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Fiche à jour au 16 juin 2010

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Diplôme : Licence en droit, 3ème semestre

Matière : Droit pénal général

Web-tuteur : C. Copain, actualisé par F.-X. Roux Demare

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I. LES SOURCES DU DROIT PENAL ..................................................... 3


A. L’ARTICLE 111-2 DU CODE PENAL _____________________________________ 3
Article 111-2 CP ........................................................................................................... 3
Crim., 4 septembre 2001 ............................................................................................... 3
B. L’ARTICLE 111-3 DU CODE PENAL _____________________________________ 5
Article 111-3 CP ........................................................................................................... 5
Crim., 6 mars 1996 ....................................................................................................... 6
Ass. Plén., 24 octobre 2003 .......................................................................................... 8

II. LE CONTROLE DE LEGALITE DES ACTES


ADMINISTRATIFS : ARTICLE 111-5 CP ................................................. 9
Article 111-5 ................................................................................................................. 9
Versailles, 3 juin 1994 .................................................................................................. 9

Date de création : année universitaire 2004/05


2
B. UN ACTE AYANT UNE INFLUENCE DETERMINANTE SUR LA SOLUTION DU
PROCES PENAL _______________________________________________________ 10
Crim., 3 juin 1998 ....................................................................................................... 10
C. LES CAS D’ILLEGALITE ENVISAGEABLES _______________________________ 11
Paris, 17 décembre 1996 ............................................................................................ 11
3

I. Les sources du droit pénal


A. L’article 111-2 du Code pénal
Article 111-2 CP
« La loi détermine les crimes et délits et fixe les peines applicables à leurs
auteurs. Le règlement détermine les contraventions et fixe, dans les limites et
selon les distinctions établies par la loi, les peines applicables aux
contrevenants. »

Cet article pose la répartition des compétences entre la loi et le règlement.


