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RUDH 201,Ilpage96 - Doctrine - Christophe

relatives aux dépens prévues dans le RTP-TFP, mon travail quelques années aux fins d'examiner les évolutions en la
a largement été facilité par les excellents articles écrits au matière intervenues entre-temps.
moment de I'entrée en vigueur du RP-TFP.cI Les débats sur
la question des dépens lors du colloque organisé, le 1er
0t Il s'agit évidement de l'article, précité (nore 6), de M.
octobre 2010, à l'occasion du cinquième anniversaire du le juge
Tagaras, sur la question des dépens devant le Tribunal de la fonc-
TFP ont également été d'un intérêt certain pour la rédac-
tion publique, qui, sans se prononcer sur les règles relatives aux
tion de cette contribution. Je terminerai en observant dépens, a toutefois exposé les nouvelles règles du RP-TFp. par
d'ailleurs que I'enthousiasme qui s'est manifesté lors de ces ailleurs, par son article relatif à la procédure devant le Tribunal de
débats met en exergue que la question des dépens continue la fonction publique, précité (nore 6), M. Boni a mis en lumière
à l'heure actuelle et certainement encore pour quelque certaines difficultés et a formulé des considérations envisageant les
temps à susciter un intérêt au sein des milieux juridiques perspectives de mise en æuvre des règles sur les dépens par le
concernés. Elle mérite que I'on y revienne encore dans Tribunal de la fonction publique.

L:apport du contexlieux de la fonction publique au principe naissant


en droit de I'Union eutopéenne d'inteltilibilité des n^ormes

par Antoine MASSON, Luxembourg

I. Un principe défendu par le Tribunal cipe de confiance légitime, en ce qu'il impose à l'adminis-
de la fonction publique .97 tration de ne pas induire en erreur les justiciables sur
A. L'approfondissement du principe d'intangibilité l'étendue de leur droit, le principe de bonne administration
du droit .97 qui suppose notamment que les règles internes à une insti-
B. L'extension de la portée de l'impératif d'accessibilité
tution soient clairement définies et dûment publiées,a ou le
du droit .98
C. Le renforcement de I'exigence de clarté .99
II. Un principe implicitement sanctionné par le Tribunal
de la fonction publique 100
* Antoine MASSON, référendaire au cabinet de M-" I. Boruta,
A. Nullité et inopposabilité des actes objectivement
inintelligibles juge au Tribunal de la fonction publique de l'Union européenne,
100
B. La mise en cause de la responsabilité de Chercheur associé au CEDE de I'ESSEC (Paris). Cet article, pure-
I'administration pour avoir rendu, du fait de son ment prospectif, ne reflète pas nécessairement la position de l,insti-
comportement, inintelligible une norme tution. L'auteur remercie M." le juge Boruta pour ses observa-
101
TTI. Conclusion tions, ainsi eile I\zlmc Angela Parlanti et Mlk Juliette Grosjean pour
103
leur relecture critique.
t Le principe d'intelligibilité du droit constitue le graal de tout
Le Tribunal de la fonction publique (ci-après le < TFp >)
système juridique car il est prérequis pour que la loi puisse être
fête cette année ses cinq ans d'existence, cinq années présumée connue de tous et donc opposable à tous.
pendant lesquelles il a ceuvré à un juste équilibre entre les 2 Par exemple, le Conseil constitutionnel français a consacré
prérogatives des institutions et les droits des agents. Or, ce I'intelligibilité du droit comme objectif de valeur constitutionnelle.
juste équilibre passe notamment par I'intelligibilité du Ce principe a pour fondement l'article 16 de la Déclaration des
droit, puisque ce n'est qu'à cette condition que les agents, droits de I'Homme et du citoyen de 1789 en ce que < l'égalité
mais également l'administration, peuvent connaître avec devant la loi énoncée par l'article 6 de ia Déclaration des droits de
exactitude l'étendue de leurs droits et de leurs obligations I'Homme et du citoyen et "la garantie des droits', requise par son
respectives.l L'intelligibilité du droit est d,ailleurs érigée en article 16 pourraient ne pas être effectives si les citoyens ne dispo-
droit fondamental dans de nombreux systèmes juridiques saient pas d'une connaissance suffisante des normes qui leur sont
européens.2 Ce principe est également consacré par la Cour applicables ; qu'une telle connaissance est en outre nécessaire à
européenne des droits de I'homme sur le fondement des l'exercice des droits et libertés garantis tant par I'article 4 de la
Déclaration, en vertu duquel cet exercice n'a de bornes que celles
articles 8 à 11 de la Convention européenne des droits de
déterminées par la loi, que par son article 5, aux termes duquel
I'homme. Ces articles disposent en effet, dans leur second
"tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et
paragraphe, que toute ingérence dans l'exercice de certains
nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n,ordonne pas,' >. Déci-
droits ou libertés, tel le droit âu respect de la vie privée et sion du Conseil constitutionnel n" 99-421. DC du 16 décembre 1999,
familiale, la liberté de manifester sa religion, la liberté dite < Codification >.
d'expression, ou encore la liberté de réunion et d,associa- 3 Voir
arrêts CourEDH, Sunday Times c, Royaume-Uni,26 avril
tion, doit être prévue par une loi, ce qui suppose, ainsi que 1,979, A130, Ë 51. et Kruslin c. France dt 24 awil 1990, A1176-A =
l'a énoncé la Cour européenne des droits de l,homme, que RUDH 1990,L64, $ 30 et s. Pour ce faire, la loi doit indiquer la
les justiciables puissent prendre connaissance desdites lois durée de la mesure d'ingérence, ses raisons justificatives, son but
et ainsi prévoir dans quelle situation ces ingérences peuvent ou sa portée : le degré de détails étant fonction de la gravité de
s'appliquer.: I'ingérence et de I'importance pour les intéressés de l,ingérence.
Dans l'attente d'une adhésion prochaine de I'Union Arrêts de la CourEDH, Malone c. Royaume-(Jni, 2 août 1,984,
européenne à la Convention européenne de sauvegarde A.182, S 67, Leander c. Suède,26 mars 1987, A/116, $ 51. et Huvig c.

des droits de I'homme et des libertés fondamentales prévue France,24 avril 1990, A1176-B = RUDH 1990, I72, $ 32. Voir S.
par le traité de Lisbonne, force est de constater qu'en droit LETURCQ, Vers l'élaboration d'un standard du ,bon législateur'
devant Ie Conseil constitutionnel français et Ia Cour européenne des
de l'Union européenne, si ni les textes ni la jurisprudence
droits de I'homme 7, disponible sur internet et, du même auteur,
ne font, à I'heure actuelle, directement référence à ce Standards et droits fondamentaux devant Ie Conseil constitutionnel
concept, ce dernier trouve néanmoins à s,exprimer au et la Cour européenne des droits de l'Homtne,LGDJ,2005.
français
travers de certains principes qui sont eux consacrés dans a Arrêt du Tribunal de la fonction publique du juillet
9 2008,
I'ordre juridique de I'Union européenne, comme le prin- Kuchta/BCE,F-89107, non encore publié au Recueil, poitt 62.
Masson
- Intelligibilité du droit - RUDH 2011lpage 97

