72
21
Dione A. et Wane S.« RÉFLEXION SUR LES CRITÈRES DU DÉLAI RAISONNABLE EN MATIÈRE DE JUSTICE PÉNALE
AU SÉNÉGAL. » Disponible sur : https://www.village-justice.com/articles/reflexion-sur-les-criteres-delai-
raisonnable-matiere-justice-penale,35950.html consulté le 09/12/2021 à 13 :23)

10
Convention européenne des droits de l'Homme énonce que: « Toute personne a droit à ce que
sa cause soit entendue (...) dans un délai raisonnable par un tribunal (...) qui décidera (...) du
bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle. »

Cet article vise à ce que « les accusés ne demeurent pas pendant un temps trop long sous le
coup d'une accusation et qu'il soit décidé sur son bien-fondé »22

Le but de l'article 6 § 1 de la Convention est dès lors clairement de protéger contre les
retards, parfois de plusieurs années, qui peuvent être pris dans les procédures pénales. La
Cour EDH est alors très stricte sur le respect de cette garantie, tant en matière civile, qu'en
matière pénale.

Quant au point de départ du délai raisonnable, celui-ci commence courir à partir du moment
où la personne se trouve dans l'obligation de défendre. Dans la procédure pénale, il s'agit du
moment où cette personne est accusée. La fin du délai raisonnable intervient de façon
équivoque lorsqu'une décision sur le fond est rendue. Il s'agit dès lors de l'ensemble de la
procédure qui est prise en considération pour le calcul du délai raisonnable.

Autrement dit, le calcul de ce délai commence dès le moment où la personne fait initialement
l’objet d’une « accusation » et se termine avec la décision définitive rendue par les autorités
nationales (CEDH 27 févr. 1980, Deweer c. Belgique, n° 6903/75). Quand bien même
différentes phases de la procédure se seraient déroulées à un rythme acceptable, la durée totale
des poursuites peut néanmoins, dans son appréciation globale, excéder un « délai raisonnable
» (CEDH 25 fév. 1993, Dobbertin c. France, n° 13089/87).

Or, le délai raisonnable s’évalue par le moyen de trois paramètres fixés par la Cour EDH :

- La complexité de l’affaire : il semble logique que la juridiction répressive prendra plus


de temps pour juger une affaire complexe contrairement à une question simple. A titre
d’exemple, l’affaire C.P c/ France 23 où il a été jugé que la complexité d'une affaire
de criminalité en col blanc caractérisée par une fraude à grande échelle impliquant
plusieurs sociétés ayant recours à des transactions complexes dans un contexte
international pouvait justifier que la procédure se prolonge durant près de 8 ans.

- Le comportement du requérant : il est question de savoir s'il a mis en œuvre toutes les
voies de recours, et s'il a mis des procédés dilatoires pour gagner du temps. Or la Cour

22
CEDH, Vemhoff c. Allemagne, arrêt du 28 juin 1998, requête nº 2122/64, § 18.
23
CEDH, 1er août 2000, nº 36009/97, C.P. et a. c/France

11
E.D.H. fait preuve d'une certaine tolérance à l'égard de ce dernier. Ainsi, l'article 6
« n'exige pas des intéressés une coopération active avec les autorités judiciaires et qu'il
ne peut pas non plus leur être reproché d'exercer les voies de recours qui sont ouvertes
par le droit interne. »24

- Le comportement des autorités nationales : Dans ce cas, la question est de savoir si


elles ont été suffisamment diligentes. Par exemple, le fait qu'un juge d'instruction
n'accomplisse aucun acte durant 18 mois constitue un élément pour juger le délai
excessif. De ce fait, la Cour EDH précise qu'un Etat ne peut se justifier un retard dans
la procédure par l'encombrement des juridictions ou des difficultés d'organisation des
services25. En effet, celle-ci affirme que les États doivent organiser leur système
judiciaire de telle sorte que leurs Cours et tribunaux puissent remplir les exigences de
délai raisonnable.

5. La présomption d’innocence :

« Quand l'innocence des citoyens n'est pas assurée, la liberté l'est pas non plus »26

L'adage témoigne de l'importance du statut d'innocence et de son lien étroit avec ce qui est le
plus cher à l'Homme: Sa liberté. Effectivement, le principe de la présomption d'innocence
joue incontestablement le rôle de sauvegarde des libertés individuelles27. Il constitue la pierre
angulaire du procès pénal. A cet égard, il semble primordial d’énoncer ce principe (A) tout en
l’illustrant avec des exemples jurisprudentiels issus des arrêts de la CEDH (B)

Convention européenne des Droits de l’homme (art. 6 § 2) :

« Toute personne accusée d’une infraction est présumée innocente jusqu’à ce que sa
culpabilité ait été légalement établie. »

24
CEDH, 11 févr. 2010, n° 24997/07, Malet e/France.
25
CEDH, 25 févr. 1993, n° 13098/87, Dobbertin c/ France.
26
MONTESQUIEU, "De l'esprit des lois", Tome I, Livre XII, Chapitre II, p.197
27
ENNEFKHAOUI A. « Traité de procédure pénale » 1ère éd. 2020 p. 64

12
Le principe de présomption d’innocence signifie que toute personne doit être considérée et
traitée comme étant innocente quels que soient les soupçons ou les charges qui pèsent sur elle
et jusqu’au moment où un jugement irrévocable rendu en bonne et due forme retient sa
culpabilité.28 Autrement dit, cette notion signifie qu'un individu est innocent tant que sa
culpabilité n'a pas été prouvée par un jugement irrévocable. Elle impose à l'accusation de
démontrer la culpabilité de la personne poursuivie, c'est-à-dire de renverser le jeu de la
présomption29.

Ce principe a été prévu par plusieurs instruments internationaux et régionaux. On peut citer,
notamment, la Déclaration des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 (art. 11 alinéa 1), le
Pacte international relatif aux droits civiques et politiques (14 § 2), et plus pertinemment, la
Convention européenne des Droits de l’homme (art. 6 § 2).

Ainsi, ce droit est particulièrement consacré par la jurisprudence de la Cour EDH. Celle-ci
prête une attention particulière au respect au principe de présomption d’innocence. De ce fait,
elle a affirmé que « La présomption d’innocence se trouve méconnue si, sans établissement
légal préalable à la culpabilité d’un prévenu, et notamment sans que ce dernier ait eu
l’occasion d’exercer les droits de la défense, une décision judiciaire le concernant, reflète le
sentiment qu’il est coupable » 30

En effet, l’autorité judiciaire ne peut prétendre se départir de son impartialité en considérant la


personne mise en cause comme coupable31. Ainsi, la décision judiciaire ne doit arriver à une
condamnation que sur la base de preuves fortes aux yeux de la loi pour établir la culpabilité32.

De ce fait, le juge ne peut condamner que si l’accusation a réussi à prouver que la personne
mise en cause est coupable.

L'importance du principe se manifeste tout au long de la procédure pénale : de la phase de


recherche des preuves jusqu’à la phase de jugement.