Mais, il ne faut pas oublier les autres sources du droit pénal que sont la
coutume, les principes généraux du droit et le droit international en particulier
le droit communautaire (directives et règlements) et la Convention
européenne des droits de l’homme de 1950. L’influence des institutions
européenne ne cesse d’augmenter. L’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne
le 1er décembre 2009 entraîne la fusion des piliers (disparition du 3ème pilier
dérogatoire consacré à la coopération policière et judiciaire, intégré au régime
général). L’Union européenne acquiert donc des compétences en matière
pénale. De son côté, la Convention européenne et la Cour européenne des
droits de l’homme posent un certain nombre de principes auxquels le droit
interne doit être conforme. Voir par exemple : CEDH, 15 novembre 1996,
Cantoni contre France Affaire, n°45/1995/551/637 (principe de légalité des
délits et des peines, définition claire et précise des infractions par les textes
complétés par la jurisprudence dès lors que les conditions d’accessibilité et de
prévisibilité sont remplies, admission des incriminations ouvertes). Le juge
répressif français est compétent pour contrôler la conformité du droit interne
aux conventions internationales.
Crim., 4 septembre 2001
ANNULATION sans renvoi sur le pourvoi formé par Amaury Philippe,
contre l'arrêt n°2 de la cour d'appel de Paris, 11e chambre, en date du 29 juin
2000, qui, dans la procédure suivie contre lui, pour infraction à la
réglementation des sondages, a dit que les textes fondant la poursuite étaient
compatibles avec la Convention européenne des droits de l'homme et, après
annulation du jugement entrepris et évocation, a renvoyé la cause à une
audience ultérieure.
LA COUR,
Vu l'ordonnance du président de la chambre criminelle de ce jour prescrivant
l'examen immédiat du pourvoi ;
Vu le mémoire produit ;
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 1, 11 et 12
de la loi du 19 juillet 1977, des articles 10 et 14 de la Convention européenne
des droits de l'homme, de l'article 90-1 du Code électoral et de l'article 593
du Code de procédure pénale, défaut de motifs et manque de base légale :
" en ce que, par l'arrêt infirmatif attaqué, la Cour a annulé le jugement du
tribunal correctionnel de Paris qui avait relaxé le prévenu des fins de la
poursuite pour infraction aux articles 1, 11 et 12 de la loi du 19 juillet 1977 et
4
90-1 du Code électoral pour incompatibilité avec les articles 10 et 14 de la
Convention européenne des droits de l'homme ;
" aux motifs que les sondages réalisés dans la perspective d'un scrutin, s'ils
participent à l'information des citoyens, peuvent également avoir une
influence sur leur choix, "que si le choix des électeurs doit être éclairé, il doit
pouvoir s'exercer librement, c'est-à-dire dans des conditions de nature à
préserver la réflexion personnelle, notamment dans les jours qui précèdent la
consultation", "que les effets du sondage relèvent ainsi de la protection des
droits d'autrui au sens de l'article 10.2 de la Convention européenne", "que le
législateur a estimé, à juste titre, que la prohibition de la publication des
sondages dans la semaine précédant un scrutin était une condition nécessaire
de l'expression du libre choix des électeurs", condition valable en 1977 et
"qui le demeure actuellement", "que la loi du 19 juillet 1977 ne comporte en
elle-même aucune discrimination puisqu'elle est d'application générale", que
le fait que les techniques modernes ne connaissent pas de frontière (internet
minitel) "n'est pas de nature à caractériser une discrimination au sens de
l'article 14 de la Convention", "que les articles 11 et 12 de la loi du 19 juillet
1977 sont conformes aux prescriptions des articles 10 et 14 de la Convention
européenne des droits de l'homme", "qu'il y a lieu d'annuler le jugement" ;
" alors qu'aux termes de l'article 10 de la Convention européenne des droits
de l'homme, "toute personne a droit à la liberté d'expression ; ce droit
comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer
des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence des autorités
publiques et sans considération de frontière" ; que l'alinéa 2 de cet article
dispose que l'exercice de cette liberté ne peut être soumis à des restrictions
qu'à condition qu'elles "constituent des mesures nécessaires, dans une société
démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté
publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection
de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits
d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour
garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire", que l'article 14 de la
Convention européenne dispose que la jouissance de cette liberté doit être
assurée "sans distinction aucune", que la limitation de la liberté d'expression
ne peut être limitée que par des "mesures nécessaires", c'est-à-dire qui
répondent à un besoin social impérieux, dont les cas sont énoncés
limitativement dans l'article 10, alinéa 2, de la Convention européenne, que
l'interdiction de publication des sondages d'opinion dans la semaine
précédant un scrutin, telle qu'édictée par les articles 11 et 12 de la loi du 19
juillet 1977, est incompatible avec les dispositions des articles 11 et 14 de la
Déclaration européenne des droits de l'homme sur la liberté d'expression,
qu'elle n'a ni pour but ni pour objet une protection des droits d'autrui, qu'elle
n'est pas de nature à protéger le libre choix des électeurs, qu'elle est
discriminatoire dans la mesure où les modes modernes de diffusion des
nouvelles (internet, minitel) permettent à des organes de presse situés hors du
territoire national de diffuser des résultats de sondages effectués dans la
semaine précédant le scrutin, alors que les organes nationaux se le voient
interdire, que les restrictions imposées par la loi du 19 juillet 1977 ne
constituent pas des "mesures nécessaires" à un "besoin social impérieux", et
que, dès lors, la Cour n'a pu refuser de constater l'incompatibilité des articles
11 et 12 de la loi du 19 juillet 1977 avec les articles 11 et 14 de la
Convention européenne et renvoyer le prévenu devant la juridiction
correctionnelle pour infraction aux articles 11 et 12 de la loi du 19 juillet
1977 qu'en violation des articles 11 et 14 de la Convention européenne des
droits de l'homme " ;
Vu l'article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l'homme ;
Attendu que, selon ce texte, toute personne a droit à la liberté d'expression ;
que l'exercice de ce droit, qui comprend, notamment, la liberté de recevoir ou
5
de communiquer des informations, ne peut comporter de conditions,
restrictions ou sanctions prévues par la loi que lorsque celles-ci constituent
des mesures nécessaires, dans une société démocratique, notamment à la
protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la
divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et
l'impartialité du pouvoir judiciaire ;
Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué qu'entre les deux tours des élections
législatives de 1997, tenus respectivement les 25 mai et 1er juin, a été publié
dans le journal " Le Parisien " daté du 26 mai 1997, sous le titre "
Législatives 1er tour ce que les Français ont voulu dire ", un sondage réalisé
par l'institut CSA ainsi qu'un article analysant ce sondage et des
commentaires ; qu'à la suite d'une plainte déposée par la commission des
sondages, Philippe Amaury, directeur de publication du journal précité, a été
poursuivi devant le tribunal correctionnel, sur le fondement des articles 11 et
12 de la loi n° 77-808 du 19 juillet 1977 et 90-1 du Code électoral, pour
avoir, au cours de la semaine précédant un scrutin, publié un sondage
d'opinion ayant un rapport avec l'élection ; que le tribunal a relaxé le prévenu
après avoir fait droit à l'exception soulevée par lui, prise de l'incompatibilité
des textes précités avec les articles 10 et 14 de la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l'homme ; que le ministère public a interjeté appel
du jugement ;
Attendu que, pour dire les textes incriminés compatibles avec les dispositions
conventionnelles, annuler le jugement entrepris et évoquer, la cour d'appel se
prononce par les motifs partiellement repris au moyen ;
Mais attendu qu'en interdisant la publication, la diffusion et le commentaire,
par quelque moyen que ce soit, de tout sondage d'opinion en relation avec
l'une des consultations visées par l'article 1er de la loi du 19 juillet 1977, les
textes fondant la poursuite instaurent une restriction à la liberté de recevoir et
de communiquer des informations qui n'est pas nécessaire à la protection des
intérêts légitimes énumérés par l'article 10.2 de la Convention susvisée ;
qu'étant incompatibles avec ces dispositions conventionnelles, ils ne
sauraient servir de fondement à une condamnation pénale ;
D'où il suit que l'arrêt doit être annulé ;