principe de sécurité juridique,s selon lequel une réglemen_ prudence. En effet, dans plusieurs arrêts, les juridictions de
tation doit être suffisamment claire et piécise, afin-que ses l'Union européenne ont jugé que le principe d'intangibilité
destinataires puissent connaître avec exàctitude leurJ droits des actes juridiques constituait n un facieur essentiel de
et obligations et prendre leurs dispositions en consé_ sécurité juridique et de stabilité des situations juridiques
quence.6 Partant, bien que le principe d,intelligibilité du
dans I'ordre communautaire, aussi bien pour les institutircns
droit ne soit pas reconnu en tant què tel dans le droit de de. I'Union européenne que pour les sujets de droit qui
l'Union, ce dernier pourrait avoir vocation à intégrer les voient leur situation juridique et matérielle affectée par une
principes généraux du droit. À cet égard, la jurispr-udence décision desdites institutions > au motif que
du-TFP contribue largement à I'emergence dé ce principe. respect rigoureux et absolu de ce principe permet " [sleul, le
Deux éléments retardent cependant la consécration d,un d'acquérir la certitude que, postérieurement à son adop_
p1Tgip" d'intelligibilité du droit dans l,ordre juridique de tion, I'acte ne pourra être modifié que dans le respect dès
I'Union européenne. D'une part, il est constani qu'un prin_ règles de compétence et de procédure et que, par voie de
cipe d'intelligibilité, s'il venait à être affirmé, nè pouirait conséquence, I'acte notifié ou publié constituerà une copie
pas primer celui d'efficacité du droit, même s,il né saurait
exacte de I'acte adopté, reflétant ainsi fidèlement la volonté
totalement s'effacer devant ce dernier.T En effet, comme la de I'autorité compétente. >12
Cour européenne des droits de I'homme le souligne, I'intel_ Bign qu'expressément reconnu, le principe d'intangibi_
ligibilité du droit ne doit pas conduire à une rigidité exces_ _.
lité du droit est toutefois de portée limitée car il doitètre
sive, susceptible de nuire à I'action des pouvoirs publics. En concilié avec les principes d'efficacité et de légalité. Tradi_
conséquence, l'administration doit avoir la facuité de jouir tionnellement, le juge déduit du principe d'efficacité de
librement du pouvoir d'appréciation qui lui est dévolu l'action législative, que les justiciables ne peuvent placer
par le législateur, même si, afin de tenir compte du une confiance légitime dans le maintien d'une sitùation
principe d'intelligibilité, la réglementation doit juridique, lorsque celle-ci peut être modifiée par la
prévoir, de façon précise, les contours du pouvoir d'appré_ Commission européenne dans le cadre de son pbuvoir
ciation mis en æuvre.s Or, I'efficacité-est une prèoc_
cupation forte du législateur et de l,administration euro_
péenne.
D'autre part, l'intelligibilité d,une norme varie selon son
destinataire : ce qui est intelligible pour une personne, ne 5
L'intelligibilité du droit pourrait également se rattacher aux
l'est pas nécessairement pour une autre.e L'intettigbitite du articles 41 et 42 de Ia Charte des droits fondamentaux de I'Union
droit, si elle devait être formellement reconnue comme européenne.
e Arrêts
principe général du droit de l,Union par les juridictions de la Cour du 21 septembre 1983, Deutsche Milchkontor
européennes, serait donc nécessairement à géométrie e.a.,205182 à275182, Rec. p. 2633, du 26 octobre 2006, Koninklijke
Coôp eratie Cosun, C-248/04, Rec. p. l-I021,I, point 79, du 2l février
variable en ce qu'elle devrait s'apprécier de façon subjec_
2006, Halifax e.a., C-255102, Rec. p. I-1609, point 72, er du 1".
tive. Dans le contentieux de la fonètion publique, le carac_
octobre L998, Royaume -(Jni,/Commis sion, C-209 196, Rec. p. I-5655,
tère subjectif de ce qui est intelligible, restreint considéra_ point 35. Cet impératif s'impose avec une rigueur particulière en
blement la portée ce qui pourrait être un pririicipe d'intelli- présence d'une réglementation susceptible de comporter des
gibilité, car nul ne saurait nier qu'un fonétionnaire dispose conséquences financières.Voir, notamment, arrêt de la Cour du 21
de connaissances juridiques, ne serait-ce qu,en raison de juin2007, ROM-projecten, C-I58l06,Rec. p. I-5103, point
25.
I'omniprésence de la référence aux normes àans la mise en z Le principe d'effectivité
du droit ne concerne pas les règles qui
æuvre de l'action administrative.l0 ne sont pas encore opposables aux particuliers car non publiées au
Dans la marge qui est la sienne, la jurisprudence du TFp Journal Officiel. Voir, en ce sens, arrêt de la Cour du 11 décembre
milite cependant incontestablement en faveur de la recon_ 2007 , Skoma-Lux, C-1,67106, Rec. p. I-10841, points 40 à 42.
8 CourEDH,
naissance d'un principe d'intelligibilité du droit. pour illus_ Gillow c. Royaume-Uni,24 novembre 19g6, AlI0g,
trer,notre propos, nous présenterons la portée que le TFp $ 51. Lorsque la terminologie employée est vague, la CourEDH
semble implicitement conférer à ce principe (I), âinsi que la considère que I'intelligibilité du droit est néanmoins assurée si la
manière dont celui-ci sanctionne son non-respect (II). méthode d'interprétation utilisée pour appliquer les normes en
cause est connue et constante. CourED}{, Mûller et autres c. Suisse,
I. Un principe défendu par le Tribunal 24mai1988,A/133, $$ 29 et38.
e Selon la Cour européenne
de la fonction publique des droits de I'homme, les compé_
tences techniques et professionnelles des destinataires d,une
Pour que les justiciables puissent connaitre avec exacti_ norme doivent être prises en compte pour apprécier sa prévisibi_
tude l'étendue de leurs droits et de leurs obligations,rr lité. CourEDH, Groppera Radio AG c. Salsse, 2g mars 1,gg0, N173
I'intelligibilité du droit suppose que la réglementation en = RUDH 1990,144, g 68.
vigueur, ainsi que les décisions administraiives prises pour 10 Il
en va d'autant plus ainsi que le grade dudit fonctionnaire est
son application, soient, prévisibles (A), accessibles (É) et élevé. Voir, par exemple, arrêts du Tribunal de première instance
claires (C). Or, bien que le principe d'inteltigibiliré du droir du 5 novembre 2002, Ronsse/Commission,'1-20.5/01, RecFp p. I-A_
ne soit pas formellement reconnu, ses coÀposantes font 2I1 et ll-7065, points 47 à 49, et du 15 juillet 2004, Gouvras/
déjà partie des éléments à l'égard desquels lè TFp exerce Commission, T-180/02 et T-113/03, RecFp p. I-A-ZZ5 et II-987,
son contrôle, point76.
1t Voir notamment,
arrêts de la Cour du 13 février L996, Van Es
A. L'approfondissement du principe d'intangibilité clu droit Douane Agenten, C-1,43193, Rec. p. I-431, point 27 , du 1e. octobre
Pour être intelligible, une norme doit être intangible, 1998, Royaume-Uni./Commission, C-209196, Rec. p. I-5655, point
35; du 20 mai 2003, Consorzio del prosciutto di parma et Salumi_
c'est-à-dire que non seulement son application doif être
garantie, mais son contenu doit également rester le plus ficio S. Rita, C-108/01, Rec. p. I-5121, point 89, d121.février2006,
Halifax e.a., C-255102, Rec. p. I-1609, point 72, du 13 février 1996,
stable possible dans le temps afin de permettre à ses dèsti-
Van Es Douane Agenten, C-743193, Rec. p. I-431, point 27, et du
nataires de se familiariser avec celui-ci. 26 octobre 2006, Koninklijke Coôperatie Cosun, C-24g104, Rec.
.. À cet égard, iI est intéressant de relever que I'intangibi- p. I-1,021.1", point 7 9.
lité du droit constitue la seule composante du prin-cipe 12 Arrêt de la Cour du 8 juillet 1999, Hoechst/Commission,
d'intelligibilité qui soit expressément reconnue paflu luris_ C-227192P, Rec. p. I-4443, poinr 69.
RUDH 2011/page 98 - Doctrine - Masson