A cet égard, en matière répressive, la preuve doit être faite par le demandeur soit, par le
Ministère public, "qui est toujours partie principale et non seulement partie jointe (comme il
l'est le plus souvent dans le procès civil), la victime, dans le cas où elle s'est constituée partie

28
ESSAID M.J « La présomption d’innocence » Editions La porte Rabat 1971 p. 17
29
BOLZE P. "Le droit à la preuve contraire en procédure pénale", Thèse de doctorat, Université Nancy (4)
soutenue le 17 décembre 2010, p. 21
30
CEDH 25 Mars 1983 Minelli c/Suisse, Série A n°62 p.18
31
CEDH 22 avr. 2010 Chesne c/France, D. 2010 p .1215
32
CEDH 6 déc. 1988, Barbera, Messegue et Jabardo, Série A, n° 146 p.33

13
civile, ou procède par voie de citation directe". 33 La partie poursuivante doit rechercher et
rapporter la preuve de la responsabilité du prévenu. Mais elle sera aidée par le rôle actif de la
police et du juge en cette matière (juge d'instruction ou juge de jugement) et par le fait que la
règle de l'intime conviction oblige pratiquement le prévenu à faire valoir ses arguments.

Au cours de la procédure d'instruction, la présomption d'innocence se matérialise par l'examen


des preuves à charge et à décharge ainsi que par la possibilité des investigations de la part du
juge chargé de l'enquête. Egalement, si les juges de jugement estiment que les preuves
présentées sont insuffisantes, peuvent ordonner un supplément d'informations. De là, le juge
apprécie souverainement la valeur probante des preuves produites et détermine celles qui
entraînent son intime conviction. Il en ressort donc clairement que la charge de la preuve
incombe aux autorités étatiques. A partir de là, la personne mise en cause n'a pas à prouver
son innocence.

Conformément au principe de la présomption d'innocence, "toute personne non définitivement


condamnée doit être protégée contre toute constatation formelle de sa culpabilité sous quelque

forme que ce soit"34. Ainsi donc, le suspect n'est pas tenu d'apporter la preuve de son absence
d'implication dans les faits qui lui sont reprochés ni de collaborer au processus de recherche
des preuves, il peut librement décider de collaborer ou d'adopter un comportement passif.

B. Garanties spécifiques

Article 6 § 3

« 3. Tout accusé a droit notamment à :


a) être informé, dans le plus court délai, dans une langue qu’il comprend et d’une manière
détaillée, de la nature et de la cause de l’accusation portée contre lui ;
b) disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense ;

33
OLLE P-H., "Origines et destin d'une institution menacée ; La présomption d'innocence, Mélanges PRADEL. Le
droit pénal à l'aube du troisième millénaire, Cujas, 2006, p. 51.
34
BOULAN F. "La conformité de la procédure pénale française avec la Convention européenne des droits de
l'homme", in Mélanges LARGUIER, Presses Universitaires de Grenoble 1993, n° 35, p. 37

14
c) se défendre lui-même ou avoir l’assistance d’un défenseur de son choix et, s’il n’a pas les
moyens de rémunérer un défenseur, pouvoir être assisté gratuitement par un avocat d’office,
lorsque les intérêts de la justice l’exigent ;
d) interroger ou faire interroger les témoins à charge et obtenir la convocation et
l’interrogation des témoins à décharge dans les mêmes conditions que les témoins à charge ;
e) se faire assister gratuitement d’un interprète, s’il ne comprend pas ou ne parle pas la
langue employée à l’audience ».

L’article 6, paragraphe 3, est relatif aux droits de la défense e t n ’entre


Selon les aspects de la jurisprudence constante de la CEDH, les exigences du paragraphe 3 de
l'article 6 représentent des particuliers du droit à un procès équitable garanti par le paragraphe
1 de cette disposition, dont il faut tenir compte pour évaluer l'équité de la procédure. De plus,
lorsqu'elle examine un chagrin tiré de l'article 6 § 1, la CEDH doit essentiellement déterminer
si la procédure pénale a revêtu, dans son ensemble, un caractère équitable35. Pour ce faire, elle
envisage la procédure dans son ensemble et le respect non seulement des droits de la défense
mais aussi de l'intérêt du public et des victimes à ce que les auteurs de l'infraction pour être
dûment poursuivis36 et, si nécessaire, des droits des témoins. La CEDH rappelle également
dans ce contexte que la recevabilité des preuves relève des règles du droit interne et des
juridictions nationales et que sa seule tâche consiste à déterminer si la procédure a été équitable.
Lorsqu’un grief est relatif aux droits de la défense, la CEDH va donc vérifier si l’article 6,
paragraphe 3, a été respecté, de manière combinée avec l’article 6, paragraphe 1 de la
convention.

L’article 6, paragraphe 3, énonce, de manière non exhaustive


L'article 6, paragraphe e 3, énonce, de manière non exhaustive, les garanties particulières en
matière pénale :

*L'alinéa a) garantit à un accusé le droit d'être informé des accusations à son encontre

*L'aliéna b) est relatif au droit d'un accusé à la préparation de sa défense ;

35
(Voir, parmi les arrêts récents, Taxquet c. Belgique [GC], n° 926/05, § 84, 16 novembre 2010, avec les
références qui y sont citées)
36
(Gäfgen c. Allemagne [GC], nº 22978/05, § 175, CEDH 2010-...)

15
*L'alinéa c) garantit à un accusé le droit de se défendre - même ou avec l'assistance d'un
défenseur ;

*L'alinéa d) Le droit de l’accusé de ne pas s’incriminer lui-même

*L'alinéa e) garantit à un accusé le droit de se faire assister gratuitement par un interprète à


l'audience.

*L'alinéa f) garantit à un accusé le droit de convoquer et d'interroger les témoins ;

1. Le droit d'un accusé d'être informé des accusations à son encontre :

Article 6 § 3 a)

« 3. Tout accusé a droit notamment à : être informé, dans le plus court délai, dans une langue
qu'il comprend et d'une manière détaillée, de la nature et de la cause de l'accusation portée
contre lui ; [...] ».

Il y a peu d'arrêts de la CEDH en la matière. La CEDH a toutefois jugé que cette disposition
montre la nécessité de mettre un soin extrême à notifier l’« accusation » à l'intéressé. L'acte
d'accusation joue un rôle déterminant dans les poursuites pénales : à compter de sa signification,
la personne mise en cause est officiellement avisée de la base juridique et factuelle des
reproches formulés contre elle37. La portée de cette disposition doit notamment s'apprécier à la
lumière du droit plus général à un procès équitable que garantit le paragraphe 1 de l'article 6 de
la Convention.

En matière pénale, une information précise et complète des charges pesant contre un accusé,
et donc la qualification juridique que la juridiction pourrait retenir à son encontre, est une
condition essentielle de l'équité de la procédure38.

37
(Kamasinski c. Autriche, 19 décembre 1989, § 79, série A no 168).
38
([Pélissier France et.] , n ° 25444/94, 52 $, CEDH 1999 – II) Sejdovic c. Italie [GC] requête no 56581/00 du
er
1 mars 2006, § 90.

16
L'arrêt Pélissier précise que « les dispositions de l'article 6 § 3 a) n'imposent aucune forme
particulière quant à la manière dont l'accusé doit être informé de la nature et de la cause de
l'accusation portée contre lui ».