B. L’article 111-3 du Code pénal

Article 111-3 CP
« Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne
sont pas définis par la loi, ou par une contravention dont les éléments ne sont
pas définis par le règlement.
Nul ne peut être puni d’une peine qui n’est pas prévue par la loi, si
l’infraction est un crime ou un délit, ou par le règlement, si l’infraction est
une contravention. »

Il s’agit du principe de légalité criminelle : « Nullum crimen, nulla poena sine


lege ».
Ce Principe est posé par les articles 5, 8 (loi pour infraction) et 7 (cf
contrainte) de la DDHC, les articles 9, 10 et 11 de la DUDH, 5 et 7 de la
CESDH et les articles 9, 14 et 15 du Pacte sur les droits civils et politiques. Il
a donc valeur constitutionnelle.
6

Les principales conséquences du principe de légalité sont :


- Les textes doivent être clairs et précis afin d’éviter l’arbitraire du juge. Le
principe de légalité ayant à la fois valeurs constitutionnelle et conventionnelle,
la clarté et la précision des textes sont contrôlées par le Conseil
constitutionnel, mais aussi par les juges répressifs. Voir Crim. 4 septembre
2001 précité.
- Le juge doit dans chaque affaire s’assurer que les faits relèvent bien d’un
texte. Il doit procéder à la qualification des faits. Lorsqu’il prononce une peine
le juge doit dans sa décision relever tous les éléments constitutifs exigés par la
loi pour que le fait soit punissable (contrôle par la Cour de cassation : défaut
de base légale). Il ne peut pas punir un fait non prévu par la loi. A l’inverse il
n’a pas l’obligation de punir tous les faits prévus par la loi (cf le principe de
l’opportunité des poursuites notamment…).