d'appréciation.13 De même, la jurisprudence considère les actes de portée génêrale, par leur publication.l8 Pour les
qu'en vertu du principe de légalité, le destinataire d'un acte décisions individuelles, I'administration a I'obligation de les
n'a aucun droit à son maintien tant que les délais de recours notifier dans la langue du pays où réside leur destinataire,le
n'ont pas expiré.14 Par ailleurs, I'accessibilité du droit concerne, non seulement
Par exemple dans I'arrêt Bouillez e.a./Conseil, le TFP a I'accès aux instruments juridiques, mais également à la ratio
transposé ce raisonnement à des décisions de promotion, decidendi des règles qu'ils posent.
estimant ainsi que des fonctionnaires illégalement promus Cependant, si I'exigence d'accessibilité du droit a un
n'ont pas de droit acquis au maintien de leur promotion si champ d'application large, les obligations qui en découlent
les décisions de promotion sont entachées d'illégalité et sont souvent limitées. En effet, les institutions doivent certes
qu'elles ont été contestées dans les délais de recours rendre leurs normes disponibles, mais elles n'ont pas l'obliga-
contentieux.l5 tion d'attirer I'attention des personnes concernées sur leur
Dans un arrêt de principe, Bui Van/Commission,le TFP existence. Notamment, l'administration n'a pas à informer les
a eu l'occasion de préciser I'articulation existant entre le destinataires des voies de recours disponibles ou à indiquer
principe d'intangibilité et ceux d'efficacité et de légalité, au les délais dans lesquels un recours peut être exercé,2o sauf
sujet des conditions dans lesquelles l'administration peut
retirer un acte. A cette occasion, le TFP rappelle que < le
13 Voir arrêt du Tribunal de la fonction publique du 30
septembre 2010 , De Luca/Commission,F-20106, non encore publié,
retrait rétroactif d'un acte administratif favorable est géné-
point 69, à I'occasion duquel le juge de l'Union a rappelé que, sous
ralement soumis à des conditions très strictes [...]. Ainsi, peine d'empêcher toute évolution législative, la liberté du législa-
selon une jurisprudence constante, s'il convient de recon- teur d'apporter à tout moment les modifications législatives qui
naître à toute institution communautaire qui constate que s'avèrent nécessaires, ne saurait être, en principe, entravée. Cepen-
l'acte qu'elle vient d'adopter est entaché d'une illégalité, le dant, en cas de droit acquis, le législateur est, semble-t-il, tenu
droit de le retirer dans un délai raisonnable avec effet rétro- d'adopter des dispositions transitoires spécifiques afin de ménager
actif, ce droit peut se trouver limité par la nécessité de les créanciers de ces droits. Voir en ce sens, arrêt du Tribunal de la
respecter la confiance légitime du bénéficiaire de I'acte, qui fonction publique du 19 juin 2007, Davis e,a./Conseil, F-54/06, non
a pu se fier à la légalité de celui-ci [... D'une part,] s'agissant encore publié au Recueil, point 58.
la Voir en ce sens, arrêts du Tribunal de la fonction publique du
du respect de la confiance légitime [...], le bénéficiaire ne
peut se prévaloir de [ce principe] lorsqu'il a provoqué 11 septembre 2008, Smadja/Commission, F-135107, non encore
I'adoption de l'acte par des indications fausses ou incom- publié au Recueil, points 33 et 34 eT du 5 mai 201'0, Bouillez
plètes. [I]l y a lieu d'ajouter que la condition de l'existence e.a./Conseil,F-53/08, non encore publié au Recueil, point 84'
rs Le Tribunal de la fonction publique a cependant précisé que,
d'une confiance légitime chez le bénéficiaire dudit acte doit
pour décider s'il y avait lieu d'annuler ces décisions, il devait être
être considérée comme non remplie, lorsque f irrégularité
tenu compte, d'une part, du fait que ces fonctionnaires ont pu se fier
justifiant le retrait ne pouvait échapper à un fonctionnaire
de bonne foi à la légalité des décisions les ayant promus, en particu-
normalement diligent, et ce, au regard de la capacité de ce lier si les intéressés bénéficiaient d'appréciations favorables de leur
dernier à procéder aux vérifications nécessaires, sans qu'il hiérarchie, appréciations de nature à justifier objectivement une
puisse être ainsi dispensé de tout effort de réflexion et de promotion et, d'autre part, du nombre de fonctionnaires concernés.
contrôle. [... D'autre part,] même en présence d'une 16 Arrêt du Tribunal de la fonction publique du L1 septembre

confiance légitime chez le destinataire de l'acte illégal, il 2008, BuiVan/Commission,F 5Ll07,non encore publié au Recueil
ressort de la jurisprudence qu'un intérêt public péremp- points 5L et suivants, et la jurisprudence citée. Signe de ce que
toire, notamment celui de la bonne gestion et la protection I'intangibilité du droit constitue une préoccupation partagée par
des ressources financières de l'institution, peut être de I'ensemble des juridictions européennes, le Tribunal de l'Union
nature à primer l'intérêt du bénéficiaire au maintien d'une européenne a confirmé l'analyse du TFP sur ces points. Voir arrêt
situation qu'il pouvait tenir pour stable >. du Tribunal de première instance, du 12 mai 2010, Bui
Van/Commission,"l-491,108 P, non encore publié au Recueil, point
Quant au délai raisonnable, le TFP a jugé que celui-ci
< doit être apprécié en fonction des circonstances propres à
47.Yoir, également, arrêt du Tribunal de la fonction publique du
14 décembre 2006, Kubanski/Commission, F-88/05, RecFP p. I-A-
chaque affaire et, notamment, de l'enjeu du litige pour l'inté-
1,-173 et II-A-1-683, points 88 et suivants.
ressé, de la complexité de l'affaire et du comportement des 17 L'accessibilité du droit s'incarne également dans un droit
parties en présence [...], en I'occurrence de I'intérêt du béné- d'accès aux documents, lequel est rendu effectif par le règlement
ficiaire au maintien d'une situation qu'il pouvait tenir pour n" L04912001.
stable et de celui de l'administration de faire prévaloir la r8 Pour les opérateurs économiques, la jurisprudence admet
légalité des actes individuels, ainsi que de protéger les parfois que l'administration puisse leur opposer une norme non
ressources financières de I'institution. Compte tenu de ce qui pubtiée, s'il est avéré qu'ils avaient connaissance du contenu de
précède, il y a lieu de considérer, en règle générale, [s'agis- cette dernière. Par exemple, iI a été iugé qu'une réglementation
sant du contentieux de la fonction publique] comme raison- devait s'appliquer à un opérateur du commerce international qui
nable un délai de retrait qui correspondrait au délai de n'avait pas pu en prendre connaissance lors de I'adhésion de la
recours de trois mois visé à I'article 91, paragraphe 3, du République hellénique, dès lors qu'il pourrait être établi que l'inté-
statut. Quant au mode de calcul du délai de retrait, pour ressé en avait, en réalité, connaissance. Arrêt de la Cour du 15 mai
1986, Oryzomyli Kavallas et Oryzomyli Agiou Konstantinou/
apprécier son caractère raisonnable ou non, dès lors que ce
Commission,160/84, Rec. p.1633, points 11 à 21. Selon nous, cette
délai s'impose à l'administration elle-même, il convient de
solution relève de ce que le principe d'intelligibilité du droit doit
prendre en compte, comme point de départ, la date d'adop-
s'apprécier de façon subjective et non objective. Par conséquent,
tion de I'acte que cette dernière envisage de retirer. >16 une telle solution ne serait pas transposable si les destinataires de
la norme étaient de simples particuliers.
B. L'extension de la portée de l'impératif d'accessibilité du 1e Voir l'article 24 ût traité sur le fonctionnement de I'Union
droit européenne.
Pour que les personnes assujetties à l'ordre juridique de 20 Voir ordonnance de la Cour du 27 novembre 2001, Diy'Mar

l'Union européenne puissent connaître avec exactitude Insaat Sanayi ve Ticaret et Akar/Commission, C-163/07 P, Rec.
l'étendue de leurs droits et obligations,tr les actes juridiques p. I-10125, point 41 et la jurisprudence citée ; et arrêt du Tribunal
adoptés par les institutions doivent être accessibles à leurs de la fonction publique du 11 novembre 2008, Speiser/Parlement,
destinataires. Cette accessibilité suppose, en ce qui concerne F-146106, non publié au Recueil, point 37.
Masson
- Intelligibilité du droit - RUDH 2002lpage99