En ce qui concerne plus particulièrement l'expression « dans une langue qu'il comprend»
la CEDH a précisé qu'un « accusé à qui la langue employée par le tribunal n'est pas familière»
peut en pratique se trouver désavantagé si on ne lui délivre pas aussi une traduction de l'acte
d'accusation, établi dans un idiome qu'il comprenne39. La CEDH va être amenée à apprécier la
connaissance par l'accusé de la langue employée par le tribunal : si elle estime sa connaissance
de la langue « suffisante » au regard des circonstances de l'espèce alors il n’y aura pas
méconnaissance de l'article 6, paragraphe 3 a). Toutefois, l'article 6, paragraphe 3 a), ne
concerne que la notification des accusations. Ainsi,
la langue employée lors des « déclarations orales à l'audience, mais aussi pour les pièces écrites
et pour l'instruction préparatoire » sera analysée sous l'angle de l'article 6, paragraphe 3 e) qui
garantit le droit à l'assistance gratuite d'un interprète, et non sous l'angle de son alinéa a)40.
Enfin, « la CEDH estime qu'il existe un lien entre les alinéas a) et b) de l'article 6 § 3 et que le
droit à être informé sur la nature et la cause de l'accusation doit être envisagé à la lumière du
droit pour l’accusé de préparer sa défense ».41

2. Le droit à la préparation de la défense

Article 6 § 3 b)

« 3. Tout accusé a droit notamment à : [...] b)


éliminateur du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense ; [...] ».

Sous l'angle de l'article 6, paragraphe e 3 b), la CEDH va examiner si le requérant, comme son
avocat, ont bien eu accès au dossier pour préparer la défense42.

39
(Sejdovic, précité, § 89 ; Kamasinski précité ; c. /01, 17 février 2004 ; Vakili Rad c. France, n° 31222 / 96,
décision de la Commission du 10 septembre 1997, non publiée)
40
Hermi c. Italie [GC] requête no 18114/02 du 18 octobre 2006, § 68.
41
Pélissier et Sassi c. France [GC] requête no 25444/94 du 25 mars 1999,
42
Voir notamment Öcalan c. Turquie [GC] requête no 46221/99 du 12 mai 2005,

17
Ce droit du requérant et de son avocat à l’accès au dossier découle du principe de l’égalité des
armes selon lequel chacune des parties doit pouvoir présenter sa cause dans des conditions qui
ne la désavantagent pas par rapport à son adversaire. Le principe du contradictoire sous - tend
également à l'article 6 paragraphe 3 c) dans la mesure où, pour pouvoir discuter des accusations,
il faut avoir accès au dossier. Une fois
encore, ce droit n'est pas un droit absolu. La CEDH a précisé que le respect des droits de la
défense exige que la limitation de l'accès d'un accusé et/ou de son avocat au dossier de la
juridiction saisie ne doit aucunement empêcher que les éléments de preuve soient soumis à
l’accusé avant les débats litigieux et qu’il puisse, par l’intermédiaire de son avocat, formuler
des observations à leur sujet dans sa plaidoirie43.

Pour savoir si les droits de la défense ont été respectés dans le cadre de l'accès au dossier, la
CEDH va analyser très précisément les circonstances de l'espèce. Elle va par exemple
déterminer le nombre de pages du dossier et le temps laissé au requérant ou à son avocat pour
les étudier (afin d'apprécier si l'État Partie a laissé le «temps nécessaire» à la préparation de
la défense). La CEDH regarde également s’il a été possible pour eux de disposer de
copies. 44 La CEDH ainsi conclu dans un arrêt qu'un accès tardif du requérant ou de ses
avocats au dossier ne respecte pas les droits de la défense. L'accès
du requérant au dossier est important pour la CEDH car, « par un examen direct et suffisant des
pièces à conviction, l'intéressé [peut] décélérer des éléments utiles pour sa défense autres que
ceux présentés par ses conseils seuls ».45

3. Le droit de se défendre soi - même ou avec l'assistance effective d'un avocat


Article 6 § 3 c)

« 3. Tout accusé a droit notamment à : c) se défendre lui - même ou avoir


l'assistance d'un défenseur de son choix et, s'il n'a pas l es moyens de rémunérer un
défenseur, pouvoir être assisté gratuitement par un avocat d'office, lorsque les
intérêts de la justice l'exigent ; [...] ».

43
Öcalan c. Turquie [GC] requête no 46221/99 du 12 mai 2005,
44
Voir notamment Öcalan, précité,
45
Öcalan c. Turquie [GC] requête no 46221/99 du 12 mai 2005,

18
Un accusé qui ne souhaite pas se défendre lui-même doit pouvoir recourir à
l’assistance d’un défenseur, soit sur ses fonds propres, soit gratuitement. C’est
un élément essentiel du droit à un procès équitable. Les États Parties à la Convention
doivent faire preuve de diligence afin d'assurer une jouissance effective des droits
garantis par l'article 6, notamment dans le cadre du droit à l'assistance d'un avocat.
L'article 6 paragraphe 3 c) ne prévoit pas expressément les conditions d'exercice du droit
à l'assistance d'un défenseur et « laisse ainsi aux États contractants le choix des moyens
propres à permettre à leur système, la tâche de la CEDH consistant à rechercher si la voie
qu'ils ont empruntée cadre avec les exigences d’un procès équitable46 ».47

Toutefois, « la nomination d'un conseil n'assure pas à elle seule l' effective de l'assistance
48
qu'il peut procureur à l'accusé ». « On ne saurait pour autant imputer à un État la
responsabilité de toute défaillance d'un avocat d'office ou choisi par l'accusé » 49.
En tout état de cause, la CEDH estime que l'absence d'assistance d'un avocat ne peut être
une sanction de l'absence de comparaison 50.

Le droit à l'assistance d'un défenseur a par ailleurs été consacré dans une procédure
devant un directeur de prison dans le cadre d'une infraction à la discipline pénitentiaire 51.
Le droit d'un accusé d'être assisté par un avocat (ou droit à l'obtention de conseils
juridiques) participe au respect du droit de chaque accusé de ne pas s'incriminer lui -
même. « Un prompt accès à un avocat fait partie des garanties procédu rales après la
CEDH prête une attention particulière lors qu'elle examine la question de savoir si une
procédure a ou non anéanti la substance même du droit propre de ne incrimination. La
CEDH prend également note [...] que le droit de tout détenu l'obten tion de conseils
juridiques constitue une garantie fondamentale contre les mauvais traitements » 52.
L'exigence d'un prompt accès à un défenseur implique que l'article 6, paragraphe 3 c)
peut entrer en jeu avant même la saisine du juge du fond «si et dans la mesure où

46
(Quaranta c. Suisse, arrêt du 24 mai 1991, série A no 205, p. 16, § 30)
47
Öcalan c. Turquie [GC] requête no 46221/99 du 12 mai 2005, § 135 ; voir également Sakhnovski c. Russie
[GC] requête no 21272/03 du 2 novembre 2010, § 95 ; Salduz c. Turquie [GC] requête no 36391/02 du 27
novembre 2008, § 51 ; Hermi c. Italie [GC] requête no 18114/02 du 18 octobre 2006, § 95.
48
(Artico c. Italie, arrêt du 13 mai 1980, série A nº 37, pp. 15 -16, § 33)
49
Hermi c. Italie [GC] requête no 18114/02 du 18 octobre 2006, § 96
50
Voir notamment Harizi c. France, requête no 59480/00 du 29 mars 2005, § 53 ; Sejdovic c. Italie [GC] requête
no 56581/00 du 1er mars 2006, §§ 69 et 92.
51
(Ezeh et Connors c. Royaume] - Uni GC /98 et 40086/98 du 9 octobre 2003, § 138)
52
Salduz c. Turquie [GC] requête nO 36391/02 du 27 novembre 2008, § 54. Sur le droit de ne pas s’incriminer
soi-même, voir no 295 et s.