Crim., 6 mars 1996


LA COUR,
Vu le mémoire produit ;
Vu l'article 575, alinéa 2, 6°, du Code de procédure pénale en vertu duquel le
pourvoi est recevable ;
Sur le deuxième moyen de cassation, pris de la violation des articles 121-6,
121-7, 222-11 et 222-12 du Code pénal, 575-6 et 593 du Code de procédure
pénale, défaut de réponse aux articulations essentielles du mémoire, défaut
de motifs et manque de base légale :
" en ce que l'arrêt attaqué a dit n'y avoir lieu à suivre à l'encontre de Armand
Caraud, Gilbert Tangre et Bernard Ta Van du chef de violences volontaires
avec ou sous la menace d'une arme ayant entraîné une incapacité totale de
travail supérieure à 8 jours commises à l'encontre de Michel Dominiak et à
l'encontre de Evrant Vartanian du chef de complicité de cette infraction ;
" aux motifs que malgré les investigations du juge d'instruction et des
enquêteurs, l'auteur du coup de feu ayant blessé Michel Dominiak n'a pu être
formellement identifié, d'autant que l'arme n'a pas été découverte et qu'aucun
indice ne permet de présumer que l'un des agresseurs ait été muni d'un
revolver de calibre 11,43 correspondant à la balle ayant atteint la victime...
Qu'il n'existe pas de charges suffisantes contre Armand Caraud, Gilbert
Tangre et Bernard Ta Van d'avoir commis à l'encontre de Michel Dominiak
des violences volontaires avec ou sous la menace d'une arme ayant entraîné
une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours et contre Evrant
Vartanian de complicité de cette infraction ;
" alors que la participation en connaissance de cause à une tentative de vol au
domicile d'un particulier commis avec port d'arme et en réunion au cours de
laquelle un coup de feu est tiré blessant l'un des occupants des lieux constitue
à tout le moins un fait de complicité par aide et assistance du simple fait
qu'elle a favorisé l'agression ainsi commise, et ce quand bien même il n'aurait
pu être identifié celui des participants qui a été l'auteur du coup de feu ; que,
dès lors, la chambre d'accusation ayant constaté que 3 hommes armés, en
l'occurrence Armand Caraud, Gilbert Tangre et Bernard Ta Van, avaient
pénétré par surprise dans le domicile des époux Dominiak et qu'au cours de
7
l'agression de ceux-ci, Michel Dominiak, lorsqu'il avait réussi à prendre la
fuite, avait été blessé par balle à la cuisse, a néanmoins considéré que faute
d'avoir pu identifier l'auteur des coups de feu, il y avait lieu de prononcer un
non-lieu du chef de violences volontaires commis avec arme, et ayant
entraîné une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours, n'a pas permis à
son arrêt de satisfaire en la forme aux conditions de son existence légale
faute d'avoir tiré les conséquences de ses propres énonciations, dont il
ressortait nécessairement que l'auteur des coups de feu était l'un des 3
agresseurs, l'information n'ayant jamais évoqué la possibilité de l'intervention
d'une autre personne, ainsi que le faisaient valoir les parties civiles dans leur
mémoire " ;
Sur le troisième moyen de cassation, pris de la violation des articles 222-11
et 222-12 du Code pénal, 575 et 593 du Code de procédure pénale, défaut de
réponse aux articulations essentielles du mémoire, défaut de motifs et
manque de base légale :
" en ce que l'arrêt attaqué a prononcé un non-lieu du chef de violences
volontaires aggravées commises à l'encontre de Martine Dominiak ayant
entraîné une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours ;
" aux motifs qu'il ne résulte pas des pièces de la procédure que Martine
Dominiak ait subi des violences ayant entraîné une incapacité totale de
travail supérieure à 8 jours ; que, par contre, elle a été victime de violences
avec arme commises par Armand Caraud ;
" alors que la chambre d'accusation, qui affirme ainsi l'absence d'incapacité
totale de travail supérieure à 8 jours sans aucunement en justifier et sans
répondre aux articulations essentielles du mémoire de Martine Dominiak,
partie civile, faisant état du rapport d'expertise psychologique figurant au
dossier et établissant que cette victime souffrait toujours de troubles
traumatiques aigus plus de 6 mois après les faits, n'a pas, en l'état de ce
défaut de réponse caractérisé, permis à sa décision de satisfaire en la forme
aux conditions essentielles de son existence légale " ;
Les moyens étant réunis ;
Attendu que les énonciations de l'arrêt attaqué mettent la Cour de Cassation
en mesure de s'assurer que, pour confirmer la décision de non-lieu entreprise,
la chambre d'accusation, après avoir analysé l'ensemble des faits, objet de
l'accusation, a répondu aux articulations essentielles du mémoire des parties
civiles et exposé les motifs par lesquels elle a estimé qu'il n'existait pas de
charges suffisantes contre quiconque d'avoir commis les infractions
reprochées ;
Attendu que les demandeurs se bornent à discuter les motifs retenus par les
juges, sans justifier d'aucun des griefs que l'article 575 du Code de procédure
pénale autorise la partie civile à formuler à l'appui de son pourvoi contre un
arrêt de la chambre d'accusation, en l'absence de pourvoi du ministère
public ;
Que, dès lors, les moyens sont irrecevables ;