quand l'institution en cause s'est imposée cette règle, restrictives. Dans l'affaire Duyster/Commission, le TFp a
notamment dans un code de bonne conduite.2l ainsi rappelé que, dans le silence du texte, il devait être
. Outre.cette conception passive de l,accessibilité du droit,
les juridictions de l,Union ont considéré que cet impératii
déduit que le législateur n,avait pas soumis I'application de
la norme concernée à une condition partiôutere.33 De
s'exerce différemment s,agissant des citoyens et des fonc_ même, dans l'affaire André/Comntission,le TFp a rappelé
tionnaires. Pour ces derniers, l,administràtion n'est nulle_ que, lorsqu'une norme était claire, I'administration ne
ment tenue d'utiliser la langue du pays où ils résident
lorsqu'elle s'adresse à eux, leur langué maternelle ou celle
dans laquelle ils se sont adressés à l,administration, mais
21
Ordonnance du Tribunal de première instance du 21 mars
uniquement une langue comprise par etJy?2
200-2, Lab o r ato ir e M o ni que Ré my / C o mmis s i o n, -I _21,g
En raison de la situation particulière des fonctionnaires, I 01., Rec. p.
II-2L39, point 25.
la reconnaissance d'un impératif d'accessibilité des actes zz Arrêts du Tribunal
juridiques adoptés par l,administration en matière de fonc_ de première instance du 7 février 2001,
B onaiti B righinn/Commission, T-Lj,g/99, RecFp p. l-
A_25 et II_97,
tion publique pouvait poser problème. Certes, la jurispru_ points 60 et 61 et du 9 juin1994, ){/Commi^ssion,^I_94192, RecFp p.
dence était explicite pour les actes à portée gén&àle, iréa_ I-A-1,49 et II-481, point24.
teurs de droits ou d'obligations : pour perméttre aux fonc_ 2: Voir, notamment,
arrêt du Tribunal de première instance du
tionnaires concernés de faire valôir leurs droits, l,adminis_ 15 mars 1994, La Pietra/Commission,T-I00/92, RecFp p. I_A_83
er
tration est tenue d'informer l,ensemble des personnels inté_ II-275, point 45. De même, il a été jlgé qu'aucune disposition, ou
ressés d'une manière claire, précise et certaine, de la teneur aucun principe, n'imposent que les avis de vacance pour des postes
de ces actes même lorsqu,aucune norme ne prévoit qu'ils d'encadrement supérieur de la Commission soieni publiés. Arrêt
doivent être publiés.23 Mais, certains arrêts aïaient cônsi_ du_ Tribunal de première instance du 20 novembre 200g,
déré que les décisions portant détermination de la réparti_ Italie/Commission,T-lB5/05,Rec. p. II-3207, point 1.15.
2a Arrêt du Tribunal de première
tion des pouvoirs dévolus à l,AIpN constituaient des ègles instanèe du 25 mars 1999,
Hamptaux/Commission,T-76198, RecFp p. I-A-59 et II_303, points
d'organisation interne de l,institution et que, en I'absence
22 et23.
de disposition en ce sens, la publication d" .", décisions 2s Arrêt
de la Cour du 14 octobre2004, pftugradt/BcE,C_40g/02
n'était pas une condition de leur entrée en vigueur et, dès P, Rec. p. I-9873, poinr 37.
lors, de leur opposabilité.2+ 2a Arrêt du Tribunal
de la fonction publique du 9 juillet 200g,
Soucieux de garantir le respect du principe d,accessibilité Kuchta/BCE,F-89/07 , non encore publié au Recueil, point 62.
du droit, le TFP s'est départi de ceJarrêti. prenant appui 27 Voir,
notamment, arrêts de la Cour du l0 mars20t09, Heinrich,
sur un arrêt récent de la Cour,2s il a étendu ta portéè du C-345106, Rec. p. I
1659, poinr 44 et ROM_projecten, préctté
principe d'accessibilité du droit aux actes portant réparti_ (note 6), point 25.
tion des compétences au sein d,une instituti,on, considèrant 2s Par principe,
un acte doit être adopté par écrit. Voir en ce sens,
que le principe de bonne administration, appliqué à la arrêt du Tribunal de première instance du 6 avril 1,gg5, BASF
gestion du personnel, supposait que la répârtition des
e.a./Commission, T-80189, T-81/89, T-83/89, -I-8718g, T_88/89,
'1-90t89, "r-%t89, .r_95/89, T_97/89,
compétences au sein de l,institution soit clairément définie T_gg/8s, T_100/89, T_101/89,
et dûment publiée.zo T- 1 03/89, T-1 05/89, T -107 I 89 et -î -j,I2l 89, Rec. p. II_7 29, points
69
et 70. S'agissant des actes à portée gênérale créaÀt une obligation
ou
C. Le renforcement de l,exigence de clarté restreignant un droit, il s,agit d,un impératif. Arrêt du Tribunal de
première instance du 19 juillet 1,999, Caniôn/Conseit, -l-16g197,
Le droit de l'Union européenne fait obligation aux insti_ RecFP p. l-A-143 etII-76l,point 53. Il en va de même des décisions
tutions de permettre aux justiciables de connaître l,étendue transférant ou déléguant une compétence. Arrêt de la Cour du
de leurs obligations et de leurs droits, afin de pouvoir 26 mai2005, Tralli/BCE, C-301102p, Rec. p. I-4071, point 43 et arrêt
prendre, leurs dispositions en conséquence.zz par suite, les du Tribunal de la fonction publique du 9 juillet 200g, Kuchta/BCE,
actes administratifs doivent non seulement être écrits28 et F-89107, non encore publié au Recueil, point 54. S,agissant
en
motivés, mais ils doivent également indiquer sur quelle revanche d'une décision individuelle, le juge de I'Union européenne
base légale ils ont été adoptés2e et respàcter certaines accepte que celle-ci soit orale, et ce, surtout, afin de permettre aux
exigences de forme,3o personnes concernées d'introduire un recours. Voir, notamment,
A plusieurs reprises, le TFp arappelé I'importance que arrêt du Tribunal de première instance du 30 juin 1993, Devillez
revêt la clarté du droit. Il a notamment tiré plusieurs consé_ e.a./Parlement,'1-46190, Rec. p. II-699, point 16.
2e Voir
quences de ce que celle-ci supposait celle des textes appli- en ce sens, s'agissant d,actes à portée générale, arrêt de la
cables ou, à tout le moins, de la méthode d,interprétation Cour du 16 juin 1993, France/Commission, C_325191,, Rec. p. I_
3283,point26.
utilisée. 30 Notamment, un acte doit indiquer à quelle d ate il a été adopté.
Premièrement, I'administration doit rédiger les actes
Arrêt du 6 avril 1995, BASF e.a./Commission, précité (note àg),
qy'elfe adopte de façon à ce que ceux-ci soient dépourvus point 119.
d'ambiguïté.r1 Dans l'affaire Mc Sweeney et Armstrong/ 3r Attention, pour une norme,
être dépourvue d,ambiguité, ne
Commission, le TFp a ainsi rappelé qu,il incombait aux signifie pas être précise ou détaillée.
institutions de rédiger de façon ôtàire eî précise les avis de 32 Arrêt du
Tribunal de la fonction publique du 15 juin 2006, Mc
concours afin que les intéressés soient en mesure d'appré_ S_yteenel et Armstrong/Commission,F-25105, RecFp p. I_A_1,-3j
et
cier s'il y a lieu pour eux de faire acte de candidaturè. En II-A-1-117, points 44 et suivants.
l'espèce, le TFP a considéré que l,administration avait créé :: Arrêt du Tribunal de la fonction publique du 13
décembre
une ambiguïté quant aux conditions requises pour postuler 2007, Duyster/Commission, F-51/05 et F-1g/06, non encore publié
à un concours en publiant à une semaine d'intervalle deux au Recueil, point 168. Le Tribunal de la fonction publique a ainsi
guides visant à préciser les termes de I'avis de concours, considéré que si des dispositions générales d'exécution peuvent
quasiment identiques. Il a, en conséquence, estimé que fixer des critères aptes à guider I'administration dans l,exercice de
son pouvoir discrétionnaire ou préciser la portée des dispositions
cette ambiguïté devait être interprétée en faveur d",,eqùé-
statutaires manquant de clarté, elles ne peuvent pas, par le biais de
rants, sur la base du seul avis de concours.32
la précision d'un terme statutaire clair, rétrécir le champ d'applica_
Deuxièmement, en l'absence d,ambiguTté dans une tion du statut. Arrêt du Tribunal de la fonction pubiique-àu 30
norme, l'administration ne saurait interpréter cette novembre 2006, Balabanis et Le Dour/Commission, F_77/05,
dernière afin de soumettre son application à dès conditions RecFP p. I-A-1-139 et II-A-1-535, poinr 46.
Masson
RUDH 2011/page 100 - Doctrine -