19
l'inobservation initiale de ses dispositions équitablement risque de compromettre
gravement le caractère du procès» 53.

La CEDH a également souligné que « les modalités d’application de l’article 6 § 1 et 3 c) durant


l’instruction dépendent des particularités de la procédure et des circonstances de la cause ». Le
droit d’être assisté par un défenseur est garanti dès la garde à vue, en fonction des circonstances
de chaque espèce. Dans l’arrêt Salduz précité, la CEDH a notamment pris en compte l’âge de
la personne placée en garde à vue : la CEDH souligne l’importance fondamentale de la
possibilité pour tout mineur placé en garde à vue d’avoir accès à un avocat pendant cette
détention.

Toutefois, le droit d’être assisté par un avocat n’est pas absolu, quel que
Toutefois, le droit d'être assisté par un avocat n'est pas absolu, quel que soit le moment auquel
il intervient. La CEDH a cependant précisé qu'« aucune restriction ne peut être aux relations
entre les clients et leurs avocats, qu'elle soit implicite ou expresse, ne doit faire obstacle à
l'assistance efficace d'un défenseur à laquelle un accusé a droit. Nonobstant les difficultés et
restrictions possibles, l'importance attachée aux droits de la défense est telle que le droit à
l'assistance effective d'un défenseur doit être respecté en toutes circonstances »54.
288. Toutefois, le droit d’être assisté par un avocat n’est pas absolu, quel que

En ce qui concerne le droit à l’assistance d’un avocat pendant la garde à vue, la CEDH a par
exemple jugé que si « l’article 6 exige normalement que le prévenu puisse bénéficier de
l’assistance d’un avocat dès les premiers stades des interrogatoires de police, ce droit, que la
Convention n’énonce pas expressément, peut toutefois être soumis à des restrictions pour des
raisons valables. Il s’agit de savoir dans chaque cas si, à la lumière de l’ensemble de la
procédure, la restriction a privé l’accusé d’un procès équitable55». La
CEDH a précisé dans cet arrêt que les droits de la défense ne peuvent être limités pour des
raisons qui ne concernent pas directement le procès.

Afin de vérifier si la limitation du droit à l’assistance d’un avocat dès les premiers stades des
interrogatoires de police a été justifiée par des raisons valables, la CEDH examine dans chaque
cas d’espèce « si la restriction litigieuse est justifiée et, dans l’affirmative, si, considérée à la

53
(Imbrioscia c. Suisse, arrêt du 24 novembre 1993, série A nº 275, p. 13, § 36 )
54
Sakhnovski c. Russie [GC] requête no 21272/03 du 2 novembre 2010, § 102.
55
(John Murrayc. Royaume-Uni, arrêt du 8 février 1996, Recueil 1996-I, pp. 54-55, § 63)

20
lumière de la procédure dans son ensemble, elle a ou non privé l’accusé d’un procès équitable,
car même une restriction justifiée peut avoir pareil effet dans certaines circonstances»56. Dans
cet arrêt, la CEDH a précisé qu’il est en principe porté une atteinte irrémédiable aux droits de
la défense lorsque des déclarations incriminantes faites lors d’un interrogatoire de police subi
sans assistance possible d’un avocat sont utilisées pour fonder une condamnation.

4. Le droit de l’accusé de ne pas s’incriminer lui-même :


Le droit de ne pas s’incriminer soi-même implique tout d’abord que l’accusé a le droit de
garder le silence. Ces notions, bien que non libellées explicitement dans l’article 6, sont au
cœur du droit à un procès équitable, comme l’a affirmé CEDH : « il ne fait aucun doute que,
même si l’article 6 de la Convention ne les mentionne pas expressément, le droit de se taire
lors d’un interrogatoire de police et le droit de ne pas contribuer à sa propre incrimination
sont des normes internationales généralement reconnues qui sont au cœur de la notion de
procès équitable consacrée par l’article 6. En mettant le prévenu à l’abri d’une coercition
abusive de la part des autorités, ces immunités concourent à éviter des erreurs judiciaires et à
garantir le résultat voulu par l’article 6 »57.

Ainsi, une condamnation ne peut se fonder exclusivement ou essentiellement sur le silence du


prévenu ou sur son refus de répondre à des questions ou de déposer.

Le droit de l’accusé de ne pas s’incriminer lui-même est intimement lié à la notion de preuve,
et plus particulièrement aux modes d’obtention des preuves58. Il peut être considéré comme
une application particulière du principe du contradictoire et de l’égalité des armes en matière

56
(Voir John Murray, précité, § 63, Brennan, précité, § 45, et Magee, précité, § 44)
57
John Murray c. Royaume-Uni [GC] requête no 18731/91 du 8 février 1996, § 45 ; voir également Jalloh c.
Allemagne [GC] requête no 54810/00 du 11 juillet 2006, § 110 ; Gäfgen c. Allemagne [GC] requête nO
22978/05 du 1er juin 2010, § 168.
58
Le droit de ne pas s’incriminer soi-même peut être revendiqué lorsque des preuves obtenues par la contrainte,
en violation d’autres articles de la Convention, tel l’article 3 (relatif à l’interdiction de la torture et des peines ou
traitements inhumains ou dégradants) ou l’article 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) ont été utilisées
dans le procès pénal. La question est de savoir si de telles preuves ont méconnu l’article 6 paragraphes 1 et 3 de
la Convention.

21
pénale59. En outre, il peut entrer en jeu que les preuves soit des aveux ou des preuves
matérielles60.

Pour examiner si le droit de ne pas contribuer à sa propre incrimination, et donc plus


généralement le droit à un procès équitable, n’a pas été méconnu, la CEDH examine « tour à
tour les facteurs suivants : la nature et le degré de la coercition employée pour l’obtention
des éléments de preuve ; le poids de l’intérêt public à la poursuite de l’infraction en question
et à la sanction de son auteur ; l’existence de garanties appropriées dans la procédure et
l’utilisation faite des éléments ainsi obtenus »61

La CEDH a jugé que des preuves « obtenues par des actes de torture ou d’autres mauvais
traitements contraires à l’article 362, avaient entaché d’inéquité l’ensemble de la procédure.
Elle a ajouté qu’il en était ainsi indépendamment de la valeur probante des déclarations et
que l’admission de ces éléments eût été ou non déterminante pour le verdict de culpabilité qui
avait frappé le requérant »63.

59
Ce droit n’est pas explicitement prévu par l’article 6, paragraphe 3, mais il sous-tend notamment l’alinéa c)
(droit à l’assistance d’un défendeur). Il contribue de manière générale au droit à un procès équitable et sa
méconnaissance est sanctionnée sous l’angle des paragraphes 1 et 3 de la Convention.