- L’interprétation stricte de la loi pénale (cf séance n°4).


- Le contrôle de légalité des actes administratifs (cf infra).
- Le juge ne peut prononcer une peine dépassant le maximum légal, ni
créer des peines, ou prononcer des peines complémentaires qui ne sont
pas prévues par la loi.
8

Ass. Plén., 24 octobre 2003


[…]
Sur le moyen de cassation pris en sa quatrième branche, tiré de la violation
des articles L. 121-1, L. 121-5, L. 121-6, alinéa 1, et L. 213-1 du Code de la
consommation, 111-4 et 121-1 du Code pénal :
Attendu que le demandeur fait grief à l'arrêt de l'avoir déclaré coupable de
publicité fausse ou de nature à induire en erreur alors, selon le moyen, que la
cour d'appel s'est bornée à reproduire les termes de la prévention développée
par le ministère public et n'a fondé la déclaration de culpabilité du requérant
sur aucun motif de fait de nature à établir son implication personnelle dans
l'infraction considérée ;
Mais attendu que, pour le déclarer coupable de publicité mensongère, les
juges énoncent que Christian X... a, dans des annonces publicitaires parues
dans l'hebdomadaire L'Express, proposé à des personnes à la recherche d'un
emploi une information fallacieuse ou erronée quant aux services offerts et
quant aux qualités et aptitudes des responsables, la situation promise dans les
publicités ne correspondant pas au contenu des annonces ;
D'où il suit que le moyen manque en fait ;
Sur le moyen de cassation, pris en sa cinquième branche, tiré de la violation
de l'article 132-19 du Code pénal :
Attendu que le demandeur reproche à l'arrêt d'avoir prononcé une peine
partiellement sans sursis sans motiver spécialement sa décision ;
Mais attendu que les énonciations de l'arrêt mettent la Cour de cassation en
mesure de s'assurer que les juges ont satisfait à l'exigence de motivation
prévue par l'article 132-19 du Code pénal ;
Qu'ainsi, le moyen doit être écarté ;
Mais sur le moyen relevé d'office, après avertissement donné aux parties et
vu la violation des articles 111-3, 131-10 du Code pénal, L. 121-1 à L. 121-6
du Code de la consommation :
Attendu que nul ne peut être puni d'une peine qui n'est pas prévue par la loi ;
Attendu que la cour d'appel, après avoir déclaré Christian X... coupable de
publicité mensongère et l'avoir condamné de ce chef à deux ans
d'emprisonnement assortis pour partie du sursis avec mise à l'épreuve et 30
000 francs d'amende, a, à titre de peine complémentaire, prononcé
l'interdiction des droits civiques, civils et de famille pendant une durée de
trois ans ;
Attendu qu'en statuant ainsi, les juges du second degré, qui ne pouvaient
prononcer cette interdiction non prévue par les textes réprimant la publicité
mensongère, ont violé les textes susvisés et le principe susénoncé ;
D'où il suit que la cassation est encourue de ce chef ;
Par ces motifs : CASSE ET ANNULE par voie de retranchement, en ses
seules dispositions ayant prononcé l'interdiction des droits civiques, civils et
de famille, toutes autres dispositions dudit arrêt étant expressément
maintenues, l'arrêt rendu le 2 octobre 1997 par la cour d'appel de Versailles.
9