pouvait pas soumettre son application à des conditions non mêmes inintelligibles, en les déclarant inopposables (A)'
èxpressément prévues : ce n'est que de façon exception- Le juge de I'Union a également engagé la responsabilité de
nelle, lorsque le libelté du texte est suffisamment ouvert, I'administration pour avoir contribué, par des explications
qu'il peut être recherché si l'application de la norme en erronées, à rendre inintelligible une norme (B).
àuse n'est pas implicitement assortie de conditions'34
A. Nullité et inopposabilité des actes
Troisièmement, en cas de doute sur le sens d'une norme,
l'administration est tenue d'interpréter les termes
ob j e ctiv ement inintelligib les
employés conformément à leur sens dans l'ensemble de la L'inintelligibilité d'un acte est le plus souvent sanc-

réglementation pertinente,3s ou, à défaut, dans leur sens tionnée par le juge de l'Union par son inopposabilité' En
ha-bituel dans le langage courant,36 sauf à ce qu'une inter-
prétation constructive soit requise.
Quatrièmement, en cas d'inintelligibilité de la réglemen-
3a Arrêt du Tribunal de la fonction publique du 14 décembre
tation, l'administration ne peut exiger la répétition de 2006, AndrilCommission, F-10/06, RecFP p' I-A-1-183 et II-A-1-
755, point 40. Ceci est d'autant moins le cas, lorsque le texte
I'indu.37 Ainsi, dans I'affaire Tsirimiagos/Comité des
énonce déjà expressément certaines conditions.
régions,le TFP, après avoir notamment relevé que le libellé 3s Voir, notamment, ordonnance du Tribunal de la fonction
dei dispositions applicables ne permettait pas de déter- publique du 18 mai 2006, Corvoisier e.a./BCE, F-13/05' RecFP p' I-
miner àe façon claire et non équivoque s'il convenait A-1-19 et II-A-1-65, Point 40.
d'appliquer un coefficient correcteur à la situation d'espèce :6 Selon nous, le principe d'intelligibilité du droit commande que
et que fadministration n'avait pas une position arrêtée au I'intention du législateur, encore qualifiée de ratio legis' ne soit
moment des faits sur I'interprétation à donner des textes prise en compte pour interpréter une disposition que si cette
applicables, a jugé qu'il ne saurait être établi que le requé- àernière ressort clairement de la motivation dudit acte ou des
rànt avait eu connaissance de l'irrégularité des versements dispositions d'un autre acte âyant été publié et ainsi porté à la
opérés à son profit.:8 Dans I'affaire Ritto/Commission, le connaissance de tous. Voir, en ce sens' arrêts du Tribunal de la
TFP a égalemènt examiné si, en l'absence de preuve d'une fonction publique du 12 septembre 2006, De Soeten/Conseil, F'
connaisJance effective par un fonctionnaire du caractère 86/05, RecFP p. I-A-1,-97 et II-A-1-359, points 44 à 47 ; André/
irrégulier du versement d'une allocation, l'erreur commise Commission,précité (note 34), point 44.
37 En effet, aux termes de I'article 85, premier alinéa, du statut,
purl'ud-inirtration était à ce point évidente que le requé-
pour qu'une somme versée sans justification puisse ètre répétêe,
iant ne pouvait manquer d'avoir connaissance de I'irrégula-
i'administration a le devoir de démontrer que le bénéficiaire avait
rité du versement de I'allocation' En I'espèce, cependant, le
une connaissance effective du caractère irrégulier du paiement ou
TFP va admettre la répétition de I'indu. En effet, il relève que I'irrégularité était si évidente que ledit bénéficiaire ne pouvait
notamment que la simple lecture des dispositions en cause manquer d'en avoir connaissance.
permettait ae renseigner tout fonctionnaire, même ss Àrrêt du Tribunal de la fonction publique du 10 mars 2009,
àépoutuu de formation juridique. En outre, le requérant Tsirimiagos/Comité des régions, F-100/07, non encore publié au
étâit nécessairement au fait des conséquences du dépasse- Recueil, points 61, 64,66 et 67 .
ment du plafond fixé, compte tenu de son niveau hiérar- 3e Arrêt du Tribunal de la fonction publique du 9 septembre

chique êlévê, de sa grande ancienneté et de son expérience' 2008, Ritto/Commission, F-18/08, non encore publié au Recueil,
Enfin, I'administration avait informé le requérant des
-
points 29 et s.
conséquences d'une augmentation éventuelle des ao Ainsi, compte tenu de la hiérarchie des normes, une directive

ressources de son conjoint.3e interne d'une institution ne peut légalement octroyer au fonction-
Cependant, le TFP admet que I'exigence de clarté ne naire un droit qui serait contraire au stâtut etlou à la réglementa-
saurait nuire à I'efficacité du droit. Ainsi, afin de ne pas tion arrêtée pour I'application de celui-ci. Arrêt du Tribunal de
première instance du 2 juillet L998, Ouzounoff Popoff/Commis-
entraver l'action administrative, les institutions n'ont pas,
sion,"1-236197, RecFP p. I-A-311 et II-905' point 44.
sauf disposition contraire, l'obligation d'adopter des textes ar En droit de l'Union européenne, une pratique administrative
pour réglementer leur pouvoir d'appréciation,+o o" de clari-
a la même valeur que des lignes directrices internes. Lorsqu'une
iier une pratique interne.al Elles peuvent le faire par la voie pratique illégale existe, elle n'est pas invocable, car nul ne peut se
de directives internes mais, étant tenues de respecter le prévaioir de l'illégalité commise en faveur d'autrui' Arrêt du
principe de légalité, elles ne doivent pas renoncer entière- tribunal de la fonction publique du 28 avril2009, Balieu-Steinmetz
ment à leur pouvoir d'appréciation, car si tel était le cas, et Noworyta/Parlement,F-11,5107, non encore publié au Recueil,
elles méconnaîtraient la volonté du législateur d'obliger points 29 et 30. En revanche, lorsqu'il existe un doute sur le sens
I'administration à apprécier chaque cas d'espèce, pour à'rrna ,ror-" ou lorsque le litige concerne I'exercice d'une compé-
déterminer s'il convient de lui appliquer la norme tence pour laquelle I'administration dispose d'un pouvoir d'appré-
concernée,a2 En outre, le TFP a eu l'occasion de rappeler ciation, une pratique peut être invoquée par un requérant sw le
que, si, sur le fondement de I'article 1L0 du statut, les insti- fondement du principe d'égalité de traitement. Arrêt du Tribunal
tutions ont la possibilité d'adopter des dispositions géné- de la fonction publique du 5 mai 2009, Simôes Dos Santos/OHMI,
F-27108, non encore publié au Recueil, pont76. Cet arrêt a été
rales d'exécutiôn afin de clarifier la portée d'une disposi-
partiellement annulé par le TPI, mais non sur ce point' Arrêt du
tion, elles n'ont pas, par principe, I'obligation de Ie faire,
îribunal de première instance du 10 novembre 2070, OHMI/Dos
sauf lorsque ladite disposition le prévoit ou lorsqu'une
Santos,'l-260109 P, non encore publié au Recueil.
,ro.-" -âttque de clarté et de précision à un point tel a2 Voir, notamment, ârrêt de la Cour 22 décembre2008, Centeno
qu'elle ne se prête pas à d'arbi-
une application dépourvue
Med.iavilla e.a,/Commission, C-443107 P' non encore publié au
lraite.a3 Recueil, poirtt 92; arrêt du Tribunal de première instance du
5 octobrs1995, Alexopoulou/Commission,'1-I7 195' RecFP p' I-A-
II. Un principe impticitement sanctionné par le Tribunal 227 etII-683, points 23 et24, dtt g juillet 1997, Monaco/Parlement,
de la fonction Publique 't-g2lg6, RecFP p. I-A-195 etll-573, points 46 à 48, 55 et 57 et du
Même si t'intelligibilité du droit n'a jamais été érigée eî 17 décembre 2003, Chawdhry/Commission, T-133/02, RecFP
principe généraI du droit de l'Union par les juridictions de p.l-L-329 etll-16t7, Point 37.
a3 Arrêt du Tribunal de la fonction publique du 10 septembre
i'U.tiott européenne, il peut être relevé que ces juridictions
2009, Behrner/Parlement, F-t24107, non encore publié au Recueil,
mêmes et, notamment, le TFP, ont déjà sanctionné des
point 91.
actes pris en application d'une norme inintelligible' ou eux-
Masson
- Intelligibilité du droir - RUDH 2011/page 101