6060
Jalloh c. Allemagne [GC] requête no 54810/00 du 11 juillet 2006, § 105.
61
Jalloh c. Allemagne [GC] requête no 54810/00 du 11 juillet 2006, § 117.
62
Toutefois, dans l’arrêt Gäfgen, la CEDH a poursuivi ainsi : la « répression de l’emploi de méthodes d’enquête
transgressant l’article 3 et la protection effective des individus contre de telles méthodes peuvent donc elles aussi
exiger en principe d’exclure l’utilisation au procès des preuves matérielles rassemblées au moyen d’une violation
de l’article 3, même si ces preuves ont un lien plus ténu avec la violation de l’article 3 que celles extorquées
directement grâce à une violation de cet article. Sinon, l’ensemble du procès est inéquitable. La CEDH estime
cependant que l’équité d’un procès pénal et la sauvegarde effective de l’interdiction absolue énoncée à l’article 3
dans ce contexte ne se trouvent en jeu que s’il est démontré que la violation de l’article 3 a influé sur l’issue de la
procédure dirigée contre l’accusé, autrement dit a eu un impact sur le verdict de culpabilité ou la peine ». Dans
l’arrêt Gäfgen, pour déterminer si l’obtention de preuves au mépris de l’article 3 a privé le procès, dans son
ensemble, du caractère équitable prôné par l’article 6 de la Convention, la CEDH examine toutes les
circonstances de la cause et regarde en particulier si les droits de la défense ont été respecté, ainsi que la qualité
et l ’importance de ces preuves. La CEDH va rechercher si les preuves obtenues en violation d’un article de la
Convention ont influé sur le verdict de culpabilité ou la peine de l’accusé. Elle recherche donc le lien de
causalité entre la non-exclusion des preuves litigieuses, obtenues par des méthodes prohibées, et le verdict de
culpabilité ou la peine.

63
Gäfgen c. Allemagne [GC] requête no 22978/05 du 1er juin 2010, § 166 ; voir également Jalloh c. Allemagne
[GC] requête no 54810/00 du 11 juillet 2006, § 105.

22
5. Le droit à la convocation et l’interrogation de témoins
Article 6 § 3d)

« 3. Tout accusé a droit notamment à :


[...]
d) interroger ou faire interroger les témoins à charge et obtenir la convocation et
l’interrogation des témoins à décharge dans les mêmes conditions que les témoins à charge
[...]».

L’article 6§3d) consacre le principe selon lequel, avant qu’un accusé puisse être déclaré
coupable, tous les éléments à charge doivent en principe être produits devant lui en audience
publique, en vue d’un débat contradictoire. Ce principe ne va pas sans exceptions, mais on ne
peut les accepter que sous réserve des droits de la défense ; en règle générale, ceux-ci
commandent de donner à l’accusé une possibilité adéquate et suffisante de contester les
témoignages64 à charge et d’en interroger les auteurs, soit au moment de leur déposition,
soit à un stade ultérieur65».

Peu d’arrêts de la Grande chambre portent sur des témoignages anonymes dans lesquels
l’identité du témoin a été cachée. Il résulte toutefois de l’arrêt Doorson que le témoignage
anonyme doit reposer sur un motif pertinent et suffisant. Tel est le cas en l’espèce d’un
témoignage anonyme dans le but de protéger le témoin de représailles de la part du requérant.
La CEDH a eu l’occasion de juger que « si l’on préserve l’anonymat des témoins à charge, la
défense se trouve confrontée à des difficultés qui, normalement, ne devraient pas s’élever
dans le cadre d’un procès pénal. Aussi la CEDH a-t-elle reconnu qu’en pareil cas l’article 6

64
Il ressort de la jurisprudence de la CEDH que deux types de témoignages peuvent méconnaître l’article 6,
paragraphe 3 d) :
– la déposition d’un témoin absent, que l’accusé n’a pu interroger à aucun stade de la procédure ;
– un témoignage anonyme. Ces témoignages ne soulèvent pas les mêmes problèmes mais tous deux peuvent
nuire aux droits de la défense et désavantager l’accusé. En ce qui concerne l’absence d’un témoin à l’audience,
une telle absence peut être contraire à l’article 6, paragraphes 1 et 3 d). Tel n’est pas le cas si l’absence du
témoin remplit les deux critères suivants : – l’absence du témoin est justifiée par un motif sérieux : en principe «
les témoins doivent déposer au procès et toutes les mesures raisonnables doivent être prises pour assurer leur
comparution. Dès lors, si un témoin ne se présente pas pour déposer en personne, l’autorité judiciaire a le devoir
de rechercher si cette absence est justifiée. La non-comparution d’un témoin à un procès peut s’expliquer par
diverses raisons, mais seules sont pertinentes ici les absences pour cause de peur ou de décès du témoin »:
❍l’absence due au décès du témoin : la déposition du témoin décédé ne peut être prise en compte que si elle a été
versée au dossier,
❍l’absence due à la peur du témoin : selon la jurisprudence de la CEDH, deux types de peur sont envisageables :
– « la peur imputable à des menaces ou à d’autres manœuvres de l’ accusé ou de personnes agissant pour son
compte »
– « la peur plus générale des conséquences que pourrait avoir le fait de témoigner au procès »
65
(Voir les arrêts Lucà, précité, § 39, etSolakov c. « l’ex-République yougoslave de Macédoine », no47023/99, §
57, CEDH 2001-X)

23
par. 1 combiné avec l’article 6 par. 3d) de la Convention [...] exige que les obstacles
auxquels se heurte la défense soient suffisamment compensés par la procédure suivie devant
les autorités judiciaires »66. De plus, la règle de la preuve unique et déterminante est
également applicable aux témoignages anonymes67. En effet, la CEDH a notamment jugé
qu’« un témoignage ou d’autres déclarations chargeant un accusé peuvent fort bien
constituer un mensonge ou résulter d’une simple erreur ; la défense ne peut guère le
démontrer si elle ne possède pas les informations qui lui fourniraient le moyen de contrôler la
crédibilité de l’auteur ou de jeter le doute sur celle-ci »68. Ainsi, la condamnation de l’accusé
ne doit pas reposer uniquement ou de manière déterminante sur la déposition d’un témoin
anonyme, qui n’a pu être interrogé à aucun stade de la procédure69.
Enfin, la CEDH a développé une jurisprudence particulière lorsque les témoins
revendiquant l’anonymat appartiennent aux forces de police. La CEDH estime que la mise en
balance des intérêts de la défense et des arguments militant en faveur du maintien de
l’anonymat des témoins pose des problèmes particuliers si les témoins en question
appartiennent aux forces de police de l’État. Si les intérêts de ces derniers – comme
évidemment ceux de leurs familles – méritent eux aussi la protection de la Convention, il faut
reconnaître que leur situation diffère quelque peu de celle d’un témoin désintéressé ou d’une
victime. Ils ont un devoir général d’obéissance envers les autorités exécutives de l’État, ainsi
d’ordinaire que des liens avec le ministère public ; pour ces seules raisons déjà, il ne faut les
utiliser comme témoins anonymes que dans des circonstances exceptionnelles. De surcroît, il
est dans la nature des choses que parmi leurs devoirs figure, spécialement dans le cas de
policiers investis de pouvoirs d’arrestation, celui de témoigner en audience publique.

66
Van Mechelen e.a. c. Pays-Bas, requêtes no 21363/93, 21364/93, 21427/93 et 22056/93 du 23 avril 1997, §
54.
67
Voir notamment Al-Khawaja et Tahery c. Royaume-Uni [GC] requête no 26766/05 et22228/06 du 15
décembre 2011, § 126 et s.
68
Kostovski c. Pays-Bas [plénière], requête no 11454/85 du 20 novembre 1989, § 42.
69
Voir également en matière de témoignage anonyme Taxquet c. Belgique [GC] requête no 926/05 du 16
novembre 2010, § 102 ; Van Mechelen e.a. c. Pays-Bas, requêtes no 21363/93, 21364/93, 21427/93 et 22056/93
du 23 avril 1997, § 55.