II. Le contrôle de légalité des actes


administratifs : article 111-5 CP

Article 111-5
« Les juridictions pénales sont compétentes pour interpréter les actes
administratifs, réglementaires ou individuels et pour en apprécier la légalité
lorsque, de cet examen, dépend la solution du procès pénal qui leur est
soumis. »

Il convient ici de se poser trois questions :

A. Les actes dont le juge pénal peut contrôler la


légalité

▪ Avant le NCP : voir les arrêts de principe TConflits, 5 juillet 1951,


Avranches et Desmarets ; Crim., 21 décembre 1961, Dame Le Roux ;
Crim., 1er juin 1967, Canivet et Dame Moret :
▪ Depuis 1994 : Il peut s’agir d’un acte administratif (arrêté, décret,
ordonnances de l’article 38 de la Constitution qui n’ont pas encore été
ratifiées) réglementaire ou individuel pénalement sanctionné ou non.

Versailles, 3 juin 1994


La Cour, -Statuant sur le seul appel du ministère public portant sur
l'ensemble des dispositions pénales à défaut de toute limitation dans la
déclaration d'appel;
Considérant que Pedersen Francis est poursuivi pour avoir à Prunay-en-
Yvelines, le 16 décembre 1992, commis un excès de vitesse d'au moins 40
km/h, véhicule au P.T.A.C. inférieur ou égal à 3,5 tonnes, immatriculé 1304
XC 92, selon P. V. n° 2565 de la B.M.O. de Rambouillet, fait prévu et puni
par les art. R 10, alinéas l, 2, 3, 4, R 10-4, R 232-2, R 232, R 266-4, L 14 et
16 C. route ;
[…]
Considérant que la perte de points est une sanction administrative mise en
oeuvre par une autorité administrative par une gestion informatisée; qu'il
s'agit d'un acte qui n'a pas d'autre dénomination que celui d'acte administratif
individuel; que dans le droit positif interne le juge pénal, a compétence pour
interpréter les actes administratifs, réglementaires ou individuels et pour en
apprécier la légalité, lorsque de cet examen dépend la solution du procès
péna1 qui lui est soumis; que, précisément, la perte de points n’intervient que
postérieurement à la décision du juge pénal; que, par conséquent, le juge
pénal n’a pas compétence pour apprécier la légalité de cet acte administratif
individuel encore inexistant lorsqu’il statue ; que la discussion ne pourrait
s’instaurer, aux termes de l’art. L 19 C. route, qu’après l’accumulation,
10
administrativement calculée, des pertes impliquant la remise du permis de
conduire au préfet, laquelle serait refusée et constituerait le relevé d'une
infraction pénale nouvelle;
Considérant que la critique du «système du permis à points » paraît
concerner le décret n° 92-1227 entré en vigueur le 1er décembre 1992 alors
que cependant il n’apparaît pas qu’ait été soulevée une exception d’illégalité;
qu’i1 n’y a, par conséquent, pas lieu à examen d une telle question;
[…]