revanche, I'absence de clarté d'un acte n,est que rarement nistration pouvait voir sa responsabilité engagée sur le
sanctionnée par la nullité des textes concernés ou des actes fondement du principe de bonne foi lorsqu,elle fournissait
subséquents et ce, dans un souci de protéger I'effectivité du
droit, la nullité d'un acte pouvant produire des effets juri-
aa Voir en ce
diques importants.aa Ainsi l'absence de publication d,un sens, arrêt du Tribunal de la fonction publique du 9
acte entraîne non pas I'illégalité dudit acte, mais son inap- octobre 2008, Nry'slCour des comptes, F-49l06, non encore publié au
plicabilité.4s De même, lorsqu,un acte a été modifié sans Recueil, point 43.
as Arrêt de la Cour du
que les modifications opérées aient été publiées, lesdites 29 mai 1974, Kônig,1g5/73, Rec. p. 607,
point 6. Un acte de portée générale ne peut pas être opposé aux
modifications n'ont pas pour conséquence la nullité personnes physiques et morales résidant dans un É,tat membre
desdites modifications, mais leur inopposabilité.+o
avant qu'elles n'aient eu la possibilité d'en prendre connaissance
Bien que rare, la nullité d'un acte pour cause d,inintelli- par une publication régulière au Journal officiel de I'Union euro-
gibilité n'est pas exclue. Ainsi, sont nuls les actes qui, en péenne. Arrêts de la Cour du 25 janvier 7979, Racke,98/78, Rec.
raison de leur inintelligibilité, violent une règle de forme p. 69, point 15, Skoma-Lux, prêcité (note 7), point 37 et, Heinrich,
substantielle. De même, d'un point de vue procédural, est précité (note27), point 43. Si l'exigence de clarté du droit constitue
illégale toute modification d'un acte, autre que des modifi- une obligation à la charge de tout rédacteur d'un acte juridique,
cations d'ordre orthographique ou syntaxique, ou son comme il a été constaté en introduction, I'invocabilité de ce prin-
retrait, qui ne respecte pas les conditions prévues à cet cipe peut être restreinte par le principe d'efficacité, ou son corro-
effet.al Enfin, la nullité d'un acte peut être prononcée laire, celui de réalisme. Par conséquent, dans un contexte plurilin-
lorsque, en raison de l'inintelligibilité de la norme sur le guistique comme celui qui caractérise I'Union européenne, la mise
fondement de laquelle ledit acte a êté adopté,1'administra- en balance de ces deux principes se traduit par le fait que, lorsque
tion a commis une erreur de droit. des dispositions d'un texte, dans la version linguistique du lieu de
résidence du requérant, sont en contradiction avec les dispositions
En tout état de cause, la sanction à apporter à un
de ce même texte dans une autre version linguistique, la Cour peut
problème d'intelligibilité du droit dépend de la personne
être indirectement amenée à opposer au requérant la version
concernée par la norme ou la décision en cause. La juris-
linguistique du texte dont il n'avait pas connaissance, au motif que
prudence considère ainsi qu'une décision administrative l'interprétation uniforme des normes communautaires exigeait que
adressée à un agent est considérée comme régulière, même ces dernières soient interprétées et appliquées non pas isolément,
si elle n'a pas été notifiée dans la langue de I'agent mais à la lumière des versions établies dans les autres langues
concerné, dès lors que l'administration apporte la preuve communautaires. Voir, en ce sens, arrêt de la Cour du 17 juillet
que celui-ci a pu en prendre utilement connaissance.as Il en 1997, Ferriere Nord,/Commission, C-219195 p, Rec. p. l-44I1.,
va de même d'actes n'ayant pas été publiés, mais dont point 39.
aucune disposition ne précise qu'ils doivent l,être. En effet, a6 Arrêt du Tribunal de première instance du 29 juin 1995,
lorque l'administration ne les a pas publiés ou, à tout le Solvay/Commission,-1-32197,Rec. p. II-1825, points 46 à 48.
47 Il s'agit de motifications qui,
moins, portés à la connaissance du personnel, ces derniers d,une part, tendent, de par leur
sont néanmoins opposables à la personne concernée si ampleur, à contourner les règles d'adoption des décisions concer-
I'administration parvient à démontrer que celle-ci en a eu nées et, d'autre part, affectent, quant au fond du droit, le raisonne-
une connaissance effective.ae ment qui constitue le support nécessaire du dispositif d'une déci-
sion. Il en est de même des modifications qui altèrent le dispositif
La jurisprudence du TFP s'inscrit pleinement dans cette
de I'acte concerné, ces dernières ayant nécessairement des consé-
lignée. Par exemple, dans l'affaire, Meister/OHMI,le TFp a
quences sur la portée des obligations susceptibles d'être imposées
eu l'occasion de rappeler que I'intelligibilité du droit aux sujets de droit ou, au contraire, sur la portée des droits qui leur
s'apprécie en fonction de la personne qui invoque ce prin- sont conférés. Arrêt du Tribunal dt 27 féwier lggL, BASF
cipe. Dans cette affaire, le requérant se plaignait notam- e.a./Commission,'f-79189,'t-84189, T-85/89, T-86/89, T-89/89,
ment de ce que le rapport d'enquête administrative sur "1 -9L / 89, "1 -921 89,'1 -9 4 I 89,'1 -9 6/ 89, T-98/89,
T -1.02t Bg et T-104l89,
lequel s'était fondée I'administration pour adopter une Rec. p. II-315, point 49.
décision de rejet d'une demande d'assistance lui avait été as Selon certains arrêts
rendus en matière de fonction publique,
communiqué en langue française, alors qu'il avait établi sa si le destinataire d'une décision estime qu'il n'est pas en mesure de
demande en langue allemande, sa langue maternelle. comprendre la teneur d'une décision, il lui appartient de demander
Cependant, le Tribunal a relevé que la décision explicite de à I'institution, avec toute la diligence requise, de lui fournir une
rejet de la demande d'assistance avait été notifiée en langue traduction, soit dans la langue de la réclamation, soit dans sa
langue maternelle. Dans la circonstance où une telle demande est
allemande et qu'elle contenait un résumé en allemand de
formulée sans retard, le délai de recours ne cofilmence à courir
l'essentiel du rapport d'enquête administrative. En outre,
qu'à compter de la date à laquelle cette traduction est notifiée au
le français était I'une des langues de travail de I'OHMI,
fonctionnaire intéressé, à moins que I'institution ne puisse démon-
dont la connaissance par I'intéressé avait été évaluée at trer, sans qu'il subsiste de doute à cet égard, que celui-ci a pu
niveau < lecture seule/passif >>. Enfin, le requérant avait prendre utilement connaissance aussi bien du dispositif que des
choisi, lors d'une précédente affaire, d,introduire son motifs de la décision de rejet de sa réclamation dans la langue de la
recours en langue française. Le Tribunal a, en conséquence, notification initiale. Arrêt Bonaiti Brighina/Commission, précité
rejeté le moyen du requérant faisant grief à I'adminisiration (note 22), points 16 à 19. D'autres arrêts considèrent que <
[l]a
de lui avoir communiqué le rapport d,enquête en langue communication d'une décision dans une langue que le destinataire
française.so ne maîtrise pas de manière approfondie, n'est pas compatible avec
le devoir de sollicitude qui s'impose aux institutions vis-à-vis de
B. La mise en cause de la responsabilité de I'administration leurs fonctionnaires et ne peut pas, de toute façon, caractériser une
pour avoir rendu, du fait de son comportement, inintellï notification utile faisant courir le délai de réclamation. > Arrêt du
gible une norme Tribunal du 23 mars 2000, Rudolph/Commission,T-197l9g, RecFp
p. I-A-55 etll-24L, points 44 à 46.
Une norme peut être objectivement inintelligible, mais 4e Arrêt La Pietra/Commission,
précité (note 23),point 45.
elle peut également être rendue inintelligible en raison du so Arrêt du Tribunal de la fonction publique
du 1g mai 2009,
comportement de I'administration. Dans cette hypothèse, Meister/OHMI, F-138/06 etF-37108, non encore publié au Recueil,
le comportement de I'administration peut être sanctionné points 84 à 88. Voir également, en ce sens, ordonnance du Tribunal
sur le terrain de la responsabilité délictuelle. Par exemple, de la fonction publique du 4 novembre 2008, Marcuccio/Commis-
dans l'affaire Bennett e.a./OHMI,IeTFP a jugé que l,admi- sion,F-133106, non encore publiée au Recueil, points 41 à 44.
RUDH 2011/page 102 - Doctrine - Masson