24
6. Le droit de se faire assister gratuitement par un interprète à l’audience

Article 6 § 3e)

«3. Tout accusé a droit notamment à : [...]e) se faire assister gratuitement d’un interprète, s’il
ne comprend pas ou ne parle pas la langue employée à l’audience».

L’article 6, paragraphe 3 e), consacre le droit de tout accusé de se faire assister gratuitement
par un interprète. Alors que l’article 6, paragraphe 3 a) consacre le droit de tout accusé d’être
informé dans une langue qu’il comprend des raisons de son accusation lors de la notification
de celle-ci, l’article 6, paragraphe 3 e) vaut non seulement pour les déclarations orales à
l’audience, mais aussi pour les pièces écrites et pour l’instruction préparatoire. La disposition
en question signifie que l’accusé ne comprenant ou ne parlant pas la langue employée dans le
prétoire a droit aux services gratuits d‘un interprète afin que lui soit traduit ou interprété tout
acte de la procédure engagée contre lui dont il lui faut, pour bénéficier d’un procès équitable,
saisir le sens ou le faire rendre dans la langue du tribunal70.

Dans l’arrêt Hermi précité, la CEDH a également précisé que le« paragraphe 3 e) ne va
pourtant pas jusqu’à exiger une traduction écrite de toute preuve documentaire ou pièce
officielle du dossier. À cet égard, il convient de noter que le texte de la disposition en
question fait référence à un « interprète », et non à un « traducteur ». Cela donne à penser
qu’une assistance linguistique orale peut satisfaire aux exigences de la Convention71. Il n’en
demeure pas moins que l’assistance prêtée en matière d’interprétation doit permettre à
l’accusé de savoir ce qu’on lui reproche et de se défendre, notamment en livrant au tribunal sa
version des événements72. Afin que l’assistance d’un interprète soit effective, comme pour
l’assistance d’un défenseur, l’obligation des autorités compétentes ne se limite donc pas à
désigner un interprète : il leur incombe en outre, une fois alertées un cas donné, d’exercer un
certain contrôle ultérieur de la valeur de l‘interprétation assurée. Ainsi, pour déterminer si le
droit à l’assistance gratuite d’un interprète a été méconnu par l’État Partie, la CEDH doit
apprécier les connaissances linguistiques de l’accusé.

70
(Luedicke, Belkacem et Koç c. Allemagne, 28 novembre1978, § 48, série A no29) .
71
(Husainc. Italie (déc.), no18913/03, CEDH 2005-III)
72
(Güngör c. Allemagne (déc.), no31540/96,17 mai 2001)

25
Elle doit notamment « se pencher sur la nature des faits reprochés à un inculpé ou des
communications qui lui sont adressées par les autorités internes pour évaluer s‘ils sont d‘une
complexité telle qu‘il aurait fallu une connaissance approfondie de la langue employée dans
le prétoire73. La CEDH a précisé que ce sont bien les tribunaux internes qui sont « les ultimes
garants de l’équité de la procédure, y compris en ce qui concerne l’absence éventuelle de
traduction ou d’interprétation en faveur d’un accusé étranger »74 même si la conduite de la
défense appartient à l’accusé et à son avocat, pour l’essentiel75

73
Hermi c. Italie [GC] requête no 18114/02 du 18 octobre 2006, § 71.
74
Cuscani c. Royaume-Uni, n o 32771/96, § 39, 24 septembre 2002.
75
Hermi c. Italie [GC] requête no 18114/02 du 18 octobre 2006, § 72.

26
II- Applications jurisprudentielles :

La communauté européenne avait pris conscience de la nécessité de mettre en place une


instance judiciaire appelée à défendre et à mettre en œuvre les exigences profondes de
l'humanité. Sa mission consiste à vérifier que les droits et les garanties prévus par cette
Convention sont respectés par les États. A cet égard, il serait judicieux d’analyser quelques
exemples jurisprudentiels sur la présomption d’innocence (A) ainsi que sur l’impartialité et le
délai raisonnable (B)

A. Sur la présomption d’innocence :

1. L’affaire Ilgar Mammadov76

Le requérant, Ilgar Mammadov, homme politique d’un parti d’opposition azerbaïdjanais et


blogueur, avait été arrêté et placé en détention provisoire à la suite de ce qu’il avait écrit au
sujet des émeutes qui avaient éclaté dans la ville d’Ismayilli en janvier 2013.

M. Mammadov soutenait qu’il avait été arrêté en l’absence de « raisons plausibles de


soupçonner » qu’il avait commis une infraction pénale, que les juridictions nationales n’avaient
pas avancé de raisons pertinentes et suffisantes justifiant la nécessité de son maintien en
détention et que sa détention n’avait pas fait l’objet d’un contrôle judiciaire adéquat. Sur le
terrain de l’article 6 § 2 (présomption d’innocence), il estimait que son droit à être présumé
innocent avait été violé par un communiqué de presse conjoint du procureur général et du
ministère de l’Intérieur, dans lequel il était allégué que M. Mammadov avait illégalement lancé
des appels aux habitants d’Ismayilli à des fins de déstabilisation sociale et politique.

Ainsi donc, il considérait que ses droits avaient été restreints à des fins autres que celles
prescrites dans la Convention. Il alléguait que son arrestation et les poursuites pénales dirigées
contre lui étaient des mesures répressives visant à l’éliminer comme critique du gouvernement
et comme adversaire potentiellement sérieux aux élections présidentielles à venir.

76
CEDH, Ilgar Mammadov c. Azerbaïdjan, n° 15172/13, arrêt de chambre du 22 mai 2014

27
De ce fait, la Cour a conclu que le véritable but de son placement en détention avait été de
réduire M. Mammadov au silence pour avoir critiqué le gouvernement et publié des
informations que le gouvernement tentait de cacher. Par conséquent, la Cour a dit que
l’Azerbaïdjan devait verser à M. Mammadov 20 000 euros (EUR) pour préjudice moral, et 2
000 EUR pour frais et dépens.

2. L’affaire Minelli 77

Dans une affaire importante, Minelli c/ Suisse, la Cour a constaté une violation de la
présomption d'innocence lorsqu'un accusé a été condamné à payer des frais de justice et une
indemnité alors que l'affaire avait été classée à cause de l’écoulement de la durée de
prescription.

La décision de la Cour nationale a conclu qu'en l'absence de prescriptions légales, l'affaire «


aurait très probablement conduit à la condamnation du requérant. » suite à cela, la Cour EDH a
estimé que la présomption d'innocence serait violée si : « sans que la culpabilité de l'accusé ait
été préalablement prouvée conformément à la loi et, notamment, sans qu'il ait eu la possibilité
d'exercer ses droits de la défense, une décision judiciaire le concernant reflète une opinion selon
laquelle il est coupable. »

Il suffit qu'il y ait un raisonnement suggérant que le tribunal considère l'accusé comme
coupable. Ainsi, La Cour EDH a jugé la présomption d'innocence si importante qu'elle a décidé
que celle-ci devait être respectée non seulement par les juges, mais par tous les agents publics.
À cet égard, la Cour EDH a noté : « La Cour rappelle que la présomption d'innocence sera
violée si une déclaration d'un agent public concernant une personne accusée d'une infraction
pénale reflète une opinion selon laquelle elle est coupable avant qu'elle n'ait été légalement
prouvée ».