B. Un acte ayant une influence déterminante


sur la solution du procès pénal

Pour que le juge pénal puisse contrôler la légalité d’un acte administratif,
il faut que l’acte conditionne l’existence de l’infraction.
Crim., 3 juin 1998
REJET du pourvoi formé par Lin Zhe Fu, contre l'arrêt de la cour d'appel de
PARIS, 12e chambre, du 13 février 1997, qui, pour infractions à la
législation relative aux étrangers, l'a condamné à 1 mois d'emprisonnement
avec sursis.
LA COUR,
Vu le mémoire produit ;
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 6 et 8 de la
Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales, 111-5 du Code pénal, 19 et 27 de l'ordonnance du 2
novembre1945, 591 et 593 du Code de procédure pénale :
" en ce que la Cour, après avoir écarté les exceptions de nullités de la
défense, a reconnu le bien-fondé de la prévention de séjour irrégulier et de
soustraction à l'exécution d'une mesure de reconduite à la frontière ;
" aux motifs que l'arrêté de reconduite à la frontière est motivé tant sur le
droit à la vie familiale que sur les traitements inhumains encourus en cas de
retour en Chine ; que c'est à bon droit que l'arrêté critiqué a énoncé que le
risque allégué n'était pas établi et qu'il n'était pas porté une atteinte
disproportionnée aux droits des grands-parents récemment arrivés en France
pour visiter leur fille ; que le refus d'embarquement du 16 février 1996 suffit
à établir le bien-fondé de la prévention :
" 1° Alors, d'une part, qu'en se déterminant ainsi, sans examen préalable de
l'exception de nullité portant sur l'illégalité du refus de séjour qui fondait
l'arrêté de reconduite à la frontière, la Cour a privé son arrêt de motifs sur le
chef principal de la prévention ;
" 2° Alors, d'autre part, que l'appréciation du juge répressif sur le terrain des
articles 3 et 8 de la Convention européenne de sauvegarde doit être effective
et concrète ; que tel n'est pas le cas quand l'acte administratif individuel
argué d'irrégularité fait l'objet d'une approbation non circonstanciée ; qu'en se
déterminant ainsi le juge répressif a, derechef, méconnu sa compétence " ;
Attendu qu'il ressort de l'arrêt attaqué que Zhe Fu Lin, de nationalité
chinoise, qui est demeuré sur le territoire français, sans avoir obtenu le statut
de résident, a fait l'objet d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière
qui lui a été notifié le 16 février 1996 ; que, conduit à l'aéroport, le 16 avril
1996, et ayant refusé de quitter le territoire français, il a été poursuivi devant
11
la juridiction répressive pour s'être volontairement soustrait à l'exécution de
cette mesure, ainsi que pour avoir séjourné irrégulièrement en France ;
Que, pour écarter l'exception d'illégalité de l'arrêté de reconduite à la
frontière fondé sur une décision de refus de délivrance d'une carte de
résident, qui serait, elle-même, illégale, les juges du second degré retiennent
que cet arrêté relève, à juste titre, que le prévenu n'établit pas qu'il serait
exposé à des peines ou des traitements contraires à la Convention européenne
de sauvegarde des droits de l'homme en cas de retour dans son pays d'origine
; que la cour d'appel constate également qu'il n'a pas été porté une atteinte
disproportionnée aux droits de l'intéressé à la vie familiale, s'agissant d'un
père récemment arrivé en France pour rendre visite à sa fille mariée dans ce
pays ;
Qu'en cet état, et dès lors que la prévention ne concernait que la période
postérieure à l'arrêté de reconduite à la frontière, la cour d'appel, qui n'avait
pas à étendre son contrôle de la légalité à une décision administrative
antérieure, dont ne dépendait pas la solution du procès pénal, a justifié sa
décision au regard des textes visés au moyen, lequel ne peut ainsi qu'être
écarté ;
Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ;
REJETTE le pourvoi.