des informations juridiques erronées sur les perspectives Enfin, dans l'affaire Kay Labate/Commission,62 le TFP a
réelles de carrière.51 De même, le TFP a considéré que les considéré que le comportement de I'institution avait
parties à un contrat qui ont interprété et appliqué une stipu- conduit la requérante à exposer inutilement des frais, au
lation contractuelle d'une certaine manière et pendant un motif que, d'une part, la requérante, veuve d'un fonction-
certain temps, ne peuvent déroger à cette pratique qu'en naire, était extérieure aux services de I'institution et que,
présence de circonstances nouvelles et substantielles.s2 d'autre part, elle ne pouvait être pleinement au fait des
La participation de l'administration à l'inintelligibilité modalités précises d'envoi et de traitement d'une réclama-
d'un acte peut également être sanctionnée d'un point de tion, ladite institution ayant omis de l'informer que sa récla-
vue processuel. Ainsi, le fait pour l'administration mation n'ayant pas respecté les modalités exigées, elle ne
d'adopter un comportement de nature, à lui seul, ou dans pouvait donc pas introduire de recours. Le TFP a, en consé-
une mesure déterminante, à provoquer une confusion quence, condamné I'institution à supporter intégralement
admissible sur les conditions de recevabilité, dans I'esprit les dépens de I'instance.
d'un justiciable de bonne foi et faisant preuve de toute la
diligence requise d'une personne normalement avertie,
peut justifier, sur le fondement de la théorie de l'erreur 5l Voir en ce sens, arrêt du Tribunal de première instance du
excusable,s3 qu'un recours soit déclaré recevable.sa Cette 2 juillet 2009, Bennett e.a./OHMI, F-19/08, non encore publié au
hypothèse est cependant limitée, car, selon une jurispru- Recueil, points 162 et suivants.
s2 Arrêt André/Commission, précité (note 34), point 45.
dence constante, la notion d'erreur excusable doit être
53 Peut caractériser une erreur excusable, la fourniture d'infor-
interprétée de façon restrictive et ne peut viser que des
mations erronées à une personne (arrêt du Tribunal de première
circonstances exceptionnelles. Il doit s'agir d'un comporte-
instance du 9 mars 2000, Libéros/Commission,T-29197, RecFP p. I-
ment actif de I'administration, et non d'une omission A-43 et II-185, points 30 à 32) ou I'adoption par I'administration
d'informer le destinataire d'un acte, sur la possibilité de le d'un comportement visant à dissuader une personne d'introduire
contester.ss En outre, eu égard aux informations à sa dispo- un recours (arrêt du Tribunal de première instance du 10 avril
sition, la personne concernée ne devait pas être capable de 2003, Robert/Parlement, T-186/01, RecFP p. I-A-131 et II-631,
déterminer comment introduire valablement son recours.56 point 56). La question est débattue de savoir si le non-respect par
Le fait que l'administration ait créé une confusion dans l'administration d'un code de conduite, prévoyant que toute déci-
I'esprit des fonctionnaires sur la portée d'une norme peut sion individuelle doit mentionner les conditions dans lesquelles
également entraîner la condamnation d'une institution peut être formé un recours à son encontre, est susceptible d'induire
victorieuse à supporter une partie des dépens exposés par en erreur un âgent. Voir ordonnance du Tribunal de première
la partie requérante lorsque I'administration a adopté un instance du 2L mars 2002, Laboratoire Monique Rémy/Commis-
comportement susceptible de susciter chez certaines sion,-1-2l810I, Rec. p. II-2139, points 25 à 30.
sa Arrêt du Tribunal de la fonction publique du 13 décembre
personnes des interrogations compréhensibles sur leur
2006, de Brito Sequeira Carvalho/Commission, F-17105, RecFP
situation juridique.sT C'est sans doute sur ce terrain que la
p. I-A-1-149 etII-A-1,-577, point 116. Cet arrêt a été partiellement
jurisprudence du TFP au sujet de la sanction de I'inintelligi-
annulé par le Tribunal de première instance, mais non sur ce point.
bilité du droit est la plus intéressante. Voir arrêt du Tribunal de première instance du 5 octobre 2009,
D ans I' affaire Sp e i s e r/ P ar I em ent, à l' occasion de laquelle
B r ito S e que ir a C arv a I ho/C o mmis s i o n, T - 40 I 07 P et ^l - 621 07 P, non
le recours a été rejeté comme étant irrecevable, le TFP a encore publié au Recueil.
tenu compte, pour mettre à la charge de l'administration ss En ce sens, arrêts du Tribunal de première instance du29 mai

une part importante des dépens du requérant, de ce qu'une 199L, Bayer/Commission,T-1.2190, Rec. p. II-219, point 28 et s. et
lettre de l'administration avait pu induire en erreur le du 16 mars 1993, Blackman/Parlement, T-33189 et T-74l89, Rec.
requérant en lui donnant I'impression que celle-ci pouvait p.ll-249, point 32.
faire I'objet d'une réclamation alors qu'elle n'était que s6 Sur ce fondement, certains arrêts minoritaires soumettent
purement confirmative.5s également I'erreur excusable à la condition que le fonctionnaire
Dans l'affaire Duyster/Commission, le TFP, bien concerné ait pris l'initiative de se renseigner pour dissiper ses éven-
qu'ayant rejeté le recours, a pris en compte le fait que tuels doutes. Voir en ce sens ordonnance du Tribunal de première
l'administration avait, dans le silence des dispositions appli- instance du 26 novembre 1999, Giegerich/Commission, "1-253197,
RecFP p. I-A-233 etII-LI77, point 36.
cables, rendu plus rigoureuses les conditions d'application 57 Il en va notamment ainsi lorsque, durant la procédure de
desdites dispositions et qu'elle avait également répondu
recrutement, l'administration a entretenu une certaine ambiguïté
avec retard à des demandes d'information sur les condi-
sur I'une des conditions essentielles d'un engagement. Arrêt du
tions d'application desdites normes, pour juger que cette Tribunal de première instance du 5 octobre 2009,
dernière devait supporter une partie des dépens de la Commission/Roodhuijzen, T-58/08 P, non encore publié au
requérante.5e Recueil, points 158 à 165.
Dans I'affaire P ats arika/ Ce defo p, l' administration a été s8 Cette impression était due à ce que la lettre indiquait que le