Par conséquent, la cour dit qu’il y a eu violation de l’article 6 § 2 (art. 6-2) de la Convention, et
dit que l’État défendeur doit verser au requérant huit mille six cent soixante-huit francs suisses
soixante-cinq pour frais et dépens.

77
CEDH 25 Mars 1983 Minelli c/Suisse, Série A n°62 p.18

28
B. Sur l’impartialité et le délai raisonnable :

1. Impartialité :

L’arrêt Hanif et Khan c. Royaume-Uni 78:

Hanif et Khan étaient jugés pour une infraction grave en matière de drogue. Le premier
requérant est un chauffeur de taxi arrêté après que la police avait trouvé six kilos d’héroïne dans
le coffre de sa voiture. Il dit ne rien savoir de cette drogue et qu’elle avait dû y être laissée par
un client. Le second requérant fut inculpé d’association de malfaiteurs aux fins d’un trafic
d’héroïne. Les deux hommes furent ensuite jugés ensemble.

Au cours du procès, un membre du jury a informé le juge qu'il était un policier en service et
qu'il connaissait l’un des témoins de la police et avait eu des relations professionnelles avec lui
dans le cadre d’une autre affaire à deux reprises, ils avaient collaboré sur le même dossier, mais
pas dans la même équipe. La défense demanda ensuite la récusation du juré mais en vain. Le
juge de première instance a rejeté la demande et les requérants furent finalement reconnus
coupables et condamnés respectivement à huit ans et dix-sept ans d’emprisonnement.

Par la suite, la Cour a conclu à l'unanimité qu’il y a violation de l'article 6 de la Convention.


Étant donné la place des deux agents dans le système accusatoire, le tribunal risquait de ne pas
être perçu comme impartial.

La Cour européenne des droits de l'homme a énoncé les principes à appliquer lors de l'examen
de l’affaire :

- L’impartialité d'un juge ou d'un membre du jury doit être présumée sauf preuve du
contraire

- Il doit y avoir des garanties suffisantes pour exclure tout doute objectivement justifié ou
légitime quant à l'impartialité d'un jury

- Le fait qu'un membre d'un tribunal ait une connaissance personnelle de l'un des témoins
dans une affaire ne signifie pas nécessairement qu'il subira un préjudice vis-à-vis du
témoignage de cette personne. Cependant, la nature de leur relation devra être prise en
compte.

78
CEDH 10 Déc.2010 Hanif et Khan c. Royaume-Uni. n° 52999/08 et 61779/08, §§ 138-140

29
2. Le délai raisonnable :
• L’affaire selmouni c. France 79:

Ahmed Selmouni, un ressortissant néerlandais et marocain condamné pour trafic de stupéfiants,


dénonçait les sévices qu’il avait subi durant sa garde à vue en 1991. La Cour a estimé que les
actes de violence physique et mentale commis sur le requérant avaient provoqué des douleurs
et des souffrances « aiguës » et avaient revêtu un caractère particulièrement grave et cruel. La
Cour a conclu à la violation des articles 3 (interdiction de la torture et des mauvais traitements)
et 6 § 1 (droit à un procès dans un délai raisonnable). 80

En effet, le requérant soutient que la procédure relative à sa plainte contre les policiers ne s’est
pas déroulée dans un délai raisonnable, comme l’eût voulu l’article 6 § 1 de la Convention

Quant à la durée elle-même, le requérant estime qu’elle ne pouvait s’expliquer ni par la


complexité de l’affaire ni par son comportement. Par conséquent la cour a constaté que la
procédure a duré plus de six ans et sept mois.

Egalement, la Cour rappelle que, lorsqu’un individu formule une allégation défendable de
violation des dispositions de l’article 3, la notion de recours effectif implique, de la part de
l’Etat, des investigations approfondies et effectives propres à conduire à l’identification et à la
punition des responsables. Indépendamment de la reconnaissance, par le Gouvernement, du
caractère excessif de la durée globale de la procédure au regard de la gravité des faits allégués,
la Cour estime que ses conclusions relatives à la recevabilité du grief tiré de l’article 3, en
particulier le relevé d’un certain nombre de délais imputables aux autorités judiciaires,
entraînent un constat du bien-fondé de ce grief.

Eu égard à l’ensemble des éléments recueillis, la Cour estime qu’il y a eu dépassement du «


délai raisonnable » dont l’article 6 § 1 exige le respect.

79
CEDH 28 juillet 1999 Selmouni c. France ; n° 25803/94
80
https://actu.dalloz-
etudiant.fr/fileadmin/actualites/pdfs/NOVEMBRE_2011/AFFAIRE_SELMOUNI_c._FRANCE.pdf consulté le
09/12/2021 à 14 :37

30
Conclusion

Le droit à un procès équitable constitue l’élément moteur, le pivot du Droit judiciaire


moderne. Par procès équitable, il faut entendre le procès équilibré entre toutes les parties. Le
procès équitable repose sur les garanties qui tendent à faire régner l’idéal de justice. Pour
apprécier le caractère adéquat et équitable d’une procédure, il convient de prendre en
considération l’ensemble de celle-ci ainsi que la gravité de son enjeu pour le justiciable.81

L’Etat a l’obligation concrète de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour garantir
l’exercice aussi bien théorique que pratique de ces droits. Cela englobe la mise à disposition
de moyens financiers suffisants au profit de l’appareil judiciaire.

Ainsi les juges, qui sont les premiers gardiens des droits consacrés par l’article 6. Il leur
appartient de veiller à ce que la procédure judiciaire, que ce soit au moment de l’instruction,
du procès ou de l’exécution du jugement, soit conforme à l’ensemble des normes prévues. Ils
ne sont toutefois pas les seuls fonctionnaires auxquels incombent de telles responsabilités. Les
services de police et le parquet ont en effet l’obligation, vis-à-vis des victimes d’infractions
pénales (ou des membres survivants de leur famille), d’exercer efficacement l’action
publique. Les avocats commis d’office et, au civil, les avocats désignés au titre de l’aide
juridictionnelle chargés de défendre les droits consacrés par l’article 6 de leurs clients, ont le
devoir d’exercer leurs compétences professionnelles avec une conscience qui assurera
l’application « concrète et effective, et non théorique et illusoire », de la garantie d’un procès
équitable. Toutes les personnes qui participent au fonctionnement de l’appareil judiciaire
répressif ont le devoir de respecter la dignité de l’accusé et d’assurer la sécurité des victimes
et des témoins.

Sur le plan africain, on met la lumière sur la Cour Africaine des droits de l’homme et des
Peuples, une cour régionale et un organe important qui est lié à la commission Africaine des
droits de l’homme et des peuples82 qui a été mise en place dans le but de veiller sur les droits

81
Nuala Mole et Catharina Harby _ Un guide sur la mise en œuvre de l’article 6 de la Convention européenne
des Droits de l’Homme_ 1re édition 2003 ; 2e édition, avril 2007
82
Eba Nguema Nisrine, « La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples et sa mission de
protection des droits de l’homme », La Revue des Droits et de l'homme, décembre 2017.

