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Article 111-3 CP
« Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne
sont pas définis par la loi, ou par une contravention dont les éléments ne sont
pas définis par le règlement.
Nul ne peut être puni d’une peine qui n’est pas prévue par la loi, si
l’infraction est un crime ou un délit, ou par le règlement, si l’infraction est
une contravention. »
Article 111-5
« Les juridictions pénales sont compétentes pour interpréter les actes
administratifs, réglementaires ou individuels et pour en apprécier la légalité
lorsque, de cet examen, dépend la solution du procès pénal qui leur est
soumis. »
Pour que le juge pénal puisse contrôler la légalité d’un acte administratif,
il faut que l’acte conditionne l’existence de l’infraction.
Crim., 3 juin 1998
REJET du pourvoi formé par Lin Zhe Fu, contre l'arrêt de la cour d'appel de
PARIS, 12e chambre, du 13 février 1997, qui, pour infractions à la
législation relative aux étrangers, l'a condamné à 1 mois d'emprisonnement
avec sursis.
LA COUR,
Vu le mémoire produit ;
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 6 et 8 de la
Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales, 111-5 du Code pénal, 19 et 27 de l'ordonnance du 2
novembre1945, 591 et 593 du Code de procédure pénale :
" en ce que la Cour, après avoir écarté les exceptions de nullités de la
défense, a reconnu le bien-fondé de la prévention de séjour irrégulier et de
soustraction à l'exécution d'une mesure de reconduite à la frontière ;
" aux motifs que l'arrêté de reconduite à la frontière est motivé tant sur le
droit à la vie familiale que sur les traitements inhumains encourus en cas de
retour en Chine ; que c'est à bon droit que l'arrêté critiqué a énoncé que le
risque allégué n'était pas établi et qu'il n'était pas porté une atteinte
disproportionnée aux droits des grands-parents récemment arrivés en France
pour visiter leur fille ; que le refus d'embarquement du 16 février 1996 suffit
à établir le bien-fondé de la prévention :
" 1° Alors, d'une part, qu'en se déterminant ainsi, sans examen préalable de
l'exception de nullité portant sur l'illégalité du refus de séjour qui fondait
l'arrêté de reconduite à la frontière, la Cour a privé son arrêt de motifs sur le
chef principal de la prévention ;
" 2° Alors, d'autre part, que l'appréciation du juge répressif sur le terrain des
articles 3 et 8 de la Convention européenne de sauvegarde doit être effective
et concrète ; que tel n'est pas le cas quand l'acte administratif individuel
argué d'irrégularité fait l'objet d'une approbation non circonstanciée ; qu'en se
déterminant ainsi le juge répressif a, derechef, méconnu sa compétence " ;
Attendu qu'il ressort de l'arrêt attaqué que Zhe Fu Lin, de nationalité
chinoise, qui est demeuré sur le territoire français, sans avoir obtenu le statut
de résident, a fait l'objet d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière
qui lui a été notifié le 16 février 1996 ; que, conduit à l'aéroport, le 16 avril
1996, et ayant refusé de quitter le territoire français, il a été poursuivi devant
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la juridiction répressive pour s'être volontairement soustrait à l'exécution de
cette mesure, ainsi que pour avoir séjourné irrégulièrement en France ;
Que, pour écarter l'exception d'illégalité de l'arrêté de reconduite à la
frontière fondé sur une décision de refus de délivrance d'une carte de
résident, qui serait, elle-même, illégale, les juges du second degré retiennent
que cet arrêté relève, à juste titre, que le prévenu n'établit pas qu'il serait
exposé à des peines ou des traitements contraires à la Convention européenne
de sauvegarde des droits de l'homme en cas de retour dans son pays d'origine
; que la cour d'appel constate également qu'il n'a pas été porté une atteinte
disproportionnée aux droits de l'intéressé à la vie familiale, s'agissant d'un
père récemment arrivé en France pour rendre visite à sa fille mariée dans ce
pays ;
Qu'en cet état, et dès lors que la prévention ne concernait que la période
postérieure à l'arrêté de reconduite à la frontière, la cour d'appel, qui n'avait
pas à étendre son contrôle de la légalité à une décision administrative
antérieure, dont ne dépendait pas la solution du procès pénal, a justifié sa
décision au regard des textes visés au moyen, lequel ne peut ainsi qu'être
écarté ;
Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ;
REJETTE le pourvoi.