C. Les cas d’illégalité envisageables


Il s’agit de :
- l’incompétence de l’autorité administrative.
- Le non respect des conditions de procédure fixées par la loi : vice de
forme. Ex : absence de publicité, de motivation…
- La violation de la loi (= toutes les normes d’une valeur supérieure à
celle de l’acte attaqué et donc les règles conventionnelles,
constitutionnelles, les PGD, la loi proprement dite et les textes assimilés,
le cas échéant les règlements). Il résulte de l’arrêt de principe, Crim., 1er
février 1956, Dame Flavien, qu’est illégal un arrêté préfectoral
interdisant aux prostituées d’une manière quasi-absolue la circulation sur
la voie publique.
- Le détournement de pouvoirs : le juge vérifie que l’auteur de l’acte a
respecté le but qui lui est assigné par la loi.
Paris, 17 décembre 1996
Sur les faits de mise en danger d’autrui
Considérant qu’aux termes de l’article 1er de l’arrêté municipal pris le 30
Juin 1994 par le maire d’Epinay, « 1’élevage, la possession, la détention vaut
aussi bien pour la circulation des chiens de race « American Staffordshire » ,
« Bull Terrier » et « Pitt Bull sur le territoire de la commune d'Epinay-sur-
Seine sont strictement interdits» ;
Considérant que cette interdiction totale et générale visant la possession
d'une ou plusieurs races de chiens excède manifestement les pouvoirs de
police du maire;
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Qu'au demeurant, le maire d'Epinay a pris en date du 15 mars 1996 un
nouvel arrêté moins restrictif mais qui ne saurait s'appliquer aux faits
poursuivis en raison de leur date de commission;
Considérant que par application de l'article! 11-5 du Code pénal, la Cour
constatera l'illégalité de l'arrêté du maire d'Epinay-sur-Seine en date du 30
juin 1994; qu'elle relaxera dès lors Abdelouhab Arab du chef de délit de mise
en danger d'autrui ;
Sur les faits de violences volontaires
Considérant que malgré les déclarations du jeune Manuel Devilla, il n'est pas
indubitablement établi que le prévenu ait volontairement excité ou lancé son
chien contre les victimes;
Que cependant, la Cour observe que la possession d'un chien «Pitt Bull»
exige de son maître une surveillance toute particulière dans la mesure où
l'agressivité de cette race est notoire et d'ailleurs recherchée par la plupart des
éleveurs ;
Qu'en l'espèce, il est manifeste que Abdelouhab Arab a commis une faute
d'imprudence au sens de l'article R. 625-2 du Code pénal en ne surveillant
pas suffisamment un animal dont il avait la garde lors des faits ;
Qu'il résulte en effet de la procédure et des débats que le pitt bull qui n’était
muni d'aucune muselière sur la voie publique ne pouvait au surplus être
étroitement contrôlé par le prévenu qui circulait à bicyclette;
Que cette imprudence et ce défaut de surveillance sont la cause directe des
blessures subies par Manuel Devilla, Gavino Devilla et Marc Chazal;
Considérant que la Cour, par voie de conséquence, requalifiera la prévention
initiale et déclarera, ainsi que précisé au dispositif, le prévenu coupable de
contraventions de blessures involontaires sur les personnes de Manuel
Devilla, Gavino Devilla et Marc Chazal ;
Qu'en répression, la Cour condamnera Arab Abdelouhab à trois amendes de
1000F chacune pour tenir compte à la fois de la relative gravité des faits
poursuivis et de la personnalité du prévenu; (...)

N.B. : Les effets de la décision du juge pénal : autorité relative de la


chose jugée : En cas d’irrégularité, l’acte n’est pas annulé (cf séparation
des pouvoirs) mais écarté des débats pour l’affaire en cours. Il peut donc
servir de fondement pour des poursuites dans une autre affaire.

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