31
des peuples africains. La commission impose également l’obligation de la garantie du droit à
un procès équitable dans son article 7 CADHP83, dispose que :

« 1. Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend :

• Le droit de saisir les juridictions nationales compétentes de tout acte violant les droits
fondamentaux qui lui sont reconnus et garantis par les conventions, les lois,
règlements et coutumes en vigueur ;

• Le droit à la présomption d’innocence, jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par


une juridiction compétente ;

• Le droit à la défense, y compris celui de se faire assister par un défenseur de son


choix ;

• Le droit d’être jugé dans un délai raisonnable par une juridiction impartiale.

2. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui ne constituait pas, au
moment où elle a eu lieu, une infraction légalement punissable. Aucune peine ne peut
être infligée si elle n’a pas été prévue au moment où l’infraction a été commise. La
peine est personnelle et ne peut frapper que le délinquant. »

83
La Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples aussi connue sous l’acronyme CADHP, est
une commission qui a été créée le 2 novembre 1987 à Addis-Abeba, en Éthiopie 1. Cette commission a aussi un
secrétariat qui est situé à Banjul en Gambie

32
Bibliographie

• Ouvrages généraux

✓ JEAN PRADEL, Droit pénal comparé. 4ème édition. (2016).


✓ MONTESQUIEU, "De l'esprit des lois", Tome I, Livre XII, Chapitre II
✓ ENNEFKHAOUI A. « Traité de procédure pénale » 1ère éd. 2020
✓ GUINCHARD S. CHAINAIS C. SOREL J.-M « Droit processuel » Ed. D. 10e éd.
✓ Lécuyer, Yannick , « L'essentiel de la Convention européenne des droits de l'homme »,
GUALINO, 2019, 164 pages.
✓ Lécuyer, Yannick , « Convention et Cour européennes des droits de l'homme », Ed 2015-
2016, 49 pages.
✓ Sauron, Jean-Luc, Chartier, Aude, « Les droits protégés par la Convention européenne des
droits de l'homme », 2014, Gualino, 476 pages
✓ Lécuyer, Yannick , « CESDH article par article », Gualino, 2015, 52 pages.
✓ WASHSMANN, Patrick, « Les droits de l'Homme », Dalloz, 2018, 212 pages.
✓ M. Fabre, « Le droit à un procès équitable », JCP, 1998, I, p. 157.
✓ Benjamin Lavergne et Mehdi Mezaguer _ *Regards sur le droit au procès équitable* Edition
2018.
• Ouvrages spéciaux :
✓ BANDRAC M., L'action en justice. Etudes générales, Mélanges en l'honneur de Perrot (R.),
Dalloz, 1995
✓ COSTA J.-P., Le droit à un tribunal et ses limites, selon la jurisprudence de la Cour EDH,
Mélanges offerts à Jean Buffet, LPA éd., 2004
✓ ESSAID M.J « La présomption d’innocence » Editions La porte Rabat 1971
✓ OLLE P-H., "Origines et destin d'une institution menacée ; La présomption d'innocence,
Mélanges PRADEL. Le droit pénal à l'aube du troisième millénaire, Cujas, 2006,
✓ LOMBARD M. Une expérience pragmatique de l'indépendance du juge à travers le CSM",
Mélanges Zoller, Dalloz, 2018
✓ GUINCHARD S. CHAINAIS C. SOREL J.-M « Droit processuel » Ed. D. 10e éd. P. 199
• Articles et revues

✓ BOULAN F. "La conformité de la procédure pénale française avec la Convention européenne


des droits de l'homme", in Mélanges LARGUIER, Presses Universitaires de Grenoble 1993,
n° 35

33
✓ Eba Nguema Nisrine, « La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples et sa
mission de protection des droits de l’homme », La Revue des Droits et de l'homme, décembre
2017.

• Thèse

BOLZE P. "Le droit à la preuve contraire en procédure pénale", Thèse de doctorat, Université Nancy,
soutenue le 17 décembre 2010

• Jurisprudence :

✓ CEDH, Golder. Royaume-Uni, 21 février 1975, série A, nº 18


✓ CEDH 27 févr. 1980 Deweer c/ Belgique, série A, N°35
✓ CEDH 10 Déc.2010 Hanif et Khan c. Royaume-Uni. n° 52999/08 et 61779/08, §§ 138-140
✓ CEDH 24 nov. 1997, Werner c/ Autriche JCP 1998, 1, 107, nº 27
✓ CEDH 8 Déc. 1983 Axen c/ Allemagne, série A, n°72
✓ CEDH, Vemhoff c. Allemagne, arrêt du 28 juin 1998, requête nº 2122/64, § 18.
✓ CEDH, 1er août 2000, nº 36009/97, C.P. et a. c/France
✓ CEDH, 11 févr. 2010, n° 24997/07, Malet e/France.
✓ CEDH, 25 févr. 1993, n° 13098/87, Dobbertin c/ France.
✓ CEDH 25 Mars 1983 Minelli c/Suisse, Série A n°62 p.18
✓ CEDH 22 avr. 2010 Chesne c/France, D. 2010 p .1215
✓ CEDH 6 déc. 1988, Barbera, Messegue et Jabardo, Série A, n° 146 p.33
✓ CEDH, Ilgar Mammadov c. Azerbaïdjan, n° 15172/13, arrêt de chambre du 22 mai 2014
✓ CEDH 25 Mars 1983 Minelli c/Suisse, Série A n°62 p.18
• Webographie :
✓ Guide sur l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme Droit à un procès
équitable (volet pénal) disponible sur :
https://www.echr.coe.int/documents/guide_art_6_criminal_fra.pdf consulté le 14/11/2021 à
09:56 )
✓ https://hudoc.echr.coe.int/fre?i=001-82783
✓ https://hudoc.echr.coe.int/fre?i=001-99978
✓ https://hudoc.echr.coe.int/fre#{%22itemid%22:[%22001-100335%22]}

34
Table des matières
Sommaire .................................................................................................................................. 2
Introduction ................................................................................................................................ 1
I. Les garanties du procès équitable : ................................................................................. 5
A. Garanties générales ................................................................................................................... 5
1. Le droit d’accès à un tribunal : ........................................................................................... 5
2. L’exigence d’un véritable tribunal indépendant et impartial : ............................................ 7
3. La publicité des débats et jugements : ................................................................................ 9
4. Le principe du délai raisonnable : ..................................................................................... 10
5. La présomption d’innocence : ........................................................................................... 12
B. Garanties spécifiques ......................................................................................................... 14
1. Le droit d'un accusé d'être informé des accusations à son encontre : .................................. 16
2. Le droit à la préparation de la défense ................................................................................. 17
3. Le droit de se défendre soi - même ou avec l'assistance effective d'un avocat .................... 18
4. Le droit de l’accusé de ne pas s’incriminer lui-même : ....................................................... 21
5. Le droit à la convocation et l’interrogation de témoins ....................................................... 23
6. Le droit de se faire assister gratuitement par un interprète à l’audience........................... 25
II- Applications jurisprudentielles : ..................................................................................... 27
A. Sur la présomption d’innocence : .................................................................................. 27
1. L’affaire Ilgar Mammadov ............................................................................................ 27
2. L’affaire Minelli ............................................................................................................. 28
B. Sur l’impartialité et le délai raisonnable : .................................................................... 29
1. Impartialité :.................................................................................................................... 29
2. Le délai raisonnable :...................................................................................................... 30
Conclusion ................................................................................................................................ 31
Bibliographie........................................................................................................................... 33

35
36

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