condamnée à supporter une partie des dépens de la requé- requérant avait le droit de présenter une réclamation, sans préciser
rante, pourtant déboutée au fond, au motif que la décision que, cette lettre étant purement confirmative, ledit droit de
rejetant sa réclamation lui avait été notifiée dans une présenter une réclamation ne s'appliquait pas à la lettre mais à un
langue autre que celle de la réclamation, ce qui avait pu acte antérieur. Ordonnance du Tribunal de la fonction publique du
entraîner pour elle des frais de traduction supplémentaires, 10 septembre 2007, Speiser/Parlement, F-146106, non encore
dans le cadre de la préparation de son recours.60 publiée au Recueil, points 29 à 34.
se Aftêt Duyster/Commi.ssion,précité (note 33), points 195 à 200.
Dans l'affaire Islamaj/Commission,le TFP a retenu que
ro Arrêt du Tribunal de la fonction publique du 3 mars 2009,
des indications erronées avaient été fournies par le direc-
Patsarika/Cedefop, F-63107, non encore publié au Recueil,
teur général de la direction générale << Personnel et admi-
point 99.
nistration > sur les voies de recours ouvertes au requérant, 61 Arrêt du Tribunal de la fonction publique du 24 juin 2008,
et que la Commission s'était abstenue, dans le rejet de la Islamaj/Commission,F-84107, non encore publié au Recueil, points
réclamation, de soulever le problème de la tardiveté de 86 à 88.
cette dernière, pour condamner la Commission à 62 Ordonnance du Tribunal de la fonction publique du 1"'février
supporter, outre ses propres dépens, Ie tiers des dépens du 2008, Labate/Commission,F-77 107, non encore publiée au Recueil,
requérant.61 point 28.
Masson
- Intelligibilité du droit - RUDH 2011/page 103

III. Conclusion
Le principe d'intelligibilité du droit, bien qu'il ne soit pas ment à l'affirmation de ce principe. En effet, ce dernier a
encore formellement consacré par la jurisprudence, non seulement conforté les solutions jurisprudentielles
constitue une préoccupation forte des juridictions de antérieures, mais il a également étendu ce principe à de
l'Union européenne. À I'heure de son cinqïième anniver- nouveaux domaines, en exigeant notamment la publication
saire, le TFP peut s'enorgueillir d'avoir participé active- des règles portant répartition des pouvoirs.

!,es
dloitl des personnes handicapées : nouvelle réalité suite à I'entrée en vigueur
du traité de Lisbonne et à la signature de la Convention des Nations unies reïative
aux droits des personnes handicapées

par Costas POPOTAS, Luxembourg

I. L'historique de la signature de la Convention dispositions de la Convention ne leur sont pas transpo-


par l'Union européenne 103 sables per se. Partant, tandis que les États membreJ se
II. Le cadre normatifcréé par la Convention. . . . I04 voient appliquer la totalité des dispositions de la Conven-
IIL La notion de handicap dans la Convention . . . 105
IV. tion, les institutions de I'Union européenne doivent identi-
Les mesures existant au sein des institutions de I'Union
européenne en faveur des personnes handicapées . . . . . 105
fier les dispositions pertinentes qu'elles doivent mettre en
V. Les mesures nécessaires a la mise en æuvre de la æuvre. Par ailleurs les institutions doivent inventer des
Convention au sein de I'administration européenne . . . 106 mécanismes analogues à ceux existant au sein des États
VL La particularité des institutions de l,Union européenne pour la mise en @uvre et le suivi de la Convention. De plus,
et l'accès au travail 108 la mise en vigueur de la Convention oblige les institutions
VII. Conclusions..... 108 de l'Union à examiner si la Convention et son protocole
n'impliquent pas des modifications des dispositions appli-
cables et notamment celles contenues dans le statut des
L'Assemblée générale de I'ONU a adopté,lors de sa 76" fonctionnaires de I'Union européenne ou dans toute autre
séance plénière, le L3 décembre2006,la Convention rela- réglementation adoptée en exécution de ce dernier.
tive aux droits des personnes handicapées (ci-après la Partant, après avoir rappelé I'historique (I), les principales
< Convention >) et son Protocole facultatif (ci-après le dispositions de la Convention (II), notamment celles concer-
< Protocole >). La Convention et son protocole ont été nant la notion de handicap (III), ainsi que les mesures exis-
ouverts à la signature au siège de I'ONU, à New york, le 30 tantes au sein des institutions (IV), nous analyserons les
mars 2007. La Convention a été saluée comme le premier modifications qui doivent être apportées à l,ordonnance-
grand traité du XXI" siècle en matière de droits de l,homme ment juridique afin de mettre en æuvre la Convention au
adopté par I'ONU. sein de l'administration européenne (V), notamment afin de
A ce jour. 147 Etats ont signé la Convention et 95 d'entre favoriser l'accès à la fonction publique (VI).
eux I'ont déjà ratifiée- Le protocole facultatif a, pour sa
part, été signé par 90 États èt ratifié par 58 d,entre eux. La I. L'historique de la signature de la Convention
Convention a suscité un intérêt particulier, manifesté par le par l'Union européenne
nombre important de pays signataires dès le premier jour Certains domaines traités par la Convention et le proto-
de son ouverture à la signature (à savoir 82 pour la Conven- cole, relevant de la compétence de l,Union, les institutions
tion et 44 pour le Protocole, soit le nombre de signatures européennes ont souhaité adhérer à ce traité. pour ce faire,
obtenues dès I'ouverture d'un traité à la signature le plus le Conseil a mandaté, au nom de l'Union européenne, la
élevé de l'histoire de I'ONU). Elle est entrée en vigueur le Commission afin qu'elle participe aux négociations pour la
3 mai 2008, trentième jour suivant la 20" ratification. conclusion de la Convention. A cette occasion la Commis-
La Convention constitue également le premier traité en sion a veillé à ce que, pour les aspects relevant d,une
matière de droits de I'homme à être ouvert à la signature compétence européenne, l'acquis communautaire en
par des organisations d'intégration régionale. L,aftic\e 44 matière de non-discrimination à l'égard des personnes
de la Convention définit comme organisation d,intégration handicapées soit intégré dans la Convention.3 par exemple,
régionale << toute organisation constituée par des États
souverains d'une région donnée, à laquelle ses États
membres ont transféré des compétences dans les domaines
régis par la présente Convention ,.1 Sur le fondement de * Costas POPOTAS, Chef de I'unité < Droits
statutaires, affaires
cet article 44, I'Union européenne a signé la Convention, le sociales et médicales, conditions de travail > à la Cour de justice de
30 mars 2007, conformément à la procédure prévue à l'UE. Ancien référendaire auprès du cabinet de M. Tagaras, prés!
I'article 300 du traité instituant la Communauté euro- dent de chambre au Tribunal de la fonction publique. Les opinions
péenne (TCn;.2 exprimées n'engagent que leur auteur.
L'application de la Convention aux institutions de t Faute de mécanisme de ratification similaire
à celui susceptible
l'Union européenne soulève cependant plusieurs questions d'être mis en æuvre par une entité étatique, les organisations
d'intégration régionale signataires sont invitées à indiquer, dans
intéressantes. Tandis que les États membres sont concernés
par la totalité des dispositions de la Convention, les institu-
leurs instruments de confirmation formelle ou d,adhésion,
l'étendue de leur compétence dans les domaines régis par la
tions de l'Union, en ce qui concerne leur administration,
Convention.
doivent identifier les dispositions qui leur sont pertinentes. 2 Devenu article21.8
du Traité sur le fonctionnement de l,Union
En effet, les institutions européennes, en leur qualité européenne.
d'organes d'une organisation supranationale, ont une struc- : Proposition de décision du Conseil COM (2002)j7 final,
du 27
ture différente de celle d'un État, de sorte que toutes les flévrter 2007.

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